Les territoires d'exploitations des sites pré-tarasques du sud du Lerma, Mémoire de M1,...

103
0 Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne UFR 03 Histoire de l’Art et Archéologie Mémoire de Master 1 Archéologie des Amériques Antoine DORISON Co-dirigé par Mme Brigitte Faugère et M. Grégory Pereira Année universitaire 2011-2012 LES TERRITOIRES D’EXPLOITATION AGRICOLE DES SITES PRÉ-TARASQUES AU SUD DU LERMA, RÉGION DE ZACAPU, MICHOACÁN, MEXIQUE (700-1500 apr. J.-C.)

Transcript of Les territoires d'exploitations des sites pré-tarasques du sud du Lerma, Mémoire de M1,...

0

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne UFR 03 Histoire de l’Art et Archéologie

Mémoire de Master 1

Archéologie des Amériques

Antoine DORISON

Co-dirigé par Mme Brigitte Faugère et M. Grégory Pereira

Année universitaire 2011-2012

LES TERRITOIRES D’EXPLOITATION AGRICOLE DES SITES PRÉ-TARASQUES

AU SUD DU LERMA, RÉGION DE ZACAPU, MICHOACÁN, MEXIQUE

(700-1500 apr. J.-C.)

1

TTTTABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS………………………………………………………………………………………………………………4

INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………………………5

PREMIÈRE PARTIE – LE VERSANT MÉRIDIONAL DU LERMA ET LE MONDE

MÉSOAMÉRICAIN : ESSAI DE RÉTROSPECTIVE D’UN ESPACE ATTACHÉ À LA RECHERCHE

FRANÇAISE………………………………………………………………………………………………………………………..7

CHAPITRE 1 – ANTÉCÉDENTS DE LA RECHERCHE DANS LA RÉGION DE ZACAPU………………….8

A. Archéologie au Michoacán…………………………………………………………………………………..8

B. Le projet Michoacán (1983-1987)………………………………………………………………………11

C. Les projets Zacapú, Michoacán, Etapa III (1993-1996) et Uacúsecha (2006- )…….14

D. La zone « Vertiente Lerma »……………………………………………………………………………..15

E. «Site catchment analysis »………………………………………………………………………………..17

CHAPITRE 2 – L’ENVIRONNEMENT AU SUD DU LERMA…………………………………………………….20

A. Situation générale……………………………………………………………………………………………..20

B. Volcanisme et géomorphologie………………………………………………………………………….21

C. Climat………………………………………………………………………………………………………………..23

D. Hydrographie…………………………………………………………………………………………………….25

E. Pédologie…………………………………………………………………………………………………………..25

F. Végétation…………………………………………………………………………………………………………29

CHAPITRE 3 – PÉRIODISATION ET ÉVOLUTION CULTURELLE……………………………………………..34

A. Présentation générale……………………………………………………………………………………….34

B. Dynamiques culturelles dans la région de Zacapu……………………………………………..37

C. Évolutions culturelles au sud du Lerma……………………………………………………………..38

• Phase Lupe (700-800/850 apr. J.-C.)

• Phase La joya (800/850-900/950 apr. J.-C.)

• Phase Palacio (900/950-1200 apr. J.-C.)

• Phase Milpillas (1200-1500 apr. J.-C.)

2

DEUXIÈME PARTIE – LA VIE DES CHAMPS AU SUD DU LERMA ENTRE LES VIIIème ET XVème

SIÈCLES : ÉBAUCHE D’ANALYSE DES TERRITOIRES D’EXPLOITATION AGRICOLES……………….47

CHAPITRE 4 – LE LIEU DE VIE DE L’AGRICULTEUR : LES SITES DU CORPUS…………………………48

A. Typologie des sites…………………………………………………………………………………………..48

• Hameaux

• Villages

• Centres

• Autres

B. Précisions sur la sélection de l’échantillon de sites…………………………………………..50

• Cimetières

• Zones de taille

• Grottes et abris-sous-roches

• Indéterminés

C. Présentation des sites………………………………………………………………………………………53

CHAPITRE 5 – PRATIQUES AGRICOLES AU SUD DU LERMA ET POTENTIALITÉ DES SOLS…….56

A. Que sait-on des pratiques agricoles dans la région ?............................................56

B. La population et les travaux des champs……………………………………………………………59

C. Quelles terres étaient cultivées ?...........................................................................60

1. Notions de pédologie élémentaires………………………………………………………..61

• Couleur

• Texture

• Structure

• Acidité

2. Connaissance des sols traditionnelle………………………………………………………63

D. Le potentiel agricole des sols au sud du Lerma…………………………………………………..64

• Dernière précision sur les vertisols

CHAPITRE 6 – APPLICATION INFORMATIQUE : SYSTÈME D’INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

68

A. Méthodologie de création des couches shapefile………………………………………………68

1. Couches de points pour les sites…………………………………………………………….68

2. Modèle numérique de terrain………………………………………………………………..70

3. Couches de polygones pour les aires………………………………………………………71

B. Type de sols et potentialités agricoles………………………………………………………………..71

C. Catchment analysis : les sites du sud du Lerma et leurs territoires d’exploitation

76 1. Territoires d’exploitation globaux et potentiels agricoles……………………….76

2. Les sites et les territoires d’exploitation individuels………………………………..79

3

3. Questions de chronologie……………………………………………………………………….81

D. Le facteur végétation…………………………………………………………………………………………83

TROISIÈME PARTIE – SUBSISTANCE AGRICOLE : SYNTHÈSE ET TENTATIVES

D’INTERPRÉTATION…………………………………………………………………………………………………………85

CHAPITRE 7 – LES POPULATIONS PRÉ-TARASQUES ET LEUR ENVIRONNEMENT………………..86

A. Les populations pré-tarasques du sud du Lerma et leur environnement……………86

1. Des travaux et des jours : agriculture traditionnelle au sud du Lerma…….86

2. Terrasses et fonds de vallées………………………………………………………………….87

3. Les villages et leurs territoires d’exploitation………………………………………….88

4. Une société d’agriculteurs………………………………………………………………………89

B. Vers une meilleure connaissance de la société des communautés préhispaniques :

limites et perspectives……………………………………………………………………………………….90

1. Questions de pédologie………………………………………………………………………….90

2. Questions de végétation…………………………………………………………………………91

3. Questions de topographie………………………………………………………………………92

4. Questions de relations humaines……………………………………………………………93

CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………………..94

TABLE DES FIGURES…………………………………………………………………………………………………………95

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………………………….97

ANNEXES……………………………………………………………………………………………………………………….102

4

RRRREMERCIEMENTS

J’ai le plaisir d’écrire ici quelques lignes pour témoigner de toute la gratitude que

j’éprouve envers les personnes qui ont contribuées à la conception de ce mémoire.

Je tiens avant tout à remercier Mme Brigitte Faugère, professeure des universités à

Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et M. Grégory Pereira, docteur en archéologie précolombienne,

tous deux membres permanents du laboratoire d’archéologie des Amériques, pour avoir

accepté de diriger le présent travail. Je souhaite leur exprimer ici ma reconnaissance la plus

sincère pour leur soutien, leur confiance, leur aide et leurs conseils avisés en qualité de

spécialistes de ma région d’étude.

Je voudrais ensuite remercier les membres et personnes associées au laboratoire

d’archéologie des Amériques qui ont toujours trouvé du temps pour répondre à mes

interrogations. Ma gratitude va plus particulièrement à Mme Michelle Elliott, docteur en

archéologie, pour ses conseils sur les questions environnementales que je connais mal. Elle

va aussi à Mlle Chloé Andrieu, docteur en archéologie, qui par son implication hebdomadaire

pendant ses cours et par e-mail, a grandement contribué au bon déroulement de cette

année. À M. Dominique Michelet, directeur de recherche au CNRS, qui a eu l’amabilité de

m’accorder une entrevue pour clarifier des thèmes qu’il maîtrise parfaitement. Enfin, à Mlle

Marion Forest, doctorante sur la région de Zacapu, qui m’a notamment procuré des données

de premiers ordres pour mon travail.

Je tiens à remercier MM. Chris Fischer et Steve Leisz, professeurs d’archéologie et

d’anthropologie à l’université d’état du Colorado, que j’ai eu la chance de rencontrer à

l’occasion du workshop sur l’Occident du Mexique à Nanterre et avec qui j’ai entretenu des

conversations instructives par e-mail.

Je remercie ici Romuald Housse, qui a toujours été d’un soutien sans faille et un ami

fidèle sans qui cette année aurait été bien plus morne. Mes pensées vont aussi à Celeste

Massol et Victoria Otero, avec et grâce à qui j’ai pu braver les longues heures de

bibliothèque. Ma gratitude aussi à quelques étudiants de M2, devenus des amis et qui furent

d’un soutien redevable. Je pense surtout à Rémi Mereuze, pour son ingéniosité

informatique, et Céline Lamb, pour ses conseils estimables à la fin de mes recherches.

Je témoigne finalement de ma gratitude à mes parents qui m’ont toujours soutenu

dans ma progression en archéologie.

5

IIIINTRODUCTION

À près de 2000 mètres d’altitude, au sein des contreforts septentrionaux de la

Meseta Tarasca, Zacapu est aujourd’hui une ville importante du nord du Michoacán au

Mexique. Ses alentours, à l’instar d’une bonne partie de l’État, constituent encore l’habitat

de l’ethnie purépecha. Ces hommes et femmes sont les descendants directs des irréductibles

Tarasques qui tinrent tête aux Aztèques avant l’arrivée des Espagnols. Le mythe fondateur

des Tarasques est consigné dans un texte colonial daté de 1540, la Relacíon de […]

Michoacán1. Son auteur probable, le fray Jerónimo de Alcalá fut mandé par le vice-roi de

Nouvelle Espagne, Antonio de Mendoza et lui fut confiée la mission de récolter toutes les

informations qu’il pouvait sur le peuple tarasque, sujet de la Couronne d’Espagne depuis

1522. Malgré la perte de la première partie du manuscrit, le texte abonde de

renseignements sur l’histoire légendaire et les coutumes de cette communauté. Le mythe

veut qu’un groupe de guerriers nomades, les uacusécha, soit arrivé des plaines du nord pour

coloniser le bassin de Pátzcuaro et ainsi créer le royaume Tarasque. Sur leur route, alors

guidés par leur premier chef, Hire Ticatame, ils firent escale dans les environs de Zacapu-

Tacanendam2 où il est dit qu’ils s’arrêtèrent un temps.

Au-delà du mythe, le lieu légendaire où s’installa Hire Ticatame a depuis longtemps

été identifié comme la ville actuelle de Zacapu. Dans les malpaís qui bordent l’agglomération

au nord, on peut observer les vestiges d’architecture typiquement tarasque. Plus au nord,

les villageois ont retrouvé d’autres structures éparses qui jonchaient leurs champs. N’y

prêtant guère attention, ils récupérèrent pierres et objets pour leur besoins personnels,

jusqu’à ce que la communauté scientifique s’intéresse à la question.

Aujourd’hui, après plus d’un siècle d’études, dont les trente dernières années

constituent le plus gros du travail à la lumière des investigations françaises, ce ne sont plus

des structures éparses qui parsèment le paysage montagnard, mais bel et bien les vestiges

de centaines de villages où ont un jour vécu des communautés préhispaniques complexes.

L’étude de la région a permis d’agrandir considérablement le champ des connaissances sur

ces sociétés tarasques et pré-tarasques. En 2006, sous l’impulsion de Grégory Pereira, une

équipe de spécialistes, épaulée de fouilleurs locaux, s’attèle à poursuivre les investigations

dans une zone qui, nous allons le voir, est imprégnée par l’archéologie française. C’est dans

le cadre de ce programme de recherche renaissant que s’inscrit l’étude que nous allons

présenter.

1 Relación de las cerimonias y rictos y población y gobernación de los indios de la provincia de Mechuacan hecha

al Ilustrísimo señor don Antonio de Mendoza, virrey y gobernador desta Nueva España por Su Majestad 2 Relación de las ceremonias y ritos y población y goberno de los indios de la provincia de Michoacán. Édition

française : LE CLEZIO, 1984 (abrévié RM, 1984 par la suite) : 60

6

Nous nous sommes familiarisés avec la littérature, désormais assez abondante, sur la

région. Notre objectif premier était d’étudier l’organisation spatiale de cette zone

géographique. Au fil des lectures et d’entretiens avec Grégory Pereira et Brigitte Faugère,

tous deux spécialistes des environs de Zacapu, nous nous sommes petit à petit orientés vers

une analyse spatiale centrée sur l’agriculture. L’idée d’observer l’environnement comme un

vivier naturel nous a très vite motivés. Nous nous sommes donc documentés sur les

questions de subsistance et d’acquisition des ressources. Souhaitant, par ailleurs, profiter de

la technologie des systèmes d’information géographique, nous avons cherché à concilier ces

expectations.

Pour ce faire, nous avons décidé de nous intéresser à un thème piquant en

archéologie comme en géographie : l’importance du facteur environnemental dans

l’implantation des sites. D’aucun, tel que Franz Boas, ont répugné l’idée même de

déterminisme géographique. Nous tenterons ici de ne pas tomber dedans. Toutefois, nous

serons moins catégoriques, en ce sens que nous pensons l’homme et l’environnement

intimement liés. L’un influant sur l’autre et réciproquement, tentant tant bien que mal de

maintenir un équilibre. Nous nous sommes donc posé la question suivante qui servira de fil

conducteur à notre réflexion. L'exploitation du potentiel agricole de leur environnement par

les groupes pré-tarasques du sud du Lerma aux époques classique et post-classique,

influent-elle sur l’organisation spatiale des sites archéologiques ?

Notre choix s’est alors arrêté sur l’idée d’une « site catchment analysis » – ou analyse

des territoires d’exploitation de sites archéologiques. Nous souhaitons, dans un premier

temps, définir des niveaux de compatibilité avec la mise en culture du maïs pour chacun des

espaces géographiques qui entourent les sites. Dans un second temps, nous voulons

matérialiser les territoires d’exploitation de ceux-ci. Ainsi, par recoupement, obtenir une

idée des possibilités offertes aux hommes du sud du Lerma et savoir si elles ont pu avoir un

poids dans les décisions concernant l’établissement de leurs villages.

Nous commencerons par faire un point sur les connaissances acquises sur Zacapu et

sa région à l’époque préhispanique. Après quoi, nous présenterons la méthodologie utilisée

pour réaliser notre étude. Finalement, nous nous essaierons à une synthèse sur l’agriculture

dans la région et son influence pour l’organisation spatiale des établissements. Agencement

de l’espace que nous tenterons de mettre en exergue en proposant des hypothèses sur la

perception que les hommes du sud du rio Lerma ont pu en avoir.

7

PREMIÈRE PARTIE – LE VERSANT MÉRIDIONAL DU LERMA ET LE MONDE

MÉSOAMÉRICAIN : ESSAI DE RÉTROSPECTIVE D’UN ESPACE ATTACHÉ À LA RECHERCHE

FRANÇAISE

8

- CHAPITRE 1 -

AAAANTÉCÉDENTS DE LA RECHERCHE DANS LA RÉGION DE ZACAPU

A. Archéologie au Michoacán

À l’été 1522, Cristóbal de Olid est envoyé par Cortés au Michoacán afin d’y établir

une colonie espagnole3. Tangáxoan II, cazonci4 depuis quelques années, avait à plusieurs

reprises fait part aux conquistadores de sa prévenance envers eux et de son désir d’entamer

des relations pacifiques. C’est donc sans embûche que l’Espagne devient maîtresse de la

région qu’elle dépouillera de ses ressources. La tragique histoire de la conquête du

Michoacán restera dans l’ombre de celle de l’Empire aztèque, dont le dernier tlatoani5,

Cuauthemoc, résista jusqu’au dernier souffle de son peuple. Parallèlement, peu d’écrits

relatent l’épisode qui, en quelques décennies, fait pratiquement table rase de l’histoire

Tarasque. Étant une civilisation sans système d’écriture, sa mémoire ne subsistera que

péniblement à travers le temps. Par extension, l’histoire des groupes qui ont précédés les

Tarasques et ont contribué à la formation de leur royaume est encore plus floue.

Néanmoins, certains indices permettent de reconstituer ce passé. D’abord, une poignée de

textes de l’époque de la Conquête ou plus tardifs. On retiendra par exemple la troisième

lettre de Cortés ou les travaux du franciscain Jerónimo de Mendieta qui écrit à la fin du

XVIème siècle6. Parmi ces sources écrites, la plus importante reste la Relacíon de […]

Michoacán7. Écrite autour de 1540 par le Fray Jerónimo de Alcalá – bien que subsiste une

incertitude sur l’auteur –, elle compile les informations qu’il a récupérées auprès des

« anciens » de l’élite Tarasque à la demande du vice-roi de Nouvelle Espagne, Antonio de

Mendoza. Elle relate l’histoire de l’arrivée des uacusécha – guerriers nomades, ancêtres

mythiques des Tarasques – dans la région de Pátzcuaro, ainsi que de nombreuses coutumes

3 WARREN J.B., 1985 : 42

4 Souverain tarasque.

5 Souverain aztèque.

6 WARREN J.B., ibid. : 24

7 RM, 1984

9

purépecha8, comme les rites qui accompagnaient la mort du cazonci. C’est par conséquent

un écrit fondamental. Malheureusement, ces documents ne fournissent que des

informations partielles et sont pour la plupart déformés par la subjectivité de leurs auteurs.

C’est donc naturellement vers l’archéologie que les scientifiques se sont tournés pour

tenter de reconstituer l’histoire préhispanique du Michoacán. Pourtant, les recherches sont

très récentes comparées à celles qui ont été réalisées sur les autres grandes civilisations

comme les Aztèques ou les Mayas. Peut-être est-ce du au manque de sources écrites, au

caractère moins prestigieux des sites archéologiques ou encore au côté honteux de la

Conquête éclair dans la région, puisque Tangaxoan II est encore aujourd’hui considéré

comme un lâche par les Purépecha9. Quoi qu’il en soit, ce n’est que pendant les années 1930

et 1940 que les réels travaux archéologiques se mettent en place. C’est en effet à cette

époque que l’on commence à définir la région que l’on appelle Occident du Mexique, dans

laquelle est comprise une partie de l’état de Michoacán. Plusieurs archéologues pionniers

commencent alors des études sur tout l’ouest mexicain en privilégiant néanmoins les

vestiges de la civilisation tarasque, mieux connus. Ce sont par exemple les travaux de

Wigberto Jiménez Moreno qui publie une « Historia antigua de la zona tarasca » en 1948

dans la quatrième réunion de la table ronde sur les problèmes anthropologiques du Mexique

et de la Centramérique10. On peut aussi citer les recherches d’Eduardo Noguera à Zamora et

Pátzcuaro ou ses fouilles à El Opeño11, devenues célèbres pour l’état de conservation des

structures. C’est donc à cette époque que sont réalisées les premières grandes avancées sur

l’Occident du Mexique qui sort alors de sa situation de « marge de la Mésoamérique » pour

en devenir partie intégrante. L’hypothèse originelle était un développement tardif sous

l’influence des Toltèques au postclassique, ou de Teotihuacan au classique12. Avec ces

nouvelles découvertes, l’Occident du Mexique devient une zone bien plus importante qui n’a

pas seulement a été influencée par les civilisations du haut plateau central, mais a aussi su

diffuser certaines de ses particularités vers l’est ou même le nord. À ce titre on compte par

8 Nom indigène des Tarasques. Cette communauté existe toujours aujourd’hui au Michoacán.

9 WARREN J.B., ibid. : 237

10 JIMÉNEZ MORENO W., 1948 dans MICHELET D., 1992 : 12-17

11 NOGUERA E., 1931 et 1942 dans MICHELET D., ibid.

12 ARNAULD C. et al., 1993 : 13

10

exemple les traits de la céramique Chupicuaro que l’on retrouve à Cuicuilco au préclassique

ou au nord dans la culture Hohokam, bien connue des auteurs nord-américains13.

La région de Zacapú, qui nous intéresse plus spécialement, est connue depuis

longtemps des scientifiques. La ville fut le premier lieu où s’installèrent les uacúsecha guidés

par leur chef, Hire Ticatame, d’après la Relation de Michoacán. Les sites visibles de la région

ont donc constitué des sujets de réflexion dès le début du XXème siècle. Le site de San

Antonio Carupo, l’un de ceux qui présentent les structures les plus impressionnantes au sud

du rio Lerma, est cité par Carl Lumholtz en 1904, qui l’inclus parmi les « monuments

anciens » que l’on peut observer dans les environs de Zacapú14. Outre des observations, la

collecte et le dessin de quelques objets, Lumholtz réalisa des fouilles dans le site. Elles ne

durèrent cependant que cinq jours. Dans les années 1930 et 1940, dans la lignée des travaux

mentionnés plus haut, c’est Alfonso Caso qui identifiera plusieurs des sites de la région15. Il

effectua ses recherches en parallèle d’Eduardo Noguera16. Les deux œuvrèrent sous l’égide

du musée national qui organisait alors ses collections Tarasques. Plus connu pour ses fouilles

à Monte Albán, Caso sera parmi les premiers à faire réaliser à la communauté scientifique

l’importance de la région pour l’archéologie de la civilisation tarasque. Pourtant, la zone

reste inexplorée pendant de nombreuses années après les travaux de l’archéologue

mexicain. Ce n’est qu’en 1973 que Marie Kimball Freddolino entreprend de nouvelles

recherches dans le cadre de sa thèse de doctorat à l’université de Yale17. Elle met en

évidence le caractère pré-tarasque des vestiges archéologiques. Parallèlement, au sud-est de

Zacapú, le bassin de Pátzcuaro est abondamment étudié par des chercheurs nord-

américains. La fin des années 1930 voit la publication des recherches de Acosta et de Rubín

de la Borbolla18. Plus tard, en 1946, la IVème Table Ronde de la Société Mexicaine

d’Anthropologie est spécialement dédiée à l’Occident. On notera ensuite les nombreux

travaux d’Helen Pollard, souvent en partenariat avec Shirley Gorenstein entre 1970 et

198019. Les auteurs se concentrent alors, entre autres, sur l’urbanisme de l’ancienne capitale

de Tzintzuntzan. En 1993, Helen Pollard publie Tariacuri’s Legacy (l’héritage de Tariacuri,

13

CAROT P., 2001 14

FAUGÈRE B., 1991 : 48 15

CASO A., 1930 dans MICHELET D., ibid. 16

NOGUERA E., 1931 et 1948 dans MICHELET D., ibid. 17

FREDDOLINO M.K., 1973 dans MICHELET D., ibid. 18

ACOSTA J., 1939 et RUBIN DE LA BORBOLLA D., 1939 dans MICHELET D., ibid. 19

POLLARD H.P., 1980, 1982, 1993

11

fondateur légendaire du royaume Tarasque, qui s’établit à Pátzcuaro autour de 1250 selon la

Relation). Cet ouvrage fait le point des connaissances sur la civilisation Tarasque.

Les investigations menées dans les décennies 1970 et 1980 font réaliser à la

communauté scientifique que l’histoire contée par la Relation de Michoacán revêt peut-être

un caractère plus historique que ce que l’on croyait jusqu’alors. L’arrivée des uacúsechas

depuis le nord via la région de Zacapú avant leur installation dans le bassin de Pátzcuaro

devient une question déterminante dans la compréhension des mouvements de populations

qui aboutirent à la mise en place de l’État tarasque.

B. Le projet Michoacán (1983-1987)

C’est entre autres dans cette optique qu’est entrepris le projet Michoacán par le

Centre d’Études Mexicaines et Centraméricaine (CEMCA) au début des années 1980.

