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535 Les haches en jades, de l'Italie à l'Atlantique - Chapitre 9 - Une source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries néolithiques européennes Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen V e et IV e millénaires av. J.-C. Résumé : Parmi les milliers de haches en roches alpines étudiées dans le cadre du projet JADE, quelques dizaines d’entre el- les ont été exclues de notre inventaire, car ce ne sont cer- tainement pas des artefacts néolithiques de nos régions. Beaucoup ont été trouvées sur le sol européen et enregis- trées comme d’authentiques découvertes archéologiques. Mais en fait, ce sont des haches ethnographiques rapportées par marins ou voyageurs, avec des exemplaires provenant majoritairement de Nouvelle-Guinée occidentale dans le cas des Pays-Bas, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nouvelle- Zélande pour la Grande-Bretagne, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie pour la France, enfin des Caraïbes dans l’exem- ple des îles Canaries. La cartographie de ces exemplaires exotiques permet donc de reconstituer, pays par pays, l’éten- due des anciennes colonies et des territoires d’outre-mer. Au titre des réutilisations tardives, de très nombreuses pe- tites haches en roches alpines ont été perforées pour être suspendues (hachettes-pendeloques), particulièrement en France à partir de 3200 av. J.-C. Plus tard encore, d’authentiques haches néolithiques en roches alpines, qui ont circulé en Europe occidentale pendant les V e -III e millénaires av. J.-C., ont été réutilisées, après repolissage du tranchant, comme marteaux de mé- tallurgiste pendant le Campaniforme et partie de l’Âge du Bronze. Ces outils ont été également exclus de nos inventaires, car ils ont probablement accompagné les déplacements d’artisans forgerons, selon des schémas différents de ceux du Néolithique moyen. Enfin, parmi les « curiosités archéologiques », on a reconnu quelques haches de jade tout à fait exceptionnelles, décou- vertes sur le sol européen dès le XVI e siècle. Certaines - dont on ignore précisément le lieu de trouvaille - ont fait l’objet d’un traitement particulier, conservées dans des « cabinets d’anti- quités », considérées comme des objets de prix thésaurisés par une famille, portées comme bijoux ou talismans prophy- lactiques ou bien encore retaillées en forme de crucifix. Mots clés : hache polie, hache-pendeloque, marteau de métallurgiste, Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Zélande, Nouvelle- Calédonie, Caraïbes, Méso-Amérique Abstract : Among the thousands of axeheads examined as part of Projet JADE's study of axeheads made from Alpine rock, several dozens have been excluded from our inventory because they are not certainly of Neolithic date and not certainly from Europe. Many were found on European soil and were recorded as being genuine archaeological discoveries. But in fact these are ethnographic axeheads, brought back by sailors or voyagers. In the Netherlands, most come from the western part of New Guinea ; in Britain, from Papua New Guinea and New Zealand ; in France, from New Caledonia and Polynesia, and in the Canary Isles, from the Caribbean. Mapping these exotic specimens allows us, then, to re- construct, country by country, the extent of their former colonies and overseas territories. As regards the re-use of genuine Alpine axeheads in Neolithic Europe, there are numerous examples of small axeheads that were perforated for suspension (to make them into axehead-pendants) ; this was particularly the case in France from 3200 BC. Later still, genuine Alpine Neolithic axeheads, which had circulated around Europe between the 5 th and 3 rd millennia BC, were re-used - after blunting and repolishing of the blade - as metalworker’s hammers during the Chalcolithic and part of the Early Bronze Age. These re-used axeheads have been excluded from our inventory, because they were probably moved around by metalworkers, in directions dif- ferent from the pattern of Neolithic axehead circulation. Finally, in a category of “archaeological curiosities”, there are several exceptional Neolithic Alpine axeheads, found in Europe since the 16 th century. Certain of these - whose origi- nal findspot is not known with certainty - were given special treatment, kept in “cabinets of curiosities” and regarded as family treasures, some being worn as jewellery or as prophy- lactic talismans, or even being re-shaped into a crucifix. (translation : Alison Sheridan) Keywords : polished axeheads, axehead-pendant, me- tal worker's hammer, New Guinea, New Zealand, New Caledonia, Caribbean, Mesoamerica Chapitre 9 Une source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries néolithiques européennes A source of confusion : ethnographic axes and the late reutilisation of axes in the European Neolithic collections Pierre Pétrequin P armi les haches en jade conservées dans les musées et les collections européennes, toutes ne doivent pas être nécessairement prises en compte dans notre étude. En effet, toute hache dont le lieu et la date de découverte sont bien identifiés ne sont pourtant pas toujours des objets de « notre » Néolithique. Il n’est pas douteux, après vérifi- cation des inventaires de musées et de la biographie de ces artefacts, qu’on ait pu trouver, çà et là, dans un jardin ou lors du dragage d’une rivière, de ces grandes haches qui posent bien des problèmes au typologue, car il n’est souvent pas possible de les attribuer aux modèles connus pour le Néoli- thique, entre les V e et III e millénaires av. J.-C. DEUXIÈME PARTIE

