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Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers. Approche méthodologique et interdisciplinaire Bénédicte Palazzo-Bertholon et Cécile Treffort 1. INTRODUCTION 2. MÉTHODOLOGIE 1.1. Problèmes historiographiques 1.2. Un inventaire systématique 1.3. Une approche interdisciplinaire 3. ÉTUDE DU MONUMENT 3.1. Étude des maçonneries 3.2. Étude géologique 3.3. Une illustration méthodologique : le retournement de la porte 4. ÉTUDE DES ÉLÉMENTS SCULPTÉS ET INSCRITS 4.1. Matériaux utilisés pour les sculptures 4.2. Outils et technique de la taille de pierre étudiés à l’hypogée 4.3. Les inscriptions 5. CONCLUSION 1. Introduction L’Hypogée des Dunes est un des sites mérovingiens les plus remarquables, tant il concentre de richesses en matière d’architecture, de sculpture, de peinture, d’épigraphie et de vestiges funéraires. L’édifice fut découvert par le Père de la Croix en 1878 ; la première présentation publique, faite à la Sorbonne le 1 er avril 1880, fut rapidement publiée dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l’Ouest 1 . L’intégralité de la fouille fit l’objet d’une monographie parue en 1883 2 , accompagnée de nombreux relevés, photographies et restitutions. N’ayant pas obtenu les moyens nécessaires à la construction d’un abri efficace pour conserver le site, il se résolut, en 1886, à le remblayer 3 . Quelques années plus tard, le service des Monuments historiques confia à Jules Formigé la construction d’un édifice de protection. L’hypogée fut alors déblayé sous la surveillance du Père de la Croix, qui en profita pour faire des observations complémentaires avant l’engagement d’une campagne de restauration en vue de son ouverture au public. Le 18 janvier 1909, le site fut enfin inauguré (cahier couleur, pl. I). En 1998, la dégradation accélérée des structures et du décor in situ ainsi que l’intervention d’un groupe de scientifiques réunis sur place dans le cadre de l’European Science Foundation 4 conduisirent à la fermeture du site au public, envisagée d’abord comme une mesure conservatoire. Cette décision avait en effet pour premier objectif de protéger le site du développement des micro- organismes, de dresser un bilan sanitaire et d’organiser une surveillance climatologique et microbiologique à moyen terme. Le suivi et le diagnostic sanitaire, indispensables pour déterminer les raisons de la dégradation accélérée des structures et les remèdes possibles, ont été rapidement accompagnés de la mise en place d’un programme plus large d’études concertées pour la connaissance et la sauvegarde des lieux, soutenu en grande partie par le Ministère de la Culture et le Service Régional de l’Archéologie. L’étude archéologique du bâti initialement envisagée a été élargie à une approche interdisciplinaire justifiée par la richesse et la complexité du site. L’objectif final de ce projet était bien sûr de stopper la dégradation du site tout en fournissant des données scientifiques renouvelées sur l’histoire de l’hypogée, dans le cadre d’une réouverture au public, grâce aux travaux de conservation nécessaires. Si, depuis la fin du XIX e siècle, de nombreux chercheurs se sont intéressés au site, produisant une abondante bibliographie, cette dernière repose presque exclusivement sur les travaux du Père de la Croix, à savoir sa fouille, ses relevés, ses transcriptions, ses publications et ses interprétations, la monographie de 1883 fournissant l’essentiel de la documentation utilisée par tous les chercheurs 5 . Le présent article vise à présenter la démarche scientifique que nous avons suivie pour produire une nouvelle documentation répondant aux exigences scientifiques actuelles et soutenir ainsi une nouvelle étude interdisciplinaire de l’édifice 6 . 2. Méthodologie 2.1. Problèmes historiographiques Dès la mise au jour de l’hypogée par le Père de la Croix, le site éveilla l’intérêt de nombreux savants qui s’intéressèrent à la sculpture, aux inscriptions et à l’édifice dans sa globalité. Le Père de la Croix publia rapidement, à compte d’auteur, les résultats de sa fouille et ses conclusions sous la forme d’une monographie, assortie d’illustrations 7 . Avant même la sortie de son volume, dont il assura une diffusion très large 8 , le Père de la Croix fut confronté au désaccord de divers contemporains concernant la datation de l’hypogée 9 ; le débat porta surtout sur l’interprétation qu’il proposait, voyant dans l’édifice un martyrium du VI e siècle, construit pour accueillir les reliques de soixante- douze martyrs poitevins du III e siècle 10 . Ce dernier point fut l’objet d’une polémique particulièrement vive, dont témoignent non seulement de multiples publications 11 mais également son abondante correspondance avec divers interlocuteurs, par bonheur sauvegardée et conservée aux Archives départementales de la Vienne 12 . L’étude attentive de cette documentation illustre la 151

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Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers.Approche méthodologique et interdisciplinaire

Bénédicte Palazzo-Bertholon et Cécile Treffort

1. IntroductIon

2. MéthodologIe

1.1. Problèmes historiographiques1.2. Un inventaire systématique1.3. Une approche interdisciplinaire

3. étudeduMonuMent

3.1. Étude des maçonneries3.2. Étude géologique3.3. Une illustration méthodologique : le retournement

de la porte4. étudedeséléMentssculptésetInscrIts

4.1. Matériaux utilisés pour les sculptures4.2. Outils et technique de la taille de pierre étudiés à

l’hypogée4.3. Les inscriptions

5. conclusIon

1. Introduction

L’Hypogée des Dunes est un des sites mérovingiens les plus remarquables, tant il concentre de richesses en matière d’architecture, de sculpture, de peinture, d’épigraphie et de vestiges funéraires. L’édifice fut découvert par le Père de la Croix en 1878 ; la première présentation publique, faite à la Sorbonne le 1er avril 1880, fut rapidement publiée dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l’Ouest1. L’intégralité de la fouille fit l’objet d’une monographie parue en 18832, accompagnée de nombreux relevés, photographies et restitutions. N’ayant pas obtenu les moyens nécessaires à la construction d’un abri efficace pour conserver le site, il se résolut, en 1886, à le remblayer3. Quelques années plus tard, le service des Monuments historiques confia à Jules Formigé la construction d’un édifice de protection. L’hypogée fut alors déblayé sous la surveillance du Père de la Croix, qui en profita pour faire des observations complémentaires avant l’engagement d’une campagne de restauration en vue de son ouverture au public. Le 18 janvier 1909, le site fut enfin inauguré (cahier couleur, pl. I).

En 1998, la dégradation accélérée des structures et du décor in situ ainsi que l’intervention d’un groupe de scientifiques réunis sur place dans le cadre de l’European Science Foundation4 conduisirent à la fermeture du site au public, envisagée d’abord comme une mesure conservatoire. Cette décision avait en effet pour premier objectif de protéger le site du développement des micro-organismes, de dresser un bilan sanitaire et d’organiser une surveillance climatologique et microbiologique à moyen terme. Le suivi et le diagnostic sanitaire, indispensables

pour déterminer les raisons de la dégradation accélérée des structures et les remèdes possibles, ont été rapidement accompagnés de la mise en place d’un programme plus large d’études concertées pour la connaissance et la sauvegarde des lieux, soutenu en grande partie par le Ministère de la Culture et le Service Régional de l’Archéologie. L’étude archéologique du bâti initialement envisagée a été élargie à une approche interdisciplinaire justifiée par la richesse et la complexité du site. L’objectif final de ce projet était bien sûr de stopper la dégradation du site tout en fournissant des données scientifiques renouvelées sur l’histoire de l’hypogée, dans le cadre d’une réouverture au public, grâce aux travaux de conservation nécessaires.

Si, depuis la fin du xIxe siècle, de nombreux chercheurs se sont intéressés au site, produisant une abondante bibliographie, cette dernière repose presque exclusivement sur les travaux du Père de la Croix, à savoir sa fouille, ses relevés, ses transcriptions, ses publications et ses interprétations, la monographie de 1883 fournissant l’essentiel de la documentation utilisée par tous les chercheurs5. Le présent article vise à présenter la démarche scientifique que nous avons suivie pour produire une nouvelle documentation répondant aux exigences scientifiques actuelles et soutenir ainsi une nouvelle étude interdisciplinaire de l’édifice6.

2. Méthodologie

2.1. Problèmes historiographiquesDès la mise au jour de l’hypogée par le Père de la

Croix, le site éveilla l’intérêt de nombreux savants qui s’intéressèrent à la sculpture, aux inscriptions et à l’édifice dans sa globalité. Le Père de la Croix publia rapidement, à compte d’auteur, les résultats de sa fouille et ses conclusions sous la forme d’une monographie, assortie d’illustrations7. Avant même la sortie de son volume, dont il assura une diffusion très large8, le Père de la Croix fut confronté au désaccord de divers contemporains concernant la datation de l’hypogée9 ; le débat porta surtout sur l’interprétation qu’il proposait, voyant dans l’édifice un martyrium du vIe siècle, construit pour accueillir les reliques de soixante-douze martyrs poitevins du IIIe siècle10. Ce dernier point fut l’objet d’une polémique particulièrement vive, dont témoignent non seulement de multiples publications11 mais également son abondante correspondance avec divers interlocuteurs, par bonheur sauvegardée et conservée aux Archives départementales de la Vienne12.

L’étude attentive de cette documentation illustre la

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difficulté d’interprétation du site mais nous renseigne également sur la démarche intellectuelle du Père de la Croix face aux éléments d’informations disponibles. Son approche archéologique lors de la fouille est particulièrement méthodique et rigoureuse pour le xIxe siècle et ses observations archéologiques semblent relativement fiables13. Il s’assure également volontiers le concours de divers savants, réunis en commission, par exemple pour le relevé des inscriptions14 ou l’analyse des ossements15.

En revanche, ses remarques deviennent plus discutables lorsqu’il passe à l’interprétation des vestiges qu’il a découverts. Il traite ainsi indifféremment les objets trouvés dans l’hypogée et ceux provenant du terrain environnant. Par exemple, les deux dalles décorées d’ocelles avaient été découvertes dans une petite tranchée située à 90 mètres de l’hypogée16 ; il n’hésite cependant pas à considérer qu’elles en proviennent et qu’elles formaient à l’origine une partie de son pavement. Le lieu de découverte de certaines pièces fait même l’objet de discussion de son vivant à l’instar de la pierre aux larrons : dans sa monographie, le Père de la Croix indique l’avoir trouvée dans une « cavité » à l’intérieur de l’hypogée17 mais une lettre adressée au savant archéologue par Lecointre-Dupont et datée du 13 novembre 1889 suggère qu’elle proviendrait d’un autre lieu18.

Par ailleurs, ses relevés des élévations et du plan, bien qu’exécutés avec beaucoup de soin, n’en restent pas moins sommaires et schématiques19. D’un point de vue purement archéologique, ils ne sont plus guère exploitables au regard des exigences scientifiques actuelles, car ils correspondent aux techniques habituellement utilisées au xIxe siècle. De même, les restitutions graphiques, aussi charmantes

soient-elles, n’ont aucune valeur archéologique, reposant uniquement sur une vision personnelle de l’inventeur du site.

