L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en...
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Dorin RAMA
Université Paris Dauphine
7/12/2014
L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile
et de l’habillement en Albanie
D.U Management des Entreprises dans les
pays Emergents et en Développement
Sous la direction de:
Marc RAFFINOT – Maître de Conférences,
Université Paris Dauphine
2 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Avant-propos
L’industrie textile et de l’habillement est l’une des industries qui emploi, aujourd’hui, le
plus de travailleurs dans le monde, et surtout dans les pays émergents et en
développement, où une grande partie de la production est sous-traitée aux petites
entreprises locales pour économiser les coûts de la main-d’œuvre. L’un de ces pays,
l’Albanie, a profité de son expérience dans le domaine pendant le régime communiste,
de son coût de main-d’œuvre exceptionnellement faible par rapport à d’autres pays
d’Europe et de sa proximité géographique des grands marchés européens, pour faire
de cette industrie l’un des moteurs de la croissance, des exportations et de l’emploi. Le
taux de croissance annuel de cette industrie en Albanie, depuis la chute du
communisme jusqu’en 2008, a été d’environ 20 %. Cependant, pendant la crise
économique et financière de 2008, alors que le PIB du pays a réussi à continuer à
croître (3,3 % en 2009), l’industrie textile et de l’habillement a dû faire face à la baisse
de la demande mondiale. Selon la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International, ce phénomène a été principalement dû, d’une part, au faible taux
d’ouverture de l’économie albanaise au reste du monde et d’autre part, à une plus
grande intégration du secteur du textile et de l’habillement. Mais, cela n’est pas la seule
raison. Malgré sa prospérité et son importance pour l’économie du pays, la plupart des
entreprises albanaises du secteur sont des entreprises d’assemblage, engagées dans
une activité à faible valeur ajoutée. Leurs clients étrangers (principalement italiens) ne
s’engagent pas à transmettre leur savoir-faire, ni à transférer leurs moyens
technologiques aux petites entreprises albanaises, comme c’est souvent le cas dans
d’autres pays. Malgré son importance, ce secteur ne reçoit que 11 % des
Investissements directs étrangers de l’industrie albanaise. Avec une main-d’œuvre peu
qualifiée, la réalisation de petites marges, entraînant l’impossibilité d’avoir recours au
crédit ou de faire du marketing pour attirer de nouveaux clients, ces entreprises sont
attrapées dans un cercle vicieux, et dépendent dans une large mesure des commandes
de leurs clients, sachant aussi que dans la plupart des cas, il s’agit d’un seul client.
Dans ces conditions, ces entreprises ont pour la plupart déposé leurs bilans et ont
licencié des milliers d’employés. Il existe cependant un certain nombre d’entreprises,
positionnées plus haut sur la chaîne de valeur, moins dépendantes de leurs clients
étrangers, qui ont très bien géré les dégâts de cette crise.
Dans cette étude, nous verrons de plus près pourquoi les petites entreprises,
positionnées en bas de la chaîne de valeur, se sont avérées si rigides face à la crise
économique, et quels sont les facteurs qui ont fait la différence en termes de
performance entre les différents types d’entreprises albanaises de l’industrie textile et
de l’habillement.
3 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Table des Matières
Introduction .................................................................................................................................... 4
I. Cadre théorique............................................................................................................ 6
I.I Terminologie ....................................................................................................................... 6
I.II L’Accord multifibres (AMF) ................................................................................................. 9
I.III L’impact de la crise économique et financière de 2008 sur l’industrie textile et de
l’habillement ........................................................................................................ 11
I.IV Les particularités du secteur du textile et de l’habillement en Albanie .............. 14
I.V L’impact de la crise économique de 2008 en Albanie ......................................... 23
I.VI L’impact de la crise économique de 2008 dans le secteur du textile et de
l’habillement en Albanie ..................................................................................... 25
II. Méthodologie ............................................................................................................. 29
II.I Présentation des Entreprises ............................................................................................ 30
III. Résultats ..................................................................................................................... 35
IV. Analyse des résultats ................................................................................................. 55
Conclusion .................................................................................................................................... 63
Bibliographie ................................................................................................................................ 67
Annexes ........................................................................................................................................ 71
Questionnaire ............................................................................................................................... 76
I
4 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Introduction
L’industrie textile et de l’habillement est l’un des secteurs les plus mondialisés, offrant des possibilités d’emploi à plus de 60 millions de travailleurs dans le monde selon l’OIT(Organisation Internationale du Travail), principalement des femmes et des travailleurs non qualifiés.
L’industrie textile et de l’habillement a le potentiel de contribuer de manière significative au développement économique (surtout dans les pays en développement), en raison de son poids dans l’économie et en raison du profil des travailleurs qui y sont employés. Avec l’industrie de la chaussure, ces trois secteurs sont une source importante d’emploi pour les classes défavorisées de la population. La plupart des travailleurs de ces industries sont des jeunes femmes, ainsi qu’un nombre important d’émigrants. Selon l’OIT, dans certains pays, la confection de vêtements peut être l’une des seules opportunités de se déplacer dans le secteur formel, et souvent l’un des rares emplois considérés comme acceptables pour les femmes. Dans les pays en développement, il offre aux femmes la possibilité d’entrer sur le marché du travail, d’acquérir les compétences nécessaires et de devenir financièrement indépendantes. Cependant, presque partout dans le monde, le niveau de salaire des travailleurs de ces industries est proche du salaire minimum. Très souvent, dans les pays en développement, leurs contrats de travail sont de courte durée, et les travailleurs ont de faibles niveaux de représentation syndicale (Forstater 2010)1.
L’Albanie est l’un des pays où l’industrie textile et de l’habillement occupe une partie considérable de l’économie. À partir des années 60, l’industrie textile et de l’habillement est devenue particulièrement importante dans ce pays, qui à cette époque était complètement fermé sous un régime communiste. La nécessité de devenir autosuffisant dans tous les domaines industriels, mais aussi d’y employer un nombre important de travailleurs, a poussé le gouvernement à accorder une importance particulière à l’industrie textile et de l’habillement. Après la chute du communisme et l’ouverture du pays au commerce international en 1991, cette industrie a prospéré grâce à deux facteurs clés : 1. Une force de travail bon marché, abondante et relativement qualifiée; 2. La proximité des grands marchés européens. Les premiers à avoir testé (avec succès) ce nouveau marché qui émergeait ont été les entrepreneurs italiens, qui ont progressivement commencé à fonder leurs propres filiales dans le pays ou à sous-traiter une partie de leur production. Peu à peu, de plus en plus d’entreprises ont été créées, en faisant de ce secteur le moteur des exportations, bien que sa valeur en termes réels soit modeste. Entre 1993 et 2013, presque la moitié des exportations albanaises a été due à ce secteur et son taux de croissance a été de 19 %. Entre 1999 et 2012, le secteur du textile et de l’habillement a employé entre 15 – 20 % de la population active (dont 80 % étaient des femmes) et a été le secteur de l’économie à présenter une balance commerciale positive.
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L’Albanie s’est avérée être le pays européen qui a le mieux fait face à la crise économique et financière de 2008. Le taux de croissance de son PIB a été respectivement de 7,5 %, 3,3 % et 3,5 % en 2008, 2009 et 2010. Cependant, en raison d’un plus fort taux d’ouverture au commerce international, l’industrie du textile et de l’habillement a beaucoup plus souffert que d’autres secteurs albanais. Les exportations de textiles et de ses articles ont connu une baisse significative en 2009, et beaucoup d’entreprises on dû déposer leurs bilans à cause de l’absence de commandes de la part de clients étrangers. Bien que la réalité ne soit jamais si simple et d’autres facteurs, hormis la crise économique de 2008, sont intervenus et expliquent ce phénomène.
La crise économique a eu un effet différent en fonction du type d’entreprises. En effet, selon leur positionnement dans la chaîne de valeur, les entreprises albanaises ont vécues très différemment la crise. D’un côté, une grande partie des ces entreprises a dû faire face à des vagues féroces de licenciements et à la clôture de leur activités, et de l’autre, le reste des entreprises s’est avéré posséder les moyens nécessaires pour éviter complètement les dégâts.
Face à cette situation, cette étude vise à répondre à la question suivante : quels sont les facteurs qui expliquent la différence en termes de performance économique entre les différents types d’entreprises albanaises de l’industrie textile et de l’habillement pendant la crise économique et financière de 2008, et pourquoi les petites entreprises se sont-elles avérées si rigides face à la crise ?
Pour répondre à cette question, après avoir présenté l’aspect théorique du problème, nous allons analyser en détail les résultats des quatre entretiens réalisés auprès d’entreprises albanaises du secteur, positionnées différemment sur la chaîne de valeur.
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I. Cadre Théorique I.I. Terminologie
L’industrie du textile et de l’habillement représentent un exemple typique d’une chaîne de production qui est dominée par l’acheteur, où il existe une répartition inégale de pouvoir. Les activités qui apportent le plus de valeur ajoutée à la marchandise ne sont pas liées à la fabrication en soi, mais se trouvent dans la conception, dans l’image de marque et dans le marketing des produits. Ces activités sont réalisées par des entreprises leaders qui exercent leurs activités à l’échelle internationale et qui sont propriétaires de marques dans l’industrie des vêtements. Dans la plupart des cas, ces grandes entreprises externalisent le processus de fabrication vers un réseau international de fournisseurs. Selon Gereffi G. et Frederick S. (2010)2, les pays en développement sont en compétition permanente pour attirer des investissements étrangers et des contrats avec de grandes marques mondiales. Cette compétition laisse de nombreux fournisseurs avec peu de pouvoir dans la chaîne de valeur. Le résultat est un partage inégal de la valeur ajoutée au sein du secteur, en faveur des entreprises leader. Aujourd’hui, les entreprises du secteur du textile et de l’habillement peuvent être classées selon le nombre d’opérations qu’elles sont disposées à réaliser, ce qui en conséquence les positionne aussi sur la chaîne de valeur. Cette classification est présentée sur l’encadré 1 ci-dessous.
ENCADRE 1
Assemblage : Le fabricant ne vend que des services de fabrication. Il fait l’assemblage de composants
pré-coupés de vêtements ou de chaussures importées d’acheteurs étrangers.
CC (Coupe-Couture) : Le fabricant vend des services de coupe et de fabrication seulement et importe de
manière temporaire tous les matériaux, qui sont détenus par le client.
CCF (Coupe-Couture-Finition) : Le même que CM sauf que le fabricant achète lui-même quelques
accessoires tels que les fils à coudre, les boutons, etc.
Forfait Complet : Le fabricant achète tous les matériaux selon les spécifications du client et à la livraison
facture la valeur totale du produit. Au-delà des secteurs du textile et de l’habillement, ce modèle de
fabrication est connu comme « (OEM) Original Equipment Manufacturer » (littéralement « producteur
d’équipement d’origine » (FEO)).
Marque de Distributeur (MDD) ou « Private Label » : Le fabricant conçoit des collections
indépendamment ou conjointement avec le client. Les produits finis sont livrés sous la marque du client.
Au-delà des secteurs du textile et de l’habillement ce modèle de fabrication est largement connu comme
« (ODM) Original Design Manufacturer » (littéralement « producteur de concepts d’origine ») où le
fabricant ne fait pas seulement un produit, mais il aussi conçoit et détient la propriété intellectuelle (ou le
sous-traitent), mais vend le produit sous la marque du client.
Propre Marque ou « Own Label » : La société vend le produit qu’il fabrique sous sa propre marque. Au-
delà de l’industrie du textile et de l’habillement, cela est plus connu comme « (OBM) Original Brand
Manufacturing » (littéralement « producteur de marque d’origine »)
7 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Les employés des réseaux de fabrication, tels que l’assemblage ou les CC (Coupe-Couture) / CCF (Coupe-Couture-Finition), apprennent les meilleures techniques de couture dans le respect des normes de qualité et se familiarisent avec les machines et les types de tissus nécessaires à une production de qualité. En outre, les clients étrangers sont généralement impliqués activement dans l’achat de machines, dans la formation des ingénieurs et des techniciens et, dans certains cas, ils fournissent également des conseils sur la production, la gestion et le financement. Dans la plupart des cas, un technicien de la société de l’acheteur travaille dans l’entreprise de production pendant plusieurs mois jusqu’à ce que la production des pièces commandées soit terminée, dans le but de contrôler la qualité, ainsi que d’enseigner comment effectuer des tâches particulières ou utiliser une machine spécifique.
L’OEM « Original Equipment Manufacturer » (littéralement « producteur d’équipement d’origine » (PEO)) est le niveau suivant d’entreprises dans les réseaux mondiaux de production, offrant un forfait complet. Il s’agit généralement de fabricants de marque ou
Capacités fonctionnelles
Statut du fournisseur Recommandations ;
principaux facilitateurs Exemples de pays
Coupe, Couture, Finition, Assemblage
Fournisseur marginal (Marginal Supplier)
Promouvoir les IDE en amont. Organisations gouvernamentales et régionales. Signer des contrats à long-terme avec les « Sociétés Leaders »
Cambodge, Afrique sub-saharienne,
Caraïbe, Vietnam
Original Equipment Manufacturer (OEM)
Fournisseur privilégié(Preferred
Supplier)
Investir dans des machines et dans la technologie de la logistique. Investissement privé.
Bangladesh, Indonésie
Fournisseur de niche (Niche Supplier)
Sri Lanka, Mexique
Original Design Manufacturer (ODM)
Fournisseur stratégique (Strategic Supplier)
Prochaine étape : Pénétrer dans les nouveaux marchés émergents en tant qu’entreprise leader
Turquie, UE, Inde, Chine
Service Providers Coordinateurs et
investisseurs étrangers
Hong Kong, Corée du Sud, Taiwan,
Singapour, Malaisie
Source : Banque Mondiale (2009)
8 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
grossistes qui gèrent la logistique et l’achat de tout les matières premières nécessaires à la fabrication du produit final, bien qu’ils reçoivent des spécifications concernant les matières premières, la conception des produits, ainsi que le modèle à suivre, de la part de la société de l’acheteur. Les entreprises OEM peuvent faire l’assemblage elles-mêmes ou le sous-traiter à des entreprises CC/CCF, si le coût de la main d’œuvre domestique est élevé. Ainsi, les entreprises OEM sont effectivement un intermédiaire entre les opérateurs d’assemblage et les acheteurs finaux, et pour cette raison, elles ont besoin d’avoir un financement adéquat, en plus du savoir-faire concernant les matériaux d’approvisionnement, qui comprend la logistique, la relation avec les fournisseurs, les derniers inputs (cuir, tissu, etc.) et être au courant de la mode actuelle. Ce savoir-faire signifie que les entreprises OEM offrent plus de valeur à leurs clients, ce qui leur permet d’augmenter leurs marges et, si elles peuvent se rapprocher directement des clients finaux, ces marges peuvent encore augmenter en omettant les grossistes intermédiaires.
Le dernier niveau de la chaîne de valeur dans les réseaux mondiaux de production avant la vente directe aux consommateurs est le « Private Label » où le producteur recherche les matériaux, conçoit des collections et présente des idées pour l’élaboration des produits. La décision finale concernant les conceptions et les produits est prise par les clients (la société de l’acheteur) et les produits sont commercialisés sous la marque du client. C’est le plus haut niveau de valeur ajoutée avant les ventes « sous une marque propre » (Own Label) où les producteurs conçoivent leurs collections et les vendent sous leurs propres marques. Le temps pour grimper ces échelons est long pour toute entreprise et en particulier, pour les entreprises de « fast fashion » (la mode rapide) du secteur.
9 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Source: FORSTATER M. (2010) Sectoral
coverage of the global economic crisis:
Implications of the global financial and
economic crisis on the textile and
clothing sector, International Labor
Organisation (ILO)
I.II.L’Accord multifibres (AMF) Pour mieux comprendre l’évolution de l’industrie textile et de l’habillement, il faut remonter à l’année 2005 et faire la lumière sur l’Accord multifibres. Les effets de cet accord ont eu, pour un certain nombre d’économies, une incidence substantielle parfois plus importante que la crise financière de 2008 en raison des modifications stratégiques menées par les entreprises du secteur. L’Accord multifibres (AMF) a régi le commerce mondial des textiles et des vêtements de 1974 jusqu'en 2004 (il a expiré le 1er Janvier 2005), en imposant des quotas sur les volumes que les pays en développement pouvaient exporter vers les pays développés. La fin de cet accord a été un événement qui a bouleversé l’industrie textile et de l’habillement dans beaucoup de pays. Au fur et à mesure, les entreprises ont changé leur structure et leur égard vis-à-vis de la compétitivité. Depuis 2005, les acheteurs sont de plus en plus à la recherche de fournisseurs qui peuvent s’auto-approvisionner en matières premières, gérer la logistique, collaborer au développement de l’entreprise, ainsi que de fournisseurs plus dynamiques qui sont prêts à livrer plus vite (Forstater 2010)3. Les grandes marques et les commerçants se sont donc dirigés vers les grands fournisseurs d’un nombre réduit de pays. Les acheteurs ont de plus en plus tendance à se distancer d’une stratégie d’approvisionnement auprès d’une multitude des petites entreprises et des méthodes anciennes de travail, telles que « cut, make and trim » en faveur de relations avec un plus petit nombre de « fournisseurs stratégiques » - groupes ou agents qui fabriquent dans plusieurs usines à l’échelle internationale, qui partagent une responsabilité financière et qui sont capables de fournir des services d’une plus grande valeur ajoutée (Forstater 2010)4.
Pays gagnants
Chine 73%
Macédoine 56%
Inde 45%
Cambodge 45%
Indonésie 30%
Bangladesh 28%
Pakistan 13%
Sri Lanka 13%
Turquie 8%
Maroc 4%
Pays perdants
Afrique du Sud -75%
Corée du Sud -61%
Rép. Dominicaine -48%
Mexique -31%
Roumanie -28%
Guatemala -25%
Rép. de Maurice -16%
Lesotho -16%
Philippines -12%
El Salvador -12%
Honduras -6%
Thaïlande -3%
Tunisie -1%
TABLEAU 1 : Variation en
pourcentage de la valeur des
exportations vers les États-Unis et
l’Union européenne entre 2004 et
2007
Source: FORSTATER M. (2010)
10 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Cependant, ce phénomène connaît des exceptions. À l’aide des deux tableaux ci-dessus, il est facile de remarquer que les « gagnants » sont en général des pays de grande taille, des pays exportateurs traditionnels qui remplissent les conditions recherchées par les acheteurs, tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Cambodge ou le Bangladesh. Certaines exceptions apparaissent tout de même, telles que la Macédoine. Sur l’autre tableau, à côté, peuvent être observées des victimes de ce phénomène, telles que l’Afrique du Sud, le Mexique (pays avant privilégiés par les Etats-Unis grâce à leur position géographique), la Roumanie (très proche de l’Europe de l’ouest et avec un coût de main d’œuvre assez faible), ainsi que de petits pays, tels que le Guatemala ou la République dominicaine. Pour cette dernière, les exportations vers les États-Unis ont connu une chute de 30%, provoquant la fermeture de 60 usines et le licenciement de 50.000 employés en 18 mois (Forstater 2010)5.
