Le fidèle lecteur dans le palais des glaces de "The dark tower"
Liliane Bodson: ΙΕΡΑ ΖΩΙΑ. Contribution à l'étude de la place de Vanimal dans l'a religion...
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ACADÉMIE ROYALE des sciences, des lettres & des beaux-arts
DE BELGIQUE
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ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE
MÉMOIRES DE LA CLASSE DES LETTRES
Collection in-8° - 2e
série, T. LXID - Fascicule 2 -1978
ΙΕΡΑ ΖΩΙΑ
Contribution à l'étude de la place de l'animal
dans la religion grecque ancienne
par Liliane BODSON
DOCTEUR EN PHILOSOPHIE ET LETTRES
ASSISTANTE λ L'UNTVERSTTB DB LIÈGE
BRUXELLES - PALAIS DES ACADÉMIES
ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE
MÉMOIRES DE LA CLASSE DES LETTRES
Collection in-8°-2€
série, T. LXIII - Fascicule 2- 1978
TEPA ΖΩΙΑ
Contribution à l'étude de la place de l'animal
dans la religion grecque ancienne
par Liliane BODSON
DOCTEUR EN PHILOSOPHIE ET LETTRES
ASSISTANTE λ L'UNIVERSITÉ DB LIÈGE
Impression décidée le 14 avril 1975
BRUXELLES - PALAIS DES ACADÉMIES
Πότνια ΰηρων Amphore béotienne, début du Vile siècle avant J.-C.
Athènes, Musée national. Inv. 5893. Cf. p. 95, n. 23. Cliché Musée national.
Introduction
La séparation de l'homme et de l'animal est un grand fait de religion, et qui se développe encore, mais non sans hésitation et retours, on dirait presque non sans regrets. ... On ne peut épuiser cette immense idée; il suffira d'y toucher par degrés, et avec précaution.
ALAIN
Deux grandes lois naturelles, dont l'apparente antinomie ne peut voiler la fondamentale complémentarité, ont présidé aux relations immémoriales de l'homme et de l'animal : celle de la lutte pour la vie et celle de la solidarité. Entre ces pôles s'inscrit la longue histoire, souvent âpre mais toujours exaltante, de l'humanité à la conquête de son univers et d'elle-même. Placé devant l'impérieuse alternative de progresser ou de périr, l'être humain a trouvé dans les animaux des adversaires qui ont stimulé ses aptitudes et des alliés, voire des complices, qui ont favorisé, parfois à leurs dépens, l'acquisition et le développement de sa puissance. Des uns et des autres, l'homme a fait les bénéficiaires et les victimes de sa science aux bornes perpétuellement reculées.
Dans le temps où i l a tué ou asservi les animaux pour répondre à ses besoins vitaux, il n'a pu s'empêcher de les admirer en les redoutant, de les aimer en les enviant, de les imiter et de les reproduire. C'est ainsi que, dès les commencements, les animaux ont été activement associés à toutes les aspirations humaines : affectives et esthétiques, magiques, religieuses et philosophiques. Il n'est pas surprenant que les dispositions des membres d'une société donnée vis-à-vis des animaux constituent pour sa mentalité un test souverain.
À l'égard de l'animal sauvage qu'il convoitait, le chasseur primitif n'a pas été seulement animé par la volonté de destruction.
VI INTRODUCTION
« L'autre vivant (*) » qu'il découvrait à la fois si proche et si différent de lui (2) est apparu, par le mystère de son comportement, comme le relais primordial, — et d'abord l'incarnation, —- de la force sacrée confusément perçue dans le milieu naturel. Ces sentiments ambivalents où s'entremêlent la terreur et la ruse, la crainte superstitieuse et le désintéressement, ont déterminé, qu'il se l'avouât ou non, l'attitude de l'homme face aux animaux : des vénérations totémiques aux symbolismes médiévaux, des cultes zoolâtriques aux controverses sur la définition de l'animalité.
Encore que ce ne soit pas sans paradoxe, la faiblesse des moyens originels, perpétuée jusqu'à l'avènement de la mécanisation intensive, s'est, à l'épreuve du temps, présentée comme un atout plutôt que comme un désavantage. Car, dans son dénuement, puis dans les limites de son action, l'homme d'autrefois a gardé le sentiment obscur de la mesure et n'a pas compromis l'accord des forces biologiques qui garantit la conservation des forces spirituelles. Quelques dizaines d'années ont doté l'humanité de possibilités aux conséquences insoupçonnées, et l'apprenti-sorcier n'a pas su éviter que son triomphe ne mît en péril, de façon irréversible sinon irrémédiable, un grand nombre de ceux qui avaient été, au cours des millénaires, les agents de son évolution et de ses progrès. Phénomène nouveau dans l'histoire de leur coexistence : l'animal est désormais malade de l'homme (3) qu'il a civilisé (4). Peu de cris d'alarme ont aussi fortement ébranlé la conscience moderne. Celui-ci en effet a restitué à la nostalgie des paradis perdus une actualité d'autant plus intense que la dégradation de l'équilibre naturel est devenue plus générale. En parcourant les « réserves naturelles », qui paraissent être le seul avenir du monde sauvage, face aux enclos des « jardins » zoologiques ou devant les vitrines des musées, l'homme contemporain a ressenti le grave ébranlement de l'assurance qu'il avait tirée, jusque-là, de la conviction de sa supériorité. Le regret lui est venu
P) Cf. G . VAN DER LEEUW, La religion dans son essence el ses manifestations, trad. J. Marty, Paris, 1955, pp. 65-67.
(*) Mais sans mêler à sa réaction mépris ou condescendance. Cf. L . L É V Y -BRUHL, L'âme primitive, nouv. éd., Paris, 1963, pp. 29-55 '· ^.e surnaturel et la nature dans la mentalité primitive, n. éd., Paris, 1963, pp. 83-94.
(*) Cf. Ph. DIOLÉ, Les animaux malades de l'homme, Paris, Flammarion, 1974 ; P. GASCAR, L'homme et l'animal, Paris, Albin Michel, 1974.
(4) Cf. M. ROUSSEAU, L'animal civilisateur de l'homme, Paris, Masson, 1962.
INTRODUCTION VII
de n'avoir pas compris, depuis le temps que le glas a retenti pour tant d'espèces animales, qu'il avait aussi commencé de sonner pour l'espèce humaine.
D'autres ont dit (5) et diront, avec la compétence voulue, comment rétablir les harmonies compromises et sauvegarder ainsi les chances du monde à venir. Les voix les plus autorisées ont déjà, sans concession, indiqué que les mesures de conservation et de salut resteraient vaines tant qu'elles ne seraient pas inspirées par le sentiment retrouvé du rythme profond de la Nature. Il peut n'être pas inutile de relire une fois encore, et de méditer, les enseignements de l'hellénisme qui, sur ce point non plus, n'a pas fini d'être actuel.
* * *
Parmi tant de phénomènes variés et complexes qui témoignent de la religion grecque et permettent d'en saisir, par approches successives, le contenu et l'esprit, la présence des animaux, associés à toutes les manifestations de la piété, aux gestes cultuels, aux mythes et aux traditions qui en rendent compte, s'impose à l'évidence avec autant de force que le polythéisme et une diversité égale à celle des rites et des croyances si fortement individualisés. Les animaux sont au centre du sacrifice et de l'offrande, qui constituent les piliers de la pratique religieuse antique. Mais le plus rapide inventaire des épithètes divines et des appellations des desservants, les récits mythologiques où les dieux tantôt se métamorphosent, tantôt possèdent comme compagnons, messagers, attributs ou symboles, des êtres issus du règne animal, et l'examen, même superficiel, de l'héritage des représentations figurées (e) confirment, avec une profusion quasi infinie, que les animaux ne sont pas, dans la religion grecque, des acteurs moins importants que les hommes et les dieux. Les espèces, les individus et les personnalités divines y détiennent, chacun, un rôle spécifique qui mène à envisager la religion comme
(*) Les avis et les prises de position se multiplient. À titre d'exemple, on lira les avertissements de J . Rostand, K . von Frisch, N . Tinbergen ou K . Lorenz dans leurs différents ouvrages; également le recueil des appels de R. HEIM, L'angoisse de l'an 2000, Paris, 1973.
(·) Statues cultuelles, décorations des temples et des sanctuaires, mais aussi peintures de vases, bronzes, terres cuites, et surtout les symboles monétaires des cités.
VIII INTRODUCTION
la somme des rites et des croyances par lesquels les Grecs ont
conçu les rapports entre les trois grands ordres d'êtres vivants et
ont organisé, dans leur quête du sacré, leurs relations réciproques.
Dès lors, préciser la fonction des animaux dans la religion, qui
n'est étrangère à aucun aspect de l'existence, conduit à découvrir
quelle a été leur place dans la vie tout entière et à apprécier les
ressorts de l'attitude des Grecs à leur égard (').
La religion grecque de l'époque historique est soumise aux
divinités anthropomorphes et l'intuition que les Grecs ont inten
sément éprouvée de la présence sacrée au cœur de la nature s'est
épanouie très tôt dans la certitude qu'une étroite parenté unit
l'homme au dieu (8). La pensée morale et philosophique a surtout
reflété cette assurance qui, toutefois, n'a pas éliminé le sentiment
d'affinités non moins fondamentales et créatrices entre les
hommes et les animaux. Sousjacent dans la plupart des situa
tions religieuses où ces derniers interviennent, i l a été exprimé
sans réserve par les disciples de Pythagore (e), par ceux d'Em
pédocle (10), par Démocrite pour ne mentionner que les
positions les mieux affirmées ( 1 2). Il n'est pas absent de l'hymne
qu'inspire à Sophocle la grandeur de l'être humain, merveille
(') La liaison étroite qui existe entre la religion et les autres aspects de l'exis
tence a été étudiée, en ce qui concerne les sociétés primitives, par LÉVYBRUHL,
cf. cidessus, p. V I , n. 2 ; en outre, P. CHALUS, L'homme et la religion, Paris, 1963,
chap. IIII. Cf. également A . VERGOTK, Psychologie religieuse, Bruxelles, 1966,
pp. 218221.
(·) Cf. Éd. DES PLACES, Syngeneia. La parenté de l'homme avec Dieu, d'Homère
à la patristique, Paris, 1964 ; J . PÉPIN, Idées grecques sur l'homme et sur Dieu,
Paris, 1971, pp. 520.
(·) Cf. SEXT. EMPIR., Adversus Mathem., I X , Γ27128 : ...μή μόνον ημίν προς αλλήλους και προς TOVS &εούς tlval τινα κοινωνίαν, αλλά καί προς το ôAoyo των
ζωων. ... Διόπερ καί κτείνοντες αύτά...άσεβήσομεν ώς συγγενείς άναψοϋντες. (10) EMPÉD., 31 Β 136 Diels'Kranz (cité par SEXT. EMPIR., /./.).
(») DÉMOCR., 68 Β 34 Diels'Kranz : καί ώσπερ εν τ φ παντί όρώμεν τά μεν μόνως άρχοντα οίον τά &εΐα, τά δε καί άρχοντα καί αρχόμενα οίον τά άν&ρώπεια (ταύτα γάρ και άρχονται εκ τών &είων καί άρχουσι τών αλόγων ζψων), τά Si μόνως αρχόμενα ώς τα άλογα ζώα, τόν αύτάν τρόπον κα'ι έν τφ άνΰρώπω μικρώ κόαμω οντι κατά τον Δημόκριτον ταύτα θεωρούνται. Le même philosophe n'hésitait pas à se mettre à
l'école des animaux : cf. 68 B 154 (cité par PLUT., De soll, anim., 20 [Mor.,
974 Α])· Cf. GALIEN, Protrept., 9 Kühn (I, p. 21) : To ST) τών ανθρώπων γένος,ω παι&ες, επικοινωνεί τοίς ΰεοΐς τε καί τοίς άλόγοις ζψοις. (u) Cf. ANAXAG., 59 Β 4 Dielse-Kranz ; les nombreux témoignages produits par
Plutarque dans les débats contradictoires : De sollertia animalium, Bruta anima-lia ratione uii, De esu carnium = Mor., 959 B - 999 B.
I N T R O D U C T I O N IX
entre les merveilles qui peuplent la mer et le ciel et la terre (").
Mais, en dehors de ces témoignages illustres qui pourraient
paraître dictés par des sentiments tout personnels ou par des
spéculations à portée restreinte, la terminologie la plus commune
est ellemême significative d'un état d'esprit identique.
Lorsqu'ils décrivent le peuplement de la terre comme une
entreprise de progrès, les auteurs anciens concentrent l'attention
sur l'homme. Placé par la divinité dans un domaine inorganisé,
i l s'est trouvé vulnérable, en raison de sa faiblesse et de son iso
lement, à tous les éléments extérieurs, d'abord et surtout aux
bêtes sauvages (M), plus rapides, plus endurantes, plus puissantes
que lui (15). Le grec les désigne d'un terme général ( ι β), le sub
stantif ο ι%ηρ et son substitut ionienattique τό fhjpiov, usités dès
l'épopée (1 7). Ils peuvent s'appliquer à toute espèce d'animal (18),
mais principalement aux grands mammifères (>·). Quelle que soit
la classe ou la variété qu'ils concernent, ils en soulignent, le plus
souvent, la bestialité et la férocité.
L'acception du mot τό ζώον, qui est attesté pour la première
fois chez Sémonide (20), est plus large et n'implique pas, comme
('*) SOPH , Ant , 341-352 ; cf. P. Joos, Τύχη, φύοις, τέχνη. Studien zur Thematik frühgriechischer Lebensbetrachtung, Zurich, 1955, pp. 4547·
( u) Cf. notamment CRITIAS, 88 Β 25 Diels'Kranz; PLAT., Prot., 320 C 321 E.
(*») ÉSOPE, 57 Chambry. On notera que, à proprement parler, il n'existe pas,
dans la tradition grecque, de récit de la création des animaux, qui sont toujours
antérieurs à l'apparition de l'homme. La faiblesse de ce dernier a bénéficié de
l'intervention des inventeurs et des protecteurs mythiques Palamède, Prométhée,
etc Cf. P.M. SCHUHL, Essai sur la formation de la pensée grecque', Paris, 1949,
PP 347352.
(»*) Les termes βόσκημα, βοτόν, θρέμμα, κτήνος sont également usités pour désigner les animaux, notamment les animaux domestiques. Ils impliquent des références aux modes d'alimentation et à l'acquisition des têtes de bétail Cf. H. SCHMIDT, Synonymik der griech. Sprache, II (Leipzig, 1878), pp. 432-436. — Sur le sens et l'emploi du mot έρπιτόν : cf. ci-après, p. 71, n. 93.
(") HOM., Γ 449, ξ 2 i , etc. Le terme θηρίον se présente rarement dans le sens
d'un diminutif. En prose, il tend à se substituer au mot 9ijp. Cf. P. CHANTRAINE,
Études sur le vocabulaire grec, Paris, 1956, pp. 6583 ; H . FRISK, Griech. etym.
Wörterbuch, I (Heidelberg, i960), pp. 671672.
(··) Insectes: PLAT., Rép., VIII , 559 D; poissons et animaux aquatiques:
PAUS., IV, 34, 2; reptiles: cf. les traités consacrés aux θηριακά ; voir aussi Apocalypse, 13, 1-3 (idolâtrie): 1118 (fausse sagesse).
(>·) HOM., Ο586, κ 171, 180; HÉSIODE, Trav. et iours, 277; H hom. Aphr (1),
4 ; etc. Cf. le titre de Πότνια θηρών. (") SÉMON , fr. 13 West, fragment d'autant plus intéressant que le poète y
oppose précisément le serpent (έρπετόν) aux autres animaux (ζωίαιν). Pour l'écri
ture ζώον, ζώον, ζώιον également attestée par les inscriptions (p. ex. : I G , 1»,
χ I N T R O D U C T I O N
les vocables précédents, un jugement de valeur. Issu de la même
racine que le verbe ζήν (2 1), i l désigne, selon la définition qu'en
donne Platon (2 2), tout être vivant, quel qu'il soit, qui se trouve avoir
part à la vie. Le champ sémantique qu'il recouvre groupe donc
tous les êtres animés, humains et animaux, par opposition aux
inanimés, minéraux et végétaux (23). Une différenciation s'est
opérée, dans un second temps, au sein d'une aussi large classe.
Comparé à l'homme, l'animal, soumis aux mêmes exigences et
commandé par des instincts voisins, est et demeure un ζώον άλογον (24). Cette carence s'entend à la fois de son incapacité à
communiquer autrement que par des cris inarticulés (2S) et de
son impossibilité de raisonner ( 2 e). Ni l'une ni l'autre n'ont cepen
dant effacé l'idée, — enracinée dans le plus lointain passé de la
pensée humaine (2 7), — de «l'homogénéité d'essence » qui appa
rente entre eux tous les êtres vivants. Cette conviction n'est pas
restée indépendante de celle qui a rapproché, aux yeux des Grecs,
les hommes des dieux, mais, étant davantage liée à la réalité
matérielle et sensible, elle s'est plus vigoureusement exprimée
dans les gestes religieux et dans les croyances qui s'y rapportent.
Même esquissé de manière aussi générale, le problème se distingue
par son ampleur, car l'extrême diversité des pratiques, qui est
372, 42 [409/8]) : HÉRODiEN, s.v. ζώον Lentz (Grammatici Graeci, III, 2, p. 516) ; Etym. magn., 413, 14-29; [ZONARAS], Lex., col. 966-967 Tittmann. Cf. E . SCHWYZER, Gramm, der griech. Sprache, I, p. 202 et η. ι.
(AL) H . FRISK, 0./., pp. 618-619; P- CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue
grecque, II (Paris, 1970), pp. 402-403. Sur la valeur du suffixe : P. CHANTRAINE,
Formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, pp. 15-16.
(N
) PLAT., Timée, 77 Β : πάν ... ότιπερ àv μετάσχω τοΰ ζην, ζώον μέν âv èv
δίκη λέγοιτο. Cf. Ménex., 237 Ο : ή πάσα γη •·. έφν€ ζώα παντοδαπά, θηρία re καί βοτά. (23) Cf., par exemple, PLAT., Phédon, 70 D ; Soph., 233 E, 265 C ; Rép., VII ,
532 B ; etc. (") DÉMOCR., 68 B 34 Diels'-Kranz ; PLAT., Prot., 321 B ; XÉN., Hiéron, 7, 3 ;
etc. (25) Le chant des oiseaux atteignant cependant, par son harmonie, la perfection
capable de toucher les dieux eux-mêmes : cf. ARISTOPH., Ois., 209-222. (ae) La question de discerner dans le comportement des animaux les conduites
instinctives, les réflexes, les attitudes apparentées à une certaine forme d'intelligence n'est pas, aujourd'hui, entièrement résolue. Elle a donné matière à des débats parfois passionnés de la part des biologistes, des psychologues, des philosophes. Cf., sur ces problèmes complexes, l'utile synthèse de J.-Cl. RUWET, Ethologie. Biologie du comportement, Bruxelles, 1969. — PLUTARQUE, notamment dans le traité De sollertia animalium, a abordé le sujet (cf. 2 [Mor., 960 A] ; 4 [Mor., 962 A]).
(*') Cf. L . LÊVY-BRUHL, L'âme primitive, pp. 29-55, notamment p. 31.
INTRODUCTION XI
le propre de la religion grecque, est doublée par une autre diversité, celle des espèces et des variétés d'animaux. Marqués par leur statut d'êtres vivants et empreints de vertus spécifiques, ils ont été intégrés par les Grecs à la totalité des Upâ.
Les témoignages utiles sont répandus à travers toute la tradition antique, depuis les indices préhistoriques et les documents des civilisations minoenne et mycénienne jusqu'aux poèmes tardifs et aux observations des premiers auteurs chrétiens. Chaque période, chaque milieu, chaque genre littéraire apporte sa moisson d'informations qui finissent, malgré les lacunes et les disparates, par offrir une vision suffisamment unie de la religion grecque et de la place que l'animal y a détenue. Sur ce sujet précis, les textes homériques, point d'aboutissement et de départ à la fois, sont une source capitale. Homère ne s'intéresse pas ou peu à l'animal comme tel, — son attention se porte tout entière sur le monde des héros et sur celui, parallèle, des dieux, — mais il atteste que, du point de vue religieux, les animaux remplissent déjà toutes les fonctions qui continueront d'être les leurs dans le sacrifice et l'offrande, dans la terminologie sacrée et dans la mythologie (28).
L'enquête a porté sur ce vaste champ d'investigation et s'est fixé un double objectif dont les tenants et les aboutissants présentent d'évidentes corrélations : caractériser dans sa diversité l'office des animaux, acteurs à part entière de la religion grecque ; définir et interpréter la place spécifique de l'animal dans les gestes rituels et dans les conceptions qui, de près ou de loin, leur sont liées.
Le domaine plus large encore où se sont élaborées et développées les fonctions diverses, générales ou particulières, que les animaux ont assumées pour les Grecs est encore peu exploré. Le nombre des espèces qui le parcourent et la pluralité des sphères dans lesquelles elles ont été appelées à intervenir, — des conduites alimentaires à la magie, des progrès techniques à la réflexion des
(") Cf. H . KAHN , Tier und Mensch in der homerischen Auffassung der Wirklichkeit, dans Paideuma, 5 (i953->954>. PP- 277-297. 43°"48o ; Tier tn der homerischen Dichtung, dans Studium generale, 20 (1967), pp. 90-105 ; R. HAMPE, Die Gliederung Homers und die Bildkunst semer Zeit, Tubingen, 1952, pp. 30-35. — H. GOSSEN (Die Tiere bei den griech. Lyrikern, dans Sudhoffs Archiv, 30 f1968], pp. 321-351) a inventorié les allusions des poètes lyriques aux animaux. La part de la religion est ici, en raison même de la nature du genre littéraire, plus réduite.
XII INTRODUCTION
philosophes sur l'animalité, des conditions socioéconomiques à
l'observation des naturalistes, — suffisent à indiquer, dès l'abord,
qu'elles englobent tous les aspects, tous les moments de la civi
lisation grecque. D'autre part, un même animal introduit, avec
le cortège d'images, de représentations et de valeurs symboliques
qu'il véhiculait, dans des situations aussi diversifiées a pu favo
riser, de l'une à l'autre, une interpénétration qui ajoute encore à
la complexité des faits. À la limite, i l a contrecarré ou, du moins,
freiné certains efforts de la pensée grecque pour fixer les frontières
entre les voies qui s'ouvraient progressivement à sa réflexion (2e).
Lorsqu'on se place sur le terrain de la religion qui, de nature,
ne reste étrangère à aucune des composantes de la vie (30), la
dépendance réciproque s'impose sans arrêt car les enchaî
nements entre des éléments qui, bien souvent, ne sont hétérogènes
qu'en apparence, sont continuels. L'étude qui viserait à les traiter
tous de front ne manquerait pas d'attrait, mais, dans la pratique,
elle se révélerait rapidement irréalisable tant la matière est abon
dante et riche. Quant aux fruits que pourraient porter les recher
ches qui s'attacheraient à des facettes bien circonscrites de
ces phénomènes, ils sont prometteurs (31). Toutefois, en l'absence
d'une investigation préliminaire, ils risqueraient d'être, sinon
compromis ou moins féconds, en tout cas retardés.
Pour répondre à la double préoccupation qui a été définie ci
dessus et fournir par là la base appropriée aux travaux ulté
rieurs, une revue minutieuse et critique des sources a été indis
pensable. Elle a permis d'extraire de la masse prodigieuse des
(*·) Cf. P.M. SCHUHL, Essai sur la formation de la pensée grecque', Paris, 1949,
notamment pp. 307382 : V . Science, sophistique et philosophie ; O. GIGON,
Les grands problèmes de la philosophie antique, trad. M. Lefèvre, Paris, 1961,
pp. 156162, 232233.
(30) Cf. références produites cidessus, p. VIII, n. 7.
(") Pour certaines espèces plus que pour d'autres, à l'étude desquelles il
serait possible d'appliquer, en les adaptant, les principes méthodologiques qu'ont
mis en œuvre J.P. VERNANT et M. DÉTIENNE dans leurs différents travaux
consacrés à la μήτις, maintenant réunis en un volume sous le titre Les ruses de l'intelligence. La métis des Grecs, Paris, 1974. Cf. leur Introduction, pp. 8-13 et, pp. 176-200, leur analyse de certaines fonctions du cheval en liaison avec Athéna et avec Poseidon. Toutefois, en raison de la nature même des informations et de leur appartenance à des domaines très divers, voire opposés entre eux, de telles recherches relèvent moins d'enquête sur la religion grecque que d'études à caractère sociologique ou anthropologique. Voir, à titre d'exemple, M. DÉTIENNE, Le phoque, le crabe et le forgeron, dans Mélanges Marie Delcourt, Bruxelles, 1970, pp. 219-233.
INTRODUCTION XIII
données les notions qui se sont révélées, à l'analyse (32), nécessaires et suffisantes pour cerner chaque type de situation avec la clarté requise et faire apparaître, sous la disparité des faits inhérente à la religion grecque, leur cohésion constitutive.
Un cadre à la fois déterminé et souple, qui fût à même de respecter le complexité des phénomènes proprement religieux, tout en permettant de mettre en lumière les composantes zoologiques, était utile. Il a été procuré par la classification des espèces, dont Aristote lui-même a établi les structures fondamentales (33). De cette manière, qu'il appartienne à des manifestations panhelléniques ou qu'il soit isolé dans un rituel local, chaque animal, identifié aussi précisément qu'il est possible (34), n'est jamais séparé du contexte naturel duquel il procède toujours en dernier ressort. Les perspectives zoologique et religieuse ne peuvent certes être confondues, mais elles n'émanent pas moins, en tout cas à l'origine, d'une même et unique expérience. Les connaissances qu'ils ont systématisées dans la science des animaux, les Grecs les ont d'abord acquises sous l'impulsion des sentiments religieux qui les animaient (36). Toutes les données n'offrent pas, tant s'en faut, un apport égal pour pénétrer la nature de la relation qui s'est établie, par les animaux, entre les hommes et les dieux. Lorsqu'elles concernent les gestes du culte, — offrandes, sacrifices, consécrations diverses, — elles font connaître la part
(»») Régie, à tout instant, par l'avertissement qu'a, notamment, formulé M . ELIADE, (Traité d'histoire des religions, Paris, 1949, p. 169) : « Le risque de toute analyse est de fragmenter et de pulvériser en éléments séparés ce qui, pour la conscience qui les a représentés, composait une seule unité, un Cosmos. »
(") L. BOURGEV, Observation et expérience chez Aristote, Paris, 1955, pp. 128-142 ; cf. M . MANQUÂT, Aristote naturaliste, Paris, 1932, pp. 103-116.
(") Les incertitudes en cette matière ne tiennent pas seulement aux imprécisions du vocabulaire grec ou aux allusions à des espèces qui n'ont pu être identifiées. Les hésitations, progressivement éliminées, de la zoologie systématique ne peuvent être méconnues. Cf. le point de la question établi par Andrée TÉTRY, Généralités sur le règne animal, dans Zoologie, I (Paris, 1963). PP- 16-22 ; ci-après p. 169, index 1.
(**) Cf. F . M . HEICHELHEIM - Th. ELLIOTT, Das Tier tn der Vorstellungswelt der Griechen, dans Studium generale, 20 (1967), pp. 85-89. Quelques remarques utiles pour préciser la place de l'animal entre le sacré et le profane, les dieux et les hommes, etc. : L. MOREL, Essai sur la métaphore dans la langue grecque. Les noms d'animaux pris métaphoriquement, Genève, 1879, pp. 63-123 ; J . AYMARD, L'animal et les vertus romaines, dans Mélanges L. Herrmann, Bruxelles, i960, pp. 118-123 i M - RUCH. Virgile et le monde des animaux, dans Vergiliana Recherches sur Virgile, Leyde, 1971. PP- 322-327 ( t r è s général)
XIV INTRODUCTION
importante que les animaux ont prise au fonctionnement de la
religion pour répondre, de manière très pragmatique, aux néces
sités et aux besoins individuels et collectifs. Quand elles ont trait
aux appellations sacrées, — épiclèses et épithètes dérivées pour
les dieux, noms d'animaux pour les hommes, — ou qu'elles
éclairent les circonstances exceptionnelles de l'épiphanie des uns
et des métamorphoses des autres, avec les interprétations que les
Grecs en ont proposées, elles conduisent à dépasser les actes pour
en découvrir les motivations profondes et atteindre, par là,
jusqu'aux mécanismes affectifs et spirituels qui ont doté la
religion hellénique de sa substance propre.
Les monographies modernes sur telle ou telle espèce ont été
d'irremplaçables outils, de même que les dictionnaires consacrés à
certaines classes d'animaux. D'autre part, les grands travaux qui
ont été voués à la religion grecque n'ont pas été moins précieux
car, même s'ils ne l'ont envisagé que de façon secondaire ou
globale, selon leurs buts particuliers, tous contiennent sur le rôle
de l'animal des observations profitables. L'application à la
religion grecque des théories relatives au totémisme et au féti
chisme, florissante encore dans les premières décennies de ce
siècle, a fait l'objet, depuis longtemps déjà, d'amendements et
des nécessaires mises au point (3e). Il n'en est pas moins vrai que
la zoolâtrie et le zoomorphisme (37) transparaissent, sans solution
de continuité, dans les rites et les diverses manifestations du
sacré (38). Mais, — et c'est la richesse de la religion grecque et sa
plus cruciale difficulté, — les gestes en apparence les plus pri
mitifs, les pratiques les plus frustes ne sont jamais que les moyens
mis par la tradition à la disposition des individus et des com
munautés des diverses époques pour traduire et représenter leur
(3') Dans les travaux et les contributions de A. J . FESTUGIÊRE, Éd. DES
PLACES, P . M. SCHUHL, R. PETTAZZONI, L . SÉCHAN, P. LÉVÊQUE . Cf. M. P.
NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 (Munich, 1967), pp. 4453.
(3') Le terme thêriomorphisme, qui n'est pas reçu dans les dictionnaires
français, est une transposition du mot Theriomorphismus, usité dans la termino
logie allemande. En raison de la signification première du substantif θήρ-θηρίον (cf. ci-dessus, p. I X , n. 17), on lui préférera le mot zoomorphisme. Cf. P. ROBERT,
Diet, alphab. et analog, de la langue française, VI , s.v. Le grec tardif a connu les épi
thètes ζφόμορφος (PLUT., Numa, 8, 13) et θηριόμορφος (PROCLOS, Ptol., 278, 28 ; 282, 26 Allatius; EUSTATHE, 1139, 57 [ad HOM., Σ 219]).
(3S) Cf., à ce sujet, les justes observations de Marie DELCOURT, Œdipe ou la légende du conquérant, Paris, 1964, pp. 236-239.
INTRODUCTION XV
conviction religieuse personnelle. Celleci peut aller, selon les
personnes et les moments, de la superstition la plus grossière à la
spiritualité la plus élevée. Entre ces extrêmes, toutes les positions
sont possibles. La liberté des consciences, mal servie par l'état
fragmentaire de la documentation, empêche de les discerner
toujours immédiatement et la pluralité des choix ne peut être
méconnue à aucun des stades de la synthèse, car, s'il est essentiel
d'élever la recherche audessus des circonstances accidentelles, il
importe qu'elle rende compte, à chaque étape, de « la souplesse et
de la plasticité » des faits (39).
Socrate, au témoignage de Xénophon, condamnait ceux de ses
contemporains qui vénéraient les pierres, les arbres et les animaux
comme des dieux (40). Ce jugement donne une juste image de la
situation. Il implique en effet l'existence, au V e siècle avant J . C,
de pratiques analogues à celles qui ont été observées dans les
peuples dits primitifs et, notamment, de rites zoolâtriques au sens
le plus matériel du terme. Il indique tout autant qu'aux mêmes
gestes (41) de nombreux Grecs attribuaient une signification dif
férente (42). La ressemblance, voire l'identité entre les faits
constituent rarement le signe d'une analogie ou d'une correspon
dance entre les conceptions et les croyances. La Grèce, héritière
du patrimoine méditerranéen et engagée à accomplir, par les
animaux, des gestes millénaires, a su développer une attitude qui
la distingue.
Au carrefour où se sont croisés tous les êtres vivants, — dieux,
hommes et animaux, — et les aspirations qui s'expriment dans la
superstition, la religion et la philosophie, l'animal est demeuré
présent. Sa fonction spécifiquement religieuse n'est plus acces
sible qu'à travers les affleurements de la tradition, qui continuent
(·») Cf. A. BRELICH, Prolégomènes à l'Histoire des Religions, publiée sous la
direction d'H.Ch. PUECH, I (Paris, 1970), p. 33.
{*') XÉN., Mém., I, I, 14 : Τών τε γαρ μαινόμενων .. TOUS &ε κα'ι λίθους κα'ι ξύλα τα τυχόντα καί θηρία σεβεσθαι.
(") Socrate souscrivant aux mêmes gestes de piété que ses contemporains (cf. le sacrifice du coq à Asclépios : PLAT., Phédon, 118 A ; la vénération des Nymphes : PLAT., Phèdre, 230 B-C), tout en étant conscient de leur attribuer une autre signification qu'eux : Euthyphron, 6 A.
(«·) Le jugement des historiens, géographes, etc., sur les pratiques religieuses des peuples étrangers, notamment des Égyptiens, est, à cet égard, des plus éclairants : étonnement ou mépris. Cf. HOT., II, 38-42 ; 45-48 ; 66-69 ; 71-76, DIOD. SIC. I, 83-90, PLUT.. ISIS et Osms, 70-75 {Mor., 379 A-382 A). Cf. J . HANI, La religion égyptienne dans la pensée de Plutarque, Paris, 1976, pp. 381-439.
XVI INTRODUCTION
néamoins à faire connaître quelques-unes des facettes de ce phénomène inépuisable. Tout limités et imparfaits qu'ils soient, ils permettent de saisir, dans sa réalité vivante, la religion des Grecs et, par l'intermédiaire de ceux qui n'étaient pas encore devenus les « frères inférieurs », de pénétrer jusqu'à leur âme.
Multum adhuc restât operis multumque restabit, nec ulli nato post mille saecula praecludetur occasio aliquid adhuc adiciendi (SÉNÈQUE, Lettres, VII, 64, 7).
* * *
Ma gratitude est acquise à tous ceux qui m'ont préparée à aborder ce travail et m'ont encouragée pendant que je l'exécutais.
M. J . Labarbe, doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège, qui en a été l'instigateur, n'a cessé de manifester à ma recherche son intérêt et sa bienveillance. À chacune de ses étapes, i l l'a fait bénéficier, avec une égale affabilité, de ses avis éclairés et de ses conseils toujours judicieux. Qu'il veuille bien trouver ici l'expression de ma plus profonde reconnaissance.
Je tiens à remercier aussi M. J . Servais, professeur à l 'Université de Liège : par son aimable compétence, i l a favorisé les premiers développements de cette étude à laquelle il a, dans la suite, constamment accordé son attention.
MM. M. De Corte, L. Lacroix, M. Renard, Ch. Fontinoy, professeurs à l'Université de Liège, et M. P. Lévêque, professeur à l'Université de Besançon, m'ont communiqué, avec autant de générosité que de bonne grâce, leurs remarques et leurs suggestions. Je leur sais gré de leur obligeance et de leur appui.
De chaleureux remerciements vont à M. A. Motte, chargé de cours, qui m'a fait partager sa fine connaissance des choses de la religion grecque, sans jamais limiter son accueil amical, ainsi qu'à M m e O. Bouquiaux-Simon, M. R. Cavenaile, M. et M m e J . Loicq-Berger, M. P. Wathelet, mes collègues, pour la stimulante sympathie qu'ils m'ont témoignée.
U m'est agréable de remercier, en tant que membres de la Commission désignée par la Classe des Lettres de l'Académie royale de Belgique pour examiner le manuscrit, M l i e Cl. Préaux, professeur émérite de l'Université libre de Bruxelles, MM. J . Labarbe et L. Lacroix, déjà cités. Chacun d'eux a contribué,
INTRODUCTION XVII
par les observations qu'il a eu l'amabilité de me transmettre, à rendre ce travail un peu moins imparfait.
Ma reconnaissance va aussi à l'Académie royale de Belgique qui a résolu, après avoir couronné le mémoire, de l'imprimer dans sa Collection, — tâche à laquelle les Éditions Duculot ont apporté, je leur en sais gré, leurs meilleurs soins.
Pour répondre à un vœu unanime des Commissaires de lecture, j 'ai été amenée à accroître le nombre des documents illustrés. Ils n'ont pu être réunis sans délai que grâce à la libérale compréhension de M m e H . Gropengiesser (Heidelberg), et de MM. A. Économidès (Athènes), P. R. Franke (Saarbruck), J . Frei (Malibu, Californie), G.J. Jenkins (Londres), G. Le Rider (Paris), D. Lou-catos (Athènes), A .D. Trendall (Bundoora, Australie). À ces correspondants dont la serviabilité ne m'a jamais fait défaut, j'adresse mes plus vifs remerciements.
Enfin, je ne puis assez dire le réconfort et le soutien que j 'ai , en toute circonstance, trouvés auprès des membres de ma famille dont l'inlassable efficacité a permis que mon entreprise connaisse son terme.
Octobre 1974 - Mai 1975.
Orientation bibliographique
Une liste exhaustive des ouvrages et des articles cités ne se justifie
guère en dehors d'un index bibliographique, car leur mention détachée
du contexte particulier dans lequel ils ont été exploités et du problème
précis qu'ils ont permis de résoudre aboutirait à une nomenclature que
sa surabondance même rendrait peu utile.
Outre les instruments généraux relatifs à la religion grecque, qui ont
été produits dans le corps des notes, ne sont reprises ici que les références
aux travaux et aux études qui concernent les animaux ou qui renvoient
à des questions qui leur sont directement afférentes.
Les abréviations sont celles de L'Année philologique.
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Les insectes
Comparée aux autres branches des sciences naturelles, l'ento
mologie n'a connu son véritable essor qu'à une époque relative
ment avancée. Outre l'attrait qu'ont exercé les classes d'animaux
plus évolués, les difficultés inhérentes à l'examen d'êtres minus
cules, aussi diversifiés que les insectes, ont été, en ordre principal,
causes d'un retard aujourd'hui compensé ('). Comme dans les
autres domaines, Aristote a transmis en cette matière un
héritage qui a contribué au progrès du savoir, pour une part
non négligeable (2).
En Grèce, où le climat méditerranéen a favorisé le dévelop
pement et l'existence de nombreuses espèces, les unes nuisibles,
les autres utiles, l'observation empirique s'est très tôt répandue,
stimulée par l'action décisive que les insectes supérieurs comme
les parasites agaçants ont exercée sur l'existence de l'homme
de l'Antiquité : les premiers, — telles les abeilles, — ont par leur
absence ou leur disparition, rendu la vie plus difficile (3), les
autres, — poux (4), puces (6) ou punaises («), — par leur présence,
(>) Pour une orientation sur l'histoire de l'entomologie : L . BERLAND, Les
insectes et l'homme, Paris, 1942 ; plus récemment, les diverses contributions de
L . CHOPARD, Ch. NOIROT, A. VILLIERS, Cécile PLATEAUXQUENU , Andrée
TÉTRY , etc., dans Zoologie, 111 (Encyclopédie de la Pléiade), Paris, 1963.
(«) Notations éparses dans les divers traités de sciences zoologiques, chapitres
essentiels dans Histoire des animaux, IX, 3843. Cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt,
II (1913), pp 395479 Sur l'hommage des naturalistes à Aristote, cf., en dernier
lieu, S. BYL, Le jugement de Darwin sur Artstote, dans L'Ant. class., 42 (1973).
pp. 519521
l») Puisque l'abeille a été le principal et, pendant longtemps, le seul fournis
seur de substance sucrée. Cf. ciaprès, p. 2225.
(·) ARCHILOQUE, fr. 223 Tarditi : φ&αρσΊ μοχ^ιζοκτα. Cf. le proverbe Προς φ&ιίρα κΰραο&αι την π*ν»ιμον χουράν, cité par PHOTIOS, Lex., s.v. Naber (II,
p. 114), d'après EUBOULOS, fr. 32 Kock (C.A.F., II, p. 175) ; le rôle des poux dans
la prise de Tarente par Phalanthos (PAUS., Χ , ίο, 7). Sur les principales espèces et les ravages de la phthiriase : III.; COSSEN, art. Laus (2), dans R.-E., XII , I (1924), col. 1030-1039.
(») À titre d'exemple, cf. les réflexions échangées par Strepsiade et le disciple de Socrate dans les Nuées, 144-152. Comparer XÉN., Banquet, 6, 8.
(«) ARISTOPH., Gren., 115 : Dionysos, en route pour les Enfers, s'informe d'une
10 LES INSECTES
l'ont rendue intenable ('). Les connaissances accumulées de la sorte sur les mœurs et le comportement des variétés les plus communes n'ont pas seulement procuré à l'investigation systématique quantité d'informations, — à charge pour elle de les vérifier. Elles ont d'abord entraîné des réactions multiples, fécondes, selon les cas, dans l'organisation de la prophylaxie, dans la symbolique, dans la réflexion mythopoétique. Chacune de ces perspectives a, tôt ou tard, abouti à la religion.
A. Les insectes nuisibles
C'est à l'aide de fumigations et d'aspersions (8) que les Grecs ont combattu les représentants les plus répandus de cette catégorie: les mouches (9). Les deux procédés, excellents en principe, auraient pu donner des résultats satisfaisants si les moyens matériels et techniques, — toxicité des substances, fréquence des traitements (10), — avaient été en mesure de décimer des hôtes aussi importuns que redoutables ( u). Le plus souvent, dans une lutte malaisée et inégale, l'insecte l'a emporté. Toutefois, lorsqu'il arrivait aux foules assemblées de pratiquer sacrifices et hécatombes par les fortes chaleurs de l'été, — c'était notamment
halte όπου κόρας öAiyioTot ; Nuées, 634, 725 : jeu de mots et comparaison entre les
κόριις et les Κορίνθιοι. (') Référ. cidessus, p. 9, notes 46. Cf. E. SÉGUY, Les insectes parasites de
l'homme et des animaux domestiques, Paris, 1924 ; L . BERLAND, o.l. ; Fr. LOEHR
VOM WACHENDORF, L'homme et ses fléaux, trad. franç. G. Meister, Paris, 1954.
(9) Les indications, relativement peu nombreuses, sont très éparses, des
traités d'Aristote aux Geoponica, XI I I , 12 ; X V I I , n . Elles ont été réunies par
M . WELLMANN , art. Fliege, dans R.E., VI , 2 (1909), col. 27462747.
(*) Généralités sur la mouche : outre WELLMANN, l.l., O. KELLER, o.l., II,
pp. 447454. Étymologie : J . A. CRAMER, Anecd. Oxon., 1, pp. 272273 ; cf.
H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 265266. — LUCIEN (Éloge de la
mouche, 12) énumère et caractérise les espèces les plus communes.
(10) Encore que, en la matière, les remèdes ne soient souverains qu'en appa
rence et se révèlent souvent, à long terme, les véritables ennemis de l'équilibre
naturel.
( u) Les descriptions réalistes que les poètes, notamment ESCH., Prom., 674
676 ; Suppl., 306308, ont données du supplice d'Io, harcelée par le taon (μύωφ ou οίστρος), sont fondées sur des observations précises. On peut en rapprocher
celles que SARTRE accumule dans son interprétation du mythe d'Électre. Cf., par
exemple, Les Mouches, acte II, tableau 2, scène 8. — Sur le rôle du taon dans le
cycle légendaire d'Io : cf. Ch. JOSSERAND, ΙΟ et le taon, dans L'Ant. class., 6
(1937). ΡΡ· 259263.
L E S I N S E C T E S I I
le cas lors des concours olympiques (12), — les mouches écloses par myriades harcelaient hommes et bêtes, au point de compromettre le déroulement des cérémonies ( I3). En de telles circonstances, seule l'intervention d'une puissance supérieure pouvait assurer quelque soulagement: un bovidé était sacrifié à la divinité locale, lors d'une manifestation préliminaire à l'ouverture des festivités proprement dites, en échange de quoi les participants obtenaient d'être, pour la durée de la célébration, délivrés des mouches.
Transposée en termes de prophylaxie et de prévention, cette opération préalable pouvait effectivement fixer et retenir loin des athlètes et des spectateurs un nombre important des insectes exécrés, puisque les diverses parties de la victime et son sang répandu constituaient autant d'attrape-mouches.
L'exemple le plus volontiers cité, par les Grecs eux-mêmes, est celui d'Olympie où Zeus était alors invoqué sous le vocable expressif Άπόμυως (14), Μύιαγρος (15) ou Μυιώδης ( 1 6)· Le mérite
de cette précaution efficace était attribué à Héraclès, soit qu'il
l'eût inventée, soit qu'il eût remis en vigueur un usage ancien,
(>") Fête pentétérique, dont la date, mobile, se situait entre la fin du mois de
juillet et le commencement de septembre. Cf. L ZIEHEN, art. Olympia, dans
R.E., X V I I I , ι (1930), col. 13 ; M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion,
I», p. 646.
(") La situation observée dans le sanctuaire d'Aphrodite à Paphos semblait
tenir du miracle: ANDRON D'ALEXANDRIE, fr. 16 Müller (F.H.G., Π, p. 352),
cité par APOLLONIOS, Hist, extr., 8 Giannini : καθάπερ ούδέ iv Πάφψ περί τα θυρωματα τά τής Αφροδίτης μνία έφιπταμενη.
('*) PAUS., V, 14, Ι : Φασι ht Ήρακλεΐ τω Αλκμήνης θΰοντι {ν "Ολυμπία 8ι' όχλου μάλιστα γενέσθαι τάς μυίας- εξευρόντα οΰν αύτάν ή κα'ι ύπ' άλλου διδαχθέντα Άπομυίψ θΰσαι Δι'ι, κα'ι ούτως άττοτραπίραι τάς μυίας πέραν τοΰ 'Αλφειού. Λέγονται δε κατά ταύτα και 'Ηλείοι θύειν τω Άπομυίψ Διί, έζελαύνοντες τής •Ολυμπίας τάς μυίας. Cf. EusT., 1454. *5-26 (ad HOM., y 8) ; Etym. magn., 131. 23-24. À deux reprises, ÉLIEN (N.A., V, 17 ; X I . 8) évoque le rite, mais sans
désigner nommément la divinité concernée.
(") PLINE L'ANCIEN, H.N., X , 75 : Elei Myiagrum deum muscarum multttu
dîne pestilenham adferente, quae protmus tntereunt quam litatum est et deo.
('*) Ibid., X X I X , 106 Nullum animal (sc musea) »Minus docile existimatur
minorisue intellectus ; eo mirabtlius est Olympiae sacro certamine nubes earum
immolate tauro deo quem M y tod en vocant, extra territorium id abtre. L'épiclèse
Μνιώδης translittérée par Pline n'est pas attestée ailleurs. Sur ce type de formation dont on possède de nombreux exemples E. SCHWYZER, Grammatik der griech. Sprache, I, pp. 4 1 8 . 2 ; 426 ; 455
12 LES INSECTES
lorsqu'il perfectionna l'organisation du sanctuaire éléen (17).
Des procédures analogues sont encore attestées en d'autres lieux :
à Aliphéra (18), avant la panégyrie en l'honneur d'une déesse
qui pourrait être Athéna (19) ; à Leucade, au sanctuaire renommé
d'Apollon "Ακτιος, au moment du grand rassemblement au cours duquel avait lieu le καταποντισμός ( 2 0 ) .
Dans la tradition relative à Olympie, une variante apparaît
à propos de l'épiclèse du dieu. Dans les deux autres cas, l'hési
tation concerne la personnalité de celui auquel la προθυσία doit être offerte. Tandis qu'à Aliphéra, il s'agit de Μύ(ήαγρος, un hérosfonction qui n'est pas autrement connu, à Leucade c'est
aux mouches ellesmêmes que la victime était destinée. L'indi
cation est donnée à deux reprises : dans une citation d'Héraclide
Pontique, que produit Clément d'Alexandrie (21), et dans un
chapitre d'Élien, dont la source ne peut être précisée.
L'auteur du Protreptique agit souvent en polémiste, Élien est
crédule (22). Compte tenu de cette double particularité de nos
(") Cf., p. ι ι , n. 14. De la mention de Pausanias on rapproche quelquefois
PLUTARQUE, QU. Rom., 90 (Mor., 285 ΕF), qui n'éclaire pas directement le pro
blème. Sur le rôle d'Héraclès à Olympie: [O.] GRUPPE, art. Herakles, dans R.E.,
Suppl. III (1918), col. 916918. Cf. L. ZIEHEN, art. Olympia, dans R.E., X V I I , 2
(1937). c o 1 2 5 2 0
: X V I I I , ι (1939), col. 6566.
(I8) Le site a été identifié, il a fait l'objet de diverses campagnes de fouilles,
menées, en dernier lieu, par Orlandos. Cf. [O.] HIRSCHFELD, art. Aliphéra, dans
R.E., I, 2 (1895), col. 1494.
(LE
) PAUS., VIII , 26, 7 : "Αγονοι Sè και πανήγυριν οτω οή θεών, &οκώ Sè σφάς άγειν τή Αθηνά" εν ταύτη τή πανηγΰρει Μυάγρψ προθύουαιν, επευχάμενοί τε κατά τών ιερειών τώ ήρωι, κα'ι επικαλομυενοι τόν Μναγρον. Καί σφισι ταύτα Spàaaotv ovSèv
ετι άνιαρόν était» at μυΐαι. L'humaniste Musurus a corrigé Μύαγρος en Μυίαγρος. Sur la formation de tels composés et l'élision de voyelles en pareils cas : H .
FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 265266. La Souda (M 1364 Adler)
donne cette glose Μυίαγρος' d μυιοθήρας, qui est volontiers mise en rapport avec une scholie à NICANDRE, Thr., 490, relative au serpent ελοφ prédateur des
petits rongeurs et appelé, pour cette raison μΰαγρος, μυοθήρας. En ce qui concerne le héros arcadien, le contexte même exclut toute confusion. La correction propo
sée ne semble donc pas indispensable.
(20
) ÉLIEN, N.A., X I , 8 : Οΰκοΰν rijs πανηγνρεως επώημείν μελλούσης, καθ* ήν κα'ι τό πή5ημα πηΒώσι τώ θεώ, θΰουσι βοΰν ταΐς μυίαις, αί Sè εμπλησθεΐσαι τοΰ αίματος αφανίζονται.
(") HÉRACL. PONT., fr. 153 Wehrli 2, cité dans le Protreptique, II, 39, 8 : φησίν, ενθα τό " AKT ιόν εστί άκρωτήριον κα'ι τοΰ Απόλλωνος τον 'Ακτίου τό ιερόν, ταίς μυίαις προθνεσθαι βοΰν.
(22) 11 faut lire, dans la fin du chapitre cité cidessus (n. 20), la comparaison
qu'il établit entre les mouches de Leucade, qui ne se retirent qu'après avoir
perçu leur tribut de sang (Βεκασθεΐσαι) et celles d'Olympie, qui ont réputation de
L E S I N S E C T E S 13
informateurs, le détail mérite attention, d'autant qu'il fait comme un écho à la formule ώσττίρά Όλυμπίασί φασι ταΐς μνίαις ποίίΐν βοΰν. Celle-ci ne figure pas dans le corpus des parémio
graphes, mais son insertion dans la comparaison qu'Antiphane
établit à propos des hôtes non conviés pour qui toujours, pour qui
partout, le peuple devait, à l'avance, abattre des victimes (23), montre
qu'elle constitue moins une invention du poète qu'une expres
sion populaire, d'allure proverbiale, suffisamment répandue pour
donner à la pointe qu'il dirige contre les parasites toute sa
force. Ainsi, quoi qu'y fassent paraître les adaptations liées à la
religion anthropomorphique et la présence du dieu suprême,
les mouches ont, à Olympie, à Aliphéra, à Leucade, conservé
intacte leur emprise (24). Il n'est pas nécessaire d'invoquer ici
l'influence de coutumes qui ont été repérées en divers lieux du
MoyenOrient antique (25). Les mouches, comme d'autres insectes
nuisibles, existent à l'état endémique sur tout le pourtour médi
terranéen, en sorte que les mesures déployées pour les combattre
tiennent à des développements parallèles, mais indépendants,
plus qu'à des emprunts.
Les témoignages relatifs à la lutte contre les parasites des
végétaux vont dans le même sens. Ces derniers en effet ne sont
pas moins dangereux, puisqu'ils compromettent, de manière
irrémédiable, les ressources naturelles, céréales et vignes, dont
dépendent les principaux moyens de subsistance. Contre les
sauterelles (2β) aux invasions calamiteuses (2?), les Athéniens (2S)
demeurer incorruptibles (άδί'καστοι). Sa conclusion en faveur de ces dernières:
κρΰττους άρα iKfîvat, aiooî τον &(οΰ, άλλα μή μιο&οΰ τα δέοντα πράττουσαι. Cf. V , 17. ( ! 3) ΛΝΤΙΡΗΛΝΕ, fr. 229.230 Kock {C.A.F., II, p. 112). (") Les variantes, purement formelles, qui sont attestées à propos de l'épi
clèse de Zeus luimême (cf. cidessus, p. 11, n. 1416), sont, à cet égard, révélatrices.
(«*) A . B . COOK, Zeus, I l (Cambridge, 1925), pp. 781783; WELLMANN (/./.,
col. 2746) et KELLER (o.l., II, p. 448) considèrent que la divinité d'Olympie
finalement assimilée à Zeus est assurément (sicher) un démon d'origine orientale.
(«·) Sur les différentes espèces de πάρνοπις : [IL] GOSSEN, art. Heuschrecke. dans K.-E., Suppl. VIII (1956), col. 179-182; cf. L. G. FERNANDEZ, Sombres de insecios en gnego anttguo, Madrid, 1959, pp. 239-242.
(") THÉOPHR., fr. 174, 3-6 Wimmer ; PLINE L'ANCIEN, H.S., X , 75 (prière des
habitants du mont Cadmos à Zeus, pour obtenir le départ des sauterelles : fruges
eorum locustts vastantibus). Cf. Exode, 10, 3-15. Sur les ravages qu'occasionnent
les acridiens (sauterelles et criquets) : C. L. METCALF - W. P. FLINT, Destructive
and Useful Insects', Londres, 1939, pp. 186-188 ; 466-468 ; 662-663.
(28
) PAUS., I, 24, 8 : Ηαρνόπιον (sc. τον 'Απόλλωνα) δέ καλονσιν, 5τι σφισι παρνόπων βλαπτόντων τήν γήν άποτρ(ψ(ιν ο &€ος tl-ntv ί'κ τής χωράς. Sur la statue, œuvre de
14 L E S I N S E C T E S
et les Béotiens (S9) ont invoqué Apollon IJapvómos, tandis que
les habitants de l'Œta adressaient leurs sacrifices à Héraclès
Κορνοπίων (30). Le même héros, honoré sous le vocable Ίπο-KTÓVOS (31), protégeait les vignes des Érythréens contre les
vers (32).
* * *
Sacrifices, offrandes et prières ont été conçus comme les mesures
propices à assurer aux hommes démunis le concours des divinités,
dans la lutte contre les pires responsables des épidémies et des
famines. Zeus, à Olympie, a finalement reçu la charge qui est,
en Arcadie, restée dévolue à un obscur héros local. Pour Apollon,
Phidias, que les Athéniens lui avaient dédiée sur l'Acropole : Ch. PICARD, Manuel
d'archéologie grecque, IV (Paris, 1963), pp. 14251426.
(2 e
) STRAß. , XI I I , I, 64, 613 C. : οΰτω τους πάρνοπας καλούντων Βοιωτών, κα'ι θυσία σιητίλίΐται Πορνοπίωνι Άπόλλωνι. Sur l'alternance vocalique -ο- /-α-, d'origine dialectale : Α. THUMB - [Α. SCHERER] 2, Handbuch der griechischen Dialekte, Heidelberg, 1959, p. 88, paragr. 255, 2 b. — Dans le même passage, Strabon
atteste l'existence, chez les Éoliens d'Asie Mineure, d'un mois du même nom.
CL A. PLASSART-Ch. PICARD, Inscriptions d'Éolie et d'Ionie, dans B.C.H., 37
(1913), pp. 166-168, n° 3 (décret de proxénie, de peu postérieur au milieu du
I I I e siècle avant J.-C), 1. 10 : à Cymè, mois de Ηορνόπιος. (30) STRAB., : καί γάρ άπό τών παρνόπων, ois οί ΟίταΓοι κόρνοπας λέγουσι,
Κορνοπίωνα πμάσθαι παρ' eVeiVois Ήρακλεα απαλλαγής άκρί&ων χάριν. Cf. Ε. ScHWY-ZER, Grammatik der griech. Sprache, I, pp. 298-299 ; L . G. FERNANDEZ, o.l., pp. 239-242, au sujet de l'alternance Παρ-jKop-. — Un type monétaire de Métaponte doit encore être mentionné. À côté de l'épi d'orge bien connu, symbole de la fertilité du sol et de la richesse locale (cf. L . LACROIX, Monnaies et colonisation dans l'Occident grec, Bruxelles, 1965, pp. 112-114), figure quelquefois un insecte que C. M. KRAAY - M. HIRMER (Greek Coins, Londres, 1966, pl. 81, n° 229) ont identifié à une cigale. Sa morphologie très soigneusement représentée indique un acridien, dont la signification reste à élucider. Cf. P. R. FRANKE - M. HIRMER, Die griechische Münze, Munich, 1964, pl. 82 (deux monnaies différentes : un statère de 410/370 avant J.-C. porte, au revers, l'épi et la cigale à gauche ; un autre statère de 425 /290 avant J.-C. l'épi et la sauterelle à droite).
(31) STRAB., /./. : Ίποκτόνον Sè παρ* Έρυθραίοις τοις τον Μίμαντα ο'ικοΰσιν, ότι φθαρτικός τών άμπελοφάγων Ίπ ών και Βή παρ' εκείνοις μόνοις τών *Ερυθραί-ων τό θηρίον τοΰτο μή γενέσθαι. L'identification des Ιπες άμπελοφάγοι demeure incertaine. Le terme apparaît chez HOMÈRE (φ 395) ; cf. THÉOPHR., De causis
plant., III, 22, 56 ; Hist, plant., VIII , 10, 5 ; étymologie : H . FRISK, o.l., I,
p. 747. Sur les très nombreux parasites des plants de vignes : C. L. METCALF
W. P. FLINT, o.l., pp. 644660.
(") Sous le nom ά'Έρυθίβιος, les Rhodiens (STRAB., /./.) invoquaient Apollon contre la nielle ou rouille (ερυσίβη Ιερυθίβη), qui s'attaque surtout au blé.
L E S I N S E C T E S 15
le rôle de Παρνόπιος (33) constitue une application de sa fonction générale de dieu protecteur (34). Quant à Héraclès, traditionnel
bienfaiteur de l'humanité, il s'est trouvé nanti, par les populations
qui lui vouaient un culte de prédilection, de tâches conformes à
son personnage et non moins utiles que ses autres exploits (35).
Toutefois, les flottements qui se font jour sur l'identité ou sur
l'épiclèse des divinités montrent que le rite, agissant par homéo
pathie, n'était qu'un procédé supérieur dont l'efficacité tenait
à la nature de la victime et au cérémonial de l'immolation.
Mouches, sauterelles et, à travers elles, tous les insectes para
sites ne sont associés à des actes religieux que pour être plus sûre
ment expulsés de la vie quotidienne. Les témoignages qui les
concernent font voir combien, entre les aspects magicoprophy
lactiques et les caractères rituels et apotropaïques d'un seul et
même geste, la frontière est demeurée mouvante.
B. Les insectes bénéfiques
L'agriculteur, l'économiste contemporains définissent l'action
des insectes utiles en termes de production et de profit, le bio
logiste songe à restaurer et à maintenir l'équilibre naturel. Le
Grec de l'Antiquité, pour qui de telles préoccupations sont moins
nettement définies, voire secondaires ou inexistantes, découvre
en eux une matière de réflexion conforme à sa sensibilité et à ses
aspirations, d'où la religion n'est jamais absente. La place réservée
à la cigale (3e) est, à cet égard, des plus instructives.
(") Il peut, dès à présent, être rapproché des interventions du dieu face aux
lézards, aux souris et autres rongeurs, qui ont été interprétées par les Grecs
comme autant de signes de la bienveillance et de l'efficacité du dieu dans la con
servation des produits de la terre, — quel qu'ait pu être le sens premier de la
relation d'Apollon avec ces animaux. Cf. ciaprès, pp. 6366.
(3*) Il est régulièrement invoqué comme '/lAef/κακοί et Αποτρόπαιο;. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 , pp. 540, 544.
(**) Sur le partage des tâches et des fonctions entre Apollon et Héraclès :
NILSSON, ibid.
(") Généralités : [Α.] STEIER, art. Τίττιζ (î), dans R.E., V A, 1 (1934).
col. n 131119; étymologie : L. G. FERNANDEZ. Sombres de insectos, Madrid,
1959. PP l i0
'1
}1
'• H FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, p. 886. — Si l'on
excepte l'abeille, peu d'insectes interviennent encore dans la tradition légendaire
ou mythique de la Grèce. On distinguera les ' cas individuels ', celui de Kéram
bos, métamorphosé en κίράμβυξ cerf-volant mange bois, pour avoir offensé les Nymphes (cf. ANTON LIBER., Mitam., 22, d'après NICANDRE) : celui d'Arachné,
ι6 L E S I N S E C T E S
La cigale
Les ravages que cet insecte peut occasionner aux végétaux
sont aussi redoutables que ceux d'un grand nombre d'espèces (37),
ils n'ont en rien affecté les sentiments des Hellènes. Au gré de
l'inspiration féconde qu'elle éveillait en eux (38), leurs poètes ont,
à toutes les époques, caractérisé la cigale d'après la saison qu'elle
anime (39), le lieu qu'elle occupe (40), son avidité pour le soleil (41),
son infatigable résistance (42), qui la différencie de tous les autres
êtres vivants (43). Elle subsiste aussi longtemps que dure sa com
munion totale avec la nature et répand sans parcimonie les bien
faits qu'elle en a ellemême reçus. Il n'en fallait pas davantage
pour que la cigale bénéficiât d'un préjugé favorable, supérieur
à toute considération pratique (44). Si attachant que fût son rôle,
i l ne s'est pas limité à animer l'été, à réjouir le cœur du paysan
fileuse athénienne, transformée en αράχνη araignée, parce qu'elle avait prétendu
l'emporter sur Athéna (cf. Ον., M étant., VI , 5145), et le rôle de la fourmi
(μύρμηξ) dans l'étymologie du nom des Myrmidons (J. SCHMIDT, art. Myrmidones,
dans R.E., X V I , 1 [1933], col. 1108nn ; art. Myrmex, ibid., col. 1521). Le
poète POSIDIPPE avait écrit une comédie intitulée Myrmex, PHILÉMON une œuvre
intitulée Les Myrmidons, CANTHAROS avait consacré une pièce aux Fourmis. De
ces comédies, il n'a subsisté que le titre ou des fragments très limités. Cf. G. SIFA
KIS, Parabasis and Animal Choruses, Londres, 1971, pp. 7677.
(*») C. L . METCALF W . P. FLINT, Destructive and Useful Insects2
, pp. 605610;
cf. [H.] GOSSEN, art. Heuschrecke, dans R.E., Suppl. VIII (1956), col. 180.
( a e) La cigale a inspiré maintes pages aux auteurs français, poètes et prosa
teurs, tels Lamartine, Mistral, Daudet, Aicard, Rostand, Pagnol ou Giono. La
comparaison de leur vision propre avec celle des anciens Grecs est pleine d'inté
rêt, car si la cigale est devenue pour les poètes modernes un élément attachant
du décor naturel, elle n'a pas entièrement perdu les vertus sacrées que l 'Anti
quité lui reconnaissait. Pour d'autres textes parallèles : Madeleine MÉLON,
La cigale dans l'Antiquité grécolatine, Liège, 1942 (mémoire inédit), pp. 6566 ;
L. LELOIR, Poésies lyriques grecques, Bruxelles, 1946, pp. 9193.
( 3·) De même que dans les notes suivantes, les références sont produites à
titre d'exemples. HÉSIODE, Trav. et jours, 584; ALCÉE , fr. Z 23 L . P . 347; ANO
NYME, A.P., I X , 122, 4. Une étude approfondie des contextes et des renouvelle
ments que ce thème a reçus, à travers la littérature grecque, est encore à réaliser.
Pour une orientation: cf. M. MÉLON, o.l. (cidessus, n. 38).
(40
) HÉSIODE, o.l., 583 ; ANYTÈ (OU LÉONIDAS), A.P., VII , 190, 1.
(") ARISTOPH., Ois., 1095; MÉLÉAGRE, A.P., VII , 196; [THÉOPHYLACTOS
SIMOCATOS], Ep., ι Hercher.
(**) ANONYME, A.P., I X , 373.
(43) Tous, en effet, sont, aux heures épuisantes du milieu des jours d'été,
contraints de céder au repos. Cf. HÉSIODE, o.l, 592594 ; THÉOCR., I, 15 ; etc.
(") L'indication de THÉOPHRASTE (De signis tempest., 54), τέττιγες πολλοί γινόμενοι voaóiSfs τό Éros σημαίνουσι, demeure isolée et n'implique aucun blâme à l'égard des insectes.
LES INSECTES 17
ou du berger (4δ). Son être et son comportement lui ont valu
d'être intégrée, sans réserve, à des convictions qui, également
chargées de religiosité, sont parmi les plus essentielles. Les unes
ont trait à l'autochtonie, les autres au chant.
Entre toutes les qualités que chacun lui reconnaît, il en est
une qui parle davantage à la branche ionienne de la population
grecque : la cigale est dite γηγενής, née de la terre (4 e). À ce titre,
elle a été un symbole privilégié pour ceux qui, tels les Athé
niens, s'enorgueillissaient d'être, eux aussi, des autochtones (4?).
La croyance à l'origine chthonienne s'est développée à propos
de plusieurs espèces animales (4e), elle a exercé une influence
déterminante, surtout illustrée par des faits d'ordre religieux (*·).
Mais la cigale, et elle seule, a suscité, en milieu ionien, l'usage
fameux, connu sous le nom de tettigophorie (50). Il a été fréquem
ment réexaminé par les érudits modernes (51), car les informations,
parfois contradictoires, plus souvent confuses, de la tradition
antique ne font pas connaître avec une netteté suffisante la nature
première des ' cigales d'or ' et la destination qui a pu leur
être attribuée aux différentes époques. Qu'ils émanent des
poètes (62), des historiens (53), des commentateurs les plus tar
(") HÉSIODE, o.l., 582586 ; ARCHIAS, A.P., VII , 213, 4 ; Anacréontiques, 34,
8 Preisendanz. Cf. L . BODSON, Archias et la cigale, dans L'Ant. class., 44 (1975),
pp. 632637.
(") PLAT., Banquet, 191 C ; Anacriont., 34, 16 Preis. Cette conception, qui
peut provenir d'une erreur d'interprétation due au fait que les jeunes insectes
semblent jaillir du sol où la femelle a déposé ses œufs, relève cependant bien
davantage de la mentalité poétique et religieuse des Grecs que de l'observation
scientifique. Sur la reproduction des cigales : ARISTT., Gén. anim., I, 721 a 26 ;
cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 401406.
(*') L'affirmation de cette origine, tant de fois répétée, a fini par donner
l'impression de n'être plus qu'un lieu commun dans les discours, mais aussi chez
les poètes. Elle requerrait une étude systématique, tant du point de vue politique
et historique que du point de vue religieux et philosophique. Cf. U. VON WILAMO
WITZMOELLENDORFF, Der Glaube der Hellenen, 1 (Berlin, 1931), p. 211 ;
Α. MOTTE, Prairies et jardins, Bruxelles, 1973, notamment pp. 8183.
(4*) Taupes, souris, lézards, serpents, abeilles, etc.
(") Cf. ciaprès, pp. 59, 7071. — Outre l'origine chthonienne, les cigales
partagent encore avec les abeilles l'aliment mystérieux et sacré qu'est la rosée :
THÉOCR., IV, 1516 ; ÉLIEN, N.A., I, 20 ; cf. A. MOTTE, o.l., p. 7.
(S
°) HÉSYCHIOS, T 670.
(") Outre les notations éparses dans les éditions commentées des textes
mentionnés cidessous, cf., pour une orientation bibliographique, A. B. COOK,
Zeus, III (Cambridge, 1940), pp. 250256.
(") ARISTOPH., Cav., 13311332 ; NONNOS, Dion., XII I , 199200.
(") T H U C , I, 5, 3 Cf. HELLANICOS DE LESBOS, 4 F 161 J .
ι8 LES INSECTES
difs (64), les témoignages renvoient à la même notion fonda
mentale, qui définit l'âme grecque dans sa spécificité, à savoir
la certitude qu'une solidarité profonde unit les hommes et les
animaux au milieu dans lequel et duquel ils vivent (δδ). Pour les
sociétés d'Ionie et d'Attique, qui en ont gardé une conscience
plus aiguë et qui ont voulu concrétiser leur sentiment, la cigale
s'est imposée d'abord comme l'agent intermédiaire, ensuite
comme le symbole des forces vivifiantes que Gaia, mère com
mune et généreuse, partage entre tous ceux qu'elle a, originel
lement, engendrés. C'est parce qu'Athéna a inventé la flûte, pro
clame la cigale dans une épigramme hellénistique (5e), que je lui
voue une affection égale à celle que me témoignent les Muses. Le
motif invoqué n'est certes pas dépourvu de valeur, mais au
regard de l'étroite et riche corrélation qui a été, si soigneuse
ment, cultivée entre la Terre, les Athéniens (57) et l'insecte, i l
ne vient qu'en second.
Il n'en est pas moins vrai que cigale et musique sont indis
sociables. L'agreste messagère a toutes raisons de se dire chantre
des Nymphes (68), porteparole des Muses (59), musicienne comme
Apollon (6 0). Son chant dru (61) et sonore (e2) a parlé au cœur de
tous les Grecs. Ils le comparent à celui de l'hirondelle (M), à celui
du cygne (e4), et, s'il leur arrive quelquefois de le trouver
(") TZETZÉS, Chil., I, 228233 ; EUST., 395, 3047 (ad HOM., Γ 150).
(") Cf. A. MOTTE, o.l., pp. 27, 8182, etc.
(*·) LÉONIDAS DE TARENTE, A.P., V I , 120, 78 : "Οσσον γαρ Μούσαις ίστίργμ(-&α, τόσσον 'Αάτ]νη \ 4ξ -ημίων' ή γαρ παρΰένος ανλο&ίτα.
(*') L'étude des motifs et des mobiles qui ont poussé ces derniers à affirmer leur
autochtonie et à en afficher le symbole ne manquerait pas d'être révélatrice.
(SE
) ANONYME, A.P., I X , 373, 3 : την Νυμφών ... άηοόνα. Le sens premier du mot choisi άη&ών ' rossignol ' demeure sous-jacent et renforce l'image.
(5·) PLAT., Phèdre, 262 D : οί τών Μουσών προφήται. Cf. LÉONIDAS DE TARENTE,
A.P., V I , 120, 7 (ci-dessus, n. 56) ; Anacréont., 34, 12 Preis. : φιλίουσι μέν ot Μοΰσαι.
(β0) Anacréont., 34, 13 Ρ· : φιλία Sè Φοίβος αυτός. Cf. PLUT., Qu. conv., VIII , 7, 3 (Mor., 727 Ε) : TeVriyai... μουσικούς όντας ; [THÉOPHYL. SIM.], Ep., ι : ö T Î T T I £
ό μουσικός. C1) HÉSIODE, Trav. et jours, 583-584 ; [Bouclier'], 393-397 ; ALCÉE , fr. Z 23
L.-P. 347· (") MÉLÉAGRE, A.P., VII , 196. (·') PLUT., QU. conv., VIII , 7, 3 (Mor., 727 E) ; CLÉM. ALEX. , Strom., V , 5,
dans P.G., I X , col. 48 A Migne ; ANONYME, A.P., I X , 122. ( , 4) ANTIPATER, A.P., I X , 92, 1-2 ; HIMÉRIOS, 48 (In Hermogenem), 11, U. 124-
127 Colonna (rapprochement significatif entre la cigale, le cygne, le rossignol et Apollon). Cf. ci-après, p. 97, n. 40-41.
L E S I N S E C T E S I Q
bavard (*6), ils lui attribuent plus volontiers des charmes
supérieurs même à ceux de la lyre (β β). L'aventure merveilleuse
qui advint au cithariste Eunomos de Loeres (·') suffirait à les
faire approuver. Le musicien, que le bris d'une corde de son
instrument avait mis dans un mauvais pas, lors des concours
pythiques, fut tiré d'affaire, — et remporta le premier prix, —
grâce à l'intervention d'une cigale qui s'était substituée à la
corde défectueuse (*8). Dès lors, non moins qu'aux divinités de
la génération et de la croissance (·*), l'offrande de cigales, en
effigie de terre cuite, de bronze ou d'or (70), est pour les dieux de
la musique un agréable hommage (71).
Il revient à Platon d'avoir traduit, en une synthèse inspirée,
l'élan qui portait les Grecs vers les cigales. Le mythe du
Phèdre (7î) expose l'origine de ces insectes privilégiés, autrefois
des hommes, nourris de musique, bénéficiaires de la sollicitude
des Muses, symboles idéalisés de l'âme lorsqu'elle parvient,
(") BiANOR, A.P., I X , 273, ι : λαλίστατοι ... τί'ττιί ; ci . ANONYME, ibid., 122, ι ; ÉLIEN, N.A., I, 20. Des verbes et des expressions très variées, souvent ima
gées, ont servi à caractériser le chant des cigales : cf. M . MÉLON, o.l., pp. 4546.
Très tôt, leur chant ininterrompu a donné matière à comparaison : avec le
bavardage des vieillards (HOM., Γ150152), avec celui des femmes (schol.
V ARISTOPH., Ois., 3g ; cf. XÉNARQUE, fr. 14 Kock [C.A.F., II, p. 473]), des ora
teurs (EUST., 396, 117 [ad HOM., Γ 150]), des Athéniens (ARISTOPH., Ois., 3941 ;
TZETZES, Chi!., I X , 9971003). — MANUEL PHILIS [De animal, proprietate, 498
506) insiste, en revanche, sur la leçon de caractère que la cigale femelle donne
aux femmes (vers 504506).
(**) ARCHIAS, A.P., VII , 213, 4 : οίονόμοις τιρπνότερον χίλυος. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner en détail les allusions aux cigales, qui apparaissent dans des
fragments de SIMONIDE (fr. 105 Page 610; cf. fr. 173-174 Bergk4), de PRATINAS
(fr. 2 Page 709). Elles pourraient contribuer à préciser la valeur symbolique des
cigales. Sur ARCHILOQUE, fr. 167 Tarditi, cité par L u c , Pseudoi, 1, cf. L. BODSON,
La stridulation des cigales. Poésie grecque et réalité entomologique, dans I.'Ant
class., 45 (1976), pp. 75-94.
(·') [G.] GRAF , art. Eunomos (10), dans R.-E., VI (1907), col. 1133.
(**) TIMÉE, 566 F 43 J . et commentaire de Jacoby, pp. 559-560 ; STRABON, V I ,
i , 9, 260 C. ; etc.
(") THÉODORIDAS, Α Ρ., VI , 15Ο (à propos de la consécration des boucles de
Charisthénès).
(") Cf. Α. B. COOK, Zeus, III, pp. 250-260 ; Κ. BOEHME, Unsterbliche Grillen,
dans Arch. Jahrbuch, 69 (1954), pp. 49-66.
(") PAUL LE SILENTIAIRE, Α Ρ., V I , 54 (à propos de l'offrande d'Eunomos de
Loeres, cf. ci-dessus, n. 68).
('*) PLAT., Phèdre, 259 B - 262 D. — Cf. la métamorphose de Tithonos : schol.
B HOM., Λ Ι ; schol. A HOM., A 5 t i j TCTTiya τον μονσικώτατον τών πτηνών. Ε . WUEST, art. Tithonos, dans R.-E., VI A, 2 (1937), col. 1512-1519 (notamment 1518).
20 LES INSECTES
enfin dégagée des contingences de la matière, à la contemplation
suprême (73). Ce récit, comme l'a fait observer Frutiger (74), est
une création originale du poètephilosophe, mais i l est formé
d'éléments profondément enracinés qui confèrent au thème phi
losophique sa résonance religieuse. De l'origine chthonienne,
avec ses inépuisables vertus, à l'harmonie musicale, reflet de
l'harmonie universelle, Platon n'a laissé se perdre aucune des
intuitions antiques qui avaient reconnu dans la cigale un être
divin (76), une créature sacrée (76), pour ainsi dire semblable aux
dieux (").
* * *
L'abeille
Pour la pensée grecque, l'abeille (78) est associée aux champs
fleuris, aux prairies odorantes, aux vallons ombragés (79), autant
de zones privilégiées qui éveillent dans l'âme antique le senti
ment durable du sacré (8 0). En même temps qu'elle y récoltait
les substances mellifiques (81), l'industrieuse ouvrière n'a cessé
( , s) Cf. A . MOTTE, o.l., pp. 406425.
(71
) P. FRUTIGER, Les mythes de Platon. Étude philosophique et littéraire,
Paris, 1930, p. 233.
(") ARISTOPH., Ois., 1095:0' deartéaios ... avéras.
(") PLUT., QU. conv., VIII , 7, 3 (Mor., 727 E ) : Upis.
(") Anacréont., 34, 18 Preisendanz : σχεδόν et #«oîs όμοιος. C8) La bibliographie relative à l'abeille est inépuisable. En dehors des articles
d'encyclopédies et des pages que lui consacre O. K E L L E R (o.l., II, pp. 421-431),
les travaux suivants, qui renvoient aux études de détail, permettent de faire le
tour de la question : W . ROBERT-TORNOW, De apium mellisque apud veteres
significatione, Berlin, 1893 ; A . B . COOK, The Bee in Greek Mythology, dans
J.H.S., 15 (1895), pp. 1-15 ; R. BILLIARD, Notes sur l'abeille et l'apiculture dans
l'Antiquité, Lille, 1900 ; Hilda M . RANSOME, The Sacred Bee in Ancient Times
and Folklore, Boston, 1937 ; Momolina MARCONI, Μέλισσα dea cretese, dans Athenaeum, 18 (1940), pp. 164-178 ; Ch. JAILLARDON, Contribution à l'étude des
rapports de l'homme et de l'abeille dans la préhistoire et l'histoire, Lyon, 1945. Cf.
M . MAETERLINCK, La vie des abeilles, Paris, 1906 ; K . VON FRISCH, Aus dem
Leben der Bienen 6, Berlin, 1953 . R- CHAUVIN et collaborateurs, Traité de
biologie de l'abeille, en cinq volumes, Paris, 1968. — Sur l'étymologie du nom grec
de l'abeille : L . G. FERNANDEZ, Nombres de insectes, p. 153 (et les remarques de
W . BRANDENSTEIN, dans son compte rendu intitulé Μέλισσα, dans Kratylos, 6 [1961], p. 169) ; H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 200201.
('») HOM., B 8790 ; EUR., Hipp., 7677 ; THÉOCR., V I I , 8082 ; [XXII ] , 4043 ;
APOLL. RH., Arg., I, 877879 ; NONNOS, V , 243246 ; LONGUS, Daphnis et Chloé,
I, 9, ι ; etc.
(8 0
) A . MOTTE, o.l., notamment, pp. 525.
( e l) Cf. ciaprès, p. 22, notes 9394. C'est par tout son être que l'abeille appar
tient au monde de la Terre et possède de secrètes affinités avec le domaine souter
L E S I N S E C T E S 21
d'y butiner les dons et les vertus de la Nature entière. Ce contact
permanent avec la mère universelle a été, tout à la fois, vivifiant
et régénérateur, car i l a intensifié les qualités spécifiques de
l'insecte et lui a valu de conserver intactes la puissance agissante
et la haute valeur symbolique qui lui ont été, très tôt et à
jamais, reconnues.
Par son comportement et son activité productive qui la diffé
rencient de la cigale, du papillon et des autres insectes
sociaux (83), l'abeille s'est imposée comme un modèle et un sti
mulant de la réflexion et de l'action. Chacun selon ses préoccu
pations particulières, les auteurs grecs ont détaillé et loué sa
pureté (M), ses talents d'ordre (e s), de soin (8 e), d'organisation (87),
d'économie (8 8), également aptes à inspirer l'attitude des indi
rain : elle naît de la terre, comme la cigale et d'autres animaux chthoniens, ou du
cadavre d'un bovidé (taureau : NICANDRE, Ther., 741 ; cf. PORPH., Antre des
nymphes, 18 ; bœuf : Souda, B 453 ; cf. ÉRYKIOS, dans A.P., VII , 36, 3 ; VIRG.,
Géorg., IV, 281314). Sur cette question riche de symboles, cf., outre les remar
ques de A . S. Gow A. F. SCHOLFIELD, Nicander. The Poems and Poetical Frag
ments, Cambridge, 1053, p. 184, K. GIANNOULIDOU, Μέλισσα καί Διόνυσος oi βουγ(νΐϊς, dans Athena, 63 (1959), pp 312-318.
(*') Le fait doit être noté, car le papillon dont le nom même, — r) ψυχή, — se prêtait à toutes les métaphores, n'a guère suscité, à date ancienne, de développe
ments réellement assurés dans la pensée religieuse des Grecs. Cf. O. KELLER, o.l.,
II, pp. 435436; [ H ] GOSSEN, art. Schmetterling, dans R.E., I I A , 1 (1921),
col. 571572. On cite volontiers les médaillons décoratifs exhumés des tombeaux
mycéniens et qui sont ornés de papillons parfois stylisés : cf. Fr. MATZ, Kreta,
Troja. Die minoische und homerische Welt, Stuttgart, 1956, pl. 96. M. P. NILSSON
{Geschichte der griech. Religion, I3
, p. 198) a clairement marqué les limites de
l'interprétation traditionnelle de ces documents.
("3) Guêpes, frelons, fourmis notamment, qui ont été étudiés de près par
ARISTOTE (H.A., I X , 622 b 20, 2427 ; 627 b 33 629 b 2). Lorsque, dans la Poli
tique, I, 1253 a 79, il affirme la supériorité de l'être humain, — ζψον πολιτικόν, — sur les autres espèces qui se distinguent par un comportement social, le Stagirite
ne cite nommément que l'abeille. Cf. la comparaison homérique (M 167170),
où interviennent guêpes et abeilles ; PLAT., Phédon, 82 B (rapproche abeilles,
guêpes et fourmis). Sur le rôle de ces dernières dans la généalogie des Myrmidons :
cidessus, pp. 1516, n. 36.
(M
) ARISTT., H.A., IV, 535 a 13 ; VIII , 596 b 1518 (significative opposition
entre les adjectifs σαπρός et γλυκός) ; Etym. magn., 577, 41 : τό ζψον κα#αρώτατοι> όν. (··) XÉN., Économ., 7, 17 ; 32-39.
("·) De là une des étymologies proposées par les grammairiens anciens : Etym.
magn., 577, 34-35 παρά τό μέλαν οίκονομικόν ... καί έπιμελές. Cf. [ZoNARAS], Lex., s.v. Μέλισσαι Tittmann, (col. 1344).
l") PAPPOS, Coll. math., V , 1-3. (") ARISTT., H.A., I X , 40, notamment 627 a 19-28.
22 L E S I N S E C T E S
vidus (89) et celle des États (9 0). Naturalistes et apiculteurs,
poètes et devins, théoriciens de l'éducation ou de la politique,
philosophes, tous décèlent dans une aussi rare perfection la pré
sence et l'œuvre de la divinité (91).
Sa relation avec la Physis et les traits incomparables de sa
conduite ont fondé l'exceptionnelle destinée de l'abeille dans les
multiples directions où les anciens Grecs ont développé leur
réflexion ; son miel, qu'elle partage généreusement, n'a pas peu
contribué à accroître encore sa notoriété. Longtemps irrem
plaçable dans l'économie domestique et dans la thérapeutique,
i l n'est pas seulement nécessaire pour soutenir la vie du corps (92).
Réalisé dans des conditions mal pénétrées, par un être chargé de
mystère (9S), sacré comme lui (e4), i l est la nourriture de l'âme,
C*) Signe de prospérité (HÉSIODE, Trav. et jours, 232233), elles sont le modèle
de la maîtresse de maison (SÉM., fr. 7, 8393 W. ; XÉN. , /./.) et le guide de ceux qui
se consacrent à l'étude: ([ISOCR.], 1 (À Démonicos), 52 ; SÉN., À Lucilius, XI,
84,35; PLUT., Quomodo adolescens..., 12 (Mor., 32 E F ) ; De recta ratione
audiendi, 8 (Mor., 41 E F ) ; Quomodo quis suos in virtute sentiet profectus, 8
(Mor., 79 C) ; De tranqu. animi, 5 (Mor., 467 C) ; Qu. conv., V, 1 (Mor., 673 E) .
Les Pères de l'Église ont repris la même image, dont la fraîcheur et la force
demeurent intactes. Les références ont été réunies par E . OBERG dans son édition
des Iambi ad Seleucum d'AMPHiLOCHios, Berlin, 1969, p. 53, n. 3941. Cf., en
outre, L. KOEP (H. GossENf, Th. SCHNEIDER), art. Biene, dans R.A.C., II
(1954), col. 274282.
(,0
) Cf. les comparaisons de PLATON et d'ARISTOTE, mentionnées cidessus,
p. 21, n. 83. L'importance accordée à l'abeille dans le choix des symboles monétai
res, à travers tout le monde grec et dès les temps les plus reculés, en est la preuve
parlante : cf. B . V. HEAD, H.N.', pp. 571578; L. ARMBRUSTER, Die Biene in der
Kunst, dans Archiv für Bienenkunde, 18 (1937), pp. 4986 ; Die Biene auf griech.
Münzen, dans Arch. f . Bienenkunde, 33 (1952), pp. 4973. — S. AMBROISE,
Exam., V, 2 i , 6672 ; cf. J . BÉRANGER, Études sur saint Ambroise : l'image de
l'État dans les sociétés animales, dans Études de Lettres, 5 (1962), pp. 4774.
(") PLAT., Ion, 534 Β ώσπ(ρ al μέλιτται ... κοΰφον γαρ χρήμα ποιητής ίστιν και •πτηνον κα'ι Upóv. Cf. NONNOS, XVII, 37 1 · ^ propos de l'abeille toujours bienfaisante : άλίξικάκοιο μ(λίσσης.
(") L'abeille et son miel, symboles d'abondance : HÉSIODE, Trav. et jours, 232-233 ; NONNOS, XXII, 22-24. Cf. L. ROBERT, Sur des inscriptions de Theangela, dans L'Ant. class., 4 (1935), pp. 171-172 (Les ruchers de Theangela). Les châtiments prévus par la loi contre les pillards des ruchers attestent l'importance que ces derniers possédaient : PLAT., Lois, VIII, 843 D - E ; cf. Pol., 293 D. Cf. M. SCHUSTER, art. Mel, dans R.-E., XV, 1 (1931), col. 364-384 ; R. J . FORBES, Studies in Ancient Technology, V (Leyde, 1954), pp. 78-109.
(") Cf. ARISTT., Gén. anim., Ill, 759 a 7 - 760 b 33. (") NICANDRE, Alexiph., 554; Etym. magn., 577, 40. ARISTOTE (H.A., V,
553 b 23 - 554 a 15) expose les théories anciennes sur la confection et la production du miel « substance qui tombe de l'air, — comme la rosée, — et que l'abeille se borne à recueillir ». Cette origine mystérieuse ajoute encore à ses propriétés. Cf.
LES INSECTES 23
surtout lorsque celleci a franchi l'épreuve de la mort. Les liba
tions de miel auprès des tombeaux (e s), les usages en vigueur
dans les sectes orphiques et pythagoriciennes (ββ) font bien voir
l'efficacité qui lui était attribuée. Les dieux euxmêmes ne
connaissent pas d'aliment plus parfait, dans leur enfance, quand
la faiblesse de leur premier âge les rend vulnérables (·'), et plus
tard, à chaque festin de l'Olympe, puisqu'il entre dans la compo
sition du nectar et de l'ambroisie (β β). Ils en apprécient toujours
l'offrande, lors des sacrifices non sanglants (*·), et reçoivent des
sur cette question que développent VARRON (R Ii., III, 16), PLINE L'ANCIEN
(H.N., X I , 21), COLUMELLE [R R., IX) et, surtout, VIRGILE (Géorg., IV), les
observations de P. D'HÉROUVILLE, A la campagne avec Virgile, Paris, 1930,
pp. 70100.