Enfin, nous avons pu mettre en évidence que les photographies publiées dans la monographie ont été effectuées non pas à partir des originaux, mais à partir des moulages des pierres gravées et sculptées, réalisés par le Père de la Croix. En effet, ils présentent des similitudes troublantes avec deux clichés retrouvés aux Archives départementales de la Vienne, qui montrent l’ensemble des moulages rassemblés après leur fabrication20 (fig. 1). Les planches photographiques de la monographie témoignent ainsi clairement des raccords de plâtre entre certaines pièces moulées, qui n’existent évidemment pas sur les originaux (fig. 2 a et b). En outre, certains éléments gravés de l’hypogée tels que la partie inférieure des chambranles de la porte ont été reproduits comme des pierres indépendantes alors qu’ils n’ont été déposés par le Père de la Croix ni pendant la fouille, ni lors de la restauration de 1908 par les Monuments historiques21.

Si l’ensemble du volume est organisé de manière méthodique, étudiant tour à tour l’architecture, la sculpture, les inscriptions, etc, son texte vise à prouver, par tous les moyens possibles, que l’hypogée a reçu les reliques de soixante-douze martyrs poitevins. Le problème essentiel de la publication du Père de la Croix est qu’il mélange, sans permettre au lecteur de les distinguer, l’observation des faits archéologiques et l’interprétation qu’il en donne, liée au toponyme « Chiron martyr » qui désigne dans la tradition locale l’amas de pierres recouvrant le site avant sa découverte et qui évoque pour lui un lieu de mémoire de martyrs chrétiens. Les informations contenues dans la monographie du Père de la Croix sont donc partielles,

Bénédicte Palazzo-Bertholon et alii

Fig. 1. Cliché des moulages des pierres sculptées de l’hypogée des Dunes, réalisés par le Père de la Croix. AD 86, Arch. SAO, fonds De la Croix (cliché C. Treffort).

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partiales, peu fiables dans une perspective scientifique contemporaine. Elles illustrent également la nécessité de proposer aujourd’hui des relevés et une étude mise à jour de l’édifice, afin de fournir une documentation nouvelle, établie selon les méthodes actuelles et donc exploitables par l’ensemble des chercheurs.

2.2. Un inventaire systématiqueLes doutes sur la provenance précise de certaines

pièces et leurs déplacements nombreux au cours du temps nous ont conduit à réaliser un inventaire exhaustif de toutes les pierres sculptées associées d’une manière ou d’une autre par le Père de la Croix au site de l’hypogée des Dunes, en indiquant leurs conditions actuelles de conservation (in situ, déposées au musée Sainte-Croix ou disparues), leur lieu précis de découverte (en comparant la monographie aux documents conservés dans les archives), l’évolution de leur usage et de leur fonction (remplois) dans l’hypogée et l’existence ou non de moulages correspondants (nombre et lieu de conservation). Au-delà de leur intérêt muséographique, les informations ainsi collectées nous permettent de réintroduire ces pièces dans le contexte archéologique de l’hypogée, en plusieurs niveaux distincts :

- les pierres qui appartiennent à la structure architecturale de l’édifice et qui n’ont pas été déplacées22 ;

- les pierres trouvées avec certitude dans l’hypogée au cours de la fouille, mais détachées de leur contexte (niveaux de démolition ou en remploi)23 ;

- les pierres trouvées à l’extérieur de l’hypogée, mais que le Père de la Croix a associées à l’hypogée des Dunes24 ;

- les pierres dont la provenance n’est pas documentée et par conséquent incertaine, mais qui ont été associées au site de l’hypogée, en particulier par leur exposition sur le site après sa réouverture et son aménagement25.

L’identification précise de chaque pièce sculptée permettra de hiérarchiser son utilisation comme élément de réflexion, ce qui n’a jamais été fait. Ainsi, les pierres trouvées avec certitude dans l’hypogée et liées à l’architecture ont davantage de poids dans l’argumentation que les fragments trouvés à l’extérieur de l’édifice et qui peuvent provenir d’un autre contexte, en lien notamment avec la nécropole alentour. Cet inventaire se présente donc comme un outil de travail à part entière, utilisable pour la recherche comme pour la conservation.

2.3. Une approche interdisciplinaireL’étude archéologique renouvelée d’un site qui a fait

l’objet d’un dégagement exhaustif comprend d’autres difficultés. Dans le cas de l’hypogée des Dunes, le Père de la Croix avait fouillé l’édifice jusqu’à ses fondements, en l’occurrence jusqu’au rocher naturel à l’intérieur du caveau26. Ce faisant, il a éliminé, avec les couches de remplissage, toute stratigraphie. Aussi, l’étude engagée devait-elle faire appel à des techniques archéologiques différentes de celles employées par l’inventeur. Par ailleurs le site, afin d’être ouvert au public, a été restauré vers 1908 par les Monuments historiques, sous l’autorité de Camille de la Croix. Cette restauration est peu documentée, l’ensemble des structures et de leur restauration se confondant à présent sous la patine et la poussière ; il apparaissait donc nécessaire d’évaluer l’étendue et l’emprise de cette intervention sur les vestiges originaux.

Dès le projet initial, nous avons ainsi fait le choix d’une étude interdisciplinaire, afin d’enrichir notre discussion et de pallier le manque de stratigraphie par le croisement d’investigations variées. Le relevé pierre à pierre des élévations et du plan de l’hypogée27 a constitué une pièce maîtresse de l’étude, par l’observation minutieuse des maçonneries et la réflexion graphique qui accompagne le dessin. L’étude du bâti a fourni des marqueurs archéologiques que le Père de la Croix n’avait pas forcément pris en compte dans sa démarche, tels que le module et la nature géologique des pierres de construction, la régularité

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Fig. 2 a : Moulage d’une des dalles aux anges (publiée dans la monographie) ;

b : original sans raccord (cliché Chr. Vignaud/Musées de Poitiers).

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des assises, les coups de sabre, les changements de mortiers, les bouchages, etc. La distinction des mortiers in situ par la lecture des maçonneries et l’échantillonnage d’un certain nombre d’entre eux,28 a permis une caractérisation physico-chimique en laboratoire et l’établissement d’une typologie propre au site.

L’étude des traces d’outil29 réalisée sur l’ensemble des pierres de l’hypogée a fourni des informations extrêmement précieuses et utiles à la connaissance d’événements spécifiques liés à l’usage du lieu et à la reconstitution d’une chronologie relative. L’ensemble des pierres (architecturales et ornementales) a été également analysé30. La nature géologique des moellons comme des pierres de taille a été inventoriée systématiquement et la provenance des matières premières identifiée. Par ailleurs, cette approche géologique a donné l’occasion de corriger les données erronées publiées dans la monographie du Père de la Croix à ce sujet31. Enfin, le relevé des inscriptions lapidaires encore conservées, accompagné de leur étude archéologique, a mis en valeur non seulement des traits paléographiques caractéristiques mais également différentes phases de réalisation ou d’utilisation (y compris des traces d’usure ou de réfection) qui viennent compléter la compréhension de l’édifice32.

En l’absence de toute stratigraphie archéologique, nous ne pensions pas avoir la chance de dater précisément l’occupation du site. Pourtant, la découverte, dans une des

sépultures en fosse, d’ossements déposés en ce lieu par le Père de la Croix après la fin de la fouille33 nous a permis d’effectuer une datation par le radiocarbone qui pourra être croisée avec l’analyse du matériel funéraire encore conservé au Musée Sainte-Croix34.

L’ensemble des relevés, observations et analyses évoqués ci-dessus permet ainsi une approche renouvelée du monument et de son décor à la fois peint et sculpté.

3. Étude du monument

3.1. Étude des maçonneries

3.1.1 - Lecture des élévations à partir des relevés pierre à pierre

Le plan de l’hypogée publié par le Père de la Croix dans sa monographie (fig. 3a) présentait un édifice aux contours réguliers et homogènes. Les maçonneries avaient été dessinées avec la même épaisseur, occultant les variations visibles, notamment dans la partie haute de l’escalier. Les sépultures mises au jour (fosses et sarcophages) avaient été représentées sans leurs couvertures. Le père de la Croix avait restitué sur son dessin l’implantation des murs et des éléments lapidaires, en lissant certaines irrégularités visibles aujourd’hui, telles que la liaison des piédroits de la porte avec les murs ou l’articulation du haut de l’escalier.

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Fig. 3. a : plan de Camille de la Croix (De la Croix 1883, planche ; b : plan pierre à pierre de l’hypogée des Dunes (dessin B. Palazzo-Bertholon).

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Il importait donc, avant toute autre chose, de dresser un plan fiable en gardant dans un premier temps pour des raisons pratiques, la numérotation donnée par Camille de la Croix pour chaque élément lapidaire architectural ou ornemental. Le nouveau plan que nous proposons (fig. 3b) est issu d’un relevé pierre à pierre complet des structures encore en place. Le nettoyage des maçonneries a permis de restituer le profil de chaque pierre35.

Un tel travail a permis des observations de toute première importance. La partie haute de l’escalier est ainsi constituée de maçonneries complexes, formant un ensemble de niveaux de circulation (marches), de murs verticaux et de banquettes (R). Le mur sud de l’escalier en partie haute est flanqué d’une maçonnerie perpendiculaire qui s’arrête à l’arrière de la colonnette (O) et qui ne figure pas sur le plan du Père de la Croix, à l’instar des deux maçonneries situées à l’arrière des banquettes (R) et des deux premières marches en haut de l’escalier.

De même, en bas de l’escalier, le mur n’est pas jointif avec les piédroits de la porte, contrairement à la restitution du Père de la Croix. Il existe en effet une rupture verticale de plusieurs centimètres qui sépare la porte des murs de l’escalier, au sud comme au nord. Par ailleurs, deux marches d’escalier maçonnées existent actuellement entre la dernière marche sculptée (N) et le seuil de la porte (L) et non une seule comme sur le plan du Père de la Croix.

Dans les salles de l’hypogée, les murs est et ouest ne se terminent pas du côté sud par un retour de maçonnerie comme le Père de la Croix l’avait restitué. Il ne subsiste plus aujourd’hui que quelques pierres d’attente qui dépassent légèrement de la maçonnerie, suggérant l’emplacement du mur sud disparu. Sur le mur nord, le dé qui supporte une base de colonnette au bout de la marche K s’étend en avant de cette marche et non à l’aplomb de celle-ci, comme le Père de la Croix l’a dessinée.

Enfin, la marche (J et J’) est constituée de deux parties différentes36, que le Père de la Croix restituait. Notre relevé montre néanmoins que la partie sud (J’) est désaxée et non strictement alignée comme cela apparaît sur la planche de la monographie.

Tout comme le plan général, les élévations ont fait l’objet de relevés et de restitutions qui diffèrent sensiblement de ceux du père de la Croix. Dans la mesure où nous n’avons pas eu accès aux sépultures, à l’exception des fosses n° 5 et 6, nous n’avons indiqué que les couvercles des fosses et des sarcophages visibles actuellement.

De manière générale, les restitutions du Père de la Croix37 présentent la même schématisation graphique que le plan de masse. Les différences perceptibles dans la volée d’escalier sont peut-être imputables à la restauration de l’édifice en 1908 ou, en tout cas, à l’évolution du site après le relevé de Camille de la Croix : elles concernent le niveau de circulation, le nombre de marches et les maçonneries du haut de l’escalier. Le nombre d’assises dessinées ne correspond cependant pas à leur état actuel et le contour des moellons ressemblait davantage à une évocation de l’appareil qu’à une restitution. Sans détailler

chaque élément différent qui apparaît en comparant les deux plans, on peut d’ores et déjà tirer des relevés pierre à pierre réalisés récemment quelques informations particulièrement importantes.

