Dechets hospit paper corrected
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Le système de gestion des déchets hospitaliers dans la villede Bukavu en République Démocratique du Congo.
a Bercky Z. Mashekaac,KatchoKarumea,b,GustaveMushagalusaac.Université Evangélique enAfrique, Faculté d’Agronomie B.P. 3323 Bukavu, R. D. CongobObservatoire Volcanologique de Goma, Département de Géochimieet Environnement, R.D. Congo cInstitut Supérieur de Développement Rural, Bukavu, R.D Congo
Résumé
La mauvaise gestion des déchets hospitaliers est un sérieux
facteur de risque de transmission de maladies et une menace
pour l’environnement. Cette étude a été conduite dans le
contexte de la carence des recherches sur la gestion des
déchets et s’est proposée d’explorer le système de gestion de
déchets hospitaliers et de rendre disponible des données de ses
recherches aux personnels médicaux et paramédicaux, les
communautés autours des structures sanitaires et les autorités
politiques.
L’étude a utilisé le modèle de l’outil d’évaluation rapide de
collecte des données sur la gestion des déchets biomédicaux et
la méthode « d’estimation visuelle » pour collecter les données
sur la gestion des déchets dans la ville de Bukavu. Les
résultats ont démontré une diversification des pratiques de
gestion des déchets hospitaliers au niveau de toutes les étapes
de gestion des déchets et c’est ce qui entrave la bonne gestion
des déchets hospitaliers.
L’étude propose la formation, la sensibilisation du personnel
des structures sanitaires, de la communauté et des autorités
politiques sur la gestion des déchets hospitaliers pour enfin
une mise en œuvre d’un système effectif de gestion des déchets
hospitaliers dans la ville. Il va de soi que des études plus
structurées de gestion des déchets hospitaliers pour quantifier
les déchets hospitaliers sont nécessaires pour compléter cette
étude.
Mots clés : Déchets hospitaliers––Gestion effective des déchets – types desdéchets hospitaliers – Santé publique – Environnement-système degestion des déchets.
Abstract
The mismanagement of hospital waste in developing countries is
known as a serious risk factor in the diseases transmission and
a threat to the environment. This study has been undertaken in
context of scarce of researches on hospital waste management in
Bukavu city (Eastern DRCongo) and has found useful to explores
hospitals’ waste management practices so to avail its research
data to health personnel, paramedical staff, communities
surrounded health structures and political authorities.
The study has used the health-care waste management rapid
assessment tool collect data and the visual estimation method
has been used to collect data on hospital waste management in
Bukavu city. The study has found that there is waste
mismanagement practices scattering at all the waste management
cycle phases and this entrances good waste management in the
city.
This study therefore proposes a hospital waste training, raise
awareness of health personnel, paramedical staff, communities
as well as political administrative staff that ensure the
implementation of the effective hospital waste management in
Bukavu city. There still need for a well-structured study on
waste management that quantifies hospital waste to complete the
present study.
Key words: Hospital waste– Effective management waste–Types of hospital waste– Public health – Environment- management waste system.
1. INTRODUCTION
Les déchets hospitaliers même si produits en petites quantités
et de manière dispersée, leur prise en compte s’impose comme une
priorité pour l’environnement et la santé publique (Collomp Remy
et al., 2010). Les déchets hospitaliers sont tous les déchets
provenant des établissements de soins médicaux dont entre 10 et
15% sont soit infectieux susceptibles de transmettre une maladie
ou soit dangereux et sont des produits chimiques et radioactifs
(Phengxay et al. ; 2005). Ils présentent des risques directs à
la fois sur l’homme et sont des risques directs (blessures ou
infection) et sur l’environnement et sont des risques indirects
(pollution de l’eau ou de l’air) (WHO & UNEP,2010, L’OMS (2007)
indique qu’en 2000, les injections ont conduit à 21 millions
d’infections au virus de l’hépatite B (HBV) (soit 32 % de toutes
les nouvelles infections); 2 million d’infections à virus de
l’hépatite C (HCV) (soit 40 % de toutes les nouvelles
infections) et 260 000 infections à VIH (soit 5 % de toutes les
nouvelles infections).
