Un tailleur et ses traces. Traces microscopiques de production: programme expérimental et potentiel...

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Bulletin des Chercheurs de la Wallonie, hors-série n°2, 2010 1. Introduction La tracéologie a été introduite, en Russie, dans les années 1950, par Sergei Semenov, mais c’est seulement dans les années 1960, grâce à la traduction des travaux de Seme- nov (Semenov, 1964), qu’elle a aussi été introduite en Europe de l’Ouest. C’est pen- dant les années 80 que cette méthode s’est développée, avec un énorme progrès métho- dologique, mais aussi avec plusieurs désil- lusions. Dès le début, elle a eu des liens es- sentiels avec l’expérimentation. Après tout, la tracéologie dépend de l’expérimentation pour son développement méthodologique et, en plus, l’expérimentation permet de tes- ter plusieurs alternatives lors d’une analyse de matériel archéologique. Les deux fonc- tionnent alors en tandem. La recherche pré- sentée ici concerne les traces qui sont pro- duites pendant la taille de silex, et qui sont dues à la friction avec le percuteur employé. Ce sont des traces spécifiques et interpré- tables. Grâce à cette spécificité, ces traces de production permettent d’interpréter la ma- tière du percuteur et la méthode de débitage (c.-à-d. percussion directe versus indirecte). L’abondance des traces varie un peu selon le tailleur, ce qui ouvre un potentiel inter- prétatif important au niveau de l’apprentis- sage et de la reconnaissance des individus- tailleurs en Préhistoire. Un tailleur et ses traces. Traces microscopiques de production : programme expérimental et potentiel interprétatif Veerle Rots « Dédié à Louis Pirnay : tailleur talentueux, expérimentateur enthousiaste, esprit chaleureux,… ami formidable » Résumé Des traces microscopiques peuvent se produire pendant le débitage. Leurs caractéristiques sont déterminées par la méthode de débitage et le type de percuteur employé. Il est démontré que ces traces microscopiques de production permettent la distinction entre la percussion directe et indirecte, et entre les différents types de percuteurs employés (pierre dure et tendre, os, bois de cerf, ivoire, et bois). Des traces comparables se forment pendant la retouche. En plus, certaines différences entre les traces de production sont distinguables chez les tailleurs mais ceci n’empêche pas l’interprétation des traces. Il est suggéré qu’une étude plus élaborée et plus systématique puisse augmenter notre compréhension des tailleurs-individus et de l’apprentissage au niveau archéologique. Mots-clés : recherche expérimentale, traces microscopiques, traces de production, type de percuteur, méthode de débitage. Abstract During knapping, microscopic traces form depending on the knapping method and hammer used. It is demonstrated that these microscopic production traces are sufficiently characteristic to distinguish between direct and indirect percus- sion, and between different types of hammers (hard and soſt stone, bone, antler, ivory, and wood). Similar traces form during retouch. In addition, some variation between knappers occurs, but it does not hamper in any significant way the interpretation of production wear. It is suggested that a more elaborate and systematic study would potentially allow for more insight into the individual knapper and learning processes, on an archaeological level. Keywords: experiments, microscopic traces, production wear, hammer type, knapping mode. , 51–67

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Bulletin des Chercheurs de la Wallonie, hors-série n°2, 2010

1. IntroductionLa tracéologie a été introduite, en Russie,

dans les années 1950, par Sergei Semenov, mais c’est seulement dans les années 1960, grâce à la traduction des travaux de Seme-nov (Semenov, 1964), qu’elle a aussi été introduite en Europe de l’Ouest. C’est pen-dant les années 80 que cette méthode s’est développée, avec un énorme progrès métho-dologique, mais aussi avec plusieurs désil-lusions. Dès le début, elle a eu des liens es-sentiels avec l’expérimentation. Après tout, la tracéologie dépend de l’expérimentation pour son développement méthodologique et, en plus, l’expérimentation permet de tes-ter plusieurs alternatives lors d’une analyse

de matériel archéologique. Les deux fonc-tionnent alors en tandem. La recherche pré-sentée ici concerne les traces qui sont pro-duites pendant la taille de silex, et qui sont dues à la friction avec le percuteur employé. Ce sont des traces spécifiques et interpré-tables. Grâce à cette spécificité, ces traces de production permettent d’interpréter la ma-tière du percuteur et la méthode de débitage (c.-à-d. percussion directe versus indirecte). L’abondance des traces varie un peu selon le tailleur, ce qui ouvre un potentiel inter-prétatif important au niveau de l’apprentis-sage et de la reconnaissance des individus-tailleurs en Préhistoire.

Un tailleur et ses traces.Traces microscopiques de production : programme expérimental et potentiel interprétatif

Veerle Rots

«  Dédié à Louis Pirnay  : tailleur talentueux, expérimentateur enthousiaste,esprit chaleureux,… ami formidable »

RésuméDes traces microscopiques peuvent se produire pendant le débitage. Leurs caractéristiques sont déterminées par

la méthode de débitage et le type de percuteur employé. Il est démontré que ces traces microscopiques de production permettent la distinction entre la percussion directe et indirecte, et entre les diff érents types de percuteurs employés (pierre dure et tendre, os, bois de cerf, ivoire, et bois). Des traces comparables se forment pendant la retouche. En plus, certaines diff érences entre les traces de production sont distinguables chez les tailleurs mais ceci n’empêche pas l’interprétation des traces. Il est suggéré qu’une étude plus élaborée et plus systématique puisse augmenter notre compréhension des tailleurs-individus et de l’apprentissage au niveau archéologique.Mots-clés : recherche expérimentale, traces microscopiques, traces de production, type de percuteur, méthode de débitage.

AbstractDuring knapping, microscopic traces form depending on the knapping method and hammer used. It is demonstrated

that these microscopic production traces are suffi ciently characteristic to distinguish between direct and indirect percus-sion, and between diff erent types of hammers (hard and soft stone, bone, antler, ivory, and wood). Similar traces form during retouch. In addition, some variation between knappers occurs, but it does not hamper in any signifi cant way the interpretation of production wear. It is suggested that a more elaborate and systematic study would potentially allow for more insight into the individual knapper and learning processes, on an archaeological level.Keywords: experiments, microscopic traces, production wear, hammer type, knapping mode.