Le mur nord de l’hypogée est constitué en grande partie d’un petit appareil de moellons grossièrement taillés et dont le matériau provient sans doute de l’excavation, c’est-à-dire du rocher naturel dans lequel le caveau est aménagé38. On trouve également dans la maçonnerie quelques rognons de silex provenant d’un ramassage de surface, associé géologiquement au calcaire. Le relevé indique une rupture verticale dans l’appareil, qui s’accompagne d’un changement de nature de pierre. Par ailleurs, des moellons de travertin mal taillés sont concentrés vers l’extrémité est du mur, tandis que quelques plaques d’enduit résiduel couvrent encore la partie basse du mur nord (salle ouest et escalier). Le petit appareil calcaire constitue l’essentiel du parement tandis que la partie orientale est constituée de travertin depuis la marche K jusqu’à l’angle avec le mur est, dans les parties basses comme dans la voûte.

On remarque au moins deux remplois dans la maçonnerie de l’arcosolium associée au travertin : un modillon orné d’une croix de Saint-André et un bloc conservant une gravure résiduelle de rinceau de lierre et une feuillure aménagée sur la longueur du bloc.

À l’ouest de la porte, dans l’escalier d’accès, une petite maçonnerie non assisée témoigne d’une reprise du mur sur toute la hauteur conservée, qui fait la liaison entre le mur et le piédroit.

Le mur sud de l’hypogée a disparu et il ne subsiste que la maçonnerie de l’escalier d’accès. On retrouve les mêmes composantes géologiques que sur le mur nord. On remarque néanmoins que la maçonnerie de l’escalier située à l’ouest de la colonnette (la rupture est visible 20 cm avant la colonnette) est construite avec des blocs plus gros et des assises plus régulières que la partie basse. Cette dernière s’apparente à la maçonnerie de petits moellons calcaires présents dans le mur nord. On remarque également la présence de gros blocs de travertin dans la partie haute de l’escalier, absents dans la partie basse. Une maçonnerie non assisée près de la porte est comparable à celle que l’on identifie sur le mur nord. Cette partie ressemble à un bouchage réalisé afin de combler l’espace vertical entre le mur et le jambage de la porte.

Le mur oriental est recouvert pour une grande part d’un enduit qui conserve, à son extrémité sud, le fragment d’un décor peint avec une inscription. Au-dessus de l’enduit apparaît le petit appareil de moellons calcaires identifié sur le mur nord et dans l’escalier. L’angle formé avec le mur nord est constitué de travertin en liaison avec l’arcosolium du mur nord. En revanche, l’extrémité sud du mur oriental est constituée d’un appareil de moellons rectangulaires, qui conserve des traces de taille en surface. Des pierres d’attente suggèrent l’angle disparu du mur est

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avec le mur sud.

Le mur ouest, en partie basse, est recouvert d’un enduit qui masque la maçonnerie. Au nord de la porte, on retrouve le petit appareil calcaire associé aux rognons de silex. Le sommet du mur est constitué d’une maçonnerie irrégulière de calcaire homogène, mais différent du calcaire présent dans les autres élévations. Celui-ci est lié au piédroit de la porte jusqu’à son sommet. Sur la partie sud du mur ouest, la maçonnerie est composée du petit appareil de calcaire associé aux rognons de silex. L’extrémité sud du mur est constituée de blocs calcaires plus longs, de forme rectangulaire, associée à un fragment de brique. Cet appareil présente des pierres d’attente à l’extrémité qui suggèrent l’angle disparu avec le mur sud. La partie sommitale du mur est constituée du même appareil calcaire que celui identifié sur la partie nord de ce mur ouest, de l’autre côté de la porte. Contre le piédroit sud de la porte, le mur présente une rupture sous la forme d’un vide régulier et rectangulaire. Le mur de petit appareil de calcaire et de silex se termine proprement et verticalement, mais en retrait de 20 cm du jambage de la porte. Au-dessous de ce « vide », un bouchage fait la jonction entre la porte et le mur.

3.1.2. Étude des mortiers et des enduitsDans le cadre de l’étude du bâti associée au relevé pierre

à pierre, les mortiers et les enduits ont été soigneusement observés et répertoriés. Nous avons reporté sur les relevés les limites visibles de mortiers et l’emprise des enduits à la surface des maçonneries (cahier couleurs, pl. II). Nous avons ensuite réalisé un échantillonnage de mortiers et d’enduits afin de les caractériser et d’établir une typologie sur la base de critères pétrographiques et structurels. Nous avons suivi pour cela un protocole appliqué préalablement sur d’autres sites39 et dont le détail des analyses sera publié de manière exhaustive dans le volume consacré à l’hypogée des Dunes40.

Vingt-cinq échantillons de mortier et d’enduit ont été prélevés et, suite à l’étude macroscopique de chacun d’entre eux41, treize lames minces ont été préparées, afin d’en caractériser la composition en microscopie optique42. L’observation a porté essentiellement sur la structure (porosité, fissures), la couleur, la granulométrie et la nature de la charge (sable), ainsi que sur les nodules de chaux contenus. À partir de la structure et de la composition, nous avons dégagé cinq groupes de mortiers et deux types annexes, que nous avons mis en relation avec les structures et la chronologie relative43.

Le type A comprend cinq échantillons de mortier44. Il correspond à un état architectural ancien caractérisé par un mur ouest placé en retrait du piédroit actuel de la porte. Le mur nord, constitué de petits moellons de calcaire, est jointoyé avec le type A, à l’instar de la couche de fond de l’arcosolium. Le mur oriental conserve sans doute des parties maçonnées avec le mortier A, mais les prélèvements que nous avons faits correspondent

malheureusement à des zones de restauration45. Enfin, la marche J est couverte, sur la contremarche, avec ce mortier de type A46 qui reçoit des incrustations de verre.Ce type est caractérisé par un sable silico-calcaire associé à un liant de chaux. De nombreux nodules de chaux sont présents, dont certains fortement fissurés47. Le contour érodé des grains de sable et la faible proportion d’oxydes de fer associés montre que le sable est de provenance fluviatile, probablement puisé en contrebas du site, sur les bords du Clain. Les figures caractéristiques de ce mortier sont des recristallisations de calcite dans les pores de la matrice, que l’on ne trouve pas dans les autres mortiers de l’hypogée.

Le type B comprend neuf échantillons dont la localisation est replacée sur les planches correspon-dantes48. La comparaison des échantillons montre que la liaison entre le jambage sud et le seuil, comme le ressaut de maçonnerie qui soutient le jambage nord, le mortier de joint prélevé sur la base de la marche d’accès dans l’hypogée, en liaison avec le sol naturel, le mortier de bouchage entre la limite ancienne du mur ouest et le jambage de la porte49 et le seuil de la porte, appartiennent au type B. Plus intéressant encore, le mortier de maçonnerie de la base d’autel appartient également à cet ensemble de référence, à l’instar du joint de mortier qui relie le bas de la cuve n° 15 au sol de rocher naturel, comme le joint horizontal de mortier correspondant à la fermeture de la cuve n° 1550.

Parmi ces prélèvements, trois d’entre eux ont été préparés en lame mince tandis que les autres ont été associés par la pertinence de leurs caractéristiques macroscopiques communes.La forte présence d’oxydes et de cutanes indique que l’on a employé un sable différent de celui du mortier de type A. En effet, le sable chargé d’oxydes provient de terrasses anciennes et non de la rivière. Les figures minérales identifiées sont semblables, mais le parcours géographique et la provenance du sable sont différents.

Le regroupement de ces prélèvements sur la base de leur composition nous permet d’identifier une phase importante des travaux de l’hypogée. En effet, au même moment, la porte est mise en place dans la position que nous lui connaissons aujourd’hui. Elle est ainsi scellée à l’aplomb du seuil, côté sud, tandis qu’un ressaut de maçonnerie est construit sous le jambage nord pour recevoir la pierre qui dépasse d’une dizaine de centimètres en avant du mur ouest. Dans le même temps, l’espace qui sépare la limite du mur ouest (coup de sabre) et le jambage sud est comblé par un bouchage de même nature sur toute la hauteur du mur, afin de rétablir la liaison entre la maçonnerie et la porte. La base d’autel est maçonnée avec un mortier identique et contemporain des travaux de la porte et la cuve n° 15 est scellée sous l’arcosolium par un joint de mortier à la base du sarcophage et par une bande mortier au sommet dont il reste la trace contre l’enduit du fond.

Le mortier d’accrochage de l’enduit trouvé en

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remblai correspond également au type B. Ce mortier est conservé au revers de l’enduit et permet de replacer ce fragment dans la chronologie relative du site. Un enduit peint recouvrait ce mortier de type B : il correspond probablement aux quelques plaques d’enduit encore en place dans l’hypogée, mais nous n’avons pas réalisé de prélèvement en raison des solins de protection et de la fragilité des surfaces.

Le type C comprend cinq échantillons, dont trois ont été préparés en lame mince51. Dans ce mortier, la charge est composée de grains de sable érodés, sans cutanes, et la faible quantité d’argiles montre que la charge est fluviatile, comme dans le type A. On dénombre également quelques nodules de chaux, mais ils sont bien moins fréquents que dans les mortiers de types A et B. Par ailleurs, à la différence des types A et B, les nodules de liant du type C ne présentent pas de fissures : la chaux est donc mieux préparée.

Ce type de mortier C correspond aux travaux de restauration des maçonneries menées par les Monuments historiques lors de la mise en valeur du site vers 1908, afin de l’ouvrir au public. Deux échantillons témoignent de la reprise des pierres en surface sur le mur nord et dans le scellement les pierres de la voûte de l’arcosolium52. Par ailleurs, la fine couche horizontale de mortier appliquée sur le bouchage du mur ouest correspond au lissage de propreté réalisée par les ouvriers des Monuments historiques après la fixation de la partie supérieure des jambages de la porte53. Afin de replacer les fragments lapidaires cassés, ils ont purgé une partie du bouchage au sud et au nord des jambages de la porte (maçonnerie originale), puis ils ont placé au revers des barres métalliques fixées avec des agrafes, afin de solidariser l’ensemble. Enfin, ils ont coulé dans le béton, à l’arrière des jambages, des tiges métalliques pour tenir l’ensemble et les ont camouflées par des maçonneries visibles sur les relevés54. Enfin, la comparaison du mortier de joint brut qui recouvre l’arrachement de la fenêtre sur le mur oriental montre qu’il a été également refait en surface par J. Formigé.

Le type D est le dernier mortier appliqué sur les structures de l’hypogée en stratigraphie, car il recouvre les joints refaits par les Monuments historiques en jonction avec les murs inférieurs de l’escalier55. Il correspond à la dernière intervention de restauration réalisée sur les maçonneries de l’hypogée et limitée à cette zone56. Le premier échantillon provient de la maçonnerie située en haut de l’escalier, en arrière du mur principal et le second garnissait sur le côté sud, la maçonnerie extérieure également.

Ce mortier de joint est très caractéristique : de couleur marron, il est essentiellement composé de terre argileuse et de sable. Son usage sur le site est ponctuel et limité aux maçonneries arrière du haut de l’escalier. Bien qu’il n’ait pas été préparé en lame mince, l’observation de ce mortier montre qu’il est composé d’un liant de terre et

d’une fine charge sableuse.

