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BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVEPUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE
c/o Bibliothèque d’Histoire des ReligionsMaison de la Recherche de l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV)
28 rue Serpente 75006 Paris (France)
Cette collection sans périodicité régulière, éditée par Brepols Publishers, est conçue comme la série de suppléments à la revue Antiquité tardive publiée depuis 1993 par l’Association chez le même éditeur. Elle est composée de monographies, de volumes de Mélanges ou de Scripta Varia sélectionnés soit par l’Association avec l’accord de l’éditeur soit par l’éditeur avec l’agrément de l’Association dans le domaine de compétence de l’Association : histoire, archéologie, littérature et philologie du IVe au VIIIe siècle (de Dioclétien à Charlemagne).
du Conseil d’Administration dont voici la composition actuelle :
Président : F. Baratte, professeur d’archéologie de l’Antiquité tardive, Université Paris-Sorbonne. Vice-présidente : G. Cantino Wataghin, professoressa di Archeologia Cristiana e Medievale, Università del Piemonte Orientale, Vercelli. Secrétaire : Th. Rechniewski.Trésorier : M. Heijmans, ingénieur de recherches au CNRS, Centre Camille Jullian (Aix-en-Provence).Membres : J.-P. Caillet, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge, Université Paris Ouest-Nanterre ; J.-M. Carrié, directeur d’études, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris ; E. Destefanis, docente all’Università del Piemonte Orientale, Vercelli ; J. Dresken-Weiland, Priv. Doz., Université de Göttingen ; A. S. Esmonde Cleary, professor, Department of Archaeology, University of Birmingham ; S. Janniard, maître de conférence à l’Université François-Rabelais, Tours ; , professeur à l’Université de Zagreb ; G. Ripoll, profesora titular de arqueología, Universitat de Barcelona ; J. Terrier, archéologue cantonal, Genève.
Déjà parus : 1. Khirbet es Samra 1 sous la direction de J.-B. Humbert et A. Desreumaux et sous le patronage de l’École Biblique et Archéologique Française et du
Centre d’Étude des Religions du Livre (CNRS), 1998. 2. A. Michel, Les églises d’époque byzantine et umayyade de Jordanie (provinces d’Arabie et de Palestine), Ve- VIIIe siècle. Typologie architecturale et
aménagements liturgiques (avec catalogue des monuments), 2001. 3. Humana sapit. Études d’Antiquité tardive offertes à Lellia Cracco Ruggini, édité par J.-M Carrié et R. Lizzi, 2002. 4. N. Thierry, La Cappadoce de l’Antiquité au Moyen Âge, 2002.5. Mélanges d’antiquité tardive. Studiola in honorem Noël Duval, édité par C. Balmelle, P. Chevalier et G. Ripoll, 2004. 6. The Past Before Us. The Challenge of Historiographies of Late Antiquity, édité par C. Straw et R. Lim ; Actes du colloque tenu à Smith College
(Northampton, MA) en 1999, 2005.7. A. Chavarría Arnau, uillae en Hispania (siglos IV–VIII), préface de G. Ripoll et de J. Jarnut, 2006. 8. H. Brandenburg, Ancient Churches of Rome from the fourth to the seventh century. The dawn of Christian Architecture in the West, photographs by
A. Vescovo, trad. de l’allemand par Andreas Kropp, 2005.9. L. Khroushkova, Les Monuments chrétiens de la côte orientale de la Mer noire (Abkhazie), IVe- XIVe siècles, 2007.10. Stucs et décors de l’Antiquité tardive au Moyen Âge, Actes du Colloque (Auxerre, 2005), édité par Chr. Sapin, 2007. 11. Renée Collardelle, La Ville et la mort. Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire, 2008 12. M. Fixot et J.-P. Pelletier, Saint-Victor de Marseille, Étude archéologique et monumentale, 2009.13. Saint-Victor de Marseille, Études archéologiques et historiques. Actes du Colloque Saint-Victor, Marseille, 18-20 nov. 2004, édité par M. Fixot et
J.-P. Pelletier, 2009. 14. St. Ratti, « Antiquus error ». Les ultimes feux de la résistance païenne, Scripta varia augmentés de cinq études inédites, préface de J.-M Carrié, 2010.15. Nina Iamanidzé, Les installations liturgiques sculptées des églises de Georgie (VIe-XIIIe siècles), 2011.16. Maria Xanthopoulou, Les Lampes protobyzantines, préface de J.-P Sodini, 2010.17. Carte des routes et des cités de l’Afrique romaine établie par Pierre Salama, réalisée par l’Institut géographique national (Paris), notices sur les sites
antiques des provinces de Proconsulaire, de Byzacène et de Tripolitaine rédigées sous la direction de N. Duval, J. Desanges, Cl. Lepelley et S. Saint-Amans, 2010.