11 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
I.III.L’impact de la crise économique et financière de 2008 sur l’industrie textile et de l’habillement
La crise économique mondiale a eu des répercussions directes et indirectes importantes sur l’industrie textile et de l’habillement. Les impacts directs concernent le ralentissement de la demande mondiale qui a conduit à une demande réduite des exportations de vêtements sur les marchés principaux, tels que l’Union européenne, les États-Unis ou le Japon. La baisse du prix ainsi que la réduction du financement du commerce a compliqué encore plus le financement des exportations pour les fournisseurs. Les commerçants américains et européens ont été sévèrement touchés par la crise alors que les dépenses de consommation ont diminué et de nombreux commerçants ont dû faire face à une chute de revenus, à un faible taux de rotation des stocks et à des contraintes de trésorerie (Staritz 2010)6. La baisse de la demande, la réduction des ventes et le resserrement du contrôle des stocks par les importateurs dans les pays développés ont entraîné des répercussions sur toute la chaîne d’approvisionnement. Comme déjà évoqué, le secteur textile et de l’habillement est un secteur fortement mondialisé et par conséquent, l’effet de la crise a été indirectement transmis aux économies en développement, qui font, dans la majorité des cas, partie de la chaîne de valeur de ces entreprises à travers des contrats de sous-traitance. Comme indiqué dans les annexes 1, 2, 3 et 4, au niveau mondial, la baisse en volume des imports et des exports a été assez importante pendant la crise. Elle a commencé par un ralentissement de la croissance en 2008 (surtout dans le dernier trimestre). En 2009, le commerce international du secteur a connu une baisse de 14 %. Avant d’analyser cette évolution pour les différents pays présentés dans les tableaux, il faut savoir que les chiffres indiqués sur les tableaux représentent la somme des secteurs textile et de l’habillement. Cette remarque est importante pour comprendre que les pays émergents et en développement tels que la Chine, le Mexique, l’Indonésie le Pakistan etc., sont des pays qui importent beaucoup plus en textile qu’en habillement, et qu‘à l’inverse, ils exportent plus de produits finis (habillement) que de textile. Alors que pour les pays développés, tels que les États-Unis, la France, l’Allemagne ou l’Italie c’est l’inverse. Cela s’explique par le fait que les grandes entreprises occidentales sous-traitent leur production dans les pays en développement pour les raisons analysées ci-dessous. La baisse de la demande du secteur du textile et de l’habillement à cause de la crise économique s’est vue directement répercutée sur le volume des importations des pays développés. En raison du fait que la crise a commencé aux États-Unis et que cela a pris quelque mois pour qu’elle se propage en Europe, dés 2008, il est possible d’observer que les importations en textile et habillement des Américains ont baissé de 3 %, alors
12 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
qu’en France, en Allemagne et en Italie, le taux de croissance a diminué de 6 points de pourcentage en moyenne par rapport à 2007, mais est resté positif. En 2009, on observe que le volume des importations a chuté dans ces quatre pays de 13,6 %, 12,3 %, 9,7 % et 15,4 % pour les États-Unis, la France, l’Allemagne et l’Italie respectivement. En ce qui concerne les exportations, la chute a augmenté (5 points de pourcentage de plus) pour les États-Unis, la France et l’Allemagne, alors que la situation des entreprises exportatrices italiennes s’avère encore pire, les exportations italiennes ont chuté de 24 %. Cependant, en 2010 grâce aux réformes dynamiques des gouvernements respectifs (surtout américain), les échanges ont recommencé a croître. Comme évoqué précédemment, la crise s’est vue répercutée au reste du monde et cela s’est reflété principalement dans l’évolution du volume de leurs exportations (basées pour la plupart sur des produits finis, à savoir des vêtements). La Chine, qui est la plus grande exportatrice du secteur avec plus de 255 milliards de dollars en 2012, a vu sa croissance ralentir de 19 % à 8,3 % entre 2007 et 2008, alors que ses exports en textile et habillement ont chuté de 10 % en 2009. D’autres grands sous-traitants des pays développés, tels que le Pakistan, la Cambodge, le Mexique ou la Turquie ont aussi été fortement affectés. Leurs exportations mondiales en 2009 ont baissé respectivement de 11 %, 19 %, 17 % et 16,1 %. Parallèlement, leurs importations ont également chuté, mais à des rythmes moins importants (sauf la Mexique). Selon la Fédération Internationale des Travailleurs du Textile, de l’Habillement et du Cuir (FITTHC), environ 11,5 millions d’emplois ont été perdus pendant le premier semestre de 2009 dans le secteur et 3 millions de plus pendant la seconde moitié de l’année 2009. Selon une autre estimation de l’Organisation Internationale du travail (OIT) entre 11 et 15 millions d’emplois ont été perdus pendant le premier trimestre de 2010 et les pertes d’emplois imputables à la crise économique mondiale dans les différents pays en développement comprennent : 10 millions en Chine, 1 million en Inde, 200.000 au Pakistan, 100.000 en Indonésie, 80.000 au Mexique, 75.000 au Cambodge et 30.000 au Vietnam (Forstater 2010, cité par Gereffi et Frederick 2010)7. Les autres effets négatifs, mis à part la diminution du volume des commandes, s’avèrent être la diminution des prix en général pour tous les produits, la pression envers les fournisseurs pour produire et livrer plus vite ou encore des contrats de plus courte durée qui ont un impact négatif sur la stabilité et la prévision pour l’avenir des sous-traitants. En ce qui concerne les prix, selon la Banque Mondiale aux États-Unis, les prix unitaires des produits tricotés et tissés ont diminué de manière significative en 2008 et 2009 –pour les produits tricotés de 2,9 % et 2,4 % et pour les produits tissés de 0,3 % et 9,3 % respectivement. En ce qui concerne l’UE-15, les prix unitaires d’importation pour ces deux produits ont diminué de 3,9 % pour les produits tricotés et de 4,7 % pour les produits tissés en 2008 (Forstater 2010)8. L’industrie textile et de l’habillement a aussi été impactée indirectement par la crise bancaire. Le secteur a souffert le resserrement des crédits bancaires, qui ont été plus que nécessaires à ce moment vu le besoin en fond de roulement pendant la crise. Selon Christian de Boissieu, pendant la crise, le crédit était plus cher et moins
13 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
disponible et les banques se sont avérées plus sélectives avec une plus grande aversion pour le risque (Boissieu et Couppey-Soubeyran 2013)9 . Selon la Banque Mondiale, les petits exportateurs ont été les principales victimes de cette pénurie, et ont fait faillite, lorsque la demande qu’il recevait, a diminué (Malouche 2009 cité par Forstater 2010)10 . Cependant, d’après l’étude de Gereffi et Frederick (2010) 11 , un certain nombre d’acheteurs dans le secteur ont offert un soutien financier à leurs fournisseurs : le géant américain de vêtements « Kohl’s » a offert un soutien à 41% de ses fournisseurs et Wal-Mart a lancé son programme appelé « L’Alliance des fournisseurs » pour faciliter les paiements de crédits des fournisseurs.
14 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
I.IV. Les particularités du secteur du textile et de l’habillement en Albanie L'industrie textile et de l’habillement a émergé comme l'un des secteurs les plus
prospères de l'économie albanaise, en devenant un contributeur important pour la
production industrielle, l’exportation, la devise, ainsi que l’emploi.
Les industries textile, de l’habillement et des chaussures faisaient partie des industries
les plus importantes de l'économie albanaise pendant la période de 1960 à 1990.Ces
industries étaient formées par des entreprises appartenant à l'Etat et elles
fonctionnaient dans le contexte d'une économie socialiste centralisée.
L'industrie de l'habillement et des chaussures a prospéré en Albanie au début des
années 90, lorsque les entreprises italiennes ont commencé à explorer le marché
albanais. Après avoir testé progressivement la variété et la quantité de lignes de
produits, de nombreuses entreprises albanaises ont été établies et sont passées de
petites unités à de grandes sociétés consolidées. Le développement et la spécialisation
de l'industrie de transformation en Albanie ont été solidement construits à partir de deux
importants avantages comparatifs 1) une force de travail relativement bon marché et
abondante et 2) la proximité des marchés importantes européennes, de vêtements et
de chaussures. En revanche, la demande intérieure de vêtements et de chaussures est
satisfaite principalement par les importations.
Mais un autre facteur important, selon la Banque Mondiale, sont les politiques
favorables de l’UE. Depuis 1992, l'Albanie a bénéficié du système de préférences
généralisées de l'UE, avec des produits textiles spécifiques bénéficiant de ce statut. En
plus, entre 2000 et 2011, le règlement n° 2007 des Préférences régionales
asymétriques a permis à l'Albanie et à d'autres pays des Balkans (Bosnie-Herzégovine,
Croatie et Macédoine), d’exporter à des droits de douane de 0 % des produits fabriqués
à l’aide de matériaux provenant de l'Union européenne ou du pays bénéficiaire. Ces
aménagements peuvent également avoir joué un rôle important dans la stimulation du
commerce après 2000 (Banque Mondiale 2009)12.
En dépit de la forte croissance récente des exportations, il est à craindre que la
compétitivité de l'Albanie dans le secteur soit en train de s'éroder face à la concurrence
des pays asiatiques et à la diminution des IDE. En particulier, après la suppression
progressive des restrictions de quotas en vertu de l'Accord multifibres en 2004, le taux
relativement élevé de produits d'exportation albanais et la présence de l’Albanie sur les
marchés risquent de l’exposer à la concurrence asiatique, si les entreprises albanaises
ne mettent pas à niveau leurs processus et leurs produits rapidement. De plus, les
15 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Source : INSTAT (Institut Albanais des Statistiques)
investissements étrangers actuels dans le textile et l’habillement en Albanie peuvent ne
pas permettre le transfert des technologies et des connaissances autant que dans
d'autres pays (Banque Mondiale 2009)13.
Selon le Graphique 1 issu
des données de l'INSTAT,
en 2011 le secteur
représentait plus de 14 % de
la production industrielle
totale du pays, soit 16% de
la production
manufacturière. En outre,
l'habillement et les
chaussures ont été l'une des
principales catégories
d'exportations pour le pays
depuis le début des années
90, ce qui représente une
moyenne de 48,86 % du total des exportations albanaises entre 1993 et 2013. Après
avoir atteint le pic de 67 % du total des exportations de l'Albanie en 1999, le poids relatif
du secteur a progressivement diminué et il représentait 28,15 % en 2013, soit 496
millions d’euros environ (Graphique 2). Cependant, les exportations du secteur ont
augmenté en valeur absolue (Graphique 1). En se reportant à l’annexe 5, il est possible
d’observer que les exportations des produits de textile et des chaussures ont augmenté
de 18,70 % en moyenne par an, et jusqu’à 2011, ce secteur était le secteur qui exportait
le plus en termes de valeur (en 2012 et 2013, il a été dépassé par le secteur « minerais,
carburants et énergie »). Parmi les dix produits les plus exportés du pays, six étaient
des produits du secteur du textile et de chaussures.
En ce qui concerne la balance commerciale
du secteur, d’après l’annexe 5, la valeur des
exports a dépassé celle des imports depuis
1999 (sauf en 2002), ce qui renforce
l’argument de la Banque Mondiale
mentionné ci-dessus. Entre 1999 et 2012, le
secteur du textile et des chaussures a été le
seul secteur ayant une balance
commerciale positive dans l’économie du
Graphique 1
Source : INSTAT (Institut Albanais des Statistiques)
Graphique 2
16 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau 2
Valeurs de l’ACR entre les pays du Balkans
de l’ouest et l’UE 15
Tableau 3 : Comparaison de la croissance annuelle moyenne des exportations des vêtements et
des chaussures (1999-2006)
Source: World Bank (2009), Building Competitiveness in Albania: Sector Case Studies: Apparel and
Footwear, Tourism, Mining, World Bank
pays (en 2013, le secteur « minerais, carburants et énergie » a aussi connu une
balance commerciale positive, mais sa valeur est plus de deux fois moins élevée que
pour le secteur du textile et des chaussures). L’excédent commercial du secteur s’élève
à 109 Millions d’euros en 2013 et a augmenté de manière constante au fil des années,
en dépit du fait que les exportations de l'industrie sont en grande partie fabriquées avec
des intrants importés.
L'avantage comparatif révélé (ACR)
calculé par OCDE (2009) 14 à partir de
l’indice de Balassa-Samuelson entre l'UE-
15 et l'Albanie en 2005 est de 5,63, ce qui
indique que le secteur est très attractif
pour l'économie albanaise. En 2007
l’indice a augmenté encore plus (6,05), ce
qui indique une trajectoire croissance et
un renforcement des relations
commerciales entre l’Albanie et l’UE-15. Comme on le voit dans le Tableau 2, cet indice
est beaucoup plus faible pour le reste des pays de la région (sauf pour le Kosovo).
Dans le tableau ci-dessous, on voit une comparaison de la croissance moyenne des
exports entre l’Albanie et différents pays de la région dans trois catégories : « articles
d’habillement non tricoté », « articles d’habillement tricoté » et« chaussures et ses
parts ». Comme on voit, l’Albanie connait une croissance particulièrement élevé par
rapport à ses voisions. Dans les trois secteurs cette croissance est plus élevée que la
moyenne. La catégorie« chaussures et ses parts » connait une croissance très élevé
(20%), et de l’autre côté, on peut noter que la catégorie d’articles d’habilement non
tricoté (qui occupe environs 60% de l’industrie textile15) a augmenté de 15% et la
catégorie d’articles d’habillement tricoté (qui occupe environs 38,5% de l’industrie
textile16) a augmenté de 18% en moyenne.
17 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Graphique3 : La distribution géographique des
« Perfectionnements commerciaux actifs (Inward
processing trade) par pays en 2012
Source: ALBANIAN CENTRE FOR COMPETITIVENESS AND
INTERNATIONAL TRADE (2012), Albania 2012: Trade
Report, ACIT et USAID
Les Partenaires
En dépit de la taille et de l’importance
pour les exportations du pays,
l'industrie ne semble pas avoir attiré
d'importants flux d'IDE. Les stocks
d'IDE dans le secteur de l'habillement
en 2004 s'élèvent à EUR 112 millions,
ce qui représente environ 11% des
IDE pour toutes les industries. Ceci
est en partie attribuable au fait que la
majorité des entreprises opérant dans
le secteur sont au capital
domestique17. Néanmoins, en dépit de
l'augmentation continue des niveaux
d'IDE ces dernières années, la
majorité des entrées de capitaux
semblent avoir été dirigés vers d'autres secteurs. En effet, le secteur du textile et de
l’habillement en Albanie est dominé pour la plupart par des activités riche en travail, ce
qui explique le niveau élevé d'emploi et le niveau faible de l'apport en capital.
Les principales destinations des produits albanais du secteur font presque tous partie
de l'Union Européenne, dominées par l'Italie et la Grèce. Cependant, les États-Unis ont
commencé à émerger comme une destination d'exportation de plus en plus importante
pour les vêtements et les chaussures albanaises. Selon la Banque Mondiale (2009)18,
l'Italie est de loin la plus importante destination des exportations de l'Albanie dans ce
secteur. L'Italie est la destination d'environ 75% du total des exportations de vêtements
en provenance d'Albanie (73 % de vêtements tricotés et 80 % des articles de vêtements
non tricotés) et la quasi-totalité (99,5%) des exportations de chaussures entre 2005-07,
alors que la Grèce se trouve en second place avec 11,5% environs (ISB 2010)19. Le
Rapport du Commerce pour l’Albanie amené par Le Centre Albanais pour la
Compétitivité et le Commerce Internationale (CACCI) (2009)20 indique qu’en ce qui
concerne le Perfectionnement commercial actif (Inward processing trade) l’Italie
occupait près de 80% (81 Million d’euros) en 2009, ce qui est expliqué par le fait que la
grande majorité des flux d'exportation de vêtements et de chaussures sont en fait des
réexportations. Selon la Banque Mondiale (2009)21 les réexportations représente plus
de 90% du total des exportations dans le secteur du textile, de l’habillement et de
chaussures, en soulignant l'importance de l'intégration de l’Albanie dans les réseaux
mondiaux de production pour augmenter la compétitivité des exportations de l'Albanie.
18 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau 4 : La concentration géographique et des produits des exportations
Source: World Bank (2009), Building Competitiveness in Albania: Sector Case Studies: Apparel and
Footwear, Tourism, Mining, World Bank
Tableau 5 : Comparaison de la valeur ajoutée du secteur de l’habillement
Source: World Bank (2009), Building
Competitiveness in Albania: Sector Case
Studies: Apparel and Footwear, Tourism,
Mining, World Bank
Malgré la croissance en termes réels et nominales du secteur et son importance pour
l’économie albanaise, la concentration des produits exportés ainsi que la concentration
des marchés auxquels ils sont exportés est très élevé. Comme on le voit dans le
tableau 4, non seulement le nombre des produits exportés par l’Albanie est presque
deux fois plus faible que celui de la Roumaine et la Slovaquie, mais encore les trois
produits les plus exportés occupent environ 70% du total pour les vêtements non
tricotés. La concentration est encore plus important si on se réfère au nombre des
marchés : 99,7% des exports du secteur sont vers seulement 3 marchés pour les
vêtements tricotés.
Selon la Chambre Albanaise du Façon22 (The Albanian Chamber of Façon) il y a 498
entreprises opérant actuellement dans le secteur dont 332 (dont 101(30%) sont des
petites entreprises, 215 (65%) PME et 16 (5%) grandes entreprises) sont des CMT. Un
peu plus de 80% de ces entreprises sont au capital domestique, et le reste c’est au
capital étranger Italien et Grec. La plupart des entreprises sont situés dans la zone
économique environnante le capital (Tirana), et le reste dans le centre de l'Albanie-
Durres, Fier, Berat ; le nord - Shkodër, Lezhë; le sud - Vlorë, Sarandë et Gjirokastër, et
dans l'est-Korçë
Selon la même source, l’industrie de textile et de l’habillement emploie presque 70 000
personnes. La majorité des emplois dans le secteur se compose de travailleurs peu
qualifiés, généralement des jeunes femmes (environ 80%).La plus forte concentration
de l'emploi est, comme prévu, autour de Tirana, où résident 44% des employées, suivie
par Durrës, Korçë et Shkodër, avec 29%, 12% et 7% de l'emploi total respectivement.
Ainsi, il est clair que, malgré l'importance du secteur en tant que pilote des exportations
albanaises, sa taille dans l'économie albanaise est nettement modeste en termes réels.
19 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Cela arrive principalement parce que les entreprises albanaises sont engagées dans
des activités à faible valeur ajoutée. Ceci est caractéristique du secteur de l'habillement
en particulier, où la grande majorité des entreprises sont des opérateurs CCF (Coupe -
Couture –Finition). Comme on peut le voir dans le tableau 5, la valeur ajoutée au
produit par un travailleur albanais est très basse. En le comparent avec les autres pays
du Balkan de l’Ouest, on voit que cette valeur est 2 fois moins important que celle de la
Serbie et de la Bosnie Herzégovine et 5 fois plus faible que celle de la Croatie. Par
conséquence, leurs marges bénéficiaires sont très faibles et ces entreprises sont
confrontées à une concurrence croissante, une pression pour maintenir bas les prix des
contrats et les coûts de main-d'œuvre, ainsi que des délais de livraison plus serrés et
des exigences supérieures en termes de flexibilité. Dans ces conditions, les entreprises
albanaises ne sont que des preneurs de prix et ont une grande incertitude en ce qui
concerne leur avenir, leur principal avantage concurrentiel sur le marché mondial étant
la proximité du marché de l'UE et les faibles coûts de main-d'œuvre (ISB 2010)23.
A l’aide des Annexes 1 et 2, on voit qu’il n’y a aucun pays en Europe qui peut
concurrencer l’Albanie en termes de coûts de travail pour le secteur de textile et de
l’habillement. La Chine, l’Inde, le Bangladesh ou le Vietnam sont les seuls pays où les
acheteurs peuvent trouver moins chère. Les salaires dans le secteur restent parmi les
plus bas dans l'économie albanaise, et ont toujours été alignées sur les niveaux de
salaire minimum. La majorité des employés sont des travailleurs peu qualifiés qui ne
reçoivent pas toujours une formation et qui n’ont autrement pas de possibilités d'emploi.
Selon l'Enquête de l'INSTAT sur les Enterprise (2008)24, le niveau moyen des salaires
dans le secteur était de 19 000 ALL, soit moins de 150 euros.
En tant que tel, les entreprises albanaises du secteur restent très vulnérables non
seulement aux chocs de demande possibles sur le marché européen, mais aussi
théoriquement vulnérables à la concurrence extérieure, en particulier la concurrence
des pays low-cost, tels que la Chine ou les autres pays du Balkan. Ces entreprises
doivent faire des efforts pour progresser dans la chaîne de valeur pour fournir des
services à plus fort valeur ajoutée, afin d'augmenter leurs marges de bénéfice.
Dans leur étude sur l’intégration des PME dans les chaines de valeurs mondiales,
Kaplinsky et Readmann (2001)25 proposent une quatre types d’améliorations pour les
SME :
Une amélioration du produit – fait référence à l’introduction des nouveaux produits ou
l’amélioration des produits anciens. Il peut comprendre le déplacement en ligne de
produits plus sophistiqués.
20 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Une amélioration des procédés – fait référence à l’augmentation de l’efficacité des
processus internes en réorganisant le système de production ou introduire une
technologie plus avancé.
Une mise à niveau fonctionnelle – fait référence à l’augmentation de la valeur ajoutée
grâce à une sélection des activités menées au sein de l’entreprise, par exemple : la
prise de responsabilités, l’externalisation de la comptabilité, l’externalisation de la
logistique ou l’externalisation du contrôle de la qualité.
Une modernisation de l’organisation et de la gestion – fait référence à l’amélioration de
l’efficacité et de l’efficience des activités de l’entreprise par l’acquissions des nouvelles
méthodes d’organisation et de gestion tel que le travail en groupe, l’échange de
l’information, ou la participation des travailleurs dans la prise des décisions.
Comme le coût de la main-d’œuvre augmente à long terme, pour survivre les
entreprises doivent faire une mise à niveau fonctionnelle en passant de l’assemblage
vers l’exportation sous leur propre marque. Mais ce déplacement vers le haut de la
chaine de valeur exige une capacité à établir des liens étroits avec les entreprises
pilotes (les entreprises acheteursou sous-traitantes) qui sont la principale source des
matières premières, du transfert de technologie et de connaissances. Le déplacement
vers les activités à plus fort valeur ajoutée pour les entreprises albanaises nécessite
donc l’accès au savoir faire étranger à travers leur investissement dans l’apprentissage
et le renforcement des capacités techniques modernes. Selon la Banque Mondiale26,
seulement un tiers des entreprises albanaises du secteur de l’habillement utilisent les
normes du Code Universel des Produits (CUP) pour gérer les niveaux de stocks qui
sont d’usage en Europe occidentale, ce qui représente environ la moitié de la moyenne
des pays des Balkans de l’ouest. De plus, aucune entreprise en Albanie ne met en
œuvre les systèmes de production modulaires (SPM) pour réduire le temps de
transformation des matières premières en produit final, et peu utilisent la technologie
automatisée. La majorité des entreprises qui ont bénéficié d’un transfert de
connaissances supplémentaires auprès de leurs clients étrangers ont dû payer pour
cela (Banque Mondiale 2009)27.
La diffusion des technologies dans les pays en développement et en particulière en
Albanie dépend donc des deux facteurs : Premièrement la mesure dans laquelle les
entreprises sont exposées à des transferts technologiques et de savoir faire et
deuxièmement la capacité des entreprises locales à absorber ce flux d’information.
