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68 Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) Renato G. Mazzolini De Descartes à Haller "Messieurs, au lieu de vous promettre de contenter vostre curiosité, touchant l'Anatomie du Cerveau; je vous fais icy une confession sincere & publique, que ie n'y connois rien." T el est le début du Discours sur l'anatomie du cerveau, prononcé en 1665 par le jeune et brillant anatomiste danois Nicolas Sténon (1638-1686), au cours d'une réunion de sa- vants, tenue à Paris, à l'hotel du mécène et orientaliste Mel- chisédec Thévenot (1620- 1694). Ces mots ont sans doute donné à l'assemblée l'impression d'ètre une captatio bene- volentiae un peu forcée. Tel n'était cependant pas le cas; c' était, en fait, une douche froide et les participants allaient bientot s'en rendre compte. Ces paroles résumaient - et avec une honnèteté toute désarmante -, la conviction pro- fonde d'un habile anatomiste formé aux écoles de Thomas Bartolin (1618-1680) et de François de la Boe Sylvius (1614- 1672), vis-à-vis des extraordinaires théories sur le cerveau formulées depuis peu par René Descartes (1596- 1650) et par Thomas Willis (1621-1675). L'ceuvre de Descartes dont Sténon allait parler est le De homine, probablement écrit vers 1632-33, mais publié seu- lement en 1662, après la mort de l'auteur. Sténon était en Hollande lorsqu'il eut connaissance de cet ouvrage, à peine sorti de presse, et il en signala l' existence à Thomas Barto- lin, le 26 aoùt 1662. Il observait alors que l'ceuvre contenait de belles illustrations du cerveau, mais doutait qu' elles soient conformes à la réalité. Le 5 mars de l' année suivante, il était en mesure d' affirmer quel' ex cogitata fabrica du cer- veau ne correspondait pas aux structures du cerveau animai telles que lui-mème les avait observées. Quant à l'ceuvre de Willis à laquelle Stenon se serait référé, elle était encore plus récente: c'est la Cerebri anatome, parue à Londres en 1664. A ceux pour qui "rien n'est difficile" et qui estimaient, avec une belle assurance, pouvoir représenter la disposi- don, la construction et la fonction du cerveau, à ceux-ci donc, Stenon opposait la circonspection et l'attitude dubi- tative d'un Sylvius qui, et plus que n'importe qui, s'était at- taché à l' étude du cerveau. Il cherchait, en effet, à obtenir une" certitude convaincante", opposée aux systèmes inven- tés de toutes pièces, et ce grace à une méticuleuse pratique de la dissection. Ainsi critiquait-il sévèrement les fonde- ments anatomiques de la théorie cartésienne de la glande pinéale; il faisait suivre cette critique d'un programme de recherche anatomique qui aurait établir de manière non ambigue la terminologie des diverses parties de la masse cé- rébrale, les techniques de dissection, ainsi que celles d'illus- tration. En outre, Sténon mettait en garde ses auditeurs contre une série de tromperies causées parla recherche elle-mème La découverte du cerveau dans ce secteur; il signalait, en effet, que tout anatomiste qui s'est occupé de la dissection du cerveau démontre par l'ex- périence ce qu'il dit de celui-ci: la matière, dans sa plas- ticité, lui obéit tellement que, sans mème y penser, les mains modèlent les parti es comme l'esprit se les représentait au préalable. Un d es savants présents au Discours de Sténon fu t J ean Chapelain (1595-1674). Le 6 avril1665, celui-ci en informa un des ses correspondants, louant les capacités du Danois et soulignant que celui-ci avait réussi à convaincre "les descar- tistes, ces dogmatiques si opiniastres, à tomber d'accord de l' erreur de leur patriarche pour la glandule du cerveau et pour son usage". Les arguments de Sténon furent ainsi utili- sés contre les cartésiens par les gassendistes et la Sorbonne dans la lutte pour l'hégémonie philosophique. Cependant, s'il est bien vrai que Sténon démontrait l'inconsistance ana- tomique d'une théorie pro p re à Descartes, il n' en restait pas moins que, simultanément, il faisait triompher le program- me de recherche mécaniciste qui avait inspiré le De ho mine de Descartes. "Personne", écrit Stenon à propos de Descar- tes, "que luy n'a expliqué méchaniquement toutes les ac- tions de l'homme, & principalement celles du cerveau; les autres nous décrivent l'homme mesme; Monsieur des Car- tes ne nous parle que d'une machine, qui pourtant nous fait voir l'insuffisance de ce que les autres nous enseignent, & nous apprend une méthode de chercher les usages des au- tres parties du corps humain, avec la mesme evidence, qu'il nous démontre les parties de la machine de son homme, ce que personne n'a fai t avant luy". Sténon acceptait donc le stratagème cartésien consistant à considérer l'homme, donc, aussi le cerveau, comme une machine, faisant sienne la fameuse formule "je suppose que le corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de ter- re". Il reprenait ainsi la métaphore constitutive de la théorie cartésienne sur l'homme, l'élevant au niveau d'un principe d'heuristique pour de nouvelles recherches. Alors que De- scartes avait brillamment conçu et soutenu l'idée d'une ma- chine hypothétique dans le cerveau, Sténon, lui, espérait bien que des recherches ultérieures auraient permis de con- na1tre la réelle machine du cerveau. "Il n'y a que deux voyes, pour parvenir à la connoissance d'une machine; l'u- ne, que le maistre qui l'a composée nous en découvre l'arti- fice; l' autre de démonter jusqu' aux moindres ressorts, & les examiner tous séparément, & ensemble. [. .. ] Or le cerveau estant une machine, il ne faut pas que nous esperions d' en trouver l' artifice, par d' autres voyes, que par celles dont on se sert, pour trouver l'artifice des autres machines. Il ne re- ste donc qu'à faire ce qu'on feroit en toute autre machine, i'entens de démonter piece-à-piece tous ses ressors, & con- siderer ce qu'ils peuvent faire separement, & ensemble."

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

Renato G. Mazzolini

De Descartes à Haller "Messieurs, au lieu de vous promettre de contenter vostre curiosité, touchant l'Anatomie du Cerveau; je vous fais icy une confession sincere & publique, que ie n'y connois rien."

T el est le début du Discours sur l'anatomie du cerveau, prononcé en 1665 par le jeune et brillant anatomiste danois Nicolas Sténon (1638-1686), au cours d'une réunion de sa­vants, tenue à Paris, à l'hotel du mécène et orientaliste Mel­chisédec Thévenot (1620- 1694). Ces mots ont sans doute donné à l'assemblée l'impression d'ètre une captatio bene­volentiae un peu forcée. Tel n'était cependant pas le cas; c' était, en fait, une douche froide et les participants allaient bientot s'en rendre compte. Ces paroles résumaient - et avec une honnèteté toute désarmante -, la conviction pro­fonde d'un habile anatomiste formé aux écoles de Thomas Bartolin (1618-1680) et de François de la Boe Sylvius (1614-1672), vis-à-vis des extraordinaires théories sur le cerveau formulées depuis peu par René Descartes (1596- 1650) et par Thomas Willis (1621-1675).

L'ceuvre de Descartes dont Sténon allait parler est le De homine, probablement écrit vers 1632-33, mais publié seu­lement en 1662, après la mort de l'auteur. Sténon était en Hollande lorsqu'il eut connaissance de cet ouvrage, à peine sorti de presse, et il en signala l' existence à Thomas Barto­lin, le 26 aoùt 1662. Il observait alors que l'ceuvre contenait de belles illustrations du cerveau, mais doutait qu' elles soient conformes à la réalité. Le 5 mars de l' année suivante, il était en mesure d' affirmer quel' ex cogitata fabrica du cer­veau ne correspondait pas aux structures du cerveau animai telles que lui-mème les avait observées. Quant à l'ceuvre de Willis à laquelle Stenon se serait référé, elle était encore plus récente: c'est la Cerebri anatome, parue à Londres en 1664.

A ceux pour qui "rien n'est difficile" et qui estimaient, avec une belle assurance, pouvoir représenter la disposi­don, la construction et la fonction du cerveau, à ceux-ci donc, Stenon opposait la circonspection et l'attitude dubi­tative d'un Sylvius qui, et plus que n'importe qui, s'était at­taché à l' étude du cerveau. Il cherchait, en effet, à obtenir une" certitude convaincante", opposée aux systèmes inven­tés de toutes pièces, et ce grace à une méticuleuse pratique de la dissection. Ainsi critiquait-il sévèrement les fonde­ments anatomiques de la théorie cartésienne de la glande pinéale; il faisait suivre cette critique d'un programme de recherche anatomique qui aurait dù établir de manière non ambigue la terminologie des diverses parties de la masse cé­rébrale, les techniques de dissection, ainsi que celles d'illus­tration.

En outre, Sténon mettait en garde ses auditeurs contre une série de tromperies causées parla recherche elle-mème

La découverte du cerveau

dans ce secteur; il signalait, en effet, que tout anatomiste qui s'est occupé de la dissection du cerveau démontre par l'ex­périence ce qu'il dit de celui-ci: la matière, dans sa plas­ticité, lui obéit tellement que, sans mème y penser, les mains modèlent les parti es comme l'esprit se les représentait au préalable.

Un d es savants présents au Discours de Sténon fu t J ean Chapelain (1595-1674). Le 6 avril1665, celui-ci en informa un des ses correspondants, louant les capacités du Danois et soulignant que celui-ci avait réussi à convaincre "les descar­tistes, ces dogmatiques si opiniastres, à tomber d'accord de l' erreur de leur patriarche pour la glandule du cerveau et pour son usage". Les arguments de Sténon furent ainsi utili­sés contre les cartésiens par les gassendistes et la Sorbonne dans la lutte pour l'hégémonie philosophique. Cependant, s'il est bien vrai que Sténon démontrait l'inconsistance ana­tomique d'une théorie pro p re à Descartes, il n' en restait pas moins que, simultanément, il faisait triompher le program­me de recherche mécaniciste qui avait inspiré le De ho mine de Descartes. "Personne", écrit Stenon à propos de Descar­tes, "que luy n'a expliqué méchaniquement toutes les ac­tions de l'homme, & principalement celles du cerveau; les autres nous décrivent l'homme mesme; Monsieur des Car­tes ne nous parle que d'une machine, qui pourtant nous fait voir l'insuffisance de ce que les autres nous enseignent, & nous apprend une méthode de chercher les usages des au­tres parties du corps humain, avec la mesme evidence, qu'il nous démontre les parties de la machine de son homme, ce que personne n'a fai t avant luy".

Sténon acceptait donc le stratagème cartésien consistant à considérer l'homme, donc, aussi le cerveau, comme une machine, faisant sienne la fameuse formule "je suppose que le corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de ter­re". Il reprenait ainsi la métaphore constitutive de la théorie cartésienne sur l'homme, l'élevant au niveau d'un principe d'heuristique pour de nouvelles recherches. Alors que De­scartes avait brillamment conçu et soutenu l'idée d'une ma­chine hypothétique dans le cerveau, Sténon, lui, espérait bien que des recherches ultérieures auraient permis de con­na1tre la réelle machine du cerveau. "Il n'y a que deux voyes, pour parvenir à la connoissance d'une machine; l'u­ne, que le maistre qui l'a composée nous en découvre l'arti­fice; l' autre de démonter jusqu' aux moindres ressorts, & les examiner tous séparément, & ensemble. [. .. ] Or le cerveau estant une machine, il ne faut pas que nous esperions d' en trouver l' artifice, par d' autres voyes, que par celles dont on se sert, pour trouver l'artifice des autres machines. Il ne re­ste donc qu'à faire ce qu'on feroit en toute autre machine, i'entens de démonter piece-à-piece tous ses ressors, & con­siderer ce qu'ils peuvent faire separement, & ensemble."

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

Le programme de décomposition progressive du cer­veau, de meme que de tout le système nerveux dans ses par­ties anatomiques constitutives, fut exécuté par un nombre important d'anatomistes et de physiologistes de la seconde moitié du XVIIe et du XVIIIe siècle, et ce grace soit à des techniques de dissection plus fines, soit à l' agrandissement optique et à des artifices anatomiques. La réalisation d'un tel programme, lorsqu' o n le considère comme une entrepri­se collective des savants de cette époque, a conduit à plu­sieurs résultats: la connaissance macroscopique du système nerveux centrai et périphérique; des acquisitions morpho­logiques significatives et durables; une première clarifica­tion et codification de la terminologie spécialisée; la pro­duction d 'une iconographie concernant le système ner­veux, toujours plus satisfaisante; et meme la réalisation de modèles du cerveau faits en eire, qui aujourd'hui encore suscitent l'admiration des spécialistes. Mais si le résultat, complexe et cumulé, de ce programme de décomposition de la machine cérébrale est incontestable et s'il fait preuve d'un réel progrès, dans le sens positiviste du terme, il n'en va pas de meme pour le résultat des tentatives de recompo­sition d es parti es révélées par la plus fine anatomie, ni pour les tentatives de leur attribuer des fonctions spécifiques.

Pour nombre de chercheurs brillants, reconstruire ce qu'ils avaient démonté resta souvent un problème dépour­vu de toute solution, quand cela n'était pas un problème avec trop de solutions contradictoires. Si l'on prend en considération, non une sélection des quelques rares auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles - qui sont considérés comme marquants, par tradition ou par de récentes études - mais les très nombreuses voix qui s'élevaient alors, on notera sans aucun doute le premier fait historique suivant: la mul­tiplicité et la diversité des réponses qui furent formulées alors. Multiplicité dont on eut pleine conscience à l'époque et dont on trouve la preuve dans les relevés des avis des au­teurs que tout bon apprenti-docteur allemand ou hollan­dais ne manquait pas d'inclure dans sa propre dissertation, à propos du cerveau et du système nerveux. Et, dans ces ré­ponses, coexistaient des théories spécifiques antiques- ou, du moins, ce qu'il en restait, revu et corrigé - , en meme temps que des théories spécifiques récentes: des observa­tions anatomiques, pathologiques ou chirurgicales (soit ef­fectuées personnellement, soit reprises à d'autres, sans avoir été vérifiées), ainsi que des expériences de physiolo­gie, des hypothèses, conjectures et analogies.

Le cas des auteurs animistes convaincus, qui n 'admet­taient pas l'analogie substantielle entre machine et cerveau et qui, en conséquence, refusaient la méthode de décompo­sition et les stratégies de recomposition mécanicistes, n'est pas différent: eux aussi formulaient de multiples théories,

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dont la principale inspiration consistait, malgré tout, à maintenir certains fondements de la conception antique de l'homme. En agissant ainsi et en s'opposant à leurs ad­versaires, ceux-ci renouvelaient d'antiques doctrines, en les harmonisant parfois avec les acquisitions plus récentes de l'anatomie, et déployaient un esprit critique et expérimen­tal qui souvent mettait en crise les convictions triomphalis­tes des mécanicistes.

D'un point de vue historique, la "certitude convaincan­te" que souhaitait obtenir Sténon, a caractérisé surtout la recherche de la décomposition. Quant à la recherche de la recomposition, elle fut, au moins chez les anatomistes et les physiologistes, le terrain de conjectures opposées, dont la fortune et la diffusion fut souvent assurée ou, au contraire, limitée (quand ce ne fut pas les deux) parla notoriété de leurs auteurs et leur appartenance aux différentes écoles.

La déclaration d'ignorance faite par Sténon, surtout à propos des fonctions des diverses parties du cerveau, réap­parait plusieurs fois dans l'époque considérée ici, chez des auteurs plus ou moins célèbres. Mais cela ne doit pas nous étonner. Extremement méticuleux, ceux-ci étaient, en ef­fet, terrifiés à l'idée d'etre taxés d'ingénuité philosophique, voire carrément, de folie. Ainsi, J acques-Bénigne Winslow (1669-1760), par exemple, dans la section consacrée au cer­veau de son ouvrage d'anatomie bien connu et qui eut jadis de l'influence (1732), reproduit, sans rien y ajouter, le Discours de Sténon qui avait été publié pour la première fois en 1669, soit quelque soixante ans plus tot. Derrière cette extreme prudence on verra sans doute une réticence vou­lue, qui trahit, malgré tout, un homme désorienté. Albrecht von Haller (1708-1777), le plus grand physiologiste du XVIIIe siècle, traita, dans le dix-septième livre de ses monu­mentaux Elementa physiologiae corporis humani (1757-1766), du sens interne (organe sensitif commun à tous les sens, imagination, mémoire) . Là, il écrivit qu'il fallait "descendre de nouveau dans le domaine des hypothèses et des conjectures". Michele Attumonelli (1753-1826) ajouta, en 1787, que "le cerveau de l'homme, si finement élaboré, est entouré d'une épaisse obscurité dès que l'on veut repré­senter avec précision l'usage de chacune de toutes les peti­tes machines internes qui le composent". Samuel Thomas Soemmerring (1755- 1830) tenta de localiser les fonctions de l'ame dans le fluide cérébro-spinal. Il connaissait bien, précisa-t-il en 1796, tous les avis de ceux qui avaient déclaré "impossible" d'établir quel est l'organe de l'ame; "dépour­vu de sens" de meme poser la question ou encore "proche du délire" l'hypothèse de chercher l'origine des esprits ani­maux dans les cavités ventriculaires. Et cependant, Soem­merring se lança dans l'entreprise, mais en développant, si­multanément, une argumentation défensive, complexe et

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touffue, et ce dans le but de rendre au moins licite la présen­tation de son hypothèse.

T outes ces mesures de prudence étaient devenues néces­saires pour plusieurs raisons: non seulement le développe­ment de l'esprit de rigueur imposé parla nouvelle science; les difficultés objectives des questions; ou les implications religieuses de celles-ci, mais aussi à cause du jugement de té­mérité suscité par les théories du XVIre siècle sur le cerveau. C'est précisément à ces théories qu'il faut revenir, pour chercher à percevoir au moins quelques aspects de la signi­fication historiquement explosive qu'elles eurent. Mais, pour ce faire, il convient d'abord de remonter, au moins brièvement, à quelques conceptions antérieures.

L' Antiquité classique et le Moyen Age n' ont pas produit, dans leur recherche anatomique et dans leur réflexion phy­siologique, une conception unique et cohérente du cerveau, mais un ensemble de doctrines et de suggestions qui était sujet à fort centraste interne. Aristote (384-322 av. J.C.), par exemple, eut une vision cardiocentrique du corps hu­main. Pour lui, le creur, qui était "comme l'acropole du corps", était l'organe à qui reconduire la production de la chaleur vitale, les mouvements, la nutrition, la perception, la sensation et les processus memes de la pensée. Au creur, qui était considéré comme la partie la plus chaude du corps, il opposait le cerveau, considéré, lui, comme la partie la plus froide. La fonction du second était de tempérer la chaleur provenant du creur et donc de constituer un contrepoids. Dans le traité intitulé De partibus animalium, Aristote, en contradiction avec d'autres de ses affirmations, nie que le cerveau soit en continuité avec les parties sensorielles, c'est­à-dire avec les organes des sens; qu'il enregistre les sensa­tions et qu'il soit le siège de l'àme, siège que le creur pouvait prétendre etre. Par cette doctrine, Aristote s'opposait non seulement à l'emprise de certains écrits hippocratiques, mais aussi à celle de ce que les historiens ont appelé céré­bro-centrisme de Platon ( vers 429-34 7 a v. J. C.). Celui -ci, en effet, selon la tripartition de l'àme telle qu'elle est présentée dans le Timée, avait placéla sphère d'action del'àme ration­nelle dans la tete. Dans un passage fameux du Phédon, se souvenant sans doute de l'enseignement d'Alcméon de Crotone (vers 500 av. J .C.), Platon se demandait: "L'élé­ment par lequel nous pensons serait-il le sang? Ou l' air? Ou le feu? Ou bien il n'est aucun de ceux-ci, étant le cerveau, qui nous procure les sensations de l' oui:e, de la vue et de l'o­dorat? Et de ceux-ci naissent la mémoire et l'opinion? Puis, de la mémoire et de l' opinion, devenues stables, nait de la meme manière la science?"

Galien (129-199 a p. J.C.) réfute, dans plusieurs passages de son reuvre, la théorie aristotélicienne, se fondant sur un grand nombre d'observations anatomiques et cliniques, de

La découverte du cerveau

m eme que sur des expériences physiologiques. Il se réclame explicitement des écrits hippocratiques et de P la ton, accep­tant leur cérébro-centrisme, et non le cardiocentrisme d' Aristote. P armi les thèses les plus fameuses soutenues par Galien, il convient de retenir la distinction entre nerfs sen­soriels et moteurs, la démonstration que ceux-ci ne pren­nent pas leur origine dans le creur, mais dans le cerveau et dans la moelle épinière, considérée par lui comme un se­cond cerveau; il observe que les compressions du cerveau abrutissent les animaux et que les lésions profondes du cer­veau les privent de sensibilité et de mouvement. Galien lo­calisait l'àme rationnelle dans la masse cérébrale et les pas­sions dans les viscères. "Il me semble acceptable, écrivait-il, que l'àme elle-meme réside dans le corps du cerveau où elle produit l' activité pensante, et que le souvenir d es images sensibles soit conservé là". Le cerveau est ainsi interprété comme étant le lieu où affluent les images, où la pensée se forme, où les souvenirs s'emmagasinent.

