La tomographie par émission de positons au 18fluorodésoxyglucose (18FDG-TEP) dans la prise en...

7
Mise au point La tomographie par émission de positons au 18 fluorodésoxyglucose (18FDG-TEP) dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules en 2006 F. Vaylet a, * , A. Bonnichon a , Y. Salles a , E. Gontier b , G. Bonardel b , H. Lefloch a , A. Mairovitz a , M. Mantzarides b , A. Niang a , C. Marotel a , H. Foehrenbach b a Service des maladies respiratoires, hôpital dinstruction des armées Percy, 101, avenue Henri-Barbusse, 92141 Clamart, France b Service de médecine nucléaire, hôpital dinstruction des armées du Val-de-Grâce, 74, boulevard de Port-Royal, 75005 Paris, France Disponible sur internet le 29 novembre 2006 Résumé Les progrès technologiques et les nombreuses études réalisées permettent de mieux évaluer la place de la tomographie à émission de positons au 18F-fluorodeoxyglucose, véritable imagerie métabolique fonctionnelle, dans la prise en charge clinique et thérapeutique des cancers bronchi- ques non à petites cellules. © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Technological progress and numerous published studies allow to estimate the best place of the 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography, a real functional metabolic imagery, in the clinical and therapeutic strategy of non small cell lung cancers. © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : TEP ; Tomographie par émission de positons ; Cancer ; Poumon ; Staging ; Bilan dextension ; Radiothérapie ; Chimiothérapie Keywords: PET Scan; 18FDG; Lung cancer; Diagnosis; Staging; Radiotherapy; Chemotherapy La tomographie par émission de positons (TEP) au 18 fluorodésoxyglucose permet une meilleure prise en charge des patients en oncologie pulmonaire à tous les stades de la démarche clinique, du diagnostic à la rechute en passant par les phases du traitement et de lévaluation de son efficacité. En effet, si limagerie radiologique a connu des améliorations considérables ces dernières années, avec le développement de la tomodensitométrie (TDM) et de la résonance magnétique nucléaire (IRM), permettant une meilleure analyse anatomique, les essais de caractérisation tissulaire restent du domaine de la recherche. Selon des principes concernant lémission des posi- tons connus depuis 35 ans, et sur les bases des travaux de War- burg des années 1930 [57], le marquage du désoxyglucose par le 18 fluor permet dobtenir une imagerie métabolique [36]. Le 18 fluorodésoxyglucose (FDG) a obtenu dès 1998 lautorisation de mise sur le marché en France pour dabord des indications limitées [46], puis pour, depuis 2003, tout patient atteint dun cancer, à la condition que son dossier ait été discuté en staff multidisciplinaire et quune fiche de suivi soit prévue. Une prise en charge par les organismes sociaux est effective depuis avril 2003. Les émetteurs de positons sont des isotopes radio- actifs facilement incorporables dans des molécules sans en alté- rer les propriétés biologiques, permettant ainsi détudier des mécanismes biochimiques intracellulaires. Les radioéléments émetteurs de positons permettent une quantification tridimen- sionnelle de leur répartition. Le 18 fluor est actuellement lémet- teur de positons le plus facilement utilisable en raison de sa demi-vie de 109 minutes, longue pour un positon, qui permet son transport depuis son lieu de production un cyclotron, jusquà son site dutilisation, un service de médecine nucléaire. Le positon, une fois émis, parcourt quelques millimètres dans http://france.elsevier.com/direct/CANRAD/ Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 1622 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Vaylet). 1278-3218/$ - see front matter © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.canrad.2006.10.003

Transcript of La tomographie par émission de positons au 18fluorodésoxyglucose (18FDG-TEP) dans la prise en...

http://france.elsevier.com/direct/CANRAD/

Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–22

Mise au point

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (F.

1278-3218/$ - see front matter © 2006 Elsevier Mdoi:10.1016/j.canrad.2006.10.003

La tomographie

par émission de positons au 18fluorodésoxyglucose (18FDG-TEP)

dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules en 2006

F. Vayleta,*, A. Bonnichona, Y. Sallesa, E. Gontierb, G. Bonardelb, H. Leflocha, A. Mairovitza,M. Mantzaridesb, A. Nianga, C. Marotela, H. Foehrenbachb

a Service des maladies respiratoires, hôpital d’instruction des armées Percy, 101, avenue Henri-Barbusse, 92141 Clamart, Franceb Service de médecine nucléaire, hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, 74, boulevard de Port-Royal, 75005 Paris, France