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535Les haches en jades, de l'Italie à l'Atlantique - Chapitre 9 - Une source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries néolithiques européennes

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

Résumé :Parmi les milliers de haches en roches alpines étudiées dans le cadre du projet JADE, quelques dizaines d’entre el-les ont été exclues de notre inventaire, car ce ne sont cer-tainement pas des artefacts néolithiques de nos régions.

Beaucoup ont été trouvées sur le sol européen et enregis-trées comme d’authentiques découvertes archéologiques. Mais en fait, ce sont des haches ethnographiques rapportées par marins ou voyageurs, avec des exemplaires provenant majoritairement de Nouvelle-Guinée occidentale dans le cas des Pays-Bas, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nouvelle-Zélande pour la Grande-Bretagne, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie pour la France, enfin des Caraïbes dans l’exem-ple des îles Canaries. La cartographie de ces exemplaires exotiques permet donc de reconstituer, pays par pays, l’éten-due des anciennes colonies et des territoires d’outre-mer.

Au titre des réutilisations tardives, de très nombreuses pe-tites haches en roches alpines ont été perforées pour être suspendues (hachettes-pendeloques), particulièrement en France à partir de 3200 av. J.-C.

Plus tard encore, d’authentiques haches néolithiques en roches alpines, qui ont circulé en Europe occidentale pendant les Ve-IIIe millénaires av. J.-C., ont été réutilisées, après repolissage du tranchant, comme marteaux de mé-tallurgiste pendant le Campaniforme et partie de l’Âge du Bronze. Ces outils ont été également exclus de nos inventaires, car ils ont probablement accompagné les déplacements d’artisans forgerons, selon des schémas différents de ceux du Néolithique moyen.

Enfin, parmi les « curiosités archéologiques », on a reconnu quelques haches de jade tout à fait exceptionnelles, décou-vertes sur le sol européen dès le XVIe siècle. Certaines - dont on ignore précisément le lieu de trouvaille - ont fait l’objet d’un traitement particulier, conservées dans des « cabinets d’anti-quités », considérées comme des objets de prix thésaurisés par une famille, portées comme bijoux ou talismans prophy-lactiques ou bien encore retaillées en forme de crucifix.

Mots clés : hache polie, hache-pendeloque, marteau de métallurgiste, Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Caraïbes, Méso-Amérique

Abstract :Among the thousands of axeheads examined as part of Projet JADE's study of axeheads made from Alpine rock, several dozens have been excluded from our inventory because they are not certainly of Neolithic date and not certainly from Europe.

Many were found on European soil and were recorded as being genuine archaeological discoveries. But in fact these are ethnographic axeheads, brought back by sailors or voyagers. In the Netherlands, most come from the western part of New Guinea ; in Britain, from Papua New Guinea and New Zealand ; in France, from New Caledonia and Polynesia, and in the Canary Isles, from the Caribbean. Mapping these exotic specimens allows us, then, to re-construct, country by country, the extent of their former colonies and overseas territories.

As regards the re-use of genuine Alpine axeheads in Neolithic Europe, there are numerous examples of small axeheads that were perforated for suspension (to make them into axehead-pendants) ; this was particularly the case in France from 3200 BC.

Later still, genuine Alpine Neolithic axeheads, which had circulated around Europe between the 5th and 3rd millennia BC, were re-used - after blunting and repolishing of the blade - as metalworker’s hammers during the Chalcolithic and part of the Early Bronze Age. These re-used axeheads have been excluded from our inventory, because they were probably moved around by metalworkers, in directions dif-ferent from the pattern of Neolithic axehead circulation.

