Académiciens et barbares dans le Novae Academiae Florentinae opuscula (1533- 1534).

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ACADÉMICIENS ET BARBARESDANS LES NOVAE ACADEMIAE FLORENTINAE

OPUSCULA (1s33 Er 1s34)

ASPECTS D'uNE rorÉvuqur, uÉolcarrAU XVI" SIECLE

Arrnpoo PpnIEtNo

Les Nopæ Academiæ Florentinæ opuscwla. Adaersus Azticennam, et medicos

neotericos, qui Galeni disciplina neglecta, barbaros colunt. Elencbwm sequens

pagina dernostrabit furent édités une première fois à Venise, en 1533, par I ucan-

torrio Girrrrti, et l'année suivante à Lyon par Sébastien Gryphel. Comme le titrel'indique, cet ouvrage s'inscrit dans le contexte de la polémique entre la méde-

cine avicennienne et la médecine galénique qui fit couler beaucoup d'encre toutau long du XVI'siècle. Néanmoins, cet ouvrâge n'a pas retenu I'attention des

chercheurs peut-être à cause des nombreux problèmes qu'il pose, et notâmmentcelui de l'atiribution d'un des trois textes qui le constituent et de la datation de

sa rédaction.De façon schématique, on peut constâter qu'entre la fin du XV'siècle et les

années 1540 deux courants se développèrent à l'intérieur du corps médical: le

premier, tout en portant parfois un regard critique sur l'æuvre des interprètes

médiévaux de Galien, considérait Avicenne comme un continuateur majeur et

fidèle du médecin grec; l'autre contestait l'ensemble de la médecine arabe,

accusée d'avoir mal compris et corrompu la médecine grecque, et pourfendaitses représentants les plus éminents, Avicenne'et Mésué'. Le débat qui s'ensuivit

Novæ Academiæ Florentinæ opuscula. Adversus Avicennam, et medicos neotericos' qui Galeni

disciplina neglecta, barbaros colunt. Elencbum sequens pagina demostrabit, (en dernière page)

Venàtiis, in ôfficina Lucæ Antonii Iuntæ, Anno 1533, mense Octobri. I-édition lyonnaise

porte Ie même titre que l'édition de 1533. Pour I'édition de 1533, i'ai consulté l'exemplaire de

Îa Bibliothèqu eMazàrine contenu dans un recueil factice, cote 14980, àe f. 57r. à f. 103r., pagi-

nation originelle de f. 2r.à1.47r. Mes citations sont tirées de l'édition de 1534. Dorénavant

Nooæ.

Sur la réception d'Avicenne au XVI" siècle, voir Nancy Siraisi, Atticenna in the Renaissance

Italy. The Canon and Medical Tëaching in ltalian Uniaersities after 1500, Princeton, New

Jersey, Princeton University Press, 1987, notâmment p. 64-76. Dorénavant Aoicenna. Potr

164ALFREDO PERIFANO

trouva ses racines dans le mouvement humaniste et dans sa «redécouverte» desAnciens, mais surrout dans la nouvele approche pHrorofiq* d", t"rt"r, à i,lupe de laquelle furent également soumises les æuvres d'Aviienne et de Galien.c'est dans le cadre de ce.souci philologique que vit le jour la nouvelle traducrionposthume d'Andrea Allt: -ff1522y

du brincipis'aonsrnrol Libri canonisnecnon de medicinis cordialibus et cantica[...], parue en tszl.Dâns le titre, il estpré.cisé que cefte édition avait été établie i prrl. des originaux arabes ., qrtii.était accom pagnée d'une interprétation d'", ..,ot, "rrbî q- précédemmentavaienr été mal traduits ou étaiènt inconnuss. Elle parut ,.rriL"r, quarre ânsaprès le Aoicenna. Præsens Maximws codex est totius scientiæ medicinà e;r;;r;;;Ab.oali.A.binsenel...l, une traduction qui avair, été établie sur la base de celle deGérard de crémone et enrichi. pr.l", commenraires les plus renommés de latradition médiévale, comme czux de Taddeo ald.."tt'i,-ôino del Garbo,Gentile da Foligno er,d'aurres encorer. euant à Galien, ;à -" Uorrr"rri ;;;;l'instant à rappeler 1'éditionprinceps engrà, pr.rr. chez Alâe Manuce, en 15257,

une vision d'ensemble sur l'évolution.de l'enseignement de Ia médecine dans les universitésitaliennes, depuis le milie.u du XIII" siècle jrrq,rü Ia fin du xvr;, ,-.; àrïa me auteur Medi_cine & the halian [Jniversities, 12 jo-16oo,LeidËn-Boston_Kôln, B;iil, zoôi. ôo.a.,r, ant, Mede_cine.

Plusieurs ouvrages étaient attribués à ce Mésué, aureur suppos é arabedonr les écrits, diffusésdans le monde latin entre 1260 et 1290, furent so,.rrre.rt àltés rr.orr., doivl.riè.I., g.â."notâmmenr à Jacques D:|..t. (sylviu$. Il était surnommé "l,Evangell;-., c,est ainsi quel'appelle Leonardo Giachini, drr,r ro, traité intiiulée Ad"r;r;, M;?;;;,- aTrtg*n medicosomyes [...) paru dans le Novæ, p.96-97. voir Danielle Jacquarr, t, u;irir", -édiérale dans lecadreparisien, Paris, Fayard, tôlS, pp. 173 et 490.Francesca Lucchetta, Il medico e filosofo bellunese Andrea Alpago (+ 1522) traduttore di Avi-cenna, Padova, Editrice Antenore, 1964.Principis Aoic[ennæJ Libri Canonis necnon de medicinis cordi.alibus et Cantica ab Andrea Bellu-nensi ex antiquis Arabum originali.bus ingenti labore summaqwe diligentia correcti atque in inte-grum restituti una curt interpretatione niminam arabirorrm, q"* eTü *rn)osa partim inco-gnita lectores antea morabantur. opus plane aureum ac ornni ex parte absoluturn. venetiis inedibus L.uce Antonii Junta Flo_rentiii liense Junio 1527. Dans."rà édi ion sont publiés deuxtraités absents dans celle de 1,523 (voir note ài-d"r.o,.r.), re De medicinis rraitlu^ _ aéjà connusous le titre De piribus cordis ou Cordiaca dans la traduction d'Arnaud de villaneuve - et leCantica qui comprenait 1316 vers rassemblant des connaissances médicaies essentielles.

Apicenna' Præsens Maximws codex est totiws scientiæ medicinæ principis Aboali Abinsene cwrnexpositionibus omnium orincipalium et illustriwm intwretum eius [...J, Impressum venetiis perPhilippum Pincium Mintuanum. Anno domini 1523 mense Mai [...] Sumptibus uero dominiLuceantonii de Gionta Florentini. y_o.jr Giorgio vercellin, Ir c;;;;;;;i';,iü)rrf* Europa e

lrienæ nel primo cinquecento. L'interpreiatio Arabicirum "r*1""*-ji )ndrea Arpago,Torino, UTET, 1991, pp. 7-8.

Richard J' Durling, 'A Chronological Census of Renaissance Editions and Translations ofcalen",Iournal of the lvarburganiCourraurd [nstitutes,24, 1961,,pp. 230-305 (ici p. 36). pourles éditions de Galien au XVlisiècre voir pp.250-3ô5. Do.énarrri "A Chronàrogicar,.

ASIECTS D'uNE polÉMreuE uÉorcerp AU xvr srÈcrn

édition à laquelle collabora Nicolà Leoniceno (1428-1524)8, er qui ouvrit la voieà de nouvelles traductions latines et à de nouveaux commentaires. Pour avoirune idée de l'ensemble des éditions d'Avicenne et de Galien au cours du XVI"siècle, je renvoie aux études respectives de Nancy Siraisi et de Richard J.Durling'.

En se fondant sur ces nouvelles éditions et traductions, certains médecinsgaléniques s'attachèrent à monrrer combien Avicenne s'était éloigné des pré-ceptes de Galien et combien cela avait été dommageable. Ce faisant, ils exacer-baient le ton de la polémique dans la mesure où ils affirmaient qu'il y avait unecésure nette entre l'ancienne médecine grecque d'Hippocrate et de son meilleurinterprète Galien et la médecine arabe des "barbares», dont Avicenne était,àleurs yeux, le héraut. Les âttaques contre les.barbares, pouvaient porter aussisur des domaines extra-médicaux et prendre des accents religieux, bien plus pré-occupants, comme nous pouvons le consrarer dans le Sympbonia Galeni ad Hip-pocratem [...] d" Symphorien Champierlo, mais aussi, quelques années plus tard,dans les Nooæ acaderniæ florentinæ opwscula". L offensive des médecins galé-niques me semble particulièrement significative autour des années 1530 et elleest scandée par des nombreuses éditions de Galien. En me fondant sur l'étudede RichardJ. Durling, j'en ai compté quatre-vingts parues entre !527 et 153412.

12

Daniela Mugnai, "Profilo di Nicolô Leoniceo,, Interpres, 1979 (lI), pp. 169-212 (ici p.191):

"l editio princqps aldina del 1,525, preparata da un'intensa attivirà di ricerca di manoscritti e diallestimento di nuove traduzioni, fu accolta con grande favore, tanto che gli editori si senti-vano in diritto di affermare : 'Galenum fere integro ab inferis excitavimus',,.

Nancy Siraisi, Avicenna, notâmment pp.l27-217; Richard J. Durling, "A Chronological'.