Par ailleurs, quelques échantillons étudiés n’entrent pas dans la typologie précédemment présentée :- un fragment d’enduit peint57, qui n’est pas localisé sur les élévations car il a été trouvé dans les remblais évacués lors du sondage sud-ouest. Sa composition présente un sable fluviatile comme le type A et une chaux mal hydratée comme les types A et B, mais le sable est tamisé et le liant est peu abondant entre les grains. Ce fragment était appliqué sur le mortier de type B, comme en témoignent les traces conservées au revers.- Un mortier prélevé dans l’escalier, contre la marche Q58. Il scelle la marche sculptée et constitue l’ensemble du sol conservé dans cette zone. À la différence des autres mortiers, il contient très peu de liant et sa charge est très serrée, tout comme l’enduit peint trouvé dans les remblais59. Sa granulométrie est également comparable à celle de l’enduit et non des mortiers prélevés par ailleurs. La présence de nodules de chaux fissurés semble indiquer, par ailleurs, qu’il s’agit d’un état de maçonnerie ancien, car le mortier de la restauration Formigé présente des nodules de chaux non fissurés. Aussi conservons-nous un mortier de sol qui paraît ancien, entre les marches sculptées N, P et Q de l’escalier, ce qui signifierait que les marches ornées n’ont été retirées de leur emplacement ni par le Père de la Croix, ni lors de la restauration de 1908.- Enfin, deux échantillons supplémentaires témoignent des restaurations du xxe siècle, sans entrer dans la typologie proposée60. Le solin de l’enduit couvrant la base d’autel appartient à une campagne de restauration et le fragment d’enduit prélevé à la base du mur oriental, quant à lui, n’est pas un mortier à chaux et à sable mais un colmatage blanchâtre, qui n’a pas été replacé dans la typologie, mais qui appartient également à une restauration de la même période.

3.2. Étude géologique

3.2.1. Environnement géologique du siteL’excavation de l’hypogée des Dunes61, profonde

d’environ 1,80 m, est ouverte dans un calcaire blanc-jaune, grumeleux, fissuré et altéré en petites plaquettes noduleuses. Au sommet du caveau (paroi nord), deux bancs décimétriques de calcaires plus durs, blancs à jaunes, en plaques, ont mieux résisté à l’altération. À la base du caveau, le calcaire dans lequel la marche K a été taillée est moins altéré, plus massif.

Cette formation géologique appartient à la base du Callovien (Jurassique supérieur) et non aux calcaires du Bathonien comme l’indique, par erreur, la carte géologique à 1/50 000 de Chauvigny (n°590). Ces calcaires reposent sur les calcaires à silex du Bathonien et du Bajocien, visibles dans les falaises de la vallée du Clain. Cet ensemble de couches est horizontal.

Cependant, à quelques centaines de mètres plus au nord, les assises calloviennes s’enfoncent en direction du

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

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Bassin parisien. Ces assises fournissent une belle pierre de taille qui a été largement exploitée au cours des âges dans d’énormes carrières souterraines dont certaines sont encore en activité, comme à Bonnillet, dans la vallée du Clain, et dans le vallon des Lourdines. Toutefois, de nombreuses petites carrières à ciel ouvert, aujourd’hui comblées, existaient sur le pourtour immédiat de Poitiers, au nord et à l’est (Grand Pont, Le Plantis, Buxerolles, Saint-Éloi, à proximité des Dunes,…).

3.2.2. Matériaux de constructionCalcaires (Callovien inférieur). Les petits moellons de

calcaire blanc maçonnés qui s’appuient à la paroi du rocher naturel ont été extraits sur place et proviennent d’un tri des calcaires altérés sortis de l’excavation.

Silex (Bathonien). Les maçonneries de petits moellons calcaires renferment quelques blocs de silex débarrassés de leur gangue calcaire indiquant une longue exposition à l’air libre. Ils devaient joncher le sol non loin de l’excavation.

Travertins (Quaternaire récent). Les petits blocs irréguliers que l’on observe dans les murs et dont certains sont curieusement alignés suivant une courbe en forme de voûte (au-dessus de l’arcosolium), ont été taillés dans un calcaire très léger, vacuolaire et rubéfié. C’est un travertin dont l’origine a été authentifiée par Alphonse Le Touzé de Longuemar62. Les eaux souterraines circulant dans les calcaires fissurés sont fortement chargées en carbonate de calcium qui, une fois à l’air libre, précipite au point d’émergence des sources. Ces dépôts sont « remarquables en ce qu’ils acquièrent une assez grande dureté et sont d’une légèreté extrême. Cette dernière qualité, ils la doivent à ce qu’ayant primitivement empâté dans leur épaisseur les herbages, les racines, les feuilles, etc, ces corps étrangers, une fois décomposés, laissent un très grand nombre de vides et lui donnent l’aspect d’une gigantesque éponge calcaire, désignée sous le nom de travertin ou tuf calcaire. [… ]. Les Romains, bons appréciateurs des matériaux à employer dans leurs constructions, avaient taillé des pierres de moyen appareil allongé dans le gisement voisin de Lavairé (vallée du Clain, en face de la station d’Iteuil), pour en former les clefs de voûte de leurs arènes. Nous en avons recueilli plusieurs échantillons pour le musée de Poitiers. Ces pierres, légères et résistantes à la fois, étaient en effet très convenables pour ne pas surcharger outre mesure le sommet des voûtes ; mais nous serions aussi tenté de penser que leur excessive porosité était, en outre, très favorable à l’évaporation rapide de l’excédent d’humidité du blocage romain, dans lequel le mortier jouait un rôle si considérable63 ». Toujours selon A. Le Touzé de Longuemar, les travertins de Lavairé (ou Laverré) ont été exploités sur une épaisseur de trois mètres. Camille de la Croix signale des roches identiques dans la construction d’édifices gallo-romains, comme les thermes et le temple de Mercure de Poitiers64.

Les petits blocs irréguliers de travertin rubéfié visibles dans l’hypogée des Dunes seraient peut-être des matériaux de réemploi arrachés au béton romain des arènes de Poitiers ou d’un autre monument antique voisin. Cela expliquerait

leurs petites dimensions et leurs formes très irrégulières65. Selon le Père de la Croix, la voûte qui couvrait l’hypogée était constituée de cette même pierre vacuolaire appelée travertin, dont la surface était recouverte d’un enduit peint. Toutefois, aucun témoignage de cette voûte peinte n’a été conservé66.

Le Père de la Croix désigne ces travertins sous le terme de « sorte de pierre ponce fort dure et extrêmement légère »,67 en précisant néanmoins que cette pierre n’est pas de nature volcanique. Il localise la provenance de ces pierres « à deux lieues de Poitiers, sur le Clain, près Smarve » (ce qui correspond approximativement à la localisation de Le Touzé de Longuemar) et en signale également la présence sur la route de Gençay68.

3.3. Une illustration méthodologique : le retournement de la porte

La convergence des informations issues de l’analyse des maçonneries, de la nature des pierres employées et des mortiers qui lient l’ouvrage fournit une lecture intéressante de l’édifice. Même si la réflexion et la confrontation des informations est encore partielle dans le cadre de notre équipe, en vue de la publication complète des résultats, certains éléments issus du croisement de ces informations apparaissent d’ores et déjà significatifs. Nous avons par exemple l’assurance d’un retournement de la porte à une époque intermédiaire, ce qui n’apparaît ni dans la monographie du Père de la Croix, ni dans aucun des travaux publiés jusqu’à ce jour.

À partir des trois critères évoqués précédemment (observation des maçonneries, nature des pierres et des mortiers), on distingue en effet dans l’hypogée un premier type de maçonnerie caractérisé par de petits moellons calcaires (Callovien inférieur provenant de l’excavation même du rocher) associés à quelques rognons de silex ramassé en surface, liés au mortier A. Ces portions de maçonnerie sont conservées, bien que partiellement, sur l’ensemble des murs du bâtiment et constituent le témoignage de l’élévation initiale de l’édifice.

Un deuxième type de pierre particulier (travertin) correspond à un état postérieur de l’hypogée. Les blocs de travertin sont conservés tout particulièrement dans les parties hautes des murs comme de l’escalier. Ils signalent une reprise importante des parties hautes des murs et constituent la voûte de l’arcosolium.

Par ailleurs, le mortier de type B signale à chaque endroit une reprise de l’agencement primitif69. Ainsi, l’association du mortier B avec les diverses anomalies repérées autour de la porte d’accès illustre une modification importante de cette zone. En effet, les relevés nord et sud de l’escalier montrent que la maçonnerie se termine en retrait de 20 cm environ des jambages de la porte : si l’on poursuit virtuellement le mur contre le jambage, celui-ci occulte curieusement un tiers du décor de frise. Ensuite, le jambage de la porte placé au nord déborde en avant du mur ouest et reçoit à sa base une petite maçonnerie de

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calage70. Le jambage sud, quant à lui, n’est pas en jonction avec la maçonnerie du mur ouest, mais avec un bouchage (partiellement purgé ultérieurement). Ce bouchage permettait d’établir la cohésion entre le jambage sud et le mur ouest, qui se termine proprement à 20 cm en retrait de ce dernier. Par ailleurs, le seuil de la porte présente son rejingot sur le côté intérieur de l’édifice et non, comme le voudrait l’usage, du côté de l’escalier. Enfin, le jambage nord, orné d’une frise exposée dans l’escalier actuellement, présente trois petits médaillons dont les têtes gravées sont placées à l’envers.

L’ensemble de ces observations prouve que la porte n’est pas aujourd’hui dans sa position initiale, mais qu’elle a été retournée dans le cadre de travaux associés au mortier B. Nous ignorons aujourd’hui les raisons de ce retournement, mais la restitution graphique que nous avons pu faire de la porte dans sa position initiale (fig. 4) confirme le changement d’aménagement, chacun des montants retrouvant une cohérence avec les maçonneries associées à l’origine.

Ainsi, les jambages de la porte s’intègrent naturellement à la maçonnerie du mur ouest dans sa position primitive. Le jambage actuellement positionné au nord – et qui est plus large que l’autre – était placé initialement du côté sud. Par cette double rotation (de gauche à droite et de haut en bas), les frises décoratives se retrouvent visibles dans la salle de l’hypogée. Le calage du jambage dans le juste alignement du mur de l’escalier permet de placer l’arrière du jambage tout contre le mur ouest, dont la terminaison verticale est visible en retrait du bouchage actuel. En symétrie, le jambage actuellement positionné au sud – et qui est plus étroit que l’autre – était placé initialement au nord. La double rotation de la pierre replace le décor de frise à l’intérieur de l’hypogée et le jambage s’emboîte naturellement aux maçonneries contiguës de l’escalier et du mur ouest. Dans cette position, la largeur du montant correspond parfaitement à l’espace disponible et aucune maçonnerie de calage n’est nécessaire en avant du mur ouest, comme c’est le cas actuellement. Enfin, l’orientation de la pierre de seuil est inversée, le rejingot placé dans le bon sens (côté intérieur).

Cependant, dans cette hypothèse d’inversement (nord-sud) et de retournement (haut-bas) des jambages, les feuillures actuelles des montants M et M’ seraient orientées vers l’extérieur et non vers l’intérieur de la porte et elles ne rempliraient plus leur fonction. Deux hypothèses se posent alors :

- soit les montants M et M’ ont été démaigris à l’occasion du réaménagement de la porte, afin de réaliser les feuillures et de graver la grande inscription conservée sur le montant M’. Dans ce cas, les médaillons seraient dans le bon sens dans l’état initial de la porte.