Galien discuta aussi la doctrine du médecin alexandrin Hérophile (vers 300 av. J.C.), doctrine d'après laquelle le siège de l'àme est à situer dans les ventricules cérébraux. Quoi qu'il n'accepte pas cette théorie, il en retient que la fonction des ces derniers est, peut-etre, d'élaborer ultérieu­rement les esprits animaux qui sont les instruments de l'ac­tion de l'àme. L'idée de localiser dans les ventricules céré­braux les fonctions, ou, comme on les appelait alors, les fa­cultés mentales, eut une diffusion et un développement ex­traordinaires durant le Moyen Age et pendant tout le début de l'ère moderne. Dans sa forme la plus simple, cette conception distinguait trois facultés mentales: l'organe commun à tous les sens, la raison et la mémoire; en outre, el­le attribuait à chacune de celles-ci une cella ou cellula céré­brale. De nombreux auteurs ont augmenté le nombre de ces cellules cérébrales, ou les ont subdivisées. Ainsi, par exem­ple, le sens commun (sensus communis), c'est-à-dire le lieu destiné à recevoir les sensations transmises depuis les orga­nes des sens, pouvait etre relié à une cellule supplémentaire comme l'imagination, ou bien une unique cellule pouvait etre subdivisée en sens commun et en imagination.

La tripartition de l'àme; le cardiocentrisme aristotélicien et la conception de la sensibilité du creur; la doctrine galéni­que du cerveau et des esprits animaux; la doctrine de la lo­calisation des facultés dans les ventricules cérébraux connurent toutes une énorme diffusi o n durant le XVJ< et au début du XVII< siècle, donnant lieu, à leur tour, à toute une série de conceptions syncrétiques. Les faits plutot nou­veaux résident, cependant, dans une pratique sectorielle plus fréquente et renouvelée d'un point de vue technique; dans une expérimentation physiologique plus large et plus méthodique; dans une renaissance substantielle de l'anti-

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que tradition alexandrine et galénique. L'anatomiste colla­bore à présent avec le peintre et son reillui permet de voir dans le cadavre plus que ce que son langage technique lui permet de nommer. Les planches anatomiques deviennent parfois plus significatives que le texte lui-méme et quel­ques-unes d'entre elles traversent toute la littérature spécia­lisée du XVIIe siècle, voire d'une bonne partie du XVIII<, tant elles sont reproduites. T el est le cas, par exemple, des planches sur le cerveau présentées dans le De humani corpo­ris fabrica (1543) d'André Vésale (1514-1564). Quant aux planches de Bartolomeo Eustachio (vers 1519-1574), elles seront publiées pour la première fois en 1714 seulement, soit bien plus d'un siècle après la mort de leur auteur, se prétant encore à un commentaire scientifique d'actualité. L' amour du détail et de la recherche factuelle prit, chez cer­tains auteurs, le pas sur l' acquisition passive d'une doctrine, pour devenir critique destructrice de théories anciennes et prestigieuses. Un exemple, parmi tant d'autres: Vésale contesta la doctrine de la localisation des facultés dans les ventricules cérébraux. Comment était-il possible, argumen­ta-t-il, de localiser les facultés de l'ame rationnelle dans les ventricules, "comme elles so n t ainsi localisées par ceux qui aujourd'hui se targuent du nom de théologiens" , quand de tels ventricules sont semblables structurellement chez l'homme et chez les animaux, alors méme que l'on dénie cette ame rationnelle aux animaux? Cet amour, cette véné­ration méme pour le détail et pour la critique développa chez de nombreux anatomistes du XVIe siècle une grande prudence, qui devint habitude, pratique quotidienne, mar­que professionnelle. T elle est la prudence de Sténon à la fin du XVIIe siècle ou de Haller au XVIII<_

Lorsqu'il écrivit sur le cerveau, V ésale avait déclaré que, sur la base d es expériences de vivisection, il était en mesure d'en suivre selon toute vraisemblance les fonctions, affir­mant cependant: "Je suis incapable de comprendre com­ment le cerveau peut exercer sa fonction d'imaginer, médi­ter, penser et se souvenir" _C'est au vu d'une telle incapacité déclarée de comprendre comment peuvent s'exercer les fonctions du cerveau, que l'on peut imaginer historique­ment la portée de la témérité cartésienne et le bouleverse­ment promis et réalisé par lui, de méme que par quelques­uns de ses plus jeunes contemporains.

Descartes localisa l'action de l'ame dans une seule partie solide du cerveau, la glande pinéale (conarium), abandon­nant donc le creur au profit du cerveau. En outre, il sub­stitua à la théorie de la localisation des diverses facultés une autre, selon laquelle celles-ci proviennent de l'action de l'a­me indivise sur un organe unique; celui-ci reçoit et retrans­met mécaniquement des flux d'esprits animaux et ceux-ci sont transmis ou retransmis plus ou moins fortement par la

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disposition mécanique des divers mécanismes constituant la machine corporelle. Descartes distinguait, en outre, qua­tre niveaux de conscience dans l'homme, les mettant en rapport avec quatre niveaux de tension des nerfs. Dans une des deux lettres écrites au père Marin Mersenne (1588-1648) le 30 juillet 1640, il soulignait que, du moment que n otre ame n'est pas double "mais une et indivisible", il lui semblait "que la partie du corps à qui elle est le plus immé­diatement unie, doit aussi étre une et non divisée en deux semblables" _ Dans son traité sur les Passions de l'lime, im­primé en 1649, il confirmait publiquement ce point (artide 32): "La raison qui me persuade que l'amene peut avoir en tout le corps aucun autre lieu que cette glande où elle exer­ce immédiatement ses fonctions est que je considère que les autres parties de notre cerveau sont toutes doubles, comme aussi nous avons deux yeux, deux mains, deux oreilles, et enfin tous les organes de nos sens extérieurs sont doubles; [ ___ ] il faut nécessairement qu'il y ait quelque lieu où les deux images qui viennent par les deux yeux, [_ __ ] se puissent assembler en une avant qu'elles parviennent à l'ame, afin qu' elles ne lui représentent pas deux objets au li eu d'un"_

L'innovation introduite par Descartes résidait moins dans la formulation de cette théorie que dans le fait d'avoir soutenu que les facultés mentales des hommes, tout comme leurs passions, pouvaient étre comprises, pour autant que l'on considérat le corps humain, et le cerveau lui-méme, comme une ma chine, et que l' on considériì.t les deux avec une mentalité mécaniciste. En conclusion du De homine, Descartes écrivit: "]e désire que vous considériez, après ce­la, que toutes les fonctions que j'ai attribuées à cette machi­ne, [_ __ ] suivent toutes naturellement, en cette machine, de la seule disposition de ses organes, ne plus ne moins que font les mouvements d'une horloge, ou autre automate, de celle de ses contrepoids et de ses roues; en sorte qu'il ne faut point à leur occasion concevoir en elle aucune autre ame vé­gétative, ni sensitive, ni aucun autre principe de mouve­ment et de vie, que son sang et ses esprits, agités parla cha­leur du feu qui brwe continuellement dans son creur, et qui n'est point d' autre nature que tous les feux qui so n t dans les corps inanimés" _La révision cartésienne de la doctrine des esprits animaux reprenait ainsi des éléments de la tradition aristotélicienne et galénique, exprimés cependant dans le langage métaphorique qui lui avait été inspiré par les arts mécaniques les plus sophistiqués de son époque.

L'influence de l'reuvre de Descartes sur les générations ultérieures de savants fu t large, profonde et diversifiée. Ain­si, par exemple, parmi les philosophes et les psychologues, il est un thème cartésien qui a fourni le su jet de débats et ré­flexions, et ce jusqu'à nos jours encore; c'est celui de la dis­tinction entre res cogitans et res extensa, surtout en relation

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au problème de l'interaction psychophysique. Les animaux constituaient pour Descartes exclusivement des res extensa; dès lors, ils étaient privés d'ame et leurs comportements pouvaient ètre expliqués en termes d'automatismes corpo­rels. L'homme, par contre, est un "mixte", une "union" , surtout au niveau de la glande pinéale et du cerveau, de res extensa et de res cogitans, deux substances considérées par ailleurs comme incompatibles entre elles. Quoique Descar­tes ait présenté officiellement sa conception comme dualis­te, il y a plusieurs éléments dans so n ceuvre qui indiquent la présence d'une théorie trialiste, parsa conception de l'horn­me comme "mixte" et "union". Lorsque Frans Burman (1628-1679), discutant avec le philosophe en avril1648, lui demandait, parmi tant d'autres choses, comment il était possible quel' a me put agir sur le corps et inversement, Des­cartes lui répondit: "Ceci est le point le plus difficile à ex­pliquer; mais ici l'expérience suffit, si claire, en ce cas, qu'elle ne peut ètre contestée en aucune façon, comme il apparait par les passions" .

Chez les anatomistes et physiologistes, l'influence dura­ble de Descartes a consisté plus à renforcer et diffuser une mentalité mécaniciste età infléchir les recherches sur les au­tomatismes physiologiques que dans le succès de ses ex­plications. Dans l'historiographie de la science, il y a une cu­rieuse équivoque à propos de Descartes. Souvent, en effet, on dit qu'il aurait formulé le premier la théorie des réflexes. Les physiologistes et les historiens se so n t rendus com p te de cette équivoque après la formulation de la théorie des réfle­xes durant les années trente du xrxe siècle, et certainement pas pendant les cent soixante-dix ans qui ont séparé la pu­blication du De homine (1662) de la formulation de la théo­rie (1833). Il est certain que Descartes a étudié les mouve­ments que nous appelons réflexes, comme d'ailleurs de nombreux médecins avant lui. Mais le type d 'automatismes supposés par lui pour expliquer ces mouvements diffère considérablement de ceux décrits dans le courant du xrxe siècle. Dès lors, selon nous, so n mérite et son influence con­sistent surtout à avoir cerné la question des automatismes physiologiques.

Par ses recherches sur le cerveau, Thomas Willis enten­dait égaler celles de William Harvey (1578-1657) sur le cceur. Alors que celui-ci avait découvert et décrit la circula­tion sanguine, attribuant ainsi une nouvelle fonction au cceur, Willis voulait fournir une théorie sur la circulation des esprits animaux, attribuant au cerveau une fonction au­tant dans l' élaboration d es esprits, que dans leur transmis­sion. Pour lui, le sang qui irrigue la base du cerveau su bit un processus de distillation et spiritualisation dans la sub­stance grise du cerveau et du cervelet, comparés à des alam­bics, devenant ainsi l'esprit animai. En tant que tel, celui-ci

La découverte du cerveau

parcourt les nerfs, avec des mouvements alternés de flux et reflux, depuis l'encéphale jusqu'à la périphérie et inverse­ment. "Chaque fois qu'une impression sensible arrive de la périphérie comme le stimulus de la vision, celui-ci se réper­cute à l'intérieur comme l'ondulation de l'eau et est trans­mis aux corps striés, où la sensation reçue de l'extérieur de­vient une perception ou sens interne. Si, cependant, l'im­pression est transportée plus outre et pénètre le corps cal­leux, l'imagination prend la place de la sensation. Si, après cela, la mème ondulation des esprits percute le cortex, com­me si c' était la dernière digue, elle y imprime une image ou caractère de l' objet qui, lorsqu' il est reflété plus tar d, renou­velle le souvenir de la chose elle-mème."

Willis, tout comme Descartes, abandonnait la théorie ventriculaire des facultés; mais, au contraire de ce dernier, il assignait la réalisation des fonctions spécifiques non pas à une seule structure, mais à plusieurs. Il décrivit, par exem­ple, l'activité du sens commun, placé par lui dans ce qu'il appelle la partie centrale du cerveau, de la sorte, avec son langage imagé: "Il est possible de concevoir une partie cen­trale du cerveau, une sorte de chambre plus intime de l'a­me, équipée de miroirs dioptriques, dans la partie centrale de laquelle les images ou représentations de toutes les cho­ses sensibles, expédiées à travers les canaux des nerfs qui sont comme des conduits ou d'étroites ouvertures, passent d'abord à travers les corps striés comme à travers une lentil­le, et se révèlent donc sur le corps calleux comme sur un mur blanc et provoquent ainsi la perception et en mème temps une certaine imagination des choses senties".

Willis associa le sens commun et les mouvements volon­taires au corps strié; l'imagination au corps calleux; la mé­moire au cortex cérébral; le comportement instinctif à la partie centrale du cerveau (par laquelle il entendait peut­ètre la languette quadrigéminée); et les mouvements invo­lontaires, c'est-à-dire la régulation des fonctions vitales, au cervelet et au nerf intercostal ( chaine du sympathique). Mé­decin réputé, formé à la chimie, anatomiste et physiologiste, Willis est généralement considéré comme le principal neu­ro-anatomiste du XVIIe siècle et comme le père de la phy­siologie expérimentale du cerveau. Et effectivement, per­sonne avant lui n'avait pu rassembler et structurer une quantité aussi remarquable d'observations originales ou ac­quises par un examen critique, les tirant de l'anatomie hu­maine et comparée, de la pathologie et de la clinique ni, en mème temps, les fondre en une coriception générale (dans le cas de Willis, corpusculaire) avec autant de cohérence. Admiratifs, les historiens le regardent comme l' auteur qui, parsa précision et l' étendue de ses vues, a dépassé toutes les descriptions précédentes du système nerveux centrai et pé­riphérique, qui a fourni une classification des nerfs en-

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

Anonyme (XVII' siècle) Allegorie du go(!t. Collection particulière. Hotel Helvetia Bristol, Florence.

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L'organe de la vue Cires colorées montées sur panneau. Clemente Susim; 1803-1805. Cagliarz; Università degli Studz; Dipartimento di Citomorfologia.

L'organe du toucher Cires colorées montées sur panneau. Clemente Susini, 1803-1805. Cagliari, Università degli Studi, Dipartimento di Citomor/ologia.

La découverte du cerveau

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

céphaliques largement utilisée pour plus d'un siècle, qui a annoncé certaines des théories sur la localisation cérébrale des xrxe et xxe siècles, et finalement comme celui qui au­rait donné naissance au concept de réflexe. Par ailleurs, on est frappé, lors d'un contact direct avec ses textes, par l'as­pect spéculatif de ses ceuvres; par le corpuscularisme inévi­tablement théorique; et par l'usage d'un langage qui re­court de façon répétée à d es analogies avec d es phénomènes chimiques, optiques ou juridiques pour expliquer le fonc­tionnement du cerveau. Mais, à vrai dire, comment rendre compte des esprits animaux, ces entités théoriques, et en vi­sualiser le trajet, sinon en recourant à des analogies prises dans la vie quotidienne ou aux pratiques expérimentales de la chimie et de la physique? C'est précisément à cette ques­tion que tenta de répondre Marcello Malpighi (vers 1627-1694), au moins en partie, utilisant soit le microscope -le curieux objet qu'il éleva au rang d'instrument de la révolu­tion scientifique -, soit de nouvelles techniques de prépara­tion anatomique.

La Cerebri anatome de Willis parut à Londres en 1664. Le 24 septembre de la meme année Silvestro Bonfigliuoli (1637- 1696), informa de Bologne son ami Malpighi, qui ré­sidait alors à Messine, d'en avoir reçu une copie provenant de Venise. Le 23 octobre 1664, Malpighi lui répondit : "]'ai beaucoup apprécié d'apprendre l'arrivée du livre de Willis de cerebro et de usu nervorum, et j'espère que je pourrai en prendre une plus ample connaissance, parce que cela fait déjà quelque temps que je travaille sur l'argument. Et dès à présent, j'ai en vue d'écrire une lettre destinée à M. Fracas­sati, sur la structure du cerveau et sur les nerfs optiques, dont le contenu consiste à exposer les deux substances dif­férentes qui composent le cerveau et à prouver que la sub­stance médullaire et bianche du cerveau n'est rien d'autre qu'un écheveau de fibre bianche- nous voulons dire par là un faisceau dont le centre est la moelle épinière et ceux-ci vont finir dans le cortex, c'est-à-dire dans l'autre partie du cerveau.J'ai tenté de décrire du mieux que je pouvais les ex­trémités de ces fibres, de meme que la situation différente de l'autre partie dans le cerveau et la moelle épinière. J'ai cherché à savoir si ces fibres sont des canaux; si, du cerveau sort un sue et comment il est filtré par le cortex; si les ventri­cules sont des conducteurs, des récepteurs, ou d 'autres choses du meme genre. Le motif de toutes ces recherches fut l'espadon que j'ai observé l'année dernière et cette an­née, parce que les fibres se voient très clairement dans les ventricules des poissons. Témoin de tout ceci M. Giovanni Alfonso Barelli et les autres Excellences de l' Assemblée du Sérénissime Grand Due, informés par mes lettres. Mais ce ne sont là que broutilles; ce ne sera pas pour moi une mince consolation si je vais dans le sens d es observations de Willis,

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homme insigne. Cela m'enseignera à etre plus bardi encore. Tu verras quelques observations de ma part, sur la langue, que je ferai imprimer par ici, et tu auras aussi quelque chose sur la graisse, dont je ne suis pas satisfait encore en ce mo­ment. J e recevrai avec plaisir le livre de Willis."

Le 31 octobre 1664, Malpighi obtint l' autorisation de pu­blication pour le De cerebro, publié l' année suivante à Bolo­gne, dans les T etras anatomicarum epistolarum de lingua, et cerebro, sans avoir pu prendre connaissance de l'ouvrage de Willis, de la "témérité cartésienne" duquel se scandalisait so n protecteur scientifique Giovanni Alfonso Barelli (1608-1679) . On ne sait pas avec précision quand Malpighi lut le livre de Willis: avant, cependant, la rédaction définitive de so n traité de recherche anatomique intitulé De cerebri corti­ce, publié à Bologne à la fin de l'été 1666, et probablement aussi avant sa rencontre avec Stenon, à Rome au mois de mai de la meme année.

Pendant les années 1664-1666, Malpighi réussit à identi­fier quelques-unes des machinulae qui composent la machi­ne corporelle, en affinant une technique de décomposition des parties, par éminçages successifs des surfaces, exécutés par divers artifices. Plusieurs découvertes importantes de neuro-anatomie remontent à ces années, comme celle des papilles de la langue ou des papilles tactiles, qu'il interpréta comme étant les extrémités de fibres nerveuses, et donc comme des récepteurs destinés au goùt et au toucher. Il s'a­git là d 'acquisitions qui resteront substantiellement inchan­gées jusqu'à la moitié du XIXe siècle. Remante aussi à ces années son modèle de la structure de la glande, qui restera lui aussi dominant jusqu'à la moitié du xrx:e siècle. D'après ce modèle, la glande est une machinula typique, destinée à filtrer certaines particules du sang artériel et pourvue d'une cavité membraneuse (follicule), elle-meme pourvue d'artè­res, de veines et d 'un conduit excréteur. Dans le De cerebro (1665), Malpighi observe, aussi bien dans la masse cérébrale des animaux supérieurs, que dans celle des poissons de grande dimension, que la substance grise n'est pas disposée seulement dans la partie externe du cerveau, comme l'écor­ce dans un arbre, mais est distribuée aussi autour des ap­pendices externes du corps calleux et dans les ventricules eux-memes, surtout dans la zone voisine de la naissance de la moelle épinière. Il observe aussi la fine ramification arté­rielle et suppose l'existence de perforations entre celle-ci et la substance grise, sans parvenir cependant à une conclu­sion qui le satisfait. Il décrit aussi les fibres qui constituent la substance bianche, cherche à en suivre le cours dans les différentes parties du cerveau et avance l'hypothèse que, d 'une p art, elles ont leurs "racines" dans la substance grise et, d 'autre part, elles partent ensuite dans la moelle épiniè­re. Le modèle analogique du système nerveux de Malpighi

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est celui d'un arbre dont les racines sont dans la substance grise et dans les fibres encéphaliques, le tronc dans la moel­le épinière, et les branches dans les ramifications nerveuses à travers tout le corps.

Par rapport aux théories de Willis, Malpighi assume une attitude intellectuelle semblable à celle de Stenon et estime ne pas pouvoir établir quels sont les sièges précis de l'imagi­nation, du sens commun et de la mémoire. Par contre, il pense pouvoir illustrer quelle est la machinula destinée à la formation du sue nerveux ou, selon la terminologie ancien­ne, de l'esprit animai.

Stimulé parla lecture de l'ouvrage de Willis, reprenant explicitement une vieille sentence hippocratique d' après la­quelle le cerveau serait une grosse glande, et frappé par ses découvertes personnelles effectuées sur cles sections de reins frais, Malpighi arriva à la conclusion que "la forteresse de Pallas" et, en particulier, la substance grise du cerveau est constituée d'une masse importante de petites glandes destinées à filtrer le sang artériel, le transformant en sue nerveux. Dans son traité intitulé De cerebri cortice, il écrivit que les glandes cérébrales se voient difficilement à l' état frais, parce que, surtout chez les animaux supérieurs, elles so n t détruites par l' ablation de la pie-mère et leurs contours ne sont pas facilement discernables à cause de leur brillan­ce, de leur tendresse et cles espaces interstitiaux. Il soutint, par contre, que, en faisant bouillir le cerveau et en le mouil­lant d'encre (enlevée ensuite avec un pinceau), les contours de ces glandes deviennent visibles.

