Cartographie des services écosystémiques à partir des données de sciences citoyennes
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Cartographie des services écosystémiques à partir des données de sciences participatives et
citoyennes
Nolwenn Razer
Mémoire de première année de Master Gestion Territoriale du Développement Durable
Université Michel de Montaigne, Bordeaux3
2013-2014
Sous la direction de Laurent Couderchet et Matthieu Noucher
Responsables LPO-Aquitaine : Laurent Couzi et Ondine Filippi-Codaccioni
1
Remerciements
Je tiens à remercier mon maître de stage, Ondine Filippi-Codaccioni, chargée de
recherche LPO Aquitaine ainsi que Laurent Couzi, Directeur de la LPO Aquitaine, qui m’ont
fait confiance tout au long de ce stage en préservant mon esprit d’initiative, tout en restant
présent par leur soutien et leur aide précieuse. Je remercie également l’ensemble du personnel
de la LPO Aquitaine pour son accueil qui m’a permis de découvrir le milieu professionnel dans
la protection de l’environnement durant les discussions et à travers les moments passés sur le
terrain en dehors du stage.
J’adresse également mes remerciements à Messieurs Laurent Couderchet et
Matthieu Noucher qui ont su m’orienter durant la réalisation de ce stage en m’accompagnant
sur le volet universitaire et pédagogique. Un grand merci également à toute l’équipe
pédagogique du Master Gestion Territorial du Développement Durable qui m’a apporté les
clés de la réussite de ce travail durant les différents enseignements de l’année.
2
Sommaire
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 1
SOMMAIRE ............................................................................................................................. 2
INTRODUCTION .................................................................................................................... 3
I. CONTEXTE ET ANALYSE DE LA MISSION ............................................................ 6
I.1. Définitions et enjeux autour de la notion de service écosystémiques .................................. 6
I.2. L’outil cartographique........................................................................................................ 11
I.3. Les bases de données issues de sciences citoyennes et participatives ............................... 13
II. METHODOLOGIE : .................................................................................................. 17
II.1. Phase exploratoire ............................................................................................................. 17
II.2. Phase expérimentale ......................................................................................................... 26
II.3. Réalisation d’une partie « service écosystémiques » pour l’Atlas des Oiseaux Nicheurs
d’Aquitaine ............................................................................................................................... 52
III. LA CARTOGRAPHIE DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES A PARTIR DES
DONNEES DE SCIENCES CITOYENNES : DISCUSSIONS .......................................... 55
III.1. La cartographie des services écosystémiques à partir des données de sciences
citoyennes, un pari trop ambitieux ? ........................................................................................ 55
III.2. : La cartographie des services écosystémiques : un outil pour la mise en politique d’une
notion problématique. ............................................................................................................... 59
CONCLUSION ....................................................................................................................... 66
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 67
TABLE DES FIGURES ......................................................................................................... 69
BIBLIOGRAPHIE/SITOGRAPHIE .................................................................................... 71
ANNEXES ............................................................................................................................... 76
3
Introduction
Les services écosystémiques peuvent être perçus comme « les conditions et processus
par lesquels les écosystèmes naturels et les espèces qui les construisent soutiennent et
permettent la vie humaine » (Daily, 1997) ou définit comme étant les « biens et services que les
hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-
être » (MEA, 2005). Cette notion se développe de plus en plus cette dernière décennie, aussi
bien dans la sphère scientifique que politique (Barnaud et al., 2011 ; SERENA, 2010). De
nombreux projets se mettent donc en place autour de ce concept souvent considéré comme
allant de soi (Maris, 2014), bien que la notion soit encore le sujet de nombreuses incertitudes
(Barnaud, et al., 2011). Néanmoins, dans cette dynamique de prise en compte des services
écosystémiques dans la gestion de l’environnement, l’outil cartographique devient un
instrument majeur. C’est en effet un outil pour analyser, comprendre et communiquer
l’information (Le Fur, 2007). C’est une source de connaissance qui lui donne une place
importante dans le processus décisionnel. Dans cette logique, il est intéressant de prendre en
compte les données issues des sciences participatives et citoyennes. En effet, la communication
autour des programmes de ce type se développent de plus en plus (Mathieu, 2012).
L’accumulation importante de données permet d’obtenir des résultats significatifs permettant
une meilleure connaissance de la répartition et de l’évolution des espèces ainsi que la création
d’indicateurs de mise en évidence des phénomènes (Bœuf et al., 2012). Malgré certains biais
dû aux « effets observateurs », il est intéressant de se demander en quoi ces données peuvent
être utilisées dans une démarche de cartographie des services écosystémiques.
Dans quelle mesure est-il possible de réaliser une méthodologie pour la représentation
cartographique des services écosystémiques à partir des données issues de sciences citoyennes ?
La question est simple, pourtant elle en soulève une multitude d’autres : Comment cartographier
les services écosystémiques alors que la conception même que l’on peut s’en faire est
problématique et sujette à controverse ? Quel rôle peut-on attribuer aux données issues de
sciences citoyennes et participatives dans cette démarche? S’il s’avère possible de réaliser une
4
méthodologie cartographique des services écosystémiques, est-ce réellement pertinent d’un
point de vue « scientifique », « éthique » et « politique » ?
L’enjeu principal de ce travail réside dans la question suivante : En quoi la cartographie des
services écosystémiques à l’aide des données de sciences citoyennes permet de se questionner
à la fois sur des problèmes conceptuels (et politiques) portants sur la notion de services
écosystémiques, ainsi que celles de sciences citoyennes et sur la cartographie ? En effet, la
recherche d’une méthode de cartographie des services écosystémiques ne se limite pas en la
simple spatialisation d’un phénomène. Elle permet d’interroger la pertinence de la notion dans
la protection/gestion de l’environnement. La mobilisation des sciences participatives et
citoyennes quant à elle n’est pas une simple utilisation d’un jeu de données mais permet bien
de cerner les enjeux et les possibilités de ces sources d’informations, ainsi que d’en voir les
limites. Utiliser la cartographie pour un concept aussi problématique que les services
écosystémiques c’est interroger le pouvoir de la représentation cartographique, entre source
d’information et instrument de communication.
La mission sur laquelle repose tout ce travail consiste en la cartographie des services
écosystémiques à partir des données issues de sciences citoyennes et participatives. Le stage
s’est effectué à la LPO Aquitaine, association de protection de la nature.
Figure 1: Organigramme de la LPO Aquitaine
5
Par ses activités de protection des espèces, des espaces naturels et de sensibilisation,
éducation à l’environnement, la LPO peut prendre un rôle majeur dans la dynamique de
recherche autour des services écosystémiques. Ayant déjà développé des recherches autour de
la biodiversité en tant que richesse spécifique et relations d’interdépendances entre les espèces,
la LPO souhaitait aborder la biodiversité à travers les services qu’elle représente pour l’homme.
L’intérêt réside également dans l’utilisation de la base de données issue de sciences
citoyennes dont elle est gérante: Faune-Aquitaine. Cette plate-forme est destinée à la collecte,
l'organisation et la restitution synthétique des données d'observation de la faune dans la région
Aquitaine.
Après une partie concernant l’analyse de la mission autour de la définition et de la
contextualisation des termes de « services écosystémiques », « cartographie » et « sciences
citoyennes », la méthode sera présentée pour enfin proposer une vision critique de la mission
autour des limites de l’étude des services écosystémiques et de l’outil cartographique.
6
I. Contexte et analyse de la mission
Pourquoi cartographier les services écosystémiques à partir des sciences citoyennes et
participatives ? L’idée est ici d’effectuer une analyse de la mission proposée à partir de la
définition et de la contextualisation des thèmes abordés : Les services écosystémiques, la
cartographie et les sciences citoyennes et participatives. Cette analyse est déterminante pour
cerner les enjeux sous-jacents de l’intitulé du stage.
I.1. Définitions et enjeux autour de la notion de service écosystémiques
I.1.1. Présentation de la notion de services écosystémiques
a. Généalogie du concept
On peut remonter jusqu’à l’antiquité pour retracer l’histoire des services
écosystémiques. Si le terme n’était bien entendu pas encore présent, l’idée de « bienfaits » pour
l’homme pouvait être lue, notamment dans des textes de Platon (Serpantié et al. 2012). La suite
de l’histoire comporte des variations selon les époques, allant d’une prise en compte importante
de ces bienfaits à l’idée que l’Homme peut s’affranchir de la Nature. Après les années 1960, il
y a une véritable prise de conscience de l’impact des sociétés sur l’environnement. Cette prise
de conscience se développe alors au niveau mondial, considérant le fait que l’avenir de notre
environnement et la durabilité des activités socio-économiques sont conditionnés par le bon
fonctionnement des écosystèmes. On peut situer à deux moments les origines des services
écosystémiques (SERENA1, 2010) : le premier, dans les années 1970 dans le domaine de
l’écologie avec l’analyse de l’impact des activités humaines sur des processus biophysiques de
l’environnement et le second avec l’écologie de la conservation dans les années 90.
Le rapport de 1970, Rapport SCEP2 du MIT3 est le premier rapport scientifique à
mentionner la notion de « environmental services », notion qui composa le titre de l’un des
1 Le programme SERENA traite des enjeux liés à l’émergence de la notion de « service environnemental » dans
le domaine des politiques publiques concernant le milieu rural. D’une durée de 4 ans (2009-2012), il repose sur
une analyse comparative internationale (France, Costa-Rica et Madagascar) et mobilise environ 40 scientifiques,
essentiellement de sciences sociales, issus d’organismes de recherche français. 2 Study of critical environmental Problem 3 Massachusetts Institute of Technology
7
chapitres. C’est un rapport préparatoire à la première conférence des Nation Unies sur l’homme
et l’environnement de Stockholm en 1972. Il se caractérise par la compilation des données
scientifiques sur l’impact de l’homme sur l’environnement au niveau global et sur les éléments
qu’il reste à étudier. L'accent a été mis sur les problèmes environnementaux dont les effets sur
les systèmes écologiques sont si grands et fréquents qu'ils ont une portée mondiale. Ainsi,
l'étude portait principalement sur les effets de la pollution de l’environnement par l’homme.
La problématique soulevée concernait la dégradation possible de certains services
écosystémiques et la possibilité de leur remplacement. Néanmoins la question de la possibilité
de reproduction de ces services n’est pas posée. Ce rapport est donc une synthèse sur les
pollutions engendrées par l’homme au niveau global, mais aussi sur les écosystèmes. Il va plus
loin en exposant les pertes que cela peut engendrer pour l’homme. Une liste des services
environnementaux est créée mais aucune définition de la notion n’est donnée. Cet ouvrage est
considéré comme précurseur dans la reconnaissance des services rendus par les écosystèmes à
l’homme, dont la perte peut engendrer des coûts plus ou moins importants pour la poursuite
des activités anthropiques. Dès ce rapport, les services environnementaux sont mis en parallèles
à des valeurs économiques. S’en suivent diverses études sur le sujet avec, en 1977, Westman,
« How much are nature’s services worth ? », qui démontre l’importance économique des
services écosystémiques et montre comment il est possible d’orienter les choix d’aménagement
du territoire par certaines méthodes économiques, telles que l’évaluation des coûts de
restauration d’écosystèmes détruits. Il parle plutôt de « services de la nature ». En 1983 on
assiste à l’introduction de la notion de services des écosystèmes et en 1991 le lien entre
biodiversité et écosystèmes est explicité avec Ehrlich et Wilson qui font également référence
pour la première fois aux services écosystémiques comme légitimation de la conservation de
la biodiversité. Il faut retenir 1997 comme une date importante car elle est le marqueur de
l’émergence du concept de service écosystémique avec deux articles majeurs :
G.Daily, Nature’s services. Daily vient du domaine de l’écologie de la conservation
et est une ancienne étudiante de Paul Ehrlich. Dans ce livre, ce sont Ehrlich et
Mooney qui présentent en premier la notion d’ « ecosystem services »
Costanza et al., The value of the world’s écosystem services and natural capital.
Ces deux articles ont identifié et mesuré la nature et ses fonctions écologiques. Pour
Daily, le but était de déterminer une base pour la mesure de la dégradation des services rendus
par la nature à la société. Pour Costanza, l’objectif était de développer une approche
systématique des différentes dimensions et de souligner l’importance du capital naturel. Ce
8
n’est pas le premier à proposer une évaluation économique de la biodiversité dans le but de sa
préservation mais c’est l’article qui a eu le plus important retentissement médiatique et politique
(Serpentié et al. 2012 ; Teillac-Deschamps et Clavel, 2013)
Enfin, en 2005 a lieu une véritable dynamique autour de la notion avec le travail du MEA.
Le Millenium Ecosystem Assesment est un programme de travail international conçu comme
aide à la décision et ayant pour thématique les conséquences des changements que subissent
les écosystèmes sur le bien-être humain, ainsi que les possibilités de réagir à ces changements.
Ce programme a été initié par l’ONU au début des années 2000 et a duré 4 ans. Il est composé
de 1360 scientifiques issus de 95 pays et d’un conseil indépendant de 80 personnes chargées de
valider les résultats du programme. Le MEA s’inscrit dans une approche anthropocentrée (ou
ressourciste) de la biodiversité, visant à recenser et à quantifier les biens et services produits
par les écosystèmes qui ont un impact positif sur le bien-être humain. C’est une étude
multiscalaire et interdisciplinaire, principalement destinée aux décideurs politiques, cependant
opérée principalement par des scientifiques (Teillac-Deschamps et Clavel, 2013).
b. Définitions
La première définition de la notion de services écosystémiques est celle de Daily dans
Nature’s services en 1997. Les Services écosystémique sont perçus comme « les conditions
et processus par lesquels les écosystèmes naturels et les espèces qui les construisent
soutiennent et permettent la vie humaine ». On a une définition qui renvoie à divers courants
philosophiques et écologiques américains comme le préservationnisme qui défend la naturalité
et la beauté des paysage ou bien le conservationnisme pragmatique qui s’appuie sur l’intérêt de
l’Homme (Serpantié et al., 2012). En 2005, le MEA reformule une définition en considérant
alors que les services écosystémiques sont les « biens et services que les hommes peuvent
tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être ». On a
là une vision bien plus pragmatique que le propos de Daily, se rapprochant de la vision de
Costanza pour qui l’homme retire des biens et services à partir des fonctions des écosystèmes,
biens et services étant évaluables économiquement.
A travers les différentes définitions des services écosystémiques, on peut observer une
triple référence à l’écologie, à l’économie et à la culture, le social étant moins présent (Serpantié
et al. 2012). Son usage en conservation recouvre donc maintenant les sphères scientifiques,
biologiques, économiques et sociales (Teillac-Deschamps et Clavel, 2013).
9
Il est important de distinguer les biens écologiques, qui concernent tout ce que la nature
met à notre disposition (nourriture, matières premières, matériaux de constructions, etc.), des
fonctions écologiques, qui font références aux processus biologiques de fonctionnement et de
maintien de l'écosystème eux même différents des services écosystémiques. Le programme
SERENA note la distinction entre fonction et services : « les services sont les fonctions des
écosystèmes qui bénéficient à l’humanité comme support de vie ». Les liens entre ces trois
concepts sont complexes : chaque écosystème assure une diversité de fonction et chaque service
peut être issu de plusieurs fonctions écologiques provenant d’écosystèmes différents.
Le MEA a classé les services écosystémiques en quatre catégories : les services supports
qui sont nécessaires à la production de tous les autres services écosystémiques, les services de
régulations qui concernent les avantages obtenus à partir de l’auto-organisation des
écosystèmes, les services d’approvisionnement qui sont les produits, biens commercialisables
par l’exploitation des écosystèmes, les services culturels et sociaux qui correspondent à des
bénéfices immatériels issus des écosystèmes à travers l’enrichissement spirituel, le
développement cognitif, la réflexion, les loisirs et les expériences esthétiques.
Les services écosystémiques permettent de lier l’Homme et l’écosystème.
Figure 2: Schéma des relations entre Services Ecosystémiques, Hommes et Ecosystèmes
10
Les écosystèmes, par leurs fonctions écologiques, mettent à disposition de l’homme des
services écosystémiques. Puisque ces services ont un impact sur le bien être humain, les sociétés
se doivent de gérer durablement les écosystèmes qui en sont à l’origine. Cette gestion peut
passer par le cadre de la gouvernance adaptative, cette dernière pouvant être définie comme
l’ensemble des cadres institutionnels et politiques, conçus pour s’adapter à l’évolution des
relations entre la société et les écosystèmes de manière à maintenir les services écosystémiques.
Enfin, il est important de noter que les services écosystémiques renvoient à une vision
anthropocentrée de la nature pour l’Homme mais également à une vision de l’Homme sur la
nature puisqu’il n’existe pas de services écosystémiques indépendamment des sociétés
humaines, ces dernières les définissant.
I.1.2. Importance de la prise de position face à la notion de service
écosystémique
Depuis le Millenium ecosystem assesment, la notion de service écosystémique devient
le « concept clé des politiques de protection de la biodiversité » (Teillac-Deschamps et Clavel,
2013), un « enjeu géopolitique majeur » (Prévot-Julliard et Fleury, 2012). Il apparaît donc
intéressant de se positionner face à cette notion. En effet, le terme de service écosystémique
permet d’intégrer la biodiversité dans les discours stratégiques politiques et économiques des
sociétés et de prendre en compte l’aspect fonctionnel de la biodiversité (Prévot-Julliard et
Fleury, 2012). De plus, pour freiner d’avantage l’érosion de la biodiversité, il est nécessaire de
la valoriser. Les services écosystémiques peuvent être utilisés en ce sens, comme argument de
légitimation de la protection de l’environnement, un plaidoyer à l’usage des décideurs.
La volonté des écologues et le financement de la recherche sont certainement deux des
moteurs de l’appropriation de la notion de service écosystémique par les chercheurs (Teillac-
Deschamps et Clavel, 2013). L’enjeu du questionnement autour de ce sujet peut donc aussi être
une motivation financière. L’approche par les services permet de mobiliser de nouveaux acteurs
dans le financement d’études et d’actions en faveur de la préservation de la biodiversité,
financements variés et nombreux avec des montants élevés (Teillac-Deschamps et Clavel,
2013).
Enfin, le terme de service permet de considérer la biodiversité dans sa complexité
dynamique et d’intégrer le fonctionnement des sociétés humaines dans des systèmes socio-
écologiques (Prévot-Julliard et Fleury, 2012). En effet, la conservation doit œuvrer au
11
développement socioéconomique et écologique des régions (Teyssèdre et al., 2005) pour être
prise en compte. C’est l’approche proposée à travers la notion de service écosystémique. C’est
donc aussi un outil pour recréer le lien entre biodiversité et société.
I.2. L’outil cartographique
La mission proposée a pour principale ambition de tenter de cartographier les services
écosystémiques. L’usage de l'outil cartographique n’est pas anodin. En permettant la
spatialisation des phénomènes, il est à la foi un outil d’analyse, un outil de communication et
un outil d’aide à la décision qui permet d’apporter une plus-value et une certaine « crédibilité »
à la démarche.
I.2.1. Définitions et historique
La carte c’est avant tout la représentation d’un espace (Le Fur, 2007). C’est un outil
pour analyser, comprendre et communiquer l’information. C’est une source de connaissance.
La carte peut tenir différents rôles :
- Dans le processus d’analyse, elle intervient comme outil permettant la visualisation des
traitements de données et des modélisations dans les Systèmes d'Information
Géographique. Ces SIG peuvent être considérés comme un ensemble de données
repérées dans l’espace, structuré de façon à pouvoir en extraire commodément des
synthèses utiles à la décision. Ce sont des outils de gestion, d’analyse et d’affichage de
connaissances.
- Dans la présentation des résultats elle correspond à des documents finalisés, de synthèse
ou très ciblés, qui vont exprimer des enjeux ou introduire des débats à l’échelle d’un
territoire. L’image doit être construite, claire et efficace, pour informer la prise de
décision.
La carte est issue du domaine des experts. En effet, au XVIIe et XVIIIe siècles, on assiste
à l’essor des cartes topographiques. L’Armée et le corps de géomètres deviennent les
spécialistes de la cartographie au XIXe siècle. On a donc une faible application civile à
l’exception de quelques cartes administratives ou de plan de villes. Cette utilisation restreinte
durera jusqu’au siècle suivant où l’on assiste à l’apparition des cartes routières et touristiques.
Cependant, c’est avec la création des systèmes d’information géographiques que l’on va
observer la plus grande décentralisation. Dans les années 60, la question d’une cartographie
12
numérique émerge. Cependant, elle reste du domaine de l’Armée et des grandes agences
nationales de cartographie, puis, par la suite, les services techniques des grandes villes. Les SIG
restent donc encore du domaine des experts. Cela change dans les années 80 avec l’arrivée de
la micro-informatique qui va permettre l’opération d’une véritable décentralisation avec
l’adoption par les non spécialistes du domaine. La carte prend encore plus de valeur dans les
années 90 avec une valorisation grandissante de la représentation cartographique des
phénomènes. « L’image tend à s’imposer au centre des débats, en cristallisant les attentions et
en prenant une dimension politique » (Joliveau et al., 2013). C’est la valorisation de l’outil
cartographique comme instrument d’action publique. La carte prend encore une autre
dimension dans les années 2000 avec le développement de la cartographie par internet. Au
début, elle permet de favoriser la participation des citoyens aux débats et aux différents projets
en ayant alors le rôle de support à cette participation. Puis, progressivement, notamment avec
le développement du géoweb 2.0, la carte devient l’objet de la participation (Joliveau et al.
2013). En effet, cette évolution permet la participation de l’utilisateur au contenue même de la
cartographie. On assiste donc à une réelle ouverture de l’utilisation de cet outil, ce qui implique
de nouveaux enjeux et une autre portée de la carte à la fois comme moyen d’analyse et comme
représentation.
I.2.2. Pourquoi utiliser l’outil cartographique pour appréhender les
services écosystémiques ?
L’outil cartographique en tant qu’instrument de communication est très important
puisqu’on reconnait l’importance de la publicité des débats autour des questions
environnementales (Larrère, Larrère, 1997). Ainsi, l’utilisation de l’outil cartographique n’est
pas neutre et offre des possibilités importantes dans les analyses aussi bien que dans la diffusion
des résultats qui peuvent faciliter la gestion. C’est en effet un outil puissant dans la
communication et dans le processus décisionnel.
L’association de la cartographie aux services écosystémiques est très intéressante
puisque ces derniers sont spatialement explicites, c’est-à-dire qu’il s’agit de phénomènes
spatio-temporels qui possèdent une géographie propre. L’outil cartographique paraît donc
adapté à cette étude à travers les SIG, puisqu’on peut évaluer et quantifier des valeurs associées
à des services territorialisés. Il est en effet nécessaire de savoir où sont générés les services ainsi
que de savoir où ils sont reçus pour une compréhension et une gestion optimale. Le MEA
préconise le développement des approches permettant de quantifier et de spatialiser les services
13
écosystémiques afin de mettre en œuvre des pratiques et des politiques de gestion
environnementale plus adaptées. La cartographie des services écosystémiques apparaît ainsi
comme un outil majeur des espaces à forts enjeux environnementaux. En effet, un état des lieux
spatialisé peut permettre une distinction entre les zones qui comporte des risques et les zones à
fortes potentialités.
I.3. Les bases de données issues de sciences citoyennes et participatives
Le dernier point abordé dans l’intitulé du stage concerne les données de sciences
citoyennes. Là encore, les enjeux autour de cette notion sont très importants, les données de
sciences citoyennes et participatives offrant de nouvelles possibilités aussi bien du point de vue
de la disponibilité des données, des possibilités d’analyse des phénomènes mais aussi d’un point
de vue plus « politique » avec tout ce qui est lié au « pouvoir » de la donnée dans les rapports
entre les structures notamment.
I.3.1. Définitions
La participation des citoyens à la prospection ne date pas d’hier mais les expressions de
sciences participatives et citoyennes sont récentes (Boeuf et al., 2012 ; Mathieu, 2012). En effet,
la collecte d’information par des réseaux bénévoles est une pratique ancienne qui a perduré
même avec l’arrivée, à la fin du XIX, des organismes de recherches et des laboratoires. Alors
que la recherche devient une sphère à part, les « nouveaux » scientifiques sont pour la plupart
issus d’autres formations ce qui faisaient déjà d’eux des citoyens scientifiques (Mathieu, 2012).