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2. La tracéologieLa tracéologie est surtout connue comme

une méthode microscopique qui permet d’identifi er la matière sur laquelle un outil a été employé et son action. Chaque utilisa-tion, par exemple le grattage des peaux, le travail du bois, provoquent des traces macro et microscopiques qui sont spécifi ques d’une certaine matière travaillée et d’une certaine action. L’interprétation se base sur une col-lection expérimentale de référence consistant en des outils en pierre, qui sont produits, emmanchés ou non et utilisés. Depuis son introduction, la tracéologie a connu un dé-veloppement assez important, au niveau des méthodes et techniques, et au niveau des thèmes de recherche. À part la recherche microscopique avec des binoculaires (stéréo microscopes) et des microscopes optiques en réfl exion, il y a l’introduction de l’emploi du microscope électronique à balayage (pour des analyses de pointes, surtout concernant le travail des végétaux), l’addition des fi ltres polarisés et DIC (diff erential interference contrast) aux microscopes optiques pour l’analyse des résidus (résine, grain d’amidon, etc.) (Fullagar et al., 1992 et 1996 ; Fullagar, 1998), et l’introduction de la physico-chimie (Christensen, 1998). L’analyse des résidus nécessite évidemment des collections bien préservées et récemment fouillées pour éviter des contaminations. Des essais de quantifi -cations ont été faits mais généralement sans trop de succès (Dumont, 1982 ; Grace, 1989).

Actuellement, il n’est pas seulement pos-sible d’interpréter des traces d’utilisation, la méthode permet aussi d’interpréter les traces de préhension et d’emmanchement (Rots, 2002, 2003 et 2004) et les traces tech-nologiques (cf. infra). De plus, la méthode a été appliquée à diff érents matériaux comme les pierres dures autres que le silex (quartz, quartzite, etc.), l’os (Procopiou & Treuil, 2002  ; Hamon, 2003  ; Sidéra & Legrand, 2006  ; Van Gijn, 2008), et il y a même des essais sur le métal. Au niveau chronologique, la méthode fut tout d’abord appliquée au Pa-léolithique moyen (Semenov, 1970  ; Keeley & Toth, 1981 ; Anderson-Gerfaud & Helmer, 1987 ; Beyries, 1987 et 1988 ; Shea, 1988 ; An-derson-Gerfaud, 1990) mais, à cause du pro-blème des altérations, cette période est passée

un peu à l’arrière-plan, à l’avantage des pé-riodes plus récentes  : le Paléolithique supé-rieur (le Magdalénien en particulier) (Moss, 1983 ; Plisson, 1985 ; Symens, 1986 ; Keeley, 1987) et surtout le Néolithique (Vaughan & Bocquet, 1987  ; Caspar, 1988  ; Unger-Hamilton, 1988  ; Van Gijn, 1990  ; Ander-son, 1992  ; Anderson et al., 1992  ; Skakun, 1992 ; Juel Jensen, 1994 ; Plisson & Beugnier, 2007  ; Hurcombe, 2008  ; Van Gijn, 2008). C’est seulement ces dernières années qu’on voit une renaissance de l’intérêt pour les périodes les plus anciennes, non seulement en Europe (Plisson & Beyries, 1998 ; Hardy, 1999 ; Hardy & Kay, 1999 ; Rots, 2009) mais aussi en Afrique (Lombard, 2005 et 2008  ; Rots & Van Peer, 2006 et 2008). En géné-ral, les pierres utilisées en Afrique sont plus grenues (p. ex. : quartzite, grès, etc.), comme en Australie d’ailleurs, ou bien elles ont un aspect un peu diff érent (p. ex.  : chert, obsi-dienne), ce qui a ralenti le développement de la tracéologie dans ces contextes-là, prin-cipalement à cause des résultats peu pro-metteurs des premiers essais. C’est grâce au développement méthodologique (Plisson, 1982  ; Knutsson, 1988  ; Hurcombe, 1992  ; Levi-Sala, 1996), notamment l’introduction et le développement de l’analyse des résidus (en Australie principalement) (Fullagar et al., 1992 et 1996 ; Fullagar, 1998), que l’inté-rêt dans l’analyse fonctionnelle a de nouveau augmenté, avec l’espoir de rendre possible l’obtention de données fonctionnelles.

Une analyse tracéologique traditionnelle utilise principalement deux types de mi-croscopes  : une loupe binoculaire avec des grossissements de 8-100x (low power) ou un microscope optique en réfl exion avec des grossissements de 50-400x (high power). Le microscope à léger grossissement permet d’interpréter des esquilles grâce à sa profon-deur de champ, mais des polis, stries et arron-dis peuvent être visibles aussi. Le microscope à fort grossissement se concentre surtout sur les polis, les stries, les arrondis et les es-quilles. À cause d’une profondeur de champ plus réduites, les esquilles ne sont pas visibles dans des conditions idéales. Une analyse high power est plus dépendante de la qualité de préservation du matériel archéologique qu’une analyse low power, mais le détail des

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analyses est aussi beaucoup plus élevé. L’ana-lyse low power permet seulement d’interpré-ter la dureté d’une matière travaillée, tandis que l’analyse high power permet d’interpréter la matière exacte (c.-à-d. bois, os,…).

3. Expérimentation : contexteLe programme expérimental s’est déroulé

au Préhistosite de Ramioul / Musée de la Pré-histoire en Wallonie en collaboration avec le C.E.T.R.E.P. (Centre d’Étude des Techniques et de Recherche Expérimentale en Préhis-toire). La phase de l’expérimentation décrite ici fait partie d’un grand programme expé-rimental sur plusieurs sujets liés à l’étude fonctionnelle. L’objet central du programme expérimental est l’emmanchement, ainsi que des sujets directement liés, comme les traces de production, de transport, d’utilisation, etc. Plusieurs problématiques ont déjà été traitées, d’abord concernant le fait de savoir si l’emmanchement produisait des traces, en-suite concernant le potentiel interprétatif des traces d’emmanchement. Ce dernier nous a porté vers plusieurs régions et périodes, et nous avons réussi à faire un progrès dans la compréhension de la technologie préhisto-rique au sens large, incluant aussi la morpho-logie des outils.