Disponible sur internet le 29 novembre 2006

Résumé

Les progrès technologiques et les nombreuses études réalisées permettent de mieux évaluer la place de la tomographie à émission de positonsau 18F-fluorodeoxyglucose, véritable imagerie métabolique fonctionnelle, dans la prise en charge clinique et thérapeutique des cancers bronchi-ques non à petites cellules.© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Technological progress and numerous published studies allow to estimate the best place of the 18F-fluorodeoxyglucose positron emissiontomography, a real functional metabolic imagery, in the clinical and therapeutic strategy of non small cell lung cancers.© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : TEP ; Tomographie par émission de positons ; Cancer ; Poumon ; Staging ; Bilan d’extension ; Radiothérapie ; Chimiothérapie

Keywords: PET Scan; 18FDG; Lung cancer; Diagnosis; Staging; Radiotherapy; Chemotherapy

18

La tomographie par émission de positons (TEP) au18fluorodésoxyglucose permet une meilleure prise en chargedes patients en oncologie pulmonaire à tous les stades de ladémarche clinique, du diagnostic à la rechute en passant parles phases du traitement et de l’évaluation de son efficacité.En effet, si l’imagerie radiologique a connu des améliorationsconsidérables ces dernières années, avec le développement dela tomodensitométrie (TDM) et de la résonance magnétiquenucléaire (IRM), permettant une meilleure analyse anatomique,les essais de caractérisation tissulaire restent du domaine de larecherche. Selon des principes concernant l’émission des posi-tons connus depuis 35 ans, et sur les bases des travaux de War-burg des années 1930 [57], le marquage du désoxyglucose parle 18fluor permet d’obtenir une imagerie métabolique [36]. Le

Vaylet).

asson SAS. Tous droits réservés

fluorodésoxyglucose (FDG) a obtenu dès 1998 l’autorisationde mise sur le marché en France pour d’abord des indicationslimitées [46], puis pour, depuis 2003, tout patient atteint d’uncancer, à la condition que son dossier ait été discuté en staffmultidisciplinaire et qu’une fiche de suivi soit prévue. Uneprise en charge par les organismes sociaux est effective depuisavril 2003. Les émetteurs de positons sont des isotopes radio-actifs facilement incorporables dans des molécules sans en alté-rer les propriétés biologiques, permettant ainsi d’étudier desmécanismes biochimiques intracellulaires. Les radioélémentsémetteurs de positons permettent une quantification tridimen-sionnelle de leur répartition. Le 18fluor est actuellement l’émet-teur de positons le plus facilement utilisable en raison de sademi-vie de 109 minutes, longue pour un positon, qui permetson transport depuis son lieu de production un cyclotron,jusqu’à son site d’utilisation, un service de médecine nucléaire.Le positon, une fois émis, parcourt quelques millimètres dans

.

F. Vaylet et al. / Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–22 17

les tissus et, lors de la rencontre d’un électron du milieu biolo-gique, s’annihile en libérant deux photons de 511 keV émissimultanément et en direction opposée à 180°. Cette propriétépermet une localisation du lieu d’émission. La détection de cerayonnement nécessite des systèmes de détection dont lescaractéristiques expliquent les différences de performance.Sont ainsi définies des caméras dites dédiées (TEP) ou dehaute performance, et des caméras dites à coïncidence(CDET), caméras traditionnelles de médecine nucléaire modi-fiées pour capter ce rayonnement biphotonique de haute éner-gie, très récemment les industriels ont proposé des systèmespermettant l’acquisition quasi simultanée des signaux scintigra-phiques et des images radiologiques tomodensitométriques : lescaméras hybrides. Elles permettent une meilleure analyse ana-tomofonctionnelle [27]. La France rattrape son retard par rap-port à ses voisins, en s’équipant de matériel plus moderne,depuis l’installation de la première caméra installée à l’hôpitald’instruction des armées du Val-de-Grâce en mai 1999, sous laforme de caméras hybrides, et obtenir un rendez-vous dans undélai raisonnable n’est plus affaire de filières d’initiés ou deprotocoles. Actuellement les cliniciens français disposentd’une quarantaine de caméras cliniques en ce début 2006, aucôté des quatre caméras de recherche. Un total de 75 installa-tions, essentiellement avec ces nouveaux systèmes hybrides,est prévu par les instances ministérielles dans les trois à cinqans.