(") Cf. HOM., K 518519 ; ESCH., Perses, 612; PORPH., Antre des nymphes,
18 ; schol. Ν A B EUR., Hipp.. 73 Schwartz (II, p. 14, 11. 1718) : μίλιαααν μέντοι άλληγοοιΐ αύτήν τήν φνχήν La signification funéraire des abeilles est mieux assurée
que celle des papillons (cf. cidessus, p. 21, n. 82). SOPHOCLE (fr. 795 N.*) évoque
l'essaim bourdonnant des défunts; cf. PORPH., /./. . E , ROHDE, Psyché, trad.
A. Rey mond, Paris, 1928, p. 199, n. 1. Les tombeaux ont livré des bijoux décorés
d'abeilles: cf. G. BECATTI, Oreficene antiche. Rome, 1955, pp. 4748, pl. 32 ;
pp. 5255 (Camiros, VII IE
VI I« siècle avant J.C.) ; B.C H . 87 (1963), pp. 783787
et fig. 17 ; 89 (1965), pp. 739743 et fig. 20 (abeilles d'or provenant de tombeaux
mycéniens, région de Pylos). La trouvaille la plus célèbre reste le pendentif dit
ties abeilles, trouvé à Mallia : P. DEMARGNE, Naissance de l'art grec, Paris, 1964,
n" 149. — Sur l'identification des insectes qui ont inspiré le bijou, cf., en dernier
lieu, O. W. RICHARDS, The Cretan « Hornet » Pendant, dans Antiquity, 48 (1974),
p. 222. Une liste des bijoux et des objets dont la décoration dérive de l'abeille a
été dressée par H . G. BUCHHOLZG. JOEHRENS1. MAULL, Jagd und Fischfang,
Göttingen, 1973, Anhang : Honiggewinnung, pp. 183185.
(··) Cf. L. MOULINIER, Orphée et l'orphisme, Paris, 1955, p. 56 ; F. BUFFIERE,
Les mythes d'Homère et la pensée grecque, Paris, 1956, pp. 418437 ; M. DÉTIENNE,
Orphée au miel, dans Quaderni Urbinati di Cultura Classica, 12 (1971), pp. 723
(*') Le cas le plus illustre est celui de Zeus : CALL., Hymnes, 1 (A Zeus), 4951.
Cf. E . NEUSTADT, De love Crettco, Berlin, 1906, pp. 4450: M. P. NILSSON. Ge
schichte der griech. Religion, I s, p]). 320321 : P. FAURE, Fonctions des cavernes
crétotses. Paris, 1964, pp. 110117. Il faudrait lui comparer l'aventure du berger
Comatas. Sous la forme où THÉOCRITE (VII, 7889) l'a exposée, elle conserve la
trace des antiques épreuves et des rites de passage. Cf. L. SÉCHAN, Sept légendes
grecques. Paris, 1967, pp. 8088, 170183. — Sur l'intervention des abeilles à la
naissance d'Iamos, cf. cidessous, p. 25, n, 113.
(**) La composition de ces deux aliments ou breuvages a fait l'objet de discus
sions, dès l'Antiquité. Le miel, cependant, est régulièrement cité et ses proprié
tés spécifiques sont les mêmes que celles du nectar et de l'ambroisie. Cf. W H .
ROSCHER, Nektar und Ambrosia, Leipzig, 1883 : Ε . SAGLIO, art Nectar, dans
Diet. Ant., IV (1907), col. 41 B. Noter que Thétis, en instillant du nectar dans
les narines de Patrocle, rend le cadavre incorruptible (HOM., Γ 3839).
(·") Il s'agit, le plus souvent d'offrandes à caractère chthonien, que le miel soit
dédié à l'état pur, comme à Phigalie, en l'honneur de Déméter Mélaina (PAUS.,
24 L E S I N S E C T E S
appellations évocatrices en dépit des obscurités qui les affectent
aujourd'hui: μελιτωΒης (10°), μελισσαΐος ( 1 0 1 ) , μελιοΰχος ( 1 0 2 ) , μειλίχιος. Cette dernière est attestée occasionnellement pour
Dionysos (1 0 3), Aphrodite (1 0 4), Létô (1 0 S), les Nymphes i 1 0 6 ) ,
dont i l s'agit d'exalter l'aménité et la bienveillance, mais elle
appartient surtout à Zeus qui la reçoit en tout lieu (1 0 7), dans le
culte privé aussi bien que dans les rites publics ( 1 0 S). La linguis
tique a mis en lumière le rapport du vocable μειλίχιος avec le verbe μειλίσσω et démontré que la diphtongue et exclut une
racine apparentée au nom grec du miel (1 0 9).
Parmi diverses interprétations, les Hellènes ont donné la pré
férence à celle qui faisait dériver l'épiclèse du terme μέλι ( 1 1 0 ) . La ressemblance tout extérieure entre les mots explique, pour
VIII, 42, 11; cf. ci-après, p. 155, n. 245), ou qu'il entre dans la composition
du pelanos. Cf. P. STENGEL, ΠΕΛΑΝΟΣ, dans Hermes, 29 (1894), pp. 281-289.
poo) Attribuée à Perséphone : THÉOCR., X V , 94 et scholie ; PORPH., Antre des
nymphes, 18.
( m ) Décernée à Zeus : HÉSYCH., M 718 Latte. Cf. [H.] KRUSE , art. Melissaios,
dans R.-E., X V , 1 (1931), col. 528-529 ; M . MARCONI, Μέλισσα dea cretese, dans Athenaeum, 18 (1940), pp. 164-170.
(102) Cf. [F.] GOEBEL, art. Meliuchos, dans R.-E., X V , 1 (1931), col. 554-555. (103) À Naxos : ANDRISKOS, 500 F 3 J . {= AGLAOSTHÉNÈS, 499 F *4 J.) , cité
par ΑΤΗ., III, 78 C.
(10
') I.G., IV, 1272 (Épidaure ; IVeIII« siècle avant J . C ) .
(LOS
) HÉSIODE, Théog., 406 (Λητώ... μείλιχον α'ιει). (10β) I.G., X I I 3, 199 (Astypalaia; culte des nymphes en relation avec Pan).
Cf. [L.] PFISTER, art. Meilichioi Theoi, dans R.-E., X V , 1 (1931), col. 343-345. Analysant une des principales trouvailles, — des hydries de bronze, véritables
réservoirs à miel, — qu'a livrées, à Paestum, l'antre rocheux consacré aux Nym
phes, B. NEUTSCH (ΤΑΣ ΝΥΝΦΑΣ EMI UI ΑΡΟΝ. Zum unterirdischen Heiligtum
von Paestum, dans Abhandl. der Heidelberger Akademie der Wissenschaften.
Philosophischhistor. Klasse, 1957, P l 6 ) a judicieusement rappelé, — même si la
résolution de l'abréviation M reste hypothétique, — quels liens étroits unissent
les nymphes, les grottes et le miel. Cf. ciaprès, p. 32, n. 147.
(10') Aux nombreuses références que fournit PFISTER (/./., col. 340342),
ajouter M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 , pp. 411414, 859;
G . ZUNTZ, Persephone. Three Essays on Religion and Thought in Magna Graecia,
Oxford, 1971, pp. 101104.
poe) p o u r les monuments qui lui ont été dédiés et la signification du serpent :
cf. ciaprès, pp. 8486.
(ίο») p CHANTRAINE, Grec Μειλίχιος, dans Mélanges É. Boisacq, I (Bruxelles,
1937), pp. 169-174. — Le verbe μειλίασειν est attesté dès l'épopée. À l'actif,
il signifie adoucir, au moyen se rendre favorable (par des paroles, ensuite par
d'autres procédés).
(110) Etym. magn., 582, 34-36 : Γίνεται άπο τοΰ μέλι. Cf. HÉSYCH., M 597-602 ; Souda, M 847-848.
LES INSECTES 25
une part, l'étymologie populaire qui transparaît ici. Toutefois,
elle n'a triomphé des autres solutions que dans la mesure où une
correspondance étroite était ressentie entre les propriétés du
miel et, d'autre part, la nature et la fonction des divinités
concernées.
Substance d'immortalité et de régénération, le miel favorise
aussi l'initiation des adeptes des mystères ( m ) , i l garantit le
talent des poètes ( m ) , il éclaire l'esprit des devins ( i 1 3). Ses
virtualités sont inépuisables, autant que celles de l'abeille. L'une
et l'autre se situent au cœur d'un réseau de représentations
symboliques et religieuses qui n'exclut aucun des différents
aspects de l'existence. L'emploi du nom même de l'insecte, tel
qu'il est révélé dans le culte de plusieurs divinités féminines,
permet de compléter, en la précisant, la description des faits qui
introduisent le plus sûrement à la connaissance de la mentalité
des anciens Grecs.
PRÉSENCE DE L'ABEILLE DANS LE CULTE DE DÉMÉTER
Une scholie ancienne au texte de Pindare donne des Abeilles
la définition suivante
( l u ) Il entre dans la composition de la boisson sacrée d'Éleusis, le cycéon.
Cf. A. DELATTE, Le cycéon, breuvage rituel des mystères d'Éleusis, Paris, J955,
pp. 2340.
("») Il intervient dans la vie légendaire de tous les grands poètes : Homère,
Sappho, Pindare, Sophocle, Platon, Virgile, Lucain. Cf. W. OLCK , art. Btene,
dansÄ.£., III (1899), col. 431450. PINDARE (Pyth., 10, 5354) compare volontiers
la démarche du poète à celle de l'abeille. Cf. PLAT., Ion, 534 B. Le symbolisme a
été étudié par Jacqueline DUCHEMIN, Pindare, poète et prophète, Paris, 1955.
pp. 247252.
( , , J) Cf. H . USENER, Milch und Honig, dans Rheinisches Museum, 57 (1902),
pp. 177195; J . DUCHEMIN, ο.Λ, pp. 252253. — Le miel que deux serpents
distillent à lamos (PIND., Ol, 6, 4547; cf. ciaprès, pp. 9192), représente et
annonce les vertus prophétiques dont le nouveauné est le détenteur. Les abeilles
sont toujours un heureux présage (ÉLIEN, H. V., X I I , 46). Elles sont, à l'occasion,
les guides des voyageurs ou des émigrants (PHILOSTR., Im., II, 8, 6). Elles sont
liées, avec le miel, au mystérieux oracle que détiennent les Thries, sur les pentes
du Parnasse (H. hom. Hermès, 552563). Les hésitations de la tradition
manuscrite, au vers 552, non moins que la manière mystérieuse dont ces prophé
tesses opèrent, ont suscité une abondante bibliographie. Cf. M. FEYEL, ΣΜΗΝΑΙ.
Étude sur le vers 552 de /'Hymne homérique à Hermès, dans Revue archéol, 25
(1946), pp. 522; Marie DELCOURT, L'oracle de Delphes, Paris, 1955, p. 76;
M. DÉTIENNE, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, Paris, 1967, p. 74.
26 L E S I N S E C T E S
Abeilles : les prêtresses, principalement celles de Déméter ; par
extension abusive, toutes les prêtresses, à cause de la pureté de
l'insecte ( n*).
On doit à Callimaque la première attestation (116), très allusive,
de cet emploi métaphorique. Au terme de l'hymne qu'il a dédié
à Apollon, le poète a placé, en guise de congé, une dizaine de vers
qui offrent de son art un assez bel exemple. Déroutants, par la
rupture qu'ils introduisent dans la composition ( n e ) , malaisés à
pénétrer en raison de l'allégorie qui s'y devine, ils opposent (vers
109-112) aux flots boueux du fleuve d'Assyrie ("') l'eau qu'à
Déméter apportent les abeilles: elle ne vient pas de n'importe où,
elle a jailli, limpide, exempte de souillure, rares gouttes épandues
d'une source sacrée, perles suprêmes (118).
Δηοΐ δ' ούκ άπό παντός ύδωρ φορέονσι Μέλισσαι άλλ' ήτις καθαρή τ€ καί άχράαντος άνέρπει π&ακος i£ ίίρης όλίγη λιβός άκρον άωτον.
( l u ) Schol. Β D Ε G Q PIND., Pyth., 4, 106 c Drachmann (p. 113) : μέλισσας δέ ras ιέρειας, κυρίως μέν ras τής Δήμητρας, καταχρηστικώς δί καί τάΐ πάσας, δια τό τοί ζώου κα&αρόν. Sur la qualité des scholies au texte de Pindare : J . IRIGOIN,
Histoire du texte de Pindare, Paris, 1952, pp. 102-105.
( m ) La première partie de la scholie mentionnée ci-dessus (a Drachmann,
p. 112) est ainsi formulée : TOS περί τά θεία καί μυστικά μέλισσας καί έτέρωθι' ταΐς ίεραΐσι μελΐσσαις τέρπεται. Ce fragment de Pindare (176 Turyn) est ordinairement interprété comme une allusion aux prêtresses de Déméter. Cf. O. SCHROEDER,
Pindars Pythien, LeipzigBerlin, 1922, p. 38 ; L . R. FARNELL, Critical Commen
tary to the Works of Pindar, Londres, 1932, pp. 152154. La question est de
déterminer si ce datif de cause, principalement usité en poésie avec le verbe
τέρπεσθαι (cf. R. K U E H N E R - B . GERTH, Ausführt. Grammatik, I3
, pp. 438-439),
garde son sens propre ou se colore d'un sens métaphorique : μέλισσαι ou Μέλισσαι. La difficulté s'accroît du fait que le sujet du verbe n'est pas connu : il, elle ? est
charmé par les saintes abeilles [Abeilles ?). Or, dans l'ensemble de l'œuvre de
Pindare, telle qu'elle a été conservée, nulle allusion à Déméter et à Corè n'appa
raît à côté de l'évocation des déesses Athéna, Héra, Hestia, Thémis, ou de Zeus.
S'il présente le maître de l'Olympe dans sa majesté et dans sa gloire, et non dans
les dangers de son enfance crétoise (cf. cidessus, p. 23, n. 97), le poète décrit les
circonstances miraculeuses de la naissance d'Iamos (Ol., 6, 47), dans lesquelles les
abeilles ont un rôle essentiel (cf. cidessus, p. 25, n. 113) et il emprunte au monde
de la ruche de nombreuses images (Pyth., 6, 54; 10, 54; fr. 131, 9 Turyn). Les
données sont donc trop fragmentaires pour que l'on puisse reconnaître dans la
citation du scholiaste la première attestation relative aux Abeilles de Déméter.
('") Au point que certains exégètes n'ont pas hésité à les considérer comme
une addition de Callimaque, maladroitement accolée à l'Hymne à Apollon, voire
comme une interpolation postérieure. Le débat a été clairement exposé par
E. CAHEN, Les hymnes de Callimaque, Paris, 1930, pp. 8486.
("') C'estàdire l'Euphrate : schol. Ψ CALLIM., Hymnes, 2, 108.
("*) Parmi les termes poétiques ou rares qui abondent dans ces quelques vers,
L E S I N S E C T E S 27
Leur interprétation a donné matière à controverse, moins toutefois sur la signification générale du passage qui renvoie aux rivalités littéraires de l'époque alexandrine, que sur la circonstance précise qu'il pourrait sous-entendre. La même difficulté surgit souvent à propos de l'œuvre de Callimaque, elle est, ici, aggravée par le caractère hermétique de l'allusion à Déméter. Chaque détail des vers 110-112 semble représenter des rites bien connus de l'auteur, mais aucun indice n'est, en soi, suffisamment explicite pour permettre l'identification d'un sanctuaire ( u e ) , d'une cérémonie (1 2 0), ni, dès lors, l'exacte qualité des MtXtaaai. ( m ) En l'absence d'éléments nouveaux (1 2 2), le commentaire de Cahen n'a rien perdu de sa pertinence : « L'art du
ü faut épingler le mot άωτον, que sa place autant que sa signification mettent en évidence. Au sens premier qui est le sien dans l'épopée (o 443 ; 1 434), il désigne
le flocon de laine, et, ensuite, la laine la plus fine, la meilleure. Il s'applique
ultérieurement à toute étoffe de qualité et, au figuré, à tout ce qui se distingue
par son excellence et sa supériorité (poèmes, couronnes, jeunesse, etc.). Pindare
en a fait usage avec art. Cf. J . DUCHEMIN, o.l., pp. 234237. Le terme est employé
par les Alexandrins ; c'est ici la seule attestation qu'on en possède dans l'œuvre
de Callimaque.
('»») Les exégètes se divisent sur le point de savoir s'il s'agit d'un sanctuaire
grec d'Égypte ou d'un sanctuaire situé en Grèce. Cf. E . CAHEN, o.l., pp. 246247 ;
383384. Ni les indications contenues dans l'Hymne 6, dit du calathos, ni l'exis
tence du faubourg alexandrin nommé Éleusis ne sont déterminantes. Cf C. E
VISSER, Götter und Kulte im Ptolemaischen Alexandrien, Amsterdam, 1938,
pp. 3637 ; Ε . BEVAN, The House of Ptolemy. A History of Egypt under the Ptole
maic Dynasty, Chicago, 1958, p. 96.
("°) L'hydrophorie, qu'elle soit ou non solennisée par une procession, est un
rite attesté en maintes occasions. Cf. HÉSYCH., Y 95 ; Etym. magn., 774, 5657;
P. K. ARHESMAN, Das Fasten bei den Griechen und Römern, Glessen, 1929
(R.G.V.V., 21), pp. 9092. L'eau est à la fois purificatrice et régénératrice:
L. MOULINIER, Le pur et l'impur, Paris, 1952, pp. 122132; K. GINOUVÈS, Bala
neutikè, Paris, 1962, pp. 381382 ; 424428. Dans les mythes et les rites de Démé
ter. H. hom. Déméter, 50:99; 105106; 208209; PAUS., VIII, 25, 46 (cf. ci
après, pp. 154155) ; LO., XII 5, 569,1. 5 (Céos ; IIIS siècle avant J.C. ; sanctuaire
de Déméter) κα[#α]ρόι< τό «ύδωρ Ίοασιν is το 'it[pàv\ τής άήμητρο[ς]. L'assimilation que propose G. MYLONAS {Eleusis and the Eleusiman Mysteries, Princeton, 1961, pp. 231-232) est une hypothèse difficile à soutenir. -— La prédilection des abeilles
(insectes) pour l'eau pure est attestée par ARISTOTE, H.A., VIII, 596 b 17-18 καί ΰ&ωρ δ' ήδιστο €i'î ίαυτάς λαμβάνουσιν, όπου àv κα&αρόν άναπηίφ.
('·') Parmi les variétés d'abeilles qu'il mentionne (N.A., V, 42), ÉLIEN signale, d'après NICANDRE, les hydrophores. Sur la fluidité du miel : ARISTT., H.A., V, 554 a 6-7; VIRG., Géorg., IV, 18-19; 25, 61 , etc.
('") Qu'auraient pu livrer les fouilles effectuées au cours des dernières années à Alexandrie. Cf. A. CALDERINI, Dizionano del norm geographici e topographict dell' Egitto greco-romano, 1 (Le Caire, 1935), PP 56 62 ; A BERNAND, Alexandrie la Grande, Paris, 1966, pp. 18-22.
28 LES INSECTES
poète consiste à user de détails réalistes où peut s'appuyer une
émotion religieuse et cependant laisser toute la description
rituelle dans une nuance assez générale, qui fait qu'elle va
audelà du souvenir précis » ( m ) .
Les Μέλισσαι apparaissent encore dans un texte anonyme transmis par un papyrus alexandrin du I I I e siècle avant notre
ère Il s'agit d'un hymne en l'honneur de Déméter, où le
vocabulaire et le style trahissent une imitation de Calli
maque (1 2 5). Au vers 2, l'expression ακούσατε, 8εΰτε, Μέλισσαι est inspirée des formules rituelles que prononçait le maître
de la célébration pour inviter les participants au recueillement.
Elle n'apporte pas d'éclaircissement immédiat sur la nature des
Abeilles, mais elle atteste la diffusion du terme dans une
acception religieuse et implique, à tout le moins, la possibilité,
pour le public auquel le poème était destiné, d'en pénétrer le sens.
Qu'ils les définissent comme des prêtresses (1 2 e) ou comme des
initiées de la déesse chthonienne (12'), les scholiastes et Porphyre
insistent également sur le lien privilégié qui unissait les Μέλισσαι à la déesse Déméter. Ils gardent cependant le même silence sur
les causes qui l'ont déterminé et les circonstances dans lesquelles
il s'affirmait. Ces questions ont été abordées par Apollodore, dans
le livre I de son traité TJepl θεών (1 2 8). Le passage utile, inséré
dans un lexique anonyme presque entièrement perdu, a été
conservé sur un papyrus d'Oxyrhynque (12e) :
[Μ]ε{λισσαί]' al της Δήμητ[ρος Ίέρει]αι. Ή αύτη Άπολλ[οδώρον) εν τη πρώτη 'επ[άγον}-σαν Βε τόν κάλαθον ταΐς νύνφαις, σύν τώ Ιστψ και τοίς εργοις της Περ-
(1 2 3) Ε . CAHEN, o.l., p. 246. ( m ) D. L. PAGE, Greek Literary Papyri, Londres-Cambridge (Mass.), 1942,
pp. 408-409, n° 91. ( I>5) Cf., outre les remarques de Page, Claire PRÉAUX, Papyrus littéraires et
documents, dans Chronique d'Égypte, 21 (1936), p. 172 ; A. KOERTE, Literarische
Text mit Ausschluss der Christlichen, dans Archiv für Papyrusforschung und
Verwandte Gebiete, 13 (1939), pp. 89-90.
(12') Cf. ci-dessus, p. 26, η. 114.
(LA
') PORPH., Antre des nymphes, 18 : τάς Δήμητρος ιέρειας cis τής χ&ονίας &εάς μνστίδας μέλισσας. HÉSYCH., Μ Jig : μέλισσαι' ai τής Δήμητρος μνστίΒες.
(ijs) APOLLOD., 244 F 89 J . Deux abréviations sont résolues: 1. 1 â = πρώτη; 1. 3 à = πρώτον. À la dernière ligne, le verbe κλη&ήναι a été répété indûment, par le copiste, entre les deux derniers mots. La restitution du nom d'Apollodore est de Jacoby. Cf. son commentaire, p. 762.
( l i B ) P.Oxy., 1802, fr. 3, col. 2 (fin du I I e ou début du I I I e siècle de notre ère).
LES INSECTES 29
σίφόνης πρώτον pÀv παραγενίσθαι eiç Πάρον και ξενισθεισαν παρά τώ βασιλεί Μελιασω χαρίσασθαι ταΐς τούτου θυγατράσι ούσαις (ξή-κοντα τον της Φερσΐφόνης Ίστόν, και πρώταις αύταΐς αναδοΰναι τά πΐρϊ αύτην πάθη τί και μυστήρια, όθΐν καί Μ ί λίσσας Ικτοτ* κληθήναι ray θίσμοφοριαζονσας γυναίκας '
Abeilles: les prêtresses de Déméter. Le même ouvrage d'Apollodore,
au livre I, indique que « amenant aux nymphes la corbeille avec le
métier à tisser et les travaux de Perséphone, elle (se. Déméter) fut
d'abord à Paros et, ayant été accueillie chez le roi Mélissos, elle
accorda en faveur à ses filles, qui étaient soixante, le tissage de
Perséphone, et c'est à elles, les premières, qu'elle confia ses mal
heurs au sujet de sa fille et ses mystères. D'où on appela désormais
• Abeilles ' les femmes qui célèbrent les Thesmophories. »
La notice présente les caractères propres à la mythographie
hellénistique, mais les différentes données rituelles et mythiques
sur lesquelles repose le jeu de mots étiologique recèlent, chacune,
d'utiles indications. Et d'abord la localisation des faits à Paros,
hautlieu du culte de Déméter. L'île est nommée, avec Éleusis
et Antrôn, dans l'Hymne homérique à Déméter (1 3 0), elle abritait
un important sanctuaire où l'on vénérait la déesse en tant que
Thesmophoros (1 3 )), et lui était si totalement consacrée qu'elle
en recevait le surnom évocateur de Δημητριάς (132). Ni le roi Mélissos (1 3 3), ni ses soixante filles ne sont connus par
ailleurs. Leur intervention se développe selon un schéma tradi
(I3
°) H. hom. Dém., 491. La haute antiquité de ce texte, qui est aussi le plus
ancien témoignage sur le culte de Déméter et de Perséphone, confère à la mention
de l'île de Paros une valeur accrue. Cf. J . HUMBERT, Homère. Hymnes, Paris,
1951, pp. 2627 3839. — ARCHILOQUE (fr. 205 Tarditi) avait, selon les scholies
Κ V ARISTOPH., Ois., 1764, composé un hymne en l'honneur de Déméter, qui lui
valut — eV Πάρω — de remporter la victoire. Cf. PAUS., X , 28, 3. (»') Cf., par exemple, ƒ .0 . , XII 5, 134, 1. 12 (vers le I V ' s. av. J . -C) . Ce
sanctuaire, et la prêtresse de Déméter Thesmophoros, ont joué un rôle particu
lier dans l'histoire d'Athènes et dans la carrière de Miltiade. Cf. HOT . , VI, 133
136; schol. Oxon. AULIUS ARISTIDE, 244, 3 Dindorf (III, p. 691, II. 1628).
C31
) L'information provient de NICANOR (fr. 6 Müller [F.H.G., I l l , p. 633]),
grammairien de Cyrène, de l'époque alexandrine ou romaine (C. WENDEL , art.
Nikanor [26], dans R.E., X V I I , 1 [1936], col. 273274). Le même auteur, que
cite encore STÉPHANE DE BYZANCE (S.V. Πάρος), conserve une tradition parienne sur l'identité du premier informateur de Déméter : il s'agit du Panen Κάβαρνος dont le nom est resté attaché à l'île qui est aussi appelée Κάβαρνις.
C 3 3) Le nom est cependant bien attesté dans l'onomastique. Cf. PIND.,
Islhm., 4 (en l'honneur de Mélissos de Thèbes) , W. NESTLE , art. Mélissos, dans
R.-E., X V , ι (1931), col. 529-532. - A. PLASSART, Inscriptions de Thespies, dans
B.C.H., 82 (1958), pp. 122-123, n°98 (Μέλισσα). De même, à Paros : LG., XII 5, 325 (II e -I e r s. avant J . -C) . Cf. ANTIPHANE, fr. 151 Kock (C.A.F., II, p. 73). Pour
30 L E S I N S E C T E S
tionnel dans la geste de Déméter (134) : accueil hospitalier par le
roi local et son entourage de la déesse que désole la disparition
de sa fille; compassion d'une part, reconnaissance de l'autre;
initiation et fondation des mystères. Quant au procédé qui
consiste à expliquer une appellation, rituelle ou autre, par un nom
propre, i l serait banal si, dans le cas précis des Μέλισσαι, i l n'était
attesté dans des traditions indépendantes, par Didyme Chalcen
ter et par Servius.
Le premier (135), cité par Lactance (1 3 6), rappelle dans son
commentaire à Pindare, la version crétoise de la naissance de
Zeus, qu'Amalthée et Mélissa, filles de Mélisseus, le roi local, ont
nourri de lait et de miel. Après quoi, Mélissa fut, par son père,
établie première prêtresse de la Grande Mère, d'où, conclut l'exé
gète, les préposées au culte de la même Mère sont encore les
' Melissae '.
Servius, lui, relate une légende (fabula ... talis) qui procède
d'un canevas fort voisin, avec toutefois cette inversion : le nom
propre ne justifie plus le titre des prêtresses, mais l'appellation
grecque des abeilles. En effet, initiée par Cérès aux secrets de
ses rites, une vieille femme appelée Mélissa préféra, — les faits
se passent près de l'Isthme de Corinthe, — se laisser mettre en
pièces par ses compagnes jalouses, plutôt que de trahir la con
fiance divine. De corpore vero Melissae apes nasci fecit (sc. Ceres).
Latine autem Μέλισσα apis dicitur (l37), Moins isolé de tout contexte que celui de Servius, le récit de
Didyme porte la trace du syncrétisme qui, dès une haute
époque (1 3 8), a rapproché et finalement confondu les divinités
le toponyme: STÉPH. BYZ., S.V. Μέλισσα; cf. [W.] HUGE, art. Melissa (ι), dans R.-E., X V , ι (1931). col. 524-525·
( 1 3 4) L'exemple le plus connu étant celui d'Éleusis : H. hom. Dém., 94-300 ; cf. Ch. PICARD, Sur la pairie et les pérégrinations de Déméter, dans R.E.G., 40 (1927), pp. 320-369.
(1 3 5) DIDYME CHALC, Comm. et recens. (Ύπομν. Πινδάρου), 14 Schmidt (pp. 220-221) : ... Melissam vero a pâtre primam sacerdotem Matri Magnae constitutum,
unde adhuc eiusdem Matris antistites Melissae nuncupantur. L'emploi du mot
antistites ne permet pas de décider si le texte grec portait plutôt lépeiai ou μύστιδες. ( 1 3 , j LACTANCE, Divin. Inst., I, 22, 19-20 (C.S.E.L., X I X , p. 91)· Lactance n'a
conservé aucune indication qui permettrait de déterminer à quel texte de Pindare se rapportait le commentaire. Cf. ci-dessus, p. 26, n. 115.
(*") SERVIUS, ad VIRG., Én., I, 430. Explication du même type, — nom des insectes par le nom propre, — chez MNASÉAS : cf. ci-dessous, pp. 32-33.
(1 3 S) Bien avant l'époque hellénistique et romaine : EUR., Hél., 1301-1368 ; cf. l'introduction des éditeurs et traducteurs H . GRÉGOIRE - L . MÉRIDIER - F . CHA-
L E S I N S E C T E S 31
de nature ou de fonctions analogues. Déméter, dont le lien avec
la Crète est assuré ( 1 3 ,) ( honorée par des prêtresses Abeilles, ne
fait qu'un avec la Grande Mère, Rhéa, mère de Zeus, le protégé
d'abeilles qui sont, tout à la fois, insectes et femmes ou
nymphes ( 1 4°).
Apollodore fait encore état d'une série d'objets qu'il présente
comme des instruments personnels de Perséphone: la corbeille
à ouvrages (κάλαθος), le métier à tisser (ιστός), les travaux (ίργα). Leur double signification est fondamentalement religieuse. Ils sont en effet de véritables insignes des tâches domes
tiques (141) auxquelles les filles se préparent, dès leur jeune
âge ( i 4 2). Cellesci ont pour modèles les déesses ellesmêmes ( l 4 3).
Toutes, elles œuvrent à la tâche sacrée de garantir le bienêtre de
la communauté familiale et d'assurer, par là, l'avenir de
la société (1 4 4). Quand il s'agit de Perséphone, ils sont en outre
dotés d'une valeur ésotérique (145) que les adeptes des mouve
POUTHIER, Euripide, V (Paris, 1950), pp. 1317 ; L . SÉCHAN P. LÉVÊQUE, Les
grandes divinités de la Grèce, p. 62, n. 17; Éd. DES PLACES, La religion grecque,
Paris, 1969, pp. 48, 155.
(*") M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I", p. 463 (notamment à
propos des Thesmophories) ; cf. H. hom. Dém., 123.
C 4 0 ) Cf. cidessus, p. 23, n. 97. — On rapprochera l'origine des abeilles, issues
du cadavre de Mélissa, de la tradition d'après laquelle elles naissaient du cadavre
des bovidés: cidessus, pp. 2021, n. 81.
(U L
) ARISTOPH., Thesmoph., 821823; Lys., 535, 579; HÉSYCH., K 392393 ;
NONNOS, X X X I V , 352356 ; POLLUX, X , 125. — La corbeille est le récipient
indiqué pour recevoir le blé, le raisin, ou les fleurs que cueillaient précisément
Perséphone et ses compagnes, au moment de l'enlèvement : Ον., Mét., V, 393 ;
CLAUDIEN, De raptu Proserpinae, II, 139. Cf. MOSCHOS, Europe, 34, 37.
('") ANTIPATER DE SI DON, A.P.. VI, 160; 174; HÉGÉSIPPOS, A.P..
VI, 266 ; LÉONIDAS, A.P., VI , 288 ; 289 ; etc. Cf. E . SAGLIO, art. Calathus, dans
Diet. Ant., I (1887), col. 812 B814 A ; V. CHAPOT, art. Textrinum, dans Diet.
Ant., V (1919), col. 164 B 175 B ; [A ] HUG , art. Κάλα&ο; (ι), dans R.-E., X , 2 (1919), col. 1548-1549.
(1 4 3) Athéna en est le prototype : HOM., E 734-735 ; HÉSIODE, Théog., 573-575 ; etc. Cf. les travaux des héroïnes de l'épopée : Andromaque, Hélène, Pénélope.
f 1 4 4 ) Parallèles significatifs réunis par J . SERVIER, Les portes de l'année, Paris, 1962, pp. 132-136, 211, 214
('") La formule rituelle transmise par CLÉMENT D'ALEXANDRIE (Protrept.^ II, 21, 2 : ... άπε&έμην ΐΐς κάλα&ον κα'ι εκ καλά&ου ets κίστην) et l'Hymne 6 de CALLIMAQUE, dit du κάλα&ος, avec les diverses scholies qui le concernent, sont au centre des interprétations des savants modernes. Cf. L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, Paris, 1966, pp. 151-152 (état de la question et principales références).
32 LES INSECTES
ments orphiques et pythagoriciens ont surtout exploitée ( 1 4 e),
à partir de la description homérique de la grotte d'Ithaque (1 4').
Parmi les objets familiers de la jeune Coré, Déméter reconnais
sante a choisi pour les filles de Mélissos le métier à tisser, symbole
de leur état et témoin de leur générosité. La corbeille et les tra
vaux sont, eux, réservés aux Nymphes. Océanides (148) ou
Naïades (1 4 8), les Nymphes sont les compagnes de l'épouse
d'Hadès, aussi longtemps qu'elle a vécu sur terre et chaque fois
qu'elle revient à la lumière. Elles jouent un rôle actif dans les
mystérieuses opérations qu'abrite la grotte où aborde Ulysse. On
les retrouve associées à Déméter pour accroître le progrès de
l'humanité primitive.
Tel est le témoignage qu'apporte une partie au moins de
la tradition des scholies au texte de Pindare. Tous les
manuscrits (1 6 0) produisent d'abord une citation de Mnaséas,
géographe et mythographe de l'époque hellénistique ( m ) .
"Οτι δε τάς περί τά Upà διατελούσας και Μέλισσας έλεγον, Μνασέας ο Παταρεύς αφηγείται λίγων, ώς κατέπαυσαν αύται σαρκοφαγοΰντας τούς ανθρώπους πείσασαι τη άπό τών δένδρων χρήσθαι τροφή, καθ' δν καιρόν και Μέλισσα μία τις αύτών κηρία μέλιτος εύροΰσα πρώτη έφαγε και ύδατι μίξασα έπιε, και τάς αΆλας δε εδίδαξε, και τα ζώα μέλισσας εξ εαυτής έκάλεσε, και φυλακήν πλείστην έποιήσατο' ταύτα δέ φησιν εν Πελοποννήσω γενέσθαι.
Que l'on appelait aussi ' Abeilles ' celles qui consacrent leur vie aux rites, Mnaséas de Patara le raconte, soutenant que celles-là
ont amené l'humanité à cesser de consommer de la viande, après
l'avoir persuadée d'user de la nourriture issue des arbres, au
moment où l'une d'entre elles, Melissa, fut la première à découvrir
(14<
) Orph. fragm., 31, 28; 34; 178; 192; 193 Kern; cf. PORPH., Antre des
nymphes, 3 ; 14 τ; Κόρη ... παντός τον σπειρομενου έφορος Ιστονργοΰσα παραοέοΌται. Sur le «pluralisme» de l'allégorie: J . PÉPIN, Porphyre, exégète d'Homère, dans
Entretiens sur l'Antiquité classique, X I I (Genève, 1966), pp. 241244.
(14
') HOM., ν I02I09 (comparer NONNOS, V I , 123154 : la grotte sicilienne où
se réfugie Corè). Cf. F. BUFFIÈRE, Les mythes d'Homère et la pensée grecque,
Paris, 1956, pp. 420423.
(l 4 e
) H. hom. Dém., 5.
(1 4
«) HOM., V 104. Cf. H . HERTER , art. Nymphai (1), dans R.E., X V I I , 2
(1937), col. 1572.
("») Schol. B D E G Q PIND., Pyth., 4, 106 a Drachmann (pp. 112113).
(M
) MNASÉAS, fr. 5 Müller (F.H.G., III, p. 150). Son ethnique est mal fixé par
la tradition qui le place tantôt à Patara, tantôt à Patras, sans que l'on puisse
trancher. Cf. R. LAQUEUR, art. Mnaséas (6), dans R.E., X V , 2 (1932), col. 2250
2252.
LES INSECTES 33
les rayons de miel ; elle en mangea et, après les avoir mélangés à de
l'eau, en but ; elle instruisit ses compagnes et, d'après son propre
nom, elle appela les insectes μέλισσαι ; elle en assura la garde avec très
grand soin. Cela, ditil, s'est passé dans le Péloponnèse.
À quoi fait suite, dans quatre manuscrits (Β E G Q), la con
clusion
"Ανευ γαρ Νυμφών ούτε Δήμητρας Upov τιμάται δια τό ταύτας πρώτας καρπον άποδεΐξαι και τήν άλληλοφαγίαν παΰσαι και περιβλήματα χάριν αώοΰς εξ ύλης επινοήσαι, ούτε γάμος ούδείς άνευ Νυμφών συντελείται, άλλα ταύτας πρώτον τιμώμεν μνήμης χάριν ότι τε εύσεβείας και όσιότητος άρχηγοι εγενοντο.
En effet, sans les Nymphes, on ne vénère pas le rite de Déméter : ce sont elles, les premières, qui ont révélé les fruits, mis un terme au cannibalisme, fait songer, pour respecter la pudeur, aux vêtements de fibre ; il n'est pas de mariage qui soit consommé sans les Nymphes. Nous les honorons donc, en premier lieu, pour marquer notre reconnaissance. Elles ont été les guides sur le chemin de la piété et de la dévotion.
Si le raccord entre les deux passages est abrupt (1 5 2), la conjonction explicative n'en a pas moins toute son importance: elle ne souligne pas seulement l'identité des fonctions, qui a incité un scholiaste à rapprocher les prêtresses et les Nymphes, elle conduit à les considérer, les unes et les autres, comme les Abeilles de Déméter, également intéressées aux grandes inventions (153) et au culte de la déesse (1 6 4).
("·) Cf. A . MOTTE, o.l., pp. 91, 309. — L'absence d'article, sauf avec le mot άλληλοφαγία où il possède une valeur anaphorique et renvoie au participe σαρκο-
φαγοΰντα; dans le passage précédent, est un des traits notables de ce texte
anonyme. Sur l'omission de l'article : B . L. GILDERSLEEVE, Syntax of Classical
Greek, II (1911), pp. 279, 324-326 (contribution de W. E. MILLER).
(*") Les bienfaiteurs qui ont mené l'humanité de la barbarie à la civilisation
sont rarement demeurés anonymes dans la tradition grecque. — À l'invention de
l'agriculture et de l'alimentation à base végétale ont été liés des croyances et
des symbolismes religieux et philosophiques dont les traces sont perceptibles
aussi bien dans le culte démétriaque que dans les pratiques orphiques. Déméter
et Orphée ont été tenus pour les ' inventeurs ' des céréales. Cf. A . KLEINGUEN-
THER. Πρώτο! εύρεττ/ς, dans Philologus, Suppl. 26 (1933), Ρ· !9- I' est remarquable de les trouver ici concurrencés par les Nymphes, dans un contexte général qui renvoie à Déméter comme à Orphée.
(»") Cf. HERTER, /./., col. 1572. — La glose d'HÉSYCHlos (O 1275 όροΒεμνιάΒες· νύμφαι, κα'ι ai μέλιτται. Άπο τοΰ όρους και τών οεμνίων • έπεί εκεί κοιτάζονται. Οί Bi άπό τών όροΒάμνων, οί «ίσι κλάδοι) a été quelquefois entendue au sens propre.
34 L E S I N S E C T E S
De Paxos à la Crète, dans le Péloponnèse comme à l'Isthme, à
travers des traditions variées qui n'enlèvent rien à sa cohérence,
une même réalité religieuse s'impose : elle met en relation le culte
de Déméter et des initiées au nom riche de sens symbolique, les
prêtresses Abeilles. Seul Apollodore les attache à une célébration
précise, celle des Thesmophories. Il s'agit maintenant d'interpré
ter l'appellation rituelle à la lumière des informations que l'on
possède sur cette fête et des indications étiologiques que répètent
les scholiastes
μείλίσσας' τάς Ιέρειας, κυρίως μεν τάς τής Δήμητρος ... δια τό τοΰ ζώου καθαρόν.
La fête des Thesmophories est la plus répandue de celles qui sont attestées en l'honneur de Déméter. Elle a été organisée en tout lieu du continent et des îles (15S), et souvent rattachée aux allées et venues de la déesse, lorsqu'elle était en quête de sa fille. Le détail des rites, où l'on perçoit les traces de la religion agraire primitive ( 1 5 e), est mal connu, sauf à Athènes (1 5 7). Les solennités étaient, en règle générale (1 5 8), réservées aux femmes mariées qui commémoraient, dans le secret, la disparition et le retour de Perséphone et renouvelaient, à la veille des semailles, la fécondité végétale, animale, humaine ( 1 5 e). Les femmes choisissaient l'une d'entre elles pour régler les cérémonies et en présider le déroulement ( 1 8 0), mais elles étaient toutes, pour l'occasion, les prê-
mais plus souvent au sens figuré, les όροοεμνίάοες étant, dans la seconde interpré
tation, identifiées aux femmes des Thesmophories qui manipulent des rameaux
de gattilier et passent le premier jour de la fête dans des huttes de branchage.
Cf. DIOSCORIDE, De Mat. Med., I, 103 Wellmann (pp. 9596), cité par F. DAUMAS,
Sous le signe du gattilier en fleurs, dans R.E.G., 74 (1961), pp. 6364. Des hésita
tions analogues surgissent à propos de la glose M 1294. Cf. cidessous, p.35, n. 162.
("») L . R. FARNELL, Cults of the Greek States, III (1907), ΡΡ· 75"ΐ Ι2 ; Ρ· ARBESMAN, art. Thesmophoria, dans R.-E., VI A , ι (1937), col. 15-28.
Cf. P. ARBESMAN, l.l., col. 17-19. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 , pp. 461-466 ; La religion populaire dans la Grèce antique, trad.
F. Durif, Paris, 1954, pp. 3742. — La conscience de cette haute antiquité se
traduisait, précisément à Paros, dans la conviction que les rites avaient été révé
lés aux femmes Pélasges par les filles de Danaos ; cf. HDT . , II, 171.
("') L . DEUBNER, Attische Feste*, Berlin, 1966, pp. 4060.
(L5S
) ARISTOPH., Thesmoph., 8194, 2 8 2 . e t c : c i cependant P. ARBESMAN,
col. 27.
("·) H . JEANMAIRE, Couroi et Courètes, Lille, 1939. ΡΡ 268282 ; L . SÉCHAN
P. LÉVÊQUE, o.l., pp. 141143.
("») Cf. L . GERNET A . BOULANGER, Le génie grec dans la religion, Paris, 1932,
p. 205.
LES INSECTES 35
tresses (Uptiai), les initiées (μύστες), les préposées (antistites)
de Déméter, déesse chthonienne ( m ) et mère affligée ( 1 M). Or,
si l'on excepte la définition d'Apollodore étudiée cidessus, aucun
des documents, pourtant nombreux, qui évoquent la célébration,
n'indique ni ne suggère que les officiantes des Thesmophories
auraient reçu le nom d'Abeilles. Un tel silence des sources est
d'autant plus remarquable qu'il est unique. En effet, même lors
qu'ils étaient, déjà dans l'Antiquité, devenus peu clairs, les
emplois métaphoriques de noms d'animaux dans la religion sont
plus nettement caractérisés ( l i 3). Celui de l'abeille se distingue
donc à deux points de vue : il bénéficie du plus grand nombre de
mentions et de définitions, mais cellesci demeurent évasives sur
les circonstances dans lesquelles i l était attribué ; i l est le seul à
s'être prêté à l'extension de sens que relève le scholiaste de Pin
dare ( I M). Dès lors, il faut exclure que le nom d'Abeilles, porté
par les femmes des Thesmophories, ait eu ou conservé la valeur
d'un titre officiel, comme c'est le cas pour les Ourses, les Pou
liches, les Chevaux ou les Taureaux.
L'explication δια το τοΰ ζώου καθαρον que produit le commentateur ancien est la plus générale et adaptée en tout temps,
puisque la première qualité requise de ceux et de celles qui pren
nent part aux rites est la pureté. Il existe toutefois entre les
femmes des Thesmophories et les abeilles d'autres analogies
qui suffiraient, chacune, à motiver la corrélation plus étroite
que les témoignages indiquent à leur sujet.
f" ) PORPH., Antre des nymphes, 18: τάς Δήμητρος ιέρειας ώς τής χ&ονίας 9εάς μΰστι&ας μέλισσας. Cf. ci-dessus, p. 28, u. 127.
("*) PLUT., Isis, 69 (Mor., 378 E). Comme la glose O 1275, la glose d'HÉSY-
CHios (M 1294 : μητροπόλονς τάς πάλαι μέλισσας) n'est pas exempte d'ambiguïté.
L'épithète μητροπόλος n'est attestée dans un contexte que par PINDARE (Pyth.,
3, 9), à propos d'Ilithye Elle signifie protectrice des mères (Sur l'élément -πόλος : ci. H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 500-501). Si la notice d'Hésychios doit être rapprochée de la glose M 719 (ci. ci-dessus, p. 28, n. 127), on y reconnaîtra les (prétresses) Abeilles d'autre/ois. attentives à la Mère (Déméter), et l'indication ressortira au contexte des Thesmophories.
('") On ne peut guère invoquer, pour expliquer ce silence, le secret auquel les célébrantes étaient astreintes. La même obligation existait à Éleusis et, si elle a rendu hermétiques nombre de fonctions liées aux mystères, elle n'a pas empêché que les titres officiels fussent conservés. Cf. G. MYLONAS, Eleusis and the Eleusi-nian Mysteries, Princeton, 1961, pp. 229-237.
( 1 M) Cf ci-dessus, p. 26, n. 114.
36 LES INSECTES
La femme dans l'organisation de son foyer, — pour sa
famille, — comme l'abeille dans l'économie de la ruche, — pour
l'essaim, — obéissent à des principes identiques ; elles partagent
la même mission: transmettre la vie et assurer son épanouisse
ment ; elles œuvrent, dans leurs domaines respectifs, à perpétuer
la société à laquelle elles appartiennent et garantissent l'équi
libre universel. La présence du sacré que les Grecs ont perçu dans
l'abeille pour tant de motifs, a été ressentie avec une acuité
suprême, eu égard à ce mystérieux accord de nature et de
fonction, qui rapproche l'insecte et l'être féminin. Dans une
telle perspective, lorsque des rites solennels ont été destinés,
sous l'égide de Déméter Thesmophoros, à raviver les facultés
spécifiques des femmes et, par elles, à maintenir l'harmonie
cosmique, l'abeille a trouvé une place réservée pour concrétiser,
fûtce par son seul nom, les préoccupations essentielles des Grecs.
Étendue ensuite à toutes les prêtresses, cette appellation de
Μέλισσα a conservé, quand elle était appliquée aux femmes des
Thesmophories, sa signification la plus pleine. Car entre les qua
lités que cellesci développent plus et mieux que quiconque,
— parce qu'elles participent à la célébration, — et qu'elles par
tagent avec la déesse et l'insecte, seul le degré d'intensité varie. De
nature, elles ressortissent à la même réalité fondamentale. C'est
par l'abeille, dont l'exemple et l'influx favorisent et stimulent
l'épanouissement de leurs prérogatives, que les femmes touchent
Déméter et bénéficient, en retour, de son action.
Déterminer en quel lieu, à quel moment le rôle emblématique
de l'abeille et, particulièrement en Grèce, l'emploi de son nom
comme désignation rituelle se sont imposés serait une entreprise
irréalisable, et vaine. L'abeille ne peut, à aucun instant, être
détachée du passé méditerranéen, et le symbolisme complexe
qu'elle véhicule a été enrichi par la sensibilité religieuse qui
définit, aux différentes époques, les habitants de la Grèce. Une
formule de Pindare, où s'expriment à la fois son génie poétique
et sa piété, permet d'entrevoir comment la simple évocation de
l'abeille suffisait à cristalliser aussitôt leurs convictions profondes.
Il s'agit du texte auquel se rapportent les abondantes scholies
qui constituent l'essentiel des informations relatives aux prê
tresses Μέλισσαι.
LES INSECTES 37
Évoquant, dans la quatrième Pythique, une réponse de la
Pythie qu'il ne désigne jamais qu'à l'aide de périphrases ( u s ) ,
Pindare écrit (1M)
χρησμός ώρθωσεν μέλισσας Δελφίδος αύτομάτψ κελάδψ,
l'oracle de l'Abeille delphique, par inspiration spontanée, apporta le salut.
Les caractères communs à l'abeille, à la prophétesse et à l'oracle
de Delphes ne manquent pas pour appuyer la métaphore : l'insecte
est lié aux puissances chthoniennes dont Apollon et sa prêtresse
sont héritiers ("') ; le miel est doté de vertus purificatrices et
divinatoires (1M) ; la cire, encore que ce soit de manière mysté
rieuse, est présente dans l'édification du plus ancien temple
local (1β0).
Les érudits modernes ont soigneusement relevé ces affinités
réelles, sans parvenir cependant à la conviction d'en avoir épuisé
les potentialités. À vrai dire, elles sont, en partie au moins, inex
primables et intraduisibles ( 1 7°). Mais le poète a trouvé le mot qui
suggère les correspondances secrètes et fait, de proche en proche,
affleurer à la conscience de l'auditeur ou du lecteur ancien (171)
les innombrables éléments de la réalité delphique. L'image ins
pirée n'a pas concurrencé le titre officiel de la prêtresse, qui remon
( m ) Cf. M . DELCOURT, o.l., pp. 255261 ; J . DUCHEMIN, Pindare, poète et
prophète, pp. 82, 105115.
(»") Pyth., 4, 61 (= 1. 106).
(>") P. AMANDRY, La mantique apollinienne à Delphes, Paris, 1950, pp. 201
203, 235. Cf. M . DELCOURT, o.l., pp. 2830 ; G. Roux, Delphes, son oracle et ses
dieux, Paris, 1976, pp. 6469.
('*·) Cf. cidessus, p. 25, n. 113. Sur les exigences rituelles auxquelles devait se
soumettre la Pythie : P. AMANDRY, o.l., pp. 114116,
("') PAUS., X , 5,9 ; PLUT., De Pyth. orac., 17 (Mor., 402 D). Cf. M . DELCOURT,
o.l., p. 163. — A. RUMPF (Bienen als Baumeister, dans Jahrbuch der Bert. Museen,
6 [1964], pp. 58) a reconnu, en divers sanctuaires, les restes d'offrandes qui
affectaient la forme du second temple mythique d'Apollon à Delphes, fait de cire
et de plumes. Cf., en outre, J.P. MICHAUD, Chronique des fouilles en 1970, dans
B.C.H., 95 (1971), Ρ· ιο°4·
(""j Cf. DEFRADAS, o.l., pp. 229290 (aspects historiques, politiques, religieux,
etc.) ; M . DELCOURT, o.l., 231281 ; G. Roux, o.l., pp. 147164.
("') On notera que les scholiastes ont accumulé les indications parallèles, à
partir du texte de Pindare (cf. cidessus, p. 26, η. 114115), mais ne lui ont
consacré aucune exégèse de fond.
38 LES INSECTES
tait à la fondation de l'oracle apollinien (1 7 2). Même fugitive, la formule apporte, — et ce n'est pas le moindre mérite de Pindare, — un complément irremplaçable à la fois pour la définition de la Pythie et pour la connaissance des circonstances religieuses dans lesquelles se sont illustrés les pouvoirs sacrés de l'abeille.
PRÉSENCE DE L'ABEILLE DANS LE CULTE D'ARTÉMIS
L'existence de prêtres Έσο-fjves attachés au culte d'Artémis à
Éphèse fournit d'utiles points de comparaison avec le cas des
Μέλισσαι de Déméter. Une série d'inscriptions, — pour la plupart des décrets, —
dont les plus anciennes datent de la deuxième moitié du I V e siècle avant notre ère (1 7 3), une allusion de Pausanias (174) et diverses mentions chez les lexicographes ( m ) font connaître les principaux caractères de la fonction appelée έσσηνία, d'après la désignation
même de ceux qui la remplissent ( 1 7 e). Durant l'année où ils
exercent leur ministère (1 7 7), les 'Eaarjves se soumettent à de
strictes exigences de pureté, en tous points semblables à celles
que respecte, la vie durant, le couple qui, à Orchomène d'Arca
("') Cf. M . DELCOURT, o.l., pp. 4748. La Pythie n'est pas mentionnée dans la
Suite Pythique, mais elle intervient dès le début du fonctionnement de l'oracle,
et la haute antiquité de son ministère ne faisait pas de doute pour les Grecs. Cf.
PAUS., X , 12, 10.
( m ) Elles ont été réunies par E . L . HICKS dans The Collection of Ancient Greek
Inscriptions in the British Museum, 111 (Oxford, 1890), n 0 8 447, 448, 451, 453, 455,
457. 467. 57 8
c (cité I.B.M.).
("«) PAUS., VIII, 13, ι.
("*) HÉSYCH., Ε 6335 > Etym. Orion., 61, 1215 ; Etym. Gud., 539, 1921 540,
1115 De Stefani; Souda, Ε 3131 ; Etym. magn., 383, 2736. Cf. THÉOGNOST.,
Canones, 16 Cramer (Anecd. Oxon., II, p. 7) ; EUST., 1625, 3536 (ad HOM., 1 222) ;
[ZON.], Lex., col. 877 Tittmann.
("*) Sur ce procédé de dérivation : P. CHANTRAINE, Formation des noms en
grec, p. 167.
(177
) PAUS., /./. : οίδα ... ένιαυτόν και ον πρόσω ... έπιτηοευοντας τους ... καλουμένου! ... Έσσηνας, en quoi ils se différencient des desservants d'Artémis
Hymnia, qui exercent leur ministère τον χρόνον τοΰ βίου πάντα. HICKS, LB.M., 578 c, 1. 7: έασψεύσας άγνώς (remerciement de l'Essèn et de son épouse; fin du I I e siècle de notre ère [ ?]). La fonction pouvait être exercée à plusieurs reprises : cf. J . KEIL, Zur ephesischen έσσηνία, dans Jahreshefte des österr. arch. Instituts in
Wien, 36 (1946), Beiblatt, p. 14 (inscription de reconnaissance, II e III e siècle de
notre ère, 1. 45 : πλήρωσα; TOS διίο έσ[σ]ην[ΐ]ας) •
L E S I N S E C T E S 39
die, se consacre à Artémis Ύμνία (178). Leurs tâches, d'ordre socio
religieux, consistent à tirer au sort le nom de la tribu et de la
chiliastye dans lesquelles sont introduits les nouveaux
citoyens (17*), à offrir le sacrifice avec la prêtresse d'Arté
mis ( I 8°), à organiser les repas sacrés (1 8 1), — devoir qui leur vaut
d'être aussi nommés Ιστιάτορες ( 1 8 2 ) . Par le caractère collégial de leur mission et par les pres
criptions rituelles qu'ils observent, ces prêtres se trouvent placés
dans des conditions différentes de celles que connaissent ordinai
rement les desservants des sanctuaires grecs. Les influences
extérieures y demeurent perceptibles et agissantes, mais elles
sont intégrées dans le culte hellénisé (183). Le titre d'èaarjv a subi
une évolution identique.
Ce mot, dont l'étymologie est inconnue (u*), est un
terme technique local (185), usité pour désigner le roi de la
('") PAUS , /./. : oi μόνον τά c'ç τάς μίζας άλλα Kai «V τα άλλα άγιστιΰαν κα&έστη-κ€ ... καί ουτ( λουτρά οΰτε δίαιτα λοιπή κατά τά αυτά σφισι κα&ά κα'ι τοίς πολλοίς έστιν, ούδί er οικία* παρίασιν ανδρός ίδιώτου. Cf. ci-dessus, η. 177 : I B M., 57 s c. Cf. Ε. FEHRLE, Die kultische Keuschheit im Altertum, Glessen, 1910 (R.G. V. V., 6), pp. 101-104; L . MOULINIER, Le pur et l'impur, Paris, 1950, pp. 149-158 ; J RUD-HARDT, Notions fondamentales de la pensée religieuse... dans la Grèce classique,
Genève, 1958, pp. 3941, 170173. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech.
Religion, I', pp. 8990.
("·) I B M., 447 (décret, I l l ' s avant J . C) , 11. 161 7 : «ιπ[κ]λ7)ρώο·αι δί α[ΰτούς eis φυλήν κ]αί χιλιασ- \ τύν τους Έσσή[νας). Cf. η°· 45'. »· 3"4 '· 453. " ι6-ί7 ; 455." 7-8; 457.1-6; 4 67. ·· 3"4- Autant que l'on puisse en juger en dépit des
mutilations, ces décrets appartiennent à la seconde moitié du I V ' siècle on au
III' siècle avant J.C. Cf. HICKS, o.l.. p. 85
(··») IBM. 448 (fin I V ' siècle avant J.C.) SI .G", 352, 1. 6.
C") PAUS., /./. : τους τή 'Αρτέμιδι Ίστιάτορας τή Έφεσία γινόμενους, καλουμένους δί ΰπο τών πολιτών Έσσήνας.
('") Sur le trait ionien de 1Ί initial : H . W. SMITH, The Sounds and Inflections of the Greek Dialects. Ionic, Oxford, 1894, pp 149-150. Cf. P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I, p. 379.
('") Cf. Ch. PICARD, Éphèse et Claros, Paris, 1922, pp. 468538.
( 1 M) Entre autres interprétations, les grammairiens anciens ont fait dériver
le mot tantôt des verbes (ζισάαι siéger ou àaatéav tirer des présages (Etym. Gud., 539,11. 20-22 ; 540, U 11 -12 De Stef ), tantôt du verbe ήσσάν vaincre (Etym. magn , 383, H- 35-36).
( M ) R. M UT H . Έσσήν I-II, dans Anzeiger für die Altertumswissenschaft, 5 (1952), col. 61-64, 123-128 ; H FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 575 (avec la bibliographie) ; P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I, p. 378. -Tout rapport avec la communauté des Esséniens (FLAVIUS JOSÈPHE, Ant fud , III, 7, 5; 8, 9) demeure, du point de vue linguistique et du point de vue historique, improbable. Cf. G. VERMES, Essenes — Therapeutai — Qumran, dans Durham University Journal, 1959-1960, pp. 97-115; The Etymology of Essenes, dans Revue de Qumran, 2 (i960), pp. 427-441.
40 L E S I N S E C T E S
ruche (18e
). Par extension, il a, dans la poésie alexandrine, servi de
synonyme aux substantifs βασιλεύς et ήγεμών (1Ά1), ainsi qu'à οικι
στής (18S). La question est de déterminer si, lorsqu'il s'applique à des prêtres d'Éphèse, le terme conserve ou non un sens métaphorique et, en cas de réponse affirmative, quels motifs ont suscité une telle appellation (18e). Deux circonstances aggravent la difficulté de résoudre le double problème : l'impossibilité de démêler les influences qui se sont exercées à Éphèse et, plus précisément, l'incertitude qui subsiste quant au moment où le titre ά'εσσην s'est imposé, car, les inscriptions ne constituent pas un terminus post quem entièrement probant. Si le titre ά'εσσην ne s'est répandu qu'à partir de la seconde moitié du IV e siècle avant notre ère, l'image pourrait en être déjà effacée. L'exégèse moderne a cependant souscrit à l'interprétation qui reconnaît dans les Έσσηνες les rois de la ruche, responsables de Μέλισσαι, prêtresses ou femmes
consacrées qui auraient mené, dans le sanctuaire d'Artémis,
une existence recluse (190
). Le premier argument en faveur de
cette hypothèse est tiré d'un fragment de la tragédie Les Prê-
(1Ββ
) Etym. Gud., 539, 19 De Stef. : έσσήν' 6 βασιλεύς, άττο μεταφοράς τοΰ μελισσών βασιλέως. Cf. ci-dessus, p. 38, η. 175. — Selon une croyance qui subsistera jusqu'aux observations du naturaliste hollandais Swammerdam, au XVII e
siècle, la ruche aurait été organisée et dirigée par un insecte mâle (ό ήγεμών, ό βασιλεύς τών μελισσών) : ARISTT., H.A., V, 553 a 17 - 554 b 21 ; IX, 624 a 26 - 33 ; Gén. anim., III, 759 a 8 b 35. Cf. XÉN. , Cyr., V, 1, 24 ; PLAT., Rép., VII, 520 B ;
PLINE L'ANCIEN, H.N., XI, 5354 ; etc. Il convient de ne pas se méprendre sur
certains passages où l'insecte maître de la ruche paraît être féminin : le mot
μέλισσα est, dans ce cas, sous-entendu. Cf., par ex., XÉN. , Économ., 7, 32 et suiv. ;
T. HUDSON-WILLIAMS, King Bees and Queen Bees, dans Classical Review, 49
(1953). ΡΡ· 2-4-
(1Β7
) CALLIM., Hymnes, Ι (Λ Zeus), 66 : οί σε &εών έσσήνα πάλοι βέααν, εργα δέ yeiûtô»'. Schol. F Ee La Q : έσσήν κυρίως 6 βασιλεύς τών μελισσών, νΰν δέ ό τών άνδρων. Le texte de Callimaque est cité, à titre d'exemple, par plusieurs lexicographes
et grammairiens.
(1 8 8
) CALLIM., fr. 178, 23 Pfeiffer Μυρμιδόνων έσσήνα. Cf. HÉRODIEN, S.V.
Δοθιψ Lentz (Gramm. Graeci, III, 2, p. 923, U. 89) : OÎTCOÎ ό βασιλεύς έσσήν, ό οικιστής, — suit le texte de Callimaque.
(18') Leur cas pourrait être analogue à celui de l'archonte-roi dont les fonctions sont devenues spécifiquement religieuses. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I8, pp. 663-664.
("0) O. GRUPPE, Griech. Mythologie, Munich, 1906, pp. 136, 909 ; A . REINACH, in compte rendu de D. G . HOGARTH, The archaic Artemision, dans R.H.R., 62 (1910), pp. 376-377 ; H . GRAILLOT, Le culte de Cybèle, Paris, 1912, pp. 181-182 ; Ch. PICARD, Éphèse et Claros, pp. 522-523 ; L'Éphésia, les Amazones et les Abeilles, dans Mélanges G. Radet, Paris, 1940, pp. 270-284 ; la même interprétation est reprise par L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, pp. 358-359. Cf. G . W. ELDERKIN, The Bee of Artemis, dans A.J.Ph., 60 (1939), pp. 203-213.
LES INSECTES 41
tresses, œuvre d'Eschyle aujourd'hui réduite à de si misérables
restes qu'il est devenu impossible d'en saisir le contenu et de
situer le lieu même où l'action se déroulait (m
) . Le passage a
été conservé par Aristophane dans la comédie des Grenouilles
(vers 1274), pour illustrer l'ingéniosité qu'avait Eschyle d'inven
ter et de composer des termes nouveaux (1M
)
Εύφαμΐΐτΐ' Μΐλισσονόμοι οόμον Αρτέμιδος ττέλας οιγ€ΐν. Faites silence! les Μΐλισσονόμοι. vont ouvrir la demeure d'Artémis.
Les Μΐλισσονόμοι ont été assimilés aux Έσστ)ν€ς, et le premier élément Μέλισσο- a servi à confirmer l'existence des prêtresses
Μέλισσαι. Or, le vocable Μΐλισσονόμος, qui est calqué sur un
modèle dont il existe d'autres exemples (1M
), est une création du
poète plutôt qu'une désignation officielle, et la mention d'un
temple d'Artémis ne permet pas de le rapporter exclusivement
au sanctuaire d'Éphèse. Le contexte de la comédie est, d'autre
part, insuffisant pour fixer le genre de ce nom composé (1M
), et,
à supposer que la mention Μΐλισσο- doive être entendue au sens figuré ( m ) , il importerait de montrer qu'il s'agit bien des Abeilles et non de l'Abeille, en l'occurrence Artémis elle-même.
Quant aux bijoux d'or, décorés d'êtres hybrides mi-femme, mi-abeille (1 ί β), qui ont été rapprochés du texte d'Eschyle, ils
p") ESCH., fr. 87 N.". Cf. [A l DIETERICH, art. Atschytos (13), dans R.-E.,
I, ι (1894), col. 1072.
P") La citation est insérée dans un passage lyrique où Euripide veut illustrer
le style emphatique de son prédécesseur (vers 1249-1323). Cf. 820-821 φρένο-τίΊίτοκοΓ àvhpos I ρήμα&' Ιπποβάμονα.
P") Notamment dans la langue d'Eschyle : Agam., 88 (αστυνόμος) ; Choéph.,
864 (πολισσονόμος). Cf. E. LAROCHE, Histoire de la racine NE M- en grec ancien, Paris, 1949, p. 137 ; L. BERGSON, Épithètes ornementales dans Eschyle, Sophocle,
Euripide, Lund, 1956, pp. 43-47, 141-142.
PM
) Le terme composé peut, théoriquement, représenter le masculin ou le
féminin. Seule la première possibilité a été retenue. La fonction de κλη&οΰχοι pouvait incomber à des prêtres, — c'est notamment le cas à Olympie et à Délos, — mais, plus souvent à des prêtresses. Cette dernière circonstance, jointe à l'argument que l'on peut tirer du titre même de la tragédie d'où provient le fragment, incite à préférer le féminin.
('·*) De nombreux sanctuaires, notamment en Asie Mineure, abritaient des élevages d'animaux divers. Les principales références ont été réunies par M. W. DE VISSER, De Graecorum dits non referentibus speciem humanam, Leyde, 1900, pp. 140-147. Cf. ci-après, pp. 45-46, 51, 122. Rien ne s'oppose à ce que des ruches aient été, de la même manière, réservées à certaines divinités.
P M ) Cf. R. HAMPE, Katalog der Sammlung antiker Kleinkunst des archäol. Instituts der Universität Heidelberg. II, Neuerwerbungen 1957-1970, Mayence,
42 L E S I N S E C T E S
ne sont pas plus décisifs. Œuvres archaïques, ou archaïsantes (1 9 î
),
découvertes dans des tombeaux de Théra et de Camiros, ils ne
peuvent être entièrement dissociés du symbolisme funéraire de
l'abeille (188
), et renvoient aux multiples figurations de la Πότνια θηρών plus qu'ils ne confirment la présence, à Éphèse, de
femmes consacrées sous le nom d'Abeilles. Aussi faut-il donner
raison à Fleischer qui souligne les incertitudes relatives à
l'existence d'une bienengestaltige Gottheit antérieure à Artémis
éphésienne et qui considère comme une moderne Spekulation les
explications développées à propos de prêtresses Μέλισσαι dans le grand sanctuaire ionien (1ββ).
Ni le fragment d'Eschyle ni les documents livrés par les
tombeaux ne peuvent donc être invoqués en faveur du rôle de
l'abeille et des Abeilles dans la symbolique d'Éphèse. L'insecte
n'en appartient pas moins de manière privilégiée à ce contexte
particulier, où il apparaît aussi bien sur les monnaies (200
) que
sur la gaine de la célèbre statue cultuelle (201
). Il y incarne, avec
les autres figures animales, le caractère hiératique et mysté
rieux de la divinité féminine qui, avant d'être la grecque
Artémis, a été la déesse primitive de la Nature et de tous les
êtres qui la peuplent (202
). En un domaine où les antécédents
1971, n° 116 (notice de H . GROPPENGIESSER) ; voir PLANCHE I, 3 et, cidessus,
P 23. n. 95·
('") E . PFÜHL, Der arch. Friedhof am Stadiberge von Thera, dans Ath. Mitt.,
28 (1903), pp. 225226, pl. V, 13 ; F . PERNICE, Anzeiger, dans Arch. Jahrbuch,
19 (1904), Ρ· 4i, pl. X L L'accord est loin d'être fait sur les influences qui ont ou
auraient affecté ces documents.
(1ββ
) Cf. cidessus, p. 23, n. 95.
('") R. FLEISCHER, Artemis von Ephesos und Verwandte Kultstatuen aus
Anatolien und Syrien, Leyde, 1973, p. 99.
poo) Principales références et bibliographie : Β. V. HEAD, H.N.*, pp. 571578 ;
E . S. ROBINSON, The Coins from the Ephesian Artemision reconsidered, dans
J.H.S., 71 (1951). ΡΡ i S0
^6
: C. M . KRAAY M. HIRMER, Greek Coins,
Londres, 1966, pp. 354357, pl. 179; 599600 et bibliographie, pp. 356357.
Cf. PLANCHE I, 12.
(,01
) Cf. C. MENETREIUS, Symbolica Dianae Ephesiae statua exposita, Rome,
1657, pp. 4454 ; J . P. BELLORIUS, Notae in numismata turn Ephesia, turn alia
rum urbium Apibus insignita, Rome, 1658 ; Ch. PICARD, Éphèse et Claros,
PP 535537 ; H. THIERSCH, Artemis Ephesia. Eine arch. Untersuchung, Berlin,
!935. pl H L V, VIII, etc. ; K . HOENN, Artemis. Gestaltwandel einer Göttin,
Zurich, 1946, pp. 5859 ; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies
grecques, Liège, 1949, pp. 176196 ; R. FLEISCHER, o.l., pp. 99100.
("*) Ch. PICARD, o.l., pp. 499516 ; R. D. BARNETT, Some Contacts between
Greek and Oriental Religion, dans Éléments orientaux dans la religion grecque
ancienne, Paris, i960, pp. 142153.
I. ι, 2. Éphèse (AR) : Londres, British Museum, Department of
Coins and Medals. Voir p. 42, n. 200. Cliché Université de Lüge;
agrandissement 2,5: 1 (moulage).
3. Pendentif en or, art rhodien : Heidelberg, Archäologisches
Institut der Universität. Inv. 70/7. Voir p. 4142, n. 196.
Cliché Archäologisches Institut, Heidelberg.
LES INSECTES 43
préhelléniques ont déterminé, jusque dans ses ultimes exten
sions (203
), l'évolution religieuse postérieure, il serait contraire à
la religiosité des Grecs de récuser la concordance entre Artémis,
héritière de la Dame des Abeilles (ï M
), et le rôle à la fois social et
organisateur qu'exerçaient, dans la pureté rituelle, les membres
de la hiérarchie sacerdotale connus sous le titre officiel d"Eaofjvtç.
En Ionie, autant que sur le continent, l'abeille se présente
comme l'agent exceptionnel qui a favorisé le brassage des diverses
composantes d'où la religion grecque a finalement tiré son
originalité et son unité.
(··») Ch. PICARD, o.l., chap V I I I I X
(, 0
«) Ch. PICARD,»./., p 231; Γ. PESTALOZZA, L'éternel féminin dans la
religion méditerranéenne, trad M. De Corte, Bruxelles, 1963, p 36 ; A. MOTTE,
o.l., pp. 93-Ό4
Les poissons et la faune marine
Quand, à la fin du Timée ( l ) , Platon définit les étapes de la réincarnation d'après les analogies qu'il découvre dans la nature et le comportement des êtres humains et des animaux, il réserve aux άνοητότατοι et aux αμαθέστατοι la quatrième et dernière
classe, celle des animaux aquatiques (γένος ïwopov), qui occupent, en raison d'une sottise extrême (άμαθίας έσχατης), les extrêmes demeures (έσχάτας οΐκήσΐΐς). Le préjugé défavorable que le
philosophe fait ainsi peser sur les êtres qui peuplent les eaux
évolue dans le traité que Plutarque a consacré à l'intelligence
des animaux jusqu'à devenir une condamnation sans appel (2
).
Les arguments invoqués de part et d'autre sont apparentés et
aboutissent à démontrer que les poissons sont à la fois insensibles
aux manifestations de l'esprit et de la divinité et privés, en un
mot, d'une vie digne de ce nom.
Pour réfuter les dires d'Aristotime, Phaidimos, un autre
interlocuteur du De sollertia animalium, se flatte d'établir, par
les faits, que les poissons ne le cèdent en rien aux autres espèces.
Cependant, le seul exemple qu'il réussit à produire est celui du
sanctuaire lycien de Soura (3
), où l'oracle d'un dieu local, finale
ment assimilé à Apollon (*), était fondé sur le comportement de
poissons sacrés (6
). Les témoignages ne manquent pas, d'autre
(») Timée, 92 B.
(') De soll, anim., 22 (Mor., 975 Β) : ίχ&νς δί T O W cüiaSeïs καί άνοήτονς λοι-δοροΰντες καί σκώπτοντες όνομάζομεν. ... κωφά πάντα καί τν^λα τής προνοίας eis τόν ά&εον καί τιτανικόν άπερριπται τόπον,... σπαίρουσι μάλλον ή ζώσιν εοικεν. Ci. Ο ρ ρ ί Ε Ν , Hal., II, 199-252·
(·) Sur ce lieu, dont le nom indigène Sourezi est attesté par les inscriptions
(cf. T.Α.M., I, 84, 1. 3) : [W.] RUGE, art. Sura (3), dans R.E., IV A, 1 (1931),
col. 960961.
(4
) M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I*, p. 546. Cf. O. BENNDORF
Ci. NIEMANN, Reisen im sudwestl Kleinasien, I (Vienne, 1884), p. 31, η. ι ; Ε. P E
TERSEN F. VON LUSCHAN, Reisen..., II (Vienne, 1889), pp. 44, 82.
(*) PLUT., o.l., 23 (Mor., 976 C). Pour les détails du fonctionnement de l'ora
cle: POLYCHARMOS, 770 F 2 ae J., dont le témoignage est cité notamment par
4 6 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
part, sur la place et le rôle des poissons dans le culte d'Atarga
tis (6
), en Syrie, ou dans le sanctuaire du Zeus de Labranda ('),
mais ils révèlent aussi qu'aux yeux des Grecs de tels usages pas
saient pour fondamentalement étrangers (8
).
Or, tandis que Platon situe les poissons au dernier degré de
la hiérarchie des êtres vivants, les Pythagoriciens, dans leur
théorie eschatologique, ont vu en eux un réceptacle de l'âme
humaine et ne leur ont pas témoigné moins de respect qu'aux
autres animaux (9
). Et quantité d'indices, liés parfois à des
ATHÉNÉE (VIII, 333 DF) ; cf. PLINE L'ANCIEN, H.N., XXXII, 17; ÉLIEN, N.A..
VIII, 5; X I I , ι ; STÉPH. BYZ., s.v. Σοΰρα. Les responsables du sanctuaire sont connus sous le nom d'ίχΰνομάντεις άν&ρες. Les principales espèces — poissons et cétacés — mises en cause sont les mérous (όρφοή, les baleines (φά[λ]λαιναι), les poissons scies ( π ρ ί σ τ ί ΐ ϊ ) , les γλαυκοί non identifiés et, selon POLYCHARMOS, beau
coup d'autres poissons inconnus et étrangers à la vue (πολλοί δί καί αόρατοι ίχ&ΰς καί ξένοι τή όφει). Sur la présence des baleines en Méditerranée: cf. E . DE SAINT
DENIS, Le vocabulaire des animaux marins, Paris, 1947, pp. 1314 ; sur la connais
sance que les Grecs ont eue du poisson scie : cf. L. ROBERT, Les kordakia de Nicée.
... Philologie et réalité, dans Journal des Savants, 1962, pp. 510.
(·) [Luc.],£>« Syria dea, 45; ÉLIEN, N.A., XII, 2. Cf. les prescriptions de
\ "ιχ&υοτρόφιον dans un règlement cultuel généralement rapporté à Atargatis, qui provient de Smyrne (1er siècle avant J.-C.) : F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées de l'Asie mineure, 17 (avec bibliographie) ; également Lois sacrées des cités grecques, Suppl., Paris, 1962, 54, U. 2-3 (Délos, fin du IIe siècle avant J.-C).
(') ÉLIEN, N.A., XII, 30.Cf. A . LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, pp. 96-101. — Pour d'autres exemples et l'influence du poisson dans la symbolique chrétienne : F. J . DOELGER, ΊΧΘΥΣ. Das Fisch-Symbol in frühchristlicher Zeit, Munster, 1922-1928, II. Der heilige Fisch in den antiken Religionen und im Christentum. Cf. J . ENGEMANN, art. Fisch, dans R.A.C., V I I (1969), col. 959-I097-
(8) La position d'ANAXIMANDRE qui situait dans le milieu aquatique, parmi les poissons, l'origine même de la vie humaine (cf. 12 A 11, 30 Diels'-Kranz), se place dans la ligne des interprétations que l'école milésienne a proposées au sujet de la formation de l'univers et de son peuplement. Au regard des recherches de la biologie contemporaine, une telle intuition acquiert une valeur nouvelle. Pour les anciens Grecs, elle relevait d'un mode de pensée extérieur au leur propre. Cf. PLUT., Quaest. conv., VIII , 8, 4 (Mor., 730 E) [ = 12 A 30 D.e-Kr.] ... ώς καί Σύροι ' διό καί σέβονται τον ίχ&ύν ώς ομογενή κα'ι αΰντροφον έπιεικέατερον Ά ν α ξ ι μ ά ν-δ ρ ο υ φιλοσοφοΰντες. — Au cours de l'expédition en Asie, XÉNOPHON (Anab., I, 4, 9) ne retient guère qu'un seul trait à propos d'un voyage de plus de 100 km : ί'πί τόν Χάλον ποταμόν, ... πλήρη δ' ίχ&ύων μεγάλων καί πραέων, ους οί Σύροι &εούς ένόμιζον καί άδικί ΐκ ούκ ε'ιων. Cf. Clc, De nat. deorum, III, 15, 39. MNASÉAS, fr. 32 Müller (F.H.G., III, p. 155) : ίμο ί μεν ή *Αταργάτις δ ο κ ί ί χαλεπή βασίλισσα γεγονέναι κα'ι των λαών σκληρώς έπεστατηκέναι, ώστε κα'ι άπονομίσαι αύτοϊς ιχϋύν μή έσάίειν άλλα προς αύτήν άναφέρειν. Cf. JULIEN, Α.P., V I , 25.
(») DIOG. LAËRCE, VIII, ι (Vie de Pythagore), 34 : Τών ίχ&ΰων μή άπτεσδαι, όσοι ιεροί. Sont notamment visés le rouget (έρυ&ινος), l'oblade {μελάνουρος), le surmulet (τρίγλη), une actinie (άκαλήφη). PLUTARQUE (QU. conv., VIII,
LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 47
réalités très prosaïques, sont également significatifs (10
) : quoi
qu'en disent les philosophes et les penseurs, la répulsion à l'égard
des habitants de l'abîme n'a été ni générale ni constante. Deux
conceptions s'affrontent, à l'origine desquelles se trouve un
défi ("), celui que la nature a lancé aux hommes qui ont peuplé
la Grèce. De pasteurs et d'agriculteurs qu'ils étaient principale
ment, — n'avaientils pas oublié jusqu'au nom indoeuropéen
de la mer? (12
) — les Hellènes, contraints par l'impérieuse
nécessité de survivre, ont dû se faire pêcheurs et navigateurs,
ou, à tout le moins, ont été bientôt conduits à intensifier et à
systématiser ces activités qui ne laissaient pas, au départ, de
les rebuter (13
). S'ils ont réussi leur reconversion avec les impres
8 [Mor., 728 D 730 F]) examine le thème Δια τί μ ά λ ι σ τ α οί Πυ&αγορικοΊ ίμφνχιαν τού! Ιχ&ϋ; παρχττονντο ;. Cf. Α. DELATTE, Études sur la littérature pythagoricienne, Paris, 1915, pp. 289-294, 310-312 ; La vie de Pythagore de Diogène Laërce, Bruxelles, 1922, pp. 188-194.
(10) L'alimentation en procure les exemples les plus variés et les plus directement évidents : cf. [HIPPOCR], Régime, II, 48-49 ; les nombreuses allusions empruntées aux comédies chez ATHÉNÉE, principalement aux livres V I I et VIII , ainsi que les citations extraites des traités spécialisés άλ ι ίκτ ικά (auteurs cités en I, 13 D) et όψαρτυτικά, θαλάσσια ipya de Dorion, Pancratès, Épainétos,
Euthydémos, etc. Cf. E. FOURNIER, art. Cibaria, dans Diet. Ant., I (Paris,
1887), col. 1162B; J . RICHMOND, Chapters on Greek FishLore, Wiesbaden,
•973 (étude des sources grecques des Halieutica d'Ovide). On verra aussi Cl.
VATIN, Un tarif des poissons à Delphes, dans B.C.H., 90 (1966), pp. 274280 et
Le tarif des poissons d'Akraiphia, dans Inscriptions de Grèce centrale, Paris, 1971,
pp. 95109. Ces deux documents sont notamment révélateurs de la nécessité
qu'il y eut de protéger les consommateurs contre les hausses abusives des prix.
(») Selon l'heureuse formule que Claire PRÉAUX a développée, à la tribune de
l'Association BelgiqueGrèce, dans une conférence intitulée Les défis de la civili
sation grecque (Liège, 2 février 1968).
('·) P. CHANTRAINE, Études sur le vocabulaire grec, Paris, 1956, p. 11 ; Diet,
étym. de la langue grecque, I (Paris, 1968), p. 65 (ôAç), p. 420 ( θάλασσα) ; II (Paris, 1970), p. 872 (πέλαγο;), pp. 927-928 (iroWot). Cf. J.-P. VERNANT, Thétis et le poème cosmogonique d'Alcman, dans Hommage à Marie Delcourt, Bruxelles, 197°. PP- 53-55·
(") P. JARDÉ, La formation du peuple grec, Paris, 1923, pp. 65-69. Cf. Dorothea GRAY, Seewesen, Göttingen, 1974, pp. 12-14 : H . G . BUCHHOLZ-G. JOEHRENS-I. MAULL, Jagd und Fischfang, Gôttingen, 1973, p. 180. — HÉSIODE (Trav. et jours. 236-237) ne dissimule pas là-dessus son sentiment. — Sur l'ambivalence de la mer, cf. M. DÉTIENNE - J . -P. VERNANT, Les ruses de l'intelligence. Paris, 1974, pp. 209-215. L'abandon presque total des motifs et des sujets marins dans lesquels les artistes crétois s'étaient illustrés en maîtres est un autre indice de la position des Grecs à l'égard de l'élément liquide, aux époques archaïque, voire classique. Cf. MORIN-JEAN, Le dessin des animaux en Grèce d'après les vases peints, Paris, 1911, p. 8. À l'époque hellénistique, les peintres italiotes prirent, à cet égard, une éclatante revanche, sans atteindre cependant la perfection de
48 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
donnants succès que l'on sait (14), ce ne fut ni sans peine, ni sans crainte, mais au prix d'une lutte toujours recommencée avec l'élément liquide, comme avec eux-mêmes. L'action déterminante qu'il a exercée sur tous les aspects de l'existence a entraîné, dans la religion, des répercussions parallèles.
Pour assurer à leurs entreprises les meilleures chances de succès, les travailleurs de la mer se sont ménagé l'aide des puissances marines en les associant à leurs activités de la manière qui pouvait surtout les toucher : ils leur ont promis, ils leur ont offert et sacrifié leurs plus belles captures (16). Les dédicaces et les traditions locales contiennent d'instructives différences selon qu'elles émanent d'individus isolés ou de cités. Les premiers en effet donnent volontiers cours à l'amertume, au découragement, à l'inquiétude, lorsqu'ils consacrent les fruits de leur hasardeuse besogne (16). Leurs prières vont à Priape (17), à Pan (18), tous deux patrons des aubaines et dieux des petites gens (19), à la
leurs prédécesseurs. Cf. L. LACROIX, La faune marine dans la décoration des plats à poissons, Verviers, 1937.
(14) Cf. A. LESKY, Thalatta. Der Weg der Griechen zum Meer, Vienne, 1947, notamment, pp. 1-37, 269-276.
(15) P. STENGEL, Opferbräuche der Griechen, Leipzig-Berlin, 1910, pp. 197-202. (U) QUINTUS MAECIUS, A.P., VI, 89 : la pêche n'a rapporté qu'une seule
langouste, dont le pêcheur Paris consacre la carapace (άστρακόοερμον ... κάραβον) ; APOLLONIDAS, A.P., VI, 105 : offrande à Artémis d'un surmulet (τρίγλα) et d'un phykis (JUKI'S). Cf. PLAT. COM., fr. 173,19-20 Kock (C.A.F., I, p. 647). N . B . L'identification des animaux mentionnés dans ce chapitre est fondée sur les travaux de
F . A . WOOD, Greek Fish-Names, dans A.J.Α., 48 (1927). pp. 297-325 : 49 (ΐ928), pp. 36-56. 167-187 ; R. STROEMBERG, Studien zur Etymologie und Bildung der griech. Fischnamen, Göteborg, 1943 ; D'A. W . THOMPSON, A Glossary of Greek Fishes, Londres, 1947 ; W . LUTHER - K. FIEDLER, Guide de la faune sous-marine des côtes méditerranéennes, trad. Ph. et J. Bovet, Neuchâtel, 1965. Dans les meilleurs cas, l'espèce a été identifiée. Elle est alors désignée par son nom usuel français et par son nom scientifique latin. Lorsqu'il y a hésitation sur les espèces, seul le nom du genre est donné. Quand l'identification s'est révélée trop hasardeuse, le nom grec a été translittéré. Je tiens à remercier le Dr. J. Voss, conservateur de l'Aquarium de l'Université de Liège, qui a aimablement accepté de procéder aux contrôles nécessaires.
(") (QUINTUS) MAECIUS, A.P., VI, 33 ; ANON., A.P., X, 9; ARCHIAS, ibid., 10; AGATHIAS, ibid., 14; THÉÉTÈTE, ibid., 16. Au sujet de Priape, dieu des pêcheurs: L. ROBERT, Inscription de Gallipoli et dédicace de Cyzique, dans Hellenica, IX (1950), pp. 80-97.
(18) JULIEN, A.P., VI, 12 ; ARCHIAS, ibid., 179-181 ; ALEXANDRE DE MAGNÉSIE, ibid., 182 ; ALPHÉE DE MYTILÈNE, ibid., 187 ; STATYLLIUS FLACCUS, ibid., 196. Le dieu est invoqué sous le nom ά'Άκτιος : cf. PIND., fr. 113 Turyn ; THÉOCR., V, 14-16 et schöbe; Etym. magn., 54, 27.
(") C'est à Hermès que le pêcheur, parvenu au terme de sa carrière, consacre
L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E 49
Dame de la mer, Aphrodite Ποντία (20), aux Nymphes des grottes (21), à Artémis maîtresse de toutes les espèces animales,
mais aussi protectrice de ceux qui leur font la chasse (22
). Dans sa
tâche de guide des pêcheurs, qui lui a valu d'être rapprochée de
la Crétoise Dictynna, gardienne des filets (2S
), sa puissance ne
se confond pas avec celle qu'elle détient, en tant que déesse de
la végétation, sur les eaux douces aux pouvoirs fécondants (24
).
Toutefois, qu'on veuille l'honorer comme la Πότνια Ιχ&ΰων (2δ), lui manifester reconnaissance et gratitude pour une pêche
fructueuse, ou bénéficier des propriétés fertilisantes des rivières,
des étangs, des marais, les poissons et les coquillages sont, pour
Artémis, des offrandes appropriées (2e
). Poseidon n'est pas
négligé (27
), mais il garde davantage le caractère souvent sinistre
que les récits homériques ont révélé. Aussi l'invoqueton d'abord
pour conjurer les périls des longues traversées i28
). Comme dieu
de la pêche en haute mer, il apparaît dans le culte public que lui
décernent les cités maritimes (2Ï
). La capture lucrative des
son matériel de pêche : PHILIPPE DE THESSALONIQUE, A.P., VI, 5; JULIEN,
ibid., 2829. Cf. cidessous, p. 51, n. 42.
(") EUR., Hipp., 415; L. ROBERT, /./. (voir n. 17), pp. 9397 (inscription de
Parion). Cf. L. et Jeanne ROBERT, Bull, épigr., dans H.E.G., 70 (1963), p. 157,
n° 170 (Istros). — C'est Aphrodite qu'il faut probablement reconnaître dans la
déesse qu'évoque THÉOCRITE (fr. 3 Gow [comment., II, p. 521]), à laquelle on offre
le XÎCKOS, poisson non identifié, pour obtenir une pêche abondante. La déesse, qui
a pour attribut les coquillages méditerranéens, reçoit de nombreuses épithètes
marines : θαλασσίη, ΕΙναΧίη, ΓαΧηναίη, ΕϋπΧοια, Λιμινία. Sa nature et son origine l'y prédestinent : cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I \ pp. 519
526.
