Union Européenne et Fédération de Russie: le renouveau de la politique de voisinage.

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Master of Arts en Etudes européennes 2014/2015 Mordenisierung, Moderne und Demokratie : Russland in vergleichender Perspektive Prof. Nicolas Hayoz Union européenne et Fédération de Russie : le renouveau de la politique de voisinage Cuccu Alessandro 13-207-790 Rue de Rome 3 1700 - Fribourg [email protected]

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Master of Arts en Etudes européennes

2014/2015

Mordenisierung, Moderne und Demokratie : Russland in

vergleichender Perspektive

Prof. Nicolas Hayoz

Union européenne et Fédération de Russie : le

renouveau de la politique de voisinage

Cuccu Alessandro

13-207-790

Rue de Rome 3

1700 - Fribourg

[email protected]

Plan

1. Introduction

2. Qu'est-ce que la Russie aujourd'hui ?

2.1 La réalité russe après la chute de l'empire soviétique

2.2 La politique étrangère de Vladimir Poutine

2.3 Les relations entre Ue et Russie après la perestrojka, entre crises et

interdépendance économique

3. De Vilnius à Minsk : comment changent les relations entre Ue et

Russie

3.1 Les conséquences directes du sommet de Vilnius

3.1.1 Le niet ukrainien

3.1.2 La Géorgie

3.1.3 La question Moldave

3.1.4 L'Arménie rejoint l'autre Ue

3.1.5 Biélorussie et Azerbaijan

3.2 Les rapports entre Bruxelles et Moscou après Vilnius

3.2.1 De la question criméenne au sommet de Genève

3.2.2 La guerre des sanctions

3.2.3 Minsk, une ultérieure débâcle pour l'Europe ?

4. Conclusions

1. Introduction

La dégradation des relations entre Union Européenne et Russie qui s'est

manifestée dernièrement a été caractérisée par l'émergence de toute une série de

questions spécifiques, c'est-à-dire l'évolution interne de certains pays du bloc ex-

soviétique. Mais il y a une raison plus générale qui est en grande partie la cause

principale des tensions entre russes et pays occidentales auxquelles on n'assistait

pas depuis longtemps : en effet, on ne peut pas nier le fait que le Président

Poutine, durant les dernières années, a essayé de réaffirmer les intérêts nationaux

russes avec une détermination majeure par rapport au passé autant au niveau

européen qu'au niveau international. Les temps passent mais la mentalité d'un

peuple reste. Ce qui sort de cette inclinaison des relations russo–européennes c'est

justement l'idée de Poutine de se reprendre une partie du prestige et de l'influence

internationale que le pays a ''perdu'' avec la fin de l'Union soviétique et de choix

politiques trop défaitistes pour une entité nationale telle que la Russie. C'est donc

dans cette perspective qu'on peut noter une nouvelle Russie, ambitieuse et

influente et sur le terrain économique et politique, ne pas seulement dans les

territoires voisins, en refusant celle que Poutine même a défini comme la voie

unilatérale occidentale.

Les politiques du Président russe ont été fortement critiqué par les puissances

occidentales qui ont toujours posé l'accent sur le caractère presque autoritaire de

Poutine dans la politique intérieure, en particulier en ce qui concerne les

restrictions à la liberté de presse, à l'opposition politique et par conséquent la

concentration des pouvoirs dans les mains du gouvernement. Par contre, ce qui

sort c'est aussi la difficulté des européens de trouver une stratégie commune à tous

les pays membres, vu que plusieurs d'entre eux ont compliqué le chemin avec des

accords et des disputes bilatérales gelant de fait les Accords de coopération et

partenariat entre UE et Russie. On revient souvent à un autre point chaud : la

question énergétique. On risque de tomber dans la démagogie mais c'est évident

que la Russie détient le monopole des exportations de gaz et pétrole et, dans cette

perspective, c'est aussi imaginable un usage politique de ces exportations.

1

Après la chute du mur de Berlin, le problème principal auquel la Russie a du faire

face c'était la gestion très complexe d'un déclin commencé déjà la dernière

décennie de l'URSS et continué lors de la transition post-communiste, ce qui ne

l'a pas forcé à renoncer au status de grande puissance au niveau global.

Les incompréhensions entre Russie et Europe sont aussi le résultat de mentalités

différentes. D'un coté la Russie avec cette volonté d'être reconnue sur la scène

internationale comme grande puissance. En fait, il ne faut pas oublier que, malgré

les pertes que la chute de l'URSS a comporté, les russes n'ont jamais renoncé au

nucléaire. Ils ont maintenu leurs importante position dans le Conseil de sécurité au

sein de l'ONU. De plus, l'ampleur du territoire, même si relativement réduite après

le '91, a permis aux russes de ne pas perdre son rôle dans la géopolitique

européenne et asiatique.

De l'autre coté, l'Europe (et l'Occident) s'attendait de Moscou une sorte rupture

avec le passé qui s'identifiait, en partie, réalisé avec la modernisation

dernièrement entreprise. Par contre, ce changement n'a pas conduit la Russie vers

le processus démocratique souhaité.

Les différences du point de vue normatif et en ce qui concerne la sécurité

s'opposent à l'interdépendance économique et énergétique. Les limites de l'Europe

sont quand-même évidentes étant donné qu'elle tarde à s'affirmer en tant que

puissance internationale à cause du manque d'un point de vue univoque en ce qui

concerne la politique étrangère.

Les pages qui suivent ont, en effet, le but d'examiner la particularité de la

politique russe et, plus précisément, les tendances de la politique étrangère de

Poutine afin de mieux comprendre ces qui sont les éléments de divergence entre

Bruxelles et Moscou et, dans une deuxième partie, focaliser l'attention sur

l'évolution des rapports après Vilnius.

Vu le moment très difficile, ce n'est pas si simple de prévoir l'évolution des

relations entre UE et Russie. Toutefois, l'analyse des principaux arguments du

2

débat et une observation détaillée des événements clé après la débâcle de Vilnius

et la rencontre de Minsk entre Poutine, Hollande et Merkel peut nous aider à

comprendre comment les rapports entre les deux blocs pourront se transformer

dans les prochains mois.

3

2. Qu'est-ce que la Russie aujourd'hui ?

Les rapport entre la Fédération de Russie et l'Union Européenne ne peuvent que

passer par une réflexion sur l'état du pays après la perestroika. Il est nécessaire

pourtant de voir comment la Russie est changée à partir des années '90 et

comprendre les limites de cette modernisation.

2.1 La réalité russe après la chute de l'empire soviétique

Au cours des derniers mois les relations entre Russie et Europe se sont

drastiquement détériorées. Ce n'est pas un cas que, par la voix de son président, la

Russie s'est fermement opposée à nombreuses initiatives des EEUU et d'autres

pays membres de l'UE. Plus en général, les relations internationales des dernières

années n'ont pas satisfait les intérêts russes (comme dans l'espace de sécurité

européen), ce qui n'a sans aucun doute rassuré suffisamment Moscou.

Une coopération entre cette dernière et Bruxelles est toutefois indispensable : en

commençant par l'approvisionnement énergétique, en passant par la gestion des

questions liées au Kosovo, à l'Iran et à la Corée du Nord, jusqu'à la lutte au

terrorisme international. Afin de comprendre les limites de cette relation il faut

donc se concentrer sur les divergences d'intérêts et de perceptions qui n'ont permis

aux deux puissances de ne pas agir de la même manière.

