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ACADÉMIE ROYALE des sciences, des lettres & des beaux-arts DE BELGIQUE Cette œuvre littéraire est soumise à la législation belge en matière de droit d'auteur. Elle a été publiée et numérisée par l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Utilisation L’Académie royale de Belgique met gratuitement à la disposition du public les copies numérisées d’œuvres littéraires appartenant au domaine public : aucune rémunération ne peut être réclamée par des tiers ni pour leur consultation ni au prétexte du droit d’auteur. Pour les œuvres ne faisant pas encore partie du domaine public, l’Académie royale de Belgique aura pris soin de conclure un accord avec les ayants droit afin de permettre leur numérisation et mise à disposition. Les documents numérisés peuvent être utilisés à des fins de recherche, d’enseignement ou à usage privé. Quiconque souhaitant utiliser les documents à d’autres fins et/ou les distribuer contre rémunération est tenu d’en demander l’autorisation à l’Académie royale de Belgique (Palais des Académies, rue Ducale, 1 - B-1000 Bruxelles), en joignant à sa requête, l’auteur, le titre et l’éditeur du ou des documents concernés. Pour toutes les utilisations autorisées, l’usager s’engage à citer, dans son travail, les documents utilisés par la mention « Académie royale de Belgique » accompagnée des précisions indispensables à l’identification des documents. Par ailleurs, quiconque publie un travail – dans les limites des utilisations autorisées – basé sur une partie substantielle d’un ou plusieurs document(s) numérisé(s) s’engage à remettre ou à envoyer gratuitement à l’Académie royale de Belgique, un exemplaire ou à défaut, un extrait justificatif de cette publication. Responsabilité Malgré les efforts consentis pour garantir les meilleures conditions d’accessibilité et de qualité des documents numérisés, des défectuosités peuvent y subsister. L’Académie royale de Belgique décline toute responsabilité concernant les coûts, dommages et dépenses entraînés par l’accès et l’utilisation des documents numérisés. Elle ne pourra en outre être mise en cause dans l’exploitation subséquente des documents numérisés et la dénomination « Académie royale de Belgique » ne pourra être ni utilisée, ni ternie au prétexte d’utiliser des documents numérisés mis à disposition par elle. Les liens profonds, donnant directement accès à une copie numérique particulière, sont autorisés si : 1. les sites pointant vers ces documents informent clairement leurs utilisateurs qu'ils y ont accès via le site web de l'Académie royale de Belgique ; 2. l'utilisateur, cliquant sur un de ces liens profonds, devra voir le document s'ouvrir dans une nouvelle fenêtre. Cette action pourra être accompagnée de l'avertissement « Vous accédez à un document du site web de l'Académie royale de Belgique ». Reproduction Sous format électronique Pour toutes les utilisations autorisées mentionnées dans ce règlement, le téléchargement, la copie et le stockage des données numériques sont permis ; à l'exception du dépôt dans une autre base de données, qui est interdit. Sous format papier Pour toutes les utilisations autorisées mentionnées dans le présent texte, les fac-similés exacts, les impressions et les photocopies, ainsi que le copié/collé sont permis. Références Quel que soit le support de reproduction, la suppression des références à l'Académie royale de Belgique dans les copies numériques est interdite.

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ACADÉMIE ROYALE des sciences, des lettres & des beaux-arts

DE BELGIQUE

Cette œuvre littéraire est soumise à la législation belge en matière de droit d'auteur. Elle a été publiée et numérisée par l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.

Utilisation

L’Académie royale de Belgique met gratuitement à la disposition du public les copies numérisées d’œuvres littéraires appartenant au domaine public : aucune rémunération ne peut être réclamée par des tiers ni pour leur consultation ni au prétexte du droit d’auteur.

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ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE

MÉMOIRES DE LA CLASSE DES LETTRES

Collection in-8° - 2e

série, T. LXID - Fascicule 2 -1978

ΙΕΡΑ ΖΩΙΑ

Contribution à l'étude de la place de l'animal

dans la religion grecque ancienne

par Liliane BODSON

DOCTEUR EN PHILOSOPHIE ET LETTRES

ASSISTANTE λ L'UNTVERSTTB DB LIÈGE

BRUXELLES - PALAIS DES ACADÉMIES

ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE

MÉMOIRES DE LA CLASSE DES LETTRES

Collection in-8°-2€

série, T. LXIII - Fascicule 2- 1978

TEPA ΖΩΙΑ

Contribution à l'étude de la place de l'animal

dans la religion grecque ancienne

par Liliane BODSON

DOCTEUR EN PHILOSOPHIE ET LETTRES

ASSISTANTE λ L'UNIVERSITÉ DB LIÈGE

Impression décidée le 14 avril 1975

BRUXELLES - PALAIS DES ACADÉMIES

Imprimerie J. Duculot, s.a. Gembloiu N° 1880 - Dépôt légal 1978.0092.7

A mes parents

Πότνια ΰηρων Amphore béotienne, début du Vile siècle avant J.-C.

Athènes, Musée national. Inv. 5893. Cf. p. 95, n. 23. Cliché Musée national.

Introduction

La séparation de l'homme et de l'animal est un grand fait de religion, et qui se développe encore, mais non sans hésitation et retours, on dirait presque non sans regrets. ... On ne peut épuiser cette immense idée; il suffira d'y toucher par degrés, et avec précaution.

ALAIN

Deux grandes lois naturelles, dont l'apparente antinomie ne peut voiler la fondamentale complémentarité, ont présidé aux relations immémoriales de l'homme et de l'animal : celle de la lutte pour la vie et celle de la solidarité. Entre ces pôles s'inscrit la longue histoire, souvent âpre mais toujours exaltante, de l'hu­manité à la conquête de son univers et d'elle-même. Placé devant l'impérieuse alternative de progresser ou de périr, l'être humain a trouvé dans les animaux des adversaires qui ont stimulé ses aptitudes et des alliés, voire des complices, qui ont favorisé, parfois à leurs dépens, l'acquisition et le développement de sa puissance. Des uns et des autres, l'homme a fait les bénéficiaires et les victimes de sa science aux bornes perpétuellement reculées.

Dans le temps où i l a tué ou asservi les animaux pour répondre à ses besoins vitaux, il n'a pu s'empêcher de les admirer en les redoutant, de les aimer en les enviant, de les imiter et de les reproduire. C'est ainsi que, dès les commencements, les animaux ont été activement associés à toutes les aspirations humaines : affectives et esthétiques, magiques, religieuses et philosophiques. Il n'est pas surprenant que les dispositions des membres d'une société donnée vis-à-vis des animaux constituent pour sa men­talité un test souverain.

À l'égard de l'animal sauvage qu'il convoitait, le chasseur primitif n'a pas été seulement animé par la volonté de destruction.

VI INTRODUCTION

« L'autre vivant (*) » qu'il découvrait à la fois si proche et si différent de lui (2) est apparu, par le mystère de son comportement, comme le relais primordial, — et d'abord l'incarnation, —- de la force sacrée confusément perçue dans le milieu naturel. Ces sen­timents ambivalents où s'entremêlent la terreur et la ruse, la crainte superstitieuse et le désintéressement, ont déterminé, qu'il se l'avouât ou non, l'attitude de l'homme face aux animaux : des vénérations totémiques aux symbolismes médiévaux, des cultes zoolâtriques aux controverses sur la définition de l'ani­malité.

Encore que ce ne soit pas sans paradoxe, la faiblesse des moyens originels, perpétuée jusqu'à l'avènement de la mécani­sation intensive, s'est, à l'épreuve du temps, présentée comme un atout plutôt que comme un désavantage. Car, dans son dénue­ment, puis dans les limites de son action, l'homme d'autrefois a gardé le sentiment obscur de la mesure et n'a pas compromis l'accord des forces biologiques qui garantit la conservation des forces spirituelles. Quelques dizaines d'années ont doté l'humanité de possibilités aux conséquences insoupçonnées, et l'apprenti-sorcier n'a pas su éviter que son triomphe ne mît en péril, de façon irréversible sinon irrémédiable, un grand nombre de ceux qui avaient été, au cours des millénaires, les agents de son évolution et de ses progrès. Phénomène nouveau dans l'histoire de leur coexistence : l'animal est désormais malade de l'homme (3) qu'il a civilisé (4). Peu de cris d'alarme ont aussi fortement ébranlé la conscience moderne. Celui-ci en effet a restitué à la nostalgie des paradis perdus une actualité d'autant plus intense que la dégra­dation de l'équilibre naturel est devenue plus générale. En parcourant les « réserves naturelles », qui paraissent être le seul avenir du monde sauvage, face aux enclos des « jardins » zoolo­giques ou devant les vitrines des musées, l'homme contemporain a ressenti le grave ébranlement de l'assurance qu'il avait tirée, jusque-là, de la conviction de sa supériorité. Le regret lui est venu

P) Cf. G . VAN DER LEEUW, La religion dans son essence el ses manifestations, trad. J. Marty, Paris, 1955, pp. 65-67.

(*) Mais sans mêler à sa réaction mépris ou condescendance. Cf. L . L É V Y -BRUHL, L'âme primitive, nouv. éd., Paris, 1963, pp. 29-55 '· ^.e surnaturel et la nature dans la mentalité primitive, n. éd., Paris, 1963, pp. 83-94.

(*) Cf. Ph. DIOLÉ, Les animaux malades de l'homme, Paris, Flammarion, 1974 ; P. GASCAR, L'homme et l'animal, Paris, Albin Michel, 1974.

(4) Cf. M. ROUSSEAU, L'animal civilisateur de l'homme, Paris, Masson, 1962.

INTRODUCTION VII

de n'avoir pas compris, depuis le temps que le glas a retenti pour tant d'espèces animales, qu'il avait aussi commencé de sonner pour l'espèce humaine.

D'autres ont dit (5) et diront, avec la compétence voulue, comment rétablir les harmonies compromises et sauvegarder ainsi les chances du monde à venir. Les voix les plus autorisées ont déjà, sans concession, indiqué que les mesures de conserva­tion et de salut resteraient vaines tant qu'elles ne seraient pas inspirées par le sentiment retrouvé du rythme profond de la Nature. Il peut n'être pas inutile de relire une fois encore, et de méditer, les enseignements de l'hellénisme qui, sur ce point non plus, n'a pas fini d'être actuel.

* * *

Parmi tant de phénomènes variés et complexes qui témoignent de la religion grecque et permettent d'en saisir, par approches successives, le contenu et l'esprit, la présence des animaux, associés à toutes les manifestations de la piété, aux gestes cul­tuels, aux mythes et aux traditions qui en rendent compte, s'impose à l'évidence avec autant de force que le polythéisme et une diversité égale à celle des rites et des croyances si fortement individualisés. Les animaux sont au centre du sacrifice et de l'offrande, qui constituent les piliers de la pratique religieuse antique. Mais le plus rapide inventaire des épithètes divines et des appellations des desservants, les récits mythologiques où les dieux tantôt se métamorphosent, tantôt possèdent comme com­pagnons, messagers, attributs ou symboles, des êtres issus du règne animal, et l'examen, même superficiel, de l'héritage des représentations figurées (e) confirment, avec une profusion quasi infinie, que les animaux ne sont pas, dans la religion grecque, des acteurs moins importants que les hommes et les dieux. Les espèces, les individus et les personnalités divines y détiennent, chacun, un rôle spécifique qui mène à envisager la religion comme

(*) Les avis et les prises de position se multiplient. À titre d'exemple, on lira les avertissements de J . Rostand, K . von Frisch, N . Tinbergen ou K . Lorenz dans leurs différents ouvrages; également le recueil des appels de R. HEIM, L'angoisse de l'an 2000, Paris, 1973.

(·) Statues cultuelles, décorations des temples et des sanctuaires, mais aussi peintures de vases, bronzes, terres cuites, et surtout les symboles monétaires des cités.

VIII INTRODUCTION

la somme des rites et des croyances par lesquels les Grecs ont

conçu les rapports entre les trois grands ordres d'êtres vivants et

ont organisé, dans leur quête du sacré, leurs relations réciproques.

Dès lors, préciser la fonction des animaux dans la religion, qui

n'est étrangère à aucun aspect de l'existence, conduit à découvrir

quelle a été leur place dans la vie tout entière et à apprécier les

ressorts de l'attitude des Grecs à leur égard (').

La religion grecque de l'époque historique est soumise aux

divinités anthropomorphes et l'intuition que les Grecs ont inten­

sément éprouvée de la présence sacrée au cœur de la nature s'est

épanouie très tôt dans la certitude qu'une étroite parenté unit

l'homme au dieu (8). La pensée morale et philosophique a surtout

reflété cette assurance qui, toutefois, n'a pas éliminé le sentiment

d'affinités non moins fondamentales et créatrices entre les

hommes et les animaux. Sous­jacent dans la plupart des situa­

tions religieuses où ces derniers interviennent, i l a été exprimé

sans réserve par les disciples de Pythagore (e), par ceux d'Em­

pédocle (10), par Démocrite pour ne mentionner que les

positions les mieux affirmées ( 1 2). Il n'est pas absent de l'hymne

qu'inspire à Sophocle la grandeur de l'être humain, merveille

(') La liaison étroite qui existe entre la religion et les autres aspects de l'exis­

tence a été étudiée, en ce qui concerne les sociétés primitives, par LÉVY­BRUHL,

cf. ci­dessus, p. V I , n. 2 ; en outre, P. CHALUS, L'homme et la religion, Paris, 1963,

chap. I­III. Cf. également A . VERGOTK, Psychologie religieuse, Bruxelles, 1966,

pp. 218­221.

(·) Cf. Éd. DES PLACES, Syngeneia. La parenté de l'homme avec Dieu, d'Homère

à la patristique, Paris, 1964 ; J . PÉPIN, Idées grecques sur l'homme et sur Dieu,

Paris, 1971, pp. 5­20.

(·) Cf. SEXT. EMPIR., Adversus Mathem., I X , Γ27­128 : ...μή μόνον ημίν προς αλλήλους και προς TOVS &εούς tlval τινα κοινωνίαν, αλλά καί προς το ôAoyo των

ζωων. ... Διόπερ καί κτείνοντες αύτά...άσεβήσομεν ώς συγγενείς άναψοϋντες. (10) EMPÉD., 31 Β 136 Diels'­Kranz (cité par SEXT. EMPIR., /./.).

(») DÉMOCR., 68 Β 34 Diels'­Kranz : καί ώσπερ εν τ φ παντί όρώμεν τά μεν μόνως άρχοντα οίον τά &εΐα, τά δε καί άρχοντα καί αρχόμενα οίον τά άν&ρώπεια (ταύτα γάρ και άρχονται εκ τών &είων καί άρχουσι τών αλόγων ζψων), τά Si μόνως αρχόμενα ώς τα άλογα ζώα, τόν αύτάν τρόπον κα'ι έν τφ άνΰρώπω μικρώ κόαμω οντι κατά τον Δημόκριτον ταύτα θεωρούνται. Le même philosophe n'hésitait pas à se mettre à

l'école des animaux : cf. 68 B 154 (cité par PLUT., De soll, anim., 20 [Mor.,

974 Α])· Cf. GALIEN, Protrept., 9 Kühn (I, p. 21) : To ST) τών ανθρώπων γένος,ω παι&ες, επικοινωνεί τοίς ΰεοΐς τε καί τοίς άλόγοις ζψοις. (u) Cf. ANAXAG., 59 Β 4 Dielse-Kranz ; les nombreux témoignages produits par

Plutarque dans les débats contradictoires : De sollertia animalium, Bruta anima-lia ratione uii, De esu carnium = Mor., 959 B - 999 B.

I N T R O D U C T I O N IX

entre les merveilles qui peuplent la mer et le ciel et la terre (").

Mais, en dehors de ces témoignages illustres qui pourraient

paraître dictés par des sentiments tout personnels ou par des

spéculations à portée restreinte, la terminologie la plus commune

est elle­même significative d'un état d'esprit identique.

Lorsqu'ils décrivent le peuplement de la terre comme une

entreprise de progrès, les auteurs anciens concentrent l'attention

sur l'homme. Placé par la divinité dans un domaine inorganisé,

i l s'est trouvé vulnérable, en raison de sa faiblesse et de son iso­

lement, à tous les éléments extérieurs, d'abord et surtout aux

bêtes sauvages (M), plus rapides, plus endurantes, plus puissantes

que lui (15). Le grec les désigne d'un terme général ( ι β), le sub­

stantif ο ι%ηρ et son substitut ionien­attique τό fhjpiov, usités dès

l'épopée (1 7). Ils peuvent s'appliquer à toute espèce d'animal (18),

mais principalement aux grands mammifères (>·). Quelle que soit

la classe ou la variété qu'ils concernent, ils en soulignent, le plus

souvent, la bestialité et la férocité.

L'acception du mot τό ζώον, qui est attesté pour la première

fois chez Sémonide (20), est plus large et n'implique pas, comme

('*) SOPH , Ant , 341-352 ; cf. P. Joos, Τύχη, φύοις, τέχνη. Studien zur Thematik frühgriechischer Lebensbetrachtung, Zurich, 1955, pp. 45­47·

( u) Cf. notamment CRITIAS, 88 Β 25 Diels'­Kranz; PLAT., Prot., 320 C ­ 321 E.

(*») ÉSOPE, 57 Chambry. On notera que, à proprement parler, il n'existe pas,

dans la tradition grecque, de récit de la création des animaux, qui sont toujours

antérieurs à l'apparition de l'homme. La faiblesse de ce dernier a bénéficié de

l'intervention des inventeurs et des protecteurs mythiques Palamède, Prométhée,

etc Cf. P.­M. SCHUHL, Essai sur la formation de la pensée grecque', Paris, 1949,

PP­ 347­352.

(»*) Les termes βόσκημα, βοτόν, θρέμμα, κτήνος sont également usités pour désigner les animaux, notamment les animaux domestiques. Ils impliquent des références aux modes d'alimentation et à l'acquisition des têtes de bétail Cf. H. SCHMIDT, Synonymik der griech. Sprache, II (Leipzig, 1878), pp. 432-436. — Sur le sens et l'emploi du mot έρπιτόν : cf. ci-après, p. 71, n. 93.

(") HOM., Γ 449, ξ 2 i , etc. Le terme θηρίον se présente rarement dans le sens

d'un diminutif. En prose, il tend à se substituer au mot 9ijp. Cf. P. CHANTRAINE,

Études sur le vocabulaire grec, Paris, 1956, pp. 65­83 ; H . FRISK, Griech. etym.

Wörterbuch, I (Heidelberg, i960), pp. 671­672.

(··) Insectes: PLAT., Rép., VIII , 559 D; poissons et animaux aquatiques:

PAUS., IV, 34, 2; reptiles: cf. les traités consacrés aux θηριακά ; voir aussi Apocalypse, 13, 1-3 (idolâtrie): 11­18 (fausse sagesse).

(>·) HOM., Ο586, κ 171, 180; HÉSIODE, Trav. et iours, 277; H hom. Aphr (1),

4 ; etc. Cf. le titre de Πότνια θηρών. (") SÉMON , fr. 13 West, fragment d'autant plus intéressant que le poète y

oppose précisément le serpent (έρπετόν) aux autres animaux (ζωίαιν). Pour l'écri­

ture ζώον, ζώον, ζώιον également attestée par les inscriptions (p. ex. : I G , 1»,

χ I N T R O D U C T I O N

les vocables précédents, un jugement de valeur. Issu de la même

racine que le verbe ζήν (2 1), i l désigne, selon la définition qu'en

donne Platon (2 2), tout être vivant, quel qu'il soit, qui se trouve avoir

part à la vie. Le champ sémantique qu'il recouvre groupe donc

tous les êtres animés, humains et animaux, par opposition aux

inanimés, minéraux et végétaux (23). Une différenciation s'est

opérée, dans un second temps, au sein d'une aussi large classe.

Comparé à l'homme, l'animal, soumis aux mêmes exigences et

commandé par des instincts voisins, est et demeure un ζώον άλογον (24). Cette carence s'entend à la fois de son incapacité à

communiquer autrement que par des cris inarticulés (2S) et de

son impossibilité de raisonner ( 2 e). Ni l'une ni l'autre n'ont cepen­

dant effacé l'idée, — enracinée dans le plus lointain passé de la

pensée humaine (2 7), — de «l'homogénéité d'essence » qui appa­

rente entre eux tous les êtres vivants. Cette conviction n'est pas

restée indépendante de celle qui a rapproché, aux yeux des Grecs,

les hommes des dieux, mais, étant davantage liée à la réalité

matérielle et sensible, elle s'est plus vigoureusement exprimée

dans les gestes religieux et dans les croyances qui s'y rapportent.

Même esquissé de manière aussi générale, le problème se distingue

par son ampleur, car l'extrême diversité des pratiques, qui est

372, 42 [409/8]) : HÉRODiEN, s.v. ζώον Lentz (Grammatici Graeci, III, 2, p. 516) ; Etym. magn., 413, 14-29; [ZONARAS], Lex., col. 966-967 Tittmann. Cf. E . SCHWY­ZER, Gramm, der griech. Sprache, I, p. 202 et η. ι.

(AL) H . FRISK, 0./., pp. 618-619; P- CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue

grecque, II (Paris, 1970), pp. 402-403. Sur la valeur du suffixe : P. CHANTRAINE,

Formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, pp. 15-16.

(N

) PLAT., Timée, 77 Β : πάν ... ότιπερ àv μετάσχω τοΰ ζην, ζώον μέν âv èv

δίκη λέγοιτο. Cf. Ménex., 237 Ο : ή πάσα γη •·. έφν€ ζώα παντοδαπά, θηρία re καί βοτά. (23) Cf., par exemple, PLAT., Phédon, 70 D ; Soph., 233 E, 265 C ; Rép., VII ,

532 B ; etc. (") DÉMOCR., 68 B 34 Diels'-Kranz ; PLAT., Prot., 321 B ; XÉN., Hiéron, 7, 3 ;

etc. (25) Le chant des oiseaux atteignant cependant, par son harmonie, la perfection

capable de toucher les dieux eux-mêmes : cf. ARISTOPH., Ois., 209-222. (ae) La question de discerner dans le comportement des animaux les conduites

instinctives, les réflexes, les attitudes apparentées à une certaine forme d'intelli­gence n'est pas, aujourd'hui, entièrement résolue. Elle a donné matière à des débats parfois passionnés de la part des biologistes, des psychologues, des phi­losophes. Cf., sur ces problèmes complexes, l'utile synthèse de J.-Cl. RUWET, Ethologie. Biologie du comportement, Bruxelles, 1969. — PLUTARQUE, notamment dans le traité De sollertia animalium, a abordé le sujet (cf. 2 [Mor., 960 A] ; 4 [Mor., 962 A]).

(*') Cf. L . LÊVY-BRUHL, L'âme primitive, pp. 29-55, notamment p. 31.

INTRODUCTION XI

le propre de la religion grecque, est doublée par une autre diversité, celle des espèces et des variétés d'animaux. Marqués par leur statut d'êtres vivants et empreints de vertus spécifiques, ils ont été intégrés par les Grecs à la totalité des Upâ.

Les témoignages utiles sont répandus à travers toute la tra­dition antique, depuis les indices préhistoriques et les documents des civilisations minoenne et mycénienne jusqu'aux poèmes tardifs et aux observations des premiers auteurs chrétiens. Chaque période, chaque milieu, chaque genre littéraire apporte sa moisson d'informations qui finissent, malgré les lacunes et les disparates, par offrir une vision suffisamment unie de la religion grecque et de la place que l'animal y a détenue. Sur ce sujet précis, les textes homériques, point d'aboutissement et de départ à la fois, sont une source capitale. Homère ne s'intéresse pas ou peu à l'animal comme tel, — son attention se porte tout entière sur le monde des héros et sur celui, parallèle, des dieux, — mais il atteste que, du point de vue religieux, les animaux remplissent déjà toutes les fonctions qui continueront d'être les leurs dans le sacrifice et l'offrande, dans la terminologie sacrée et dans la mythologie (28).

L'enquête a porté sur ce vaste champ d'investigation et s'est fixé un double objectif dont les tenants et les aboutissants pré­sentent d'évidentes corrélations : caractériser dans sa diversité l'office des animaux, acteurs à part entière de la religion grecque ; définir et interpréter la place spécifique de l'animal dans les gestes rituels et dans les conceptions qui, de près ou de loin, leur sont liées.

Le domaine plus large encore où se sont élaborées et dévelop­pées les fonctions diverses, générales ou particulières, que les animaux ont assumées pour les Grecs est encore peu exploré. Le nombre des espèces qui le parcourent et la pluralité des sphères dans lesquelles elles ont été appelées à intervenir, — des conduites alimentaires à la magie, des progrès techniques à la réflexion des

(") Cf. H . KAHN , Tier und Mensch in der homerischen Auffassung der Wir­klichkeit, dans Paideuma, 5 (i953->954>. PP- 277-297. 43°"48o ; Tier tn der homerischen Dichtung, dans Studium generale, 20 (1967), pp. 90-105 ; R. HAMPE, Die Gliederung Homers und die Bildkunst semer Zeit, Tubingen, 1952, pp. 30-35. — H. GOSSEN (Die Tiere bei den griech. Lyrikern, dans Sudhoffs Archiv, 30 f1968], pp. 321-351) a inventorié les allusions des poètes lyriques aux animaux. La part de la religion est ici, en raison même de la nature du genre littéraire, plus réduite.

XII INTRODUCTION

philosophes sur l'animalité, des conditions socio­économiques à

l'observation des naturalistes, — suffisent à indiquer, dès l'abord,

qu'elles englobent tous les aspects, tous les moments de la civi­

lisation grecque. D'autre part, un même animal introduit, avec

le cortège d'images, de représentations et de valeurs symboliques

qu'il véhiculait, dans des situations aussi diversifiées a pu favo­

riser, de l'une à l'autre, une interpénétration qui ajoute encore à

la complexité des faits. À la limite, i l a contrecarré ou, du moins,

freiné certains efforts de la pensée grecque pour fixer les frontières

entre les voies qui s'ouvraient progressivement à sa réflexion (2e).

Lorsqu'on se place sur le terrain de la religion qui, de nature,

ne reste étrangère à aucune des composantes de la vie (30), la

dépendance réciproque s'impose sans arrêt car les enchaî­

nements entre des éléments qui, bien souvent, ne sont hétérogènes

qu'en apparence, sont continuels. L'étude qui viserait à les traiter

tous de front ne manquerait pas d'attrait, mais, dans la pratique,

elle se révélerait rapidement irréalisable tant la matière est abon­

dante et riche. Quant aux fruits que pourraient porter les recher­

ches qui s'attacheraient à des facettes bien circonscrites de

ces phénomènes, ils sont prometteurs (31). Toutefois, en l'absence

d'une investigation préliminaire, ils risqueraient d'être, sinon

compromis ou moins féconds, en tout cas retardés.

Pour répondre à la double préoccupation qui a été définie ci­

dessus et fournir par là la base appropriée aux travaux ulté­

rieurs, une revue minutieuse et critique des sources a été indis­

pensable. Elle a permis d'extraire de la masse prodigieuse des

(*·) Cf. P.­M. SCHUHL, Essai sur la formation de la pensée grecque', Paris, 1949,

notamment pp. 307­382 : V . Science, sophistique et philosophie ; O. GIGON,

Les grands problèmes de la philosophie antique, trad. M. Lefèvre, Paris, 1961,

pp. 156­162, 232­233.

(30) Cf. références produites ci­dessus, p. VIII, n. 7.

(") Pour certaines espèces plus que pour d'autres, à l'étude desquelles il

serait possible d'appliquer, en les adaptant, les principes méthodologiques qu'ont

mis en œuvre J.­P. VERNANT et M. DÉTIENNE dans leurs différents travaux

consacrés à la μήτις, maintenant réunis en un volume sous le titre Les ruses de l'intelligence. La métis des Grecs, Paris, 1974. Cf. leur Introduction, pp. 8-13 et, pp. 176-200, leur analyse de certaines fonctions du cheval en liaison avec Athéna et avec Poseidon. Toutefois, en raison de la nature même des informations et de leur appartenance à des domaines très divers, voire opposés entre eux, de telles recherches relèvent moins d'enquête sur la religion grecque que d'études à caractère sociologique ou anthropologique. Voir, à titre d'exemple, M. DÉTIENNE, Le phoque, le crabe et le forgeron, dans Mélanges Marie Delcourt, Bruxelles, 1970, pp. 219-233.

INTRODUCTION XIII

données les notions qui se sont révélées, à l'analyse (32), nécessaires et suffisantes pour cerner chaque type de situation avec la clarté requise et faire apparaître, sous la disparité des faits inhérente à la religion grecque, leur cohésion constitutive.

Un cadre à la fois déterminé et souple, qui fût à même de respecter le complexité des phénomènes proprement religieux, tout en permettant de mettre en lumière les composantes zoolo­giques, était utile. Il a été procuré par la classification des espèces, dont Aristote lui-même a établi les structures fondamentales (33). De cette manière, qu'il appartienne à des manifestations panhel­léniques ou qu'il soit isolé dans un rituel local, chaque animal, identifié aussi précisément qu'il est possible (34), n'est jamais séparé du contexte naturel duquel il procède toujours en dernier ressort. Les perspectives zoologique et religieuse ne peuvent certes être confondues, mais elles n'émanent pas moins, en tout cas à l'origine, d'une même et unique expérience. Les connais­sances qu'ils ont systématisées dans la science des animaux, les Grecs les ont d'abord acquises sous l'impulsion des sentiments religieux qui les animaient (36). Toutes les données n'offrent pas, tant s'en faut, un apport égal pour pénétrer la nature de la rela­tion qui s'est établie, par les animaux, entre les hommes et les dieux. Lorsqu'elles concernent les gestes du culte, — offrandes, sacrifices, consécrations diverses, — elles font connaître la part

(»») Régie, à tout instant, par l'avertissement qu'a, notamment, formulé M . ELIADE, (Traité d'histoire des religions, Paris, 1949, p. 169) : « Le risque de toute analyse est de fragmenter et de pulvériser en éléments séparés ce qui, pour la conscience qui les a représentés, composait une seule unité, un Cosmos. »

(") L. BOURGEV, Observation et expérience chez Aristote, Paris, 1955, pp. 128-142 ; cf. M . MANQUÂT, Aristote naturaliste, Paris, 1932, pp. 103-116.

(") Les incertitudes en cette matière ne tiennent pas seulement aux impréci­sions du vocabulaire grec ou aux allusions à des espèces qui n'ont pu être identifiées. Les hésitations, progressivement éliminées, de la zoologie systémati­que ne peuvent être méconnues. Cf. le point de la question établi par Andrée TÉTRY, Généralités sur le règne animal, dans Zoologie, I (Paris, 1963). PP- 16-22 ; ci-après p. 169, index 1.

(**) Cf. F . M . HEICHELHEIM - Th. ELLIOTT, Das Tier tn der Vorstellungswelt der Griechen, dans Studium generale, 20 (1967), pp. 85-89. Quelques remarques utiles pour préciser la place de l'animal entre le sacré et le profane, les dieux et les hommes, etc. : L. MOREL, Essai sur la métaphore dans la langue grecque. Les noms d'animaux pris métaphoriquement, Genève, 1879, pp. 63-123 ; J . AYMARD, L'animal et les vertus romaines, dans Mélanges L. Herrmann, Bruxelles, i960, pp. 118-123 i M - RUCH. Virgile et le monde des animaux, dans Vergiliana Recher­ches sur Virgile, Leyde, 1971. PP- 322-327 ( t r è s général)

XIV INTRODUCTION

importante que les animaux ont prise au fonctionnement de la

religion pour répondre, de manière très pragmatique, aux néces­

sités et aux besoins individuels et collectifs. Quand elles ont trait

aux appellations sacrées, — épiclèses et épithètes dérivées pour

les dieux, noms d'animaux pour les hommes, — ou qu'elles

éclairent les circonstances exceptionnelles de l'épiphanie des uns

et des métamorphoses des autres, avec les interprétations que les

Grecs en ont proposées, elles conduisent à dépasser les actes pour

en découvrir les motivations profondes et atteindre, par là,

jusqu'aux mécanismes affectifs et spirituels qui ont doté la

religion hellénique de sa substance propre.

Les monographies modernes sur telle ou telle espèce ont été

d'irremplaçables outils, de même que les dictionnaires consacrés à

certaines classes d'animaux. D'autre part, les grands travaux qui

ont été voués à la religion grecque n'ont pas été moins précieux

car, même s'ils ne l'ont envisagé que de façon secondaire ou

globale, selon leurs buts particuliers, tous contiennent sur le rôle

de l'animal des observations profitables. L'application à la

religion grecque des théories relatives au totémisme et au féti­

chisme, florissante encore dans les premières décennies de ce

siècle, a fait l'objet, depuis longtemps déjà, d'amendements et

des nécessaires mises au point (3e). Il n'en est pas moins vrai que

la zoolâtrie et le zoomorphisme (37) transparaissent, sans solution

de continuité, dans les rites et les diverses manifestations du

sacré (38). Mais, — et c'est la richesse de la religion grecque et sa

plus cruciale difficulté, — les gestes en apparence les plus pri­

mitifs, les pratiques les plus frustes ne sont jamais que les moyens

mis par la tradition à la disposition des individus et des com­

munautés des diverses époques pour traduire et représenter leur

(3') Dans les travaux et les contributions de A. ­ J . FESTUGIÊRE, Éd. DES

PLACES, P . ­M. SCHUHL, R. PETTAZZONI, L . SÉCHAN, P. LÉVÊQUE . Cf. M. P.

NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 (Munich, 1967), pp. 44­53.

(3') Le terme thêriomorphisme, qui n'est pas reçu dans les dictionnaires

français, est une transposition du mot Theriomorphismus, usité dans la termino­

logie allemande. En raison de la signification première du substantif θήρ-θηρίον (cf. ci-dessus, p. I X , n. 17), on lui préférera le mot zoomorphisme. Cf. P. ROBERT,

Diet, alphab. et analog, de la langue française, VI , s.v. Le grec tardif a connu les épi­

thètes ζφόμορφος (PLUT., Numa, 8, 13) et θηριόμορφος (PROCLOS, Ptol., 278, 28 ; 282, 26 Allatius; EUSTATHE, 1139, 57 [ad HOM., Σ 219]).

(3S) Cf., à ce sujet, les justes observations de Marie DELCOURT, Œdipe ou la légende du conquérant, Paris, 1964, pp. 236-239.

INTRODUCTION XV

conviction religieuse personnelle. Celle­ci peut aller, selon les

personnes et les moments, de la superstition la plus grossière à la

spiritualité la plus élevée. Entre ces extrêmes, toutes les positions

sont possibles. La liberté des consciences, mal servie par l'état

fragmentaire de la documentation, empêche de les discerner

toujours immédiatement et la pluralité des choix ne peut être­

méconnue à aucun des stades de la synthèse, car, s'il est essentiel

d'élever la recherche au­dessus des circonstances accidentelles, il

importe qu'elle rende compte, à chaque étape, de « la souplesse et

de la plasticité » des faits (39).

Socrate, au témoignage de Xénophon, condamnait ceux de ses

contemporains qui vénéraient les pierres, les arbres et les animaux

comme des dieux (40). Ce jugement donne une juste image de la

situation. Il implique en effet l'existence, au V e siècle avant J . ­C,

de pratiques analogues à celles qui ont été observées dans les

peuples dits primitifs et, notamment, de rites zoolâtriques au sens

le plus matériel du terme. Il indique tout autant qu'aux mêmes

gestes (41) de nombreux Grecs attribuaient une signification dif­

férente (42). La ressemblance, voire l'identité entre les faits

constituent rarement le signe d'une analogie ou d'une correspon­

dance entre les conceptions et les croyances. La Grèce, héritière

du patrimoine méditerranéen et engagée à accomplir, par les

animaux, des gestes millénaires, a su développer une attitude qui

la distingue.

Au carrefour où se sont croisés tous les êtres vivants, —­ dieux,

hommes et animaux, — et les aspirations qui s'expriment dans la

superstition, la religion et la philosophie, l'animal est demeuré

présent. Sa fonction spécifiquement religieuse n'est plus acces­

sible qu'à travers les affleurements de la tradition, qui continuent

(·») Cf. A. BRELICH, Prolégomènes à l'Histoire des Religions, publiée sous la

direction d'H.­Ch. PUECH, I (Paris, 1970), p. 33.

{*') XÉN., Mém., I, I, 14 : Τών τε γαρ μαινόμενων .. TOUS &ε κα'ι λίθους κα'ι ξύλα τα τυχόντα καί θηρία σεβεσθαι.

(") Socrate souscrivant aux mêmes gestes de piété que ses contemporains (cf. le sacrifice du coq à Asclépios : PLAT., Phédon, 118 A ; la vénération des Nymphes : PLAT., Phèdre, 230 B-C), tout en étant conscient de leur attribuer une autre signification qu'eux : Euthyphron, 6 A.

(«·) Le jugement des historiens, géographes, etc., sur les pratiques religieuses des peuples étrangers, notamment des Égyptiens, est, à cet égard, des plus éclai­rants : étonnement ou mépris. Cf. HOT., II, 38-42 ; 45-48 ; 66-69 ; 71-76, DIOD. SIC. I, 83-90, PLUT.. ISIS et Osms, 70-75 {Mor., 379 A-382 A). Cf. J . HANI, La religion égyptienne dans la pensée de Plutarque, Paris, 1976, pp. 381-439.

XVI INTRODUCTION

néamoins à faire connaître quelques-unes des facettes de ce phénomène inépuisable. Tout limités et imparfaits qu'ils soient, ils permettent de saisir, dans sa réalité vivante, la religion des Grecs et, par l'intermédiaire de ceux qui n'étaient pas encore devenus les « frères inférieurs », de pénétrer jusqu'à leur âme.

Multum adhuc restât operis multumque restabit, nec ulli nato post mille saecula praecludetur occasio aliquid adhuc adiciendi (SÉNÈQUE, Lettres, VII, 64, 7).

* * *

Ma gratitude est acquise à tous ceux qui m'ont préparée à aborder ce travail et m'ont encouragée pendant que je l'exécutais.

M. J . Labarbe, doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège, qui en a été l'instigateur, n'a cessé de manifester à ma recherche son intérêt et sa bienveillance. À chacune de ses étapes, i l l'a fait bénéficier, avec une égale affa­bilité, de ses avis éclairés et de ses conseils toujours judicieux. Qu'il veuille bien trouver ici l'expression de ma plus profonde reconnaissance.

Je tiens à remercier aussi M. J . Servais, professeur à l 'Uni­versité de Liège : par son aimable compétence, i l a favorisé les premiers développements de cette étude à laquelle il a, dans la suite, constamment accordé son attention.

MM. M. De Corte, L. Lacroix, M. Renard, Ch. Fontinoy, professeurs à l'Université de Liège, et M. P. Lévêque, professeur à l'Université de Besançon, m'ont communiqué, avec autant de générosité que de bonne grâce, leurs remarques et leurs suggestions. Je leur sais gré de leur obligeance et de leur appui.

De chaleureux remerciements vont à M. A. Motte, chargé de cours, qui m'a fait partager sa fine connaissance des choses de la religion grecque, sans jamais limiter son accueil amical, ainsi qu'à M m e O. Bouquiaux-Simon, M. R. Cavenaile, M. et M m e J . Loicq-Berger, M. P. Wathelet, mes collègues, pour la stimulante sympathie qu'ils m'ont témoignée.

U m'est agréable de remercier, en tant que membres de la Commission désignée par la Classe des Lettres de l'Académie royale de Belgique pour examiner le manuscrit, M l i e Cl. Préaux, professeur émérite de l'Université libre de Bruxelles, MM. J . Labarbe et L. Lacroix, déjà cités. Chacun d'eux a contribué,

INTRODUCTION XVII

par les observations qu'il a eu l'amabilité de me transmettre, à rendre ce travail un peu moins imparfait.

Ma reconnaissance va aussi à l'Académie royale de Belgique qui a résolu, après avoir couronné le mémoire, de l'imprimer dans sa Collection, — tâche à laquelle les Éditions Duculot ont apporté, je leur en sais gré, leurs meilleurs soins.

Pour répondre à un vœu unanime des Commissaires de lecture, j 'ai été amenée à accroître le nombre des documents illustrés. Ils n'ont pu être réunis sans délai que grâce à la libérale compré­hension de M m e H . Gropengiesser (Heidelberg), et de MM. A. Économidès (Athènes), P. R. Franke (Saarbruck), J . Frei (Malibu, Californie), G.J. Jenkins (Londres), G. Le Rider (Paris), D. Lou-catos (Athènes), A .D. Trendall (Bundoora, Australie). À ces correspondants dont la serviabilité ne m'a jamais fait défaut, j'adresse mes plus vifs remerciements.

Enfin, je ne puis assez dire le réconfort et le soutien que j 'ai , en toute circonstance, trouvés auprès des membres de ma famille dont l'inlassable efficacité a permis que mon entreprise connaisse son terme.

Octobre 1974 - Mai 1975.

Orientation bibliographique

Une liste exhaustive des ouvrages et des articles cités ne se justifie

guère en dehors d'un index bibliographique, car leur mention détachée

du contexte particulier dans lequel ils ont été exploités et du problème

précis qu'ils ont permis de résoudre aboutirait à une nomenclature que

sa surabondance même rendrait peu utile.

Outre les instruments généraux relatifs à la religion grecque, qui ont

été produits dans le corps des notes, ne sont reprises ici que les références

aux travaux et aux études qui concernent les animaux ou qui renvoient

à des questions qui leur sont directement afférentes.

Les abréviations sont celles de L'Année philologique.

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Les insectes

Comparée aux autres branches des sciences naturelles, l'ento­

mologie n'a connu son véritable essor qu'à une époque relative­

ment avancée. Outre l'attrait qu'ont exercé les classes d'animaux

plus évolués, les difficultés inhérentes à l'examen d'êtres minus­

cules, aussi diversifiés que les insectes, ont été, en ordre principal,

causes d'un retard aujourd'hui compensé ('). Comme dans les

autres domaines, Aristote a transmis en cette matière un

héritage qui a contribué au progrès du savoir, pour une part

non négligeable (2).

En Grèce, où le climat méditerranéen a favorisé le dévelop­

pement et l'existence de nombreuses espèces, les unes nuisibles,

les autres utiles, l'observation empirique s'est très tôt répandue,

stimulée par l'action décisive que les insectes supérieurs comme

les parasites agaçants ont exercée sur l'existence de l'homme

de l'Antiquité : les premiers, — telles les abeilles, — ont par leur

absence ou leur disparition, rendu la vie plus difficile (3), les

autres, — poux (4), puces (6) ou punaises («), — par leur présence,

(>) Pour une orientation sur l'histoire de l'entomologie : L . BERLAND, Les

insectes et l'homme, Paris, 1942 ; plus récemment, les diverses contributions de

L . CHOPARD, Ch. NOIROT, A. VILLIERS, Cécile PLATEAUX­QUENU , Andrée

TÉTRY , etc., dans Zoologie, 1­11 (Encyclopédie de la Pléiade), Paris, 1963.

(«) Notations éparses dans les divers traités de sciences zoologiques, chapitres

essentiels dans Histoire des animaux, IX, 38­43. Cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt,

II (1913), pp 395­479 Sur l'hommage des naturalistes à Aristote, cf., en dernier

lieu, S. BYL, Le jugement de Darwin sur Artstote, dans L'Ant. class., 42 (1973).

pp. 519­521­

l») Puisque l'abeille a été le principal et, pendant longtemps, le seul fournis­

seur de substance sucrée. Cf. ci­après, p. 22­25.

(·) ARCHILOQUE, fr. 223 Tarditi : φ&αρσΊ μοχ^ιζοκτα. Cf. le proverbe Προς φ&ιίρα κΰραο&αι την π*ν»ιμον χουράν, cité par PHOTIOS, Lex., s.v. Naber (II,

p. 114), d'après EUBOULOS, fr. 32 Kock (C.A.F., II, p. 175) ; le rôle des poux dans

la prise de Tarente par Phalanthos (PAUS., Χ , ίο, 7). Sur les principales espèces et les ravages de la phthiriase : III.; COSSEN, art. Laus (2), dans R.-E., XII , I (1924), col. 1030-1039.

(») À titre d'exemple, cf. les réflexions échangées par Strepsiade et le disciple de Socrate dans les Nuées, 144-152. Comparer XÉN., Banquet, 6, 8.

(«) ARISTOPH., Gren., 115 : Dionysos, en route pour les Enfers, s'informe d'une

10 LES INSECTES

l'ont rendue intenable ('). Les connaissances accumulées de la sorte sur les mœurs et le comportement des variétés les plus communes n'ont pas seulement procuré à l'investigation systé­matique quantité d'informations, — à charge pour elle de les vérifier. Elles ont d'abord entraîné des réactions multiples, fécondes, selon les cas, dans l'organisation de la prophylaxie, dans la symbolique, dans la réflexion mythopoétique. Chacune de ces perspectives a, tôt ou tard, abouti à la religion.

A. Les insectes nuisibles

C'est à l'aide de fumigations et d'aspersions (8) que les Grecs ont combattu les représentants les plus répandus de cette caté­gorie: les mouches (9). Les deux procédés, excellents en principe, auraient pu donner des résultats satisfaisants si les moyens matériels et techniques, — toxicité des substances, fréquence des traitements (10), — avaient été en mesure de décimer des hôtes aussi importuns que redoutables ( u). Le plus souvent, dans une lutte malaisée et inégale, l'insecte l'a emporté. Toutefois, lorsqu'il arrivait aux foules assemblées de pratiquer sacrifices et hécatombes par les fortes chaleurs de l'été, — c'était notamment

halte όπου κόρας öAiyioTot ; Nuées, 634, 725 : jeu de mots et comparaison entre les

κόριις et les Κορίνθιοι. (') Référ. ci­dessus, p. 9, notes 4­6. Cf. E. SÉGUY, Les insectes parasites de

l'homme et des animaux domestiques, Paris, 1924 ; L . BERLAND, o.l. ; Fr. LOEHR

VOM WACHENDORF, L'homme et ses fléaux, trad. franç. G. Meister, Paris, 1954.

(9) Les indications, relativement peu nombreuses, sont très éparses, des

traités d'Aristote aux Geoponica, XI I I , 12 ; X V I I , n . Elles ont été réunies par

M . WELLMANN , art. Fliege, dans R.­E., VI , 2 (1909), col. 2746­2747.

(*) Généralités sur la mouche : outre WELLMANN, l.l., O. KELLER, o.l., II,

pp. 447­454. Étymologie : J . A. CRAMER, Anecd. Oxon., 1, pp. 272­273 ; cf.

H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 265­266. — LUCIEN (Éloge de la

mouche, 12) énumère et caractérise les espèces les plus communes.

(10) Encore que, en la matière, les remèdes ne soient souverains qu'en appa­

rence et se révèlent souvent, à long terme, les véritables ennemis de l'équilibre

naturel.

( u) Les descriptions réalistes que les poètes, notamment ESCH., Prom., 674­

676 ; Suppl., 306­308, ont données du supplice d'Io, harcelée par le taon (μύωφ ou οίστρος), sont fondées sur des observations précises. On peut en rapprocher

celles que SARTRE accumule dans son interprétation du mythe d'Électre. Cf., par

exemple, Les Mouches, acte II, tableau 2, scène 8. — Sur le rôle du taon dans le

cycle légendaire d'Io : cf. Ch. JOSSERAND, ΙΟ et le taon, dans L'Ant. class., 6

(1937). ΡΡ· 259­263.

L E S I N S E C T E S I I

le cas lors des concours olympiques (12), — les mouches écloses par myriades harcelaient hommes et bêtes, au point de com­promettre le déroulement des cérémonies ( I3). En de telles cir­constances, seule l'intervention d'une puissance supérieure pou­vait assurer quelque soulagement: un bovidé était sacrifié à la divinité locale, lors d'une manifestation préliminaire à l'ouver­ture des festivités proprement dites, en échange de quoi les par­ticipants obtenaient d'être, pour la durée de la célébration, délivrés des mouches.

Transposée en termes de prophylaxie et de prévention, cette opération préalable pouvait effectivement fixer et retenir loin des athlètes et des spectateurs un nombre important des insectes exécrés, puisque les diverses parties de la victime et son sang répandu constituaient autant d'attrape-mouches.

L'exemple le plus volontiers cité, par les Grecs eux-mêmes, est celui d'Olympie où Zeus était alors invoqué sous le vocable expressif Άπόμυως (14), Μύιαγρος (15) ou Μυιώδης ( 1 6)· Le mérite

de cette précaution efficace était attribué à Héraclès, soit qu'il

l'eût inventée, soit qu'il eût remis en vigueur un usage ancien,

(>") Fête pentétérique, dont la date, mobile, se situait entre la fin du mois de­

juillet et le commencement de septembre. Cf. L ZIEHEN, art. Olympia, dans

R.­E., X V I I I , ι (1930), col. 1­3 ; M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion,

I», p. 646.

(") La situation observée dans le sanctuaire d'Aphrodite à Paphos semblait

tenir du miracle: ANDRON D'ALEXANDRIE, fr. 16 Müller (F.H.G., Π, p. 352),

cité par APOLLONIOS, Hist, extr., 8 Giannini : καθάπερ ούδέ iv Πάφψ περί τα θυρωματα τά τής Αφροδίτης μνία έφιπταμενη.

('*) PAUS., V, 14, Ι : Φασι ht Ήρακλεΐ τω Αλκμήνης θΰοντι {ν "Ολυμπία 8ι' όχλου μάλιστα γενέσθαι τάς μυίας- εξευρόντα οΰν αύτάν ή κα'ι ύπ' άλλου διδαχθέντα Άπομυίψ θΰσαι Δι'ι, κα'ι ούτως άττοτραπίραι τάς μυίας πέραν τοΰ 'Αλφειού. Λέγονται δε κατά ταύτα και 'Ηλείοι θύειν τω Άπομυίψ Διί, έζελαύνοντες τής •Ολυμπίας τάς μυίας. Cf. EusT., 1454. *5-26 (ad HOM., y 8) ; Etym. magn., 131. 23-24. À deux reprises, ÉLIEN (N.A., V, 17 ; X I . 8) évoque le rite, mais sans

désigner nommément la divinité concernée.

(") PLINE L'ANCIEN, H.N., X , 75 : Elei Myiagrum deum muscarum multttu­

dîne pestilenham adferente, quae protmus tntereunt quam litatum est et deo.

('*) Ibid., X X I X , 106 Nullum animal (sc musea) »Minus docile existimatur

minorisue intellectus ; eo mirabtlius est Olympiae sacro certamine nubes earum

immolate tauro deo quem M y tod en vocant, extra territorium id abtre. L'épiclèse

Μνιώδης translittérée par Pline n'est pas attestée ailleurs. Sur ce type de forma­tion dont on possède de nombreux exemples E. SCHWYZER, Grammatik der griech. Sprache, I, pp. 4 1 8 . 2 ; 426 ; 455

12 LES INSECTES

lorsqu'il perfectionna l'organisation du sanctuaire éléen (17).

Des procédures analogues sont encore attestées en d'autres lieux :

à Aliphéra (18), avant la panégyrie en l'honneur d'une déesse

qui pourrait être Athéna (19) ; à Leucade, au sanctuaire renommé

d'Apollon "Ακτιος, au moment du grand rassemblement au cours duquel avait lieu le καταποντισμός ( 2 0 ) .

Dans la tradition relative à Olympie, une variante apparaît

à propos de l'épiclèse du dieu. Dans les deux autres cas, l'hési­

tation concerne la personnalité de celui auquel la προθυσία doit être offerte. Tandis qu'à Aliphéra, il s'agit de Μύ(ήαγρος, un héros­fonction qui n'est pas autrement connu, à Leucade c'est

aux mouches elles­mêmes que la victime était destinée. L'indi­

cation est donnée à deux reprises : dans une citation d'Héraclide

Pontique, que produit Clément d'Alexandrie (21), et dans un

chapitre d'Élien, dont la source ne peut être précisée.

L'auteur du Protreptique agit souvent en polémiste, Élien est

crédule (22). Compte tenu de cette double particularité de nos

(") Cf., p. ι ι , n. 14. De la mention de Pausanias on rapproche quelquefois

PLUTARQUE, QU. Rom., 90 (Mor., 285 Ε­F), qui n'éclaire pas directement le pro­

blème. Sur le rôle d'Héraclès à Olympie: [O.] GRUPPE, art. Herakles, dans R.­E.,

Suppl. III (1918), col. 916­918. Cf. L. ZIEHEN, art. Olympia, dans R.­E., X V I I , 2

(1937). c o 1 ­ 2 5 2 0

: X V I I I , ι (1939), col. 65­66.

(I8) Le site a été identifié, il a fait l'objet de diverses campagnes de fouilles,

menées, en dernier lieu, par Orlandos. Cf. [O.] HIRSCHFELD, art. Aliphéra, dans

R.­E., I, 2 (1895), col. 1494.

(LE

) PAUS., VIII , 26, 7 : "Αγονοι Sè και πανήγυριν οτω οή θεών, &οκώ Sè σφάς άγειν τή Αθηνά" εν ταύτη τή πανηγΰρει Μυάγρψ προθύουαιν, επευχάμενοί τε κατά τών ιερειών τώ ήρωι, κα'ι επικαλομυενοι τόν Μναγρον. Καί σφισι ταύτα Spàaaotv ovSèv

ετι άνιαρόν était» at μυΐαι. L'humaniste Musurus a corrigé Μύαγρος en Μυίαγρος. Sur la formation de tels composés et l'élision de voyelles en pareils cas : H .

FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 265­266. La Souda (M 1364 Adler)

donne cette glose Μυίαγρος' d μυιοθήρας, qui est volontiers mise en rapport avec une scholie à NICANDRE, Thr., 490, relative au serpent ελοφ prédateur des

petits rongeurs et appelé, pour cette raison μΰαγρος, μυοθήρας. En ce qui concerne le héros arcadien, le contexte même exclut toute confusion. La correction propo­

sée ne semble donc pas indispensable.

(20

) ÉLIEN, N.A., X I , 8 : Οΰκοΰν rijs πανηγνρεως επώημείν μελλούσης, καθ* ήν κα'ι τό πή5ημα πηΒώσι τώ θεώ, θΰουσι βοΰν ταΐς μυίαις, αί Sè εμπλησθεΐσαι τοΰ αίματος αφανίζονται.

(") HÉRACL. PONT., fr. 153 Wehrli 2, cité dans le Protreptique, II, 39, 8 : φησίν, ενθα τό " AKT ιόν εστί άκρωτήριον κα'ι τοΰ Απόλλωνος τον 'Ακτίου τό ιερόν, ταίς μυίαις προθνεσθαι βοΰν.

(22) 11 faut lire, dans la fin du chapitre cité ci­dessus (n. 20), la comparaison

qu'il établit entre les mouches de Leucade, qui ne se retirent qu'après avoir

perçu leur tribut de sang (Βεκασθεΐσαι) et celles d'Olympie, qui ont réputation de

L E S I N S E C T E S 13

informateurs, le détail mérite attention, d'autant qu'il fait comme un écho à la formule ώσττίρά Όλυμπίασί φασι ταΐς μνίαις ποίίΐν βοΰν. Celle-ci ne figure pas dans le corpus des parémio­

graphes, mais son insertion dans la comparaison qu'Antiphane

établit à propos des hôtes non conviés pour qui toujours, pour qui

partout, le peuple devait, à l'avance, abattre des victimes (23), montre

qu'elle constitue moins une invention du poète qu'une expres­

sion populaire, d'allure proverbiale, suffisamment répandue pour

donner à la pointe qu'il dirige contre les parasites toute sa

force. Ainsi, quoi qu'y fassent paraître les adaptations liées à la

religion anthropomorphique et la présence du dieu suprême,

les mouches ont, à Olympie, à Aliphéra, à Leucade, conservé

intacte leur emprise (24). Il n'est pas nécessaire d'invoquer ici

l'influence de coutumes qui ont été repérées en divers lieux du

Moyen­Orient antique (25). Les mouches, comme d'autres insectes

nuisibles, existent à l'état endémique sur tout le pourtour médi­

terranéen, en sorte que les mesures déployées pour les combattre

tiennent à des développements parallèles, mais indépendants,

plus qu'à des emprunts.

Les témoignages relatifs à la lutte contre les parasites des

végétaux vont dans le même sens. Ces derniers en effet ne sont

pas moins dangereux, puisqu'ils compromettent, de manière

irrémédiable, les ressources naturelles, céréales et vignes, dont

dépendent les principaux moyens de subsistance. Contre les

sauterelles (2β) aux invasions calamiteuses (2?), les Athéniens (2S)

demeurer incorruptibles (άδί'καστοι). Sa conclusion en faveur de ces dernières:

κρΰττους άρα iKfîvat, aiooî τον &(οΰ, άλλα μή μιο&οΰ τα δέοντα πράττουσαι. Cf. V , 17. ( ! 3) ΛΝΤΙΡΗΛΝΕ, fr. 229.230 Kock {C.A.F., II, p. 112). (") Les variantes, purement formelles, qui sont attestées à propos de l'épi­

clèse de Zeus lui­même (cf. ci­dessus, p. 11, n. 14­16), sont, à cet égard, révélatrices.

(«*) A . B . COOK, Zeus, I l (Cambridge, 1925), pp. 781­783; WELLMANN (/./.,

col. 2746) et KELLER (o.l., II, p. 448) considèrent que la divinité d'Olympie

finalement assimilée à Zeus est assurément (sicher) un démon d'origine orientale.

(«·) Sur les différentes espèces de πάρνοπις : [IL] GOSSEN, art. Heuschrecke. dans K.-E., Suppl. VIII (1956), col. 179-182; cf. L. G. FERNANDEZ, Sombres de insecios en gnego anttguo, Madrid, 1959, pp. 239-242.

(") THÉOPHR., fr. 174, 3-6 Wimmer ; PLINE L'ANCIEN, H.S., X , 75 (prière des

habitants du mont Cadmos à Zeus, pour obtenir le départ des sauterelles : fruges

eorum locustts vastantibus). Cf. Exode, 10, 3-15. Sur les ravages qu'occasionnent

les acridiens (sauterelles et criquets) : C. L. METCALF - W. P. FLINT, Destructive

and Useful Insects', Londres, 1939, pp. 186-188 ; 466-468 ; 662-663.

(28

) PAUS., I, 24, 8 : Ηαρνόπιον (sc. τον 'Απόλλωνα) δέ καλονσιν, 5τι σφισι παρνόπων βλαπτόντων τήν γήν άποτρ(ψ(ιν ο &€ος tl-ntv ί'κ τής χωράς. Sur la statue, œuvre de

14 L E S I N S E C T E S

et les Béotiens (S9) ont invoqué Apollon IJapvómos, tandis que

les habitants de l'Œta adressaient leurs sacrifices à Héraclès

Κορνοπίων (30). Le même héros, honoré sous le vocable Ίπο-KTÓVOS (31), protégeait les vignes des Érythréens contre les

vers (32).

* * *

Sacrifices, offrandes et prières ont été conçus comme les mesures

propices à assurer aux hommes démunis le concours des divinités,

dans la lutte contre les pires responsables des épidémies et des

famines. Zeus, à Olympie, a finalement reçu la charge qui est,

en Arcadie, restée dévolue à un obscur héros local. Pour Apollon,

Phidias, que les Athéniens lui avaient dédiée sur l'Acropole : Ch. PICARD, Manuel

d'archéologie grecque, IV (Paris, 1963), pp. 1425­1426.

(2 e

) STRAß. , XI I I , I, 64, 613 C. : οΰτω τους πάρνοπας καλούντων Βοιωτών, κα'ι θυσία σιητίλίΐται Πορνοπίωνι Άπόλλωνι. Sur l'alternance vocalique -ο- /-α-, d'ori­gine dialectale : Α. THUMB - [Α. SCHERER] 2, Handbuch der griechischen Dialekte, Heidelberg, 1959, p. 88, paragr. 255, 2 b. — Dans le même passage, Strabon

atteste l'existence, chez les Éoliens d'Asie Mineure, d'un mois du même nom.

CL A. PLASSART-Ch. PICARD, Inscriptions d'Éolie et d'Ionie, dans B.C.H., 37

(1913), pp. 166-168, n° 3 (décret de proxénie, de peu postérieur au milieu du

I I I e siècle avant J.-C), 1. 10 : à Cymè, mois de Ηορνόπιος. (30) STRAB., : καί γάρ άπό τών παρνόπων, ois οί ΟίταΓοι κόρνοπας λέγουσι,

Κορνοπίωνα πμάσθαι παρ' eVeiVois Ήρακλεα απαλλαγής άκρί&ων χάριν. Cf. Ε. ScHWY-ZER, Grammatik der griech. Sprache, I, pp. 298-299 ; L . G. FERNANDEZ, o.l., pp. 239-242, au sujet de l'alternance Παρ-jKop-. — Un type monétaire de Métaponte doit encore être mentionné. À côté de l'épi d'orge bien connu, symbole de la fertilité du sol et de la richesse locale (cf. L . LACROIX, Monnaies et colonisa­tion dans l'Occident grec, Bruxelles, 1965, pp. 112-114), figure quelquefois un insecte que C. M. KRAAY - M. HIRMER (Greek Coins, Londres, 1966, pl. 81, n° 229) ont identifié à une cigale. Sa morphologie très soigneusement représentée indique un acridien, dont la signification reste à élucider. Cf. P. R. FRANKE - M. HIR­MER, Die griechische Münze, Munich, 1964, pl. 82 (deux monnaies différentes : un statère de 410/370 avant J.-C. porte, au revers, l'épi et la cigale à gauche ; un autre statère de 425 /290 avant J.-C. l'épi et la sauterelle à droite).

(31) STRAB., /./. : Ίποκτόνον Sè παρ* Έρυθραίοις τοις τον Μίμαντα ο'ικοΰσιν, ότι φθαρτικός τών άμπελοφάγων Ίπ ών και Βή παρ' εκείνοις μόνοις τών *Ερυθραί-ων τό θηρίον τοΰτο μή γενέσθαι. L'identification des Ιπες άμπελοφάγοι demeure incertaine. Le terme apparaît chez HOMÈRE (φ 395) ; cf. THÉOPHR., De causis

plant., III, 22, 5­6 ; Hist, plant., VIII , 10, 5 ; étymologie : H . FRISK, o.l., I,

p. 747. Sur les très nombreux parasites des plants de vignes : C. L. METCALF ­

W. P. FLINT, o.l., pp. 644­660.

(") Sous le nom ά'Έρυθίβιος, les Rhodiens (STRAB., /./.) invoquaient Apollon contre la nielle ou rouille (ερυσίβη Ιερυθίβη), qui s'attaque surtout au blé.

L E S I N S E C T E S 15

le rôle de Παρνόπιος (33) constitue une application de sa fonction générale de dieu protecteur (34). Quant à Héraclès, traditionnel

bienfaiteur de l'humanité, il s'est trouvé nanti, par les populations

qui lui vouaient un culte de prédilection, de tâches conformes à

son personnage et non moins utiles que ses autres exploits (35).

Toutefois, les flottements qui se font jour sur l'identité ou sur

l'épiclèse des divinités montrent que le rite, agissant par homéo­

pathie, n'était qu'un procédé supérieur dont l'efficacité tenait

à la nature de la victime et au cérémonial de l'immolation.

Mouches, sauterelles et, à travers elles, tous les insectes para­

sites ne sont associés à des actes religieux que pour être plus sûre­

ment expulsés de la vie quotidienne. Les témoignages qui les

concernent font voir combien, entre les aspects magico­prophy­

lactiques et les caractères rituels et apotropaïques d'un seul et

même geste, la frontière est demeurée mouvante.

B. Les insectes bénéfiques

L'agriculteur, l'économiste contemporains définissent l'action

des insectes utiles en termes de production et de profit, le bio­

logiste songe à restaurer et à maintenir l'équilibre naturel. Le

Grec de l'Antiquité, pour qui de telles préoccupations sont moins

nettement définies, voire secondaires ou inexistantes, découvre

en eux une matière de réflexion conforme à sa sensibilité et à ses

aspirations, d'où la religion n'est jamais absente. La place réservée

à la cigale (3e) est, à cet égard, des plus instructives.

(") Il peut, dès à présent, être rapproché des interventions du dieu face aux

lézards, aux souris et autres rongeurs, qui ont été interprétées par les Grecs

comme autant de signes de la bienveillance et de l'efficacité du dieu dans la con­

servation des produits de la terre, — quel qu'ait pu être le sens premier de la

relation d'Apollon avec ces animaux. Cf. ci­après, pp. 63­66.

(3*) Il est régulièrement invoqué comme '/lAef/κακοί et Αποτρόπαιο;. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 , pp. 540, 544.

(**) Sur le partage des tâches et des fonctions entre Apollon et Héraclès :

NILSSON, ibid.

(") Généralités : [Α.] STEIER, art. Τίττιζ (î), dans R.­E., V A, 1 (1934).

col. n 13­1119; étymologie : L. G. FERNANDEZ. Sombres de insectos, Madrid,

1959. PP­ l i0

'1

}1

'• H FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, p. 886. — Si l'on

excepte l'abeille, peu d'insectes interviennent encore dans la tradition légendaire

ou mythique de la Grèce. On distinguera les ' cas individuels ', celui de Kéram­

bos, métamorphosé en κίράμβυξ cerf-volant mange bois, pour avoir offensé les Nymphes (cf. ANTON LIBER., Mitam., 22, d'après NICANDRE) : celui d'Arachné,

ι6 L E S I N S E C T E S

La cigale

Les ravages que cet insecte peut occasionner aux végétaux

sont aussi redoutables que ceux d'un grand nombre d'espèces (37),

ils n'ont en rien affecté les sentiments des Hellènes. Au gré de

l'inspiration féconde qu'elle éveillait en eux (38), leurs poètes ont,

à toutes les époques, caractérisé la cigale d'après la saison qu'elle

anime (39), le lieu qu'elle occupe (40), son avidité pour le soleil (41),

son infatigable résistance (42), qui la différencie de tous les autres

êtres vivants (43). Elle subsiste aussi longtemps que dure sa com­

munion totale avec la nature et répand sans parcimonie les bien­

faits qu'elle en a elle­même reçus. Il n'en fallait pas davantage

pour que la cigale bénéficiât d'un préjugé favorable, supérieur

à toute considération pratique (44). Si attachant que fût son rôle,

i l ne s'est pas limité à animer l'été, à réjouir le cœur du paysan

fileuse athénienne, transformée en αράχνη araignée, parce qu'elle avait prétendu

l'emporter sur Athéna (cf. Ον., M étant., VI , 5­145), et le rôle de la fourmi

(μύρμηξ) dans l'étymologie du nom des Myrmidons (J. SCHMIDT, art. Myrmidones,

dans R.­E., X V I , 1 [1933], col. 1108­nn ; art. Myrmex, ibid., col. 1521). Le

poète POSIDIPPE avait écrit une comédie intitulée Myrmex, PHILÉMON une œuvre

intitulée Les Myrmidons, CANTHAROS avait consacré une pièce aux Fourmis. De

ces comédies, il n'a subsisté que le titre ou des fragments très limités. Cf. G. SIFA­

KIS, Parabasis and Animal Choruses, Londres, 1971, pp. 76­77.

(*») C. L . METCALF ­ W . P. FLINT, Destructive and Useful Insects2

, pp. 605­610;

cf. [H.] GOSSEN, art. Heuschrecke, dans R.­E., Suppl. VIII (1956), col. 180.

( a e) La cigale a inspiré maintes pages aux auteurs français, poètes et prosa­

teurs, tels Lamartine, Mistral, Daudet, Aicard, Rostand, Pagnol ou Giono. La

comparaison de leur vision propre avec celle des anciens Grecs est pleine d'inté­

rêt, car si la cigale est devenue pour les poètes modernes un élément attachant

du décor naturel, elle n'a pas entièrement perdu les vertus sacrées que l 'Anti­

quité lui reconnaissait. Pour d'autres textes parallèles : Madeleine MÉLON,

La cigale dans l'Antiquité gréco­latine, Liège, 1942 (mémoire inédit), pp. 65­66 ;

L. LELOIR, Poésies lyriques grecques, Bruxelles, 1946, pp. 91­93.

( 3·) De même que dans les notes suivantes, les références sont produites à

titre d'exemples. HÉSIODE, Trav. et jours, 584; ALCÉE , fr. Z 23 L . ­ P . 347; ANO­

NYME, A.P., I X , 122, 4. Une étude approfondie des contextes et des renouvelle­

ments que ce thème a reçus, à travers la littérature grecque, est encore à réaliser.

Pour une orientation: cf. M. MÉLON, o.l. (ci­dessus, n. 38).

(40

) HÉSIODE, o.l., 583 ; ANYTÈ (OU LÉONIDAS), A.P., VII , 190, 1.

(") ARISTOPH., Ois., 1095; MÉLÉAGRE, A.P., VII , 196; [THÉOPHYLACTOS

SIMOCATOS], Ep., ι Hercher.

(**) ANONYME, A.P., I X , 373.

(43) Tous, en effet, sont, aux heures épuisantes du milieu des jours d'été,

contraints de céder au repos. Cf. HÉSIODE, o.l, 592­594 ; THÉOCR., I, 15 ; etc.

(") L'indication de THÉOPHRASTE (De signis tempest., 54), τέττιγες πολλοί γινόμενοι voaóiSfs τό Éros σημαίνουσι, demeure isolée et n'implique aucun blâme à l'égard des insectes.

LES INSECTES 17

ou du berger (4δ). Son être et son comportement lui ont valu

d'être intégrée, sans réserve, à des convictions qui, également

chargées de religiosité, sont parmi les plus essentielles. Les unes

ont trait à l'autochtonie, les autres au chant.

Entre toutes les qualités que chacun lui reconnaît, il en est

une qui parle davantage à la branche ionienne de la population

grecque : la cigale est dite γηγενής, née de la terre (4 e). À ce titre,

elle a été un symbole privilégié pour ceux qui, tels les Athé­

niens, s'enorgueillissaient d'être, eux aussi, des autochtones (4?).

La croyance à l'origine chthonienne s'est développée à propos

de plusieurs espèces animales (4e), elle a exercé une influence

déterminante, surtout illustrée par des faits d'ordre religieux (*·).

Mais la cigale, et elle seule, a suscité, en milieu ionien, l'usage

fameux, connu sous le nom de tettigophorie (50). Il a été fréquem­

ment réexaminé par les érudits modernes (51), car les informations,

parfois contradictoires, plus souvent confuses, de la tradition

antique ne font pas connaître avec une netteté suffisante la nature

première des ' cigales d'or ' et la destination qui a pu leur

être attribuée aux différentes époques. Qu'ils émanent des

poètes (62), des historiens (53), des commentateurs les plus tar­

(") HÉSIODE, o.l., 582­586 ; ARCHIAS, A.P., VII , 213, 4 ; Anacréontiques, 34,

8 Preisendanz. Cf. L . BODSON, Archias et la cigale, dans L'Ant. class., 44 (1975),

pp. 632­637.

(") PLAT., Banquet, 191 C ; Anacriont., 34, 16 Preis. Cette conception, qui

peut provenir d'une erreur d'interprétation due au fait que les jeunes insectes

semblent jaillir du sol où la femelle a déposé ses œufs, relève cependant bien

davantage de la mentalité poétique et religieuse des Grecs que de l'observation

scientifique. Sur la reproduction des cigales : ARISTT., Gén. anim., I, 721 a 2­6 ;

cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 401­406.

(*') L'affirmation de cette origine, tant de fois répétée, a fini par donner

l'impression de n'être plus qu'un lieu commun dans les discours, mais aussi chez

les poètes. Elle requerrait une étude systématique, tant du point de vue politique

et historique que du point de vue religieux et philosophique. Cf. U. VON WILAMO­

WITZ­MOELLENDORFF, Der Glaube der Hellenen, 1 (Berlin, 1931), p. 211 ;

Α. MOTTE, Prairies et jardins, Bruxelles, 1973, notamment pp. 81­83.

(4*) Taupes, souris, lézards, serpents, abeilles, etc.

(") Cf. ci­après, pp. 59, 70­71. — Outre l'origine chthonienne, les cigales

partagent encore avec les abeilles l'aliment mystérieux et sacré qu'est la rosée :

THÉOCR., IV, 15­16 ; ÉLIEN, N.A., I, 20 ; cf. A. MOTTE, o.l., p. 7.

(S

°) HÉSYCHIOS, T 670.

(") Outre les notations éparses dans les éditions commentées des textes

mentionnés ci­dessous, cf., pour une orientation bibliographique, A. B. COOK,

Zeus, III (Cambridge, 1940), pp. 250­256.

(") ARISTOPH., Cav., 1331­1332 ; NONNOS, Dion., XII I , 199­200.

(") T H U C , I, 5, 3 Cf. HELLANICOS DE LESBOS, 4 F 161 J .

ι8 LES INSECTES

difs (64), les témoignages renvoient à la même notion fonda­

mentale, qui définit l'âme grecque dans sa spécificité, à savoir

la certitude qu'une solidarité profonde unit les hommes et les

animaux au milieu dans lequel et duquel ils vivent (δδ). Pour les

sociétés d'Ionie et d'Attique, qui en ont gardé une conscience

plus aiguë et qui ont voulu concrétiser leur sentiment, la cigale

s'est imposée d'abord comme l'agent intermédiaire, ensuite

comme le symbole des forces vivifiantes que Gaia, mère com­

mune et généreuse, partage entre tous ceux qu'elle a, originel­

lement, engendrés. C'est parce qu'Athéna a inventé la flûte, pro­

clame la cigale dans une épigramme hellénistique (5e), que je lui

voue une affection égale à celle que me témoignent les Muses. Le

motif invoqué n'est certes pas dépourvu de valeur, mais au

regard de l'étroite et riche corrélation qui a été, si soigneuse­

ment, cultivée entre la Terre, les Athéniens (57) et l'insecte, i l

ne vient qu'en second.

Il n'en est pas moins vrai que cigale et musique sont indis­

sociables. L'agreste messagère a toutes raisons de se dire chantre

des Nymphes (68), porte­parole des Muses (59), musicienne comme

Apollon (6 0). Son chant dru (61) et sonore (e2) a parlé au cœur de

tous les Grecs. Ils le comparent à celui de l'hirondelle (M), à celui

du cygne (e4), et, s'il leur arrive quelquefois de le trouver

(") TZETZÉS, Chil., I, 228­233 ; EUST., 395, 30­47 (ad HOM., Γ 150).

(") Cf. A. MOTTE, o.l., pp. 27, 81­82, etc.

(*·) LÉONIDAS DE TARENTE, A.P., V I , 120, 7­8 : "Οσσον γαρ Μούσαις ίστίργμ(-&α, τόσσον 'Αάτ]νη \ 4ξ -ημίων' ή γαρ παρΰένος ανλο&ίτα.

(*') L'étude des motifs et des mobiles qui ont poussé ces derniers à affirmer leur

autochtonie et à en afficher le symbole ne manquerait pas d'être révélatrice.

(SE

) ANONYME, A.P., I X , 373, 3 : την Νυμφών ... άηοόνα. Le sens premier du mot choisi άη&ών ' rossignol ' demeure sous-jacent et renforce l'image.

(5·) PLAT., Phèdre, 262 D : οί τών Μουσών προφήται. Cf. LÉONIDAS DE TARENTE,

A.P., V I , 120, 7 (ci-dessus, n. 56) ; Anacréont., 34, 12 Preis. : φιλίουσι μέν ot Μοΰσαι.

(β0) Anacréont., 34, 13 Ρ· : φιλία Sè Φοίβος αυτός. Cf. PLUT., Qu. conv., VIII , 7, 3 (Mor., 727 Ε) : TeVriyai... μουσικούς όντας ; [THÉOPHYL. SIM.], Ep., ι : ö T Î T T I £

ό μουσικός. C1) HÉSIODE, Trav. et jours, 583-584 ; [Bouclier'], 393-397 ; ALCÉE , fr. Z 23

L.-P. 347· (") MÉLÉAGRE, A.P., VII , 196. (·') PLUT., QU. conv., VIII , 7, 3 (Mor., 727 E) ; CLÉM. ALEX. , Strom., V , 5,

dans P.G., I X , col. 48 A Migne ; ANONYME, A.P., I X , 122. ( , 4) ANTIPATER, A.P., I X , 92, 1-2 ; HIMÉRIOS, 48 (In Hermogenem), 11, U. 124-

127 Colonna (rapprochement significatif entre la cigale, le cygne, le rossignol et Apollon). Cf. ci-après, p. 97, n. 40-41.

L E S I N S E C T E S I Q

bavard (*6), ils lui attribuent plus volontiers des charmes

supérieurs même à ceux de la lyre (β β). L'aventure merveilleuse

qui advint au cithariste Eunomos de Loeres (·') suffirait à les

faire approuver. Le musicien, que le bris d'une corde de son

instrument avait mis dans un mauvais pas, lors des concours

pythiques, fut tiré d'affaire, — et remporta le premier prix, —

grâce à l'intervention d'une cigale qui s'était substituée à la

corde défectueuse (*8). Dès lors, non moins qu'aux divinités de

la génération et de la croissance (·*), l'offrande de cigales, en

effigie de terre cuite, de bronze ou d'or (70), est pour les dieux de

la musique un agréable hommage (71).

Il revient à Platon d'avoir traduit, en une synthèse inspirée,

l'élan qui portait les Grecs vers les cigales. Le mythe du

Phèdre (7î) expose l'origine de ces insectes privilégiés, autrefois

des hommes, nourris de musique, bénéficiaires de la sollicitude

des Muses, symboles idéalisés de l'âme lorsqu'elle parvient,

(") BiANOR, A.P., I X , 273, ι : λαλίστατοι ... τί'ττιί ; ci . ANONYME, ibid., 122, ι ; ÉLIEN, N.A., I, 20. Des verbes et des expressions très variées, souvent ima­

gées, ont servi à caractériser le chant des cigales : cf. M . MÉLON, o.l., pp. 45­46.

Très tôt, leur chant ininterrompu a donné matière à comparaison : avec le

bavardage des vieillards (HOM., Γ150­152), avec celui des femmes (schol.

V ARISTOPH., Ois., 3g ; cf. XÉNARQUE, fr. 14 Kock [C.A.F., II, p. 473]), des ora­

teurs (EUST., 396, 1­17 [ad HOM., Γ 150]), des Athéniens (ARISTOPH., Ois., 39­41 ;

TZETZES, Chi!., I X , 997­1003). — MANUEL PHILIS [De animal, proprietate, 498­

506) insiste, en revanche, sur la leçon de caractère que la cigale femelle donne

aux femmes (vers 504­506).

(**) ARCHIAS, A.P., VII , 213, 4 : οίονόμοις τιρπνότερον χίλυος. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner en détail les allusions aux cigales, qui apparaissent dans des

fragments de SIMONIDE (fr. 105 Page 610; cf. fr. 173-174 Bergk4), de PRATINAS

(fr. 2 Page 709). Elles pourraient contribuer à préciser la valeur symbolique des

cigales. Sur ARCHILOQUE, fr. 167 Tarditi, cité par L u c , Pseudoi, 1, cf. L. BODSON,

La stridulation des cigales. Poésie grecque et réalité entomologique, dans I.'Ant

class., 45 (1976), pp. 75-94.

(·') [G.] GRAF , art. Eunomos (10), dans R.-E., VI (1907), col. 1133.

(**) TIMÉE, 566 F 43 J . et commentaire de Jacoby, pp. 559-560 ; STRABON, V I ,

i , 9, 260 C. ; etc.

(") THÉODORIDAS, Α Ρ., VI , 15Ο (à propos de la consécration des boucles de

Charisthénès).

(") Cf. Α. B. COOK, Zeus, III, pp. 250-260 ; Κ. BOEHME, Unsterbliche Grillen,

dans Arch. Jahrbuch, 69 (1954), pp. 49-66.

(") PAUL LE SILENTIAIRE, Α Ρ., V I , 54 (à propos de l'offrande d'Eunomos de

Loeres, cf. ci-dessus, n. 68).

('*) PLAT., Phèdre, 259 B - 262 D. — Cf. la métamorphose de Tithonos : schol.

B HOM., Λ Ι ; schol. A HOM., A 5 t i j TCTTiya τον μονσικώτατον τών πτηνών. Ε . WUEST, art. Tithonos, dans R.-E., VI A, 2 (1937), col. 1512-1519 (notamment 1518).

20 LES INSECTES

enfin dégagée des contingences de la matière, à la contemplation

suprême (73). Ce récit, comme l'a fait observer Frutiger (74), est

une création originale du poète­philosophe, mais i l est formé

d'éléments profondément enracinés qui confèrent au thème phi­

losophique sa résonance religieuse. De l'origine chthonienne,

avec ses inépuisables vertus, à l'harmonie musicale, reflet de

l'harmonie universelle, Platon n'a laissé se perdre aucune des

intuitions antiques qui avaient reconnu dans la cigale un être

divin (76), une créature sacrée (76), pour ainsi dire semblable aux

dieux (").

* * *

L'abeille

Pour la pensée grecque, l'abeille (78) est associée aux champs

fleuris, aux prairies odorantes, aux vallons ombragés (79), autant

de zones privilégiées qui éveillent dans l'âme antique le senti­

ment durable du sacré (8 0). En même temps qu'elle y récoltait

les substances mellifiques (81), l'industrieuse ouvrière n'a cessé

( , s) Cf. A . MOTTE, o.l., pp. 406­425.

(71

) P. FRUTIGER, Les mythes de Platon. Étude philosophique et littéraire,

Paris, 1930, p. 233.

(") ARISTOPH., Ois., 1095:0' deartéaios ... avéras.

(") PLUT., QU. conv., VIII , 7, 3 (Mor., 727 E ) : Upis.

(") Anacréont., 34, 18 Preisendanz : σχεδόν et #«oîs όμοιος. C8) La bibliographie relative à l'abeille est inépuisable. En dehors des articles

d'encyclopédies et des pages que lui consacre O. K E L L E R (o.l., II, pp. 421-431),

les travaux suivants, qui renvoient aux études de détail, permettent de faire le

tour de la question : W . ROBERT-TORNOW, De apium mellisque apud veteres

significatione, Berlin, 1893 ; A . B . COOK, The Bee in Greek Mythology, dans

J.H.S., 15 (1895), pp. 1-15 ; R. BILLIARD, Notes sur l'abeille et l'apiculture dans

l'Antiquité, Lille, 1900 ; Hilda M . RANSOME, The Sacred Bee in Ancient Times

and Folklore, Boston, 1937 ; Momolina MARCONI, Μέλισσα dea cretese, dans Athenaeum, 18 (1940), pp. 164-178 ; Ch. JAILLARDON, Contribution à l'étude des

rapports de l'homme et de l'abeille dans la préhistoire et l'histoire, Lyon, 1945. Cf.

M . MAETERLINCK, La vie des abeilles, Paris, 1906 ; K . VON FRISCH, Aus dem

Leben der Bienen 6, Berlin, 1953 . R- CHAUVIN et collaborateurs, Traité de

biologie de l'abeille, en cinq volumes, Paris, 1968. — Sur l'étymologie du nom grec

de l'abeille : L . G. FERNANDEZ, Nombres de insectes, p. 153 (et les remarques de

W . BRANDENSTEIN, dans son compte rendu intitulé Μέλισσα, dans Kratylos, 6 [1961], p. 169) ; H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 200­201.

('») HOM., B 87­90 ; EUR., Hipp., 76­77 ; THÉOCR., V I I , 80­82 ; [XXII ] , 40­43 ;

APOLL. RH., Arg., I, 877­879 ; NONNOS, V , 243­246 ; LONGUS, Daphnis et Chloé,

I, 9, ι ; etc.

(8 0

) A . MOTTE, o.l., notamment, pp. 5­25.

( e l) Cf. ci­après, p. 22, notes 93­94. C'est par tout son être que l'abeille appar­

tient au monde de la Terre et possède de secrètes affinités avec le domaine souter­

L E S I N S E C T E S 21

d'y butiner les dons et les vertus de la Nature entière. Ce contact

permanent avec la mère universelle a été, tout à la fois, vivifiant

et régénérateur, car i l a intensifié les qualités spécifiques de

l'insecte et lui a valu de conserver intactes la puissance agissante

et la haute valeur symbolique qui lui ont été, très tôt et à

jamais, reconnues.

Par son comportement et son activité productive qui la diffé­

rencient de la cigale, du papillon et des autres insectes

sociaux (83), l'abeille s'est imposée comme un modèle et un sti­

mulant de la réflexion et de l'action. Chacun selon ses préoccu­

pations particulières, les auteurs grecs ont détaillé et loué sa

pureté (M), ses talents d'ordre (e s), de soin (8 e), d'organisation (87),

d'économie (8 8), également aptes à inspirer l'attitude des indi­

rain : elle naît de la terre, comme la cigale et d'autres animaux chthoniens, ou du

cadavre d'un bovidé (taureau : NICANDRE, Ther., 741 ; cf. PORPH., Antre des

nymphes, 18 ; bœuf : Souda, B 453 ; cf. ÉRYKIOS, dans A.P., VII , 36, 3 ; VIRG.,

Géorg., IV, 281­314). Sur cette question riche de symboles, cf., outre les remar­

ques de A . S. Gow ­ A. F. SCHOLFIELD, Nicander. The Poems and Poetical Frag­

ments, Cambridge, 1053, p. 184, K. GIANNOULIDOU, Μέλισσα καί Διόνυσος oi βουγ(νΐϊς, dans Athena, 63 (1959), pp 312-318.

(*') Le fait doit être noté, car le papillon dont le nom même, — r) ψυχή, — se prêtait à toutes les métaphores, n'a guère suscité, à date ancienne, de développe­

ments réellement assurés dans la pensée religieuse des Grecs. Cf. O. KELLER, o.l.,

II, pp. 435­436; [ H ] GOSSEN, art. Schmetterling, dans R.­E., I I A , 1 (1921),

col. 571­572. On cite volontiers les médaillons décoratifs exhumés des tombeaux

mycéniens et qui sont ornés de papillons parfois stylisés : cf. Fr. MATZ, Kreta,

Troja. Die minoische und homerische Welt, Stuttgart, 1956, pl. 96. M. P. NILSSON

{Geschichte der griech. Religion, I3

, p. 198) a clairement marqué les limites de

l'interprétation traditionnelle de ces documents.

("3) Guêpes, frelons, fourmis notamment, qui ont été étudiés de près par

ARISTOTE (H.A., I X , 622 b 20, 24­27 ; 627 b 33 ­ 629 b 2). Lorsque, dans la Poli­

tique, I, 1253 a 7­9, il affirme la supériorité de l'être humain, — ζψον πολιτικόν, — sur les autres espèces qui se distinguent par un comportement social, le Stagirite

ne cite nommément que l'abeille. Cf. la comparaison homérique (M 167­170),

où interviennent guêpes et abeilles ; PLAT., Phédon, 82 B (rapproche abeilles,

guêpes et fourmis). Sur le rôle de ces dernières dans la généalogie des Myrmidons :

ci­dessus, pp. 15­16, n. 36.

(M

) ARISTT., H.A., IV, 535 a 1­3 ; VIII , 596 b 15­18 (significative opposition

entre les adjectifs σαπρός et γλυκός) ; Etym. magn., 577, 41 : τό ζψον κα#αρώτατοι> όν. (··) XÉN., Économ., 7, 17 ; 32-39.

("·) De là une des étymologies proposées par les grammairiens anciens : Etym.

magn., 577, 34-35 παρά τό μέλαν οίκονομικόν ... καί έπιμελές. Cf. [ZoNARAS], Lex., s.v. Μέλισσαι Tittmann, (col. 1344).

l") PAPPOS, Coll. math., V , 1-3. (") ARISTT., H.A., I X , 40, notamment 627 a 19-28.

22 L E S I N S E C T E S

vidus (89) et celle des États (9 0). Naturalistes et apiculteurs,

poètes et devins, théoriciens de l'éducation ou de la politique,

philosophes, tous décèlent dans une aussi rare perfection la pré­

sence et l'œuvre de la divinité (91).

Sa relation avec la Physis et les traits incomparables de sa

conduite ont fondé l'exceptionnelle destinée de l'abeille dans les

multiples directions où les anciens Grecs ont développé leur

réflexion ; son miel, qu'elle partage généreusement, n'a pas peu

contribué à accroître encore sa notoriété. Longtemps irrem­

plaçable dans l'économie domestique et dans la thérapeutique,

i l n'est pas seulement nécessaire pour soutenir la vie du corps (92).

Réalisé dans des conditions mal pénétrées, par un être chargé de

mystère (9S), sacré comme lui (e4), i l est la nourriture de l'âme,

C*) Signe de prospérité (HÉSIODE, Trav. et jours, 232­233), elles sont le modèle

de la maîtresse de maison (SÉM., fr. 7, 83­93 W. ; XÉN. , /./.) et le guide de ceux qui

se consacrent à l'étude: ([ISOCR.], 1 (À Démonicos), 52 ; SÉN., À Lucilius, XI,

84,3­5; PLUT., Quomodo adolescens..., 12 (Mor., 32 E ­ F ) ; De recta ratione

audiendi, 8 (Mor., 41 E ­ F ) ; Quomodo quis suos in virtute sentiet profectus, 8

(Mor., 79 C) ; De tranqu. animi, 5 (Mor., 467 C) ; Qu. conv., V, 1 (Mor., 673 E) .

Les Pères de l'Église ont repris la même image, dont la fraîcheur et la force

demeurent intactes. Les références ont été réunies par E . OBERG dans son édition

des Iambi ad Seleucum d'AMPHiLOCHios, Berlin, 1969, p. 53, n. 39­41. Cf., en

outre, L. KOEP (H. GossENf, Th. SCHNEIDER), art. Biene, dans R.A.C., II

(1954), col. 274­282.

(,0

) Cf. les comparaisons de PLATON et d'ARISTOTE, mentionnées ci­dessus,

p. 21, n. 83. L'importance accordée à l'abeille dans le choix des symboles monétai­

res, à travers tout le monde grec et dès les temps les plus reculés, en est la preuve

parlante : cf. B . V. HEAD, H.N.', pp. 571­578; L. ARMBRUSTER, Die Biene in der

Kunst, dans Archiv für Bienenkunde, 18 (1937), pp. 49­86 ; Die Biene auf griech.

Münzen, dans Arch. f . Bienenkunde, 33 (1952), pp. 49­73. — S. AMBROISE,

Exam., V, 2 i , 66­72 ; cf. J . BÉRANGER, Études sur saint Ambroise : l'image de

l'État dans les sociétés animales, dans Études de Lettres, 5 (1962), pp. 47­74.