Selon la Banque Mondiale28, le deuxième facteur dépend lui-même des trois éléments
importants : (i) les capacités technologiques de la main d’œuvre, (ii) le climat de
l’investissement et l’environnement des affaires dans lequel opèrent les entreprises ce
qui peut affecter leurs incitations à investir et innover (y compris l’accès au financement,
la gouvernance ou la qualité des différents services), (iii) la qualité de l’infrastructure et
21 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
des politiques publiques pour remédier aux défaillances du marché et pour fournir des
biens publics.
Depuis les années 90’, travailler dans l’industrie textile et de l’habillement en Albanie a
toujours été synonyme du travail peu qualifié et mal payé. Cette industrie est vue
comme une opportunité pour les travailleurs des zones rurales (surtout des agriculteurs)
pour migrer vers les zones urbaines. Etant donné que le salaire moyen dans le secteur
a toujours été égal au salaire minimum, et que le nombre maximal d’inscriptions dans la
faculté d’ingénierie textile n’a jamais dépassé une quarantaine d’étudiants par an (à
cause de la faible demande), la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et semi-qualifiée
semble être une contrainte importante pour les entreprises. L’émigration ainsi que le
manque d’investissement dans la formation de la part des entreprises et du
gouvernement sont deux autres effets néfastes. Une conséquence à cela est le taux
élevé de démission de travailleurs de ce secteur. Ce phénomène impacte directement
les entreprises car ils doivent toujours dépenser du temps et de l’argent pour trouver et
embaucher des nouveaux travailleurs et de l’autre part leurs expliquer les taches
spécifiques ce qui augmente les coûts pour les entreprises. Ces entreprises semblent
donc être prises dans un cercle vicieux avec des marges faibles, des travailleurs peu
qualifié, et un taux de démission élevé, ce qui décourage les investissements des
entrepreneurs et le transfert technologiques des clients étrangers.
D’autres éléments décourageants sont les changements fréquents et les incohérences
des politiques destinées à cette industrie, ce qui la rend moins attractive pour les IDE
de haute qualité. Pour promouvoir la compétitivité à l’exportation, il est important que
les incitations financières pour les exportateurs soit clairs et correctement appliquées
(Banque Mondiale 2009)29.
Le manque du choix et l’accès aux services financiers reste aussi une difficulté majeure
pour les entreprises du secteur qui veulent monter sur la chaine de valeur. La majorité
des banques en Albanie sont au capital étranger. Vu l’environnement des affaires dans
le pays, ces banques cherchent à prêter à des grandes entreprises peu risquées, et
souvent ont tendance à éviter les petites entreprises à faible valeur ajoutée comme
celles du secteur du textile et de l’habillement. Le reste c’est des banques qui
rassemblent à des institutions de micro-finance spécialisés pour des prêts risqués où
les taux d’intérêts sont très élevés et les échéances courtes. Un autre problème très
inquiétant concernant le financement soulevé par la Banque Mondiale (2009) 30
concerne le fait que les banques n’acceptent pas ni les commandes à l’exportation et ni
les machines ou les équipements en garantie. Cela est très problématique car les
propriétaires doivent mettre en place leurs biens personnels en garantie et ceci freine
les incitations. Même les entreprises dont les clients sont des grandes marques
internationales ne peuvent pas accéder à des prêts bancaires en ayant comme garantie
leurs commandes à l’exportation, ce qui les empêche à faire des investissements ou à
22 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
améliorer leur capacité de production. Les entrepreneurs sont donc contraint à atteindre
pour faire les investissements nécessaires jusqu’à ce qu’ils fassent suffisamment de
bénéfices (Banque Mondiale 2009)31. De l’autre côté la variété limitée des instruments
de crédit décourage aussi les exportateurs albanais du secteur. Les assurances contre
le défaut de paiement, l’assurance en cas d’annulation de la commande ou les produits
dérivés sur le taux de change qui sont très communs dans d’autres pays freinent la
croissance en volume des exportations.
23 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau 6 : L’évolution du PIB des pays du Balkans
I.V. L’impact de la crise économique de 2008 en Albanie
A première vue, l’économie
albanaise a bien fonctionné ces
dernières années par rapport à
ses voisions, en restant bien en
dessus de la moyenne de la
région. Si on se réfère au
tableau 6, on voit qu’en termes
de croissance de PIB l’économie
albanaise semble avoir échappé
relativement indemné même en
2009, lorsque l’impact de la
crise mondiale a été ressenti dans la plupart du monde. En fait, alors qu’en 2009 tout
les pays du Balkans ont vu leur PIB décroitre à des taux qui allaient jusqu’a -6,9% (pour
la Croatie), l’Albanie a fait croitre son PIB de 3,3%, même si cette croissance est moins
élevé par rapport à l’année 2008. Une explication de ce phénomène selon l’ONU32 est
le suivant : « L’économie albanaise est relativement fermée, montrant un degré
d’ouverture particulièrement faible. Les autres économies de l’Europe du Sud-est sont
plus ouverts et leur croissance est axée sur l’exportation ». Cette conclusion est
renforcée par le FMI : « l’impact de la crise est atténué par l’importance limité du canal
d’exportation en Albanie, et son recours limité au financement de marché », mais le FMI
classe comme des facteurs importants aussi les politiques fiscales et monétaires
encourageant ainsi le rôle de la Banque centrale d’Albanie comme superviseur
prudente.
Le ralentissement de la croissance de PIB en Albanie à partir du dernier trimestre de
2008 et pendant toute l’année 2009 témoigne que l’économie a été toutefois affectée
par la crise mondiale. Selon le rapport annuel de 2009 de la Banque d’Albanie33 le
ralentissement est conditionné par : la réduction de la demande extérieure et intérieure,
la contraction de la liquidité, la contraction du financement et l’augmentation de
l’incertitude en général. En particulier la contraction est remarquée dans les
investissements privés, la consommation, le crédit immobilier et le transfert de fonds
des émigrés.
Les Rémittences
Selon ACIT (2012)34, les dernières années avant la crise les immigrées ont renvoyé des
sommes considérables dans le pays, des sommes qui atteignent 951,7 Millions d’euros
2008 2009 2010 2011 2012
Albanie 7,5 3,3 3,5 3,0 0,7
Bosnie-Herzégovine 5,7 -3,1 0,7 1,3 -0,2
Bulgarie 6,0 -5,7 0,5 1,8 0,7
Croatie 2,1 -6,9 -1,4 0,0 -1,5
Macédoine 4,9 -0,9 1,8 3,0 0,5
Monténégro 6,9 -5,7 2,5 3,2 0,6
Romanie 7,3 -6,6 -1,6 2,5 0,9
Serbie 3,8 -3,5 1,0 1,6 -1,4
Moyenne 5,5 -3,5 1,0 2,1 0,04
Source : Eurostat et INSTAT
24 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau 7 : L’évolution des Importations et des Exportations en Albanie (en Millions de ALL)
en 2007, ce qui représentait 13,71% du PIB. La chute des rémittences a commencé en
2008, où les immigrées ont renvoyé 834 Millions d’euros (soit 11,53% du PIB), et a
continu en 2009 avec 782 Millions d’euros (10,94% du PIB). Une bonne partie de cette
chute est expliqué par la crise économique de la Grèce qui accueille la plus grande
communauté d’émigrants albanais.
Le Commerce
Comme on le voit dans cette tableau, depuis 2003 les exportations ainsi que les
importations ont augmenté de manière constante sauf en 2009. Dans cette année, les
exportations ont diminué de 8,28% (par rapport à l’année passé) alors que les
importations ont diminué de 19,98% (par rapport à l’année passé) même si en termes
réels la baisse a été presque égale dans les deux cas, ce qui peux se constater dans la
différence du déficit commercial entre 2008 et 2009. La forte concentration autour des
activités à haute intensité de main-d’œuvre, à faible valeur ajoutée et autour de
l’exportation des matières premières dont le prix mondial avait beaucoup baissé
pendant la crise, ont transmis rapidement la contraction de la demande mondiale sur
les flux d’exportations albanais. Parmi les secteurs et les produits qui ont subi les plus
fortes baisses ont été les minéraux tels que le chrome, le cuivre, le fer et l’acier, et
comme indiqué avant le secteur du textile et de l’habillement35.
Les Investissements Directs Etrangères
Selon l’indice de Mundi36, les flux d’IDE en Albanie on cru de façon exponentielle depuis
1992. La croissance a été ralentie en 2009, et elle a baissé de 18,89% en 2010. En
2011 les flux d’IDE ont retrouvé leur croissance.
L’inflation et le taux de change
A cause des chocs commerciaux en 2008 et 2009 et de la baisse des rémittences,
l’économie albanaise a souffert de la pénurie de devises étrangères, ce qui a entrainé la
dépréciation du Lek Albanais (ALL) et a fait accroitre l’inflation (ISB 2010)37. Toutefois,
selon la Banque d’Albanie, l’inflation a réussi à rester modérée depuis le premier
trimestre 2010.
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Exports 54 487 62 121 65 818 77 405 97 171 112 572 103 247 161 009 197 459
Imports 225 380 234 770 260 205 299 434 376 194 439 894 431 102 480 191 544 004
Déficit commercial 170 894 172 649 194 387 222 029 279 023 327 322 327 855 319 182 346 545
Source: INSTAT
25 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau 8 : L’évolution des Exportations des textiles et ses articles en Albanie (en Millions de ALL)
Source: ALBANIAN CENTRE FOR COMPETITIVENESS AND INTERNATIONAL TRADE (2012), Albania 2012:
Trade Report, ACIT et USAID
Le déficit budgétaire et la dette publique
Jusqu'en 2007 le déficit budgétaire de l’Albanie oscillait autour du 2%. A cause des
dépenses publiques qui avaient comme but de régénérer l’économie, pendant la crise
économique de 2009 le déficit budgétaire a plus que doublé. En 2009 le déficit
budgétaire est monté à 7%, mais il aurait été plus si le gouvernement n’avait pas
commencé une campagne de privatisations massives 38 . La dette publique a, par
conséquence, augmenté aussi à presque 60% du PIB en 2009, ce qui est très élevé
pour l’Albanie sachant qu’en 1991 la dette était nulle.
I.VI. L’impact de la crise économique de 2008 dans le secteur du textile et de l’habillement en Albanie
Maintenant on va se concentrer plus sur l’impact de la crise au niveau
microéconomique et voir comment les entreprises du secteur du textile et de
l’habillement en Albanie ont vécu l’impact de cette crise.
Comme on le voit dans le tableau 8, entre 2005 et 2007 le secteur du textile a
progressé avec des taux de croissance très élevé. A partir du dernier trimestre de 2008
et surtout en 2009 on a vu une baisse des exportations assez importante (-5,13%). On
peut remarquer dans le Annexe 9 que 5 des 10 produits exportés avec la plus forte
baisse en volume appartiennent au secteur du textile et de l’habillement. Ces produits
ont connus des baisses d’au moins 50%, ce qui révèle l’impact de la crise sur le
secteur.
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Textiles et ses articles 18781 21584 26300 29523 28010 30051 33504 32167
Changement en % par rapport à l'année passé
14.92% 21.85% 12.26% -5.13% 7.29% 11.49% -3.99%
26 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Graphique4 : L’évolution des exportations des vêtements
vers l’Italie en valeur et en volume
Source: YMERI S., HOXHA A., AGOLLI M., JORGONI E., (2010) Rapid
assessment of the impact of the global economic crisis on the apparel
and footwear industry in Albania, ISB (Institute for Contemporary
Studies)
La baisse en volume et en valeur de la demande
Les entreprises albanaises du
secteur ont été fortement
influencées par la contraction
de la demande internationale
et surtout celle des sous-
traiteurs italiens et grecs à
cause de la forte
concentration géographique
expliquée dans la partie
précédant. Selon l’Institut des
études Contemporaines
(2010), les importations
italiennes de vêtements ont
chuté de manière constante
de -4,3% par mois en
moyenne entre Février et Mai
2009. Après une petite
augmentation en Juin et Juillet 2009, ils ont baissé encore plus en Septembre et
Novembre 2009, -12,4% et -12,7% respectivement par rapport à la même période de
l’année dernière. En plus, la baisse en valeur de ces importations a été plus importante
que la baisse en quantité, ce qui indique que le ralentissement économique a entraîné
des pressions à la baisse sur les prix des contrats. Comme on le voit dans le graphique
4, cette tendance est plus prononcée à partir de Juin 2009 (ISB 2010)39.
Les exportations vers la Grèce semblent avoir diminué plus en termes relatifs que les
exportations vers l’Italie (-22% contre -5% entre Janvier et Novembre 2009)
probablement en raison des difficultés politiques et économiques du pays40.
Ces résultats ont été aussi confirmés lors de l’enquête réalisée par l’Institut des Etudes
Contemporaines en 201041, où des représentants de l’industrie ont indiqué que leurs
clients étrangers retardaient les paiements. Ces paiements étaient plus longs et dans
certains cas allaient jusqu’à 180 jours ouvrables. En outre, ils ont observé un nombre
croissant de violations de contrat, où les acheteurs étrangers refusaient de retirer les
marchandises ou de régler leurs factures. Ces difficultés ont, dans certains cas,
provoqué non seulement une réduction de la production mais aussi la fermeture de
certains entreprises albanaises.
27 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Toujours selon les résultats de cette enquête, la performance des entreprises
albanaises du secteur de textile et de l’habillement pendant la crise économique est très
différente selon la taille et la dynamique des entreprises. Les grandes entreprises qui
emploient plus de 150 travailleurs ont signalé une croissance positive en 2008 et en
2009, alors qu’au fur et à mesure que la taille diminue, les résultats se détériorent. Les
petites entreprises à moins de 30 salariés ont subi une baisse significative de leur
chiffre d’affaire de 30%, alors que pour les entreprises de 31-80 salariés et ceux qui ont
de 81 à 150 salariés, la baisse était de 19% et 12% respectivement (ISB 2010)42. Ce
résultat ce n’est pas le fruit de l’hasard et ils existent plusieurs explications.
Une caractéristique des grandes entreprises albanaises du secteur est qu’elles ont des
contrats avec des fournisseurs puissants et sérieux, des contrats qui comportent des
meilleures conditions et qui sont plus stables et avec une durée de vie plus importante.
Mais cela n’est pas le fruit de l’hasard non plus. Grâce à leurs capacités de production,
à leurs investissements en technologie, aux compétences plus élevées de leurs
salaries, mais surtout grâce à la qualité de production, ils ont bénéficié des relations
contractuelles décents, et n’ont pas été touché par la crise aussi fortement que les
autres. Selon l’Institut des Etudes Contemporaines43, les fournisseurs étrangers leurs
ont imposé des critères strictes en termes de qualité, quantité et de timing et ils
apportent souvent leurs propres superviseurs pour vérifier ces normes de production. Ils
vérifient l’environnement de travail (la hygiène, l’éclairage, la climatisation etc.), le
niveau de formation et la satisfaction des employés, mais aussi des aspects de gestion.
Dans certains cas, les plus grands entreprises (comme par exemple Madison Avenue,
SAM etc.) ont réussi à passer vers un cycle de production fermé en investissent, en
augmentant leur efficacité et en employant des salariés plus qualifié. Ils ont crée leur
propre marque, passant ainsi vers une activité à plus de valeur ajoutée.
Dans l’autre côté, les petites entreprises ont montré qu’ils n’étaient pas assez souples
pour s’adapter aux tendances de marché et pour trouver des nouveaux clients. En plus,
le gouvernement n’a pas prévu des politiques spécifiques pour les petites entreprises
du secteur, et les coûts administratifs élevés se sont avéré plus lourdes pour eux.
Selon l’enquête menée par l’ISB44, certains des conséquences les plus nuisibles pour
les petites entreprises étaient : la diminution du nombre des contrats, la diminution du
volume des demandes ainsi que la diminution des prix (des contrats moins
avantageuses). En plus, sachant que le volume d’achat des matières premières par les
petites entreprises était très faible (contrairement aux grandes entreprises), ils ont vu
leur prix augmenter encore plus, faute aussi de leur faible pouvoir de négociation et de
leurs capacités de négociation aussi. En outre la concurrence du marché chinois mais
aussi celle des entreprises des pays voisins comme le Macédoine (qui apparemment
ont des meilleures conditions de travail, des fabriques plus modernes et plus grandes,
28 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
et une technologie supérieure selon ISB) a détérioré la situation des petites entreprises
inexpérimentées.
Un autre problème qui a émergé avec la crise économique surtout pour les petites
entreprises mais aussi pour les grandes c’est le coût de l’énergie qui n’a pas fait l’objet
d’aucun subvention de la part du gouvernement. L’accès au crédit, comme évoqué
dans la partie précédente, a été aussi un obstacle dans le voie d’investir ou d’assurer
de la liquidité pour les entreprises albanaises.
Les entreprises albanaises touchées par la crise économique en 2008, selon la Banque
de l’Albanie45 ont fonctionné à 67% de leurs capacités. Dans l’autre côté, environ 90%
des employés du secteur, travaillent et sont payés sur une base de norme quotidienne.
Par suite, à part les licenciements, une bonne partie des salaries étaient employé en
temps partiel, ce qui pour certains était dévastateur vue que leur salaire de base était
déjà très faible.
29 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
II. Méthodologie
L’objet de ce travail est de comprendre comment la crise économique de 2008 a
influencé sur les entreprises albanaises de l’industrie du textile et de l’habillement.
D’après la théorie vue dans la première partie, un aspect important dans la
détermination de cet effet est le positionnement de ces entreprises dans la chaine de
valeur. L’impact de la crise économique est différent en termes d’ampleur selon que
l’entreprise offre de l’assemblage, du Coupe et Couture (CC), du Coupe, Couture et
Finition (CCF), un « forfait complet » (Private Lavel), ou selon que l’entreprise possède
sa propre marque (voir la partie « Terminologie »).
Pour satisfaire le but du travail, nous allons se concentrer sur quatre types d’entreprises
différentes, à savoir : une entreprise qui offre seulement de l’assemblage, une
deuxième entreprise du type CM (Coupe – Couture), une troisième entreprise qui offre
des « forfaits complets », et une dernière qui vende sous sa propre marque. Des
entretiens individuels avec les directeurs des quatre entreprises (une pour chaque
catégorie) sont réalisés, dans le but de comprendre si le positionnement de chacune de
ces entreprises sur la chaine de valeur représente une variable explicatif important de
leur situation pendant la crise. De l’autre côté, je vise à déterminer les facteurs
susceptibles d’avoir crée une différence en terme de performance économique entre
ces entreprises pendant la crise. Pour faire cela, après avoir identifié et vérifié à travers
des questions spécifiques (voir le questionnaire) que l’entreprise interviewée
appartienne bien à la bonne catégorie, je vais me concentrer sur quatre axes :
La Demande adressé à l’entreprise (traduit en nombre de contrats avec les clients
étrangers sauf pour l’entreprise qui produit sous sa propre marque) :
Le nombre des contrats, le volume et la valeur des demandes, la durée des contrats, la
stabilité des contrats, la concentration en termes de pays d’origine des contrats.
La capacité de l’entreprise
La capacité de production, la technologie utilisée (mesuré en termes d’investissement),
les délais de production et de livraison, le nombre de salariés, la qualité des produits,
réactivité (adaptabilité) par rapport au marché et aux clients, vitesse de développement
des nouveaux produits et collections, taille de la/des fabrique.
Le Personnel (condition et compétences)
Les compétences du personnel par rapport aux concurrents (productivité,
connaissances technologiques, capacité de gérer des opérations complexes,
30 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
compétences de gestion, compétences de production), le salaire pour chaque
catégorie, les critères de qualification au moment d’embauche, la formation du
personnel, conditions de travail (hygiène, éclairage, climatisation etc.), rapport entre le
personnel permanent et saisonnier, satisfaction du personnel et taux de démission.
Relation avec les clients et les autres acteurs (fournisseurs, concurrents, banques)
Force de marketing (accès aux foires internationales, publicité, site web etc.), pouvoir
de négociation (avec les fournisseurs (au moment d’achat des matières premières) et
avec les clients), situation face aux concurrents chinois et ceux des pays de la région,
accès au financement, taux de retour des produits.
Une chronologie des événements fait aussi partie de l’observation pour ces indicateurs (regroupées sous 4 axes) à fin de faire le contraste entre la situation avant et après la crise.
II.I Présentation des Entreprises
Gj&O
Gj&O est une entreprise albanaise qui a été crée en 1994à Tirana par une
entrepreneure albanaise, Madame Mimoza Muzaka. Dix ans après, Mimoza Muzaka a
vendu 50% de l’entreprise à un deuxième entrepreneur albanais, Monsieur Sulo
Gorishti. Gj&O est une entreprise d’assemblage. Elle s’occupe uniquement de
l’assemblage de composants pré-coupés de vêtements. Depuis sa création, l’entreprise
travail avec un seul produit, à savoir les vêtements du travail. Cette entreprise a travaillé
depuis toujours avec une seule entreprise italienne de type « Private Label ». Cette
dernière traite des commandes de vêtements de travail provenant des différentes
entreprises industrielles européennes (surtout italiennes). Elle achète la matière
première et fait la coupure des tissus. Une fois les composants sont pré-coupés,
31 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
l’entreprise italienne soustrait les processus d’assemblage à quatre entreprises
albanaises spécialisées dans ce processus et qui fonctionnent de manière
indépendante, dont une est l’entreprise Gj&O. Comme l’assemblage est un processus
qui ne demande pas beaucoup de capital (machines, investissements en technologie)
mais plutôt de la main d’œuvre, l’entreprise italienne ne fait que de profiter de la main
d’ouvre du bon marché et de la proximité des deux pays, ce qui lui permet de livrer au
moins deux commandes par semaine. Par conséquence, la valeur ajoutée au produit
finale par l’entreprise Gj&O est très faible, ce qui se reflète aussi dans leur profit.