Pour décrire ce rapport étrange, Maurizio Massari1, dans son livre « Russie :

Démocratie européenne ou puissance globale ? », il reprendre la métaphore des

porcs-épics qui pour se protéger du froid sont obligés de se rapprocher mais

jusqu'à un certain point pour éviter de se piquer.

En tout cas, il ne faut pas être des experts de politique étrangère et de sécurité

pour comprendre que russes et européens n'interprètent pas de la même façon la

chute de l'Union Soviétique ni, par conséquent, la politique internationale.

Comme on a dit auparavant, du coté européen on avait la sensation que les années

'90 auraient représenté une nouvelle époque pour la Russie, un processus de

reformes politiques et économiques autant difficile que nécessaire. Cela c'est, par

1 Maurizio Massari est aujourd'hui Ambassadeur italien au Caire. Du 1986 au 1990 il était responsable de la communication et de la politique intérieure pendants les années de la perestroika.

4

contre, le point de vu d'un citoyen européen. Et cela ne peut certainement pas être

l'idée d'un moscovite.

Les russes ont toujours pensé aux années '90 comme une période d'incertitude et

de chaos. Les difficultés de l'Etat liées aux couts dans la gestion de

l'administration, l'appauvrissement général de la population, la monté au pouvoir

d'une classe élitaire capable de contrôler les ressources les plus importantes du

pays : ce sont tous des moments qui ont désorienté les russes et même les

européens qui attendaient la privatisation des concessions de l'Etat ainsi que de

nombreux secteurs de l'industrie comme un pas nécessaire vers la modernisation.

Par contre ce qui les occidentaux souhaitaient n'était pas ce que les russes ont

vécu : à Moscou, en fait, l'opinion publique voyait cette transformation comme

une vraie exploitation des ressources nationales à l'avantage d'une petite partie de

la population entière, ceux qu'on appelle les oligarques.

Et, finalement, afin de comprendre la relation entre Poutine et les russes il est

indispensable de revenir à la situation catastrophique qu'il avait hérité par Eltsin :

un pays terriblement marqué par la guerre en Tchétchénie et avec une économie

qui payait les effets de la dévaluation du rouble. Le même pays qui connait

quelques ans plus tard un nouvel relance. Et peu importe si les européens

considèrent les manières de Poutine anti-démocratiques ou contraires à l'état de

droit vu qu'une grande partie du peuple russe est disposée à les tolérer pour

obtenir majeur poids sur la scène internationale. Une Russie, celle de Poutine,

qu'on pourrait définir moins libre mais, certainement, plus stable par rapport à

celle de Eltsin.

2.2 La politique étrangère de Vladimir Poutine

Le gouvernement de Eltsin avait créé nombreuses attentes en Europe, justement

en vertu des ses politiques philo-atlantiques. Avec Poutine, par contre, on

remarque une marche arrière – ou plutôt un retour sur la bonne route pour certains

d'autres – qui focalise l'attention avant tout sur la sauvegarde des intérêts

nationaux.

Cela se manifeste fondamentalement pour deux raisons. D'un coté, la Russie de la

5

fin du siècle n'est plus liée aux facteurs étrangers du passé et, pour plus précis, elle

n'a plus besoin des aides financiers de l'Occident. De l'autre coté, parmi les russes,

l'idée prévalante c'est que la coopération avec Bruxelles, telle qu'on l'a connue

sous le gouvernement d'Eltsin, ne représenterait pas le chemin à parcourir pour

affirmer souveraineté russe. Plus précisément, chez Poutine il y a la tendance à

rechercher la stabilité et la sécurité nationales à travers une forte pression et

influence, que ce soit directe ou moins, sur toute la surface des ceux qu'une fois

étaient les républiques soviétiques. Il suffit de penser à l'expansion de l'OTAN et

de l'UE aux pays de l'Europe orientale, au soutien américain aux révolutions

colorées, ou encore au rôle de l'OSCE dans la gestion des crises dans l'ancien

espace soviétique.

Les russes pensent que toutes ces initiatives répondent exclusivement à un projet

stratégique américain. Un projet que dans la dialectique de la Guerre froide

servirait à limiter la souveraineté de Moscou.

Sur le front interne, les autorités nationales ont repris le contrôle sur divers

secteurs de l'économie aussi grâce au renforcement de pouvoir du gouvernement

central : en effet, la volonté primaire de Poutine c'était de reprendre le contrôle des

principales ressources stratégiques nationales, avant toutes celles énergétiques.

Il ne faut pas, donc, sous-estimer ce dernier aspect car la concentration du pouvoir

et le contrôle des ressources énergétiques représentent encore aujourd'hui la base

de la politique de Poutine. Cette combinaison lui a permis, dans le cas de la

concentration du pouvoir, de limiter le poids des oppositions (surtout au niveau

local) et, en matière énergétique, une gestion politique des exportations qui a

garanti une forte influence dans ses relations avec les pays européens.

2.3 Les relations entre Ue et Russie, entre crises et interdépendance

économique

Les relations entre Ue et Russie ont toujours été très complexes. Du point de vue

européen, la Russie ne représente pas seulement l'un des principaux partenaire en

matière de sécurité européenne et internationale, mais elle constitue le plus grand

fournisseur d'énergie de l'Ue, l'un des partenaires commerciaux les plus

6

importants et, enfin, un acteur fondamental en ce qui concerne la lutte à la

criminalité organisée et à l'immigration massive. C'est, pour ces raisons, que l'Ue

retient indispensable une institutionnalisation de ses rapports avec Moscou.

Dans cette perspective, en 1997 nait le Partnership and Cooperation Agreement

mise en place quelques années plus tard, en 2003, autour des quatre espace

communs de coopération : coopération en matière de recherche et formation,

économie, sécurité intérieure et sécurité extérieure.

Malgré la forte évolution des rapports, la coopération n'est pas décollée comme

prévu. Les principes économiques et politiques à la base des accords n'étaient plus

les mêmes et la Russie ne semblait pas intentionnée à une réadaptation de ses

standards qui risquait de compromettre ses intérêts.

Ce n'est pas un cas, pourtant, que dans les relations entre Ue et Russie la question

énergétique ait assumé une position prédominante. Les pays membres de l'Ue

n'ont toujours pas défini une politique énergétique commune, laissant de cette

façon la porte ouverte aux russes. Ces derniers ont profité de l'occasion pour

dépasser la porte européenne et conclure des accords directement avec les pays

membres à travers la voie bilatérale. La conséquence la plus évidente est

représentée par l'impuissance de Bruxelles dans la gestion des négociations : on se

retrouve, ainsi, dans une situation paradoxale qui permet à la Russie d'élargir son

champ d'action en Europe de l'Est en réduisant toute opportunité d'influence de la

part de Bruxelles.