Certains de nos scientifiques contemporains, lisant le De cerebri cortice, malheureusement privé de toute illustration, ont estimé, sur la base de ses descriptions, que Malpighi avait vu, en réalité, les cellules nerveuses, avec leur corps ovale et l'axone. Les descriptions de Malpighi légitiment, en effet, une telle interprétation. Mais le contexte expéri­mental s'y oppose. Certains historiens, en effet, répétant les observations de Malpighi avec les méthodes utilisées par ce­lui-ci, ont démontré de façon convaincante que Malpighi n'a pas vu les neurones de la substance grise, mais le tissu capillaire, et qu'il a été abusé par cles artefacts interprétés par lui comme étant cles glandes.

La théorie selon laquelle la substance grise du cerveau serait constituée de glandes connut une diffusion remar­quable à la fin du XVIIe siècle et pendant toute la première moitié du siècle suivant. Ceci parce qu'elle identifiait une microstructure comme étant responsable de la formation du sue nerveux, et p arce qu' elle correspondait bien à la con­ception mécaniciste et corpusculaire de l' époque. Aussi fut­elle reprise, par exemple, par Govert Bidloo (1649-1713), par Raymond Vieussens (vers 1635-1715) et, dans un pre­mier temps, par Hermann Boerhaave (1668-1738), qui la di-

La découvert•: du cerveau

vulgua à travers son enseignement influent. Il restait cepen­dant une objection à la théorie de Malpighi: s'il y a vraiment cles glandules dans la substance grise du cerveau, comment celles-ci font-elles pour sécréter rapidement et continuelle­ment les esprits animaux? C'est encore en relation avec cet­te question que, entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, se développa une théorie décriée par la suite, selon laquelle la dure-mère est la partie la plus importante du corps et, pour d'aucuns, le siège de toutes les fonctions mo­trices et sensorielles.

Le phénomène qui se trouvait à la base de cette théorie était celui cles pulsations du cerveau, perceptibles par la palpation de la fontanelle, lorsque celle-ci n'est pas eneo re fermée chez les nouveau-nés, et visibles au terme de la tré­panation du crane d 'un malade ou dans le cas d'ouvertures de la boite cranienne, dues à de graves lésions. Ce phéno­mène avait déjà fait l'objet d'innombrables conjectures, et ce depuis l'Antiquité. C'est ainsi que, au XVIe siècle, Jean Fernel (1497-1588), par exemple, avait soutenu que le cer­veau "est agité d 'un mouvement constant'', tandis que les méninges sont immobiles "mais extrèmement sensibles". Willis supposait, par contre, que la dure-mère avait un mouvement indépendant et qu' elle était composée de fibres contractiles, et que le cerveau, quant à lui, ne se mouvait pas. Humphrey Ridley (1653-1708) soutenait que la dure­mère était constituée de fibres musculaires qui s'irriguaient depuis la faux du cerveau.

Dans son traité intitulé De dura e meningis fabrica et usu, de 1701, Antonio Pacchioni (1665-1726) décrivit la dure­mère comme étant un organe moteur comprenant trois mus­cles et quatre tendons. Il fit bouillir la dure-mère et montra ainsi la structure rayée cles fibres qui la composent et qui, selon sa façon de voir, forment cles sortes de pyramides ana­logues aux quatre chambres du creur. Il estima que la fonc­tion de la dure-mère était de comprimer, à travers un mou­vement "tremblo-oscillatoire", le sang dans les glandes sup­posées de la substance corticale, pour leur faire sécréter les esprits animaux et envoyer ainsi ceux-ci dans les conduits nerveux de la substance bianche. Giorgio Baglivi (1668-1707), qui fut l'ami et le collègue de Pacchioni à Ro­me, en étendit la théorie, et ce avec cles conséquences im­portantes aussi bien pour la physiologie générale que pour la pathologie. Il postula, en effet, une relation entre les mé­ninges et toutes les autres membranes du corps; en particu­lier, il soutint que les membranes enveloppant les nerfs constituent une continuation cles méninges, qui ont, par ce fait mème, un contrale sur la transmission nerveuse elle­mème. La dure-mère devint ainsi, pour de nombreux au­teurs, la structure la plus importante du corps, responsable d es fonctions sensorielles et motrices. Cette théorie fu t l' ob-

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

jet de vi ves polémiques, dans lesquelles les chirurgiens aussi furent impliqués. Illeur fut demandé d 'établir si les ménin­ges de leurs patients pendant les trépanations étaient sensi­bles à la stimulation ou à des incisions.

Des expériences de vivisection, d es recherches cliniques et pathologiques, de nouvelles techniques anatomiques et des analyses chimiques furent effectuées sur le cerveau, de­puis la seconde moitié du XVII< siècle et pendant tout le XVIII< siècle, cherchant à dévoiler les mystères de ce der­nier. Voyons-en quelques exemples. Quelle est, en sub­stance, la fonction du cerveau dans la machine animale? Que ce passe-t-il chez un animai qui en subit l'ablation tota­le ou partielle? Le passage suivant de Francesco Redi (1626-1697) illustre dramatiquement l'introduction de la vivisec­tion comme technique expérimentale pour répondre à de telles questions. "]e cherchais, pour passer le temps, quel­ques notions relatives au cerveau et au mouvement des ani­maux. Dans ce but, j'avais enlevé, à plusieurs reprises, le cerveau à de nombreuses générations de volatiles et de qua­drupèdes. Puis, lorsque j'observais les événements, il m'est venu l'idée de voir ce qui se passait chez les tortues terres­tres. Au début du mois de novembre, je fis une large ouver­ture dans le crane de l'une d'elles et j'en enlevai soigneuse­ment le cerveau, nettoyant bien la cavité de telle sorte qu'il n'y resta plus le moindre fragment. Laissant ensuite ouverte la perforation dans le cr:ane, je laissai la tortue aller en toute liberté. Et celle-ci, comme si elle ne souffrait d'aucun mal, se déplaça et se promena franchement, errant à l'aveuglette là où il lui plaisait d'aller. ]'ai dit à l'aveuglette, parce que, après la perte du cerveau, elle ferma aussitòt les yeux, sans plus jamais les rouvrir. La nature, qui est le seui vrai méde­cin des maux, recouvrit en trois jours le large trou effectué, comme dit ci-dessus, dans le crane, là où manquait l'os, d'un nouveau voile de chair fermant le tout. La tortue, sans jamais perdre la force de se promener librement à son désir ni de faire tous les mouvements qu'elle voulait, vécut jus­qu'au milieu du mois de mai. Quand elle fut morte, j'ob­servai la cavité où il devait y avoir le cerveau et je la trouvai bien nette et propre, totalement vide, exception faite d'un peti t grumeau de sang, sec et noir".

François Gigot de La Peyronie (1678-1747) cerna bien en 1708la question des lésions cérébrales, la confirmant par des faits cliniques. Il soutint, en effet, que si une sensation est provoquée par le reflux d'esprits animaux dans une par­tie déterminée du cerveau, la lésion de cette partie devrait priver l'ame de cette sensation. Et il signala aussi que, si quelques parties du cerveau subissent une lésion sans que l'on note une détérioration des activités psychiques, cela pourrait etre dù au fait que ces activités ont été reprises par d'autres parties cérébrales. En 1741, il prouva, avec faits eli-

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niques et données d'autopsie à l'appui, que toutes les par­ties du cerveau ne sont pas essentielles à la vie et que toutes ne sont pas essentielles aux fonctions de l'ame. Il en conclut, dès lors, que ces dernières lui paraissaient s' exercer surtout dans le corps calleux.

Une des plus spectaculaires techniques de préparation anatomique consista à injecter des substances cireuses dans les vaisseaux, pour en rendre évidents la présence et le par­cours dans les diverses parties du corps. Frederik Ruysch (1638-1731) fut le plus grand maitre de cette technique. Dans le cerveau, par exemple, il réussit à mettre en évidence toute la ramification des capillaires, si fine et abondante, al­lant jusqu'à soutenir que la substance corticale du cerveau et du cervelet était constituée entièrement de vaisseaux et non de glandules comme le prétendaient Malpighi, Vieus­sens et de nombreux autres auteurs.

Dès le XVII< siècle, des savants avaient cherché à étudier la constitution chimique du cerveau. Francesco Giuseppe Borri (1627 -1695), par exemple, avait écrit en 1669 quel' eau constituait à peu près 75 % du poids total du cerveau, et que le reste était constitué de matières grasses. En 1719, un pro­fesseur de médecine de l'université de Giessen, Johann Thomas Hensing (1683-1726), fit une découverte surpre­nante. Pour lui, le cerveau était le "laboratoire principal de l'ame" et, citant un collègue, "la métropole des pensées, le laboratoire du jugement, le dépòt de la mémoire, la source de tous les sens, la chaire et université des esprits animaux" . De plus, utilisant les techniques de la chimie analytique de so n époque, il réussit m eme à isolerà partir de cerveaux bo­vins de très petites quantités de phosphore. Cette découver­te pouvait se preter à de remarquables spéculations sur la nature des esprits animaux, spéculations dont il s'abstint toutefois ou qu'illaissa sous-entendues.

A la moitié du XVIIIe siècle, il y eut une révision des théories sur la localisation de l'ame. Quelques auteurs, en effet, en étendirent l'a etio n à tout le système nerveux, tandis que d' autres, niant une telle extension, retinrent qu' elle n' é­tait pas localisable dans des parties spécifiques de l'en­céphale. Les deux auteurs les plus représentatifs de ces deux tendances furent respectivement Robert Whytt (1714-1766) et Albrecht von Haller (1708-1777).

En 1751, Whytt publia l'ouvrage intituléAn Essay on the Vita! and other Involuntary Motions of Animals, dans lequel il soutenait qu'il existe dans l'homme un principe immaté­riel sensitif et intelligent ("l'esprit ou ame" ) et que celui-ci est à l'origine aussi bien de la vie que du mouvement et des sens. En outre, il estima qu'un principe analogue existe aus­si chez les animaux. Une telle conception lui valut de se fai­re taxer d'animiste par ses contemporains. Farmi les mou­vements du corps, Whytt distingua trois types: volontaires,

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involontaires et mixtes. Ainsi, l'activité cardiaque ou l'éter­nuement, par exemple, constituent pour lui des mouve­ments involontaires, tandis que la respiration représente un mouvement mixte, parce qu'elle peut ètre modifiée parla volonté. Il soutint que les stimuli du mouvement sont tou­jours réglés par le principe sensitif; que celui-ci parcourt tout le système nerveux; et qu'il a aussi son siège dans la moelle épinière. Etudiant des automatismes animaux (des réflexes, dirions-nous) chez des grenouilles décapitées, il observa que la stimulation de la moelle épinière causait la flexion des membres inférieurs, tandis que sa destruction empèchait l' excitation au mouvement de ces membres. Il remarqua en outre qu'il suffisait de laisser intact ne fiìt-ce qu'un segment de la moelle épinière pour que ces mouve­ments puissent ètre excités. Des expériences de ce genre (qui so n t à la base des développements ultérieurs de la réfle­xologie) ont permis à Whytt de démontrer que le principe sensitif agit aussi dans les segments de la moelle épinière des grenouilles décapitées. Ses adversaires eurent beau jeu de le critiquer, soutenant qu'il avait ainsi fait éclater l'unité de l'àme.

En 1753, le physiologiste bernois Albrecht von Haller publia à Gèittingen un essai qui fit date, sous le ti tre De par­tibus corporis h umani sensibilibus et irritabilibus. C et ouvra­ge reposait sur de nombreuses expériences de vivisection et de stimulation des organes. Avec une technique assez rudi­mentaire de stimulation - par simple pression mécanique, incision, étirement, excitation avec l' électricité ou avec d es substances chimiques - , Haller constata que les réactions différaient selon les diverses parties du corps humain. Ces parties furent classées par lui en irritables, sensibles ou élas­tiques. En particulier, étaient irritables tous les organes qui, stimulés, réagissaient au stimulus en se contractant. Etaient sensibles, au contraire, les parties qui, à la suite de la stimulation, manifestaient la douleur à travers les plaintes du cobaye. Haller notait que les parties irritables étaient toutes musculaires et observa, par exemple, que le cceur était capable de se contracter mème vingt à trente heures après avoir été enlevé du sujet. Pour Haller, l'irritabilité était donc l'équivalent de ce que l'on appela plus tard la contractilité. Il observa en outre que, en otant complète­ment les nerfs d'un muscle, celui-ci gardait sa propriété de se contracter lorsqu'il était stimulé; en conséquence, il re­tint que l'irritabilité était une force inhérente à la matière musculaire et complètement indépendante de la force ner­veuse qui, inversement, peut agir comme stimulus de la contraction. Pour lui, la sensibilité était, quant à elle, la pro­priété de la fibre nerveuse et il retint qu'il y avait des orga­nes plus sensibles, c'est-à-dire majoritairement innervés, et des organes privés de sensibilité.

La découverte du cerveau

En adoptant les techniques expérimentales mention­nées, Haller étudia aussi la sensibilité et l'irritabilité de di­verses parties encéphaliques. L'importance historique de cette recherche ne résida pas tant dans les résultats obtenus (qui, dans quelques cas, furent erronés), mais dans leur sys­tématicité et dans le fait que Haller fit participer à ses tra­vaux quelques-uns de ses élèves qui préparaient leurs thèses doctorales. Ce fut donc un cas de recherche active dans le milieu universitaire du XVIII• siècle.

Un des buts des recherches de Haller et de ses élèves fut d 'examiner la validité expérimentale de certaines des théo­ries antérieures sur le cerveau. Ainsi, dans le quatrième vo­lume des Elementa physiologiae corporis humani, paru en 1762, soit donc un siècle après le De homine de Descartes, Haller nous fournit la synthèse de ses recherches.

Sur la base d'un grand nombre d'expériences effectuées sur des animaux vivants, Haller affirmait que la dure-mère n'était ni sensible, ni innervée, cette dernière affirmation étant fausse . Elle ne pouvait donc ètre le siège du sens com­mun. Elle n' était pas non plus irritable et ne pouvait don c ètre un organe moteur. Ces deux affirmations négatives donnèrent définitivement le coup de gràce à la doctrine de Pacchioni et Baglivi. Haller mi t les pulsations cérébrales en relation avec la respiration. Par une série d'expériences de stimulation du corps calleux sur des chiens, Haller nia que cette dernière structure fut sensible. Ceci visait autant la théorie de la localisation de l'àme dans le corps calleux, sou­tenue par Giovanni Maria Lancisi (1654-1720) et par La Peyronie, que celle de Willis qui y faisait résider l' activité imaginative. Contre Malpighi il nia que le cortex cérébral fiìt constitué de glandes, d'ailleurs il n'y décela aucune sen­sibilité. Pour lui, au contraire, le cortex était constitué prin­cipalement de fins vaisseaux qui transportent un liquide nettement plus fin que le sang. C'est le fluide nerveux, moyen de transport des impressions des sens et des com­mandements de la volonté à travers les nerfs. Pour Haller, en effet, il n'y avait pas de distinction entre nerfs sensitifs et nerfs moteurs.

Haller nia, en outre, que l'àme put siéger dans la glande pinéale ( comme Descartes l' affirmait) ou put avoir so n siège dans la moelle épinière (comme le soutenait Whytt). Avec son habituelle prudence, il signala que le problème de sa lo­calisation ne pouvait ètre posé correctement, parce que les cas de lésions de l' encéphale provoquées artificiellement étaient encore trop peu nombreux, de mème que les dissec­tions de cerveaux de fous. Il conjectura que l'àme pouvait résider dans la substance bianche de l' encéphale et, plus particulièrement, dans les lieux d'origine des nerfs, lieux qui, dans leur ensemble, constituaient le sens commun. C' é­tait en effet les lésions profondes de ces zones qui détermi-

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Anonyme (XVII' siècle) Allegorie de l'odora t. Hotel Helvetia Bristol, Florence.

naient, selon Haller, la perte irréversible de la sensibilité et de la volonté.

Le programme et les techniques de décomposition du cerveau, inaugurés par les savants du XVII< siècle, se révé­laient donc mal adaptés au but de l'entreprise (comprendre les fonctions du cerveau), meme aux yeux de celui qui fu t le meilleur représentant de ce programme durant le XVIIIe siècle. La recherche avait besoin, selon Haller, de tech­niques plus fines pour l'investigation de l'encéphale sain et malade, ainsi que d'études plus vastes, qui puissent consi­dérer le règne animal dans toute son extension.

Le sens commun et les organes des sens L' aspect qui caractérise sans doute mieux que tout autre les recherches anatomiques et physiologiques sur le cerveau, entre la fin du XVII< et le début du :xrxe siècle, est leur étroite connexion avec celles sur la structure et les fonctions des organes des sens. L'encéphale n 'est pas étudié isolé-

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ment. Pour la majeure partie des chercheurs de l'époque le cerveau représente le siège du sens commun et les organes d es sens, avec l es nerfs qui leur sont reliés, so n t la source de toute connaissance du monde extérieur. Un cerveau privé de ses connexions avec les organes des sens était impensa­ble, parce qu'il était impensable d'avoir un sens commun privé de récepteurs sensoriels. Ceux-ci établissaient, en ef­fet , le contact avec le milieu ambiant, qui pouvait donc etre' connu précisément parce qu'il passait par leur intermédiai­re. L'attention des chercheurs se concentra sur les struc­tures physiques qui permettent cette médiation. La ques­tion la plus importante pour eux fut d'individualiser, pour chaque organe des sens, la structure qui en constituait la partie sensitive principale.

L'insistance de la recherche anatomique pour dévoiler la fine innervation des organes des sens et en identifier les zo­nes d 'origine dans le cerveau; l'analyse des ouvrages de l'é­poque, où la question du "cerveau" et des "organes des

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L'organe de l'odorat Cires colorées montées sur panneau. Clemente Susini, 1803-1805. Cagliarz~ Università degli Studi, Dipartimento di Citomorfologia.

L'organe du gotlt Cires colorées montées sur panneau. Clemente Susini, 1803-1805. Cagliarz~ Università degli Studz~ Dipartimento di Citomor/ologia.

La découverte du cerveau

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

sens" était traitée tanto t conjointement, tantot l'une à la sui­te de l' autre; le fait que, p armi les chercheurs qui étudièrent le cerveau, comme par exemple Antonio Scarpa (1752-1832) ou Samuel Thomas Soemmerring, nombreux furent ceux qui écrivirent cles ~uvres spécialisées consacrées à un ou plusieurs organes cles sens, sont toutes choses qui prou­vent largement combien les deux questions étaient ressen­ties comme étroitement liées.

En ce qui concerne les prédilections philosophiques, les anatomistes et physiologistes de l'époque penchaient pour cles auteurs commeJohn Locke (1632-1704). Celui-ci, niant la validité de la théorie cles idées innées, soutenait, au con­traire, que toute connaissance avait son origine dans l'ex­périence. Certains, cependant, furent fascinés par cles thè­ses comme celles de George Berkeley (1684-1753) qui tout en admettant la variété d es sensations imprimées par l es ob­jets sur les sens, affirmait que les sensations prenaient leur existence dans le fait qu'elles étaient perçues par un esprit . Cette thèse attribue un role extremement actif à l'es­prit, le distinguant d'un substrat matériel, et fait apparaitre comme insignifiantes les recherches anatomo-physiologi­ques sur le cerveau, à qui voulait étudier, précisément, l'ori­gine cles idées. La thèse de Locke, en revanche, si elle attri­buait un role passif à l'organe commun à tous les sens, sou­vent imaginé lui-meme comme un vrai réceptacle cles sensa­tions, laissait la place à cles recherches ultérieures.

A cette époque se constitua une aire de recherche qui, au moins dans sa problématique, était commune aux anatomis­tes et physiologistes, d'une part, aux philosophes et psy­chologues, d'autre part. Elle rendait possible l'élaboration d'histoires naturelles de l'esprit et d'une philosophie sen­sualiste qui étudiait l'origine d es idées et cles connaissances, en partant précisément cles données fournies par les orga­nes cles sens.

n est sans doute symptomatique que deux chercheurs, pourtant assez dissemblables entre eux, comme Etienne Bonnot de Condillac (1714-1780) et Charles Bonnet (1720-1793), se soient trouvés d'accorci au moins sur ceci: étudier l'origine cles idées en utilisant une expérience mentale dans la quelle ils concevaient l'homme comme une statue privée à l'origine de sens (et clone privée aussi d 'idées) et qui, par l'addition progressive cles organes cles sens, commençait à concevoir les diverses idées: une expérience mentale que nous pourrions définir comme une privation sensorielle in­versée. Dans le sillage de la tradition post-cartésienne, le thème de la recomposition de la machine fut clone primor­dial pour ces deux hommes, d'une machine cependant dont l'activité cognitive n'aurait jamais pu fonctionner sans l'exi­stence cles récepteurs sensoriels et cles nerfs qui relient ces récepteurs au sens commun.

