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Bulletin de la Société préhistorique française 2007, tome 104, n o 4, p. 759-770 Mathieu LANGLAIS Des identités qui se cherchent… Apports des industries lithiques à la question de l’origine du Magdalénien moyen dans le Sud-Ouest européen Résumé En Europe du Sud-Ouest, l’étude comparative des productions lithiques de la fin du Pléniglaciaire participe à la caractérisation de différentes identités, à la fois chronologiques, techno-économiques et territoriales. Plus précisément, ce travail apporte des données concernant la transition du Magdalénien inférieur au Magdalénien moyen dans cette région. L’exa- men de séquences stratigraphiques telles que Saint-Germain-la-Rivière (Gironde, France), Gandil (Tarn-et-Garonne, France) ou Ekain VII (Pays basque, Espagne) permet de mieux cerner l’apparente variabilité des faciès du Magdalénien inférieur et de réfléchir au processus de « magdalénisa- tion » à travers différents scénarios. À l’orée du Tardiglaciaire, les contrastes techniques et économiques inscrits dans les équipements lithiques im- pliquent des changements dans les systèmes de production et la mobilité des groupes humains. Abstract In South-Western Europe, analysis of final Pleniglacial lithic assemblages participates in the characterization of various chronological, techno- economical and territorial identities. This work provides data concerning the transition between the Early and Middle Magdalenian in this region. Studies of archaeological sequences such as Saint-Germain-La-Rivière (Gironde, France), Gandil (Tarn-et-Garonne, France) or Ekain VII (the Basque region, Spain) allow the variability of the early Magdalenian to be appreciated and several scenarios for the “Magdalenisation” process to be suggested. At the dawn of the Late Glacial, techno-economical contrasts of lithic assemblages imply changes in production systems and the mobility of human groups. CADRES DE L’ÉTUDE ET PROBLÉMATIQUE Lorsque l’on s’interroge sur l’avènement d’un nou- veau technocomplexe, l’appréhension des mécanismes matérialisant une transition chronoculturelle est déli- cate car elle s’inscrit dans un système complexe où interagissent des facteurs externes et internes. Le développement autonome des techniques, les modes, les inventions, les innovations ou la démographie sont autant de moteurs internes au changement culturel. Parmi les facteurs externes ayant pu contribuer de manière indirecte à la genèse du Magdalénien moyen, la question des contacts avec des groupes culturels contemporains et l’impact des changements climatiques et paléoenvironnementaux sont également à prendre en compte.

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Bulletin de la Société préhistorique française 2007, tome 104, no 4, p. 759-770

Mathieu LANGLAIS

Des identités qui se cherchent… Apports des industries lithiques à la question de l’origine du Magdalénien moyen dans le Sud-Ouest européen

RésuméEn Europe du Sud-Ouest, l’étude comparative des productions lithiques

de la fin du Pléniglaciaire participe à la caractérisation de différentes identités, à la fois chronologiques, techno-économiques et territoriales. Plus précisément, ce travail apporte des données concernant la transition du Magdalénien inférieur au Magdalénien moyen dans cette région. L’exa-men de séquences stratigraphiques telles que Saint-Germain-la-Rivière (Gironde, France), Gandil (Tarn-et-Garonne, France) ou Ekain VII (Pays basque, Espagne) permet de mieux cerner l’apparente variabilité des faciès du Magdalénien inférieur et de réfléchir au processus de « magdalénisa-tion » à travers différents scénarios. À l’orée du Tardiglaciaire, les contrastes techniques et économiques inscrits dans les équipements lithiques im-pliquent des changements dans les systèmes de production et la mobilité des groupes humains.

AbstractIn South-Western Europe, analysis of final Pleniglacial lithic assemblages

participates in the characterization of various chronological, techno-economical and territorial identities. This work provides data concerning the transition between the Early and Middle Magdalenian in this region. Studies of archaeological sequences such as Saint-Germain-La-Rivière (Gironde, France), Gandil (Tarn-et-Garonne, France) or Ekain VII (the Basque region, Spain) allow the variability of the early Magdalenian to be appreciated and several scenarios for the “Magdalenisation” process to be suggested. At the dawn of the Late Glacial, techno-economical contrasts of lithic assemblages imply changes in production systems and the mobility of human groups.