Toutefois, comme l'on a dit auparavant, la question énergétique n'est pas la seule à

diviser l'Europe. La perception que les Etats européens ont de la Russie varie

selon que l'on se retrouve à Rome ou à Paris, à Londres ou à Madrid, à Berlin ou à

Varsovie. Il est évident qu'un pays comme l'Allemagne, l'un des partenaires

économiques et politiques les plus proches à la Russie, ne peut pas avoir les

mêmes intérêts et les mêmes rapports que les Etats sortant du bloc soviétique. Il y

a donc une sorte de limite européenne à parler d'une seule voix car si, d'un coté,

certains Etats membres de l'Ue retiennent que la Russie représente une puissance

agressive et dangereuse et par conséquent ils souhaitent une stratégie qui mire au

contrôle de la sphère d'influence russe, de l'autre coté il y a un important nombre

7

d'Etats qui privilégient une politique de coopération et collaboration avec Moscou.

Après l'homicide de Alxandr Litvinenko en 2006 et, surtout, maintenant avec la

question Ukraine les relations avec la Grande-Bretagne ne sont pas vraiment

amicales. En fait, on doit reconnaitre que la GB, l'allié le plus proche aux Etats-

Unis, a été en première ligne dans l'imposition des sanctions du 20142.

Au mois de Mars 2014, Londres suspend tout type de coopération militaire avec la

Russie. Au mois de Septembre, lors des nouvelles sanctions imposée par l'Ue, la

Russie décide de couper les importations de produits alimentaires britanniques.

Les paroles de Cameron ne se font pas attendre. Son appel s'adresse directement à

l'OTAN afin que l'Organisation « revoie sa relation à long terme avec les russes »3.

Mais la position de Moscou reste ferme et par la voix de son Ministre des Affaires

Etrangères : ce dernier constate que certains Etats européens ont l'intention

principale d'aggraver les relations déjà tendues avec la Fédération Russe4.

Suite à la décision du gouvernement estonien d'enlever un mémorial en l'honneur

des soldats soviétiques tombés durant la Seconde Guerre Mondiale, les relations

entre Estonie et Fédération de Russie ont connu une fracture. Le gouvernement de

Moscou ne cache pas l'intention de défendre les minorités russes dans les

républiques baltiques.

La Lituanie accuse les russes d'avoir interrompu pendant dix mois les fournitures

à la seule raffinerie de pétrole du pays après la vente à un acquéreur polonais au

lieu d'un russe. La Pologne qui aujourd'hui représente le pays le plus effrayé par le

retour « tyrannique » de la Russie sur la scène internationale.

2 Nicholas Winning, « Cameron says EU should consider new sanctions against Russia : UK Prime Minister wants Hard-Hitting measures after downing of Malaysia Airlins Flight 17 », Wall Street Journal, 21.07.2014

3 « David Cameron appelle l'OTAN à revoir sa relation avec Moscou », Le Monde, 02.08.20144 « Russia feels sorry about failed strategic partner, EU », Pravda.ru, 12.09.2014

8

3. De Vilnius à Minsk : comment changent les relations entre Ue et Russie.

Le 28 et 29 Novembre 2013, à Vilnius, capitale de la Lituanie, le programme de

Partenariat Oriental arrive à son troisième sommet5. Cette rencontre aurait pu

marquer en positif l'histoire de la construction européenne en ce qui concerne ses

relations avec les anciennes républiques soviétiques et du Caucase. Par contre les

Accords d'Association avec certains de ces pays n'ont pas vu le jour freinant ainsi

l'avancée à l'est de l'Union. Seulement la Géorgie et la Moldavie ont enregistré des

progrès significatifs dans les relations avec l'Ue alors que la tentative d'arracher

l'Ukraine à la sphère d'influence russe a échoué. Pas beaucoup si on considère que

Moscou retrouve Kiev et Yerevan.

3.1 Les conséquences directes du sommet

Malgré tout, cependant, ce sommet constitue un passage clé dans l'évolution de la

situation à l'Est de l'Europe. Dans le cas particulier on va voir comment la

politique de voisinage va changer en ce qui concerne les rapports de l'Ue et de la

Russie avec les pays de l'ancien Union soviétique au centre du Partenariat

Orientale.

3.1.1 Le Niet ukrainien

La décision de l'Ukraine, rendue officielle lors du sommet, de ne pas libérer Yulia

Timochenko et de ne pas signer l'Accord d'association ne peut que représenter une

page noire pour les politiques européens et l'échec de toute une stratégie.

Les premières pages des quotidiens du monde entier se sont souvent rempli

d'Ukraine autant pour le poids stratégique de Kiev, vrai pont entre Europe et

Russie, que pour les nombreux affrontement et manifestations qui ont chauffé le

pays jusqu'à maintenant. A la fin du 2013, l'Ukraine suspend son chemin vers

l'Europe relançant évidemment ses rapport avec la Russie de Poutine6. Cette

5 Le Partenariat Orientale est programme d'association que l'Union Européenne a lancé au mois de mai 2008 avec Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie et Azerbaijan pour en favoriser leur approchement aux institutions de Bruxelles.

6 I. Traynor, O. Grytsenko, « Ukraine suspends talks on EU trade pact as Putin wins tug of war », The Guardian, 21.11.2013

9

décision ne passe pas inobservée en Ukraine qui quelques jours après connait une

nouvelle vague de manifs. Les protestations s'adressent particulièrement au

Président Ianoukovytch et au Premier Ministre Azarov coupables du Niet aux

négociations avec Bruxelles. Au soutien des critiques il y a une large partie de

l'opposition : le parti de Klitchko (UDAR), les forces proches à Timochenko et

aussi le parti nationaliste Svoboda. Les manifestations, pour la plupart pacifiques,

ont quand-même connu des moments de tension : une semaine après la choix de

Kiev d'interrompre les négociations avec l'Ue, les forces spéciales ukrainiennes

dispersent les manifestants qui sont, ce nonobstant, invités à ne pas quitter la rue

tant que le régime ne sera pas renversé par des moyens pacifiques7.

L'écho des protestations arrive jusqu'à Bruxelles trouvant l'appui unanime de la

plupart des forces politiques des pays membres de l'Union. La comparaison avec

la Révolution orange du 2004 est presque naturelle et, en fait, les aspects

similaires sont différents. L'erreur, par contre, c'est de décrire ces mouvements

comme la lutte du peuple ukrainien alors qu'il est sous les yeux de tout le monde

le fait que cela soit plutôt une question relative aux régions les plus proches aux

frontières européennes. Ce qu'on remonte à la surface cette fois ce sont donc les

fractures à l'intérieur du pays : ce n'est pas un cas que le soutien à la protestation

vienne des régions occidentales plus sensibles à la cause européenne, autant du

point de vue historique que culturel. On ne peut pas dire la même chose des

régions orientales où prédomine la sensation d'une nouvelle forme d'occupation8.

Au lendemain de la défaite à Vilnius, malgré la rhétorique et les tentatives

désespérées de Barroso ou de Ashton de convaincre le Président ukrainien à

écouter le peuple, les autorités européennes ne se disent pas disponible à la

réouverture des négociations sur les règles du jeu, soit disant sur le texte du

document. Les contradictions font partie de l'Europe et, si l'on veut, elles se

montrent surtout en politique étrangère.

On reprendra la question ukrainienne après car l'évolution des rapports avec la

Russie va se concentrer dans la crise de Crimée.