(") THÉODORIDAS, A.P., VI, 224.
(") APOLLONIDAS, Α Ρ., VI, 105. Cf. cidessus, p. 48, n. 16. Sur les traces de
poissons et de coquillages dans les dépôts votifs de ses grands sanctuaires:
Ch. PICARD, Éphèse et Claros, pp. 60, 379 ; H . GALLET DE SANTERRE, Délos primi
tive et archaïque, Paris, 1958, pp. 129131. Sur les offrandes à Brizô, divinité
délienne: SÉMOS, 396 F 4 J. ; cf. EUST., 1720, 5659 (ad HOM., μ 252).
(") Cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is
, pp. 311, 483;
L . SÉCHAN P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, p. 356 et n. 77.
(") A. MOTTE, o.l., notamment pp. 78. Les épiclèses de la déesse sont alors
/Ιοταμία, Λιμνάτιί, 'ΑΧφειαία, etc. (**) Cf. Ch. PICARD, Éphèse et Claros, p. 60. (*·) Ci-dessus, n. 22. (*') POSIDONIOS, 87 F 29 J . ; DIOD. SIC, V, 69, 4 (usages crétois) ; [THÉOCR.],
XXI (Les Pêcheurs), 54. (") MACÉDONIOS, A.P., VI, 70. (*') Il arrive qu'un héros local soit préféré à Poseidon lui-même dans la mis
sion de veiller sur les intérêts publics. C'était le cas de Cylabras auquel les Pha-sélitains offraient chaque année les poissons séchés : HÉROPYTHOS, 448 F 1 J . ;
50 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
thons (30
) lui vaut chez les Éoliens le sacrifice appelé θυνναΐον (31) au cours duquel on immole la première prise de la saison, et des
offrandes aussi fameuses que le taureau des Corcyréens (32
). Les
habitants de Myconos le prient sous le titre de Φύκιος (33), d'après
le nom de certaine algue (34
), et assument les frais du culte par
une taxe sur la pêche (35
). Ceux de Lampsaque lui sacrifient des
poissons (3e
), tandis que les descendants d'Hellen s'abstiennent
PHILOSTÉPHANOS, fr. ι Müller (F.H.G., III, p. 29), cités par ATHÉNÉE, VII,
297 E 298 A .
(30
) Sur les conditions de cette pêche et son importance dans l'économie
antique : D ' A . W. THOMPSON, o.l., pp. 7990 (avec bibliographie) ; L. ROBERT,
(voir n. 17), dans Hellenica, IX (1950), pp. 8097. — Le
thon figure parmi les
attributs du dieu. Cf. DÉMÉTRIOS DE SCEPSIS, fr. 5 Gaede (cité par ATHÉNÉE,
VIII, 346 C).
(31
) ANTIGONE DE CARYSTE, in Philol. Untersuchungen, IV (1881), p. 174 Wila
mowitz : roùs AloXéas λέγει &υσιαν έπιτελονντας τω Ποσειδώνι ύπό τήν τών &νννων ώραν, όταν εύαγρήσωσι, &νειν τώ &εώ τόν πρώτον άλόντα &νννον, και τήν &υσιαν ταύτην καλεισ&αι &υνναΐον. Cf. ΑΤΗ., VII, 297 Ε ; 3°ι F ; 3°3 Β- C'est aussi en guise ά'άπαρχή que les Béotiens offraient à tous les dieux les plus belles anguilles
de leurs élevages du lac Copaïs. Cf. AGATHARCHIDÈS, 86 F 5 J. ; ΑΤΗ., VII, 297 D
E ; voir aussi VIII, 346 D (culte d'Atargatis; cidessus, p. 46, n. 8).
('·) PAUS., X, 9, 34. Cf. G. DAUX, Pausanias à Delphes, Paris, 1936, pp. 7778.
Les circonstances de cette pêche miraculeuse sont, en ellesmêmes, révélatrices :
un taureau, animal sacré de Poseidon en tant que symbole de la puissance
fécondante (cf. cidessous, pp. 145146), indique la présence d'un banc de thons. Il
est sacrifié à Poseidon avant la pêche, à la fois comme geste de reconnaissance et
gage du succès de l'entreprise. Quant à l'effigie de bronze, œuvre de Théopropos
d'Égine, qui lui est ensuite consacrée sur le bénéfice de la capture, si elle est élevée
dans le sanctuaire de Delphes, c'est qu'Apollon n'a pas été étranger au bon
déroulement des opérations. Elle fut aussi érigée à Olympie (PAUS., V, 27, 9),
afin que soit assurée à l'événement et à l'offrande la plus grande publicité.
Cf. p. 146, n. 181.
(SA
) F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 96 ( = S.I.G.*,
1024), U. 89 : Ποσει1 αώνι Φυκίωι (règlement cultuel, vers 200 avant J.-C).
(34
) Le fucus (φΰκος &αλάσσιον), à moins qu'il ne s'agisse de l'orseille (Rocella
tinctoria), un lichen des rochers littoraux non submergés. De ces deux végétaux
qu'Os confondaient sous le nom de φΰκος, les Grecs extrayaient des colorants rouges. Seuls les contextes permettent de déterminer quelle espèce est en cause.
Cf. THÉOPHR., H.P., IV, 6, 1-6 ; PLINE L'ANCIEN, H.N., XIII, 136; XXVI, 103.
La confusion est souvent maintenue par les modernes. Cf., par ex., V. CHAPOT,
art. Tinctor, Tinctura, dans Diet. Ant., V (Paris, 1919), col. 340 A ; comparer la
judicieuse mise au point de P. FOURNIER dans sa note à PLINE, H.N., XIII, 136
(éd. Les Belles Lettres). On notera que le nom du φυκ'ις est dérivé de celui des
algues dans lesquelles ce poisson se tient et fait son nid. OPP., Hal., I, 126127.
Cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 10471048.
(S5
) F . SOKOLOWSKI,o.l.,96,11. ΙΟΙΙ : άπό τοΰτέλους τών Ίχ&[υ\ων βουλήπριαμενη Ιέρεια είκο-1 οι δραχμών διδότω. Cf. commentaire, p. 187 (diverses références relatives à des impôts sur le poisson).
(**) POLYEN, Strateg., VI, 24.
LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 51
d'en consommer (*') et qu'à Aigiai, en Laconie, défense est faite,
en l'honneur du dieu, de pêcher les poissons qui peuplent le lac
voisin de son temple ("). Des prohibitions analogues sont encore
attestées en relation avec les mystères éleusiniens (3
· ) , la célé
bration de la fête des Halôa (40
), le culte d'Héra à Argos (41
)
et celui d'Hermès à Pharai (**), outre les interdictions qu'impo
sent les croyances pythagoriciennes (4S
).
Dans la mesure où elles ont aidé à vaincre la grande peur ances
trale, les créatures qui peuplent les abîmes marins ont joué,
dans les rites, un rôle identique à celui des autres espèces ani
males. Plus que cellesci, elles ont suscité des légendes et des
contes où se retrouvent les sentiments de fascination et de répu
gnance, traduits en aventures fantastiques et en personnages
fabuleux. Qu'il s'agisse des Sirènes, des Néréides, de Glaucos,
de Protée ou d'Artémis Eurynomè (44
), l'arrièrefond symbolique
des croyances auxquelles ces génies et divinités de la mer sont
(*') PLUT., QU. conv., VIII, 8, 4 (Mor., 730 E). De même à Leptis : ibidem.
(»·) PAUS., III, 21, 5. — ÉLIEN (N.A., XII, 30) mentionne encore l'existence
de poissons apprivoisés dans un sanctuaire épirote ainsi qu'à Hélôros, ancienne
citadelle des Syracusains. Sur la présence, dans la fontaine d'Aréthuse, de
poissons protégés : schol. B D P T U PIND., Ném., 1, 2 a Drachmann (pp. 89).
(**) PAUS., I, 38, Ι : Λέγονται Si ol 'Ptiroi Κόρης Upol καί Δήμητρος tlvai, κα'ι τους ίχ&ΰς «f αύτών TOÎS Upfûaiv Ιστιν aiptlv μόνοις. Cf. ÉLIEN, N.A., IX, 51 ; 65. Voir aussi PORPH., De Absl., IV, 16.
(") Schol. R Luc, Dial, court., 7, 4 Rabe (p. 280, 11. 20-24) • Ένταϋ&α οΐνός τ« πολύ; πρόκαται καί τράπεζαι πάντων τών της γης κα'ι 9αλάσσης γέμουσαι βρωμάτων πλήν τών άπ€ψημένων iv τω μυστικώ ... καί Φαλαττίων τρίγλης (surmulet), ipvâivov
(rouget), μίλανούρου (oblade), καράβου (langouste), γαλιοΰ (squale). Sur la fête des Halôa, qui se déroulait au mois de Poseideôn : L. DEUBNER, AU.
Feste', pp. 6067 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I», pp. 466467.
(«') ÉLIEN, N.A., IX, 65: Τής Si τρίγλης ούκ àv γιύσαιντο οί αύτοί μΰσται, oôSi μην ή τής Ήρας τής iv "Αργιι liptia.
(") PAUS., VII, 22, 4 L'espèce n'est pas précisée.
(*») Cf. cidessus, pp. 4647, n. 9. On notera que les mêmes espèces sont inter
dites chez les Pythagoriciens et lors de la fête des Halôa, pour des motifs diffé
rents, mais qu'il n'est pas aisé, surtout dans le dernier cas, de démêler.
(") PAUS., VIII, 41, 6 : το ξόανον ... ΐϊκών γυναικός τά άχρι τών γλουτών, το άπο τούτου Si ιστικ Ιχάΰς. Cf. [Ο.] HOEPER, art. Eurynome (l), dans R.-E., VI (1907), col. 1339-1340. Cette statue cultuelle qui n'est pas autrement connue constitue le prototype des représentations traditionnelles, modernes, des Sirènes. Ileana CHIRASSI (Miti e culti arcaici di Artemis nel Peloponneso e Grecia centrale. Trieste, 1964, pp. 21-22) a étudié l'héritage marin d'Artémis. Cf., en outre, pour les rapprochements qu'il suggère : le roman de Str. MYRIVILIS, Notre Dame la Sirène, trad. A. Mirambel, Paris, Lafiont, 1957, e.a. p. 13.
52 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
mêlés procède jusque dans ses développements secondaires d'une
mentalité profondément religieuse (46
).
D'une manière plus superficielle, mais remarquable dans la
diversité des attestations, elle se manifeste aussi dans les spécu
lations de toute nature, qui ont servi à justifier les appellations
pittoresques d'un grand nombre de poissons et de coquillages.
En ce domaine où les analogies de forme, de couleurs, de com
portement ont produit quantité d'emprunts (4e
), les rapproche
ments avec les divinités ne manquent pas. L'haliotide aux reflets
de nacre est l'oreille d'Aphrodite (47
), le κίθαρος est naturellement voué à Apollon (
48
), le surmulet appartient à Hécate et à
Artémis (4B
), le bogue à Hermès, voleur de troupeaux de bovi
dés (50
), la daurade à Aphrodite (51
). D'autres espèces, sans être
toujours attribuées à tel ou tel membre du panthéon, ont été
dites 'sacrées' : le poulpe àTrézène(6 2
) , les cigales de mer à Séri
phos (53
), tandis que le poisson pilote, consacré à Poseidon (54
),
(") Sur les Meerdämonen : A . LESKY, od., pp. 88148 (Meergötter und Meer
mythen) ; L . SÉCHAN, Légendes grecques de la mer, dans B.A.G.B., Lettre d'Huma
nité, 14 {1955), pp. 347 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is
,
pp. 240244, 853854. Sur le culte des divinités marines particulièrement nom
breuses à Délos et les restes d'offrandes d'animaux marins : H . GALLET DE
SANTERRE, Délos primitive et archaïque, Paris, 1958, pp, 157162.
(") Cf. L . LACROIX, Noms de poissons el noms d'oiseaux en grec ancien, dans
L'Ant. class., 6 (1937), pp. 265302 ; R. STROEMBERG, Studien zur Etymologie und
Bildung der griech. Fischnamen, Göteborg, 1943 (au nom des différentes espèces).
(") ANTIG. DE CARYSTE, in Philol. Untersuchungen, IV (1881, p. 174) Wilamo
witz : το óorpeov τοΰτο ΰπο AloXémv καΧ(ΐσ&αι οΰ; 'Αφροοίτη; (#αλάττιον ovs chez ARISTT., H.A., IV, 529b 16).
(4β) Non identifié avec certitude. PHÉRÉCR., fr. 39 Kock (C.A.F., I, p. 155),
cité par ATH., avec d'autres fragments, en VII, 306 A ; cf. VII, 287 A .
(") Cf. cidessus, p. 48, n. 16. En outre, MÉLANTHIOS, 326 F 2 J . ; HÉGÉSAN
DROS, fr. 39 Müller (F.H.G., IV, p. 420) ; CHARICLEIDÈS, fr. 1 Kock (C.A.F., III,
Ρ· 394) — passages cités par ATHÉNÉE, VII, 325 A D . Cf. EUST., 1197, 2932 (ad
HOM., y 73). Les raisons de cette attribution ont donné lieu à diverses spécula
tions de la part des auteurs anciens, la plus fréquemment retenue est fondée sur
l'homonymie entre le nom du poisson (τρίγλη) et celui du carrefour (τρίοδοί) que protègent Hécate et Artémis.
(SO
) ΑΤΗ., VII, 287 A ; VII, 325 Β : Έρμχ) Sè βόακα. («) ARCHIPPOS, fr. 18 Kock (C.A.F., I, p. 682). Cf. CALL., fr. 378 Pfeiffer;
ÉRATOSTHÈNE, fr. 12, 3 Powell; cf. PLUT., De soll, anim., 32 (Mor., 981 D).
(·*) CLÉARQUE, fr. I 0 2 . i l . 15-16 Wehrli*: φησίν ... oJVe τόν Upov καΧονμενον ττοΧνττουν... νόμιμον τ]ν Φ-ηρέναν.
(") ÉLIEN, Ν.Α., XIII, 26 (τέττιγες Ενάλιοι) qui sont, dit-on, le jouet de Persée.
— CALLIM. (fr. 394 Pfeiffer) mentionne encore comme poisson sacré Υΰκη, non identifié. Cf. ΑΤΗ., VII, 327 A.
(64
) Cf. F . J . DOELGER, o.l., pp. 413-415.
LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 53
a réputation d'être, à Samothrace, l'ami de tous les dieux (**).
Son comportement lui a valu d'être l'iepoç Ιχθύς par excellence (se). En outre, la présence de cette expression dans un des rares passages où Homère évoque les poissons (5'), — sans qu'il soit d'ailleurs possible d'aboutir à une identification certaine (5e), — n'a fait qu'accroître et renforcer sa renommée (69).
Ces quelques exemples suffisent à illustrer l'abondance et la variété qui président au choix et à l'interprétation du nom des animaux marins. Les témoignages qui viennent d'être produits émanent, pour la plupart, des poètes comiques et des historiographes. Les uns et les autres font volontiers écho, sans toujours contrôler les informations qu'ils utilisent, à des spéculations fantaisistes, à des traditions populaires souvent plus voisines de la superstition ou de la magie sympathique que de la religion. Telles quelles, et compte tenu de leurs limites, les associations qu'elles révèlent confirment encore la disposition d'esprit qui poussait les Grecs à préférer, parmi toutes les corrélations qui s'offraient à eux, celle qui mettait en cause les divinités et concrétisait, fût-ce par les plus humbles réalités, leur intervention permanente dans la vie quotidienne.
Pour acquérir la connaissance des choses de la mer et retrouver la maîtrise qui avait assuré autrefois la prépondérance crétoi-se(60), l'apprentissage des Grecs a été long. Durant la patiente conquête, un animal marin a échappé à toutes les préventions: le dauphin, allié de la première heure, qui, des fresques
(*·) ÉLIEN, N.A., X V , 23. Cf. [O.] KERN, art. Kabeiros und Kabeiroi, dans R.-E., X (19.19). col. 1431.
(") OPPIEN, Hal., I, 186-211 ; V,67-102; ÉLIEN, N.A.,11, 15. Cf. W . GOEBER, art. Pompilos, dans R.-E., X X I , 2 (1952), col. 2223.
(") HOM., ƒ1407 (comparaison insérée dans le récit de la lutte entre Patrocle et Sarpédon) : ώς óre τ« φως | ηίτρχι eVi προβλήτι κα&ήμ€νος Upov Ιχ&ύν | ίκ nóvroto άΰραζ( λίνω καί ήνοπι χαλκώ. Cf. PLUT., De soll, anim., 32 {Mor., 981 D). Les poissons apparaissent peu dans l'épopée. Le fait n'avait pas échappé aux
lecteurs anciens : cf. PLAT., Rép., III, 404 B-C ; ΑΤΗ., I, 13 A - D .
(s
") Le sens même de l'épithète i'epós a suscité de nombreuses hypothèses :
schol. A ad HOM., H 407 ; EUST., 1067, 36-41. Cf. J . P. LOCHER, Untersuchungen
zu 'κρος hauptsächlich bei Homer, Berne, 1963, p. 62. Le fait que l'anthias (ανΗας) et l'esturgeon {ίλοφ) ainsi que la daurade (χρϋσοφρυς) sont aussi appelés t»poï
Ιχάύις ne fait qu'accroître la difficulté. Cf. D ' A . W . THOMPSON, o.l., s.v. (") Cf. l'important chapitre que lui consacre ATHÉNÉE (VII, 282 E -284D). (") T H U C , I, 4. Cf. A. LESKY, o.l., pp. 38-87.
54 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
minoennes (el
) aux monnaies de Syracuse (M
), des hymnes de
Pindare (es
) aux homélies de Grégoire de Nysse (M
), s'est
imposé comme le roi des poissons (βδ
) et le seigneur de la
mer (ββ
). Seul de tous les êtres qui peuplent la mer et de ceux qui
la dominent, il manifeste à chacun même amitié (β
'), même com
plaisance (*8
), même secours (ββ
). La science contemporaine (70
)
a reconnu la justesse et la précision des observations accumulées
dans l'Antiquité (71
) et a montré la part d'exactitude des récits
et légendes qui avaient rendu suspect, aux yeux de trop d'exé
gètes modernes (72
), l'aimable cétacé. Les motivations que les
Grecs ont cherchées à son comportement ne sont formulées
qu'assez tard, mais elles sont également nobles et illustrées, en
fait, dans toutes ses interventions.
(") A. EVANS, The Palace of Minos, I (Londres, 1921), p. 542, fig. 394 ;
cf. p. 608, fig. 447 ab. Cf. G. E . MYLONAS, Mycenae and the Mycenaean Age,
Princeton, 1966, pp. 47, 56, 195 (Tirynthe).
(·•) C M . K R A A Y M . HIRMER, Greek Coins, Londres, 1966, frontispice et pl. 2448.
(·") PIND., Ném., 6, 64 ; Pyth., 2, 5051 ; fr. 222, 15 Turyn ; etc.
(*4
) GRÉG. DE NYSSE, Or., 1 (cité par D'A. W. THOMPSON, o.l., p. 52) : 0' oeA is
iari τών νηκτών βασιλικώτατος. (··) ΟΡΡΙΕΝ, Hal., I, 643 : Ιχ&υνόμων βασιλήων | δ(λφίνων ; cf. II, 533. 542 • ν ,
441 ; etc. (") Cf. M. WBLLMANN, art. Delphin (i), dans R.-E., IV, 2 (1901), col. 2504-
2509 ; D'A. W. THOMPSON, o.l., pp. 52-56 ; Christiane SPRIMONT, Le dauphin dans l'Antiquité gréco-romaine, mémoire dactylographié, Université de Liège,
1969, pp. 6-7.
(*') DOURIS, 76 F 7 J . (jeu d'un enfant et d'un dauphin, à Iasos). De même,
à Naupacte : PLINE L'ANCIEN, H.N., IX, 28 ; AULU-GELLE, Nuits attiques, VII,
8 ; etc. Cf. Chr. SPRIMONT, o.l., pp. 85-89.
(·*) Dans la collaboration qu'il apporte au marin qu'il guide et au pêcheur
qu'il assiste : OPP., Hal., V, 425-447 ; ÉLIEN, N.A .,11,8; PLINE, H.N., IX, 29-33.
(**) Lors du sauvetage des naufragés, dont Arion est demeuré l'exemple le
plus illustre : HDT. , I, 23-24 ; PLUT., Banquet des sept sages, 18 (Mor., 161 B -
161 F) . Cf. Cl. LEMPEREUR, Les poètes sauvés, vengés ou persécutés par les dieux,
mémoire dactylographié. Université de Liège, 1966, pp. 18-25, 30-38, 67-69. —
De même pour de nombreux héros : Chr. SPRIMONT, o.l., pp. 39-54 (Koiranos,
Télémaque, Icadios, Taras, Énalos, Thésée).
P°) Cf. E . J . SLIJPER, Whales', trad. angl. A. J . Pomerans, Londres, 1962,
p. 13 ; en dernier lieu, J . -J . BARLO Y - J.-P. EHRHARDT, Notre ami le dauphin, Paris,
1974·
(") ARISTT., H.A., IV, 535 b 32 - 53634 (sons émis par le dauphin) ; IV, 537a
31-b4 ; VI, 566b2-26 (reproduction) ; VIII,589331-bn ; etc.OPPIEN, Hal.,
1,646-685 ; V, 416-588 ; etc. ÉLIEN, N.A., IX, 59 ; voir aussi V, 6 ; etc.
('*) O. KELLER, Thiere des classischen Alterthums, Innsbruck, 1887, pp. 212-
218 ; Ant. Tierwelt, II, p. 408 (plus nuancé) ; N. DOUGLAS, Birds and Beasts of the
Greek Anthology, Londres, 1928, p. 161 ; Ε . Β . STEBBINS, The Dolphin in the
Literature and Art of Greece and Rome, Menasha (Wisconsin), 1929, pp. 1 ; 59,
n. 2 ; 130.
LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 55
Les unes tiennent au caractère de l'animal, l'un des plus
attachés à l'homme (φιλανθραητότατον) (7S) et capable d'affection désintéressée (
74
). Les relations de sauvetage et d'assistance ('*)
en donnent de touchants exemples. Encore qu'elles ressortissent
au même contexte de bonne grâce et de prévenance, les autres
explications sont plus spécifiques. Le dauphin a, en effet, la répu
tation d'être sensible à l'harmonie musicale. Il n'est pas moins
φιλόμουσος (7β) que les oiseaux chanteurs ou que la cigale, au point qu'il devient impossible d'éclaircir s'il a sauvé tant de poètes et
de musiciens parce qu'il appréciait leur art ou s'il a gagné, à leur
contact, sa réceptivité délicate. Dans tous les cas, il s'est trouvé
agrégé au monde des dieux auxquels il sert facilement de mon
ture (") et d'attribut (7e
), et associé aux croyances et aux gestes
religieux.
Pour avoir, maintes fois, conduit jusqu'aux rivages le cadavre
des naufragés qui obtenaient, dès lors, l'indispensable sépulture
et, au besoin, le châtiment de leurs assassins, le dauphin appa
raît dans les figurations du voyage de l'âme dans l'Audelà (7
').
S'il n'est guère représenté à l'époque classique, ce thème, peut
être issu du monde crétois (80
), a connu un regain d'intérêt à
partir de la période hellénistique jusqu'à l'ère chrétienne (").
('*) ΑΤΗ., XIII, 606 D : φιλαν&ρωπότατον ... καί συνιτωτατον τό ζψον. (") PIND., fr. 222, 13-17 Turyn (cité par PLUT., De soll, anim., 36 [Mor., 984
CD]).
('*) Cf. cidessus, p. 54, n. 69.
(") [ARION], I, 8 Bergk« [P.L.G., III, pp. 8081] ( = fragm. adesp., 21 Page939);
PIND., ibid. ; OPPIEN, o.l., V, 453457 ; DION CHRYSOST., 37 (Korinthiakos), 34 ;
ÉLIEN, N.A., XII, 45 (φιλψοοί τι καί φίλαυλοι) ; PLINE L'ANCIEN, H.Ν., IX, 28 {congregatis cantu delphinis).
(") Notamment pour Aphrodite : Simone MOLLARD-BESQUES, Calai. Louvre, I (Paris, 1954), pl. CV, C 662 (Ponte Molle ; première moitié IV· s. avant J.C.) ; II
(Paris, 1963), pl. 36 d, MYR 38 (époque romaine). Guide de Thasos, École française
d'Athènes, 1968, pp. 133134 (fig n° 33 Aphrodite au dauphin [ou Amphitrite],
époque hellénistique).
('*) D'autant que la conviction s'est imposée sans peine que le dauphin était,
dans ses interventions humanitaires, inspiré par les dieux euxmêmes : cf. PLUT.,
Banquet des sept sages, 18 (Mor., 161 CE). Attribut de Poseidon, d'Amphitrite,
des Néréides, etc. Cf. Ε . B. STEBBINS, o.l., pp. 77, 8486, 106, 117, 127.
('·) Ε . B. STEBBINS, o.l., pp. 3233.
(»·) W. DEONNA, L'œuf, les dauphins et la naissance d'Aphrodite, dans R.H.R.,
85 (1922), pp. 157166.
(") Cf. Ch. PICARD, Le génie aux griffons et aux dauphins, dans Bull, société
royale archéol. d'Alexandrie, 32 (1938), pp. 320 ; Fr. CUMONT, Recherches sur le
symbolisme funéraire des Romains, Paris, 1942, pp. 155157 ; T. KLAUSER, art.
Delphin, dans R.A.C.. III (i957). col. 678.
56 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
Dans les cultes héroïques, qui ne sont pas dépourvus de rapport
avec les rites funéraires, le dauphin a sa part lorsqu'on vénère
Mélicerte, Thésée, Énalos ou Taras, les héros qu'il a sauvés et
guidés (82
). Mais, en ce qui concerne la symbolique sacrée, c'est
auprès d'Apollon (83
) qu'il se signale de la manière la plus
remarquable. Son nom a été attaché au dieu par l'épiclèse
Δελφίνιος (84), justifiée aux yeux des Grecs par son intervention
dans le détournement des marins crétois, les premiers desser
vants du sanctuaire de Delphes (85
). La tradition a varié à ce
sujet, faisant du dauphin tantôt le pilote du navire arraisonné (8e
),
tantôt la monture du dieu (8
'), mais Y Hymne homérique à
Apollon (88
) renvoie à une version des faits plus primitive puisque
l'animal se prête à incarner momentanément Apollon lui
même (89
). Que le dieu, voyageur et musicien mais peu attaché
aux choses de la mer, — sauf en ce qu'il guide et protège ceux
qui empruntent les mêmes voies que lui, particulièrement lors
des expéditions coloniales, — revête, à l'instant d'accomplir la
conquête de son plus important sanctuaire du continent, la forme
du dauphin, n'est pas un simple détail pittoresque destiné à
agrémenter une légende d'installation. Les exégètes modernes
n'ont pas manqué d'y voir l'héritage que le dieu aurait recueilli
(8Î
) Mélicerte : cf. PAUS., I, 44, 78 ; II, 1, 3 ; Thésée, qui fut, le premier, jugé
au tribunal M Δελφινίω (POLL., VIII, 119), reçut l'aide des dauphins lors de son
plongeon vers les demeures de Poseidon : BACCH., XVII, 97100 ; HYGIN,
Astronom., II, 5 ; cf. S. WIDE, Theseus und der Meersprung bei Bakchylides, 17,
dans Festschrift für O. Benndorf, Vienne, 1898, pp. 1620 ; Énalos : MYRSILOS DE
LESBOS, 477 F 14 J., cité par PLUT., De soll, anim., 36 (Mor., 984 E) ; Banquet
des sept sages, 20 (Mor., 163 AD) ; Taras : L . LACROIX, Monnaies et colonisation
dans l'Occident grec, Bruxelles, 1965, pp. 97100. Sur ces héros : cf. cidessus,
P 52, n. 45.
(*3
) Et par extension auprès d'Artémis vénérée à Athènes sous le nom de
ΔΐΧφιν'ία : POLL., VIII, 119. (β4) Conformément à l'étymologie proposée par l'auteur de la Suite Pythique
(H. hom. Apoll., 493-495)- Sur l'étymologie du mot SeA i? et les rapprochements
auxquels il a donné lieu : J. DEFRADAS, Les thèmes de la propagande delphique,
Paris, 1954, ΡΡ- 69-71 (note 4, p. 70).
(85
) H. hom. Apoll., 392-396.
(8Ί) PLUT., De soll, anim., 36 (Mor., 984 A). (8') Schol. P LYCOPHR., Alex., 207 Scheer (p. 97, 1. 26). (88) Œuvre du haut archaïsme, où s'expriment, selon toute vraisemblance,
les thèses défendues par le clergé delphique : cf. J. HUMBERT, Homère. Hymnes, Paris, 1951, notice, pp. 74-77.
(8") H. hom. Apoll., 400-439. Cf. Etym. magn., 255, 17-24.
L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E
i 57
d'une antique divinité minoenne (, 0
). De fait, le culte de Delphi
nios est nettement implanté en Crète ("), mais les traits primi
tifs s'y laissent malaisément démêler des influences ultérieures
que l'on y pressent. Autant que d'un substrat insulaire, la
métamorphose d'Apollon procède du fait qu'elle est destinée à
des Crétois, experts en navigation, familiarisés de longue date
avec le cétacé qui peut les surprendre, mais non les épou
vanter (*2
).
* ·
À l'examen des faits, l'attitude des Grecs à l'égard de la faune
aquatique ne se distingue pas de celle qu'ils ont adoptée
face aux autres espèces. Ils offrent poissons, crustacés et coquil
lages, les sacrifient et les attribuent aux dieux. Et leur manière
d'agir, avec les restrictions et les préférences qu'elle implique,
ne se différencie pas fondamentalement de celle des populations
riveraines de la Méditerranée (93
). Cependant, les traits des poètes
comiques, les observations des voyageurs et les remarques des
philosophes attestent, jusqu'aux époques récentes, une indé
niable circonspection au sujet de tous ces animaux. Elle se
concrétise dans les rites et les croyances à caractère religieux par
un pourcentage d'attestations relativement restreint et localisé.
Dans ces limites, la place des poissons dans la religion grecque
n'est pas moins spécifique et originale que celle des autres caté
gories. C'est qu'elle permet de déceler, en filigrane mais avec
une puissance d'évocation peu commune, l'évolution qui, des
envahisseurs indoeuropéens, a fait le peuple grec.
(, 0
) W . ALY, Der kretische Apollonkult, Tubingen, 1908, pp. 1343, notamment
pp. 1316 ; cf. [E.] JESSEN, art. Delphimos (1), dans R.E.. IV, 2 (1901). col. 2513
2515
(") Cf. références : M. P. NILSSON, Gesch. der griech. Religion, I', pp. 554555.
(M
) Ibid. Les vers 404405, 414417 ne sont pas les moins intéressantste
narrateur y décrit l'ébahissement et la stupeur des marins crétois (οαμαίνοντες) qui voudraient contempler, une fois débarqués au Ténare, le prodige et l'évolu
tion de la situation, mais qui se laissent dérouter jusqu'au port de Crissa sans plus
manifester d'intention ni de sentiment avant que le dieu reprenne son apparence.
— On connaît encore la métamorphose que Dionysos inflige aux pirates tyrrhé
niens dont il fait des dauphins (M. hom. Dionysos, 5253), mais c'est pour eux le
moindre mal. OPPIEN, Hal., I, 649653. Cf. Ε. B. STEBBINS, o.l., pp. 6162.
(,s
) Le point de vue de Fr. CUMONT (art. Ichthys [1], dans R.E., I X , 1 [1914].
col. 847, 11. 5063), selon qui les poissons n'ont eu, en Grèce, d'autre rôle qu'ali
mentaire, a été contesté à juste titre par Chr. M. DANOFF J . WIESER (art. Fische,
dans Lexikon der alten Welt, ZurichStuttgart, 1965, col. 974).
Les reptiles et les animaux apparentés
au domaine chthonien
A. Batraciens - Chéloniens - Lacertiens
Comme les serpents (>), batraciens, chéloniens et lacertiens appartiennent à l'univers chthonien. Ils ont réputation d'être directement issus de ces régions privilégiées, — rives des lacs et des étangs, marais, prairies humides, — où la Terre, fécondée par l'Eau, engendre des êtres mystérieux, chargés aux yeux des Grecs d'une religiosité accrue (!). Il est donc attendu de les trouver associés, de quelque manière, aux rites et aux actes de la religion. Toutefois, leur morphologie, plus encore que leur origine, fait d'eux des animaux équivoques (a) qu'il faut placer dans le domaine aux frontières mal fixées, où les pratiques magiques voisinent avec les gestes de piété et le sentiment religieux avec la superstition.
Les grenouilles
Quand ils n'ont pas été jugés insupportables (*), les coassements des grenouilles ont été interprétés comme un indice météorologique (s). Présentes en grand nombre, elles annonçaient une
(l) Cf. ci-dessous, pp. 68-92. (*) A. MOTTE, o.l., notamment pp. 7-9. (*) Cf. A. DE GUBERNATIS, Mythologie zoologique, trad. P. Regnaud.II (Paris,
1874), pp. 392-410 ; W . DEONNA, Sauriens et batraciens, dans F..E.G., 32 (1919), pp. 132-148
(4) ARISTOPH., Gren., 226-227 : Άλλ' ίξόλοιο&' αύτψ κοαξ' ούοίν γάρ «'στ' άλλ' ή κοα(. Cf. [ARISTT.], Mir. ausc , 70; ÉLIEN, Ν.Α., III, 37 : PLINE L'ANCIEN,
H.N., VIII, 227.
(*) T H É O P H R . , De signis tempest., 15 : κα'ι φρννη λουομίνη κα'ι βάτραχοι μάλλον àhovTts σημαίνονσιν ûScup. Cf. ÉLIEN, ΧΑ. IX, 13 ; PLINE, Η.Ν., XVIII, 361 ;
etc. Cf. Μ. WELLMANN, art. Frosch, dans R.E., VII, ι (1910), col. 114115.
6o L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
saison malsaine (6
). Il n'y aurait dans ces détails qu'une
illustration de l'expérience paysanne dont l'œuvre d'Hésiode
ou celle de Théophraste fournissent d'innombrables exemples,
si la tendance n'avait été de rapporter de semblables présages
au pouvoir mantique d'Apollon luimême qui prête, lors des
travaux des champs, une assistance constante et efficace (7
). Le
chœur des grenouilles, dans la comédie d'Aristophane (8
), se
fait gloire de l'affection que lui voue le dieu (vers 231), comme les
Muses (vers 229) et l'agreste Pan (vers 230). Le passage est volon
tiers produit par les érudits modernes pour confirmer le rôle
oraculaire que les batraciens auraient exercé auprès du maître
des prophéties (9
). Mais le contexte dans lequel Aristophane
insère la déclaration solennelle n'est pas sans importance : c'est
pour défendre leur chant raillé par Dionysos que les grenouilles
invoquent, en tant que divinités de la musique, Apollon ο φορμικ
τάς, les Muses evXvpoi et Pan ο καλαμόφθογγα παίζων. Pas plus que le poète, elles ne sont dupes de la validité de leur argument
puisqu'aussi bien elles ne partagent avec les dieux musiciens que
les roseaux des marécages nécessaires à la confection des divers
instruments.
Leur rapport avec Apollon n'en est pas moins réel et attesté
de divers côtés : par la dédicace de grenouilles de bronze (10
) ou
(») ARISTT., Probl., I, 22, 862 a 1016.
(') Le rôle des grenouilles est d'ailleurs mieux représenté dans les fables
(cf. ÉSOPE, 6669 Chambry) et dans les proverbes (par ex. : Souda, Β 190191). Cf.
M . WELLMANN, l.L, col. 115117 ; O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 306307;
H . HOFFMANN, Frösche des Sotades, dans Zur griech. Kunst, Berne, 1973, pp. 20
22. — Sur le pouvoir apotropaïque d'Apollon à l'égard des parasites et des enne
mis des récoltes et des troupeaux : cf. cidessus, pp. 12, 1415.
(") Représentée en 405 : cf. Th. GELZER, art. Aristophanes (12), dans R.E.,
Suppl. XII (197°). col. 14841494. Sur le déguisement des choreutes, qui est
dépourvu de signification symbolique en ce qui concerne la rivalité entre les deux
poètes (ibid., col. 14881489), cf. G. SIFAKIS, Parabasis and Animal Choruses. A
Contribution to the History of Attic Comedy, Londres, 1971, pp. 9496.
(*) WELLMANN, col. 114115 ; KELLER, o.l., pp. 312315. Sur la relation
entre la mantique et des animaux tels que lézard, hérisson, lièvre, serpent, ... :
cf. G. MÉAUTIS, Le coffre de Kypsélos, dans R.E.G., 44 (1931), p. 246 ; voir ciaprès,
p. 64, n. 44.
(l0
) Grenouille votive dédiée à Apollon Boasôn : M . FRAENKEL, Geweihter
Frosch, dans Arch. Jahrbuch, τ (ι886), pp. 4853 (bronze archaïque, Péloponnèse) ;
cet exvoto a été reproduit dans la contribution Épidaure de G. Roux, in La
civilisation grecque de l'Antiquité à nos jours, I (Bruxelles, 1967), pl. 102. Cf.
R. LULLIES, ΒΑΤΡΑΧΟΙ, dans Deutsche Beiträge zur Altertumswissenschaft, 1213
(i960), pp. 139149; H . HOFFMANN, (cidessus, n. 7).
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 6l
par certains motifs de l'offrande renommée que Cypsélos (n
)
consacra à Delphes (n
). Au pied d'un palmier de bronze étaient
ciselés des reptiles et des batraciens (1S
). Les contemporains de
Plutarque n'en pénétraient plus le sens originel (14
) et se sont
gardés d'émettre toute hypothèse à ce sujet. Néanmoins, les
études approfondies de W. Deonna (u
), renforcées par les argu
ments et les observations d'A. Motte (1β
), donnent du monument
votif et des grenouilles en général une exégèse qui s'intègre, avec
le maximum de cohérence, à la mentalité religieuse des anciens
Grecs. Dans cette interprétation, la grenouille symbolise auprès
du fils de Létô (") la puissance qu'elle incame dans les offrandes
à Artémis Orthia (18
) et à Héra de Samos ou dans le sanctuaire
athénien de Dionysos Limnaios (20
), à savoir la fécondité géné
reuse et perpétuelle qui est le lot des déesses et qui continue
d'être perçue dans les « berceaux de la vie » (21
), où régnent aussi
les dieux.
Les tortues
La situation des chéloniens dans la religion grecque n'est pas
dépourvue de ressemblances avec celle des batraciens. Depuis
qu'un poète spirituel a narré, dans l'Hymne homérique à Hermès,
l'invention de la lyre par le jeune fils de Maia (22
), la tortue a eu
(") Cf. Éd. WILL, Korinthiaka, Paris, 1955, pp. 487488 (n. 1) ; 542543 (n. 2).
('*) PLUT., De Pyth. orac., 12 (Mor., 399 EF). Cf. R. FLACELIÈRE, Plutarque.
Sur les oracles de la Pythie, Paris, 1937, pp. 5960, 163, n. 42.
(1 3
) ... τον φοίνικα ... τον χαλκονν, ... οί ntp'i τήν ρίζαν tvrtroptvpivoi βάτραχοι κα'ι ν&ροι.
(") PLUT., ; Banquet des sept sages, 21 (Mor., 164 A) ; cf. J . DEFRADAS, Plutarque. Le banquet des sept sages, Paris, 1954, P- 1 1 1 - n - I 9 ° (renvoie à l'édition
de Flacelière et aux études de Deonna mentionnées cidessous).
(") W . DEONNA, L'exvoto de Cypselos à Delphes : le symbolisme du palmier et
des grenouilles, dans R.H.R., 139 et 140 (1951), pp. 558 ; 162207.
(") A . MOTTE, o.l., pp. 178179.
(") Cf. Ον., Mét., VI, 381 (Létô et les grenouilles).
(") R. M . DAWKINS, The Sanctuary of Artemis Orthia at Sparta, Londres,
1929, p. 197 et pl. L X X X , ab (tortue et grenouille?; bronzes archaïques).
Cf. A . LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, p. 707, n. 5.
(") Cf. Ch. PICARD, Bull, archéol., dans R.E.G., 48 (1935), p. 97, η. 1 («les
découvertes multiplient les exvoto à la grenouille »).
('») ARISTOPH., Gren.. 211, 216217, 240249.
(*') A . MOTTE, o.l., pp. 166, 167168 ; etc.
(") H. hom. Hermès, 2053. Diverses représentations figurées ont associé
Hermès et la tortue. Cf., par exemple, G. BECATTI, Un gruppo ostiense di lotta
tori. dans Annuario délia Scuola archéol. di Atene e delle Missioni Italiane in
62 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
partie liée, bon gré mal gré, avec Hermès et Apollon. Toutefois,
même si le mot χίλνς a désigné l'instrument aussi bien que
l'animal, la tortue n'a jamais été qu'un moyen matériel tout
entier assujetti à la cause de la musique (2S
).
L'auteur de l'hymne, si préoccupé qu'il fût par les exploits
d'Hermès, n'a pas omis d'indiquer que la tortue est l'hôte paisible
des prairies en fleurs (24
). Dans le contexte de l'invention de la
lyre, ce détail rend plus pitoyable le destin de l'animal ; dans
l'inventaire de ses emplois symboliques et religieux, il engage
aussitôt dans la direction qui vient d'être esquissée à propos des
grenouilles. De fait, la tortue est du nombre des espèces réservées
au dieu Pan (S5
) qui règne notamment sur les monts arcadiens,
où vivent les plus beaux spécimens de chéloniens (2e
). Elle est aussi
mise en évidence dans le culte qui était rendu, à Élis, à Aphrodite
Ourania (2
'). Phidias avait représenté la déesse debout, le pied
posé sur la carapace d'une tortue (28
). Il n'a guère subsisté de
trace de cette œuvre chryséléphantine (29
), dans laquelle Plu
Oriente, 2426 (19461948), p. 208 et fig. ΙΟΙΙ (représentation monumentale
d'Hermès, le pied droit posé sur la tortue). L'attitude n'est pas sans rappeler
celle d'Aphrodite Ourania, telle que l'a décrite PAUSANIAS, VI, 25, 1 ; cf. ci
dessous, n. 28 et 31. D'autre part, pour interpréter 1'« Éphèbe de Marathon»,
— en qui il a, comme beaucoup d'archéologues, reconnu Hermès, K . RHOMAIOS
('0 ίφηβοι τοΰ Μαρα&ώνοί, dans Arch. Deltion, 9 [1924-1925], pp. 145-187, notamment pp. 161-163) a fait appel à l'épisode de la découverte de la tortue, suivie de
l'invention de la lyre. Il suggère que le dieu soutenait l'animal sur sa paume
gauche étendue, tandis que, de la main droite, il claquait des doigts pour mar
quer son contentement. Encore qu'elle ne manque pas d'attrait (cf. Fr. CHA
MOUX, Hermès Parammon, dans Études d'archéologie classique, II [Paris, 1959].
pp. 3839), cette hypothèse soulève plusieurs questions quant à la taille de la
tortue, quant à la stabilité de l'ensemble, quant au peu de naturel de la position
du bras droit, comparée à celle d'autres représentations du même mouvement.
Un nouvel examen de la statue serait, à tout le moins, nécessaire.
(") SAPPHO, fr. 118 Voigt; EUR., Ale, 446447; H.F., 683; etc. Étymologie:
H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 10861087. — Le terme subsiste même
lorsque la caisse de résonance est fabriquée en une autre matière : cf. H. HICK
MANN M. WEGNER, art. Leier, dans Die Musik in Geschichte und Gegenwart, VIII
(i960), col. 517534
(*4
) H. hom. Hermès, 27 : βοσκομίνη προπάροι&( δόμων épiihqXéa. ποίην. ( ,S) PAUS., VIII, 54, 7 (au mont Parthénion).
(") PAUS., VIII, 17, 5 rappelle qu'Hermès découvrit sa tortue sur le mont
Pellène (Arcadie) où était située la grotte de Maia.
(") Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, 1', pp. 520, 522 ;
L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, p. 371.
(") PAUS., VI, 25, Ι : τώ δέ crêpai moi im χ(λώνη! β(βηκ€. (") Cf. Ch. PICARD, Manuel d'archéologie grecque, II (Paris, 1939), pp. 342-
344 ; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, p. 85.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 63
tarque voyait une allégorie des vertus domestiques et du silence
qui sied aux femmes (30
). Les archéologues ont utilement rap
proché la description de Pausanias de diverses productions des
arts mineurs, notamment des socles de miroir, qui ont pour
sujet un être féminin dressé ou appuyé sur une tortue (31
). Non
sans raison et en notant la part de l'hypothèse, Deonna a cherché
à ces figurations un sens cosmique traduit à la fois par le disque
du miroir et par l'animal, l'un renvoyant à la puissance céleste
et l'autre aux pouvoirs chthoniens de la même Aphrodite (32
).
L'interprétation tient compte des attributions fondamentales
de la déesse et des bienfaits particuliers qu'elle dispensait en
tant qu'Ourania (33
), et souligne, en outre, le parallélisme
qu'offrent d'autres statuettes, utilitaires ou non, dont le support
n'est plus la tortue, mais la grenouille (34
). Tirant de leur origine
commune des vertus identiques, les deux espèces apparaissent
interchangeables lorsqu'il s'agit d'évoquer les forces primordiales
et sacrées de la fécondité.
Les lézards
De nombreuses copies (36
) ont donné à connaître l'œuvre de
Praxitèle intitulée, dans la définition de Pline (3e
), Apollon Sau
(·») PLUT., Conj. praec, 32 (Mor., 142 D). Cf. Isis et Osiris, 75 (Mor., 318 Ε).
(") Cf. A . FURTWAENCLER, art. Aphrodite, dans Ausführt. Lex., I (18841890),
col. 411412 ; et l'étude particulière de W. DEONNA, Aphrodite sur la tortue, dans
R.H.R., 81 (1920), pp. 135144.
(»») DEONNA, /./., pp. 137144. Les documents étudiés sont, pour la plupart,
issus de tombeaux.
(") λ Élis (PAUS., /./.) comme à Mégalopolis (PAUS., VIII, 32, 3), elle est
conjointement vénérée en tant que Pandémos. Dans le culte qui lui était rendu
pour susciter la fécondité, elle était représentée chevauchant un bouc (PAUS., VI,
25, ι ; cette œuvre de Scopas a été reproduite aussi bien sur les monnaies [cf.
L . LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, pp. 316317].
que sur les miroirs et dans la céramique [cf. H . METZGER, Les représentations dans
la céramique attique, Paris, 1951, p. 67]).
(") W. DEONNA, La femme et la grenouille, dans Gazette des BeauxArts, n
(1952), pp. 235236. Cf. H . HARDENBERG, L'autel de Mercure Arverne à Horn,
dans L'Ant. class., 15 (1946), pp. 11, 2930 et fig. 13 («le dieu est assis sur un
trône ... le pied droit repose sur une pierre plate qui a la forme d'une tortue »).
(") Cf. Ch. PICARD, Manuel d'archéologie grecque, III (Paris, 1948), pp. 530
548 ; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, pp. 306
309
(") PLINE L'ANCIEN, H.N., XXXIV, 70 : Fecit et puberem Apollinem subre
penti lacertae comminus sagitta insidiantem, quem sauroctonon vacant.
6 4 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
roctone. Le monument a fait l'objet d'hypothèses variées (37
).
L'intention religieuse est hors de doute, mais il est aujourd'hui
impossible de démontrer que « le nom traditionnel a été forgé
après l'œuvre et d'après elle (3S
) », — « comme un simple sobri
quet (39
) », — ou qu'il constitue une épithète au sens rituel.
Entre « le thème du dieu joueur », fréquent dans la statuaire du
IVe
siècle avant notre ère, et les interprétations symboliques
qui considèrent le lézard (40
) comme l'incarnation des puis
sances maléfiques, vaincues par le dieu solaire (41
), il y a place
pour toutes les exégèses. « Chaque siècle, note encore Picard (42
),
a probablement compris à sa façon le mystère du divertissement
d'Apollon Sauroctone. » En tout cas, ni la fonction apotropaïque
qu'Apollon exerce, de diverses manières, sur les animaux (43
),
ni le rôle que le lézard aurait eu dans les oracles de Thrasyboulos
et d'Amphiaraos (44
) ou, — sous l'influence des conceptions mi
thriaques (4S
), — en tant que symbole du soleil, ne permettent
d'établir la signification primitive de l'image divine. Et l'exemple
(»') Cf. O. HOEFER, art. Sauroktonos, dans Ausführt Lex., I V (19091915),
col. 531532 ; [H.] ZWICKER, art. Sauroktonos, dans R.E., II A, 1 (i92i),col. 262
263 ; Ch. PICARD (o.l.) fait le point de la question et renvoie à O. RAYET, Monu
ments de l'art antique, II (Paris, 1884), pp. 112.
(38) PICARD, o.l., p. 532, n. 2.
(»·) RAYET, o.l., p. 3.
(40
) U s'agit du lézard commun (Lacerta muralis), dont les Grecs ont identifié
de nombreuses sousespèces: cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 270281 ; [H.]
GOSSEN[Α.] STEIER, art. Krokodile und Eidechsen, dans R.E., XI, 2 (1922),
col. 19571970. — Le mot σαΰρος n'a pas d'étymologie certaine, il a été rappro
ché, en raison des analogies fréquentes dans les noms d'animaux, de σαΰλος, σαυνός, etc. Cf. H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 683684.
(") A. DE GUBERNATIS, Mythol. zool, II, p. 407. Cf. les hypothèses émises
par H. GRÉGOIRE, Apollon, le lézard protecteur de l'homme, dans La Nouvelle Clio,
ΙΟΙΙ (19581962), pp. 149155. — Comme la grenouille et la tortue, le lézard
joue un rôle important dans la magie : cf. A. DELATTE, Études sur la magie
grecque, III, dans Musée Belge, 18 (1914), pp. 596. Dans la tradition mythologi
que, le lézard (άσκάλαβος ou aavpos) apparaît au moins deux fois sous un jour
défavorable ou malfaisant : métamorphose en lézard du jeune Askalabos peu
compatissant à Déméter (ANTON. LIB., 24 d'après NICANDRE) ; lutte d'Héraclès
contre le redoutable Sauros (PAUS., V I , 21, 3 ; cf. [H.] ZWICKER, /./., col. 264265).
(") PICARD, o.l, p. 532, n. 2.
(43
) Cf. cidessus, pp. 12, 1415.
(") PAUS., VI, 2, 4 décrivant une statue du devin Thrasyboulos, un Iamide :
γαλίώτηί ττρός τον ιομον ; V , 17, 5-10 à propos du coffre de Cypsélos, connu aussi
par un vase corinthien dont G. MÉAUTIS (Le coffre de Kypsélos, dans R.E.G., 44
[1931], pp. 241-278) a étudié le décor animalier. Cf. ci-dessus, p. 60, n. 9.
(") Cf. PORPH., De Abst., IV, 16 : Καί ênois Sè τούτους δημιουργούς οΰτω προσηγόρ€υσαν' ... τόν hè 'Ηλιον σαΰρον.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 65
des Γαλΐώται, en lui-même marqué par autant d'inconnues,
n'apporte pas d'éclaircissement.
Les Γαλΐώται ou Γαλΐοι (4β) sont une famille de devins siciliens (47), interprètes portentorum, peutêtre issus de la Petite
Hybla (48
). Selon les historiographes syracusains, auxquels se
réfère Cicéron, ils se distinguèrent en prédisant à Denys I (49
),
comme ils l'avaient fait à sa mère (60
), le destin qui devait être
le sien. À l'origine de leur nom, la tradition grecque (51
) a placé
un héros éponyme, Galéôtès, fils d'Apollon et de l'Hyperboréenne
Thémistô, qui serait venu, sur l'ordre de l'oracle de Dodone,
s'établir en Sicile (52
). Outre ces précisions qu'il juxtapose,
Stéphane de Byzance produit encore les vers suivants, extraits
de la comédie Les Poissons, œuvre perdue du poète Archippos (63
) :
A. TL Aeyeiç σύ ; μάντεις elai γαρ 0αΛάττκ>ι ; Β. Γαλΐοί ye, πάντων μάντίων σοφώτατοι.
{") Les deux formes sont attestées, la première étant plus fréquente. Cf. ci-
dessous, n. 50-52. Sur le suffixe : cf. G. RÉDARD, Les noms grecs en -ΤΗΣ, -ΤΙΣ,
Paris, 1949, pp. 80-81, 257 et n. 56.
(*') PHANODÉMOS, 325 F 20 J . et RHINTON, fr. 17 Kaibel (C.G.F., p. 188), tous
deux cités par HÉSYCHIOS, Γ 88 : Γαλίοί' μάντας. Οίτοι κατά τήν Σικελίαν ψκηοαν καί γίνος τι, ώς φησι Φανόδημος και 'Ρίν&ων Ταραντίνος. Vraisemblablement une famille de prêtres, héritière d'antiques fonctions, comme on en connaît en divers lieux et, notamment, dans l'organisation de l'oracle carien de Telmessos qui n'est pas sans lien avec celui des Galéâtai. Cf. le commentaire de JACOBY, III b, p. 513 ; G. DAUX, Y a-t-il un oracle à Telmessos de Carie?, dans Revue de Philologie, 15 (1941), pp. 11-17 ; ci-dessous n. 51.
(") S T É P H . BYZ., S.V. Ύβλαι τρ€~ις πόλίΐς Σικιλίας, ... ή μικρά ής oi πολΐται Ύβλαΐοι Γαλίώται Meyapcîs. Mais une confusion entre Γαλιώτης et Γΐλίάτις ne peut être exclue : [K.] ZIEGLER, art. Hybla (2), dans R.-E., IX, 1 (1914), col. 25-29
(") ÉLIEN, H.V., XII, 46 : Έφασαν οΰν oi Γαλίώται ... (M) PHILISTOS DE SYRACUSE, 556 F 57 J . (et commentaire de JACOBY, III b,
pp. 496-502), — cité par Cie, De Div., I, 20, 39: Huic (se. Dîonysii mater) inter
prètes portentorum, qui Galeotae tum in Sicilia nominabantur, responderunt, ut ait
Philistus, eum quern ilia peperisset, clarissimum Graeciae diuturna cum fortuna fore.
(51
) STÉPHANE DE BYZANCE, S.V. Γαλίώται, est la principale source d'informations. Il fait écho au parallélisme d'origine des oracles sicilien et carien. Cf. A. LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, pp. 610-614 (insiste sur l'héritage égéen que ces sanctuaires ont recueilli).
(") S T É P H . BYZ., l.l. : άττό Γαλίώτου υιού Απόλλωνος και θέμιστοΰς, τής 9υγα-τρός Ζαβίου, τον βασιλέως τών Ύπΐρβορέων ... Φασι δί τόν Γαλέώτην ..., Τΐλμπσ-σόν ... οίς (χρησ(ν ό &ίός έν Δωδώνη ... Γαλ(ώτης ονν έν Χικίλι'α ... ήλ&ίν ... Ci. [Ο.] KERN, art. Galeotes, dans R.-E., VII, 1 (1910), col. 597.
(**) Cf. [G.] KAIBEL, art. Archippos (1), dans R.-E., II, 1 {1895), col. 542-543. Il s'agit du fragm. 15 Kock {C.A.F., I, p. 681). Le fragment de PHILYLLIOS que cite également Stéphane de Byzance paraît irrémédiablement altéré.
66 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
Pour traduire le passage, il faut choisir entre les deux acceptions
que possède, — le fait n'est pas rare dans les appellations d'ani
maux, — le terme ó yaAeóV (δ4
). Ce nom commun peut désigner
le squale (68
) et une espèce de lézard, répandue en Grèce, le stel
lion (S6
). D'après le titre de la pièce d'où provient la citation et
l'indication du vers A μάντεις •.. θαλάττιοι, le premier sens paraît
s'imposer, d'autant que des squales sont mentionnés parmi les
espèces de poissons qui peuplaient les viviers du sanctuaire
d'Apollon à Soura et fournissaient aux devins le moyen de
remplir leur office (S7
). Sans méconnaître la possibilité d'un jeu
de mots devenu énigmatique, on peut comprendre
A. Que distu ? qu'il y a des prophètes marins ?
B. Oui, les squales précisément sont les plus sages de tous les
prophètes.
Mais l'absence de contexte empêche de localiser l'allusion avec
certitude, et les considérations d'Aristotime sur l'inexistence
d'animaux marins dans les oracles grecs (B8
) détournent de
rechercher quelque rapprochement avec la Sicile.
En revanche, le second sens du mot γαλέος a été retenu par les
exégètes modernes pour interpréter le nom des prophètes
siciliens (59
). Il était tentant de réunir leur fonction mantique, le
rôle général des animaux dans les oracles, et le lien, mal défini
mais certain, d'Apollon avec le lézard, pour appuyer l'hypothèse
que le vocable Γαλεώτης ou Γαλέος dérivait du nom grec du stel
lion et que les prédictions se rattachaient, de l'une ou l'autre
(") Étymologie inconnue : H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 284
285.
(") D'A. W. THOMPSON, Glossary of Greek Fishes, pp. 3942 (dix espèces
au moins ont été identifiées par les Grecs). Cf. O. KELLER, art. TaXeós (ι), dans
R.E., VII, ι (1910), col. 594597.
(5
*) Agama stellio. Cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 278281. Le même
animal est mentionné par ARISTOPHANE (Nuées, 170; 173174) sous les deux
noms άσκαλαβάπης et γαλεώτης. (") Cf. ci-dessus, pp. 45-46 (des squales et des espèces apparentées). LeyaAfór
est une des espèces exclues de la consommation lors de la fête des Halôa (cf. p. 51, n. 40).
( I 8) PLUT., De soll, anim., 22 (Mor., 975 B). Cf. ci-dessus, p. 45. (*") Le rapprochement n'est fait, de manière explicite, dans aucun des
témoignages anciens, quoique les auteurs laissent rarement échapper l'occasion d'établir un rapprochement d'ordre étymologique, y compris dans des cas moins favorables que celui-ci. Le seul indice se trouverait dans la juxtaposition des différents détails que produit Stéphane de Byzance.
APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 6 7
manière, à cette espèce de lézard (, 0
). L'homogénéité des argu
ments est plus apparente que réelle. Car, dans l'état de la docu
mentation, les raXeôrrai sont les interprètes de phénomènes
prodigieux, perçus en songe (") ou dans des circonstances vé
cues (M
). Aucun indice ne porte à croire qu'ils se seraient adonnés
à l'observation systématique des animaux, comme les Ιχθυομήντΐΐς lyciens (e3) ou les κορακομΛντΐΐς (M), au point d'en retirer leur appellation spécifique. D'autre part, les indications évasives que
procure Pline sur Apollon tueur de lézards (σαΰροή sont mal appropriées pour garantir le rôle des stellions (yaXeot) dans un oracle
local et justifier le titre de ses desservants.
En tout état de cause, si un lien, quel qu'il soit, a existé entre
les Γαλβώται et les stellions, il est aujourd'hui devenu indémon
trable. Mais la diversité des espèces d'animaux chthoniens qui
ont peuplé l'univers d'Apollon et influé, dans un sens ou l'autre,
sur ses fonctions comme sur son culte, n'en est pas moins
notable et suggestive. Lézards, tortues, grenouilles, taupes (·*)
et souris (ββ
), dont il est devenu l'ennemi ("), — sans que
(, 0
) RAYET, o.l., pp 112 ; PICARD, o.l., pp. 530548 , cf. KELLER, Ant. Tier
well, II, pp. 278281 ; articles de KERN (Galeoi [1] ; Galeotai) et de KJELLBERG
(Galeoi [2]), dans R.E., VII, 1 (1910), col. 591597.
(") Dans leur réponse à la mère de Denys : cf. cidessus, p. 65, n. 50.
(") Dans leur réponse à Denys : interprétation du comportement d'ani
maux, le cheval du futur maître de Syracuse et un essaim d'abeilles (ÉLIEN,
H.V., XII, 46; cidessus, p. 65, n. 49).
(") Cf. cidessus, p. 45.
(") EUST., 1760, 42 (ad HOM., ξ 327). Cf. cidessous, p. 107, n. 106.
(·*) Cf. H . GRÉGOIRE R. GOOSSENS M . MATHIEU, Asklépios, Apollon Smm
theus et Rudra, Bruxelles, 1949, pp. 136137. Noter le rapport étymologique entre
la taupe ό άσηάΧαζ et le stellion 6 άσκαλαβάιτης (ou ό γαλεωτης). Cf. ci-dessus, p. 66, n. 56.
(**) Outre l'étude importante mentionnée ci-dessus, des exposés substantiels
ont été consacrés à Apollon Σμινθενς (HOM., A 39) ou Σμίνθ(()ιο! (ÉLIEN, N.A.,
XII, 5 ; QUINT. SMYRNE, VII, 402) par L . LACROIX, Les reproductions de sta
tues sur les monnaies grecques, pp. 7686 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech.
Religion. Is
, pp. 213, 534; L . SÉCHAN P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la
Grèce, pp. 204206; 216 (état de la question). — Il faut insister, avec LACROIX
(o.l., p. 85) sur le parallélisme d'Aphrodite Ourania, décrite par PAUSANIAS (cf.
cidessus p. 62, n. 28) et d'Apollon Smintheus représenté par Scopas le pied posé
sur un muridé (cf. STRAB., XIII, 1, 46, 604 C).
(") Sauf en ce qui concerne le vocable οαυροκτόνος dont les éléments de
composition sont limpides, même si la destination du terme est moins assurée (cf.
ci-dessus, pp. 63-64, n. 35-42), les ép ic lèses Σμίνθ(€)ιο; /-«ij ou ïlaprâmos (cf.
cidessus, pp. 1314, n. 2829) sont, comme Δελφίνιος titre que porte également Apollon (cf. ci-dessus, p. 56 et n. 82), ou comme Tavpttos et 'Inmos, des dérivés
68 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
cette forme ultime des relations en exclue d'autres plus paci
fiques (e8
), — sont, de l'Est à l'Ouest méditerranéen, les témoins
secrets de l'élaboration de la personnalité complexe du dieu (68
).
Leur simple présence, aux implications malaisées à pénétrer,
manifeste que le maître de la religion spiritualisée n'a pas laissé
se perdre d'antiques prérogatives héritées au cours de sa longue
histoire. Il en a, au contraire, assumé l'exercice, sous les f
ormes
adaptées et renouvelées qu'imposaient les influences extérieuies
et l'évolution des croyances.
B. Serpents *
Au début de l'Histoire des animaux, Aristote présente divers
modes de classification des espèces. Dans celui où il fait appel à
la psychologie animale, le Stagirite caractérise les serpents comme
les modèles des êtres vils et redoutables (70
). Sa double obser
vation rejoint un sentiment universellement exprimé (71
). Elle
se trouve appuyée par les nombreuses expériences malheureuses
dont la tradition grecque a gardé le souvenir (72
). Comparai
simples. Il se trouve que, dans chacun de ces cas, la relation entre le dieu et
l'animal ne peut être réduite à une cause unique (prophylaxie, attribut, etc.).
Elle implique d'autres affinités souvent malaisées à définir, mais réelles, qui
renvoient à un stade primitif d'où la zoolâtrie n'est pas à exclure.
(*·) La cause d'un mal peut être aussi la source d'un bien. C'est en dévelop
pant ce point de vue que GRÉGOIRE et ses collaborateurs ont été amenés à
rechercher sous les traits d'Apollon exterminateur des rongeurs un dieu rat
primitif, guérisseur et bienfaisant. Cf. remarques de SÉCHAN LÉVÊQUE, o.l.,
p. 216.
(") NILSSON, o.l., pp. 529564; SÉCHAN LÉVÊQUE, o.l., pp. 215216.
(*) Il m'est agréable d'exprimer ici ma gratitude aux zoologues et aux fol
kloristes belges, français et grecs qui ont accepté, avec une inlassable complai
sance, de me communiquer leurs observations personnelles et de me partager
leur science: MM. G. De Witte, V. Kiortsis, D. Loukatos, D. Oikonomidis,
G. Spyridakis, R. Verlaeckt, Mm e
Mauricette Vial, M. Y. Vial.
(">) ARISTT., H.A., I, 488 b 16 : τά 8' ανελεύθερα και επίβουλα, οίον οί όφεις. Cf. É L . , Ν.Α., IV, 14 : κακόν θηρίον ή γαλή, κακόν Sè καί ό όφις.
(") Cf. Ch. CURRAN - C. KAUFFELD, Les serpents, trad. franç., Paris, 1947 ; A. HYATT VERRILL, Mœurs étranges des reptiles, trad, franç., Paris, 1943 ; R. et D. MORRIS, Men and Snakes, Londres, 1965.
('*) Les principales références ont été réunies dans les articles et volume suivants: W. H . ROSCHER, art. Drakon, dans Ausführt. Lex., I (1884-1890), col. 1201 ; O. HOEFER, art. Ophis, dans Ausführt Lex., III (1897-1902), col. 925-926 ; Fr. CUMONT, art. Dracones sancti, dans R.-E., V , 2 (1905), col. 1634-1635 ; [R.] WAGNER, art. Drakon (6-7), dans R.-E., V, 2, col. 1646-1648 ; E. KUESTER,
APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 6 9
sons (73
) et proverbes ("), légendes et récits divers (") attestent,
en dehors des traités spécialisés consacrés aux Akxipharmaka,
l'existence en Grèce de serpents venimeux (7e
) et révèlent, avec
maints détails navrants (") et une inévitable dramatisation,
quels périls ils ont fait courir à ceux qui les côtoyaient. Tous
ces témoignages forment un contraste très net avec ceux qui
font connaître les interventions bienfaisantes des reptiles. Comme
les animaux les plus inoffensifs et les plus dociles, les serpents
protègent ceux auxquels ils se sont attachés (78
), les défen
dent (7e
) et leur manifestent de spectaculaires sentiments d'affec
tion et de fidélité (80
). Prises isolément, les relations de Pausanias
et d'Élien ne seraient que des anecdotes touchantes ou roma
nesques, propres à illustrer les dispositions, d'autant plus remar
quées qu'elles sont inattendues, qui surgissent jusque dans le
comportement des espèces les plus justement redoutées. Au fil
des épisodes, les interventions du serpent sont, en fait, à l'image
de sa nature, par excellence ambivalente. Aussi, bénéfiques ou
nuisibles, doiventelles être placées dans un contexte plus
large où les diverses péripéties regagnent, si effacé soitil, le sens
primitif que les Grecs y ont perçu. Être fuyant et ambigu dont
le comportement et la simple présence occasionnent d'abord
incertitude et inquiétude, le serpent compte parmi les animaux
Die Schlange tn der griechischen Kunst und Religion, Glessen, 1913 (R.G.V.V.,
13).
('·) À titre d'exemple : HOM., Γ 3335 ; ESCH., Sept contre Thèbes, 291, 503 ;
Suppl., 510511 ; etc. Cf. H . O. LENZ, Zoologie der alten Griechen und Römer,
1856 [réimpr. anastat, Wiesbaden, 1966], pp. 432474.
('«) DIOGÉNIEN, 4, 72 LeutschSchneidewin (C. P. G.. I, p. 242) ; APOSTOLIOS,
13, 7980 Leutsch (C. P. G., II, pp. 596597)
(") En dehors de tous les cas qui sont demeurés anonymes, les plus connus
sont celui d'Eurydice (VIRG., Géorg., IV, 454459), d'Aipytos (PAUS., VIII ,
4,4 ; 4,7 ; 16, 3), de H y as (schol. A HOM., Σ 486 [11. 2425]), de l'épouse d'/Lsacos
([APD.], Bibl., III, 12, 5. 1 et 3 ; Ον., Mét.. X I , 775777).
('*) Les identifications ne sont pas toujours aisées (cf. cidessous, pp. 7576).
Cf. les relevés de O. KELLER (Ant. Tierwelt, I, pp. 284305) et ceux de [ H ] GOS
SEN [Α.] STEIER, art. Schlange, dans R.E., II A , 1 (1921), col. 494557 (notam
ment col. 521557). Comparer avec J . C. ONDRIAS, Liste des amphibiens et
des reptiles de la Grèce, dans Biologia Gallohellenica, 1 (1968), pp. 111135.
(") Par exemple: PAUS., II, 15, 2. Cf. cidessus, n. 76.
(") PAUS., V I , 20, 5 (intervention miraculeuse d'un serpent lors de la guerre
entre Arcadiens et Éléens) 1 cf. X , 33, 9; ÉLIEN, H.V., X I I I , 46 (serpent et
enfant).
(") Fûtce à leurs risques et périls: PAUS., X , 33, 910.
(»») ÉLIEN, N.A., V I , 17, 63; VIII, n (cf. p. 87, n. 210).
70 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
qui répondent, avec une totale intensité, aux caractères du
sacré (81
). Son origine les lui confère. Il est, en effet, γηγενής ( M ) . Associé par là aux forces de la mort, il incarne aussi les puissances de la vie et de la génération (8S) et, dans le temps où il inspire terreur et effroi, il dispense les salutaires influx des vertus apotropaïques. À ce titre, il figure comme épisème sur les boucliers (84), apparaît au bord de l'égide (86) ou dans les représentations de la Gorgone (8e). Détenteur de la fécondité, il est l'ancêtre de races entières (87) et le géniteur d'individus qui sont voués à un destin hors mesure (88). L'une et l'autre, ces fonctions essentielles l'apparentent au monde divin. Mais, s'il peut servir de gardien aux sanctuaires (89), traduire la volonté des
(M) Cf. R . OTTO, Le sacré, trad. A. Jundt, Paris, 1949, pp. 23-81 (mysterium tremendum et mysterium fascinans) ; R. CAIIXOIS, L'homme et le sacré*, Paris, 1950, pp. 35-7°·
(") HDT. , I, 78, 3 : όφιν etvat γή; ιταίδο. Cf. EUR., Ion, 20-26 ; etc. (·*) Cf. ci-dessous, pp. 79-82. E . KUESTER, od., pp. 62-157; ]• A - ALVAREZ,
La mujer y la serpiente, dans Caesaraugusta, 21-22 (1964), pp. 49-74. S. REINACH (Cultes, mythes et religion, IV [Paris, 1912], p. 34) souligne, comme il convient, la relation du serpent et de l'eau : elle aussi jaillit de la terre et transmet la fécondité. Cf. W. DEONNA, Laus Asini, l'âne, le serpent, l'eau et l'immortalité, dans Rev. belge de philol. et d'hist., 34 (1956), notamment pp. 21-24 ; intéressants parallèles dans les observations de É . THÉVENOT, Divinités et sanctuaires de la Gaule, Paris, 1968, pp. 163-164.
(") PAUS., X, 26, 3. (**) EUR., Ion, 1423 ; cf. A.B. COOK, Zeus, III (Cambridge, 1940), pp. 837-
865, notamment p. 839. (··) Cf. A. B. COOK, l.l. ; Giuliana RICCIONI, Origine e sviluppo del Gorgoneion
e del mito délia Gorgone-Medusa nell'arte greca, dans Riv. dell'Istituto nazionale d'archeologia e storia dell'arte, n. s., 18 (i960), pp. 127-206, notamment les figures 38, 50, 57. — Le serpent est associé dans les descriptions des poètes et dans les représentations figurées aux êtres qui doivent être présentés sous un aspect à la fois redoutable et repoussant, telles les Furies, les Harpyes, etc. Cf. E . KUESTER, o.l., pp. 93, 95, 117.
(*') Les 'O^ioyereîs de Parion en donnent l'exemple le plus net : cf. STRAB., XIII, i , 14, 588 C. ; ÉLIEN, N.A., XII, 39; L. ROBERT, Inscription de Gallipoli et dédicace de Cyzique, dans Hellenica, IX (1950), p. 86 et n. 4 (important témoignage numismatique). U en existe d'autres : cf. PAUS., VIII, 8, 4 ; 11, 8 ; ÉLIEN, N.A., XII, 34 (citant CLÉARQUE, fr. 103 Wehrli*).
(»«) C'est le cas d'Alexandre : Luc, Alexandre, ou le faux prophète, 7 ; cf. PAUS., IV, 14, 7 et ci-dessous, p. 71, n. 91.
(*·) À Delphes, avant l'arrivée d'Apollon : H. hom. Apollon, 300-304 ; au sanctuaire de Chrysè à Lemnos : SOPH., Philoct., 193-195, 265-267 ; à la fontaine d'Ares Isménios en Béotie : PAUS., IX, 10, 5. À chaque fois, la même ambiguïté apparaît quant à la nature du gardien qui est aussi l'incarnation d'un héros ou d'une divinité antérieure aux Olympiens. Sur la présence du serpent dans les cultes héroïques : cf. ci-dessous, pp. 85-86, n. 198.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N Jl
dieux (*°) et leur prêter sa forme ("), c'est dans la pratique et la
célébration des cultes auxquels il a été intégré que se révèlent le
mieux la vitalité et la spécificité des développements que le
serpent a engendrés dans la religion grecque. Avant de porter
sur les reptiles le regard du naturaliste, de l'herpétologue, ou du
passant soupçonneux, voire inquiet, l'homme grec a ressenti,
face au serpent, l'intuition d'un être sacré exceptionnel par
l'intermédiaire de qui il pouvait atteindre aux puissances pri
mordiales qui régissent l'existence et la subsistance. Par les actes
rituels, il a œuvré, dès le début de son histoire (**), à se ménager
les effets positifs des interventions d'un animal aussi formidable.
La terminologie en vigueur appelle d'abord quelques obser
vations car, dans l'acception générale, la langue grecque n'a pas
établi de distinction entre les catégories des serpents venimeux
et des serpents inoffensifs et, dans les textes consacrés aux faits
de religion, peu de moyens sont offerts, qui permettraient d'iden
tifier les espèces mises en cause.
Deux substantifs 6 δράκων et ô όφις ont été usités le plus cou
ramment (M
) pour désigner les reptiles, qu'il s'agisse des mul
tiples espèces et sousespèces, des spécimens légendaires ou des
(, 0
) HOM., B 308309 ; M 200209 ; à Athènes, dans les jours qui précédèrent
la bataille de Salamine : HDT., VIII, 41, et, lors de l'affrontement, par l'inter
vention du héros Cychreus : PAUS., I, 36, 1 ; cf. Marie DELCOURT, Cychreus.
dans R.H.R., 148 (1955), pp. 129140. — En Épire (ÉLIEN, N.A., XI, 2), dans
un sanctuaire local d'Apollon et à Lavinium, dans celui d'Héra argienne (ÉL.,
N.A., XI, 16), des serpents sacrés utilisés dans la mantique étaient élevés dans
un enclos sacré. Cf. cidessous, pp. 8991.
(") Apollon, pour s'approcher de Dryopè : ANT. LIBER., 32 (d'après NICAN
DRE) ; Zeus, pour s'unir à Perséphone et engendrer Zagreus : DIOD. SIC, III,
62; NONNOS, V, 565568; cf. CLÉM. A L E X . , Protr., II, 16, 2. S. REINACH,
Cultes, mythes et religion, II (Paris, 1906), pp. 5865 ; P. SAINTYVES, Les vierges
mères et les naissances miraculeuses, Paris, 1908, pp. 122125.
(") Encore qu'il soit difficile à définir, le rôle du serpent dans la religion
prégrecque est indiscutable et n'est pas resté sans influence sur les croyances
des Grecs : cf. Ch. PICARD, Les religions préhelléniques, Paris, 1948, pp. 241242 ;
M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I', pp. 308, 345349. 433
(") Le substantif τό ίρπίτόν issu de la même racine que le latin serpens (H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 566) ne s'est imposé, au sens de reptile, que dans la langue poétique : PIND., Pyth., 1, 25 ; ARISTOPH., Ois., 1069 (chœur) ; EUR., Andr., 269 ; etc. Au sens premier, il peut désigner tout animal par opposition à l'être humain ; ensuite, il distingue les reptiles des autres animaux : ALCM., 49, 3 Garzya; SAPPHO, fr. 130, 2 Voigt (à propos d'Érôs) ; HDT., IV, 183, 5; XÉN., Mém., I, 4, i l ; etc.
72 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
monstres mythiques serpentiformes (M
). Du point de vue éty
mologique que les grammairiens et les lexicographes anciens ont
soutenu (9S
), les deux mots sont de parfaits synonymes (9e
) :
ils se rapportent à la vision et au regard du serpent, ordinairement
doté par l'opinion populaire de pouvoirs fascinants (97
). Lorsqu'il
est question des rites et du culte, les mêmes termes sont
employés, quelquefois accompagnés d'épithètes lepos (98
) ou ol
κουρός ("), dont on ne peut rien conclure, sinon que de telles espèces devaient assurer un minimum de sécurité à ceux qui en avaient la charge et la garde ( 1 0 °). D'autres détails relatifs à la taille (101) et à la coloration de la peau (102) sont encore mentionnés, mais aucune de ces précisions ne constitue, surtout dans le cas
(84) Les deux termes sont indifféremment employés au moins jusqu'à l'époque d'Aristote. Ce dernier réserve le mot ό όφις pour désigner le serpent dans la langue de la zoologie. Après lui, le terme ό δράκων sera davantage réservé aux
animaux mythiques ou aux interventions fabuleuses des reptiles.
(85
) Schol. R V ARISTOPH., Plout., 733 ; Etym. Gud., 378, 3-8 De Stefani; Etym.
magn., 644, 6-12.
(ββ
) La linguistique moderne a réfuté l'interprétation ancienne qui faisait
dériver le mot όφις du verbe ôpâv, elle a confirmé l'étymologie de δράκων à
partir du verbe δέρκεσθαι. Cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 414 ; II, p. 453 ; P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I, p. 264. Cf. E. KUES-TER, o.l., p. 57 et n. 3.
(*') Les observations et les expériences scientifiques ne les ont pas confirmés. Ces pouvoirs fascinants tiennent à l'éclat et à la fixité de l'œil du serpent. Cf. W . DEONNA, Le symbolisme de l'œil, Paris, 1965, pp. 157-158.
(") C'est notamment le cas du serpent d'Athéna, honoré sur l'Acropole : schol. R V ARISTOPH., Lys., 759. Cf. ci-dessous, pp. 77-79.
( 9 I) ARISTOPH., l.l. (1 0°) Cf. ci-dessous, p. 78. Elles ne peuvent être assimilées, non plus que
V lepos (όφις) que mentionne THÉOPHRASTE (Car., 16, 4; voir ci-après, p. 89), au
serpent Ιερός décrit par ARISTOTE (H.A., VIII, 607 a 3034). Il s'agit, dans ce
dernier passage, d'une espèce exotique dont la morsure entraîne la décomposition
immédiate des chairs. Ce serpent pourrait correspondre à une variété de sépédons,
sortes de najas très venimeux. Cf. ÉLIEN, N.A., XV, 18. De là, en Thessalie, la
protection officielle accordée aux cigognes prédatrices : [ARISTT.], Mir. Ausc, 23 ;
151, ι Giannini. Voir ciaprès, p. 95, n. 22.
(1 0 1
) PAUS., II, 28, Ι : Τούς δέ όφεις ... τούς μεγάλους ές πλέον πηχών καί τριάκοντα προήκοντας... Cf. ARISTOPH., Ploutos, 733"734 : δυο δράκοντ' έκ τοΰ νεώ | ύπερφυεΐς τό μέγεθος.
(10>) À propos des serpents d'Asclépios : PAUS., Π, 28, ι Δράκοντες δέ ... ές τό ξανθάτερον ρέποντες χρόας ΊεροΊ μέν τοΰ Ασκληπιού. ÉLIEN (Ν.Α., VIII, 12),
parlant des mêmes reptiles, leur attribue une teinte brun rouge (πυρρός) ; ci-dessous p. 75, n. 126. En revanche, NICANDRE (Ther., 438, 443-444) évoque l'ani
mal comme étant χλοάοντα ... κύανόν τε δράκοντα, ... | ... πώγων | αιέν ύπ' άν&ερεώνι χολοίβαφος.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 73
des reptiles, un critère avéré (103
). La difficulté de proposer une
identification s'aggrave en outre du fait que, dans les descriptions
comme dans les représentations figurées, des particularités fabu
leuses, — ou qui paraissent telles, — viennent se mêler aux élé
ments conformes à la réalité. L'une des plus évidentes est
l'appendice souvent en forme de barbiche qui est placé sous la
gorge des serpents sur certaines stèles de Zeus Meilichios (, M
),
sur diverses peintures de l'égide (105
) et, souvent, sur les images
de la Gorgone (l o e
). Nicandre (107
), Philostrate (108
), Élien (1 0
»),
Nonnos (n o
) le décrivent effectivement comme une barbe ou
barbiche (m
) caractéristique d'une variété à laquelle ils ne
donnent pas d'appellation propre (m
) et qu'ils ne mettent en
rapport, si l'on excepte le passage de Nicandre tout marqué de
mythologie (113
), avec aucun des dieux et des rites qui ont un lien
avec les serpents. Les herpétologues contemporains sont formels :
une telle excroissance n'est connue, à l'heure actuelle, chez
aucune des espèces répertoriées à travers les divers conti
(1 0 ,
j En raison des variables importantes qui apparaissent, d'un individu
à l'autre, lorsqu'il s'agit d'apprécier les dimensions et les nuances des reptiles.
(">·) Cf. A. B. COOK, Zeus, II (Cambridge, 1925), fig. 944 et 945. Cf. K . A. NEU
GEBAUER, Die griech. Bronzen der klassischen Zeit und des Hellenismus, Berlin,
1951. pl. 17, n o s 2627.
('") M . HIRMER P. E. ARIAS, A History of Greek Painting, Londres, 1962,
pl. 147 : coupe de Douris, c. 480470 avant J.C. (égide et tête du dragon). Cf.
cidessus, p. 70, n. 85.
("">) J . BOARDMAN J . DOERIG W. FUCHS M . HIRMER, L'art grec, trad.
franç., Paris, 1966, pl. 85 : fronton ouest du temple d'Artémis à Corcyre, vers
590 avant J.C. Cf. cidessus, p. 70, n. 86.
("") NICANDRE, /./. : vipOt Sè πώγων \ a'iiv ύπ' àvBtpfûivi χολοίβαφο; ("") PHILOSTRATE, Vie d'Apollonios, III, 8 : ytvtia Sè αΰτοΐΐ βοστρυχώδη
χρυσά κάκίΐνα. ( 1 Μ) ÉLIEN, Ν.Α., Χ, 25 : κάτίίσι Sè ύπό τήν ύπήν-ην αύτοί; (sc. τοί; Κυνοπροσώ-
ποι;) γίνιιον, ώ; ι'ικάσαι τοι; των δρακόντων αύτό ', XI, 26 : ίχ€ΐ γοΰν ό μ(ν δράκων ό αρρην τόν λόφον και τήν ύπήνην.
("°) NONNOS, XII, 3*9-323 : ·•· δράκων φοίνιξιν ύπήνην. Cf. VI, 156-160: Ζ(ύ; ... δράκων ... af ίων 8αυλα yévtia.
(n l) Le terme ύπήνη, qui signifie en premier lieu la moustache par opposition à la barbe, est employé dans ces divers textes, par une extension dont il existe de nombreux exemples, en tant que synonyme de yivuov ou yivua, au sens de barbe, barbiche.
("*) Il vit soit en Inde (Philostrate), soit chez un peuple fabuleux de l'Égypte (Élien) ou apparaît dans une métamorphose (Nonnos).
("') Cf. ci-dessus, n. 107. Nicandre évoque à cet endroit le serpent du héro médecin Paiéôn qui a été finalement assimilé à Asclépios (cf. HÉRONDAS, 4, 1 ; 11 ; 26; etc.).
74 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
nents (1 U
), elle ne peut être confondue avec les replis membraneux
du dragon volant (115
) et paraît incompatible avec l'évolution
morphologique des ophidiens (n e
). Dans l'état des connais
sances, s'il faut soutenir une hypothèse, celle que Jane Harrison
a proposée dans son étude des stèles de Zeus Meilichios (U7
)
demeure acceptable (U 8
) : par une démarche analogue, mais
inverse, à celle qui a conservé maints traits zoomorphes aux
figures divines anthropomorphes (U 9
), l'artiste aurait transposé
sur le serpent, emblème de fécondité, un élément qui symbolise
la maturité virile (120
).
Enfin, les indications complémentaires que contiennent cer
tains textes sont, par leur manque d'homogénéité et leur nature
incontrôlable, autant d'obstacles qui ont, en général, fait renon
cer à l'identification (m
) . Un dernier détail doit cependant être
(114
) Ainsi qu'ont bien voulu me le confirmer G. De Witte, de même que M. et
Y. Vial.
(m
) Draco volans, lacertilien de la famille des Agamidae, 2022 cm de long,
qui vit dans les îles de la Sonde, à Singapour et Pinang.
("*) Cet appendice, qui n'est pas toujours représenté, est d'autant plus
remarqué que le reptile est figuré avec un grand réalisme.
("') J . E. HARRISON, Prolegomena to the Study of Greek Religion*, Cambridge,
1928, pp. 326327. Toutefois, l'interprétation de l'origine ' zoologique ' de
cette barbiche, qui lui a été suggérée par H . Gadow, est insoutenable (p. 328).
(1U
) Son point de vue n'est pas exempt de lien avec celui que A. FURTWAEN
GLER (art. Gorgones, dans Ausführt. Lex., I [ι8841886], col. 1707), G. GLOTZ
(art. Gorgones, dans Diet. Ant., II [1896], col. 1629 B) et [K.] ZIEGLER (art.
Gorgo [1], dans R.E., VII, 2 [1912], col. 1653) ont développé au sujet de la
Gorgone dont la barbe serait l'indice d'un ancien génie ou démon mâle.
("·) Cornes des dieuxfleuves, tête de jument de Déméter à Phigalie, ou
encore épithètes βοώπις et γλαυκώπις. Voir pp. 149, 154, 152 et n. 225, 97. (ito) Notamment reconnue, chez les êtres humains, lors de sacrifices comme
celui du Koépewv à Athènes. On ne négligera pas le fait que Zeus Meilichios
est aussi représenté sous des traits en tous points semblables à ceux d'Asclé
pios : homme adulte, drapé, avec chevelure et barbe abondantes. Ch. PICARD,
qui n'a pas émis d'avis sur le sens de la barbe du serpent, souligne dans son
étude intitulée Sanctuaires, représentations et symboles de Zeus Meilichios, in
R.H.R., 126 (1943), p. 122 que «le serpent ne se montre pas accessoirement
sur les exvoto où le Meilichios apparaît en ZeusAsclépios ». — Sur les pein
tures de l'égide comme sur les stèles de Zeus, la barbe du serpent peut encore
être un signe de son origine chthonienne. Les serpents sont fils de la Terre (ci
dessus, p. 70, n. 82) et Gaia dote ses enfants, tel le géant Damasen (NONNOS,
XXV, 488) d'une barbe épaisse (δασύτριχα κύκλο. yeveiou) qui est moins destinée à le rendre effrayant qu'à rappeler la puissance virile que lui confère son origine.
(m) Aspect éclatant (NICANDRE, o.l., 441 άγλαυρο; ; PHILOSTRATE, o.l, III, 8 άπό 0€ τών λόφων πυρσών όντων πυρ αύτοίς arret λαμπαδίου πλέον) ; bruit métallique (PHILOSTRATE, U., uiróyaA/cóV re ήχώ φέρουσιν) ; etc. C'est de la tête
II. ι. Marcopoulo (Céphalonie). Clocher (XVI· siècle) de l'égüse consacrée
à la Vierge, détruit par le séisme de 1953. Les serpents sacrés y pullulaient.
Voir p. 76, n. 134. Cliché D. Loucalos.
2. Marcopoulo (Céphalonie). 15 août 1963: l'icône de la Vierge est parcourue
par un serpent sacré. Voir p. 76, n. 134. Cliché N. Loucalos.
III. χ. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. Voir
p. 77, n. 134. Cliché de presse.
2. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. Voir
p. 77, n. 134.
D'après R. KRISS - H . KRISS-HEINRICH, Percgrinatio neohellenika, Vienne, 1955,
fig. 85.
APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 75
considéré. Les auteurs anciens, qui ne manquent jamais de mentionner combien les serpents d'Asclépios ( ,22) ou ceux de Saba-zios (123) sont doux et inoffensifs (124), leur donnent, à l'occasion, le nom de napeîai (125). Le terme dérive du substantif ή παρειά joue (12β) et renvoie à la propriété qu'auraient eue ces reptiles
de gonfler les joues (m
). Cette appellation imagée ne vise pas
autre chose, sembletil, que le phénomène d'étalement de la
coiffe, — la zone postérieure de la tête des reptiles, — sous
l'action, dans le sens vertical ou transversal, des muscles insérés
sur les côtes cervicales (128
). Le mode de dilatation que Guibé
décrit très soigneusement, a été observé chez de nombreuses
espèces: les najas et les cobras, parmi les élapidés, les vipéridés,
et divers colubridés. C'est au sein de ce dernier groupe qu'il faut
de ce serpent qu'était extraite, au prix de diverses ruses, la dracon(t)ite, pierre
fabuleuse aux propriétés appréciées, comme c'est le cas de tous les bézoards.