Les perturbations du métabolisme glucidique des cellulestumorales sont connues et sont liées notamment [24], à uneaugmentation de captation liée à une activation des transpor-teurs membranaires, GLUT 1, non spécifique des cellules can-céreuses, et des modifications enzymatiques de la glycolyseavec production de lactates au détriment de la voie oxydative[47]. Le désoxyglucose, analogue du glucose, est transporté àl’intérieur de la cellule, puis son métabolisme est bloqué aprèsla phosphorylation en désoxyglucose-6-phosphate par l’hexo-kinase. Ce blocage conduit à l’accumulation du désoxyglucosedans la cellule. Son possible marquage par le 18fluor permetd’envisager ainsi une imagerie des tumeurs, toute accumulationétant le témoin de la modification métabolique cellulaire. Cetexamen de médecine nucléaire nécessite le respect de quelquesrègles pour obtenir des images de qualité [36]. Les patientsdoivent être à jeun depuis au moins six heures pour évitertoute interférence glucidique et pour minimiser la fixation phy-siologique myocardique. Un régime hyperprotéique est mêmeconseillé par certaines équipes. Les diabétiques non équilibréssont habituellement exclus, en raison de la mauvaise pénétra-tion intracellulaire du FDG, responsable d’images de mauvaisequalité.

1. Apport dans le bilan d’extension locorégionaldes cancers bronchiques

L’apport de la TEP dans l’analyse de l’extension tumoraleaux organes de voisinage, plèvre, péricarde, œsophage, paroithoracique, est faible, car la résolution de cette imagerie restebien inférieure à celle de la tomodensitométrie ou de l’IRM.

Toutefois, en cas d’épanchements pleuraux ou péricardiques,ou de suspicion de péricardite, la TEP peut être d’intérêt enlivrant des informations fonctionnelles, pouvant guider desexamens plus spécifiques [3,4,8]. (Figs. 1a, 1b).

En l’absence de critères radiologiques pathognomoniquesde l’envahissement malin ganglionnaire, celui-ci est évoquéen cas d’adénomégalie en tomodensitométrie. À la valeurseuil de 10–15 mm pour la mesure du plus petit diamètre, lasensibilité est de 52–80 %, et la spécificité de seulement65–87 % [50]. Aussi, le recours à un geste invasif par médias-tinoscopie, thoracoscopie, ponction transbronchique ou transœ-sophagienne s’impose pour affirmer ou infirmer l’intégrité his-tologique au prix d’une morbidité faible mais certaine.

La littérature internationale est riche en publications surl’intérêt de la TEP [36] : l’analyse des deux plus importantes,celle de Vansteenkiste et al. [53] et celle de Pieterman et al.[43], permet de chiffrer l’intérêt de la 18FDG-TEP dans lebilan d’extension ganglionnaire : sensibilité 93–91 %, spécifi-cité 95–86 %, VPP (valeur prédictive positive) 93–74 %, VPN(valeur prédictive négative) 95 % et exactitude diagnostique94–87 %. La méta-analyse de Gould et al. [26] concorde avecune sensibilité de 85 %, une spécificité de 90 % ; Ces donnéessont constamment supérieures à celles fournies par la tomoden-sitométrie dans toutes les séries comparatives [55] et dans troisméta-analyses récentes : sensibilité de 87 % pour la TEP et de66 % pour la tomodensitométrie, spécificité de 95 % pour laTEP et de 81 % pour la tomodensitométrie [17,26], soit ungain de 15 à 20 % en termes de précision diagnostique. Birimet al. ont calculé le point ROC à 0,90 pour la TEP contre seu-lement à 0,70 pour la tomodensitométrie (p<0,0001) [6].

Compte tenu de l’excellente valeur prédictive négative,l’absence de fixation du FDG témoigne du non-envahissement tumoral ganglionnaire, au risque de négligerles microenvahissements, risque estimé par Gould et al. à 7 %en l’absence d’adénopathie visible en tomodensitomètrie, et à21 % par de Langen et al. [12] pour les adénopathies de plus de16 mm (Figs. 2a, 2b). En cas de fixation catégorisant une adé-nopathie classée N2 ou N3, en raison de l’importance desconséquences thérapeutiques, un contrôle histologique parmédiastinoscopie ou autre technique invasive devra être discutéafin d’éliminer un faux positif d’origine inflammatoire. Uneétude récente de Nomori et al. [40] tendait à montrer que lerisque de fausse positivité augmente avec la taille du ganglionpour des raisons inflammatoires ; dans leur série, ils n’obser-vaient aucun faux positif parmi les ganglions de moins de9 mm. Ces données sont corroborées par la méta-analyse deGould et al. à la valeur seuil de 15 mm [26]. Ainsi, si la sensi-bilité de la TEP augmente avec la taille des adénopathies, saspécificité baisse.

