2006 - L’Adrar des Iforas à l’époque des chars : art, religion, rapports sociaux et relations...

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L'Adrar des Iforas (Mati) à l'époque des chars: art, religion, rapports sociauxet relations à grande distance Christian DUPUf Riassunto Studio contestuale di ottantuno rao- presentazioni di carri incisi su pareti rocciose a cielo aperto situate lungo sei vallate successive del versante nord- occidentale dellâdrar des lforas. Tt-rtti i carri hanno un solo timone. La mag- gior parte dei veicoli non sono aggioga- ti. Alcuni, rari, sono trainati da una coppia di buoi, ma, fatto curioso, nes- suno di questi ha un conduttore. Degli elementi, quali l'assenza dell'auriga, la posizione delle incisioni su rocce non visibili da chi passa, lo stile asciutto e la vocazione non narlativa delle espressioni associate, costituiscono una serie di indizi che argomentano a favore di realizzazioni dedicate a en- tità soprannaturali. Se si giudica dal predominio ovunque delle rappresen- tazioni di bovini, questi giocavano un ruolo primario a livello simbolico e al tempo stesso rivestivano delle funzioni essenziali nell'ambito delle relazioni sociali. L'arte rupestre testimonia inol- tre la trasmissione di credenze e la cir- colazione di beni di prestigio attraver- so il Sahara nel corso del II millennio a.C. Loriginalità strutturale di alcuni carri conduce aipotizzare l'esistenza di laboratori per la fabbricazione di carri a ovest della valle del Nilo, forse dal XVI secolo a.C. Il primo millennio a.C. è segnato dall'a'"vento di una nuova ideologia che attribuisce un posto pri- vilegiato alle figure, talvolta imponen- ti, di personaggi armati di lance. Un animale esotico ignorato frno ad allora dagli autori delle incisioni fa la sua ti- mida comparsa: il cavallo. Summary Contextual study of eighty-onedepic- tions of complete or partial chariots, engraued on exposed roch faces located along the edges of six neighbouring ualleys on the north-western flank of the Adrar des lforas. AII the chariots haue only one shaft, and the majority do rLot a.ppearto be yohed. The few ue- hicles which are, are pulled by a cou- ple of oxen, side by side. Curiously, none of the harnessedchariots has a driuen The driuer's absence, combined with the location of the engrauings on rocks not uisible by passers-by, their bare style and the non-nanatiue uoca- tion of associated expressions, together argue towards these worhs of art be- ing dedicated to supernatural beings. The predominance of taurine figures in all these sites seems to indicate their primordial role on a symbolic leuel, and their correlated essential function in social exchange. Further- more, parietal art demonstrates the transmission of beliefs and the circu- lation of luxury goods tltroughout the Sahara during the 2"d millenniwn B.C. Tbe original architectureof some of the chariots suggests the existence of cartwrighters' worhshops to the west of the Nile Valley,perhaps as ear- ly as the 76th century B.C. The first millennium B.C. is characterized. by the aduent of a neu ideologyand the outlines of human figures, sometimes imposing and armed with spears, come into prominence.An exotic ani- mal so far ignored by artists makes a timid appearance: the horse. Résumé Étude contextuelle de quatre-vingt-une représentations de chars et parties de chars gravées sur des parois rocheuses à ciel ouvert situées en bordure de six val- lées successives du versant nord-occiden- tal de lAdrar des Iforas. Tbus les chars figurés sont à timon simple. La pluparb apparaissent dételés. Les rares véhicules attelés sont tirés par deux taurins de flont. Fait curieux: aucun de ces atte- lages n'est conduit. Cette absence de conducteur ajoutée à Ia position des gra- vttres sur des rochers hors de vue des passages, à leur style épuré et à la voca- tion non narrative des expressions asso- ciées. constituent un ensemble dlndices plaidant en faveur de réalisations dé- diees à des entités surréelles. A enjuger par la prédominance en tous lieux des représentations de taurins, le bétail jouait un rôle primordial au niveau sy'rn- bolique et, corrélativement, des fonctions essentielles dans le jeu des relations so- ciales. Llart rupestre témoigle en outre de la transmission de croyances et de la circulation de biens de prestige à travers le Sahara au cours du II" millénaire av. J.-C. Lbriginalité alchitecturale de cer- tains chars conduit à envisager l'existen- ce d'ateliers de chalrons à I'ouest de la vallée du Nil, peut-être dès le XVI" siècle av. J.-C. Le premier millénaire av. J.-C. est marqué par I'avènement d'une idéo- logie nouvelle accordant une place privi- légiée aux silhouettes parfois impo- santes de personnages armés de lance. Un animal exotique ignoré jusque-là par les gtaveurs fait une timide apparition: le cheval. Introduction Le nombre des figures de chars actuellement connuesdans les gravures et les peintures rupestres du Sahara et de I'Afrique du Nord approche les huit cent. Ces fïgures délimitent une aire géographiquetrès vaste qui, d'est en ouest, s'étend de la frontière nigéro-tchadienneau rivage atlantique et, du nord au sud, de la chaîne atlasique à la moyenne val- lée du Niger. Les quatre-vingt-une gravures de chars et parties de 'Chargé de cours ù.I'Uniuersité Jean Moulin (Lyon 3) et à I'Uniuersité Catholioue de Inon SAIIARA 1712006 Dupu.y 29

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L'Adrar des Iforas (Mati) à l'époque des chars:art, religion, rapports sociaux et relations à grande distance

Christian DUPUf

Riassunto

Studio contestuale di ottantuno rao-presentazioni di carri incisi su paretirocciose a cielo aperto situate lungo seivallate successive del versante nord-occidentale dellâdrar des lforas. Tt-rttii carri hanno un solo timone. La mag-gior parte dei veicoli non sono aggioga-ti. Alcuni, rari, sono trainati da unacoppia di buoi, ma, fatto curioso, nes-suno di questi ha un conduttore. Deglielementi, quali l'assenza dell'auriga, laposizione del le incisioni su rocce nonvisibili da chi passa, lo stile asciutto ela vocazione non narlativa delleespressioni associate, costituisconouna serie di indizi che argomentano afavore di realizzazioni dedicate a en-tità soprannaturali. Se si giudica dalpredominio ovunque delle rappresen-tazioni di bovini, questi giocavano unruolo primario a livello simbolico e altempo stesso rivestivano delle funzioniessenziali nell'ambito delle relazionisociali. L'arte rupestre testimonia inol-tre la trasmissione di credenze e la cir-colazione di beni di prestigio attraver-so il Sahara nel corso del II millennioa.C. Loriginalità strutturale di alcunicarri conduce aipotizzare l'esistenza dilaboratori per la fabbricazione di carria ovest della valle del Nilo, forse dalXVI secolo a.C. Il primo millennio a.C.è segnato dall'a'"vento di una nuovaideologia che attribuisce un posto pri-vilegiato alle figure, talvolta imponen-ti, di personaggi armati di lance. Unanimale esotico ignorato frno ad alloradagli autori delle incisioni fa la sua ti-mida comparsa: il cavallo.

Summary

Contextual study of eighty-one depic-tions of complete or partial chariots,engraued on exposed roch faces locatedalong the edges of six neighbouringualleys on the north-western flank ofthe Adrar des lforas. AII the chariotshaue only one shaft, and the majoritydo rLot a.ppear to be yohed. The few ue-hicles which are, are pulled by a cou-ple of oxen, side by side. Curiously,none of the harnessed chariots has adriuen The driuer's absence, combinedwith the location of the engrauings onrocks not uisible by passers-by, theirbare style and the non-nanatiue uoca-tion of associated expressions, togetherargue towards these worhs of art be-ing dedicated to supernatural beings.The predominance of taurine figuresin all these sites seems to indicatetheir primordial role on a symbolicleuel, and their correlated essentialfunction in social exchange. Further-more, parietal art demonstrates thetransmission of beliefs and the circu-lation of luxury goods tltroughout theSahara during the 2"d millenniwnB.C. Tbe original architecture of someof the chariots suggests the existenceof cartwrighters' worhshops to thewest of the Nile Valley, perhaps as ear-ly as the 76th century B.C. The firstmillennium B.C. is characterized. bythe aduent of a neu ideology and theoutlines of human figures, sometimesimposing and armed with spears,come into prominence. An exotic ani-mal so far ignored by artists makes atimid appearance: the horse.