Les données récoltées par les citoyens sont, à cette époque, encore difficilement utilisables
puisqu’elles sont parfois perdues, partielles ou bien correspondent à des méthodes personnelles
trop diverses pour être utilisables dans les études. C’est dans les années 1970 qu’on voit
apparaître pour la première fois le terme de « participatory research ». Ce développement a
touché la France surtout autour des années 1990. Les programme de sciences participatives et
citoyennes sont lancés par des associations de protection de la nature, des institutions de
recherche ou encore des organismes publics. Ces programmes ont également bénéficié d’une
nouvelle dynamique autour des progrès en informatique et du développement du web 2.0 (Cf.
I.2.1). En effet, la technologie du Web 2.0 a permis l’essor du « crowdsourcing » ou du citoyen
actif à la différence du citoyen passif, receveur de savoir. Elle a permis la démocratisation des
sciences participatives et, désormais, les échanges sont à double sens entre les chercheurs et les
citoyens. C’est le lieu privilégié de la collaboration entre experts et amateurs. Il est important
14
de distinguer les sciences
participatives des sciences citoyennes
afin d’éviter tout quiproquo dans la
suite du travail. Les sciences
participatives sont initiées par un
organisme scientifique qui a mis en
place un protocole pour la production
des données et leur interprétation.
C’est donc un partenariat entre un
partenaire « académique »
(Laboratoire, chercheurs, etc.) et un
partenaire de la société civile
(associations, etc.). L’objectif est de
produire des connaissances qui, à la fois constituent un réel intérêt scientifique pour le
chercheur et répondent également aux besoins du partenaire associatif. Lorsque le partenariat
est abouti, la participation des citoyens ne se limite pas à une consultation sur une thématique
précise où à une participation au recueil de données mais se pose en termes de co-construction
du projet de son commencement à son aboutissement. Les sciences citoyennes, quant à elles,
sont issues d’initiatives individuelles ou collectives de la sphère civile qui peuvent
éventuellement faire appel à une démarche scientifique pour le traitement des données. Les
données issues de Faune-Aquitaine dépendent plutôt de cette seconde définition puisque ce sont
avant tout des observateurs qui échangent leurs données à travers une base de données en
réseau, qui seront ensuite vérifiées par un comité bénévole (Cf. Annexe 1 : Fiche donnée Faune-
Aquitaine).
I.3.2. Enjeux autour de l’utilisation et de la mise en valeur de ces
données.
Les sciences participatives et citoyennes contribuent largement aux progrès des
recherches sur l’environnement et la biodiversité (Couvet et Teyssèdre, 2013). Elles apportent
en effet une plus-value dans la gestion de l’environnement.
Tout d’abord, sur un plan « pratique » elles permettent de nouvelles analyses. Des
connaissances pertinentes sur l’état de la biodiversité et, par conséquent, des services
écosystémiques mis à disposition, doivent être récoltés. Les citoyens peuvent fournir un nombre
Figure 3: Schéma du système des sciences participatives avec l’apport des technologies du Web 2.0
15
important d’observations nécessaires pour les études en venant en complément des projets
professionnels de surveillance. Les avantages de la mobilisation des sciences citoyennes et
participatives sont de trois ordres. (Couvet et al. 2008). Tout d’abord, l’avantage est financier,
le coût de la mobilisation des citoyens étant bien moindre que l’embauche d’un personnel
professionnel. Ensuite, il est possible d’obtenir une certaine résilience des systèmes de
surveillance, le réseau se maintenant et évoluant au cours des années. En effet, parfois, la
résilience est affaiblie par les changements dans les priorités de projets et de financement, risque
qui apparaît moindre dans le système de suivi à travers les observateurs volontaires. La
reconnaissance du citoyen pour ses observations est un point clé pour rendre durable le réseau.
Enfin, travailler à partir des sciences participatives et citoyennes c’est aussi garantir une certaine
légitimité sociale des résultats. Ce système oblige également le « scientifique » à produire des
indicateurs et des analyses compréhensibles par le public. L’acceptation des indicateurs par les
citoyens peut être alors un critère de choix. Les indicateurs et les scénarios basés sur les données
issues de type de dispositif peuvent entraîner une plus grande légitimité sociale et donc
influencer le processus décisionnel puisqu’une partie importante des citoyens génère
l’information et a conscience des méthodes de suivis de la biodiversité. La science citoyenne,
associée à un suivi scientifique pertinent et participatif allie la rigueur scientifique et la
compréhension sociale ce qui devrait faciliter l’adaptation sociétale des défis
environnementaux.
Ensuite, sur un plan « réflexif », « conceptuel », on peut souligner l’intérêt de lier ces
deux champs (services écosystémiques et sciences participatives) car cela permet de réfléchir
sur deux concepts qui montent en puissance. Leur association est donc très pertinente puisque,
par l’intermédiaire des sciences citoyennes et participatives, il est possible de sensibiliser et
d’offrir des supports de réflexion aux citoyens autour de la notion de services écosystémiques.
Enfin, sur un plan politique, on observe une augmentation du poids de la donnée
contributive face aux données institutionnelles. En effet, on assiste aujourd’hui à la montée en
puissances des initiatives contributives face à la faiblesse des moyens consacrés par les pouvoirs
publics à la récolte de l’information géographique (Amelot et al. 2014). Elles offrent des
relations de pouvoir différentes. Ces données peuvent être complémentaires ou concurrentes
des données « officielles » (Amelot et al. 2014). Ceci est très important pour une structure
associative comme la LPO. La donnée en elle-même est convoitée. C’est un objet « marchand »
même si, en ce qui concerne les données faune-aquitaine, aucune « vente » n’est possible
directement (sur les données). Mais, au-delà, l’analyse et l’utilisation de cette base de données
16
légitimise encore plus la structure autour de la question de gestion de l’environnement. Le
risque pour les pouvoirs publics semble être la crainte d’une perte de légitimité avec l’arrivée
de cette connaissance nouvelle (Amelot et al. 2014). Il est important de souligner le fait que
posséder la donnée est déjà un pas important, la mettre en valeur c’est aller encore au-delà.
La cartographie des services écosystémiques à partir des sciences participatives et citoyenne
n’est donc pas un sujet de stage neutre. Il existe de nombreux enjeux dans le positionnement
autour de la notion de service écosystémique, de l’utilisation de l’outil cartographique et des
données de sciences participatives et citoyennes. C’est ce qui en fait un sujet très intéressant
mais également complexe, d’autant plus que les travaux en la matière restent très marginaux.
L’objectif principal réside donc dans un travail de réflexions méthodologiques afin de répondre
à cet objectif au mieux.
17
II. Méthodologie :
Le travail peut se découper en plusieurs temps avec une phase « exploratoire » de recherches
bibliographiques, une phase « expérimentale » reposant sur la proposition d’indicateurs et de
méthodologies cartographiques et une première phase de « résultats » à travers le travail
effectué dans le cadre de l’Atlas des Oiseaux Nicheurs d’Aquitaine.
II.1. Phase exploratoire
II.1.1. Identification des services écosystémiques fournis par la faune
d’Aquitaine
Le premier temps de travail a été consacré essentiellement à des recherches
bibliographiques sur la notion de service écosystémique et sur l’écologie des espèces. L’idée
était de créer une première base de réflexion sur le lien entre les espèces présentes dans la base
de données Faune-Aquitaine et les services écosystémiques (Cf. Annexe 5 : Exemples de
services écosystémiques fournis par la faune sauvage selon les catégories du MEA). Pour
commencer un travail de cartographie, il était nécessaire d’identifier les services
écosystémiques fournis par les espèces. A l’aide d’un tableur regroupant les caractéristiques
des espèces, il a été possible de créer une liste de services qui pourraient servir de base à la
réflexion et à la mise en place de méthodologie de traitement des données et de cartographie.
L’idée est de créer une base de donnée sur chaque espèce, en entrant ses traits
fonctionnels (régime alimentaire, habitat préférentiel, etc.) et ses statuts de protection (Liste
Rouge, faune chassable, etc.) selon les quatre catégories du MEA (Cf. I.1.1.b).
A partir de ce travail, il a été possible d’identifier les services écosystémiques rendu par
la faune en Aquitaine. Des listes d’espèces ont ensuite été proposées par service à la structure
qui les a ajustées et validées.
18
II.1.2. Etat de l’art de la cartographie des services écosystémiques
Après avoir identifié quelques services pouvant servir de base pour la construction d’une
méthodologie de cartographie, il est intéressant et même nécessaire de regarder ce qui a été
produit dans cette dynamique. L’idée n’est pas de faire un inventaire de toutes les études
portant sur la cartographie des services écosystémiques, travail toutefois intéressant, mais trop
ambitieux pour le temps accordé. Nous pouvons donc nous appuyer sur trois études ayant déjà
analysé différents travaux : Martinez-Harms et Balvanera, 2012, Egoh et al. 2012 et Crossman
et al. 2013, la dernière reprenant les conclusions des deux premières.
Il semble bien que le travail principalement effectué autour de la cartographie des
services écosystémiques reste un travail de recherche méthodologique. En effet, aucune étude
ne semble valoir comme référence. C’est d’ailleurs un problème puisque la multiplication des
méthodologies révèle le besoin de méthodologie uniforme pour faciliter les comparaisons entre
sites (Crossman et al. 2013). C’est alors un travail de recherche nécessaire. De toute manière,
est-il possible de déterminer une méthodologie unique pour des services écosystémiques
dépendant très fortement de la société et de la culture dans laquelle ils sont pensés et analysés ?
Un autre problème qui semble peser sur ces différentes études réside dans le manque de clarté
sur les méthodologies employées pour la cartographie des services écosystémiques. Néanmoins
il est possible d’identifier certains points : les objectifs des études, les services écosystémiques
majoritairement cartographiés, les données utilisées et les échelles d’analyses. Le but est bien
d’identifier les tendances majeures de ce qui a été produit afin de regarder ce qu’il est possible
de réaliser et de les comparer par la suite à nos propres résultats.
- Objectifs :
L’argument majeur qui semble revenir pour la justification des travaux sur la
cartographie des services écosystémiques réside principalement dans l’apport de l’outil
cartographique (Cf. I.2.2). On a la domination d’une vision pratique de la carte, encore plus
soulignée dans les études ayant pour but de donner une valeur économique aux services
écosystémiques.
- Catégorie des services écosystémiques les plus souvent cartographiés :
La première catégorie de service la plus représentée correspond aux services de
régulations. Viennent en second les services d’approvisionnement, puis culturels et enfin
19
support. La catégorie régulation est dominante car semble être la plus simple a cartographier. Il
est possible d’interpréter l’ordre des deux suivantes en fonction de l’intérêt porté aux services,
l’approvisionnement étant directement lié aux problématiques économiques. La catégorie
culturelle est quant à elle difficilement identifiable puisque liée à des contextes socio-culturels
particuliers et à une valeur non marchande. Enfin, si les services supports sont les derniers
représentés. Cela est surement dû au fait qu’ils sont indirectement liés à l’homme. Pourtant,
comme nous avons pu le voir plus haut, ils sont la base de tous les autres et doivent donc tenir
une place importante dans les processus de gestion. Or, ce « désintérêt » qui semble apparaitre
illustre une des limites de la prise en compte des services écosystémiques dans la
protection/gestion de l’environnement.
- Services écosystémiques les plus souvent cartographiés :
Les services écosystémiques les plus souvent cartographiés sont la séquestration et le
stockage du carbone, la régulation du climat, la production alimentaire, les loisirs, la fourniture
en eau ainsi que la qualité de l’eau. Ce choix dépend de l’intérêt des porteurs de projets pour
ces services mais sûrement aussi de la disponibilité des données.
- Données utilisées dans la cartographie des services écosystémiques :
Les données utilisées sont majoritairement liées à la couverture terrestre, à l’utilisation
des sols, la topographie ainsi que, pour les services culturels et sociaux les résultats d’enquêtes
et d’entretiens. Pour les projets européens, CORINE Land Cover revient souvent aussi bien
pour déterminer les zones de production des services (écosystèmes : Forêt, zones humides, etc.)
et les zones d’utilisation des services grâce aux usages des terres (Zones agricoles, etc.). S’il
s’agit d’une base de données intéressante, elle est néanmoins trop réductrice de ce qu’est
l’écosystème. Pourtant il semble ne pas exister de référence complète reflétant réellement
l’intégralité des relations et des composants de ces systèmes. La difficulté dans l’utilisation de
la base de données CORINE Land Cover réside dans l’échelle d’analyse réalisable jusqu’à
l’échelle régionale, l’échelle locale ne pouvant être cartographiée de manière pertinente.
Comme nous l’avons souligné plus haut, il y a un manque de clarté quant au choix
méthodologiques adoptés dans les études. Il est donc très difficile de savoir si un service
écosystémique n’est pas cartographié en raison du fait qu’il est localement sans importance ou
parce que les données ne sont pas disponibles.
20
- Echelle de la cartographie :
Il est possible de trouver des cartographies des services écosystémiques à toutes les
échelles : mondiale, nationale, régionale, locale, la plus représentée étant l’échelle régionale,
suivie de l’echelle nationale.
- Méthodologies :
Les approches peuvent être classées en quatre catégories :
- L’approche par les écosystèmes : la méthodologie est basée sur l’identification des
zones de stocks de capital naturel associés à la disponibilité de services écosystémiques.
C’est la cartographie de la superficie et de la configuration spatiale de l’occupation du
sol (Espaces boisés, Zones humides, Cours d’eau, etc.). La cartographie est réalisée par
la délimitation spatiale des services écosystémiques suite à une typologie de
l’écosystème sélectionné. La carte nous renseigne sur la nature et la « force » du service
fourni à la source. L’occupation du sol peut être importante pour comprendre le type et
la valeur des services écosystémiques (Morse-jones et al.2011). Cette approche est
dominante dans les études.
- L’approche par les bénéficiaires : Il est également nécessaire d’identifier les endroits
où les avantages des services écosystémiques sont manifestes. La zone de bénéfice est
une zone qui peut bénéficier d’un service. Il faut également souligner l’importance de
la demande qui correspond à la somme de tous les biens et services écosystémiques
actuellement consommés ou utilisés dans un domaine particulier et sur une période de
temps donnée (Burkhard et al. 2012), zone d’utilisation effective du service. Par
exemple, il est intéressant dans ce cas de prendre en compte les chiffres de l’écotourisme
pour estimer le service écosystémique culturel autour de cette pratique.
- L’approche par les flux : Relier les services écosystémiques et le bien être humain
nécessite une identification des zones réceptrices. Certains services sont rendus in situ,
sur le lieu même de la production, tandis que d’autres se retrouvent en deux points
distincts. Dans un cadre décisionnel, une prise en compte partiel de ces flux pose
problème dû au risque d’une négligence de la conservation d’un écosystème éloigné de
la zone de bénéfice. Par exemple, les services fournis par un cours d’eau doivent être
pris en compte dès la source et non pas seulement sur le lieu de bénéfice. Au-delà, les
fonctions écologiques qui permettent le maintien d’autres fonctions qui mettent à
disposition un service écosystémique doivent elle aussi être prises en compte. Au fond,
21
c’est la difficulté de la prise en compte de services supports et des interrelations
naturelles.
- L’approche temporelle : La fourniture de services écosystémique est dynamique dans
le temps et dans l’espace. Comprendre les tendances est aussi cruciale pour une gestion
optimale.
- Indicateurs d’état et d’évolution des services écosystémiques :
Les indicateurs les plus souvent utilisés sont liés à l’utilisation des terres, à la répartition
et l’évolution de la végétation, ainsi que les indicateurs de nutriment. Le plus souvent, les
indicateurs utilisés sont des indicateurs primaires uniques à la carte, ce qui rend les
comparaisons difficiles.
Cette partie très synthétique sur les études réalisées autour de la cartographie des
services écosystémiques est intéressante pour comprendre la pluralité des approches et les
problèmes rencontrés comme par exemple la difficulté de la disponibilité des données. Aucune
référence à l’utilisation des données issues de sciences citoyennes ou participatives n’a été
relevée. C’est surement en cela que réside l’originalité du travail proposé ici.
II.1.3. Identification des outils, des données et de l’échelle
d’analyse utilisés lors du stage
En vue des études menées sur le sujet de la cartographie des services écosystémiques,
l’approche adoptée dans ce travail semble être originale. L’idée est bien de cartographier les
services écosystémiques mis à disposition par la faune sauvage. C’est donc une approche par
les espèces. Il s’agit d’effectuer une délimitation spatiale des services écosystémique liée à la
présence d’espèces sélectionnées. C’est donc une approche innovante par cette conception des
services écosystémiques mais également par les données mobilisées, issues de sciences
citoyennes.
22
Les outils :
- Références bibliographiques : les références bibliographiques seront une aide
indispensable à la détermination de critères à prendre en compte pour la création des
indicateurs, les représentations cartographiques, etc. Un outil important est le travail
réalisé sur la base de données et le comportement des contributeurs de Faune-Aquitaine
(Liger, 2013).
- Logiciels :
o Excel, Access, Xlstat : Ces trois logiciels sont utiles pour la manipulation d’un
important jeu de données et pour effectuer les calculs nécessaires pour les
indicateurs.
o Mapinfo, QGis : Ces deux logiciels ont été utilisés pour le travail sur SIG.
Les données :
- Données STOC4 : (Cf. Annexe 2 : Fiche données STOC)
L’utilisation des données STOC dans la méthodologie de cartographie des services
écosystémiques a été une piste envisagée. En effet, elles peuvent permettre d’effectuer des
analyses à partir de l’abondance relative des espèces. Elle porte sur le suivi des oiseaux
communs. Or ces derniers ont une place importante à jouer dans la dynamique autour des
services écosystémiques. En effet, ce groupe taxonomique est reconnu comme fournisseur de
nombreux services (Sekergogliu et al., 2004). Comme ils se situent à un niveau relativement
élevé dans la chaîne trophique, ils sont de bons bio-indicateurs pour l’ensemble de
l’écosystème. Du point de vue des services écosystémiques culturels, la « Faune de proximité »
est souvent bien connue du grand public et mobilise fortement les représentations sociales.
Enfin, ils peuvent être l’objet d’indicateur d’impact du changement climatique à travers l’étude
de l’effet sur les communautés avifaunistiques et des réponses de ces dernières aux
changements. Cependant, ce protocole nous renseigne surtout sur les espèces communes ce qui
présente un désavantage quant à la représentation des services qui nécessitent toutes les espèces,
rares comme communes. Dans les travaux présentés, aucun service considéré n’a pu être traité
à partir de ces données, les espèces sélectionnées n’étant pas toutes représentées. Cette
perspective a donc été laissée de côté au profit des données Faune Aquitaine, offrant plus de
possibilités sur le nombre d’espèces à prendre en compte malgré d’autres restrictions liées à la
dimension nettement moins protocolées que les données STOC.
4 Suivi Temporel des Oiseaux Communs
23
- Données Faune-Aquitaine : (Cf. Annexe 3: Fiche données Faune-Aquitaine).
Faune-Aquitaine est donc la base de données principale avec laquelle il nous est proposé de
travailler. Composée de données provenant des observations des citoyens volontaires, elle
organise les données et propose des restitutions synthétiques. Cette base comporte les données
de différents groupes taxonomiques: les Amphibiens, les Chiroptères, les Hyménoptères, les
Mammifères, les Mammifères marins, les Lépidoptères, les Odonates, les Oiseaux, les
Orthoptères, les Reptiles. Elle est très riche, précise et fiable puisque contrôlée par un comité
de validation. Même si Faune-Aquitaine et les données de sciences citoyennes en général sont
très intéressantes, elles posent néanmoins d’importants problèmes méthodologiques pour un
travail cartographique notamment. A partir de l’étude de Faune-Aquitaine, nous pouvons
relever des biais importants dans la base de données (Liger, 2013) liés à l’effort d’observation
qui entraîne un manque d’homogénéisation de la quantité d’information sur le territoire.
Ainsi, ce travail de cartographie des services écosystémique devra être réalisé en tenant
compte, dans ses conclusions, des problèmes de représentativité. C’est pourquoi un travail sur
la pression d’observation a été réalisé. Le but est de créer des cartes comparatives afin de
prendre en compte ce biais dans nos analyses.
Construction d’une carte de pression d’observation :
La principale caractéristique des données de sciences citoyennes correspond à la différence de
pression d’observation entre chaque unité spatiale choisie. Plusieurs paramètres peuvent être
pris en compte pour représenter la pression d’observation : le nombre de contributeurs, le
nombre de visite et le temps d’observation.
- Le nombre de contributeur est défini par le nombre d’observateur (Nom et Prénom) par
unité spatiale choisie. La carte des contributeurs par entité spatiale est relativement facile à
élaborer.
- Une visite est une donnée constituée d’un lieu (X ; Y) et d’une date. C’est une donnée
indépendante de ce qui est observé et du contributeur.
- Le temps d’observation est calculé à partir d’une estimation de temps par donnée, une
donnée étant composée d’une observation, d’un lieu, d’une date, d’une espèce et d’un
24
observateur. Ainsi, il s’agit de considérer uniquement les données « formulaires » et de calculer
un temps par visite, puisque seul ce type de donnée-là prend en compte la durée de
l’observation. A partir de là, il est possible de calculer une durée par donnée. Le résultat est de
4 min et 40 s en moyenne pour une donnée générée. Pour être plus précis et prendre en compte
les données ponctuelles, une division par deux semble un compromis réaliste : On considère
qu’il faut deux fois moins de temps pour générer une donnée ponctuelle qu’une donnée
formulaire. Le résultat final obtenu est de 2 min et 20 s par donnée. Cette moyenne générale
peut ensuite permettre d’estimer un temps d’observation par entité spatiale choisi. Cette
méthode est celle également choisie par le développeur du site Faune-Aquitaine pour calculer
la pression d’observation sur les mailles des différents territoires couverts par le système
Visionature.
Aucune différence majeure n’est à noter quant au résultat de ces trois cartes de pression
d’observation. La méthode du temps d’observation étant celle utilisée sur Faune-Aquitaine, il
apparaît intéressant de la reprendre pour faciliter les comparaisons éventuelles.
Figure 4: Pression d’observation par maille 10km X 10km
Forme de la distribution des données :
Graphique de fréquence
25
Figure 4: Pression d’observation par maille 2km X 2km
Ces cartes nous montre une similitude importante entre les zones les plus prospectées et les
zones les plus habitées (Unité urbaine de Bordeaux, Bassin d’Arcachon et Sud-Ouest de
l’Aquitaine notamment).
L’échelle : Si on prend en compte le fait que la biodiversité est un bien commun qui dépasse
les frontières, l’échelle internationale comme l’échelle locale sont pertinentes puisqu’elles
permettent d’aborder les enjeux de mutualisation des risques (Prévot-Julliard et Fleury, 2012).
En effet, des changements dans un écosystème d’une partie du monde ou d’un pays peuvent
avoir des répercussions sur différents autres territoires. Cependant, l’échelle locale est
également très importante puisqu’elle permet de définir des enjeux et des objectifs qui
permettant à tous de se sentir concernés.
Nous utiliserons l’échelle régionale de l’Aquitaine dans ce travail puisque c’est l’échelle
d’intervention de la LPO Aquitaine.
(Cf. Annexe 4 : Protocole de
réalisation des cartes de pression
d’observation)
Forme de la distribution des données :
Graphique de fréquence
26
II.2. Phase expérimentale
Comme dans tout travail cartographique, l’objectif est de trouver une méthode qui
déforme au minimum les données tout en gardant comme objectif principal de fournir une
cartographie facilement interprétable, représentative, permettant de mettre en évidence des
zones d’enjeux sur le territoire. Après avoir déterminé des indicateurs, différentes méthodes ont
été testées avec leurs avantages et leurs limites.
II.2.1. La richesse spécifique
a. Description
Les services écosystémiques mis à disposition par la faune peuvent être mesurés notamment
de deux manières : soit par l’abondance, soit par la diversité des espèces associés à des traits
fonctionnels nécessaires pour le service identifié. L’abondance ne peut être utilisée avec les
données Faune-Aquitaine. En effet, pour l’instant, il est difficile de faire des estimations
pertinentes compte tenu de l’hétérogénéité de la pression d’observation. Il s’agit donc de se
rapprocher dans un premier temps de la diversité spécifique. L’idée est de calculer, sur une
surface donnée le nombre d’espèces observées. Cet indicateur est sûrement l’indicateur le plus
simple que l’on puisse imaginer et offre l’avantage d’être très parlant.
b. Cartographie
Avant tout il est important de se poser la question du choix de la représentation. A l’aide
des fiches « représentation cartographique » (Annexe 7), et « discrétisation » (Annexe 6), il
nous est possible d’adopter les représentations les plus pertinentes.
