Textes bouddhiques du Pays khmer et du Lanna : un exemple de parenté

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TEXTES BOUDDHIQUES DU PAYS KHMER E,T DU LANNA: UN EXEMPLE DE PARENTE len FnaNqors IAGIRARDE Fonds d'ddition des manuscrits du Laos La prdsence de I'EFEO au Cambodge, pendant les dix anndes qui ont prdcddd l'ar- rivde des Khmers rougs au pouvoir en t975, avait permis, dans le domaine des dtudes bouddhiques, de mettre au jour une tradition originale et un cotpus de textes en langue khmEre qui, jusqu alors, riavait gutre attiri I'attention des chercheurs. Ils reprdsentaient pourtant un courant important et encore trbs vivant dans les provinces cambodgiennes, remontant au moins ) f introduction du Theravada dans Ie pays. Frergors Brzor, qui avait ddcouvert et commencd i dtudier ce corpus, avait trds tdt formuld I'hypothdse que le m6me rype de textes devait exister dans les langues thaies, en dehors des centres placds sous le contr6le de Bangkok (Brzor 197634 "z-). Cependant son idde d'une profonde unitd religieuse et doctrinale, dtendue.jus- qu'aux confins de la Pdninsule indochinoise, sur des points trts caractdristiques comme la symbolique obstdtrique du vtement religieux par exemple, restait encore i vdrifier. C'est au Vat Pao Samkha (Sankampheng), dans la Province de Chiang Mai, er rg77, que fut rouvd le premier dldment d'une telle ddmonstration: le vieux chef du monastBre prsenta alors ) F. BIzor un texte rddigi dans l'alphabet <yuon> 1 (y.) et intituld Abhidhammalim ia$6{roJtt (TTL I) oir sont mis en regard les cinq lettres na Mo BU DDH,a. ve, les cinq udliments, y. r;ttol (dhan),le nom des cinq Bouddha et Surtout '- ce qui i ses yeux est un trait significatif de cet enseignement -, les cinq mdre, pbre, frlre aind, roi et guru, avec leurs (vertus) y. qcn (gur1a) avx nombres respectifs de o, zt, 7, 6, rc, dont le total 56 est la somme des vertus du Bouddha (Btzor t976). Ce n'est qu'en 1983, toutefois, que fut ddcouverte la preuve de cette unitd doctri- nale entre le pays khmer et le Lanna: un manuscrit du Vat Phabang de Chiang Mai, I Lr mor "yuon! L! s\ /,aresr I'appellarion donnde aux habitants de l'ancien royaume thai des provinces du nord de la Thailaide: le Lanna; c esr aussi le nom de leur dialecte et de leur Ccriture. Il est d'usage de donner aujourd'hui i ce type d'Ccriture, qu'on trouve Cgalement (avec certaines variantes) dans la rCgion de Chiang Tung (Birrnanie), dans les Sipsong Panna (Chine) et dans I'ancien Lan Xang (Laos), le nom d'crirure .rham" (p. dhamma udoarinebouddhique") parce qu'il s'est sunout conservi pour noter les textes religieux.

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TEXTES BOUDDHIQUESDU PAYS KHMER E,T DU LANNA:

UN EXEMPLE DE PARENTElen FnaNqors IAGIRARDE

Fonds d'ddition des manuscrits du Laos

La prdsence de I'EFEO au Cambodge, pendant les dix anndes qui ont prdcddd l'ar-rivde des Khmers roug€s au pouvoir en t975, avait permis, dans le domaine des

dtudes bouddhiques, de mettre au jour une tradition originale et un cotpus de textesen langue khmEre qui, jusqu alors, riavait gutre attiri I'attention des chercheurs. Ilsreprdsentaient pourtant un courant important et encore trbs vivant dans les provincescambodgiennes, remontant au moins ) f introduction du Theravada dans Ie pays.Frergors Brzor, qui avait ddcouvert et commencd i dtudier ce corpus, avait trds tdtformuld I'hypothdse que le m6me rype de textes devait exister dans les langues thaies,en dehors des centres placds sous le contr6le de Bangkok (Brzor 197634 "z-).

Cependant son idde d'une profonde unitd religieuse et doctrinale, dtendue.jus-qu'aux confins de la Pdninsule indochinoise, sur des points trts caractdristiquescomme la symbolique obstdtrique du v€tement religieux par exemple, restait encore ivdrifier. C'est au Vat Pao Samkha (Sankampheng), dans la Province de Chiang Mai,er rg77, que fut rouvd le premier dldment d'une telle ddmonstration: le vieux chefdu monastBre pr€senta alors ) F. BIzor un texte rddigi dans l'alphabet <yuon> 1 (y.)

et intituld Abhidhammalim ia$6{roJtt (TTL I) oir sont mis en regard les cinqlettres na Mo BU DDH,a. ve, les cinq udliments, y. r;ttol (dhan),le nom des cinqBouddha et Surtout '- ce qui i ses yeux est un trait significatif de cet enseignement

-, les cinq mdre, pbre, frlre aind, roi et guru, avec leurs (vertus) y. qcn (gur1a) avxnombres respectifs de o, zt, 7, 6, rc, dont le total 56 est la somme des vertus duBouddha (Btzor t976).