(") PLAT., Ion, 534 Β ώσπ(ρ al μέλιτται ... κοΰφον γαρ χρήμα ποιητής ίστιν και •πτηνον κα'ι Upóv. Cf. NONNOS, XVII, 37 1 · ^ propos de l'abeille toujours bien­faisante : άλίξικάκοιο μ(λίσσης.

(") L'abeille et son miel, symboles d'abondance : HÉSIODE, Trav. et jours, 232-233 ; NONNOS, XXII, 22-24. Cf. L. ROBERT, Sur des inscriptions de Theangela, dans L'Ant. class., 4 (1935), pp. 171-172 (Les ruchers de Theangela). Les châti­ments prévus par la loi contre les pillards des ruchers attestent l'importance que ces derniers possédaient : PLAT., Lois, VIII, 843 D - E ; cf. Pol., 293 D. Cf. M. SCHUS­TER, art. Mel, dans R.-E., XV, 1 (1931), col. 364-384 ; R. J . FORBES, Studies in Ancient Technology, V (Leyde, 1954), pp. 78-109.

(") Cf. ARISTT., Gén. anim., Ill, 759 a 7 - 760 b 33. (") NICANDRE, Alexiph., 554; Etym. magn., 577, 40. ARISTOTE (H.A., V,

553 b 23 - 554 a 15) expose les théories anciennes sur la confection et la production du miel « substance qui tombe de l'air, — comme la rosée, — et que l'abeille se borne à recueillir ». Cette origine mystérieuse ajoute encore à ses propriétés. Cf.

LES INSECTES 23

surtout lorsque celle­ci a franchi l'épreuve de la mort. Les liba­

tions de miel auprès des tombeaux (e s), les usages en vigueur

dans les sectes orphiques et pythagoriciennes (ββ) font bien voir

l'efficacité qui lui était attribuée. Les dieux eux­mêmes ne

connaissent pas d'aliment plus parfait, dans leur enfance, quand

la faiblesse de leur premier âge les rend vulnérables (·'), et plus

tard, à chaque festin de l'Olympe, puisqu'il entre dans la compo­

sition du nectar et de l'ambroisie (β β). Ils en apprécient toujours

l'offrande, lors des sacrifices non sanglants (*·), et reçoivent des

sur cette question que développent VARRON (R Ii., III, 16), PLINE L'ANCIEN

(H.N., X I , 21), COLUMELLE [R R., IX) et, surtout, VIRGILE (Géorg., IV), les

observations de P. D'HÉROUVILLE, A la campagne avec Virgile, Paris, 1930,

pp. 70­100.

(") Cf. HOM., K 518­519 ; ESCH., Perses, 612; PORPH., Antre des nymphes,

18 ; schol. Ν A B EUR., Hipp.. 73 Schwartz (II, p. 14, 11. 17­18) : μίλιαααν μέντοι άλληγοοιΐ αύτήν τήν φνχήν La signification funéraire des abeilles est mieux assurée

que celle des papillons (cf. ci­dessus, p. 21, n. 82). SOPHOCLE (fr. 795 N.*) évoque

l'essaim bourdonnant des défunts; cf. PORPH., /./. . E , ROHDE, Psyché, trad.

A. Rey mond, Paris, 1928, p. 199, n. 1. Les tombeaux ont livré des bijoux décorés

d'abeilles: cf. G. BECATTI, Oreficene antiche. Rome, 1955, pp. 47­48, pl. 32 ;

pp. 52­55 (Camiros, VII IE

­VI I« siècle avant J.­C.) ; B.C H . 87 (1963), pp. 783­787

et fig. 17 ; 89 (1965), pp. 739­743 et fig. 20 (abeilles d'or provenant de tombeaux

mycéniens, région de Pylos). La trouvaille la plus célèbre reste le pendentif dit

ties abeilles, trouvé à Mallia : P. DEMARGNE, Naissance de l'art grec, Paris, 1964,

n" 149. — Sur l'identification des insectes qui ont inspiré le bijou, cf., en dernier

lieu, O. W. RICHARDS, The Cretan « Hornet » Pendant, dans Antiquity, 48 (1974),

p. 222. Une liste des bijoux et des objets dont la décoration dérive de l'abeille a

été dressée par H . G. BUCHHOLZ­G. JOEHRENS­1. MAULL, Jagd und Fischfang,

Göttingen, 1973, Anhang : Honiggewinnung, pp. 183­185.

(··) Cf. L. MOULINIER, Orphée et l'orphisme, Paris, 1955, p. 56 ; F. BUFFIERE,

Les mythes d'Homère et la pensée grecque, Paris, 1956, pp. 418­437 ; M. DÉTIENNE,

Orphée au miel, dans Quaderni Urbinati di Cultura Classica, 12 (1971), pp. 7­23

(*') Le cas le plus illustre est celui de Zeus : CALL., Hymnes, 1 (A Zeus), 49­51.

Cf. E . NEUSTADT, De love Crettco, Berlin, 1906, pp. 44­50: M. P. NILSSON. Ge­

schichte der griech. Religion, I s, p]). 320­321 : P. FAURE, Fonctions des cavernes

crétotses. Paris, 1964, pp. 110­117. Il faudrait lui comparer l'aventure du berger

Comatas. Sous la forme où THÉOCRITE (VII, 78­89) l'a exposée, elle conserve la

trace des antiques épreuves et des rites de passage. Cf. L. SÉCHAN, Sept légendes

grecques. Paris, 1967, pp. 80­88, 170­183. — Sur l'intervention des abeilles à la

naissance d'Iamos, cf. ci­dessous, p. 25, n, 113.

(**) La composition de ces deux aliments ou breuvages a fait l'objet de discus­

sions, dès l'Antiquité. Le miel, cependant, est régulièrement cité et ses proprié­

tés spécifiques sont les mêmes que celles du nectar et de l'ambroisie. Cf. W H .

ROSCHER, Nektar und Ambrosia, Leipzig, 1883 : Ε . SAGLIO, art Nectar, dans

Diet. Ant., IV (1907), col. 41 B. Noter que Thétis, en instillant du nectar dans

les narines de Patrocle, rend le cadavre incorruptible (HOM., Γ 38­39).

(·") Il s'agit, le plus souvent d'offrandes à caractère chthonien, que le miel soit

dédié à l'état pur, comme à Phigalie, en l'honneur de Déméter Mélaina (PAUS.,

24 L E S I N S E C T E S

appellations évocatrices en dépit des obscurités qui les affectent

aujourd'hui: μελιτωΒης (10°), μελισσαΐος ( 1 0 1 ) , μελιοΰχος ( 1 0 2 ) , μειλίχιος. Cette dernière est attestée occasionnellement pour

Dionysos (1 0 3), Aphrodite (1 0 4), Létô (1 0 S), les Nymphes i 1 0 6 ) ,

dont i l s'agit d'exalter l'aménité et la bienveillance, mais elle

appartient surtout à Zeus qui la reçoit en tout lieu (1 0 7), dans le

culte privé aussi bien que dans les rites publics ( 1 0 S). La linguis­

tique a mis en lumière le rapport du vocable μειλίχιος avec le verbe μειλίσσω et démontré que la diphtongue ­et­ exclut une

racine apparentée au nom grec du miel (1 0 9).

Parmi diverses interprétations, les Hellènes ont donné la pré­

férence à celle qui faisait dériver l'épiclèse du terme μέλι ( 1 1 0 ) . La ressemblance tout extérieure entre les mots explique, pour

VIII, 42, 11; cf. ci-après, p. 155, n. 245), ou qu'il entre dans la composition

du pelanos. Cf. P. STENGEL, ΠΕΛΑΝΟΣ, dans Hermes, 29 (1894), pp. 281-289.

poo) Attribuée à Perséphone : THÉOCR., X V , 94 et scholie ; PORPH., Antre des

nymphes, 18.

( m ) Décernée à Zeus : HÉSYCH., M 718 Latte. Cf. [H.] KRUSE , art. Melissaios,

dans R.-E., X V , 1 (1931), col. 528-529 ; M . MARCONI, Μέλισσα dea cretese, dans Athenaeum, 18 (1940), pp. 164-170.

(102) Cf. [F.] GOEBEL, art. Meliuchos, dans R.-E., X V , 1 (1931), col. 554-555. (103) À Naxos : ANDRISKOS, 500 F 3 J . {= AGLAOSTHÉNÈS, 499 F *4 J.) , cité

par ΑΤΗ., III, 78 C.

(10

') I.G., IV, 1272 (Épidaure ; IVe­III« siècle avant J . ­ C ) .

(LOS

) HÉSIODE, Théog., 406 (Λητώ... μείλιχον α'ιει). (10β) I.G., X I I 3, 199 (Astypalaia; culte des nymphes en relation avec Pan).

Cf. [L.] PFISTER, art. Meilichioi Theoi, dans R.-E., X V , 1 (1931), col. 343-345. Analysant une des principales trouvailles, — des hydries de bronze, véritables

réservoirs à miel, — qu'a livrées, à Paestum, l'antre rocheux consacré aux Nym­

phes, B. NEUTSCH (ΤΑΣ ΝΥΝΦΑΣ EMI UI ΑΡΟΝ. Zum unterirdischen Heiligtum

von Paestum, dans Abhandl. der Heidelberger Akademie der Wissenschaften.

Philosophisch­histor. Klasse, 1957, P­ l 6 ) a judicieusement rappelé, — même si la

résolution de l'abréviation M reste hypothétique, — quels liens étroits unissent

les nymphes, les grottes et le miel. Cf. ci­après, p. 32, n. 147.

(10') Aux nombreuses références que fournit PFISTER (/./., col. 340­342),

ajouter M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 , pp. 411­414, 859;

G . ZUNTZ, Persephone. Three Essays on Religion and Thought in Magna Graecia,

Oxford, 1971, pp. 101­104.

poe) p o u r les monuments qui lui ont été dédiés et la signification du serpent :

cf. ci­après, pp. 84­86.

(ίο») p CHANTRAINE, Grec Μειλίχιος, dans Mélanges É. Boisacq, I (Bruxelles,

1937), pp. 169-174. — Le verbe μειλίασειν est attesté dès l'épopée. À l'actif,

il signifie adoucir, au moyen se rendre favorable (par des paroles, ensuite par

d'autres procédés).

(110) Etym. magn., 582, 34-36 : Γίνεται άπο τοΰ μέλι. Cf. HÉSYCH., M 597-602 ; Souda, M 847-848.

LES INSECTES 25

une part, l'étymologie populaire qui transparaît ici. Toutefois,

elle n'a triomphé des autres solutions que dans la mesure où une

correspondance étroite était ressentie entre les propriétés du

miel et, d'autre part, la nature et la fonction des divinités

concernées.

Substance d'immortalité et de régénération, le miel favorise

aussi l'initiation des adeptes des mystères ( m ) , i l garantit le

talent des poètes ( m ) , il éclaire l'esprit des devins ( i 1 3). Ses

virtualités sont inépuisables, autant que celles de l'abeille. L'une

et l'autre se situent au cœur d'un réseau de représentations

symboliques et religieuses qui n'exclut aucun des différents

aspects de l'existence. L'emploi du nom même de l'insecte, tel

qu'il est révélé dans le culte de plusieurs divinités féminines,

permet de compléter, en la précisant, la description des faits qui

introduisent le plus sûrement à la connaissance de la mentalité

des anciens Grecs.

PRÉSENCE DE L'ABEILLE DANS LE CULTE DE DÉMÉTER

Une scholie ancienne au texte de Pindare donne des Abeilles

la définition suivante

( l u ) Il entre dans la composition de la boisson sacrée d'Éleusis, le cycéon.

Cf. A. DELATTE, Le cycéon, breuvage rituel des mystères d'Éleusis, Paris, J955,

pp. 23­40.

("») Il intervient dans la vie légendaire de tous les grands poètes : Homère,

Sappho, Pindare, Sophocle, Platon, Virgile, Lucain. Cf. W. OLCK , art. Btene,

dansÄ.­£., III (1899), col. 431­450. PINDARE (Pyth., 10, 53­54) compare volontiers

la démarche du poète à celle de l'abeille. Cf. PLAT., Ion, 534 B. Le symbolisme a

été étudié par Jacqueline DUCHEMIN, Pindare, poète et prophète, Paris, 1955.

pp. 247­252.

( , , J) Cf. H . USENER, Milch und Honig, dans Rheinisches Museum, 57 (1902),

pp. 177­195; J . DUCHEMIN, ο.Λ, pp. 252­253. — Le miel que deux serpents

distillent à lamos (PIND., Ol, 6, 45­47; cf. ci­après, pp. 91­92), représente et

annonce les vertus prophétiques dont le nouveau­né est le détenteur. Les abeilles

sont toujours un heureux présage (ÉLIEN, H. V., X I I , 46). Elles sont, à l'occasion,

les guides des voyageurs ou des émigrants (PHILOSTR., Im., II, 8, 6). Elles sont

liées, avec le miel, au mystérieux oracle que détiennent les Thries, sur les pentes

du Parnasse (H. hom. Hermès, 552­563). Les hésitations de la tradition

manuscrite, au vers 552, non moins que la manière mystérieuse dont ces prophé­

tesses opèrent, ont suscité une abondante bibliographie. Cf. M. FEYEL, ΣΜΗΝΑΙ.

Étude sur le vers 552 de /'Hymne homérique à Hermès, dans Revue archéol, 25

(1946), pp. 5­22; Marie DELCOURT, L'oracle de Delphes, Paris, 1955, p. 76;

M. DÉTIENNE, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, Paris, 1967, p. 74.

26 L E S I N S E C T E S

Abeilles : les prêtresses, principalement celles de Déméter ; par

extension abusive, toutes les prêtresses, à cause de la pureté de

l'insecte ( n*).

On doit à Callimaque la première attestation (116), très allusive,

de cet emploi métaphorique. Au terme de l'hymne qu'il a dédié

à Apollon, le poète a placé, en guise de congé, une dizaine de vers

qui offrent de son art un assez bel exemple. Déroutants, par la

rupture qu'ils introduisent dans la composition ( n e ) , malaisés à

pénétrer en raison de l'allégorie qui s'y devine, ils opposent (vers

109-112) aux flots boueux du fleuve d'Assyrie ("') l'eau qu'à

Déméter apportent les abeilles: elle ne vient pas de n'importe où,

elle a jailli, limpide, exempte de souillure, rares gouttes épandues

d'une source sacrée, perles suprêmes (118).

Δηοΐ δ' ούκ άπό παντός ύδωρ φορέονσι Μέλισσαι άλλ' ήτις καθαρή τ€ καί άχράαντος άνέρπει π&ακος i£ ίίρης όλίγη λιβός άκρον άωτον.

( l u ) Schol. Β D Ε G Q PIND., Pyth., 4, 106 c Drachmann (p. 113) : μέλισσας δέ ras ιέρειας, κυρίως μέν ras τής Δήμητρας, καταχρηστικώς δί καί τάΐ πάσας, δια τό τοί ζώου κα&αρόν. Sur la qualité des scholies au texte de Pindare : J . IRIGOIN,

Histoire du texte de Pindare, Paris, 1952, pp. 102-105.

( m ) La première partie de la scholie mentionnée ci-dessus (a Drachmann,

p. 112) est ainsi formulée : TOS περί τά θεία καί μυστικά μέλισσας καί έτέρωθι' ταΐς ίεραΐσι μελΐσσαις τέρπεται. Ce fragment de Pindare (176 Turyn) est ordinairement interprété comme une allusion aux prêtresses de Déméter. Cf. O. SCHROEDER,

Pindars Pythien, Leipzig­Berlin, 1922, p. 38 ; L . R. FARNELL, Critical Commen­

tary to the Works of Pindar, Londres, 1932, pp. 152­154. La question est de

déterminer si ce datif de cause, principalement usité en poésie avec le verbe

τέρπεσθαι (cf. R. K U E H N E R - B . GERTH, Ausführt. Grammatik, I3

, pp. 438-439),

garde son sens propre ou se colore d'un sens métaphorique : μέλισσαι ou Μέλισσαι. La difficulté s'accroît du fait que le sujet du verbe n'est pas connu : il, elle ? est

charmé par les saintes abeilles [Abeilles ?). Or, dans l'ensemble de l'œuvre de

Pindare, telle qu'elle a été conservée, nulle allusion à Déméter et à Corè n'appa­

raît à côté de l'évocation des déesses Athéna, Héra, Hestia, Thémis, ou de Zeus.

S'il présente le maître de l'Olympe dans sa majesté et dans sa gloire, et non dans

les dangers de son enfance crétoise (cf. ci­dessus, p. 23, n. 97), le poète décrit les

circonstances miraculeuses de la naissance d'Iamos (Ol., 6, 47), dans lesquelles les

abeilles ont un rôle essentiel (cf. ci­dessus, p. 25, n. 113) et il emprunte au monde

de la ruche de nombreuses images (Pyth., 6, 54; 10, 54; fr. 131, 9 Turyn). Les

données sont donc trop fragmentaires pour que l'on puisse reconnaître dans la

citation du scholiaste la première attestation relative aux Abeilles de Déméter.

('") Au point que certains exégètes n'ont pas hésité à les considérer comme

une addition de Callimaque, maladroitement accolée à l'Hymne à Apollon, voire

comme une interpolation postérieure. Le débat a été clairement exposé par

E. CAHEN, Les hymnes de Callimaque, Paris, 1930, pp. 84­86.

("') C'est­à­dire l'Euphrate : schol. Ψ CALLIM., Hymnes, 2, 108.

("*) Parmi les termes poétiques ou rares qui abondent dans ces quelques vers,

L E S I N S E C T E S 27

Leur interprétation a donné matière à controverse, moins toute­fois sur la signification générale du passage qui renvoie aux rivalités littéraires de l'époque alexandrine, que sur la cir­constance précise qu'il pourrait sous-entendre. La même difficulté surgit souvent à propos de l'œuvre de Callimaque, elle est, ici, aggravée par le caractère hermétique de l'allusion à Déméter. Chaque détail des vers 110-112 semble représenter des rites bien connus de l'auteur, mais aucun indice n'est, en soi, suffi­samment explicite pour permettre l'identification d'un sanc­tuaire ( u e ) , d'une cérémonie (1 2 0), ni, dès lors, l'exacte qualité des MtXtaaai. ( m ) En l'absence d'éléments nouveaux (1 2 2), le com­mentaire de Cahen n'a rien perdu de sa pertinence : « L'art du

ü faut épingler le mot άωτον, que sa place autant que sa signification mettent en évidence. Au sens premier qui est le sien dans l'épopée (o 443 ; 1 434), il désigne

le flocon de laine, et, ensuite, la laine la plus fine, la meilleure. Il s'applique

ultérieurement à toute étoffe de qualité et, au figuré, à tout ce qui se distingue

par son excellence et sa supériorité (poèmes, couronnes, jeunesse, etc.). Pindare

en a fait usage avec art. Cf. J . DUCHEMIN, o.l., pp. 234­237. Le terme est employé

par les Alexandrins ; c'est ici la seule attestation qu'on en possède dans l'œuvre

de Callimaque.

('»») Les exégètes se divisent sur le point de savoir s'il s'agit d'un sanctuaire

grec d'Égypte ou d'un sanctuaire situé en Grèce. Cf. E . CAHEN, o.l., pp. 246­247 ;

383­384. Ni les indications contenues dans l'Hymne 6, dit du calathos, ni l'exis­

tence du faubourg alexandrin nommé Éleusis ne sont déterminantes. Cf C. E

VISSER, Götter und Kulte im Ptolemaischen Alexandrien, Amsterdam, 1938,

pp. 36­37 ; Ε . BEVAN, The House of Ptolemy. A History of Egypt under the Ptole­

maic Dynasty, Chicago, 1958, p. 96.

("°) L'hydrophorie, qu'elle soit ou non solennisée par une procession, est un

rite attesté en maintes occasions. Cf. HÉSYCH., Y 95 ; Etym. magn., 774, 56­57;

P. K. ARHESMAN, Das Fasten bei den Griechen und Römern, Glessen, 1929

(R.G.V.V., 21), pp. 90­92. L'eau est à la fois purificatrice et régénératrice:

L. MOULINIER, Le pur et l'impur, Paris, 1952, pp. 122­132; K. GINOUVÈS, Bala­

neutikè, Paris, 1962, pp. 381­382 ; 424­428. Dans les mythes et les rites de Démé­

ter. H. hom. Déméter, 50:99; 105­106; 208­209; PAUS., VIII, 25, 4­6 (cf. ci­

après, pp. 154­155) ; LO., XII 5, 569,1. 5 (Céos ; IIIS siècle avant J.­C. ; sanctuaire

de Déméter) κα[#α]ρόι< τό «ύδωρ Ίοασιν is το 'it[pàv\ τής άήμητρο[ς]. L'assimilation que propose G. MYLONAS {Eleusis and the Eleusiman Mysteries, Princeton, 1961, pp. 231-232) est une hypothèse difficile à soutenir. -— La prédilection des abeilles

(insectes) pour l'eau pure est attestée par ARISTOTE, H.A., VIII, 596 b 17-18 καί ΰ&ωρ δ' ήδιστο €i'î ίαυτάς λαμβάνουσιν, όπου àv κα&αρόν άναπηίφ.

('·') Parmi les variétés d'abeilles qu'il mentionne (N.A., V, 42), ÉLIEN signale, d'après NICANDRE, les hydrophores. Sur la fluidité du miel : ARISTT., H.A., V, 554 a 6-7; VIRG., Géorg., IV, 18-19; 25, 61 , etc.

('") Qu'auraient pu livrer les fouilles effectuées au cours des dernières années à Alexandrie. Cf. A. CALDERINI, Dizionano del norm geographici e topographict dell' Egitto greco-romano, 1 (Le Caire, 1935), PP 56 62 ; A BERNAND, Alexandrie la Grande, Paris, 1966, pp. 18-22.

28 LES INSECTES

poète consiste à user de détails réalistes où peut s'appuyer une

émotion religieuse et cependant laisser toute la description

rituelle dans une nuance assez générale, qui fait qu'elle va

au­delà du souvenir précis » ( m ) .

Les Μέλισσαι apparaissent encore dans un texte anonyme transmis par un papyrus alexandrin du I I I e siècle avant notre

ère Il s'agit d'un hymne en l'honneur de Déméter, où le

vocabulaire et le style trahissent une imitation de Calli­

maque (1 2 5). Au vers 2, l'expression ακούσατε, 8εΰτε, Μέλισσαι est inspirée des formules rituelles que prononçait le maître

de la célébration pour inviter les participants au recueillement.

Elle n'apporte pas d'éclaircissement immédiat sur la nature des

Abeilles, mais elle atteste la diffusion du terme dans une

acception religieuse et implique, à tout le moins, la possibilité,

pour le public auquel le poème était destiné, d'en pénétrer le sens.

Qu'ils les définissent comme des prêtresses (1 2 e) ou comme des

initiées de la déesse chthonienne (12'), les scholiastes et Porphyre

insistent également sur le lien privilégié qui unissait les Μέλισσαι à la déesse Déméter. Ils gardent cependant le même silence sur

les causes qui l'ont déterminé et les circonstances dans lesquelles

il s'affirmait. Ces questions ont été abordées par Apollodore, dans

le livre I de son traité TJepl θεών (1 2 8). Le passage utile, inséré

dans un lexique anonyme presque entièrement perdu, a été

conservé sur un papyrus d'Oxyrhynque (12e) :

[Μ]ε{λισσαί]' al της Δήμητ[ρος Ίέρει]αι. Ή αύτη Άπολλ[οδώρον) εν τη πρώτη 'επ[άγον}-σαν Βε τόν κάλαθον ταΐς νύνφαις, σύν τώ Ιστψ και τοίς εργοις της Περ-

(1 2 3) Ε . CAHEN, o.l., p. 246. ( m ) D. L. PAGE, Greek Literary Papyri, Londres-Cambridge (Mass.), 1942,

pp. 408-409, n° 91. ( I>5) Cf., outre les remarques de Page, Claire PRÉAUX, Papyrus littéraires et

documents, dans Chronique d'Égypte, 21 (1936), p. 172 ; A. KOERTE, Literarische

Text mit Ausschluss der Christlichen, dans Archiv für Papyrusforschung und

Verwandte Gebiete, 13 (1939), pp. 89-90.

(12') Cf. ci-dessus, p. 26, η. 114.

(LA

') PORPH., Antre des nymphes, 18 : τάς Δήμητρος ιέρειας cis τής χ&ονίας &εάς μνστίδας μέλισσας. HÉSYCH., Μ Jig : μέλισσαι' ai τής Δήμητρος μνστίΒες.

(ijs) APOLLOD., 244 F 89 J . Deux abréviations sont résolues: 1. 1 â = πρώτη; 1. 3 à = πρώτον. À la dernière ligne, le verbe κλη&ήναι a été répété indûment, par le copiste, entre les deux derniers mots. La restitution du nom d'Apollodore est de Jacoby. Cf. son commentaire, p. 762.

( l i B ) P.Oxy., 1802, fr. 3, col. 2 (fin du I I e ou début du I I I e siècle de notre ère).

LES INSECTES 29

σίφόνης πρώτον pÀv παραγενίσθαι eiç Πάρον και ξενισθεισαν παρά τώ βασιλεί Μελιασω χαρίσασθαι ταΐς τούτου θυγατράσι ούσαις (ξή-κοντα τον της Φερσΐφόνης Ίστόν, και πρώταις αύταΐς αναδοΰναι τά πΐρϊ αύτην πάθη τί και μυστήρια, όθΐν καί Μ ί λίσσας Ικτοτ* κληθήναι ray θίσμοφοριαζονσας γυναίκας '

Abeilles: les prêtresses de Déméter. Le même ouvrage d'Apollodore,

au livre I, indique que « amenant aux nymphes la corbeille avec le

métier à tisser et les travaux de Perséphone, elle (se. Déméter) fut

d'abord à Paros et, ayant été accueillie chez le roi Mélissos, elle

accorda en faveur à ses filles, qui étaient soixante, le tissage de

Perséphone, et c'est à elles, les premières, qu'elle confia ses mal­

heurs au sujet de sa fille et ses mystères. D'où on appela désormais

• Abeilles ' les femmes qui célèbrent les Thesmophories. »

La notice présente les caractères propres à la mythographie

hellénistique, mais les différentes données rituelles et mythiques

sur lesquelles repose le jeu de mots étiologique recèlent, chacune,

d'utiles indications. Et d'abord la localisation des faits à Paros,

haut­lieu du culte de Déméter. L'île est nommée, avec Éleusis

et Antrôn, dans l'Hymne homérique à Déméter (1 3 0), elle abritait

un important sanctuaire où l'on vénérait la déesse en tant que

Thesmophoros (1 3 )), et lui était si totalement consacrée qu'elle

en recevait le surnom évocateur de Δημητριάς (132). Ni le roi Mélissos (1 3 3), ni ses soixante filles ne sont connus par

ailleurs. Leur intervention se développe selon un schéma tradi­

(I3

°) H. hom. Dém., 491. La haute antiquité de ce texte, qui est aussi le plus

ancien témoignage sur le culte de Déméter et de Perséphone, confère à la mention

de l'île de Paros une valeur accrue. Cf. J . HUMBERT, Homère. Hymnes, Paris,

1951, pp. 26­27 38­39. —­ ARCHILOQUE (fr. 205 Tarditi) avait, selon les scholies

Κ V ARISTOPH., Ois., 1764, composé un hymne en l'honneur de Déméter, qui lui

valut — eV Πάρω — de remporter la victoire. Cf. PAUS., X , 28, 3. (»') Cf., par exemple, ƒ .0 . , XII 5, 134, 1. 12 (vers le I V ' s. av. J . -C) . Ce

sanctuaire, et la prêtresse de Déméter Thesmophoros, ont joué un rôle particu­

lier dans l'histoire d'Athènes et dans la carrière de Miltiade. Cf. HOT . , VI, 133­

136; schol. Oxon. AULIUS ARISTIDE, 244, 3 Dindorf (III, p. 691, II. 16­28).

C31

) L'information provient de NICANOR (fr. 6 Müller [F.H.G., I l l , p. 633]),

grammairien de Cyrène, de l'époque alexandrine ou romaine (C. WENDEL , art.

Nikanor [26], dans R.­E., X V I I , 1 [1936], col. 273­274). Le même auteur, que

cite encore STÉPHANE DE BYZANCE (S.V. Πάρος), conserve une tradition parienne sur l'identité du premier informateur de Déméter : il s'agit du Panen Κάβαρνος dont le nom est resté attaché à l'île qui est aussi appelée Κάβαρνις.

C 3 3) Le nom est cependant bien attesté dans l'onomastique. Cf. PIND.,

Islhm., 4 (en l'honneur de Mélissos de Thèbes) , W. NESTLE , art. Mélissos, dans

R.-E., X V , ι (1931), col. 529-532. - A. PLASSART, Inscriptions de Thespies, dans

B.C.H., 82 (1958), pp. 122-123, n°98 (Μέλισσα). De même, à Paros : LG., XII 5, 325 (II e -I e r s. avant J . -C) . Cf. ANTIPHANE, fr. 151 Kock (C.A.F., II, p. 73). Pour

30 L E S I N S E C T E S

tionnel dans la geste de Déméter (134) : accueil hospitalier par le

roi local et son entourage de la déesse que désole la disparition

de sa fille; compassion d'une part, reconnaissance de l'autre;

initiation et fondation des mystères. Quant au procédé qui

consiste à expliquer une appellation, rituelle ou autre, par un nom

propre, i l serait banal si, dans le cas précis des Μέλισσαι, i l n'était

attesté dans des traditions indépendantes, par Didyme Chalcen­

ter et par Servius.

Le premier (135), cité par Lactance (1 3 6), rappelle dans son

commentaire à Pindare, la version crétoise de la naissance de

Zeus, qu'Amalthée et Mélissa, filles de Mélisseus, le roi local, ont

nourri de lait et de miel. Après quoi, Mélissa fut, par son père,

établie première prêtresse de la Grande Mère, d'où, conclut l'exé­

gète, les préposées au culte de la même Mère sont encore les

' Melissae '.

Servius, lui, relate une légende (fabula ... talis) qui procède

d'un canevas fort voisin, avec toutefois cette inversion : le nom

propre ne justifie plus le titre des prêtresses, mais l'appellation

grecque des abeilles. En effet, initiée par Cérès aux secrets de

ses rites, une vieille femme appelée Mélissa préféra, — les faits

se passent près de l'Isthme de Corinthe, — se laisser mettre en

pièces par ses compagnes jalouses, plutôt que de trahir la con­

fiance divine. De corpore vero Melissae apes nasci fecit (sc. Ceres).

Latine autem Μέλισσα apis dicitur (l37), Moins isolé de tout contexte que celui de Servius, le récit de

Didyme porte la trace du syncrétisme qui, dès une haute

époque (1 3 8), a rapproché et finalement confondu les divinités

le toponyme: STÉPH. BYZ., S.V. Μέλισσα; cf. [W.] HUGE, art. Melissa (ι), dans R.-E., X V , ι (1931). col. 524-525·

( 1 3 4) L'exemple le plus connu étant celui d'Éleusis : H. hom. Dém., 94-300 ; cf. Ch. PICARD, Sur la pairie et les pérégrinations de Déméter, dans R.E.G., 40 (1927), pp. 320-369.

(1 3 5) DIDYME CHALC, Comm. et recens. (Ύπομν. Πινδάρου), 14 Schmidt (pp. 220-221) : ... Melissam vero a pâtre primam sacerdotem Matri Magnae constitutum,

unde adhuc eiusdem Matris antistites Melissae nuncupantur. L'emploi du mot

antistites ne permet pas de décider si le texte grec portait plutôt lépeiai ou μύστιδες. ( 1 3 , j LACTANCE, Divin. Inst., I, 22, 19-20 (C.S.E.L., X I X , p. 91)· Lactance n'a

conservé aucune indication qui permettrait de déterminer à quel texte de Pindare se rapportait le commentaire. Cf. ci-dessus, p. 26, n. 115.

(*") SERVIUS, ad VIRG., Én., I, 430. Explication du même type, — nom des insectes par le nom propre, — chez MNASÉAS : cf. ci-dessous, pp. 32-33.

(1 3 S) Bien avant l'époque hellénistique et romaine : EUR., Hél., 1301-1368 ; cf. l'introduction des éditeurs et traducteurs H . GRÉGOIRE - L . MÉRIDIER - F . CHA-

L E S I N S E C T E S 31

de nature ou de fonctions analogues. Déméter, dont le lien avec

la Crète est assuré ( 1 3 ,) ( honorée par des prêtresses Abeilles, ne

fait qu'un avec la Grande Mère, Rhéa, mère de Zeus, le protégé

d'abeilles qui sont, tout à la fois, insectes et femmes ou

nymphes ( 1 4°).

Apollodore fait encore état d'une série d'objets qu'il présente

comme des instruments personnels de Perséphone: la corbeille

à ouvrages (κάλαθος), le métier à tisser (ιστός), les travaux (ίργα). Leur double signification est fondamentalement reli­gieuse. Ils sont en effet de véritables insignes des tâches domes­

tiques (141) auxquelles les filles se préparent, dès leur jeune

âge ( i 4 2). Celles­ci ont pour modèles les déesses elles­mêmes ( l 4 3).

Toutes, elles œuvrent à la tâche sacrée de garantir le bien­être de

la communauté familiale et d'assurer, par là, l'avenir de

la société (1 4 4). Quand il s'agit de Perséphone, ils sont en outre

dotés d'une valeur ésotérique (145) que les adeptes des mouve­

POUTHIER, Euripide, V (Paris, 1950), pp. 13­17 ; L . SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, Les

grandes divinités de la Grèce, p. 62, n. 17; Éd. DES PLACES, La religion grecque,

Paris, 1969, pp. 48, 155.

(*") M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I", p. 463 (notamment à

propos des Thesmophories) ; cf. H. hom. Dém., 123.

C 4 0 ) Cf. ci­dessus, p. 23, n. 97. — On rapprochera l'origine des abeilles, issues

du cadavre de Mélissa, de la tradition d'après laquelle elles naissaient du cadavre

des bovidés: ci­dessus, pp. 20­21, n. 81.

(U L

) ARISTOPH., Thesmoph., 821­823; Lys., 535, 579; HÉSYCH., K 392­393 ;

NONNOS, X X X I V , 352­356 ; POLLUX, X , 125. — La corbeille est le récipient

indiqué pour recevoir le blé, le raisin, ou les fleurs que cueillaient précisément

Perséphone et ses compagnes, au moment de l'enlèvement : Ον., Mét., V, 393 ;

CLAUDIEN, De raptu Proserpinae, II, 139. Cf. MOSCHOS, Europe, 34, 37.

('") ANTIPATER DE SI DON, A.P.. VI, 160; 174; HÉGÉSIPPOS, A.P..

VI, 266 ; LÉONIDAS, A.P., VI , 288 ; 289 ; etc. Cf. E . SAGLIO, art. Calathus, dans

Diet. Ant., I (1887), col. 812 B­814 A ; V. CHAPOT, art. Textrinum, dans Diet.

Ant., V (1919), col. 164 B ­ 175 B ; [A ] HUG , art. Κάλα&ο; (ι), dans R.-E., X , 2 (1919), col. 1548-1549.

(1 4 3) Athéna en est le prototype : HOM., E 734-735 ; HÉSIODE, Théog., 573-575 ; etc. Cf. les travaux des héroïnes de l'épopée : Andromaque, Hélène, Pénélope.

f 1 4 4 ) Parallèles significatifs réunis par J . SERVIER, Les portes de l'année, Paris, 1962, pp. 132-136, 211, 214

('") La formule rituelle transmise par CLÉMENT D'ALEXANDRIE (Protrept.^ II, 21, 2 : ... άπε&έμην ΐΐς κάλα&ον κα'ι εκ καλά&ου ets κίστην) et l'Hymne 6 de CALLIMAQUE, dit du κάλα&ος, avec les diverses scholies qui le concernent, sont au centre des interprétations des savants modernes. Cf. L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, Paris, 1966, pp. 151-152 (état de la question et principales références).

32 LES INSECTES

ments orphiques et pythagoriciens ont surtout exploitée ( 1 4 e),

à partir de la description homérique de la grotte d'Ithaque (1 4').

Parmi les objets familiers de la jeune Coré, Déméter reconnais­

sante a choisi pour les filles de Mélissos le métier à tisser, symbole

de leur état et témoin de leur générosité. La corbeille et les tra­

vaux sont, eux, réservés aux Nymphes. Océanides (148) ou

Naïades (1 4 8), les Nymphes sont les compagnes de l'épouse

d'Hadès, aussi longtemps qu'elle a vécu sur terre et chaque fois

qu'elle revient à la lumière. Elles jouent un rôle actif dans les

mystérieuses opérations qu'abrite la grotte où aborde Ulysse. On

les retrouve associées à Déméter pour accroître le progrès de

l'humanité primitive.

Tel est le témoignage qu'apporte une partie au moins de

la tradition des scholies au texte de Pindare. Tous les

manuscrits (1 6 0) produisent d'abord une citation de Mnaséas,

géographe et mythographe de l'époque hellénistique ( m ) .

"Οτι δε τάς περί τά Upà διατελούσας και Μέλισσας έλεγον, Μνασέας ο Παταρεύς αφηγείται λίγων, ώς κατέπαυσαν αύται σαρκοφαγοΰντας τούς ανθρώπους πείσασαι τη άπό τών δένδρων χρήσθαι τροφή, καθ' δν καιρόν και Μέλισσα μία τις αύτών κηρία μέλιτος εύροΰσα πρώτη έφαγε και ύδατι μίξασα έπιε, και τάς αΆλας δε εδίδαξε, και τα ζώα μέλισσας εξ εαυτής έκάλεσε, και φυλακήν πλείστην έποιήσατο' ταύτα δέ φησιν εν Πελοποννήσω γενέσθαι.

Que l'on appelait aussi ' Abeilles ' celles qui consacrent leur vie aux rites, Mnaséas de Patara le raconte, soutenant que celles-là

ont amené l'humanité à cesser de consommer de la viande, après

l'avoir persuadée d'user de la nourriture issue des arbres, au

moment où l'une d'entre elles, Melissa, fut la première à découvrir

(14<

) Orph. fragm., 31, 28; 34; 178; 192; 193 Kern; cf. PORPH., Antre des

nymphes, 3 ; 14 τ; Κόρη ... παντός τον σπειρομενου έφορος Ιστονργοΰσα παραοέοΌται. Sur le «pluralisme» de l'allégorie: J . PÉPIN, Porphyre, exégète d'Homère, dans

Entretiens sur l'Antiquité classique, X I I (Genève, 1966), pp. 241­244.

(14

') HOM., ν I02­I09 (comparer NONNOS, V I , 123­154 : la grotte sicilienne où

se réfugie Corè). Cf. F. BUFFIÈRE, Les mythes d'Homère et la pensée grecque,

Paris, 1956, pp. 420­423.

(l 4 e

) H. hom. Dém., 5.

(1 4

«) HOM., V 104. Cf. H . HERTER , art. Nymphai (1), dans R.­E., X V I I , 2

(1937), col. 1572.

("») Schol. B D E G Q PIND., Pyth., 4, 106 a Drachmann (pp. 112­113).

(M

) MNASÉAS, fr. 5 Müller (F.H.G., III, p. 150). Son ethnique est mal fixé par

la tradition qui le place tantôt à Patara, tantôt à Patras, sans que l'on puisse

trancher. Cf. R. LAQUEUR, art. Mnaséas (6), dans R.­E., X V , 2 (1932), col. 2250­

2252.

LES INSECTES 33

les rayons de miel ; elle en mangea et, après les avoir mélangés à de

l'eau, en but ; elle instruisit ses compagnes et, d'après son propre

nom, elle appela les insectes μέλισσαι ; elle en assura la garde avec très

grand soin. Cela, dit­il, s'est passé dans le Péloponnèse.

À quoi fait suite, dans quatre manuscrits (Β E G Q), la con­

clusion

"Ανευ γαρ Νυμφών ούτε Δήμητρας Upov τιμάται δια τό ταύτας πρώτας καρπον άποδεΐξαι και τήν άλληλοφαγίαν παΰσαι και περιβλήματα χάριν αώοΰς εξ ύλης επινοήσαι, ούτε γάμος ούδείς άνευ Νυμφών συντελείται, άλλα ταύτας πρώτον τιμώμεν μνήμης χάριν ότι τε εύσεβείας και όσιότητος άρχηγοι εγενοντο.

En effet, sans les Nymphes, on ne vénère pas le rite de Déméter : ce sont elles, les premières, qui ont révélé les fruits, mis un terme au cannibalisme, fait songer, pour respecter la pudeur, aux vêtements de fibre ; il n'est pas de mariage qui soit consommé sans les Nymphes. Nous les honorons donc, en premier lieu, pour marquer notre recon­naissance. Elles ont été les guides sur le chemin de la piété et de la dévotion.

Si le raccord entre les deux passages est abrupt (1 5 2), la con­jonction explicative n'en a pas moins toute son importance: elle ne souligne pas seulement l'identité des fonctions, qui a incité un scholiaste à rapprocher les prêtresses et les Nymphes, elle conduit à les considérer, les unes et les autres, comme les Abeilles de Déméter, également intéressées aux grandes inventions (153) et au culte de la déesse (1 6 4).

("·) Cf. A . MOTTE, o.l., pp. 91, 309. — L'absence d'article, sauf avec le mot άλληλοφαγία où il possède une valeur anaphorique et renvoie au participe σαρκο-

φαγοΰντα; dans le passage précédent, est un des traits notables de ce texte

anonyme. Sur l'omission de l'article : B . L. GILDERSLEEVE, Syntax of Classical

Greek, II (1911), pp. 279, 324-326 (contribution de W. E. MILLER).

(*") Les bienfaiteurs qui ont mené l'humanité de la barbarie à la civilisation

sont rarement demeurés anonymes dans la tradition grecque. — À l'invention de

l'agriculture et de l'alimentation à base végétale ont été liés des croyances et

des symbolismes religieux et philosophiques dont les traces sont perceptibles

aussi bien dans le culte démétriaque que dans les pratiques orphiques. Déméter

et Orphée ont été tenus pour les ' inventeurs ' des céréales. Cf. A . KLEINGUEN-

THER. Πρώτο! εύρεττ/ς, dans Philologus, Suppl. 26 (1933), Ρ· !9- I' est remarquable de les trouver ici concurrencés par les Nymphes, dans un contexte général qui renvoie à Déméter comme à Orphée.

(»") Cf. HERTER, /./., col. 1572. — La glose d'HÉSYCHlos (O 1275 όροΒεμνιάΒες· νύμφαι, κα'ι ai μέλιτται. Άπο τοΰ όρους και τών οεμνίων • έπεί εκεί κοιτάζονται. Οί Bi άπό τών όροΒάμνων, οί «ίσι κλάδοι) a été quelquefois entendue au sens propre.

34 L E S I N S E C T E S

De Paxos à la Crète, dans le Péloponnèse comme à l'Isthme, à

travers des traditions variées qui n'enlèvent rien à sa cohérence,

une même réalité religieuse s'impose : elle met en relation le culte

de Déméter et des initiées au nom riche de sens symbolique, les

prêtresses Abeilles. Seul Apollodore les attache à une célébration

précise, celle des Thesmophories. Il s'agit maintenant d'interpré­

ter l'appellation rituelle à la lumière des informations que l'on

possède sur cette fête et des indications étiologiques que répètent

les scholiastes

μείλίσσας' τάς Ιέρειας, κυρίως μεν τάς τής Δήμητρος ... δια τό τοΰ ζώου καθαρόν.

La fête des Thesmophories est la plus répandue de celles qui sont attestées en l'honneur de Déméter. Elle a été organisée en tout lieu du continent et des îles (15S), et souvent rattachée aux allées et venues de la déesse, lorsqu'elle était en quête de sa fille. Le détail des rites, où l'on perçoit les traces de la religion agraire primitive ( 1 5 e), est mal connu, sauf à Athènes (1 5 7). Les solennités étaient, en règle générale (1 5 8), réservées aux femmes mariées qui commémoraient, dans le secret, la disparition et le retour de Perséphone et renouvelaient, à la veille des semailles, la fécondité végétale, animale, humaine ( 1 5 e). Les femmes choisissaient l'une d'entre elles pour régler les cérémonies et en présider le dérou­lement ( 1 8 0), mais elles étaient toutes, pour l'occasion, les prê-

mais plus souvent au sens figuré, les όροοεμνίάοες étant, dans la seconde interpré­

tation, identifiées aux femmes des Thesmophories qui manipulent des rameaux

de gattilier et passent le premier jour de la fête dans des huttes de branchage.

Cf. DIOSCORIDE, De Mat. Med., I, 103 Wellmann (pp. 95­96), cité par F. DAUMAS,

Sous le signe du gattilier en fleurs, dans R.E.G., 74 (1961), pp. 63­64. Des hésita­

tions analogues surgissent à propos de la glose M 1294. Cf. ci­dessous, p.35, n. 162.

("») L . R. FARNELL, Cults of the Greek States, III (1907), ΡΡ· 75"ΐ Ι2 ; Ρ· ARBES­MAN, art. Thesmophoria, dans R.-E., VI A , ι (1937), col. 15-28.

Cf. P. ARBESMAN, l.l., col. 17-19. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I 3 , pp. 461-466 ; La religion populaire dans la Grèce antique, trad.

F. Durif, Paris, 1954, pp. 37­42. — La conscience de cette haute antiquité se

traduisait, précisément à Paros, dans la conviction que les rites avaient été révé­

lés aux femmes Pélasges par les filles de Danaos ; cf. HDT . , II, 171.

("') L . DEUBNER, Attische Feste*, Berlin, 1966, pp. 40­60.

(L5S

) ARISTOPH., Thesmoph., 81­94, 2 8 2 . e t c ­ : c i ­ cependant P. ARBESMAN,

col. 27.

("·) H . JEANMAIRE, Couroi et Courètes, Lille, 1939. ΡΡ­ 268­282 ; L . SÉCHAN ­

P. LÉVÊQUE, o.l., pp. 141­143.

("») Cf. L . GERNET ­ A . BOULANGER, Le génie grec dans la religion, Paris, 1932,

p. 205.

LES INSECTES 35

tresses (Uptiai), les initiées (μύστες), les préposées (antistites)

de Déméter, déesse chthonienne ( m ) et mère affligée ( 1 M). Or,

si l'on excepte la définition d'Apollodore étudiée ci­dessus, aucun

des documents, pourtant nombreux, qui évoquent la célébration,

n'indique ni ne suggère que les officiantes des Thesmophories

auraient reçu le nom d'Abeilles. Un tel silence des sources est

d'autant plus remarquable qu'il est unique. En effet, même lors­

qu'ils étaient, déjà dans l'Antiquité, devenus peu clairs, les

emplois métaphoriques de noms d'animaux dans la religion sont

plus nettement caractérisés ( l i 3). Celui de l'abeille se distingue

donc à deux points de vue : il bénéficie du plus grand nombre de

mentions et de définitions, mais celles­ci demeurent évasives sur

les circonstances dans lesquelles i l était attribué ; i l est le seul à

s'être prêté à l'extension de sens que relève le scholiaste de Pin­

dare ( I M). Dès lors, il faut exclure que le nom d'Abeilles, porté

par les femmes des Thesmophories, ait eu ou conservé la valeur

d'un titre officiel, comme c'est le cas pour les Ourses, les Pou­

liches, les Chevaux ou les Taureaux.

L'explication δια το τοΰ ζώου καθαρον que produit le com­mentateur ancien est la plus générale et adaptée en tout temps,

puisque la première qualité requise de ceux et de celles qui pren­

nent part aux rites est la pureté. Il existe toutefois entre les

femmes des Thesmophories et les abeilles d'autres analogies

qui suffiraient, chacune, à motiver la corrélation plus étroite

que les témoignages indiquent à leur sujet.

f" ) PORPH., Antre des nymphes, 18: τάς Δήμητρος ιέρειας ώς τής χ&ονίας 9εάς μΰστι&ας μέλισσας. Cf. ci-dessus, p. 28, u. 127.

("*) PLUT., Isis, 69 (Mor., 378 E). Comme la glose O 1275, la glose d'HÉSY-

CHios (M 1294 : μητροπόλονς τάς πάλαι μέλισσας) n'est pas exempte d'ambiguïté.

L'épithète μητροπόλος n'est attestée dans un contexte que par PINDARE (Pyth.,

3, 9), à propos d'Ilithye Elle signifie protectrice des mères (Sur l'élément -πόλος : ci. H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 500-501). Si la notice d'Hésychios doit être rapprochée de la glose M 719 (ci. ci-dessus, p. 28, n. 127), on y reconnaîtra les (prétresses) Abeilles d'autre/ois. attentives à la Mère (Déméter), et l'indication ressortira au contexte des Thesmophories.

('") On ne peut guère invoquer, pour expliquer ce silence, le secret auquel les célébrantes étaient astreintes. La même obligation existait à Éleusis et, si elle a rendu hermétiques nombre de fonctions liées aux mystères, elle n'a pas empêché que les titres officiels fussent conservés. Cf. G. MYLONAS, Eleusis and the Eleusi-nian Mysteries, Princeton, 1961, pp. 229-237.

( 1 M) Cf ci-dessus, p. 26, n. 114.

36 LES INSECTES

La femme dans l'organisation de son foyer, — pour sa

famille, — comme l'abeille dans l'économie de la ruche, — pour

l'essaim, — obéissent à des principes identiques ; elles partagent

la même mission: transmettre la vie et assurer son épanouisse­

ment ; elles œuvrent, dans leurs domaines respectifs, à perpétuer

la société à laquelle elles appartiennent et garantissent l'équi­

libre universel. La présence du sacré que les Grecs ont perçu dans

l'abeille pour tant de motifs, a été ressentie avec une acuité

suprême, eu égard à ce mystérieux accord de nature et de

fonction, qui rapproche l'insecte et l'être féminin. Dans une

telle perspective, lorsque des rites solennels ont été destinés,

sous l'égide de Déméter Thesmophoros, à raviver les facultés

spécifiques des femmes et, par elles, à maintenir l'harmonie

cosmique, l'abeille a trouvé une place réservée pour concrétiser,

fût­ce par son seul nom, les préoccupations essentielles des Grecs.

Étendue ensuite à toutes les prêtresses, cette appellation de

Μέλισσα a conservé, quand elle était appliquée aux femmes des

Thesmophories, sa signification la plus pleine. Car entre les qua­

lités que celles­ci développent plus et mieux que quiconque,

— parce qu'elles participent à la célébration, — et qu'elles par­

tagent avec la déesse et l'insecte, seul le degré d'intensité varie. De

nature, elles ressortissent à la même réalité fondamentale. C'est

par l'abeille, dont l'exemple et l'influx favorisent et stimulent

l'épanouissement de leurs prérogatives, que les femmes touchent

Déméter et bénéficient, en retour, de son action.

Déterminer en quel lieu, à quel moment le rôle emblématique

de l'abeille et, particulièrement en Grèce, l'emploi de son nom

comme désignation rituelle se sont imposés serait une entreprise

irréalisable, et vaine. L'abeille ne peut, à aucun instant, être

détachée du passé méditerranéen, et le symbolisme complexe

qu'elle véhicule a été enrichi par la sensibilité religieuse qui

définit, aux différentes époques, les habitants de la Grèce. Une

formule de Pindare, où s'expriment à la fois son génie poétique

et sa piété, permet d'entrevoir comment la simple évocation de

l'abeille suffisait à cristalliser aussitôt leurs convictions profondes.

Il s'agit du texte auquel se rapportent les abondantes scholies

qui constituent l'essentiel des informations relatives aux prê­

tresses Μέλισσαι.

LES INSECTES 37

Évoquant, dans la quatrième Pythique, une réponse de la

Pythie qu'il ne désigne jamais qu'à l'aide de périphrases ( u s ) ,

Pindare écrit (1M)

χρησμός ώρθωσεν μέλισσας Δελφίδος αύτομάτψ κελάδψ,

l'oracle de l'Abeille delphique, par inspiration spontanée, apporta le salut.

Les caractères communs à l'abeille, à la prophétesse et à l'oracle

de Delphes ne manquent pas pour appuyer la métaphore : l'insecte

est lié aux puissances chthoniennes dont Apollon et sa prêtresse

sont héritiers ("') ; le miel est doté de vertus purificatrices et

divinatoires (1M) ; la cire, encore que ce soit de manière mysté­

rieuse, est présente dans l'édification du plus ancien temple

local (1β0).

Les érudits modernes ont soigneusement relevé ces affinités

réelles, sans parvenir cependant à la conviction d'en avoir épuisé

les potentialités. À vrai dire, elles sont, en partie au moins, inex­

primables et intraduisibles ( 1 7°). Mais le poète a trouvé le mot qui

suggère les correspondances secrètes et fait, de proche en proche,

affleurer à la conscience de l'auditeur ou du lecteur ancien (171)

les innombrables éléments de la réalité delphique. L'image ins­

pirée n'a pas concurrencé le titre officiel de la prêtresse, qui remon­

( m ) Cf. M . DELCOURT, o.l., pp. 255­261 ; J . DUCHEMIN, Pindare, poète et

prophète, pp. 82, 105­115.

(»") Pyth., 4, 61 (= 1. 106).

(>") P. AMANDRY, La mantique apollinienne à Delphes, Paris, 1950, pp. 201­

203, 235. Cf. M . DELCOURT, o.l., pp. 28­30 ; G. Roux, Delphes, son oracle et ses

dieux, Paris, 1976, pp. 64­69.

('*·) Cf. ci­dessus, p. 25, n. 113. Sur les exigences rituelles auxquelles devait se

soumettre la Pythie : P. AMANDRY, o.l., pp. 114­116,

("') PAUS., X , 5,9 ; PLUT., De Pyth. orac., 17 (Mor., 402 D). Cf. M . DELCOURT,

o.l., p. 163. — A. RUMPF (Bienen als Baumeister, dans Jahrbuch der Bert. Museen,

6 [1964], pp. 5­8) a reconnu, en divers sanctuaires, les restes d'offrandes qui

affectaient la forme du second temple mythique d'Apollon à Delphes, fait de cire

et de plumes. Cf., en outre, J.­P. MICHAUD, Chronique des fouilles en 1970, dans

B.C.H., 95 (1971), Ρ· ιο°4·

(""j Cf. DEFRADAS, o.l., pp. 229­290 (aspects historiques, politiques, religieux,

etc.) ; M . DELCOURT, o.l., 231­281 ; G. Roux, o.l., pp. 147­164.

("') On notera que les scholiastes ont accumulé les indications parallèles, à

partir du texte de Pindare (cf. ci­dessus, p. 26, η. 114­115), mais ne lui ont

consacré aucune exégèse de fond.

38 LES INSECTES

tait à la fondation de l'oracle apollinien (1 7 2). Même fugitive, la formule apporte, — et ce n'est pas le moindre mérite de Pin­dare, — un complément irremplaçable à la fois pour la définition de la Pythie et pour la connaissance des circonstances religieuses dans lesquelles se sont illustrés les pouvoirs sacrés de l'abeille.

PRÉSENCE DE L'ABEILLE DANS LE CULTE D'ARTÉMIS

L'existence de prêtres Έσο-fjves attachés au culte d'Artémis à

Éphèse fournit d'utiles points de comparaison avec le cas des

Μέλισσαι de Déméter. Une série d'inscriptions, — pour la plupart des décrets, —

dont les plus anciennes datent de la deuxième moitié du I V e siècle avant notre ère (1 7 3), une allusion de Pausanias (174) et diverses mentions chez les lexicographes ( m ) font connaître les principaux caractères de la fonction appelée έσσηνία, d'après la désignation

même de ceux qui la remplissent ( 1 7 e). Durant l'année où ils

exercent leur ministère (1 7 7), les 'Eaarjves se soumettent à de

strictes exigences de pureté, en tous points semblables à celles

que respecte, la vie durant, le couple qui, à Orchomène d'Arca­

("') Cf. M . DELCOURT, o.l., pp. 47­48. La Pythie n'est pas mentionnée dans la

Suite Pythique, mais elle intervient dès le début du fonctionnement de l'oracle,

et la haute antiquité de son ministère ne faisait pas de doute pour les Grecs. Cf.

PAUS., X , 12, 10.

( m ) Elles ont été réunies par E . L . HICKS dans The Collection of Ancient Greek

Inscriptions in the British Museum, 111 (Oxford, 1890), n 0 8 447, 448, 451, 453, 455,

457. 467. 57 8

c (cité I.B.M.).

("«) PAUS., VIII, 13, ι.

("*) HÉSYCH., Ε 6335 > Etym. Orion., 61, 12­15 ; Etym. Gud., 539, 19­21 ­ 540,

11­15 De Stefani; Souda, Ε 3131 ; Etym. magn., 383, 27­36. Cf. THÉOGNOST.,

Canones, 16 Cramer (Anecd. Oxon., II, p. 7) ; EUST., 1625, 35­36 (ad HOM., 1 222) ;

[ZON.], Lex., col. 877 Tittmann.

("*) Sur ce procédé de dérivation : P. CHANTRAINE, Formation des noms en

grec, p. 167.

(177

) PAUS., /./. : οίδα ... ένιαυτόν και ον πρόσω ... έπιτηοευοντας τους ... καλου­μένου! ... Έσσηνας, en quoi ils se différencient des desservants d'Artémis

Hymnia, qui exercent leur ministère τον χρόνον τοΰ βίου πάντα. HICKS, LB.M., 578 c, 1. 7: έασψεύσας άγνώς (remerciement de l'Essèn et de son épouse; fin du I I e siècle de notre ère [ ?]). La fonction pouvait être exercée à plusieurs reprises : cf. J . KEIL, Zur ephesischen έσσηνία, dans Jahreshefte des österr. arch. Instituts in

Wien, 36 (1946), Beiblatt, p. 14 (inscription de reconnaissance, II e ­III e siècle de

notre ère, 1. 4­5 : πλήρωσα; TOS διίο έσ[σ]ην[ΐ]ας) •

L E S I N S E C T E S 39

die, se consacre à Artémis Ύμνία (178). Leurs tâches, d'ordre socio­

religieux, consistent à tirer au sort le nom de la tribu et de la

chiliastye dans lesquelles sont introduits les nouveaux

citoyens (17*), à offrir le sacrifice avec la prêtresse d'Arté­

mis ( I 8°), à organiser les repas sacrés (1 8 1), — devoir qui leur vaut

d'être aussi nommés Ιστιάτορες ( 1 8 2 ) . Par le caractère collégial de leur mission et par les pres­

criptions rituelles qu'ils observent, ces prêtres se trouvent placés

dans des conditions différentes de celles que connaissent ordinai­

rement les desservants des sanctuaires grecs. Les influences

extérieures y demeurent perceptibles et agissantes, mais elles

sont intégrées dans le culte hellénisé (183). Le titre d'èaarjv a subi

une évolution identique.

Ce mot, dont l'étymologie est inconnue (u*), est un

terme technique local (185), usité pour désigner le roi de la

('") PAUS , /./. : oi μόνον τά c'ç τάς μίζας άλλα Kai «V τα άλλα άγιστιΰαν κα&έστη-κ€ ... καί ουτ( λουτρά οΰτε δίαιτα λοιπή κατά τά αυτά σφισι κα&ά κα'ι τοίς πολλοίς έστιν, ούδί er οικία* παρίασιν ανδρός ίδιώτου. Cf. ci-dessus, η. 177 : I B M., 57 s c. Cf. Ε. FEHRLE, Die kultische Keuschheit im Altertum, Glessen, 1910 (R.G. V. V., 6), pp. 101-104; L . MOULINIER, Le pur et l'impur, Paris, 1950, pp. 149-158 ; J RUD-HARDT, Notions fondamentales de la pensée religieuse... dans la Grèce classique,

Genève, 1958, pp. 39­41, 170­173. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech.

Religion, I', pp. 89­90.

("·) I B M., 447 (décret, I l l ' s avant J . ­C) , 11. 16­1 7 : «ιπ[κ]λ7)ρώο·αι δί α[ΰτούς eis φυλήν κ]αί χιλιασ- \ τύν τους Έσσή[νας). Cf. η°· 45'. »· 3"4 '· 453. " ι6-ί7 ; 455." 7-8; 457.1-6; 4 67. ·· 3"4- Autant que l'on puisse en juger en dépit des

mutilations, ces décrets appartiennent à la seconde moitié du I V ' siècle on au

III' siècle avant J.­C. Cf. HICKS, o.l.. p. 85

(··») IBM. 448 (fin I V ' siècle avant J.­C.) SI .G", 352, 1. 6.

C") PAUS., /./. : τους τή 'Αρτέμιδι Ίστιάτορας τή Έφεσία γινόμενους, καλουμένους δί ΰπο τών πολιτών Έσσήνας.

('") Sur le trait ionien de 1Ί initial : H . W. SMITH, The Sounds and Inflections of the Greek Dialects. Ionic, Oxford, 1894, pp 149-150. Cf. P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I, p. 379.

('") Cf. Ch. PICARD, Éphèse et Claros, Paris, 1922, pp. 468­538.

( 1 M) Entre autres interprétations, les grammairiens anciens ont fait dériver

le mot tantôt des verbes (ζισάαι siéger ou àaatéav tirer des présages (Etym. Gud., 539,11. 20-22 ; 540, U 11 -12 De Stef ), tantôt du verbe ήσσάν vaincre (Etym. magn , 383, H- 35-36).

( M ) R. M UT H . Έσσήν I-II, dans Anzeiger für die Altertumswissenschaft, 5 (1952), col. 61-64, 123-128 ; H FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 575 (avec la bibliographie) ; P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I, p. 378. -Tout rapport avec la communauté des Esséniens (FLAVIUS JOSÈPHE, Ant fud , III, 7, 5; 8, 9) demeure, du point de vue linguistique et du point de vue historique, improbable. Cf. G. VERMES, Essenes — Therapeutai — Qumran, dans Durham University Journal, 1959-1960, pp. 97-115; The Etymology of Essenes, dans Revue de Qumran, 2 (i960), pp. 427-441.

40 L E S I N S E C T E S

ruche (18e

). Par extension, il a, dans la poésie alexandrine, servi de

synonyme aux substantifs βασιλεύς et ήγεμών (1Ά1), ainsi qu'à οικι­

στής (18S). La question est de déterminer si, lorsqu'il s'applique à des prêtres d'Éphèse, le terme conserve ou non un sens métaphorique et, en cas de réponse affirmative, quels motifs ont suscité une telle appellation (18e). Deux circonstances aggravent la difficulté de résoudre le double problème : l'impossibilité de démêler les influences qui se sont exercées à Éphèse et, plus précisément, l'incertitude qui subsiste quant au moment où le titre ά'εσσην s'est imposé, car, les inscriptions ne constituent pas un terminus post quem entièrement probant. Si le titre ά'εσσην ne s'est répandu qu'à partir de la seconde moitié du IV e siècle avant notre ère, l'image pourrait en être déjà effacée. L'exégèse moderne a cependant souscrit à l'interprétation qui reconnaît dans les Έσσηνες les rois de la ruche, responsables de Μέλισσαι, prêtresses ou femmes

consacrées qui auraient mené, dans le sanctuaire d'Artémis,

une existence recluse (190

). Le premier argument en faveur de

cette hypothèse est tiré d'un fragment de la tragédie Les Prê-

(1Ββ

) Etym. Gud., 539, 19 De Stef. : έσσήν' 6 βασιλεύς, άττο μεταφοράς τοΰ μελισσών βασιλέως. Cf. ci-dessus, p. 38, η. 175. — Selon une croyance qui subsis­tera jusqu'aux observations du naturaliste hollandais Swammerdam, au XVII e

siècle, la ruche aurait été organisée et dirigée par un insecte mâle (ό ήγεμών, ό βασιλεύς τών μελισσών) : ARISTT., H.A., V, 553 a 17 - 554 b 21 ; IX, 624 a 26 - 33 ; Gén. anim., III, 759 a 8 ­ b 35. Cf. XÉN. , Cyr., V, 1, 24 ; PLAT., Rép., VII, 520 B ;

PLINE L'ANCIEN, H.N., XI, 53­54 ; etc. Il convient de ne pas se méprendre sur

certains passages où l'insecte maître de la ruche paraît être féminin : le mot

μέλισσα est, dans ce cas, sous-entendu. Cf., par ex., XÉN. , Économ., 7, 32 et suiv. ;

T. HUDSON-WILLIAMS, King Bees and Queen Bees, dans Classical Review, 49

(1953). ΡΡ· 2-4-

(1Β7

) CALLIM., Hymnes, Ι (Λ Zeus), 66 : οί σε &εών έσσήνα πάλοι βέααν, εργα δέ yeiûtô»'. Schol. F Ee La Q : έσσήν κυρίως 6 βασιλεύς τών μελισσών, νΰν δέ ό τών άνδρων. Le texte de Callimaque est cité, à titre d'exemple, par plusieurs lexicographes

et grammairiens.

(1 8 8

) CALLIM., fr. 178, 23 Pfeiffer Μυρμιδόνων έσσήνα. Cf. HÉRODIEN, S.V.

Δοθιψ Lentz (Gramm. Graeci, III, 2, p. 923, U. 8­9) : OÎTCOÎ ό βασιλεύς έσσήν, ό οικιστής, — suit le texte de Callimaque.

(18') Leur cas pourrait être analogue à celui de l'archonte-roi dont les fonc­tions sont devenues spécifiquement religieuses. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I8, pp. 663-664.

("0) O. GRUPPE, Griech. Mythologie, Munich, 1906, pp. 136, 909 ; A . REINACH, in compte rendu de D. G . HOGARTH, The archaic Artemision, dans R.H.R., 62 (1910), pp. 376-377 ; H . GRAILLOT, Le culte de Cybèle, Paris, 1912, pp. 181-182 ; Ch. PICARD, Éphèse et Claros, pp. 522-523 ; L'Éphésia, les Amazones et les Abeilles, dans Mélanges G. Radet, Paris, 1940, pp. 270-284 ; la même interprétation est reprise par L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, pp. 358-359. Cf. G . W. ELDERKIN, The Bee of Artemis, dans A.J.Ph., 60 (1939), pp. 203-213.

LES INSECTES 41

tresses, œuvre d'Eschyle aujourd'hui réduite à de si misérables

restes qu'il est devenu impossible d'en saisir le contenu et de

situer le lieu même où l'action se déroulait (m

) . Le passage a

été conservé par Aristophane dans la comédie des Grenouilles

(vers 1274), pour illustrer l'ingéniosité qu'avait Eschyle d'inven­

ter et de composer des termes nouveaux (1M

)

Εύφαμΐΐτΐ' Μΐλισσονόμοι οόμον Αρτέμιδος ττέλας οιγ€ΐν. Faites silence! les Μΐλισσονόμοι. vont ouvrir la demeure d'Artémis.

Les Μΐλισσονόμοι ont été assimilés aux Έσστ)ν€ς, et le premier élément Μέλισσο- a servi à confirmer l'existence des prêtresses

Μέλισσαι. Or, le vocable Μΐλισσονόμος, qui est calqué sur un

modèle dont il existe d'autres exemples (1M

), est une création du

poète plutôt qu'une désignation officielle, et la mention d'un

temple d'Artémis ne permet pas de le rapporter exclusivement

au sanctuaire d'Éphèse. Le contexte de la comédie est, d'autre

part, insuffisant pour fixer le genre de ce nom composé (1M

), et,

à supposer que la mention Μΐλισσο- doive être entendue au sens figuré ( m ) , il importerait de montrer qu'il s'agit bien des Abeilles et non de l'Abeille, en l'occurrence Artémis elle-même.

Quant aux bijoux d'or, décorés d'êtres hybrides mi-femme, mi-abeille (1 ί β), qui ont été rapprochés du texte d'Eschyle, ils

p") ESCH., fr. 87 N.". Cf. [A l DIETERICH, art. Atschytos (13), dans R.-E.,

I, ι (1894), col. 1072.

P") La citation est insérée dans un passage lyrique où Euripide veut illustrer

le style emphatique de son prédécesseur (vers 1249-1323). Cf. 820-821 φρένο-τίΊίτοκοΓ àvhpos I ρήμα&' Ιπποβάμονα.

P") Notamment dans la langue d'Eschyle : Agam., 88 (αστυνόμος) ; Choéph.,

864 (πολισσονόμος). Cf. E. LAROCHE, Histoire de la racine NE M- en grec ancien, Paris, 1949, p. 137 ; L. BERGSON, Épithètes ornementales dans Eschyle, Sophocle,

Euripide, Lund, 1956, pp. 43-47, 141-142.

PM

) Le terme composé peut, théoriquement, représenter le masculin ou le

féminin. Seule la première possibilité a été retenue. La fonction de κλη&οΰχοι pouvait incomber à des prêtres, — c'est notamment le cas à Olympie et à Délos, — mais, plus souvent à des prêtresses. Cette dernière circonstance, jointe à l'argument que l'on peut tirer du titre même de la tragédie d'où provient le fragment, incite à préférer le féminin.

('·*) De nombreux sanctuaires, notamment en Asie Mineure, abritaient des élevages d'animaux divers. Les principales références ont été réunies par M. W. DE VISSER, De Graecorum dits non referentibus speciem humanam, Leyde, 1900, pp. 140-147. Cf. ci-après, pp. 45-46, 51, 122. Rien ne s'oppose à ce que des ruches aient été, de la même manière, réservées à certaines divinités.

P M ) Cf. R. HAMPE, Katalog der Sammlung antiker Kleinkunst des archäol. Instituts der Universität Heidelberg. II, Neuerwerbungen 1957-1970, Mayence,

42 L E S I N S E C T E S

ne sont pas plus décisifs. Œuvres archaïques, ou archaïsantes (1 9 î

),

découvertes dans des tombeaux de Théra et de Camiros, ils ne

peuvent être entièrement dissociés du symbolisme funéraire de

l'abeille (188

), et renvoient aux multiples figurations de la Πότνια θηρών plus qu'ils ne confirment la présence, à Éphèse, de

femmes consacrées sous le nom d'Abeilles. Aussi faut-il donner

raison à Fleischer qui souligne les incertitudes relatives à

l'existence d'une bienengestaltige Gottheit antérieure à Artémis

éphésienne et qui considère comme une moderne Spekulation les

explications développées à propos de prêtresses Μέλισσαι dans le grand sanctuaire ionien (1ββ).

Ni le fragment d'Eschyle ni les documents livrés par les

tombeaux ne peuvent donc être invoqués en faveur du rôle de

l'abeille et des Abeilles dans la symbolique d'Éphèse. L'insecte

n'en appartient pas moins de manière privilégiée à ce contexte

particulier, où il apparaît aussi bien sur les monnaies (200

) que

sur la gaine de la célèbre statue cultuelle (201

). Il y incarne, avec

les autres figures animales, le caractère hiératique et mysté­

rieux de la divinité féminine qui, avant d'être la grecque

Artémis, a été la déesse primitive de la Nature et de tous les

êtres qui la peuplent (202

). En un domaine où les antécédents

1971, n° 116 (notice de H . GROPPENGIESSER) ; voir PLANCHE I, 3 et, ci­dessus,

P­ 23. n. 95·

('") E . PFÜHL, Der arch. Friedhof am Stadiberge von Thera, dans Ath. Mitt.,

28 (1903), pp. 225­226, pl. V, 1­3 ; F . PERNICE, Anzeiger, dans Arch. Jahrbuch,

19 (1904), Ρ· 4i, pl. X L L'accord est loin d'être fait sur les influences qui ont ou

auraient affecté ces documents.

(1ββ

) Cf. ci­dessus, p. 23, n. 95.

('") R. FLEISCHER, Artemis von Ephesos und Verwandte Kultstatuen aus

Anatolien und Syrien, Leyde, 1973, p. 99.

poo) Principales références et bibliographie : Β. V. HEAD, H.N.*, pp. 571­578 ;

E . S. ROBINSON, The Coins from the Ephesian Artemision reconsidered, dans

J.H.S., 71 (1951). ΡΡ­ i S0

­ ^6

: C. M . KRAAY ­ M. HIRMER, Greek Coins,

Londres, 1966, pp. 354­357, pl. 179; 599­600 et bibliographie, pp. 356­357.

Cf. PLANCHE I, 1­2.

(,01

) Cf. C. MENETREIUS, Symbolica Dianae Ephesiae statua exposita, Rome,

1657, pp. 44­54 ; J . P. BELLORIUS, Notae in numismata turn Ephesia, turn alia­

rum urbium Apibus insignita, Rome, 1658 ; Ch. PICARD, Éphèse et Claros,

PP­ 535­537 ; H. THIERSCH, Artemis Ephesia. Eine arch. Untersuchung, Berlin,

!935. pl­ H L V, VIII, etc. ; K . HOENN, Artemis. Gestaltwandel einer Göttin,

Zurich, 1946, pp. 58­59 ; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies

grecques, Liège, 1949, pp. 176­196 ; R. FLEISCHER, o.l., pp. 99­100.

("*) Ch. PICARD, o.l., pp. 499­516 ; R. D. BARNETT, Some Contacts between

Greek and Oriental Religion, dans Éléments orientaux dans la religion grecque

ancienne, Paris, i960, pp. 142­153.

I. ι, 2. Éphèse (AR) : Londres, British Museum, Department of

Coins and Medals. Voir p. 42, n. 200. Cliché Université de Lüge;

agrandissement 2,5: 1 (moulage).

3. Pendentif en or, art rhodien : Heidelberg, Archäologisches

Institut der Universität. Inv. 70/7. Voir p. 41­42, n. 196.

Cliché Archäologisches Institut, Heidelberg.

LES INSECTES 43

préhelléniques ont déterminé, jusque dans ses ultimes exten­

sions (203

), l'évolution religieuse postérieure, il serait contraire à

la religiosité des Grecs de récuser la concordance entre Artémis,

héritière de la Dame des Abeilles (ï M

), et le rôle à la fois social et

organisateur qu'exerçaient, dans la pureté rituelle, les membres

de la hiérarchie sacerdotale connus sous le titre officiel d"Eao­fjvtç.

En Ionie, autant que sur le continent, l'abeille se présente

comme l'agent exceptionnel qui a favorisé le brassage des diverses

composantes d'où la religion grecque a finalement tiré son

originalité et son unité.

(··») Ch. PICARD, o.l., chap V I I I ­ I X

(, 0

«) Ch. PICARD,»./., p 231; Γ. PESTALOZZA, L'éternel féminin dans la

religion méditerranéenne, trad M. De Corte, Bruxelles, 1963, p 36 ; A. MOTTE,

o.l., pp. 93-Ό4

Les poissons et la faune marine

Quand, à la fin du Timée ( l ) , Platon définit les étapes de la réincarnation d'après les analogies qu'il découvre dans la nature et le comportement des êtres humains et des animaux, il réserve aux άνοητότατοι et aux αμαθέστατοι la quatrième et dernière

classe, celle des animaux aquatiques (γένος ïwopov), qui occupent, en raison d'une sottise extrême (άμαθίας έσχατης), les extrêmes demeures (έσχάτας οΐκήσΐΐς). Le préjugé défavorable que le

philosophe fait ainsi peser sur les êtres qui peuplent les eaux

évolue dans le traité que Plutarque a consacré à l'intelligence

des animaux jusqu'à devenir une condamnation sans appel (2

).

Les arguments invoqués de part et d'autre sont apparentés et

aboutissent à démontrer que les poissons sont à la fois insensibles

aux manifestations de l'esprit et de la divinité et privés, en un

mot, d'une vie digne de ce nom.

Pour réfuter les dires d'Aristotime, Phaidimos, un autre

interlocuteur du De sollertia animalium, se flatte d'établir, par

les faits, que les poissons ne le cèdent en rien aux autres espèces.

Cependant, le seul exemple qu'il réussit à produire est celui du

sanctuaire lycien de Soura (3

), où l'oracle d'un dieu local, finale­

ment assimilé à Apollon (*), était fondé sur le comportement de

poissons sacrés (6

). Les témoignages ne manquent pas, d'autre

(») Timée, 92 B.

(') De soll, anim., 22 (Mor., 975 Β) : ίχ&νς δί T O W cüiaSeïs καί άνοήτονς λοι-δοροΰντες καί σκώπτοντες όνομάζομεν. ... κωφά πάντα καί τν^λα τής προνοίας eis τόν ά&εον καί τιτανικόν άπερριπται τόπον,... σπαίρουσι μάλλον ή ζώσιν εοικεν. Ci. Ο ρ ρ ί Ε Ν , Hal., II, 199-252·

(·) Sur ce lieu, dont le nom indigène ­Sourezi­ est attesté par les inscriptions

(cf. T.Α.M., I, 84, 1. 3) : [W.] RUGE, art. Sura (3), dans R.­E., IV A, 1 (1931),

col. 960­961.

(4

) M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I*, p. 546. Cf. O. BENNDORF ­

Ci. NIEMANN, Reisen im sudwestl Kleinasien, I (Vienne, 1884), p. 31, η. ι ; Ε. P E ­

TERSEN ­ F. VON LUSCHAN, Reisen..., II (Vienne, 1889), pp. 44, 82.

(*) PLUT., o.l., 23 (Mor., 976 C). Pour les détails du fonctionnement de l'ora­

cle: POLYCHARMOS, 770 F 2 a­e J., dont le témoignage est cité notamment par

4 6 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

part, sur la place et le rôle des poissons dans le culte d'Atarga­

tis (6

), en Syrie, ou dans le sanctuaire du Zeus de Labranda ('),

mais ils révèlent aussi qu'aux yeux des Grecs de tels usages pas­

saient pour fondamentalement étrangers (8

).

Or, tandis que Platon situe les poissons au dernier degré de

la hiérarchie des êtres vivants, les Pythagoriciens, dans leur

théorie eschatologique, ont vu en eux un réceptacle de l'âme

humaine et ne leur ont pas témoigné moins de respect qu'aux

autres animaux (9

). Et quantité d'indices, liés parfois à des

ATHÉNÉE (VIII, 333 D­F) ; cf. PLINE L'ANCIEN, H.N., XXXII, 17; ÉLIEN, N.A..

VIII, 5; X I I , ι ; STÉPH. BYZ., s.v. Σοΰρα. Les responsables du sanctuaire sont connus sous le nom d'ίχΰνομάντεις άν&ρες. Les principales espèces — poissons et cétacés — mises en cause sont les mérous (όρφοή, les baleines (φά[λ]λαιναι), les poissons scies ( π ρ ί σ τ ί ΐ ϊ ) , les γλαυκοί non identifiés et, selon POLYCHARMOS, beau­

coup d'autres poissons inconnus et étrangers à la vue (πολλοί δί καί αόρατοι ίχ&ΰς καί ξένοι τή όφει). Sur la présence des baleines en Méditerranée: cf. E . DE SAINT­

DENIS, Le vocabulaire des animaux marins, Paris, 1947, pp. 13­14 ; sur la connais­

sance que les Grecs ont eue du poisson scie : cf. L. ROBERT, Les kordakia de Nicée.

... Philologie et réalité, dans Journal des Savants, 1962, pp. 5­10.

(·) [Luc.],£>« Syria dea, 45; ÉLIEN, N.A., XII, 2. Cf. les prescriptions de

\ "ιχ&υοτρόφιον dans un règlement cultuel généralement rapporté à Atargatis, qui provient de Smyrne (1er siècle avant J.-C.) : F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées de l'Asie mineure, 17 (avec bibliographie) ; également Lois sacrées des cités grecques, Suppl., Paris, 1962, 54, U. 2-3 (Délos, fin du IIe siècle avant J.-C).

(') ÉLIEN, N.A., XII, 30.Cf. A . LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, pp. 96-101. — Pour d'autres exemples et l'influence du poisson dans la symbolique chrétienne : F. J . DOELGER, ΊΧΘΥΣ. Das Fisch-Symbol in früh­christlicher Zeit, Munster, 1922-1928, II. Der heilige Fisch in den antiken Religio­nen und im Christentum. Cf. J . ENGEMANN, art. Fisch, dans R.A.C., V I I (1969), col. 959-I097-

(8) La position d'ANAXIMANDRE qui situait dans le milieu aquatique, parmi les poissons, l'origine même de la vie humaine (cf. 12 A 11, 30 Diels'-Kranz), se place dans la ligne des interprétations que l'école milésienne a proposées au sujet de la formation de l'univers et de son peuplement. Au regard des recherches de la biologie contemporaine, une telle intuition acquiert une valeur nouvelle. Pour les anciens Grecs, elle relevait d'un mode de pensée extérieur au leur propre. Cf. PLUT., Quaest. conv., VIII , 8, 4 (Mor., 730 E) [ = 12 A 30 D.e-Kr.] ... ώς καί Σύροι ' διό καί σέβονται τον ίχ&ύν ώς ομογενή κα'ι αΰντροφον έπιεικέατερον Ά ν α ξ ι μ ά ν-δ ρ ο υ φιλοσοφοΰντες. — Au cours de l'expédition en Asie, XÉNOPHON (Anab., I, 4, 9) ne retient guère qu'un seul trait à propos d'un voyage de plus de 100 km : ί'πί τόν Χάλον ποταμόν, ... πλήρη δ' ίχ&ύων μεγάλων καί πραέων, ους οί Σύροι &εούς ένόμιζον καί άδικί ΐκ ούκ ε'ιων. Cf. Clc, De nat. deorum, III, 15, 39. MNASÉAS, fr. 32 Müller (F.H.G., III, p. 155) : ίμο ί μεν ή *Αταργάτις δ ο κ ί ί χαλεπή βασίλισσα γεγονέναι κα'ι των λαών σκληρώς έπεστατηκέναι, ώστε κα'ι άπονομίσαι αύτοϊς ιχϋύν μή έσάίειν άλλα προς αύτήν άναφέρειν. Cf. JULIEN, Α.P., V I , 25.

(») DIOG. LAËRCE, VIII, ι (Vie de Pythagore), 34 : Τών ίχ&ΰων μή άπτεσδαι, όσοι ιεροί. Sont notamment visés le rouget (έρυ&ινος), l'oblade {μελάνουρος), le surmulet (τρίγλη), une actinie (άκαλήφη). PLUTARQUE (QU. conv., VIII,

LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 47

réalités très prosaïques, sont également significatifs (10

) : quoi

qu'en disent les philosophes et les penseurs, la répulsion à l'égard

des habitants de l'abîme n'a été ni générale ni constante. Deux

conceptions s'affrontent, à l'origine desquelles se trouve un

défi ("), celui que la nature a lancé aux hommes qui ont peuplé

la Grèce. De pasteurs et d'agriculteurs qu'ils étaient principale­

ment, — n'avaient­ils pas oublié jusqu'au nom indo­européen

de la mer? (12

) — les Hellènes, contraints par l'impérieuse

nécessité de survivre, ont dû se faire pêcheurs et navigateurs,

ou, à tout le moins, ont été bientôt conduits à intensifier et à

systématiser ces activités qui ne laissaient pas, au départ, de

les rebuter (13

). S'ils ont réussi leur reconversion avec les impres­

8 [Mor., 728 D ­ 730 F]) examine le thème Δια τί μ ά λ ι σ τ α οί Πυ&αγορικοΊ ίμφνχιαν τού! Ιχ&ϋ; παρχττονντο ;. Cf. Α. DELATTE, Études sur la littérature pythagoricienne, Paris, 1915, pp. 289-294, 310-312 ; La vie de Pythagore de Diogène Laërce, Bruxelles, 1922, pp. 188-194.

(10) L'alimentation en procure les exemples les plus variés et les plus directe­ment évidents : cf. [HIPPOCR], Régime, II, 48-49 ; les nombreuses allusions empruntées aux comédies chez ATHÉNÉE, principalement aux livres V I I et VIII , ainsi que les citations extraites des traités spécialisés άλ ι ίκτ ικά (auteurs cités en I, 13 D) et όψαρτυτικά, θαλάσσια ipya de Dorion, Pancratès, Épainétos,

Euthydémos, etc. Cf. E. FOURNIER, art. Cibaria, dans Diet. Ant., I (Paris,

1887), col. 1162B; J . RICHMOND, Chapters on Greek Fish­Lore, Wiesbaden,

•973 (étude des sources grecques des Halieutica d'Ovide). On verra aussi Cl.

VATIN, Un tarif des poissons à Delphes, dans B.C.H., 90 (1966), pp. 274­280 et

Le tarif des poissons d'Akraiphia, dans Inscriptions de Grèce centrale, Paris, 1971,

pp. 95­109. Ces deux documents sont notamment révélateurs de la nécessité

qu'il y eut de protéger les consommateurs contre les hausses abusives des prix.

(») Selon l'heureuse formule que Claire PRÉAUX a développée, à la tribune de

l'Association Belgique­Grèce, dans une conférence intitulée Les défis de la civili­

sation grecque (Liège, 2 février 1968).

('·) P. CHANTRAINE, Études sur le vocabulaire grec, Paris, 1956, p. 11 ; Diet,

étym. de la langue grecque, I (Paris, 1968), p. 65 (ôAç), p. 420 ( θάλασσα) ; II (Paris, 1970), p. 872 (πέλαγο;), pp. 927-928 (iroWot). Cf. J.-P. VERNANT, Thétis et le poème cosmogonique d'Alcman, dans Hommage à Marie Delcourt, Bruxelles, 197°. PP- 53-55·

(") P. JARDÉ, La formation du peuple grec, Paris, 1923, pp. 65-69. Cf. Dorothea GRAY, Seewesen, Göttingen, 1974, pp. 12-14 : H . G . BUCHHOLZ-G. JOEHRENS-I. MAULL, Jagd und Fischfang, Gôttingen, 1973, p. 180. — HÉSIODE (Trav. et jours. 236-237) ne dissimule pas là-dessus son sentiment. — Sur l'ambivalence de la mer, cf. M. DÉTIENNE - J . -P. VERNANT, Les ruses de l'intelligence. Paris, 1974, pp. 209-215. L'abandon presque total des motifs et des sujets marins dans les­quels les artistes crétois s'étaient illustrés en maîtres est un autre indice de la position des Grecs à l'égard de l'élément liquide, aux époques archaïque, voire classique. Cf. MORIN-JEAN, Le dessin des animaux en Grèce d'après les vases peints, Paris, 1911, p. 8. À l'époque hellénistique, les peintres italiotes prirent, à cet égard, une éclatante revanche, sans atteindre cependant la perfection de

48 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

donnants succès que l'on sait (14), ce ne fut ni sans peine, ni sans crainte, mais au prix d'une lutte toujours recommencée avec l'élément liquide, comme avec eux-mêmes. L'action déter­minante qu'il a exercée sur tous les aspects de l'existence a entraîné, dans la religion, des répercussions parallèles.

Pour assurer à leurs entreprises les meilleures chances de succès, les travailleurs de la mer se sont ménagé l'aide des puissances marines en les associant à leurs activités de la manière qui pou­vait surtout les toucher : ils leur ont promis, ils leur ont offert et sacrifié leurs plus belles captures (16). Les dédicaces et les tra­ditions locales contiennent d'instructives différences selon qu'elles émanent d'individus isolés ou de cités. Les premiers en effet donnent volontiers cours à l'amertume, au découragement, à l'inquiétude, lorsqu'ils consacrent les fruits de leur hasardeuse besogne (16). Leurs prières vont à Priape (17), à Pan (18), tous deux patrons des aubaines et dieux des petites gens (19), à la

leurs prédécesseurs. Cf. L. LACROIX, La faune marine dans la décoration des plats à poissons, Verviers, 1937.

(14) Cf. A. LESKY, Thalatta. Der Weg der Griechen zum Meer, Vienne, 1947, notamment, pp. 1-37, 269-276.

(15) P. STENGEL, Opferbräuche der Griechen, Leipzig-Berlin, 1910, pp. 197-202. (U) QUINTUS MAECIUS, A.P., VI, 89 : la pêche n'a rapporté qu'une seule

langouste, dont le pêcheur Paris consacre la carapace (άστρακόοερμον ... κάραβον) ; APOLLONIDAS, A.P., VI, 105 : offrande à Artémis d'un surmulet (τρίγλα) et d'un phykis (JUKI'S). Cf. PLAT. COM., fr. 173,19-20 Kock (C.A.F., I, p. 647). N . B . L'iden­tification des animaux mentionnés dans ce chapitre est fondée sur les travaux de

F . A . WOOD, Greek Fish-Names, dans A.J.Α., 48 (1927). pp. 297-325 : 49 (ΐ928), pp. 36-56. 167-187 ; R. STROEMBERG, Studien zur Etymologie und Bildung der griech. Fischnamen, Göteborg, 1943 ; D'A. W . THOMPSON, A Glossary of Greek Fishes, Londres, 1947 ; W . LUTHER - K. FIEDLER, Guide de la faune sous-marine des côtes méditerranéennes, trad. Ph. et J. Bovet, Neuchâtel, 1965. Dans les meilleurs cas, l'espèce a été identifiée. Elle est alors désignée par son nom usuel français et par son nom scientifique latin. Lorsqu'il y a hésitation sur les espèces, seul le nom du genre est donné. Quand l'identification s'est révélée trop hasar­deuse, le nom grec a été translittéré. Je tiens à remercier le Dr. J. Voss, conserva­teur de l'Aquarium de l'Université de Liège, qui a aimablement accepté de procéder aux contrôles nécessaires.

(") (QUINTUS) MAECIUS, A.P., VI, 33 ; ANON., A.P., X, 9; ARCHIAS, ibid., 10; AGATHIAS, ibid., 14; THÉÉTÈTE, ibid., 16. Au sujet de Priape, dieu des pêcheurs: L. ROBERT, Inscription de Gallipoli et dédicace de Cyzique, dans Hellenica, IX (1950), pp. 80-97.

(18) JULIEN, A.P., VI, 12 ; ARCHIAS, ibid., 179-181 ; ALEXANDRE DE MAGNÉSIE, ibid., 182 ; ALPHÉE DE MYTILÈNE, ibid., 187 ; STATYLLIUS FLACCUS, ibid., 196. Le dieu est invoqué sous le nom ά'Άκτιος : cf. PIND., fr. 113 Turyn ; THÉOCR., V, 14-16 et schöbe; Etym. magn., 54, 27.

(") C'est à Hermès que le pêcheur, parvenu au terme de sa carrière, consacre

L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E 49

Dame de la mer, Aphrodite Ποντία (20), aux Nymphes des grottes (21), à Artémis maîtresse de toutes les espèces animales,

mais aussi protectrice de ceux qui leur font la chasse (22

). Dans sa

tâche de guide des pêcheurs, qui lui a valu d'être rapprochée de

la Crétoise Dictynna, gardienne des filets (2S

), sa puissance ne

se confond pas avec celle qu'elle détient, en tant que déesse de

la végétation, sur les eaux douces aux pouvoirs fécondants (24

).