CADRES DE L’ÉTUDE ET PROBLÉMATIQUE

Lorsque l’on s’interroge sur l’avènement d’un nou-veau technocomplexe, l’appréhension des mécanismes matérialisant une transition chronoculturelle est déli-cate car elle s’inscrit dans un système complexe où interagissent des facteurs externes et internes. Le

développement autonome des techniques, les modes, les inventions, les innovations ou la démographie sont autant de moteurs internes au changement culturel. Parmi les facteurs externes ayant pu contribuer de manière indirecte à la genèse du Magdalénien moyen, la question des contacts avec des groupes culturels contemporains et l’impact des changements climatiques et paléoenvironnementaux sont également à prendre en compte.

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Du point de vue paléoclimatique, l’avènement du Magdalénien moyen coïncide avec l’événement de Heinrich 1 daté autour de 18000 cal. BP, soit 15100 BP (Elliot et al., 2002). Cet événement froid et rapide, observé dans les carottes marines (Grousset, 2001), peut être mis en parallèle avec le Dryas ancien sur le continent. Durant cette période, les spectres chassés n’indiquent pas de grande différence avec les techno-complexes précédents. Outre la présence d’espèces rupicoles (Bouquetin, Isard), dont la fréquence varie selon la topographie des sites, la biocénose est composée d’espèces arctiques et de steppe continen-tale. Parmi les ongulés dominent le Renne, le Cheval, l’Antilope saïga, le Bos/Bison et, au sud des Pyrénées, le Cheval et le Cerf (Altuna et Merino, 1984 ; Altuna et al., 1985 ; Griggo, 1997 ; Fontana, 1998 ; Costama-gno, 1999 et 2001 ; Brugal et Yravedra, 2005 ; Nadal et al., 2005). Néanmoins, du point de vue de la dispo-nibilité de certaines espèces (Antilope saïga, Renne, Bison), le Dryas ancien correspondrait, dans les moyennes latitudes et particulièrement en Aquitaine, à une période d’augmentation de la biomasse (Delpech, 1999). Cet élément ainsi que l’extension des zones habitables auraient pu favoriser un essor démographi-que des groupes humains (op. cit.). D’autres auteurs interprètent l’augmentation du nombre de sites et

l’expansion des territoires occupés à partir de 14500 BP en termes d’accroissement de la densité démogra-phique (Demars, 1996 et 2003 ; Bocquet-Appel et Demars, 2000).

Selon ces travaux, la genèse du Magdalénien moyen s’inscrirait donc dans une période d’augmentation de la biomasse des ongulés, des surfaces habitables et de la démographie. Du point de vue des productions lithiques, sur quel substrat prend-elle naissance ? À partir de l’étude comparative de plusieurs séries pro-venant de gisements répartis entre le Rhône et l’Èbre (Langlais, thèse en cours), la question d’une évolution interne du Magdalénien peut être soulevée. Dans l’es-pace concerné par ce travail, qui est au contact des mondes atlantique et méditerranéen, plusieurs ensem-bles régionaux (fig. 1) ont constitué la base de notre réflexion : les Pyrénées versant sud et la vallée de l’Èbre (ensemble 2), comprenant la Navarre, l’Aragon et la Catalogne (Fullola et Soler, 2004 ; Utrilla, 2002 ; Montes, 2005) ; l’ensemble 3 est formé par les Astu-ries, les Cantabres et le Pays basque (Utrilla, 1981, 1984 et 2006 ; Fortea, 1989 ; Corchón, 1995 et 2005 ; Bosselin et Djindjian, 1999 ; Cazals, 2000 ; González Sainz et Utrilla, 2005) ; les Pyrénées versant nord (ensemble 4), avec les départements des Pyrénées-Atlantiques, des Hautes-Pyrénées, de l’Ariège et du

Fig. 1 – Localisation des ensembles régionaux et des séries mentionnés dans le texte.