Finally, in a category of “archaeological curiosities”, there are several exceptional Neolithic Alpine axeheads, found in Europe since the 16th century. Certain of these - whose origi-nal findspot is not known with certainty - were given special treatment, kept in “cabinets of curiosities” and regarded as family treasures, some being worn as jewellery or as prophy-lactic talismans, or even being re-shaped into a crucifix.(translation : Alison Sheridan)

Keywords : polished axeheads, axehead-pendant, me-tal worker's hammer, New Guinea, New Zealand, New Caledonia, Caribbean, Mesoamerica

Chapitre 9

Une source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries

néolithiques européennesA source of confusion : ethnographic axes and the late reutilisation

of axes in the European Neolithic collections

Pierre Pétrequin

P armi les haches en jade conservées dans les musées et les collections européennes, toutes ne doivent pas

être nécessairement prises en compte dans notre étude. En effet, toute hache dont le lieu et la date de découverte sont bien identifiés ne sont pourtant pas toujours des objets de « notre » Néolithique. Il n’est pas douteux, après vérifi-

cation des inventaires de musées et de la biographie de ces artefacts, qu’on ait pu trouver, çà et là, dans un jardin ou lors du dragage d’une rivière, de ces grandes haches qui posent bien des problèmes au typologue, car il n’est souvent pas possible de les attribuer aux modèles connus pour le Néoli-thique, entre les Ve et IIIe millénaires av. J.-C.

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• 1. Les haches ethnographiques découvertes en contexte européen

C’est le cas pour toute une série d’objets ethnographi-ques ou archéologiques d’outre-mer, rapportés comme souvenirs par des marins ou par des colons de retour au pays natal. Bien sûr, certaines de ces haches, dont les qualités esthétiques sont indiscutables, ont été ac-quises par échange par les premiers navigateurs, à l’oc-casion d’expéditions scientifiques. Mais on a du mal à imaginer qu’à partir du XIXe siècle, des milliers de haches exotiques ont été acquises sur d’autres continents et vendues à des collectionneurs européens (Schoetensack 1887). De même dans les années 1960 à 1990, c’est par dizaines que des haches polies de West Papua (ancien-nement Irian Jaya, Indonésie) partaient chaque jour de Wamena par avion, pour être revendues aux touristes et aux collectionneurs (Pétrequin et Pétrequin 1993). D’ailleurs dès 1899, P. du Chatellier s’inquiétait de haches peut-être ethnographiques que l’on pouvait trouver dans les campagnes du Finistère et difficiles à classer dans les typologies régionales. H. Desmaisons (1942) pressentait d’ailleurs qu’au Maroc, certaines haches polies de forme très particulière pouvaient avoir pour origine des achats réalisés aux îles Caraïbes. C’est d’ailleurs l’explication argumentée qui prévaut également pour quelques dé-couvertes de belles haches en jade ramassées dans les jardins de la Grande Canarie : ces exemplaires pourraient parfaitement être rapportés, par leur forme et la nature des roches, à des haches en jades alpins ; mais leur pré-sence si loin des côtes de l’Afrique, sur des îles coloni-sées seulement au Ier millénaire av. J.-C., ne laisse pas de surprendre (Benitez Padilla 1965). Il y a tout lieu de pen-ser que ce sont des souvenirs de voyage, abandonnés ou jetés par les descendants de voyageurs qui ont fait étape dans ces îles stratégiques pour le commerce triangulaire entre Europe, Afrique et Amérique.

La question cruciale est donc de savoir s’il est raisonna-blement possible d’identifier ces haches ethnographiques découvertes en Europe et qu’il faut absolument exclure de notre étude.