Ce n'est qu'en 1983, toutefois, que fut ddcouverte la preuve de cette unitd doctri-nale entre le pays khmer et le Lanna: un manuscrit du Vat Phabang de Chiang Mai,

I Lr mor "yuon! L! s\ /,aresr I'appellarion donnde aux habitants de l'ancien royaume thai des provincesdu nord de la Thailaide: le Lanna; c esr aussi le nom de leur dialecte et de leur Ccriture. Il est d'usage dedonner aujourd'hui i ce type d'Ccriture, qu'on trouve Cgalement (avec certaines variantes) dans la rCgion deChiang Tung (Birrnanie), dans les Sipsong Panna (Chine) et dans I'ancien Lan Xang (Laos), le nomd'€crirure .rham" (p. dhamma udoarinebouddhique") parce qu'il s'est sunout conservi pour noter les textesreligieux.

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64 Tertes bor6

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datd de 193,1, dclit dans le dialecte du Nord en dcriture yuon, er inrituld PvirabandhDsma (Pvb), ula noble guirlandeu 2 (TTL 3z), avec presgue mot pour mot despassages entiers du texte en khmer intituld uLes racines de la base d'action, ouullorigine des formations corporelles, g[Uintng1]l] mnl brab hammatthnna (TKLr6r), dditd et traduit dans Lefguier) cinq brancbes (Brzor t976). Yorcr un exemple:

tj"-Bl nr ru ic.lrfndriimlr a rnm: r,irr"rigumrnd?mrnJF qjrnirryn{l-r#nfirrq;r 0 rnrn: ?1t'rfrnumr"id?mrqJn ftr,infrmimrm:ftaimr rl"ic.1ifnrirrm;r q rnnt rrT 1r' r;na.lnrumrnd I fmrrlnrfriirirmmlr rr tmn:

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.Au bout de sept jou.r rr"i,r.rn. l.,,."""ppelie SAM. Puis le feu esr i nouveeu atrisd pourque la chaleur ass€che [davantage ie liquide condensi] et que naisse une lertre appelieVI. Le feu est encore avivi afin que l'eau s'ivapore et que 0e concentr€] s'€paississe. Aubout de sept jouls nait une lctrre appelte DHA. Le vent continue d'aviver le feu, ce quifait naitre une autle lettre appelie PU. Puis le vent souIfle encore sur le feu et fair naitre,au bout de sept jours, une lettre appelie KA. Lc vent attise toujours le ferr, ce qui pro-duit i nouveau, apris sept jouls, une letrre appelie YA. Enlin, le vent ravivanr continii,rnent le feu, il naic, au bout de sept jours, une lettre appelde PA. Ceci est appeli Ia

Quintessence des sept Iivres de l'Abhidhamma.,

[I.zB] oErr6o{oa:rmscno{r^rjn3i 3 J*ci., ! 2AaloA(6ool34(o{o{rluSmoSugog.S^rJarmsr-,-,oArOqE *,iJci2aq o cr crr.. or. u Rn BJ B g o 6 r,.6 o rj o cB o U r,ac m s ci q A : o c ( ficn 6 e m I b aj o& g c,i oo clo d o oo $ r( o S Lr( o J o cB n U ra r gs Q O

? ,uqalN 6,ri b:..r'od;cn ^-?.q ^ * '"=; -FillC)H^T^q^^ ^^--:^:^- -G -',r- r'E? J Cn S (' Q ? I Ctr J q C\J c,n a) r ct ( ct aJ o c- q cr a^ cn a d cn s 61 c\l 2 a G\ u. c)

6 J n cB o rJ aa r m s qo fl o c,, ( fi ci A : c6 2 & aj o A ( 4oo -o n S ry ci 6 rj'. cn { o rJ r,a r m sr ci a { j u ( h c3 o r o cr 99 6j ij # A A 5 ci 2 o i,:r S o o r r,<. u

mui or.-io,r-,"""r...;6uAu bout de sept jours, c'esr la syllabe SAM. Puis de nouveau, le vent attise le fiLr quicontinue d'ipaissir le liquide et fbrme une dcume; apris sepr jours, il donne naissance ila syllabe VI. Le liquide de plus en plus dpais resscmble ensuite ir de l'eau qui a lavi de leviande et, en sept jours, donne naissance i la syllabe DHA. Le liquide devient alors sem-blable i des mensrrues er donne naissance, au bout de sepr jours, I la syllabe pU. Seprjours plus tard, le liquide, comme du sang dpais, donnc naissance i la syilabe KA. A

2 Dtt pali pauraba ha: palz/z .noble, exccllcnr, et bantlhn cc qui est lii cnscmble commc lcs fisciculcsd,!n miluscri.l ou encore rcrcnu par un lll conmc les fleu* tl'une guirlandc. On poun.rit dgatcmenr proposcr.L'<tuvrc cxcellente", .Le noblc compcncl;un', "1.,r sonn,c supr€me,.

