Dechets hospit paper corrected

25
Le système de gestion des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu en République Démocratique du Congo. a Bercky Z. Masheka ac , KatchoKarume a,b ,GustaveMushagalusa ac .Université Evangélique en Afrique, Faculté d’Agronomie B.P. 3323 Bukavu, R. D. Congo bObservatoire Volcanologique de Goma, Département de Géochimie et Environnement, R.D. Congo cInstitut Supérieur de Développement Rural, Bukavu, R.D Congo Résumé La mauvaise gestion des déchets hospitaliers est un sérieux facteur de risque de transmission de maladies et une menace pour l’environnement. Cette étude a été conduite dans le contexte de la carence des recherches sur la gestion des déchets et s’est proposée d’explorer le système de gestion de déchets hospitaliers et de rendre disponible des données de ses recherches aux personnels médicaux et paramédicaux, les communautés autours des structures sanitaires et les autorités politiques. L’étude a utilisé le modèle de l’outil d’évaluation rapide de collecte des données sur la gestion des déchets biomédicaux et la méthode « d’estimation visuelle » pour collecter les données sur la gestion des déchets dans la ville de Bukavu. Les résultats ont démontré une diversification des pratiques de gestion des déchets hospitaliers au niveau de toutes les étapes de gestion des déchets et c’est ce qui entrave la bonne gestion des déchets hospitaliers.

Transcript of Dechets hospit paper corrected

Le système de gestion des déchets hospitaliers dans la villede Bukavu en République Démocratique du Congo.

a Bercky Z. Mashekaac,KatchoKarumea,b,GustaveMushagalusaac.Université Evangélique enAfrique, Faculté d’Agronomie B.P. 3323 Bukavu, R. D. CongobObservatoire Volcanologique de Goma, Département de Géochimieet Environnement, R.D. Congo cInstitut Supérieur de Développement Rural, Bukavu, R.D Congo

Résumé

La mauvaise gestion des déchets hospitaliers est un sérieux

facteur de risque de transmission de maladies et une menace

pour l’environnement. Cette étude a été conduite dans le

contexte de la carence des recherches sur la gestion des

déchets et s’est proposée d’explorer le système de gestion de

déchets hospitaliers et de rendre disponible des données de ses

recherches aux personnels médicaux et paramédicaux, les

communautés autours des structures sanitaires et les autorités

politiques.

L’étude a utilisé le modèle de l’outil d’évaluation rapide de

collecte des données sur la gestion des déchets biomédicaux et

la méthode « d’estimation visuelle » pour collecter les données

sur la gestion des déchets dans la ville de Bukavu. Les

résultats ont démontré une diversification des pratiques de

gestion des déchets hospitaliers au niveau de toutes les étapes

de gestion des déchets et c’est ce qui entrave la bonne gestion

des déchets hospitaliers.

L’étude propose la formation, la sensibilisation du personnel

des structures sanitaires, de la communauté et des autorités

politiques sur la gestion des déchets hospitaliers pour enfin

une mise en œuvre d’un système effectif de gestion des déchets

hospitaliers dans la ville. Il va de soi que des études plus

structurées de gestion des déchets hospitaliers pour quantifier

les déchets hospitaliers sont nécessaires pour compléter cette

étude.

Mots clés : Déchets hospitaliers––Gestion effective des déchets – types desdéchets hospitaliers – Santé publique – Environnement-système degestion des déchets.

Abstract

The mismanagement of hospital waste in developing countries is

known as a serious risk factor in the diseases transmission and

a threat to the environment. This study has been undertaken in

context of scarce of researches on hospital waste management in

Bukavu city (Eastern DRCongo) and has found useful to explores

hospitals’ waste management practices so to avail its research

data to health personnel, paramedical staff, communities

surrounded health structures and political authorities.

The study has used the health-care waste management rapid

assessment tool collect data and the visual estimation method

has been used to collect data on hospital waste management in

Bukavu city. The study has found that there is waste

mismanagement practices scattering at all the waste management

cycle phases and this entrances good waste management in the

city.

This study therefore proposes a hospital waste training, raise

awareness of health personnel, paramedical staff, communities

as well as political administrative staff that ensure the

implementation of the effective hospital waste management in

Bukavu city. There still need for a well-structured study on

waste management that quantifies hospital waste to complete the

present study.

Key words: Hospital waste– Effective management waste–Types of hospital waste– Public health – Environment- management waste system.