Louis Pirnay a fait partie de ce programme expérimental depuis le début (en 1995) (Rots, 1996) et il a surtout joué un rôle fondamen-tal dans ma recherche de thèse (1997-2002) (Rots et al., 2001, 2002 et 2006 ; Rots, 2002). En Belgique, Louis Pirnay est un vrai pion-nier au niveau de l’interaction entre l’expé-rimentation et la tracéologie. Il était un des premiers à collaborer avec des tracéologues. La preuve en est le test en aveugle avec Pe-ter Gendel (K.U.Leuven) (Gendel & Pirnay, 1982), mais il a aussi contribué à de nom-breux autres travaux tracéologiques basés sur l’expérimentation (Caspar, 1988 ; Caspar & De Bie, 1996 ; Caspar et al., 1998 et 2000 ; Crombé et al., 2001  ; Rots, 2002). Pendant ma thèse, nous avons surtout travaillé sur des problématiques du Néolithique et du Paléoli-thique supérieur. Depuis, nos thèmes de re-cherche se sont dirigés vers des périodes plus anciennes. Ces dernières années, nous avons étudié le Paléolithique moyen d’Europe, de

l’Égypte et du Soudan (Middle Stone Age). Ces derniers ont aussi été l’occasion de me-ner des essais de taille sur le chert égyptien (Van Peer et al., 2010  ; Rots & Van Peer, à paraître) et le quartz soudanais (Rots & Van Peer, 2006).

4. Expérimentation :traces de productionIl était apparu nécessaire de connaître la

variabilité des traces technologiques afi n de permettre une distinction fi able entre celles-ci et les traces d’emmanchement. Diff érents processus peuvent créer des traces techno-logiques  : (1) le débitage même, par contact avec le percuteur, (2) la friction contre le nucléus au moment où la pièce se détache, (3) le contact avec le retouchoir pendant la retouche et (4) le contact avec l’enclume pendant la retouche. Respectivement, ces traces sont visibles sur (1) le talon / le plan de frappe, (2) la face ventrale de la pièce, (3) la face ventrale des bords retouchés en cas de retouche directe, (4) les arêtes dorsales à la hauteur des retouches. Les traces de (2) et (4) sont toujours liées à une friction contre la pierre et leur morphologie est alors tou-jours comparable. Les traces résultant d’une friction contre le nucléus concernent une ou plusieurs stries longitudinales (dans l’axe de l’outil) qui se trouvent sur la face ventrale de la pièce, dans la zone bulbaire (fi g. 1), ou un poli sur la zone la plus élevée de l’amorce du

Fig. 1. – Strie longitudinale sur la zone bulbaire (face ventrale) d’exp. 17/4 à cause d’une friction contre le nucléus au moment où la pièce se détache (200x).

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bulbe. Les traces d’un contact avec l’enclume comprennent surtout des esquilles et des stries sur les arêtes dorsales (fi g. 2). Ces es-quilles peuvent être très intenses et elles sont produites à cause du choc contre l’enclume à chaque coup du retouchoir. Les stries sont le résultat de la friction de l’arête dorsale en contact avec l’enclume. Comme ces traces de friction n’ont pas de valeur interprétative autre que celle permettant leur reconnais-sance, elles ne sont pas traitées en plus de détail ici.

Pour les traces de débitage, 367 outils ont été préparés en vue d’une compréhension des traces produites par la friction avec diff érents percuteurs. Le but était triple : (1) savoir com-ment on pourrait distinguer ces traces des autres stigmates (utilisation, emmanchement, transport) ; (2) évaluer si les traces permettent d’identifi er la matière du percuteur et le type de percussion ; (3) évaluer s’il y a des diff érences nettes entre les tailleurs. Ici, on se concentre seulement sur les points 2 et 3  ; les variables principales considérées sont donc  : le tailleur, la méthode de percussion et la matière du per-cuteur. Les tailleurs étaient Louis Pirnay (LP), Philippe Pirson (PP) et Claude Bawin (CB). La méthode de percussion était directe ou in-directe. Les percuteurs étaient en os (vache), bois de cerf, ivoire (dent d’Hippopotamus), bois (buxus  : lourd et moyen), pierre (quart-zite, grès, calcaire, schiste et basalte). Dans les limites du possible, chaque tailleur a préparé un nombre d’éclats (ou de lames) en employant plusieurs méthodes dans le but d’avoir une col-lection expérimentale plus ou moins représen-tative dans laquelle la variabilité dans les traces technologiques, indépendamment du tailleur, pouvait être connue. L’expérimentation sur la percussion directe s’est faite pendant une jour-née seulement et les conditions de taille furent alors identiques pour chaque tailleur (fi g. 3).

Fig. 2. – Esquilles et stries sur les arêtes dorsales d’exp. 17/14 à cause d’une friction avec l’enclume pendant la

retouche (200x).

Fig. 3. – Les tailleurs, de gauche à droite : Claude Bawin, Louis Pirnay et Philippe Pirson.

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Pour les traces de retouche, une ving-taine de pièces étaient préparées et sauvegar-dées spécialement mais la plupart des traces étaient inventoriées sur base des pièces ex-périmentales produites dans la recherche des traces d’emmanchement  : la plupart de ces pièces était examinée après leur production — mais avant emmanchement et usage — pour connaître et inventorier les traces de retouche (et autres). Les retouchoirs employés sont sur-tout en pierre et en bois de cerf.