L’objectif principal est l’identification de « toutes les manifestations préhispaniques

notables »20 dans la région. Cette investigation ambitieuse fournira la majorité des

informations sur les sites archéologiques qui jonchent les environs de l’actuelle Zacapu

jusqu’au rio Lerma. Menée de 1983 à 1986, El proyecto Michoacán couvre une aire

géographique de près de 1000 km², s’étendant des contreforts de la Meseta (ou Sierra

Tarasca) au sud au rio Lerma au nord.

Près de 400 sites archéologiques sont identifiés, allant de la simple concentration

d’artefacts en surface à de véritables centres urbains munis des bâtiments traditionnels de la

vie civique et rituelle mésoaméricaine. Chaque site est indexé pour des raisons pratiques

(faciliter le dialogue scientifique ou éviter de toujours avoir à répéter le nom usuel, parfois

très long). Un numéro est donc affecté à chaque site et est précédé du code MICH (pour

Michoacán). Par exemple, El Palacio de San Antonio Carupo est codé MICH. 103.

Trois zones sont définies sur la base des caractéristiques architecturales et du

matériel retrouvé, ainsi que la nature de l’environnement direct des sites (cf. chapitre 2)21.

La « Zona Sierra » au sud comprend principalement les sites postclassiques du malpaís de

20

MICHELET D., ibid. : 17 21

MICHELET D., ibid. : 17-18

12

Zacapu dont l’agencement se rapproche fortement de ce que l’on retrouve à l’époque

tarasque dans le bassin de Pátzcuaro22. Au nord-est de Zacapú, la « Zona Lago » regroupe les

sites de l’ancienne ciénéga, drainée au début du XXème siècle. Les sites s’établissent

essentiellement sur les lomas, de petites éminences qui émergeaient du lac à l’époque

préhispanique et constituaient alors autant de lieux d’une grande importance idéologique.

Ils présentent en effet souvent les évidences de pratiques funéraires23. Enfin, plus au nord, la

« zona Vertiente Lerma » présente des sites pour la plupart pré-tarasques, des grottes et

abris-sous-roches qui ont pu être les refuges des sédentaires mais aussi de nomades, ainsi

que de nombreux ateliers et mines d’obsidienne tarasques issue des cerros Zináparo et

Prieto24.

Fig.1 – carte générale des zones (issu de MICHELET D., 1992)

22 MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005 : 139-143 23

ARNAULD M.-C., P. CAROT & M.-F. FAUVET-BERTHELOT, 1993 24

FAUGÈRE B., 1996 et DARRAS V., 1999

13

À la lumière de la première campagne de 1983, six axes de recherche sont définis :

(1) L’étude de l’habitat dans la ciénega.

(2) Celle de l’organisation des établissements dans la zone « Vertiente Lerma ».

(3) La réalisation d’une investigation dans les alentours du Zináparo et du Prieto,

riches en obsidienne.

(4) La mise en place d’un programme d’exploration du malpaís de Zacapu où l’on

trouve une très forte concentration de sites tardifs.

(5) L’étude poussée du complexe funéraire de Las Milpillas (MICH. 95).

(6) Enfin, la reconstitution de la séquence céramique afin de replacer

chronologiquement les sites de la région.

Beaucoup des chercheurs français, directement associés ou non au laboratoire

d’archéologie préhispanique, ont travaillé dans la région de Zacapu. Que ce soit dans le

cadre du projet Michoacán ou dans sa continuation. On peut par exemple citer Dominique

Michelet, Alain Demant et Jean-Noel Labat qui publièrent El Proyecto Michoacán en 199225

où l’on retrouve une étude archéologique et environnementale de la région. Au même titre,

Arqueología de las Lomas en la cuenca lacustre de Zacapu par Marie-Charlotte Arnauld,

Patricia Carot et Marie-France Fauvet-Berthelot, fait le point sur les connaissances dans la

« Zona Lago ». On peut mentionner les travaux de Véronique Darras sur l’obsidienne du

Zináparo-Prieto ou ceux de Gérald Migeon dans le malpais de Zacapú. Enfin, ceux de Brigitte

Faugère sur « Vertiente Lerma » qui nous intéressent plus particulièrement26.

Bien que nous nous y attardions plus en détail dans le chapitre suivant, il est

important que nous insistions ici sur les travaux réalisés par Jean-Noël Labat. Il réalise sa

thèse de botanique sur la végétation du Michoacán, soutenue en 198827. Pendant la

préparation de celle-ci, il intégrera l’équipe du projet Michoacán pour lequel il effectuera

25

MICHELET D., 1992, DEMANT A., 1992 et LABAT J.-N., 1992 26

FAUGÈRE B., 1990, 1991, 1996, 2006, 2007 et 2009 27

LABAT J.-N., 1988

14

une étude de la végétation et de la pédologie de la région de Zacapu28. C’est en partie sur la

base de ses travaux que nous avons constitué notre analyse.

C. Les projets Zacapu, Michoacán, Etapa III (1993-1996) et Uacúsecha (2006- )

L’année 1987 clôt la première étape du programme qui aura duré cinq ans. À sa suite,

plusieurs publications présenteront les résultats. Parmi elles, El Proyecto Michoacán (1992),

Arqueología de las Lomas en la Cuenca lacustre de Zacapu (1993), ou les thèses de Brigitte

Faugère (1989), Gérald Migeon (1990), Véronique Darras (1991) et Patricia Carot (1993).

À partir de 1993, un nouveau projet est mis en place : Zacapu, Michoacán, Etapa III. Il

se concentre sur le malpaís au nord-ouest de Zacapu, afin d’étudier les vestiges tarasques

tardifs qui recouvrent les quelques 80 km² de coulées de lave du « mauvais pays ». Ce sont

trois grands sites qui sont choisi pour l’investigation : MICH. 23, 31 et 38. Ne pouvant

accorder autant de temps à ceux-ci qu’à MICH. 95 dix ans plus tôt, ce sont principalement

des enregistrements rigoureux d’un maximum de structures dans un quadrillage prédéfini

qui sont privilégiés29. Le temps manquait et réaliser un plan exhaustif avec le relevé

graphique de chaque structure comme cela avait été fait pour MICH. 95, n’était pas

envisageable. De ces travaux découlent deux informations principales. La première concerne

l’estimation de la population, qui a alors été légèrement revue à la baisse. La seconde est la

mise en évidence d’un indéniable changement dans l’organisation spatiale, très

probablement lié à des modifications d’ordre sociopolitique. Cette dynamique est reflétée

par l’établissement de ces grands sites. Pourtant, les indices qui pourraient permettre

l’identification d’une élite dirigeante sont minces.

Parallèlement et à la suite du projet Zacapú, de nouvelles publications paraissent. Ce

sont par exemple les Cuadernos de Estudios Michoacános édités par le CEMCA : Entre

Zacapu y Rio Lerma (1996) où Brigitte Faugère reprend les données de sa thèse, ou

Tecnologías prehispánicas de la obsidiana (1999) où Véronique Darras fait de même. Notons

aussi Génesis, culturas y espacios en Michoacán dont les sept chapitres, rédigés par les

protagonistes des deux projets, font à l’époque le point des connaissances sur les thèmes

28

LABAT J.-N., 1992 29

MICHELET D., 1998

15

principaux abordés pendant les quinze années passées. Le début des années 2000 constitue

toutefois un certain ralentissement dans les travaux sur la région.

C’est en 2006 que Zacapú et ses environs retrouvent une nouvelle jeunesse avec la

mise en place du projet Uacúsecha par Grégory Pereira. Ce-dernier avait déjà pris part au

dernier programme, notamment dans le cadre de sa thèse30 dont la problématique s’appuie

sur les fouilles de Potrero de Guadalupe. En qualité de spécialiste en anthropologie

physique, Grégory Pereira a pu fournir, grâce à ces fouilles, de nombreuses informations sur

les pratiques funéraires des populations pré-tarasques de la région. Le nom du projet –

Uacúsecha – n’est pas trompeur puisqu’un des objectifs principaux est d’éclaircir l’obscure

question des mouvements de populations qui ont conduit à l’implantation des Tarasques

dans le malpaís hostile et, par extension, ont probablement constitué un premier moteur à

l’émergence de l’État éponyme. Nombre de doctorants et de jeunes chercheurs ont intégré

et continuent d’intégrer ce nouveau programme de recherche. On pourra citer Elsa Jadot ou

Marion Forest31.

D. La zone « Vertiente Lerma »

C’est sur la zone « Vertiente Lerma » qu’a été réalisée l’étude que nous allons

présenter ici. Aussi est-ce sur la base des travaux de Brigitte Faugère, mentionnés plus haut,

que repose une grande partie de notre étude. Il convient donc de les présenter. En 1990,

l’auteur soutient sa thèse de doctorat à l’université de Paris 1 : Entre nomades et sédentaires

: archéologie du versant méridional du Lerma au Michoacán. Elle constitue la source

principale des connaissances sur cette zone en présentant à la fois les sites, leurs

descriptions, le matériel issu des fouilles de certains d’entre eux, l’étude de l’art pariétal

abondant dans la région ainsi qu’une synthèse générale sur l’évolution culturelle de la

période archaïque au XVIème siècle. Ce travail est l’aboutissement du second axe de

recherche qui avait été mis en place en 1984 au sein du projet Michoacán. Il se fonde à

l’origine sur l’étude de 62 sites de natures diverses présentant des états de conservation

variés. Certains possèdent encore des structures en élévation sur une hauteur notable.

30

PEREIRA G., 1999 31

FOREST M., 2011

16

D’autres, au contraire, ont vu le temps détruire et araser leurs constructions, au point

parfois de ne plus présenter que les vestiges de fondations. À partir de ce corpus, Brigitte

Faugère a pu replacer la plupart dans un cadre chronologique – sur lequel nous reviendrons

plus tard – qui correspond approximativement à l’époque classique et au début du

préclassique pour la majorité. Dans une certaine mesure, elle a pu reconstituer les grandes

lignes de l’économie et même toucher à l’idéologie, au travers notamment des nombreuses

gravures et peintures rupestres découvertes. Elle a aussi posé les bases de l’évolution

culturelle de la région en mettant en évidence des regroupements de sites en fonction des

époques. Cette démarche a été réalisée via l’établissement d’une classification

morphologico-fonctionnelle des sites. Là encore, nous y reviendrons.

Les travaux de Brigitte Faugère ne se résument pas seulement à cette thèse.

Notamment parce qu’elle a débouchée sur une publication où de nombreuses informations

ont été ajoutées. Entre Zacapu y Río Lerma : culturas en una zona fronteriza parait en 1996.

Reprenant les grandes lignes qu’elle avait mises en évidence dans sa thèse, l’auteur effectue

cependant un réel travail de remodelage. C’est avant tout le corpus des sites qui est très

largement étendu. De 62, on passe à 101 sites présentés. En 1997, Brigitte Faugère publie un

ouvrage qui fait le point sur les découvertes concernant les peintures et gravures rupestres

que l’on trouve dans la région. Parallèlement à ces deux synthèses principales, plusieurs

articles et contributions à des ouvrages collectifs viennent compléter ces travaux. Parmi

ceux-ci, notons le chapitre publié au sein de Las sociedades complejas del occidente de

México en el mundo mesoamericano32 qui touche plus particulièrement à notre étude. C’est

en effet dans ce chapitre qu’est présentée une première approche des potentiels agricoles

liés aux sites, ainsi qu’un travail de cartographie pour les mettre en exergue. L’auteur

travaille alors sur un corpus de 102 sites (ajout de MICH. 106), qu’elle replace dans une

typologie morphologico-fonctionnelle simplifiée (« hameaux », « villages », « centres » et

« autres »). Nous y reviendrons lors de la présentation des sites dans le chapitre 4. Elle

réalise plusieurs analyses statistiques simples à l’aide de cartes pour définir les liens entre les

sites en fonction des phases chronologiques. L’étude des distances entre sites et celle de

leur intégration dans l’environnement via des données sur la pédologie, le climat, la

végétation, l’utilisation des sols et l’hydrologie ont été effectuées. Elles ont mis en évidence

32

FAUGÈRE B., 2009

17

des regroupements de sites qui varient au cours de la séquence chronologique (nous y

reviendrons dans le chapitre 3). Comme l’auteur le précise, l’étude s’est limitée à la

comparaison manuelle des cartes fournies par l’INEGI (Instituto Nacional de Estadística y

Geographía), bien que cela puisse être entrepris à l’aide d’un système d’information

géographique (SIG).

Au vu des limites inhérentes à une étude manuelle telle qu’elle a été présentée ci-

dessus, l’objectif principal de notre travail est d’intégrer les sites et les données

environnementales dans un SIG. On veut par la suite être capable d’apprécier l’évolution

culturelle de la région au travers de l’étude de différentes variables que ce type de logiciel

peut gérer. Cependant, la maîtrise d’un SIG demande un certain temps et beaucoup

d’expérience. Aussi nous limiterons-nous à une analyse relativement simple correspondant

autant à la découverte de l’environnement archéologique que nous commençons à

appréhender, qu’à la prise en main de l’outil informatique. Nous souhaitons mettre en place

une nouvelle approche de l’organisation spatiale de la zone Vertiente Lerma. Notre postulat

de départ est que les sites archéologiques se regroupent, d’une manière ou d’une autre, en

fonction des potentiels agricoles de la région. Nous allons pour cela réaliser une « site

catchment analysis ». Les détails de ce travail seront présentés dans les parties II et

III. Néanmoins, dans une optique de clarification de notre propos, il nous a semblé important

de revenir sur la notion même de « catchment analysis », ainsi que sur ses origines et son

application en archéologie.

E. «Site catchment analysis »

Depuis ces dernières années, l’informatique ouvre des horizons nouveaux à la

recherche archéologique grâce à des outils qui évolue à la vitesse des nouvelles

technologies. Parmi ceux-ci, l’un des plus répandu, de part sa polyvalence, est sans doute le

système d’information géographique. Il permet la réalisation de cartographies dynamiques

où peuvent être conçues de nombreuses analyses spatiales et statistiques. L’un des objectifs

de notre étude, comme on l’a déjà évoqué, est d’appliquer ce nouvel outil à la région

Vertiente Lerma afin de mieux comprendre l’organisation spatiale de ses sites. Dans cette

optique, nous allons mettre en place une analyse dit de « catchment » (captage), francisée

18

en « territoire d’exploitation ». Avant d’aller plus loin, nous nous devons donc de revenir sur

cette notion et son origine.

La première mention et, par extension, la première réalisation de «site catchment

analysis » se trouve dans un article de Vita-Finzi et Higgs de 197033 où ils présentent une

étude sur l’économie préhistorique de la région du Mont Carmel en Palestine. Les auteurs

empruntent le terme à la géomorphologie où il signifie « bassin versant ». À l’instar de ce-

dernier qui canalise les cours d’eau grâce à ses pentes, le territoire d’exploitation d’un site

archéologique est la zone de laquelle il tire ses ressources. À l’époque, les outils qui

permettent la mise en place d’une telle analyse sont alors relativement limités, mais la

théorie est posée. L’idée générale est de définir cet espace qui entoure le site en

introduisant plusieurs facteurs déterminants, tant économiques, qu’énergétiques,

sociologiques, topographiques ou simplement logiques. On obtient alors un espace

géographiquement délimité dans lequel les hommes peuvent trouver des ressources

primordiales. La réflexion est faite pour des systèmes de société où l’autosuffisance

représente une grande partie de l’économie. Ainsi, en règle générale, ce type d’étude

concerne les denrées à proximité du site et pour lesquelles l’investissement fourni par les

habitants pour s’y rendre est régulier (quotidien, hebdomadaire, voire mensuel). Ce sont par

exemple les territoires de chasses, les zones d’approvisionnement en eau, ou les champs

cultivés. L’aire qui entoure le site se limite alors à quelques kilomètres. Cependant, certains

auteurs vont parfois plus loin et tente d’appliquer ce type de réflexion à une échelle

beaucoup plus petite. Par exemple, Kent Flannery réalise une analyse des territoires

d’exploitation dans les vallées d’Oaxaca et Tehuacan dans les années 197034. À San José, les

territoires d’exploitation qu’il définit vont du kilomètre (pour l’obtention de ressources dans

la rivière voisine) à plusieurs centaines (pour l’acquisition de matériaux exotiques). Cette

réflexion est intelligente au niveau social puisque, en effet, il est important de réfléchir à

tous les types de produits. Néanmoins, tout regrouper dans une même méthode d’approche

ne nous parait pas judicieux. Il semble compliqué d’avoir une approche théorique viable

quand on travaille sur un cercle dont le rayon est aussi grand.

33

VITA-FINZY C. & E.S. HIGGS, 1970 34

FLANNERY K., 1976 : 91-130

19

Depuis les travaux pionniers de Vita-Finzi et Higgs, beaucoup d’archéologues

américanistes (Flannery ; Blanton ; Coe ; Rossman…35), ou non36, ont réalisé des analyses des

territoires d’exploitation en faisant varier les facteurs et les problématiques. Notre objectif

ici est avant tout de mettre en place une méthodologie de travail. C’est pourquoi l’étude que

nous allons réalisée ne fera intervenir que peu de facteurs.

C’est ainsi dans la lignée d’une riche histoire des recherches dans la région que nous

entamons notre étude. Cependant, c’est surtout la partie méridionale qui a concentré les

investigations depuis près de vingt ans. Mais avant de pouvoir entrer dans le vif du sujet, il

nous faut revenir sur deux points fondamentaux pour bien comprendre le contexte de

l’analyse. Nous voulons bien entendu parler de l’environnement et de la chronologie.

35

FLANNERY K., ibid. 36

COSTE N., J. GUILAINE & J.-C. REVEL, 1988

20

- CHAPITRE 2 -

CCCCADRE GÉOGRAPHIQUE

Avant de commencer notre présentation du cadre géographique, nous souhaitons

préciser que nous avons réalisé une carte à l’aide du SIG qui regroupe les informations

générales (cf. annexes, carte 1). Ainsi, le lecteur pourra s’y reporter au cours de ce chapitre.

A. Situation générale

La région étudiée se situe autour de la ville actuelle de Zacapu au nord-ouest de l’état

de Michoacán dans l’Occident du Mexique. L’agglomération moderne, première escale des

Uacúsecha vers le bassin de Pátzcuaro à la charnière entre le XIIème et le XIIIème siècle selon la

Relation de […] Michoacán, se situe à environ 300 kilomètres à l’ouest de l’ancienne

Tenochtitlan. À une trentaine de kilomètres au sud-est reposent les ruines de Tzintzuntzan,

capitale de l’empire Tarasque à l’arrivée des Espagnols. Mais c’est au nord de la ville que l’on

trouve les vestiges des édifices construits par les civilisations pré-tarasques qui habitèrent

les vallées au sud du rio Lerma à l’époque classique et au début du postclassique (entre 600

et 1200 apr. J.-C.).

La zone étudiée par le projet Michoacán à partir du début des années 1980 se situe

entre 19°45’ et 20°10’ de latitude nord et entre 101°40’ et 102°05’ de longitude ouest. Ce

sont environ 1000 km² qui ont fait l’objet d’une investigation. La zone Vertiente Lerma,

quant à elle, est réduite entre 19°55’ et 20°10’ de latitude nord pour les mêmes

coordonnées de longitude. Elle représente très grossièrement 450 km² prospectés. Elle est

limitée au sud par les contreforts de la Meseta, ou Sierra Tarasca, matérialisée par le cerro El

Agostadero qui culmine à un peu plus de 2500 mètre d’altitude, ouvrant sur les montagnes

qui atteignent 2800 et 3000 mètres au sud ouest de Zacapu. Au nord c’est le début de la

dépression créée par le rio Lerma qui matérialise la frontière. À l’est, la vallée du rio Angulo

constitue la limite de la zone. Enfin, la vallée qui va de la ville de Los Fresnos à Penjamillo

forme l’extrémité ouest, où il faut noter le complexe montagneux du Zinaparo-Prieto, dont

21

l’obsidienne native sera d’une grande importance à l’époque tarasque37. La région entière

est jonchée de cônes volcaniques qui en font un terrain relativement accidenté, perché

entre 2100 et 1700 mètres d’altitude du sud vers le nord et entrecoupé de vallées fertiles.

Aussi est-il important de revenir sur le volcanisme omniprésent qui a façonné

l’environnement et constitue par conséquent un facteur déterminant pour la perception que

les hommes préhispaniques en ont eu et l’utilisation qu’ils en ont fait.

Fig. 2 – Situation générale de l’étude.

B. Volcanisme et géomorphologie

Le Mexique central est coupé sur presque toute sa largeur par l’Axe Néovolcanique

Transmexicain (ANT). Il s’étend approximativement le long d’une ligne imaginaire que l’on

peut tracer entre la ville de Tepic (Nayarit) et celle de Veracruz (Veracruz). Il correspond à la

zone de subduction où la plaque tectonique des îles Cocos plonge sous la plaque nord-

37

DARRAS V., 1999

22

américaine. L’ANT a été divisé en quatre parties distinctes38. On rencontre ainsi d’ouest en

est, la fosse tectonique Tepic-Chapala orientée NW-SE, puis celle de Colima N-S, la zone du

Michoacán et finalement la partie orientale qui s’arrête au Pico de Orizaba, à la limite entre

les états de Puebla et Veracruz. La région étudiée se situe bien entendu dans la zone

Michoacán, la plus riche en volcans quaternaires, c’est-à-dire, relativement récents à

l’échelle des temps géologiques. La zone Vertiente Lerma présente une majorité de

stratovolcans, formés par des éruptions successives ou uniques. Ils sont qualifiés dans ce

dernier cas de cônes monogéniques. Ainsi, l’environnement est composé d’une succession

de monts distribués le long d’une pente légère mais constante du sud vers le nord. Le fond

des vallées se trouve entre 1700 et 2000 mètres. La partie méridionale présente donc les

plus hauts monts avec des altitudes tournant autour de 2500 mètres. En remontant dans la

partie septentrionale, les massifs montagneux se font plus épars et leurs altitudes plus

réduites – autour de 2000 mètres – alors que l’on atteint les bords du rio Lerma. Entre les

montagnes, plusieurs vallées s’étalent. En leur sein, un réseau hydrographique complexe

s’est lentement mis en place. C’est souvent les versants des monts (cerros en espagnols) qui

ont constitués des espaces privilégiés pour l’édification des établissements à l’époque qui

nous intéresse.

La région est grossièrement divisée en trois vallées successives d’est en ouest. Elles

sont toutes trois orientées S-N. Au nord de celles-ci, on retrouve la large vallée du rio Lerma,

qui est, elle, orientée E-W.

- La vallée du rio Angulo est la plus orientale des trois mentionnées plus haut. Elle

s’étend sur environ 15 kilomètres depuis le cerro El Brinco Del Diablo au sud jusqu’à la ville

actuelle d’Agua Caliente au nord. Elle est large d’environ 6 kilomètres et est aujourd’hui

particulièrement riche en zones cultivées en raison des terres fertiles qui bordent la rivière.

Toutefois, ces alluvions s’avèrent relativement lourdes et sont donc difficilement

exploitables sans l’utilisation de techniques agricoles modernes. Des conditions à prendre en

compte dans la mesure où les populations précolombiennes n’avaient à disposition que la

force humaine pour les travaux des champs.

38

DEMANT A., 1992

23

- La seconde vallée, centrale, va approximativement de Bellavista à Epejan. Elle est

limitée au sud par le cerro El Fresno et au nord par le goulet formé par les cerros Blanco à

l’est et Prieto39 à l’ouest. Pour une longueur d’une douzaine de kilomètres, sa largeur est

assez variable dans la mesure où elle est bien plus accidentée que celle du rio Angulo. Les

petites élévations, comme le cerro La Cruz, en font une vallée sinueuse et souvent étroite.

Aussi est-elle aujourd’hui moins mise en culture que ses voisines.

- La troisième vallée s’étend du lac de Los Fresnos au sud à la ville de Penjamillo au

nord. Alors qu’elle commence étroite au sud, elle s’évase de plus en plus à mesure qu’on la

remonte vers le nord. Elle est aujourd’hui abondamment cultivée, surtout dans sa partie

septentrionale.