1. INTRODUCTION

Les déchets hospitaliers même si produits en petites quantités

et de manière dispersée, leur prise en compte s’impose comme une

priorité pour l’environnement et la santé publique (Collomp Remy

et al., 2010). Les déchets hospitaliers sont tous les déchets

provenant des établissements de soins médicaux dont entre 10 et

15% sont soit infectieux susceptibles de transmettre une maladie

ou soit dangereux et sont des produits chimiques et radioactifs

(Phengxay et al. ; 2005). Ils présentent des risques directs à

la fois sur l’homme et sont des risques directs (blessures ou

infection) et sur l’environnement et sont des risques indirects

(pollution de l’eau ou de l’air) (WHO & UNEP,2010, L’OMS (2007)

indique qu’en 2000, les injections ont conduit à 21 millions

d’infections au virus de l’hépatite B (HBV) (soit 32 % de toutes

les nouvelles infections); 2 million d’infections à virus de

l’hépatite C (HCV) (soit 40 % de toutes les nouvelles

infections) et 260 000 infections à VIH (soit 5 % de toutes les

nouvelles infections).

Au cours de cette dernière décennie, les recherches ont décriél’état de la mauvaise gestion des déchets hospitaliers surtoutdans les pays en voie de développement suite à leursrépercussions perverses sur la santé du personnel de soins, dela communauté et de l’environnement (OMS, 2005). Cette situationdans les pays en voie de développement est particulièrementdéplorable du fait des contraintes majeures comme l’absence desplans, et/ou des procédures de gestion interne, l’inexistence dedonnées fiables sur les quantités produites, l’absence desdonnées sur les pratiques de gestion de déchets hospitaliers etdes technologies utilisées dans son traitement (Berker, 2005 ;

Arab M. et al., 2008).

Comme partout en République Démocratique du Congo (RDC), lasituation de gestion des déchets hospitaliers laisse à désirer.Plusieurs griefs y sont reprochés dont les principaux sontl'absence de cadre institutionnel et réglementaire fonctionnelet efficace; le mélange des déchets biomédicaux aux autresdéchets ménagers suivi d’un système d’élimination inadéquate ;la non-implication des autorités politico-administratives dansla gestion des déchets et surtout la carence des donnéesélaborées pouvant permettre la mise en œuvre d’un plan degestion des déchets hospitaliers (Mbela, 2003, Mukamba, 2008).

En réaction de cette problématique, les recherches ont été

focalisées sur le système de gestion des déchets ménagers et

assimilables dans la ville de Bukavu et peu sinon aucune n’a été

faite sur les déchets hospitaliers. Cette étude a été conduite

dans ce contexte de la carence des recherches sur la gestion des

déchets et s’est proposée d’explorer le système de gestion de

déchets hospitaliers et de rendre disponible des données pouvant

permettre :

1. de sensibiliser les gestionnaires des structures

sanitaires, les personnels médicaux et paramédicaux, la

communauté et les autorités politiques sur l’importance et

l’urgence d’une mise en œuvre d’un système effectif de

gestion des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu.

2. de comprendre les pratiques de gestion des déchets

hospitaliers en termes de production, triage et collecte,

transport et élimination.

Au vue de l’absence des données sur le nombre exact

d’établissements de soin de santé dans la ville de Bukavu à

conduit à focaliser les premiers efforts de cette recherche sur

l’identification des établissements de soin de santé dans les

trois zones de santé de la ville de Bukavu. Cette étape permis

l’élaboration d’une carte d’Etablissement de soins de santé

faisant montre des risques de pollution d’eau qui seraient dues

par la présence des plusieurs cours d’eau qui côtoient ces

établissements si jamais les déchets hospitaliers n’étaient pas

bien gérées. Il s’en est suivi une étude des pratiques de

gestion des déchets hospitaliers en comparaison au model de

gestion des déchets hospitaliers de Collomp et al. (2010) qui se

fonde sur les différentes étapes de production, triage, collecte

ou ramassage, conditionnement, transport, stockage et

traitement final des déchets.

2. MILIEU ET METHODES D’ETUDE

2.1 Milieu D’étude

L’étude a été menée dans la ville de Bukavu. Celle-ci estcomposée des 3 zones de santé. La ville de Bukavu a unesuperficie de 44.90 Km² avec une population estimée à 824974habitants et constitue le district sanitaire de Bukavu (Anonyme,2013). L’étude s’est appuyée sur l’organisation du système desanté au niveau de la zone de santé en République démocratiquedu Congo car c’est le niveau de planification etd’opérationnalisation des activités des soins de santé primaire(Anonyme, 2006). Ce système considère deux échelonsd’intervention dont le premier niveau est constitué des centresde santé et le second des hôpitaux généraux de référence. Pourle besoin de cette étude, les structures privées qui ne sont pasrépertoriées dans ce classement, ont été regroupées dans un

troisième échelon et est constitué de tous les structuresprivées non classées dans le système officiel de santé.