Il est clair que plusieurs recherches ont dé-montré déjà que la méthode de débitage in-fl uence la morphologie des pièces, plus parti-culièrement les caractéristiques du talon (taille, angle et lèvre) et du bulbe de percussion (taille, esquille et ondulations), la convexité longitudi-nale, etc. (Whittaker, 1994 ; Valentin, 1995 ; De Bie & Caspar, 2000). Malheureusement, toutes ces caractéristiques décrivent seulement l’eff et indirect d’une certaine méthode de débitage et il y a évidemment plusieurs facteurs qui jouent un rôle. Entre-temps, on a réalisé que ces carac-téristiques ne sont pas aussi spécifi ques qu’on l’avait espéré au début. L’avantage majeur des traces microscopiques est qu’elles sont le ré-sultat direct de la friction entre le percuteur et la pièce en silex. Ceci veut dire que les traces microscopiques donnent des indications plus fi ables concernant l’identifi cation de la matière du percuteur et la méthode de percussion.

Pendant l’expérimentation, il est rapide-ment apparu qu’il y a aussi une légère varia-tion individuelle (c.-à-d. par tailleur) dans les traces technologiques. Ce facteur individuel ne joue pas nécessairement au niveau des ca-ractéristiques des traces, mais plutôt au niveau de leur fréquence (cf. infra).

Comme pour les traces d’utilisation et les traces d’emmanchement, la granulométrie des silex employés a un eff et négatif sur la forma-tion des traces technologiques. Les traces se forment plus lentement sur les silex grenus que sur les silex fi ns, et ceci concerne aussi les in-trusions un peu plus grenues dans les silex fi ns.

5. Analyse tracéologique : traces de débitageQuand on analyse les traces de débitage

sur le talon, on doit se rendre compte du fait que la préparation du plan de frappe

peut aussi y laisser des traces résiduelles. Il peut s’agir des stries causées par l’impact du percuteur ou des stries et un arrondi causés par l’abrasion de la corniche. En général, ces traces se trouvent sur le bord dorsal du talon, contrairement aux traces « vraies » de débi-tage qui se trouvent plutôt vers le bord ven-tral du talon, c.-à-d. dans la zone directement associée à l’amorce du bulbe, mais les traces de préparation peuvent parfois être très in-trusives. En fonction de la taille du talon, de l’intensité de la préparation et de leur degré d’intrusion, les traces liées à l’enlèvement de l’éclat peuvent être distinguées plus ou moins facilement. En plus, le percuteur employé pour la préparation n’est pas nécessairement le même que celui employé ensuite pour l’en-lèvement de l’éclat. On doit donc être pru-dent et, au cas où les traces de préparation sont très abondantes, il est peut-être plus sûr de ne pas proposer d’interprétations sur la méthode de débitage.

Les descriptions des traces se basent sur des pièces avec un talon lisse ou plus ou moins lisse. Des pièces sans talon lisse sont seulement incluses quand l’impact s’est fait sur une zone lisse du talon et non sur une arête. Ceci est nécessaire pour la compara-bilité des traces. Il est clair qu’un impact sur une arête donne presque toujours un écra-sement de cette arête, surtout dans le cas de l’utilisation d’un percuteur en pierre.

5.1. Percussion directe : pierreLa percussion directe avec la pierre ne re-

présente pas un groupe homogène ; il y a beau-coup de variations possibles selon la dureté de la pierre, sa granulométrie, etc. En gros, il y a des pierres dures, comme le quartzite et le granit, et les pierres tendres, comme le grès ou le calcaire. La force de l’impact diff ère d’une pierre à l’autre et il peut y avoir alors des dif-férences plus ou moins nettes entre les traces qui sont formées (intensité, abondance et type de trace). En général, les traces micros-copiques du débitage à la pierre consistent en des cercles de percussion (fi g. 4) (c.-à-d. des fi ssures circulaires non-détachées, dites inci-pientes), des fi ssures incipientes (semi-circu-laires ou autres) et des stries multiples asso-ciées à ces fi ssures ou cercles de percussion, s’ils sont présents.

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5.1.1. Calcaire

L’emploi d’un percuteur en calcaire pro-duit souvent des fi ssures incipientes circu-laires dans la zone exacte où le coup du per-cuteur est donné. En générale, PP produit plus fréquemment ce type de fi ssure que LP. Des stries larges, mais courtes, se forment

presque toujours  ; souvent, il s’agit de plu-sieurs groupes de stries courtes (fi g. 5). Les stries restent dans la zone d’impact, délinéée par la fi ssure incipiente circulaire, et ne la surpassent pas. PP produit plus fréquemment ce type de stries que LP. LP produit plutôt un léger poli. Ce poli reste de nouveau dans la fi ssure incipiente circulaire. Ce poli remplace parfois les stries, ou les stries sont parfois plu-tôt des polis plus ou moins linéaires. Avant nettoyage chimique (HCl), il peut y avoir des traces résiduelles blanches, qui ne disparais-sent pas avec l’acétone ou l’alcool.

5.1.2. Grès

Pour le grès, nous disposons seulement des exemplaires produits par LP. À nouveau, il y a presque toujours (c.-à-d. visible sur tous les éclats contrôlés) des fi ssures incipientes, souvent circulaires (fi g. 6). Les stries se for-ment en groupe (série). Elles sont courtes et non-intrusives  ; ceci dit, elles restent très proches du bord ventral du talon (fi g. 7). Les stries peuvent être présentes sur une partie large du bord ventral du talon. En général, les stries sont nettes, sinon il y a au moins des stries très légères ou interrompues. Elles ne sont pas aisément discernables de celles pro-duites par un percuteur en calcaire. Avant nettoyage chimique (HCl), il peut y avoir des traces résiduelles blanches, qui ne disparais-sent pas avec l’acétone ou l’alcool.

Fig. 4. – Cercle de percussion sur le talon d’exp. 34/8 à cause du contact avec un percuteur en quartzite (PP)

(16x).

Fig. 5. – Groupe de stries courtes sur le talon d’exp. 34/5 à cause du contact avec un percuteur en calcaire ;

percussion directe (PP) (50x).

Fig. 6. – Fissure circulaire associée avec des stries sur le talon d’exp. 34/39 à cause du contact avec un percu-

teur en grès ; percussion directe (LP) (50x).