Cf. PLINE L'ANCIEN, H.N., X X X V I I , 158; SOLINUS, 30, 1617 Mommsen; ISI
DORE DE SÉVILLE, Orig., X V I , 14, 7; TZETZÈS, Chi!., VII, 660668 (citant une
épigramme de Posidippe).
("») Cf. PAUS., II, 28, 1 ; ÉLIEN, N.A., VIII . 12.
(I ! S
) DÉMOSTH., 18 (Sur la couronne), 260; cf. HARPOCRATION, S.V. ΠαρεΊαι όφει;, qui cite CRAT., fr. 225 Kock (C.A.F., I, p. 81) et HYPÉRIDE, fr. 80 Kenyon. Sur les serpents de Sabazios qui ne diffèrent pas de ceux de Dionysos, dont les Ménades se font des ceintures et des couronnes : E. KUESTER, o.l., pp. 118-119, 147 ; H. JEANMAIRE, Dionysos, pp. 403-404.
('**) PAUS., /./., άνθρωποι; ήμεροι ; ÉLIEN, /./., Βακείν ού σφαλερά;, άλλά πράο; ; cf. PHOTIOS, Lex., s.v. Όφει; παρειά; οοκούοι Si ήπιοι είναι κα'ι μή άδικίΐν άνθρωπου;.
("») DÉM., τού; όφει; τού; παρειά; θλίβων ; ÉLIEN. ; HÉSYCH., Π 765 ;
PHOTIOS, Lex., s.v. Όφει; παρ(ία; Naber (II, p. 40) ; schol. Κ V ARISTOPH., Plaut., 690.
(»") Η. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, p. 474 ; cf. P. CHANTRAINE,
Formation des noms, p. 31. — ÉLIEN (Ν.Α., VIII, Ι 2 ) produit, d'après Apollo
dore, deux formes πορεία; ή παρούα;. La seconde semble justifiée par la colo
ration (πυρρό;) qu'il attribue au serpent. Le terme πάρωο; (-ά;) duquel παρούα; pourrait n'être qu'une variante, est usité à propos des chevaux dont il désigne
la robe bai. Cf. HÉSYCH., Π 1025: ίπποι τινί; τό χρώμα πυρροί. La couleur des serpents, difficile à définir, en raison des reflets des écailles, est souvent évoquée de
manière approximative et par référence ou allusion à d'autres animaux. — Quant
à l'épiclèse Πορεία qu'Athéna recevait, au témoignage de PAUSANIAS, III, 20, 8,
dans un sanctuaire laconien, elle demeure obscure. Cf. H KRUSE, art Pareta,
dans R.-E., X V I I I , 4 (1949), col. 1455.
("') Schol. R V ARISTOPH., I I. : παρά τό έπήρθαι τά; παρειά; ; PHOTIOS, S V Όφει; παρειά; τού; επηρμένα; έχοντα; τά; παρειά; ; (cf. aussi s.v. Παρεΐαι όφ€ι; Naber [II, p. 61]). Cf. HÉSYCH., Π 765 : όφιων ίίδτ; μεγάλα; iraptios εχόντων
C**) J . GUIBÉ, Les reptiles Données écologiques. I L Les moyens de protection et de défense, dans Traité de zoologie, X I V , 3 (Paris, 1970), p. 997.
7 6 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
chercher le serpent napeia et ceux qui ont joué un rôle dans la
religion grecque, car les couleuvres appartiennent soit au groupe
des aglyphes, soit à celui des opisthoglyphes : malgré leur venin, elles
sont pratiquement inoffensives pour l'homme (12β
). La tendance a
souvent été d'assimiler le ' serpent joufflu' de l'Antiquité à la cou
leuvre dite d'Asclépios (Elaphe longissima ou Coluber Aescula
pii) (130
). Toutefois, la plus extrême circonspection s'impose: la
couleuvre léopardine (Elaphe situla), la couleuvre à collier (Natrix
natrix) pourraient aussi correspondre aux descriptions antiques et,
si l'on veut rester attentif au « gonflement des joues », il faut alors
songer à la couleuvre coronelle (Coronella austriaca) f1 3 1
).
Certains usages de la Grèce moderne sont les témoignages les
plus décisifs que l'on puisse méditer pour comprendre aujourd'hui
quelle familiarité a existé, en tout temps, entre les Grecs et les
reptiles. Parmi d'autres exemples, il suffira d'invoquer, à côté
des légendes glanées par Politis (132
), les coutumes des habitants
de Milo pour qui le serpent est et demeure l'ami de la mai
son (133
) et la célébration de la Dormition de la Vierge par
les villageois de Marcopoulo (Céphalonie), qui manipulent
à cette occasion les « serpents sacrés », gages de la prospérité
et du bonheur de leur communauté (134
). Pour les uns et les
("·) J . GUIBÉ, La systématique des reptiles actuels, dans o.l., pp. 11391142.
(130) Q u j (jojt s o n n o m a u f a j t q U e c e t te espèce s'est, croyaiton, multipliée
dans les zones voisines des anciens sanctuaires d'Asclépios, surtout en Italie
et en France, et qu'elle s'est répandue à partir de là. Cf. A. E. BREHM, Les
reptiles et les batraciens, Paris, 1885, pp. 355359 ; R. ROLLINAT, La vie des
reptiles de la France centrale, Paris, 1934, pp. 224240 (particulièrement utile
pour les observations sur la couleuvre en captivité) ; F. ANGEL, Faune de France.
45. Reptiles et amphibiens, Paris, 1946, pp. 134137.
(131
) H. COUTIERE, Le monde vivant, II (Paris, 1928), p. 129. Comme les
précédentes, cette espèce a été repérée en Grèce de nos jours : cf. J . C. ONDRIAS,
/./., pp. 121124. D'autres identifications sont encore proposées par E. COUGNY
E. SAGLIO, art. Bestiae mansuetae, dans Diet. Ant., I (Paris, 1887), col. 695 A, —
toujours parmi les couleuvres : Coluber flagelliformis, Coluber constrictor. Coluber
viridiflavus.
(1 3 2
) N . PoLITIS, Μελέται περί τοΰ βίου καί τή; γλώσσης τοΰ ελληνικού λαού, I (Athènes, 1899), pp- 208-218, 251-254 ; II (Athènes, 1904), ΡΡ- 1067-1097·
(133
) G. SPYRIDAKIS, Λαογραφική "Αποστολή «'s Μήλον (31 Αύγ.-14 Σεπτ. 1959), dans Annuaire des Archives du Folklore de l'Académie d'Athènes, 11-12 (1958-1959). PP- 292-294.
(134) D. S. LouKATOS, Religion populaire à Céphalonie, trad. J . Malbert, Athènes, 1950, pp. 151-159. L'auteur, originaire de Céphalonie, a eu l'obligeance de me communiquer des documents photographiques récents qui illustrent cette manifestation toujours très suivie. Cf. planches II, 1-2; III, 1. Voir
APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 77
autres, l'identification est toute secondaire, seuls importent les bienfaits que le serpent garantit, en se manifestant ( m ) . Le présent rejoint ici le passé et invite à pénétrer davantage l'origine et la signification du rôle du reptile dans la tradition religieuse de la Grèce.
PRÉSENCE DU SERPENT DANS LES CULTES TUTÉLAIRES
Lorsque, pour répondre au vœu de Périclès (13e), Phidias entreprit d'ériger la statue qui allait devenir l'image la plus fastueuse et la plus illustre de la protectrice d'Athènes, il représenta Athéna en guerrière victorieuse, parée ou entourée de ses attributs principaux. Seules les descriptions des auteurs anciens (13') et des copies souvent médiocres (138) conservent encore les traits essentiels du chef-d'œuvre, mais elles montrent bien, malgré leurs limites, qu'il constitue une véritable synthèse des convictions religieuses des Athéniens de l'âge d'or (139).
Abrité par le bouclier, un serpent se détache à la gauche de la statue ( 1 4 °). Sa taille et la place que l'artiste lui a accordée le mettent en particulière évidence et poussent à reconnaître en lui, dès l'abord, un être important de l'entourage d'Athéna. Les témoignages ne manquent pas pour élucider son rôle dans le
aussi H. KRISS - H . KRISS-HEINRICH, Peregrmatio neohellemka, Vienne, 1955, pp. 102-106 et clichés 84-85. Ce dernier est reproduit Planche III, 2.
(13S) Il s'agirait de la couleuvre léopardine {Elaphe situla) simplement désignée dans l'usage courant comme όφις ό οικιακός, σπιτάφιδο. Cf. J . C. LAWSON, Modem Greek Folklore and Ancient Greek Religion, Oxford, 1910, pp. 259-261 ; cf. ci-dessous, pp. 78-79.
(13E) PLUT., Vie de Périclès, 13-14.
(*") La principale et la plus complète est celle de PAUSANIAS, I, 24, 5-7.
Cf., pour les références parallèles et complémentaires : J . OVERBECK, Die ant.
Schriftquellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen, Leipzig,
1868, pp. 119-123; A. FURTWAENGLER, art. Athene, dans Ausführt. Lex., I
(1884-1890). col. 697-700 ; G. LIPPOLD, art. Pheidias (2), dans R.-E., XIX, 2
(1938), col. 1925-1930.
C3
") Cf. Ch. PICARD, Manuel d'archéologie grecque, II (Paris, 1939). PP 369-
393 et rig. 155-164; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies
grecques, Liège, 1949, pp. 266-281.
C3
*) C. J . HERINGTON, Athena Parthenos und Athena Polias. A Study m
the Religion of the Periclean Athens, Manchester, 1955.
C*0
) PAUS., I, 24, 7 : τό δί άγαλμα τής Αθηνάς ορθόν iariv ... καί οί ... πρός τοις ποσ'ιν άσπίς τε κείται κα'ι πλησίον τοΰ αόρατος δράκων εστίν.
78 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
culte de la déesse et l'origine de sa présence dans les croyances
athéniennes. L'animal que Phidias a figé dans la matière n'est
pas un emblème ou une figure de légende issue de quelque tra
dition archaïque, i l correspond au serpent sacré (141) qui a vécu
sur le sol même de l'Acropole, dès une époque immémoriale.
Lorsqu'ils localisent son enclos (1 4 2), les auteurs anciens le situent
dans le sanctuaire d'Érechthée (1 4 3), là où se perpétuait l'héritage
mycénien qu'Athéna a assumé (144). La première intervention
connue du reptile dans la vie d'Athènes est liée à la bataille de
Salamine. Hérodote (145) et Plutarque (14e) racontent comment,
dans les jours dramatiques où Thémistocle s'efforçait d'amener
ses concitoyens à quitter leurs murs, la disparition du serpent
de l'Acropole, manifestée par le fait que les offrandes étaient
demeurées intactes, fut interprétée (147) comme un signe d'Athéna
ellemême en faveur de l'évacuation générale. De retour après
leur victoire, les Athéniens crurent que l'animal sacré avait,
lui aussi, réintégré le sanctuaire. Trente ans après les événements,
(u l
) La majorité des témoignages ne mentionne qu'un seul serpent, HÉSY
CHIOS (O 270) indique qu'il y en aurait eu deux et PHOTIOS (Lex., s.v. Οίκουρον όφιν Naber [II, p. 6]) cite un texte de PHYLARQUE (81 F 72 J.), probablement corrompu, où le même chiffre apparaît. Cf. le commentaire de Jacoby, p. 142. —
Hésitation identique à propos du serpent d'Érichthonios : cf. cidessous, p. 81,
n. 170.
(1M
) La plupart des auteurs s'en tiennent à des indications très générales,
par ex. : HDT., VIII, 41, 34 iv τω Ιρω ; PLUT., Vie de Thémistocle, 10,1 eV τοΰ σηκοΰ.
( 1 4 S) HÉSYCHIOS, O 270 : «V τω Upûi τοΰ Έρεχθεω;. La source ne peut être précisée. Cf. L. D . CASKEY - J . M . PATON - H. N . FOWLER - G . P. STEVENS, The Erechtheum, Cambridge (U.S.A.), 1927, p. 491 ; J . POUILLOUX, À propos d'une étude sur l'Érechtheion, dans B.C.H., (1950), pp. 265-270 (il s'agit de la publication de N . M . KONTOLÉON).
(,44) Cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is, pp. 347-349, 433-437, 859 ; L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, Paris, 1966, p. 327.
( 1 4 I) HDT., VIII, 41, 3-4. (14T) PLUT., Vie de Thém., 10, 1-2. (l47) Il existe quelques divergences entre les deux témoignages. Plutarque,
en effet, ne s'en tient pas au seul texte d'Hérodote. Cf. A. BAUER, Plutarchs. Themistokles, Leipzig, 1884, pp. 35-36 (sources parallèles) ; K . ZIEGLER, art. Plutarchos (2), dans R.-E., XXI, 1 (1951), col. 911-914. L'opposition la plus notable concerne le rôle qu'aurait joué Thémistocle dans l'interprétation, voire dans l'organisation de l'incident. Sur les oracles et prodiges liés à l'action politique de Thémistocle : R. CRAHAY, La littérature oraculaire chez Hérodote, Paris, 1956, pp. 299-304 ; J . LABARBE, La loi navale de Thémistocle, Paris, 1957. P- " 7 -
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 79
ils persistaient (148) à lui apporter les gâteaux rituels à base de miel (U 9). Et quand, en 411, Lysistrata et ses comparses mises en scène par Aristophane ( 1 5°) jouaient à occuper l'Acropole, son hôte prodigieux n'était pas oublié (1H). Gardien du temple (162), serpent domestique (U3), il exerçait des pouvoirs prophylactiques et apotropaïques, comme c'était le cas dans divers sanctuaires aussi bien que dans les maisons privées ( ,55). Mais, si importants soient-ils, ces aspects ne sont pas suffisants pour caractériser la fonction du reptile auprès d'Athéna. La rencontre de l'animal chthonien et de la divinité olympienne est un des indices à partir duquel se découvrent les multiples connexions qui ont abouti, sous l'action du syncrétisme, à maintenir vivace dans la religion grecque l'héritage égéen.
Comme on l'a vu (156), peu de qualités rivalisaient aux yeux des Ioniens-Attiques avec celles que confère l'autochtonie. Les citoyens adultes affichaient cet état en arborant des bijoux en forme de cigale. Aux enfants les mères, pour le même motif, faisaient porter, dès la naissance, des serpents d'or ("'). À cet usage
(14*) À l'étonnement d'Hérodote (cf. /./.} dont le séjour à Athènes se situe très probablement entre 447 et 443. Cf. F. JACOBY, art. Herodotos, dans R.-E., Suppl. II (1918), col. 237-242 ; W . W . How - J . WELLS, A Commentary on Herodotus', Oxford, 1928, pp. 6, 27-28.
(1W) Dons mensuels selon Hérodote (ΐπιμήνια μίλιτόεσσα), quotidiens selon Plutarque (τάί καθ' ήμερα; ... άναρχα;). Le miel, substance chthonienne (cf. ci-dessus, pp. 22-24) e s t
apporté aux serpents sacrés comme l'offrande la plus
appropriée et la plus efficace, qu'il s'agisse du serpent domestique d'Athéna,
ou des serpents de Trophonios (cf. cidessous, pp. 8990), etc. Cf. P. STENGEL,
Opferbräuche der Griechen, LeipzigBerlin, 1910, pp. 99100.
(«β) jh. GELZER, art. Aristophanes (12), dans R.E., Suppl. XII (1970),
col. 14731484.
(LM
) ARISTOPH., Lys., 758759. Cf. L. BODSON, Gai, gai! sauvonsnous. Pro
cédés et effets du comique dans Lysistrata, 740752, dans L'Ant. class., 42 (1973),
pp. 1722. À en croire Philostrate (Imag., II, 17, 6), le serpent vivait encore
sur l'Acropole, à basse époque : ό δράκων δέ ό τής Αθηνά; ό Ιτι κα» νΰν èv άκροπάλει οίκων. PLUT., Vie de Dém., 26, 6.
("*) Schol. R V ARISTOPH., /./. : τον Upov δράκοντα τή; Αθηνά;, τον φύλακα τον ναού. Cf. Etym. magn., 287,14-18.
("') ARISTOPH., : τό» όφα>... τον οίκουρόν, EUST., 1423, 8 (ad HOM., α 357)· (U4) Cf. ci-dessus, p. 70, n. 89. ("') Cf. E . COUGNY - E . SAGLIO, art. Beshae mansuetae, dans Diet. Ant., I
(1877), col. 694 Β - &95 B. Ci-dessous, pp. 85-86. ('") Cf. ci-dessus, pp. 17-18, n. 46-57. ("') EUR., Ion, 24-26 : όθ(ν Έρεχθείδαι; (Ktî | νόμο; τι; ϊστιν όφ(οιν iv χρυση-
λάτοι; ! τρεφειν τίκνα.
8o L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
vénérable (158) Créûse s'est conformée au moment d'abandonner
Ion nouveauné ( 1 5 e). Nul autre témoignage direct (1 6 0) n'a été
conservé sur la coutume (161) qui a pu, comme celle de la tettigo
phorie, perdre, avec le temps, de sa vigueur. On peut croire
cependant que le poète ne l'aurait pas évoquée avec autant
d'insistance (162) s'il n'avait été assuré qu'elle trouverait un
écho immédiat dans son auditoire (1 β 3). Les amulettes, — (vers
1418) δώρημ' Άθανάς, — sont destinées à commémorer Érichtho-
nios, roi mythique d'Athènes comme Érechthée (1 6 4), et devenu
avec lui un des héros protecteurs de la cité. L'histoire de ses
origines qu'Euripide ne fait, dans Ion du moins (1 β 5), qu'effleurer
a été exposée par les mythographes. Les remaniements qui l'ont
affectée n'en ont pas effacé les éléments fondamentaux.
Procréé par le désir qui avait poussé Héphaistos vers Athéna,
Érichthonios est né de la Terre ( 1 6 6), — son nom atteste sa
(158
) Ibid., 1427 : δράκοντες, άρχαΐόν τι. ("») Ibid., 22-32 ; cf. 1427-1432. (1β0) Les bracelets hellénistiques en forme de serpents, qui ont été découverts
dans différents tombeaux de GrandeGrèce, de Thessalie, etc., ne peuvent guère
être invoqués ici. Cf. G. BECATTI, Oreficerie antieke, Rome, 1955, pp. 9395.
n°s 497499; 180, n o s 442443.
(m
) Les détails manquent sur les amulettes réservées aux enfants. On en
observe les traces sur les peintures de vases, mais sans que leur forme et leur
nature exactes puissent être déterminées. Cf. E. LABATUT, art. Amuletum,
dans Diet. Ant., I (1887), col. 252 A 258 A.
(iea
) Les allusions aux origines des Athéniens et à la naissance d'Érichthonios
sont particulièrement nombreuses : cf., par exemple, 1826, 267270, 14271432.
Sur les intentions du poète : H . GRÉGOIRE, Euripide. Théâtre, III (Paris, 1923),
p. 160.
(,e3
) La tragédie a été représentée entre 421 et 413, peutêtre en 419. Cf.
[Α.] DIETERICH, art. Euripides (4), dans R.E., V I , 2 (1907), col. 1259 ; H . GRÉ
GOIRE, o.l., pp. 167168.
(le4
) Ces deux personnages n'ont pas, sembletil, toujours été nettement
distingués. La ressemblance entre leurs noms et entre leurs origines explique,
au moins pour une part, la confusion. Cf. HARPOCRATION, S.V. Αυτόχθονες. [K.] ESCHER, art. Erechtheus, dans R.-E., V I , 1 (1907), col. 408-411 ; cf. ci-dessous, p. 81, n. 167 et M. FOWLER, The Myth of ΕΡΙΧΘΟΝΙΟΣ, dans Class. Philology, 38 (1943), PP- 28"32-
( 1 Β 6) EUR., Ion, 267-274 ; la plupart des auteurs tardifs qui évoquent le
même épisode se réfèrent à Euripide, mais produisent des détails qui n'appa
raissent pas dans l'Ion. Ceuxci pourraient provenir d'une autre tragédie, per
due, sur le même sujet. Cf. fr. 925 N.2
; voir p. 81, n. 171.
(»««) EUR., Ion, 2021 : τοΰ τε γηγενούς | Έριχθονίου. Cf. [K.] ESCHER, art. Erichthonios, dans R.-E., V I , 1 (1907), col. 436-446 ; Marie DELCOURT, Héphaistos ou la légende du magicien, Paris, 1957, pp. 146-152.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 81
nature 'très chthonienne' (1β7
). Mais la fille de Zeus, attentive
aux enfants dès leur naissance (1β8
), l'a recueilli dans l'intention
de le confier à Pandrose pour qu'elle l'élevât en secret. Les filles
de Cécrops (16B
) ne purent s'empêcher d'ouvrii la corbeille qui
abritait le bébé. Cette désobéissance, autant que le spectacle
qu'elles découvrirent, entraîna leur perte : Érichthonios, dans
son berceau rustique, était gardé par des serpents (1 7
°). Telle
est la version des faits élaborée pour répondre au besoin de
cohérence et au rationalisme, qui avaient fini par rendre
inacceptables certains détails primitifs. Euripide cependant ne
les ignorait pas, si l'on en croit les auteurs postérieurs, — et
notamment Hygin (m
) , — qui se réfèrent à des œuvres perdues
du poète. Avant d'être l'enfant aux serpents, Érichthonios a
été luimême serpent né de la Terre (172
), doté, à un stade ulté
rieur de l'élaboration du mythe, d'une forme mixte (m
) en tous
points semblable à celle de Cécrops, son prédécesseur dracontide
du côté des pieds (174
). Les peintres de vases, qui ont plus d'une
fois illustré la scène de la naissance et de la remise par la Terre
(>") Les auteurs anciens ont longuement spéculé sur l'étymologie de ce nom
rattachant le premier élément épi aux substantifs τό ipiov et ή épis, le premier
par allusion au flocon de laine avec lequel Athéna aurait essuyé la souillure
{Etym. magn., 371, 2948 ; schol. PLAT., Tim., 23 E ; cf. Cl. MEILLIER, La chouette
et Athéna, dans R.E.A., 72 [1970], pp. 1221), le second d'après le ressentiment
que la déesse aurait éprouvé (LACT., Divin. Inst., I, 17, 1115 [C.S.E.L., XIX,
p. 66] ; S. AUG., De civit. Dei, XVIII, 12 [C.S.E.L., V, 2, pp. 282283]). L'interpré
tation des modernes qui conçoivent l'élément épi comme un intensif est vraisem
blablement plus proche de la réalité. Cf. H . USENER, Götternamen, Bonn, 1896,
pp. 139141 ; [K.] ESCHER, /./., col. 404405; P. CHANTRAINE, Diet, étym., II,
P 372.
("') Sur Athéna déesse courotrophe : M . P. NILSSON, Geschichte der griech.
Religion, I3
, pp. 422444; L . SÉCHAN P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la
Grèce, pp. 331332.
('··) Selon [APOLLODORE], Eibl, III, 14, 6,45, il faut distinguer le cas de Pan
drose, investie par Athéna de la mission d'élever l'enfant, et celui de ses deux
sœurs qui sont coupables de jalousie et de désobéissance. HYGIN (Fables, 166)
attribue la responsabilité aux trois filles de Cécrops.
(I 7
°) [APD.], /./. : θίώνται τω βρέφει naptamipapivov δράκοντα ; en revanche, d'après EUR., Ion, 22-23 : Φρονρώ παραζενξασα φνλακΐ σώματος \ Βισσώ Βράκοντ*.
('") De même [ÉRATOSTII.], Catast., 13 Olivieri (Myth. Gr., III, pp. 16-17), mais il n'apporte aucune indication sur l'aspect d'Érichthonios. (= EUR., fr. 925 N.«).
("·) HYGIN, Astronom., II, 73 : nascitur Erichthonius anguis. Cf. PAUS., I, 24, 7 : ΐΐη δ' àv Έριχθόνιος ούτος ο δράκων.
("') HYGIN, Fables, 166 : natus est puer qui inferiorem partem draconis h ab uit, quem Erichthonium ideo nominaverunt.
("«) ARISTOPH , Guêpes, 438 : ώ Κίκροφ ήρως άναξ, τά προς ποΒών Δρακοντ'ιδη.
82 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
d'Érichthonios à Athéna (1 7 5), rapprochent tous les protagonistes
divins et légendaires: le nouveauné a l'apparence d'un être
humain, Cécrops est à demizoomorphe, à l'image des monstres
qui peuplaient les frontons des temples archaïques ( 1 7 e).
Parmi les analogies significatives que l'on relève dans la tra
dition athénienne relative aux fondateurs et aux premiers rois
de la cité, deux traits se détachent : l'un tient aux circonstances
de leur procréation, l'autre se définit dans la relation avec le
serpent qui en a résulté pour chacun d'eux. Qu'il s'agisse
d'Héphaistos, de Cécrops, d'Érechthée, d'Érichthonios ou d'Ion,
le géniteur a un rôle soit inexistant, soit limité, soit récusé. En
revanche, la figure de la mère est, à chaque fois, dominante:
Héra engendre seule Héphaistos (177) ; de la semence de ce der
nier Gaia, qui a suscité Cécrops (1 7 8), enfante Érichthonios
Érechthée ( 1 7 9), Athéna le recueille; quant à Créuse, elle met son
fils au monde dans l'abandon et le dénuement ( 1 8 0). Toutes,
— Athéna de manière à préserver son caractère de déesse vierge
et Créuse pour satisfaire aux exigences des généalogies mythiques
chères aux Athéniens, — sont les héritières de la grande mère
préhellénique qui fait naître tous les êtres vivants par parthéno
genèse ou à la suite de son union avec un parèdre dont l'inter
vention est demeurée secondaire. Héphaistos en est devenu le
représentant dans l'histoire d'Érichthonios, sans que cet épisode
portât le moindre préjudice à son entente avec Athéna (1 8 1),
tandis que les rois mythiques à travers qui les Athéniens pou
vaient soutenir leur origine autochtone ont conservé nettement
marqué le lien avec l'animal chthonien dont ils ont, avec le temps,
("*) CL A. B. COOK, Zeus, III (Cambridge, 1940), pp. 187188, 240246 et
planches adjacentes.
("*) Cf. J . CHARBONNEAUX R. MARTIN Fr. VILLARD, Grèce archaïque,
Paris, 1968, fig. 126127.
(l
") HÉs., Théog., 927929, pour contrebalancer une autre naissance
exceptionnelle, celle d'Athéna (Théog., 924926). La double rencontre entre
Athéna et Héphaistos doit être notée. Cf. Marie DELCOURT, Héphaistos ou la
légende du magicien, Paris, 1957, pp. 193203.
("·) [APD.], Bibl., III, 14,12 ; cf. S. EITREM, art. Kekrops, dans R.E.,
XI, ι (1921), col. 119125.
("") Cidessus, p. 81, n. 169173.
(»»») EUR., Ion, 2627, 344, 897901, 14581459.
('") PLAT., Protag., 321 D ; Critias, 109 CD. La déesse reçoit l'épiclèse
Ήφαιστία et est célébrée avec Héphaistos lors des Chalkeia. Cf. L. DEUBNER, Attische Feste', pp. 35-36 ; M. DELCOURT, o.l., pp. 200-203.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 83
pris la place et les attributions. Car la fécondité, la richesse, la protection que les rois, devenus héros tutélaires, ont dispensées à leurs descendants sont les bienfaits de la Terre : le serpent les a, le premier, répandus ( l82). Tout indique qu'il n'en a pas abandonné l'apanage. Le rôle qui est devenu le sien dans les mythes essentiels d'Athènes apparaît comme l'autre facette de la fonction et du symbolisme qu'il a continué d'exercer dans le culte. Sans quitter le palais d'Érechthée désormais voué aux nouveaux maîtres de l'Attique, Athéna et Poseidon, il a siégé à côté de la Dame de l'Acropole et partagé l'attachement que lui vouait tout le peuple d'Athènes, par l'intermédiaire des mêmes desservants. Issues de l'ancien monde, ses vertus spécifiques, loin de se perdre ou de s'user, ont été fortifiées au contact de la déesse. Nul d'ailleurs n'a pu dire qui, du serpent ou d'Athéna, avait exercé sur l'autre la plus grande emprise. Les Athéniens ont découvert dans le comportement de l'animal la volonté de leur divinité poliade, mais ils n'auraient pas récusé cette formule recueillie par Philostrate (18S), où le sarcasme, par un raccourci d'autant plus saisissant, traduit, à l'insu de son auteur, l'intuition religieuse la plus authentique,
cette déesse (= Athéna) enfanta jadis aux Athéniens un serpent.
De tous les animaux qui ont été associés à des notions identiques, le serpent est celui qui apparaît le plus couramment lié aux gestes et aux cérémonies destinés à promouvoir la croissance et la prospérité des êtres et des biens, sous le patronage des dieux ou des héros. Ainsi, à Athènes, il n'est pas absent de la célébration des Thesmophories. Le premier jour de cette grande fête agraire, les femmes athéniennes préparaient l'ensemencement en mélangeant la graine aux restes pourrissants de gâteaux en forme de serpents et d'organes sexuels, qui avaient été retirés des failles consacrées à Déméter et Corè. Ces débris aux propriétés fécondantes étaient soustraits par les Puiseuses aux reptiles qui les gardaient dans les profondeurs de la
('") Cf. M . P. NILSSON, Geschickte der griech. Religio«. I3, pp. 198, 214, 288-290 et pl. 1-2, i.
("») P H I L O S T R . , V. Apoll., VII , 24 : ή θεάς αύτη Αθηναίοι! ποτέ hp άκοντα ίτ«·κί (réponse d'Apollonios à un interlocuteur anonyme, poursuivi parce qu'il
avait omis, lors d'un sacrifice, de célébrer Domitien en tant que Αθηνάς irais).
8 4 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
terre (184
). Dans le domaine laconien où les Dioscures sont, plus
qu'ailleurs, les génies tutélaires, le serpent, traditionnel gardien
du foyer, est devenu un de leurs emblèmes (186
). Le même animal
figure encore, en maints endroits, sur les statues cultuelles de
divinités dont il s'agit de manifester à la fois le caractère
funèbre et les pouvoirs fécondants (18e
). Mais c'est dans le culte
de Zeus que l'importance panhellénique du serpent est le mieux
représentée.
Le dieu détient, à travers tout le monde grec, le rôle général de
dispensateur des richesses et de protecteur des foyers. Il reçoit
des épiclèses variées Μειλίχιος ( 1 8 ' ) , Κτήσιος ( 1 8 β ) , Φίλιος (189), qui mettent en évidence respectivement sa bienveillance, sa géné-
(184
) Schol. R Luc, Dial, court., 2, 1 Rabe (p. 276). Cf. L. DEUBNER, AU.
Feste2
, pp. 40-44.
(186
) Cf. A. FURTWAENGLER, art. Dioskuren, dans Ausführt. Lex., I (1884-
1890), col. 1170-1173 ; F . CHAPOUTHIER, Les Dioscures au service d'une déesse,
Paris, 1935, pp. 317-320 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, IS
,
pp. 408-409.
(18·) p a r exemple : Artémis associée à Déméter, à Lycosoura (cf. PAUS.,
VIII , 37, 4 Tfj μέν λαμπάδα ίχα, τ-fj δέ δράκοντα; δυο), sous un aspect qui évoque
celui d'Hécate; Déméter Mélaina à Phigalie (cf. PAUS., VIII , 42, 4 ; voir ciaprès,
pp. 153155). Ces deux cas montrent combien il serait contraire au sentiment
religieux des Grecs euxmêmes de chercher à distinguer et à opposer les aspects
funéraire, redoutable et chthonien, qui sont en fait complémentaires les uns des
autres.
(187
) Les témoignages épigraphiques et autres sont très nombreux et régu
lièrement enrichis par les découvertes : la liste de base a été dressée par F . PFIS
TER, art. Meilichioi Theoi (1), dans R.E., X V , 1 (1931), col. 340342. Les stèles
les plus représentatives ont été reproduites par A. B . COOK, Zeus, II (Cambridge,
1925), pp. 11041114, et M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3
,
pl. 27, 2 (commentaire pp. 412414, 859 avec compléments bibliographiques).
Cf. LG., II', 46174621 ( IVE
siècle avant J.C). Étymologie: cf. cidessus,
p. 24, η. 109110; interprétation du type: cidessus, p. 74.
(les) jf. P. NILSSON, Schlangenstele des Zeus Ktesios, dans Ath. Mitt., 33
(1908), pp. 279288 [= Opuscula Selecta, I (Lund, 1951), pp. 2534] : Geschichte
der griech. Religion, IS
, pl. 27, 1 (commentée pp. 403406, 858) ; A. B . COOK,
Zeus, II, pp. 10541068 ; Jeanne et L. ROBERT, Inscriptions grecques de Lydie.
III. Hiérocésarée, dans Hellenica, V I (1948), pp. 5253. Le caractère domestique
et familial de Zeus Ktésios est attesté maintes fois (cf. ESCH., Suppl., 445 ;
Agam., 1038 ; ISÉE, 8 [Suce, de Ciron], 16 ; ANTIPHON, I [Accus, d'empoisonne
ment], 16 ; etc.). Une panspermie constituait l'offrande la plus caractéristique
en l'honneur de celui qui, sous la forme du serpent, assurait la garde des pro
visions (cf. ARISTOPH., Ploutos, 1197; ΑΤΗ., X I , 473 B ; HARPOCR., s.v. ΚτησΙον
Διό;; Souda, K 2523). Sur le serpent, symbole de fécondité dans les coutumes et les croyances de la Grèce moderne: cf. ci-dessus, pp. 76-77, n. 132-135.
(ΐββ) M. P. NILSSON, Die Götter des Symposions, dans Symbolae Philologicae O.A. Danielsson, Uppsala, 1932, pp. 219-224.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 85
rosité, sa sympathie. Dans tous les cas, le serpent (, e o
) a servi à
symboliser son action (1β1
). De substantielles études ont été
rédigées à ce sujet (192
) et les conclusions auxquelles elles ont
abouti ont été assez nuancées pour traduire, dans ses multiples
prolongements, une réalité très complexe. Nilsson, en attribuant
aux diverses appellations rituelles une même signification fon
damentale, a insisté sur la fonction de gardien domestique, Haus
gott, qui incombait à Zeus (1β3
). Dans l'examen approfondi qu'il
a réalisé à propos du seul Meilichios (1M
), Picard a souligné tout
le parti qu'il y a à tirer des indices archéologiques relatifs à la
localisation du sanctuaire d'une telle divinité et, par une série de
rapprochements convaincants, il a reconnu en Zeus Meilichios
un « dieudémon ... génie des nécropoles hors les murs » en même
temps que « dieu ou génie agraire, dispensateur de richesse » (19S
).
La double définition n'a rien de contradictoire si l'on songe au
caractère ambivalent de toutes les divinités chthoniennes (1ββ
) ;
elle oblige à rejeter cette dernière assertion du même savant :
« il (Zeus Meilichios) reste à distinguer foncièrement des esprits
domestiques du foyer (197
) ». Car, à supposer que, sous le nom
de Meilichios, Zeus n'ait eu originellement aucun pouvoir sur le
foyer et la maison, — le fait devrait encore être prouvé, — ses
fonctions de Κτήσιος et de Φίλιος, dont le sens premier est indiscutable, et la présence, dans les trois cas, du serpent symbolique
ont tendu à faire se rapprocher, sans se confondre, des attri
butions qui ressortissent à un seul office fondamental. Hérité
par Zeus, comme il l'a été par Athéna, Déméter ou les Dioscures,
modèles de tous les héros tutélaires (198
), il émane du substrat
("°) Les exemples les plus nombreux concernent cependant Zeus Meilichios
dont le culte a connu une remarquable extension. Cf. cidessus, p. 84, n. 187.
(m
) Cf. ARTÉMIDORE, Onirocr., II, 13 : Δράκων βασιλέα σημαίνει ... καί πλούτοι· καί χρήματα ... και θεούς πάντας οϊς έστιν ιερός. Zeus est le premier cité en tête d'une liste qui regroupe Sabazios, Hélios, Déméter, Corè, Hécate, Asclépios, les Héros.
(,M) Outre les références mentionnées ci-dessus, d'utiles remarques chez : E. KUESTER, Die Schlange..., pp 105-107, 114, 145; A.B. COOK, Zeus, II, pp. 1091-1160 (Meilichios), 1160-1210 (Philios).
("3) En dernier lieu, Geschichte der griech. Religion, Is, pp. 403-412. ("*) Ch. PICARD, Sanctuaires, représentations et symboles de Zeus Meilichios,
dans R H.R., 126 (1943), pp. 97-127. ("') Ch. PICARD, /./., pp. 126-127. ("·) Cf. ci-dessus, pp. 69-70. (»") Ch. PICARD, /./. , p. 127. ('") Cf. Jane E. HARRISON, Prolegomena to the Study of Greek Religion*,
PP- 325-331 ; E. ROHDE, Psyche, trad. A. Reymond, Paris, 1928, pp. 198, 201,
86 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
égéen et s'est épanoui dans le monde grec d'autant plus aisément
qu'il continuait d'être véhiculé par le serpent.
PRÉSENCE DU SERPENT DANS LA THÉRAPEUTIQUE
Les divinités tutélaires les plus accomplies sont celles qui
restaurent et maintiennent la santé. Elles joignent à la clair
voyance pour discerner les maux, — semblables en cela aux
dieux prophètes, — l'habileté à prescrire les remèdes et à guérir
ellesmêmes les patients à l'aide de procédés non rationnels
d'autant plus impressionnants et appréciés ( 1 β β). La rapide
diffusion du culte d'Asclépios, la richesse de ses sanctuaires et
les récits de ses miracles (2 0°) montrent combien son action répon
dait à l'attente et aux besoins de l'humanité dont i l est le bien
faiteur (201) et l'ami généreux ( 2 0 2). Les traits du dieu, qui ne
laissent pas de rappeler ceux de Zeus Meilichios (203) et ceux de
Trophonios ( 2 M), ont été reproduits sur d'innombrables monu
ments cultuels et votifs (2 0 S). Debout ou assis, seul ou en com
pagnie d'Hygie, sa fille et assistante, i l a pour attribut familier ( 2 0 e)
209. — Un des cas les plus spécifiques est celui du héros Sosipolis : PAUS., VI,
20, 26 ; 25, 4 ; cf. P. LÉVÊQUE, Continuités et innovations dans la religion grecque
de la première moitié du I" millénaire, dans La Parola del Passato, 148149
(1973), p. 28. Cidessus, p. 69, n. 78.
(»»») Cf. R. JOLY, Hippocrate. Médecine grecque, Paris, 1964, Introduction,
pp. 923·
(, 0
°) Cf. K. KERÉNYI, Asklépios. Archetypal Image of the Physician's Existence,
trad. R. Manheim, New York, 1956, pp. 1846 ; sur Épidaure : F. ROBERT,
Épidaure, Paris, 1935 ; G. Roux, L'architecture de l'Argolide aux IV' et
III' siècles avant J.C, Paris, 1961, pp. 84130.
(·") AELIUS ARISTIDE, 42 (À Asclépios), 5 Keil; cf. 39 {Au Puits de l'A sclé
pieion), 5 K.
(*·*) PIND., Pyth., 3, 4753 ; Ném., 3, 5355. Cf. Hymne hom. Asclépios, 12, 4.
{***) Cf. L . SÉCHAN P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, p. 235, fig. 15
(d'après U. HAUSMANN, Griechische Weihreliefs, Berlin, i960, n° 48 : Zeus Meili
chios et Asclépios [relief aujourd'hui disparu]).
(,0
*) Cf. PAUS., IX, 39, 3 (même attitude, même attribut : le serpent). Cf.
cidessous, pp. 89, 90, n. 229 et 232.
(*·*) Provenant de tous les Asclepieia : cf. K. KERÉNYI, o.l., n°« 16, 17, 20,
21. 31. 32, 36. 39, 4°. 4L 52·
(io«) Quelquefois le chien, qui est lié aux circonstances de sa naissance (cf.
PAUS., II, 26, 5) et aux guérisons (R. HERZOG, Die Wunderheilungen von Epi
dauros. Ein Beitrag zur Geschichte der Medizin und der Religion, dans Philologus,
Suppl. 22 [1931], n°» 20, 26; cf. MARINUS, Vie de Proclos, 30). L'animal avait été
représenté à côté du dieu dans l'oeuvre monumentale de Thrasymédès (PAUS., II,
27, 2).
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 87
un serpent de belle taille (20'). C'est le ' serpent joufflu ' dont les auteurs ont vanté la douceur et l'aménité (20e). Avant de devenir le symbole de la médecine, il est intervenu activement pour hâter le succès des cures (209), touchant ou léchant ( , 10) les membres malades qui recouvraient aussitôt la santé.
La présence de serpents sacrés dans les sanctuaires d'Asclépios ne fait pas de doute, même s'il s'est avéré impossible de les localiser exactement ( 2 n). Quant à ses causes, elles ont varié au cours de la tradition antique. Dans une perspective rationaliste, les serpents, dotés d'une vision aiguë (212), d'une attention puissante (2,a) et capables de régénération ( m ) , ont été considérés
(··*) ARISTOPH., Ploutos, 733-734; PAUS., II, 28, 1. Cf. KERÉNYI, o.l., n" 21 ; HAUSMANN, o.l., n°" 40, 41, 43, 48.
(*·*) Cf. ci-dessus, p. 75, n. 122-124. À Titanè (Argolide) cependant, ils inspiraient plutôt la crainte: PAUS., II, 11, 8.
( · 0 · ) ARISTOPH., o.l., 735-738 ; cf. HERZOG, o.l., n°» 17, 33, 39, 42, 44, 58 et pp. 86-88. Les termes όφις et δράκων apparaissent indifféremment dans les
récits des miracles. Herzog (p. 87, n. 44) l'identifie à la couleuvre d'Asclépios
(Coluber longissimus ou Aesculapii). Cf. cidessus, pp. 7476. Les textes ont
été republiés par Emma J. et L. EDELSTEIN, Asclepius. A Collection and Inter
pretation 0/ the Testimonies, II (Baltimore, 1945), pp. 229231 (références aux
textes contenus dans le volume I).
f1 0
) Il procède de la sorte en faveur de Ploutos (cf. ARISTOPH., Plout., 736).
Cf. HERZOG, o.l., no s 17, 33, etc. Ces divers cas doivent être distingués de celui qui
est rapporté sous le n° 44 : une fillette muette recouvre l'usage de la parole
à la suite du choc que lui a causé la vue du serpent sacré. — L'ambivalence
du serpent se manifeste ici par la salive et la langue du reptile, causes de gué
rison, alors qu'elles sont, ailleurs, instruments de mort. De même, les serpents
purifient, en le léchant, le visage des Bacchantes: cf. EUR , Bacch., 698, 767768;
ÉLIEN (N.A., VIII, 11) évoque le cas d'un serpent affectueux qui purifie, d'une
manière analogue, le visage de celui dont il est le compagnon familier.
(*") Des hypothèses nombreuses ont été proposées au sujet de la destination
exacte de la tholos d'Épidaure. Cf., en dernier lieu, G. Roux, Architecture de
l'Argolide, pp. 187200 ; F . ROBERT, Nouvelles remarques sur le labyrinthe d'Épi
daure et l'origine de la tragédie, dans R.E.G., 85 (1972), pp. XXII. Qu'il s'agisse
d'Épidaure ou des autres Asclepieia, les auteurs anciens localisent les serpents
dans le sanctuaire (Upôv), l'enclos (σηκός) ou le temple (ναός). ("') Ci. HOR., Sat., I, 3, 26-27; c f ci-dessus, étymologies anciennes, p. 72,
n 95-97
(***) CORNUTUS, Περί θεών, 33 Lang (p. 70, 11. 11-12) : προσοχής ό δράκων σ-ημεΐον τ)ς πολλής Bet προς τάς θεραπείας ; FESTUS, De verb, sign., 67 Lindsay (p. 59): vigilantissimi generis putantur (dracones). quae res medicinae maxime necessaria est
(*U) APD , 244 F 138a J . (p. 1083, 11. 22-24) : καθάπερ εκείνος άποδνεται τό γήρας ούτως ή ιατρική τών νόσων ελεύθεροι et commentaire de Jacoby, pp. 773-774 ; cf. COSMAS DE JÉRUSALEM, Ad carmen LI Gregorii Nazianzeni, in P.C., 38, col. 460, 11. 13-18 Migne.
88 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
comme les modèles des médecins. De telles explications sont
étrangères à la réalité primitive dans laquelle, pendant
longtemps (2 1 5), i l n'y a eu place que pour les sentiments reli
gieux et la foi éprouvée ( 2 1 β). Frappée par l'étroite corrélation
qui se manifestait entre les résultats du ministère du serpent et
ceux d'Asclépios luimême, l'opinion ne les a pas dissociés l'un
de l'autre, allant jusqu'à reconnaître le dieu dans le reptile
lorsque ce dernier apparaissait seul (2 1 7).
La nature originelle d'Asclépios n'a guère perdu aujourd'hui
du mystère qui l'a marquée durant toute l'Antiquité ( 2 1 8). Toute
fois, les divergences qui séparent les hypothèses modernes (219)
n'empêchent pas qu'elles soulignent le caractère chthonien du
dieuhéros guérisseur ( 2 2°). La procédure rituelle de l'incubation
en est un des signes (2 2 1), mais le rôle et le symbolisme du serpent
en représentent un autre aspect. L'animal sacré est issu de la
terre qui, à Épidaure, suffit à le nourrir (222). Délégué aux con
sultants qui l'accueillent comme le dieu luimême, ou attribut
divin, i l répand et diffuse pareillement les forces régénératrices
nécessaires à la santé et à la guérison.
Une fois encore dans la religion grecque, le serpent intervient
au service de l'humanité, comme un irremplaçable intermédiaire
vers le salut et le bienêtre.
(2l5
) Cf. PLVT., Quaest. Rom., 94 (Mor., 286 D) ; les différents discours d'AELius
ARISTIDE, 38, 39, 41, 4751 Keil. Cf. A. BOULANGER, Aelius Aristide et la sophis
tique dans la province d'Asie au U* siècle de notre ère, Paris, 1923, pp. 164179,
199209.
(2,e
) Cf. Ed. DES PLACES, La religion grecque, Paris, 1969, pp. 108109, 235239.
(2 1 7
) HÉRONDAS, 4, 9091 : es re τήν τρώγλην j τόν neXavov ev9es τον δράκοντος. PAUS., II, 10, 3 ; III, 23, 7 ; PLUT., /./. ; [HIPP.], Lettres, 15 Littré (IX, p. 340).
(218
) Cf. H . GRÉGOIRE R. GOOSSENS M . MATHIEU, Asklépios, Apollon
Smintheus et Rudra, Bruxelles, 1949, pp. 4851.
(21
°) L'état de la question est clairement présenté par L. SÉCHAN P. L É
VÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, pp. 236237. Les auteurs souscrivent sans
réserve à l'hypothèse intéressante, mais audacieuse, de H . GRÉGOIRE R. GOOS
SENS M. MATHIEU, o.l., pp. 5277, relative à la taupe qu'aurait été Asclépios
avant de devenir le héros anthropomorphe. Le point de vue parait d'autant
plus malaisé à soutenir que les trois exégètes récusent, en dépit de toute la
tradition antique, la relation étroite d'Asclépios avec le serpent (p. 51).
(2a
°) Cf. L. SÉCHAN P. LÉVÊQUE, /./.
(m
) Cf. A.J. FESTUGIÈRE, Hippocrate. L'ancienne médecine, Paris, 1948,
Introduction, p. VII ; Marie DELCOURT, Les grands sanctuaires de la Grèce,
Paris, 1948, pp. 99100.
(222
) PAUS., II, 28, I : τρέφει Sè μόνη σφάς ή των ΈπιΒαυρίων γή. Cf. ÉLIEN,
Ν.Α., II, 21 : Γή μέν ΑΊΘιοττ'κ ••• Βρακόντων μήτηρ έστί. Cf. ρ. 70, η. 82.
APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 89
PRÉSENCE DU SERPENT DANS LA MASTIQUE
Tout incident fortuit, toute rencontre inattendue est, pour le
superstitieux, l'occasion de donner libre cours à son penchant.
La vue d'un ' serpent joufflu ' lui fait invoquer Sabazios, la ren
contre d'un serpent sacré (223
) le pousse à accomplir d'autres
rites (224
). Sans se laisser aller à cette extrémité maladive, les
Grecs n'ont pas manqué d'interpréter le comportement des
reptiles pour en tirer des avertissements et des présages d'autant
plus estimés qu'ils émanaient d'animaux énigmatiques. La pré
diction de Calchas sur la durée et l'issue de l'expédition contre
Troie (225
) et l'interprétation de la disparition du serpent
domestique à la veille de la bataille de Salamine (22e
) sont deux
exemples demeurés fameux, mais non pas uniques de l'impor
tance des serpents dans la divination (22?
). Leur présence dans
de nombreux sites oraculaires en est un autre indice.
À Lébadée, les consultants de Trophonios devaient affronter
δαίμονες καί όφεις και άλλα τινά ερπετά, qu'ils satisfaisaient par l'offrande de certain gâteau au miel (
228
) avant d'obtenir, au
terme de diverses épreuves, la réponse souhaitée (22e
). Dès l'Anti
quité, plus d'un détail relatif à ce hérosprophète aux pouvoirs
("3
) Cf. cidessus, p. 72, n. 100.
('") T H É O P H R . , Car., 16,4 : καί COM ΐδ 17 όφιν εν rij οικία, (àv μεν παρείαν, Σαβάζιον κ α λ ί ΐ ν , (αν δί Itpóv, ενταύθα ήρψον ευθύς ΊΒρύσααθαι. Le mot ήρώον est une correction de Duebner, généralement acceptée. Cf. O. NAVARRE, Caractères de Théo
phraste. Commentaire exégétique et critique, Paris, 1924, p. 96; H . BOLKESTEIN,
Theophrastos' Charakter der Deisidaimonia, Glessen, 1929 (fi.6". F. I'., 21), pp. 1921.
(»5
) HOM., Β 308309.
("·) HDT.. VIII, 41, 34· Cf. cidessus, pp. 7879.
("') A. BOUCHÉLECLERCQ, Histoire de la divination dans Γ Antiquité, I (Pans,
1879), p. 127. Ce sont les serpents qui ont révélé son talent de devin à Mélam
pous (cf. [APD.], Bibl., I, 9, i l , 23) : ils le purifièrent en le léchant. Cf. cidessus,
p. 87, n. 210. En revanche, c'est la cécité qui fut infligée â Tirésias, témoin
involontaire de l'accouplement dedeux reptiles : [APD.], Bibl., III, 6, 7, 46, d'après
HÉSIODE, fr. 275 MerkelbachWest ; etc. Cf. A. H . KRAPPE, Teirestas and the
Snakes, dans A.J.A., 49 (1928), pp. 267275. Je reviendrai ailleurs sur toutes ces
questions relatives aux serpents, complexes s'il en fût, mais riches de symboles et
de significations.
('**) Souda, T 1065 : μ ί λ ι τ ο ι ί τ τ α ΐ Χαβόντες, ό εστι μάζας μέΧιτι ΒεΒευμένας. Cf. schol. G ARISTOPH., Nuées, 508, 1. 21 (col. A) : πλακούντα τίνα , schol. K ibid., 11. 26-27 (col. Β) : τοιαύτας μάζας, 11. 32"33 : όπου όφις ήν ô μαντεύομενος, ψ οί κατοι-K O Û V T C Ç π λ α κ ο ΰ ν τ α ί εβαΧΧον μεΧιτι ΒεΒενμενονς.
(**·) Scholies ad ARISTOPH., /./.
go L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X
mystérieux et terrifiants (2S0) était devenu peu clair (2 3 1). Indépendamment des circonstances de la consultation, les abeilles et les serpents faisaient partie de sa légende : les Béotiens, guidés par des abeilles, avaient découvert le lieu de son inhumation gardé par deux serpents auxquels furent offerts les premiers gâteaux de miel (2 3 2).
En Épire, dans un sanctuaire d'Apollon, non localisé, un άλσος était réservé aux serpents sacrés. Leur attitude à l'égard de la
prêtresse qui les nourrissait de μειλίγματα, était un présage pour
l'année à venir, prospère et féconde s'ils étaient empressés et
amicaux, tout le contraire s'ils étaient hargneux et agressifs (233).
Ils descendaient, croyaiton, du serpent de Delphes (2 3 4). Or, sous
le règne d'Apollon, — en dehors des reptiles qui figuraient, pour
des motifs variables sur les offrandes (23S), — le serpent ne joue
plus de rôle dans le sanctuaire phocidien ( 2 3 e). Quant à celui que
lui attribue, pour la période antérieure à la conquête, l'auteur
de la Suite Pythique (237), i l n'est destiné qu'à justifier l'inter
vention du dieu. Mais le Dragon femelle, ravageur des troupeaux,
n'est autre que l'émanation même de Gè, première prophétesse,
inépuisable et multiforme (2 3 8), dont les pouvoirs ont été désor
mais assumés par le nouveau venu, non sans quelques con
cessions notables de sa part. Car l'épiclèse Πύθιος, titre de victoire
(J 3°) Outre les renseignements fournis par les scholiastes, Souda, T 1065 : ούτως έκάβιζον έπι τό στόμιον και α'ιφνΙΒιον ήρττάζοντο καί κατέΒυον ΐπ'ι τής γής.
(!31) Fils de Zeus, ou d'Apollon, ou d'Agamédès d'Arcadie, et d'Épicastè, ou
de Jocastè (scholiastes). Cf. G. RADKE, art. Trophonios (1), dans R.-E., VII A,
ι (1939). col. 678-695.
(s3a
) Schol. R V ad 1.1. (col. B, U. 1-5): σμήνΐΐ μΐλισσών πΐριέτυχον ... ός εύρων Βύο Βράκοντας, προσήνΐγκΐ μίλιτοιίτταί καί ούκ ήΒικήβη.
(S 3 3) ÉLIEN, Ν.Α., XI, 2. La correction de Lobeck, adoptée par Hercher,
de γυμνή que donne la tradition en γυνή ne s'impose pas. — L'article de S. DAVIS, The Snake Cult in Greece and the Oracle of Apollo, dans Scientia, 88 (1953), pp. 82-86, est trop général pour éclairer réellement la question.
(, 3 4
) ÉLIEN, l.l. : Λέγονται Βέ άρα ύπό τών 'Ηπειρωτών ίκγονοι τοΰ έν ΔεΧφοΐς Πυβώνος είναι.
("*) Celle de Cypsélos (cf. ci-dessus, p. 61) ou celle des Platéens (cf. HDT., IX, 81, i).
(*»·) Marie DELCOURT (L'oracle de Delphes, p. 139) souligne combien les rites épirotes, qui se réclamaient de Delphes, sont étrangers aux prescriptions delphiques, du moins telles qu'elles sont aujourd'hui connaissables.
(**') Hymne hom. Apollon, 300-304. ( M ) ESCH., Eum., 2; From., 209-210. Cf. Jane E . HARRISON, Themis, Cam
bridge, 1927, pp. 429, 459 ; voir aussi G. Roux, Delphes, son oracle et ses dieux, Paris, 1976, pp. 19-34.
A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 9I
d'après l'Hymne (239
), le nom de la prêtresse (240
) et le contact
secret que celleci a conservé avec la terre, au moment de
s'acquitter de sa mission (241
), sont autant de traces ineffaçables
de l'état primitif.
Comme Athéna à Athènes, Apollon à Delphes est le premier
serviteur de la puissance primordiale à jamais omniprésente.
Des cultes tutélaires à la thérapeutique et à la mantique, le
serpent illustre la cohésion profonde de la religion grecque, dans
l'espace comme dans le temps. Car les bienfaits particuliers que
l'animal chthonien suscite, transmet ou symbolise, selon les
circonstances, constituent autant d'applications de la force
vitale dont la Terre est à la fois la génératrice et le réceptacle.
Dans les actes rituels qui visent à promouvoir et à intensifier
son action par rintermédiaire du serpent, une même substance
apparaît constamment à la base des offrandes décernées à
Ι'δφις οίκονρος d'Athéna, au serpent guérisseur d'Asclépios et
aux reptiles de Trophonios. Il s'agit du miel, principe de fécon
dité, de guérison, de divination (242
). Entre l'abeille qui le produit
et le serpent qui le reçoit, la corrélation est étroite. Fondée sur
la triple communauté d'origine, de nature et de fonction, elle
contribue à renforcer les effets bénéfiques des gestes cultuels.
C'est elle que traduit encore Pindare dans les vers de la sixième
Olympique lorsqu'il évoque la naissance d'Iamos, fils d'Apollon
comme Ion et, comme lui, abandonné par sa mère (24S
) :
Deux serpents aux yeux glauques, par
les arrêts divins, le nourrirent
de l'innocent venin des abeilles.
(**·) Hymne hom. Apoll., 372373.
("·) Cf. W . FAUTH, art. Pythia. dans R.E., XXIV (1063). col. 516518.
j"41
) Cf. J . DEFRADAS, Les thèmes de la propagande delphique, Paris. 1954,
pp. 8890; Marie DELCOURT, Le sanctuaire de Delphes, pp. 2830, 7175.
(*«*) Cf. cidessus, p. 79, η. 149; p. 88, n. 217; p. 89, n. 228; p. 90, n. 232.
("3
) Comme Ion, lui aussi fils d'Apollon et d'une mortelle, abandonné à
la garde des amulettes en forme de serpents. Cf. cidessus, p. 80, n. 158, 159.
92 LES REPTILES ET LES ANIMAUX
Dans ce tableau évocateur (244
) où l'abeille et le serpent sont,
par ordre divin, réunis au service d'un prophète, l'inspiration
du poète (246
) coïncide avec le sentiment religieux tel qu'il se
manifeste dans les orientations fondamentales du culte et des
croyances qui s'y rapportent.
(I 4 4
) PIND., Ol., 6, 4547 : δυο Sè γλαυκώπες aύτ6ν\ δαιμόνων βονλαίσιν έθρέφαντο Βράκοντες άμεμφεί \ ΐ ω μελισσάν κο&όμενοί.
(24δ) Dans les commentaires modernes qui ont été faits de ce texte, on ne
trouve guère que la mise en évidence des spéculations étymologiques entre le
nom de l'enfant "Ιαμος et ceux du venin Us (vers 47) et de la violette lov (vers 55). Cf. B. L. GILDERSLEEVK, The Olympian and Pythian Odes, Londres, 1885, p. 177 ; A. PUECH, Pindare. Olympiques, IV (Paris, 1958), pp. 82-83. La consonance religieuse de tout le passage a été soigneusement mise en évidence par A. MOTTE, o.l., pp. 168, 193, 195. — On n'omettra pas l'assimilation que fait Érôs piqué (Anacréont., 35, 10-12 Preisendanz) de l'abeille à un petit serpent ailé (όφις ... μικρός | πτερωτός). L'intention religieuse de ce poème est improbable et, en tout cas, indiscernable. La rencontre de l'abeille et du serpent n'en est pas moins digne d'être relevée.
IV. Amphore béotienne. Athènes, Musée national. Inv. 5893. Voir p. 95, n. 23. Cliché Musée national.
Les oiseaux
À la différence des autres catégories d'animaux dont seuls des
représentants isolés interviennent dans la religion, les oiseaux
sont associés, dans la totalité des genres et des espèces {'),
à la perception du sacré et du divin. C'est que tous les frères
ailés, — et la formule d'Aristophane (2
) témoigne de l'affection
que les Grecs leur ont vouée (3
) sans réserve (4
), — peuplent les
champs, les glèbes et les jardins, les montagnes, les vallons maréca
geux et l'aimable prairie de Marathon (6
), autant d'espaces fer
(') Les identifications proposées sont, dans la plupart des cas, fondées sur
les travaux de Fritz KOHERT, Les noms des oiseaux en grec ancien, Neuchätel,
1911 ; D'A. W . THOMPSON, A Glossary of Greek Birds1
, Oxford, 1936; A. LAM
BERT, A Specific Check List of the Birds of Greece, dans Ibis, 99 (1957), PP 4368;
A. KANELLIS (éd.), Catalogus Eaunae Graecae. II. Aves, Thessalonique, 1969;
A. KANELLIS W . BAUER, Γα ονόματα τ ώ ν π ο υ λ ι ώ ν rijs Έλλά&ος, Athènes, 1973
(*) ARISTOPH., Ois., 229 : TIS ... τ ώ ν ί'μών όμοπτίρων. Cf. l'analyse d'A. BON-NARD, Civilisation grecque, 11 (Lausanne, 1954; [réimp., Coll. 10/18, Paris, 1966J), pp. 233-244. Représentée en 414, la comédie n'obtint, pour des raisons politiques, que le deuxième rang : Th. GELZER, art. Aristophanes (12), dans R.-E., Suppl. XII (1970), col. 1461-1467. Ultérieurement, son succès ne s'est pas démenti : elle reste, aujourd'hui, la comédie d'Aristophane la plus jouée. Un autre poète de l'ancienne comédie. Magnes, avait composé, sous le même titre, une œuvre entièrement perdue. Cf. A. KOERTE, art. Magnes (3), (lans R.-E., XIV, 1 (1928), col. 458.
(*) Ainsi qu'en témoigne, dès l'épopée, l'observation attentive dont ils ont été l'objet (à titre d'exemple : HOM., B 459-468). Cf. 1·'. BUKEIÈRE, Les mythes d'Homère et la pensée grecque, Paris, 1956, pp. 52-53 (cite, n. 40, les principaux travaux anciens intitulés Όρνιθιακά). Cf. [IL] HERTER, art. Kallimachos (6), dans R.-E., Suppl. V (1931), col. 403 ; M. WELLMANN, art. Alexandres (100), dans R.-E., I, 2 (1895), col. 1459-1458 ; [G.j KNAACK, art. Dionysias (96), dans R.-E., V, ι (1903), col. 925. L'admirable précision des intailles crétoises et
mycéniennes comme celle des types monétaires en donnent une autre preuve.
L'étude de ces derniers confirmerait l'importance des oiseaux dans les traditions
des cités grecques. Cf. L. LACROIX, Monnaies et colonisation dans l'Occident grec,
Bruxelles, 1965, pp. 96, 122, 145146; J. POLLARD, Birds m Greek Life and Myth,
Londres, 1977.
(') Si l'on excepte les charognards qui attaquent les enfants exposés (EUR.,
Ion, 9024) et dévorent les cadavres abandonnés (SOPH., Ant., 205), les oiseaux
sont sans reproche. Dans le mythe, on ne connaît que peu d'oiseaux monstrueux
et redoutables : les oiseaux du lac Stymphale et ceux de Cérasonte (APOLL. RH.,
Arg., Il, 10351038 ; etc.).
ι 5 ) ARISTOPH.. Ois., 230240.
94 LES OISEAUX
tiles où s'accomplit l'œuvre généreuse de la Physis (*). Ils pren
nent à ses travaux une part active et très tôt remarquée, en
rythmant par leurs migrations et les signaux sonores de leurs
cris et de leurs appels (') les grands cycles des saisons (8
).
Comme la précision de leurs allées et venues, et la facilité ou la
puissance de leur vol, l'harmonie de leurs chants plaît aux dieux
de l'Olympe (') qui ont fait de leurs gracieux voisins leurs pre
miers messagers (10
). L'ornithomancie est un des plus anciens
procédés divinatoires (") et n'a guère perdu de son importance,
même après l'introduction de la divination inspirée (12
). Il y a
toujours un oiseau pour avertir celui qui consulte (1S
). Toutefois,
si bien des oiseaux volent sous les rayons du soleil, ils ne portent
pas tous également présage (l4
). La tradition a surtout consacré
(·) Cf. A. MOTTE, Prairies et jardins, Bruxelles, 1973, pp. 1112. On notera
que lorsque la Nature est rassérénée, συνιπταμίνων Sè θυέλλαι; | ορνίθων πτ(-ρύγίσσιν ΐρίτμωθη πάλιν αήρ : NONNOS, V I , 387-388.
(') HÉS., Trav. et jours, 448 (γΐράνου φωνήν : signal des semailles), 486 (κάκκυξ κοκκΰζίΐ : labourage tardif), 568 ( ώρτο χ(λιδών : tailler la vigne), 679 (όσον ... κορώνη : heure de la navigation printanière). Cf. ARISTOPH., Ois., 709715.
(8
) Ils sont, en outre, de précieux auxiliaires dans la lutte contre les para
sites (cf. cidessus, pp. 1015) des végétaux: ARISTOPH., Ois., 588591 ; PLUT., Isis
et Osiris, 74 (Mor., 380 F) : à Lemnos.
(') Cf., à titre d'exemple, ARISTOPH., Ois., 214222. Apollon en est le premier
charmé (cf. cidessous, p. 97, n. 40).
(10
) EUR., fr. 989 a Ν.*: θΐών κήρυκα;, cité par PLUT., De soll, anim., 22 (Mor.,
975 B), dans un long passage consacré à l'ornithomancie et aux qualités des
oiseaux. Cf. ESCH., Sept contre Thèbes, 24 (μάντι; ... ο'ιωνών βοτήρ), 26 (χρηστη-ρίου; όρνιθα;) ; EUR., Phén., 838-840 (κλήρον; | ... οΰ; ΐλαβον ο'ιωνίσματ' ορνίθων μαθών) ; cf. R. STAEHLIN, Das Motiv der Mantik im antiken Drama, Glessen, 1912 (R.G.V.V., 12), pp. 12, 103, 176-177, 189. — ARISTOPHANE (Ois., 716) leur fait déclarer, — et c'est à peine une exagération, — Έσμέν ο'ύμΐν "Αμμων, Δελφοί, Δωδώνη, Φοίβο; Απόλλων.
(11) À Thèbes, l'Upàv οίωνοσκοπειον de Tirésias. Cf. les pages, toujours utiles,
d'A. BOUCHÉ-LECLERCQ, Hist, de la divination dans l'Antiquité, II (Paris, 1880),
pp. 12-52 ; art. Divinatio, dans Diet. Ant., II (Paris, 1892), col. 295 A - 296 Β ;
W . R. HALLIDAY, Greek Divination, Londres, 1913, pp. 246-271 ; M . P. NILSSON,
Geschichte der griech. Religion, I3
, pp. 166-167.
(") Cf. le sens des mots όρνι; et οϊωνόϊ, mis en évidence par ARISTOPHANE,
Ois., 719721 et illustré par de nombreux exemples. Les longues réfutations
d'ORiGÈNE (Contre Celse, IV, 8892) attestent implicitement l'importance que l'or
nithomancie avait conservée jusqu'au IIE
, voire jusqu'au IIIE
siècle de notre ère.
(LÄ
) ARISTOPH., Ois., 596. L'assertion npoepeî τι; àci τών ορνίθων μαντωομένψ concerne, à cet endroit, la navigation, mais les vers 709-722 (cf. ci-dessus, n. 10, 12) indiquent qu'elle peut être généralisée. Cf. HÉs., Tr. et jours, 828: όρνιθα; κρίνων καί νπίρβασία; άλ((ίνων.
(LI) HOM., β 181-182 : όρνιθα; Sc re πολλοί ύπ' αύγα; ήΐλίοιο \ φοηώσ' ' ού oé TC
πάνπ; cVaórtuoi.
LES OISEAUX 95
comme oiseaux prophétiques les grands rapaces diurnes, certains
chasseurs nocturnes et les grands échassiers aquatiques. Parmi
les premiers, l'aigle révèle la volonté de Zeus ("), l'épervier (1β
)
et le faucon (") celle d'Apollon, qui recourt aussi au héron, au
roitelet, au corbeau (l8
) et aux colombes (1β
). La chouette est, à
Athènes, la messagère bien connue de la déesse poliade (20
), sa
fidélité lui a valu de l'emporter sur la corneille qui a, quelque
temps, rempli le même office (21
). Quant aux grues, aux
cigognes (22
) et aux râles, hôtes des terres humides sur lesquelles
régnent les héritières de la Potnia (23
), ils appartiennent respecti
vement à Déméter, Héra et Athéna (24
).
Le rôle dans la mantique de fort nombreuses espèces d'oiseaux
ne peut être dissocié de leurs autres interventions auprès des
divinités oraculaires. L'exemple le plus évident est celui de
l'aigle, être royal et fatidique (25
), qui a été, dès l'origine, le
PORPH., De Abst., III, 5 : Διός μεν άετάς. Les références utiles, de l'épopée
jusqu'à l'époque romaine, ont été plusieurs fois rassemblées ; en dernier lieu,
D'A. W . THOMPSON, o.l., p. 5. Cf. ci-dessous, p. 96, n. 26-28.
(LE
) HOM., Ο 525-6: δεξιός öpvts \ κίρκος, Απόλλωνος ταχύς άγγελος. (") PORPH., II. Les deux espèces ne sont pas toujours nettement distinguées :
κίρκος et ίέραζ (") PLUT., De Pyth. orac., 22 (Mor., 405 D) : Άλλ' ημείς ερωδιοϊς ο'ιάμεθα καί
τροχίλοις καί κόραξι χρήσθαι φθεγγομενοις σημαίνοντα τόν θεόν, ... θεών άγγελοι και κήρυκες. Les deux premières espèces ne sont guère évoquées ailleurs. Les
oiseaux ont été associés à la naissance d'Apollon, notamment les échassiers et les
palmipèdes (cf. cidessous, p. 97, n. 41 ; également, p. 98, n. 4546). Ce peut être
aussi la raison qui a fait du héron et du roitelet des oiseaux fatidiques du dieu.
(") Elles nichent à Delphes en grand nombre: EUR., Ion, 11961208. Mes
sagères d'Apollon (STACE, Silvae, III, 5, 80), elles guident les fondateurs de
Cumes (cf. J . BÉRARD, La colonisation grecque1
, Paris, 1957, p. 39).
(, 0
) PLUT., Vie de Thémist., 12, 1 ; cf. ARISTOPH., Guêpes, 10851086. Ci
dessous, p. 97, n. 3739.
(**) CALLIM., fr. 260 Pfeiffer ; en dernier lieu, l'analyse de Cl. MEILLIER, La
chouette et Athéna, dans R E.Α ., J2 (1970), pp. 1221. En Messénie, dans la localité
de Κορώνη, la déesse était représentée avec une corneille : PAUS., IV, 34, 6. (") Protégées en Thessalie en raison des services qu'elles rendaient dans
la lutte contre des serpents venimeux qui hantaient la région: [ARISTT.], Mir. Ausc. 23:151,1 Giannini; PLUT., Isis et Osiris. 74 (Mor., 380 F); CLÉM. ALEX. , Protr., II, 39, 6; etc. Cf. ci-dessus, p. 72 et n. 100.
(") A. MOTTE, o.l., pp. 94-97, 179. Cf. PLANCHE IV : seconde face de l'amphore béotienne, de style géométrique, dont le motif principal est reproduit en frontispice. Cf. J . N. COLDSTREAM, Greek Geometric Pottery, Londres, 1968, pl. 45 d.
(*') PORPH., De Abst., III, 5 : Ήρας &ε πελαργός, "Αθηνάς οε al κρ4( τε κα'ι γλανζ, ώς Δήμητρος γερανός.
(**) PiND., Ol., 13, 21 : θεών ναοίσιν οιωνών βασιλ εα; ARISTT., H.A., I X , 619b6-7 : θείον ... μόνον τών όρνέων Cf. la très intéressante stèle funéraire du devin Cleo-
96 L E S O I S E A U X
compagnon (2e
) de Zeus, le symbole de son pouvoir (27
) et, quel
quefois, l'instrument de son épiphanie (28
), comme l'ont été le
cygne (29
) et le coucou (30
). Apollon se dissimule sous l'apparence
d'un oiseau de proie, le gypaète, pour mieux observer les armées
face à face des Troyens et des Achéens (31
), et il guide, sous la
forme du corbeau, les fondateurs de Cyrène (32
). En trois pas
sages de l'épopée, Athéna revêt l'aspect d'un oiseau : elle se fait,
selon les moments, gypaète avec Apollon (33
), orfraie (34
) et hiron
boulos (Acharnes, second quart du I VE
siècle avant J.C.) : elle est ornée d'un
aigle de « grande allure » (Daux) associé à un serpent. Publiée pour la première
fois par I. PAPADIMITRIOU, Attika. I I I . '0 θείος τοΰ Αισχίνου Κλεόβουλος ό μόνης, dans Πλάτων, \η (ΐ957). PP- ΐ 5 4 _ ι 6 8 . e^e a été reprise par G. DAUX, Notes de lecture, dans B.C.H., 82 (1958), pp. 364-365, pl. X X I V . — Cf. PLUT., Vie de Them., 26, 3 (association de l'aigle et du serpent dans le songe de Thémistocle). — J . J . PERADOTTO, The Omen of the Eagles and the ήθος of Agamemnon, dans Phoenix, 23 (1969), pp. 237-263.
(ΊΒ) HOM., fl 310-31 Ι : αύτώ | φίλτατος οιωνών, ESCH., Prom., 1021-1022 : Διός \ ... πτηνός κΰων, οαφοινός α'ιετός ; etc. Références générales : [Ε.] ODER, art. Adler,
dans R.E., I, 1 (1894), col. 371375 ; D'A. W . THOMPSON, o.l, pp. 110.
{") ARISTOPH., Ois., 515 et schol. R V ; le passage a été maintes fois exa
miné : cf., notamment, D. S. ROBERTSON, Three Passages of the Birds, dans
Class. Review, 55 (1941), pp. 6769 ; J . R. Τ. POLLARD, The Birds of Aristophanes
— A Source Book for Old Beliefs, dans Amer. Journ. of Philol., 69 (1948), pp. 369
373 ; Ph. KAKRIDIS, Κριτικό κα'ι ερμηνευτικά οτόν Αριστοφάνη, dans Επιστημονική Έπετηρ'ις τής φιλοσοφικής Σχολής τον Πανεπιστημίου Ιωαννίνων, Ι (1972), pp. IIΙ Ι 13. — Pour le symbolisme général de l'aigle, l'étude de K . SITTL, Der Adler und die Weltkugel als Attribute des Zeus in der griechischen und römischen Kunst, dans Jahrb. für class. Philologie, Suppl. 14 (1885), pp. 3-13, reste utile.
(28) Lors de l'enlèvement de Ganymède : cf. les références archéologiques réunies par P. FRIEDLANDER, art. Ganymedes, dans R.-E., VII , 1 (1910), col. 742-749. On notera la présence du coq dans les mains de Ganymède, — jeu d'enfant, symbole amoureux et funéraire à la fois, — dans la représentation en terre cuite d'Olympie : J . CHARBONNEAUX - R. MARTIN - Fr. VILLARD, Grèce classique, Paris, 1969, fig. 114 et p. 108 ; cf. J . BOARDMAN - J . DOERIG - W . FUCHS -M . HIRMER, L'art grec, trad. franç., Paris, 1966, pl. 137 (cratère en cloche, Peintre de Berlin).
(2e) O. HOEFER - [L.] BLOCH, art. Leda, dans Ausf. Lex., II (1894-1897), col. 1925-1932 ; [S.] EITREM, art. Leda, dans R.-E., X I I , 1 (1924), col. 1122-1125.
(30) Pour s'unir à Héra, selon une tradition que Polyclète avait illustrée dans une statue de l'Héraion d'Argos: PAUS., II, 17, 4; cf. II, 36, 1; schol. K U E A THÉOCR., X V , 64.
(31) HOM., H 59-60 : έζεσθην όρνισιν εοικότες αίγυπιοίσι j φηγώ έφ' ΰφηλή. (3A) CALLIM., Hymnes, 2 [Λ Apollon), 66 ; cf. Fr. CHAMOUX, Cyrène sous la
monarchie des Battiades, Paris, 1953, p. 205.
(33
) HOM., /./.
(3 4
) HOM., y 372 : ('Αθήνη) φήντ] ει&ομένη.
L E S O I S E A U X 97
delle (35
), outre qu'elle porte l'épithète fameuse γλαυκώπις (3β), déesse au regard clair et perçant (
3
'), comme celui de la chouette
chevêche (38
) qui est, en Attique, son animal favori et son
emblème (3e
).
Il faut encore citer les cygnes chers à Apollon musicien (40
)
dont ils ont salué la naissance (41
) ; l'oie, le cygne et le coq, sym
boles amoureux (42
), que chevauche Aphrodite (43
), la déesse aux
I3 5
) HOM., χ 240 : ίζιτ' άναίξασα χελιδόνι ιΐκίλη άντην. Ces métamorphoses,
qu'il convient de distinguer des comparaisons, ont été étudiées par P. CHAN
TRAINE, Le divin el les dieux chez Homère, dans Entretiens sur l'Antiquité clas
sique, I (Genève, 1954), pp. 4763 ; G. LAVOIE, Sur quelques métamorphoses
divines dans l'Iliade, dans L'Ant. class., 39 (1970), pp. 2934. — Athéna était
encore associée à la mouette en Mégaride : PAUS., I, 5, 3 καί οί (sc. Παν&ίονι) προς θαλάσση μνήμά (Οτιν tv τή Μΐγαρίοι tv Αθηνάς Αί θνίας καλουμίνω σκοπέλω. Sur la signification de cette relation : cf. l'exégèse de M. DÉTIENNE - J.-P. VER-
NANT, Les ruses de l'intelligence, Paris, 1974, pp. 201-241.
(3 I
) HOM., A 206 ; α 44 ; etc.
(3
') P. CHANTRAINE, Grec γλαυκός, Γλαύκος et mycénien 'karauko', dans
Mélanges J. Carcopino, Paris, 1966, pp. 193203.
(38
) DÉMOCRITE, 68 A 157 Diels'Kranz : ... tv raïs σκοτομήνησιν όρά δια τό πυρώ&ες των όφίων, cité par Etym. Genuin., s.v. Γλαΰξ · γλαΰξ ... όξυωπίοτατον τό ζωον tv νυκτί όράν ουνάμΐνον.
(»·) Cf., en dernier lieu, Cl. MEILLIER, /./., pp. 5-30 ; L. BODSON, Gai, gai! sauvons-nous, dans L'Ant. class., 42 (1973), pp. 22-23.
( 4 0 ) H. hom. Apollon (2), 1 ; ARISTOPH., Ois., 769-784 ; HIMÉRIOS, 48 (In Hermogenem), 11, 11. 124-127 Colonna ; d'autres références: D'A. W. THOMPSON, o.l., 106-107.
(") CALLIM., Hymnes, 4 (A Délos), 249-254 ; cf. 2 (A Apollon), 5. — Le char qui ramène le dieu du pays des Hyperboréens à Delphes est attelé des mêmes oiseaux: HIMÉRIOS, 48 (In Hermogenem), 10-11 Colonna; cf. ALCÉE, fr. le Lobel-Page 307.
(·*) ARISTOPH., OIS., 705-707. (43) L'oie: Simone MOLLARD-BESQUES, Catal. des figurines et reliefs, Louvre,
1 (Paris, 1954), P 1 LXXVI, C 133 (vers 470/460) ; II (Paris, 1963), pl. 36 e: MYR 43 ; pl. 37 a : MYR 41 (début du I e r siècle avant J.-C). R. A. HIGGINS, Greek Terracottas, Londres, 1967, pl. 40 A (Tarente, début du IV· siècle avant J.-C). Cf. J. CHARBONNEAUX - R. MARTIN - Fr. VILLARD, Grèce classique, Paris, 1969, fig. 267 (Camiros, art attique, peintre de Pistoxénos, — l'oiseau est identifié à un cygne, il pourrait s'agir d'une oie).
Le cygne : S. MOLLARD-BESQUES, o.l., I, pl. LXXIV, C 107 (Mélos ? vers 450) ; pl. LXXXVI1, C 242 (vers 470): A. LAUMONIER, Figurines de terre cuite, Délos, Paris, 1956, fig. 704 ; cf. B.C.H., 85 (1961), p. 921, fig. 13 (Artémision de Thasos). A. DESSENNE, Aphrodite sur le cvgne, dans Mélanges Ch. Picard, I (Paris, 1949), pp- 309-315
Le coq : S. MOLLARD-BESQUES, o.l., I, pl. XXXVI, B 339 (fin du V I · siècle avant J.-C ). Cf. H. METZGER, Les représentations dans la céramique attique du IV' siècle, Paris, 1951, pp. 59-63.
98 L E S O I S E A U X
colombes (44
) ; la caille (4S
) et le coq (4e
) associés aux divinités
déliennes, sans compter toutes les espèces qui servent, dans la
légende et le mythe, aux métamorphoses des dieux (47
) et aux
transformations des humains qu'il s'agit de récompenser, de châ
tier ou de soulager (48
).
(") D'origine orientale (cf. cidessous, p. 103, n. 8385), cellesci ont pu contri
buer à rapprocher Aphrodite de la déesse crétoise aux oiseaux ; cf. Aphrodite à la
colombe : Ch. PICARD, Manuel d'archéologie, II (Paris, 1939), p. 157, fig. 72
(bronze de Corcyre).
(*') ARISTOPH., Ois., 869870 : Λητοΐ Όρτυγομήτρα. Létô, selon certaines
traditions (schol. Ψ CALLIM., Hymnes, 2 [À Apollon], 59), était arrivée à Délos
sous la forme d'une caille. L'île devait aux nombreuses cailles qui la peuplaient
le nom d'Orlygia (PHANODÉMOS, 325 F 2 J. , cité par ΑΤΗ., I X , 392 D).
La sœur de Létô, Astéria, s'était aussi, croyaiton, métamorphosée en caille :
[APD.], Bibl., I, 4, 1, 1 ; HYGIN, Fables, 53 ; etc.
(**) Qui avait assisté Létô durant sa délivrance: ÉLIEN, N.A., IV, 29.
(4
') L'importance de l'oeuf primordial et des êtres ailés dans les anciennes
cosmogonies et théogonies attribuées à Orphée, auxquelles Platon, Aristote
et Aristophane font allusion, — le dernier (Ois., 685708) moins parodique
qu'il ne semble au premier abord, — et le nombre des métamorphoses divines
en oiseaux, dictées par des motifs divers (passion amoureuse, cf. cidessus,
p. 96, n. 2830; sécurité lors du combat des Olympiens contre Typhon: [APD.],
Bibl., I, 6, 3) sont autant d'indices des conceptions de nature zoolâtrique qui ont
été englobées dans les croyances religieuses et dans les convictions philosophiques
des Grecs. Cf. cidessous, pp. 117119.
On attribuait à Boiô (ou Boios ?), antique poétesse et prêtresse d'Apollon,
la composition d'une Όρνιθογονία, dont il est resté des traces notamment dans
l'oeuvre d'Antoninus Liberalis. Cf. [G.] KNAACK, art. Boio, dans R.E., III, 1
(1897), col. 633634.
(48
) Parmi les genres qu'il est possible d'identifier avec de bonnes certitudes, on
trouve des allusions à :
— Périphas métamorphosé en aigle, son épouse en orfraie : ANT. LIB., 6
— les sœurs de Méléagre métamorphosées en pintades : ID., 2
— Clinis métamorphosé en un rapace voisin de l'aigle, ses fils en
rapaces, corbeau, passereaux (dont la mésange) : ID., 20
— Céléos métamorphosé en pivert : ID., 19
— Laios métamorphosé en grive: ID., 19
— Aigôlios métamorphosé en chouette effraie : ID., 19
— Mérôpis métamorphosée en chouette chevêche: ID., 15
— Byssa métamorphosée en mouette : ID., 15
— Agrôn métamorphosé en œdicnème: ID., 15
— Eumélos métamorphosé en oiseau nocturne: ID., 15
— les filles de Minyas métamorphosées en chauvesouris (classée
avec les oiseaux), en chouette chevêche et en un rapace nocturne : I D ., 1 o
— Térée métamorphosé en huppe,
— Philomèle métamorphosée en rossignol,
— Procnè métamorphosée en hirondelle : Ον., Métam.,
V I , 412676
— Coronis métamorphosée en corneille: Ον., Métam.,
II, 542"632
L E S O I S E A U X 99
La même abondance et la même diversité se retrouvent dans
les enclos sacrés où des oiseaux sont élevés et nourris pour la
satisfaction des maîtres des lieux : ce sont les paons d'Héra à
Samos (*·), les pintades d'une Parthénos à Léros (50), les colombes
d'Aphrodite à Aphrodisias (") et en Sicile (5 î), le coq d'Asclé
pios à Athènes ( s s), des gallinacés dans la plupart des sanc
tuaires (M), notamment dans ceux d'Héraclès et d'Hébè (S5).
Les sacrifices d'oiseaux domestiques sont bien attestés (6 e),
mais c'est à propos du coq que les faits sont les plus complexes.
L'oiseau de Perse ("), définitivement acclimaté en Grèce vers la
CL G. LAFAYE, Les métamorphoses d'Ovide et les modèles grecs, Paris, 1904,
pp. 145 et l'index, pp. 245246 1 S. EITREM, art. Tierdämonen, dans R.E.,
VI A, ι (1936), col. 893896 ; P. CHANTRAINE, Homérique Μερόπων άνθρώπων, dans Mélanges Fr. Cumont, I (Bruxelles, 1936), pp. 121-128 ; L . SÉCHAN, Sept légendes grecques, Paris, 1967, pp. 174-183. Cf. ci-dessus, p. 97, n. 35; p. 98, n. 47.
(") ANTIPHANE, fr. 175 Kock (C.A.F., Il, p. 83) : ... ή δ'έν Σάμψ\Ήρα το χρνσοΰν, φασίν, ορνίθων γένος, | τούΐ καλλιμόρφους κα'ι περιβλέπτους ταώς. Ci. MÉNO-
DOTE DE SAMOS, 541
I' 2
J .
(··) Ci-YTOS DE MILET, fr. ι Müller (F.H.G., II, p. 333) : Περί δέ τό ιερόν τής Παρθένου έν Αέρω είσ'ιν οί καλούμενοι όρνιθες μελεαγρίδες. Ό δέ τόπος έστίν έλώδης έν ω τρέφονται.
(") F. SOKOLOWSKI, LOIS sacrées de l'Asie Mineure, Paris, 1955, n°86 (77 après
J.C): décret relatif à la protection des colombes. Voir aussi L . ROBERT, Les
colombes d'Anastase, dans Journal des savants, 1971, pp. 9197.
(») ÉLIEN, H.V., I, 15. Cf. N.A., IV, 2; ΑΤΗ., IX, 394 F.
C3
) ÉLIEN, H. V'., V, 17. Dans la langue tardive, le terme ό στρουθός, passereau, moineau, désigne aussi les gallinacés. Cf. NICANDRE, Alex., 60, 535.
(·*) ARISTT., H.A., IX, 614 a 7. On peut concevoir qu'il y avait dans les sanctuaires grecs, comme dans les sanctuaires romains, outre des gallinacés, des oies: PLUT., QU. Rom., 98 (Mor., 287 B-D) ; De fort. Rom., 12 (Mor., 325 C).
(") ÉLIEN, N.A., XVII, 46, citant MNASÉAS, fr. 11 Müller (F.H.G., III, P- 15')
(S*) F . SOKOLOWSKI, LOIS sacrées des cités grecques, Paris, 1969, n° 39 (Athènes, vers 287-286 avant J.-C.) : décret relatif au sanctuaire d'Aphrodite Pandémos, 11. 20-26 (offrande purificatoire d'une colombe). Comparer avec le décret cité ci-dessus, n. 51, où les colombes d'Aphrodite sont protégées. Ibid., n° 126 (Myti-lène, IIe siècle avant J.-C. ; règlement cultuel très mutilé), 1. 8 : allusion au sacrifice d'un oiseau. Lois sacrées de l'Asie mineure, n° 36 (Priène, vers 200 avant J . - C ; règlement cultuel en l'honneur de Sarapis), 11. 10, 36: purification du sanctuaire par l'immolation d'un poulet. Cf. PAUS., IV, 31, 9 (holocauste d'oiseaux pour Ilithye) ; PORPH., De Abst., IV, 16 (offrande du pigeon ramier à Maia assimilée à Perséphone).
(") Dont le nom grec άλεκτρυών souligne les vertus apotropaïques qu'on lui prête. Cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 68; P. CHANTRAINE, Diet, étym., I, p. 58.