Toutefois, qu'on veuille l'honorer comme la Πότνια Ιχ&ΰων (2δ), lui manifester reconnaissance et gratitude pour une pêche

fructueuse, ou bénéficier des propriétés fertilisantes des rivières,

des étangs, des marais, les poissons et les coquillages sont, pour

Artémis, des offrandes appropriées (2e

). Poseidon n'est pas

négligé (27

), mais il garde davantage le caractère souvent sinistre

que les récits homériques ont révélé. Aussi l'invoque­t­on d'abord

pour conjurer les périls des longues traversées i28

). Comme dieu

de la pêche en haute mer, il apparaît dans le culte public que lui

décernent les cités maritimes (2Ï

). La capture lucrative des

son matériel de pêche : PHILIPPE DE THESSALONIQUE, A.P., VI, 5; JULIEN,

ibid., 28­29. Cf. ci­dessous, p. 51, n. 42.

(") EUR., Hipp., 415; L. ROBERT, /./. (voir n. 17), pp. 93­97 (inscription de

Parion). Cf. L. et Jeanne ROBERT, Bull, épigr., dans H.E.G., 70 (1963), p. 157,

n° 170 (Istros). — C'est Aphrodite qu'il faut probablement reconnaître dans la

déesse qu'évoque THÉOCRITE (fr. 3 Gow [comment., II, p. 521]), à laquelle on offre

le XÎCKOS, poisson non identifié, pour obtenir une pêche abondante. La déesse, qui

a pour attribut les coquillages méditerranéens, reçoit de nombreuses épithètes

marines : θαλασσίη, ΕΙναΧίη, ΓαΧηναίη, ΕϋπΧοια, Λιμινία. Sa nature et son origine l'y prédestinent : cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I \ pp. 519­

526.

(") THÉODORIDAS, A.P., VI, 224.

(") APOLLONIDAS, Α Ρ., VI, 105. Cf. ci­dessus, p. 48, n. 16. Sur les traces de

poissons et de coquillages dans les dépôts votifs de ses grands sanctuaires:

Ch. PICARD, Éphèse et Claros, pp. 60, 379 ; H . GALLET DE SANTERRE, Délos primi­

tive et archaïque, Paris, 1958, pp. 129­131. Sur les offrandes à Brizô, divinité

délienne: SÉMOS, 396 F 4 J. ; cf. EUST., 1720, 56­59 (ad HOM., μ 252).

(") Cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is

, pp. 311, 483;

L . SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, p. 356 et n. 77.

(") A. MOTTE, o.l., notamment pp. 7­8. Les épiclèses de la déesse sont alors

/Ιοταμία, Λιμνάτιί, 'ΑΧφειαία, etc. (**) Cf. Ch. PICARD, Éphèse et Claros, p. 60. (*·) Ci-dessus, n. 22. (*') POSIDONIOS, 87 F 29 J . ; DIOD. SIC, V, 69, 4 (usages crétois) ; [THÉOCR.],

XXI (Les Pêcheurs), 54. (") MACÉDONIOS, A.P., VI, 70. (*') Il arrive qu'un héros local soit préféré à Poseidon lui-même dans la mis­

sion de veiller sur les intérêts publics. C'était le cas de Cylabras auquel les Pha-sélitains offraient chaque année les poissons séchés : HÉROPYTHOS, 448 F 1 J . ;

50 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

thons (30

) lui vaut chez les Éoliens le sacrifice appelé θυνναΐον (31) au cours duquel on immole la première prise de la saison, et des

offrandes aussi fameuses que le taureau des Corcyréens (32

). Les

habitants de Myconos le prient sous le titre de Φύκιος (33), d'après

le nom de certaine algue (34

), et assument les frais du culte par

une taxe sur la pêche (35

). Ceux de Lampsaque lui sacrifient des

poissons (3e

), tandis que les descendants d'Hellen s'abstiennent

PHILOSTÉPHANOS, fr. ι Müller (F.H.G., III, p. 29), cités par ATHÉNÉE, VII,

297 E ­ 298 A .

(30

) Sur les conditions de cette pêche et son importance dans l'économie

antique : D ' A . W. THOMPSON, o.l., pp. 79­90 (avec bibliographie) ; L. ROBERT,

(voir n. 17), dans Hellenica, IX (1950), pp. 80­97. — Le

thon figure parmi les

attributs du dieu. Cf. DÉMÉTRIOS DE SCEPSIS, fr. 5 Gaede (cité par ATHÉNÉE,

VIII, 346 C).

(31

) ANTIGONE DE CARYSTE, in Philol. Untersuchungen, IV (1881), p. 174 Wila­

mowitz : roùs AloXéas λέγει &υσιαν έπιτελονντας τω Ποσειδώνι ύπό τήν τών &νννων ώραν, όταν εύαγρήσωσι, &νειν τώ &εώ τόν πρώτον άλόντα &νννον, και τήν &υσιαν ταύτην καλεισ&αι &υνναΐον. Cf. ΑΤΗ., VII, 297 Ε ; 3°ι F ; 3°3 Β- C'est aussi en guise ά'άπαρχή que les Béotiens offraient à tous les dieux les plus belles anguilles

de leurs élevages du lac Copaïs. Cf. AGATHARCHIDÈS, 86 F 5 J. ; ΑΤΗ., VII, 297 D­

E ; voir aussi VIII, 346 D (culte d'Atargatis; ci­dessus, p. 46, n. 8).

('·) PAUS., X, 9, 3­4. Cf. G. DAUX, Pausanias à Delphes, Paris, 1936, pp. 77­78.

Les circonstances de cette pêche miraculeuse sont, en elles­mêmes, révélatrices :

un taureau, animal sacré de Poseidon en tant que symbole de la puissance

fécondante (cf. ci­dessous, pp. 145­146), indique la présence d'un banc de thons. Il

est sacrifié à Poseidon avant la pêche, à la fois comme geste de reconnaissance et

gage du succès de l'entreprise. Quant à l'effigie de bronze, œuvre de Théopropos

d'Égine, qui lui est ensuite consacrée sur le bénéfice de la capture, si elle est élevée

dans le sanctuaire de Delphes, c'est qu'Apollon n'a pas été étranger au bon

déroulement des opérations. Elle fut aussi érigée à Olympie (PAUS., V, 27, 9),

afin que soit assurée à l'événement et à l'offrande la plus grande publicité.

Cf. p. 146, n. 181.

(SA

) F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 96 ( = S.I.G.*,

1024), U. 8­9 : Ποσει­1 αώνι Φυκίωι (règlement cultuel, vers 200 avant J.-C).

(34

) Le fucus (φΰκος &αλάσσιον), à moins qu'il ne s'agisse de l'orseille (Rocella

tinctoria), un lichen des rochers littoraux non submergés. De ces deux végétaux

qu'Os confondaient sous le nom de φΰκος, les Grecs extrayaient des colorants rouges. Seuls les contextes permettent de déterminer quelle espèce est en cause.

Cf. THÉOPHR., H.P., IV, 6, 1-6 ; PLINE L'ANCIEN, H.N., XIII, 136; XXVI, 103.

La confusion est souvent maintenue par les modernes. Cf., par ex., V. CHAPOT,

art. Tinctor, Tinctura, dans Diet. Ant., V (Paris, 1919), col. 340 A ; comparer la

judicieuse mise au point de P. FOURNIER dans sa note à PLINE, H.N., XIII, 136

(éd. Les Belles Lettres). On notera que le nom du φυκ'ις est dérivé de celui des

algues dans lesquelles ce poisson se tient et fait son nid. OPP., Hal., I, 126­127.

Cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 1047­1048.

(S5

) F . SOKOLOWSKI,o.l.,96,11. ΙΟ­ΙΙ : άπό τοΰτέλους τών Ίχ&[υ\ων βουλήπριαμενη Ιέρεια είκο-1 οι δραχμών διδότω. Cf. commentaire, p. 187 (diverses références rela­tives à des impôts sur le poisson).

(**) POLYEN, Strateg., VI, 24.

LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 51

d'en consommer (*') et qu'à Aigiai, en Laconie, défense est faite,

en l'honneur du dieu, de pêcher les poissons qui peuplent le lac

voisin de son temple ("). Des prohibitions analogues sont encore

attestées en relation avec les mystères éleusiniens (3

· ) , la célé­

bration de la fête des Halôa (40

), le culte d'Héra à Argos (41

)

et celui d'Hermès à Pharai (**), outre les interdictions qu'impo­

sent les croyances pythagoriciennes (4S

).

Dans la mesure où elles ont aidé à vaincre la grande peur ances­

trale, les créatures qui peuplent les abîmes marins ont joué,

dans les rites, un rôle identique à celui des autres espèces ani­

males. Plus que celles­ci, elles ont suscité des légendes et des

contes où se retrouvent les sentiments de fascination et de répu­

gnance, traduits en aventures fantastiques et en personnages

fabuleux. Qu'il s'agisse des Sirènes, des Néréides, de Glaucos,

de Protée ou d'Artémis Eurynomè (44

), l'arrière­fond symbolique

des croyances auxquelles ces génies et divinités de la mer sont

(*') PLUT., QU. conv., VIII, 8, 4 (Mor., 730 E). De même à Leptis : ibidem.

(»·) PAUS., III, 21, 5. — ÉLIEN (N.A., XII, 30) mentionne encore l'existence

de poissons apprivoisés dans un sanctuaire épirote ainsi qu'à Hélôros, ancienne

citadelle des Syracusains. Sur la présence, dans la fontaine d'Aréthuse, de

poissons protégés : schol. B D P T U PIND., Ném., 1, 2 a Drachmann (pp. 8­9).

(**) PAUS., I, 38, Ι : Λέγονται Si ol 'Ptiroi Κόρης Upol καί Δήμητρος tlvai, κα'ι τους ίχ&ΰς «f αύτών TOÎS Upfûaiv Ιστιν aiptlv μόνοις. Cf. ÉLIEN, N.A., IX, 51 ; 65. Voir aussi PORPH., De Absl., IV, 16.

(") Schol. R Luc, Dial, court., 7, 4 Rabe (p. 280, 11. 20-24) • Ένταϋ&α οΐνός τ« πολύ; πρόκαται καί τράπεζαι πάντων τών της γης κα'ι 9αλάσσης γέμουσαι βρωμάτων πλήν τών άπ€ψημένων iv τω μυστικώ ... καί Φαλαττίων τρίγλης (surmulet), ipvâivov

(rouget), μίλανούρου (oblade), καράβου (langouste), γαλιοΰ (squale). Sur la fête des Halôa, qui se déroulait au mois de Poseideôn : L. DEUBNER, AU.

Feste', pp. 60­67 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I», pp. 466­467.

(«') ÉLIEN, N.A., IX, 65: Τής Si τρίγλης ούκ àv γιύσαιντο οί αύτοί μΰσται, oôSi μην ή τής Ήρας τής iv "Αργιι liptia.

(") PAUS., VII, 22, 4 L'espèce n'est pas précisée.

(*») Cf. ci­dessus, pp. 46­47, n. 9. On notera que les mêmes espèces sont inter­

dites chez les Pythagoriciens et lors de la fête des Halôa, pour des motifs diffé­

rents, mais qu'il n'est pas aisé, surtout dans le dernier cas, de démêler.

(") PAUS., VIII, 41, 6 : το ξόανον ... ΐϊκών γυναικός τά άχρι τών γλουτών, το άπο τούτου Si ιστικ Ιχάΰς. Cf. [Ο.] HOEPER, art. Eurynome (l), dans R.-E., VI (1907), col. 1339-1340. Cette statue cultuelle qui n'est pas autrement connue constitue le prototype des représentations traditionnelles, modernes, des Sirènes. Ileana CHIRASSI (Miti e culti arcaici di Artemis nel Peloponneso e Grecia centrale. Trieste, 1964, pp. 21-22) a étudié l'héritage marin d'Artémis. Cf., en outre, pour les rapprochements qu'il suggère : le roman de Str. MYRIVILIS, Notre Dame la Sirène, trad. A. Mirambel, Paris, Lafiont, 1957, e.a. p. 13.

52 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

mêlés procède jusque dans ses développements secondaires d'une

mentalité profondément religieuse (46

).

D'une manière plus superficielle, mais remarquable dans la

diversité des attestations, elle se manifeste aussi dans les spécu­

lations de toute nature, qui ont servi à justifier les appellations

pittoresques d'un grand nombre de poissons et de coquillages.

En ce domaine où les analogies de forme, de couleurs, de com­

portement ont produit quantité d'emprunts (4e

), les rapproche­

ments avec les divinités ne manquent pas. L'haliotide aux reflets

de nacre est l'oreille d'Aphrodite (47

), le κίθαρος est naturellement voué à Apollon (

48

), le surmulet appartient à Hécate et à

Artémis (4B

), le bogue à Hermès, voleur de troupeaux de bovi­

dés (50

), la daurade à Aphrodite (51

). D'autres espèces, sans être

toujours attribuées à tel ou tel membre du panthéon, ont été

dites 'sacrées' : le poulpe àTrézène(6 2

) , les cigales de mer à Séri­

phos (53

), tandis que le poisson pilote, consacré à Poseidon (54

),

(") Sur les Meerdämonen : A . LESKY, od., pp. 88­148 (Meergötter und Meer­

mythen) ; L . SÉCHAN, Légendes grecques de la mer, dans B.A.G.B., Lettre d'Huma­

nité, 14 {1955), pp. 3­47 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is

,

pp. 240­244, 853­854. Sur le culte des divinités marines particulièrement nom­

breuses à Délos et les restes d'offrandes d'animaux marins : H . GALLET DE

SANTERRE, Délos primitive et archaïque, Paris, 1958, pp, 157­162.

(") Cf. L . LACROIX, Noms de poissons el noms d'oiseaux en grec ancien, dans

L'Ant. class., 6 (1937), pp. 265­302 ; R. STROEMBERG, Studien zur Etymologie und

Bildung der griech. Fischnamen, Göteborg, 1943 (au nom des différentes espèces).

(") ANTIG. DE CARYSTE, in Philol. Untersuchungen, IV (1881, p. 174) Wilamo­

witz : το óorpeov τοΰτο ΰπο AloXémv καΧ(ΐσ&αι οΰ; 'Αφροοίτη; (#αλάττιον ovs chez ARISTT., H.A., IV, 529b 16).

(4β) Non identifié avec certitude. PHÉRÉCR., fr. 39 Kock (C.A.F., I, p. 155),

cité par ATH., avec d'autres fragments, en VII, 306 A ; cf. VII, 287 A .

(") Cf. ci­dessus, p. 48, n. 16. En outre, MÉLANTHIOS, 326 F 2 J . ; HÉGÉSAN­

DROS, fr. 39 Müller (F.H.G., IV, p. 420) ; CHARICLEIDÈS, fr. 1 Kock (C.A.F., III,

Ρ· 394) — passages cités par ATHÉNÉE, VII, 325 A ­ D . Cf. EUST., 1197, 29­32 (ad

HOM., y 73). Les raisons de cette attribution ont donné lieu à diverses spécula­

tions de la part des auteurs anciens, la plus fréquemment retenue est fondée sur

l'homonymie entre le nom du poisson (τρίγλη) et celui du carrefour (τρίοδοί) que protègent Hécate et Artémis.

(SO

) ΑΤΗ., VII, 287 A ; VII, 325 Β : Έρμχ) Sè βόακα. («) ARCHIPPOS, fr. 18 Kock (C.A.F., I, p. 682). Cf. CALL., fr. 378 Pfeiffer;

ÉRATOSTHÈNE, fr. 12, 3 Powell; cf. PLUT., De soll, anim., 32 (Mor., 981 D).

(·*) CLÉARQUE, fr. I 0 2 . i l . 15-16 Wehrli*: φησίν ... oJVe τόν Upov καΧονμενον ττοΧνττουν... νόμιμον τ]ν Φ-ηρέναν.

(") ÉLIEN, Ν.Α., XIII, 26 (τέττιγες Ενάλιοι) qui sont, dit-on, le jouet de Persée.

— CALLIM. (fr. 394 Pfeiffer) mentionne encore comme poisson sacré Υΰκη, non identifié. Cf. ΑΤΗ., VII, 327 A.

(64

) Cf. F . J . DOELGER, o.l., pp. 413-415.

LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 53

a réputation d'être, à Samothrace, l'ami de tous les dieux (**).

Son comportement lui a valu d'être l'iepoç Ιχθύς par excellence (se). En outre, la présence de cette expression dans un des rares passages où Homère évoque les poissons (5'), — sans qu'il soit d'ailleurs possible d'aboutir à une identification certaine (5e), — n'a fait qu'accroître et renforcer sa renommée (69).

Ces quelques exemples suffisent à illustrer l'abondance et la variété qui président au choix et à l'interprétation du nom des animaux marins. Les témoignages qui viennent d'être produits émanent, pour la plupart, des poètes comiques et des historio­graphes. Les uns et les autres font volontiers écho, sans toujours contrôler les informations qu'ils utilisent, à des spéculations fantaisistes, à des traditions populaires souvent plus voisines de la superstition ou de la magie sympathique que de la religion. Telles quelles, et compte tenu de leurs limites, les associations qu'elles révèlent confirment encore la disposition d'esprit qui poussait les Grecs à préférer, parmi toutes les corrélations qui s'offraient à eux, celle qui mettait en cause les divinités et concrétisait, fût-ce par les plus humbles réalités, leur intervention permanente dans la vie quotidienne.

Pour acquérir la connaissance des choses de la mer et retrouver la maîtrise qui avait assuré autrefois la prépondérance crétoi-se(60), l'apprentissage des Grecs a été long. Durant la patiente conquête, un animal marin a échappé à toutes les préven­tions: le dauphin, allié de la première heure, qui, des fresques

(*·) ÉLIEN, N.A., X V , 23. Cf. [O.] KERN, art. Kabeiros und Kabeiroi, dans R.-E., X (19.19). col. 1431.

(") OPPIEN, Hal., I, 186-211 ; V,67-102; ÉLIEN, N.A.,11, 15. Cf. W . GOEBER, art. Pompilos, dans R.-E., X X I , 2 (1952), col. 2223.

(") HOM., ƒ1407 (comparaison insérée dans le récit de la lutte entre Patrocle et Sarpédon) : ώς óre τ« φως | ηίτρχι eVi προβλήτι κα&ήμ€νος Upov Ιχ&ύν | ίκ nóvroto άΰραζ( λίνω καί ήνοπι χαλκώ. Cf. PLUT., De soll, anim., 32 {Mor., 981 D). Les poissons apparaissent peu dans l'épopée. Le fait n'avait pas échappé aux

lecteurs anciens : cf. PLAT., Rép., III, 404 B-C ; ΑΤΗ., I, 13 A - D .

(s

") Le sens même de l'épithète i'epós a suscité de nombreuses hypothèses :

schol. A ad HOM., H 407 ; EUST., 1067, 36-41. Cf. J . P. LOCHER, Untersuchungen

zu 'κρος hauptsächlich bei Homer, Berne, 1963, p. 62. Le fait que l'anthias (ανΗας) et l'esturgeon {ίλοφ) ainsi que la daurade (χρϋσοφρυς) sont aussi appelés t»poï

Ιχάύις ne fait qu'accroître la difficulté. Cf. D ' A . W . THOMPSON, o.l., s.v. (") Cf. l'important chapitre que lui consacre ATHÉNÉE (VII, 282 E -284D). (") T H U C , I, 4. Cf. A. LESKY, o.l., pp. 38-87.

54 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

minoennes (el

) aux monnaies de Syracuse (M

), des hymnes de

Pindare (es

) aux homélies de Grégoire de Nysse (M

), s'est

imposé comme le roi des poissons (βδ

) et le seigneur de la

mer (ββ

). Seul de tous les êtres qui peuplent la mer et de ceux qui

la dominent, il manifeste à chacun même amitié (β

'), même com­

plaisance (*8

), même secours (ββ

). La science contemporaine (70

)

a reconnu la justesse et la précision des observations accumulées

dans l'Antiquité (71

) et a montré la part d'exactitude des récits

et légendes qui avaient rendu suspect, aux yeux de trop d'exé­

gètes modernes (72

), l'aimable cétacé. Les motivations que les

Grecs ont cherchées à son comportement ne sont formulées

qu'assez tard, mais elles sont également nobles et illustrées, en

fait, dans toutes ses interventions.

(") A. EVANS, The Palace of Minos, I (Londres, 1921), p. 542, fig. 394 ;

cf. p. 608, fig. 447 a­b. Cf. G. E . MYLONAS, Mycenae and the Mycenaean Age,

Princeton, 1966, pp. 47, 56, 195 (Tirynthe).

(·•) C M . K R A A Y ­ M . HIRMER, Greek Coins, Londres, 1966, frontispice et pl. 24­48.

(·") PIND., Ném., 6, 64 ; Pyth., 2, 50­51 ; fr. 222, 15 Turyn ; etc.

(*4

) GRÉG. DE NYSSE, Or., 1 (cité par D'A. W. THOMPSON, o.l., p. 52) : 0' oeA is

iari τών νηκτών βασιλικώτατος. (··) ΟΡΡΙΕΝ, Hal., I, 643 : Ιχ&υνόμων βασιλήων | δ(λφίνων ; cf. II, 533. 542 • ν ,

441 ; etc. (") Cf. M. WBLLMANN, art. Delphin (i), dans R.-E., IV, 2 (1901), col. 2504-

2509 ; D'A. W. THOMPSON, o.l., pp. 52-56 ; Christiane SPRIMONT, Le dauphin dans l'Antiquité gréco-romaine, mémoire dactylographié, Université de Liège,

1969, pp. 6-7.

(*') DOURIS, 76 F 7 J . (jeu d'un enfant et d'un dauphin, à Iasos). De même,

à Naupacte : PLINE L'ANCIEN, H.N., IX, 28 ; AULU-GELLE, Nuits attiques, VII,

8 ; etc. Cf. Chr. SPRIMONT, o.l., pp. 85-89.

(·*) Dans la collaboration qu'il apporte au marin qu'il guide et au pêcheur

qu'il assiste : OPP., Hal., V, 425-447 ; ÉLIEN, N.A .,11,8; PLINE, H.N., IX, 29-33.

(**) Lors du sauvetage des naufragés, dont Arion est demeuré l'exemple le

plus illustre : HDT. , I, 23-24 ; PLUT., Banquet des sept sages, 18 (Mor., 161 B -

161 F) . Cf. Cl. LEMPEREUR, Les poètes sauvés, vengés ou persécutés par les dieux,

mémoire dactylographié. Université de Liège, 1966, pp. 18-25, 30-38, 67-69. —

De même pour de nombreux héros : Chr. SPRIMONT, o.l., pp. 39-54 (Koiranos,

Télémaque, Icadios, Taras, Énalos, Thésée).

P°) Cf. E . J . SLIJPER, Whales', trad. angl. A. J . Pomerans, Londres, 1962,

p. 13 ; en dernier lieu, J . -J . BARLO Y - J.-P. EHRHARDT, Notre ami le dauphin, Paris,

1974·

(") ARISTT., H.A., IV, 535 b 32 - 53634 (sons émis par le dauphin) ; IV, 537a

31-b4 ; VI, 566b2-26 (reproduction) ; VIII,589331-bn ; etc.OPPIEN, Hal.,

1,646-685 ; V, 416-588 ; etc. ÉLIEN, N.A., IX, 59 ; voir aussi V, 6 ; etc.

('*) O. KELLER, Thiere des classischen Alterthums, Innsbruck, 1887, pp. 212-

218 ; Ant. Tierwelt, II, p. 408 (plus nuancé) ; N. DOUGLAS, Birds and Beasts of the

Greek Anthology, Londres, 1928, p. 161 ; Ε . Β . STEBBINS, The Dolphin in the

Literature and Art of Greece and Rome, Menasha (Wisconsin), 1929, pp. 1 ; 59,

n. 2 ; 130.

LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 55

Les unes tiennent au caractère de l'animal, l'un des plus

attachés à l'homme (φιλανθραητότατον) (7S) et capable d'affection désintéressée (

74

). Les relations de sauvetage et d'assistance ('*)

en donnent de touchants exemples. Encore qu'elles ressortissent

au même contexte de bonne grâce et de prévenance, les autres

explications sont plus spécifiques. Le dauphin a, en effet, la répu­

tation d'être sensible à l'harmonie musicale. Il n'est pas moins

φιλόμουσος (7β) que les oiseaux chanteurs ou que la cigale, au point qu'il devient impossible d'éclaircir s'il a sauvé tant de poètes et

de musiciens parce qu'il appréciait leur art ou s'il a gagné, à leur

contact, sa réceptivité délicate. Dans tous les cas, il s'est trouvé

agrégé au monde des dieux auxquels il sert facilement de mon­

ture (") et d'attribut (7e

), et associé aux croyances et aux gestes

religieux.

Pour avoir, maintes fois, conduit jusqu'aux rivages le cadavre

des naufragés qui obtenaient, dès lors, l'indispensable sépulture

et, au besoin, le châtiment de leurs assassins, le dauphin appa­

raît dans les figurations du voyage de l'âme dans l'Au­delà (7

').

S'il n'est guère représenté à l'époque classique, ce thème, peut­

être issu du monde crétois (80

), a connu un regain d'intérêt à

partir de la période hellénistique jusqu'à l'ère chrétienne (").

('*) ΑΤΗ., XIII, 606 D : φιλαν&ρωπότατον ... καί συνιτωτατον τό ζψον. (") PIND., fr. 222, 13-17 Turyn (cité par PLUT., De soll, anim., 36 [Mor., 984

C­D]).

('*) Cf. ci­dessus, p. 54, n. 69.

(") [ARION], I, 8 Bergk« [P.L.G., III, pp. 80­81] ( = fragm. adesp., 21 Page939);

PIND., ibid. ; OPPIEN, o.l., V, 453­457 ; DION CHRYSOST., 37 (Korinthiakos), 3­4 ;

ÉLIEN, N.A., XII, 45 (φιλψοοί τι καί φίλαυλοι) ; PLINE L'ANCIEN, H.Ν., IX, 28 {congregatis cantu delphinis).

(") Notamment pour Aphrodite : Simone MOLLARD-BESQUES, Calai. Louvre, I (Paris, 1954), pl. CV, C 662 (Ponte Molle ; première moitié IV· s. avant J.­C.) ; II

(Paris, 1963), pl. 36 d, MYR 38 (époque romaine). Guide de Thasos, École française

d'Athènes, 1968, pp. 133­134 (fig­ n° 33 Aphrodite au dauphin [ou Amphitrite],

époque hellénistique).

('*) D'autant que la conviction s'est imposée sans peine que le dauphin était,

dans ses interventions humanitaires, inspiré par les dieux eux­mêmes : cf. PLUT.,

Banquet des sept sages, 18 (Mor., 161 C­E). Attribut de Poseidon, d'Amphitrite,

des Néréides, etc. Cf. Ε . B. STEBBINS, o.l., pp. 77, 84­86, 106, 117, 127.

('·) Ε . B. STEBBINS, o.l., pp. 32­33.

(»·) W. DEONNA, L'œuf, les dauphins et la naissance d'Aphrodite, dans R.H.R.,

85 (1922), pp. 157­166.

(") Cf. Ch. PICARD, Le génie aux griffons et aux dauphins, dans Bull, société

royale archéol. d'Alexandrie, 32 (1938), pp. 3­20 ; Fr. CUMONT, Recherches sur le

symbolisme funéraire des Romains, Paris, 1942, pp. 155­157 ; T. KLAUSER, art.

Delphin, dans R.A.C.. III (i957). col. 678.

56 L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

Dans les cultes héroïques, qui ne sont pas dépourvus de rapport

avec les rites funéraires, le dauphin a sa part lorsqu'on vénère

Mélicerte, Thésée, Énalos ou Taras, les héros qu'il a sauvés et

guidés (82

). Mais, en ce qui concerne la symbolique sacrée, c'est

auprès d'Apollon (83

) qu'il se signale de la manière la plus

remarquable. Son nom a été attaché au dieu par l'épiclèse

Δελφίνιος (84), justifiée aux yeux des Grecs par son intervention

dans le détournement des marins crétois, les premiers desser­

vants du sanctuaire de Delphes (85

). La tradition a varié à ce

sujet, faisant du dauphin tantôt le pilote du navire arraisonné (8e

),

tantôt la monture du dieu (8

'), mais Y Hymne homérique à

Apollon (88

) renvoie à une version des faits plus primitive puisque

l'animal se prête à incarner momentanément Apollon lui­

même (89

). Que le dieu, voyageur et musicien mais peu attaché

aux choses de la mer, — sauf en ce qu'il guide et protège ceux

qui empruntent les mêmes voies que lui, particulièrement lors

des expéditions coloniales, — revête, à l'instant d'accomplir la

conquête de son plus important sanctuaire du continent, la forme

du dauphin, n'est pas un simple détail pittoresque destiné à

agrémenter une légende d'installation. Les exégètes modernes

n'ont pas manqué d'y voir l'héritage que le dieu aurait recueilli

(8Î

) Mélicerte : cf. PAUS., I, 44, 7­8 ; II, 1, 3 ; Thésée, qui fut, le premier, jugé

au tribunal M Δελφινίω (POLL., VIII, 119), reçut l'aide des dauphins lors de son

plongeon vers les demeures de Poseidon : BACCH., XVII, 97­100 ; HYGIN,

Astronom., II, 5 ; cf. S. WIDE, Theseus und der Meersprung bei Bakchylides, 17,

dans Festschrift für O. Benndorf, Vienne, 1898, pp. 16­20 ; Énalos : MYRSILOS DE

LESBOS, 477 F 14 J., cité par PLUT., De soll, anim., 36 (Mor., 984 E) ; Banquet

des sept sages, 20 (Mor., 163 A­D) ; Taras : L . LACROIX, Monnaies et colonisation

dans l'Occident grec, Bruxelles, 1965, pp. 97­100. Sur ces héros : cf. ci­dessus,

P­ 52, n. 45.

(*3

) Et par extension auprès d'Artémis vénérée à Athènes sous le nom de

ΔΐΧφιν'ία : POLL., VIII, 119. (β4) Conformément à l'étymologie proposée par l'auteur de la Suite Pythique

(H. hom. Apoll., 493-495)- Sur l'étymologie du mot SeA i? et les rapprochements

auxquels il a donné lieu : J. DEFRADAS, Les thèmes de la propagande delphique,

Paris, 1954, ΡΡ- 69-71 (note 4, p. 70).

(85

) H. hom. Apoll., 392-396.

(8Ί) PLUT., De soll, anim., 36 (Mor., 984 A). (8') Schol. P LYCOPHR., Alex., 207 Scheer (p. 97, 1. 26). (88) Œuvre du haut archaïsme, où s'expriment, selon toute vraisemblance,

les thèses défendues par le clergé delphique : cf. J. HUMBERT, Homère. Hymnes, Paris, 1951, notice, pp. 74-77.

(8") H. hom. Apoll., 400-439. Cf. Etym. magn., 255, 17-24.

L E S POISSONS E T L A F A U N E M A R I N E

i 57

d'une antique divinité minoenne (, 0

). De fait, le culte de Delphi­

nios est nettement implanté en Crète ("), mais les traits primi­

tifs s'y laissent malaisément démêler des influences ultérieures

que l'on y pressent. Autant que d'un substrat insulaire, la

métamorphose d'Apollon procède du fait qu'elle est destinée à

des Crétois, experts en navigation, familiarisés de longue date

avec le cétacé qui peut les surprendre, mais non les épou­

vanter (*2

).

* ·

À l'examen des faits, l'attitude des Grecs à l'égard de la faune

aquatique ne se distingue pas de celle qu'ils ont adoptée

face aux autres espèces. Ils offrent poissons, crustacés et coquil­

lages, les sacrifient et les attribuent aux dieux. Et leur manière

d'agir, avec les restrictions et les préférences qu'elle implique,

ne se différencie pas fondamentalement de celle des populations

riveraines de la Méditerranée (93

). Cependant, les traits des poètes

comiques, les observations des voyageurs et les remarques des

philosophes attestent, jusqu'aux époques récentes, une indé­

niable circonspection au sujet de tous ces animaux. Elle se

concrétise dans les rites et les croyances à caractère religieux par

un pourcentage d'attestations relativement restreint et localisé.

Dans ces limites, la place des poissons dans la religion grecque

n'est pas moins spécifique et originale que celle des autres caté­

gories. C'est qu'elle permet de déceler, en filigrane mais avec

une puissance d'évocation peu commune, l'évolution qui, des

envahisseurs indo­européens, a fait le peuple grec.

(, 0

) W . ALY, Der kretische Apollonkult, Tubingen, 1908, pp. 13­43, notamment

pp. 13­16 ; cf. [E.] JESSEN, art. Delphimos (1), dans R.­E.. IV, 2 (1901). col. 2513­

2515

(") Cf. références : M. P. NILSSON, Gesch. der griech. Religion, I', pp. 554­555.

(M

) Ibid. Les vers 404­405, 414­417 ne sont pas les moins intéressantste

narrateur y décrit l'ébahissement et la stupeur des marins crétois (οαμαίνοντες) qui voudraient contempler, une fois débarqués au Ténare, le prodige et l'évolu­

tion de la situation, mais qui se laissent dérouter jusqu'au port de Crissa sans plus

manifester d'intention ni de sentiment avant que le dieu reprenne son apparence.

— On connaît encore la métamorphose que Dionysos inflige aux pirates tyrrhé­

niens dont il fait des dauphins (M. hom. Dionysos, 52­53), mais c'est pour eux le

moindre mal. OPPIEN, Hal., I, 649­653. Cf. Ε. B. STEBBINS, o.l., pp. 61­62.

(,s

) Le point de vue de Fr. CUMONT (art. Ichthys [1], dans R.­E., I X , 1 [1914].

col. 847, 11. 50­63), selon qui les poissons n'ont eu, en Grèce, d'autre rôle qu'ali­

mentaire, a été contesté à juste titre par Chr. M. DANOFF ­ J . WIESER (art. Fische,

dans Lexikon der alten Welt, Zurich­Stuttgart, 1965, col. 974).

Les reptiles et les animaux apparentés

au domaine chthonien

A. Batraciens - Chéloniens - Lacertiens

Comme les serpents (>), batraciens, chéloniens et lacertiens appartiennent à l'univers chthonien. Ils ont réputation d'être directement issus de ces régions privilégiées, — rives des lacs et des étangs, marais, prairies humides, — où la Terre, fécondée par l'Eau, engendre des êtres mystérieux, chargés aux yeux des Grecs d'une religiosité accrue (!). Il est donc attendu de les trou­ver associés, de quelque manière, aux rites et aux actes de la religion. Toutefois, leur morphologie, plus encore que leur origine, fait d'eux des animaux équivoques (a) qu'il faut placer dans le domaine aux frontières mal fixées, où les pratiques magiques voisinent avec les gestes de piété et le sentiment religieux avec la superstition.

Les grenouilles

Quand ils n'ont pas été jugés insupportables (*), les coassements des grenouilles ont été interprétés comme un indice météoro­logique (s). Présentes en grand nombre, elles annonçaient une

(l) Cf. ci-dessous, pp. 68-92. (*) A. MOTTE, o.l., notamment pp. 7-9. (*) Cf. A. DE GUBERNATIS, Mythologie zoologique, trad. P. Regnaud.II (Paris,

1874), pp. 392-410 ; W . DEONNA, Sauriens et batraciens, dans F..E.G., 32 (1919), pp. 132-148

(4) ARISTOPH., Gren., 226-227 : Άλλ' ίξόλοιο&' αύτψ κοαξ' ούοίν γάρ «'στ' άλλ' ή κοα(. Cf. [ARISTT.], Mir. ausc , 70; ÉLIEN, Ν.Α., III, 37 : PLINE L'ANCIEN,

H.N., VIII, 227.

(*) T H É O P H R . , De signis tempest., 15 : κα'ι φρννη λουομίνη κα'ι βάτραχοι μάλλον àhovTts σημαίνονσιν ûScup. Cf. ÉLIEN, ΧΑ. IX, 13 ; PLINE, Η.Ν., XVIII, 361 ;

etc. Cf. Μ. WELLMANN, art. Frosch, dans R.­E., VII, ι (1910), col. 114­115.

6o L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

saison malsaine (6

). Il n'y aurait dans ces détails qu'une

illustration de l'expérience paysanne dont l'œuvre d'Hésiode

ou celle de Théophraste fournissent d'innombrables exemples,

si la tendance n'avait été de rapporter de semblables présages

au pouvoir mantique d'Apollon lui­même qui prête, lors des

travaux des champs, une assistance constante et efficace (7

). Le

chœur des grenouilles, dans la comédie d'Aristophane (8

), se

fait gloire de l'affection que lui voue le dieu (vers 231), comme les

Muses (vers 229) et l'agreste Pan (vers 230). Le passage est volon­

tiers produit par les érudits modernes pour confirmer le rôle

oraculaire que les batraciens auraient exercé auprès du maître

des prophéties (9

). Mais le contexte dans lequel Aristophane

insère la déclaration solennelle n'est pas sans importance : c'est

pour défendre leur chant raillé par Dionysos que les grenouilles

invoquent, en tant que divinités de la musique, Apollon ο φορμικ­

τάς, les Muses evXvpoi et Pan ο καλαμόφθογγα παίζων. Pas plus que le poète, elles ne sont dupes de la validité de leur argument

puisqu'aussi bien elles ne partagent avec les dieux musiciens que

les roseaux des marécages nécessaires à la confection des divers

instruments.

Leur rapport avec Apollon n'en est pas moins réel et attesté

de divers côtés : par la dédicace de grenouilles de bronze (10

) ou

(») ARISTT., Probl., I, 22, 862 a 10­16.

(') Le rôle des grenouilles est d'ailleurs mieux représenté dans les fables

(cf. ÉSOPE, 66­69 Chambry) et dans les proverbes (par ex. : Souda, Β 190­191). Cf.

M . WELLMANN, l.L, col. 115­117 ; O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 306­307;

H . HOFFMANN, Frösche des Sotades, dans Zur griech. Kunst, Berne, 1973, pp. 20­

22. — Sur le pouvoir apotropaïque d'Apollon à l'égard des parasites et des enne­

mis des récoltes et des troupeaux : cf. ci­dessus, pp. 12, 14­15.

(") Représentée en 405 : cf. Th. GELZER, art. Aristophanes (12), dans R.­E.,

Suppl. XII (197°). col. 1484­1494. Sur le déguisement des choreutes, qui est

dépourvu de signification symbolique en ce qui concerne la rivalité entre les deux

poètes (ibid., col. 1488­1489), cf. G. SIFAKIS, Parabasis and Animal Choruses. A

Contribution to the History of Attic Comedy, Londres, 1971, pp. 94­96.

(*) WELLMANN, col. 114­115 ; KELLER, o.l., pp. 312­315. Sur la relation

entre la mantique et des animaux tels que lézard, hérisson, lièvre, serpent, ... :

cf. G. MÉAUTIS, Le coffre de Kypsélos, dans R.E.G., 44 (1931), p. 246 ; voir ci­après,

p. 64, n. 44.

(l0

) Grenouille votive dédiée à Apollon Boasôn : M . FRAENKEL, Geweihter

Frosch, dans Arch. Jahrbuch, τ (ι886), pp. 48­53 (bronze archaïque, Péloponnèse) ;

cet ex­voto a été reproduit dans la contribution Épidaure de G. Roux, in La

civilisation grecque de l'Antiquité à nos jours, I (Bruxelles, 1967), pl. 102. Cf.

R. LULLIES, ΒΑΤΡΑΧΟΙ, dans Deutsche Beiträge zur Altertumswissenschaft, 12­13

(i960), pp. 139­149; H . HOFFMANN, (ci­dessus, n. 7).

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 6l

par certains motifs de l'offrande renommée que Cypsélos (n

)

consacra à Delphes (n

). Au pied d'un palmier de bronze étaient

ciselés des reptiles et des batraciens (1S

). Les contemporains de

Plutarque n'en pénétraient plus le sens originel (14

) et se sont

gardés d'émettre toute hypothèse à ce sujet. Néanmoins, les

études approfondies de W. Deonna (u

), renforcées par les argu­

ments et les observations d'A. Motte (1β

), donnent du monument

votif et des grenouilles en général une exégèse qui s'intègre, avec

le maximum de cohérence, à la mentalité religieuse des anciens

Grecs. Dans cette interprétation, la grenouille symbolise auprès

du fils de Létô (") la puissance qu'elle incame dans les offrandes

à Artémis Orthia (18

) et à Héra de Samos ou dans le sanctuaire

athénien de Dionysos Limnaios (20

), à savoir la fécondité géné­

reuse et perpétuelle qui est le lot des déesses et qui continue

d'être perçue dans les « berceaux de la vie » (21

), où régnent aussi

les dieux.

Les tortues

La situation des chéloniens dans la religion grecque n'est pas

dépourvue de ressemblances avec celle des batraciens. Depuis

qu'un poète spirituel a narré, dans l'Hymne homérique à Hermès,

l'invention de la lyre par le jeune fils de Maia (22

), la tortue a eu

(") Cf. Éd. WILL, Korinthiaka, Paris, 1955, pp. 487­488 (n. 1) ; 542­543 (n. 2).

('*) PLUT., De Pyth. orac., 12 (Mor., 399 E­F). Cf. R. FLACELIÈRE, Plutarque.

Sur les oracles de la Pythie, Paris, 1937, pp. 59­60, 163, n. 42.

(1 3

) ... τον φοίνικα ... τον χαλκονν, ... οί ntp'i τήν ρίζαν tvrtroptvpivoi βάτραχοι κα'ι ν&ροι.

(") PLUT., ; Banquet des sept sages, 21 (Mor., 164 A) ; cf. J . DEFRADAS, Plutarque. Le banquet des sept sages, Paris, 1954, P- 1 1 1 - n - I 9 ° (renvoie à l'édition

de Flacelière et aux études de Deonna mentionnées ci­dessous).

(") W . DEONNA, L'ex­voto de Cypselos à Delphes : le symbolisme du palmier et

des grenouilles, dans R.H.R., 139 et 140 (1951), pp. 5­58 ; 162­207.

(") A . MOTTE, o.l., pp. 178­179.

(") Cf. Ον., Mét., VI, 381 (Létô et les grenouilles).

(") R. M . DAWKINS, The Sanctuary of Artemis Orthia at Sparta, Londres,

1929, p. 197 et pl. L X X X , a­b (tortue et grenouille?; bronzes archaïques).

Cf. A . LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, p. 707, n. 5.

(") Cf. Ch. PICARD, Bull, archéol., dans R.E.G., 48 (1935), p. 97, η. 1 («les

découvertes multiplient les ex­voto à la grenouille »).

('») ARISTOPH., Gren.. 211, 216­217, 240­249.

(*') A . MOTTE, o.l., pp. 166, 167­168 ; etc.

(") H. hom. Hermès, 20­53. Diverses représentations figurées ont associé

Hermès et la tortue. Cf., par exemple, G. BECATTI, Un gruppo ostiense di lotta­

tori. dans Annuario délia Scuola archéol. di Atene e delle Missioni Italiane in

62 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

partie liée, bon gré mal gré, avec Hermès et Apollon. Toutefois,

même si le mot χίλνς a désigné l'instrument aussi bien que

l'animal, la tortue n'a jamais été qu'un moyen matériel tout

entier assujetti à la cause de la musique (2S

).

L'auteur de l'hymne, si préoccupé qu'il fût par les exploits

d'Hermès, n'a pas omis d'indiquer que la tortue est l'hôte paisible

des prairies en fleurs (24

). Dans le contexte de l'invention de la

lyre, ce détail rend plus pitoyable le destin de l'animal ; dans

l'inventaire de ses emplois symboliques et religieux, il engage

aussitôt dans la direction qui vient d'être esquissée à propos des

grenouilles. De fait, la tortue est du nombre des espèces réservées

au dieu Pan (S5

) qui règne notamment sur les monts arcadiens,

où vivent les plus beaux spécimens de chéloniens (2e

). Elle est aussi

mise en évidence dans le culte qui était rendu, à Élis, à Aphrodite

Ourania (2

'). Phidias avait représenté la déesse debout, le pied

posé sur la carapace d'une tortue (28

). Il n'a guère subsisté de

trace de cette œuvre chryséléphantine (29

), dans laquelle Plu­

Oriente, 24­26 (1946­1948), p. 208 et fig. ΙΟ­ΙΙ (représentation monumentale

d'Hermès, le pied droit posé sur la tortue). L'attitude n'est pas sans rappeler

celle d'Aphrodite Ourania, telle que l'a décrite PAUSANIAS, VI, 25, 1 ; cf. ci­

dessous, n. 28 et 31. D'autre part, pour interpréter 1'« Éphèbe de Marathon»,

— en qui il a, comme beaucoup d'archéologues, reconnu Hermès, K . RHOMAIOS

('0 ίφηβοι τοΰ Μαρα&ώνοί, dans Arch. Deltion, 9 [1924-1925], pp. 145-187, notam­ment pp. 161-163) a fait appel à l'épisode de la découverte de la tortue, suivie de

l'invention de la lyre. Il suggère que le dieu soutenait l'animal sur sa paume

gauche étendue, tandis que, de la main droite, il claquait des doigts pour mar­

quer son contentement. Encore qu'elle ne manque pas d'attrait (cf. Fr. CHA­

MOUX, Hermès Parammon, dans Études d'archéologie classique, II [Paris, 1959].

pp. 38­39), cette hypothèse soulève plusieurs questions quant à la taille de la

tortue, quant à la stabilité de l'ensemble, quant au peu de naturel de la position

du bras droit, comparée à celle d'autres représentations du même mouvement.

Un nouvel examen de la statue serait, à tout le moins, nécessaire.

(") SAPPHO, fr. 118 Voigt; EUR., Ale, 446­447; H.F., 683; etc. Étymologie:

H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 1086­1087. — Le terme subsiste même

lorsque la caisse de résonance est fabriquée en une autre matière : cf. H. HICK­

MANN ­ M. WEGNER, art. Leier, dans Die Musik in Geschichte und Gegenwart, VIII

(i960), col. 517­534­

(*4

) H. hom. Hermès, 27 : βοσκομίνη προπάροι&( δόμων épiihqXéa. ποίην. ( ,S) PAUS., VIII, 54, 7 (au mont Parthénion).

(") PAUS., VIII, 17, 5 rappelle qu'Hermès découvrit sa tortue sur le mont

Pellène (Arcadie) où était située la grotte de Maia.

(") Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, 1', pp. 520, 522 ;

L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, p. 371.

(") PAUS., VI, 25, Ι : τώ δέ crêpai moi im χ(λώνη! β(βηκ€. (") Cf. Ch. PICARD, Manuel d'archéologie grecque, II (Paris, 1939), pp. 342-

344 ; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, p. 85.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 63

tarque voyait une allégorie des vertus domestiques et du silence

qui sied aux femmes (30

). Les archéologues ont utilement rap­

proché la description de Pausanias de diverses productions des

arts mineurs, notamment des socles de miroir, qui ont pour

sujet un être féminin dressé ou appuyé sur une tortue (31

). Non

sans raison et en notant la part de l'hypothèse, Deonna a cherché

à ces figurations un sens cosmique traduit à la fois par le disque

du miroir et par l'animal, l'un renvoyant à la puissance céleste

et l'autre aux pouvoirs chthoniens de la même Aphrodite (32

).

L'interprétation tient compte des attributions fondamentales

de la déesse et des bienfaits particuliers qu'elle dispensait en

tant qu'Ourania (33

), et souligne, en outre, le parallélisme

qu'offrent d'autres statuettes, utilitaires ou non, dont le support

n'est plus la tortue, mais la grenouille (34

). Tirant de leur origine

commune des vertus identiques, les deux espèces apparaissent

interchangeables lorsqu'il s'agit d'évoquer les forces primordiales

et sacrées de la fécondité.

Les lézards

De nombreuses copies (36

) ont donné à connaître l'œuvre de

Praxitèle intitulée, dans la définition de Pline (3e

), Apollon Sau­

(·») PLUT., Conj. praec, 32 (Mor., 142 D). Cf. Isis et Osiris, 75 (Mor., 318 Ε).

(") Cf. A . FURTWAENCLER, art. Aphrodite, dans Ausführt. Lex., I (1884­1890),

col. 411­412 ; et l'étude particulière de W. DEONNA, Aphrodite sur la tortue, dans

R.H.R., 81 (1920), pp. 135­144.

(»») DEONNA, /./., pp. 137­144. Les documents étudiés sont, pour la plupart,

issus de tombeaux.

(") λ Élis (PAUS., /./.) comme à Mégalopolis (PAUS., VIII, 32, 3), elle est

conjointement vénérée en tant que Pandémos. Dans le culte qui lui était rendu

pour susciter la fécondité, elle était représentée chevauchant un bouc (PAUS., VI,

25, ι ; cette œuvre de Scopas a été reproduite aussi bien sur les monnaies [cf.

L . LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, pp. 316­317].

que sur les miroirs et dans la céramique [cf. H . METZGER, Les représentations dans

la céramique attique, Paris, 1951, p. 67]).

(") W. DEONNA, La femme et la grenouille, dans Gazette des Beaux­Arts, n

(1952), pp. 235­236. Cf. H . HARDENBERG, L'autel de Mercure Arverne à Horn,

dans L'Ant. class., 15 (1946), pp. 11, 29­30 et fig. 1­3 («le dieu est assis sur un

trône ... le pied droit repose sur une pierre plate qui a la forme d'une tortue »).

(") Cf. Ch. PICARD, Manuel d'archéologie grecque, III (Paris, 1948), pp. 530­

548 ; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, pp. 306­

309

(") PLINE L'ANCIEN, H.N., XXXIV, 70 : Fecit et puberem Apollinem subre­

penti lacertae comminus sagitta insidiantem, quem sauroctonon vacant.

6 4 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

roctone. Le monument a fait l'objet d'hypothèses variées (37

).

L'intention religieuse est hors de doute, mais il est aujourd'hui

impossible de démontrer que « le nom traditionnel a été forgé

après l'œuvre et d'après elle (3S

) », — « comme un simple sobri­

quet (39

) », — ou qu'il constitue une épithète au sens rituel.

Entre « le thème du dieu joueur », fréquent dans la statuaire du

IVe

siècle avant notre ère, et les interprétations symboliques

qui considèrent le lézard (40

) comme l'incarnation des puis­

sances maléfiques, vaincues par le dieu solaire (41

), il y a place

pour toutes les exégèses. « Chaque siècle, note encore Picard (42

),

a probablement compris à sa façon le mystère du divertissement

d'Apollon Sauroctone. » En tout cas, ni la fonction apotropaïque

qu'Apollon exerce, de diverses manières, sur les animaux (43

),

ni le rôle que le lézard aurait eu dans les oracles de Thrasyboulos

et d'Amphiaraos (44

) ou, — sous l'influence des conceptions mi­

thriaques (4S

), — en tant que symbole du soleil, ne permettent

d'établir la signification primitive de l'image divine. Et l'exemple

(»') Cf. O. HOEFER, art. Sauroktonos, dans Ausführt Lex., I V (1909­1915),

col. 531­532 ; [H.] ZWICKER, art. Sauroktonos, dans R.­E., II A, 1 (i92i),col. 262­

263 ; Ch. PICARD (o.l.) fait le point de la question et renvoie à O. RAYET, Monu­

ments de l'art antique, II (Paris, 1884), pp. 1­12.

(38) PICARD, o.l., p. 532, n. 2.

(»·) RAYET, o.l., p. 3.

(40

) U s'agit du lézard commun (Lacerta muralis), dont les Grecs ont identifié

de nombreuses sous­espèces: cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 270­281 ; [H.]

GOSSEN­[Α.] STEIER, art. Krokodile und Eidechsen, dans R.­E., XI, 2 (1922),

col. 1957­1970. — Le mot σαΰρος n'a pas d'étymologie certaine, il a été rappro­

ché, en raison des analogies fréquentes dans les noms d'animaux, de σαΰλος, σαυνός, etc. Cf. H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 683­684.

(") A. DE GUBERNATIS, Mythol. zool, II, p. 407. Cf. les hypothèses émises

par H. GRÉGOIRE, Apollon, le lézard protecteur de l'homme, dans La Nouvelle Clio,

ΙΟ­ΙΙ (1958­1962), pp. 149­155. — Comme la grenouille et la tortue, le lézard

joue un rôle important dans la magie : cf. A. DELATTE, Études sur la magie

grecque, III, dans Musée Belge, 18 (1914), pp. 5­96. Dans la tradition mythologi­

que, le lézard (άσκάλαβος ou aavpos) apparaît au moins deux fois sous un jour

défavorable ou malfaisant : métamorphose en lézard du jeune Askalabos peu

compatissant à Déméter (ANTON. LIB., 24 d'après NICANDRE) ; lutte d'Héraclès

contre le redoutable Sauros (PAUS., V I , 21, 3 ; cf. [H.] ZWICKER, /./., col. 264­265).

(") PICARD, o.l, p. 532, n. 2.

(43

) Cf. ci­dessus, pp. 12, 14­15.

(") PAUS., VI, 2, 4 décrivant une statue du devin Thrasyboulos, un Iamide :

γαλίώτηί ττρός τον ιομον ; V , 17, 5-10 à propos du coffre de Cypsélos, connu aussi

par un vase corinthien dont G. MÉAUTIS (Le coffre de Kypsélos, dans R.E.G., 44

[1931], pp. 241-278) a étudié le décor animalier. Cf. ci-dessus, p. 60, n. 9.

(") Cf. PORPH., De Abst., IV, 16 : Καί ênois Sè τούτους δημιουργούς οΰτω προσηγόρ€υσαν' ... τόν hè 'Ηλιον σαΰρον.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 65

des Γαλΐώται, en lui-même marqué par autant d'inconnues,

n'apporte pas d'éclaircissement.

Les Γαλΐώται ou Γαλΐοι (4β) sont une famille de devins sici­liens (47), interprètes portentorum, peut­être issus de la Petite

Hybla (48

). Selon les historiographes syracusains, auxquels se

réfère Cicéron, ils se distinguèrent en prédisant à Denys I (49

),

comme ils l'avaient fait à sa mère (60

), le destin qui devait être

le sien. À l'origine de leur nom, la tradition grecque (51

) a placé

un héros éponyme, Galéôtès, fils d'Apollon et de l'Hyperboréenne

Thémistô, qui serait venu, sur l'ordre de l'oracle de Dodone,

s'établir en Sicile (52

). Outre ces précisions qu'il juxtapose,

Stéphane de Byzance produit encore les vers suivants, extraits

de la comédie Les Poissons, œuvre perdue du poète Archippos (63

) :

A. TL Aeyeiç σύ ; μάντεις elai γαρ 0αΛάττκ>ι ; Β. Γαλΐοί ye, πάντων μάντίων σοφώτατοι.

{") Les deux formes sont attestées, la première étant plus fréquente. Cf. ci-

dessous, n. 50-52. Sur le suffixe : cf. G. RÉDARD, Les noms grecs en -ΤΗΣ, -ΤΙΣ,

Paris, 1949, pp. 80-81, 257 et n. 56.

(*') PHANODÉMOS, 325 F 20 J . et RHINTON, fr. 17 Kaibel (C.G.F., p. 188), tous

deux cités par HÉSYCHIOS, Γ 88 : Γαλίοί' μάντας. Οίτοι κατά τήν Σικελίαν ψκηοαν καί γίνος τι, ώς φησι Φανόδημος και 'Ρίν&ων Ταραντίνος. Vraisemblablement une famille de prêtres, héritière d'antiques fonctions, comme on en connaît en divers lieux et, notamment, dans l'organisation de l'oracle carien de Telmessos qui n'est pas sans lien avec celui des Galéâtai. Cf. le commentaire de JACOBY, III b, p. 513 ; G. DAUX, Y a-t-il un oracle à Telmessos de Carie?, dans Revue de Philologie, 15 (1941), pp. 11-17 ; ci-dessous n. 51.

(") S T É P H . BYZ., S.V. Ύβλαι τρ€~ις πόλίΐς Σικιλίας, ... ή μικρά ής oi πολΐται Ύβλαΐοι Γαλίώται Meyapcîs. Mais une confusion entre Γαλιώτης et Γΐλίάτις ne peut être exclue : [K.] ZIEGLER, art. Hybla (2), dans R.-E., IX, 1 (1914), col. 25-29

(") ÉLIEN, H.V., XII, 46 : Έφασαν οΰν oi Γαλίώται ... (M) PHILISTOS DE SYRACUSE, 556 F 57 J . (et commentaire de JACOBY, III b,

pp. 496-502), — cité par Cie, De Div., I, 20, 39: Huic (se. Dîonysii mater) inter­

prètes portentorum, qui Galeotae tum in Sicilia nominabantur, responderunt, ut ait

Philistus, eum quern ilia peperisset, clarissimum Graeciae diuturna cum fortuna fore.

(51

) STÉPHANE DE BYZANCE, S.V. Γαλίώται, est la principale source d'informa­tions. Il fait écho au parallélisme d'origine des oracles sicilien et carien. Cf. A. LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, pp. 610-614 (insiste sur l'héritage égéen que ces sanctuaires ont recueilli).

(") S T É P H . BYZ., l.l. : άττό Γαλίώτου υιού Απόλλωνος και θέμιστοΰς, τής 9υγα-τρός Ζαβίου, τον βασιλέως τών Ύπΐρβορέων ... Φασι δί τόν Γαλέώτην ..., Τΐλμπσ-σόν ... οίς (χρησ(ν ό &ίός έν Δωδώνη ... Γαλ(ώτης ονν έν Χικίλι'α ... ήλ&ίν ... Ci. [Ο.] KERN, art. Galeotes, dans R.-E., VII, 1 (1910), col. 597.

(**) Cf. [G.] KAIBEL, art. Archippos (1), dans R.-E., II, 1 {1895), col. 542-543. Il s'agit du fragm. 15 Kock {C.A.F., I, p. 681). Le fragment de PHILYLLIOS que cite également Stéphane de Byzance paraît irrémédiablement altéré.

66 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

Pour traduire le passage, il faut choisir entre les deux acceptions

que possède, — le fait n'est pas rare dans les appellations d'ani­

maux, — le terme ó yaAeóV (δ4

). Ce nom commun peut désigner

le squale (68

) et une espèce de lézard, répandue en Grèce, le stel­

lion (S6

). D'après le titre de la pièce d'où provient la citation et

l'indication du vers A μάντεις •.. θαλάττιοι, le premier sens paraît

s'imposer, d'autant que des squales sont mentionnés parmi les

espèces de poissons qui peuplaient les viviers du sanctuaire

d'Apollon à Soura et fournissaient aux devins le moyen de

remplir leur office (S7

). Sans méconnaître la possibilité d'un jeu

de mots devenu énigmatique, on peut comprendre

A. Que dis­tu ? qu'il y a des prophètes marins ?

B. Oui, les squales précisément sont les plus sages de tous les

prophètes.

Mais l'absence de contexte empêche de localiser l'allusion avec

certitude, et les considérations d'Aristotime sur l'inexistence

d'animaux marins dans les oracles grecs (B8

) détournent de

rechercher quelque rapprochement avec la Sicile.

En revanche, le second sens du mot γαλέος a été retenu par les

exégètes modernes pour interpréter le nom des prophètes

siciliens (59

). Il était tentant de réunir leur fonction mantique, le

rôle général des animaux dans les oracles, et le lien, mal défini

mais certain, d'Apollon avec le lézard, pour appuyer l'hypothèse

que le vocable Γαλεώτης ou Γαλέος dérivait du nom grec du stel­

lion et que les prédictions se rattachaient, de l'une ou l'autre

(") Étymologie inconnue : H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, pp. 284­

285.

(") D'A. W. THOMPSON, Glossary of Greek Fishes, pp. 39­42 (dix espèces

au moins ont été identifiées par les Grecs). Cf. O. KELLER, art. TaXeós (ι), dans

R.­E., VII, ι (1910), col. 594­597.

(5

*) Agama stellio. Cf. O. KELLER, Ant. Tierwelt, II, pp. 278­281. Le même

animal est mentionné par ARISTOPHANE (Nuées, 170; 173­174) sous les deux

noms άσκαλαβάπης et γαλεώτης. (") Cf. ci-dessus, pp. 45-46 (des squales et des espèces apparentées). LeyaAfór

est une des espèces exclues de la consommation lors de la fête des Halôa (cf. p. 51, n. 40).

( I 8) PLUT., De soll, anim., 22 (Mor., 975 B). Cf. ci-dessus, p. 45. (*") Le rapprochement n'est fait, de manière explicite, dans aucun des

témoignages anciens, quoique les auteurs laissent rarement échapper l'occasion d'établir un rapprochement d'ordre étymologique, y compris dans des cas moins favorables que celui-ci. Le seul indice se trouverait dans la juxtaposition des différents détails que produit Stéphane de Byzance.

APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 6 7

manière, à cette espèce de lézard (, 0

). L'homogénéité des argu­

ments est plus apparente que réelle. Car, dans l'état de la docu­

mentation, les raXeôrrai sont les interprètes de phénomènes

prodigieux, perçus en songe (") ou dans des circonstances vé­

cues (M

). Aucun indice ne porte à croire qu'ils se seraient adonnés

à l'observation systématique des animaux, comme les Ιχθυομήντΐΐς lyciens (e3) ou les κορακομΛντΐΐς (M), au point d'en retirer leur appellation spécifique. D'autre part, les indications évasives que

procure Pline sur Apollon tueur de lézards (σαΰροή sont mal appro­priées pour garantir le rôle des stellions (yaXeot) dans un oracle

local et justifier le titre de ses desservants.

En tout état de cause, si un lien, quel qu'il soit, a existé entre

les Γαλβώται et les stellions, il est aujourd'hui devenu indémon­

trable. Mais la diversité des espèces d'animaux chthoniens qui

ont peuplé l'univers d'Apollon et influé, dans un sens ou l'autre,

sur ses fonctions comme sur son culte, n'en est pas moins

notable et suggestive. Lézards, tortues, grenouilles, taupes (·*)

et souris (ββ

), dont il est devenu l'ennemi ("), — sans que

(, 0

) RAYET, o.l., pp 1­12 ; PICARD, o.l., pp. 530­548 , cf. KELLER, Ant. Tier­

well, II, pp. 278­281 ; articles de KERN (Galeoi [1] ; Galeotai) et de KJELLBERG

(Galeoi [2]), dans R.­E., VII, 1 (1910), col. 591­597.

(") Dans leur réponse à la mère de Denys : cf. ci­dessus, p. 65, n. 50.

(") Dans leur réponse à Denys : interprétation du comportement d'ani­

maux, le cheval du futur maître de Syracuse et un essaim d'abeilles (ÉLIEN,

H.V., XII, 46; ci­dessus, p. 65, n. 49).

(") Cf. ci­dessus, p. 45.

(") EUST., 1760, 42 (ad HOM., ξ 327). Cf. ci­dessous, p. 107, n. 106.

(·*) Cf. H . GRÉGOIRE ­ R. GOOSSENS ­ M . MATHIEU, Asklépios, Apollon Smm­

theus et Rudra, Bruxelles, 1949, pp. 136­137. Noter le rapport étymologique entre

la taupe ό άσηάΧαζ et le stellion 6 άσκαλαβάιτης (ou ό γαλεωτης). Cf. ci-dessus, p. 66, n. 56.

(**) Outre l'étude importante mentionnée ci-dessus, des exposés substantiels

ont été consacrés à Apollon Σμινθενς (HOM., A 39) ou Σμίνθ(()ιο! (ÉLIEN, N.A.,

XII, 5 ; QUINT. SMYRNE, VII, 402) par L . LACROIX, Les reproductions de sta­

tues sur les monnaies grecques, pp. 76­86 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech.

Religion. Is

, pp. 213, 534; L . SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la

Grèce, pp. 204­206; 216 (état de la question). — Il faut insister, avec LACROIX

(o.l., p. 85) sur le parallélisme d'Aphrodite Ourania, décrite par PAUSANIAS (cf.

ci­dessus p. 62, n. 28) et d'Apollon Smintheus représenté par Scopas le pied posé

sur un muridé (cf. STRAB., XIII, 1, 46, 604 C).

(") Sauf en ce qui concerne le vocable οαυροκτόνος dont les éléments de

composition sont limpides, même si la destination du terme est moins assurée (cf.

ci-dessus, pp. 63-64, n. 35-42), les ép ic lèses Σμίνθ(€)ιο; /-«ij ou ïlaprâmos (cf.

ci­dessus, pp. 13­14, n. 28­29) sont, comme Δελφίνιος titre que porte également Apollon (cf. ci-dessus, p. 56 et n. 82), ou comme Tavpttos et 'Inmos, des dérivés

68 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

cette forme ultime des relations en exclue d'autres plus paci­

fiques (e8

), — sont, de l'Est à l'Ouest méditerranéen, les témoins

secrets de l'élaboration de la personnalité complexe du dieu (68

).

Leur simple présence, aux implications malaisées à pénétrer,

manifeste que le maître de la religion spiritualisée n'a pas laissé

se perdre d'antiques prérogatives héritées au cours de sa longue

histoire. Il en a, au contraire, assumé l'exercice, sous les f

ormes

adaptées et renouvelées qu'imposaient les influences extérieuies

et l'évolution des croyances.

B. Serpents *

Au début de l'Histoire des animaux, Aristote présente divers

modes de classification des espèces. Dans celui où il fait appel à

la psychologie animale, le Stagirite caractérise les serpents comme

les modèles des êtres vils et redoutables (70

). Sa double obser­

vation rejoint un sentiment universellement exprimé (71

). Elle

se trouve appuyée par les nombreuses expériences malheureuses

dont la tradition grecque a gardé le souvenir (72

). Comparai­

simples. Il se trouve que, dans chacun de ces cas, la relation entre le dieu et

l'animal ne peut être réduite à une cause unique (prophylaxie, attribut, etc.).

Elle implique d'autres affinités souvent malaisées à définir, mais réelles, qui

renvoient à un stade primitif d'où la zoolâtrie n'est pas à exclure.

(*·) La cause d'un mal peut être aussi la source d'un bien. C'est en dévelop­

pant ce point de vue que GRÉGOIRE et ses collaborateurs ont été amenés à

rechercher sous les traits d'Apollon exterminateur des rongeurs un dieu rat

primitif, guérisseur et bienfaisant. Cf. remarques de SÉCHAN ­ LÉVÊQUE, o.l.,

p. 216.

(") NILSSON, o.l., pp. 529­564; SÉCHAN ­ LÉVÊQUE, o.l., pp. 215­216.

(*) Il m'est agréable d'exprimer ici ma gratitude aux zoologues et aux fol­

kloristes belges, français et grecs qui ont accepté, avec une inlassable complai­

sance, de me communiquer leurs observations personnelles et de me partager

leur science: MM. G. De Witte, V. Kiortsis, D. Loukatos, D. Oikonomidis,

G. Spyridakis, R. Verlaeckt, Mm e

Mauricette Vial, M. Y. Vial.

(">) ARISTT., H.A., I, 488 b 16 : τά 8' ανελεύθερα και επίβουλα, οίον οί όφεις. Cf. É L . , Ν.Α., IV, 14 : κακόν θηρίον ή γαλή, κακόν Sè καί ό όφις.

(") Cf. Ch. CURRAN - C. KAUFFELD, Les serpents, trad. franç., Paris, 1947 ; A. HYATT VERRILL, Mœurs étranges des reptiles, trad, franç., Paris, 1943 ; R. et D. MORRIS, Men and Snakes, Londres, 1965.

('*) Les principales références ont été réunies dans les articles et volume suivants: W. H . ROSCHER, art. Drakon, dans Ausführt. Lex., I (1884-1890), col. 1201 ; O. HOEFER, art. Ophis, dans Ausführt Lex., III (1897-1902), col. 925-926 ; Fr. CUMONT, art. Dracones sancti, dans R.-E., V , 2 (1905), col. 1634-1635 ; [R.] WAGNER, art. Drakon (6-7), dans R.-E., V, 2, col. 1646-1648 ; E. KUESTER,

APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 6 9

sons (73

) et proverbes ("), légendes et récits divers (") attestent,

en dehors des traités spécialisés consacrés aux Akxipharmaka,

l'existence en Grèce de serpents venimeux (7e

) et révèlent, avec

maints détails navrants (") et une inévitable dramatisation,

quels périls ils ont fait courir à ceux qui les côtoyaient. Tous

ces témoignages forment un contraste très net avec ceux qui

font connaître les interventions bienfaisantes des reptiles. Comme

les animaux les plus inoffensifs et les plus dociles, les serpents

protègent ceux auxquels ils se sont attachés (78

), les défen­

dent (7e

) et leur manifestent de spectaculaires sentiments d'affec­

tion et de fidélité (80

). Prises isolément, les relations de Pausanias

et d'Élien ne seraient que des anecdotes touchantes ou roma­

nesques, propres à illustrer les dispositions, d'autant plus remar­

quées qu'elles sont inattendues, qui surgissent jusque dans le

comportement des espèces les plus justement redoutées. Au fil

des épisodes, les interventions du serpent sont, en fait, à l'image

de sa nature, par excellence ambivalente. Aussi, bénéfiques ou

nuisibles, doivent­elles être placées dans un contexte plus

large où les diverses péripéties regagnent, si effacé soit­il, le sens

primitif que les Grecs y ont perçu. Être fuyant et ambigu dont

le comportement et la simple présence occasionnent d'abord

incertitude et inquiétude, le serpent compte parmi les animaux

Die Schlange tn der griechischen Kunst und Religion, Glessen, 1913 (R.G.V.V.,

13).

('·) À titre d'exemple : HOM., Γ 33­35 ; ESCH., Sept contre Thèbes, 291, 503 ;

Suppl., 510­511 ; etc. Cf. H . O. LENZ, Zoologie der alten Griechen und Römer,

1856 [réimpr. anastat, Wiesbaden, 1966], pp. 432­474.

('«) DIOGÉNIEN, 4, 72 Leutsch­Schneidewin (C. P. G.. I, p. 242) ; APOSTOLIOS,

13, 79­80 Leutsch (C. P. G., II, pp. 596­597)

(") En dehors de tous les cas qui sont demeurés anonymes, les plus connus

sont celui d'Eurydice (VIRG., Géorg., IV, 454­459), d'Aipytos (PAUS., VIII ,

4,4 ; 4,7 ; 16, 3), de H y as (schol. A HOM., Σ 486 [11. 24­25]), de l'épouse d'/Lsacos

([APD.], Bibl., III, 12, 5. 1 et 3 ; Ον., Mét.. X I , 775­777).

('*) Les identifications ne sont pas toujours aisées (cf. ci­dessous, pp. 75­76).

Cf. les relevés de O. KELLER (Ant. Tierwelt, I, pp. 284­305) et ceux de [ H ] GOS­

SEN ­ [Α.] STEIER, art. Schlange, dans R.­E., II A , 1 (1921), col. 494­557 (notam­

ment col. 521­557). Comparer avec J . C. ONDRIAS, Liste des amphibiens et

des reptiles de la Grèce, dans Biologia Gallo­hellenica, 1 (1968), pp. 111­135.

(") Par exemple: PAUS., II, 15, 2. Cf. ci­dessus, n. 76.

(") PAUS., V I , 20, 5 (intervention miraculeuse d'un serpent lors de la guerre

entre Arcadiens et Éléens) 1 cf. X , 33, 9; ÉLIEN, H.V., X I I I , 46 (serpent et

enfant).

(") Fût­ce à leurs risques et périls: PAUS., X , 33, 9­10.

(»») ÉLIEN, N.A., V I , 17, 63; VIII, n (cf. p. 87, n. 210).

70 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

qui répondent, avec une totale intensité, aux caractères du

sacré (81

). Son origine les lui confère. Il est, en effet, γηγενής ( M ) . Associé par là aux forces de la mort, il incarne aussi les puis­sances de la vie et de la génération (8S) et, dans le temps où il inspire terreur et effroi, il dispense les salutaires influx des vertus apotropaïques. À ce titre, il figure comme épisème sur les boucliers (84), apparaît au bord de l'égide (86) ou dans les repré­sentations de la Gorgone (8e). Détenteur de la fécondité, il est l'ancêtre de races entières (87) et le géniteur d'individus qui sont voués à un destin hors mesure (88). L'une et l'autre, ces fonctions essentielles l'apparentent au monde divin. Mais, s'il peut servir de gardien aux sanctuaires (89), traduire la volonté des

(M) Cf. R . OTTO, Le sacré, trad. A. Jundt, Paris, 1949, pp. 23-81 (mysterium tremendum et mysterium fascinans) ; R. CAIIXOIS, L'homme et le sacré*, Paris, 1950, pp. 35-7°·

(") HDT. , I, 78, 3 : όφιν etvat γή; ιταίδο. Cf. EUR., Ion, 20-26 ; etc. (·*) Cf. ci-dessous, pp. 79-82. E . KUESTER, od., pp. 62-157; ]• A - ALVAREZ,

La mujer y la serpiente, dans Caesaraugusta, 21-22 (1964), pp. 49-74. S. REI­NACH (Cultes, mythes et religion, IV [Paris, 1912], p. 34) souligne, comme il convient, la relation du serpent et de l'eau : elle aussi jaillit de la terre et trans­met la fécondité. Cf. W. DEONNA, Laus Asini, l'âne, le serpent, l'eau et l'immor­talité, dans Rev. belge de philol. et d'hist., 34 (1956), notamment pp. 21-24 ; intéressants parallèles dans les observations de É . THÉVENOT, Divinités et sanc­tuaires de la Gaule, Paris, 1968, pp. 163-164.

(") PAUS., X, 26, 3. (**) EUR., Ion, 1423 ; cf. A.B. COOK, Zeus, III (Cambridge, 1940), pp. 837-

865, notamment p. 839. (··) Cf. A. B. COOK, l.l. ; Giuliana RICCIONI, Origine e sviluppo del Gorgoneion

e del mito délia Gorgone-Medusa nell'arte greca, dans Riv. dell'Istituto nazionale d'archeologia e storia dell'arte, n. s., 18 (i960), pp. 127-206, notamment les figures 38, 50, 57. — Le serpent est associé dans les descriptions des poètes et dans les représentations figurées aux êtres qui doivent être présentés sous un aspect à la fois redoutable et repoussant, telles les Furies, les Harpyes, etc. Cf. E . KUES­TER, o.l., pp. 93, 95, 117.

(*') Les 'O^ioyereîs de Parion en donnent l'exemple le plus net : cf. STRAB., XIII, i , 14, 588 C. ; ÉLIEN, N.A., XII, 39; L. ROBERT, Inscription de Gallipoli et dédicace de Cyzique, dans Hellenica, IX (1950), p. 86 et n. 4 (important témoi­gnage numismatique). U en existe d'autres : cf. PAUS., VIII, 8, 4 ; 11, 8 ; ÉLIEN, N.A., XII, 34 (citant CLÉARQUE, fr. 103 Wehrli*).

(»«) C'est le cas d'Alexandre : Luc, Alexandre, ou le faux prophète, 7 ; cf. PAUS., IV, 14, 7 et ci-dessous, p. 71, n. 91.

(*·) À Delphes, avant l'arrivée d'Apollon : H. hom. Apollon, 300-304 ; au sanctuaire de Chrysè à Lemnos : SOPH., Philoct., 193-195, 265-267 ; à la fontaine d'Ares Isménios en Béotie : PAUS., IX, 10, 5. À chaque fois, la même ambiguïté apparaît quant à la nature du gardien qui est aussi l'incarnation d'un héros ou d'une divinité antérieure aux Olympiens. Sur la présence du serpent dans les cultes héroïques : cf. ci-dessous, pp. 85-86, n. 198.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N Jl

dieux (*°) et leur prêter sa forme ("), c'est dans la pratique et la

célébration des cultes auxquels il a été intégré que se révèlent le

mieux la vitalité et la spécificité des développements que le

serpent a engendrés dans la religion grecque. Avant de porter

sur les reptiles le regard du naturaliste, de l'herpétologue, ou du

passant soupçonneux, voire inquiet, l'homme grec a ressenti,

face au serpent, l'intuition d'un être sacré exceptionnel par

l'intermédiaire de qui il pouvait atteindre aux puissances pri­

mordiales qui régissent l'existence et la subsistance. Par les actes

rituels, il a œuvré, dès le début de son histoire (**), à se ménager

les effets positifs des interventions d'un animal aussi formidable.

La terminologie en vigueur appelle d'abord quelques obser­

vations car, dans l'acception générale, la langue grecque n'a pas

établi de distinction entre les catégories des serpents venimeux

et des serpents inoffensifs et, dans les textes consacrés aux faits

de religion, peu de moyens sont offerts, qui permettraient d'iden­

tifier les espèces mises en cause.

Deux substantifs 6 δράκων et ô όφις ont été usités le plus cou­

ramment (M

) pour désigner les reptiles, qu'il s'agisse des mul­

tiples espèces et sous­espèces, des spécimens légendaires ou des

(, 0

) HOM., B 308­309 ; M 200­209 ; à Athènes, dans les jours qui précédèrent

la bataille de Salamine : HDT., VIII, 41, et, lors de l'affrontement, par l'inter­

vention du héros Cychreus : PAUS., I, 36, 1 ; cf. Marie DELCOURT, Cychreus.

dans R.H.R., 148 (1955), pp. 129­140. — En Épire (ÉLIEN, N.A., XI, 2), dans

un sanctuaire local d'Apollon et à Lavinium, dans celui d'Héra argienne (ÉL.,

N.A., XI, 16), des serpents sacrés utilisés dans la mantique étaient élevés dans

un enclos sacré. Cf. ci­dessous, pp. 89­91.

(") Apollon, pour s'approcher de Dryopè : ANT. LIBER., 32 (d'après NICAN­

DRE) ; Zeus, pour s'unir à Perséphone et engendrer Zagreus : DIOD. SIC, III,

62; NONNOS, V, 565­568; cf. CLÉM. A L E X . , Protr., II, 16, 2. S. REINACH,

Cultes, mythes et religion, II (Paris, 1906), pp. 58­65 ; P. SAINTYVES, Les vierges

mères et les naissances miraculeuses, Paris, 1908, pp. 122­125.

(") Encore qu'il soit difficile à définir, le rôle du serpent dans la religion

prégrecque est indiscutable et n'est pas resté sans influence sur les croyances

des Grecs : cf. Ch. PICARD, Les religions préhelléniques, Paris, 1948, pp. 241­242 ;

M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I', pp. 308, 345­349. 433

(") Le substantif τό ίρπίτόν issu de la même racine que le latin serpens (H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 566) ne s'est imposé, au sens de reptile, que dans la langue poétique : PIND., Pyth., 1, 25 ; ARISTOPH., Ois., 1069 (chœur) ; EUR., Andr., 269 ; etc. Au sens premier, il peut désigner tout animal par opposition à l'être humain ; ensuite, il distingue les reptiles des autres ani­maux : ALCM., 49, 3 Garzya; SAPPHO, fr. 130, 2 Voigt (à propos d'Érôs) ; HDT., IV, 183, 5; XÉN., Mém., I, 4, i l ; etc.

72 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

monstres mythiques serpentiformes (M

). Du point de vue éty­

mologique que les grammairiens et les lexicographes anciens ont

soutenu (9S

), les deux mots sont de parfaits synonymes (9e

) :

ils se rapportent à la vision et au regard du serpent, ordinairement

doté par l'opinion populaire de pouvoirs fascinants (97

). Lorsqu'il

est question des rites et du culte, les mêmes termes sont

employés, quelquefois accompagnés d'épithètes lepos (98

) ou ol­

κουρός ("), dont on ne peut rien conclure, sinon que de telles espèces devaient assurer un minimum de sécurité à ceux qui en avaient la charge et la garde ( 1 0 °). D'autres détails relatifs à la taille (101) et à la coloration de la peau (102) sont encore mention­nés, mais aucune de ces précisions ne constitue, surtout dans le cas

(84) Les deux termes sont indifféremment employés au moins jusqu'à l'époque d'Aristote. Ce dernier réserve le mot ό όφις pour désigner le serpent dans la langue de la zoologie. Après lui, le terme ό δράκων sera davantage réservé aux

animaux mythiques ou aux interventions fabuleuses des reptiles.

(85

) Schol. R V ARISTOPH., Plout., 733 ; Etym. Gud., 378, 3-8 De Stefani; Etym.

magn., 644, 6-12.

(ββ

) La linguistique moderne a réfuté l'interprétation ancienne qui faisait

dériver le mot όφις du verbe ôpâv, elle a confirmé l'étymologie de δράκων à

partir du verbe δέρκεσθαι. Cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 414 ; II, p. 453 ; P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I, p. 264. Cf. E. KUES-TER, o.l., p. 57 et n. 3.

(*') Les observations et les expériences scientifiques ne les ont pas confirmés. Ces pouvoirs fascinants tiennent à l'éclat et à la fixité de l'œil du serpent. Cf. W . DEONNA, Le symbolisme de l'œil, Paris, 1965, pp. 157-158.

(") C'est notamment le cas du serpent d'Athéna, honoré sur l'Acropole : schol. R V ARISTOPH., Lys., 759. Cf. ci-dessous, pp. 77-79.

( 9 I) ARISTOPH., l.l. (1 0°) Cf. ci-dessous, p. 78. Elles ne peuvent être assimilées, non plus que

V lepos (όφις) que mentionne THÉOPHRASTE (Car., 16, 4; voir ci-après, p. 89), au

serpent Ιερός décrit par ARISTOTE (H.A., VIII, 607 a 30­34). Il s'agit, dans ce

dernier passage, d'une espèce exotique dont la morsure entraîne la décomposition

immédiate des chairs. Ce serpent pourrait correspondre à une variété de sépédons,

sortes de najas très venimeux. Cf. ÉLIEN, N.A., XV, 18. De là, en Thessalie, la

protection officielle accordée aux cigognes prédatrices : [ARISTT.], Mir. Ausc, 23 ;

151, ι Giannini. Voir ci­après, p. 95, n. 22.

(1 0 1

) PAUS., II, 28, Ι : Τούς δέ όφεις ... τούς μεγάλους ές πλέον πηχών καί τριάκοντα προήκοντας... Cf. ARISTOPH., Ploutos, 733"734 : δυο δράκοντ' έκ τοΰ νεώ | ύπερφυεΐς τό μέγεθος.

(10>) À propos des serpents d'Asclépios : PAUS., Π, 28, ι Δράκοντες δέ ... ές τό ξανθάτερον ρέποντες χρόας ΊεροΊ μέν τοΰ Ασκληπιού. ÉLIEN (Ν.Α., VIII, 12),

parlant des mêmes reptiles, leur attribue une teinte brun rouge (πυρρός) ; ci-dessous p. 75, n. 126. En revanche, NICANDRE (Ther., 438, 443-444) évoque l'ani­

mal comme étant χλοάοντα ... κύανόν τε δράκοντα, ... | ... πώγων | αιέν ύπ' άν&ερεώνι χολοίβαφος.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 73

des reptiles, un critère avéré (103

). La difficulté de proposer une

identification s'aggrave en outre du fait que, dans les descriptions

comme dans les représentations figurées, des particularités fabu­

leuses, — ou qui paraissent telles, — viennent se mêler aux élé­

ments conformes à la réalité. L'une des plus évidentes est

l'appendice souvent en forme de barbiche qui est placé sous la

gorge des serpents sur certaines stèles de Zeus Meilichios (, M

),

sur diverses peintures de l'égide (105

) et, souvent, sur les images

de la Gorgone (l o e

). Nicandre (107

), Philostrate (108

), Élien (1 0

»),

Nonnos (n o

) le décrivent effectivement comme une barbe ou

barbiche (m

) caractéristique d'une variété à laquelle ils ne

donnent pas d'appellation propre (m

) et qu'ils ne mettent en

rapport, si l'on excepte le passage de Nicandre tout marqué de

mythologie (113

), avec aucun des dieux et des rites qui ont un lien

avec les serpents. Les herpétologues contemporains sont formels :

une telle excroissance n'est connue, à l'heure actuelle, chez

aucune des espèces répertoriées à travers les divers conti­

(1 0 ,

j En raison des variables importantes qui apparaissent, d'un individu

à l'autre, lorsqu'il s'agit d'apprécier les dimensions et les nuances des reptiles.

(">·) Cf. A. B. COOK, Zeus, II (Cambridge, 1925), fig. 944 et 945. Cf. K . A. NEU­

GEBAUER, Die griech. Bronzen der klassischen Zeit und des Hellenismus, Berlin,

1951. pl. 17, n o s 26­27.

('") M . HIRMER ­ P. E. ARIAS, A History of Greek Painting, Londres, 1962,

pl. 147 : coupe de Douris, c. 480­470 avant J.­C. (égide et tête du dragon). Cf.

ci­dessus, p. 70, n. 85.

("">) J . BOARDMAN ­ J . DOERIG ­ W. FUCHS ­ M . HIRMER, L'art grec, trad.

franç., Paris, 1966, pl. 85 : fronton ouest du temple d'Artémis à Corcyre, vers

590 avant J.­C. Cf. ci­dessus, p. 70, n. 86.

("") NICANDRE, /./. : vipOt Sè πώγων \ a'iiv ύπ' àvBtpfûivi χολοίβαφο; ("") PHILOSTRATE, Vie d'Apollonios, III, 8 : ytvtia Sè αΰτοΐΐ βοστρυχώδη

χρυσά κάκίΐνα. ( 1 Μ) ÉLIEN, Ν.Α., Χ, 25 : κάτίίσι Sè ύπό τήν ύπήν-ην αύτοί; (sc. τοί; Κυνοπροσώ-

ποι;) γίνιιον, ώ; ι'ικάσαι τοι; των δρακόντων αύτό ', XI, 26 : ίχ€ΐ γοΰν ό μ(ν δράκων ό αρρην τόν λόφον και τήν ύπήνην.

("°) NONNOS, XII, 3*9-323 : ·•· δράκων φοίνιξιν ύπήνην. Cf. VI, 156-160: Ζ(ύ; ... δράκων ... af ίων 8αυλα yévtia.

(n l) Le terme ύπήνη, qui signifie en premier lieu la moustache par opposition à la barbe, est employé dans ces divers textes, par une extension dont il existe de nombreux exemples, en tant que synonyme de yivuov ou yivua, au sens de barbe, barbiche.

("*) Il vit soit en Inde (Philostrate), soit chez un peuple fabuleux de l'Égypte (Élien) ou apparaît dans une métamorphose (Nonnos).

("') Cf. ci-dessus, n. 107. Nicandre évoque à cet endroit le serpent du héro médecin Paiéôn qui a été finalement assimilé à Asclépios (cf. HÉRONDAS, 4, 1 ; 11 ; 26; etc.).

74 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

nents (1 U

), elle ne peut être confondue avec les replis membraneux

du dragon volant (115

) et paraît incompatible avec l'évolution

morphologique des ophidiens (n e

). Dans l'état des connais­

sances, s'il faut soutenir une hypothèse, celle que Jane Harrison

a proposée dans son étude des stèles de Zeus Meilichios (U7

)

demeure acceptable (U 8

) : par une démarche analogue, mais

inverse, à celle qui a conservé maints traits zoomorphes aux

figures divines anthropomorphes (U 9

), l'artiste aurait transposé

sur le serpent, emblème de fécondité, un élément qui symbolise

la maturité virile (120

).

Enfin, les indications complémentaires que contiennent cer­

tains textes sont, par leur manque d'homogénéité et leur nature

incontrôlable, autant d'obstacles qui ont, en général, fait renon­

cer à l'identification (m

) . Un dernier détail doit cependant être

(114

) Ainsi qu'ont bien voulu me le confirmer G. De Witte, de même que M. et

Y. Vial.

(m

) Draco volans, lacertilien de la famille des Agamidae, 20­22 cm de long,

qui vit dans les îles de la Sonde, à Singapour et Pinang.

("*) Cet appendice, qui n'est pas toujours représenté, est d'autant plus

remarqué que le reptile est figuré avec un grand réalisme.

("') J . E. HARRISON, Prolegomena to the Study of Greek Religion*, Cambridge,

1928, pp. 326­327. Toutefois, l'interprétation de l'origine ' zoologique ' de

cette barbiche, qui lui a été suggérée par H . Gadow, est insoutenable (p. 328).

(1U

) Son point de vue n'est pas exempt de lien avec celui que A. FURTWAEN­

GLER (art. Gorgones, dans Ausführt. Lex., I [ι884­1886], col. 1707), G. GLOTZ

(art. Gorgones, dans Diet. Ant., II [1896], col. 1629 B) et [K.] ZIEGLER (art.

Gorgo [1], dans R.­E., VII, 2 [1912], col. 1653) ont développé au sujet de la

Gorgone dont la barbe serait l'indice d'un ancien génie ou démon mâle.

("·) Cornes des dieux­fleuves, tête de jument de Déméter à Phigalie, ou

encore épithètes βοώπις et γλαυκώπις. Voir pp. 149, 154, 152 et n. 225, 97. (ito) Notamment reconnue, chez les êtres humains, lors de sacrifices comme

celui du Koépewv à Athènes. On ne négligera pas le fait que Zeus Meilichios

est aussi représenté sous des traits en tous points semblables à ceux d'Asclé­

pios : homme adulte, drapé, avec chevelure et barbe abondantes. Ch. PICARD,

qui n'a pas émis d'avis sur le sens de la barbe du serpent, souligne dans son

étude intitulée Sanctuaires, représentations et symboles de Zeus Meilichios, in

R.H.R., 126 (1943), p. 122 que «le serpent ne se montre pas accessoirement

sur les ex­voto où le Meilichios apparaît en Zeus­Asclépios ». — Sur les pein­

tures de l'égide comme sur les stèles de Zeus, la barbe du serpent peut encore

être un signe de son origine chthonienne. Les serpents sont fils de la Terre (ci­

dessus, p. 70, n. 82) et Gaia dote ses enfants, tel le géant Damasen (NONNOS,

XXV, 488) d'une barbe épaisse (δασύτριχα κύκλο. yeveiou) qui est moins destinée à le rendre effrayant qu'à rappeler la puissance virile que lui confère son origine.

(m) Aspect éclatant (NICANDRE, o.l., 441 άγλαυρο; ; PHILOSTRATE, o.l, III, 8 άπό 0€ τών λόφων πυρσών όντων πυρ αύτοίς arret λαμπαδίου πλέον) ; bruit métallique (PHILOSTRATE, U., uiróyaA/cóV re ήχώ φέρουσιν) ; etc. C'est de la tête

II. ι. Marcopoulo (Céphalonie). Clocher (XVI· siècle) de l'égüse consacrée

à la Vierge, détruit par le séisme de 1953. Les serpents sacrés y pullulaient.

Voir p. 76, n. 134. Cliché D. Loucalos.

2. Marcopoulo (Céphalonie). 15 août 1963: l'icône de la Vierge est parcourue

par un serpent sacré. Voir p. 76, n. 134. Cliché N. Loucalos.