Résumé

Étude contextuelle de quatre-vingt-unereprésentations de chars et parties dechars gravées sur des parois rocheuses àciel ouvert situées en bordure de six val-lées successives du versant nord-occiden-tal de lAdrar des Iforas. Tbus les charsfigurés sont à timon simple. La pluparbapparaissent dételés. Les rares véhiculesattelés sont tirés par deux taurins deflont. Fait curieux: aucun de ces atte-lages n'est conduit. Cette absence deconducteur ajoutée à Ia position des gra-vttres sur des rochers hors de vue despassages, à leur style épuré et à la voca-tion non narrative des expressions asso-ciées. constituent un ensemble dlndicesplaidant en faveur de réalisations dé-diees à des entités surréelles. A enjugerpar la prédominance en tous lieux desreprésentations de taurins, le bétailjouait un rôle primordial au niveau sy'rn-bolique et, corrélativement, des fonctionsessentielles dans le jeu des relations so-ciales. Llart rupestre témoigle en outrede la transmission de croyances et de lacirculation de biens de prestige à traversle Sahara au cours du II" millénaire av.J.-C. Lbriginalité alchitecturale de cer-tains chars conduit à envisager l'existen-ce d'ateliers de chalrons à I'ouest de lavallée du Nil, peut-être dès le XVI" siècleav. J.-C. Le premier millénaire av. J.-C.est marqué par I'avènement d'une idéo-logie nouvelle accordant une place privi-légiée aux silhouettes parfois impo-santes de personnages armés de lance.Un animal exotique ignoré jusque-là parles gtaveurs fait une timide apparition:le cheval.

IntroductionLe nombre des figures de chars actuellement connues dans les gravureset les peintures rupestres du Sahara et de I'Afrique du Nord approcheles huit cent. Ces fïgures délimitent une aire géographique très vastequi, d'est en ouest, s'étend de la frontière nigéro-tchadienne au rivageatlantique et, du nord au sud, de la chaîne atlasique à la moyenne val-lée du Niger. Les quatre-vingt-une gravures de chars et parties de

'Chargé de coursù. I'Uniuersité Jean Moulin (Lyon 3)et à I'Uniuersité Catholioue de Inon

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Fis. I. Localisation des treizeéfri";";;; ;cheuses du versant nord-

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lesquelles furent réalisées desÀïiu."t de chars et parties de chars'

chars faisant l'objet de cette étude, ont été découvertes à Ia fin des an-

nées 1gg0 en borduÀ- J" -Ài*

"allo'"s successives du versant. nord-occi-

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Les recensements .;;âr;lacerrt I'Ad.rr des Iforas au troisième rang

des régions ao Noriâïi'Ai;rd;;;rrr lauotta.nce toute relative de ces

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Des manifestations religieuses

Les quatre-vingt-une gïa\ures d.e chars dernièrement relevées au nord-

oues{ de l'Adrar de" I?o'u" consistent -en la représentation de soixante-

quinze véhicules a ii-î" ,i-pf", aà a""" trains de roues et de quatre

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rons granitiqo". t"àoïJi'-au ùott pr"t o" moins morcelés sous les ef-

fets combinés des "à"o..,r"",

te[uriquàs et d.es importants écarts de tem-

30 SAHARA 1712006 DuPuY

pératures entre jours et nuits (Fig. 2). EIIes se trouvent à des hauteurscomprises entre quelques mètres et plus de quarante mètres par rapportau niveau des vallées avoisinantes. Leur nombre varie selon les lieux deun à vingt-deux alors que les gravrlres à leur entour s'avèrent toujoursau moins vingt fois plus abondantes. Il s'agit donc de représentationsmarginales. L'espace circonscrit à certains rochers ornés est parfois sirestreint que ceux qui s'y exprimèrent, étaient forcément seuls. Aucunefigure de chars ne dépasse les cinquante centimètres, et ce, mêmelorsque les surfaces disponibles - parois ou dalles - permettaient des réa-lisations de grande dimension (Fig. 3a à Sfl. Cette taille réduite des gra-vures alliée à leur position en hauteur sur des versants en pente raidesouvent encombrés d'éboulis, Ies rendent illisibles dès lors que I'on s'enécarte de quelques mètres. De ces premières observations, on peut dé-duire que la motivation principale des graveurs, au terme de leur as-cension, était l'acte même de graver les rochers et non de satisfaire à lacuriosité de spectateurs, à supposer qu'il y en ait eu. Indiscernables de-puis le fond des vallées et, par conséquent, hors de vue des passages,leurs productions ne visaient pas à glorifier par I'image les faits et lesgestes de quelques personnages de haut rang en possession de chars.On doit plutôt y voir des dessins à I'attention des puissances de I'invisible- dieux, génies ou esprits des ancêtres - qui étaient supposées fréquenterou habiter des éminences rocheuses situées en bordure de vallées.

L'exposition et I'inclinaison des parois ornées tout comme la posi-tion deJdessins à leur endroit ne semblent répondre d'aucune règie, sice n'est de toujours se situer à portée de main. A imaginer une anima-tion en marche avant des véhicules sur leur support, ceux-ci se déplace-raient en tous sens: en diagonale, de bas en haut ou de haut en bas, degauche à droite et vice versa.

Les représentations, à une exception près, relèvent du même sché-ma de base: deux cercles réunis par une droite figurent les roues et I'es-sieu, ce dernier supportant en son milieu le timon à I'extrémité duquelétait frxé Ie joug. Autrement-dit, les roues étaient traitées de profrl etles autres parties du char de face ou de dessus, selon que I'on considèreles timons dessinés en position verticale ou horizontale. La juxtaposi-tion de ces deux angles de vue est judicieuse en ce sens qu'elle élude leproblème du rendu de la perspective au niveau des trains de roues. Unegravure échappe toutefois à ce schéma: celle-ci montre un véhicule deprofil au timon en position horizontale et dont seule est figurée la rouede plan rapproché; celle d'arrière-plan étant omise car cachée par cellede premier plan (Fig. 3c, no 35).

Les tracés offrent des aspects variés. Les plus nombreux se compo-sent d'une juxtaposition de cratères produits par l'éclatement du grani-te sous les impacts rapprochés d'outils appointés de grande dureté.D'autres piquetages, plus discontinus et à peine marqués, consistent enune succession de petits écaillages disjoints. Certains sont si superfi-ciels qu'ils font penser à des esquisses. Dans tous les cas, I'alignementet la régularité des impacts plaident en faveur d'un travail par percus-sion indirecte au moyen d'un marteau équipé d'une masse dure outendre plutôt que par percussion directe, un burin de pierre dure à la

Fig. 2. Eperon rocheux bordantune vallée, au sommet duquel furentréalisées des gravures de chars(vallée de Taghlit. stationd'Adarmolen).

SAHARAlT/2006 Dupuy J1

Vallée de Tirist

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Fig.3a. Vallée de Tirist.

Fig. 3a à 3f. Les quatre-vingt-unereprésentations de chars et partiesde chars gr:avées au nord-ouest delâdrar des Iforas. Se reporter à lafig. 1 pour la localisation desvallées et des stations.

Fis.3b. Vallée de Tessalit.

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Vallée de Tessalit

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main. Deux autres techniques furent employées de façon marginale: leraclage reconnaissable aux tirés plus ou moins longs et discontinusqu'il induit sur les supports et le polissage, peut-être après un piqueta-ge préaiable, réalisé par frottement alternatif de pointes mousses àI'origine d'incisions en U centimétriques.

Les piquetages matérialisant le départ des timons oblitèrent parfoi.sle tracé des essieux. Dans ces cas particuliers, les trains de roues étaientachevés en premier. On ne peut cependant généraliser car les traitsconstitutifs de la plupart des gravures se rejoignent sans chevauche-ment visible, ce qui suggère par là même une progression ininterrompuedes outils selon des enchaînements qui ont pu être variés et que seulpourrait éventuellement révéler un examen des tracés sous fort grossis-

32 SAHARA 1712006 Duouv

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Vallée d'Afara

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sement. En attendant, les frgures incomplètes de chars étayent I'hypo-thèse selon laquelle les roues et les essieux étaient gravés en premierpuisque celles-ci consistent en la représentation de quatre roues iso-lées, de deux trains de roues en forme d'haltère avec ébauche de timonassocié à I'un d'eux et de quatre véhicules dépourvus de joug (Fig. 3b à3f, n ' 17, 22,30,39, 55, 57, 64,71,76,78), aucun char incomplet n 'étantdessiné sans ses roues. Quoiqu'il en fut des gestes précis des graveurs, letemps que ceux-ci consacrèrent à leur action de gravure rupestre dut secompter en minutes plutôt qu'en heures, à en juger par les dimensionsréduites des frgures et par leur style souvent très épuré.