" Scripserunt autem isti duo Aoerrbous et Aoicenna in medicina ac philosopbia plurima oolumina,

sed lingua ex.terna et barbara, ex qua nobili studiorum strage medicinæ utilitas orta est, incons-tantissimaque omnium artium facta. Quapropter oir ornatissime, hanc Symphoniam scripsi, neAoicenna et Aperrhows ille ipsius apostata Cltristianos medicos per inanem ac barbaram philoso-phiam decipiant." Sympbonia Galeni ad Hippocratem, Cornelii Celsi ad Azticenna,m, una cumsectis antiquorum medicorum ac recentium a D. Sympboriano Campegio,... composita idem Cly*teriorum campi contra Arabum opinioneTn, pro Galeni sententia, ac omnium graecorurn medico-rum doctrina a D. Symphoriano,... digesti... ac in lucem propagati (5.1., n. d.). La dédicace estdatée du 15 février 1528. Voir aussi la dédicace de Champier à Robert Colbrun dans l'éditionlyonnaise de Jacob Myt, 1522, du Liber Canonis totius medicine ab Aoicenna Arabum doctis-simo excussus, a Gerardo Cremonensi ab arabica lingua in latina reductus. Et a Petro AntonioRustico Placentino in pbilosopbia non mediocriter erudito ad limam ex omni parte ab erronibuset omni barbarie castigatus; necnon Symphoriano Camperio Lugdunensifecundis annotationibusterrninisque arabicis et eorum expositionibus nuper illustratus [...], oWrurn muhis post seculis Aai-cenna sub rnabotnethea spurcissima et nepbanda secta medicinam persistente», f . l.oAthanasius: De latinis loquor, Gentile, Iacobo, (Jgone, cæterisque quamplurimis, quorum erataex rrtalis ducibus, quos sectati sunt, ortttm habuere: proinde et te non minus excusatum habeo,ttirum alioqui non infelici ingenio, doleoque in mala enutritwm bæresi, atque eo incorrigibilem,,Noaæ,p. 16

t527 (7), 1528 (17), 1529 (12),1s30 (14), 153 1 (13), 1s32 (3),1s33 (9). Voir Richard J. Durling,"A chronological censusr. voir également vivian Nutton, .Humanisr surgery», The Medi-

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9

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1l

t66 ALFREDO PERIFANO

Les No,uæ Acaderniæ Florentinæ opuscula sont un témoignage de cette radicalisa-tion du débat, efficacement évoquée dans la dédicace:

Nonerat""ri:::,::::,,:,::r?,:,i:::Y,:,,,:,::;,:::i::;;,-:sedneqwelucubrationes nostras qualescumque sint ostentare, awt iactare opera, oerunx

maledicorurn quorundam garrwlitas nos coëgit, adoersws quoque anirni nostriimpetum talia moliri. Ne silentes aut oeritatem dffiteri oideremur: aut pro ea

pugnarn detrectare. Cui, inquam, oeritati omni studio ac labore bactenus insu-daoimus. Porro si eam probe adbuc assequuti non sumus: vesnurn erit (bis dicoquibus Deorum rnunere barbaras rnanus ffigisse licuit) nostra foaere cæpta: ac

aetus Galeni dogma modo renascens adaugere, ad nostræ etatis decus, et postero-

rum utilitatern. Valete, nostri Tnemores. Florentie Nonis Augusti, AnnoM.D.XXXilT3.

Les Nooæ Academiæ Florentinæ opwscula sont un recueil qui comprend undialogue, d'auteur anonyme, intitulé Barbaromastix sioe Medicus. Dialogus ele-

gantissirnus, et deux traités qui approfondissent les thèmes déjà évoqués dans lapartie précédente. Le premier, Petri Francisci Pauli medici galenici adrsersus Avi-cenna?n de venæ sectione tractatu.§", est, comme le titre l'indique, de Pietro Fran-cesco Paolo. Le second, dont l'auteur est Leonardo Giachini, porte le titresuivant Adoersus Mesuem et vulgares rnedicos o?nnes, tractatusls, Une partieimportante de ma communication sera consacrée au dialogue Barbaromastix,car son étude va me permettre à la fois de remettre en question son attributionau médecin Bassiano Landi, professeur à Padoue, d'avancer une hypothèse surla date de sa rédaction et de déterminer le milieu intellectuel dans le cadre

duquel le Novæ Academiæ Florentinæ opuscwla [...] vit le jour.

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cal Renaissance of tbe sixteenth century, sous la dir. d'Andrew \Vear, R. K. French and Iain M.Lonie, Cambridge University Press, London, New York, New Rochelle, Melbourne, Sydney,1985, pp. 75-99 (ici pp.77-78).

Nooæ, p.2. "L Académie galénique salue les savânts. Notre intention n'était pas, ô hommessavants, d'accabler qui que ce soit par nos attaques, ni de montrer Ie fruit de nos travaux quelqu'il soit ou de prétendre que notre æuvre est dirigée contre I'attaque qui nous a été faite,mais [de montrer] le bavardage de quelques médisants afin que nous ne semblions pas fuir lavérité par notre silence ou déserter Ie combat pour sa défense. Pour cette vérité, dis-je, nousavons déployé tout notre zèle et tout notre effort. Si nous n'avons pas réussi jusqu'ici à l'at-teindre correctement ce sera votre tâche (je parle à ceux à qui il a été permis de s'échapper de

mains barbares grâce à l'aide des dieux) de favoriser nos tentatives et d'aider la renaissance de

l'antique dogme de Galien pour l'honneur de notre époque et l'utilité de la postérité.Portez-vous bien et souvenez-vous de nous. Florence, le neuf août 1533".

Pp. 61-90.

Le traité de Giachini va de la page 91 àla page 132.

ASrECTS D'uNE poLÉMIeuE uÉotcnrn AU xvl" srÈcrr

Connu pour ses positions galéniques farouchement opposées aux "scolas-tiques,r, Bassiano Landi fut assassiné, dans des circonstances non éclaircies, en

1562 o,,t en 156316. C'est son attitude académique, qui l'opposa notamment à

Girolamo Capodivacca, qui peut-être lui coûta la vie. Dans son bel ouvrage

consacré à Avicenne et édité en 1987,Nancy Siraisi évoquait très brièvement les

Nooæ Acad.emiæflormtinæ opuscula en disant qu'apparemment l'auteur du Bar'

barontastix serait Bassiano Landi17. Quelques années alrparayant) dans son étude

sur la médecine au Studio de Padoue, Giuseppe Ongaro s'était exprimé de façon

plus nette, en datant toutefois le Novæ Academiæ florentinæ opuscula de 155318.

L'actuel catalogue OPAC de I'ICCU italienle, en signalant que l'auteur de ce dia-

logue est Bassiano Landi, renvoie à Paolo Camerini, Annali dei Giunti diVenezia21 . Ce dernier affirme de façon catégorique :

" Il dialogo Barbaromastix è

di Bassiano Landi,r, et il cite ensuite un pâssage tiré du Memorie per la storia lette'

raria de Cristoforo Poggiali qui, dans le catalogue des æuvres de Landi qu'il ditêtre parvenues jusqu'à lui, mentionne une édition de Lucantonio Giunti du Bar'baromastix, datée de 1533, portant le titre: ,,Bassiani Landi Placentini, Dialogus,

qui Barbaro-Mastix, sipe Medicus inscribitu»,. Poggiali ajoute que le Barbarornastix

fut ensuite inséré dans la ..Raccolta degli opuscoli della nuovâ Accademia diFirenzerr2l. Cet exemplaire du Barbaromastix n'est mentionné dans aucun des

catalogues des bibliothèques que j'ai pu consulter. Bien que l'on ne puisse pas

réfuter rout à fait ce que Poggiali affirme, il est difficile de croire que Lucanto-

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E. Veronese Ceseracciu, "'Ambo ab incognitis trucidatifua'e'. Documenti per Gabriele Albertie Bassiano Landi,, Quaderni per h storia dell'Unioersità di Padooa, 33,2000, pp. 157-175.

Dorénavant E. Veronese Ceseracciu, "'Ambo ab incognitis trucidatifuere'".

Nancy Siraisi, Aoicenna, p. 70.

Giuseppe Ongaro,.La medicina nello Studio di Padova e nel Veneto,,, Storia dclla cubura

oeneta,Yicenza, Neri Pozza Editore, 6 vol.,1976-1986, 3, III, 1981, pp.75-170, ici p. 125, note342. Lauteur ajoute que dansle Barbaromastix: "lLandi] prese le difese del maestro [GiovanniDa Monte] contro i detrattori in un brillante e caustico opuscolo [...]», ce qui ne correspond

pas du tout au contenu du dialogue où, entre autres, Giovanni Da Monte n'est iamais men-

tionné. Ongaro tire sans doute cette information de Cristoforo Poggiali, voir ici note 21.

Istituto Centrale per il Catalogo Unico delle Biblioteche Italiane e per le informazioni biblio-grafiche.

Paolo Cameri ni, Annali dci Giunti, Firenze, Sansoni, 1957,2 vol.,l, Venezia, p. 256.

*Ecco il catalogo dell'Opere di lui, che a notizia mia sono pervenute: l) Bassiani Landi Pla-

centini, Dialogus, qui Barbaro-Mastix, siae Medicus inscribitur. Venetiis, apud Lucam Antonium

Juntam 1533. Questa graziosa, e dotta operetta, ma libera fuor di misura, e frizzante, donde

principio trasse la scontentezza de' Professori, e l'odio de' seguaci della vecchia scuola contraBassiano, apologista, e difenditore acerrimo del Montano suo maestro, fu anche inserita nella

Raccolta degli opuscoli della nuova Accademia di Firenze", Cristoforo Poggrali, Memorie per

la storia letteraria di Wcmza, Piacenza, 1789, Presso Niccolô Orcesi Regio Stampatore, Per

Privilegio di S.A.R., 2 vol., II, p. 107. Dorénavant Poggiali. Camerini en citant ce passage de

Poggiali lit "devota (?), au lieu de "dotta,.

168 ALFREDO PERIFANO

nio Giunti ait imprimé la même année que les Novæ Academiæflorentinæ opus-

cula une édition du Barbaromastix, dont il ne reste aucune trace, où figurerait lenom de l'auteur qui, pour une raison inconnue, aurait disparu dans l'éditionsuivante. En outre, Poggiali affirme que le Barbaromastixfut à l'origine de l'hos-tilité des uProfessori» contre Landi qui défendait son maître Giovanni DaMonte (1489-1551). Or, Giovanni da Monte fut nommé à la chaire de medicinapracticd de l'Université de Padoue le 7 septembre 1539 inparitate loci avecFran-cesco Frigimelica (1490-1558), et, le 9 octobre 1543, on lui confia la chaire de

medicina theorica qu'il garda jusqu'à sa mort22. S'il est vrai que Landi prit ladéfense de son maltre, il le fit bien plus tard, car il ne devint son élève qu'en1539, au. plus tôt. Je remarque d'ailleurs qu'aucune mention de Giovanni DaMonte n'est faite dans le Barbaromastix.En outre, Bassiano Landi n'obtint sondiplôme en arts et médecine qu'en 154223, c'est-à-dire neuf ans après la sortie de

la première édition des Noaæ Acaderniæ Florentinæ opuscula2a. En 1533, on peutaisément supposer que Landi, dans la meilleure des hypothèses, n'était qu'untout jeune étudiant et que, par conséquent) ses compétences devaient être fortlimitées. L'auteur du dialogue montre en revanche qu'il connaît bien les ques-

tions médicales et doctrinaires abordées. Il faut dire également que le milieu etles personnages évoqués dans le dialogue sont presque tous liés à Florence et âu«studio>> de Pise de l'époque, milieu que Landi semble n'avoir jamais fréquenté,tout au moins selon ses biographes. Il est donc difficile de comprendre ce que

Cristoforo Poggiali, qui semble bien être la source de cette attribution, a vu.D'autant plus que le Barbaromastix n'apparaît pas sur la liste des ouvrages éditésde Bassiano Landi, que publia, en 1647,I'abbé Girolamo Ghilini dans son Teatrod'buomini letterati [...]2s. Bien que je ne puisse pas âvâncer une quelconquehypothèse sur I'identité de l'auteur de ce dialogue, je suis enclin à croire qu'ils'agit d'un Florentin, proche du milieu républicain, sans être un opposantfarouche aux Médicis, qui l'écrivit entre 1531 et 7532.Mon hypothèse se fondesur un certain nombre d'éléments internes au Barbaromastix.