- La vallée du rio Lerma est de nos jours la plus intensément mise en valeur pour ses

terres fertiles. Néanmoins, comme nous l’avons fait remarquer pour le rio Angulo, les sols

alluvionnaires lourds ne sont pas forcément ceux privilégiés par les sociétés préhispaniques.

Nous en prendrons compte dans notre analyse. De plus, cette zone n’a été sujette qu’à peu

de prospections systématiques et ne constitue donc pas un échantillon assez viable.

C. Climat

La région répond aux caractéristiques d’un climat tropical avec cependant deux

variations principales liées à la différence d’altitude entre nord et sud40. La partie

septentrionale connait majoritairement un climat de type tropical montagnard assez chaud.

L’isohypse des 2300 mètres d’altitude définit grossièrement la limite entre ce dernier type

de climat et celui que l’on retrouve au-dessus de cette altitude, à savoir un climat tropical

montagnard assez froid. Ainsi, le complexe montagneux sud initié par le cerro El Metate et

celui de l’ouest avec le Zinaparo et le Prieto connaissent un climat plus froid que les vallées.

La résultante dans les deux cas est la persistance d’une saison sèche plus longue. En effet,

comme pour tout climat tropical, l’année est ici divisée en deux saisons. La saison sèche

dure environ sept mois, de novembre à mai. Par conséquent, la saison humide s’étale sur

39

Il faut faire attention à ne pas confondre le cerro Blanco évoqué ici et celui que l’on trouve à l’est du rio Angulo. De même pour le cerro Prieto qui possède un homonyme dans le complexe Zinaparo-Prieto. 40

LABAT J.-N., 1992 : 75-78

24

cinq mois, de juin à octobre. Toutefois, ces données sont valables pour la région du projet

Michoacán dans son entièreté et la durée de la saison sèche est donc à rallonger un peu

pour la zone Vertiente Lerma à la lumière des conditions particulières mentionnées ci-

dessus.

La variation d’altitude a donc une influence importante sur la température moyenne.

En dessous de 1800 mètres, dans la partie septentrionale de la région, la température

moyenne annuelle est d’environ 20,5°C. On compte 1 à 4 jours de gel entre décembre et

février avec des minimales à 3°C au dessous de 0°C. Dans la partie méridionale, plus élevée,

la température moyenne annuelle est un tantinet plus faible avec environ 15°C au dessus de

2000. On dénombre alors 20 à 60 jours de gel d’octobre à mars. Le baromètre peut

descendre jusqu’à -5/-7°C.

En l’absence de diagramme ombrothermique spécifique à la zone Vertiente Lerma,

nous nous appuierons sur les données disponibles pour la ville actuelle de Zacapu. On

compte en moyenne 811 millimètres de précipitations par an. Les mois les plus secs sont

février et mars avec moins de 10 millimètres de précipitations. À l’inverse, les mois les plus

humides sont juillet et août, pendant lesquels tombent près de 200 millimètres.

Fig. 3 – diagramme ombrothermique de la ville de Zacapu (d’arpès LABAT J.-N., 1992)

En conséquence de ce climat, la région est relativement sèche dès que l’on s’éloigne

des lits de rivières. En admettant que le climat soit resté assez similaire depuis l’époque

préhispanique, l’accès aux ressources en eau devait alors être déterminant pour le choix des

installations. Il est donc important que nous revenions sur l’hydrographie.

25

D. Hydrographie

Nous l’avons déjà mentionné, le réseau hydrographique actuel est très complexe.

Avec une largeur d’une vingtaine de mètres de moyenne, le rio Lerma qui coure au nord est

la plus grosse rivière de la région. Il marque la limite naturelle entre l’état de Michoacán et

celui de Guanajuato. Les trois vallées S-N mentionnées plus haut sont traversées par trois

affluents du Lerma. Le rio Angulo à l’est, le San Miguel Epejan au centre et le Río Grande à

l’ouest. Ceux-ci sont eux-mêmes approvisionnés par de très nombreux petits cours d’eau qui

s’écoulent des montagnes environnantes. La plupart sont cependant temporaires mais

constituent quoi qu’il en soit des ressources en eau non-négligeable à la saison humide.

Certains espaces enfin ont été drainés, à l’instar de ce qui a été fait au début du XIXème siècle

dans l’ancienne ciénéga de Zacapu. C’est le cas pour une partie de la vallée du rio Angulo de

part sa forte anthropisation pour l’exploitation des terres. Les alentours du cerro El Colorado

ont aussi fait l’objet d’un remaniement drastique. Cependant, cela ne concerne que

l’extrême nord de la région que nous étudions et seuls quelques sites en grotte côtoient cet

espace.

Parallèlement aux cours d’eau, la zone est parsemée de lacs. Pourtant, là encore,

beaucoup ne sont que temporaires et/ou ont été remaniés par des interventions humaines,

comme la construction de barrages par exemple. Pour ce qui est de l’époque préhispanique,

aucun indice d’irrigation n’a pu être mis en évidence41.

E. Pédologie

Dans la mesure où nous allons tenter de définir des zones présentant différents

potentiels de mise en culture dans la suite de notre exposé, il est important de nous arrêter

sur la pédologie de la région. Les facteurs édaphologiques sont en effet fondamentaux pour

le développement de la végétation. Nous reviendrons brièvement pour cela sur les travaux

réalisés par Jean-Noël Labat pendant le premier projet Michoacán42 et les cartes de l’INEGI.

Nous avons aussi eu recours à des sources plus générales comme l’Introduction à la science

du sol43 de Philippe Duchaufour ou les encyclopédies en ligne Universalis et Britannica44.

41

FAUGÈRE B., 1996 42

LABAT J.-N., 1992 43

DUCHAUFOUR P., 2001 44

Confère « Références internet »

26

Enfin, il faut préciser qu’en pédologie, de nombreuses classifications pour les sols sont

utilisées. Elles sont sans cesse revues et les spécialistes ne s’accordent pas encore sur une

seule classification qui aurait valeur universelle. N’étant pas assez expérimenté dans le

domaine, nous avons préféré rester en accord avec les travaux de Labat qui suivent la

classification proposée par Philippe Duchaufour. Il a parallèlement donné les équivalences

de types de sol dans la classification nord-américaine de la FAO (Food and Agriculture

Organization), ce que nous avons aussi fait ici. Aussi, sans nous y aventurer outre mesure,

nous avons recoupé les informations de la FAO à l’aide des sites susmentionnés. Et ce,

notamment pour les données concernant l’agriculture qui nous intéressent et que Labat n’a

pas tellement mis en avant. Pour la suite du travail, nous dénommerons les types de sols en

suivant la terminologie de la FAO pour la simple et bonne raison qu’elle est celle usité au

Mexique.

Trois groupes de sols ont été définis par Jean-Noël Labat pour la zone Vertiente

Lerma.

- 1. Les sols peu évolués avec des profils peu différenciés. Ils correspondent à la

première étape de pédogénese, directement au dessus de la roche mère et sont ici

représentés par les lithosols et les andosols.

Lithosols (Lithosols FAO). Constitués d’un complexe organo-minéral, ces sols

très superficiels (25 cm) reposent directement sur la roche volcanique et

résultent d’un fort degré de dégradation du aux pentes dans les zones

montagneuses. Ils sont par conséquent peu propices à la croissance des

végétaux qui se limitent à des herbes et des buissons. Néanmoins la faune

peut s’y avérer nombreuse. Ils sont présents dans toute la région et sont

souvent associés à d’autres types de sol.

Andosols (Andosols FAO). Ces sols jeunes se sont formés à la faveur de la

dispersion de cendres volcaniques. Ils présentent un fort taux de verres

volcaniques et de matériaux colloïdaux45. Leur porosité leur permet une

bonne hydratation. Ils sont donc particulièrement fertiles et faciles à

travailler. Cependant, alors qu’ils sont très nombreux dans la zone Sierra, on

45

Éléments microscopique dispersés dans un solide, un liquide ou un gaz.

27

ne les retrouve qu’au sud de la zone Vertiente Lerma, autour des cerros El

Agostadero et Brinco del Diablo notamment.

- 2. Les sols à maturation humique. L’humification est le processus de transformation

de la matière organique en humus sous l’influence de micro-organismes. Ainsi, les

sols dits humiques présentent une forte concentration en carbone organique qui leur

confère une couleur foncée.

Sols isohumiques brunifiés tropicaux (Phaeozems FAO). Ce sont des sols très

riches en matière organique. Ici souvent en contact avec des vertisols et des

sols vertiques, on les retrouve dans les zones les mieux drainées.

Vertisols (Vertisols FAO). On rencontre les vertisols dans les zones où le

drainage est mauvais. La maturation et la polymérisation46 de la matière

organique y sont favorisées. Ce sont par conséquent des sols très riches en

argiles. Extrêmement durs pendant la saison sèche, extrêmement lourds (car

gorgés d’eau) pendant la saison humide, ils demandent beaucoup d’effort

pour être mis en culture, surtout en l’absence d’un outillage adéquat.

Pourtant, ils sont les plus représentés dans notre zone d’étude puisqu’ils en

occupent 70%.

Sols vertiques. Ces sols sont de deux types dans la région. Les sols

fersiallitiques vertiques (Luvisols vertiques FAO) et les sols brunifiés eutrophes

tropicaux vertiques (Vertisols chromiques FAO). Ils sont assez similaires aux

vertisols. Les premiers sont des sols intermédiaires dans leur transformation

en vertisols à proprement parler. Les seconds sont très proches des vertisols,

mais s’avèrent moins riches en argiles de part leur situation dans des zones

mieux drainées que ces-derniers.

- 3. Les sols fersiallitiques. Ils sont caractérisés par un taux élevé d’oxydes de fer qui

leur donne des colorations particulières tirant vers le rouge. Deux types sont

observables dans la région.

46

Réaction chimique qui pousse les molécules constitués de peu d’atomes (monomères) à s’assembler pour former des molécules bien plus complexes et lourdes (polymères).

28

Brunisols eutrophes tropicaux (Cambisols FAO). Ce type de sols ne se retrouve

qu’aux limites méridionales de notre zone d’étude. À savoir, au sud-ouest du

cerro El Fresno et au sud-ouest du complexe montagneux du cerro El

Agostadero. Il est tout de même important de les noter car, bien que peu de

sites en soit proches (MICH. 74 et 75 par exemple), ce sont des sols fertiles.

Sols rouges fersiallitiques tropicaux (Luvisols chromique FAO). À l’instar des

brunisols eutrophes tropicaux, ces sols se retrouvent au sud de la zone autour

des mêmes complexes montagneux. Peu nombreux mais plus proches des

sites archéologiques, il faut noter leur bonne fertilité. Néanmoins, ce sont des

sols profonds dont l’exploitation par les populations préhispaniques n’est pas

forcément aisée.

Fig.4 – Pédologie de la région de Zacapu (d’après LABAT J.-N., 1992)

29

Nous reviendrons dans notre deuxième partie sur ces différents types de sols

auxquels nous tenterons d’attribuer différents degrés de potentialité agricole. Toutefois, afin

de ne pas limiter nos définitions aux facteurs édaphologiques et climatiques que nous

venons de présenter, nous nous appuierons aussi sur les données disponibles concernant la

végétation et l’exploitation de la terre actuelles. Aussi allons-nous désormais les présenter.

F. Végétation

Nous nous appuierons là encore sur les travaux de Jean-Noël Labat qui a réalisé sa

thèse sur la végétation au nord-ouest du Michoacán47. Les résultats de ses recherches sont

aussi disponibles dans El Proyecto Michoacán48. Avant toute chose, l’auteur présente une

carte de la végétation potentielle de la région (dont nous fournissons une reproduction

vectorisée par SIG, carte 2). Il a combiné les informations pédologiques et climatiques pour

aboutir à cette représentation purement théorique qui nous sera utiles pour nous donner

une idée de l’environnement avant toute activité humaine. On pourrait penser que

l’agriculture traditionnelle préhispanique a eu une moindre importance dans la modification

du milieu que celle réalisée à partir du XVIème siècle à l’aide de l’outillage et des techniques

rapportées par les Espagnols. Ce n’est probablement pas le cas. En effet, O’Hara, Alayne

Street-Perrott et Burt49 ont montré dans leur étude du lac de Pátzcuaro que l’influence des

pratiques agricoles anciennes sur l’environnement s’est avérée bien plus importante que

l’on ne le pensait encore naguère. C’est pourquoi nous prenons aussi en considération

l’utilisation actuelle des différentes niches écologiques à l’aide des cartes de l’INEGI.

Végétation potentielle

À la suite de son étude de la pédologie et du climat de la région du projet, Jean-Noël

Labat a réalisé une carte de la végétation qui aurait du couvrir la région sans l’intervention

de l’Homme. L’auteur a simplifié afin de ne pas la surcharger. Il a choisi de ne représenter

que les espèces dominantes en mettant de côté celles qui sont trop sporadiques ou dont la

représentation dans la région est proportionnellement minime. Il a donc réduit son

47

LABAT J.-N., 1988 48

LABAT J.-N., 1992 49

O'HARA, S.L., F.A. STREET-PERROTT & T.P. BURT, 1993

30

échantillon à sept types de végétation. Cependant, nous n’en présenterons ici que cinq

puisque deux d’entre eux – la forêt d’oyamel et la végétation des coulées de lave récentes –

ne sont pas observables dans la zone Vertiente Lerma.

- Forêt tropicale caducifoliée50. Ce type de végétation est potentiellement le

plus répandu de la région avec une couverture de 1175 km² (cf. fig.5 ci-

dessous). Pourtant, l’anthropisation du milieu l’a presque fait complètement

disparaître. Seul persiste un minuscule noyau au sud-ouest du Zináparo (non

représenté sur la carte de part l’exceptionnalité de l’échantillon). Le reste de

l’espace normalement couvert par ce type de végétation est aujourd’hui

principalement occupé par des pâturages et buissons sur lesquels nous

reviendrons après. La forêt tropicale caducifoliée du Michoacán correspond à

une forêt basse avec une canopée ne dépassant pas les 8 à 10 mètres. Sous

cette première strate, on en distingue une seconde composée d’arbustes de 1

à 2 mètres. Enfin, on retrouve une strate d’herbacées pouvant atteindre 60

centimètres.

- Forêt de pin. Comme son nom l’indique, ce type de végétation est caractérisé

par la prédominance d’une ou plusieurs espèces de pins. La canopée atteint

en moyenne 15 à 25 mètres. On observe souvent une deuxième strate, plus

basse, plafonnant entre 8 et 12 mètres, constituée d’espèces latifoliées51

caducifoliées ou semi-sempervirentes52. Une troisième strate d’arbuste

atteint 2 à 3 mètres. La strate d’herbacées ne dépasse pas le mètre de haut.

- Forêt de chêne. On y retrouve une prédominance d’une ou, plus

généralement, plusieurs espèces de chênes. La canopée atteint 10 à 15

mètres pour la strate supérieure. La strate arbustive fait 2 à 3 mètres et celle

d’herbacées moins d’un mètre.

- Végétation aquatique. C’est bien entendu la végétation que l’on retrouve

aux abords des cours et des plans d’eau. Ces zones sont difficilement

50

Qualifie les arbres à feuilles caduques. Par extension, défini une forêt présentant des espèces de ce type. 51

Qui a des feuilles larges. 52

Une espèce sempervirente ne perd pas ses feuilles à la mauvaise saison. Une espèce semi-sempervirente perd ses feuilles pour une période de temps très courtes alors que les nouvelles feuilles poussent déjà.

31

exploitables sans avoir recours à des opérations de drainage importantes. Les

recherches antécédentes n’ayant pu identifier aucun aménagement

préhispanique de ce type, nous ne prendrons pas compte de ces espaces dans

la suite de notre étude. Nous nous limiterons simplement à leur mention.

- Forêt d’épineux. Ce dernier type est hypothétique. En effet, quelques

individus isolés laissent penser que la forêt d’épineux a pu constituer la

végétation originelle des grandes vallées comme celle du rio Lerma à

l’extrême nord de la région étudiée. Cependant, ces zones ont été

extrêmement modifiées par l’Homme. D’énormes travaux d’irrigation,

postérieurs à l’époque préhispanique ont transformé le paysage en une

mosaïque de champs cultivés, qui n’a donc plus rien à voir avec le milieu

ancien. Ces données sont par conséquent très épineuses et difficiles à

exploiter.

Type de végétation

Superficie potentielle en km²

% Superficie actuelle en km²

%

Forêt d’oyamel 2 0,09 2 0,09

Forêt de pin 344 15,09 219 9,61

Forêt de chêne 581 25,48 191 8,38

Forêt tropicale caducifoliée 1175 51,54 1 0,04

Végétation sur coulées de lave 16 0,70 16 0,70

Végétation aquatique (et plans d’eau)

81 3,55 17 0,75

Forêt d’épineux 81 3,55 0 0

Mosaïque de buissons et pâturages 0 0 793 34,78

Agriculture pluviale 0 0 774 33,95

Agriculture irrigée 0 0 267 11,71

Total 2280 100 2280 100 Fig.5 – Superficies potentielle et actuelle des types de végétation (d’après LABAT J.-N., 1992)

Histoire d’anthropisation et utilisation actuelle des sols

La végétation présentée ci-dessus est théorique. Aussi, lorsque que l’on passe à

l’observation directe sur le terrain, la réalité est toute autre. Dès les premières occupations

humaines, l’environnement a été modifié en profondeur. Nous verrons dans le chapitre

suivant que la colonisation de la région par des groupes de cultivateurs sédentaires

32

commence probablement dès le VIIème siècle de notre ère. C’est donc vraisemblablement à

cette époque que sont réalisées les premières démarches d’appropriation du milieu. Que ce

soit pour construire leurs habitations, façonner leurs outils, ou plus simplement pour mettre

en culture certains espaces, les hommes préhispaniques ont coupé les arbres dont ils avaient

besoin ou qui entravaient leur expansion agricole. Ils ont construit des terrasses sur les

pentes des monts pour y installer maisons et champs et ont ainsi commencé le remodelage

de leur environnement. Cette dynamique, initiée il y a plus de 1300 ans, est toujours

d’actualité et s’est même amplifiée avec l’introduction des animaux de trait après la

Conquête, et plus encore avec la mécanisation du travail au cours des deux derniers siècles.

En l’absence d’une reconstitution de l’environnement à l’époque préhispanique, il

nous a paru judicieux de nous intéresser un tant soit peu à l’usage des sols à l’époque

actuelle. En effet, le paysage présent peut garder des traces du paysage passé. Pour ce faire,

nous nous appuierons sur trois sources principales. D’abord, la suite du travail de Jean-Noel

Labat qui, en identifiant la végétation de la région, a bien entendu proposé une étude du

milieu actuel. Parallèlement, nous prendrons en compte les recherches d’Olivier Gougeon

sur le paysage du nord du Michoacán53. Enfin nous utiliserons aussi les cartes réalisées par

l’INEGI entre 1981 et 199654, ainsi que le logiciel Google Earth qui nous permettra de vérifier

et comparer les zones cultivées, forêts et pâturages sauvages.

Sur les cinq espaces écologiques mentionnés pour la végétation potentielle, certains

ont complètement disparu et d’autres ont considérablement régressé à la faveur de deux

nouveaux types de paysages. Les champs cultivés et une mosaïque de buissons et de

pâturages sauvages. Comme on l’a déjà évoqué, la forêt tropicale caducifoliée qui devait

couvrir la majorité de la région avant l’arrivée de l’Homme est aujourd’hui pratiquement

inexistante. Des 1175 km² (plus de 50 % de l’environnement) qu’elle a du occuper, il ne reste

qu’environ 1 km² (moins de 1 %) au sud-ouest du Zináparo. À l’instar des autres types de

végétation théoriques, elle a été progressivement supplantée par les zones agricoles qui ont

nécessitées des démarches de déforestation. À leur suite, les champs nouvellement ouverts

ont été exploités par les générations successives depuis l’époque préhispanique jusqu’à nos

jours. Cependant, les espaces choisis n’ont sans aucun doute pas été les mêmes selon les

53

GOUGEON O., 1991 : 53-101 54

Confère INEGI dans « références internet »

33

moyens que l’agriculteur avait à disposition. Ses bras, ses bœufs, ou un tracteur bien huilé.

Quoi qu’il en soit, après la déforestation et l’abandon des champs, les chances de

régénération de la végétation originelle sont extrêmement minces et c’est bien souvent un

nouvel écosystème qui se met en place. Aujourd’hui, la végétation est divisée en huit

espaces distincts (cf. carte 3).

Les données concernant la végétation sont difficilement exploitables. L’une est

théorique. L’autre trop récente et anthropisée pour correspondre à l’environnement ancien.

Nous essaierons tout de même d’en tirer quelques conclusions dans notre étude. Nous

manquerons cependant de connaissances pour obtenir des résultats pertinents.

34

- CHAPITRE 3 -

PPPPÉRIODISATION, CHRONOLOGIE ET ÉVOLUTIONS CULTURELLES

A. Présentation générale

Comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, le projet Michoacán commence une

investigation dans la région de Zacapu sur des connaissances très minces. Afin de pouvoir

comparer cette zone avec le reste de l’occident et, a fortiori, le reste de la Mésoamérique, il

était fondamental d’établir une chronologie et de mettre en place une périodisation. Sauf

quelques exceptions, comme le travail d’Isabel Kelly pour Autlan de 194555, la plupart des

périodisations pour l’occident du Mexique ont été constituées entre les années 1970 et

1980. Par exemple, Beatriz Braniff élabore celle du Guanajuato en 197256, revue en 1989 par

Carlos Castañeda et al.57 En 1972 toujours, Helen Pollard en présente une pour le Michoacán

central (région de Patzcuáro)58, retravaillée en 1982 par Román Piña Chan et Kuniaki Oi59,

puis par Linda Manzanilla en 198460.

Pour la région de Zacapu, c’est l’équipe du CEMCA qui conçoit la chronologie à partir

du matériel collecté et excavé, complété d’une vingtaine de datation 14C. Quatre phases

principales sont alors définies61. Ce sont Loma Alta, Lupe, Palacio et Milpillas. La première

phase est divisée en trois étapes successives et la seconde en deux. Deux interphases, reflet

de périodes de transition culturelle, ont été définies. Jaracuaro, entre Loma Alta et Lupe et

La Joya entre Lupe et Palacio. Nous les présentons ci-après:

55

KELLY I., 1945 56

BRANNIF B., 1972 57

CASTAÑEDA C . et al., 1989 58

POLLARD H.P. 1972 59

PIÑA CHAN R. & K. OI, 1982 60

MANZANILLA L., 1984 61

MICHELET D., 1992

35

100 av. J.-C. – 100 apr. J.-C.

Loma Alta 1

100 apr. J.-C. - 350 apr. J.-C.

Loma Alta 2

350 apr. J.-C. - 450 apr. J.-C.

Loma Alta 3

450 apr. J.-C. – 500 apr. J.-C.

Jaracuaro

500 apr. J.-C. - 800 apr. J.-C.

Lupe Temprano/Reciente

800 apr. J.-C. - 850 apr. J.-C.

La Joya

850 apr. J.-C. - 1200 apr. J.-C.

Palacio

1200 apr. J.-C. – 1500 apr. J.-C. Milpillas

Fig.6 – Séquence chronologique de la région de Zacapu (d’après MICHELET D., 1992)

Il faut néanmoins préciser l’existence de vestiges datés de période archaïque qui

remontent à plus de 2500 av. J.-C.. Cette phase, mal cernée au vu du peu de données, a été

appelée Los Portales, en référence à l’un des sites les plus important de la période, l’abri-

sous-roche Cueva de Los Portales (MICH. 389).