18. S. Carella, Architecture religieuse haut-médiévale en Italie méridionale : le diocèse de Bénévent, 2010.19. Le Proche-Orient de Justinien aux Abbassides. Peuplement et dynamiques spatiales, Actes du colloque édités par A. Borrut, M. Debié, A. Papaconstan-
tinou, D. Pieri, J.-P. Sodini, 2012.20. M.-C. Comte, Les reliquaires du Proche-Orient et de Chypre à la période protobyzantine (IVe-VIIIe siècle), 2012.21. M. Studer-Karlen, Verstorbenendarstellungen auf frühchristlichen Sarkophagen, 2012.22. Le cheval dans les sociétés antiques et médiévales, Actes des Journées d’étude internationales organisées par l’UMR 7044 (Étude des civilisations de
l’Antiquité), Strasbourg, 6-7 novembre 2009, édités par S. Lazaris, 2012.23. Les ‘domus ecclesiae’ : aux origines des palais épiscopaux, Actes du colloque tenu à Autun du 26 au 28 novembre 2009, édités par S. Balcon-Berry,
Fr. Baratte, J. P. Caillet, D. Sandron, 2012.24. J.C. Magalhaes de Oliveira, ‘Potestas populi’. Participation populaire et action collective dans les villes de l’Afrique romaine tardive (vers 300-430
apr. J. C.), 2012.25. M. Fixot, Le Groupe épiscopal de Fréjus, 2012.26. B. Boissavit-Camus, , 2014.27. Y. Narasawa, Les autels chrétiens du Sud de la Gaule (Ve-XIIe siècles), 2014.28. J.-L. Prisset, Saint-Romain-en-Gal aux temps de Ferréol, Mamert et Adon. L’aire funéraire des thermes des Lutteurs (IVe-Xe siècles), 2015.29. S. Balcon-Berry, La mémoire des pierres. Mélanges d’archéologie, d’art et d’histoire en l’honneur de Christian Sapin, 2016.30. D. Glad, L’armement dans la région balkanique à l’époque romaine tardive et protobyzantine (284-641), 2015.31. Libera curiositas. Mélanges d’histoire romaine et d’Antiquité tardive offerts à Jean-Michel Carrié, édité par C. Freu, S. Janniard, A. Ripoll.32. E. Neri, Tessellata vitrea tardoantichi e altomedievali. Produzione dei materiali e loro messa in opera. Considerazioni generali e studio dei casi
milanesi, 2016.33. C. Proverbio, I cicli affrescati paleocristiani di S. Pietro in Vaticano e S. Paolo fuori le mura, en préparation.
BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVEPUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE
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LIBERA CURIOSITAS
MÉLANGES D'HISTOIRE ROMAINE ET D'ANTIQUITÉ TARDIVEOFFERTS À JEAN-MICHEL CARRIÉ
Édités parChristel FREU, Sylvain JANNIARD et Arthur RIPOLL
Préface de Jean ANDREAU
F
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D/2016/0095/206ISBN 978-2-503-56675-7e-ISBN 978-2-503-56873-7DOI 10.1484/M.BAT-EB.5.110801
Printed in the EU on acid-free paper.
Table des matières
Avant-propos ............................................................................................................................................... Principales abréviations ............................................................................................................................... XIIIBibliographie de Jean-Michel Carrié ....................................................................................................... XV
Jean AndreauPRÉFACE ......................................................................................................................................................... 1
I - ARMÉE, FISCALITÉ ET ADMINISTRATION DE L'ÉTAT ROMAIN
Patrick Le RouxMARCUS ANTONIUS PRIMUS, UN ARTISAN DE LA VICTOIRE (VERS 23 – VERS 98) .......................9 Hélène CuvignyUNE DÉDICACE À ZEUS HÈLIOS GRAND SARAPIS HONORANT UN DESECTOR SUR UN OSTRACON DU MONS CLAUDIANUS ......................................................... 17
Michel ReddéRETOUR SUR LES CASTRA DIONYSIADOS ................................................................................................23 Pierre CosmeQUAND UNE FLOTTE ROMAINE DESCENDAIT LA SEINE : HYPOTHÈSES SUR L’ÉTAT-MAJOR DES TÉTRARQUES ...................................................................... 33
Sylvain JanniardLE MANIEMENT DES ARMES OFFENSIVES DANS L’INFANTERIE ROMAINE TARDIVE(IIIe – VIe SIÈCLES APR. J.-C.) ..................................................................................................................... 43
Margarida Maria de CarvalhoPHILANTHROPIE ET ROYAUTÉ CHEZ JULIEN : DEUX CONCEPTS POUR UNE MEILLEURE COMPRÉHENSION DE SES PRATIQUES MILITAIRES .............................. 55
IX..
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TABLE DES MATIÈRES480Aude Laquerrière-LacroixSINE INQUIETUDINE POSSIDERE. REMARQUES SUR LA PORTÉE POLITIQUE ET FISCALED’UNE EXPRESSION JURIDIQUE (IVe–Ve SIÈCLES APR. J.-C.) ........................................................... 61
Gilles BransbourgLE GRAND ÉCART. LES DESTINS DIVERGENTS DE L’ORIENT ET DE L’OCCIDENTÀ TRAVERS LE PRISME FISCAL DE L’EMPIRE TARDIF ....................................................................... 67
Jean GascouREÇU DE BLÉ POUR LES ANNONES DES BIS ELECTI ET DES NUMIDES ....................................... 83
Simon CorcoranTHE WÜRZBURG FRAGMENT OF JUSTINIAN’S CONSTITUTIONSFOR THE ADMINISTRATION OF RECOVERED AFRICA ....................................................................... 97
II - ROME À SES FRONTIÈRES: DIPLOMATIE, ALLIANCES, RECRUTEMENT
Yann RivièreCIVITATEM AMITTERE : BANNISSEMENT, EXTRADITION ET DROIT DES AMBASSADEURSSOUS LA RÉPUBLIQUE ROMAINE ......................................................................................................... 117
Alain ChauvotJULIEN, AMMIEN ET LES LÈTES. À PROPOS D’AMMIEN, XX, 8, 13 ............................................... 141
Guillaume SartorDES CHEFS FÉDÉRÉS, UN EMPIRE ET DES HOMMES ....................................................................... 151
Ariel LewinLUOGHI E MODI DEL POTERE DEI FILARCHI ARABI NELLA TARDA ANTICHITÀ .................... 167
Maria Grazia BajoniLE SACRAE LITTERAE NELLE RELAZIONI DIPLOMATICHE FRA I ROMANI E I PERSIANI (SECOLI IV-VI D.C.): EVIDENZE DIPLOMATICHE ED ENUNCIATIVE ............................................ 173
III - ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ DANS L'ANTIQUITÉ ROMAINE ET TARDIVE
Adam Bülow-JacobsenSTOMOMA. WHY, WHAT, WHENCE, AND HOW? .................................................................................. 183
Christel FreuCONSOMMATION POPULAIRE ET GRATUITÉ SOUS L’EMPIRE ROMAIN :LA CHASSE PAYSANNE EN QUESTION ............................................................................................... 191