1. 1 Les Indes orientales

Pour certaines d’entre elles, la reconnaissance est plutôt aisée avec un peu d’expérience, parce que leur forme est tout à fait inhabituelle dans les contextes du Néolithique de l’Ancien Continent ou (et) parce que les roches utili-sées sont absentes ou peu fréquentes dans les ensem-bles métamorphiques d’Europe occidentale. C’est le cas de très nombreuses haches de Nouvelle-Guinée occi-dentale (West Papua, Indonésie) qui viennent polluer les séries archéologiques de bien des musées aux Pays-Bas. Les haches de la culture sentani (fig. 1, en haut à gauche) présentent des types bien spécifiques, où dominent des roches métamorphiques de faible densité, dont la famille des serpentinites (Pétrequin et Pétrequin 1993 et 2006). En termes de politique coloniale, il apparaît logique que la plupart de ces haches produites autrefois dans la région côtière d’Ormu Wari aient été rapportées aux Pays-Bas, car l’Irian Jaya a été colonie hollandaise des Indes orientales jusque dans les années 1960. Mais toutes les haches de l’ancienne province d’Irian Jaya ne sont pas aussi aisées à distinguer des séries européennes : les productions issues des carrières de Wang-Kob-Me peuvent davantage prêter à confusion (Le Roux 1948-1950, Pétrequin et Pétrequin

1993), bien que les roches utilisées - des glaucophanes, des amphibolites et des schistes verts - soient assez diffé-rentes de leurs équivalents européens. C’est d’ailleurs en raison de cette confusion potentielle qu’a été interrompue la première étude entreprise sur les haches en jade aux Pays-Bas (Schut et al. 1987), au moment où l’on pensait encore que les lames polies d’Ormu Wari étaient, comme certains exemplaire alpins, en jadéitite.

Dès le travail fondateur de W. Campbell Smith (1963) sur les haches en jade des Îles britanniques, il a fallu faire la chasse aux haches des Indes orientales ou oc-cidentales pour les exclure des séries néolithiques, ces objets constituant une source de confusion inaccepta-ble. Nous avons pu ainsi identifier un très bel exem-plaire de hache polie des Hautes Terres de Nouvelle-Guinée, certainement fabriqué dans la région de Mount Hagen en P.N.G. (Burton 1984) ; cet objet, découvert à Ede/Otterlo (Pays-Bas), a été déterminé comme une wollastonite (fig. 1, en bas à droite) qui se rapproche du groupe des pyroxènes (Overwell 1983, Schut et al. 1987). C’est un objet presque banal pour les ethnogra-phes de la culture matérielle, car, lorsqu’il est emman-ché, sa forme et les motifs de la sparterie de fixation sont identifiables du premier coup d’œil ; mais c’est tout autre chose que d’attribuer une origine précise à la lame polie sans son manche, lame qui aurait pu tout aussi bien être attribuée (bien qu’approximativement) à notre type alpin « Puy ».

De Nouvelle-Guinée encore, mais cette fois-ci de sa par-tie sud-orientale, il faut vraisemblablement rattacher quel-ques grandes lames ovoïdes plates à section lenticulaire, la plupart découvertes en Grande-Bretagne (fig. 1, en haut à droite). Ces haches produites à Woodlark Island (Seligmann 1910) ont circulé sur des distances considérables dans le cadre des échanges kula (Malinovski 1922). Et encore parmi les haches « néolithiques » de Grande-Bretagne, plusieurs lames polies de Nouvelle-Zélande ont été repérées, la plu-part en néphrite (fig. 2, en bas à droite) (se référer à Best 1912 pour la typologie des haches maories).

Ces haches exotiques trouvées en Europe permettent donc d’identifier les contacts coloniaux dans les pays de l’Ancien Continent : les Indes orientales et l’ouest de la Nouvelle-Guinée dans le cas des Pays-Bas ; la Pa-pouasie-Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande pour la Grande-Bretagne (au contraire, les haches d’Australie - peu spectaculaires - n’ont pas attiré les collectionneurs ; voir Dickson 1981 pour le répertoire typologique). En France, et à un moindre degré en Allemagne, ce sont au contraire les liens avec l’ancienne colonie péniten-tiaire de Nouvelle-Calédonie qui se trouvent soulignés (fig. 2, en haut), avec des haches-ostensoir et de gran-des herminettes à tranchant curviligne en néphrite ou en serpentinite (Pétrequin et al. 2008), comme la gran-de hache néo-calédonienne abusivement attribuée aux sépultures avec objets en cuivre de type Rinaldone de Fontaine-le-Puits (Savoie) (Combier 1976). Les objets polis de Guyane sont moins fréquents (pour la typo-logie, voir Verneau et Rivet 1912), bien qu’une hache plate « à oreilles » trouvée dans un champ à Fesches-l’Eglise soit conservée au Musée de Belfort. La Poly-nésie, au sens large, est également mal représentée dans les séries archéologiques, peut-être parce que la typologie de ces herminettes est particulièrement ca-ractéristique (voir Garanger 1972).