Au cours de cette dernière décennie, les recherches ont décriél’état de la mauvaise gestion des déchets hospitaliers surtoutdans les pays en voie de développement suite à leursrépercussions perverses sur la santé du personnel de soins, dela communauté et de l’environnement (OMS, 2005). Cette situationdans les pays en voie de développement est particulièrementdéplorable du fait des contraintes majeures comme l’absence desplans, et/ou des procédures de gestion interne, l’inexistence dedonnées fiables sur les quantités produites, l’absence desdonnées sur les pratiques de gestion de déchets hospitaliers etdes technologies utilisées dans son traitement (Berker, 2005 ;
Arab M. et al., 2008).
Comme partout en République Démocratique du Congo (RDC), lasituation de gestion des déchets hospitaliers laisse à désirer.Plusieurs griefs y sont reprochés dont les principaux sontl'absence de cadre institutionnel et réglementaire fonctionnelet efficace; le mélange des déchets biomédicaux aux autresdéchets ménagers suivi d’un système d’élimination inadéquate ;la non-implication des autorités politico-administratives dansla gestion des déchets et surtout la carence des donnéesélaborées pouvant permettre la mise en œuvre d’un plan degestion des déchets hospitaliers (Mbela, 2003, Mukamba, 2008).
En réaction de cette problématique, les recherches ont été
focalisées sur le système de gestion des déchets ménagers et
assimilables dans la ville de Bukavu et peu sinon aucune n’a été
faite sur les déchets hospitaliers. Cette étude a été conduite
dans ce contexte de la carence des recherches sur la gestion des
déchets et s’est proposée d’explorer le système de gestion de
déchets hospitaliers et de rendre disponible des données pouvant
permettre :
1. de sensibiliser les gestionnaires des structures
sanitaires, les personnels médicaux et paramédicaux, la
communauté et les autorités politiques sur l’importance et
l’urgence d’une mise en œuvre d’un système effectif de
gestion des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu.
2. de comprendre les pratiques de gestion des déchets
hospitaliers en termes de production, triage et collecte,
transport et élimination.
Au vue de l’absence des données sur le nombre exact
d’établissements de soin de santé dans la ville de Bukavu à
conduit à focaliser les premiers efforts de cette recherche sur
l’identification des établissements de soin de santé dans les
trois zones de santé de la ville de Bukavu. Cette étape permis
l’élaboration d’une carte d’Etablissement de soins de santé
faisant montre des risques de pollution d’eau qui seraient dues
par la présence des plusieurs cours d’eau qui côtoient ces
établissements si jamais les déchets hospitaliers n’étaient pas
bien gérées. Il s’en est suivi une étude des pratiques de
gestion des déchets hospitaliers en comparaison au model de
gestion des déchets hospitaliers de Collomp et al. (2010) qui se
fonde sur les différentes étapes de production, triage, collecte
ou ramassage, conditionnement, transport, stockage et
traitement final des déchets.
2. MILIEU ET METHODES D’ETUDE
2.1 Milieu D’étude
L’étude a été menée dans la ville de Bukavu. Celle-ci estcomposée des 3 zones de santé. La ville de Bukavu a unesuperficie de 44.90 Km² avec une population estimée à 824974habitants et constitue le district sanitaire de Bukavu (Anonyme,2013). L’étude s’est appuyée sur l’organisation du système desanté au niveau de la zone de santé en République démocratiquedu Congo car c’est le niveau de planification etd’opérationnalisation des activités des soins de santé primaire(Anonyme, 2006). Ce système considère deux échelonsd’intervention dont le premier niveau est constitué des centresde santé et le second des hôpitaux généraux de référence. Pourle besoin de cette étude, les structures privées qui ne sont pasrépertoriées dans ce classement, ont été regroupées dans un
troisième échelon et est constitué de tous les structuresprivées non classées dans le système officiel de santé.
2.2 METHODES
Un premier travail a été conduit pour identifier tous les
établissements de soins de santé (ESS) dans les trois zones de
santé de la ville. Au total 113 établissements ont été
identifiés au moyen d’un GPS estrex (Legend H, Garmin) en vue de
collecter chaque fois les coordonnées géographiques nécessaires
pour pour cartographier les ESS dans la ville de Bukavu.