Replacée dans une chronologie plus générale de la Mésoamérique, Loma Alta puis

Jaracuaro correspondent au préclassique et au début du classique. Soit à la fin de la phase

Chupicuaro62 dans la région du bajio au nord-est. Parallèlement, c’est aussi la mise en place

et le début de l’expansion de Teotihuacan dans le bassin de Mexico (de la phase Patlachique

au début de Xolalpan)63. Lupe équivaut au classique récent et est donc contemporaine des

derniers instants du déclin après l’effondrement de la « cité des dieux » dans le haut plateau

central (Phases Xolalpan et Metepec)64. C’est aussi à cette époque que le mode de société

62

TALADOIRE E. & B. FAUGÈRE-KALFON, 1995 63

TALADOIRE E. & B. FAUGÈRE-KALFON, ibid. 64

COWGILL G.L., 2008 : 85 dans SANDERS W.T. et al., 2008

36

mésoaméricain connait un mouvement d’expansion vers le nord et ce jusqu’au IXème siècle65.

Les sites de La Quemada et Chalchihuites dans la Zacatecas atteignent alors leurs apogées66.

L’éloignement parait conséquent, mais mérite d’être mentionné dans la mesure où ces

cultures procèdent sans doute d’un même mouvement architectural que celui que l’on

retrouve à San Antonio Carupo (MICH. 103) dès le IXème siècle de notre ère67. Lupe Reciente,

La Joya et le début de Palacio, fin du classique et début du postclassique, sont

contemporains de l’émergence des nombreuses cités qui fleurissent dans le bassin de

Mexico après la chute de Teotihuacan (Cacaxtla, Cholula…)68. On notera particulièrement la

création de Tula et l’apparition avec elle de la civilisation toltèque dans la mesure où elle a

été considérée comme moteur du développement de l’occident. La réalité est probablement

tout autre puisque les traits toltèques sont probablement nordiques, issu de styles qui se

sont développés en Zacatecas69. En effet, à cette même période, la frontière nord de la

Mésoamérique, dont on a mentionné la montée au classique, commence à régresser pour se

fixer aux bordures des états Tarasque et Aztèque qui émergent entre le XIVème et le XVème

siècle. Avec cette redescente, les populations du nord rapportent avec elles plusieurs siècles

d’évolutions stylistiques développées dans des états qui redeviennent les territoires des

nomades, les Chichimèques des Aztèques70. La phase Milpillas correspond donc finalement à

la consolidation du postclassique dans le reste du monde mésoaméricain. Si l’on suit la

mythologie, les Mexica quittent alors Aztlan pour le bassin de Mexico et y fonde l’Empire

aztèque71. Au même moment, quelques centaines de kilomètres à l’ouest, les uacúsecha

investissent le bassin de Pátzcuaro après une escale à Zacapu. Ils y créeront le royaume

Tarasque72. Au-delà des mythes, peut-être voit-on ici le reflet déformé du déplacement de la

frontière nord évoqué plus haut.

65

BRANIFF B., 2000 : 159-190 dans MANZANILLA L. & L. LÓPEZ LUJÁN, 2000 66

ELLIOTT M., 2005 67

FAUGÈRE B., 1991 : 55-58 68

TALADOIRE E. & B. FAUGÈRE-KALFON, ibid. : 63 69

HERS M.A., 1989 dans TALADOIRE E. & B. FAUGÈRE-KALFON, ibid. 70

BRANIFF B., 1989 71

DURANT-FOREST J. de, 2008 : 39-43 72

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005

37

B. Dynamiques culturelles dans la région de Zacapu

La région de Zacapu semble présenter un exemple concret de la fluctuation de la

frontière de la Mésoamérique73. En effet, la chronologie des occupations, l’architecture, et

les styles céramiques, confortent la thèse d’un mouvement progressif des populations du

nord vers le sud74. Alors que les sites de la zone méridionale de l’aire géographique étudié

par le CEMCA datent du postclassique dans leur majorité, ceux de Vertiente Lerma sont plus

largement datés du classique.

Le malpaís de Zacapu, situé au nord-ouest de la ville actuelle, est particulièrement

riche en vestiges de structures préhispaniques. Pourtant, les malpaís, dont l’étymologie

espagnole n’est pas trompeuse (mal = mauvais ; país = pays), ne sont guère propices à

l’installation humaine. Constitués d’anciennes coulées de laves, ils sont très peu adaptés à la

mise en place d’une agriculture efficace. C’est cependant là que décident de s’implanter les

populations tarasques du postclassique peu après 1250 apr. J.-C.(phase Milpillas), qui

n’hésitent pas à déplacer d’impressionnantes quantité de terre pour nivelé l’espace et le

rendre apte à la construction. On y retrouve les plus gros sites comme El Infiernillo, qui

couvre 140 hectares et présente 1150 structures d’habitation et 22 temples-pyramides, ou El

malpaís Prieto, qui s’étend sur 50 hectares avec presque 1000 fondations de maisons et 14

temples-pyramides75. À la même époque (phase Tariacuri), à une trentaine de kilomètres au

sud-est, le bassin de Pátzcuaro connait une certaine effervescence avec la mise en place

successive des grands centres tarasques d’Ihuatzio, Pátzcuaro, Urichu, Erongarícuaro et

Tzintzuntzan76. Ce bouillonnement culturel reflète l’émergence de l’État tarasque qui sera

plus tard centralisé autour de sa dernière capitale, Tzintzuntzan.

À la fondation relativement brutale des sites du malpaís de Zacapu, correspond

probablement un phénomène de colonisation à la suite d’un mouvement de population. La

contemporanéité entre la disparition d’une grande partie des sites de la région Vertiente

Lerma et le peuplement de ceux du malpaís, laisse penser que les occupants des premiers

sont les fondateurs des seconds77. On aurait ainsi déplacement des populations depuis le

73

FAUGÈRE B., 1996 : 133-140 74

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005 75

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005 76

POLLARD H.P., 2003 77

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005

38

versant du Lerma vers le malpaís en l’espace de quelques décennies. Cette hypothèse

semble être vérifiée par la continuité typologique des artefacts et de l’architecture.

Cependant, ces styles, tant mobilier, qu’immobilier, peuvent aussi être observés plus au

nord comme dans le Cerro Barajas78. Région qui, parmi d’autres, est elle aussi dépeuplée à la

fin du classique. Il est donc possible que les colons du malpaís viennent de régions plus

septentrionales, au nord du Lerma. De plus, on observe certaines innovations dans les sites

postclassiques de la zone Sierra que l’on ne retrouvait pas dans les établissements plus

anciens. Ce sont par exemple les plans des soubassements pyramidaux, rectangulaire à

l’épiclassique, qui deviennent plus généralement carrés, au postclassique.

On constate aussi une recrudescence des sites à vocation défensive. El malpaís Prieto

présente par exemple de hautes terrasses dont la fonction n’est probablement pas

purement esthétique79. De même l’installation volontaire des sites dans le malpaís répond

surement à un besoin de protection. L’avantage stratégique est évident de part la situation

surélevé permettant une bonne vision sur la vallée septentrionale et la difficulté du terrain

constitué de champs de pierres volcaniques et de végétation sèche. Ce type d’implantation

des sites répond à une logique qui été qualifié de « stratégie à bas-coût pour la dissuasion et

la défense »80. Un état de stress que l’on ressent déjà dans les occupations épiclassiques de

la zone Vertiente Lerma. On notera particulièrement Las Lajas (MICH. 400), daté de la phase

Palacio, entouré d’un mur de protection dont l’épaisseur peut aller jusqu’à trois mètres par

endroits81. On voit peut-être ici de façon concrète le reflet de la mise en place de la frontière

entre le monde sédentaire tarasque et celui, nomade, de ceux que les Aztèques appelleront

les Chichimèques (les « chiens sales »).

C. Évolutions culturelles au sud du Lerma

Après une occupation sporadique de sites en grotte (Cueva de Los Portales) à

l’époque archaïque, le versant sud du Lerma est dépeuplé pendant environ deux

millénaires82. Ce n’est qu’à la phase Lupe que l’on observe une nouvelle vague de

peuplement autour de 600 apr. J.-C.. L’occupation est ensuite continue jusqu’au

78 PEREIRA G., D. MICHELET & G. MIGEON, 2007 79

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005 80

ELLIOTT M., 2005 81

FAUGÈRE B., 1996 : 60-61 82

FAUGÈRE B., 2006

39

postclassique mais répond successivement à des modifications dans son organisation que

nous allons détailler ici83. C’est dans le cadre de ce second peuplement des phases Lupe, La

Joya, Palacio et Milpillas que s’inscrit notre étude. En effet, nous nous intéresserons à la

continuité culturelle de cette période en mettant de côté la phase Los Portales pendant

laquelle les occupations sont ponctuelles. De plus, on ne peut parler d’homogénéité

culturelle quand un hiatus de deux millénaires sépare les deux époques.

La présentation de l’évolution de l’organisation spatiale des sites est ici faite en

suivant substantiellement la dernière description en date réalisée en 2009 par Brigitte

Faugère84. La typologie des établissements est donc celle que l’on a évoquée dans le premier

chapitre. Soit « hameaux », « villages », « centres » et « autres ». Pour chaque phase (Lupe,

La Joya et Palacio), des regroupements de sites ont été définis par l’auteur. Ils se basent sur

les distances mesurées entre les sites et leurs situations dans l’environnement. Nous devons

enfin préciser que les 102 sites n’ont pas tous pu être datés, faute de données. 25 n’ont pu

être replacés dans une phase, soit environ 1/4 du corpus. Parmi eux, on compte 7 grottes et

abris-sous-roche (MICH. 110, 149bis, 366, 390, 391, 395, 405), 9 hameaux (MICH. 45, 114,

134, 330, 342, 343, 362, 364, 365), 2 villages (MICH. 47, 129), 3 zones de taille (MICH. 99,

130, 361), 1 cimetière (MICH. 37) et 3 sites dont la nature n’a pu être identifiée (MICH. 341,

359, 396). Il est donc important de ne pas perdre de vue ces problèmes.

Phase Lupe (700-800/850 apr. J.-C.) (cf. carte 4)

L’occupation commence donc à la phase Lupe reciente, soit autour de 700 apr. J.-C..

Le peuplement rapide débouche sur 28 sites archéologiques connus, lesquels semblent

regroupés en quatre entités plus ou moins indépendantes.

- Versant sud du Cerro El Metate. Ce premier groupe au sud de la région d’étude est

composé de cinq sites. Les deux centres MICH. 50 et 51, le village MICH. 136 et les

hameaux MICH. 138 et 368. À ces établissements, proches les uns des autres, ont été

ajoutés le hameau MICH. 135, plus à l’est, et MICH. 103 qui présente une phase

d’occupation Lupe. Ce-dernier est défini comme centre pour les phases postérieures,

83

FAUGÈRE B., 1996 : 125-140 84

FAUGÈRE B., 2009

40

mais ne peut être qualifié comme tel à la phase Lupe en raison de l’incertitude

concernant son importance à cette phase.

- Versant sud du Cerro Prieto. Un peu plus au nord, sur les pentes du Cerro Prieto,

quatres sites composent ce second groupe. Les villages MICH. 111 et 113 et les

hameaux MICH. 109 et 401. Un cinquième établissement, le village MICH. 115, fait

possiblement partie de la même entité.

- Vallée de Los Frenos-Penjamillo. Les villages MICH. 104, 147 et 148, ainsi que le

hameau MICH. 146, composent ce troisième groupe. Un deuxième hameau, celui de

MICH. 145, se trouve de l’autre côté de la vallée à l’est. Néanmoins, il n’est pas

clairement associé aux quatre autres.

- Vallée du rio Angulo. Enfin, dans la vallée du rio Angulo, à l’est de la zone d’étude,

deux sites constituent le quatrième et dernier groupe. C’est le village MICH. 78 et le

hameau MICH. 80.

-Vallée du Lerma. À ces quatre groupes, on peut ajouter les sites MICH. 398, 402 et

40385, situés plus au nord dans la vallée du Lerma. Il n’ont pas été intégrés dans une

entité pour la simple et bonne raison que l’échantillon des sites dans cette partie de

la région n’est pas assez conséquent.

Tous ces groupes sont interprétés comme des « entités économiques et sociales

autonomes »86. Chacun possédant son propre territoire de chasse, dans les forêts de pins et

de chênes environnantes, et d’activité agricole, sur les pentes des monts de la région comme

le montrent les réseaux de terrasses. L’environnement semble alors être le facteur

fondamental lié à l’implantation. Néanmoins, certaines vallées sont presque inoccupées,

comme celle entre le Cerro Prieto et le Cerro Blanco ou celle du rio Angulo avec seulement

deux établissements. L’hypothèse d’un pouvoir décisionnel au sein de chaque groupe

influençant les populations à s’installer dans des endroits précis a donc été émise. Toutefois,

il est archéologiquement très difficile d’identifier de telles entités. Des indices résident dans

les structures civico-cérémonielles qui ont été découvertes à MICH. 50 et 51 par exemple.

85

L’article mentionne MICH. 398, 401 et 402. Néanmoins, MICH. 401 se trouve plus au sud, sur le versant sud du Cerro Prieto, et ne fait donc pas partie de la vallée du Lerma. Nous avons donc corrigé ce qui doit être une faute de frappe par MICH. 403, lequel répond à la description concernant la situation géographique des sites. 86

FAUGÈRE b., 2009 : 193

41

Il faut enfin préciser que parmi les 28 sites, seulement 22 ont été intégrés dans les

entités susmentionnées. Trois sont des grottes et abris-sous-roche (MICH. 149, 360 et 389)

dont le rattachement à un groupe de sites est assez difficile de part le caractère

essentiellement temporaire de l’occupation de ces espaces au Classique. L’étude de la Cueva

de Los Portales (MICH. 389) a en effet permis de mettre en évidence que les traces laissées

par les populations des phases Lupe, La Joya et Palacio, sont relativement rares. Elles

correspondent probablement à des occupations en périodes de chasse ou pour la pratique

de rituels. Parmi le reste des six sites non pris en compte, MICH. 141 est un hameau mais

sont rattachement à la phase Lupe n’est pas sûr. MICH. 75 est probablement un hameau

aussi mais, à l’instar de sa nature, sa périodisation Lupe est incertaine. Enfin, MICH. 388 date

bien de cette époque mais n’a pas pu être intégré dans la typologie et reste donc hors des

groupes constitués ci-dessus.

La phase suivante, La Joya, voient la réorganisation spatiale de la région à la faveur

d’une croissance démographique reflétée par la multiplication du nombre de sites. Ce

nouvel agencement sera perpétué pendant la phase Palacio où il se consolidera. Malgré

cette continuité culturelle, il faut préciser que la périodisation céramique sépare ces deux

phases.

Phase La Joya (800/850-900/950) (cf. carte 5)

On dénombre alors 37 sites connus. Les vallées auparavant vides sont occupées. Le

peuplement se répand dans toute la région. Quatre entités ont clairement été identifiées

mais 13 sites (MICH. 74, 111, 112, 115, 143, 146, 149, 360, 363, 388, 389, 398 et 402) n’ont

pas encore été rattachés à des groupes. Nous allons d’abord présenter les entités identifiées.

Puis nous reviendrons sur les 13 sites susmentionnés.

- Vallée du rio Angulo. La vallée qui, rappelons-le, ne contenait que deux sites lors de

la phase Lupe, est alors peuplée par huit sites, auxquels s’ajoutent peut-être deux autres

non-datés. On dénombre quatre hameaux, MICH. 79, 331, 333 et 336 (peut-être cinq avec

MICH. 337), et quatre villages, MICH. 78, 81, 82 et 332 (MICH. 338 constitue peut-être un

cinquième).

42

- Versant ouest du Cerro El Metate. Alors que le versant méridional regroupe les

occupations à la phase précédente, les sites s’organisent alors le long du versant occidental.

Il est constitué de quatre villages, MICH. 139 en position défensive, MICH. 142 agrémenté

d’un espace civico-cérémoniel important, ainsi que MICH. 140 et 399. Cependant, une

incertitude persiste pour les deux derniers.

- Vallée de Bellavista-Epejan. Cette vallée, peu peuplée pendant Lupe (exception faite

de MICH. 136), voit l’émergence de trois villages, MICH. 108, 137 et 385, et deux hameaux,

MICH. 106 et 107. Le groupe est donc composé de six sites.

- Cerro El Agostadero. On trouve ici le centre monumental de San Antonio Carupo

(MICH. 103), qui prend alors toute son ampleur. Plus à l’est, MICH. 48 constitue un second

centre et à l’ouest enfin, le village de MICH. 102 fait probablement son apparition pendant la

phase La Joya.

À la lumière de ces informations, on constate un remodelage complet de la région.

L’auteur émet l’hypothèse qu’elle traverse alors une période de stress dans la mesure où la

tendance à la monumentalité se fait plus forte. À l’est les sites s’organisent autour de l’accès

à l’eau que procure le rio Angulo. Au sud-ouest, les établissements se réorganisent avec

l’émergence de San Antonio Carupo. Des sites défensifs, comme MICH. 139 sur la cime du

Cerro El Metate, font leur apparition.

Cependant, treize autres sites contemporains doivent être mentionnés. Les

regroupements qui suivent sont purement arbitraires et ont été constitués, non pas via

l’identification de liens entre les sites, mais dans un souci de clarté dans notre présentation.

- Versant sud du Cerro El Fresno. Seul, le probable hameau de MICH. 74 semble un

peu excentré. Peut-être est-il à rapprocher des sites de la zona sierra plus au sud.

- Vallée de Los Fresnos-Penjamillo. À l’ouest de la région Vertiente Lerma, deux sites

ont été identifiés aux abords du lac Los Fresnos. Au nord-ouest du lac, on trouve le hameau

isolé MICH. 146. Au sud-est, la grotte de MICH. 143. Dans la large vallée qui s’étale au nord

du lac jusqu’à Penjamillo, cinq sites sont connus pour la phase La Joya. On dénombre trois

grottes, MICH. 149, 360 et 389 (Cueva de Los Portales), un hameau isolé au nord-est de la

ville actuelle de Penjamillo, MICH. 398, et MICH. 388, dont la nature reste inconnue.

43

- Corridor Cerro El Metate-Cerro Prieto. Sur le versant nord du Cerro El Metate, on

rencontre les deux villages de MICH. 115 et MICH. 363. À l’est de ces-derniers, on trouve le

village MICH. 111 sur les hauteurs du Cerro Prieto et le hameau MICH. 112 en bas du versant

sud du même mont.

- Vallée du Lerma. Alors que MICH. 403 semble abandonné, le hameau de MICH. 402

est toujours occupé. Parallèlement, c’est l’émergence du centre de MICH. 150 avec ses

constructions monumentales.

Phase Palacio (900/950-1200 apr. J.-C.) (cf. carte 6)

Comme on l’a déjà évoqué, la phase Palacio correspond à une période de

consolidation du remodelage qui s’opère en phase La Joya. On dénombre 40 sites datés de

cette époque.

- Vallée du rio Angulo. Des dix sites qui peuplaient cette vallée pendant La Joya, seuls

trois continuent d’être occupés en phase Palacio : les villages de MICH. 78 et 332 et le

hameau MICH. 79. À ces trois-là viennent s’ajouter trois nouveaux sites. Les hameaux MICH.

77 et 334, respectivement voisins de MICH. 78 et MICH. 79. Enfin, le village de MICH. 339 fait

son apparition au sud sur le versant septentrionale du Cerro El Brinco del Diablo.

- Versant ouest du Cerro El Metate. Cette zone, occupée par quatre sites auparavant

est alors dépeuplée.

- Vallée de Bellavista-Epejan. À l’instar de ce que l’on observe dans la vallée du rio

Angulo, quatre des six sites qui peuplaient la vallée de Bellavista-Epejan pendant La Joya ne

sont plus occupés. Seuls les villages de MICH. 136 et 137 se maintiennent. Le hameau MICH.

368 est réoccupé et quatre nouveaux sites sont créés. Au sud de la zone, un village et un

hameau, respectivement MICH. 46 et MICH. 367. Au nord, deux villages, MICH. 160 et MICH.

400, premier site réellement fortifié de la région, puisqu’il présente un mur d’enceinte

englobant pratiquement toutes ses structures.

44

- Cerros El Agostadero, de Enmedio et El Cuije. Aux trois sites qui occupaient déjà la

région pendant La Joya (MICH. 48, 102 et 103) viennent s’ajouter trois nouveaux sites

proches des sommets. Ce sont les trois hameaux MICH. 131, 132 et 133.

- Vallée de Los Fresnos-Penjamillo. Alors que la vallée est relativement peu peuplée

pendant la phase La Joya, Palacio voit l’émergence de nouveaux sites. Les quatre grottes

(MICH. 143, 149, 360 et 389) sont toujours occupées et cinq autres viennent compléter la

liste (MICH. 358, 392, 393, 394, et 406). Les hameaux de MICH. 146 et 398 continuent eux-

aussi d’être habités et deux nouveaux apparaissent (MICH. 144 et 397). Les villages de MICH.

147 et 148, occupés en phase Lupe mais pas en phase La Joya, sont habités de nouveau et on

observe la création d’un troisième, MICH. 357. Le village de MICH. 363 est probablement à

rattaché à cette vallée. Enfin, MICH. 388 est toujours occupé à la phase Palacio, sans pour

autant que sa nature n’ait pu être identifiée. Brigitte Faugère identifie une entité constituée

des sites MICH. 144, 146, 147, 148 et 357.

- Vallée du rio Lerma. Sans pouvoir parler de groupe de sites au vu du faible

échantillon, le hameau de MICH. 402 continue d’être habité et celui de MICH. 403 est

réoccupé après avoir été délaissé pendant la phase La Joya. Enfin, notons que l’auteur a

proposé de lier le hameau MICH. 398 (ici inclus dans la vallée de Los Fresnos-Penjamillo) à

ces deux sites.

- Cerro Prieto. MICH. 112 n’est plus occupé et seul subsiste alors le village MICH. 111

sur les hauteurs du Cerro Prieto.

C’est là que s’arrête l’analyse de la répartition spatiale des sites de la région Vertiente

Lerma proposé par Brigitte Faugère en 2009. Pour présenter la dernière phase

chronologique (Milpillas), nous nous appuierons donc sur des données plus anciennes issues

de la thèse du même auteur87, ainsi que sa publication de 199688.

87

FAUGÈRE B., 1990 88

FAUGÈRE B., 1996

45

Phase Milpillas (1200-1500 apr. J.-C.) (cf. carte 7)

Cette ultime période d’occupation de la région correspond sans doute à une phase

d’abandon probablement liée à des mouvements de population. Il a été proposé que les

groupes humains qui habitaient Vertiente Lerma se déplacent alors plus au sud dans le

malpaís de Zacapu, alors florissant89. Seulement 20 sites sont connus. La plupart des

occupations de la phase Palacio sont abandonnées au profit de quelques créations

nouvelles. Il se peut que la région serve alors de relais pour l’accès à l’obsidienne des

gisements du Cerro Zinaparo au nord-ouest90, matière première d’une grande importance

pour la société Tarasque qui émerge alors. L’étude de la Cueva de Los Portales a montré

qu’après une occupation d’époque Tarasque à des fins probablement rituelles caractérisées

par des vestiges de pipes, les grottes de la région sont réutilisées par des groupes de

chasseurs-cueilleurs. En effet, de petites pointes de flèches typiques des périodes récentes

laissent supposer l’occupation par des groupes Chichimèques et Guamares. Le sud de la zone

Vertiente Lerma correspond donc peut-être à l’expression de la mise en place de la frontière

nord du royaume Tarasque.

- Vallée du rio Angulo. Des nombreux sites qui peuplaient cette vallée, il ne subsiste

guère que le hameau MICH. 77. À celui-ci s’ajoutent deux hameaux qui apparaissent alors,

MICH. 335 et 340.