III. χ. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. Voir

p. 77, n. 134. Cliché de presse.

2. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. Voir

p. 77, n. 134.

D'après R. KRISS - H . KRISS-HEINRICH, Percgrinatio neohellenika, Vienne, 1955,

fig. 85.

APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 75

considéré. Les auteurs anciens, qui ne manquent jamais de men­tionner combien les serpents d'Asclépios ( ,22) ou ceux de Saba-zios (123) sont doux et inoffensifs (124), leur donnent, à l'occasion, le nom de napeîai (125). Le terme dérive du substantif ή παρειά joue (12β) et renvoie à la propriété qu'auraient eue ces reptiles

de gonfler les joues (m

). Cette appellation imagée ne vise pas

autre chose, semble­t­il, que le phénomène d'étalement de la

coiffe, — la zone postérieure de la tête des reptiles, — sous

l'action, dans le sens vertical ou transversal, des muscles insérés

sur les côtes cervicales (128

). Le mode de dilatation que Guibé

décrit très soigneusement, a été observé chez de nombreuses

espèces: les najas et les cobras, parmi les élapidés, les vipéridés,

et divers colubridés. C'est au sein de ce dernier groupe qu'il faut

de ce serpent qu'était extraite, au prix de diverses ruses, la dracon(t)ite, pierre

fabuleuse aux propriétés appréciées, comme c'est le cas de tous les bézoards.

Cf. PLINE L'ANCIEN, H.N., X X X V I I , 158; SOLINUS, 30, 16­17 Mommsen; ISI­

DORE DE SÉVILLE, Orig., X V I , 14, 7; TZETZÈS, Chi!., VII, 660­668 (citant une

épigramme de Posidippe).

("») Cf. PAUS., II, 28, 1 ; ÉLIEN, N.A., VIII . 12.

(I ! S

) DÉMOSTH., 18 (Sur la couronne), 260; cf. HARPOCRATION, S.V. ΠαρεΊαι όφει;, qui cite CRAT., fr. 225 Kock (C.A.F., I, p. 81) et HYPÉRIDE, fr. 80 Kenyon. Sur les serpents de Sabazios qui ne diffèrent pas de ceux de Dionysos, dont les Ménades se font des ceintures et des couronnes : E. KUESTER, o.l., pp. 118-119, 147 ; H. JEANMAIRE, Dionysos, pp. 403-404.

('**) PAUS., /./., άνθρωποι; ήμεροι ; ÉLIEN, /./., Βακείν ού σφαλερά;, άλλά πράο; ; cf. PHOTIOS, Lex., s.v. Όφει; παρειά; οοκούοι Si ήπιοι είναι κα'ι μή άδικίΐν άνθρω­που;.

("») DÉM., τού; όφει; τού; παρειά; θλίβων ; ÉLIEN. ; HÉSYCH., Π 765 ;

PHOTIOS, Lex., s.v. Όφει; παρ(ία; Naber (II, p. 40) ; schol. Κ V ARISTOPH., Plaut., 690.

(»") Η. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, p. 474 ; cf. P. CHANTRAINE,

Formation des noms, p. 31. — ÉLIEN (Ν.Α., VIII, Ι 2 ) produit, d'après Apollo­

dore, deux formes πορεία; ή παρούα;. La seconde semble justifiée par la colo­

ration (πυρρό;) qu'il attribue au serpent. Le terme πάρωο; (-ά;) duquel παρούα; pourrait n'être qu'une variante, est usité à propos des chevaux dont il désigne

la robe bai. Cf. HÉSYCH., Π 1025: ίπποι τινί; τό χρώμα πυρροί. La couleur des serpents, difficile à définir, en raison des reflets des écailles, est souvent évoquée de

manière approximative et par référence ou allusion à d'autres animaux. — Quant

à l'épiclèse Πορεία qu'Athéna recevait, au témoignage de PAUSANIAS, III, 20, 8,

dans un sanctuaire laconien, elle demeure obscure. Cf. H KRUSE, art Pareta,

dans R.-E., X V I I I , 4 (1949), col. 1455.

("') Schol. R V ARISTOPH., I I. : παρά τό έπήρθαι τά; παρειά; ; PHOTIOS, S V Όφει; παρειά; τού; επηρμένα; έχοντα; τά; παρειά; ; (cf. aussi s.v. Παρεΐαι όφ€ι; Naber [II, p. 61]). Cf. HÉSYCH., Π 765 : όφιων ίίδτ; μεγάλα; iraptios εχόντων

C**) J . GUIBÉ, Les reptiles Données écologiques. I L Les moyens de protection et de défense, dans Traité de zoologie, X I V , 3 (Paris, 1970), p. 997.

7 6 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

chercher le serpent napeia et ceux qui ont joué un rôle dans la

religion grecque, car les couleuvres appartiennent soit au groupe

des aglyphes, soit à celui des opisthoglyphes : malgré leur venin, elles

sont pratiquement inoffensives pour l'homme (12β

). La tendance a

souvent été d'assimiler le ' serpent joufflu' de l'Antiquité à la cou­

leuvre dite d'Asclépios (Elaphe longissima ou Coluber Aescula­

pii) (130

). Toutefois, la plus extrême circonspection s'impose: la

couleuvre léopardine (Elaphe situla), la couleuvre à collier (Natrix

natrix) pourraient aussi correspondre aux descriptions antiques et,

si l'on veut rester attentif au « gonflement des joues », il faut alors

songer à la couleuvre coronelle (Coronella austriaca) f1 3 1

).

Certains usages de la Grèce moderne sont les témoignages les

plus décisifs que l'on puisse méditer pour comprendre aujourd'hui

quelle familiarité a existé, en tout temps, entre les Grecs et les

reptiles. Parmi d'autres exemples, il suffira d'invoquer, à côté

des légendes glanées par Politis (132

), les coutumes des habitants

de Milo pour qui le serpent est et demeure l'ami de la mai­

son (133

) et la célébration de la Dormition de la Vierge par

les villageois de Marcopoulo (Céphalonie), qui manipulent

à cette occasion les « serpents sacrés », gages de la prospérité

et du bonheur de leur communauté (134

). Pour les uns et les

("·) J . GUIBÉ, La systématique des reptiles actuels, dans o.l., pp. 1139­1142.

(130) Q u j (jojt s o n n o m a u f a j t q U e c e t te espèce s'est, croyait­on, multipliée

dans les zones voisines des anciens sanctuaires d'Asclépios, surtout en Italie

et en France, et qu'elle s'est répandue à partir de là. Cf. A. E. BREHM, Les

reptiles et les batraciens, Paris, 1885, pp. 355­359 ; R. ROLLINAT, La vie des

reptiles de la France centrale, Paris, 1934, pp. 224­240 (particulièrement utile

pour les observations sur la couleuvre en captivité) ; F. ANGEL, Faune de France.

45. Reptiles et amphibiens, Paris, 1946, pp. 134­137.

(131

) H. COUTIERE, Le monde vivant, II (Paris, 1928), p. 129. Comme les

précédentes, cette espèce a été repérée en Grèce de nos jours : cf. J . C. ONDRIAS,

/./., pp. 121­124. D'autres identifications sont encore proposées par E. COUGNY­

E. SAGLIO, art. Bestiae mansuetae, dans Diet. Ant., I (Paris, 1887), col. 695 A, —

toujours parmi les couleuvres : Coluber flagelliformis, Coluber constrictor. Coluber

viridiflavus.

(1 3 2

) N . PoLITIS, Μελέται περί τοΰ βίου καί τή; γλώσσης τοΰ ελληνικού λαού, I (Athènes, 1899), pp- 208-218, 251-254 ; II (Athènes, 1904), ΡΡ- 1067-1097·

(133

) G. SPYRIDAKIS, Λαογραφική "Αποστολή «'s Μήλον (31 Αύγ.-14 Σεπτ. 1959), dans Annuaire des Archives du Folklore de l'Académie d'Athènes, 11-12 (1958-1959). PP- 292-294.

(134) D. S. LouKATOS, Religion populaire à Céphalonie, trad. J . Malbert, Athènes, 1950, pp. 151-159. L'auteur, originaire de Céphalonie, a eu l'obli­geance de me communiquer des documents photographiques récents qui illus­trent cette manifestation toujours très suivie. Cf. planches II, 1-2; III, 1. Voir

APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 77

autres, l'identification est toute secondaire, seuls importent les bienfaits que le serpent garantit, en se manifestant ( m ) . Le présent rejoint ici le passé et invite à pénétrer davantage l'origine et la signification du rôle du reptile dans la tradition religieuse de la Grèce.

PRÉSENCE DU SERPENT DANS LES CULTES TUTÉLAIRES

Lorsque, pour répondre au vœu de Périclès (13e), Phidias entre­prit d'ériger la statue qui allait devenir l'image la plus fastueuse et la plus illustre de la protectrice d'Athènes, il représenta Athéna en guerrière victorieuse, parée ou entourée de ses attributs prin­cipaux. Seules les descriptions des auteurs anciens (13') et des copies souvent médiocres (138) conservent encore les traits essen­tiels du chef-d'œuvre, mais elles montrent bien, malgré leurs limites, qu'il constitue une véritable synthèse des convictions religieuses des Athéniens de l'âge d'or (139).

Abrité par le bouclier, un serpent se détache à la gauche de la statue ( 1 4 °). Sa taille et la place que l'artiste lui a accordée le mettent en particulière évidence et poussent à reconnaître en lui, dès l'abord, un être important de l'entourage d'Athéna. Les témoignages ne manquent pas pour élucider son rôle dans le

aussi H. KRISS - H . KRISS-HEINRICH, Peregrmatio neohellemka, Vienne, 1955, pp. 102-106 et clichés 84-85. Ce dernier est reproduit Planche III, 2.

(13S) Il s'agirait de la couleuvre léopardine {Elaphe situla) simplement désignée dans l'usage courant comme όφις ό οικιακός, σπιτάφιδο. Cf. J . C. LAWSON, Modem Greek Folklore and Ancient Greek Religion, Oxford, 1910, pp. 259-261 ; cf. ci-dessous, pp. 78-79.

(13E) PLUT., Vie de Périclès, 13-14.

(*") La principale et la plus complète est celle de PAUSANIAS, I, 24, 5-7.

Cf., pour les références parallèles et complémentaires : J . OVERBECK, Die ant.

Schriftquellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen, Leipzig,

1868, pp. 119-123; A. FURTWAENGLER, art. Athene, dans Ausführt. Lex., I

(1884-1890). col. 697-700 ; G. LIPPOLD, art. Pheidias (2), dans R.-E., XIX, 2

(1938), col. 1925-1930.

C3

") Cf. Ch. PICARD, Manuel d'archéologie grecque, II (Paris, 1939). PP 369-

393 et rig. 155-164; L. LACROIX, Les reproductions de statues sur les monnaies

grecques, Liège, 1949, pp. 266-281.

C3

*) C. J . HERINGTON, Athena Parthenos und Athena Polias. A Study m

the Religion of the Periclean Athens, Manchester, 1955.

C*0

) PAUS., I, 24, 7 : τό δί άγαλμα τής Αθηνάς ορθόν iariv ... καί οί ... πρός τοις ποσ'ιν άσπίς τε κείται κα'ι πλησίον τοΰ αόρατος δράκων εστίν.

78 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

culte de la déesse et l'origine de sa présence dans les croyances

athéniennes. L'animal que Phidias a figé dans la matière n'est

pas un emblème ou une figure de légende issue de quelque tra­

dition archaïque, i l correspond au serpent sacré (141) qui a vécu

sur le sol même de l'Acropole, dès une époque immémoriale.

Lorsqu'ils localisent son enclos (1 4 2), les auteurs anciens le situent

dans le sanctuaire d'Érechthée (1 4 3), là où se perpétuait l'héritage

mycénien qu'Athéna a assumé (144). La première intervention

connue du reptile dans la vie d'Athènes est liée à la bataille de

Salamine. Hérodote (145) et Plutarque (14e) racontent comment,

dans les jours dramatiques où Thémistocle s'efforçait d'amener

ses concitoyens à quitter leurs murs, la disparition du serpent

de l'Acropole, manifestée par le fait que les offrandes étaient

demeurées intactes, fut interprétée (147) comme un signe d'Athéna

elle­même en faveur de l'évacuation générale. De retour après

leur victoire, les Athéniens crurent que l'animal sacré avait,

lui aussi, réintégré le sanctuaire. Trente ans après les événements,

(u l

) La majorité des témoignages ne mentionne qu'un seul serpent, HÉSY­

CHIOS (O 270) indique qu'il y en aurait eu deux et PHOTIOS (Lex., s.v. Οίκουρον όφιν Naber [II, p. 6]) cite un texte de PHYLARQUE (81 F 72 J.), probablement corrompu, où le même chiffre apparaît. Cf. le commentaire de Jacoby, p. 142. —

Hésitation identique à propos du serpent d'Érichthonios : cf. ci­dessous, p. 81,

n. 170.

(1M

) La plupart des auteurs s'en tiennent à des indications très générales,

par ex. : HDT., VIII, 41, 3­4 iv τω Ιρω ; PLUT., Vie de Thémistocle, 10,1 eV τοΰ σηκοΰ.

( 1 4 S) HÉSYCHIOS, O 270 : «V τω Upûi τοΰ Έρεχθεω;. La source ne peut être précisée. Cf. L. D . CASKEY - J . M . PATON - H. N . FOWLER - G . P. STEVENS, The Erechtheum, Cambridge (U.S.A.), 1927, p. 491 ; J . POUILLOUX, À propos d'une étude sur l'Érechtheion, dans B.C.H., (1950), pp. 265-270 (il s'agit de la publication de N . M . KONTOLÉON).

(,44) Cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is, pp. 347-349, 433-437, 859 ; L. SÉCHAN - P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, Paris, 1966, p. 327.

( 1 4 I) HDT., VIII, 41, 3-4. (14T) PLUT., Vie de Thém., 10, 1-2. (l47) Il existe quelques divergences entre les deux témoignages. Plutarque,

en effet, ne s'en tient pas au seul texte d'Hérodote. Cf. A. BAUER, Plutarchs. Themistokles, Leipzig, 1884, pp. 35-36 (sources parallèles) ; K . ZIEGLER, art. Plutarchos (2), dans R.-E., XXI, 1 (1951), col. 911-914. L'opposition la plus notable concerne le rôle qu'aurait joué Thémistocle dans l'interprétation, voire dans l'organisation de l'incident. Sur les oracles et prodiges liés à l'action politique de Thémistocle : R. CRAHAY, La littérature oraculaire chez Hérodote, Paris, 1956, pp. 299-304 ; J . LABARBE, La loi navale de Thémistocle, Paris, 1957. P- " 7 -

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 79

ils persistaient (148) à lui apporter les gâteaux rituels à base de miel (U 9). Et quand, en 411, Lysistrata et ses comparses mises en scène par Aristophane ( 1 5°) jouaient à occuper l'Acropole, son hôte prodigieux n'était pas oublié (1H). Gardien du temple (162), serpent domestique (U3), il exerçait des pouvoirs prophylactiques et apotropaïques, comme c'était le cas dans divers sanctuaires aussi bien que dans les maisons privées ( ,55). Mais, si importants soient-ils, ces aspects ne sont pas suffisants pour caractériser la fonction du reptile auprès d'Athéna. La rencontre de l'animal chthonien et de la divinité olympienne est un des indices à partir duquel se découvrent les multiples connexions qui ont abouti, sous l'action du syncrétisme, à maintenir vivace dans la religion grecque l'héritage égéen.

Comme on l'a vu (156), peu de qualités rivalisaient aux yeux des Ioniens-Attiques avec celles que confère l'autochtonie. Les citoyens adultes affichaient cet état en arborant des bijoux en forme de cigale. Aux enfants les mères, pour le même motif, fai­saient porter, dès la naissance, des serpents d'or ("'). À cet usage

(14*) À l'étonnement d'Hérodote (cf. /./.} dont le séjour à Athènes se situe très probablement entre 447 et 443. Cf. F. JACOBY, art. Herodotos, dans R.-E., Suppl. II (1918), col. 237-242 ; W . W . How - J . WELLS, A Commentary on Hero­dotus', Oxford, 1928, pp. 6, 27-28.

(1W) Dons mensuels selon Hérodote (ΐπιμήνια μίλιτόεσσα), quotidiens selon Plutarque (τάί καθ' ήμερα; ... άναρχα;). Le miel, substance chthonienne (cf. ci-dessus, pp. 22-24) e s t

apporté aux serpents sacrés comme l'offrande la plus

appropriée et la plus efficace, qu'il s'agisse du serpent domestique d'Athéna,

ou des serpents de Trophonios (cf. ci­dessous, pp. 89­90), etc. Cf. P. STENGEL,

Opferbräuche der Griechen, Leipzig­Berlin, 1910, pp. 99­100.

(«β) jh. GELZER, art. Aristophanes (12), dans R.­E., Suppl. XII (1970),

col. 1473­1484.

(LM

) ARISTOPH., Lys., 758­759. Cf. L. BODSON, Gai, gai! sauvons­nous. Pro­

cédés et effets du comique dans Lysistrata, 740­752, dans L'Ant. class., 42 (1973),

pp. 17­22. À en croire Philostrate (Imag., II, 17, 6), le serpent vivait encore

sur l'Acropole, à basse époque : ό δράκων δέ ό τής Αθηνά; ό Ιτι κα» νΰν èv άκροπάλει οίκων. PLUT., Vie de Dém., 26, 6.

("*) Schol. R V ARISTOPH., /./. : τον Upov δράκοντα τή; Αθηνά;, τον φύλακα τον ναού. Cf. Etym. magn., 287,14-18.

("') ARISTOPH., : τό» όφα>... τον οίκουρόν, EUST., 1423, 8 (ad HOM., α 357)· (U4) Cf. ci-dessus, p. 70, n. 89. ("') Cf. E . COUGNY - E . SAGLIO, art. Beshae mansuetae, dans Diet. Ant., I

(1877), col. 694 Β - &95 B. Ci-dessous, pp. 85-86. ('") Cf. ci-dessus, pp. 17-18, n. 46-57. ("') EUR., Ion, 24-26 : όθ(ν Έρεχθείδαι; (Ktî | νόμο; τι; ϊστιν όφ(οιν iv χρυση-

λάτοι; ! τρεφειν τίκνα.

8o L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

vénérable (158) Créûse s'est conformée au moment d'abandonner

Ion nouveau­né ( 1 5 e). Nul autre témoignage direct (1 6 0) n'a été

conservé sur la coutume (161) qui a pu, comme celle de la tettigo­

phorie, perdre, avec le temps, de sa vigueur. On peut croire

cependant que le poète ne l'aurait pas évoquée avec autant

d'insistance (162) s'il n'avait été assuré qu'elle trouverait un

écho immédiat dans son auditoire (1 β 3). Les amulettes, — (vers

1418) δώρημ' Άθανάς, — sont destinées à commémorer Érichtho-

nios, roi mythique d'Athènes comme Érechthée (1 6 4), et devenu

avec lui un des héros protecteurs de la cité. L'histoire de ses

origines qu'Euripide ne fait, dans Ion du moins (1 β 5), qu'effleurer

a été exposée par les mythographes. Les remaniements qui l'ont

affectée n'en ont pas effacé les éléments fondamentaux.

Procréé par le désir qui avait poussé Héphaistos vers Athéna,

Érichthonios est né de la Terre ( 1 6 6), — son nom atteste sa

(158

) Ibid., 1427 : δράκοντες, άρχαΐόν τι. ("») Ibid., 22-32 ; cf. 1427-1432. (1β0) Les bracelets hellénistiques en forme de serpents, qui ont été découverts

dans différents tombeaux de Grande­Grèce, de Thessalie, etc., ne peuvent guère

être invoqués ici. Cf. G. BECATTI, Oreficerie antieke, Rome, 1955, pp. 93­95.

n°s 497­499; 180, n o s 442­443.

(m

) Les détails manquent sur les amulettes réservées aux enfants. On en

observe les traces sur les peintures de vases, mais sans que leur forme et leur

nature exactes puissent être déterminées. Cf. E. LABATUT, art. Amuletum,

dans Diet. Ant., I (1887), col. 252 A ­ 258 A.

(iea

) Les allusions aux origines des Athéniens et à la naissance d'Érichthonios

sont particulièrement nombreuses : cf., par exemple, 18­26, 267­270, 1427­1432.

Sur les intentions du poète : H . GRÉGOIRE, Euripide. Théâtre, III (Paris, 1923),

p. 160.

(,e3

) La tragédie a été représentée entre 421 et 413, peut­être en 419. Cf.

[Α.] DIETERICH, art. Euripides (4), dans R.­E., V I , 2 (1907), col. 1259 ; H . GRÉ­

GOIRE, o.l., pp. 167­168.

(le4

) Ces deux personnages n'ont pas, semble­t­il, toujours été nettement

distingués. La ressemblance entre leurs noms et entre leurs origines explique,

au moins pour une part, la confusion. Cf. HARPOCRATION, S.V. Αυτόχθονες. [K.] ESCHER, art. Erechtheus, dans R.-E., V I , 1 (1907), col. 408-411 ; cf. ci-dessous, p. 81, n. 167 et M. FOWLER, The Myth of ΕΡΙΧΘΟΝΙΟΣ, dans Class. Philology, 38 (1943), PP- 28"32-

( 1 Β 6) EUR., Ion, 267-274 ; la plupart des auteurs tardifs qui évoquent le

même épisode se réfèrent à Euripide, mais produisent des détails qui n'appa­

raissent pas dans l'Ion. Ceux­ci pourraient provenir d'une autre tragédie, per­

due, sur le même sujet. Cf. fr. 925 N.2

; voir p. 81, n. 171.

(»««) EUR., Ion, 20­21 : τοΰ τε γηγενούς | Έριχθονίου. Cf. [K.] ESCHER, art. Erichthonios, dans R.-E., V I , 1 (1907), col. 436-446 ; Marie DELCOURT, Héphais­tos ou la légende du magicien, Paris, 1957, pp. 146-152.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 81

nature 'très chthonienne' (1β7

). Mais la fille de Zeus, attentive

aux enfants dès leur naissance (1β8

), l'a recueilli dans l'intention

de le confier à Pandrose pour qu'elle l'élevât en secret. Les filles

de Cécrops (16B

) ne purent s'empêcher d'ouvrii la corbeille qui

abritait le bébé. Cette désobéissance, autant que le spectacle

qu'elles découvrirent, entraîna leur perte : Érichthonios, dans

son berceau rustique, était gardé par des serpents (1 7

°). Telle

est la version des faits élaborée pour répondre au besoin de

cohérence et au rationalisme, qui avaient fini par rendre

inacceptables certains détails primitifs. Euripide cependant ne

les ignorait pas, si l'on en croit les auteurs postérieurs, — et

notamment Hygin (m

) , — qui se réfèrent à des œuvres perdues

du poète. Avant d'être l'enfant aux serpents, Érichthonios a

été lui­même serpent né de la Terre (172

), doté, à un stade ulté­

rieur de l'élaboration du mythe, d'une forme mixte (m

) en tous

points semblable à celle de Cécrops, son prédécesseur dracontide

du côté des pieds (174

). Les peintres de vases, qui ont plus d'une

fois illustré la scène de la naissance et de la remise par la Terre

(>") Les auteurs anciens ont longuement spéculé sur l'étymologie de ce nom

rattachant le premier élément épi­ aux substantifs τό ipiov et ή épis, le premier

par allusion au flocon de laine avec lequel Athéna aurait essuyé la souillure

{Etym. magn., 371, 29­48 ; schol. PLAT., Tim., 23 E ; cf. Cl. MEILLIER, La chouette

et Athéna, dans R.E.A., 72 [1970], pp. 12­21), le second d'après le ressentiment

que la déesse aurait éprouvé (LACT., Divin. Inst., I, 17, 11­15 [C.S.E.L., XIX,

p. 66] ; S. AUG., De civit. Dei, XVIII, 12 [C.S.E.L., V, 2, pp. 282­283]). L'interpré­

tation des modernes qui conçoivent l'élément épi­ comme un intensif est vraisem­

blablement plus proche de la réalité. Cf. H . USENER, Götternamen, Bonn, 1896,

pp. 139­141 ; [K.] ESCHER, /./., col. 404­405; P. CHANTRAINE, Diet, étym., II,

P­ 372.

("') Sur Athéna déesse courotrophe : M . P. NILSSON, Geschichte der griech.

Religion, I3

, pp. 422­444; L . SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la

Grèce, pp. 331­332.

('··) Selon [APOLLODORE], Eibl, III, 14, 6,4­5, il faut distinguer le cas de Pan­

drose, investie par Athéna de la mission d'élever l'enfant, et celui de ses deux

sœurs qui sont coupables de jalousie et de désobéissance. HYGIN (Fables, 166)

attribue la responsabilité aux trois filles de Cécrops.

(I 7

°) [APD.], /./. : θίώνται τω βρέφει naptamipapivov δράκοντα ; en revanche, d'après EUR., Ion, 22-23 : Φρονρώ παραζενξασα φνλακΐ σώματος \ Βισσώ Βράκοντ*.

('") De même [ÉRATOSTII.], Catast., 13 Olivieri (Myth. Gr., III, pp. 16-17), mais il n'apporte aucune indication sur l'aspect d'Érichthonios. (= EUR., fr. 925 N.«).

("·) HYGIN, Astronom., II, 73 : nascitur Erichthonius anguis. Cf. PAUS., I, 24, 7 : ΐΐη δ' àv Έριχθόνιος ούτος ο δράκων.

("') HYGIN, Fables, 166 : natus est puer qui inferiorem partem draconis h ab uit, quem Erichthonium ideo nominaverunt.

("«) ARISTOPH , Guêpes, 438 : ώ Κίκροφ ήρως άναξ, τά προς ποΒών Δρακοντ'ιδη.

82 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

d'Érichthonios à Athéna (1 7 5), rapprochent tous les protagonistes

divins et légendaires: le nouveau­né a l'apparence d'un être

humain, Cécrops est à demi­zoomorphe, à l'image des monstres

qui peuplaient les frontons des temples archaïques ( 1 7 e).

Parmi les analogies significatives que l'on relève dans la tra­

dition athénienne relative aux fondateurs et aux premiers rois

de la cité, deux traits se détachent : l'un tient aux circonstances

de leur procréation, l'autre se définit dans la relation avec le

serpent qui en a résulté pour chacun d'eux. Qu'il s'agisse

d'Héphaistos, de Cécrops, d'Érechthée, d'Érichthonios ou d'Ion,

le géniteur a un rôle soit inexistant, soit limité, soit récusé. En

revanche, la figure de la mère est, à chaque fois, dominante:

Héra engendre seule Héphaistos (177) ; de la semence de ce der­

nier Gaia, qui a suscité Cécrops (1 7 8), enfante Érichthonios­

Érechthée ( 1 7 9), Athéna le recueille; quant à Créuse, elle met son

fils au monde dans l'abandon et le dénuement ( 1 8 0). Toutes,

— Athéna de manière à préserver son caractère de déesse vierge

et Créuse pour satisfaire aux exigences des généalogies mythiques

chères aux Athéniens, — sont les héritières de la grande mère

préhellénique qui fait naître tous les êtres vivants par parthéno­

genèse ou à la suite de son union avec un parèdre dont l'inter­

vention est demeurée secondaire. Héphaistos en est devenu le

représentant dans l'histoire d'Érichthonios, sans que cet épisode

portât le moindre préjudice à son entente avec Athéna (1 8 1),

tandis que les rois mythiques à travers qui les Athéniens pou­

vaient soutenir leur origine autochtone ont conservé nettement

marqué le lien avec l'animal chthonien dont ils ont, avec le temps,

("*) CL A. B. COOK, Zeus, III (Cambridge, 1940), pp. 187­188, 240­246 et

planches adjacentes.

("*) Cf. J . CHARBONNEAUX ­ R. MARTIN ­ Fr. VILLARD, Grèce archaïque,

Paris, 1968, fig. 126­127.

(l

") HÉs., Théog., 927­929, pour contrebalancer une autre naissance

exceptionnelle, celle d'Athéna (Théog., 924­926). La double rencontre entre

Athéna et Héphaistos doit être notée. Cf. Marie DELCOURT, Héphaistos ou la

légende du magicien, Paris, 1957, pp. 193­203.

("·) [APD.], Bibl., III, 14,1­2 ; cf. S. EITREM, art. Kekrops, dans R.­E.,

XI, ι (1921), col. 119­125.

("") Ci­dessus, p. 81, n. 169­173.

(»»») EUR., Ion, 26­27, 344, 897­901, 1458­1459.

('") PLAT., Protag., 321 D ; Critias, 109 C­D. La déesse reçoit l'épiclèse

Ήφαιστία et est célébrée avec Héphaistos lors des Chalkeia. Cf. L. DEUBNER, Attische Feste', pp. 35-36 ; M. DELCOURT, o.l., pp. 200-203.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 83

pris la place et les attributions. Car la fécondité, la richesse, la protection que les rois, devenus héros tutélaires, ont dispensées à leurs descendants sont les bienfaits de la Terre : le serpent les a, le premier, répandus ( l82). Tout indique qu'il n'en a pas aban­donné l'apanage. Le rôle qui est devenu le sien dans les mythes essentiels d'Athènes apparaît comme l'autre facette de la fonction et du symbolisme qu'il a continué d'exercer dans le culte. Sans quitter le palais d'Érechthée désormais voué aux nouveaux maîtres de l'Attique, Athéna et Poseidon, il a siégé à côté de la Dame de l'Acropole et partagé l'attachement que lui vouait tout le peuple d'Athènes, par l'intermédiaire des mêmes desservants. Issues de l'ancien monde, ses vertus spécifiques, loin de se perdre ou de s'user, ont été fortifiées au contact de la déesse. Nul d'ailleurs n'a pu dire qui, du serpent ou d'Athéna, avait exercé sur l'autre la plus grande emprise. Les Athéniens ont découvert dans le comportement de l'animal la volonté de leur divinité poliade, mais ils n'auraient pas récusé cette formule recueillie par Philostrate (18S), où le sarcasme, par un raccourci d'autant plus saisissant, traduit, à l'insu de son auteur, l'intuition reli­gieuse la plus authentique,

cette déesse (= Athéna) enfanta jadis aux Athéniens un serpent.

De tous les animaux qui ont été associés à des notions iden­tiques, le serpent est celui qui apparaît le plus couramment lié aux gestes et aux cérémonies destinés à promouvoir la crois­sance et la prospérité des êtres et des biens, sous le patronage des dieux ou des héros. Ainsi, à Athènes, il n'est pas absent de la célébration des Thesmophories. Le premier jour de cette grande fête agraire, les femmes athéniennes préparaient l'ense­mencement en mélangeant la graine aux restes pourrissants de gâteaux en forme de serpents et d'organes sexuels, qui avaient été retirés des failles consacrées à Déméter et Corè. Ces débris aux propriétés fécondantes étaient soustraits par les Puiseuses aux reptiles qui les gardaient dans les profondeurs de la

('") Cf. M . P. NILSSON, Geschickte der griech. Religio«. I3, pp. 198, 214, 288-290 et pl. 1-2, i.

("») P H I L O S T R . , V. Apoll., VII , 24 : ή θεάς αύτη Αθηναίοι! ποτέ hp άκοντα ίτ«·κί (réponse d'Apollonios à un interlocuteur anonyme, poursuivi parce qu'il

avait omis, lors d'un sacrifice, de célébrer Domitien en tant que Αθηνάς irais).

8 4 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

terre (184

). Dans le domaine laconien où les Dioscures sont, plus

qu'ailleurs, les génies tutélaires, le serpent, traditionnel gardien

du foyer, est devenu un de leurs emblèmes (186

). Le même animal

figure encore, en maints endroits, sur les statues cultuelles de

divinités dont il s'agit de manifester à la fois le caractère

funèbre et les pouvoirs fécondants (18e

). Mais c'est dans le culte

de Zeus que l'importance panhellénique du serpent est le mieux

représentée.

Le dieu détient, à travers tout le monde grec, le rôle général de

dispensateur des richesses et de protecteur des foyers. Il reçoit

des épiclèses variées Μειλίχιος ( 1 8 ' ) , Κτήσιος ( 1 8 β ) , Φίλιος (189), qui mettent en évidence respectivement sa bienveillance, sa géné-

(184

) Schol. R Luc, Dial, court., 2, 1 Rabe (p. 276). Cf. L. DEUBNER, AU.

Feste2

, pp. 40-44.

(186

) Cf. A. FURTWAENGLER, art. Dioskuren, dans Ausführt. Lex., I (1884-

1890), col. 1170-1173 ; F . CHAPOUTHIER, Les Dioscures au service d'une déesse,

Paris, 1935, pp. 317-320 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, IS

,

pp. 408-409.

(18·) p a r exemple : Artémis associée à Déméter, à Lycosoura (cf. PAUS.,

VIII , 37, 4 Tfj μέν λαμπάδα ίχα, τ-fj δέ δράκοντα; δυο), sous un aspect qui évoque

celui d'Hécate; Déméter Mélaina à Phigalie (cf. PAUS., VIII , 42, 4 ; voir ci­après,

pp. 153­155). Ces deux cas montrent combien il serait contraire au sentiment

religieux des Grecs eux­mêmes de chercher à distinguer et à opposer les aspects

funéraire, redoutable et chthonien, qui sont en fait complémentaires les uns des

autres.

(187

) Les témoignages épigraphiques et autres sont très nombreux et régu­

lièrement enrichis par les découvertes : la liste de base a été dressée par F . PFIS­

TER, art. Meilichioi Theoi (1), dans R.­E., X V , 1 (1931), col. 340­342. Les stèles

les plus représentatives ont été reproduites par A. B . COOK, Zeus, II (Cambridge,

1925), pp. 1104­1114, et M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3

,

pl. 27, 2 (commentaire pp. 412­414, 859 avec compléments bibliographiques).

Cf. LG., II', 4617­4621 ( IVE

siècle avant J.­C). Étymologie: cf. ci­dessus,

p. 24, η. 109­110; interprétation du type: ci­dessus, p. 74.

(les) jf. P. NILSSON, Schlangenstele des Zeus Ktesios, dans Ath. Mitt., 33

(1908), pp. 279­288 [= Opuscula Selecta, I (Lund, 1951), pp. 25­34] : Geschichte

der griech. Religion, IS

, pl. 27, 1 (commentée pp. 403­406, 858) ; A. B . COOK,

Zeus, II, pp. 1054­1068 ; Jeanne et L. ROBERT, Inscriptions grecques de Lydie.

III. Hiérocésarée, dans Hellenica, V I (1948), pp. 52­53. Le caractère domestique

et familial de Zeus Ktésios est attesté maintes fois (cf. ESCH., Suppl., 445 ;

Agam., 1038 ; ISÉE, 8 [Suce, de Ciron], 16 ; ANTIPHON, I [Accus, d'empoisonne­

ment], 16 ; etc.). Une panspermie constituait l'offrande la plus caractéristique

en l'honneur de celui qui, sous la forme du serpent, assurait la garde des pro­

visions (cf. ARISTOPH., Ploutos, 1197; ΑΤΗ., X I , 473 B ; HARPOCR., s.v. ΚτησΙον

Διό;; Souda, K 2523). Sur le serpent, symbole de fécondité dans les coutumes et les croyances de la Grèce moderne: cf. ci-dessus, pp. 76-77, n. 132-135.

(ΐββ) M. P. NILSSON, Die Götter des Symposions, dans Symbolae Philologicae O.A. Danielsson, Uppsala, 1932, pp. 219-224.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 85

rosité, sa sympathie. Dans tous les cas, le serpent (, e o

) a servi à

symboliser son action (1β1

). De substantielles études ont été

rédigées à ce sujet (192

) et les conclusions auxquelles elles ont

abouti ont été assez nuancées pour traduire, dans ses multiples

prolongements, une réalité très complexe. Nilsson, en attribuant

aux diverses appellations rituelles une même signification fon­

damentale, a insisté sur la fonction de gardien domestique, Haus­

gott, qui incombait à Zeus (1β3

). Dans l'examen approfondi qu'il

a réalisé à propos du seul Meilichios (1M

), Picard a souligné tout

le parti qu'il y a à tirer des indices archéologiques relatifs à la

localisation du sanctuaire d'une telle divinité et, par une série de

rapprochements convaincants, il a reconnu en Zeus Meilichios

un « dieu­démon ... génie des nécropoles hors les murs » en même

temps que « dieu ou génie agraire, dispensateur de richesse » (19S

).

La double définition n'a rien de contradictoire si l'on songe au

caractère ambivalent de toutes les divinités chthoniennes (1ββ

) ;

elle oblige à rejeter cette dernière assertion du même savant :

« il (Zeus Meilichios) reste à distinguer foncièrement des esprits

domestiques du foyer (197

) ». Car, à supposer que, sous le nom

de Meilichios, Zeus n'ait eu originellement aucun pouvoir sur le

foyer et la maison, — le fait devrait encore être prouvé, — ses

fonctions de Κτήσιος et de Φίλιος, dont le sens premier est indiscu­table, et la présence, dans les trois cas, du serpent symbolique

ont tendu à faire se rapprocher, sans se confondre, des attri­

butions qui ressortissent à un seul office fondamental. Hérité

par Zeus, comme il l'a été par Athéna, Déméter ou les Dioscures,

modèles de tous les héros tutélaires (198

), il émane du substrat

("°) Les exemples les plus nombreux concernent cependant Zeus Meilichios

dont le culte a connu une remarquable extension. Cf. ci­dessus, p. 84, n. 187.

(m

) Cf. ARTÉMIDORE, Onirocr., II, 13 : Δράκων βασιλέα σημαίνει ... καί πλούτοι· καί χρήματα ... και θεούς πάντας οϊς έστιν ιερός. Zeus est le premier cité en tête d'une liste qui regroupe Sabazios, Hélios, Déméter, Corè, Hécate, Asclépios, les Héros.

(,M) Outre les références mentionnées ci-dessus, d'utiles remarques chez : E. KUESTER, Die Schlange..., pp 105-107, 114, 145; A.B. COOK, Zeus, II, pp. 1091-1160 (Meilichios), 1160-1210 (Philios).

("3) En dernier lieu, Geschichte der griech. Religion, Is, pp. 403-412. ("*) Ch. PICARD, Sanctuaires, représentations et symboles de Zeus Meilichios,

dans R H.R., 126 (1943), pp. 97-127. ("') Ch. PICARD, /./., pp. 126-127. ("·) Cf. ci-dessus, pp. 69-70. (»") Ch. PICARD, /./. , p. 127. ('") Cf. Jane E. HARRISON, Prolegomena to the Study of Greek Religion*,

PP- 325-331 ; E. ROHDE, Psyche, trad. A. Reymond, Paris, 1928, pp. 198, 201,

86 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

égéen et s'est épanoui dans le monde grec d'autant plus aisément

qu'il continuait d'être véhiculé par le serpent.

PRÉSENCE DU SERPENT DANS LA THÉRAPEUTIQUE

Les divinités tutélaires les plus accomplies sont celles qui

restaurent et maintiennent la santé. Elles joignent à la clair­

voyance pour discerner les maux, — semblables en cela aux

dieux prophètes, — l'habileté à prescrire les remèdes et à guérir

elles­mêmes les patients à l'aide de procédés non rationnels

d'autant plus impressionnants et appréciés ( 1 β β). La rapide

diffusion du culte d'Asclépios, la richesse de ses sanctuaires et

les récits de ses miracles (2 0°) montrent combien son action répon­

dait à l'attente et aux besoins de l'humanité dont i l est le bien­

faiteur (201) et l'ami généreux ( 2 0 2). Les traits du dieu, qui ne

laissent pas de rappeler ceux de Zeus Meilichios (203) et ceux de

Trophonios ( 2 M), ont été reproduits sur d'innombrables monu­

ments cultuels et votifs (2 0 S). Debout ou assis, seul ou en com­

pagnie d'Hygie, sa fille et assistante, i l a pour attribut familier ( 2 0 e)

209. — Un des cas les plus spécifiques est celui du héros Sosipolis : PAUS., VI,

20, 2­6 ; 25, 4 ; cf. P. LÉVÊQUE, Continuités et innovations dans la religion grecque

de la première moitié du I" millénaire, dans La Parola del Passato, 148­149

(1973), p. 28. Ci­dessus, p. 69, n. 78.

(»»») Cf. R. JOLY, Hippocrate. Médecine grecque, Paris, 1964, Introduction,

pp. 9­23·

(, 0

°) Cf. K. KERÉNYI, Asklépios. Archetypal Image of the Physician's Existence,

trad. R. Manheim, New York, 1956, pp. 18­46 ; sur Épidaure : F. ROBERT,

Épidaure, Paris, 1935 ; G. Roux, L'architecture de l'Argolide aux IV' et

III' siècles avant J.­C, Paris, 1961, pp. 84­130.

(·") AELIUS ARISTIDE, 42 (À Asclépios), 5 Keil; cf. 39 {Au Puits de l'A sclé­

pieion), 5 K.

(*·*) PIND., Pyth., 3, 47­53 ; Ném., 3, 53­55. Cf. Hymne hom. Asclépios, 1­2, 4.

{***) Cf. L . SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, p. 235, fig. 15

(d'après U. HAUSMANN, Griechische Weihreliefs, Berlin, i960, n° 48 : Zeus Meili­

chios et Asclépios [relief aujourd'hui disparu]).

(,0

*) Cf. PAUS., IX, 39, 3 (même attitude, même attribut : le serpent). Cf.

ci­dessous, pp. 89, 90, n. 229 et 232.

(*·*) Provenant de tous les Asclepieia : cf. K. KERÉNYI, o.l., n°« 16, 17, 20,

21. 31. 32, 36. 39, 4°. 4L 52·

(io«) Quelquefois le chien, qui est lié aux circonstances de sa naissance (cf.

PAUS., II, 26, 5) et aux guérisons (R. HERZOG, Die Wunderheilungen von Epi­

dauros. Ein Beitrag zur Geschichte der Medizin und der Religion, dans Philologus,

Suppl. 22 [1931], n°» 20, 26; cf. MARINUS, Vie de Proclos, 30). L'animal avait été

représenté à côté du dieu dans l'oeuvre monumentale de Thrasymédès (PAUS., II,

27, 2).

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 87

un serpent de belle taille (20'). C'est le ' serpent joufflu ' dont les auteurs ont vanté la douceur et l'aménité (20e). Avant de devenir le symbole de la médecine, il est intervenu activement pour hâter le succès des cures (209), touchant ou léchant ( , 10) les membres malades qui recouvraient aussitôt la santé.

La présence de serpents sacrés dans les sanctuaires d'Asclépios ne fait pas de doute, même s'il s'est avéré impossible de les loca­liser exactement ( 2 n). Quant à ses causes, elles ont varié au cours de la tradition antique. Dans une perspective rationaliste, les serpents, dotés d'une vision aiguë (212), d'une attention puis­sante (2,a) et capables de régénération ( m ) , ont été considérés

(··*) ARISTOPH., Ploutos, 733-734; PAUS., II, 28, 1. Cf. KERÉNYI, o.l., n" 21 ; HAUSMANN, o.l., n°" 40, 41, 43, 48.

(*·*) Cf. ci-dessus, p. 75, n. 122-124. À Titanè (Argolide) cependant, ils inspi­raient plutôt la crainte: PAUS., II, 11, 8.

( · 0 · ) ARISTOPH., o.l., 735-738 ; cf. HERZOG, o.l., n°» 17, 33, 39, 42, 44, 58 et pp. 86-88. Les termes όφις et δράκων apparaissent indifféremment dans les

récits des miracles. Herzog (p. 87, n. 44) l'identifie à la couleuvre d'Asclépios

(Coluber longissimus ou Aesculapii). Cf. ci­dessus, pp. 74­76. Les textes ont

été republiés par Emma J. et L. EDELSTEIN, Asclepius. A Collection and Inter­

pretation 0/ the Testimonies, II (Baltimore, 1945), pp. 229­231 (références aux

textes contenus dans le volume I).

f1 0

) Il procède de la sorte en faveur de Ploutos (cf. ARISTOPH., Plout., 736).

Cf. HERZOG, o.l., no s 17, 33, etc. Ces divers cas doivent être distingués de celui qui

est rapporté sous le n° 44 : une fillette muette recouvre l'usage de la parole

à la suite du choc que lui a causé la vue du serpent sacré. — L'ambivalence

du serpent se manifeste ici par la salive et la langue du reptile, causes de gué­

rison, alors qu'elles sont, ailleurs, instruments de mort. De même, les serpents

purifient, en le léchant, le visage des Bacchantes: cf. EUR , Bacch., 698, 767­768;

ÉLIEN (N.A., VIII, 11) évoque le cas d'un serpent affectueux qui purifie, d'une

manière analogue, le visage de celui dont il est le compagnon familier.

(*") Des hypothèses nombreuses ont été proposées au sujet de la destination

exacte de la tholos d'Épidaure. Cf., en dernier lieu, G. Roux, Architecture de

l'Argolide, pp. 187­200 ; F . ROBERT, Nouvelles remarques sur le labyrinthe d'Épi­

daure et l'origine de la tragédie, dans R.E.G., 85 (1972), pp. X­XII. Qu'il s'agisse

d'Épidaure ou des autres Asclepieia, les auteurs anciens localisent les serpents

dans le sanctuaire (Upôv), l'enclos (σηκός) ou le temple (ναός). ("') Ci. HOR., Sat., I, 3, 26-27; c f ci-dessus, étymologies anciennes, p. 72,

n 95-97

(***) CORNUTUS, Περί θεών, 33 Lang (p. 70, 11. 11-12) : προσοχής ό δράκων σ-ημεΐον τ)ς πολλής Bet προς τάς θεραπείας ; FESTUS, De verb, sign., 67 Lindsay (p. 59): vigilantissimi generis putantur (dracones). quae res medicinae maxime necessaria est

(*U) APD , 244 F 138a J . (p. 1083, 11. 22-24) : καθάπερ εκείνος άποδνεται τό γήρας ούτως ή ιατρική τών νόσων ελεύθεροι et commentaire de Jacoby, pp. 773-774 ; cf. COSMAS DE JÉRUSALEM, Ad carmen LI Gregorii Nazianzeni, in P.C., 38, col. 460, 11. 13-18 Migne.

88 L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

comme les modèles des médecins. De telles explications sont

étrangères à la réalité primitive dans laquelle, pendant

longtemps (2 1 5), i l n'y a eu place que pour les sentiments reli­

gieux et la foi éprouvée ( 2 1 β). Frappée par l'étroite corrélation

qui se manifestait entre les résultats du ministère du serpent et

ceux d'Asclépios lui­même, l'opinion ne les a pas dissociés l'un

de l'autre, allant jusqu'à reconnaître le dieu dans le reptile

lorsque ce dernier apparaissait seul (2 1 7).

La nature originelle d'Asclépios n'a guère perdu aujourd'hui

du mystère qui l'a marquée durant toute l'Antiquité ( 2 1 8). Toute­

fois, les divergences qui séparent les hypothèses modernes (219)

n'empêchent pas qu'elles soulignent le caractère chthonien du

dieu­héros guérisseur ( 2 2°). La procédure rituelle de l'incubation

en est un des signes (2 2 1), mais le rôle et le symbolisme du serpent

en représentent un autre aspect. L'animal sacré est issu de la

terre qui, à Épidaure, suffit à le nourrir (222). Délégué aux con­

sultants qui l'accueillent comme le dieu lui­même, ou attribut

divin, i l répand et diffuse pareillement les forces régénératrices

nécessaires à la santé et à la guérison.

Une fois encore dans la religion grecque, le serpent intervient

au service de l'humanité, comme un irremplaçable intermédiaire

vers le salut et le bien­être.

(2l5

) Cf. PLVT., Quaest. Rom., 94 (Mor., 286 D) ; les différents discours d'AELius

ARISTIDE, 38, 39, 41, 47­51 Keil. Cf. A. BOULANGER, Aelius Aristide et la sophis­

tique dans la province d'Asie au U* siècle de notre ère, Paris, 1923, pp. 164­179,

199­209.

(2,e

) Cf. Ed. DES PLACES, La religion grecque, Paris, 1969, pp. 108­109, 235­239.

(2 1 7

) HÉRONDAS, 4, 90­91 : es re τήν τρώγλην j τόν neXavov ev9es τον δράκοντος. PAUS., II, 10, 3 ; III, 23, 7 ; PLUT., /./. ; [HIPP.], Lettres, 15 Littré (IX, p. 340).

(218

) Cf. H . GRÉGOIRE ­ R. GOOSSENS ­ M . MATHIEU, Asklépios, Apollon

Smintheus et Rudra, Bruxelles, 1949, pp. 48­51.

(21

°) L'état de la question est clairement présenté par L. SÉCHAN ­ P. L É ­

VÊQUE, Les grandes divinités de la Grèce, pp. 236­237. Les auteurs souscrivent sans

réserve à l'hypothèse intéressante, mais audacieuse, de H . GRÉGOIRE ­ R. GOOS­

SENS ­ M. MATHIEU, o.l., pp. 52­77, relative à la taupe qu'aurait été Asclépios

avant de devenir le héros anthropomorphe. Le point de vue parait d'autant

plus malaisé à soutenir que les trois exégètes récusent, en dépit de toute la

tradition antique, la relation étroite d'Asclépios avec le serpent (p. 51).

(2a

°) Cf. L. SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, /./.

(m

) Cf. A.­J. FESTUGIÈRE, Hippocrate. L'ancienne médecine, Paris, 1948,

Introduction, p. VII ; Marie DELCOURT, Les grands sanctuaires de la Grèce,

Paris, 1948, pp. 99­100.

(222

) PAUS., II, 28, I : τρέφει Sè μόνη σφάς ή των ΈπιΒαυρίων γή. Cf. ÉLIEN,

Ν.Α., II, 21 : Γή μέν ΑΊΘιοττ'κ ••• Βρακόντων μήτηρ έστί. Cf. ρ. 70, η. 82.

APPARENTÉS AU DOMAINE CHTHONIEN 89

PRÉSENCE DU SERPENT DANS LA MASTIQUE

Tout incident fortuit, toute rencontre inattendue est, pour le

superstitieux, l'occasion de donner libre cours à son penchant.

La vue d'un ' serpent joufflu ' lui fait invoquer Sabazios, la ren­

contre d'un serpent sacré (223

) le pousse à accomplir d'autres

rites (224

). Sans se laisser aller à cette extrémité maladive, les

Grecs n'ont pas manqué d'interpréter le comportement des

reptiles pour en tirer des avertissements et des présages d'autant

plus estimés qu'ils émanaient d'animaux énigmatiques. La pré­

diction de Calchas sur la durée et l'issue de l'expédition contre

Troie (225

) et l'interprétation de la disparition du serpent

domestique à la veille de la bataille de Salamine (22e

) sont deux

exemples demeurés fameux, mais non pas uniques de l'impor­

tance des serpents dans la divination (22?

). Leur présence dans

de nombreux sites oraculaires en est un autre indice.

À Lébadée, les consultants de Trophonios devaient affronter

δαίμονες καί όφεις και άλλα τινά ερπετά, qu'ils satisfaisaient par l'offrande de certain gâteau au miel (

228

) avant d'obtenir, au

terme de diverses épreuves, la réponse souhaitée (22e

). Dès l'Anti­

quité, plus d'un détail relatif à ce héros­prophète aux pouvoirs

("3

) Cf. ci­dessus, p. 72, n. 100.

('") T H É O P H R . , Car., 16,4 : καί COM ΐδ 17 όφιν εν rij οικία, (àv μεν παρείαν, Σαβάζιον κ α λ ί ΐ ν , (αν δί Itpóv, ενταύθα ήρψον ευθύς ΊΒρύσααθαι. Le mot ήρώον est une correc­tion de Duebner, généralement acceptée. Cf. O. NAVARRE, Caractères de Théo­

phraste. Commentaire exégétique et critique, Paris, 1924, p. 96; H . BOLKESTEIN,

Theophrastos' Charakter der Deisidaimonia, Glessen, 1929 (fi.6". F. I'., 21), pp. 19­21.

(»5

) HOM., Β 308­309.

("·) HDT.. VIII, 41, 3­4· Cf. ci­dessus, pp. 78­79.

("') A. BOUCHÉ­LECLERCQ, Histoire de la divination dans Γ Antiquité, I (Pans,

1879), p. 127. Ce sont les serpents qui ont révélé son talent de devin à Mélam­

pous (cf. [APD.], Bibl., I, 9, i l , 2­3) : ils le purifièrent en le léchant. Cf. ci­dessus,

p. 87, n. 210. En revanche, c'est la cécité qui fut infligée â Tirésias, témoin

involontaire de l'accouplement dedeux reptiles : [APD.], Bibl., III, 6, 7, 4­6, d'après

HÉSIODE, fr. 275 Merkelbach­West ; etc. Cf. A. H . KRAPPE, Teirestas and the

Snakes, dans A.J.A., 49 (1928), pp. 267­275. Je reviendrai ailleurs sur toutes ces

questions relatives aux serpents, complexes s'il en fût, mais riches de symboles et

de significations.

('**) Souda, T 1065 : μ ί λ ι τ ο ι ί τ τ α ΐ Χαβόντες, ό εστι μάζας μέΧιτι ΒεΒευμένας. Cf. schol. G ARISTOPH., Nuées, 508, 1. 21 (col. A) : πλακούντα τίνα , schol. K ibid., 11. 26-27 (col. Β) : τοιαύτας μάζας, 11. 32"33 : όπου όφις ήν ô μαντεύομενος, ψ οί κατοι-K O Û V T C Ç π λ α κ ο ΰ ν τ α ί εβαΧΧον μεΧιτι ΒεΒενμενονς.

(**·) Scholies ad ARISTOPH., /./.

go L E S R E P T I L E S E T L E S A N I M A U X

mystérieux et terrifiants (2S0) était devenu peu clair (2 3 1). Indé­pendamment des circonstances de la consultation, les abeilles et les serpents faisaient partie de sa légende : les Béotiens, guidés par des abeilles, avaient découvert le lieu de son inhumation gardé par deux serpents auxquels furent offerts les premiers gâteaux de miel (2 3 2).

En Épire, dans un sanctuaire d'Apollon, non localisé, un άλσος était réservé aux serpents sacrés. Leur attitude à l'égard de la

prêtresse qui les nourrissait de μειλίγματα, était un présage pour

l'année à venir, prospère et féconde s'ils étaient empressés et

amicaux, tout le contraire s'ils étaient hargneux et agressifs (233).

Ils descendaient, croyait­on, du serpent de Delphes (2 3 4). Or, sous

le règne d'Apollon, — en dehors des reptiles qui figuraient, pour

des motifs variables sur les offrandes (23S), — le serpent ne joue

plus de rôle dans le sanctuaire phocidien ( 2 3 e). Quant à celui que

lui attribue, pour la période antérieure à la conquête, l'auteur

de la Suite Pythique (237), i l n'est destiné qu'à justifier l'inter­

vention du dieu. Mais le Dragon femelle, ravageur des troupeaux,

n'est autre que l'émanation même de Gè, première prophétesse,

inépuisable et multiforme (2 3 8), dont les pouvoirs ont été désor­

mais assumés par le nouveau venu, non sans quelques con­

cessions notables de sa part. Car l'épiclèse Πύθιος, titre de victoire

(J 3°) Outre les renseignements fournis par les scholiastes, Souda, T 1065 : ούτως έκάβιζον έπι τό στόμιον και α'ιφνΙΒιον ήρττάζοντο καί κατέΒυον ΐπ'ι τής γής.

(!31) Fils de Zeus, ou d'Apollon, ou d'Agamédès d'Arcadie, et d'Épicastè, ou

de Jocastè (scholiastes). Cf. G. RADKE, art. Trophonios (1), dans R.-E., VII A,

ι (1939). col. 678-695.

(s3a

) Schol. R V ad 1.1. (col. B, U. 1-5): σμήνΐΐ μΐλισσών πΐριέτυχον ... ός εύρων Βύο Βράκοντας, προσήνΐγκΐ μίλιτοιίτταί καί ούκ ήΒικήβη.

(S 3 3) ÉLIEN, Ν.Α., XI, 2. La correction de Lobeck, adoptée par Hercher,

de γυμνή que donne la tradition en γυνή ne s'impose pas. — L'article de S. DAVIS, The Snake Cult in Greece and the Oracle of Apollo, dans Scientia, 88 (1953), pp. 82-86, est trop général pour éclairer réellement la question.

(, 3 4

) ÉLIEN, l.l. : Λέγονται Βέ άρα ύπό τών 'Ηπειρωτών ίκγονοι τοΰ έν ΔεΧφοΐς Πυβώνος είναι.

("*) Celle de Cypsélos (cf. ci-dessus, p. 61) ou celle des Platéens (cf. HDT., IX, 81, i).

(*»·) Marie DELCOURT (L'oracle de Delphes, p. 139) souligne combien les rites épirotes, qui se réclamaient de Delphes, sont étrangers aux prescriptions delphiques, du moins telles qu'elles sont aujourd'hui connaissables.

(**') Hymne hom. Apollon, 300-304. ( M ) ESCH., Eum., 2; From., 209-210. Cf. Jane E . HARRISON, Themis, Cam­

bridge, 1927, pp. 429, 459 ; voir aussi G. Roux, Delphes, son oracle et ses dieux, Paris, 1976, pp. 19-34.

A P P A R E N T É S A U D O M A I N E C H T H O N I E N 9I

d'après l'Hymne (239

), le nom de la prêtresse (240

) et le contact

secret que celle­ci a conservé avec la terre, au moment de

s'acquitter de sa mission (241

), sont autant de traces ineffaçables

de l'état primitif.

Comme Athéna à Athènes, Apollon à Delphes est le premier

serviteur de la puissance primordiale à jamais omniprésente.

Des cultes tutélaires à la thérapeutique et à la mantique, le

serpent illustre la cohésion profonde de la religion grecque, dans

l'espace comme dans le temps. Car les bienfaits particuliers que

l'animal chthonien suscite, transmet ou symbolise, selon les

circonstances, constituent autant d'applications de la force

vitale dont la Terre est à la fois la génératrice et le réceptacle.

Dans les actes rituels qui visent à promouvoir et à intensifier

son action par rintermédiaire du serpent, une même substance

apparaît constamment à la base des offrandes décernées à

Ι'δφις οίκονρος d'Athéna, au serpent guérisseur d'Asclépios et

aux reptiles de Trophonios. Il s'agit du miel, principe de fécon­

dité, de guérison, de divination (242

). Entre l'abeille qui le produit

et le serpent qui le reçoit, la corrélation est étroite. Fondée sur

la triple communauté d'origine, de nature et de fonction, elle

contribue à renforcer les effets bénéfiques des gestes cultuels.

C'est elle que traduit encore Pindare dans les vers de la sixième

Olympique lorsqu'il évoque la naissance d'Iamos, fils d'Apollon

comme Ion et, comme lui, abandonné par sa mère (24S

) :

Deux serpents aux yeux glauques, par

les arrêts divins, le nourrirent

de l'innocent venin des abeilles.

(**·) Hymne hom. Apoll., 372­373.

("·) Cf. W . FAUTH, art. Pythia. dans R.­E., XXIV (1063). col. 516­518.

j"41

) Cf. J . DEFRADAS, Les thèmes de la propagande delphique, Paris. 1954,

pp. 88­90; Marie DELCOURT, Le sanctuaire de Delphes, pp. 28­30, 71­75.

(*«*) Cf. ci­dessus, p. 79, η. 149; p. 88, n. 217; p. 89, n. 228; p. 90, n. 232.

("3

) Comme Ion, lui aussi fils d'Apollon et d'une mortelle, abandonné à

la garde des amulettes en forme de serpents. Cf. ci­dessus, p. 80, n. 158, 159.

92 LES REPTILES ET LES ANIMAUX

Dans ce tableau évocateur (244

) où l'abeille et le serpent sont,

par ordre divin, réunis au service d'un prophète, l'inspiration

du poète (246

) coïncide avec le sentiment religieux tel qu'il se

manifeste dans les orientations fondamentales du culte et des

croyances qui s'y rapportent.

(I 4 4

) PIND., Ol., 6, 45­47 : δυο Sè γλαυκώπες aύτ6ν\ δαιμόνων βονλαίσιν έθρέφαντο Βράκοντες άμεμφεί \ ΐ ω μελισσάν κο&όμενοί.

(24δ) Dans les commentaires modernes qui ont été faits de ce texte, on ne

trouve guère que la mise en évidence des spéculations étymologiques entre le

nom de l'enfant "Ιαμος et ceux du venin Us (vers 47) et de la violette lov (vers 55). Cf. B. L. GILDERSLEEVK, The Olympian and Pythian Odes, Londres, 1885, p. 177 ; A. PUECH, Pindare. Olympiques, IV (Paris, 1958), pp. 82-83. La con­sonance religieuse de tout le passage a été soigneusement mise en évidence par A. MOTTE, o.l., pp. 168, 193, 195. — On n'omettra pas l'assimilation que fait Érôs piqué (Anacréont., 35, 10-12 Preisendanz) de l'abeille à un petit serpent ailé (όφις ... μικρός | πτερωτός). L'intention religieuse de ce poème est improbable et, en tout cas, indiscernable. La rencontre de l'abeille et du serpent n'en est pas moins digne d'être relevée.

IV. Amphore béotienne. Athènes, Musée national. Inv. 5893. Voir p. 95, n. 23. Cliché Musée national.

Les oiseaux

À la différence des autres catégories d'animaux dont seuls des

représentants isolés interviennent dans la religion, les oiseaux

sont associés, dans la totalité des genres et des espèces {'),

à la perception du sacré et du divin. C'est que tous les frères

ailés, — et la formule d'Aristophane (2

) témoigne de l'affection

que les Grecs leur ont vouée (3

) sans réserve (4

), — peuplent les

champs, les glèbes et les jardins, les montagnes, les vallons maréca­

geux et l'aimable prairie de Marathon (6

), autant d'espaces fer­

(') Les identifications proposées sont, dans la plupart des cas, fondées sur

les travaux de Fritz KOHERT, Les noms des oiseaux en grec ancien, Neuchätel,

1911 ; D'A. W . THOMPSON, A Glossary of Greek Birds1

, Oxford, 1936; A. LAM­

BERT, A Specific Check List of the Birds of Greece, dans Ibis, 99 (1957), PP­ 43­68;

A. KANELLIS (éd.), Catalogus Eaunae Graecae. II. Aves, Thessalonique, 1969;

A. KANELLIS ­ W . BAUER, Γα ονόματα τ ώ ν π ο υ λ ι ώ ν rijs Έλλά&ος, Athènes, 1973

(*) ARISTOPH., Ois., 229 : TIS ... τ ώ ν ί'μών όμοπτίρων. Cf. l'analyse d'A. BON-NARD, Civilisation grecque, 11 (Lausanne, 1954; [réimp., Coll. 10/18, Paris, 1966J), pp. 233-244. Représentée en 414, la comédie n'obtint, pour des raisons politiques, que le deuxième rang : Th. GELZER, art. Aristophanes (12), dans R.-E., Suppl. XII (1970), col. 1461-1467. Ultérieurement, son succès ne s'est pas démenti : elle reste, aujourd'hui, la comédie d'Aristophane la plus jouée. Un autre poète de l'ancienne comédie. Magnes, avait composé, sous le même titre, une œuvre entière­ment perdue. Cf. A. KOERTE, art. Magnes (3), (lans R.-E., XIV, 1 (1928), col. 458.

(*) Ainsi qu'en témoigne, dès l'épopée, l'observation attentive dont ils ont été l'objet (à titre d'exemple : HOM., B 459-468). Cf. 1·'. BUKEIÈRE, Les mythes d'Homère et la pensée grecque, Paris, 1956, pp. 52-53 (cite, n. 40, les principaux travaux anciens intitulés Όρνιθιακά). Cf. [IL] HERTER, art. Kallimachos (6), dans R.-E., Suppl. V (1931), col. 403 ; M. WELLMANN, art. Alexandres (100), dans R.-E., I, 2 (1895), col. 1459-1458 ; [G.j KNAACK, art. Dionysias (96), dans R.-E., V, ι (1903), col. 925. L'admirable précision des intailles crétoises et

mycéniennes comme celle des types monétaires en donnent une autre preuve.

L'étude de ces derniers confirmerait l'importance des oiseaux dans les traditions

des cités grecques. Cf. L. LACROIX, Monnaies et colonisation dans l'Occident grec,

Bruxelles, 1965, pp. 96, 122, 145­146; J. POLLARD, Birds m Greek Life and Myth,

Londres, 1977.

(') Si l'on excepte les charognards qui attaquent les enfants exposés (EUR.,

Ion, 902­4) et dévorent les cadavres abandonnés (SOPH., Ant., 205), les oiseaux

sont sans reproche. Dans le mythe, on ne connaît que peu d'oiseaux monstrueux

et redoutables : les oiseaux du lac Stymphale et ceux de Cérasonte (APOLL. RH.,

Arg., Il, 1035­1038 ; etc.).

ι 5 ) ARISTOPH.. Ois., 230­240.

94 LES OISEAUX

tiles où s'accomplit l'œuvre généreuse de la Physis (*). Ils pren­

nent à ses travaux une part active et très tôt remarquée, en

rythmant par leurs migrations et les signaux sonores de leurs

cris et de leurs appels (') les grands cycles des saisons (8

).

Comme la précision de leurs allées et venues, et la facilité ou la

puissance de leur vol, l'harmonie de leurs chants plaît aux dieux

de l'Olympe (') qui ont fait de leurs gracieux voisins leurs pre­

miers messagers (10

). L'ornithomancie est un des plus anciens

procédés divinatoires (") et n'a guère perdu de son importance,

même après l'introduction de la divination inspirée (12

). Il y a

toujours un oiseau pour avertir celui qui consulte (1S

). Toutefois,

si bien des oiseaux volent sous les rayons du soleil, ils ne portent

pas tous également présage (l4

). La tradition a surtout consacré

(·) Cf. A. MOTTE, Prairies et jardins, Bruxelles, 1973, pp. 11­12. On notera

que lorsque la Nature est rassérénée, συνιπταμίνων Sè θυέλλαι; | ορνίθων πτ(-ρύγίσσιν ΐρίτμωθη πάλιν αήρ : NONNOS, V I , 387-388.

(') HÉS., Trav. et jours, 448 (γΐράνου φωνήν : signal des semailles), 486 (κάκκυξ κοκκΰζίΐ : labourage tardif), 568 ( ώρτο χ(λιδών : tailler la vigne), 679 (όσον ... κορώνη : heure de la navigation printanière). Cf. ARISTOPH., Ois., 709­715.

(8

) Ils sont, en outre, de précieux auxiliaires dans la lutte contre les para­

sites (cf. ci­dessus, pp. 10­15) des végétaux: ARISTOPH., Ois., 588­591 ; PLUT., Isis

et Osiris, 74 (Mor., 380 F) : à Lemnos.

(') Cf., à titre d'exemple, ARISTOPH., Ois., 214­222. Apollon en est le premier

charmé (cf. ci­dessous, p. 97, n. 40).

(10

) EUR., fr. 989 a Ν.*: θΐών κήρυκα;, cité par PLUT., De soll, anim., 22 (Mor.,

975 B), dans un long passage consacré à l'ornithomancie et aux qualités des

oiseaux. Cf. ESCH., Sept contre Thèbes, 24 (μάντι; ... ο'ιωνών βοτήρ), 26 (χρηστη-ρίου; όρνιθα;) ; EUR., Phén., 838-840 (κλήρον; | ... οΰ; ΐλαβον ο'ιωνίσματ' ορνίθων μαθών) ; cf. R. STAEHLIN, Das Motiv der Mantik im antiken Drama, Glessen, 1912 (R.G.V.V., 12), pp. 12, 103, 176-177, 189. — ARISTOPHANE (Ois., 716) leur fait déclarer, — et c'est à peine une exagération, — Έσμέν ο'ύμΐν "Αμμων, Δελφοί, Δωδώνη, Φοίβο; Απόλλων.

(11) À Thèbes, l'Upàv οίωνοσκοπειον de Tirésias. Cf. les pages, toujours utiles,

d'A. BOUCHÉ-LECLERCQ, Hist, de la divination dans l'Antiquité, II (Paris, 1880),

pp. 12-52 ; art. Divinatio, dans Diet. Ant., II (Paris, 1892), col. 295 A - 296 Β ;

W . R. HALLIDAY, Greek Divination, Londres, 1913, pp. 246-271 ; M . P. NILSSON,

Geschichte der griech. Religion, I3

, pp. 166-167.

(") Cf. le sens des mots όρνι; et οϊωνόϊ, mis en évidence par ARISTOPHANE,

Ois., 719­721 et illustré par de nombreux exemples. Les longues réfutations

d'ORiGÈNE (Contre Celse, IV, 88­92) attestent implicitement l'importance que l'or­

nithomancie avait conservée jusqu'au IIE

, voire jusqu'au IIIE

siècle de notre ère.

(LÄ

) ARISTOPH., Ois., 596. L'assertion npoepeî τι; àci τών ορνίθων μαντωομένψ concerne, à cet endroit, la navigation, mais les vers 709-722 (cf. ci-dessus, n. 10, 12) indiquent qu'elle peut être généralisée. Cf. HÉs., Tr. et jours, 828: όρνιθα; κρίνων καί νπίρβασία; άλ((ίνων.

(LI) HOM., β 181-182 : όρνιθα; Sc re πολλοί ύπ' αύγα; ήΐλίοιο \ φοηώσ' ' ού oé TC

πάνπ; cVaórtuoi.

LES OISEAUX 95

comme oiseaux prophétiques les grands rapaces diurnes, certains

chasseurs nocturnes et les grands échassiers aquatiques. Parmi

les premiers, l'aigle révèle la volonté de Zeus ("), l'épervier (1β

)

et le faucon (") celle d'Apollon, qui recourt aussi au héron, au

roitelet, au corbeau (l8

) et aux colombes (1β

). La chouette est, à

Athènes, la messagère bien connue de la déesse poliade (20

), sa

fidélité lui a valu de l'emporter sur la corneille qui a, quelque

temps, rempli le même office (21

). Quant aux grues, aux

cigognes (22

) et aux râles, hôtes des terres humides sur lesquelles

régnent les héritières de la Potnia (23

), ils appartiennent respecti­

vement à Déméter, Héra et Athéna (24

).

Le rôle dans la mantique de fort nombreuses espèces d'oiseaux

ne peut être dissocié de leurs autres interventions auprès des

divinités oraculaires. L'exemple le plus évident est celui de

l'aigle, être royal et fatidique (25

), qui a été, dès l'origine, le

PORPH., De Abst., III, 5 : Διός μεν άετάς. Les références utiles, de l'épopée

jusqu'à l'époque romaine, ont été plusieurs fois rassemblées ; en dernier lieu,

D'A. W . THOMPSON, o.l., p. 5. Cf. ci-dessous, p. 96, n. 26-28.

(LE

) HOM., Ο 525-6: δεξιός öpvts \ κίρκος, Απόλλωνος ταχύς άγγελος. (") PORPH., II. Les deux espèces ne sont pas toujours nettement distinguées :

κίρκος et ίέραζ (") PLUT., De Pyth. orac., 22 (Mor., 405 D) : Άλλ' ημείς ερωδιοϊς ο'ιάμεθα καί

τροχίλοις καί κόραξι χρήσθαι φθεγγομενοις σημαίνοντα τόν θεόν, ... θεών άγγελοι και κήρυκες. Les deux premières espèces ne sont guère évoquées ailleurs. Les

oiseaux ont été associés à la naissance d'Apollon, notamment les échassiers et les

palmipèdes (cf. ci­dessous, p. 97, n. 41 ; également, p. 98, n. 45­46). Ce peut être

aussi la raison qui a fait du héron et du roitelet des oiseaux fatidiques du dieu.

(") Elles nichent à Delphes en grand nombre: EUR., Ion, 1196­1208. Mes­

sagères d'Apollon (STACE, Silvae, III, 5, 80), elles guident les fondateurs de

Cumes (cf. J . BÉRARD, La colonisation grecque1

, Paris, 1957, p. 39).

(, 0

) PLUT., Vie de Thémist., 12, 1 ; cf. ARISTOPH., Guêpes, 1085­1086. Ci­

dessous, p. 97, n. 37­39.

(**) CALLIM., fr. 260 Pfeiffer ; en dernier lieu, l'analyse de Cl. MEILLIER, La

chouette et Athéna, dans R E.Α ., J2 (1970), pp. 12­21. En Messénie, dans la localité

de Κορώνη, la déesse était représentée avec une corneille : PAUS., IV, 34, 6. (") Protégées en Thessalie en raison des services qu'elles rendaient dans

la lutte contre des serpents venimeux qui hantaient la région: [ARISTT.], Mir. Ausc. 23:151,1 Giannini; PLUT., Isis et Osiris. 74 (Mor., 380 F); CLÉM. ALEX. , Protr., II, 39, 6; etc. Cf. ci-dessus, p. 72 et n. 100.

(") A. MOTTE, o.l., pp. 94-97, 179. Cf. PLANCHE IV : seconde face de l'amphore béotienne, de style géométrique, dont le motif principal est reproduit en frontis­pice. Cf. J . N. COLDSTREAM, Greek Geometric Pottery, Londres, 1968, pl. 45 d.

(*') PORPH., De Abst., III, 5 : Ήρας &ε πελαργός, "Αθηνάς οε al κρ4( τε κα'ι γλανζ, ώς Δήμητρος γερανός.

(**) PiND., Ol., 13, 21 : θεών ναοίσιν οιωνών βασιλ εα; ARISTT., H.A., I X , 619b6-7 : θείον ... μόνον τών όρνέων Cf. la très intéressante stèle funéraire du devin Cleo-

96 L E S O I S E A U X

compagnon (2e

) de Zeus, le symbole de son pouvoir (27

) et, quel­

quefois, l'instrument de son épiphanie (28

), comme l'ont été le

cygne (29

) et le coucou (30

). Apollon se dissimule sous l'apparence

d'un oiseau de proie, le gypaète, pour mieux observer les armées

face à face des Troyens et des Achéens (31

), et il guide, sous la

forme du corbeau, les fondateurs de Cyrène (32

). En trois pas­

sages de l'épopée, Athéna revêt l'aspect d'un oiseau : elle se fait,

selon les moments, gypaète avec Apollon (33

), orfraie (34

) et hiron­

boulos (Acharnes, second quart du I VE

siècle avant J.­C.) : elle est ornée d'un

aigle de « grande allure » (Daux) associé à un serpent. Publiée pour la première

fois par I. PAPADIMITRIOU, Attika. I I I . '0 θείος τοΰ Αισχίνου Κλεόβουλος ό μόνης, dans Πλάτων, \η (ΐ957). PP- ΐ 5 4 _ ι 6 8 . e^e a été reprise par G. DAUX, Notes de lecture, dans B.C.H., 82 (1958), pp. 364-365, pl. X X I V . — Cf. PLUT., Vie de Them., 26, 3 (association de l'aigle et du serpent dans le songe de Thémistocle). — J . J . PERADOTTO, The Omen of the Eagles and the ήθος of Agamemnon, dans Phoenix, 23 (1969), pp. 237-263.

(ΊΒ) HOM., fl 310-31 Ι : αύτώ | φίλτατος οιωνών, ESCH., Prom., 1021-1022 : Διός \ ... πτηνός κΰων, οαφοινός α'ιετός ; etc. Références générales : [Ε.] ODER, art. Adler,

dans R.­E., I, 1 (1894), col. 371­375 ; D'A. W . THOMPSON, o.l, pp. 1­10.

{") ARISTOPH., Ois., 515 et schol. R V ; le passage a été maintes fois exa­

miné : cf., notamment, D. S. ROBERTSON, Three Passages of the Birds, dans

Class. Review, 55 (1941), pp. 67­69 ; J . R. Τ. POLLARD, The Birds of Aristophanes

— A Source Book for Old Beliefs, dans Amer. Journ. of Philol., 69 (1948), pp. 369­

373 ; Ph. KAKRIDIS, Κριτικό κα'ι ερμηνευτικά οτόν Αριστοφάνη, dans Επιστημονική Έπετηρ'ις τής φιλοσοφικής Σχολής τον Πανεπιστημίου Ιωαννίνων, Ι (1972), pp. IIΙ ­Ι 13. — Pour le symbolisme général de l'aigle, l'étude de K . SITTL, Der Adler und die Weltkugel als Attribute des Zeus in der griechischen und römischen Kunst, dans Jahrb. für class. Philologie, Suppl. 14 (1885), pp. 3-13, reste utile.

(28) Lors de l'enlèvement de Ganymède : cf. les références archéologiques réunies par P. FRIEDLANDER, art. Ganymedes, dans R.-E., VII , 1 (1910), col. 742-749. On notera la présence du coq dans les mains de Ganymède, — jeu d'enfant, symbole amoureux et funéraire à la fois, — dans la représentation en terre cuite d'Olympie : J . CHARBONNEAUX - R. MARTIN - Fr. VILLARD, Grèce classique, Paris, 1969, fig. 114 et p. 108 ; cf. J . BOARDMAN - J . DOERIG - W . FUCHS -M . HIRMER, L'art grec, trad. franç., Paris, 1966, pl. 137 (cratère en cloche, Peintre de Berlin).

(2e) O. HOEFER - [L.] BLOCH, art. Leda, dans Ausf. Lex., II (1894-1897), col. 1925-1932 ; [S.] EITREM, art. Leda, dans R.-E., X I I , 1 (1924), col. 1122-1125.

(30) Pour s'unir à Héra, selon une tradition que Polyclète avait illustrée dans une statue de l'Héraion d'Argos: PAUS., II, 17, 4; cf. II, 36, 1; schol. K U E A THÉOCR., X V , 64.

(31) HOM., H 59-60 : έζεσθην όρνισιν εοικότες αίγυπιοίσι j φηγώ έφ' ΰφηλή. (3A) CALLIM., Hymnes, 2 [Λ Apollon), 66 ; cf. Fr. CHAMOUX, Cyrène sous la

monarchie des Battiades, Paris, 1953, p. 205.

(33

) HOM., /./.

(3 4

) HOM., y 372 : ('Αθήνη) φήντ] ει&ομένη.

L E S O I S E A U X 97

delle (35

), outre qu'elle porte l'épithète fameuse γλαυκώπις (3β), déesse au regard clair et perçant (

3

'), comme celui de la chouette

chevêche (38

) qui est, en Attique, son animal favori et son

emblème (3e

).

Il faut encore citer les cygnes chers à Apollon musicien (40

)

dont ils ont salué la naissance (41

) ; l'oie, le cygne et le coq, sym­

boles amoureux (42

), que chevauche Aphrodite (43

), la déesse aux

I3 5

) HOM., χ 240 : ίζιτ' άναίξασα χελιδόνι ιΐκίλη άντην. Ces métamorphoses,

qu'il convient de distinguer des comparaisons, ont été étudiées par P. CHAN­

TRAINE, Le divin el les dieux chez Homère, dans Entretiens sur l'Antiquité clas­

sique, I (Genève, 1954), pp. 47­63 ; G. LAVOIE, Sur quelques métamorphoses

divines dans l'Iliade, dans L'Ant. class., 39 (1970), pp. 29­34. — Athéna était

encore associée à la mouette en Mégaride : PAUS., I, 5, 3 καί οί (sc. Παν&ίονι) προς θαλάσση μνήμά (Οτιν tv τή Μΐγαρίοι tv Αθηνάς Αί θνίας καλουμίνω σκοπέλω. Sur la signification de cette relation : cf. l'exégèse de M. DÉTIENNE - J.-P. VER-

NANT, Les ruses de l'intelligence, Paris, 1974, pp. 201-241.

(3 I

) HOM., A 206 ; α 44 ; etc.

(3

') P. CHANTRAINE, Grec γλαυκός, Γλαύκος et mycénien 'karauko', dans

Mélanges J. Carcopino, Paris, 1966, pp. 193­203.

(38

) DÉMOCRITE, 68 A 157 Diels'­Kranz : ... tv raïs σκοτομήνησιν όρά δια τό πυρώ&ες των όφίων, cité par Etym. Genuin., s.v. Γλαΰξ · γλαΰξ ... όξυωπίοτατον τό ζωον tv νυκτί όράν ουνάμΐνον.

(»·) Cf., en dernier lieu, Cl. MEILLIER, /./., pp. 5-30 ; L. BODSON, Gai, gai! sauvons-nous, dans L'Ant. class., 42 (1973), pp. 22-23.

( 4 0 ) H. hom. Apollon (2), 1 ; ARISTOPH., Ois., 769-784 ; HIMÉRIOS, 48 (In Hermogenem), 11, 11. 124-127 Colonna ; d'autres références: D'A. W. THOMP­SON, o.l., 106-107.

(") CALLIM., Hymnes, 4 (A Délos), 249-254 ; cf. 2 (A Apollon), 5. — Le char qui ramène le dieu du pays des Hyperboréens à Delphes est attelé des mêmes oiseaux: HIMÉRIOS, 48 (In Hermogenem), 10-11 Colonna; cf. ALCÉE, fr. le Lobel-Page 307.

(·*) ARISTOPH., OIS., 705-707. (43) L'oie: Simone MOLLARD-BESQUES, Catal. des figurines et reliefs, Louvre,

1 (Paris, 1954), P 1 LXXVI, C 133 (vers 470/460) ; II (Paris, 1963), pl. 36 e: MYR 43 ; pl. 37 a : MYR 41 (début du I e r siècle avant J.-C). R. A. HIGGINS, Greek Terra­cottas, Londres, 1967, pl. 40 A (Tarente, début du IV· siècle avant J.-C). Cf. J. CHARBONNEAUX - R. MARTIN - Fr. VILLARD, Grèce classique, Paris, 1969, fig. 267 (Camiros, art attique, peintre de Pistoxénos, — l'oiseau est identifié à un cygne, il pourrait s'agir d'une oie).

Le cygne : S. MOLLARD-BESQUES, o.l., I, pl. LXXIV, C 107 (Mélos ? vers 450) ; pl. LXXXVI1, C 242 (vers 470): A. LAUMONIER, Figurines de terre cuite, Délos, Paris, 1956, fig. 704 ; cf. B.C.H., 85 (1961), p. 921, fig. 13 (Artémision de Thasos). A. DESSENNE, Aphrodite sur le cvgne, dans Mélanges Ch. Picard, I (Paris, 1949), pp- 309-315

Le coq : S. MOLLARD-BESQUES, o.l., I, pl. XXXVI, B 339 (fin du V I · siècle avant J.-C ). Cf. H. METZGER, Les représentations dans la céramique attique du IV' siècle, Paris, 1951, pp. 59-63.

98 L E S O I S E A U X

colombes (44

) ; la caille (4S

) et le coq (4e

) associés aux divinités

déliennes, sans compter toutes les espèces qui servent, dans la

légende et le mythe, aux métamorphoses des dieux (47

) et aux

transformations des humains qu'il s'agit de récompenser, de châ­

tier ou de soulager (48

).

(") D'origine orientale (cf. ci­dessous, p. 103, n. 83­85), celles­ci ont pu contri­

buer à rapprocher Aphrodite de la déesse crétoise aux oiseaux ; cf. Aphrodite à la

colombe : Ch. PICARD, Manuel d'archéologie, II (Paris, 1939), p. 157, fig. 72

(bronze de Corcyre).

(*') ARISTOPH., Ois., 869­870 : Λητοΐ Όρτυγομήτρα. Létô, selon certaines

traditions (schol. Ψ CALLIM., Hymnes, 2 [À Apollon], 59), était arrivée à Délos

sous la forme d'une caille. L'île devait aux nombreuses cailles qui la peuplaient

le nom d'Orlygia (PHANODÉMOS, 325 F 2 J. , cité par ΑΤΗ., I X , 392 D).

La sœur de Létô, Astéria, s'était aussi, croyait­on, métamorphosée en caille :

[APD.], Bibl., I, 4, 1, 1 ; HYGIN, Fables, 53 ; etc.

(**) Qui avait assisté Létô durant sa délivrance: ÉLIEN, N.A., IV, 29.

(4

') L'importance de l'oeuf primordial et des êtres ailés dans les anciennes

cosmogonies et théogonies attribuées à Orphée, auxquelles Platon, Aristote

et Aristophane font allusion, — le dernier (Ois., 685­708) moins parodique

qu'il ne semble au premier abord, — et le nombre des métamorphoses divines

en oiseaux, dictées par des motifs divers (passion amoureuse, cf. ci­dessus,

p. 96, n. 28­30; sécurité lors du combat des Olympiens contre Typhon: [APD.],

Bibl., I, 6, 3) sont autant d'indices des conceptions de nature zoolâtrique qui ont

été englobées dans les croyances religieuses et dans les convictions philosophiques

des Grecs. Cf. ci­dessous, pp. 117­119.

On attribuait à Boiô (ou Boios ?), antique poétesse et prêtresse d'Apollon,

la composition d'une Όρνιθογονία, dont il est resté des traces notamment dans

l'oeuvre d'Antoninus Liberalis. Cf. [G.] KNAACK, art. Boio, dans R.­E., III, 1

(1897), col. 633­634.

(48

) Parmi les genres qu'il est possible d'identifier avec de bonnes certitudes, on

trouve des allusions à :

— Périphas métamorphosé en aigle, son épouse en orfraie : ANT. LIB., 6

— les sœurs de Méléagre métamorphosées en pintades : ID., 2

— Clinis métamorphosé en un rapace voisin de l'aigle, ses fils en

rapaces, corbeau, passereaux (dont la mésange) : ID., 20

— Céléos métamorphosé en pivert : ID., 19

— Laios métamorphosé en grive: ID., 19

— Aigôlios métamorphosé en chouette effraie : ID., 19

— Mérôpis métamorphosée en chouette chevêche: ID., 15

— Byssa métamorphosée en mouette : ID., 15

— Agrôn métamorphosé en œdicnème: ID., 15

— Eumélos métamorphosé en oiseau nocturne: ID., 15

— les filles de Minyas métamorphosées en chauve­souris (classée

avec les oiseaux), en chouette chevêche et en un rapace nocturne : I D ., 1 o

— Térée métamorphosé en huppe,

— Philomèle métamorphosée en rossignol,

— Procnè métamorphosée en hirondelle : Ον., Métam.,

V I , 412­676

— Coronis métamorphosée en corneille: Ον., Métam.,

II, 542"632­

L E S O I S E A U X 99

La même abondance et la même diversité se retrouvent dans

les enclos sacrés où des oiseaux sont élevés et nourris pour la

satisfaction des maîtres des lieux : ce sont les paons d'Héra à

Samos (*·), les pintades d'une Parthénos à Léros (50), les colombes

d'Aphrodite à Aphrodisias (") et en Sicile (5 î), le coq d'Asclé­

pios à Athènes ( s s), des gallinacés dans la plupart des sanc­

tuaires (M), notamment dans ceux d'Héraclès et d'Hébè (S5).

Les sacrifices d'oiseaux domestiques sont bien attestés (6 e),

mais c'est à propos du coq que les faits sont les plus complexes.

L'oiseau de Perse ("), définitivement acclimaté en Grèce vers la

CL G. LAFAYE, Les métamorphoses d'Ovide et les modèles grecs, Paris, 1904,

pp. 1­45 et l'index, pp. 245­246 1 S. EITREM, art. Tierdämonen, dans R.­E.,

VI A, ι (1936), col. 893­896 ; P. CHANTRAINE, Homérique Μερόπων άνθρώπων, dans Mélanges Fr. Cumont, I (Bruxelles, 1936), pp. 121-128 ; L . SÉCHAN, Sept légendes grecques, Paris, 1967, pp. 174-183. Cf. ci-dessus, p. 97, n. 35; p. 98, n. 47.

(") ANTIPHANE, fr. 175 Kock (C.A.F., Il, p. 83) : ... ή δ'έν Σάμψ\Ήρα το χρνσοΰν, φασίν, ορνίθων γένος, | τούΐ καλλιμόρφους κα'ι περιβλέπτους ταώς. Ci. MÉNO-

DOTE DE SAMOS, 541

I' 2

J .

(··) Ci-YTOS DE MILET, fr. ι Müller (F.H.G., II, p. 333) : Περί δέ τό ιερόν τής Παρθένου έν Αέρω είσ'ιν οί καλούμενοι όρνιθες μελεαγρίδες. Ό δέ τόπος έστίν έλώδης έν ω τρέφονται.

(") F. SOKOLOWSKI, LOIS sacrées de l'Asie Mineure, Paris, 1955, n°86 (77 après

J.­C): décret relatif à la protection des colombes. Voir aussi L . ROBERT, Les

colombes d'Anastase, dans Journal des savants, 1971, pp. 91­97.

(») ÉLIEN, H.V., I, 15. Cf. N.A., IV, 2; ΑΤΗ., IX, 394 F.

C3

) ÉLIEN, H. V'., V, 17. Dans la langue tardive, le terme ό στρουθός, passereau, moineau, désigne aussi les gallinacés. Cf. NICANDRE, Alex., 60, 535.

(·*) ARISTT., H.A., IX, 614 a 7. On peut concevoir qu'il y avait dans les sanctuaires grecs, comme dans les sanctuaires romains, outre des gallinacés, des oies: PLUT., QU. Rom., 98 (Mor., 287 B-D) ; De fort. Rom., 12 (Mor., 325 C).

(") ÉLIEN, N.A., XVII, 46, citant MNASÉAS, fr. 11 Müller (F.H.G., III, P- 15')

(S*) F . SOKOLOWSKI, LOIS sacrées des cités grecques, Paris, 1969, n° 39 (Athènes, vers 287-286 avant J.-C.) : décret relatif au sanctuaire d'Aphrodite Pandémos, 11. 20-26 (offrande purificatoire d'une colombe). Comparer avec le décret cité ci-dessus, n. 51, où les colombes d'Aphrodite sont protégées. Ibid., n° 126 (Myti-lène, IIe siècle avant J.-C. ; règlement cultuel très mutilé), 1. 8 : allusion au sacri­fice d'un oiseau. Lois sacrées de l'Asie mineure, n° 36 (Priène, vers 200 avant J . - C ; règlement cultuel en l'honneur de Sarapis), 11. 10, 36: purification du sanc­tuaire par l'immolation d'un poulet. Cf. PAUS., IV, 31, 9 (holocauste d'oiseaux pour Ilithye) ; PORPH., De Abst., IV, 16 (offrande du pigeon ramier à Maia assimilée à Perséphone).

(") Dont le nom grec άλεκτρυών souligne les vertus apotropaïques qu'on lui prête. Cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, I, p. 68; P. CHANTRAINE, Diet, étym., I, p. 58.