D’autres données été collectées à cette occasion et ont
concernées les données générales (nombre de lit, catégorie de
l’établissement, etc.) en préparation de l’enquête proprement-
dite. Après l’identification de ces 113 ESS, un lot de 60 ESS a
été tiré au hasard a subi l’enquête proprement-dite qui a porté
sur le système de gestion des déchets. Le tableau 1 reprend la
distribution de ces ESS retenus suivant selon les critères de
localisation géographique (Zone de santé) et de classification
sanitaire (1er échelon, 2ème échelon et les non classés).
Tableau 1. Distributions d’ESS sélectionnés par zone et par grandeurZone de santé
2ème Echelon
1er
Echelon Non classés TotalBagira 1 3 4 8Ibanda 6 13 14 33Kadutu 2 8 9 19Total N=9 N=24 N=27 N=60
La collecte des données primaires s’est faite au moyen de
l’outil d’évaluation rapide de collecte des données sur la
gestion des déchets biomédicaux (WHO et UNEP, 2010). Le choix de
cet outil a été dicté par le fait que cette recherche se
concentre sur un espace spécifique (ville de Bukavu), et veut
collecter les données sur des différents secteurs du système
sanitaire dans la ville de Bukavu. Les questions à la fois
ouvertes et fermées ont été administrées à 60 établissements
sanitaires de la ville de Bukavu. Cinquante-neuf questionnaires
ont été collectés sur les 60 remis. L’étude a utilisé la méthode
mesure des déchets hospitaliers de Williams et Walton (2011)
« d’estimation visuelle ». Le suivi de cette méthode a permis
d’utiliser une échelle estimative pour mesurer approximativement
la proportion du volume des déchets hospitaliers. L’échelle
estimative utilisée a été le pourcentage. La reproche de cette
méthode est qu’elle se base sur des estimations subjective
pouvant causer des problèmes de fiabilité mais elle a été
validée contre la méthode de quantification (beaucoup plus
exacte mais demande beaucoup de ressources et de temps) car
donnant des approximations raisonnables rapides des volumes des
déchets hospitaliers.
L’étude a été descriptive transversale et a été conduite du 05
mars au 31 mai 2012 a été précédée par des séances préliminaires
de formation sur la collecte des données de gestion des déchets
hospitaliers au niveau des zones de santé dans la ville de
Bukavu. Le besoin de cette formation a été dicté par les
résultats du pré-test montrant un désintéressement marqué à la
question des déchets hospitaliers dans bon nombre d’ESS. Chaque
questionnaire comprenait 67questions groupées selon les sept
étapes du cycle de gestion des déchets hospitaliers du modèle de
Nada et El-Shafie, (2004) composée de : production, triage,
collection, conditionnement, stockage, transport (à l’intérieur
et à l’extérieur) et élimination Une interview par téléphone a
aussi été organisée collecter l’information supplémentaire sur
les pratiques de gestion des déchets. Elle a été préférée par
rapport au questionnaire classique du fait qu’elle permet de
collecter les données rapidement sur une étendue
géographiquement large et pour des répondants éparpillés même si
elle reste couteuse (Thomas et Purdon, 1994).
3. RESULTATS
3.1 Distribution des ESS et le danger environnemental d’une
éventuelle mauvaise gestion des déchets hospitaliers.
Fig.1: Distribution des ESS dans la ville de Bukavu.
Il sied d’observer que les ESS sont éparpillés dans toute laville mais aussi ils avoisinent soit les cours d’eau ou lessources d’eau, ce qui exigerait une bonne gestion des déchetshospitaliers afin d’éviter d’éventuelles pollution de l’eau. Ilfaut noter aussi une forte agglomération d’Etablissements desoins de sante dans les zones de sante d’Ibanda et de Kadutuavec plusieurs Etablissements privés non répertoriés parl’inspection provinciale de la santé entant qu’Etablissementsanitaire et que nous avons appelés les « non-classés ».
3.2 La diversification de la production des déchets hospitaliers
dans la ville de Bukavu
Les ESS de la ville de Bukavu produisent plusieurs types de
déchets hospitaliers qui sont répartis en déchets ménagers et
assimilables, les déchets chimiques, les déchets infectieux et
pathogènes, les déchets pharmaceutiques, les déchets des
produits radioactifs, les déchets piquants, tranchants et
coupants. Malgré l’insistance, certains ESS ont eu des
difficultés de séparer les déchets faute d’une habitude acquise
pendant plusieurs années. Ces déchets ont été pesés et ont
constitué une catégorie spéciale appelée « déchets mélangés ».