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sud de la Haute-Garonne (Clottes, 1989 ; Lacombe, 1998 ; Dachary, 2002) ; la Gironde (ensemble 5 ; Le-noir, 2000) ; le Quercy (ensemble 6) avec le Lot, le Tarn-et-Garonne et le Tarn (Lorblanchet, 1989) ; le Languedoc occidental et le Roussillon (ensemble 7) regroupant l’Aude et les Pyrénées-Orientales (Sacchi, 1986 ; Martzluff et Abelanet, 1990) et enfin, le Lan-guedoc oriental (ensemble 8), réunissant l’Hérault, le Gard (Bazile, 1999) et l’Ardèche (Joris, 2002 ; Onora-tini et al., 1996). De plus, afin de discuter des limites méridionales et orientales que sont l’Èbre et le Rhône (fig. 1), nous avons également pris en compte les don-nées provenant du Levant méditerranéen (ensemble 1 ; Aura, 1989 et 1995 ; Cacho, 1989 ; Martinez Andreu, 1989 ; Villaverde, 2001 et 2004) et du Bas-Rhône oriental (ensemble 9 ; Onoratini, 1982 ; Montoya, 2004).

Ce schéma récapitulatif, construit à partir des enti-tés chronoculturelles définies par les auteurs et des datations (sigma inférieur à 300) calibrées (Langlais, thèse en cours), permet d’observer que le dernier Maximum glaciaire (LGM), qui s’étend jusqu’aux alentours de 18000 cal. BP, recouvre plusieurs identités culturelles (fig. 2). Au sud de l’Èbre, le Magdalénien

ancien méditerranéen (MAM), non daté, s’intercale entre un Solutréen récent tardif et un Magdalénien moyen précoce (selon les datations). Entre l’Èbre et les Pyrénées, comme en Aquitaine, dans l’Entre-deux-Mers ou le Quercy, le Magdalénien inférieur précède le Magdalénien moyen. Sur le versant nord pyrénéen, le manque de données chronologiques concernant les phases anciennes du Magdalénien et du Badegoulien ne permettent pas, en l’état actuel (travaux en cours), de préciser les origines du Magdalénien moyen pyré-néen. En Languedoc-Roussillon, un Magdalénien in-férieur, non daté, pourrait s’intercaler entre le Magda-lénien moyen et le Badegoulien, qui présente des dates récentes par rapport au Quercy. Vers la basse vallée du Rhône, la situation est plus complexe : tandis que l’est est occupé par l’Épigravettien, à l’ouest un Magdalé-nien ancien et un Badegoulien non datés, mais égale-ment un Magdalénien original (MMM), sont séparés du Magdalénien moyen par un hiatus chronologique. À partir du Magdalénien moyen, la situation semble se clarifier, cela étant à mettre en relation avec le dé-veloppement de l’industrie osseuse en matière dure animale et l’art mobilier qui constituent de bons mar-queurs chronologiques. L’avènement du Magdalénien

Fig. 2 – Schéma synthétique des entités chronoculturelles définies entre 21500 et 12000 cal. BP du Rhône à l’Èbre.

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moyen vers 15000 BP apparaît comme un phénomène macrorégional, sauf dans le Bas-Rhône, peut-être au contact de l’Épigravettien (fig. 2). Le Magdalénien moyen succède, selon les régions et les auteurs, à un Magdalénien dit « ancien », « inférieur » ou « moyen méditerranéen ». À ce propos, plusieurs travaux récents et en cours préconisent le terme d’attente de Magda-lénien inférieur, en référence au faciès Juyo stricto sensu1 reconnu précocement dans les Cantabres (Utrilla, 1981), pour des industries post-badegoulien-nes dépourvues de raclette et riches en lamelles et microlamelles à dos (Cazals, 2000 et 2005 ; Cazals et Langlais, 2006 ; Primault et al., 2007 ; Langlais, sou-mis a).

Après avoir rappelé les traits techno-économiques qui caractérisent les industries lithiques du Magdalé-nien moyen entre le Rhône et l’Èbre, vers 15000-13500 BP, soit 18200-15500 cal. BP, quelques exem-ples de séquences stratigraphiques conduiront à s’interroger sur l’évolution du Magdalénien inférieur, daté autour de 17000-15000 BP (20000-18200 cal. BP), ayant pu conduire au Magdalénien moyen (fig. 3).