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Les conjectures avancées, entre la fin du XVIIe et le dé­but du xrxe siècle sur la structure d es nerfs et sur leur mode de fonctionnement furent nombreuses et diverses.

En ce qui concerne leur structure, de nombreux auteurs, se conformant à une théorie de l' Antiquité, estimèrent que les nerfs sont cles petits canaux creux qui constituent un ré­seau dans lequel circule le pneuma, esprit animal ou sue nerveux. Cette théorie, avalisée, entre autres, par le grand microscopiste Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723), fut combattue par tous ceux qui ne réussissaient pas à distin­guer ces canaux et soutenaient que la substance interne du nerf était spongieuse ou poreuse, en tout cas, de nature telle à permettre toujours le flux d'une matière fine. La théorie du nerf comme canal creux reposait sur une analogie entre système nerveux (nerf- esprit nerveux) et système vasculai­re ( veine- sang). Cette opinion se propagea après la décou­verte de la circulation sanguine et favorisa l'apparition d 'u­ne théorie sur la circulation du sue nerveux que l'on trouve chez plus d'un auteur de la fin du xvrre siècle.

Les détracteurs de la théorie du fluide ou sue nerveux, argumentaient comme ceci: s'il existe réellement quelque chose du genre, une ligature du nerf aurait dù faire apparai­tre un gonflement du nerf meme, en amont de la ligature. Les défenseurs de la théorie répliquaient que, à la sui te de la ligature, on pouvait observer cles paralysies motrices ou sensorielles. En outre, que le gonflement ne se produisait pas, parce que le sue ou fluide sont cles matières trop fines pour le provoquer.

Quant aux avis sur la substance qui aurait constitué le fluide ou sue nerveux, ils présentent une variété extraordi­naire. On a dit qu'elle était une humeur lente et visqueuse; quelque chose de semblable à l'albumine; la partie la plus pure de la lymphe; une substance gélatineuse; un composé de soufre; alcoolique; qu'elle était de l'air; un air mélangé de nitre; un air mélangé de sel et de soufre; qu'elle était de nature ignée; semblable à la lumière; ou encore qu'elle était l'éther, semblable au fluide électrique.

D 'autres savants ont comparé les nerfs à cles cordes mu­sicales ou à cles fils métalliques, soutenant que ceux-ci peu­vent vibrer et que ces vibrations étaient transmises au cer­veau. D'autres encore soutinrent que les nerfs étaient élasti­ques et pouvaient se tendre ou se relacher; ils faisaient dé­pendre l'acuité intellectuelle d 'un individu de la plus ou moins grande tension de ses nerfs. D ' autres, enfin, proposè­rent l'hypothèse que les nerfs transmettaient cles vibrations de l'éther.

Parmi toutes les conjectures présentées ci-dessus, on trouve un point commun: la tentative de substituer aux "esprits animaux" (terme dont certains convenaient désor­mais qu'il recouvrait une qualité occulte) quelque chose de

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matériellement identifiable. Dans de nombreux cas cette tentative se réduisit à remplacer une qualité occulte par une autre tout aussi occulte. Et c'est précisément cela qui ex­plique la permanence chez de nombreux physiologistes du XVIIIe siècle de l'ancienne dénomination d"'esprits ani­maux", mème au risque de ne pas para!tre modernes.

Mais par quels mécanismes les propriétés du monde ex­térieur perçues par les cinq sens étaient-elles véhiculées vers le sens commun? Sur cette question aussi, les réponses fu­rent diverses. Elles dépendaient, pour une large part, de la conception que les savants avaient sur la structure d es nerfs et leur façon d'opérer; et sur la structure des organes des sens et leur fonctionnement. Derrière cette diversité, on ne peut s'empècher de noter, toutefois, un changement de ca­ractère général assez significatif.

Durant le XVIIe siècle la conception dominante était en­core celle selon laquelle les organes des sens véhiculaient vers le sens commun les images ou apparences des objets. Au m ili eu du XVIII" siècle, inversement, il semble que s' im­posait la conception selon laquelle les nerfs trans­mettent des modifications de leur état.

Dans une importante dissertation de 1717, intitulée CEconomia sensuum, Abraham Vater (1684-1741) soutint que les structures papillaires du toucher, gout et odorat étaient constituées de telle sorte qu'elles pouvaient réagir sélectivement aux formes différenciées des particules des substances tangibles, sapides ou odorantes. La réaction était due, selon lui, au contact et à la pression des particules sur les corps papillaires innervés. Vater estimait que les rayons lumineux, provoqués par des vibrations de l'éther, reproduisaient les images des objets sur la rétine, exerçant ainsi une pression sur les fibres du nerf optique qui tran­smettait alors l'image au sens commun. Les ondes sonores, quant à elles, retransmises parla membrane du tympan; par la chame des osselets; parla fenètre ovale et par les anfrac­tuosités du labyrinthe, exerçaient une pression sur le nerf acoustique qui transmettait ensuite, non les figures de l' air ( comme dans le cas de l' ceil), mais d es rapports de percussion.

Au milieu du XVIIIe siècle, la conception générale était devenue assez différente. En 1762, Haller écrivit qu'il fallait distinguer soigneusement quatre éléments: l) les objets ex­ternes avec leurs attributs réels; 2) les pressions qu'ils exer­cent sur les organes des sens; 3) l' effet corporei de telles pressions, une fois transmises au cerveau; 4) la représenta­tion de cet effet dans l'esprit. Il estimai t que les organes d es sens ont un point commun: subissant une pression de la part des objets externes, ils déterminent une modification des fibres nerveuses; et c'est cette modification qui est en­suite transmise au sens commun. Dès lors, ce que le nerf transmet ou véhicule n'est pas, selon Haller, l'image de

La découverte du cerveau

l'objet, mais une modification de l'état lui-mème du nerf, et ce que nous percevons ne sont donc pas les choses elles­mèmes, mais les signes d es choses (signa rerum), inscrits sur les nerfs eux-mèmes. Ces signes sont inscrits et souvent aus­si conservés dans la substance bianche du cerveau, qu'il conçoit comme une immense bibliothèque, avec des livres et des écrits rangés en des positions définies, que l'ame lec­trice lit ou consulte.

Les connaissances acquises sur la structure anatomique macroscopique et, en partie aussi, microscopique des orga­nes des sens, furent remarquables, de la seconde moitié du XVIIe siècle aux toutes premières années du XIXe siècle. Elles eurent aussi des répercussions immédiates sur les théories relatives au fonctionnement des organes d es sens et déterminèrent parfois l'abandon définitif de théories an­ciennes qui avaient fait date.

En 1665, Malpighi identifia dans les papilles de la langue les récepteurs du gout. Puis, en 1666, il découvrit les papil­les dermiques, considérant qu' elles étaient des récepteurs tactiles et thermiques. Identifications correctes, à une pre­mière analyse, mais qui ne seront pas intégrées de façon si­gnificative dans le savoir avant la seconde moitié du XIXe siècle. La découverte d es machinulae du toucher et du gout, c'est-à-dire du sensorium proprium de ces deux organes des sens, fut un des succès éclatants du programme mécaniciste de la recherche.

En ce qui concerne l' organe de la vision, de nombreux éléments furent déjà découverts durant le XVIe siècle et au début du xvue. C'était, en effet, le seul organe sur lequel on pouvait appliquer avec une certaine facilité les méthodes de recherche propres aux sciences physico-mathématiques. Ceci explique aussi pourquoi les phénomènes de la vision ont constitué un champ de recherche nettement plus vaste et bien individualisé par rapport aux phénomènes relatifs aux autres sens. Il avait déjà été démontré que la rétine était l'organe principal de l'ceil. Cependant, mème après les bril­lantes expériences d'Edme Mariotte (vers 1620-1684) qui établirent l' existence dans l' ceil d'un point aveugle, certains auteurs considérèrent que l' organe principal de la vision était la coro'ide et non la rétine. Conviction qui trouva des adeptes jusqu'à la fin des années cinquante du XVIII< siècle.

Dans la période prise en considération ici, de nombreu­ses découvertes de détail on été réalisées. Elles furent sou­vent le résultat de la recherche microscopique ajoutées aux nouvelles techniques de préparation anatomique. Avec l'in­jection de substances cireuses dans les vaisseaux, Ruysch, par exemple, découvrit l'artère centrale de la rétine, tandis que François Pourfour du Petit (1664-1741), sectionnant d es yeux gelés, réussit à démontrer l' exacte localisation du

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

cristallin chez divers animaux. Cette démonstration sonna définitivement le glas de l' ancienne théorie qui, localisant le cristallin au centre du globe oculaire, l'avait élevé au rang d'organe principal de la vision. Grace à la technique de la congélation, Petit fu t aussi à m eme de démontrer définitive­ment l'existence de la chambre antérieure de l'ceil et d'éva­luer, pour la première fois, la quantité d 'humeur présente aussi bien dans la chambre antérieure de l'ceil que dans la postérieure.

Les travaux de Robert Whytt et de Felice Fontana (1730-1805) sur les mouvements de l'iris; ceux de William Porter­field (1696-1771) sur l'accomodation du cristallin; ceux de Thomas Young (1773-1829) sur l'élasticité de la capsule du cristallin; la découverte de la tache jaune ne sont que quel­ques-uns des thèmes traités pendant le xvnre siècle dans le domaine de la recherche sur l'organe de la vision. Et cet or­gane, durant la période romantique et surtout en Allema­gne, ne sera plus considéré comme un pur mécanisme de transmission de rayons lumineux, mais comme un organe actif, l' organe de la lumière.

A la fin du XVII• siècle, une théorie ancienne concer­nant le nez était encore bien présente. D'après celle-ci, le nez n'était pas seulement l'organe de l'odorat, mais fonc­tionnait aussi comme un système de drainage pour le cer­veau. Les anciens étaient convaincus quel' air extérieur était non seulement réchauffé et purifié par le nez, mais, de plus, accédait directement au cerveau, à travers une membrane percée de trous; les substances de déchet expulsées par le cerveau passaient de là dans les fosses nasales, sous forme de mucus et catarrhes. Meme Descartes partageait cette an­crenne opm10n.

En 1655, Conrad Victor Schneider (1614-1680) démon­tra qu'il était impossible que l'air passe des fosses nasales à la cavité cranienne. Puis, en 1660, il établit que les humeurs présentes dans la cavité nasale étaient produites parla mu­queuse nasale. Cette nouvelle conception s'imposa, malgré tout, assez lentement et seulement au fur et à mesure que des anatomistes comme Frederik Ruysch, par exemple, dé­montrèrent l'existence des canaux glandulaires dans la mu­queuse. De meme pour l'odorat: on rechercha, comme pour les autres organes des sens, quel était son organe parti­culier; plus précisément, quelle zone, dans la fosse nasale, était spécialement prédisposée à recevoir les particules odo­rantes. Certains auteurs des XVIJ< et XVIIJ< siècles estimè­rent que le nerf effectif de l'odorat était le trijumeau. Ce n'est qu' à la fin du siècle que l'on parvint à délimiter la ré­gion olfactive, avec les travaux d'Antonio Scarpa (1752-1832) et sa description de l'origine et du parcours du nerf olfactif.

La recherche du sensorium proprium de l' audition domi­na une grande partie des recherches sur l'anatomie et la

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physiologie de l' oreille durant la seconde moitié du xvrre et au xvrne siècle.

Divers auteurs du xvre et du début du XVIJ< siècle re­prirent une théorie de l'Antiquité et pensèrent que l'organe particulier de l' audition était l' aer implantatus ou air congé­nital de la cavité du tympan. Cette théorie reposait sur le pos­tulat que la transmission des sons se fait par des substances semblables. On pensait que les mouvements de l'air ex­térieur à l' oreille étaient reproduits par un air plus léger et parfait situé à l'intérieur de l'oreille. Les découvertes anato­miques effectuées sur l' organe de l' audition par les grands anatomistes de la Renaissance et du début du XVII• siècle menèrent à des révisions sans cesse renouvelées de la théo­rie de l' aer implantatus. En particulier, on se rendit com p te que l'air de l'oreille moyenne ne pouvait etre si léger et si pur, comme on le disait, à cause de la connexion, via la trompe d'Eustache, entre oreille moyenne et pharynx. Cer­tains savants de la fin du xvn· siècle firent alors reculer vers l'intérieur cet air congénital, le faisant résider dans la cavité du labyrinthe. lls formulèrent une théorie de l'audi­tion fondée, d'un còté sur l'idée que cet air congénital exis­te; de l'autre còté sur l'idée que ses mouvements peuvent etre transmis à des corps solides, comme dans le phénomè­ne de la corde en vibration; puis de ces corps solides à des nerfs; enfin, de ces nerfs au sens commun. Cette théorie ré­pondait totalement aux idéaux d'une explication mécaniciste.

En 1683, Guichard-Joseph Duverney (1648-1730) com­para l'oreille interne à un instrument de musique et, pen­sant que celle-ci était remplie d'air congénital, il soutint que l'organe particulier de l'audition était la membrane spirale. D'après lui, celle-ci vibrait avec les mouvements de l'air; en­suite, ces vibrations étaient transmises à l'extrémité des fi­bres du nerf cochléaire; puis, de celui-ci vers le cerveau. En particulier, il pensa que la membrane spirale répondait sé­lectivement aux mouvements de l'air, c'est-à-dire qu'ellevi­brait dans sa partie inférieure sur les sons graves et dans sa partie supérieure sur les sons aigus. Dans l'ensemble, cette théorie de la résonance fu t largement sui vie durant le cours du xvrne siècle, avec les additions qu'y apporta Antonio Maria Valsalva (1666-1723) en 1704. Ce dernier découvrit, notamment, le liquide endo-labyrinthique et c'est sur la ba­se de cette découverte que commencèrent les recherches de Domenico Cotugno (1736-1822), publiées en 1761. Cotu­gno établit que, à l'état frais, le labyrinthe était rempli de li­quide et quel' air en était absent. n rejeta, dès lors, la théorie antique de l' aer implantatus, la remplaçant par une concep­tion hydraulique de l'audition reposant sur deux principes: d'une part, la notion de circulation du liquide endo-laby­rinthique; d'autre part, sur la récente découverte selon la­quelle les sons se transmettent aussi à travers les liquides.

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Il, l

Il,2

La découverte du cerveau

Fiches II, 1-89 Renato G. Mazzolini

II, l Anonyme (XIV• siècle) De generatione embryonis, 1347? F. 64v, 145 x 207 mm Bayerische Staatsbibliothek, Munich: Cod. lat. 527 Reproduction photographique

Bibliographie: W. SUDHOFF 1913: 189-191; BRUYN 1982: 68; CLARKE et DEWHURST

1984: 39.

A la fin de la traduction latine d'un texte d'Avicenne, est dessiné ce schéma dont il n'est pas fait mention dans le texte. Dans la marge supérieure gauche, il est écrit: Ista est anathomia capitis pro medicos. C'est l'il­lustration de la théorie de la localisation des facultés dans les vemricules ou "cellules" cérébrales. La première cella ou cellula contient l'organe sensoriel commun à tous les sens, ainsi que la fantaisie; la seconde, l'imagination et la pensée; et la troisième, la mémoire. Les cinq organes des sens ont des liens les reliant à l'organe commun à tous les sens et convergents vers celui-ci.

II, 2 Martin Guldein von Weissenburg Liber Doctoris Hartmanni Schede! Vers 1435-1440 Au dos de la reliure, 37 x 41 mm Bayerische Staatsbibliothek, Munich: Cod. lat. 73 Reproduction photographique

Bibliographie: K. SUDHOFF 1907: 59; W.

SUDHOFF 1913: 198-199; BRUYN 1982: 68; CLARKE et DEWHURST 1984: 21.

Esquisse représentant la localisation des fa­cultés dans trois zones distinctes de la tete. La légende est la suivante: ymaginativa ve! fantasia/ aestimativa ve! cogitativa ve! cogni­tivalmemorativa ve! reminiscentia.

II, 3 Anonyme (XV< siècle) Dessin attribué à l'année 1441 132 x 204 mm Bayerische Staatsbibliothek, Munich: Cod. lat. 5961 Reproduction photographique

Bibliographie: K. SUDHOFF 1907: 60-61; W .

SUDHOFF 1913: 199-200; BRUYN 1982: 74; CLARKE et DEWHURST 1984: 31.

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

il, }

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Le dessin représente le buste d'une femme et est assez complexe. D'un coté, en effet, il illustre !es connexions entre le toucher et le goùt, d'une part; le cceur, d' autre p art, et ce conformément à une théorie d'origine aris­totélicienne. De l' autre coté, il présente un schéma de la théorie des facultés très bien articulé et, dans la légende à droite, il signa­le que secundum oppinionem Avicennae in cerebro ordinatur ista inferior pars de quin­que sensibus inferioribus. Dans la longue lé­gende figurant dans la marge de gauche, apparaìt une description du crane, des mé­ninges, des cellules cérébrales et de la connexion entre la deuxième et la troisième cellule.

II, 4 Gregor Reisch (1467-1525) Margarita philosophica, rursus exaratum in opera ]ohannis Schotti Argentinensis ad 17 k.k. Apriles anno gratie 1504 Lib. X, trae. II, fig. 18, 140 x 187 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano 15.1.135 Reproduction photographique

Bib!iographie: W. SUDHOFF 1913 : 204; SIN­

GER 1952: 139; KEELE 1957: 57; CROMBIE

1967: 69; GARRISON 1969: 32; MCHENRY

1982: 484-485; CLARKE et DEWHURST 1984: 43.

Quatre lignes de communication relient le goùt, l'odorat, la vue et l'audition au ventri­cule cérébral antérieur, lui-meme divisé en sensus communis, fantasia et imaginativa. Ce dernier est, en outre, relié par le vermis au second ventricule, dans !eque! sont loca­lisées !es facultés cogitativa et estimativa, tandis que dans le troisième ventricule est localisée la faculté memorativa. Les signes curvilignes placés autour des ventricules sont interprétés com me étant des représen­tations des circonvolutions cérébrales.

II, 5 Léonard de Vinci (1452-1519) Cahiers d'anatomie F. 32r, 203 x 152 mm Royal Library, Windsor Reproduction photographique

Bib!iographie: O'MALLEY et SAUNDERS

1952: 142; CROMBIE 1967: 34; TODD 1983: 82-93; CLARKE et DEWHURST 1984: 40-41; LEONARDO 1984: 32 recto.

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ll, 4 n. ~

La découverte du cerveau

Dans cette étude de jeunesse, Léonard illus­tra la conception traditionnelle de la struc­ture de la tete et y introduisit une analogie entre les différentes strates d'une section verticale de la tete (figure principale) et cel­les de l'oignon (figure dans la marge gau­che) . Dans la figure principale, ainsi que dans celle de la marge inférieure droite, Léonard a visualisé les ventricules céré­braux, indiqués par les lettres o, m et n, conformément à la tradition. Dans la figure du bas, les nerfs optiques et acoustiques prennent leur origine dans le ventricule an­térieur, interprété comme étant le sens commun.

II, 6 Léonard de Vinci (1452-1519) Cahiers d'anatomie F. 104r, 200 x 262 mm Royal Library, Windsor Reproduction photographique

Bibliographie: O'MALLEY et SAUNDERS

1952: 147; SHARP 1961: 84; TODD 1983: 94-100; CLARKE et DEWHURST 1984: 59; LEO­

NARDO 1984: 104r.

Le dessin présente la description de la tech­nique adoptée par Léonard pour injecter de la eire chaude dans les ventricules céré­braux d'un bceuf et les illustrations des moulages obtenus après avoir laissé la eire se solidifier et après avoir éìté les matières cérébrales qui entouraient la eire. Léonard découvrit ainsi que les ventricules sont au nombre de qua tre, et non trois, et trouva les passages entre le troisième et le quatrième, les orifices dits de Monro. En outre, il dé­placa le sens commun du premier au troi­sième ventricule. La technique adoptée par Léonard resta inconnue de ses contempo­rains et ne fut reprise que des siècles plus tard.

II, 7 Andrea Bacci (1524-1600) De ordine universi et de principiis naturae ad imitationem Timaei platonici (Rome 1581?) Gravure, 286 x 415 mm Herzog-August-Bibliothek, Wolfenbuttel Reproduction photographique

Gravure rarissime du médecin et naturalis­te Andrea Bacci, originaire des Marches, qui fut lecteur de botanique à l'université La Sa-

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 87

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II, 10

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

pienza de Rome. Elle représente l'ordre de l'univers et des sciences par rapport aux ca­pacités sensorielles de l'homme, conçu lui­meme comme un microcosme, età ses facul­tés mentales. Celles-ci sont siruées dans !es trois ventricules cérébraux, dont chacun est divisé en deux parties: A et B sont le sens commun et l'imagination; C et D la fantaisie et la pensée; E et F la mémoire et la capacité motrice.