(

]-e texteposition: r

r Lr Llibli

=--

Ttxtes bouddhiques du pals khncr at,tu Llun

nouveau le vent et lc fiu cuisent le liquiclc qui devient un morcciru de seng er produir,en sept jolus, la syllabc YA. Enfin, aptls avoir encore cuit sept jouts, apparair la syllabePA. Ces scpr syllabes SAM VI DHA PLJ K{ YA PA son. des ebr€\'iations qu'il fiut rdci-r€r er s'appellent (ccur', des scpt livres de I'Abhidhanrmr. o

A parrir de li, il fut rclativement aisd dc trouver d'atrtres versions de ce textel(TTL 3a, 68,45, 5o,36, 5r) puisqu'on avait ddfini des critires Prdcis. Lc PvArabandhou Pav,rrabandha existe en feit dans la plupart des littdraturcs religieuses dri eroupcthai sud-occidental: iii, khiin, lao, yuonl. Il fut sans doute tlts popiririre au XIX'sitcle puisqr-re les missionnaires protestants en rccommandatent l'dtllde:i ceux c1:i se

vouaient i 1'dvangdlisation directe des Tha]s du Lanna (Btrccs rgri:6).l)'autres ouvr:rgcs du m€me genre furent ensuite trouvds, comme la Saddevimale

D.lr6Li.\rr (ftf l, g, tr, r.1, 1r, :i9, 1r, 42,+; ,+6), le T,isam Z[mrJ (f't-L 59,

6q, 65,66,67,7+), erc. La plr,Lpart de ces copies sont daties du XIX" siEcle, ou de la

prerniire noitii du XX" sitcle. Mais leur contenu nous permet de lemontcr .i l'dpo-que of les Thais (et les Khmers de leur cdrd) y requrent le bouddhisme des M6ns,vers les XIII"-XIV" siEclcs (Brzor r988).

En r99o, f. BIzot m';r proposd de ttadLrite le Pavarabandha et cl'en faire une ddi-tion critique pour ia collecrion de I'EFEO n'lexrcs bouddhiques de Thailandeo. Letlavail accompii sLll cc texte m'a condtrit i faire un cert:rin nombre d'observations sur

sa parentd avec cclui publid dans Le J)gier d citq brcncLel et i comprerrdre PlLrs pr6cisdnrent l'importance histotique dcs similitudes qui ressorrent de cette dtude compa-rative.

Dans le pr'6ser.rr arricle, je voudrais prdsenter les premiers risulcats de mon travril,en proposant une misc en palallile de la composition des deux tcrtes dtudids et en

mcrranr l'accent sur certajns thlmcs communs rrtx deux traditions. ]e votrdrais souli-gncr qu'aussi ptoche que sojt la lectrrrc dtr rnanrlscrit l<hmcr de cell. ,1,t manuscrirthai, l'enseignement qui s'en ddgagc s'exprirne de part et d'autre avec des plrticuiaris-mes locaux. Ccs particularismes font opter pour l'hypothbsc d'unc sortt.e uniqtt.plus ancicnne, traduite et rssimilde d'un c6td par lcs Thais' de I'autre pat les Khmers,p1ut6t que pour cellc d'ernpnrnts directs entrc ics deux pays.

On trouvcra en premier iieu la liste tles thimes exposis d:rns le \4al blair kammar-thln et leul concordancc dans lc manuscr-it rh:u, avec un tableau des corrcspondancescn fin d'articie. Lcs clistinctions les plus signilicatives seront discLrtics cnsLrilc.

COMPOSITION ET CARACTERISTIQUES DES TEXTES

Le texte khmer er lc Pvb cliltlent ser.rsiblemcnt dans leur prdsentation ct lcur com-position: une liassc unique de quarante-neuf 6lcs pour- le premier, rrois liasses tota-

I L.r Ribliod,iquc nrrion:ric dc B.rngkok possidc un I'vb cn <louzc irsciculcs. D'rutrcs rcxrcs du I'vb rvtrouvent n,ris nc rnr pas chssis. Lr Sirm Socicty dc Ihngkok possi.le un |vb en l.roricn cr c.rrrcrircs rl,rrrcie rrcnrc 6lcs, dara dc l'.rnnie iSlt A.r). Il cxisrc russi i h llibliothiqLrc n,rtic,nrlc dc Vicntirnc cr drns dcnombLeux rnonrstircs clu l.ros dcs copies du Pvb cn trcis ct douzc lirsscsr lcur compaLrison restc i ftirr:.

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66 FRANCOIS I-AGIR-{RDE

lisant trente-huit 6les pour le second (l = l3 6les, II = rr et III = r4). Le Pvb ne

conrient pas la totalitd du texte khmer; il y manque les sdquences thdmatiquessuivantes:

- Luintroduction, de (ka-A) I (na-B), qui rdsume les thbmes ddveloppds dans letexte.

- Les questions sur ia parentd posdes par la divinitd aux uEnfants de I'Esprit, (da-A).

- Liallusion aux gardiens qui veillent sur les dldmenrs du corps (tha-A) i (dha-B).Les conseils pour entreprendre un voyage (5A).Ildnumdration 6nale des dldments et des groupes de veri"([8B] e [sn-A]).

Inversemenr, la premiEre panie du Pvb (I.re) i (i.9n), qui commence par la for-mule euam ma tutaln, est absente du texte khmer Elle existe ndanmoins dans d'autrestextes du Cambodge, comme I'Ariyapuggala (TK 4ol, 4o3, 4t5,49) ou' le Satimaha-parthan (TK l8z): il s'agit d'une explication des rites fundraires donnde par le TheraMahikala (Kalena au Cambodge) i l'occasion de la mort d'une jeune Gmme belle etriche, nai Khemavari; le Thera prdcise l'ordonnance des rites et les commente dans

leur sens religieux, en rdponse aux questions que lui pose le roi Pasenadi de Kosala.

La dernilre partie du Pvb contient encore des ddveloppements particuliers, notam-ment sur le paribhoga (l'art de mdditer sur les offrandes de nourriture), Ia pratique dusatiptztthana napplications de la prdsence d'esprit, et les trente-sept facteurs deI'Eveil, mais qu'on tettouve dgalement dans d'autres textes en khmer (TK zr5,'t'27,

1ro, jr7, :.]l), 4'-4, 182). Le texte s'achtve sur des conseils pratiques destinds au Yoga-

vacara, y..uJJ.)roo\ k. tunmftt, (= l'adepte).