- soit les feuillures étaient déjà taillées dans l’état initial et dans cette hypothèse, le décor de médaillons aurait été placé à l’envers dès le

départ.La partie basse du sol dans l’escalier a été reprise avec

ce même mortier B, les deux marches maçonnées les plus basses ayant été refaites dans la même campagne de travaux. Ce mortier de type B indique donc un réaménagement important de l’hypogée avec la porte, le bas de l’escalier, la base de l’autel et l’allongement de la sépulture dans le sarcophage n° 15 sous l’arcosolium. Bien que différentes hypothèses de travail soient actuellement à l’étude afin de restituer précisément le réaménagement de l’entrée, avec la prise en compte d’éléments disparus, tels que la porte elle-même et ses systèmes de fermeture, le retournement de la porte est toutefois un fait définitivement établi.

4. Étude des éléments sculptés et inscrits

4.1. Matériaux utilisés pour les sculpturesDans le chapitre VIII de sa monographie, Camille de la

Croix mentionne quatre types de pierres ayant été utilisées dans les travaux de sculpture71 :1 - Un calcaire oxfordien inférieur provenant des Lourdines (commune de Migné), pour les fragments (lettres I et n° 15), la châsse n°15 (= cuve du sarcophage n°15), le chapiteau et les colonnettes K (nord et sud), le modillon, la figure de chapiteau, le tailloir et le fragment de la table d’autel.2 - Un calcaire blanc gris, dur, dit « rocher », provenant d’une carrière située jadis à 300 mètres de l’hypogée, sur le versant ouest des dunes face à la ville, pour les jambages de la porte, le linteau et le seuil de la porte, les trois marches N, P, Q et la colonnette O.3 - Un calcaire oxfordien inférieur gris et dur extrait des carrières de Chardonchamp, commune de Migné pour la la pierre portant l’inscription Emmanuhel, les faces des châsses (dalles aux anges) portant les lettres T, V, S, W.4 - Un calcaire blanc verdâtre, dit Pierres fières, sortant des carrières de Dissay, à 16 km au nord-est de Poitiers, pour les deux dalles en pierre.

Après examen des pièces sculptées à l’hypogée, dans les réserves et les vitrines du musée Sainte-Croix de Poitiers, il semble que ce nombre doive être ramené à deux. En effet, le « calcaire blanc-verdâtre » cité par Camille de la Croix72 comme provenant des carrières de Dissay, et dont les « Romains tiraient la plupart de leur carrelage » ne correspond pas au calcaire des dalles examinées. Les calcaires visibles actuellement dans cette ancienne carrière abandonnée sont des calcaires très fins, durs, lithographiques à cassure conchoïdale, en lits centimétriques à décimétriques se délitant en dalles et appartenant à l’Oxfordien supérieur73. Ils n’apparaissent nulle part dans la construction de l’hypogée. Par ailleurs, la différenciation que le Père de la Croix introduit avec les calcaires en provenance de Chardonchamp (Oxfordien) n’est pas évidente ; aussi ces derniers ont-ils été rattachés

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

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Hypothèse 1 Hypothèse 2

Positionnement actuel

M

M'

M : jambage nord actuelM' : jambage sud actuelL : seuil

: arrivée de l'escalier

L

M M'

L

MM'

L

M

M'

L

Fig. 4 : Schémas du retournement de la porte. a : positionnement actuel vu de l’ouest ; b : positionnement actuel vu de l’est ; c : hy-pothèse 1, décor à l’endroit dans la salle et jambages sans feuillures ; d : hypothèse 2, décor à l’envers et jambages avec feuillures (restitutions M. Linlaud).

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à ceux du Callovien inférieur74.En l’absence d’examen sur cassure fraîche, seuls deux

calcaires différents ont donc finalement été caractérisés :1 - Un calcaire blanc, fin et tendre du Callovien

moyen (faciès « Banc Royal » des carrières souterraines des Lourdines). Ce calcaire était certainement exploité à ciel ouvert et à proximité de l’hypogée. Il constitue le sarcophage n° 15, les couvercles des fosses n° 6 et 13 (examen sur cassures), la partie sud de la marche J dite J’, le bloc de réemploi de l’arcosolium, le modillon orné d’une croix de Saint-André, la pierre de la baie axiale (dite fenestella par le Père de la Croix), la colonne O, les colonnettes K sud et nord (examen sur cassure). Par ailleurs, la colonnette K nord a dû séjourner dans un milieu aérien alternativement très humide et très sec : sa légèreté indique une décalcification poussée sous l’action de l’eau suivie d’une précipitation de calcite en surface (calcin) au cours de fortes évaporations.2 - Un calcaire blanc, à patine grise, légèrement plus grossier que le précédent. Il pourrait appartenir aux premiers bancs du Callovien inférieur dans lesquels l’hypogée est creusé. Tous les objets restants sont à rattacher à ce groupe, en particulier la marche K, qui mesure 2,30 m de long (sans fissure) et paraît être en place. Il faut noter que la partie nord de la marche J appartient à ce même calcaire (la marche J est donc constituée de 2 calcaires différents). Il faut noter également que la tête du sarcophage n° 15 est réparée et agrandie avec ce même calcaire.

4.2. Outils et technique de la taille de pierre étudiés à l’hypogée

L’objectif initial de l’étude du lapidaire de l’hypogée des Dunes était de rassembler des informations à partir des traces de taille conservées à la surface des pierres et de distinguer différentes techniques de taille utilisées sur le site, afin de les croiser avec les indications provenant de l’étude du bâti, de la paléographie et de la géologie. L’étude globale étant alors bien avancée et les relevés déjà réalisés, un rapide tour d’horizon du site nous a permis de voir que de nombreux renseignements spécifiques à la

taille de pierre pouvaient être rassemblés et qu’il devenait nécessaire de mettre en place une méthodologie et un protocole d’enregistrement des données de tous les blocs de pierre, sur le site comme au musée de Poitiers.

Un enregistrement systématique a donc été réalisé, sur la base des critères suivants :

- données générales (dénomination de la pièce, numéro d’enregistrement correspondant à la numérotation du Père de la Croix), matériau (type de pierre : calcaire, granit, grès,…) et localisation actuelle des blocs de pierre.

- données spécifiques (cotes : longueur, largeur ou épaisseur et hauteur, types d’outils utilisés au travers des traces visibles et techniques de taille utilisées).

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

Outil Nombre de tracesPic 2

Têtu-taillant 15Polka 1

Broche 3Gradine 2Gravelet 11

Scie 2Ripe 2Foret 1Tour 2

Fig. 5 : tableau du nombre de traces enregistrées par type d’outil (tableau Th. Grégor).

Les informations et explications complémentaires ont été intégrées aux différentes notices quand cela s’avérait nécessaire et nous avons réalisé un dossier d’étude regroupant l’ensemble des informations et comprenant une fiche par bloc, insérée ensuite dans un tableau synthétique afin de recouper les données. La lecture concernant les traces de taille (fig. 5) a permis de préciser quels types d’outils étaient utilisés. Nous avons identifié d’abord les outils à percussion lancée75, d’usage courant pour cette période, tels que le pic, le têtu-taillant et la polka avec une surreprésentation du têtu-taillant pour des raisons que nous verrons plus loin. Viennent ensuite les outils à percussion posée avec percuteur, tels que la broche et la gradine qui ont

Fig. 6 : têtu taillant replacé dans sa position de taille sur un bloc antique (cliché Th. Grégor).

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laissé peu de traces, mais surtout le gravelet, très présent, qui correspond à une « campagne » de gravure. Enfin, les outils à percussion posée sans percuteur, tels que la scie, la ripe, le compas à inciser76, le foret et le tour, montrent très peu de traces. Ils sont ponctuellement utilisés et ne permettent pas de tirer de conclusions.

La confrontation de ces informations fournit un certain nombre de résultats, dont nous choisissons de présenter un exemple particulièrement significatif dans le cadre de cet article. En effet, des traces très particulières trouvées sur le site de l’hypogée ont attiré notre attention. Une des premières observations réalisées sur le site fut que les jambages de la porte conservaient, sur une des faces, les traces très profondes de la partie active d’un outil, recoupant des traces de pic, lequel était très utilisé à l’époque mérovingienne.

La direction et la dispersion des impacts indiquaient l’usage d’un outil à percussion lancée. Par ailleurs, le

positionnement des traces sur ces deux jambages montrait que la taille avait été réalisée alors que les pierres étaient déjà dans leur position verticale. Aussi, le type d’outil semblant être utilisé et correspondant à ces traces était soit un taillant tenu à deux mains, soit un têtu-taillant utilisé avec une seule main. Après avoir vérifié la possible posture du lapicide par rapport aux jambages de la porte, nous avons identifié l’emploi plus que probable d’un têtu-taillant (fig. 6).

Ce dernier possédait néanmoins une particularité qui sembla au premier abord très intéressante : son tranchant était ébréché. En effet, il avait dû percuter quelque chose de dur (concrétion siliceuse ou partie métallique) qui en avait abîmé le profil. De ce fait, chaque coup porté imprimait dans la pierre une trace caractéristique, une signature en quelque sorte (fig. 7 et 8). Cette marque, retrouvée à la fois sur les jambages nord et sud de la porte, était particulièrement intéressante car elle nous donnait un marqueur très précis. En effet, l’utilisation normale d’un outil ainsi endommagé implique soit que le tranchant est reforgé, ce qui résout le problème car la trace n’est plus visible, soit que le lapicide continue d’utiliser l’outil. Dans ce dernier cas, le tranchant s’arrondit à plus ou moins longue échéance et les coups ne font plus voir, à terme, de trace caractéristique.

Nous étions donc face à un marqueur technologique et chronologique pour la taille des blocs concernés, car la signature de l’outil ébréché était comprise dans un temps strictement limité à la campagne de taille ou reprise ponctuelle des pierres. Avertie de cette particularité significative, l’équipe porta une attention plus soutenue à ces traces et l’observation systématique des blocs permit d’identifier l’emploi de l’outil ébréché sur douze d’entre eux77.

Dans la plupart des cas, il a été utilisé pour une reprise du bloc et non pour une taille initiale. Ainsi, les deux dalles aux anges ont été soit découpées, soit cassées en plusieurs morceaux, afin de servir de couvercle aux sépultures de l’hypogée (n° 9, 10, 11) et de marche d’escalier (fragment W). Une fois adaptées à peu près à la forme désirée, elles ont été retaillées à l’aide du têtu-taillant, comme les fragments des dalles aux anges, la pierre portant l’inscription de « l’Emmanuel » et la pierre des larrons. Ces traces correspondent à une phase de retaille de tous ces blocs, période courte pendant laquelle cet outil a été intensément utilisé.

Aussi, la lecture des traces de taille a fourni des informations essentielles sur l’emploi des blocs de l’hypogée, pour leur mise en œuvre initiale, mais surtout pour leur remploi durant l’occupation du site, ce qui permit l’établissement d’une chronologie relative précieuse.

Ces renseignements sont confrontés aux indices rassemblés par l’étude du bâti, celle des inscriptions, de la géologie et des mortiers, afin d’interpréter leur signification dans le cadre élargi de l’occupation du site.

Bénédicte Palazzo-Bertholon et alii

Fig. 7 : traces de têtu taillant au revers du jambage nord (M) de la porte (cliché Chr. Vignaud).