Lellia Cracco-RugginiLA TUSCIA TARDOANTICA: ANNOTAZIONI PROSOPOGRAFICHE, SOCIOECONOMICHE E CULTURALI ...................................203
Jean-Luc FournetUN REÇU POUR LA SYNÊTHEIA DU TRIBUN D’ANTAIOUPOLISPROVENANT DES ARCHIVES DE DIOSCORE D’APHRODITÉ ( SIÈCLE) .................................... 91 VIe
TABLE DES MATIÈRE 481Domenico VeraLA VITA MELANIAE IUNIORIS, FONTE FONDAMENTALEPER LA STORIA ECONOMICA E SOCIALE DELLA TARDA ANTICHITÀ ......................................... 217
Dominic Moreau & Jean-Philippe CarriéL’AGGLOMÉRATION ROMAINE D’ABRITUS (MÉSIE INFÉRIEURE / MÉSIE SECONDE) :SOURCES TEXTUELLES ET BILAN ARCHÉOLOGIQUE .................................................................... 229
Catherine SaliouPOUR UNE ÉTUDE DE L’ORGANISATION DE L’ESPACE URBAIND’ANTIOCHE SUR L’ORONTE DANS L’ANTIQUITÉ TARDIVE ........................................................ 257
Marilena CasellaDÉCHIFFREMENT HISTORIQUE DE L’ÉCRITURE LIBANIENNE.À PROPOS DE LIBANIOS, DISCOURS 48 ET 49 .................................................................................... 265
Bernadette Cabouret-LauriouxUNE COURONNE POUR UN EMPEREUR. AMBASSADES DE L’OR CORONAIRE DANS L’ORIENT GREC ........................................................ 281
Federico MorelliPRODOTTI TESSILI E PREZZI IN UN PAPIRO VIENNESE DEL VII SECOLO .................................. 295
IV. GENRES LITTÉRAIRES ET ARTISTIQUES DE L'ANTIQUITÉ TARDIVE
Averil CameronCULTURE WARS: LATE ANTIQUITY AND LITERATURE ................................................................... 307
Antony HosteinPROBLÈMES DE TRADUCTION DANS LES PANÉGYRIQUES LATINS.L’EXEMPLE DU DISCOURS D’EUMÈNE (298 AP. J.-C.) ....................................................................... 317
Stéphane RattiHERENNIANUS DANS L’HISTOIRE AUGUSTE,FLAVIUS POLLIO FLAVIANUS ET NICOMAQUE FLAVIEN SENIOR ............................................... 327
Simon Esmonde ClearyTHE VILLAS OF LATE ROMAN BRITAIN AND THE VOCABULARYOF ARISTOCRATIC POWER AND CULTURE IN THE WEST ...............................................................333
Jutta Dresken-WeilandDIE VERMÄHLUNG MARIAS. EIN BEISPIEL ASKETISCHER IKONOGRAPHIE AUF EINEM STADTRÖMISCHEN SARKOPHAG DES SPÄTEN 4. JHS .............................................. 347
Jean-Pierre CailletÉMERGENCE ET DIFFUSION D’UNE ICONOGRAPHIE DOGMATIQUE : L’ÉVENTUELLE « MÉDIATION » DES SARCOPHAGES ROMAINS .................................................. 355
Geoffrey GreatrexRÉFLEXIONS SUR LA DATE DE COMPOSITIONDES GUERRES PERSES DE PROCOPE .................................................................................................... 363
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TABLE DES MATIÈRES482
V - PAÏENS ET CHRÉTIENS DANS L'ANTIQUITÉ TARDIVE
Valerio NeriI CRISTIANI E LA GIUSTIZIA PENALE: PRINCIPI E PRASSI (SEC. IV-V) ........................................ 369
Julio Cesar Magalhaes de OliveiraVBI ECCLESIA ? BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSEDANS L’AFRIQUE ROMAINE TARDIVE ................................................................................................ 387
Giovanni Alberto CecconiLA CATERVA DI CESAREA DI MAURETANIA (ALTRE RIFLESSIONI) .............................................. 399
Bruno PottierLA BIOGRAPHIE D’ALEXANDRE SÉVÈRE DANS L’HISTOIRE AUGUSTE : UN MIROIR DES PRINCES HONORIUS ET ARCADIUS ....................................................................... 405
Pierre-Henri OrtizL’INSANIA HAERETICORUM DANS LE CODE THÉODOSIEN :ENTRE DÉNIGREMENT ET REQUALIFICATION JURIDIQUE DE LA DÉVIANCE RELIGIEUSE 419
Philippe BlaudeauHYPATIE CONVERTIE AU NESTORIANISME ?ENQUÊTE SUR LA PRODUCTION D’UN FAUX ANTI-CYRILLIEN ................................................... 429
Rita Lizzi TestaSAN GIROLAMO A MONTEFALCO (UMBRIA) TRA AFFRESCHI, ISCRIZIONI E APOCRIFI ........ 439
Index nominum ........................................................................................................................................... 457
Index locorum .............................................................................................................................................. 465
Index rerum ..................................................................................................................................................471
Table des matières ....................................................................................................................................... 479
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Julio Cesar MAGALHÃES DE OLIVEIRA
VBI ECCLESIA ?BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSE
DANS L’AFRIQUE ROMAINE TARDIVE
The violence that characterized the Christian controversies of Late Antiquity was often the result of the dynamic of identity and difference that was engendered by these disputes. This was particularly the case in North Africa, where boundaries between “Catholics” and “Donatists” during the fourth and the begin-
What is striking, however, is that the most serious episodes of collective violence between African Chris-tians almost always involved the capture or the defence of church buildings. The purpose of this paper is to explain why Christian basilicas featured so prominently in this particular dispute. Starting from the theo-retical propositions of archaeologists and social scientists working on the materiality and phenomenology of places and landscapes, I suggest that rather than regarding churches as a mere setting or backdrop, we can regard them as an active agent in the construction of Christian identities. In order to do this, I examine, successively, the geographic location and sensory perceptions of Christian basilicas, their material form and the dynamic uses of their internal space, and the contested meanings that different groups of Christians invested in their churches as places of worship and memory. [Author]
La violence entre les groupes religieux peut toujours être vue comme le résultat de la défense d’une croyance particulière, mais c’est sa mobilisation dans un contexte précis qui explique dans chaque cas le passage de la coexis-
devrait pas être dissociée des dynamiques de l’identité et de la différence qui sont engendrées dans un contexte de disputes1 -nitaires et christologiques qui, dans l’Empire romain des IVe et Ve siècles, ont remis en question la façon dont les
-
-neri, Juliana Marques Morais, Giovan do Nascimento et Mo-