2.2 METHODES

Un premier travail a été conduit pour identifier tous les

établissements de soins de santé (ESS) dans les trois zones de

santé de la ville. Au total 113 établissements ont été

identifiés au moyen d’un GPS estrex (Legend H, Garmin) en vue de

collecter chaque fois les coordonnées géographiques nécessaires

pour pour cartographier les ESS dans la ville de Bukavu.

D’autres données été collectées à cette occasion et ont

concernées les données générales (nombre de lit, catégorie de

l’établissement, etc.) en préparation de l’enquête proprement-

dite. Après l’identification de ces 113 ESS, un lot de 60 ESS a

été tiré au hasard a subi l’enquête proprement-dite qui a porté

sur le système de gestion des déchets. Le tableau 1 reprend la

distribution de ces ESS retenus suivant selon les critères de

localisation géographique (Zone de santé) et de classification

sanitaire (1er échelon, 2ème échelon et les non classés).

Tableau 1. Distributions d’ESS sélectionnés par zone et par grandeurZone de santé

2ème Echelon

1er

Echelon Non classés TotalBagira 1 3 4 8Ibanda 6 13 14 33Kadutu 2 8 9 19Total N=9 N=24 N=27 N=60

La collecte des données primaires s’est faite au moyen de

l’outil d’évaluation rapide de collecte des données sur la

gestion des déchets biomédicaux (WHO et UNEP, 2010). Le choix de

cet outil a été dicté par le fait que cette recherche se

concentre sur un espace spécifique (ville de Bukavu), et veut

collecter les données sur des différents secteurs du système

sanitaire dans la ville de Bukavu. Les questions à la fois

ouvertes et fermées ont été administrées à 60 établissements

sanitaires de la ville de Bukavu. Cinquante-neuf questionnaires

ont été collectés sur les 60 remis. L’étude a utilisé la méthode

mesure des déchets hospitaliers de Williams et Walton (2011)

« d’estimation visuelle ». Le suivi de cette méthode a permis

d’utiliser une échelle estimative pour mesurer approximativement

la proportion du volume des déchets hospitaliers. L’échelle

estimative utilisée a été le pourcentage. La reproche de cette

méthode est qu’elle se base sur des estimations subjective

pouvant causer des problèmes de fiabilité mais elle a été

validée contre la méthode de quantification (beaucoup plus

exacte mais demande beaucoup de ressources et de temps) car

donnant des approximations raisonnables rapides des volumes des

déchets hospitaliers.

L’étude a été descriptive transversale et a été conduite du 05

mars au 31 mai 2012 a été précédée par des séances préliminaires

de formation sur la collecte des données de gestion des déchets

hospitaliers au niveau des zones de santé dans la ville de

Bukavu. Le besoin de cette formation a été dicté par les

résultats du pré-test montrant un désintéressement marqué à la

question des déchets hospitaliers dans bon nombre d’ESS. Chaque

questionnaire comprenait 67questions groupées selon les sept

étapes du cycle de gestion des déchets hospitaliers du modèle de

Nada et El-Shafie, (2004) composée de : production, triage,

collection, conditionnement, stockage, transport (à l’intérieur

et à l’extérieur) et élimination Une interview par téléphone a

aussi été organisée collecter l’information supplémentaire sur

les pratiques de gestion des déchets. Elle a été préférée par

rapport au questionnaire classique du fait qu’elle permet de

collecter les données rapidement sur une étendue

géographiquement large et pour des répondants éparpillés même si

elle reste couteuse (Thomas et Purdon, 1994).

3. RESULTATS

3.1 Distribution des ESS et le danger environnemental d’une

éventuelle mauvaise gestion des déchets hospitaliers.

Fig.1: Distribution des ESS dans la ville de Bukavu.

Il sied d’observer que les ESS sont éparpillés dans toute laville mais aussi ils avoisinent soit les cours d’eau ou lessources d’eau, ce qui exigerait une bonne gestion des déchetshospitaliers afin d’éviter d’éventuelles pollution de l’eau. Ilfaut noter aussi une forte agglomération d’Etablissements desoins de sante dans les zones de sante d’Ibanda et de Kadutuavec plusieurs Etablissements privés non répertoriés parl’inspection provinciale de la santé entant qu’Etablissementsanitaire et que nous avons appelés les « non-classés ».

