La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

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1015 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen V e et IV e millénaires av. J.-C. Résumé : Vers le milieu du V e millénaire, les élites du golfe du Morbihan ont transformé certaines grandes haches en roches alpines - en particulier celles en jadéitite -. Il s’agissait de produire des types originaux et difficiles à imiter, destinés à être déposés dans des sépultures monumentales ou bien dressés dans des points par- ticuliers du paysage religieux. Ces haches dites car- nacéennes, avec les types Saint-Michel et Tumiac (à talon perforé ou non), à tranchant plus ou moins évasé, résultent du remodelage par polissage de haches al- pines plus massives, mais qui, en Bretagne, ont été considérées comme des ébauches en matière premiè- re exotique particulièrement précieuse, destinée à être repensée et retravaillée. Depuis le golfe du Morbihan, quelques dizaines de ces haches carnacéennes ont été injectées dans les transferts à longue distance, au cours de la deuxième moitié du V e millénaire. Certaines de ces anciennes ha- ches alpines ont à nouveau parcouru des centaines de kilomètres jusqu’au nord-ouest de l’Espagne, le nord de l’Allemagne et l’Italie avec les exemplaires d’Emilie Romagne et des Pouilles. En Europe occidentale, la valeur de ces objets-signes associés à la grammaire religieuse du golfe du Morbihan était telle que les haches carnacéennes en jade ont fait l’objet d’imitations en roches locales, comme le silex pour le type Saint-Michel en Bassin parisien et au Da- nemark, les sillimanites dans le cas du type Cangas en Espagne ou bien les serpentinites pour le type Zug en Suisse. La datation de ces imitations devrait permettre de se faire une idée de la vitesse de transfert des haches carnacéennes depuis la Bretagne jusqu’à l’intérieur du continent. Ainsi la hache de Laterza aurait été trouvée en contexte Serra d’Alto final/Diana, vers la fin du V e millénaire. L’exemplaire le plus ancien du type Zug pourrait être attribué aux 43 e -42 e siècles av. J.-C. Quant au type Cangas, une première apparition vers la fin du V e millénaire est également tout à fait plausible. Dans ce contexte chronologique, la circulation des ha- ches carnacéennes s’avère essentielle pour suivre l’ex- pansion de la symbolique religieuse carnacéenne (stè- les, gravures …) le long des littoraux atlantiques et vers l’intérieur de Europe continentale. Mots clés : Néolithique, Europe occidentale, haches polies, Carnac, jades alpins, jadéitite, sillimanite, ser- pentinite, circulation à longue distance, Cangas, Zug, Glis, Saint-Michel, Tumiac, stèles, gravures Abstract : Around the middle of the 5 th millennium, the elite in the Gulf of Morbihan transformed certain large axeheads made of Alpine rocks, especially those of jadeitite. What they were doing was to create new types of axehead that were original and hard to imitate, which they then deposi- ted in monumental graves or ‘planted’ upright at specific locations in the ritual landscape. These ‘Carnac - type’ axeheads - comprising those of Saint-Michel and Tumiac types (some of the latter having perforations through their butts), with blades that project from the sides to varying degrees - resulted from the re-shaping, through polishing, of larger Alpine axeheads. The latter had been treated as though they were simply roughouts, made from a particularly precious exotic raw material, destined to be re-conceptualised and re-worked. Several dozen of these Carnac-type axeheads were sub- sequently ‘injected’ into the system of long-distance exchanges during the second half of the 5 th millennium. Some of these ancient Alpine axeheads, having already travelled over several hundred kilometres to Brittany, then travelled similar distances again, ending up in north- west Spain, northern Germany and Italy (with examples from Emilia Romagna and Puglia). In western Europe, the value of these ‘object-signs’, as- sociated with the religious grammar of the Gulf of Morbi- han, was such that the jade Carnac-style axeheads were copied in local rocks, such as flint in the case of the Saint- Michel copies in the Paris Basin and in Denmark, sillima- nite in the case of the Cangas-type axeheads in Spain, and serpentinite in the case of the Zug-type in Switzerland. The date of these imitations allows us to form an idea of the speed at which the originals travelled from Brittany to the interior of the Continent. The axehead found at Laterza was found in a final Serra d’Alto/Diana context, dating towards the end of the 5 th millennium. The earliest Zug-type axehead can be assigned to the 43 rd /42 nd centuries BC. As for Can- gas-type axeheads, one could plausibly suggest that they also appeared towards the end of the 5 th millennium. In this chronological context, the circulation of Carnac-type axeheads can be seen to have accompanied the expan- sion of the religious symbolism of the Gulf of Morbihan (as shown in the form of stelae and engravings) along the Atlan- tic coast and towards the interior of Continental Europe. (translation : Alison Sheridan) Key words : Neolithic, western Europe, polished axe- heads, Carnac, Alpine jades, jadeitite, sillimanite, serpen- tinite, long-distance circulation, Cangas, Zug, Glis, Saint- Michel, Tumiac, stelae, engravings Chapitre 18 La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale The circulation of Carnac-type axeheads in western Europe Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Lutz Klassen et Ramon Fábregas Valcarce TROISIÈME PARTIE

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1015Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

Résumé :Vers le milieu du Ve millénaire, les élites du golfe du Morbihan ont transformé certaines grandes haches en roches alpines - en particulier celles en jadéitite -. Il s’agissait de produire des types originaux et difficiles à imiter, destinés à être déposés dans des sépultures monumentales ou bien dressés dans des points par-ticuliers du paysage religieux. Ces haches dites car-nacéennes, avec les types Saint-Michel et Tumiac (à talon perforé ou non), à tranchant plus ou moins évasé, résultent du remodelage par polissage de haches al-pines plus massives, mais qui, en Bretagne, ont été considérées comme des ébauches en matière premiè-re exotique particulièrement précieuse, destinée à être repensée et retravaillée.

Depuis le golfe du Morbihan, quelques dizaines de ces haches carnacéennes ont été injectées dans les transferts à longue distance, au cours de la deuxième moitié du Ve millénaire. Certaines de ces anciennes ha-ches alpines ont à nouveau parcouru des centaines de kilomètres jusqu’au nord-ouest de l’Espagne, le nord de l’Allemagne et l’Italie avec les exemplaires d’Emilie Romagne et des Pouilles.

En Europe occidentale, la valeur de ces objets-signes associés à la grammaire religieuse du golfe du Morbihan était telle que les haches carnacéennes en jade ont fait l’objet d’imitations en roches locales, comme le silex pour le type Saint-Michel en Bassin parisien et au Da-nemark, les sillimanites dans le cas du type Cangas en Espagne ou bien les serpentinites pour le type Zug en Suisse.

La datation de ces imitations devrait permettre de se faire une idée de la vitesse de transfert des haches carnacéennes depuis la Bretagne jusqu’à l’intérieur du continent. Ainsi la hache de Laterza aurait été trouvée en contexte Serra d’Alto final/Diana, vers la fin du Ve millénaire. L’exemplaire le plus ancien du type Zug pourrait être attribué aux 43e-42e siècles av. J.-C. Quant au type Cangas, une première apparition vers la fin du Ve millénaire est également tout à fait plausible.

Dans ce contexte chronologique, la circulation des ha-ches carnacéennes s’avère essentielle pour suivre l’ex-pansion de la symbolique religieuse carnacéenne (stè-les, gravures …) le long des littoraux atlantiques et vers l’intérieur de Europe continentale.

Mots clés : Néolithique, Europe occidentale, haches polies, Carnac, jades alpins, jadéitite, sillimanite, ser-pentinite, circulation à longue distance, Cangas, Zug, Glis, Saint-Michel, Tumiac, stèles, gravures

Abstract :Around the middle of the 5th millennium, the elite in the Gulf of Morbihan transformed certain large axeheads made of Alpine rocks, especially those of jadeitite. What they were doing was to create new types of axehead that were original and hard to imitate, which they then deposi-ted in monumental graves or ‘planted’ upright at specific locations in the ritual landscape. These ‘Carnac - type’ axeheads - comprising those of Saint-Michel and Tumiac types (some of the latter having perforations through their butts), with blades that project from the sides to varying degrees - resulted from the re-shaping, through polishing, of larger Alpine axeheads. The latter had been treated as though they were simply roughouts, made from a particularly precious exotic raw material, destined to be re-conceptualised and re-worked.

Several dozen of these Carnac-type axeheads were sub-sequently ‘injected’ into the system of long-distance exchanges during the second half of the 5th millennium. Some of these ancient Alpine axeheads, having already travelled over several hundred kilometres to Brittany, then travelled similar distances again, ending up in north-west Spain, northern Germany and Italy (with examples from Emilia Romagna and Puglia).

In western Europe, the value of these ‘object-signs’, as-sociated with the religious grammar of the Gulf of Morbi-han, was such that the jade Carnac-style axeheads were copied in local rocks, such as flint in the case of the Saint-Michel copies in the Paris Basin and in Denmark, sillima-nite in the case of the Cangas-type axeheads in Spain, and serpentinite in the case of the Zug-type in Switzerland.