II, 8 Costanzo Varolio (1543-1575) De nervis opticis nonnullisq. aliis praeter communem opinionem in humano capite observatis, Patavij, apud Paulum & Antonium Meietros fratres, 1573 Fig. l , 97 x 140 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.v. Tab. I.N.I.200.1

Bibliographie: MARTINOTTI 1926; KEELE

1957: 63 ; CLARKE et O'MALLEY 1968c: 634-635, 820-823; GARRISON 1969: 49; CLARKE et DEWHURST 1984: 75.

Varolio innova dans le secteur de la tech­nique de dissection du cerveau: il commen­ça, en effet, à en étudier la base, au lieu de procéder par coupes horizontales de la parti e supérieure. Dans cetre figure, la base de l'en­céphale est représentée, dénudée de la dure­mère; on y voit aussi l'origine des nerfs en­céphaliques, indiqués selon la numérotation galénique, ainsi que le pont (h) connu sous le nom de "pont de Varolio". En outre, il nia l'existence d 'un troisième et quatrième ventricule.

II, 9 André Vésale (1514-1564) De humani corporis fabrica li/m" septem, Basileae, ex officina J. Oporini, 1543 Lib. IV, fig. 2, p. 319, 160 x 350 mm Biblioteca Universitaria, Padoue: 97 a6*

Bibliographie: SINGER 1952: 76, 124; SAUN­

DERS et O'MALLEY 1973: 146-147; SPILLANE

1981: 45.

Cerveau et cervelet, sur le céìté droit, avec sept nerfs encéphaliques et leur distribution périphérique. V ésale suivit Galien dans la di­vision des nerfs encéphaliques que nous pré­sentons ici, avec, entre parenthèse, l'identifi­cation du ou des nerfs qui y correspondent actuellement: première paire (Il nerf opti-

que) , deuxième paire (III nerf oculo-moteur + IV nerf trochléaire +VI nerf abducteur), troisième paire (seulement une partie du V, c'est-à-dire le nerf trijumeau), quatrième pai­re (seulement une partie du V), cinquième p aire (VII nerf facial +VIII nerf acoustique), sixième paire (IX nerf linguo-pharyngal + X nerf vague + nerf accesso ire), septième p aire (XII nerf hypolingual). La sixième paire in­cluait aussi, pour Vésale, toute la chaìne du sympathique, qui, selon lui, tirait son origine de ramifications du nerf vague.

II,10 Bartolomeo Eustachio (vers 1519-1574) Tabulas anatomicae [. . .] quas e tenebns tandem vindicatas et [. . .] Clementis XI. Pont. Max. muni/icentia dono acceptas Prae/atione, notzsque zllustravit [. . .] J o. Maria Lancisius [ ... ], Romae, ex officina typographica Francisci Gonzagae, 1714 P!. XVIII, 185 x 282 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A. IV. E. I. 20

Bibliographie: BILANCIONI 1930: 20; PAZZINI

1944; GARRISON 1969: 46; RUGGERI 1974: 104, 109; MCHENRY 1982: 491, 493; CLARKE et DEWHURST 1984: 74-75.

Cetre planche est une de celles qu'Eustachio fit exécuter probablement vers 1552, mais qui ne fu t publiée qu'en 1714, avec les autres. La paternité de l'artiste qui l'a exécutée est une question encore non-résolue à ce jour. La planche représente le système nerveux du sympathique, !es nerfs encéphaliques et spi­naux, la parti e inférieure de l' encéphale, avec !es protubérances des lobes olfactifs et le pont. Elle est incluse à l'intérieur d'un systè­me de coordonnées qui permet d'indiquer, avec deux références chiffrées seulement, les diverses parties analysées, sans devoir dégra­der la figure par l' addition de letrres ou de chiffres. Durant le XVIII< et la première par­tie du xrx:• siècle, !es planches d'Eustache furent reproduites à de nombreuses reprises, donnnant lieu à des commentaires érudits, mais aussi à des polérniques enflammées.

II,lla René Descartes (1596-1650) De homine /iguns et latinitate donatus a Florentio Schuyl, Lugduni Batavorum apud Franciscum Moyardum & Petrum Leffen, 1662

Frontispice, 150 x 204 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 9.F.IV.4

89

Bibliographie: DESCARTES 1966: 51-56; GA­

RIN 1984: 95.

"le parleray de l'homme en mon Monde vn peu plus que ie ne penfois [ ... ] I'anatomife maintenant !es teftes de diuers animaux, pour expliquer en quoy confiftent l'imagina­tion, la memoire &c." Voici ce qu'écrivait Descartes dans une letrre de novembre ou décembre 1632 adressée au Père Marin Mer­senne (1588- 1648). Le traité sur l'homme fut très probablement composé au cours des années 1632-33. En fait, celui-ci est constitué de chapitres destinés à un ouvrage plus important que Descartes avait en projet de réaliser et dont la première partie portait sur la physique du monde (Le monde). La condarnnation de Galilée mvtta Descartes à la prudence et l' ouvrage ne fu t ja­mais publié de son vivant. Des copies du ma­nuscrit originai ont cependant circulé. Quant aux chapitres sur l'homme, ils furent publiés pour la première fois dans la traduction lati­ne qu'en donna Florentius Schuyl (1619-1669), à partir de deux copies du manuscrit originai. Ce meme Schuyl a accompagné sa traduction d'un important appareil icono­graphique.

II,llb René Descartes (1596-1650) De homine figuns et latinitate donatus a Florentio Schuyl, Lugduni Batavorum apud Franciscum Moyardum & Petrum Leffen, 1662 Fig. XL VII, 103 x 104 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 9.F.IV.4

Bib!iographie: CANGUILHEM 1955: 40.

Comment expliquer la rétraction de la main quand le feu la brille? Selon Descartes, la for­ce de l' objet externe, dans le cas présent le feu (A), est telle qu'elle déterrnine une plus grande ouverture des conduits nerveux (7) qui débouchent sur la surface de la cavité in­terne du cerveau. De la sorte, ils y font entrer un plus grand flux d'esprits provenant de la glande pinéale. En s'y introduisant, ces esprits modifient la disposition des conduits cérébraux et arrivent dans !es innervations du membre, ce qui provoque le retrait de la

90

Ftg. XLVIr.

ll, llb

ll,lld

La découverte du cerveau

main (cf. aussi il, 12c). Certe figure, ainsi que d'autres, avec le texte qui s'y rapporte, ont induit certains interprètes à penser que De­scartes avait formulé la première théorie des réflexes.

ll, llc René Descartes (1596-1650) De homine figuris et latinitate donatus a Florentio Schuyl, Lugduni Batavorum apud Franciscum Moyardum & Petrum Leffen, 1662 Fig. XXXIX, 129 x 161 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 9.F.IV.4

L'attention et le mouvement. Le bras se dé­place de C vers B, parce que, selon Descar­tes, la glande pinéale s'incline vers B; dès lors, le flux des esprits pénètre en plus gran­de quantité les conduits nerveux qui lui sont les plus proches; ces esprits descendent vers le point numéro 7, provoquant l'action des muscles du bras, qui se déplace, en consé­quence, de C vers B. Pour Descartes, l'atten­tion correspond à une disposition physique de la glande pinéale; l'idée du mouvement, dans le cas présent le déplacement du bras de C vers B, correspond à la façon dont les esprits sortent de la glande pinéale. De la sor­te, le mouvement du bras de C vers B est du à l' attention (c' est-à-dire à l'inclination de la glande pinéale) et à l'idée de mouvement (c'est-à-dire à la façon dont les esprits sortent de la glande pinéale).

ll, lld René Descartes (1596-1650) De homine /iguris et latinitate donatus a Florentio Schuyl, Lugduni Batavorum apud Franciscum Moyardum & Petrum Leffen, 1662 Fig. 34, 137 x 84 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 9.F.IV.4

Bibliographie: GARRISON 1969: 75; HORN

1972: 154-157.

Interprétation iconographique de la façon dont, selon Descartes, se forme l'image men­tale des objets. Les rayons lumineux prove­nant de l'objet ABCD, passant par le globe oculaire, produisent sur la rétine une image inversée et rapetissée de l'objet. Les impres­sions sur les filaments nerveux, au niveau de la rétine, provoquent le retrait des fibres du

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 91

DE HoM:r 'N .E.

F lg· XXXIX.

·l D, Ile ll , lle

92

ll, 12a

LHOMME D E RE N E'

DESCAR TES-' ET VN TRAITTE

DE LA FORMATION DV FOETVS D V M E S M E A V T H E V R·

.Aucc luRcmArquudc LOVTS DE LA FORGE~ Doéfcur m Mede ci ne~ dcmcurant à la Flcchc.

SurlcTrAittédc i'Hommcdc RENE' 'DESCARTES.; e5 for lu Figuru pAr luy inumtécs.

. 1-

A PARI S. Chez T H E O D O R E G I R A R D , dans la grand' Salle

du Palais • du coflé de !.1 Cour des Aydcs • à l'Enuie. M. D C. LXIV.

AVEC PRJYILEGE D V ROY.

La découverte du cerveau

nerf optique et déterminent don c dans celi es­ci des ouvertures qui "doivent [ ... ] tracer en la superficie intérieure du cerveau" une figu­re. Des flux d'esprits animaux provenant de points spécifiques de la glande pinéale H, où Descartes localise le sens commun et l'imagi­nation, pénètrent dans les tout petits trous des fibres du nerf optique. Et c'est sur ces points de la glande pinéale que, selon Des­cartes, se forme l'image mentale ABCD de l' objet externe.

II, lle René Descartes (1596-1650) De homine figuris et latinitate donatus a Florentio Schuyl, Lugduni Batavorum apud Franciscum Moyardum & Petrum Leffen, 1662 F. 110, n. 2, 162 x 202 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 9.F.IV.4

Le système nerveux dans la machine humai­ne. Cette illustration due à Schuyl s'inspire de deux tables de V ésale.

II,l2a René Descartes (1596-1650) L'Homme et un traitté de la /ormation du /r.Etus [...] Avec les Remarques de Louys de la Forge [ .. .] Sur le Traitté de l'Homme de René Descartes, & sur les Figures par luy inventées, Paris, Chez Theodore Girarci, 1664 Frontispice, 152 x 194 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.IV.R.VIII.68

Bibliographie: DESCARTES 1966: 54-56; GA­

RIN 1984: 95-97.

Claude Clerselier (1614-1684) s'occupa de l' édition du texte français original du traité de Descartes, critiquant tantéìt la traduction qu' en avait donnée Schuyl, tantéìt les illustra­tions effectuées par ce dernier, parce qu'elles ne clarifiaient pas suffisamment la pensée cartésienne. Le problème des illustra­tions trations était, en effet, important: on n'en avait alors que deux de la main de De­scartes lui-mème, alors que dans le texte il est fait sans arrèt référence à des images ex­plicatives. Clerselier chargea Gérard van Gutschoven (1615-1668), qui avait travaillé pour Descartes, ainsi que Louis de la Forge d 'exécuter des illustrations. Les deux hom­mes travaillérent indépendamment l'un de

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

ll, 12b

li, 12d

93

l'autre et, pour chaque cas, Clerselier choi­sit le dessin qu'il souhaitait publier.

II,12b René Descartes (1596-1650) L'Homme et un traitté de la formation du /cetus [. .. ] Ave c l es Remarques de Louys de la Forge[. .. ] Sur le Traitté de l'Homme de René Descartes, & sur les Figures par luy inventées, Paris, Chez Theodore Girard, 1664 Fig. à la p. 85, 120 x 90 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.IV.R.VIII.68

Bibliographie: CROMBIE 1967: 84; LUYEN­

DIJK ELSHOUT 1973: 297-298; BENEDUM

1988: 46.

La figure représente la conception carté­sienne de la coordination entre les organes des sens et les raisons pour lesquelles on prete plus attention à un stirnulus sensoriel qu'à un autre. Le stirnulus lumineux prove­nant de ABC détermine, à travers ses passa­ges, la formation de l'irnage abc sur la glan­de pinéale H. La force de cette irnage est telle qu'elle arrive à empecher qu'un meme degré d'attention soit preté à l'irnage d pro­venant du stirnulus olfactif D. Dans sa conception du mécanisme de l'o­dorat, René Descartes se fondait sur l'an­cienne théorie selon laquelle les cavités na­sales sont en contact avec le cerveau à tra­vers les porosités de la membrane perforée de l'os ethmolde. n en arriva à penser que de menues particules odorantes présentes dans l' air, e n pénétrant à travers de telles porosités, stirnulent partant de là les bulbes olfactifs.

II,12c René Descartes (1596-1650) L'Homme et un traitté de la formation du fcetus [. . .] Ave c l es Remarques de Louys de la Forge[. .. ] Sur le Traitté de l'Homme de René Descartes, & sur les Figures par luy inventées, Paris, Chez Theodore Girard, 1664 Fig. à la p. 95, 85 x 121 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.IV.R.VIII.68

Cette irnage est une interprétation icono­graphique de l'explication cartésienne de l'automatisme qui détermine le retrait d'u­ne main bn1lée.

94 La découverte du cerveau

II,12d René Descartes (1596-1650) L 'Homme et un traitté de la /ormation du ja?tus [. .. ] Ave c l es Remarques de Louys de la Forge[ ... ] Sur le Traitté de l'Homme de René Descartes, & sur les Figures par luy inventées, Paris, Chez Theodore Girarci, 1664 Fig. à la p. 65 , 134 x 92 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.IV.R.VIII.68

Bibliographie: KEELE 1957: 70; BRAZIER

1984: 25.

Interprétation iconographique, due à van Gutschoven, de la structure du cerveau se­lo n René Descartes. H représente la glande pinéale d'où sortent les esprits; E la cavité ventriculaire dans laquelle se trouve la glande pinéale; ales menues ouvertures d es conduits nerveux qui donnent sur la cavité ventriculaire et constituent la masse de la substance cérébrale.

II,13 Thomas Willis (1621-1675) Cerebri anatome: cui accessit nervorum descriptio et usus, Londini, typis Tho. Roycroft, impensis J o. Martin & J a. Allestry, 1664 Frontispice, 116 x 162 mm Biblioteca Meclica Centrale di Careggi, Florence: C.3.6.44

Bibliographie: ISLER 1965: 77-93; NEUBUR­

GER 1981: 21-34; SPILLANE 1981: 77-84; CLARKE et DEWHURST 1984: 82-83 .

Ce texte - accompagné de planches réali­sées par le dessinateur exceptionnel que fut Christopher Wren (1632-1723), plus tard réimprimées dans le De anima brutorum( cf. II, 15) - constitue la contribution la plus importante à l'anatomie et à la physiologie du système nerveux qui fut produite du­rant la seconde moitié du XVII< siècle. Wil­lis y exposa une nouvelle classification des nerfs encéphaliques, qui fut largement uti­lisée parla suite, et jusqu'en 1778. Enoutre, il y critiqua aussi bien la théorie de la locali­sation des facultés dans les ventricules céré­braux que la théorie cartésienne selon la­quelle l'activité de l'àme a son siège dans la glande pinéale. Enfin, il y formula une théorie selon laquelle les fonctions menta­les et les actes volontaires ont lieu dans le

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 95

PATHOLOGI JE

C ERE BR I, 'làCOLAl STENONIS

DISSERTATIO DE ET

NERVOSI GENERIS CEREBRI ANATOME,. S 11 E C I M E N.

In quo agiwr De

MORBIS CONVULSIVIS, ·spedatifftmis Viris DD. So­<tetatis apudDomijlum THEVE­

NOTcolle&t, dicata, atqueè E T D E

SCO R B lT T O. . Ga~o exempl"lui Parifus edito

•n. r 669. Latinitate dona~a, ·

STUDIO

T H O M ;E W I L L I S, Ex .tEeleC!Jri~i OY:v11. M. D. & in itìa Celc'.Jerrim.l Academil N acuralis Philo­

lup~1ix llrofd1oris Sidleiani, nec non Inclyci · Medie. Coli. Londin. & Societatis

Opm2 O' jludi" ·GUIDONIS FANO l SII

LL.AA.M. f.7" Med.DoEI~-

R egia: ibidem, Socii.

• . . ·-- -· - -----------

o x o J( l l,

L U G :Dfl4 AT À-V~ [xcu.lehat Guil.Ha!l, Impe1 !is }J. Al!tflry , arud fr.{igne

l\oÙ Cotuaa:;~ in \'ico Vul~u Ji~v D II!A-lur.r, MDCL;VII,

.Apud FELIC~ LoP~~' .Anno ·1 il'

n, 14

cerveau, alors que les mouvements invo­lontaires sont associés au cervelet, au vague et à l'intercostal, terme par lequel cet au­teur désignait la chaìne du sympathique.

Il, 14 Thomas Willis (1621-1675) Pathologiae cerebrt; et nervosi generis specimen. In quo agitur De morbis convulsivis, et de scorbuto, Oxonii, excudebat Guil. Hall, impensis Ja. Allestry, 1667 Frontispice, 160 x 205 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Targioni Tozzetti 18.B.3.1.14

Bibliographie: CANGUILHEM 1955: 62-63; ISLER 1965: 94-116.

Cet ouvrage est le complément de la Cere­bri anatome(cf. Il, 13) et se fonde sur l'ex­périence clinique de Willis. Il prend en

U, l6

Dans cette ceuvre Willis soutint que l'horn­me a deux ames: l'une immortelle et l'autre mortelle. Les animaux possèdent aussi une ame mortelle. Celle-ci est divisée en deux parties: l'une d'entre elles agit sur le sang et préside aux fonctions vitales, tandis que l'autre agit à travers le système nerveux et préside aux mouvements volontaires et aux activités sensorielles. L'illustration (reproduite d'après la pre­mière édition qui fut publiée à Oxford en 1672) représente l'encéphale ouvert en deux, après section passant au travers de la faux, du corps calleux, du fornix et du cer­velet. Les formations grises centrales (le noyau caudé et le lenticulaire) sont bien mises en évidence, enD; elles furent appelées corps striés par Thomas Willis, qui fu t parla sui te suivi en cela par les anatomistes du XVIII< siècle.

considération des questions comme les convulsions, l' épilepsie, l'hystérie et l'hy­pocondrie. Il traite de la théorie selon la­quelle les esprits animaux, raffinés par l'en­céphale, se diffusent grace aux nerfs dans les muscles, comme la chaleur ou la lumiè­re, faisant exploser, c'est-à-dire contracter, ceux-ci. Willis attribua les désordres mo­teurs à une altération de la production des esprits animaux dans l'encéphale.

11,15 Thomas Willis (1621-1675) De anima brutorum quae hominis vitalis ac sensitiva est, exercitationes duae [. .. ], Amstelodami, apud J oannem Blaeu, 16 72 Pl. VII, 128 x 150 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano 3.6.660

Bibliographie: MEYER et HIERONS 1964; ISLER 1965: 121-144.

96 La découverte du cerveau

Tabu_VII .

Il, !.l

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

uenlriczJoJ amfliores

U, 17

II, 16 Nicolas Sténon (1638-1686) Dissertatio de cerebri anatome [. .. ] è Gallico exemplari Parisiis edito An. 1669. Latinitate donata, opera & studio Guidonis Fanoisii, Lugd. Batav. , apud Felicem Lopez, 1671 Frontispice, 71 x 125 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.IV .E.IV .40

Bibliographie: voir surtout !es essais de FALLER, DEWHURST, ROTHSCHUH, m SCHERZ 1968; mais aussi: ROTH 1963; POR­

TER 1963: 112; GARRISON 1969: 75-76; SPIL­

LANE 1981: 98-99; BRAZIER 1984: 48; CLAR­

KE et DEWHURST 1984: 89; PAPASOLI 1988: 107.

L'ouvrage est la traduction latine du dis­cours prononcé par Sténon à Paris en 1665 et publié dans la m eme ville en 1669' Alors que l'édition française est ornée de quatre planches extremement célèbres, donr une qui représente une section de l'encéphale sur le pian centrai de symétrie, la rraduc­tion latine en est privée. Sténon critiqua au­tant la théorie cartésienne du cerveau, que

c

celle de Willis, soulignant l'exigence sui­vante: avant d'interpréter les fonctions du cerveau, il convenait d 'en conna:ìtre les structures. Mais le fait de ne pas avoir pour­vu ses planches des explications nécessai­res a rendu ses découvertes quelque peu énigmatiques à plus d 'un de ses succes­seurs.

II, 17 Marcello Malpighi (1628-1694) Tetras anatomicarum episto!arum de lingua, et cerebro [. .. ] ac Caro/i Fracassati [. .. ] exercitatio de amento, pinguedine, & adiposis ductibus, Bononiae, Typis HH. Victorij Benatij , 1665 Planche faisant suite à la p. 26, 205 x 110 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano 5.10.431

Bibliographie: ADELMANN 1966, l: 260; BELLONI 1966: 255-256; CLARKE et BEAR

1968: 312- 313 ; BRAZIER 1984: 84.

Représentation et légende s'y rapportant d 'un cerveau de poisson ouvert, examiné avec un léger agrandissement et à contre-

97

uas .

jour. La substance bianche est bien mise en évidence (A); elle est composée de fibres légères, comparées par Malpighi au canaux déférents des testicules, aux dents d 'un peigne d 'ivoire ou aux conduits d 'un orgue.