En termes de volume des déchets produits, quarante-deux pourcent
des ESS de deuxième échelon produisent plus de déchets
infectieux (23%) suivis de déchets d’objets piquants, coupants
ou tranchants (13%), de déchets pharmaceutiques (9%) et des
déchets avec la présence des métaux (6%). Les autres déchets
sont produits en quantité inférieure à 5%.
Le gros de la production des déchets hospitaliers pour les ESS
de premier échelon est représenté par les déchets généraux
(55%), les déchets dangereux (21%), des déchets mélangés, les
déchets infectieux et pathogènes (12%) et des déchets
pharmaceutiques (7%). Les autres déchets dangereux sont produits
en quantité inférieure à 5%.
Les ESS non-classés produisent les déchets généraux de l’ordre
de 52%. Les déchets dangereux les plus produits sont les déchets
pharmaceutiques (16%), les déchets mélangés (10%), les déchets à
objets piquants, coupants ou tranchants (6%), les déchets avec
les produits chimiques (6%) et les déchets infectieux et
pathogènes (7%). Les autres déchets sont produits en quantité
inférieure à 5%.
3.3 La disparité du système de triage et collecte des déchets
hospitaliers fonction de la pluralité des structures sanitaires
Le triage et manipulation des déchets varient selon les
structures sanitaires (tableau 2).
Tableau 2 : Faible triage des déchets hospitaliers à la source
ESS Triage à la
source
Pourcentage Pas de
triage à la
source
Pourcentage
1er Echelon 4 14,81 23 85,19
2ème Echelon 3 37,50 5 62,50
Non classés 3 12,50 21 87,50
Total N=10 16.95 N=49 83,05
Le triage des déchets hospitaliers se fait très faiblement (17%)
faisant que près de 83% d’ESS de la ville de Bukavu ne trient
pas les déchets hospitaliers à la source. Néanmoins, il existe
une conscience de séparer les déchets généraux et les déchets
dangereux (tableau 3). Cet effort de séparation de déchet varie
d’une structure à l’autre. Ce triage est plus effectué dans les
structures de second échelon (75%) que dans les structures de
premier échelon (67%) ou les non classées (56%).
Tableau 3 : Effort manifeste de séparation des déchets généraux aux déchets dangereux
Triage déchets généraux et dangereuxOui % Non %
Non classes 15 560 12 442è echelon 7 22 2 781er echelon 16 63 8 37
N=59 64 N=59 36
Quant aux équipements de triage et la sécurisation de la
manipulation des déchets (tableau 4), il sied de constater une
carence marquée de ces équipements. Seulement 10% d’ESS
disposent d’équipement de collecte des déchets hospitaliers,
plus de la moitié d’ESS ne disposent qu’une partie de ces
équipements (53%) et 37% d’ESS n’en disposent aucunement.
Tableau 4 : insuffisance d’équipements de collecte des déchetset de séparation des déchets
ESS Disponibilité d’équipement de collecte des
déchetsEn partie % Aucune % Dispose %
Non classés 11 46 10 42 3 132è echelon 5 63 2 25 1 131er echelon 15 53 10 37 2 7
N=59 53 N=59 37 N=59 10
3.4 Faible manipulation des Déchets Hospitaliers
Les failles s’observent aussi dans la manipulation des déchetshospitaliers dans la ville de Bukavu. Quarante huit pourcentd’ESS utilisent les dispositifs ouverts (demi-tonneaux vides,les brouettes, etc.) et vingt deux pourcent d’ESS utilisentdes moyens de bord (cartons vides, sachets plastics, étoffesd’habits, etc.) qu’ils manipulent avec les mains (tableau 4).
Des variations s’observent à l’intérieur des différents ESS(tableau 4). La moitié d’ESS de seconds échelons utilisent lesdispositifs fermés et l’autre moitié utilisent les dispositifsouverts. Les autres ESS utilisent plus les dispositifs ouverts(38% pour les non classés et 56% pour ceux de 1er échelon).