Pour ce travail-ci, la représentation à la maille apparaît intéressante en vue du fait qu’elle permet
de s’affranchir des limites administratives.
Les représentations cartographiques suivantes montrent de manière réccurente le
problème du choix de la taille de la maille. En effet, la maille 2km X 2km semble encore trop
fine pour permettre une réelle distinction zonale. A l’exeption des vautours nécrophages
présents uniquement dans les Pyrénnées Atlantique, répartition liée à leur habitat très
spécifique, les cartes de la richesse spécifique des autres groupes d’espèces séléctionnés font
apparaitre des zonages similaires, proches de la pression d’observation. Il n’est pas possible de
27
faire ressortir des particularités géographiques. La maille 5km X 5km semble être plus
intéréssante puisque des différences ressortent d’une carte à l’autre. Le problème réside dans le
fait que cette maille n’est pas utilisée dans les travaux à la différence de la maille 2km X 2km
et 10km X 10km. Cette dernière me semble appropriée puisqu’elle permet de faire ressortir des
zones particulières selon les services. Puisqu’elle est la maille de référence des données utilisées
il est intéréssant de la conservée malgré le fait qu’elle soit un peu grossière. De plus, elle permet
de limiter au maximum les mailles non prospectées. L’avantage des données Faune-Aquitaine
réside dans le fait qu’étant très précises, elles permettent dêtre travaillées à une échelle très fine.
Pour l’Aquitaine, bien que cela soit possible, peut être faut-il attentre une meilleure prospection
pour pouvoir utiliser les données sur un maillage 2km X 2km de manière pertinente.
28
Figure 6: Diversité spécifique des prédateurs des
Chenilles processionnaires (Maille 10km X
10km)
Figure 5: Diversité spécifique des prédateurs des Chenilles processionnaires (Maille 2km X 2km)
Figure 7: Diversité spécifique des prédateurs des Chenilles processionnaires (Maille 5km X 5km)
29
Figure 8: Diversité spécifique des espèces
partiellement nécrophages (Maille 2km X 2km)
Figure 9: Diversité spécifique des espèces
partiellement nécrophages (Maille 10km X 10km)
Figure 10: Diversité spécifique des espèces partiellement nécrophages (Maille 5km X 5km)
30
Figure 11: Diversité spécifique des espèces
nécrophages spécialistes (Maille 2km X 2km)
Figure 12: Diversité spécifique des espèces
nécrophages spécialistes (Maille 10km X 10km)
Figure 13: Diversité spécifique des espèces nécrophages spécialistes (Maille 5km X 5km)
31
Figure 14: Diversité spécifique des prédateurs
des Culicidae (Maille 2km X 2km)
Figure 15: Diversité spécifique des prédateurs des Culicidae (Maille 10km X 10km)
Figure 16: Diversité spécifique des prédateurs des Culicidae (Maille 10km X 10km)
32
S’il est intéressant de comprendre la répartition géographique du service, il est
nécessaire de saisir les enjeux qui pèsent sur la durabilité de sa mise à disposition. Le paramètre
principal qui entre en compte dans cette perspective correspond à la vulnérabilité des espèces.
L’indicateur de vulnérabilité du service écosystémique peut être calculé à partir de la Liste
Rouge des espèces menacées au niveau national. Les tendances populationnelles5 auraient pu
être un outil également pertinent mais hélas, elles ne sont, en général pas disponibles pour toutes
les espèces.
Une note a été attribuée à chaque type de classement :
- CR : En danger critique (5)
- EN : En danger (4)
- VU : vulnérable (3)
- NT : Quasi menacée (2)
- LC : Préoccupation mineure (1)
A partir de là, une note globale de vulnérabilité du service est possible en effectuant la
moyenne du classement sur Liste Rouge des espèces sélectionnées. Il est également possible de
réaliser une carte de la vulnérabilité du service. Dans chaque maille la moyenne de la
vulnérabilité est calculée sur la diversité des espèces afin de s’affranchir du nombre d’espèce.
Ainsi, un polygone comprenant 3 espèces dont 2 classées en « EN » et une « NT » obtient une
vulnérabilité de 3,33 ((2x4) + (1x2) /3).
L’échelle de l’indicateur étant fixe, il est alors possible de se mettre d’accord sur un code
couleur identique pour tous les services traités :
V = 1 : Vert, (Non vulnérable)
1 < V < 2 : Jaune, (Vulnérabilité faible)
2 < V < 3 : Orange, (vulnérable)
3 < V < 4 : Rouge, (Menacé)
4 < V < 5 : Bordeaux, (En danger)
V = 5 : Noir, (Toutes les espèces qui permettent la mise à disposition du service sont en danger
critique)
5 Obtenues à partir du suivi STOC
33
Cette carte nous donne une idée de l’enjeu
qui pèse sur le service. Tout d’abord, sa
répartition est dépendante de l’habitat des
espèces sélectionnées et, par conséquent,
ici, est limitée. Le service est instable, deux
espèces considérées étant sur la Liste
Rouge (niveau nationale). En effet, le
Vautour fauve est le seul à être classé en
préoccupation mineure tandis que le
Vautour percnoptère et le Gypaète barbu
sont « en danger ».
c. Limites de la méthode
- L’indicateur de la richesse spécifique pour étudier les services écosystémiques est
intéressant mais peut être sujet à controverse. En effet, une diversité spécifique
importante ne signifie pas nécessairement la présence d’un nombre important
d’individus. Comme dans toute étude sur la biodiversité, l’indicateur d’abondance doit
être pris en compte pour une étude optimale. C’est encore plus le cas pour les services
écosystémiques. Si certains services comme le service de régulation des populations de
chenilles processionnaires par exemple ont un lien avec la richesse spécifique des
prédateurs du fait de leur complémentarité (Annexe 10 : Fiche service de régulation
naturelle des populations de chenilles processionnaires), il n’en reste pas moins que
d’autres services peuvent être mis à disposition par un nombre important d’individus
d’une même espèce (les services écosystémiques d’approvisionnement, par exemple,
dépendent d’une faible richesse spécifique). L’approche par la diversité spécifique doit
Figure 17: Carte de la vulnérabilité du service
d’équarrissage naturel par les vautours
nécrophages
34
également être interrogée face à la définition même des services écosystémiques (Cf.
III.1.1).
- L’indicateur de vulnérabilité à partir de la Liste Rouge est intéressant pour comprendre
les enjeux qui pèsent sur les espèces qui mettent à dispositions certains services
écosystémiques. Néanmoins, il est peu précis à l’échelle régionale, notamment en ce qui
concerne les oiseaux puisque c’est la Liste Rouge nationale qui est prise en compte,
n’étant pas encore crée à l’échelle régionale. Or, il existe des enjeux différents autour
des espèces entre la France et l’Aquitaine.
Lé répartition spécifique est fortement dépendante de la pression d’observation même si pour
certains exemples choisis, (prédateurs de la chenille processionnaire et vautours) elle est plutôt
bien estimée.
II.2.2. Indicateur de demande de service culturel : Etude du comportement
des contributeurs de Faune-Aquitaine
L’une des tâches décrites dans la mission de stage était d’utiliser les résultats du stage
précédent sur les contributeurs de la base de données Faune Aquitaine pour déterminer les
services culturels et sociaux fournis par les écosystèmes et pour les cartographier. Il est en effet
intéressant d’aborder la question des services écosystémiques culturels à partir du
comportement des contributeurs sur Faune Aquitaine. Le service considéré relève du « loisir
naturaliste », service récréatif et éducatif. Les services culturels ne sont pas aisés à quantifié
puisqu’ils sont les plus soumis au contexte social dans lequel ils s’inscrivent.
Le travail de l’an passé (Liger, 2013) a permis de mettre en évidence différents points. Tout
d’abord, la surreprésentation des milieux « marécageux » (« Zones humides » de Corine Land
Cover) et « artificiels » (« Zones artificialisées » de Corine Land Cover). Cela peut être un début
de réflexion. Ces milieux semblent être plus attractifs pour les contributeurs de Faune-Aquitaine
et, par conséquent, offrir un service culturel plus important que les autres, ou plutôt, les
contributeurs de Faune-Aquitaine accorderaient une valeur culturelle plus importante à ces
milieux. En effet le service écosystémique culturel est uniquement lié aux sociétés et à leur
rapport à l’environnement. Le travail de l’an passé a également mis en évidence l’attractivité
des zones protégées pour le loisir naturaliste. Enfin, le service rendu par la biodiversité de
proximité est intéressant puisque la tendance « casanière » des contributeurs a été soulignée.
35
Il s’agit ici d’aller plus loin, notamment en étudiant de manière plus approfondie
l’attractivité des milieux pour les contributeurs et les différences qui peuvent exister dans les
pratiques et donc « l’utilisation » du service écosystémique culturel considéré selon ces
observateurs de l’avifaune.
Pour calculer l’attractivité d’un milieu, il s’agit de prendre en compte la part des lieux
d’observations (X ; Y) situés dans les différents milieux (Corine Land Cover niveau 1) dans les
contributions des observateurs afin d’en faire une moyenne. Puisqu’il y a une grande inégalité
de représentations des milieux en Aquitaine, il est nécessaire de calculer l’écart entre le
pourcentage des lieux d’observation dans chaque milieu et le pourcentage de l’aire de
l’Aquitaine en fonction du type de milieu. Le but est d’effectuer un classement des différents
milieux en fonction de leur « surreprésentation » ou « sous-représentation ».
Par exemple, le milieu forestier représente en moyenne 20% des lieux d’observation de
chaque contributeur alors qu’il représente 46.1% de l’aire de l’Aquitaine. Si en terme de lieux
d’observation il arrive en troisième position, il n’en reste pas moins que, en fonction de
l’importance qu’il tient en Aquitaine, il est le milieu le plus « sous-représenté » ce qui peut
signifier qu’il est le milieu le moins « attractif » pour les contributeurs.
En reprenant, de manière simplifiée, la méthodologie utilisée par Burkhard et al. (2012),
consistant à donner une note aux différents milieux issus de Corine Land Cover en fonction des
services qu’ils mettent à disposition mais également de la demande de service écosystémique,
il nous est possible de réaliser des cartes de services écosystémiques culturels en fonction de
l’attractivité des milieux. Nous reprendrons l’étude de l’an passé en utilisant Corine land Cover
niveau 1 puisque le travail d’intersection qui peut s’avérer être relativement long a déjà été
effectué.
Figure 18: Tableau du classement des milieux en fonction de leur attractivité pour le service
culturel d'observation de l'avifaune d'Aquitaine
Milieu Répartition des
observations par
milieux
Répartition de
chaque milieu
en Aquitaine
Attractivité (%
moyen du milieu
dans les lieux
d'observations - %
de l'aire de
l'aquitaine
Classement Représentation du
milieu dans la base
de données Faune-
Aquitaine
Artificiel 27 3,7 23,3 1 surreprésenté
Agricole 41 45,6 -4,6 4 sous-représenté
Forestier 20 46,1 -26,1 5 sous-représenté
Marécageux 6 0,6 5,4 2 surreprésenté
Aquatique 6 4 2 3 surreprésenté
36
Figure 19: carte de l’attractivité des milieux pour le service culturel d’observation de
l’Avifaune en Aquitaine
Cette carte représente les milieux en Aquitaine en fonction de leur « attractivité » pour
les contributeurs de Faune-Aquitaine. Ainsi, plus le milieu tend vers le rouge, plus il comprend
de lieux d’observation. Plus il tend vers le jaune, plus il est « sous-représenté » dans les lieux
d’observation des contributeurs.). Il est important de noter que la représentation du milieu
Urbain est biaisé par l’importance des données de la Communauté Urbaine de
Bordeaux territoire de beaucoup d’études. De plus, nous avons parlé d’attractivité ici,
cependant, l’attractivité s’estime aussi et surtout par la distance parcourue entre le lieu
d’habitation et le lieu d’observation (Figure 22). Si cette approche est intéressante, il est
nécessaire de la comparer aux pratiques effectives des contributeurs.
37
Figure 20: Carte de la répartition des lieux d’observation des contributeurs de Faune-
Aquitaine (Maille 2km X 2km)
C’est une carte semblable à la carte de
pression d’observation (Cf. II.1.3) qui fait
ressortir notamment les pôles urbains de
l’Aquitaine. Elle ne présente pas
nécessairement des milieux plus attractifs
puisqu’elle est corrélée au nombre
d’observateurs résidants dans ces zones.
En effet, nous pouvons rappeler ici la
tendance casanière des contributeurs
(60% des contributeurs contribuent à
moins de 10km de leur domicile (Liger,
2013)). Cela démontre également qu’il
n’y a pas que l’attractivité du milieu qui
entre en compte dans le choix des lieux
d’observation. La biodiversité de
proximité tient également une place
essentielle dans le loisir d’observation de
l’avifaune.
Figure 21: Graphique des distances favorites des contributeurs de Faune-Aquitaine
38
Cette conception comporte une limite importante : elle considère que tous les
contributeurs ont des pratiques, des conceptions et donc une certaine « demande » de service
écosystémique identique. Or, il faut se demander si c’est réellement le cas, d’autant plus que,
en ce qui concerne les services écosystémiques culturels, il existe une dépendance importante
de la demande en fonction des contextes sociaux et individuels. On peut aborder cette
problématique en étudiant les pratiques des contributeurs urbains et des contributeurs ruraux,
les premiers pouvant avoir un « besoin de nature » différents des seconds. Il est en effet possible
de faire l’hypothèse que les contributeurs urbains vont pratiquer leur loisir naturaliste dans des
milieux non artificiels, donc plus loin de chez eux que les naturaliste ruraux qui semblent avoir
une distance moins longue à parcourir pour avoir leur « nature ».
Tout d’abord, il s’agit de définir ce qu’on entend par « urbain » et ce qu’on entend par
« rural ». Nous définirons les contributeurs urbains comme étant les contributeurs qui habitent
dans une commune définie comme étant un pôle urbain. Le pôle urbain est caractérisé par
l’Insee comme étant «une unité urbaine offrant au moins 10 000 emplois et qui n'est pas située
dans la couronne d'un autre pôle urbain ». Nous définirons alors les contributeurs ruraux comme
étant les contributeurs habitant les communes à dominance rurale c’est-à-dire en dehors de toute
couronne d’une aire urbaine.
Les contributeurs urbains suivent la « tendance générale » puisque les milieux les plus
attractifs sont les milieux artificiels, suivis des milieux humides, puis Aquatique, Agricole et
enfin forestier. La représentation change avec les contributeurs ruraux puisque, si le milieu
artificiel reste le plus « surreprésenté », le second milieu le plus représenté est le milieu agricole,
puis le milieu marécageux, aquatique et enfin forestier (Figure 23). Les lieux d’observations
sont également distincts entre les contributeurs urbains et les contributeurs ruraux (Figure 24 et
25)
39
Figure 23: Carte de l’attractivité des milieux pour le service culturel d’observation de
l’Avifaune en Aquitaine pratiqué par les contributeurs ruraux
Figure 224: Carte de la répartition des lieux
d’observation des contributeurs urbains de
Faune-Aquitaine (Mailles 2km X 2km)
Figure 25: Carte de la répartition des lieux
d’observation des contributeurs ruraux de Faune-
Aquitaine (Maille 2km X 2km)
40
On pourrait penser que cela s’explique en partie par la tendance casanière des
contributeurs. Or, si on analyse les pratiques des urbains et des ruraux, on se rend compte que
les premiers bougent plus que les seconds.
Figure 236: Graphique des distances favorites des contributeurs urbains et ruraux
La biodiversité de proximité semble tenir une place moins importante dans les représentations
des contributeurs urbains que pour les contributeurs ruraux.
Cette brève étude est intéressante sur divers points. Elle nous montre que les pratiques
divergent selon les contributeurs. Or, ces pratiques peuvent être interprétées comme étant le
reflet de la demande de service écosystémique culturel d’observation de l’avifaune, service qui
semble être rendu principalement par les milieux artificiels, marécageux et agricoles. La
biodiversité de proximité tient une place importance dans le service, ce qui explique la
« surreprésentation » du milieu artificiel mais de manière moindre pour les contributeurs
urbains qui sont prêts à aller pratiquer leur loisir naturaliste plus loin de chez eux sans pour
autant privilégier des milieux non-artificialisés. On infirme donc notre hypothèse de départ, les
contributeurs urbains ne recherchant pas nécessairement des milieux naturels pour leur loisir
naturaliste.
L’intérêt principal de ce travail est de montrer que les services écosystémiques culturels
sont dépendants du contexte dans lequel ils sont pensés et, même à l’échelle régionale, des
41
divergences existent en fonction des bénéficiaires du service. Cela montre toute la complexité
qui se joue autour des services écosystémiques culturels et, par conséquent, les difficultés de
leurs prises en compte dans la gestion de la biodiversité.
Cette étude pose néanmoins problème puisqu’il n’est pas possible de séparer la demande
de services rendus directement par les écosystèmes du service fourni par Faune-Aquitaine. En
effet, par la participation à Faune-Aquitaine, il est possible que le contributeur recherche
l’appartenance à une communauté, la création de liens sociaux. Sauf recours à l’outil de
l’enquête, il apparaît complexe de réellement cerner la demande de services culturels. C’est le
cas pour tous les services de ce type. Ce travail mériterait donc d’être approfondi dans cette
voie.
II.2.3. Indicateur de l’offre et la demande
a. Description
Si nous en venons à repenser le terme de « service », dans son sens premier, c’est au final
une démarche d’offre et de demande que nous pouvons intégrer dans notre réflexion. Il n’y a
en effet de prise en compte des services écosystémiques que dans le cas où une utilité est
reconnue. Or, cette utilité dépend du besoin humain, besoin pour son bien-être. Désigner un
service écosystémique, ce n’est pas juste dire que tel ou tel écosystème ou espèce produit un
service mais qu’il représente un bénéfice pour des individus ou sociétés (Maris, 2014). On peut
donc penser en termes d’offre et de demande. L’offre peut en un sens être définie comme un
potentiel des fonctions écologiques des espèces (ou des écosystèmes) à fournir un service.
Autrement dit, c’est la capacité des espèces à fournir un ensemble particulier de biens et services
écosystémiques. La demande, quant à elle correspond en un sens aux zones d’intérêt d’un
territoire par rapport à un service écosystémique. Ces zones d’intérêt ne sont pas fixes dans le
temps, elles peuvent évoluer. Si l’offre est supérieure à la demande, l’enjeu autour du service
sera minime. A l’inverse, si la demande est bien plus importante que l’offre, l’enjeu de
protection du service devient majeur. Le point d’équilibre ne signifie pas que le service est
rendu de manière optimale, seulement que l’objectif devient la pérennisation de cette offre,
autrement dit sa conservation.
La première étape consiste en l’identification de critères correspondant à l’offre et à la
demande.
En un sens, en traitant les services écosystémiques à travers l’indicateur de la richesse
spécifique, c’est l’offre de service qui a été cartographiée. Il est donc intéressant de reprendre
42
cet indicateur possédant les avantages et les inconvénients décrits précédemment (Cf. II.2.1).
Si d’autres indicateurs sont pertinents pour caractériser l’offre, notamment à travers
l’abondance, ils pourront faire partie de ces critères.
La demande quant à elle est liée aux besoins potentiels du territoire en un service
écosystémique considéré. C’est la partie la plus difficile à évaluer. On peut distinguer la
demande effective, c’est-à-dire les biens et services réellement utilisés, de la demande
potentielle. Les lieux d’observations des contributeurs sont un indicateur d’une demande
effective en service écosystémique culturel d’observation de la faune sauvage. Une demande
potentielle peut être identifiée à partir de recherches bibliographiques par exemples.
Le choix des critères est une étape centrale dans cette méthodologie. Il est impératif de les
identifier avec soin et de les valider dans le but de produire une cartographie la plus juste
possible. Une limite soulevée durant le travail est à signaler ici. Les cartes ne doivent pas servir
à valider ou invalider les critères et les traitements statistiques mais doivent être la
représentation finale d’un travail effectué minutieusement en amont. La difficulté principale
réside donc dans cette étape. Il est enfin important de noter l’impératif de la transparence autour
des critères choisis lors de la production cartographique.
La seconde étape concerne le calcul des indices.
Trois indices sont créés : l’indice de l’offre, l’indice de la demande et l’indice qui va
lier ces deux dimensions.
Tout d’abord, les données disponibles pour chaque critère choisi doivent être identifiées,
présentées et leur pertinence ainsi que leurs limites évaluées. Ce travail semble se faire dans le
même temps que l’identification des critères. En effet, la disponibilité des données est un frein
majeur à la cartographie des services écosystémiques (Cf. II.1.2). Les données ne seront donc
pas toutes accessibles ni même existantes pour chaque critère identifié. S’il est important de
considérer l’ensemble des potentialités, le choix se fera aussi, et peut-être surtout, en fonction
de ces limites.
Une fois chaque jeu de données présenté par rapport aux critères, il est possible de
calculer les différents indices.
Après intersection des données avec l’unité géographique retenue (10km X 10km,
2kmX2km ou bien l’échelle communale par exemple), chaque critère est répartie de manière
équitable entre ces unités. La méthode de ventilation des données utilisée est celle du « cliping
43
zonal », méthode mise au point par Gilles Lajoie (CERTU, 2011). Il s’agit d’effectuer le rapport
de la surface du polygone intersecté sur la surface du polygone initial. La ventilation est réalisée
selon un principe géométrique : le pourcentage d’informations transférées est fonction de la
surface occupée par la zone de départ dans la maille.
Par la suite, chaque variable (dimensions de la demande et de l’offre) doit subir une
standardisation : Chaque valeur des variables considérées est centrée, réduite et mise à une
échelle allant de 0 à 1. L’idée est d’obtenir des données indépendantes de l’unité ou de l’échelle
choisie, des données ayant une même moyenne et une même dispersion. Tout cela a pour but
de rendre comparables les variables et donc de pouvoir effectuer des calculs plus pertinents sans
avoir d’incidence sur les profils de variation.
Centrée/Réduire : Soit V la valeur, µ l’espérance et σ l’écart type, Centré/Réduire = (V-µ)/ σ
On obtient donc un indice pour chaque critères de la demande (D1, D2, …, Dn) et un indice
pour chaque critère de l’offre (O1, O2, …On)
Par la suite, dans chaque maille de la grille (2km X 2km ou 10km X 10km), l’indice lié à la
demande est calculé comme combinaison linéaire des valeurs de chaque critère :
D= D1 + D2 + Dn
Ainsi, un territoire composé pour l’essentiel d’un seul critère aura une demande plus faible du
service qu’un territoire réunissant les trois critères. Plus l’indice D est important, plus la
demande potentielle du territoire face au service considéré est importante.
Cette nouvelle variable D obtenue est elle aussi standardisée.
A cela est soustrait la diversité des espèces (O), O étant calculé de la même manière que D si
plusieurs critères sont pris en compte : Indice du service = D-O. La soustraction permet de
diminuer la valeur du besoin potentiel du territoire lorsqu’il existe, au droit de la maille
considérée, une diversité de prédateurs importante pour rendre le service de manière efficace,
durable et moins vulnérable qu’une diversité faible. L’enjeu de la conservation sera donc
amoindri.
44
Figure 247: Tableau fictif des indices d’offre et de demande
CODE
Maille
Indice_D1 Indice_D2 Indice_D3 Indice_D Indice_
O
Indice_O
D
E031N625 0,26 0,13 0,04 0,23 0,19 0,04
E031N626 0,48 0,14 0,20 0,45 0,69 -0,24
E032N624 0,03 0,00 0,00 0,02 0,00 0,02
E032N625 0,74 0,34 0,06 0,62 0,25 0,37
E032N626 0,90 0,12 0,12 0,62 0,69 -0,07
E032N627 0,13 0,03 0,07 0,13 0,19 -0,06
E033N622 0,01 0,12 0,00 0,07 0,00 0,07
E033N623 0,08 0,10 0,00 0,10 0,31 -0,21
b. Représentations cartographiques
La standardisation des valeurs permet de garder une représentation commune puisque les indice
D et O sont toujours compris entre 0 et 1 et l’indice OD (Demande – Offre) entre -1 et 1.