Depuis sa création, Gj&O n’a jamais eu d’autres partenaires que cette « Private Label »
italien. A cause des profits extrêmement bas (environs 1500 Euros par mois pour
chacun des deux propriétaires) mais aussi d’un manque d’initiative, cette petite
entreprise n’a jamais eu l’occasion de monter dans la chaine de valeur. Une cause pour
cela est aussi le fait que l’entreprise n’a jamais eu recours au crédit à cause d’un
manque de garantie, ce qui a ralenti le développement de cette entreprise.
Son pouvoir de négociation avec son client italien est extrêmement faible, voir nulle.
Non seulement c’est le client italien qui fixe les prix de manière arbitraire, mais le
volume des commandes n’est pas stable. Les variations hebdomadaires inattendues
des commandes détériorent l’entreprise Gj&O, non seulement parce qu’elle n’arrive pas
de faire des prévisions même pas à court terme, mais aussi parce qu’elle est obligé de
payer la majorité de ses travailleurs en fonctions des unités produits, ce qui ne garantie
pas toujours le salaire minimum pour tous, et par conséquence la qualification et la
productivité de ses travailleurs est parmi les moins élevés du marché.
En 2009, l’entreprise a été fortement impactée par la crise. Pendant le premier trimestre
de 2009, Gj&O n’a reçu aucune commande de la part de l’entreprise italienne (vu que
cette dernière n’avait aucune contrainte en terme de volume de commandes et pouvait
le réduit en tout moment). Cela a conduit à des pertes importantes pour Gj&O.
L’entreprise n’a pas fermé son activité et malgré le fait qu’elle a licencié 50% des
employés, elle a dû payer les salaires pour le reste des travailleurs.
Modalba (L.3 s.r.l)
Modalba était une entreprise italo-albanaise crée en 1998. Elle était détenue à 50% par
une entrepreneure albanaise, Madame Eva Shuka, et à 50% par un italien. Depuis sa
création et jusqu’en 2009 Modalba à opéré comme une entreprise CM (cut and make).
Elle assurait les opérations suivantes: coupe, couture, étiquetage et encaissement. La
fabrique de Modalba était située à Kruja, une petite ville à 30 Km de Tirana.
32 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Modalba a toujours opéré comme une filiale d’une entreprise italienne. Cette dernière,
qui était aussi la copropriétaire de Modalba, est une entreprise de type « Private Label »
qui fabrique différents types de produits d’habillement pour des grandes marques
internationales et qui développe aussi son propre collection. Comme dans le cas de
l’entreprise Gj&O, c’était l’entreprise italienne qui assurait la matière première, et
Modalba était responsable non seulement de la couture (assemblage) mais aussi de la
coupe des tissus. De son côté, depuis sa création et jusqu’en 2008 Modalba contractait
plus de 50% de son travail à deux petites entreprises albanaises d’assemblage. A
cause de la crise économique en Italie et dans le reste de l’Europe de l’ouest, pendant
le dernier trimestre de 2008 Modalba a vu le volume de ses commandes baisser. Pour
faire face à cela, à partir du Novembre 2008 l’entreprise a fermé sa fabrique et a préféré
sous-traiter tout son production aux deux entreprises albanaises d’assemblage pour
réduire son risque de perte. Entretemps, Modalba assuré son rôle de distributeur et
représentant de l’entreprise italienne en Albanie, et offrait aussi du consulting aux deux
entreprises d’assemblage pour l’opération de coupe, sachant que ce dernier n’avait pas
été réalisé avant par ces deux entreprises vu qu’elles étaient des entreprises
d’assemblage et ne faisait que de la couture.
La baisse progressive du volume des commandes amené à la fermeture progressive de
l’entreprise à la fin de 2009 à cause de la faillite. Au début de 2010, les mêmes
actionnaires ont réussi à ouvrir une autre entreprise sous le nom « L.3 s.r.l ». Cette
dernière est une entreprise de type « Full Package » qui assure elle-même toutes les
matières premières, qu’avant étaient acheté par l’entreprise italienne. Des
investissements plus importants en technologie et le transfert de production de Kruja à
Tirana, ont été deux facteurs clés de succès pour L.3 s.r.l selon Eva Shuka
(administratrice et copropriétaire). Aujourd’hui les commandes de la part de l’entreprise
italienne demandent plus de qualité de travail, plus de temps, et l’entreprise réussi ainsi
d’ajouter plus de valeur aux produits, ce qui se traduit par un profit plus élevé pour
chaque unité produite.
SAM
SAM est une entreprise albanaise du secteur de textile et de l’habillement crée en 1993.
Depuis sa création et jusqu’à la fin de 2009, SAM a opéré comme une entreprise de
type CMT (cut and make and trim) en exécutant seulement trois opérations, à savoir le
coupe, la couture et le finition, et en achetant parfois des petites accessoires tels que
les butons. D’après le dirigeant et en même temps actionnaire majoritaire, Madame
Mimoza Emanuels, dès le début l’entreprise a signé deux contrats avec deux clients
italiens (grâce à la présence de l’entreprise dans presque tout les foires
internationales), ce qui a permis de réaliser un chiffre d’affaire assez élevé dès le début
33 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
de l’activité. Selon Madame Emanuels, l’objectif principal de l’entreprise a toujours été
de monter en gamme en réalisant des produits avec plus de valeur ajouté. Pour cela, la
direction a consacré une partie extrêmement important de son profit aux
investissements en technologie et a essayé de recruter les meilleurs travailleurs. En
2005, grâce aux investissements en machinerie, SAM a commencé de produire
progressivement en tant que « Full Package » pour une entreprise française en
achetant aussi la matière première. En 2007 un autre entreprise hollandaise c’est ajouté
à l’entreprise française, mais malgré tout seulement les commandes de ces deux
entreprises représentaient seulement 7,5% du chiffre d’affaire de SAM, le reste étant la
production en tant que CMT avec un partenaire italien. Cette tendance a continué à
s’accentuer en 2008 et le chiffre d’affaire pour la production en tant que « Full
Package » a doublé. En 2009, au milieu de la crise économique, l’entreprise italien qui
été le partenaire le plus important de SAM, a proposé de réduire d’au moins 60% le
volume de ses commandes et de 40 le prix suite à la baisse de la demande en Italie.
Dans ces conditions, SAM à décider de refuser ce contrat, d’investir plus en technologie
pour augmenter encore plus sa qualité, et de fonctionner définitivement comme une
entreprise de « Full Package ». SAM est le meilleur exemple d’une entreprise qui
malgré une baisse drastique de son volume de production (de 230 000 en 2008 à 60
000 en 2009) a réussi à augmenter son chiffre d’affaire grâce au à la monté dans la
chaine de valeur.
Aujourd’hui SAM est spécialisé dans la fabrication des maillots sportifs, qui demandent
une technologie avancé sachant que chaque pièce est unique (différents numéros,
couleurs et tailles). SAM fabrique les maillots de différentes équipes françaises de
Handball, Rugby et Volleyball. Depuis 2010, l’entreprise française propriétaire de la
marque de ces maillots a acheté 49% des actions de SAM.
L’entreprise SAM a commencé à lancer son propre collection de vêtements (tenue de
plage) en Albanie en Italie et en Russie. En 2013, 5% de son chiffre d’affaire est réalisé
grâce aux commandes en ligne, et Madame Emanuels vise à atteindre 30% d’ici 5 ans.
Bella Confex
Bella Confex est une entreprise avec un capital 100% albanais qui a commencé son
activité en 2003 dans la deuxième ville la plus peuplé de l’Albanie, Shkodra. Bella
Confex est une entreprise dynamique qui a réussi à grandir en taille très rapidement et
a connu un taux de croissance moyenne de 18% par an entre 2003 et 2013. Selon la
propriétaire et la directrice générale, Keti Bazhdari (qui n’avait que 22 ans quand elle a
lancé Bella Confex en 2003) depuis toujours elle visait à ouvrir le plus tôt possible sa
propre marque de sous vêtements. De 2003 à 2006, aussi grâce au fait que Madame
34 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Bazhdari a fait ses études en Italie, elle a réussi à signer des contrats avec 6
entreprises italiennes de sous vêtements. L’entreprise recevait la matière première et le
design de la part de ses clients italiens, et réalisait toutes les opérations nécessaires à
la réalisation du produit final. En 2006 l’entreprise comptait plus de 220 salariés, environ
3,7 millions d’unités produites et une fabrique de 700m2. A partir de 2006 l’entreprise a
commencé à tester la réaction du marché intérieur et surtout celui de Shkodra avec
lancement d’une collection modeste. Au début de 2007 l’entreprise a commencé aussi
la construction de deux autres fabriques de 800 m2 pour faire face au rythme
d’augmentation des commandes. Mais, à la fin de 2008, juste après la mise en fonction
des ces deux nouvelles fabriques, Bella Confex a commencé à sentir la crise
économique via la baisse de volume des commandes de la part de ses clients.
Progressivement à partir de 2008 et jusqu’au début de 2010 l’entreprise a perdu 4 de
ces 6 clients. Cela est dû principalement au fait que les nouveaux contrats proposés par
ces clients étaient beaucoup moins avantageux que les précédentes, et l’entreprise a
choisi de garder et de développer la collaboration seulement avec les deux autres
partenaires italiens.
Dans ces conditions, l’entreprise a décidé de lancer à la fin de 2008 sa propre marque
de sous vêtements (La Blanche pour les sous vêtements des femmes et Plaetor pour
les hommes). La marque est avérée comme un succès la première année et les
produits ont été vendus non seulement à Shkodra mais aussi à Tirana, à Monténégro,
et en Russie (grâce à l’ouverture d’un showroom à St. Petersburg) et en Italie. Selon
Keti Brazhdari, l’ouverture de la marque a « sauvé » l’entreprise de la crise et de la
baisse de la demande en Italie, et en même temps a permis de dégager au mois 15 fois
plus de valeur ajouté par unité produite. Aujourd’hui, la production sous les marques La
Blanche et Plaetor ne représente que 5% du volume de la production issu des
commandes des deux clients italiens. Mais en termes de chiffre d’affaire, celui généré
par la marque est très proche que celui issu des commandes des clients.
Malgré tout, Keti Bazhdari est pessimiste en ce qui concerne la demande du marché
intérieur. Selon elle, le marché intérieur les albanais ne sont pas prêts à acheter des
sous vêtements à un prix moyen de 4-5 Euros, qui est le prix minimal pour produire des
sous vêtements d’une qualité égale aux sous vêtements italiennes. Malgré le chiffre
d’affaire dégagé par les ventes, le coût du marketing, du design, de la matière première
et de fonctionnement des boutiques rend presque nulle le profit dans le marché
Albanais. « L’avenir de la marque doit passer par le marché Russe, qui a très bien
accueilli les produits de notre marque, ensuite, une fois les coûts fixes sont optimisé, on
peut proposer des prix plus faibles pour le marché intérieur », s’exprime la directrice de
l’entreprise.
35 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
III. Résultats
Dans cette troisième partie on va présenter et comparer les résultats des quatre
entreprises interviewé pour chaque question de questionnaire. Le but de cette partie est
de mettre en évidence l’impact de la crise économique de 2008 selon le profil et les
mesures mises en place par ces entreprises, pour faciliter l’analyse de ces résultats
dans la partie suivante. Dans cette partie je vais répondre à chaque question dans
l’ordre du questionnaire.
En ce qui concerne la composition du capital, on remarque que deux parmi les quatre
entreprises interviewé ont un capital 100% albanais, à savoir l’entreprise Gj&O qui fait
de l’assemblage, et l’entreprise Bella Confex qui produit sous son propre marque et fait
du CMT (cut-make-trim) pour des entreprises italiennes aussi. L’entreprise SAM, reste
albanaise à 51% de son capital puisque elle a vendu 49% de ses parts du capital en
2011 à une entreprise française qui fabrique des vêtements sportifs, alors que le capital
de l’entreprise L.3 s.r.l (avant 2010 connu sous le nom « Modalba ») est divisé
également entre une entrepreneure albanaise et une entreprise italienne.
En général presque la totalité de la production est issu des commandes des clients pour
les quatre entreprises sauf pour SAM et Bella Confex. La première vende 3% de son
volume de production au marché intérieur à fin de tester son réaction. La deuxième
vende environ 5% de son volume de production (sachant que son volume de production
varie entre 4,1 et 7,8 millions d’unités produites entre 2008 et 2013 ; voir plus bas) dans
le marché albanais, italien, monténégrin et surtout russe.
Au cours de ces entretiens j’ai constaté que la sous-traitance est un moyen largement
utilisé par les entreprises albanaises. Cela est plus prononcé surtout quand il s’agit des
entreprises qui acceptent des commandes dont le volume est très important. Les clients
(généralement de nationalité italienne) font varier leurs volumes de commandes d’une
moins à l’autre et par conséquence ces entreprises sont contraint à sous-traiter une
partie ou la totalité de production pour faire face à des volumes qui dépassent leur
capacité de production. Généralement les sous-traités sont des petites entreprises
d’assemblage. Bella Confex soustraite 2-5% de son volume de production annuel à 3
petites entreprises d’assemblage. Quant à L.3 s.r.l, la sous-traitance est beaucoup plus
importante en termes de pourcentage de volume produit puisque elle assure aussi le
rôle de représentant de son partenaire italien, cet-à-dire elle s’occupe aussi de la
distribution de travail, de supervision et consulting technique pour ses sous-traité. Avant
la crise L.3 s.r.l sous-traité 25% de son volume de production, mais pendant la crise (en
2008 et 2009), pour réduire son risque, elle a fermé sa fabrique et a sous traité
l’ensemble de la production. A partir de 2010, la moitié de la production est sous-traité.
36 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Graphique5 : Le Chiffre d’affaire annuel en Euros
Tableau9 : Le Chiffre d’affaire annuel en Euros
Alors que pour l’entreprise SAM et Gj&O l’ensemble du volume leurs commandes sont
fabriqué par eux-mêmes.
Le graphique 5 montre l’évolution du chiffre d’affaire pour ces quatre entreprises. Dans
tout les cas on voit que l’année 2009 a été une année difficile quelque soit le type de
l’entreprise. En calculant l’évolution du chiffre d’affaire entre 2008 et 2009 on trouve les
résultats suivants : L’entreprise Gj&O (entreprise d’assemblage) a connu la plus forte
diminution en termes de chiffre d’affaire, à savoir -54,05% par rapport à l’année 2008.
Comme on peut le distinguer, L.3 s.r.l est la deuxième entreprise la plus touché par la
crise économique. Entre 2008 et 2009 son chiffre d’affaire a baissé de 33%. Il est
intéressant de voir aussi que la baisse pour ces deux entreprises a commencé en 2008
(-0,5% pour Gj&O et -0,18% pour L.3 s.r.l).
€0.00
€200,000.00
€400,000.00
€600,000.00
€800,000.00
€1,000,000.00
€1,200,000.00
€1,400,000.00
€1,600,000.00
€1,800,000.00
€2,000,000.00
2007 2008 2009 2010 2013
Gj&O
L.3 s.r.l
SAM
Bella Confex (CMT)
Bella Confex Own Brand
Gj&O L.3 s.r.l SAM Bella Confex (CMT) Bella Confex Own Brand
2007 186,000.00€ 220,000.00€ 320,000.00€ 798,035.00€ -€
2008 185,000.00€ 180,000.00€ 400,000.00€ 967,483.00€ 483,740.00€
2009 85,000.00€ 120,000.00€ 420,000.00€ 813,746.00€ 470,800.00€
2010 187,000.00€ 650,000.00€ 650,000.00€ 1,055,833.00€ 723,173.00€
2013 175,000.00€ 850,000.00€ 1,000,000.00€ 1,761,623.00€ 1,567,801.00€
37 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
En ce qui concerne les deux autres entreprises la baisse a été moins importante, voire
nulle. Pour Bella Confex, le chiffre d’affaire réalisé par les commandes de la part de ses
clients a baissé de 15,89% alors que le chiffre d’affaire réalisé par les ventes sous sa
propre marque n’a baissé que de 2,6%. On peut dire que l’entreprise SAM (« private
label ») est la seule parmi les interviewés qui a résisté à la crise. Le taux de croissance
du chiffre d’affaire de cette entreprise entre 2008 et 2009 est de 5%.
Gj&O et L.3 s.r.l (deux entreprise qui font de l’assemblage et de CM respectivement)
exportent 100% de leur production. Pour SAM, seulement 0,5% de son production est
vendu dans le marché albanais (sous sa propre marque). Le reste de la production
concerne des commandes issues de ces clients. La situation est différente pour Bella
Confex. Depuis l’ouverture de son propre marque et sa présence dans le marché
albanais, le rapport entre le chiffre d’affaire réalisé en exportant et les ventes sur le ce
marché a changé en faveur de ces dernières. A savoir, le pourcentage du chiffre
d’affaire issu de l’exportation a évolué de la manière suivante : en 2007 – 100%, en
2008 – 87%, en 2009 – 83%, en 2010 – 79% et en 2013 – 73%.
À la question si l’entreprise a pris des mesures particulaires en matière d’expansion
pendant la crise, les entreprises ont répondu de la manière suivante :
L’entreprise Gj&O n’a pas pris aucune mesure particulière en termes d’expansion de
son activité. Elle a même dû fermer sa fabrique pendant 4 moins à cause de l’absence
de la demande. En ce qui concerne l’entreprise L.3 s.r.l, dans un premier temps elle a
essayé de sous-traiter tout son activité à deux entreprises d’assemblage et de faire
seulement le rôle de distributeur et de consultant pour ces entreprises en dégagent une
petite marge pour chaque unité. Au fur et à mesure que l’a demande qui lui été adressé
a continué à baisser, L.3 s.r.l a rendu son bilan. Après quelque mois, en 2010, les
mêmes propriétaires (albanais et italien) ont crée une nouvelle entreprise qui opéré en
tant que « Full Package ». Cela est considéré comme une mesure contre la crise par
l’administrateur de la firme, malgré le fait qu’elle est ouverte après la crise, puisque
beaucoup d’investissements en technologie ont été fait avant de l’ouvrir, cet-à-dire à
partir du juillet 2009.
Pour Bella Confex, l’ouverture de sa propre marque et le lancement de son premier
collection sous un design propre et unique était considéré comme la seule possibilité de
survivre dans le marché. SAM a aussi fait le nécessaire pour monter en gamme
pendant la crise pour dégager plus de valeur ajouté pour chaque unité produite. Elle a
multiplié ses investissements en technologie pour augmenter la qualité, elle a crée des
nouvelles modèles et a consolidé ses relations avec des firmes plus grandes françaises
et hollandaises avec lesquelles SAM travail encore aujourd’hui en tant que « Full
Package »
38 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau10 : Volume annuel de production en unités
La question suivante posée aux quatre entreprises concerne le nombre de contrats
signé et son évolution entre 2007 et 2010. Cette question vise à mettre en évidence le
niveau de concentration et de dépendance de ces entreprises vis-à-vis de ces clients
étrangers. Logiquement plus le nombre de clients est important moins sera le risque de
faillite. Mais de l’autre côté, la qualité du client est important aussi ; plus il s’agit d’un
client puissant, moins sera son risque de faillite. L’entreprise de l’assemblage Gj&O et
celle de CM L.3 s.r.l ont toujours travaillé avec un seul et même client depuis leur
création. Dans le deux cas il s’agit d’un client italien: le client de Gj&O est une
entreprise de type « Private Label » italienne qui fabrique des vêtements de travail.
Parallèlement, le client de L.3 s.r.l est une autre entreprise italienne de type « Private
Label » qui fabrique des sweat-shirts et des pantalons.
L’entreprise Bella Confex a commencé avec 6 clients différents en 2007. En 2008 ce
nombre est réduit à 3, et depuis 2009 l’entreprise travail avec seulement deux clients.
Depuis sa création, et profitant aussi d’une relation spéciale entre la culture italienne et
la ville de Shkodra, Bella Confex a toujours travaillé seulement avec des clients italiens.
Selon Keti Brazhdari, malgré la diminution du nombre de contrats, depuis 2009 il s’agit
de deux clients très puissants qui représentent deux marques très connus dans
l’industrie des sous-vêtements, dont le risque de faillite est presque nulle et dont les
commandes représentent des volumes très importantes.
Inversement, l’entreprise SAM a fait accroitre le nombre de ces clients. En 2007 cette
entreprise comptait 3 clients, à savoir, un client italien, un client français et un
hollandais. En 2009, année auquel l’entreprise à décidé de produire à 100% en tant que
« Private Label », SAM n’a plus renouvelé le contrat avec l’entreprise italienne pour
faire du CMT, et a trouvé deux nouveaux clients, un italien et un autre hollandais, soit
quatre au total. Depuis 2010, SAM travail avec un cinquième client britannique aussi.