Tab. 5 : variation de transport interne des déchetshospitaliers
CatégorieDispositif fermé
Dispositif ouvert
Manuellement
Effectif % Effectif % Effectif %
Non classés 6 25 9 37,5 9 37,54
2è echelon 4 50 50 0 08 15
1er echelon 29,6 55,5 4 14,8
Total N=59 30,51 =59 47,46 N=59 22,03
A l’intérieur d’ESS, les déchets hospitaliers sont stockés (73%)
dans des endroits amenés à cette fin, par contre, d’autres ESS
(27%) ne disposent pas de lieux aménagés pour stocker les
déchets hospitaliers.
Les déchets hospitaliers non traités sur place prennent souvent
la direction des lieux d’élimination à l’extérieur de l’ESS. Le
transport de ces déchets (tableau 6) est soit fait par un tiers
(14%) soit par l’ESS seul (86%).
Tab. 6. Transport hors site des déchets hospitaliers est fait par les ESS
CatégorieRéglementation
duInexistence
d’une
Transportésseul
Transportés
par les
transport réglementation
privés/municipalité
Effectif % Effectif %
Effectif % Effectif %
Non classés 2 8,33 22 91,67 21 87,50 3 12,502è echelon 3 37,50 5 62,50 7 87,50 1 12,501er echelon 7 25,93 20 74,07 23 85,19 4 14,81
N=59 20,34 N=59 79,66 N=59 86,44 N=59 13,56
Que le transport des déchets hospitaliers soit fait par les ESS
en grande partie (86%) ou par les tiers (14%), il s’en va que ce
transport ne soit pas réglementé (80%) et que seulement 20%
d’ESS réglementent le transport des déchets hospitaliers par une
note de transport ou une mention de mise en garde.
3.5 L’élimination des déchets hospitaliers est dominée par
l’incinération.
L’incinération se fait soit par l’utilisation d’un appareil
d’incinération (noté dans le tableau : incitateur) soit par
l’utilisation du feu à ciel ouvert (désigné ici par feu ouvert)
est une méthode courante employée par les ESS dans la ville de
Bukavu. Quarante pourcent d’ESS utilisent les incinérateurs
généralement à moins de 200°C et quarante et un pourcent
appliquent le feu ouvert. D’autres ESS (15%) recourent
directement aux décharges publiques souvent non éloignées d’eux
(tableau 5).
Tab.7: Traitement des déchets hospitaliers sur site
CatégorieIncinérateur
Feu ouvert Lieu public
Effectif % Effectif % Effectif %
Non classés 1145,83 11 45,83 2 8,34
2è echelon 337,50 3 37,50 2 25
1er echelon 1244,44 10 37,04 5 18,52
N=5944,07 N=59 40,68 N=59 15,25
Les déchets hospitaliers qui échappent à l’incinération et aux
décharges publiques (tableau 6) sont directement sont enfouies
dans le sol à l’enclos de l’ESS (20%) et d’autres sont jetés
dans les décharges sanitaires. Certaines de ces décharges sont
directement conduites dans les canaux d’eau qui mènent dans les
cours d’eau ou le lac Kivu.
Tab. 8 Type d’élimination des déchets hospitaliers
Catégorie FosseDécharge sanitaire
Décharge ouvert
Effectif %
Effectif %
Effectif %
Non classes 9
37,50 10
41,67 5
20,00
2è echelon 562,50 1
12,50 2
25,00
1er echelon 21
77,78 4
14,81 2 7,41
N=5959,33 N=59
25,47 N=59
15,25
4. DISCUSSION
Il ressort de cette étude une diversification des pratiques de
gestion des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu, ce qui
rend difficile l’effectivité d’un système de gestion des déchets
hospitaliers dans la ville.