Une discrétisation en classe équivalente est intéressante puisqu’elle permet de comparer l’offre
et la demande, même si elle tient moins compte de la forme de la distribution (Cf. annexe 6 :
Fiche discrétisation). Ainsi, il est possible de s’en tenir à une échelle de couleur :
Indice D et O :
Indice OD :
Exemple d’application 1: Service écosystémique de régulation naturelle des populations
de chenilles processionnaires
Critère de l’Offre : diversité spécifique des
prédateurs de la chenille processionnaires (Cf.
annexe 10 : Fiche service régulation naturelle
des populations de chenilles processionnaires)
Critère de la Demande : Ici, nous
prendrons la présence de forêts de
Conifères, bien qu’il y ait aussi le milieu
urbain qui peut entrer en compte (Cf.
Annexe 10).
Données : Faune Aquitaine (Cf. Annexe 1 :
Fiche données Faune Aquitaine)
Données : Corine land Cover 2006 (Code
312) (Cf. Annexe 3 : Fiche données Corine
Land Cover)
45
Figure 30: Carte des enjeux de conservation du service de régulation des populations de chenilles
processionnaires (Demande – Offre)
Figure 258: Identification de zones de demande potentielle de service de régulation des populations de chenilles processionnaires
Figure 269: Carte de l’offre de service de régulation des populations de chenilles processionnaires
Cette carte représente les enjeux
autour du service de régulation
naturelle des populations de
chenilles processionnaires. Ainsi, la
couleur bleue représente un enjeu
faible. L’offre est supérieure à la
demande. La couleur jaune
représente un point plus équilibré
entre l’offre de service et le besoin.
L’enjeu est donc une pérennisation
du service. Plus la couleur va vers le
rouge, plus l’enjeu de restauration
est important : la demande est
beaucoup plus importante que
l’offre.
46
Exemple d’application 2: Service écosystémique de démoustication naturelle sur le
département de la Gironde
L’étude a été resserrée ici sur le département de la Gironde, département favorable à
la présence de Culicidaes par son réseau hydrographique développé, ses plaines
marécageuses et son climat tempéré. Outre ces facteurs, ce choix a été principalement orienté
par le fait que la Gironde est le seul département où l’on possède les données d’action de
l’EID (Etablissement Interdépartemental pour la Démoustication du littoral Atlantique) à
travers les communes inscrites à l’arrêté préfectoral de 2014 déterminant les zones de lutte
contre les moustiques en Gironde et les modalités d’opération, l’organisme habilité à
procéder aux opérations de lutte contre les moustique étant l’EID. L’arrêté a été motivé par
l’estimation de la présence d’aedes albopictus. Il y a pour le moment 38 communes inscrites
(Cf. Figure 20). Leur inscription est volontaire et donc reflet de la demande en service de
démoustication. Ainsi, ce critère semble être pertinent car propose une représentation de la
demande effective.
Les territoires majoritairement représentés se concentrent autour du Bassin d’Arcachon,
dans le centre et l’est de la Gironde ainsi qu’au Nord-Médoc.
L’idée est ici de comparer cette demande à l’offre de service de démoustication naturelle mis
à disposition par les espèces de la faune sauvage d’Aquitaine.
Figure 31: Carte des communes girondines inscrites à l’arrêté préfectoral de 2014
47
Nous travaillerons ici à l’échelle de la commune pour respecter le critère de la demande.
Critère de l’Offre : diversité spécifique des
prédateurs des Culicidae
Critère de la Demande : Communes
inscrites à l’arrêté préfectoral de 2014
Données : Faune Aquitaine (Cf. Annexe 1 :
Fiche données Faune Aquitaine)
Données : Arrété prefectoral sur la
démoustication de 2014
Figure 32: Identification de zones de demande de service de démoustication artificielle
48
Figure 273: Carte de l’offre de service de régulation naturelle des populations de moustiques
Figure 284: Carte comparative entre l’offre de démoustication naturelle et la demande de service de
démoustication artificielle
49
On observe un résultat complexe autour du service de démoustication en fonction de
la demande de service par les communes inscrites à l’arrêté préfectoral de 2014. En effet, si
certaines communes inscrites ne semblent pas être bénéficiaires d’une offre maximale de
service de démoustication naturelle, d’autres semblent abriter sur leur territoire un nombre
d’espèces prédatrices de Culicidae important. Le choix des communes pour faire appel au
service de démoustication semble être indépendant de la présence de prédateurs naturels sur
le territoire. Cette approche ne prend cependant pas en compte l’intégralité de la demande
puisqu’elle comprend uniquement les communes qui ont effectué une démarche vers la
démoustication artificielle. On exclut donc les communes qui ne souhaitent pas mettre en
place un tel dispositif mais qui sont sujettes aux problèmes liées aux Culicidae. De plus, et
c’est peut-être en cela que réside l’intérêt le plus important, il s’agit de comparer les services
écosystémiques à des actions concrètes mises en place sur le territoire. Partir dans cette idée
offre de nouvelles possibilités d’analyse. Une foi les services écosystémiques cartographiés,
il sera possible de les comparer aux instruments de gestion de l’environnement (TVB,
Zonages de protections, etc.)
Exemple d’application 3: Service écosystémique d’équarrissage naturel fournis par les
espèces nécrophages dans les Pyrénées Atlantiques :
Critère de l’Offre : diversité spécifique des
espèces nécrophages spécialistes (Cf. annexe 9:
Fiche service équarrissage naturel)
Critère de la Demande : Zones
d’élevages
Données : Faune Aquitaine (Cf. Annexe 1 :
Fiche données Faune Aquitaine)
Données : recensement Agricole de 2010
(http://agreste.agriculture.gouv.fr/).
L’échelle du recensement utilisée est la
commune. Nous pouvons classer les
informations sur l’orientation technico-
économique de la commune en trois
classes et leur attribuer une notation :
o - 0 : L’orientation technico-économique
n’est pas liée à l’élevage
o - 1 : L’orientation technico économique est
partiellement liée à l’élevage
- 2 : L’orientation technico-économique est
majoritairement liée à l’élevage
50
Figure 295: Identification de zones de demande
potentielle de service d’équarrissage naturel
Figure 306: Carte de l’offre de service
d’équarrissage naturel
Figure 317: Carte des enjeux de conservation du service d’équarrissage naturel (Demande – Offre)
51
Il est important de toujours représenter les trois indices aussi bien par soucis de transparence
que pour mettre en évidence les corrélations et d’éventuelles incohérences.
c. Limites de la méthode
- Les premières limites sont liées aux critères choisis notamment celui de l’offre à travers
la richesse spécifique comme nous avons pu le voir précédemment (Cf. II.2.1.c)
- Cette méthodologie sous-entend (et c’est le problème du travail à la maille en général)
que tous les critères sont répartis équitablement sur la surface de la maille. Cela est surtout lié
à la méthode de ventilation. Cette méthode suppose donc que l’information est répartie de
manière uniforme dans la zone. Or, le principe d’équipartition d’un phénomène dans l’espace
n’est pas toujours pertinent.
- Le point d’ « équilibre » est difficilement définissable. En effet, il ne correspond pas à
la réalité. Comment peut-on définir un nombre d’espèce qui peut satisfaire une demande ? Il
donne simplement une idée générale. De plus, les zones bleues sont difficilement interprétables
: soit il n’y a pas de demande, soit une demande très bien satisfaite par l’offre (offre supérieure
à la demande). Or un nombre maximal d’espèce dans la régulation des populations de
moustiques signifie un service efficace, on ne peut pas dire qu’il y ait trop de prédateurs (ce qui
entraine l’idée d’inutilité d’une diversité spécifique maximale…). Il est très important de
soigner sa réflexion quand à cette partie pour éviter toute interprétation erronée. Cependant, il
est intéressant de garder les valeurs négatives, représentative d’un indice d’offre supérieur à un
indice de demande notamment pour la qualification des territoires où aucune demande n’est
identifiée.
- Il faut des connaissances très importantes pour penser et évaluer l’intégralité des critères
qui entrent en compte dans l’offre et la demande d’un service. Et si, avec la bibliographie, il
nous est permis d’en distinguer un nombre important, beaucoup de données ne nous sont pas
encore accessibles. Ces critères doivent être explicités et il est intéressant d’indiquer les critères
identifiés dont le manque de données est responsable de leur non utilisation.
Au-delà de ces limites « techniques » des limites conceptuelles et surtout éthiques face
à ce type de démarche peuvent être soulignées. En effet, l’offre et la demande sont des termes
empruntés à la sphère économique. Ainsi, avec ce type de discours, on fait un pas de plus vers
la logique marchande des services écosystémiques (Cf. III.2.1.b). Si c’est une approche
52
intéressante car elle permet de mieux cerner la notion de « service », il faut prendre des
précautions quant à l’utilisation de cette méthodologie, notamment si les cartes viennent à avoir
une dimension plus « pratique » qu’analytique.
II.3. Réalisation d’une partie « service écosystémiques » pour l’Atlas des Oiseaux
Nicheurs d’Aquitaine
Au cours de ce stage, il m’a été envisagé l’intégration de ce travail sur la cartographie
des services écosystémiques dans la partie « Analyse » de l’Atlas des Oiseaux Nicheurs
d’Aquitaine (AONAQ). Cet Atlas est un projet participatif qui a débuté en 2008. Il a pour
objectif de donner une représentation de la répartition et du statut des espèces d’oiseaux
présentes sur le territoire aquitain et regroupe les données de 2009 à 2013. Il s’agit de produire
un nouvel Atlas afin d’affiner et de réactualiser la répartition et l’évolution des différentes
espèces, le dernier atlas datant de 19846. L’Atlas a été réalisé avec les données Faune-Aquitaine,
une coordination ayant été mise en place depuis 2012 pour combler les lacunes de prospection.
Ce projet s’inscrit dans le projet national de l’Atlas des oiseaux nicheurs de France
métropolitaine, projet initié par la LPO France et la Société d’Etude Ornithologique de France
et la collaboration du Muséum National d’Histoire Naturelle, projet lancé en 2009. L’Atlas sera
publié en 2015 et composé de trois parties : Une partie sur la méthodologie appliquée lors des
cinq années ainsi que sur les différents habitats d’Aquitaine, la seconde concernant les
différentes monographies et, enfin, une dernière partie d’analyse traitant des études plus
générales sur l’avifaune nicheuse d’Aquitaine comme les tendances à partir des données STOC.
C’est dans cette troisième partie que vient s’insérer le travail sur les services écosystémiques.
Méthodologie de travail :
Calendrier :
- Fin mars : Décision prise d’intégrer le travail sur la cartographie des services écosystémiques
dans l’Atlas des Oiseaux Nicheurs d’Aquitaine.
- Le 28 Avril : Date initiale du rendu des textes
- Début Juin : Date effective du rendu des textes après la phase de relecture
- Le 7 Juin : Rendu des productions cartographiques.
6 Boutet J-Y. et Petit P. 1984, Atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine 1974-1984, Ed. Centre Régional Ornithologique Aquitaine-Pyrénées
53
Taches :
- Identification des services à publier
- Constitution de « fiches services »7
- Rédaction d’une note méthodologique
- Choix des représentations cartographiques
Différents objectifs et enjeux peuvent être soulignés quant à la publication de cette partie
sur les services écosystémiques dans l’Atlas des Oiseaux Nicheurs d’Aquitaine. Comme nous
avons pu le préciser dans la première partie (Cf. I.1.1), la notion de service écosystémique est
un argument en faveur de la protection de l’environnement, ici plus particulièrement des
espèces de l’avifaune nicheuse d’Aquitaine. Ainsi, le premier argument à soulever est bien le
caractère « pédagogique », « informatif » et « médiatique » de la notion. Le second objectif
semble être le souci de prendre ce travail à bras le corps pour la structure, reflet de la dynamique
de l’association en Aquitaine et des acteurs qui la portent.
La question à se poser dans cette démarche est liée au public visé par l’AONAQ. Nous
pouvons identifier trois types de public visé : Les élus, le grand public et les passionnés
d’ornithologie. Cela est un point déterminant dans l’approche du travail. Il s’agit bien de trouver
le langage et la représentation adaptés à chaque public. C’est un compromis à garder entre le
langage simple, accessible à tous sans pour autant perdre en « scientificité ». Il faut que le travail
reste « grand public » tout en gardant une « crédibilité » auprès d’un public plus « averti ». En
fonction notamment de ces préoccupations, le choix de la représentation a posé de nombreuses
difficultés. Il s’agissait de trouver un compromis entre le « dire d’expert », les « données
brutes » et l’« exigence scientifique ». En effet, le statut de la carte change entre le travail réalisé
de manière interne pour la structure et la carte dans l’AONAQ : de la carte d’analyse elle devient
carte de communication. Les enjeux ne sont plus les mêmes.
7 Les services écosystémiques étudiés dans le cadre de l’AONAQ ont été ceux qui ont servi d’exemple pour la mise en place des différentes méthodologies de ce travail. C’est pour cette raison que seule l’avifaune a été étudiée alors que les services écosystémiques, notamment celui de la démoustication naturelle, peuvent être mis à disposition par d’autres groupes taxonomiques.
54
Différentes méthodologies ont donc été expérimentées au cours de ce stage. Au fond, elles
permettent de se questionner sur l’approche sous-entendue par la mission, la notion même de
service écosystémique ainsi que sur l’utilisation de l’outil cartographique. Cette troisième partie
s’avère essentielle pour cerner les enjeux du travail qui a été réalisé mais également pour la
suite éventuelle des travaux.
55
III. La cartographie des services écosystémiques à partir des
données de sciences citoyennes : discussions
III.1. La cartographie des services écosystémiques à partir des données de
sciences citoyennes, un pari trop ambitieux ?
III.1.1. Un angle d’approche qui peut être remis en question : Avantages et
limites de l’approches par les espèces
L’approche adoptée dans tout ce travail est concentrée sur les services fournis par la
faune sauvage. Elle concerne donc la valorisation des espèces à travers la notion de services
écosystémiques. Or, il est nécessaire de se questionner ici sur ce point.
En effet, les définitions et donc les conceptions divergent entre cette approche et
l’approche « classique » des services écosystémiques. La définition du MEA ou même celle de
Daily (Cf. I.1.1.a) nous parlent bien d’ « écosystèmes ». Or, un écosystème est « Un complexe
dynamique composé de plantes, d’animaux, de micro-organismes et de la nature morte
environnante agissant en interaction en tant qu’unité fonctionnelle » (Evaluation des
écosystèmes pour le millénaire, ONU, 2004). Parler de services écosystémiques pour expliquer
les services mis à disposition par la faune sauvage c’est effectuer une réduction importante de
la définition initiale puisque ces espèces ne forment pas à elles seules l’écosystème. On a donc
un décalage conceptuel entre une conception « classique » des services et ici, une conception
spécifique. Par une approche espèce, on dissocie le biotope de la biocénose. C’est une
conception non écosystémique. (Amelot et al, 2014). Comment alors aborder les services
écosystémiques par une approche non écosystémique ?
Au fond, c’est la distinction espèces et habitats qui est questionnée autour de la question
de services écosystémiques traitée de cette manière. En effet, l’approche qui semble
communément admise dans les politiques de gestion de l’environnement part du postulat qu’en
conservant l’habitat, on protégerait nécessairement les espèces qu’il abrite. C’est une approche
plus récente que l’approche espèce. Cela s’illustre à travers l’histoire du réseau Natura 2000
notamment, ce réseau s’étant construit à partir de deux directives. La première, adoptée en 1979,
56
établit un système général de protection de toutes les espèces d’oiseaux vivant naturellement à
l’état sauvage sur le territoire de l’Union Européenne. C’est la Directive Oiseaux qui possède
déjà une dimension habitat mais reste centrée sur la dimension « espèce ». En 1992 est adoptée
la directive habitat qui concerne la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de
faune et de flore sauvages. C’est une entrée milieu qui est privilégiée. On a donc une avancée
vers la prise en compte de l’habitat.
Si cette conception peut poser problème il n’en reste pas moins qu’elle possède aussi de
nombreux avantages. Tout d’abord, les espèces sont plus faciles à étudier, à suivre et à observer
que les interrelations complexes des écosystèmes entiers. De plus, les espèces faunistiques
notamment, sont un bon moyen de communication. La diversité fascine par sa créativité,
stimule la curiosité des naturalistes depuis Aristote en passant par les naturalistes de l’âge
classique (Larrère et Larrère, 1997). C’est donc un excellent moyen de sensibilisation à la
protection de l’environnement. Les espèces ont un fort pouvoir symbolique. Valoriser les
espèces à travers la notion de service écosystémique implique une considération pour ces
éléments de la biodiversité qui participent à cette mise à disposition de service (Maris, 2014).
Les services écosystémiques rendus par les espèces sont des arguments qui peuvent être
considérés comme plus efficaces du point de vue de la conservation que la conception
« classique » des écosystèmes. En effet, la conception de la nature considérée notamment par
le MEA comme l’intégralité du processus naturel et des fonctions qui découlent de l’interaction
entre les espèces et leur milieu entraîne un certain degré d’abstraction (Dupont, 2011). Ainsi,
cette perspective n’implique pas directement de prise de position face aux espèces ni
d’interrogation sur les représentations qui leur sont associées. L’approche par les espèces offre
une base concrète pour la conservation de ces dernières. Il faut bien penser que l’approche
espèce est souvent prise en compte dans les politiques de gestion de l’environnement. Elle peut
être à l’origine de création d’outils réglementaires de protection de la nature même si l’habitat
est privilégié (Ex : Arrêtés de Biotope). C’est parce qu’il y a des espèces emblématiques, rares
et en danger que des mesures sont prises. Enfin, prendre cette entrée est intéressant du fait
qu’elles peuvent permettre de fournir des éléments de connaissance sur la mobilité des espèces
et les continuités écologiques. En effet, des bases de données comme celles issues de Faune
Aquitaine, offrent une importante base de travail sur les espèces. Au-delà, elle peut permettre
d’envisager des évolutions dans la relation « biotope-biocénose » et donc repenser les cadres
conceptuels d’analyse de la biodiversité (Amelot et al, 2014). En effet, les relations espèces-
57
habitats ne sont pas immuables. Travailler sur une approche espèces permet d’envisager des
mutations éventuelles.
Etudier les services écosystémiques rendus par la faune sauvage est une conception
différentes de celle pensée par Daily, Costanza ou encore le MEA. On peut lui reprocher de
dissocier les espèces de leurs habitats et donc de ne pas avoir une vision « écosystémiques »,
Cependant, le milieu est représenté à travers les différents services étudiés : La régulation
naturelle de chenille processionnaire dans les forêts de conifères, l’équarrissage naturel en
montagne, etc. De plus, cette approche est efficace du point de vue de la communication et de
la sensibilisation. Elle permet de penser les choses autrement.
III.1.2. Perspectives
Les données écologiques autour du fonctionnement de la biodiversité permettant la mise
à disposition des services écosystémiques semblent encore insuffisantes (Teillac-Deschamps et
Clavel, 2013) malgré l’accumulation impressionnantes de données issues de sciences
participatives et citoyennes. Les possibilités et les protocoles de traitement et d’utilisation de
ces données posent également problème. C’est un sujet de réflexion intéressant et porteur dans
lequel un long chemin reste à parcourir. A travers la cartographie des services écosystémiques,
une proposition est effectuée. Les données issues de sciences participatives et citoyennes
permettent, en effet, des approches innovantes. Pour exemple, dans l’état de l’art précédemment
présenté (Cf. II.1.2), aucune référence à la cartographie du service de régulation biologique n’a
été proposée. De plus, si les données issues de sciences citoyennes et participatives sont parfois
complexes à mobiliser, elles ne sont pas moins « scientifiques » que les données
institutionnelles. Pour exemple, les zonages ZNIEFF8 sont devenus des zonages de pouvoir et
d’action à l’origine de nombreuses politiques territoriales (Couderchet et Amelot, 2010).
Cependant, il existe une grande disparité régionale de leur couverture indépendamment des
distinctions écologiques. De plus, il s’avère que certaines zones s’arrêtent aux frontières
administratives. Malgré l’hétérogénéité des protocoles de constructions locaux, ce zonage reste
présenté comme un inventaire « scientifique » (Couderchet et Amelot, 2010). Cet exemple
souligne le fait que les données institutionnelles possèdent également des caractéristiques
rendant complexe leur utilisation. La différence à noter entre ce type de données et les données
issues de sciences citoyennes et participatives réside dans la prise en compte de ces
caractéristiques dans l’analyse et l’utilisation des données. Les données utilisées dans ce travail
8 Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique
58
sont donc tout aussi pertinentes à utiliser que des données « institutionnelles » et permettent de
travailler autour de notions telles que celle de service écosystémiques par de nouvelles
approches.
Il serait intéressant en vue de ce qui a été dit précédemment (Cf. III.1.1) de se rapprocher
de la notion d’écosystèmes pour revenir au sens de départ des services écosystémiques, pour
aborder ce travail autrement et pour effectuer d’éventuelles comparaison avec les études déjà
produites, ce qui est difficilement réalisable avec l’approche adoptée durant ce travail. La
solution réside peut-être autour de la relation entre biodiversité (diversité spécifique, diversité
génétique et l’ensemble des gènes, populations, espèces et le faisceau d’interactions qui en
découle (l‘écosystème)), état de santé des écosystèmes et services écosystémiques. Le problème
est bien de clarifier ces liens. Si l’on repart de la diversité spécifique (indicateur que nous avons
choisis pour qualifier l’offre de services écosystémiques), il existe des discussions que nous
avons pu aborder précédemment (Cf. II.2.1). En effet, d’un côté est avancé le fait que la
diversité spécifique joue un rôle important en permettant un plus grand fonctionnement des
écosystèmes et/ou une meilleure stabilité temporelle du niveau de ce fonctionnement. Cela
serait possible en prenant en compte la complémentarité fonctionnelle entre espèce ou groupes
d’organisme. De plus, la différence fonctionnelle permettrait une meilleure exploitation des
ressources disponibles et/ou une adaptation aux fluctuations de l’environnement. La protection
de la biodiversité dans le maintien des services écosystémique est donc un argument tenable si
on part du postulat que la diversité spécifique est corrélée à la diversité fonctionnelle, synonyme
d’un bon fonctionnement des écosystèmes, et que les fonctions écologiques sont corrélées quant
à elle au bon approvisionnement des services écosystémique. Or, le lien entre diversité
spécifique et diversité fonctionnelle reste problématique (Maris, 2014). Au-delà, le lien entre
fonctionnement des écosystèmes et service écosystémique est tout aussi sujet à controverse
puisque d’autres paramètres (sociaux, politiques, etc.) peuvent être pris en compte dans cette
mise à disposition. On peut également considérer qu’il n’existerait que quelques espèces utiles.
Ainsi, l’effet premier d’une richesse spécifique serait statistique car correspondrait à une plus
grande probabilité de la présence de quelques espèces qui assurerait la majeure partie du service
concerné. Considérer que la diversité spécifique est entièrement liée aux services
écosystémiques peut être mis en parallèle au principe de précaution. Il y aurait une
méconnaissance des fonctions des différentes espèces qui peuvent se révéler dans des
conditions particulières. Il existe donc un débat autour de ces idées.
59
Cette piste, même si elle implique des choix conceptuels sur l’utilisation de la
biodiversité, reste intéressante à travailler. L’idée serait d’inclure, en plus de la richesse
spécifique, l’abondance des individus disponibles à partir des données STOC notamment. Nous
avons déjà expliqué pourquoi ce choix a été écarté lors de ce travail. Néanmoins, il ne serait pas
judicieux de l’oublier. Le travail sur la fonctionnalité des communautés serait une piste
intéressante pour justifier de l’état de santé des écosystèmes et des services qu’ils mettent à
disposition pour le bien être humain. Au fond, la proposition faite ici est de travailler sur les
écosystèmes à partir des données espèces ce qui permettrait de continuer dans la mise en valeur
de la faune sauvage tout en traitant une multitude de services qui ne leur sont pas
immédiatement dépendants. Les espèces à prendre en compte seraient alors les espèces
spécialistes et les espèces bio-indicatrices.
S’il est intéressant et même nécessaire de persévérer dans cette voix de recherche autour
de la cartographie des services écosystémiques notamment dû au fait que ce concept va
probablement structurer les politiques environnementales de demain, il est tout aussi
indispensable de prendre en compte les problèmes plus globaux qui peuvent se poser face à une
telle entreprise. Il s’agit bien de se questionner sur la notion même de service écosystémique
mais aussi sur les risques liés à l’utilisation de l’outil cartographique.
III.2. : La cartographie des services écosystémiques : un outil pour la mise
en politique d’une notion problématique.