The date of these imitations allows us to form an idea of the speed at which the originals travelled from Brittany to the interior of the Continent. The axehead found at Laterza was found in a final Serra d’Alto/Diana context, dating towards the end of the 5th millennium. The earliest Zug-type axehead can be assigned to the 43rd/42nd centuries BC. As for Can-gas-type axeheads, one could plausibly suggest that they also appeared towards the end of the 5th millennium.

In this chronological context, the circulation of Carnac-type axeheads can be seen to have accompanied the expan-sion of the religious symbolism of the Gulf of Morbihan (as shown in the form of stelae and engravings) along the Atlan-tic coast and towards the interior of Continental Europe.(translation : Alison Sheridan)

Key words : Neolithic, western Europe, polished axe-heads, Carnac, Alpine jades, jadeitite, sillimanite, serpen-tinite, long-distance circulation, Cangas, Zug, Glis, Saint-Michel, Tumiac, stelae, engravings

Chapitre 18

La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

The circulation of Carnac-type axeheads in western Europe

Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Lutz Klassen et Ramon Fábregas Valcarce

TROISIÈME PARTIE

1016 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Dans le chapitre 11 (dans cet ouvrage, p. 574), la pré-sentation a été faite de la typologie, de l’évolution

chronologique des grandes haches en jades alpins et de leur répartition en Europe occidentale. On a pu, en par-ticulier, reconnaître un axe majeur de circulation des ha-ches depuis les Alpes italiennes (et plus particulièrement le Mont Viso) en direction de la Bretagne et du golfe du Morbihan dont la mise en place remonte certainement à la première moitié du Ve millénaire.

Le long de cet axe de transfert, deux attitudes ont été adoptées au Néolithique par rapport à ces objets-signes en matières précieuses : a) la transmission de lames sans mo-dification majeure de leur forme ; b) la transformation de la forme de certaines haches avant leur remise en circulation.

a) La première attitude a été de ne pas faire subir de modi-fications majeures aux lames polies lors de leur circulation d’est en ouest.

C’est le plus souvent le cas pour les haches les plus an-ciennes, appartenant à la première moitié du Ve millénaire (type Bégude et certaines Chelles, fusiformes à section ovalaire ou lenticulaire épaisse) ou les plus récentes (type Puy, allongé à section plutôt quadrangulaire), à partir des environs de 4300 av. J.-C. Qu’ils soient trouvées isolément ou en dépôt, ces deux types n’ont pas souvent été repolis pour en modifier radicalement la forme ; seuls quelques exemplaires particulièrement surdimensionnés ont subi un nouveau polissage pour en régulariser la forme ou bien pour en diminuer l’épaisseur. C’est à ce point vrai que certaines des haches non repolies présentent encore des stigmates d’exploitation par le feu, de mise en forme par taille au percuteur dur, de rainurage par sciage ou de bouchardage encore sommaire, même lorsqu’elles arrivent en Breta-gne : à Plouhinec/Le Souch’ (Finistère), dans une sépulture en fosse sous tertre piégé par le cairn plus récent d’une tombe à couloir, une hache en éclogite de type Chelles sommairement polie a été datée de 5300 ± 40 BP, soit 4539-4365 av. J.-C. (Le Goffic 2003, Pailler 2007) ; un autre exemplaire également en éclogite provient du plus ancien des tumulus carnacéens, celui de Locmariaquer/Mané er Hroëck (Morbihan) (dans cet ouvrage, tome 1, p. 615, fig. 41) ; on pourrait citer bien d’autres exemples encore. Ces lames ont donc été considérées comme des outils exoti-ques surdimensionnés, dont la valeur comme signe social n’avait pas à (ou ne pouvait pas) être accentuée davantage. Autrement dit, leur valeur était déjà acquise lors de leur mise en forme dans les exploitations alpines : ce sont donc des objets alpins, très semblables d’ailleurs à ceux que l’on trouve dans les habitats VBQ ou chasséens, mais là-bas de dimensions beaucoup plus modestes, il faut bien le dire. De même certaines haches de type Durrington « en goutte d’eau », datées de la deuxième moitié du Ve millé-naire dans les exploitations alpines, paraissent également avoir été peu modifiées après leur mise en circulation. La valeur sociale de ce premier groupe de lames polies, d’anciens outils d’abattage en forêt qui ont conservé leur forme alpine originelle, ne paraît pas pour autant s’en trou-ver amoindrie ; leur circulation sur plus de 1 500 km en est une bonne preuve. Le fait que les jadéitites fines et claires sont peu représentées dans ce groupe n’est certainement pas neutre en termes de valorisation sociale.

Ces outils-signes alpins non modifiés ont été régulièrement l’objet d’imitations en roches locales. L’hypothèse a été plusieurs fois suggérée qu’ils n’auraient pas été étrangers aux premières productions massives en roches locales,

dans les régions touchées par la circulation des jades alpins.

- ainsi dans le sud des Vosges, des carrières de Plancher-les-Mines sont sorties des centaines de haches en pélite-quartz à section ovalaire, dont la forme n’est pas éloignée du type Bégude (Pétrequin et Jeunesse 1995) ; de même, on peut se poser la question pour les métadolérites du type A exploitées à Plussulien (Côtes-d’Armor), dont certaines lames ou « haches-ciseau » sont également proches du type Bégude (Le Roux 1999, fig. 38 et 51). L’hypothèse ne pose pas de problèmes particuliers dans le cas des carrières vosgiennes, qui fonctionnaient déjà avant le milieu du Ve millénaire ; au contraire, la première mise en exploitation de Plussulien est datée aujourd’hui de 4436-3771 av. J.-C. (Le Roux 1999 : 221-222), mais peut-être pourrait-elle être vieillie.

- dans le cas des haches alpines de type Puy, l’influen-ce sur certaines productions régionales n’est pas dou-teuse, comme dans les carrières du sud des Vosges ou les exploitations de Réquista dans l’Aveyron (dans cet ouvrage, p. 544), dès la fin du Ve millénaire. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si la majorité des plus anciennes minières de silex destinées à la production de haches débute également aux environs de 4300 av. J.-C., en France (dans cet ouvrage, chapitre 22, p. 1136) et en Belgique (Collet 2008), au moment où les haches en roches alpines commencent lentement à se dévaloriser sous l’impact renouvelé des influences d’Europe sud-orientale. La corrélation entre la raréfaction des haches en jades et la première production massive des haches en silex est en fait peu discutable, car les dépôts mixtes (jade + silex) sont excessivement rares et toujours tar-difs comme ceux de Plomeur/Kerdrafic et de Quiberon/Conguel en Bretagne (dans cet ouvrage, p. 614, fig. 40 et de Dave en Belgique (loc. cit., p. 623, fig. 49) ; c’est bien ce qui ressort aussi de l’inventaire général des dé-pôts de haches en France (Cordier et Bocquet 1998).

b) Le long de l’axe Alpes-Morbihan, une deuxième atti-tude a été de sélectionner les lames alpines en roches claires et fines, en particulier les jadéitites, et d’en modi-fier profondément la forme pour les transformer en types nouveaux, dont les ébauches sont rares voire totalement absentes dans les exploitations alpines.

La technique utilisée pour les modifications de forme et l’amincissement de ces types non alpins a été le polis-sage, ce qui suppose un très long investissement sup-plémentaire en temps de travail (polissage de la jadéitite par facettes successives : 1 à 3 g à l’heure) afin de trans-former des haches valorisées pour leur matière première rare et non pas seulement pour leur forme en tant que simples outils particulièrement longs.

Comme nous l’avons souligné dans le chapitre 11 (dans cet ouvrage, p. 698, fig. 135), deux ruptures majeures sont ainsi intervenues le long de l’axe Alpes-Morbihan, mises en place certainement un peu avant le milieu du Ve millénaire : la première doit être située à l’entrée des haches alpines en Bassin parisien, la seconde à l’arrivée dans le golfe du Morbihan. Dans le premier cas, certaines haches alpines plates de type Durrington ou Puymirol ont été transformées en objets-signes de type Altenstadt/Greenlaw, tout à fait typiques de l’aire septentrionale de diffusion ; dans le deuxième cas, des haches probable-ment déjà repolies en Bassin parisien ont subi un deuxiè-me épisode de polissage, ce qui a pu parfois représenter

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plusieurs centaines d’heures de travail supplémentaire, pour transformer certaines haches du Bassin parisien ou de la vallée de la Loire en modèles originaux extrêmement réguliers et minces, dits « carnacéens » (types Saint-Mi-chel et Tumiac en particulier).