La diversification au niveau de la production s’observe sur le
contenu des déchets produits indépendamment des zones de santé
et de la catégorisation des établissements de soins de santé. La
production va des déchets ménagers et assimilables, des déchets
chimiques, des déchets infectieux et pathogènes, des déchets
pharmaceutiques, des déchets avec des produits radioactifs, des
objets, tranchants et coupants et un mélange des déchets de tout
genre faute d’une réglementation de triage des déchets à la
source ni d’indication spécifique des types de déchets dans les
chambres des malades ou de traitement des produits de
laboratoire. Les déchets mélangés représentent 11% dans
l’ensemble des déchets produits, ce qui représente une
éventualité que 11% des déchets hospitaliers de la ville de
Bukavu soient tous infectés compte tenu du principe si les
déchets dangereux (10-15%) sont mélangés aux déchets ménagers et
accessoires (85-90%), le tout (100%) deviennent dangereux et ce
qui rend compliqué la gestion effective des déchets hospitaliers
(Anonyme, 2004). Il est estimé que sur chaque 4Kgs de déchets
hospitaliers produits au moins 1Kg de déchets est infecté (PNUE
ET OMS, 2004). Une gestion effective de gestion de déchets
hospitaliers s’impose dans la ville de Bukavu au vu de la
production de 13% d’objets piquants, tranchants et coupants et
de 13% des déchets infectieux qui peuvent causer plusieurs
contaminations, des blessures ou piqures lors de manipulation
des objets piquants, coupants ou tranchants responsables
d’infections hépatite B, C et VIH/Sida et autres maladies
(OMS,2005).
La diversification au niveau de triage et collecte de déchets
hospitaliers est liée aux différentes pratiques de triage des
déchets hospitaliers. Une quasi-totalité de manque de triage
(83% des ESS) des déchets à la source (lieu de production des
déchets). Malgré cette faiblesse presque généralisée de séparer
les déchets à la source, il existe néanmoins d’efforts de
séparer les déchets hospitaliers au cours d’autres niveaux de
traitement soit pour faciliter le transport soit pour faciliter
l’élimination finale. Certains (64%) font un effort de séparer
les déchets généraux et assimilables aux déchets dangereux,
d’autres (10%) séparent les déchets généraux et assimilables aux
déchets dangereux qu’ils subdivisent en déchets infectieux
(anatomiques et pathogènes), déchets non infectieux (chimiques,
pharmaceutiques) et les objets piquants et coupants (Tableau 2
et 3). Les déchets liquides sont déversés dans des conduites qui
mènent soit vers les puits perdus soit vers les cours d’eau. Et
26% d’ESS ne se soucient aucunement du triage des déchets
hospitaliers dont 11% les mélangent et 15% les jettent
directement dans les décharges publiques (tableau 5).
Le problème de non triage des déchets hospitaliers d’ESS de la
ville de Bukavu ou de triage inapproprié de ces déchets peut
s’expliquer à l’ignorance d’effets des déchets hospitaliers ce
qui fait qu’ils soient mélangés à d’autres déchets pourtant sans
danger dans les conditions normales de traitement mais aussi par
l’insuffisance criante d’équipement et matériels de collecte de
déchets hospitaliers. Le tableau 4 montre que 53% d’ESS
disposent d’équipements et matériels de collecte de déchets
seulement en partie (juste quelques matériels souvent juste pour
les objets piquants ou tranchants). Trente sept pourcent d’ESS
ne disposent pas d’équipements et matériels de collecte des
déchets hospitaliers. Cette situation s’est observée aussi au
Pakistan où seulement 25% d’hôpitaux avaient un système effectif
de triage des déchets (Raseed et al. 2005), en Turkey les
déchets hospitaliers étaient jetés dans les sanitaires et ont
causé des sérieux problèmes à l’environnement (Uysal & Tinmaz,
2004), en Inde où les déchets hospitaliers étaient tous
collectés et mélangés ensemble et éliminés dans des conditions
non hygiéniques (Patil & Shekdar, 2001). Récemment, il a été
trouvé que la gestion des déchets hospitaliers dans les pays en
voie de développement est fonction de la pauvreté de gestion en
générale dans les pays et ceci affecte tous les secteurs de vie
rendant le secteur de la santé précaire (Phengxay et al. 2005).
La diversification des méthodes de manipulation des déchets fait
que 30 % d’ESS utilisent des matériels adéquats, par contre 48%
manipulent les déchets hospitaliers dans des dispositifs ouverts
et 22% utilisent des moyens non protégés augmentant les risques
de contamination et infection directe mais aussi avec un impact
négatif pour la santé humaine, par la contamination des sources
d’eau au cours du traitement des déchets et par la pollution de
l’air due à l’émission de gaz hautement toxiques au cours de
l’incinération (OMS, 2005). Cette diversification des méthodes
de manipulation est suivie par un déficit criant (79%) d’une
réglementation du transport des déchets à l’intérieur de la zone
de la structure sanitaire et à l’extérieur vers l’élimination
finale des déchets hospitaliers.