Giuseppe Ongaro, La medicina nello Studio di Padooa e nel Wneto, pp.75-170, in Storia dellacultura zteneta,Yicenza, Neri Pozza Editore, 6 vol., 3, llI, pp. 119 et sqq.

Je note que c'est en7542 que parut son premier ouvrage connu. Si Landi avait été l'auteur duBarbaromastix, il n'aurait inexplicablement plus rien publié pendant onze ans. Je note égale-

ment que tous ses ouvrages, assez nombreux, sont publiés après 7542.

Poggiali, II, p. 105 : n Da Bologna ll-andi] trasferitosi a Padova, quivi studiô Filosofia, e Medi-cina sotto Giambattista Montano [...] Dell'epoca della laureazione di lui ne ha conservatamemoria il Catalogo de'Piacentini Medici Collegiati, ove sta scritto:'Bassianus LandusArtium, et medicinæ Doctor, doctoratus fuit Venetiis a Victore Trincavello anno 1542, die 3lAugusti'"; E. Veronese Ceresacciu, "'Ambo ab incognitis trucidati fuere'", p.163.

Girolamo Ghilini, Teatro d'huomini letterati aperto dall'Abbate Girolamo Gbilini Accademicoincognito, in Venetia, per li Guerigli,7647,2 t. en 1 vol., II, p. 38.

ASIECTS D'uNE polÉMreuE rvlÉorcarr AU xvl. sÈcrr 169

Les personnages qui y apparaissenr sont: Girolamo Benivieni (1453-1542)26,un certain Landino, qui ne peur pas être Ie célèbre Cristoforo (1424-l+98), morrdepuis longtemps, tn Senex et un certain Athanasius. Dans la partie initiale dudialogue, Girolamo Benivieni, qui est présenté comme très âgé, apostropheLandino par un

" Salve mi Landini ", ce qui laisse entendre une certaine familia-rité entre les deux hommes. Il n'est pas aisé d'identifier ce Landino, car noussavons peu de choses sur les enfants de Cristoforo, que Girolamo avait enrevanche bien connu. Compte tenu du contexte assez réalist e du Barbaromastix,comme nous le yerrons par la suite, j'exclus que ce dialogue puisse être la repré-sentation d'une rencontre idéale entre Benivieni et Cristoforo Landino. onpeut prudemment émettre l'hypothèse, en revânche, que l'interlocuteur deBenvieni est Bernard o Landino2T, fils de Cristoforo. Il est fort probable en effetque ces deux personnages se soienr côtoyés, sinon fréquentés dans le cadre de lavie citadine florentine, et cela indépendamment des liens d'amitié érudite enrre-tenus pâr le père de Bernardo avec Benivieni. Bien présent dans le cénacle poé-tique proche des Médicis, Girolamo Benivieni avait été aussi I'un des plus fer-vents disciples de Savonarole. Après la mort du.frater, il avait été admonestépar la Seigneurie, ce qui le conduisit à mener une vie retirée. Cependant, en7526, c'est-à-dire une année avanr l'expulsion des Médicis, qui étaient rentrés àFlorence en 1513, on lui proposa la charge de «Ç61fr1oniere di Giusrizia,,28, et,en L532, âu moment où le pouvoir d'Alexandre de Médicis s'asseyair définitive-ment, il fut élu à I'assemblée des oDuecenrorr2e. Ces dates le rapprochent beau-coup de Bernardo Landino, morr en 1532,le seul des enfanrs de Cristoforo surlequel nous avons quelques renseignements. En effet, Bernardo fut inscrit dans

Voir l'article de Cesare Vasoli dans Dizionario Biografico degli ltaliani, Roma, Istituto dellaEnciclopedia haliana, t. 8, 7966, p. 550-554 (dorénavant, D.B.I.) et Caterina RE, GirolamoBenioieni Fiorentino. Cenni sulla,tita e sulle opere, Città di Castello, Casa tipografico-EditriceS. Lapi, 1906. Dorénavant RE.

Dans le dialogue, nous avons un détail assez précis que Landino donne de lui-même lorsqu'ilaffirme avoir des difficultés à se tenir debout. Lâge pourrait en être la cause. En 1531, Èer-nardo Landino devait avoir soixante-quatre ans (voir note 30 ci-dessous). oLand.: Contigititaque ut cum ad proximum seplasiarium quotidie huius rei gratia convenirent, una et ego coisi-derem sæpissime: ut qui minus pedibus oalens, lubens colloquor, bis præsertim, qui mibi aliquidsapere oidentur, Novæ, p. 70

RE, p. 137.

Cette assemblée devait représenter I'aristocratie dans le nouveau système politique mis enplace à Florence, en 1532,lorsqu'Alexandre de Médicis devint duc de la république florentine,Rudolf von Albertini, Firenze dalla repubblica al principato, Torino, Giulio Einaudi Editore,1970, p.200. Dorénavant Albertini. Sur la nouvelle constitution qui permit à Alexandre d'ob-tenir le titre de duc de la République florentine, voir Danilo Marrara, Studi giuridici sullaToscana medicea, Milano, A. Giuffré Editore, 1981 (1è'" éd. 1965),pp. 4-15.

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170 ALFREDO PERIFANO

fe-s li-1æs pour le "consiglio Maggiorer, en !49430,il devint prieur en 1526 et

Wxillifer Societatis, en 153131. Laiituation politiqué florenrine'des années 1531-33 est évoquée à la fin du Barbaromasrix, loisque Athanasius demande emphati-quemenr la bienveillance du prince, c'est-à-diie d,Alexandre de Médicis, àt d"sdoctes, sur.lesquels ..le premier fondement de notre ville, (Alexr"ar.;, aoi,s'appuyer de concerr avec les frères Lorenzo (14g2-15a9) et Fiiippo (r+sr_isra)strozz.i, à qui Benivieni était très liéi2, et le iils de Filippo, niËio lrsro_155g);mais de concert aussi avec Piero vettori et Bartolo-"o'crr"l.anti'33. Torr, ..,personnages sont liés aumilieu républicain de l'aristocratie florentine, donr unepartie.importante chercha un compromis avec Alexandre, qui avait été mis enplace à Florence, en 1531, par chailes euint, et qui r"-birii disposé à trouverun accord. Dans certe intention, Lorenio stozzî et surtout Filippo, q"i

"rritépousé clarice de Médicis, se rapprochèrent d'Alexandre ",

.rràÿèr.rrr d,æu-vrer pour que loligarchie florentine joue un rôle majeur dans l,organisation dunouvel état3a. En revanche, Bartolomeo cavalcanti (soltsezlr, fit ,rr", ,rfidement marginalisé dès septembre 153036. Le même àn rtt"rrdrit son ami piero

' S'il est vrai, comme le soutient Angelo Maria Bandini (voir note ci-dessous), que Bernardo futinscrit sur les. listes pour le " coasiglio Maggiore, en l494,celui-ci ,r,, pu ,r"'îr.. en 1477, cil'âge minimal requis pour en faire partie éà"it de 24 ans,

"É;. Àru."iljj. r. n.rt-êrre faut_il

lire 1467.3t ANGEL) MARIA BANDINI, specimen LITEMT1R E Florentinæ sæculi xv In quo dum

Christophori Landini gesta enarrantur oirorum ea ætate doctissimoram in literariak remp.merita Status Gwnasii Florentini a Landino instaurati et Acta Acad.enti.æ pktonicæ o *;;;"Cosma excitatæ cui idem præerat, ïecensentur et illustrantur y"*1 lNC. UeR. BANDINIUSAcademia Flor socius, Flo.rentia-anno 1747-i1,2 romes en 1 vol., I, XVII, p. 209 oAd annuminterim MCCCCUK, ÿbritophorus deoenerat, cum iuoenilibui"igx;*'p*itus refrænatis,Lucretinm Alberti E Eduardi N. Alberti.am sibi arctissimo coniugii tiàuto coiukoit. plurrs e, e)suscepit liberos, Beatricem scilicet, quæ paternam hercditatenZ. ucccCôtV adiait, Elisabe-tham, Petrum, Thaddæum, ÿuram, Alberturn, et Bernardurn d*iqir,-q)o*?n nemo, ut sæpiusaccidit, clarissimi parytls doctrinam et gloriam ærnulatus nt, quiirurii ;rterim in publico'Flo-rmtino Atbeneo laadatissirne p.rofiteretir, eius fama exiguis tallæ finibus coarctari minimepotuit., P. 210 (7) o Bernardus, de quo fuse deinr"p, ogr*ui lucern adspexit A. MCCCCLXXaI.In magno consilio Re!!!!i:: Fror. adsaiptus fuit"Ann. MCCCC*GIi prlo, A. MDXXTwxillifer societatis MDXXXI. In owido Florentinæ.ditionis pn drbri, ruigo dico s*rpoà, boceodem anno oicariatum gess;t. tn pibllcis enbn ædrbus illiuioppit dur ri"**o incisum inEi-ciTu6 cum hac Epigraphe: BERNARD) DI CRIST)FAN) ùN»TNT V 1531A. MDXXXil,.12 RE, p. 139.

33 o Quod s.i primum nostro ltuic hbori lllustrissirni acfælicissimi pincipis nostri gratia non desit, necnon et doctorum hominum, in quo ordinefacile prirnus locut irbx i*rrn ook debetur, und'cun7Laurentio Stroz4 ac frate eius Philippo, Paroque filio, sed eti,am peyo Wtorio, Bartholomeocava.lcanto,

9æterisque quampturimi, cum in- aliî omnibas, turn in horc doariroru* gà,n,apprime eruditis oiris, non dubito, quin nobis res ontnes ex sententia sucfceJdant.,, Nooæ pp.\9-60.34 Albenini, p. 193.