I-A THi,MATIQUE COMMUNE

LE BUDDHA ET YAMA. - Sur le point d'entrer au Nibbana le Bouddha confieses derniEres paroles iL Yama, roi des morts: tous les €tres doivent €tre soumis aucontr6le de leurs actions et venir un jour ou I'autre payer leur d0. Yama doit tenir Ie

registre des comptes. Ceux qui se maintiennent dans le filet spirituel du Tathegata etqui obsewent les rtgles ne tomberont pas aux enfers: les yeux fermds, ils apercevrontune lumidre qui les conduira au Nibbana.

LES ENFANTS DE L,ESPRIT OU I-A JEUNE FILLE-ESPRIT. - D'CMbIdC, IC PVb

ddfinit l'orientation i donner i la lecture du texte: il s'agit, pour l'adepte de la mddi-tation, d'ddi6er son cittauiiiiiarya (n esprit-conscience, y. 96 .q.A cit uil.1fran) 1gaceaux exercices de ucrdation mentaleo y. coHH? k. tlu.il3 hamm/tttbana. Ce cittduifi-iialta est donnd comme le moyen d'dchapper au cycle mort-vie en modifiant ce que

nous sommes essentiellement dans et hors du temps biologique: un etre qui sera

ddsignd sous le nom de nai Ciuaku.mari (la.jeune fille-espritu f. ffEgqEtS za;cittahummar) et qui se prdsente comme un principe transmigrant. Ce principe se

transporte dans l'ignorance de son origine et de sa destination et souffre sans en com-

Textes borddt

prendre la ra:

frdre et scurrence, les de(,lttakumarapurgd leur p,

millions d'dcans. Ils obti,I'eFrayante a,

subir de nou'Pour le te>

que nous rence nom est Inous sommersemblable da

€tres face ) la

LA RECHIet trouver untions, Cittaksait of se rdfifautes et des

leur sort, perjours les rattrsant i la citaI'on n'entre <

duoi blu, mz

des JambositPrennent cor

LES AIGLIglobe de crisr

et quatre dardes uaigles,,d€vorent toumari et Citta

L,EMBRY(' ont trouvd udouze sortes(les vingt et r

nelle va se dide chair, exttextes insiste:

---

'Iaxtes bouddhiqucs du pals hhner ct du Ltnnt 67

prendrc la laison. Dans ie texte khmet il est incarni par deux enfants' probablen.rent

fiire et sceur, Cittal<umari et Cittakumara k. iqllrli iqi4i:rn. Hormis cette diIli-,.,rce. les deux textes dicr-ivent Llne sctnc semblablc: la rencontr-e de Cittakum:rri-

Cittal<rrmala et de Yama aux enfcrs, lieu qu'ils se dcstinent ) quitter apris y avoir

purgi leur pcine. D:rns le Pr6, CittakrLm:rri demande att dieu une longdvitd dc dix

millions d'ionsr dans le textc kl.rmer, (littaliumari et Cittahumara rdclan.rcnt mille

ans. lls obticnnent dans les deux textes une m€ne durde de vic, cent :rns, aYec

l'effravantc assulance clue Yama les tettouvera I la fin de cette piriode pour leul fiircsubir de nouveaux tourmcnts

Pour le texte l<hmcr, Cittahumali et Cittakr-Lmara n reprdsentent notle forme lors-

quc nous rcnaissons, (jha-B), mais le Pvb explique: uJir vie, en f:rit, n'a qu'un nom et

ce nom est zzaui Cittakumiti, :rinsi cettc ieune fiile tiest clu'une alldgorie de cc que

nous sommes tousn (l.roB). Cettc idde d'une i<lentiti ultine est ddveloppde de faEon

semblable dans les deux texles comme une expression originale de l'inc1:idtrrdc des

€tres face i l;r mort, de leur ddsir de vjvre ct de se libirer de la soufftirnce

L. RECIIERCII], DU NIBBANA. - Iletre transmigrant doit donc clrritrer- I'enFer

er rrouver un ventre mltcrnel, pttis un rnondc, pour l'accueillir. Dans les deux tradi-rions, Cittahumari et Cittal(umara sont complrds i un chien a1lo1d ou blessd qui ne

sait oir se rdfugier. Lcur bonheur de vivte cent ans est assornbli par Ia pelspecrive cles

fautes et des malheurs qui se multiplieront tlans le lutur Ainsi se lamentent-jls sur

leur sorr, persu:rdds qtte, quel que soit le monde oI ils renaitront, 1;r Mort sautr tou-jours les rattrapcr. Survienr trn dierL i folme humaine qui indiqrrc le chen.rin condrti-sant ) la citaclclle de Nibbana, place folte Protdgde Par sept cnceintes de cristal oirl'on n'entre qu'i la conclition de possddcr un uglobe de cristal' f ;lar:'1ocfr[iduoi hiu, ruanrj\d k. ,)"ainl duon,tir,, irradiant de lumibre, et qu'on trouve ru Pays

des Jambosiels. Cittal<umiri et Cittakumare, ayanr rctrouvd un peu dc courage,

prennenr congd de leur informateur cdleste pour aller renaitre dans tttre m'tttice