II, 18 Marcello Malpighi (1628-1694) De viscerum structura exercitatio anatomica, Bononiae, ex Typographia Iacobi Monrij, 1666 P. 50, 160 x 225 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano 15.5.307

BibJiographie: ADELMANN 1966, 1: 300-301; BELLONI 1966: 262-264; MEYER 1967; CLARKE et BEARN 1968.

Une page du rexte, dépourvu d'illustra­tions, dans !eque! Marcello Malpighi ex­pose que le cortex cérébral est constitué d 'innombrables glandes. La thèse- qui fu t le résultat d'un artefact anatomique - eut une fortune remarquable et Bidloo (cf. II, 29) en donna une représentation iconographi­que approuvée par Malpighi lui-meme.

98

II, 19 Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723) "Letter [ ... ] concerning observations [ .. . ] of the carneous fibres of a muscle, and the cortical and medullar part of the brain; as also of moxa and cotton", in Philosophical Transactions, numéro 136, XI (1677), 899-[905] P. 901, 155 X 215 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 37.1.2.24

n s'agir de la page dans laquelle van Leeu­wenhoek a décrit les observations qu'il a ef­fectuées sur cles cerveaux de breufs et de poissons. n vit que la pie-mère est parcou­rue de menues veines. En observant la sub­stance grise, de meme que la bianche de cerveaux ouverts, il y nota la présence d'u­ne grande quantité de globules, qu'il assi­mila aux globules rouges du sang qu'il avait découverts. La théorie de la constitution globulaire de la matière cérébrale tira son origine de ces observations. Elle fu t reprise par quelques auteurs de la seconde moitié du XVIII• siècle et du début du xrx:• (cf. II, 77a). On n'apas encoreclairement com­pris ce qu'a vu réellement van Leeuwen­hoek.

II, 20 Johann Heinrich Glaser (1629-1679) Tractatus posthumus de cerebro, in equo hujus non fabrica tantiìm, sed actiones omnes principes, sensus ac motus ex veterum & recentiorum placitis & observationibus perspiemè ac methodicè explicantur. Nunc primùm luci publica expositus opera ]oh. ]acobi Stahelin, Basilea, typis J a co bi Bertschi, F rancofurti, apud Joh. Michael Riidigers, 1680 Frontispice, 98 x 160 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: n . 21

A.IV.B.V.1

Cette reuvre posthume, essentiellement une compilation, de Glaser, qui fut profes­seur d'anatomie et de botanique à l'univer­sité de Bale, fournit un examen systémati­que cles divers éléments qui, de son temps, étaient inclus sous la rubrique "cerveau". Historiquement elle est significative pour évaluer quelles étaient les principales théo­ries sur le cerveau qui étaient alors en circu­lation.

La découverte du cerveau

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

II, 21 Raymond Vieussens (vers 1635-1715) Nevrographia universalis. Hoc est, omnium corporis humani nervorum, simul & cerebn; medullaque spinalis descriptio anatomica [ .. . ] Editio nova, Lugduni, apudJoannem Certe, 1684 Pl. V, 205 x 205 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: E.5.-.9

Bibliographie: CLARKE et DEWHURST 1984: 90.

La partie inférieure du cerveau avec les extrémités antérieures (A) et la face inférieure des deux hémisphères (B); la partie de la dure-mère qui forme le voile du cervelet (C); le cervelet (D); les bulbes olfactifs avec leur pédoncule (E); le chiasme optique (H) et le pont (N). Les historiens ont coutume de souligner combien l'illustration des circonvolutions cérébrales est irréaliste.

II, 22 Govert Bidloo (1649-1713) Anatomia humani corporis, centum & quinque tabulis, per artificiosiss. G. de Lairesse ad vivum delineatis [. .. ], Amstelodami, sumptibus viduae Joannis à Someren [etc], 1685 Pl. 6, 275 x 440 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 6.B.B.1.3

La première structure à avoir été observée, après le décalottage du criìne, fut la dure­mère qui attira l' attention d es anatomistes à partir de la fin du xvu· siècle. Elle ne fut plus considérée seulement comme une structure de défense de la masse encéphali­que, mais on se demandait si elle pouvait avoir une fonction physiologique active.

II, 23 Rembrandt H armenszoon van Rijn (1606-1669) Leçon d'anatomie du Dr. Johannes Deyman, 1656 Huile sur toile, fragment, 124 x 100 cm Rijksmuseum, Amsterdam Reproduction photographique

Bibliographie: WOLFF HEIDEGGER et CET­

TO 1967: 313 - 315, 527; SCHULTE et ENDTZ

1977: 7.

!1, 22

99

T . o"'

100 La découverte du cerveau

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

Le fragment présenté est la partie centrale d'une toile originellement plus grande, qui fu t partiellement détruite dans un incendie survenu en 1723. Il s'agit, sans doute, de la plus célèbre représentation jamais exécu­tée d'une dissection du cerveau. Le tableau fut commandé en 1656 pour la salle d'ana­tomie de la guilde des chirurgiens d'Am­sterdam, par Johannes Deyman (1620-1666), gendre de Nicolaas Tulp (1593-1674). Il représente la technique classique de dissection du cerveau. On exécutait d'a­bord une laparotomie et, seulement après cela, la craniotomie. Après le décalottage du crane et l'ouverture des méninges, on procédait à la dissection de l'encéphale, al­lant de haut en bas, essentiellement par sec­tions transversales. Dans la main droite, Deyman porte un bistouri tourné vers les circonvolutions cérébrales.

II, 24 Humphrey Ridley (1653-1708) Anatomia cerebri complectens, ejus mechanismum & physiologiam, simulque nova quadam inventa [. .. ], Lugduni Batavorum, apud J. A. Langerak., 1725 Fig. l, 212 x 314 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: N.2897.5

Bibliographie: GARRISON 1969: 67; SPILLA­

NE 1981: 101.

La première édition de cetre ceuvre, dont est extraite l'illustration présentée ici, pa­rut en anglais en 1695. Elle est considérée comme le premier texte de neuro-anatomie écrit dans cette langue. Ridley y affirmait avoir injecté de la eire dans les vaisseaux de la préparation représentée ici.

II, 25 Frederik Ruysch (1638-1731) "Epistola anatomica, problematica nona. Authore Andrea Ottomaro Goelicke [ ... ] Fredericum Ruyschium [ ... ] De cursu arteriarum per piam matrem cerebrum involventem [ ... ]",in Opera omnia, vol. ill, Amstelaedami, apud Jansonio W aesbergios, 17 44 Pl. 10, 155 x 205 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: C.4.1.3

Bibliographie: GARRISON 1969: 95; SCHUL­

TE et ENDTZ 1977: 19.

11. 24

101

.7'v: l .

102

11,25

11,27

La découverte du cerveau

La première édition de cette reuvre parut en 1697. Ruysch injecta dans le système ar­tériel des matières qui s'y solidifiaient et rendit apparent, par cette représentation, la fine vascularisation de l' arachno!de et de la pie-mère, sous- jacente. En outre, il y in­suffla de l' air ave c une paille et établit ainsi une technique de séparation de l'arach­no!de et de la pie-mère; de meme, il montra ainsi la présence, enD, de gouttes deliqui­de cérébro-spinal dans les espaces suba­rachnoldiens. Ruysch polémiqua avec Bid­loo qui soutenait la théorie malpighienne de la structure glandulaire de la substance corticale du cerveau, alors que lui soutenait que cette substance était constituée pres­que exclusivement de vaisseaux.

II, 26 Edward Tyson (1650/51-1708) The Anatomy o/ a Pygmy Compared with that of a Monkey, an Ape, and a Man [. .. ], Second edition, London, printed for T. Osborne, 1751 Figures 13 et 14, 236 x 170 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 6.6.5.16

Bibliographie: BYNUM 1973: 455, 463; BAR­

SANTI 1986: 12-13.

La première édition de cette reuvre parut en 1699 sous un titre légèrement différent: Orang-Outang, sive Homo Sylvestris: or the Anatomy [. .. ], Avec le terme "Orang-Ou­tang" Tyson désignait en réalité un chim­panzé, animai don t il avait étudié les carac­téristiques physiques, les comparant à cel­les des hommes et d' autres singes. Sur la base de cet examen comparatif, il conclut que le chimpanzé est "le chaillon de conjonction" entre les deux. n fit la dissec­tion du cerveau de ce chimpanzé, dont il re­présenta la partie inférieure (fig. 13) ainsi que les parties internes mises à nu par une coupe horizontale (fig. 14). Tyson soutint que les ressemblances avec le cerveau hu­main sont telles qu'elles légitiment de sup­poser que l es facultés supérieures de l'es­prit humain doivent certainement etre sou­mises à un principe supérieur à celui de la nature organisée.

II, 27 Antonio Pacchioni (1665-1726) De durae meningis fabrica & usu

Schérnas et rnodèles de la rnachine pensante (1662-1762)

IT, 26

disquisitio anatomica, Romae, typis D .A. Herculis, 1701 Pl. I, 228 x 156 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: 3.3.462

Certe planche représente la structure de la dure-mère encéphalique, selon Anto­nio Pacchioni. TI considérait que les fi­bres rayées (structures fasciculaires colla­gènes) sont un dispositif de fibres muscu­laires et tendons pourvu des fonctions mo­trices et destiné à contracter la dure- mère età faire pression sur la substance corticale, afin de faire sécréter les esprits animaux aux glandes cérébrales qui étaient suppo­sées se trouver dans la substance corticale m eme.

II, 28 Antonio Pacchioni (1665-1726) Dissertatio epistolaris de glandulis conglobatis durae meningis humanae, indeque ortis lymphaticis ad piam meningem productis, Romae, typis Io. Francisci Buagni, 1705 Pl. I, 155 x 232 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino Mise. B.4.C.14.2

Bibliographie: WOOLLAM 1957: 111; GARRI­

SON 1969: 70.

Grappe de granulations arachno'ides, dé­couvertes par Pacchioni dans le pli sagittal supérieur, qui prirent parla sui te le nom de "granulations arachno'ides de Pacchioni". Ce dernier estima que la fonction de ces

103

granulations était de sécréter le fluide céré­bro-spinal.

II, 29 Jean-Jacques Manget (1652-1742) Theatrum anatomicum [ ... ],vol. 2, Genevae, sumptibus Cramer & Perachon, 1716 Pl. XCVI, 260 x 450 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano 1.-.98

Structures comparées. Cette planche re­présente la base de l'encéphale de l'homme telle que se la représentaient aussi bien Wil­lis (fig. l) que Bidloo (fig. 3) . La figure 2, quant à elle, reproduit la base du cerveau de bceuf selon Willis. La figure 4 reproduit la représentation iconographique que Bid-

104

. Fig. I .

Fig . 1(

Il , 28

La découverte du cerveau

loo donna des glandes qui, selon Malpighi , auraient existé dans la substance corticale du cerveau.

II, 30 Johann Thomas Hensing (1683-1726) Cerebri examen chemicum, ex eodemque phosphorum singularem omnia in/lammabilia accendentem, dissertatione academica [. .. ] praeses Io. Thom. Hensing [ .. . ] et respondens D ani el Kellander Petersson, Gothoburgo Svecus. Ad diem XX. Martii MDCCXIX [ ... ], Giessae­Hassorum, typis vid. Jo. Vulpii [1719] Frontispice, 145 x 198mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino X.6.4.1, vol. 42mm

Bibliographie: TOWER 1983.

Cette thèse, qui fut moins l'ceuvre du réci­piendaire que de Hensing lui-mème, con­tient une des premières études expérimen­tales sur la constitution chimique du cer­veau. Hensing utilisa !es techniques de la chimie analytique de l'époque (distillation, rectification, putréfaction, calcination, conjugaison et coagulation) et découvrit ainsi notamment l'existence de particules de phosphore dans !es cerveaux bovins.

II, 31 Johann Georg Duverney (1691-1759) "De sinibus cerebri", in Commentarii Academiae scientiarum imperialis Petropolitanae, ad annum MDCCXXIX, IV [1735], pp. 130-135 PL XII, 202 x 263 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano A.-.9.4

Bibliographie: GRUNTHAL 1957: 106; OEH­

LER KLEIN 1988: 114-115.

L'hémisphère droit de l'encéphale en sec­tion médiane, te! que se le représentait Du­verney, professeur d'anatomie et de botani­que à l'université de Tiibingen, puis à l'A­cadémie des Sciences de Saint-Péters­bourg. Il prèta de nouveau attention à la structure des ventricules et, en particulier, à la corne inférieure temporale ainsi qu'à la convexité de la face inférieure, déterminée par le relief de l'hippocampe ou corne d'Amrnon, qui, depuis l'époque de G. C Aranzio (1530-1589), n'avaient plus été men­tionnées par !es anatomistes du xvrre siècle.

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 105

ll, 29

106

n ,3 I

La découverte du cerveau

II, 32 Giandomenico Santorini (1681-1737) Observationes anatomicae, Venetiis, apud Jo. Baptistam Recurti, 1724 P . 48, 210 x 290 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: C.4.1.6

Dans la première période de ses recher­ches, le célèbre médecin vénitien Giando­menico Santorini adhéra à la théorie for­mulée par Pacchioni et Baglivi sur la dure­mère. Mais, par la suite, il nia que celle-ci put avoir des mouvements de contraction et dilatation, dans le chapitre "De cerebro" de ses Observationes anatomicae, et ce p ar­ce qu'il avait remarqué la forte adhérence de la dure-mère à la calotte crànienne.

II, 33 Giandomenico Santorini (1681-173 7) Septemdecim tabulae quas nunc primum edit atque explicat [. .. ], Michael Girardi, Parmae, ex Regia Typographia, 1775 Pl. III, 199 x 240 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: DJ .Ll

La planche est une des dix-sept planches anatomiques que Giandomenico Santorini fit dessiner par le peintre Giovanni Battista Piazzetta (1682-1754) et inciser par Fioren­za Marcello, et qui restèrent inédites à sa mort. C'est un élève de Giambattista Mor­gagni (1682-1771), Giambattista dal Covolo (1733- 1768), qui en commença l'étude, pour les publier. Mais, après la mort de Co­volo, ces planches ne furent publiées qu'en 1775, par Michele Girardi (1731-1797), qui fut lui aussi un élève de Morgagni et devint professeur d'anatomie à l'université de Par­me. Les planches furent alors accompagnées d'explications détaillées. La planche présen­tée ici est très vraisemblablement à mettre en rapport avec les recherches de Santorini ex­posées dans ses Observationes anatomicae (cf. II, 32) . La figure 3 représente une sec­tion frontale du cràne, tandis que dans la fi­gure 2 on voit bien, au centre, le thalamus, l'épiphyse et la membrane quadrigéminée.

II, 34 Joannes Ladmiral (1698?-1773) Icon durae matris in concava superficie visae [. .. ] ad objectum artt/iciosissime praeparatum a [. . .] Fred. Ruyschio [. . .]

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 107

F{j:I

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108 La découverte du cerveau

delineata, & coloribus distincta typis impressa a Joanne Ladmiral, Amstelodami, apud J acobum Graal & Henricum de Leth, Lugduni Batavorum, apud Theodorum Haak, 1738 Planche, 170 x 125 mm Niedersiichsische Staats- und Universitiitsbibliothek, Gottingen Reproduction photographique

Bibliographie: SCHULTE et ENDTZ 1977: 20.

La surface interne (concave) de la dure­mère encéphalique d'un fcetus de huit mois, avec les artères injectées de eire colo­rée par Ruysch, est représentée ici par Joannes (ou Jan) Ladmiral. Cette planche peut ètre considérée camme une des pre­mières illustrations médicales en couleur a ètre publiées.

II, 35 Joannes Ladmiral (1698?-1773) !con durae matris in convexa superficie visae [. . .] ad objectum artz/iciosissime praeparatum a[ ... ] Fred. Ruyschio [ ... ] delineata, & coloribus distincta typis impressa a Joanne Ladmiral, Amstelodami, apud J acobum Graal & Henricum de Leth, Lugduni Batavorum, apud Theodorum Haak, 1738 Planche, 170 x 125 mm Niedersiichsische Staats- und Universitiits­bibliothek, Gottingen Reproduction photographique

Bibliographie: SCHULTE et ENDTZ 1977: 21.

Le ti tre de cette ceuvre prète à malentendu, car, en réalité, il s'agit de la surface ex­térieure du périoste criìnien du mème su jet mentionné dans la fiche précédente, et pré­paré de la mème façon . O n peut remarquer le périoste (A), les petites artères du péri­criìne (B), la fontanelle, avec de fines artè­res injectées (C), et les sutures (E).

II, 36 JohannJakob Scheuchzer (1672-1733) Kupfer-Bibel in welcher die Physica Sacra, oder beheiligte Natur-Wissenscha/t derer in Heil. Schri/ft vorkommenden Natiirlichen Sachen deutlich erklà'rt und bewiihrt [. .. ],vol. IV, Augspurg und Ulm, gedruckt bey Christian Ulrich Wagner, 1733 Pl. DXCIII, 205 X 315 mm

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

11,36

KoHEL. t'H[:' . XIL v. G. lfun~~ ,'li~~·eJtteu s .

109

Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino (14) X.3.8.1

La célèbre planche XVIII d'Eustache (cf. II, 10), publiée pour la première fois en 1714, et reprise ici par Scheuchzer, dans une gravure de Georg Pintz (vers 1697-1767), pour représenter le funis argenteus de l'Ecclésiaste (XII. 8): "Avant que le dì­ble d'argent se rompe, le seau d'or se casse en morceaux, le vase se brise à la source et la roue éclate en morceaux sur la citerne".

II, 37 Louis-Jean-Marie Daubenton (1716-1800) "Description de la partie du Cabinet qui a rapport à l'histoire naturelle de l'homme", in Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy, seconde édition, Paris, de I'Imprimerie royale, vol. III, 1750, pp. 13-304 P!. IX, 154 x 200 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: D. 3.-.12

Bibliographie: CAGNETTA 1977: 497.

Schéma de deux modèles de téte, en gran­deur naturelle, en eire colorée (fig. l, 2 et 3) et de l'hémisphère droit du cerveau (fig. 4 et 5), exécutés par le mouleur de eire sici­lien Gaetano Giulio Zumbo (ou Zummo) (1656?-1701) et présentés par celui-ci en 1701 à I'Académie des Sciences de Paris. Ces modèles firent partie de la collection du Cab in et d'histoire naturelle et semblent avoir été perdus pendant la Révolution fninçaise .

II, 38 Anna Morandi Manzolini (1716-1774) Autoportrait Cire, 90 x 68 x 82 cm Istituto di Anatomia Normale, Università degli Studi, Bologne

Bibliographie: BERNABEO 1981: 35.

Autoportrait de la célèbre modeleuse bolo­gnaise, alors qu'elle exécute la dissection d'un cerveau et en montre !es méninges. C'est d'elle que provient une bonne partie de la collection de cires anatomiques bolo­gnaises du xvrne siècle commencée par Ercole Lelli (1702-1766) et continuée, par la suite, par le mari Giovanni Manzolini (1700-1755).

110 La découverte du cerveau

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ll, 37

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

[] , }8

II, 39 Anonyme (XVII< siècle) Allégorie des cinq sens: le gout Gravure, 66 x 117 mm The Wellcome lnstitute for the History of Medicine, Londres Reproduction photographique

Gravure de Nikolaus von der Horst (1598?-1646) reproduite dans l'ouvrage de Jean Puget de La Serre (1600-1665) , Le tombeau des délices du monde, Brusselles, chez François Vivien, 1630.

II, 40 L'organe du goiìt (dernier quart du XVIII< siècle) Cire colorée montée sur panneau, 38 x 54 cm Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola", Florence: n. 704

Bibliographie: LANZA et al. 1979: 198.

fl, 40

Vascularisation, innervation et papilles de la langue de l'homme et du bceuf.

Il, 41 Marcello Malpighi (1628-1694) Tetras anatomicarum epistolarum de lingua, et cerebro [. .. ] ac Caro/i Fracassati [. .. ] exercitatio de amento, pinguedine, & adiposis ductibus, Bononiae, Typis H.H. Victorij Benatij, 1665 Planche faisant suite à la p. 76, 194 x 314 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 10.MM.ill.18

Bibliographie: JURISCH 1922: 3-4; BELLONI

1965; ADE LMANN 1966, l : 257 ; BELLONI

1966: 259; MAZZOLIN I 1988: 207.

Malpighi observa sur la surface d 'une lan­gue de veau l'émergence de papilles diver­ses (fig. 1). n fit cuire brièvement cette lan­gue et pratiqua l'abrasion de la couche cor­née; il mit ainsi en évidence le niveau mu-

111

queux ou, comme on l'appela parla suite, "le réseau malpighien". n enleva ce niveau muqueux aussi et examina, gdke à l'agran­dissement optique, la structure des papil­les, auxquelles il attribua la fonction gus­tative. La figure III, 2 représente une section du corps papillaire, avec trois types de papilles et quatre filets nerveux qui innervent les papilles appelées par lui-meme de "second rang".