3.2 La diversification de la production des déchets hospitaliers

dans la ville de Bukavu

Les ESS de la ville de Bukavu produisent plusieurs types de

déchets hospitaliers qui sont répartis en déchets ménagers et

assimilables, les déchets chimiques, les déchets infectieux et

pathogènes, les déchets pharmaceutiques, les déchets des

produits radioactifs, les déchets piquants, tranchants et

coupants. Malgré l’insistance, certains ESS ont eu des

difficultés de séparer les déchets faute d’une habitude acquise

pendant plusieurs années. Ces déchets ont été pesés et ont

constitué une catégorie spéciale appelée « déchets mélangés ».

En termes de volume des déchets produits, quarante-deux pourcent

des ESS de deuxième échelon produisent plus de déchets

infectieux (23%) suivis de déchets d’objets piquants, coupants

ou tranchants (13%), de déchets pharmaceutiques (9%) et des

déchets avec la présence des métaux (6%). Les autres déchets

sont produits en quantité inférieure à 5%.

Le gros de la production des déchets hospitaliers pour les ESS

de premier échelon est représenté par les déchets généraux

(55%), les déchets dangereux (21%), des déchets mélangés, les

déchets infectieux et pathogènes (12%) et des déchets

pharmaceutiques (7%). Les autres déchets dangereux sont produits

en quantité inférieure à 5%.

Les ESS non-classés produisent les déchets généraux de l’ordre

de 52%. Les déchets dangereux les plus produits sont les déchets

pharmaceutiques (16%), les déchets mélangés (10%), les déchets à

objets piquants, coupants ou tranchants (6%), les déchets avec

les produits chimiques (6%) et les déchets infectieux et

pathogènes (7%). Les autres déchets sont produits en quantité

inférieure à 5%.

3.3 La disparité du système de triage et collecte des déchets

hospitaliers fonction de la pluralité des structures sanitaires

Le triage et manipulation des déchets varient selon les

structures sanitaires (tableau 2).

Tableau 2 : Faible triage des déchets hospitaliers à la source

ESS Triage à la

source

Pourcentage Pas de

triage à la

source

Pourcentage

1er Echelon 4 14,81 23 85,19

2ème Echelon 3 37,50 5 62,50

Non classés 3 12,50 21 87,50

Total N=10 16.95 N=49 83,05

Le triage des déchets hospitaliers se fait très faiblement (17%)

faisant que près de 83% d’ESS de la ville de Bukavu ne trient

pas les déchets hospitaliers à la source. Néanmoins, il existe

une conscience de séparer les déchets généraux et les déchets

dangereux (tableau 3). Cet effort de séparation de déchet varie

d’une structure à l’autre. Ce triage est plus effectué dans les

structures de second échelon (75%) que dans les structures de

premier échelon (67%) ou les non classées (56%).

Tableau 3 : Effort manifeste de séparation des déchets généraux aux déchets dangereux

Triage déchets généraux et dangereuxOui % Non %

Non classes 15 560 12 442è echelon 7 22 2 781er echelon 16 63 8 37

N=59 64 N=59 36

Quant aux équipements de triage et la sécurisation de la

manipulation des déchets (tableau 4), il sied de constater une

carence marquée de ces équipements. Seulement 10% d’ESS

disposent d’équipement de collecte des déchets hospitaliers,

plus de la moitié d’ESS ne disposent qu’une partie de ces

équipements (53%) et 37% d’ESS n’en disposent aucunement.

Tableau 4 : insuffisance d’équipements de collecte des déchetset de séparation des déchets

ESS Disponibilité d’équipement de collecte des

déchetsEn partie % Aucune % Dispose %

Non classés 11 46 10 42 3 132è echelon 5 63 2 25 1 131er echelon 15 53 10 37 2 7

N=59 53 N=59 37 N=59 10

3.4 Faible manipulation des Déchets Hospitaliers

Les failles s’observent aussi dans la manipulation des déchetshospitaliers dans la ville de Bukavu. Quarante huit pourcentd’ESS utilisent les dispositifs ouverts (demi-tonneaux vides,les brouettes, etc.) et vingt deux pourcent d’ESS utilisentdes moyens de bord (cartons vides, sachets plastics, étoffesd’habits, etc.) qu’ils manipulent avec les mains (tableau 4).

Des variations s’observent à l’intérieur des différents ESS(tableau 4). La moitié d’ESS de seconds échelons utilisent lesdispositifs fermés et l’autre moitié utilisent les dispositifsouverts. Les autres ESS utilisent plus les dispositifs ouverts(38% pour les non classés et 56% pour ceux de 1er échelon).