LES AIGLES INDzuYA E.I LE FIGUIER,A. CINq OUNCHES. - Mais I'accis au

globe de cristal, fruit du figuicr, est ddfendrL par des rapaces: six oiseaux dans le Pvb

er quatle dans le texrc klmet incarnant lcs ufaculrds sensoliellcs' (indrila); ce sont.les',,"igles,, appelds en y.+?[* nik Indhrt et en k. nrgd1$ui san, indrrq. Ces aiglcs

ddvorcnt tous ceux qui les approchent: pour s'emparer du globe de cristal, Cittaku-mari et Cittakumara seront donc obligis de tuer ces b€tes fdroces

L'EMBRYON ET LE coRPs DE MiDITATIoN. - Cittakumari et Cittakumalraont trouvd une matrice dans iaquelle sc m€lent ul'cau des passions' de la ntre (lcs

douz-e sortes d'cau, c'est-i-dire les liquides corporels) et ul'eau des passions' du ptre(les vingt et une tclres, les iliments solides du corps) A la suite de cettc union char-

nelle va se ddvelopper l:r double nature de l'elnbryon, pendant sept t.:ln'ines Un €tre

dc chair', cxt€rieurement) une somme de connaissances' plofonddment. Les deu*textcs insistent sur ce point: ce qui vient i t-tdtrc, ce so[t avant tout les sept syllabcs

68 FRANgOIS I-{GIRARDE Tbxtes boua

nelle nportcomParatif

L,ABSOIdidons texr

retire de d

morales) s<

sur Ia visua

seaux. C'esd'Arahant.ment manfkhmer) pariermcr I

(SA\4 VI DHA PU KA YA PA) qui font la synthbse des sept- livres de l'Abhidham-

-".. p"* l,embryon devient fctus et prend une aPparence humaine avec les cinq

ubr"rr.h.r' ql.t. for-.t, la t€te, les membres supdrieurs et les membres infdrieurs L)r

encore, Ie poin, d. u.,. est extdrieur; n intdrieurement ' les cinq syllabes de la formule

NA MO BU DDI-IA YA ont pris corps' Elles totalisent les cinquante-six unitds de

l,ensemble des dldments: NA pour les dix sortes d,eau, MO pour les vingt et une

t.rr.r, PU pour les six feux, DHA pour les sept vents (ou les sept Erammana) etYA

pour les dix portes du corPs.

Le texte khmer et le texte yuon isolent le NA et le MO pour montrer qu ils for-

ment le corps organique Proprement dit' Ce dernier est ensuite prdsentd comme la

so--" dr. .o.rr,ituants physiques pris comme bases de mdditatio n (kammanhdna)'

une somme qui correspond aux trente-trois consonnes de l'alphabet 5' Ainsi les textes

,'.ffo...r,t-il, d. ddmonrrer qu au-del) du biologique la crdation et l'apparition d'un

corps trouvent une cause primordiale dans le pouvoir des nama dhammd (y r:t.laEt . mtlrg) et des riPa dio**a t1t:Srtp k JUmU)6 La dette d'un fils envers ses

p"r.lrt, ,l.rtt"r,d "lors comme ""t itit trr-ut" Ie Dhamma: d'oir Ia ndcessitd de rem-

'bourr., p". la production de mdrites, i douze ans (NA = mbre = r2) en devenant

nnouice,, (samanara) et h vingt et un (MO = pEte = zt)' bibhhu'

EnFn, BU reprdsente mdtapbotiquemet't les outils' c'est-)-dire les six organes des

sens (alttana y.- .nrrr:gn k muis ou uathuy oq k i6 ) er oue les sept objets

I aMmma 4a y. u o $ k. mtu l, le', d ifferenres sorles de Perce Pt lon '

L,ESPACEINT6'RIEUR.-LeYAdv,namobuddha4asymboliselesdixportesouorifices du corPs et, Par extension, le libre rdseau des vaisseaux ceinturant I'orga-

nisme. Dans.., u"irr.".,* d'un rype particulier circulent les souffies Lembryon' pris

dEs lors dans son sens large (corps de mdditation)' s'exerce i contrdler sa respiration

en suivant mentalement ses mouvements dans l'espace intdrieur Lembryon devient

le maitre de celle-ci par nisuat' asultt et PatuatT,la rltention' l'inspiration et l'expira-

rion (y. Auog Le:n03 u:lxor k' Rrynn mr';l n utpfr).Pour les deux textes' la

maitrise de ... !hdno-e.o, r"spit"loi'es - la technique de mdditation elle-m€me

- est une .or,.t"irr"n.. indispensable ) l'entrde au Nibbana' En effet' l'embryon

d'un €tre ordinaire est un prisonnier qui subit une soufftance dpouvantable; en

revanche, celui qui pratique l^ bha'ana d' n;ladt est un bodhisawa (tmf;nrg texte

lchmer) ou uun- bourgeon de la famille du Bouddha' (€"1g "t -' un lutur

Bouddha, texte yuon). Ainsi le rdseau des vaisseaux est-il d'abord prdsentd en partant

de I'ombilic, poi.rt d" rdt"tttio,t initial: deux artEres principales divisent le corps entre

sa partie sup6.ieure er sa partie infdrieure, mais toutes les deux abotrtissent iL la fonta-

a s41 = Dhlmmxsaigxni, vr = vibhariga' DII^ = Dhlrukxtha, PU =PlLggrlapafiiatri. KA = Kxthlvatthu' YA