I O O L E S O I S E A U X
fin du V I e siècle avant J.C. (58), a pénétré dans la religion avec
les caractères sacrés qu'il possédait chez les Mazdéens. Animal
prophylactique et psychopompe, le coq est immolé en l'honneur
d'Asclépios (5e) ainsi que dans les rites funéraires ( e o). Les mystes
en font à Déméter chthonienne l'oblation totale (β1), tandis que
les Pythagoriciens s'abstiennent de le consommer surtout quand
i l est blanc (62), considérant, à ce qu'il semble (63), qu'il est par
ticulièrement consacré aux métempsycoses humaines. D'autre
part, des restes d'oiseaux ont été découverts dans les dépôts
votifs d'Artémis à Délos (e*) et d'Apollon à Milet (e5). De même
que les innombrables exvoto en forme d'oiseaux qui, depuis
l'époque minoenne (β β), ont rempli les temples (67), ils confirment
la valeur dominante de telles offrandes.
L'abondance des faits parle d'ellemême, mais les causes et
les circonstances qui ont déterminé les attributions particulières
étaient, dès l'Antiquité, devenues impénétrables ou n'ont pas
été suffisamment conservées pour qu'il soit possible, à chaque
fois, d'en reconstituer les développements intermédiaires.
Si mystérieux qu'il demeure à de nombreux égards, le cas des
Péléiai de Dodone n'en est pas moins significatif, dans la
mesure même où i l permet de dégager les principaux aspects histo
riques, religieux et mythiques du processus qui a définitivement
agrégé des colombidés au culte de Zeus dans le plus ancien oracle
(5e
) La question a été étudiée en détail par Fr. CUMONT, Le coq blanc des
Mazdéens et les Pythagoriciens, dans Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions
et BellesLettres, 1942, pp. 284300.
(51
) Cf. PLAT., Phédon, 118 A ; HÉRONDAS, Mimes, 4, 1113.
(«») Cf. [E.] ORTH, art. Huhn, dans R.E., VIII, 2 (1913), col. 25312534;
utiles remarques de J . et L. ROBERT, dans Hellenica, VI (1948), p. 55.
(") PORPH., De Abst., IV, 16 ; ibid., sacrifice du coq à Mithra. Cf. I. SCHEFTE
LOWITZ, Das stellvertretende Huhnopfer, Glessen, 1914 {R.G.V.V., 12), p. 55.
(·») DIOG. LAËRCE, VIII, ι (Vie de Pythagore), 34; cf. JAMBL., V. Pyth.,
147.
(•3
) A . DELATTE, Études sur la littérature pythagoricienne, Paris, 1915, pp. 289
290.
(·*) H . GALLET DE SANTERRE, Délos primitive et archaïque, Paris, 1958, p. 130.
(*6
) A . LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, pp. 562563.
(*·) P. DEMARGNE, Naissance de l'art grec, Paris, 1964, fig. 138, 322, 393
(déesses aux oiseaux) ; L. VON MATT et collab., Ancient Crete, Londres, 1967,
pl. 214; cf. Ch. PICARD, Religions préhelléniques, Paris, 1948, pp. 112113.
(«') Cf. W . H . ROUSE, Greek Votive Offerings, Cambridge, 1902, pp. 288306 ;
Gisela RICHTER, Animals in Greek Sculpture, New York, 1930, pl. LXLXI.
L E S O I S E A U X ΙΟΙ
de la Grèce, et d'entrevoir, à partir de cet exemple, certains carac
tères généraux du rapport des oiseaux avec les faits de religion.
Les Péléiai ou Péléiades de Dodone
IDENTIFICATION DE LA néXua
Attesté dès l'épopée homérique sous les deux formes néXeia (β β
)
et neXeids (ββ
), ce substantif féminin dérive de la racine indo
européenne pel qui exprime l'effacement de la couleur (70
). Il
appartient à une famille de mots complexe et bien représentée
dans la langue grecque, notamment par des adjectifs dont l'idée
fondamentale est celle du ternissement, du pâlissement : du noir
au gris, grisâtre jusqu'au blanc (ποΧιός; neXXôç), de la carnation
saine à la pâleur maladive et à la lividité (πΐΧιός; neXiovós) (71
).
Comme souvent dans les noms d'animaux, le terme néXeia
(as) se fonde sur un caractère extérieur qui demeure imprécis
aussi longtemps qu'on ne peut fixer dans l'échelle chromatique
la nuance particulière qu'il contient. Telle qu'elle est fournie par
Aristote (72
), la description comparative des principaux colom
bidés suffît à résoudre la difficulté. La néXtia y apparaît comme
un oiseau sauvage de taille moyenne par rapport au pigeon
domestique et à la tourterelle. Ses pattes sont rouges et
rugueuses et son plumage noir (μίΧαν). Cette dernière particu
(") HOM., Φ 493, X 140, ψ 853, 855, 874, μ 62, ο 527. « 243. * 4 6 8 '
(*") HOM., Ε 778, Λ 634 L'interprétation de la mention pere *S2 des tablettes
mycéniennes (FY Τη 316 ν, 4, etc.) par le grec rriXtio. (L. R. PALMER, The Inter
pretation 0/ the Mycenaean Greek Texts, Oxford, 1963, pp. 2021, 103 ; cf. Anna
MORPURGO, Mycenaeae Graecttatts Lexicon, Rome, 1963, p. 242) est « plausible »,
mais « n'est pas pour autant démontrée. » (M. LEJEUNE, Mémoires de philologie
mycénienne, I [Paris], 1958, p. 209). Cf. cidessous, p. 114116.
('·) H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 498, 575576 ; cf. A. ERNOUT
A. MEILLET, Diet. étym. de la langue, latine*, p. 476. Sur la formation du doublet :
P. CHANTRAINE, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 123. Le
datif ηιληϊάδεααι est attesté par Opp., Cyn., I, 351.
(") J. ANDRÉ, Etude sur les termes de couleur dans la langue latine, Paris,
1949, pp. 71-72 ; O. REITER, Die griechischen Bezeichnungen der Farben Weiss,
Grau und Braun, Innsbruck, 1962, pp. 54-64 ; P. SCARPI, Un teonimo miceneo e le
sue implicaziom per la mitologia greca, dans Bollettmo dell'Istituto di Filologia
greca deli' Univ. di Padova, 1 (1975), pp. 230-251.
('*) ARISTT., H.A., V, 544 b 1-11. C'est de sa notice que s'inspirent la plupart
des auteurs postérieurs, notamment PLINE L'ANCIEN, H.S'., X , 73, 104-106, etc.
Cf. VARRON, De re rust., III, 7, ι-ιι ; ΑΤΗ., IX, 50-51, 394 A - 395 C (Φάσσαι) ; schol. L APOLL. RH., Arg., I, 1050; II, 328-329 a.
102 L E S O I S E A U X
larité sur laquelle Hérodote a, lui aussi, insisté ('3) amène donc à
rechercher dans le mot πελεια une référence à une teinte sombre,
terne mais prononcée, par quoi le colombidé se distingue du
pigeon domestique (περιστερά), du pigeon ramier ou palombe (φάττα ou φάφ) (74), du colombin (otVaç) (75) et de la tourterelle
(τρυγών) (7β). Il s'agit du pigeon biset (Columba livia livia) : gris cendré, pattes rouges, barres sombres caractéristiques sur les
ailes (").
Les ornithologues modernes ont confirmé la plupart des obser
vations anciennes sur l'habitat et le comportement de la πελεια.
Le biset est un oiseau migrateur (78), i l niche de préférence,
différant en cela du ramier, dans les régions montagneuses et
rocheuses (79). Farouche et craintif à l'état sauvage (8 0), i l s'est
toutefois laissé apprivoiser jusqu'à devenir l'ancêtre du pigeon
domestique (81).
Cette relation étroite entre les deux espèces explique les con
fusions qui se sont produites dans la terminologie. Les substantifs
πελεια et περιστερά ont été facilement employés comme synonymes
('*) HDT., II, 55,1 ; 57, 2. Cf. EUST., 1262, 60-62 (ad HOM., Χ139) ; ci-dessous,
pp. 104-105.
('*·) Le premier terme, t) φάττα, désigne le grand ramier, le second, ή φάφ, le petit ramier. Outre les notices de Robert et de Thompson, cf. [H.] GOSSEN -[Α.] STEIER, art. Taube, dans R.-E., I V A, 2 (1932), col. 2479-2500; J . ANDRÉ, Les noms d'oiseaux en latin, Paris, 1967, pp. 58-59, 70-71, 116-117, 158.
(7t) Si le terme oîvàs est forgé sur oîvos par allusion à la teinte 'vineuse' du plumage de la gorge de cette espèce. L'identification n'est pas entièrement assurée. Cf. D ' A . W . THOMPSON, o.l., pp. 120-121. ARISTOTE (H.A., I X , 609 a 19) mentionne encore le pigeon ή πυραλλίς. Cf. CALLIM., fr. 416 Pfeiffer ; PLINE L'ANCIEN, H.N., X , 204; X I , 119 ; ÉLIEN, H.V., I, 15. Il n'est pas identifié avec
certitude.
('*) Douze espèces principales sont actuellement connues : cf. Fr. H U E -
R. D. ETCHÉCOPAR, Les oiseaux du Proche et du Moyen-Orient, de la Méditerranée
aux contreforts de l'Himalaya, Paris, 1970, pp. 377-391.
(") Ibid., pp. 378, 382-383. Cf. L. DELAPCHIER, Les oiseaux du monde, II
(Paris, i960), pp. 45-46 et pl. IV, 23-24. H . W . PARKE (The Oracles of Zeus.
Dodona, Olympia, Ammon, Oxford, 1967, p. 43) opte pour la Columba palumbus
palumbus ou pigeon ramier.
('*) ARISTT., H.A., VIII , 597 b 3, comme le ramier.
('") VARRON, De re rust., III, 7, ι : agreste ... saxatile (genus).
(*") HOM., Ε 778 τρήρωσι πελειάσιν. C'est l'unique épithète qui lui est décernée
dans l'épopée. Cf. ESCH., Sept contre Thèbes, 294 πάντρομος (certains manuscrits donnent πάντροφο;) ; SOPH., Af αχ, 139-14° : e t c -
(") E . LÉTARD, Origine des oiseaux domestiques, dans Traité de zoologie systématique, X V (1950), pp. 1112-1115 ; W . J . BEECHER, art. Pigeon, dans Encyclopaedia Britannica, 17 (1965), pp. 920-921.
LES OISEAUX IO3
sans qu'il soit toujours possible de déterminer quel animal
est mis en cause. Biset et ramier (82
) sont connus d'Homère. En
revanche, la colombe (pigeon blanc) ne s'est répandue en Grèce
qu'après les guerres médiques (83
). Le terme περιστερά (λευκή) qui la désigne spécifiquement n'est pas attesté avant le milieu du
Ve
siècle (84
), mais il s'est bientôt substitué au mot πελεια pour
désigner l'ensemble des colombidés (85
).
Si la colombe est l'attribut d'Aphrodite, le biset n'est pas
absent de la tradition religieuse des Grecs. Il est lié à la fondation
de l'oracle de Dodone, le plus ancien de la Grèce, et son nom est
identique à celui des prophétesses locales. Mais les nombreux
témoignages qui les concernent ne sont pas dépourvus d'ambi
guïté. Quand ils parlent de l'oiseau à propos du sanctuaire épirote,
les auteurs ne le rapportent pas aux prêtresses, et ceux qui citent
ou évoquent ces dernières sous le titre de πελεια ou πελειάς, s'interrogent sur son exacte signification. Beaucoup enfin ne leur donnent pas d'autres noms que ceux qui sont usuels : (ΔωδωνΙΒες) Ίερειαι, προφήτιδες, γυναίκες, D'autre part, les hésitations sur
leur nombre, leur fonction et leur origine contribuent à embrouil
ler encore davantage l'écheveau des indices. Pour le démêler, un
inventaire des sources s'impose, qui regroupera les textes en trois
catégories selon que le terme
— possède son sens premier ;
— est doté d'une valeur métaphorique et rattaché, de quelque
manière, aux femmes qui desservent le sanctuaire ;
— n'apparaît pas dans les récits de consultation du dieu.
INVENTAIRE DES SOURCES
A. Emploi du terme πελεια au sens propre
Le locus classicus en cette matière est le double récit, — thébain
et dodonéen, — qu'Hérodote insère, avec son interprétation per
(**) Le nom du ramier apparaît dans le composé φασσοφάνος (O 238). (·») CHARON DE LAMPSAQUE, 262 F 3 a-b J. : (a) ... τοΰ οιαφθαρέντος στρατού
Περσικού Tript τόν Άθίο γράφει και ταύτα ' ' και λενκαί περίστεροι τότε πρώτον είς Έλληνας εφάνησαν, προτερον ον γιγνόμεναι. »
('4) La première mention est celle que rapporte ATHÉNÉE (IX, 394 E) dans la citation de Charon de Lampsaque
(·*) ARISTT., H.A., V, 544 b 1. L'étymologie reste incertaine: cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 514-515. D'après SOPHRON, cité dans le même
104 L E S O I S E A U X
sonnelle, au livre II des Histoires (chapitres 5457). Ses premiers
informateurs, les prêtres égyptiens (86
), attribuent à deux
femmes originaires de Thèbes, mais vendues, l'une en Libye et
l'autre en Grèce, par les pirates phéniciens qui les avaient enle
vées, la fondation de deux grands oracles, celui d'Ammon à
l'oasis de Siwah et celui de Zeus à Dodone. Dans ce dernier
sanctuaire, les prêtresses, d'accord avec les autres desservants,
ont donné à l'auteur (87
) une version fort semblable, à ceci près
qu'aux femmes elles substituent des pigeons bisets (δυο πελειάδας μέλαινας εκ Θηβεων τών ΑΙγυτττιεων άναπταμενας) qui auraient commandé d'une voix humaine (φωνή άνθρωπηίη) l'établissement
des centres prophétiques. L'historien s'attarde davantage sur
cette version officielle de Dodone et propose une exégèse ratio
naliste qui a fait l'objet de maints commentaires (88
) :
À mon avis, si les femmes ont reçu des Dodonéens le nom de biset,
c'est qu'elles étaient des barbares et qu'elles s'exprimaient, leur
semblaitil, à la manière des oiseaux. Avec le temps, disentils, ils
ont entendu ' le biset ' donner son ordre d'une voix humaine : quand
la femme a prononcé des mots qui leur étaient intelligibles. Aussi
longtemps qu'elle usait d'un parler barbare, elle leur semblait s'expri
mer en langage d'oiseau, — comment, en effet, un vrai biset se
seraitil exprimé d'une voix humaine ? Quant à dire que le biset
était noir, c'est leur façon de signifier que la femme était égyptienne.
Hérodote explique donc l'intervention des bisets par l'usage
grec qui a fait comparer les langues étrangères aux cris et au
gazouillement des oiseaux (") et il commente la précision de la
couleur comme si le noir n'était pas la particularité notable du
plumage de la Columba livia livia.
Eu égard aux informations ultérieures sur le nom des prophé
tesses, la tendance moderne a été d'estimer que « l'interpré
passage par Athénée (IX, 394 D), les Doriens ont continué à employer le terme
πελειάς dans l'acception la plus générale : 01' Sè Δωριείς τήν πελειάδα άντί περιστεράς τιθεασιν.
(ββ) En dernier lieu, D. FEHLING, Die Quellenangaben bei Herodot. Studien zur Erzählkunst Herodots, Berlin New York, 1 9 7 1 , pp. 5 0 5 4 .
(8
') HDT., II, 55, Ι : τάδε δε Δωδωναίων φασι at προμάντιες ; 3 · σννωμολόγεον δε σφι και οί άλλοι Δωδωναίοι οι περί τό Ίρόν.
(88) Tant du point de vue de « l'esprit critique » qu'au sujet des informations relatives à l'organisation de l'oracle. Cf. H . W . PARKE, The Oracles of Zeus. Dodona, Olympia, Amnion, Oxford, 1 9 6 7 , pp. 5 2 - 5 7 ; A. B. LLOYD, Herodotus. Book II. Commentary 1-98, II (Leyde, 1 9 7 6 ) , pp. 2 5 1 - 2 6 4 .
(8S) Cf. ESCH., Agam., 1 0 5 0 , ARISTOPH., Gren., 6 8 0 - 6 8 1 .
L E S O I S E A U X IO5
tation ... repose sur un jeu de mots dont l'un des termes est
passé sous silence », à savoir « la désignation cultuelle des prê
tresses de Dodone — ordinairement appelées ÎJéXeiai ou ileXa
àSeç — désignation que l'historien ne pouvait ignorer » (90
). Cepen
dant, son objectif est d'éclairer les faits d'un passé révolu : l'em
ploi des infinitifs aoristes κΧηθήναι, αυδάξασθαι et des temps passés ainsi que l'allusion à la seule fondatrice de l'oracle — ή γυνή l'indiquent nettement. Quant aux rares témoignages contem
porains du sien, qui mentionnent les Péléiai ou Péléiades, ils ne
sont, aucun, exempts d'obscurité (β1
). Dans ces conditions, — sans
imputer à Hérodote un silence qui peut n'être pas une omission, —
il apparaît hasardé de découvrir dans son texte autre chose qu'une
tradition mythique apparentée à celles qui prêtent à des ani
maux le rôle de guide lors de l'invention ou de la fondation d'un
sanctuaire ou d'une cité (92
).
Le récit proégyptien des autorités de Dodone (93
) n'est pas
le seul qui relate la création de l'oracle. Celleci est ailleurs attri
buée à deux héros, tantôt à Helios, tantôt à Deucalion. Helios,
mystérieux bûcheron éponyme (M
), aurait, le premier, reçu la
révélation de la présence divine dans le chêne qu'il se préparait à
abattre (9S
). Deucalion, venu consulter Zeus après le déluge, aurait
eu pour mission de réorganiser l'existence humaine avec les autres
survivants et d'épouser Dôdônè, une Océanide, qui, par la suite,
donna son nom à la cité de Dodone (ββ
). Dans les deux cas, l'oracle
(·") I). M. Pippiui, Sur un procédé critique d'Hérodote, dans Rivista Clasicà,
11 12 (19391940), p. 7. Cf. J . G, FRAZER, Pausanias's Description 0/Greece.
IV (Londres, 1913), p. 149; G. HACHET, Le sanctuaire de Dodone: origine et
moyens de divination, dans Hull. Ass. G. liudé, 1962, pp. 87, 95 ; H. W. PARKE,
o.L, pp. 64, 75 ; D. M. NICOL, The Oracle of Dodona, dans Greece and Rome,
5 (1958), pp. 128143.
(*>) Cf. cidessous, p. 107, n. 112; p. 112, n. 158; etc.
(") Cf. cidessus, p. 90, n. 232 ; p. 95, n. 19; p. 96, n. 32.
(,3
) Ch. FROIDEKOND, Le mirage égyptien dans la littérature grecque d'Homère
à Aristote, AixenProvence, 1971, pp. 149151, 162163, 206207.
(·«) PIND., fr. 68 Turyn (_ schol. A HOM.. Π 234) ; PHILOSTRATE. Im.,
Il, 33, I. Cf. Etym. magn., 709, 3037.
(,s
) Le personnage est inconnu par ailleurs. Son nom, que l'on connaît sous les
deux formes 'EXXàs ou ItXXôs, est mis en rapport avec celui des premiers desser
vants de l'oracle, les Selloi mentionnés par HOMÈRE (Π 234235), et avec le pro
blème délicat de l'étymologie du nom de la Grèce. Cf. H. W. PARKE, o.l.. pp. 78.
(**) Cette tradition est rapportée par le scholiaste A HOM., Π 233 qui cite
deux historiens mal connus, THRASYBOULOS et ACESTODOROS (fr. 4 Müller
[F.H.G.. 11, p. 464]). Cf. M. VAN DER VALK, Researches on the Text and Scholia of
the Iliad, I (Leyde, 1963), pp. 338340. — ARISTOTE (Météor., I, 352 a 3236) can
ιο6 L E S O I S E A U X
aurait été exprimé par le pigeon biset perché dans le chêne
sacré (97). Une dernière anecdote, qui ne manque pas de paral
lèles (8 e), attribue encore à l'oiseau une intervention analogue.
Quand le berger voleur Mardylas (»»), dont l'oracle avait dénoncé
les indélicatesses, voulut se venger en abattant l'arbre de Zeus,
un biset serait sorti du tronc pour le détourner de son dessein
criminel ( 1 0°). Enfin, dans sa description de l'oracle de Mars (101)
à Tiora Matiene (1 0 2), Denys d'Halicarnasse établit un rappro
chement avec Dodone, mais en indiquant le caractère incontrô
lable des faits :
La procédure y soutenait, à ce qu'on dit, la comparaison avec celle
qui existait jadis, d'après le récit légendaire qu'on raconte chez les
Dodonéens (τω παρά Δωδωναίοις μυθολογουμίνω), sauf que, làbas, le
biset, perché sur le chêne sacré, transmettait les oracles, disaiton,
tandis que, chez les Aborigènes, l'oiseau prophétique, — eux le nom
ment un pic, les Grecs un percechêne, — siégeait sur une colonne de
bois et remplissait le même office.
En dehors de ces témoignages, la présence de bisets à Dodone
et leur rôle dans l'oracle ne sont guère affirmés que par des
commentateurs (103) et des scholiastes ( m ) hésitants, ainsi que
par un papyrus anonyme du V I e siècle de notre ère (1 0 5). Celuici
tionne le rapport de Deucalion avec Dodone, tandis que PLUTARQUE (Pyrrhus,
1,1) fait allusion à la fondation du sanctuaire par Deucalion et Pyrrha. Cf. [K.]
TUEMPEL, art. Deucalion, dans R.E., V , ι (1903), col. 269271.
(E7
) PIND., fr. 68 T. : άπό Έλλον τον δρυτόμου ω φασι τήν περιστεράν πρώτην καταδίΐ^αι τό μαντεΐον. Schol. Τ ΗθΜ., Π 233 : τιάρα τής πελειάδος τής έπι-καθημένης τή δρυι.
(n) Cf., par exemple, CALLIM., Hymnes, 6 (A Déméter), 42-45 ; POLÉMON,
fr. 31 Preller.
(·*) Le personnage est inconnu. Son nom est présenté par certains manuscrits
sous la forme Μανούλας. poo) PROXÈNE, 703 F 7 J . (= schol. Q V HOM., ξ 327) : πελειάοα δέ εκ τοΰ
στελέχους άνακνφασαν έπιτάξαι μή τοΰτο δραν. (1 0 1) DENYS D'HALICARNASSE, Ant. rom., I, 14, 5. Le mot πέλεια manque
dans les manuscrits, il a été introduit, à juste titre, avant le participe καθεζομένη par Jacoby.
(1M) En Italie centrale, mais la localisation précise a fait l'objet de plusieurs
hypothèses. Cf. H . PHILIPP, art. Tiora Matiene, dans R.E., V I A , 2 (1937),
col. 1411.
(loa) Outre les textes mentionnés cidessous, SERV., ad VIRG., Bue, IX, 13.
(10
«) Schol. L SOPH., Trach., 172 ; schol. Luc, Phars., VI, 426.
(1 0 I
) U . WILCKEN, Mitteilungen aus der Würzburger Papyrussammlung, dans
Abhandl. der Preuss. Akademie der Wissenschaften, 6 {1933 [1934]), PP n12,
"• 5357 : σεμνά Δωδώνης βάθρα | ... "Εστίν έ[κέ] î Ιερόν, [ε]νθα ήσαν τρζ.[ΐ ττελειά | δες
L E S O I S E A U X IO7
toutefois produit en même temps une autre explication du nom
des Péléiai fondée sur l'onomastique, tandis que les glossateurs
latins ont pu traduire le terme néXeia par columba, en méconnais
sant l'acception particulière du mot grec dans le sanctuaire
épirote. Les flottements de la tradition grecque à ce sujet étaient,
en effet, une source d'inévitable confusion. Strabon s'est aussi
intéressé à l'Épire et à Dodone. Eustathe lui attribue l'assertion
d'après laquelle le nom des prophétesses s'expliquait par l'oiôno
scopie (l o e
), mais un fragment du livre V U consacré aux Epirô-
tika contient, en fait, deux hypothèses, — l'une d'elles fait appel
à l'ornithomancie (10
'), entre lesquelles le géographe n'a pas
choisi (108
).
Dès lors, s'il est vraisemblable que des bisets peuplaient le
site montagneux de Dodone (l o e
), s'il est certain que, dans la
tradition officielle, ces oiseaux ont eu partie liée avec le sanc
tuaire, aucun indice n'est à même, dans les témoignages examinés
cidessus, d'étayer la supposition qu'ils ont été réellement asso
ciés au fonctionnement de l'oracle (n o
) dont les différents pro
cédés ont pourtant fait l'objet, de la part des auteurs anciens,
de nombreuses observations (m
) .
B. Emploi du terme néXtia comme désignation cultuelle
Évoquant l'oracle de Dodone, Sophocle fait dire à l'héroïne
des Trachiniennes, qui rappelle avec inquiétude les propos
d'Héraclès (»·) ,
μα}ντ€(υ]όμ(ναι ΐπάνω τής δρυός. La suite du texte explique le nom des trois ypaîai par celui de la prophétesse Πίλεια '• οί oi λίγουσιν ότι Tp[e]î[ç] ypfai'aç ; ΐκάλονν n}fp[t)oTfpàs τής τιροφήτιδος τής Π «Acta? ονόματι. Cf. SERV.. ad VlRG., Én , III, 466: circa hoc tcmplum quercus ... ex cujus radicibus forts manabat, qui ... oracula reddebat, quae murmura anus Pelias nomme interpretata hommibus disserebat. Même procédé dans le cas des Abeilles : ci-dessus, p. 30.
(10') STRAB., VII , fr. 1 c (•-•= EUST., 1760, 41-42 [ad HOM., f 327]). ("") STRAB., V U , fr. 1 a : Ίσως U ... Kai ίσως (10*) Le témoignage de Pausanias est examiné cidessous, p. 109, n. 122, 126.
("") Cf. S. I. DAKARIS, Das Taubenorakel von Dodona und das Totenorakel
bei Ephyra, dans Neue Ausgrabungen in Griechenland, 1963, pp. 4849.
(no
) A.B. COOK, Zeus, Jupiter and the Oak, dans Class. Rev., 17 (1903),
pp. 178186 ; A. H . KRAPPE, Les Piléiadcs, dans Rev. arch., 36 (1932), pp. 8o8i ;
P. R. FRANKE, Die antiken Münzen von Epirus, Wiesbaden, 1961, p. 322. Cf.
cidessous, p. 113, η. 165 ; H . W . PARKE. o.l., p. 43 (cf. cependant, p. 113,11. 166).
('") Cf. cidessous, p. m , n. 149,
("») SOPH., Track., 169172. Le même oracle sera encore évoqué aux vers 821
826, 11661168, mais toujours en termes peu clairs, du moins en ce qui concerne le
fonctionnement proprement dit.
ιο8 LES OISEAUX
Tels étaient les arrêts imposés par les dieux
pour l'achèvement des travaux d'Héraclès,
comme l'avait, disait-il, jadis annoncé le
chêne antique
de Dodone, δισσ&ν έκ πελΐΐάοων.
La formule, unique dans l'œuvre du poète ( l 1 3), a alimenté d'iné
puisables commentaires au sujet de l'identification des deux
Péléiades (U 4). Du point de vue grammatical, i l peut s'agir aussi
bien d'oiseaux que de prophétesses, car la préposition eV qui
marque l'origine sert à souligner, en poésie et en prose, le
caractère passif du complément qu'elle introduit ( m ) . En
revanche, si les agents de l'oracle sont ici les colombidés, le vers
de Sophocle contiendrait l'allusion demeurée unique à Dodone,
— et dans tous les autres sanctuaires oraculaires, — d'une divi
nation à trois degrés : la voix du chêne, le cri des bisets, à quoi
s'ajouteraient les interprètes humains indispensables pour que
la réponse du dieu soit intelligible au consultant. De Jebb ( n e ) à
Kamerbeek (117), l'opinion a prévalu que Sophocle, encore que
d'autres difficultés affectent le texte ( U 8), évoque, à cet endroit,
non les colombidés mais les femmes Péléiades telles qu'elles ont
été définies par les auteurs de l'époque romaine. Il faut, en
effet, attendre Strabon et Pausanias pour trouver le nom de
Péléiade ou Péléia accolé à celui des prêtresses en exercice ( u e ) .
Dans le passage déjà cité où i l réunit diverses hypothèses (1 2 0),
le géographe raisonne en sousentendant que les trois femmes
âgées (γραΐαή, qui ont succédé aux prophètes des origines,
(U3) Sophocle cependant mentionnait encore le sanctuaire de Dodone et ses prophétesses dans une autre tragédie aujourd'hui perdue. Cf. ci-dessous, p. 112, n. 154.
(114) La question de la source d'informations du poète, contemporain et ami d'Hérodote, est controversée. Cf. H . W . PARKE, o.l., p. 63.
(U6) Cf. R. KUEHNER - B. GERTH, Ausf. Gramm, der griech. Sprache, I 3 (Hanovre, 1898), p. 461.
("·) R. C. JEBB, Sophocles. The Plays and Fragments, V (Cambridge, 1892), pp. XLI-XLII ; 200-206.
("') J . C. KAMERBEEK, The Plays of Sophocles, II (Leyde, 1959), pp. 64-65. (,l8) Sophocle est le seul auteur à citer le nombre de deux Péléiades et à les
présenter comme des contemporaines des Selloi. Cf. ci-dessous, p. 112, n. 155-156 ; p. 113, n. 160. Il pourrait refléter, dans cette évocation de l'oracle aux temps héroïques, un état intermédiaire de l'organisation interne.
("·) En dehors des textes des scholiastes et des lexicographes anonymes. Cf. ci-dessus, p. 106, n. 103-105.
(lso) Cf. ci-dessus, p. 107, n. 106-107.
L E S O I S E A U X I09
étaient appelées HéÀeiai ou ΠίΧΐΐάδΐς. Puisque, dans le dialecte des Molosses et des Thesprotes, on appelle les femmes âgées πίλιαι et les vieillards πίλιοι, les bisets roucoulants n 'étaient peutêtre pas
des oiseaux, mais trois femmes âgées qui consacraient leur temps
au sanctuaire (m
) . Le témoignage le plus explicite reste celui
du Périégète. Il signale que ni la prophétesse Phaennis, issue
d'une des grandes tribus de l'Épire, ni les Péléiai, qui rendaient
les oracles d'après les signes du dieu («V OeoD και αύται) et par une inspiration spontanée, ne recevaient le nom de Sibylle (
m
) .
La première vivait au début du IIIe
siècle avant notre ère (I23
),
tandis que les Péléiades, ajoute-t-il, sont plus anciennes encore
que Phémonoè, la première Pythie (124
). La comparaison entie
les différentes prêtresses, Phaennis, les Sibylles, la Pythie et les
Péléiai-Péléiades implique que ces dernières étaient également
des femmes au service de l'oracle. Pausanias (125
) cite encore
ailleurs les iléXeiai. Dans sa narration des amours tragiques de
Corésos et de Callirhoé (12e
), il évoque une consultation à Dodone
des Calydoniens et précise : pour les Étoliens et leurs voisins, tes
Acarnaniens et les Épirotes, al néXeiai καί τά ΐκ τής δρυός μανταΰματα μίτίχίΐν μάλιστα ίφαίνΐτο άληθύας. Les éditeurs conservent au
mot πίλΐΐαι son sens premier (127), même lorsqu'ils renvoient au
passage déjà cité du livre X (128
). Or les données sont identiques
à celles qu'a produites Sophocle dans les Trachiniennes (1 2 9), à
savoir les Πίλΐΐάδίς et les prédictions issues (eV) du chêne. Aussi,
pour les mêmes raisons qui ont poussé à reconnaître dans les
(m
) STRAB., VII , fr. I a : Φασι ht κα'ι κατά τήν τών Μολοττών καί θΐσπρωτών γλώτταν τάς γραίας τπλίας καλ€Ϊσθαι καί τονς γέροντας ntXiovs- Kai ίσως ουκ ópvta ήσαν αί Ορυλονμίναι ntXtirxöts, άλλά γυναΐκΐς γραιαι τρΐΐς ntpi τό itpóv σχολαζου-
σαι. Cf. HESYCH., Π 1306
(12S
) PALS., Χ , Ι2, ίο. ('«») Cf. J . KRISCHAN, art. Phaennis, dans R.-E., X I X , z (1938), col. 1508. f 1 2 4) Dans le même passage, Pausanias use tantôt du terme ntXeta, tantôt
de TTtXeiâs.
C25
) Dans les passages suivants, il ne mentionne aucun détail relatif au per
sonnel de l'oracle : I, 13, 3 ; 17, 5 ; 36, 4 ; V111, i l , 12 ; 23. 5 ; 28, 6 ; IX, 8, 1 ;
25, 8.
j1 2
") PAUS., VII , 21, 15. Le texte cité appartient au paragraphe 2.
(»·') SCHUBART WALTZ (1838) ; HITZIG BLUKMNF.K (1901) ; SPIRO (1903) ;
JONES (1933) ; PAPACHATZIS (1967)
("*) Cf. PAPACHATZIS, p. 124, η. j. HITZIG BLUEMNER (p. 819) considèrent
que la mention des Péléiades (X. 12, 10) est fondée sur une erreur d'interpré
tation, imputable à Pausanias, du texte d'Hérodote (II, 57).
("·) Cf. cidessus, p. 107, n. 112 et suivantes.
110 LES OISEAUX
Péléiades de la tragédie les prophétesses plutôt que les oiseaux,
les Péléiai auxquelles les Étoliens, les Acarnaniens et les Épirotes
accordaient leur confiance doiventelles être identifiées, elles
aussi, à des femmes et non à des colombidés.
Il n'en demeure pas moins que les textes de ces deux premières
séries se distinguent tous, par une indéniable amphibologie. Leur
nombre relativement réduit et leur dispersion dans le temps
forment un contraste fort net avec la cohésion des récits qui
décrivent, sans allusion aux bisets ni à une désignation parti
culière du personnel sacré, les consultations demandées à l'oracle
par les particuliers, illustres ou obscurs, et par les États.
C. Absence du terme néXeia dans les récits de consultation
Après avoir accueilli les héros dont les plus notables sont Helios
et Deucalion ( 1 3 0), Achille (1 3 1), Ulysse (132) et Néoptolème (133),
Héraclès (1 3 4), Jason (1 3 5), Archélaos ( 1 3 e), Inachos (137) ou Coré
sos (1 3 8), l'oracle de Zeus, d'origine pélasge ( 1 3 e), a reçu les délé
gations des envahisseurs doriens qui venaient solliciter l'appui
et les conseils du dieu pour mieux assurer leur conquête ( 1 4°).
(l3
<>) Cf. cidessus, p. 105, n. 9495.
(1 3 1
) HOM., Π 233235. Cf. W . E. GWATKIN, Dodona, Odysseus, and Aeneas,
dans Class. Journal, 57 (1961), pp. 97102.
(1 3 !
) HOM., I 327328 (= τ 296297).
(133
) JUSTIN, 17,34; [SCYMNOS DE CHIOS], Périégèse, 447452 Müller (G.G.M.,
I, p. 215).
(134
) Cf. cidessus, p. 107, n. 112.
(LAS
) APOLL. RH., Arg., I, 526527 ; IV, 582583. Cf. R. Roux, Le problème des
Argonautes, Paris, 1949, pp. 9597.
(13
') P. Hamb., 118, col. II, U. 4550: fragment de l'Archélaos d'Euripide. Cf.
C. AUSTIN, Nova Fragmenta Euripidea, Berlin, 1968, p. 14, fr. 2, 11. 2025.
(13
') ESCH., Prom., 658660.
(1 3 Β
) PAUS., VII , 21, 15 (Corésos est un prêtre de Dionysos). Sur les rapports
de Dionysos avec le sanctuaire de Dodone: H . W. PARKE, o.l., pp. 150152.
(1 3 S
) HOM., Π 233 :
Ζ™ ίνα, ΔωΒωναΐί, Πελασγικέ. Sur le peuplement de l'Épire à l'époque préhistorique et les premières installations à Dodone : N. G. L. HAMMOND, Epirus, Oxford, 1967, pp. 367-370.
(140) L'exemple le mieux caractérisé concerne la Béotie et la prise de Thèbes, — ou de Panacton, — par les envahisseurs doriens au détriment des Pélasges qui l'habitaient : ÉPH., 70 F 119, 4 J . (avec le commentaire, pp. 70-71); PROCLOS, Chrestomathie, 79-86 Severyns (avec le commentaire, pp. 232-243). La consultation est restée liée au rituel thébain de la tripodophorie annuelle. Cf. H . W . PARKE, o.l., pp. 71-75. La prise de Corinthe par Alétès et les Doriens a, elle aussi, résulté d'un avis émis par Zeus dodonéen en faveur des conquérants : schol. B D PIND., Ném., 7, 155 a Drachmann (pp. 137-139). Cf. Éd. WILL, Korinthiaka, Paris, 1955, p. 137, n. 3.
L E S O I S E A U X I I I
Ensuite, les grandes cités (m
) et les simples citoyens (14ï
) ont
régulièrement pris le chemin de l'inclémente Dodone (143
), bénéfi
ciaire, à l'époque hellénistique, de la générosité des princes
macédoniens (,44
). Si, dès le Ie r
siècle avant J . C , le déclin s'y fit
sentir (145
), ni les Romains (14e
) ni les rhéteurs postérieurs (147
)
n'ont oublié la renommée du sanctuaire.
Au temps de l'essor et de la splendeur, la volonté divine s'est
essentiellement révélée par la divination inductive (14β
), grâce
à des procédés très variés qui étaient, la plupart, de nature
acoustique (14
*). Le plus ancien, attesté déjà par Homère (1 6
°),
a consisté à expliquer le bruissement du chêne sacré, — l'arbre,
en effet, transmettait la voix même de Zeus (m
) . Quand ils pré
cisent l'intervention des interprètes, les auteurs, poètes et pro
sateurs, utilisent le plus souvent trois expressions synonymes:
('") Ainsi en estil d'Athènes, surtout au IV« siècle avant J . C . : DÉMOSTH.,
18 (Sur la couronne), 253 ; 19 (Sur l'ambassade), 299 ; 21 (Contre Midias), 53 ;
HYPÉRIDE, 3 (Pour Euxémppe), 24 ; PAUS., I, 36, 4 ; etc. De même, Tarente,
Corcyre, les peuples du Nord de la Grèce : cf. O. HOFFMANN, Die Orakelinschri/ten
aus Dodona, dans S.G.D.I., II (Göttingen, 1899), n«' 1557 et suivants. Les
principaux textes épigraphiques ont été repris et traduits par H . W. PARKE,
o.l., pp. 259273 ; cf. également pp. 129163 (The Responses of Dodona in Lite
rature) .
('*») Parmi les hôtes de marque, Crésus : cf. HDT., I, 46. Les questions des
particuliers ont été conservées sur les lamelles inscrites, parfois avec la réponse
prodiguée par l'oracle: HOPFMANN, o.l., n°» 15571598; PARKE,
(U
*) HOM., Π 234 ; Δωδώνης ••• ουσχαμίρου. (»4 4) P. LÉVÊQUE, Pyrrhos, Paris, 1957, pp. 232234 ; S. I. DAKARIS, o.l.,
pp. 3538. Les grandes constructions sacrées ne sont pas antérieures au IVe
siècle.
("*) Seules les interventions d'Auguste et d'Hadrien lui rendront quelque
éclat avant l'effacement définitif.
("·) Cf. Cie, De divin., I, 43, 95 ; TITELIVE, VIII, 24, 1 ; Luc, Pharsale,
VI, 426427 ; PLINE L'ANCIEN, H.N., II. 228.
(»") DION CHRYSOST., 12 (Olympique), 81 ; THÉMISTIUS, 21 (Le bourreau),
259 D SchenklDowneyNorman (II, p. 43) ; 27 (Sur l'attention...), 334 A (ibid.,
p. 157) ; MAXIME DE TYR, 8,1 B Hobein (p. 87) ; 29, 7 C Hobein (p. 347).
('*') STRAB., VII, fr. 1 a : ' Εχρησμψ&ει δ'ού oià λόγων, άλλά δίά ηνων συμβόλων. Mais la divination inspirée n'était pas exclue : cf. PLAT., Phèdre, 244 B ; PAUS.,
X , 12, 10 (cidessus, p. 109, n. 122).
(>4
·) Cf. G. RACKET, pp. 9298.
(ie») HOM., f 327328 (= τ 296297) ; HÉs., fr. 240, 319 MerkelbachWest.
Cf. H. W. PARKE, o.l., pp. 2033.
('") Le rôle du chêne, qui procède apparemment d'une antique dendrolâtrie,
est, avec celui des oiseaux, un des plus sûrs éléments de synthèse entre les deux
courants religieux, celui du monde égéen et celui des envahisseurs. Cf. PARKE, /./.
112 LES OISEAUX
iépeiai (1 5 a
) , προφήτίο€ς ( 1 5 3 ) , àa>8u>vi8es ( 1 M
) . Ces femmes n'ont pas
été les premières titulaires de la charge mantique. Elles ont, à la
suite d'une évolution probablement amorcée dès la fin du I I e mil
lénaire et, en tout cas, achevée avant l'archaïsme (1 5 5), remplacé
les Selloi aux pieds jamais lavés (15e) et assumé la tâche, parfois
périlleuse (1 5 7), de transmettre les ordres de la divinité. En ce qui
concerne leur nombre, qui semble avoir oscillé de un à trois (1 5 8),
i l faut distinguer entre les témoignages. Les uns racontent la
fondation légendaire, œuvre d'une seule des deux femmes enlevées
("») ÉPH., 70 F 119 J. ; EUR., fr. 368 N.a
; PLAT., Phèdre, 244 B ; Souda, M 1365.
Les témoignages littéraires ont été notamment réunis et étudiés par J. FRIE
DERICH, Dodoniaca. Beiträge zur Religions und Kultgeschichte Dodonas, Fribourg.
1935. PP 4447
(153) É P H . , / . / . ; HÉRACL. PONT., fr. 136 Wehrli8
; STRAB., VII , 7, 12, 329 C.
("*) SOPH., fr. 4 i 8 N . 2 ( = fr. 456 Pearson) ; ANTIPHANE, fr. 91 Kock (C.A.F.,
II, p. 48) ; PLUT., Phocion, 28, 2 ; DIOD. SIC, XV, 72, 3 ; ORIGÈNE, Contre Celse,
VII, 3, 6, 7. — PROCLOS, /./., 84 (γυναιξί) ; cf. STRAB., VII, fr. 1 α (γραίας). ('65) La question est délicate car nos plus anciens témoignages, ceux d'Homère,
d'Hésiode et de Sophocle, décrivent un état du sanctuaire qu'il n'est pas aisé de
situer dans la chronologie. On admet que les Selloi, qui s'effacent rapidement
en tant que prophètes, appartiennent à l'oracle primitif, celui des Pélasges. Les
prophétesses Pe'léai leur succèdent après les bouleversements introduits par les
Doriens qui ont rapidement (cf. cidessus, p. 110, n. 140) asservi l'oracle à leur
cause. Cf. E . LEPORE, Ricerche sull'antico Epiro, Naples, 1962, pp. 5863 ;
N. G. L . HAMMOND, o.l., p. 369. Selon les chroniqueurs (cf. EUSÈBE, pp. 169170
Fother.), c'est au cours de la 35 e
Olympiade (639/8) que les Grecs consultèrent à
Dodone (Oraculo Dodonaeo primum Graecia usa est). Cette date, qui ne concerne
évidemment pas la fondation de l'oracle, réputé le plus ancien de toute la Grèce
(cf. cidessus, p. in), correspond, avec un haut degré de probabilité, à l'épanouis
sement qui caractérise la vie du sanctuaire dès l'époque archaïque. L'abondance
des offrandes votives et des objets de culte, pour la plupart en bronze, que les
fouilles ont mis au jour pour la période qui s'étend du VIIIe
au VIe
siècle, suffit à
indiquer le succès des consultations. Cf. N. G. L . HAMMOND, o.l., pp. 428436.
(LSE
) HOM., Π 234235; cf. SOPH., Trach., 11661168. Selloi ou Helloi : cf.
cidessus, p. 105, n. 95. Parmi les études qui leur ont été consacrées: L . ZIEHEN,
art. Σελλοί, dans R.-E., Suppl. V (1931), col. 963-967; A. LESKY, Hellos-Hellotis, dans Wiener Studien, 46 (1927-1928), pp. 48-68 ; G. RESTELLI, Iliade Π 234, dans Rendiconti dell'Istituto Lombardo, 104 (1970), pp. 3-18 ; Ηπειρωτικά, ibid., pp- 537-590.
(16') ÉPH., 70F 119, 4 J. : Tous Sè θεωρούς (sc. des Béotiens) ύπονοήσαντας χαριζο-μένην τοις ΠελασγοΧς τήν προφήτιν κατά το συγγενές, επειδή και το ιερόν Πελασγικόν εξ άρχής ύπήρξεν, ούτως άνελεΧν, άρπάσαντας τήν άνθρωπον είς πυράν εμβαλεΧν. Ci. HÉRACL. PONT., fr. 136 Wehrli* (cité par ZÉNOBIOS, 2, 84 Leutsch-Schneidewin [C.P.G., I, p. 53]) ; PROCLOS, Chrest., 79-86; Souda, M 1365. Cf. ci-dessus, p. 110, n. 140; n. 152.
(lse) PIND., fr. 67 Turvn : deux ; HDT., II, 55, 3 : trois ; 56, 1 : une ; SOPH., Trach., 172: deux; EUR., fr. 1021 N. ! : trois; etc.
4
V. ι, 2. Dodone (AE) : collection P. R. Franke. Voir p. 113, n. 164.
Cliché P. R. Franke.
3. Halicamasse (AE) : collection P. R. Franke. Voir p. 116, n. 192.
Cliché P. R. Franke.
4, 5. Thelpousa (AR) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 442. Voir p. 1
Cliché Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).
LES OISEAUX " 3
de Thèbes ( , 5 e). Les autres, si l'on excepte l'allusion de Sophocle
à deux Péléiades mythiques consultées par Héraclès ( 1 β 0), men
tionnent toujours trois prophétesses (1β1) qui, tout en formant une
sorte de collège, dispensaient individuellement (1β2) les réponses
aux visiteurs de l'oracle. L'indication chiffrée, déjà garantie par
des auteurs bien informés ( 1 β 3), a été, en outre, reproduite dans le
monnayage local. Certaines monnaies de bronze de la symmachie
épirote (fin du I V e siècle I I I e siècle avant J.C.) sont frappées,
au droit, de l'aigle de Zeus et portent, au revers, un arbre touffu,
— le chêne sacré, — et trois oiseaux disposés de part et d'autre
et audessus du motif central (1 6 4). Cette association du chêne
et des oiseaux qui sont identifiés à des colombidés a, en général,
été interprétée comme la confirmation de l'ornithomancie ( , e 5).
Elle n'est, en réalité ( 1 β β), qu'une illustration du lien qui unit,
dans la littérature, le chêne et le biset. Or, dans les textes, le
mot 7re'Aeia est constamment à double entente lorsqu'il est ques
tion de Dodone. On ne peut exclure que l'image le soit aussi,
("·) HDT., Il, 5556, — version que suivait aussi Pindare dans un péan aujour
d'hui perdu (fr. 67 Turyn).
(»·») SOPH., /./. et schol. L.
('·') HDT., II, 55, 3 (qui les cite nommément); EUR., fr. 1021 N." ; ÉPH.,
/./. ; STRAB., VII, fr. 1 0 ; répétés par les scholiastes et commentateurs.
("*) Le récit de la consultation par les Pélasges de Thèbes et les Doriens
en témoigne : le sacrilège est commis sur la seule prophétesse qui a rendu l'oracle,
après quoi, (ÉPHORE, /./.) καλίΐν δ'ί'πί τάς 'κρύας ' ταύτας h'flvai τας προφήτιοας, at λοιποί τριών ούσών nepirjaav. Cf. ci-dessus, p. 112, η. 157.
(U3) Hérodote a visité le sanctuaire (II, 55, 1), de même, — selon toute
vraisemblance, — qu'Euripide, qui a, en tout cas, séjourné en Macédoine
et a écrit des tragédies inspirées par les traditions locales, à la gloire de la dynastie
macédonienne. Cf. A. DIETERICH, art. Euripides (4), dans R.E., VI (1907).
col. 1246; Fr. STOESSL, art. Euripides (4), dans R.E., Suppl. XI (1968), col. 659
660, 663.
("4
) P. K. FRANKE, Die antiken Münzen von Epirus, Wiesbaden, 1961, pp. 63
64, pl. 15, K 51 K52 ; pl. 64 ( = Das Taubenorakel zu Dodona und die Eiche als
der heilige Baum des Zeus Naios, dans Ath. Mitt., 71 [1956], pl. 42). Cf. PLANCHE
V, 12.
(ι
·5
) P. Κ. FRANKE, o.l., p. 322 (l'auteur suit l'avis d'iMHOOFBLUMER
KELLER). Les intéressants exvoto de bronze (colombidés, statuette féminine
avec oiseau) qui sont invoqués (ibid.) dans le même sens, confirment le lien
avec les oiseaux, non l'existence de l'ornithomancie.
(»·4
) H. W. PARKE, o.l., p. 76 (malgré l'avis émis p. 43). M. P. NILSSON
(Geschichte der griech. Religion, IS
, pp. 423427), dont l'analyse des données
oraculaires est essentiellement négative, avait déjà récusé l'existence des weis
sagende Tauben Cf , dans le même sens, G. RACKET, /./., p. 94 ; S. I. DAKARIS,
o.l., p. 49
114 LES OISEAUX
suggérant l'oiseau non moins que les prêtresses TléXeiai qui sont
précisément au nombre de trois.
Au terme de l'examen des principaux témoignages, les données
relatives aux interprètes féminins de l'oracle de Zeus dodonéen
peuvent être résumées de la manière suivante : à l'époque histo
rique, un collège de trois prophétesses a assuré le fonctionnement
de l'oracle fondé sur des procédés divers dont le plus répandu est
demeuré le murmure du chêne sacré. Elles sont connues sous le
nom de Péléiai ou Péléiades, termes qui désignent aussi les
pigeons bisets. La tradition ancienne a régulièrement rapproché
les oiseaux des prêtresses, tout en hésitant à justifier la désigna
tion cultuelle par l'ornithomancie, qui reste hypothétique.
L'origine et la personnalité des dieux de l'oracle pourraient
éclairer l'appellation des prêtresses que leur fonction ne suffit pas
à expliquer.
LES MAÎTRES DE L'ORACLE
Dès l'époque héroïque, Zeus règne à Dodone où i l est invoqué
sous les titres de Πελασγικός et de Δωδωναίος (1 β 7). Le site montagneux ( 1 β β), balayé par les pluies et les orages ( 1 β 9), était natu
rellement disposé pour accueillir le dieu du ciel et des phénomènes
atmosphériques, dont le culte célébré à l'air libre a maintenu
longtemps, dans sa simplicité primitive, le contact avec le
milieu environnant ( 1 7°).
Les lamelles inscrites, qui datent, au plus tôt, de la fin du
V e siècle avant J . C , révèlent la présence d'une déesse, Dionè,
que les consultants associent à Zeus Νά(;ήος ( m ) lorsqu'ils formu-
(»') HOM., Π 233. ('·8) Dominé par le sommet du mont Tomaros ou Tmaros, qui culmine à
près de 2000 m. Cf. la description évocatrice de J . SERVAIS, Dodone, dans La
civilisation grecque de l'Antiquité à nos jours, I (Bruxelles, 1967), pp. 260, 266.
La moyenne annuelle des pluies y est de 1261 millim. contre 396 millim.
à Athènes. Cf. tableaux comparatifs de Th. Th. PHINTIKLIS, art. Ελλάς, dans Megali Helliniki Enhyklopaidia, X (1934), p. 41, 4 ; p. 44, 6.
("·) La consultation s'est déroulée, en raison des procédés qu'elle mettait en œuvre, iv ύπαίθρω, pendant la plus grande partie du temps où l'oracle a fonc
tionné. Cf. cidessus, p. m , n. 144.
(m
) Le sens précis de l'épiclèse est controversé, selon qu'on la rattache au
verbe valut habiter ou au verbe νάω couler. Cf. S. I. DAKARIS, o.l., p. 38 ; M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I S, p. 425. Le contenu de la fête des Naia, attestée par divers témoignages, reste à approfondir. Voir P. CABANES, L'Épire de la mort de Pyrrhos à la conquête romaine, Paris, 1976, pp. 329-341.
LES OISEAUX "5
lent leurs requêtes ( l 7 1). Elle apparaît à ses côtés sur les mon
naies locales (173) qui la représentent parée du voile et du diadème
de l'épouse.
D'après les traditions mythologiques, son rôle est plutôt
effacé. Fille de Téthys et d'Océan, l'aimable Dionè (174) appartient
à la génération antérieure à celle des Olympiens. Comme Mnémo
syne, Thémis ou Métis, elle s'est unie à Zeus et lui a donné une
fille, Aphrodite, à qui, dans l'épopée, elle enseigne la résignation
et la patience (1 7 6). Elle intervient encore dans l'Hymne homérique
à Apollon ( 1 7 e), où elle est jointe à Rhéa et à Amphitrite pour
assister Létô. Dans les deux cas, l'accent est mis sur le caractère
maternel de ses interventions qui l'apparentent, au même titre
qu'Héra, Déméter ou Athéna, à la fonction que détenait originel
lement Gaia. Or, à Dodone, c'est la Terre qui est associée à Zeus
dans l'hymne des Péléiades (177) :
Zeus était, Zeus est, Zeus sera ; ô puissant Zeus !
Terre fait croître ses fruits, c'est pourquoi vous donnez à Terre le
nom de Mère.
Ζΐύς τ)ν, Ζΐύς ΐστίν, Ζΐύς εσσεται, ώ μεγάλε Ζΐΰ ' Γά καρπούς άνίίΐ, διό κλώζετε Ματερα Γαΐαν.
S 'il n'est pas aussi ancien que l'affirme Pausanias ( 1 7 e), ce chant n'en est pas moins dicté pai une intuition en tous points fidèle à
l'évolution du sanctuaire de Dodone, telle qu'on peut la découvrir
à travers Dionè. Elle est l'homonyme de Zeus (l7*), la déesse qui
procède de Zeus ( 1 β 0), après avoir reçu, dans l'épopée, l'épithète
δια θεάων ( m ) . Cette dernière a pris un sens plus complet depuis
la lecture des documents mycéniens. En effet, certains textes,
et notamment ceux qui portent peutêtre la mention πελεια ( 1 M ) ,
("") Cf. cidessus, p. m , n. 141, 142.
("") P. R. FRANKE, o.l., pp. 19, 3334 (essentiellement III«IIE
siècles avant
J.C).
(L
'4
) HÉS., Théog., 353 : ερατή τ€ Διώνη. ("») HOM., Ε 370, 3 8 ι . ("*) Hymne hom. Apollon, 93. (»") PAUS., Χ , i2, 10. ("·) Cf. H . W . PARKE, Mighty Zeus, dans Hetmathena, 111 (1971), pp. 24-33. ("·) P. Hamb., 118, col. II, 1 46: της ο'όμωνύμου Διός. Cf. ci-dessus, p. no,
n. 136. ( u 0 ) Etym. magn., 280, 41 : άπό τοΰ Διός, Διώνη, ...πρώτον γεγονε γαμέτη τοΰ
Διός. Cf. EUST., 558, 14-16 (ad HOM., Ε 370). ("') HOM., Ε 38ι. ("*) Cf. ci-dessus, ρ. ιοί, n. 69.
ι ι 6 LES OISEAUX
ont livré le théonyme Diuja ou Diwija (1 8 3). Que l'on suive
l'interprétation de Frisk qui y reconnaît la fille du ciel, la
déesse (1 8 4), ou celle de Ruijgh qui songe à l'épouse de Zeus (18δ),
i l s'agit d'une appellation indoeuropéenne, qui la présente comme
l'équivalent féminin de Zeus et sa parèdre ( 1 8 e). Face à Héra,
figure de synthèse des religions égéenne et grecque (1 8 7), elle a
peu et mal résisté, sauf à Dodone, premier fief avancé du dieu.
Mais sa victoire y résulte d'un accommodement entre l'état
primitif et l'hellénisation progressive du sanctuaire. Dès l'arrivée
des premiers IndoEuropéens, Zeus s'est arrogé le domaine sacré
sur lequel régnait jusquelà une autre présence divine, celle de Gè
dont Dionè a assumé l'héritage ( 1 8 8). La nouvelle désignation, liée
à l'influence des envahisseurs successifs ( 1 8 9), n'a pas effacé sa
véritable nature : dans le culte, elle est restée Gaia, la TerreMère
des origines.
Il ne manque pas d'exemples pour illustrer la présence des
colombidés auprès des titulaires de l'oracle. En Crète, ils appor
tent l'ambroisie à Zeus ( 1 β 0), tandis qu'ils interviennent dans son
oracle de Thisbé ( m ) et, sans doute, dans le culte qui lui était
rendu à Halicarnasse (1 9 2). De même, ils font partie de l'entourage
de la déesse égéenne à laquelle se superpose Dionè (1 9 3). Force est
cependant de reconnaître que ces éléments épars, souvent cités
en relation avec Dodone ( l 9 4), n'élucident pas le nom des Péléiai
(1,s
) Anna MORPURGO, Mycenaeae Graecitatis Lexicon, Rome, 1963, p. 67:
PY Cn 1287, 6 ; P Y An 607, 5 ; P Y Tn 316 v, 4.
(1 8 4
) H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, p. 397.
(1,s
) C. J. RUIJGH, Études sur la grammaire et le vocabulaire du grec mycénien,
Amsterdam, 1967, p. 133.
(1 8 E
) H . USENER, Götternamen, Bonn, 1896, p. 36 ; W . POETSCHER, Zeus
Naios und Dione in Dodona, dans Mnemosyne, 19 (1966), pp. 113147.
(18
') M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, IS
, pp. 427433.
("') N . G. L . HAMMOND, o.l., p. 369.
(189
) Ibid., pp. 392395 ; cf. S. I. DAKARIS, o.l., p. 49.
(1 9
°) HOM., μ 6263.
(1Β1
) LACTANTIUS, Comm. in Statii Thebaida, VII, 261 Jahnke (p. 357). Cf.
ΗΟΜ., Β 502 : πολντρήρωνά re Θίσβ-ην. (1Β2) D'après certains types monétaires de cette ville qui réunissent l'arbre
et les oiseaux : Β. V. HEAD, H.N.2
, p. 619, n° 305 (époque romaine impériale) ;
P. R. FRANKE, Kleinasien zur Römerzeit, Munich, 1968, n° 315. Cf. PLANCHE V, 3.
(1,s
) Cf. Ch. PICARD, Les religions préhelléniques, Paris, 1948, pp. 112113,
155 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is
, pp. 290292.
(le4
) De même aussi que les colombes qui sont l'attribut d'Aphrodite. Cellesci
ont pu, avec le temps, renforcer les liens qui unissent Dionè et les oiseaux. Il
LES OISEAUX I I 7
ou Péléiades qui ont desservi le sanctuaire commun de Zeus et
Dionè. Tout au plus permettentils d'entrevoir comment un
attribut identique, lié à des fonctions semblables, a pu favoriser
la fusion des courants qui ont créé la religion grecque et contri
buer à éliminer entre eux les solutions de continuité.
Dans l'état actuel de notre information, l'origine de la désigna
tion des prophétesses demeure donc inconnaissable. Qu'elle ait
été la conséquence de procédés mantiques mal représentés dans
la tradition, qu'elle soit issue d'un terme dialectal, homonyme
du nom grec des bisets, ou qu'elle provienne de quelque autre
circonstance oubliée, les Grecs l'ont acceptée et conservée, fûtce
sous l'influence de leurs conceptions générales à l'égard des
oiseaux. Car, de même que, parmi les animaux, les oiseaux ont
été, à leurs yeux, les plus proches des dieux olympiens, les prê
tresses de Dodone ont été, parmi les desservants du culte, les
plus proches du souverain de l'Olympe et de sa parèdre Dionè.
Que ce n'étaient pas les dieux qui ont jadis régné sur l'humanité,
mais les oiseaux il y en a bien des preuves, affirme Pisthétairos dans
la comédie qu'ils ont inspirée à Aristophane (19S
). Celles que le
poète lui prête sont de plaisantes flatteries capables de faire
triompher son projet, mais les exégètes ont depuis longtemps
relevé les différents passages des Oiseaux, qui parodient les
récits théogoniques (1β6
) et les croyances relatives aux méta
morphoses divines (197
).
De fait, par l'image de l'œuf primordial, les oiseaux ont été
associés, dans les conceptions orphiques de la genèse (198
), aux
origines de l'univers, et, dans les traditions mythologiques, ils
sont, plus que toutes les autres espèces, l'instrument de l'épi
phanie des dieux (199
). Ces deux fonctions sont ordinairement
convient cependant de noter que la tradition qui fait d'Aphrodite la fille de
Dionè est fondamentalement différente de celle, mieux représentée, qui lui
attribue une origine orientale. C'est à l'Aphrodite orientale qu'appartiennent
les colombes.
C") ARISTOPH., OIS., 481482.
(»··) Ibid., 685702.
('·') Ibid., 409522, 865884,
("») Cf. K . ZIEGLER, art. Orphische Dichtung, dans R E., XIII, 2 (1942).
col. 13501357 ; [O.] WASER, art. Eros, dans R.E.,\'l, 1 (1907). col. 485487;
également, K. TURCAN, Eâmeoiseau et l'eschatologie orphique, dans R.H.R.,
155 ("959). PP 3340 ('··) Cf. cidessus, pp. 9697.
ι ι 8 LES OISEAUX
considérées comme des survivances zoolâtriques propres à des
mouvements de pensée nettement circonscrits ou limitées à des
récits mythiques et à des comparaisons littéraires ( 2 0 0). La place
qui a été réservée aux oiseaux dans le contexte religieux le plus
général tend cependant à indiquer que le sens de l'allégorie pri
mordiale et des métamorphoses divines est moins restreint qu'il
n'y paraît d'abord. Le rôle que Platon attribue aux oiseaux dans
les grands mythes eschatologiques le prouve encore d'une
autre manière. I l importe toutefois de distinguer les développe
ments du Phédon (201) et du Timée (202) où la transmigration des
âmes dans les espèces animales repose sur les affinités de com
portement et procède d'une dégradation lente et irréversible (2 0 3),
du mythe essentiel d'Er l'Arménien dans la République. Le choix
des genres de vie, animale ou humaine, y est laissé à la libre déci
sion de chacun ( 2 0 4). Parmi les héros appelés à la réincarnation,
celui qui est, tel Agamemnon, lassé des souffrances humaines, pré
fère la vie de l'aigle, tandis que les âmes délicates d'Orphée et de
Thamyras optent respectivement pour le cygne et pour le ros
signol ( ï 0 5). De même, dans le mythe du Phèdre où l'attelage
ailé symbolise l'âme dans sa difficile ascension, c'est encore aux
oiseaux ( a o e) que le philosophe emprunte les images et les méta
phores propres à traduire les principes fondamentaux de sa
pensée éthique ( 2 0 7).
(ιοο) Outre les références produites cidessus, notamment n. 48 (p. 98), cf.
F. DiRLMEiER, Die Vogelgestalt homerischer Götter, Heidelberg, 1967, pp. 3436.
(*01
) PLAT., Phédon, 80 Ε 82 C. Cf. les remarques nuancées de L. ROBIN,
Quelques survivances dans la pensée philosophique des Grecs d'une mentalité pri
mitive, dans R.E.G., 49 (1936), pp. 282285, à. propos de ces pages de Platon
où l'« on est souvent trop enclin à ne voir rien de plus que des fantaisies. »
(*·*) PLAT., Timée, 90 E 92 C, particulièrement 91 DE.
(*·*) Dans le Timée, 91 D, les oiseaux sont, dans la hiérarchie, attribués aux
hommes dépourvus de méchanceté, mais légers et qui ne s'occupent que des
phénomènes célestes apparents {εκ τών άκακων ανδρών, κούφων Sé, καί μετεωρολογικών). Dans le Phédon, 82 A, les faucons et les milans sont, par affinité, réservés aux voleurs. Cf. J . PLAQUEVENT, De la béte à l'homme, dans Le mystère animal, Paris, Pion, 1939, p. 295.
("«) PLAT., Rép., X, 618 A. (··*) Ibid., 620 A-B. (ΐο·) ρ τ . Α Τ ι ) Phèdre, 246 A - 252 C. L'image de l'aile n'est absente d'aucune
des étapes de la progression. Cf. 249 D : όρνιθο: δίκψ βλέπων. PLUTARQUE, Platon, qu., 6 {Mor., 1004 C-D). R. TURCAN, /./., pp. 36-38.
(»«') Cf. P.-M. SCHUHL, La fabulation platonicienne, Paris, 1947, pp. 27-31.
LES OISEAUX H Q
Inspiré par son attachement à Apollon, Socrate, — et Platon avec lui dans le dialogue du Phédon (20e), — n'avait pas hésité, au moment suprême de sa mort, à s'identifier aux cygnes, serviteurs du dieu. La même comparaison resurgit à propos de Platon s'il est vrai qu'à la fin de sa vie, le disciple de Socrate se serait vu, en songe, sous l'apparence d'un cygne (">·). L'allégorie est nourrie aux sources de la religion grecque et conserve, même lorsque celle-ci n'est plus directement mise en cause, une résonance profondément sacrée.
Dans le mythe philosophique comme dans la littérature, elle atteste la vitalité de la conviction, d'abord religieuse, qui a inspiré aux Grecs la certitude que les oiseaux, avant de devenir serviteurs, ont bien pu être les dieux eux-mêmes
(LOI) PLAT., Phédon, 85 B : ήγοΰμαι όμόοουλός re tlvat τών κύκνων καί Upôs
τοΰ αύτοΰ β«οί. ("*) OLYMPIODORE, Vie de Platon, Westermann (p. 4,11. 27-31) ; cf. ANONYME,
Vie de Platon, W. (p. 5, U. 27-40).
Les Mammifères
Pour des raisons multiples qui tiennent à la fois à la nature de l'économie antique ('), agricole et pastorale, et aux prescriptions du code alimentaire (2), la première place revient, dans les rites du sacrifice et de l'offrande, aux mammifères domestiques dont aucune espèce n'est, en principe, exclue. Toutefois, si l'immolation de chevaux (3), d'ânes (4) ou de chiens (5) est bien attestée, les victimes traditionnelles (") sont davantage prélevées parmi les ovins, les porcins ('), les
(') Cf. P. GUIRAUD, La propriété foncière en Grèce jusqu'à la conquête romaine, Paris, 1893, pp. 506-512 ; Stella GEORGOUDI, Quelques problèmes de la transhumance dans la Grèce ancienne, dans R.E.G., 87 (1974). pp. 155-185.
(') [HIPP.], Régime, II, 46 ; cf. cependant PORPH., De Abst., I, 14 : ol Έλληνες ούτε κυνοφαγονσιν οϋβ' ίππους εσβίουσιν οΰτ' όνους. Sur l'hippophagie, cf. P. VIGNERON, Le cheval dans l'Antiquité gréco-romaine, Nancy, 1968, pp. 185-189.
(3) Cf. ci-dessous, pp. 151-152. (*) HÉSYCH., A 4886: όνος αφετος ιερός τοίς άνεμοις βυόμενος εν Ταραντίνοις;
cf. ANTON. LIB., 20 (sacrifice des Hyperboréens à Apollon). M. VOGEL, "Ονος λύρας. Der Esel mit der Leier, Dusseldorf, 1973, pp. 188-189, etc.
(*) En l'honneur d'Arès, à Thérapnè : PAUS., III, 14, 9 ; 20, 2 ; en l'honneur
d'Hécate κυνοσφαγής (LYCOPHR., Alex., 77), à Colophon : PAUS., /./. ; cf.
H. SCHOLZ, Der Hund in der griech.röm. Magie und Religion, Berlin, 1937.
pp. 4043; d'autre part, offrande aux chiens d'Asclépios: S.I.G.', 1040,
11. 910 (IVe
siècle avant J.C.) ; cf. D. GOURÉVITCH, Le chien, de la thérapeutique
populaire aux cultes sanitaires, dans Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École
française de Rome, 80 (1968), pp. 247281 ; cf. H . SCHOLZ, o.l., pp. 4649.
(*) Les rituels de certaines fêtes, telles les Bouphonia à Athènes (cf. L . DEUH
NER. Attische Feste', Berlin, 1966, pp. 158174) ou celle célébrée à Lindos ([APD.],
Bibl., 11,5, 1
L 8 ; PHILOSTR., Im., II, 24) et les légendes étiologiques (cf., par ex..
PAUS., IX, 12, ι) trahissent les hésitations relatives aux sacrifices de certaines
catégories d'animaux domestiques. Cf. Γ . PESTALOZZA, Le origini delle Buphonia
ateniesi, dans Rendiconti dell'Istituto Lombarde, 8990 (1956), pp. 433454.
(') Les porcs sont, par nature, destinés au sacrifice : cf. ΑΤΗ., IX, 374 D 376 E
avec citation d'AGATHOCLÈS, 472 F 1 a J . (interdits locaux, ici en Crète) ; PORPH ,
De Abst., III, 20 Agathoclès atteste l'existence chez les Praisioi de l'Inde de
sacrifices destinés au porc. On connaît, d'autre part, une inscription de Théra
(S.G.D.I., III, 4758 = LG., XII 3, 418) ainsi libellée: Ύς Αάματρ.ο.ς καί ? K'ô j> ας . Les éditeurs se divisent sur le point de savoir si l'inscription est ou non mutilée à gauche. Ceux qui préconisent la première possibilité restituent [ίερε]ύς (cf. F HILLER VON GAERTRINGEN - Ρ W i L S K Y , Stadigeschichte von Thera, III
122 L E S M A M M I F È R E S
caprins et les bovins (8). Il n'est pas rare que des espaces aient été ménagés dans les sanctuaires pour laisser paître, en liberté et affranchis de tout travail, les animaux (cfyeroi, άνετοι) destinés aux autels (*).
Dans la plupart des cas, des instructions précises stipulent (10
),
en fonction de la personnalité du destinataire sacré, des cir
constances particulières dans lesquelles le sacrifice est célébré et
des effets que le dédicant en escompte, les qualités de la victime
et les critères qui permettront d'en faire le choix. Car pas plus que
l'espèce, les caractères physiques, — conformation, sexe, âge,
couleur, — ne sont indifférents (u
). Le premier devoir impose, à
de rares exceptions près (12
), de ne présenter que des animaux
irréprochables, exempts de malformation et de mutilation (13
).
[Berlin, 1904], p. 71), les autres considèrent qu'il s'agit d'une nouvelle attestation
de desservant à nom d'animal. Le porc occupe indiscutablement une place impor
tante dans les rites démétriaques. La question reste cependant ouverte, faute
d'indices indépendants. La roche sur laquelle le texte a été gravé se trouve trop
attaquée par des parasites pour que l'on puisse trancher à coup sûr dans un sens
ou dans l'autre.
(*) Souda, θ 617 : ότι έξ θυοίαι έξ έμψυχων έθΰοντο, προβάτου, ύός, aiyôç, βοάς, όρνιθος, χηνός ' έθύίτο έβδομος ό έξ άλιύρου, και ζήτίΐ έν τω βοΰς έβδομος- Cf. Β 457 (= DIOGÉNIEN, 3. 5° LeutschSchneidewin [C.P.G., I, p. 224]). Cf. E . MAYR
HOFERPASSLER, Haustieropfer bei den Indoiraniern und den anderen Indogerma
nischen Völkern, dans Archiv Orientdlni, 21 (1953), PP 182205. Les questions
relatives à la démographie animale dans l'Antiquité ne sont pas les moins déli
cates à résoudre. Cf. P. GUIRAUD, o.l., pp. 506512 ; A. JARDÉ, Les céréales dans
l'Antiquité grecque, Paris, 1925, pp. 124127 ; Fr. N. EGERTON, Ancient Sources
for Animal Demography, dans Isis, 59 (1968), pp. 174189.
(·) Cf. Th. HOMOLLE, art. Donarium, dansDt'ci. Ant., II (Paris, 1892), col. 370 B.
(10
) Sur toutes ces questions qui, du point de vue institutionnel, demande
raient une étude exhaustive, préliminaire indispensable à leur interprétation,
cf., outre Ph.E. LEGRAND, art. Sacrificium, dans Diet. Ant., IV, 2 (1911).
col. 958 A 961 B et L. ZIEHEN, art. Opfer, dans R.E., X V I I I , 1 (1939), col. 588
597 : P. STENGEL, Opferbräuche der Griechen, LeipzigBerlin, 1910 ; K . MEULI,
Griechische Opferbräuche, dans Phyllobolia für P. Von der Mühll, Bâle, 1946,
pp. 188255.
(u
) « La faculté d'offrir une victime quelconque est signalée, là où elle existe,
en des termes formels, comme une chose n'allant pas de soi » (Ph.E. LEGRAND).
Cf. PAUS., VIII , 37, 8 ; I X , 19, 7 ; F. SOKOLOWSKI, Lots sacrées des cités grecques,
Suppl., Paris, 1962, 67 (Thasos, IVE
s . av. J.C), 11. 24 : βόν ή αΐγ[α rj κριον θύειν], \ οί δέ ίδι[ώται 5 τι άν] | θέλω[σιν .
(") Cf. ARISTT., fr. ιοί Rose (cité par ΑΤΗ., X V , 674 F) ; HELLANICOS DE
LESBOS, 323 a F 13 J . ; PHANODÉMOS, 325 F 3 J . ; EUPHRONIOS, fr. 71 Strecker
(cités par schol. V ARISTOPH., Ois., 873) ; ÉLIEN, N.A., X I I , 34; [PLAT.], Second
Alcib., 149 A ; F. SOKOLOWSKI, o.l., 37 (Delphes, vers 480-470 av. J.-C).
(LA
) ARISTT., ; Luc, De sacrificiis, 12 ; PLUT., De defectu oracul., 49 {Mor.,
437 A-B).
L E S M A M M I F È R E S 123
À l'accoutumée, leur agréation est soumise aux divers contrôles
des fonctionnaires religieux (u
).
La règle générale d'après laquelle les animaux mâles auraient
été réservés aux dieux et les animaux femelles aux déesses se
résout, dans la pratique, en des applications beaucoup plus diver
sifiées et subtiles que ne le laissent entendre les auteurs qui l'ont
formulée (u
). Tout au plus, les sources littéraires et épigraphiques
permettentelles de dégager des tendances où les deux possibilités
tantôt s'excluent, tantôt coexistent ou se succèdent (1β
). La
victime mâle, toujours appréciée de Zeus et de Poseidon, est
requise pour solenniser les serments qui associent souvent, comme
garants, dieux et déesses à la fois (l7
). En dehors de cette
situation, le sacrifice appelé τρίττοια (1β), au cours duquel sont immolés les mâles des grandes espèces domestiques, est adressé
aux dieux (1β
) non moins qu'aux déesses (î0
), à qui l'on réserve,
par ailleurs, surtout lorsqu'on attend d'elles qu'elles assurent la
fertilité et la fécondité, des victimes femelles (2l
).
(") Notamment les hiéïopes. C L J. OEHLER, art. 'Itponoioi, dans R.E.,
VIII , 2 (1913), col. 15851588.
(»«) Par exemple, ARNOBE, Adver SUS nationes, VII, 19, 1 : dis feminis feminas,
mares maribus hostias tmmolare abstrusa et interior ratio est vulgique a cognittone
dimota. (2) ... ex stultisstmis ... opinattonibus.
( ' · ) Cf. P. STENGEL, o.l.. pp. 1 9 1 1 9 6 ; L. ZIEHEN, /./., col. 594595
(") Cf. M. P. NILSSON, Gesch. der griech. Religion, IS
, pp. 139142.
('») Cf. L. ZIEHEN, art. Τρίττοια, dans R.-E.. VII A, 1 (1939), col. 328-329; sur l'alternance TOITTÙÇ, Τρίττοια, cf. E. SCHWYZER, Griech. Grammatik, I (Munich, 1934). P 597
('») Taureau, bélier, verrat ; HOM., Λ 131 (pour Poseidon) ; cf. EUST., 1676,
34-42 [ad l.l.) ; XÉN., Anab., II, 2, 9 (pour sanctionner l'alliance, sous serment,
des Grecs avec Ariée) ; CALLIM , fr. 578 Pfeiffer. Taureau, verrat, bouc : PHOTIOS,
Lex., s.v. Τριττύαν Naber (II, p. 227) ; Etym. magnum, 768, 17-19 (citant, tous deux, ISTROS, 334 F 51 J ). Bouc, bélier, verrat; ARISTOPH., Ploutos, 820 (pour
Asclépios); Souda, T 1030; etc.
(*°) En l'honneur des déesses d'Éleusis, quelquefois associées à d'autres
divinités. Cf., par exemple, F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris,
1969, 4 (règlement, début du VE
s. av. J.-C), 1. 5 ; 5 (décret, vers 423-422),
1. 37. EUST., 1425, 62-63 (ad HOM., α 399) : le triple sacrifice est dédié à Hélène
et aux Dioscures.
(") Le cas de Déméter est particulièrement net Cf. F. SOKOLOWSKI, O.!., 65
(Andanie, 9 2 av. J.-C), 1. 68 : Δάματρι am ιπίτοκα ; q6 (Myconos. vers 2 0 0 av. J .-C), 11. 11-12 ; Hts I δύο καλλιστ(ύονααι- ή irlpa ΐγκύμ[ων] ; 1. 16 : δν ένκύμονα πρωτοτόκον : S.I.G.', Ι025 (Cos, vers 300 av. J.-C), 1. 61 : ôïs réXtws «ai rtÀéa
Kvéoaa. Cf. CoRNUTUS, Titp'i 0tûv, 28 Lang (p. 56. 1 6) : βύουσι δ'ίΐ ι'γκΰμονας TTj Δ-ημ-ητρι nâvv oiVeouî.
124 LES MAMMIFÈRES
Le nom même qui désigne l'espèce à sacrifier, — génisse (22
),
chevreau (23
), porcelet (24
), agneau (26
), — fixe implicitement
l'âge de la victime. Pour réduire cependant la part d'approxi
mation qui affecte de telles mentions, les rituels précisent sou
vent qu'il s'agira d'un animal de lait (2e
), d'un spécimen soit
adulte (27
), soit âgé d'une (2e
) ou de plusieurs années (2e
). Le
souci de procurer une viande savoureuse n'est pas étranger
à ces détails qui placent l'abattage au moment où la chair
peut être avantageusement consommée. Encore fautil ne pas
décimer les troupeaux ni leur faire perdre toute rentabi
lité (30
). De là viennent, en Attique par exemple, les inter
dictions d'immoler une brebis avant qu'elle ait mis bas ou
(22
) Cette référence et celles qui figurent dans les notes suivantes sont données
à titre d'exemples. Cf. F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl.,
Paris, 1962, 101 (Camiros, IIIe
s. avant J.C), 1. 4 : δάμαλιν. (") F . SOKOLOWSKI, o.l., nofPérée de Rhodes?, époque romaine), 1. 2 : âpva ή
ίριφον (pour Aphrodite), 1. 4 : (ρίφους δυο (pour Aphrodite) ; Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 142 (Lindos, IIIe s. avant J.-C), U. 4-6: ίριφον \ XeuKàv
r) πυρ | pôv (pour Hélios).
(") HÉNIOCHOS, fr. 2, 2 Kock (C.A.F., II, p. 432) : ... τον χοΐρον λαβών; F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl., Paris, 1962, 94 (Camiros,
IIIe
s. avant J.-C), 1. 6 : χοΐρον (pour Poseidon) ainsi qu'un taureau (11. 3-5: ταΰρον I [μ]ή vewTcpov | [eJvtauTi'oy) et un bélier (11. 11-12: κριον rrpa- | τήνιον).
( , S) F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 18 B (Attique, IV e s. avant J.-C, première moitié), 11. 17-18: άμ- \ νή Χιυκή (pour Basilè) ; 96
(Myconos, vers 200 avant J.-C), 1. 9: αμνό; XCUKOS ένόρχης (pour Poséidon).
Cf. aussi Lois sacrées des cités grecques, Suppl., 101,11. 3,5 : une brebis en l'honneur
des Muses et de Mnémosyne (Camiros, IIIe
s. avant J.-C).
(28
) Outre HÉNIOCHOS cité ci-dessus (cf. n. 24), PHÉRÉCRATÈS, fr. 28 Kock
(C.A.F., I, p. 153) : γαλαθψον ... υν ; noter l'insistance dans l'expression d'ATHÉ-
NÉE, IV, 139 Β : γαΧαθηνούς ορθαγορίσκους. Cf. F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des
cités grecques, Paris, 1969, 1 A (Athènes, Ve
s. avant J.-C, première moitié), 11. 9,
14; 29 (Athènes, IVe
s. avant J.-C), 11. 6-7; 45 (Pirée, IVe
s. avant J.-C), 1, 4;
169 A (Isthmos [Cos], IIIe
s. avant J.-C), 11. 9-10; etc.
(2
') T H U C , V, 47, 8; cf. HÉSYCH., T 401. F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des
cités grecques, Paris, 1969, 10 C (Athènes, avant 460 avant J.-C), 1. n ; 29
(Athènes, IVe
s. avant J.-C, seconde moitié), 1. 6; etc.
(28
) HOM., Z 93-94 : δυοκαίδίκα βοΰς ... | ήνις ήκέστας ; cf. Κ 292 ; y 382 ; etc. — F . SOKOLOWSKI, o.l., 96 (Myconos, vers 200 avant J.-C), 1. 25 : δίρτά μίΧανα €ττ/σι[α].
(2B) HOM., Β 402-403 : βοΰν ... | πίονα πινταίτηρον ; ISTROS, 334 F 5 1 J - '. cf. L. ZIEHEN, /./., col. 595-597.
(30) Stella GEORGOUDI, Quelques problèmes de la transhumance, dans R.E.G., 87 (1974). p. 178.
LES MAMMIFÈRES I25
qu'elle ait été tondue (31
), un agneau avant qu'il ait donné sa
première laine (32
).
Quant à la couleur de la robe des victimes, elle suscite des
observations voisines de celles qui ont été faites à propos de leur
sexe. À en croire Eusèbe (33
) ou Arnobe (34
), les divinités oura
niennes n'auraient jamais agréé que des animaux au pelage clair,
les divinités chthoniennes auraient toujours exigé des teintes
noires ou sombres. De fait, les victimes de ce type étaient,
sembletil, exclues du culte d'Hélios (35
), tandis que, lors des céré
monies en l'honneur des dieux d'en bas (36
), des morts et des
héros (3
'), elles étaient, seules, acceptées. Entre ces deux extrêmes,
pourtant, les autres divinités, dont la personnalité complexe
exerce des prérogatives et célestes et souterraines, sont honorées,
selon les circonstances où on les implore, par des animaux de
différentes teintes (38
) qui ne sont pas le signe de l'incohérence
que les auteurs postérieurs ont cru y découvrir.
Qu'elles portent sur la couleur, l'âge, le sexe, la conformation
ou l'espèce, les prescriptions rituelles qui concernent la nature
des victimes illustrent, une fois encore, la diversité qui caracté
rise le fonctionnement même de la religion. Elles reflètent la
volonté, constamment réexprimée, de ne pas négliger les détails
capables de doter les gestes cultuels d'une plus totale efficacité
dans la mesure où ils matérialisent entre l'animal et la divinité
une corrélation de nature.
(31
) ANDROTION, 324 F 55 J. : μή αφάτταν πρόβατον απίκτον ή άτοκον (cité
par ΑΤΗ., IX, 375 Β) ; cf. F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris,
196g, 169 A (Isthmos [Cos], IIP's. avant J. C) , 1. 6 : [of»j ΐπίποκον. Cf. p. 126, n. 46. (**) PHILOCHORE, 328 F 169 a J. : κίκωλΰαθαι ... άνίκτου àpvàs μη&ίνα γ(ύ(σθαι ;
cf. 169 b (sur l'interdiction relative au sacrifice des bovidés). Les deux fragments
sont cités par ATHÉNÉE, respectivement en I, 9 D et en IX, 375 C,
(33
) EUSÈBE, Praep. evang., IV, 9, 37.
(34
) ARNOBE, Adv. nat., VII, 19, 47.
(") Cf. F. SOKOLOWSKI, LOIS sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 142 (cité
cidessus, p. 124, n. 23) ; PHILOSTR., Hér.. X, 2 Kayser (II, p, 177). D'autres réfé
rences: cidessous, p. 151, n. 220.
(3
*) HOM., Γ 103 (pour Gaia) ; PLUT., LUC, IO, I (pour Phéréphatta) ; etc.
(*') HOM., K 527 ; A 3233 : EUR., El., 513 ; STRAB., VI, 3, 9, 284 C ; PAUS..
V, 13, 2 ; X, 29, ι ; etc.
(") HOM., y 6 et schol. P S V ad IX. (sacrifice de taureaux noirs en l'honneur
de Poseidon) : comparer PIND., 01., 13, 6869b
(immolation d'un taureau blanc
au même dieu). Cf. F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969,
96 (Myconos, vers 200 avant J. C) , U. 6, 9 (bélier et agneau blancs pour Poseidon).
— DIOG. LAËRCE, Vies des philosophes, 1, 110 (purification d'Athènes par Épi
ménide) : Λαβών πρόβατα μίλανά re και λ(υκά.
I 2 Ó L E S M A M M I F È R E S
En réclamant ici tel type de victime, en excluant là tel autre,
les textes relatifs à l'organisation des sacrifices font aussi con
naître les répulsions et les préférences qui, en la matière, ont
été prêtées aux dieux. Elles varient parfois d'un sanctuaire à
l'autre et sont fondées, quand une justification les accompagne,
sur des motifs très inégaux qui peuvent paraître superficiels (3i
).
Parallèlement aux indications étiologiques, les épiclèses en
-φάγος (mangeur) et en -βόλος (perceur), telles αίγοφάγος ( 4 0 ) , αίγοβόλος (41), κριοφάγος ( 4 2 ) , ταυροφάγος (4S), ταυροβόλος ( 4 4 ) , χοφοσφάγος (4δ), sanctionnent les données éparses qui révèlent
les choix de victimes domestiques et confirment l'exactitude des
énumérations que produisent les lexicographes en définissant
le sacrifice sanglant. D'autre part, les statues cultuelles, souvent
inspirées par les traditions et les usages des sanctuaires, ont,
elles aussi, perpétué les affinités distinctives des dieux pour les
différentes espèces animales (4e
).
(") Ainsi le chien est sacrifié à Arès parce qu'il est l'animal le plus vaillant
(τό άλκιμωτατον ζψον) et qu'il convient donc au plus vaillant des dieux (θέων τώ αλκιμιοτάτψ) : PAUS., III, 14, 9 ; la préférence d'Apollon pour les bovidés s'ex
plique par les troupeaux qu'il possédait : PAUS.. VII , 20, 34 ; etc. Cf. Ph.E.
LEGRAND, art. Sacrificium, dans Diet, Ant., IV, 2 (Paris, 1911), col. 959 A B .
(40
) Héra à Lacédémone : PAUS., III, 15, 9 Móvon δί Ελλήνων Λακεδαιμόνιοι! καθεστηκεν Ήραν επονομάζειν ΑΙγοφάγον. Cf. HÉSYCH., A 1737 ; Etym. magn.,
27, 51. De même Zeus : NICANDRE, fr. 99 (Schneider p. 127). Dans l'ensemble des
victimes domestiques, la chèvre semble cependant la moins appréciée, excepté par
les bergers qui sollicitent la protection, principalement en Arcadie, de l'agreste
Pan, le chèvre-pieds. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, IS
,
pp. 235-236.
(") Dionysos à Potniae : PAUS., I X , 8, 2 ; cf. Dionysos Μελάναιγα à Hermionè :
PAUS., II, 35, 1.
(*·) HÉSYCH., K 4144 : κριοφάγο! θεόί TU, φ κριοί θύονται. Cf. Hermès à
Corinthe : PAUS., II, 3, 4 ; à Œchalie : PAUS., IV, 33, 4 ; à Olympie : PAUS.,
V, 27, 8 ; à Tanagra : PAUS., I X , 22, 1.
(45
) Dionysos: SOPH., fr. 607 N.*; HÉSYCH., Γ 254; Etym. magn., 747, 48.
(4
*) Quand elle est portée par Artémis, cette épiclèse est concurrencée par la
forme Ταυροπόλοι. APOLLODORE (244 F i n a-b J.) les explique par référence
au taureau; cf. Souda, T 164, 165; PHOTIOS, S.V. Ταυροπόλον Naber (II, p. 201). La forme Ταυροπόλο! désigne cependant aussi l'Artémis de Tauride: EUR., I.T.,
1457 ; ARISTOPH., Lys., 447 ; Etym. magn., 747, 1. 52-748 1. 3. En revanche, quand
l'épiclèse est attribuée à Athéna (cf. Souda, T 161 Ταυροβάλο! ' ή 'Αθψά), sous la forme Ταυροβάλο!, elle est liée au rôle des taureaux dans le culte de la déesse :
XÉNOMÈDE DE CÉOS, 442 F 2 J . (à Andros) ; [E.] ORTH, art. Stier, dans R.E., III
A, 2 (1929), col. 25141515.