ENTRE LE RHÔNE ET L’ÈBRE, LE MAGDALÉNIEN MOYEN

À LAMELLES SCALÈNES

À partir de l’étude comparative de plusieurs séries lithiques, attribuées au Magdalénien moyen selon les données typologiques des industries lithique et osseuse, plusieurs caractères techno-économiques stables dans l’espace et le temps peuvent être relevés :- un système technique articulé sur les débitages lami-

naires et lamellaires ;

- l’absence de débitage autonome d’éclats destinés aux outils ;

- une contrainte économique en termes d’aptitude à la taille laminaire des matières premières ;

- un schéma de débitage laminaire élaboré ;- des lames normalisées, plutôt étroites, extraites au

percuteur tendre organique et destinées à l’outillage domestique ;

- plusieurs modalités de production lamellaire, desti-nées à la confection de supports d’armatures de profil rectiligne ;

- une diversité typologique et morphologique des microlithes (lamelles à dos simples, tronquées, den-ticulées ou appointées et lamelles scalènes) ;

- une norme de fabrication des lamelles scalènes.

L’exemple de la grotte Gazel (c.7) dans la vallée de l’Aude (Sacchi, 1986 ; Langlais, thèse en cours) illustre cette association de traits techno-économiques (fig. 4). Le schéma de débitage laminaire de type unipolaire « semi-tournant » permet une normalisation des supports et une optimisation des longueurs des lames, favorisant ainsi la polyfonctionnalité et la longue durée de vie des outils de transformation. Pour mener à bien cette production, outre la contrainte économique en termes de matière première (volumes disponibles, transport, contacts, échanges), le soin porté aux convexités latérale et longitudinale du vo-lume et à la préparation du point d’impact impliquent des savoir-faire techniques élevés et, sans doute, un statut socio-économique particulier du débitage lami-naire qui contribue à répondre aux besoins domes-tiques du groupe. La reconnaissance de ces caractères techno-économiques et de leurs implications sociales dans le Magdalénien supérieur du Bassin parisien (Pigeot, 1987 ; Ploux, 1989 ; Bodu, 1993 ; Valentin, 1995) témoigne d’une perduration des schèmes tradi-tionnels du Magdalénien moyen à travers le Dryas ancien et le Bølling. Qu’il s’agisse de nucléus à lames réorientés, de petits rognons, de lames épaisses ou d’éclats robustes, les débitages lamellaires du Mag-dalénien moyen sont mis en œuvre selon différentes modalités opératoires dissociées de la production la-minaire. À côté de l’utilisation ponctuelle de lamelles comme couteaux ou microperçoirs, l’essentiel de ces supports est dévolu aux microlithes. Ces derniers, par la présence de stigmates macroscopiques et de micro-traces, constituent des éléments de l’armement du chasseur magdalénien. Au sein de la panoplie des armatures lithiques, les lamelles scalènes, correspon-dant aux « têtes de brochet » définies par H. Kidder et A. Cheynier (1965) dans le Périgord, présentent une norme de fabrication stable illustrée par la latéralisa-tion préférentielle de la troncature oblique et du dos dont la jonction forme un angle de 120° à 140°. L’uti-lisation de la technique du microburin comme procédé d’appointement préalable à la troncature, reconnue, pour l’instant, sur quelques sites comme Gazel c.7 (Langlais, 2004), la Coma d’Infern et Sant Benet en Catalogne (Soler, 1995 ; obs. pers.) et à Las Caldas (couches XI-XIII datées entre 15000 et 13700 BP) dans les Asturies (Corchón, 1995), pourrait constituer

Fig. 3 – Chronologie du Magdalénien inférieur à microlamelles et du Magdalénien moyen à lamelles scalènes.

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un autre ingrédient technique de la recette de fabrica-tion des lamelles scalènes du Magdalénien moyen (Langlais, thèse en cours).

Par rapport aux contraintes du débitage laminaire, les productions lamellaires s’affranchissent assez bien des matières premières, de sorte que les microlithes, par cette ubiquité géographique théorique, s’avèrent un excellent prisme de comparaison transrégionale. Les lamelles scalènes, concentrées dans le Sud-Ouest de la France et le Nord de l’Espagne (fig. 5), se distinguent

des armatures du Magdalénien moyen du nord du Bassin aquitain, type « la Marche » (obs. pers.2) ou « la Garenne » (Jacquot, 2002 ; Taylor, 2003), et des Pyré-nées, comme, par exemple, à Enlène (Bégouën et Clottes, 1981 ; Langlais, thèse en cours). La contem-poranéité relative des dates radiocarbone de ces diffé-rents faciès du Magdalénien moyen appuie l’hypothèse synchronique, dans laquelle la répartition géographique des armatures lithiques permettrait d’appréhender dif-férentes identités territoriales (Langlais, soumis b).