35 Voir I'anicle de Claudio Mutini dans D.B.I., vol.22, 1979, pp.61l_17.16 Albertini, pp. 166-177(icip. 16S).

ASIECTS D'uNE poI-ÉMreuE uÉorcem AU xvr sÈcrE 171

v.ettori (1499-1585) qui, rrès.engagé dans la lutte pour la défense de la Répu-blique, se retira la même année de la vie politique, du moins officiellementrr.l{uvu de ce qui précède, on peut raisonnable-..rt ,,rpposer que l'auteur du Barba-rornastix était proche du_ camp républicain

"t q.r'il écrivit son dialogue aumoment où la voie semble ouverte à une ententà

"rt." Alexandre et cË.trin.représentants de l'oligarchie florentine. Le sed etiam qui sépare dans le rexte lesnoms des Strozzi de ceux de Bartolomeo Cavalcanti

"t d" Piero Vettori sou-

ligne, me semble-t-il, à la fois la conscience qu'a l'aureur de la siruation difficiledes deux hommes, bien différente de celle des Strozzi, et le souhait de les voirrevenir aux affaires, ce qu'il considère, à ce moment-là, comme possible. Dansce cadre, le choix de Benivieni et de Landino comme p".rorrrrgls du dialogueacquiert une dimension plus précise. Car, le premier falt partie àe ce groupe"de..p_iagnoni" savonaroliens - parmi lesquels il faut rappelËr Gianfranàsco Picodella Mirandola à qui Benivieni avait dédié son comminto [...J sopra a pilr. sonettidello Arnore et della Bellezza divina, édité en 15oo -38, qrri-arait æ.rrré pou l,réhabilitation de Savonarole dès l'arrivée au ponrificat de Léon X (Giovànni deMédici$ et qui n'étaitpas hostile par principe aux Médicis tout eà étant parti-s.an d_e la République. En ce sens, les dates dà rcze, où on lui proposa l" .Lrrg"de

" Çsnf2lsniere di Giusrizia,, et de 1532, quand il fut élu au Conseil des Du"e-cento,.sont assez significarives de la position de Benivieni. On peur supposer,faute d'autres renseignements, que le second, Bernardo Landino, ,r" d"urit pæêtre, pour les mêmes raisons liées à ces dares, un opposant des Médicis dànsles années 1526 et 1531. Toutefois, il avait dir .norrir". des sympathies répu-blicaines, comme le. prouve sa présence dans les listes pour là

" consig'lioMaggiorerr, en 14943e.

IJn autre élément du texte contribue à la fois à dater le Barbaromastix et àlesituer dans le contexre politique et médical florentin. Lors du dialogue, Atha-nasius aborde la question de la diète chez Hippocrate et) à cette occalion, il ditavoir récemmenr reçu dela,çarisiensis fficiii, une belle édition latine de l,ou-vrag€ que le médecin grec avait consacré à ce sujetao. Il s'agit sans doute du Desalubri diæta libellus cuffi cornînentario Galeni FiipporrotrrfautboreJ; Hermannocrwserio campensi interpretq édiré à Paris, en 15i,31, par Gérard Morhius. La

Albenini, p. 143.

Cornmento di hierony b. sopra a piu sue canzone et sonetti dello amore et della dioina bellezza, endernière page, impresso in Firenze per S. Antonio Tubini et Lorenzo di Francesco venetianoet Andrea ghyr. da Pistoia, adi. vii septempbre 1500.

S]rr le contexte.complexe de la naissance et de la consolidarion du uConsiglio Maggiore,l'érude de Nicolai Rubinstein, .I primi anni del consiglio Maggiore di Fire'nze,, ,iichiz,iostorico ltaliano, 1954, pp. 151-347, resre fondamentale; vlir

",.r.ri"Alb..tini, pp. g-9.

" Plenus est ea Hippocrates, ut q.ui l)uic negocio totum fere dicaoit librwm: quem nobis nuper pari.

siensis fficina, luculentixime latinitate donatum, misit,, Noztæ, p.46

37

38

t72 ALFREDO PERIFANO

tournure de la phrase et le ton d'Athanasius nous laisse penser que l,édition decet o-uvrage devait être assez récente. Ceci pourrait constituer un indice, bienque faible, pour dater la rédaction du Barb)romastix postérieuremenr à juillet153L, date de l'entrée à Florence d'Alexandre de' Médecis. Dans ce cas, le *Gale-nica academia studiosis salutem», daté d'aoirt 1533, qui se rrouve dans la pagesuivanr le titre des Nooæ Agldemiæ/lorentinæ oprrr)lo, fut très p.obrbl"-"itécrit au momenr de sa publication. En ce sens,ll est intéressant également deremarquer que les aureurs des deux traités des Noræ Academiæ flointiræ opu*cula,Pietro Francesco Paolo et Leonardo Giachinial, sont cités âans le Barüaro-mastix,.t-andis qu'aucune mention n'est faite de ce dialogue dans leurs ouvragesrespectifs. En outre, les thèmes abordés dans le Barbarolmastix sontexacremenrles mêmes que ceux développés ensuire dans res deux traités. Il se peut q"" t"Barbarontastix ait été conçu comme une sorte d'introduction dijoguéË ,,r"deux traités de Pietro Francesco paolo et Leonardo Giachini, Jorrt l, rédactionserait alors antérieure au dialogue. Bien que cera ne soit pas ,r rrgr-.rt décisif,l'emploi de caractères. typographiques différents (en irfuq"" t" barbaromastix,en cursif les deux traités), dans l'édition de 153i, porr.ri, être le.ig.r. J. l,volonté de marquer, même sur le plan visuel, ..tt" ?or.tion d,introduction dudialogue.

-. D'autres passages du Barbarornastix concernant non pâs la situation poli-

trque que nous venons d'évoquer, mais le milieu méàical, contribuent àmontrer lancrage des Nooæ Academiæ florentinæ opuscwladrrr. l. contexte flo-rentin de 1'époque. comme pour conforter leurs positions respectives, senex etAthanasius cirent, au cours àe leurs échanges, les'grands ,rorri, d" la médecinecontemporaine dont ils s'inspirent. pour Athanasiul, ce sonr Nicolà Leoniceno(1428-1524)o', son élève Giovanni Manard o (1462-1536)r, et Matteo corti (L475_$!a)44,.-ay1quelsil ajoute des médecin, pl* jeunes, rfi, d" Àrrqrr"r la àorti_nuité: l'élève de Manardo, J-acopo Minià qri, .o--e nous le vËrrons par lasuite., fait partie du groupe fondateur de |Académie Galénique, Andrea pas-quali, qui deviendra quelques années plus tard archidiacre d,.riu. côme I". de

42

41 I e traité. sur la saignée de Pietro Francesco Paoio est mentionné de façon explicite à Ia page45. Giachini est menrionné parmi les médecins gaiéniques.

r - ---r

Sur l'approche galénique de Leoniceno, voir Daniela Mugnai carrara,.una poremicaumanistico-scolastica circa l'interpretazione delie tre dottrinË ordinate Ji'Crl.rro,, Annalidell'Istituto e Museo di Storia della Scienza di Firenze, g, 19g3, pp. 3l_57.Sur certains aspects de la médecine de Manardo voir Paola Zambelli, L'ambigua natura dellamagia,Firenze,.il saggiatore, p.7.6-11g passinz; Nancy sira tsi, Avicenna, p,pi.li-zl.voir égale-ment les contributions de,q.ualité très inégare drt,,qti; drr cirrrgoo tri[r;orioob p* ro74nbrazione del v centenario dejla nascita di Glioranni Man"rdo (uei-tssij. F;;;;;^,8_9 dicembre1962,Unlersità degli Studi di Ferrara, 1963.Voir Augusto De Ferrari, D. B. 1., v ol. 29, 19g3, pp. 7 9 5-97 .

ASIECTS D'uNE IoLÉMIQUE uÉorcarr, AU xvl" sIÈcrE t73

Médicis, et un certain Guido Anterigolo. Pour sa part, Senex rappelle qu'il s'est

enrrerenu avec Menghio Faventino (-Domenico Bianchelli I44O - I après 1520)as,

un certain Mazzingo, Rosâto (Giovanni Rosati t après 1520) et Pietro Leone

(xv-xvD. A l'exception de Nicolà Leoniceno et de Giovanni Manardo, q.ui

ètaient des autorités invoq,rées par l'ensemble des médecins galéniques, tous les

âutres avaient été profesieurs au «studio, de Pise et âvaient entretenu des

contacts assez suivii avec Florence. Certains d'entre eux avaient été même très

proches du cercle néoplatonicien lié à Laurent. Matteo Corti (Curtius)enseigna

à Pir. "rrt."

1515 et 1524 et il y revint en 1544 pour y rester jusqu'à sa mort. En

1531, il était médecin personnel du pape Clément VII (Giulio de Médicis).

Domenico Bianchelli, qui enseigna entre 7466 et l47O à Ferrare, est signalé par

Angelo Fabroni comme professeur de practica,à Pise, en 151546. Il fut en contact,

entie autres, avec Laurent de Médicis, Marsile Ficin, Jean Pic de La Mirandole et

PolitienaT. Pietro Leoni aussi fut très lié au milieu intellectuel proche de Laurent

et à Laurent lui-mêmea8. Bien que cité par Senex parmi ses interlocuteurs privi-légiés et, par conséquent, considéré comme un défenseur des "barbares)>,

Pietro

Làni esJprésenté par Paul Jove comme un disciple de Galien qui n'était.pas

passé par l"s "tt.r.t des Arabes et un connaisseur de la médecine grecque, dont

il suirait les préceptes pour la préparation de ses remèdesae. Le Florentin

Voir Cesare Yasoli, D.B.L, vol. 10, 1968,pp.41-42.

C. Vasoli signale que Bianchelli avait entretenu des rapports avec ie milieu florentin. C'est

Angelo Fabioni Historiae Academiæ pisanæ auctore Ange,lo Fabronio. qusÿm acadetniæ cura'

tori, Pitit 1791-92 excudebat Cajetanus Mugnainius in ædibus auctoris,2 vol., qui le mentionne

sur sa liste des enseignants du .studio, Il, p.399. Dorénavant Fabroni'

Fabroni, l, p. 362-63: o Post hos memoratur in Albo Doctorum Mingus quidam, quem fuisse reor

Minghum Blancbellum Faventinum, qui ael ab anno 1489 non mediocres fructus cEerat et judicii

et fficium Laurentii Medicei. Illo ipso anno cum Laurentius ad cænam inoitasset Picum Miran'

du[àm, Marsilium Ficinium, Angelum Politianum, Paullum e Fosseto Minoritam et Bemardum

Tornium, ut sententiam ferrent de oariis theologicis quæstionibus, de quibus minime inter se

conoenie'bant Nicokus de Mirabilibws et Septem Castris Dominicanus ltomo, et Benignus Saloiati,

conoittio interesse quoque r.toluit Minghum et ejus fratrem Carolum, quo nemo erat doctior, twm

philosophia, tum in tlteologia inter homines illos, qui Seroorum B. M. V dicuntur'.