Tab. 5 : variation de transport interne des déchetshospitaliers

CatégorieDispositif fermé

Dispositif ouvert

Manuellement

Effectif % Effectif % Effectif %

Non classés 6 25 9 37,5 9 37,54

2è echelon 4 50 50 0 08 15

1er echelon 29,6 55,5 4 14,8

Total N=59 30,51 =59 47,46 N=59 22,03

A l’intérieur d’ESS, les déchets hospitaliers sont stockés (73%)

dans des endroits amenés à cette fin, par contre, d’autres ESS

(27%) ne disposent pas de lieux aménagés pour stocker les

déchets hospitaliers.

Les déchets hospitaliers non traités sur place prennent souvent

la direction des lieux d’élimination à l’extérieur de l’ESS. Le

transport de ces déchets (tableau 6) est soit fait par un tiers

(14%) soit par l’ESS seul (86%).

Tab. 6. Transport hors site des déchets hospitaliers est fait par les ESS

CatégorieRéglementation

duInexistence

d’une

Transportésseul

Transportés

par les

transport réglementation

privés/municipalité

Effectif % Effectif %

Effectif % Effectif %

Non classés 2 8,33 22 91,67 21 87,50 3 12,502è echelon 3 37,50 5 62,50 7 87,50 1 12,501er echelon 7 25,93 20 74,07 23 85,19 4 14,81

N=59 20,34 N=59 79,66 N=59 86,44 N=59 13,56

Que le transport des déchets hospitaliers soit fait par les ESS

en grande partie (86%) ou par les tiers (14%), il s’en va que ce

transport ne soit pas réglementé (80%) et que seulement 20%

d’ESS réglementent le transport des déchets hospitaliers par une

note de transport ou une mention de mise en garde.

3.5 L’élimination des déchets hospitaliers est dominée par

l’incinération.

L’incinération se fait soit par l’utilisation d’un appareil

d’incinération (noté dans le tableau : incitateur) soit par

l’utilisation du feu à ciel ouvert (désigné ici par feu ouvert)

est une méthode courante employée par les ESS dans la ville de

Bukavu. Quarante pourcent d’ESS utilisent les incinérateurs

généralement à moins de 200°C et quarante et un pourcent

appliquent le feu ouvert. D’autres ESS (15%) recourent

directement aux décharges publiques souvent non éloignées d’eux

(tableau 5).

Tab.7: Traitement des déchets hospitaliers sur site

CatégorieIncinérateur

Feu ouvert Lieu public

Effectif % Effectif % Effectif %

Non classés 1145,83 11 45,83 2 8,34

2è echelon 337,50 3 37,50 2 25

1er echelon 1244,44 10 37,04 5 18,52

N=5944,07 N=59 40,68 N=59 15,25

Les déchets hospitaliers qui échappent à l’incinération et aux

décharges publiques (tableau 6) sont directement sont enfouies

dans le sol à l’enclos de l’ESS (20%) et d’autres sont jetés

dans les décharges sanitaires. Certaines de ces décharges sont

directement conduites dans les canaux d’eau qui mènent dans les

cours d’eau ou le lac Kivu.

Tab. 8 Type d’élimination des déchets hospitaliers

Catégorie FosseDécharge sanitaire

Décharge ouvert

Effectif %

Effectif %

Effectif %

Non classes 9

37,50 10

41,67 5

20,00

2è echelon 562,50 1

12,50 2

25,00

1er echelon 21

77,78 4

14,81 2 7,41

N=5959,33 N=59

25,47 N=59

15,25

4. DISCUSSION

Il ressort de cette étude une diversification des pratiques de

gestion des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu, ce qui

rend difficile l’effectivité d’un système de gestion des déchets

hospitaliers dans la ville.