Fig. 4 – Outils sur lames, lamelles scalènes et microburins du Magdalénien moyen : l’exemple de la grotte Gazel c.7 (dessins d’après Sacchi, 1986 et S. Ducasse).

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Dans cette hypothèse, tandis que des faciès territo-riaux s’individualiseraient selon l’armement lithique, le Magdalénien moyen montrerait une unité à travers sa production laminaire, son outillage domestique, mais également la circulation des matières premières et les échanges effectués sur de grandes distances. L’absence de preuve archéologique d’un contact avec l’Épigravettien ne permettant pas de discuter d’un apport externe ayant contribué à la genèse du Magda-lénien moyen, l’examen de stratigraphies régionales conduit à envisager l’avènement de cette entité chronoculturelle sous l’angle d’une évolution interne du substrat culturel autochtone, formé par le Magdalé-nien inférieur.

LES DÉBUTS DU MAGDALÉNIEN MOYEN À LAMELLES SCALÈNES : L’APPORT DES STRATIGRAPHIES RÉGIONALES

Entre le Rhône et l’Èbre, les séquences permettant de documenter la fin du LGM et le Dryas ancien montrent la succession stratigraphique du Magdalénien inférieur au Magdalénien moyen à lamelles scalènes. À travers quatre exemples : Saint-Germain-la-Rivière (Gironde, France), Gandil (Tarn-et-Garonne, France), Ekain (Pays basque, Espagne) et Jaurias (Gironde,

France), différents scénarios d’évolution interne du Magdalénien inférieur peuvent être proposés.

Le Magdalénien inférieur à microlamelles à dos

Sur le site de Saint-Germain-la-Rivière, les fouilles de R. Blanchard dans les années trente et celles de F. Marmier et G. Trécolle dans les années soixante ont mis au jour d’abondants vestiges attribués au Magdalénien (Blanchard et al., 1972 ; Lenoir, 1983). Lors de la fouille des années soixante, deux ensembles stratigraphiques ont été individualisés (Lenoir et al., 1991). L’ensemble supérieur (c-c.1) est rattaché au Magdalénien moyen et rapproché du matériel prove-nant des fouilles Blanchard (Lenoir, 1983). L’outillage domestique, dominé par les grattoirs, lames retouchées et burins, est réalisé aux dépens de lames normalisées. Les armatures sont composées de nombreuses lamelles à dos simples ou denticulées et de lamelles scalènes. Ce Magdalénien moyen est daté autour de 14000-15000 BP. L’ensemble inférieur se démarque par dif-férents critères typologiques et technologiques attribués à un Magdalénien ancien distinct du Badegoulien (Lenoir et al., 1991). L’étude comparative que nous avons menée avec la série de Gandil c.23-25 (Langlais,

Fig. 5 – Répartition du Magdalénien moyen à lamelles scalènes.

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thèse en cours) permet de conclure à un Magdalénien inférieur en c.3-4, daté autour de 16000-17000 BP, rejoignant les observations effectuées par d’autres auteurs (Cazals, 2005). Les industries lithiques de Gandil (c.23-25) et de Saint-Germain-la-Rivière (c.3-4) comportent plusieurs éléments qui se distinguent du Magdalénien moyen à lamelles scalènes :- une production autonome de quelques éclats fins,

utilisés semble-t-il comme tranchants bruts, et de nombreux éclats épais exploités comme nucléus à lamelles ;

- un outillage domestique réalisé sur éclats et quelques lames importées ;

- une pluralité de modalités de production lamellaire visant à produire des supports d’armatures ;

- de nombreux microlithes au sein desquels on peut distinguer des lamelles à dos de profil rectiligne et des microlamelles à dos et bord opposé convexe présentant fréquemment un profil tors (Langlais, soumis a).

Ce premier scénario, qui montre le passage assez abrupt d’un Magdalénien inférieur à microlamelles à dos au Magdalénien moyen, est également documenté dans la séquence du Taillis des Coteaux (Vienne, France ; Primault et al., 2007). Dans ces exemples, l’industrie lithique du Magdalénien moyen montre une évolution techno-économique. Le Magdalénien inférieur se carac-térise par des productions simples, réalisées à partir de matériaux essentiellement locaux, destinées à des be-soins domestiques et cynégétiques et présentant peu de contraintes en termes de mobilité des groupes. Au Mag-dalénien moyen, la généralisation de la lame dans l’outillage domestique et des grandes lamelles pour les armatures s’appuie sur des productions élaborées et contraignantes en termes de matières premières (stocks prévisionnels, échanges) et du degré de savoir-faire. Toutefois, la diversité des modalités de production la-mellaire et l’abondance des microlithes sont des élé-ments de continuité entre ces deux entités.