Ces données permettent de ne plus faire de médiastinosco-pie ou autre geste invasif devant une adénomégalie ne fixantpas le 18FDG, sous réserve que la tumeur principale fixe le18FDG, qu’elle soit de topographie périphérique et qu’il n’yait pas d’adénopathie hilaire [56]. Mais elle impose de vérifiertoute une fixation qui ferait récuser un patient à la chirurgieafin de ne pas renoncer à tort, la fixation étant due à une lésion

Fig. 1a. Masse de l’apex droit apparaissant chez un patient aux antécédents delobectomie supérieure gauche.

F. Vaylet et al. / Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–2218

inflammatoire [26,31,41]. Le contrôle peut être fait par lamédiastinoscopie, la technique de référence par sa valeur pré-dictive négative, ou par une technique en plein essor, l’échoen-doscopie [5] qui autorise, en outre, un restaging par médiasti-noscopie, en cas de nécessité.

Fig. 1b. Hyperfixation en f

2. Apport dans l’analyse de l’extension métastatique

La fréquence et la diversité des sites métastatiques dans lecadre du cancer bronchique imposent la réalisation de plusieursexamens. Grâce à l’utilisation de caméras corps entier, la TEPpermet en un examen de faire une véritable cartographie tumo-rale [16].(Fig. 3).

Il est rapporté dans la littérature la découverte chez 10 à29 % des patients explorés par la TEP de lésions métastatiquesméconnues par un bilan en imagerie traditionnelle [16,34,36,42].

La Société américaine de cancérologie [42] et les Standards,Options et Recommandations français [46] recommandent laréalisation d’une TEP dans le bilan initial d’un cancer bron-chique.

Si l’on analyse la technique, sites par sites, la TEP apparaîtla plus instructive au niveau des surrénales. Elle permet derectifier notamment des faux positifs de la tomodensitomètreoù celle-ci met souvent en évidence des hypertrophies bénignes[18,44]. Les faux négatifs restent les nécroses tumorales et lesmétastases de petite taille [33]. Au niveau osseux, la TEP appa-raît avoir une meilleure sensibilité (93 contre 74 %) et unemeilleure spécificité (93 contre 68 %) que la classique scinti-graphie au technétium 99 [45], liée au site de fixation du FDG

aveur de la malignité.

Fig. 2b. Absence de fixation suspe

Fig. 2a. Adénomégalie sous-caténaire.

F. Vaylet et al. / Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–22 19

médullaire et cortical alors que le technétium ne se fixe que surla corticale. La pratique d’une TEP permet de ne pas réaliser descintigraphie osseuse, en souvenant toutefois que le champexploré par les deux examens n’est pas le même ; le risqueétant de méconnaître des métastases osseuses distales [25].

En revanche, l’exploration du cerveau nécessite une explo-ration spécifique en raison de la fixation physiologique du glu-cose dans cet organe. L’IRM cérébrale reste la référence.

L’impact pratique est considérable, la TEP en révélant desmétastases à distance fait récuser un grand nombre de patientsdont la tumeur paraissait initialement localisée à une chirurgiedevenue inutile, et rend injustifiée une radiothérapie pour destumeurs initialement considérées comme localement évoluées[17,20,34]. Compte tenu de l’importance des conséquences entermes stratégiques de la découverte d’une métastase, toutefixation unique en 18FDG-TEP impose une confrontationavec la clinique et l’imagerie traditionnelle, voire un contrôlehistologique.

cte en faveur de la bénignité.

Fig. 3. Métastase hépatique d’un adénocarcinome bronchique T2N2M1.

F. Vaylet et al. / Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–2220

3. Intérêt dans la détermination des champsde radiothérapie

Des études ont été réalisées pour évaluer l’intérêt de la TEPdans la détermination de la surface des champs d’irradiation.Celles réalisées avec des caméras hybrides montrent leur inté-rêt par rapport à une analyse distincte des deux signaux [10,13,14,23]. Les résultats sont toutefois discordants, réduction signi-ficative des champs d’irradiation dans 26,7 % des cas pour Kif-fer et al. sur 15 patients [32], et dans 8,2 % pour Nestle et al.dans les 34 malades inclus dans son étude [38] mais, augmen-tation dans 34 % des 35 cas de l’étude de Munley et al. [37].Les différences sont liées essentiellement à la prise ou non encompte des zones ganglionnaires [36,54]. En revanche, en casd’atélectasie, une réduction des champs est toujours notée parexclusion du parenchyme non malin [7]. Des travaux complé-mentaires sont en cours pour préciser les limites de niveau defixation à considérer et pour déterminer le bénéfice de ces pos-sibilités [2,21].