= Yamaka, pe = Pathana, ioi.r*rrr fy r"c*g k. mmr),les consrituanrs corporels' er ahhhara (v eaqs k rqr)' les lenres'

" C".ap* q* F irzor t'aduit prr "formations subtiles ct formations corporelles de I'Atguste

Le texteddtails prds

rique. Les r

plut6t queune nette tadopte) qu

Le thimI'usage du 'nalitd dansplus sensibmlthes et s

ORIGIN,Yama pernlumiEre qu.

tion, cettem$ [ca-BJdans la mirence, rdsor

entre le styguer deux ,

niques, initOn relbr

role de Nagneuf et ga

migrant ((Cittakuma:

7 Du stnskrit nihit'nv' nitasd et pra;unta'

-.-II-

Taxtes bouddhiques du pays hhmer et dtt Larnd

nelle uporte de la mortr, l) oU le Yogavacara connaitra Ia bdatitude (r'oir- tableaucomparatii, no 2).

L'ABSORPTIoN DU DHAMMA. - A la fin de leur tronc commun, lcs deux tra-ditions texruelles allirment que les bdndlices (.artisamsay. i.rJAi h. mf;ith) quonrerire de divcrses pratiques religicuses (dons, rdcitation, miditation, obsetvatrcesmorales) sont inllniment moins ilevds que ceux que procurent les exercices fonddssur la visualisarion de points lumineux dirigds consciemment dans Ie riseau des v:ris-

seaux. C'est ainsi c1u'on se mct slrr Ia vote (magt y. u - k. r'in) qui condrrir I l'itatd'Arahant. Mais les rdsultats de celle-ci, \es fruits (.pha/a y. t:t k. tlllt) symbolique-ment mangds, n'apparaissent que dans I'expdrience des absorptions (jhA a lnn9., rcxrcklrmer) pal la concentrarion (sattndhi y. 116J6 k. rutri) dom Ic pamsuh la (y.

drrmc.: k. rliqnru), examen du corps, est l'exercice uldrnc.

DISTINCTIONS ET INTERPRiTATION

Le texte khmer et le Pvb reposcnt donc sur un ordre narratif identique. A quelquesddtails prEs, on retrouve dans les deux ouvrages les n€mes scEnes i caracttre alldgo-rique. Les distinctions relEvent avant tout de la composirion en umosaique, du rdcitplut6t que de sa nature profonde. Toutcfbis, il est vrai qu'on note dans chaque texteune nette tendance i la digrcssion ou i la simplification (sclon le point de vtle qu'onadopte) qui tdmoigne de leur autonomie hisrorique.

Le rhtme majeur riside d'abor-d dans l'exposd d'une mdthode de mdditation il'usage du yogavacara: c'est ur-r fil conducteur uniclue mais clui se diroule :rvec origi-nalitd dar.rs I'une ct l'autre tradition. D'oir un ccrtain nombre d'dcarts qui dcvicnnentplus sensibles encore dans les ddveloppements drdoriques dont le but est d'ilucidermyrhes et syrnboles prdsentis. En voici quelques exemples:

ORIGINALIT6S DANS L'ORDRE NARRATIF. Le dialogrre entre le Bouddha etYama pcrmet de dd6nir la <1u€te et I'dprcuve de l'€tre transmigrant: recherchcr lalumiire qrri le conduira atr Nibbana. Ibur le texre khrner, au stade de cette introduc-tion, cette lumitrc esr celle des ttois joyaux (Bouddha, Dhamma, Sangha k. qg lu;nr{,1 lca-Bl) pour le Pvb, celle d'un ninitta (y. A$, une image mentale apparaissantdans la miditation) qui condr:it aux quatre voics et alrx quatre fiuits. Cette diffd-rence, rdsorbde par ailleurs dans le cours des textes, illustle leur perpituelle oscillationentre le style mdtaphorique et le sryle littdral, prdparant le lectcur, I'adepte, i clistin-guer deux rypes de vdritis: dcs vdritis d'ordre gdndral (extdrieur) ec cics viritds techniques, initiaticlues (intdrieuL).

On relEve ensuite deux diffdrences arL sujct des acteurs du drame. l,r premilrc: lcL6le de Kala, la Mort (texte ldurer), est joud dans le Pvb par Yamabhipala, le sei-gneur er gardien des enfers 1y. [m.1riQJu.;). La scconde : i un seul principe trans-migranr (Cittakumari) le texte khmer oppose un double principe (Cittahum-r'i etCittakum-r'a). Mais cette diffircncc nc scmblc imporrante qtiau niveau de l'image-

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-

70 FRAN9OIS LAGIRARDE

rie, puisqu'en fait le Pvb prdsente Cittakumari comm€ la personnification de deuxrdalitls, citta et uiiiftana, tandis que le texte khmer associe une rdalitd ) chaque per-sonnage. Cittakumari et Cittakumard incarnent resPectivement citta et cetasiha (k.