Le Magdalénien inférieur à pointes à cran

Dans la vallée de l’Aveyron, l’abri Gandil présente, comme à Saint-Germain-la-Rivière, deux ensembles stratigraphiques distincts, attribués au Magdalénien. L’ensemble supérieur a été essentiellement fouillé par M. Chaillot, qui le rattache au Magdalénien moyen (Chaillot, 1929). À la fin des années quatre-vingt, E. Ladier reprend une fouille et met au jour un ensem-ble inférieur qu’elle attribue à un Magdalénien ancien distinct du Badegoulien (Ladier, 2000). L’étude géo-archéologique de la séquence a mis en évidence deux unités lithostratigraphiques coïncidant aux deux en-sembles archéologiques (Texier, 1997). L’ensemble supérieur de l’abri Gandil est documenté par une abon-dante industrie osseuse comparativement à l’ensemble sous-jacent (Chaillot, 1929). La panoplie lithique3 est composée d’un outillage domestique sur lames et de grandes lamelles à dos et, notamment, de lamelles

scalènes. Les matières premières siliceuses allochtones sont diversifiées (Charente, Périgord, Haut-Agenais, Chalosse…).

L’ensemble inférieur de l’abri Gandil se distingue par une faible industrie en matière dure animale (La-dier, en cours) présentant, néanmoins, des similitudes (sagaies quadrangulaires) avec le faciès Juyo du Magdalénien inférieur cantabrique (Utrilla, 1981). De plus, la présence de quelques plaquettes gravées té-moigne de liens stylistiques avec les Cantabres (La-dier, 2000). L’originalité du site de Gandil réside dans la subdivision de cet ensemble inférieur en deux sous-ensembles : c.23-25 et c.20. Ces deux entités, datées entre 17500 et 15000 BP, s’identifient par deux nappes de vestiges distinctes4. La couche 20 témoigne d’une continuité avec c.23-25 en termes d’industrie osseuse et d’art mobilier, mais également à travers une pro-duction de quelques éclats fins, utilisés comme tran-chants bruts, et surtout d’éclats épais exploités en nucléus à microlamelles. Toutefois, au sein des arma-tures, la présence de pointes à cran sur lames extraites à la pierre et l’abondance de grandes lamelles à dos marquent une nette différence avec l’ensemble c.23-25. Ce besoin de lames destinées aux pointes et aux outils domestiques introduit une contrainte économi-que en termes de qualité des matières premières. Ainsi, le spectre lithologique des silex exploités se diversifie et s’enrichit fortement en matériaux alloch-tones (étude de P. Chalard, inédite). La panoplie lithique, désormais plutôt sur lames que sur éclats, présente une normalisation plus forte dans la couche 20, pour laquelle l’hypothèse d’une attribution au Magdalénien moyen avait d’ailleurs été proposée (Millet-Conte, 1995).

En définitive, alors que l’ensemble c.23-25 de l’abri Gandil, en tout point similaire à Saint-Germain-la-Rivière c.3-4, est rattaché au premier faciès du Mag-dalénien inférieur (cf. supra), la couche 20 permet de caractériser un second faciès à partir de la présence de pointes à cran (fig. 6), d’un outillage plus fréquemment sur lames et de lamelles et microlamelles à dos. Dans le Gard, le site de plein air de Fontgrasse, attribué à un « Magdalénien moyen méditerranéen » (Bazile et al., 1989) et daté entre 17500 et 16000 BP (Bazile, 2006), possède cette même composante (pointes à cran, microlamelles et grandes lamelles à dos) et participe également à la définition d’un Magdalénien inférieur à pointes à cran. À l’abri Gandil, le Magdalénien moyen à lamelles scalènes succède donc au Magdalé-nien inférieur à pointes à cran et grandes lamelles à dos. La laminarité et la normalisation progressives de l’outillage pourraient être interprétées en termes d’évo-lution graduelle des panoplies lithiques. Ce second scénario alimente donc l’hypothèse d’une évolution interne du Magdalénien inférieur vers le Magdalénien moyen.