Fabroni, I, p. 353 : oAd id eloquentia non parum ztalebat, quare min'ime, est mirandum, si Lau-

rentius Mediceus, magnus inginiorum æstimator, illum carissimum ltaberet, eoque non solum

medico, sed etiam amico wteietur Videri quidem potest bæc ingenii ornamenta turpasse studiis,

quæ imped.it in astrologiam, et md.gian1, sed bæc illa ætate non parum valebat a.d famam colligen-^dam,

tanta erat bominum credulitas. Dum gloriabatur se tenere inanissimam dittinationis artem,

amicis sæpe ffirmabat, sibi subitæ mortis pericwlum in aqua portendi, quod ut ztitaret, nec mari,

n4 Jlr*ioibis, nisi cogeret necessitas, se commitebat. Sed fata, ut leoissimorurn ltominum more

loqioa ubique piam lnveniunt, et ejus oitæ exitus dioinatiorem confirmaoitr. Voir Maike

Rotzoll, Pierleone da Spoleto,Firenze, Olschki, 2000'

Fabroni, I, pp. 352-353 : o Nam, ut ait Jo,tius in illius elogio : "muho acumine persp_icacis ingenii,

eruditaqre ficundia inter medicos primus fere prolato Galeno, verum medicinæ limen aperuit,

cum in^clarissimis ltaliæ Gymnasiis profi.tendo, exercendoque artem snmtna nominis auctoritate

45

46

t74 ALFREDO PERIFANO

Giovanni Rosati, que Fabroni définit ,rrtero Græcis doctrinis erwditus,r, fut unélève de Marsile Ficin et enseigna longtemps à Piseso. Il fut très certainement en

relation étroite avec Girolamo Benivieni, car il avait suivi de près l'édition post-

hume du de abditis nonnwllis ac mirandis morborum et sanationurn cawsis d'An-tonio Benivieni, sur la demande de son frère Girolamo qui en écrivit la

pré{ace51. Nous savons qu'Antonio Benivieni avait étudié le latin et le grec avec

Ôristoforo Landino et avait été très lié au cercle de Laurent52.Lédition du de

abditis nonnwllis [...J fut le résultat d'une sélection des écrits d'Antonio Beni-

vieni, dont l'artisan principal fut Giovanni Rosati, mais à laquelle ne fut proba-

blement pas étranger Girolamo Benivieni quitt, rappelons-le, avait suivi dans sa

jeunesse des études de médecine àyaît de les abandonner à cause d'une grave

maladie. Dans cette sélection, il est intéressânt de remarquer le choix opéré par

51

non ex frrculentis Arabum lacunis, sed ex purissimis Græcorum fontibws haurienda præcepta artis,

atque remedia docuisset." Neque Galenicæ solum, sed etiam Hippocraticæ rnedicinæ, quod majus

est, ipsum studiosum fuisse illud declarat, quod a Marsilio Ficinio oehementissime petiit, utquosckm divini fenis libros e Græca in Latinam linguam conÿerteret, quod ne tum faceret, se a.b

iis impediri respondit Marsilius, quæ de Platonicis babebat in manibus. Conjunxerat cum medi'

cina pbilosophiæ scientiam, quapropter a Ficino ipso laudatur, quod teneret omnen Platonicam et

Aristotelicam disciplinam, a Raphæle Volaterrano (sk): 'quod doctrinarum omnium curiosus et

sobriusjudexesseri,.Au.studio»dePise,PietroLeonioccupalachaire dePracticaenl4T5,de1482à1484, celle de Theorica de 1485 à 1486.

Fabroni, I, p.302-303 (ici p.303): oMuhum is ingenio valebat, et disputator subtilis, et cum

aliquo etiam aculeo facetus erat; adeo xsero Græcis doctrinis eruditus, ut facile Marsilii Ficinii dis-

cipulum potuisses agnoscere.». Rosati occupa la chaire de Theorica de 1.499 à 1503 et en 1525;

celle de Practica de 1516 à 1520; II, p. 398.

Dernière page: Impressum Florentiæ Anno ab incarnatione Dominica MCCCCCVII. octaoo

K[a]l[end]as Octobris, opera et impensa Philippi Giwntæ Florentini. Voir Charles Singer, De

abditis morborwm causis, Tlte hidden causes of disease, by Antonio Benioieni, with a biographical

appreciation by Esmond R. Long, springfield, Illinois, charles c. Thomas Publisher, 1954.

uli *æ edited soon after his death by a Florentine physician, Giovanni Rosati, at the request

of Antonio's brother, Geronimo,,, préface, p. III. Dorénavant Charles Singer.

Antonio Benivieni avait dédié à Laurent ,tn Enkomion Cosmi ad Laurentium medice AntoniisBenioieniis édité par Renato Piattoli, Enhomion Cosmi ad Laurentiwm medice Antoniis Beni-

vieniis. Riproduzione dell'autografo con proernio e trascrizione, Firenze, Libreria L. Gonelli,1949, et rrr, orr.rg. à Julien, ie frère de Laurent, dont il nous est Parvenu le premier chapitre,

Antonii Benirtienii artium et medicinæ doctoris. Liber de Cometa ad Julianum medicem feliciterincipit,voir Francesco Puccinotti, Storia della medicina, Firenze Angelo Usigli, 1870, 4 vol.,II, p. 585. Dans sa Storia dell'Accademia Platonica di Firenze, Firenze, tipogr. G. Carnesecchi

e figli, DA2, p.782, Arnaldo Della Torre remarque qu'Antonio Benivieni fut un proche de

Marsile Ficin qu'i1 soigna lors d'une maladie et que celui-ci le considérait nbonum phisicum,,.

Sur l'activité médicale d'Antonio Benivieni, je renvoie à l'introduction de Charles Singer, et

aux pages 232-244 de Nancy Siraisi, Medicine, oi 1'Enkotnion... est cité toutefois de façon

incoireite à Ia note 12, p. 232. Pour d'autres informations, voir l'article d'Ugo Stefanutti dans

D. B.L, IX, 1966, pp. 543-45.

Voir, Charles Singer, p. XXVII

ASIECTS D'LrNE pot-ÉMreuE uÉotcarp AU xvr. sÈcrp

Rosati qui, à plusieurs occasions, met en évidence la position d'Antonio Benivienià l'égard de la saignée, que celui-ci envisageait peu abondante et réitérée, c'esr-à-dire à l'opposé de celle théorisée et pratiquée par les galéniquessa, en l'occurrencepar les auteurs des deux traités des Nooæ Acadentiæflorentinæ opuscula.,donr nousparlerons par la suite. Le "Mazingho" évoqué par Senex, pourrait êrre Ugolinusde Mazinghis, fils de Paradisus, professeur de droit, qui obtint son diplôme enmédecine, en 148455. Comme nous pouvons l'inférer à partir des informationsque nous avons sur les médecins mentionnés par Senex, ceux-ci n'étaient pas hos-tiles à la médecine grecque, et notamment galénique, mais ils s'inscrivaient dans lacontinuité de la tradition médiévale qui avait à son tour assimilé la médecinearabes6. C'est cette continuité que les auteurs des Noztæ Acaderniæ flormtinæ opus-

cuk contestent en arguant qu. i, médecine des o barbares » âvâit .o..orrrp,., et bou-leversé les principes et les préceptes de la médecine grecque.

En ce qui concerne les deux autres personnages qui interviennent dans le dia-logue, le Senex est un personnage-type qui représente de façon presque caricatu-rale les convictions et les attitudes négatives que les médecins galéniques repro-chaient aux médecins de l'époque(neoterico). Quant à Athanasius, la quesrion mesemble plus complexe. Je n'ai pas trouvé de médecin de ce nom pour la périodeconsidérée. Mais, il doit s'agir de quelqu'un qui a bien existé, car il fait parrie dugroupe de quatre médecins que Landino cite comme étant le noyaudur de la refonte de la médecine des Anciens, à savoir, Pietro Francesco PaolosT,

Voir, par exemple, le chapitre 50 du de abditis nonnullis ac rnirandis morborum et sanationurncausis où Benivieni prescrit une légère saignée, qu'il aurait, le cas échéant, répétée, à la femmedeJacopo de'Pazzi. Son conseil ne fut pas suivi et, suite à une saignée abondante et rapide, lapatiente décéda.

oUgolinis -fi.lius d[omiJni Paradisi dc Mazingbis 20-XI-1484 - examinatus et approbatus a Colle-gio rnedicinæ, Presentatus m. Bernardum Torni, nornine Petri Leoni», dans Armando Yerde, Lostudiofiorentino 1473-1503, Ricerche e Documenti, Firenze, nella sede dell'Istituto, 1973,1I,p. 690.

Danielle Jacquan et Françoise Micheau, La rnédecine arabe et I'Occident médiéoal, Maison-neuve et Larose, Paris, 1990.