Jambage sudJambage nord

2 cm

Fig. 8 : relevé du profil du têtu taillant ébréché, dont on voit la signature par l’épaufrure (cliché Th. Grégor).

162

4.3. Les inscriptionsEn ce qui concerne les inscriptions, la démarche adoptée

a été de nature à la fois épigraphique (écriture et texte) et archéologique, ce qui permet de croiser leur apport avec les autres études présentées précédemment, notamment dans le cas des stratigraphies relatives observables78.

4.3.1. DocumentationLes inscriptions ayant été un élément essentiel dans la

datation et l’identification de l’hypogée à un martyrium par le Père de la Croix, il apparaissait en effet indispensable d’en reprendre l’étude systématique pour s’affranchir des multiples débats ayant rendu le sujet particulièrement délicat79 ; nous avons donc choisi d’établir de nouveaux documents de travail avant de leur appliquer une méthode d’analyse renouvelée. En effet, pour les inscriptions comme pour les pièces sculptées, les photographies présentées dans les planches de la monographie reproduisent non des originaux, mais des moulages ; Edmond Le Blant lui-même, pour son Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, a travaillé à partir des moulages80 et publie des dessins dont on ignore l’auteur et les modalités de réalisation81; le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie propose d’autres dessins, toujours d’après les planches de C. de la Croix82.

d’une commission de savants. Les dessins publiés dans la monographie comme les grands tableaux peints exposés sur le site de l’hypogée et reproduisant en grandeur nature les peintures de l’arcosolium ont été réalisés à partir de ces relevés, qui avaient été déposés aux archives de la Société des Antiquaires de l’Ouest84. Or, une comparaison entre ces documents et le fragment de peinture miraculeusement conservé sous l’arcosolium montre clairement une distorsion importante dans la forme du G représenté, dont l’extrémité, dans l’original, est terminée par une sorte de flèche tout à fait originale qui n’apparaît nullement dans les reproductions réalisées par le Père de la Croix (fig. 9 a et b).

Une analyse paléographique sérieuse ne pouvait se contenter de documents d’une fiabilité aussi discutables et nous avons donc entrepris une campagne systématique de relevés des inscriptions originales conservées in situ et au Musée Sainte-Croix. Les fragments d’inscriptions peintes encore conservés dans l’arcosolium et contre le mur oriental ont fait l’objet d’observations détaillées et nous espérons avoir la possibilité, avant la publication terminale, de travailler sur les relevés originaux du Père de la Croix. Les inscriptions lapidaires ont quant à elles été relevées sur film transparent grâce à un éclairage en lumière rasante, afin d’assurer la lecture du texte perceptible en relief dans la pierre et de noter les éléments susceptibles de comprendre la vie de la pierre avant, pendant et éventuellement après sa phase d’utilisation épigraphique85. La réalisation de cette documentation de première main a permis d’établir les textes tels qu’ils se lisent aujourd’hui afin de s’affranchir des interprétations et restitutions variées proposées au cours du temps par le Père de la Croix lui-même ou d’autres érudits (fig. 10a, b et c).

L’analyse paléographique, stylistique et archéologique a en outre été menée dans la perspective de confronter les données épigraphiques avec le reste des observations pratiquées dans le monument et d’envisager une approche globale des relations entre l’architecture, les aménagements et le décor, inscriptions comprises, de l’hypogée. Les éléments épigraphiques découverts sur le site sont exceptionnellement nombreux et longs en comparaison des autres inscriptions connues dans la région pour la même période86. Certains sont indissociables de la structure de l’édifice encore en place : le seuil, les jambages de la porte et la grande marche devant l’autel. D’autres éléments ont été retrouvés avec assurance dans l’édifice, mais en situation de réemploi (comme couvercle de sarcophage ou marche d’escalier), notamment les dalles aux anges et la dalle à l’Emmanuel. Enfin, un certain nombre de pièces ont été découvertes éparses dans l’édifice, les observations du Père de la Croix, publiées ou non, ne permettant pas d’en établir les circonstances exactes : la sculpture de saint Syméon, le fragment dit « linteau », découvert dans les décombres, déjà amputé de ses extrémités87, le fragment dit « table d’autel » et un fragment d’inscription mutilée. Pour ce dernier ensemble, l’analyse des inscriptions est rendue délicate par la taille réduite des éléments concernés.

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

Fig. 9 a : dessin de la lettre G de l’arcosolium (De la Croix 1883, planche X) b : état actuel de la même lettre (cliché C. Treffort)

Les inscriptions peintes sont quant à elles très dégradées, notamment celles de l’arcosolium nord, dont le rôle est pourtant essentiel dans l’interprétation du site. C’est à cet endroit que le Père de la Croix a vu deux couches superposées de peinture et qu’il a lu des textes évoquant la consécration de l’édifice et le dépôt de reliques, dont celles des fameux soixante-douze martyrs. Il dit dans sa publication avoir procédé à un relevé minutieux sur calque de ces inscriptions83, aidé en cela

163

Le travail de relevé archéologique des inscriptions a permis de mettre en valeur, pour les pièces principales, diverses phases qui peuvent être mises en relation avec celles de l’édifice.

Ainsi, si l’on observe avec attention la grande marche devant l’autel, on remarque une superposition de deux traitements décoratifs dans la bande centrale : dans un premier temps, le décor était simplement incisé, avec un motif d’ocelles. La partie basse de l’inscription a été gravée dès cette première phase, observation confirmée par une ponctuation faite des mêmes ocelles, occultées par la reprise du décor et par l’incrustation de cabochons, mais encore visibles à quelques endroits, sous une forme ténue. On

peut supposer que le début du texte était gravé de la même manière sur la partie haute ; mutilée suite à l’installation du couvercle des sépultures voisines, il a été réécrit en lettres plus petites par la suite. Ce texte, rapproché à juste titre d’une citation de Defensor de Ligugé, au vIIe siècle88, attribuée par lui à saint Basile, était connu dès le ve siècle dans la région, puisqu’il fut cité notamment par Prosper d’Aquitaine sous l’autorité de saint Augustin89. La forte cohérence de ce texte, présent dès la première utilisation de l’édifice comme oratoire, a entraîné non seulement sa réécriture en un module réduit dans la partie haute, mais également sa réfection à l’identique dans la partie droite. Disparue pour une raison inconnue, l’extrémité située au

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Fig. 10 a : photo du moulage de l’inscription de la porte (de la Croix 1883, planche VI) b : dessin publié par E. Blant d’après moulage (Le Blant 1892, p. 259) c : relevé archéologique de l’inscription dans son état actuel (dessin C. Treffort)

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sud a en effet été restaurée, la réfection étant trahie par le changement de matériau, de technique et de ponctuation du texte (désormais marquée par des petits S).

En ce qui concerne la grande inscription de Mellebaude, sur le montant de la porte, la pierre, sculptée et préparée, a d’abord reçu un premier texte, caractérisé par des lettres de formes mérovingiennes (L, E par exemple), ainsi que quelques traits particuliers, notamment un O à ailettes et des barres transversales ondulées dans les M et les N, éléments assez rares pour servir de marqueurs paléographiques relativement sûrs. La partie basse de l’inscription, réalisée sur un support légèrement surcreusé par rapport au haut, présente une écriture plus souple, plus proche d’une écriture manuscrite d’apparat ; toutefois, la cohérence syntaxique et épigraphique des deux parties invite à y voir de simples variations (par exemple, dues à une position différente du lapicide ou à un statut différent du texte – ici une citation biblique) dans une inscription réalisée d’une seule traite. Ce texte évoque l’élection de sépulture de Mellebaude dans cette ispelunca, petite grotte, et maudit celui qui oserait détruire l’œuvre.

Le texte a ensuite été partiellement mutilé par l’installation du dispositif de fermeture de la porte et par l’adjonction de cabochons dont les cavités recoupent le tracé des lettres. Le texte a été complété, en haut, par une petite phrase inscrite dans un module plus petit, en dehors du cadre dessiné par les cabochons, et colorée avec des pigments différents du reste de l’inscription. Enfin, usées par le frottement de la porte, quelques lettres semblent avoir été refaites dans la partie droite.

De multiples observations ont de même été réalisées sur les autres pierres inscrites, afin de déterminer précisément lesquelles étaient visibles dans chaque état de l’édifice révélé par l’analyse archéologique. Ainsi, les dalles aux anges, qui présentent un décor de cabochon – peut-être présent dès leur confection – ont été débitées et ne sont plus visibles dans le dernier état de l’hypogée. Avant d’être réutilisées, l’une d’entre elles (celle aux archanges) a gardé son inscription d’origine tandis que la seconde a vu son cartouche surcreusé afin d’accueillir un texte, vraisemblablement en remplacement d’un précédent, preuve de deux états d’utilisation avant son réemploi comme marche d’escalier. Cet exemple montre clairement qu’il est indispensable d’établir quelles inscriptions étaient contemporaines avant de les interpréter pour tenter de déterminer la fonction du monument qui les a accueillis à telle ou telle période.

Les peintures de l’arcosolium posent le même type de problème, même si leur analyse est rendue plus difficile par leur quasi disparition. En effet, nous n’avons plus, pour travailler, que quelques bribes d’enduits miraculeusement conservées et diverses versions des dessins dus au P. de la Croix :

- sa planche IX, manifestement des photos d’un dessin sur papier, en deux parties,

- sa planche X, en couleur, sans doute faite d’après

le précédent,- les reproductions grandeur nature, peintes en

couleur sur toile et exposées à l’hypogée.Si ces dessins sont plaisants à l’œil et suffisent pour une

étude globale, ils révèlent des différences de détail qui les rendent impropres à une analyse paléographique fiable. Le problème est d’autant plus grave que ces inscriptions sont celles qui ont alimenté les débats les plus passionnés.

Les peintures se présentaient à l’origine, selon le P. de la Croix, en deux couches superposées. L’une d’entre elles – celle qui mentionne les fameux soixante-douze martyrs – aurait été enlevée pour lire celle qui se trouvait en dessous, elle-même aujourd’hui très abîmée. Aucun cliché ne semble avoir été pris avant l’effacement de ces éléments picturaux dont la caractéristique paléographique la plus notable, le M en croisillon, ne se retrouve ni dans l’hypogée, ni dans les inscriptions régionales contemporaines, ni dans aucune des centaines d’inscriptions actuellement connues pour l’époque mérovingienne ou proto-carolingienne90. Il est d’autant plus difficile de se fier aux dessins publiés ou exposés que leur comparaison avec les bribes encore conservées laisse voir des variations paléographiques très importantes91.

Les dessins, peintures et observations du père de la Croix publiés dans la monographie semblent faire apparaître trois états épigraphiques :

- le haut du texte peint dans l’arcosolium, qui mentionne une dedicatio ; les lettres sont de type mérovingien, une croix avec un petit retour vers la droite rappelle celle du fonds de l’oratoire, et un M avec barre transversale ondulée – s’il adoptait cette forme sur l’original – pourrait rappeler la grande inscription de Mellebaude sur le montant.

- la couche inférieure du bas du texte, qui mentionne une ingressio sanctorum, utilise une écriture de module beaucoup plus petit, avec des lettres beaucoup moins caractéristiques, et pourrait correspondre à un premier ajout à l’inscription initiale, ou à une partie graphiquement distincte pour marquer la différence de statut du texte.

- la couche supérieure du bas du texte, repeint donc sur la précédente et effacée par le père de la Croix lui-même, qui mentionne les soixante-douze martyrs ; sa lettre la plus caractéristique, le M en croisillon, ne correspond à aucune forme connue par ailleurs.