4. Impact sur l’évaluation de l’efficacité d’unechimiothérapie et de la radiothérapie

La TEP permet d’évaluer la réponse thérapeutique [36,48].En effet, la fixation du FDG peut diminuer ou être totalement

abolie après une ou deux cures de chimiothérapie, et cela bienavant qu’une diminution de la masse tumorale ne soit détectéepar les méthodes d’imagerie actuelles. L’observation de cettemodification du métabolisme glucidique de la tumeur permetd’évaluer précocement l’efficacité du traitement et de réaliserune réévaluation du downstaging plus fiable que celle obtenuepar la tomodensitométrie [9,11,19,29]. La mesure du SUV(Standardized Uptake Value) résiduel permet d’évaluer la per-sistance de tissu tumoral et de préciser le pronostic du patient.La reconnaissance précoce de l’action tumorale permet unemodification plus rapide de la stratégie [20]. Toutefois, unegrande prudence doit être de mise en raison des discordancesobservées dans la littérature. Des études comparables ont étéfaites après radiothérapie [10,23].

5. Intérêt dans l’évaluation du pronostic de la maladie

Les facteurs pronostiques classiques sont dominés par leperformance status du malade et par l’extension tumoraleselon la classification TNM. La majorité des études évoquentun parallélisme possible entre l’intensité de la fixation du FDGet la survie des patients, la survie étant d’autant plus courte quel’indice de fixation (Standard Uptake Value) est élevé, donnéeindépendante du stade et de la taille de la tumeur [1,15,49,52].L’impact pratique reste mal évalué.

[8]

F. Vaylet et al. / Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–22 21

6. Intérêt dans l’étude des masses résiduelleset des rechutes

[9]

[10

[11

[12

[13

[14

[15

[16

[17

Pour ces problèmes fréquemment rencontrés en cliniqueaprès traitement initial d’une tumeur bronchique, les donnéesde la littérature sont très en faveur de la TEP avec des donnéesstatistiques de fiabilité supérieures à 90 % [9,22,28,30]. LaTEP apporte une contribution importante permettant de déce-ler, avec succès, les récidives tumorales au sein de tissusfibreux postchirurgicaux ou postradiques sous réserve que lesprocessus inflammatoires contingents à ces traitements sesoient résorbés, au moins deux mois après un abord chirurgicalet six mois après une irradiation [36].

L’ensemble de ces données a conduit à la réalisationd’études de l’impact de cette nouvelle technique sur la priseen charge initiale des cancers bronchiques. Toutes montrentune modification de la stratégie prévue avant la réalisation dela TEP dans 18 à 62 % des cas [36,20,23,35].

De récentes études coût–efficacité ont été réalisées et ontmontré en Europe et au Canada une réduction des coûts liés àla meilleure sélection des malades aboutissant à une diminutiondu nombre de patients opérés [39] [51].

Aussi, il semble indispensable de réaliser une TEP au 18-FDG lors de la prise en charge d’un patient porteur d’un cancerbronchique d’autant qu’un acte chirurgical est prévu si l’on estdevant un stade évolutif localisé ou, qu’une radiothérapie tho-racique est prévue en complément d’une chimiothérapie devantune tumeur localement évoluée, afin de ne pas réaliser des trai-tements coûteux pénibles et inutiles.

[18

Références

[1]

[2]

[3]

[4]

[5]

[6]

[7]

[19

[20

[21

[22

[23

[24

[25

Ahuja V, Coleman RE, Herndon J, Patz EF. The prognostic significanceof fluorodeoxyglucose positron emission tomography imaging forpatients with non-small lung carcinoma. Cancer 1998;83:918–24.

Bachaud JM, Marre D, Dygai I, Caselles O, Hamelin D, Begue M,Laprie A, Zerdoud S, Gancel M, Courbon F. Intérêt de la tomographiepar émission de positons au 18F-fluorodésoxyglucose dans la détermina-tion des volumes cibles de la radiothérapie. Application à l’irradiationconformationnelle des cancers bronchiques non à petites cellules. CancerRadiother 2005;9:602–9.

Balogova S, Grahek D, Kerrou K, Montravers F, Younsi N, Aide N,et al. L’imagerie nucléaire au 18FDG dans les lésions pleurales en appa-rence isolées. Rev Pneumol Clin 2003;59:375–88.

Benard F, Sterman D, Smith RJ, Kaiser LR, Albeldz SM, Alavi A. Meta-bolic imaging of malignant pleural mesothelioma with fluorodeoxyglu-cose positron emission tomography. Chest 1998;114:713–22.