Cette adaptation des haches alpines à deux aires géogra-phiques et culturelles (Bassin parisien/Cerny et golfe du Morbihan/Castellic ancien) est tout à fait remarquable, car elle démontre la volonté des élites à repenser les jades alpins en termes d’objets-signes originaux, donnant ainsi un nouveau souffle à ces matières premières rares qui ont parfois été remises en circulation. C’est ainsi qu’on trouve des haches de type Altenstadt/Greenlaw (Bassin parisien) jusqu’en Allemagne et en Grande-Bretagne, ou encore des types carnacéens qui, partis du Morbihan, ont circulé le long de la côte Atlantique ou vers l’intérieur du continent.

Dans ce chapitre, nous chercherons à identifier les ha-ches en jade qui ont fait l’objet d’un repolissage poussé en Bassin parisien ou dans le Morbihan et à reconnaître leurs imitations en roches locales. Le répartition de ces « objets » devrait permettre de circonscrire plus précisé-ment certains effets de « choc en retour », en particulier depuis l’épicentre carnacéen jusqu’au Portugal, au sud de

la Grande-Bretagne, au Danemark, à la Suisse et à l’Italie. L’hypothèse clairement exprimée est que la circulation des haches mises en forme en Morbihan pourrait baliser la circulation d’idées nouvelles, en particulier religieuses qui, depuis l’épicentre carnacéen, aurait touché de larges pans de l’Europe occidentale avec la diffusion de l’archi-tecture de stèles et de signes de la grammaire religieuse de la région de Carnac.

• 1. Haches alpines repolies et haches en silex du type Glis-Weisweil

Parmi les haches en jade de type Durrington ou Puymi-rol, de grands exemplaires en jadéitite ont été modifiés par repolissage à leur arrivée dans le Bassin parisien ; le tranchant fortement convexe (typiquement alpin) a été supprimé pour obtenir le type Altenstadt/Greenlaw, où le raccord entre le tranchant et les côtés présente un angle plus ou moins marqué. Certaines haches de ce type sep-tentrional, dont la répartition couvre le Bassin parisien, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Irlande, présentent un effet de polissage très particulier, avec une arête axiale très visible du côté du talon (fig. 1) ou bien parfois plusieurs arêtes qui se rejoignent pour former un motif en V ou en Y.

FIG. 1Grandes haches de type Greenlaw/Altenstadt à arête axiale, en jadéitite du Mont Viso.

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La présence d’une arête axiale, classique parmi les haches carnacéennes et plus particulièrement dans le cas du type Tumiac (dans cet ouvrage, chapitre 11, p. 649), pourrait faire penser que ces haches de type Altenstadt/Greenlaw sont également des modèles carnacéens, d’autant qu’une grande lame polie de ce type semblait figurer sur la stèle brisée en réemploi à la Table des Marchands à Locmaria-quer (Morbihan). Trois observations permettent de s’ins-crire en faux contre cette interprétation immédiate :- la répartition des haches en jades de type Altenstadt/Greenlaw à arête axiale n’est pas du tout centrée sur le Morbihan (fig. 2), mais sur le Bassin parisien, l’Allemagne et le sud de la Grande-Bretagne ;- deux exemplaires seulement sont connus dans le Morbi-han, l’un d’eux provenant du tumulus du Mané er Hroëck à Locmariaquer (inv. JADE 2008_703 et dans cet ouvrage, chapitre 11, p. 616, fig. 42) ; on peut donc dire que les mo-

dèles carnacéens et le type Altenstadt/Greenlaw à arête axiale sont pour partie contemporains ; il n’est cependant pas possible pour autant d’identifier cette variante d’Al-tenstadt/Greenlaw à une production carnacéenne ;- quant à la grande hache de la Table des Marchands, la forme de la lame polie qui présente apparemment une arête axiale résulte en fait de plusieurs épisodes succes-sifs de gravure (dans cet ouvrage, chapitre 28, p. 1324, fig. 10) ; elle ne peut donc plus être interprétée comme une hache de type Altenstadt à arête axiale.

Nous devons dès lors conclure que certaines gran-des haches de type Altenstadt/Greenlaw à arête sont contemporaines des haches carnacéennes (cf. l’association du Mané er Hroëck) et qu’elles attes-tent une volonté d’imitation des types bretons, mais qu’elles ont été mises en forme dans le Bassin pa-risien et (ou) en Allemagne. D’ailleurs, l’absence de

FIG. 2Répartition des grandes haches à arête axiale. Elles sont concentrées dans le Bassin parisien et en Allemagne -où elles ont probablement été mises en forme- et seulement présentes en Bretagne et dans le sud de la Grande-Bretagne.CAO. E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

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tranchants élargis ou d’ergots de part et d’autre du tranchant permet de plaider aisément en ce sens.

D’un autre côté, dans la Plaine du Rhin supérieur et en Suisse, ont été depuis longtemps reconnues de grandes haches en silex du type Glis-Weisweil (Kimmig 1949-1950, Guyan 1949-1950, Speck 1988, Gallay 1977, Jeunesse 1994), qui n’étaient pas destinées à être polies, à l’ex-ception de l’exemplaire de Guémar (Haut-Rhin, France) partiellement poli sur une face. Ces haches de type Glis, taillées à grands enlèvements au bois de cerf, sont de for-me amygdaloïde allongée, à talon pointu et tranchant for-tement arrondi se raccordant progressivement aux côtés (fig. 3). La section transversale est en général lenticulaire mince. La matière première est souvent un silex légère-ment jaspé blanchâtre à gris clair, dont l’origine principale a été identifiée à Lampenberg (Basel Landschaft, Suisse) (Affolter 2002, Sedlmeier 1993, 2003a et b) ; d’autres origi-nes, plus discrètes, sont également possibles, dans la ré-gion de Sens et de Mont-les-Etrelles à l’ouest de la Trouée de Belfort, ou encore plus à l’est dans la région de Zurich.

Le lecteur trouvera un inventaire et une carte détaillée de répartition des haches de Glis à la fin de ce chapitre (An-nexe 1). La répartition du type s’inscrit dans une aire de 300 km selon l’axe nord-sud et 250 km d’est en ouest (fig. 4, ronds jaunes), l’exemplaire éponyme de Glis (Valais, Suis-se) représentant une extension pour l’instant unique à l’in-térieur des Alpes centrales, en direction des cols italiens.

Le calage chronologique des haches de type Glis-Weisweil a été récemment argumenté en détail (Pétrequin et al. 2010), avec une proposition entre 4250 et 3900 av. J.-C. Quant aux ambiances culturelles touchées par l’utilisation

des haches en silex à talon pointu, il s’agirait du Cortaillod ancien et du groupe de Hornstaadt pour la zone septen-trionale de répartition, du Saint-Uze/Proto-Cortaillod et du Cortaillod pour la zone méridionale.

La hache de type Glis-Weisweil est un objet non fonction-nel, un signe social, dont la surface a été volontairement laissée brute de taille pour bien la différencier des haches polies en silex. La circulation des haches de Glis dépasse largement les limites des groupes culturels concernés. Quant aux contextes de découverte, ils comprennent des tombes où le tranchant des haches a été volontairement brisé ; des villages où les haches ont été intentionnelle-ment cassées avec un percuteur dur ; et enfin des exem-plaires isolés et entiers, déposés hors des ambiances d’ha-bitat ou de nécropoles, souvent dans des milieux humides. Ce dernier point n’est pas sans rappeler certains « dépôts » de haches en jades alpins.

Une première comparaison a été proposée entre les haches de type Glis-Weiweil et certains types de lames en jades alpins : la ressemblance semblait convaincante avec les types Puymirol et Durrington (Pétrequin et al. 1998, 2002 et 2010). Cette relative identité formelle, qui tendrait à faire de ces haches en silex des imitations de modèles en jades directement importés des exploitations alpines, n’est pourtant pas sans poser de problèmes :

- d’une part, la relation avec les tombes de type Chamblan-des (fig. 4, Baudais 2007, Moinat 2007), correspondant aux importateurs les plus tardifs de haches alpines, est loin d’être évidente et les quelques haches en silex y représen-tent plutôt des objets exotiques venus du nord, tandis que ne figurent, dans ces nécropoles, que de petites haches de

FIG. 3Haches de type Glis-Weisweil, en silex taillé.

Photos P. Pétrequin.

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travail en éclogite du Mont Viso ; d’ailleurs la seule longue hache en roche alpine représentée dans les ensembles fu-néraires de Chamblandes est un type Puy en serpentinite valaisanne à Lausanne/Vidy (Suisse), tombe 17 (inv. JADE 2008_1096, Thirault et al. 2007) ;

- d’autre part, le décalage chronologique est indubitable en-tre la fin de l’importation transalpine des haches en jades de type Puymirol et Durrington (bien avant 4300-4200 av. J.-C.) et les plus anciennes haches en silex de type Glis.