Pour comprendre et analyser le volume de production, on doit prendre en compte deux
aspects importants : le type de produit – plus l’article est simple à produire (sous
vêtements vs. Sweat shirts), plus d’unités sont produites. Le positionnement de la firme
sur la chaine de valeur – plus le nombre d’opérations effectué par l’entreprise est
Gj&O L.3 s.r.l SAM (CMT) SAM (Private Label) Bella Confex (CMT) Bella Confex Own Brand
2007 160,000.00 169,000.00 200,000.00 15,000.00 4,222,407.00 -
2008 165,000.00 138,000.00 200,000.00 30,000.00 4,837,415.00 96,748.00
2009 90,000.00 92,000.00 - 60,000.00 4,130,690.00 94,160.00
2010 168,000.00 114,000.00 - 92,000.00 4,821,155.00 144,634.00
39 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau11 : Evolution du prix par unité produite (en Euros)
important, moins seront les unités produites (à une force de travail égale). Voyons plus
en détail l’évolution du volume pour chaque firme :
Il est évident que pour Gj&O et L.3 s.r.l la baisse de la demande en Italie a impacté
directement les volumes de leurs commandes. Pour Gj&O le volume de production a
baissé de 45% de 2008 à 2009, alors que pour L.3 s.r.l la chute à été moins importante
mais elle a commencé dès le 2008. Entre 2007 et 2008 la chute est de 18% et entre
2008 et 2009 elle est de 33%.
De l’autre côté, SAM est la seule entreprise qui n’a pas connu une baisse en volume
pendant la crise, et cela grâce à la production en tant que « Private Label ».
Comme on voit, le volume le plus important est celui de Bella Confex. Cette entreprise
produit plus de 4 millions d’articles par an, ce qui s’explique par la simplicité de son
produit (sous-vêtements), mais aussi par le nombre très important de travailleurs que
cette entreprise embauche par rapport aux autres (on va voir le nombre de travailleurs
pour chaque entreprise dans les parties qui viennent). Au fur et à mesure qu’on passe
du CMT à la production sous la marque propre, le volume diminue drastiquement. Le
même effet peut se voir pour SAM. Cette dernière est passée de 230 000 unités
produites en 2008 à 60 000 unités en 2009, et pourtant on a vu que son chiffre d’affaire
a augmenté entre cette période. Cela ne peut s’expliquer que par la marge réalisée par
chaque unité produite.
Dans le Tableau 11 j’ai fait une estimation du prix par unité produite en divisant le
chiffre d’affaire avec le volume annuel. Le but de ce tableau est double : Premièrement
on peut distinguer le niveau des prix en fonction du positionnement de l’entreprise sur la
chaine de valeur, et deuxièmement on peut voir que dans certains cas non seulement le
volume des commandes a diminué mais aussi la valeur du contrat, cet-à-dire, le profit
réalisé par la firme pour chaque unité produite.
Bella Confex (CMT) est une exception : elle effectue plus d’opérations que Gj&O mais
son prix par unité est plus faible. Cela s’explique par le fait que les articles produits par
Gj&O sont plus complexes mais aussi parce que le volume des commandes adressé au
Bella Confex est 25 fois plus important que celui adressé au Gj&O.
Gj&O L.3 s.r.l SAM (CMT) Bella Confex (CMT) Bella Confex Own Brand
2007 1.16 1.30 1.49 0.19 -
2008 1.12 1.30 1.74 0.20 5.00
2009 0.94 1.30 7.00 0.20 5.00
2010 1.11 5.70 7.07 0.22 5.00
40 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
A l’exception de Bella Convex, Gj&O a les prix les plus faibles, et cela est logique
puisque ils ne font n’une opération, la couture (assemblage). En plus, pour les mêmes
raisons on voit que pendant la crise non seulement le volume mais aussi la valeur des
contrats a diminué. Le prix par unité produite a diminué de 5% en 2008 et de 16% en
2009 pour Gj&O. On voit que pour L.3 s.r.l le prix est un peu plus important, puisque ils
font une opération de plus, la coupe (CM (Cut and Make)). Comme on l’a évoqué en
dessus, en 2010 cette entreprise a commencé à opérer en tant que « Full Package »,
en achetant aussi la matière première et en offrant un produit fini (le design été réalisé
par le client). Par conséquence, entre 2009 et 2010 le prix par unité produite a
augmenté de 4 fois. La même logique se poursuit avec SAM. Elle fait une opération de
plus, qui est la finition (Cut make and Trim) et par conséquence son prix est plus
important que celui de L.3 s.r.l en 2007 et 2008. A partir de 2009 le prix par unité
produite de SAM augmente beaucoup puisque elle opère en tant que « Private Label »
mais aussi parce qu’elle a investi beaucoup en technologie, ce qui a fait augmenter sa
qualité, et a réussi à trouver des clients qui sont internationalement très connus.
Normalement la production de Bella Confex sous sa propre marque devrait avoir le prix
le plus important, mais comme les articles produits sont des sous vêtements, leur prix
est moins important que celui de SAM.
Les deux questions suivantes du questionnaire concernent les contrats avec les clients.
Encore une fois Gj&O est L.3 s.r.l sont les entreprises qui ont eu les plus de problèmes
avec leurs clients (sachant aussi que depuis leur création les deux entreprises
travaillent avec un seul client italien). En dépit du fait que les contrats sont renouvelés
chaque année, selon les administrateurs de ces deux entreprises ces contrats ne sont
pas respectés par leurs clients respectifs. Premièrement ces clients italiens n’acceptent
pas de fixer à l’avance le volume qui va être demandé. Parfois les volumes varient de
50% d’une semaine à l’autre ce qui signifie qu’une partie des travailleurs peut ne pas se
payer d’une manière régulière et l’entreprise ne peut pas faire des estimations. En plus,
pendant la crise, les deux entreprises souffertes non seulement des paiements retardés
de 4-6 mois mais aussi des suspensions des contrats temporaires (pour Gj&O) ou
permanentes (pour L.3 s.r.l). L’administratrice de Gj&O, Madame Muzaka, s’exprime
que le client italien est en situation de monopole. Il le sait très bien qu’il est notre seul
client et il abuse de son position. Elle classifie son pouvoir de négociation avec ce client
comme très faible. L’administratrice deL.3 s.r.l de sa côté classifie son pouvoir de
négociation avec ce client comme faible.
La situation est bien différente pour les deux autres entreprises. Les administrateurs
respectifs de SAM et Bella Confex nuent d’avoir vécu des violations des conditions des
contrats de la part de ses clients. Selon eux le volume est fixé à l’avance et est inscrit
dans le contrat. SAM renouvelé ses contrats une fois par an, alors que pour Bella
Confex les contrats sont de trois ans. Les deux entreprises classifient le pouvoir de
41 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau12 : Nombre de salariés
négociation avec leurs clients comme « forte » et les deux entreprises ont dû rompre
des contrats avec leurs clients pendant la crise à cause de rejet de certaines conditions
de contrat comme la baisse du volume de la commande.
Les pays d’origine des contrats et leur évolution
Comme je l’ai évoqué ci-dessus, les entreprises Gj&O et L.3 s.r.l ont basé leur activité
sur un seul client italien. L’évolution à long terme des contrats avec ces deux clients
italiens ont été plutôt stables, mais à court terme il y a eu des grandes variations en
termes de volume.
Pour l’entreprise SAM, en 2007 92,5% de son volume de production venait d’un client
italien, et le reste était divisé entre un client français et un hollandais en tant que
« Private Label ». L’année suivante, le volume des commandes des clientsfrançais et
hollandais a doublé. En 2009, l’entreprise n’a pas renouvelé le contrat avec son client
italien, et toute la production était divisé entre 3 clients en tant que « Private Label » :
un français, un hollandais, et un nouveau client italien. Comme j’ai évoqué avant, en
2010 un autre client hollandais et un britannique ont signé avec SAM.
De l’autre côté, Bella Confex a toujours eu des clients italiens. Elle a commencé avec 6
clients mais depuis 2009 ils ne restent que deux. Cependant selon l’administratrice de
cette entreprise, il s’agit des deux clients très puissants dont les volumes de
commandes sont très importants.
L’évolution du nombre de salariés
Comme on le voit dans le Tableau 12, les quatre entreprises que j’ai interviewées ont
connues une baisse du nombre de salariés pendant la crise. Cependant ce n’est pas le
cas pour toutes les entreprises.
La diminution du volume de production a contrait Gj&O à licencier 50% de son
personnel, soit 30 personnes. La situation a été pire pour L.3 s.r.l qui a complètement
fermé sa fabrique et a sous-traité tout son production en maintenant seulement quelque
SAM Gj&O L.3 s.r.l Bella Confex
2007 80 60 50 275
2008 60 60 5 280
2009 50 30 5 250
2010 40 40 70 415
42 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau13 : Les Processus de Production réalisées par chaque entreprise
experts de production pour contrôler les sous-traité ainsi que deux directeurs. Bella
Confex de son côté a dû licencier 10% de son personnel en 2009 soit 30 personnes. La
situation est compétemment différente pour SAM. Grâce aux investissements
importants en technologie (que je vais décrire en dessous) dans le but d’augmenter sa
qualité, SAM a automatisé une grande partie de ses processus, ce qui a amené au
licenciement progressif de 50% du personnel de 2007 à 2010. Les détails de la
variation de différentes catégories des salariés sont présentés dans l’Annexe 9.
Les Processus de Production réalisées par chaque entreprise
Opération Gj&O L.3 s.r.l SAM Bella Confex
Tricotassions Non Non Oui Non
Coloration Non Non Oui Non
Coupe Non Oui Oui Oui
couture Oui Oui Oui Oui
repassage Non Non Non Oui
Etiquetage Non Oui Oui Oui
Finition Non Non Oui Oui
encaissement Non Oui Oui Oui
Impression Non Non Oui Oui
Décoration Non Non Oui Oui
Dans le Tableau 13 on voit l’ensemble des processus de production réalisées par
chaque entreprise. On peut mettre en évidence que le nombre d’opérations réalisées
par l’entreprise est proportionnellement liée avec son chiffre d’affaire.
La Technologie
L’investissement en technologie est directement lié avec la stratégie de l’entreprise et
son positionnement sur la chaine de valeur. De l’autre côté les petites entreprises qui
font des processus simples utilisent (coupe, couture) des machines plus simples tels
que les machines à coudre qui ne coûtent pas chère et qui peuvent être achetés neufs
ou en bonne état. Inversement les machines qui sont plus complexes et qui sont utilisés
pour des processus plus difficiles coûtent par définition plus chères.
Gj&O est une entreprise d’assemblage qui s’appui plus sur la main d’œuvre que sur la
technologie. La plupart des machines à coudre utilisées par cette entreprise datent des
années 2000 et sont des machines d’occasion. Cependant entre 2008 et 2010
l’entreprise a acheté 12 machines à coudre neufs pour une valeur de 3000 Euros.
43 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
L.3 s.r.l a utilisé des machines d’occasion qui dataient des années 2000-2003 jusqu’en
2009 quand elle a fait faillite. Avec l’ouverture de la nouvelle entreprise en 2010, la
totalité des machines a été acheté neuves. En ce qui concerne Bella Confex, depuis
2003 et jusqu’en 2010 l’entreprise à investi en technologie progressivement au fur et à
mesure que le volume de travail a augmenté. Toutes les machineries achetées sont
d’occasion, produites entre 1986 et 1987.
SAM est l’entreprise qui a investi le plus dans l’achat des machineries. Un printer et une
machine à couper ont été achetés neuvesen 2007 pour une valeur de 35 000 Euros.
Des machines à coudre ont été achetés neuves en 2008 pour une valeur de 50 000
Euros. Un calandre (40 000 Euros) et deux traceurs (60 000 Euros) ont été achetés
neuves en 2009 et plus de 100 000 Euros d’autres investissements en technologie ont
été faites en 2010.
A quelle vitesse développez-vous les nouveaux produits et les nouvelles collections ?
Comme ils ne fabriquent pas des vêtements sous leur propre marque, Gj&O et L.3 s.r.l
ne font pas de collections. Au contraire, SAM développe deux collections par an sous
sa propre marque mais qui peuvent être aussi utilisé par son client français. Bella
Conflex de son côté développe une collection de sous-vêtements par ans.
Taille de/des Fabrique/s
Gj&O loue une fabrique de 500 m2 depuis sa création en 1994. Quant à L.3 s.r.l, entre
1998 et 2009 son direction a décidé de louerune fabrique de 450 m2, mais avec
l’ouverture de la nouvelle entreprise et le déplacement de la ville de Kruja à Tirana,
l’entreprise loue une fabrique de 750 m2 qu’elle utilise encore aujourd’hui. A propos de
SAM, elle développe son activité dans une fabrique de 1200 m2. De son côté, Bella
Confex a commencé son activité avec une fabrique de 700 m2 et en 2008 elle a
inauguré la construction de deux autres fabriques de 800 m2 chacune.
44 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau14 : Les Compétences du Personnel
Tableau15 : Les Compétences du Personnel par rapport à la moyenne des concurrents
Le Personnel (Conditions et Compétences)
SAM est une des entreprises albanaises de secteur qui a investi le plus en technologie.
Elle a licencié 50% de ses travailleurs a cause de l’automatisation de certains
processus et par conséquence elle a gardé les travailleurs les plus productifs. La
vitesse moyenne de l’utilisation d’une machine printer est de 0,9 mètre/sec en Albanie,
alors que les travailleurs de SAM l’utilisent à 1,38mètre/sec. Bella Confex a aussi des
travailleurs très productifs, les meilleurs de la ville de Shkodra selon Madame Vushaj,
Très bien Bien Assez bien
Moyen Pas Bien
Productivité SAM Bella Confex
L.3 s.r.l Gj&O
Compétences Technologiques
SAM Bella Confex, L3
s.r.l
Gj&O
Capacité à gérer des opérations
complexes
SAM Bella Confex, L3
s.r.l
Gj&O
Compétences de gestion
SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l Gj&O
Compétences de production
SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l, Gj&O
Très supérieures
Supérieures Egales Inférieures Très inférieures
Productivité SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l Gj&O
Compétences Technologiques
SAM Bella Confex L.3 s.r.l, Gj&O
Capacité à gérer des opérations
complexes
SAM Bella Confex L.3 s.r.l, Gj&O
Compétences de gestion
SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l Gj&O
Compétences de production
SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l Gj&O
45 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau16 : Le Salaire pour chaque catégorie (en Euros, 2014)
directrice des fabriques. Ils ont des très bonnes compétences de gestion et de
production mais vu qu’ils utilisent une technologie relativement ancienne ils ne
possèdent pas les très bonnes compétences technologiques. La situation est moins
bonne pour Gj&O et L.3 s.r.l. Gj&O est une entreprise dont les compétences sont
relativement inferieures par rapport à la moyenne. Quant à L.3 s.r.l, elle se trouve à la
moyenne des entreprises albanaises en ce qui concerne la production, mais elle est un
peut en dessus relativement aux compétences de gestion (management, stratégie).
Le Tableau 16 nous donne les salaires pour chaque catégorie pour les quatre
entreprises. Gj&O est l’entreprise qui paye le moins leur travailleur dans toutes les
catégories. Elle paie le salaire minimum à tous les travailleurs en production, et juste un
peu plus pour les contrôleurs de productions. En ce qui concerne le reste, elle paie un
contrôleur financier à 250 euros et les administrateurs (propriétaires) touchent un
salaire de 1200 euros par mois en moyenne. Comme on voit, L.3 s.r.l propose des
salaires un peu plus élevés en production et en gestion de production, et beaucoup plus
élevés en management (1200 euros pour l’administratrice aussi).
Bella Confex a des salaires moins élevés que SAM. Cela peut s’expliquer par le fait que
Bella Confex est située à Shkodra, où le niveau de vie ainsi que les prix sont inférieurs
par rapport à Tirana.
En ce qui concerne la répartition entre le paiement avec un salaire fixe ou selon les
unités produites, les résultats sont les suivants : Gj&O paie 80% de son personnel à la
base des unités produites, et seulement 20% du personnel avec un salaire fixe. La
même logique se suive par Bella Confex aussi. Seulement le management et une partie
de la gestion de production sont payés avec un salaire fixe (soit 10% du personnel), et
le reste est payé selon les unités produites. Bella Confex a un système très moderne
pour mesurer la productivité de ses travailleurs. Cela se fait à la fin de chaque journée
et en cas de dépassement de l’objectif, des bonus sont distribuées aussi.
Quant à SAM et L.3 s.r.l, ils préfèrent de s’appuyer plus sur le salaire de base. Pour
l’administratrice de L.3 s.r.l, Madame Eva Shuka, il doit toujours exister un salaire de
base, un salaire de persistance pour chaque travailleur parce que la peur de ne pas
attendre l’objectif peut tuer la productivité. L.3 s.r.l distribue des bonus aussi pour ceux
Gj&O L.3 s.r.l SAM Bella Confex
157 165 185 180
215 285 420 350
250 450 1700 800 - 1000
Gestion deProduction
Management
Production
46 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau17 : Le niveau d’éducation du Personnel (entre 2007 et 2010)
qui dépassent l’objectif. De l’autre côté, SAM avait commencé son activité avec un
rapport 30% - 70% en faveur de la rémunération sur la base des unités produites, mais
après 2008, quand la firme est passée en « Private Label » à 100%, la direction a
inversé se rapport. Comme on l’a vu dans le Tableau 10, SAM est passé de 230 000
unités produites par an, à 60 000 unités, ce qui veut dire que dorénavant ce n’était pas
la quantité, mais la qualité de travail qui comptait.
En ce qui concerne le travail en temps partiel, ces quatre entreprises ne l’appliquent
presque pas : Gj&O et L.3 s.r.l n’ont jamais embauché des travailleurs en temps partiel.
SAM a maintenu 2% de son personnel en temps partiel jusqu’en 2009 et depuis tout le
personnel est en temps complet. Bella Confex emploi 2-5% de son personnel en temps
partiel en fonctionne de la demande et de la conjoncture.
Les deux entreprises qui ont le niveau d’éducation le plus faible entre 2007 et 2010 sont
Gj&O et L.3 s.r.l selon le Tableau 17. La deuxième a un niveau encore plus faible que la
première parce qu’entre 2007 et 2010 L.3 s.r.l était située à Kruja, une ville de 20 000
habitants où il n’y a ni d’université ou ni d’école professionnelle. Malgré le fait que Bella
Conflex n’est non plus située dans le capital, son personnel semble être aussi éduqué
que celui de SAM. D’après ce tableau on peut mettre en évidence le fait que très peu
de travailleurs fréquentent les écoles professionnelles, alors que ces dernières sont très
importantes pour les travailleurs de l’industrie textile et massivement fréquenté par ces
travailleurs dans les pays développées, ce qui montre une défaillance du système
éducatif en Albanie.
Les quatre interviewés ont été exprimé qu’ils n’appliquent pas des critères de
qualification au moment d’embauche pour les travailleurs de production, mais ils
demandent un diplôme universitaire pour le management (finance, administration etc.).
A la question de formation au sein de l’entreprise (une question très discuté par la
Banque Mondiale – voire la partie théorique), toutes les entreprises avèrent qu’ils
offrent de la formation à leur personnel. Madame Muzaka, administratrice de Gj&O,
affirme qu’une formation de 3 mois est offerte à tous les travailleurs avant de
Gj&0 L.3 s.r.l SAM Bella Confex
Collège 46% 80% 20% 10%
Lycée 47% 16% 60% 60%
Ecole professionnelle 10%
Licence Universitaire 7% 4% 10% 20%
Master 10%
47 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau18 : Conditions de Travail
commencer. Cette formation est assurée par des spécialistes à l’intérieur de
l’entreprise. En ce qui concerne l’entreprise L.3 s.r.l, la formation se fait 1 fois par an par
des spécialistes italiens envoyés par le client. Environs 70% du personnel sont formés
au sein de cette entreprise. SAM offre aussi une formation à l’ensemble du personnel.
Un groupe de 3 spécialistes est présente en permanence au sein de l’entreprise, et
dans certains cas, pour des postes de gestion de production des formations au sein des
centres de formations sont offertes aussi. Chez Bella Confex la formation se fait en
grande partie par des spécialistes à l’intérieur de l’entreprise mais une fois par un
l’entreprise paye un groupe de deux spécialistes italiens qui viennent pour offrir leur
expertise.
Les conditions de travail sont aussi en rapport direct avec le positionnement de
l’entreprise sur la chaine de valeur. En général dans toutes les entreprises c’est
l’hygiène qui est le problème le plus inquiétant mais aussi le bâtiment. Comme on voit
dans le Tableau ci-dessus, L.3 s.r.l mais surtout Gj&O ont des conditions de travail en
dessous de la moyenne. Inversement Bella Confex a les meilleures conditions de travail
dans les fabriques. SAM est un peu en dessous de Bella Confex, surtout pour
l’hygiène, mais elle reste bien en dessus de la moyenne.
La démission du personnel
En ce qui concerne le taux de démission entre 2007 et 2010, le taux de démission le
plus élevé est observé auprès de l’entreprise L.3 s.r.l, à savoir 15%. Gj&O signale un
taux de démission de 8% entre la même période. Cette différence est dû au fait que les
travailleurs de Gj&O sont en général des travailleurs non qualifié dont le travail est la
seule moyenne pour survivre et qui ne peuvent pas prétendre plus sans faire des
formations ou acquérir l’expérience nécessaire. Chez SAM le taux de démission été de
seulement 2,5% en 2007 et 2008 et cela a doublé en 2009 et 2010 à cause de la crise.