iq rrnn3n, I'nesprit, et les nfacteurs mentaux,), citta et uififtarya G. f;q ?qr n-tl

l'nesprito et la <consciencer), voire nama et ru?a (k. $UjU le nnom, et la oformeu).On se souvient que, ne sachant oir renaitre, Cittakumari et Cittakumara se lamen-

tent sur leur sort; pourquoi, s'ils sont libres, ne choisissent-ils Pas un continentmoins cruel que le pays des Jambosiers? Seul le Pvb rdpond |r cette question en €xpli-quant que les trois autres continents sont des terres de providence totale: ni souf-fiance, ni don, par consdquent l'entrde sur la voie devient impossible8. C'est ensuite

au texte khmer de proposer un ddveloppement original en mettant dans la bouche de

la divinitd venue secourir les enfants l'dnigme des origines et de la parentd. Les con-naitre, c'esr connaitre les dldments et donc, comme l'explicitent plus loin les deuxtextes, connaitre le sens profond du namo buddhaya. L€tre transmigrant est ajnsiconvaincu de la ndcessitd d'un retour sur terre: ses ennemis sont les facultds (les aigles

indriya) qu'rl faut dliminer. Le texte khmer prdcise que ces oiseaux doivent €tre abat-tus ir I'aide d'un arc et d'une flbche, ddtail que I'iconographie - m4i5 psul-i11s au-

deli certains rituels fundraires - traite avec un soin spdcial (Bnor ry76: pl' X). Deplus, le texte khmer insiste sur le caractdre cosmique du figuier ir cinq branches dans

lequel rdsident les aif,es indriya: c'est un arbre immense, i la dimension de l'univers.Mais Cittakumari et Cittakumare ont trouvd des gdniteurs et s'dgayent de leurs

dbats. Le Pvb ddveloppe considdrablement le thdme de la recherche du ptsre, d'abordbiologique, en afirmant que Cittakumari se rend dans les monastires pour udveillero

les novices et les moines. C'est ainsi que certains ddfroquent pour la suivre et trouverune dpouse. Curieusement, le texte continue sur ce thdme pour ajouter que Cittaku-mari suivra toujours son pdre, m8me si celui-ci devait un jour prendre ou reprendreune vie monacale. Si Cittakumari s'accommode ainsi de la chastetd du pdre, le textesuggtre-t-il que l'ordination dquivaudrait ) une nouvelle conception? Ce qui expli-querait ce saut du biologique au symbolique: soit l'idde d'une double dlaboration etmise au monde de I'esprit,

DMRGENCES DANS L'EXPOSITION. - Le texte khmer et le Pvb s'attachentlonguement i dnumdrer la sdrie des constituants du corps considdrds comme bases demdditarion (bammatthana). En r6alitd, deux listes sont prdsent6es: Ia liste des duat',imtdbara (les ntrente-deux formations,) du Visuddhimaggae puis celle des trente-trois, analogue iL celle du Yogavacara's Manual (RHvs D,rvrs 1896:59). A cettedernibre le texte khmer et le texte yuon associent les akhhara,les trente-trois lettresde l'alphabet. Cependant, ni l'un ni l'autre ne pawiennent i mener parfaitement Ia

s De ces rrok continents de h cosmologie bouddhique, Pubbav;deha, Aparagoyana et Urrarakuru, seul ledernier est donnd dans les sources canoniques comme un lieu de fdlicitC matdrielle n'engageanr pas I lad,Eco',t .'erte du maga.

e Plus pricisdment, peut-€tre, la liste donnde par le Kuddakapatha, tras court textc canonique oir le cerveauest placd en dernitre position (n" 3z). Dms la liste des rrentc-trois formations, le ceweau est dissocid du crine(n" i:).

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La descrilbre des poirdans le Pvb,doit constatminologie dcinq termessanskrit ou <

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traitd en coroindochinoirSous ces t€trprogression,(hana). LeInmanger le Il'idde d'aneirsoit par la c

khmer), soitde mdditatioI' arahatta-ph'

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tion (nirodhaexplicitemenrrante-quatre r

de plus en plrt-il Ia prise de

dquivalencespidces de I'hal

I?xtes bouddhiqucs du pqs khnter et dtt Lanna 71

sdrie des trente-deu.x akara (lc Pvb r.r'en donne quc vingt,huir er lc rexre ldrmer,ttente ec une). Ils procidcnt, par aillcurs, de dcux points de rue distincts: le tcxtekhner dicrit dc lagon trds imagie chaque organe ou consriruanr, cluitre i fiire rupassage une interprdtation d'aruspice (pour lc ceur et le foie); le pvb, quant i lui,insiste sur la ndcessaile impermanence de ces constituants, sur leul vanitd finale etieur vide d'drre. <Lieux, de douicur vouds i la putrdfaction, ce sonr cles lieux"publics, (:tttr;t sidhamnzz) dont nul n'esr ie propridt:rire.

En revanche. l'dnrrmdrrti,rn des trente-crois cst quasi parfaite: le texte khmer laconduit dcux fois, le Pvb unc fois seulement. Dans cette iiste st4rpldmentaire, le rextekhmer riptte l'apparrenancc de cha<1uc lettre et constituirn, pilyriqu. au Dh:rnmaIui-m€ne (par exemple: uKA lcs cheveux du Dhamma, KHA les poils clu L)hamma,l3.Al), procddd qui vise peur,dtrc ) rendre plus clair le systime d,dquivalences entr.eI'ernbryon, le corps cosmique er le Dhamnr:r.

La description de l'espace intdrieur ddbute avec un prernier clisaccord sur le nom_ble des points dc conract (ou d'attache) des vaisseaux avec le corps: soix,rr-rre_seizcd:rns le Pvb, soixanre-quarorze'rille dans le texte l<hmer. En dehors de ce ddtail. ondoir constatcr cluc les dcux textes ddcrivcnt un systime icienticluc:\ l,aide cl,une tcr,minologie dilldlente; sur qu:rrorze points cle passage logique des soufles, pas plus decinq telmcs dquivalents. On se rend compte cependant que tolrs ces noms venus dusanskrit ou du p-li varient considdrablcmenr i l,intdrieur d'une m€me tradition (sr:r-tout la ldrmare), lcur importance est donc roLrrc re]arive.