La dernière diversification des méthodes est celle liée à
l’élimination des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu.
L’incinération est la méthode généralement appliquée (tableau
7) par l’usage d’incinérateurs (44%), et le feu ouvert (41%)
malheureusement il n’y a pas de recherches faites sur
l’émissions que causent les incinérations des déchets
hospitaliers dans la ville de Bukavu et ceci constitue une
grande potentialité d’émission des polluants toxiques que ces
incinérations pourraient engendrer si l’on se tient au fait que
l’incinération produit des cendres qui représentent 30 à 50% du
volume total des déchets incinérés (Thompson et Anthony, 2008)
qui dans les conditions non contrôlées peuvent émettent dans
l’air de dioxines, de furannes et d’autres polluants toxiques,
qui peuvent être à l’origine de maladies graves chez les
personnes qui inhalent cet air (OMS, 2005).
Sur le total du reste des déchets non incinérés, les déchets
hospitaliers sont éliminés par l’enfouissement (59%), les
décharges publiques (15%) et les sanitaires (26%) et toutes ces
méthodes ne font que déposer les déchets de soins médicaux dans
des zones non contrôlées ce qui peuvent avoir des effets
environnementaux directs par la contamination des sols et des
nappes souterraines (PNUE ET OMS, 2004), mais aussi la pollution
de l’air et causer des maladies à la population environnante
(OMS, 2007). La littérature renseigne que la contamination des
masses d’eau, des eaux de surfaces et des eaux souterraines
suite aux suintement des polluants provenant de sites de
décharge est une des conséquences les plus connues d’une
mauvaise gestion et d’une mauvaise élimination des déchets et
que les émissions produites par le secteur de la gestion des
déchets représentent entre 3 et 5% du total des émissions
anthropiques de gaz à effet de serre (UNEP, 2011). Les décharges
publiques non contrôlées à elles seules peuvent présenter des
risques de contamination infectieuse, toxique ou radioactive du
sol et des eaux souterraines, à l'origine de la pollution de
l'écosystème (Daoudi, 2008).
5. Conclusion
Les résultats de cette étude dégagent des faillent dans la
gestion des déchets hospitaliers dans l’ensemble
d’établissements de soins de santé dans la ville de Bukavu
indépendamment de la localisation géographique (Zone de santé)
ou du classement des ces établissements (premier ou deuxième
échelon ou non classés). Ces failles affectent toutes les étapes
de gestion des déchets hospitaliers et il y a encore beaucoup à
faire pour réussir une gestion effective des déchets
hospitaliers dans la ville de Bukavu et partout en République
Démocratique du Congo. Ces faiblesses peuvent découler de la
faible formation et sensibilisation du personnel sanitaire, les
paramédicaux et la communauté sur le pourquoi et comment gérer
les déchets hospitaliers, ou du manque de fonds pour entretenir
cette gestion effectivement (Nema et al. 2011).
Cette étude a constaté une absence d’une unique réglementation
de gestion des déchets hospitaliers et conclu que la situation
est alarmante. Il y a plutôt une diversification des pratiques
dans l’identification des déchets à la production, manque d’un
tri à la source, diversification des méthodes inappropriées pour
la sélection, la collecte, la manipulation et le transport des
déchets et au final une diversification de ces méthodes nocives
à la santé humaine et à l’environnement dans l’élimination des
déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu. Cette
problématique est surtout corroborée par la présence des
plusieurs structures de santé le long des cours d’eau qui se
déversent tantôt dans les rivières ou le lac Kivu (Figure 1).
Dans certains coins de la ville particulièrement dans la zone de
santé de Kadutu et une partie de la zone d’Ibanda les sanitaires
réceptionnistes de 26% des déchets hospitaliers se déversent
aussi dans les cours d’eau et constituent une source de
contamination d’eau.
Cette étude n’a pas mesuré la quantité en kilogramme des déchets
par jour faute des ressources suffisantes et d’un long temps (au
moins deux saisons culturales) qu’exige la méthode quantitative
d’estimation des déchets hospitaliers. Le besoin d’une étude
quantitative des déchets hospitaliers est urgent pour compléter
la celle-ci.
Références bibliographiques
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