Madame Vushaj, directrice de production chez Bella Confex, déclare que le taux de
Très Bien Bien Moyen Pas Bien Pas Bien du tout
Hygiène Bella Confex
SAM L.3 s.r.l Gj&O
Eclairage Bella Confex
SAM Gj&O, L.3 s.r.l
Climatisation SAM, Bella Confex
Gj&O, L.3 s.r.l
Bâtiment Bella Confex
SAM L.3 s.r.l Gj&O
48 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
démission entre ces années a été nul pour cette entreprise. Cela peut s’expliquer non
seulement par le fait que les salaires de Bella Confex sont très élevé par rapport à la
moyenne du secteur, mais aussi parce qu’à Shkodra il est difficile de trouver mieux
sachant que la vie est moins chère qu’au capitale.
Les raisons principales de la démission chez L.3 s.r.l sont des meilleures opportunités
de carrière et de rémunération, et parfois les conditions de travail et la faible
performance de leur part. Chez Gj&O c’est sauvant les conditions de travail et la charge
physique et mentale (comme par exemple la pression constante pour atteindre la norme
et gagner le salaire de subsistance) qui sortent comme les principales raisons de la
démission du personnel. Pour SAM, c’est très sauvant la faible performance du
travailleur qui est un raison de leur démission sachant que le niveau de productivité des
travailleurs chez cette entreprise est très élevé.
Au sujet du degré de satisfaction du personnel, bien que je suis conscient que leurs
opinion n’est pas objective, les directeurs des quatre entreprises ont répondu de la
manière suivante : Pour Gj&O et L.3 s.r.l, entre 2007 et 2010 les employés de la
production étaient plus ou moins satisfaits, alors que le reste du personnel était satisfait.
Pour les deux autres entreprises, les employés de la production étaient satisfaits, et le
reste du personnel était très satisfait.
Le Marketing
Au sujet du Marketing, les entreprises Gj&O et L.3 s.r.l confirment de ne jamais avoir
fait du marketing. Elles ont toujours été dépendantes de leurs clients italiens respectifs
et n’ont jamais assisté aux foires internationales pour trouver des nouveaux clients. Ces
deux entreprises n’ont pas un site Web et donc elles ne sont pas visibles aux yeux
d’autres clients potentiels.
De l’autre côté, les deux autres entreprises SAM et Bella Confex ont un budget
consacré au marketing. Entre 2007 et 2010 SAM a sponsorisé plusieurs activités,
surtout des événements sportifs (sachant que les produits principaux de l’entreprise
sont les vêtements sportifs). SAM a réalisé aussi 3 défiles entre 2007 et 2011 pour
promouvoir leurs collections. L’entreprise a un site Web qui non seulement le rend
visible mais aussi aide à réaliser 5% de leur chiffre d’affaire à travers les commandes
en ligne (surtout par des clients britanniques). SAM fréquente régulièrement les foires
internationales au mois 3 fois par ans, et en 2009 elle a participé à 5 foires dans le but
de trouver plus de clients. Quatre de ses cinq clients ont rejoint l’entreprise à travers
ces foires.
Bella Confex consacre 8% de son chiffre d’affaire au marketing. Depuis 2010 la majorité
de ce budget est dépensé en Russie à travers le Showroom Bella Confex à Saint
Petersburg. Le reste est dépensé en Albanie avec de la publicité dans les chaines de
49 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
télévision, dans les magasins et le sponsoring des événements tels que Miss Albanie
(sachant que l’entreprise produit de sous vêtements). Bella Confex organise
régulièrement des défiles pour promouvoir les nouvelles collections. Elle propose aussi
un site Web avec toute l’information nécessaire pour les grands clients étrangers mais
aussi pour les clients finaux qui peuvent acheter des produits par pièce. Cette
entreprise a assisté aux foires internationales 4 fois par an pendant les années 2009 et
2010.
Clients, Fournisseurs, Concurrents, Marché et Banques
En ce qui concerne le pouvoir de négociation avec les clients, la même tendance se
poursuit : la directrice de Gj&O déclare d’avoir un pouvoir de négociation très faible
avec son client italien et c’est ce client qui fixe les prix sans le négocier. Pour L.3 s.r.l, le
pouvoir de négociation avec leur client italien est aussi faible, mais peut être un peu
plus élevé que pour Gj&O. L’entreprise déclare d’avoir une petite marge de négociation
mais en tout cas c’est le client qui fixe les prix.
Inversement SAM et Bella Confex déclarent d’être eux même qui fixent les prix. Bella
Confex déclare d’être plus flexible alors que SAM affirme qu’elle accepte rarement de
discuter le prix avec les clients, et souvent elle a perdu des clients pour cette cause.
À la question si l’entreprise achète elle-même la matière première, L.3 s.r.l répond que
depuis 2010 elle achète la majorité de sa matière première en Chine et un peu en
Pakistan. Selon Madame Shuka, directrice de L.3 s.r.l, il est très difficile de négocier
avec les fournisseurs chinois puisqu’ils font varier le prix de la matière première d’une
semaine à l’autre selon leurs propres politiques. Le pouvoir de négociation est donc
faible. En ce qui concerne le prix, selon elle il a augmenté mais ce qui est plus
inquétante c’est le fait que le prix peut se multiplier en haute saison et se réduire
drastiquement en bas de saison. La matière première est égale à 50% du chiffre
d’affaire de L.3 s.r.l.
L’entreprise SAM achète la matière première aussi. Ses fournisseurs sont tous des
compagnies européennes. Elle a commencé avec 3 fournisseurs, deux italiens et un
slovène en 2007, et progressivement jusqu’en 2010 3 autres fournisseurs y sont ajouté,
à savoir une entreprise espagnole, une suisse et une italienne. Aujourd’hui SAM a 8
fournisseurs qui viennent de l’Italie, le Slovénie, l’Espagne, la Suisse, et les Pays Bas.
Selon Madame Emanuels, propriétaire de SAM, le pouvoir de négociation avec ces
fournisseurs est moyen, cet-à-dire que c’est eux qui fixent les prix mais on peut les
négocier. Elle affirme que la variation des prix dépende des articles, mais en général le
prix de la matière première est resté constant et a même diminué pour certains articles.
Le coût de la matière première est égal à 50% de son chiffre d’affaire pour SAM.
50 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Bella Confex achète 95% de sa matière première en Italie et 5% en Turquie. Selon la
directrice de production, Fatjona Vushaj, le prix de la matière première est fixé par les
fournisseurs, mais il peut y avoir une petite marge de négociation surtout quand il s’agit
des grands quantités. Selon elle le prix de la matière première a augmenté pendant la
crise, et pour certains articles comme le coton le prix a doublé aussi à cause de la
sécheresse. Pour Bella Confex le coût de la matière première est égal à 15 -20% de
leur chiffre d’affaire, ce qui est plus que la moitié si on le compare avec SAM et L.3 s.r.l.
Cela peut s’expliquer par le fait que les produits fabriqués par Bella Confex (sous
vêtements) sont beaucoup plus simples que ceux des deux autres entreprises.
En ce qui concerne Gj&O, c’est son client italien qui achète la matière première et qui
envoie les parts pré-coupés en Albanie pour faire l’assemblage.
A la question si les entreprises ont été menacées par la concurrence des pays dont la
force de travail est de bon marché tels que la Chine, le Bangladesh, l’Inde ou le
Vietnam, ou encore les autres pays des Balkans tels que la Macédoine, la Roumanie, la
Bulgarie, la Serbie ou Bosnie-Herzégovine, les quatre entreprises répondent
différemment :
Gj&O affirme de ne jamais avoir ressenti la concurrence ni de la part des pays
asiatiques et ni de la part des autres entreprises des pays de la région. Sa relation avec
son client italien n’a pas été impactée par cela puisque le volume des commandes n’est
pas élevé (et donc il n’y a pas d’intérêt d’aller en Asie puisque le coût de transport sera
plus élevé), et de l’autre côté le prix est très faible (ce qui n’est pas le cas pour les
entreprises des autres pays de la région).
SAM de son côté déclare que ses concurrents directs se trouvent en Europe. Elle
soutien cette hypothèse par le fait que l’entreprise produit des volumes faibles mais la
qualité et le degré de personnalisation de chaque pièce est très élevé, ce qui ne se fait
pas généralement en Asie ou dans les pays des Balkans.
Bella Confex annonce de ne pas avoir senti la concurrence de la part des entreprises
de région. Selon la directrice de l’entreprise, Keti Bazhdari, il y a une concurrence assez
importante dans le marché albanais, non seulement pour les produits finit mais aussi
pour les contrats de volumes importantes avec des clients connus. Elle ajoute aussi
qu’Il y a une concurrence avec les entreprises chinoises en termes de modèles et du
design. Elles ne respectent pas les droits d’auteur et copient facilement nos collections
mais surtout ceux de nos clients italiens. C’est pour cela que nos clients ont décidé de
faire beaucoup plus de modèles avec moins d’unités produites pour chaque modèle.
51 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Parmi les quatre entreprises interviewées c’est L.3 s.r.l qui a senti le plus la
concurrence chinoise. Selon la directrice générale, Eva Shuka, les entreprises
chinoises sont prêtes à tout faire pour attirer les clients. Elles se mettent d’accord pour
faire augmenter les prix de la matière première justement pour alourdir les coûts pour
L.3 s.r.l et inciter leur client italien de installer son production en Chine. De l’autre côté
elle ajoute que les pays de la région comme la Bulgarie ou la Macédoine ont des prix
plus élevés (1 Euro de plus par unité) que nous parce que leurs qualité est meilleur et
donc on ne fait pas partie du même groupe stratégique avec eux. Inversement les
entreprises roumaines ont en général des prix plus faibles mais la qualité est plus faible
aussi.
Le recours au crédit
Les problèmes avec l’obtention du crédit ont été parmi les problèmes les plus
importantes selon tous les auteurs cités dans la partie théorique. L’entreprise SAM est
une des entreprises qui a souffert le plus pour obtenir un crédit. L’entreprise était
contrait de prendre un crédit pendant la crise en 2009 – quand elle a arrêté de produire
en tant que CMT pour devenir un » Private label », pour investir en technologie. Malgré
le fait qu’elle n’a jamais eu des problèmes avec le paiement des crédits précédents, et
qu’elle demandait des sommes égales aux chiffres d’affaires d’un mois, les banques
demandaient toujours de la garantie (que l’entreprise n’avait pas) et proposait des taux
d’intérêts que SAM ne pouvait pas se permettre. Avec l’entrée dans le capital de
l’entreprise d’une partenaire française, SAM a facilement eu recours au crédit auprès de
la Société Générale sans garantie (En 2012 – 100 000 Euros, en 2011 – 100 000 Euros
(40 000 Euros pour des machineries et 60 000 Euros pour acheter de la matière
première).
Le problème avec la demande d’une garantie monétaire ou hypothécaire est soulevé
par l’entreprise L.3 s.r.l également. Cette entreprise a eu souvent besoin de liquidité
entre 2007 et 2010 (mais aussi après) pour acheter de la matière première (sachant
que les fournisseurs chinois sont très stricts pour ce qui concerne les délais de
paiements et ils n’offrent jamais un crédit fournisseur). Comme L.3 s.r.l n’était pas en
mesure d’assurer une garantie, c’était leur client italien qui le faisait à leur nom.
L’entreprise Bella Confex a eu recours au crédit au cours du premier trimestre de 2009
pour supporter l’ouverture de la marque (achat de la matière première, le design de la
collection, marketing). Il n’y a jamais eu des problèmes avec le paiement des crédits. Il
n’y a pas eu non plus des problèmes avec l’obtention du crédit puisque l’entreprise non
seulement a une très bon réputation mais aussi a les capacités nécessaires pour offrir
une garantie (beaucoup de machineries et de la liquidité).
52 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Tableau18 : les facteurs qui ont influencé les plus la performance des entreprises
Pas du tout d’accord
Pas d’accord
Neutre D’accord Tout à fait d’accord
1 2 3 4 5
a Dévaluation de la monnaie
SAM, Bella Confex, L.3 s.r.l, GJ&O
b Augmentation de l’inflation
SAM, L.3 s.r.l, GJ&O
Bella Confex
c Manque de liquidité GJ&O SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l
d Baisse de la demande étrangère
SAM, Bella Confex
L.3 s.r.l, GJ&O
e Augmentation du prix de l’électricité
SAM Bella Confex
L.3 s.r.l, GJ&O
f La concurrence de l’import
, L.3 s.r.l, GJ&O
Bella Confex, SAM
g Baisse de la demande intérieure
GJ&O, L.3 s.r.l
SAM, Bella Confex
h Les investissements en technologie
L.3 s.r.l Bella Confex, GJ&O
SAM
i Hausse du coût de main d’œuvre
L.3 s.r.l, SAM, GJ&O
Bella Confex
j Nouvelles lignes de production
Bella Confex, L.3 s.r.l
SAM,GJ&O
k Accès aux nouveaux marchés
L.3 s.r.l Bella Confex, GJ&O
SAM
l Les politiques du gouvernement
SAM, Bella Confex, L.3 s.r.l, GJ&O
53 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Dans le Tableau 18 j’ai présenté des facteurs susceptibles d’avoir influencé les plus la
performance des entreprises. Apparemment, aucune entreprise n’a senti la dévaluation
du Lek Albanais par rapport à l’Euro pendant la crise, et dans la majorité des cas (sauf
pour Bella Confex) même l’augmentation de l’inflation n’a pas influencé leur
performance. À la question du manque de liquidité, c’est bien sûr les entreprises qui
achètent de la matière première qui sont le plus affectées, alors que pour Gj&O cela ne
pose pas un problème. La baisse de la demande étrangère est évidement importante
pour toutes les entreprises, mais un peu plus pour les plus petites. Le prix d’électricité
pèse, par définition, plus sur les entreprises qui font moins de chiffre d’affaire. De l’autre
côté, la concurrence qui vienne des produits l’importés ainsi que la baisse de la
demande intérieure, malgré le fait que cette dernière n’a pas été importante par rapport
au reste de l’Europe, ont impacté plus les entreprises qui vendent aussi sous leur
propre marque tels que Bella Confex et SAM. Les investissements en technologie,
l’accès aux nouveaux marchés ainsi que les nouvelles lignes de production ont
influencés toutes les entreprises mais de manière différente, positivement pour SAM et
Bella Confex et négativement pour les deux autres entreprises. La hausse du coût de
main d’œuvre apparemment a influencé négativement seulement Bella Confex. Cela
peut s’expliquer par le fait que le nombre des salariés est beaucoup plus important pour
Bella Confex que pour les autres entreprises. A la fin, les quatre entreprises se mettent
d’accord sur le fait que le gouvernement ne les a jamais supporté avec des politiques
particulières, des allégements ou des subventions.
Les deux dernières questions posées aux quatre entreprises concernent les mesures
qu’elles ont prises contre la crise économique de 2008 ainsi que l’évolution de leur
activité de 2010 jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’une question assez importante puisque
les mesures prises pendant la crise par les entreprises reflètent leur situation actuelle.
Après la baisse des commandes de la part de son client italien, l’entreprise Gj&O a
commencé à licencier progressivement une partie de ses employés, ainsi que de
baisser les salaires. Dans un deuxième temps, l’entreprise a négocié une baisse de
loyer de la fabrique avec son propriétaire. La copropriétaire de Gj&O confesse que
malgré le fait qu’aujourd’hui la crise est passé, l’entreprise n’a jamais pu retrouver la
croissance et les profits d’avant crise.
Comme je l’ai évoqué avant, L.3 s.r.l a licencié tous ses employés de production et a
sous traité tout son volume de commandes, mais cela n’a pas suffit puisque l’entreprise
a fait faillite. L’ouverture de la nouvelle entreprise et la décision de monter en gamme et
sur la chaine de valeur ont permis à L.3 s.r.l de générer de la croissance, et aujourd’hui
l’administratrice de l’entreprise se déclare contente avec sa performance.
SAM a investi beaucoup en technologie surtout pendant la crise (voir les détails en
haut). Elle a, par suite, augmenté la qualité de ses produits et la gamme (plus de choix
54 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
de modèles). Pendant la crise SAM a assisté à plus de foires internationales, ce qui l’a
aidée à trouver plus de clients et des fournisseurs étrangers. Tout cela lui a permis de
passer d’une entreprise CMT à une entreprise « Private Label ».
En fin, Bella Confex a commencé avec le licenciement de trente employés suite à la
baisse de la demande étrangère. Ensuite elle a ouverte sa propre marque et crée son
propre collection, qui à travers une campagne publicitaire dynamique a permis de
générer du profit dès la première année grâce aux ventes en Albanie mais en Russie
aussi.
55 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
IV. Analyse des résultats
Grâce aux résultats présentés dans la partie précédente, nous pouvons affirmer que la
crise économique et financière de 2008 n’a pas été vécue de la même manière par
toutes les entreprises albanaises du secteur du textile et de l’habillement. Plusieurs
facteurs explicatifs, que nous allons analyser dans cette partie, permettent de
comprendre ce phénomène.
Les résultats de cette étude, ainsi que la théorie présentée dans la première partie,
confirment que le positionnement des entreprises sur la chaîne de valeur est le facteur
le plus important pour expliquer les différences en termes de performance pendant la
crise. Pour mieux comprendre ce phénomène, analysons tout d’abord l’évolution de la
situation financière de ces quatre entreprises.
Le tableau 9 permet d’établir deux constats : premièrement, le nombre d’opérations
réalisé par l’entreprise (qui lui-même est par définition proportionnel au positionnement
des entreprises sur la chaîne de valeur) est proportionnel au chiffre d’affaires de
l’entreprise. L’entreprise Gj&O qui ne fait qu’une opération (la couture) présente le
chiffre d’affaires le plus faible. L.3 s.r.l, une entreprise qui faisait une opération de plus
(la coupe) que Gj&O avant 2010, présente un chiffre d’affaires plus élevé. SAM (une
entreprise de type « Full Package ») est l’entreprise située en deuxième position en
termes de chiffre d’affaires, et Bella Confex (une entreprise de type « Private Label »)
est l’entreprise avec le chiffre d’affaires le plus élevé. Deuxièmement, le positionnement
des entreprises sur la chaîne de valeur est également proportionnel à l’évolution du
chiffre d’affaires pendant la crise. Comme nous l’avons vu dans la partie précédente,
Gj&O et L.3 s.r.l, qui se trouvent plus bas sur la chaîne de valeur, ont vu leurs chiffres
d’affaires chuter de 54 % et de 33 % respectivement, alors que pour Bella Confex, la
baisse du chiffre d’affaires réalisé grâce aux commandes a été de 15,89 % et celle du
chiffre d’affaires réalisé à travers les ventes sous sa marque propre a été de seulement
2,6 % entre 2008 et 2009. Sur la même période, nous pouvons constater que le chiffre
d’affaires de SAM a augmenté de 5 %.
Par ailleurs, le prix de chaque unité produite par ces entreprises est également
proportionnel au positionnement des entreprises sur la chaîne de valeur. Comme
l’indique le Tableau 11, l’entreprise d’assemblage Gj&O est l’entreprise qui réalise le
moins de marge pour chaque unité produite, ce qui veut dire que pour atteindre un seuil
de rentabilité, cette entreprise doit fabriquer un volume important d’unités par jour. En
plus, c’est la seule entreprise, dont non seulement le volume, mais aussi la valeur des
contrats a baissé pendant la crise, et cela se reflète dans la baisse de 16 % du prix de
vente par unité produite en 2009, ce qui confirme le constat de Forstater (2010)
56 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
présenté dans la partie théorique (page 12, 4ème paragraphe). Le prix augmente au fur
et à mesure que l’entreprise entreprend plus de processus et se positionne plus haut
sur la chaîne de valeur. On voit cependant que malgré le fait que sur le marché final les
produits de SAM (vêtements sportifs) sont plus chers que les produits de Bella Confex
(sous – vêtements), cette différence de prix est beaucoup moins importante si elle est
comparée à la différence de prix de chaque unité produite par ces deux entreprises. Le
prix moyen pour chaque unité produite par Bella Confex pour les commandes de ses
clients étrangers est de seulement 0,22 Euros (5 Euros pour sa propre marque), alors
que ce prix est de 7,07 Euros pour SAM (le prix final demandé par le client pour ce
produit sous la marque du client est d’environ 25 Euros). Ce résultat permet d’estimer
que pour le même type de service, le prix facturé par Bella Confex à ses clients est égal
à 4 % du prix final, alors que le prix facturé par SAM à ses clients est égal à 28 % du
prix final, ce qui montre que la marge réalisée par SAM est beaucoup plus importante.
Pour expliquer ces phénomènes, nous allons approfondir plusieurs facteurs mis en
évidence lors de l’analyse des réponses du questionnaire.
Afin de donner plus de sens à l’analyse des résultats, nous avons distingué les
« causes » qui provoquent ces résultats de leurs « conséquences ».
Causes
Grâce aux réponses des entreprises, quatre causes susceptibles de provoquer une
différence en termes de performance pendant la crise ont pu être différenciées.
Marketing
Les entreprises Gj&O et L.3 s.r.l qui sont les deux entreprises ayant les chiffre d’affaires
et prix unitaire les plus faibles sont deux entreprises n’ayant jamais fait d’efforts pour
faire du marketing. Comme vu précédemment, elles n’ont aucun contact avec des
clients potentiels puisqu’elles ne participent jamais aux salons internationaux. De plus,
elles n’ont pas de site Web et ne font jamais de publicité de quelque forme que ce soit.