La diversification au niveau de la production s’observe sur le

contenu des déchets produits indépendamment des zones de santé

et de la catégorisation des établissements de soins de santé. La

production va des déchets ménagers et assimilables, des déchets

chimiques, des déchets infectieux et pathogènes, des déchets

pharmaceutiques, des déchets avec des produits radioactifs, des

objets, tranchants et coupants et un mélange des déchets de tout

genre faute d’une réglementation de triage des déchets à la

source ni d’indication spécifique des types de déchets dans les

chambres des malades ou de traitement des produits de

laboratoire. Les déchets mélangés représentent 11% dans

l’ensemble des déchets produits, ce qui représente une

éventualité que 11% des déchets hospitaliers de la ville de

Bukavu soient tous infectés compte tenu du principe si les

déchets dangereux (10-15%) sont mélangés aux déchets ménagers et

accessoires (85-90%), le tout (100%) deviennent dangereux et ce

qui rend compliqué la gestion effective des déchets hospitaliers

(Anonyme, 2004). Il est estimé que sur chaque 4Kgs de déchets

hospitaliers produits au moins 1Kg de déchets est infecté (PNUE

ET OMS, 2004). Une gestion effective de gestion de déchets

hospitaliers s’impose dans la ville de Bukavu au vu de la

production de 13% d’objets piquants, tranchants et coupants et

de 13% des déchets infectieux qui peuvent causer plusieurs

contaminations, des blessures ou piqures lors de manipulation

des objets piquants, coupants ou tranchants responsables

d’infections hépatite B, C et VIH/Sida et autres maladies

(OMS,2005).

La diversification au niveau de triage et collecte de déchets

hospitaliers est liée aux différentes pratiques de triage des

déchets hospitaliers. Une quasi-totalité de manque de triage

(83% des ESS) des déchets à la source (lieu de production des

déchets). Malgré cette faiblesse presque généralisée de séparer

les déchets à la source, il existe néanmoins d’efforts de

séparer les déchets hospitaliers au cours d’autres niveaux de

traitement soit pour faciliter le transport soit pour faciliter

l’élimination finale. Certains (64%) font un effort de séparer

les déchets généraux et assimilables aux déchets dangereux,

d’autres (10%) séparent les déchets généraux et assimilables aux

déchets dangereux qu’ils subdivisent en déchets infectieux

(anatomiques et pathogènes), déchets non infectieux (chimiques,

pharmaceutiques) et les objets piquants et coupants (Tableau 2

et 3). Les déchets liquides sont déversés dans des conduites qui

mènent soit vers les puits perdus soit vers les cours d’eau. Et

26% d’ESS ne se soucient aucunement du triage des déchets

hospitaliers dont 11% les mélangent et 15% les jettent

directement dans les décharges publiques (tableau 5).

Le problème de non triage des déchets hospitaliers d’ESS de la

ville de Bukavu ou de triage inapproprié de ces déchets peut

s’expliquer à l’ignorance d’effets des déchets hospitaliers ce

qui fait qu’ils soient mélangés à d’autres déchets pourtant sans

danger dans les conditions normales de traitement mais aussi par

l’insuffisance criante d’équipement et matériels de collecte de

déchets hospitaliers. Le tableau 4 montre que 53% d’ESS

disposent d’équipements et matériels de collecte de déchets

seulement en partie (juste quelques matériels souvent juste pour

les objets piquants ou tranchants). Trente sept pourcent d’ESS

ne disposent pas d’équipements et matériels de collecte des

déchets hospitaliers. Cette situation s’est observée aussi au

Pakistan où seulement 25% d’hôpitaux avaient un système effectif

de triage des déchets (Raseed et al. 2005), en Turkey les

déchets hospitaliers étaient jetés dans les sanitaires et ont

causé des sérieux problèmes à l’environnement (Uysal & Tinmaz,

2004), en Inde où les déchets hospitaliers étaient tous

collectés et mélangés ensemble et éliminés dans des conditions

non hygiéniques (Patil & Shekdar, 2001). Récemment, il a été

trouvé que la gestion des déchets hospitaliers dans les pays en

voie de développement est fonction de la pauvreté de gestion en

générale dans les pays et ceci affecte tous les secteurs de vie

rendant le secteur de la santé précaire (Phengxay et al. 2005).

La diversification des méthodes de manipulation des déchets fait

que 30 % d’ESS utilisent des matériels adéquats, par contre 48%

manipulent les déchets hospitaliers dans des dispositifs ouverts

et 22% utilisent des moyens non protégés augmentant les risques

de contamination et infection directe mais aussi avec un impact

négatif pour la santé humaine, par la contamination des sources

d’eau au cours du traitement des déchets et par la pollution de

l’air due à l’émission de gaz hautement toxiques au cours de

l’incinération (OMS, 2005). Cette diversification des méthodes

de manipulation est suivie par un déficit criant (79%) d’une

réglementation du transport des déchets à l’intérieur de la zone

de la structure sanitaire et à l’extérieur vers l’élimination

finale des déchets hospitaliers.

La dernière diversification des méthodes est celle liée à

l’élimination des déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu.