qui j’ai pu discuter plusieurs des idées développées dans cette
AbréviationsFrend, Church The Donatist Church: A Move-
ment of Protest in Roman North Africa Niren-berg, Violence Violence et minorités au Moyen Âge Shaw, Violence
Sacred Violence: African Christians and Sectarian Ha-tred in the Age of Augustine
The rites of violence : religious riot in sixteenth-century France, dans Past & PresentNirenberg, Violence
chrétiens d’Afrique sur l’image qu’ils se faisaient de leur
dans des actions violentes peuvent être vues comme une conséquence directe des demandes de reconnaissance qui se posaient au moment où l’identité chrétienne des uns
-
répression et de persécution, tout en étant alimentée sinon -
gieuse ne peut donc pas être vue comme une pathologie extérieure au débat théologique, puisqu’elle faisait partie
-
Dans le cas de l’Afrique du Nord, en particulier, la mémoire des violences passées et la culture délibérée de la haine sectaire ont été au centre des dynamiques iden-
-tion de Dioclétien3
Embodied theologies: Christian iden-tities and violence in Alexandria in the early Arian controversy,
Violence in Late Antiquity: Perceptions and Practices
Violence
© F H G
JULIO CESAR MAGALHÃES DE OLIVEIRA388ayant été accusé par ses adversaires d’avoir collaboré avec les autorités persécutrices ou, du moins, d’avoir été ordon-né par un collaborateur4
été pourtant cristallisée dans un schisme lorsque l’empe--
légitimes “catholiques”, reléguant leurs opposants, alors
différend sur des questions doctrinales, mais au refus d’un groupe dissident, quoique majoritaire en Afrique même,
-tions imposées par l’alliance entre une Église et un Empire universels5
bien distinctes : tandis que les dissidents fondaient leurs conceptions sur la défense d’une Église pure et immaculée en termes sacramentaux, sur la nécessité d’un épiscopat exempt de toute compromission avec le persécuteur et sur l’exigence d’un nouveau baptême pour tous ceux qui l’avaient reçu d’un clergé considéré comme indigne, les
Église fondée non pas sur la qualité de ses ministres, mais -
tive de ses sacrementsLa clarté de ces formulations ne découlait, cependant,
que du besoin qu’avaient les groupes et leurs chefs de répondre, de manière différente, aux accusations réci-
-son7 -vait être accentuée ou réduite, mais elle n’était mainte-nue que par la mobilisation récurrente d’une mémoire de
347, quand l’intervention armée de l’État impérial pour
sang
The Beginnings of Donatism, dans Journal of Theological Studies,
Les débuts du Donatisme : la date du “Protocole de Cirta” et de l’élection épiscopale de Silvanus, dans RÉAug
Violence -guments traditionnels en faveur d’une chronologie plus courte
Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne depuis les origines jusqu’à l’invasion arabe, t. IV : Le donatisme -
ChurchThe religious dissent in the Later Roman Empire:
the case of North Africa, dans HistoryChurch La vie de saint Au-
gustin. Nouvelle édition augmentéeL’identità
cristiana nel dibattito fra cattolici e donatisti, dans Annali di storia dell’esegesi
ViolenceChurch Elemosina e
propaganda : Un’analisi della ‘Macariana persecutio’ nel III libro di Ottato di Milevi, dans RÉAug
démarquer et maintenir les frontières entre les groupes
la friction constante entre les groupes rivaux peuvent ali-menter un contexte d’hostilité sans nécessairement aboutir
9
tensions violentes a marqué les relations entre les chré-
nous nous concentrons uniquement sur les rencontres les plus sanglantes entre factions chrétiennes, force est de re-
affrontements semble avoir résulté non pas d’éruptions accidentelles et spontanées de haine intercommunautaire, mais de la prise ou de la défense des basiliques chré-tiennes
1. LA MATÉRIALITÉ DES LIEUX
paradoxal dans un domaine d’études qui a souvent privi-légié la compréhension des structures de pensée ou les
n’importe quel “discours” ne prend de sens que lorsqu’il
tour, ne se réalise jamais sans l’utilisation de la culture matérielle11
société logocentrique comme la nôtre, nous devons tou-jours nous souvenir de ce que les spécialistes de la préhis-
ce qui nous rend humains ce n’est pas seulement notre
la culture matérielle pour établir des rapports sociaux
le monde” est une expérience physique, sensorielle, incor-
peut pas être traitée comme un épiphénomène ou réduite 13 -
ViolenceEmbodied theologies, cit. -berg, Les juifs, la violence et le sacré, dans Annales HSS
ViolenceIntroduction : object orientations -
Archaeologies of Materiality
de l’approche de la violence collective restreinte aux “struc-tures de pensée collectives”, voir Nirenberg, Violence
Prehistory: A Very Short Introduction, Oxford,
The Materiality of Stone: Explorations in Lands-
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VBI ECCLESIA ? BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSE 389
corporelle et temporelle, une présence dont les proprié-
14
-
paysage pour les comprendre comme des acteurs
la vie humaine15
En tant que partie de cette matérialité vécue, conçue et travaillée par l’homme, les lieux sont aussi des médiateurs
lieu est un espace rempli de personnes, de pratiques, d’ob---
tinctes, mais indissociables : une situation géographique, une forme matérielle et un investissement de senstant qu’emplacement, un lieu inscrit une marque unique dans l’univers, en transformant son environnement immé-
matérielle, un lieu est ce que nous façonnons et qui nous façonne : c’est le milieu conçu, construit, mais aussi sub-verti, qui permet l’occurrence des procès sociaux les plus
un lieu est toujours un espace en construction, interprété et réinterprété de façon différente par des groupes et des individus les plus divers, malléable au cours du temps et,
ne peut être exclue d’une étude des lieux, du moins si l’on
de Gieryn, c’est seulement en tenant compte de ces trois caractéristiques que nous pourrons comprendre les lieux
17
cape Phenomenology -noménologique et l’intérêt plus large des archéologues pour l’étude de la pratique et de l’expérience humaine dans les
Phenomenological approaches in landscape archaeology, dans Annual Review of Anthropology
The texture of things : objects, people, and land-, dans
Archaeologies of Materiality, cit.-
The Materiality, cit.been suggesting is that rather than regarding things, places or landscapes primarily as systems of signs, or as texts, or dis-
-
A space for place in Sociology, dans American Review of Sociology
A space for place, cit.