La plupart des véhicules sont dételés. Onze d'entre eux furent repré-sentés isolément sur des parois. Huit autres sont réunis par paire oupar quatre sur trois panneaux distincts. Les chars restants apparaissentaux côtés d'animaux et plus rarement aux côtés d'humains. Les bovins àdos droit de la variété des taurins (Bos taurus) sont présents à vingt re-prises à leur entour, les autruches à dix-sept reprises, les girafes, les an-tilopes, les chevaux, Ies quadrupèdes indéterminés, les personnages, lessignes curvilignes (ovales bi-ponctués et cercles), les lances à pointe fo-liacée et les objets coudés à lame longue et crochet, à cinq reprises oumoins. L'homogénéité des traits et des patines sur nombre de paroisplaide en faveur de réalisations de la même main. Plus globalement, larépétition des thèmes de sites à sites témoigne d'une appartenance cul-turelle commune pour I'ensemble de ces manifestations. Où que I'on sesitue, les compositions gravées ne nous disent rien des travaux et desjours. Il est fréquent que des corps soient inclinés, parfois renversés etvus en transparence à travers les corps d'autres sujets. Le rapport destailles est rarement respecté. La position et la dimension des chars vis-

Fig. 3c. Vallée d'Afara.

SAHARA 1?/2006 Dupuy

Fig. 3d. Vallée d'Egharghagh.

Vallée d'Egharghagh

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à-vis des taurins sont très variables. Les véhicules recoupent indifférem-ment leur tête, Ieur cou ou leurs pattes, hormis les cas particuliers d'ani-maux figurés dos à dos, de part et d'autre des timons et dont le haut descorps est systématiquement recoupé par le joug (FiS. 3b à 3f, n" 20, 25,27,52,56, 58, 65,69,74). Ces gravures représentent selon toute waisem-blance des attelages. Curieusement, aucun d'eux n'est conduit et les pla-te-formes des engins, lorsqu'elles sont dessinées, sont vides de matérielet d'occupant. Un seul de ces attelages est tiré à bout de bras par un pié-ton à silhouette frliforme.

Ces divers éléments conduisent à s'interroger sur la destination desgravures de chars et, d'une manière plus générale, sur la fonction desexpressions auxquelles participent leur représentation. Les graveurscherchaient-ils à s'attirer la bienveillance ou la neutralité d'entités sur-naturelles en mettant à leur disposition, par le truchement des pierres,donc pour l'éLernité, des véhicules attelés ou dételés supposés les at-

34 SAIIAR.A.1712006 Duouv

Fig. 3e. Vallée d'Egharghagh.

Vallée d'Egharghagh

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teindre ? Ou bien visaient-ils à éloigner quelques génies ou esprits mal-faisants que les chars étaient sensés transporter et égarer dans lAu-delà? Les figures animalières facilitaient-elles la médiation entre lesmondes visible et invisible? De nombreuses autres propositions pour-raient être faites. Aussi large que soit l'éventail des hypothèses, il serasans doute à jamais impossible de trancher, à défaut de connaître lesmythes et les croyances associés à cet art rupestre. Deux idées géné-rales paraissent toutefois s'imposer. La répétition de rochers en rochersde thèmes figuratifs coupés du quotidien et fortement empreints deschématisme, révèle un système de pensée cohérent lié à des préoccu-pations plus religieuses qu'artistiques. D'autre part, la présence de fi-gures de chars au sein de ces expressions suggère que leurs auteursprêtaient aux entités surréelles qu'ils sollicitaient de la sorte, sans ja-mais représenter, sinon des caractères physiques comparables à ceuxdes hommes, du moins des agissements humains.

Des représentations schéntatiques aux uéhicules réelsBien que toutes les gravures renvoient au même modèle de char à ti-mon unique et que toutes relèvent du même artifice de dessin, à l'ex-ception de I'exemplaire traité de prolil dont il a été question plus haut,aucune figure n'est identique.

Les deux tiers des roues sont dessinées sans rai. Les roues restantessont équipées de trois, quatre, cinq, six, sept, huit ou onze rais (Fig. 3a à30. Les moyeux sont représentés à cinq reprises par de petits cercles(Fig. 3c à 3f, n"39, 54,79). L'absence apparente à ce niveau de rainure

SAIIARA 1712006 Dupuy

F'rg. 31". Vallée de Taghlit.

Vallée de Thghlit

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de clavetage et de toute autre liaison en rotation, plaide en faveur de rouesfolles qui étaient placées en bout d'essieux. Certains véhicules sont curieu-sement munis de roues au nombre de rais différents: quatre d'un côté poursix de I'autre, huit pour onze ou encore zéro pour six (Fig. 3c et 3d, no 33,37, 46). Comment interpréter cette variabilité? Ttaduit-elle une réalitétechnologique ou témoigne-t-elle d'abstractions figuratives etlou d'indéter-minations graphiques? Il est difficile de répondre. Notons simplement queles savoir-faire liés, d'un côté, à la fabrication de roues pleines et, deI'autre, à celle de roues à rais sont fort dissemblables (Spruytte, L977,1995). En admettant cependant que ces technologies aient coexisté dans leSud du Sahara, I'association de telles roues sur un même char aurait en-gendré, compte tenu de leur masse respective très différente, des usures etdes contraintes de cisaillement différenciées en bout d'essieux préjudi-ciables pour la durée de vie du véhicule et, plus grave, une inertie de roule-ment dissymétrique, source de complication pour la conduite à l'attelageavec risque de blessures pour les animaux atteiés. Dans ces conditions, iln'est pas incongru de voir une erreur de transcription sur le char équipéd'une roue sans rai et d'une roue à six rais, à moins qu'il ne s'agisse de lareprésentation inachevée d'un véhicule ou de celle d'un engin voulu peuopérationnel par son auteur. Ceci éLanL,la question de I'utilisation de plu-sieurs types de roues reste posée.

Tous les essieux sont perpendiculaires aux timons. Les jougs se situent,soit à leur extrémité, soit légèrement en retrait. Certains sont rendus parde simples droites. Les autres forment des U aux branches tournées versI'avant ou vers I'arrière quand ils ne sont pas flexueux et, dans ce cas, com-posés de deux à cinq courbes et contre-courbes enlacées. Les longueurs desessieux, des timons et des harnais varient dans des proportions considé-rables. Un char à deux roues tangentes se trouve même dépourvu d'essieu(Fig. 3a, no6). Ces variations dimensionnelles sont déconcertantes. De mul-tiples approximations graphiques en sont certainement la cause.

36 SAIIARA 1712006 Dunuv

Comme précisé plus haut, quelques quadrupèdes aux silhouettestrès schématiques sont associés par paire à des chars, lignes des dos envis-à-vis, gravées de part et d'autre des timons. La plupart des ani-maux sont identifiables à des taurins grâce aux cornes traitées de facesur des têtes et des corps de profil. Ces gravures représentent selontoute vraisemblance des attelages malgré I'absence de conducteur et detout système de guidage. Les jougs recoupent indifféremment lescornes, Ie cou ou le dos des animaux attelés. Est-ce à dire que le joug decornes, le joug d'encolure et le joug dorsal furent utilisés conjointementou successivement dans l'Adrar des Iforas? Il est difficile de répondre;cette diversité pouvant tenir ici encore à des imprécisions plutôt qu'at-tester la connaissance de différents modes de traction.