7 « Ukraine. L'opposition appelle à renverser le pouvoir », Le Nouvel Observateur, 30.11.20138 F. Biloslavo, « Le voci dell'Ucraina divisa », Panorama, 10.03.2014

10

3.1.2 La Géorgie

Avec la Géorgie, au contraire, l'Union Européenne signe définitivement l'Accord

d'Association, ratifié par le Parlement de Tbilissi le juillet dernier. Lors de la

ratification, les personnalités européennes ne manque pas : les ministres des

affaires étrangères de Bulgarie et Lettonie, le vice-Président du Parlement

autrichien et, surtout, le Commissaire Ue à l'élargissement et à l'intégration, lequel

ouvre tout de suite la porte à la réalisation d'une zone de libre échange avec l'Ue.

La Géorgie est un pays filo-Occidental depuis longtemps et, bien que très proche à

la Russie, ses relations avec Moscou ont été toujours assez compliquées.

L'institution d'un Ministère pour l'Intégration Euro-athlantique en 2004 avait déjà

souligné l'intention de la Géorgie de soutenir la cause européenne. Saakachvili,

ainsi faisant, savait bien que s'approcher à Bruxelles aurait comporté un

éloignement de Moscou bien que le nouvel Président Margvelachvili ait essayé de

réduire les tensions9.

La réponse de la Fédération de Russie ne se fait pas attendre. C'est par la voix de

Medvedev que les russes annoncent des nouvelles mesures pour protéger leurs

marchés.

Une autre question reste ouverte : la Russie reconnait l'Ossétie du Sud et

l'Abkhaze toujours comme Etats indépendants malgré la revendication

géorgienne. De toute façon, cela ne changera pas l'idéologie occidentale du peuple

géorgien qui, à ce qui parait, constituera bientôt l'énième partie du puzzle

européen.

3.1.3 La question moldave

La Moldavie comporte une discussion différente. Si la Géorgie a toujours

manifesté son soutien à l'Occident, on ne peut pas affirmer la même chose en ce

concerne la Moldavie. En fait, les relations entre Moscou et Chisinau sont

historiquement plus solides, malgré le problème de la Transnistrie10.

9 Margvelachvili affirme que l'Accord d'Association avec l'Europe rendra le pays plus attractif aux investisseurs russes.C. Zeender, « Accord d'Association entre l'Union européenne et la Géorgie », L'Hebdo, 04.03.2015

10 La Transnistrie est un territoire moldave qui va de la rivière Dnestr jusqu'à la frontière

11

La Moldavie fait puis partie de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) qui

comprend également la Communauté Economique Eurasiatique et l'Organisation

du Traité de Sécurité Collective (OTSC). Ces deux organisations naissent avec

l'objectif de sauvegarder l'intégration économique et politique dans l'espace post-

soviétique.

Elle fait aussi parti de la zone de libre échange entre le pays de la CEI : ce qui est

important de rappeler ici c'est qu'une zone de libre échange n'implique pas

forcement une libéralisation complète des marchés entre les pays membres, mais

exclusivement l'abolition des droits de douane pour les produits qui viennent de

ces pays mêmes.11 Vu que normalement l'accord de base prévoit les produits qui

ne sont pas soumis aux droits de douane, il y a le risque que la Russie fasse

pression aux moldaves dans ce sens.

Après tout, pour la Moldavie le traité constitue surtout un instrument nécessaire à

se rapprocher au gouvernement de Bucarest : en effet, Roumanie et Moldavie sont

divisées par des frontières qu'on pourrait définir artificielles. Et même si le thème

de la réunification crée certaines divergences, à cause des minorités ethniques

présentes sur le territoire moldave (russes, ukrainiens en première place), l'ancien

Président roumain Basescu ne cache pas les ambitions de son pays : dans une

émission à la télévision roumaine déclare que « l'unification avec la Moldavie

c'est le troisième objectif de notre politique étrangère, après l'adhésion à l'OTAN

et à l'Ue »12.

Ce point de vue ne passe pas inobservé aux autorités russes : c'est justement le

Premier Ministre de Moscou Rogozin, qu'à travers son profil Twitter, dénonce que

la politique d'intégration de la Moldavie dans les processus économiques

européens n'est que la première phase d'une vraie annexion des territoires de

Chisinau. Et peut-être que la réaction de la Russie c'est la cause principale des

dernières déclarations du nouvel Président roumain Ponta qui a récemment accusé

ukrainienne. Ce territoire, peuplé par russes et ukrainiens, dès 1990 se déclare République indépendante.

11 « Free Trade Area », Investopediahttp://www.investopedia.com/terms/f/free_trade_area.asp

12 « La Romania si prepara all'unificazione con la Moldavia », Sputnik (Quotidien Online), 28.11.2013

12

son prédécesseur de créer des tensions sociales inutiles et de ne pas représenter les

positions du gouvernement. Effectivement, des telles déclarations peuvent

déstabiliser un pays qui craint le fantôme d'une révolution sur la ligne

ukrainienne. De plus, à une action de ce genre manque le soutien des autorités de

Bruxelles car c'est clair que cela comporterait une inclinaison dans les relations

déjà difficiles avec Moscou.

3.1.4 L'Arménie rejoint l'autre Ue

Comme l'Ukraine, l'Arménie a décidé d'abandonner l'idée d'intégration

européenne pour embrasser l'autre Ue : l'Union Eurasiatique.

La volonté de Yerevan de rejoindre l'Union eurasiatique a été bien accueillie par

les gouvernements de Russie, Biélorussie et Kazakhstan, même si les kazakhs

crantent une compromission des leurs relations avec la Turquie et l'Azerbaijan et

une ultérieure montée de puissance des russes dans l'Union douanière. Il faut se

rappeler que les rapports entre Arménie et Turquie sont toujours assez tendus et

qu'Ankara est un concurrente de Moscou en ce qui concerne le contrôle

géopolitique des Balkans, du Caucase et du Centre-asiatique. Mais il est prévu que

la Turquie puisse rejoindre l'Union eurasiatique (au-moins c'est ce qui sort des

récentes déclarations du Président Erdogan)13.

De toute façon, la décision arménienne, plutôt que les positions des autres, est

celle qui montre mieux les grandes limites des acteurs politiques européens. On

pourrait se demander, tout simplement, pourquoi une puissance comme celle de

Bruxelles devrait-elle inclure l'Arménie dans le processus d'intégration et

élargissement? A Yerevan l'opinion prévalante c'est que, pour l'Europe, l'Arménie

rentre dans le projet géopolitique de limiter l'influence russe sur tout l'espace post-

soviétique. L'Arménie, en tant que telle, ne représente un intérêt économique mais

comme un instrument géopolitique visé à créer un contrepoids aux plans du

Kremlin. L'Europe n'a pas travaillé assez sur cet aspect, ce qui a amené à un échec

prévisible.

Il y a un autre aspect que la plupart des arméniens ne comprennent pas : les

13 I. Tharoor, « How Russia's Putin and Turkey's Erdogan were made for each other », The Washington Post, 2.12.2014

13

frontières de l'Europe semblent, en fait, infinies et le projet européen risque de

sous-estimer le facteur russe. Selon certains, il était opportun d'inclure aussi

Moscou dans les négociations sur l'Accord d'Association dès le début afin de

rendre ce processus plus clair.