Un Magdalénien « inférieur-moyen » ?

À Ekain (c.VII), dans le Pays basque, les fouilles dirigées par J. Altuna ont mis au jour une industrie

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lithique présentant des caractères du Magdalénien in-férieur, comme des microlamelles extraites de nucléus carénés, mais également des lamelles scalènes et un outillage sur grandes lames, semblables au Magdalé-nien moyen régional (Altuna et Merino, 1984). Le ca-ractère mixte de cet ensemble a conduit certains auteurs à l’attribuer à une phase récente du Magdalénien infé-rieur cantabrique (Utrilla, 1990) ou à un Magdaleniense casi medio (Corchón, 1995). Selon ces données, on pourrait alors s’interroger sur l’existence d’un « faciès de transition » entre le Magdalénien inférieur et moyen. D’autre part, cette association de microlamelles à dos et de lamelles scalènes se retrouve sur le site de Jaurias (Gironde, France), fouillé dans les années cinquante (Cousté, 1963) et attribué à un Magdalénien moyen original à partir de la présence concomitante de pointes à cran (Lenoir, 2003). Ces deux exemples alimentent d’autres réflexions menées sur l’existence d’une phase intermédiaire entre le Magdalénien inférieur et le Mag-dalénien moyen, permettant d’expliquer la polymorphie des assemblages lithiques dans les Cantabres (Cazals, 2000). Toutefois, l’hypothèse d’un faciès de transition Magdalénien « inférieur-moyen », présentant des traits typotechnologiques mixtes, devra d’abord être testée par une étude géoarchéologique et un travail approfondi de critique taphonomique (Cazals et Langlais, 2006), avant de s’engager dans une perspective de métissage culturel des industries (fig. 6).

Ces trois cas de figure matérialisent la continuité chronologique entre le Magdalénien inférieur et le Magdalénien moyen, exprimée au sein des différents ensembles régionaux. Mis à part le troisième scénario, pour lequel nous émettons quelques réserves concer-nant l’homogénéité de ces industries à caractères mixtes, les deux autres permettent de s’interroger sur les mécanismes d’évolution interne du Magdalénien inférieur (fig. 6 et 7).

LA GENÈSE DU MAGDALÉNIEN MOYEN : ÉVOLUTION INTERNE ET RÉPONSES

CULTURELLES

Comme on l’a vu à travers les exemples de Saint-Germain-la-Rivière et de Gandil, le passage du Mag-dalénien inférieur au Magdalénien moyen se marque dans les assemblages lithiques par une généralisation des lames et des grandes lamelles. À ce titre, le Mag-dalénien inférieur à pointes à cran matérialiserait une phase intermédiaire, illustrée par une production de lames (destinées aux pointes et aux outils) et de grandes lamelles à dos associée à un débitage d’éclats et de microlamelles. Toutefois, ce faciès n’est do-cumenté en stratigraphie qu’à Gandil et les dates obtenues à Fontgrasse (Bazile, 2006) vont plutôt dans le sens de deux faciès contemporains du Magdalénien inférieur.

Au Magdalénien moyen, la généralisation des lames répond, notamment, à la volonté de normaliser les supports d’outils tout en optimisant les longueurs dis-ponibles. Ce choix témoigne d’une évolution écono-mique en termes de planification des besoins (durée

d’efficacité, polyfonctionnalité) par rapport aux pro-ductions lithiques du Magdalénien inférieur qui s’adaptent aux disponibilités locales en matières pre-mières pour répondre à des besoins immédiats à partir de productions simplifiées (anticipation passive). La préférence culturelle du Magdalénien moyen pour les grandes lames introduit une contrainte économique : la nécessité de grands volumes de silex présentant une bonne aptitude à la taille laminaire. Pour y répondre, la circulation et la réalisation de stocks prévisionnels5 en matières premières lithiques et, notamment, en silex du Bergeracois, s’intensifient dans les régions dépour-vues de tels matériaux (Simonnet, 1982 ; Simonnet et al., 1990 ; Lacombe, 2005 ; Langlais et Sacchi, 2006). Outre ce besoin en bons matériaux de grands modules, la mise en œuvre de schémas de débitage élaborés nécessite une transmission des savoir-faire techniques en termes d’apprentissage (Pigeot, 1987). Ces contraintes techno-économiques impliqueraient alors une nouvelle organisation sociale des productions lithiques. Peut-on lire cette évolution dans la dissocia-tion des registres d’activités cynégétiques (microlithes) et domestiques (outils) du Magdalénien moyen à tra-vers la destination fonctionnelle des objectifs de pro-duction laminaire et lamellaire autonomes ?