III.2.1. Limites de la notion de service écosystémique dans la conservation
et la gestion de l’environnement
a. Problèmes « philosophiques » et « éthiques »
L’évolution récente et la prise en compte de la notion de service écosystémique dans la
sphère scientifique et politique peut être vue comme l’illustration de l’évolution du rapport
Homme-Nature qui semble se jouer actuellement dans nos sociétés. La définition même des
services écosystémique (MEA, 2005) implique d’emblée une séparation entre l’Homme et la
Nature.
Dans la généalogie précédemment citée (Cf. I.1.1), la notion de service écosystémique
s’inscrit dans deux conceptions différentes. D’un côté, on a une vision qui est née avec le
60
rapport SCEP de 1970. La question posée est de savoir comment remplacer les services
écosystémiques après leurs dégradations. L’idée ici est que l’Homme retire des bénéfices des
écosystèmes, mais ils ne sont pas indispensables à la vie sur terre, puisqu’éventuellement
remplaçables. De l’autre côté, on trouve le point de vue des biologistes et écologues de
l’Université de Standford, Ehrlich, Mooney et Wilson notamment. Ils posent une définition
similaire à celle du MIT mais avec un objectif de conservation beaucoup plus marqué. Il faut
prendre en compte le contexte. En effet, on assiste à la naissance du concept de biodiversité et
à la prise de conscience des préoccupations du réchauffement climatiques avec notamment le
sommet de la terre de Rio en 1992. Dans cette conception, l’homme est dépendant des services
écosystémiques. En effet, les services écosystémiques sont perçus comme indispensables à la
vie sur Terre, aux autres écosystèmes et à l’Homme en tant qu’espèce. Il apparaît plus rentable
de conserver, voire de réhabiliter des services que de les remplacer, si tant est qu’on envisage
la possibilité que l’homme soit capable de reproduire à l’identique ces écosystèmes. Cette
conception est portée par des auteurs médiatiques qui ont pour objectif de valoriser la
conservation et d’alerter sur le surpeuplement. On retrouve en effet Paul Ehrlich, auteur de «
the population bomb » en 1968 à l’origine de la notion de service des écosystèmes. Ehrlich est
connu notamment pour la position radicale qu’il tient dans cet ouvrage. Ce sont deux approches
anthropocentrées mais avec des visions différentes, entre vision économiste et vision des
biologistes, une approche par les bénéficiaires et une approche par les fonctions biologiques.
S’il est possible de légitimer l’approche anthropocentrée notamment par le fait qu’elle
correspond à un système de pensée dominant et donc paraît le meilleur moyen d’intégrer la
conservation dans la politique, pour certains auteurs, (Hansson et Wackernagel,1999) la cause
de la dégradation de l’environnement est à rechercher dans cette vision et par conséquent,
continuer dans cette voie c’est tenter de résoudre le problème avec le système de pensée qui en
est à l’origine. En développant le discours autour des services écosystémiques, c’est aussi
prendre le risque de propager et de renforcer la vision utilitariste de la nature en insistant sur
l’idée qu’on conserve la nature sur des bases instrumentales de l’assurance d’un
approvisionnement optimal en biens et services écosystémiques (Maris, 2014). Cette vision
anthropocentrique semble perdurer dans les recherches autour de la protection de la nature.
C’est un peu comme si toute autre considération mettrait en péril l’humanité (Larrère et Larrère,
1997). De plus, la notion de service écosystémique réaffirme en un sens l’autonomie de
l’homme et sa capacité à aménager son environnement en fonction de ses besoins. On revient à
la question philosophique de la technique face à la nature et l’illusion de la possibilité de la
61
toute-puissance humaine dans la gestion des rapports Homme-Nature. Or, il est nécessaire, en
vue des enjeux contemporains de dépasser la croyance en la capacité de l’homme à gérer tous
les équilibres de la nature (Larrère et Larrère, 1997), dont on sait que les expériences en la
matière ont été finalisées sur un constat d’échec (Exemple Biosphère 29) (Levrel, 2006).
L’usage du terme de « service » peut être vu comme un réductionnisme extrême des
valeurs attribuées à la nature (Teillac-Deschamps et Clavel, 2013), une « instrumentalisation »
de la nature (Maris, 2010). La notion à soulever ici est celle de « valeur ». En effet, c’est Kant
qui a défini les concepts de valeurs intrinsèques (les éléments ont une fin en soi) et valeurs
instrumentales (moyens) dans ses Fondements de la métaphysique des mœurs, en 1785.
Cependant, à l’inverse de ce qu’on pourrait croire, ces valeurs ne sont pas incompatibles. Le
fait de mettre en évidence les valeurs instrumentales de la nature n’invalide pas la
reconnaissance de sa valeur non instrumentale. Cette idée appliquée à la nature rejoint la
maxime de Kant : « Agis de manière à traiter la personne d'autrui jamais seulement comme
moyen, mais toujours en même temps comme une fin » qui ne nie pas la valeur instrumentale
des choses mais affirme la nécessité de reconnaitre en même temps que leur utilité, une finalité
propre. Si la notion de services écosystémique est utilisée comme un levier pour rendre compte
des réseaux d’interdépendance entre humains et non-humains (Maris, 2014), il est possible de
valoriser une idée plus écocentrique au sens de Larrère et Larrère, (1997), voire une
communauté biotique comme en l’écrivait Aldo Léopold (1949).
S’il l’on peut voir dans la notion de service écosystémique une possibilité du
rapprochement de l’Homme à son milieu naturel, il n’en reste pas moins que cette vision
utilitariste pose problème. On a notamment un risque majeur de choix de mise en avant de tel
ou tel service en fonction des projets politiques de gestion. Il est en effet très difficile voire
impossible de répertorier tous les usages que peuvent avoir les espèces. Le risque d’une
conception utilitariste est bien d’accepter l’extinction d’espèces dont on pense qu’elles n’auront
jamais la moindre utilité (Larrère et Larrère, 1997). Il existe également un risque de
« détournement » de l’argument des services écosystémiques. Ce n’est pas une limite étonnante
puisque utiliser la notion de service écosystémique comme argument de légitimation de
protection de l’environnement, c’est parler de communication et donc aborder la notion de
9 Sphère géante construite dans l’objectif de reproduire une biosphère miniature dans laquelle les principaux types d’écosystèmes sont présents : une forêt humide tropicale, un océan, un désert, une zone semi-désertique des marais et une savane. Biosphère 2 devait réussir à atteindre une situation d’autosuffisance en produisant de manière endogène tous les services écosystémiques nécessaire à une petite communauté humaine : eau, nourriture et air. Au bout de deux ans, les 8 chercheurs enfermés durent sortir suite à une forte baisse d’oxygène. Une nouvelle expérience fut tenter en 1994 mais avec un échec encore plus important.
62
stratégie. Le plus grand danger advient lorsque ces choix servent de bases à des actions
concrètes qui se réalisent sur des informations biaisées, influencées par la vision et les intérêts
de certains acteurs.
Si des problèmes éthiques et philosophiques se posent dès l’étude de la notion de
services écosystémiques, ils se développement encore plus lorsqu’on aborde la dimension
économique de cette notion. La question de son efficacité dans les politiques de
protection/gestion de l’environnement se pose alors.
a- Vers une marchandisation de la nature ? Avantages et limites
Les services écosystémiques sont liés à la sphère économique. C’est à partir des années
90 que ce sont développées les études autour de l’évaluation monétaire des services
écosystémiques (Maris, 2014), notamment depuis Costanza et al. 1997, dynamiques pouvant
être qualifiées de « coup dur » à l’entrée en politique de la biodiversité (Teillac-Deschamps et
Clavel, 2013). En effet, des auteurs comme Costanza ont considéré que la manière la plus
efficace de protéger la nature reste de mettre en évidence son utilité pour le bien-être humain,
mais, en plus, de démontrer son intérêt économique (Cf. I.1.1).
L’évaluation économique des services écosystémique peut en effet être perçue comme
les nouveaux outils de communication (Maris, 2010). Ils ne se fondent plus seulement sur le
règlementaire mais empruntent aux mécanismes du marché par l’intermédiaire de l’offre et de
la demande, des coûts et des bénéfices. Cette dynamique semble dominer la sphère de la
protection de l’environnement puisque c’est un argument pragmatique puissant qui, liée à
l’anthropocentrisme, semble être le plus convaincant (Cf. III.2.1.a). Cependant, affirmer que
l’argument économique est le plus efficace c’est aussi prendre le risque de le renforcer (Maris ;
2014). De plus, son efficacité peut être remise en cause. En effet, tout d’abord il implique de
donner une valeur « juste » à la nature. Or comment évaluer les écosystèmes ? Si plusieurs
tentatives ont été réalisées à partir des externalités positives engendrées par leur conservation
ou par le coût entraîné par la perte des services qu’ils engendrent, ces tentatives posent
problèmes. Tout d’abord, il est important de souligner que les temporalités sont très
divergentes entre l’économie et les écosystèmes, court-moyen terme pour les premiers, très long
terme pour les seconds. Ensuite, les valeurs mobilisées sont ici différentes des valeurs
instrumentales et intrinsèques utilisées dans les domaines de la philosophie et de l’éthique. En
économie, ce sont les valeurs d’usage (valeurs liées à l’utilité d’un bien ou d’un service) et
d’échange (taux auxquel un bien ou un service s’échange) qui sont mobilisées. Les valeurs de
63
ce type autour des services écosystémiques sont donc dépendantes des bénéficiaires de ces
services. Ils évaluent le service en fonction de leur besoin et du prix qu’ils sont prêts à fixer
pour le conserver. L’évaluation est donc difficile et lorsqu’elle est effectuée, cela ne nous
renseigne pas pour autant sur la valeur réelle de l’écosystème. Maris (2014) nous montre cela à
travers l’exemple de l’amitié où les amis de quartier nous coutent moins que les amis lointain,
cela ne signifiant pas pour autant qu’ils sont valorisés ou au contraire qu’ils comptent moins
(due au fait qu’on dépense moins pour eux). Cette illustration à l’aide du concept de l’amitié
est intéressante puisqu’elle nous montre les limites d’une évaluation monétaire mais surtout en
associant notre rapport à la nature à un rapport « amical », on comprend bien qu’il se joue une
autre dimension qu’une dimension utilitaire du rapport Homme-Nature. Cette dimension ne
peut être réellement prise en compte par les économistes. Enfin, il est difficile de traiter les
services écosystémiques comme des services marchands. On peut parler d’une tendance à la
« commodification » de la nature (Maris, 2010). La commodification est tirée de l’argumentaire
de Marx autour des commodités, c’est-à-dire le fait de transformer des biens et des services en
valeur marchande. Pour cela, il faut qu’un service soit réductible, appropriable et substituable.
Or, les écosystèmes sont trop complexes pour être réductibles puisqu’on ne peut
compartimenter quelque chose en constante interaction. L’appropriation pose également
problème puisqu’il s’agit de désigner des propriétaires des écosystèmes (propriétaires privés,
collectivités, etc.). Enfin, les écosystèmes sont le fruit d’une longue histoire, il apparait
impossible de les substituer. Il est enfin nécessaire de souligner que si l’on pense qu’en terme
économique, l’argument peut se retourner contre les services écosystémiques eux-mêmes, leur
poids monétaires étant souvent bien inférieur à ce que produisent de grands projets
d’infrastructures par exemple. Il est donc nécessaire que cet argument ne bride pas les
discussions et évince tout autre type d’argument qui semblerait tout aussi pertinent dans les
débats.
Il est important de considérer de cette dimension économique autour des services
écosystémiques même si le travail réalisé n’est pas allé totalement dans cette voie (bien que les
termes d’offre et de demande aient été définis et utilisés dans les différentes méthodologies
proposées). En effet, si les services écosystémiques sont si intimement liés à la valorisation
économique de la nature, l’outil cartographique servira de base d’analyse et de communication
autour de cette dynamique. C’est déjà le cas puisque des travaux de cartographie de la valeur
économique des services écosystémiques ont été réalisés. Il est donc indispensable de bien avoir
64
à l’esprit ce sujet pour la suite des travaux. Qu’on y adhère ou non c’est la dimension sous-
jacente de ce sujet d’étude.
Malgré toutes ces limites à la prise en compte de la valeur économique des services
écosystémiques, des outils sont en place autour de cette dynamique. On peut considérer que
c’est la montée en puissance des outils de conservation inspirés de logiques marchandes qui
accompagnent le passage d’une logique de conservation de la biodiversité à une logique de
gestion des services écosystémiques. Il est possible de traiter le sujet à travers les PSE,
paiements pour services environnementaux. Il s’agit de rémunérer les bonnes pratiques
d’acteurs privés ou publics afin d’encourager les comportements favorables à la conservation
de la biodiversité. C’est un mécanisme qui vise à favoriser des externalités environnementales
positives grâce au transfert de ressources financières entre les bénéficiaires de certains services
écologiques et les fournisseurs des services ou les gestionnaires de ressources
environnementales (Mayrand & Paquin, 2004). L’objectif est d’assurer des financements
pérennes à la conservation de la biodiversité dans les pays en développement. Les services
écosystémiques sont donc impliqués dans cette démarche de marchandisation de la nature, bien
que le terme de « marchandisation » peut-être remis en cause en ce qui concerne les PSE
(Karsenty et Ezzinede Blas, 2014). Ces auteurs ont une approche intéressante puisqu’ils
proposent de payer les services environnementaux et non les bénéfices tirés directement des
écosystèmes, c’est-à-dire les services que les hommes se rendent entre eux afin de maintenir ou
d’accroître certains services écosystémiques. Le problème des PSE est la difficulté de
clarification de ce qu’ils sont en réalité, puisqu’on peut trouver des conceptions différentes
d’une étude à une autre, ce qui rend difficile leur compréhension et leur analyse.
III.2.2. Risque d’une utilisation détournée de l’outil cartographique
En vue des enjeux de la notion de services écosystémiques, il convient d’utiliser l’outil
cartographique de manière informée et critique. En effet, les cartes ne sont pas neutres, tout
comme le démontre leur histoire puisqu’ initialement utilisées dans la sphère militaire (Cf.
I.2.1). Faire une carte c’est faire des choix (Le Fur, 2007 ; Rekacewicz, 2006). Souvent elle
exprime le point de vue d’un auteur. Ces choix découlent de l’état de ses connaissances, de sa
sensibilité et de ses objectifs. C’est donc son objectivité qui est mise en débat. On peut se
référer ici à l’histoire du courant de la cartographie critique. Le premier courant nous a montré
comment, par la technique de la déconstruction, la cartographie était influencée par de
nombreux facteurs. Cela se retrouve dans le texte fondateur de la cartographie critique :
« Deconstructing the Map » écrit par Harley en 1989. Dans ce texte, Harley prône un
65
changement épistémologique dans la manière d’interpréter la nature de la cartographie. Il utilise
la stratégie de la déconstruction qui consiste à regarder et à mettre en avant ce qui n’est pas
explicite. Ceci est d’autant plus important qu’il semble exister une tendance à l’acceptation
consensuelle de ce que nous dit le cartographe à travers ses productions. Le second courant
quant à lui insiste sur le fait que les cartes ne sont pas neutres et qu’elles modifient les
représentations de ceux qui les utilisent. Il semble bien que la carte géographique ne soit qu’une
représentation (parmi d’autres) du territoire. Elle donne une image parfois tronquée,
incomplète, partiale de la réalité (Rekacewicz, 2006). Cependant on pourrait croire à une
nouvelle étape avec le développement des sciences participatives et citoyennes. Cette nouvelle
dynamique est difficilement cernable avec les outils de la cartographie critique « classique ».
Ce développement, et aussi la nouvelle circulation de l’information géographique, l’utilisation
et la diversification de ses usages modifient les paramètres qui assuraient l’autorité et la
légitimité des cartographes (Joliveau et al. 2014). Le cartographe devient celui qui organise les
flux de donnée. Il ne s’agit donc plus seulement d’étudier l’intérêt de l’Etat dans le contrôle de
la carte comme le proposait Harley (1989) pour qui la carte était devenue cruciale pour le
maintien de la puissance de l’Etat (Commerce, contrôle des populations, force militaire, etc.).
Aujourd’hui, ce ne sont plus les mêmes enjeux. Les intérêts sont propres à une multitude
d’acteurs qui utilisent la cartographie dans leurs analyses et dans leurs communications. Les
modèles officiels sont concurrencés par la cartographie participative tout comme il existe un
jeu de pouvoir entre les données officielles et les données issues de sciences citoyennes et
participatives (Cf. I.3.2). C’est donc des enjeux de légitimité qui sont illustrées dans ces
nouvelles pratiques.
66
Conclusion
Ce travail sur la cartographie des services écosystémiques a permis de mettre en lumière
des propositions de méthodologie à travers différents indicateurs, chacune comportant des
intérêts et des limites. Le rôle des sciences citoyennes dans cette démarche est important
puisqu’elles offrent une importante base de données, point qui pose parfois difficultés dans cette
entreprise, et qu’elles impliquent les citoyens dans la sensibilisation à la protection/gestion de
l’environnement. Néanmoins, elles ne doivent pas être utilisées sans réflexion au préalable et
sans mises en garde méthodologiques puisqu’elles dépendent notamment de l’« effet
observateur ». Des problèmes sont soulevés face à ce travail de cartographie des services
écosystémiques à la fois d’ordre méthodologiques mais également philosophiques et éthiques
puisque la notion même de services écosystémiques fait polémique. Dans le fond, ce sont des
problèmes politiques de gestion de l’environnement qui peuvent se poser puisque la notion tend
à entrer dans cette sphère et que c’est peut-être un enjeu sous-jacent au travail de spatialisation
des services. Malgré les difficultés rencontrées et les interrogations soulevées, l’entreprise est
intéressante et nécessaire puisqu’il convient de se lancer dans une piste de recherche pour en
percevoir tous les intérêts et les limites. A travers cette étude c’est aussi l’importance de la place
de la recherche qui est réaffirmée. En effet, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, la
tendance actuelle est au passage de l’analyse scientifique à la mise en politique de la notion de
services écosystémiques (Cf. I.1.2). Les incertitudes faces à cette notion et les controverses
actuelles démontrent bien le rôle toujours aussi important de l’étude scientifique et la nécessité
de ne pas considérer les résultats comme acquis. La notion permet de se réinterroger sur
l’interaction entre sciences et politiques. La recherche ne doit pas servir à produire des concepts
qui serviront d’arguments aux politiques mais doit lui fournir des bases, des pistes tout en
gardant son regard critique et en réinterrogeant ses propres productions à la lumière de ce qui
est réalisé concrètement. En d’autre terme, « la mise en politique invite à maintenir voire à
renouveler l’agenda scientifique et ne pas le considérer comme acquis » (Serpentié, 2012).
67
Table des matières
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 1
SOMMAIRE ............................................................................................................................. 2
INTRODUCTION .................................................................................................................... 3
I. CONTEXTE ET ANALYSE DE LA MISSION ......................................................... 6
I.1.1. Présentation de la notion de services écosystémiques ............................................... 6
a. Généalogie du concept ............................................................................................. 6
b. Définitions ................................................................................................................ 8
I.1.2. Importance de la prise de position face à la notion de service écosystémique ........ 10
I.2. L’outil cartographique .................................................................................................... 11
I.2.1. Définitions et historique .......................................................................................... 11
I.2.2. Pourquoi utiliser l’outil cartographique pour appréhender les services
écosystémiques ? ............................................................................................................... 12
I.3. Les bases de données issues de sciences citoyennes et participatives ........................... 13
I.3.1. Définitions ............................................................................................................... 13
I.3.2. Enjeux autour de l’utilisation et de la mise en valeur de ces données. .................... 14
II. METHODOLOGIE : .................................................................................................. 17
II.1. Phase exploratoire ......................................................................................................... 17
II.1.1. Identification des services écosystémiques fournis par la faune d’Aquitaine ........ 17
II.1.2. Etat de l’art de la cartographie des services écosystémiques ................................. 18
II.1.3. Identification des outils, des données et de l’échelle d’analyse utilisés lors du stage
........................................................................................................................................... 21
II.2. Phase expérimentale ...................................................................................................... 26
II.2.1. La richesse spécifique ............................................................................................ 26
a. Description ............................................................................................................. 26
b. Cartographie ........................................................................................................... 26
c. Limites de la méthode ............................................................................................ 33
II.2.2. Indicateur de demande de service culturel : Etude du comportement des
contributeurs de Faune-Aquitaine ..................................................................................... 34
II.2.3. Indicateur de l’offre et la demande......................................................................... 41
a. Description ............................................................................................................. 41
b. Représentations cartographiques............................................................................ 44
c. Limites de la méthode ............................................................................................ 51
68
II.3. Réalisation d’une partie « service écosystémiques » pour l’Atlas des Oiseaux Nicheurs
d’Aquitaine ........................................................................................................................... 52
III. LA CARTOGRAPHIE DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES A PARTIR DES
DONNEES DE SCIENCES CITOYENNES : DISCUSSIONS .......................................... 55
III.1. La cartographie des services écosystémiques à partir des données de sciences
citoyennes, un pari trop ambitieux ? ..................................................................................... 55
III.1.1. Un angle d’approche qui peut être remis en question : Avantages et limites de
l’approches par les espèces ............................................................................................... 55
III.1.2. Perspectives ........................................................................................................... 57
III.2. : La cartographie des services écosystémiques : un outil pour la mise en politique
d’une notion problématique. ................................................................................................. 59
III.2.1. Limites de la notion de service écosystémique dans la conservation et la gestion
de l’environnement ........................................................................................................... 59
a. Problèmes « philosophiques » et « éthiques » ....................................................... 59
a- Vers une marchandisation de la nature ? Avantages et limites .............................. 62
III.2.2. Risque d’une utilisation détournée de l’outil cartographique ............................... 64
CONCLUSION ....................................................................................................................... 66
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 67
TABLE DES FIGURES ......................................................................................................... 69
BIBLIOGRAPHIE/SITOGRAPHIE .................................................................................... 71
ANNEXES ............................................................................................................................... 76
69
Table des Figures
Figure 1: Organigramme de la LPO Aquitaine ......................................................................... 4
Figure 2: Schéma des relations entre Services Ecosystémiques, Hommes et Ecosystèmes ..... 9
Figure 3: Schéma du système des sciences participatives avec l’apport des technologies du
Web 2.0 .................................................................................................................................... 14
Figure 4: Pression d’observation par maille 10km X 10km ................................................... 24
Figure 5: Pression d’observation par maille 2km X 2km ....................................................... 25
Figure 6: Diversité spécifique des prédateurs des Chenilles processionnaires (Maille 2km X
2km) ......................................................................................................................................... 28
Figure 7: Diversité spécifique des prédateurs des Chenilles processionnaires (Maille 10km X
10km) ....................................................................................................................................... 28
Figure 8: Diversité spécifique des prédateurs des Chenilles processionnaires (Maille 5km X
5km) ......................................................................................................................................... 28
Figure 9: Diversité spécifique des espèces partiellement nécrophages (Maille 2km X 2km) 29
Figure 10: Diversité spécifique des espèces partiellement nécrophages (Maille 10km X
10km) ....................................................................................................................................... 29
Figure 11: Diversité spécifique des espèces partiellement nécrophages (Maille 5km X 5km)
.................................................................................................................................................. 29
Figure 12: Diversité spécifique des espèces nécrophages spécialistes (Maille 2km X 2km) . 30
Figure 13: Diversité spécifique des espèces nécrophages spécialistes (Maille 10km X 10km)
.................................................................................................................................................. 30
Figure 14: Diversité spécifique des espèces nécrophages spécialistes (Maille 5km X 5km) . 30
Figure 15: Diversité spécifique des prédateurs des Culicidae (Maille 2km X 2km) .............. 31
Figure 16: Diversité spécifique des prédateurs des Culicidae (Maille 10km X 10km) .......... 31
Figure 17: Diversité spécifique des prédateurs des Culicidae (Maille 5km X 5km) .............. 31
Figure 18: Carte de la vulnérabilité du service d’équarrissage naturel par les vautours
nécrophages .............................................................................................................................. 33
Figure 19: Tableau du classement des milieux en fonction de leur attractivité pour le service
culturel d'observation de l'avifaune d'Aquitaine ...................................................................... 35
Figure 20: Carte de l’attractivité des milieux pour le service culturel d’observation de
l’Avifaune en Aquitaine ........................................................................................................... 36
70
Figure 21: Carte de la répartition des lieux d’observation des contributeurs de Faune-
Aquitaine (Maille 2km X 2km) ................................................................................................ 37
Figure 22: Graphique des distances favorites des contributeurs de Faune-Aquitaine ............ 37
Figure 23: Carte de l’attractivité des milieux pour le service culturel d’observation de
l’Avifaune en Aquitaine pratiqué par les contributeurs ruraux ................................................ 39
Figure 24: Carte de la répartition des lieux d’observation des contributeurs urbains de Faune-
Aquitaine (Mailles 2km X 2km) .............................................................................................. 39
Figure 25: Carte de la répartition des lieux d’observation des contributeurs ruraux de Faune-
Aquitaine (Mailles 2km X 2km) .............................................................................................. 39
Figure 26: Graphique des distances favorites des contributeurs urbains et ruraux ................. 40
Figure 27: Tableau fictif des indices d’offre et de demande ................................................... 44
Figure 28: Identification de zones de demande potentielle de service de régulation des
populations de chenilles processionnaires ................................................................................ 45
Figure 29: Carte de l’offre de service de régulation des populations de chenilles
processionnaires ....................................................................................................................... 45
Figure 30: Carte des enjeux de conservation du service de régulation des populations de
chenilles processionnaires (Demande – Offre) ...................................................................... 45
Figure 31: Carte des communes girondines inscrites à l’arrêté préfectoral de 2014 .............. 46
Figure 32: Identification de zones de demande de service de démoustication artificielle ...... 47
Figure 33: Carte de l’offre de service de régulation naturelle des populations de moustiques
.................................................................................................................................................. 48
Figure 34: Carte comparative entre l’offre de démoustication naturelle et la demande de
service de démoustication artificielle ....................................................................................... 48
Figure 35: Identification de zones de demande potentielle de service d’équarrissage naturel 50
Figure 36: Carte de l’offre de service d’équarrissage naturel ................................................. 50
Figure 37: Carte des enjeux de conservation du service d’équarrissage naturel (Demande –
Offre) ........................................................................................................................................ 50
71
Bibliographie/Sitographie
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- http://www.onf.fr/
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- http://www.uicn.fr/
- http://www.vautours.lpo.fr/
76
Annexes
ANNEXE 1 : FAUNE-AQUITAINE ........................................................................................ 77
ANNEXE 2 : STOC : SUIVI TEMPOREL DES OISEAUX COMMUNS ................................ 79
ANNEXE 3 : CORINE LAND COVER ................................................................................... 81
ANNEXE 4 : PROTOCOLE CARTE PRESSION D’OBSERVATION : TEMPS
D’OBSERVATION PAR MAILLE2KM X 2KM (SUR QGIS) : ........................................... 84
ANNEXE 5 : EXEMPLES DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES FOURNIS PAR LA
FAUNE SAUVAGE SELON LES CATEGORIES DU MEA ................................................ 87
ANNEXE 6 : FICHE DISCRETISATION ............................................................................. 92
ANNEXE 7 : FICHE REPRESENTATIONS ....................................................................... 103
ANNEXE 8 : FICHE SERVICE DIVERSITE DES CHANTS D’OISEAUX ..................... 112
ANNEXE 9 : FICHE SERVICE D’ « EQUARRISSAGE NATUREL » ............................. 115
ANNEXE 10 : FICHE SERVICE REGULATION NATURELLE DES POPULATIONS DE
CHENILLES PROCESSIONNAIRES .................................................................................. 119
ANNEXE 11 : FICHE SERVICE « NATURE EN VILLE » ............................................... 123
ANNEXE 12 : FICHE SERVICE REGULATION BIOLOGIQUE NATURELLE DES
POPULATIONS DE MOUSTIQUES ................................................................................... 127
ANNEXE 13 : FICHE SERVICE REGENERATION FORESTIERE PAR LES ESPECES
GRANIVORES ...................................................................................................................... 129
77
Localisation des données sur les oiseaux de 2010 à 2013 en
Aquitaine :
[Titre de l’encadré]
Contexte : Données récoltées sur le site
internet www.faune-aqutiaine.org, site
géré par la LPO Aquitaine. Faune-
Aquitaine fait partie du projet national
visionature (www.ornitho.fr),et
international. Cette plateforme a pour
rôle d’organiser les données produites par
des citoyens observateurs volontaires et
de proposer des restitutions
synthétiques. Ainsi, ce projet fait partie de
la dynamique des sciences participatives.