(4 6
) HÉSYCHIOS, X 600 : χοιροσφάγο! • θύτη!. Cf. ci-dessus, pp. 121-122, n. 7. ( 4·) Par exemple, Hermès criophore représenté notamment par Onatas
d'Égine, dans le sanctuaire d'Olympie (PAUS., V , 27, 8) ou la célèbre Aphrodite
LES MAMMIFÈRES I27
Tout en étant moins universellement répandus, les animaux
sauvages sont cependant bien représentés. Dans une religion où
la Πότνια θηρών des origines n'a cessé d'exercer son influence, i l
n'est pas besoin de faire appel aux panthères de Dionysos (47) ou
aux lionnes de DéméterCybèle (4e), héritées du passé oriental,
pour rendre compte du rôle qu'y ont joué les espèces inap
privoisées. Comme le pêcheur ou l'oiseleur, le chasseur offre, en
sacrifice privé, aux dieux qui le favorisent, les produits quelque
fois inattendus de son activité (4e). Artémis est ici prépondérante
puisque la protectrice des hôtes des bois (δ0) est en même temps
chasseresse acharnée (51). Elle était, en Attique (62), officiellement
honorée sous le vocable Έλαφηβόλος (*3), mais c'est à Hyam-polis (M) et surtout à Patras (5S) que son culte prenait la forme la
Έπιτραγία, œuvre de Scopas souvent imitée dans les arts mineurs : Ch. PICARD,
Manuel d'archéologie, III (Paris, 1948), pp. 698703 ; L. LACROIX, Les reproductions
de statues sur les monnaies grecques, Liège, 1949, pp. 316317 ; H. METZGER,
Les représentations dans la céramique attique du IV' siècle, Paris, 1951, p. 67. —
Cf. aussi, à Samos, l'exvoto du mouton d'or consacré à Héra : ARISTT., fr. 572
Rose.
(«') ΑΤΗ., II, 38 E ; EUST., 1910,1822 (ad HOM., φ 296) ; cf. J CHARBONNEAUX
R. MARTIN Fr. VILLARD, Grèce hellénistique, Paris, 1970, fig. 97 (Pella, mosaï
que), fig. 192 (Délos, maison des masques, IIe
siècle avant J.C). H. JEANMAIRE,
Dionysos, Paris, 1951, pp. 262263.
(") Cf. Simone MOLLARDBESQUES, Cal. des figurines et reliefs, Louvre, I
(Paris, 1954), pl. LXXI, C 92 (Thèbes, milieu IV« siècle avant J.C.) ; cf. B.C.H.,
85 (1961), p. 921, fig. 12 (Artémision de Thasos).
(") ZONAS, A.P., VI, 106 (dépouille de loup offerte à Pan) ; ANTIPATER DE
SIDON, ibid., 111 (cornes de cervidé femelle offertes à Artémis) ; PERSÈS, ibid., 112
(trois têtes de cerf offertes à Apollon) ; ANTIPATER DE SIDON, ibid., 115 (dépouille
d'un taureau sauvage dédiée à Héraclès) ; ALPHÉE DE MYTILÈNE, ibid., 187, 4
(prémices de la chasse dédiées par Damis) ; etc.
(") Έλαφία ou ΈΧαφιαία, notamment à Olympie (STRAB., VIII, 3, 12,
343 C.) et à Élis (PAUS., VI, 22, 10).
(") PAUS., I, 19, 6 : και vais 'Αγροτίρας éariv 'Αρτίμιοος ' (νταΰθα "Άρπμιν πρώτον θηρΐνσαι λίγονσιν (Χθονσαν ΐκ 4rjXov κα'ι το άγαΧμα δίά τοΰτο «yci τό^ομ. Cf. Η. GALLET DE SANTERRE, Délos primitive et archaïque, Paris, 1958, p. 130
(offrandes d'armes de chasse).
(") De même, très probablement qu'à Iasos et à Apollonia, où est attesté
le mois d*Élaphébolion : cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I",
Ρ· 483
(") Le nom lui est déjà donné dans l'Hymne hom. Artémis (2), 2. Sur les
Élaphébolia attiques : L. DEUBNER, Attische Feste', pp. 209210.
('*) PLUT., Mul. virt., 2 (Mor., 244 BΕ). Il s'agit aussi d'Élaphébolia.
(**) PAUS., VII, 18, 11 (TOÔVOS ίττιχώριος θνσιας) - 1$. Cf. J . HERBILLON, Les cultes de Patras, Baltimore, 1929, pp. 64-73. D e s holocaustes apparentés à celui de Patras, encore que la nature des victimes y soit moins variée, sont attestés en l'honneur d'Ilithye, en Messénie (PAUS., IV, 31, 9) et d'Isis, à Tithoréa
128 LES MAMMIFÈRES
plus spectaculaire. Lors de la fête des Laphria en effet, on lui
dédiait en holocauste des oiseaux comestibles, des sangliers (5e),
des biches, des chevreuils, des louveteaux et des oursons, des
loups et des ours, le lendemain de la procession durant laquelle
la prêtresse, à l'image de la déesse (5'), était transportée sur un
char tiré par des cerfs.
Dionysos, dont la prédilection est grande pour les animaux
prolifiques et souvent indomptés que sont le bouc et le taureau,
règne sur la faune en tant que maître de la fécondité (δ8). Dans
les rites orgiaques, i l est associé au chevreuil et au louveteau
qu'allaitent les bacchantes (5e), comme au chevreau et au faon
qu'elles déchirent pour la communion du diasparagmos (eo
).
Parmi les espèces sauvages qui interviennent encore auprès
des dieux, le loup apparaît en relation avec Apollon et avec Zeus.
Le fils de Létô (61) reçoit, en divers lieux, l'épiclèse Λΰκΐίος ( 6 2 ) . Le rapport de cette appellation avec le nom du loup a été con
testé dès l'Antiquité (e3). Néanmoins, Apollon a été considéré
comme un dieu au loup, d'autant que, pour garantir la sécurité des
troupeaux (64), i l lui incombait d'écarter et de tuer cet animal.
Le titre de λυκοκτόνος lui était, en conséquence, décerné en
plusieurs endroits du Péloponnèse (65), tandis qu'à Argos on lui
offrait des loups en sacrifice (β β). Toutefois, les rites les plus
(PAUS., X , 32, 16). — À son sanctuaire arcadien du mont Lycée, c'est un san
glier que l'on sacrifiait annuellement à Apollon Épicourios (PAUS., VIII, 38, 8).
(SE
) À Samos, la déesse reçoit l'épiclèse καπροφάγος : HÉSYCH., K 745.
(") CALLIM., Hymnes, 3 (À Artémis), 110113.
(se
) Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3
, pp. 571576; ci
dessous, pp. 149151.
(6 I
) EUR., Bacch., 699700.
(">) Cf. H . JEANMAIRE, o.l., pp. 8283, 253254. — L e s
habitants de Méta
ponte vénéraient Dionysos 'Ερίφιος, ainsi qu'en témoigne APD., 244 F 132 J .
(cité par STÉPH. DE BYZANCE, S.V. 'Ακρώραα). (β1) Létô ellemême était venue, selon la tradition, du pays des Hyperboréens
sous la forme d'une louve : ARISTT., H.A., V I , 580 a 1719 ; ÉLIEN, N.A., IV,
4 ; X , 26 ; schol. L APOLL. RH., Arg., II, 123. Cf. ANTON. LIB., 35.
(6A
) ESCH., Again., 1257 ; SOPH., Él., 655, 1379 ; CALLIM., fr. 261, 2 Pfeiffer ;
etc.
(«3
) Cf. [K.] SCHIRMER, art. Lykeios, dans Aus/. Lex., II (18941897), col. 2175
2177 ; H . KRUSE, art. Lykeios, dans R.E., X I I I (1927), col. 22682270. H . FRISK,
Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 143144.
(64
) Apollon est honoré sous le nom de Kapvelos et de Νόμιος : cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3, pp. 536-538.
(ES) HÉSYCH., Λ 13891390 ; cf. PAUS., II, 9, 7 ; 19, 3.
(ΒΒ
) SOPH., ÉL, 6 et scholie L; cf. R. C. JEBB, Sophocles. The Plays and Frag
ments, V I (Cambridge, 1894), pp. 205206.
L E S M A M M I F È R E S 129
spécifiques auxquels le loup est intégré se localisent en Arcadie,
au sommet du mont Lycée, où l'on célébrait le culte de Zeus
Λνκαιος (67). Marqués par des interdits de toutes sortes, ils se
déroulaient en secret et aboutissaient notamment, pour ceux qui
consommaient la chair de la victime humaine, à la métamorphose
en loup (e8
). H. Jeanmaire et, plus récemment, Giulia Piccaluga
ont tiré tout le parti possible des informations anciennes rela
tives à cette question difficile où l'affabulation le dispute souvent
aux réticences pour dévoiler des rites incompris. Vraisemblable
ment perpétué jusqu'à l'époque romaine, le sacrifice en l'honneur
de Zeus Lykaios doit être interprété « comme l'héritage et, dans
une certaine mesure, le substitut des pratiques d'une confrérie
dont les membres étaient réputés et se réputaient euxmêmes
loupsgarous » (ββ
). Il s'insère dans un ensemble de rites et de
mythes ambivalents qui éclaire les rapports de l'ordre divin avec
l'ordre humain et les croyances relatives aux origines de la
civilisation, tels qu'ils étaient formulés dans la pensée
archaïque (70
). Le loup y conserve, à travers les développements
pathologiques de la lycanthropie, le souvenir des conceptions les
plus primitives et fait découvrir un aspect unique du zoomor
phisme dans la religion grecque.
L'ours
Des rites essentiels ont, dans toutes les collectivités antiques,
consacré le passage des membres de la communauté d'une classe
à une autre Ceux qui régissaient, au moment de l'ado
lescence, l'initiation des garçons et celle des filles, n'étaient pas
(·') Mêmes hésitations en ce qui concerne l'étymologie que celles observées
à propos de l'épiclèse d'Apollon (cidessus, p. 128, n. 63). Cf. O. HOFER, art.
Lykaios, dans Ausf. Lex., II (18941897), col. 21662168; H . KRUSE, art. Lykaios,
dans R.E., XI I I (1927), col. 22442246.
(·») PAUS., VIII, 2, 16; 38, 67.
(··) H . JEANMAIRE, Couroi et courètes, Lille, 1939, p. 559. Cf. J . PRZYLUSKI,
Les confréries de loupsgarous dans les sociétés indoeuropéennes, dans R.H.R.,
21 (1940), pp. 129145 ; L. GERNET, Anthropologie de la Grèce antique, Paris,
1968, pp, 154158.
('») Giulia PICCALUGA, Lykaon un terna mitico, Rome, 1968, pp. 1598.
(") Cf. A. VAN GENNEP, Les rites de passage, Paris, 1909, pp. 93163.
130 L E S M A M M I F È R E S
les moins décisifs puisqu'ils engageaient l'existence et la perpétuation de la société entière (72).
À Athènes, la présentation des garçons à la phratrie se déroulait, lors de la fête des Apatouries, sous l'égide des divinités poliades, Athéna Phratria et Zeus Phratrios (73). L'ensemble des cérémonies destinées aux filles des citoyens (74) était placé sous la protection d'Artémis et sous le signe de l'ours. Les jeunes initiées portaient, en effet, le nom à'άρκτοι. (75) et le verbe dérivé άρκτ€0€ΐν ('·) servait à exprimer le rôle qui leur incombait durant la célébration de ϊάρκτεία (77). Celle-ci se déroulait extra muros,
dans le sanctuaire d'Artémis à Brauron (78), mais elle a pu con
naître certains développements à Munychie (79), où la déesse
(") H. JEANMAIRE, Couroi et courètes, Lille, 1939, pp. 228375 ; A. BRELICH,
Paides e Parthenoi, Rome, 1967, pp. 229311.
('3
) L. DEUBNER, Attische Feste', pp. 232234 ; H. JEANMAIRE, o.l., pp. 379
383; cf. cidessous, p. 134, n. n i .
('«) Il est possible que l'engagement des fillettes soit devenu avec le temps
« une pratique de caractère plus restreint, conservée dans certaines familles
traditionalistes » (H. JEANMAIRE, o.l., p. 260}. Les témoignages anciens sont
cependant unanimes (cf. schol. R V ARISTOPH., Lys., 645) : παρθενον πάοαν μιμήσασθαι τήν άρκτοι».
('J) ARISTOPH., Lys., 645 : κάτ' έχουσα τον κροκωτάν άρκτος ή Βραυρωνίοις et schol. R V ; cf. fr. 370 Kock (CA .F., I, p. 489) ; EUR., fr. 767 N A Étymologie : R. FOHALLE, Noms d'animaux et noms de plantes en grec ancien, dans Serta Leo-diensia, Liège-Paris, 1930, p. 149; P. CHANTRAINE, Diet, étym., I, pp. 110. Il existe un doublet ό άρκοϊ (cf. E . SCHWYZER, Grammatik der griech. Sprache, I, pp. 325-326 : - κτ - /- κ -) attesté dans la langue hellénistique : cf. L. ROBERT, Monuments de gladiateurs dans l'Orient grec, dans Hellenica, V (Paris, 1948), p. 88 ; ci-dessous, — outre L BEKKER, Anecd. graeca, I, p. 445,11. 14-19, — P- t39. n. 138; p. 141, n. 150.
(") Également attesté au médio-passif, sans autre différence que de souligner l'intérêt du sujet à l'action : HARPOCR., S.V. άρκτεΰααι ; HÉSYCH., A 7281 ; Souda,
A 3959 ; BEKKER, Anecd. gr., I, pp. 444-445 ; schol. R V ARISTOPH., Lys., 645.
(") HÉSYCHIOS, A 7281 : r; τών άρκτευομένων παρθένων τελετή. Sur ce type de formation : P. CHANTRAINE, Formation des noms en grec ancien, pp. 78-79, 83; cf. ci-dessus, p. 38, n. 176 (εσαήν - εσσηνία).
C*) De là le nom de la fête : τά Βραυρώνια et, pour Artémis, l'épiclèse Bpav-
ρωνία. Cf. ARISTOPH., /./. et scholie (ci-dessus, n. 76). (") La scholie V ARISTOPH., Lys., 645 porte l'indication συνετέλουν τήν ΰυσίαν
τή Βραυρωνία 'Αρτεμιοι κα'ι τή Μουνυχία, tandis qu'on lit chez Harpocration (s.v. άρκτεΰσαι) τή 'Αρτεμιοι τή Μουνυχία ή τή Βραυρωνία. D'autre part, un des principaux récits étiologiques relatifs au rôle des άρκτοι situe à Munychie les faits mythiques qui auraient été à l'origine des rites brauroniens (cf. Souda, E 937 ; Append, proverb., 2, 54 Leutsch-Schneidewin [C. P. G., I, p. 402]; BEKKER, Anecd. gr., I, p. 445, U. 1-2 : au Pirée). A. MOMMSEN (Feste der Stadt Athen im Altertum, Leipzig, 1898, pp. 453-454) tendait à croire que les rites se déroulaient dans les deux sanctuaires ; M. P. NILSSON (Geschichte der griech. Religion, l 3 ,
L E S M A M M I F È R E S
possédait un autre sanctuaire réputé (80), et au cœur même d'Athènes, dans l'enclos sacré qui lui avait été voué sur l'Acropole (81). L'époque de la fête demeure inconnue (8Î) et sa durée ne peut être précisée (83). Toutefois, la découverte du 'Portique des Ourses ' à Brauron a rendu plausibles les conjectures de Papa-dimitriou au sujet de la prolongation de l'engagement sur un laps de temps relativement long (M). Les rites, en partie secrets (85), comportaient le sacrifice d'une chèvre (8e), peut-être une procession (87),
p. 485, n. 6) est du même avis. Le doute cependant subsiste. Lilly GHALI-KAHIL (Autour d'Artémis attique, dans Ant. Kunst, 8 [1965], pp. 20-33) a confronté les cratérisques découverts à Brauron et à Munychie. Ils appartiennent à la même époque (Ve-IV« siècle avant J.-C), portent le même décor peint, à ceci près que les fillettes qui sont représentées sur les vases brauroniens sont absentes de ceux qui proviennent de Munychie.
(,0) Cf. L. DEUBNER, o.l., pp. 204-207. (·') J . TRAVLOS, Pictorial Dictionary 0/ Ancient Athens, New York - Washington,
1971, pp. 124-125. Cf. Ch. BouRAS, Ή άναστήλωσις τής Στοάς τής Βραυρώνος, Athènes, 1967 À l'opposé de ce qui est couramment admis quant à la création de ce sanctuaire à l'époque archaïque, C. N. EDMONSON, (Brauronian Artemis in Athens, cf. A.J.A., 72 [1968], pp. 164-165) la situe au IV e siècle avant J . - C , en relation avec les ravages de la guerre du Péloponnèse.
(·*) Cf. L. DEUBNER, o.l., p. 207. Toutefois, le raid que les Lemniens (HDT., VI, 138; PHILOCHORE, 328 F 101 J.) lancèrent par mer (άποττλεovTtς) contre le sanctuaire à l'époque de célébrations qui sont, selon toute vraisemblance,
celles de Ι'άρκτεΙα (cf. ci-dessous, n. 87) implique que les fêtes se déroulaient
durant la saison favorable à la navigation, entre le printemps et l'automne.
(") H . JEANMAIRE, o.l., p. 262. Les compagnes de Lysistrata proclament
qu'elles ont été nourries dans le luxe et l'éclat par la cité (vers 638-640), sans
que l'on puisse toutefois affirmer que cette faveur s'est prolongée, en ce qui
concerne Γάρκτίΐ'α, pendant un laps de temps analogue à celui de l'arrhéphorie
(vers 641).
(") Cf. J . PAPADIMITRIOU, The Sanctuary of Artemis at Brauron, dans Scien
tific American, juin 1963, pp. 110120 (notamment pp. 113116) ; art. Βραυρών, dans Megali Helliniki Enhyhlopaidia, II (1964), pp. 148-150.
(·») Cf. HÉSYCH., A 7281 ; schol. Κ Ε Α THÉOCR., II, 66 Wendel.
(»*) HÉSYCHIOS, B 1067 : και Suerai αίξ. On notera que cette victime, fréquem
ment immolée pour Artémis, — à Délos (cf. H . GALLET DE SANTERRE, Délos
primitive el archaïque, Paris, 1958, p. 131) et à Éphèse (EUST., 711, 5152 [ad
HOM., θ 249]), — est également requise lors de l'offrande du coureion : POLL.,
III, 52
(*') A s'en tenir au seul texte d'ARISTOPHANE (Lys., 645647) qui regroupe,
dans une intention burlesque, toutes les consécrations de fillettes comme si
chaque femme les avait assumées, il serait impossible de décider si Vàfntrtia
comportait effectivement une canéphorie. Celleci est en effet fréquente dans
les grands cultes athéniens. Mais les diverses allusions d'HÉRODOTE (VI, 138),
qui emploie le substantif γυναίκες comme synonyme de irapflcVoi (cf. Souda, Λ 3958), et de PHILOCHORE (328 F 101 J.) permettent d'assurer que la canéphorie, troublée un jour par les Lemniens, faisait partie du rituel d'Artémis Brauronia et de l'engagement des fillettes athéniennes
132 L E S M A M M I F È R E S
voire des lampadédromies (8 8), ainsi que la récitation de
l'Iliade (8 9). L'insertion de cette dernière dans la célébration
est rapportée par les modernes à Pisistrate qui peut n'avoir pas
été étranger à l'aménagement du Brauronion de l'Acropole (9 0).
À l'occasion de Ι'άρκτεΙα, les fillettes portaient, — tous les témoignages le confirment, — la crocote (91), vêtement de teinte safran dans lequel, à plus d'une reprise (92), on a voulu voir un déguisement qui aurait permis aux άρκτοι d'imiter l'ourse favorite de la déesse (93). Plusieurs arguments s'opposent à cette
interprétation (94). La couleur que désigne l'adjectif κροκωτός est un jaune vif, parfois acide (95), qui n'a guère de nuance com
mune avec le ton fondamental du pelage des ours. Celuici est
(88
) Cf. L. GHALIKAHIL, Quelques vases du sanctuaire d'Artémis à Brauron,
dans Neue Ausgrabungen in Griechenland, 1963, pp. 529; cf. article cité, p. 131,
n. 79·
(8 8
) HÉSYCH., B 1067 : τήν '/λιάδα fjoov ραφω&ο'ι èv Βραυρώνι τή; Αττική!· (,0) Η. BERVE, Die Tyrannis bei den Griechen, Munich, 1967, pp. 60-62 ;
I. KONDIS, "Αρτεμις Βραυρωνία, dans Arch. Deltion, 22 (1967), p. 160. (91) ARISTOPH., Lys., 645 : κξ,τ' ίχουσα τόν κροκωτόν et schol. V ; cf. Souda,
A 3958· C2) H . SUCHIER, De Diana Brauronia, Marbourg, 1847, pp. 39-42 ; S. EITREM,
art. Tierdämonen, dans R.E., VI A , 1 (1936), col. 906,11. 4648 ; Ileana CHIRASSI,
Miti e culti arcaici di Artemis nel Peloponneso e Grecia centrale. Trieste, 1964,
p. 26.
C3
) Selon la formule de la schol. R V ARISTOPH., Lys., 645 : μιμήσασβαι τήν αρκτον. Le rôle de cet animal dans le culte d'une déesse et sa relation avec des
fillettes font que l'on considère traditionnellement qu'il s'agit d'une ourse. On
notera cependant que le grec utilise le genre féminin pour désigner les animaux,
surtout les mammifères, en dehors de toute considération sur le sexe de l'animal
mis en cause. Dès lors, l'interprétation qui conduit à envisager ici la présence
d'un animal femelle n'est pas entièrement assurée, même si elle peut être tenue
pour très vraisemblable. Voir cidessous, pp. 136137, n. 122.
{'*) Ceux que fournit l'archéologie sont de caractère négatif, mais ne peu
vent être négligés : aucune des statues d'« Ourses » n'a apporté, jusqu'ici, d'indice
sur le déguisement qu'auraient revêtu les fillettes; celles qui apparaissent
sur les vases sont, le plus souvent, dévêtues. Il s'agit d'un cas de nudité
rituelle. Cf., outre les articles de L. GHALIKAHIL déjà cités (n. 79, 88), J. PAPA
DIMITRIOO, 'Ανασκαφαί èv Βρανρωνι, dans Praktika Arch. Hetairias, 1949 [1951],
pp. 85-87 ; 1955 [i960], pp. 118-120 ; S. PAPASAVRIDI, Ή τυφλή "Αρκτος, dans Arch. Ephimeris, 1957 [1961], pp. 68-83; J- FREL, Deux têtes d'iArktoin et
deux rectifications supplémentaires, dans Bull, du Musée hongrois des Beaux-Arts,
1964, pp. 3-8. — Les "Αρκτοι reproduites ici (PLANCHE VI) figurent aussi dans
l'ouvrage de Fr. CHAMOUX, La civilisation grecque, Paris, 1963, n°9 97-98 ad
p. 215.
C5
) Tiré du safran : cf. J. ANDRÉ, Étude sur les termes de couleur dans la
langue latine, Paris, 1949, pp. 153-161 ; G. REITER, Die griech. Bezeichnungen
der Farben Weiss, Grau und Braun, Innsbruck, 1962, pp. 98-114.
VI. Brauron, deux Άρκτοι : musée de Vraona. Voir p. 133, n. 104. Cliché Services archéologiques (Athènes).
LES MAMMIFÈRES
ξανθός, jaune brun, fauve (*6), En revanche, le jaune safran est caractéristique des parures féminines et distingue à coup sûr la
femme accomplie (·'). Dans cette perspective, la crocote que les
initiées endossaient pour la première fois et au cours de circons
tances solennisées, obéissant ainsi à un geste fréquent dans les
rites de passage, constitue moins un déguisement que l'insigne
de leur futur état (").
Deux hiéropes organisaient la cérémonie et veillaient à son bon
déroulement (ββ
), selon un rythme pentétérique (, 0
°) qui entraînait
le regroupement par classes d'âge des fillettes intéressées (, 01
).
Les témoignages antiques fixent leur initiation entre 5 et 10
ans (102
) et ne sont pas contredits par l'affirmation des com
pagnes de Lysistrata qui se glorifient d'avoir été « Ourses » à
10 ans (103
), non plus que par les statues d'« Ourses » exhumées
à Brauron qui représentent des fillettes d'âges correspon
dants (1M
). Les hésitations qui se sont fait jour au sujet de l'âge
de la consécration, — certains exégètes modernes l'ont situé
("*) J . ANDRÉ, o.l., p. 133 ; cf. L. ROBERT, Les gladiateurs dans l'Orient grec,
Paris, IQ40, pp. 191192 (ours appelé Ξανθιάς). (") POLI.., VII, 55 ; cf. E. POTTIER, art. Crocota, dans Diet. Ant., I (Paris,
1887), col. 1571 A-B ; R. FLACELIÈRE, La vie quotidienne à Athènes au siècle
de Périclès. Paris, 1959, p. 193 ; I. CHIRASSI, Elementi di culture precereali net
miti e riti greci, Rome, 1968, p. 129.
(»8
) Cf. H. JEANMAIRE, o.l., p. 262. J . J . PERADOTTO (The Omen of the Eagle
and the τ)θος of Agamemnon, dans Phoenix-, 23 [1969], p. 245) a insisté avec juste
raison sur le fait qu'Iphigénie, au moment de son immolation, est revêtue,
comme les "Αρκτοι brauroniennes, de la crocote (cf. ESCH., Agam., 239). Mais
il a tort d'interpréter cette tenue comme un déguisement rituel requis par la
danse au cours de laquelle les fillettes mimaient l'ourse. Cf. cidessous, pp. 138, 142
et notes 133, 152153. — Le bref commentaire de A. W. VERRALL (The 'Aga
memnon ' of Aeschylus, Londres, 1904, p. 31) pressentait plus exactement la
signification de la parure d'Iphigénie : « There is perhaps an allusion to the
hymenaeal associations of the colour. »
(··) ARISTT., Const. d'Athènes, 54, 67 ; POLL., VIII, 107.
(1 0
°) Cf. H. JEANMAIRE, o.l., p. 260.
('·') Cf. U . PESTALOZZA, Sacerdoti e Sacerdolesse impuberi net culti di Athena
e di Artemide, clans S.M.S.R., 9 (1933), pp. 174178 (= Religione Mediterranea,
Milan, 1951, pp. 236440).
('"") Schol. V ARISTOPH., Lys., 645 ; Souda, A 3958.
(L 0 3
) ARISTOPH., ibid., 644645: OCKÎTIÇ ονσα ... | κίτ" ίχονσα τον κροκαιτόν άρκτος rj Βρανρωνίοις.
("") Cf. références produites ci-dessus, ρ, 132, η. 94- Voir PLANCHE VI.
Après avoir été momentanément exposées au Musée national d'Athènes, ces
statues figurent désormais dans les collections du Musée qui abritent, à Vraona,
les antiquités du Sud-Est de l'Attique.
134 LES MAMMIFÈRES
entre 10 et 15 ans (105
), — ne résistent pas si l'on tient compte
du principe fondamental qui régissait Υάρκτεία et lui conférait son véritable sens: c'est avant le mariage et afin de pouvoir y accéder que les fillettes athéniennes avaient l'obligation ( l o e) de se consacrer à Artémis (107). L'usage de la société grecque a établi aux alentours de la quinzième année la période à partir de laquelle les filles peuvent consommer le mariage dans les meilleures conditions pour procréer de beaux enfants et assurer au foyer une descendance saine (108).
L'union est cependant valide dès que les partenaires sont à même de la rendre effective (109). Or, au sein des populations méditerranéennes, les filles atteignent la maturité sexuelle entre la dixième et la douzième année ( u o). Dès lors, à l'inverse de ce que la loi a établi pour les garçons athéniens dont la puberté légale est postérieure à la puberté physiologique ( m ) , les jeunes Athéniennes reçoivent, entre 5 et 10 ans, l'initiation qui équivaut à la reconnaissance officielle de leur nubilité et les rend, de manière anticipée, admissibles au mariage. Mais il ne semble pas qu'une
(106) H. SUCHIER, o.l., pp. 28-29 ; A. MOMMSEN, Heortologie, Leipzig, 1864, p. 406, n. i .
(loe) Schol. R ARISTOPH., Lys., 645 : έψηφίσαντο μή προτερον ουνοικίζεσθαι àvSpi παρθένον el μή àpKTevoeiev τή flea). Cf. H A R P O C R . , S.V. άρκτεΰσαι' ... τα Sè
amrtivovra ... èv TOÎS Ψηφίσμασιν. Voir les considérations de J.-P. VERNANT (Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, 1974, pp. 37-38), au sujet des engagements rituels de la jeunesse à Sparte. Ses conclusions valent aussi à Athènes. Cf. ci-dessous, p. 135.
(10') Cf. Souda, A 3958-3959 ; BEKKER, Anecd. gr., I, p. 445. P 0') HÉs., Trav. et jours, 698 : ή Sè γυνή τέτορ' ήβώοι, πέμτττψ Sè νααοίτο.
XÉN. , Économ., 7, 5 ; DÉMOSTH., 29 (Contre Aphobos S), 43, 45 ; cf. M . COLLIGNON,
art. Matrimonium, dans Diet. Ant., III (Paris, 1904), col. 1643 A, 1645 A;
R. FLACELIÈRE, La femme antique en Crète et en Grèce, dans Histoire mondiale
de la femme, Paris, 1965, pp. 269274. Il s'agit de la limite inférieure extrême :
cf. ARISTT., H.A., VII, 582 a 2829 (l'âge proposé est de 21 ans).
(lo i
) Cf. ISOCR., 10 (Éloge d'Hélène), 1819 : enlevée par Thésée à un âge très
tendre, l'héroïne a été confiée, en attendant la nubilité, à la mère de son ravis
seur. Cf. L. GHALIKAHIL, Les enlèvements et le retour d'Hélène, Paris, 1955,
pp 305308
(110
) Cf. H. DEUTSCH, La psychologie des femmes, trad. H. Benoît, Paris,
1949, pp. 2627, 133161. ARISTOTE (H.A., VII, 581 a 31 b n) la fixe à la qua
torzième année, mais cette chronologie haute dans laquelle le multiple de 7
est adopté, — par analogie avec celle définie pour les enfants de sexe masculin
(H.A., VII, 581 a 13 14), — est contredite par les observations médicales.
(m
) Cf. J . LABARBE, L'âge correspondant au sacrifice du κούρειον et les données historiques du sixième discours d'Isée, dans Bull, de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques. Académie royale de Belgique, 39 (1953), pp. 369, 392.
L E S M A M M I F È R E S 135
valeur égale ait été attachée à tous les âges, compris entre 5 et
10 ans, auxquels chaque fillette pouvait être amenée, selon la
date de sa naissance, à célébrer ΥάρκτίΙα. Dans sa comédie, Aristophane choisit de situer à leur dixième année l'initiation des femmes du chœur (112). On est fondé à croire que ce n'est pas par hasard. Les lexicographes attestent, en effet, que le verbe Se/ίατfv€iv payer la dîme servait de synonyme au verbe άρκτεν-(IV ( m ) . L'emploi de ce terme, propre à la langue des prêteurs
et des financiers, introduit une métaphore appropriée du fait
que YàpKTtla était effectivement conçue comme une dîme com
pensatoire versée par chaque préadolescente à Artémis, d'abord
en reconnaissance de la sollicitude que la déesse παιδοτρόφος lui avait jusquelà accordée ("*).
Le rite, d'autre part, n'était pas exempt d'une valeur apotro
païque destinée à conserver aux anciennes compagnes d'Arté
mis (m
) et à leur progéniture une protection tout aussi agissante
et souvent nécessaire contre les accidents puerpéraux. Car, s'il
est vrai qu'elle préserve farouchement sa virginité (u e
) et qu'elle
accorde une affection sans réserve à ceux qui, tel Hippolyte ("'),
l'imitent dans cette voie, la déesse se garde bien d'imposer à
("*) ARISTOPH., Lys.. 644 : ocxtris ούσα. L'emploi du singulier dans les décla
rations des chœurs est fréquent, le chœur étant traité comme un ensemble,
plutôt que comme une collection d'individus. L'intention comique tient au
fait que le poète attribue à toutes ces femmes issues des diverses cités grecques
des consécrations qui sont spécifiquement réservées aux citoyennes d'Athènes,
sans être cependant assumées par chacune d'elles en particulier. C'est un aspect
du passage qu'A. BRELICH n'a pas envisagé dans sa riche étude de ce texte
d'Aristophane, cf. référence cidessus, p. 130, n. 72.
(M
) HARPOCR., S.V. oeKaTtétiv, citant DÉMOSTHÈNE, 22 (Contre Androtion),
77 ; 24 (Contre Timocrate), 185. Cf. Etym. magn., 254, 13 (οεκαηυτήριον) et 4-13 (oiKareuW) ; I. BEKKER, Anecd. gr., I, pp. 234-235 (StKarevovres).
( l l t) Cf. DÉMOSTH., fr. 8 (Contre Midon) BaiterSauppe (Oral. AU., II, p. 252) ;
LYSIAS, fr. 250 (ibid., p. 209) ; DIDYME CHALCENTER, Commentarii in oratores
Atticos, 25 Schmidt (pp. 315316). H . JEANMAIRE, o.l., p. 259. — Sur cette
fonction des déesses, également illustrée dans le mythe d'Érichthonios, cf.
cidessus, p. 81, n. 168.
("') CALLIM., Hymnes. 3 (À Artémis), 1314 : ààs ié μοι ... | nâaas eivirtas,
πάσα; ίτι πα'ιίας άμίτρουί. Cf. U. PESTALOZZA, pp. 174-178. ("') Par exemple, contre les entreprises du géant Otos : cf. [APD ], Bibl.,
L 7, 4, 35 ; contre Actéon, spectateur involontaire du bain de la déesse : cf CALL.,
Hymnes, 5 (Pour le bain de Pallas), 108115 et schol. F e Π La Q ad /./. De même,
son intervention en faveur de l'Hyperboréenne Opis qui se trouva en butte aux
assauts d'Orion : cf. [APD ], Bibl., I, 4, 3, 5.
(»') Cf. EUR., Hipp.. 8487, 12851439.
136 L E S M A M M I F È R E S
tous indistinctement un état qui, généralisé, serait bientôt con
traire aux intérêts mêmes de l'espèce humaine.
À l'égard de ses compagnes légendaires qui s'unissent à des
dieux comme visàvis des mortelles qui songent au mariage,
elle ne nourrit pas d'animosité, pourvu que les unes et les autres
lui rendent, en temps voulu, l'hommage compensatoire qu'exige
leur changement de situation. En même temps qu'elles éclairent
le sens profond de Υάρκτεία, diverses prescriptions rituelles d'Athènes et de Cyrène, mais d'abord le mythe de Callistô con
firment cet état de choses.
À l'époque où elle parcourait les montagnes et les forêts d'Area
die, chères à son cœur (1 1 8), Artémis comptait parmi ses suivantes
la jeune Callistô, selon les uns nymphe des bois (1 1 9), selon
d'autres fille du roi Lycaon (1 2 0). Celleci, à l'insu de la déesse, se
laissa aimer de Zeus et conçut un fils ( m ) . La vengeance divine
ne tarda pas à s'abattre. Callistô, métamorphosée en ourse ( m ) ,
(U8
) Cf. W. IMMERWAHR, Die Kulte und Mythen Arkadiens, Leipzig, 1891,
pp. 140161 ; [R.] FRANZ, art. Kallisto (ι), dans Ausf. Lexikon der griech. und
röm. Mythologie, II (Leipzig, 18901897), col. 931935 ; L . R. FARNELL, Cults
of the Greek States, II (Oxford, 1896), pp. 427430 ; R. STIGLITZ, Die arkadischen
grossen Göttinnen, Vienne, 1967, pp. 5961, 8197, (cf
index, pp. 158159).
(11B
) HÉSIODE, fr. 163 MerkelbachWest (cité par [APD.], Bibl., III, 8, 2, 2).
Cf. W. SALE, The Story of Callistô in Hesiod, dans Rhein. Museum für Philo
logie, 105 (1962), pp. Ι33Ι41
·
(120) EUMÉLOS, fr. 14 Kinkel (même source). Selon Asios (fr. 9 Kinkel),
elle était fille de Nycteus ; selon PHÉRÉCYDE (3 F 157 J.), elle était issue de
Céteus. Outre R. FRANZ cité cidessus (n. 118), cf. W. SALE, Callistô and the
Virginity of Artemis, dans Rhein. Museum für Philologie, 108 (1965), pp. 2124.
(121
) [APD.], Bibl., III, 8, 2, 25 ; PAUS., VIII , 3, 67. Cf. G. ADLER, art. Kallisto,
dans R.E., Χ (1919), col. 17261729; W. SALE, Callistô and the Virginity of
Artemis, dans Rhein. Museum, 108 (1965), pp. 1135.
(m
) Le mythographe a retenu deux versions relatives à cette métamorphose.
La première procède de la rationalisation romanesque, fréquente dans les
récits de ce genre : ([APD.], Bibl., III, 8, 2, 4) Βουλόμενος Sè "Ηραν λαβείν els άρκτον (sc. Zeus) μετεμόρφωσεν αυτήν (sc. Callistô). "Ηρα Sè επεισεν "Αρτεμιν dis άγριον βηρίον κατατοξεΰσαι. Artémis ne conserve alors aucune initiative. Il en va différem
ment dans la seconde narration qui, seule, importe ici : Elai Sè oi λέγοντες dis "Αρτεμη αυτήν κατετόξευσεν ότι τήν τταρθενίαν ούκ έφύλαξεν. — L'ours est encore lié à l'accomplissement d'un châtiment, mais dans de tout autres circonstances
qui concernent l'héroïne thrace Polyphontè. Le mépris qu'elle manifestait à
l'égard de ses travaux détermina Aphrodite à lui inspirer une passion funeste
pour un ours. À la suite de quoi, Artémis lança aux trousses de la malheureuse
tous les animaux sauvages. Elle ne leur échappa qu'à grand peine et donna fina
lement le jour à des jumeaux, Agrios et Oreios, qui se distinguèrent par leur
conduite impie (ANT. LIB., 21, 13). On notera que le texte grec maintient le
nom de l'animal au féminin (τί; άρκτω). Sur cet emploi, cf. R. KUEHNER -
LES MAMMIFÈRES I ß ?
succomba sous les traits d'Artémis, outrée de la trahison de son
ancienne compagne. Zeus cependant n'oublia pas ses amours clan
destines et, pris de pitié pour la malheureuse, il la plaça dans la
constellation de la Grande Ourse (123
). Quant à leur fils, il le sauva
et le confia à l'agreste Maia pour qu'elle élevât celui qui, sous le
nom d'Areas, devait être l'éponyme de l'Arcadie (m
).
Plusieurs documents archéologiques ont été inspirés par l'his
toire de Callistô. Ils confirment l'importance et la diffusion de
cet épisode de la tradition relative à Artémis. Les uns provien
nent des lieux mêmes qui furent le théâtre des faits. À Mantinée,
de 500 à 385 environ, des monnaies au type de l'ours seul furent
émises, en qui l'on reconnaît une allusion au rôle que l'animal a
joué dans l'histoire mythique de la région (125
). À Orchomène (, 2 e
),
Fr. BLASS, Ausführt. Grammatik der griech. Sprache. I3
(Hanovre, 1S90), p. 360,
Anm. 4 ; Ed. SCHWYZER [Λ. DEBRUNNER]3
, Griech. Grammatik, II (Munich,
'95°). Ρ· 3'· Voir cidessus, p. 132, n. 93.
(1 2 3
) [APD.], /./. : τήν δέ Καλλιστώ καταστερίσας tKÓXtatv Άρκτον. Cï. ARATOS, Phainomena, 42-44 et scholies ad l.I. Maass (pp. 181-182 ; 344-345). Sur le catas-térisme en général : Fr. CUMONT, Les noms de planète et l'astrolâtrie chez les Grecs, dans L'Ant. class., 4 (1935), pp. 5-43 ; les spéculations de J. RICHER, Géographie sacrée du monde grec, Paris, 1967, pp. 65-66, 73. Le tombeau de Callistô n'en était pas moins localisé à Trikolonoi : PAUS., VIII, 35, 8,
( M ) [APD.], /./. : ΆποΧομίνης ht ΚαΧΧιστοΰς, Ztvs τό βρέφος άρπάσας év Αρκαδία δίδωσιν άνατρέφΐιν Μαία, ττροσαγορΐvaas Αρκάδα. Cf. F. MILLER VON GAERTRINGEN, art. Arkas (1), dans R.-E., Π, 1 (1895), col. 1157-1160 ; consulter également
R. FRANZ, De Callistus fabula, Leipziger Studien, XII, 2 (Leipzig, 1890), pp. 235
265. Cf. PLANCHE, Χ , ι : Hermès recueille Areas.
(îss) j ê t e d'ours : P. GARDNER, B.M.C. Peloponnesus, Londres, 1887,
p. 184, n" 5 (au droit d'un triobole d'argent; avant 471 avant J.C.) ; E. BABE
LON, Traité des monnaies grecques et romaines, II, 1 (Paris, 1907), n" 1242 ;
cf. PLANCHE VII, 1. Ours entier : P. GARDNER, o.l, p. 184, n°» 14 (au droit de
trioboles d'argent; avant 471 avant J.C), ours marchant tantôt vers la gauche
(1,2, 4), tantôt vers la droite (3) ; E. BABELON, o.l, n°» 12361241, cf. col. 862867
(commentaire). Comparer les monnaies reproduites PLANCHE VII, 24.
('*") P. GARDNER, o.l, p. 190, n° 1 (au droit d'une monnaie de bronze;
370300 avant J.C): Artémis agenouillée vers la droite tient dans la main
droite l'arc qu'elle vient de décocher ; au revers : Callistô, tournée vers la
gauche, s'effondre percée d'une flèche, à côté d'elle Areas tendant les bras (cf.
PLANCHE VIII, 23). Mêmes motifs sur l'exemplaire du Cabinet des médailles
(Bibliothèque nationale de Paris), reproduit PLANCHE VIII, 45. Cf. A. PLASSART
{Orchomène d'Arcadie. II, dans B.C.IL, 39 [1915J, pp. 6970, n. 2), qui discute
les datations proposées au sujet de ces monnaies : elles doivent être étudiées avec
celles d'Héraia et celles de Méthydrion (cf. cidessous, p. 138, notes 127128), car
« il est naturel de les présumer à peu près contemporaines. » L'auteur opte pour
la seconde moitié du IV' siècle avant J.C.
ι 3 8 L E S M A M M I F È R E S
à Méthydrion (12'), à Héraia (1 2 8), le motif est plus directement
explicite encore. Différentes pièces portent en effet, au droit,
Artémis à demi agenouillée, qui se prépare à décocher sa flèche à
Callistô. Au revers, celleci s'effondre, tandis que le jeune Areas,
assis sur le sol, à ses côtés, lui tend les bras ( 1 2 9).
Des fragments de vases peints d'origine apulienne qui restèrent
longtemps énigmatiques (130) se prêtent désormais à une utile
comparaison avec les témoignages numismatiques. Ces tessons
ont en effet retrouvé leur valeur et leur signification depuis que
A. D. Trendall les a rapprochés d'une remarquable œnochoè
fort heureusement intacte (131), pour la décoration de laquelle
l'artiste s'est inspiré de l'aventure de Callistô. Sur l'une des faces,
il a représenté l'instant crucial où s'amorce, aux oreilles et aux
extrémités des membres supérieurs, la métamorphose de la
nymphe en ourse (1 3 2).
Le mythe de Callistô en qui les exégètes modernes ont volon
tiers reconnu une des nombreuses hypostases d'Artémis (13S),
(18
') F. IMHOOFBLUMER, Monnaies grecques, ParisLeipzig, 1883, pp. 200202,
n° 244 : Callistô s'effondre, vers la gauche, percée d'une flèche ; derrière elle,
Areas. Cf., pour la datation, E. MEYER, art. Méthydrion (1), dans R.E., XV, 2
(1932), col. 1389.
(lse
) F. IMHOOFBLUMER, o.l., p. 194, n° 226 : au revers d'une monnaie de
bronze, Artémis, genou en terre, tournée vers la droite, tient l'arc ; également
n0 8 227228. Ce motif doit être rapproché de celui qui a été décrit cidessus, p. 137,
note 126, pour Orchomène. Cf. P. GARDNER, o.l., p. 182, n° 17 ; E. BABELON,
o.l., col. 859 ; pour la datation : [F.] BOELTE, art. Heraia (1), dans R.E., VIIT,
ι (1912), col. 412413.
("») PLANCHE VIII, 3, 3.
(130) \ FURTWÄNGLER K. REICHHOLD, Griechische Vasenmalerei, II (Munich,
1909), p. 264 et fig. 94 b : « Der erhaltene Frauenkopf trägt Pferdeohren, kann
demnach nichts anderes darstellen als eine Kentaurin. Zum ersten Male eine
Kentaurin auf Vasen. » Ce commentaire concerne le fragment 13206 actuelle
ment conservé à Boston. Cf. à propos du même document : Boll, délia Commis
sione archeologica communale di Roma, 58 (1930), p. 59 et fig. 1.
(lal
) Œnochoè apulienne, originaire de Tarente ou des environs, circa 380
avant J.C. (hauteur : 17,4 cm). Elle appartient aux collections du Musée J . Paul
Getty, Malibu (Californie) et fera l'objet d'une publication prochaine de A.
D. TRENDALL.
(13S
) Cf. PLANCHES VIII, 1 (voir cidessus, n. 130) ; IX.
(l ss
) K. WERNICKE, art. Artemis (2), dans R.E., II, 1 (1893), col. 1358 ;
L. R. FARNELL, Cults of the Greek States, II (Oxford, 1896), p. 435 ; P. LÉVÊQUE,
Sur quelques cultes d'Arcadie : princesseourse, hommesloups et dieuxchevaux,
dans Vïnformation historique, 23 (1961), pp. 9498. Voir les justes réserves de
M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3
, p. 456 ; de même W . SALE,
Callistô and the Virginity of Artemis, dans Rhein. Museum, 108 (1965), pp. 2529.
Cidessous, p. 142.
L E S M A M M I F È R E S
traduit, sous les diverses formes où il a été conservé, les dangers
auxquels s'exposait celle qui abandonnait sa virginité sans le
consentement de la déesse. Le règlement du culte qui lui était
rendu, à Athènes, en dehors de Ι'άρκτεία, garantit au contraire ses bonnes dispositions à l'égard de celles qui, sous sa protection, perpétuaient la vie. Les femmes à qui elle avait accordé une heureuse délivrance lui dédiaient les vêtements de leurs couches (134), qu'elles entreposaient dans le sanctuaire brauronien de l'Acropole
À Cyrène, toutes les obligations religieuses liées au mariage et à l'enfantement devaient être accomplies avant qu'ils se déroulassent l'un et l'autre (13e). Les jeunes mariées avant leurs noces et les jeunes mères avant leurs couches se soumettaient, dans le sanctuaire local d'Artémis, à diverses purifications. Celles-ci révèlent, malgré les lacunes de l'inscription, que ni le mariage ni l'accouchement n'occasionnent de souillure, quand les rites prescrits sont exécutés en préalable aux deux événements (13?).
La prêtresse qui offrait assistance aux femmes en ces circonstances portait l'appellation officielle ά'Άρκος, forme secondaire du nom grec de l'ours (138). Encore qu'il soit malaisé de
déterminer la provenance et l'origine de son emploi à Cyrène,
ce titre appartient au même contexte à la fois cultuel et mythique
('•') Voir l'important relevé de L K. FARNELL, Cults 0/ the Greek States. II
(Oxford, 1896), pp. 442444, des sanctuaires dédiés à Artémis paidotrophos ou
courotrophos. La protection de la déesse n'était pas discriminatoire. A Brauron,
où les enfants de sexe féminin sont prépondérants dans les rites, les fouilles
n'ont pas livré moins de statues de jeunes garçons : cf. I. KONDIS, /./., pp. 163
164 (dont les conclusions relatives à des rites de consécration qui incomberaient
aux garçons, parallèlement à ceux destinés aux filles, paraissent excessives, en
l'absence de toute mention ou allusion dans les textes).
C3 5
) En revanche, c'est à Brauron qu'étaient déposés les vêtements des
femmes mortes en couches. Ces offrandes funèbres qui marquent l'aboutisse
ment fatal d'un des cycles essentiels de la vie des femmes correspondent à
l'autre facette de la personnalité d'Artémis, toujours redoutable. Cf. M. P. NILS
SON, Geschichte der griech. Religion. Is
, p. 484.
C3
*) F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl , Paris, 1962,
n° 115, A 73 B 27, § 7 (rituel du IVe
siècle avant J . C , qui reprend d'antiques
prescriptions). Sur le culte artémisiaque très important à Cyrène : Fr. CHAMOUX,
Cyrène sous la monarchie des Battiades, Pans, 1956, pp. 311320.
C3
') Les premières lignes relatives àces purifications sont lacuneuses. 11 semble
cependant qu'elles concernent les tilles devenues nubiles. Cf. les remarques de l'édi
teur. Le parallélisme avec les rites de Brauron serait ainsi encore mieux marqué.
C3
») B 16 : «V "Αρταμιν [ τα!) άρκαιι δωσ«ϊ etc. HÉSYCH., A 7280 : όρκος • ... και lépcia της Αρτέμιδος. Cf. ci-dessus, p. 130, n. 75.
140 L E S M A M M I F È R E S
qui atteste, en liaison avec le symbolisme de l'ours, la nature
réelle des relations d'Artémis avec les mères et futures mères. À
Cyrène comme en Attique, tout était mis en œuvre pour leur
garantir, à un moment particulièrement critique de leur exis
tence, les seules interventions favorables de la déesse.
Dans la tradition athénienne, un récit étiologique dont les
variantes sont accessoires (13e
) rend compte des principaux
éléments rituels de Υάρκτεία. Outragée par la mort de son ourse favorite qu'un chasseur mal inspiré avait abattue, Artémis aurait déchaîné sur tout le territoire un fléau mortel, avant d'exiger que lui fût immolée, en compensation, la fille d'un citoyen. Celle-ci fut remplacée in extremis par une chèvre que la déesse accepta à la condition que toutes les filles fussent « Ourses » avant leur mariage (140). Le rôle de la victime de substitution et le caractère réparateur de la consécration sont deux traits souvent attestés dans le culte et dans le mythe d'Artémis. Sans être spécifiques des croyances athéniennes, ils y sont illustrés, d'une part, dans les relations de la disparition d'Iphigénie, — la déesse intervenant en personne pour substituer à la fille d'Agamemnon une biche, une génisse, ou une ourse (141), — d'autre part, au sanctuaire d'Halai Araphénidès où, pour satisfaire aux exigences cultuelles, on s'est finalement borné à piquer jusqu'au sang la victime humaine (142). Qu'ils ressortissent au mythe ou au culte, ces faits qui se localisent tous dans le sud-est de l'Attique, indiquent en Artémis une divinité primitive et redoutable, malgré les accommodements et les subterfuges dont elle s'est, avec le temps, contentée.
Mais la déesse qu'Iphigénie servait en Tauride, avant de l'introduire en des lieux voisins de son supplice (143), n'est pas seule-
(13B) Il s'agit tantôt d'une ourse qui ravage le territoire, tantôt d'une ourse qui malmène les habitants, notamment une fillette qu'elle aveugle (BEKKER, Anecd. gr., I, pp. 444-445 ; schol. R V ARISTOPH., Lys., 645 ; Souda, A 3958). De cette dernière variante, on rapprochera la tête d'« Ourse » aveugle découverte à Brauron: cf. ci-dessus, p. 132, n. 94 (S. PAPASAVRIDI).
(140) Références ci-dessus, p. 134, n. 106-107. (141) La tradition que suit EURIPIDE (I.T., 28) est la plus répandue : elle
met en cause une biche. Selon PHANODÉMOS, 325 F 14 J. , il s'agissait d'une ourse et, d'après NICANDRE, fr. 58 Schneider (cf. ANTON. LIB., 27), d'une génisse. Cf. Etym. magn., 747, 1. 52 - 748, 1. 4.
('") EUR., LT., 1452-1456 ; cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is, P- 485.
(l43) Cf. L. SÉCHAN, Le sacrifice d'Iphigénie, dans R.E.G., 44 (1931), pp. 368-425 ; P. CLEMENT, New Evidence for the Origin of the Iphigeneia Legend, dans L'Ant. class., 3 (1934), pp. 392-409.
L E S M A M M I F È R E S I4 I
ment la chasseresse sanguinaire, elle est autant la Πότνια θηρών, reine de tous les animaux sauvages, y compris des ours qui peuplaient son vaste domaine. Un petit relief clarien que Charles Picard a bien mis en évidence ('") montre, à côté d'une figure
féminine identifiée à Artémis Claria, un jeune ours qui rappelle
les animaux sacrés de la Grande Mère (145
). À en juger par des
toponymes tels que "Αρκτων όρος ( Ι 4 β ) O U "Αρκτων νήσος (14'), sites voisins de Cyzique, et par la possibilité d'approvisionne
ment qu'a offerte l'Asie mineure (148
) aux organisateurs de chasse
et de jeux jusqu'à l'époque romaine, les ours y vivaient en
nombre très élevé. Il n'en allait pas autrement en Grèce conti
nentale, dans les régions de la Thrace et du Péloponnèse (14e
),
mais aussi en Attique (l50
). Des deux côtés de la mer Égée, la
nature ellemême a donc été propice à la diffusion du culte de
la déesse asiatique qui a continué, sous le nom d'Artémis, de
régner sur la faune et sur tous les êtres vivants.
Si l'obligation qui incombe aux fillettes athéniennes consiste
à se faire ourses, à imiter l'ourse (U1
), aucun des témoignages
(141
) Cli. PICARD, Éphèse et Claros, Paris, 1922, pp. 404, 455.
(14s
) Th. MACRIDY, Antiquités de Notion, 11, dans Jahresh. des ôsterr. arch.
Institutes, 15 (1912), p. 57, fig. 26 (l'animal de gauche a disparu). Des monu
ments gaulois relatifs à la déesse Artio et à Mercure Artaios offrent de remar
quables parallèles : cf. P.M. DUVAL, Les dieux de la Gaule, Paris, 1957, pp. 42
50. Tels qu'ils se révèlent dans la religion grecque, les faits nombreux qui mettent
en cause des animaux conduisent à nuancer la conclusion de l'auteur (p. 51 ; je
souligne) : « Ainsi les dieux participant à des degrés divers de la nature animale,
depuis longtemps disparus chez les Cirées... ont gardé chez les Gaulois ... une
vitalité qui nous frappe d'autant plus. »
(·«·) STRAB., XII, 8, u , 575 C. ; schol. L APOLL. RH., Arg., I, 936 Cf. 'O.
HIRSCHFELD, art. "Αρκτων νήσος, dans R.-E., 11, ι (1895), col. 1172. ('*') PLINE L'ANCIEN, H.S., V. 142 ; STÉPH. BYZ., S.V. "Αρκτων νήσος, Κύζικος.
Cf. HIRSCHFELD, ibid. I14*) Cf. L . ROBERT, Les gladiateurs dans l'Orient grec, Paris, 1940, p. 313. ("·) PAUS., Ill, 20, 4 ; IV, 11,3; VIII, 17, 3 ; 23, 9. Cf. H.-G. BUCHHOLZ, Zum
Hären in Syrien und Griechenland, dans Acta praehistorica et archaeologica, 50
(1974197.5), pp. i75» 85
(1 5
°) PAUS., I, 32, Ι : Πόρνης παρεχομένη θήραν συών αγρίων καί άρκτων. Cf. \V. PEEK, Griech. Vers-Inschriften, 1 (Berlin, 1955), n° 11 22, 3 (épitaphe d'Acar-nanie) : όρκου ΰπο στυγερός όλέσας βίον. Le texte a été publié pour la première fois, avec d'utiles remarques sur le nom όρκος, par K. PREUNER, Inschriften aus Akarnanie. dans Athen. Mitt., 27 (1902), pp. 342-344. Γη traité a été consacré
aux ours (soit Περί άρκτων, soit Περί ζώων) par SÖST RATOS (Ier
siècle avant J.C.) :
schol. G Κ Λ Τ THÉOCR., 1,115 Wendel. Cf. "il.] GOSSEN, art. Sostratos (13), dans
R.E., III Α, ι (1927), col. 12031204.
!m
) Cf. cidessus, p. 130, n. 7376.
142 L E S M A M M I F È R E S
relatifs à leur engagement ne permet d'assurer qu'il existait une
relation de cause à effet entre leur costume ou les gestes qu'elles
accomplissaient (152
) et le titre qui leur était décerné, ni davantage
que les jeunes "Αρκτοι cherchaient, par leur engagement, à
s'identifier à l'Ourse qu'aurait été Artémis avant d'abandonner
cette apparence à son hypostase Callistô (15S
). Si étroite et indis
cutable que soit la relation de la déesse avec l'ours, un des repré
sentants les plus caractérisés du monde sauvage, les spéculations
étymologiques qui rapprochent les noms "Αρτεμις et άρκτος ( 1 M ) n'autorisent pas plus que les indices tirés du rituel de Υάρκτεία, si mal connu sur tant de points, à établir le zoomorphisme origi
nel d'Artémis. Le silence des sources anciennes en la matière
n'est pas négligeable. À la différence des traditions relatives à
Zeus (155
), à Poseidon (ιδ6
), à Déméter (1S7
), à Apollon (158
), à
Athéna (15
'), qui ont retenu, pour chacune de ces divinités, le
souvenir de leurs métamorphoses et de leurs épiphanies réalisées
('") L'interprétation qui a poussé à reconnaître dans la crocote un dégui
sement par lequel les άρκτοι imitaient l'ourse, a favorisé le développement de l'hypothèse que les fillettes exécutaient une danse de l'ours ou du pas de l'ours : cf. Lillian B. LAWLER, The Dance in Ancient Greece, Middleton, 1961, pp. 67-69 ; J . J . PERADOTTO, The Omen of the Eagles and the ήθος of Agamemnon, dans Phoenix, 23 (1969), p. 245 (cité ci-dessus, p. 133, η. g8). S'il semble désormais
impossible de la retenir, il n'en reste pas moins que la danse, chère à Artémis, est
un rite fréquent dans les initiations. Cf. H. JEANMAIRE, o.l., p. 262 ; L . GHALI-
KAHIL, Autour d'Artémis Attique, dans Ant. Kunst, 8 (1965), pp. 20-33.
(153
) Les arguments invoqués pour soutenir cette interprétation sont fondés,
en général, sur les scholies étiologiques relatives à Γάρκτίία (cf. ci-dessus, p. 140, n. 139). Les principales références modernes ont été citées à la note 133 (p. 138) ;
cf. notamment P. LÉVÊQUE, p. 98.
I154
) L'étymologie a exploité l'affinité des noms de l'animal et de la déesse :
cf. V. PiSANi, '£λΑι;ΐΌ<(ίλτΐ((ά, dans R.E.A., 37 (1935), pp. 145-160; P. CHANTRAINE, Réflexions sur les noms des dieux helléniques, dans L'Ant. class., 22 (1953), pp. 65-78 ; I. CHIRASSI, Miti e culti arcaici di Artemis, pp. 27-29. — Aucun exemple de Déesse aux ourses n'a été relevé par Chr. CHRISTOU, Potnia Theron, Thessalonique, 1968. L'interprétation que Chr. ZERVOS (Naissance de la civilisation en Grèce, II [Paris, 1963], p. 586) a proposée du vase zoomorphe figurant un ours (cf. L'art des Cyclades, Paris, 1957, P- 35· nS- 238-239) : « sa survivance (se. d'un culte de l'ours) dans les Cyclades est certaine et la fête se retrouve, plus de quinze siècles plus tard, à Vraona », ne peut être acceptée telle quelle.
(,55) Métamorphose en aigle: cf. ci-dessus, p. 96, n. 28; en cygne: p. 96, n. 29; en coucou : p. 96, n. 30.
(l6") Poseidon étalon : cf. ci-dessous, p. 153, n. 233-238. C5') Déméter jument : cf. ci-dessous, pp. 153-154. pie) Épiphanies d'Apollon sous forme d'oiseaux: cf. ci-dessus, p. 96, n. 31, 33. ('") Épiphanies d'Athéna sous forme d'oiseaux : cf. pp. 96-97, n. 34, 35.
VII. ι, 3, 4. Mantinée (AR): Londres, British Museum, Department of
Coins and Medals. Voir p. 137, n. 125. Cliché Université de Liège;
agrandissement (1) 5: 1; (3) 4: 1; (4) 5: 1 (moulages).
I. Mantinée (AR): Paris, Cabinet des médailles. Inv. 32g. Voir p. 137, n. 125.
Cliché Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).
VIII. ι. Fragment d'œnochoè apulienne: collection privée. Voir p. 138, n. 132.
Cliché A.D. Trendall.
2, 3. Orchomène d'Arcadie (AE) : British Museum, Department of Coins
and Medals. Voir p. 137, n. 126; p. 138, n. 129. Cliché Université de Liège;
agrandissement 2,5: 1 (moulages).
4, 5. Orchomène d'Arcadie (AE) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 362.
Voir p. 137, n. 126; p. 138, n. 129. Cliché Université de Liège;
agrandissement 2,5: 1 (moulages).
IX-X. Œnochoè apulienne: Malibu (Californie), Musée J. Paul Getty. Inv. 72. AE. 128. Voir p. 138, n. 132. Clichés du Musée.
LES MAMMIFÈRES
par des animaux, les textes ne mentionnent jamais rien de tel
pour Artémis. Elle, qui règne sur le monde animal, non seule
ment n'apparaît pas identifiée à telle ou telle espèce, mais ne
reçoit pas davantage d'appellation, rituelle ou non, qui serait
directement dérivée du nom d'un animal, comme c'est le cas des
dieux "Ιτητιοι ( , β 0), ou de ceux que l'on invoque sous des vocables
issus du substantif ταύρος ( 1 β 1 ) . La conception selon laquelle l'héritière attitrée de la Πότνια θηρών aurait été, au moins aux temps mythiques, reconnue dans l'Ourse sacrée ne relève, jusqu'à présent, que de l'exégèse moderne. Les sources anciennes n'en ont conservé aucune trace, aucun écho réellement assuré ( 1 M). Même si elle a correspondu à une réalité devenue inaccessible, une telle manière de voir semble bien avoir été, y compris pour les mythographes récents, incompatible avec les fonctions qu'Ar-témis a assumées au sein du panthéon grec.
Comme dans la plupart des cas où un nom d'animal est appliqué à des desservants des cultes, le titre en usage à Brauron pourrait moins résulter d'une imitation de l'animal ou d'une tentative d'assimilation à sa nature physique et sacrée que d'une analogie entre les situations, au moment où la cité reconnaît officiellement la maturité de ses filles et l'accomplissement de leur être. L'opinion a, en effet, prévalu, durant l'Antiquité, que l'ourse ne met bas que des êtres informes et inarticulés qu'elle façonne et parachève après leur naissance, manifestant à leur égard une affection qui contraste avec sa nature sauvage et
(u o) Cf. ci-dessous, pp. 152-153, n. 225-230. ('") Cf. ci-dessous, pp. 149-150. ('") Cf. P. FAURE, Fonctions des cavernes crétoises, Paris, 1964, pp. 144-146:
caverne de l'Ourse dans l'Akrotiri. Après avoir indiqué que, vue sous un certain angle, la concrétion étudiée « ressemble à un chien aussi bien qu'à un ours » (je souligne; cf. o.l., pp. 138, 163: hésitations analogues en d'autres sites), l'auteur rappelle que « la légende actuelle veut que ce soit une ourse pétrifiée par la Vierge qui venait se désaltérer » (à la source qui coule dans la grotte). Les restes de deux plaques en terre cuite, de style sévère, où étaient représentés Apollon cithariste et Artémis chasseresse le conduisent à évoquer divers mythes dans lesquels l'ours intervient, et plus particulièrement le cas de Callistô. De quoi il conclut que « le culte de l'Ourse, devenue Artémis et son cortège divin, a duré jusqu'à l'époque romaine.» Cf. aussi pp. 86, n. 4; 119. — R. F. WILLETTS (Ancient Crete. A Social History, Londres-Toronto, 1965, pp. 136-137) abonde dans le même sens, mais en attribuant la métamorphose en ours à Areas (cf. p. 137). De telles interprétations valent à titre d'hypothèse. Elles sont loin de dire le dernier mot de l'origine et de la signification du mythe de Callistô
144 L E S M A M M I F È R E S
sombre (1β3
). Dans le mythe, l'ourse n'intervient pas moins que
la chèvre ou la louve pour allaiter et soigner les enfants nouveau
nés qui ont été abandonnés par leur mère (1M
). Encore qu'ils
n'aient pas été soulignés par les auteurs anciens, les traits com
muns à l'ourse, à Artémis et à celles qui participent à ses rites,
tant à Brauron qu'à Cyrène, peuvent être aisément relevés.
Dans le premier sanctuaire, Artémis, déesse farouche et bien
veillante à la fois, préside à la formation des jeunes "Αρκτοι,
tandis qu'à Cyrène la prêtresse "Αρκος, comme l'ourse maternelle, procède à la purification compensatoire qui maintient intégrale
ment les jeunes épouses et les jeunes mères dans la vie sociale et
religieuse de la cité. La part de supputation à laquelle il faut
recourir pour tenter de cerner son origine n'enlève rien à la relation
qui s'est établie, dans des circonstances vitales pour les individus
comme pour la société, entre l'ourse, la femme et la divinité.
De la déesse Ourse asiatique (165
) à Artémis, Dame des Ourses,
— animales et humaines, — le lien est demeuré puissant et effi
cace entre les lieux et les temps qui ont vu naître et se développer
les figures sacrées destinées à assurer, pour les Grecs, la réali
sation des préoccupations les plus fondamentales des individus
comme des collectivités.
Le taureau
En même temps qu'ils ont révélé la perfection qu'avaient
atteinte les artistes animaliers de la civilisation crétoise, les
(I 9 3
) ARISTT., H.A., V I , 579 a 1825 ; cf. OPPIEN, Cyn., III, 139169 (notam
ment 159161) ; PLINE L'ANCIEN, H.N., VIII , 126131 ; PLUT., De amove prolis,
2 (Mor., 494 C) ; cf. MANUEL PHILIS, De Anim. propr., 49, vers 11271132.
(164
) Ce fut notamment le cas de l'Arcadienne Atalante : [APD.], Bibl., III,
9,2,23 ; et, d'une manière analogue, de Zeus luimême. Selon certains, Zeus, aban
donné par Rhéa, fut sauvé par Cynosoura qu'il plaça, plus tard, dans la Petite
Ourse: [ÉRATOSTH.], Catast., 2 Olivieri; scholie ARATOS, Phain., 4244 Maass
(pp. 184185). Cf. [W.] GUNDEL, art. Kynosoura (6), dans R.E., X I I , 1 (1924),
col. 3741, notamment 3839. La grotte où Zeus fut abrité fut connue sous le
nom d''Αρκέσιον. XÉNION (460 F 1 J.) interprète cette appellation à partir du verbe άρκίοαι, synonyme de βοήθησα. Mais d'autres explications l'ont rapprochée du nom de l'ours άρκτος, άρκος : schol. L APOLL. RHODES, Arg., I, 936 Keil. Cf. L. BUERCHNER, art. Ida (1), dans R.-E., I X , 1 (1914), col. 861 ; P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I (Paris, 1968), pp. 109-110. — Cf. PORPH., Vie de Pyth., 41 : (se. ό Πυθαγόρας) èAeye Sè τίνα καί μυστικω τρόπω ουμβολικώς, ... οίον ότι ... «καλεί ... τάΐ δ' άρκτους 'Pèas veîpas.
(1βδ
) Cf. R. EISLER, KubaKubele, dans Philologus, 68 (1909), pp. 145147.
L E S M A M M I F È R E S
témoignages archéologiques ont mis en pleine lumière l'impor
tance du taureau dans le monde minoen (16e
). Cet animal dont la
présence est bien assurée sur les bords de la Méditerranée à
l'époque néolithique (167
) a joué, dès l'origine, un rôle de premier
plan (168
). Si la signification des scènes acrobatiques où il tient la
vedette (1ββ
) a donné matière à discussion, l'unanimité est,
depuis longtemps, acquise sm la valeur fondamentalement reli
gieuse qu'il convient d'attribuer à d'aussi spectaculaires mani
festations (m
) . Indépendamment du prestige que lui avait con
féré son passé égéen, l'impression de vigueur que le taureau dégage
et la fécondité qui le caractérise ont été perçues comme les expres
sions de la force sacrée qui l'habite. Elles ont été, l'une et l'autre,
exaltées dans la religion grecque.
Par sa nature, le taureau donne aux sacrifices une solennité
plus intense et constitue une victime de choix, dispensatrice de
bienfaits accrus pour ceux qui l'ont offerte, hommage toujours
agréé par l'être divin qui le reçoit. Il est prescrit par les rituels
dans des circonstances très diverses, en l'honneur des dieux et
des déesses (m
) , mais il est, par priorité, réservé à Poseidon. Le
fait, qui se vérifie à travers tout le monde grec, dès une haute
époque (l72
), est attesté de manière constante en territoire ionien,
où les cités et les confédérations ont placé leur sauvegarde sous
(1βί) Cf. P. DEMARGNE, La naissance de l'art grec, Paris, 1964, fig. 228, 229, 232, 282-286 (gobelets de Vaphio) ; L. VON MATT et collaborateurs, Ancient Crete, Londres, 1968, pl. 70, 73, 76, 104, 123, 180, etc.
(**') Chr. ZERVOS. Naissance de la civilisation grecque, I (Paris, 1962), p. 78 ; cf. [E.] ORTH, art. Stier, dans R.-E., Ill A, 2 (1929), col. 2499-2500.
("«) Cf. L. MALTEN, Der Stier in Kult und mythischem Bild, dans Arch. Jahrbuch, 43 (1928), pp. 90-139.
('"·) Par exemple, L. VON MATT, o.l., pl. 76 (fresque de Cnossos), 133 (rhyton d'Hagia Triada) [-- P. DEMARGNE, o.l., fig. 232].
("°) A. EVANS, On a Minoan Bronze Group of Galloping Bull and Acrobatic Figure from Crete, dans J.H.S., 41 (1921), pp. 247-259 ; E . ZIEHEN, art. Tauro-hathapsia, dans R.-E., V A, 1 (1934), col. 24-27 ; Ch. PICARD, Les religions pré
helléniques, Paris, 1948, pp. 197200; J. R. CONRAD, Le culte du taureau, trad.
P. Berlot, Paris, 1961, pp. 144163.
('") Cf. ORTH, /./., col. 25122515.
("») HOM., Λ 728, α 25, Α 130131, etc. Cf. L. R. FARNELL, Cults of the Greek
States, IV (Oxford, 1907), pp. 2526; F. SCHACHERMEVR, Poseidon und die Entste
hung des griech. Götterlaubens. Berne, 1950, pp. 4546, etc. ; Éd. DES PLACES, La
religion grecque, Paris, 1969, p. 140 (à propos du sacrifice des Atlantes à Poseidon :
PLAT., Critias, 119 D 120 C).
146 L E S M A M M I F È R E S
la protection du dieu de la mer ( m ) et l'ont honoré avec un faste extrême. Du culte que lui ont rendu les Éphésiens ("*), la tradition a notamment retenu cette particularité, que les jeunes gens non mariés (17S) qui remplissaient, lors d'une fête (17e) de Poseidon, le rôle d'échanson étaient appelés 'Taureaux' (1 7 7). Cette désignation qu'il est impossible de situer dans le calendrier d'Éphèse (178) s'éclaire cependant par les autres attestations relatives au lien qui a existé entre Poseidon et le taureau.
Le dieu est, en effet, invoqué comme Tavpeos Έννοσίγαιος ( 1 7 β ) et certaines traditions lui assignent la création de l'animal ( 1 8 0),
qui matérialise sa présence aussi bien pour les Corcyréens lors de
leur pêche miraculeuse (181) qu'au moment de la mort d'Hippo-
lyte (182) ou dans l'épisode du Minotaure. Les mythographes ont
raconté la passion fatale que Poseidon avait inspirée à Pasiphaé
("3
) C L L. R. FARNELL, o.l., pp. ΙΟ-ΙΙ . Les noms des mois, Ποσιδεών et Ταυρεών, sont d'utiles indices : cf. E . BISCHOFF, art. Kalender, dans R.-E., X , 2 (1919), col. 1602 ; W. SONTHEIMER, art. Taureon, dans R.-E., IV A, 2 (1932), col. 2537-2538.
(174) Attesté sans doute possible, mais peu et mal connu dans le détail : L. R. FARNELL, o.l., p. 25 ; [L.] BUERCHNER, art. Ephesos, dans R.-E., V, 2 (1905), col. 2805.
( m ) Le terme ήθεος, déjà attesté dans l'épopée (cf. HOM., Σ 593, etc.) indique
le terminus ante quem. L'observance de cette prescription, qui n'est pas rare
dans les rituels, doit produire une plus grande efficacité des gestes sacrés, tant pour
ceux qui les exécutent que pour ceux qui y sont associés.
("') HÉSYCH., Γ 248 : Ταΰρεια' εορτή ris αγομένη Ποσειδώνος. Cette fête,
mal caractérisée, a été fréquemment rapprochée des Taurokathapsia ou Taure
astai (cf. L. R. FARNELL, o.l., pp. 2026), sans qu'il soit cependant assuré qu'elles
sont identiques. Cf. A. LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958,
pp. 113115, 485486 (survivances des tauromachies égéennes, mais laïcisées).
J1
") AMÉRIAS, lexicographe alexandrin, cité par ATHÉNÉE, X , 425 C : Παρά δε 'Εφεσίοις oi οίνοχοοΰντες ήθεοι τή τον Ποσειδώνος εορτή ταύροι εκαλονντο. Cf. HÉSYCH., Γ 250 : οί παρά 'Εφεσίοις οινοχόοι ; EUST., 1205, 22-23 ("d HOM., Y 219).
( , , β) Deux des mois du calendrier d'Éphèse pourraient convenir à la célé
bration : Ποσιδεών (décembre-janvier) ou Ταυρεών (juin-juillet). Cf. SONTHEIMER, ; ci-dessus, n. 173.
("·) [HÉS.], Bouclier, 104. Cf. HÉSYCH., Γ 253 : Ταΰρος- îaupcios ό Ποσειδών ; Souda, T 158 : ... και Τανριος Ποσειδών. Sur l'évolution du suffixe eios/ios:
GRÉGOIRE DE CORINTHE, De dialecte dorica, 140 Boissonade Schäfer (p. 326) ;
cf. P. CHANTRAINE, Formation des noms en grec ancien, p. 53.
(1 8
°) Luc, Hermotime, 20 : φησ'ι γαρ ό μΰθος ερίσαι Άθηνάν κα'ι Ποσειδώνα και "Ηφαιατον εντεχνίας ττέρι, κα'ι τόν μεν Ποσειδώ ταΰρον άναπλάσαι.
(1 Β 1) PAUS., Χ , g. 3"4 '• C I - aussi V, 27, 9- Voir ci-dessus, p. 50, n. 32. (LSA) EUR., Hipp., 1214, 1247-1248, 1318-1319.
L E S M A M M I F È R E S
pour le taureau que Minos ne lui avait pas sacrifié ( 1 M) et les
peintures de vases ont, dès l'époque mycénienne ( 1 M), représenté le
monstre issu de ces amours contre nature. Mais le tour roma
nesque et inquiétant qu'a pris la légende ( 1 M) n'a pas effacé les
éléments significatifs qui la composent. La comparaison avec
d'autres aventures dont Poseidon est le protagoniste en fait resur
gir la valeur primitivement sacrée. L'être hybride qu'engendre
Pasiphaé pour son malheur et celui de la postérité (18*) doit, en
effet, être rapproché des progénitures mixtes qui forment la
descendance de Poseidon. De son union avec Méduse naissent
le héros Chrysaor et le cheval Pégase ( 1 8 '), tandis qu'en Arcadie,
après s'être métamorphosé en étalon, il a rendu Déméterjument
mère d'une fille et du cheval Areion ( 1 8 8). À la différence du Mino
taure qui est devenu, sous son aspect composite ( 1 8 '), le barbare
instrument du courroux divin, les rejetons jumeaux, humains
et animaux, ont été intégrés dans la généalogie mythique du dieu
et dans son culte. Ils sont les témoins archaïques et vénérés
d'un état antérieur des croyances dans lequel zoomorphisme et
("') Le récit le plus complet est fourni par [APD ], Bibl., III, 1,34, 'nais les
éléments remontent à un passé ancien, ainsi que l'attestent BACCHYLIDE (Dith.,
fr. 26) et les nombreux témoignages de la céramique. Cf. W. HELBIG, art.
Minotauros, dans Aus/. Lex., II, 2 {18941897), col. 30043011 ; F. POLAND,
art. Minotauros, dans R.E., X V I , 2 (1932), col. 19271934. Cidessous, n. 184.
("*) Ch. TZAVELLAS, Μινώταυρο; ΐπ'ι μυκηναϊκού κυάθου, dans Arch. Ephimeris, i960 [1965], pp. 136-138 (cyathos de l'Helladique III A-B); cf. A . B . COOK, Zeus, I (Cambridge, 1914), pp. 490-496.
(1,s) Cf. Ch. PICARD, Les origines du polythéisme grec, I (Paris, 1930), p. 106 : « absurde création de la mythologie, bovidé carnivore »
(>") [APD ], Bibl.. III, 1, 4, 3 ; 15, 8, 5-6. Cf. Ch. DUGAS - R FLACELIÈRE, Thésée. Images et récit, Paris, 1958, pp. 34-39 et pl. 16-17 ; H. HERTER, art. Theseus, dans R.-E , Suppl. XII I (1973), col. 1117-1128.
('·') HÉs., Théog., 280-281. Cf. Éd. WILL, Korinthiaka. Paris, 1955, PP 158-163, 206-207. I' e s l notable que cette naissance soit située tantôt à Corinthe, tantôt en Béotie, terre d'élection du dieu. Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, p. 40.
('·*) Cf. ci-dessous, pp. 154-155. ('"") Le Minotaure a inspiré de très nombreuses représentations figurées
(cf. ci-dessus, références aux notes 183, 184, 186). L'étude de l'évolution du type ne pourrait manquer d'être révélatrice, d'autant que le taureau semble quelquefois concurrencé par le cheval. Cf. Ch. PICARD, Le minotaure tin vin-cuits», dans R A . n.s., 1 (1962), pp. 102-103 («document insolite, tête quasi-chevaline »).
("·) [K.] TUEMPEL, art. Areton, dans R.-E., II. 1 (1895), col. 621-623. Cf. ci-dessous, p. 154, n. 241-242.
148 L E S M A M M I F È R E S
anthropomorphisme n'avaient pas été encore dissociés (1 9 1). Mais
l 'identité et la nature des ascendants du monstre crétois indiquent
qu'il procède des mêmes convictions.
Comme une autre Déméter, Pasiphaé, métamorphosée par le
subterfuge de Dédale (1 9 2), s'unit au taureau qui sert, dans la
version romancée des faits, à expier la fureur de Poseidon. L'ani
mal cependant n'en reste pas moins, jusqu'au terme de la tradi
tion, le fruit de la mer (1 9 3), détail qui souligne l'étroite corré
lation entre les flots marins sur lesquels règne le dieu et l'être
prodigieux qu'il en fait surgir. La même passion qui a lancé, sous
la forme de l'étalon, le Seigneur de la mer à la poursuite de Démé
ter, l'anime face à Pasiphaé et mène à reconnaître dans le tau
reau le dieu en personne. Celui que les Grecs ont vénéré sous le
nom de Poseidon est, parmi les figures masculines du panthéon,
l'héritier le plus complexe du parèdre de la déesse égéenne ( 1 M).
Son apanage s'est, à la suite de répartitions quelquefois con
testées ( 1 9 6), limité finalement à la mer, mais ses prérogatives
chthoniennes d'Ébranleur de la Terre (1 9 e) n'ont pas été effacées
pour autant. Elles restent agissantes dans les rites agraires dont
i l est l'objet ( 1 9 7), dans l'action qu'on lui prête sur les forces tel
luriques (1 9 8) et dans les récits de ses amours avec des déités qui
sont, à quelque titre, les substituts de la déesse primitive. Auprès
de Méduse ou de Déméter, le cheval, introduit par les envahis
seurs indoeuropéens, s'est imposé. Dans le milieu crétois où sa
place avait été prépondérante, le taureau s'est maintenu. Fina
(m
) Cf. R. STIGLITZ, Die grossen Göttinnen Arkadiens, Vienne, 1967, pp. 12
!3> 3638 ; utiles observations de P . M . SCHUHL, La formation de la pensée grecque2
,
pp. 7883.
(»") [APD.], Bibl., III, 1, 34.
(193
) Ibid., t, 3, 2 : τανρον άναφανήναι è/c τών βυθών. (194) F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 11-12. Cf. ci-dessous, n. 198. (195) U. VON WILAMOWITZ-MOELLENDORFF, Der Glaube der Hellenen, I (Berlin,
I 0 3 I ) . ΡΡ· 2II-2I6; II (Berlin, 1932), pp. 144-146. Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 131-140. Zeus, qui se manifeste à Europe sous la forme d'un
taureau, est, dans certaines traditions, substitué à Poseidon lui-même, lorsqu'il
s'agit de Pasiphaé : MYTH. VAT., I, 47 Bode (p. 18,11. 4-5) Igitur contemptus afilio
Jupiter indignatus furorem tauro subiecit.
(198
) Cf. Μ. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, P, pp. 444-447.
(Ι 9
') HÉSYCH., Π 4°2Ι : Προτρύγαια' ίορτή Διονύσου καϊ Ποσειδώνος. Cf. L . DEUBNER, Attische Feste*, pp. 60-64, 93-123 (Thesmophories, Anthestéries).
(l9e) Elle est notamment traduite par ses différentes épithètes et épiclèses : 'Ewoo-tyeuo?, Ένοσίχθων, Σεισίχθων, Γαιήοχος. Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 20-21, 47, 79-80, 160.
L E S M A M M I F È R E S I49
lement réduit au rôle d'instrument dans le mythe du Minotaure,
il continue de rappeler les antécédents de Poseidon, mais sa
fonction généralisée dans les rites montre bien l'importance qui
lui a été dévolue dans la religion grecque où il a incarné et sym
bolisé la fécondité.
Les représentations des dieuxfleuves en donnent une autre
preuve. Figurés d'abord sous l'aspect de taureau (, β β
), ils ont
connu ensuite un stade intermédiaire, mihomme mianimal, qui
les rapproche du Minotaure (2 0
°) . Enfin, ils ont été reproduits
sous les traits de personnages masculins (201
), mais les cornes qui
ornaient leur front n'ont pas cessé d'indiquer combien leur
puissance à la fois impétueuse et fertilisante les apparentait
au taureau (202
). Toutefois, parmi les grandes divinités, c'est en
Dionysos que le zoomorphisme s'est maintenu le mieux apparent
dans le mythe et dans le culte.
Issu de Sémélé et de Zeus taureau (203
), Dionysos, le ravpo
γΐνης (I04), a gardé de son origine une affinité avec cet animal,
que sa nature de dieu voyageur de la mer (205
) et maître de la
fécondité n'a fait que renforcer. La taureau apparaît d'abord
('") EUR., Ion, 1261 : ταυρόμορφον όμμα Κηφισού πατρός ; [APD.j, Bibl., II, 7, 5, ι (lutte d'Héraclès contre Achéloos εΐκααμενον ταύρψ); schol. D E F G ÇJ FIND.,
Pyth., i, 185 Drachmann (p. 29) [ TIMÉE DE TAUROMÉNION, 566 F 28 c J.]:
τόν γαρ εν τή πόλει δεικνύμενον μή είναι τοΰ Φαλάριδος, καθάπερ ή πολλή κατέχει δόζα, άλλ' εικόνα Γέλα τον ποταμού. Cf. F. IMHOOE-BLUMER, Pluss- und Meergötter
auf griech. und röm. Münzen, dans Revue Suisse de Numismatique, 23 (1924),
pp. 173421 ; L . LACROIX, Fleuves et nymphes e'ponymes sur les monnaies grecques,
dans R.B.N., 99 (1953). pp. 521. H . P. ISLER, Acheloos. Eine Monographie,
Zurich, 1969 ; J.R. JANNOT, Achéloos, le taureau androcéphale et les masques
cornus de l'Étrurie archaïque, dans Latomus, 33 (1974), pp. 765789.
(, 0
°) Tantôt taureau à tête humaine, tantôt homme à tête de taureau : cf.
E . N . GARDINER, The Pankration and Wrestling, dans J.H.S., 26 (1906), pp. 15
19, fig. 7 et 8 (peintures de vases représentant la lutte d'Héraclès contre Aché
loos) ; cf. SOPH., Trach., 497530 , L . LACROIX, Monnaies et colonisation dans
l'Occident grec, Bruxelles, 1965, pp. 110111 et pl. VIII, 12 (monnaie de Géla).
(*01
) L. LACROIX, o.l., pp. 82, 116117 et pl. VI, 1 (monnaie de Métaponte).
(t n
) Cf. HOM., Φ 237 (comparaison des mugissements du Scamandre à ceux
du taureau).
(103) NONNOS, VIII, 322 , cf. CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Protrept., II, 16, 23
(DionysosZagreus). Cf. A. W. CURTIUS, Der Stier des Dionysos, Iéna, 1882,
pp. 329.
(*04
) Ou βουγενής (cf. ci-dessus, p. 21, n. 81). Les termes ταύρος et βοΰς ont d'abord été employés comme des synonymes; cf. P. CHANTRAINE, Diet, étym., I,
p. 190.
C0 5
) Il est en effet Πελάγιος : THÉOPOMPE, 115 F 352 J. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is, p. 582.
150 L E S M A M M I F È R E S
comme l'agent préféré de son épiphanie ( 2 0 e). Dès lors, Dionysos
est volontiers invoqué en tant que 'dieu cornu ' (ταυρόκερως, κεραστής) ( 2 0 '), ou représenté sous la forme d'un taureau ( 2 0 8).
"Αξιε ταύρε chantent sur le rivage les femmes d'Élis pour l'inviter
à se manifester (2 0 9) et les Argiens prient Dionysos βουγενης de surgir du marais de Lerne ( 2 1 0). Les Bacchantes macédoniennes
portent des cornes pour imiter davantage leur dieu ( 2 U) et, dans
leur désir de s'abîmer plus intensément en lui, les adeptes de son
culte déchirent et consomment le taureau dans les rites san
glants du diasparagmos (2 1 2). Dionysos luimême est réputé
τανροφάγος (213) et, dans la hiérarchie de ses desservants, les
prêtres Βονκόλοι aux fonctions mal connues (214) rappellent encore par leur nom le rôle des bovins dans la tradition dionysiaque. Vu
l'abondance et la diversité des indices qui en rendent compte,
i l a semblé que Dionysos était le 'dieu taureau ', animal avant
d'être une divinité anthropomorphisée toujours mal dégagée de
son état premier (2 1 6). Ces interprétations ont ainsi posé la
("*) EUR., Bacch., 99100; 920922; 1018; cf. NONNOS, I X , 1415; X X X I I I ,
2 ; etc. ; ΑΤΗ., X I , 476 A : τόν Διόνυσον κερατοφνή πλάττεσθαι en τε τανρον καλεισθαι ύπό πολλών ποιητών.
La liste des nombreux titres dérivés a été dressée par [H.] KRUSE, art.
Tauros (7), dans R.-E., V A , 1 (1934), col. 52.
(, 0 8
) ATH., l.l. : 'Ev Si Κυζίκω κα'ι ταυρόμορφος 'Spvrat. Cf. les diverses réfé
rences littéraires et archéologiques réunies par Jeanne Roux dans son com
mentaire (p. 280) aux Bacchantes, 99100 (Paris, 1972).
("·) PLUT., QU. Gr., 36 (Mor., 299 Β) ; cf. Isis et Osiris, 35 (Mor., 364 F).
ESCHYLE (fr. 57,89 N.2
) évoque les mugissements redoutables par lesquels est
annoncée la venue du dieu.
(·") PLUT., citant SOCRATES, fr. 5 Müller (F.H.G., IV, p. 498).
(2n
) Schol. P LYCOPHR., Alex., 1237 Scheer (p. 356).
(2
") EUR., Bacch., 735747.
(*") Cf. cidessus, p. 126, n. 43.