"Pier Francesco Paoli. Celebratissimo Dialettico, Filosofo Medico visse con Fama gloriosanel secolo decimo sesto, ed acquistô riputazione immortale a Firenze sua Patria. Fu uomodottissimo, ed uno de' Fondatori della nuova Accademia Medicea Fiorentina, che intrapreseopporsi a' neoterici, e seguaci d'Avicenna, e rawivare co' loro Scritti, e studiose fatiche lascuola di Galeno: Ebbe per colleghi in questa nobile applicazione un Benivieni, un Landini,un Atanagi valentissimi professori, ed un Lionardo Giacchini, un Jacopo Mini studiosissimigiovani di medicina. La pane che scelse il Paoli per formare questa degnissima Opera portaquesto Titolo Tiactatus dc Venae Sectione adoersas Aoicennam. Lo dedica a Professori studiosicon questo principio. Petrus Franciscus Paulus ex Galenica seaa Medicus Florentinus MedicaeArtis studiosis salatern. Quest'è il secondo opuscolo, dei più che compongono tutta i'Opera,che va impresso con tutto il Corpo, che usci alla luce con il Titolo seguente : Nooae AcadcmiaeFlorentinae Opuscula adoersus Aoirmnam, G Medicos Neotericos, qui Galmi disciplina neglecta,Barbaros colunt. Vmetiis in Officina Lucae Antoniii Junctae An: 1533. Mense Octobri in 4, la

175

t76 ALFREDO PERIFANO

Leonardo Giachinis8, Jacopo Miniose et Athanasius. Dans ce contexte, si préciset réaliste, il serait éT.range de mentionner un personnage fictif. Athanasius pour-rait être un surnom étymologique - le vainqueur de la mort - qui, dans le cadredu dialogue, est en opposition logique au Senex, qui incarne en revanche les

médecins « modernes », accusés d'entraîner la mort de la plupart de leurspatients. Le fer de lance de l'Académie galénique est constitué donc par le groupede quatre médecins, que nous venons de citer, et que Landino nomme .rhominwmquaternio »60. La dimension héroïque que Landino avait précédemment donnée à

quai Opera fu ristampata in Lione col Trattato del Paoli in 8 I'Anno seguente 1534, appressoil Griffi: overo nel 1540. Fanno onorevolissima menzione di questo valente scrittore; Lio-nardo Giacchini eccellentissimo Medico nella Lettera, con la quaie gli dedica un suo Libro,con questo principio: Leonardus Giacchinus Petro Francisco Paulo, Medicus Medico, suumLibrum. Qual Libro trovasi nel terzo Opuscolo di tutta l'Opera. Nella stessa Lettera lochiama Uomo dottissimo..Mlchael Poccianti, in Catalogo illustrium Scriptorum Florentinoruîn;Andreas Tiraquellus; Joannes Antonida Vanderlinden, de Stipt. Medicis; Josias Simlerus, inEpitome; Antonio Magliabechi, nelle sue Annotazioni,,, Giulio Negri, Istori.a degli scrittorifio"rentini[...], per Bernardino Pomatelli, Stamperia Vescovile, 1722, p. 454. Dorénavant Negri.Pour les autres sources , voir Arcbiaio Biografico ltaliano, microfiches, Pier Francesco Paolo,l,T39,p.3S2.PietroFrancescoPaolodevaitêtreleplusâgédesquatre,carLandino dft oNostinec iterum Leonardum Giachinum, ac lacobum Minium, medicos Paulo iuniores?», Nooæ, p. 9.

Archioio Biografi.co ltaliano, microfiches, Leonardo Giachini, I, 473, p.278.I1 est l'auteur deplusieurs ouvrages, dont deux méritent d'être signalés, car ils sont publiés par SébastienGryphe, c'est-à-dire le même éditeur qui avait réédité, en 1534, les Nooæ Academiæ Florentinæopuscula [...]: Galeni Pergameni De præcognitione libellus Leonardo lacchino interprete. EiusdemExplanationes in eundem Galeni libellum, Lugduni, apud Seb. Gryphium, l54O; Leonardi lac-chini. De acutorum morborum curatione disputatio. Eiusdem, Quæstionum naturalium libellus,Lugduni, apud Seb. Gryphium, 1540.

uJacopo Mini. Famoso per Dottrina, e per Pratica nell'Arte Medica; godè nel suo Secolodecimo sesto una Riputazione ben distinta; e venne annoverato tra i quattro più DottiMedici; che ebbero la gloria d'instituire una nuova Accademia Medica in Firenze lor Patria;e con ingegnosa, e dottissima Fatica, studiaronsi di ravvivare le Dottrine fondatissime diGaleno, alterate e corrotte da Avicenna, e da' Neoterici; con un'Opera intitolata: Nooae Aca-demiae Florentinae Opuscula, adztersus Aoicennam, & Medicos Neotericos, qui Galeni Disciplinanegliecta, Barbaros colwnt, e contiene alcuni Opuscoli impressi in venezia il Mese d'Ottobredell'Anno 1533 per Luc'Antonio Giunta in 4; come si puô vedere neil'Opere di LionardoGiacchini. Amô il Mini ancora la Poesia, e fu versatissimo nella pir\ scelta Erudizione; comesi puô riconoscere dal dottissimo Comento, con cui onorà Ia canzona d'Amore di GuidoCavalcanti che ms. trovasi nella Libreria Medicea di S. Lorenzo di Firenze; inviato adAnnibal Caro. Di una di Lui lettera, scritta ad Alessandro Ripa; cosi parla uno degl'Interclo-cutori nel Dialogo dell'Opera sopradetta Medica, à Carte 9. Adderem praeterea muha; nilaborem hunc post Manardum, acri Ingenio juztenis Jacobus Minius suscepisset in ea Epistola, quamAlexandro Papa{sicl lire Ripæl scripsit. Parlano oltre i sopracitati Interiocutori, negli Opus-coli della nuova Medica Fiorentina Accademia; Frà Paolo del Rosso Cavaliere di Malta, ne'suoi Comenti sopra la Canzone d' Amore di Guido Cavalcante; Antonio Magliabechi, nellesue Annotazioni ", Negri, pp. 328-329. Negri cite de I'édition de 1533 des Nooæ. Elle se trouveà la p. 15 de l'édition de 1534.

"Landino: Rem tenes: sed quo pacto mihi res innotuit, audies. Hic bominum quaternio prooin-ciam banc et si durissimam, agessus est », Nooæ, p. 9-10.

ASIECTS D'uNE por-ÉMreuE uÉorcere AU xvr sÈcrE t77

l'engagement de ces jeunes médecins atreint, dans ce passage du dialogue, sonsommet dans la mesure orj ces quarre jeunes gens se transflrment méiaphori-quement en soldats d'un dur combat. La tonalité militaire de cet,rhomirum qua-temio » préfigure ici l'affrontement rude des pages suivanres entre Athanasius etsenex61. Mais cet ultominwm quaternio».o.rtiibr" également à façonner l,imaged'un groupe solidaire, dont les fortes affinités expliquent le senriment, souligiéà plusieurs reprises au cours du dialogue, qu'onties jeunes médecins â'rpprir.-nir à la même communâuté. c'est ., ." ,.r* qu'il faut comprendre r. -#.. r.r-démie" qui ne désigne pas, dans les Novæ A-cademiæ Floràntinæ opuscwla, rneentité institutionnalisée, mais il évoque à la fois l'Antiquité à laquelle se rarra-chent idéalement ces jeunes gens et leur volonté de ,e présent.. .o*r.r. un sujetcollectif62. De ce poini de vuJ, un passage à la fin du diâlogue est saisissant. Atha-nasius, dans un contexte marqué par cette tonalité militaire que nous venonsd'évoquer, souligne la proximité des mots secta et Academia:

Per bos inquam optime sperandwm est, res nostras auctum iri. Quod siqui ex aliisdemum zteritate aicti in castra nostra transfugæ pemtenerint,-lubenies quidemsuscipimus: dummodo nonfurtim quidem, ut supra diximus, verum aperîe Gale-nicæ sectæ notnen profiteantur lta enirn academiam nostraTn appelksse libet63.

En ce sens, il faut remarquer que Pietro Francesco paolo ne mentionnejamais le mot «academia», mais qu'il parle, dans l'intitulé de la dédicace de sontraité, de "Ç2lsni6a secra>>6a. Leonardo Giachini ne I'utilise qu'une fois(Acade-miam nostram) dans sa dédicace adressée à Pietro Francesco Èaolo,u.

Cette dimension guerrière est évoquée encore une fois par Landino au moment où Senex,furieux, abandonne le dialogue: "Ô qrontis non impetit execrationibus rabidus senex, ô incorre.gibilem ætaterrz, cui non nisi ea quibus assuevit saptant. Abeat igitur in malam crucem, nobisnanque potius oneri erat: o.olui hmen Hieronyrnum, hos adeo præclaros oiros, adeo generosaingenia, furtim quidem exclarnare, ac suas ostentare oirtutes. Cim oero ad rnanus l)entuTn est,p.ugnarn detrectare, neque enim aliena improbare sciunt, nec propria item tueri r,p. 3g. Et à la findu dialogue par Athanasius, p. 59, voir ma citation dans le texte.t pa. Be.riulËnip.6o: oeuinet in partes vestras lubens secedo: gaudeoque me in extrema senecta noitum fi.eri miliiem ,. '

"Athanasius: Quamquam breoifore spero, ut ex nostra Academia de Avicennæ erratis iusta solu-mina prodeant.», p.29. Sur_cette idée d'appartenance, voir Amedeo euondam, L,Accademia,dans Alberto Asor Rosa (éd .), Letteraturi italiana,vol.I, Il letterato e li istituzioni, pp. g23-ggg(ici pp. 82s-829).

"Grâce à ces hommes, dis-je, on doit espérer que l'on trairera très bien des sujets qui nousoccuPent; or si quelques-uns des autres, vaincus par la vérité, parvenaient comme des trans-fuges à notre camPement, nous les accueillerons vàlontiers, à ia condition que cela ne soit pasfait en cachette' comme nous l'avons dit précédemment, mais qu'ils se déclarent ouverrementdel'écolegalénique.Eneffet,iinousplaîtquel'onappelleainsirrotreacadémie., Novæ,p.59.« Petrus Franciscus Paulus, ex Galenica secta medicus Florentinus, medicæ artis studiosisSalutem,,, Novæ, p.62.

"Non rninor et Acad,emiam nostrdTn lubido tenet, quin potius spretis pecuniis et cioili potentia,

178 ALFREDO PERIFANO

Dans leurs ouvrages respectifs, comme nous l'avons souligné précédem-ment,.les questions débattues lors du dialogue sont développé.i ,pp.oforai".du point de vue médical et organisées dans lË cadre systémriiq,r.

", -érhodiqr"du traité. Les deux aureurs fondent leurs réfutatior, â., théories "t

d", prrtiqi",médicales d'Avicenne et des ..barbares, sur_le binôm. gdériqr. ,otlo / r*pr-rientia. Dans le cadre de certe conception de la médecine]I" rno, ,rexperientia, aune double acception:. d'une pari, il indique les rÂultats préiendumentobtenus, d'aurre. part, il désigne une étape d une déma..h" -éthod"l.;ù;;,dans la mesure où l'expériencé n'est pas encadrée par un proto.ol. ,.i"r,i?iqî",mais elle. répond aux exigences d'une constructiJn logiqïe. En ce sens, mêmel'autorité de Galien ne doit pas être acceptée prrrir"-?ri, -ri, elle doit prrr",au crible du binôme ratio / experientia,.o-L. il est rappelé tout au lÀg del'ouvrage. Leur démarche esr bien résumée par pietro ràir."r.o paolo à la finde son traité

Quanto satiws est Galenunt imiuri, qui nullo pacto oeretur Hippocratem dirtit-te_re: atqug ipsum.yyroris incusare quandoque.'sed etiam nos iterum, non ntinusGaleno ohtiam ibimus, siquando mens ipsius parurn firma appareat: atque hocpylo' optimi yi1i, æ.9ui ipsum scire cordi sit, ion autem inoiis quædom'gloria,fficium esse. Valete66.