L'Arménie rejoint, donc, l'Union eurasiatique en s'ajoutant à Biélorussie,

Kazakistan et Russie. Après presque quatre ans de négociations et de victoires

proclamées trop tôt l'Europe se retrouve à compter les dommages de ses actions

ou négligences car dans un pays d'idéologie filo-russe il fallait établir des

conditions différentes et mettre en place un dialogue ne pas concentré sur de

principes géopolitiques.

3.1.5 Biélorussie et Azerbaijan

Comme on a fait précédemment, dans le cas de l'Arménie, il est opportun de se

demander quelles sont les frontières de l'Europe.

Aux marges du rendez-vous de Vilnius on trouve les derniers deux pays auxquels

l'Ue s'intéresse clairement pour des questions économiques, mais en oubliant les

cotés négatifs de la question. Il est au moins étrange qu'un pays comme la

Biélorussie, dont certains membres du gouvernement sont toujours victimes de

sanctions de la part de l'Union européenne à cause de leur conduite anti-

démocratique, puisse encore faire partie d'un projet qui se déplace trop à l'Est. Ou,

diversement, on pourrait renverser cette perspective en se demandant si, en l'état

actuel des choses, l'Europe est prête à accueillir Minsk. Du point de vue des

biélorusses l'Ue interprète la coopération internationale comme une initiative

unilatérale de récompenses ou concessions aux pays tiers qui s'adaptent à son

modèle14.

Pour conclure, le dernier pays au sommet de Vilnius c'est l'Azerbaijan. C'est le

pays, sans aucun doute, le moins européen parmi ceux du Partenariat Orientale.

Baku néglige le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques mais

cela ne touche pas les consciences des autorités de Bruxelles, qui considèrent

14 M. De Bonis, Interview à Evgeny Shestakov, « L'Union européenne n'est pas prête pour la Biélorussie », Limes-Revue Italienne de Géopolitique, 13.04.2012

14

l'Azerbaijan un élément important pour la réduction de dépendance du gaz russe

d'une large partie d'Etats membres. Depuis le début, le processus de coopération

n'a pas enregistré grands progrès et ce qu'on constate c'est seulement un

Azerbaijan rétif à accepter les standards européens par rapport à la démocratie et

aux droits de l'homme, mais aussi en ce qui concerne l'économie15.

En conclusion, on peut affirmer que le sommet de Vilnius a été un échec pour

l'Europe. L'espace post-soviétique reste une zone d'influence russe et le « oui »

des moldaves et des géorgiens n'est pas ce que les autorités de Bruxelles

s'attendaient avent de cette rencontre.

La Russie a montré encore une fois son poids sur la scène internationale : au

lendemain du sommet elle se reprend l'Arménie et l'Ukraine. Surtout cette

dernière, pour la Russie, a une valeur particulière : en fait, du point de vue de

Moscou, l'idée selon laquelle les russes, les ukrainiens et les biélorusses sont un

seul peuple est bien enraciné. Ce n'est pas au hasard que jusqu'aux premières

années du XXe siècle les russes étaient appelés officiellement les « Grands

Russes », les ukrainiens « Petits Russes » et les biélorusses « Russes blancs »16.

3.2 Les rapports entre Bruxelles et Moscou après Vilnius

Au cours des dernières années, alors que l'Union a été fondamentalement occupé

dans la gestion de la crise économique frappant la plupart des ses Etats membres,

la Russie a renouvelé sa politique étrangère avec une attention particulière pour

les pays méditerranéens de l'est et les Etats eurasiatiques, soit disant les anciennes

républiques soviétiques. Les relations entre les deux empires étaient presque

bloquées pour une longue période et l'idée de coopération des années '90, comme

on a montré auparavant, a laissé la place à la compétition. Un match auquel

Bruxelles n'était pas prête hier ni l'est aujourd'hui étant donné que sa vision

stratégique n'est toujours pas claire. L'erreur se trouve souvent dans la limite de ne

pas avoir une position commune et unie vu que la Russie entretient de bons

15 G. Gogia, « The EU and Azerbaijan : Mismatched objectives », European Voice, 19.06.201316 « L'Ucraina russa nel 1850 » (L'Ukraine russe en 1850), Limes-Revue Italienne de

Géopolitique, 06.05.2014

15

rapports avec Allemagne et Italie alors que ce n'est pas du tout la même chose

quand on parle de Grande-Bretagne. C'est ainsi que, après le troisième sommet du

Partenariat orientale en Lituanie, l'Europe est forcement tenue à revoir ses

stratégies.

Il est intéressant de voir l'évolution de la crise ukrainienne afin de pouvoir définir

les actions politiques qui ont caractérisé les relations entre Bruxelles et Moscou.

Après la fuite de Ianoukovitch l'avenir de Kiev reste entre Moscou et Bruxelles.

Alors que pour l'Union européenne, la scission de l'Ukraine aurait amené à une

forte perte de popularité et crédibilité sur la scène internationale, pour la Russie,

on avait l'impression que l'annexion d'une partie du territoire ukrainien n'aurait pas

créé des véritables avantages économiques ou politiques mais, au contraire,

Moscou aurait retrouvé une nouvelle zone d'instabilité politique à l'intérieur des

ses propres frontières. Alors comment expliquer l'annexion de la Crimée ?

3.2.1 De la question criméenne au sommet de Genève

Le chaos politique ukrainien invite Moscou à mobiliser ses troupes vers la Mer

Noire et les principales villes de la région. L'Ue a plusieurs fois condamné la

violation de la souveraineté territoriale de Kiev et l'utilisation des forces militaires

reconnaissant le dialogue la seule solution pour sortir de la crise17.

Malgré cela, les premières réactions de Bruxelles mirent à congeler les relations

bilatérales avec Moscou : l'annulation du Sommet du G8 qui était au programme à

Sochi et les sanctions envers l'entourage du Kremlin vont justement dans cette

direction.

Sous la pression militaire russe, le 16 mars de l'année dernière en Crimée il fixé le

referendum pour l'annexion de ce territoire à la Russie. Au scrutin participent le

81,3% de citoyens et le « oui » obtient même le 96,7% des votes. L'Ue refuse tout

de suite de reconnaitre la légitimité de ce vote contraire à la Constitution

ukrainienne et au droit international. Le Conseil Européen, dans les conclusions

17 Résolution du Parlement européen du 13 mars 2014 sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie – 2014/2627(RSP)(http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2014-0248+0+DOC+XML+V0//FR)

16

du 20 et 21 mars, précise que « que toute autre initiative que prendrait la

Fédération de Russie afin de déstabiliser la situation en Ukraine entraînerait, pour

les relations entre l'Union européenne et ses États membres, d'une part, et la

Fédération de Russie, d'autre part, d'autres conséquences d'une grande portée dans

toute une série de domaines économiques »18.

On peut retenir que l'annexion de la Crimée en réaction à la crise ukrainienne

n'était pas un choix improvisé par les russes ; puis, les racines historiques qui

caractérisent cette région nous forcent à rappeler la forte conflictualité entre les

russes en Crimée et le gouvernement central de Kiev se manifestait déjà au

lendemain de la chute de l'empire soviétique19.