L’incinération est la méthode généralement appliquée (tableau

7) par l’usage d’incinérateurs (44%), et le feu ouvert (41%)

malheureusement il n’y a pas de recherches faites sur

l’émissions que causent les incinérations des déchets

hospitaliers dans la ville de Bukavu et ceci constitue une

grande potentialité d’émission des polluants toxiques que ces

incinérations pourraient engendrer si l’on se tient au fait que

l’incinération produit des cendres qui représentent 30 à 50% du

volume total des déchets incinérés (Thompson et Anthony, 2008)

qui dans les conditions non contrôlées peuvent émettent dans

l’air de dioxines, de furannes et d’autres polluants toxiques,

qui peuvent être à l’origine de maladies graves chez les

personnes qui inhalent cet air (OMS, 2005).

Sur le total du reste des déchets non incinérés, les déchets

hospitaliers sont éliminés par l’enfouissement (59%), les

décharges publiques (15%) et les sanitaires (26%) et toutes ces

méthodes ne font que déposer les déchets de soins médicaux dans

des zones non contrôlées ce qui peuvent avoir des effets

environnementaux directs par la contamination des sols et des

nappes souterraines (PNUE ET OMS, 2004), mais aussi la pollution

de l’air et causer des maladies à la population environnante

(OMS, 2007). La littérature renseigne que la contamination des

masses d’eau, des eaux de surfaces et des eaux souterraines

suite aux suintement des polluants provenant de sites de

décharge est une des conséquences les plus connues d’une

mauvaise gestion et d’une mauvaise élimination des déchets et

que les émissions produites par le secteur de la gestion des

déchets représentent entre 3 et 5% du total des émissions

anthropiques de gaz à effet de serre (UNEP, 2011). Les décharges

publiques non contrôlées à elles seules peuvent présenter des

risques de contamination infectieuse, toxique ou radioactive du

sol et des eaux souterraines, à l'origine de la pollution de

l'écosystème (Daoudi, 2008).

5. Conclusion

Les résultats de cette étude dégagent des faillent dans la

gestion des déchets hospitaliers dans l’ensemble

d’établissements de soins de santé dans la ville de Bukavu

indépendamment de la localisation géographique (Zone de santé)

ou du classement des ces établissements (premier ou deuxième

échelon ou non classés). Ces failles affectent toutes les étapes

de gestion des déchets hospitaliers et il y a encore beaucoup à

faire pour réussir une gestion effective des déchets

hospitaliers dans la ville de Bukavu et partout en République

Démocratique du Congo. Ces faiblesses peuvent découler de la

faible formation et sensibilisation du personnel sanitaire, les

paramédicaux et la communauté sur le pourquoi et comment gérer

les déchets hospitaliers, ou du manque de fonds pour entretenir

cette gestion effectivement (Nema et al. 2011).

Cette étude a constaté une absence d’une unique réglementation

de gestion des déchets hospitaliers et conclu que la situation

est alarmante. Il y a plutôt une diversification des pratiques

dans l’identification des déchets à la production, manque d’un

tri à la source, diversification des méthodes inappropriées pour

la sélection, la collecte, la manipulation et le transport des

déchets et au final une diversification de ces méthodes nocives

à la santé humaine et à l’environnement dans l’élimination des

déchets hospitaliers dans la ville de Bukavu. Cette

problématique est surtout corroborée par la présence des

plusieurs structures de santé le long des cours d’eau qui se

déversent tantôt dans les rivières ou le lac Kivu (Figure 1).

Dans certains coins de la ville particulièrement dans la zone de

santé de Kadutu et une partie de la zone d’Ibanda les sanitaires

réceptionnistes de 26% des déchets hospitaliers se déversent

aussi dans les cours d’eau et constituent une source de

contamination d’eau.

Cette étude n’a pas mesuré la quantité en kilogramme des déchets

par jour faute des ressources suffisantes et d’un long temps (au

moins deux saisons culturales) qu’exige la méthode quantitative

d’estimation des déchets hospitaliers. Le besoin d’une étude

quantitative des déchets hospitaliers est urgent pour compléter

la celle-ci.

Références bibliographiques

Anonyme, 2004. Guide de gestion des déchets des établissementsde soins, Guide de gestion des déchets des établissements de soins, Ministèrede la sante. Casablanca.

Anonyme, 2006. Recueil des normes de la zone de santé. Ministèrede la santé, République démocratique du Congo.

Anonyme, 2013. Répartition de la population par zone de santépour l’année 2013. Bureau des soins de santé primaire/CelluleSNIS, Inspection provinciale de la santé Bukavu.

Arab, M., Baghbani, R.A., Tajvar, M., Pourreza, A., Omrani, G.,&Mahmoudi,M., 2008. Report : the assessment of hospital wastemanagement : a case study in Tehran, ISWA, Waste Management &research, 26,304-308.