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FIG. 1Haches de Nouvelle-Guinée découvertes en Europe.

Origine réelle : West Papua (Sentani, en haut à gauche) ; Papouasie-Nouvelle-Guinée (Woodlark Island, en haut à droite ; Mount Hagen, en bas à droite).

S’il est relativement facile d’identifier ces objets ethnogra-phiques de Nouvelle-Guinée, de Polynésie et de Nouvelle-Zélande, c’est aussi parce que les jadéitites, les omphaci-tites et les éclogites en sont absentes. C’est également le cas pour les haches chinoises qui sont souvent en néphrite et jamais en jadéitite (Leroi-Gourhan 1946), l’im-portation des jadéitites de Birmanie ne semblant pas inter-

venir avant le XVIIIe siècle (Rawson 1995, Zarcone 2001).

1. 2 Les Indes occidentales

Le problème devient plus complexe en se tournant vers la Méso-Amérique et les Caraïbes, où des gîtes de belles ro-ches précieuses (dont le jade-jadéite) ont été exploités dès la fin du IIe millénaire av. J.-C., dans la vallée de la Motaga et ses affluents au Guatemala (Lange 1993, Harlow 1994)

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FIG. 2Haches de Nouvelle-Calédonie et de Nouvelle-Zélande. Ces exemplaires ont été trouvés en France ou en Grande-Bretagne et étaient considérés comme appartenant au Néolithique européen. Photographies N. Le Maux et P. Pétrequin.

et à Cuba (Garcia Gasco et al. 2009). Très tôt d’ailleurs, les haches et les objets en jadéitite des Indes occidentales ont été analysés par A. Damour (1865), H. Fischer (1880) et A.B. Meyer (1882). Les conditions de formation de la jadéitite dans ces régions, en contexte de subduction, sont identi-ques à celles des jadéitites alpines ; il ne sera donc pas facile de trouver des signatures minéralogiques qui permettent,

de façon rigoureuse et reproductible, de les distinguer.

Les jades guatémaltèques (et les serpentinites) ont été abondamment mis en forme pour des haches destinées aux offrandes, en particulier chez les Ol-mèques, où les dépôts de La Venta et d’El Malnati (Mexique) représentent des exemples classiques de cette culture méso-américaine (fig. 3, en haut).

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FIG. 3Haches de Méso-Amérique et des Caraïbes. Mexique (en haut), Caraïbes (en bas à gauche), Equateur (en bas à droite). De telles haches sont fréquemment

signalées en Europe sur les côtes atlantiques, et aux îles Canaries. Photographies O. Jaime-Riveron et P. Pétrequin.

Mais, du point de vue typologique, ces pièces archéologi-ques sont bien différentes de leurs répondants alpins (hor-mis la technique du polissage à glace) (Clark et Pye 2006, Fields et Reents-Budet 2006, Jaime 2003, Lange 1993, Ortiz et Rodriguez 2006) et ne prêtent guère à confusion. Il n’y a qu’une très grande hache olmèque du Mexique, de forme dite « pétaloïde » (Taube 2004), en jadéitite

translucide bleu-vert - le « bleu olmèque (Seitz et al. 2001) -, qui pourrait être parfaitement confondue avec le type al-pin Durrington (fig. 3, en haut à droite) ; mais cette hache splendide semble une véritable rareté en Méso-Amérique.

Les véritables difficultés d’identification commencent avec certaines haches caraïbes (fig. 3, en bas à gauche), qui res-semblent à bien des exemplaires alpins de type Durrington :

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FIG. 4Réutilisations tardives de haches alpines. En haut, marteaux de métallurgiste de l’Âge du Bronze. En bas à droite, haches pendeloques du Néolithique final. En bas à gauche, réutilisation d’époque romaine.