L’offre, qu’elles pourraient potentiellement recevoir, ne leur ai jamais adressé, car elles
ne sont pas visibles « aux yeux » des clients.
Inversement les deux autres entreprises, à savoir SAM et Bella Confex, considèrent le
marketing comme un moyen crucial pour leur activité. Elles ont participé 3 et 4 fois par
an respectivement aux salons internationaux. Elles ont sponsorisé différentes activités
sportives et culturelles dans le cadre de leur campagne publicitaire et organisent
souvent des défilés pour présenter leurs produits. Ces deux entreprises ont chacune
leur site Web, qui non seulement informe tous les clients potentiels de leurs activités,
mais leur permettent aussi de faire des achats en ligne. Par conséquent, SAM et Bella
Confex sont plus visibles face à leurs clients potentiels.
57 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Nombre de clients
Une autre cause de la différence qui existe entre ces quatre entreprises en termes de
chiffre d’affaires, de marge unitaire et de la manière dont elles ont vécu la crise, est leur
nombre de clients, qui est aussi lié au marketing. Le nombre de clients est important,
car il évite de créer des situations de « monopole ». Gj&O et L.3 s.r.l sont deux
entreprises qui n’ont jamais eu l’occasion de travailler avec plus d’un client, ce qui leur
donne peu de pouvoir face à celui-ci. Ces clients leur imposent des prix très faibles, ce
qui, malgré le volume important d’unités produites, ne leur permet pas de s’agrandir ou
obtenir les moyens pour investir. En dépendant d’un seul client, ces entreprises sont
affectées plus durement que les deux autres par la crise, sachant que, comme vu
précédemment, les volumes de commandes (fixés par les clients respectifs), ainsi que
la valeur des contrats (c’est le cas pour Gj&O) ont chuté d’un jour à l’autre.
Au contraire, SAM et Bella Confex avaient plus de clients. Malgré le fait que le nombre
de clients de Bella Confex a diminué de six à deux, il s’agit, aujourd’hui, de deux clients
très puissants qui sont connus sur la scène internationale, garantissant ainsi la stabilité
du volume de commandes, la marge unitaire ou diminuant leur risque de faillite. De son
côté, SAM n’a fait qu’augmenter le nombre de ses clients de deux à cinq, permettant à
cette entreprise de réagir plus facilement face à ces problèmes.
La concentration (en termes de pays d’origine) des clients
La répartition en termes d’origine des clients est un autre élément important qui
explique leur performance pendant la crise. Les clients respectifs de Gj&O et L.3 s.r.l
sont deux clients italiens. Comme on l’a vu dans la partie théorique, le secteur italien
de textile et de l’habillement a été l’un des plus touchés par la crise, et cela s’est
transmis à ses sous-traiteurs dans tout le monde, y compris aux entreprises albanaises.
En revanche, d’autres pays comme la France et les Pays Bas ont été moins touchés
par la crise, et par conséquent, les entreprises albanaises comme SAM, ont également
été moins affectées.
Performance des « donneurs d’ordre » (clients)
Malgré le fait que l’entreprise Bella Confex ne travaillait qu’avec deux clients, la taille de
ses clients, ainsi que leur réputation sur le marché mondial étaient très élevées, leur
évitant ainsi partialement l’impact négatif de la crise, et par conséquent, sa transmission
à l’entreprise albanaise. De leur côté, Gj&O et L.3 s.r.l travaillaient avec des clients de
petite taille, qui eux-mêmes étaient des sous-traitants du client final. En conséquence,
la mauvaise performance de leurs clients (uniques) les a fortement affectées.
Investissement en technologie
58 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Le manque d’investissement en technologie est une autre cause qui explique la
différence en termes de performance entre ces entreprises, puisque il est directement
lié à la qualité du produit. Comme le démontrent les résultats, Gj&O et L.3 s.r.l étaient,
avant 2010, deux entreprises qui n’avaient pas assez investi en technologie, et presque
tout leur travail était réalisé manuellement. En revanche, les investissements en
technologie de SAM, mais aussi de L.3 s.r.l après 2010, leur a permis d’augmenter la
qualité de leurs produits, de trouver des clients plus puissants, d’augmenter leur marge
unitaire et de grimper sur la chaîne de valeur. Bella Confex a également investi en
technologie, mais leur produit (sous-vêtements) ne demandant pas une technologie très
avancée, leur succès dépendait davantage d’un volume important de commandes.
Conséquences
Une fois vues les causes, nous allons maintenant mettre en avant les conséquences
qui y sont lié. Ces conséquences dépendent toutes directement du positionnement de
l’entreprise sur la chaîne de valeur et de la taille du budget.
Personnel et conditions de travail
Dans la partie précédente, nous avons vu que les compétences du personnel, leur
formation, rémunération, ainsi que les conditions de travail étaient différentes d’une
entreprise à l’autre, selon leur positionnement sur la chaîne de valeur. Gj&O est
l’entreprise qui rémunère le moins son personnel et par conséquent, avec L.3 s.r.l, elles
embauchent des effectifs très peu formés et qualifiés. Par ailleurs, les conditions de
travail n’étaient pas toujours bonnes, voire mauvaises (Gj&O – hygiène et bâtiment).
Logiquement, ce constat implique qu’en raison d’un budget restreint et d’une complète
dépendance vis à vis d’un seul client, Gj&O embauche des travailleurs dont la
productivité est faible, et inférieure à la moyenne de ses concurrents. La situation pour
L.3 s.r.l est légèrement meilleure, car la productivité de son personnel est un peu plus
élevée. Leurs compétences sont égales à la moyenne des entreprises du secteur.
Par contre, les tableaux 16 et 17 nous montrent que Bella Confex rémunère mieux son
personnel que Gj&O et L.3 s.r.l, mais un peu moins que SAM. Bella Confex et SAM
exigent un niveau d’éducation plus élevé au moment de l’embauche. Ces deux
éléments expliquent pourquoi les compétences du personnel de ces deux entreprises
sont très bonnes (légèrement meilleures chez SAM) et très supérieures par rapport à la
moyenne de leurs concurrents.
Variation du volume des commandes et nombre de salariés
La variation du nombre des salariés, qui est directement affecté par la variation du
volume des commandes, est une autre conséquence liée au nombre, à la taille et à la
réputation des clients, leur origine, ainsi qu’au budget consacré au marketing comme vu
59 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
ci-dessus. La baisse de la demande adressée aux clients italiens de petite taille,
comme ceux avec lesquels travaillent Gj&O et L.3 s.r.l, a conduit à la chute du volume
des commandes de ces deux entreprises albanaises. Dans ces conditions, celles-ci ont
dû licencier une partie importante de leur personnel (voir la partie des résultats). Alors
que la réputation des clients de SAM et Bella Confex est, au contraire, un facteur qui
explique leur stabilité.
Dans le cas de Gj&O et de L.3 s.r.l, le manque de visibilité dû à l’absence ou à
l’insuffisance de marketing peut également expliquer la variation du volume des
commandes. Une visibilité plus élevée vis à vis de clients potentiels pourrait non
seulement augmenter leur nombre, mais aussi diminuer les risques en s’associant à
des clients allemands, français ou hollandais comme dans le cas de SAM. Cela pourrait
donc stabiliser la variation du volume des commandes et éviter les licenciements.
Contrats et pouvoir de négociation
Dans la même logique, le pouvoir de négociation au moment de la signature des
contrats, ainsi que la violation des termes de contrats dépendent du nombre de clients,
de leur taille et de leur réputation.
Comme vu dans la partie II, la directrice de L.3 s.r.l, mais surtout celle de Gj&O avouent
n’avoir aucun pouvoir de négociation face à leurs clients respectifs, et ce sont ces
derniers qui fixent les prix et volumes (qui peuvent fluctuer d’une semaine à l’autre).
Elles indiquent qu’en particulier pendant la crise, ces deux entreprises ont dû accepter
des violations de contrats, comme des retards de paiement, confirmant encore une fois
ce qui a été évoqué dans la partie théorique (page 26, 3ème paragraphe). Ces
phénomènes s’expliquent en partie par une situation de « monopole » de leurs clients
respectifs qui abusent de leur emprise sur les deux entreprises albanaises.
Inversement, les deux autres entreprises, SAM et Bella Confex, indiquent avoir un
pouvoir de négociation en termes de prix très élevé, et de ne jamais avoir souffert de
violations de contrat de la part de leurs clients, qui d’ailleurs, comme précisé
auparavant, sont plus réputés et de taille plus importante.
Recours au crédit
Les problèmes avec le recours au crédit constituent une autre conséquence de la
performance économique de ces quatre entreprises, ainsi que de leur positionnement
sur la chaîne de valeur. Bella Confex, entreprise de grande taille, qui possède 3 usines,
peut facilement offrir une garantie pour avoir recours au crédit. SAM et L.3 s.r.l, qui
louent leurs usines, ont profité de l’aide de leurs clients, qui se sont portés garants, en
cas de refus, auprès des banques albanaises, pour leur permettre d’obtenir. Ceci
confirme le constat de l’étude de Gereffi et Frederick (2010) vue dans la partie
60 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
théorique selon laquelle les acheteurs ont souvent offert un soutien financier à leurs
fournisseurs.
Par contre, Gj&O n’a jamais pu avoir recours au crédit à cause du manque de garantie.
Cette réalité démontre que les entreprises albanaises comme Gj&O n’ont pas pu
investir en technologie ou en marketing pour augmenter la qualité de leurs produits et
pour attirer plus de clients pendant la crise, impliquant de ne pas pouvoir grimper sur la
chaîne de valeur. Ce résultat confirme le constat de la Banque Mondiale (2009) évoqué
dans la partie théorique selon lequel les entrepreneurs sont contraint à attendre pour
investir jusqu’à avoir obtenu suffisamment de bénéfices.
À ce stade, deux remarques peuvent être faites :
1. Les entreprises albanaises d’assemblage telles que Gj&O et L.3 s.r.l (avant 2010), qui
constituent la majorité des entreprises du secteur sont attrapées dans un cercle vicieux
d’où, apparemment, elles ont du mal à sortir. Ces entreprises sont enfermées dans des
activités à faible valeur ajoutée, et leurs seuls avantages sont le faible coût de travail et
la proximité des marchés européens. Elles travaillent très souvent avec un seul client
qui domine la relation contractuelle et se permet de fixer les prix, ainsi que de faire
fluctuer les volumes de commandes de façon hebdomadaire, engendrant une grande
incertitude d’avenir pour les entreprises albanaises et une forte dépendance vis-à-vis de
ces clients. Les entreprises albanaises d’assemblage sont donc contraintes
d’embaucher des travailleurs non qualifiés et d’accepter des marges extrêmement
faibles. Cela a deux effets néfastes : premièrement, elles n’ont pas les moyens
d’investir, d’avoir recours au crédit (à cause du manque de garantie) pour développer
leur activité, faire du marketing pour attirer plus de clients ou augmenter la qualité de
leurs produits et de leurs procédés pour monter sur la chaîne de valeur. Deuxièmement,
non seulement elles ne peuvent pas investir en technologie, mais en plus leurs effectifs
n’ont pas suffisamment compétents et ne disposent pas du savoir-faire nécessaire pour
utiliser de nouvelles machines plus modernes.
Comme évoqué dans la partie théorique, le déplacement vers le haut de la chaîne de
valeur exige une capacité à établir des liens étroits avec les entreprises sous-traitantes,
sources de savoir-faire et de transfert technologique, que n’ont pas ces entreprises
albanaises du secteur, ce qui se confirme aussi par le faible niveau d’IDE dans ce
secteur (112 millions d’euros, soit 11 % des IDE de toutes les industries).
Ce cercle vicieux, qui semble être difficile à briser, est la cause principale de la chute
spectaculaire des entreprises albanaises d’assemblage et de CMT, qui n’ont eu
l’occasion ni de prévoir la crise économique, ni de réagir pour éviter ses dégâts,
contrairement aux autres entreprises qui se trouvent plus haut sur la chaîne de valeur.
61 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
2. Comme constaté précédemment, SAM, une entreprise de type « Full Package », n’a
pas connu de croissance négative pendant la crise, au contraire elle a crû de 5 % en
2009. Inversement, Bella Confex, une entreprise de type « Private Label » a vu son
chiffre d’affaire réalisés par les commandes provenant de ses clients baisser de
15,89 % et le chiffre d’affaires réalisé par les ventes sous sa propre marque de 2,6 %.
Ce phénomène peut s’expliquer par le choix stratégique réalisé par ces deux
entreprises : SAM a refusé de produire sous sa marque propre et a parié sur
l’augmentation de la qualité de sa production en investissant de façon considérable en
technologie, et sur la productivité et les compétences techniques de son personnel. Elle
a, ainsi, réussi à attirer plus de « gros » clients et à signer avec eux des contrats plus
avantageux que Bella Confex.
De son côté, Bella Confex a parié davantage sur l’ouverture de sa marque propre en
espérant devenir indépendante. Cette décision a ralenti sa croissance pour deux
raisons : premièrement, l’ouverture de sa propre marque s’est avérée plus difficile que
prévu, en raison de nombreux coûts simultanés (de marketing, d’ouverture des
boutiques etc.), contrairement à SAM, mais aussi parce que l’entreprise n’a pas assez
investi en technologie pour augmenter la qualité de ses produits, ce qui aurait pu lui
permettre d’accéder à des contrats plus avantageux. Deuxièmement, Bella Confex s’est
positionnée comme une entreprise haute gamme qui rivalise avec les grandes marques
européennes, alors que la partie des consommateurs domestique qui est prêt à payer
un prix élevé pour le produit que cette entreprise lui offre est très faible. L’entreprise doit
donc acheter la matière première en faibles quantités à un prix plus élevé, l’empêchant
de réaliser des économies d’échelle et de réduire son prix de vente.
Par conséquent, malgré le fait que le choix stratégique de Bella Confex peut engendrer
une croissance plus élevée à long-terme, la stratégie de SAM s’avère avoir été plus
efficace face à la crise. Dans la partie théorique, nous avons vu que plus le
positionnement de l’entreprise sur la chaîne de valeur est élevé, moins elle sera
affectée par la crise. Mais d’après les résultats de cette étude, il semble que souvent la
taille du marché est également à prendre en compte: sur un petit marché, comme le
marché albanais, les coûts associés à la création d’une marque domestique sont élevés
par rapport à la demande et au pouvoir d’achat des consommateurs, et l’entreprise est
obligée d’exporter pour réaliser des économies d’échelle et optimiser ses profits. De
l’autre côté, Bella Confex a insisté plus sur l’ouverture de sa marque propre en espérant
de devenir indépendant de ses sous-traités. Cette décision a ralenti sa croissance pour
deux raisons : Premièrement, l’ouverture de sa propre marque est avéré plus difficile
que prévu parce qu’il y avait à la fois beaucoup plus de coût (de marketing, d’ouverture
des boutiques etc.) contrairement au SAM, mais aussi parce que l’entreprise n’a pas
assez investi en technologie pour augmenter sa qualité, ce qui pourrait lui procurer des
contrats plus avantageux. Deuxièmement, Bella Confex est positionné comme une
62 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
entreprise de haute gamme qui rivalise les grandes marques européennes. Cependant,
la partie des consommateurs domestique qui est prêt à payer un prix élevé pour le
produit que cette entreprise lui offre est très faible, et par conséquence l’entreprise doit
acheter la matière première en faibles quantités, ce qui lui coûte plus chère et
l’empêche de faire des économies d’échelle et de réduire son prix de vente.
Néanmoins, malgré le fait que le choix stratégique de Bella Confex peut engendrer une
croissance plus élevé à long-terme, la stratégie de SAM s’avère avoir été plus efficace
face à la crise. Dans la partie théorique on a vu que plus le positionnement de
l’entreprise sur la chaine de valeur est élevé, moins elle sera touché par la crise. Mais
d’après les résultats de cette étude, je pense que souvent la taille de marché est à
prendre en compte aussi : dans un petit marché comme le marché albanais, les coûts
associés à la création d’une marque domestique sont élevés par rapport à la demande
et le pouvoir d’achat, et l’entreprise est obligée à dépasser les frontières pour faire des
économies d’échelle et optimiser le profit.
63 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Conclusion
Ce travail essaie de présenter les principaux enjeux auxquels ont été confrontées les
entreprises albanaises du secteur du textile et de l’habillement pendant la crise
économique et financière de 2008. En particulier, en faisant la distinction entre les
différents types d’entreprises selon leur positionnement sur la chaîne de valeur, à l’aide
de la théorie et des entretiens réalisés auprès de quatre entreprises albanaises du
secteur, nous avons tenté de démontrer que le positionnement des entreprises
albanaises sur la chaîne de valeur explique leur performance économique pendant
cette crise.
Comme il a été constaté, les petites entreprises qui exécutent un ou deux processus et
qui se trouvent au bas de la chaîne de valeur, sont celles qui ont été le plus affectées
par la crise. Ces entreprises sont attrapées dans un cercle vicieux avec des travailleurs
non qualifiés, des marges faibles, sans pouvoir de négociation, mais surtout sans les
moyens monétaires nécessaires (capital faible, profit faible, inaccessibilité au système
bancaire) pour affronter la crise. Ces entreprises se considèrent souvent comme une
« opportunité d’exploitation » par les entreprises européennes du secteur pour profiter
des faibles salaires du pays, de la proximité géographique, de la flexibilité en termes de
volumes de commandes et parfois des lacunes juridiques en leur faveur, pour faire des
économies. En contrepartie, dans la majorité des cas, ces clients n’investissent pas de
capital dans le pays et ne font aucun effort pour transférer le savoir-faire ou la
technologie. Au contraire, à travers la fluctuation imprévisible du jour au lendemain des
volumes de commandes, elles transfèrent leurs problèmes économiques. Ces derniers
sont multipliés une fois arrivés dans les mains des entreprises albanaises, puisque ces
dernières ne connaissent jamais à l’avance la demande qui va leur être adressée. Par
ailleurs, l’augmentation du niveau de vie du pays et par conséquent, des salaires,
entraînera une diminution de l’attrait de ces entreprises aux yeux des entreprises
européennes, et dès lors (moment qui n’est pas loin), les entreprises albanaises seront
contraintes à faire faillite, si elles ne montent pas de gamme.
Dans le cas des entreprises albanaises du secteur de type « Full Package » ou
« Private label » associées à plusieurs clients, ces derniers s’intéressent premièrement
à la qualité du produit qui va leur être délivré, puis aux autres avantages offerts par les
entreprises albanaises. Ces clients, de plus grande renommée, anticipent leurs volumes
de commandes, permettant aux entreprises albanaises la possibilité de faire une
prévision au moins à moyen terme. En plus, la marge pour chaque unité produite par
ces entreprises est plus élevée, ce qui leur permet d’investir davantage, afin
d’augmenter la qualité du produit à l’aide de nouvelles technologies et de nouveaux
procédés. Comme vu précédemment, la performance de ces entreprises albanaises n’a
été que peu ou pas freinée par la crise économique.
64 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Dans ces conditions, afin de briser le cercle vicieux évoqué antérieurement,
l’intervention du gouvernement albanais, à travers ses politiques est très importante. À
mon avis, le gouvernement pourrait inciter à investir en octroyant des crédits à faible
taux d’intérêt, aux petites entreprises du secteur, et créer un fond pour garantir ces
crédits. Le gouvernement pourrait également aider ces entreprises à promouvoir leurs
produits et à trouver de nouveaux clients, en couvrant leurs frais de participation aux
salons internationaux ou en organisant des salons de cette nature en Albanie. En outre,
il pourrait également offrir à ces entreprises de couvrir les frais de création d’un site
Web. Le gouvernement devrait aussi relancer l’enseignement professionnel destiné à
ce secteur, en faisant aussi intervenir des experts étrangers, le cas échéant, pour
former des travailleurs plus qualifiés, ayant des compétences technologiques
équivalentes à celles des travailleurs occidentaux. Enfin, il serait utile de créer un
organisme de conseil pour orienter les entreprises du secteur du textile et de
l’habillement dans leur parcours.