Onze chars sont frgurés sans plate-forme. A supposer que cette ab-sence corresponde à la réalité, ou autrement dit qu'elle ne résulte pasd'une abstraction, ces véhicules, compte tenu de leur dépouillement ex-trême, ne pouvaient servir au transport de personnes et de marchan-dises. S'imposerait, dans ce cas, I'hypothèse d'engins roulants destinésà des rituels religieux. Quant aux plate-formes dessinées, leurs dimen-sions sont variables et Ieurs formes diversifiées: circulaires, semi-circu-laires, triangulaires ou rectangulaires avec les deux angles avant arron-dis. Toutes sont positionnées devant les essieux auxquelles elles étaientvraisemblablement fixées. Nombre d'entre elles sont recoupées en leurmilieu par les timons qui les supportaient. Les cadres les délimitant seprolongent parfois en arrière des essieux pour former des boucles ou depetits appendices (Fig. 3b, no 2l; fig. 3e, no 70 et fig. 3f, n" 74). La fonc-tion de ces excroissances demeure énigmatique: anneaux de préhen-sion, crochets, marche-pieds...? Une plate-forme est remplie de traitsparallèles longitudinaux (Fig. 3f , n' 72).IJne autre l'est d'arcs concen-triques (Fig. 3f, n" 79). Ces détails internes traduisent probablementl'existence de renforts en bois, de branches flexibles ou bien de lanièresde cuir qui étaient tendues sur les cadres pour servir à la fois de sou-tien et de suspension aux cochers. Deux plate-formes semblent pour-vues d'entretoises transversales (Fig. 3d, no 54,62).

L'absence de rambarde et de caisse sur les figures tient peut-être àleur absence dans la réalité. Le char traité de profil en est clairementdépourvu (Fig. 3c, n" 35). Cependant certains véhicules ont pu êtreéquipés de ces dispositifs de protection sans que cela n'apparaisse surles gravures. En effet, si garde-corps il y eut, ceux-ci étaient forcé-ment fixés sur les cadres des plate-formes dont ils épousaient, parconséquent, les contours et dont les tracés en vue de dessus se trou-vaient. de fait. confondus.

La typologie des chars gravés dans lAdrar des Iforas serait incom-plète si j'omettais de présenter les cinq véhicules à quatre roues figuréssur une dalle inclinée de ia station d'Imeden aux côtés de trois charsdételés, d'un train de roues, d'une roue et de quatre personnages dont ilsera question plus loin (Fig. 3b, no 8 à 22). Toutes les gravures furentréalisées selon la même technique du piquetage. Elles paraissentcontemporaines, voire de la même main, hormis Ia silhouette plus fine-ment incisée et de patine plus claire du personnage masculin en posi-tion centrale à la tête et au corps vus de face. Les trains avant et arriè-re des véhicules à quatre roues sont reliés entre eux par un simple traitet non par un châssis: il ne peut donc s'agir de chariots. Chaque essieusupporte une plate-forme. L'un de ces engins est tracté par deux tau-rins, placés de part et d'autre du timon à la manière des attelages figu-rés en d'autres lieux. Ces divers éléments me portent à voir dans cesgravures, des chars placés I'un devant l'autre, le premier tractant le se-cond par fixation de I'essieu au joug et, dans un cas, semble-t-il, parl'intermédiaire d'une barre (Fig. 3b, no 15 et 16).

La diversité des techniques de gravure employées, les positions opriori aléatoires des dessins sur les parois, le tout ajouté aux multiplesabstractions, indéterminations et variations graphiques dont les fr-gures de chars de l'Adrar des Iforas ont fait l'objet, témoignent de lamarge de liberté dont disposaient les graveurs. Il semble avoir été sur-tout important pour un grand nombre d'entre eux de rendre identi-fiables leurs dessins par l'association a minima de deux cercles à troisdroites perpendiculaires. Toutefois quelques exécutants furent soucieuxd'un report plus fidèle à la réalité comme le montre la figuration des

SAIIARA 1712006 Dupuy 37

moyeux sur cinq roues et des plate-formes et de leur structure surdeux chars. Ces gravures sous-tendent une connaissance plutôt intimedes véhicules représentés; elles attestent par là même que des charsont bien été observés et, par conséquent, ont bien circulé dans l'Adrardes Iforas où ils étaient parfois attelés à des taurins, Objets à valeurd'offrande symbolique mais aussi véhicules utilisés pour des déplace-ments à allure réduite, peut-être lors de processions, telles nous appa-raissent, à ce stade de l'étude, les fonctions essentielles qui furent dé-volues aux chars de la part de la communauté responsable de leur re-présentation dans I'Adrar des Iforas.

Un irnportant uirage sociulIl se trouve, au nord-ouest de l'Adrar des Iforas, une vingtaine de sta-tions de gravures sans char, mais cependant riche d'un bestiaire sem-blable à celui représenté sur les treize éminences rocheuses où la pré-sence de ces véhicules est avérée (Dupuy, 1991). Où que I'on se situe,les gravures consistent, une fois sur deux en moyenne, en des repré-sentations schématiques de bovins à dos droits de la variété des tau-rins. Viennent ensuite les autruches, les girafes, les personnages auxsilhouettes fiIiformes ou bien aux corps et aux têtes traités de face, lessignes abstraits, les objets coudés à lame longue et crochet, puis de fa-çon marginale, les gazelles et/ou les cobes, les antilopes oryx et addax,les chiens, les singes à queue, les éléphants, les rhinocéros, et, pour fi-nir, à raison chaque fois de moins de six exemplaires, des lances,bceufs à bosse, chevaux, hyènes, porcins, tortues, serpents, ibis, mara-bouts, une chèvre, un élan, un koudou, un hippotrague, un lion. Lesmultiples liaisons iconographiques qui s'établissent entre les stationset, plus particulièrement, entre les compositions gravées intégrant ounon des figures de chars, par delà les dizaines de kilomètres qui peu-vent les séparer, plaident en faveur d'une appartenance culturellecommune pour l'ensemble de ces réalisations. Le caractère non narra-tif des productions allié à leur position en hauteur confirme la fonc-tion religieuse de cet art rupestre. A en juger par l'éventail des sujetstraités et, plus encore, par leur représentativité, les taurins étaientprivilégiés, loin devant les autruches et les girafes, et très loin devantles chars. Leur prédominance prouve que les graveurs faisaient partied'une communauté pour qui le bétail jouait un rôle primordial au ni-veau symbolique et, corrélativement, des fonctions essentielles dansle jeu des relations sociales.

Le statut des personnages figurés dans ce contexte est délicat à ap-préhender. Faut-il assimiler leur représentation à des divinités ou bienà leurs intercesseurs, héros mythiques, ancêtres tutélaires, agents descultes ou éleveurs? Il est d'autant plus difficile de répondre que ces di-verses situations ont pu coexister. Il n'en demeure pas moins intéres-sant de s'attarder sur ces figures humaines que les critères des styles etdes thèrnes permettent de ranger dans deux familles.

La premier ensemble comprend une soixantaine d'humains (per-sonnages réels ou êtres surréels) traités en de petites silhouettes fili-formes parmi lesquels figure le piéton au corps et aux membres sansépaisseur tirant à bout de bras un attelage dont iI a déjà été question(Fig. 3f, n' 74). Participent également de cet ensemble les trois person-nages dont seul le haut des corps est rendu sur la paroi d'Imeden ré-unissant cinq véhicules à quatre roues (Fig. 3b, n" I à2D. D'autres per-sonnages traités dans ce style épuré brandissent des objets coudés àlames et crochets métalliques surdimensionnés par rapport à leurtaille, objets qu'ils dirigent parfois vers la tête ou vers le dos de bovinssans bosse de la famille des taurins (Dupuy et a1.,2001-02:65). Cescompositions font penser à des sacrifices. La présence répétée dans cecontexte de vaches aux pis rendus par de simples tirés pourrait témoi-gner de l'importance du lait au sein de la communauté des graveurs.Deux animaux sauvages à long cou furent privilégiés: les autruches etIes girafes. Du mufle de ces dernières descend parfois un lien tenu àbout de bras par des personnages filiformes de petite taille. Il arriveque ce lien aboutisse directement sur leur tête. En l'absence d'humain,il se referme sur le cou des girafes ou est laissé flottant. Les carnivoressont exclus de cet ensemble. Aucune chasse n'est évoquée. Le thème de

38 SAIIARA 1712006 Dunuv

la prédation ne figurait donc pas au. registre des graveurs, pas plusd'ailleurs que ceux de la maternité et de là sexualité: - -

La deuxième famille de représentations humaines contemporainedes.,chars.cgmprel{ plus de trôis cent fig"r".-;-"i"g"ràii"utrt par untraitement frontal des têtes et des "o"psionp;;1-ôt1).