Berkes, F., 2005. "Knowledge, Learning and the Resilience ofSocial-Ecological Systems" The Tenth Conference of theInternational Association for the Study of Common, Online:http://dlc.dlib.indiana.edu/archive/00001342/00/Berkes_Knowledge[14/10/2012].

Collomp R., Chal P., Chalindar P., Housseman S., Delanoe A.,

Cridelich C., Dantin T., Berard O., Muller F., Poitrat S.,

Soccoja G., PRIEUR G., ABSI N., Draetta L., MALLEA P., 2010.

Traçabilité et Déchets d’activités de soins à risque infectieux

(DASRI) : Evaluation de l’apport de la technologie RFID. GISEH,

Clermont-Ferrand ; France.

Daoudi, M., 2008. Evaluation de la gestion des déchets solides médicaux et

pharmaceutiques à l’hôpital Hassan II d’Agadir,Mémoire présenté pourl’obtention du diplôme de maîtrise en administration sanitaireet santé publique, Institut national d’administrationsanitaire, Agadir.

Mbela, K., 2003. Rapport préliminaire du plan de gestion des déchets biomédicaux, online : http//www.wds.worldbank.org/servlet/wdscontentserver/wdsp/ib/2003/rendered/pdf, [24/10/2012].

Mukamba, M. A., 2008. Assainissement urbain par l’approche ‘pollueur payeur’ 

au quartier Matongé dans la commune de Kalamu à Kinshasa, DRC, Mémoire,

Institut facultaire de développement: Kinshasa.

Nada S.M. & El-Shafie H., 2004. Destination of HospitalsWastes:Wastes: Design Factors. Cairo University, online :http://www.faculty.ksu.edu.sa/hs/research/destination.pdf[24/10/2012].

Nema, A., Pathak, A., Bajaj, P., Singh, H., &and Kumar S., 2011.A case study: biomedical waste management practices at cityhospital in Himachal Pradesh, Waste Management et Research.29(6), 669-673.

OMS, 2005. Gestion des déchets solides d'activités de soins dansles centres de santé primaires: Guide d'aide à la décision.Catalogage à la source: Bibliothèque de l’OMS, online :http://www.who.int/topics/medical_waste/fr [07/10/2012].

OMS, 2007. International Meeting on Health-Care Waste,International Meeting Report, online:http://www.healthcarewaste.org/fileadmin/user_upload/resources/[07/10/2012].

Patil, A.D. & Shekdar, A.V. (2001) Health-care waste management

in India. Journal of Environmental Management, 63, 211–220.

PNUE &OMS, 2004. Préparation des plans Nationaux de Gestion de Déchets de

Soins Médicaux en Afrique subsaharienne, Manuel d’aide à la décision, Organisation

mondiale de la sante, Online :

http://www.who.int/water_sanitation_health/medicalwaste.en/manue

ltoc.pdf. [07/10/2012]

Phengxay, S., Okumura, J., Miyoshi, M.&,Sakisaka, K., 2005.

Health-care waste management in Lao PDR: a case study,Waste

Management Research,23(3),571–581 [07/10/2012].

Rasheed, S., Iqbal, S., Baig, L.A. & Mufti, K. (2005) Hospital

waste management in the teaching hospitals of Karachi. Journal of

the Pakistan Medical Association, 55, 192–195.

Thomas et Purdon S., 1994. Telephone methods for social surveys.

Social Research Update. 8(1).

Thompson, J. et &Honor, A., 2008. The Health Effects of Waste

Incinerators., 4th Report of the British Society for Ecological Medicine, 2nd

Edition, Online:

http//:www.ecomed.org.uk/content/incineratorReport_v3.pdf

[20.09.2012].

UNEP, 2011. Rapport d’activité concernant l’application de ladécision 25/8 sur la gestion des déchets, Vingt-sixième sessiondu Conseil d’administration/Forum ministériel mondial surl’environnement, Nairobi.

Uysal, F. & Tinmaz, E. (2004) Medical waste management in

Trachea region of Turkey: suggested remedial action. Waste

Management & Research, 22, 403–407.

WHO & UNEP. (2010). Preparation of national health-care waste

management plans in Sub-saharan countries. Guidance manual.

Online: http//www.healthcarewaste.org [27.08.2013]

Williams P., et Walton K. (2011). Plate waste in hospitals and

strategies for change. The e-Spen, the European e-journal of clinic nutrition

and metabolism., 7th Edition, 25, 571-581.