4.3.2. Phases archéologiquesL’étude archéologique des pièces lapidaires conservées

et l’analyse critique des dessins des inscriptions peintes, assorties de la réalisation de tableaux paléographiques par état épigraphique, a permis de faire apparaître quelques ensembles qui se succèdent dans le temps et coïncident relativement bien avec les autres observations :

Dans un premier état épigraphique, la dalle devant la marche d’autel reçoit un texte de nature littéraire rappelant

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

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la nécessité de l’humilité et de la confession ; la graphie, qui présente des traits de type « mérovingien », est élégante, la mise en page soignée, la ponctuation – exceptionnelle pour cette période-là – marquée par les ocelles qui renforcent également le décor.

Dans un deuxième état épigraphique, le montant de la porte reçoit la grande inscription d’élection de sépulture de Mellebaude ; on peut lui associer, par la graphie (O à ailettes et/ou barres transversales ondulées, ponctuation par virgules en S), le haut de la peinture de l’arcosolium (mentionnant la dédicace), le fragment peint du fond de l’oratoire (trop mutilé pour en comprendre le sens) ; on peut aussi supposer que le fragment dit de « linteau », à l’écriture moins souple et à la ponctuation plus sporadique, correspond à cet état, puisqu’il mentionne également Mellebaude.

Dans un troisième état, marqué par un parti décoratif nouveau (gravure en fort relief, incrustation de cabochons), certaines inscriptions anciennes sont ornées de verreries (montant de la porte et marche devant l’autel), et des inscriptions nouvelles apparaissent, vraisemblablement les dalles aux anges (sur lesquelles les cabochons s’harmonisent parfaitement avec le traitement stylistique des personnages et ont pu être réalisés conjointement). On peut leur associer, sur des critères paléographiques (forme spécifique du M et du G notamment), la dalle de l’Emmanuel, l’inscription Grama Grumo sur le seuil. Par analogie de sens, on pourrait leur associer aussi les deux petites inscriptions de retour du montant de la porte, commençant par Alpha et Omega, et finissant au niveau où s’arrête, du côté sculpté, l’adjonction des cabochons. Cette phase, qui met un accent particulier sur les anges, les évangélistes, les saints, la présence de l’Emmanuel, pourrait être accompagnée de la réalisation de la partie basse de l’inscription de l’arcosolium, mentionnant l’incressio sanctorum, même si aucun argument paléographique ne peut infirmer ou confirmer cette hypothèse.

À ces trois phases principales, il faut ajouter des moments de réfection de telle ou telle partie abîmée par des aménagements postérieurs : partie haute de la marche J mutilée par l’installation des sépultures dans la partie orientale, partie droite de l’inscription du montant usée par le frottement de la porte, partie droite de la marche J, etc. Il faudrait ajouter aussi la reprise de l’inscription de l’arcosolium et toutes les petites pièces sculptées et inscrites découvertes éparses dans l’hypogée ou à proximité, et que seule l’analyse archéologique ou stylistique permet d’associer à telle ou telle phase.

5. Conclusion

La monographie du Père de la Croix, qui sert aujourd’hui encore de référence pour le site, est devenue scientifiquement obsolète et discutable. Cet article avait pour dessein de souligner l’insuffisance de la documentation disponible actuellement sur le site et la nécessité de proposer une

documentation nouvelle, répondant aux critères actuels de la recherche en établissant de nouveaux documents de travail et en critiquant chaque information pour l’intégrer à l’ensemble de l’argumentation en fonction de son niveau de fiabilité scientifique. C’est donc une étude entièrement renouvelée de cet édifice majeur que nous proposons aujourd’hui, fondée sur la réflexion méthodologique qui vient d’être exposée en préambule à la publication interdisciplinaire en préparation. Les premiers résultats publiés dans cet article tendent en outre à illustrer l’intérêt de la mise en perspective globale de toutes les disciplines et méthodes d’approche mis en œuvre dans notre travail collectif. Cette démarche interdisciplinaire et méthodique permettra, nous l’espérons, de fournir à l’ensemble de la communauté scientifique des informations fiables et les arguments pour une lecture renouvelée de cet édifice majeur, de sa datation, de son évolution dans le temps depuis sa fondation jusqu’à son abandon.

1 De la Croix 1880.2 De la Croix 1883.3 De la Croix 1886.4 Il faut saluer ici le rôle joué par l’intervention, auprès des autorités compétentes, de ce groupe de scientifiques, et tout particulièrement de ses deux responsables, Alain Dierkens et Patrick Périn, dans la prise de conscience de la gravité de l’état sanitaire du site.5 Y compris les notices les plus récentes consacrées au site, notamment Barral i Altet, Duval, Papinot 1996 ; Camus 1989 ; Boissavit-Camus 1998 ; Heitz 1986 ; Rérolle 1989 et 2000 ; Simon-Hiernard 2000.6 Publication collective prévue par les auteurs du présent article pour l’année 2011, comprenant l’ensemble du dossier et une synthèse.7 De la Croix 1883.8 Il en envoya de très nombreux exemplaires à des correspondants français et étrangers, par exemple à la Société impériale archéologique russe à Saint-Pétersbourg. Lettre datée du 20 novembre 1886 signée Comte J. Tolstoï, en remerciement à l’envoi : Poitiers, Archives départementales de la Vienne, Archives de la Société des antiquaires de l’Ouest, Fonds de la Croix, [désormais AD 86, Arch. SAO, Fds De la Croix], Biog. 4.9 C’est le cas par exemple de Léon Palustre (lettre du 5 janvier 1881) : « Ne soyez pas étonné si je rajeunis un peu votre hypogée. Pour moi, je ne puis croire à la date que vous avancez et j’en donnerai les raisons... » (AD 86, SAO, Fds de la Croix, Corr. P).10 De la Croix 1883, p. 122-125.11 Voir par exemple le dossier réuni par Barbier de Montault 1885.12 AD 86, Arch. SAO, Fds De la Croix, Correspondance.13 Voir Rérolle 1978.14 X. Barbier de Montault, A. Richard et B. Ledain ; voir De la Croix 1883, p. 61, note 1.15 Procès-verbal publié par La Bouralière 1877-1879, repris dans De la Croix 1883, p. 134-138.16 De la Croix 1883 p. 19.17 De la Croix 1883 p. 10 ; le plan pl. II indique l’emplacement de ce fragment de sculpture à l’angle nord est de l’hypogée. 18 AD 86, Arch. SAO, Fds De la Croix, Correspondance, dossier

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L (grand dossier) : « Mon très révérend Père, je ne sais si ma mémoire est en défaut mais il me semblait avoir lu, dans votre monographie de l’hypogée, que le bas-relief des deux martyrs avait été trouvé non dans la petite crypte mais dans un champ voisin. Je viens de rechercher assez longuement ce renseignement dans votre livre et je ne puis mettre la main, ou plutôt les yeux, mes mauvais yeux, dessus. Auriez-vous l’obligeance de me faire savoir où ce bas-relief si important s’est rencontré par rapport à l’hypogée. N’est-ce pas plutôt dans celui qui en est séparé par le chemin des Martyrs, dans le champ dit Chiron Martyr, situé à main droite du chemin allant de Saint-Saturnin à Vau [...] et de Saint-Cyprien à Buxerolles que cette sculpture gisait ? Ce point me paraît avoir une assez grande importance ». On n’a malheureusement pas gardé la réponse du P. de la Croix.19 De la Croix 1883, planches II, III, IV et V.20 AD 86, Arch. SAO, Fds De la Croix. 21 L’étude du bâti et l’analyse des mortiers de scellement en témoignent. Voir Palazzo-Bertholon B. dir. (à paraître).22 La marche J et la partie inférieure des jambages M et M’ de la porte en sont des exemples.23 Tel que les parties supérieures des jambages M et M’ de la porte ou les plaques ornées d’anges et de saints, découpées en morceaux et remployées en couvercles de sarcophage (Lettres S, T et V, resp. sépultures n° 11, 10 et 9) et marche d’escalier (W).24 Par exemple les deux dalles en pierre gravées qui auraient pu servir de pavement mais plus sûrement de placage décoratif et que le Père de la Croix interprète comme le dallage initial de l’hypogée : De la Croix, 1883, planches XI, XV, XIX et XXIII.25 C’est le cas notamment d’une sculpture en bas-relief représentant une sorte de lion photographié par l’Institut d’histoire de l’art de la Philipps-Universität de Marburg (site internet : http://www.fotomarburg.de/), dont un tirage papier est conservé à la Médiathèque François-Mitterand de Poitiers (F3-Poitiers, n° 530).26 L’observation archéologique du site dans son état actuel a confirmé la fouille exhaustive du monument jusqu’au rocher naturel soulignée par l’inventeur : De la Croix 1883, p. 7.27 Étude réalisée par Bénédicte Palazzo-Bertholon.28 Ibid.29 Étude réalisée par Thierry Grégor.30 Étude réalisée par Bernard Bougueil.31 De la Croix 1883, chap. IV, p. 9.32 Étude réalisée par Cécile Treffort.33 Étude réalisée par Bernard Farago.34 Notamment les fibules, anneaux de bronze et collier trouvés dans les sépultures 6 et 9, actuellement exposés dans la salle d’archéologie du Musée Sainte-Croix de Poitiers, correspondant aux dessins publiés dans De la Croix 1883, planche XVIII.35 Les sépultures ont été dessinées avec leurs couvercles actuels, à la différence du plan initial.36 En plus d’une cassure au milieu du plus long morceau de J.37 De la Croix 1883, planche III.38 Pour les indications géologiques, voir le paragraphe 3.2.39 Palazzo-Bertholon 1999, 2002 et 2003.40 Palazzo-Bertholon, à paraître.41 Les critères retenus sont rassemblés sur une fiche-type ; voir à ce propos Palazzo-Bertholon 2000.42 Une seconde fiche d’enregistrement est alors remplie pour la caractérisation en lame mince, en lumière naturelle et polarisée. Ibidem, p. 226.43 Voir la répartition typologique des mortiers sur la planche II du cahier couleur.44 Les échantillons correspondants portent les références Hypo 5, Hypo 8 Hypo 9 et Hypo 10.