iteux tiers deces fi.gures humaines sont clairement ^de '"""à ilur"ùi". Luo". taillestrès variables sont comprises entre une vingtainede centimotres et desvaleurs parfois plus gràndes que nature. Lî lance; û'l; métailique

souvent surdimensionnée et renforcée d'une neryu"u .à"t"âtu, .";;iil;l'ar"rne de -prédilectiol. Leg parures, vètements, coiffes et càiffirres éton-nent par leur diversiti eueloues porteurs de lance obliêrent les hu-mains à silhouette filiforme de h'familt" p"e"ealït"î"1e*ains desmotifs en relation 3ye9 e-qI (Dupuy, 1996: 1ti6; nipiy niit.,200t_2002:7p1 Dupuv & searighr, 2005: tôz).',rorar;t";il;â""ïuf,erposition nes'observe jemais. cèpendant le bestiaire

-reste dominé par Ë-a;""i;;;les autruches et les girafes. .plutô! qo" a'otr" "dt;;

à;p""pi;;;;,ces divers éléments me semblent ténioigne; d"1à;;;;;;ï d,une idéo_logie nouvelle accordant. une place de- première importance a.,,( por-teurs de lance revêtus.de leuis plus bàaux "6";;i;

theme ignoréjusqueJà de la domination de lhomme sur res "rpe.",

àà tâ'g"anae fau-ne sauvage participe.de ce tournant, à lrnstar de ces représeirtations depg::"liggs mascurins fortement sexués appliquant rà pointe de leurlT:".."o" les corps.d,éléphanls, de rhinocèios-ou de girafes u"" .ii_nouettes rendues miniatures. euelques taureaux et taui-ins de sexe in_distinct sont menacés de cette maniôre., cÎÉgtï grgye.urs ajoutent à leur répertoire un animal nouveau: lecnevÉu. r4uatre étalons se trouvent ainsi liés sur deux parois distinctes àdes, personnages traités en plan frontJ darr,s Ë r6r.'"';".'téristique desporteurs de lance. Deyx d9 ces é_quidés encadrenful;Ë;;i-"n uniqueet roues à rais (Fig. 3c, n" 40). Leur position s"gge"e

""e r.a"" d,attela-ge. si attelage de ce+!,g'naturé iù;"i; assurer ra conduite devait être

T^" {9i* de spéciatistes, compte renu de È;6-* à;-dôi;."*enr descnevaux en course sans commune mesure avec celle des iaurins. Aussiles étalons devaient-ils être dressés à cette fin. Leur àébooorg", puis]9ur gurdagg à l'attelage, contribuaienlcertainement à rehausser re pres-lt^*_"^9"j^t:,.tT_ Sui gi prêtaient à ces exelni.".

"irq"er. Mais cette pré-sence de chevaux a d'autres implications. ces animâux ont besoin d,unenounriture à base de céréales pôur fournir des efforts ro..i"rro.. o", àu"Àune régiorrr sahélienne cornme tAarar des Iforas .o"*irÀ àr* capricâs desplqies de la mousson, puis à neuf mois de saison rè"h",;;;re alimen-

Ptj:" nécessitait,. coÀme elre nécessite encore au3oorarrirri à ces rati-truqes, d'rmportantes réserves de grains (Bernus, rggs). posséder deschevaux n'était donc donné qn'u,ri r^-irr"r airpo!."i àâloia.rrtr ro"-llt11:ijig*:: "t

pouvant sà-pp"ovisionner, atibesoi" urm;; à h main,ctans les greniers à mil et sorgho de la région et ses alentours. Dans ceËconditio_ns, seules les fractioris dominantËs d" ;;;;;-p-oorr"i"rrt ,'"rr-1T:"" ds klr compagnons de voyage et res élever uu". r"-."Jr afin de lesaweler a-des charsr et. ge,, probablement pour parfaire ra stratégie duprestige dans laquelle s,était engagée leur communauté.,-..-:;t^Ty__tlples supe_rpositions montrent que cet art rupestre plurisécu_larre de repoque des gharp n1s'eynrimait pfus lorsque, .ï* d"tttours des4'-5" sGcle: apr. J.-c., des Berbères .arràu""s

"t *êru"iJÀ - les an-cerres des 'r'ouaregs

,--originaires- de régions plus septentrionales, ."-é"de javelots, revêtus dhablts amples ut ËG" couwants, connaissant res ti-finagh -et

porteurs d'une nouveûe tradition a;""t *Ëri"à, ,eï*i"errt agraver les rochers de lâdrar des Iforas "t

d" l,Ar;it;t;y;'rbéi "t

fis. 4).

Des relations à grand,e distance au * millénaire au. J.-c.Les premières_ gravures de chars n'ont pu être réalisées dans l,Adrar..es roras anterreurement au 16" siècle av. J.-c. c'est en effet à partirl^"._.*r:-:o_".nj_:

que les Pharaons du Nouvel ilpi"" ; Ës hauts dieni_f,arres ûu reglme' commencèrent à s'équiper de chars légers à tiàonunique et roues à rais destinés à être "ï"ie,

a ae"" crrà"Ëu" d" f";il;suivant une coutume_ apparue querques siècles fr"tàf-au"s resroyaumes levantins du proche-orierit. làaonlion de ""it"

t"raitio" rrip-pomobile au sahara semble avoir été rapiae. cÀit;hyù#;;t;;pidi-

Fig.4. Cheval du style lewettéappartenant à la phase finale de I'artrupestre de lAdrar des lforas.surchargeant trois des quatre charsagencés verticalement. Le relevé àl'encre de cette paroi gravée estreproduit sur la Fig. Bd, n. 4Z à 50.

SAIIARA 1712006 Dupuy 39

Fig.5. Les zones hachurées donnentla répartition sommaire desfigurations de chars à timon simpleet roues à rais (d'après G. Camps,1993, modifré) et les triangles lalocalisation des entrelacs représentésdans les peintures et les gravures duSahara (réductions différentessuivant les figures).Sources'. l: Dupuy, 1991;2 et 3: T?ost, 1981 et 1997;4: Blaise,1956; 5: Lhote, 1985; 6: Kunz, 7982;7: Hachid, 1993; 8: Simoneau, 1971;9: Stèles gravées en champlevéprovenant des tombes à fosse ducercle A de Mycènes. (Dessins d'aprèsIes photos présentées dans diverscatalogues d'exposition)

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té nous est suggérée, en premier lieu, par des motifs à base de courbeset contre-courbes souvent liées à des spirales, signes complexes appelés"entrelacs" que I'on retrouve peints et gravés en quelques exemplairessur des rochers à I'air libre dans le Sahara du Nord, au centre du Saha-ra et, plus au sud, jusque dans I'Adrar des Iforas (Fig. 5). Plusieurs deces signes apparaissent à côté ou à proximité de chars attelés ou déte-lés. Leur forme complexe conjuguée à leur nombre restreint en touslieux, jouent en faveur d'une proximité chronologique. Il devient alorsimportant de noter que des motifs semblables furent gravés en cham-plevé aux côtés de biges sur trois stèles funéraires des tombes à fossedu cercle A de Mycènes datées du 16" siècle av. J.-C. IJne source d'inspi-ration commune pour les entrelacs sahariens et ces signes curviligneségéens est envisageable dès lors que l'on accorde quelque importanceaux échanges commerciaux et culturels qui s'établissaient, vers le mi-lieu du 2" millénaire av. J.-C., entre Libyens et Egéens sur Ie littoral deMarmarique. Ce fait est attesté depuis peu par les vestiges mobiliersmis au jour sur l'île de Bates au large de Marsa Matrouh (White, 1986et 1989). Ces découvertes s'accordent avec les textes et l'iconographiedu Nouvel Empire égyptien faisant état, au cours des 13"-12" siècles av.J.-C., de coalitions de Libyens, Egéens et autres peuples de Méditerra-

40 SATIARA1T/2006 Dupuv

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Fig. 6. Contexte iconographique deréalisation des trois gYavures debæufs à bosse représentées au nord-ouest de l'Adrar des Iforas et repéréespar un triangle sur les relevés àl'encre. On notera que le char n' 5 dela station de Trist (voir la fig. 3a)participe de ce contexte.

née, Iesquelles coalitions affrontèrent à plusieurs reprises I'armée deMerenptah puis de Ramsès III. Les chroniques de guerre précisent lenombre de chars et de chevaux que perdirent les Libyens à l'issue dedeux de ces batailles. Lhypothèse selon laquelle la présence de chars etd'entrelacs dans le nord de l'Afrique serait liée à une transmission deproche en proche de quelques éléments culturels qui filtraient de ces re-lations entre Libyens et Egéens sur le littoral de Marmarique, apparaîtd'autant plus crédible que les thèmes animaliers développés dans I'artrupestre du Sahara à l'époque des chars témoignent de biotopes encoresuffisamment humides pour permettre la survie des espèces de la gran-de faune sauvage (rhinocéros, éléphants, girafes), l'éIevage des taurinset, corrélativement, des densités de peuplement plus élevées qu'aujour-d'hui. Dans ce contexte, les traditions culturelles des groupes en pré-sence devaient s'influencer réciproquement et les biens valorisés parcertaines communautés attiser la convoitise des communautés voisines.Ainsi pouvaient se transmettre rapidement, du littoral de Méditerranéeorientale jusque dans l'Adrar des Iforas, Ie nomadisme pastoral aidant,des objets de prestige et des motifs à forte charge s;'rnbolique au rangdesquels purent frgurer dès le milieu du 2' millénaire av. J.-C. deschars à simple timon et des entrelacs.