I O O L E S O I S E A U X

fin du V I e siècle avant J.­C. (58), a pénétré dans la religion avec

les caractères sacrés qu'il possédait chez les Mazdéens. Animal

prophylactique et psychopompe, le coq est immolé en l'honneur

d'Asclépios (5e) ainsi que dans les rites funéraires ( e o). Les mystes

en font à Déméter chthonienne l'oblation totale (β1), tandis que

les Pythagoriciens s'abstiennent de le consommer surtout quand

i l est blanc (62), considérant, à ce qu'il semble (63), qu'il est par­

ticulièrement consacré aux métempsycoses humaines. D'autre

part, des restes d'oiseaux ont été découverts dans les dépôts

votifs d'Artémis à Délos (e*) et d'Apollon à Milet (e5). De même

que les innombrables ex­voto en forme d'oiseaux qui, depuis

l'époque minoenne (β β), ont rempli les temples (67), ils confirment

la valeur dominante de telles offrandes.

L'abondance des faits parle d'elle­même, mais les causes et

les circonstances qui ont déterminé les attributions particulières

étaient, dès l'Antiquité, devenues impénétrables ou n'ont pas

été suffisamment conservées pour qu'il soit possible, à chaque

fois, d'en reconstituer les développements intermédiaires.

Si mystérieux qu'il demeure à de nombreux égards, le cas des

Péléiai de Dodone n'en est pas moins significatif, dans la

mesure même où i l permet de dégager les principaux aspects histo­

riques, religieux et mythiques du processus qui a définitivement

agrégé des colombidés au culte de Zeus dans le plus ancien oracle

(5e

) La question a été étudiée en détail par Fr. CUMONT, Le coq blanc des

Mazdéens et les Pythagoriciens, dans Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions

et Belles­Lettres, 1942, pp. 284­300.

(51

) Cf. PLAT., Phédon, 118 A ; HÉRONDAS, Mimes, 4, 11­13.

(«») Cf. [E.] ORTH, art. Huhn, dans R.­E., VIII, 2 (1913), col. 2531­2534;

utiles remarques de J . et L. ROBERT, dans Hellenica, VI (1948), p. 55.

(") PORPH., De Abst., IV, 16 ; ibid., sacrifice du coq à Mithra. Cf. I. SCHEFTE­

LOWITZ, Das stellvertretende Huhnopfer, Glessen, 1914 {R.G.V.V., 12), p. 55.

(·») DIOG. LAËRCE, VIII, ι (Vie de Pythagore), 34; cf. JAMBL., V. Pyth.,

147.

(•3

) A . DELATTE, Études sur la littérature pythagoricienne, Paris, 1915, pp. 289­

290.

(·*) H . GALLET DE SANTERRE, Délos primitive et archaïque, Paris, 1958, p. 130.

(*6

) A . LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958, pp. 562­563.

(*·) P. DEMARGNE, Naissance de l'art grec, Paris, 1964, fig. 138, 322, 393

(déesses aux oiseaux) ; L. VON MATT et collab., Ancient Crete, Londres, 1967,

pl. 214; cf. Ch. PICARD, Religions préhelléniques, Paris, 1948, pp. 112­113.

(«') Cf. W . H . ROUSE, Greek Votive Offerings, Cambridge, 1902, pp. 288­306 ;

Gisela RICHTER, Animals in Greek Sculpture, New York, 1930, pl. LX­LXI.

L E S O I S E A U X ΙΟΙ

de la Grèce, et d'entrevoir, à partir de cet exemple, certains carac­

tères généraux du rapport des oiseaux avec les faits de religion.

Les Péléiai ou Péléiades de Dodone

IDENTIFICATION DE LA néXua

Attesté dès l'épopée homérique sous les deux formes néXeia (β β

)

et neXeids (ββ

), ce substantif féminin dérive de la racine indo­

européenne pel­ qui exprime l'effacement de la couleur (70

). Il

appartient à une famille de mots complexe et bien représentée

dans la langue grecque, notamment par des adjectifs dont l'idée

fondamentale est celle du ternissement, du pâlissement : du noir

au gris, grisâtre jusqu'au blanc (ποΧιός; neXXôç), de la carnation

saine à la pâleur maladive et à la lividité (πΐΧιός; neXiovós) (71

).

Comme souvent dans les noms d'animaux, le terme néXeia

(­as) se fonde sur un caractère extérieur qui demeure imprécis

aussi longtemps qu'on ne peut fixer dans l'échelle chromatique

la nuance particulière qu'il contient. Telle qu'elle est fournie par

Aristote (72

), la description comparative des principaux colom­

bidés suffît à résoudre la difficulté. La néXtia y apparaît comme

un oiseau sauvage de taille moyenne par rapport au pigeon

domestique et à la tourterelle. Ses pattes sont rouges et

rugueuses et son plumage noir (μίΧαν). Cette dernière particu­

(") HOM., Φ 493, X 140, ψ 853, 855, 874, μ 62, ο 527. « 243. * 4 6 8 '

(*") HOM., Ε 778, Λ 634­ L'interprétation de la mention pe­re­ *S2 des tablettes

mycéniennes (FY Τη 316 ν, 4, etc.) par le grec rriXtio. (L. R. PALMER, The Inter­

pretation 0/ the Mycenaean Greek Texts, Oxford, 1963, pp. 20­21, 103 ; cf. Anna

MORPURGO, Mycenaeae Graecttatts Lexicon, Rome, 1963, p. 242) est « plausible »,

mais « n'est pas pour autant démontrée. » (M. LEJEUNE, Mémoires de philologie

mycénienne, I [Paris], 1958, p. 209). Cf. ci­dessous, p. 114­116.

('·) H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 498, 575­576 ; cf. A. ERNOUT ­

A. MEILLET, Diet. étym. de la langue, latine*, p. 476. Sur la formation du doublet :

P. CHANTRAINE, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 123. Le

datif ηιληϊάδεααι est attesté par Opp., Cyn., I, 351.

(") J. ANDRÉ, Etude sur les termes de couleur dans la langue latine, Paris,

1949, pp. 71-72 ; O. REITER, Die griechischen Bezeichnungen der Farben Weiss,

Grau und Braun, Innsbruck, 1962, pp. 54-64 ; P. SCARPI, Un teonimo miceneo e le

sue implicaziom per la mitologia greca, dans Bollettmo dell'Istituto di Filologia

greca deli' Univ. di Padova, 1 (1975), pp. 230-251.

('*) ARISTT., H.A., V, 544 b 1-11. C'est de sa notice que s'inspirent la plupart

des auteurs postérieurs, notamment PLINE L'ANCIEN, H.S'., X , 73, 104-106, etc.

Cf. VARRON, De re rust., III, 7, ι-ιι ; ΑΤΗ., IX, 50-51, 394 A - 395 C (Φάσσαι) ; schol. L APOLL. RH., Arg., I, 1050; II, 328-329 a.

102 L E S O I S E A U X

larité sur laquelle Hérodote a, lui aussi, insisté ('3) amène donc à

rechercher dans le mot πελεια une référence à une teinte sombre,

terne mais prononcée, par quoi le colombidé se distingue du

pigeon domestique (περιστερά), du pigeon ramier ou palombe (φάττα ou φάφ) (74), du colombin (otVaç) (75) et de la tourterelle

(τρυγών) (7β). Il s'agit du pigeon biset (Columba livia livia) : gris cendré, pattes rouges, barres sombres caractéristiques sur les

ailes (").

Les ornithologues modernes ont confirmé la plupart des obser­

vations anciennes sur l'habitat et le comportement de la πελεια.

Le biset est un oiseau migrateur (78), i l niche de préférence,

différant en cela du ramier, dans les régions montagneuses et

rocheuses (79). Farouche et craintif à l'état sauvage (8 0), i l s'est

toutefois laissé apprivoiser jusqu'à devenir l'ancêtre du pigeon

domestique (81).

Cette relation étroite entre les deux espèces explique les con­

fusions qui se sont produites dans la terminologie. Les substantifs

πελεια et περιστερά ont été facilement employés comme synonymes

('*) HDT., II, 55,1 ; 57, 2. Cf. EUST., 1262, 60-62 (ad HOM., Χ139) ; ci-dessous,

pp. 104-105.

('*·) Le premier terme, t) φάττα, désigne le grand ramier, le second, ή φάφ, le petit ramier. Outre les notices de Robert et de Thompson, cf. [H.] GOSSEN -[Α.] STEIER, art. Taube, dans R.-E., I V A, 2 (1932), col. 2479-2500; J . ANDRÉ, Les noms d'oiseaux en latin, Paris, 1967, pp. 58-59, 70-71, 116-117, 158.

(7t) Si le terme oîvàs est forgé sur oîvos par allusion à la teinte 'vineuse' du plumage de la gorge de cette espèce. L'identification n'est pas entièrement assurée. Cf. D ' A . W . THOMPSON, o.l., pp. 120-121. ARISTOTE (H.A., I X , 609 a 19) mentionne encore le pigeon ή πυραλλίς. Cf. CALLIM., fr. 416 Pfeiffer ; PLINE L'ANCIEN, H.N., X , 204; X I , 119 ; ÉLIEN, H.V., I, 15. Il n'est pas identifié avec

certitude.

('*) Douze espèces principales sont actuellement connues : cf. Fr. H U E -

R. D. ETCHÉCOPAR, Les oiseaux du Proche et du Moyen-Orient, de la Méditerranée

aux contreforts de l'Himalaya, Paris, 1970, pp. 377-391.

(") Ibid., pp. 378, 382-383. Cf. L. DELAPCHIER, Les oiseaux du monde, II

(Paris, i960), pp. 45-46 et pl. IV, 23-24. H . W . PARKE (The Oracles of Zeus.

Dodona, Olympia, Ammon, Oxford, 1967, p. 43) opte pour la Columba palumbus

palumbus ou pigeon ramier.

('*) ARISTT., H.A., VIII , 597 b 3, comme le ramier.

('") VARRON, De re rust., III, 7, ι : agreste ... saxatile (genus).

(*") HOM., Ε 778 τρήρωσι πελειάσιν. C'est l'unique épithète qui lui est décernée

dans l'épopée. Cf. ESCH., Sept contre Thèbes, 294 πάντρομος (certains manuscrits donnent πάντροφο;) ; SOPH., Af αχ, 139-14° : e t c -

(") E . LÉTARD, Origine des oiseaux domestiques, dans Traité de zoologie systé­matique, X V (1950), pp. 1112-1115 ; W . J . BEECHER, art. Pigeon, dans Encyclo­paedia Britannica, 17 (1965), pp. 920-921.

LES OISEAUX IO3

sans qu'il soit toujours possible de déterminer quel animal

est mis en cause. Biset et ramier (82

) sont connus d'Homère. En

revanche, la colombe (pigeon blanc) ne s'est répandue en Grèce

qu'après les guerres médiques (83

). Le terme περιστερά (λευκή) qui la désigne spécifiquement n'est pas attesté avant le milieu du

Ve

siècle (84

), mais il s'est bientôt substitué au mot πελεια pour

désigner l'ensemble des colombidés (85

).

Si la colombe est l'attribut d'Aphrodite, le biset n'est pas

absent de la tradition religieuse des Grecs. Il est lié à la fondation

de l'oracle de Dodone, le plus ancien de la Grèce, et son nom est

identique à celui des prophétesses locales. Mais les nombreux

témoignages qui les concernent ne sont pas dépourvus d'ambi­

guïté. Quand ils parlent de l'oiseau à propos du sanctuaire épirote,

les auteurs ne le rapportent pas aux prêtresses, et ceux qui citent

ou évoquent ces dernières sous le titre de πελεια ou πελειάς, s'interrogent sur son exacte signification. Beaucoup enfin ne leur donnent pas d'autres noms que ceux qui sont usuels : (ΔωδωνΙΒες) Ίερειαι, προφήτιδες, γυναίκες, D'autre part, les hésitations sur

leur nombre, leur fonction et leur origine contribuent à embrouil­

ler encore davantage l'écheveau des indices. Pour le démêler, un

inventaire des sources s'impose, qui regroupera les textes en trois

catégories selon que le terme

— possède son sens premier ;

— est doté d'une valeur métaphorique et rattaché, de quelque

manière, aux femmes qui desservent le sanctuaire ;

— n'apparaît pas dans les récits de consultation du dieu.

INVENTAIRE DES SOURCES

A. Emploi du terme πελεια au sens propre

Le locus classicus en cette matière est le double récit, — thébain

et dodonéen, — qu'Hérodote insère, avec son interprétation per­

(**) Le nom du ramier apparaît dans le composé φασσοφάνος (O 238). (·») CHARON DE LAMPSAQUE, 262 F 3 a-b J. : (a) ... τοΰ οιαφθαρέντος στρατού

Περσικού Tript τόν Άθίο γράφει και ταύτα ' ' και λενκαί περίστεροι τότε πρώτον είς Έλληνας εφάνησαν, προτερον ον γιγνόμεναι. »

('4) La première mention est celle que rapporte ATHÉNÉE (IX, 394 E) dans la citation de Charon de Lampsaque

(·*) ARISTT., H.A., V, 544 b 1. L'étymologie reste incertaine: cf. H. FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 514-515. D'après SOPHRON, cité dans le même

104 L E S O I S E A U X

sonnelle, au livre II des Histoires (chapitres 54­57). Ses premiers

informateurs, les prêtres égyptiens (86

), attribuent à deux

femmes originaires de Thèbes, mais vendues, l'une en Libye et

l'autre en Grèce, par les pirates phéniciens qui les avaient enle­

vées, la fondation de deux grands oracles, celui d'Ammon à

l'oasis de Siwah et celui de Zeus à Dodone. Dans ce dernier

sanctuaire, les prêtresses, d'accord avec les autres desservants,

ont donné à l'auteur (87

) une version fort semblable, à ceci près

qu'aux femmes elles substituent des pigeons bisets (δυο πελειάδας μέλαινας εκ Θηβεων τών ΑΙγυτττιεων άναπταμενας) qui auraient commandé d'une voix humaine (φωνή άνθρωπηίη) l'établissement

des centres prophétiques. L'historien s'attarde davantage sur

cette version officielle de Dodone et propose une exégèse ratio­

naliste qui a fait l'objet de maints commentaires (88

) :

À mon avis, si les femmes ont reçu des Dodonéens le nom de biset,

c'est qu'elles étaient des barbares et qu'elles s'exprimaient, leur

semblait­il, à la manière des oiseaux. Avec le temps, disent­ils, ils

ont entendu ' le biset ' donner son ordre d'une voix humaine : quand

la femme a prononcé des mots qui leur étaient intelligibles. Aussi

longtemps qu'elle usait d'un parler barbare, elle leur semblait s'expri­

mer en langage d'oiseau, — comment, en effet, un vrai biset se

serait­il exprimé d'une voix humaine ? Quant à dire que le biset

était noir, c'est leur façon de signifier que la femme était égyptienne.

Hérodote explique donc l'intervention des bisets par l'usage

grec qui a fait comparer les langues étrangères aux cris et au

gazouillement des oiseaux (") et il commente la précision de la

couleur comme si le noir n'était pas la particularité notable du

plumage de la Columba livia livia.

Eu égard aux informations ultérieures sur le nom des prophé­

tesses, la tendance moderne a été d'estimer que « l'interpré­

passage par Athénée (IX, 394 D), les Doriens ont continué à employer le terme

πελειάς dans l'acception la plus générale : 01' Sè Δωριείς τήν πελειάδα άντί περιστεράς τιθεασιν.

(ββ) En dernier lieu, D. FEHLING, Die Quellenangaben bei Herodot. Studien zur Erzählkunst Herodots, Berlin ­ New York, 1 9 7 1 , pp. 5 0 ­ 5 4 .

(8

') HDT., II, 55, Ι : τάδε δε Δωδωναίων φασι at προμάντιες ; 3 · σννωμολόγεον δε σφι και οί άλλοι Δωδωναίοι οι περί τό Ίρόν.

(88) Tant du point de vue de « l'esprit critique » qu'au sujet des informations relatives à l'organisation de l'oracle. Cf. H . W . PARKE, The Oracles of Zeus. Dodona, Olympia, Amnion, Oxford, 1 9 6 7 , pp. 5 2 - 5 7 ; A. B. LLOYD, Herodotus. Book II. Commentary 1-98, II (Leyde, 1 9 7 6 ) , pp. 2 5 1 - 2 6 4 .

(8S) Cf. ESCH., Agam., 1 0 5 0 , ARISTOPH., Gren., 6 8 0 - 6 8 1 .

L E S O I S E A U X IO5

tation ... repose sur un jeu de mots dont l'un des termes est

passé sous silence », à savoir « la désignation cultuelle des prê­

tresses de Dodone — ordinairement appelées ÎJéXeiai ou ileXa­

àSeç — désignation que l'historien ne pouvait ignorer » (90

). Cepen­

dant, son objectif est d'éclairer les faits d'un passé révolu : l'em­

ploi des infinitifs aoristes κΧηθήναι, αυδάξασθαι et des temps passés ainsi que l'allusion à la seule fondatrice de l'oracle — ή γυνή l'indiquent nettement. Quant aux rares témoignages contem­

porains du sien, qui mentionnent les Péléiai ou Péléiades, ils ne

sont, aucun, exempts d'obscurité (β1

). Dans ces conditions, — sans

imputer à Hérodote un silence qui peut n'être pas une omission, —

il apparaît hasardé de découvrir dans son texte autre chose qu'une

tradition mythique apparentée à celles qui prêtent à des ani­

maux le rôle de guide lors de l'invention ou de la fondation d'un

sanctuaire ou d'une cité (92

).

Le récit pro­égyptien des autorités de Dodone (93

) n'est pas

le seul qui relate la création de l'oracle. Celle­ci est ailleurs attri­

buée à deux héros, tantôt à Helios, tantôt à Deucalion. Helios,

mystérieux bûcheron éponyme (M

), aurait, le premier, reçu la

révélation de la présence divine dans le chêne qu'il se préparait à

abattre (9S

). Deucalion, venu consulter Zeus après le déluge, aurait

eu pour mission de réorganiser l'existence humaine avec les autres

survivants et d'épouser Dôdônè, une Océanide, qui, par la suite,

donna son nom à la cité de Dodone (ββ

). Dans les deux cas, l'oracle

(·") I). M. Pippiui, Sur un procédé critique d'Hérodote, dans Rivista Clasicà,

11 ­12 (1939­1940), p. 7. Cf. J . G, FRAZER, Pausanias's Description 0/Greece.

IV (Londres, 1913), p. 149; G. HACHET, Le sanctuaire de Dodone: origine et

moyens de divination, dans Hull. Ass. G. liudé, 1962, pp. 87, 95 ; H. W. PARKE,

o.L, pp. 64, 75 ; D. M. NICOL, The Oracle of Dodona, dans Greece and Rome,

5 (1958), pp. 128­143.

(*>) Cf. ci­dessous, p. 107, n. 112; p. 112, n. 158; etc.

(") Cf. ci­dessus, p. 90, n. 232 ; p. 95, n. 19; p. 96, n. 32.

(,3

) Ch. FROIDEKOND, Le mirage égyptien dans la littérature grecque d'Homère

à Aristote, Aix­en­Provence, 1971, pp. 149­151, 162­163, 206­207.

(·«) PIND., fr. 68 Turyn (_ schol. A HOM.. Π 234) ; PHILOSTRATE. Im.,

Il, 33, I. Cf. Etym. magn., 709, 30­37.

(,s

) Le personnage est inconnu par ailleurs. Son nom, que l'on connaît sous les

deux formes 'EXXàs ou ItXXôs, est mis en rapport avec celui des premiers desser­

vants de l'oracle, les Selloi mentionnés par HOMÈRE (Π 234­235), et avec le pro­

blème délicat de l'étymologie du nom de la Grèce. Cf. H. W. PARKE, o.l.. pp. 7­8.

(**) Cette tradition est rapportée par le scholiaste A HOM., Π 233 qui cite

deux historiens mal connus, THRASYBOULOS et ACESTODOROS (fr. 4 Müller

[F.H.G.. 11, p. 464]). Cf. M. VAN DER VALK, Researches on the Text and Scholia of

the Iliad, I (Leyde, 1963), pp. 338­340. — ARISTOTE (Météor., I, 352 a 32­36) can­

ιο6 L E S O I S E A U X

aurait été exprimé par le pigeon biset perché dans le chêne

sacré (97). Une dernière anecdote, qui ne manque pas de paral­

lèles (8 e), attribue encore à l'oiseau une intervention analogue.

Quand le berger voleur Mardylas (»»), dont l'oracle avait dénoncé

les indélicatesses, voulut se venger en abattant l'arbre de Zeus,

un biset serait sorti du tronc pour le détourner de son dessein

criminel ( 1 0°). Enfin, dans sa description de l'oracle de Mars (101)

à Tiora Matiene (1 0 2), Denys d'Halicarnasse établit un rappro­

chement avec Dodone, mais en indiquant le caractère incontrô­

lable des faits :

La procédure y soutenait, à ce qu'on dit, la comparaison avec celle

qui existait jadis, d'après le récit légendaire qu'on raconte chez les

Dodonéens (τω παρά Δωδωναίοις μυθολογουμίνω), sauf que, là­bas, le

biset, perché sur le chêne sacré, transmettait les oracles, disait­on,

tandis que, chez les Aborigènes, l'oiseau prophétique, — eux le nom­

ment un pic, les Grecs un perce­chêne, — siégeait sur une colonne de

bois et remplissait le même office.

En dehors de ces témoignages, la présence de bisets à Dodone

et leur rôle dans l'oracle ne sont guère affirmés que par des

commentateurs (103) et des scholiastes ( m ) hésitants, ainsi que

par un papyrus anonyme du V I e siècle de notre ère (1 0 5). Celui­ci

tionne le rapport de Deucalion avec Dodone, tandis que PLUTARQUE (Pyrrhus,

1,1) fait allusion à la fondation du sanctuaire par Deucalion et Pyrrha. Cf. [K.]

TUEMPEL, art. Deucalion, dans R.­E., V , ι (1903), col. 269­271.

(E7

) PIND., fr. 68 T. : άπό Έλλον τον δρυτόμου ω φασι τήν περιστεράν πρώτην καταδίΐ^αι τό μαντεΐον. Schol. Τ ΗθΜ., Π 233 : τιάρα τής πελειάδος τής έπι-καθημένης τή δρυι.

(n) Cf., par exemple, CALLIM., Hymnes, 6 (A Déméter), 42-45 ; POLÉMON,

fr. 31 Preller.

(·*) Le personnage est inconnu. Son nom est présenté par certains manuscrits

sous la forme Μανούλας. poo) PROXÈNE, 703 F 7 J . (= schol. Q V HOM., ξ 327) : πελειάοα δέ εκ τοΰ

στελέχους άνακνφασαν έπιτάξαι μή τοΰτο δραν. (1 0 1) DENYS D'HALICARNASSE, Ant. rom., I, 14, 5. Le mot πέλεια manque

dans les manuscrits, il a été introduit, à juste titre, avant le participe καθεζομένη par Jacoby.

(1M) En Italie centrale, mais la localisation précise a fait l'objet de plusieurs

hypothèses. Cf. H . PHILIPP, art. Tiora Matiene, dans R.­E., V I A , 2 (1937),

col. 1411.

(loa) Outre les textes mentionnés ci­dessous, SERV., ad VIRG., Bue, IX, 13.

(10

«) Schol. L SOPH., Trach., 172 ; schol. Luc, Phars., VI, 426.

(1 0 I

) U . WILCKEN, Mitteilungen aus der Würzburger Papyrussammlung, dans

Abhandl. der Preuss. Akademie der Wissenschaften, 6 {1933 [1934]), PP­ n­12,

"• 53­57 : σεμνά Δωδώνης βάθρα | ... "Εστίν έ[κέ] î Ιερόν, [ε]νθα ήσαν τρζ.[ΐ ττελειά | δες

L E S O I S E A U X IO7

toutefois produit en même temps une autre explication du nom

des Péléiai fondée sur l'onomastique, tandis que les glossateurs

latins ont pu traduire le terme néXeia par columba, en méconnais­

sant l'acception particulière du mot grec dans le sanctuaire

épirote. Les flottements de la tradition grecque à ce sujet étaient,

en effet, une source d'inévitable confusion. Strabon s'est aussi

intéressé à l'Épire et à Dodone. Eustathe lui attribue l'assertion

d'après laquelle le nom des prophétesses s'expliquait par l'oiôno­

scopie (l o e

), mais un fragment du livre V U consacré aux Epirô-

tika contient, en fait, deux hypothèses, — l'une d'elles fait appel

à l'ornithomancie (10

'), ­ entre lesquelles le géographe n'a pas

choisi (108

).

Dès lors, s'il est vraisemblable que des bisets peuplaient le

site montagneux de Dodone (l o e

), s'il est certain que, dans la

tradition officielle, ces oiseaux ont eu partie liée avec le sanc­

tuaire, aucun indice n'est à même, dans les témoignages examinés

ci­dessus, d'étayer la supposition qu'ils ont été réellement asso­

ciés au fonctionnement de l'oracle (n o

) dont les différents pro­

cédés ont pourtant fait l'objet, de la part des auteurs anciens,

de nombreuses observations (m

) .

B. Emploi du terme néXtia comme désignation cultuelle

Évoquant l'oracle de Dodone, Sophocle fait dire à l'héroïne

des Trachiniennes, qui rappelle avec inquiétude les propos

d'Héraclès (»·) ,

μα}ντ€(υ]όμ(ναι ΐπάνω τής δρυός. La suite du texte explique le nom des trois ypaîai par celui de la prophétesse Πίλεια '• οί oi λίγουσιν ότι Tp[e]î[ç] ypfai'aç ; ΐκάλονν n}fp[t)oTfpàs τής τιροφήτιδος τής Π «Acta? ονόματι. Cf. SERV.. ad VlRG., Én , III, 466: circa hoc tcmplum quercus ... ex cujus radicibus forts manabat, qui ... oracula reddebat, quae murmura anus Pelias nomme interpretata hommibus disserebat. Même procédé dans le cas des Abeilles : ci-dessus, p. 30.

(10') STRAB., VII , fr. 1 c (•-•= EUST., 1760, 41-42 [ad HOM., f 327]). ("") STRAB., V U , fr. 1 a : Ίσως U ... Kai ίσως (10*) Le témoignage de Pausanias est examiné ci­dessous, p. 109, n. 122, 126.

("") Cf. S. I. DAKARIS, Das Taubenorakel von Dodona und das Totenorakel

bei Ephyra, dans Neue Ausgrabungen in Griechenland, 1963, pp. 48­49.

(no

) A.B. COOK, Zeus, Jupiter and the Oak, dans Class. Rev., 17 (1903),

pp. 178­186 ; A. H . KRAPPE, Les Piléiadcs, dans Rev. arch., 36 (1932), pp. 8o­8i ;

P. R. FRANKE, Die antiken Münzen von Epirus, Wiesbaden, 1961, p. 322. Cf.

ci­dessous, p. 113, η. 165 ; H . W . PARKE. o.l., p. 43 (cf. cependant, p. 113,11. 166).

('") Cf. ci­dessous, p. m , n. 149,

("») SOPH., Track., 169­172. Le même oracle sera encore évoqué aux vers 821­

826, 1166­1168, mais toujours en termes peu clairs, du moins en ce qui concerne le

fonctionnement proprement dit.

ιο8 LES OISEAUX

Tels étaient les arrêts imposés par les dieux

pour l'achèvement des travaux d'Héraclès,

comme l'avait, disait-il, jadis annoncé le

chêne antique

de Dodone, δισσ&ν έκ πελΐΐάοων.

La formule, unique dans l'œuvre du poète ( l 1 3), a alimenté d'iné­

puisables commentaires au sujet de l'identification des deux

Péléiades (U 4). Du point de vue grammatical, i l peut s'agir aussi

bien d'oiseaux que de prophétesses, car la préposition eV qui

marque l'origine sert à souligner, en poésie et en prose, le

caractère passif du complément qu'elle introduit ( m ) . En

revanche, si les agents de l'oracle sont ici les colombidés, le vers

de Sophocle contiendrait l'allusion demeurée unique à Dodone,

— et dans tous les autres sanctuaires oraculaires, — d'une divi­

nation à trois degrés : la voix du chêne, le cri des bisets, à quoi

s'ajouteraient les interprètes humains indispensables pour que

la réponse du dieu soit intelligible au consultant. De Jebb ( n e ) à

Kamerbeek (117), l'opinion a prévalu que Sophocle, encore que

d'autres difficultés affectent le texte ( U 8), évoque, à cet endroit,

non les colombidés mais les femmes Péléiades telles qu'elles ont

été définies par les auteurs de l'époque romaine. Il faut, en

effet, attendre Strabon et Pausanias pour trouver le nom de

Péléiade ou Péléia accolé à celui des prêtresses en exercice ( u e ) .

Dans le passage déjà cité où i l réunit diverses hypothèses (1 2 0),

le géographe raisonne en sous­entendant que les trois femmes

âgées (γραΐαή, qui ont succédé aux prophètes des origines,

(U3) Sophocle cependant mentionnait encore le sanctuaire de Dodone et ses prophétesses dans une autre tragédie aujourd'hui perdue. Cf. ci-dessous, p. 112, n. 154.

(114) La question de la source d'informations du poète, contemporain et ami d'Hérodote, est controversée. Cf. H . W . PARKE, o.l., p. 63.

(U6) Cf. R. KUEHNER - B. GERTH, Ausf. Gramm, der griech. Sprache, I 3 (Ha­novre, 1898), p. 461.

("·) R. C. JEBB, Sophocles. The Plays and Fragments, V (Cambridge, 1892), pp. XLI-XLII ; 200-206.

("') J . C. KAMERBEEK, The Plays of Sophocles, II (Leyde, 1959), pp. 64-65. (,l8) Sophocle est le seul auteur à citer le nombre de deux Péléiades et à les

présenter comme des contemporaines des Selloi. Cf. ci-dessous, p. 112, n. 155-156 ; p. 113, n. 160. Il pourrait refléter, dans cette évocation de l'oracle aux temps héroïques, un état intermédiaire de l'organisation interne.

("·) En dehors des textes des scholiastes et des lexicographes anonymes. Cf. ci-dessus, p. 106, n. 103-105.

(lso) Cf. ci-dessus, p. 107, n. 106-107.

L E S O I S E A U X I09

étaient appelées HéÀeiai ou ΠίΧΐΐάδΐς. Puisque, dans le dialecte des Molosses et des Thesprotes, on appelle les femmes âgées πίλιαι et les vieillards πίλιοι, les bisets roucoulants n 'étaient peut­être pas

des oiseaux, mais trois femmes âgées qui consacraient leur temps

au sanctuaire (m

) . Le témoignage le plus explicite reste celui

du Périégète. Il signale que ni la prophétesse Phaennis, issue

d'une des grandes tribus de l'Épire, ni les Péléiai, qui rendaient

les oracles d'après les signes du dieu («V OeoD και αύται) et par une inspiration spontanée, ne recevaient le nom de Sibylle (

m

) .

La première vivait au début du IIIe

siècle avant notre ère (I23

),

tandis que les Péléiades, ajoute-t-il, sont plus anciennes encore

que Phémonoè, la première Pythie (124

). La comparaison entie

les différentes prêtresses, Phaennis, les Sibylles, la Pythie et les

Péléiai-Péléiades implique que ces dernières étaient également

des femmes au service de l'oracle. Pausanias (125

) cite encore

ailleurs les iléXeiai. Dans sa narration des amours tragiques de

Corésos et de Callirhoé (12e

), il évoque une consultation à Dodone

des Calydoniens et précise : pour les Étoliens et leurs voisins, tes

Acarnaniens et les Épirotes, al néXeiai καί τά ΐκ τής δρυός μανταΰματα μίτίχίΐν μάλιστα ίφαίνΐτο άληθύας. Les éditeurs conservent au

mot πίλΐΐαι son sens premier (127), même lorsqu'ils renvoient au

passage déjà cité du livre X (128

). Or les données sont identiques

à celles qu'a produites Sophocle dans les Trachiniennes (1 2 9), à

savoir les Πίλΐΐάδίς et les prédictions issues (eV) du chêne. Aussi,

pour les mêmes raisons qui ont poussé à reconnaître dans les

(m

) STRAB., VII , fr. I a : Φασι ht κα'ι κατά τήν τών Μολοττών καί θΐσπρωτών γλώτταν τάς γραίας τπλίας καλ€Ϊσθαι καί τονς γέροντας ntXiovs- Kai ίσως ουκ ópvta ήσαν αί Ορυλονμίναι ntXtirxöts, άλλά γυναΐκΐς γραιαι τρΐΐς ntpi τό itpóv σχολαζου-

σαι. Cf. HESYCH., Π 1306

(12S

) PALS., Χ , Ι2, ίο. ('«») Cf. J . KRISCHAN, art. Phaennis, dans R.-E., X I X , z (1938), col. 1508. f 1 2 4) Dans le même passage, Pausanias use tantôt du terme ntXeta, tantôt

de TTtXeiâs.

C25

) Dans les passages suivants, il ne mentionne aucun détail relatif au per­

sonnel de l'oracle : I, 13, 3 ; 17, 5 ; 36, 4 ; V111, i l , 12 ; 23. 5 ; 28, 6 ; IX, 8, 1 ;

25, 8.

j1 2

") PAUS., VII , 21, 1­5. Le texte cité appartient au paragraphe 2.

(»·') SCHUBART ­ WALTZ (1838) ; HITZIG ­ BLUKMNF.K (1901) ; SPIRO (1903) ;

JONES (1933) ; PAPACHATZIS (1967)

("*) Cf. PAPACHATZIS, p. 124, η. j. HITZIG ­ BLUEMNER (p. 819) considèrent

que la mention des Péléiades (X. 12, 10) est fondée sur une erreur d'interpré­

tation, imputable à Pausanias, du texte d'Hérodote (II, 57).

("·) Cf. ci­dessus, p. 107, n. 112 et suivantes.

110 LES OISEAUX

Péléiades de la tragédie les prophétesses plutôt que les oiseaux,

les Péléiai auxquelles les Étoliens, les Acarnaniens et les Épirotes

accordaient leur confiance doivent­elles être identifiées, elles

aussi, à des femmes et non à des colombidés.

Il n'en demeure pas moins que les textes de ces deux premières

séries se distinguent tous, par une indéniable amphibologie. Leur

nombre relativement réduit et leur dispersion dans le temps

forment un contraste fort net avec la cohésion des récits qui

décrivent, sans allusion aux bisets ni à une désignation parti­

culière du personnel sacré, les consultations demandées à l'oracle

par les particuliers, illustres ou obscurs, et par les États.

C. Absence du terme néXeia dans les récits de consultation

Après avoir accueilli les héros dont les plus notables sont Helios

et Deucalion ( 1 3 0), Achille (1 3 1), Ulysse (132) et Néoptolème (133),

Héraclès (1 3 4), Jason (1 3 5), Archélaos ( 1 3 e), Inachos (137) ou Coré­

sos (1 3 8), l'oracle de Zeus, d'origine pélasge ( 1 3 e), a reçu les délé­

gations des envahisseurs doriens qui venaient solliciter l'appui

et les conseils du dieu pour mieux assurer leur conquête ( 1 4°).

(l3

<>) Cf. ci­dessus, p. 105, n. 94­95.

(1 3 1

) HOM., Π 233­235. Cf. W . E. GWATKIN, Dodona, Odysseus, and Aeneas,

dans Class. Journal, 57 (1961), pp. 97­102.

(1 3 !

) HOM., I 327­328 (= τ 296­297).

(133

) JUSTIN, 17,3­4; [SCYMNOS DE CHIOS], Périégèse, 447­452 Müller (G.G.M.,

I, p. 215).

(134

) Cf. ci­dessus, p. 107, n. 112.

(LAS

) APOLL. RH., Arg., I, 526­527 ; IV, 582­583. Cf. R. Roux, Le problème des

Argonautes, Paris, 1949, pp. 95­97.

(13

') P. Hamb., 118, col. II, U. 45­50: fragment de l'Archélaos d'Euripide. Cf.

C. AUSTIN, Nova Fragmenta Euripidea, Berlin, 1968, p. 14, fr. 2, 11. 20­25.

(13

') ESCH., Prom., 658­660.

(1 3 Β

) PAUS., VII , 21, 1­5 (Corésos est un prêtre de Dionysos). Sur les rapports

de Dionysos avec le sanctuaire de Dodone: H . W. PARKE, o.l., pp. 150­152.

(1 3 S

) HOM., Π 233 :

Ζ™ ίνα, ΔωΒωναΐί, Πελασγικέ. Sur le peuplement de l'Épire à l'époque préhistorique et les premières installations à Dodone : N. G. L. HAM­MOND, Epirus, Oxford, 1967, pp. 367-370.

(140) L'exemple le mieux caractérisé concerne la Béotie et la prise de Thèbes, — ou de Panacton, — par les envahisseurs doriens au détriment des Pélasges qui l'habitaient : ÉPH., 70 F 119, 4 J . (avec le commentaire, pp. 70-71); PROCLOS, Chrestomathie, 79-86 Severyns (avec le commentaire, pp. 232-243). La consul­tation est restée liée au rituel thébain de la tripodophorie annuelle. Cf. H . W . PAR­KE, o.l., pp. 71-75. La prise de Corinthe par Alétès et les Doriens a, elle aussi, résulté d'un avis émis par Zeus dodonéen en faveur des conquérants : schol. B D PIND., Ném., 7, 155 a Drachmann (pp. 137-139). Cf. Éd. WILL, Korinthiaka, Paris, 1955, p. 137, n. 3.

L E S O I S E A U X I I I

Ensuite, les grandes cités (m

) et les simples citoyens (14ï

) ont

régulièrement pris le chemin de l'inclémente Dodone (143

), bénéfi­

ciaire, à l'époque hellénistique, de la générosité des princes

macédoniens (,44

). Si, dès le Ie r

siècle avant J . ­ C , le déclin s'y fit

sentir (145

), ni les Romains (14e

) ni les rhéteurs postérieurs (147

)

n'ont oublié la renommée du sanctuaire.

Au temps de l'essor et de la splendeur, la volonté divine s'est

essentiellement révélée par la divination inductive (14β

), grâce

à des procédés très variés qui étaient, la plupart, de nature

acoustique (14

*). Le plus ancien, attesté déjà par Homère (1 6

°),

a consisté à expliquer le bruissement du chêne sacré, — l'arbre,

en effet, transmettait la voix même de Zeus (m

) . Quand ils pré­

cisent l'intervention des interprètes, les auteurs, poètes et pro­

sateurs, utilisent le plus souvent trois expressions synonymes:

('") Ainsi en est­il d'Athènes, surtout au IV« siècle avant J . ­ C . : DÉMOSTH.,

18 (Sur la couronne), 253 ; 19 (Sur l'ambassade), 299 ; 21 (Contre Midias), 53 ;

HYPÉRIDE, 3 (Pour Euxémppe), 24 ; PAUS., I, 36, 4 ; etc. De même, Tarente,

Corcyre, les peuples du Nord de la Grèce : cf. O. HOFFMANN, Die Orakelinschri/ten

aus Dodona, dans S.G.D.I., II (Göttingen, 1899), n«' 1557 et suivants. Les

principaux textes épigraphiques ont été repris et traduits par H . W. PARKE,

o.l., pp. 259­273 ; cf. également pp. 129­163 (The Responses of Dodona in Lite­

rature) .

('*») Parmi les hôtes de marque, Crésus : cf. HDT., I, 46. Les questions des

particuliers ont été conservées sur les lamelles inscrites, parfois avec la réponse

prodiguée par l'oracle: HOPFMANN, o.l., n°» 1557­1598; PARKE,

(U

*) HOM., Π 234 ; Δωδώνης ••• ουσχαμίρου. (»4 4) P. LÉVÊQUE, Pyrrhos, Paris, 1957, pp. 232­234 ; S. I. DAKARIS, o.l.,

pp. 35­38. Les grandes constructions sacrées ne sont pas antérieures au IVe

siècle.

("*) Seules les interventions d'Auguste et d'Hadrien lui rendront quelque

éclat avant l'effacement définitif.

("·) Cf. Cie, De divin., I, 43, 95 ; TITE­LIVE, VIII, 24, 1 ; Luc, Pharsale,

VI, 426­427 ; PLINE L'ANCIEN, H.N., II. 228.

(»") DION CHRYSOST., 12 (Olympique), 81 ; THÉMISTIUS, 21 (Le bourreau),

259 D Schenkl­Downey­Norman (II, p. 43) ; 27 (Sur l'attention...), 334 A (ibid.,

p. 157) ; MAXIME DE TYR, 8,1 B Hobein (p. 87) ; 29, 7 C Hobein (p. 347).

('*') STRAB., VII, fr. 1 a : ' Εχρησμψ&ει δ'ού oià λόγων, άλλά δίά ηνων συμβόλων. Mais la divination inspirée n'était pas exclue : cf. PLAT., Phèdre, 244 B ; PAUS.,

X , 12, 10 (ci­dessus, p. 109, n. 122).

(>4

·) Cf. G. RACKET, pp. 92­98.

(ie») HOM., f 327­328 (= τ 296­297) ; HÉs., fr. 240, 319 Merkelbach­West.

Cf. H. W. PARKE, o.l., pp. 20­33.

('") Le rôle du chêne, qui procède apparemment d'une antique dendrolâtrie,

est, avec celui des oiseaux, un des plus sûrs éléments de synthèse entre les deux

courants religieux, celui du monde égéen et celui des envahisseurs. Cf. PARKE, /./.

112 LES OISEAUX

iépeiai (1 5 a

) , προφήτίο€ς ( 1 5 3 ) , àa>8u>vi8es ( 1 M

) . Ces femmes n'ont pas

été les premières titulaires de la charge mantique. Elles ont, à la

suite d'une évolution probablement amorcée dès la fin du I I e mil­

lénaire et, en tout cas, achevée avant l'archaïsme (1 5 5), remplacé

les Selloi aux pieds jamais lavés (15e) et assumé la tâche, parfois

périlleuse (1 5 7), de transmettre les ordres de la divinité. En ce qui

concerne leur nombre, qui semble avoir oscillé de un à trois (1 5 8),

i l faut distinguer entre les témoignages. Les uns racontent la

fondation légendaire, œuvre d'une seule des deux femmes enlevées

("») ÉPH., 70 F 119 J. ; EUR., fr. 368 N.a

; PLAT., Phèdre, 244 B ; Souda, M 1365.

Les témoignages littéraires ont été notamment réunis et étudiés par J. FRIE­

DERICH, Dodoniaca. Beiträge zur Religions­ und Kultgeschichte Dodonas, Fribourg.

1935. PP­ 44­47­

(153) É P H . , / . / . ; HÉRACL. PONT., fr. 136 Wehrli8

; STRAB., VII , 7, 12, 329 C.

("*) SOPH., fr. 4 i 8 N . 2 ( = fr. 456 Pearson) ; ANTIPHANE, fr. 91 Kock (C.A.F.,

II, p. 48) ; PLUT., Phocion, 28, 2 ; DIOD. SIC, XV, 72, 3 ; ORIGÈNE, Contre Celse,

VII, 3, 6, 7. — PROCLOS, /./., 84 (γυναιξί) ; cf. STRAB., VII, fr. 1 α (γραίας). ('65) La question est délicate car nos plus anciens témoignages, ceux d'Homère,

d'Hésiode et de Sophocle, décrivent un état du sanctuaire qu'il n'est pas aisé de

situer dans la chronologie. On admet que les Selloi, qui s'effacent rapidement

en tant que prophètes, appartiennent à l'oracle primitif, celui des Pélasges. Les

prophétesses Pe'léai leur succèdent après les bouleversements introduits par les

Doriens qui ont rapidement (cf. ci­dessus, p. 110, n. 140) asservi l'oracle à leur

cause. Cf. E . LEPORE, Ricerche sull'antico Epiro, Naples, 1962, pp. 58­63 ;

N. G. L . HAMMOND, o.l., p. 369. Selon les chroniqueurs (cf. EUSÈBE, pp. 169­170

Fother.), c'est au cours de la 35 e

Olympiade (639/8) que les Grecs consultèrent à

Dodone (Oraculo Dodonaeo primum Graecia usa est). Cette date, qui ne concerne

évidemment pas la fondation de l'oracle, réputé le plus ancien de toute la Grèce

(cf. ci­dessus, p. in), correspond, avec un haut degré de probabilité, à l'épanouis­

sement qui caractérise la vie du sanctuaire dès l'époque archaïque. L'abondance

des offrandes votives et des objets de culte, pour la plupart en bronze, que les

fouilles ont mis au jour pour la période qui s'étend du VIIIe

au VIe

siècle, suffit à

indiquer le succès des consultations. Cf. N. G. L . HAMMOND, o.l., pp. 428­436.

(LSE

) HOM., Π 234­235; cf. SOPH., Trach., 1166­1168. Selloi ou Helloi : cf.

ci­dessus, p. 105, n. 95. Parmi les études qui leur ont été consacrées: L . ZIEHEN,

art. Σελλοί, dans R.-E., Suppl. V (1931), col. 963-967; A. LESKY, Hellos-Hellotis, dans Wiener Studien, 46 (1927-1928), pp. 48-68 ; G. RESTELLI, Iliade Π 234, dans Rendiconti dell'Istituto Lombardo, 104 (1970), pp. 3-18 ; Ηπειρωτικά, ibid., pp- 537-590.

(16') ÉPH., 70F 119, 4 J. : Tous Sè θεωρούς (sc. des Béotiens) ύπονοήσαντας χαριζο-μένην τοις ΠελασγοΧς τήν προφήτιν κατά το συγγενές, επειδή και το ιερόν Πελασγικόν εξ άρχής ύπήρξεν, ούτως άνελεΧν, άρπάσαντας τήν άνθρωπον είς πυράν εμβαλεΧν. Ci. HÉRACL. PONT., fr. 136 Wehrli* (cité par ZÉNOBIOS, 2, 84 Leutsch-Schneidewin [C.P.G., I, p. 53]) ; PROCLOS, Chrest., 79-86; Souda, M 1365. Cf. ci-dessus, p. 110, n. 140; n. 152.

(lse) PIND., fr. 67 Turvn : deux ; HDT., II, 55, 3 : trois ; 56, 1 : une ; SOPH., Trach., 172: deux; EUR., fr. 1021 N. ! : trois; etc.

4

V. ι, 2. Dodone (AE) : collection P. R. Franke. Voir p. 113, n. 164.

Cliché P. R. Franke.

3. Halicamasse (AE) : collection P. R. Franke. Voir p. 116, n. 192.

Cliché P. R. Franke.

4, 5. Thelpousa (AR) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 442. Voir p. 1

Cliché Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).

LES OISEAUX " 3

de Thèbes ( , 5 e). Les autres, si l'on excepte l'allusion de Sophocle

à deux Péléiades mythiques consultées par Héraclès ( 1 β 0), men­

tionnent toujours trois prophétesses (1β1) qui, tout en formant une

sorte de collège, dispensaient individuellement (1β2) les réponses

aux visiteurs de l'oracle. L'indication chiffrée, déjà garantie par

des auteurs bien informés ( 1 β 3), a été, en outre, reproduite dans le

monnayage local. Certaines monnaies de bronze de la symmachie

épirote (fin du I V e siècle ­ I I I e siècle avant J.­C.) sont frappées,

au droit, de l'aigle de Zeus et portent, au revers, un arbre touffu,

— le chêne sacré, — et trois oiseaux disposés de part et d'autre

et au­dessus du motif central (1 6 4). Cette association du chêne

et des oiseaux qui sont identifiés à des colombidés a, en général,

été interprétée comme la confirmation de l'ornithomancie ( , e 5).

Elle n'est, en réalité ( 1 β β), qu'une illustration du lien qui unit,

dans la littérature, le chêne et le biset. Or, dans les textes, le

mot 7re'Aeia est constamment à double entente lorsqu'il est ques­

tion de Dodone. On ne peut exclure que l'image le soit aussi,

("·) HDT., Il, 55­56, — version que suivait aussi Pindare dans un péan aujour­

d'hui perdu (fr. 67 Turyn).

(»·») SOPH., /./. et schol. L.

('·') HDT., II, 55, 3 (qui les cite nommément); EUR., fr. 1021 N." ; ÉPH.,

/./. ; STRAB., VII, fr. 1 0 ; répétés par les scholiastes et commentateurs.

("*) Le récit de la consultation par les Pélasges de Thèbes et les Doriens

en témoigne : le sacrilège est commis sur la seule prophétesse qui a rendu l'oracle,

après quoi, (ÉPHORE, /./.) καλίΐν δ'ί'πί τάς 'κρύας ' ταύτας h'flvai τας προφήτιοας, at λοιποί τριών ούσών nepirjaav. Cf. ci-dessus, p. 112, η. 157.

(U3) Hérodote a visité le sanctuaire (II, 55, 1), de même, — selon toute

vraisemblance, — qu'Euripide, qui a, en tout cas, séjourné en Macédoine

et a écrit des tragédies inspirées par les traditions locales, à la gloire de la dynastie

macédonienne. Cf. A. DIETERICH, art. Euripides (4), dans R.­E., VI (1907).

col. 1246; Fr. STOESSL, art. Euripides (4), dans R.­E., Suppl. XI (1968), col. 659­

660, 663.

("4

) P. K. FRANKE, Die antiken Münzen von Epirus, Wiesbaden, 1961, pp. 63­

64, pl. 15, K 51 ­ K52 ; pl. 64 ( = ­ Das Taubenorakel zu Dodona und die Eiche als

der heilige Baum des Zeus Naios, dans Ath. Mitt., 71 [1956], pl. 42). Cf. PLANCHE

V, 1­2.

·5

) P. Κ. FRANKE, o.l., p. 322 (l'auteur suit l'avis d'iMHOOF­BLUMER ­

KELLER). Les intéressants ex­voto de bronze (colombidés, statuette féminine

avec oiseau) qui sont invoqués (ibid.) dans le même sens, confirment le lien

avec les oiseaux, non l'existence de l'ornithomancie.

(»·4

) H. W. PARKE, o.l., p. 76 (malgré l'avis émis p. 43). M. P. NILSSON

(Geschichte der griech. Religion, IS

, pp. 423­427), dont l'analyse des données

oraculaires est essentiellement négative, avait déjà récusé l'existence des weis­

sagende Tauben Cf , dans le même sens, G. RACKET, /./., p. 94 ; S. I. DAKARIS,

o.l., p. 49

114 LES OISEAUX

suggérant l'oiseau non moins que les prêtresses TléXeiai qui sont

précisément au nombre de trois.

Au terme de l'examen des principaux témoignages, les données

relatives aux interprètes féminins de l'oracle de Zeus dodonéen

peuvent être résumées de la manière suivante : à l'époque histo­

rique, un collège de trois prophétesses a assuré le fonctionnement

de l'oracle fondé sur des procédés divers dont le plus répandu est

demeuré le murmure du chêne sacré. Elles sont connues sous le

nom de Péléiai ou Péléiades, termes qui désignent aussi les

pigeons bisets. La tradition ancienne a régulièrement rapproché

les oiseaux des prêtresses, tout en hésitant à justifier la désigna­

tion cultuelle par l'ornithomancie, qui reste hypothétique.

L'origine et la personnalité des dieux de l'oracle pourraient

éclairer l'appellation des prêtresses que leur fonction ne suffit pas

à expliquer.

LES MAÎTRES DE L'ORACLE

Dès l'époque héroïque, Zeus règne à Dodone où i l est invoqué

sous les titres de Πελασγικός et de Δωδωναίος (1 β 7). Le site mon­tagneux ( 1 β β), balayé par les pluies et les orages ( 1 β 9), était natu­

rellement disposé pour accueillir le dieu du ciel et des phénomènes

atmosphériques, dont le culte célébré à l'air libre a maintenu

longtemps, dans sa simplicité primitive, le contact avec le

milieu environnant ( 1 7°).

Les lamelles inscrites, qui datent, au plus tôt, de la fin du

V e siècle avant J . ­C , révèlent la présence d'une déesse, Dionè,

que les consultants associent à Zeus Νά(;ήος ( m ) lorsqu'ils formu-

(»') HOM., Π 233. ('·8) Dominé par le sommet du mont Tomaros ou Tmaros, qui culmine à

près de 2000 m. Cf. la description évocatrice de J . SERVAIS, Dodone, dans La

civilisation grecque de l'Antiquité à nos jours, I (Bruxelles, 1967), pp. 260, 266.

La moyenne annuelle des pluies y est de 1261 millim. contre 396 millim.

à Athènes. Cf. tableaux comparatifs de Th. Th. PHINTIKLIS, art. Ελλάς, dans Megali Helliniki Enhyklopaidia, X (1934), p. 41, 4 ; p. 44, 6.

("·) La consultation s'est déroulée, en raison des procédés qu'elle mettait en œuvre, iv ύπαίθρω, pendant la plus grande partie du temps où l'oracle a fonc­

tionné. Cf. ci­dessus, p. m , n. 144.

(m

) Le sens précis de l'épiclèse est controversé, selon qu'on la rattache au

verbe valut habiter ou au verbe νάω couler. Cf. S. I. DAKARIS, o.l., p. 38 ; M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I S, p. 425. Le contenu de la fête des Naia, attestée par divers témoignages, reste à approfondir. Voir P. CABANES, L'Épire de la mort de Pyrrhos à la conquête romaine, Paris, 1976, pp. 329-341.

LES OISEAUX "5

lent leurs requêtes ( l 7 1). Elle apparaît à ses côtés sur les mon­

naies locales (173) qui la représentent parée du voile et du diadème

de l'épouse.

D'après les traditions mythologiques, son rôle est plutôt

effacé. Fille de Téthys et d'Océan, l'aimable Dionè (174) appartient

à la génération antérieure à celle des Olympiens. Comme Mnémo­

syne, Thémis ou Métis, elle s'est unie à Zeus et lui a donné une

fille, Aphrodite, à qui, dans l'épopée, elle enseigne la résignation

et la patience (1 7 6). Elle intervient encore dans l'Hymne homérique

à Apollon ( 1 7 e), où elle est jointe à Rhéa et à Amphitrite pour

assister Létô. Dans les deux cas, l'accent est mis sur le caractère

maternel de ses interventions qui l'apparentent, au même titre

qu'Héra, Déméter ou Athéna, à la fonction que détenait originel­

lement Gaia. Or, à Dodone, c'est la Terre qui est associée à Zeus

dans l'hymne des Péléiades (177) :

Zeus était, Zeus est, Zeus sera ; ô puissant Zeus !

Terre fait croître ses fruits, c'est pourquoi vous donnez à Terre le

nom de Mère.

Ζΐύς τ)ν, Ζΐύς ΐστίν, Ζΐύς εσσεται, ώ μεγάλε Ζΐΰ ' Γά καρπούς άνίίΐ, διό κλώζετε Ματερα Γαΐαν.

S 'il n'est pas aussi ancien que l'affirme Pausanias ( 1 7 e), ce chant n'en est pas moins dicté pai une intuition en tous points fidèle à

l'évolution du sanctuaire de Dodone, telle qu'on peut la découvrir

à travers Dionè. Elle est l'homonyme de Zeus (l7*), la déesse qui

procède de Zeus ( 1 β 0), après avoir reçu, dans l'épopée, l'épithète

δια θεάων ( m ) . Cette dernière a pris un sens plus complet depuis

la lecture des documents mycéniens. En effet, certains textes,

et notamment ceux qui portent peut­être la mention πελεια ( 1 M ) ,

("") Cf. ci­dessus, p. m , n. 141, 142.

("") P. R. FRANKE, o.l., pp. 19, 33­34 (essentiellement III«­IIE

siècles avant

J.­C).

(L

'4

) HÉS., Théog., 353 : ερατή τ€ Διώνη. ("») HOM., Ε 370, 3 8 ι . ("*) Hymne hom. Apollon, 93. (»") PAUS., Χ , i2, 10. ("·) Cf. H . W . PARKE, Mighty Zeus, dans Hetmathena, 111 (1971), pp. 24-33. ("·) P. Hamb., 118, col. II, 1 46: της ο'όμωνύμου Διός. Cf. ci-dessus, p. no,

n. 136. ( u 0 ) Etym. magn., 280, 41 : άπό τοΰ Διός, Διώνη, ...πρώτον γεγονε γαμέτη τοΰ

Διός. Cf. EUST., 558, 14-16 (ad HOM., Ε 370). ("') HOM., Ε 38ι. ("*) Cf. ci-dessus, ρ. ιοί, n. 69.

ι ι 6 LES OISEAUX

ont livré le théonyme Diuja ou Diwija (1 8 3). Que l'on suive

l'interprétation de Frisk qui y reconnaît la fille du ciel, la

déesse (1 8 4), ou celle de Ruijgh qui songe à l'épouse de Zeus (18δ),

i l s'agit d'une appellation indo­européenne, qui la présente comme

l'équivalent féminin de Zeus et sa parèdre ( 1 8 e). Face à Héra,

figure de synthèse des religions égéenne et grecque (1 8 7), elle a

peu et mal résisté, sauf à Dodone, premier fief avancé du dieu.

Mais sa victoire y résulte d'un accommodement entre l'état

primitif et l'hellénisation progressive du sanctuaire. Dès l'arrivée

des premiers Indo­Européens, Zeus s'est arrogé le domaine sacré

sur lequel régnait jusque­là une autre présence divine, celle de Gè

dont Dionè a assumé l'héritage ( 1 8 8). La nouvelle désignation, liée

à l'influence des envahisseurs successifs ( 1 8 9), n'a pas effacé sa

véritable nature : dans le culte, elle est restée Gaia, la Terre­Mère

des origines.

Il ne manque pas d'exemples pour illustrer la présence des

colombidés auprès des titulaires de l'oracle. En Crète, ils appor­

tent l'ambroisie à Zeus ( 1 β 0), tandis qu'ils interviennent dans son

oracle de Thisbé ( m ) et, sans doute, dans le culte qui lui était

rendu à Halicarnasse (1 9 2). De même, ils font partie de l'entourage

de la déesse égéenne à laquelle se superpose Dionè (1 9 3). Force est

cependant de reconnaître que ces éléments épars, souvent cités

en relation avec Dodone ( l 9 4), n'élucident pas le nom des Péléiai

(1,s

) Anna MORPURGO, Mycenaeae Graecitatis Lexicon, Rome, 1963, p. 67:

PY Cn 1287, 6 ; P Y An 607, 5 ; P Y Tn 316 v, 4.

(1 8 4

) H . FRISK, Griech. etym. Wörterbuch, II, p. 397.

(1,s

) C. J. RUIJGH, Études sur la grammaire et le vocabulaire du grec mycénien,

Amsterdam, 1967, p. 133.

(1 8 E

) H . USENER, Götternamen, Bonn, 1896, p. 36 ; W . POETSCHER, Zeus

Naios und Dione in Dodona, dans Mnemosyne, 19 (1966), pp. 113­147.

(18

') M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, IS

, pp. 427­433.

("') N . G. L . HAMMOND, o.l., p. 369.

(189

) Ibid., pp. 392­395 ; cf. S. I. DAKARIS, o.l., p. 49.

(1 9

°) HOM., μ 62­63.

(1Β1

) LACTANTIUS, Comm. in Statii Thebaida, VII, 261 Jahnke (p. 357). Cf.

ΗΟΜ., Β 502 : πολντρήρωνά re Θίσβ-ην. (1Β2) D'après certains types monétaires de cette ville qui réunissent l'arbre

et les oiseaux : Β. V. HEAD, H.N.2

, p. 619, n° 305 (époque romaine impériale) ;

P. R. FRANKE, Kleinasien zur Römerzeit, Munich, 1968, n° 315. Cf. PLANCHE V, 3.

(1,s

) Cf. Ch. PICARD, Les religions préhelléniques, Paris, 1948, pp. 112­113,

155 ; M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is

, pp. 290­292.

(le4

) De même aussi que les colombes qui sont l'attribut d'Aphrodite. Celles­ci

ont pu, avec le temps, renforcer les liens qui unissent Dionè et les oiseaux. Il

LES OISEAUX I I 7

ou Péléiades qui ont desservi le sanctuaire commun de Zeus et

Dionè. Tout au plus permettent­ils d'entrevoir comment un

attribut identique, lié à des fonctions semblables, a pu favoriser

la fusion des courants qui ont créé la religion grecque et contri­

buer à éliminer entre eux les solutions de continuité.

Dans l'état actuel de notre information, l'origine de la désigna­

tion des prophétesses demeure donc inconnaissable. Qu'elle ait

été la conséquence de procédés mantiques mal représentés dans

la tradition, qu'elle soit issue d'un terme dialectal, homonyme

du nom grec des bisets, ou qu'elle provienne de quelque autre

circonstance oubliée, les Grecs l'ont acceptée et conservée, fût­ce

sous l'influence de leurs conceptions générales à l'égard des

oiseaux. Car, de même que, parmi les animaux, les oiseaux ont

été, à leurs yeux, les plus proches des dieux olympiens, les prê­

tresses de Dodone ont été, parmi les desservants du culte, les

plus proches du souverain de l'Olympe et de sa parèdre Dionè.

Que ce n'étaient pas les dieux qui ont jadis régné sur l'humanité,

mais les oiseaux il y en a bien des preuves, affirme Pisthétairos dans

la comédie qu'ils ont inspirée à Aristophane (19S

). Celles que le

poète lui prête sont de plaisantes flatteries capables de faire

triompher son projet, mais les exégètes ont depuis longtemps

relevé les différents passages des Oiseaux, qui parodient les

récits théogoniques (1β6

) et les croyances relatives aux méta­

morphoses divines (197

).

De fait, par l'image de l'œuf primordial, les oiseaux ont été

associés, dans les conceptions orphiques de la genèse (198

), aux

origines de l'univers, et, dans les traditions mythologiques, ils

sont, plus que toutes les autres espèces, l'instrument de l'épi­

phanie des dieux (199

). Ces deux fonctions sont ordinairement

convient cependant de noter que la tradition qui fait d'Aphrodite la fille de

Dionè est fondamentalement différente de celle, mieux représentée, qui lui

attribue une origine orientale. C'est à l'Aphrodite orientale qu'appartiennent

les colombes.

C") ARISTOPH., OIS., 481­482.

(»··) Ibid., 685­702.

('·') Ibid., 409­522, 865­884,

("») Cf. K . ZIEGLER, art. Orphische Dichtung, dans R E., XIII, 2 (1942).

col. 1350­1357 ; [O.] WASER, art. Eros, dans R.­E.,\'l, 1 (1907). col. 485­487;

également, K. TURCAN, Eâme­oiseau et l'eschatologie orphique, dans R.H.R.,

155 ("959). PP­ 33­40 ('··) Cf. ci­dessus, pp. 96­97.

ι ι 8 LES OISEAUX

considérées comme des survivances zoolâtriques propres à des

mouvements de pensée nettement circonscrits ou limitées à des

récits mythiques et à des comparaisons littéraires ( 2 0 0). La place

qui a été réservée aux oiseaux dans le contexte religieux le plus

général tend cependant à indiquer que le sens de l'allégorie pri­

mordiale et des métamorphoses divines est moins restreint qu'il

n'y paraît d'abord. Le rôle que Platon attribue aux oiseaux dans

les grands mythes eschatologiques le prouve encore d'une

autre manière. I l importe toutefois de distinguer les développe­

ments du Phédon (201) et du Timée (202) où la transmigration des

âmes dans les espèces animales repose sur les affinités de com­

portement et procède d'une dégradation lente et irréversible (2 0 3),

du mythe essentiel d'Er l'Arménien dans la République. Le choix

des genres de vie, animale ou humaine, y est laissé à la libre déci­

sion de chacun ( 2 0 4). Parmi les héros appelés à la réincarnation,

celui qui est, tel Agamemnon, lassé des souffrances humaines, pré­

fère la vie de l'aigle, tandis que les âmes délicates d'Orphée et de

Thamyras optent respectivement pour le cygne et pour le ros­

signol ( ï 0 5). De même, dans le mythe du Phèdre où l'attelage

ailé symbolise l'âme dans sa difficile ascension, c'est encore aux

oiseaux ( a o e) que le philosophe emprunte les images et les méta­

phores propres à traduire les principes fondamentaux de sa

pensée éthique ( 2 0 7).

(ιοο) Outre les références produites ci­dessus, notamment n. 48 (p. 98), cf.

F. DiRLMEiER, Die Vogelgestalt homerischer Götter, Heidelberg, 1967, pp. 34­36.

(*01

) PLAT., Phédon, 80 Ε ­ 82 C. Cf. les remarques nuancées de L. ROBIN,

Quelques survivances dans la pensée philosophique des Grecs d'une mentalité pri­

mitive, dans R.E.G., 49 (1936), pp. 282­285, à. propos de ces pages de Platon

où l'« on est souvent trop enclin à ne voir rien de plus que des fantaisies. »

(*·*) PLAT., Timée, 90 E ­ 92 C, particulièrement 91 D­E.

(*·*) Dans le Timée, 91 D, les oiseaux sont, dans la hiérarchie, attribués aux

hommes dépourvus de méchanceté, mais légers et qui ne s'occupent que des

phénomènes célestes apparents {εκ τών άκακων ανδρών, κούφων Sé, καί μετεωρο­λογικών). Dans le Phédon, 82 A, les faucons et les milans sont, par affinité, réservés aux voleurs. Cf. J . PLAQUEVENT, De la béte à l'homme, dans Le mystère animal, Paris, Pion, 1939, p. 295.

("«) PLAT., Rép., X, 618 A. (··*) Ibid., 620 A-B. (ΐο·) ρ τ . Α Τ ι ) Phèdre, 246 A - 252 C. L'image de l'aile n'est absente d'aucune

des étapes de la progression. Cf. 249 D : όρνιθο: δίκψ βλέπων. PLUTARQUE, Pla­ton, qu., 6 {Mor., 1004 C-D). R. TURCAN, /./., pp. 36-38.

(»«') Cf. P.-M. SCHUHL, La fabulation platonicienne, Paris, 1947, pp. 27-31.

LES OISEAUX H Q

Inspiré par son attachement à Apollon, Socrate, — et Platon avec lui dans le dialogue du Phédon (20e), — n'avait pas hésité, au moment suprême de sa mort, à s'identifier aux cygnes, servi­teurs du dieu. La même comparaison resurgit à propos de Platon s'il est vrai qu'à la fin de sa vie, le disciple de Socrate se serait vu, en songe, sous l'apparence d'un cygne (">·). L'allégorie est nourrie aux sources de la religion grecque et conserve, même lorsque celle-ci n'est plus directement mise en cause, une résonance pro­fondément sacrée.

Dans le mythe philosophique comme dans la littérature, elle atteste la vitalité de la conviction, d'abord religieuse, qui a inspiré aux Grecs la certitude que les oiseaux, avant de devenir serviteurs, ont bien pu être les dieux eux-mêmes

(LOI) PLAT., Phédon, 85 B : ήγοΰμαι όμόοουλός re tlvat τών κύκνων καί Upôs

τοΰ αύτοΰ β«οί. ("*) OLYMPIODORE, Vie de Platon, Westermann (p. 4,11. 27-31) ; cf. ANONYME,

Vie de Platon, W. (p. 5, U. 27-40).

Les Mammifères

Pour des raisons multiples qui tiennent à la fois à la nature de l'économie antique ('), agricole et pastorale, et aux prescriptions du code alimentaire (2), la première place revient, dans les rites du sacrifice et de l'offrande, aux mammifères domestiques dont aucune espèce n'est, en principe, exclue. Toutefois, si l'immolation de chevaux (3), d'ânes (4) ou de chiens (5) est bien attestée, les victimes traditionnelles (") sont davantage prélevées parmi les ovins, les porcins ('), les

(') Cf. P. GUIRAUD, La propriété foncière en Grèce jusqu'à la conquête romaine, Paris, 1893, pp. 506-512 ; Stella GEORGOUDI, Quelques problèmes de la trans­humance dans la Grèce ancienne, dans R.E.G., 87 (1974). pp. 155-185.

(') [HIPP.], Régime, II, 46 ; cf. cependant PORPH., De Abst., I, 14 : ol Έλληνες ούτε κυνοφαγονσιν οϋβ' ίππους εσβίουσιν οΰτ' όνους. Sur l'hippophagie, cf. P. VIGNE­RON, Le cheval dans l'Antiquité gréco-romaine, Nancy, 1968, pp. 185-189.

(3) Cf. ci-dessous, pp. 151-152. (*) HÉSYCH., A 4886: όνος αφετος ιερός τοίς άνεμοις βυόμενος εν Ταραντίνοις;

cf. ANTON. LIB., 20 (sacrifice des Hyperboréens à Apollon). M. VOGEL, "Ονος λύρας. Der Esel mit der Leier, Dusseldorf, 1973, pp. 188-189, etc.

(*) En l'honneur d'Arès, à Thérapnè : PAUS., III, 14, 9 ; 20, 2 ; en l'honneur

d'Hécate κυνοσφαγής (LYCOPHR., Alex., 77), à Colophon : PAUS., /./. ; cf.

H. SCHOLZ, Der Hund in der griech.­röm. Magie und Religion, Berlin, 1937.

pp. 40­43; d'autre part, offrande aux chiens d'Asclépios: S.I.G.', 1040,

11. 9­10 (IVe

siècle avant J.­C.) ; cf. D. GOURÉVITCH, Le chien, de la thérapeutique

populaire aux cultes sanitaires, dans Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École

française de Rome, 80 (1968), pp. 247­281 ; cf. H . SCHOLZ, o.l., pp. 46­49.

(*) Les rituels de certaines fêtes, telles les Bouphonia à Athènes (cf. L . DEUH­

NER. Attische Feste', Berlin, 1966, pp. 158­174) ou celle célébrée à Lindos ([APD.],

Bibl., 11,5, 1

L 8 ; PHILOSTR., Im., II, 24) et les légendes étiologiques (cf., par ex..

PAUS., IX, 12, ι) trahissent les hésitations relatives aux sacrifices de certaines

catégories d'animaux domestiques. Cf. Γ . PESTALOZZA, Le origini delle Buphonia

ateniesi, dans Rendiconti dell'Istituto Lombarde, 89­90 (1956), pp. 433­454.

(') Les porcs sont, par nature, destinés au sacrifice : cf. ΑΤΗ., IX, 374 D ­ 376 E

avec citation d'AGATHOCLÈS, 472 F 1 a J . (interdits locaux, ici en Crète) ; PORPH ,

De Abst., III, 20 Agathoclès atteste l'existence chez les Praisioi de l'Inde de

sacrifices destinés au porc. On connaît, d'autre part, une inscription de Théra

(S.G.D.I., III, 4758 = LG., XII 3, 418) ainsi libellée: Ύς Αάματρ.ο.ς καί ? K'ô j> ας . Les éditeurs se divisent sur le point de savoir si l'inscription est ou non mutilée à gauche. Ceux qui préconisent la première possibilité restituent [ίερε]ύς (cf. F HILLER VON GAERTRINGEN - Ρ W i L S K Y , Stadigeschichte von Thera, III

122 L E S M A M M I F È R E S

caprins et les bovins (8). Il n'est pas rare que des espaces aient été ménagés dans les sanctuaires pour laisser paître, en liberté et affranchis de tout travail, les animaux (cfyeroi, άνετοι) destinés aux autels (*).

Dans la plupart des cas, des instructions précises stipulent (10

),

en fonction de la personnalité du destinataire sacré, des cir­

constances particulières dans lesquelles le sacrifice est célébré et

des effets que le dédicant en escompte, les qualités de la victime

et les critères qui permettront d'en faire le choix. Car pas plus que

l'espèce, les caractères physiques, — conformation, sexe, âge,

couleur, — ne sont indifférents (u

). Le premier devoir impose, à

de rares exceptions près (12

), de ne présenter que des animaux

irréprochables, exempts de malformation et de mutilation (13

).

[Berlin, 1904], p. 71), les autres considèrent qu'il s'agit d'une nouvelle attestation

de desservant à nom d'animal. Le porc occupe indiscutablement une place impor­

tante dans les rites démétriaques. La question reste cependant ouverte, faute

d'indices indépendants. La roche sur laquelle le texte a été gravé se trouve trop

attaquée par des parasites pour que l'on puisse trancher à coup sûr dans un sens

ou dans l'autre.

(*) Souda, θ 617 : ότι έξ θυοίαι έξ έμψυχων έθΰοντο, προβάτου, ύός, aiyôç, βοάς, όρνιθος, χηνός ' έθύίτο έβδομος ό έξ άλιύρου, και ζήτίΐ έν τω βοΰς έβδομος- Cf. Β 457 (= DIOGÉNIEN, 3. 5° Leutsch­Schneidewin [C.P.G., I, p. 224]). Cf. E . MAYR­

HOFER­PASSLER, Haustieropfer bei den Indoiraniern und den anderen Indogerma­

nischen Völkern, dans Archiv Orientdlni, 21 (1953), PP­ 182­205. Les questions

relatives à la démographie animale dans l'Antiquité ne sont pas les moins déli­

cates à résoudre. Cf. P. GUIRAUD, o.l., pp. 506­512 ; A. JARDÉ, Les céréales dans

l'Antiquité grecque, Paris, 1925, pp. 124­127 ; Fr. N. EGERTON, Ancient Sources

for Animal Demography, dans Isis, 59 (1968), pp. 174­189.

(·) Cf. Th. HOMOLLE, art. Donarium, dansDt'ci. Ant., II (Paris, 1892), col. 370 B.

(10

) Sur toutes ces questions qui, du point de vue institutionnel, demande­

raient une étude exhaustive, préliminaire indispensable à leur interprétation,

cf., outre Ph.­E. LEGRAND, art. Sacrificium, dans Diet. Ant., IV, 2 (1911).

col. 958 A ­ 961 B et L. ZIEHEN, art. Opfer, dans R.­E., X V I I I , 1 (1939), col. 588­

597 : P. STENGEL, Opferbräuche der Griechen, Leipzig­Berlin, 1910 ; K . MEULI,

Griechische Opferbräuche, dans Phyllobolia für P. Von der Mühll, Bâle, 1946,

pp. 188­255.

(u

) « La faculté d'offrir une victime quelconque est signalée, là où elle existe,

en des termes formels, comme une chose n'allant pas de soi » (Ph.­E. LEGRAND).

Cf. PAUS., VIII , 37, 8 ; I X , 19, 7 ; F. SOKOLOWSKI, Lots sacrées des cités grecques,

Suppl., Paris, 1962, 67 (Thasos, IVE

s . av. J.­C), 11. 2­4 : βόν ή αΐγ[α rj κριον θύειν], \ οί δέ ίδι[ώται 5 τι άν] | θέλω[σιν .

(") Cf. ARISTT., fr. ιοί Rose (cité par ΑΤΗ., X V , 674 F) ; HELLANICOS DE

LESBOS, 323 a F 13 J . ; PHANODÉMOS, 325 F 3 J . ; EUPHRONIOS, fr. 71 Strecker

(cités par schol. V ARISTOPH., Ois., 873) ; ÉLIEN, N.A., X I I , 34; [PLAT.], Second

Alcib., 149 A ; F. SOKOLOWSKI, o.l., 37 (Delphes, vers 480-470 av. J.-C).

(LA

) ARISTT., ; Luc, De sacrificiis, 12 ; PLUT., De defectu oracul., 49 {Mor.,

437 A-B).

L E S M A M M I F È R E S 123

À l'accoutumée, leur agréation est soumise aux divers contrôles

des fonctionnaires religieux (u

).

La règle générale d'après laquelle les animaux mâles auraient

été réservés aux dieux et les animaux femelles aux déesses se

résout, dans la pratique, en des applications beaucoup plus diver­

sifiées et subtiles que ne le laissent entendre les auteurs qui l'ont

formulée (u

). Tout au plus, les sources littéraires et épigraphiques

permettent­elles de dégager des tendances où les deux possibilités

tantôt s'excluent, tantôt coexistent ou se succèdent (1β

). La

victime mâle, toujours appréciée de Zeus et de Poseidon, est

requise pour solenniser les serments qui associent souvent, comme

garants, dieux et déesses à la fois (l7

). En dehors de cette

situation, le sacrifice appelé τρίττοια (1β), au cours duquel sont immolés les mâles des grandes espèces domestiques, est adressé

aux dieux (1β

) non moins qu'aux déesses (î0

), à qui l'on réserve,

par ailleurs, surtout lorsqu'on attend d'elles qu'elles assurent la

fertilité et la fécondité, des victimes femelles (2l

).

(") Notamment les hiéïopes. C L J. OEHLER, art. 'Itponoioi, dans R.­E.,

VIII , 2 (1913), col. 1585­1588.

(»«) Par exemple, ARNOBE, Adver SUS nationes, VII, 19, 1 : dis feminis feminas,

mares maribus hostias tmmolare abstrusa et interior ratio est vulgique a cognittone

dimota. (2) ... ex stultisstmis ... opinattonibus.

( ' · ) Cf. P. STENGEL, o.l.. pp. 1 9 1 ­ 1 9 6 ; L. ZIEHEN, /./., col. 594­595

(") Cf. M. P. NILSSON, Gesch. der griech. Religion, IS

, pp. 139­142.

('») Cf. L. ZIEHEN, art. Τρίττοια, dans R.-E.. VII A, 1 (1939), col. 328-329; sur l'alternance TOITTÙÇ, Τρίττοια, cf. E. SCHWYZER, Griech. Grammatik, I (Munich, 1934). P 597

('») Taureau, bélier, verrat ; HOM., Λ 131 (pour Poseidon) ; cf. EUST., 1676,

34-42 [ad l.l.) ; XÉN., Anab., II, 2, 9 (pour sanctionner l'alliance, sous serment,

des Grecs avec Ariée) ; CALLIM , fr. 578 Pfeiffer. Taureau, verrat, bouc : PHOTIOS,

Lex., s.v. Τριττύαν Naber (II, p. 227) ; Etym. magnum, 768, 17-19 (citant, tous deux, ISTROS, 334 F 51 J ). Bouc, bélier, verrat; ARISTOPH., Ploutos, 820 (pour

Asclépios); Souda, T 1030; etc.

(*°) En l'honneur des déesses d'Éleusis, quelquefois associées à d'autres

divinités. Cf., par exemple, F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris,

1969, 4 (règlement, début du VE

s. av. J.-C), 1. 5 ; 5 (décret, vers 423-422),

1. 37. EUST., 1425, 62-63 (ad HOM., α 399) : le triple sacrifice est dédié à Hélène

et aux Dioscures.

(") Le cas de Déméter est particulièrement net Cf. F. SOKOLOWSKI, O.!., 65

(Andanie, 9 2 av. J.-C), 1. 68 : Δάματρι am ιπίτοκα ; q6 (Myconos. vers 2 0 0 av. J .-C), 11. 11-12 ; Hts I δύο καλλιστ(ύονααι- ή irlpa ΐγκύμ[ων] ; 1. 16 : δν ένκύμονα πρωτοτόκον : S.I.G.', Ι025 (Cos, vers 300 av. J.-C), 1. 61 : ôïs réXtws «ai rtÀéa

Kvéoaa. Cf. CoRNUTUS, Titp'i 0tûv, 28 Lang (p. 56. 1 6) : βύουσι δ'ίΐ ι'γκΰμονας TTj Δ-ημ-ητρι nâvv oiVeouî.

124 LES MAMMIFÈRES

Le nom même qui désigne l'espèce à sacrifier, — génisse (22

),

chevreau (23

), porcelet (24

), agneau (26

), — fixe implicitement

l'âge de la victime. Pour réduire cependant la part d'approxi­

mation qui affecte de telles mentions, les rituels précisent sou­

vent qu'il s'agira d'un animal de lait (2e

), d'un spécimen soit

adulte (27

), soit âgé d'une (2e

) ou de plusieurs années (2e

). Le

souci de procurer une viande savoureuse n'est pas étranger

à ces détails qui placent l'abattage au moment où la chair

peut être avantageusement consommée. Encore faut­il ne pas

décimer les troupeaux ni leur faire perdre toute rentabi­

lité (30

). De là viennent, en Attique par exemple, les inter­

dictions d'immoler une brebis avant qu'elle ait mis bas ou

(22

) Cette référence et celles qui figurent dans les notes suivantes sont données

à titre d'exemples. Cf. F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl.,

Paris, 1962, 101 (Camiros, IIIe

s. avant J.­C), 1. 4 : δάμαλιν. (") F . SOKOLOWSKI, o.l., nofPérée de Rhodes?, époque romaine), 1. 2 : âpva ή

ίριφον (pour Aphrodite), 1. 4 : (ρίφους δυο (pour Aphrodite) ; Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 142 (Lindos, IIIe s. avant J.-C), U. 4-6: ίριφον \ XeuKàv

r) πυρ­ | pôv (pour Hélios).

(") HÉNIOCHOS, fr. 2, 2 Kock (C.A.F., II, p. 432) : ... τον χοΐρον λαβών; F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl., Paris, 1962, 94 (Camiros,

IIIe

s. avant J.-C), 1. 6 : χοΐρον (pour Poseidon) ainsi qu'un taureau (11. 3-5: ταΰρον I [μ]ή vewTcpov | [eJvtauTi'oy) et un bélier (11. 11-12: κριον rrpa- | τήνιον).

( , S) F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 18 B (Attique, IV e s. avant J.-C, première moitié), 11. 17-18: άμ- \ νή Χιυκή (pour Basilè) ; 96

(Myconos, vers 200 avant J.-C), 1. 9: αμνό; XCUKOS ένόρχης (pour Poséidon).

Cf. aussi Lois sacrées des cités grecques, Suppl., 101,11. 3,5 : une brebis en l'honneur

des Muses et de Mnémosyne (Camiros, IIIe

s. avant J.-C).

(28

) Outre HÉNIOCHOS cité ci-dessus (cf. n. 24), PHÉRÉCRATÈS, fr. 28 Kock

(C.A.F., I, p. 153) : γαλαθψον ... υν ; noter l'insistance dans l'expression d'ATHÉ-

NÉE, IV, 139 Β : γαΧαθηνούς ορθαγορίσκους. Cf. F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des

cités grecques, Paris, 1969, 1 A (Athènes, Ve

s. avant J.-C, première moitié), 11. 9,

14; 29 (Athènes, IVe

s. avant J.-C), 11. 6-7; 45 (Pirée, IVe

s. avant J.-C), 1, 4;

169 A (Isthmos [Cos], IIIe

s. avant J.-C), 11. 9-10; etc.

(2

') T H U C , V, 47, 8; cf. HÉSYCH., T 401. F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées des

cités grecques, Paris, 1969, 10 C (Athènes, avant 460 avant J.-C), 1. n ; 29

(Athènes, IVe

s. avant J.-C, seconde moitié), 1. 6; etc.

(28

) HOM., Z 93-94 : δυοκαίδίκα βοΰς ... | ήνις ήκέστας ; cf. Κ 292 ; y 382 ; etc. — F . SOKOLOWSKI, o.l., 96 (Myconos, vers 200 avant J.-C), 1. 25 : δίρτά μίΧανα €ττ/σι[α].

(2B) HOM., Β 402-403 : βοΰν ... | πίονα πινταίτηρον ; ISTROS, 334 F 5 1 J - '. cf. L. ZIEHEN, /./., col. 595-597.

(30) Stella GEORGOUDI, Quelques problèmes de la transhumance, dans R.E.G., 87 (1974). p. 178.

LES MAMMIFÈRES I25

qu'elle ait été tondue (31

), un agneau avant qu'il ait donné sa

première laine (32

).

Quant à la couleur de la robe des victimes, elle suscite des

observations voisines de celles qui ont été faites à propos de leur

sexe. À en croire Eusèbe (33

) ou Arnobe (34

), les divinités oura­

niennes n'auraient jamais agréé que des animaux au pelage clair,

les divinités chthoniennes auraient toujours exigé des teintes

noires ou sombres. De fait, les victimes de ce type étaient,

semble­t­il, exclues du culte d'Hélios (35

), tandis que, lors des céré­

monies en l'honneur des dieux d'en bas (36

), des morts et des

héros (3

'), elles étaient, seules, acceptées. Entre ces deux extrêmes,

pourtant, les autres divinités, dont la personnalité complexe

exerce des prérogatives et célestes et souterraines, sont honorées,

selon les circonstances où on les implore, par des animaux de

différentes teintes (38

) qui ne sont pas le signe de l'incohérence

que les auteurs postérieurs ont cru y découvrir.

Qu'elles portent sur la couleur, l'âge, le sexe, la conformation

ou l'espèce, les prescriptions rituelles qui concernent la nature

des victimes illustrent, une fois encore, la diversité qui caracté­

rise le fonctionnement même de la religion. Elles reflètent la

volonté, constamment réexprimée, de ne pas négliger les détails

capables de doter les gestes cultuels d'une plus totale efficacité

dans la mesure où ils matérialisent entre l'animal et la divinité

une corrélation de nature.

(31

) ANDROTION, 324 F 55 J. : μή αφάτταν πρόβατον απίκτον ή άτοκον (cité

par ΑΤΗ., IX, 375 Β) ; cf. F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris,

196g, 169 A (Isthmos [Cos], IIP's. avant J. ­C) , 1. 6 : [of»j ΐπίποκον. Cf. p. 126, n. 46. (**) PHILOCHORE, 328 F 169 a J. : κίκωλΰαθαι ... άνίκτου àpvàs μη&ίνα γ(ύ(σθαι ;

cf. 169 b (sur l'interdiction relative au sacrifice des bovidés). Les deux fragments

sont cités par ATHÉNÉE, respectivement en I, 9 D et en IX, 375 C,

(33

) EUSÈBE, Praep. evang., IV, 9, 3­7.

(34

) ARNOBE, Adv. nat., VII, 19, 4­7.

(") Cf. F. SOKOLOWSKI, LOIS sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 142 (cité

ci­dessus, p. 124, n. 23) ; PHILOSTR., Hér.. X, 2 Kayser (II, p, 177). D'autres réfé­

rences: ci­dessous, p. 151, n. 220.

(3

*) HOM., Γ 103 (pour Gaia) ; PLUT., LUC, IO, I (pour Phéréphatta) ; etc.

(*') HOM., K 527 ; A 32­33 : EUR., El., 513 ; STRAB., VI, 3, 9, 284 C ; PAUS..

V, 13, 2 ; X, 29, ι ; etc.

(") HOM., y 6 et schol. P S V ad IX. (sacrifice de taureaux noirs en l'honneur

de Poseidon) : comparer PIND., 01., 13, 68­69b

(immolation d'un taureau blanc

au même dieu). Cf. F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969,

96 (Myconos, vers 200 avant J. ­C) , U. 6, 9 (bélier et agneau blancs pour Poseidon).

— DIOG. LAËRCE, Vies des philosophes, 1, 110 (purification d'Athènes par Épi­

ménide) : Λαβών πρόβατα μίλανά re και λ(υκά.

I 2 Ó L E S M A M M I F È R E S

En réclamant ici tel type de victime, en excluant là tel autre,

les textes relatifs à l'organisation des sacrifices font aussi con­

naître les répulsions et les préférences qui, en la matière, ont

été prêtées aux dieux. Elles varient parfois d'un sanctuaire à

l'autre et sont fondées, quand une justification les accompagne,

sur des motifs très inégaux qui peuvent paraître superficiels (3i

).

Parallèlement aux indications étiologiques, les épiclèses en

-φάγος (mangeur) et en -βόλος (perceur), telles αίγοφάγος ( 4 0 ) , αίγοβόλος (41), κριοφάγος ( 4 2 ) , ταυροφάγος (4S), ταυροβόλος ( 4 4 ) , χοφοσφάγος (4δ), sanctionnent les données éparses qui révèlent

les choix de victimes domestiques et confirment l'exactitude des

énumérations que produisent les lexicographes en définissant

le sacrifice sanglant. D'autre part, les statues cultuelles, souvent

inspirées par les traditions et les usages des sanctuaires, ont,

elles aussi, perpétué les affinités distinctives des dieux pour les

différentes espèces animales (4e

).

(") Ainsi le chien est sacrifié à Arès parce qu'il est l'animal le plus vaillant

(τό άλκιμωτατον ζψον) et qu'il convient donc au plus vaillant des dieux (θέων τώ αλκιμιοτάτψ) : PAUS., III, 14, 9 ; la préférence d'Apollon pour les bovidés s'ex­

plique par les troupeaux qu'il possédait : PAUS.. VII , 20, 3­4 ; etc. Cf. Ph.­E.

LEGRAND, art. Sacrificium, dans Diet, Ant., IV, 2 (Paris, 1911), col. 959 A ­ B .

(40

) Héra à Lacédémone : PAUS., III, 15, 9 Móvon δί Ελλήνων Λακεδαιμόνιοι! καθεστηκεν Ήραν επονομάζειν ΑΙγοφάγον. Cf. HÉSYCH., A 1737 ; Etym. magn.,

27, 51. De même Zeus : NICANDRE, fr. 99 (Schneider p. 127). Dans l'ensemble des

victimes domestiques, la chèvre semble cependant la moins appréciée, excepté par

les bergers qui sollicitent la protection, principalement en Arcadie, de l'agreste

Pan, le chèvre-pieds. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, IS

,

pp. 235-236.

(") Dionysos à Potniae : PAUS., I X , 8, 2 ; cf. Dionysos Μελάναιγα à Hermionè :

PAUS., II, 35, 1.

(*·) HÉSYCH., K 4144 : κριοφάγο! θεόί TU, φ κριοί θύονται. Cf. Hermès à

Corinthe : PAUS., II, 3, 4 ; à Œchalie : PAUS., IV, 33, 4 ; à Olympie : PAUS.,

V, 27, 8 ; à Tanagra : PAUS., I X , 22, 1.

(45

) Dionysos: SOPH., fr. 607 N.*; HÉSYCH., Γ 254; Etym. magn., 747, 48.

(4

*) Quand elle est portée par Artémis, cette épiclèse est concurrencée par la

forme Ταυροπόλοι. APOLLODORE (244 F i n a-b J.) les explique par référence

au taureau; cf. Souda, T 164, 165; PHOTIOS, S.V. Ταυροπόλον Naber (II, p. 201). La forme Ταυροπόλο! désigne cependant aussi l'Artémis de Tauride: EUR., I.T.,

1457 ; ARISTOPH., Lys., 447 ; Etym. magn., 747, 1. 52-748 1. 3. En revanche, quand

l'épiclèse est attribuée à Athéna (cf. Souda, T 161 Ταυροβάλο! ' ή 'Αθψά), sous la forme Ταυροβάλο!, elle est liée au rôle des taureaux dans le culte de la déesse :

XÉNOMÈDE DE CÉOS, 442 F 2 J . (à Andros) ; [E.] ORTH, art. Stier, dans R.­E., III

A, 2 (1929), col. 2514­1515.