Fig. 7. – Groupe de stries courtes sur le talon d’exp. 34/23 à cause du contact avec un percuteur en grès ;

percussion directe (LP) (50x).

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5.1.3. Quartzite

Nous disposons seulement des exem-plaires produits par PP. Des fi ssures inci-pientes d’impact se forment quasi toujours. Au niveau des stries, il y a plutôt tendance à une strie unique large et longue (parfois in-terrompue), mais la strie même consiste, en fait, en plusieurs stries fi nes (fi g. 8). Les stries restent généralement à l’intérieur de la fi s-sure d’impact. En comparaison avec le grès et le calcaire, on remarque surtout l’absence des groupes de stries courtes. Comme toujours, les stries ne sont pas toujours aussi visibles et il y a des traces résiduelles blanches possibles.

5.1.4. Basalte

Ces produits ont été taillés par CB. Il y a quasi toujours des fi ssures incipientes d’im-pact. Des stries ne sont pas toujours présentes ou distinctes mais, s’il y en a, il s’agit toujours de plusieurs stries groupées, qui sont un peu plus longues que dans le cas du grès ou du calcaire, et qui restent plutôt dans la fi ssure d’impact (fi g. 9). Dans ce cas-ci, les traces ré-siduelles possibles sont noires.

5.1.5. Schiste

Le percuteur en schiste a été employé par LP. Il y a régulièrement des fi ssures incipientes d’impact mais il n’y a pas toujours de stries. Si des stries sont présentes, il s’agit générale-ment d’une concentration de stries brillantes et courtes (fi g. 10).

Nous pouvons en conclure que la percus-sion directe avec un percuteur en pierre est cer-tainement reconnaissable en soi : il y a presque toujours des fi ssures incipientes d’impact, soit de vrais cercles, soit des demi-cercles. Dans la plupart des cas, ces fi ssures sont associées avec des stries qui sont généralement courtes ou très courtes, non-intrusives, et qui ne sur-passent pas la fi ssure même. Des distinctions entre les diff érents percuteurs en pierre sont possibles mais elles ne sont sûrement pas tou-jours faciles à établir. La plus fi able est la dis-tinction entre les percuteurs durs et tendres. Les variations au niveau microscopique sont généralement le résultat des diff érences en du-reté et en poids, ce qui fait que la visibilité des stries est généralement plus prononcée en cas des percuteurs durs.

Fig. 9. – Stries dans une fi ssure circulaire sur le talon d’exp. 34/72 à cause du contact avec un percuteur en

basalte ; percussion directe (CB) (50x).

Fig. 8. – Stries sur le talon d’exp. 34/7 à cause du contact avec un percuteur en quartzite ; percussion

directe (PP) (50x).

Fig. 10. – Strie sur le talon d’exp. 34/55 à cause du contact avec un percuteur en schiste ; percussion

directe (LP) (100x).

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5.2. Percussion directe : osLa percussion directe avec un percuteur

en os crée surtout des stries, généralement longues, mais interrompues. Chaque tailleur a produit une série d’éclats. Des cercles in-cipients d’impact peuvent se former mais ils sont extrêmement rares. LP n’en produit pas du tout. PP produit rarement (moins de 10  %) des fi ssures très légères, presque non visibles ; elles sont nettement diff érentes des fi ssures produites par la pierre. Seul CB pro-duit des fi ssures incipientes un peu plus fré-quemment (20 % des cas). Des stries longues, souvent additives (taches or « smear »), sont formées. Il ne s’agit pas de stries continues : elles sont interrompues plusieurs fois et se forment surtout sur les zones plus élevées

de la microtopographie (fi g. 11). Cette der-nière caractéristique les distingue clairement des stries produites par la pierre. De plus, les stries produites par la pierre ont des rainures claires qui sont absentes dans ce cas-ci. S’il y a une fi ssure incipiente, les stries peuvent la surpasser. Il peut s’agir d’une strie unique mais, généralement, il y a plusieurs stries pa-rallèles (fi g. 12). Le nombre et la visibilité des stries peuvent varier mais, régulièrement, il y a au moins une partie d’une strie clairement visible ou une zone de poli avec un aspect longitudinal. Ce poli a les caractéristiques d’un poli d’os moyennement développé (fi g. 13). On le retrouve surtout chez LP.

5.3. Percussion directe : bois de cerfLe bois de cerf produit généralement des

stries fi nes et longues. Des cercles de percus-sion sont généralement absents, sauf parfois pour des grands éclats. PP ne produit pas de cercles de percussion, seulement en cas des grands et lourds éclats (+ 12 cm). CB produit des cercles dans 10 % des cas. LP ne produit pas de cercles de percussion, sauf si les éclats surpassent les 10 cm. Dans ces cas, des cercles sont présents dans 50 % des cas. S’il y a un cercle de percussion, les stries peuvent sur-passer cette zone (fi g. 14).

Des stries se forment dans la majorité des cas. Leur morphologie est comparable avec l’os mais elles sont généralement plus fi nes et plus longues. Ce sont des stries individuelles, souvent interrompues (c.-à-d. mieux déve-loppées sur les zones plus hautes de la micro-topographie), qui se forment en groupe avec

Fig. 11. – Stries sur le talon d’exp. 30/61 à cause du contact avec un percuteur en os ; percussion directe

(LP) (100x).

Fig. 12. – Stries sur le talon d’exp. 30/53 à cause du contact avec un percuteur en os ; percussion directe

(CB) (50x).

Fig. 13. – Stries sur le talon d’exp. 30/53 à cause du contact avec un percuteur en os ; percussion directe

(CB) (100x).

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des stries plus dominantes que d’autres (fi g. 15). Les stries sont brillantes, comme celles produites par l’os.

Si la préparation du plan de frappe s’est faite avec de la pierre, de nombreuses stries peuvent être présentes. Ces stries ne peuvent pas être confondues avec celles produites par le coup principal pour détacher l’éclat, mais parfois elles sont si dominantes que d’autres stries ne peuvent plus être distinguées.