Le traité de Pietro Francesco Paolo est entièremenr consacré à la saignée67,l'un des. sujets de controverse les plus sensibles dans le milieu médical del'époque68. son aureur conresre poini par point res ,pp.o.h.rihéoriqr., .t 1.,applications pratiques d'Avicenne

"t j" r"r disciples'relarivemenr à là saignée.

Dans ce dessein, il procède à une comparaison sÿstématique, méthodor.dq;;-ment fondée sur le bipôle galéniqte raiio/experiéntia,..rrà 1.. préceptes ;;À;i-cenne et ceux de Galien6e. Face aux disciplés d'Avicenne q.ri pr"tiqrraienr une

noaes diesqu.e buic neSocio insistentes, tanta (puto) fficimus, ut bonis literis et nos momenti non-ntbil dttulenmus ", Novæ, p. 95.u Combien il

9st plus utile d'imiter Galien qui ne crainr d'aucune manière d,abandonner Hip-

Pocrate,et de blâmer parfois ses erreurs. Mais nous nous opposerions néanmoins à Galien, sisa pensée apparaissait.peu sûre. Je pense que cera, ô homme. ill,r.r..., .r, i.1.""i. de chaquehomme qui a à cæur la connaisianc. .. .rà., pr, ,rr. gloi.. ,.irr.,Ààà".,, lrr"r, p. qo.Petri Francisci Pauli medici galenici adoersus Aoicennam de r,tenæ sectione tractatus, (pp. 62-90).Pour un aperçu. général sur. Ia question de la saignée chez Galien

"oi. t., i.oi, premiers cha-pitres du livre de Perer Brain, Gllen on b^roadraiing. A study ,y"r;gi;r, dr;r;pment and valî

(rly "f t lt opinions, taith a tanslation of tbree *or"l,r, c^^Lriag"-i";a""--."à., cr*bridg.,

University Press, 1986.

voir, à titre d'exemple, Pierre Brissot eaTg-r522), apologetica disceptatio, qua docetur per quæloca sanguis mitti debeat in oiscerum ii/lammatioiibus, præsertim in pleuritide, parisiis, ex ffi-cina S. Colinæi, 1525.

Sur. cenains âspects des problématiques médicales suscitées par l,étude de Garien, voirAndrew §(ear, "Galen in the Renaisirn..,, Garen: probremrànapr*pu*, sous la dir. de

ASPECTS D'UNE POLEMIQUE MEDICALE AU XVT SIECLE t79

saignée mesurée et réitérée, Pietro Francesco Paolo soutenait 1'efficacité d'unesaignée, abondante et rapide, dans un grand nombre de maladies. Ce faisant, ilse situait dans le sillage de Matteo Corti, maître reconnu des " galéniques, dans

le Barbaromastix, notamment lorsqu'il défend cette pratique "radicale" de lasaignée dans les cas avérés de pleurite et de pneumonieTo. Les propos de Cortisur ce sujet furent recueillis d'abord dans une édition de 152571, ensuite dans le

Qwestio de pleuritide excellentissime artiurn. medicine doctoris Mathei de Cwrte,

édité en 753272.

Le second traité, dont l'auteur est Leonardo GiachiniT3, a un caradère plus

général,bien que quatre des sept paragraphes qui le composent soient consacrés

à la saignée74. Sa position par rapport à celle-ci suit de près les argumentâtions

71

Vivian Nutton, London, The \ÿellcome Institute for the History of Medecine,1981,, pp.229-262. Aux pages 232-33,1'auteur, dans une perspective historiographique, tire un premier bilandes différentes études concernant la réception de Galien depuis le livre désormais classique

d'Owsei Temkin, Galenism. Rise and Decline of a medical Philosophy Ithaca and London,Cornell University Press, 1973.

o Imitatus esse Galenum oidetur Aaicenna, qui in libro hwic negocio dicato, si cui morbo inquitobnoxiwrn esse hominem nooeris, ut puta pulmoniæ, plewritidi, anginæ, non expectemus dum

aliquod evidens plenitudinis symptoma aryarea4 sed antevertere Præstat, per sanguinis missio-

nem. Hæc ille. Si igitur homo iste dixisset, melius esse præoidere priusquam accidant, optime ad

Galmi mentem dixisset: verum dicens, plus secure tunc fi.eri: innuit, postquam acciderint, baudita secwrefi.eri posse, præsertirn quum statim adoersatiztam additfalsissimam, qua penitus erroremsuum explanaoit. [...] Hæc enim non modo Galeni aerbis adversantur oerum et ipius operibus,

quin et rationi, verbis quidem ut ex dictis ipsiws manifestum est, siquis ea qwæ in libro de ÿenæ sec-

tione refert, consideret,, Nooæ, p. 66-67 .

Petri Brissoti de aena seccanda tum in pleuritide tum in aliis oiscerum inJlammationibws libellusapologeticus t, elegans. Mattbaei Curtii de eadem re libellus, Parisiis, ex offi.cina Simonis Colinaei,1525.

Lugduni, per Antonium Blancbard, 1532. Yoir également I'édition de 1534 Questio de phlobo-

tomia in pleuresi. Ex Hippocratis et Galeni sententia contra comntunem medendi modum quamin gymnasio patauino diligenter examinauit Venetiis, per Ioannem Patavinum et Venturinumde Ruffinellis.

Adztersus Mesuem, et ztulgares medicos omnes, tractatus.

l) Adoersus Mesuem, et aulgares medicos omnes. Corpora nostra eadem ferre posse auxilia, quibus

oeteres usi sunt, idque cum ratione, tum experientia comprobari. (pp.96-99).2) Non bene suadere

Aoicennam sanguinis missionem partiendam esse neque probe nosse, quando semel totum, quando

secus ?acuasse expediat . (pp . 1 00- 1 02) . 3) Calidissimas febres oenæ sectione curandas adoersus Aoïcennam, neque insuper timenda esse bilis efferpescientiam, quam demum morbi magni sint apudGalenum, quos pluries venæ sectione ad animi usque deliqwium, curat. (pp.102-108). 4) Largamsanguinis detractionern a principio fieri debere: et quantum in venæ sectione febris pwtrida, ab ea

quæexsolaobstructioneest,distet.(pp. 108-112).5)Nonsemperadrenutritionem,famenexpec'tandam, etiam insano corpore. Interim de famis generatione quædam adoersws Aoic[ennam].Iterum sicca corpora minus hwmidis inediam ferre. Perperam item atque indistincte ztinum bilio'sis tradi ab eo. Deque oictu antiquorum non recte loquutum. (pp. 112-ll9). 6) Tenues succos nonesse nacuationi inEtos, dum mobiles sint. Nec bene rationem nosse Articennam, cur turgens bumorztacuandus sit. Iterum adoersus eum de coctionis naturam viribusque, nec medicum bumores

72

180 ALFREDO PERIFANO

de Pietro Francesco Paolo à qui il dédie son ouvrageTs. Les trois aurres para-graphes sont des réfutations des théories et des pratiques médicales de Mésué etd.e s-es disciplesT6, des_principes alimentaires et de la manière d'employer l'ab-sinthe chez AvicenneTT.

. S'il est vrai que la publicatio n des Novæ Academiæ florentinæ opuscula avaitdeux objectifs: combattre la médecine des barbares er-rassembler ies médecinsgaléniques, il faut constater que le second ne fut pas complètement atteint, carles positions radicales que ses auteurs y ro.rt..rri..rt ,rriitèr.nt des réactionsextrêmement négatives dans le camp de médecins « non barbares, aussi, commeen témoignele [...J in librurn novæ Academiæ Etbruscorum ac contra Avicennamet Meswem [...J ApologiaTs, édité en 1534, par sébastien Gryphe, c'est-à-dire lemême éditeur qui imprima, la même année,la deuxième édition des Noaæ Aca-demiæ florentinæ opuscula. Son aureur attaque violemment l'ensemble despropos tenus dans les Nooæ Academiæ florentinæ opusculaTe, toutefois il s'enprend tout pârticulièrement à Leonardo Giachini, sans le citer expressémenr,pour l'utilisation thérapeurique que celui-ci propose de l'ellébore, Ju laurier etd'autres plantes qu'il estime en revanche dangereusesso.

concoquere probe dici. (pp. 119-L30).7) Non temere credendum absyntbii s4ccum aentri inimi-curn esse: deqwe salsedine absynthii ballucinari Aoicennam, atque ex ipsius libro secundo pauca.(pp. 130-132).

7s o Leonardus Giachinus Petro Francisco Paulo, medicus medico, sal. p.,, Nooæ, pp. 93-95.

76 Voir note 3.77 T,es proPos de Matteo Corti sur la diète virent le jour dans une édition posthume d.e 1562, Mat-

tbaei curtii Papiensis De prandij a,c caenae modo libellus, Romae, apud paulum Marrrtirrrrr,Aldi F., 1562.

78 Antonii Galftedi Condriacei in librum nooæ Academiæ Etbruscorum ac contra Aoicennam etMesuem, ad ornatissimos medicos Antonium et Ckudium Campegios fratres Apologia, in Criba-tio medicamentorum fere omnium in sex libros. D. sympborianà, co*prg., meâico omnibusnumeris absolutiximo autore. His accesserunt Quæstio aurea de exhibitiànà medicinarum vene-nosarum. De mystorum generatione, de Concretis et Abstractis. Apologia in Academiam nooamHetruscorurn, Apud Seb. Gryphium, Lugduni, 1534, pp.103-109. Dàrénavant Apologia.]|au-teur dit: "Proinde non tam Aaicennam defendes, quam imbecillium periculo cànsuiens [...]r,P_. 104. Dans ses.argumentations, il s'appuie sur Symphorien Champiei et Giovanni ManarJo.Ce dernier est défini dans les marginalia comme u itoliroru* medicorum monarcha,,, p. lO4.7e o Quod nisi iam ad finem mea festinaret Apologia, ostendere posseîn, quam muha sunt nominarerum medicatarum apud Galenum, Paulutn, Oribasium, aliosque *idiroru* celeberrimos, abEtbruscis istis in eorum nooa academia male intellecta, peius troàita, pessime usurpata, in quibuscum dispendio ztitæ mortalium nooa illa academia'hallucinatur,,, Apologia, p. lO7. *AnioniusGalfredws, dioc. I ugdunensis (Fontanon), (2 novembre 1533) .it -irtià.r.ré par MarcelGouron Matricule de I'Llniversxé de Montpellier, Genève, Droz, 1.957, p. 70.le ne sais pas siAntonius Galfredus avait_ des liens de parenté avec Jean Galfredus qui enseigna à Montpellieren 1515, voir Louis Dulieu, La Médecine à Montpellier, Les Presses Universelles, 4 t., lI,Avignon, 1979, La Renaissance, p. 30.