À plus forte raison, les lieux de culte devraient être vus comme des espaces dynamiques, qui contribuent
des systèmes religieux dont ils font partiechrétiennes, par exemple, sont non seulement le cadre des relations entre les chrétiens et leur divinité, mais servent
la société extérieure des messages sur les croyances des
dans n’importe quel lieu sacré ou cultuel, nous pouvons discerner l’expression de trois types de pouvoir : le pou-
pouvoir personnel, que chaque individu peut extraire de sa relation avec le sacré19
lieu dans une église sont en partie induites par l’espace lui-même, mais elles sont aussi constamment construites, négociées et contestéescontexte de concurrence, les églises peuvent devenir un foyer d’identité, dans la mesure où elles peuvent exprimer des conceptions différentes sur la foi et la communauté religieuse, marquer la place occupée par un groupe dans
sur les autresDans le cas de l’Antiquité tardive, les recherches sur
l’architecture et la topographie chrétiennes n’ont évidem-ment jamais fait défaut, mais la plupart d’entre elles ne
potentiel d’une approche de la matérialité d’un lieu de culte -tecture et la topographie chrétiennes s’est concentrée sur
-taire systématique des découvertes, l’établissement de ty-
Sacred Power, Sacred Space: An Introduction to Christian Architecture and Worship
Sacred Power, citThe spatial dynamics of parish poli-
tics : topographies of tension in English communities, c. 1350-1640 Political Space in Pre-Industrial Europe Veiled assent, hid-
-tion in the English parish church, 1500-1700, dans Emergence,
-Sacred Space in Early
Modern Europe-
van, Late antique urban topography : from architecture to ur-ban space Theory and Prac-tice in Late Antique Archaeology
Religious diversity in Late Antiquity : an introduc-tion Religious Diversity in Late Antiquity
JULIO CESAR MAGALHÃES DE OLIVEIRA390pologies et l’emplacement physique des monuments, sans automatiquement théoriser sur les relations sociales qui leur sont sous-jacentesde plusieurs chercheurs pour l’examen de la topographie des cités de l’Antiquité tardive comme un véritable “récit spatial”, en tant que lieux investis de sens et d’interpré-
-
caractéristiques proprement matérielles -pose de faire ici, en revanche, c’est d’étudier l’architecture et la topographie chrétiennes comme un véritable “habitus
--
dérer les églises de la même façon que les spécialistes de la préhistoire considèrent les monuments préhistoriques dans leurs implications spatiales et psychologiques, avec l’avantage de pouvoir dans notre cas confronter le témoi-gnage des textes aux vestiges archéologiquesveut dire comprendre l’impact sensoriel des monuments,
humaine et la façon dont ils sont perçus, conçus et vécus
qui fait l’objet de cette étude, cette approche implique aussi de comprendre le rôle que les lieux de culte ont joué dans la formation et la perception des différences et des
La centralité des lieux de culte chrétiens dans les dis-putes entre catholiques et dissidents africains aux IVe et Ve
s’engager dans une lutte pour leur reconnaissance comme chrétiens
Basiliques chré-tiennes d’Afrique du Nord. Inventaire d’Algérie
Les églises doubles et les fa-milles d’églises, dans AnTard -
Christian topography in the late antique town : recent results and open questions, dans
Theory and Practice, cit
Alexandria in Late Antiquity: Topography and People as power :
-The Transformations of in Late Antiquity,
Introduction, cit.évidemment se réclame des concepts d’habitusEsquisse d’une théorie de la pratique, précédée de trois études d’ethnologie kabyle
Material Culture and Mass Consumption, Oxford,
Churches as prehistoric ritual monuments: a review and phenomenological perspective from Somerset, dans Assemblage -
HE -
le contrôle des églises devaient découler notamment des aléas de la politique religieuse impériale, selon que les
-casion de nouveaux schismes, lorsque les factions en li-tige recourraient aux tribunaux civils pour récupérer leurs
-nus, divisés autour d’une nouvelle dispute pour le siège de
cercle vicieux qui était déclenché quand une décision ec--
naux civils pour recouvrer ses biens et, ayant obtenu une décision judiciaire favorable, recrutait ses propres gangs armés pour faire respecter la décision -nismes expliquent l’étendue des violences pour le contrôle des basiliques, ils n’expliquent pour autant ni l’impor-tance intrinsèque des lieux de culte dans la controverse
-prendre le rôle des basiliques dans les controverses entre les chrétiens africains nous devons donc adopter ce regard croisé sur la matérialité et les pratiques sociales que nous avons esquissé plus haut et suivre les trois niveaux de l’analyse des lieux appliqués aux églises, en considérant successivement leur situation géographique, leur forme
2. L’IMPACT SENSORIEL : L’ÉGLISE COMME MONUMENT
lieux de rassemblement, pour la célébration liturgique, et par des lieux de mémoire, sur la tombe des martyrs,
document provenant des archives de la répression-
vaient passer inaperçus dans le paysage urbain, puisqu’ils n’étaient en général que des maisons d’habitation adaptées aux besoins du culte ou des simples monuments construits sur la tombe des martyrs31
Ep.Church ViolenceViolence
Acta Munatii Felix
d’Abthugnos au début du IVe Chrétiens d’Afrique à l’aube de la paix constantinienne. Les premiers échos de la grande persécution
-tiniano, dans RAC
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VBI ECCLESIA ? BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSE 391-
-lique chrétienne -talité a été d’autant plus remarquable que la rivalité entre
édilitaire ainsi qu’une compétition entre les groupes pour 33
-