- Vallée de Bellavista-Epejan. Cette vallée est elle-aussi désertée. MICH. 400, village

fortifié, reste en place, peut-être dans le contexte de stress lié à la consolidation de la

frontière. Parallèlement, le village de MICH. 385 est réoccupé, après avoir été apparemment

abandonné pendant la phase Palacio.

- Cerros El Agostadero, de Enmedio et El Cuije. Alors que MICH. 48, 102 et 133 ne

sont plus occupés, MICH. 103 et les deux hameaux MICH. 131 et 132 continuent de l’être. À

l’ouest, le village MICH. 101 fait son apparition, ainsi que MICH. 100, une zone de taille

couplée d’un cimetière. À l’est, le centre de MICH. 49 est mis en place.

-Vallée de Los Fresnos-Penjamillo. Là encore le mot d’ordre est désertion. Les abords

du lac de Los Fresnos ne sont plus occupés que par le hameau MICH. 145, lequel n’avait pas

89

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005 90

DARRAS V., 1999

46

été habité depuis la phase Lupe. Au nord, les hameaux et villages sont laissés à l’abandon.

Seules quelques grottes présentent encore des niveaux d’occupation. Ce sont MICH. 149,

358, 360, 389, 392 et 393.

-Cerro Prieto. MICH. 113, village daté de Lupe, est réoccupé, alors que MICH. 111

n’est plus habité.

-Vallée du rio Lerma. Les sites de cette vallée sont eux aussi abandonnés.

-Cerro El Fresno. Enfin, sur le versant oriental du Cerro El Fresno, on rencontre le

hameau MICH. 76 qui présente aussi un cimetière. Il est peut-être à rapprocher des sites

plus au sud.

C’est donc sur une séquence chronologique de près d’un millénaire que nous allons

travailler. Arrivées probablement depuis le nord, de nouvelles populations d’agriculteurs

sédentaires colonisent le versant sud du Lerma au début du VIIIème siècle de notre ère.

Plusieurs générations s’y succèdent sans changer fondamentalement la place de leurs

établissements, mais évoluant plutôt au sein des quelques vallées dans lesquelles elles

s’intègrent parfaitement. Les quatre siècles suivants (IX-XIIème siècles) reflètent sans doute

une période de forte croissance démographique. Pourtant, au tournant du XIIIème siècle apr.

J.-C., la région se vide de ses habitants qui continuent alors probablement leur descente vers

le sud initiée sept siècles plus tôt. Sont-ils appelés au sud par l’émergence du royaume

Tarasque ? Font-ils partie des fondateurs de cet État ? Sont-ils acculés au nord par les

Chichimèques nomades ? Quels que soient les motifs qui les ont poussés à s’installer dans la

région comme à la quitter, ces communautés paysannes ont nécessairement du choisir,

préparer et entretenir des terres agricoles pour leur subsistance pendant ces huit siècles

d’occupation. Quelles terres ont été choisies ? Y’a-t-il seulement eu choix ? Pour tenter de

répondre à ces questions, nous allons maintenant expliquer la méthodologie que nous avons

suivie pour tenter d’identifier ces espaces privilégiés et ainsi d’apporter un soupçon

d’informations nouvelles sur la vie de ces hommes du Nouveau Monde.

47

DEUXIÈME PARTIE – LA VIE DES CHAMPS AU SUD DU LERMA ENTRE LES VIIIème ET XVème

SIÈCLES : ÉBAUCHE D’ANALYSE DES TERRITOIRES D’EXPLOITATION AGRICOLES

48

- CHAPITRE 4 -

CCCCHOIX ET PRÉSENTATION DU CORPUS

Quand les hommes préhispaniques ont pour la première fois foulé du pied les terres

du sud du Lerma, ils ont très vite du commencer l’édification de leurs villages. C’est depuis

ceux-ci qu’ont alors été rythmées leurs vies d’agriculteurs. Nous suivrons leur exemple et

partirons donc des villages pour aller aux champs. En des termes moins poétiques, nous

allons ici présenter le corpus des sites archéologiques qui servira de fondation à notre étude.

A. Typologie des sites

Avant de présenter l’échantillon que nous avons sélectionné, il convient de revenir

sur quelques points qui ont orientés notre choix. Tout d’abord, il a fallut opter pour une

typologie. Après des essais infructueux, les informations glanées dans la bibliographie se

sont avérées insuffisantes pour réviser efficacement les typologies préexistantes. Aussi

avons-nous préféré garder tel quel celle proposée par Brigitte Faugère. Dans sa thèse,

l’auteur définissait sept catégories, réduites à quatre dans son article de 200991. Nous avons

choisi de suivre cette seconde interprétation dans une optique de simplification et en raison

de la trop grande incertitude qui plane parfois sur l’identification de sites détériorés.

Arrêtons-nous ici sur chacun des types.

Hameaux. Ce sont les groupes comprenant relativement peu de structures (entre

deux et douze fondations d’habitations). Elles sont de plan rectangulaire ou subcarré et

mesurent entre 8 et 15 m de long. Elles s’organisent en petits groupes de quelques maisons

agencées autour d’une place. Ces groupes, n’excédant pas 2500m², correspondent

probablement aux habitats de familles étendues mais ne présentent pas de constructions

91

FAUGÈRE B., 2009

49

communautaires. Ils se répartissent dans des réseaux de terrasses et il n’est pas rare de

retrouver des pétroglyphes à proximité. Ceux-ci reflètent des activités à caractère

symbolique, expressions probables de rituels domestiques92.

Villages. Plus complexes que les hameaux, ils possèdent généralement plus de

structures (de 10 à 20 en moyenne pour un maximum de 48). Cependant, leur différence

fondamentale avec les hameaux est la présence d’un centre civico-cérémoniel clairement

défini pouvant faire 3 ha. Celui-ci peut contenir une ou plusieurs structures

communautaires. On y observe assez régulièrement des monticules interprétés comme des

oratoires. Il n’est pas rare que les villages présentent un ou plusieurs terrains de jeu de balle.

En dehors de ces caractéristiques, les structures s’organisent globalement comme dans les

hameaux. Toutefois, on note parfois un agencement particulier. Notons le cas exceptionnel

de MICH. 400 dont la majorité des structures sont regroupées dans une enceinte.

Centres. Ils sont caractérisés par la présence d’un centre civico-cérémoniel bien

développé, doté d’au moins trois structures communautaires et agrémenté d’un ou deux

terrains de jeu de balle. Le centre civico-cérémoniel fait entre 1,5 et 6 ha selon les cas.

Autour, on retrouve des groupes satellites constitués d’habitations mais pouvant aussi être

pourvus de structures monumentales, voire de jeux de balle mineurs. Les sites de ce type

peuvent atteindre entre 15 et 33 ha. Ils s’organisent en suivant deux sortes de plan. Le

premier voit ses structures agencées autour d’une place qui est parfois aménagée le long de

la pente ou surcreusée (patio hundido). Le second présente des constructions alignées le

long d’un axe.

Autres. Cette dernière catégorie, particulière, regroupe plusieurs types de sites. Les

grottes et abris-sous-roches, les cimetières, les zones de tailles et les sites dont la nature n’a

pas pu être déterminée, à cause d’une érosion avancée ou de destructions trop importantes

(agriculture moderne, réutilisation des blocs…). Nous reviendrons plus amplement sur

chaque type juste après, puisqu’ils n’entrent pas dans notre corpus.

De ces quatre types, seuls les trois premiers seront pris en compte. Voyons pourquoi.

92

FAUGÈRE B., 2009 : 187-188

50

B. Précisions sur la sélection de l’échantillon de sites

Le corpus complet des sites archéologiques de la zone Vertiente Lerma est

aujourd’hui de 104 sites. En plus des 102 sites mentionnés dans le chapitre 3, deux grottes

ont été ajoutées (MICH. 408 et 409). Pourtant, nous ne pouvons pas utiliser tout le corpus

pour deux raisons que nous allons expliquer ici.

La première raison réside dans le problème des datations. Comme nous l’avons

évoqué plus haut, tous les sites n’ont pas pu être rattachés à une phase chronologique pour

des raisons sur lesquelles nous nous sommes déjà étendus. Par conséquent, ces sites seront

mis à part pour éviter de fausser l’étude. Nous avons néanmoins conscience que le retrait du

corpus d’une partie des sites est aussi facteur d’erreur, mais nous ne pouvons être beaucoup

plus précis pour le moment. Ainsi, les 25 sites non-datés présentés dans le chapitre

précédent ont été retirés de l’échantillon étudié (MICH. 37, 45, 47, 99, 110, 114, 129, 130,

134, 149bis, 330, 341, 342, 343, 359, 361, 362, 364, 365, 366, 390, 391, 395, 396 et 405). À

ces 25, doivent être ajoutés MICH. 408 et 409.

La deuxième raison est plus liée à l’objectif que nous nous sommes fixé. Nous

souhaitons identifier des zones de potentiels agricoles dans la région Vertiente Lerma. Mises

en corrélation avec la disposition des sites aux différentes phases, nous cherchons à savoir si

elles ont une inférence sur l’organisation spatiale des villages préhispaniques. Comme nous

l’avons présenté plus haut, les travaux réalisés par Brigitte Faugère ont permis d’attribuer à

la plupart des sites une catégorie morphologico-fonctionnelle. Nous garderons ici cette

typologie. Ainsi, dans la mesure où nous nous intéressons à l’agriculture, nous exclurons du

corpus une partie des sites. Expliquons-nous. Les sites qualifiés « autres » correspondent à

quatre types bien particuliers qui, en toute logique, ne peuvent que difficilement être

associé aux activités agricoles. Ce sont les cimetières, les zones de taille, les grottes et abris-

sous-roches et les sites dont la nature n’a pas pu être déterminée.

Cimetières. Ils sont qualifiés ainsi à cause du nombre de sépultures qui y a été

observé. Celles-ci sont regroupées et relativement éloignées des zones d’habitat. On peut

donc raisonnablement penser que les cimetières n’ont pas un caractère central dans la vie

des champs. Ainsi, MICH. 37 a été retiré du corpus.

51

Zones de taille. On en connait quatre pour la zone Vertiente Lerma. Elles sont

matérialisées sur le terrain par un amas important de déchets de débitage. Seule celle de

MICH. 100 a pu être datée phase Milpillas grâce à la présence d’un cimetière associé. Les

trois autres, MICH. 99, 130 et 361, restent non-datées. On peut néanmoins supposer qu’elles

sont relativement tardives à la lumière des travaux réalisés par Véronique Darras dans les

alentours du Zinaparo-Prieto. Elle a montré que c’est avec l’émergence du royaume

Tarasque que se développe l’exploitation de l’obsidienne de la région93. MICH. 99, 100, 130

et 361 sont donc hors du corpus.

Grottes et abris-sous-roches. On en connait 18. L’interprétation la plus courante est

que ces espaces ne sont occupés que temporairement. Ils ont pu être des refuges en période

de chasse, des lieux privilégiés pour les rituels ou pour d’autres activités difficilement

identifiables. Quoi qu’il en soit, il est peu probable qu’ils soient liés à l’agriculture. Aussi

avons-nous préféré les mettre de côté pour notre étude. Ce sont donc MICH. 110, 143, 149,

149bis, 358, 360, 366, 389, 390, 391, 392, 393, 394, 395, 405, 406, 408 et 409.

Indéterminés. Enfin, quatre sites n’ont pas pu être intégrés dans la typologie. Il est

donc impossible de les rapprocher des activités agricoles. Ce sont MICH. 341, 359, 388 et

396.

Ces quelques précisions faites, l’échantillon a été réduit à 66 sites. Ils correspondent

aux 33 hameaux, 27 villages et 6 centres pour lesquels une datation a pu être donnée. Dans

un souci d’exhaustivité et parce qu’il est fort probable qu’ils entrent dans le cadre d’études

postérieures, nous avons tout de même réalisé une carte SIG présentant les sites exclus du

corpus (cf. carte 8).

Le tableau suivant consigne les informations exposées ci-dessus.

93

DARRAS V., 1999

52

Type de site Datation et statut

Hameaux Villages Centres Autres Tx

Grottes Zones de taille

Cimetières Indéterminés

Datés et pris en compte

74 ; 75 ; 76 ; 77 ; 79 ; 80 ; 106 ; 107 ; 109 ; 112 ; 131 ; 132 ; 133 ; 135 ; 138 ; 141 ; 144 ; 145 ; 146 ; 331 ; 333 ; 334 ; 335 ; 336 ; 337 ; 340 ; 367 ; 368 ; 397 ; 398 ; 401 ; 402 ; 403

46 ; 78 ; 81 ; 82 ; 101 ; 102 ; 104 ; 108 ; 111 ; 113 ; 115 ; 136 ; 137 ; 139 ; 140 ; 142 ; 147 ; 148 ; 160 ; 332 ; 338 ; 339 ; 357 ; 363 ; 385 ; 399 ; 400

48 ; 49 ; 50 ; 51 ; 103 ; 150

Total 33 27 6 66

Datés mais exclus

143 ; 149 ; 358 ; 360 ; 389 ; 392 ; 393 ; 394 ; 406

100 388

Total 9 1 1 11

Non-datés

45 ; 114 ; 134 ; 330 ; 342 ; 343 ; 362 ; 364 ; 365

47 ; 129 110 ; 149bis ; 366 ; 390 ; 391 ; 395 ; 405 ; 408 ; 409

99 ; 130 ; 361

37 341 ; 359 ; 396

Total 9 2 9 3 1 3 27

Totaux 42 29 6 27 104

Fig 7. – Bilan sur le choix du corpus

53

C. Présentation des sites

Nous allons ici donner une brève description de chaque site. Nous ne préciserons que

peu d’informations concernant l’agencement de chacun sur le terrain. Pour obtenir plus de

précision sur ce point, le lecteur devra se reporter aux travaux antérieurs de Brigitte

Faugère94. Nous nous contenterons de donner les informations suivantes95 :

- Numéro

- Nom usuel

- Municipalité et localité où l’on trouve le site

- Coordonnées géographiques. Elles ont été récupérées en degrés, minutes, secondes

(DMS) dans les publications, mais ont ici été traduites en degrés décimaux (DD) pour

nous permettre de les intégrer au SIG. Notons que la plupart d’entre-elles doit

différer de quelques mètres, voire centaines de mètres, de la position réelle du site

de part l’imprécision des moyens disponibles (boussoles, altimètres et cartes

topographiques) lors des premiers relevés dans les années 1980. En effet, nous avons

pu consulter les rapports de terrain réalisés par Laure Déodat pendant la campagne

201196. L’un des objectifs était l’évaluation de la validité des coordonnées

géographiques attribuées pendant le projet Michoacán I sur un échantillon de vingt

sites. Pour Vertiente Lerma, seuls MICH. 101, 103, 148 et 358 ont été repositionnés à

l’aide d’un GPS. MICH. 148 avec une erreur de 300m NNW est le mieux positionné

des quatre. La marge est d’environ 1 km SW pour 103, le plus mal placé (mais aussi

l’un des plus étendu de la région).

- Altitude. Nous avons préféré garder celles données dans les publications.

Néanmoins, nous nous devons de préciser qu’en raison des incertitudes mentionnées

au-dessus, il est fort probable que l’altitude que l’on pourra lire sur le SIG diffère

quelque peu de celle présentée ici.

94

FAUGÈRE : 1990 et FAUGÈRE : 1996 95

Dans un souci pratique, nous avons réunis les informations dont nous avions besoin dans une base de données Filemaker excessivement simple. Une seule table rassemble toutes les rubriques. Les résultats des requêtes que nous avons réalisées ont ensuite été consignés dans des tableaux Excel. 96

DÉODAT L., non-publié

54

- Situation géographique. Une précision intéressante donnée par Brigitte Faugère

dans ses publications. Toutefois, nous n’avons pas pu en tenir compte dans le SIG.

Nous la rappelons ici car nous estimons qu’il est important de garder la mention de la

situation géographique faite par quelqu’un qui est allé sur le terrain. La réalité et une

carte sont bien différentes.

- Type.

- Composition. Cette rubrique sert à donner une idée de l’organisation du site. Les

compositions ont été définies à partir des descriptions qui accompagnaient les sites

dans les publications97. Nous précisons ainsi s’il s’agit d’une structure isolée, d’un

groupe de structures, de plusieurs etc.

Compositions Totaux

Structures isolées

Groupe(s) de structures

Groupe principal et structures dispersées

Groupe principal et groupe(s) secondaire(s)

Indéterminé (destructions, autre modèle d’organisation…)

En nombre de sites

2 39 4 12 9

En pourcentage du corpus

3,03 % 59,09 % 6,06 % 18,18 % 13,64 %

- Superficie. Définir la superficie d’un site archéologique n’est pas chose aisée. Nous

nous sommes limités aux approximations données dans El Proyecto Michoacán.

- Périodisation. Elle est simplifiée à la mention « OUI » pour la ou les phases

chronologiques concernées. C’est là une ruse que nous avons utilisée pour garder

une trace de ces informations dans les tables attributaires des fichiers du SIG, dans la

mesure où nous ne sommes pas encore capable de lié efficacement le SIG et une

base de données.

Les 66 sites du corpus sont consignés sur fiches dans l’annexe.

97

FAUGÈRE : 1990 et FAUGÈRE : 1996

55

Type de site Phase

Hameaux Villages Centres Totaux (sur le nombre de sites connus pour chaque phase)

Lupe

75 ; 80 ; 109 ; 135 ; 138 ; 141 ; 145 ; 146 ; 368 ; 398 ; 401 ; 402 ; 403

78 ; 104 ; 111 ; 113 ; 115 ; 136 ; 147 ; 148

50 ; 51 ; 103

Total Lupe 13 8 3 24 (sur 28 sites Lupe)

La Joya

74 ; 79 ; 106 ; 107 ; 112 ; 146 ; 331 ; 333 ; 336 ; 337 ; 398 ; 402

78 ; 81 ; 82 ; 102 ; 108 ; 111 ; 115 ; 136 ; 137 ; 139 ; 140 ; 142 ; 332 ; 338 ; 363 ; 385 ; 399

48 ; 103 ; 150

Total La Joya 12 17 3 32 (sur 37 sites La Joya)

Palacio

77 ; 79 ; 131 ; 132 ; 133 ; 144 ; 146 ; 334 ; 367 ; 368 ; 397 ; 398 ; 402 ; 403

46 ; 78 ; 102 ; 111 ; 136 ; 137 ; 147 ; 148 ; 160 ; 332 ; 339 ; 357 ; 363 ; 400

48 ; 103

Total Palacio 14 14 2 30 (sur 40 sites Palacio)

Milpillas

76 ; 77 ; 131 ; 132 ; 145 ; 335 ; 340

101 ; 113 ; 385 ; 400 49 ; 103

Total Milpillas 7 4 2 13 (sur 20 sites Milpillas)

Fig.8 – Bilan des sites du corpus phase par phase

66 sites constituent l’échantillon final sur lequel nous avons travaillé. Partant de leurs

maisons, groupées dans des hameaux, des villages ou des centres, les hommes ont

régulièrement attrapé leurs outils de travail en direction des champs cultivés. Suivons-les.

56

- CHAPITRE 5 -

PPPPRATIQUES AGRICOLES AU SUD DU LERMA ET POTENTIALITÉ DES SOLS

Notre objectif est de connaître les conditions d’accessibilité des zones qui peuvent,

en théorie, être cultivées. Nous serons alors en mesure de savoir si ce facteur est

déterminant pour l’organisation spatiale des sites. Néanmoins, avant de définir ces espaces,

il faut nous pencher sur la question de l’agriculture elle-même. Il nous a semblé nécessaire

de faire un point des connaissances sur le sujet afin d’établir une hypothèse qui servira de

base à notre étude.

A. Que sait-on des pratiques agricoles dans la région ?

Peu de choses. À la lumière des travaux de Brigitte Faugère, il est certain que

l’agriculture a été pratiquée. Les terrasses en attestent. Au même titre, l’outillage de

mouture retrouvé, qui laisse penser qu’au moins le maïs et les piments ont été cultivés et

consommés. Outre les réseaux de terrasses à flancs de montagnes, Brigitte Faugère a émis

l’hypothèse de la mise en culture des fonds de bassins versant où les terres sont riches et

profondes. Selon elle, la répartition des sites sur les versants résulterait peut-être d’un désir

des habitants de laisser libres les meilleures terres. On ne peut en effet réduire l’absence de

site dans les fonds de vallées aux destructions liées à l’agriculture moderne98. Nous verrons

plus bas que cette question reste discutable. On sait finalement qu’aucun système

d’irrigation n’a pu être identifié.

En raison du manque d’informations concernant le type d’agrosystème utilisé par les

occupants de notre région, nous devrons nous baser sur les données qui ont pu être

récoltées dans d’autres parties de la Mésoamérique. Ainsi, en complément des résultats des

investigations des projets français successifs, nous prendrons en compte les recherches

effectuées dans le bassin de Pátzcuaro, puisqu’il fut le centre névralgique du royaume

98

FAUGÈRE B., 1996 : 130-131

57

Tarasque99. Nous utiliserons aussi les informations issues des travaux de Sanders, Parsons et

Santley dans le bassin de Mexico100. Nous partirons donc du postulat que les techniques

agricoles sont relativement similaires à celle que l’on retrouve plus tard chez les Tarasques

et dans beaucoup de populations mésoaméricaines. À savoir, un semis direct à l’aide d’un

bâton à fouir et l’entretien des champs avec un outillage néolithique101. De même, nous

devrons considérer que le maïs constituait alors la principale espèce cultivée à l’instar de ce

que l’on observe dans le bassin de Pátzcuaro102. Assertion confortée par l’observation des

cultures actuelles où le maïs tient une place prépondérante103. Nous ne perdons pas de vu

que d’autres espèces ont très certainement été cultivées – comme le haricot ou la courge –

mais nous simplifierons ici en restreignant notre étude au maïs seul.

Savoir, ensuite, quel fut ou furent le ou les types de mise en culture employés est très

difficile. Nous nous appuierons pour cela sur les travaux réalisés par Javier Caballero104 au

début des années 1980 dans le cadre d’un projet multidisciplinaire conduit par la Dirección

General de Culturas Populares SEP. Il a mis en relation l’utilisation des ressources faite par

les Purépecha actuels dans le bassin de Pátzcuaro avec les documents ethnohistoriques, tels

que la Relation de Michoacán105. Il a montré que deux types d’agriculture sont aujourd’hui

dominants. L’agriculture irriguée aux abords du lac (que nous mettrons de côté dans notre

région sans indice de tels systèmes) et l’agriculture saisonnière sur les versants. Son étude

des textes ethnohistoriques lui a permis de dire que ces deux types, utilisés dans les mêmes

espaces écologiques, semblent correspondre à ceux pratiqués par les Purépecha

préhispaniques106. De même, Jorge Romero fait la même observation pour l’agriculture

actuelle dans la Meseta Purépecha107, où l’on pratique le système temporal de humedad

residual108. Dans la limite de nos connaissances et des données, nous avons donc décidé

d’admettre que l’agriculture pluviale saisonnière était aussi celle que pratiquaient les

hommes du versant sud du Lerma entre le VIème et le XIIIème siècle.

99

FISHER C.T., 2005 ; POLLARD H.P., 1993 100

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, 1979 101

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, ibid. : 231 102

POLLARD H.P. & S. GORENSTEIN, 1980 103

GOUGEON O., 1991 : 72-75 104

Directeur du jardin botanique de l’UNAM 105

CABALLERO J., 1982 106

CABALLERO J., 1982 : 35-37 107 ROMERO J., 1995 : 71 cité par AYALA-ORTIZ D.A. & R. GARCÍA-BARRIOS, 2009 108

Agriculture pluviale saisonnière

58

Dans leur étude du bassin de Mexico, Sanders, Parsons et Santley ont défini les

étapes successives des travaux agricoles tels qu’ils étaient pratiqués dans les années 1950109.