8a Apologia, tout particulièremenr pp. 105-106. Pour le texte de Giachini, Nooæ, pp.97-9g.

ASIECTS D'uNE IoLÉMIQUE uÉotcarn AU xvl" sIÈcrp 181

Cependant, la publication des Nooæ Acadenriæflorentinæ opuscula était desti-

née à avoir également une réception bienveillante. Leonhart Fuchs accueillit très

favorablement sa publication en soulignant l'intérêt qu'elle représentait dans son

Paradoxorum medicinæ libri tres, édité en 153581. Mais I'action menée par les

membres de l'"Académie galéniqgs» €ut un impact considérable surtout dans le

milieu florentin, grâce noàmme.rt à l'un de ses membres, Andrea Pasquali,-cité

dans le Barbaromàstix\2, maistrès probablement grâce aussi à Leonardo Giachini

qui bénéficiait de l'estime du duc de Florence83. Comme l'a souligné Giov-anni'iargioni Tozzetti,c'esr sans doute Andrea Pasquali, médecin du duc Côme I"'de

Méàicis, qui æuvra pour l'affirmation de la médecine galénique au "Studio" de

Pise. Il tràrw dans la personne du duc un interlocuteur sensible qui s'engagea

avec détermination porr, .orrrincre Matteo Corti à revenir au « Studio »". Cette

conviction de la validité de la médecine galénique entraîna la réforme dtt Ricet'

tario Fiormtino quj inspira à son tour la mise à iour des autres formulaires ita-

liens8s. Comme j ai eu l'occasion de le montrer ailleurssu, Côme I"'mena Person-nellement des recherches alchimiques et pharmaceutiques, encouragea la mise en

place du Jardin des simples de Pise, dont la direction, après le refus de Leonhart

Èrrchs, fut confiée à Luca Ghini, suivit de près la réforme du Ricettario Fiorentino

et eut un intérêt certain pour la médecine grecque, comme le montrent ses notes

manuscrires à l'édition âe 1544 du Dioscoride d'Andrea MattiolisT. En ce sens,

Je cite d'après Nancy Siraisi, Avicenne, p.70, n. 96.

oAdsunt et alii Galenicæ sectæ stwdiosi, quos inter Andreas Pascbalius in primis merito numeran-

dus est., Novæ, p.59

Dans une lettre datée du 16 août 1547 et adressé à Pier Francesco Riccio, le secrétaire du duc,

Cristiano Pagni dit: " È dispiaciuta a Sua Eccellen zala morte del Giachino per Ia perdita di un

buon medicàche leggeva in Pisa,. Je cite d'après Michel Plaisance, oCulture et politique à

Florence de 1542 à 1i51 , Lasca e r.les Humidi aux prises avec l'Académie Florentine " , dans Les

écrivains et le pouvoir en Italie à l'epoque de la Renaissance sous la dir. d'4. Rochon, Paris, Uni-

versité de la Sorbonne Nouvelle, (deuxième série), Centre de Recherche sur la Renaissance

Italienne, 1974, vol. 3, p. 777, note 89.

o Favit profecto fortuna Cosmo, quod statim ac de renovanda Academia Pisana cogitattit, medicos

inoenii, qLl llliut |o*om ac decus augere potuere. Principatum in hac arte tenere aidebatur Mat-

theus Curtius Ticinensis, qui quamrtis infirmissima oaletitudine, ffictaque jam ætate esset' non

recusaoit tamen iterum aps/ nos onus docendi suscipere. Porro liberalissirne cum ipso egit Cosmus.

Nam illi stipendium assignavit MCC centussium, pecuniarn pro oiatico dedit, domum Florentiæ

attribuit, eiusqwe famæ concessit, ut sine competitore doceret,, Fabroni, II, p. 248. A sa mort,

Matteo Corti eut une épitaphe élogieuse commandée par Côme, Fabroni, I, p' 362'

A.Corradi, Leprimefarmacopeeitalianeedinparticolaredeiricettarifiorentini,Milano,FerroEdizioni, 1966 (f" éd. 1887).

Alfredo Perifano, L'alchimie à la cour de Côme I' de Médicis: savoirs, culture et politique,Paris,

Champion, 1997. Sur le Ricettario Fiorentino, pp. 67-77.

Di Pedacio Doscoride Anazarbeo libri cinque. [...J, Srampato in Venetia per Nicolà de Bascarini

da Pavone, Brescia, 1544. L exemplaire annoté par Côme se trouve à la Biblioteca Nazionale

Centrale di Firenze, cote Bancbi rari 119.

81

fl2

182 ALFREDO PERIFANO

l'affirmæion âssez péremptoire de Nancy Siraisi: .. One certainly cannor atrri_bute to cosimo I or his.advisers any g..rlrrl determinatio, to e*p.l the Arabsfrom the medical schools [...],tt, rr"À" sembre pr, .or,r.rri., ., .Ë bi.r, que sesremarques d'ensemble soient pertinentes.

En guise de conclusion, je soulignerai re cara*ère unitaire et organique desNopæ Academiæ Florentinæ opuscula ranr sur le plan du conrenu qie srr .el.rides buts poursuivis. cette homo généité d..l'our.age .r,, p* Jiilr** e.rrrffaà Antonius Galfredus qui, dans *" t...1 in libru* io"o iàar*iæ Ethruscorumac contra Apicennarn_ et Mesuem [...J Apologia, polémique toujours avecl'«auteur», sans faire de distinctiorr, tort

"n afiirm*t rrrolorrté de soustraire

les médecins .. au danger des imbéciles, et en soulignart lor.d"-"nr les erreursde l'Académie. La conviction des aureurs d,es Noà Academiæ Florrotloo olrr-cula d'appartenir à un groupe solidaire er d'accomplir une tâche de g.r'rrd"importance traverse l'ensemble des trois textes qui cÀposent l,ouvrag"."L.rr^approches individuelles de la médecine, métËodologiquemenr attachées aubipôle galénique ratio/experientia,vontconfluer drr, .ir lruoi, pr.rrgé, dont lademeure esr l'enceinte idéale de l'Académie galénique. celle-ci ,, ,.Ë11.. ,irrri,sans âucune forme d'institutionnalisation, ,o., ,.t. iondaterrr.

Tëxtes BIBLI.GRAPHIE

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GraculNI, Leonardo, De acutorum morborwrn curatione dtspuutio, Eiusdem, euæstio-nutn naturalium libellus, Lugduni, apud Seb. Gryphium, 1540Princip.is Aaic[ennæJ Libri Canonis necnon de medicinis cordialibus et Cantica ab Andrea

Bellunens.i ex antiquis arabwm originaribus ingenti labor, ,r,À*oqrc diligentia rorrrrtiatque.in integrum restitu.ti u.na curn interpretatione nominum oribirorr*, qræ partiînmendosa partim incognita lectores antea morabantur opus planr-)urrr* ac omni exparte absolutum. Wnetiis in edibus Luce Antonii Junta' Floïentini Mense Junio 1527

Articenna. Præsens Maximus codex est totius scientiæ medicinæ principis Aboali Abinsenecum expositionibus omniurnprinciparium et iiluxrium interpretum eius [...J, Impressumve.netiis per.Pbilippurn pincium Mantwanwm. Anno cromini tszs *rnrà Mai [..'J sump-tibus oero domini Luceantonii de Gionta Florentini

Sympbonia Galeni ad Hippocrd,tern, Cornelii Celsi ad. Avicennam, ,tnA cum sectis antiquo-rum medicorum ac recentium a D. symphoriano campegio,..'. comptosita idem c$ste-

88 Avicenna, p.85.

ASIECTS D'uNE pot-ÉMreuE uÉorcarp AU xvr sÈcm

riorurn campi contra Arabum opinionem, pro Galeni sententia, ac omnium graecoruntmedicorum doctrina a D. Symphoriano,... digesti... ac in lucem propagarl (S. 1., n. d.). Ladédicace est datée du 15 février 1528

BTNIvIENI, Girolamq Commento di hierony b. sopra a piu sue canzone et sonetti delloanxore et della dioina bellezza, en dernière page, impresso in Firenze per S. AntonioTubini et Lorenzo di Francesco venetiano et Andrea ghyr. da Pistola, adi. vii sep-tempbre 1500

BTNIvIENI, Antonio, De abditis nonnullis ac mirandis morborum et sanationum causis.Dernière page: Impressurn. Florentiæ Anno ab incarnatione Dominica MCCCCCWI.octal)o K[aJl[endJas Octobris, opera et impensa Philippi Giuntæ Florentini

Brussot, Pierre Apologetica disceptatio, qua docetur per quæ loca sanguis mitti debeat inoiscerum inflammationibus, præsertim in pleuritide, Parisiis, ex fficina S. Colinæi,t525

Petri Brissoti de oena seccanda tum in pleuritide tum in aliis viscerum inflantmationibuslibellus apologeticus & elegans . Matthaei Curtii de eadem re libellus, Parisiis, ex officinaSimonis Colinaei,1525

Questio de pleuritide excellentissime artiurît medicine doctoris Matbei de Curte, Lugdwni,per Antonium Blancbard, 1 532

Questio de phlobotomia in pleuresi. Ex Hippocratis et Galeni sententia contrd comrnunemmedendi modum quam in gymnasio patdilino diligenter examinauit Yenetiis, perIoannem Pataoinum et Wntwrinum de Rffinellis, 1534

Mattbaei Curtii Papiensis Deprandij ac caenae nrodo libellus,Romae, apud Paulum Manu-tium, Aldi F.,1562

Antonii Galfredi Condriacei in librum noaæ Academiæ Etbruscoruîr7 ac contra Aaicen-n4'rr7 et Mesuem, ad ornatissimos medicos Antonium et Claudium Campegios fratresApologia, dans Cribatio medicamentorurn fere omnium in sex libros. D. Syrnpboriano,Campegio, medico omnibus numeris absolutissimo autore. His accesseruni Quæstioaurea de exhibitione medicinarrnn oenenosarurr. De ntystorunx generatione, de Concre-tis et,Abstractis. Apologia in Academiam novarn Hetruscorum, Apud Seb. Grypbiurn,Lugduni,1534

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