(4 6

) HÉSYCHIOS, X 600 : χοιροσφάγο! • θύτη!. Cf. ci-dessus, pp. 121-122, n. 7. ( 4·) Par exemple, Hermès criophore représenté notamment par Onatas

d'Égine, dans le sanctuaire d'Olympie (PAUS., V , 27, 8) ou la célèbre Aphrodite

LES MAMMIFÈRES I27

Tout en étant moins universellement répandus, les animaux

sauvages sont cependant bien représentés. Dans une religion où

la Πότνια θηρών des origines n'a cessé d'exercer son influence, i l

n'est pas besoin de faire appel aux panthères de Dionysos (47) ou

aux lionnes de Déméter­Cybèle (4e), héritées du passé oriental,

pour rendre compte du rôle qu'y ont joué les espèces inap­

privoisées. Comme le pêcheur ou l'oiseleur, le chasseur offre, en

sacrifice privé, aux dieux qui le favorisent, les produits quelque­

fois inattendus de son activité (4e). Artémis est ici prépondérante

puisque la protectrice des hôtes des bois (δ0) est en même temps

chasseresse acharnée (51). Elle était, en Attique (62), officiellement

honorée sous le vocable Έλαφηβόλος (*3), mais c'est à Hyam-polis (M) et surtout à Patras (5S) que son culte prenait la forme la

Έπιτραγία, œuvre de Scopas souvent imitée dans les arts mineurs : Ch. PICARD,

Manuel d'archéologie, III (Paris, 1948), pp. 698­703 ; L. LACROIX, Les reproductions

de statues sur les monnaies grecques, Liège, 1949, pp. 316­317 ; H. METZGER,

Les représentations dans la céramique attique du IV' siècle, Paris, 1951, p. 67. —

Cf. aussi, à Samos, l'ex­voto du mouton d'or consacré à Héra : ARISTT., fr. 572

Rose.

(«') ΑΤΗ., II, 38 E ; EUST., 1910,18­22 (ad HOM., φ 296) ; cf. J CHARBONNEAUX ­

R. MARTIN ­ Fr. VILLARD, Grèce hellénistique, Paris, 1970, fig. 97 (Pella, mosaï­

que), fig. 192 (Délos, maison des masques, IIe

siècle avant J.­C). H. JEANMAIRE,

Dionysos, Paris, 1951, pp. 262­263.

(") Cf. Simone MOLLARD­BESQUES, Cal. des figurines et reliefs, Louvre, I

(Paris, 1954), pl. LXXI, C 92 (Thèbes, milieu IV« siècle avant J.­C.) ; cf. B.C.H.,

85 (1961), p. 921, fig. 12 (Artémision de Thasos).

(") ZONAS, A.P., VI, 106 (dépouille de loup offerte à Pan) ; ANTIPATER DE

SIDON, ibid., 111 (cornes de cervidé femelle offertes à Artémis) ; PERSÈS, ibid., 112

(trois têtes de cerf offertes à Apollon) ; ANTIPATER DE SIDON, ibid., 115 (dépouille

d'un taureau sauvage dédiée à Héraclès) ; ALPHÉE DE MYTILÈNE, ibid., 187, 4

(prémices de la chasse dédiées par Damis) ; etc.

(") Έλαφία ou ΈΧαφιαία, notamment à Olympie (STRAB., VIII, 3, 12,

343 C.) et à Élis (PAUS., VI, 22, 10).

(") PAUS., I, 19, 6 : και vais 'Αγροτίρας éariv 'Αρτίμιοος ' (νταΰθα "Άρπμιν πρώτον θηρΐνσαι λίγονσιν (Χθονσαν ΐκ 4rjXov κα'ι το άγαΧμα δίά τοΰτο «yci τό^ομ. Cf. Η. GALLET DE SANTERRE, Délos primitive et archaïque, Paris, 1958, p. 130

(offrandes d'armes de chasse).

(") De même, très probablement qu'à Iasos et à Apollonia, où est attesté

le mois d*Élaphébolion : cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I",

Ρ· 483­

(") Le nom lui est déjà donné dans l'Hymne hom. Artémis (2), 2. Sur les

Élaphébolia attiques : L. DEUBNER, Attische Feste', pp. 209­210.

('*) PLUT., Mul. virt., 2 (Mor., 244 B­Ε). Il s'agit aussi d'Élaphébolia.

(**) PAUS., VII, 18, 11 (TOÔVOS ίττιχώριος θνσιας) - 1$. Cf. J . HERBILLON, Les cultes de Patras, Baltimore, 1929, pp. 64-73. D e s holocaustes apparentés à celui de Patras, encore que la nature des victimes y soit moins variée, sont attestés en l'honneur d'Ilithye, en Messénie (PAUS., IV, 31, 9) et d'Isis, à Tithoréa

128 LES MAMMIFÈRES

plus spectaculaire. Lors de la fête des Laphria en effet, on lui

dédiait en holocauste des oiseaux comestibles, des sangliers (5e),

des biches, des chevreuils, des louveteaux et des oursons, des

loups et des ours, le lendemain de la procession durant laquelle

la prêtresse, à l'image de la déesse (5'), était transportée sur un

char tiré par des cerfs.

Dionysos, dont la prédilection est grande pour les animaux

prolifiques et souvent indomptés que sont le bouc et le taureau,

règne sur la faune en tant que maître de la fécondité (δ8). Dans

les rites orgiaques, i l est associé au chevreuil et au louveteau

qu'allaitent les bacchantes (5e), comme au chevreau et au faon

qu'elles déchirent pour la communion du diasparagmos (eo

).

Parmi les espèces sauvages qui interviennent encore auprès

des dieux, le loup apparaît en relation avec Apollon et avec Zeus.

Le fils de Létô (61) reçoit, en divers lieux, l'épiclèse Λΰκΐίος ( 6 2 ) . Le rapport de cette appellation avec le nom du loup a été con­

testé dès l'Antiquité (e3). Néanmoins, Apollon a été considéré

comme un dieu au loup, d'autant que, pour garantir la sécurité des

troupeaux (64), i l lui incombait d'écarter et de tuer cet animal.

Le titre de λυκοκτόνος lui était, en conséquence, décerné en

plusieurs endroits du Péloponnèse (65), tandis qu'à Argos on lui

offrait des loups en sacrifice (β β). Toutefois, les rites les plus

(PAUS., X , 32, 16). — À son sanctuaire arcadien du mont Lycée, c'est un san­

glier que l'on sacrifiait annuellement à Apollon Épicourios (PAUS., VIII, 38, 8).

(SE

) À Samos, la déesse reçoit l'épiclèse καπροφάγος : HÉSYCH., K 745.

(") CALLIM., Hymnes, 3 (À Artémis), 110­113.

(se

) Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3

, pp. 571­576; ci­

dessous, pp. 149­151.

(6 I

) EUR., Bacch., 699­700.

(">) Cf. H . JEANMAIRE, o.l., pp. 82­83, 253­254. — L e s

habitants de Méta­

ponte vénéraient Dionysos 'Ερίφιος, ainsi qu'en témoigne APD., 244 F 132 J .

(cité par STÉPH. DE BYZANCE, S.V. 'Ακρώραα). (β1) Létô elle­même était venue, selon la tradition, du pays des Hyperboréens

sous la forme d'une louve : ARISTT., H.A., V I , 580 a 17­19 ; ÉLIEN, N.A., IV,

4 ; X , 26 ; schol. L APOLL. RH., Arg., II, 123. Cf. ANTON. LIB., 35.

(6A

) ESCH., Again., 1257 ; SOPH., Él., 655, 1379 ; CALLIM., fr. 261, 2 Pfeiffer ;

etc.

(«3

) Cf. [K.] SCHIRMER, art. Lykeios, dans Aus/. Lex., II (1894­1897), col. 2175­

2177 ; H . KRUSE, art. Lykeios, dans R.­E., X I I I (1927), col. 2268­2270. H . FRISK,

Griech. etym. Wörterbuch, II, pp. 143­144.

(64

) Apollon est honoré sous le nom de Kapvelos et de Νόμιος : cf. M. P. NILS­SON, Geschichte der griech. Religion, I 3, pp. 536-538.

(ES) HÉSYCH., Λ 1389­1390 ; cf. PAUS., II, 9, 7 ; 19, 3.

(ΒΒ

) SOPH., ÉL, 6 et scholie L; cf. R. C. JEBB, Sophocles. The Plays and Frag­

ments, V I (Cambridge, 1894), pp. 205­206.

L E S M A M M I F È R E S 129

spécifiques auxquels le loup est intégré se localisent en Arcadie,

au sommet du mont Lycée, où l'on célébrait le culte de Zeus

Λνκαιος (67). Marqués par des interdits de toutes sortes, ils se

déroulaient en secret et aboutissaient notamment, pour ceux qui

consommaient la chair de la victime humaine, à la métamorphose

en loup (e8

). H. Jeanmaire et, plus récemment, Giulia Piccaluga

ont tiré tout le parti possible des informations anciennes rela­

tives à cette question difficile où l'affabulation le dispute souvent

aux réticences pour dévoiler des rites incompris. Vraisemblable­

ment perpétué jusqu'à l'époque romaine, le sacrifice en l'honneur

de Zeus Lykaios doit être interprété « comme l'héritage et, dans

une certaine mesure, le substitut des pratiques d'une confrérie

dont les membres étaient réputés et se réputaient eux­mêmes

loups­garous » (ββ

). Il s'insère dans un ensemble de rites et de

mythes ambivalents qui éclaire les rapports de l'ordre divin avec

l'ordre humain et les croyances relatives aux origines de la

civilisation, tels qu'ils étaient formulés dans la pensée

archaïque (70

). Le loup y conserve, à travers les développements

pathologiques de la lycanthropie, le souvenir des conceptions les

plus primitives et fait découvrir un aspect unique du zoomor­

phisme dans la religion grecque.

L'ours

Des rites essentiels ont, dans toutes les collectivités antiques,

consacré le passage des membres de la communauté d'une classe

à une autre Ceux qui régissaient, au moment de l'ado­

lescence, l'initiation des garçons et celle des filles, n'étaient pas

(·') Mêmes hésitations en ce qui concerne l'étymologie que celles observées

à propos de l'épiclèse d'Apollon (ci­dessus, p. 128, n. 63). Cf. O. HOFER, art.

Lykaios, dans Ausf. Lex., II (1894­1897), col. 2166­2168; H . KRUSE, art. Lykaios,

dans R.­E., XI I I (1927), col. 2244­2246.

(·») PAUS., VIII, 2, 1­6; 38, 6­7.

(··) H . JEANMAIRE, Couroi et courètes, Lille, 1939, p. 559. Cf. J . PRZYLUSKI,

Les confréries de loups­garous dans les sociétés indo­européennes, dans R.H.R.,

21 (1940), pp. 129­145 ; L. GERNET, Anthropologie de la Grèce antique, Paris,

1968, pp, 154­158.

('») Giulia PICCALUGA, Lykaon un terna mitico, Rome, 1968, pp. 15­98.

(") Cf. A. VAN GENNEP, Les rites de passage, Paris, 1909, pp. 93­163.

130 L E S M A M M I F È R E S

les moins décisifs puisqu'ils engageaient l'existence et la perpé­tuation de la société entière (72).

À Athènes, la présentation des garçons à la phratrie se dérou­lait, lors de la fête des Apatouries, sous l'égide des divinités poliades, Athéna Phratria et Zeus Phratrios (73). L'ensemble des cérémonies destinées aux filles des citoyens (74) était placé sous la protection d'Artémis et sous le signe de l'ours. Les jeunes initiées portaient, en effet, le nom à'άρκτοι. (75) et le verbe dérivé άρκτ€0€ΐν ('·) servait à exprimer le rôle qui leur incombait durant la célébration de ϊάρκτεία (77). Celle-ci se déroulait extra muros,

dans le sanctuaire d'Artémis à Brauron (78), mais elle a pu con­

naître certains développements à Munychie (79), où la déesse

(") H. JEANMAIRE, Couroi et courètes, Lille, 1939, pp. 228­375 ; A. BRELICH,

Paides e Parthenoi, Rome, 1967, pp. 229­311.

('3

) L. DEUBNER, Attische Feste', pp. 232­234 ; H. JEANMAIRE, o.l., pp. 379­

383; cf. ci­dessous, p. 134, n. n i .

('«) Il est possible que l'engagement des fillettes soit devenu avec le temps

« une pratique de caractère plus restreint, conservée dans certaines familles

traditionalistes » (H. JEANMAIRE, o.l., p. 260}. Les témoignages anciens sont

cependant unanimes (cf. schol. R V ARISTOPH., Lys., 645) : παρθενον πάοαν μιμήσασθαι τήν άρκτοι».

('J) ARISTOPH., Lys., 645 : κάτ' έχουσα τον κροκωτάν άρκτος ή Βραυρωνίοις et schol. R V ; cf. fr. 370 Kock (CA .F., I, p. 489) ; EUR., fr. 767 N A Étymologie : R. FOHALLE, Noms d'animaux et noms de plantes en grec ancien, dans Serta Leo-diensia, Liège-Paris, 1930, p. 149; P. CHANTRAINE, Diet, étym., I, pp. 110. Il existe un doublet ό άρκοϊ (cf. E . SCHWYZER, Grammatik der griech. Sprache, I, pp. 325-326 : - κτ - /- κ -) attesté dans la langue hellénistique : cf. L. ROBERT, Monuments de gladiateurs dans l'Orient grec, dans Hellenica, V (Paris, 1948), p. 88 ; ci-dessous, — outre L BEKKER, Anecd. graeca, I, p. 445,11. 14-19, — P- t39. n. 138; p. 141, n. 150.

(") Également attesté au médio-passif, sans autre différence que de souligner l'intérêt du sujet à l'action : HARPOCR., S.V. άρκτεΰααι ; HÉSYCH., A 7281 ; Souda,

A 3959 ; BEKKER, Anecd. gr., I, pp. 444-445 ; schol. R V ARISTOPH., Lys., 645.

(") HÉSYCHIOS, A 7281 : r; τών άρκτευομένων παρθένων τελετή. Sur ce type de formation : P. CHANTRAINE, Formation des noms en grec ancien, pp. 78-79, 83; cf. ci-dessus, p. 38, n. 176 (εσαήν - εσσηνία).

C*) De là le nom de la fête : τά Βραυρώνια et, pour Artémis, l'épiclèse Bpav-

ρωνία. Cf. ARISTOPH., /./. et scholie (ci-dessus, n. 76). (") La scholie V ARISTOPH., Lys., 645 porte l'indication συνετέλουν τήν ΰυσίαν

τή Βραυρωνία 'Αρτεμιοι κα'ι τή Μουνυχία, tandis qu'on lit chez Harpocration (s.v. άρκτεΰσαι) τή 'Αρτεμιοι τή Μουνυχία ή τή Βραυρωνία. D'autre part, un des prin­cipaux récits étiologiques relatifs au rôle des άρκτοι situe à Munychie les faits mythiques qui auraient été à l'origine des rites brauroniens (cf. Souda, E 937 ; Append, proverb., 2, 54 Leutsch-Schneidewin [C. P. G., I, p. 402]; BEKKER, Anecd. gr., I, p. 445, U. 1-2 : au Pirée). A. MOMMSEN (Feste der Stadt Athen im Altertum, Leipzig, 1898, pp. 453-454) tendait à croire que les rites se déroulaient dans les deux sanctuaires ; M. P. NILSSON (Geschichte der griech. Religion, l 3 ,

L E S M A M M I F È R E S

possédait un autre sanctuaire réputé (80), et au cœur même d'Athènes, dans l'enclos sacré qui lui avait été voué sur l'Acro­pole (81). L'époque de la fête demeure inconnue (8Î) et sa durée ne peut être précisée (83). Toutefois, la découverte du 'Portique des Ourses ' à Brauron a rendu plausibles les conjectures de Papa-dimitriou au sujet de la prolongation de l'engagement sur un laps de temps relativement long (M). Les rites, en partie secrets (85), com­portaient le sacrifice d'une chèvre (8e), peut-être une procession (87),

p. 485, n. 6) est du même avis. Le doute cependant subsiste. Lilly GHALI-KAHIL (Autour d'Artémis attique, dans Ant. Kunst, 8 [1965], pp. 20-33) a confronté les cratérisques découverts à Brauron et à Munychie. Ils appartiennent à la même époque (Ve-IV« siècle avant J.-C), portent le même décor peint, à ceci près que les fillettes qui sont représentées sur les vases brauroniens sont absentes de ceux qui proviennent de Munychie.

(,0) Cf. L. DEUBNER, o.l., pp. 204-207. (·') J . TRAVLOS, Pictorial Dictionary 0/ Ancient Athens, New York - Washington,

1971, pp. 124-125. Cf. Ch. BouRAS, Ή άναστήλωσις τής Στοάς τής Βραυρώνος, Athènes, 1967 À l'opposé de ce qui est couramment admis quant à la création de ce sanctuaire à l'époque archaïque, C. N. EDMONSON, (Brauronian Artemis in Athens, cf. A.J.A., 72 [1968], pp. 164-165) la situe au IV e siècle avant J . - C , en relation avec les ravages de la guerre du Péloponnèse.

(·*) Cf. L. DEUBNER, o.l., p. 207. Toutefois, le raid que les Lemniens (HDT., VI, 138; PHILOCHORE, 328 F 101 J.) lancèrent par mer (άποττλεovTtς) contre le sanctuaire à l'époque de célébrations qui sont, selon toute vraisemblance,

celles de Ι'άρκτεΙα (cf. ci-dessous, n. 87) implique que les fêtes se déroulaient

durant la saison favorable à la navigation, entre le printemps et l'automne.

(") H . JEANMAIRE, o.l., p. 262. Les compagnes de Lysistrata proclament

qu'elles ont été nourries dans le luxe et l'éclat par la cité (vers 638-640), sans

que l'on puisse toutefois affirmer que cette faveur s'est prolongée, en ce qui

concerne Γάρκτίΐ'α, pendant un laps de temps analogue à celui de l'arrhéphorie

(vers 641).

(") Cf. J . PAPADIMITRIOU, The Sanctuary of Artemis at Brauron, dans Scien­

tific American, juin 1963, pp. 110­120 (notamment pp. 113­116) ; art. Βραυρών, dans Megali Helliniki Enhyhlopaidia, II (1964), pp. 148-150.

(·») Cf. HÉSYCH., A 7281 ; schol. Κ Ε Α THÉOCR., II, 66 Wendel.

(»*) HÉSYCHIOS, B 1067 : και Suerai αίξ. On notera que cette victime, fréquem­

ment immolée pour Artémis, — à Délos (cf. H . GALLET DE SANTERRE, Délos

primitive el archaïque, Paris, 1958, p. 131) et à Éphèse (EUST., 711, 51­52 [ad

HOM., θ 249]), — est également requise lors de l'offrande du coureion : POLL.,

III, 52

(*') A s'en tenir au seul texte d'ARISTOPHANE (Lys., 645­647) qui regroupe,

dans une intention burlesque, toutes les consécrations de fillettes comme si

chaque femme les avait assumées, il serait impossible de décider si Vàfntrtia

comportait effectivement une canéphorie. Celle­ci est en effet fréquente dans

les grands cultes athéniens. Mais les diverses allusions d'HÉRODOTE (VI, 138),

qui emploie le substantif γυναίκες comme synonyme de irapflcVoi (cf. Souda, Λ 3958), et de PHILOCHORE (328 F 101 J.) permettent d'assurer que la cané­phorie, troublée un jour par les Lemniens, faisait partie du rituel d'Artémis Brauronia et de l'engagement des fillettes athéniennes

132 L E S M A M M I F È R E S

voire des lampadédromies (8 8), ainsi que la récitation de

l'Iliade (8 9). L'insertion de cette dernière dans la célébration

est rapportée par les modernes à Pisistrate qui peut n'avoir pas

été étranger à l'aménagement du Brauronion de l'Acropole (9 0).

À l'occasion de Ι'άρκτεΙα, les fillettes portaient, — tous les témoignages le confirment, — la crocote (91), vêtement de teinte safran dans lequel, à plus d'une reprise (92), on a voulu voir un déguisement qui aurait permis aux άρκτοι d'imiter l'ourse favo­rite de la déesse (93). Plusieurs arguments s'opposent à cette

interprétation (94). La couleur que désigne l'adjectif κροκωτός est un jaune vif, parfois acide (95), qui n'a guère de nuance com­

mune avec le ton fondamental du pelage des ours. Celui­ci est

(88

) Cf. L. GHALI­KAHIL, Quelques vases du sanctuaire d'Artémis à Brauron,

dans Neue Ausgrabungen in Griechenland, 1963, pp. 5­29; cf. article cité, p. 131,

n. 79·

(8 8

) HÉSYCH., B 1067 : τήν '/λιάδα fjoov ραφω&ο'ι èv Βραυρώνι τή; Αττική!· (,0) Η. BERVE, Die Tyrannis bei den Griechen, Munich, 1967, pp. 60-62 ;

I. KONDIS, "Αρτεμις Βραυρωνία, dans Arch. Deltion, 22 (1967), p. 160. (91) ARISTOPH., Lys., 645 : κξ,τ' ίχουσα τόν κροκωτόν et schol. V ; cf. Souda,

A 3958· C2) H . SUCHIER, De Diana Brauronia, Marbourg, 1847, pp. 39-42 ; S. EITREM,

art. Tierdämonen, dans R.­E., VI A , 1 (1936), col. 906,11. 46­48 ; Ileana CHIRASSI,

Miti e culti arcaici di Artemis nel Peloponneso e Grecia centrale. Trieste, 1964,

p. 26.

C3

) Selon la formule de la schol. R V ARISTOPH., Lys., 645 : μιμήσασβαι τήν αρκτον. Le rôle de cet animal dans le culte d'une déesse et sa relation avec des

fillettes font que l'on considère traditionnellement qu'il s'agit d'une ourse. On

notera cependant que le grec utilise le genre féminin pour désigner les animaux,

surtout les mammifères, en dehors de toute considération sur le sexe de l'animal

mis en cause. Dès lors, l'interprétation qui conduit à envisager ici la présence

d'un animal femelle n'est pas entièrement assurée, même si elle peut être tenue

pour très vraisemblable. Voir ci­dessous, pp. 136­137, n. 122.

{'*) Ceux que fournit l'archéologie sont de caractère négatif, mais ne peu­

vent être négligés : aucune des statues d'« Ourses » n'a apporté, jusqu'ici, d'indice

sur le déguisement qu'auraient revêtu les fillettes; celles qui apparaissent

sur les vases sont, le plus souvent, dévêtues. Il s'agit d'un cas de nudité

rituelle. Cf., outre les articles de L. GHALI­KAHIL déjà cités (n. 79, 88), J. PAPA­

DIMITRIOO, 'Ανασκαφαί èv Βρανρωνι, dans Praktika Arch. Hetairias, 1949 [1951],

pp. 85-87 ; 1955 [i960], pp. 118-120 ; S. PAPASAVRIDI, Ή τυφλή "Αρκτος, dans Arch. Ephimeris, 1957 [1961], pp. 68-83; J- FREL, Deux têtes d'iArktoin et

deux rectifications supplémentaires, dans Bull, du Musée hongrois des Beaux-Arts,

1964, pp. 3-8. — Les "Αρκτοι reproduites ici (PLANCHE VI) figurent aussi dans

l'ouvrage de Fr. CHAMOUX, La civilisation grecque, Paris, 1963, n°9 97-98 ad

p. 215.

C5

) Tiré du safran : cf. J. ANDRÉ, Étude sur les termes de couleur dans la

langue latine, Paris, 1949, pp. 153-161 ; G. REITER, Die griech. Bezeichnungen

der Farben Weiss, Grau und Braun, Innsbruck, 1962, pp. 98-114.

VI. Brauron, deux Άρκτοι : musée de Vraona. Voir p. 133, n. 104. Cliché Services archéologiques (Athènes).

LES MAMMIFÈRES

ξανθός, jaune brun, fauve (*6), En revanche, le jaune safran est caractéristique des parures féminines et distingue à coup sûr la

femme accomplie (·'). Dans cette perspective, la crocote que les

initiées endossaient pour la première fois et au cours de circons­

tances solennisées, obéissant ainsi à un geste fréquent dans les

rites de passage, constitue moins un déguisement que l'insigne

de leur futur état (").

Deux hiéropes organisaient la cérémonie et veillaient à son bon

déroulement (ββ

), selon un rythme pentétérique (, 0

°) qui entraînait

le regroupement par classes d'âge des fillettes intéressées (, 01

).

Les témoignages antiques fixent leur initiation entre 5 et 10

ans (102

) et ne sont pas contredits par l'affirmation des com­

pagnes de Lysistrata qui se glorifient d'avoir été « Ourses » à

10 ans (103

), non plus que par les statues d'« Ourses » exhumées

à Brauron qui représentent des fillettes d'âges correspon­

dants (1M

). Les hésitations qui se sont fait jour au sujet de l'âge

de la consécration, — certains exégètes modernes l'ont situé

("*) J . ANDRÉ, o.l., p. 133 ; cf. L. ROBERT, Les gladiateurs dans l'Orient grec,

Paris, IQ40, pp. 191­192 (ours appelé Ξανθιάς). (") POLI.., VII, 55 ; cf. E. POTTIER, art. Crocota, dans Diet. Ant., I (Paris,

1887), col. 1571 A-B ; R. FLACELIÈRE, La vie quotidienne à Athènes au siècle

de Périclès. Paris, 1959, p. 193 ; I. CHIRASSI, Elementi di culture precereali net

miti e riti greci, Rome, 1968, p. 129.

(»8

) Cf. H. JEANMAIRE, o.l., p. 262. J . J . PERADOTTO (The Omen of the Eagle

and the τ)θος of Agamemnon, dans Phoenix-, 23 [1969], p. 245) a insisté avec juste

raison sur le fait qu'Iphigénie, au moment de son immolation, est revêtue,

comme les "Αρκτοι brauroniennes, de la crocote (cf. ESCH., Agam., 239). Mais

il a tort d'interpréter cette tenue comme un déguisement rituel requis par la

danse au cours de laquelle les fillettes mimaient l'ourse. Cf. ci­dessous, pp. 138, 142

et notes 133, 152­153. — Le bref commentaire de A. W. VERRALL (The 'Aga­

memnon ' of Aeschylus, Londres, 1904, p. 31) pressentait plus exactement la

signification de la parure d'Iphigénie : « There is perhaps an allusion to the

hymenaeal associations of the colour. »

(··) ARISTT., Const. d'Athènes, 54, 6­7 ; POLL., VIII, 107.

(1 0

°) Cf. H. JEANMAIRE, o.l., p. 260.

('·') Cf. U . PESTALOZZA, Sacerdoti e Sacerdolesse impuberi net culti di Athena

e di Artemide, clans S.M.S.R., 9 (1933), pp. 174­178 (= Religione Mediterranea,

Milan, 1951, pp. 236­440).

('"") Schol. V ARISTOPH., Lys., 645 ; Souda, A 3958.

(L 0 3

) ARISTOPH., ibid., 644­645: OCKÎTIÇ ονσα ... | κίτ" ίχονσα τον κροκαιτόν άρκτος rj Βρανρωνίοις.

("") Cf. références produites ci-dessus, ρ, 132, η. 94- Voir PLANCHE VI.

Après avoir été momentanément exposées au Musée national d'Athènes, ces

statues figurent désormais dans les collections du Musée qui abritent, à Vraona,

les antiquités du Sud-Est de l'Attique.

134 LES MAMMIFÈRES

entre 10 et 15 ans (105

), — ne résistent pas si l'on tient compte

du principe fondamental qui régissait Υάρκτεία et lui conférait son véritable sens: c'est avant le mariage et afin de pouvoir y accéder que les fillettes athéniennes avaient l'obligation ( l o e) de se consacrer à Artémis (107). L'usage de la société grecque a établi aux alentours de la quinzième année la période à partir de laquelle les filles peuvent consommer le mariage dans les meilleures con­ditions pour procréer de beaux enfants et assurer au foyer une descendance saine (108).

L'union est cependant valide dès que les partenaires sont à même de la rendre effective (109). Or, au sein des populations méditerranéennes, les filles atteignent la maturité sexuelle entre la dixième et la douzième année ( u o). Dès lors, à l'inverse de ce que la loi a établi pour les garçons athéniens dont la puberté légale est postérieure à la puberté physiologique ( m ) , les jeunes Athé­niennes reçoivent, entre 5 et 10 ans, l'initiation qui équivaut à la reconnaissance officielle de leur nubilité et les rend, de manière anticipée, admissibles au mariage. Mais il ne semble pas qu'une

(106) H. SUCHIER, o.l., pp. 28-29 ; A. MOMMSEN, Heortologie, Leipzig, 1864, p. 406, n. i .

(loe) Schol. R ARISTOPH., Lys., 645 : έψηφίσαντο μή προτερον ουνοικίζεσθαι àvSpi παρθένον el μή àpKTevoeiev τή flea). Cf. H A R P O C R . , S.V. άρκτεΰσαι' ... τα Sè

amrtivovra ... èv TOÎS Ψηφίσμασιν. Voir les considérations de J.-P. VERNANT (Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, 1974, pp. 37-38), au sujet des enga­gements rituels de la jeunesse à Sparte. Ses conclusions valent aussi à Athènes. Cf. ci-dessous, p. 135.

(10') Cf. Souda, A 3958-3959 ; BEKKER, Anecd. gr., I, p. 445. P 0') HÉs., Trav. et jours, 698 : ή Sè γυνή τέτορ' ήβώοι, πέμτττψ Sè νααοίτο.

XÉN. , Économ., 7, 5 ; DÉMOSTH., 29 (Contre Aphobos S), 43, 45 ; cf. M . COLLIGNON,

art. Matrimonium, dans Diet. Ant., III (Paris, 1904), col. 1643 A, 1645 A;

R. FLACELIÈRE, La femme antique en Crète et en Grèce, dans Histoire mondiale

de la femme, Paris, 1965, pp. 269­274. Il s'agit de la limite inférieure extrême :

cf. ARISTT., H.A., VII, 582 a 28­29 (l'âge proposé est de 21 ans).

(lo i

) Cf. ISOCR., 10 (Éloge d'Hélène), 18­19 : enlevée par Thésée à un âge très

tendre, l'héroïne a été confiée, en attendant la nubilité, à la mère de son ravis­

seur. Cf. L. GHALI­KAHIL, Les enlèvements et le retour d'Hélène, Paris, 1955,

pp­ 305­308­

(110

) Cf. H. DEUTSCH, La psychologie des femmes, trad. H. Benoît, Paris,

1949, pp. 26­27, 133­161. ARISTOTE (H.A., VII, 581 a 31 ­ b n) la fixe à la qua­

torzième année, mais cette chronologie haute dans laquelle le multiple de 7

est adopté, — par analogie avec celle définie pour les enfants de sexe masculin

(H.A., VII, 581 a 13 ­14), — est contredite par les observations médicales.

(m

) Cf. J . LABARBE, L'âge correspondant au sacrifice du κούρειον et les données historiques du sixième discours d'Isée, dans Bull, de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques. Académie royale de Belgique, 39 (1953), pp. 369, 392.

L E S M A M M I F È R E S 135

valeur égale ait été attachée à tous les âges, compris entre 5 et

10 ans, auxquels chaque fillette pouvait être amenée, selon la

date de sa naissance, à célébrer ΥάρκτίΙα. Dans sa comédie, Aristo­phane choisit de situer à leur dixième année l'initiation des femmes du chœur (112). On est fondé à croire que ce n'est pas par hasard. Les lexicographes attestent, en effet, que le verbe Se/ίατfv€iv payer la dîme servait de synonyme au verbe άρκτεν-(IV ( m ) . L'emploi de ce terme, propre à la langue des prêteurs

et des financiers, introduit une métaphore appropriée du fait

que YàpKTtla était effectivement conçue comme une dîme com­

pensatoire versée par chaque préadolescente à Artémis, d'abord

en reconnaissance de la sollicitude que la déesse παιδοτρόφος lui avait jusque­là accordée ("*).

Le rite, d'autre part, n'était pas exempt d'une valeur apotro­

païque destinée à conserver aux anciennes compagnes d'Arté­

mis (m

) et à leur progéniture une protection tout aussi agissante

et souvent nécessaire contre les accidents puerpéraux. Car, s'il

est vrai qu'elle préserve farouchement sa virginité (u e

) et qu'elle

accorde une affection sans réserve à ceux qui, tel Hippolyte ("'),

l'imitent dans cette voie, la déesse se garde bien d'imposer à

("*) ARISTOPH., Lys.. 644 : ocxtris ούσα. L'emploi du singulier dans les décla­

rations des chœurs est fréquent, le chœur étant traité comme un ensemble,

plutôt que comme une collection d'individus. L'intention comique tient au

fait que le poète attribue à toutes ces femmes issues des diverses cités grecques

des consécrations qui sont spécifiquement réservées aux citoyennes d'Athènes,

sans être cependant assumées par chacune d'elles en particulier. C'est un aspect

du passage qu'A. BRELICH n'a pas envisagé dans sa riche étude de ce texte

d'Aristophane, cf. référence ci­dessus, p. 130, n. 72.

(M

) HARPOCR., S.V. oeKaTtétiv, citant DÉMOSTHÈNE, 22 (Contre Androtion),

77 ; 24 (Contre Timocrate), 185. Cf. Etym. magn., 254, 1­3 (οεκαηυτήριον) et 4-13 (oiKareuW) ; I. BEKKER, Anecd. gr., I, pp. 234-235 (StKarevovres).

( l l t) Cf. DÉMOSTH., fr. 8 (Contre Midon) Baiter­Sauppe (Oral. AU., II, p. 252) ;

LYSIAS, fr. 250 (ibid., p. 209) ; DIDYME CHALCENTER, Commentarii in oratores

Atticos, 25 Schmidt (pp. 315­316). H . JEANMAIRE, o.l., p. 259. — Sur cette

fonction des déesses, également illustrée dans le mythe d'Érichthonios, cf.

ci­dessus, p. 81, n. 168.

("') CALLIM., Hymnes. 3 (À Artémis), 13­14 : ààs ié μοι ... | nâaas eivirtas,

πάσα; ίτι πα'ιίας άμίτρουί. Cf. U. PESTALOZZA, pp. 174-178. ("') Par exemple, contre les entreprises du géant Otos : cf. [APD ], Bibl.,

L 7, 4, 3­5 ; contre Actéon, spectateur involontaire du bain de la déesse : cf CALL.,

Hymnes, 5 (Pour le bain de Pallas), 108­115 et schol. F e Π La Q ad /./. De même,

son intervention en faveur de l'Hyperboréenne Opis qui se trouva en butte aux

assauts d'Orion : cf. [APD ], Bibl., I, 4, 3, 5.

(»') Cf. EUR., Hipp.. 84­87, 1285­1439.

136 L E S M A M M I F È R E S

tous indistinctement un état qui, généralisé, serait bientôt con­

traire aux intérêts mêmes de l'espèce humaine.

À l'égard de ses compagnes légendaires qui s'unissent à des

dieux comme vis­à­vis des mortelles qui songent au mariage,

elle ne nourrit pas d'animosité, pourvu que les unes et les autres

lui rendent, en temps voulu, l'hommage compensatoire qu'exige

leur changement de situation. En même temps qu'elles éclairent

le sens profond de Υάρκτεία, diverses prescriptions rituelles d'Athènes et de Cyrène, mais d'abord le mythe de Callistô con­

firment cet état de choses.

À l'époque où elle parcourait les montagnes et les forêts d'Area­

die, chères à son cœur (1 1 8), Artémis comptait parmi ses suivantes

la jeune Callistô, selon les uns nymphe des bois (1 1 9), selon

d'autres fille du roi Lycaon (1 2 0). Celle­ci, à l'insu de la déesse, se

laissa aimer de Zeus et conçut un fils ( m ) . La vengeance divine

ne tarda pas à s'abattre. Callistô, métamorphosée en ourse ( m ) ,

(U8

) Cf. W. IMMERWAHR, Die Kulte und Mythen Arkadiens, Leipzig, 1891,

pp. 140­161 ; [R.] FRANZ, art. Kallisto (ι), dans Ausf. Lexikon der griech. und

röm. Mythologie, II (Leipzig, 1890­1897), col. 931­935 ; L . R. FARNELL, Cults

of the Greek States, II (Oxford, 1896), pp. 427­430 ; R. STIGLITZ, Die arkadischen

grossen Göttinnen, Vienne, 1967, pp. 59­61, 81­97, (cf

­ index, pp. 158­159).

(11B

) HÉSIODE, fr. 163 Merkelbach­West (cité par [APD.], Bibl., III, 8, 2, 2).

Cf. W. SALE, The Story of Callistô in Hesiod, dans Rhein. Museum für Philo­

logie, 105 (1962), pp. Ι33­Ι41

·

(120) EUMÉLOS, fr. 14 Kinkel (même source). Selon Asios (fr. 9 Kinkel),

elle était fille de Nycteus ; selon PHÉRÉCYDE (3 F 157 J.), elle était issue de

Céteus. Outre R. FRANZ cité ci­dessus (n. 118), cf. W. SALE, Callistô and the

Virginity of Artemis, dans Rhein. Museum für Philologie, 108 (1965), pp. 21­24.

(121

) [APD.], Bibl., III, 8, 2, 2­5 ; PAUS., VIII , 3, 6­7. Cf. G. ADLER, art. Kallisto,

dans R.­E., Χ (1919), col. 1726­1729; W. SALE, Callistô and the Virginity of

Artemis, dans Rhein. Museum, 108 (1965), pp. 11­35.

(m

) Le mythographe a retenu deux versions relatives à cette métamorphose.

La première procède de la rationalisation romanesque, fréquente dans les

récits de ce genre : ([APD.], Bibl., III, 8, 2, 4) Βουλόμενος Sè "Ηραν λαβείν els άρκτον (sc. Zeus) μετεμόρφωσεν αυτήν (sc. Callistô). "Ηρα Sè επεισεν "Αρτεμιν dis άγριον βηρίον κατατοξεΰσαι. Artémis ne conserve alors aucune initiative. Il en va différem­

ment dans la seconde narration qui, seule, importe ici : Elai Sè oi λέγοντες dis "Αρτεμη αυτήν κατετόξευσεν ότι τήν τταρθενίαν ούκ έφύλαξεν. — L'ours est encore lié à l'accomplissement d'un châtiment, mais dans de tout autres circonstances

qui concernent l'héroïne thrace Polyphontè. Le mépris qu'elle manifestait à

l'égard de ses travaux détermina Aphrodite à lui inspirer une passion funeste

pour un ours. À la suite de quoi, Artémis lança aux trousses de la malheureuse

tous les animaux sauvages. Elle ne leur échappa qu'à grand peine et donna fina­

lement le jour à des jumeaux, Agrios et Oreios, qui se distinguèrent par leur

conduite impie (ANT. LIB., 21, 1­3). On notera que le texte grec maintient le

nom de l'animal au féminin (τί; άρκτω). Sur cet emploi, cf. R. KUEHNER -

LES MAMMIFÈRES I ß ?

succomba sous les traits d'Artémis, outrée de la trahison de son

ancienne compagne. Zeus cependant n'oublia pas ses amours clan­

destines et, pris de pitié pour la malheureuse, il la plaça dans la

constellation de la Grande Ourse (123

). Quant à leur fils, il le sauva

et le confia à l'agreste Maia pour qu'elle élevât celui qui, sous le

nom d'Areas, devait être l'éponyme de l'Arcadie (m

).

Plusieurs documents archéologiques ont été inspirés par l'his­

toire de Callistô. Ils confirment l'importance et la diffusion de

cet épisode de la tradition relative à Artémis. Les uns provien­

nent des lieux mêmes qui furent le théâtre des faits. À Mantinée,

de 500 à 385 environ, des monnaies au type de l'ours seul furent

émises, en qui l'on reconnaît une allusion au rôle que l'animal a

joué dans l'histoire mythique de la région (125

). À Orchomène (, 2 e

),

Fr. BLASS, Ausführt. Grammatik der griech. Sprache. I3

(Hanovre, 1S90), p. 360,

Anm. 4 ; Ed. SCHWYZER ­ [Λ. DEBRUNNER]3

, Griech. Grammatik, II (Munich,

'95°). Ρ· 3'· Voir ci­dessus, p. 132, n. 93.

(1 2 3

) [APD.], /./. : τήν δέ Καλλιστώ καταστερίσας tKÓXtatv Άρκτον. Cï. ARATOS, Phainomena, 42-44 et scholies ad l.I. Maass (pp. 181-182 ; 344-345). Sur le catas-térisme en général : Fr. CUMONT, Les noms de planète et l'astrolâtrie chez les Grecs, dans L'Ant. class., 4 (1935), pp. 5-43 ; les spéculations de J. RICHER, Géographie sacrée du monde grec, Paris, 1967, pp. 65-66, 73. Le tombeau de Callistô n'en était pas moins localisé à Trikolonoi : PAUS., VIII, 35, 8,

( M ) [APD.], /./. : ΆποΧομίνης ht ΚαΧΧιστοΰς, Ztvs τό βρέφος άρπάσας év Αρκαδία δίδωσιν άνατρέφΐιν Μαία, ττροσαγορΐvaas Αρκάδα. Cf. F. MILLER VON GAERTRINGEN, art. Arkas (1), dans R.-E., Π, 1 (1895), col. 1157-1160 ; consulter également

R. FRANZ, De Callistus fabula, Leipziger Studien, XII, 2 (Leipzig, 1890), pp. 235­

265. Cf. PLANCHE, Χ , ι : Hermès recueille Areas.

(îss) j ê t e d'ours : P. GARDNER, B.M.C. Peloponnesus, Londres, 1887,

p. 184, n" 5 (au droit d'un triobole d'argent; avant 471 avant J.­C.) ; E. BABE­

LON, Traité des monnaies grecques et romaines, II, 1 (Paris, 1907), n" 1242 ;

cf. PLANCHE VII, 1. Ours entier : P. GARDNER, o.l, p. 184, n°» 1­4 (au droit de

trioboles d'argent; avant 471 avant J.­C), ours marchant tantôt vers la gauche

(1,2, 4), tantôt vers la droite (3) ; E. BABELON, o.l, n°» 1236­1241, cf. col. 862­867

(commentaire). Comparer les monnaies reproduites PLANCHE VII, 2­4.

('*") P. GARDNER, o.l, p. 190, n° 1 (au droit d'une monnaie de bronze;

370­300 avant J.­C): Artémis agenouillée vers la droite tient dans la main

droite l'arc qu'elle vient de décocher ; au revers : Callistô, tournée vers la

gauche, s'effondre percée d'une flèche, à côté d'elle Areas tendant les bras (cf.

PLANCHE VIII, 2­3). Mêmes motifs sur l'exemplaire du Cabinet des médailles

(Bibliothèque nationale de Paris), reproduit PLANCHE VIII, 4­5. Cf. A. PLASSART

{Orchomène d'Arcadie. II, dans B.C.IL, 39 [1915J, pp. 69­70, n. 2), qui discute

les datations proposées au sujet de ces monnaies : elles doivent être étudiées avec

celles d'Héraia et celles de Méthydrion (cf. ci­dessous, p. 138, notes 127­128), car

« il est naturel de les présumer à peu près contemporaines. » L'auteur opte pour

la seconde moitié du IV' siècle avant J.­C.

ι 3 8 L E S M A M M I F È R E S

à Méthydrion (12'), à Héraia (1 2 8), le motif est plus directement

explicite encore. Différentes pièces portent en effet, au droit,

Artémis à demi agenouillée, qui se prépare à décocher sa flèche à

Callistô. Au revers, celle­ci s'effondre, tandis que le jeune Areas,

assis sur le sol, à ses côtés, lui tend les bras ( 1 2 9).

Des fragments de vases peints d'origine apulienne qui restèrent

longtemps énigmatiques (130) se prêtent désormais à une utile

comparaison avec les témoignages numismatiques. Ces tessons

ont en effet retrouvé leur valeur et leur signification depuis que

A. D. Trendall les a rapprochés d'une remarquable œnochoè

fort heureusement intacte (131), pour la décoration de laquelle

l'artiste s'est inspiré de l'aventure de Callistô. Sur l'une des faces,

il a représenté l'instant crucial où s'amorce, aux oreilles et aux

extrémités des membres supérieurs, la métamorphose de la

nymphe en ourse (1 3 2).

Le mythe de Callistô en qui les exégètes modernes ont volon­

tiers reconnu une des nombreuses hypostases d'Artémis (13S),

(18

') F. IMHOOF­BLUMER, Monnaies grecques, Paris­Leipzig, 1883, pp. 200­202,

n° 244 : Callistô s'effondre, vers la gauche, percée d'une flèche ; derrière elle,

Areas. Cf., pour la datation, E. MEYER, art. Méthydrion (1), dans R.­E., XV, 2

(1932), col. 1389.

(lse

) F. IMHOOF­BLUMER, o.l., p. 194, n° 226 : au revers d'une monnaie de

bronze, Artémis, genou en terre, tournée vers la droite, tient l'arc ; également

n0 8 227­228. Ce motif doit être rapproché de celui qui a été décrit ci­dessus, p. 137,

note 126, pour Orchomène. Cf. P. GARDNER, o.l., p. 182, n° 17 ; E. BABELON,

o.l., col. 859 ; pour la datation : [F.] BOELTE, art. Heraia (1), dans R.­E., VIIT,

ι (1912), col. 412­413.

("») PLANCHE VIII, 3, 3.

(130) \ FURTWÄNGLER ­ K. REICHHOLD, Griechische Vasenmalerei, II (Munich,

1909), p. 264 et fig. 94 b : « Der erhaltene Frauenkopf trägt Pferdeohren, kann

demnach nichts anderes darstellen als eine Kentaurin. Zum ersten Male eine

Kentaurin auf Vasen. » Ce commentaire concerne le fragment 13206 actuelle­

ment conservé à Boston. Cf. à propos du même document : Boll, délia Commis­

sione archeologica communale di Roma, 58 (1930), p. 59 et fig. 1.

(lal

) Œnochoè apulienne, originaire de Tarente ou des environs, circa 380

avant J.­C. (hauteur : 17,4 cm). Elle appartient aux collections du Musée J . Paul

Getty, Malibu (Californie) et fera l'objet d'une publication prochaine de A.

D. TRENDALL.

(13S

) Cf. PLANCHES VIII, 1 (voir ci­dessus, n. 130) ; IX.

(l ss

) K. WERNICKE, art. Artemis (2), dans R.­E., II, 1 (1893), col. 1358 ;

L. R. FARNELL, Cults of the Greek States, II (Oxford, 1896), p. 435 ; P. LÉVÊQUE,

Sur quelques cultes d'Arcadie : princesse­ourse, hommes­loups et dieux­chevaux,

dans Vïnformation historique, 23 (1961), pp. 94­98. Voir les justes réserves de

M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3

, p. 456 ; de même W . SALE,

Callistô and the Virginity of Artemis, dans Rhein. Museum, 108 (1965), pp. 25­29.

Ci­dessous, p. 142.

L E S M A M M I F È R E S

traduit, sous les diverses formes où il a été conservé, les dangers

auxquels s'exposait celle qui abandonnait sa virginité sans le

consentement de la déesse. Le règlement du culte qui lui était

rendu, à Athènes, en dehors de Ι'άρκτεία, garantit au contraire ses bonnes dispositions à l'égard de celles qui, sous sa protection, perpétuaient la vie. Les femmes à qui elle avait accordé une heu­reuse délivrance lui dédiaient les vêtements de leurs couches (134), qu'elles entreposaient dans le sanctuaire brauronien de l'Acro­pole

À Cyrène, toutes les obligations religieuses liées au mariage et à l'enfantement devaient être accomplies avant qu'ils se dérou­lassent l'un et l'autre (13e). Les jeunes mariées avant leurs noces et les jeunes mères avant leurs couches se soumettaient, dans le sanctuaire local d'Artémis, à diverses purifications. Celles-ci révèlent, malgré les lacunes de l'inscription, que ni le mariage ni l'accouchement n'occasionnent de souillure, quand les rites prescrits sont exécutés en préalable aux deux événements (13?).

La prêtresse qui offrait assistance aux femmes en ces cir­constances portait l'appellation officielle ά'Άρκος, forme secon­daire du nom grec de l'ours (138). Encore qu'il soit malaisé de

déterminer la provenance et l'origine de son emploi à Cyrène,

ce titre appartient au même contexte à la fois cultuel et mythique

('•') Voir l'important relevé de L K. FARNELL, Cults 0/ the Greek States. II

(Oxford, 1896), pp. 442­444, des sanctuaires dédiés à Artémis paidotrophos ou

courotrophos. La protection de la déesse n'était pas discriminatoire. A Brauron,

où les enfants de sexe féminin sont prépondérants dans les rites, les fouilles

n'ont pas livré moins de statues de jeunes garçons : cf. I. KONDIS, /./., pp. 163­

164 (dont les conclusions relatives à des rites de consécration qui incomberaient

aux garçons, parallèlement à ceux destinés aux filles, paraissent excessives, en

l'absence de toute mention ou allusion dans les textes).

C3 5

) En revanche, c'est à Brauron qu'étaient déposés les vêtements des

femmes mortes en couches. Ces offrandes funèbres qui marquent l'aboutisse­

ment fatal d'un des cycles essentiels de la vie des femmes correspondent à

l'autre facette de la personnalité d'Artémis, toujours redoutable. Cf. M. P. NILS­

SON, Geschichte der griech. Religion. Is

, p. 484.

C3

*) F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl , Paris, 1962,

n° 115, A 73 ­ B 27, § 7 (rituel du IVe

siècle avant J . ­C , qui reprend d'antiques

prescriptions). Sur le culte artémisiaque très important à Cyrène : Fr. CHAMOUX,

Cyrène sous la monarchie des Battiades, Pans, 1956, pp. 311­320.

C3

') Les premières lignes relatives àces purifications sont lacuneuses. 11 semble

cependant qu'elles concernent les tilles devenues nubiles. Cf. les remarques de l'édi­

teur. Le parallélisme avec les rites de Brauron serait ainsi encore mieux marqué.

C3

») B 16 : «V "Αρταμιν [ τα!) άρκαιι δωσ«ϊ etc. HÉSYCH., A 7280 : όρκος • ... και lépcia της Αρτέμιδος. Cf. ci-dessus, p. 130, n. 75.

140 L E S M A M M I F È R E S

qui atteste, en liaison avec le symbolisme de l'ours, la nature

réelle des relations d'Artémis avec les mères et futures mères. À

Cyrène comme en Attique, tout était mis en œuvre pour leur

garantir, à un moment particulièrement critique de leur exis­

tence, les seules interventions favorables de la déesse.

Dans la tradition athénienne, un récit étiologique dont les

variantes sont accessoires (13e

) rend compte des principaux

éléments rituels de Υάρκτεία. Outragée par la mort de son ourse favorite qu'un chasseur mal inspiré avait abattue, Artémis aurait déchaîné sur tout le territoire un fléau mortel, avant d'exiger que lui fût immolée, en compensation, la fille d'un citoyen. Celle-ci fut remplacée in extremis par une chèvre que la déesse accepta à la condition que toutes les filles fussent « Ourses » avant leur mariage (140). Le rôle de la victime de substitution et le caractère réparateur de la consécration sont deux traits sou­vent attestés dans le culte et dans le mythe d'Artémis. Sans être spécifiques des croyances athéniennes, ils y sont illustrés, d'une part, dans les relations de la disparition d'Iphigénie, — la déesse intervenant en personne pour substituer à la fille d'Agamemnon une biche, une génisse, ou une ourse (141), — d'autre part, au sanc­tuaire d'Halai Araphénidès où, pour satisfaire aux exigences cul­tuelles, on s'est finalement borné à piquer jusqu'au sang la victime humaine (142). Qu'ils ressortissent au mythe ou au culte, ces faits qui se localisent tous dans le sud-est de l'Attique, indiquent en Artémis une divinité primitive et redoutable, malgré les accommodements et les subterfuges dont elle s'est, avec le temps, contentée.

Mais la déesse qu'Iphigénie servait en Tauride, avant de l'intro­duire en des lieux voisins de son supplice (143), n'est pas seule-

(13B) Il s'agit tantôt d'une ourse qui ravage le territoire, tantôt d'une ourse qui malmène les habitants, notamment une fillette qu'elle aveugle (BEKKER, Anecd. gr., I, pp. 444-445 ; schol. R V ARISTOPH., Lys., 645 ; Souda, A 3958). De cette dernière variante, on rapprochera la tête d'« Ourse » aveugle découverte à Brauron: cf. ci-dessus, p. 132, n. 94 (S. PAPASAVRIDI).

(140) Références ci-dessus, p. 134, n. 106-107. (141) La tradition que suit EURIPIDE (I.T., 28) est la plus répandue : elle

met en cause une biche. Selon PHANODÉMOS, 325 F 14 J. , il s'agissait d'une ourse et, d'après NICANDRE, fr. 58 Schneider (cf. ANTON. LIB., 27), d'une génisse. Cf. Etym. magn., 747, 1. 52 - 748, 1. 4.

('") EUR., LT., 1452-1456 ; cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is, P- 485.

(l43) Cf. L. SÉCHAN, Le sacrifice d'Iphigénie, dans R.E.G., 44 (1931), pp. 368-425 ; P. CLEMENT, New Evidence for the Origin of the Iphigeneia Legend, dans L'Ant. class., 3 (1934), pp. 392-409.

L E S M A M M I F È R E S I4 I

ment la chasseresse sanguinaire, elle est autant la Πότνια θηρών, reine de tous les animaux sauvages, y compris des ours qui peu­plaient son vaste domaine. Un petit relief clarien que Charles Picard a bien mis en évidence ('") montre, à côté d'une figure

féminine identifiée à Artémis Claria, un jeune ours qui rappelle

les animaux sacrés de la Grande Mère (145

). À en juger par des

toponymes tels que "Αρκτων όρος ( Ι 4 β ) O U "Αρκτων νήσος (14'), sites voisins de Cyzique, et par la possibilité d'approvisionne­

ment qu'a offerte l'Asie mineure (148

) aux organisateurs de chasse

et de jeux jusqu'à l'époque romaine, les ours y vivaient en

nombre très élevé. Il n'en allait pas autrement en Grèce conti­

nentale, dans les régions de la Thrace et du Péloponnèse (14e

),

mais aussi en Attique (l50

). Des deux côtés de la mer Égée, la

nature elle­même a donc été propice à la diffusion du culte de

la déesse asiatique qui a continué, sous le nom d'Artémis, de

régner sur la faune et sur tous les êtres vivants.

Si l'obligation qui incombe aux fillettes athéniennes consiste

à se faire ourses, à imiter l'ourse (U1

), aucun des témoignages

(141

) Cli. PICARD, Éphèse et Claros, Paris, 1922, pp. 404, 455.

(14s

) Th. MACRIDY, Antiquités de Notion, 11, dans Jahresh. des ôsterr. arch.

Institutes, 15 (1912), p. 57, fig. 26 (l'animal de gauche a disparu). Des monu­

ments gaulois relatifs à la déesse Artio et à Mercure Artaios offrent de remar­

quables parallèles : cf. P.­M. DUVAL, Les dieux de la Gaule, Paris, 1957, pp. 42­

50. Tels qu'ils se révèlent dans la religion grecque, les faits nombreux qui mettent

en cause des animaux conduisent à nuancer la conclusion de l'auteur (p. 51 ; je

souligne) : « Ainsi les dieux participant à des degrés divers de la nature animale,

depuis longtemps disparus chez les Cirées... ont gardé chez les Gaulois ... une

vitalité qui nous frappe d'autant plus. »

(·«·) STRAB., XII, 8, u , 575 C. ; schol. L APOLL. RH., Arg., I, 936­ Cf. 'O.

HIRSCHFELD, art. "Αρκτων νήσος, dans R.-E., 11, ι (1895), col. 1172. ('*') PLINE L'ANCIEN, H.S., V. 142 ; STÉPH. BYZ., S.V. "Αρκτων νήσος, Κύζικος.

Cf. HIRSCHFELD, ibid. I14*) Cf. L . ROBERT, Les gladiateurs dans l'Orient grec, Paris, 1940, p. 313. ("·) PAUS., Ill, 20, 4 ; IV, 11,3; VIII, 17, 3 ; 23, 9. Cf. H.-G. BUCHHOLZ, Zum

Hären in Syrien und Griechenland, dans Acta praehistorica et archaeologica, 5­0

(1974­197.5), pp. i75­» 85­

(1 5

°) PAUS., I, 32, Ι : Πόρνης παρεχομένη θήραν συών αγρίων καί άρκτων. Cf. \V. PEEK, Griech. Vers-Inschriften, 1 (Berlin, 1955), n° 11 22, 3 (épitaphe d'Acar-nanie) : όρκου ΰπο στυγερός όλέσας βίον. Le texte a été publié pour la première fois, avec d'utiles remarques sur le nom όρκος, par K. PREUNER, Inschriften aus Akarnanie. dans Athen. Mitt., 27 (1902), pp. 342-344. Γη traité a été consacré

aux ours (soit Περί άρκτων, soit Περί ζώων) par SÖST RATOS (Ier

siècle avant J.­C.) :

schol. G Κ Λ Τ THÉOCR., 1,115 Wendel. Cf. "il.] GOSSEN, art. Sostratos (13), dans

R.­E., III Α, ι (1927), col. 1203­1204.

!m

) Cf. ci­dessus, p. 130, n. 73­76.

142 L E S M A M M I F È R E S

relatifs à leur engagement ne permet d'assurer qu'il existait une

relation de cause à effet entre leur costume ou les gestes qu'elles

accomplissaient (152

) et le titre qui leur était décerné, ni davantage

que les jeunes "Αρκτοι cherchaient, par leur engagement, à

s'identifier à l'Ourse qu'aurait été Artémis avant d'abandonner

cette apparence à son hypostase Callistô (15S

). Si étroite et indis­

cutable que soit la relation de la déesse avec l'ours, un des repré­

sentants les plus caractérisés du monde sauvage, les spéculations

étymologiques qui rapprochent les noms "Αρτεμις et άρκτος ( 1 M ) n'autorisent pas plus que les indices tirés du rituel de Υάρκτεία, si mal connu sur tant de points, à établir le zoomorphisme origi­

nel d'Artémis. Le silence des sources anciennes en la matière

n'est pas négligeable. À la différence des traditions relatives à

Zeus (155

), à Poseidon (ιδ6

), à Déméter (1S7

), à Apollon (158

), à

Athéna (15

'), qui ont retenu, pour chacune de ces divinités, le

souvenir de leurs métamorphoses et de leurs épiphanies réalisées

('") L'interprétation qui a poussé à reconnaître dans la crocote un dégui­

sement par lequel les άρκτοι imitaient l'ourse, a favorisé le développement de l'hypothèse que les fillettes exécutaient une danse de l'ours ou du pas de l'ours : cf. Lillian B. LAWLER, The Dance in Ancient Greece, Middleton, 1961, pp. 67-69 ; J . J . PERADOTTO, The Omen of the Eagles and the ήθος of Agamemnon, dans Phoenix, 23 (1969), p. 245 (cité ci-dessus, p. 133, η. g8). S'il semble désormais

impossible de la retenir, il n'en reste pas moins que la danse, chère à Artémis, est

un rite fréquent dans les initiations. Cf. H. JEANMAIRE, o.l., p. 262 ; L . GHALI-

KAHIL, Autour d'Artémis Attique, dans Ant. Kunst, 8 (1965), pp. 20-33.

(153

) Les arguments invoqués pour soutenir cette interprétation sont fondés,

en général, sur les scholies étiologiques relatives à Γάρκτίία (cf. ci-dessus, p. 140, n. 139). Les principales références modernes ont été citées à la note 133 (p. 138) ;

cf. notamment P. LÉVÊQUE, p. 98.

I154

) L'étymologie a exploité l'affinité des noms de l'animal et de la déesse :

cf. V. PiSANi, '£λΑι;ΐΌ<(ίλτΐ((ά, dans R.E.A., 37 (1935), pp. 145-160; P. CHAN­TRAINE, Réflexions sur les noms des dieux helléniques, dans L'Ant. class., 22 (1953), pp. 65-78 ; I. CHIRASSI, Miti e culti arcaici di Artemis, pp. 27-29. — Aucun exemple de Déesse aux ourses n'a été relevé par Chr. CHRISTOU, Potnia Theron, Thessalonique, 1968. L'interprétation que Chr. ZERVOS (Naissance de la civilisa­tion en Grèce, II [Paris, 1963], p. 586) a proposée du vase zoomorphe figurant un ours (cf. L'art des Cyclades, Paris, 1957, P- 35· nS- 238-239) : « sa survivance (se. d'un culte de l'ours) dans les Cyclades est certaine et la fête se retrouve, plus de quinze siècles plus tard, à Vraona », ne peut être acceptée telle quelle.

(,55) Métamorphose en aigle: cf. ci-dessus, p. 96, n. 28; en cygne: p. 96, n. 29; en coucou : p. 96, n. 30.

(l6") Poseidon étalon : cf. ci-dessous, p. 153, n. 233-238. C5') Déméter jument : cf. ci-dessous, pp. 153-154. pie) Épiphanies d'Apollon sous forme d'oiseaux: cf. ci-dessus, p. 96, n. 31, 33. ('") Épiphanies d'Athéna sous forme d'oiseaux : cf. pp. 96-97, n. 34, 35.

VII. ι, 3, 4. Mantinée (AR): Londres, British Museum, Department of

Coins and Medals. Voir p. 137, n. 125. Cliché Université de Liège;

agrandissement (1) 5: 1; (3) 4: 1; (4) 5: 1 (moulages).

I. Mantinée (AR): Paris, Cabinet des médailles. Inv. 32g. Voir p. 137, n. 125.

Cliché Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).

VIII. ι. Fragment d'œnochoè apulienne: collection privée. Voir p. 138, n. 132.

Cliché A.D. Trendall.

2, 3. Orchomène d'Arcadie (AE) : British Museum, Department of Coins

and Medals. Voir p. 137, n. 126; p. 138, n. 129. Cliché Université de Liège;

agrandissement 2,5: 1 (moulages).

4, 5. Orchomène d'Arcadie (AE) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 362.

Voir p. 137, n. 126; p. 138, n. 129. Cliché Université de Liège;

agrandissement 2,5: 1 (moulages).

IX-X. Œnochoè apulienne: Malibu (Californie), Musée J. Paul Getty. Inv. 72. AE. 128. Voir p. 138, n. 132. Clichés du Musée.

2

LES MAMMIFÈRES

par des animaux, les textes ne mentionnent jamais rien de tel

pour Artémis. Elle, qui règne sur le monde animal, non seule­

ment n'apparaît pas identifiée à telle ou telle espèce, mais ne

reçoit pas davantage d'appellation, rituelle ou non, qui serait

directement dérivée du nom d'un animal, comme c'est le cas des

dieux "Ιτητιοι ( , β 0), ou de ceux que l'on invoque sous des vocables

issus du substantif ταύρος ( 1 β 1 ) . La conception selon laquelle l'héritière attitrée de la Πότνια θηρών aurait été, au moins aux temps mythiques, reconnue dans l'Ourse sacrée ne relève, jusqu'à présent, que de l'exégèse moderne. Les sources anciennes n'en ont conservé aucune trace, aucun écho réellement assuré ( 1 M). Même si elle a correspondu à une réalité devenue inaccessible, une telle manière de voir semble bien avoir été, y compris pour les mythographes récents, incompatible avec les fonctions qu'Ar-témis a assumées au sein du panthéon grec.

Comme dans la plupart des cas où un nom d'animal est appliqué à des desservants des cultes, le titre en usage à Brauron pourrait moins résulter d'une imitation de l'animal ou d'une tentative d'assimilation à sa nature physique et sacrée que d'une analogie entre les situations, au moment où la cité reconnaît offi­ciellement la maturité de ses filles et l'accomplissement de leur être. L'opinion a, en effet, prévalu, durant l'Antiquité, que l'ourse ne met bas que des êtres informes et inarticulés qu'elle façonne et parachève après leur naissance, manifestant à leur égard une affection qui contraste avec sa nature sauvage et

(u o) Cf. ci-dessous, pp. 152-153, n. 225-230. ('") Cf. ci-dessous, pp. 149-150. ('") Cf. P. FAURE, Fonctions des cavernes crétoises, Paris, 1964, pp. 144-146:

caverne de l'Ourse dans l'Akrotiri. Après avoir indiqué que, vue sous un cer­tain angle, la concrétion étudiée « ressemble à un chien aussi bien qu'à un ours » (je souligne; cf. o.l., pp. 138, 163: hésitations analogues en d'autres sites), l'auteur rappelle que « la légende actuelle veut que ce soit une ourse pétrifiée par la Vierge qui venait se désaltérer » (à la source qui coule dans la grotte). Les restes de deux plaques en terre cuite, de style sévère, où étaient représentés Apollon cithariste et Artémis chasseresse le conduisent à évoquer divers mythes dans lesquels l'ours intervient, et plus particulièrement le cas de Callistô. De quoi il conclut que « le culte de l'Ourse, devenue Artémis et son cortège divin, a duré jusqu'à l'époque romaine.» Cf. aussi pp. 86, n. 4; 119. — R. F. WILLETTS (Ancient Crete. A Social History, Londres-Toronto, 1965, pp. 136-137) abonde dans le même sens, mais en attribuant la métamorphose en ours à Areas (cf. p. 137). De telles interprétations valent à titre d'hypothèse. Elles sont loin de dire le dernier mot de l'origine et de la signification du mythe de Callistô

144 L E S M A M M I F È R E S

sombre (1β3

). Dans le mythe, l'ourse n'intervient pas moins que

la chèvre ou la louve pour allaiter et soigner les enfants nouveau­

nés qui ont été abandonnés par leur mère (1M

). Encore qu'ils

n'aient pas été soulignés par les auteurs anciens, les traits com­

muns à l'ourse, à Artémis et à celles qui participent à ses rites,

tant à Brauron qu'à Cyrène, peuvent être aisément relevés.

Dans le premier sanctuaire, Artémis, déesse farouche et bien­

veillante à la fois, préside à la formation des jeunes "Αρκτοι,

tandis qu'à Cyrène la prêtresse "Αρκος, comme l'ourse maternelle, procède à la purification compensatoire qui maintient intégrale­

ment les jeunes épouses et les jeunes mères dans la vie sociale et

religieuse de la cité. La part de supputation à laquelle il faut

recourir pour tenter de cerner son origine n'enlève rien à la relation

qui s'est établie, dans des circonstances vitales pour les individus

comme pour la société, entre l'ourse, la femme et la divinité.

De la déesse Ourse asiatique (165

) à Artémis, Dame des Ourses,

— animales et humaines, — le lien est demeuré puissant et effi­

cace entre les lieux et les temps qui ont vu naître et se développer

les figures sacrées destinées à assurer, pour les Grecs, la réali­

sation des préoccupations les plus fondamentales des individus

comme des collectivités.

Le taureau

En même temps qu'ils ont révélé la perfection qu'avaient

atteinte les artistes animaliers de la civilisation crétoise, les

(I 9 3

) ARISTT., H.A., V I , 579 a 18­25 ; cf. OPPIEN, Cyn., III, 139­169 (notam­

ment 159­161) ; PLINE L'ANCIEN, H.N., VIII , 126­131 ; PLUT., De amove prolis,

2 (Mor., 494 C) ; cf. MANUEL PHILIS, De Anim. propr., 49, vers 1127­1132.

(164

) Ce fut notamment le cas de l'Arcadienne Atalante : [APD.], Bibl., III,

9,2,2­3 ; et, d'une manière analogue, de Zeus lui­même. Selon certains, Zeus, aban­

donné par Rhéa, fut sauvé par Cynosoura qu'il plaça, plus tard, dans la Petite

Ourse: [ÉRATOSTH.], Catast., 2 Olivieri; scholie ARATOS, Phain., 42­44 Maass

(pp. 184­185). Cf. [W.] GUNDEL, art. Kynosoura (6), dans R.­E., X I I , 1 (1924),

col. 37­41, notamment 38­39. La grotte où Zeus fut abrité fut connue sous le

nom d''Αρκέσιον. XÉNION (460 F 1 J.) interprète cette appellation à partir du verbe άρκίοαι, synonyme de βοήθησα. Mais d'autres explications l'ont rappro­chée du nom de l'ours άρκτος, άρκος : schol. L APOLL. RHODES, Arg., I, 936 Keil. Cf. L. BUERCHNER, art. Ida (1), dans R.-E., I X , 1 (1914), col. 861 ; P. CHANTRAINE, Diet. étym. de la langue grecque, I (Paris, 1968), pp. 109-110. — Cf. PORPH., Vie de Pyth., 41 : (se. ό Πυθαγόρας) èAeye Sè τίνα καί μυστικω τρόπω ουμβολικώς, ... οίον ότι ... «καλεί ... τάΐ δ' άρκτους 'Pèas veîpas.

(1βδ

) Cf. R. EISLER, Kuba­Kubele, dans Philologus, 68 (1909), pp. 145­147.

L E S M A M M I F È R E S

témoignages archéologiques ont mis en pleine lumière l'impor­

tance du taureau dans le monde minoen (16e

). Cet animal dont la

présence est bien assurée sur les bords de la Méditerranée à

l'époque néolithique (167

) a joué, dès l'origine, un rôle de premier

plan (168

). Si la signification des scènes acrobatiques où il tient la

vedette (1ββ

) a donné matière à discussion, l'unanimité est,

depuis longtemps, acquise sm la valeur fondamentalement reli­

gieuse qu'il convient d'attribuer à d'aussi spectaculaires mani­

festations (m

) . Indépendamment du prestige que lui avait con­

féré son passé égéen, l'impression de vigueur que le taureau dégage

et la fécondité qui le caractérise ont été perçues comme les expres­

sions de la force sacrée qui l'habite. Elles ont été, l'une et l'autre,

exaltées dans la religion grecque.

Par sa nature, le taureau donne aux sacrifices une solennité

plus intense et constitue une victime de choix, dispensatrice de

bienfaits accrus pour ceux qui l'ont offerte, hommage toujours

agréé par l'être divin qui le reçoit. Il est prescrit par les rituels

dans des circonstances très diverses, en l'honneur des dieux et

des déesses (m

) , mais il est, par priorité, réservé à Poseidon. Le

fait, qui se vérifie à travers tout le monde grec, dès une haute

époque (l72

), est attesté de manière constante en territoire ionien,

où les cités et les confédérations ont placé leur sauvegarde sous

(1βί) Cf. P. DEMARGNE, La naissance de l'art grec, Paris, 1964, fig. 228, 229, 232, 282-286 (gobelets de Vaphio) ; L. VON MATT et collaborateurs, Ancient Crete, Londres, 1968, pl. 70, 73, 76, 104, 123, 180, etc.

(**') Chr. ZERVOS. Naissance de la civilisation grecque, I (Paris, 1962), p. 78 ; cf. [E.] ORTH, art. Stier, dans R.-E., Ill A, 2 (1929), col. 2499-2500.

("«) Cf. L. MALTEN, Der Stier in Kult und mythischem Bild, dans Arch. Jahr­buch, 43 (1928), pp. 90-139.

('"·) Par exemple, L. VON MATT, o.l., pl. 76 (fresque de Cnossos), 133 (rhyton d'Hagia Triada) [-- P. DEMARGNE, o.l., fig. 232].

("°) A. EVANS, On a Minoan Bronze Group of Galloping Bull and Acrobatic Figure from Crete, dans J.H.S., 41 (1921), pp. 247-259 ; E . ZIEHEN, art. Tauro-hathapsia, dans R.-E., V A, 1 (1934), col. 24-27 ; Ch. PICARD, Les religions pré­

helléniques, Paris, 1948, pp. 197­200; J. R. CONRAD, Le culte du taureau, trad.

P. Berlot, Paris, 1961, pp. 144­163.

('") Cf. ORTH, /./., col. 2512­2515.

("») HOM., Λ 728, α 25, Α 130­131, etc. Cf. L. R. FARNELL, Cults of the Greek

States, IV (Oxford, 1907), pp. 25­26; F. SCHACHERMEVR, Poseidon und die Entste­

hung des griech. Götterlaubens. Berne, 1950, pp. 45­46, etc. ; Éd. DES PLACES, La

religion grecque, Paris, 1969, p. 140 (à propos du sacrifice des Atlantes à Poseidon :

PLAT., Critias, 119 D ­ 120 C).

146 L E S M A M M I F È R E S

la protection du dieu de la mer ( m ) et l'ont honoré avec un faste extrême. Du culte que lui ont rendu les Éphésiens ("*), la tradi­tion a notamment retenu cette particularité, que les jeunes gens non mariés (17S) qui remplissaient, lors d'une fête (17e) de Posei­don, le rôle d'échanson étaient appelés 'Taureaux' (1 7 7). Cette désignation qu'il est impossible de situer dans le calendrier d'Éphèse (178) s'éclaire cependant par les autres attestations rela­tives au lien qui a existé entre Poseidon et le taureau.

Le dieu est, en effet, invoqué comme Tavpeos Έννοσίγαιος ( 1 7 β ) et certaines traditions lui assignent la création de l'animal ( 1 8 0),

qui matérialise sa présence aussi bien pour les Corcyréens lors de

leur pêche miraculeuse (181) qu'au moment de la mort d'Hippo-

lyte (182) ou dans l'épisode du Minotaure. Les mythographes ont

raconté la passion fatale que Poseidon avait inspirée à Pasiphaé

("3

) C L L. R. FARNELL, o.l., pp. ΙΟ-ΙΙ . Les noms des mois, Ποσιδεών et Ταυρεών, sont d'utiles indices : cf. E . BISCHOFF, art. Kalender, dans R.-E., X , 2 (1919), col. 1602 ; W. SONTHEIMER, art. Taureon, dans R.-E., IV A, 2 (1932), col. 2537-2538.

(174) Attesté sans doute possible, mais peu et mal connu dans le détail : L. R. FARNELL, o.l., p. 25 ; [L.] BUERCHNER, art. Ephesos, dans R.-E., V, 2 (1905), col. 2805.

( m ) Le terme ήθεος, déjà attesté dans l'épopée (cf. HOM., Σ 593, etc.) indique

le terminus ante quem. L'observance de cette prescription, qui n'est pas rare

dans les rituels, doit produire une plus grande efficacité des gestes sacrés, tant pour

ceux qui les exécutent que pour ceux qui y sont associés.

("') HÉSYCH., Γ 248 : Ταΰρεια' εορτή ris αγομένη Ποσειδώνος. Cette fête,

mal caractérisée, a été fréquemment rapprochée des Taurokathapsia ou Taure­

astai (cf. L. R. FARNELL, o.l., pp. 20­26), sans qu'il soit cependant assuré qu'elles

sont identiques. Cf. A. LAUMONIER, Les cultes indigènes en Carie, Paris, 1958,

pp. 113­115, 485­486 (survivances des tauromachies égéennes, mais laïcisées).

J1

") AMÉRIAS, lexicographe alexandrin, cité par ATHÉNÉE, X , 425 C : Παρά δε 'Εφεσίοις oi οίνοχοοΰντες ήθεοι τή τον Ποσειδώνος εορτή ταύροι εκαλονντο. Cf. HÉSYCH., Γ 250 : οί παρά 'Εφεσίοις οινοχόοι ; EUST., 1205, 22-23 ("d HOM., Y 219).

( , , β) Deux des mois du calendrier d'Éphèse pourraient convenir à la célé­

bration : Ποσιδεών (décembre-janvier) ou Ταυρεών (juin-juillet). Cf. SONTHEIMER, ; ci-dessus, n. 173.

("·) [HÉS.], Bouclier, 104. Cf. HÉSYCH., Γ 253 : Ταΰρος- îaupcios ό Ποσειδών ; Souda, T 158 : ... και Τανριος Ποσειδών. Sur l'évolution du suffixe ­eios/­i­os:

GRÉGOIRE DE CORINTHE, De dialecte dorica, 140 Boissonade ­ Schäfer (p. 326) ;

cf. P. CHANTRAINE, Formation des noms en grec ancien, p. 53.

(1 8

°) Luc, Hermotime, 20 : φησ'ι γαρ ό μΰθος ερίσαι Άθηνάν κα'ι Ποσειδώνα και "Ηφαιατον εντεχνίας ττέρι, κα'ι τόν μεν Ποσειδώ ταΰρον άναπλάσαι.

(1 Β 1) PAUS., Χ , g. 3"4 '• C I - aussi V, 27, 9- Voir ci-dessus, p. 50, n. 32. (LSA) EUR., Hipp., 1214, 1247-1248, 1318-1319.

L E S M A M M I F È R E S

pour le taureau que Minos ne lui avait pas sacrifié ( 1 M) et les

peintures de vases ont, dès l'époque mycénienne ( 1 M), représenté le

monstre issu de ces amours contre nature. Mais le tour roma­

nesque et inquiétant qu'a pris la légende ( 1 M) n'a pas effacé les

éléments significatifs qui la composent. La comparaison avec

d'autres aventures dont Poseidon est le protagoniste en fait resur­

gir la valeur primitivement sacrée. L'être hybride qu'engendre

Pasiphaé pour son malheur et celui de la postérité (18*) doit, en

effet, être rapproché des progénitures mixtes qui forment la

descendance de Poseidon. De son union avec Méduse naissent

le héros Chrysaor et le cheval Pégase ( 1 8 '), tandis qu'en Arcadie,

après s'être métamorphosé en étalon, il a rendu Déméter­jument

mère d'une fille et du cheval Areion ( 1 8 8). À la différence du Mino­

taure qui est devenu, sous son aspect composite ( 1 8 '), le barbare

instrument du courroux divin, les rejetons jumeaux, humains

et animaux, ont été intégrés dans la généalogie mythique du dieu

et dans son culte. Ils sont les témoins archaïques et vénérés

d'un état antérieur des croyances dans lequel zoomorphisme et

("') Le récit le plus complet est fourni par [APD ], Bibl., III, 1,3­4, 'nais les

éléments remontent à un passé ancien, ainsi que l'attestent BACCHYLIDE (Dith.,

fr. 26) et les nombreux témoignages de la céramique. Cf. W. HELBIG, art.

Minotauros, dans Aus/. Lex., II, 2 {1894­1897), col. 3004­3011 ; F. POLAND,

art. Minotauros, dans R.­E., X V I , 2 (1932), col. 1927­1934. Ci­dessous, n. 184.

("*) Ch. TZAVELLAS, Μινώταυρο; ΐπ'ι μυκηναϊκού κυάθου, dans Arch. Ephimeris, i960 [1965], pp. 136-138 (cyathos de l'Helladique III A-B); cf. A . B . COOK, Zeus, I (Cambridge, 1914), pp. 490-496.

(1,s) Cf. Ch. PICARD, Les origines du polythéisme grec, I (Paris, 1930), p. 106 : « absurde création de la mythologie, bovidé carnivore »

(>") [APD ], Bibl.. III, 1, 4, 3 ; 15, 8, 5-6. Cf. Ch. DUGAS - R FLACELIÈRE, Thésée. Images et récit, Paris, 1958, pp. 34-39 et pl. 16-17 ; H. HERTER, art. Theseus, dans R.-E , Suppl. XII I (1973), col. 1117-1128.

('·') HÉs., Théog., 280-281. Cf. Éd. WILL, Korinthiaka. Paris, 1955, PP 158-163, 206-207. I' e s l notable que cette naissance soit située tantôt à Corinthe, tantôt en Béotie, terre d'élection du dieu. Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, p. 40.

('·*) Cf. ci-dessous, pp. 154-155. ('"") Le Minotaure a inspiré de très nombreuses représentations figurées

(cf. ci-dessus, références aux notes 183, 184, 186). L'étude de l'évolution du type ne pourrait manquer d'être révélatrice, d'autant que le taureau semble quelquefois concurrencé par le cheval. Cf. Ch. PICARD, Le minotaure tin vin-cuits», dans R A . n.s., 1 (1962), pp. 102-103 («document insolite, tête quasi-chevaline »).

("·) [K.] TUEMPEL, art. Areton, dans R.-E., II. 1 (1895), col. 621-623. Cf. ci-dessous, p. 154, n. 241-242.

148 L E S M A M M I F È R E S

anthropomorphisme n'avaient pas été encore dissociés (1 9 1). Mais

l 'identité et la nature des ascendants du monstre crétois indiquent

qu'il procède des mêmes convictions.

Comme une autre Déméter, Pasiphaé, métamorphosée par le

subterfuge de Dédale (1 9 2), s'unit au taureau qui sert, dans la

version romancée des faits, à expier la fureur de Poseidon. L'ani­

mal cependant n'en reste pas moins, jusqu'au terme de la tradi­

tion, le fruit de la mer (1 9 3), détail qui souligne l'étroite corré­

lation entre les flots marins sur lesquels règne le dieu et l'être

prodigieux qu'il en fait surgir. La même passion qui a lancé, sous

la forme de l'étalon, le Seigneur de la mer à la poursuite de Démé­

ter, l'anime face à Pasiphaé et mène à reconnaître dans le tau­

reau le dieu en personne. Celui que les Grecs ont vénéré sous le

nom de Poseidon est, parmi les figures masculines du panthéon,

l'héritier le plus complexe du parèdre de la déesse égéenne ( 1 M).

Son apanage s'est, à la suite de répartitions quelquefois con­

testées ( 1 9 6), limité finalement à la mer, mais ses prérogatives

chthoniennes d'Ébranleur de la Terre (1 9 e) n'ont pas été effacées

pour autant. Elles restent agissantes dans les rites agraires dont

i l est l'objet ( 1 9 7), dans l'action qu'on lui prête sur les forces tel­

luriques (1 9 8) et dans les récits de ses amours avec des déités qui

sont, à quelque titre, les substituts de la déesse primitive. Auprès

de Méduse ou de Déméter, le cheval, introduit par les envahis­

seurs indo­européens, s'est imposé. Dans le milieu crétois où sa

place avait été prépondérante, le taureau s'est maintenu. Fina­

(m

) Cf. R. STIGLITZ, Die grossen Göttinnen Arkadiens, Vienne, 1967, pp. 12­

!3> 36­38 ; utiles observations de P . ­ M . SCHUHL, La formation de la pensée grecque2

,

pp. 78­83.

(»") [APD.], Bibl., III, 1, 3­4.

(193

) Ibid., t, 3, 2 : τανρον άναφανήναι è/c τών βυθών. (194) F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 11-12. Cf. ci-dessous, n. 198. (195) U. VON WILAMOWITZ-MOELLENDORFF, Der Glaube der Hellenen, I (Berlin,

I 0 3 I ) . ΡΡ· 2II-2I6; II (Berlin, 1932), pp. 144-146. Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 131-140. Zeus, qui se manifeste à Europe sous la forme d'un

taureau, est, dans certaines traditions, substitué à Poseidon lui-même, lorsqu'il

s'agit de Pasiphaé : MYTH. VAT., I, 47 Bode (p. 18,11. 4-5) Igitur contemptus afilio

Jupiter indignatus furorem tauro subiecit.

(198

) Cf. Μ. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, P, pp. 444-447.

(Ι 9

') HÉSYCH., Π 4°2Ι : Προτρύγαια' ίορτή Διονύσου καϊ Ποσειδώνος. Cf. L . DEUBNER, Attische Feste*, pp. 60-64, 93-123 (Thesmophories, Anthestéries).

(l9e) Elle est notamment traduite par ses différentes épithètes et épiclèses : 'Ewoo-tyeuo?, Ένοσίχθων, Σεισίχθων, Γαιήοχος. Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 20-21, 47, 79-80, 160.

L E S M A M M I F È R E S I49

lement réduit au rôle d'instrument dans le mythe du Minotaure,

il continue de rappeler les antécédents de Poseidon, mais sa

fonction généralisée dans les rites montre bien l'importance qui

lui a été dévolue dans la religion grecque où il a incarné et sym­

bolisé la fécondité.

Les représentations des dieux­fleuves en donnent une autre

preuve. Figurés d'abord sous l'aspect de taureau (, β β

), ils ont

connu ensuite un stade intermédiaire, mi­homme mi­animal, qui

les rapproche du Minotaure (2 0

°) . Enfin, ils ont été reproduits

sous les traits de personnages masculins (201

), mais les cornes qui

ornaient leur front n'ont pas cessé d'indiquer combien leur

puissance à la fois impétueuse et fertilisante les apparentait

au taureau (202

). Toutefois, parmi les grandes divinités, c'est en

Dionysos que le zoomorphisme s'est maintenu le mieux apparent

dans le mythe et dans le culte.

Issu de Sémélé et de Zeus taureau (203

), Dionysos, le ravpo­

γΐνης (I04), a gardé de son origine une affinité avec cet animal,

que sa nature de dieu voyageur de la mer (205

) et maître de la

fécondité n'a fait que renforcer. La taureau apparaît d'abord

('") EUR., Ion, 1261 : ταυρόμορφον όμμα Κηφισού πατρός ; [APD.j, Bibl., II, 7, 5, ι (lutte d'Héraclès contre Achéloos εΐκααμενον ταύρψ); schol. D E F G ÇJ FIND.,

Pyth., i, 185 Drachmann (p. 29) [­ TIMÉE DE TAUROMÉNION, 566 F 28 c J.]:

τόν γαρ εν τή πόλει δεικνύμενον μή είναι τοΰ Φαλάριδος, καθάπερ ή πολλή κατέχει δόζα, άλλ' εικόνα Γέλα τον ποταμού. Cf. F. IMHOOE-BLUMER, Pluss- und Meergötter

auf griech. und röm. Münzen, dans Revue Suisse de Numismatique, 23 (1924),

pp. 173­421 ; L . LACROIX, Fleuves et nymphes e'ponymes sur les monnaies grecques,

dans R.B.N., 99 (1953). pp. 5­21. H . P. ISLER, Acheloos. Eine Monographie,

Zurich, 1969 ; J.­R. JANNOT, Achéloos, le taureau androcéphale et les masques

cornus de l'Étrurie archaïque, dans Latomus, 33 (1974), pp. 765­789.

(, 0

°) Tantôt taureau à tête humaine, tantôt homme à tête de taureau : cf.

E . N . GARDINER, The Pankration and Wrestling, dans J.H.S., 26 (1906), pp. 15­

19, fig. 7 et 8 (peintures de vases représentant la lutte d'Héraclès contre Aché­

loos) ; cf. SOPH., Trach., 497­530 , L . LACROIX, Monnaies et colonisation dans

l'Occident grec, Bruxelles, 1965, pp. 110­111 et pl. VIII, 1­2 (monnaie de Géla).

(*01

) L. LACROIX, o.l., pp. 82, 116­117 et pl. VI, 1 (monnaie de Métaponte).

(t n

) Cf. HOM., Φ 237 (comparaison des mugissements du Scamandre à ceux

du taureau).

(103) NONNOS, VIII, 322 , cf. CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Protrept., II, 16, 2­3

(Dionysos­Zagreus). Cf. A. W. CURTIUS, Der Stier des Dionysos, Iéna, 1882,

pp. 3­29.

(*04

) Ou βουγενής (cf. ci-dessus, p. 21, n. 81). Les termes ταύρος et βοΰς ont d'abord été employés comme des synonymes; cf. P. CHANTRAINE, Diet, étym., I,

p. 190.

C0 5

) Il est en effet Πελάγιος : THÉOPOMPE, 115 F 352 J. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, Is, p. 582.

150 L E S M A M M I F È R E S

comme l'agent préféré de son épiphanie ( 2 0 e). Dès lors, Dionysos

est volontiers invoqué en tant que 'dieu cornu ' (ταυρόκερως, κεραστής) ( 2 0 '), ou représenté sous la forme d'un taureau ( 2 0 8).

"Αξιε ταύρε chantent sur le rivage les femmes d'Élis pour l'inviter

à se manifester (2 0 9) et les Argiens prient Dionysos βουγενης de surgir du marais de Lerne ( 2 1 0). Les Bacchantes macédoniennes

portent des cornes pour imiter davantage leur dieu ( 2 U) et, dans

leur désir de s'abîmer plus intensément en lui, les adeptes de son

culte déchirent et consomment le taureau dans les rites san­

glants du diasparagmos (2 1 2). Dionysos lui­même est réputé

τανροφάγος (213) et, dans la hiérarchie de ses desservants, les

prêtres Βονκόλοι aux fonctions mal connues (214) rappellent encore par leur nom le rôle des bovins dans la tradition dionysiaque. Vu

l'abondance et la diversité des indices qui en rendent compte,

i l a semblé que Dionysos était le 'dieu taureau ', animal avant

d'être une divinité anthropomorphisée toujours mal dégagée de

son état premier (2 1 6). Ces interprétations ont ainsi posé la

("*) EUR., Bacch., 99­100; 920­922; 1018; cf. NONNOS, I X , 14­15; X X X I I I ,

2 ; etc. ; ΑΤΗ., X I , 476 A : τόν Διόνυσον κερατοφνή πλάττεσθαι en τε τανρον καλεισθαι ύπό πολλών ποιητών.

La liste des nombreux titres dérivés a été dressée par [H.] KRUSE, art.

Tauros (7), dans R.-E., V A , 1 (1934), col. 52.

(, 0 8

) ATH., l.l. : 'Ev Si Κυζίκω κα'ι ταυρόμορφος 'Spvrat. Cf. les diverses réfé­

rences littéraires et archéologiques réunies par Jeanne Roux dans son com­

mentaire (p. 280) aux Bacchantes, 99­100 (Paris, 1972).

("·) PLUT., QU. Gr., 36 (Mor., 299 Β) ; cf. Isis et Osiris, 35 (Mor., 364 F).

ESCHYLE (fr. 57,8­9 N.2

) évoque les mugissements redoutables par lesquels est

annoncée la venue du dieu.

(·") PLUT., citant SOCRATES, fr. 5 Müller (F.H.G., IV, p. 498).

(2n

) Schol. P LYCOPHR., Alex., 1237 Scheer (p. 356).

(2

") EUR., Bacch., 735­747.

(*") Cf. ci­dessus, p. 126, n. 43.

("*) Cf. O. KERN, art. Βουκόλος, dans R.-E., III (1899), col. 1013-1017 ; A . B . COOK, Zeus, I (Cambridge), p. 442, n. 1. De la même manière que des

prêtresses Μέλισσαι ont été supposées à partir du vocable Μελισσονόμοι (cf. ci-dessus, pp. 41-42), des Ταύροι ont été imaginés, déjà par Kern, —

prêtres ou desservants confiés à la garde des Βονκόλοι. Une inscription thrace a fait connaître dans un contexte dionysiaque un ιερεύς ταύρων. Cf. H . SKORPIL, Antike Inschriften aus Bulgarien, dans Archäol. Epigr. Mitteilungen aus Osterr.­

Ungarn, 17 (1894), p. 207, n° 95,11. 3,5, 8,9­10,11, 14 ; G . MIHAILOV, Contributions

à Tépigraphie de la Thrace, dans Annuaire de l'Univ. de Sofia, Faculté des Lettres,

48 (1954), pp. 225­281. Ce document est cependant insuffisant pour confirmer

l'interprétation relative aux Βονκόλοι. ( T U) H . GRÉGOIRE, Bacchos le taureau et les origines de son culte, dans Mélanges

Ch. Picard, II (Paris, 1949), pp. 401-405 ; J. TONDRIAU, Dionysos dieu royal, dans Mélanges H. Grégoire, I V (Bruxelles, 1953), pp. 441-446.