Bernasconi M, Chhajed PN, Gambazzi F, Bubendorf L, Rasch H, KneifelS, et al. Combined transbronchial needle aspiration and positron emissiontomography for mediastinal staging of NSCLC. Eur RespJ 2006;27:889–94.

Birim O, Kappetein AP, Stignen T, Bogers AJ. Meta-analysis of positronemission tomographic and computed tomographic imaging in detectingmediastinal lymph node metastases in non-small cell lung cancer. AnnThorac Surg 2005;79:375–82.

Bradley J, Thorstad WL, Mutic S, Miller TR, Dehdashti F, Siegel BA.Impact of FDG-PET on volume delineation in non small-cell lung can-cer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;59:78–86.

Bury T, Paulus P, Dowlati A, Corhay JL, Rigo P, Rademecker MF. Eva-luation of pleural diseases with FDG-PET imaging : preliminary report.Thorax 1997;52:187–9.Bury T, Salem T, Vandenheede M, Cataldo D, Rigo P. Intérêt de latomographie par émission de positrons (TEP) au 18F-fluorodeoxyglucose (18FDG) dans le suivi thérapeutique du cancer pul-monaire non petites cellules (CPNPC). Rev Mal Respir 1999;16:1S46.

] Caldwell CB, Mah K, Ung YC, Danjoux CE, Balogh JM, Ganguli SN.Observer variation in contourning gross tumor volume in patients withpoorly defined non-small cell lung tumors on CT: the impact of18FDG-hybrid PET fusion. Int J Rad Oncol Biol Phys 2001;51:923–31.

] Cerfolio RJ, Bryants AS, Winokur TS, Ohja B, Bartolucci AA. RepeatFDG-PET after neoadjuvant therapy is a predictor of pathologic responsein patients with non-small cell lung cancer. Ann Thorac Surg 2004;78:1903–9.

] De Langen AJ, Raijmakers P, Riphagen I, Paul MA, Hoekstra OS. Thesize of mediastinal lymph nodes and its relation with metastatic involve-ment: a meta-analysis. Eur J Cardiothorac Surg 2006;29:26–9.

] De Ruysscher D, Wanders S, Minken A, Lumens A, Schiffelers J, Stul-tiens C, et al. Effects of radiotherapy planning with a dedicated compbi-ned PET-CT simulator of non small cell lung cancer on dose limitingnormal tissues and radiation dose-escalation: a planning study. RadiotherOncol 2005;77:5–10.

] Deniaud-Alexandre E, Touboul E, Lerouge D, Grahek D, Foulquier JN,Petegnief Y, et al. Impact of computed tomography and 18F-deoxyglucose coincidence detection emission tomography image fusionfor optimisation of conformal radiotherapy in non small cell lung cancer.Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:1432–41.

] Dhital K, Saunders CA, Seed PT, O’Doherty MJ, Dussek J. 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography and its prognosticvalue in lung cancer. Eur J Cardiothorac Surg 2000;18:425–8.

] Dizendorf EV, Baumert BG, Von Schulthess GK, Lutolf UM, Stei-nert HC. Impact of whole-body 18F-FDGPET on staging and managingpatients for radiation therapy. J Nucl Med 2003;44:24–9.

] Dwamena BA, Sonnad SA, Angobaldo JO, Wahl RL. Metastases fromnon small cell lung cancer: mediastinal staging in the 1990’s meta-analytic comparison of the PET and CT. Radiology 1999;213:530–6.

] Erasmus JJ, Patz EF, McAdams HP, Murray JG, Herndon J, Coleman RE,et al. Evaluation of adrenal masses in patients with bronchogenic carci-noma using 18FDG positron emission tomography. AJR Am J Roentge-nol 1997;168:1357–60.

] Eschmann SM, Friedel G, Paulsen F, Budach W, Harer MC, Doh-men BM. FDG-PET for staging of advanced non small cell lung cancerprior to neoadjuvant radio-chemotherapy. Eur J Nucl Med 2002;29:804–8.

] Ferlin G, Rubello D, Chierichetti F, Zanco P, Bergamin R, Trento P. Therole of fluorine-18-deoxyglucose positron emission tomography wholebody scan in the staging and follow-up of cancer patients: our first expe-rience. Tumori 1997;83:679–84.

] Fox JL, Rengan R, O’Meara W, Yorke E, Erdi Y, Nehmeh S, et al. Doesregistration of PET and planning CT images decrease interobserver andintraobserver variation in delineating tumor volumes for non small celllung cancer? Int J Rad Oncol Biol Phys 2005;62:70–5.