Pour tenter de réduire ces contradictions chronologiques, nous proposons une deuxième alternative : comparer les haches de Glis (fig. 3) avec certaines haches en jade de type Altenstadt/Greenlaw à arête axiale du Bassin parisien et

d’Allemagne (fig. 1 et 2). La ressemblance est également frappante, y compris pour les sections lenticulaires aplaties et l’arête axiale du talon qui caractérisent les plus beaux exemplaires du type Glis. Si l’hypothèse est acceptée, elle permettrait de rapporter le type Glis-Weisweil non plus à la seule imitation de haches alpines venues directement des exploitations du Mont Viso, mais plutôt à un retour des haches Altenstadt/Greenlaw à arête axiale, repolies en Bassin parisien et en Allemagne, où elles ont été utili-sées jusqu’à la fin du Ve millénaire ; ainsi dans les dépôts de Gonsenheim et de Krankenhagen, des haches à arête axiale sont associées à des exemplaires de type Puy, ce qui suppose un calage chronologique vers la fin du Ve millénai-re, très proche sinon identique à celui des haches de Glis.

FIG. 4Répartition comparée des tombes de type Chamblandes (en vert) et des haches de type Glis-Weisweil en silex taillé (en jaune).La principale source de matière première utilisée pour les haches de type Glis est figurée par une étoile noire.CAO. E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

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Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

FIG. 5Imitations de haches de type Saint-Michel, en silex taillé.

En haut, photo Moesgård Museum ; en bas, d’après Nougier 1950.

Le groupe des haches de type Glis-Weisweil, dont la répar-tition montre une liaison possible avec l’Allemagne par la vallée du Rhin vers le nord et avec le Bassin parisien par la Trouée de Belfort en direction de l’ouest, représenterait alors une production périphérique par imitation, où l’influen-ce carnacéenne se trouverait indirectement engagée.

• 2. Une relation directe avec les haches carnacéennes : les imitations de type Saint-Michel en silex

D’autres exemples de haches en silex peuvent être pro-posés qui sont des imitations, mais cette fois-ci très di-rectes, de haches carnacéennes en jades alpins repolis en Morbihan. Les deux exemplaires illustrés (fig. 5) sont de véritables copies à l’identique de haches de type Saint-Michel. Le premier, celui de Villejuif (France), est en silex du Bassin parisien ; il a probablement été réalisé avec du silex frais, tiré de minières exploitées dès 4300 av. J.-C. Le second exemplaire, provenant de Varpelev (Da-nemark), est également en silex régional et doit être daté après 3900 av. J.-C., au moment où les exploitations de silex pour la production de haches sont déjà en activité.

De telles copies en silex, que l’on commence seulement à recenser en Europe occidentale (inventaire en Annexe 2, en fin de chapitre), sont peu nombreuses, mais appartiennent toutes au même contexte technique : une production cer-tainement liée à l’exploitation des minières de silex (région parisienne et Sénonais pour la France). Il s’agit d’objets-si-gnes qui ne sont jamais destinés à être polis, comme dans le cas des haches de Glis-Weisweil. Certains exemplaires, comme celui de Venonsault (Vendée, France) ont même pu circuler sur des distances importantes, de plusieurs centaines de kilomètres depuis leur lieu de production.

Ces observations démontrent à la fois l’importance idéelle considérable des haches carnacéennes et leur circulation en Europe occidentale. Pour en rester stricte-ment au type Saint-Michel en jade, sa répartition montre la concentration attendue autour du golfe du Morbihan (fig. 6) et quelques exemplaires qui ont été entraînés jusqu’en Allemagne, celui de Schweicheln étant situé à plus de 1 000 km à vol d’oiseau de l’épicentre carna-céen. La hache en silex de Varpelev démontre de sur-croît qu’au moins une hache de type Saint-Michel a dû atteindre le Danemark, à 1 350 km à vol d’oiseau, même si aucune hache de ce type n’y a encore été identifiée - ce qui se comprend aisément vu la rareté des haches carnacéennes en dehors de l’aire morbihannaise.

• 3. Les exportations de haches de type Saint-Michel et Tumiac depuis le golfe du Morbihan

Les types Saint-Michel et Tumiac en jade, mis en forme dans le golfe du Morbihan, représentent les haches carnacéennes par excellence. On en compte aujourd’hui 85 exemplaires (24 Saint-Michel, 61 Tumiac perforé ou non, soit 6% du total des longues haches en roches alpines recensées) ; ce chif-fre, au moins pour le Morbihan, doit certainement avoir été plus important, car il ne comprend pas certains grands dé-pôts autrefois découverts et aujourd’hui dispersés, connus seulement par une citation bibliographique).

La majorité de ces haches carnacéennes provient de dé-pôts ou de dotations funéraires réparties sur une distance de 25 km à peine le long de la côte sud de la Bretagne (fig. 7). Certaines lames surpolies présentent de tels airs de parenté que l’on peut supposer qu’il s’agit de la pro-duction de véritables artisans, travaillant pour le bénéfice

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1022 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

FIG. 6Répartition des haches de type Saint-Michel en jades alpins (ronds rouges) ou en silex taillé (ronds verts).CAO. E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

d’une élite dans une société très fortement inégalitaire ; leur représentation fréquente sur des stèles démontre également leur importance parmi les signes religieux de la région de Carnac.

Plusieurs haches carnacéennes - au total 24 exemplaires - ont quitté la région du Morbihan. Certaines sont parfaite-ment identifiables au premier coup d’œil, comme celle de Lasson (Calvados) (fig. 8) ou de Vilapedre (Espagne) (fig. 16), car ce sont des Tumiac à talon perforé au sens le plus strict du classement typologique. Celle de Schweicheln (Allemagne) (fig. 16), déjà citée, est également tout à fait caractéristique. Mais d’autres exemplaires sont un peu plus difficiles à reconnaître parce qu’ils ont été modifiés en cours de route ou à leur arrivée dans une autre aire culturelle : on a pu ainsi supprimer les ergots latéraux ou reprendre le polissage de surface (fig. 8) : le cas exemplai-re de la hache de Saarburg (inv. JADE 2008_296) est pré-

senté dans cet ouvrage, chapitre 27, p. 1304, fig. 24, n° 1.

Mais en dépit de ces transformations de détail, la plu-part des haches carnacéennes (ou des anciennes haches carnacéennes) sont parfaitement authentifiables (fig. 8), d’autant qu’elles choquent parmi les séries régionales où elles constituent de très notables exceptions. À l’échelle de l’Europe, leur répartition couvre la Normandie, le Bas-sin parisien et l’Allemagne, avec une présence attestée dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne et une exten-sion remarquable le long de la côte atlantique en direction du golfe de Gascogne et de la Galice (Espagne).

Plusieurs collègues nous ont fait remarquer que ces ha-ches, qui proviennent souvent de séries anciennes, auraient pu tout aussi bien avoir été achetées en Bretagne et disper-sées en Europe au hasard de la dispersion des collections. On ne peut pas nier que ce puisse avoir été le cas de l’une ou l’autre des haches carnacéennes. Mais la cohérence de

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1023Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

la répartition (fig. 9), l’absence totale dans certains pays européens réputés pour leurs collectionneurs au XIXe siè-cle, la découverte de certaines lames polies en contexte décrit - comme celle de Schweicheln (trouvée à 3 m de profondeur près de la rivière Werre, Klassen et al. 2010) à côté d’indiscutables trouvailles lors de fouilles récentes en Picardie - et la présence de caractères secondaires ja-mais observés en Morbihan (abattage des ergots de part et d’autre des tranchants élargis sur deux haches trouvées en Allemagne, à Mettmann et à Saarburg) ne permet pas de généraliser sérieusement les objections.

D’ailleurs, d’autres types de haches en jade, apparentés de près ou de loin aux modèles carnacéens, peuvent éga-lement être mobilisés pour notre argumentation.

• 3. Des types carnacéens secondaires : les haches en jade amincies par repolissage

À la famille des lames polies carnacéennes en jade au sens large appartient également le type Bégude repoli, bien re-présenté dans les dépôts du Morbihan et dans les tumulus géants carnacéens (dans cet ouvrage, chapitre 11, p. 641). Le doute est cependant permis pour certains exemplai-res de forme générale légèrement dissymétrique (fig. 10, Pfalzkyll) qui pourraient avoir été seulement inspirés par le style de repolissage carnacéen.

De même les haches de type Bernon présentent soit des formes très régulières et indiscutablement carnacéennes (fig. 10, Saint-Martin-de-Londres), soit une découpe exté-rieure un peu plus approximative (fig. 10, Jersey) qui seraient peut-être alors des imitations régionales du style carnacéen.

On pourrait encore compter avec le type Glastonbury (dans cet ouvrage, chapitre 14, p. 681, fig. 117, carte), qui

est vraisemblablement un type carnacéen tardif. Nous ne l’avons pas fait, car sa représentation en Morbihan est fai-ble, soit 6 ex. seulement sur un total de 31 exemplaires.