Durant les premiers mois du 2014, les relations entre Moscou et Bruxelles sont

plus instables que jamais : l'incertitude rouvre le débat sur les frontières de

l'Europe et les principes de souveraineté nationale et intégrité territoriale sont

remis en discussion. La Russie risque des sanctions économiques très strictes et

son isolement internationale ne l'aide pas évidement ; par contre, l'autorité et la

popularité de Poutine se renforcent vers l'intérieur. Selon certains européens,

l'annexion de la Crimée représenterait une situation d'instabilité et faiblesse

intérieure de la Fédération de Russie qui, suite au retard économique, à l'absence

de modernisation et à une corruption grandissante, se lancerait dans une campagne

militaire avec le seul objectif de retrouver la popularité d'un leader en difficulté 20.

L'instabilité et les vague séparatistes se sont vite élargies dans les régions

orientales de l'Ukraine, ainsi qu'en Crimée : au mois d'avril les forces filo-russes

proclament la naissance de la République Populaire de Donetzk ; un mois après

des referendum sont fixés afin de rendre officielle le sécession par l'Etat central en

faveur d'une annexion à la Russie21.

Le nouvel gouvernement de Kiev dénonce la présence de Moscou comme moteur

des révoltes en demandant le soutien européen pour rétablir l'ordre dans le pays.

18 Conclusion du Conseil Européen du 20 et 21 mars 2014(http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/141768.pdf)

19 O. Thränert, M. Zapfe, « The ambivalent implications of Crimea », Carnegie Europe, 28.03.2014

20 T. Séné, « Arnoldas Pranckevicius : what Crimea crisis means for Europe », Nouvelle Europe, 15.04.2014

21 « Eastern Ukraine holds referendum for secession », CBS News, 11.05.2014

17

L'Europe, quant à elle, montre une fois de plus ses limites en politique étrangère :

les intérêts nationaux compromettent la possibilité d'une stratégie commune et

d'objectifs bien définis. C'est ainsi qu'afin d'éviter une autre débâcle lors de la

rencontre à Genève, les ministres de l'Ue préfèrent reporter des nouvelles

sanctions.

L'approche de l'Union se développe alors selon trois phases principales : la

suspension de toute une série de négociations bilatérales avec Moscou, le bloc de

patrimoines et visas envers un certain nombre de personnes proches au Kremlin

et, finalement, d'importantes sanctions économiques. Ce dernier passage devrait

être pour l'Ue la dernière opportunité et, en effet, les pays membres de l'Union,

lors du sommet de Genève, le 17 avril 2014, avec Russie, Ukraine et Etats-Unis,

semblaient optimistes. L'idée d'une éventuelle solution diplomatique entre en

collision avec la divergence d'intérêts des Etats membres mêmes. Et le Divide et

Impera c'est, donc, le point de force de la politique de Poutine.

Le Président russe retenait qu'une collaboration entre Kiev et Bruxelles

comporterait des pertes en ce qui concerne le projet d'Union Economique

Eurasiatique et que, par conséquent, cela aurait des répercussions aussi pour

l'Ukraine.

Poutine a demandé à l'Union d'instituer un groupe d'experts chargés d'estimer les

potentielles conséquences négatives que les Accords d'Association entre l'Ue et les

pays du Partenariat Orientale – et surtout celui avec Kiev – auraient sur

l'économie russe. La Commission européenne a par contre soutenu la thèse selon

laquelle les divergences de point de vue seraient à attribuer, non pas aux Accords

d'Association, mais plutôt au projet d'Union Douanière Eurasiatique.

3.2.2 La guerre des sanctions

Le 12 septembre 2014, l'Union européenne publie, dans son journal officiel, un

document contenant la liste des nouvelles sanctions contre la Russie qui

s'adressent en particulier aux secteurs de l'énergie et des finances.

Entre autre, les mesures frappent le producteur d'armes Kalashnikov et le géant du

pétrole Rosneft, auxquels il est interdit de maintenir des dettes sur la longue

18

période sur des capitaux européens. Les mêmes sanctions s'adressent aussi à

d'autres sociétés énergétiques ainsi que Gazprom Neft et Transneft.

Cinq banques de l'Etat russe (Sberbank, Vtb, Gazprombank, Vnesheconombank et

Rosselkhozbank) ne pourront plus recevoir des prêts de durée supérieure aux

trente jours par des société avec siège dans Etat membre de l'Ue. A la liste des

personnes à qui il est interdit de voyager vers l'Union s'ajoutent d'autres

personnalités du monde politique russe et criméen.

Le sommet européen du 23 et 24 octobre ne semble changer la ligne européenne

et américaine de complète opposition à la Russie. Nonobstant les graves

répercussions économiques que les sanctions comporteraient, l'Europe ne renonce

pas hausser la voix.

La réponse de Poutine ne se fait pas attendre et les relations entre Ue et Fédération

de Russie semblent, en ce moment, définitivement compromises. Dans une

interview à la télévision allemande Ard il souligne les avantages de ces sanctions

en disant que « les restrictions imposées à certaines entreprises russes sur l’achat

de certains produits en provenance des pays occidentaux, d’Europe et des États-

Unis, nous ont incité à produire ces marchandises nous-mêmes. La durée de vie

confortable, quand tout ce que nous avions à faire était de produire plus de pétrole

et de gaz, et d’acheter tout le reste, fait partie du passé. En ce qui concerne la

croissance, il convient de noter que cette croissance a été modeste sur l’année,

mais elle était néanmoins d’ environ 0,5-0,6 pour cent. L’année prochaine, nous

prévoyons d’atteindre une croissance de 1,2 pour cent, l’année après de 2,3 pour

cent et 3 pour cent en trois ans. Habituellement, ce ne sont pas les chiffres que

nous aimerions avoir, mais c’est néanmoins de la croissance et nous sommes

confiants que nous allons atteindre ces chiffres »22. Le fait que le Président

Poutine réponde de cette manière montre encore une fois l'esprit sa politique

22 Interview de H. Seipel à Vladimir Poutine, ARD (traduction par E. Defresne à Médias-Presse-Info), 17.11.2014http://www.medias-presse.info/interview-integrale-de-vladimir-poutine-pour-la-tv-allemande-ard-portant-sur-lotan-et-la-crise-ukrainienne/18422

19

étrangère : le renforcement à l'intérieur.

Au même temps il avertie qu'une catastrophe se produira si quelqu'un soutient

subrepticement la russophobie en Ukraine et il se dit très préoccupé par de

possibles nettoyages ethniques.

Les jours qui suivent ne servent pas à calmer la situation. En fait, à l'isolement

grandissant du Kremlin s'ajoutent des nouveaux problèmes avec la Pologne : le 17

novembre les autorités russes annoncent l'expulsion de diplomates polonais pour

« activités incompatibles avec leur statut » en faisant référence aux activités

d'espionnage. Cela répond aux mesures du gouvernement de Varsovie qui avait

arrêté un officiel de l'armée polonaise (accusé d'espionnage pour le compte de la

Russie) et une autre personne de double nationalité polonaise et russe23.

De la part des ministres Ue il y a toutefois un rappel à freiner les violations du

cessez-le-feu en Ukraine et, plutôt, un avertissement à la retraite des troupes, des

mercenaires et des armes étrangers présents sur le territoire ukrainien.