II, 42 Govert Bidloo (1649-1713) A natomia humani corporis, centum & quinque tabulis, per artzficiosiss. G. de Laz.resse ad vivum delineatis [. .. ], Arnstelodami, Surnptibus viduae Joannis à Someren [etc] , 1685 Pl. 13, planche extraite de l'ouvrage, 260 x 422 mm Collection privée

Bibliographie: JURISCH 1922: 8-9.

112 La découverte du cerveau

p 7

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Il, 41

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

L'étude morphologique des papilles de la langue fut encore effectuée, de la fin du xvrr· siècle aux premières décennies du xrx· siècle, selon !es techniques anatomi­ques mises au point par Malpighi. La figure 2 représente !es papilles observées au mi­croscope sur le dos de la langue d 'un verté­bré non identifié. La figure 6 reproduit l'i­mage, vue avec l'agrandissement optique, d 'un morceau du réseau malpighien ob­servé après enlèvement de la couche cor­née. Quant à la figure 7, elle représente la partie postérieure du réseau malpighien.

II, 43 Martin Frobenius Ledermiiller (1719-1769) Mikroskopischer Gemiiths- und Augen­Ergotzung, 2 vols., Gedruckt bey Christian de Launoy, 1760-61 P!. XCV, 146 x 200 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 13 .3.6.28

Bibliographie: MAZZOLI NI 1988: 210.

Représentation d'une papille vallaire de veau, vue de haut, en grandeur nature (fig. la) et agrandie (fig . Ib). On notera le con­tour vallaire, autour de la papille, et la fer­meture à cinq pétales de la papille, avec un orifice centrai, qui suggère un mécanisme dynamique de la papille dans le processus gustatif. n est probable que Ledermiiller ai t idéalisé certains plis de l' épithélium du sommet des papilles, ainsi que la dépres­sion que l'on peut rencontrer sur !es papil­les du veau, surtout quand la langue a été blanchie préalablement à l'eau chaude.

II, 44 Samuel Thomas Soemmerring (1755-1830) Icones organorum humanorum gustus et vocis, Francofurti ad Moenum, apud Varrentrap et Wenner, 1808 Planche, 198 x 286 mm Niedersachsische Staats- und Universitatsbibliothek, Gottingen: 2° Zoo!. XII. 5401

La conjugaison de l'ex amen microscopique et du procédé consistant à injecter des ma­tières se solidifiant dans le réseau artériel, a permis à Soemmerring de mettre en évi­dence l'architecture vasculaire de la langue humaine. n fu t aussi à meme de la faire a p-

Il, 42

113

.71; .< . T!f •· · f y l . r. <J .

114

II, 43

para:ìtre dans !es papilles vallaires qu'il re présenta ici vues de haut, en à plat, (figure centrale du bas) , de meme qu'en section (fi­gure de gauche, en bas) . On relèvera !es an­ses vasculaires sur le bord libre de la papille.

II, 45 Marie-} ean-Pierre Flourens (1794-1867) "Anatomie générale de la peau et des membranes muqueuses", in Archives du Muséum d'histoire naturelle, III, Paris 1843, pp.153-253 P!. XXVI, 215 x 285 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 12.9.7.2, III

178 ans après la publication de]' ouvrage de Malpighi sur la langue, la technique de dé­composition adoptée par celui-ci était en­core utilisée. Flourens substitua toutefois la coction par des macérations prolongées et il soutint que, dans la langue de veau, ce que l'on appelait le "réseau malpighien" constitue une membrane continue et que

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Il, 45

!es perforations qui s'y rencontrent sont, en fait, le résultat artificiel de la coction. Ce n'est qu'en 1867 que la conception mal­pighienne des papilles gustatives fut vérita­blement dépassée, lorsque, sirnultanément, mais indépendamment l'un de l'autre, le Suédois Otto Christian Lovén et l'Alle­mand Gustav Albert Schwalbe firent une importante découverte: dans !es papilles, sont logés !es corpuscules gustatifs.

II, 46 Anonyme (xvn• siècle) Allégorie des cinq sens: le toucher Gravure, 66 x 117 mm The W eli come Institute for the History of Medicine, Londres Reproduction photographique

Gravure de Nikolaus von der Horst (1598?-1646) reproduite dans l'ouvrage de Jean Puget de La Serre (1600-1665), Le tombeau des délices du monde, Brusselles, chez François Yivien, 1630.

La découverte du cerveau

II, 47 L'organe du toucher (dernier quart du XVIII• siècle) Cire colorée montée sur panneau, 38 x 54 cm

.. 6.

Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola", Florence: n. 784

Bibliographie: LANZA et al. 1979: 199.

Cette figure montre la cuticule, la peau, !es papilles dermiques et le bulbe capillaire.

II, 48 Marcello Malpighi (1628-1694) De externo tactus organo anatomica observatio, Neapoli, apud lEgidium Iongu, 1665 P. 20, 68 x 130 mm Biblioteca Universitaria, Bologne: A.IV.E.IV.252

Bibliographie: BELLONI 1965; BELLONI

1980: 59-60.

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 115

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Il, 44

116

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La découverte du cerveau

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

Page où Malpighi décrivit !es papilles der­miques. Celles-ci furent observées au mi­croscope, sur l'extrémité d'un doigt dont il avait enlevé au préalable le cuticule avec un fer rouge. Vu que la fonction tactile "est universellernent distribuée dans !es parties externes du corps", Malpighi étendit sa re­cherche à d'autres zones cutanées et consi­déra !es papilles dermiques comme des ré­cepteurs tactiles et thermiques.

II, 49 Govert Bidloo (1649-1713) Anatomia humani corporis, centum & quinque tabulis, per arti/iciosiss. G. de Lairesse ad vivum delineatis [. . .], Amstelodami, Sumptibus viduae J oannis à Someren [etc.], 1685 P!. IV, 275 x 440 mm Biblioteca Universitaria, Padoue: Scaff. III A 8*

Structure de l'épiderme, du derme et des poils selon Bidloo. Portions de cuticule (couche cornée) de la main (fig. l); de la piante du pied (fig. 2) et du dos (fig. 3), ob­servées au microscope. La figure 5 repré­sente une portion du derme du bras et la fi­gure 6 un échantillon observé au microsco­pe, avec des papilles dermiques (A), des glandes (C) et des poils (E). Toujours dans la figure 6, on remarquera la richesse du ré­seau vasculaire sous-jacent aux papilles, de meme que la présence de ramifications en­tre celles-ci et dans celles-ci.

II, 50 Abraham Vater (1684-1751) Dissertatio inauguralis medica de consensu partium corporis humani occasione spasmi singularis in manu eiusque digitis ex h ernia observati [. .. ] praeside Abrahamo Vatero [. . .] disquisitioni exponet Ioannes Gotùob Lehmannus, Vitembergae, typis Schlomachianis, [1741] Planche au dos du frontispice, 160 x 198 mm Niedersachsische Staats- und Universitats bibliothek, Gi:ittingen: Diss. med. 99 (22) Reproduction photographique

"A la figure numéro 2, nous avons dessiné !es nerfs (tttt) du pouce, où l'on voit d'in­nombrables papilles cutanées connectées aux fibres extremes qui, en conséquence,

117

118

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La découverte du cerveau

constituent les meilleurs instruments [ ... ]." C'est en ces termes que Vater décrivit les terminaisons nerveuses tactiles qui, après la découverte qu'en fit Filippo Pacini (1812-1883) en 1831, furent appelées corpuscules de Pacini ou de Vater-Pacini.

II, 51 Marie-Jean-Pierre Flourens (1794-1867) "Anatomie générale de la peau et des membranes muqueuses", in Archives du Muséum d'histoire nature/le, III, Paris 1843 Pl. XXIV, 215 x 285 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 12.9.7.2,III Reproduction photographique

Cette planche de 1843 représente l'aspect des différentes couches de la peau humaine dans trois races. Elle est particulièrement importante, parce qu'elle fait preuve de la persistance d'une technique anatomique utilisée aux xvrr· et XVIII· siècles, la tech­nique de décomposition. Celle-ci consistait à "peler" les parties à disséquer, après une longue macération, en enlevant une à une les diverses couches qui les composent et en observant chaque fois les faces antérieu­res et postérieures des tissus ainsi prélevés.

II, 52 Anonyme (XVII• siècle) Allégorie des cinq sens: l'odora! Gravure, 66 x 117 mm The Wellcome Institute for the History of Medicine, Londres Reproduction photographique

Gravure de Nikolaus von der Horst (1598?-1646) reproduite dans l'ouvrage de Jean Puget de La Serre (1600-1665), Le tombeau des délices du monde, Brusselles, chez François Vivien, 1630.

II, 53 L'organe de l'odorat (dernier quart du xvrrr· siècle) Cire colorée sur panneau, 38 x 54 cm Museo di Storia Narutale dell'Università, sez. Zoologia "La Specola" , Florence: n. 663

Bibliographie: LANZA et al. 1979: 199.

Origine et distribution des nerfs olfactifs. O n notera, dans le bas, l' agrandissement en particulier des filaments médiaux du nerf olfactif (cf. II, 56).

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

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II, 54 Conrad Victor Schneider (1614-1680) Liber de asse cribri/armi, & sensu ac organo odoratus, & morbis ad utrumq. spectantibus [. .. ], Wittebergae, typis Jacobi Wilhelmi Fincelii, 1655 Frontispice, 90 x 140 mm

119

Biblioteca Universitaria, Padoue: 89.a.210

Bibliographie: SEIFERT 1969: 307; LUYEN­

DIJK ELSHOUT 1973: 296-297.

L'importance historique de cette ceuvre de Schneider, qui fut professeur de médecine à l'université de Wittenberg, consiste en ce­ci : elle décrit méticuleusement la membra­ne perforée de l'os ethmoi:de et démontre l'impossibilité d'un passage de l'air depuis les fosses nasales jusqu'au cerveau; en con­séquence, elle a ruiné l'antique théorie se­lon laquelle les humeurs nasales sont distil­lées par le cerveau. Dans une ceuvre ulté­rieure, Schneider a démontré que ces hu­meurs sont produites par les muqueuses nasales.

II, 55 Frederik Ruysch (1638-1731) "Epistola anatomica, problematica octava. Authore Johanne Henrico Graetz, ad[ ... ] Fredericum Ruyschium [ ... ]De structura nasi cartilaginea [ ... ] ", in Opera omnia, vol. m, Amstelodami, apud Jonsonio-Waesbergios, 1744 Pl. 9, 156 x 205 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: C.4.1.3

Bibliographie: LUYENDIJK et ELSHOUT

1973 : 299, 301.

La première édition de cette ceuvre parut en 1697 et la gravure fut effectuée par C. Huyberts. Les figures 6, 7 et 8 représentent le processus de décomposition adopté par Ruysch pour mettre en évidence la vascula­risation de la cloison nasale, les nombreux orifices ponctués de l'enveloppe muqueuse (fig. 7) et la membrana papillosa, située en dessous et traversée, elle aussi, de vaisseaux sanguins (fig. 8).

II, 56 Antonio Scarpa (1752-1832) Anatomicarum annotationum liber secundus de organo olfactus praecipuo deque nervis nasalibus interioribus e pari

120 La découverte du cerveau

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

quinto nervorum cerebri, Ticini Regii , typis R. & I. Monasterii S. Salvatoris, 1785 P!. I, 188 x 256 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: Cons. II.9.26

Bibliographie: FRANCESCHINI 1962: 34-44.

La figure l fournit la première illustration classique des filaments médiaux du nerf ol­factif: depuis l es bulbes olfactifs, ceux -ci se répartissent dans la région olfactive de la muqueuse, après etre passés à travers !es orifices de la membrane perforée. La meme figure présente une autre décou­verte d 'Antonio Scarpa, celle du nerf pala­to-nasa!, de son parcours dans le canal inci­sif et de sa terminaison dans la muqueuse du palais dur.

I, 57 Antonio Scarpa (1752-1832) Dessin, 270 x 200 mm Museo per la Storia dell'Università, Pavie: inv. n. 1927

Bibliographie: ZANOBIO 1978: 4-5 .

Dessin originai des nerfs olfactifs exécuté par Scarpa et présenté par lui-meme à la séance du 12 juin 1781 de la Société Royale de Médecine présidée par Félix Vicq D'A­zyr (1748- 1794).

II, 58 Samuel Thomas Soemmerring (1755-1830) Icones organorum humanorum ol/actus, Francofurti ad Moenum, apud Varrentrapp et Wenner, 1810 P!. II, 195 x 222 mm Niedersiichsische Staats- und Universitiitsbibliothek, Gi:ittingen: 2° Zoo!. XII, 5221

Dans cette planche, exécutée par Christian Koeck (1758- 1818), sont représentés, en haut, la surface de la muqueuse de la cloi­son de la narine gauche (fig. l ) et, grace à l'agrandissement optique, ses orifices (fig. 2); le parcours du nerf palato-nasa! et !es fi­laments médiaux du nerf olfactif (fig. 3), avec agrandissement optique de ces der­niers (fig. 4); le réseau artériel, mis en évi­dence par des injections de matières qui se solidifient (fig. 5), et l'agrandissement d'un détail (fig . 6)

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122 La découverte du cerveau

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

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II, 59 Anonyme (XVII• siècle) Allégorie des cinq sens: l'audition Gravure, 66 x 117 mm The Wellcome Institute for the History of Medicine, Londres Reproduction photographique

Gravure de Nikolaus von der Horst (1598?-1646) reproduite dans l'ouvrage de Jean Puget de La Serre (1600-1665), Le tombeau des délices du monde, Brusselles, chez François Vivien, 1630.

II, 60 L'organe de l'audition (dernier quart du XVIII• siècle) Cire colorée montée sur panneau,

38 x 54 cm Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola", Florence: n. 697

Bibliographie: LANZA et al. 1979: 200.

Deux reproductions en eire, nettement agrandies par rapport au modèle naturel, de l' oreille interne de l'homme. E n haut, o n voit les canaux semi-circulaires, avec la co­chlée ouverte et divisée verticalement pour montrer !es embranchements de la ramifi­cation cochléaire. En bas, on voit !es ca­naux semi-circulaires avec la cochlée ou­verte et la membrane spirale osseuse.

II, 61 Anonyme (XVIr-XVIII• siècles)

123

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Nova ostensio auris humanae (1697-1710?) Ivoire Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola" , Florence

Bibliographie: BELLONI 1977: 174-179; BELLONI 1980: 76-78.

Ce modèle d'ivoire de l'oreille semble ins­piré des planches contenues dans l'reuvre majeure de Valsalva (cf. II, 63). Il a été at­tribué à l'artisan vénitien Giambattista Verle, qui reuvra à Florence et qui entretint avec Valsalva des contacts épistolaires en 1697 pour exécuter un modèle anatomique artificiel de l' oreille. Sur la peti te colonne de soutien on peut observer, outre le pavil-

124 La découverte du cerveau

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ll,61

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

lon auriculaire, le marteau, l'enclume, la trompe d'Eustache et l'aqueduc de Fallo­pe. Appuyés sur la base, on voi t le marteau, l'enclume, l'étrier et l'oreille interne.

n, 62 Guichard-Joseph Duverney (1648-1730) Traité de l'organe de l'oui"e; contenant la structure, !es usages & !es maladies de toutes !es parties de l'oreille, Paris, chez Estienne Michallet, 1683 Pl. X, 200 x 182 mm Biblioteca Nazionale Braidense, Milan: A. Vll.1470

Bibliographie: POLITZER, 1907-1913, 1: 200; CROMBIE 1964: 109; ASHERSON 1979: 64-65.

Les représentations de l' oreille interne dans l'une des seize planches de l'ceuvre majeure de Duverney furent probablement exécutées par Sébastien Le Clerc. A la figu­re l , nous avons le labyrinthe osseux, ob­servé in situ, après démolition du tissus os­seux adjacent; il est deux fois plus grand que nature. A la figure 4, on voit le développement de la membrane spirale. La figure 6 montre la cochlée coupée perpendiculairement. A la figure 8, nous voyons les vaisseaux artériels des trois canaux semi-circulaires du vesti­bule et de la cochlée. Enfin, à la figure 10, on voit l'innervation des canaux semi-cir­culaires.

n, 63 Antonio Maria Valsalva (1666-1723) De aure humana tractatus, Bononiae, typis C. Pisarii, 1704 Pl. VITI, figures 6-11, 140 x 90 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: M.9.1.19

Bibliographie: POLITZER 1907-1913, 1: 235; BELLONI 1980: 73.

Les figures 8, 9 et 10 représentent la concep­tion que Valsalva avait de l'innervation de la cochlée et des canaux semi-circulaires considérés par lui comme le sensorium pro­prium de l'audition. Dans la figure 8, c re­présente un faisceau de fibres du nerf acous­tique, avec les ramifications e qui pénètrent dans la cochlée, et cinq ramificatioos d qui s'introduisent dans les canaux semicircu­laires f.

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La découverte du cerveau

II, 64 Johann Friedrich Cassebohm (?-1743) Tractatus quintus anatomicus de aure humana, cui accedit tractatus sextus anatomicus de aure monstri humani. Cum tribus /igurarum tabulis, Halae Magdeburgicae, sumtibus Orphanatrophei, 1734 Pl. 5, 185 x 185 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 10.L.IV.10

Bibliographie: POLITZER 1907-1913, I: 300.

Ce traité est le dernier et le plus complet de ceux de Cassebohm sur l'oreille, et le prin­cipal publié en Allemagne durant la pre­mière moitié du XVIII" siècle. Cassebohm a notamment étudié le développement em­bryologique de l' oreille chez le fcetus et chez le nouveau-né. Dans cette planche, dessinée par J ohannes Zaccharias Petsche, les représentations des diverses sections de la cochlée sont remarquables (fig. 6-10).

Il, 65 Domenico Cotugno (1736-1822) De aquae ductibus auris humanae internae anatomica dissertatio, Neapoli, ex typographia Simoniana, 1761 Pl. I, 150 x 180 mm Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 10.N.IV.16

Bibliographie: BILANCIONI 1930: 182; BEL­

LONI 1963: 53-54; FONTANA 1980: 214.

Les figures de cette planche furent dessi­nées par Domenico Cirillo (1739-1799), à l'exception de la septième, exécutée par Cotugno lui-mème. Elle représente le som­met de la cochlée après destruction de la coupole, "avec un agrandissement de dix". Les figures 2 et 3 montrent le labyrinthe en­tier, respectivemnt depuis la partie dirigée vers l'occiput et depuis la partie postérieu­re; elles mettent bien en évidence l'aque­duc de la cochlée (fig. 2, k; fig. 3, q) et l'a­queduc du vestibule (fig. 2, g, h; fig. 3, m), parties structurelles essentielles du système de transmission hydraulique de l'onde so­nore formulé par Cotugno.

n, 66 Antonio Scarpa (1752-1832) Anatomicae disquisitiones de auditu et olfactu, editio altera auctior, Mediolani,

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

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La découverte du cerveau

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Bibliographie: FRANCESCHINI 1962: 26, 31-32 .

Dans son ceuvre intitulée De structura fen e­strae rotundae auris, de 1772, Scarpa avait décrit sa découverte de l'existence d'un la­byrinthe membraneux à l'intérieur de celui osseux. Dans cette planche, les canaux se­mi-circulaires membraneux sont représen­tés, avec d'autres découvertes de Scarpa (fig. 3), comme celle du ganglion vestibu­laire ainsi que la destination des nerfs vesti­bulaires aux ampoules des canaux semi­circulaires.

II, 67 Samuel Thomas Soemmerring (1755-1830) Abbildungen des menschlichen Hoerorganes, Frankfurt am Main, bei Varrentrapp und Wenner, 1806 Pl. V, 194 x 279 mm Niedersiichsische Staats- und U niversitiitsbibliothek, Gi:ittingen: 2° Zool. XII, 4992

Localisation et rapports del'organe de l'au­dition, représenté ici en grandeur naturelle, à la surface interne de la base cranienne d'une femme adulte.

Il, 68 Anonyme (XVIIe siècle) Allégorie des cinq sens: la vue Gravure, 66 x 117 mm The Wellcome Institute for the History of Medicine, Londres Reproduction photographique

Gravure de Nikolaus von der Horst (1598?-1646) reproduite dans l'ceuvre de Jean Puget de La Serre (1600-1665), Le tombeau des délices du monde, Brusselles, chez François Vivien, 1630.

II, 69 L'organe de la vue (dernier quart du XVIIIe siècle) Cire colorée montée sur panneau, 38 x 54 cm Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola", Florence: n. 708

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

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129

Bibliographie: LAN ZA et al. 1979: 199.

Le globe oculaire décomposé. On note, dans la troisième rangée à droite, le modèle des procès ciliaires observés au microscope et dessinés par Zinn (cf. II, 71).

II, 70 François Pourfour du Petit (1664-1741) "Mémoire sur les yeux gelés; dans lequel on détermine la grandeur des Chambres qui renferment l'hurneur acqueuse", in Histoire de l'Académie Royale des Sciences. Année MDCCXXIII. A vec les Mémoires [. .. ], Paris, 1725, pp. 19-22, 38-55 Pl. 2 Biblioteca Comunale dell'Archiginnasio, Bologne: 11.C.ill.4

Bibliographie: MAZZOLINI 1980: 46-47 .