la forme est identique, les roches utilisées (cortège des ja-déitites et omphacitites) sont les mêmes. Ces haches « en goutte d’eau » des Antilles (Easby 1972, Herrera Fritot 1964, Viré 1940) ont été identifiées - comme nous l’avons vu plus haut - dans les séries archéologiques de l’île de la Grande Canarie où elles font figure d’étrangères avérées (Benitez Padilla 1965, Farrujia de la Rosa et al. 2004). Le ris-que est ici bien réel de confusion entre les belles haches

polies de la culture taïno des Grandes Antilles et certaines de nos haches alpines. Il n’est pas évident du tout que nous ayons été capables de reconnaître la totalité de ces pièces exotiques trouvées le long des côtes atlantiques de l’Euro-pe, comme on a pu le faire aux Canaries. Leur présence, en quelques exemplaires au moins, est vraisemblable le long du littoral atlantique, aux abords des ports qui étaient enga-gés dans le commerce triangulaire passant par les Antilles.

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• 2. Les réutilisations tardives de haches néolithiques en roches alpines

Nous passerons plus vite maintenant sur le cas des ha-ches du Ve millénaire qui ont fait l’objet de réutilisations postérieures, car le fait est mieux connu.

Les exemples les plus classiques - et il y en a certainement des centaines en Europe occidentale - sont des haches en jadéitite, omphacitite ou éclogite, des roches particu-lièrement tenaces, dont on a abrasé le tranchant pour les transformer en marteau pour travailler le métal (fig. 4, en haut). Ces outils, aisés à reconnaître, sont présents partout

en Europe occidentale, mais leur répartition détaillée reste à faire ; elle ne serait pas sans intérêt quand on en connaît les concentrations très inégales, la Bretagne en fournissant de nombreux exemplaires, tandis qu’ils sont à peu près ab-sents de l’est de la France.

Les marteaux réalisés sur d’anciennes haches néolithi-ques voient le jour dès le Campaniforme. Deux tombes des Pays-Bas, à Lunteren et à Soesterberg (Harrison 1980) montrent l’association classique de vases campaniformes et de marteaux et enclumes en pierre ; ces tombes sont considérées comme des sépultures de « métallurgistes ».

FIG. 5Les curiosités des cabinets d’antiquités. En haut, hache en jade et son coffret en cuir de la fin du XVIIe siècle.

En bas, une hache sertie dans un cadre en argent et réputée avoir été portée par un militaire écossais au XIXe siècle (Kunz 1913).

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Mais on ne sait pas encore à quel moment ces marteaux de pierre vont se trouver progressivement remplacés par des exemplaires en bronze, qui dominent sans conteste à l’Âge du Bronze final, à partir de 1200 av. J.-C.

D’autres formes de réutilisation sont également très classiques et ne demandent pas de long commentaire. Au Néolithique final, des petites haches possèdent une perforation, en général biconique, au niveau du talon et seraient destinées à être suspendues. Ces hachet-tes-pendeloque indiquent une autre interprétation du rôle social de la hache polie dès la fin du IVe millénaire en France (Bordreuil et al. 2008), dans l’île de Malte et dans les Îles anglo-normandes, tandis qu’elles sont très rares en Grande-Bretagne et absentes en Allemagne et en Italie.

Bien d’autres utilisations secondaires ont été faites des haches en roches alpines, parmi lesquelles figurent éga-lement des brunissoirs et des lissoirs de potier, en parti-culier à l’Âge du Bronze final à la fin du IIIe millénaire av. J.-C. ; de beaux exemples de la grotte des Planches-près-Arbois (Jura) (Pétrequin et al. 1984) ont été publiés. Mais, comme les haches-pendeloque, il s’agit toujours d’outils de modestes dimensions, dont la longueur n’excède pas six centimètres.

Conclusion

Il existe un risque bien réel de confusion entre certai-nes haches exotiques découvertes en Europe occiden-tale (et intégrées à tort aux séries archéologiques du Néolithique) et les véritables haches en jades alpins qui nous intéressent. Dans la plupart des cas, les com-paraisons typologiques et minéralogiques permettent aisément d’écarter les artefacts d’outre-mer. Il n’en de-meure pas moins que le risque est bien réel de ne pas toujours pouvoir identifier certaines haches des Caraï-bes et des Alpes, où la similitude typologique peut être grande et les cortèges minéralogiques quasi identi-ques. Il est donc plausible de considérer que quelques-unes de ces haches exotiques ont pu venir « polluer » nos séries néolithiques. Mais ce bruit de fond reste certainement très faible et, en termes de pourcentage, ne doit pas peser bien lourd par rapport aux quelque 1 700 haches en roches alpines de notre inventaire gé-néral à l’échelle de l’Europe.