Les sanctions n'ont pas eu, jusqu'à présent, les effets imaginés mais au contraire

elles ont renforcé les positions russes. Cependant, comme a été confirmé par la

Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de

sécurité Mogherini, le chemin à parcourir est celui du dialogue. L'Union

européenne vise une réorganisation des relations avec la Russie car si Moscou fait

partie du problème, elle est aussi un élément fondamentale pour l'éventuelle

solution.

3.2.3 Minsk, ultérieure débâcle pour l'Europe ?

Malgré les nombreux cessez-le-feu entrés en vigueur, les constates violations n'ont

pas permis au conflit du Donbass, portion de territoire à la frontière russe, de se

calmer. Au contraire, on se souvient très bien de comment l'aéroport international

de Donetsk soit devenu le théâtre d'échange de tirs, faisant dizaines et dizaines de

morts.

23 « Expulsion croisées des diplomates russes et polonais sur fond de crise ukrainienne », Le Monde, 17.11.2014

20

Or, la responsabilité se partage entre les protagonistes actifs et passifs du conflit et

il est évident que des solutions temporaires ne servent pas à rétablir l'ordre dans la

région. C'est ainsi que, le 6 février, la Chancelière Merkel, le Président français

Hollande se déplacent en Russie pour négocier un nouveau plan de paix,

directement avec Vladimir Poutine. Les demandes des acteurs du conflit sont en

programme le 11 février suivant lors de la rencontre entre France, République

fédérale d'Allemagne, Fédération de Russie et Ukraine à Minsk, capitale de la

Biélorussie.

Kiev demande une trêve immédiate, le retrait des militaires russes ainsi que la

cessation des fournitures d'armes aux rebelles, le contrôle des frontières et, enfin,

la poursuite du processus d'intégration avec l'Union européenne et l'OTAN.

De son côté, Moscou aussi est disponible à une trêve basée toutefois sur les

dernières conquêtes territoriales des rebelles. Les russes demandent plus

d'autonomie pour les régions ukrainiennes de l'est, si possible dans un contexte

fédéraliste afin de protéger les intérêts culturales et linguistiques. Ce qui intéresse

le Kremlin c'est surtout la garantie de « non entrée » de Kiev dans l'OTAN.

L'Union européenne demande une démilitarisation du front à travers le contrôle

des forces de paix externes mais ce qui approche les autorités de Bruxelles, ou

plutôt celles de Berlin et Paris, à la ligne de Moscou c'est la contrariété à l'entrée

de l'Ukraine dans l'OTAN.

Après un jour de négociations le sommet de Minsk se conclue avec un accord sur

les points essentiels mais rien de plus. Selon l'accord, le cessez-le-feu arrive trois

jours après le sommet alors que Porochenko, Hollande et Merkel auraient préféré

une trêve immédiate. Il est puis confirmé le respect de la souveraineté ukrainienne

et de son intégrité territoriale. Il y a enfin une déclaration de soutien des derniers

accords de Minsk (ceux du 5 septembre 2014) qui avaient été violés plusieurs fois

par les deux côtés.

Le deuxième sommet à Minsk laisse quand-même nombreux doutes et

ambiguïtés, en particulier chez les ukrainiens. Le Président Porochenko, presque

21

obligé à serrer la main à Monsieur Poutine exclusivement dans l'intérêt des médias

internationaux, a du avaler le morceau car, si c'est évident qu'il reçoit 40 milliards

de dollars par l'Occident et par l'Ue, il est aussi vrai qu'aucun des treize points de

l'accord prévoit une référence à la question criméenne ni une reconnaissance de

l'agression de Moscou à la souveraineté territoriale de Kiev.

Les autres doutes regardent à nouveau l'Europe. Bruxelles est certainement

vaincue : l'initiative de Merkel et Hollande a effectivement mis à l'arrière-plan

l'Union européenne et Lady Pesc, Mogherini – Haute représentante de l'Ue pour

les affaires étrangères et la politique de sécurité – qui semble destituée de son rôle.

Encore une fois la preuve d'une Europe à différentes vitesses que face à questions

de politique étrangère s'appuie aux diplomaties des pays les plus forts.

Une telle défaite souligne par contre l'énième victoire de Vladimir Poutine qui

redevient « à par entière un membre de la communauté internationale par laquelle

avait été éloigné » selon les paroles de Andrey Illarionov.

Dernièrement, la Haute Représentante Mogherini a affirmé la volonté d'annuler ou

même réduire les sanctions si les accords de Minsk seront respectés : « Si tous les

point de l'accord seront mis en oeuvre, on pourra révoquer les restrictions pour la

Russie »24. Un point de vue qui risque de miner l'unité déjà fragile entre les Etats

membres de l'Ue. En effet, selon certains cela serait péril ne pas seulement pour

les enjeux ukrainiens mais, surtout, pour l'Europe car permettrait à Poutine de

commander le jeu encore plus de ce qu'il a pu faire jusqu'à présent.

A revenir sur la formule du « divide et impera » c'est justement le premier de

Kiev, Arseniy Yatsenyuk, lequel avise que la solution pour la stabilité de la Russie

en ce moment ne peut que se trouver dans l'instabilité de l'Ue.

La position russe ne change pas et son approche aux relations avec l'Ue se

compliquent jour après jour. Les autorités européennes s'obstinent à entraver le

développement géopolitique russe sur « ses » zones de compétence et, alors qu'à

Bruxelles on parle de sanctions dans le chaos total, Moscou présente au Conseil

24 « Mogherini : l'Ue prête à durcir les sanctions contre Moscou », Sputnik News, 06.03.2015(http://fr.sputniknews.com/international/20150306/1015069821.html)

22

de sécurité de l'ONU l'ébauche de résolution de la crise ukrainienne. Une

tentative, celle de la Russie, de dénoncer la fragilité des accords des Minsk mais

aussi l'instabilité de Bruxelles vu que la présence permanente des Etats-Unis, de

France et Grande-Bretagne rendrait impossible une éventuelle approbation.

23

4. Conclusion

L'objectif de ce travail c'est de montrer les éléments clé des rapports entre Ue et

Russie en focalisant l'attention sur les récents événements qui ont frappé la

politique de voisinage de l'Europe vers les pays de l'est. La compréhension du

conflit entre Bruxelles et Moscou passe sans doute par une première analyse de

l'entité russe après la chute de l'Urss en 1991 et par les conséquentes relations

avec l'Occident.

Or, c'est vrai, la modernisation qu'on s'attendait par Moscou n'a pas rejoint les

niveaux espérés, mais les incompréhensions entre Ue et Russie sont

fondamentalement le résultat de deux différentes mentalités. D'un côté, les russes

qu'avec Poutine a retrouvé sa reconnaissance de puissance internationale, reflex

de sa tradition historique. De l'autre côté, l'Europe s'attendait que, avec la chute du

mur de Berlin et la fin de l'empire soviétique, la Russie aurait perdu son esprit

dynamique.

Les nombreux sommets ont à plusieurs reprises allumé et refroidi ces relations

mais finalement l'interdépendance des deux blocs reste très forte. On a souligné

les enjeux économiques – liés surtout à la question énergétique – et les facteurs

politiques et diplomatiques. Ce nonobstant, la solution semble plutôt être de

caractère idéologique : le libéralisme occidental est en fait la racine du conflit.