En définitive, si le système technique du Magdalé-nien inférieur est en adéquation avec une forte mobilité des groupes (anticipation passive : productions simpli-fiées, pluralité des solutions techniques, faible contrainte des matériaux), celui du Magdalénien moyen s’inscrit dans une double dynamique marquée, d’un côté, par une importante circulation des matières premières, impliquant des contacts et des échanges sur de grandes distances et, d’autre part, une régionalisation des groupes humains qui s’exprime à travers la diffusion restreinte de certains thèmes dans l’art mobilier et la répartition d’armatures lithiques et osseuses spéci-fiques. L’avènement du Magdalénien moyen entre le Rhône et l’Èbre s’opère dans un écosystème en expan-sion et plus riche en troupeaux d’ongulés. L’éventuelle corrélation entre un événement d’Heinrich et un chan-gement culturel pourrait se lire en termes de facteur externe influant de manière indirecte sur le peuplement humain (D’Errico et al., 2006). Au sein d’un système complexe, le Magdalénien moyen à lamelles scalènes apparaît comme une nouvelle solution d’équilibre entre des contraintes et des besoins, émanant de l’évolution interne des populations autochtones du Magdalénien inférieur. La question de l’évolution des symboles entre le Magdalénien inférieur et moyen est une autre piste de recherche avec laquelle il sera intéressant de composer.

Remerciements : Je tiens à remercier vivement E. Ladier, F. Bazile, J. M. Fullola, M. Lenoir, D. Sacchi et N. Soler de m’avoir donné accès aux séries et à D. Sacchi et P. Chalard pour leurs communications personnelles. Merci également à V. Laroulandie, S. Du-casse et P. Bodu pour leurs relectures et commentaires. Ce travail est réalisé avec le support de la Generalitat de Catalunya (DURSI-SGR 2005-00299) et du MEC (HUM 2004-00600).

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Fig. 6 – Les variations internes du Magdalénien inférieur : l’exemple des armatures lithiques (A-B : pointes à cran, C-D : microlamelles à dos ; A : Gandil c.20, B : Fontgrasse, C : Gandil c.20-c.25, D : Saint-Germain-la-Rivière, c.3-c.4 [d’après Lenoir et al., 1991]).

Fig. 7 – Schéma récapitulatif des scénarios d’évolution interne du Magdalénien inférieur au Magdalénien moyen.

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(1) Le faciès Juyo stricto sensu se limite aux séries à microlamelles, nucléus de type caréné et éclats fins, datées entre 17000 et 15000 BP. Il se distingue au sein du Magdalénien inférieur lato sensu proposé depuis quelques années dans les Cantabres et la vallée de l’Èbre (Utrilla et Montes, ce volume).(2) Je tiens à remercier J. Airvaux et J. Primault pour leur accueil au SRA.(3) Outre quelques pièces et, notamment, des lamelles scalènes, prove-nant des fouilles d’E. Ladier, nous avons pu examiner le matériel des

collections Bétirac et surtout Chaillot, aux Muséums d’histoire naturelle de Toulouse et de Montauban.(4) L’étude archéostratigraphique a été menée par F. Lacrampe-Cuyaubère (Archéosphère) dans le cadre de l’ACR « Cultures et envi-ronnements paléolithiques : mobilités et gestions des territoires des chasseurs-cueilleurs en Quercy » dirigée par M. Jarry.(5) Ce stockage a également été relevé dans l’industrie osseuse à partir de la production en masse de sagaies, activité dépendante des disponibilités saisonnières en matière dure animale (Averbouh, 2005 ; Pétillon, 2006).

NOTES

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Mathieu LANGLAISUTAH-UMR 5608, université de Toulouse

et SERP, université de BarceloneMaison de la Recherche

5, allées A. Machado, 31058 Toulouse Cedex [email protected]