D'autres données étayent cette hypothèse de relations à grande dis-tance. Ainsi en va-t-il de trois représentations de bæufs à bosse gravéesdans lAdrar des Iforas à l'époque des personnages anx silhouettes ren-dues filiformes que I'on peut considérer comme au moins partiellementcontemporaine des chars grâce à de multiples recoupements iconogra-phiques (Fig. 6 et Dupuy, 2005). Rappelons que les plus anciens docu-ments témoignant de la présence de bceufs à bosse en Afrique provien-nent de la Vallée du Nil égyptienne et se rapporbent au 16" siècle av. J.-C.,soit à l'époque de l'utilisation des premiers chars. Il s'agit de sculp-tures et de gravures de zébus (Bos indicus) originaires des Pays du Le-vant. Que les bæufs à bosse représentés dans l'art rupestre de l'Adrardes Iforas soient affiliés aux zébus apparus dans la Vallée du Nil aucours du 2" millénaire av. J.-C. apparaît crédible au regard de I'aire de

SAIIAR.A.1712006 Dupuy 41

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répartition des chars et des entrelacs sahariens qui plaide en faveurd'emprunts conceptuels et d'une circulation de biens de prestige à gran-de distance selon cette direction eénérale.

_ A cette même époque, les tràditions et les croyances de Méditerra-née occidentale semblent aussi avoir interféré avec celles en vigueurdans le nord de l'Afrique. cette idée nous est suggérée par les Jvalesbi-ponctués que I'on rètrouve gravés dans i'Adraiîes Ifàras au voisi-nage immédiat de chars (Dupuy & searight, 2005; 100) et, plus iarge-ment, s_ur 11 majeure partie de I'aire géographique dérimitée par les"fi-gures de chars (Fig. 7). ces motifJ ofirent de troublantes ressem-blances non seulement avec quelques statuettes et figurines humainesdu sahara algérien et quelques gravures du Haut Âti"r, mais aussiavec les uidoles dioculées" de I'Europe sud-occidentale, sculptées etg.tgy9q.. dans de_ la pierre ou de I'os au cours d'une période ailant duNéolithique frnal au plein Age du bronze (Fig. 8). Dans I'Adrar des Ifo-ras, I'un de ces motifs a la particularité de s{nscrire dans un u dont labranche. montante gauche se termine par un appendice en forme decroc-het â deux pointes opposées (FiS. 9). Cette excroissance ne va passans évoquer le profil des haches peltes munies de lames en croissàntassemblées- par leur milieu à des manches coud.és. ce type de hachefait partie de la panoplie des armes en cuivre et en bronzé prisées dans

Fig.7. Secteurs où des ovalesbi-ponctués se trouvent gravés surdes rochers à ciel ouvert. Tlented'entre eux parmi la cinquantaineactuellement connue sont donnéspour exemple (réductions différentessuivant les figures). On notera quetoutes ces gravures slnscrivent dansl'aire de répartition délimitée par lesfigures de chars (voir la fig. 5).Sources: 1 à 5: Ahaggar, Ttost, 1981et 1997 ; 6 et 7: Tassili-n-Ajjer ,Lhote, 7975, Ig76;8 et 9: Aratnat,Masy et Soleilhavoup, 2003;10 et 11l. Messah, Le Quellec, 1998 etrelevé d'après photo de B. Fouilleux;72 : Fezzan oriental, Ziegert, Ig67 ;1 3 : Sahara atlantique,Almagro,l97l; 14 à 24: Adrar des lforas,Dupuy, 799L;25 et 26: Djado, Vedl',1962;27 à 30: Sud marocain. Garcin.2004 et Wolff, 1997.

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HAUT ATLA.SStatuettes et figurine anthropomorphes

du Sahara algérien

Ies pays riverains de la Méditerranée occidentale au cours des 3"-2e mil-lénàires av. J.-C. (Fig. 10). À suppor"t que ces correspondances ne relè-vent pas du hasard, l'ovale bi-ponctué de lâdrar des Iforas attenant à laprésumée hache pelte, peut être identifié à un anthropomorphe, fruitd'une simplification poussée à I'extrême, à I'image des "idoles dioculées"de Méditerranée occidentale: les deux cupules pourraient rendre comptede ses yeux ou des cavités oculaires d'un masque, I'arceau en partie bas-se souligner sa bouche ou une ouverture buccale aménagée dans lemasque tandis que le U symboliserait ses deux bras dressés.

Je ne reviendrai pas ici sur la centaine de signes curvilignes gra-vés à Issamadanen dans l'Adrar des Iforas parmi lesquels certains se

Fig.8. Idoles à "tête de chouette"de la Méditerranée occidentale et duSahara données à type d'exemples(réductions différentes suivant lesfigures).Sources: -1:Stèle de Crato (Almagro,1966);2: Statuette de Quinta(Oliveira, 1993); 3: Statuette deSierra de Moron (Guilaine, 1994);4: Tablette de pierre gravée enbas-relief de Montemor-o-Novo;5: Gravure peinte de la Pena tu;6; Peinture de l'abri de Callejon delReboso del Chorrillo; 7: Stèle deLauris-Puyvert; 8: Statue-menhir deSaint-Sernin-sur-Rance ;I et 10: Statues-menhir dePontevecchio (de 4 à 10 d'aprèsAbelanet, 1986): 11 et 12: Gravuresrupestres de Sellero; 73: Gravurerupestre de Luine (de 11 à 13 d'aprèsRiba, 1984); -14: Gravures rupestresduYagour; 15 et 16: Gravuresrupestres de I'Oukaimeden (de 14 à16 d'après Rodrigue, 1999);7 7: Statuette de I'Oua-n-Sidi;18: Statuette de l'erg Isaouane-n-Irarraren; 19: Statuette de Tabelbalet(de 17 à 19 d'après Camps-Fabrer,19 66); 2 0 : Figurine de I'Oua-n-Amidi(Soleilhavoup, 1993.t.

Fig.9. Ovale bi-ponctué gravé àIssamadanen dans l'Adrar des Iforas.On peut voir dans cette gravure lafigure schématique d'un anthropo-morphe brandissant à bout de brasun objet muni d'une lame en croissantassemblée par son milieu à unmanche coudé (probablement unehache pelte). (Photo et dessin Dupuy)t |3

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Fig. 10. Haches munies de lamesen croissant et armes métalliques dudébut de l'Âge des métaux figuréesdans les régions occidentales descontinents africain et européen(réductions différentes suivant jesfrgures).Sources'. /: Almagro, 1971;2 et 3: Simoneau, 7977; 4: Wolff,7978-79;5: Malhomme, 1959, 1961;6: Rodrigue, 799I;7: Jodin, 1966;8: Almagro, 1966; 9: Dupuy, 1994;10 à 12:Lutz,1995;13 à 16: Dupuy,1994;17: Pell icier &Acosta, 1972;18 à21: Malhomme, 1959, 1961;22 à31: Chenorkian. 1988.

trouvent associés à des frgures de chars tandis que d'autres sont oblité-rés par des gral'ures de porteurs de lance. Ces signes offrent de trou-blantes affinités avec ceux réalisés à Imaoun dansle sud du Maroc (onse reportera pour plus de détails à Dupuy & Searight,2005), et, plusloin, avec ceux de la vallée du Tage et de Galice dàtable du chatcoli-thique et de1âge du bronze ibériques. Ces observations ajoutées aux fi-gures d'"idoles dioculées" présentées ci-dessus engagenf à rapprochersur un plan culturel les régions les plus occidentales des continentsafricain et européen. Je rappellerai également que c'est dans cette at-mosphère iconographique que s'inscrivent les premières représenta-tions d'objets coudés à lame métallique dans l'Adrar des IforaÀ (Dupuyet aL.,2007-2002); ce qui suggère par là même que la circulation du mé-tal etlou l'apparition de la métallurgie dans le Sud du Sahara, à l'instarde celles des chars à timon unique, procède de relations lointaines avecles p_ays de Méditerranée associées à de multiples innovations plutôtque d'inventions locales au sein de mondes clos.