Description : Le jeu de données comporte
les données de différents groupes
taxonomiques : les Amphibiens, les
Chiroptères, les Hyménoptères, les
Mammifères les Mammifères marins, les
Lépidoptères, les Odonates, les Oiseaux,
les Orthoptères et les Reptiles. Grace à
ces données, on a accès au nom de
l’espèce (nom vernaculaire, nom
scientifique, ordre systématique,…), à la
date où elle a été observée, au lieu de
cette observation et au nom de
l’observateur. Il existe également dans
certains cas la durée d’observation
(Données formulaires). Enfin, il nous est
possible de savoir si la donnée a été
vérifiée et si elle est protégée. Des
commentaires peuvent être inscrits ainsi
que la date d’entrée et de modification de
la donnée.
Faune-Aquitaine Annexe 1
78
Système de projection : Différentes
coordonnées sont inscrites dans la base.
Nous travaillerons dans ce projet en
Lambert 93. Nous est indiqué également
les coordonnées longitudes/latitude.
Echelle :
Les données concernent l’échelle de
l’Aquitaine. Elles ont un tel niveau de
précision qu’elles peuvent être utilisées à
l’échelle locale.
Construction : Ce jeu de donnée est
construit par des citoyens observateurs
volontaires et contrôlé par un comité de
validation.
Capture d’écran : faune-aquitaine.org,
données sur le Milan Royal de 2010 à
2012
Avantages :
- Permet une localisation précise des individus dans l’espace et
dans le temps
- Base de données la plus importante de France à l’echelle
régionale
- De nombreux contributeurs ont des connaissances
naturalistes : l’Etude de la plate-forme Faune-Aquitaine (Liger,
2013) a montré que plus de la moitié des contributeurs font
partie d’un réseau et/ou ont un métier proche du monde
naturaliste (40%) et/ou des connaissances dans ce milieu
(60%)
- De nombreux contributeurs ont des connaissances empiriques
de leur territoire : l’étude a montré également la dimension
« casanière » des contributeurs qui, de ce fait observent la
faune sur un territoire maîtrisé.
Mises en garde:
Il y a un problème de représentativité des habitats échantillonnés par
les observateurs et des zones géographiques :
- Il existe un petit nombre de lieux privilégiés parmi une grande
quantité de lieux d’observation rarement visité.
- Les zones artificielles et les zones humides sont surreprésentées
à l’inverse des milieux agricoles et forestiers.
- La présence des zones naturelles protégées est importante dans
la base de données (Alors que les zones naturelles protégées
représentent 14,2% de l’Aquitaine, elles représentent 39,3%
des contributions et 31,55% du nombre de coordonnées
uniques différentes (Liger, 2013)).
Il n’y a donc pas d’homogénéisation parfaite de la quantité
d’information sur le territoire, ce qui peut fausser les résultats
cartographiques. Il est important de mettre en avant les différences
dans la pression d’observation sur le territoire.
La richesse spécifique peut être étudiée par l’intermédiaire de ces
données, bien qu’elle reste dépendante de la pression d’observation.
L’abondance quant à elle ne peut être étudiée avec Faune-Aquitaine.
79
Exemple de cartographie à partir des données STOC :
Cartes de répartition d’abondances relatives :
[Titre de l’encadré]
Contexte : Le Suivi Temporel des Oiseaux
Communs (STOC) est une enquête
nationale coordonnée par le Centre de
Recherches par le Baguage des
Populations d’Oiseaux (CRBPO) du
Muséum National d’Histoire Naturelle. Ce
programme a pour objet de suivre année
après année et au niveau national, les
fluctuations des populations d’oiseaux
communs. Il est constitué de plusieurs
volets, dont le STOC par Echantillonnage
Ponctuel Simple (STOC-EPS). Dans notre
région, le programme STOC-EPS est
coordonné par la LPO-Aquitaine. C’est un
programme de science participative.
Description : Le protocole est le suivant :
chaque participant au programme STOC-
EPS se voit attribuer, autour de la
commune de son choix, un carré de 2km
de côté dans lequel il doit effectuer, à
deux reprises (entre le 1er avril et le 8 mai
puis entre le 9 mai et le 15 juin), 10 points
d’écoute de 5 minutes chacun. Les fiches
de relevés sont renvoyées au
coordinateur régional.
L’analyse est une analyse avant tout
statistique qui peut être cartographique.
Les cartes obtenues seront alors des
cartes probabilistes de répartition
d’abondance relative par exemple.
STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs Annexe 2
Cartes extraites du Bilan Régional de 10 années de suivi , 2002-
2013, Filippi-Codaccioni O. et Ancrenaz K. (LPO Aquitaine), 2013.
80
Echelle : Le programme est un
programme national organisé également
à l’échelle régionale. La maille utilisée
pour les analyses est la maille 2km X 2km,
superficie des carrés de suivis.
Cartes extraites du Bilan Régional de 10
années de suivi , 2002-2013, Filippi-
Codaccioni O. et Ancrenaz K. (LPO
Aquitaine), 2013
Avantages :
- Les Données STOC permettent de travailler sur l’abondance des
espèces.
- Les données sont disponibles sur plus de 10 ans.
- Le travail autour des oiseaux communs permet de valoriser la
biodiversité commune. L’utilisation de ces données a
également une dimension socio-environnementale importante
autour de la problématique de la nature ordinaire.
- Les données sont protocolées ce qui limites l’effet des
comportements individuels des observateurs et permet une
analyse plus évidente.
- L’échelle de mise en place du programme national permet
d’avoir un jeu de données comparable entre la région et le Pays
ce qui permet de mutualiser les travaux et les analyses.
Mises en garde:
- Il y a encore peu de carré suivis en Aquitaine : En 2013, les
données étaient disponibles pour 71 carrés, soit environ 0.67%
du territoire. Néanmoins, l’objectif ne semble pas être la
couverture totale du territoire mais une bonne représentation
des espèces et de leurs habitats. Le risque semble être
l’essoufflement de la mobilisation autour de ce suivi, qui semble
être effective au moins entre 2006 et 2012.
- Il y a un nombre limité d’espèces bien suivies (60 espèces dont
la tendance est évaluable au niveau régional). Cette base de
données est donc moins riche que celle issue de Faune-
Aquitaine pour étudier la richesse spécifique.
81
Contexte : Réalisée dans le cadre du programme
européen Corine qui a pour but de coordonner
l’information sur l’environnement. C’est une
production de l’agence européenne pour
l’environnement.
Description : Il existe trois bases CLC de l’état de
l’occupation du sol : 1990, 2000 et 2006 et deux
bases de changements, pour les périodes 1990-
2000 et 2000-2006.
Système de projection : Lambert conforme, zone
II étendue.
Echelle : 1/100000
La plus petite unité cartographiée est de 25ha
Construction : La base Corine land Cover est
obtenue par photo-interprétation humaine de
photo satellites.
La nomenclature : La nomenclature est très
détaillée pour l’échelon européen : hiérarchisée
en 3 niveaux :
Le premier niveau comprend 5 postes qui
correspondent aux grandes catégories
d’occupation du sol à l’échelle de la planète.
Le second niveau comprend 15 postes utilisables
aux échelles 1/500 000 et 1/1 000 000.
Il y a 44 postes au troisième niveau utilisables au
1/100 000
Corine Land Cover Annexe 3
82
Mises en garde:
- L’échelle limite la gestion locale d’espace sensibles ou la surveillance de territoires précis (N’est
pas pertinent pour l’analyse à l’échelle locale : Communauté de Commune/Commune)
- Malgré son sens du détail à l’échelle européenne, la nomenclature est difficilement adaptable à
une analyse locale. Cette nomenclature informe sur la nature des objets uniquement et non pas
sur leurs fonctions socio-économiques. De même que l’étendue géographique est différente des
limites administratives couramment employées. Cela entraine des problèmes d’analyse. La
comparaison semble impossible (ou risquée) entre les bases due aux changements conjoncturels
de nomenclature. (exemple CLC1990C ≠ CLC 2000 ou CLC2000R). La comparaison directe des
taux d’évolution de l’occupation du sol entre 1990-2000 et 2000-2006 est impossible du fait de
la différence de méthodologie utilisée pour obtenir ces résultats.
- Le protocole interdisant de lever des polygones inférieurs à 25 ha, les changements concernant
≤ 20 hectares sont ignorés.
Avantages :
- Permet la cartographie de l’ensemble du territoire de l’Union Européenne en découle la
possibilité d’analyse comparative de différentes aires avec la même source.
- Permet de connaître l’état de l’environnement de manière précise à l’échelle de l’union
Européenne.
- La nomenclature se veut la plus claire possible : elle ne comprend pas de postes ambigus.
- Grâce à la correction de la première base de données, la comparaison est possible entre
CLC1990 et CLC2000.
- A partir de 2006, on a une meilleure précision sur le plan des changements de 5ha.
- Malgré l’imprécision des échelles au niveau local, la nomenclature reste pertinente au niveau
national.
- Utilisations multiples grâce à la possible superposition avec d’autres bases de données.
84
Annexe 4 : PROTOCOLE Carte Pression d’observation : Temps d’observation par Maille2km X
2km (Sur Qgis) :
Ouverture fichier de point CSV (Ici, données
oiseaux 2008)
Ouverture Grille 2km X 2km (L932K)
Vecteur > Outil de geotraitement > Intersection
85
Intersect_2008-tout_L932K
Ouverture du DBF sous Excel
Garder « Ref » et « Code Unique » (Code de la maille)
Données > Avancées > Copier vers un autre emplacement, extraction sans
doublon
Insertion>Tableau croisé dynamique : Sélection des colonnes, insertion de « ref » en valeur,
« Code unique » en ligne. (Penser à regarder la forme de la distribution pour le choix de la
discrétisation)
Ouverture table L932K et fichier Excel.
Jointure des deux fichiers
Fichier > Enregistrer table sous
86
- Ce protocole est valable pour toutes les cartes d’observations (par commune, maille 5km X 5km,
etc.). La seule distinction à noter concerne la maille 10kmX10km puisque la référence de la
maille est inscrite dans le fichier d’export des données Faune Aquitaine. L’intersection n’est
donc pas nécessaire pour réaliser l’opération.
- Nous avons traité ici la durée par maille. Le protocole reste le même si l’on souhaite obtenir le
nombre de contributeur par maille ou bien le nombre de visite par maille. La différence réside
dans les données traitées par Excel (on gardera le nom-prénom de l’observateur ou bien la date
et le lieu de l’observation).
Ouverture de la nouvelle table sous Qgis et réaliser la discrétisation appropriée :
Forme de la distribution :
87
Annexe 5 : Exemples de services écosystémiques fournis par la faune sauvage selon les
catégories du MEA
Le tableau ci-dessous présente dans les grandes lignes les principaux services fournis par la
faune sauvage. Il n’est pas question ici de réaliser une liste précise et exhaustive puisque la
majorité des études portent sur déjà sur ce recensement. Le but est de montrer les grandes
catégories, conclusions de la bibliographie réalisée dans le cadre de la création du tableur
portant sur les espèces et les services qu’elles mettent à disposition. Dans chaque service
proposé se cache une multitude de services plus précis (Par exemple, pour le service de contrôle
biologique, on retrouve le service de démoustication). Le travail peut donc être bien plus
approfondi.
Services supports
Nom du service Caractéristiques des espèces qui
mettent à disposition le service
Caractéristiques des bénéfices
engendrés par le service
Offre d’habitat Espèces qui modifient le milieu dans
lequel elles évoluent, comportement
qui permet à d’autres espèces de
s’installer à leur tour. C’est le cas par
exemple des excavateurs primaires
parmi les espèces cavicoles.
Permet le maintien de la biodiversité
et donc permet la mises à disposition
d’autres services écosystémiques.
Gestion des milieux Espèces qui permettent la zoochorie
(Transports de graines qui
permettent la régénération des
milieux), espèces phytophages qui
permettent, par le pâturage, le
maintien de milieux ouvert etc. On
trouve également des impacts sur le
cycle des nutriments par les oiseaux
aquatiques notamment qui
favorisent, pour certain, les échanges
entre milieu terrestre et milieu
aquatique.
Ce service permet une gestion à
moindre coût des milieux naturels ce
qui engendre le maintien d’autres
services liés à ces espaces.
Services de régulation
Nom du service Caractéristiques des espèces qui
mettent à disposition le service
Caractéristiques des bénéfices
engendrés par le service
Pollinisation Espèces pollinisatrices C’est l’un des plus importants services
écosystémique que l’on peut citer
puisqu’il est indispensable à la
fructification de nombreuses espèces
88
cultivées par l’Homme et participe au
maintien de la biodiversité.
Régulation des
maladies
Espèces nécrophages surtout Les bénéfices sont d’ordre sanitaire.
Contrôle biologique Le contrôle biologique est dû aux
interactions biotiques, notamment
aux relations de prédation. Le critère
principal pour la caractérisation des
espèces qui mettent à disposition le
service reste
donc le régime alimentaire.
La régulation biologique permet le
maintien dans à l’équilibre des
populations qui peuvent être
qualifiées de « nuisibles » pour
l’homme. Les bénéfices sont souvent
lié au milieu agricole, viticole ou celui
de l’élevage mais également des
zones liées au tourisme. L’enjeu est
donc majoritairement économique.
On retrouve aussi une dimension
sanitaire dans la régulation de
populations éventuellement vectrices
de maladies.
Services
d’approvisionnement
Nom du service Caractéristiques des espèces qui
mettent à disposition le service
Caractéristiques des bénéfices
engendrés par le service
La chasse Espèces classées en faune chassable. Un des plus anciens services
d’approvisionnement reconnu par
l’Homme, bien que sa dimension soit
de plus en plus culturelle.
Les ressources
ornementales
Espèces qui peuvent fournir des biens
utilisables.
Ce service concerne la récupération
de « matériaux » à des fins utilitaires.
Les ressources
thérapeutiques.
Espèces qui possèdent des
caractéristiques considérées comme
thérapeutiques.
Ce service peut être classé en tant
qu’approvisionnement mais reste
très proche de la dimension culturelle
des croyances autour des bienfaits de
certains animaux.
Services sociaux et
culturels
Nom du service Caractéristiques des espèces qui
mettent à disposition le service
Caractéristiques des bénéfices
engendrés par le service
Service éducatif Toutes les espèces qui peuvent être
objet de sensibilisation, souvent des
espèces ayant une valeur symbolique
importante. La caractérisation des
espèces qui mettent à disposition le
Ce service permet l’information et la
sensibilisation autour des
problématiques environnementales.
Service récréatif Service multiple qui peut aller de la
chasse à l’observation de la faune.
89
Service touristique service est lié avant tout à des
facteurs culturels.
Proche du service précédent mais
engendre des bénéfices économiques
plus important puisqu’il s’agit de
pratiques durant des séjours ou des
vacances.
Création de lien social Par le service de récréation,
d’éducation etc., peut émerger un
sentiment d’appartenance à un
groupe ayant des intérêts communs
liés à la faune sauvage.
Service scientifique Les fonctions écologiques de
certaines espèces sont source
d’inspiration pour l’innovation.
D’autres espèces peuvent être
considérées comme des bio-
indicateur car très représentatives de
l’état de santé de l’écosystème dans
lequel elles s’inscrivent.
Les bénéfices peuvent être
informatifs mais cela découle sur des
bénéfices sanitaires, ou liés à la
gestion de l’environnement puisque
ce sont des outils pour la mise en
place de projets.
La difficulté majeure de la création de ce tableau réside dans la catégorisation, les études
bibliographiques n’étant pas toujours concordantes. Par exemple, la gestion des milieux se
trouvent à la fois dans la catégorie des services supports et à la fois dans la catégorie des
services de régulations. De plus, les liens entre services sont nombreux.
90
Tableau : Les services écosystémiques rendus par la faune sauvage :
Liens entre services
Discussions autour de la catégorisation des services écosystémiques proposée par le MEA :
- Le service d’Habitat comme unique service support :
Le TEEB10 propose des distinctions quant à la définition des catégories de services écosystémiques
présentés plus haut. Le programme garde les quatre points mais parle d’ « habitats services » plutôt
que de « services supports ». Ce changement est effectué dans le but de mettre en avant l’importance
des écosystèmes dans leur offre d’habitat pour les autres espèces. Pour le TEEB, la disponibilité des
services écosystémiques est directement liée à l’état des habitats.
10 Le TEEB : The economics of ecosystem and biodiversity : l’économie des écosystèmes et de la biodiversité est une initiative mondiale visant à attirer l’attention sur les avantages économiques de la biodiversité. Le rapport TEEB10 fait la promotion de l’intégration des valeurs économiques de la biodiversité et des services rendus par les écosystèmes dans le processus de prise de décision.
91
- Problèmes autour du service culturel :
Le service culturel est dépendant du contexte dans lequel s’inscrit l’écosystème lié à ce service. En
effet, il s’appuie sur le caractère unique d’une région qui ne peut être traité par des méthodes
scientifiques universelles. Il est important de souligner l’importance d’une gestion locale des services
écosystémiques culturels.
Parfois, un environnement naturel a des significations symboliques et des valeurs culturelles qui ne sont
pas liées aux écosystèmes. Ces valeurs culturelles sont le produits de manières spécifiques de voir, de
se représenter, dans un cadre culturel donnée.
- Service de régulation et service d’approvisionnement :
Certains services classés dans les différentes catégories pourraient plus être des moyens pour
atteindre des objectifs, ces derniers étant les services rendus disponibles. Par exemple, l’eau et la
régulation de l’érosion ne sont pas des services directement recherchés par les sociétés. Ils peuvent
être considérés comme des processus pour atteindre l’eau potable ou la protection des ressources
alimentaires et les fibres. Ils ne sont pas des fins en soi. Cela pose problème pour une prise de décision
efficace. Certains auteurs comme Hein11 combinent les catégories de services de régulation et
d’approvisionnement en une seule classe « regulating services ». En effet, ils soulèvent le fait que
plusieurs services de régulation sont aussi services supports d’autres services. Dans une logique
d’évaluation, cela pose un risque de double comptage.
- Service support et service de régulation :
De nombreux services de régulation sont nécessaires aux services support. Le classement des
services entre support et régulation est parfois complexe.
L’article Classification of ecosystem services: Problems and solutions, Ken J. Wallace, propose une autre
classification qui, pour l’auteur, est plus adaptée à la gestion des services écosystémiques. L’idée ici est
simplement de l’évoquer pour souligner le fait qu’il n’existe pas une classification unique et véritable
mais que la catégorisation des services écosystémiques peut être un processus en mouvement
découlant de choix et visant des objectifs particuliers. Il est donc intéressant de se mettre en garde sur
le système qu’on emploie pour présenter les services environnementaux.
11 Hein (2006)
92
I- Identification du type de forme de la
distribution : Le choix de la discrétisation est lié à la forme de la distribution
initiale.
Distribution normale :
Cette distribution est caractérisée par le fait que le plus
grand nombre d’individus se trouve dans les classes
centrales, ce nombre s'amenuisant progressivement de part
et d'autre de la valeur moyenne.
Distribution asymétrique :
Cette distribution traduit une concentration des individus,
plus ou moins accentuée, vers les petites valeurs ou les
grandes valeurs selon les cas.
La discrétisation est nécessaire
dans la cartographie d’une série
statistique. Elle correspond au
découpage en classe (ou groupe
de valeurs) d’une série de variable
quantitatives ou qualitative en
vue de sa représentation
graphique ou cartographique.
Ainsi, Il s’agit de découper une
série statistique en classes. Le but
est de trouver un bon compromis
entre le respect de la variable
statistique et de sa représentation
visuelle. Il s’agit de résumer au
mieux la discrétisation en
conservant son hétérogénéité
mais aussi de construire une carte
efficace. Une bonne discrétisation
se résume en une faible variance
intraclasse et une forte variance
interclasse. La discrétisation
simplifie l’information en
regroupant dans des classes
différentes les objets
géographiques qui présentent les
mêmes caractéristiques.
Les règles de sémiologies
graphiques doivent
nécessairement être respectées
et leur choix justifié puisqu’il est
important de prendre en compte
les combinaisons de variables
visuelles qui restituent au mieux
les spécificités de la distribution
statistique.
Annexe 6 : Fiche Discrétisation
93
Distribution exponentielle et logarithmique :
Ce type de distribution traduit une augmentation ou une diminution exponentielle des
individus (très forte représentation des fortes ou faibles valeurs).