-tine, puisque l’ancienne église locale, bien que restaurée avec des ressources impériales, avait été occupée de force par les dissidents34
l’extérieur a fait cependant bien plus que déclencher une
constater notamment sur les sites urbains dégagés de façon -
chrétiens et même de “groupes épiscopaux” concurrents, indiqués, entre autres choses, par la présence sur le site de plusieurs cuves baptismales35 -logie ne peut pas distinguer matériellement une basilique “catholique” d’une basilique “donatiste”, puisque rien ne les distinguait dans la pratique liturgique -
possible qu’avec le témoignage occasionnel des inscrip-tions mentionnant un évêque connu ou des martyrs hono-
sur la légitimité de leur identité chrétienne : en effet, c’est précisément parce qu’ils n’étaient pas très différents que les groupes rivaux ressentaient le besoin de marquer et de maintenir leurs différences37
Constantine and the origin of the Chris-tian basilica, dans PBSRThe Constantinian basilica, dans DOP
Problématiques d’une architecture chrétienne au IVe siècle, dans RÉAug
Le nouveau style missionnaire. La conquête de l’espace et du temps et al. Histoire
,
L’évêque et la cathédrale en Afrique du Nord, dans Actes du XIe Congrès international d’archéologie chrétienne,
Archaeology and the “Arian Controversy”Religious Diversity, cit.
Violence -
dialectique entre l’angoisse suscitée par la proximité et la
Embodied Theologies, cit. -
L’angoisse que suscitait la similitude entre les deux Églises était d’autant plus importante que l’emplacement
-
les basiliques chrétiennes n’avaient certes pas la position dominante que l’on constate sur le promontoire occiden-
-
39
implantées dans le même voisinage, occuper des voies obligées pour les piétons ou être de toute façon en contact
la cathédrale “donatiste”, fut construite sur une butte haute
² de surface, la grande -
adverse, ou “monastère du Nord-Ouest”, occupait une po-
41
églises étaient ainsi non seulement en contact visuel, mais elles pouvaient aussi être successivement découvertes au regard des passants par la route, soit en allant vers le
en revanche, sur le terrain plus plat du plan régulier de la IVe siècle, les
Elles avaient pourtant été construites dans le même voisi-
publics, très probablement des temples, réaménagés après leur désaffection -rentes se présentaient ainsi aux passants en direction du
qui marquaient la conquête de l’espace urbain sous l’effet de la concurrence entre les sectes chrétiennes
berg, Les juifs, cit.
Monumen-talising landscape : from present perception to past meaning
, dans European Journal of Archaeology
Problématiques, cit.
Ruines de Timgad. Sept années de découvertes (1903-Timgad chrétien,
Visite à Timgad
-Ruines de Timgad, cit.
Timgad chrétien, cit.
Sbeïtla et les églises africaines à deux absides, I.
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VBI ECCLESIA ? BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSE 393
quotidienne que suscite l’absence de distinction claire entre les deux factions chrétiennes, et au même doute implicite sur le bien fondé de la position de chaque Église
-tions que les chrétiens avaient d’eux mêmes n’était pas seulement visuel, mais plurisensoriel43
exemple, on sait par le témoignage d’Augustin, que la plus ancienne des églises catholiques, la basilique Léontienne,
Marec, ces deux églises s’étaient implantées dans un quar-tier d’habitation trouvant leur place, tant bien que mal, parmi des maisons privées44
et de tension n’était pourtant pas différente de celle qui pouvait être suscitée dans les cimetières lors de la célé-
se rassemblaient dans leurs basiliques respectives pour -
tron de la ville, un ancien évêque local commun aux deux
rassemblements joyeux pour les deux groupes, marqués par des danses, des chansons et des banquets45
traditionnellement lieu dans la basilique, en prêchant -
-
Les églises de Sbeïtla à deux sanctuaires opposésÉglise et
temple en Afrique du Nord. Notes sur les installations chré-tiennes dans les temples à cour. À propos de l’église dite de Servius à Sbeïtla, dans BCTH
IVe et au début du Ve siècle comme résultat possible de la compétition
The fate of the temples in North Africa
The Archaeology of Late Antique “Paganism”, Leyde,
-Archaeologies of the senses The
Oxford Handbook of the Archaeology of Ritual and Religion,
Saint Augustin -La basilique et
ses abords Hippone
La fête chré-tienne, dans RÉAug Enjoy-ing the saints in Late Antiquity, dans Early Medieval Europe,
poursuivaient leurs beuveries pendant le temps de notre
agréable au voisinage du noirfaçon de reconnaître combien la proximité entre les deux églises mettait constamment en question la manière dont
-tivités populaires qui avaient lieu dans les basiliques, mais prétendait aussi les distinguer plus nettement de celles qui étaient pratiquées par les “donatistes”47
3. UN ESPACE DYNAMIQUE : L’ÉGLISE COMME FORME ET SOURCE DE POUVOIR
les basiliques chrétiennes étaient bien plus que des repères
-
églises paléochrétiennes d’Afrique sont le plus souvent
Afrique n’est pas situé dans l’abside, mais placé au milieu du peuple, très avancé dans la nef -
dont le but était de rassembler les chrétiens pour le culte eucharistique, avec la particularité, dans le cas africain, de
division entre l’abside et la nef marquait également la hié-
se trouvaient les sièges des prêtres et la chaire de l’évêque,
Afrique d’une demi-coupole et parfois de plan légèrement
49
Ep. Et quoniam in haere-ticorum basilica audiebamus ab eis solita conuiuia celebrata cum adhuc, etiam eo ipso tempore quo a nobis ista gereban-tur, illi in poculis perdurarent, dixi diei pulchritudinem noctis comparatione decorari, et colorem candidum nigri uicinitate gratiorem.