En cumulant les types carnacéens (stricts ou secondaires) (fig. 11) et sans forcer la réalité, la concentration autour du golfe du Morbihan est toujours évidente et la répartition à l’échelle de l’Europe vient bien se superposer à celle des types Tumiac et Saint-Michel en jade. On peut ainsi noter une bonne représentation dans le Bassin parisien et en Al-lemagne et des extensions en direction de la Grande-Bre-tagne au nord, de la Galice au sud-ouest, de la Catalogne au sud et de l’Italie vers le sud-est, en particulier en Emilie Romagne occidentale (dans cet ouvrage, chapitre 14, p. 822). À notre avis, cette répartition offre une image assez fidèle des influences carnacéennes le long du littoral atlan-tique et à l’intérieur du continent.

Il est possible de s’en assurer en étudiant la répartition des imitations régionales de haches carnacéennes en roches locales, comme nous l’avons déjà fait pour les imitations en silex.

• 4. Des imitations de haches carnacéennes : les types Cangas et Zug

Dans toute la zone centrale de diffusion des longues haches en jades alpins dont la forme a été modifiée par repolis-sage (types Altenstadt/Greenlaw, Saint-Michel et Tumiac), les imitations en roches locales sont excessivement rares. Dans la section 2, les imitations de Saint-Michel réalisées en silex ont déjà été signalées, tout en précisant que ces exemplaires sont exceptionnels. On pourrait également y ajouter quelques lames polies qui sont de vraisemblables imitations du type Altenstadt/Greenlaw : un exemplaire

FIG. 7Répartition des haches carnacéennes en Bretagne (types Saint-Michel et Tumiac cumulés).

CAO F. Prodéo.

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1024 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

en silex, provenant d’Aldrobarrow (Yorkshire, Grande-Bretagne) (Barfield 1996, p. 58, fig. 28), un deuxième en grès-quartzite à Clermont (Oise, France) et un troisième en roche non déterminée à Lübbecke (Nordrhein-Westfalen, Allemagne).

Il en ressort l’impression que, dans toute cette aire géo-graphique, les imitations des lames polies en jade, repen-sées et remodelées en Morbihan, en Bassin parisien et en Allemagne, étaient le plus souvent frappées d’interdit à l’imitation. Cette observation, qui touche la représenta-tion idéelle des objets-signes, rejoint d’ailleurs le fait véri-fié que les haches de travail en silex sont exclues des dé-pôts de lames en jade, sauf exceptions tardives, d’ailleurs peu nombreuses (voir introduction, paragraphe a).

Au contraire, les haches en jade dont la forme n’a pas été modifiée - c’est-à-dire les grands outils alpins de type Bégude, Durrington et Puy pour l’essentiel - ont profon-dément influencé les productions régionales de haches en matières premières locales, comme nous l’avons vu pour les cinérites de Réquista, les pélites-quartz de Plan-cher-les-Mines et les schistes noduleux de Saint-Amarin, parmi d’autres exemples probables (grès-quartzite du Bassin parisien et peut-être métadolérite de type A de Plussulien). Le sens social donné aux outils surdimen-sionnés en jade et aux objets-signes remodelés semble donc radicalement différent : dans la zone centrale de cir-

culation des jades alpins, les premiers peuvent faire l’ob-jet d’imitations et même orienter pour partie la mise en forme des premières productions régionales, tandis que les seconds semblent d’une telle importance sociale que d’éventuels substituts n’auraient pas été acceptables.

Deux types d’imitations nombreuses de haches carna-céennes en jade - c’est-à-dire modifiées par polissage en Morbihan - doivent être maintenant pris en compte. Ces imitations ne constituent en aucune manière des excep-tions à la règle précitée, car elles ont été réalisées en périphérie de la diffusion des jades alpins : le type Can-gas est centré sur l’ouest de la péninsule ibérique et le type Zug montre une concentration dans la vallée du Rhin supérieur. L’un et l’autre types sont inspirés de haches carnacéennes de type Tumiac à talon perforé.

Le type Cangas (voir inventaire et carte en Annexe 3, en fin de chapitre) est une hache triangulaire très allongée ou parfois fusiforme (fig. 12). Les roches utilisées sont surtout des sillimanites et des amphibolites. Le talon est systéma-tiquement perforé, sous la forme de perforations cylindri-ques obtenues à la drille, ou biconiques évidées au trépan à main ou bien encore en boutonnière individualisée par une rainure courte et profonde sur chaque face (note 1). Les 18 exemplaires du type Cangas sont presque tous si-tués dans la moitié occidentale de la péninsule ibérique, avec une concentration plus soutenue vers le nord-ouest,

FIG. 8Grandes haches en jades alpins, appartenant à la famille Tumiac. Photo J. Bode, N. Le Maux et P. Pétrequin.

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1025Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

où l’on connaît d’ailleurs un véritable exemplaire de Tumiac perforé en jade à Vilapedre (Galice) qui peut représenter un des prototypes venus par mer depuis le Morbihan. Le seul point intermédiaire entre Morbihan et Galice serait une ha-che de type Tumiac dans la région de Bordeaux, où l’on connaît également une Cangas venue d’Espagne.

La relation Morbihan et nord-ouest de l’Espagne/nord du Por-tugal est ici très claire, de même qu’est évidente la relation formelle entre les types Tumiac perforé et Cangas. Pourtant la datation de Cangas est assez délicate, car la plupart des exemplaires sont des trouvailles isolées (comme c’est le cas, on le sait, pour beaucoup de ces objets-signes, qu’ils soient en jade ou en roches locales). Quelques exemplaires ont été trouvés en sépulture, mais seule celle de Rio For-tes a pu être attribuée au tout début du IVe millénaire, avec une seule date radiocarbone. Pour les autres monuments, l’étude des contextes contenant un type Cangas permet de

supposer une datation moyenne à la fin du Ve millénaire et au début du IVe (dans cet ouvrage, chapitre 21, p. 1108). Cette proposition prudente d’attribution chronologique est tout à fait cohérente par rapport à la séquence d’utilisation des Tumiac perforé en jade dans le Morbihan, qui semblent perdre leur valeur après 4300 av. J.-C.

Au nord-ouest des Alpes, le type Zug est certainement, lui aussi, une imitation du type Tumiac perforé en jade. Mais du point de vue typologique, les modèles sont beau-coup moins stables et montrent une plus grande diversité (fig. 13). Le modèle éponyme de Zug est certainement le plus convaincant pour démontrer des relations avec l’aire carnacéenne. Une distribution en deux sous-types est possible : d’une part le modèle Zug éponyme et d’autre part de longues haches-pendeloques à perforation très proche du talon. Les deux sous-types sont concen-trés en Suisse centrale et en aval du lac de Constance,

FIG. 9Répartition des grandes haches en jades alpins appartenant à la famille Saint-Michel et Tumiac.

CAO E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

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1026 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

trois exemplaires seulement occupant des positions dé-centrées en Haute-Bade, en Haute-Souabe et à l’extrémi-té nord du lac de Bienne en Suisse occidentale (l’inventaire et une carte de détail sont présentés dans l’Annexe 4, en fin de chapitre).

La plupart des haches de type Zug sont en serpentinite al-pine, aux qualités esthétiques parfois remarquables dans le cas de Zug (fig. 13), et plus rarement en schistes méta-morphiques à grain fin. Il faut d’ailleurs remarquer que les anneaux-disque de type irrégulier dits « alsaciens », dont les exemplaires les plus récents sont attestés jusqu’aux environs de 4300 av. J.-C., ont également été façonnés sur des galets de serpentinite, avec un atelier de produc-tion connu à Säckingen, juste en amont de Bâle et en rive droite du Rhin (Pétrequin et Jeunesse 1999).

La datation du type Zug a déjà été discutée (Pétrequin et al. 2006). Deux fragments d’exemplaires proches du type éponyme ont été trouvés en association avec des haches en silex de type Glis-Weisweil, dans l’habitat de Hornstaad/Hörnle I, au bord du lac de Constance ; les datations den-drochronologiques permettent de placer ce village pendant la deuxième moitié du 40e siècle av. J.-C. Le type éponyme appartiendrait donc à la transition des Ve-IVe millénaires, une date cohérente par rapport à la séquence carnacéenne en Morbihan, vu la distance qui sépare ces deux régions.

Tout récemment, une hache de type Zug trouvée dans une tombe (Grube 7) à Oberbergen (Baden Württemberg) (Dick-mann 1978) a été re-évaluée par C. Strahm (2010). Il s’agit d’un exemplaire très allongé à tranchant arrondi et perfo-ration cylindrique au talon, réalisé dans un calcaire oolithi-

que brun probablement du Jura (Rauracien). Cette hache, posée en oblique sur la poitrine du défunt, était associée à un bol à bord ourlé, d’un modèle caractéristique, selon C. Jeunesse (communication orale), de l’horizon « Mittelneoli-thikum », avec de bons parallèles en Alsace. La répartition des haches de type Zug pourrait être alors mise en paral-lèle (selon Strahm 2010) avec celle des « Kugelbechern » du groupe de Bruebach-Oberbergen (répartition dans Jeu-nesse 1990) ; même si cette relation spatiale n’est pas réellement convaincante à notre avis, l’association d’un type Zug avec une céramique inornée contemporaine de Bruebach-Oberbergen permettrait de dater des environs de 4300-4200 av. J.-C. la plus ancienne imitation d’une hache de type Tumiac perforé dans la vallée du Rhin supérieur. La date est, là encore, tout à fait acceptable par rapport à la chronologie régionale du golfe du Morbihan et supposerait une vitesse rapide de transmission entre Bretagne et hau-te vallée du Rhin, probablement en deux à quatre siècles.