("*) Cf. O. KERN, art. Βουκόλος, dans R.-E., III (1899), col. 1013-1017 ; A . B . COOK, Zeus, I (Cambridge), p. 442, n. 1. De la même manière que des
prêtresses Μέλισσαι ont été supposées à partir du vocable Μελισσονόμοι (cf. ci-dessus, pp. 41-42), des Ταύροι ont été imaginés, déjà par Kern, —
prêtres ou desservants confiés à la garde des Βονκόλοι. Une inscription thrace a fait connaître dans un contexte dionysiaque un ιερεύς ταύρων. Cf. H . SKORPIL, Antike Inschriften aus Bulgarien, dans Archäol. Epigr. Mitteilungen aus Osterr.
Ungarn, 17 (1894), p. 207, n° 95,11. 3,5, 8,910,11, 14 ; G . MIHAILOV, Contributions
à Tépigraphie de la Thrace, dans Annuaire de l'Univ. de Sofia, Faculté des Lettres,
48 (1954), pp. 225281. Ce document est cependant insuffisant pour confirmer
l'interprétation relative aux Βονκόλοι. ( T U) H . GRÉGOIRE, Bacchos le taureau et les origines de son culte, dans Mélanges
Ch. Picard, II (Paris, 1949), pp. 401-405 ; J. TONDRIAU, Dionysos dieu royal, dans Mélanges H. Grégoire, I V (Bruxelles, 1953), pp. 441-446.
L E S M A M M I F È R E S
question, délicate en soi et particulièrement dans le cas de Dionysos, d'établir le départ entre les circonstances où l'animal concrétise la présence et l'action de la divinité et celles où il serait le dieu en personne. Sans exclure ni minimiser les assimilations absolues et les confusions qui n'ont pas manqué de se produire en des matières aussi propices, la réalité religieuse des Grecs apparaît davantage conforme au premier terme de l'alternative. Il n'en est pas moins que l'identification de la divinité et de l'animal n'a été poussée au degré où on la perçoit qu'entre Dionysos et le taureau ("·).
Cet animal, présent auprès de Poseidon comme auprès de Dionysos, contribue à renforcer les liens qui unissent ces dieux de la fécondité, dont les affinités se trouvent encore accentuées par la fonction que le cheval exerce, à leurs côtés, dans des occurrences apparentées à celles qui viennent d'être examinées.
Le cheval
Le sacrifice du cheval, tantôt par précipitation tantôt par immolation, n'est pas inusité chez les Grecs qui le destinent aux guerriers morts à la bataille (2l7), à des héros ( ί1β) et à certains
dieux tels que les dieuxfleuves ("·), Hélios (M0
) et Poseidon (ÎS1
).
('") Cf. H. JEANMAIRE, Dionysos, pp. 45, 50.
("') HOM., ψ I71172 (au tombeau de Patrocle) ; cf. Éd. DELEBECQUE, Le
cheval dans l'Iliade, Paris, 1951, pp. 240241. Qu'il soit sacrifié, — le fait demeure
exceptionnel, — ou qu'il apparaisse comme psychopompe sur les stèles, le
cheval possède essentiellement, dans les rites, une valeur funéraire. Cf. L. MAL
TEN, Das Pferd im Totenglauben, dans Arch. Jahrbuch, 29 (1914), pp. 179255 ;
F". BENOIT, L'hérotsation équestre, AixenProvence, 1954, pp. 1924, 30 et
suivantes.
(*'*) Par exemple, en l'honneur du hérosmédecin d'origine scythe, Toxaris :
Luc, Scyth., 2. Cf. W . ALV, art. Toxaris, dans R.E., VI A, 2 (1937), col. 1844
1845. Sur les différents héroscavaliers, originaires de Thrace et d'Anatolie,
cf. L. ROBERT, Un dieu anatolien : Kakasbos, dans Hellenica, III (Paris, 1946),
PP 3873
("'·) De telles pratiques, pour les dieux fleuves, sont davantage attestées
chez les populations non grecques : HOM., Φ 132 (les Troyens au Scamandre) ;
cf. EUST., 1227, 3438 (ad l.l.) ; HDT., VII , 113, 2 (les Perses au Strymon) ; cf. XÉN.,
Anab., IV, 5, 35 O. WASER, art. Flussgötter, dans R.E., V I , 2 (1909), col. 2774
2816
(**·) En Laconie : PAUS , III, 20, 4 ; cf. les pratiques des Sauromates : PAUS.,
I, 21, 6
(*") Hymne hom. Apoll., 230238 (Béotie) ; ARISTOPH., Lys., 191 193 et
schol. R V ad I I. ; PAUS., VIII , 7, 2 (Arcadie) ; SEXT. EMP., Hypot., III, 221 ;
152 L E S M A M M I F È R E S
Un tel rite peut être comparé aux pratiques analogues attestées
dans les populations indoeuropéennes (222
), mais la qualité de
la victime, les prescriptions particulières qui régissent son obla
tion (223
) et la relative rareté de semblables offrandes lui ont con
servé, en Grèce, une valeur transcendante. Si le nom du cheval
n'apparaît pas dans des désignations composées semblables à
celles qui existent pour la chèvre, le bélier ou le taureau (224
),
il a cependant donné naissance à une épiclèse dérivée que parta
gent plusieurs divinités. À Olympie, un autel commun était
dédié à Arès et Poseidon "Ιππιοι en même temps qu'à Héra et
Athéna "Imnat. (225
). L'attestation est unique pour Arès (22e
), que
son rôle de dieu guerrier met en rapport avec le cheval, et pour
Héra qui, à Lébadée, était considérée comme une aurige (227
).
En revanche, Athéna, notamment en Attique (228
), et Poseidon,
à travers la Grèce entière (22e
), sont les dieux "Ιππιοι par excellence
à Camiros, IIIE
siècle avant J . C : cf. F . SOKOLOWSKI, Lots sacrées des cités
grecques, Suppl., Paris, 1962, n° 94, 1. 8 (voir note). Cf. [CALLISTH.], Vie
d'Alexandre, III, 25, 7. F . SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 80100.
(222
) G. DUMÉZIL, La religion romaine archaïque, Paris, 1966, pp. 217231 ;
M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3
, pp. 242243 ; cf. A . VARAGNAC,
Notes sur le folklore et les cultes du cheval, dans Revue du folklore français, 6
(I935). PP 207214 ; W . KOPPERS, Pferdeopfer und Pferdekult der Indogermanen,
dans Wiener Beiträge, 4 (1936), pp. 279409.
(223
) Le sacrifice du cheval est, le plus souvent, propitiatoire et consiste en
l'abandon total de la victime, soit par holocauste, soit par précipitation dans
les fleuves ou les gouffres. Les rites les plus spécifiques et les plus mystérieux
se déroulaient à Onchestos : cf., en dernier lieu, G. Roux, Sur deux passages
de l'Hymne homérique à Apollon, dans R.E.G., 77 (1964), pp. 622. Sur la signi
fication funéraire du sacrifice du cheval : P. STENGEL, Griech. Opferbräuche,
LeipzigBerlin, 1910, pp. 154162.
(m
) Cf. cidessus, p. 126, n. 4044.
(22S
) PAUS., V , 15, 56. Cf. P. ZANCANI MONTUORO, Hera Hippia, dans Archéol.
classica, 13 (1961), pp. 3139. Les Béotiens vénéraient l'héroïne locale Ίππώ (PAUS., I X , 13, 5). — Le parallélisme que l'on peut observer entre taureau et cheval auprès de Poseidon comme auprès de Dionysos se retrouve également attesté à propos d'Héra, déesse Ίπττία à Olympie, mais appelée ßowms par HO
MÈRE {A 551, etc.). Cf. U. PESTALOZZA, Βοώπις Πότνία "Ηρη, dans Athenaeum,
17 (1939). pp- 105-137· (·**) TRYPHIODORE (Prise de Troie, 105) répète la même épithète.
(22
') PAUS., I X , 39, 5 ; cf. [P.] JESSEN, art. Henioche (ι), dans R.-E., VIII ,
ι (1912), col. 258.
(228
) L. R. FARNELL, Cults of the Greek States, I (Oxford, 1896), pp. 271-273.
Cf. [P.] JESSEN, art. Hippia (2), dans R.-E., VIII , 2 (1913). col. 1701-1702 ;
M . DÉTIENNE - J.-P. VERNANT, Les ruses de l'intelligence, Paris, 1974, pp. 178-
179, 196-200.
(229
) L. R. FARNELL, o.l., I V (Oxford 1907), pp. 14-20. Cf. [P.] JESSEN, art.
LES MAMMIFÈRES
souvent honorés ensemble (230
) et associés dans les fonctions
d'inventeurs du cheval (231
), qu'ils l'aient créé, offert ou
dompté (232
). La solidarité d'Athéna et du cheval résulte princi
palement des qualités de technicienne de la déesse, habile et à le
dresser et à l'atteler (233
). La relation qui unit l'animal à Poseidon
tient à des affinités de nature plus étroites et plus riches de sens.
Le cheval intervient, en effet, auprès du dieu dès sa naissance
puisqu'un poulain lui fut, croyaiton, substitué pour satisfaire
la voracité de Cronos (234
). Ailleurs, Poseidon est tenu pour le
père du cheval qui jaillit de la Terre fécondée par sa semence (236
)
ou ouverte par un coup de son trident (23e
), et les juments ont,
à plus d'une reprise, contribué à sauver ses descendants (23
').
C'est toutefois auprès de Déméter arcadienne que le lien de
Poseidon avec le cheval se manifeste dans ses implications les plus
archaïques et les plus complexes.
Au temps où la déesse, privée de sa fille, parcourait le monde,
Poseidon en proie au désir s'était lancé à sa poursuite. Pour lui
échapper, Déméter, métamorphosée en jument, se mêla aux
troupeaux d'Onkios (238
), mais le dieu la rejoignit, sous l'appa
Hippios (1). dans R.E., VIII, 2 (1913), col 17181719 ; M. DÉTIENNE J . P. VER
NANT, o.l., pp. 179181.
1, 3
°) A Olympie (cf. cidessus, p. 152, n. 225); en Attique (SOPH., O.C., 1070
1073 et scholie ad 711 ; PAUS., I, 30, 4; etc.).
("') Cf. A. KLEINGUEN THER, Πρώτος εΰρετής, dans Philologus, Suppl. 26(1933), P 33
("*) Poseidon Ιππων ομητήρ : Hymne hom. Poseidon, 5 ; etc. Cf. Etym. magn., 473, 42-46 πρώτον 'ππον γ(γ(ννηκίναι ; schol. (b) B D Ε O Q P lND. , P., 4, 246 Drachmann (p. 131). Athéna : PIND., OL, 13, 6369.
(*33
) Cf. l'étude très documentée de N . YALOURIS, Athena als Herrin der
P/erde, dans Museum Helveticum, 37 (1950), notamment pp. 1824. La tradition
ancienne hésite sur l'origine de l'épiclèse de la déesse. La variante la moins
remarquable n'est pas celle qui la présente comme la fille d'une Océanide et
de Poseidon luimême, née en pays libyen : MNASÉAS DE PATARA, fr. 2 Müller
(F.H.G., III, p. 149), dans une citation rapportée par DIDYME CHALCENTER,
Comm. ad SOPH., El., 727 Schmidt (p. 104) f = I. BEKKER, Anecd. gr.. I, p. 350,
11. 2628] ; schol. (a) Β I) E G (,) PIND., P., 4, 1 Drachmann (p. 94).
(I 3
«) PAUS., VIII, 8, 2.
(S35
) Schol. (a) Β E t; Q PIND., P., 4, 246 Drachmann (p. 131).
(! 3
«) LUCAIN, Phars., VI , 396398.
(**') Tels Hippothoon (HYGIN, Fables, 187) et Pélias, frère de Nélée (schol.
A HOM,, K 334 ; etc.).
("*) Héros éponyme de l'Arcadie : cf. E MEYER, art. Onkai (2), dans R.E.,
X V I I I , ι (1939), col. 480481 ; W. GOEBER, art. Onlios (1), ibid.. col. 481482.
On notera, dès à présent, l'homonymie entre les sites et les héros arcadiens et
ceux de la Béotie : cf. G. MYLONAS E . KIRSTEN, art. Onkai (1), ibid., col. 480.
154 LES MAMMIFÈRES
rence d'un étalon. De leur union naquit Despoina ( 2 3 9). Cette
tradition se rapporte à la statue cultuelle de Déméter que les
Phigaliens vénéraient, dans une grotte, sous le nom de Mélaina.
La déesse était figurée assise et environnée de mammifères sau
vages, de serpents, en plus du dauphin et de la colombe qu'elle
portait dans les mains (2 4 0). Son apparence était celle d'une
femme enveloppée jusqu'aux pieds d'un chiton noir, — signe de
son affliction et de sa colère. Elle avait la tête et la crinière d'une
jument (2 4 1). Les habitants de Thelpousa, bourgade voisine de
Phigalie, donnaient des faits une version comparable, excepté
en ce qui regarde la descendance divine. La déesse, d'après eux,
avaient enfanté une fille dont le nom n'est livré qu'aux initiés, et
le cheval Areion (242) qui, seul, a figuré au revers de certaines
monnaies locales (2 4 3). Le statut mystérieux qui a été le sien a, pour
("') PAUS., VIII, 42, 12 : κατά ταύτα σφισιν οί Φιγαλείς νομίζουσι, τεχθήναι δέ ύπό τής Δήμητρας οί Φιγαλεΐς φασιν ούχ Ίππον άλλα τήν Δέσποιναν.
("") PAUS., VIII, 42, 4 '• δρακόντων τε καί άλλων θηρίων εικόνες προσεπεφύκεααν τή κεφαλή" χιτώνα Sè ένεδέδυτο καί είς άκρους τούς πόδας·- δελφις Sè έπι τής χειρός ήν αυτή, περιστερά Sè ή όρνις επί τή crêpa. Cf. R. STIGLITZ, Die grossen Göttinnen
Arkadiens, p. 125 (insignes d'une héritière de la Grande Déesse de la Nature).
jt4i) PAUS., : καθέζεαθαι μέν έπι πέτρα γυναικι δέ έοικέναι τάλλα πλήν κ(φαλήν κεφαλήν δέ καί κόμην εϊχεν Ιππου. On rapproche volontiers de cette description les fragments de la monumentale statue de Despoina honorée à Lycosoura.
Le « voile » de la déesse est en effet orné d'une frise de personnages féminins
dansant, à têtes d'animaux. Cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion,
I3
, p. 479 et pl. 31, 2 ; en dernier lieu, E. LÉVY J. MARCADÉ, AU Musée de
Lycosoura, dans B.C.H., 96 (1972), pp. 9671004, notamment p. 981, fig. ad
(nouveaux raccords). L'usage de masques dans diverses cérémonies, en l'hon
neur de Déméter (cf. NILSSON, o.l., p. 477) ou d'Artémis (ibid., p. 479) est bien
connu, il s'agit cependant de masques imitant le visage humain ou divin. Si
l'on excepte le cas des Bacchantes macédoniennes (cf. cidessus, p. 150, n. 211),
l'emploi de masques d'animaux reste douteux. Dès lors, l'hésitation subsiste
quant à l'identification des sujets de la frise mentionnée cidessus: êtres
mythiques ou danseuses masquées.
("") PAUS., VIII, 25, 7 : Τήν Sè Δήμητρα τεκεΐν φαοιν έκ τοΰ Ποσειδώνος θυγατέρα, ής τό όνομα εις άτελέστους λέγειν ου νομίζουσι καί ΐππον τόν 'Αρείονα. Sur la carrière et la signification de ce cheval fabuleux, cf., outre les observations de
L . LACROIX (réf. cidessous, n. 243), M. DÉTIENNE J.P. VERNANT, o.l., pp. 194
197.
(*") Il s'agit notamment d'oboles d'argent (IVe
s. avant J.C). Au droit
figure la tête de Déméter Érinys (cf. PLANCHE V, 4) ; au revers, un cheval
bondissant vers la droite, avec la légende ΕΡΙΩΝ (cf. PLANCHE V, 5),
qui révèle l'identité de l'animal. Cf. F . IMHOOFBLUMER P. GARDNER, Numis
matic Commentary on Pausanias, dans J.H.S., 7 (1886), pp. 110111 ; Β . V. HEAD,
o.l., p. 456 ; L. LACROIX, Études d'archéologie numismatique, Paris, 1974, pp. 71
72. L'alternance AIE à l'initiale du nom du cheval mythique (Areion dans
L E S M A M M I F È R E S
une part, contribué à évincer la fille de Déméter au profit du reje
ton animal. Mais les précisions nombreuses qui ont été trans
mises sur Areion, — son nom, sa représentation, le détail de ses
aventures et les péripéties qu'il a traversées, — tendent à indi
quer que, des deux descendants de la déesse, il n'était pas seule
ment le plus ancien, mais qu'il était aussi resté prééminent.
Le culte des Thelpousiens est adressé à une Déméter anthro
pomorphe qu'ils nomment Érinys et Lousia, la première épiclèse
dérivant du verbe dialectal èpivmw synonyme de l'expression
θυμώ χρήσθαι, la seconde faisant allusion à sa baignade purificatrice dans le Ladon (244). Les deux traditions se complètent et offrent une série de traits qui renvoient à un haut archaïsme : offrandes non sanglantes composées de fruits, de rayons de miel, de toisons brutes arrosées d'huile (245), célébration secrète, localisation, — du moins à Phigalie, — dans une grotte, et surtout statue hybride et progéniture mixte, animale et humaine. La personnalité du dieu procréateur et de la déesse n'est pas moins révélatrice.
Deux variantes ont été conservées au sujet de l'origine du cheval Areion. D'après le poète épique Antimaque (24e), il avait été engendré par Gaia (247), tandis que la tradition béotienne le faisait naître des amours de Poseidon-étalon et d'Érinys-jument, la nymphe du mont Tilphossion (24e).
les sources littéraires, Énon sur les monnaies) tient vraisemblablement à une particularité du dialecte arcadien. Cf. A. THUMB - [A. SCHERER]*, Handbuch der griech. Dtalekle, II (Heidelberg, 1959). pp. 118-119; C D . BUCK, The Greek Dialects', Chicago, 1955, pp. 44-46. Mais les spéculations étymologiques rapprochant le nom arcadien du cheval de l'épiclèse locale de Déméter Έρινύς (cf. ci-après, n. 244) n'ont sans doute pas été étrangères à cette variation. Cf. Fr. BECH-
TEL, Die griech. Dialekte, I (Berlin, 1921), p. 349.
("') PAUS., VIII , 25, 6 : επί τούτω και επικλήσεις τή θεώ γεγόνασι, τον μηνί-ματος μέν ένεκα 'Εριννς, ότι το θυμω χρήσθαι καλοΰσιν έρινύειν οί 'Αρκάδες, Λουσία δέ έπι τω λούαααθαι τω Λάοωνι. Cf. Κ. GlNOUVES, Balaneutikè, Paris, 1962,
p. 290 (baignade de régénérescence).
(»") PAUS., VIII, 42, u .
(««·) Auteur d'une Thébaide. Cf. G . WENTZEL, art. Antimachos (23), dans
R.E., 1. 2 (1895), col. 24332434.
(*") Α.ΝΤΙΜ., fr. 25, 35 Kinkel : ... 'Αρείονα θελπουσαίον | Τον ρά τ' Απόλλωνος σχεδόν όλσεος Όγκαίοιο | Αυτή Tat' άνέδωκε σέβας θνητοίσιν ίδέσθαι, cité par PAUS,,
VIII, 25, 9.
(»«») Schol. A Τ HOM., ψ 346 ; cf. EUST., 1304, 58 (ad HOM., ψ 344) ; HÉSYCH.,
A 7267 ; [APD.], Bibl., III, 6, 8, 45 : ... 'Αρείων τούτον έκ Ποσειδώνος έγέννησε Δημήτηρ είκασθείσα 'Ερινύι κατά την σννουσίαν.
156 LES MAMMIFÈRES
Si des disparates nombreuses et irréductibles affectent le mythe
du fabuleux Areion, successivement offert à Kopreus, roi d'Ha
liartos, à Héraclès et à Adraste (249
), elles n'enlèvent pas leur
sens aux analogies qui apparaissent par ailleurs. Car cette Démé
ter, Mélaina comme Gaia (2 5
°), Érinys comme la nymphe des
montagnes et des eaux (251
), se situe au terme d'une évolution
dont le point de départ doit être recherché dans le monde égéen.
De même que Poseidon, qui lui est associé en tant que dieu chtho
nien de la fécondité (252
), elle a reçu des envahisseurs indo
européens l'attribut qu'est le cheval. Présenté, par la double tradi
tion mythique, comme leur rejeton commun, il illustre, dans la
relation expressive de la filiation, la fonction primitive de la
Terre Mère et de son parèdre dont Déméter et Poseidon sont les
héritiers (253
). Il assume de la sorte un rôle qui, dans le domaine
crétois, avait plutôt appartenu au taureau. Territoires également
consacrés à Poseidon (2M
), l'Arcadie et la Béotie ont développé
des croyances apparentées (25δ
). La première les a perpétuées
dans les rites, en centrant davantage l'attention sur la déesse (25e
),
la seconde, par sa tradition et des célébrations spécifiques (257
),
a exalté le dieu "Ιππιος. De part et d'autre, la présence du cheval
("·) [K.] TUEMPEL, art. Areion, dans R.E., II, ι (1895), col. 621623 ; R STI
GLITZ, o.l., p. 117.
(250) L e s poètes, lyriques et tragiques, ont exprimé, avec une force qui ne
s'est pas démentie au fil du temps, le sentiment de la puissance sacrée de la
terre, personnifiée en GèGaia. M. P. NILSSON (Geschichte der griech. Religion,
'3
ΡΡ· 456461) a réuni et étudié une série représentative, mais non exhaustive,
de témoignages. L'analyse de B. BREYER, Demeter Melaina, dans Jahresbericht
des Realgymnasiums zu Sprottau, 1895, pp. 316, conserve sa valeur.
(2 5 1
) R. STIGLITZ, O.L, p. 116; cf. E . WUEST, art. Erinys, dans R.E., Suppl.
VIII (1956), col. 95, 9899.
(252
) Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 1315 ; le nom même du dieu en
témoigne, s'il est bien, comme l'admet l'étymologie, l'Époux ou le Maître de
la Terre. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3
, pp. 444446,
notamment p. 445, n. 4.
(263
) Cf. R. STIGLITZ, o.L, pp. 69, 90, 104105, 133.
(251) Arcadie : cf. F . SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 1519 ; Béotie : Etym.
magn., 547, 17 ij Βοιωτία όλη lepà Ποσειδώνος ; cf. sur les relations de ces deux régions: F . SCHACHERMEYR, O.L, pp. 38-42; R. STIGLITZ, o.L, pp. 113-114.
(25S) L'étroite corrélation qui les unit se manifeste non seulement par le fait que les mêmes divinités sont honorées de part et d'autre et pour des motifs analogues, mais aussi dans les appellations sacrées : Déméter Έρινύς — nymphe 'Ερινύς; progéniture animale 'Αρ(ε) ίων /'Ερίων; dans les toponymes : Τέλφουσα, Θέλπονσα, θέλφονσα, Τιλφώσιον ; etc.
(25β) c'est le cas en Arcadie: cf. R. STIGLITZ, O.L, notamment pp. 116-132. (257) j7n Béotie, cf. ci-dessus, p. 152, n. 223.
LES MAMMIFÈRES
a été déterminante et témoigne de l'interpénétration des courants
religieux autant que de la profondeur du zoomorphisme.
Le rapport qui s'est établi entre le cheval et la terre connaît
un développement particulier quand il se manifeste à propos de
l'eau. De même que Poseidon, l'Ébranleur du sol, provoque le
jaillissement des torrents et des sources (2δβ
), le cheval qu'il a
engendré de DéméterGaia les fait aussi surgir sous le choc de ses
sabots. L'Hippocrène de l'Hélicon, celle de Trézène, nées toutes
deux de Pégase (25B
), et la Pirène de Corinthe sont les plus renom
mées des eaux courantes que le cheval de Poseidon a suscitées,
principalement en Béotie et dans le Péloponnèse aux alentours
de l'Isthme (2β0
).
Le cheval apparaît encore en relation avec l'eau d'une autre
manière qui n'est pas sans rappeler l'intervention du taureau
dans les représentations des dieuxfleuves (261
). Il prête en effet
des caractères chevalins accusés aux génies des eaux que sont
les Satyres et les Silènes (2β2
) dont la passion pour les nymphes
des sources est maintes fois attestée dans la tradition (263
). Ils
ne peuvent être dissociés de Dionysos, leur maître, qui préside
à l'épanouissement de la vie végétale commandée par l'humidité
vivifiante (2M
). Or, c'est précisément dans un des thiases du dieu
que sont mentionnés des desservants "Ιπποι (2β6
). Leur fonction
consiste, dans l'unique inscription qui les concerne, à assurer
l'ordre des cérémonies en expulsant, si besoin est, les perturba
teurs (2ββ
). Encore qu'elle ait pu être justifiée par leur action (2β7
),
(***) Cf. PLAT., Critias, 113 Ii, 117 AB; cidessus, p. 148, n. 198.
(»*·) Ον., Mit., V, 256259. 262268: Hippocrène de Béotie; PAUS., II, 31,
9 : Hippocrène de Trézène.
(·*·) P. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 32, 40, 142.
(sel
) Cf. cidessus, p. 149, n. 199201.
(, M
) G. DUMÉZIL, Le problème des Centaures, Paris, 1929, pp. 169172 ; F . SCHA
CHERMEYR, Poseidon, pp. 8688, 118.
("3
) Cf. Hymne hom. Aphrod. (1), 256263 ; A. LEGRAND, art. Maenades,
dans Diet. Ant., III, 2 (1904), col. 1479 B, fig. 4759 ; G. NICOLE, art. Satyri,
Silent, dans Diet. Ant., IV, 2 (1911), col. 1091 A.
("*) Cf. H. JEANMAIRE, Dionysos, p. 47.
("s
) LG., IP, 1368, 1. 144 (règlement du IP/IU' siècle après J.C, décou
vert au Pirée sur l'emplacement présumé du local du thiase. Les prescriptions
sont cependant plus anciennes).
(2 β β
) Έαν âc ά- I 7ret0ï/, αίρίτωσαν αυτόν ίξω τοΰ Πυλώ- | vos οι κατασταθησόμενοι υπό τών j 'κρίων "Ιπποι (• 11. Ι4Ι - Ι44) -
("') Au cas où ces "Ιπποι auraient exécuté leur mission en emportant le per
turbateur à la manière d'un fardeau. On peut ici songer à une attitude analogue
158 LES MAMMIFÈRES
cette appellation qui concerne, selon toute vraisemblance, des
officiants subalternes offre surtout un remarquable parallélisme
avec le cas des échansons Ταΰροι d'Éphèse. Elle accentue le
chiasme déjà observé entre les animaux attributs de Poseidon
et de Dionysos et confirme, jusque dans l'organisation locale
de leurs cultes respectifs, la parenté étroite des offices qui leur
incombent (2ββ
).
Les poètes grecs qui ont volontiers appliqué aux jeunes gens,
garçons et filles, les noms des jeunes bovins (2e9
), ont eu égale
ment recours au substantif πώλος qui désigne le poulain et la
pouliche et, par analogie ou extension, tout être jeune, animal
et humain (270
). En territoire péloponnésien (271
), le même terme
à celle qui existait dans le jeu dit de Ι'έφίδρισμός ou ιππαστί. Toutefois, le même
titre est encore attesté, sans que l'on puisse préjuger de la fonction qui incom
bait à celui qui le recevait. L'inscription (LG., II*, 2361) où il apparaît (I.16), con
cerne les orgéons d'une déesse inconnue par ailleurs, Béléla (cf. K . TUEMPEL, art.
Belela, dans R.E., Ill, 1 [1899], col. 190). Chryserôs du Pirée "Ιππο; semble
associé à Ménophilos έπιθέτης, — cette dernière appellation demeure hermétique. L'adjectif έπιθέτης est attesté dans la langue hellénistique au sens d'imposteur, menteur, qui ne peut convenir. S'il possède un sens verbal proche de la signification première du verbe έπιτίθημι, il pourrait désigner celui qui impose ou
inflige (une peine, un châtiment). L'absence de tout complément empêche de
pousser plus loin l'hypothèse. Voir aussi note de l'éditeur, J . KIRCHNER.
(*···) Cf. G. A . PRIVITERA, / rapporti di Dioniso con Posidone in etâ micenea,
dans Stud. Urb., 39 (1965), pp. 180238 ; P. LÉVÊQUE, Continuités et innovations
dans ta religion grecque, dans La Parola del Passato, 148150 (1973), pp. 4445.
("·) Πόρ(τ)ις : ESCH., Suppl., 42, 313 ; EUR., Suppl., 629 ; μόσχος : EUR., Héc, 206, 526; Andr., 711; I.A., 1623; δάμαλις : AGATHIAS, dans A.P., V, 292, 10 ; etc.
(*·'·) ESCH., Prom., 1009-1010 (dans une comparaison) ; Choéph., 794 (à pro
pos d'Oreste) ; EUR., Phén., 947 ; Andr., 621 ; Hipp., 546 ; cf. HÉSYCH., Π 4500 :
πώλους' τούς νέους καί τάς νέας, καί παρθένους. (*") Une épitaphe métrique (W. PEEK, Griech. Vers-Inschr., I [Berlin, 1955]),
p. 346, n° 1177) désigne la jeune morte comme πώλον Αφροδίτης. Le document provient de Panderma (Mysie) et est daté de c. 200 avant J.-C. Le schéma métrique en a été étudié par U. VON WILAMOWITZ-MOELLENDORFF, Griech. Verskunst, Berlin, 1921, p. 128, n. 2. La caractérisation de la jeune morte, qui est dite άωρος (cf. E . GRIESSMAIR, Das Motiv der Mors Immatura in den griech. metrischen Grabinschriften, Innsbruck, 1966, pp. 11-15), et dont la filiation est donnée par la mère, fait difficulté. Le texte se présente ainsi :
«5 ξένί, Μύσης παΐδα τήν άωρον Βοΰν φυλάσσω πώλον Αφροδίτης.
Deux solutions apparaissent possibles. La première consiste à interpréter le
terme ιτώλοί d'après la définition d'Hésychios rappelée ci-dessus (n. 270). Dans
LES MAMMIFÈRES 159
apparaît à plusieurs reprises dans le contexte religieux ( 2 n). Il caractérise tantôt des filles consacrées à Déméter et Coré, tantôt les prêtresses des Leucippides. Les premières sont connues par de courtes dédicaces (273), les secondes par une glose d'Hésychios devenue obscure (274). Les circonstances dans lesquelles l'appel-
ce cas, il s'agit d'un nouvel exemple de l'emploi métaphorique de ce substantif et la mention d'Aphrodite demeure inexpliquée. Mais la glose du lexicographe se complète de la manière suivante : ίτα'φα, πώλους γάρ αύτά; ίλεγον οίον 'Αφροδίτη;. Γη faisceau d'indices pousse à retenir, par hypothèse, cette seconde
valeur dans le contexte de l'épitaphe : — les comparaisons érotiques entre les
courtisanes et les cavales (cf. ASCLÉPIADE, A.P., V , 202, 203), — le fait que le
verbe πωλίίν est synonyme de πορνιύιιν (cf. DIDYME CHALCE.NTER, Comm. ad oral. AU., 19 A Schmidt [p. 315] ; Souda, Π 2174), — l'origine asiatique d'un grand nombre de courtisanes (cf. PLUT., Sur l'amour, 9 [Mor., 735 D]), — le commerce qui était fait des filles d'âge encore tendre (cf. [ D É M . ] , 59 [Contre S'éère , 18, 22),
la fillette décédée est άωρος, — enfin la filiation est donnée par la mère. Dans
cette interprétation, la jeune Bous serait une ' pouliche ' d'Aphrodite, préma
turément disparue.
(*'*) Divers documents sur papyrus, relatifs à des transactions financières
et commerciales (Pathyris, fin du IIe
siècle avant J.C.) mentionnent un iepôs
πώλο; Ίσιδος fleôç μεγάλη;. Cf. B. P. GRENFELL - A. S. HUNT, New Classical Fragments, Oxford, 1897, n° X X , col. 2, 1. 5; Th. REINACH, Papyrus grecs et démotiques, Paris, 1905, η°· ίο, 11. 5-6; 14, 11. 6-7; 15, 11. 5-6; etc. L'appellation Upàs πώλος, qui est appliquée ici à des personnages du sexe masculin, pourrait
avoir été empruntée au culte démétriaque, à la suite du syncrétisme entre les reli
gions grecque et égyptienne, particulièrement accentué sous le règne de Cléo
pâtre III dont le nom permet de dater les divers textes évoqués cidessus. Cf.
J . IJSF.WIJN, De Sacerdotibus Sacerdotiisque Alexandri Magni et Lagidorum
eponymis, Bruxelles, 1961, pp. 137138. Le cas reste cependant difficile.
("3
) LG., V i, 594 (IIe
siècle avant J . C , Laconic) : Αύρη[λί]αν Έπαφρώ, πώλον | γο'ιν άνιωτάτοιί' θίοίν \ γινομίνην, Δήμητρι κα'ι \ Κ[ο]ρη ; 1444 (IVe /IIIe
siècle avant
J . -C , Messénie) : 'Αρισταγόρα Νικαγόρω, πώλος | Δάματρι, Κόραι άνέθηκε; C I L., III, 498 (Patras) : Cornuficia Cnei plia Modesta, polos Cereris, Dianam sua pecunia consecravit. Exemple, rare, où un titre grec se trouve translittéré. L'iden
tification et l'interprétation de cette dernière dédicace sont dues à J . HERBILLON,
Les cultes de Patras, Baltimore, 1929, pp. 3536. Malgré l'hypothèse de A. J . BEAT
TIF. (An Early Laconian Lex sacra, dans Class. Quart., 45 [1951], pp. 4658), il
ne semble pas que l'on puisse découvrir une allusion au rôle des Πώλοι dans le règlement qu'a repris F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl..
Paris, 1962, n° 28.
(, 7 4
) HÉSYCH., Π 4496 : πωλία' χαλκούν πήγμά TL' φέρα δέ έπι τών ώμων τάς τών Λίνκιππίδων πώλους' δύο δί flvai παρθένους φασίν.
Le terme πήγμα, imprécis en soi, pourrait désigner un assemblage (cf. πήγνυμι) une charpente (cf. P Oxy., 2146, 11. 9, 12 ; SPT., 4 Macch., 9,21 ; etc.). La principale difficulté tient cependant au membre de phrase i èpti δί, dans lequel le sujet n'apparaît pas clairement. Tantôt il est pris dans la première
partie de la glose {πήγμά) τι, tantôt il est sous-entendu (cf. W . KROLL, art. Leu-kippiden, dans R.-E., XII, 2 [1925], col. 2263-2264). C. ROBERT (Die griech. Heldensage, II [Berlin, 1920], p. 314 et n 4) a suggéré de corriger le texte en
ι6ο L E S M A M M I F È R E S
lation était décernée échappent donc à peu près complète
ment (2 7 5). Néanmoins, dans les deux cas, elle s'inscrit dans un
ensemble de faits où le cheval détient une place prépondérante,
qu'il s'agisse du mythe et du culte de Déméter (27β) ou des
célébrations laconiennes en l'honneur des héros cavaliers. Les
Dioscures, Λευκώ Πώλω τοΰ Διός (2 7 7), sont en effet les cousins et les époux des Leucippides Hilaeira et Phoibè (2 7 8), en qui, depuis
longtemps, a été reconnue, précisément autour de l'être chevalin,
la fusion d'éléments égéens, anatoliens et indo-européens ( 2 7 e).
Aussi, en dépit des lacunes plus nombreuses encore que dans le
cas des noms d'animaux examinés précédemment, les indices
portent à croire que la métaphore n'avait rien perdu de sa force
dans l'emploi cultuel du mot πώλος qui demeure, à lui seul, le
signe d'une relation spécifique et privilégiée entre les prêtresses
et les divinités, par le biais de l'animal.
Il procède de convictions apparentées à celles qui, au Nord de
l'Égée, ont amené les Thasiens à vénérer Artémis Πωλώ ( 2 S 0 ) . Son culte, qui comportait des mystères (2 8 1), n'est attesté qu'à
partir de la fin de la période hellénistique (282) et peut avoir subi
φίρειν, infinitif dépendant d'un verbe de déclaration sous-entendu. La glose
semble faire allusion à un montage, transporté dans des circonstances non
définies. Qu'elles l'aient porté sur les épaules ou qu'elles aient pris place sur ce
support, pour une procession ou quelque cérémonie, les Πώλοι des Leucippides sont deux -παρθένοι, comme le souligne le lexicographe.
(»") Les indications de LG., V i , 594 montrent le caractère officiel de cette
charge. La stèle est en effet érigée en l'honneur d'Aurélia Épaphrô σεμνοπρεπώς λιτου[ργ]ήσασαν. Mais on ignore à quel culte ou à quel sanctuaire de Déméter et
Corè elle doit être rapportée. Cf. R. STIGLITZ, o.l., p. 37.
(»'·) Cf. cidessus, pp. 153155.
(*") EUR., fr. Antiope, vers 71 VON ARNIM (Kleine Texte, 112 [1913]. P 22);
PIND., P., 1, 66.
(I 7
«) S. WIDE, Lakonische Kulte, Leipzig, 1893, pp. 326332 ; L . R. FARNELL,
Greek Hero Cults, Oxford, 1912, pp. 229233.
(J7
») Synthèse de l'état de la question : L. SÉCHAN P. LÉVÊQUE, Les
grandes divinités de la Grèce, pp. 318319.
(>8
°) LG., X I I , Suppl., 382383 (IIE
IE R
s. avant J.C. ; époque romaine impé
riale). Cf. Th. MACRIDY, Un hiéron d'Artémis Pôlâ à Thasos, dans Arch. Jahrbuch,
27 (1912), pp. 119.
(»") Cf. LG., X I I , Suppl., 387 ; Ch. PICARD, θεοι επιφανείς, dans Xenia, Athènes, 1912, pp. 67-83.
( , B S) J . POUILLOUX, Recherches sur l'histoire et les cultes de Thasos, I (Paris, 1954), p. 329 ; Christiane DUNANT - J . POUILLOUX, Recherches, II (Paris, 1958), pp. 124-125.
LES MAMMIFÈRES l 6 l
l'influence des rites thraces ("*). Tel quel, i l n'en complète pas
moins l'image de la déesse Artémis, héritière de la Πότνια &ηρΰη>, dont l'emprise s'est exercée, sans discrimination, sur la totalité des espèces animales qui ont peuplé peu à peu l'univers hellénique.
Si l'on compare la variété et les qualités nettement différenciées des représentants de la classe des mammifères et, d'autre part, l'ensemble de ceux auquel un rôle a été dévolu dans la religion grecque, en fonction de l'organisation de l'existence antique, la place de cette catégorie se définit par un nombre d'espèces relativement limité, dont l'importance panhellénique est, toutefois, inégalée. Autour du loup, de l'ours, et surtout du taureau et du cheval, les aspirations des Grecs, décelées à propos d'animaux aussi différents les uns des autres que l'abeille, le serpent ou les oiseaux, se sont développées avec plus de force encore. Car la vigueur de ces grands quadrupèdes, leur fécondité et l'intensité du lien qui les unit à leur milieu ont été ressenties, en tout temps, par chacun, et leur efficacité s'en est trouvée accrue. En outre, ils se situent à la tête de la classe d'animaux à laquelle ils appartiennent, à la fois par leur nature et par leur insertion, dès les périodes les plus reculées, dans le contexte sacré : le taureau dans le monde égéen, le cheval dans les croyances indoeuropéennes, l'ours et le loup à partir de la période néolithique de l'hémisphère occidental ( a M). Les vertus qui ont été perçues indépendamment en chacune de ces espèces se sont fondues et renforcées. Les mêmes animaux ont partagé l'entourage des mêmes divinités, rendant ainsi perceptible la diversité de la religion grecque et le syncrétisme qui la caractérise.
(***) Cf. L. ROBERT, Déesse à cheval en Macédoine, dans Hellenica, XII (i960), pp. 588-595; voir aussi Hellenica, X (1955), pp. 153-163.
(*") Cf. P. CHALUS, L'homme et la religion, Paris, 1963, pp. 47-50.
Conclusion
Toute une ménagerie nous fut nécessaire pour nous
apprendre à nousmêmes.
Jean ROSTAND
Loin de s'être, avec le temps, amoindri ou restreint, le natu
ralisme religieux s'est perpétué dans l'âme grecque, à travers les
renouvellements qu'imposaient les époques et les milieux, mais
avec une vigueur inaltérée. Vivifié par la sensibilité des Grecs à la
présence et aux manifestations du sacré et par leur solidarité,
— toujours perceptible (*), — avec le décor naturel, i l constitue
le cadre qui a déterminé, jusque dans ses ultimes prolongements,
la place de l'animal dans la religion ancienne. Car les êtres divins
qui peuplent la Physis et animent ses hauts lieux d'une vie secrète,
ont, pour se révéler, disposé du truchement sans rival des innom
brables ζώα. Hôtes habituels des mêmes séjours que les dieux, avec lesquels ils vivent, eux aussi, en étroite symbiose, les animaux sont apparus tout à la fois, en raison de l'ambivalence qui caractérise jusqu'aux plus effacés d'entre eux, comme les réceptacles du sacré et comme les moyens d'agir et d'avoir prise sur lui. Insectes, poissons, reptiles, oiseaux ou mammifères, ils sont à la base de tous les actes rituels par lesquels se traduit le sen-
(•) Maints traits aujourd'hui rattachés au folklore, mais dont les aspects magico-religieux n'ont pas échappé à ceux qui les ont répertoriés, pourraient être cités. Cf., notamment, J. C. LAWSON, Modern Greek Folklore and Ancient Greek Religion, Oxford, iQio, pp. 190-255 ; W. W . H Y D E , Greek Religion and its Survivals, New York, 1963. C'est à N. KAZANTZAKIS cependant que l'on doit une définition évocatrice de cet état d'esprit. Cf. Lettre au Gréco, trad. M. Saunier, Paris, Pion, 1961, pp. 37, 54 : « Pensez aux bêtes, aux bœufs, aux moutons, aux ânes, ne vous trompez pas, ils ont une âme eux aussi, ce sont des hommes. ... Pensez aux oliviers, aux vignes... ce sont d'anciens hommes, eux aussi. » ; p. 477 : « J'ai compris une fois de plus avec quelle intensité et quelle mystérieuse sûreté la terre est en correspondance avec l'âme. Je sentais qu'elle était pétrie d'un plus grand nombre encore d'antiques rites et d'antiques larmes. »
164 CONCLUSION
tiraent religieux et associés aux faits connexes qui ont servi à le préciser. Les modalités qui ont tendu à rapprocher, d'une part, les dieux et les animaux et, de l'autre, les hommes et les animaux découlent, à travers leurs traits originaux et spécifiques, d'un même comportement. Du sacrifice aux statues cultuelles et aux mythes, locaux ou panhelléniques, des offrandes aux épiclèses des dieux et aux appellations des desservants, l'animal est l'incomparable instrument qui peut, parce qu'il procède de la même vie que les hommes et du même mystère que les dieux, favoriser la conjonction de ces deux mondes.
Parmi celles qui appartiennen t à la faune grecque, méditerranéenne et indo-européenne, i l n'est guère d'espèces qui soient restées étrangères aux gestes du culte et aux croyances adjacentes. Les conditions historiques de la religion grecque, exempte de doctrine, sont à l'origine des attributions si différenciées qui font, pour une même divinité, ici préférer telle victime et là, au contraire, la refuser, ou qui rapportent le même animal, pour des motifs toujours changeants, à des dieux, à des déesses, à des héros. La tendance souvent observée à déceler dans les espèces l'une ou l'autre qualité essentielle est responsable d'un grand nombre d'alliances entre les dieux et les animaux. Les choix initiaux tiennent, dans la plupart des cas, à la nature et au comportement de l'animal mis en cause. Toutes les variétés cependant n'ont pas engendré des développements identiques. Beaucoup sont confinées, — hasard de l'information ou reflet de la réalité, — dans des coutumes et des traditions locales, où elles n'en continuent pas moins à révéler l'extrême diversité du rôle des animaux dans la religion. Quelques-unes, outre les espèces destinées en tout lieu au sacrifice, ont acquis une importance panhellénique. Issus des grandes classes qui ont possédé le plus de valeur aux yeux des Grecs, — les poissons n'ayant jamais rivalisé avec les oiseaux ou les grands mammifères, — l'abeille, le serpent, tous les oiseaux, le loup, l'ours, le taureau et le cheval ont été associés aux élans et aux inquiétudes de l'homme grec et aux démarches primordiales qu'il a entreprises pour assurer sa subsistance matérielle et spirituelle, pour éclairer son avenir, pour apaiser ses craintes face aux inconnues de la vie et de la mort. Ces préoccupations universelles ont été résolues dans des rites et auprès de divinités qui ont varié d'une communauté à l'autre, mais la multiplicité des espèces animales ne dissimule pas le jeu subtil des correspon-
CONCLUSION 165
dances et des affinités entre les animaux, les hommes et les dieux,
— images parfois fugitives de l'identité fondamentale des
croyances et de l'unité du symbolisme religieux des Grecs.
Ces mêmes espèces ont souvent inspiré des épiclèses dérivées
pour les dieux et, parallèlement, des désignations pour le per
sonnel sacré, au point que, dans les cas douteux ou incertains,
tels ceux des vocables Λύκειος et Λνκαιος ou des Péléiai-Péléiades, la tendance antique a été d'accorder la prééminence aux interprétations qui réservaient la plus grande place aux animaux. On y découvre aujourd'hui les traces de conceptions archaïques qui ne sont plus rattachées au totémisme ou à l'emblématisme des clans, mais aux vieilles croyances zoolâtriques. Archaïques, elles le sont à coup sûr, si l'on entend par là ne souligner que leur exceptionnelle ancienneté. Car leur extension dans le temps, — de l'époque égéenne à l'époque romaine, — et dans l'espace où la religion grecque s'est implantée, — de l'Épire à la Laconie et de l'Asie mineure à l'Afrique, — ainsi que l'importance des rites et des sanctuaires auxquels elles sont liées témoignent de la vitalité qui a caractérisé de tels usages et les a maintenus en honneur moins comme les survivances d'âges révolus qu'en tant que procédés insurpassables pour accéder au divin. Chargés par les générations successives du sens qui correspondait à la mentalité propre à chacune d'elles, ils n'ont jamais cessé d'appartenir à la religion vivante et permettent de déterminer la nature première des échanges qui ont uni l'animal à la divinité et l'homme à la divinité par l'entremise multiforme de l'animal. La présence des abeilles, des oiseaux, des serpents et des taureaux auprès de divinités telles que Déméter, Artémis et Athéna, Poseidon, Dionysos et Zeus, qui sont les plus proches héritiers des déités égéennes, indiquent la forte influence que les conceptions préhelléniques de la Crète et de l'Asie ont exercée sur ce domaine de la religion grecque. Le zoomorphisme des dieux et la zoolâtrie y ont laissé d'indiscutables vestiges, plus apparents en certaines régions, — l'Arcadie, la Béotie, — mieux affirmés à propos de certains dieux, — Artémis ou Dionysos.
Le sentiment des Grecs à l'égard des espèces animales qu'ils avaient eux-mêmes introduites et de celles qu'ils avaient découvertes dans le bassin méditerranéen, toutes marquées de religiosité, a été que les animaux sont le siège de la présence sacrée, l'instrument de l'épiphanie divine et le facteur propre à susciter
CONCLUSION
la bienveillance des puissances surnaturelles. Les cas limites ne
manquent pas où l'animal et le dieu sont si intimement unis
qu'ils paraissent s'identifier l'un à l'autre, tels que les invocations
à Dionysos Taureau (2), les métamorphoses et les manifestations
divines avec les rituels qui les prolongent (3), ou les croyances
relatives à la lycanthropie (4). Même alors cependant l'animal
représente davantage un moyen qu'une fin. Et la distinction
entre religion populaire ou pratiquée dans les campagnes et
religion urbaine, plus affinée, perd ici sa raison d'être dans la
mesure où les figures principales du panthéon sont, au même
titre que les dieux agrestes ou secondaires, associées aux animaux
qui sont pareillement leurs compagnons, leurs attributs et leurs
symboles.
Le pieux Socrate stigmatisait les pratiques de ceux qui
vénéraient comme des dieux les pierres, les arbres et les ani
maux (5). Il n'aurait pas désavoué cette profession de foi où
Plutarque a défini le rôle de l'animal dans la religion et précisé
sa destination. La synthèse que le prêtre d'Apollon propose,
vers la fin du Ie r siècle de notre ère, s'accorde, — sans que soient
négligées les modalités locales, les sentiments individuels et
les tendances personnelles qui demeurent finalement le secret
des consciences (e), — à l'affectation profonde des animaux dans
la religion grecque (').
Si donc les plus renommés des philosophes, dès qu'ils ont discerné
dans des matières inanimées et incorporelles une trace mystérieuse
de la divinité, estimaient qu'elles n'étaient absolument pas négli
geables ni dédaignables, a fortiori, — je pense, — il faut apprécier,
selon leur caractère, les particularités qui existent dans des organismes
vivants pourvus de sens et dotés d'âme, de sentiment et de caractère,
non pas en les vénérant pour euxmêmes, mais en vénérant, à travers
eux, la divinité, dans la pensée qu'ils en sont, par nature précisément
de fort fidèles miroirs. Dès lors, il faut les considérer comme un instru
ment ou un moyen à la disposition du dieu qui agence toute chose.
Εΐπερ οΰν oi δοκιμώτατοι των φιλοσόφων ούδ' èv άφύχοις και άσωμά-τοίξ πράγμασιν αίνιγμα τοΰ θείου κατιδόντες τ)ζίουν άμελεΐν ονδεν
(») Cf. pp. 149-151· (3) Cf. pp. 56-57 (dauphin), 96-98 (oiseaux), 144-151 (taureau), 153-157 (étalon,
jument). (') Cf. pp. 128-129. («) Cf. p. XV, n. 40. (*) Cf. M . MESLIN, Pour une science des religions, Paris, 1973, p. 262 (in fine). (') PLUT., Isis et Osiris, 76 (Mor., 382 A-B) .
CONCLUSION 167
ούδ' άτιμάζίΐν, tri μάλλον οίομαι τάς iv αίσθανομίναις καί φνχην ΐχούσαις καί πάθος και ήθος φύσεσιν Ιδιότητας κατά τό τ)θος άγαπη-τίον είναι, ον ταΰτα τιμώντας, άλλα δια τούτων τό θΐΐον, ώς ίναργΐσ-τερων εσόπτρων και φύσει γεγονότων, ώστ' όργανον η τεχνην δΐΐ τοΰ πάντα κοσμοΰντος θΐοΰ νόμιζαν.
Si rapide qu'ait été l'érosion de la puissance sacrée qui leur avait été, à l'origine, reconnue en propre, les animaux sont restés pour les Grecs d'irremplaçables moyens de communication avec les dieux. La place de l'animal dans la religion grecque est donc celle des animaux qui ont servi d'intermédiaires entre les mondes de l'humain et du divin. Elle fait connaître l'unité et la cohésion profonde des rites et des croyances et, par la sympathie agissante qu'elle implique de la part des Grecs à l'égard de tous les animaux, elle permet de suivre le cheminement spirituel qui, leur faisant découvrir leurs dieux, les a aussi conduits à se mieux connaître eux-mêmes.
Index *
INDEX DES NOMS D'ANIMAUX
Cet index contient, dans l'ordre des chapitres, les noms des animaux qui ont été évoqués au cours du travail. Chaque fois que l'identification du genre ou de l'espèce est suffisamment assurée, le nom scientifique apparaît dans la deuxième colonne. (Les principales références aux nomenclatures et aux ouvrages de systématique qui ont été utilisés figurent, pour le chapitre I, aux pages g, note i ; 10, note 7; 13, note 26; 15, note 36; 20, note 78; pour le chapitre II, à la page 48, note 16; pour le chapitre III, à la page 6g, note 76; pour le chapitre IV, à la page 94, note 1). Dans les cas où l'identification reste incertaine, le nom grec est translittéré.
Le lexique français-grec des noms d'animaux figure à la page 204.
CHAPITRE I. — Insectes
Άνθμήνη, ή Αράχνη, η Βασιλεύς μελισσών, voir εσσην Έσσην, ό
Ήγεμών μελισσών, voir έσσην Ίφ, ό Κεράμβνξ, ό
Κόρις, ό Μέλισσα, η
Vespa crabro Aranea
Lucanus cervus Cimex Apis mellifica
frelon araignée
ips cerf-volant
punaise abeille
2 1 «
«5*
39-40 (insecte); 38-43 (titre à Éphèse).
M-I5M-
9· 9, 15", 17"' 20-25, 67", 90, 91-92 (insecte) ; 25-38, 41-43, 107»«, 150*" (emplois figurés).
(·) Les chiffres en corps moyen renvoient aux pages, les chiffres en exposant aux notes. Lorsque l a page est, seule, i n d i q u é e , il y a toujours lieu de se reporter aussi aux notes a f f é r e n t e s .
170 INDEX
Μυια, η Musea mouche 10-13. 15-Μνρμηξ, ο Formica fourmi Ιο , 21 . Μυωψ, ο Tabanus taon ΙΟ 1 1 .
bovtnus Οίστρος, ό Œstrus œstre ΙΟ 1 1 .
Πάρνοφ, ό Tettigonia sauterelle Ι3-Γ-5-Σφηξ, ό Vespula guêpe 2 I » 3
Τεττιξ, ο Cicada cigale 14 3 0, 1520,
Φθείρ, ό Pediculus pou 9· Ψύλλα, τ) Pulex puce 9· Ψυχή, η papillon 21, 23" .
CHAPITRE II
Άκαληφη, ή 'Ανθίας, ό "Αρκτος, voir
1 CT f Ο CKLWIIUJI
Βοαζα ο Hoops bogue ^2 Musteîus
Ift0QtQ C
émissole 51" , 66.
Γλαύκος, ό glaukos 46». Δελφις, ο JLfetprttrlMA dauphin 53-57. 154· "PjWfXlIC Ύί υγχτην*,, if
A nguilla, anguille 50». "Ελοφ, 6 A cipenser esturgeon 5 3 " Έρνθ(ρ)ΐνος, ό rouget 46», 51» . Ήγεμών, voir
πομπίλος θύννος, ό Thunnus thon 50. Ιερός Ιχθύς, 53· voir πομπίλος Κάραβος, ό Κίθαρος, ό
Palinurus langouste 48», 51" . Κάραβος, ό Κίθαρος, ό kitharos 52· Λευκός, ό leukos 49» . Μελάνουρος, ό Oblada oblade 46·, 5 1 " · Όρφός, ό Epinephelus mérou 46».
03? θαλάττιον voir ώτίον Πολύπους, ό Octopus poulpe 52-Πομπίλος Ιχθύς, ό Naucrates
doctor poisson pilote
52-53-
Πρίστις, η Pristis poisson scie 46«. Τεττιξ ό ενάλιος Scyllarus (petite) cigale 52.
arctus de mer Τρίγλη, ή Mullus
surmuletus surmulet 46· , 48",
"Υκη, η hykè 52".
Φάλ(λ)αινα, η Balaena baleine 46 s.
. — Poissons et faune marine
actinie 46". anthias 53* *.
INDEX
Φυκίς, ή phykis 4 8 " . Χρύσοφρνς, τ) Aurata aurata daurade 52. 53"-Ώτίον, τό Haliotis haliotide 52-
tuber cul at a
CHAPITRE III. — Reptiles et animaux apparentés au domaine chthonien
Άσκάλαβος lézard 64", 66".
(-βώτης), ο. voir γαλεός, σαΰρος
À Χ KJ il lX/\vAC , Vf Talpa taupe 17«·, 67, 8 8 » · .
Rafia grenouille 59-61, 64", 67.
A p/min stellion 66 ; 65-67 (emplois
stcllxo figurés).
Λ U / IC W l */3) C/, 64", 66", 67".
VOIT* "\jn Xtrnc-
(tyaco serpent 71, 72". " , 84 1»·,
8 5 ' · ' , 88»", 0 0 " · , 91-92.
"ΕΧοφ, Ó serpent élops 12".
fomrfrnv τη S6Yp€ftS serpent 71».
lififiaceus hérisson 60· .
euYopaeus
Le pus lièvre 60· .
euYopaeus
Mvç, 6 Mus souris 15", 17", 67.
Οφΐ$, o /7 M Î71J1 c serpent 174", 24"", 25 1 " , 60',
6869 (comportement) ;
6970 (ambiguïté) ; 71
72 (étymologie) ; 7277
(morphologie, identifi
cation) ; 7374 (« ser
pent barbu ») ; 7576,
87, 89 (« serpent jouf
flu ·) ; 7980, 91, 243
(amulettes, bijoux) ; 77
91 (fonctions rituelles) ;
9 6 " (serpent et aigle) ;
'54
"Οφις γηγενής 70, 81. "Οφις ό Upos 72, 77-83, 89. "Οφις οίκονρός 72. 91· "Οφις παρ€ΐα 75-76, 86-88, 89. Σαΰρος, 6 Lacerta lézard • 5 " . ' 7 4 ' . oo*. 63-64.
muralis 67. 9Υδρος, 6 serpent d'eau 61 1 3 . Φρύνη, ή Bufo crapaud 59'·
172 INDEX
Χελυς, η Testudo tortue 61-63, ° 4 " . 67.
•
graeca terrestre
CHAPITRE I V . — Oiseaux
'Αετός, ό Aquila aigle royal 95, 96"-»', 98" , 118. chrysaetos
Αηδών, r) Luscinia rossignol i8™. 98" , 118. megarhynchos
ΑΙγίθαλλος, ό Parus mésange 98«". λ% I t
Αιγυπιος, ο Gypaetus gypaète 96.
barbatus
Αιγώλιος, ό Tyto alba chouette 98" . effraie
Αΐθυια, η Larus mouette 97", 98" . Λλεκτρυων, ο Gallus coq X V " , 96", 97-100.
gallinaceus Tt I f ι έρανος, η
Grus grus grue cendrée 94'. 95-I λαυξ, η Athene noctua chouette 95. 97. 98" .
VCLI1C
Λ \ I t Δρυοκολάπτης, ο
Dryocopus pic noir 106. martius
αποψ, ο Upupa epops huppe 98" . fasciée
Άρψοιος, ο Ardea héron 95· Ίεραξ, ό Falco faucon 95, ι ι»""· Ικτίνος, ο Milvus milan 118 · " .
Λελεος, ο Picus viridis pivert 98 4 β . Tri t 1\ψκος, ο
Accipiter épervier 95-ττ ι > t Λ,οκκυς, ο
Cuculus coucou gris 94'. 96. canorus
Κόραζ, ο Corvus corax grand 95. 96, 98" . corbeau
v i t Κορώνη, η Corvus corone corneille 94'. 95. 98" . ΊΤ It- t Κρεξ, η
Rallus râle d'eau 95·
aquaticus
TT I ι Λυκνος, ο
Cygnus cygne ι 8 " , 96, 97, 118, 119. cygnus sauvage
A l t
Λάιος, ο Turdus grive 98" . Μελεαγρίς, η Numida me- pintade 98".
leagris Νοσσάς όρνις, ό, ή poulet 99". Νυκτερίς, ή chauve-souris 98«». ΟΙνάς, η Columba pigeon 102.
cenas colombin Οιωνός, ο oiseau 9 4 " ' " , 95", 96". "Ορνις, ό, τ) oiseau 94 1 0 "" 95" , 118««·,
122", 128.
INDEX I73
"Ορνις Λευκοθέας, voir αίθνια "Ορνις Περσικός, ό, voir άλίκτρυών
KS UI , u V_- 1./* Ι* ' ΨϋΛ caille des blés 98.
i-Lfl Mr ΠΙ Λ
ί f £ A n r**\t( \ c n ( î /' Π VI f Cl cigogne 7 2 95·
1 ΙΐΛ(ΐο., TTCACICLÇ, rï f 1 il 1 i 1»T il ri pigeon oiset I v K J - I U J ^ g C I l C I d û t C a ) ,
i t u t / i IiDtri ilVlU i IV lit i *~J } i u ƒ ί α J ^ t A l U i l C ƒ ,
1 Λ 1 . Ι 1 Λ I t Ί ¥ Ι i ι ι Α .
Ι Ο ƒ-1. 1 V , **4· 117, ι^5 (emplois iigu-rés).
1 I€pt(TT€pQ., Tj L UtVtrflUU # l t ( M p i g ü U H 102, 10^.
// /1 » î fi d t-î r /l It U fil C J I R t4 t l O I 1 i .C3 l i t j U C
l i€pt(7T€pCi ACVKTj, L t J l t J I I l lyvl 95' 9 ° . 99» *°*» I T f i l * * I C J
I I o ,154 • ΙΙνρ&Λλις, "ή pigcun ï Ο ί" . pytallis
Ατρονοος, ο Passer moineau 99". Bavo paon 99.
Τροχίλος, ό Regulus roitelet 95-m i t ipvytov, η
Columba tourterelle 102. turtur
Φο,ττα, 7} Columba grand ramier 99", 101", 102, 103". palumbus
Φάφ, ή Columba petit ramier 102. palumbus
Φήνη, ή Haliaeetus orfraie 96, 98*". Λαραοριος, ο Burhinus œdienème 98" .
œdicnemus criard XfXtSœv, ή Ilirundo hirondelle 18», 94'. 97. 98 · · Xrjv, ό A riser oie 97, 99", 122·.
CHAPIÏRK V. — Mammifères
Αΐξ. ή Capra chèvre 122, 126". 4 l , 131".
liircus 140, 144, 152.
*Αμνός, άρην, 6 agneau 124, 125. "Αρκτος, ό, ή Ursus arclos ours(e) brun(e) 128, 130, 132, 133",
140-142, 143"", 144 (mammifère); 35, 128, 130-144 (emplois figurés), 139-140 (à Cyrène); 136-140 (mythe).
Άσττάλαξ, ό, voir chapitre III
174 INDEX
£}ονς, ο, τ/ ι. Bos taurus bœuf, vache 2 1 , 31 » 122, 149 .
2. (mâle châtré) bœuf II, 2Ii l
, 122, I23,
T i i!8if T C S j^f.Ü9
» "OS JLJOVÇ €UUOLiOÇ, Ο
122 e .
Δο,ρ,ο,Χις, Tj génisse i ZA , l ^ O ^ C l i i p i U l i s 11-
gurés).
Δορκό,ς, 7} CapYeolus chevreuil T O «
ΕΧο,φος, ο, TJ Cervus cerf, biche 1Z ƒ , I x O , 1ZJ.U.
Εριφος, ο rhfttiTfta 11 C l i c V l Ca U 124) 128, £I%IVOÇ, Ο
voir chapitre III *f τ e t
17TTTOÇ, O , Tj hquus cheval, finit n A 11» 7C128 T 1 I
°7 . 74 ' 7 5 » I2I, caballus jument I4/1 14^ ^ l l l c l l l l l l l l l c l c ^ ,
151152 i;sacrmces;, 35,
153"'57 (mythe de Po
b c I U O I l C Î J J C l I I c Ï c r t, *57~
τ c8 /om r\|i \ic π Cf 11 t*<a*2 1 i ^ C i l i p i U l o l l g U l C S ^ .
i\a.TTpo$, o, SUS SCYOJQ, sanglier 1 20.
voir ΰς άγριος Κριός, ο Of ÎS artes bélier ι i A , ι23 » * *4 '
1* ) , 1 Z U ' , ^3*'
ixviüv, ο Oams chien Ö O * " " , 121, Ι20 , 143 ·
Λ ' '
VAÎT" phariitrf TTT
V XJll V< 110. LS ill V Ii i Λ.€ίϋν, O Panthera leo lion 127 4/Ινκος, O Canis lupus loup ι ζ y , ι ώθ-1 jsy, 144 • Μοοχος, o, TJ veau, génisse 140 , 15ο
Mite Λ
V U l i U l c t p i L I c 111
Ν€βρος, ο faon 128. Ννκτ€ρις, Tj, V01I c i i o . p i t i c Α \
^ις> Tj brebis 123 , 124, Ι · 2 5 • Ονος, ο hauus asvnus ane 121,
Πο.ρ8ολις, Tj Lia . i l L l l C I C 12y*'. pardus
Ι ΐΛητι c π τι v ea u, gén 1 sse ι*}8ϊβ* (emplois figurés).
ÂipOjjtXTOv, ΤΟ rviAnfAn I I I O U l O l i 121 122^ 125^*'
127".
Π/Τι Χ ne η ΎΙ poulain, pouliche ι 6 ι (emplois figurés).
Sus scrofa porc 121, 1229, 123'"· " , scrofa domestique 124**·
*Ύΐ άγριος, ό Sus scrofa sanglier 128, i 4 i 1 S 0 . voir κάπρος Ταΰρος, 6, taureau 35. 50" 123". 124". voir /îoCs 12538 126", 127", 128,
INDEX
143-146, 152, 156
( mammifère) ; 146-150,
158 (emplois figurés) ;
147-149 (mythe); 149
(dieux-fleuves).
Τράγος, ô bouc 63", 123'*, 127", 128.
Χοίρος, ό porcelet, 123", 124, 126**. (jeune) verrat
INDEX DES NOMS D E DIVINITÉS,
DE HÉROS E T D E PERSONNAGES LÉGENDAIRES
A
Achéloos : 1491
·»· " · .
Achille: 110.
Actéon: 1351
".
Adraste: 156.
^Epytos: 69".
^Esacos: 69".
Agamédès: 90 ·" .
Agamemnon : 118.
Agrios: 136 1".
Agrôn : 98".
Aigôlios: 98".
Alétès: 110»«.
Amalthée : 30,
Ammon : 94", 104.
Amphiaraos : 64.
Amphitrite: 55"· ' · , 115.
Andromaque: 31u
*.
Aphrodite: i l " , 49*», 52, 55", 97,
98", 99, 103, 115, 1161
", 124",
136"», 158"».
ΓαΧηναίη : 49*°. ΕΙναλίη : 4 9 , β · 'Επιτραγία: 127". ΕύπΧοια: 49*°· Θαλασσίη : 49*°· Λιμάνια: 49*°· ΜίίΧιχία : 24. Ourania: 62, 63, 67". Pandémos : 63", 99*'·
Πόντια : 49· Apollon: 15", 18, 26, 37· 45. 5 °" .
52, 6ο, 6 ι , 62, 65-67, 68", 70", 7 1 · · · " , 9θ, 91. 94"' 95. 96, 97, 98", ιοο, no, l ig, Ι 2 ΐ ι ,
126", 127", I 2 g . *42> 143"*. ι66. "Ακτιος: 12.
ΆΧΐξίκακος: 15"· Αποτρόπαιος: 15"· Boasôn: 60
1
».
Δΐλφίνιος : 56-57· Épicourios: 128".
'Ερυ&ίβιος: 14". Καρνΐΐος: 128". Λύκΐίος: 128, 165. Λυκοκτόνος : 128. Νόμιος: 128". Παρνόπιος: ι 4 , Ι5> 67". Πύθιος: go, Sauroctonos : 63-64, 67. Σμινθΐύς, Σμίνθ(ί)ιος: 6 7 " · " , 68". Φοίβος : 94"
Arachnè: 15".
Areas: 137138, 143"*·
Archélaos: no.
Areion: 147, 154, 155, 156»".
Arès: 121s
, 126".
"Ιππιος: 152. Isménios: 70".
Aréthuse: 51". Arion : 54". Artémis: 48», 49, 52, 73"«, 841",
100, 127, 136-138, 143-144, 165. Άγροτέρα: 127". 'ΑΧφΐιαία: 49*'· Βραυρωνία : 130-131, 134"136. 140-142. (à Cyrène) : 139-14
0
·
(à Halai Araphénidès) : 140.
Ciaria: 141.
Δΐλφινία : 56". 'ΕΧαφηβόΧος: 12η. 'ΕΧαφία: 127". 'ΕΧαφιαία: 127".
INDEX 177
Éphésienne: 38-43.
Eurynomè : 51.
Καπροφάγος : 128". Κουροτρόφος: 139 1 " Λιμνάτις : 49**. Μουνυχία: 130' · . Orthia: 61. Παι&οτρόφος : 135, Ι 3 9 ' " Ποτάμια : 4 9 " Πωλώ: Ι 6 Ο Ι 6 Ι . Ταυροβόλος: 126". Ταυροπόλος: 126". Ύμνία : 38 '" , 39
Artio : 141 ' " . Asclépios: X V " , 72"", 73" ' . 74"° .
7576, 85" 1 , 8688, gi, 99. 100,
121*, Ι 2 3 " .
Askalabos : 64".
Astéria : 98".
Atalante : 144 1 "
Atargatis : 46, 50".
Athéna: X I I » , 12, 16», 18, 26 1 ",
3 1 " ' . 72". 7784. 91, 9597. 115,
I 4 2 , 153, 165.
Γλαυκώπις: 74 1 " , 97-Ήφαιστία : Si1*1. Ιππία: 152. Κουροτρόφος: βι"*· '·*. Παρειά : 7 5 ' " Phratria : 130. Ταυροβόλος : ι26"
Β
Bacchantes: 87»", 150, 154 voir Ménades.
Basilè : 124". Belela: 158» ' Brizô: 49". Byssa : 98«».
C
Cabarnos : 29'" . Calchas : 89. Callirhoè : 109.
Callistô: 136-138, 142, 143 1". Cécrops : 81-82. Céléos : 98«». Cérès : 30, 159'". Céteus: I36 1 1 0 . Chrysaor: 147. Chrysè : 70" . Clinis : 98". Comatas: 23". Corè: 26 1 », 32, 51" , 83, 8 5 ' » ,
1214, 123*°, 159, 160"'. voir Despoina, Perséphone, Phé-réphatta
Corésos : 109, 110 Coronis : 98" . Créiise : 80, 82. Cronos: 153. Cybèle : 127.
voir Déméter. Cychreus: 7 1 , 0 . Cylabras : 4 9 " Cynosoura : 144 1".
D
Damasen : 7 4 u o . Dame des abeilles: 43.
voir Artémis Éphésienne. Dame de l'Acropole: 83.
voir Athéna. Dame de la mer : 49
voir Aphrodite. Dame des Ourses: 144.
voir Artémis Brauronia. Danaos : 34"" Dédale: 148. Déesse des oiseaux: 100". Déméter: 26-36, 38, 51*·, 64",
74» · , 83, 84'«·, 85, 95. 100, 115, 121', 123'°. », 142, 147, 148, '53. 154. 156. 159. 160, 165. -Cybèle: 127. Gaia: 157. Έρινΰς: 154*" '55-I5& Λουσία: 155. Mélaina: 23»·, 84"«, 154-156.
178 INDEX
Thesmophoros : 29, 36.
voir Cérès, Gè-Gaia, Physis.
Despoina: 154-155.
Deucalion: 105, 106", no.
Dictynna : 49.
dieux-fleuves: 149, 151, 157.
voir Achéloos, Gélas, Scamandre,
Strymon.
Dionè: 114-117.
Dionysos: 9', 57 e 2 , 60, 75 1 2 3 , no1 3 8
,
127, 128, 149-151, i5 2 2 2 \ 157-
158, 165-166.
Αίγοβόλος : I26 4 1 . Βουγενής: I49 2 0 4 , 150. Έρίφιος: Ι28 β 0 . Κεραστής: ι$ο. Limnaios: 61. Μειλίχιος : 24. Μελάναιγις : I26 4 1 . Πελάγιος: 149 s 0 5-Ταυρογενης: 149· Ταυρόκερως: 150. Ταυρόμορφος: 150 2 0 8 . Ταυροφάγος: Ι 26 4 3 , 150. Zagreus : 149 s 0 3 .
Dioscures: 84, 85, 123 2 0, 160. Diuja: 116. Diwija : 116. Dôdôné : 105.
Dryopè : 71" .
Ε
Electre : ί ο 1 1 . Énalos : 5 4 " · 5°·
Épicastè : 90 2 3 1 .
Érechthée: 78, 80, 8283.
Érichthonios: 78 1 4 1 , 8082, 135 1 1 4.
Érinys (nymphe) : 155156.
voir Déméter.
Érôs: 71 e 3 , 92 2 4 5 .
Eumélos : g8 4 8 .
Europe : i 4 8 l e s .
Eurydice : 69".
F
Furies : 70e".
G
Gaia: 18, 74 1 J 0 , 82, 115, 116,
i 2 5 3 \ 155156, 157·
voir Gè, Déméter, Héra, Physis.
Galéôtès: 65.
Ganymède : 96 s ».
Gè: 90, 116, I56 2 5 0 .
Gélas: 149 1 9».
Glaucos: 51.
Gorgone: 70, 73, 74 1 1 8 .
Grande Mère: 30, 31, 141.
voir Gaia, Gè, Déméter, Héra,
Physis.
H
Hadès : 32.
Harpyes : 7ο 8 · .
Hébè: 99.
Hécate: 52, 8 4
1 8 β , 8 5 1 » .
Κυνοσφαγης: i 2 i 5 . Hélène: 31 1 4 3 , 123'°, i 3 4 1 0 9 .
Hélios: 85 1 8 1 , 1241 3, 125, 151.
Hellen : 50.
Helios; 105, no.
Héphaistos: 80, 82, 181.
Héra: 26 1 1 5 , 51, 61, 71 e 0 , 82, 95,
96 3 0 , 99, 115, 116, I274", I36 1 2 2 .
Αίγοφάγος : I26 4 0 . Βοωττις: 7 4 " · , I52 2 2 5 . Ίτπτια: 152.
Héraclès: 11, 12", 15, 64", 99,
107, n o , 113, I27 4 8 , 1 4 9 1 9 · , ä 0 0 ,
156.
Ιποκτόνος : 14. Κορνοπίων: 14.
Hermès : 48 1 9 , 51, 52, 61, 62, ΐ 4 6 4 β . Κριοφάγος : ΐ 2 6 4 2 . voir Mercure.
Hestia: 26" 5 . Hilaeira : 160. Hippô: I5 2 2 2 8 , Hippocrène: 157. Hippothoon : 153 2 3 ' . Hippolyte : 135, 146. Hyas : 69". Hygie : 86.
INDEX
lamos: 23 · ' , 25 1 " , 261
", 91, 92" ' .
Icadios : 54".
Ilithye: 35 1 " , 99". 127"
Inachos: 110.
Io: 10'».
Ion : 80, 82, 91.
Iphigénie: 133", 140141, 143".
Isis: 127", 159*"
Jason: no.
Jocastè: go**1
.
Κ
Kérambos: 15"
Koiranos: 54".
Kopreus: 156.
Laios: 98" .
Létô: 61, 98". 115, 128"
Μίΐλίγια: 24. Leucippides: 159-160. Lycaon : 136.
M
137· Maia: 61, 62", 99" Perséphone : 99"
Mardylas: 106.
Mars: 106.
Méduse: 147, 148.
Mélampous: 89" ' .
Méléagre: 98" .
Mélicerte: 56.
Mélissa: 30, 3 1 " · ,
Mélisseus: 30.
Mélissos : 29, 32.
Ménades: 75 ' " .
Mercure Artaios: 141 1 4 ' .
Arverne: 6 3 " (voir Hermès).
Mérôpis : 98" .
Métis: 115.
32
Minos : 147.
Minotaure: 146, 147, 149.
Minyas : 98" .
Mithra: 100".
Mnémosyne: 115, 124".
Muses: 18, 19, 60, 124".
Myrmidons: 16", 21" .
N
Nélée: 153"'.
Néoptolème: 110.
Néréides: 51, 55" .
Nycteus: 1361
*'.
Nymphes: X V « , 18, 3233.
des grottes : 49.
Λίίιλίχιαι : 24. Naïades: 32.
Océanides : 32.
des sources: 157.
O
Océan: 115.
Onkaios: 155"'.
Onkios: 153.
Opis: 135" · .
Oreios: 136 1".
Orion: 135" · .
Orphée: 33 '" , 98", 118.
Otos: 135"*·
Paiéôn : 73 1 » .
Palamède: IX".
Pan: 2 4 " · , 48, 60, 62, 126",
" Ακτιος : 48" . Pandrose : 81. Parthénos: 99. Pasiphaé: 146-148. Patrocle: 23" , 53", 151"". Pégase: 147, 157. Pélias: 153"'. Pénélope: 31 1 " . Périphas: 98«·. Persée : 52". Perséphone: 29-31, 34, 7 1 "
ι 8 ο INDEX
-Maia : 99". Μΐλιτώοης: 24 1 0 0 . voir Corè.
Phaennis: 109.
Phémonoè : 109.
Phéréphatta: 125".
Philomèle: 98" .
Phoibè : 160.
Physis : 22, 94, 163.
Pirène: 157.
Ploutos: 87»».
Polyphontè: 1361*2.
Poseidon: XII3 1
, 4952, 55'", 56»»,
83, 123, 124"· " , 125 s 8, 142,
145149, 151, 153, 155158, 165.
Γαιηοχος : Ι 4 8 1 , β . Έννοσίγαιος: 146, I48 1 ' 8 . Ένοσίχθων: 148 1 8 8 . "Ιττπιος: Ι 5 2 · Σΐισίχθων: ΐ 4 8 1 , β . Taópeos Έννοσιγαιος: 146. Φύκιος : 5°·
Πότνια θηρών : IX 1 8 , 4 2 . Ι 2 7 , Ι 4 1 · 143, ι ο ί .
Πότνια Ιχθύων: 49-Πότνια ορνίθων : 95·
voir Artémis.
Priape : 48.
Procnè: 98*".
Prométhée : IX1 5
.
Protée: 51.
Pyrrha : 106".
R
Rhéa: 31, 115, 144 1".
voir Grande Mère.
S
Sabazios: 75, 85 1" 1, 89.
Sarapis : 99".
Sarpédon : 53".
Satyres : 157.
Sauros : 64".
Scamandre: 149' 0 2 , i 5 i * 1 8 .
Sémélè: 149.
Sibylle : 109.
Silènes: 157.
Sirènes : 51.
Sosipolis: 86 1 8 8 .
Strymon: 151 s 1 ' .
Τ
Taras: 54", 56.
Télémaque: 54 e 8 .
Térée: 98" .
TerreMère: 20 8 1 , 59, 74 ' 2 0 , 80, 91,
156.
voir Gaia, Gè, Grande Mère, Dé
méter, Héra, Physis.
Téthys: 115.
Thamyras: 118.
Thémis: 26 1 " , 115.
Thémistô: 65.
Thésée: 54", 56, I34 1 U 8 .
Thétis: 23» 8,
Thrasyboulos : 64.
Thries: 25 1 1 3 .
Tirésias: 8g*".
Tithonos : 19".
Toxaris: 151"".
Trophonios: 79 1 ' 8 , 86, 89, 91.
Typhon : 98".
U
Ulysse: 32, 110.
Z
Zagreus : 71 8 1 ,
voir Dionysos.
Zeus: 13", 23 8 ' , 26 1 1 5 , 30, 31, 46,
71" , 81, 84, 90 2 3 1 , 95, 96, 100,
105106, n i , 113117, 123, 136
137, 142, 1441*4, 148 1 9 5 , 149, 165.
Αίγοφάγος: I26 4 0 . Άπόμυιος : π , 13" " , ΐ4 · Δωδωναίος : ιοο, 104-106, n i , Ι Ι3 - Ι Ι7 -Κτήσιος : 84-85. Αΰκαιος: 128-129, 165. Μειλίχιος: 24, 73, 74, 84-86. Μΐλισσαϊος: 24 1 0 1 .
INDEX
Μΰ(ήαγρος : η , 13"·". Ι Πίλασγικός: n o 1
Μυιώοης: n , 13" " | Φίλιος: 84. 85. Νά(ϊ)ος: 114. ! Phratrios: 130.
INDEX DES NOMS D E FÊTE
A
Anthestéries: 148 1". Apatouries: 130. Άρκτίίαή: 130-132, 134-136, 139-
i 4 o, 142.
B
Bouphonia: 121·. Βραυρωνία, τά: 130".
C
Chalkeia: 82 1 « 1 , Concours olympiques : 11.
H
Halôa: 51, 66".
L
Laphria: 128.
M
Mystères éleusiniens: 351"", 51.
N
Naia: 114" 1.
T
Taureastai : 14617*. Taureia: 146 1". Taurokathapsia : 1461'", cf. 145 1' 0 .
Thesmophories: 29, 31"', 34-36, 83, 148 1»'.
E
Élaphébolia: 127",
INDEX DES THÈMES PRINCIPAUX
A
Ambroisie : 23.
voir miel, nectar.
"Ανετος, άφετος: 122. Animaux chthoniens: 17", 21" ,
3 1 " · , 59, 63, 82. Anthropomorphisme: 74, 148, 150,
155· Antistites : 35.
voir ιερειαι. Autochtonie: 17, 79, 82. "Αωρος: 158" 1 . "Αωτον, τό : 26.
Β
Βασιλεύς τών μελισσών : 40. Βόσκημα, τό: IX". Βοτόν, τό : IX". Βονκόλοι, ο'ι: ι$ο.
C
Cire : 37· Crocote: 132-133. Μ 2 "*· Coureion: 131", ΐ 3 4 η ' · Cycéon : 2 5 m .
D
Déguisement rituel: 132", 133",
142»».
Dendrôlatrie : n i1
" .
Διαστταραγμός, ό: 128, 150. Divination: 65-66, 71" , 89-90, m .
voir oracle, Pythie. Δράκων, ό,
voir Index I. Reptiles. Δωόαινίόες, al: 103, I12.
E
Eau: 26, 27»». · " , 59, 155, 15; Épiphanie: 96, 105-106, 142. Έρπετόν, τό,
voir Index I. Reptiles. Έσσην, ό ; έσσηνία, τ) : 39"4°·
13°" ·
G
Γηγενής : ι η, ηο. Γραΐαι, αί; γραιοι, ο'ι: ιο8. Grotte: 2 4 " · , 3 2 · 1 5 4 · ' 5 5 ·
I
Ιερός, ιερόν, ιερά, τα: XI, 7 2 · Ίερειαι, α ί : 35. Ι 0 3 . Ι Ι 2 · Incubation : 88. Ίστιάτορες, οι : 39· Ιστός, ό : 31 • 'Ιχθνομάντεις : 6y.
Κ
Κάλαθος, ό: 31, 145-Καταποντισμός, ό: 12. Κορακομάντεις, oi : 6j. Κοΰρειον, τό: 131". Ι34 1 "· ÂTT;VOÇ, τό : IX".
L
Lycanthropie : 129, 166.
M
Μειλίγματα, τά : 9 ° voir miel.
ι84 INDEX
Métamorphose: 15", 19", 5657,
64", 71", 96, 98« ' ·" , 118, 129,
138, 142, 147148, 153154. 166.
Miel: 2225, 37, 79, 88"', 8991, 155.
N
Nectar: 23.
voir miel.
O
Offrande: 4849, 99".
voir sacrifice.
Oracle: 4546, 60, 6467, 9495,
104, 106, 107, 113, 116.
voir divination.
Οιωνός, ό voir Index I. Oiseaux.
"Opvts, 6, ή, voir Index I. Oiseaux.
Όφις, ό, voir Index I. Reptiles.
P
Parasites: 10-14. Passage (rites de) : 129, 133, 139,
144. Πήγμα, τό: 159*". Progéniture mixte: 147, 154-155.
Προφήτώΐς, al: 103, 112. Pureté: 27»», 35, 3839, 43.
Pythagoriciens : 23, 46, 100.
Pythie: 37, 91, 109.
R
Ruche: 22", 261
", 40, 411
".
voir miel.
Rosée: 17«·, 22".
S
Sacrifice: X V4 1
, 1014, 50, 99100,
121128, 131, 145, 151152.
Selloi: io$n
, 112.
T
Tettigophorie : 17, 80.
Thériomorphisme : XIV.
Θήρ, ό; ΰηρίον, τό : IX. Θηριόμορφος : XIV". Θρέμμα, τό : I X 1 · . Θυνναΐον, τό : 5°· Τρίττοια, τριττύα, ή: 123.
Ζ
Zoolâtrie: 165.
Zoomorphisme: XIV, 74. Ι 2
9 . ΐ 4 2 · 147. 149. 157. 165.
Ζην: Χ. Ζωόμορφος : XIV". Ζψον, τό: IX, Χ.
INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES
A
Acarnanie, Acarnaniens: 109, 110.
Acharnes : 96".
Achéloos: Ι 49 1 · · · " · .
Afrique : 165.
Aigiai: 51.
Άκρώρΐΐα: ΐ2θ·° . Akrotiri (Crète) : 143 1".
Alexandrie: 27" · · 1 " .
Aliphéra : 12, 13.
Amyclées : 159"".
Anatolie: 151*".
Andanie : 123".
Andros: 126".
Antrôn : 29.
Aphrodisias : 99.
Apollonia: 127".
Arcadie, Arcadiens: 14, 69" , 90 ' " ,
126 4 0, 129, 136, 137, 141 1 5 0 , 147,
151"' . 153. 156, 165.
Argos, Argiens: 51, 96", 128, 150.
"Αρκτων νήσος : 141. "Αρκτων όρος '• 14 ' • Asie : 46· , 165. Asie mineure: 41 " 5 , 141, 165 Astypalaia : 24 1 0". Athènes, Athéniens: 13, 1718,
2 9 u l . 34. 56", 71*°, 72" , 74*"\
7780, 83, 91, 95, 99, I I I1
«1
,
114 1", 121·, 1 2 4 " · " , 125". 130,
131, 134 1 0 · , 135 1", 136, 139.
Attique: 18, 97, 124, 127, 140,
141, 152, 153" 0 .
B
Béotie, Béotiens: 14, 70*·, no1 4 0
,
147"', 151» 1 , 152»», 153»· , 156,
157. 165·
Brauron: 130131, 132", 133,
139 1 ". 140 1 », 142 1 ", 143,
144.
C
Cadmos (mont) : 13".
Camiros: 23" , 42, 97", 124"· " ,
152» 1 .
Céos: 27" 0 .
Céphalonie : 76.
Cérasonte : 93 4.
Chalos : 46*.
Cnossos: 145 1 ".
Colophon : 121'.
Copaïs : 50".
Corcyre, Corcyréens : 50, 73"",
98", m1 4 1
, 146.
Corinthe, Corinthiens : 10", 30,
n o1 4
» , 126", 147 1", 157.
Corinthe (isthme) : 34, 157.
Cos: 123", 124", 125 3 1.
Crète, Crétois: 31, 34, 5657, 116,
121', 143 1", 148, 156, 165.
Crissa : 57".
d î m e s : 95"·.
Cyclades: 142" 4.
Cymè: 14".
Cyrène: 29 1 3", 96, 136, 139, 140,
144.
Cyzique: 141, 15ο·"".
D
Délos: 4 1 1 · 4 , 46", 52«, 98", 100,
1274', 131".
Delphes: 25 1 1 3 , 37, 30", 56, 61,
70", 90, 91, 94 1 0 , 95" , 97 4 1 , 1221*.
Δημητριάς : 2g. voir Paros.
ι86 INDEX
Dodone : 65,94", ιοο, 101,103109,
110""· "", n i , 1121
", 113117.
Ε
Égine: 50", 126".
Éleusis: 25111
, 29, 301
", 35"*, 123·0
.
Éleusis (d'Alexandrie) : 27" · .
Élis, Éléens: 62, 63", 69'", 127",
150.
Éolide, Éoliens: 14", 50.
Éphèse: 38, 4042, 131", 146, 158.
Épidaure: 2 41
·4
, 86»°», 87»1
, 88.
Épire, Épirotes: 51' · , 71 *°, 90, 107,
109, 110, 113, 165.
Érythrée, Érythréens: 14.
Étolie, Étoliens: 109, 110.
Euphrate: 2611
'.
G
GrandeGrèce: 8oW 0
.
H
Hagia Triada : 1451
".
Halai Araphénidès: 140.
Haliartos: 156.
Halicarnasse : 116.
Hélicon: 157.
Hélôros: 51".
Héraia: i37I M
, 138.
Hermionè: 12641
.
Hyampohs: 127.
Hybla (Petite) : 65.
Hyperborée, Hyperboréens : 9741
,
1214
, 128".
I
Iasos: 54", 127".
Inde: 73"*, 121*.
Ionie: 18, 43.
Isthme,
voir Corinthe.
Isthmos (Cos) : 124", 125".
Istros: 49".
Ithaque : 32.
K
Κάβαρνις: 2g1". voir Paros.
Κορώνη: 95".