Lenrrde sur les qultrc voies et l:r rdelisation des quatre l:ruits est le delnier sujettraitd en commun par les deux rexres. Cetre parrie esr encadrde de lirrmules en paliuindochinois, mais presque alrcune ne coincide parfaitemenr cl,un rexre i I,aurre.Sous ces t€res de chapirr.e, dont la tr.aduction est plus qu'incertaine, est dvoqude lrprogression du Yogavacara <1ui rdalisc, selon le rexte khmcr, les quatre absorptions(jhnna). Le Pvb semble ignorcr ce termc technique er rccourr i l,explession ligurdc:umanger le Dhamrr.ra (comme une nourriture) , y. ..l.J<l, g. q sr J m I , fond?e surI'idde d'atteinte clu f.uir. I-a rirlisatio' des ,ota, ,ohirlagiiti ct ,uagi,phala se fairsoit par la concenrrarion slrr la connaissan ce (fiandsamddbi k. mjmntnf;, t.*,.ldrmer), soit p:rr la concenrrirtion sur la conscience (ou les iddes qui sont dcs objetsdc mddiratiorr, ljrntro:rruo6 sattitrtztastmar/dhi, pvb). Enfin, la rdalisation del'amhatta-pha/a d{pcncl dc Ia concenrrarion sur la connaissance de la naturitd (zolzbhiiiirtasttmitlbi k. t;rt11;;np tm nitttr. ) rextc l<trrner) ou de h concentr:rtion sur laconnaissance du Dlramma (:lrrcnrlulru.rA iiinadhammtsamrtt/hu, pvb III.rli).

Le terre ldrmer dvocluc ensuite lc pamsuLi/,t, froyeD d'entrer sur l:r voic de la cessa_rion (nirodba l<. it:rm) cn dliminanr les .inq p.r.-,cr..ires. la ou l< lrb nc se rdflre pascxplicirenrent i cctte rcchnique mais cite lcs quatorze fautcs (papt o2) et les quaranre,quarre ma.rx ( auda t::.:r-, i! lt ). A parrir de cc ;roint, i.. d.,,, t.it., di.r".j.,,rdc plus en plrrs jusqu'i d.,r..i. dti",,g"r, l,un i l,autr.e: linsi le texte khmer inonce_r-il Ia prise des r.efuges (rB zA) tandis que lc pvb termine cctre sccrion en rr:rQanr clesdcluivalences entre lcs trois tcmps cle la respiration, ies trois corbeillcs er les rroispiEces de I'habit nonastique (lILzB).

72 FRANqOIS I-AGIRARDE

Ccs quelques exemples permettent d'apprdcier la nature des variantes entre les

deux traditions textuelles au niveau de leurs exposds thdoriques: variantes dans levocabulaire technique, dans les formules en pili, dans les classements et les dnumd-rations des groupes chers au didactisme de la pensde bouddhique. De telles variantesn'affectent aucunemenr, au niveau global des reprdsentations, l'ur.ritd profonde des

deux souLces, et semblent confirmer la thdse d'une source antdrieure commune.

En observant l'ensembie des divergences que l'on a relevdes entre le Pvb et le textekhmer, plusieurs remarques viennent i l'esprit. Il semble d'abord bien improbableque I'un soit la tr-aduction directe de I'autre: les deux textes ne suivent pas le m€meplan, le vocabulaire technique et les expressions venues du sanskrit ou du pali neconcordent pas systdnratiquement. cerrains noms propres sont inconnus d'unetradition i l'autre. En revanche, on constate que trbs souvent les deux textes se com-plEtent er s'dclairent mutuellement. On se rend dgalemenr compte que la plupart desdivergences notees portent sur des passages dont le caractire symbolique ou alldgorique induit des interpritations ou des spdculations avec des implications thdoriques.Par contre, Ies descriptions ou les digressions purement anecdotiques paraissenr rvoirsubi moins d'altdrations et nous sont rapportdes quasiment dans les m€mes termes. Ilest sans doute prdmaturd de conclure ir partir de liL i une filiation commune plut6tqu') une prddominance d'une tradition par rapport:r I'autre, bien que l'idde semblenaturellement s'imposer. Cetre comparaison ne porte en ellet que sur deux textesdont il existe encore de nombreuses autres versions non consultdes. ou des variantesconnues sous d'autres titrcs ou insiries dans d'autre recueils manuscrits.

Cette drude se prdsente donc comme le ddbut d'une recherche de longue haleine,dont j'ai tenrd au moins de ddfinir les grandes orientations grice au rapprochementde deux textes originirux. Mais il laudra sans doute dlargir la comparaison i des textesen langues locaies des pays voisins (lao et mdn) er l'appuyer sur des recherches paral-iEles linguistiques et hisroriques, avant de ripondre ) la question du cheminementcomplexe du boudddhisme non maheviravasin dans la pdninsule indochinoise. Laconsritution d'un fonds cohdrent de textes nous donnant accbs ) des prariques, ) desrites et i un enseignement doctrinal aujourd'hui pratiquement disparus, reprdsenteun apport considdrable dans ce domaine et laisse espdrer de rapides proglds dans laconnaissance des cloyances de cette partie du monde.

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