Exponentielle Logarithmique
Distribution bimodale et plurimodale :
Cette distribution correspond à une distribution où la variable est en fait composée de sous -
populations ayant chacune son ordre de grandeur et sa dispersion propre.
Distribution en forme de U :
94
Cette distribution est caractérisée par le fait que les valeurs moyennes sont sous représentées
par rapport aux valeurs faibles et élevées.
Distribution uniforme :
Ce type de distribution est caractérisé par le fait que toutes les valeurs possibles de la variable
ont des fréquences égales.
95
II- Choix de la méthode de discrétisation : Une foi la forme de la distribution identifiée, il nous est possible de choisir une méthode de
discrétisation.
Méthode des Quantiles ou Effectifs égaux :
Description : Cette méthode retient un même nombre de valeurs dans chaque classe. Le
calcul est simple : Nombre total de valeurs/Nombre de classes. Elle peut être utilisée avec une
distribution normale mais aussi dissymétrique.
Avantages :
- Simple à réaliser
- La représentation cartographique est équilibrée, lisible et permet les comparaisons.
C’est dans ce dernier point que réside son principal avantage.
Inconvénients :
- Cette méthode ne tient pas compte de la distribution des valeurs exceptionnelles. Elle
ignore les particularités de la distribution (les seuils).Certaines limites de seuils peuvent
donc se retrouver discutables.
- Si la série statistique comprend des ex-aequo, il n'est pas toujours possible d'obtenir le
même nombre d’individus dans chaque classe.
- Si elle est utile pour effectuer des comparaisons, ces comparaisons peuvent porter sur
des ordres de grandeur et non de valeur.
Méthode d’égale étendue :
Description : Cette discrétisation entraîne une égalité des intervalles de classes. Cette
méthode est employée pour une distribution normale. Il s’agit ici de diviser l’étendue de la série
par le nombre de classes retenues.
Avantages :
- Méthode facile à calculer
- Interprétation facile
Inconvénients :
96
- Elle ne convient pas si la distribution est trop dissymétrique. En effet, les classes
deviendraient alors trop hétérogènes, voir vides pour certaines.
- Les comparaisons ne sont plus possibles.
- Ne reflète pas les particularités de la distribution.
- La méthode ne permet pas les comparaisons car l’étendue de la variable est spécifique
à chaque série de données.
Méthode par la progression arithmétique :
Description : Les classes sont découpées selon une progression arithmétique. Elle est
adaptée aux distributions asymétriques. Les faibles valeurs sont réparties dans un nombre
important de classe ce qui permet de mieux les différencier. A l’inverse, les fortes valeurs sont
regroupées dans des classes de plus grande étendue. Ainsi, la deuxième classe aura une
étendue deux fois plus grande que la première, la troisième deux fois plus grande que la
seconde, etc.
Avantage :
- Calcul simple.
Inconvénient :
- Cette méthode peut aboutir à des classes sans individus.
Méthode par la progression géométrique :
Description : Selon cette méthode, l’amplitude des classes augmente rapidement en fonction
d’une progression géométrique. Elle est utile pour des distributions asymétriques ou
logarithmiques.
Avantage :
- Améliore la différenciation des individus présentant de faibles valeurs.
Inconvénient :
Méthode de l’écart à la moyenne :
Description : Cette méthode est caractérisée par le fait que toutes les classes ont une même
étendue, égale à l’écart-type, sauf les classes extrêmes. Si le nombre de classes est impair, la
moyenne de la série sera à cheval sur la classe centrale, si le nombre est pair, la moyenne se
97
situe à la limite de la classe. Cette méthode s’applique dans le cas d’une distribution normale.
Le calcul s’effectue donc à partir de la moyenne et de l’écart type.
Avantages :
- Cette méthode permet de réaliser des cartes qui transmettent la forme statistique des
distributions normales.
- Elle permet la comparaison entre cartes.
Méthode des seuils naturels :
Description :
Cette méthode consiste en la prise en compte des discontinuités de la série pour constituer les classes.
Elle est donc adaptée à des distributions asymétriques ou plurimodales par exemple, ou à toute série
qui comporte des discontinuités. A partir d’un histogramme des valeurs ou d’un diagramme de
fréquence, il est possible de déterminer des limites de classes en fonction des discontinuités apparentes
sur les graphiques.
Avantages :
- Elle permet de tenir compte des discontinuités observables, et, par conséquent,
respecte la distribution statistique.
- Elle permet d’obtenir une discrétisation à faible variance intraclasse et une forte
variance interclasse.
Inconvénients :
- Elle ne permet pas les comparaisons entre cartes.
- Elle est intimement liée à l’observateur : les classes peuvent changer selon le réalisateur
de la discrétisation. Il est donc possible d’orienter les cartes.
Méthode de Jenks :
Description : Cette méthode est une méthode mathématique assez proche des seuils naturels.
Le calcul est complexe, fondée sur la notion de variance et souvent proposés par les logiciels
SIG (Mapinfo, Argis,…). Elle comprend les mêmes avantages et inconvénients que la méthode
des seuils naturels, à l’exception du biais lié au réalisateur puisque le calcul est fait par le logiciel.
98
Méthode des moyennes emboitées :
Description : La méthode des moyennes emboitées consiste à découper les classes selon leurs
« moyennes ». Autrement dit, elle consiste à découper la variable en utilisant des moyennes
hiérarchiques comme limites de classes. Elle peut s’appliquer à tout type de distribution sauf
aux distributions trop dissymétriques. A partir du calcul de la moyenne générale, on effectue
une moyenne de chaque sous-groupe. Ces valeurs servent à fixer les bornes des classes et à
obtenir 4 ensembles. Il est possible d’aller jusqu’à 8 classes.
Avantages :
- Elle est facile à mettre ne œuvre et à appréhender.
- Elle propose des classes équilibrées en effectifs et en étendue.
- C’est un bon compromis entre la méthode des quantiles et celle de l’écart à la moyenne.
Inconvénient :
- Nombre de classe possible restreint.
- Elle peut produire des classes vides ou très hétérogènes, dans le cas de distribution très
dissymétriques.
La discrétisation effectuée dans ce rapport a été majoritairement celle de Jenks ou la
progression arithmétique, la forme des distributions s’y prêtant dans tous les cas.
99
III- Application : Exemple sur la pression d’observation maille
10X10 :
Pour mieux saisir les enjeux liés aux choix de la discrétisation, il convient d’illustrer nos propos à travers
un exemple concret. Nous prendrons ici un sujet traité durant le stage : la pression d’observation autour
des données sur les oiseaux Nicheurs d’Aquitaine (Données des mois de mai, juin et juillet entre 2008 et
2013).
Forme de la distribution (Extrait entre 0 et 1000 données, la courbe se poursuivant ainsi jusqu’à la
6183ème donnée) :
On a ici une distribution logarithmique avec une très forte fréquence des données faibles. Ainsi, si l’on
se réfère aux méthodes de discrétisation développées plus haut, les méthodes les plus adaptées sont :
- La méthode par progression arithmétique et géométrique.
- Il est également possible d’utiliser la méthode des seuils naturels ou de Jenks.
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Fre
qu
en
cy
Nombre_d_2
Histogram (Nombre_d_2)
100
Résultats cartographiques :
Méthode par progression arithmétique :
Méthode de Jenks :
Nombre de données par maille 2 km X 2km :
Nombre de données par maille 2 km X 2km :
Méthode des effectifs égaux : Méthode de l’écart à la moyenne :
Nombre de données par maille 2 km X 2km : Nombre de données par maille 2 km X 2km :
101
Aucune différence majeure n’est à noter quant aux résultats des deux premières discrétisations
(méthode par progression arithmétique et méthode de Jenks). Elles respectent la distribution
statistique.
Les deux discrétisations suivantes sont des discrétisations inadaptées pour la forme de la distribution
statistique. Ainsi, pour la méthode des effectifs égaux, on a un regroupement très important des valeurs
faibles avec les valeurs les plus fortes créant une classe allant de 70 à 6183 données. En ce qui concerne
la méthode de l’écart à la moyenne, on se retrouve avec une situation inverse. Les données les plus
élevées sont noyées dans des classes comprenant des valeurs faibles. Ainsi, on saisit tout l’enjeu du
choix de la discrétisation qui, si elle est effectuée de manière non-pertinente, volontairement ou
involontairement, peut conduire à des interprétations diverses d’un même phénomène.
Cette fiche est un outil de référence lors de production cartographique dans le but de choisir une
représentation facilement interprétable et représentative.
Bibliographie :
- BEGUIN M., PUMAIN D., 2005., La représentation des données
géographiques, statistique et cartographie, A.Colin, coll. Cursus, Paris.
- LE FUR A., 2007., Pratiques de la cartographie, A.Colin, coll. 128, Paris.
103
I- Représentations ponctuelles à un seul paramètre :
DESCRIPT IO N : La première possibilité est de passer par la
représentation de points de valeur fixe. Cela passe par la
réalisation d’un semi de point à partir des données brutes. Ainsi,
tous les points sont identiques et ont la même valeur. Dans notre
cas, un point représente une donnée. Il représente ici un
phénomène unitaire.
Figure 1 : Localisation des données sur les prédateurs de la chenille
processionnaire en Aquitaine :
AVA NTAGES : Cette représentation offre l’avantage d’être la plus
fidèle possible aux données brutes, ces dernières n’ayant subies
Premières questions à se poser
avant de choisir une méthodologie
adaptée :
- A qui s’adresse la carte ?
- Sur quel support ?
- A partir de quelles
données ?
L’objectif est de choisir une
représentation qui déforme au
minimum les données tout en
gardant comme objectif principal
de fournir une cartographie
facilement interprétable et
représentative.
La présentation se base ici sur la
manière de représenter les
données issues de Faune
Aquitaine. Les données brutes
sont des coordonnées (X ;Y) qu’il
est intéressant de travailler sur des
surface. Tout l’enjeu réside donc
dans ce passage du point à la
surface.
Annexe 7 : Fiche
Représentations
104
aucun traitement. Le risque d’une interprétation erronée de la carte est donc limité.
INCO NVENIE NTS : Elle pose néanmoins un important problème de lisibilité, d’autant plus quand il y a
un nombre important de données, comme c’est le cas avec les données issues de Faune-Aquitaine.
Toutes les données ne peuvent être visibles sur la carte, une fois « imprimée ». De plus, les contrastes
de densité sont peut perceptible. Enfin, il n’est pas possible de représenter la diversité des espèces
puisqu’aucune valeur ne peut être associée. Le message qui apparait sur cette carte n’est pas d’une
grande pertinence en ce qui concerne notre thématique.
II- Figuré par points proportionnels géoréférencés :
DESCRIPT IO N : Cette méthode consiste en la
création d’une gamme correspondant à des
points de tailles et donc de valeurs, différentes.
Elle permet de représenter des densités. Il est
important de ne pas utiliser trop de tailles
différentes. La perception des variations serait
trop complexe.
AVA NTAGES : Permet de représenter des
valeurs absolues à l’échelle de la commune ce
qui n’est pas possible avec une carte
choroplèthe. En effet, le maillage communal de
l’Aquitaine est trop irrégulier ce qui entraine des
difficultés de comparaisons entre les
communes. Un autre avantage de cette
méthode est qu’il est possible, avec la variation
des tailles, de dégager des surfaces différentes.
On s’approche alors d’une représentation
zonale.
INCO NVENIE NTS : Il est difficile de voir
apparaitre les communes dans une telle
représentation. L’aspect graphique est souvent
moins apprécié qu’une carte choroplèthe et l’on reste encore dans le figuré ponctuel.
Figure 2 : Nombre d’espèces prédatrices de la chenille
processionnaire par commune
105
III- Représentation par commune : carte choroplèthe
DESCRIPT IO N : Les cartes choroplèthe sont la représentation courante d’une variable numérique dans des unités
spatiales, ici, la commune. Différentes méthodes de discrétisation existent pour découper la série
statistique en classe (Annexe X : Fiche discrétisation). La visualisation peut être effectuée par différentes
gamme de couleurs. Lorsqu’on travaille à partir des limites communales, il est impératif de ne pas
associées de valeur absolues à chaque communes. En effet, la structure communale de l’Aquitaine pose
problème du fait qu’elle est très irrégulière. Elle ne permet pas les comparaisons et peut biaiser l’analyse
géographique. Il est possible de ramener notre valeur à la surface communale pour avoir une carte qui
« fait sens ».
AVA NTAGES :
Ce type de carte permet de rendre compte
d’une situation à l’échelle communale
puisqu’elle fait ressortir les zones « denses ».
Cela est très intéressant pour représenter la
densité de population. Si nous traitons les
questions autour de la cartographie des
services écosystémiques à travers
l’abondance des individus, c’est une approche
intéressante. Sur un sujet comme les services
écosystémiques, elle permet de rendre un
résultat simple, compris par tous et qui touche
les élus.
Inconvénients : Dans le travail effectué sur la cartographie des
services écosystémiques, l’indicateur utilisé
est principalement celui de la diversité
spécifique. Hors, avec une telle représentation, s’il n’y a que quatre espèces concernées par le service,
des communes se retrouvent sous-représentés, même si la diversité spécifique est à son maximum. Un
autre inconvénient de la représentation communale est qu’elle fige un phénomène dans des limites
administratives. Or, notamment en ce qui concerne les questions environnementales, les phénomènes
sont indépendants de ce découpage administratif.
Figure 3 : Nombre d’espèces prédatrices de la chenille
processionnaire par commune
106
Maillage:
DESCRIPT IO N : Le principe est la répartition de l’information ponctuelle dans un maillage plus ou moins
régulier. Le partitionnement en éléments réguliers, est une méthode de plus en plus utilisée depuis les
années 1980 (Certu, 2011). Il faut pouvoir répondre à trois questions principales pour choisir le type de
maille :
- Quelle est mon échelle de travail ?
- Quelles informations dois-je conserver lors du passage en mode carroyage ?
- Est-ce qu’il existe déjà une maille de référence sur mon territoire ?
AVA NTAGES : Il a l’avantage incontournable de permettre de s’affranchir des limites administratives.
Pour les questions environnementales, cet avantage est non négligeable. Il offre également une grande
liberté liée à la taille, l’étendue et l’origine de la maille. Il permet donc une modélisation plus ou moins
fine du territoire et est toujours le produit
d’un traitement et d’une analyse
statistique. Le choix de la taille de la maille
a un impact décisif sur les résultats
obtenus. Ainsi, ce choix a longtemps été
déterminé par les limites imposées par les
machines et leur durée de traitement de
l’information. Avec l’évolution du matériel
informatique et des logiciels SIG, cette
contrainte n’est plus d’actualité. Avec
l’essor des possibilités, tout l’enjeu repose
désormais sur la réflexion portée à
l’adaptation du maillage en fonction du
projet et de l’échelle d’analyse.
Figure 4 : Nombre d’espèces prédatrices de la chenille
processionnaire par maille (2km X 2km)
107
Figure 6 : Nombre d’espèces prédatrices de la
chenille processionnaire par maille (5km X 5km)
Figure 5: Nombre d’espèces prédatrices de la chenille
processionnaire par maille (10km X 10km)
INCO NVENIE NTS :
La taille de la maille change la précision et la lisibilité
de la carte. Plus une maille serra fine, plus le rendu
sera conforme et précis envers la réalité.
Néanmoins, il sera beaucoup plus difficile de
dégager des tendances.
108
IV- Représentation de la diversité des espèces par commune : Moyennes des
mailles 2 X2
DESCRIPT IO N :
La première étape consiste
en la création d’un maillage (1). L’intersection des données à la
grille permet d’obtenir une information par unité graphique
(maille). A partir de là, il est possible de calculer une diversité
d’espèce par maille (2).
En intersectant le découpage communal au maillage (3), une
diversité moyenne a été calculée et affectée à chaque
commune (5).
Le problème principal repose sur le traitement des mailles
réparties sur différentes communes. Deux solutions ont été
envisagées.
- D’une part, il y a la possibilité de ne pas prendre en compte ces
mailles. Cette solution parait peu satisfaisante en vue du fait
qu’elle supprime beaucoup de maille et avec, les informations
qu’elles contiennent.
- D’autre part, et c’est la solution choisie, il s’agit d’effectuer une
répartition de la diversité en fonction du pourcentage de la
superficie des mailles dans chaque commune (4 & 6). A partir de
1 : Maillage 2km sur 2km 2 : Diversité des espèces par maille 3: Intersection de la couche
communale et du maillage
4 : Pourcentage de chaque maille
dans la commune
5: Diversité des espèces par maille
au prorata de la surface de chaque
maille dans la commune
109
là, il s’agit de calculer le nombre d'espèces
sur chaque commune au prorata de la
surface de la maille dans la commune (5 &
6).
Dans ce cas de figure fictif, la moyenne de la diversité des espèces de cette commune est de 0.59 (les
mailles vides étant prises en compte comme ayant une valeur égale à 0).
Cette méthode renvoi au « clipping zonal », méthode de ventilation des données mise au point par
Gilles LAJOIE. Le principe résulte dans le rapport de la surface du polygone intersecté sur la surface du
polygone initiale.
AVA NTAGE :
Elle permet de représenter la diversité à la commune. Une carte choroplèthe peut être crée puisqu’il
ne s’agit plus de valeur absolue. A la différence de la carte de la diversité brute par km², elle ne sous-
estime plus les communes ayant une superficie importante. Elle ne les surestime pas non plus puisque
c’est la fréquence d’apparition d’un nombre important d’espèce dans chaque maille qui fera
augmenter la moyenne. Une grande commune se voit certes attribuer plus de mailles mais
indépendamment de ce qu’elles contiennent.
INCO NVENIE NT : Le biais important de cette méthode reste cependant la pression d’observation. Les
communes ayant moins de mailles observées se trouvent nettement désavantagées au profit des
autres.
Une des solutions possibles pour remédier à ce problème est de prendre en compte la pression
d’observation. Par cette méthode de la moyenne de la diversité des mailles contenues dans les
communes, cela est possible. En effet, il s’agit de ne prendre en compte que les mailles où se trouve au
moins une donnée. Ainsi, les mailles n’ayant jamais été observées n’entrent plus dans le calcul comme
portant la valeur 0. Elles ne sont tout simplement plus prises en compte. Cela permet donc de d’éviter
de compter les mailles non observées comme une absence d’espèces.
Le seuil de la pression d’observation est très faible, ce qui engendre le fait que la carte reste liée
à la pression d’observation. Nous pourrions prendre un seuil plus important, comportant un minimum
d’observateurs, de données ou de temps d’observation ce qui éviterait de prendre en compte les mailles
faiblement prospectées. Néanmoins, cela réduit encore les données utilisables. De plus, puisque nous
6 : Traitement d’une maille sur la
limite communale.
110
travaillons sur la diversité détectée et non
sur l’abondance, le lien entre pression
d’observation et nombre d’espèces
détectées n’est pas toujours évident. On
pourrait en effet penser que plus une
commune est bien prospectée (La majorité
des mailles qu’elle contient ont été visitées
au moins une foi), plus il y a une probabilité
de trouver toutes les espèces. Cet argument
est en partie vrai, néanmoins, ce n’est pas
toujours le cas.
Ces deux méthodes permettent
donc d’effectuer un compromis entre la
représentation par mailles parfois peu
représentative où en tout cas difficilement
interprétable lorsqu’elles sont trop fines
notamment. Elles permettent d’effectuer
une représentation communale, ce qui est
le but recherché lorsque la carte s’adresse à
des élus.
Elles ont tout de même l’inconvénient de
s’éloigner des données brutes. Or, plus on s’éloigne de l’information initiale, plus on transforme cette
information, moins le message est claire et surtout le risque d’une mauvaise interprétation est
accentué. Il s’agit donc de les utilisé en les explicitant de la manière la plus claire possible pour que le
destinataire de la carte aient les clés en main pour une bonne compréhension de l’information. Enfin,
ces méthodes sous-entendent le fait que les données sont réparties de manières homogènes sur
l’ensemble de l’espace, ce qui n’est pas nécessairement le cas.
La prise en compte de la pression d’observation dans la représentation cartographique permet de
revaloriser les communs étés peu prospectées mais où la présence de plusieurs espèces a été détectée.
Le massif Landais ressort sur les deux cartes. Si cela est dû à la forme du découpage administratif de
l’Aquitaine (les communes Landaises ayant une plus grande superficie), ces cartes correspondent à ce
Figure 7 : Carte de la diversité des prédateurs de la
chenille processionnaire : moyenne de la diversité
par maille 2km X 2km
111
que l’on peut observer sur le découpage par
maille (5km X 5km et 10km X 10km). Elles
instaurent tout de même plus de nuances
que sur le figuré de point proportionnel.
Certaines communes ne comportent pas de
données sur la figure 8. Cela se comprend
par le fait, non pas qu’il n’y a la présence
d’aucune espèce, mais qu’il n’y a eu aucune
observation effectuée.
Il est intéressant et même nécessaire de
juxtaposé différentes méthodes pour
rendre l’analyse plus fiable et plus proche
de la réalité possible.
Bibliographie : - CERTU - 2011 - Traitements géomatiques par carreaux pour
l'observation des territoires - CERTU.
http://www.certu.fr/catalogue/p3950/traitements_geomatiques_p
ar_carreaux_pour_lobservation_des_territoires/product_info.html
- Le Fur A. 2007. Pratiques de la cartographie. Armand Colin.
127p.
Figure 8 : Carte de la diversité des prédateurs de la chenille
processionnaire : moyenne de la diversité par maille 2km X 2km,
pression d’observation incluse
112
Annexe 8 : Fiche service Diversité des chants d’oiseaux
Nom du service : Diversité des chants d’oiseaux
Catégorie : Culturel
Description :
La diversité des chants d’oiseaux est un service culturel aux multiples bénéfices. Connu de tous, il reste
cependant peu exploré. Comme tous les services culturels, il reste très subjectif. Il apparaît alors très
complexe de comprendre l’impact de ce service sur les individus et l’importance qu’ils lui accordent.
Des bénéfices généraux peuvent tout de même être pris en considération.
Bénéfices :
- Loisir/récréatif : Qu’on y prête une réelle attention ou bien qu’on les entende simplement,
les chants d’oiseaux sont associés au printemps et aux beaux jours. Ils ont une connotation
très positive pour la plupart des gens. Pour les plus intéressés, des sorties sont organisées
autour de la découverte des chants d’oiseaux.
- Inspiration : Les chants d’oiseaux peuvent être source d’inspiration pour la musique
notamment. L’un des plus grands compositeurs de musique du 20è siècle, Olivier
Messiaen, était aussi un grand ornithologue. Une grande part de ses œuvres prend son
origine dans l’écoute des chants d’oiseaux, comme le Merle noir et le Réveil des oiseaux en
1952, Oiseaux exotiques en 1955 et Catalogue d'Oiseaux en 1956.
- Education : Passer par le chant des oiseaux peut être un moyen de sensibilisation pour faire
connaître au grand public les différentes espèces présentes sur le territoire et une entrée
pour aborder les questions d’enjeux autour de leur conservation.
- Enrichissement des connaissances : c’est par le chant des oiseaux que les écologues
parviennent à estimer des effectifs d’oiseaux nicheurs (en majorité mais à la vue aussi) et à
bâtir des indicateurs de leur évolution temporelle permettant de participer à la
connaissance de l’avifaune sur des territoires et à leur conservation.
Milieu bénéficiaire :
- Toute l’Aquitaine. Il n’existe aucun lieu particulier quant aux bénéfices tirés de ce service. Plus
la diversité en oiseaux chanteur sera importante plus le milieu sera attractif pour les personnes les
plus intéressées. Les sorties peuvent également être organisées en fonction de ce facteur.
Caractéristiques des espèces nécessaires à la disponibilité du service:
- Espèces d’oiseaux chanteurs. Un chant est associé ici à un minimum de mélodie. Nous
considérons donc qu’un seul cri ne peut être suffisant pour la mise à disposition du service, bien que
cela soit subjectif.
Espèces / Groupes concernés :
La famille des passeriformes (« songbirds » en anglais) à l’exception des Corvidés et des Picidés.
113
Indice de vulnérabilité :
L’indice de vulnérabilité est de 1.43. C’est donc un service de vulnérabilité faible.
Le service en Aquitaine :
Carte 1 : Diversité des chants par km² en Aquitaine :
Cette carte représente la diversité possible des chants d’oiseaux à partir de la présence des espèces
sélectionnées. Les données sélectionnées comportent un code atlas d’un minimum de 3. Elle est à
prendre en compte en fonction de la carte de la pression d’observation mais permet de se donner une
idée générale de la disponibilité du service.