Dining with the dead: from the mensa to the altar in Christian Late AntiquityCommemorating the dead. Texts and artifacts in context, Ber-
Basilique chrétienne africaine, dans Encyclopédie berbère
Commentaire topographique et archéologique de sept dossiers des nouveaux sermons Au-
de Chantilly, 5-7 septembre 1996
JULIO CESAR MAGALHÃES DE OLIVEIRA394
L’évêque et la cathédrale, cit.
la nef durant la prédication ne se comportaient pas moins comme les spectateurs dans les lieux de spectacle, par leur participation active et attentive, en constant dialogue avec le prédicateur
était renforcée par la liberté de mouvements que permet-tait un espace où il n’y avait ni bancs, ni barrières, si ce
--
bilité, cultiver des relations d’amitié, ou même s’adonner 51
S. Dolbeau Vingt-six sermons au peuple d’Afrique
Nolite, fratres, roga-mos uos, obsecramus uos : discernatis ecclesiam dei a theatris. […] Hic surgere, hic reboare, hic dominari auertat deus et a cordibus uestris et a dolore nostro, et semper de uestra oboe-dientia gaudeamus.
S.
de dévotion parallèles, surtout quand les chapelles mar--
tiplier IVe siècle, l’espace
maîtrisé par une nouvelle génération d’évêques catho-liques comme Augustin, Aurelius et Alypius, qui mani-
précisément les comportements acceptables et inaccep-tables pour leurs communautés53
En. in Ps. S. Dolbeau cit
S.
Augustine and a practice of the -rant columnas in ecclesia ( . Dolbeau 26, 10, 232/Mayence
Augustin prédicateur, cit.
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VBI ECCLESIA ? BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSE 395festins furent interdits dans les églises et les sexes furent
cas aucun effet sur l’organisation matérielle des églises, effet qu’on n’aurait pas manqué de constater archéologi-quement54
tout mouvement spontané pouvait cependant transgresser et qui en tout cas ne supprimait pas tous les espaces et tous
partie de la messe, avant le renvoi des catéchumènes, il n’en reste pas moins que, pour les évêques, les basiliques
ces chefs d’églises, être privés de leurs basiliques signi-
de convaincre le public et de toutes les possibilités régu-
voit dans les accusations réciproques que se faisaient les -
dans les campagnes environnantes ou privés d’une com-munauté expliquaient souvent la faiblesse de leur situation comme une conséquence de l’occupation ou de la destruc-tion de leurs lieux de culte habituels55
-versaires de la possession des basiliques et que l’une des principales mesures adoptées par les autorités impériales pour dissoudre l’organisation dissidente ait toujours été la
-préhensible que de telles tentatives aient suscité la vive
même de la liquidation autoritaire de l’Église dissidente
menacer de s’immoler par le feu et d’immoler aussi tous
d’invasion par l’armée57
Commentaire, cite.g., Gesta Conl. Carth.
-En. in Ps.
Ep. C. Cresc.et al.
Les lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II, t. I : Code Théodosien XVI
C. Gaudent. Retract.State intervention and holy violence: Timgad/Paleostrovsky/Waco, dans Journal of the American Academy of Religion, 77,
4. UN ESPACE SYMBOLIQUE : L’ÉGLISE COMME LIEU DE MÉMOIRE ET COMME CORPS SANCTIFIÉ
La volonté des paroissiens de Gaudentius de perdre leur vie pour défendre leur église nous rappelle, cepen-dant, que la privation des basiliques pouvait aussi avoir
basilique, après tout, n’était pas seulement le lieu qui don-
étaient ces lieux de mémoire qui reliaient les chrétiens de l’époque au temps des martyrs et qui leur donnaient l’assurance de n’être pas du côté des “traitres”pour les dissidents, leur présence même dans une basi-
du temps des empereurs chrétiens était ce qui renforçait
on connaît une basilique du IVe
le plus grand de ces martyrs “donatistes”59
martyrs semblent y avoir été ensevelis au moment de la
la suite, le reliquaire ou mémorial en l’honneur de Marcu-
parties accolées, mais séparées par un mur mince, avec le reliquaire caché dans la sacristie et un bénitier accessible
d’assemblée, comme la Domus Dei et l’Aula pacis
sens de communauté que ces mots pouvaient susciter était
lire une inscription qui soulignait la différence entre les
du martyr : [D]e dono [Dei], inimicis [conf]usionem fecit,
Deo laudes h[ic] omnes dicamu[s]
dire, nous qui ne sommes pas comme ces “autres” qui ne
The End of Ancient Christianity
Une basilique donatiste de Numidie, dans MÉFR, Une seconde campagne
de fouilles à Ksar-el-Kelb, dans MÉFRMaking Martyrs in Late
AntiquityLoca sanctorum Africae. Le culte des martyrs en
Afrique du IVe au VIIe
AE Une basilique, cit.