L
Labranda: 46. Lacédémone: 12640.
voir Sparte. Laconie: 751", 151"°, 165. Ladon: 155. Lampsaque : 50. Lavinium: 71 , 0. Lébadée: 89, 152. Lemnos, Lemniens: 70**, 94*,
131«· Leptis: 50". Lerne: 150. Léros : 99. Leucade: 12, 13. Libye, Libyens : 153*". Lindos: 121", 124". Loeres: 19. Lycée: 128", 129. Lycosoura: 84 , , , , 154"1.
M
Macédoine: 1131·*. Mallia: 23". Mantinée: 137. Marathon : 62", 93. Marcopoulo (Céphalonie) : 76. Mégalopolis: 63". Mégaride: 97". Messénie, Messéniens : 95", 127",
159»". Métaponte: 1430, 128'0, 149"1. Méthydrion: 1371", 138. Milet: 100. Milo: 76. Munychie: 130. Myconos: 50, 123", 124"· *·, 125". Mytilène : 99".
N
Naupacte: 54". Naxos: 24 I 0 ,.
INDEX 187
O
Œchalie : 126". Œta : 14. Olympe; 23, 26, 94, 117. Olympie: 11-14, 4 1 1 " , 50", 96",
126"· " , 127", 152, 153" · . Onchestos: 152*". Orchomène (Arcadie): 38, 137,
138»· . Ortygia : 98".
voir Délos.
P
Paestum : 241 0*. Panacton: n o 1 4 0 . Panderma (Mysie) : 158"". Paphos: n " . Parion : 49" , 70". Parnasse: 25 H S . Parnès: 141" · . Paros: 29, 34. Parthénion : 62". Pathyris: 159"". Patras: 3 2 , M , 127, 159"". Pella : 127". Pellène: 62". Péloponnèse: 34, 60 1 0 , 61" , 128,
141, 157, 158-159-Pharai : 51. Phasélitos, Phasélitains : 49". Phigalie, Phigaliens: 23" , 74 1 " ,
84»", 154-155 Pinang: 74 l l s . Pirée: 121', 124", 130", 157*". Potniae: 126 4 1. Priène : 99". Pylos : 23".
R
Rhodes, Rhodiens: 14", 124".
S
Salamine: 7 1 , 0 , 78, 89. Samos: 61, 99, 127", 128".
Samothrace : 52. ; Scamandre: 149'", 151*" I Sériphos : 52. I Sicile : 65-66, 99.
Singapour : 74 1 ". • Siwah : 104. ! Smyrne : 46·.
Sonde : 74 ' " · Soura, Sourezi : 45, 46", 66. Sparte: 134 1 " ·
voir Lacédémone. Strymon : 151" · . Stymphale : 93*. Syracuse: 53, 54, 67". Syrie : 46.
T
Tanagra: 46, 126". Tarente: g', 97", n i " 1 , 1214,
138» 1 . Tauride : 1264 4, 140-141. Telmessos : 65 4 ' · Ténare : 57". Thasos, Thasiens: 55" , 97", 122' 1,
1274*, 160. Thèbes: 29" ' , 94", no 1 4 0 , 113 1",
1274". Thèbes (Égypte) : 104, 113. Thelpousa: 154-155. Théra: 42, 121'. Thérapnè: 121'. Thessalie: 7 2 1 « , 80"° , 9 5 " Thisbé: 116. Thrace: 141, 151· 1 1·. Tilphossion: 155, 156"'. Tiora Matiene : 106. Tirynthe : 53". Titanè: 8 7 " · . Tithoréa : 127". Tmaros, Tomaros: 114 1 · · . Trézène: 52, 157. Trikolonoi : 137 1". Troie : 89.
V
Vaphio : 145 1*·
INDEX DES T E X T E S CITÉS
A
ACESTODOROS
fr. 4 Müller (F.H.G., II, p. 464) :
105 s 8 .
AELITJS ARISTIDE
38 (Les Asclépiades) Keil: 88 2 1 6 ;
39 (Au puits de l'Asclêpieion),
5 K. : 86 2 0 1 , 8 8 » 6 ; 41 (Dionysos)
K. : 8 8 " 5 ; 42 (À Asclépios),
5 K. : 86*»; 4751: 88 2 l s .
AGATHARCHIDÈS D E CNIDE
86 F 5 J . : 50» .
AGATHIAS
dans Anthologie Palatine, V,
292,10: 158"»; X, 14: 48".
AGATHOCLÈS D E CYZIQUE
472 F ι a J . : 1217.
AGLAOSTHÉNÈS
499 F *4 J . : 24"».
A L C É E
fr. ι c LobelPage 307: 97" ;
fr. Z 23 L.P. 347 : 16 3 9,
18«.
ALCMAN
fr. 49, 3 Garzya: 71 e 3 .
A L E X A N D R E D E MAGNÉSIE
dans Anthologie Palatine, VI,
182 : 48 1 8 .
A L P H É E D E M Y T I L È N E
dans Anthologie Palatine, VI,
187: 48", I27 4 S .
AMBROISE (S.)
Exameron, V, 21, 6672: 22 8 0 .
ANACRÉON (pseudo)
34,8 Preisendanz: 17"; 34,12
Pr. : 18 5 8 ; 34,13 Pr. : 18 6 0 ;
34,16 Pr. : 17« ; 34,18 Pr. : 20" ;
35,1012 Pr. : 92 2 4 6 .
ANAXAGORE
59 B 4 Diels8
Kranz : VIII1 2
.
ANAXIMANDRE
12 A n Diels6
Kranz : 46 e ; 12 A
30 D.6
Kr. : 46 e .
ANDRISKOS
500 F 3 J . : 24 1» 3 .
ANDRON D ' A L E X A N D R I E
fr. 16 Müller (F.H.G., II, p. 352) :
II1 3
.
ANDROTION
324 F 55 J . : 125 3 1.
ANONYMES
I. B E K K E R , Anecd. Graeca, I,
pp. 234235: 135 1 1 3 ; I, p. 35°.
II. 2628: 153 2 3 3 ; I, pp. 444445:
I30' 8 , 140 1 3 9 ; I, p. 445: 134 1 0 ' ;
I, p. 445,11. 12: 130' 8 ; I, p. 445
II. 1419: 130".
! J. A . CRAMER, Anecd. Oxonien
sia, I, pp. 272273: 10 9.
I Anthologie Palatine, IX, 122 : i8« 3 ;
j IX, 122,1: 19 e 5 ; IX, 122, 4: 16 3 9 ;
IX, 373: 16 4 2 ; IX, 373, 3: 18 5 8 ;
X, 9: 48".
Appendix proverbiorum, 2, 54
LeutschSchneidewin (C.P.G., I,
j p. 402) : 130 7 9.
Vie de Platon, Westermann (p. 5,
j 11. 2740) : 119 2 0 9 . F
ANTIGONE D E CARYSTE
dans Philol. Untersuchungen, IV
(1881), p. 174 Wilamowitz: 50 3 1 ,
! 52 4 ' .
ANTIMAQUE
fr. 25, 35 Kinkel: 155 2 4 ' .
ANTIPATER D E SIDON
dans Anthologie Palatine, VI,
m : 127 4 9 ; VI, 115: 127 4 9 ; VI,
160: 3 1 1 4 2 ; VI, 174: 31 1 4 2 .
ANTIPATER D E THESSALONIQUE
dans Anthologie Palatine, IX,
92, 12: 18 8 4.
INDEX
Α Ν Τ Ι Ρ Η Α Ν Ε
fr. 91 Kock (C.A.F., II, p. 48);
112 1 "; fr. 151 Kock (C.A.F.,
II, p. 73): 2 9 1 " ; fr. 175 Kock
(C.A.F., II, p. 83) : 9 9 » ; fr. 229.
230 K. (C.A.F., II, p. 112) : 13".
ANTIPHON
I (Accusation d'empoisonnement).
16: 84"".
ANTONINUS LIBERALIS
2: 9 8 " ; 6: 9 8 " ; 10: 98«»; 15:
9 8 " ; 19: 9 8 " ; 20: 98«», 121«; 21,
13: 136 1 "; 22: 15"; 24 : 64" ;
27: 140 1 4 1 ; 32: 7 1 " ; 35: 128".
A N V T È (OU LÉONIDAS)
dans Anthologie Palatine, Vil,
190,1: 16 4 0.
APOLLODORE
244 F 89 J . : 2 8 1 » ; 244 F m
ab J . : 126 4 4; 244 F 132 J . :
128' 0; 244 F 138 J . : 8 7 » 4 .
[Bibliothèque], I, 4, 1, 1: 9 8 " ;
I, 4. 3, 5: 135 1 " ; I. 6. 3= <)84';
I. 7. 4. 35: 135" ' ; L 9, " , 23:
8 9 " ' ; II, 5, n , 8: 121·; II, 7, 5,
1: 149 1 " ; III, ι, 34: 147" 3 ,
148 '" ; III, ι, 3, 2: 1 4 8 1 · 3 ; III,
ι, 4, 3: 147"*; III, 6, 7, 46:
8 9 " ' ; III, 6, 8, 45: 155"»; III,
8, 2, 2: 136 '" ; III, 8, 2, 25:
136" 1 ; III, 8, 2, 4: 136»»,
137 1 " · 1 , 4
; III, 9, 2, 23: 144" 4 ;
III, 12, 5, ι et 3: 6 9 " ; III, 14,
12: 82"» ; III, 14, 6, 45:
8 1 1 · · "0
; III, 15, 8, 56: 147"«.
APOLLONIDAS
dans Anthologie Palatine, VI,
105 : 48 ' · , 49".
APOLLONIOS
Histoires extraordinaires, 8 G. :
I I " .
APOLLONIOS DE RHODES
Argonautiques, I, 526527 : 1 io1
" ;
I, 877879: 20" ; II, 10351038:
93 4 ; IV, 582583: 110·».
APOSTOLIOS
13, 7980 Leutsch (C.P.G., II,
PP 596597) : 09" ·
Appendix proverbiorum, voir
ANONYMES.
ARATOS
Phainomena, 4244: 137" 3.
ARCHIAS
dans Anthologie Palatine, VI,
179: 4 8 » ; VI, 180: 4 8 " ; VI,
181: 4 8 ' · ; VII, 213,4: 17",
19"; X. io: 48".
ARCHILOQUE
fr. 167 Tarditi : 19"; fr. 205 Tar
diti: 29 1 3 0 ; fr. 223 Tarditi: 9 4.
ARCHIPPOS
fr. 15 Kock (C.A.F., I, p. 681) :
6 5 " ; fr. 18 Kock (C.A.F., I,
p. 682) : 52".
ARION (pseudo)
ι, 8 Bergk4
(P.L.G., III, pp. 80
81) [= fragm. ade s p., 21 Page
939] : 55"
ARISTOPHANE
Cavaliers, 13311332: 17".
Grenouilles, 115: 9*; 211: 6 1 s 0 ;
216217: 6 1 " ; 226227: 59 4 ;
240249: 6 1 " ; 680681: 104";
820821 : 4 1 ' " ; 12491323 : 41"*;
1274: 41.
Guêpes, 438: 81 " 4 ; 10851086:
ί 95'°· Lysistrata, 191-193: 151" 1 ; 447: 126"; 535: 3 1 1 4 1 ; 579 ; 3 1 " 1 ; 638-640: 131"; 644: 135 1 "; 644-645: 133""; 645: 130", 132»; 645-647: 131»; 758-759:
Suées, 144-152: 9 5 ; 170: 60*·; 173-174 : 66" ; 634 : 10 · ; 725 : 10·.
j Oiseaux, 39-41: 19"; 209-222: j X " ; 214-222 : 94 · ; 229 : 93 ' ; 230-, 246: 931 1; 481-482: 117" 5 ; 499-
522: 117»·'; 515: 9 6 " ; 588-591 : 94*; 596: 9 4 " ; 685-702: 117 1 " ;
j 685-708: 9 8 " ; 705-707: 9 7 " ; j 709-715: 94' ; 709-722: 94 1 3 ; ( 716: 94 1 0 ; 719-721: 94" ; 769-! 784: 97 4 0 ; 865-884: 117" ' ; 869-I 870: 98" ; 1069: 7 1 " ; 1095:
20" ; 1096: I 6 4 1 .
igo INDEX
Ploutos, 733734: 72 1 " , 8 7 " ' ;
73573 8 : 8 7 " 9 · 2 1 0 ; 820: 123 1 8 ;
1197: 84 1 8 8 .
Thesmophories, 8194 ; 34 l s* · 2 % 2 '•
34 1 S 8 ; 821823 : 31 1 " ,
fr. 370 Kock (C.A.F., I, p. 489) :
130".
ARISTOTE
Constitution d'Athènes, 54, 67:
133"·
Génération des animaux, I, 721 a
2 6: 17" ; III, 759 a 7 760 b 33 :
2 2 8 3
; III, 759 a 8 b 35 : 40 1 8 8 .
Histoire des animaux, I, 488
b 16 : 68 '° ; IV, 529 b 16 : 5 2 " ;
IV, 535 a 13 : 21 8 4
; IV, 535
b 3 2 5 3 6 a 4 : 5 4 " ; IV, 5 3 7 a 3 i
b 4 : 5 4 ' 1
; V, 544 b 111 :ioi 7 2
;
V, 544 b ι : 103 e 8
; V, 553 a 17
554 b 21 : 4 0 1 8 8
; V, 553 b 23
554 a 15: 22" ; V, 554 a 67:
2 7 1 2 1
; VI, 566 b 226: 54 7 1
; VI,
579 a 1825 ;
I44l e a
; VI, 580 a 17
19 : 128 8 1
; VII, 581 a 1314 :
134 1 1 0
; VII, 581 a 31b 11 :
1 3 4 no ; VII, 582 a 2829 : 134 1 0 8 ;
VIII, 589a31b u : 5 4 7 1 ; VIII,
596b 1518 : 21 8 4
; VIII, 596b 17
18 : 2 7 1 2 0
; VIII, 597 b 3 : 102 7 8 ;
VIII, 607 a 3034 : 72 1 0 0
; IX, 609
a 19 : 102 7 8
; IX, 614 a 7 : 9 9 " ;
IX, 619 b 67 : 9 5 2 5
; IX, 622 b 18
629 b 2 : 9 2
; IX, 622 b 20, 2427 :
21 8 3
; IX, 624 a 2633 : 4 0 1 8 · ; IX,
627 a 1928 : 21 8 8
; IX, 627 b 33
629 b 2 : 21 8 3 , 22»°.
Météorologiques, I, 352 a 3236 :
105 8 8.
Politique, I, 1253 a 79 : 21 8 3 , 22 8 0 .
Problèmes, I, 22, 862 a 1016: 60".
Fr, 101 Rose: 122" ; fr. 572
Rose : 127".
[Mir. Ausc], 23 Giannini : 72 1 0 0 ,
9 5 " ; 70 G . : 59 4 ; 151 G . : 72 1 0 0 ,
9 5 " ·
ARNOBE
Adversus nationes, VII, 19, 12 :
123"; VII, 19, 47: 125 3 4.
ARTÉMIDORE
Oneirocriton, II, 13: 85 1 9 1 .
ASCLÉPIADE
dans Anthologie Palatine, V , 202 :
i 5 9> 7 1 ; V , 203: 159 2 7 1 .
Asios
fr. 9 Kinkel: 136 1 2 0 .
A T H É N É E
I, 9 D : 125"; I, 13 AD: 5 3 " ;
I, 13 C : 47 1 0 ; II , 38 E : 127 4 7;
III, 78 C : 24 1 » 3 ; I V , 139 B :
124 2«; V I I , 282 E 284 D : 5 3 6 \
V I I , 287 A : 52" . 8 0
; V I I , 297 E
298 A : 5 0 " ; V I I , 297 D E :
5ο 3 ! ; V I I , 301 F : 5 0 » ; V I I ,
303 Β : 50 3 1 ; V I I , 306 A: 5 2 " ;
V I I , 325 A D : 52 4 8
; V I I , 325 B :
52 6 0 ; V I I , 327 A: 52" ; V I I I ,
333 DF: 4 6 6 ; V I I I , 346 C :
50 3"; V I I I , 346 D: 50 3 1 ; I X ,
374 D 376 Ε : 121 7; I X , 375 B :
125»; I X , 375 C : 125 3 2 ; I X ,
392 D: 9 8 " ; I X , 394 A 395 C :
ι ο ί 7 2 ; I X , 394 D : 104 8 8 ; I X , 394 Ε : 103 8 4 ; I X , 394 F : 9 9 " ; X , 425 C : 146 1 7 7 ; X I , 473 B : 8 4 1 8 8 ; X I , 476 A: 150 2» 8. 2 0 8 ; X I I I , 606 D: 55 7 3 ; X V , 674 F : 122 1 2.
AUGUSTIN (S.)
De civitate Dei, X V I I I , 12 (C.S.E.L., V , 2, pp. 282-283): 81 1 8 ' .
A U L U - G E L L E
Nuits attiques, V I I , 8: 54 e 7.
B
BACCHYLIDE
X V I I , 97-100: 56 e 2 . Dith., fr. 26 Maehler : 147 1 8 8 .
BIANOR
dans Anthologie Palatine, I X , 273, ι : 19".
C
CALLIMAQUE
Hymnes, 1 (À Zeus), 49-51 : 2 3 " ; 66: 4 0 1 8 ' ; 2 (À Apollon), 5:
INDEX 191
9 7 " ; 66: 9 6 " ; 109112: 26; 3
(À Artémis), 1314: 135" ' ; n ο
ι 13: 128"; 4 (À Délos), 249254:
9 7 " : 5 {Pour le bain de Pallas),
108115 : 135"* : 6 M Déméter) :
27"», 31"» ; 4245 : 106»· ; fr.
178, 23 Pfeiffer : 4 0 ' " ; fr. 260,
50 Pf. : 9 5 " ; fr 20I, 2
Pf. :
128»« ; fr. 378 Pf. : 5 2 " ; fr. 394
Pf. : 5 2 " ; fr. 416 Pf. : 102" ; fr.
578 Pf. : 123».
CALLISTHÈNE (pseudo)
lie d'Alexandre, III, 25, 7:
152»' .
CHARICLEIDÈS
fr. ι Kock (C.A.F., III, p. 394):
52«».
CHARON DE LAMPSAQUE
262 F 3 ab J . : 103".
CICÉRON
De divinatione, I, 20, 39. 65 s ";
I. 43, 95 :
m " ' .
De natura deorum, III, 39: 46".
CLAUDIEN
De raptu Proserpinae. II, 139:
31» ' .
CLÉARQUE
fr. 102, 11. 1516 WehrIi': 52" ;
fr. 103 W « : 70".
C L É MENT D'ALEXANDRIE
Protreptique, II, 16, 2: 7 1 " ; II,
16, 23 : 149"»; II, 21, 2 : 3 1 ' " ;
II, 39, 6: 9 5 " ; Π, 39, 8: 12».
Stromates, V, 5 Migne (P.C., IX,
col. 48 Α) : ι 8 " .
CLYTOS DE M I L E T
fr. ι Müller (F.H.G.. II, p. 333):
99'°.
C O L U M E L L E
De re rustica, IX: 23".
CORNUTUS
ΠίρΙ θεών, 28 Lang (p. 56, 1. 6) : 123"; 33 L. (p. 70, U. 11-12): 87»».
COSMAS DE JÉRUSALEM j
Ad Carmen LI Gregorii Sazan
zieni, Migne (P.G., 38, col. 460, j
11. 1318) : 8 7 · " .
CRATINAS
fr. 225 Kock (C.A.F., I, p. 81):
75"*·
CRITIAS
88 Β 25 Diels'Kranz: IX"
D
DÉMÉTRIOS DE SCEPSIS
fr. 5 Gaede : 50 1 0 .
DÉMOCRITE
68 A 157 Diels*Kranz : 97*" ;
68 Β 34 D.'Kr. : VIII", X » ;
68 Β 154 D'.Kr. : VIII".
DÉMOSTHÈNE
18 (Sur la couronne), 253; i n " * ;
260: 7 5 1 " · 1 1 8 ; 19 (Sur l'ambas
sade), 299: i n1 4 1
; 21 (Contre
Midias), 53: 111 1 4 1 ; 22 (Contre
Androtion), 77: 135" 3 ; 24 (Contre
Timocrate), 185: 135'"; 29
(Contre Aphobos 3), 43: 134"" ;
45: 134""; fr. 8 (Contre Médon)
BaiterSauppe (Oral. AU., II,
p. 252) : 135" 4 ; 59 [Contre Néère],
18 : 159*" ; 22 : 159" 1.
D E N Y S D'HALICARNASSE
Antiquités romaines, I, 14, 5:
106"».
D I D Y M E CHALCENTER
Comm. ad SOPH., Él., 727
Schmidt {p. 104) : 153'".
Comm. et recens. (Υπομνήματα Πινδάρου), 14 Schmidt (pp. 220-221) : 30 1 3 4 . Comm. in oral. Alt., 19 k Schmidt (P- 315) : 159" 1. Comm. in oral. Att., 25 Schmidt (P- 315-316) : 135" 4
DIODORE DE SICILE I, 83-90: XV 4 »; III, 62: 7 1 " ; V, 69, 4 : 49" ; XV, 72, 3 : 112" 4.
DIOGÈNE L A Ë R C E
Vie des philosophes, I, no: 125"; VIII, 34: 46· , 100".
DIOGÉNIEN
3, 50 Leutsch-Schneidewin [C.P.G., I, p. 224): 122· ; 4, 72
I Ç 2 INDEX
L.Schn. (C.P.G., I, p. 242) :
69".
DION CHRYSOSTOME
12 (Olympique), 81: i n1 4
' ; 37
(Korinthiakos), 34: 55".
DlOSCORIDE
De Mat. Med., I, 103 Wellmann
(PP 9596) : 34 1 5 4
DouRis DE SAMOS
76 F 7 J . : 54".
Ε
É L I E N
Histoire variée, I, 15: 99 s 2 , 102' 5;
V, 17: 9 9 " ; XII, 46: 25 1 1 3 , 65 4»,
6 7 « ; XIII, 46: 69'«.
Nature des animaux, I, 20: 17 4 8,
19" ; II, 8: 54« 8 ; II, 15: 5 3 " ;
II, 21: 88 2 2 2
; III, 37: 5g 4 ; IV, 2:
9 9 " ; IV, 4: 128»; IV, 14: 68'»;
IV, 29: 9 8 « ; V, 6: 5 4 » ; V, 17:
n1 4
, 13 2 2 ; V, 42: 27 1 2 1 ; VI, 17:
6g 8 »; VI, 63 : 6 9 8 0 ; VIII, 5: 46 ' ;
VIII, 11: 69 8», 87 2 1 » ; VIII, 12:
72 1» 2, 75 1 2 2 . 1"" · ; IX, 13: 5 9
8 ;
IX, 5 i : 5 i8
M X , 5 9 : 5 4 n
; I X . 6 5 :
51 3 8 . 4 1
; X, 25: 73 1»»; X, 26:
128 e 1; XI, 2: 71"», 90 8 3 3 . 2 3 4
; XI,
8: n1 4
, i 2 2 » ; XI, 16: 71 e »; XI,
26: 73 1»»; XII, 1: 46»; XII, 2:
4 6 · ; XII, 5 : 6 7 " ; XII, 30: 46',
51 3 8 ; XII, 34: 70 8 ' , 122 1 2 ; XII,
39: 70 8 ' ; XII, 45; 5 5 ' · ; XIII,
26; 52" ; XV, 18: 7 2 1 0 0 ; XV, 23:
53 s 5 ; XVII, 46: 99 5 5 .
EMPÉDOCLE
31 Β 136 Diels8
Kranz : VIII1
«.
ÉPHORE DE CUMES
70 F 119, 4 J . : no1 4 0
, i n " ' . ' « , ' « ,
j 13 1 8 1 . 1 8 2
ÉRATOSTHÈNE
fr. 12, 3 Powell: 52 s 1 ; [Catasteris
moi], 2 Olivieri : 144" 4 ; 13 Olivie
ri: 81 1 ' 1 .
ÉRYKIOS
dans Anthologie Palatine, VII,
36, 3: 2I8 1
.
E S C H Y L E
Agamemnon, 88: 4 1 1 9 3 ; 239:
133 8 8 ; 1038: 8 4 1 8 8 ; 1050: 104 8 »;
1257: 1288 2.
Choéphores, 794 : 158 s ' 0 ; 864 : 4 i1 8 3
.
Euménides, 2: 90 2 3 8 .
Perses, 612 : 23 8 i .
Prométhée enchaîné, 209210:
0 0 2 3 β 6 5866o: no1 3
' ; 674676:
10"; 10091010: 158 2 ' 0 ; 1021
1022 : 96 8 8 .
Sept contre Thèbes, 24 : 94 1» ; 26 :
94 1 0 ; 291 : 69 ' 3 ; 294 : 102 8 »; 503 :
69».
Suppliantes, 42 : 158 2 6 · ; 306308 :
10"; 313: 1 5 8 2 · 8 ; 445: 8 4 1 8 8 ;
510511 : 69" .
Fr. 57, 89 N .2
: 150»»" ; fr. 87
N .2
: 41.
ÉSOPE
57 Chambry: I X1 5
; 6669 Cham
bry: 60'.
Elymologicum Genuinum,
s.v. Γλαΰξ: 97 3 8 . Elymologicum Gudianum,
378, 3-8 De Stefani : 72 8 5 ; 539, 1. 19 De Stefani : 4 0 1 8 8 ; 539, 1. 19-540, 1. 15 De St.: 38 1 ' 8 ; 539, 11. 20-22 De St.: 3 g 1 8 4 ; 540, 11. 11-12 De St.: 39 1 8 4 .
Elymologicum magnum, 27, 51: 126 4»; 54, 27: 48 1 8 ; 131, 23-24: n 1 4 ; 254, 1-13: 135 1 1 3 ; 255. 17-24: 5 6 " ; 280, 41-43: 115 1 8 »; 287, 14-18: 79 1 5 2 ; 371, 29-48: 8 i 1 8 ' ; 383, 27-36: 38 1 ' 8 ; 383, 35-36: 3 9 1 8 4 ; 413, 14-29: X ! » ; 473. 42-46: i 5 3 m ; 547. 17: 156 2 "; 577. 34-35: 2 1 " ; 577. 4 ° : 22 ' 4 ; 577. 4 1 : 2 i 8 4 ; 582, 34-36: 24 1 1 0 ; 644, 6-12 : 7 2 · ' ; 709, 30-37 : 105 8 4 ; 747, 48: 126 4 3; 747, 52 -748, 3: 1264 4, 140 1 4 1 ; 768, 17-19: 123"; 774, 56-57: 27 1 2».
Elymologicum Orionum, 61, 12-15 :38 1 ! s .
EUBOULOS
fr, 32 Kock (C. A. F., II, p. 175) : g4.
INDEX
EUMÉLOS
fr 14 Kinkel: 136'»°
EUPHRONIOS
fr. 71 Strecker : 122
HURI PID H
Alceste, 446447: 62".
Andromaque, 269: 7 1 " ; 621:
158"»; 711 : 158»· .
Bacchantes, 99100: ι^ο8 0
· .
098: 87 ! 1 "; 699700: 128*»; 735
747: 1 5 0 · " ; 767768: 8 7 2 1 0 ; 920
922: 150·°·; 1018: 150 s 0".
Électre, 513: 125".
Hécube, 206: 158»»; 526: 158»»».
Hélène, 13011368: 3 ο 1 3 8 .
Héraclès furieux, 683 : 62".
Hippolyte, 7677: 2 0 " ; 8487:
135" ' ; 546: 158" 0 ; 415: 49 ' ° ;
1214: 146 1 "; 12471248: Ι 4 6 1 8 ί ; 1285-1439: I351"; 1318-1319: 146 1 8 8 . Ion, 18-26: 8 0 " · ; 20-21: 8 0 1 8 · ; 20-26: 7 θ " ; 22-23: 8 1 1 , 0 ; 22-32: 8 0 " · ; 24-26: 79 1 1 ' ; 26-27: 82 1 8 » ; 267-270: 8 0 1 · 2 ; 267-274: 8 0 1 · 5 ; 344: 82 1 8 »; 897-901: 82 1 8 » ; 902-904: 93 4 ; 1196-1208: 9 5 1 · ; 1261 : 1491 1423: 70 8 1427-1432 : g 0i»ê, ut. 1.2. ,4581459: 82 1 8 ».
Iphtgénie à Aulis, 1623: 158" · .
lphigénie en Tauride, 28: 14ο 1 4 1 ;
14521461 : ΐ 4 θ 1 4 · ; 1457: i2& 4 4 . Phéniciennes, 838840: 94'" ; 947 :
158«'».
Suppliantes, 629: 158""".
Fr. Antiope, 41 von Arnim
(Kleine Texte, 112 [1913], p. 22) :
l6o«" ; fr. 368 N 8
: 112 1 8» ; fr.
767 N 8
: 1 3 0 " ; fr. 925 X.» ;
8 0 ' · ' , 8 1 1 , 1
; fr. 989 a X .3
: 94 1 0 ;
fr. 1021 Ν.8
: 112 1 ", 1131 * 1.
E U S È B E
Chronique, pp. 109170 Fotlie
ringhani : 112 1 5 ' .
Praeparatio evangelica, IV", 9, 37 :
1253 3.
E U S T A T H E
395. 3047: 18 8 4 ; 396, 117:
19· · ; 558, 1416: 115 1 8 0 ; 711
5152 : 131"; 1067, 3641 : 5 3 i 8
" 3 9 , 57: X I V3
' ; 1197, 2932
5 2 · · ; 1205, 2223: 146"' ; 1227
3438: 151»·»; 1262,6062: 102"
1304· 5 8 :
'55'": 1423. 8: 79 ' "
1425, 6263: 123 3»; 1454, 2526
n1 4
; 1625, 3536: 38 1 " ; 1676
3442: 123 1»; 1720, 5659: 49
1760, 4142: 67", 1071"*; 1910,
1822 : 127".
l'ESTUS
De verborum signification. 67
Lindsay (p. 59) : 87" 1 3.
FLAVIUS JOSÈPHE
Antiquités judaïques, III, 7, 5:
39' III, 8, 9: 39'
G
GALIEN
Protreptique, 9 Kühn (I, p. 21)
VIII1 1
.
Geoponica,
XIII, 12 : ί ο 8 ; XVII, u : 108. GRÉGOIRE DE CORINTHE
De ciialecto Dorica, 140 Boisso
nadeSchäfer (p. 326): 14617".
GRÉGOIRE DE NYSSE
Discours, I : 54".
H
HARPOCRATION
s.v. Αυτόχθονες: 8 ο 1 · 4 ; s.v. όεκατεύειν: I35 u 3 i s-v- Κτησίου Διός : 8 4 1 8 8 ; s.v. Παρΐΐαι οφεις : 75 ' " ·
HÉGÉSANDROS
fr. 39 Müller (i-'.W.f;., IV, p. 420) : 5 2 « .
HÉGÉSIPPOS dans Anthologie Palatine, VI, 266: 31 1 4 1 .
HELLANICOS DE LESBOS
4 F 161 J . : 17' 3; 323 a F 13 J . : I22 1 2 .
194 INDEX
HÉNIOCHOS
fr. 2, 2 Kock (C.A.F., II, p. 432) :
124". » .
H É R A C L I D E PONÏIQUE
fr. 136 Wehrli«: 112" 3 · » ' ; fr.
153 Wehrli3
: 12".
HÉRODIEN
s.v. ζώον Lentz (Gramm. Graeci, III, 2, p. 516): X 2 »; s.v. Δοθιήν Lentz (G.G., III, 2, p. 923, 11. 8-9) : 4 ο 1 8 8 .
HÉRODOTE
I, 2324: 54 8 8 ; I, 46: m1 4 2
; I,
78, 3: 7 0 " ; II, 3842: X V4 2
;
II, 4548: X V4 2
; II, 5556:
113 1 8 8 ; II, 55, 1: 102", 104 8 ',
I I 3 1 " ; II, 55, 3: IO4 8 ' , II21 5 8
,
u j i e i . ι ι 5Ö_ j · I I 2 i " ; Π, 57, 2 :
102"; II, 6669: X V4 2
; II, 71
76: X V4 8
; II, 171: 34'«·; IV,
183, 5: 71·»; VI, 133136: 29 1 3 1 ;
VI, 138: 131 8 8 · 8
' ; VII, 113, 2:
1 5 1 " · ; VIII, 41: 71 9 »; VIII, 41,
34: 78 1 " . 79 1 4 ' , 89 8 8 β ; IX,
81, ι : g o8
" .
HÉRONDAS
4 , i : 7 3 U 3 ; 4 , 1113: ι ο ο8 9
; 4,90
91: 8 8 · " ; 11: 7 3 1 " ; 26: 73 1 1 8 .
HÉROPYTHOS
448 F ι J. : 49» .
HÉSIODE
Théogonie, 280281: 147 1 8 ' ; 353:
115"«; 406: 24 1 » 6 ; 573576:
3 1 1 4 8 ; 927929: 82 1 ".
Travaux et jours, 232233 :
22β», »s 236237 : 47" ; 2 77 '
I X " ; 448: 94'; 486: 94 ' : 5&8:
94'; 582586: ι 7 " ; 583: ι 6 " ,
ι 8 " ; 584: ι 6 " , ι 8 " ; 592594 :
ι ό " ; 679: 94 ' ; 698: Ι 3 4 1 " ; 828: 9 4 " · Fr. 163 Merkelbach-West : 136 1 " ; fr. 240 M.-W. : m " » ; fr. 275 M.-W.: 8 9 « ' ; fr. 319 M.-W. : i n 1 8 » . [Bouclier], 104 : I 4 6 m ; 393-397 : 18·».
HÉSYCHIOS
A 1737: 126 4 0; A 4886: 1214
;
A 7267: 1552
"; A 7280: I391 3 8
;
A 7281: 130'·· " , 131" ; B 1067 :
131 " , 132 8 8 ; Γ 88: 65 4 ' ; £ 6 3 3 5 :
3 8 » * ; # 3 9 2 : 3 ΐ » ' ; tf393:3im; K 745: 128"; K 4144: 126"; Λ 1389: 128"; A 1390: 128"; M 597: 24 1 1 0 ; M 602: 24 1 1 0 ; M 718: 24 1 » 1 ; M 719: 28"' , 3 5 ' " : M 1294: 34 1 ", 3 5 ' " ; O 270: 78"'. 1 4 8 ; O 1275: 331", 3 5 1 · 2 ; Π 765: 75 1 » . 1 2 5 ; Π 1025: 75" · ; Π 1306: i o g 1 2 1 ; Π 4021:
148" ' ; ƒ7 4496: I59a"; Π 4500: Ι 5 8 · Ό , m; Γ 248: 1 4 6 " · ; Γ 2 5 0 : ι 4 6 > " ; Τ 253: 146 1 "; Τ 254 : Ι 2 6 4 3 ; Τ 40I : 124"; Τ 670: 17" ; Υ 95: 27""; Χ 6οο: I26 4 8 .
HIMÉRIOS
48 (In Hermogenem), 1011 Colon
na: 97 4 1 ; n C. (11. 124127):
18", 97" .
H i P P O C R A T E (pseudo)
Lettres, 15 Littré (IX, p. 340) :
88 2 1 ' .
Régime, II, 46: 1212
; II, 4849:
4 7 " ·
HOMÈRE
A 39: 6 7 " ; A 206: 97· · ; A 551 :
1522
«; B 8790: 20"; B 308
309: 71 · · , 8 9 · " ; B 402403:
I24 2 8 ; B 459468: 93 3 ; B 502:
1 1 6 ' » ; Γ 3335: 6g"; Γ i o 3 :
125"; Γ 150152: i g " ; Γ 449:
IX"; Ε 37o: 115 1 "; Ε 381:
ι ι 5 " · . ' » ; Ε 734735: 3 ι1 4 8
;
Ε 778: ι ο ί 8 8 , ΐ 0 2 8 ° ; Ζ 93-94: Ι24" 8 ; Ή 59-60: 96" · 3 3 ; Κ 292: 124"; Α 634: ι ο ί 8 8 ; Λ 728:
Ι 4 5 ι " ; Μ 167-170: 2 ΐ 8 3 ; Μ 20Ο-2og: 71"; Ο 238: 103"; Ο 586:
I X " ; Π 233-235: Ι 0 5 " , I I O u i , ia» m l « , 112 1", 114 1 ";
Π 4°7: 5 3 " ; Σ 593: 146 1 "; Τ 38-39: 2 3
8 8 ; Φ 132: 151·"; Φ 237: Ι 4 9 8 0 * ; Φ 493 : ι ο ι ' 8 ;
INDEX
Χ 140: ι ο ί · * ; ψ 171-172: Ι 5 1 * " ; Ψ 853: ι ο ί " ; Ψ 855: ι ο ί " ;
Ψ 874: ι ο ί " ; Ω 3 ΙΟ-3ΙΙ : 96". α 25: Ι 4 5 ' " ; a 44 : 9 7 " ; α 443: 2 7 ' " ; β 181-182: 9 4 " ; y 6: 125"; y 37 2 : 9 6 " ; y 382 : 124"; t 434: 2 7 ' " ; κ i j l : I X " ; κ 180: IX"; κ 518-519: 2 3 " ; κ 5 2 7 :
125"; λ 3 2 -33: 125"; λ 130: 145"*; λ 131 : 123", 145"*; μ 62: ι ο ί " , Ι ΐ 6 " ° ; μ 63 : Ι ΐ 6 " ° ; ν 102-109: 3 2 ' " ; ν 104: 3 2 " * ; f 21 : IX"; ξ 327-328: n o 1 " , n i 1 " ; ο 525-526: 9 5 " ; ο 527: ι ο ί " ; τ 296-297: n o 1 " , i n 1 * 0 ; υ 243: ι ο ί " ; 395: ι4"'· Χ 24°-9 7 " ; Χ 468 : ι ο ί " .
[Hymne à Aphrodite ( ι ) ] , 4 :
I X " ; 256263: 157*"·
[Hymne à Apollon], 93: 115"*;
230238: 151" ' ; 300302: 7 0 " ;
300304: 9 0 " ' ; 372373: 9 1 " · ;
392396: 5 6 " ; 400439: 56" ,
5 7 " ; 493495: 56".
[Hymne à Apollon (2)], 1 :
9 7 "
[Hymne d Artémis], 2: 127".
[Hymne à Asclépios], 12: 86»°";
4; 86«°'.
[Hymne à Déméter], 5: 3 2 ' " ; 50:
2 7 " ° ; 94300: 30 1 3 4 ; 99: 2 7 1 ' 0 ;
105106: 2 7 U 0 ; 123: 3 1 " · ; 208
209: 2 7 " ° ; 491 : 29 1 '».
[Hymne â Dionysos], 5253 :
57".
[Hymne à Hermès], 2053: 6 1 " ;
27: 6 2 " ; 552563: 25 1 1 3 .
[Hymne d Poseidon], 5: 153"'.
HORACE
Satires, I, 3, 2627: 87*'".
H Y G I N
Astronomiques, II, 5: 5 6 " ; II,
73: 8 1 " · .
Fables, 53: 9 8 " ; 166: 8 1 " · · " » ;
i 8 7 : 153»' .
HYPÉRIDE
3 (Pour Euxénippe), 24: m "1
.
Fr. 80 Kenyon : 75 1 " .
I
INSCRIPTIONS
CLL., III, 498: 159»· .
W . DITTENBERGER, S,I.G.*, 352,1.
6: 3 9 " ° ; 1024, II.89: 5 0 " ; 1025,
1. 61: 123"; 1040, 11. 910: i 2 i ' .
R. HERZOG, Die Wunderheilun
gen von Epidauros..., dans Phi
lologus, Suppl. 22 (1931), n°» 17:
8 7 ' " . »•»; 20: 86 '» · ; 26: 86'°«;
33: 87«»».·'»; 39: 87· ·»; 42:
87·°"; 44: 8 7 ' ° » · " ° ; 58: 87»°·.
E. L. HICKS, I BM., III (Ox
ford, 1890), n0 ï 447: 38 1 ' 3 ,
3 9 " · ; 448: 3 8 m , 3 9 " ° ; 451:
3 8 " · , 3 9 " ' ; 453: 38" ' , 3 9 " ' ;
455: 38" ' , 3 9 ' " ; 457: 3 8 " · ,
3 9 " ' ; 467: 38"», 3 9 1 " ; 578 c:
38 1 " . " ' , 3 9 " · .
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1. G., I«, 372, 1. 42: I X " ; II',
1368,11. 141144: 1 5 7 · " . · " ; II',
2361, 1. 16; 158»"; II', 4617
4621: 8 4 " ' ; I V , 1272: 24"*; V i ,
594, 11. 26: 159'", 160»"; 1444:
159 '" ; X I I 3, 199, 1. 3: 2 4 1 0 · ;
X I I 3, 418: 121'; X I I 5, 134,
1. 12: 29 1 3 1 ; X I I 5, 325: 2 9 1 " ;
X I I 5, 569, 1. 5: 27 1 ·»; X I I ,
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37: 122 1 2 ; 54, U. 23: 46 e ; 67,
11. 24: 122"; g 4 , 11. 35, 6, 8,
1112: 124 2 4, I 52 2 S 1 ; 101, 11. 3, 5:
124"; 101, 1. 4 : 124 2 2; 110, 11. 2,
4: 124 2 3; 115 A 73 B 27, § 7:
j^çiae, 188
Lois sacrées des cités grecques,
Paris, ig6g, 1 A , 11. g, 14: 124 2 ' ;
4, 1. 5: 123 2 0 ; 5, 1. 37: 123 2»;
10 C, 1. 11: 124 2 7 ; 18 B, 11. 1718:
124 2 6; 29, 11. 67: 1242 6. 2 7 ; 3g,
11. 2026: gg5
"; 45, 1. 4: ΐ 2 4 2 β ; 65, 1. 68: 123"; g6, 1. 6: 125 3 8 ; 96, 1. 8: 50 3 3 ; g6, 1. g: 50 3 3 , 124", 125 3 8 ; g6, 11. 10-12: 50 3 6 , 123 s 1 ; g6, 1. 16: 123"; 96, 1. 25: 124 2 8 ; 126: 9 9 " ; 142, 11. 4-6: 1242 8, I25 3 S ; 169 A , 1. 6: 125 3 1 ; 169 A , 11. 9-10 : I24 2 ' . Tituli Asiae Minoris, I, 84, 1. 3 : 45 3 ·
ISÉE
8 (Suce, de Ciron), 16: 84 1 9 8 .
ISIDORE D E SÉVILLE
Origines, X V I , 14, 7: 7 5 m .
ISOCRATE
10 (Éloge d'Hélène), 18ig: 134 1 0 8 .
ι [À Démonicos], 52: 22 8 8 .
ISTROS
334 F 5 1
J : Ι 2 3 Ι β . 124"
J
JAMBLIQUE
Vie de Pythagore, 147: 100· 2 .
J E A N L'ÉVANGÉLISTE (S.)
Apocalypse, 13, 13, 1118: I X1 8
.
J U L I E N
dans Anthologie Palatine, V I , 12 :
4 8 " ; V I , 25: 4 6 8 ; V I , 282g: 4g 1 8 .
JUSTIN
17, 3, 4 : n o1 3 3
.
L
L A C T A N C E
Divinarum Institutionen libri,
I, 17, 1115 (C.S.E.L., XIX,
p. 66): 8 ι 1 β 7 ; I, 22, 1920
(C.S.E.L., XIX, p. 91): 3o ' 3 8 .
LACTANCTIUS PLACIDUS
Comm. in Statii Thebaïda, VII,
261 Jahnke (p. 357): 116 1 9 1 .
LÉONIDAS D E T A R E N T E
dans Anthologie Palatine, VI, 120,
78: 18 6 8. 5 9
; VI, 288: 3 1 » 2 ; VI,
289: 3 1 1 4 2 ; VII, igo, ι (voir
A N V T È ) : 16 4 0.
LONGUS
Daphnis et Chloé, I, g, 1 : 20 7 8 .
LUCAIN
Pharsale, VI, 3g63g8: i5 3 2 3 « ;
VI, 426427 : m1 4
" .
L U C I E N
Alexandre, ou le faux prophète,
7: 70 8 8 .
Éloge de la mouche, 12: ίο". Hermotime, 20: 146 1 8 0 . Pseudologiste, 1 : ig 8 8 . Sacrifices, 12: 122 1 3. Scythe, 2: 151 2 1 8 . [Déesse syrienne], 45: 46".
LYCOPHRON
Alexandra, 77: 1215.
LYSIAS
fr. 250 BaiterSauppe (Orat. AU.,
II, p. 20g) : 135 1 1 4.
M
MACÉDONIOS
dans Anthologie Palatine, VI, 70:
4 9 " ·
M A N U E L PHILIS
De animalium proprietate, 4g8
506: 19 e 5 ; n 271132: 144 1 8 3.
MARINUS
Vie de Proclos, 30: 86 8» 8 .
M A X I M E DE T Y R
8, ι B Hobein (p. 87) : m1 4 7
; 29,
7 C Hobein (p. 347): n i1 4 7
.
INDEX 197
MÉLANTHIOS
326 F 2 J. : 52".
MÉLÉAGRE
dans Anthologie Palatine, VII,
196: 16", 18".
MÉNODOTE DE SAMOS
541 F 2 J. : gg«'.
MNASÉAS DE PATARA
fr. 2 Müller (F.H.G,, III, p. 149):
153«"; fr. 5 M . (F.H.G., III,
p. 150): 3 2 " 1 ; fr. n M. (F.H.G.,
Ill, p. 151): 9 9 " ; fr. 32 M.
(F.H.G., Ill , p. 155): 46«.
MOSCHOS
Europe, 34: 31 1 « 1 ; 37: 31 1«'.
MYRSILOS DE LESBOS
477 F M J : 56" ·
MYTHOGRAPHUS VATICANUS
I, 47 Bode (p. 18, 11. 45) : 148'".
N
NICANDRE
Alexipharmaka, 60: 99 s 3 ; 535:
9 9 " ; 554 22".
Theriaka, 438: 72 1 " , 73 1 « ' ; 441:
74" ' ; 443444: 7 2 "" 73""· 1 1 3 ;
741 : 21" .
Fr. 58 Schneider : 14ο 1* 1
; fr. 99
Schneider : 12O«0.
NlCANOR
fr. 6 Müller (F.H.G., III, p. 633) :
29 1 " .
NONNOS
Dionysiaques, V, 243246: 2 0 " ;
V, 565568: 7 1 » ; VI, 123154:
3 2 " ' ; VI, 156160: 7 3 u » ; VI,
387388: 9 4 · ; VIII, 322: 149" 3 ;
IX, 1415: 150»«·; XII, 319323:
73"»; XIII, 199200: 17"; XVII,
371: 2 2 " ; XXII, 2224: 2 2 " ;
X X V , 488: 7 4 " ° ; XXXIII , 2:
150«"; X X X I V , 352356: 31" ' .
O
OLYMPIODORE
Vie de Platon, Westermann (p. 4,
11. 2731) : 119"".
OPPIEN
Cynégétiques, I, 351: i o i ' ° ; III,
139169: 144 1".
Halieutiques, I, 126127: 50" ;
I, 186211: 5 3 " ; I, 643: 54" ;
I, 646685: 54" ; I, 649653:
5 7 " ; II, 199252: 45 ' ; II, 533:
54" ; II, 542: 54" ; V, 67102:
5 3 " ; V, 416588: 5 4 » ; V, 425
447: 54»»; V, 441 : 5 4 · » ; V, 453
457: 55" · ORIGÈNE
Contre Celse, IV, 8892: 9 4 " ;
VII, 3, 6, 7: 112"«.
Orphicorum fragmenta,
31, 28 Kern : 32"« ; 34 K. : 3 2 " · ;
178 K. : 3 2 " · ; 192 K. : 3 2 » · ;
193 K. : 32'«·.
OVIDE
Métamorphoses, II, 542632 : 9 8 " ;
V, 256259: 157"»; V, 262268:
157" ' ; V, 393: 3 1 ' " : VI, 5145:
16"; VI, 381: 6 1 " ; VI, 412676:
98«"; XI, 775777: 69".
P
PAPPOS
Collection mathématique, V, 13 :
21" .
PAPYRUS
C. AUSTIN, Nova Fragmenta
Eurip., Berlin, 1968, p. 14, fr. 2,
11. 2025 : no1 3
".
Β . P. G R E N F E L L A . S. H U N T ,
New Classical Fragments, Oxford,
1897, X X , col. 2, 1. 5: 159'".
P. Hamb., 118, col. II, 11. 4550:
no1
", 115 1".
P. Oxy., 1802, fr. 3, col. 2 :
2 8 1 " ; 2146, 11. 912: 159"«.
D . L. PAGE, Greek Literary Pa
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P A U L L E SILENTIAIRE
dans Anthologie Palatine, VI,
54: 19".
PAUSANIAS
I. 5. 3: 9 7 " : I. !3. 3: I 0 9 m
I, 17, 5: 109 1 " ; I, 19, 6: 127"
I, 21, 6: 151" 0 ; I, 24, 57
77 1 I, 24, 7: 7 7 1 " , 8i» I
24, 8: 13"; I, 30, 4: 153«»
I, 32, ι : 1 4 1 " 0 ; I, 36, ι : 71»°
I, 36, 4: 109 1 2 5 , i n »1
; I, 38, ι
5 i3
» ; I, 44, 78: 5 6 « ; II, I, 3
5 6 " ; II, 3, 4: 126"; II, 9, 7
128"; II, 10, 3: 8 8 » ' ; II, I i , 8
87»°»; II, 15, 2: 6 9 " ; II, 17, 4
9 6 " ; II, 19, 3: 128"; II, 26, 5
8 6 2 0 8 ; II, 27, 2: 8 6 2 0 8 ; II, 28, 1
72 101, 10!
. 75' 4 , 87 s 0 ' , 88 s
II, 31, 9: 157" ' ; II, 35, ι : 126"
II, 36, 1: g ó3 8
; III, 14, 9: 121'
126»; III, 15, 9; 126« ; III, 20,
2; 121 s; III, 20, 4: 141 1 4 9
I 5 I » ° ; III, 20, 8: 7 5 " · ; III, 21
5: 5 1 " ; III, 23, 7: 8 8 » ' ; IV
n , 3: 141 1 " ; IV, 14,7: 7 0 "
IV, 31, 9; 99". 127"; IV. 33, 4
126"; IV, 34, 2: I X1 8
; IV, 34, 6
9 5 " ; V, 13, 2: 125 3 ' ; V, 14, ι
n " ; V, 15, 56: 152*"; V, 17
510: 64" ; V, 27, 8: 126". "
V, 27, 9: 50», 1 4 6 1 » ; VI, 2, 4
64" ; VI, 20, 26: 8 6 " 8 ; VI, 20
5: 6 9 " ; VI, 21, 3: 64" ; VI, 22
10: 127 s 0 ; VI, 25, 1: 62". 8 8
63", 6 7 " ; VI, 25, 4: 8 6 1 8 8 ; VII
18, 1113: 127"; VII, 20, 34
126"; VII, 21, 15; 109 1 "
no*3 8
; VII, 22, 4: 5 1 " ; VIII
2, 16: 129 8 8 ; VIII, 3, 67
136" 1 ; VIII, 4,4: 6 9 " ; VIII
4, 7: 6 9 » ; VIII, 7, 2: 151" 1
VIII, 8, 2: 153" 4 ; VIII, 8, 4
7 0 " ; VIII, n , 8: 7 0 " ; VIII
n , 12: 109 1 "; VIII, 13, ι
38 1 ' 4 . " ' , 3 9 1 7 8 · 1 8 1
; VIII, 16, 3
6 9 " ; VIII, 17, 3: 141 1 4 8 ; VIII
17, 5: 6 2 " ; VIII, 23, 5: 109 1 "
VIII, 23, 9; 141 1 " ; VIII, 25
46; 27"» ; VIII, 25, 6: 155» 4
VIII, 25, 7: 154" 2 ; VIII, 25, 9
155" ' ; VIII, 26, 7: I21 8
; VIII
28, 6: 109 1 2 5 ; VIII, 32, 3: 6 3 "
VIII, 35, 8: 137" 3 ; VIII, 37, 4
8 4ιββ. VIII, 37, 8: 122»; VIII
38,67: 129 8 8 ; VIII, 38, 8: 128"
VIII, 41, 6: 5 1 4 4 ; VIII, 42, 12
154"»; VIII, 42, 4: 84 1 8 8
1 5 4 " · . « « ; VIII, 42, 11: 23·»
155 2 4 8 ; VIII, 54, 7: 6 2 " ; IX
8, 1: 109 1 2 5 ; IX, 8, 2: 126»
IX, 10, 5: 70 8 8
; IX, 12, 1 : 1218
IX, 13, 5: 152 8 "; IX, 19, 7
122 1 1; IX, 22, ι : 126 4 2; IX, 25
8: 109 1 " ; IX, 39, 3: 86 2 » 4 ; IX
39, 5: 1 5 2 » ' ; X, 5, 9: 37""
X, 9, 34 '· 50". 146" 1 ; X, 10, 7
9 4 ; X, 12, 10: 38 1 ' 2 , 109 1 "
i n1 4 8
, 115 1 " ; X, 26, 3: 70 8 4 ; X
28, 3: 2 9 1 3 0 ; X, 29, ι : 125 8 ' ; X
32, 16: 128"; X, 33,910: 69 ' 8 · 7 8
PERSÈS
dans Anthologie Palatine, VI,
112 : 127".
PHANODÉMOS
325 F 2 J . : 9 8 " ; 325 F 3 J :
122 1 2; 325 F 14 J . : 140" 1 ; 325 F
20 J . : 6 5
4 ' .
PHÉRÉCRATÈS
fr. 28 Kock (C.A.F., I, p. 153):
124"; fr. 39 Kock (C.A.F., I,
p. 155) : 52 4 8 .
PHÉRÉCYDE
3 F 157 J . : 136"».
PHILIPPE DE THESSALONIQUE
dans Anthologie Palatine, VI,
5; 4 9 " ·
PHILISTOS DE SYRACUSE
556 F 57 J. : 65" .
PHILOCHORE
328F101 J . : 131". 8 ' ; 328 F 169
ab J. : 125".
INDEX I 9 9
PHILOSTÉPHANOS
fr. ι Müller (F.H.G., III, p. 29) :
50» .
PHILOSTRATE
Vie d'Apollonios, III, 8: 7 3 1 0 · ,
7 4 1 » ; VII, 24: 8 3 ' » .
PHILOSTRATE L E J E U N E
Hiroïkos, X, 2 Kayser (II,
p. 177): 125».
Imagines, II, 8, 6: 2 5 1 " ; II, 17, 6 :
79»" ; II, 24 : 121* ; II, 33, 1 : 105".
PHOTIOS
s.v. Οίκουρόν όφιν Naber (II, p. 6) : 78 1 " . s.v. "Οφεις παρειάς Ν. (II, p. 40) :
IIS, li?
s.f. Παρεΐαι όφεις Ν. (II, p. 6ι) :
7 5 " ' · s.v. Προς φθείρα κείρασθαι Ν. (II, ρ. ι ι 4 ) : 9'. s.v. Ταυροπόλον Ν. (II, ρ. 2θΐ) : 126". s.v. Τριττύαν Ν. (II, pp. 227-228) : 123".
P H Y L A R Q U E
81 F 72 J . : 78 '» . PINDARE
Isthmiques, 4 : 29 1 " . Néméennes, 3, 5355 : 86*"* ; 6, 64 :
54"
Olympiques, 6, 4547: 25 1 ",
2 6 " · , 92"«· " · ; 13, 21 : 9 5 " ; 13,
6369: 153" ' ; 13, 686gb: 125'«.
Pythiques, 1, 25: 7 1 " ; 1, 66 160»
35" '
2, 5051: 54' 3.
3, 4753: 86«»·; 4, 61
3 7 1 · · ; 6, 54: 26" ' ; 10, 5354
2 5 " · , 2 6 " · .
Fr. 67 Turyn: 1 1 2 " · , 113"*;
fr. 68 T. : 105», 106" ; fr. 113
T. : 48»· ; fr. 131, 9 T. : 2 6 » " ; fr.
176 T. : 26 1 1 * ; fr. 222, 1317 T. :
55" , ' · ; fr. 222, 15 : 5 4 "
PLATON
Banquet, 191 C: 17".
Critias, 109 CD: 8 2 1 · 1 ; 113 E :
1 5 7 " · ; 117 A B : 157""; 119 D
120 C : 145"'.
Euthyphron, 6 A : X V » .
Ion, 534 B : 22", 25 1 " .
Lois, VIII, 843 D E : 22» .
Ménexène, 237 D: X " .
Phédon, 70 D : X " ; 80 E 82 C
ι ι 8 · · · ; 82 A : 118" 3 ; 82 B
21" , 2 2 " ; 85 B : 119 ·° ' ; 118 A
X V « , 100' · .
Phèdre, 230 B C : X V » ; 244 B :
ι ι ι1 4
· , 112 1 "; 246 A 252 C :
118»»·; 249 D: ι ι 8 » β · ; 259 B
262 D: 19"; 262 D: 18".
Politique, 293 D: 22".
Protagoras, 320 C 321 E
IX'4
; 321 Β : X » ; 321 D: 8 2 1 "
République, III, 404 B C : 53"
VII, 520 B : 4 0 " · ; VII, 532 B
Χ ·3
; VIII, 559 D: I X1
· ; X,
618 A : 118" 4 ; X, 620 A B :
118»·'.
Sophiste, 233 Ε : X»3
; 265 C : X"'.
Timée, 77 Β : X " ; 90 E 92 C :
II8»°>; 91 D E : n 8 " \ 92 B :
45'
[Second Alcibiade], 149 A : 122".
PLATON L E COMIQUE
fr. 173, 1920 Kock (C.A.F., I,
p. 647) : 48".
PLINE L'ANCIEN
Histoire naturelle, II, 228: m1
" ;
V, 142: 141" ' ; VIII, 126131:
144 1 · 3 ; VIII, 227: 59 4 ; IX, 28:
54", 5 5 " ; IX, 2933: 5 4 " : X.
73: 101»; X, 75: n " , 13" ; X,
104106: 101"; X, 204: 102 ' · ;
XI, 21: 2 3 " ; XI, 5354: 4 0 1 · · ;
XI, 119: 102»; XIII, 136: 50 3 4 ;
XVIII, 361: 59' ; X X V I , 103:
5 0 » ; X X I X , 106: u » ; X X X I I ,
17: 46' ; X X X I V , 70: 6 3 » ;
X X X V I I , 158: 75 '» .
PLUTARQUE
Amatorius, 9 (Mor., 753 D) :
159·" .
De amore prolis, 2 (Mor., 494 C) :
144·· 3 .
Bruta animalia ratione uti (Mor.,
985 D 992 E) : VIII»·.
200 INDEX
Coniugalia praecepta, 32 (Mor.,
142 D) : 63s0
.
De defectu oraculorum, 49 (Mor.,
437 AB) : 12213
.
De esu carnium (Mor., 993 A
999 B) : VIII» .
De fortuna Romanorum, 12 (Mor.,
325 C) : 99».
Isis et Osiris, 35 (Mor., 364 F) :
150"», «ο; 69 (Mor., 378 Ε ) :
351 , s
; 7075 (Mor., 379 A
382 A) : X V « ; 74 (Mor., 380 F) :
94" 95"; 75 (Mor., 381 Ε ) :
63"; 76 (Mor., 382 AB): 166
167.
Mulierum virtutes, 2 (Mor., 244
BE): 127".
Platonicae quaestiones, 6 (Mor.,
1004 CD) : 118»»*.
De Pythiae oraculis, 12 (Mor.,
399 EF) : 6 1 » » ; 17 (Mor.,
402 D) : 371
"; 22 (Mor., 405 D) :
95",
Quaestionum convivalium libri,
V, ι (Mor., 673 E): 22e
»; VII,
7, 3 (Mor., 727 E) : i88
° . 8 3
, 20";
VIII, 8 (Mor., 728 D 730 F):
46 · ; VIII, 8, 4 (Mor., 730 E) :
46e
, 513
'.
Quaestiones Graecae, 36 (Mor.,
299 B) : 150'°».
Quaestiones Romanae, 90 (Mor.,
285 EF) : 12" ; 94 (Mor., 286 D) :
88»». » ' ; 98 (Mor., 287 BD):
99"·
Quomodo adolescens ... debeat,
12 (Mor., 32 EF) : 22e
».
Quomodo quis ... profectus, 8
(Mor., 79 C) : 22".
De recta ratione audiendi, 8
(Mor., 41 EF) : 22e
».
Septem sapientium convivium, 18
(Mor., 161 BF): 54", 55'«; 20
(Mor., 163 AD): 56"; 21 (Mor.,
164 A): 61».
De sollertia animalium (Mor.,
959 Β 985 C) : V I I I » ; 2 (Mor.,
960 A): X " ; 4 (Mor., 962 A) :
X " ; 20 (Mor., 974 A): V I I I » ;
22 (Mor., 975 B) : 45s
, 66s8
,
94"; 23 (Mor., 976 C): 45s
;
32 (Mor., 981 D) : 52s1
, 53s
' ;
36 (Mor., 984 A) : 56e 8
; 36 (Mor.,
984 CD) : 55» ; 36 (Mor., 984 E) :
56".
De tranquillitate animi, 5 (Mor.,
467 C) : 2289
.
Vie de Démosthène, 26, 6: 79m
.
Vie de Lucullus, 10, 1 : i25 3 8
.
Vie de Numa, 8, 13: XIV3 7
.
Vie de Périclès, 1314: 77"".
Vie de Phocion, 28, 2: 112"'.
Vie de Pyrrhus, 1, 1: 106".
Vie de Thémistocle, 10, 12 :
78"». 1 1 8
; 12,1: 95»° ; 26, 3 : 96".
POLÉMON
fr. 31 Preller: io68 8
.
P O L L U X
III, 52: 13188
; VII, 55: 133";
VIII, 107: 1338
»; VIII, 119:
56". 8 3
; X , 125: 311
«.
POLYCHARMOS
770 F 2 ac J . : 45'.
P O L Y E N
Strategemata, VI, 24: 5ο8 8
.
PORPHYRE
De abstinentia, I, 14: 121»; III,
5: 95», ", »'; 20: 121'; IV, 16:
51", 64", 99", 100".
De antro nympharum, 3: 321
";
14: 32""; 18: 21", 23", 241 0
»,
28»', 35»1
.
Vie de Pythagore, 41: 144"4
.
POSIDONIOS
87 F 29 J. : 49".
PRATINAS
fr. 2 Page 709: 19'8
.
PROCLOS
Chrestomathie, 7986: n o "0
,
JJ2«*, 15?.
Paraphrasis Ptolemaei Tetrabi
blou, Allatius (pp. 278, 1. 28; 282,
1. 26) : XIV3
' .
P R O X È N E
703 F 7 J . : 106100
.
INDEX 201
Q
QUINTUS MAECIUS
dans Anthologie Palatine, VI, 33 :
48" ; VI, 89: 48».
QUINTUS DE SMYRNE
VII, 402: 67".
R
R H IN TON
fr. 17 Kaibel (C.G.F., p. 188):
65«'.
SAPPHO
fr. 118 Voigt: 6 2 " ; fr. 130, 2 V. :
71" .
SCHOLIASTES
Schol. Oxon. à AELIUS ARISTIDE
244, 3 Dindorf (III, p. 691,
11. 1628) : 29 1 3 1 .
Schol. L à APOLLONIOS DE RHO
DES, I, 936 Keil: 14114*, 144'";
I, 1050 K. : 101"; II, 123 K. :
128"; II, 328329 a Κ. : ιοι'».
Schol. à ARATOS, Phainomena,
4244 Maass (pp. 181182; 344
345): 137 1 » ; (pp. 184185):
144'".
Schol. R V à ARISTOPHANE, Ly
sistrata, 191: 151" 1 ; 645:
1 3 0 ' « ' · . ' · . ' · , 132»3, 1 4 0 1 3 · ; R :
1 3 4 » · ; V: 132«, 133"»; 758
759: 79»»; 759: 72·». " .
Schol. G R V à ARISTOPHANE,
Nuées, 508: 89»«· " · , 90»".
Schol. R V à ARISTOPHANE,
Oiseaux, 39: 19e* ; 515: 96" ;
873: 122"; 1764: 29" 0 .
Schol. R V à ARISTOPHANE, Plou
tos, 690: 7 5 ' " · ; 733: 72".
Schol. F E e La Q à CALLIMAQUE,
Hymnes, 1 (A Zeus), 66: 40"".
Schol. f à CALLIMAQUE, Hymnes,
2 (À Apollon), 59: 9 8 " ; 108:
26" ' .
Schol. F e Π La Q à CALLIMA
QUE, Hymnes, 5 (Pour le bain de
Pallas), 108115: Ι351 1
· .
Schol. Ν A B à EURIPIDE, Hip
polyte, 73 Schwartz (II, p. 14,
11. 1718): 23» .
Schol. A à H O M È R E , K 334 :
153" ' ; Β, Λ ι : 19" ; A, / l 5;
19"; A , Π 233234: i o 5 M . " ; T ,
Π 233: i o 6 " ; A , Π 407: 5 3 " ;
A , Σ 486: 6 9 " ; A Τ , Ψ 346:
155»»; P S V, y 6: 125"; Q V,
ξ 327 : i o 6 , 0 ° .
Schol. à LUCAIN, Pharsale, VI,
426: io6">4.
Schol. R à L U C I E N , Dial, court.,
2, ι Rabe (p. 276) : 84"« ; 7, 4 R.
(p. 280, 11. 2024): 51 4 0 .
Schol. P à LYCOPHRON, Alexan
dra, 207 Scheer (p. 97, 1. 26) :
5 6 " ; 1237 Sch. (p. 356): 150» 1 .
Schol. (a) G d f à NICANDRE,
Theriaka, 490: 12".
Schol. Β P à PINDARE, Néméen
nes, i, 2 a Drachmann (pp. 89) :
5 1 " : 7. 155 a Dr. (pp. 137
139) : n ou o
.
B D E F G Q Pythiques, 1, 185
Dr. (p. 29): 149 1 " ; 4, ι (a) Dr.
(p. 94): 153'"; 4, 106 a Dr.
(p. 112113): 26" ' , 32" 0 , 37" 1 ;
4, 106 c Dr. (p. 113): 26» ' ,
35 '» , 3 7 " ' ; 4, 246 (a) Dr.
(P 131) : 153" ' : 4. 426 (b) Dr.
(p. 131) : 153»».
Schol. à PLATON, Timée, 23 K
Greene : 81 " ' .
Schol. L à SOPHOCLE, Électre,
6: 128"; Œdipe à Colone, 711:
ΐ 5 3 " ° · Trach., 172: ι ο 6 1 " 4 , 1 1 3 " 0 . Schol. K U G Ε A T à T H É O CRITE, I, 115 Wendel: I 4 i , 5 ° ; II, 66 W. : 131»; V, 14-16 W. : 48'«; XV, 64 W. : 9 6 " ; XV, 94 W. : 241»».
SCYMNOS DE CHIOS (pseudo-) Périégèse, 447-452 Müller (G.G.M., 1, p. 215) : no 1 ".
202 INDEX
SÉMONIDE
fr. 7, 8393 West : 22" ; fr. 13 W. :
IX»».
SÉMOS
396 F 4 J. : 49««.
SÉNÈQUE
Lettres à Lucilius, VII, 64, 7:
X V I ; XI, 84, 35: 22·».
SEPTANTE
Exode, 10, 35: 13".
4 Macch., 9, 21: 159"4
.
SERVIUS
Comm. ad VIRG., Bucol., IX, 13 :
1061
»8
; Én., I, 430: 30» ' ; III,
466: io71 0 t
.
SEXTUS EMPIRICUS
Hypotyposes, III, 221: 151"1
.
Adversus mathematicos, IX, 127
128: VIII». 1».
SlMONIDE
fr. 105 Page 610: 19"; fr. 173
174 Bergk4
: 19".
SOCRATÈS
fr. 5 Müller (F.H.G., IV, p. 498) :
150»1
».
SOLINUS
30, 1617 Mommsen: 751
".
SOPHOCLE
Ajax, 139140: 1028
· .
Antigone, 205: 934
; 341352:
I X » .
Électre, 6: 12888
; 655: 128»;
1379: 128".
Œdipe à Colone, 10701073 :153280
.
Philoctète, 193195: 7 ο8 8
; 265
267: 7o88
.
Trachiniennes, 169172: 1071
",
II21 6 8
, 113»»; 497530: 149s 0 0
;
821826: 1071
»; 11661168:
Ι Ο 7 1 1 · , Ι Ι 2 1 ί 8 .
Fr. 418 Ν . 2 ; ι ΐ 2 " 4 ; fr. 607 Ν." : 126" ; fr. 795 Ν · * : 23*'-
SOPHRON
cité par A T H É N É E , IX, 394 D:
10385
.
Souda,
A 3958 : 131". 132". I3310
'.
134»' , 140"8
; A 3959: 130",
134"' ; Β 190191 : 60' ; B 453 :
2 i8 1
; B 457 : 1228
; E 937 :
130'8
; Ε 3131 : 38»" ; β 617 :
I228
; K 2523 : 841 8 8
; M 847
848: 2 4 " ° ; M 1364: 12";
M 1365: 112"2
· " ' ; Π 2174:
i592 n
; T 158: 1461
'8
; T 161:
126"; T 164165: 12644
; T1030:
123"; T 1065: 89"8
, 90"».
STACE
Silvae, III, 5, 80: 9518
.
STATYLLIUS FLACCUS
dans Anthologie Palatine, VI,
196: 4818
.
STÉPHANE D E B Y Z A N C E
s.v. Άκρώρίΐα: I28 8 0 ; s.v. "Αρκτων νήσος: I4 i 1 4 7 ; s . f . Γαλΐώται: 65". 8 8 ; s.v. Κνζικος: 141"' ; s.v. Μέλισσα : 3 0 » 8 ; s.v. Πάρος : 29» 2 ; s.v. Σονρα: φ*; s.v. Ύβλαι: 65"·
STRABON
VI, ι, 9. 260 C. : 19"; VI, 3, 9. 284 C. : 125"; VII, fr. ι α: io7 1»', rog"1, n i 1 4 8 , 112"4, 113» 1 ; VII, fr. ι c: 107 1»·; VII, 7, 12, 329 C. : 112"3; VIII, 3, 12, 343 C. : 127s0; XII, 8, n , 575 C : 141» · ; XIII, ι, 14, 588 C. : 708'; XIII, ι, 46, 604 C : 67"; XIII, i , 64, 613 C. : 1428-32.
Τ
T A B L E T T E S MYCÉNIENNES
PY An 607, 5: 116188
; PY Cn
1287, 6: 116"3
; PY Tn 316 v, 4:
10188
, n61 8 3
.
T H É É T Ê T E
dans Anthologie Palatine, Χ, ι 6 :
48».
THÉMISTIUS
21 (Le bourreau), 259 D Schenkl
DowneyNorman (II, p.43) : ni1
*';
27 (Sur l'attention), 334 A Sch.
D.N. : (II, p. 157): m » ' .
INDEX 203
THÉOCRITE
I, 15: 16« ; IV, I 5 I 6 : 17" ; V,
1416: 4 8 " ; VII, 7889: 2 3 " ;
VII, 8082: 2 0 " ; XV, 94: 241™.
Fr. 3 Gow : 49 · · .
[XXI], 5 4 : 4 9 " ; [ X X I F , 4043:
20".
THÉODORIDAS
dans Anthologie Palatine, VI,
156: 19" : VI, 224: 49".
THÉOGNOSTOS
Canones, 16 Cramer (Anecd.
Oxon., II, p. 7) : 38 '" .
THÉOPHRASTE
Caractères, 16, 4: 72 1 " , 89*".
De causis plantarum, III, 22, 56;
14».
Historia plantarum, IV', 6, 16:
5 0 » ; VIII, 10, 5 : 14».
De signis tempestatum, 15: 59';
54 : 16"
Fr. 174, 36 Wimmer: 13".
THÉOPHYLACTOS SIMOCATOS
(pseudo)
Lettres, 1 Hercher: 16", 18 · 0 .
THÉOPOMPE DE CHIOS
" 5 F 352 J. : 149» ' .
THRASYBOULOS
fr. 4 Müller (F.H.G., II, p. 464,
col. a) : 105".
THRYPHIODORE
Prise de Troie, 105: 152"*.
THUCYDIDE
I. 4: 53 ' ° ; L 5. 3: 17"; V, 47, 8:
124".
T I M É E DE TAUROMÉNION
566 F 28 c J . : 1 4 9 " · ; F 43 J . :
19··.
T I T E L I V E
VIII, 24, ι : m1
» .
TZETZÈS
Chiliades, I, 228233: 18"; VII,
660668: 75 1 " ; IX, 9971003 : 19".
V
VARRON
De re rustica, III, 7, 111 : 101";
III, 7, ι : 102 ' · ; III, 16: 23".
VIRGILE
Giorgiques, I V : 2 3 " ; I V , 1819:
27 ' " ; I V , 25: 2 7 1 » ; I V , 61:
2 7 ' « ; I V , 281314: 2 1 " ; I V ,
454450: 69".
Χ
X É N A R Q U E
fr. 14 Kock (C.A.F., II, p, 473):
19".
XÉNION
460 F ι J. : 144" 4.
XÉN0.MÈDE DE CÉOS
442 F 2 J. : 126".
XÉNOPHON
Anabase, I, 4, 9: 46 ' ; II, 2, 9:
123"; I V , 5, 35: 151«'·.
Banquet, 6, 8: 9'.
Cyropidie, V , 1, 24: 4ο1**.
Économique, 7, 5: 134 1 0*; 7, 17:
21" , 2 2 " ; 7, 3239: 21" , 22**;
17, 32 : 40 1 *·.
Hiéron, 7, 3 : Χ".
Mémorables, I, ι, 14: X V " ; I,
4, ι ι : 71" .
Ζ
ZÉNOBIOS
2, 84 LeutschSchneidewin
(C.P.G., I, p. 53): 112»' .
ZONARAS (pseudo)
Lexicon, s.v. Έσσην Tittmann (col. 877): 3 8 " ' ; s.v. Ζώον T. (col. 966-967): X " ; s.v. Μέλισσαι T. (col. 1344) : 21" .
ZONAS
dans Anthologie Palatine, V I , 106: 127**.
L E X I Q U E FRANÇAIS-GREC DES NOMS D'ANIMAUX
Les références figurent dans l'Index des noms d'animaux (voir p. 169).
A
Abeille : ή μέλισσα. Actinie : ή άκαλήφη. Agneau : ό αμνός, ό άρήν. Aigle royal : ό αετός. Anguille: ή εγχελυς. Anthias (poisson) : ό άνθίας. Âne : ό όνος. Araignée : ή αράχνη.
Β
Bélier : ό κριός. Biche : ή ελαφος. Bœuf : ό βοΰς. Bogue : ό βόαξ. Bouc : ό τράγος. Brebis : τ) οϊς.
C
Caille des blés: ό όρτυξ. Cerf : ό ελαφος. Cerf-volant : ό κεράμβυξ. Chauve-souris : τ) νυκτερίς. Cheval : ό ίππος. Chèvre : τ) αΐξ. Chevreau : ό έριφος. Chevreuil : ή 8ορκάς. Chien : ό κΰων. Chouette chevêche : ή γλαΰξ. Chouette effraie : ό αιγώλιος. Cigale : ο τεττιξ. Cigale de mer (petite) : τίττιξ ό
ενάλιος. Cigogne : ό πελαργός.
Colombe : 77 περιστερά λευκή. Coq : ό άλεκτρυών. Corbeau : δ κόραξ. Corneille: ή κορώνη. Coucou gris : ό κόκκυξ. Crapaud : ή φρύνη. Cygne : ό κύκνος.
D
Dauphin : ό όελφίς. Daurade : ή χρύσοφρυς.
Ε
Élops (serpent) : ό ελοφ. Émissole : yaAeoç ό λείος. Épervier : ό κίρκος. Esturgeon : ό ελοφ.
F
Faon : ό νεβρός. Faucon : ό Ίέραξ. Fourmi : ό μύρμηξ. Frelon : ή άνθρήνη.
G
Génisse : τ) όάμαλις, ή μόσχος, ή πόρτις.
Glaukos (poisson) : ό γλαΰκος. Grenouille : ό βάτραχος. Grive : ό λαιός. Grue cendrée : ή γερανός. Guêpe: ό σφηξ. Gypaète: ό αίγυπιός.
INDEX 205
H
Haliotide : τό ώτίον. Hérisson : ό έχΐνος. Héron : ό ίρωδιός. Hirondelle : TJ χελιδών. Huppe fasciée : ό εποψ. Hykè (poisson) : ή νκη.
I
Ips (insecte) : ό Ιφ.
J
Jument: ή ίππος.
K
Kitharos (poisson) : ό κίθαρος.
L
Langouste : ό κάραβος. Lézard : ό άσκάλαβος, ό σαΰρος. Leu kos (poisson) : ό λεΰκος. Lièvre : ό λαγώς. Lion : ό λέων. Loup : ο λύκος.
Μ
Mérou : ό όρφός. Mésange : ό αίγίθαλλος. Milan : ό Ικτίνος. Moineau : ό στρουθός. Mouche : r) μυΐα. Mouette : ή αίθνια. Mouton : τό πρόβατον.
Ο
Oblade : ο μελάνουρος. Œdicnème criard : ό χαραδριός. Œstre : ό οίστρος. Oie : ό χήν. Orfraie : τ) φτηνή. Ours(e) : ό, τ; άρκτος.
Ρ
I Panthère : 17 πάρδαλις. J Paon : ό ταώς. ; Papillon : τ; ψυχή.
Phykis (poisson) : ή φυκίς. Pic noir : ό δρυοκολάπτης. Pigeon biset : ή πέλεια. πελειάς. Pigeon colonibin, ή οΐνάς. Pigeon domestique : ή περιστερά. Pigeon pyrallis : ή πυραλλίς. Pintade : ή μελεαγρίς. Pivert : ό κελεός. Poisson pilote : ό πομπίλος Ιχθύς. Poisson scie : ή πρίστις. Porc : ό σΰς. Porcelet : ό χοίρος. Pou : ό φ&είρ. Poulain : ό πώλος. Poulet : ό νοσσάς όρνις. Pouliche : ή πώλος. Poulpe : ό πολύπους. Puce : τ; φύλλα. Punaise : ό κόρις.
R
Râle d'eau : ή κρέξ. Ramier (grand) : ή φάττα. Ramier (petit) : τ; φάφ. Roitelet : ό τροχίλος. Rossignol : ή αηδών. Rouget: ό έρυθ(ρ)ΐνος.
S
Sanglier : ό κάπρος, ό δς άγριος. Sauterelle : ό πάρνοψ. Serpent : ό δράκων, τό έρπετόν, ό όφις. Serpent d'eau : ό νδρος. Souris : ό μυς. Stellion : ό γαλεός. Surmulet : ή τρίγλη.
Τ
Taon : ό μύωφ. Taupe : ό άσπάλαξ•
2θ6 INDEX
Taureau : ό ταΰρος. Thon: ό θυννος. Tortue terrestre : ή yeÀuj. Tourterelle: ή τρύγων.
V
Veau : ό μόσχος ; ό πόρ Verrat (jeune) : ο xoîpc
Table des planches
FRONTISPICE. — Πότνια ιτηρών. Amphore béotienne du VII e siècle avant J.-C. Athènes, Musée national. Inv. 5893. Cliché Musée national.
FLANCHE I. — 1, 2. Éphèse (AR): Londres, British Museum, Department of Coins and Medals. Cliché Université de Liège; agrandissement 2,5: 1 (moulage).
3. Pendentif en or, art rhodien: Heidelberg, Archäologisches Institut der Universität. Inv. 70/7. Cliché Archäologisches Institut, Heidelberg.
PLANCHE II. — 1. Marcopoulo (Céphalonie). Clocher (XVI e siècle) de l'église consacrée à la Vierge, détruit par le séisme de 1953. Les serpents y pullulaient. Cliché D. Loucatos.
2. Marcopoulo (Céphalonie). 15 août 1963: l'icône de la Vierge est parcourue par un serpent sacré. Cliché N. Loucatos.
PLANCHE III. — 1. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. Cliché de presse.
2. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. D'après R. KRISS - H. KRISS-HEINRICH, Peregrinatio neohelleniha, Vienne,
1955, H- M-
PLANCHE IV. — Amphore béotienne. Athènes, Musée national. Inv. 5893. Cliché Musée national.
PLANCHE V. —- 1, 2. Dodone (AE) : collection P. R. Franke. Cliché P. R. Franke.
3. Halicarnasse (AE) : collection P. R. Franke. Cliché P.R. Franke. 4. 5. Thelpousa (AR) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 442.
Cliché Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).
PLANCHE VI. — Brauron, deux άρκτοι: musée de Vraona. Cliché Services archéologiques (Athènes).
2θ8 INDEX
PLANCHE VII. — i , 3, 4. Mantinée (AR) : Londres, British Museum,
Department of Coins and Medals. Cliché Université de Liège; agran
dissement (1) 5: 1; (3) 4: 1; (4) 5: 1 (moulages).
2. Mantinée (AR) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 329. Cliché
Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).
PLANCHE VIII. — 1. Fragment d'œnochoè apulienne: collection
privée. Cliché A. D. Trendall.
2, 3. Orchomène d'Arcadie (AE) : Londres, British Museum,
Department of Coins and Medals. Cliché Université de Liège; agran
dissement 2,5: 1 (moulages).
4, 5. Orchomène d'Arcadie (AE): Paris, Cabinet des médailles.
Inv. 362. Cliché Université de Liège; agrandissement 2,5: 1 (moulages).
PLANCHES IXX. — Œnochoè apulienne: Malibu (Californie),
Musée J. Paul Getty. Inv. 72. AE. 128. Clichés du Musée.
Table des matières
INTRODUCTION ν - χ ν π
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE ι-8
I. LES INSECTES 9-43
A. Les insectes nuisibles 10-15
B. Les insectes bénéfiques I5"43
LA CIGALE 16-20
L'ABEILLE 20-43
Présence de l'abeille dans le culte de Déméter. . 25-38
Présence de l'abeille dans le culte d'Artémis . . 38-43
II. LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 45-57
III. LES REPTILES ET LES ANIMAUX APPARENTÉS AU DOMAINE
CHTHONIEN 59-92
A. Batraciens — Chéloniens — Lacertiens 59-68
LES GRENOUILLES 59-61
LES TORTUES 61-63
LES LÉZARDS 63-68
B. Serpents 68-92
Présence du serpent dans les cultes tutélaires . . 77-86
Présence du serpent dans la thérapeutique . . . . 86-88
Présence du serpent dans la mantique 88-91
IV. LES OISEAUX 93-119
LES Péléiai o u Péléiades DE DODONE r o i - 1 1 7
Identification de la tre'Aeia 101-103
Inventaire des sources 103-114
A. Emploi du terme ττί'λαα au sens propre 103-107
B. Emploi du terme néXeta comme désignation cultuelle 107-110
C. Absence du terme néXtta dans les récits de consultation 110-114
Les maîtres de l'oracle IT4-H7
210 TABLE DES MATIÈRES
V. LES MAMMIFÈRES 121-161
L'OURS 129-144 L E TAUREAU 144-151 L E CHEVAL 151-158
CONCLUSION 163-167
INDEX 169
Index des noms d'animaux 169-175
Index des noms de divinités, de héros et de personnages légendaires 176-181
Index des noms de fêtes 182
Index des thèmes principaux 183-184
Index des noms géographiques 185-187
Index des textes cités 188-203
Lexique français-grec des noms d'animaux 204-206
TABLE DES PLANCHES 207-208
TABLE DES MATIÈRES 209-210
Liste des publications récentes de l'Académie
CLASSE DES LETTRES
ET DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES
Mémoires in 8° 2" Série
Francs
T O M E LIX
1. 1807. J . Van Ooteghem, S.J. Les Caecilii Metelli de la République; 1967;
349 p.; 14 pl 320
2. 1812. O. BouquiauxSimon. Les lectures homériques de Lucien; 1968; 414 p. 400
3. 1813. Gaier, Claude. Art et organisation militaires dans la principauté de Liège
et dans le comté de Looz au Moyen Age; 1968; 393 p.; 16 fig 360
4. 1819. Neugebauer, O. Commentary on the Astronomical Treatise Par. gr. 2425;
1969; 45 p.; 12 fig 100
5. 1824. Liebmann, Thérèse. La frontière orientale dans la politique extérieure
de la République romaine depuis le traité d'Apamée jusqu'à la fin des
conquêtes asiatiques de Pompée (189/863); 1969; 352 p.; 2 cartes 400
T O M E L X
1. 1829. BoulcngierSedyn, R. Le vocabulaire de la coiffure en ancien français
étudié dans les romans de 1150 à 1300; 1970; 235 p.; 27 pli 400
2. 1836. Limet, Henri. Les légendes des sceaux cassites; 1971 ; 141 p.; 1 fig 200
T O M E LXI
1. 1841. Weyembergh, Maurice. Le volontarisme rationnel de Max Weber; 1972;
XXXII518 p 540
2. 1842. KurganVan Hentenryk, G. Léopold II et les groupes financiers belges en
Chine. La politique royale et ses prolongements (18951914); 1972;
4 fig.; 7 pli.; 1 carte; 969 p 900
3. 1849. Vanlangenhove, F. La Belgique et ses garants. L'été 1940; 1972; 228 p. 300
4. 1850. Préaux, Claire. La lune dans la pensée grecque; 1973; 393 p 500
5. 1851. Motte, A. Prairies et Jardins de la Grèce Antique. De la Religion à la
Philosophie; 1973; 517 p 650
T O M E LXII
1. 1852. Thielemans, MarieRose. Inventaire des archives du baron de Stassart;
1973; 10 pli.; 340 p 400 (TVA indus,)
2. 1859. Küpper, JeanLouis. Raoul de Zähringen, évêque de Liège, 11671191;
1974; 230 p 400 (TVA incluse)
3. 1862. Piérart, Marcel. Platon et la Cité grecque. Théorie et réalité dans la
Constitution des « Lois »; 1974; XV536 p 800 (TVA incluse)
4. 1871. de Montpellier, Gérard. Qu'estce que l'intelligence?; 1977; 107 p 200 (TVA indus,)
T O M E LXIII
1. 1874. Nachtergael, Georges. Les Galates en Grèce et les Sôtéria de Delphes;
1977 ; XLII546 p 800 (TVA indus,)
2. 1880. Bodson, Liliane. Ι Ε Ρ Α ΖΩΙΑ. Contribution à l'étude de la place de
l'animal dans la religion grecque ancienne; 1978; 11 pll.;XVIII210p. 400 (TVA incluse)
J . Duculot. imprimeur d» l'Académie royale de Belgique. Gembloux Printed In Belgium
Licenciée en philologie classique, puis docteur en philosophie et lettres de l'Université de Liège, Liliane Bodson est depuis 1971 attachée en qualité d'assistante à la chaire de langue, de littérature et d'histoire du monde grec dans cette même Université, après avoir été pendant cinq années professeur de langues anciennes dans l'enseignement secondaire. Ses préoccupations scientifiques — les relations de l'homme antique avec les animaux sauvages (Ethno-zoologie) et domestiques (Ethnozoo-technie), l'histoire de la pensée religieuse des Grecs — l'ont amenée à publier de nombreux articles et comptes rendus dans L'Antiquité classique. Les Études classiques. Revue belge de philologie et d'histoire, Ethnozootechnie, Bulletin de la Société zoologique de France, Museum Philologum Londiniense. Remaniée et élargie considérablement, sa thèse de doctorat — Les animaux dans la religion grecque ancienne. Zoolâtrie et zoomorphisme — est à la base du mémoire qui a été soumis à l'Académie en 1975 et couronné par cette dernière.
Les animaux, pourtant omniprésents dans la religion grecque ancienne, n'ont guère jusqu'ici suscité d'études d'ensemble. Celle que l'auteur leur a consacrée vise à interpréter, à travers les fonctions qui ont appartenu aux différentes e spèces , la place dévolue par les Grecs à l'animal dans les gestes du culte, les symboles et les mythes qui s'y rapportent. Plutôt qu'à dresser des nomenclatures, v o u é e s à n'être jamais exhaustives, les données , abondantes mais fragmentaires ou m ê m e disparates, ont déterminé à caractériser chaque type de situation de manière à procurer, dans un premier temps, un tableau représentatif des pratiques et des croyances religieuses auxquelles les animaux ont été associés . Cette enquête préliminaire, dont les principales conclusions concernent le zoomorphisme sacré, le rôle prééminent de certaines e s p è c e s et les rapports qu'elles ont favorisés entre les Grecs et leurs dieux, relève à la fois de l'histoire des religions et de l'ethnozoologie. Mais elle pourra, plus généra lement retenir aussi ceux qui s'intéressent aujourd'hui aux diverses phases des relations de l'homme et de l'animal.
Amphore béotienne, début du VIIe s. avant J . C. Athènes , Musée national. Cliché Musée national