Parmi les autres gravures de I'Adrar des Iforas riches d'enseigne-ment pou-r notre propos, se trouve un motif à quatre tentacules mar-quées à chaque extrémité d'une cupule (Fig. 11). A ces quatre cupulesterminales s'en ajoutent cinq autres plus centrales: I'une est placée aucceur même de la "pieuvreo, les quatre restantes étant disposées à

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équidistance entre les tentacules. Des gravures en tous points iden-tiques, appelées <roses camuniennes) ou (roses celtiques", ont été re-levées dans Ie Valcamonica (chaîne montagneuse située au nord-estde Milan) aux côtés d'"idoles dioculées" mais aussi de hallebardes etde couteaux caractéristiques du Bronze ancien italique daté de 1800 à1400 av. J.-C. (Fig. 8 et 10). Ces gravures très particulières consti-tuent un indice supplémentaire en faveur de I'ouverture du Saharaaux mondes anciens des Métaux de Méditerranée, et ici plus particu-Iièrement de la Péninsule italique. II est d'autant plus difficile de voirdans ces similitudes le fruit du hasard que le motif tétra-tentaculairede l'Adrar des Iforas est associé à deux cruciformes inscrits dans unréseau de lignes courbes épousant leur contour. Or, des gravures demême type et de même complexité et que I'on peut supposer parconséquent de même inspiration, sont présentes dans trois régions sa-hariennes où la présence de figures de chars est avérée, à savoir àl'ouest de I'Aïr, dans l'Ahaggar central et dans le Sud du Maroc (Fig.11). A cela il faut ajouter que les chars réunis par paire, l'un devantI'autre, gravés sur la dalle oblique d'Imeden dans I'Adrar des Iforas,ont des équivalences en bordure de I'Adrar mauritanien (Vernet 1993:318), au sud-est du Maroc (Meunié & Allain, 1956: 63) et, en peinture,dans Ia Tassili-n-Ajjer (Lajoux,1962:183). La vaste répartition de cesmotifs particuliers que sont les cruciformes et les files de chars, étayeun peu plus l'hypothèse de communautés sahariennes qui, malgréleur éloignement, se côtoyaient et qui, simultanément, étaient sen-sibles, voire contribuaient, aux traditions et aux croyances des Paysméditerranéens de l'Age du bronze.

D'autres données conduisent à préciser l'époque de I'introductiondes premiers chevaux dans I'Adrar des Iforas et viennent, en retour,corroborer cette chronologie. Ces données ont été enregistrées dansI'Aïr (massif situé sur le territoire du Niger sensiblement aux mêmeslatitudes que lâdrar des Iforas) et, plus précisément, sur le site archéo-logique d'Iwelen comprenant une aire d'habitats, des gravures ru-pestres et des sépultures monumentales. J.-P. Roset (1988) a découvertau sein même des habitats, trois pointes de lance en cuivre. Les arma-tures mises au jour sont identiques à celles des lances gravées sur les

Fig. L7. Motifs tétra-tentaculaireset cruciformes. 7 et 2: Adrar desIforas (photos Dupuy); 3: Valcamonica(d'après photo de D. Riba, 1984);4 et 5: Abaggar (Tîost, 1981 et 1997);6: Aïr (d'après photo d'E. Bernus,inédit); 7: Sud marocain (d'aprèsphoto de S. Searight, 1996).

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Fig. 72. Exemples de chars à plate-forme rectangulaire avec les deuxangles avant parfois arrondis.Tous les exemplaires sont dépourvusde caisse et de rambarde.Peintures;1: Oued Imirhou, Tassili-n-Ajjer(Kunz, 1982);2: Site de Tabarakkat,Tassili-n-Ajjer (Orloff, 1982); 3: Abride Ti-n-Hanakaten, Tassili-n-Ajjer(Aumassip, 1982);4: Oued Beridj ouOued Wan Tabarakat, Tadrartalgérienne (Muzzolini et al., L995,Striedter & Tauveron, 1996)Grauures:5: Wâdi Ti-n-Iblal, Messak (Gauthier& Gauthier, 1998-99);6: Oued Lar'ar,Atlas Sud oranais (Lhote, 1967-62);7:Azib n'Ikkis, Massif duYagour,HautAtlas (Malhomme, 1959, 1961;Rodrigue, 1999); 8 et 9: Aouineght,Zemmour mauritanien (Monod &Cauneille, L95I); 1 0 : Ikhf N'ouaroun,Sud marocain (Wolff, 1976);11: Adarmolen, vallée de Taghlit,Adrar des Iforas (voir frg. 3f, n" 72);12: Gouret,Aïr (Lhote, 1982).

rochers avoisinants. Ces lances sont tenues par des personnages repré-sentés de face selon des conventions que l'on retrouve appliquées à diffé-rents endroits dans I'Aïr et dans I'Adrar des Iforas (Dupuy, 1998). Lesmultiples affinités qui s'établissent entre I'art rupestre de ces deux mas-sifs voisins du Sahara méridional riches en gravures de porteurs de lan-ce et associées, par endroit, à quelques représentations de chevaux et dechars, engagent à dater ces expressions du 1"'millénaire av. J.-C. OrI'art rupestre de lAdrar des lforas nous fait estimer les premières repré-sentations de chars plus anciennes que celles de porteurs de lance et dechevaux; ce qui indirectement nous conduit de nouveau à situer l'appari-tion du char à ces latitudes dans le 2" millénaire av. J.-C., sans aller tou-tefois au-delà du 16e siècle av. J.-C., siècle à parbir duquel a pu se ré-pandre rapidement en terre africaine, comme précisé plus haut, I'usagedu char léger à timon unique et favoliser dans lâdrar des Iforas un cul-te particulier Iié à son introduction. A la suite de quoi facteurs humainset facteurs naturels vont se conjuguer, au cours du 1"" millénaire av. J.-C., en une relation de cause à effet qui va conduire les graveurs du Sa-hara méridional à valoriser dans leur art les éléments d'apparat, le portde la lance à pointe métallique et quelques prouesses masculines aurang desquelles la conduite de biges et la chasse au gros gibier.

Des charrons en actiuité dans le Nord de I'AfriqueLes chars à plate-formes rectangulaires plaeées devant les essieux quel'on retrouve gtavés dans l'Adrar des Iforas ont leur équivalence enpeinture dans les massifs du Sahara central et en gravure dans l'Atlassud-oranais, le Haut Atlas marocain, le Sahara atlantique, le Fezzan etI'Aïr (Fig. 12). Les peintures les plus détaillées montrent que les plate-formes de ces chars étaient laissées nues contrairement à celles des

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autres véhicules en usage au cours du 2" millénaire av. J.-C. autour duBassin oriental de Méditerranée qui, elles, étaient équipées de garde-corps du type caisse, rambarde ou tablier vertical. D'autres différencess'observent. Les plate-formes des chars du Proche-Orient et de l'Égéeétaient centrées sur l'essieu à la différence de celles de la plupart deschars africains qui étaient supportées par les timons. Les premièrespermettaient une traction par le poitrail alors que les secondes, par ledéséquilibre avant des véhicules que provoquait leur position plusavancée, étaient adaptées pour une traction par les épaules au moyend'un joug de garrot comme cela est documenté dans Ia Vallée du Nil, oupar Ia tête à l'aide d'une barre placée sous la gorge des chevaux, proba-blement reliée à un harnais semblable au licol d'écurie, comme le sug-gèrent quelques représentations peintes dans la Tassili-n-Ajjer. Lieffica-cité du système saharien pour le dressage et le guidage à I'attelage dedeux, trois ou quatre chevaux de front, a été prouvée par J. Spruytte(L977, 1996) à partir de multiples expérimentations. S'y adjoignaitl'utilisation de rênes libres allant directement des mains des cochers àla bouche des chevaux. Les auriges églptiens, eux, faisaient passerleurs guides dans des anneaux fixés sur les jougs d'encolures qui, delà,rejoignaient la bouche des équidés. Cette originalité des chars et des at-telages nord-africains fait soupçonner I'existence d'ateliers de charronsà I'ouest de la vallée du Nil en des lieux qui restent à découvrir. La vas-te aire géographique délimitée par les représentations de chars à plate-forme rectangulaire montre que la demande provenait de divers hori-zons. Parmi les communautés sahariennes impliquées dans ce commer-ce, figurait celle de lâdrar des Iforas qui vouait un culte particulier àces engins roulants de conception vraisemblablement africaine.