114
Bibliographie/Sitographie :
- Davy M-M. 1998. L'Oiseau et sa symbolique. Albin Michel. 258 p.
- Maes E. 2000. Les oiseaux du monde à travers les musiques du monde et la musique classique.
www.lamediatheque.be
115
Annexe 9 : Fiche service d’ « Equarrissage naturel »
Nom du service : Service d’ « Equarrissage naturel »
Catégorie : Régulation
Description :
Service rendu par les espèces nécrophages, le service d’équarrissage naturel est un des services les plus
importants mis à disposition par l’avifaune. La présence d’espèces uniquement spécialistes reste très
liée à l’existence d’élevages traditionnels où elles participent à l’élimination des cadavres d’animaux
morts. Si l’équarrissage naturel n’est pas aussi productif que l’équarrissage industriel, il reste néanmoins
un complément indispensable, notamment pour les éleveurs indépendants situés dans des zones
difficilement accessibles. De plus, chaque espèce est complémentaire dans sa spécificité d’alimentation.
Leur diversité est donc indispensable pour un service efficace. Nécessaire, il a cependant été négligé,
défavorisé par les mesures européennes sur l’équarrissage. De plus, la mauvaise réputation des
vautours liée aux croyances populaires n’ont pas aidé à la prise en compte de leur utilité économique
et écologique. Depuis quelque temps, l’intérêt pour ce service se développe à nouveau, notamment à
travers la réglementation et la dynamique de mise en place de placettes d’alimentation. Il est également
important de considérer les nécrophages partiels qui permettent eux aussi la mise à disposition du
service, allant même jusqu’à rendre le service disponible dans les milieux aquatiques. Ils constituent un
système entier relativement efficace.
Bénéfices :
Sanitaires :
- Les charognards évitent la propagation de maladies. En effet, les vautours notamment
disposent de facultés digestives particulières qui leur permettent d’éliminer les bactéries et les
virus. En effet, Le pH des parties du tractus digestif des vautours est très faible. Or, ces
conditions extrêmes de pH sont défavorables à la majorité des agents infectieux (Houston &
Cooper, 1975).
- Pour les mêmes raisons, la probabilité d’une contamination organique du milieu est limitée. En
effet, la décomposition d’un cadavre dans la nature est à l’origine d’une pollution chimique et
organique microbienne du sol et des eaux due à l’activité de molécules potentiellement
dangereuses durant la putréfaction (Dupont, 2011).
Economiques :
- Les espèces nécrophages offrent un service gratuit d’équarrissage naturel, à la différence du
service public d’équarrissage. Cela est donc bénéfique aux éleveurs dont le lieu d’activité est
difficilement accessible.
Environnementaux :
- L’Equarrissage naturel fournit une économie d’énergie et donc une diminution de la production
de CO2 en limitant les transports des carcasses animales vers une usine d’équarrissage.
Milieu bénéficiaire : - Partout où peuvent s’installer les espèces tout ou en partie nécrophages. Les milieux d’élevages
traditionnels sont les plus liés à ce service d’un point de vue économique.
Caractéristiques des espèces nécessaires à la disponibilité du service:
116
- Régime alimentaire : nécrophagie.
Espèces / Groupes concernés :
Espèces uniquement nécrophages :
- Gypaète barbu, Gypaetus barbatus
- Vautour fauve, Gyps fulvus
- Vautour percnoptère, Neophron percnopterus
Espèces partiellement nécrophages :
- Milan noir, Milvus migrans
- Milan royal, Milvus milvus
- Aigle royal, Aquila chrysaetos
- Busard des roseaux, Circus aeruginosus
- Corneille noire, Corvus corone
- Goéland argenté, Larus argentatus
- Goéland marin, Larus marinus
- Goéland leucophée, Larus michahellis
- Grand Corbeau, Corvus corax
- Pie bavarde, Pica pica
Indice de vulnérabilité :
L’indice de vulnérabilité du service est de 3 pour le service rendu par les espèces spécialistes, ce qui en
fait un service menacé. En ce qui concerne les espèces partiellement nécrophages, l’indice est de 1.6,
soit une vulnérabilité faible.
Le service en Aquitaine :
Pour les espèces partiellement nécrophages, deux paramètres entrent en compte pour
comprendre la situation du service en Aquitaine : la diversité des espèces et l’indice de vulnérabilité par
commune. La carte suivante représente donc la vulnérabilité (pondéré par le nombre d’espèces). Le
vert correspond à un service en bon état. Les couleurs rouges représentent des territoires à fort enjeux
vis-à-vis de la conservation et de la restauration du service.
117
Carte 1 : Etat du service d’équarrissage naturel rendu par les espèces partiellement nécrophages
Carte 2 : Etat du service d’équarrissage naturel rendu par les espèces uniquement nécrophages
Pour les espèces spécialistes, la diversité d’espèces est très faible (3 espèces présentes au maximum).
La carte suivante représente donc la vulnérabilité des espèces présentes sur les différents territoires.
118
La problématique majeure concernant le service d’équarrissage naturel en Aquitaine réside autour des
Vautours dans les Pyrénées. Ce territoire devient alors le seul bénéficiaire du service mais également
le principal à devoir jouer un rôle dans sa conservation et sa restauration.
Bibliographie/Sitographie:
- Whelan C., Wenny D. and Marquis R., 2008, Ecosystem Services Provided by Birds, The Year in
Ecology and Conservation Biology 2008. 25-60
- Dupont H. 2011. Modélisation multi-agents d'un service écosystémique, scénarios de systèmes
d'équarrissage par des rapaces nécrophages. Thèse de doctorat en Frontières Interdisciplinaires du
Vivant de l'Ecole Normale Supérieure. 308 p.
- HOUSTON D.C., COOPER J.E., 1975, The digestive tract of the whiteback griffon vulture and its
role in disease transmission among wild ungulates. J. Wildl. Dis. 11, 306-313.
- http://vautours.lpo.fr/
119
Annexe 10 : Fiche service régulation naturelle des populations de
chenilles processionnaires
Nom du service : Régulation naturelle des populations de chenilles processionnaires du pin maritimme
Catégorie : Régulation
Description :
En France, on observe une avancée de la chenille processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa,
du Sud vers le Nord, imputée au réchauffement climatique. Aujourd’hui, presque tout le territoire
français lui offre les conditions nécessaires à son développement. En Aquitaine, on reconnaît sa
présence depuis longtemps, principalement lié à la présence du massif sylvicole Landais.
Impacts de la chenille processionnaire du pin :
Nuisances pour les arbres :
Dès leur éclosion, les chenilles commencent à se nourrir des aiguilles de leur hôte. Elles
vont alors provoquer une perte de croissance et une diminution du pouvoir
photosynthétique de l’arbre, par la défoliation. L’hôte se trouvant affaibli, il devient plus
vulnérable aux attaques d’autres insectes xylophages. Si un arbre ne meurt pas de la
défoliation par les chenilles, il met cependant environ trois ans à revenir à une croissance
normale.
Nuisances pour les Hommes et les animaux : dès l’apparition des poils au troisième stade
larvaire, des problèmes sanitaires se posent. En effet, les poils urticants sont libérés dans
l’air dès que la chenille se sent menacée. Ils peuvent se fixer sur l’épiderme, les yeux et les
voies respiratoires notamment. Très allergènes, ils peuvent provoquer de violentes
réactions chez l’Homme et la faune. Les impacts sont, de manière générale, plus importants
sur les animaux que chez l’Homme. Les milieux urbains sont plus vulnérables face à ces
problèmes sanitaires, vulnérabilité due à la densité de population. De plus, ce type de milieu
favorise le développement de la chenille en créant un îlot de chaleur favorable à son
développement.
Les risques induits par la chenille ne proviennent pas de sa présence mais de la pullulation liée à la
monoculture de Pins maritime. Ainsi, le service de régulation naturelle n’est pas lié à une
extermination des populations mais au maintien de ces dernières dans des limites acceptables pour
l’Homme qui a déséquilibré le milieu. Certaines espèces d’oiseaux effectuent cette lutte naturelle
contre les parasites.
- Coucou gris : Les coucous s’attaquent aux chenilles à leur stade larvaire 4 et 5, parfois dans leur
nid.
- Huppe fasciée : Elle s’attaque surtout aux chenilles à leur cinquième stade d’évolution,
lorsqu’elles sont en procession. Elle peut déterrer et ingérer également les chrysalides.
- Engoulevent d’Europe : Ce prédateur régule principalement les papillons.
- La Mésange charbonnière : cette espèce s’attaque surtout aux premières formes larvaires. On
peut observer une spécialisation forte de son régime alimentaire dans les zones où les
populations de chenilles processionnaires sont très importantes.
120
Il existe une complémentarité importante entre les prédateurs de la chenille processionnaire qui permet
une lutte biologique à tous les stades du cycle de vie de la chenille.
Bénéfices :
- Economiques : Ce service de régulation naturelle permet de lutter contre des ravageurs du pin ayant
un impact important sur la filière bois et parfois engendrant des problèmes sanitaires sur le bétail. Il est
d’autant plus important en Aquitaine du fait que le secteur et les industries du bois représentent le
quatrième employeur de la région. Les bénéfices tirés du service de régulation des chenilles
processionnaires par les prédateurs naturels impactent les territoires directement en contact avec les
forêts de conifères mais également des communes dont l’économie est liée à la filière-bois. Par
conséquent, la dégradation de ce service entraînerait des conséquences économiques sur l’ensemble
du territoire.
- Sanitaire : Il permet également d’éviter ou de limiter les accidents allergiques sur les Hommes et les
animaux.
Espèces / Groupes concernés :
- Coucou gris, Cuculus canorus
- Huppe fasciée, Upupa epops
- Engoulevent d’Europe, Caprimulgus europaeus
- Mésange charbonnière, Parus major
Milieu bénéficiaire :
- Forêts de pins maritimes
- Espaces urbains présentant des caractéristiques propices au développement de la chenille
processionnaire.
- Territoires où l’économie est majoritairement liée à la filière-bois
Caractéristiques des espèces nécessaires à la disponibilité du service :
- Le régime alimentaire : Insectivore.
- Développement de traits morphologiques et de techniques d’alimentation qui leur permettent
de se nourrir de la chenille à un où tous les stades de son cycle de vie.
Indice de vulnérabilité :
L’indice général du service est de 1 ce qui en fait un service non vulnérable, les prédateurs de la
chenille processionnaire ayant tous un enjeu de conservation faible.
121
Le service en Aquitaine :
Carte 1 : Localisation des enjeux sanitaires et économiques du service de régulation des populations
de chenilles processionnaires du pin : (forêts de pins maritimes et zones urbaines)
122
Carte 2 : Nombre de prédateurs de la chenille processionnaire par commune :
L’indice de vulnérabilité (1) étant faible, seule la diversité des espèces prédatrice de la chenille
processionnaire a un impact sur la mise à disposition du service. Cette diversité est à son maximum
principalement sur le massif landais. Cela est lié à la présence majoritaire de la forêt de Pin maritime et par
ce fait à la présence importante de proie.
Bibliographie/Sitographie:
- Barbaro L., Battisti A. (2011). Birds as predators of the pine processionary moth (Lepidoptera:
Notodontidae), in Biological Control, 56 (2), p. 107-114.
- Escalón S. Processionnaire du pin : une chenille sous haute surveillance, http://www.inra.fr
- Martin J.C, Bonet C. La chenille processionnaire du Pins. http://www.inra.fr
- http://www.oiseaux.net
123
Annexe 11 : Fiche service « Nature en ville »
Nom du service : La nature en ville
Catégorie : Culturel
Description : L’avifaune en ville prend une place importante dans le contexte culturel actuel de la « re-naturalisation »
du milieu urbain, de la reconnexion entre la nature et le citadin. Bien que le terme de « nature » pour
qualifier la biodiversité urbaine soit discutable, il n’en reste pas moins que des services sont fournis,
notamment par l’avifaune urbaine. Les oiseaux mettent à disposition une multitude de services. Comme
un « ailleurs » au sein de la ville, ils sont des « images de nature ».
Bénéfices :
- Récréatifs/loisirs : L’observation des oiseaux est toute aussi attractive en milieu urbain
qu’en milieu rural. Le fait que le milieu urbain tienne une place importante dans la part des
contributions sur faune-aquitaine illustre bien cette idée.
- Educatifs : La présence d’oiseaux en ville peut être le sujet de sorties découvertes afin de
sensibiliser les citadins aux problématiques de protection de la nature et à l’écologie.
- Economiques : La place de la nature en ville devient de plus en plus importante dans le choix
des destinations de séjour pour les touristes. Il est possible de voir une dynamique de
communication qui s’installe autour de cette thématique notamment sur les sites internet
des offices de tourisme : « Petite faune en ville », « Faune et flore de notre ville ». Ainsi, la
présence d’une diversité d’espèce en ville peut devenir un argument pour renforcer
l’attractivité touristique des villes.
Si l’avifaune en ville offre des bénéfices divers, il n’en reste pas moins que le milieu urbain exerce de
fortes pressions sur cette biodiversité : dérangement par l’homme, pollution, prédateurs, facilitation
d’installation pour les espèces exotiques. De nos jours, la biodiversité en ville est prise en compte dans
les documents d’urbanisme (PLU, PLUI, SCOT) dans le cadre des Schémas Régionaux de Cohérence
Ecologique (SRCE).
Milieu bénéficiaire :
- Zone urbanisées
Caractéristiques des espèces nécessaires à la disponibilité du service:
- Ces espèces doivent être plus ou moins anthropophiles puisque nicheuses en milieu urbain
(intersection des données avec la couche SIG des milieux urbanisés : tissu urbain continu et discontinu,
zones industrielles et commerciales, décharges, espaces verts urbains, équipements sportifs et loisirs).
124
Espèces / Groupes concernés :
- Toutes les espèces nicheuses d’Aquitaine sont prises en compte. Ce qui est important ici c’est
la diversité des espèces, considérant que chacune tient une place culturellement identique à une autre.
Ce résonnement est simpliste, le contexte culturel n’accorde pas la même importance à toutes les
espèces. Néanmoins, en ne hiérarchisant pas les espèces selon leur valeur culturelle, le résonnement
devient objectif, s’affranchissant de toute subjectivité liée au choix des espèces.
Indice de vulnérabilité :
L’indice de vulnérabilité est de 1.50 ce qui en fait un service de vulnérabilité faible.
Le service en Aquitaine :
Carte 1 : Diversité et densité des espèces en milieux urbain sur le territoire aquitain
125
Cette carte représente la densité des espèces d’oiseaux observés au km² de milieu urbanisé. Il est
toutefois nécessaire de la mettre en parallèle avec la carte de pression d’observation (Figure X). Il en
ressort de manière intéressante que les zones urbaines rurales sont les plus riches en diversité
avifaunistique et que les zones fortement urbanisées (Bordeaux, Bayonne-Anglet-Biarritz) sont
relativement plus pauvres.
Le comportement des contributeurs urbains sur Faune-Aquitaine est un bon indicateur pour
mesurer l’importance du milieu artificiel pour le loisir « naturaliste ».
Le contributeur urbain peut être caractérisé comme celui qui habite dans une unité urbaine. Cette
dernière est définie comme étant un ensemble de communes sur le territoire desquelles se trouve une
zone bâtie continue (c’est-à-dire un espace au sein duquel il n’y a pas de coupure de plus de 200m entre
deux constructions) dans laquelle réside au moins 2000 habitants, la moitié au moins de la population
de chaque commune appartenant à la zone bâtie (INSEE). Il est intéressant de réaliser différentes
catégories en utilisant le classement réalisé par l’INSEE des différentes unités urbaines d’Aquitaine,
classement effectué selon le nombre d’habitant. La CUB et Bordeaux étant des territoires de référence
en Aquitaine, il est également intéressant de les distinguer.
Ce graphique nous montre que la part accordée au milieu artificiel dans les lieux d’observation des
contributeurs urbains est non négligeable, notamment pour les contributeurs de la CUB et de Bordeaux,
pour qui 50,41% des lieux d’observations pour les premiers et 65.51% pour les seconds, sont situés en
milieu artificiel. Il existe donc bien une certaine attractivité de ce type de milieu pour le contributeur
urbain qui y passe une partie relativement importante de son temps de loisir consacré à l’observation
de l’avifaune.
36,0041,13
47,5350,41
65,51
Proportion du nombre de données faites en milieu artificiel par les contributeurs urbains
Contributeurs habitant l'Unité
Urbaine de Bordeaux
Contributeurs habitant dans
la CUB
Contributeurs
habitant dans une
des 7 plus grandes
Unités Urbaines
d'Aquitaine
(>20000 habitants)
Contributeurs
habitant dans une
des 3 plus grandes
Unités Urbaines
d'Aquitaine
(>50000 habitants)
Contributeurs
habitant dans
la commune de
Bordeaux
126
Bibliographie/Sitographie :
- Bolund P.Hunhammar S. 1999. Ecosystem services in urban areas. Ecological economics 29. 293–301
- Malher F., Magne JF. 2010. l’urbanité des oiseaux. Ethnologie Français 14. 657-667
- Arnould P.et al. 2011. La nature en ville : l’improbable biodiversité. Géographie, économie, société
13. 45-68
- UICN Comité français. (2013). Panorama des services écologiques fournis par les milieux naturels en
France. Volume 2.3. Les écosystèmes urbains. 20 p.
127
Annexe 12 : Fiche service régulation biologique naturelle des populations de
moustiques
Nom du service : Régulation biologique naturelle des populations de moustiques
Catégorie : Régulation
Description : Les moustiques sont des insectes qui font partie de l’ordre des diptères. Leur développement est
intimement lié aux zones Humides. En effet, ils passent par quatre stades d’évolution dont trois
aquatiques : l’œuf, la larve et la nymphe. Le quatrième est aérien. Si les moustiques sont perçus comme
« néfastes » il ne faut pas omettre le fait qu’ils ont un rôle écologique important. D’une part ils sont une
source de nourriture et tiennent donc une place importante dans la chaîne trophique et d’autre part,
ils participent au fonctionnement des écosystèmes dans lesquels ils vivent notamment par la
bioépuration des eaux par les larves. Néanmoins, ils posent également des problèmes pour le « bien-
être » humain.
Impacts :
Les impacts de cette espèce sont avant tout sanitaires. Les moustiques sont des vecteurs de maladies
par la transmission de microorganismes lors du prélèvement de sang par les femelles des espèces
hématophages. Ainsi, le risque est à la foi la transmission de maladie et un risque moindre d’allergie par
l’anticoagulant injecté. En effet, au contact de cette substance, nos défenses immunitaires sont
stimulées par l’inflammation ainsi engendrée.
Différentes espèces de moustiques sont présentes en France. Celle qui fait de plus en plus parler d’elle
est l'Aedes Albopictus, moustique tigre. D’origine asiatique, elle s’implante dans certains départements
comme le Lot-et-Garonne depuis 2012 et peuvent être vecteurs de la dengue ou du Chikungunya même
si aucune épidémie ne s’est développée en France pour le moment.
Bénéfices :
- Sanitaires : La régulation biologique naturelle des populations de moustiques limite la
transmission de maladies par ces vecteurs d’agents pathogènes et limite les réactions allergiques chez
l’homme.
- Economiques : Les risques sanitaires concernent aussi les espèces animales. Ainsi, la
transmission de maladies sur le bétail peut avoir des répercussions économiques importantes. Les soins
nécessaires liés aux impacts sanitaires ont également un coût qui est supporté par la société. Enfin, ce
service écosystémique de régulation permet également de limiter les impacts économiques négatifs sur
des territoires qui peuvent avoir un fort attrait touristique.
- Environnementaux : A la différence de la régulation chimique, la régulation naturelle des
populations de moustiques ne nuit pas à la biodiversité.
Milieux bénéficiaires : Trois zones principales ont été retenues autour du service de régulation des populations de moustiques.
Bien évidemment ce ne sont pas les seules à être concernées, tout le territoire aquitain pouvant être
bénéficiaire du service.
128
- Zones humides : La régulation dans les zones humide se fait directement dans le milieu de
développement du moustique. Si les zones humides ne sont pas réellement bénéficiaires du service,
elles sont néanmoins le lieu principal de la régulation.
- Zones d’élevages : Les zones d’élevage sont les principales bénéficiaires du service. Elles peuvent
être le lieu de transmission de zoonoses, transmission limitée par la régulation naturelle. Un enjeu
économique important pèse également sur ces espaces.
- Milieu urbain : Le milieu urbain est un autre bénéficiaire important. La densité de population qui
s’y trouve augmente sa vulnérabilité.
Caractéristiques des espèces nécessaires à la disponibilité du service: - Le régime alimentaire : Insectivore comprenant les moustiques (Culicidae).
Espèces / groupes concernés : - Bergeronnette printanière, Motacilla flava
- Bruant des roseaux, Emberiza schoeniclus
- Cisticole des joncs, Cisticola juncidis
- Gorgebleue à miroir, Luscinia svecica
- Gorgebleue à miroir blanc, Luscinia svecica namnetum
- Locustelle luscinioïde, Locustella luscinioides
- Phragmite des joncs, Acrocephalus schoenobaenus
- Étourneau sansonnet, Sturnus vulgaris
- Hirondelle de fenêtre, Delichon urbica
- Hirondelle de rivage, Riparia riparia
- Hirondelle rustique, Hirundo rustica
- Martinet noir, Apus apus
- Pouillot de Bonelli, Phylloscopus bonelli
- Pouillot véloce, Phylloscopus collybita
- Rousserolle effarvatte, Acrocephalus scirpaceus
- Rousserolle turdoïde, Acrocephalus arundinaceus
Indice de vulnérabilité : L’indice de vulnérabilité du service est de 1.13. C’est donc un service à très faible vulnérabilité.
Bibliographie/Sitographie :
Cramp S. (Chief Editor).1988. Handbook of the Birds of Europe, the Middle East and North Africa:
The Birds of the Western Palearctic: Tyrant Flycatchers to Thrushes. Volume V. Oxford University
Press. 1084 p.
- Cramp S. (Chief Editor).1992. Handbook of the Birds of Europe, the Middle East, and North
Africa: The Birds of the Western Palearctic Volume VI: Warblers. Volume VI. Oxford University
Press. 584 p
- http://www.eidatlantique.eu/
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Annexe 13 : Fiche service régénération forestière par les espèces granivores
Nom du service : Régénération forestière
Catégorie : Régulation
Description : On appelle la dispersion de graines par la faune, la Zoochorie. Ce principe présente l’avantage de faire
franchir des distances importantes aux différentes graines ce qui favorise l’extension des espèces
floristique et la diversification du patrimoine génétique. Les oiseaux frugivores sont les principaux
disséminateurs de baies et autres fruits, mais certains mammifères participent également à ce
processus. Il existe pour chaque type de fruit zoochore un groupe plus ou moins diversifié d’animaux
dont la taille, l’anatomie, la physiologie sensorielle et les modes de vie sont compatibles avec ces
caractéristiques. Par exemples certains fruits sont plutôt consommés par des petits oiseaux, d’autres
par les mammifères d’autres encore sont disséminés par des petits rongeurs. La dissémination
s’effectue soit à la suite de la digestion, soit par des réserves de nourritures oubliées. La richesse
spécifique est donc ici un indicateur pertinent puisqu’il semble y avoir une complémentarité entre
espèces pour la dissémination de graines d’essences variées.
Bénéfices :
- Economiques : Une régulation naturelle efficace permet de limiter les couts de restauration et
d’entretien forestier, notamment les coûts relatifs à la plantation, aux travaux préalables du sol, etc.
- Environnementaux : A la différence de la régulation chimique, la régulation naturelle des
populations de moustiques ne nuit pas à la biodiversité.
Milieux bénéficiaires : - Zones Forestières prioritairement : ces zones sont le lieu de la régulation et les premières
bénéficiaires
- Le service de régénération de la forêt, en favorisant un bon état de santé de l’écosystème, permet
la mise à disposition et la durabilité des services écosystémiques fournis par le milieu forestier. Or,
ces services sont d’ordres multiples et touchent des milieux très variés.
Caractéristiques des espèces nécessaires à la disponibilité du service: - Le régime alimentaire : Granivores
Espèces / groupes concernés : - Grives, Turdus
- Fauvettes, Sylvia
- Geai des chênes, Garrulus glandarius
- Cassenoix moucheté, Nucifraga caryocatactes
- Ecureuil roux, Sciurus vulgaris
Bibliographie/Sitographie :
- CRPF Limousin, 2011, « La régénération naturelle, Principes généraux », 5p.
- http://www.onf.fr/