Ils précisent que ces tâches différaient alors peu de celles effectuées juste après la Conquête

et l’introduction de la charrue. Ils mettent ensuite l’accent sur le fait qu’elles devaient aussi

être relativement similaires avant la Conquête. La différence majeure étant, selon eux,

l’effort requis pour leur réalisation sans les techniques modernes. Nous pensons donc que

cette suite de tâches est raisonnablement applicable à notre région. Rappelons-les ici.

Barbecho : labour profond après la récolte

d’automne

Novembre-Décembre

Rastrillo : nivellement du champ avec le soc de

charrue

Immédiatement après Barbecho

Cruzada : labour superficiel perpendiculairement au

Barbecho

Janvier-Février

Rastrillo

Immédiatement après Cruzada

Zurcada : labour du champ pour le semis

Mars-Mai

Siembra : semis à la main

Mars-Mai

Primer Labor : sarclage110

à la charrue

Quand la récolte fait 10 cm

Segundar : sarclage à la charrue

Quand la récolte fait 30 à 50 cm

Aterrada : buttage111

à la main

Fin de l’été

Cosecha : moisson

Septembre-Novembre

Fig. 9 – Travaux agricoles en 1950 (d’après SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, 1979 : 237)

Bien entendu, à l’époque préhispanique, tout était réalisé à la main et les étapes

devaient être légèrement différentes. Cependant, cette séquence est probablement valide

dans ses grandes lignes. Le sud du Lerma connait toutefois des conditions climatiques

différentes du bassin de Mexico. L’altitude moyenne est un peu plus basse – environ 1900m

dans notre région contre environ 2400 dans le bassin de Mexico – et l’hygrométrie, un peu

109

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, 1979 : 237 110

Retrait des mauvaises herbes 111

Constitution de butte de terre au pieds des plants pour favoriser le développement des racines

59

plus élevée – environ 800mm contre 450-650mm112. Cependant, les saisons sèche et humide

s’étalent approximativement sur les mêmes mois et, a fortiori, la temporalité des tâches

agricoles est semblable. Au vu du climat au sud du Lerma et des informations que nous

avons, voici la séquence, hypothétique et simplifiée, que nous proposons.

Labour profond après la récolte d’automne

Novembre-Décembre

Nivellement du champ

Immédiatement après

Opérations d’entretien (labours…) ?

Décembre-Mars

Labour avant semis

Mars-Mai

Semis

Mars-Mai

Entretien de la récolte (sarclage et buttage)

Mai-Octobre

Moisson

Octobre-Novembre

Fig.10 – Séquence des travaux agricoles hypothétique dans la zone Vertiente Lerma

B. La population et les travaux des champs

Malgré les lacunes concernant l’agriculture, nous avons une assez bonne idée de

l’organisation spatiale élémentaire des établissements. Toutes périodes confondues, plus de

90 % du corpus est constitué de hameaux et de villages à vocation agricole. Mis à part les

centres à l’agencement complexe, la tendance globale est aux petits groupes de maisons,

intégrés dans un réseau étendu de terrasses. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent,

ces groupes reflètent probablement les zones d’habitat de familles étendues, où chacun

prend très certainement part aux activités quotidiennes rythmées par la vie des champs. Un

point à ne pas perdre de vue pour comprendre comment est perçu l’environnement par les

communautés préhispaniques qui nous intéressent. Enfin, nous connaissons cet

environnement. Ou du moins, ce qu’il en reste et ce à quoi il a pu ressembler en théorie.

Nous devrons là encore assumer que le milieu actuel est, dans les grandes lignes,

relativement similaire à celui qu’ont connu les sociétés pré-tarasques.

112

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, 1979

60

Résumons le scénario hypothétique que nous allons suivre. À l’époque

préhispanique, le versant sud du Lerma est habité par des communautés de paysans. Établis

dans des hameaux, des villages, ou plus rarement des centres, leurs activités quotidiennes

s’organisent au sein de petits groupes d’habitations où vivent des familles étendues. Ils

construisent des terrasses pour palier au pendage des flancs des montagnes qui les

entourent et y plantent principalement du maïs. Ils travaillent leurs terres avec des outils de

bois et de pierre. On sème entre mars et mai, au début de la saison des pluies, pour obtenir

une récolte moissonnée quand commence la saison sèche, autour de novembre. La majeure

partie de la récolte relève alors de la subsistance dans une société à tendance

autosuffisante113. Les travaux des champs et leur entretien constituent donc des activités

régulières, pratiquées par la majorité de la population.

En toute logique, l’accès à ces champs se doit de ne pas être ni trop long, ni trop

compliqué. C’est pourquoi nous émettons l’hypothèse que la répartition des espaces cultivés

peut avoir une importance sur l’implantation des habitations. Pour vérifier cette hypothèse,

la première étape est d’essayer de savoir quels étaient ces espaces cultivés.

C. Quelles terres étaient cultivées ?

À ce stade, nos recherches sont restreintes à la bibliographie. Néanmoins, il n’est pas

impossible de s’appuyer sur celle-ci pour obtenir de nouvelles données. Afin de définir des

zones de potentiel agricole, nous avons naturellement cherché à savoir quels sont les

facteurs qui font qu’une terre est bonne ou mauvaise pour l’agriculture. Pour ce faire, nous

nous sommes penchés sur la pédologie qui, avec l’ensoleillement et l’apport en eau,

constitue l’un des éléments déterminants dans le bon développement des plantes.

Toutefois, les pré-tarasques n’étaient pas des pédologues. Leur connaissance de

l’environnement n’en est pas moins bonne, mais leurs critères sont empiriques. C’est

pourquoi, nous nous sommes aussi intéressés aux approches des archéologues et des

ethnologues qui peuvent nous aider à comprendre les choix des communautés étudiées.

113

FAUGÈRE B., 2009 : 204-205

61

1. Notions de pédologie élémentaire

Aujourd’hui, le pédologue a recours à quatre critères fondamentaux pour identifier

un sol. Ce sont la couleur, la texture, la structure et la mesure de l’acidité. Les trois premiers

critères sont facilement identifiables sans avoir appel à des techniques très évoluées. La

mesure de l’acidité est, quant à elle, moins évidente. Les descriptions qui suivent sont tirées

du cours d’introduction à la pédologie de Sophie Bonin114, qui elle-même reprend les travaux

de Philippe Duchaufour115.

Couleur. Pour le pédologue, la couleur est un bon indicateur de la composition. Le

noir trahit la présence de matière organique. Le bleu-vert correspond à la présence de fer

réduit (Fe2+) du à une situation d’asphyxie. C’est le cas dans les sols à hydromorphie

permanente. Le rouge indique une forte concentration en fer oxydé (Fe3+). Nous pourrions

continuer cette description car il existe de nombreuses nuances en fonction des minéraux

que contient le sol, mais là n’est pas notre propos.

Texture. Ce deuxième critère correspond à la malléabilité du sol sec ou humide. Un

test simple consiste à former un boudin avec le sol, puis à le courber pour faire un anneau.

L’intégrité du modelage dépend de la granulométrie. Une terre argileuse et dense sera

facilement modifiable. Il sera impossible de faire quoi que ce soit d’une terre sableuse.

Finalement, un sol limoneux se craquellera dès qu’on essaiera de modifier la forme

d’origine. Le tableau suivant répertorie les différentes granulométries.

Catégorie Taille

Argiles < 2µm

Limons 2 µm < x < 0,05 mm

Sables 0,05 mm < x < 2 mm

Graviers < 2 cm

Cailloux < 7,5 cm

Pierres < 25 cm

Blocs > 25 cm Fig.11 – Granulométries (d’après BONIN S., 2006)

Pour ce qui est de l’adéquation avec l’agriculture, la texture donne de nombreuses

informations. Un sol argileux est collant et lourd. Il sera difficile à travailler car gorgé en eau

et asphyxiant. Sa mise en culture demandera beaucoup d’investissements, notamment pour

114

BONIN S., 2006 115

DUCHAUFOUR P., 2000

62

le drainage. De même, un sol limoneux aura tendance à retenir l’eau de pluie, se tasser et à

devenir asphyxiant. À l’inverse, un sol sableux est perméable à l’eau et à l’air. Cependant,

les racines s’y accrochent mal et il est particulièrement sujet au dessèchement et à l’érosion.

Le sol idéal sera donc celui qui alliera harmonieusement les trois types et présentera assez

de matière organique. On exprime la texture d’un sol à l’aide d’un schéma en triangle

(fig.12).

Fig. 12 – Triangle des textures (d’après FAO116

)

Structure. Ce troisième critère concerne la compacité du sol et l’agglomération des

éléments qui le compose. Le test consiste ici en l’enfoncement d’un couteau pour connaître

la compacité et au bris d’une motte pour observer les blocs obtenus. On note trois

catégories de structure : massive (gros blocs), fragmentaire (grumeaux) et particulaire. La

seconde constitue un équilibre pour ce qui est de la circulation de l’eau. La structure est due

116

Confère références internet

63

à l’effet de retrait (alternance entre périodes humides et sèches) et à l’effet de granulation

(activité biologique).

Acidité. Ce quatrième et dernier critère requiert un équipement spécifique pour

tester le pH du sol. Nous verrons néanmoins que l’acidité peut être estimée autrement.

Quand le pH est faible, il reflète la pauvreté du sol en minéraux biogènes117. Neutre ou

élevé, il trahit le contraire.

2. Connaissance des sols traditionnelle

Ces techniques relativement simples et utilisées aujourd’hui par les géologues ne

sont qu’une première étape avant les études physico-chimiques. Toutefois, cette première

approche s’accorde avec les moyens que les paysans ont à disposition. Il n’est donc pas

étonnant que ce même type d’observations soit pratiqué par les agriculteurs traditionnels du

monde entier. Gérald Marten et Patma Vityakon ont écrit un chapitre dans un ouvrage

collectif qui donne quelques exemples ethnographiques des savoirs de différentes

communautés de paysans dans plusieurs pays118. Le nombre de catégories de sols et la

justesse de leurs observations sont souvent impressionnants. Les critères d’identification

sont par ailleurs similaires aux critères élémentaires des pédologues.

Ce sont donc la couleur, la texture et la structure qui sont très souvent les marqueurs

déterminants choisi par les agriculteurs. L’humidité du sol est aussi un facteur récurrent. Par

exemple, les communautés soundanaises de l’île de Java caractérisent les sols en fonction de

quatre critères : la couleur, la texture (et présence de pierres et de sable), l’humidité et la

structure (compacité)119. Ils nomment ainsi les sols (Tanah) en fonction de variantes de

chaque critère qui correspondent à un niveau de fertilité. Un tanah beureum (sol rouge) est

donc considéré comme peu fertile, à l’inverse d’un tanah hideung (sol noir). Sans être

instruits des processus d’humification qui entrainent la coloration noire, ils savent donc que

cette couleur est généralement bonne pour l’agriculture. La classification soundanaise est

relativement simple avec ses douze types de sol. La typologie peut s’avérée beaucoup plus

117

Constitué à partir du vivant. 118

MARTEN G.G. & P. VITYAKON, 1986 119

CHRISTANTY L. & J. ISAKANDAR, cités par MARTEN G.G. & VITYAKON P., 1986 : 200

64

complexe. C’est le cas chez les Q’eqchi’ du Guatemala qui possèdent, par exemple, pas

moins de vingt-quatre dénominations différentes pour les sols, variant selon la couleur, la

texture, le drainage et la présence de racines120.

Toujours est-il que l’ingéniosité des agriculteurs du monde ne se limite pas aux

critères qui recoupent ceux utilisés par les pédologues. L’acidité, qui, comme nous l’avons

vu, nécessite pour les pédologues le recours à des instruments spécialisés, n’est pas pour

autant délaissée par les paysans traditionnels. En Malaisie, l’acidité du sol peut être estimée

au goût, doux, neutre ou amer. Parallèlement, les malaysiens font aussi appel à leur

connaissance de la végétation. Ainsi, certains arbres trahissent un sol acide. La végétation

constitue un indicateur de premier ordre. Plus que simplement pour avoir une idée de

l’acidité, les plantes permettent souvent le choix d’un site propice à l’agriculture. Revenons

pour l’exemple chez les Q’eqchi’. D’après les travaux de Carter121, onze espèces permettent

d’identifier un espace adéquat pour l’implantation d’une milpa à la saison humide et cinq à

la saison sèche.

On peut raisonnablement penser que le même type de savoir était détenu par les

populations préhispaniques. Nous nous appuierons donc sur ces informations pour définir

différents niveaux de fertilité pour les sols que l’on retrouve dans la région Vertiente Lerma.

D. Le potentiel agricole des sols au sud du Lerma

Nous reprendrons ici chacun des types de sols présentés dans le chapitre 2, auxquels

nous attribuerons un niveau de compatibilité pour l’agriculture (Bonne, Moyenne, Plutôt

mauvaise et Improbable) à la lumière des informations préalablement mentionnées. La

culture prise en compte est celle du maïs. Aussi est-il nécessaire de donner quelques

dernières précisions sur les besoins de cette plante. Nous tirons ces informations des travaux

de Christopher Beekman et William Baden122.

120

CARTER W.E., 1969, cité par MARTEN G.G. & VITYAKON P., 1986 : 205-206 121

CARTER W.E., 1969, cité par MARTEN G.G. & VITYAKON P., 1986 : 207 122

BADEN W.W. & C.S. BEEKMAN, 2011

65

Le maïs est une plante relativement polyvalente qui, au Mexique, peut et est cultivée

à peu près partout, même dans des zones inappropriées123. En théorie, le sol doit néanmoins

répondre à quelques exigences. Il doit être bien drainés et fertile. Sa teneur en argile doit

être comprise entre 10 et 30% et son pH entre 5 et 7-8 (neutre ou légèrement basique). Le

maïs tolère assez mal une salinité trop élevée124. On l’aura compris, ces critères restent

théoriques et peuvent être outrepassés. Rappelons donc les facteurs qui permettent de dire

qu’un sol est bon ou mauvais pour la mise en culture.

Critères Compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs

Couleur (idéal : présence de matière organique)

Noire/sombre Bonne

Moyennement rouge Moyenne

Très rouge Mauvaise

Claire Moyenne à bonne

Texture (idéal : compromis entre les trois catégories)

Argileuse Plutôt mauvaise (Bonne si beaucoup d’investissements)

Limoneuse Moyenne (Bonne avec drainage efficace)

Sableuse Plutôt mauvaise

Structure (idéal : compromis entre légèreté et fertilité)

Massive Plutôt mauvaise

Fragmentaire Bonne

Particulaire Plutôt mauvaise

Acidité (idéal : entre 5 et 7-8)

Faible Mauvaise (si < 5), Moyenne (si > 5)

Moyenne Bonne (7-8)

Élevée Mauvaise (> 8)

Fig.13 – Tableau récapitulatif de la compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs en fonction des

critères déterminants

123

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, 1979 : 233 124

BADEN W.W. & C.S. BEEKMAN, 2011

66

À partir de ces critères, nous allons proposer ces niveaux de compatibilité pour les

sols de notre région. Malheureusement, nous ne possédons pas toutes les informations pour

compléter tous les critères pour chaque type de sol.

Type de sol Critères déterminants Compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs (outillage préhispanique)

1. Les sols peu évolués avec des profils peu différenciés.

LITHOSOLS - couleur : ? - texture : tendance sableuse - structure : particulaire - acidité : élevée

Improbable

ANDOSOLS - couleur : noir - texture : tendance limoneuse - structure : fragmentaire - acidité : ?

Bonne

2. Les sols à maturation humique.

PHAEOZEMS - couleur : brun - texture : limoneuse-sableuse - structure : fragmentaire - acidité : ?

Bonne

VERTISOLS - couleur : sombre - texture : argileuse - structure : massive - acidité : ?

Plutôt mauvaise (demande un investissement énorme)

SOLS VERTIQUES - couleur : brun - texture : argileuse-tendance limoneuse - structure : massive-tendance fragmentaire - acidité : ?

Moyenne à bonne

3. Les sols fersiallitiques.

CAMBISOLS - couleur : brun - texture : limoneuse-tendance sableuse - structure : fragmentaire à particulaire - acidité : ?

Bonne

LUVISOLS CHROMIQUES - couleur : brun-rouge - texture : limoneuse - structure : fragmentaire - acidité : ?

Moyenne à bonne

Fig. 14 – Compatibilités théoriques des sols de la zone Vertiente Lerma avec l’agriculture du maïs

67

Dernière précision sur les vertisols.

Rappelons que les sols de la région sont en majorité des vertisols, qui représentent

près de 70% (cf. chapitre 2), même s’ils sont souvent associés à d’autres types. Au total, les

terres composées en majorité de vertisols couvrent près de 85% de la zone Vertiente

Lerma125. Il nous parait donc judicieux de nous attarder un peu plus dessus.

Les vertisols sont, par essence, extrêmement riche en argiles (entre 50 et 70 %126). Ce

sont par conséquent des sols très lourds. Très secs et craquelés à la saison sèche, très

meubles et visqueux à la saison des pluies. Ainsi, bien que l’on ne retrouve pas de site dans

les fonds de vallée où ils sont nombreux, il n’est pas évident que ces terres aient été

favorisées par les populations préhispaniques dépourvues d’animaux de traits comme

d’instruments de labour127. Afin d’appuyer cette acception, nous avons consulté différents

travaux récents sur les vertisols. L’un d’eux, effectué en Bulgarie a plus particulièrement

retenu notre attention. Les pédologues Maria Borissova et Dafina Nikolova ont réalisé une

étude sur les vertisols des environs de Sofia. Elles ont constitué des parcelles

d’échantillonnage où elles ont mis en culture du maïs en suivant cinq techniques différentes,

et ce sur plusieurs années. Leur objectif était de connaitre les meilleures conditions

d’absorption de l’eau en fonction des différentes techniques pour obtenir la meilleure

productivité. Les quatre premières pratiques agricoles faisaient varier la profondeur du

labour, mais la dernière consistait en un semis direct qui pourrait se rapprocher des

pratiques préhispaniques. Au final, le semis direct entraine une réduction de la perméabilité

des vertisols à l’eau et à l’air et par conséquent, fatigue les sols qui perdent alors en

fertilité128. Les facteurs climatiques sont certes bien différents dans notre région, mais il n’en

reste pas moins intéressant de noter ces informations à caractère général.

Contre toute attente, les communautés du sud du Lerma n’ont pas choisi les terres

les plus évidentes pour implanter leurs réseaux de terrasses et leur agriculture. C’est à l’aide

du SIG que nous allons maintenant voir cela de plus près.

125

Calculé sur le SIG à partir de la carte de répartition des sols de l’INEGI 126

ÖSZOY G. & E. AKSOY, 2007 : 5 127

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, ibid. : 228 128

BORISSOVA M., & D. NIKOLOVA, 2008 : 4

68

- CHAPITRE 6 -

AAAAPPLICATION INFORMATIQUE : SYSTÈME D’INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

A. Méthodologie de création des couches shapefile

Avant toute chose, donnons quelques précision sur les outils et le vocabulaire des

SIG, que nous allons utiliser. Le shapefile (.shp) est un format de fichier vectorisé129 propre

aux SIG qui permet d’afficher une couche130 sur un géodésique131 ou dans un système de

projection132. On parle de systèmes de coordonnées référencées (SCR) – coordonnées

géographiques sur un géodésique ou coordonnées projetées sur un plan. Nous utiliserons ici

les systèmes universels. À savoir WGS84, pour ce qui est du géodésique, et UTM133, pour la

projection. Notre aire géographique d’étude se situe dans la projection WGS84/UTM zone

14N. La première étape de notre étude a donc été de choisir ces SCR qui sont fondamentaux

pour pouvoir afficher les cartes et nuages de points en fonction de coordonnées

géographiques. L’idée étant de pouvoir superposer les couches, ce qui nécessite une

homogénéité parfaite des SCR. Nous avons principalement utilisé le logiciel libre Quantum

GIS version 1.7 (Qgis).

1. Couches de points pour les sites

Nous n’avons pas eu le temps de nous familiariser suffisamment avec les possibilités

de lier le SIG avec une base de données. Nous avons donc préféré procéder en deux temps

en créant d’abord une table Excel, que nous importions ensuite dans le SIG au format .csv.

Les tables Excel se présentent de façon très simple. Elles reprennent les rubriques

que nous avions définies dans la base de données : numéro, nom usuel, municipalité,

129

La vectorisation s’émancipe des pixels et permet de déformer une image à volonté sans perdre en précision. Le fichier vecteur est ainsi opposé au fichier raster (pixellisé). 130

Plan composé d’informations codées qui visuellement se présentent sous la forme de points, de traits ou de polygones. 131

Représentation théorique du globe terrestre sous la forme d’une sphère étirée. Bien qu’il existe de très nombreux modèles, l’un d’eux, WGS84 (World Geodesic System, établit en 1984), est aujourd’hui universel. 132

Représentation plane d’une partie du globe terrestre. Dépend des coordonnées géographiques de la zone. 133

Universal Transverse Mercator.

69

localité, coordonnées géographiques, altitude, situation géographique, type, composition,

superficie et périodisation (cf. Chapitre 4). La table attributaire134 reprend les mêmes

rubriques que le fichier Excel originel. Qgis reconnait automatiquement les rubriques qui

correspondent aux coordonnées géographiques (si on lui dit) et crée donc une couche où

chaque point correspond à un site. Conformément aux coordonnées d’origine en DMS, les

coordonnées en DD traduites doivent être importées dans le système WGS84. Le fichier est

ensuite enregistrer au format .shp pour être émancipé du tableur Excel d’origine. On crée

enfin une copie de ce .shp en précisant le SCR pour être en mesure d’ouvrir le fichier dans la

projection WGS84/UTM zone14N. Sans cet ajustement, aucune analyse spatiale n’est

possible avec le mètre comme unité de carte135. Cette démarche a été appliquée à toutes les

couches que nous avons réalisées. Aussi ne la répèterons nous pas par la suite.

Pour des raisons pratiques, nous avons choisi de créer un fichier de points «site »

pour chaque phase. Nous avons donc quatre fichiers. Nous nous sommes inspirés de la

symbologie de Sanders, Parsons et Santley136 pour différencier les sites entre eux en fonction

de la typologie détaillée au chapitre 4. Voici la typologie employée.

Typologie

Symbologie

Hameau

Village

Centre

Grotte ou abri-sous-roche Cimetière Zone de taille Indéterminé

Fig. 15 – Symbologie des sites

134

Table intrinsèque au fichier qui regroupe toutes les informations qui le concerne. 135

Qgis ne prend en compte que les degrés décimaux comme unités de carte sur le géodésique WGS84. Ce qui rend la plus simple des mesures extrêmement complexe. 136

SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY, 1979 : 52-60

70

2. Modèle numérique de terrain

Un modèle numérique de terrain (MNT) est un fichier qui permet de donner une

représentation graphique de la topographie. Nous avons pu récupérer un ASTER GDEM137. Il

se présente sous la forme d’un fichier raster. Les pixels possèdent des coordonnées

géographiques (x et y) qui permettent l’affichage du MNT sur le géodésique WGS84 et des

coordonnées renseignant l’altitude (z). Ainsi, il est possible d’attribuer une couleur à tous les

pixels dont les altitudes sont comprises dans un intervalle défini. Au final, nous sommes en

mesure de créer des plages de couleur successives qui, en suivant un panel logique,

permettent de donner une représentation de la topographie.

Nous avons choisi d’utiliser un dégradé de couleurs pour rendre compte de l’altitude.

Les tons verts matérialisent les parties basses, les jaunes, l’intermédiaire, et les rouges les

parties hautes. Chaque plage de couleur correspond à une élévation de vingt mètres.