D'autres types de véhicules furent représentés çà et là sur le quartnord-ouest du continent: chars à timons ou à brancards multiples équi-pés de jougs simples ou doubles et de plate-formes aux architecturesvariées, le tout pour servir d'attelage à deux, trois ou quatre chevauxde front, chariots à quatre roues. La communauté de lAdrar des lforassemble avoir ignoré ces types de véhicules de même que I'attelage entrige et quadrige avéré dès le début du 1"" millénaire av. J.-C. à Chypre,au Proche-Orient et dont les circonstances d'apparition dans le Nord deI'Afrique restent énigmatiques. On sait seulement, grâce à un texted'Hérodote du 5" siècle av. J.-C., que la maîtrise des Libyens dans laconduite en quadrige était telle qu'ils I'enseignaient aux Grecs.

Quelques réuisions nécessaires in fineDepuis l'époque de leurs premiers relevés dans les années 1930, lesreprésentations peintes et gravées de chars dans Ie Nord de l'Afriquen'ont cessé d'intriguer la communauté scientifique. Plusieurs syn-thèses leur ont été consacrées. La dernière en date, celle de GabrielCamps (1993), reste une référence en la matière. L'apport d'H. Lhotedans ce domaine est également considérable. En plus de multiples dé-couvertes et publications, on doit à cet auteur, à partir des années1950, I'adoption d'une terminologie sur laquelle il y a lieu de revenir.S'appuyant sur les chroniques de guerre égyptiennes du Nouvel Em-pire et sur les textes d'Hérodote, H. Lhote est Ie premier chercheur àavoir lié les représentations de chars du Sahara à la mise en place deguerriers conquérants partis du sud-ouest de la Libye dont descen-draient les Touaregs. Ces rapprochements I'ont amené à qualifier I'artrupestre de l'époque des chars de "libyco-berbère" et à identifier sesauteurs à des "Libysns", voirê parfois aux "Libyens garamantes" duSud fezzanais à propos desquels Hérodote rapporte qu'ils pourchas-saient du haut de leurs chars attelés à quatre chevaux, des Ethio-piens troglodytes rapides à la course à pied... Ce scénario de migra-tion-conquête, outre le fait qu'il conditionne la terminologie, influenceaussi indirectement la chronologie. Partant du principe que Ies fi-gures de chars les plus proches du berceau culturel fezzanais ont étéréalisées bien avant celles qui en sont éloignées, H. Lhote et nombred'auteurs à sa suite attribuent aux représentations peintes de charsdu Sahara central une plus haute antiquité qu'à celles gravées du Sa-hara méridional. Un postulat est parfois encore utilisé à l'appui de cet-te thèse: le postulat selon lequel I'art préhistorique évoluerait irrémé-

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diablement du réalisme vers des niveaux d'abstractions de plus en plusélevés, induisant des représentations schématiques et des compositionsstéréotypées. Sur la foi de quoi, les peintures d'attelage du Sahara cen-tral parce que souvent détaillées: sont jugées nécessairement plus an-ciennes que les gravures de chars du Sahara méridional, objet d'uneschématisation parfois très poussée.

Les données versées à ce dossier contrarient ces idées reçues. Laprésence d'entrelacs tant dans les peintures du Sahara central del'époque des chars que dans les gravures de l'Adrar des lforas, joue enfaveur de la contemporanéité de ces expressions aussi différentessoient-elles sur le plan formel. La motivation des graveurs de I'Adrardes Iforas permet d'expliquer le caractère schématique de I'art rupestrerégional sans qu'il soit nécessaire de faire appel à une prétendue déca-dence de I'art en fonction du temps. Ici, I'association de deux cercles àtrois droites perpendiculaires était en soi suffisante pour qu'une figurede char remplisse sa fonction religieuse. Les préoccupations despeintres du Sahara central étaient certainement tout autre puisqueceux-ci, à la différence des graveurs de lAdrar des Iforas, se plaisaientà représenter en abris sous-roche, selon des conventions plutôt bienétablies, des cochers guidant, rênes en main et du haut de leur véhicu-le, des chevaux lancés au galop. Peut-être les artistes cherchaient-ilsainsi à valoriser par l'image quelques exploits de la classe dominantedu moment ou à illustrer quelques séquences clés des mythes etcroyances en vigueur dans leur société? Quel qu'ait été le sens précis deces manifestations artistiques, les différences multiples qui se jouententre ces arts rupestres rendent difficile de soutenir plus longtemps iathèse d'une migration-conquête en utilisant pour seul argument la pré-sence de figures de chars dans les gravures de I'Adrar des Iforas etdans les peintures du Sahara central. Ce qui, en conséquence, devraitencourager à I'abandon rapide des termes .libyco-berbère, et "libyen"utilisés pour rendre compte d'une histoire a.ujourd'hui à revoir.

Si elle ne valide pas le scénario migratoire élaboré par H. Lhote,l'iconographie de I'Adrar des Iforas n'en demeure pas moins riched'enseignements sur le plan historique. Nous avons vu que, dans cetterégion, les réalisations des figures de chars et d'entrelacs sont aumoins en partie contemporaines de celles d'objets à lame métallique,de bceufs à bosse, d'ovales bi-ponctués assimilables à des "idoies diocu-16ss", de cruciformes, de signes à base de cercles, sans oublier le signetétra-tentaculaire associé à neuf cupules. Ces motifs figuratifs et abs-traits constituent autant d'indices qui, au regard des données enregis-trées dans des régions plus septentrionales, plaident en faveur de latransmission de croyances et de la circulation de biens à grande dis-tance au cours du 2" millénaire av. J.-C. De plus, les chars à plate-for-me rectangulaire que I'on retrouve figurés dans I'Adrar des Iforas etplus largement sur le quart nord-ouest du continent africain, suggè-rent, de par leur originalité, l'existence, à l'ouest de la Vallée du NiI,de charrons qui satisfaisaient à la demande de diverses communautés.Celles à tradition de peinture rupestre du Sahara central possédaientdes chevaux. Aussi peuvent-elles être qualifrées d'"équidiennes" etleur art rupestre de "caballin> pour suivre les recommandations ter-minologiques de G. Camps (1996). En revanche, ces termes ne peu-vent s'appliquer à I'art rupestre de I'Adrar des lforas de I'époque despremiers chars qui ignore le cheval jusqu'à la généralisation du portde la lance à pointe métallique au cours du 1"'millénaire av. J.-C. Dèslors, certains véhicules semblent avoir été attelés à deux chevaux defront pour servir au prestige de guerriers armés, parés et vêtus deleurs plus beaux atours. Faut-il voir dans ces gravures les signesavant-coureurs de l'avènement des royaumes ouest-africains ou bienle témoignage ténu de leur existence déjà réelle? Les vestiges maté-riels de la période des chars dans I'Adrar des lforas, malheureusementencore inconnus, pourraient apporter quelques éléments de réponse.En attendant, cette question est motivée par la remarquable statuairede terre cuite de la culture Nok qui s'exprime à cette époque au centredu Nigéria dans la basse vallée du Niger (Boullier et al., 2002-2003) etqui dénote un art savant de la céramique, sinon déjà un art de cour,tandis que, parallèlement, sont construits dans le Nord de l'Afrique,antérieurement aux premiers royaumes historiques des 3e-2" siècles

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av. J.-C., des tombeaux de dimensions considérables. Parmi ces monu-ments funéraires protohistoriques figurent le tertre de Sidi Slimaneau Maroc atlantique, la bazina à déambulatoire du Djebel Meimel enAlgérie orientale, et non loin de là le Médracen de la famille des bazi-nas cylindro-tronconiques (Camps, 1961). Ces éIéments, aussi épars etdisparates soient-i ls, encouragent à I 'approfondissement des re-cherches sur la période des chars africains. Gageons que cette histoiren'a pas fini de nous étonner et de nous interpeller.

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