Quant aux superbes haches de jade conservées dans les « anciens cabinets de curiosités » dès le XVIIe siècle, portées en talisman ou conservées d’une génération à l’autre, il n’est certainement pas possible d’en re-trouver l’origine exacte au-delà d’une région particu-lière ; l’Ecosse en a livré les plus beaux exemplaires (fig. 5). Elles témoignent de l’attirance, par-delà les siècles et les cultures, pour la forme de ces haches alpines et pour les jades magnifiques qui accrochent la lumière du soleil. Qui plus est, dans la collection Belluci du musée de Perugia (Italie), on connaît même un crucifix qui a été taillé dans une hache de jade par-ticulièrement fin (Kunz 1913), une forme de pérenni-sation de la signification religieuse souvent attribuée à cette pierre précieuse.

Note :Sauf indication contraire, les photographies sont de P. Pétrequin et ont été détourées par A.-M. Pétrequin

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543Les haches en jades, de l'Italie à l'Atlantique - Chapitre 9 - Une source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries néolithiques européennes

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

DEUXIÈME PARTIE

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© Presses Universitaires de Franche-Comté n°1224Collection Les cahiers de la MSHE Ledoux n°17Série Dynamiques territoriales n°6

UFR des Sciences du Langage, de l'Homme et de la Société47, rue Mégevand - 25030 Besançon cedex

© Centre de Recherche Archéologique de la Vallée de l'Ain - 201269, Grande Rue - 70100 Gray

DiffusionCID : 18-20, rue Robert Schuman - 94220 Charenton-le-Pont

ISBN : 978-2-84867-412-4ISSN : 1772-6220

2012

JADE

sous la direction de Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen, Alison Sheridan et Anne-Marie Pétrequin

Tome 1

PAO, conception et réalisation : Claude Schmitt - Arcom

Grandes haches alpinesdu Néolithique européen. Ve et IVe millénaires av. J.-C.

5Sommaire tome 1 et tome 2

Sommaire

tome 18

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Remerciements

ProblématiquePierre PétrequinJADE : Inégalités sociales et espace européen au Néolithique : la circulation des grandes haches en jades alpins

A propos des archives et des bases de données

PREMIERE PARTIE : Sources de matières premières

Chapitre 1Anne-Marie Pétrequin et Pierre PétrequinLes modèles ethnoarchéologiques de Nouvelle-Guinée

Chapitre 2Pierre Pétrequin, Anne-Marie Pétrequin, Michel Errera et Frédéric ProdéoProspections alpines et sources de matières premières. Historique et résultats

Chapitre 3Pierre Pétrequin, Christophe Croutsch, Michel Errera, Matthieu Honegger, Luc Jaccottey, François Mariétoz et Pierre-Jérôme ReyApproche des productions valaisannes en amphibolite calcique (néphrite)

Chapitre 4Pierre Pétrequin et Anne-Marie PétrequinChronologie et organisation de la production dans le massif du Mont Viso

Chapitre 5Pierre Pétrequin, Christophe Bontemps, Daniel Buthod-Ruffier et Nicolas Le MauxApproche expérimentale de la production des haches alpines

Chapitre 6 Pierre Pétrequin, Michel Errera et Michel Rossy avec la collaboration de Claudio D'Amico et Massimo GhediniViso ou Beigua : approche pétrographique du référentiel des "jades alpins"

Chapitre 7Claudio D'AmicoJades and other greenstones from the Western Alps. A petrographic study of the geological sampling Jade

Chapitre 8Michel Errera, Pierre Pétrequin et Anne-Marie PétrequinSpectroradiométrie, référentiel naturel et étude de la diffusion des haches alpines

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DEUXIEME PARTIE : Les haches en jades, de l'Italie à l'Atlantique

Chapitre 9Pierre PétrequinUne source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries néolithiques européennes

Chapitre 10Pierre Pétrequin, Estelle Gauthier, Luc Jaccottey,Françoise Jeudy, Alain Maitre et Jean VaquerLes exploitations de Réquista (Aveyron) et de Plancher-les-Mines (Haute-Saône, France).Exemples de diffusion de haches à moyenne distance