5.4. Percussion directe : ivoire (dent d’hippopotame)

Seulement PP a produit des éclats avec le percuteur en ivoire. La plupart des éclats étaient petits (moins de 5 cm). Les cercles de percussion sont assez fréquents (40  %), surtout sur les éclats un peu plus longs (c.-à-d. plus de 5 cm), sans être nécessaire-ment lourds. Les stries sont très comparables avec l’os (fi g. 16-17). En cas d’un cercle de percussion, les stries peuvent le surpasser. En général, les stries sont moins réfl échissantes en comparaison avec l’os, mais ceci ne suffi t pas pour une distinction fi able. En général, les stries sont moins abondantes qu’avec l’os ou le bois de cerf, mais ceci peut être lié aussi au fait que les éclats étaient assez petits et que le percuteur en dent était appointé.

Fig. 14. – Stries dans une fi ssure semi-circulaire de percussion sur le talon d’exp. 31/42 à cause du contact avec un percuteur en bois de cerf ; percussion directe

(LP) (50x).

Fig. 15. – Stries fi nes et longues sur le talon d’exp. 31/42 à cause du contact avec un percuteur en bois de

cerf ; percussion directe (LP) (100x).

Fig. 16. – Strie sur le talon d’exp. 32/2 à cause du contact avec un percuteur en ivoire ; percussion di-

recte (PP) (200x).

Fig. 17. – Stries sur le talon d’exp. 32/7 à cause du contact avec un percuteur en ivoire ; percussion

directe (PP) (50x).

60 Veerle Rots

5.5. Percussion directe : bois (buxus)La percussion directe avec le bois pro-

duit souvent plusieurs éclats par coup et/ou des fractures transversales (souvent 2). Les fractures transversales se sont produites dans 36 % des cas chez PP, 44 % des cas chez CB et dans 72  % des cas chez LP. Dans la plu-part des cas, une des fractures se fait près du bulbe. En plus, la terminaison de la fracture explose souvent. Le talon peut également « exploser » régulièrement, dans 22 % des cas chez CB et dans 11  % des cas chez LP. Un facteur qui joue certainement un rôle dans le nombre élevé des fractures est la convexité longitudinale qui est souvent importante. Il n’y a pas de fi ssures circulaires liées à l’im-pact, même pour les grands éclats. Les seules fi ssures qui sont produites à cause de l’impact sont des fi ssures incipientes plutôt transver-sales qui auraient pu produire des éclats mul-tiples (c.-à-d. superposés), si la force avait été plus grande. Le percuteur de bois se distingue

alors bien clairement des autres grâce à cette absence totale des fi ssures circulaires ou se-mi-circulaires autour du point d’impact.

Le percuteur en bois produit des stries multiples fi nes sur le talon. En général, les stries ne commencent pas au bord même mais à quelques millimètres vers l’intérieur du talon. Ce sont des stries fi nes, relative-ment longues, généralement en groupe avec quelques stries plus prononcées, sans un très grand impact sur la surface (fi g. 18). Dans la plupart des cas, les stries sont assez légères et elles ne sont pas toujours nettes. Parfois, un poli avec un aspect linéaire peut se former. Comme toujours, LP a tendance à produire moins de stries ou des stries moins pronon-cées que les autres tailleurs, mais les caracté-ristiques générales restent les mêmes (fi g. 19).

S’il y a une confusion possible, c’est avec le bois de cerf. En comparaison, les stries pro-duites par le bois sont moins nettes et elles ont moins d’impact sur la surface. Avec le bois, le caractère interrompu n’est pas si mar-qué et les stries commencent plus vers l’inté-rieur du talon. Les stries sont un peu moins réfl échissantes aussi, mais ce n’est pas une caractéristique tellement fi able en soi. L’ab-sence des fi ssures (semi-)circulaires d’impact avec le bois est évidemment un aspect très important.

5.6. Percussion indirecte : bois de cerf + bois (buxus)

Dans le cas d’une percussion indirecte, la friction entre le percuteur et le plan de frappe est totalement diff érente de celle produite par une percussion directe. Le coup est don-né sur le bois de cerf, qui fonctionne comme intermédiaire (chasse-lame). Il y a alors peu de frottement avec le plan de frappe, ce qui donne un point de poli dans la zone de contact au lieu de stries (fi g. 20). La distinc-tion entre la percussion indirecte et directe est alors assez évidente sur base des traces microscopiques.

Des fi ssures circulaires peuvent néan-moins se produire (13 % des cas) : elles sont plus légères, moins nettes, en comparaison avec la percussion directe (avec la pierre). Il n’y a pas de stries associées, seulement un poli (ou rien).

Fig. 18. – Stries sur le talon d’exp. 33/23 à cause du contact avec un percuteur en bois ; percussion directe

(CB) (100x).

Fig. 19. – Stries sur le talon d’exp. 33/51 à cause du contact avec un percuteur en bois ; percussion directe

(LP) (100x).

Un tailleur et ses traces. Traces microscopiques de production 61

Les stries qui peuvent être visibles sur le talon, en cas d’une percussion indirecte, sont plutôt liées à la préparation du plan de frappe (avec un percuteur en pierre) qu’à la percus-sion indirecte qui a enlevé l’éclat. Dans la col-lection expérimentale disponible, il n’y avait pas d’exemples de stries produites par la per-cussion indirecte.

5.7. Percussion indirecte : bois + bois (buxus)

Dans la collection expérimentale, il y a peu d’exemples de la percussion indirecte avec un chasse-lame en bois appointé. Les quelques exemples démontrent quand même que des cercles de percussion peuvent se for-mer occasionnellement, probablement dans des pourcentages comparables à la percus-sion indirecte avec le bois de cerf. Comme avec le bois de cerf (en percussion indirecte), les cercles sont plus fl ous et moins marqués en comparaison avec ceux produits par le percuteur en pierre. En comparaison, on rap-pelle que le bois ne produit pas de cercles en percussion directe. La diff érence est proba-blement liée à la concentration de la pression dans une zone plus restreinte.