Fig. 16 – exemple de symbologie pour les MNT

137 Advanced Spaceborne Thermal Emission and Reflection Radiometer (ASTER) Global Digital Elevation Model

(GDEM), développé conjointement par le Japon et les États-Unis. Sa résolution spatiale est de 15m. Communication personnelle de Marion Forest, doctorante en archéologie préhispanique à Paris 1.

71

3. Couches de polygones pour les aires

Plusieurs de nos couches représentent des aires géographiques où sont distribués

des caractères particuliers de façon relativement homogène. Le traitement informatique de

ce type d’informations est fait à partir de couches de polygones. Certaines ont été

directement récupérées sur le site de l’INEGI qui met à disposition de nombreux fichier .shp

en WGS84. Ils sont facilement convertibles en UTM. Nous avons toutefois eu à les remanier

quelque peu. D’autres couches de polygones ont du être créées dans deux cas que nous

allons brièvement expliquer.

Le premier cas répondait au besoin de pouvoir travailler sur des cartes issues de

publications. Par exemple, la carte pédologique de Jean-Noël Labat138. Pour ce faire, nous les

avons scannées et géoréférencées. C'est-à-dire que nous avons superposé les cartes

numérisées sur des couches vectorisées en nous appuyant sur des repères géographiques

précis (coudes de rivières, plans d’eau…)139. À partir de ces images, nous avons utilisé l’outil

de création de polygones de Qgis et ainsi redessiner les cartes pour les traduire en .shp. Le

second cas correspondait à la création de nouvelles aires géographiques présentant un

caractère intéressant. Nous sommes alors directement passés par l’outil de création de

polygones.

B. Type de sols et potentialités agricoles

Nous tenons à préciser avant la présentation, que l’INEGI a réalisé des cartes

d’utilisations potentielles des sols en fonction de différents facteurs (pédologie, climat,

hydrologie…) entre 1968 et 1979. Ces cartes auraient pu être d’un grand intérêt, mais il ne

nous a pas été possible de les obtenir. Elles n’ont pas été numérisées.

La situation serait trop simple si chacune des terres étudiées correspondait à un seul

sol. Ce n’est pas le cas. Dans son étude présentée dans El Proyecto Michoacán140, Jean-Noël

Labat réalise sa carte pédologique de la région en constituant des entités géographiques les

plus homogènes possible. Elles regroupent généralement deux types de sols, voire trois,

138

LABAT J.-N., 1992 : 79 139

On parle de géoréférencement. 140

LABAT J.-N., 1992 : 73-111

72

rarement un seul. Nous devrons donc adapter les niveaux de compatibilité agricole que nous

avons définis dans le chapitre 5 pour chacun des cas.

Les dix-huit sols – ou associations de sols – identifiées pour la région sont

répertoriées dans le tableau ci-dessous (fig. 17). Nous ne pourrons malheureusement pas

être extrêmement précis pour ce qui est de la définition des compatibilités agricoles. En

effet, nous ne savons pas dans quelles proportions les sols sont associés. Toutefois, le

lecteur constatera par lui-même que l’on note certaines redondances dans les associations

(ex : « lithosols/vertisols » et « vertisols/lithosols »). Aucune explication n’est donnée dans la

publication, mais nous ne pensons pas que cela soit anodin et les récurrences sont trop

nombreuses pour ne pas avoir de signification. Nous pensons donc que le premier sol

mentionné représente une part plus importante que le second. Pour rester en accord avec

cette acception, nous avons donc attribué une pondération différentielle en suivant la

logique suivante. Très simplement, le premier sol a été considéré comme deux fois plus

représenté que le second. La compatibilité agricole du premier vaut donc deux fois plus que

celle du second. Ainsi, pour reprendre l’exemple susmentionné, dans le cas « compatibilité

lithosols/vertisols », nous avons considérer les lithosols deux fois plus représentés

(pondération de 2) que les vertisols (pondération de 1). L’inverse pour le cas

« vertisols/lithosols ». Pour que les calculs ne soient pas biaisés, nous avons attribué une

pondération de 3 au sol quand il est le seul à être représenté dans l’aire géographique. Enfin,

pour l’unique cas où l’on a trois types de sol – « Vertisols/Vertisols chromiques/Luvisols

vertiques » –, les deuxième et troisième types de sols sont relativement similaires (sols

vertiques). Aussi avons-nous décidé de les regrouper et de leur attribuer une pondération de

1 pour faciliter la réalisation du tableau.

Nous sommes ensuite partis du postulat que les compatibilités « moyennes » et

« bonnes » étaient mises en culture. Les deux autres non, ou moins sûrement. Nous avons

donc fait la somme des colonnes deux à deux : « bonne » + « moyenne » (Σ 1) et « plutôt

mauvaise » + « Improbable » (Σ2). Les colonnes des totaux ont alors été converties en

pourcentages sur un graphique (fig. 18), dans lequel quatre catégories de compatibilité –

« bonne », « moyenne », « plutôt mauvaise » et « improbable » – sont aisément

identifiables.

73

Sol ou association de sols

Pondérations des compatibilités agricoles en fonction du type de sol

Bonne Moyenne

Σ 1 Plutôt mauvaise

Improbable Σ2

Andosols

3

0

3

0

0

0

Andosols/Lithosols

2

0

2

0

1

1

Lithosols/Cambisols

1

0

1

0

2

2

Lithosols/Vertisols

0

0

0

1

2

3

Luvisols chromiques/Cambisols

2

1

3

0

0

0

Luvisols chromiques/Luvisols vertiques

1,5

1,5

3

0

0

0

Phaeozems/Lithosols

2

0

2

0

1

1

Phaeozems/Vertisols

2

0

2

1

0

1

Phaeozems/Vertisols chromiques

2,5

0,5

3

0

0

0

Vertisols

0

0

0

3

0

3

Vertisols/Lithosols

0

0

0

2

1

3

Vertisols/Luvisols vertiques

0,5

0,5

1

2

0

2

Vertisols/Phaeozems

1

0

1

2

0

2

Vertisols/Vertisols chromiques

0,5

0,5

1

2

0

2

Vertisols/Vertisols chromiques/Luvisols vertiques

0,5 0,5 1 2 0 2

Vertisols chromiques/Luvisols chromiques

1,5

1,5

3

0

0

0

Vertisols chromiques/Luvisols vertiques

1,5

1,5

3

0

0

0

Vertisols chromiques/Vertisols

1

1

2

1

0

1

Fig.17 – Pondérations des compatibilités théoriques des sols de la zone Vertiente Lerma

Fig. 18– Graphe des

À la lumière, de ce graphique simple, ordonné pour mettre en valeur les quatre

catégories, nous avons pu attribuer une compatibilité théorique à chacun des espaces

définis par Jean-Noël Labat. Ces résultats sont c

Qgis, les compatibilités ont ensuite été attachées au(x) type(s) de sol(s) correspondant

la carte que nous avions numérisée au préalable. Ainsi, nous avons obtenu une carte de

notre zone d’étude où sont représentés les espaces propices à l’agriculture du maïs et les

aires impropres ou mal adaptées à la culture de la céréale

avons appelé cette couche « compatibilité agricole

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Graphe des pourcentages de compatibilités agricoles

À la lumière, de ce graphique simple, ordonné pour mettre en valeur les quatre

catégories, nous avons pu attribuer une compatibilité théorique à chacun des espaces

Noël Labat. Ces résultats sont consignés dans la figure 19, page suivante. Sur

Qgis, les compatibilités ont ensuite été attachées au(x) type(s) de sol(s) correspondant

la carte que nous avions numérisée au préalable. Ainsi, nous avons obtenu une carte de

représentés les espaces propices à l’agriculture du maïs et les

aires impropres ou mal adaptées à la culture de la céréale (carte 9 dans l’annexe)

compatibilité agricole ».

74

À la lumière, de ce graphique simple, ordonné pour mettre en valeur les quatre

catégories, nous avons pu attribuer une compatibilité théorique à chacun des espaces

, page suivante. Sur

Qgis, les compatibilités ont ensuite été attachées au(x) type(s) de sol(s) correspondant(s) sur

la carte que nous avions numérisée au préalable. Ainsi, nous avons obtenu une carte de

représentés les espaces propices à l’agriculture du maïs et les

(carte 9 dans l’annexe). Nous

Σ 2

Σ 1

75

Sol ou association de sols

Compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs (outillage préhispanique)

Andosols

Bonne

Andosols/Lithosols

Moyenne

Lithosols/Cambisols

Plutôt mauvaise

Lithosols/Vertisols

Improbable

Luvisols chromiques/Cambisols

Bonne

Luvisols chromiques/Luvisols vertiques

Bonne

Phaeozems/Lithosols

Moyenne

Phaeozems/Vertisols

Moyenne

Phaeozems/Vertisols chromiques

Bonne

Vertisols

Improbable

Vertisols/Lithosols

Improbable

Vertisols/Luvisols vertiques

Plutôt mauvaise

Vertisols/Phaeozems

Plutôt mauvaise

Vertisols/Vertisols chromiques

Plutôt mauvaise

Vertisols/Vertisols chromiques/Luvisols vertiques

Plutôt mauvaise

Vertisols chromiques/Luvisols chromiques

Bonne

Vertisols chromiques/Luvisols vertiques

Bonne

Vertisols chromiques/Vertisols

Moyenne

Fig. 19 – Compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs des sols de la zone Vertiente Lerma

76

C. Catchment analysis : les sites du sud du Lerma et leurs territoires d’exploitation

Comme nous l’avons évoqué dans le premier chapitre, les territoires d’exploitation

correspondent à des espaces au sein desquels les sites peuvent obtenir une ou plusieurs

denrées spécifiques. Nous avons souhaité établir de tels espaces pour donner une idée des

distances entre le centre de chaque site et les terres qu’il est susceptible de cultiver. Nous

avons au préalable défini les potentiels agricoles des terres de la zone d’étude. Restait à

savoir jusqu’où les habitants peuvent aller pour obtenir des terres arables. La réponse s’est

présentée à nous à la lecture de certains travaux de « catchment analysis ». L’agriculteur

traditionnel ne parcourra pas une distance énorme pour se rendre à son champ. Surtout s’il

doit le faire régulièrement. La distance maximale moyenne généralement admise est de 5

kilomètres à pied141. Passé cette limite, la dépense énergétique n’est plus rentable dans le

cadre de l’agriculture. Cette distance est considérée comme parcourue au moins deux fois

dans une même journée (aller et retour). Nous ne perdons pas de vue que notre région est

montagneuse et que la majorité des sites de notre corpus est située sur les versants ou les

sommets. Les 5 kilomètres sont donc peut-être à revoir à la baisse puisque l’effort produit

sur terrain plat n’est pas le même que sur terrain accidenté. Les auteurs pondèrent

généralement les territoires d’exploitation. 1km de rayon vaudra plus que 2km, car plus

rapidement accessible, etc. Cependant, nous ne sommes pas encore en mesure de prendre

en compte l’importance de la topographie ou d’autres facteurs qui influe sur la durée du

trajet.

1. Territoires d’exploitation globaux et potentiels agricoles

Nous nous sommes dans un premier temps contenté de créer des zones de

tampons142 régulières autour de chaque site, sans prendre en compte le facteur

topographie. En accord avec l’acception courante, nous avons défini la largeur maximale des

tampons à 5000 mètres. De cette manière, nous avons obtenu des cercles de rayon r =

5000m autour de chaque site et ce pour chaque phase chronologique. Nous souhaitions voir

quels étaient alors les types de terres recoupés par nos tampons. Deux types de fichiers

tampons ont été créés pour chaque analyse. Le premier matérialise les cercles autour de

141

VITA-FINZY C. & E.S. HIGGS, 1970 cités dans FLANNERY K., 1976 : 91-92 142

Dans un SIG, un tampon ou buffer est une aire d’une largeur choisie constitué autour d’un point, d’une ligne ou d’un polygone.

77

chaque site. Cette couche a été nommée « Phase_buffer5000 ». Sur des échantillons allant

de 13 à 32 établissements proches dans l’espace, les recoupements des tampons sont trop

nombreux pour que le fichier soit facilement interprétable. C’est pourquoi nous avons créé

un second fichier qui présente une union de tous les cercles de façon à former un polygone

(couche « Phase_buffer5000_union »). À partir de ce second fichier, via l’outil d’intersection,

il nous a été possible de concevoir une couche dont la surface était celle du polygone créé,

avec les mêmes rubriques que la couche « compatibilité agricole ». Nous avons alors utilisé

la calculatrice du logiciel pour connaître les surfaces couvertes par chaque niveau de

compatibilité agricole. Elles ont été traduites en pourcentages. Le tableau et les graphes

suivants consignent les résultats de ces analyses.

Les cartes 10 à 13 en annexes sont des représentations graphiques de ces analyses.

Surfaces des terres arables théoriques

(%) Phase chronologique

Bonne Moyenne Plutôt mauvaise Improbable

Lupe

11,60 3,30 82,87 2,22

La Joya

13,97 8,86 75,27 1,91

Palacio

12,62 10,91 74,64 1,84

Milpillas

18,83 14,98 66,19 0

Fig. 20 – Pourcentages de terres arables à proximité des sites en fonction des phases d’occupation

Fig 21. – pourcentages des terres arables théoriques par phase

À la lecture des figures

improbable sont négligeables. Elles ne sont par ailleurs représentées qu’à l’extrême nord de

la zone d’étude. Il est évident que ces espaces n’ont pas été sélectionnés par

préhispaniques.

L’écrasante majorité des terres à proximité des sites présentent un potentiel agricole

plutôt mauvais. Il est néanmoins notable que la tendance générale est à la réduction de

cette majorité au cours du temps. Des 83% de la

pendant La Joya et Palacio qui présentent des proportions relativement similaires pour tous

les niveaux de potentialité agricole. Ces deux phases voient en effet l’augmentation des

pourcentages en « bonnes

explications.

12%3%

83%

2%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase Lupe

Bonne Moyenne

Plutôt mauvaise Improbable

12%

11%

75%

2%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase Palacio

Bonne Moyenne

Plutôt mauvaise Improbable

pourcentages des terres arables théoriques par phase

la lecture des figures 20 et 21, on observe que les terres où la culture du maïs est

improbable sont négligeables. Elles ne sont par ailleurs représentées qu’à l’extrême nord de

la zone d’étude. Il est évident que ces espaces n’ont pas été sélectionnés par

L’écrasante majorité des terres à proximité des sites présentent un potentiel agricole

plutôt mauvais. Il est néanmoins notable que la tendance générale est à la réduction de

cette majorité au cours du temps. Des 83% de la phase Lupe, on passe ensuite à 75%

pendant La Joya et Palacio qui présentent des proportions relativement similaires pour tous

les niveaux de potentialité agricole. Ces deux phases voient en effet l’augmentation des

» et « moyennes » terres. On peut imaginer plusieurs

3%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase Lupe

Moyenne

Improbable

14%

75%

2%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase La Joya

Bonne Moyenne

Plutôt mauvaise Improbable

11%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase Palacio

Moyenne

Improbable

19%

66%

0%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase Milpillas

Bonne Moyenne

Plutôt mauvaise Improbable

78

, on observe que les terres où la culture du maïs est

improbable sont négligeables. Elles ne sont par ailleurs représentées qu’à l’extrême nord de

la zone d’étude. Il est évident que ces espaces n’ont pas été sélectionnés par les populations

L’écrasante majorité des terres à proximité des sites présentent un potentiel agricole

plutôt mauvais. Il est néanmoins notable que la tendance générale est à la réduction de

phase Lupe, on passe ensuite à 75%

pendant La Joya et Palacio qui présentent des proportions relativement similaires pour tous

les niveaux de potentialité agricole. Ces deux phases voient en effet l’augmentation des

» terres. On peut imaginer plusieurs

9%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase La Joya

Moyenne

Improbable

19%

15%

Pourcentages des terres arables théoriques, phase Milpillas

Moyenne

Improbable

79

- Cela peut être l’expression d’une recherche de terres favorables en parallèle avec

l’expansion démographique dénotée par l’augmentation du nombre de sites.

- Cela peut aussi refléter le fait qu’il n’y a pas de choix des terres et simplement

que les nouveaux établissements recoupent par hasard des zones où le potentiel

agricole est meilleur.

Toutefois, à la phase Milpillas, où le nombre de sites diminue considérablement, la

seconde hypothèse n’est plus valide. Sauf si, par hasard encore, le déplacement vers le sud

amène les établissements vers de meilleures terres. Pour tenter de clarifier les choses, il

nous fallait nous intéresser aux sites au cas par cas.

2. Les sites et les territoires d’exploitation individuels

Nous n’avons avec les graphes ci-dessus qu’une idée des potentiels agricoles dans

leur globalité. Nous voulions néanmoins savoir quels étaient les sites qui avaient accès aux

meilleures terres ou si, dans l’ensemble, on cherchait à avoir un accès à ces espaces. Pour ce

faire, il nous a suffit de superposer notre couche « Phase_buffer5000 » pour savoir quel site

possède un territoire d’exploitation théorique lui permettant d’avoir accès à telle ou telle

terre cultivable. Au cas par cas, nous avons donc pu réaliser le tableau suivant (fig. 22).

80

Phase chronologique

Sites ayant accès à des terres où la potentialité agricole est…

« bonne » « moyenne » « plutôt mauvaise » « improbable »

Lupe

50 ; 51 ; 75 ; 78 ; 80 ; 103 ; 104 ; 135 ; 136 ; 141 ; 368

75 ; 78 ; 80 ; 402 ; 403

Tous 398

Total Lupe 11/24 5/24 24/24 1/24

Pourcentage 45,83% 20,83% 100,00% 4,17%

La Joya

48 ; 74 ; 78 ; 79 ; 81 ; 82 ; 102 ; 103 ; 136 ; 137 ; 139 ; 140 ; 142 ; 331 ; 332 ; 333 ; 336 ; 337 ; 338 ; 399

74 ; 78 ; 79 ; 81 ; 150 ; 331 ; 332 ; 333 ; 336 ; 337 ; 338 ; 402

Tous sauf 337 et 338 398

Total La Joya 20/32 12/32 30/32 1/32

Pourcentage 62,50% 37,50% 93,75% 3,13%

Palacio

46 ; 48 ; 78 ; 79 ; 102 ; 103 ; 131 ; 132 ; 133 ; 136 ; 137 ; 144 ; 332 ; 334 ; 339 ; 367 ; 368

77 ; 78 ; 79 ; 332 ; 334 ; 339 ; 402

Tous 357 ; 397 ; 398

Total Palacio 17/30 7/30 30/30 3/30

Pourcentage 56,67% 23,33% 100,00% 10,00%

Milpillas

49 ; 76 ; 101 ; 103 ; 131 ; 132 ; 335 ; 340

76 ; 335 ; 340 Tous sauf 335 et 340 Aucun

Total Milpillas 8/13 3/13 11/13 0/13

Pourcentage 61,54% 23,08% 84,62% 0,00% Fig. 22– Les sites et les terres arables de leurs territoires d’exploitation.

Tous les sites ont accès à des terres à potentialité plutôt mauvaise. Pourtant,

exception faite de la phase Lupe où 46% des sites ont accès à de « bonnes » terres, c’est

ensuite près de 60% des établissements qui ont cet accès à ces espaces. Ajoutons-y les terres

« moyennes ». On ne comptera qu’une fois les sites ayant accès aux deux types de terres en

même temps.

81

Phase chronologique Sites ayant accès à de « bonnes » ou « moyennes » terres

Lupe

13/24 soit 54,17%

La Joya

22/32 soit 68,75%

Palacio 19/30 soit 63,33%

Milpillas

8/13 soit 61,54%

Fig. 23 – Proportions des sites avec accès à de « bonnes » ou « moyennes » terres

On a donc, toutes périodes confondues, plus de 50% des sites qui ont accès à des

terres arables aux potentiels moyen et bon. Nous ne pensons pas que cela soit anodin.

Notons, qui plus est, que, mis à part MICH. 150, tous les centres de la région font partie des

sites qui ont accès aux meilleurs terres (MICH. 48, 49, 50, 51 et 103).

Pour aller plus loin, il nous fallait savoir où étaient implantés les nouveaux

établissements entre chaque phase pour voir si l’on choisissait alors des zones aux terres de

qualité.

3. Questions de chronologie

Pendant la phase Lupe initiale, il est notable que les trois centres MICH. 50, 51 et 103

soient situé à proximité des « bonnes » terres du cerro Agostadero. Quelques sites ont accès

à des terres de qualité aussi, près du cerro El Fresno (MICH. 75 et 135 notamment) ou dans

la vallée du Rio Angulo (MICH. 78 et 80). Les autres sites sont plus généralement à proximité

de terres moins favorables.

Entre Lupe et La Joya, de nombreux établissements sont créés. Seuls 8 sites datés de

la phase Lupe continuent d’être occupés. Ainsi, La Joya voit la création de 24 sites. Ceux de la

vallée de Bellavista-Epejan ont globalement accès à des terres « plutôt mauvaises ». D’autres

gravitent autour de MICH. 103 et ont, dans un certaine mesure, accès aux « bonnes » terres

du cerro El Agostadero (MICH. 139, 140, 142 et 399), voire sont installés directement sur ces

espaces (MICH. 48 et 102). Finalement, les plus notables sont les nouveaux établissements

de la vallée du Rio Angulo, car, des 9 sites qui y sont créés, tous sont à proximité de terres

particulièrement adaptées à l’agriculture (MICH. 79, 81, 82, 331, 332, 333, 336, 337 et 338).

Notons finalement le cas particulier de MICH. 74, implanté en plein milieu des andosols

fertiles du cerro El Fresno.

82

Au début du Xème siècle, alors que s’amorce la transition entre La Joya et Palacio, le

nombre de sites dans la vallée du Rio Angulo diminue. Les trois nouveaux établissements

restent cependant à proximité des terres « bonnes » et « moyennes » de cette région (MICH.

77, 334 et 339). Plus à l’ouest, dans la vallée de Bellavista-Epejan, les deux sites qui

subsistent, MICH. 136 et 137, continue d’avoir un accès, restreint mais effectif, à des terres

de qualité. 5 établissements sont créés, dont une réoccupation (MICH. 368). Sur les quatre

autres, MICH. 160 et 400 sont implantés dans des espaces sans intérêt agricole particulier. À

l’inverse, MICH. 46 et 367, au sud, sont à proximité des « bonnes » terres des cerros El

Agostadero et El Fresno. La tendance générale semble être à la descente vers le sud qui

présente des terres de meilleure qualité, mais aussi où est installé le centre MICH. 48 qui

peut s’avérer être un attrait. Dans le complexe montagneux du cerro El Agostadero, un peu

plus au sud-ouest, MICH. 48, 102 et 103 perdurent. Parallèlement, MICH. 131, 132 et 133,

nouvellement établis, le sont dans des espaces particulièrement propices à la mise en

culture. La vallée de Los Fresnos-Penjamillo voit l’apparition de quatre nouveaux sites

(MICH. 144, 147, 357 et 397). MICH. 148 est réoccupé. Excepté MICH. 144 au sud, aucun de

ces sites n’a accès à des terres de qualité. Ces installations sont donc difficilement

interprétables en termes de potentialité agricole. Cependant, notons tout de même que

l’occupation de cette région est bien moindre pendant la phase La Joya.

Enfin, pour la phase Milpillas, le choix des terres nous parait relativement évident. En

effet, des 13 sites alors occupés, on compte 8 sites déjà présents auparavant. Parmi eux, 5

étaient occupés phase Palacio et 3 sont des réoccupations de sites Lupe ou La Joya. Restent

donc 5 nouveaux établissements purement Milpillas (MICH. 49, 76, 101, 335 et 340). Il suffit

d’un coup d’œil à la figure 22 pour s’apercevoir qu’ils ont tous accès à des terres à

potentialité « bonne ». Plus encore, deux d’entre eux, MICH. 335 et 340, n’ont même pas de

terres « plutôt mauvaise » dans leurs territoires d’exploitation.