En d'autres mot, à suite de la chute de l'Urss on a connu celle que Francis

Fukuyama appelait « la fin de l'histoire ». Le libéralisme avait finalement

triomphé et à partir de ce moment il se constituait le système unipolaire où

l'élément purement idéologique se transpose sur une perspective politique,

militaire et stratégique.

La Russie d'aujourd'hui représente donc la seule force à l'échelle internationale

capable de renverser la balance des pouvoirs et garantir à l'Europe même un

développement réel et ne pas forcement lié au politiques états-uniennes. Elle est

donc la clé pour un nouveau système : le système multipolaire. L'un des facteurs

qui permettent à la Russie de pouvoir jouer un rôle central dans la construction

d'un nouveau système sont évidement sa position géographique, ses relations avec

24

les pays de l'Amérique latine et avec l'Europe.

Cette dernière, jusqu'à présent, a perdu toutes les opportunités de comprendre

l'importance de maintenir des bonnes relations avec Moscou. Cette limite se

manifeste souvent par l'absence d'une conscience géopolitique autonome et par

l'incapacité des autorités de Bruxelles de valoriser les éléments qui lui permettrait

de élaborer une idée de géopolitique commune à tous les Etats membres. Le

contrôle états-unien sur l'Europe risque de étrangler l'Europe même qui, au lieu

d'intensifier ses rapport avec la Russie d'une façon autonome, se regarde dans le

miroir en comptant ses problèmes dont la solution repose toujours dans les mains

de Washington.

On a montré comment les relations se sont constamment évolue dans le temps et

ce travail est loin d'expliquer comment les enjeux s'évolueront dans l'avenir. Ce

qu'on a essayé de faire c'est d'extrapoler du contexte les événements pour les

examiner d'une façon objective.

Il serait pourtant opportun que l'Ue comprenne l'importance de se détacher de

l'influence états-unienne en ce qui concerne sa politique étrangère puisque,

comme l'on a souligne auparavant, c'est souvent cette dépendance qui renforce les

divergence entre Bruxelles et Moscou, deux entités très proches l'une à l'autre

mais aussi lointaines lorsqu'on refuse de remettre en cause leurs principes

idéologiques.

Dans son oeuvre publiée en 1996 portant sur le choc des civilisations, Samuel

Huntington décrivait l'Ukraine comme un pays fortement frappé du point de vue

culturel. Il identifiait déjà quelques années après la fin de l'Union soviétique une

ligne de fracture interne entre la partie occidentale et celle chrétienne orthodoxe

plus proche à la Russie, en imaginant à long terme son incorporation dans les

frontières de Moscou. Selon le politologue américain, l'Ukraine occidentale aurait

représenté une entité politique durable en mesure que l'Occident lui eût assuré un

soutien inconditionné. Cette dernière hypothèse aurait pu (et pourra) se manifester

exclusivement dans le cas d'une rupture irréparable entre Europe et Russie.

Les évènements qui se sont passés en Ukraine jusqu'à présent, selon certains,

25

semblent confirmer les prévisions de Huntington. Par contre il n'est pas

indispensable de savoir si le politologue new-yorkais avait raison ou pas, alors

qu'il est sans doute plus intéressant de comprendre si la perspective de civilisation

dont il parlait soit la perspective correcte ou si, au contraire, on devrait l'identifier

selon l'idéologie libérale de la fin de l'histoire proposée par Fukuyama. En suivant

ces deux points de vue, on peut finalement affirmer les différences au niveau

idéologique des deux blocs.

Il faudrait que Bruxelles repense ses politiques en matière de politique étrangère

en ce qui concerne ses relations avec l'Europe de l'est et avec Moscou. Elle ne

peut plus agir sur la ligne adoptée jusqu'à aujourd'hui selon son idéologie libérale

sans tenir en compte les intérêts russes. L'élargissement à l'est a fonctionné

partiellement vues les difficultés rencontrées dans le chemin, surtout après la

débâcle de Vilnius.

L'Europe a souvent interprété ses relations avec la Russie selon une perspective

géopolitique alors qu'il serait plus opportun de remettre en jeu la dimension

« géoculturel »25. Les deux modèles de structure de coopération politique

internationale, intégratif et centralisé, restent pour l'instant lointains l'un de l'autre

et la qualité des relations ne pourra pas s'améliorer jusqu'à à quand les deux entités

se limiteront à regarder dans leurs propres jardins sans jamais penser à ce qu'il y a

dehors.

25 I. Wallerstein, Geopolitics and Geoculture : Essay on the Changing World-System, Cambridge University Press, 1991

26

Sources bibliographiques :

– F. Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme, Flammarion, Paris, 2008

– S. Huntington, Le choc des civilisations, O. Jabob, Paris, 2007

– I. Wallerstein, Geopolitics and Geoculture : Essay on the Changing World-System,

Cambridge University Press, 1991

Quotidiens et revues de presse :

– « Mogherini : l'Ue prête à durcir les sanctions contre Moscou », Sputnik News, 06.03.2015

– « Russia feels sorry about failed strategic partner, EU », Pravda.ru, 12.09.2014

– « David Cameron appelle l'OTAN à revoir sa relation avec Moscou », Le Monde, 02.08.2014

– « Expulsion croisées des diplomates russes et polonais sur fond de crise ukrainienne », Le Monde, 17.11.2014

– Interview de H. Seipel à Vladimir Poutine, ARD (traduction par E. Defresne à Médias-Presse-Info), 17.11.2014

– « Ukraine. L'opposition appelle à renverser le pouvoir », Le Nouvel Observateur, 30.11.2013

– « L'Ucraina russa nel 1850 » (L'Ukraine russe en 1850), Limes-Revue Italienne de Géopolitique, 06.05.2014

– « Eastern Ukraine holds referendum for secession », CBS News, 11.05.2014

– F. Biloslavo, « Le voci dell'Ucraina divisa », Panorama, 10.03.2014

– M. De Bonis, Interview à Evgeny Shestakov, « L'Union européenne n'est pas prête pour la Biélorussie », Limes-Revue Italienne de Géopolitique, 13.04.2012

– G. Gogia, « The EU and Azerbaijan : Mismatched objectives », European Voice, 19.06.2013

– T. Séné, « Arnoldas Pranckevicius : what Crimea crisis means for Europe », Nouvelle Europe, 15.04.2014

– O. Thränert, M. Zapfe, « The ambivalent implications of Crimea », Carnegie Europe, 28.03.2014

– I. Tharoor, « How Russia's Putin and Turkey's Erdogan were made for each other », The Washington Post, 2.12.2014

– I. Traynor, O. Grytsenko, « Ukraine suspends talks on EU trade pact as Putin wins tug of war », The Guardian, 21.11.2013

– N. Winning, « Cameron says EU should consider new sanctions against Russia : UK Prime Minister wants Hard-Hitting measures after downing of Malaysia Airlins Flight 17 », Wall Street Journal, 21.07.2014

– C. Zeender, « Accord d'Association entre l'Union européenne et la Géorgie », L'Hebdo, 04.03.2015

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