] Frank A, Lefkowitz D, Jaeger S, Gobar L, Sunderland J, Gupta N, et al.Decision logic for retreatment of asymptomatic lung cancer recurrencebased on positron emission tomography findings. Int J Rad Oncol BiolPhys 1995;32(5):1495–512.

] Gabriele P, Malinverni G, Moroni GL, Gatti M, Regge D, Versai A,et al. The impact of 18F-deoxyglucose positron emission tomographyon tumor staging, treatment strategy and treatment planning for radiothe-rapy in a department of radiation oncology. Tumori 2004;90:579–85.

] Gambhir SS, Czemin J, Schwinner J, Silverman DH, Coleman RE,Phelps ME. A tabuled summary of the FDG-TEP literature. J Nucl Med2001;42:1S–93S.

] Gontier E, Vaylet F, Bonardel G, Mantzarides M, Salles Y, Guigay J,et al. La TEP-FDG et les métastases distales des cancers bronchiques.Rev Pneumol Clin 2005;61:248–57.

[26

[27

[28

[29

[30

[31

[32

[33

[34

[35

[36

[37

[38

[39

[40

[41[42

[43

[44

[45[46

[47

[48

[49

[50

[51

[52

[53

[54

[55

[56

[57

F. Vaylet et al. / Cancer/Radiothérapie 11 (2007) 16–2222

] Gould MK, Kuschner WG, Rydzak CE, Maclean CC, Shigemitsu H,Chan JK, et al. Test performance of positon emission tomography andcomputed tomography for mediastinal staging with non small cell lungcancer: a meta-analysis. Ann Intern Med 2003;139:879–92.

] Gould MK, Maclean CC, Kuschner WG, Rydzak CE, Owens DK. Accu-racy of positon emission tomography for diagnosis of pulmonary nodulesand mass lesions. JAMA 2001;285:914–24.

] Hebert ME, Lowe VJ, Hoffman JM, Patz EF, Anscher MS. Positronemission tomography in the pretreatment evaluation and follow-up ofnon-small cell lung cancer patients treated with radiotherapy: preliminaryfindings. Am J Clin Oncol 1996;19:416–21.

] Hellwig D, Graeter TP, Ukena D, Georg T, Kirsch CM, Schafers HJ.Value of 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography afterinduction therapy of locally advanced bronchogenic carcinoma. J ThoracCardiovasc Surg 2004;128:892–9.

] Keidar Z, Haim N, Guralnik L, Wollner M, Bar-Shalom R, Ben-Nun A,et al. PET/CT using 18F161FDG in suspected lung cancer recurence:diagnostic value and impact on patient management. J Nucl Med 2004;45:1640–6.

] Kernstine KH, McLaughlin KA, Menda Y, Rossi NP, Kahn DJ, Bush-nell DL. Can FDG-PET reduce the need for mediastinoscopy in poten-tially respectable non-small cell lung cancer? Ann Thor Surg 2002;73:394–401.

] Kiffer JD, Berlangieri SU, Scott AM, Quong G, Feigen M, Schumer W,et al. The contribution of 18F-fluoro-2-desoxyglucose positron emissiontomographic imaging to radiotherapy planning in lung cancer. Lung Can-cer 1998;19:167–77.

] Kumar R, Xiu Y, Yu JQ, Takalkar A, El-Haddad G, Potenta S, et al.18FDG-PET in evaluation of adrenal lesions in patients with lung cancer.J Nucl Med 2004;45:2058–62.

] Mac Manus MP, Hicks RJ, Ball DL, Kalff V, Matthews JP, Salminen F.F18-fluorodeoxyglucose positron emission tomography staging in radicalradiotherapy candidates with non small cell lung carcinoma: powerfulcorrelation with survival and high impact on treatment. Cancer 2001;92:886–95.

] Margery J, Grahek D, Vaylet F, Mangiapan G, Vaylet C, Lebeau B, et al.Impact of FDG-PET Imaging on clinical management in patients withresecable NSCLC: a prospective multicentric french study. Communica-tion lors de la Xe World Conference on Lung Cancer à Vancouver(Canada) 10–14 août 2003. Abstract in Lung Cancer 2003;41:S13 (publi-cation in Chest en cours).

] Maszelin P, Foehrenbach H, Vaylet F, de Dreuille O, Bonardel G, Gail-lard JF. Tomographie par émission de positons en pneumologie. Encycl.Med. Chir Radiodiagnostic-Coeur-Poumon, Elsevier SAS, Paris 32-500-D-10, 2003,23p.