Comme c’est le cas pour le bois de cerf en percussion indirecte, il n’y a pas de stries qui se forment, seulement des polis. Ces polis ne sont pas très développés (en fait encore moins développés qu’avec le bois de cerf) mais ils sont quand même distinguables grâce à leur concentration dans une zone plus ou moins

circulaire et grâce à leur localisation dans la zone d’impact la plus probable par rapport à la position du bulbe (fi g. 21). Ce poli n’est pas suffi samment développé pour pouvoir le dis-tinguer de la percussion indirecte avec bois de cerf. Il semble que ces deux variations sur la percussion indirecte ne peuvent pas être dis-tinguées sur base des traces microscopiques.

De nouveau, les stries causées par la pré-paration du plan de frappe peuvent être si nombreuses qu’elles empêchent de distin-guer les traces directes de l’impact principal.

6. Analyse tracéologique : traces de retoucheLes principes de la production des traces

pendant le débitage comptent aussi pour la retouche  : la friction entre le retouchoir et l’éclat produit des traces macro- et micros-copiques. À part la formation éventuelle d’un point de poli (fi g. 22), des stries peuvent se former sur la face qui est en contact avec le retouchoir. En cas d’une retouche directe, les traces se trouvent sur la face ventrale. Les stries se situent au centre de la concavité de l’esquille enlevée. Comme pour le débitage, la morphologie des stries dépend du retou-choir. Un retouchoir en pierre donnera des stries multiples et courtes (fi g. 23), un retou-choir en bois de cerf plutôt une strie unique et longue (fi g. 24).

La retouche par réaction sur enclume peut produire des traces microscopiques dans la zone adjacente à la retouche même, partant de l’arête de la retouche et dans l’axe de dé-

Fig. 20. – Point de poli sur le talon d’exp. 19/3A à cause du contact avec un chasse lame en bois de cerf ;

percussion indirecte (200x).

Fig. 21. – Point de poli très léger (voire pointe de fl èche) sur le talon d’exp. 27/15 à cause du contact

avec un chasse lame en bois ; percussion indirecte (LP) (200x).

62 Veerle Rots

bitage de celle-ci. Généralement, ce sont des stries qui peuvent se former.

La distinction entre des retouches liées au façonnage originel et celles liées à un réaff û-tage nécessite généralement l’intégration des traces d’utilisation. En cas d’un réaff ûtage, la concavité de la retouche coupe les traces d’utilisation (fi g. 25).

7. Facteurs individuelsMême si les facteurs individuels n’ont pas

fait l’objet d’une étude systématique, l’im-portance de la collection expérimentale et le nombre de données enregistrées permettent d’en extraire quelques tendances au niveau des variations entre les tailleurs. Il s’agit des variations dans les aspects macro- et micros-copiques qui ont été observées pendant l’étude de cette collection expérimentale. Ces varia-tions ne sont pas absolues  : ce sont des ten-dances seulement qui devraient faire l’objet d’une étude plus systématique dans laquelle l’aspect de l’apprentissage joue un rôle central.

À Ramioul, il est clair que la plupart des tailleurs ont appris à tailler avec Louis Pirnay en particulier. Néanmoins, chaque tailleur a développé ses propres procédures, son propre « style ». Ceci était clair pendant l’étude des sé-quences Levallois (voir Van Peer et Rots, ce vo-lume) mais c’est aussi apparent à d’autres ni-veaux. Nous tentons dans cet article de dégager quelques grandes lignes sur ce sujet.

Fig. 22. – Point de poli sur le bord ventral d’exp. 17/13 à cause du contact avec un retouchoir en pierre (200x).

Fig. 23. – Stries sur le bord ventral d’exp. 17/19 à cause du contact avec un retouchoir en pierre (200x).

Fig. 24. – Strie sur le bord ventral d’exp. 17/18 à cause du contact avec un retouchoir en bois de cerf (100x).

Fig. 25. – Traces d’utilisation d’un travail de peau sur le bord ventral du front de K136, coupé par un

réaff ûtage ; pièce ethnographique d’Éthiopie (Konso) (100x).

Un tailleur et ses traces. Traces microscopiques de production 63

7.1. Au niveau microscopiqueÀ plusieurs occasions dans cet article, une

référence a été faite à la variation qui existe entre les tailleurs. Cette variation concerne surtout le nombre de traces de production et la fréquence des stries. Elle n’empêche pas une interprétation correcte de la matière du percuteur mais le nombre de traces produites infl uence évidemment la facilité avec laquelle l’interprétation peut être faite : plus il y a de traces, plus l’interprétation est facile. PP et CB ont tendance à produire plus de fi ssures incipientes et plus de stries que LP. CB a ten-dance à produire plus de fi ssures incipientes que PP. Il semble que ces variations soient liées à la force exercée, la gestion et l’expé-rience. C’est surtout la production plus res-treinte des stries qui semble résulter de l’ex-périence du tailleur, la frappe étant alors le résultat d’un geste plus abouti, ce qui s’est bien démontré avec le cas de PP : au début du programme expérimental, quand il avait en-core peu d’expérience comme tailleur, il pro-duisait plus de stries qu’après. Néanmoins, d’autres facteurs comme la force exercée jouent un rôle, ce qui fait que ces variations ne sont pas toujours quantifi ables. Il faudrait une étude de collections plus importantes réunissant plusieurs tailleurs pour vraiment pouvoir extraire des données fi ables.

7.2. Au niveau macroscopiqueIl y a aussi plusieurs tendances entre les

tailleurs au niveau macroscopique. Ici, on se limite à proposer l’exemple concret des grattoirs. Il y en a certainement d’autres, par exemple concernant les burins, le débitage Le-vallois (p. ex. l’organisation des enlèvements sur la face supérieure ; voir Van Peer et Rots, ce volume), etc., mais ils ne sont pas traités dans cet article. Pour les grattoirs, on a remarqué, pendant l’expérimentation, qu’il y a une orga-nisation particulière des retouches du front de grattoir qui parait être assez individuelle. De nouveau, ceci devrait faire partie d’une étude beaucoup plus systématique concernant éga-lement plusieurs tailleurs et qui se situerait dans un contexte d’apprentissage.