L E S M A M M I F È R E S

question, délicate en soi et particulièrement dans le cas de Dio­nysos, d'établir le départ entre les circonstances où l'animal concrétise la présence et l'action de la divinité et celles où il serait le dieu en personne. Sans exclure ni minimiser les assi­milations absolues et les confusions qui n'ont pas manqué de se produire en des matières aussi propices, la réalité religieuse des Grecs apparaît davantage conforme au premier terme de l'alter­native. Il n'en est pas moins que l'identification de la divinité et de l'animal n'a été poussée au degré où on la perçoit qu'entre Dionysos et le taureau ("·).

Cet animal, présent auprès de Poseidon comme auprès de Dio­nysos, contribue à renforcer les liens qui unissent ces dieux de la fécondité, dont les affinités se trouvent encore accentuées par la fonction que le cheval exerce, à leurs côtés, dans des occurrences apparentées à celles qui viennent d'être examinées.

Le cheval

Le sacrifice du cheval, tantôt par précipitation tantôt par immolation, n'est pas inusité chez les Grecs qui le destinent aux guerriers morts à la bataille (2l7), à des héros ( ί1β) et à certains

dieux tels que les dieux­fleuves ("·), Hélios (M0

) et Poseidon (ÎS1

).

('") Cf. H. JEANMAIRE, Dionysos, pp. 45, 50.

("') HOM., ψ I71­172 (au tombeau de Patrocle) ; cf. Éd. DELEBECQUE, Le

cheval dans l'Iliade, Paris, 1951, pp. 240­241. Qu'il soit sacrifié, — le fait demeure

exceptionnel, — ou qu'il apparaisse comme psychopompe sur les stèles, le

cheval possède essentiellement, dans les rites, une valeur funéraire. Cf. L. MAL­

TEN, Das Pferd im Totenglauben, dans Arch. Jahrbuch, 29 (1914), pp. 179­255 ;

F". BENOIT, L'hérotsation équestre, Aix­en­Provence, 1954, pp. 19­24, 30 et

suivantes.

(*'*) Par exemple, en l'honneur du héros­médecin d'origine scythe, Toxaris :

Luc, Scyth., 2. Cf. W . ALV, art. Toxaris, dans R.­E., VI A, 2 (1937), col. 1844­

1845. Sur les différents héros­cavaliers, originaires de Thrace et d'Anatolie,

cf. L. ROBERT, Un dieu anatolien : Kakasbos, dans Hellenica, III (Paris, 1946),

PP 38­73

("'·) De telles pratiques, pour les dieux fleuves, sont davantage attestées

chez les populations non grecques : HOM., Φ 132 (les Troyens au Scamandre) ;

cf. EUST., 1227, 34­38 (ad l.l.) ; HDT., VII , 113, 2 (les Perses au Strymon) ; cf. XÉN.,

Anab., IV, 5, 35 O. WASER, art. Flussgötter, dans R.­E., V I , 2 (1909), col. 2774­

2816

(**·) En Laconie : PAUS , III, 20, 4 ; cf. les pratiques des Sauromates : PAUS.,

I, 21, 6

(*") Hymne hom. Apoll., 230­238 (Béotie) ; ARISTOPH., Lys., 191 ­ 193 et

schol. R V ad I I. ; PAUS., VIII , 7, 2 (Arcadie) ; SEXT. EMP., Hypot., III, 221 ;

152 L E S M A M M I F È R E S

Un tel rite peut être comparé aux pratiques analogues attestées

dans les populations indo­européennes (222

), mais la qualité de

la victime, les prescriptions particulières qui régissent son obla­

tion (223

) et la relative rareté de semblables offrandes lui ont con­

servé, en Grèce, une valeur transcendante. Si le nom du cheval

n'apparaît pas dans des désignations composées semblables à

celles qui existent pour la chèvre, le bélier ou le taureau (224

),

il a cependant donné naissance à une épiclèse dérivée que parta­

gent plusieurs divinités. À Olympie, un autel commun était

dédié à Arès et Poseidon "Ιππιοι en même temps qu'à Héra et

Athéna "Imnat. (225

). L'attestation est unique pour Arès (22e

), que

son rôle de dieu guerrier met en rapport avec le cheval, et pour

Héra qui, à Lébadée, était considérée comme une aurige (227

).

En revanche, Athéna, notamment en Attique (228

), et Poseidon,

à travers la Grèce entière (22e

), sont les dieux "Ιππιοι par excellence

à Camiros, IIIE

siècle avant J . ­ C : cf. F . SOKOLOWSKI, Lots sacrées des cités

grecques, Suppl., Paris, 1962, n° 94, 1. 8 (voir note). Cf. [CALLISTH.], Vie

d'Alexandre, III, 25, 7. F . SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 80­100.

(222

) G. DUMÉZIL, La religion romaine archaïque, Paris, 1966, pp. 217­231 ;

M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3

, pp. 242­243 ; cf. A . VARAGNAC,

Notes sur le folklore et les cultes du cheval, dans Revue du folklore français, 6

(I935). PP­ 207­214 ; W . KOPPERS, Pferdeopfer und Pferdekult der Indogermanen,

dans Wiener Beiträge, 4 (1936), pp. 279­409.

(223

) Le sacrifice du cheval est, le plus souvent, propitiatoire et consiste en

l'abandon total de la victime, soit par holocauste, soit par précipitation dans

les fleuves ou les gouffres. Les rites les plus spécifiques et les plus mystérieux

se déroulaient à Onchestos : cf., en dernier lieu, G. Roux, Sur deux passages

de l'Hymne homérique à Apollon, dans R.E.G., 77 (1964), pp. 6­22. Sur la signi­

fication funéraire du sacrifice du cheval : P. STENGEL, Griech. Opferbräuche,

Leipzig­Berlin, 1910, pp. 154­162.

(m

) Cf. ci­dessus, p. 126, n. 40­44.

(22S

) PAUS., V , 15, 5­6. Cf. P. ZANCANI MONTUORO, Hera Hippia, dans Archéol.

classica, 13 (1961), pp. 31­39. Les Béotiens vénéraient l'héroïne locale Ίππώ (PAUS., I X , 13, 5). — Le parallélisme que l'on peut observer entre taureau et cheval auprès de Poseidon comme auprès de Dionysos se retrouve également attesté à propos d'Héra, déesse Ίπττία à Olympie, mais appelée ßowms par HO­

MÈRE {A 551, etc.). Cf. U. PESTALOZZA, Βοώπις Πότνία "Ηρη, dans Athenaeum,

17 (1939). pp- 105-137· (·**) TRYPHIODORE (Prise de Troie, 105) répète la même épithète.

(22

') PAUS., I X , 39, 5 ; cf. [P.] JESSEN, art. Henioche (ι), dans R.-E., VIII ,

ι (1912), col. 258.

(228

) L. R. FARNELL, Cults of the Greek States, I (Oxford, 1896), pp. 271-273.

Cf. [P.] JESSEN, art. Hippia (2), dans R.-E., VIII , 2 (1913). col. 1701-1702 ;

M . DÉTIENNE - J.-P. VERNANT, Les ruses de l'intelligence, Paris, 1974, pp. 178-

179, 196-200.

(229

) L. R. FARNELL, o.l., I V (Oxford 1907), pp. 14-20. Cf. [P.] JESSEN, art.

LES MAMMIFÈRES

souvent honorés ensemble (230

) et associés dans les fonctions

d'inventeurs du cheval (231

), qu'ils l'aient créé, offert ou

dompté (232

). La solidarité d'Athéna et du cheval résulte princi­

palement des qualités de technicienne de la déesse, habile et à le

dresser et à l'atteler (233

). La relation qui unit l'animal à Poseidon

tient à des affinités de nature plus étroites et plus riches de sens.

Le cheval intervient, en effet, auprès du dieu dès sa naissance

puisqu'un poulain lui fut, croyait­on, substitué pour satisfaire

la voracité de Cronos (234

). Ailleurs, Poseidon est tenu pour le

père du cheval qui jaillit de la Terre fécondée par sa semence (236

)

ou ouverte par un coup de son trident (23e

), et les juments ont,

à plus d'une reprise, contribué à sauver ses descendants (23

').

C'est toutefois auprès de Déméter arcadienne que le lien de

Poseidon avec le cheval se manifeste dans ses implications les plus

archaïques et les plus complexes.

Au temps où la déesse, privée de sa fille, parcourait le monde,

Poseidon en proie au désir s'était lancé à sa poursuite. Pour lui

échapper, Déméter, métamorphosée en jument, se mêla aux

troupeaux d'Onkios (238

), mais le dieu la rejoignit, sous l'appa­

Hippios (1). dans R.­E., VIII, 2 (1913), col­ 1718­1719 ; M. DÉTIENNE ­ J . ­P. VER­

NANT, o.l., pp. 179­181.

1, 3

°) A Olympie (cf. ci­dessus, p. 152, n. 225); en Attique (SOPH., O.C., 1070­

1073 et scholie ad 711 ; PAUS., I, 30, 4; etc.).

("') Cf. A. KLEINGUEN THER, Πρώτος εΰρετής, dans Philologus, Suppl. 26(1933), P 33

("*) Poseidon Ιππων ομητήρ : Hymne hom. Poseidon, 5 ; etc. Cf. Etym. magn., 473, 42-46 πρώτον 'ππον γ(γ(ννηκίναι ; schol. (b) B D Ε O Q P lND. , P., 4, 246 Drachmann (p. 131). Athéna : PIND., OL, 13, 63­69.

(*33

) Cf. l'étude très documentée de N . YALOURIS, Athena als Herrin der

P/erde, dans Museum Helveticum, 37 (1950), notamment pp. 18­24. La tradition

ancienne hésite sur l'origine de l'épiclèse de la déesse. La variante la moins

remarquable n'est pas celle qui la présente comme la fille d'une Océanide et

de Poseidon lui­même, née en pays libyen : MNASÉAS DE PATARA, fr. 2 Müller

(F.H.G., III, p. 149), dans une citation rapportée par DIDYME CHALCENTER,

Comm. ad SOPH., El., 727 Schmidt (p. 104) f = I. BEKKER, Anecd. gr.. I, p. 350,

11. 26­28] ; schol. (a) Β I) E G (,) PIND., P., 4, 1 Drachmann (p. 94).

(I 3

«) PAUS., VIII, 8, 2.

(S35

) Schol. (a) Β E t; Q PIND., P., 4, 246 Drachmann (p. 131).

(! 3

«) LUCAIN, Phars., VI , 396­398.

(**') Tels Hippothoon (HYGIN, Fables, 187) et Pélias, frère de Nélée (schol.

A HOM,, K 334 ; etc.).

("*) Héros éponyme de l'Arcadie : cf. E MEYER, art. Onkai (2), dans R.­E.,

X V I I I , ι (1939), col. 480­481 ; W. GOEBER, art. Onlios (1), ibid.. col. 481­482.

On notera, dès à présent, l'homonymie entre les sites et les héros arcadiens et

ceux de la Béotie : cf. G. MYLONAS ­ E . KIRSTEN, art. Onkai (1), ibid., col. 480.

154 LES MAMMIFÈRES

rence d'un étalon. De leur union naquit Despoina ( 2 3 9). Cette

tradition se rapporte à la statue cultuelle de Déméter que les

Phigaliens vénéraient, dans une grotte, sous le nom de Mélaina.

La déesse était figurée assise et environnée de mammifères sau­

vages, de serpents, en plus du dauphin et de la colombe qu'elle

portait dans les mains (2 4 0). Son apparence était celle d'une

femme enveloppée jusqu'aux pieds d'un chiton noir, — signe de

son affliction et de sa colère. Elle avait la tête et la crinière d'une

jument (2 4 1). Les habitants de Thelpousa, bourgade voisine de

Phigalie, donnaient des faits une version comparable, excepté

en ce qui regarde la descendance divine. La déesse, d'après eux,

avaient enfanté une fille dont le nom n'est livré qu'aux initiés, et

le cheval Areion (242) qui, seul, a figuré au revers de certaines

monnaies locales (2 4 3). Le statut mystérieux qui a été le sien a, pour

("') PAUS., VIII, 42, 1­2 : κατά ταύτα σφισιν οί Φιγαλείς νομίζουσι, τεχθήναι δέ ύπό τής Δήμητρας οί Φιγαλεΐς φασιν ούχ Ίππον άλλα τήν Δέσποιναν.

("") PAUS., VIII, 42, 4 '• δρακόντων τε καί άλλων θηρίων εικόνες προσεπεφύκεααν τή κεφαλή" χιτώνα Sè ένεδέδυτο καί είς άκρους τούς πόδας·- δελφις Sè έπι τής χειρός ήν αυτή, περιστερά Sè ή όρνις επί τή crêpa. Cf. R. STIGLITZ, Die grossen Göttinnen

Arkadiens, p. 125 (insignes d'une héritière de la Grande Déesse de la Nature).

jt4i) PAUS., : καθέζεαθαι μέν έπι πέτρα γυναικι δέ έοικέναι τάλλα πλήν κ(φαλήν κεφαλήν δέ καί κόμην εϊχεν Ιππου. On rapproche volontiers de cette description les fragments de la monumentale statue de Despoina honorée à Lycosoura.

Le « voile » de la déesse est en effet orné d'une frise de personnages féminins

dansant, à têtes d'animaux. Cf. M . P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion,

I3

, p. 479 et pl. 31, 2 ; en dernier lieu, E. LÉVY ­ J. MARCADÉ, AU Musée de

Lycosoura, dans B.C.H., 96 (1972), pp. 967­1004, notamment p. 981, fig. a­d

(nouveaux raccords). L'usage de masques dans diverses cérémonies, en l'hon­

neur de Déméter (cf. NILSSON, o.l., p. 477) ou d'Artémis (ibid., p. 479) est bien

connu, il s'agit cependant de masques imitant le visage humain ou divin. Si

l'on excepte le cas des Bacchantes macédoniennes (cf. ci­dessus, p. 150, n. 211),

l'emploi de masques d'animaux reste douteux. Dès lors, l'hésitation subsiste

quant à l'identification des sujets de la frise mentionnée ci­dessus: êtres

mythiques ou danseuses masquées.

("") PAUS., VIII, 25, 7 : Τήν Sè Δήμητρα τεκεΐν φαοιν έκ τοΰ Ποσειδώνος θυγα­τέρα, ής τό όνομα εις άτελέστους λέγειν ου νομίζουσι καί ΐππον τόν 'Αρείονα. Sur la carrière et la signification de ce cheval fabuleux, cf., outre les observations de

L . LACROIX (réf. ci­dessous, n. 243), M. DÉTIENNE ­ J.­P. VERNANT, o.l., pp. 194­

197.

(*") Il s'agit notamment d'oboles d'argent (IVe

s. avant J.­C). Au droit

figure la tête de Déméter Érinys (cf. PLANCHE V, 4) ; au revers, un cheval

bondissant vers la droite, avec la légende ΕΡΙΩΝ (cf. PLANCHE V, 5),

qui révèle l'identité de l'animal. Cf. F . IMHOOF­BLUMER ­ P. GARDNER, Numis­

matic Commentary on Pausanias, dans J.H.S., 7 (1886), pp. 110­111 ; Β . V. HEAD,

o.l., p. 456 ; L. LACROIX, Études d'archéologie numismatique, Paris, 1974, pp. 71­

72. L'alternance A­IE­ à l'initiale du nom du cheval mythique (Areion dans

L E S M A M M I F È R E S

une part, contribué à évincer la fille de Déméter au profit du reje­

ton animal. Mais les précisions nombreuses qui ont été trans­

mises sur Areion, — son nom, sa représentation, le détail de ses

aventures et les péripéties qu'il a traversées, — tendent à indi­

quer que, des deux descendants de la déesse, il n'était pas seule­

ment le plus ancien, mais qu'il était aussi resté prééminent.

Le culte des Thelpousiens est adressé à une Déméter anthro­

pomorphe qu'ils nomment Érinys et Lousia, la première épiclèse

dérivant du verbe dialectal èpivmw synonyme de l'expression

θυμώ χρήσθαι, la seconde faisant allusion à sa baignade purifica­trice dans le Ladon (244). Les deux traditions se complètent et offrent une série de traits qui renvoient à un haut archaïsme : offrandes non sanglantes composées de fruits, de rayons de miel, de toisons brutes arrosées d'huile (245), célébration secrète, loca­lisation, — du moins à Phigalie, — dans une grotte, et surtout statue hybride et progéniture mixte, animale et humaine. La personnalité du dieu procréateur et de la déesse n'est pas moins révélatrice.

Deux variantes ont été conservées au sujet de l'origine du cheval Areion. D'après le poète épique Antimaque (24e), il avait été engendré par Gaia (247), tandis que la tradition béotienne le faisait naître des amours de Poseidon-étalon et d'Érinys-jument, la nymphe du mont Tilphossion (24e).

les sources littéraires, Énon sur les monnaies) tient vraisemblablement à une particularité du dialecte arcadien. Cf. A. THUMB - [A. SCHERER]*, Handbuch der griech. Dtalekle, II (Heidelberg, 1959). pp. 118-119; C D . BUCK, The Greek Dialects', Chicago, 1955, pp. 44-46. Mais les spéculations étymologiques rappro­chant le nom arcadien du cheval de l'épiclèse locale de Déméter Έρινύς (cf. ci-après, n. 244) n'ont sans doute pas été étrangères à cette variation. Cf. Fr. BECH-

TEL, Die griech. Dialekte, I (Berlin, 1921), p. 349.

("') PAUS., VIII , 25, 6 : επί τούτω και επικλήσεις τή θεώ γεγόνασι, τον μηνί-ματος μέν ένεκα 'Εριννς, ότι το θυμω χρήσθαι καλοΰσιν έρινύειν οί 'Αρκάδες, Λουσία δέ έπι τω λούαααθαι τω Λάοωνι. Cf. Κ. GlNOUVES, Balaneutikè, Paris, 1962,

p. 290 (baignade de régénérescence).

(»") PAUS., VIII, 42, u .

(««·) Auteur d'une Thébaide. Cf. G . WENTZEL, art. Antimachos (23), dans

R.­E., 1. 2 (1895), col. 2433­2434.

(*") Α.ΝΤΙΜ., fr. 25, 3­5 Kinkel : ... 'Αρείονα θελπουσαίον | Τον ρά τ' Απόλλωνος σχεδόν όλσεος Όγκαίοιο | Αυτή Tat' άνέδωκε σέβας θνητοίσιν ίδέσθαι, cité par PAUS,,

VIII, 25, 9.

(»«») Schol. A Τ HOM., ψ 346 ; cf. EUST., 1304, 58 (ad HOM., ψ 344) ; HÉSYCH.,

A 7267 ; [APD.], Bibl., III, 6, 8, 4­5 : ... 'Αρείων τούτον έκ Ποσειδώνος έγέννησε Δημήτηρ είκασθείσα 'Ερινύι κατά την σννουσίαν.

156 LES MAMMIFÈRES

Si des disparates nombreuses et irréductibles affectent le mythe

du fabuleux Areion, successivement offert à Kopreus, roi d'Ha­

liartos, à Héraclès et à Adraste (249

), elles n'enlèvent pas leur

sens aux analogies qui apparaissent par ailleurs. Car cette Démé­

ter, Mélaina comme Gaia (2 5

°), Érinys comme la nymphe des

montagnes et des eaux (251

), se situe au terme d'une évolution

dont le point de départ doit être recherché dans le monde égéen.

De même que Poseidon, qui lui est associé en tant que dieu chtho­

nien de la fécondité (252

), elle a reçu des envahisseurs indo­

européens l'attribut qu'est le cheval. Présenté, par la double tradi­

tion mythique, comme leur rejeton commun, il illustre, dans la

relation expressive de la filiation, la fonction primitive de la

Terre Mère et de son parèdre dont Déméter et Poseidon sont les

héritiers (253

). Il assume de la sorte un rôle qui, dans le domaine

crétois, avait plutôt appartenu au taureau. Territoires également

consacrés à Poseidon (2M

), l'Arcadie et la Béotie ont développé

des croyances apparentées (25δ

). La première les a perpétuées

dans les rites, en centrant davantage l'attention sur la déesse (25e

),

la seconde, par sa tradition et des célébrations spécifiques (257

),

a exalté le dieu "Ιππιος. De part et d'autre, la présence du cheval

("·) [K.] TUEMPEL, art. Areion, dans R.­E., II, ι (1895), col. 621­623 ; R­ STI­

GLITZ, o.l., p. 117.

(250) L e s poètes, lyriques et tragiques, ont exprimé, avec une force qui ne

s'est pas démentie au fil du temps, le sentiment de la puissance sacrée de la

terre, personnifiée en Gè­Gaia. M. P. NILSSON (Geschichte der griech. Religion,

'3

­ ΡΡ· 456­461) a réuni et étudié une série représentative, mais non exhaustive,

de témoignages. L'analyse de B. BREYER, Demeter Melaina, dans Jahresbericht

des Realgymnasiums zu Sprottau, 1895, pp. 3­16, conserve sa valeur.

(2 5 1

) R. STIGLITZ, O.L, p. 116; cf. E . WUEST, art. Erinys, dans R.­E., Suppl.

VIII (1956), col. 95, 98­99.

(252

) Cf. F. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 13­15 ; le nom même du dieu en

témoigne, s'il est bien, comme l'admet l'étymologie, l'Époux ou le Maître de

la Terre. Cf. M. P. NILSSON, Geschichte der griech. Religion, I3

, pp. 444­446,

notamment p. 445, n. 4.

(263

) Cf. R. STIGLITZ, o.L, pp. 69, 90, 104­105, 133.

(251) Arcadie : cf. F . SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 15­19 ; Béotie : Etym.

magn., 547, 17 ij Βοιωτία όλη lepà Ποσειδώνος ; cf. sur les relations de ces deux régions: F . SCHACHERMEYR, O.L, pp. 38-42; R. STIGLITZ, o.L, pp. 113-114.

(25S) L'étroite corrélation qui les unit se manifeste non seulement par le fait que les mêmes divinités sont honorées de part et d'autre et pour des motifs analogues, mais aussi dans les appellations sacrées : Déméter Έρινύς — nymphe 'Ερινύς; progéniture animale 'Αρ(ε) ίων /'Ερίων; dans les toponymes : Τέλφουσα, Θέλπονσα, θέλφονσα, Τιλφώσιον ; etc.

(25β) c'est le cas en Arcadie: cf. R. STIGLITZ, O.L, notamment pp. 116-132. (257) j7n Béotie, cf. ci-dessus, p. 152, n. 223.

LES MAMMIFÈRES

a été déterminante et témoigne de l'interpénétration des courants

religieux autant que de la profondeur du zoomorphisme.

Le rapport qui s'est établi entre le cheval et la terre connaît

un développement particulier quand il se manifeste à propos de

l'eau. De même que Poseidon, l'Ébranleur du sol, provoque le

jaillissement des torrents et des sources (2δβ

), le cheval qu'il a

engendré de Déméter­Gaia les fait aussi surgir sous le choc de ses

sabots. L'Hippocrène de l'Hélicon, celle de Trézène, nées toutes

deux de Pégase (25B

), et la Pirène de Corinthe sont les plus renom­

mées des eaux courantes que le cheval de Poseidon a suscitées,

principalement en Béotie et dans le Péloponnèse aux alentours

de l'Isthme (2β0

).

Le cheval apparaît encore en relation avec l'eau d'une autre

manière qui n'est pas sans rappeler l'intervention du taureau

dans les représentations des dieux­fleuves (261

). Il prête en effet

des caractères chevalins accusés aux génies des eaux que sont

les Satyres et les Silènes (2β2

) dont la passion pour les nymphes

des sources est maintes fois attestée dans la tradition (263

). Ils

ne peuvent être dissociés de Dionysos, leur maître, qui préside

à l'épanouissement de la vie végétale commandée par l'humidité

vivifiante (2M

). Or, c'est précisément dans un des thiases du dieu

que sont mentionnés des desservants "Ιπποι (2β6

). Leur fonction

consiste, dans l'unique inscription qui les concerne, à assurer

l'ordre des cérémonies en expulsant, si besoin est, les perturba­

teurs (2ββ

). Encore qu'elle ait pu être justifiée par leur action (2β7

),

(***) Cf. PLAT., Critias, 113 Ii, 117 A­B; ci­dessus, p. 148, n. 198.

(»*·) Ον., Mit., V, 256­259. 262­268: Hippocrène de Béotie; PAUS., II, 31,

9 : Hippocrène de Trézène.

(·*·) P. SCHACHERMEYR, Poseidon, pp. 32, 40, 142.

(sel

) Cf. ci­dessus, p. 149, n. 199­201.

(, M

) G. DUMÉZIL, Le problème des Centaures, Paris, 1929, pp. 169­172 ; F . SCHA­

CHERMEYR, Poseidon, pp. 86­88, 118.

("3

) Cf. Hymne hom. Aphrod. (1), 256­263 ; A. LEGRAND, art. Maenades,

dans Diet. Ant., III, 2 (1904), col. 1479 B, fig. 4759 ; G. NICOLE, art. Satyri,

Silent, dans Diet. Ant., IV, 2 (1911), col. 1091 A.

("*) Cf. H. JEANMAIRE, Dionysos, p. 47.

("s

) LG., IP, 1368, 1. 144 (règlement du IP/IU' siècle après J.­C, décou­

vert au Pirée sur l'emplacement présumé du local du thiase. Les prescriptions

sont cependant plus anciennes).

(2 β β

) Έαν âc ά- I 7ret0ï/, αίρίτωσαν αυτόν ίξω τοΰ Πυλώ- | vos οι κατασταθησόμενοι υπό τών j 'κρίων "Ιπποι (• 11. Ι4Ι - Ι44) -

("') Au cas où ces "Ιπποι auraient exécuté leur mission en emportant le per­

turbateur à la manière d'un fardeau. On peut ici songer à une attitude analogue

158 LES MAMMIFÈRES

cette appellation qui concerne, selon toute vraisemblance, des

officiants subalternes offre surtout un remarquable parallélisme

avec le cas des échansons Ταΰροι d'Éphèse. Elle accentue le

chiasme déjà observé entre les animaux attributs de Poseidon

et de Dionysos et confirme, jusque dans l'organisation locale

de leurs cultes respectifs, la parenté étroite des offices qui leur

incombent (2ββ

).

Les poètes grecs qui ont volontiers appliqué aux jeunes gens,

garçons et filles, les noms des jeunes bovins (2e9

), ont eu égale­

ment recours au substantif πώλος qui désigne le poulain et la

pouliche et, par analogie ou extension, tout être jeune, animal

et humain (270

). En territoire péloponnésien (271

), le même terme

à celle qui existait dans le jeu dit de Ι'έφίδρισμός ou ιππαστί. Toutefois, le même

titre est encore attesté, sans que l'on puisse préjuger de la fonction qui incom­

bait à celui qui le recevait. L'inscription (LG., II*, 2361) où il apparaît (I.16), con­

cerne les orgéons d'une déesse inconnue par ailleurs, Béléla (cf. K . TUEMPEL, art.

Belela, dans R.­E., Ill, 1 [1899], col. 190). Chryserôs du Pirée "Ιππο; semble

associé à Ménophilos έπιθέτης, — cette dernière appellation demeure hermétique. L'adjectif έπιθέτης est attesté dans la langue hellénistique au sens d'imposteur, menteur, qui ne peut convenir. S'il possède un sens verbal proche de la signi­fication première du verbe έπιτίθημι, il pourrait désigner celui qui impose ou

inflige (une peine, un châtiment). L'absence de tout complément empêche de

pousser plus loin l'hypothèse. Voir aussi note de l'éditeur, J . KIRCHNER.

(*···) Cf. G. A . PRIVITERA, / rapporti di Dioniso con Posidone in etâ micenea,

dans Stud. Urb., 39 (1965), pp. 180­238 ; P. LÉVÊQUE, Continuités et innovations

dans ta religion grecque, dans La Parola del Passato, 148­150 (1973), pp. 44­45.

("·) Πόρ(τ)ις : ESCH., Suppl., 42, 313 ; EUR., Suppl., 629 ; μόσχος : EUR., Héc, 206, 526; Andr., 711; I.A., 1623; δάμαλις : AGATHIAS, dans A.P., V, 292, 10 ; etc.

(*·'·) ESCH., Prom., 1009-1010 (dans une comparaison) ; Choéph., 794 (à pro­

pos d'Oreste) ; EUR., Phén., 947 ; Andr., 621 ; Hipp., 546 ; cf. HÉSYCH., Π 4500 :

πώλους' τούς νέους καί τάς νέας, καί παρθένους. (*") Une épitaphe métrique (W. PEEK, Griech. Vers-Inschr., I [Berlin, 1955]),

p. 346, n° 1177) désigne la jeune morte comme πώλον Αφροδίτης. Le document provient de Panderma (Mysie) et est daté de c. 200 avant J.-C. Le schéma métrique en a été étudié par U. VON WILAMOWITZ-MOELLENDORFF, Griech. Verskunst, Berlin, 1921, p. 128, n. 2. La caractérisation de la jeune morte, qui est dite άωρος (cf. E . GRIESSMAIR, Das Motiv der Mors Immatura in den griech. metrischen Grabinschriften, Innsbruck, 1966, pp. 11-15), et dont la filiation est donnée par la mère, fait difficulté. Le texte se présente ainsi :

«5 ξένί, Μύσης παΐδα τήν άωρον Βοΰν φυλάσσω πώλον Αφροδίτης.

Deux solutions apparaissent possibles. La première consiste à interpréter le

terme ιτώλοί d'après la définition d'Hésychios rappelée ci-dessus (n. 270). Dans

LES MAMMIFÈRES 159

apparaît à plusieurs reprises dans le contexte religieux ( 2 n). Il caractérise tantôt des filles consacrées à Déméter et Coré, tantôt les prêtresses des Leucippides. Les premières sont connues par de courtes dédicaces (273), les secondes par une glose d'Hésychios devenue obscure (274). Les circonstances dans lesquelles l'appel-

ce cas, il s'agit d'un nouvel exemple de l'emploi métaphorique de ce substantif et la mention d'Aphrodite demeure inexpliquée. Mais la glose du lexicographe se complète de la manière suivante : ίτα'φα, πώλους γάρ αύτά; ίλεγον οίον 'Αφρο­δίτη;. Γη faisceau d'indices pousse à retenir, par hypothèse, cette seconde

valeur dans le contexte de l'épitaphe : — les comparaisons érotiques entre les

courtisanes et les cavales (cf. ASCLÉPIADE, A.P., V , 202, 203), — le fait que le

verbe πωλίίν est synonyme de πορνιύιιν (cf. DIDYME CHALCE.NTER, Comm. ad oral. AU., 19 A Schmidt [p. 315] ; Souda, Π 2174), — l'origine asiatique d'un grand nombre de courtisanes (cf. PLUT., Sur l'amour, 9 [Mor., 735 D]), — le commerce qui était fait des filles d'âge encore tendre (cf. [ D É M . ] , 59 [Contre S'éère , 18, 22),

la fillette décédée est άωρος, — enfin la filiation est donnée par la mère. Dans

cette interprétation, la jeune Bous serait une ' pouliche ' d'Aphrodite, préma­

turément disparue.

(*'*) Divers documents sur papyrus, relatifs à des transactions financières

et commerciales (Pathyris, fin du IIe

siècle avant J.­C.) mentionnent un iepôs

πώλο; Ίσιδος fleôç μεγάλη;. Cf. B. P. GRENFELL - A. S. HUNT, New Classical Fragments, Oxford, 1897, n° X X , col. 2, 1. 5; Th. REINACH, Papyrus grecs et démotiques, Paris, 1905, η°· ίο, 11. 5-6; 14, 11. 6-7; 15, 11. 5-6; etc. L'appellation Upàs πώλος, qui est appliquée ici à des personnages du sexe masculin, pourrait

avoir été empruntée au culte démétriaque, à la suite du syncrétisme entre les reli­

gions grecque et égyptienne, particulièrement accentué sous le règne de Cléo­

pâtre III dont le nom permet de dater les divers textes évoqués ci­dessus. Cf.

J . IJSF.WIJN, De Sacerdotibus Sacerdotiisque Alexandri Magni et Lagidorum

eponymis, Bruxelles, 1961, pp. 137­138. Le cas reste cependant difficile.

("3

) LG., V i, 594 (IIe

siècle avant J . ­C , Laconic) : Αύρη[λί]αν Έπαφρώ, πώλον | γο'ιν άνιωτάτοιί' θίοίν \ γινομίνην, Δήμητρι κα'ι \ Κ[ο]ρη ; 1444 (IVe /IIIe

siècle avant

J . -C , Messénie) : 'Αρισταγόρα Νικαγόρω, πώλος | Δάματρι, Κόραι άνέθηκε; C I L., III, 498 (Patras) : Cornuficia Cnei plia Modesta, polos Cereris, Dianam sua pecunia consecravit. Exemple, rare, où un titre grec se trouve translittéré. L'iden­

tification et l'interprétation de cette dernière dédicace sont dues à J . HERBILLON,

Les cultes de Patras, Baltimore, 1929, pp. 35­36. Malgré l'hypothèse de A. J . BEAT­

TIF. (An Early Laconian Lex sacra, dans Class. Quart., 45 [1951], pp. 46­58), il

ne semble pas que l'on puisse découvrir une allusion au rôle des Πώλοι dans le règlement qu'a repris F. SOKOLOWSKI, Lois sacrées des cités grecques, Suppl..

Paris, 1962, n° 28.

(, 7 4

) HÉSYCH., Π 4496 : πωλία' χαλκούν πήγμά TL' φέρα δέ έπι τών ώμων τάς τών Λίνκιππίδων πώλους' δύο δί flvai παρθένους φασίν.

Le terme πήγμα, imprécis en soi, pourrait désigner un assemblage (cf. πήγνυμι) une charpente (cf. P Oxy., 2146, 11. 9, 12 ; SPT., 4 Macch., 9,21 ; etc.). La princi­pale difficulté tient cependant au membre de phrase i èpti δί, dans lequel le sujet n'apparaît pas clairement. Tantôt il est pris dans la première

partie de la glose {πήγμά) τι, tantôt il est sous-entendu (cf. W . KROLL, art. Leu-kippiden, dans R.-E., XII, 2 [1925], col. 2263-2264). C. ROBERT (Die griech. Heldensage, II [Berlin, 1920], p. 314 et n 4) a suggéré de corriger le texte en

ι6ο L E S M A M M I F È R E S

lation était décernée échappent donc à peu près complète­

ment (2 7 5). Néanmoins, dans les deux cas, elle s'inscrit dans un

ensemble de faits où le cheval détient une place prépondérante,

qu'il s'agisse du mythe et du culte de Déméter (27β) ou des

célébrations laconiennes en l'honneur des héros cavaliers. Les

Dioscures, Λευκώ Πώλω τοΰ Διός (2 7 7), sont en effet les cousins et les époux des Leucippides Hilaeira et Phoibè (2 7 8), en qui, depuis

longtemps, a été reconnue, précisément autour de l'être chevalin,

la fusion d'éléments égéens, anatoliens et indo-européens ( 2 7 e).

Aussi, en dépit des lacunes plus nombreuses encore que dans le

cas des noms d'animaux examinés précédemment, les indices

portent à croire que la métaphore n'avait rien perdu de sa force

dans l'emploi cultuel du mot πώλος qui demeure, à lui seul, le

signe d'une relation spécifique et privilégiée entre les prêtresses

et les divinités, par le biais de l'animal.

Il procède de convictions apparentées à celles qui, au Nord de

l'Égée, ont amené les Thasiens à vénérer Artémis Πωλώ ( 2 S 0 ) . Son culte, qui comportait des mystères (2 8 1), n'est attesté qu'à

partir de la fin de la période hellénistique (282) et peut avoir subi

φίρειν, infinitif dépendant d'un verbe de déclaration sous-entendu. La glose

semble faire allusion à un montage, transporté dans des circonstances non

définies. Qu'elles l'aient porté sur les épaules ou qu'elles aient pris place sur ce

support, pour une procession ou quelque cérémonie, les Πώλοι des Leucippides sont deux -παρθένοι, comme le souligne le lexicographe.

(»") Les indications de LG., V i , 594 montrent le caractère officiel de cette

charge. La stèle est en effet érigée en l'honneur d'Aurélia Épaphrô σεμνοπρεπώς λιτου[ργ]ήσασαν. Mais on ignore à quel culte ou à quel sanctuaire de Déméter et

Corè elle doit être rapportée. Cf. R. STIGLITZ, o.l., p. 37.

(»'·) Cf. ci­dessus, pp. 153­155.

(*") EUR., fr. Antiope, vers 71 VON ARNIM (Kleine Texte, 112 [1913]. P­ 22);

PIND., P., 1, 66.

(I 7

«) S. WIDE, Lakonische Kulte, Leipzig, 1893, pp. 326­332 ; L . R. FARNELL,

Greek Hero Cults, Oxford, 1912, pp. 229­233.

(J7

») Synthèse de l'état de la question : L. SÉCHAN ­ P. LÉVÊQUE, Les

grandes divinités de la Grèce, pp. 318­319.

(>8

°) LG., X I I , Suppl., 382­383 (IIE

­IE R

s. avant J.­C. ; époque romaine impé­

riale). Cf. Th. MACRIDY, Un hiéron d'Artémis Pôlâ à Thasos, dans Arch. Jahrbuch,

27 (1912), pp. 1­19.

(»") Cf. LG., X I I , Suppl., 387 ; Ch. PICARD, θεοι επιφανείς, dans Xenia, Athènes, 1912, pp. 67-83.

( , B S) J . POUILLOUX, Recherches sur l'histoire et les cultes de Thasos, I (Paris, 1954), p. 329 ; Christiane DUNANT - J . POUILLOUX, Recherches, II (Paris, 1958), pp. 124-125.

LES MAMMIFÈRES l 6 l

l'influence des rites thraces ("*). Tel quel, i l n'en complète pas

moins l'image de la déesse Artémis, héritière de la Πότνια &ηρΰη>, dont l'emprise s'est exercée, sans discrimination, sur la totalité des espèces animales qui ont peuplé peu à peu l'univers hellénique.

Si l'on compare la variété et les qualités nettement différenciées des représentants de la classe des mammifères et, d'autre part, l'ensemble de ceux auquel un rôle a été dévolu dans la religion grecque, en fonction de l'organisation de l'existence antique, la place de cette catégorie se définit par un nombre d'espèces rela­tivement limité, dont l'importance panhellénique est, toutefois, inégalée. Autour du loup, de l'ours, et surtout du taureau et du cheval, les aspirations des Grecs, décelées à propos d'animaux aussi différents les uns des autres que l'abeille, le serpent ou les oiseaux, se sont développées avec plus de force encore. Car la vigueur de ces grands quadrupèdes, leur fécondité et l'intensité du lien qui les unit à leur milieu ont été ressenties, en tout temps, par chacun, et leur efficacité s'en est trouvée accrue. En outre, ils se situent à la tête de la classe d'animaux à laquelle ils appartiennent, à la fois par leur nature et par leur insertion, dès les périodes les plus reculées, dans le contexte sacré : le taureau dans le monde égéen, le cheval dans les croyances indo­européennes, l'ours et le loup à partir de la période néolithique de l'hémisphère occidental ( a M). Les vertus qui ont été perçues indépendamment en chacune de ces espèces se sont fondues et renforcées. Les mêmes animaux ont partagé l'entourage des mêmes divinités, rendant ainsi perceptible la diversité de la religion grecque et le syncrétisme qui la caractérise.

(***) Cf. L. ROBERT, Déesse à cheval en Macédoine, dans Hellenica, XII (i960), pp. 588-595; voir aussi Hellenica, X (1955), pp. 153-163.

(*") Cf. P. CHALUS, L'homme et la religion, Paris, 1963, pp. 47-50.

Conclusion

Toute une ménagerie nous fut nécessaire pour nous

apprendre à nous­mêmes.

Jean ROSTAND

Loin de s'être, avec le temps, amoindri ou restreint, le natu­

ralisme religieux s'est perpétué dans l'âme grecque, à travers les

renouvellements qu'imposaient les époques et les milieux, mais

avec une vigueur inaltérée. Vivifié par la sensibilité des Grecs à la

présence et aux manifestations du sacré et par leur solidarité,

— toujours perceptible (*), — avec le décor naturel, i l constitue

le cadre qui a déterminé, jusque dans ses ultimes prolongements,

la place de l'animal dans la religion ancienne. Car les êtres divins

qui peuplent la Physis et animent ses hauts lieux d'une vie secrète,

ont, pour se révéler, disposé du truchement sans rival des innom­

brables ζώα. Hôtes habituels des mêmes séjours que les dieux, avec lesquels ils vivent, eux aussi, en étroite symbiose, les ani­maux sont apparus tout à la fois, en raison de l'ambivalence qui caractérise jusqu'aux plus effacés d'entre eux, comme les réceptacles du sacré et comme les moyens d'agir et d'avoir prise sur lui. Insectes, poissons, reptiles, oiseaux ou mammifères, ils sont à la base de tous les actes rituels par lesquels se traduit le sen-

(•) Maints traits aujourd'hui rattachés au folklore, mais dont les aspects magico-religieux n'ont pas échappé à ceux qui les ont répertoriés, pourraient être cités. Cf., notamment, J. C. LAWSON, Modern Greek Folklore and Ancient Greek Religion, Oxford, iQio, pp. 190-255 ; W. W . H Y D E , Greek Religion and its Survivals, New York, 1963. C'est à N. KAZANTZAKIS cependant que l'on doit une définition évocatrice de cet état d'esprit. Cf. Lettre au Gréco, trad. M. Sau­nier, Paris, Pion, 1961, pp. 37, 54 : « Pensez aux bêtes, aux bœufs, aux moutons, aux ânes, ne vous trompez pas, ils ont une âme eux aussi, ce sont des hommes. ... Pensez aux oliviers, aux vignes... ce sont d'anciens hommes, eux aussi. » ; p. 477 : « J'ai compris une fois de plus avec quelle intensité et quelle mystérieuse sûreté la terre est en correspondance avec l'âme. Je sentais qu'elle était pétrie d'un plus grand nombre encore d'antiques rites et d'antiques larmes. »

164 CONCLUSION

tiraent religieux et associés aux faits connexes qui ont servi à le préciser. Les modalités qui ont tendu à rapprocher, d'une part, les dieux et les animaux et, de l'autre, les hommes et les animaux découlent, à travers leurs traits originaux et spécifiques, d'un même comportement. Du sacrifice aux statues cultuelles et aux mythes, locaux ou panhelléniques, des offrandes aux épiclèses des dieux et aux appellations des desservants, l'animal est l'incom­parable instrument qui peut, parce qu'il procède de la même vie que les hommes et du même mystère que les dieux, favoriser la conjonction de ces deux mondes.

Parmi celles qui appartiennen t à la faune grecque, méditerranéen­ne et indo-européenne, i l n'est guère d'espèces qui soient restées étrangères aux gestes du culte et aux croyances adjacentes. Les conditions historiques de la religion grecque, exempte de doctrine, sont à l'origine des attributions si différenciées qui font, pour une même divinité, ici préférer telle victime et là, au contraire, la refuser, ou qui rapportent le même animal, pour des motifs tou­jours changeants, à des dieux, à des déesses, à des héros. La ten­dance souvent observée à déceler dans les espèces l'une ou l'autre qualité essentielle est responsable d'un grand nombre d'alliances entre les dieux et les animaux. Les choix initiaux tiennent, dans la plupart des cas, à la nature et au comportement de l'animal mis en cause. Toutes les variétés cependant n'ont pas engendré des développements identiques. Beaucoup sont confinées, — hasard de l'information ou reflet de la réalité, — dans des coutumes et des traditions locales, où elles n'en continuent pas moins à révéler l'extrême diversité du rôle des animaux dans la religion. Quelques-unes, outre les espèces destinées en tout lieu au sacrifice, ont acquis une importance panhellénique. Issus des grandes classes qui ont possédé le plus de valeur aux yeux des Grecs, — les poissons n'ayant jamais rivalisé avec les oiseaux ou les grands mammifères, — l'abeille, le serpent, tous les oiseaux, le loup, l'ours, le taureau et le cheval ont été associés aux élans et aux inquiétudes de l'homme grec et aux démarches primor­diales qu'il a entreprises pour assurer sa subsistance matérielle et spirituelle, pour éclairer son avenir, pour apaiser ses craintes face aux inconnues de la vie et de la mort. Ces préoccupations universelles ont été résolues dans des rites et auprès de divinités qui ont varié d'une communauté à l'autre, mais la multiplicité des espèces animales ne dissimule pas le jeu subtil des correspon-

CONCLUSION 165

dances et des affinités entre les animaux, les hommes et les dieux,

— images parfois fugitives de l'identité fondamentale des

croyances et de l'unité du symbolisme religieux des Grecs.

Ces mêmes espèces ont souvent inspiré des épiclèses dérivées

pour les dieux et, parallèlement, des désignations pour le per­

sonnel sacré, au point que, dans les cas douteux ou incertains,

tels ceux des vocables Λύκειος et Λνκαιος ou des Péléiai-Péléiades, la tendance antique a été d'accorder la prééminence aux inter­prétations qui réservaient la plus grande place aux animaux. On y découvre aujourd'hui les traces de conceptions archaïques qui ne sont plus rattachées au totémisme ou à l'emblématisme des clans, mais aux vieilles croyances zoolâtriques. Archaïques, elles le sont à coup sûr, si l'on entend par là ne souligner que leur exceptionnelle ancienneté. Car leur extension dans le temps, — de l'époque égéenne à l'époque romaine, — et dans l'espace où la religion grecque s'est implantée, — de l'Épire à la Laconie et de l'Asie mineure à l'Afrique, — ainsi que l'importance des rites et des sanctuaires auxquels elles sont liées témoignent de la vita­lité qui a caractérisé de tels usages et les a maintenus en honneur moins comme les survivances d'âges révolus qu'en tant que pro­cédés insurpassables pour accéder au divin. Chargés par les géné­rations successives du sens qui correspondait à la mentalité propre à chacune d'elles, ils n'ont jamais cessé d'appartenir à la religion vivante et permettent de déterminer la nature première des échanges qui ont uni l'animal à la divinité et l'homme à la divinité par l'entremise multiforme de l'animal. La présence des abeilles, des oiseaux, des serpents et des taureaux auprès de divi­nités telles que Déméter, Artémis et Athéna, Poseidon, Dionysos et Zeus, qui sont les plus proches héritiers des déités égéennes, indiquent la forte influence que les conceptions préhelléniques de la Crète et de l'Asie ont exercée sur ce domaine de la religion grecque. Le zoomorphisme des dieux et la zoolâtrie y ont laissé d'indiscutables vestiges, plus apparents en certaines régions, — l'Arcadie, la Béotie, — mieux affirmés à propos de certains dieux, — Artémis ou Dionysos.

Le sentiment des Grecs à l'égard des espèces animales qu'ils avaient eux-mêmes introduites et de celles qu'ils avaient décou­vertes dans le bassin méditerranéen, toutes marquées de religio­sité, a été que les animaux sont le siège de la présence sacrée, l'instrument de l'épiphanie divine et le facteur propre à susciter

CONCLUSION

la bienveillance des puissances surnaturelles. Les cas limites ne

manquent pas où l'animal et le dieu sont si intimement unis

qu'ils paraissent s'identifier l'un à l'autre, tels que les invocations

à Dionysos Taureau (2), les métamorphoses et les manifestations

divines avec les rituels qui les prolongent (3), ou les croyances

relatives à la lycanthropie (4). Même alors cependant l'animal

représente davantage un moyen qu'une fin. Et la distinction

entre religion populaire ou pratiquée dans les campagnes et

religion urbaine, plus affinée, perd ici sa raison d'être dans la

mesure où les figures principales du panthéon sont, au même

titre que les dieux agrestes ou secondaires, associées aux animaux

qui sont pareillement leurs compagnons, leurs attributs et leurs

symboles.

Le pieux Socrate stigmatisait les pratiques de ceux qui

vénéraient comme des dieux les pierres, les arbres et les ani­

maux (5). Il n'aurait pas désavoué cette profession de foi où

Plutarque a défini le rôle de l'animal dans la religion et précisé

sa destination. La synthèse que le prêtre d'Apollon propose,

vers la fin du Ie r siècle de notre ère, s'accorde, — sans que soient

négligées les modalités locales, les sentiments individuels et

les tendances personnelles qui demeurent finalement le secret

des consciences (e), — à l'affectation profonde des animaux dans

la religion grecque (').

Si donc les plus renommés des philosophes, dès qu'ils ont discerné

dans des matières inanimées et incorporelles une trace mystérieuse

de la divinité, estimaient qu'elles n'étaient absolument pas négli­

geables ni dédaignables, a fortiori, — je pense, — il faut apprécier,

selon leur caractère, les particularités qui existent dans des organismes

vivants pourvus de sens et dotés d'âme, de sentiment et de caractère,

non pas en les vénérant pour eux­mêmes, mais en vénérant, à travers

eux, la divinité, dans la pensée qu'ils en sont, par nature précisément

de fort fidèles miroirs. Dès lors, il faut les considérer comme un instru­

ment ou un moyen à la disposition du dieu qui agence toute chose.

Εΐπερ οΰν oi δοκιμώτατοι των φιλοσόφων ούδ' èv άφύχοις και άσωμά-τοίξ πράγμασιν αίνιγμα τοΰ θείου κατιδόντες τ)ζίουν άμελεΐν ονδεν

(») Cf. pp. 149-151· (3) Cf. pp. 56-57 (dauphin), 96-98 (oiseaux), 144-151 (taureau), 153-157 (étalon,

jument). (') Cf. pp. 128-129. («) Cf. p. XV, n. 40. (*) Cf. M . MESLIN, Pour une science des religions, Paris, 1973, p. 262 (in fine). (') PLUT., Isis et Osiris, 76 (Mor., 382 A-B) .

CONCLUSION 167

ούδ' άτιμάζίΐν, tri μάλλον οίομαι τάς iv αίσθανομίναις καί φνχην ΐχούσαις καί πάθος και ήθος φύσεσιν Ιδιότητας κατά τό τ)θος άγαπη-τίον είναι, ον ταΰτα τιμώντας, άλλα δια τούτων τό θΐΐον, ώς ίναργΐσ-τερων εσόπτρων και φύσει γεγονότων, ώστ' όργανον η τεχνην δΐΐ τοΰ πάντα κοσμοΰντος θΐοΰ νόμιζαν.

Si rapide qu'ait été l'érosion de la puissance sacrée qui leur avait été, à l'origine, reconnue en propre, les animaux sont restés pour les Grecs d'irremplaçables moyens de communication avec les dieux. La place de l'animal dans la religion grecque est donc celle des animaux qui ont servi d'intermédiaires entre les mondes de l'humain et du divin. Elle fait connaître l'unité et la cohésion profonde des rites et des croyances et, par la sympathie agissante qu'elle implique de la part des Grecs à l'égard de tous les ani­maux, elle permet de suivre le cheminement spirituel qui, leur faisant découvrir leurs dieux, les a aussi conduits à se mieux connaître eux-mêmes.

Index *

INDEX DES NOMS D'ANIMAUX

Cet index contient, dans l'ordre des chapitres, les noms des animaux qui ont été évoqués au cours du travail. Chaque fois que l'identification du genre ou de l'espèce est suffisamment assurée, le nom scientifique apparaît dans la deuxième colonne. (Les principales références aux nomen­clatures et aux ouvrages de systématique qui ont été utilisés figurent, pour le chapitre I, aux pages g, note i ; 10, note 7; 13, note 26; 15, note 36; 20, note 78; pour le chapitre II, à la page 48, note 16; pour le chapitre III, à la page 6g, note 76; pour le chapitre IV, à la page 94, note 1). Dans les cas où l'identification reste incertaine, le nom grec est translittéré.

Le lexique français-grec des noms d'animaux figure à la page 204.

CHAPITRE I. — Insectes

Άνθμήνη, ή Αράχνη, η Βασιλεύς μελισσών, voir εσσην Έσσην, ό

Ήγεμών μελισσών, voir έσσην Ίφ, ό Κεράμβνξ, ό

Κόρις, ό Μέλισσα, η

Vespa crabro Aranea

Lucanus cervus Cimex Apis mellifica

frelon araignée

ips cerf-volant

punaise abeille

2 1 «

«5*

39-40 (insecte); 38-43 (titre à Éphèse).

M-I5M-

9· 9, 15", 17"' 20-25, 67", 90, 91-92 (insecte) ; 25-38, 41-43, 107»«, 150*" (emplois figurés).

(·) Les chiffres en corps moyen renvoient aux pages, les chiffres en exposant aux notes. Lorsque l a page est, seule, i n d i q u é e , il y a toujours lieu de se reporter aussi aux notes a f f é r e n t e s .

170 INDEX

Μυια, η Musea mouche 10-13. 15-Μνρμηξ, ο Formica fourmi Ιο , 21 . Μυωψ, ο Tabanus taon ΙΟ 1 1 .

bovtnus Οίστρος, ό Œstrus œstre ΙΟ 1 1 .

Πάρνοφ, ό Tettigonia sauterelle Ι3-Γ-5-Σφηξ, ό Vespula guêpe 2 I » 3

Τεττιξ, ο Cicada cigale 14 3 0, 15­20,

Φθείρ, ό Pediculus pou 9· Ψύλλα, τ) Pulex puce 9· Ψυχή, η papillon 21, 23" .

CHAPITRE II

Άκαληφη, ή 'Ανθίας, ό "Αρκτος, voir

1 CT f Ο CKLWIIUJI

Βοαζα ο Hoops bogue ^2 Musteîus

Ift0QtQ C

émissole 51" , 66.

Γλαύκος, ό glaukos 46». Δελφις, ο JLfetprttrlMA dauphin 53-57. 154· "PjWfXlIC Ύί υγχτην*,, if

A nguilla, anguille 50». "Ελοφ, 6 A cipenser esturgeon 5 3 " Έρνθ(ρ)ΐνος, ό rouget 46», 51» . Ήγεμών, voir

πομπίλος θύννος, ό Thunnus thon 50. Ιερός Ιχθύς, 53· voir πομπίλος Κάραβος, ό Κίθαρος, ό

Palinurus langouste 48», 51" . Κάραβος, ό Κίθαρος, ό kitharos 52· Λευκός, ό leukos 49» . Μελάνουρος, ό Oblada oblade 46·, 5 1 " · Όρφός, ό Epinephelus mérou 46».

03? θαλάττιον voir ώτίον Πολύπους, ό Octopus poulpe 52-Πομπίλος Ιχθύς, ό Naucrates

doctor poisson pilote

52-53-

Πρίστις, η Pristis poisson scie 46«. Τεττιξ ό ενάλιος Scyllarus (petite) cigale 52.

arctus de mer Τρίγλη, ή Mullus

surmuletus surmulet 46· , 48",

"Υκη, η hykè 52".

Φάλ(λ)αινα, η Balaena baleine 46 s.

. — Poissons et faune marine

actinie 46". anthias 53* *.

INDEX

Φυκίς, ή phykis 4 8 " . Χρύσοφρνς, τ) Aurata aurata daurade 52. 53"-Ώτίον, τό Haliotis haliotide 52-

tuber cul at a

CHAPITRE III. — Reptiles et animaux apparentés au domaine chthonien

Άσκάλαβος lézard 64", 66".

(-βώτης), ο. voir γαλεός, σαΰρος

À Χ KJ il lX/\vAC , Vf Talpa taupe 17«·, 67, 8 8 » · .

Rafia grenouille 59-61, 64", 67.

A p/min stellion 66 ; 65-67 (emplois

stcllxo figurés).

Λ U / IC W l */3) C/, 64", 66", 67".

VOIT* "\jn Xtrnc-

(tyaco serpent 71, 72". " , 84 1»·,

8 5 ' · ' , 88»", 0 0 " · , 91-92.

"ΕΧοφ, Ó serpent élops 12".

fomrfrnv τη S6Yp€ftS serpent 71».

lififiaceus hérisson 60· .

euYopaeus

Le pus lièvre 60· .

euYopaeus

Mvç, 6 Mus souris 15", 17", 67.

Οφΐ$, o /7 M Î71J1 c serpent 174", 24"", 25 1 " , 60',

68­69 (comportement) ;

69­70 (ambiguïté) ; 71­

72 (étymologie) ; 72­77

(morphologie, identifi­

cation) ; 73­74 (« ser­

pent barbu ») ; 75­76,

87, 89 (« serpent jouf­

flu ·) ; 79­80, 91, 243

(amulettes, bijoux) ; 77­

91 (fonctions rituelles) ;

9 6 " (serpent et aigle) ;

'54­

"Οφις γηγενής 70, 81. "Οφις ό Upos 72, 77-83, 89. "Οφις οίκονρός 72. 91· "Οφις παρ€ΐα 75-76, 86-88, 89. Σαΰρος, 6 Lacerta lézard • 5 " . ' 7 4 ' . oo*. 63-64.

muralis 67. 9Υδρος, 6 serpent d'eau 61 1 3 . Φρύνη, ή Bufo crapaud 59'·

172 INDEX

Χελυς, η Testudo tortue 61-63, ° 4 " . 67.

graeca terrestre

CHAPITRE I V . — Oiseaux

'Αετός, ό Aquila aigle royal 95, 96"-»', 98" , 118. chrysaetos

Αηδών, r) Luscinia rossignol i8™. 98" , 118. megarhynchos

ΑΙγίθαλλος, ό Parus mésange 98«". λ% I t

Αιγυπιος, ο Gypaetus gypaète 96.

barbatus

Αιγώλιος, ό Tyto alba chouette 98" . effraie

Αΐθυια, η Larus mouette 97", 98" . Λλεκτρυων, ο Gallus coq X V " , 96", 97-100.

gallinaceus Tt I f ι έρανος, η

Grus grus grue cendrée 94'. 95-I λαυξ, η Athene noctua chouette 95. 97. 98" .

VCLI1C

Λ \ I t Δρυοκολάπτης, ο

Dryocopus pic noir 106. martius

αποψ, ο Upupa epops huppe 98" . fasciée

Άρψοιος, ο Ardea héron 95· Ίεραξ, ό Falco faucon 95, ι ι»""· Ικτίνος, ο Milvus milan 118 · " .

Λελεος, ο Picus viridis pivert 98 4 β . Tri t 1\ψκος, ο

Accipiter épervier 95-ττ ι > t Λ,οκκυς, ο

Cuculus coucou gris 94'. 96. canorus

Κόραζ, ο Corvus corax grand 95. 96, 98" . corbeau

v i t Κορώνη, η Corvus corone corneille 94'. 95. 98" . ΊΤ It- t Κρεξ, η

Rallus râle d'eau 95·

aquaticus

TT I ι Λυκνος, ο

Cygnus cygne ι 8 " , 96, 97, 118, 119. cygnus sauvage

A l t

Λάιος, ο Turdus grive 98" . Μελεαγρίς, η Numida me- pintade 98".

leagris Νοσσάς όρνις, ό, ή poulet 99". Νυκτερίς, ή chauve-souris 98«». ΟΙνάς, η Columba pigeon 102.

cenas colombin Οιωνός, ο oiseau 9 4 " ' " , 95", 96". "Ορνις, ό, τ) oiseau 94 1 0 "" 95" , 118««·,

122", 128.

INDEX I73

"Ορνις Λευκοθέας, voir αίθνια "Ορνις Περσικός, ό, voir άλίκτρυών

KS UI , u V_- 1./* Ι* ' ΨϋΛ caille des blés 98.

i-Lfl Mr ΠΙ Λ

ί f £ A n r**\t( \ c n ( î /' Π VI f Cl cigogne 7 2 ­ 95·

1 ΙΐΛ(ΐο., TTCACICLÇ, rï f 1 il 1 i 1»T il ri pigeon oiset I v K J - I U J ^ g C I l C I d û t C a ) ,

i t u t / i IiDtri ilVlU i IV lit i *~J } i u ƒ ί α J ^ t A l U i l C ƒ ,

1 Λ 1 . Ι 1 Λ I t Ί ¥ Ι i ι ι Α .

Ι Ο ƒ-1. 1 V , **4· 117, ι^5 (emplois iigu-rés).

1 I€pt(TT€pQ., Tj L UtVtrflUU # l t ( M p i g ü U H 102, 10^.

// /1 » î fi d t-î r /l It U fil C J I R t4 t l O I 1 i .C3 l i t j U C

l i€pt(7T€pCi ACVKTj, L t J l t J I I l lyvl 95' 9 ° . 99» *°*» I T f i l * * I C J

I I o ,154 • ΙΙνρ&Λλις, "ή pigcun ï Ο ί" . pytallis

Ατρονοος, ο Passer moineau 99". Bavo paon 99.

Τροχίλος, ό Regulus roitelet 95-m i t ipvytov, η

Columba tourterelle 102. turtur

Φο,ττα, 7} Columba grand ramier 99", 101", 102, 103". palumbus

Φάφ, ή Columba petit ramier 102. palumbus

Φήνη, ή Haliaeetus orfraie 96, 98*". Λαραοριος, ο Burhinus œdienème 98" .

œdicnemus criard XfXtSœv, ή Ilirundo hirondelle 18», 94'. 97. 98 · · Xrjv, ό A riser oie 97, 99", 122·.

CHAPIÏRK V. — Mammifères

Αΐξ. ή Capra chèvre 122, 126". 4 l , 131".

liircus 140, 144, 152.

*Αμνός, άρην, 6 agneau 124, 125. "Αρκτος, ό, ή Ursus arclos ours(e) brun(e) 128, 130, 132, 133",

140-142, 143"", 144 (mammifère); 35, 128, 130-144 (emplois figu­rés), 139-140 (à Cyrè­ne); 136-140 (mythe).

Άσττάλαξ, ό, voir chapitre III

174 INDEX

£}ονς, ο, τ/ ι. Bos taurus bœuf, vache 2 1 , 31 » 122, 149 .

2. (mâle châtré) bœuf II, 2Ii l

, 122, I23,

T i i!8­if T C S j^f.Ü9

» ­ "OS JLJOVÇ €UUOLiOÇ, Ο

122 e .

Δο,ρ,ο,Χις, Tj génisse i ZA , l ^ O ^ C l i i p i U l i s 11-

gurés).

Δορκό,ς, 7} CapYeolus chevreuil T O «

ΕΧο,φος, ο, TJ Cervus cerf, biche 1Z ƒ , I x O , 1ZJ.U.

Εριφος, ο rhfttiTfta 11 C l i c V l Ca U 124) 128, £I%IVOÇ, Ο

voir chapitre III *f τ e t

17TTTOÇ, O , Tj hquus cheval, finit n A 11» ­7C128 T 1 I

°7 . 74 ' 7 5 » I2I, caballus jument I4/1 14^ ^ l l l c l l l l l l l l l c l c ^ ,

151­152 i;sacrmces;, 35,

153"'57 (mythe de Po­

b c I U O I l C Î J J C l I I c Ï c r t, *57~

τ c8 /om r\|i \ic π Cf 11 t*<a*2 1 i ^ C i l i p i U l o l l g U l C S ^ .

i\a.TTpo$, o, SUS SCYOJQ, sanglier 1 20.

voir ΰς άγριος Κριός, ο Of ÎS artes bélier ι i A , ι23 » * *4 '

1* ) , 1 Z U ' , ^3*'

ixviüv, ο Oams chien Ö O * " " , 121, Ι20 , 143 ·

Λ ' '

VAÎT" phariitrf TTT

V XJll V< 110. LS ill V Ii i Λ.€ίϋν, O Panthera leo lion 127 4/Ινκος, O Canis lupus loup ι ζ y , ι ώθ-1 jsy, 144 • Μοοχος, o, TJ veau, génisse 140 , 15ο

Mite Λ

V U l i U l c t p i L I c 111

Ν€βρος, ο faon 128. Ννκτ€ρις, Tj, V01I c i i o . p i t i c Α \

^ις> Tj brebis 123 , 124, Ι · 2 5 • Ονος, ο hauus asvnus ane 121,

Πο.ρ8ολις, Tj Lia . i l L l l C I C 12y*'. pardus

Ι ΐΛητι c π τι v ea u, gén 1 sse ι*}8ϊβ* (emplois figurés).

ÂipOjjtXTOv, ΤΟ rviAnfAn I I I O U l O l i 121 122^ 125^*'

127".

Π/Τι Χ ne η ΎΙ poulain, pouliche ι 6 ι (emplois figurés).

Sus scrofa porc 121, 1229, 123'"· " , scrofa domestique 124**·

*Ύΐ άγριος, ό Sus scrofa sanglier 128, i 4 i 1 S 0 . voir κάπρος Ταΰρος, 6, taureau 35. 50" 123". 124". voir /îoCs 12538 126", 127", 128,

INDEX

143-146, 152, 156

( mammifère) ; 146-150,

158 (emplois figurés) ;

147-149 (mythe); 149

(dieux-fleuves).

Τράγος, ô bouc 63", 123'*, 127", 128.

Χοίρος, ό porcelet, 123", 124, 126**. (jeune) verrat

INDEX DES NOMS D E DIVINITÉS,

DE HÉROS E T D E PERSONNAGES LÉGENDAIRES

A

Achéloos : 1491

·»· " · .

Achille: 110.

Actéon: 1351

".

Adraste: 156.

^Epytos: 69".

^Esacos: 69".

Agamédès: 90 ·" .

Agamemnon : 118.

Agrios: 136 1".

Agrôn : 98".

Aigôlios: 98".

Alétès: 110»«.

Amalthée : 30,

Ammon : 94", 104.

Amphiaraos : 64.

Amphitrite: 55"· ' · , 115.

Andromaque: 31u

*.

Aphrodite: i l " , 49*», 52, 55", 97,

98", 99, 103, 115, 1161

", 124",

136"», 158"».

ΓαΧηναίη : 49*°. ΕΙναλίη : 4 9 , β · 'Επιτραγία: 127". ΕύπΧοια: 49*°· Θαλασσίη : 49*°· Λιμάνια: 49*°· ΜίίΧιχία : 24. Ourania: 62, 63, 67". Pandémos : 63", 99*'·

Πόντια : 49· Apollon: 15", 18, 26, 37· 45. 5 °" .

52, 6ο, 6 ι , 62, 65-67, 68", 70", 7 1 · · · " , 9θ, 91. 94"' 95. 96, 97, 98", ιοο, no, l ig, Ι 2 ΐ ι ,

126", 127", I 2 g . *42> 143"*. ι66. "Ακτιος: 12.

ΆΧΐξίκακος: 15"· Αποτρόπαιος: 15"· Boasôn: 60

1

».

Δΐλφίνιος : 56-57· Épicourios: 128".

'Ερυ&ίβιος: 14". Καρνΐΐος: 128". Λύκΐίος: 128, 165. Λυκοκτόνος : 128. Νόμιος: 128". Παρνόπιος: ι 4 , Ι5> 67". Πύθιος: go, Sauroctonos : 63-64, 67. Σμινθΐύς, Σμίνθ(ί)ιος: 6 7 " · " , 68". Φοίβος : 94"

Arachnè: 15".

Areas: 137­138, 143"*·

Archélaos: no.

Areion: 147, 154, 155, 156»".

Arès: 121s

, 126".

"Ιππιος: 152. Isménios: 70".

Aréthuse: 51". Arion : 54". Artémis: 48», 49, 52, 73"«, 841",

100, 127, 136-138, 143-144, 165. Άγροτέρα: 127". 'ΑΧφΐιαία: 49*'· Βραυρωνία : 130-131, 134"136. 140-142. (à Cyrène) : 139-14

0

·

(à Halai Araphénidès) : 140.

Ciaria: 141.

Δΐλφινία : 56". 'ΕΧαφηβόΧος: 12η. 'ΕΧαφία: 127". 'ΕΧαφιαία: 127".

INDEX 177

Éphésienne: 38-43.

Eurynomè : 51.

Καπροφάγος : 128". Κουροτρόφος: 139 1 " Λιμνάτις : 49**. Μουνυχία: 130' · . Orthia: 61. Παι&οτρόφος : 135, Ι 3 9 ' " Ποτάμια : 4 9 " Πωλώ: Ι 6 Ο Ι 6 Ι . Ταυροβόλος: 126". Ταυροπόλος: 126". Ύμνία : 38 '" , 39

Artio : 141 ' " . Asclépios: X V " , 72"", 73" ' . 74"° .

75­76, 85" 1 , 86­88, gi, 99. 100,

121*, Ι 2 3 " .

Askalabos : 64".

Astéria : 98".

Atalante : 144 1 "

Atargatis : 46, 50".

Athéna: X I I » , 12, 16», 18, 26 1 ",

3 1 " ' . 72". 77­84. 91, 95­97. 115,

I 4 2 , 153, 165.

Γλαυκώπις: 74 1 " , 97-Ήφαιστία : Si1*1. Ιππία: 152. Κουροτρόφος: βι"*· '·*. Παρειά : 7 5 ' " Phratria : 130. Ταυροβόλος : ι26"

Β

Bacchantes: 87»", 150, 154 voir Ménades.

Basilè : 124". Belela: 158» ' Brizô: 49". Byssa : 98«».

C

Cabarnos : 29'" . Calchas : 89. Callirhoè : 109.

Callistô: 136-138, 142, 143 1". Cécrops : 81-82. Céléos : 98«». Cérès : 30, 159'". Céteus: I36 1 1 0 . Chrysaor: 147. Chrysè : 70" . Clinis : 98". Comatas: 23". Corè: 26 1 », 32, 51" , 83, 8 5 ' » ,

1214, 123*°, 159, 160"'. voir Despoina, Perséphone, Phé-réphatta

Corésos : 109, 110 Coronis : 98" . Créiise : 80, 82. Cronos: 153. Cybèle : 127.

voir Déméter. Cychreus: 7 1 , 0 . Cylabras : 4 9 " Cynosoura : 144 1".

D

Damasen : 7 4 u o . Dame des abeilles: 43.

voir Artémis Éphésienne. Dame de l'Acropole: 83.

voir Athéna. Dame de la mer : 49

voir Aphrodite. Dame des Ourses: 144.

voir Artémis Brauronia. Danaos : 34"" Dédale: 148. Déesse des oiseaux: 100". Déméter: 26-36, 38, 51*·, 64",

74» · , 83, 84'«·, 85, 95. 100, 115, 121', 123'°. », 142, 147, 148, '53. 154. 156. 159. 160, 165. -Cybèle: 127. Gaia: 157. Έρινΰς: 154*" '55-I5& Λουσία: 155. Mélaina: 23»·, 84"«, 154-156.

178 INDEX

Thesmophoros : 29, 36.

voir Cérès, Gè-Gaia, Physis.

Despoina: 154-155.

Deucalion: 105, 106", no.

Dictynna : 49.

dieux-fleuves: 149, 151, 157.

voir Achéloos, Gélas, Scamandre,

Strymon.

Dionè: 114-117.

Dionysos: 9', 57 e 2 , 60, 75 1 2 3 , no1 3 8

,

127, 128, 149-151, i5 2 2 2 \ 157-

158, 165-166.

Αίγοβόλος : I26 4 1 . Βουγενής: I49 2 0 4 , 150. Έρίφιος: Ι28 β 0 . Κεραστής: ι$ο. Limnaios: 61. Μειλίχιος : 24. Μελάναιγις : I26 4 1 . Πελάγιος: 149 s 0 5-Ταυρογενης: 149· Ταυρόκερως: 150. Ταυρόμορφος: 150 2 0 8 . Ταυροφάγος: Ι 26 4 3 , 150. Zagreus : 149 s 0 3 .

Dioscures: 84, 85, 123 2 0, 160. Diuja: 116. Diwija : 116. Dôdôné : 105.

Dryopè : 71" .

Ε

Electre : ί ο 1 1 . Énalos : 5 4 " · 5°·

Épicastè : 90 2 3 1 .

Érechthée: 78, 80, 82­83.

Érichthonios: 78 1 4 1 , 80­82, 135 1 1 4.

Érinys (nymphe) : 155­156.

voir Déméter.

Érôs: 71 e 3 , 92 2 4 5 .

Eumélos : g8 4 8 .

Europe : i 4 8 l e s .

Eurydice : 69".

F

Furies : 70e".

G

Gaia: 18, 74 1 J 0 , 82, 115, 116,

i 2 5 3 \ 155­156, 157·

voir Gè, Déméter, Héra, Physis.

Galéôtès: 65.

Ganymède : 96 s ».

Gè: 90, 116, I56 2 5 0 .

Gélas: 149 1 9».

Glaucos: 51.

Gorgone: 70, 73, 74 1 1 8 .

Grande Mère: 30, 31, 141.

voir Gaia, Gè, Déméter, Héra,

Physis.

H

Hadès : 32.

Harpyes : 7ο 8 · .

Hébè: 99.

Hécate: 52, 8 4

1 8 β , 8 5 1 » .

Κυνοσφαγης: i 2 i 5 . Hélène: 31 1 4 3 , 123'°, i 3 4 1 0 9 .

Hélios: 85 1 8 1 , 1241 3, 125, 151.

Hellen : 50.

Helios; 105, no.

Héphaistos: 80, 82, 181.

Héra: 26 1 1 5 , 51, 61, 71 e 0 , 82, 95,

96 3 0 , 99, 115, 116, I274", I36 1 2 2 .

Αίγοφάγος : I26 4 0 . Βοωττις: 7 4 " · , I52 2 2 5 . Ίτπτια: 152.

Héraclès: 11, 12", 15, 64", 99,

107, n o , 113, I27 4 8 , 1 4 9 1 9 · , ä 0 0 ,

156.

Ιποκτόνος : 14. Κορνοπίων: 14.

Hermès : 48 1 9 , 51, 52, 61, 62, ΐ 4 6 4 β . Κριοφάγος : ΐ 2 6 4 2 . voir Mercure.

Hestia: 26" 5 . Hilaeira : 160. Hippô: I5 2 2 2 8 , Hippocrène: 157. Hippothoon : 153 2 3 ' . Hippolyte : 135, 146. Hyas : 69". Hygie : 86.

INDEX

lamos: 23 · ' , 25 1 " , 261

", 91, 92" ' .

Icadios : 54".

Ilithye: 35 1 " , 99". 127"

Inachos: 110.

Io: 10'».

Ion : 80, 82, 91.

Iphigénie: 133", 140­141, 143".

Isis: 127", 159*"­

Jason: no.

Jocastè: go**1

.

Κ

Kérambos: 15"

Koiranos: 54".

Kopreus: 156.

Laios: 98" .

Létô: 61, 98". 115, 128"

Μίΐλίγια: 24. Leucippides: 159-160. Lycaon : 136.

M

137· Maia: 61, 62", 99" ­Perséphone : 99"

Mardylas: 106.

Mars: 106.

Méduse: 147, 148.

Mélampous: 89" ' .

Méléagre: 98" .

Mélicerte: 56.

Mélissa: 30, 3 1 " · ,

Mélisseus: 30.

Mélissos : 29, 32.

Ménades: 75 ' " .

Mercure Artaios: 141 1 4 ' .

Arverne: 6 3 " (voir Hermès).

Mérôpis : 98" .

Métis: 115.

32­

Minos : 147.

Minotaure: 146, 147, 149.

Minyas : 98" .

Mithra: 100".

Mnémosyne: 115, 124".

Muses: 18, 19, 60, 124".

Myrmidons: 16", 21" .

N

Nélée: 153"'.

Néoptolème: 110.

Néréides: 51, 55" .

Nycteus: 1361

*'.

Nymphes: X V « , 18, 32­33.

des grottes : 49.

Λίίιλίχιαι : 24. Naïades: 32.

Océanides : 32.

des sources: 157.

O

Océan: 115.

Onkaios: 155"'.

Onkios: 153.

Opis: 135" · .

Oreios: 136 1".

Orion: 135" · .

Orphée: 33 '" , 98", 118.

Otos: 135"*·

Paiéôn : 73 1 » .

Palamède: IX".

Pan: 2 4 " · , 48, 60, 62, 126",

" Ακτιος : 48" . Pandrose : 81. Parthénos: 99. Pasiphaé: 146-148. Patrocle: 23" , 53", 151"". Pégase: 147, 157. Pélias: 153"'. Pénélope: 31 1 " . Périphas: 98«·. Persée : 52". Perséphone: 29-31, 34, 7 1 "

ι 8 ο INDEX

-Maia : 99". Μΐλιτώοης: 24 1 0 0 . voir Corè.

Phaennis: 109.

Phémonoè : 109.

Phéréphatta: 125".

Philomèle: 98" .

Phoibè : 160.

Physis : 22, 94, 163.

Pirène: 157.

Ploutos: 87»».

Polyphontè: 1361*2.

Poseidon: XII3 1

, 49­52, 55'", 56»»,

83, 123, 124"· " , 125 s 8, 142,

145­149, 151, 153, 155­158, 165.

Γαιηοχος : Ι 4 8 1 , β . Έννοσίγαιος: 146, I48 1 ' 8 . Ένοσίχθων: 148 1 8 8 . "Ιττπιος: Ι 5 2 · Σΐισίχθων: ΐ 4 8 1 , β . Taópeos Έννοσιγαιος: 146. Φύκιος : 5°·

Πότνια θηρών : IX 1 8 , 4 2 . Ι 2 7 , Ι 4 1 · 143, ι ο ί .

Πότνια Ιχθύων: 49-Πότνια ορνίθων : 95·

voir Artémis.

Priape : 48.

Procnè: 98*".

Prométhée : IX1 5

.

Protée: 51.

Pyrrha : 106".

R

Rhéa: 31, 115, 144 1".

voir Grande Mère.

S

Sabazios: 75, 85 1" 1, 89.

Sarapis : 99".

Sarpédon : 53".

Satyres : 157.

Sauros : 64".

Scamandre: 149' 0 2 , i 5 i * 1 8 .

Sémélè: 149.

Sibylle : 109.

Silènes: 157.

Sirènes : 51.

Sosipolis: 86 1 8 8 .

Strymon: 151 s 1 ' .

Τ

Taras: 54", 56.

Télémaque: 54 e 8 .

Térée: 98" .

Terre­Mère: 20 8 1 , 59, 74 ' 2 0 , 80, 91,

156.

voir Gaia, Gè, Grande Mère, Dé­

méter, Héra, Physis.

Téthys: 115.

Thamyras: 118.

Thémis: 26 1 " , 115.

Thémistô: 65.

Thésée: 54", 56, I34 1 U 8 .

Thétis: 23» 8,

Thrasyboulos : 64.

Thries: 25 1 1 3 .

Tirésias: 8g*".

Tithonos : 19".

Toxaris: 151"".

Trophonios: 79 1 ' 8 , 86, 89, 91.

Typhon : 98".

U

Ulysse: 32, 110.

Z

Zagreus : 71 8 1 ,

voir Dionysos.

Zeus: 13", 23 8 ' , 26 1 1 5 , 30, 31, 46,

71" , 81, 84, 90 2 3 1 , 95, 96, 100,

105­106, n i , 113­117, 123, 136­

137, 142, 1441*4, 148 1 9 5 , 149, 165.

Αίγοφάγος: I26 4 0 . Άπόμυιος : π , 13" " , ΐ4 · Δωδωναίος : ιοο, 104-106, n i , Ι Ι3 - Ι Ι7 -Κτήσιος : 84-85. Αΰκαιος: 128-129, 165. Μειλίχιος: 24, 73, 74, 84-86. Μΐλισσαϊος: 24 1 0 1 .

INDEX

Μΰ(ήαγρος : η , 13"·". Ι Πίλασγικός: n o 1

Μυιώοης: n , 13" " | Φίλιος: 84. 85. Νά(ϊ)ος: 114. ! Phratrios: 130.

INDEX DES NOMS D E FÊTE

A

Anthestéries: 148 1". Apatouries: 130. Άρκτίίαή: 130-132, 134-136, 139-

i 4 o, 142.

B

Bouphonia: 121·. Βραυρωνία, τά: 130".

C

Chalkeia: 82 1 « 1 , Concours olympiques : 11.

H

Halôa: 51, 66".

L

Laphria: 128.

M

Mystères éleusiniens: 351"", 51.

N

Naia: 114" 1.

T

Taureastai : 14617*. Taureia: 146 1". Taurokathapsia : 1461'", cf. 145 1' 0 .

Thesmophories: 29, 31"', 34-36, 83, 148 1»'.

E

Élaphébolia: 127",

INDEX DES THÈMES PRINCIPAUX

A

Ambroisie : 23.

voir miel, nectar.

"Ανετος, άφετος: 122. Animaux chthoniens: 17", 21" ,

3 1 " · , 59, 63, 82. Anthropomorphisme: 74, 148, 150,

155· Antistites : 35.

voir ιερειαι. Autochtonie: 17, 79, 82. "Αωρος: 158" 1 . "Αωτον, τό : 26.

Β

Βασιλεύς τών μελισσών : 40. Βόσκημα, τό: IX". Βοτόν, τό : IX". Βονκόλοι, ο'ι: ι$ο.

C

Cire : 37· Crocote: 132-133. Μ 2 "*· Coureion: 131", ΐ 3 4 η ' · Cycéon : 2 5 m .

D

Déguisement rituel: 132", 133",

142»».

Dendrôlatrie : n i1

" .

Διαστταραγμός, ό: 128, 150. Divination: 65-66, 71" , 89-90, m .

voir oracle, Pythie. Δράκων, ό,

voir Index I. Reptiles. Δωόαινίόες, al: 103, I12.

E

Eau: 26, 27»». · " , 59, 155, 15; Épiphanie: 96, 105-106, 142. Έρπετόν, τό,

voir Index I. Reptiles. Έσσην, ό ; έσσηνία, τ) : 39"4°·

13°" ·

G

Γηγενής : ι η, ηο. Γραΐαι, αί; γραιοι, ο'ι: ιο8. Grotte: 2 4 " · , 3 2 · 1 5 4 · ' 5 5 ·

I

Ιερός, ιερόν, ιερά, τα: XI, 7 2 · Ίερειαι, α ί : 35. Ι 0 3 . Ι Ι 2 · Incubation : 88. Ίστιάτορες, οι : 39· Ιστός, ό : 31 • 'Ιχθνομάντεις : 6y.

Κ

Κάλαθος, ό: 31, 145-Καταποντισμός, ό: 12. Κορακομάντεις, oi : 6j. Κοΰρειον, τό: 131". Ι34 1 "· ÂTT;VOÇ, τό : IX".

L

Lycanthropie : 129, 166.

M

Μειλίγματα, τά : 9 ° voir miel.

ι84 INDEX

Métamorphose: 15", 19", 56­57,

64", 71", 96, 98« ' ·" , 118, 129,

138, 142, 147­148, 153­154. 166.

Miel: 22­25, 37, 79, 88"', 89­91, 155.

N

Nectar: 23.

voir miel.

O

Offrande: 48­49, 99".

voir sacrifice.

Oracle: 45­46, 60, 64­67, 94­95,

104, 106, 107, 113, 116.

voir divination.

Οιωνός, ό voir Index I. Oiseaux.

"Opvts, 6, ή, voir Index I. Oiseaux.

Όφις, ό, voir Index I. Reptiles.

P

Parasites: 10-14. Passage (rites de) : 129, 133, 139,

144. Πήγμα, τό: 159*". Progéniture mixte: 147, 154-155.

Προφήτώΐς, al: 103, 112. Pureté: 27»», 35, 38­39, 43.

Pythagoriciens : 23, 46, 100.

Pythie: 37, 91, 109.

R

Ruche: 22", 261

", 40, 411

".

voir miel.

Rosée: 17«·, 22".

S

Sacrifice: X V4 1

, 10­14, 50, 99­100,

121­128, 131, 145, 151­152.

Selloi: io$n

, 112.

T

Tettigophorie : 17, 80.

Thériomorphisme : XIV.

Θήρ, ό; ΰηρίον, τό : IX. Θηριόμορφος : XIV". Θρέμμα, τό : I X 1 · . Θυνναΐον, τό : 5°· Τρίττοια, τριττύα, ή: 123.

Ζ

Zoolâtrie: 165.

Zoomorphisme: XIV, 74. Ι 2

9 . ΐ 4 2 · 147. 149. 157. 165.

Ζην: Χ. Ζωόμορφος : XIV". Ζψον, τό: IX, Χ.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

A

Acarnanie, Acarnaniens: 109, 110.

Acharnes : 96".

Achéloos: Ι 49 1 · · · " · .

Afrique : 165.

Aigiai: 51.

Άκρώρΐΐα: ΐ2θ·° . Akrotiri (Crète) : 143 1".

Alexandrie: 27" · · 1 " .

Aliphéra : 12, 13.

Amyclées : 159"".

Anatolie: 151*".

Andanie : 123".

Andros: 126".

Antrôn : 29.

Aphrodisias : 99.

Apollonia: 127".

Arcadie, Arcadiens: 14, 69" , 90 ' " ,

126 4 0, 129, 136, 137, 141 1 5 0 , 147,

151"' . 153. 156, 165.

Argos, Argiens: 51, 96", 128, 150.

"Αρκτων νήσος : 141. "Αρκτων όρος '• 14 ' • Asie : 46· , 165. Asie mineure: 41 " 5 , 141, 165 Astypalaia : 24 1 0". Athènes, Athéniens: 13, 17­18,

2 9 u l . 34. 56", 71*°, 72" , 74*"\

77­80, 83, 91, 95, 99, I I I1

«1

,

114 1", 121·, 1 2 4 " · " , 125". 130,

131, 134 1 0 · , 135 1", 136, 139.

Attique: 18, 97, 124, 127, 140,

141, 152, 153" 0 .

B

Béotie, Béotiens: 14, 70*·, no1 4 0

,

147"', 151» 1 , 152»», 153»· , 156,

157. 165·

Brauron: 130­131, 132", 133,

139 1 ". 140 1 », 142 1 ", 143,

144.

C

Cadmos (mont) : 13".

Camiros: 23" , 42, 97", 124"· " ,

152» 1 .

Céos: 27" 0 .

Céphalonie : 76.

Cérasonte : 93 4.

Chalos : 46*.

Cnossos: 145 1 ".

Colophon : 121'.

Copaïs : 50".

Corcyre, Corcyréens : 50, 73"",

98", m1 4 1

, 146.

Corinthe, Corinthiens : 10", 30,

n o1 4

» , 126", 147 1", 157.

Corinthe (isthme) : 34, 157.

Cos: 123", 124", 125 3 1.

Crète, Crétois: 31, 34, 56­57, 116,

121', 143 1", 148, 156, 165.

Crissa : 57".

d î m e s : 95"·.

Cyclades: 142" 4.

Cymè: 14".

Cyrène: 29 1 3", 96, 136, 139, 140,

144.

Cyzique: 141, 15ο·"".

D

Délos: 4 1 1 · 4 , 46", 52«, 98", 100,

1274', 131".

Delphes: 25 1 1 3 , 37, 30", 56, 61,

70", 90, 91, 94 1 0 , 95" , 97 4 1 , 1221*.

Δημητριάς : 2g. voir Paros.

ι86 INDEX

Dodone : 65,94", ιοο, 101,103­109,

110""· "", n i , 1121

", 113­117.

Ε

Égine: 50", 126".

Éleusis: 25111

, 29, 301

", 35"*, 123·0

.

Éleusis (d'Alexandrie) : 27" · .

Élis, Éléens: 62, 63", 69'", 127",

150.

Éolide, Éoliens: 14", 50.

Éphèse: 38, 40­42, 131", 146, 158.

Épidaure: 2 41

·4

, 86»°», 87»1

, 88.

Épire, Épirotes: 51' · , 71 *°, 90, 107,

109, 110, 113, 165.

Érythrée, Érythréens: 14.

Étolie, Étoliens: 109, 110.

Euphrate: 2611

'.

G

Grande­Grèce: 8oW 0

.

H

Hagia Triada : 1451

".

Halai Araphénidès: 140.

Haliartos: 156.

Halicarnasse : 116.

Hélicon: 157.

Hélôros: 51".

Héraia: i37I M

, 138.

Hermionè: 12641

.

Hyampohs: 127.

Hybla (Petite) : 65.

Hyperborée, Hyperboréens : 9741

,

1214

, 128".

I

Iasos: 54", 127".

Inde: 73"*, 121*.

Ionie: 18, 43.

Isthme,

voir Corinthe.

Isthmos (Cos) : 124", 125".

Istros: 49".

Ithaque : 32.

K

Κάβαρνις: 2g1". voir Paros.

Κορώνη: 95".

L

Labranda: 46. Lacédémone: 12640.

voir Sparte. Laconie: 751", 151"°, 165. Ladon: 155. Lampsaque : 50. Lavinium: 71 , 0. Lébadée: 89, 152. Lemnos, Lemniens: 70**, 94*,

131«· Leptis: 50". Lerne: 150. Léros : 99. Leucade: 12, 13. Libye, Libyens : 153*". Lindos: 121", 124". Loeres: 19. Lycée: 128", 129. Lycosoura: 84 , , , , 154"1.

M

Macédoine: 1131·*. Mallia: 23". Mantinée: 137. Marathon : 62", 93. Marcopoulo (Céphalonie) : 76. Mégalopolis: 63". Mégaride: 97". Messénie, Messéniens : 95", 127",

159»". Métaponte: 1430, 128'0, 149"1. Méthydrion: 1371", 138. Milet: 100. Milo: 76. Munychie: 130. Myconos: 50, 123", 124"· *·, 125". Mytilène : 99".

N

Naupacte: 54". Naxos: 24 I 0 ,.

INDEX 187

O

Œchalie : 126". Œta : 14. Olympe; 23, 26, 94, 117. Olympie: 11-14, 4 1 1 " , 50", 96",

126"· " , 127", 152, 153" · . Onchestos: 152*". Orchomène (Arcadie): 38, 137,

138»· . Ortygia : 98".

voir Délos.

P

Paestum : 241 0*. Panacton: n o 1 4 0 . Panderma (Mysie) : 158"". Paphos: n " . Parion : 49" , 70". Parnasse: 25 H S . Parnès: 141" · . Paros: 29, 34. Parthénion : 62". Pathyris: 159"". Patras: 3 2 , M , 127, 159"". Pella : 127". Pellène: 62". Péloponnèse: 34, 60 1 0 , 61" , 128,

141, 157, 158-159-Pharai : 51. Phasélitos, Phasélitains : 49". Phigalie, Phigaliens: 23" , 74 1 " ,

84»", 154-155 Pinang: 74 l l s . Pirée: 121', 124", 130", 157*". Potniae: 126 4 1. Priène : 99". Pylos : 23".