45 Les deux échantillons prélevés sur le mur oriental sont Hypo 24 et Hypo 25. Dans le premier cas, il s’agit d’un colmatage récent et non classé, qui s’aligne sur l’enduit ancien ; dans le second du mortier C. Aussi n’est-il pas possible d’affirmer avec certitude la présence du mortier A sur cette élévation.46 Hypo 1.47 La fissuration des nodules de chaux montre qu’elle n’a pas été suffisamment hydratée au moment de sa préparation.48 Ce groupe rassemble : le mortier qui scelle le ressaut maçonné, sous le jambage nord de la porte ; celui de la maçonnerie de l’autel, prélevé sur l’arrachement horizontal ; le mortier de scellement du seuil de la porte ; l’enduit de surface qui recouvre la liaison entre le piédroit de la porte et son support ; le mortier correspondant à la fermeture supérieure du sarcophage n° 15 par une banquette maçonnée ; celui qui scelle la cuve du sarcophage n° 15 sous l’arcosolium, en liaison avec le rocher naturel affleurant à cet endroit ; le mortier du bouchage résiduel situé entre le piédroit sud de la porte et le mur ; le mortier lissé sur la contremarche de la marche intérieure ; l’enduit peint trouvé en remblai près des fosses n° 5 et 6, dont le mortier d’accrochage est de type B (sous la couche d’enduit). Les échantillons correspondants portent respectivement les références : Hypo 3, Hypo 6, Hypo 15, Hypo 16, Hypo 17, Hypo 18, Hypo 21 et Hypo 23. Le fragment d’enduit Hypo 11 a été trouvé à l’occasion du sondage réalisé dans la zone des fosses n° 5 et 6, contre le mur sud disparu.49 Ce bouchage est ancien car il figure, conservé jusqu’en haut du mur, sur les clichés pris avant la restauration de Formigé. Les plaques de verre correspondant aux tirages papier conservés aux Archives départementales (AD 86, Arch. SAO, Fds de la Croix) sont conservées au Musée Sainte-Croix (n° inv. 1216 à 1218). 50 Le reste de mortier conservé contre l’enduit de l’arcosolium constitue sans doute la fermeture maçonnée du sarcophage n° 15.51 Ils proviennent : du sommet de la maçonnerie du mur nord, d’une couche horizontale de mortier de quelques centimètres, qui recouvre et lisse le bouchage situé entre le piédroit sud de la porte et le mur ; du départ de voûte ouest de l’arcosolium ; et du sommet du mur de l’escalier, en partie basse. Les échantillons correspondants portent les références : Hypo 2, Hypo 4, Hypo 7, Hypo 22 et Hypo 25. 52 J. Formigé est largement intervenu sur cette zone, car nous avons trouvé, associé à ce mortier, du ciment gris injecté en arrière pour sceller les pierres cassées ou déchaussées.53 Par ailleurs, l’étude des tirages réalisés à partir des plaques de verre photographiques réalisées en 1908 montre que le bouchage était conservé sur toute la hauteur du mur, avant que Formigé ait remis en place la partie supérieure des jambages. Aussi le bouchage ancien a-t-il simplement été retiré afin de placer la barre métallique de fixation du jambage de la porte. La surface du bouchage laissé en place en partie basse a donc été simplement égalisée proprement avec le mortier de restauration.54 Voir sur la pl. II du cahier couleur, la maçonnerie liée avec le mortier de type C (restauration Formigé).55 Les références correspondantes sont Hypo 19 et Hypo 20.56 Les interventions ultérieures ne concernent que de menus travaux sur les surfaces. En effet, seuls les enduits de la base d’autel, du mur est et de l’arcosolium ont été consolidés par la réalisation de solins de protection. Ces travaux ont été assurés par le CEPMR entre 2000 et 2004.57 Cet enduit peint (Hypo 11) a été trouvé dans les remblais dégagés au cours du sondage de la salle ouest, près des fosses n° 5 et 6. Il ne présente donc aucune liaison stratigraphique reconnue avec les murs de l’hypogée.58 Hypo 12.

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

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59 Hypo 11.60 Hypo 14 et Hypo 24.61 Altitude : Z # 115 mètres.62 Le Touzé de Longuemar 1870. 63 Idem, t. I, p.464-465.64 De la Croix 1883, chap. IV, p. 9 note 3 : « Cette pierre était connue des Romains et ils l’employaient comme moellons dans leurs constructions ; je l’ai trouvée mise en œuvre dans les thermes et dans le temple de Mercure de Poitiers, ainsi que dans la plupart des substructions locales Romano-Gauloises. »65 Une autre explication est possible : la voûte originale de l’hypogée était maçonnée avec des travertins neufs – et non de réemploi – et elle fut détruite pour réutiliser ce matériau léger, ce qui expliquerait la rareté du travertin sur le site.66 Seuls quelques fragments d’enduits peints provenant des parois de l’hypogée ont été conservés au musée Sainte-Croix. L’ensemble a été inclus dans un bain de mortier, laissant apparaître en surface les restes de peinture, interdisant toute observation du support d’origine.67 De la Croix 1883, chap. IV, p. 9.68 De la Croix 1883, chap. IV, p. 9 note 3.69 Ainsi, le sarcophage n°15 situé sous l’arcosolium est agrandi vers l’est, scellé à sa base au rocher naturel et fermé sur le dessus par une banquette maçonnée. La base de l’autel est maçonnée avec le même mortier B et la partie basse de l’escalier est également réaménagée, en liaison avec le scellement, en partie basse, de la porte d’accès.70 Voir la pl. II du cahier couleur.71 De la Croix 1883, chap. VIII, p. 24-25.72 De la Croix 1883, chap. VIII, p. 24 et note 2.73 Voir la carte géologique à 1/50 000 de Vouneuil-sur-Vienne, n° 567.74 Voir le paragraphe 3.2.1, consacré à l’environnement géologique du site.75 Bessac 1987.76 L’outil qui servit à graver les motifs d’ocelles appartient à cet ensemble : Bessac 1987, p. 257-258. 77 Cuve (face extérieure) du sarcophage n° 15, jambages (faces extérieures) nord et sud de la porte (M et M’), pierre sculptée dite « des larrons », fragment dit du « linteau », tailloir au poisson, fragment détaché du sarcophage n° 15, fragment dit « de la table d’autel », dalle aux anges n° 9, dalle aux anges n° 10, dalle aux anges n° 11, dalle aux anges n° W, dalle à l’Emmanuel n°8.78 L’analyse des formes paléographiques, littéraires, linguistiques de différents textes ainsi que l’étude de leur contenu, actuellement en cours, viendra compléter l’étude archéologique ici présentée dans l’ouvrage collectif prévu (Palazzo-Bertholon, à paraître).79 Parmi les études portant spécifiquement sur les inscriptions, signalons notamment Le Blant 1892, Fayolle 1932 et Tonnellier 1965. Tous les travaux concernant l’hypogée se fondent toutefois sur une interprétation des textes, notamment peints, pour déterminer les dates et fonctions de l’édifice, ce qui rend la bibliographie particulièrement prolixe.80 Le Blant 1892, p. 251 : « Une suite de moulages placées par lui au musée des Antiquaires de l’Ouest et où les lettres sont rehaussées de rouge nous représente seul à cette heure les inscriptions lapidaires disparues. C’est sur ces plâtres ainsi coloriés, comme le montre la teinte foncée des caractères, qu’ont été prises les phototypies jointes au recueil du savant religieux et que je reproduis à mon tour ». De fait, dans les archives d’Edmond Le Blant conservées à la Bibliothèque de l’Institut à Paris (ms. 1704, fol. 52-57r°), on ne trouve effectivement que les photos des moulages et des dessins, à l’encre ou imprimés, dressés à partir de ces dernières.

81 Voir à ce propos treffort,uberti, dans ce volume.82 DACL, t. 11-1, 1933, « Mellebaude », col. 241-266.83 Voir note 15.84 Ginot 1911, p. 267 : « Les décalques des inscriptions de l’hypogée relevés par une commission d’archéologues ont été recueillis par le P. de la Croix dans un étui de fer, destiné à la SAO ». Selon M. Rérolle, ces calques auraient ensuite été pliés et seraient toujours conservés dans les archives de la Société des Antiquaires de l’Ouest déposées aux Archives départementales de la Vienne. Toutefois, ils n’apparaissent pas dans l’inventaire des archives du Père de la Croix ; non cotés, ils n’ont malheureusement pas encore pu, à ce jour, être consultés.85 Méthode de relevé inspirée des relevés archéographiques des peintures murales et utilisée, par exemple, pour les inscriptions carolingiennes ; voir par exemple Treffort 2007.86 Treffort, Uberti, dans le présent volume.87 Remarquons qu’en estimant à au moins 90 cm la largeur nécessaire pour servir de linteau, il lui manquerait environ 40 cm pour 53 conservé.88 De la Croix 1883, p. 78.89 Prosper d’Aquitaine, Liber sententiarum, c. 118 (éd. PL 45, 1869), effectivement inspiré du commentaire de saint Augustin sur les Psaumes (éd. PL 37, 1202). Ce texte, sous diverses variantes, est en fait relativement répandu dans l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge, ce qui interdit de dater l’inscription par sa seule présence.90 Pour la région, voir Treffort, Uberti, dans le présent volume ; plus largement, on peut consulter Le Blant 1892 et les trois volumes actuellement parus du RICG.91 Comme nous l’avons déjà évoqué (cf. note 85), le Père de la Croix dit avoir réalisé, avant l’effacement, des calques, confiés aux soins de la Société des Antiquaires de l’Ouest, calques qui, en tant que documents de travail, sont peut-être les ultimes vestiges de ce qui a pu être réellement observé sur le terrain.

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PALAzzO-BERTHOLON B. (1999) – L’étude des mortiers et des enduits des cryptes de Saint-Germain et Saint-Étienne d’Auxerre, dans Peindre à Auxerre au Moyen Âge, ixe- xive siècle. Dix ans de recherche à l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre et à la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, Auxerre-Paris, p. 45-57 et p. 242-248.

PALAzzO-BERTHOLON B. (2002) – L’étude des enduits et des mortiers de la cathédrale Saint-Jean-de-Maurienne, dans I. parron-KontIs, La cathédrale Saint-Pierre en Tarentaise et le groupe épiscopal de

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PALAzzO-BERTHOLON B. (2003) – L’apport des analyses chimiques à l’étude des enduits peints. L’exemple des peintures murales gallo-romaines du Boulevard Vaulabelle à Auxerre, Actes du XVIe séminaire de l’AFPMA (Auxerre, 24-25 octobre 1997), Dijon, p. 31-42.

PALAzzO-BERTHOLON B. dir. (à paraître) – L’hypogée des Dunes à Poitiers : une lecture archéologique renouvelée.

RÉROLLE M. (1978) – L’œuvre archéologique de Camille de la Croix, Bull. Soc. Antiq. Ouest, 4e sér., t. 14, p. 321-349.

RÉROLLE M. (1989) – Poitiers, Hypogée des Dunes, dans Romains et barbares entre Loire et Gironde - ive-xe siècles. Exposition au musée Sainte-Croix (Poitiers) - 6 octobre 1989 - 28 février 1990, Poitiers, p. 61-63.

RÉROLLE M. (2000) – L’hypogée de Mellebaude, Poitiers, dans r.Favreau dir., Le Supplice et la gloire. La croix en Poitou, Paris-Poitiers, 2000, p. 57-59.

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TONNELLIER Chanoine (1965) – Les inscriptions de l’hypogée de Mellebaude à Poitiers, Bull. Soc. Antiq. Ouest, 4e sér., t. VIII, p. 243-261.

TREFFORT C., UBERTI M. (dans le présent volume) – Identité des défunts et statut du groupe dans les inscriptions funéraires des anciens diocèses de Poitiers, Saintes et Angoulême entre le Ive et le xe siècle,

TREFFORT c. (2007) – Mémoires carolingiennes. L’épitaphe entre genre littéraire, célébration mémorielle et manifeste politique (milieu viiie-xie siècle), Rennes, PUR (Collection Histoire).

Bénédicte Palazzo-Bertholon, chercheur associé au Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (UMR 6223 du CNRS), Poitiers.

Cécile Treffort, professeure d’histoire médiévale à l’université de Poitiers/CESCM.

Thierry Grégor, enseignant en taille de pierre.

Bernard Bourgueil, ingénieur honoraire au BRGM.

Mathieu Linlaud, chargé d’études, LANDARC.

Pour une relecture de l’hypogée des Dunes à Poitiers

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