Quant aux haches de type Zug en forme de pendeloque (fig. 13), elles semblent plus tardives et se développe-raient avec la culture de Pfyn (Pétrequin et al. 2006), tout en gardant la même répartition que le type éponyme.

Voilà donc deux groupes d’imitations incontestables de haches carnacéennes, situés tous deux en périphérie de la circulation des grandes haches en jades en Europe occidentale (fig. 14) : Cangas à 700 km au sud-ouest du golfe du Morbihan, Zug à 900 km à l’est à vol d’oiseau. Si la relation très directe entre ces imitations en roches régionales et la famille des Tumiac perforé en jade est incontestable et peut être expliquée par l’arrivée d’un petit nombre de haches carnacéennes particulièrement

FIG. 10Haches en jades alpins, amincies par polissage, de type Bégude et Bernon.Photo P. Pétrequin.

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1027Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

rares et prisées dans ces deux régions d’Europe, on doit cependant se demander pourquoi deux aires géographi-ques périphériques seulement sont concernées et pas toutes les zones périphériques.

Nous ferons observer que les deux concentrations d’imitations (types Cangas et Zug) possèdent au moins un point commun, qui pourrait avoir été essentiel : elles sont toutes deux peu éloignées de sources de matières premières qui ont alimenté le golfe du Morbihan (fig. 14). Ainsi Zug s’est développé juste au nord des cols alpins qui pourvoyaient l’Europe occidentale et la Breta-gne en jades inaltérables. Les communications entre les Alpes du Nord et le Morbihan ont d’ailleurs débuté très tôt, dès la première moitié du Ve, avec un plein essor vers le milieu de ce millénaire. Il en va de même pour Cangas, dont l’épicentre est voisin des principaux gîtes de variscite dont les productions ont également circulé

jusqu’en Morbihan (Errera 2000, Herbaut et Querré 2004, Querré et al. 2008) ; la proximité relative avec les sources de sillimanite espagnole, qui ont très vraisemblablement alimenté le Morbihan (dans cet ouvrage, chapitre 16, p. 970, fig. 34), peut de même être suggérée.

Dans ce cadre de relations privilégiées à longue dis-tance entre sources lointaines de matières premières précieuses et golfe du Morbihan, certaines haches car-nacéennes de type Tumiac auraient remonté les filières d’approvisionnement à contre-courant. Il s’agirait alors d’un véritable phénomène de « choc en retour », par voie terrestre en direction des Alpes du Nord et par voie mari-time vers le nord-ouest de l’Espagne et le nord du Portu-gal. Quant aux autres régions d’Europe, elles auraient été peu concernées par les conséquences de ces chocs en retour, faute de relations « directes », longues et suivies, avec l’épicentre des haches carnacéennes.

FIG. 11Répartition des haches en jades alpins : famille Saint-Michel et Tumiac (ronds rouges) et famille Bernon et Bégude repoli (ronds roses).

CAO E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

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1028 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

• 5. Les grands voyages des haches en jade

Lorsque nous cumulons toutes les données précéden-tes sur un même fond de carte (fig. 15), l’extension des influences carnacéennes directes (transfert d’ob-jets-signes en jade, modifiés en Morbihan) ou indirec-tes (imitations de Saint-Michel en silex, types Cangas et Zug) apparaît clairement. On pourrait peut-être y ajouter le type Bridlington, une production insulaire qui couvre à peu près toute la Grande-Bretagne jusqu’aux îles Orkney, et dont le tranchant élargi n’est pas sans rap-peler, lui aussi, certains modèles alpins ou carnacéens ; mais le risque aurait été de rendre la carte illisible, à trop vouloir accumuler les informations.

On prend alors mieux conscience du rôle central qu’ont joué les sociétés du golfe du Morbihan entre 4600 et 4300 av. J.-C. dans la dispersion de signes carnacéens sur toute la façade atlantique de l’Europe entre Portugal et Danemark, avec de plus rares, mais incontestables intrusions jusqu’en Italie. La force de pénétration des grandes haches alpines ou des carna-céennes remodelées sur la côte sud de Bretagne peut être soulignée de manière plus spectaculaire encore, en suivant les parcours individuels de trois lames po-lies en jade, que nous proposons comme exemples significatifs, sans vouloir être exhaustifs.

FIG. 12Haches de type Cangas.Photo R. Fábregas Valcarce, A. de Lombera Hermida et C. Rodríguez Rellán.

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1029Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

La grande hache de Schweicheln (Allemagne) (fig. 16) est un type Saint-Michel, dont la matière première est une jadéitite verdâtre saccharoïde, avec quelques vei-nes vert foncé et de grands atolls vert moyen, très ca-ractéristiques des gîtes du Mont Viso, dans le vallon de Porco. Cette hache a circulé jusqu’en Morbihan où elle a été définitvement mise en forme pour répondre aux critères carnacéens de forme et de polissage (fig. 17). Puis elle a continué sa route en direction de l’Allemagne du Nord, profitant des liens établis depuis le Bassin pa-risien lors de l’expansion du Michelsberg (Jeunesse et al. 2003). Finalement, la hache d’abord « alpine » puis « bretonne » de Schweicheln a été déposée dans la val-lée de la Werre, après un parcours de 2 000 km entre 4500 av. J.-C. au plus tôt et probablement le début du IVe millénaire au plus tard.

Avec un autre point d’aboutissement, au nord-ouest de la péninsule ibérique, la hache de Vilapedre (fig. 16) est un autre exemple spectaculaire de transfert pas-

sant par la côte méridionale de la Bretagne. Il s’agit d’un type Tumiac perforé, en jadéitite alpine dont la provenance exacte n’a pas été déterminée. Sous la forme d’un outil poli de forme alpine, cette hache a atteint le Morbihan où elle a acquis sa forme spécifi-que et sa perforation au talon entre 4600 et 4300 av. J.-C. Elle a été à nouveau injectée dans la circulation en remontant la voie d’approvisionnement en varis-cites espagnoles, jusqu’à atteindre la Galice où elle a été déposée isolément. Le parcours total est ici de 1 900 km (fig. 17), avec un transfert probable par ba-teau entre le Morbihan et l’Espagne.

Le troisième exemple proposé est celui de la hache de Laterza (Pétrequin et al. 2007). C’est un type Dur-rington en « goutte d’eau » réalisé dans les exploita-tions du Mont Viso, vallon Bulè, avec une magnifique jadéitite fine, vert moyen bleuté. Cette lame de qualité exceptionnelle a traversé les Alpes une première fois jusqu’au Morbihan, où elle a été repolie et perforée.

FIG. 13Haches de type Zug.

Photo P. Pétrequin et Museum in Unteruhldingen.

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1030 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Puis elle a remonté la piste d’alimentation en jades al-pins, traversé les Alpes en sens inverse jusqu’à arriver dans les Pouilles, à l’extrémité de la péninsule italien-ne, où elle a été déposée dans une tombe riche, datée de la transition Serra d’Alto non décoré/Diana, vers la fin du Ve millénaire (fig. 17). Au total, le voyage de cette hache peu commune a atteint 2 800 km.

On pourrait proposer quelques autres cas de ces voya-ges étonnants : les cartes de répartition du chapitre 11 (dans cet ouvrage, p. 574 et sq) permettent de repé-rer assez facilement les exemplaires situés loin de la concentration spatiale de leur groupe typologique.

D’autres parcours sont également intéressants parce qu’ils concernent des lames polies de type septentrio-nal qui, partis des exploitations du Mont Viso, ont tra-versé les Alpes, gagné le Bassin parisien, puis rebrous-

sé chemin pour atteindre le nord-est de l’Italie, comme la hache de Cormons (inv. JADE 2008_1220, Pessina et al. 2006) ; ou bien l’ouest de la Bulgarie dans le cas de la hache de Nevestino (inv. JADE 2010, Tsonev 2008), soit des distances respectives de 1 300 et 2 000 km.

Mais, dans tous les cas, ces transferts remarquables à longue distance, pour étonnants qu’ils soient, sont restés de véritables raretés, qui ne remettent en cau-se ni la chronologie générale des haches alpines, ni la validité des cartes de répartition. De tels comporte-ments, bien que non aléatoires, n’ont jamais consti-tué la règle.