Quelques tendances peuvent être formulées. LP a l’habitude de d’abord retoucher les extré-mités latérales du front et de donner le dernier

coup dans la zone centrale. Généralement, une seule retouche plus grande est enlevée  ; mais, dans les cas ou cela ne suffi t pas, il peut y en avoir deux ou trois. Ceci veut dire que les grat-toirs de LP ont, en général, quelques enlève-ments centraux qui sont clairement plus grands et postérieurs aux autres. CB, au contraire, a plutôt tendance de retoucher les grattoirs de fa-çon systématique d’un bord vers l’autre, ce qui donne des enlèvements de taille similaire avec une organisation plus continue sur le front de grattoir. Une seconde série d’enlèvements plus petits est possible, si nécessaire, pour la régu-larité du front : de nouveau, les retouches sont enlevées d’un bord vers l’autre. Il s’agit des ten-dances qui ne sont pas toujours aussi visibles : elles dépendent des cas individuels (p. ex. mor-phologie, qualité de silex) et doivent être analy-sées sur base de plus grandes séries. En tout cas, il est important de remarquer que ce principe d’organisation paraît être souvent interrompu par les réaff ûtages. Ce dernier n’est pas étudié plus en détail.

8. ConclusionsEn recherche expérimentale, le tailleur

occupe une position centrale. Mise à part l’importance de la qualité du silex employé, c’est l’expérience du tailleur qui détermine la qualité des produits, la fréquence des ac-cidents de taille, etc. Néanmoins, le tailleur reste assez inconnu au niveau archéologique. Ici, j’ai essayé d’évoquer les possibilités que la tracéologie peut off rir pour mieux connaître le tailleur derrière les outils, ses techniques de débitage choisies, ses habitudes et straté-gies de débitage, l’intensité de son impact, son expérience.

Plusieurs caractéristiques macrosco-piques ont déjà été proposées pour établir des distinctions entre plusieurs méthodes de débitage et entre plusieurs types de percu-teurs. La morphologie du talon et du bulbe de percussion sont généralement dans les listes des caractéristiques récurrentes. Pour-tant, il est apparu que ces caractéristiques ne sont pas toujours aussi fi ables en soi et que des convergences peuvent se produire. Il est alors important de trouver d’autres moyens pour atteindre davantage d’informations sur les

64 Veerle Rots

méthodes de production employées en Préhis-toire. Dans cette étude, il est démontré que des traces microscopiques peuvent se produire aussi pendant la production d’éclats ou d’outils. Ces traces microscopiques sont assez diagnostiques en soi, mais c’est surtout en combinaison avec des caractéristiques macroscopiques que des interprétations fi ables des méthodes de produc-tion peuvent être atteintes.

Les traces microscopiques de production (débitage et retouche) sont déterminées, en pre-mier lieu, par les matières des percuteurs em-ployés et la méthode de débitage. J’ai démontré que la percussion directe et la percussion indi-recte produisent des traces microscopiques to-talement diff érentes et, par conséquent, les deux méthodes peuvent être distinguées de façon fi able au niveau archéologique. Ensuite, j’ai dé-montré qu’en percussion directe, les percuteurs en pierre laissent des traces microscopiques clai-rement diff érentes de celles laissées par les percu-teurs organiques. Dans chaque catégorie de ma-tières, des caractéristiques additionnelles, plus ou moins distinctives, pouvaient être proposées. Ainsi, il est possible de distinguer plusieurs types de percuteurs en pierre. Même si des caractéris-tiques spécifi ques peuvent être proposées pour plusieurs types de pierre, je pense qu’au niveau archéologique il est plus fi able de se restreindre à une distinction entre des percuteurs en pierre dure et des percuteurs en pierre tendre. Au ni-veau des percuteurs organiques, une distinction a été faite entre des percuteurs en bois, en bois de cerf, en os et en ivoire. Une confusion surgit par-fois lorsqu’il s’agit de distinguer les percuteurs en bois de ceux en bois de cerf, et les percuteurs en os de ceux en dent.

Il y a des variations individuelles entre les tailleurs mais elles n’empêchent pas l’interpréta-tion. De même, des traces microscopiques ne se forment pas de façon visible à chaque impact ou sur chaque pièce. De là, l’importance de combi-ner les données macro et microscopiques pour pouvoir interpréter les méthodes de production de manière fi able.

Pour conclure, un tel type de recherche, à une échelle plus large et plus systématique, peut four-nir des données qui étaient inaccessibles jusqu’à présent ; non seulement au niveau des méthodes de production et de l’emploi de tel ou tel percu-teur mais aussi au niveau de la reconnaissance d’un tailleur individuel et de l’apprentissage.

RemerciementsJe remercie de tout mon cœur la section

C.E.T.R.E.P. des Chercheurs de la Wallonie, en par-ticulier les tailleurs qui ont participé (Philippe Pir-son, Claude Bawin et Louis Pirnay), et le Musée de la Préhistoire en Wallonie. Je remercie particulière-ment Louis Pirnay pour son investissement énorme dans ma recherche depuis mon arrivée à Ramioul en 1995, lorsque j’étais encore étudiante, et mainte-nant encore. Louis a toujours été très enthousiaste et prêt à s’investir pour résoudre des problèmes tracéologiques ou préhistoriques. J’espère que nous pourrons encore longtemps continuer dans cette voie. Jusqu’à présent, les sujets ont traité des po-lyèdres néolithiques jusqu’au pointes Levallois ou haches du Paléolithique moyen / Middle Stone Age, de Belgique et de France, jusqu’au Soudan. Je tiens aussi à remercier l’Onderzoeksfonds de l’université de Leuven (K.U.Leuven) et le fonds de la recherche scientifi que de Flandres (FWO-Vlaanderen) pour leur aide fi nancière. Un grand merci à Philippe Pir-son pour la correction du français.

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Adresse de l’auteur :Veerle Rots

Postdoctoral research fellow FWO-VlaanderenPrehistoric Archaeology Unit, K.U.Leuven

Celestijnenlaan 200E (Pb: 2409)B-3001 Leuven

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