AE Une seconde cam-pagne de fouilles, cit.
AE Une basilique, cit.Une seconde campagne de fouilles, cit.
JULIO CESAR MAGALHÃES DE OLIVEIRA396
Avec cet investissement de sens, la rivalité entre les
la perception qu’avaient les chrétiens de leurs lieux de
églises comme des lieux religieusement privilégiés, où la présence divine serait plus forte qu’ailleurs -dance avait sans doute commencé avec la construction des basiliques martyriales dans les cimetières, en raison de la puissance spirituelle que l’on attribuait au corps des
du IVe siècle, par la déposition des reliques sous l’autel des
la rivalité entre les différents groupes chrétiens a aussi joué un rôle non négligeable dans ce changement de per-ception des espaces cultuels, notamment par la pratique d’exorciser les églises prises aux adversairescas de l’Afrique, on voit très tôt que l’occupation d’une église par un groupe opposé fut souvent conçue comme un véritable “viol”de la Passio Donati rappelait l’occupation d’une basilique
--
quets de ces jeunes licencieux, et où étaient présentes des
La basilique fut transformée en une taverne, pour ne pas dire
d’abominations, de voir ce lieu habitué aux prières chastes et aux vœux être profané par des œuvres impures et des voix obscènes
titre de “chrétiens”, et qui présentait la célébration eucha-
ViolenceThe End, cit.
Les lieux de culte chrétien et le sacré dans l’Antiquité tardive, dans Revue d’histoire des religions
Les lieux de culte, cit.
Violence,
Passio Sancti Donati La “Passio -
tique, dans Memoriam sanctorum venerantes. Miscellanea in onore di Monsignor Victor Saxer
profanantur sacramenta, superinducta gentili-
quae dicta uel gesta sint illic inter epulas lasciuientium iuue-num et ubi praesto fuerint aspernamenta feminarum, scelus est
uidere in domo Dei quantum piaculum, locum illum castis pre-cibus et uotis adsuetum incestis operibus et spurcis uocibus
ristique comme une bacchanale, on perçoit clairement
-sait dans les écrits des auteurs catholiques, comme Optat de Milève, qui décrivaient la prise de leurs basiliques par les dissidents comme une profanation :
porté vos mains sacrilèges et impies sur un objet d’une telle
sacrilèges, on a fait chauffer de l’eau avec les débris de l’au-
L’horreur de la profanation était donc la même pour les Pas-
sio Donati mettait l’accent sur la souillure qui découlait de la seule présence des “collaborateurs” dans leur église, l’évêque catholique soulignait plus précisément son hor-
-
églises mobilisaient les visions ecclésiologiques, sacra-
L’accent mis sur l’idée de pureté rituelle avait en effet -
culièrement aigu de la contamination au contact avec les
-tuels de violence qui accompagnaient la prise des lieux de culte autrefois occupés par les catholiques : la destruction des autels, le pain eucharistique jeté aux chiens, les calices sacrés vendus comme métal bon marché, et le nettoyage de l’église avec de l’eau et du sel, étaient tous des moyens
c’est assurément parce que, ayant toujours insisté sur la validité naturelle des sacrements, indépendamment de leurs ministres, ils ne pouvaient pas concevoir que les
nisi sedes et corporis sanguinis Christi ? Haec omnia furor uester aut rasit, aut fregit, aut remouit. […] ubique tamen nefas
perditorum conductam referam multitudinem et uinum in mer--
bus biberetur, calida de fragmentis altarium facta est.Ep.
There is no crime for those who have Christ. Religious Vio-lence in the Christian Roman Empire
Violenced’évitement du contact avec “l’hérétique” développées au cours
The limits of the heresio-logical ethos in Late Antiquity
Religious Diversity, cit.
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VBI ECCLESIA ? BASILIQUES CHRÉTIENNES ET VIOLENCE RELIGIEUSE 397
églises n’était pourtant pas moins aigu, précisément parce qu’ils considéraient les sacrements comme intrinsèque-
de l’invasion de leurs basiliques, comme Optat le décri-
l’époque de Julien71
par les chrétiens d’Afrique comme une “femme forte”, la “mère des chrétiens”
IVe ou du Ve
conservée aujourd’hui au Musée du Bardo
est aussi représentée graphiquement comme une basilique décomposée dans ses divers éléments73
nous et les donatistes la question est où se trouve ce corps,
de culte qui incarnaient la Mère des chrétiens74
S. Augustin, cit.Basilique, cit.
Ep. ad Cath. Inter nos autem et Donatistas quaes-
pourquoi, tout au long de la controverse, les basiliques
La “christianisation” du monde antique a souvent été comprise comme un processus uniforme et inévitable, mais la réalité a été beaucoup plus complexe que ne le suggèrent ces grands récits téléologiques75 -
peut avoir été une conséquence de dynamiques multiples et inattendues, comme les luttes fratricides que j’ai étu-
-
la diffusion progressive du christianisme dans plusieurs domaines, telles les expressions de l’identité et de l’appar-tenance -
Universidade de São Paulo, Brésil
tio est, ubi sit hoc corpus, id est, ubi est Ecclesia-
do, Roman aristocrats and the Christianization of Rome, dans Pagans and Christians in the
Roman Empire : The Breaking of a Dialogue (IVth- VIth Cen-
Rôles et effets de la christianisation dans la transition entre Antiquité et Moyen Âge
Pratique et idéologie chrétiennes de l’économique (IVe-VIe , dans AnTard
Ecclesia mater