• 6. Choc en retour et diffusion des signes carnacéens

En parvenant au terme d’un travail fondé essentiellement sur les haches en jades alpins, l’occasion est tentante

FIG. 14Répartition des haches de la famille Tumiac perforé en jades alpins, comparée à celle du type Zug et du type Cangas.CAO. E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

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1031Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

FIG. 15Répartitions de tous les types assimilés aux haches carnacéennes en jades alpins ou en roches régionales.

CAO E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

d’essayer de vérifier le panorama proposé et de pousser un peu plus loin les hypothèses. La question fondamen-tale que l’on se pose est celle de la vraisemblance de notre reconstitution de la circulation des jades en Europe occidentale selon deux mouvements :

- un transfert primaire de grandes haches depuis les exploitations alpines en direction des marges occiden-tales de l’Europe, avec au moins deux modifications majeures de la forme des objets-signes, en Bassin pa-risien et peut-être en Allemagne d’abord, puis à leur arrivée en Morbihan. Cette interprétation est fondée sur un très grand nombre de haches et ne doit certai-nement pas être une simple vue de l’esprit, bien que des aménagements soient nécessaires à l’avenir pour détailler les phénomènes à l’œuvre et leur datation plus précise.

- un transfert secondaire (« choc en retour ») depuis le Bassin parisien, mais surtout depuis le Morbihan, où les nouveaux objets-signes élaborés dans ces deux régions se trouvent réinjectés dans les circulations et gagnent le sud de la Grande-Bretagne, les côtes atlantiques de la France, le nord-ouest de l’Espagne, le nord du Portugal, le Bassin parisien, l’Allemagne, le Danemark, la Suisse et l’Italie du Nord (fig. 17). Le nombre des haches « carnacéennes » qui fondent l’hypothèse est là beaucoup plus faible et le raisonnement pourrait prêter le flanc à la critique.

C’est donc bien la notion de « choc en retour » depuis le golfe du Morbihan qu’il s’agit de confirmer. Les ar-guments chronologiques sont maintenant forts pour situer dans l’épicentre carnacéen l’aire principale d’ori-gine de réalisations monumentales (les architectures de stèles) et de figurations liées au pouvoir et à la religion

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1032 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

(Cassen et Vaquero Lastres 2003). Le phénomène commence à être bien daté avec un début au moins à la fin de la première moitié du Ve millénaire.

Parmi les représentations gravées du golfe du Morbi-han, les haches figurent en bonne place, avec, entre autres, des représentations particulièrement réalistes de haches carnacéennes à tranchant élargi ; la perfo-ration au talon serait indiquée sur une stèle réutilisée (L6) pour la construction du monument de Gavrinis (Le Roux 1985, Bailloud et al. 1995), mais les relevés précis établis en 2009 n’ont pas pu confirmer ce détail spécifique (dans cet ouvrage, chapitre 28, p. 1310). D’autres signes ont été associés aux représentations de haches : des cétacés (cachalot) et des crosses,

comme sur la stèle de la Table des Marchands/Gavri-nis telle que l’on peut la reconstituer à partir de deux fragments gigantesques (fig. 18, en haut à gauche ; Le Roux 1984, Cassen et Robin 2009). Sans chercher l’exhaustivité, la répartition de ces signes à l’échelle de l’Europe (carte, fig. 18) permet de souligner, bien sûr, l’épicentre carnacéen, mais aussi deux exten-sions remarquables :

- l’une vers l’intérieur du continent, jusqu’en Bourgogne (Lagrost et Buvot 1998) en passant par le Bassin pari-sien (Bailloud et al. 1995 et dans cet ouvrage, chapitre 28, p. 1310) ;- l’autre jusqu’à la façade occidentale de la péninsule ibé-rique (Cassen et Vaquero Lastres 2000).

FIG. 16Trois exemples d’exportations depuis le golfe du Morbihan.Photo S. Henriksen, Haderslev Museum, P. Pétrequin et R. Fábregas Valcarce.

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1033Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

FIG. 17Trois exemples de haches en jades du Mont Viso, repolies en Morbihan, puis réexportées en direction de l’Allemagne, de l’Italie ou de l’Espagne.

CAO E. Gauthier, J. Desmeulles et P. Pétrequin.

Le lecteur identifiera sans peine la similitude avec la répartition de la famille Tumiac perforé (golfe du Mor-bihan) et des types Cangas (moitié occidentale de la péninsule ibérique) et Zug (à l’ouest de la Bourgogne orientale). Cette similitude des répartitions est donc une bonne confirmation du panorama présenté avec les haches carnacéennes en jade et leurs imitations : deux « ondes de choc » parties du Morbihan en direc-tion des sources de matières premières les plus rares et les plus précieuses.

La même démonstration doit certainement pouvoir être faite en étudiant la répartition des architectures de stèles en Europe occidentale ; l’idée a déjà été testée en direction du nord de l’Allemagne et du Danemark (Klassen et al. à paraître b). Mais le travail est colos-sal pour fonder cette hypothèse : il faudrait d’abord disposer d'un véritable inventaire raisonné des grands menhirs et des stèles datées du Ve et du début du IVe

millénaires av. J.-C., dans toute l’Europe occidentale ; ce travail, qui représente un véritable programme de recherche, dépasse largement les limites de notre étu-de sur les haches alpines. Mais on peut au moins faire un test dans une région à peu près bien documentée, entre la Bourgogne et le nord-ouest des Alpes.

Si l’hypothèse fondée sur la typologie et la répartition des haches carnacéennes en jades alpins - c’est-à-dire un choc en retour depuis le golfe du Morbihan en direc-tion des exploitations alpines - est juste, ce ne sont pas seulement les signes de la grammaire religieuse que l’on devrait pouvoir identifier jusqu’en Suisse et dans les Alpes du Nord, mais aussi les architectures de stèles elles-mêmes, sous la forme de blocs alignés, jointifs ou espacés. Les découvertes de ces trente dernières an-nées se sont multipliées en Suisse occidentale et dans la haute vallée du Rhône, jusqu’en Valais (fig. 19) (Pé-trequin et al. 2009). Parmi les principaux sites fouillés,

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1034 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

on compte Yverdon, au sud du lac de Neuchâtel (Voruz 1992), Saint-Aubin sur la rive occidentale du même lac (Grau Bitterli et al. 2002, Wüthrich 2003) où les data-tions radiocarbone répétées se situent principalement à la transition Ve-IVe millénaire, Lutry en rive nord du Lé-man (Masseret 1985, Gallay 2006), avec une probable figuration de crosse récemment identifiée et Sion/Che-min des Collines en Valais (Bocksberger et Weidmann 1964), avec une représentation de hache emmanchée.

Depuis la Bourgogne orientale, les alignements de gran-des stèles gagnent du terrain en direction des cols des Alpes du Nord. L’ensemble de blocs dressés à Cavaglià (Biella) en Piémont, de l’autre côté des Alpes, montre aujourd’hui que ce type d’architecture pourrait ne pas être limité au versant français des Alpes (Rubat Borel 2010). Lorsqu’elles ont pu être observées en place, toutes ces architectures de stèles se présentent sous la forme d’alignements plus ou moins longs, suivant la

FIG. 18Une distribution européenne des principaux signes associés sur la stèle de la Table des Marchands/Gavrinis (Locmariaquer, France) : cétacé, hache, crosse (d’après Cassen 2009). Représentations à travers la gravure sur pierre dressée (Alentejo, Galice, Bretagne, Poitou-Charentes, Bassin parisien, Bourgogne), la production d’objets en métal (or, cuivre ; Bulgarie, Hongrie) et en terre cuite (Bulgarie, Hongrie). Pour la France, voir l’inventaire dans Cassen, ce volume ; sud-Portugal, d’après Gomes 1994 et 2007 pour Evora et Reguengos de Monsaraz ; nord-Portugal et Galice en Espagne d’après Cassen, Vaquero Lastres 2000 ; Bulgarie, voir Cassen, ce volume ; Hongrie, la crosse en cuivre de Zalaszentmihaly (ou encore Zaerzentmihály) d’après Csálog 1960, et les personnages modelés de Szegvár-Tüzköves d’après le musée Koszta Josef à Szentes (Hongrie).

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1035Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

même courbe de niveau pour barrer un thalweg alimen-tant directement un grand lac ou une rivière impétueuse à la fonte des neiges. Le modèle carnacéen, tel qu’il a pu être proposé (Cassen 2009), se retrouve donc bien ici encore, juste au pied des Alpes internes et en direction de l’Emilie Romagne, où a été identifié un petit groupe de haches proche des modèles carnacéens.

C’est dire l’importance des idées et des signes qui ont accompagné le choc en retour des haches en jades al-pins depuis le golfe du Morbihan. C’est dire également l’importance fondamentale du phénomène carnacéen - un des épicentres de l’intensification sociale - pour com-prendre l’évolution du Néolithique d’Europe occidentale pendant le Ve et le début du IVe millénaire.