65 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
1 FORSTATER M. (2010) Sectoral coverage of the global economic crisis: Implications of the global financial and
economic crisis on the textile and clothing sector, International Labor Organisation (ILO) 2 GEREFFI G., FREDERICK S., (2010), The Global Apparel Value Chain, Trade and Crisis: Challenges and Opportunities
for Developing Countries, World Bank 3 Idem
4 Idem
5 Idem
6 STARITZ C., (2012), Apparel Exports – Still a Path for Industrial Development? Dynamics in apparel global value
chains and implications for low-income countries, Austrian Foundation for development Research 7 GEREFFI G., FREDERICK S., (2010), The Global Apparel Value Chain, Trade and Crisis: Challenges and Opportunities
for Developing Countries, World Bank 8 FORSTATER M. (2010) Sectoral coverage of the global economic crisis: Implications of the global financial and
economic crisis on the textile and clothing sector, International Labor Organisation (ILO) 9Boissieu C., Couppey-Soubeyran J. (2013), Les systèmes financiers : Mutations, crises et régulations, 4ème Edition
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World Bank (2009), Building Competitiveness in Albania: Sector Case Studies: Apparel and Footwear, Tourism, Mining, World Bank 19
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World Bank (2009), Building Competitiveness in Albania: Sector Case Studies: Apparel and Footwear, Tourism, Mining, World Bank 22
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YMERI S., HOXHA A., AGOLLI M., JORGONI E., (2010) Rapid assessment of the impact of the global economic crisis on the apparel and footwear industry in Albania, ISB (Institute for Contemporary Studies) 24
Idem 25
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World Bank (2009), Building Competitiveness in Albania: Sector Case Studies: Apparel and Footwear, Tourism, Mining, World Bank 27
Idem 28
Idem 29
Idem 30
Idem
66 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
31
Idem 32
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Instat 36
http://www.indexmundi.com/ (visité le 19 Mai 2014) 37
YMERI S., HOXHA A., AGOLLI M., JORGONI E., (2010) Rapid assessment of the impact of the global economic crisis on the apparel and footwear industry in Albania, ISB (Institute for Contemporary Studies) 38
INSTAT 39
YMERI S., HOXHA A., AGOLLI M., JORGONI E., (2010) Rapid assessment of the impact of the global economic crisis on the apparel and footwear industry in Albania, ISB (Institute for Contemporary Studies) 40
Idem 41
Idem 42
Idem 43
Idem 44
Idem 45
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71 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Annexe 1 : L’évolution des Exportations des textiles et des vêtements (en Millions d’euros)
Annexe 2 : L’évolution des Exportations des textiles et des vêtements par rapport à l’année précédente (en %)
Source: Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
Source: Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
Annexe
Etats Unis 0.93% -4.66% 1.19% -16.69% 19.45% 12.82%
2.52%
6.63% -0.28%
Turquie 3.85% 16.25% 0.71% -16.14% 12.68% 13.79%
15.55% 13.29% -2.93%
-6.87% -22.38% 1.84%
Japon 0.61% 2.78% 3.97% -16.85%
Afrique du Sud -8.45% 1.58%
-3.02%
Bangladesh 29.19% -0.74% 31.04% 0.13% 26.14% 29.07% 3.74%
-8.00%
Chine
6.20% 13.35% 4.47% -17.88%
-7.10%
Brésil -1.47% 2.81%
0.39%
25.04% 19.09%
Union Européen (UE 27)
Inde 8.05% 5.98% 9.17% -1.05% 13.95% 24.73%
4.26% 15.30%
2011 2012
Monde 9.76% 10.98% 4.75% -14.02% 14.76% 17.54%
2005 2006 2007 2008 2009 2010
-0.44%
-6.06% -30.19% 11.10% 4.00% -10.61%
13.68% -10.48%
Italie 5.79% 12.54% 3.78% -24.01% 5.24% 14.84%
0.15% 8.79% -8.85%
Allemagne 9.22% 15.86% 6.69% -14.78% 5.28%
France 5.03% 14.23% 2.25% -17.14%
8.29% -10.06% 23.70% 20.08% 2.77%
Cambodge 18.99% 0.56% 12.85% -18.98% 24.69% 31.44% 7.91%
Indonésie 12.78% 3.47% 2.69% -8.40% 20.18% 17.07% -6.01%
Mexique -9.84% -13.62% -6.13% -17.09% 9.91% 7.74% -1.37%
Pakistan 6.41% -1.75% -0.76% -11.04% 19.37% 15.74% -5.23%
14,117 16,945 16,746 17,565 17,404 Etats Unis
21,724 24,720 25,344 Turquie 18,909 19,637 22,828 22,990 19,280
8,376
444 451 420 326 332 354 353
7,419 7,625 7,928 6,592 7,617 8,629
Cambodge
Indonésie
Mexique
Pakistan
29,107
9,812 9,739 12,762 12,778 16,118 20,803 21,582
18,444 19,547 21,340 21,116 24,062 30,012
35,301
1,670 1,717 1,613 1,126 1,251 1,301 1,163
35,427 39,868 41,377 31,442 33,088 37,999
167,088 206,691 248,185 255,064
605,313 711,474 708,354
15,641
28,366 32,864 35,064 29,881 31,458 35,760 32,013
16,274 18,590 19,009 15,750 15,774 17,160
19,099 19,024 16,863
17,070
7,595
7,374
485
2009 2010 2011 2012
480,827
156,090
527,775 585,714 613,511 527,471
165,775 187,898 196,299 161,194 168,058 193,763 178,262
33,489
1,695
171,552
2005 2006 2007 2008
115,213
15,495
25,972
144,057 185,772
Italie
Brésil
Inde
Bangladesh
Japon
Afrique du Sud
Monde
Chine
France
Union Européen (UE 27)
Allemagne
2,243
8,312
9,444
10,691
2,669 2,684 3,029
9,374 9,699 9,960
8,515 7,355 6,904
11,376 11,177 11,092
2,454
9,123
5,724
9,867
3,060 4,022 4,340
10,964
6,291
11,778
12,836 12,065
6,685
12,919
6,778
13,632
72 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Annexe 3 : L’évolution des Importations des textiles et des vêtements (en Millions d’euros)
Source: Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
Annexe 4 : L’évolution des Importations des textiles et des vêtements par rapport à l’année précédente (en %)
Source: Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
105,592 91,270 105,314 113,943 113,913 Etats Unis 102,609 106,467 108,940
10,829 9,118
42,955
2,914 2,929
5,766 6,116
32,718 32,294 34,063 42,140
3,026 3,757 3,721
23,798
54,227
Turquie 5,229 5,784 7,576 7,862 6,865 9,375
Afrique du Sud 1,704 2,075 2,009 2,012 1,960 2,508
Japon 28,352 30,007 30,294
6,856
Bangladesh 2,672 1,906 2,503 3,276 2,961 4,632
Inde 1,994 2,076 2,268 2,556 2,417
Italie 19,624 22,355 25,289 26,628 22,517 24,899 28,582
Brésil 1,468 2,041 2,797 3,830 3,547 5,128 6,369
29,544 32,979 29,281
Allemagne 37,020 39,838 44,853 47,917 43,276 45,318
France 25,645 26,847 30,410 32,461 28,478
46,709
Chine 17,132 18,082 18,621 18,571 16,787 20,197 22,913 24,332
Union Européen (UE 27) 203,701 221,679 251,374 265,623 228,629 240,581 275,352 244,176
2010 2011 2012
Monde 493,791 554,469 615,289 644,485 554,056 635,949 747,464 744,084
2005 2006 2007 2008 2009
Cambodge 1,038 1,244 1,385 1,535 1,371 1,903 2,235 2,595
Indonésie 827 823 921 3,561 3,071 4,581 6,071 6,051
Mexique 8,566 8,468 8,099 7,910 6,309 7,444 8,603 8,968
Pakistan 498 582 640 650 639 1,022 1,332 1,148
15.39% 8.19% -0.03%3.76% 2.32% -3.07% -13.56%
-0.45%
5.67% -13.93% 5.23% 14.45% -11.32%
2011 2012
4.75% -14.03% 14.78%
Etats Unis
Union Européen (UE 27) 8.83% 13.40%
Monde 12.29% 10.97%
15.51% -15.80%
27.96% 16.19% 0.51%
Turquie 10.61% 30.98% 3.78%
6.07%
Japon 5.84% 0.96% 8.00% -1.30% 5.48% 23.71% 1.93%
Bangladesh -28.67% 31.32% 30.88% -9.62% 56.43% 24.48%
-12.68% 36.56%
Afrique du Sud 21.77% -3.18% 0.15% -2.58%
44.57% 24.20% 7.65%
Inde 4.11% 9.25% 12.70% -5.44% 25.20%
Brésil 39.03% 37.04% 36.93% -7.39%
24.16% -0.96%
Italie 13.92% 13.12% 5.29% -15.44% 10.58% 14.79% -16.74%
Allemagne 7.61% 12.59% 6.83% -9.69% 4.72% 19.66% -13.86%
20.31% 13.45% 6.19%
France 4.69% 13.27% 6.74% -12.27% 3.74%
Chine 5.55% 2.98% -0.27% -9.61%
11.63% -11.21%
17.54%
2005 2006 2007 2008 2009 2010
Cambodge 19.85% 11.33% 10.83% -10.68% 38.80% 17.45% 16.11%
Indonésie -0.48% 11.91% 286.64% -13.76% 49.17% 32.53% -0.33%
Mexique -1.14% -4.36% -2.33% -20.24% 17.99% 15.57% 4.24%
Pakistan 16.87% 9.97% 1.56% -1.69% 59.94% 30.33% -13.81%
73 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Annexe 5: L’évolution des Importations et des exportations des textiles et des vêtements en Albanie et leur part dans
le total des exportations du pays (en Millions ALL)
Source: Institut Albanais de Statistiques (INSTAT)
Annexe 6: Comparaison du coût de
travail dans le secteur de
l’habillement en 2007 (en USD)
Source: World Bank (2009), Building
Competitiveness in Albania: Sector Case
Studies: Apparel and Footwear, Tourism,
Mining, World Bank
Annexe 7: Comparaison du coût de travail dans le secteur de textile et de
l’habillement en 2008 (en Euro/Min)
Source: NetRDA ,
(2012), Etude de
Marché
Allemagne 0,72 Pologne 0,12 – 0,14 Taiwan 0,15
Autriche 0,65 Croatie 0,14 Hong Kong 0,15
Italie (Nord) 0,58 Rép. Cheque 0,12 – 0,14 Colombie 0,12
Italie (Sud) 0,42 Hongrie 0,14 Rép. Dominicaine 0,04 – 0,06
Espagne 0,24 Russie 0,12 Sri Lanka 0,06 – 0,08
Grèce 0,2 Slovaquie 0,08 – 0,1 Inde/Pakistan 0,04 – 0,06
Malte 0,24 Pays Baltiques 0,12 Indonésie/Thaïlande 0,08
Turquie (Istanbul) 0,15 Bosnie 0,08 – 0,09 Mexique 0,06 – 0,08
Turquie (Izmir) 0,10 Roumanie 0,08 – 0,09 Chine (Urbaine) 0,04 – 0,06
Portugal 1,15 – 0,18 Serbie 0,09 – 0,1 Chine (Rurale) 0,03 – 0,04
Russie (Rurale) 0,06 Bangladesh 0,03
Ukraine 0,07 – 0,08 Vietnam 0,03
Albanie 0,06 – 0,07 Laos 0,03
Bulgarie 0,08 – 0,09 Tunisie 0,09 – 0,1
Belarusse 0,06 Maroc 0,09 – 0,1
Macédoine 0,06 – 0,08 Egypte 0,06 – 0,09
15,237.36-150.08 2,471.06 6,137.00 5,878.00 7,308.28 7,759.572,208.43
48,812.57 48,329.07 55,646.39
9,230.50 9,080.18 9,912.67 13,606.83 13,770.99
50,499.61 48,320.96 54,130.06
10,814.20 9,008.50 16,466.70 32,319.81 24,069.61 28,843.02
31,718.00 32,224.00 35,110.88 39,309.61 39,582.07 39,248.8922,010.60 32,839.20 22,614.03 26,634.59 30,885.00 32,720.54
64,106.44 62,091.95 69,367.41Export 3,842.60 5,793.50 7,659.80
Balance Comerciale -1,683.02 -1,372.80 -2,151.10
20101995 1996 1997
45,733.71
30,734.92 35,191.60 37,855.00 38,102.00 42,419.16 47,069.18
-4,163.43 -6,070.42 -5,543.90 -519.38 1,455.58
2011 2012 2013
Import 5,525.62 7,166.30 9,810.90 14,977.63 15,078.92
2004 2005 2006 2007 2008 20091998 1999 2000 2001 2002 20031993 1994
43.36% 46.24%Part dans l'export 30.74% 43.28% 40.94% 49.15% 42.81% 52.94% 66.74% 64.99% 34.45% 32.56% 29.15% 28.15%
50.77% 32.21% 41.18% 96.27% -25.53% 19.83% 6.56% 0.65% 11.33% 10.96% 3.70% 11.72%
65.41% 64.72% 64.59% 60.94% 57.89% 54.80% 48.44%
Evolution en
valeur absolue des
exportations (%)
-16.70% 82.79% 14.50% 7.57% -0.99% 15.14% 15.20% -3.14%
74 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Annexe 8: Indicateurs Macroéconomiques de l’Albanie (en Millions ALL)
Source: ALBANIAN CENTRE FOR COMPETITIVENESS AND INTERNATIONAL TRADE (2012), Albania
2012: Trade Report, ACIT et USAID
Annexe 9: Les Produits
exportés avec le
changement de la valeur
le plus élevé (en Millions
ALL)
Source: ALBANIAN CENTRE
FOR COMPETITIVENESS
AND INTERNATIONAL
TRADE (2012), Albania
2012: Trade Report, ACIT
et USAID
75 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Annexe 10 : L’évolution du nombre des salariés par catégorie
SAM Gj&O L.3 s.r.l Bella Confex SAM Gj&O L.3 s.r.l Bella Confex SAM Gj&O L.3 s.r.l Bella Confex
69 53 37 223 8 4 10 40 3 3 3 12
51 53 0 228 6 4 3 40 3 3 2 12
42 23 0 195 5 4 3 35 3 3 2 10
33 33 57 350 4 4 10 50 3 3 3 15
2007
2008
2009
2010
Production Gestion de production Management
76 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Questionnaire
L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de
l’habillement en Albanie
Nom de l’entreprise :
Adresse :
Téléphone :
Poste électronique :
Nom, Prénom et Position de l’interviewé :
Date de création de l’entreprise :
Toutes les questions suivantes concernent 4 années : 2007, 2008, 2009 et 2010
Composition du capital de l’entreprise :
Quel pourcentage de votre production est issu des commandes des clients :
Quel pourcentage de votre demande est produit par vous-mêmes et quel pourcentage
est sous-traité à d’autres entreprises :
Quel est votre chiffre d’affaire :
77 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Quel pourcentage de votre chiffre d’affaire est issu de l’exportation :
Quel est le rapport entre vos coûts fixes (taxes, energie, salaires etc.) et le chiffre
d’affaire.
Est-ce que vous avez pris des mesures particulières en matière d’expansion de votre
activité pendant la crise ? Et dans le futur ? (augmentation en volume, nouvelle gamme
de produits, investissements en technologie, nouveaux partenaire, nouveaux marchés
(pays), nouveaux filières)
Dans quelle monnaie travaillez vous (Matière première, salaires, taxes, ventes
(contrats)) :
La Demande
Quel est le nombre de contrats signé par an entre la période indiquée :
Quel est le volume (en unités) de ces contrats et son évolution:
Quel est la valeur de ces contrats et son évolution :
Quel est la durée moyenne d’un contrat ? Est-elle automatiquement renouvelable où est
ce que vous devez signer des nouveaux contrats après chaque demande ? Avant et
après la crise
78 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Jugez vous que les contrats sont plutôt stables ? Y a-t-il jamais eu des problèmes de
rupture de contrats ou de violation des conditions de contrats ? Si oui, est ce que la
fréquence de ces problèmes a été plus importante pendant la crise ?
Quel est la concentration en termes de pays d’origine des contrats ? Comment le
nombre des pays avec lesquels vous collaboré en tant que fournisseur a évolué
pendant la crise ?
Comment a évolué cette demande en fonction des pays ?
La capacité de l’entreprise
Quel est votre capacité de production ? (Unité et valeur) (fini et semifini)
Unités Valeur
Fini
Semi-Fini
Quels processus de production sont réalisés par votre entreprise ?
Opération Oui/Non
Tricotassions
Coloration
Coupe
couture
repassage
Etiquetage
Finition
encaissement
Quel est la technologie que vous utilisées ? Avez-vous fait des investissements en
technologie entre 2007 et 2010 ? Utilisés/achètes vous des machineries neufs ou
d’occasion ?
79 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Quel est le délai de production moyen chez votre entreprise ?
Quel est le délai de livraison moyen de votre entreprise ?
Quel est le nombre de salariés (Production, gestion de production, management) :
Etés-vous capable de vous adapter toujours à la demande de clients ? Pendant ces 4
années, y a-t-il eu des situations où vous n’avez pas accepté des demandes à cause du
manque de capacité de production ? La même demande pour les marchés ou les
clients finaux.
A quelle vitesse développez-vous les nouveaux produits et les nouvelles collections ?
Quelle est la taille de votre/vos fabriques ?
Le Personnel (conditions et compétences)
Les competences du personnel:
Très bien Bien Assez bien
Moyen Pas Bien
Productivité
Compétences Technologiques
Capacité à gérer des opérations
complexes
Compétences de gestion
Compétences de production
80 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Les compétences par rapport à la moyenne des concurrents :
Très supérieures
Supérieures Egales Inférieures Très inférieures
Productivité
Compétences Technologiques
Capacité de gérer des
opérations complexes
Compétences de gestion
Compétences de production
Quel est le salaire pour chaque catégorie ? (Production, Gestion de production,
Management)
Quel pourcentage de votre personnel est payé :
Avec un salaire mensuel fixe
Avec un salaire mensuel fixé sur la base d’une norme mensuelle/journalière
Selon les unités produites
Autre mode de rémunération
Quel pourcentage de votre personnel travail à temps partiel ?
Y a-t-il des critères de qualification au moment d’embauche ? Si oui lesquels ?(Collège,
Lycée, Bac+3, Bac+5, Enseignement Professionnel)
81 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Quel est le pourcentage de votre personnel avec un diplôme suivant? (Collège, Lycée,
Licence, Bac+5, Enseignement Professionnel)
Collège
Lycée
Licence Universitaire
Bac+5
Ecole Professionnelle
Offrez vous de la formation à votre personnel ? Si oui s’agit t-il d’une formation faite
par : le personnel de l’entreprise, des spécialistes extérieurs, les clients étrangers, ou
des centres de formation professionnel ? Indiquez le pourcentage du personnel qui a
reçu une formation dans votre entreprise.
Conditions de travail:
Très Bien Bien Assez Bien Moyen Pas Bien
Hygiène
Eclairage
Climatisation
Bâtiment
Quel est le taux de démission annuel entre 2007 et 2010 ?
Quels sont les raisons principales de leur démission :
Raisons Souvent Parfois Rarement Jamais
Meilleure opportunité de carrière
Meilleur rémunération
Meilleures conditions de travail
Paiement irrégulier des salaires
La charge physique et/ou mentale
Quantité importante d’heures supplémentaires
Faible performance
82 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Quel est selon vous le degré de satisfaction de votre personnel :
Très Satisfait Satisfait Assez Satisfait Insatisfait
Production
Gestion de production
Management
La Relation avec les clients et les autres acteurs (fournisseurs, concurrents,
banques)
Quel est votre budget consacré au Marketing en pourcentage du chiffre d’affaire ?
Faites-vous de la publicité ? Si oui où et à quelle fréquence ? Avec vous un site web ?
Peuvent les clients faire des commandes en ligne ? Assistez-vous aux foires
internationales ? Si oui à quelle fréquence ?
Comment décrivez-vous le pouvoir de négociation avez les clients (Très forte, forte,
moyen, faible, très faible).
Achetez-vous des matières premières ? Si oui quel est leur valeur en pourcentage du
chiffre d’affaire ?
Qui sont vos fournisseurs ? (combien, quels pays)
Comment décrivez-vous le pouvoir de négociation avez vos fournisseurs (Très forte,
forte, moyen, faible, très faible).
Comment à évolué, selon vous, le prix des matières premières depuis 2007? (a
augmenté beaucoup, a augmenté, est resté constant, a baissé, a baissé beaucoup).
Comment voyez-vous la concurrence des pays émergents tels que la Chine ou les pays
de la région ? Comment a-t-elle influencé votre activité ? Comment cette influence a
83 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
évolué entre 2007 et 2010 ? Comment décrivez-vous l’impact de cette concurrence :
(échelle de 1 à 5).
Accès au Financement
Avez-vous eu recours au crédit entre 2007 et 2010 ? Pour quel intention
(investissement, liquidité expansion de l’activité) Quel/s était/aient le/s
source/s (proches, crédit informel, banques/institutions financières, crédit fournisseur,
autre). Avez-vous eu des problèmes de paiement des crédits pendant la crise ? Avez-
vous eu des problèmes d’obtention d’un nouveau crédit ? Combien avez-vous voulu
emprunter ? Plus ou moins qu’avant ? A combien de banques avez-vous fait appel ?
Pourquoi a-t-il été refusé ? (manque de garantie, problèmes antérieures de paiement,
croissance faible ou d’autres dette en cours) ?
Comment décrivez-vous en général la performance de votre activité entre 2007 et
2010 ?
Beaucoup Augmenté
Augmenté Constant Diminué Beaucoup Diminué
2007
2008
2009
2010
84 L’impact de la crise économique de 2008 sur l’industrie du textile et de l’habillement en Albanie
Quels sont, selon vous, les facteurs qui ont influencé les plus votre performance ?
Pas du tout d’accord
Pas d’accord
Neutre D’accord Tout à fait d’accord
1 2 3 4 5
a Dévaluation de la monnaie
b Augmentation de l’inflation
c Manque de liquidité
d Baise de la demande étrangère
e Augmentation du prix de l’électricité
f La concurrence de l’import
g Baisse de la demande interieure
i Baisse de la demande au niveau mondial
j Les investissements en technologie
k Hausse du coût de main d’œuvre
l Nouvelles lignes de production
m Accès aux nouveaux marchés
n Les politiques du gouvernement
o Autre ……………………………
Quels sont les mesures que vous avez prises contre la crise économique de 2008 ?
Comment a évolué votre activité entre 2010 et aujourd’hui ?