] Munley MT, Marks LB, Scarfione C, Sibey GS, Patz EF, Turkington TG,et al. Multimodality nuclear medicine imaging in three-dimensionalradiation treatment planning for lung cancer: challenge and prospects.Lung Cancer 1999;23:105–14.

] Nestle U, Walter K, Schmidt S, Licht N, Nieder C, Motaref B, et al. 18F-deoxyglucose positron emission tomography (FDG-PET) for the plan-ning of radiotherapy in lung cancer: high impact in patients with atelec-tasis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;44:593–7.

] Nguyen VH, Peloquin S, Lacasse Y. Cost-effectiveness of positron emis-sion tomography for the management of potentially operable non-smallcell lung cancer in Quebec. Can RespJ 2005;12:19–25.

] Nomori H, Watanabe K, Ohtusuka T, Naruke T, Suemasu K, Uno K.The size of metastatic foci and lymph nodes yirlding false-negative andfalse-positive lymph node staging with positron emission tomography inpatients with lung cancer. J Thorac Cardiovasc Surg 2004;127:1087–92.

] Passlick B. Mediastinal staging. Lung Cancer 2004;45:S85–7.] Pfister DG, Johnson DH, Azzoli CG, Sause W, Smith TJ, Baker S, et al.ASCO Treatment of unresecable non small cell lung cancer guideline:update 2003. J Clin Oncol 2004;22:330–53.

] Pieterman RM, van Putten JW, Meuzelaar JJ, Mooyaart EL, Vaalburg W,Koeter GH. Preoperative staging of non small cell lung cancer with posi-ton emission tomography. N Engl J Med 2000;343:254–61.

] Porte HL, Ernst OJ, Métois D, Lemaitre LG, Wurtz AJ. Is computedtomography guided biopsy still necessary for the diagnosis of adrenalmasses in patients with resectable non-small cell lung cancer? Eur J Car-diothor Surg 1999;15:567.

] Sheen ATS. 2005.] Standards, options, recommandations : utilisation de la tomographie parémission de positons au 18FDG en cancérologie. Bull Cancer 2003;90:S23–41.

] Strauss LG. Fluorine 18-deoxyglucose and false-positive results: a majorproblem in the diagnosis of oncological patients. Eur J Nucl Med 1996;23:1409–15.

] Strauss LG, Conti PS. The applications of PET in clinical oncology. JNucl Med 1991;32:623–48.

] Sugawara Y, Quint LE, Russo JE, et al. FDG Uptake in non-small celllung cancer does not independently predict patient survival. J Nucl Med1999;40(5):246P.

] Toloza EM, Harpole L, Mc Crory DC. Non invasive staging of non-small cell lung cancer: a review of the current evidence. Chest 2003;123:13S–46S.

] van Tinteren H, Hoeskstra OS, Smit EF, van den Berg JH, Cshreurs AJ,Stallaert RA. Effectiveness of positron emission tomography in the preo-perative assessment of patients with suspected non small cell lung can-cer: the PLUS multicenter randomized trial. Lancet 2002;359:1388–93.

] Vansteekiste J, Stroobants P, Dupont P, De Leyn PR, Verbeken EK,Deneffe EK. Pronostic importance of the standardized uptake value on18-fluorodeoxyglucose positron emission tomography scan in non-smallcell lung cancer : an analysis of 125 Cases. Leuwen Lung Cancer Group.J Clin Oncol 1999;17:3201–6.

] Vansteenkiste JF, Stroobants SG, De Leyn PR, Dupont PJ, Bogaert J,Maes A. Lymph node staging in non small cell lung cancer with FDG-PET scan: a prospective study on 690 lymph node stations from 68patients. J Clin Oncol 1998;16:2142–9.

] Vanuytsel LJ, Vansteenkiste JF, Stroobants SG, De Leyn PR, De WewerW, Verbeken EK, Gatti GG, Huyskens DP, Kutcher GJ. Radiother Oncol2000;55:317–24.

] Vaylet F, Foehrenbach H, de Dreuille O, Maszelin P, Merlet P, BendriemB, et al. Fluorodésoxyglucose et cancer bronchopulmonaire. Les premiersrésultats français en caméra à positons. Rev Pneumol Clin 1998;54:187–95.

] Verhagen AF, Bootsma GP, Tian-Heijnen VC, Van der Wilt GJ, Cox AL,Brouwer MH, et al. FDG-PET in staging lung cancer: how does itchange the algorithm? Lung Cancer 2004;44:178–81.

] Warburg O, Wind F, Neglers E. On the metabolism of the tumors in thebody. In: Warburg O, editor. Metabolism of tumors. London: Constable;1930. p. 254–70.