Chapitre 11Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Estelle Gauthier, Lutz Klassen, Yvan Pailler et Alison Sheridan avec la collaboration de Jonathan Desmeulles, Pierre-Alain Gillioz, Nicolas Le Maux, Annabelle Milleville, Anne-Marie Pétrequin, Frédéric Prodéo, Anaïck Samzun et Ramón Fábregas ValcarceTypologie, chronologie et répartition des grandes haches alpines en Europe occidentale

Chapitre 12Claudio D'Amico and Elisabetta StarniniCirculation and provenance of the Neolithic "greenstone" in Italy

tome 2Chapitre 13Michel Errera, Pierre Pétrequin et Anne-Marie PétrequinOrigine des jades alpins entre Provence et Adriatique

Chapitre 14Maria Bernabò Brea, Michel Errera, Paola Mazzieri, Simone Occhi et Pierre PétrequinLes haches alpines dans la culture des VBQ en Emilie occidentale : contexte, typologie, chronologie et origine des matières premières

Chapitre 15Jean Vaquer, Araceli Martín, Pierre Pétrequin, Anne-Marie Pétrequin et Michel ErreraLes haches alpines dans les sépultures du Néolithique moyen pyrénéen : importations et influences

Chapitre 16Serge Cassen, Christine Boujot, Salvador Dominguez Bella, Mikaël Guiavarc'h, Christophe Le Pennec, Maria Pilar Prieto Martinez, Guirec Querré, Marie-Hélène Santrot et Emmanuelle VigierDépôts bretons, tumulus carnacéens et circulations à longue distance

Chapitre 17Peter A.C. Schut and Henk KarsJade axes in the Netherlands : some observations concerning distribution, date and typology

6 Sommaire tome 1 et tome 2

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TROISIEME PARTIE : Les signes en jades alpins et leurs imitations

Chapitre 18Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Lutz Klassenet Rámon Fábregas ValcarceLa circulation des haches carnacéennes en Europe

Chapitre 19Alison Sheridan et Yvan PaillerLes haches alpines et leurs imitations en Grande-Bretagne, dans l'île de Man, en Irlande et dans les îles Anglo-Normandes

Chapitre 20Christian Servelle et Jean VaquerImitations et contrefaçons de longues haches polies d’origine alpine dans le Néolithique du sud-ouest de la France et de l’Andorre

Chapitre 21Ramón Fábregas Valcarce, Arturo de Lombera Hermida and Carlos Rodríguez RellánSpain and Portugal : long chisels and perforated axes. Their context and distribution

Chapitre 22François Giligny, Françoise Bostyn et Nicolas Le MauxProduction et importation de haches polies dans le Bassin parisien : typologie, chronologie et influences

Chapitre 23Yvan PaillerL’exploitation des fibrolites en Bretagne et ses liens avec les productions alpines

Chapitre 24Mark EdmondsAxes and Mountains : a view from the West

Chapitre 25Florian Klimscha« Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ». Datation, répartition et valeur sociale des haches en silex de la culture Gumelniţ a

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QUATRIÈME PARTIE : Valorisation sociale des haches alpines

Chapitre 26Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Tsoni Tsonev, Kalin Dimitrov, Lutz Klassen et Rositsa MitkovaLes haches en « jades alpins » en Bulgarie

Chapitre 27Lutz Klassen, Serge Cassen and Pierre PétrequinAlpine axes and early metallurgy

Chapitre 28Serge CassenL’objet possédé, sa représentation : mise en contexte général avec stèles et gravures.

Chapitre 29Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen et Alison SheridanDes choses sacrées… fonctions idéelles des jades alpins en Europe occidentale

CINQUIÈME PARTIE : Résumé général et bases de données

Résumé / AbstractPierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen, Anne-Marie Pétrequin et Alison Sheridan

Inventaire 2008 des associations de grandes haches en jades en Europe occidentalePierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen, Yvan Pailler, Anne-Marie Pétrequin et Alison Sheridan

Planches dessin des grandes haches trouvéesen dépotPierre Pétrequin, Annabelle Milleville et Anne-Marie Pétrequin

A propos des auteurs et des collaborateurs

Sommaire

tome 2