R

Rhodes, Rhodiens: 14", 124".

S

Salamine: 7 1 , 0 , 78, 89. Samos: 61, 99, 127", 128".

Samothrace : 52. ; Scamandre: 149'", 151*" I Sériphos : 52. I Sicile : 65-66, 99.

Singapour : 74 1 ". • Siwah : 104. ! Smyrne : 46·.

Sonde : 74 ' " · Soura, Sourezi : 45, 46", 66. Sparte: 134 1 " ·

voir Lacédémone. Strymon : 151" · . Stymphale : 93*. Syracuse: 53, 54, 67". Syrie : 46.

T

Tanagra: 46, 126". Tarente: g', 97", n i " 1 , 1214,

138» 1 . Tauride : 1264 4, 140-141. Telmessos : 65 4 ' · Ténare : 57". Thasos, Thasiens: 55" , 97", 122' 1,

1274*, 160. Thèbes: 29" ' , 94", no 1 4 0 , 113 1",

1274". Thèbes (Égypte) : 104, 113. Thelpousa: 154-155. Théra: 42, 121'. Thérapnè: 121'. Thessalie: 7 2 1 « , 80"° , 9 5 " Thisbé: 116. Thrace: 141, 151· 1 1·. Tilphossion: 155, 156"'. Tiora Matiene : 106. Tirynthe : 53". Titanè: 8 7 " · . Tithoréa : 127". Tmaros, Tomaros: 114 1 · · . Trézène: 52, 157. Trikolonoi : 137 1". Troie : 89.

V

Vaphio : 145 1*·

INDEX DES T E X T E S CITÉS

A

ACESTODOROS

fr. 4 Müller (F.H.G., II, p. 464) :

105 s 8 .

AELITJS ARISTIDE

38 (Les Asclépiades) Keil: 88 2 1 6 ;

39 (Au puits de l'Asclêpieion),

5 K. : 86 2 0 1 , 8 8 » 6 ; 41 (Dionysos)

K. : 8 8 " 5 ; 42 (À Asclépios),

5 K. : 86*»; 47­51: 88 2 l s .

AGATHARCHIDÈS D E CNIDE

86 F 5 J . : 50» .

AGATHIAS

dans Anthologie Palatine, V,

292,10: 158"»; X, 14: 48".

AGATHOCLÈS D E CYZIQUE

472 F ι a J . : 1217.

AGLAOSTHÉNÈS

499 F *4 J . : 24"».

A L C É E

fr. ι c Lobel­Page 307: 97" ;

fr. Z 23 L.­P. 347 : 16 3 9,

18«.

ALCMAN

fr. 49, 3 Garzya: 71 e 3 .

A L E X A N D R E D E MAGNÉSIE

dans Anthologie Palatine, VI,

182 : 48 1 8 .

A L P H É E D E M Y T I L È N E

dans Anthologie Palatine, VI,

187: 48", I27 4 S .

AMBROISE (S.)

Exameron, V, 21, 66­72: 22 8 0 .

ANACRÉON (pseudo­)

34,8 Preisendanz: 17"; 34,12

Pr. : 18 5 8 ; 34,13 Pr. : 18 6 0 ;

34,16 Pr. : 17« ; 34,18 Pr. : 20" ;

35,10­12 Pr. : 92 2 4 6 .

ANAXAGORE

59 B 4 Diels8

­Kranz : VIII1 2

.

ANAXIMANDRE

12 A n Diels6

­Kranz : 46 e ; 12 A

30 D.6

­Kr. : 46 e .

ANDRISKOS

500 F 3 J . : 24 1» 3 .

ANDRON D ' A L E X A N D R I E

fr. 16 Müller (F.H.G., II, p. 352) :

II1 3

.

ANDROTION

324 F 55 J . : 125 3 1.

ANONYMES

I. B E K K E R , Anecd. Graeca, I,

pp. 234­235: 135 1 1 3 ; I, p. 35°.

II. 26­28: 153 2 3 3 ; I, pp. 444­445:

I30' 8 , 140 1 3 9 ; I, p. 445: 134 1 0 ' ;

I, p. 445,11. 1­2: 130' 8 ; I, p. 445­

II. 14­19: 130".

! J. A . CRAMER, Anecd. Oxonien­

sia, I, pp. 272­273: 10 9.

I Anthologie Palatine, IX, 122 : i8« 3 ;

j IX, 122,1: 19 e 5 ; IX, 122, 4: 16 3 9 ;

IX, 373: 16 4 2 ; IX, 373, 3: 18 5 8 ;

X, 9: 48".

Appendix proverbiorum, 2, 54

Leutsch­Schneidewin (C.P.G., I,

j p. 402) : 130 7 9.

Vie de Platon, Westermann (p. 5,

j 11. 27­40) : 119 2 0 9 . F

ANTIGONE D E CARYSTE

dans Philol. Untersuchungen, IV

(1881), p. 174 Wilamowitz: 50 3 1 ,

! 52 4 ' .

ANTIMAQUE

fr. 25, 3­5 Kinkel: 155 2 4 ' .

ANTIPATER D E SIDON

dans Anthologie Palatine, VI,

m : 127 4 9 ; VI, 115: 127 4 9 ; VI,

160: 3 1 1 4 2 ; VI, 174: 31 1 4 2 .

ANTIPATER D E THESSALONIQUE

dans Anthologie Palatine, IX,

92, 1­2: 18 8 4.

INDEX

Α Ν Τ Ι Ρ Η Α Ν Ε

fr. 91 Kock (C.A.F., II, p. 48);

112 1 "; fr. 151 Kock (C.A.F.,

II, p. 73): 2 9 1 " ; fr. 175 Kock

(C.A.F., II, p. 83) : 9 9 » ; fr. 229.

230 K. (C.A.F., II, p. 112) : 13".

ANTIPHON

I (Accusation d'empoisonnement).

16: 84"".

ANTONINUS LIBERALIS

2: 9 8 " ; 6: 9 8 " ; 10: 98«»; 15:

9 8 " ; 19: 9 8 " ; 20: 98«», 121«; 21,

1­3: 136 1 "; 22: 15"; 24 : 64" ;

27: 140 1 4 1 ; 32: 7 1 " ; 35: 128".

A N V T È (OU LÉONIDAS)

dans Anthologie Palatine, Vil,

190,1: 16 4 0.

APOLLODORE

244 F 89 J . : 2 8 1 » ; 244 F m

a­b J . : 126 4 4; 244 F 132 J . :

128' 0; 244 F 138 J . : 8 7 » 4 .

[Bibliothèque], I, 4, 1, 1: 9 8 " ;

I, 4. 3, 5: 135 1 " ; I. 6. 3= <)84';

I. 7. 4. 3­5: 135" ' ; L 9, " , 2­3:

8 9 " ' ; II, 5, n , 8: 121·; II, 7, 5,

1: 149 1 " ; III, ι, 3­4: 147" 3 ,

148 '" ; III, ι, 3, 2: 1 4 8 1 · 3 ; III,

ι, 4, 3: 147"*; III, 6, 7, 4­6:

8 9 " ' ; III, 6, 8, 4­5: 155"»; III,

8, 2, 2: 136 '" ; III, 8, 2, 2­5:

136" 1 ; III, 8, 2, 4: 136»»,

137 1 " · 1 , 4

; III, 9, 2, 2­3: 144" 4 ;

III, 12, 5, ι et 3: 6 9 " ; III, 14,

1­2: 82"» ; III, 14, 6, 4­5:

8 1 1 · · "0

; III, 15, 8, 5­6: 147"«.

APOLLONIDAS

dans Anthologie Palatine, VI,

105 : 48 ' · , 49".

APOLLONIOS

Histoires extraordinaires, 8 G. :

I I " .

APOLLONIOS DE RHODES

Argonautiques, I, 526­527 : 1 io1

" ;

I, 877­879: 20" ; II, 1035­1038:

93 4 ; IV, 582­583: 110·».

APOSTOLIOS

13, 79­80 Leutsch (C.P.G., II,

PP­ 596­597) : 09" ·

Appendix proverbiorum, voir

ANONYMES.

ARATOS

Phainomena, 42­44: 137" 3.

ARCHIAS

dans Anthologie Palatine, VI,

179: 4 8 » ; VI, 180: 4 8 " ; VI,

181: 4 8 ' · ; VII, 213,4: 17",

19"; X. io: 48".

ARCHILOQUE

fr. 167 Tarditi : 19"; fr. 205 Tar­

diti: 29 1 3 0 ; fr. 223 Tarditi: 9 4.

ARCHIPPOS

fr. 15 Kock (C.A.F., I, p. 681) :

6 5 " ; fr. 18 Kock (C.A.F., I,

p. 682) : 52".

ARION (pseudo­)

ι, 8 Bergk4

(P.L.G., III, pp. 80­

81) [= fragm. ade s p., 21 Page

939] : 55"­

ARISTOPHANE

Cavaliers, 1331­1332: 17".

Grenouilles, 115: 9*; 211: 6 1 s 0 ;

216­217: 6 1 " ; 226­227: 59 4 ;

240­249: 6 1 " ; 680­681: 104";

820­821 : 4 1 ' " ; 1249­1323 : 41"*;

1274: 41.

Guêpes, 438: 81 " 4 ; 1085­1086:

ί 95'°· Lysistrata, 191-193: 151" 1 ; 447: 126"; 535: 3 1 1 4 1 ; 579 ; 3 1 " 1 ; 638-640: 131"; 644: 135 1 "; 644-645: 133""; 645: 130", 132»; 645-647: 131»; 758-759:

Suées, 144-152: 9 5 ; 170: 60*·; 173-174 : 66" ; 634 : 10 · ; 725 : 10·.

j Oiseaux, 39-41: 19"; 209-222: j X " ; 214-222 : 94 · ; 229 : 93 ' ; 230-, 246: 931 1; 481-482: 117" 5 ; 499-

522: 117»·'; 515: 9 6 " ; 588-591 : 94*; 596: 9 4 " ; 685-702: 117 1 " ;

j 685-708: 9 8 " ; 705-707: 9 7 " ; j 709-715: 94' ; 709-722: 94 1 3 ; ( 716: 94 1 0 ; 719-721: 94" ; 769-! 784: 97 4 0 ; 865-884: 117" ' ; 869-I 870: 98" ; 1069: 7 1 " ; 1095:

20" ; 1096: I 6 4 1 .

igo INDEX

Ploutos, 733­734: 72 1 " , 8 7 " ' ;

735­73 8 : 8 7 " 9 · 2 1 0 ; 820: 123 1 8 ;

1197: 84 1 8 8 .

Thesmophories, 81­94 ; 34 l s* · 2 % 2 '•

34 1 S 8 ; 821­823 : 31 1 " ,

fr. 370 Kock (C.A.F., I, p. 489) :

130".

ARISTOTE

Constitution d'Athènes, 54, 6­7:

133"·

Génération des animaux, I, 721 a

2 ­ 6: 17" ; III, 759 a 7 ­ 760 b 33 :

2 2 8 3

; III, 759 a 8­ b 35 : 40 1 8 8 .

Histoire des animaux, I, 488

b 16 : 68 '° ; IV, 529 b 16 : 5 2 " ;

IV, 535 a 1­3 : 21 8 4

; IV, 535

b 3 2 ­ 5 3 6 a 4 : 5 4 " ; IV, 5 3 7 a 3 i ­

b 4 : 5 4 ' 1

; V, 544 b 1­11 :ioi 7 2

;

V, 544 b ι : 103 e 8

; V, 553 a 17­

554 b 21 : 4 0 1 8 8

; V, 553 b 23­

554 a 15: 22" ; V, 554 a 6­7:

2 7 1 2 1

; VI, 566 b 2­26: 54 7 1

; VI,

579 a 18­25 ;

I44l e a

; VI, 580 a 17­

19 : 128 8 1

; VII, 581 a 13­14 :

134 1 1 0

; VII, 581 a 31­b 11 :

1 3 4 no ; VII, 582 a 28­29 : 134 1 0 8 ;

VIII, 589a31­b u : 5 4 7 1 ; VIII,

596b 15­18 : 21 8 4

; VIII, 596b 17­

18 : 2 7 1 2 0

; VIII, 597 b 3 : 102 7 8 ;

VIII, 607 a 30­34 : 72 1 0 0

; IX, 609

a 19 : 102 7 8

; IX, 614 a 7 : 9 9 " ;

IX, 619 b 6­7 : 9 5 2 5

; IX, 622 b 18­

629 b 2 : 9 2

; IX, 622 b 20, 24­27 :

21 8 3

; IX, 624 a 26­33 : 4 0 1 8 · ; IX,

627 a 19­28 : 21 8 8

; IX, 627 b 33­

629 b 2 : 21 8 3 , 22»°.

Météorologiques, I, 352 a 32­36 :

105 8 8.

Politique, I, 1253 a 7­9 : 21 8 3 , 22 8 0 .

Problèmes, I, 22, 862 a 10­16: 60".

Fr, 101 Rose: 122" ; fr. 572

Rose : 127".

[Mir. Ausc], 23 Giannini : 72 1 0 0 ,

9 5 " ; 70 G . : 59 4 ; 151 G . : 72 1 0 0 ,

9 5 " ·

ARNOBE

Adversus nationes, VII, 19, 1­2 :

123"; VII, 19, 4­7: 125 3 4.

ARTÉMIDORE

Oneirocriton, II, 13: 85 1 9 1 .

ASCLÉPIADE

dans Anthologie Palatine, V , 202 :

i 5 9> 7 1 ; V , 203: 159 2 7 1 .

Asios

fr. 9 Kinkel: 136 1 2 0 .

A T H É N É E

I, 9 D : 125"; I, 13 A­D: 5 3 " ;

I, 13 C : 47 1 0 ; II , 38 E : 127 4 7;

III, 78 C : 24 1 » 3 ; I V , 139 B :

124 2«; V I I , 282 E ­ 284 D : 5 3 6 \

V I I , 287 A : 52" . 8 0

; V I I , 297 E ­

298 A : 5 0 " ; V I I , 297 D ­ E :

5ο 3 ! ; V I I , 301 F : 5 0 » ; V I I ,

303 Β : 50 3 1 ; V I I , 306 A: 5 2 " ;

V I I , 325 A ­ D : 52 4 8

; V I I , 325 B :

52 6 0 ; V I I , 327 A: 52" ; V I I I ,

333 D­F: 4 6 6 ; V I I I , 346 C :

50 3"; V I I I , 346 D: 50 3 1 ; I X ,

374 D ­ 376 Ε : 121 7; I X , 375 B :

125»; I X , 375 C : 125 3 2 ; I X ,

392 D: 9 8 " ; I X , 394 A ­ 395 C :

ι ο ί 7 2 ; I X , 394 D : 104 8 8 ; I X , 394 Ε : 103 8 4 ; I X , 394 F : 9 9 " ; X , 425 C : 146 1 7 7 ; X I , 473 B : 8 4 1 8 8 ; X I , 476 A: 150 2» 8. 2 0 8 ; X I I I , 606 D: 55 7 3 ; X V , 674 F : 122 1 2.

AUGUSTIN (S.)

De civitate Dei, X V I I I , 12 (C.S.E.L., V , 2, pp. 282-283): 81 1 8 ' .

A U L U - G E L L E

Nuits attiques, V I I , 8: 54 e 7.

B

BACCHYLIDE

X V I I , 97-100: 56 e 2 . Dith., fr. 26 Maehler : 147 1 8 8 .

BIANOR

dans Anthologie Palatine, I X , 273, ι : 19".

C

CALLIMAQUE

Hymnes, 1 (À Zeus), 49-51 : 2 3 " ; 66: 4 0 1 8 ' ; 2 (À Apollon), 5:

INDEX 191

9 7 " ; 66: 9 6 " ; 109­112: 26; 3

(À Artémis), 13­14: 135" ' ; n ο­

ι 13: 128"; 4 (À Délos), 249­254:

9 7 " : 5 {Pour le bain de Pallas),

108­115 : 135"* : 6 M Déméter) :

27"», 31"» ; 42­45 : 106»· ; fr.

178, 23 Pfeiffer : 4 0 ' " ; fr. 260,

50 Pf. : 9 5 " ; fr­ 20I, 2

Pf. :

128»« ; fr. 378 Pf. : 5 2 " ; fr. 394

Pf. : 5 2 " ; fr. 416 Pf. : 102" ; fr.

578 Pf. : 123».

CALLISTHÈNE (pseudo­)

lie d'Alexandre, III, 25, 7:

152»' .

CHARICLEIDÈS

fr. ι Kock (C.A.F., III, p. 394):

52«».

CHARON DE LAMPSAQUE

262 F 3 a­b J . : 103".

CICÉRON

De divinatione, I, 20, 39. 65 s ";

I. 43, 95 :

m " ' .

De natura deorum, III, 39: 46".

CLAUDIEN

De raptu Proserpinae. II, 139:

31» ' .

CLÉARQUE

fr. 102, 11. 15­16 Wehr­Ii': 52" ;

fr. 103 W « : 70".

C L É MENT D'ALEXANDRIE

Protreptique, II, 16, 2: 7 1 " ; II,

16, 2­3 : 149"»; II, 21, 2 : 3 1 ' " ;

II, 39, 6: 9 5 " ; Π, 39, 8: 12».

Stromates, V, 5 Migne (P.C., IX,

col. 48 Α) : ι 8 " .

CLYTOS DE M I L E T

fr. ι Müller (F.H.G.. II, p. 333):

99'°.

C O L U M E L L E

De re rustica, IX: 23".

CORNUTUS

ΠίρΙ θεών, 28 Lang (p. 56, 1. 6) : 123"; 33 L. (p. 70, U. 11-12): 87»».

COSMAS DE JÉRUSALEM j

Ad Carmen LI Gregorii Sazan­

zieni, Migne (P.G., 38, col. 460, j

11. 13­18) : 8 7 · " .

CRATINAS

fr. 225 Kock (C.A.F., I, p. 81):

75"*·

CRITIAS

88 Β 25 Diels'­Kranz: IX"

D

DÉMÉTRIOS DE SCEPSIS

fr. 5 Gaede : 50 1 0 .

DÉMOCRITE

68 A 157 Diels*­Kranz : 97*" ;

68 Β 34 D.'­Kr. : VIII", X » ;

68 Β 154 D'.­Kr. : VIII".

DÉMOSTHÈNE

18 (Sur la couronne), 253; i n " * ;

260: 7 5 1 " · 1 1 8 ; 19 (Sur l'ambas­

sade), 299: i n1 4 1

; 21 (Contre

Midias), 53: 111 1 4 1 ; 22 (Contre

Androtion), 77: 135" 3 ; 24 (Contre

Timocrate), 185: 135'"; 29

(Contre Aphobos 3), 43: 134"" ;

45: 134""; fr. 8 (Contre Médon)

Baiter­Sauppe (Oral. AU., II,

p. 252) : 135" 4 ; 59 [Contre Néère],

18 : 159*" ; 22 : 159" 1.

D E N Y S D'HALICARNASSE

Antiquités romaines, I, 14, 5:

106"».

D I D Y M E CHALCENTER

Comm. ad SOPH., Él., 727

Schmidt {p. 104) : 153'".

Comm. et recens. (Υπομνήματα Πινδάρου), 14 Schmidt (pp. 220-221) : 30 1 3 4 . Comm. in oral. Alt., 19 k Schmidt (P- 315) : 159" 1. Comm. in oral. Att., 25 Schmidt (P- 315-316) : 135" 4

DIODORE DE SICILE I, 83-90: XV 4 »; III, 62: 7 1 " ; V, 69, 4 : 49" ; XV, 72, 3 : 112" 4.

DIOGÈNE L A Ë R C E

Vie des philosophes, I, no: 125"; VIII, 34: 46· , 100".

DIOGÉNIEN

3, 50 Leutsch-Schneidewin [C.P.G., I, p. 224): 122· ; 4, 72

I Ç 2 INDEX

L.­Schn. (C.P.G., I, p. 242) :

69".

DION CHRYSOSTOME

12 (Olympique), 81: i n1 4

' ; 37

(Korinthiakos), 3­4: 55".

DlOSCORIDE

De Mat. Med., I, 103 Wellmann

(PP­ 95­96) : 34 1 5 4­

DouRis DE SAMOS

76 F 7 J . : 54".

Ε

É L I E N

Histoire variée, I, 15: 99 s 2 , 102' 5;

V, 17: 9 9 " ; XII, 46: 25 1 1 3 , 65 4»,

6 7 « ; XIII, 46: 69'«.

Nature des animaux, I, 20: 17 4 8,

19" ; II, 8: 54« 8 ; II, 15: 5 3 " ;

II, 21: 88 2 2 2

; III, 37: 5g 4 ; IV, 2:

9 9 " ; IV, 4: 128»; IV, 14: 68'»;

IV, 29: 9 8 « ; V, 6: 5 4 » ; V, 17:

n1 4

, 13 2 2 ; V, 42: 27 1 2 1 ; VI, 17:

6g 8 »; VI, 63 : 6 9 8 0 ; VIII, 5: 46 ' ;

VIII, 11: 69 8», 87 2 1 » ; VIII, 12:

72 1» 2, 75 1 2 2 . 1"­" · ; IX, 13: 5 9

8 ;

IX, 5 i : 5 i8

M X , 5 9 : 5 4 n

; I X . 6 5 :

51 3 8 . 4 1

; X, 25: 73 1»»; X, 26:

128 e 1; XI, 2: 71"», 90 8 3 3 . 2 3 4

; XI,

8: n1 4

, i 2 2 » ; XI, 16: 71 e »; XI,

26: 73 1»»; XII, 1: 46»; XII, 2:

4 6 · ; XII, 5 : 6 7 " ; XII, 30: 46',

51 3 8 ; XII, 34: 70 8 ' , 122 1 2 ; XII,

39: 70 8 ' ; XII, 45; 5 5 ' · ; XIII,

26; 52" ; XV, 18: 7 2 1 0 0 ; XV, 23:

53 s 5 ; XVII, 46: 99 5 5 .

EMPÉDOCLE

31 Β 136 Diels8

­Kranz : VIII1

«.

ÉPHORE DE CUMES

70 F 119, 4 J . : no1 4 0

, i n " ' . ' « , ' « ,

j 13 1 8 1 . 1 8 2

ÉRATOSTHÈNE

fr. 12, 3 Powell: 52 s 1 ; [Catasteris­

moi], 2 Olivieri : 144" 4 ; 13 Olivie­

ri: 81 1 ' 1 .

ÉRYKIOS

dans Anthologie Palatine, VII,

36, 3: 2I8 1

.

E S C H Y L E

Agamemnon, 88: 4 1 1 9 3 ; 239:

133 8 8 ; 1038: 8 4 1 8 8 ; 1050: 104 8 »;

1257: 1288 2.

Choéphores, 794 : 158 s ' 0 ; 864 : 4 i1 8 3

.

Euménides, 2: 90 2 3 8 .

Perses, 612 : 23 8 i .

Prométhée enchaîné, 209­210:

0 0 2 3 β ­ 6 58­66o: no1 3

' ; 674­676:

10"; 1009­1010: 158 2 ' 0 ; 1021­

1022 : 96 8 8 .

Sept contre Thèbes, 24 : 94 1» ; 26 :

94 1 0 ; 291 : 69 ' 3 ; 294 : 102 8 »; 503 :

69».

Suppliantes, 42 : 158 2 6 · ; 306­308 :

10"; 313: 1 5 8 2 · 8 ; 445: 8 4 1 8 8 ;

510­511 : 69" .

Fr. 57, 8­9 N .2

: 150»»" ; fr. 87

N .2

: 41.

ÉSOPE

57 Chambry: I X1 5

; 66­69 Cham­

bry: 60'.

Elymologicum Genuinum,

s.v. Γλαΰξ: 97 3 8 . Elymologicum Gudianum,

378, 3-8 De Stefani : 72 8 5 ; 539, 1. 19 De Stefani : 4 0 1 8 8 ; 539, 1. 19-540, 1. 15 De St.: 38 1 ' 8 ; 539, 11. 20-22 De St.: 3 g 1 8 4 ; 540, 11. 11-12 De St.: 39 1 8 4 .

Elymologicum magnum, 27, 51: 126 4»; 54, 27: 48 1 8 ; 131, 23-24: n 1 4 ; 254, 1-13: 135 1 1 3 ; 255. 17-24: 5 6 " ; 280, 41-43: 115 1 8 »; 287, 14-18: 79 1 5 2 ; 371, 29-48: 8 i 1 8 ' ; 383, 27-36: 38 1 ' 8 ; 383, 35-36: 3 9 1 8 4 ; 413, 14-29: X ! » ; 473. 42-46: i 5 3 m ; 547. 17: 156 2 "; 577. 34-35: 2 1 " ; 577. 4 ° : 22 ' 4 ; 577. 4 1 : 2 i 8 4 ; 582, 34-36: 24 1 1 0 ; 644, 6-12 : 7 2 · ' ; 709, 30-37 : 105 8 4 ; 747, 48: 126 4 3; 747, 52 -748, 3: 1264 4, 140 1 4 1 ; 768, 17-19: 123"; 774, 56-57: 27 1 2».

Elymologicum Orionum, 61, 12-15 :38 1 ! s .

EUBOULOS

fr, 32 Kock (C. A. F., II, p. 175) : g4.

INDEX

EUMÉLOS

fr 14 Kinkel: 136'»°

EUPHRONIOS

fr. 71 Strecker : 122

HURI PID H

Alceste, 446­447: 62".

Andromaque, 269: 7 1 " ; 621:

158"»; 711 : 158»· .

Bacchantes, 99­100: ι^ο8 0

· ­ .

098: 87 ! 1 "; 699­700: 128*»; 735­

747: 1 5 0 · " ; 767­768: 8 7 2 1 0 ; 920­

922: 150·°·; 1018: 150 s 0".

Électre, 513: 125".

Hécube, 206: 158»»; 526: 158»»».

Hélène, 1301­1368: 3 ο 1 3 8 .

Héraclès furieux, 683 : 62".

Hippolyte, 76­77: 2 0 " ; 84­87:

135" ' ; 546: 158" 0 ; 415: 49 ' ° ;

1214: 146 1 "; 1247­1248: Ι 4 6 1 8 ί ; 1285-1439: I351"; 1318-1319: 146 1 8 8 . Ion, 18-26: 8 0 " · ; 20-21: 8 0 1 8 · ; 20-26: 7 θ " ; 22-23: 8 1 1 , 0 ; 22-32: 8 0 " · ; 24-26: 79 1 1 ' ; 26-27: 82 1 8 » ; 267-270: 8 0 1 · 2 ; 267-274: 8 0 1 · 5 ; 344: 82 1 8 »; 897-901: 82 1 8 » ; 902-904: 93 4 ; 1196-1208: 9 5 1 · ; 1261 : 1491 1423: 70 8 1427-1432 : g 0i»ê, ut. 1.2. ,458­1459: 82 1 8 ».

Iphtgénie à Aulis, 1623: 158" · .

lphigénie en Tauride, 28: 14ο 1 4 1 ;

1452­1461 : ΐ 4 θ 1 4 · ; 1457: i2& 4 4 . Phéniciennes, 838­840: 94'" ; 947 :

158«'».

Suppliantes, 629: 158""".

Fr. Antiope, 41 von Arnim

(Kleine Texte, 112 [1913], p. 22) :

l6o«" ; fr. 368 N 8

: 112 1 8» ; fr.

767 N 8

: 1 3 0 " ; fr. 925 X.» ;

8 0 ' · ' , 8 1 1 , 1

; fr. 989 a X .3

: 94 1 0 ;

fr. 1021 Ν.8

: 112 1 ", 1131 * 1.

E U S È B E

Chronique, pp. 109­170 Fotlie­

ringhani : 112 1 5 ' .

Praeparatio evangelica, IV", 9, 3­7 :

1253 3.

E U S T A T H E

395. 30­47: 18 8 4 ; 396, 1­17:

19· · ; 558, 14­16: 115 1 8 0 ; 711

51­52 : 131"; 1067, 36­41 : 5 3 i 8

" 3 9 , 57: X I V3

' ; 1197, 29­32

5 2 · · ; 1205, 22­23: 146"' ; 1227

34­38: 151»·»; 1262,60­62: 102"

1304· 5 8 :

'55'": 1423. 8: 79 ' "

1425, 62­63: 123 3»; 1454, 25­26

n1 4

; 1625, 35­36: 38 1 " ; 1676

34­42: 123 1»; 1720, 56­59: 49

1760, 41­42: 67", 1071"*; 1910,

18­22 : 127".

l'ESTUS

De verborum signification. 67

Lindsay (p. 59) : 87" 1 3.

FLAVIUS JOSÈPHE

Antiquités judaïques, III, 7, 5:

39' III, 8, 9: 39'

G

GALIEN

Protreptique, 9 Kühn (I, p. 21)

VIII1 1

.

Geoponica,

XIII, 12 : ί ο 8 ; XVII, u : 108. GRÉGOIRE DE CORINTHE

De ciialecto Dorica, 140 Boisso

nade­Schäfer (p. 326): 14617".

GRÉGOIRE DE NYSSE

Discours, I : 54".

H

HARPOCRATION

s.v. Αυτόχθονες: 8 ο 1 · 4 ; s.v. όεκατεύειν: I35 u 3 i s-v- Κτησίου Διός : 8 4 1 8 8 ; s.v. Παρΐΐαι οφεις : 75 ' " ·

HÉGÉSANDROS

fr. 39 Müller (i-'.W.f;., IV, p. 420) : 5 2 « .

HÉGÉSIPPOS dans Anthologie Palatine, VI, 266: 31 1 4 1 .

HELLANICOS DE LESBOS

4 F 161 J . : 17' 3; 323 a F 13 J . : I22 1 2 .

194 INDEX

HÉNIOCHOS

fr. 2, 2 Kock (C.A.F., II, p. 432) :

124". » .

H É R A C L I D E PONÏIQUE

fr. 136 Wehrli«: 112" 3 · » ' ; fr.

153 Wehrli3

: 12".

HÉRODIEN

s.v. ζώον Lentz (Gramm. Graeci, III, 2, p. 516): X 2 »; s.v. Δοθιήν Lentz (G.G., III, 2, p. 923, 11. 8-9) : 4 ο 1 8 8 .

HÉRODOTE

I, 23­24: 54 8 8 ; I, 46: m1 4 2

; I,

78, 3: 7 0 " ; II, 38­42: X V4 2

;

II, 45­48: X V4 2

; II, 55­56:

113 1 8 8 ; II, 55, 1: 102", 104 8 ',

I I 3 1 " ; II, 55, 3: IO4 8 ' , II21 5 8

,

u j i e i . ι ι 5Ö_ j · I I 2 i " ; Π, 57, 2 :

102"; II, 66­69: X V4 2

; II, 71­

76: X V4 8

; II, 171: 34'«·; IV,

183, 5: 71·»; VI, 133­136: 29 1 3 1 ;

VI, 138: 131 8 8 · 8

' ; VII, 113, 2:

1 5 1 " · ; VIII, 41: 71 9 »; VIII, 41,

3­4: 78 1 " . 79 1 4 ' , 89 8 8 β ; IX,

81, ι : g o8

" .

HÉRONDAS

4 , i : 7 3 U 3 ; 4 , 11­13: ι ο ο8 9

; 4,90­

91: 8 8 · " ; 11: 7 3 1 " ; 26: 73 1 1 8 .

HÉROPYTHOS

448 F ι J. : 49» .

HÉSIODE

Théogonie, 280­281: 147 1 8 ' ; 353:

115"«; 406: 24 1 » 6 ; 573­576:

3 1 1 4 8 ; 927­929: 82 1 ".

Travaux et jours, 232­233 :

22β», »s­ 236­237 : 47" ; 2 77 '­

I X " ; 448: 94'; 486: 94 ' : 5&8:

94'; 582­586: ι 7 " ; 583: ι 6 " ,

ι 8 " ; 584: ι 6 " , ι 8 " ; 592­594 :

ι ό " ; 679: 94 ' ; 698: Ι 3 4 1 " ; 828: 9 4 " · Fr. 163 Merkelbach-West : 136 1 " ; fr. 240 M.-W. : m " » ; fr. 275 M.-W.: 8 9 « ' ; fr. 319 M.-W. : i n 1 8 » . [Bouclier], 104 : I 4 6 m ; 393-397 : 18·».

HÉSYCHIOS

A 1737: 126 4 0; A 4886: 1214

;

A 7267: 1552

"; A 7280: I391 3 8

;

A 7281: 130'·· " , 131" ; B 1067 :

131 " , 132 8 8 ; Γ 88: 65 4 ' ; £ 6 3 3 5 :

3 8 » * ; # 3 9 2 : 3 ΐ » ' ; tf393:3im; K 745: 128"; K 4144: 126"; Λ 1389: 128"; A 1390: 128"; M 597: 24 1 1 0 ; M 602: 24 1 1 0 ; M 718: 24 1 » 1 ; M 719: 28"' , 3 5 ' " : M 1294: 34 1 ", 3 5 ' " ; O 270: 78"'. 1 4 8 ; O 1275: 331", 3 5 1 · 2 ; Π 765: 75 1 » . 1 2 5 ; Π 1025: 75" · ; Π 1306: i o g 1 2 1 ; Π 4021:

148" ' ; ƒ7 4496: I59a"; Π 4500: Ι 5 8 · Ό , m; Γ 248: 1 4 6 " · ; Γ 2 5 0 : ι 4 6 > " ; Τ 253: 146 1 "; Τ 254 : Ι 2 6 4 3 ; Τ 40I : 124"; Τ 670: 17" ; Υ 95: 27""; Χ 6οο: I26 4 8 .

HIMÉRIOS

48 (In Hermogenem), 10­11 Colon­

na: 97 4 1 ; n C. (11. 124­127):

18", 97" .

H i P P O C R A T E (pseudo­)

Lettres, 15 Littré (IX, p. 340) :

88 2 1 ' .

Régime, II, 46: 1212

; II, 48­49:

4 7 " ·

HOMÈRE

A 39: 6 7 " ; A 206: 97· · ; A 551 :

1522

«; B 87­90: 20"; B 308­

309: 71 · · , 8 9 · " ; B 402­403:

I24 2 8 ; B 459­468: 93 3 ; B 502:

1 1 6 ' » ; Γ 33­35: 6g"; Γ i o 3 :

125"; Γ 150­152: i g " ; Γ 449:

IX"; Ε 37o: 115 1 "; Ε 381:

ι ι 5 " · . ' » ; Ε 734­735: 3 ι1 4 8

;

Ε 778: ι ο ί 8 8 , ΐ 0 2 8 ° ; Ζ 93-94: Ι24" 8 ; Ή 59-60: 96" · 3 3 ; Κ 292: 124"; Α 634: ι ο ί 8 8 ; Λ 728:

Ι 4 5 ι " ; Μ 167-170: 2 ΐ 8 3 ; Μ 20Ο-2og: 71"; Ο 238: 103"; Ο 586:

I X " ; Π 233-235: Ι 0 5 " , I I O u i , ia» m l « , 112 1", 114 1 ";

Π 4°7: 5 3 " ; Σ 593: 146 1 "; Τ 38-39: 2 3

8 8 ; Φ 132: 151·"; Φ 237: Ι 4 9 8 0 * ; Φ 493 : ι ο ι ' 8 ;

INDEX

Χ 140: ι ο ί · * ; ψ 171-172: Ι 5 1 * " ; Ψ 853: ι ο ί " ; Ψ 855: ι ο ί " ;

Ψ 874: ι ο ί " ; Ω 3 ΙΟ-3ΙΙ : 96". α 25: Ι 4 5 ' " ; a 44 : 9 7 " ; α 443: 2 7 ' " ; β 181-182: 9 4 " ; y 6: 125"; y 37 2 : 9 6 " ; y 382 : 124"; t 434: 2 7 ' " ; κ i j l : I X " ; κ 180: IX"; κ 518-519: 2 3 " ; κ 5 2 7 :

125"; λ 3 2 -33: 125"; λ 130: 145"*; λ 131 : 123", 145"*; μ 62: ι ο ί " , Ι ΐ 6 " ° ; μ 63 : Ι ΐ 6 " ° ; ν 102-109: 3 2 ' " ; ν 104: 3 2 " * ; f 21 : IX"; ξ 327-328: n o 1 " , n i 1 " ; ο 525-526: 9 5 " ; ο 527: ι ο ί " ; τ 296-297: n o 1 " , i n 1 * 0 ; υ 243: ι ο ί " ; 395: ι4"'· Χ 24°-9 7 " ; Χ 468 : ι ο ί " .

[Hymne à Aphrodite ( ι ) ] , 4 :

I X " ; 256­263: 157*"·

[Hymne à Apollon], 93: 115"*;

230­238: 151" ' ; 300­302: 7 0 " ;

300­304: 9 0 " ' ; 372­373: 9 1 " · ;

392­396: 5 6 " ; 400­439: 56" ,

5 7 " ; 493­495: 56".

[Hymne à Apollon (2)], 1 :

9 7 "

[Hymne d Artémis], 2: 127".

[Hymne à Asclépios], 1­2: 86»°";

4; 86«°'.

[Hymne à Déméter], 5: 3 2 ' " ; 50:

2 7 " ° ; 94­300: 30 1 3 4 ; 99: 2 7 1 ' 0 ;

105­106: 2 7 U 0 ; 123: 3 1 " · ; 208­

209: 2 7 " ° ; 491 : 29 1 '».

[Hymne â Dionysos], 52­53 :

57".

[Hymne à Hermès], 20­53: 6 1 " ;

27: 6 2 " ; 552­563: 25 1 1 3 .

[Hymne d Poseidon], 5: 153"'.

HORACE

Satires, I, 3, 26­27: 87*'".

H Y G I N

Astronomiques, II, 5: 5 6 " ; II,

73: 8 1 " · .

Fables, 53: 9 8 " ; 166: 8 1 " · · " » ;

i 8 7 : 153»' .

HYPÉRIDE

3 (Pour Euxénippe), 24: m "1

.

Fr. 80 Kenyon : 75 1 " .

I

INSCRIPTIONS

CLL., III, 498: 159»· .

W . DITTENBERGER, S,I.G.*, 352,1.

6: 3 9 " ° ; 1024, II.8­9: 5 0 " ; 1025,

1. 61: 123"; 1040, 11. 9­10: i 2 i ' .

R. HERZOG, Die Wunderheilun­

gen von Epidauros..., dans Phi­

lologus, Suppl. 22 (1931), n°» 17:

8 7 ' " . »•»; 20: 86 '» · ; 26: 86'°«;

33: 87«»».·'»; 39: 87· ·»; 42:

87·°"; 44: 8 7 ' ° » · " ° ; 58: 87»°·.

E. L. HICKS, I BM., III (Ox­

ford, 1890), n0 ï 447: 38 1 ' 3 ,

3 9 " · ; 448: 3 8 m , 3 9 " ° ; 451:

3 8 " · , 3 9 " ' ; 453: 38" ' , 3 9 " ' ;

455: 38" ' , 3 9 ' " ; 457: 3 8 " · ,

3 9 " ' ; 467: 38"», 3 9 1 " ; 578 c:

38 1 " . " ' , 3 9 " · .

0 . HOFFMANN, Die Orakel­

inschriften aus Dodona, dans

S.G.D.I., II (Göttingen, 1899),

1557­1598: 111 1* 1· u * .

1. G., I«, 372, 1. 42: I X " ; II',

1368,11. 141­144: 1 5 7 · " . · " ; II',

2361, 1. 16; 158»"; II', 4617­

4621: 8 4 " ' ; I V , 1272: 24"*; V i ,

594, 11. 2­6: 159'", 160»"; 1444:

159 '" ; X I I 3, 199, 1. 3: 2 4 1 0 · ;

X I I 3, 418: 121'; X I I 5, 134,

1. 12: 29 1 3 1 ; X I I 5, 325: 2 9 1 " ;

X I I 5, 569, 1. 5: 27 1 ·»; X I I ,

Suppl., 381­388: 160"».

J . K E I L , Zur ephesischen ΐσσηνία dans Jahreshefte des österr. arch. Inst, in Wien, 36 (1946), Bei­blatt, p. 14: 38" ' . A. PLASSART - Ch. PICARD, Ins­

criptions d'Éolie et d'Ionie, dans B. C.H., 37 (1913), pp. 166-168, n° 3, 1. 10 : 14". A. PLASSART, Inscriptions de Thespies, dans B.C.H., 82 (1958), pp. 122-123, n - 98 : 29 1 " . W . P E E K , Griech. Vers-Inschrif-ten, I (Berlin, 1955), 1122, 3: 141 1 " ; 1177: 158" 1.

INDEX

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Epigr. Mitt, aus Österr.­Ungarn,

17 (1894), 95 : 150 s " .

F . SOKOLOWSKI, Lois sacrées de

l'Asie mineure, Paris, 1955, 17:

46 ' ; 36: 99 6 β ; 86: gg81

.

Lois sacrées des cités grecques,

Suppl., Paris, 1962, 28: 15g 2 7 3 ;

37: 122 1 2 ; 54, U. 2­3: 46 e ; 67,

11. 2­4: 122"; g 4 , 11. 3­5, 6, 8,

11­12: 124 2 4, I 52 2 S 1 ; 101, 11. 3, 5:

124"; 101, 1. 4 : 124 2 2; 110, 11. 2,

4: 124 2 3; 115 A 73 ­ B 27, § 7:

j^çiae, 188

Lois sacrées des cités grecques,

Paris, ig6g, 1 A , 11. g, 14: 124 2 ' ;

4, 1. 5: 123 2 0 ; 5, 1. 37: 123 2»;

10 C, 1. 11: 124 2 7 ; 18 B, 11. 17­18:

124 2 6; 29, 11. 6­7: 1242 6. 2 7 ; 3g,

11. 20­26: gg5

"; 45, 1. 4: ΐ 2 4 2 β ; 65, 1. 68: 123"; g6, 1. 6: 125 3 8 ; 96, 1. 8: 50 3 3 ; g6, 1. g: 50 3 3 , 124", 125 3 8 ; g6, 11. 10-12: 50 3 6 , 123 s 1 ; g6, 1. 16: 123"; 96, 1. 25: 124 2 8 ; 126: 9 9 " ; 142, 11. 4-6: 1242 8, I25 3 S ; 169 A , 1. 6: 125 3 1 ; 169 A , 11. 9-10 : I24 2 ' . Tituli Asiae Minoris, I, 84, 1. 3 : 45 3 ·

ISÉE

8 (Suce, de Ciron), 16: 84 1 9 8 .

ISIDORE D E SÉVILLE

Origines, X V I , 14, 7: 7 5 m .

ISOCRATE

10 (Éloge d'Hélène), 18­ig: 134 1 0 8 .

ι [À Démonicos], 52: 22 8 8 .

ISTROS

334 F 5 1

J ­: Ι 2 3 Ι β . 124"

J

JAMBLIQUE

Vie de Pythagore, 147: 100· 2 .

J E A N L'ÉVANGÉLISTE (S.)

Apocalypse, 13, 1­3, 11­18: I X1 8

.

J U L I E N

dans Anthologie Palatine, V I , 12 :

4 8 " ; V I , 25: 4 6 8 ; V I , 28­2g: 4g 1 8 .

JUSTIN

17, 3, 4 : n o1 3 3

.

L

L A C T A N C E

Divinarum Institutionen libri,

I, 17, 11­15 (C.S.E.L., XIX,

p. 66): 8 ι 1 β 7 ; I, 22, 19­20

(C.S.E.L., XIX, p. 91): 3o ' 3 8 .

LACTANCTIUS PLACIDUS

Comm. in Statii Thebaïda, VII,

261 Jahnke (p. 357): 116 1 9 1 .

LÉONIDAS D E T A R E N T E

dans Anthologie Palatine, VI, 120,

7­8: 18 6 8. 5 9

; VI, 288: 3 1 » 2 ; VI,

289: 3 1 1 4 2 ; VII, igo, ι (voir

A N V T È ) : 16 4 0.

LONGUS

Daphnis et Chloé, I, g, 1 : 20 7 8 .

LUCAIN

Pharsale, VI, 3g6­3g8: i5 3 2 3 « ;

VI, 426­427 : m1 4

" .

L U C I E N

Alexandre, ou le faux prophète,

7: 70 8 8 .

Éloge de la mouche, 12: ίο". Hermotime, 20: 146 1 8 0 . Pseudologiste, 1 : ig 8 8 . Sacrifices, 12: 122 1 3. Scythe, 2: 151 2 1 8 . [Déesse syrienne], 45: 46".

LYCOPHRON

Alexandra, 77: 1215.

LYSIAS

fr. 250 Baiter­Sauppe (Orat. AU.,

II, p. 20g) : 135 1 1 4.

M

MACÉDONIOS

dans Anthologie Palatine, VI, 70:

4 9 " ·

M A N U E L PHILIS

De animalium proprietate, 4g8­

506: 19 e 5 ; n 27­1132: 144 1 8 3.

MARINUS

Vie de Proclos, 30: 86 8» 8 .

M A X I M E DE T Y R

8, ι B Hobein (p. 87) : m1 4 7

; 29,

7 C Hobein (p. 347): n i1 4 7

.

INDEX 197

MÉLANTHIOS

326 F 2 J. : 52".

MÉLÉAGRE

dans Anthologie Palatine, VII,

196: 16", 18".

MÉNODOTE DE SAMOS

541 F 2 J. : gg«'.

MNASÉAS DE PATARA

fr. 2 Müller (F.H.G,, III, p. 149):

153«"; fr. 5 M . (F.H.G., III,

p. 150): 3 2 " 1 ; fr. n M. (F.H.G.,

Ill, p. 151): 9 9 " ; fr. 32 M.

(F.H.G., Ill , p. 155): 46«.

MOSCHOS

Europe, 34: 31 1 « 1 ; 37: 31 1«'.

MYRSILOS DE LESBOS

477 F M J : 56" ·

MYTHOGRAPHUS VATICANUS

I, 47 Bode (p. 18, 11. 4­5) : 148'".

N

NICANDRE

Alexipharmaka, 60: 99 s 3 ; 535:

9 9 " ; 554 ­ 22".

Theriaka, 438: 72 1 " , 73 1 « ' ; 441:

74" ' ; 443­444: 7 2 ""­ 73""· 1 1 3 ;

741 : 21" .

Fr. 58 Schneider : 14ο 1* 1

; fr. 99

Schneider : 12O«0.

NlCANOR

fr. 6 Müller (F.H.G., III, p. 633) :

29 1 " .

NONNOS

Dionysiaques, V, 243­246: 2 0 " ;

V, 565­568: 7 1 » ; VI, 123­154:

3 2 " ' ; VI, 156­160: 7 3 u » ; VI,

387­388: 9 4 · ; VIII, 322: 149" 3 ;

IX, 14­15: 150»«·; XII, 319­323:

73"»; XIII, 199­200: 17"; XVII,

371: 2 2 " ; XXII, 22­24: 2 2 " ;

X X V , 488: 7 4 " ° ; XXXIII , 2:

150«"; X X X I V , 352­356: 31" ' .

O

OLYMPIODORE

Vie de Platon, Westermann (p. 4,

11. 27­31) : 119"".

OPPIEN

Cynégétiques, I, 351: i o i ' ° ; III,

139­169: 144 1".

Halieutiques, I, 126­127: 50" ;

I, 186­211: 5 3 " ; I, 643: 54" ;

I, 646­685: 54" ; I, 649­653:

5 7 " ; II, 199­252: 45 ' ; II, 533:

54" ; II, 542: 54" ; V, 67­102:

5 3 " ; V, 416­588: 5 4 » ; V, 425­

447: 54»»; V, 441 : 5 4 · » ; V, 453­

457: 55" · ORIGÈNE

Contre Celse, IV, 88­92: 9 4 " ;

VII, 3, 6, 7: 112"«.

Orphicorum fragmenta,

31, 28 Kern : 32"« ; 34 K. : 3 2 " · ;

178 K. : 3 2 " · ; 192 K. : 3 2 » · ;

193 K. : 32'«·.

OVIDE

Métamorphoses, II, 542­632 : 9 8 " ;

V, 256­259: 157"»; V, 262­268:

157" ' ; V, 393: 3 1 ' " : VI, 5­145:

16"; VI, 381: 6 1 " ; VI, 412­676:

98«"; XI, 775­777: 69".

P

PAPPOS

Collection mathématique, V, 1­3 :

21" .

PAPYRUS

C. AUSTIN, Nova Fragmenta

Eurip., Berlin, 1968, p. 14, fr. 2,

11. 20­25 : no1 3

".

Β . P. G R E N F E L L ­ A . S. H U N T ,

New Classical Fragments, Oxford,

1897, X X , col. 2, 1. 5: 159'".

P. Hamb., 118, col. II, 11. 45­50:

no1

", 115 1".

P. Oxy., 1802, fr. 3, col. 2 :

2 8 1 " ; 2146, 11. 9­12: 159"«.

D . L. PAGE, Greek Literary Pa­

pyri, Londres­Cambridge (Mass.),

1942, pp. 408­409, n° 91: 28 1 " .

Th. REINACH, Papyrus grecs et

démotiques, Paris, 1905, 10, 1. 6:

159'"; 14, 11· 6­7: 159"*; 15,

11. 5­6: 159·" .

198 INDEX

U . W I L C K E N , Mitteilungen aus

der Würzburger Papyrussamm­

lung, dans Abhandl. der preuss.

Akademie der Wissenschaften,

1933 [1934]. Ρ Ρ · " ­ ι * : 106 1 0 5 .

P A U L L E SILENTIAIRE

dans Anthologie Palatine, VI,

54: 19".

PAUSANIAS

I. 5. 3: 9 7 " : I. !3. 3: I 0 9 m

I, 17, 5: 109 1 " ; I, 19, 6: 127"

I, 21, 6: 151" 0 ; I, 24, 5­7

77 1 I, 24, 7: 7 7 1 " , 8i» I

24, 8: 13"; I, 30, 4: 153«»

I, 32, ι : 1 4 1 " 0 ; I, 36, ι : 71»°

I, 36, 4: 109 1 2 5 , i n »1

; I, 38, ι

5 i3

» ; I, 44, 7­8: 5 6 « ; II, I, 3

5 6 " ; II, 3, 4: 126"; II, 9, 7

128"; II, 10, 3: 8 8 » ' ; II, I i , 8

87»°»; II, 15, 2: 6 9 " ; II, 17, 4

9 6 " ; II, 19, 3: 128"; II, 26, 5

8 6 2 0 8 ; II, 27, 2: 8 6 2 0 8 ; II, 28, 1

72 101, 10!

. 75' 4 , 87 s 0 ' , 88 s

II, 31, 9: 157" ' ; II, 35, ι : 126"

II, 36, 1: g ó3 8

; III, 14, 9: 121'

126»; III, 15, 9; 126« ; III, 20,

2; 121 s; III, 20, 4: 141 1 4 9

I 5 I » ° ; III, 20, 8: 7 5 " · ; III, 21

5: 5 1 " ; III, 23, 7: 8 8 » ' ; IV

n , 3: 141 1 " ; IV, 14,7: 7 0 "

IV, 31, 9; 99". 127"; IV. 33, 4

126"; IV, 34, 2: I X1 8

; IV, 34, 6

9 5 " ; V, 13, 2: 125 3 ' ; V, 14, ι

n " ; V, 15, 5­6: 152*"; V, 17

5­10: 64" ; V, 27, 8: 126". "

V, 27, 9: 50», 1 4 6 1 » ; VI, 2, 4

64" ; VI, 20, 2­6: 8 6 " 8 ; VI, 20

5: 6 9 " ; VI, 21, 3: 64" ; VI, 22

10: 127 s 0 ; VI, 25, 1: 62". 8 8

63", 6 7 " ; VI, 25, 4: 8 6 1 8 8 ; VII

18, 11­13: 127"; VII, 20, 3­4

126"; VII, 21, 1­5; 109 1 "

no*3 8

; VII, 22, 4: 5 1 " ; VIII

2, 1­6: 129 8 8 ; VIII, 3, 6­7

136" 1 ; VIII, 4,4: 6 9 " ; VIII

4, 7: 6 9 » ; VIII, 7, 2: 151" 1

VIII, 8, 2: 153" 4 ; VIII, 8, 4

7 0 " ; VIII, n , 8: 7 0 " ; VIII

n , 12: 109 1 "; VIII, 13, ι

38 1 ' 4 . " ' , 3 9 1 7 8 · 1 8 1

; VIII, 16, 3

6 9 " ; VIII, 17, 3: 141 1 4 8 ; VIII

17, 5: 6 2 " ; VIII, 23, 5: 109 1 "

VIII, 23, 9; 141 1 " ; VIII, 25

4­6; 27"» ; VIII, 25, 6: 155» 4

VIII, 25, 7: 154" 2 ; VIII, 25, 9

155" ' ; VIII, 26, 7: I21 8

; VIII

28, 6: 109 1 2 5 ; VIII, 32, 3: 6 3 "

VIII, 35, 8: 137" 3 ; VIII, 37, 4

8 4ιββ. VIII, 37, 8: 122»; VIII

38,6­7: 129 8 8 ; VIII, 38, 8: 128"

VIII, 41, 6: 5 1 4 4 ; VIII, 42, 1­2

154"»; VIII, 42, 4: 84 1 8 8

1 5 4 " · . « « ; VIII, 42, 11: 23·»

155 2 4 8 ; VIII, 54, 7: 6 2 " ; IX

8, 1: 109 1 2 5 ; IX, 8, 2: 126»

IX, 10, 5: 70 8 8

; IX, 12, 1 : 1218

IX, 13, 5: 152 8 "; IX, 19, 7

122 1 1; IX, 22, ι : 126 4 2; IX, 25

8: 109 1 " ; IX, 39, 3: 86 2 » 4 ; IX

39, 5: 1 5 2 » ' ; X, 5, 9: 37""

X, 9, 3­4 '· 50". 146" 1 ; X, 10, 7

9 4 ; X, 12, 10: 38 1 ' 2 , 109 1 "

i n1 4 8

, 115 1 " ; X, 26, 3: 70 8 4 ; X

28, 3: 2 9 1 3 0 ; X, 29, ι : 125 8 ' ; X

32, 16: 128"; X, 33,9­10: 69 ' 8 · 7 8

PERSÈS

dans Anthologie Palatine, VI,

112 : 127".

PHANODÉMOS

325 F 2 J . : 9 8 " ; 325 F 3 J ­ :

122 1 2; 325 F 14 J . : 140" 1 ; 325 F

20 J . : 6 5

4 ' .

PHÉRÉCRATÈS

fr. 28 Kock (C.A.F., I, p. 153):

124"; fr. 39 Kock (C.A.F., I,

p. 155) : 52 4 8 .

PHÉRÉCYDE

3 F 157 J . : 136"».

PHILIPPE DE THESSALONIQUE

dans Anthologie Palatine, VI,

5; 4 9 " ·

PHILISTOS DE SYRACUSE

556 F 57 J. : 65" .

PHILOCHORE

328F101 J . : 131". 8 ' ; 328 F 169

a­b J. : 125".

INDEX I 9 9

PHILOSTÉPHANOS

fr. ι Müller (F.H.G., III, p. 29) :

50» .

PHILOSTRATE

Vie d'Apollonios, III, 8: 7 3 1 0 · ,

7 4 1 » ; VII, 24: 8 3 ' » .

PHILOSTRATE L E J E U N E

Hiroïkos, X, 2 Kayser (II,

p. 177): 125».

Imagines, II, 8, 6: 2 5 1 " ; II, 17, 6 :

79»" ; II, 24 : 121* ; II, 33, 1 : 105".

PHOTIOS

s.v. Οίκουρόν όφιν Naber (II, p. 6) : 78 1 " . s.v. "Οφεις παρειάς Ν. (II, p. 40) :

IIS, li?

s.f. Παρεΐαι όφεις Ν. (II, p. 6ι) :

7 5 " ' · s.v. Προς φθείρα κείρασθαι Ν. (II, ρ. ι ι 4 ) : 9'. s.v. Ταυροπόλον Ν. (II, ρ. 2θΐ) : 126". s.v. Τριττύαν Ν. (II, pp. 227-228) : 123".

P H Y L A R Q U E

81 F 72 J . : 78 '» . PINDARE

Isthmiques, 4 : 29 1 " . Néméennes, 3, 53­55 : 86*"* ; 6, 64 :

54"

Olympiques, 6, 45­47: 25 1 ",

2 6 " · , 92"«· " · ; 13, 21 : 9 5 " ; 13,

63­69: 153" ' ; 13, 68­6gb: 125'«.

Pythiques, 1, 25: 7 1 " ; 1, 66 160»

35" '

2, 50­51: 54' 3.

3, 47­53: 86«»·; 4, 61

3 7 1 · · ; 6, 54: 26" ' ; 10, 53­54

2 5 " · , 2 6 " · .

Fr. 67 Turyn: 1 1 2 " · , 113"*;

fr. 68 T. : 105», 106" ; fr. 113

T. : 48»· ; fr. 131, 9 T. : 2 6 » " ; fr.

176 T. : 26 1 1 * ; fr. 222, 13­17 T. :

55" , ' · ; fr. 222, 15 : 5 4 "

PLATON

Banquet, 191 C: 17".

Critias, 109 C­D: 8 2 1 · 1 ; 113 E :

1 5 7 " · ; 117 A ­ B : 157""; 119 D ­

120 C : 145"'.

Euthyphron, 6 A : X V » .

Ion, 534 B : 22", 25 1 " .

Lois, VIII, 843 D ­ E : 22» .

Ménexène, 237 D: X " .

Phédon, 70 D : X " ; 80 E ­ 82 C

ι ι 8 · · · ; 82 A : 118" 3 ; 82 B

21" , 2 2 " ; 85 B : 119 ·° ' ; 118 A

X V « , 100' · .

Phèdre, 230 B ­ C : X V » ; 244 B :

ι ι ι1 4

· , 112 1 "; 246 A ­ 252 C :

118»»·; 249 D: ι ι 8 » β · ; 259 B ­

262 D: 19"; 262 D: 18".

Politique, 293 D: 22".

Protagoras, 320 C ­ 321 E

IX'4

; 321 Β : X » ; 321 D: 8 2 1 "

République, III, 404 B ­ C : 53"

VII, 520 B : 4 0 " · ; VII, 532 B

Χ ·3

; VIII, 559 D: I X1

· ; X,

618 A : 118" 4 ; X, 620 A ­ B :

118»·'.

Sophiste, 233 Ε : X»3

; 265 C : X"'.

Timée, 77 Β : X " ; 90 E ­ 92 C :

II8»°>; 91 D ­ E : n 8 " \ 92 B :

45'

[Second Alcibiade], 149 A : 122".

PLATON L E COMIQUE

fr. 173, 19­20 Kock (C.A.F., I,

p. 647) : 48".

PLINE L'ANCIEN

Histoire naturelle, II, 228: m1

" ;

V, 142: 141" ' ; VIII, 126­131:

144 1 · 3 ; VIII, 227: 59 4 ; IX, 28:

54", 5 5 " ; IX, 29­33: 5 4 " : X.

73: 101»; X, 75: n " , 13" ; X,

104­106: 101"; X, 204: 102 ' · ;

XI, 21: 2 3 " ; XI, 53­54: 4 0 1 · · ;

XI, 119: 102»; XIII, 136: 50 3 4 ;

XVIII, 361: 59' ; X X V I , 103:

5 0 » ; X X I X , 106: u » ; X X X I I ,

17: 46' ; X X X I V , 70: 6 3 » ;

X X X V I I , 158: 75 '» .

PLUTARQUE

Amatorius, 9 (Mor., 753 D) :

159·" .

De amore prolis, 2 (Mor., 494 C) :

144·· 3 .

Bruta animalia ratione uti (Mor.,

985 D ­ 992 E) : VIII»·.

200 INDEX

Coniugalia praecepta, 32 (Mor.,

142 D) : 63s0

.

De defectu oraculorum, 49 (Mor.,

437 A­B) : 12213

.

De esu carnium (Mor., 993 A ­

999 B) : VIII» .

De fortuna Romanorum, 12 (Mor.,

325 C) : 99».

Isis et Osiris, 35 (Mor., 364 F) :

150"», «ο; 69 (Mor., 378 Ε ) :

351 , s

; 70­75 (Mor., 379 A ­

382 A) : X V « ; 74 (Mor., 380 F) :

94"­ 95"; 75 (Mor., 381 Ε ) :

63"; 76 (Mor., 382 A­B): 166­

167.

Mulierum virtutes, 2 (Mor., 244

B­E): 127".

Platonicae quaestiones, 6 (Mor.,

1004 C­D) : 118»»*.

De Pythiae oraculis, 12 (Mor.,

399 E­F) : 6 1 » » ; 17 (Mor.,

402 D) : 371

"; 22 (Mor., 405 D) :

95",

Quaestionum convivalium libri,

V, ι (Mor., 673 E): 22e

»; VII,

7, 3 (Mor., 727 E) : i88

° . 8 3

, 20";

VIII, 8 (Mor., 728 D ­ 730 F):

46 · ; VIII, 8, 4 (Mor., 730 E) :

46e

, 513

'.

Quaestiones Graecae, 36 (Mor.,

299 B) : 150'°».

Quaestiones Romanae, 90 (Mor.,

285 E­F) : 12" ; 94 (Mor., 286 D) :

88»». » ' ; 98 (Mor., 287 B­D):

99"·

Quomodo adolescens ... debeat,

12 (Mor., 32 E­F) : 22e

».

Quomodo quis ... profectus, 8

(Mor., 79 C) : 22".

De recta ratione audiendi, 8

(Mor., 41 E­F) : 22e

».

Septem sapientium convivium, 18

(Mor., 161 B­F): 54", 55'«; 20

(Mor., 163 A­D): 56"; 21 (Mor.,

164 A): 61».

De sollertia animalium (Mor.,

959 Β ­ 985 C) : V I I I » ; 2 (Mor.,

960 A): X " ; 4 (Mor., 962 A) :

X " ; 20 (Mor., 974 A): V I I I » ;

22 (Mor., 975 B) : 45s

, 66s8

,

94"; 23 (Mor., 976 C): 45s

;

32 (Mor., 981 D) : 52s1

, 53s

' ;

36 (Mor., 984 A) : 56e 8

; 36 (Mor.,

984 C­D) : 55» ; 36 (Mor., 984 E) :

56".

De tranquillitate animi, 5 (Mor.,

467 C) : 2289

.

Vie de Démosthène, 26, 6: 79m

.

Vie de Lucullus, 10, 1 : i25 3 8

.

Vie de Numa, 8, 13: XIV3 7

.

Vie de Périclès, 13­14: 77"".

Vie de Phocion, 28, 2: 112"'.

Vie de Pyrrhus, 1, 1: 106".

Vie de Thémistocle, 10, 1­2 :

78"». 1 1 8

; 12,1: 95»° ; 26, 3 : 96".

POLÉMON

fr. 31 Preller: io68 8

.

P O L L U X

III, 52: 13188

; VII, 55: 133";

VIII, 107: 1338

»; VIII, 119:

56". 8 3

; X , 125: 311

«.

POLYCHARMOS

770 F 2 a­c J . : 45'.

P O L Y E N

Strategemata, VI, 24: 5ο8 8

.

PORPHYRE

De abstinentia, I, 14: 121»; III,

5: 95», ", »'; 20: 121'; IV, 16:

51", 64", 99", 100".

De antro nympharum, 3: 321

";

14: 32""; 18: 21", 23", 241 0

»,

28»', 35»1

.

Vie de Pythagore, 41: 144"4

.

POSIDONIOS

87 F 29 J. : 49".

PRATINAS

fr. 2 Page 709: 19'8

.

PROCLOS

Chrestomathie, 79­86: n o "0

,

JJ2«*, 15?.

Paraphrasis Ptolemaei Tetrabi­

blou, Allatius (pp. 278, 1. 28; 282,

1. 26) : XIV3

' .

P R O X È N E

703 F 7 J . : 106100

.

INDEX 201

Q

QUINTUS MAECIUS

dans Anthologie Palatine, VI, 33 :

48" ; VI, 89: 48».

QUINTUS DE SMYRNE

VII, 402: 67".

R

R H IN TON

fr. 17 Kaibel (C.G.F., p. 188):

65«'.

SAPPHO

fr. 118 Voigt: 6 2 " ; fr. 130, 2 V. :

71" .

SCHOLIASTES

Schol. Oxon. à AELIUS ARISTIDE

244, 3 Dindorf (III, p. 691,

11. 16­28) : 29 1 3 1 .

Schol. L à APOLLONIOS DE RHO­

DES, I, 936 Keil: 14114*, 144'";

I, 1050 K. : 101"; II, 123 K. :

128"; II, 328­329 a Κ. : ιοι'».

Schol. à ARATOS, Phainomena,

42­44 Maass (pp. 181­182; 344­

345): 137 1 » ; (pp. 184­185):

144'".

Schol. R V à ARISTOPHANE, Ly­

sistrata, 191: 151" 1 ; 645:

1 3 0 ' « ­ ' · . ' · . ' · , 132»3, 1 4 0 1 3 · ; R :

1 3 4 » · ; V: 132«, 133"»; 758­

759: 79»»; 759: 72·». " .

Schol. G R V à ARISTOPHANE,

Nuées, 508: 89»«· " · , 90»".

Schol. R V à ARISTOPHANE,

Oiseaux, 39: 19e* ; 515: 96" ;

873: 122"; 1764: 29" 0 .

Schol. R V à ARISTOPHANE, Plou­

tos, 690: 7 5 ' " · ; 733: 72".

Schol. F E e La Q à CALLIMAQUE,

Hymnes, 1 (A Zeus), 66: 40"".

Schol. f à CALLIMAQUE, Hymnes,

2 (À Apollon), 59: 9 8 " ; 108:

26" ' .

Schol. F e Π La Q à CALLIMA­

QUE, Hymnes, 5 (Pour le bain de

Pallas), 108­115: Ι351 1

· .

Schol. Ν A B à EURIPIDE, Hip­

polyte, 73 Schwartz (II, p. 14,

11. 17­18): 23» .

Schol. A à H O M È R E , K 334 :

153" ' ; Β, Λ ι : 19" ; A, / l 5;

19"; A , Π 233­234: i o 5 M . " ; T ,

Π 233: i o 6 " ; A , Π 407: 5 3 " ;

A , Σ 486: 6 9 " ; A Τ , Ψ 346:

155»»; P S V, y 6: 125"; Q V,

ξ 327 : i o 6 , 0 ° .

Schol. à LUCAIN, Pharsale, VI,

426: io6">4.

Schol. R à L U C I E N , Dial, court.,

2, ι Rabe (p. 276) : 84"« ; 7, 4 R.

(p. 280, 11. 20­24): 51 4 0 .

Schol. P à LYCOPHRON, Alexan­

dra, 207 Scheer (p. 97, 1. 26) :

5 6 " ; 1237 Sch. (p. 356): 150» 1 .

Schol. (a) G d f à NICANDRE,

Theriaka, 490: 12".

Schol. Β P à PINDARE, Néméen­

nes, i, 2 a Drachmann (pp. 8­9) :

5 1 " : 7. 155 a Dr. (pp. 137­

139) : n ou o

.

B D E F G Q Pythiques, 1, 185

Dr. (p. 29): 149 1 " ; 4, ι (a) Dr.

(p. 94): 153'"; 4, 106 a Dr.

(p. 112­113): 26" ' , 32" 0 , 37" 1 ;

4, 106 c Dr. (p. 113): 26» ' ,

35 '» , 3 7 " ' ; 4, 246 (a) Dr.

(P­ 131) : 153" ' : 4. 426 (b) Dr.

(p. 131) : 153»».

Schol. à PLATON, Timée, 23 K

Greene : 81 " ' .

Schol. L à SOPHOCLE, Électre,

6: 128"; Œdipe à Colone, 711:

ΐ 5 3 " ° · Trach., 172: ι ο 6 1 " 4 , 1 1 3 " 0 . Schol. K U G Ε A T à T H É O ­CRITE, I, 115 Wendel: I 4 i , 5 ° ; II, 66 W. : 131»; V, 14-16 W. : 48'«; XV, 64 W. : 9 6 " ; XV, 94 W. : 241»».

SCYMNOS DE CHIOS (pseudo-) Périégèse, 447-452 Müller (G.G.M., 1, p. 215) : no 1 ".

202 INDEX

SÉMONIDE

fr. 7, 83­93 West : 22" ; fr. 13 W. :

IX»».

SÉMOS

396 F 4 J. : 49««.

SÉNÈQUE

Lettres à Lucilius, VII, 64, 7:

X V I ; XI, 84, 3­5: 22·».

SEPTANTE

Exode, 10, 3­5: 13".

4 Macch., 9, 21: 159"4

.

SERVIUS

Comm. ad VIRG., Bucol., IX, 13 :

1061

»8

; Én., I, 430: 30» ' ; III,

466: io71 0 t

.

SEXTUS EMPIRICUS

Hypotyposes, III, 221: 151"1

.

Adversus mathematicos, IX, 127­

128: VIII». 1».

SlMONIDE

fr. 105 Page 610: 19"; fr. 173­

174 Bergk4

: 19".

SOCRATÈS

fr. 5 Müller (F.H.G., IV, p. 498) :

150»1

».

SOLINUS

30, 16­17 Mommsen: 751

".

SOPHOCLE

Ajax, 139­140: 1028

· .

Antigone, 205: 934

; 341­352:

I X » .

Électre, 6: 12888

; 655: 128»;

1379: 128".

Œdipe à Colone, 1070­1073 :153280

.

Philoctète, 193­195: 7 ο8 8

; 265­

267: 7o88

.

Trachiniennes, 169­172: 1071

",

II21 6 8

, 113»»; 497­530: 149s 0 0

;

821­826: 1071

»; 1166­1168:

Ι Ο 7 1 1 · , Ι Ι 2 1 ί 8 .

Fr. 418 Ν . 2 ; ι ΐ 2 " 4 ; fr. 607 Ν." : 126" ; fr. 795 Ν · * : 23*'-

SOPHRON

cité par A T H É N É E , IX, 394 D:

10385

.

Souda,

A 3958 : 131". 132". I3310

'.

134»' , 140"8

; A 3959: 130",

134"' ; Β 190­191 : 60' ; B 453 :

2 i8 1

; B 457 : 1228

; E 937 :

130'8

; Ε 3131 : 38»" ; β 617 :

I228

; K 2523 : 841 8 8

; M 847­

848: 2 4 " ° ; M 1364: 12";

M 1365: 112"2

· " ' ; Π 2174:

i592 n

; T 158: 1461

'8

; T 161:

126"; T 164­165: 12644

; T1030:

123"; T 1065: 89"8

, 90"».

STACE

Silvae, III, 5, 80: 9518

.

STATYLLIUS FLACCUS

dans Anthologie Palatine, VI,

196: 4818

.

STÉPHANE D E B Y Z A N C E

s.v. Άκρώρίΐα: I28 8 0 ; s.v. "Αρκ­των νήσος: I4 i 1 4 7 ; s . f . Γαλΐώται: 65". 8 8 ; s.v. Κνζικος: 141"' ; s.v. Μέλισσα : 3 0 » 8 ; s.v. Πάρος : 29» 2 ; s.v. Σονρα: φ*; s.v. Ύβλαι: 65"·

STRABON

VI, ι, 9. 260 C. : 19"; VI, 3, 9. 284 C. : 125"; VII, fr. ι α: io7 1»', rog"1, n i 1 4 8 , 112"4, 113» 1 ; VII, fr. ι c: 107 1»·; VII, 7, 12, 329 C. : 112"3; VIII, 3, 12, 343 C. : 127s0; XII, 8, n , 575 C : 141» · ; XIII, ι, 14, 588 C. : 708'; XIII, ι, 46, 604 C : 67"; XIII, i , 64, 613 C. : 1428-32.

Τ

T A B L E T T E S MYCÉNIENNES

PY An 607, 5: 116188

; PY Cn

1287, 6: 116"3

; PY Tn 316 v, 4:

10188

, n61 8 3

.

T H É É T Ê T E

dans Anthologie Palatine, Χ, ι 6 :

48».

THÉMISTIUS

21 (Le bourreau), 259 D Schenkl­

Downey­Norman (II, p.43) : ni1

*';

27 (Sur l'attention), 334 A Sch.­

D.­N. : (II, p. 157): m » ' .

INDEX 203

THÉOCRITE

I, 15: 16« ; IV, I 5 ­ I 6 : 17" ; V,

14­16: 4 8 " ; VII, 78­89: 2 3 " ;

VII, 80­82: 2 0 " ; XV, 94: 241™.

Fr. 3 Gow : 49 · · .

[XXI], 5 4 : 4 9 " ; [ X X I F , 40­43:

20".

THÉODORIDAS

dans Anthologie Palatine, VI,

156: 19" : VI, 224: 49".

THÉOGNOSTOS

Canones, 16 Cramer (Anecd.

Oxon., II, p. 7) : 38 '" .

THÉOPHRASTE

Caractères, 16, 4: 72 1 " , 89*".

De causis plantarum, III, 22, 5­6;

14».

Historia plantarum, IV', 6, 1­6:

5 0 » ; VIII, 10, 5 : 14».

De signis tempestatum, 15: 59';

54 : 16"

Fr. 174, 3­6 Wimmer: 13".

THÉOPHYLACTOS SIMOCATOS

(pseudo­)

Lettres, 1 Hercher: 16", 18 · 0 .

THÉOPOMPE DE CHIOS

" 5 F 352 J. : 149» ' .

THRASYBOULOS

fr. 4 Müller (F.H.G., II, p. 464,

col. a) : 105".

THRYPHIODORE

Prise de Troie, 105: 152"*.

THUCYDIDE

I. 4: 53 ' ° ; L 5. 3: 17"; V, 47, 8:

124".

T I M É E DE TAUROMÉNION

566 F 28 c J . : 1 4 9 " · ; F 43 J . :

19··.

T I T E ­ L I V E

VIII, 24, ι : m1

» .

TZETZÈS

Chiliades, I, 228­233: 18"; VII,

660­668: 75 1 " ; IX, 997­1003 : 19".

V

VARRON

De re rustica, III, 7, 1­11 : 101";

III, 7, ι : 102 ' · ; III, 16: 23".

VIRGILE

Giorgiques, I V : 2 3 " ; I V , 18­19:

27 ' " ; I V , 25: 2 7 1 » ; I V , 61:

2 7 ' « ; I V , 281­314: 2 1 " ; I V ,

454­450: 69".

Χ

X É N A R Q U E

fr. 14 Kock (C.A.F., II, p, 473):

19".

XÉNION

460 F ι J. : 144" 4.

XÉN0.MÈDE DE CÉOS

442 F 2 J. : 126".

XÉNOPHON

Anabase, I, 4, 9: 46 ' ; II, 2, 9:

123"; I V , 5, 35: 151«'·.

Banquet, 6, 8: 9'.

Cyropidie, V , 1, 24: 4ο1**.

Économique, 7, 5: 134 1 0*; 7, 17:

21" , 2 2 " ; 7, 32­39: 21" , 22**;

17, 32 : 40 1 *·.

Hiéron, 7, 3 : Χ".

Mémorables, I, ι, 14: X V " ; I,

4, ι ι : 71" .

Ζ

ZÉNOBIOS

2, 84 Leutsch­Schneidewin

(C.P.G., I, p. 53): 112»' .

ZONARAS (pseudo­)

Lexicon, s.v. Έσσην Tittmann (col. 877): 3 8 " ' ; s.v. Ζώον T. (col. 966-967): X " ; s.v. Μέλισ­σαι T. (col. 1344) : 21" .

ZONAS

dans Anthologie Palatine, V I , 106: 127**.

L E X I Q U E FRANÇAIS-GREC DES NOMS D'ANIMAUX

Les références figurent dans l'Index des noms d'animaux (voir p. 169).

A

Abeille : ή μέλισσα. Actinie : ή άκαλήφη. Agneau : ό αμνός, ό άρήν. Aigle royal : ό αετός. Anguille: ή εγχελυς. Anthias (poisson) : ό άνθίας. Âne : ό όνος. Araignée : ή αράχνη.

Β

Bélier : ό κριός. Biche : ή ελαφος. Bœuf : ό βοΰς. Bogue : ό βόαξ. Bouc : ό τράγος. Brebis : τ) οϊς.

C

Caille des blés: ό όρτυξ. Cerf : ό ελαφος. Cerf-volant : ό κεράμβυξ. Chauve-souris : τ) νυκτερίς. Cheval : ό ίππος. Chèvre : τ) αΐξ. Chevreau : ό έριφος. Chevreuil : ή 8ορκάς. Chien : ό κΰων. Chouette chevêche : ή γλαΰξ. Chouette effraie : ό αιγώλιος. Cigale : ο τεττιξ. Cigale de mer (petite) : τίττιξ ό

ενάλιος. Cigogne : ό πελαργός.

Colombe : 77 περιστερά λευκή. Coq : ό άλεκτρυών. Corbeau : δ κόραξ. Corneille: ή κορώνη. Coucou gris : ό κόκκυξ. Crapaud : ή φρύνη. Cygne : ό κύκνος.

D

Dauphin : ό όελφίς. Daurade : ή χρύσοφρυς.

Ε

Élops (serpent) : ό ελοφ. Émissole : yaAeoç ό λείος. Épervier : ό κίρκος. Esturgeon : ό ελοφ.

F

Faon : ό νεβρός. Faucon : ό Ίέραξ. Fourmi : ό μύρμηξ. Frelon : ή άνθρήνη.

G

Génisse : τ) όάμαλις, ή μόσχος, ή πόρτις.

Glaukos (poisson) : ό γλαΰκος. Grenouille : ό βάτραχος. Grive : ό λαιός. Grue cendrée : ή γερανός. Guêpe: ό σφηξ. Gypaète: ό αίγυπιός.

INDEX 205

H

Haliotide : τό ώτίον. Hérisson : ό έχΐνος. Héron : ό ίρωδιός. Hirondelle : TJ χελιδών. Huppe fasciée : ό εποψ. Hykè (poisson) : ή νκη.

I

Ips (insecte) : ό Ιφ.

J

Jument: ή ίππος.

K

Kitharos (poisson) : ό κίθαρος.

L

Langouste : ό κάραβος. Lézard : ό άσκάλαβος, ό σαΰρος. Leu kos (poisson) : ό λεΰκος. Lièvre : ό λαγώς. Lion : ό λέων. Loup : ο λύκος.

Μ

Mérou : ό όρφός. Mésange : ό αίγίθαλλος. Milan : ό Ικτίνος. Moineau : ό στρουθός. Mouche : r) μυΐα. Mouette : ή αίθνια. Mouton : τό πρόβατον.

Ο

Oblade : ο μελάνουρος. Œdicnème criard : ό χαραδριός. Œstre : ό οίστρος. Oie : ό χήν. Orfraie : τ) φτηνή. Ours(e) : ό, τ; άρκτος.

Ρ

I Panthère : 17 πάρδαλις. J Paon : ό ταώς. ; Papillon : τ; ψυχή.

Phykis (poisson) : ή φυκίς. Pic noir : ό δρυοκολάπτης. Pigeon biset : ή πέλεια. πελειάς. Pigeon colonibin, ή οΐνάς. Pigeon domestique : ή περιστερά. Pigeon pyrallis : ή πυραλλίς. Pintade : ή μελεαγρίς. Pivert : ό κελεός. Poisson pilote : ό πομπίλος Ιχθύς. Poisson scie : ή πρίστις. Porc : ό σΰς. Porcelet : ό χοίρος. Pou : ό φ&είρ. Poulain : ό πώλος. Poulet : ό νοσσάς όρνις. Pouliche : ή πώλος. Poulpe : ό πολύπους. Puce : τ; φύλλα. Punaise : ό κόρις.

R

Râle d'eau : ή κρέξ. Ramier (grand) : ή φάττα. Ramier (petit) : τ; φάφ. Roitelet : ό τροχίλος. Rossignol : ή αηδών. Rouget: ό έρυθ(ρ)ΐνος.

S

Sanglier : ό κάπρος, ό δς άγριος. Sauterelle : ό πάρνοψ. Serpent : ό δράκων, τό έρπετόν, ό όφις. Serpent d'eau : ό νδρος. Souris : ό μυς. Stellion : ό γαλεός. Surmulet : ή τρίγλη.

Τ

Taon : ό μύωφ. Taupe : ό άσπάλαξ•

2θ6 INDEX

Taureau : ό ταΰρος. Thon: ό θυννος. Tortue terrestre : ή yeÀuj. Tourterelle: ή τρύγων.

V

Veau : ό μόσχος ; ό πόρ Verrat (jeune) : ο xoîpc

Table des planches

FRONTISPICE. — Πότνια ιτηρών. Amphore béotienne du VII e siècle avant J.-C. Athènes, Musée national. Inv. 5893. Cliché Musée national.

FLANCHE I. — 1, 2. Éphèse (AR): Londres, British Museum, De­partment of Coins and Medals. Cliché Université de Liège; agrandis­sement 2,5: 1 (moulage).

3. Pendentif en or, art rhodien: Heidelberg, Archäologisches Institut der Universität. Inv. 70/7. Cliché Archäologisches Institut, Heidelberg.

PLANCHE II. — 1. Marcopoulo (Céphalonie). Clocher (XVI e siècle) de l'église consacrée à la Vierge, détruit par le séisme de 1953. Les serpents y pullulaient. Cliché D. Loucatos.

2. Marcopoulo (Céphalonie). 15 août 1963: l'icône de la Vierge est parcourue par un serpent sacré. Cliché N. Loucatos.

PLANCHE III. — 1. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du ser­pent sacré. Cliché de presse.

2. Marcopoulo (Céphalonie). Imposition du serpent sacré. D'après R. KRISS - H. KRISS-HEINRICH, Peregrinatio neohelleniha, Vienne,

1955, H- M-

PLANCHE IV. — Amphore béotienne. Athènes, Musée national. Inv. 5893. Cliché Musée national.

PLANCHE V. —- 1, 2. Dodone (AE) : collection P. R. Franke. Cliché P. R. Franke.

3. Halicarnasse (AE) : collection P. R. Franke. Cliché P.R. Franke. 4. 5. Thelpousa (AR) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 442.

Cliché Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).

PLANCHE VI. — Brauron, deux άρκτοι: musée de Vraona. Cliché Services archéologiques (Athènes).

2θ8 INDEX

PLANCHE VII. — i , 3, 4. Mantinée (AR) : Londres, British Museum,

Department of Coins and Medals. Cliché Université de Liège; agran­

dissement (1) 5: 1; (3) 4: 1; (4) 5: 1 (moulages).

2. Mantinée (AR) : Paris, Cabinet des médailles. Inv. 329. Cliché

Université de Liège; agrandissement 4: 1 (moulage).

PLANCHE VIII. — 1. Fragment d'œnochoè apulienne: collection

privée. Cliché A. D. Trendall.

2, 3. Orchomène d'Arcadie (AE) : Londres, British Museum,

Department of Coins and Medals. Cliché Université de Liège; agran­

dissement 2,5: 1 (moulages).

4, 5. Orchomène d'Arcadie (AE): Paris, Cabinet des médailles.

Inv. 362. Cliché Université de Liège; agrandissement 2,5: 1 (moulages).

PLANCHES IX­X. — Œnochoè apulienne: Malibu (Californie),

Musée J. Paul Getty. Inv. 72. AE. 128. Clichés du Musée.

Table des matières

INTRODUCTION ν - χ ν π

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE ι-8

I. LES INSECTES 9-43

A. Les insectes nuisibles 10-15

B. Les insectes bénéfiques I5"43

LA CIGALE 16-20

L'ABEILLE 20-43

Présence de l'abeille dans le culte de Déméter. . 25-38

Présence de l'abeille dans le culte d'Artémis . . 38-43

II. LES POISSONS ET LA FAUNE MARINE 45-57

III. LES REPTILES ET LES ANIMAUX APPARENTÉS AU DOMAINE

CHTHONIEN 59-92

A. Batraciens — Chéloniens — Lacertiens 59-68

LES GRENOUILLES 59-61

LES TORTUES 61-63

LES LÉZARDS 63-68

B. Serpents 68-92

Présence du serpent dans les cultes tutélaires . . 77-86

Présence du serpent dans la thérapeutique . . . . 86-88

Présence du serpent dans la mantique 88-91

IV. LES OISEAUX 93-119

LES Péléiai o u Péléiades DE DODONE r o i - 1 1 7

Identification de la tre'Aeia 101-103

Inventaire des sources 103-114

A. Emploi du terme ττί'λαα au sens propre 103-107

B. Emploi du terme néXeta comme désignation cultuelle 107-110

C. Absence du terme néXtta dans les récits de consultation 110-114

Les maîtres de l'oracle IT4-H7

210 TABLE DES MATIÈRES

V. LES MAMMIFÈRES 121-161

L'OURS 129-144 L E TAUREAU 144-151 L E CHEVAL 151-158

CONCLUSION 163-167

INDEX 169

Index des noms d'animaux 169-175

Index des noms de divinités, de héros et de personnages légendaires 176-181

Index des noms de fêtes 182

Index des thèmes principaux 183-184

Index des noms géographiques 185-187

Index des textes cités 188-203

Lexique français-grec des noms d'animaux 204-206

TABLE DES PLANCHES 207-208

TABLE DES MATIÈRES 209-210

Liste des publications récentes de l'Académie

CLASSE DES LETTRES

ET DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Mémoires in 8° ­ 2" Série

Francs

T O M E LIX

1. 1807. J . Van Ooteghem, S.J. Les Caecilii Metelli de la République; 1967;

349 p.; 14 pl 320

2. 1812. O. Bouquiaux­Simon. Les lectures homériques de Lucien; 1968; 414 p. 400

3. 1813. Gaier, Claude. Art et organisation militaires dans la principauté de Liège

et dans le comté de Looz au Moyen Age; 1968; 393 p.; 16 fig 360

4. 1819. Neugebauer, O. Commentary on the Astronomical Treatise Par. gr. 2425;

1969; 45 p.; 12 fig 100

5. 1824. Liebmann, Thérèse. La frontière orientale dans la politique extérieure

de la République romaine depuis le traité d'Apamée jusqu'à la fin des

conquêtes asiatiques de Pompée (189/8­63); 1969; 352 p.; 2 cartes 400

T O M E L X

1. 1829. Boulcngier­Sedyn, R. Le vocabulaire de la coiffure en ancien français

étudié dans les romans de 1150 à 1300; 1970; 235 p.; 27 pli 400

2. 1836. Limet, Henri. Les légendes des sceaux cassites; 1971 ; 141 p.; 1 fig 200

T O M E LXI

1. 1841. Weyembergh, Maurice. Le volontarisme rationnel de Max Weber; 1972;

XXXII­518 p 540

2. 1842. Kurgan­Van Hentenryk, G. Léopold II et les groupes financiers belges en

Chine. La politique royale et ses prolongements (1895­1914); 1972;

4 fig.; 7 pli.; 1 carte; 969 p 900

3. 1849. Vanlangenhove, F. La Belgique et ses garants. L'été 1940; 1972; 228 p. 300

4. 1850. Préaux, Claire. La lune dans la pensée grecque; 1973; 393 p 500

5. 1851. Motte, A. Prairies et Jardins de la Grèce Antique. De la Religion à la

Philosophie; 1973; 517 p 650

T O M E LXII

1. 1852. Thielemans, Marie­Rose. Inventaire des archives du baron de Stassart;

1973; 10 pli.; 340 p 400 (TVA indus,)

2. 1859. Küpper, Jean­Louis. Raoul de Zähringen, évêque de Liège, 1167­1191;

1974; 230 p 400 (TVA incluse)

3. 1862. Piérart, Marcel. Platon et la Cité grecque. Théorie et réalité dans la

Constitution des « Lois »; 1974; XV­536 p 800 (TVA incluse)

4. 1871. de Montpellier, Gérard. Qu'est­ce que l'intelligence?; 1977; 107 p 200 (TVA indus,)

T O M E LXIII

1. 1874. Nachtergael, Georges. Les Galates en Grèce et les Sôtéria de Delphes;

1977 ; XLII­546 p 800 (TVA indus,)

2. 1880. Bodson, Liliane. Ι Ε Ρ Α ΖΩΙΑ. Contribution à l'étude de la place de

l'animal dans la religion grecque ancienne; 1978; 11 pll.;XVIII­210p. 400 (TVA incluse)

J . Duculot. imprimeur d» l'Académie royale de Belgique. Gembloux Printed In Belgium

ISBN 2-8031-0006-1

Licenciée en philologie classique, puis docteur en philosophie et lettres de l'Université de Liège, Liliane Bodson est depuis 1971 attachée en qualité d'assistante à la chaire de langue, de littérature et d'histoire du monde grec dans cette même Uni­versité, après avoir été pendant cinq années professeur de langues ancien­nes dans l'enseignement secondaire. Ses préoccupations scientifiques — les relations de l'homme antique avec les animaux sauvages (Ethno-zoologie) et domestiques (Ethnozoo-technie), l'histoire de la pensée reli­gieuse des Grecs — l'ont amenée à publier de nombreux articles et comptes rendus dans L'Antiquité classique. Les Études classiques. Revue belge de philologie et d'his­toire, Ethnozootechnie, Bulletin de la Société zoologique de France, Museum Philologum Londiniense. Remaniée et élargie considérablement, sa thèse de doctorat — Les animaux dans la religion grecque ancienne. Zoolâtrie et zoomorphisme — est à la base du mémoire qui a été soumis à l'Académie en 1975 et couronné par cette dernière.

Les animaux, pourtant omniprésents dans la religion grecque ancienne, n'ont guère jusqu'ici suscité d'études d'ensemble. Celle que l'auteur leur a consacrée vise à interpréter, à travers les fonctions qui ont appartenu aux différentes e spèces , la place dévolue par les Grecs à l'animal dans les ges­tes du culte, les symboles et les mythes qui s'y rapportent. Plutôt qu'à dresser des nomenclatures, v o u é e s à n'être jamais exhaustives, les données , abondantes mais fragmentaires ou m ê m e disparates, ont déterminé à caractériser chaque type de situation de manière à procurer, dans un pre­mier temps, un tableau représentatif des pratiques et des croyances reli­gieuses auxquelles les animaux ont été associés . Cette enquête prélimi­naire, dont les principales conclusions concernent le zoomorphisme sacré, le rôle prééminent de certaines e s p è c e s et les rapports qu'elles ont favorisés entre les Grecs et leurs dieux, relève à la fois de l'histoire des religions et de l'ethnozoologie. Mais elle pourra, plus généra lement retenir aussi ceux qui s'intéressent aujourd'hui aux diverses phases des relations de l'homme et de l'animal.

Amphore béotienne, début du VIIe s. avant J . C. Athènes , Musée national. Cliché Musée national