En congelant, puis en coupant des yeux, Pourfour du Petit a fourni une description plus précise de la position du cristallin dans l' ceil. En outre, il a mieux estirné la quantité de l'humeur aqueuse présente dans les chambres antérieure et postérieure. Les figures 3-7 présentent des sections ver­ticales d'yeux congelés: homme (3 ), chien (4), brebis (5), bceuf (6) et cheval (7); C= la cornée; E = l'humeur aqueuse de la cham­bre antérieure; F = l'iris; H = l'humeur aqueuse de la chambre postérieure; G = le cristallin; I = l'extrémité des procès ciliai­res détachés du cristallin par le gel; L = l'hurneur vitreuse; M = le nerf optique.

II, 71 Johann Gottfried Zinn (1727-1759) Descriptio anatomica oculi humani iconibus illustrata, Gottingae, apud viduam B. Abrami Vandenhoeck, 1755 Pl. II, 117 x 179 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: E.3.1.27

Bibliographie: HIRSCHBERG 1911: 474; MAZZOLINI 1980: 84-85 .

La figure 2 montre, en agrandissement, le segment antérieur de l'ceil vu depuis la par­tie intérieure, après enlèvement du cristal­lin. La couronne ciliaire est bien mise en évidence. La figure 3 consti tue la plus célè­bre des irnages de Zinn et représente la structure vasculaire de trois procès ciliaires observés au microscope.

130 La découverte du cerveau

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

II, 72 William Porterfield (1696-1771) A Treatise on the Eye, the Manner and Phaenomena o/ Vision, vol. l, Edinburgh, printed forA. Miller and London G. Hamilton and J. Balfour a t Edinburgh, 1759 Frontispice, 143 x 208 mm Niedersachsische Staats- und Universitatsbibliothek, Gi:ittingen: 8° Zool. XII, 4628

Bibliographie: HIRSCHBERG 1911: 421-430; LEVENE 1977: 3-31.

Ce texte est sans dante un cles plus impor­tants écrits durant le XVIII< siècle sur la question de l'anatomie de l'ce il et la physio­logie de la vision. William Porterfield y fournit une brève description de l'optomè­tre de son invention et soutient, notam­ment, que l'accommodation du cristallin dans la vision rapprochée ou à distance est effectuée par cles contractions volontaires du corps ciliaire. Un autre écossais, Thomas Young (1773-1829), a suivi cetre thèse et a étudié, à la fin du siècle, l' élasticité de la capsule du cris­tallin et de tout le corps.

II, 73 Felice Fontana (1730-1805) Dei moti dell' iride, Lucca, nella stamperia di J acopo Giusti, 17 65 Frontispice, 135 x 208 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: C.4.4.8

Bibliographie: FONTANA 1980: 52-57; MAZ­

ZOLINI 1980: 91-100.

Durant le XVIII• siècle, le développement de la recherche sur l'ceil fut te! que cles trai- u,69

tés furent consacrés à chacune de ses par-ties. Dans le présent ouvrage, Felice Fon-tana fournit la démonstration définitive que l'iris n'est pas directement sensible à la lumière, mais qu'il se dilate voire se con-traete en fon etio n d es stirnulations de la ré-tine. En outre, il mit en évidence une série de phénomènes que plus tard on a p pela réfle­xes, comrne, par exemple, le réflexe photi­que consensuel, le réflexe psychique ou, dans le cas de Fontana, par peur. li observa aussi que, dans le sommeil profond, la pu­pille est généralement fermée.

131

132

cfTaJJ. II.

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La découverte du cerveau

II, 74 a-b Samuel Thomas Soemmerring (1755-1830) Icones oculi humani, Francofurti ad Moenum, Varrentrapp & Wenner, 1801 a. PL V, 196 x 278 mm b. Détail Niedersachsische Staats- und Universitatsbibliothek, Gottingen: 2° ZooL XII. 4652

Bibliographie: BELLONI 1956.

A la planche V, nous voyons la structure de l'ceil, que Thomas Soemmerring publia sous trois variantes: schématique, gravée et en couleur. La première figure de la seconde rangée à partir du haut (n. 74 b) montre la moitié postérieure du bulbe oculaire, avec la réti­ne, ses vaisseaux et la tache jaune découver­te par Thomas Soemmerring en 1791. Mais cette tache avait déjà observée et révélée avant lui par Francesco Buzzi (1751-1805) en 1782.

II, 75 Modèle des hémisphères cérébraux (dernier quart du xvm· siècle) Cire colorée montée sur panneau, 38 x 54 cm Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola", Florence: n. 598

Bibliographie: LANZA et al. 1979: 194.

Modèle, nettement plus grand que nature, de la face supérieure des hémisphères céré­braux, avec les vaisseaux artériels et vé­neux; l'hémisphère droit est détaché pour faire voire la disposition de la faux de la du­re-mère.

II, 76 Modèle de la base de l'encéphale (dernier quart du xvm· siècle) Cire colorée montée sur panneau, 38 x 54 cm Museo di Storia Naturale dell'Università, sezione di Zoologia "La Specola", Florence: n. 601

Bibliographie: LANZA et al. 1979: 194.

Modèle, nettement agrandi, de la base de l'encéphale, avec la distribution des vais­seaux artériels.

Schérnas et rnodèles de la rnachine pensante (1662-1762) 133

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134 La découverte du cerveau

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

II, 77 a-b Louis Mandi (1812-1881) Anatomie microscopique. T ome premier: histologie [. .. ] A t las [. . .], Paris, chez J.-B. Baillière, 1838-47 a. Pl. IJ, 223 x 336 mm b. Pl. 1.4, 222 x 338 mm Institut fùr Geschichte der Medizin, Gi:ittingen Reproduction photographique

Ces deux planches, qui furent exécutées en 1838, peu de temps avant la formulation de la théorie cellulaire, eurent un caratère his­torique. Elles reproduisent quelques-unes cles plus célèbres images de la structure mi­croscopique du nerf et de quelques parties du cerveau, selon d es recherches effectuées entre 1647 et 1837. Dans la planche IJ, on voit la conception du nerf comme agrégat de petits conduits creux (fig. 3, 6, 8, 9), !es ondulations de la fibre nerveuse primitive (fig. 5, 18), la conception cles cylindres ner­veux primitifs (fig. 22, 23 , 24) et la concep­tion de la constitution globulaire du nerf (fig. 10, 31, 32).

II, 78 Johann Jakob Huber (1707-1778) De medulla spinali speciatim de nervis ab ea provenientibus commentatio cum adiunctis iconibus, Gottingae, !itteris Schultzianis, apud Abr. Vandenhoeck, 1741 Planche, 207 x 342 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: N. 236.14

BibJiographie: CLARKE 1968; CLARKE et O'MALLEY 1968: 266-268.

Huber fut le permier élève d'Albrecht von Haller et, pour quelques années, son pro­secteur à l'université de Gi:ittingen. D four­nit une description classique de la moelle épinière. Les figures l et 2 représentent, en grandeur naturelle, la moelle épinière d'un enfant de trois ans, avec, respectivement, !es racines dorsales cles nerfs spinaux et ventraux. La figure 3 montre, en D, une section de la moelle épinière, avec la sub­stance grise et la substance bianche.

II, 79 Johann Gottfried Zinn (1727-1759) Dissertatio inauguralis medica sistens experimenta quaedam circa corpus

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136 La découverte du cerveau

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

callosum, cerebellum, duram meningem, in vivis animalibus instituta, quam [. .. ] praeside [. .. ] Alberto de H alter [. .. ] d. O et. A.R.S. MDCCXL VIII!. proponit auctor Iohann Gottfried Zinn Suabacensis , Gottingae, apud Abram Vandenhoeck [1749] Frontispice, 157 x 209 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: N.2389.13

Bibliographie: NEUBURGER 1981: 133-137; MAZZOLINI 1987: 149-150.

Dans sa thèse de licence, Zinn, élève puis successeur de Haller à l'université de Gi:it­tingen, attaqua la théorie de Lancisi et La Peyronie selon laquelle le corps calleux est le siège de l'àme. Pour ce faire, il utilisa des méthodes rudimentaires de stimulation du corps calleux chez des chiens ou des chats vivants. En outre, il montra l'importance de la moelle allongée, par des ablations par­tielles ou des lésions de la substance céré­brale; il établit aussi que la dure-mère n'est pas sensible et que des lésions du cervelet produisent des convulsions, sans etre ce­pendant immédiatement fatales.

II, 80 Georg Thomas Asch (1729-1807) Dissertatio inauguralis de primo pare nervo rum medullae spinalis, qua m [. . .] die XIX. Augusti MDCCL. publice defendet Georgius Thomas Asch Petropolitanus, Gottingae, impressum in Officina Vandenhoeckiana [1750] P!. I, 203 x 215 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino X.6.4.1, vol. 26h Reproduction photographique

Bibliographie: MAZZOLINI 1987: 152-153.

Albrecht von Haller fit écrire à ses meil­leurs élèves des dissertations fondées au­tant sur des recherches physiologiques ex­périmentales que sur des dissections ap­profondies. La thèse de Asch est consacrée à l'origine et au parcours de la première paire de nerfs cervicaux.

II, 81 Johann Georg Zimmermann (1728-1795) Dissertatio physiologica de irritabilitate quam [. .. ] publice de/endet auctor Ioannes Georgius Zimmermann Helveto Brugensis. D. Iulii MDCCLI, Gottingae,

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138 La découverte du cerveau

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Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

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typis Georg. Ludov. Schulzii [1751] Frontispice, 170 x 214 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: N. 361.7

Bibliographie: NEUBURGER 1981: 137-138; MAZZOLINI 1987: 153-154.

Dans sa dissertation, qui fu t traduite en ita­lien et en français, Zimmermann révéla quelques-uns des résultats expérimentaux obtenus par lui-meme et son maltre Al­brecht von Haller. Lors de quelques ex­périences de vivisection sur un chien, il trouva que la dure-mère est insensible. Il étudia aussi le temps de survie de grenouil­les décapitées, ainsi que leur réactions à des stimulations des membres inférieurs, re­cueillant ainsi toute une série de cas qui eu­rent une grande importance par la suite pour la théorie des réflexes spinaux.

II, 82 Albrecht von H aller (1708-1777)

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"De partibus corporis humani sensibilibus et irritabilibus" , in Commentarii Societatis Regiae Scientiarum Gottingensis. Ad annum MDCCLII, Gottingae 1753, pp. 114-158 P . 114, 180 x 230 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Magliabechiano A.4.3 .2

Bibliographie: BUESS 1942; RUDOLPH 1964; CLARKE et O ' MALLEY 1968: 170-174; NEU­

BURGER 1981: 113-152.

Cette p age est la première de la plus impor­tante contribution de Haller à la théorie sur "l'irritabilité et la sensibilité". Il estima que l'irritabilité constitue une propriété exclu­sive du tissu musculaire et que la sensibili­té, quant à elle, est une propriété exclusive du tissu nerveux . Il examina les diverses parries du corps humain, cherchant à éta­blir si elles sont sensibles ou insensibles, ir­ritables ou non irritables. Certaines de ses conclusions, m eme si elles furent erronées,

connurent un tel prestige qu'elles influen­cèrent toute la physiologie ultérieure pour plus de cinquante ans.

II, 83 Johann Heinrich von Brunn (1732-?) Dissertatio inauguralis medica sistens experimenta quaedam circa ligaturas nervorum in vivis animalibus instituta quam [. . .] auctor Joannes Henricus a Brunn civis H e/veto Scaphusianus. D XI. Augusti MDCCLIII, Gottingae, prelo Georg. Ludov. Schultzii, [1753] Frontispice, 170 x 214 mm Biblioteca Medica Centrale di Careggi, Florence: N . 361.2 Reproduction photographique

Bibliographie: MAZZOLINI 1987: 160.

La ligature des nerfs, qui constituait une technique ancienne pour arreter, chez les animaux d'expérience, le flux du "sue ner­veux", fu t pratiquée assez couramment du-

140 La découverte du cerveau

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Aote aliquot menres, Sodales fj'onorati, prodiit hic Goet· tingae difcipuli mei , f~miliaris, & domellici D. 1 o.

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T AB 1 L 1 T " T B dilpultlti&; Experimenta ad eam rem pertinen• tia partim ipfe fecit me praefente, & ea ego eo modo éita~o • flUO in meos commentarios retuli : partim alia propria habet. Q!Jae mihi non vifa funt, ea ex ejus diifertatione excitabo. Mul­ta alia ipfe pericula ab anno retro 1746feci, '&ante amicum 0 & eo locio , & centum nonaginta omnino ab anni 1751 prin· cipio viva animalia variis modis examillavi, invila certe miRi crudditate ufus , qf.urm taanen utilitas generis humani & ne­eeffit.u perinde e.<culànt, uti mitiffianus quisque funera ani· Jllalium ioter eib.>s fuos irre~hen{us & nulla poenitentia vi­llus admittit. Caetennn iplì copia fecit, ut continuum dia­riu~ e;cperimentorum, quod penes me cll, defcrip!Um da­re ntmts longum futunnn fit, 8Ui mole aut repetitioniltus. Extra xi ex eventibus, quaé communia & quae perpetua funt, & eavo•Is pro~no.

CONSENSV GRATIOSI ORDINIS MEDICI P IlO

OBTDwioJS SVMMIS IN ARTE MEDICA .. (~;:-_~"\. HONORIBVS l,

PVBLICO ERVDITORVM EXAliiNI

FROPONil' \ AVCTOil '-......:·

IOANNES HENRICVS A BRVNN CI VIS HELVBTO SCAPH VI JANVS.

lb iis enim experimentis natum ell fpecimen novae àr­'fifionis partium corporis humani : Non al io titolo pro hac ope,lla utor, 'JUI irritabiles partes corporis & fenlìbiles enu­

mero

D. XI.,. AVGVSTI MDCCLIJI,

GOTTINGAE

PRBLo GEORG. LV.DOV. SCHVLTZ.ll , Ac .•o. A TYPIS.

ll,82

rant le XVIII• siècle, meme par Haller et d'aucuns de ses élèves. Par ce moyen, on cherchait à comprendre si "l'empire" du système nerveux centrai s'étend aussi sur la respiration, sur l' activité cardiaque et sur la digestion.

II, 84 Peter Castell (1725-?) Experimentia quibus varias corporis humani partes sentiendi facultate carere constitit. Specimen inauguralem medicum [ .. . ] die XX. Ianuar [ ... ] MDCCUII [ ... ] propone! Petrus Castell Gedanensis, Gottingae, typis Georg. Ludov. Schultzii [1753] Frontispice, 150 x 200 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino X .6.4.1, vol. 27b Reproduction photographique

Bibliographie: MAZZOLINI 1987: 157-158.

Castell effectua une série d'expérience à

ll,8}

l'appui de la thèse hallérienne de l'insensi­bilité du péricrane, du périoste et de la pie­mère. Durant le XVIII< siècle parurent six éditions de cette ceuvre, outre la première.

II, 85 Johann Dietrich Walstorff (XVIII• siècle) Dissertatio inauguralis medica sistens experimenta circa motum cerebrz; cerebellz; durae matris et venarum in vivis animalzbus instituta. Qua m [ ... ] die XXIX. Martzi MDCCUII [. .. ] publice de/endet auctor Iohannes Dietericus W alstorff Heidelberga-Palatinus, Gottingae, litteris Ioh. Christoph. Ludolph. Schulzii [1753] Frontispice, 162 x 208 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino X .6.4.1, vol. 24b Reproduction photographique

Bibliographie: NEUBURGER 1981: 130-131; MAZZOLINI 1987: 159.

Le phénomène des mouvements du cer-

veau, qui avait constitué un des points de départ de la théorie de Pacchioni et Baglivi, fut réexaminé expérimentalement par un des élèves de Haller. Celui-ci établit ainsi que le cerveau s'élève lors de l'expiration et s'abaisse lors de l'inspiration. Pour Walstorff, comme pour Haller, les pulsations du cerveau ne constituent plus un mouvement actif, mais sont en rapport avec la respiration.

II, 86 Giacinto Bartolomeo Fabri (XVIII• siècle) Sulla insensitività ed irritabilità halleriana opuscoli di varj autori raccolti da Giacinto Bartolomeo Fabri [ ... ] Parte prima nella quale si contengono tutte le cose favorevoli al sistema del Chiarissimo signor Haller. In Bologna MDCCL VII. per Girolamo Corciolani, ed Eredi Colli a S. Tommaso d'Aquino Frontispice, 190 x 260 mm

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762) 141

E L E 1H E N T .A S U L L A

INSENSITIVITÀ PHYSIOLOGIJE E D C O R P O R I S H U M A N I.

A U C T O R E IRRITABILITÀ HALLERIANA ALBERTO v. HA LLER, OPUSCOLI·

D I V A R J AUTORI p L'Es 1 o -e So c 1 r T a. T t s R ~o. S c 1 e N T. GO T T t N o.

so D A L l A c. D o. RE o. s c l • N T. p A. IS. RE G. c ti ... G A L L.

RACCOLTI I M p E. R. BE a o L l N. su t c l c. n o~ o N l E N s. n A v A a.

DA GIACINTO BARTOLOMEO FABRI SocltT. SctENT. llRlTANN. UrsAL. BoT. FLoa. HELVET.

lN SsNATU SuPREMO BERNE.NSl DucENTUMVlRO. Fifico Chirurgo

'P.ARTE 'PRIM.A TOMUS J:lUARTCJS

Nella quale li con,cngono cune le cofe favorevoli al li!tema del Chiarillimo

C E R I;: B R U M. N E R V l. M U S C U L I.

SI G N O R H A L L E R.

! N B O L O G N A M D C C L V II. LAlJSANN.ìE, Per Girolamo Corciolani, ed Eredi Colli a S. Tommafo d1 Aquino. Sumptibus FRANCISCI GRASSET.

CO~ LICE'N.,ZA DI.' SUl'EJtiOJtl.

U,86

Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 12.6.6.12

Bibliographie: FONTANA 1980: 22-23, 152.

Ce volume est le premier de deux, auxquels s'en sont ajoutés encore deux autres en 1759; ils contiennent une série de travaux publiés durant les années cinquante du XVIII• siècle, favorables ou, au contraire, opposés à la théorie hallérienne de l'irrita­bilité et de la sensibilité. P armi les travaux opposés à Haller, ceux de Tommaso Laghi (1709-1764) sont à noter, car ils démontrent l'existence de nerfs dans la dure-mère.

II, 87 Albrecht von Haller (1707-1777) Elementa physiologiae corporis humani [. .. ], t. IV, Lausannae, sumptibus Francisci Grasset, MDCCLXII Frontispice, 190 x 245 mm Biblioteca Nazionale Centrale, Florence: Palatino 6.5.4.12

II,87

Bibliographie: BUESS 1958; TOELLNER

1971: 128-137.

Les huit volumes des Elementa physiolo­giae constituent le chef-d'ceuvre de Haller. Le quatrième contient une synthèse criti­que des connaissances sur l'anatomie et la physiologie du cerveau au milieu du XVIII• siècle.

II, 88 Heinrich August Wrisberg (1739-1808) "Observat. anat. de quinto pare nervorum encephali et de nervis qui ex eodem duram matrem ingredi falso dicuntur", in Novi commentarii Societatis Regiae Scientiarum Gottingensis, Ad a. MDCCLXXVI., t. Vll, Gottingae 1777, pp. 41-66 Planche, 197 x 236 mm Collection privée Reproduction photographique

MDCCLXII.

Dans ce travail, Heinrich August Wrisberg nia (erronément, d'ailleurs) que la dure­mère soit innervée par les ramifications du nerf trigéminé, et ce malgré des preuves fa­vorables qui avaient été réunies par lui. La planche qui est exposée montre com­ment, après avoir enlevé le cerveau et laissé in situ le cervelet et le pont (D) , on peut apercevoir la proéminence du trijumeau (V) depuis le pont, le ganglion de Gasser ainsi que les trois branches du trijumeau (1, 2, et 3) .

II, 89 Luigi Galvani (1737-1798) "De viribus electricitatis in motu musculari", in De Bononiensi scientiarum et artium Instituto atque Academia commentarti, VII, Bononiae, 1791, pp. 363-418 Planches I-IV, 270 x 200 mm Collection privée Reproduction photographique

142 La découverte du cerveau

!1,88

Schémas et modèles de la machine pensante (1662-1762)

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ll,89

Ces planches montrent !es instruments et !es techniques expérimentales utilisés par Galvani pour exécuter ses célèbres expé­riences, considérées comme constituant le début de l' électro-physiologie. n formula la théorie selon laquelle il existe une élec­tricité animale qui se manifeste dans les muscles et !es nerfs. D'après Galvani, l'électricité négative se si­tue sur la superficie d es muscles et la posi ti­ve dans leur masse. n avança notamment une hypothèse selon laquelle la principale source et origine du fluide électrique est produite par l'activité du cerveau.

143

ll,89

U,89

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La découverte du cerveau

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