Note 1 : Pour l’un d’entre nous (L.K.), les rainures cour-tes en boutonnière de certaines Cangas n’auraient rien à voir avec un acte technique pour réaliser la perforation ; elles pourraient au contraire avoir été réalisées sous cette forme pour exprimer une fonction idéelle ou rituelle (voir aussi dans cet ouvrage, chapitre 21, p. 1128, fig. 23).

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TROISIÈME PARTIE

1039Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

STRAHM C., 2010.- Eine Insignie der Macht am Kaisers-tuhl –das neolithische Prunkbeil von Oberbergen, Archäo-logischen Nachricten aus Baden, 80/81 : 5-13.

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TROISIÈME PARTIE

1040 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Annexe 1 Inventaire des haches de type Glis (Pierre Pétrequin)

TROISIÈME PARTIE

1041Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

TROISIÈME PARTIE

Carte de répartition du type Glis

1042 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Annexe 2 Inventaire des haches en silex (Lutz Klassen, Nicolas Le Maux et Pierre Pétrequin)

TROISIÈME PARTIE

1043Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

Annexe 3 Inventaire des haches de type Cangas (Ramon Fábregas Valcarce et Pierre Pétrequin)

TROISIÈME PARTIE

1044 Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Annexe 4 Inventaire des haches de type Zug (Pierre Pétrequin)

TROISIÈME PARTIE

Carte de répartition du type Cangas

1045Les signes en jades alpins et leurs imitations - Chapitre 18 - La circulation des haches carnacéennes en Europe occidentale

Jade Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J.-C.

TROISIÈME PARTIE

Carte de répartition du type Zug

JADEGrandes haches alpinesdu Néolithique européen. Ve et IVe millénaires av. J.-C.

© Presses Universitaires de Franche-Comté n°1224Collection Les cahiers de la MSHE Ledoux n°17Série Dynamiques territoriales n°6

UFR des Sciences du Langage, de l'Homme et de la Société47, rue Mégevand - 25030 Besançon cedex

© Centre de Recherche Archéologique de la Vallée de l'Ain - 201269, Grande Rue - 70100 Gray

DiffusionCID : 18-20, rue Robert Schuman - 94220 Charenton-le-Pont

ISBN : 978-2-84867-412-4ISSN : 1772-6220

2012

sous la direction de Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen, Alison Sheridan et Anne-Marie Pétrequin

Tome 2

PAO, conception et réalisation : Claude Schmitt - Arcom

748 Sommaire tome 1 et 2

Sommaire

tome 18

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26

27

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184

214

258

292

420

440

Remerciements

ProblématiquePierre PétrequinJADE : Inégalités sociales et espace européen au Néolithique : la circulation des grandes haches en jades alpins

A propos des archives et des bases de données

PREMIERE PARTIE : Sources de matières premières

Chapitre 1Anne-Marie Pétrequin et Pierre PétrequinLes modèles ethnoarchéologiques de Nouvelle-Guinée

Chapitre 2Pierre Pétrequin, Anne-Marie Pétrequin, Michel Errera et Frédéric ProdéoProspections alpines et sources de matières premières. Historique et résultats

Chapitre 3Pierre Pétrequin, Christophe Croutsch, Michel Errera, Matthieu Honegger, Luc Jaccottey, François Mariétoz et Pierre-Jérôme ReyApproche des productions valaisannes en amphibolite calcique (néphrite)

Chapitre 4Pierre Pétrequin et Anne-Marie PétrequinChronologie et organisation de la production dans le massif du Mont Viso

Chapitre 5Pierre Pétrequin, Christophe Bontemps, Daniel Buthod-Ruffier et Nicolas Le MauxApproche expérimentale de la production des haches alpines

Chapitre 6 Pierre Pétrequin, Michel Errera et Michel Rossy avec la collaboration de Claudio D'Amico et Massimo GhediniViso ou Beigua : approche pétrographique du référentiel des "jades alpins"

Chapitre 7Claudio D'AmicoJades and other greenstones from the Western Alps. A petrographic study of the geological sampling Jade

Chapitre 8Michel Errera, Pierre Pétrequin et Anne-Marie PétrequinSpectroradiométrie, référentiel naturel et étude de la diffusion des haches alpines

534

535

544

574

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822

872

918

996

DEUXIEME PARTIE : Les haches en jades, de l'Italie à l'Atlantique

Chapitre 9Pierre PétrequinUne source de confusion : les haches ethnographiques et les réutilisations tardives dans les séries néolithiques européennes

Chapitre 10Pierre Pétrequin, Estelle Gauthier, Luc Jaccottey,Françoise Jeudy, Alain Maitre et Jean VaquerLes exploitations de Réquista (Aveyron) et de Plancher-les-Mines (Haute-Saône, France).Exemples de diffusion de haches à moyenne distance

Chapitre 11Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Estelle Gauthier, Lutz Klassen, Yvan Pailler et Alison Sheridan avec la collaboration de Jonathan Desmeulles, Pierre-Alain Gillioz, Nicolas Le Maux, Annabelle Milleville, Anne-Marie Pétrequin, Frédéric Prodéo, Anaïck Samzun et Ramon Fabregas ValcarceTypologie, chronologie et répartition des grandes haches alpines en Europe occidentale

Chapitre 12Claudio D'Amico and Elisabetta StarniniCirculation and provenance of the Neolithic "greenstone" in Italy

tome 2Chapitre 13Michel Errera, Pierre Pétrequin et Anne-Marie PétrequinOrigine des jades alpins entre Provence et Adriatique

Chapitre 14Maria Bernabò Brea, Michel Errera, Paola Mazzieri, Simone Occhi et Pierre PétrequinLes haches alpines dans la culture des VBQ en Emilie occidentale : contexte, typologie, chronologie et origine des matières premières

Chapitre 15Jean Vaquer, Araceli Martín, Pierre Pétrequin, Anne-Marie Pétrequin et Michel ErreraLes haches alpines dans les sépultures du Néolithique moyen pyrénéen : importations et influences

Chapitre 16Serge Cassen, Christine Boujot, Salvador Dominguez Bella, Mikaël Guiavarc'h, Christophe Le Pennec, Maria Pilar Prieto Martinez, Guirec Querré, Marie-Hélène Santrot et Emmanuelle VigierDépôts bretons, tumulus carnacéens et circulations à longue distance

Chapitre 17Peter A.C. Schut and Henk KarsJade axes in the Netherlands : some observations concerning distribution, date and typology

749Sommaire tome 1 et 2

1014

1015

1046

1088

1108

1136

1168

1194

1208

TROISIEME PARTIE : Les signes en jades alpins et leurs imitations

Chapitre 18Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Lutz Klassenet Ramon Fábregas ValcarceLa circulation des haches carnacéennes en Europe

Chapitre 19Alison Sheridan et Yvan PaillerLes haches alpines et leurs imitations en Grande-Bretagne, dans l'île de Man, en Irlande et dans les îles Anglo-Normandes

Chapitre 20Christian Servelle et Jean VaquerImitations et contrefaçons de longues haches polies d’origine alpine dans le Néolithique du sud-ouest de la France et de l’Andorre

Chapitre 21Ramón Fábregas Valcarce, Arturo de Lombera Hermida and Carlos Rodríguez RellánSpain and Portugal : long chisels and perforated axes. Their context and distribution

Chapitre 22François Giligny, Françoise Bostyn et Nicolas Le MauxProduction et importation de haches polies dans le Bassin parisien : typologie, chronologie et influences

Chapitre 23Yvan PaillerL’exploitation des fibrolites en Bretagne et ses liens avec les productions alpines

Chapitre 24Mark EdmondsAxes and Mountains : a view from the West

Chapitre 25Florian Klimscha« Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ». Datation, répartition et valeur sociale des haches en silex de la culture Gumelniţ a

1230

1231

1280

1310

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1504

QUATRIÈME PARTIE : Valorisation sociale des haches alpines

Chapitre 26Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Tsoni Tsonev, Kalin Dimitrov, Lutz Klassen et Rositsa MitkovaLes haches en « jades alpins » en Bulgarie

Chapitre 27Lutz Klassen, Serge Cassen and Pierre PétrequinAlpine axes and early metallurgy

Chapitre 28Serge CassenL’objet possédé, sa représentation : mise en contexte général avec stèles et gravures.

Chapitre 29Pierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen et Alison SheridanDes choses sacrées… fonctions idéelles des jades alpins en Europe occidentale

CINQUIÈME PARTIE : Résumé général et bases de données

Résumé / AbstractPierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen, Anne-Marie Pétrequin et Alison Sheridan

Inventaire 2008 des associations de grandes haches en jades en Europe occidentalePierre Pétrequin, Serge Cassen, Michel Errera, Lutz Klassen, Yvan Pailler, Anne-Marie Pétrequin et Alison Sheridan

Planches dessin des grandes haches trouvéesen dépôtPierre Pétrequin, Annabelle Milleville et Anne-Marie Pétrequin

A propos des auteurs et des collaborateurs

tome 2