Sans pouvoir nous avancer de façon formelle, il semblerait donc que le potentiel

agricole des terres qui entourent les hommes préhispaniques ne soit pas complètement

laissé de côté. Nous pensons qu’il a au contraire pu avoir un certain poids dans les décisions

qui ont menées à l’installation des villages.

83

D. Le facteur végétation

L’importance de la végétation pour l’implantation des sites est un facteur difficile à

interpréter. Nous n’avons pas pu le prendre en compte de façon efficace. En effet, nous

n’avons à disposition que deux types d’information. Dans un premier temps, la végétation

actuelle. Dans un second, la végétation théorique avant anthropisation de Jean-Noël Labat

(cf. Chapitre 2). Ce n’est pas avec ces données que nous nous lancerons dans une tentative

de reconstitution de l’environnement ancien. Même théorique. Nous avons néanmoins

essayé d’en tirer des informations. Pour ce faire, nous avons numérisé la carte de végétation

théorique et récupéré celle de l’utilisation des sols et de la végétation actuelle143 sur le site

de l’INEGI au format .shp. Les couches de sites phase par phase y ont été superposées afin

de savoir dans quel environnement étaient implantés les établissements préhispaniques

(cartes 2 et 3). Tout au long de la séquence chronologique, centres, villages et hameaux

restent globalement dans les mêmes espaces. Les quatre vallées que nous avons décrites au

chapitre 2. Dans cette mesure, les écosystèmes où les populations préhispaniques ont

évoluées n’ont pas du changer drastiquement pendant les dix siècles d’occupation. Nous

venons cependant de mettre le doigt sur une donnée fondamentale : dix siècles

d’occupation. Il est impossible que l’installation d’agriculteurs pendant un tel laps de temps

n’ait pas eu de conséquences énormes sur l’environnement. Ne serait-ce qu’en mentionnant

l’indubitable déforestation qui a été pratiquée.

Ainsi, même si les sites sont tous situés dans des zones de forêt tropicale caducifoliée

et de chênes selon la végétation théorique, il nous parait présomptueux d’en tirer des

conclusions sur les espaces agricoles. En effet, ce type de végétation, relativement clairsemé,

ne devait pas constituer d’entrave majeure à l’expansion des agriculteurs. De même, quand

on observe la carte d’utilisation actuelle des sols et de végétation, on s’aperçoit que la

majorité des sites du corpus sont situés dans des espaces aujourd’hui mis en culture.

Agriculture qui, le plus souvent, est saisonnière et ne nécessite donc pas de démarches

importantes d’irrigation.

143

Uso del suelo y vegetacion

84

Sans reconstitution fiable de la végétation ancienne et du fait de notre indéniable

manque de connaissances sur les dynamiques qui président à l’évolution de celle-ci, nous

avons préféré nous limiter à ces quelques observations élémentaires.

Notre utilisation du SIG s’est limitée à la définition de potentiels agricoles et des

territoires d’exploitation des sites. Ce n’est certes qu’une première approche qui pose les

bases d’une méthodologie, mais nous pouvons néanmoins tirer quelques conclusions des

analyses réalisées. Ce ne sont que des ébauches d’hypothèses au vu des nombreuses limites

de l’étude. Il est maintenant temps de faire une synthèse de ce que nous avons pu

apprendre.

85

TROISIÈME PARTIE – SUBSISTANCE AGRICOLE : SYNTHÈSE ET TENTATIVES

D’INTERPRÉTATION

86

- CHAPITRE 7 -

SSSSYNTHÈSE, LIMITES ET PERSPECTIVES

Après six chapitres à mettre en place, présenter et donner les résultats de notre

étude, il est temps de faire le bilan des apports et des manques. Nous espérons que les

premiers sont là. Nous sommes sûrs que les seconds le sont.

A. Les populations pré-tarasques du sud du Lerma et leur environnement

Combien de temps leur a-t-il fallut pour édifier les vingt-quatre premiers villages ?

Quel fut le premier mis en place ? Qui décida que l’on devait arrêter de chercher et

construire une nouvelle vie ici ? Autant de questions auxquelles on ne pourra très

certainement jamais donner de réponses. Toujours est-il qu’à l’aube du VIIIème siècle de

notre ère, le sud du Lerma, encore inviolé par les travaux des champs, est colonisé par une

ou plusieurs communautés d’agriculteurs sédentaires. Peut-être sont-ils les héritiers de

civilisations nordiques venues reconquérir leurs territoires d’antan, comme plus tard le laisse

penser certains traits architecturaux144. Et peut-être sont-ils les ancêtres des tarasques qui

s’installeront dans le malpaís de Zacapu145. Les recherches entreprises dans la région par les

équipes françaises depuis maintenant près de 30 ans et, a fortiori, celles pratiquées dans

tout l’Occident du Mexique, ont commencé à éclaircir quelque peu ces interrogations. C’est

avec la prétention de participer à cette tâche que nous avons entamé l’esquisse d’une étude

sur l’agriculture de ces pré-tarasques en relation avec l’organisation spatiale de leur habitat.

1. Des travaux et des jours : agriculture traditionnelle au sud du Lerma

Pendant près de huit siècles, les hommes préhispaniques vont remanier le milieu

montagnard qui les entoure, le façonner pour en faire leur jardin. Il est indéniable que des

démarches de déforestation ont été entreprises. Si l’on admet que le paysage ressemblait

144

FAUGÈRE B., 1991 : 55-58 145

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005

87

alors à celui théorisé par Jean-Noël Labat, la tâche n’a pas du être des plus minces. Une fois

les chênes, pins et arbres tropicaux délogés des espaces choisis, les agriculteurs ont préparé

leurs terres à la culture traditionnelle du maïs et d’autres cultigènes. Ils ont probablement

choisi de cultiver leurs champs au rythme du régime pluvial, comme le font aujourd’hui leurs

lointains descendants146. Hypothétiquement, les hommes, équipés seulement d’un outillage

de bois et de pierres, réalisaient donc un labour, autour de mars, au début de la saison des

pluies. C’est alors qu’ils semaient les graines avec des bâtons fouisseurs. La récolte étaient

ensuite régulièrement entretenue jusqu’à la période de la moisson. On a certainement

pratiqué le sarclage et le buttage, comme la protection des champs contre la faune locale.

Aux alentours d’octobre, alors que la pluie s’apprêtait à s’arrêter pour les mois à venir, on

moissonnait. Les champs étaient ensuite sûrement labourés à nouveau, puis nivelés. Peut-

être entretenait-on par la suite les terres agricoles pendant la saison sèche, en attendant le

prochain semis. Nous ne pouvons pas pour le moment savoir quelle était la fréquence de ces

activités. Pendant certaines périodes, on devait se rendre quotidiennement aux champs.

Pendant d’autres, peut-être ne s’y rendait-on qu’une fois par semaine, voire moins.

Toutefois, au vu de la topographie et sachant que la plupart des villages était située en

hauteur, on devait pouvoir garder un œil sur son champs, comme sur ceux des voisins, assez

facilement.

2. Terrasses et fonds de vallées

L’hypothèse de la pratique d’une agriculture pluviale traditionnelle est renforcée par

l’absence de trace de systèmes d’irrigation retrouvée. Il n’est cependant pas exclu que des

travaux de drainage aient été pratiqués, sans pour autant laisser de vestiges visibles. C’est en

effet au moins les pentes des montagnes qui étaient cultivées. Les réseaux de terrasses en

attestent. Aussi semble-t-il aisé qu’elles aient pu être creusées d’une ou plusieurs tranchées

pour laisser le surplus d’eau s’écouler. Tranchées qui auraient aujourd’hui entièrement

disparues. Dans les vallées, travailler les lourds vertisols, bien que fertiles, devaient

constituer une épreuve de taille. Nous n’excluons pas l’hypothèse qu’ils aient pu être mis en

culture, d’autant qu’il reste étrange de n’avoir presque aucun sites en bas de versants. Mais,

à la lumière des données que nous avons récoltées sur la pédologie régionale, il semblerait

que les terres les plus abordables pour les communautés préhispaniques soient réparties sur

146 ROMERO J., 1995 : 71 cité par AYALA-ORTIZ D.A. & R. GARCÍA-BARRIOS, 2009

88

les flancs de montagnes. Une autre hypothèse est envisageable. On sait par ailleurs147 que

les malpaís au nord-ouest de Zacapu ont été remblayés par de la terre importée pour nivelé

le terrain et édifier les structures. Il est donc possible que quelques siècles plus tôt, les

hommes du versant Lerma aient pu utiliser les mêmes techniques pour remblayer leurs

terrasses. Peut-être que la terre qu’ils utilisaient provenait des fonds de vallée. Ces mêmes

vertisols, durs à travailler in situ, devenaient alors bien plus intéressants. Nous n’avons

malheureusement aucun moyen de vérifier cette hypothèse pour le moment. De même,

nous ne pouvons pas connaître la chronologie de l’édification des terrasses par les

communautés concernées. En ont-ils édifié dès le départ ? Résultent-elles d’un

agrandissement des réseaux sur le long terme ? Cette expansion pourrait-elle être le reflet

de l’épuisement d’autres terres et ainsi de la recherche de nouveaux espaces ? Ne pouvant

pas répondre à ces questions, c’est par la théorie que nous sommes passés.

3. Les villages et leurs territoires d’exploitation

Nous ne connaissons pas l’étendue exacte des réseaux de terrasses. Nous ne savons

pas pour sûr si les fonds de vallées étaient cultivés. Nous savons cependant où sont les sites.

Du haut des versants, les hommes vivaient en familles étendues dans des groupes de

maisons rassemblés en villages de différentes dimensions. Ils allaient régulièrement

travailler leurs champs. La plupart des terres qui les entouraient étaient difficilement

cultivables. Pourtant, qu’ils les aient ou non cultivées quand même, ou qu’ils aient

transporté la terre pour créer artificiellement des zones exploitables, il est notable que, dans

un rayon de cinq kilomètres, la moitié, voire plus, des sites ait accès à des terres plus

facilement utilisables. Et ce, quelle que soit la période. De plus, les sites les plus importants,

qui potentiellement regroupent le plus de personnes, sont tous particulièrement bien placés

en regard de ces terres de qualité. Peut-être que les terres moins bonnes suffisaient à

l’entretien de la population de petits groupes de villages vivant en autarcie, mais devenaient

limitées dès lors que les bouches à nourrir étaient plus nombreuses. Peut-être que

l’existence, dans les grands sites, d’une frange de la communauté détachée du monde

agricole nécessitait un investissement plus grand de la part des paysans. Au vu de

l’architecture cérémonielle que l’on observe dans certains sites, comme la structure à

147

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON, 2005

89

colonnes de San Antonio Carupo (MICH. 103)148, il est assez raisonnable d’imaginer la

présence de personnes attachés au maintien du monde idéologique. Tant physiquement, par

l’entretien des structures bâties, que spirituellement, par la pratique des rituels dans des

sociétés préhispaniques si imprégnées de surnaturel.

Au cours du temps, on note une certaine tendance des sites à se rapprocher des

zones les mieux dotées en bonnes terres arables. On l’observe assez distinctement au

travers du peuplement massif de la vallée du rio Angulo pendant la phase La Joya, ou avec

l’établissement de nouveaux sites sur les versants fertiles du cerro El Agostadero en phase

Palacio. Cependant, en parallèle, la vallée de Los Fresnos-Penjamillo, fortement peuplée

pendant la phase Palacio, est dépourvue de terres réellement intéressantes. Qui plus est, le

rapprochement de certains sites des terres de qualité n’est peut-être pas seulement du à

l’attrait des sols eux-mêmes. En effet, pendant la phase Palacio, l’installation de sites au sud

de la région est peut-être mue, dans une certaine mesure, par l’existence des centres tels

que Las Iglesias de Copitiro (MICH. 48) ou San Antonio Carupo (MICH. 103). Toutefois,

pendant la phase Milpillas, la recherche de bonnes terres semble avoir un poids non-

négligeable en ce qui concerne la création de nouveaux sites.

Enfin, précisons que notre interprétation se fonde sur des rayons de 5km. Aussi,

certains sites n’ont accès aux terres de qualité qu’au prix d’environ une heure de marche

pour leurs habitants. Est-ce alors rentable ?

4. Une société d’agriculteurs

Notre analyse reste très générale et ne fait que creuser un peu plus la surface d’une

organisation spatiale encore difficile à cerner. Proposer des interprétations concernant

l’organisation de la société est donc encore risqué. Cependant, nous souhaitons tout de

même évoquer ici quelques hypothèses, soulevées par les quelques résultats obtenus.

Nous avons déjà évoqué la possibilité de l’existence de personnes n’entrant pas dans

la sphère des tâches agricoles, ce qui expliquerait le besoin des centres de se positionner à

proximité de terres particulièrement rentables. Peut-être des prêtres, des artisans

spécialisés ou une élite. Mais rien n’est moins sûr. Il nous semble en revanche raisonnable

148

FAUGÈRE B., 1991 : 55

90

de penser que des dynamiques d’entre-aide ou de partage existent entre les sites. En effet,

certains sites n’ont qu’un accès limité aux sols de qualité. Si, et seulement si, ces espaces

sont nécessaire à leur survie, il est envisageable que les terres qui s’y trouvent aient été

partagées. Dans le même registre, prenons les sites de la vallée de Los Fresnos-Penjamillo.

Sans accès aux zones facilement exploitables, on peut penser qu’une entre-aide a pu être

mise en place entre les habitants des sites proches pour cultiver efficacement des terres

difficile à travailler.

L’ébauche de cette « catchment analysis » nous a apporté des résultats bien plus

stimulants que nous ne l’espérions. Toutefois, sa simplicité a un caractère ambigu. Elle

constitue d’abord la première limite puisqu’elle mérite d’être approfondie. Mais

parallèlement, c’est par là qu’elle ouvre vers de nombreuses perspectives.

B. Vers une meilleure connaissance de la société des communautés

préhispaniques du versant Lerma : limites et perspectives

1. Questions de pédologie

La définition des potentiels agricoles que nous donnons reste extrêmement

sommaire. Nous n’avons pas la prétention de nous considérer géologue. Loin de là. Il serait

donc nécessaire d’approfondir cette approche avec plus de rigueur scientifique. Notamment

en ayant accès à des identifications plus précises de la nature des sols où l’on trouverait les

taux d’acidité, par exemple, ou les teneur en éléments chimiques qui peuvent avoir un

impact sur la croissance du maïs. Il serait aussi important de s’intéresser aux dynamiques qui

entrent en jeu dans la formation des sols. Nous ne savons pas s’il est possible d’avoir une

idée de la composition des sols à l’époque préhispanique et notre étude s’est donc basée sur

des données actuelles. Le processus d’humification peut s’avéré très rapide et, selon la

91

nature de la roche-mère sur laquelle l’humus repose, le complexe organo-minéral peut

évoluer très vite. Assez vite pour qu’un sol préhispanique soit différent du sol actuel. Qui

plus est, les hommes du passé ont, comme nous l’avons évoqué, modifier drastiquement

leur environnement. Dès les premières phases de l’anthropisation, et même si les moyens

sont traditionnels, l’écosystème est changé149. Nous sommes bien loin du mythe de

l’agriculteur traditionnel qui ne fait qu’un avec son environnement. Les machines et

fertiliseurs modernes ont probablement une influence considérable, mais il n’est pas évident

que les techniques préhispaniques n’est pas eu un impact, même moindre, qui reste

considérablement important.

2. Questions de végétation

La première carte de végétation utilisée est théorique. La seconde, actuelle. Là

encore, les limites sont évidentes. À quoi ressemblait réellement le paysage dans lequel ont

évolué les premiers habitants de la région ? La question reste en suspend. Nous n’avons, de

plus, fait que quelques observations concernant cette végétation. Les informations qu’elle

renferme pourraient être exploitées de façon bien plus importante. Nous ne sommes, par

exemple, pas en mesure de savoir quel investissement est nécessaire pour mettre en culture

une forêt. Combien d’hommes cela demande-t-il ? Combien de temps ? Quels en sont les

conséquences pour le milieu ? Cela aura-t-il une tendance à produire plus de matière

organique en surface à la faveur du pourrissement du bois ? Ou la mort des racines rendra-t-

elle les sols fragiles et sujets à l’érosion ? Et si fertilité il y a, pour combien de temps ? De très

nombreuses questions qu’il serait intéressant d’approfondir.

Dans la même veine, il serait souhaitable de connaître les apports nutritifs du maïs.

Apports qui pourraient être mis en relation avec la fertilité des sols et ainsi indiqué les

ressources théoriques que renferme un lopin de terre. Nous pourrions alors savoir si le

milieu au sud du Lerma suffisait à nourrir sa population, si les terres devaient être partagées

ou si d’autres pratiques, comme la chasse, étaient nécessaires.

149 O'HARA, S.L., F.A. STREET-PERROTT & T.P. BURT, 1993

92

Enfin, il serait intéressant de prendre en compte les autres cultigènes qui ont pu être

plantés et consommés par les communautés préhispaniques. La courge et le haricot sont,

par exemple, deux concurrents de choix.

3. Questions de topographie

Encore un point qui mériterait une étude approfondie. Balbutiant avec le SIG, nous

n’avons malheureusement pas pu faire entrer le facteur topographie qui, dans ce milieu

relativement vallonné, peut avoir une importance majeure. D’abord pour la mise en culture.

Pourquoi préférer un système de terrasses ? Est-il le seul utilisé ? Peut-être en tire-t-on des

avantages particuliers. Faciliter le drainage ? Assurer un apport en eau régulier mais éviter

l’hydromorphie ? Garantir la fertilité de la terre en l’important, plutôt qu’en l’utilisant in

situ ?

La topographie a probablement un poids non-négligeable dans la question des

déplacements. Nos modestes territoires agricoles de 5 kilomètres résisteront-il à la

confrontation avec les facteurs géomorphologiques ? Quel agriculteur prendrait plusieurs

heures pour rejoindre son champ ? Les compatibilités agricoles que nous avons définies

sont-elles assez justes et assez déterminantes pour poussé les hommes à rechercher ces

espaces particuliers ? Les considèrent-t-ils seulement comme particuliers ? Comme nous

l’avons vu, certains indices laissent penser que oui. Mais notre ébauche de « catchment

analysis » ne reste qu’une ébauche. Elle se doit d’être perfectionnée dans l’avenir.

Enfin, les montagnes, malgré la fatigue qu’entraîne leur escalade, constituent des

points stratégiques naturels. Nous pourrions parler du simple avantage en temps de conflit.

Mais, en restant simplement dans le registre de l’agriculture, la hauteur permet d’accroître

le champ de vision. Nous souhaitons dans le futur pouvoir faire intervenir ce facteur qui

nous parait primordial. Maîtriser la visibilité de son territoire, c’est déjà avoir un coup

d’avance sur les évènements. Quand les agriculteurs préhispaniques sortaient de leurs

maisons, pouvaient-il jeter un coup d’œil à leur champ ? Probablement que

oui. Pareillement, ils voyaient très certainement leurs voisins, plus loin dans la vallée, avoir la

même attitude qu’eux. Quelle était alors la nature de leurs relations, ne serait-ce que dans le

cadre de l’agriculture ? Ennemis ? Concurrents pour l’accès aux terres ? Ou plutôt amis ?

Soutiens fidèles en cas de mauvaises récoltes ? À nouveau des questions dont nous brûlons

93

de connaitre un embryon de réponse puisque si proche de la vie quotidienne. Réaliser une

étude sur l’intervisibilité entre sites est possible à l’aide d’un SIG. Nous ne manquerons pas

d’apprendre à mettre en place ce type d’étude plein de promesses.

4. Questions de relations humaines

Nous avons déjà évoqué ce point dans les paragraphes précédents. Savoir combien

d’hommes sont requis pour abattre une forêt ou savoir quelles relations sont possibles entre

des voisins. Nous avons mentionné le fait que l’estimation du rendement des terres de la

région pourrait être intéressante. Celui-ci serait-il alors suffisant pour nourrir la population ?

L’agriculture est donc intimement liée à la subsistance. Laquelle est inséparable de la

démographie. Ainsi, au-delà des rapports qu’on pu entretenir les hommes, il pourrait être

particulièrement stimulant pour la recherche de pouvoir donner une estimation de la

population aux différentes périodes. Mis en relation avec les potentiels agricoles de la

région, cette estimation pourrait nous éclairer sur le mode de vie des populations

préhispaniques. Vivait-elle dans une relative abondance ? Ou ont-t-elles connu des périodes

de crises ?

Pour ne pas nous égarer (et dans une certaine mesure pour des raisons d’amour-

propre), nous arrêterons ici la liste des limites de notre étude et celle des perspectives qui

s’offre à nous. Nous retiendrons simplement que, les premières, comme les secondes, sont

très nombreuses.

94

CCCCONCLUSION

Hire Ticatame et les Uacusécha restent pour nous une fiction. Une création des

Tarasques pour légitimer leur position et mettre en valeur la grandeur de leur peuple.

Pourtant, derrière le mythe, il est certain que se cache une réalité complexe. L’archéologie

de l’Ouest Mexicain, des Tarasques et de leurs prédécesseurs permet d’éclaircir petit à petit

ces points qui demeurent obscures. Au-delà du groupe de féroces guerriers partis à la

conquête d’un nouvel espace pour fonder un royaume, l’étude de la région de Zacapu a

permis de mettre en évidence l’existence de sociétés organisées. Bien plus que ce que nous

en dit la Relation de Michoacán, ce sont des communautés parfaitement organisées qui

possède une maîtrise certaine de leur territoire. Elles sont très certainement gouvernées par

une forme de pouvoir (oligarchie ?) qui peut décider la population à entreprendre des

travaux conséquents, notamment pour des opérations de terrassement.

Dans la région Vertiente Lerma pendant le classique récent et le début du

postclassique, des sociétés de ce type prennent possession de l’espace et y évoluent

pendant plusieurs siècles. Nous avons revu quelles étaient les hypothèses qui ont été

proposées pour interpréter l’organisation de l’environnement. En ce qui concerne

l’agriculture, nous avons pu montrer que ce milieu, bien que riche, n’est pas forcément des

plus simple à exploiter pour les populations préhispaniques. Les terres sont en général assez

dures à travailler. Pourtant, cela n’a pas empêché les hommes d’y vivre et d’y prospérer.

Nous avons pu mettre le doigt sur le fait que les meilleures terres étaient parfois

recherchées. Ainsi, la subsistance via l’agriculture a très certainement eut un certain impact

dans les décisions prises par les pré-tarasques quant à l’installation de leurs villages. C’est là

le point que nous voulions mettre en exergue. Toutefois, il est évident que d’autres facteurs

entre en jeu. Politiques, peut-être, ou idéologiques. Il semblerait que l’on recherche parfois

à se rapprocher des centres, soit parce qu’ils concentrent hypothétiquement le pouvoir, soit

parce qu’ils rassemblent peut-être certains éléments liés à l’idéologie qui revêtent une

grande importance. Dans d’autres cas, la réponse est sûrement ailleurs, quand la présence

d’un centre ne suffit plus à constituer une motivation assez conséquente.

Ce travail, indéniablement limité, n’en est pas moins stimulant. Nous avons

conscience qu’il présente de nombreuses limites, dans la méthodologie comme dans son

application. Pourtant, nous avons été les premiers surpris d’avoir autant de matière à

réflexion. Aussi, même si énormément de points sont à revoir et beaucoup d’autres à

ajouter, l’efficience du système d’information géographique est incontestable. Il permet une

vision d’ensemble pertinente et ouvre la voie à un panel considérable de possibilités et

d’interprétations. Nous espérons pouvoir par la suite en tirer toujours plus.

95

TTTTABLE DES FIGURES

CHAPITRE 1

Fig.1 - carte générale des zones (issu de MICHELET D., 1992)………………………………………………12

CHAPITRE 2

Fig.2 - Situation générale de l’étude…………………………………………………………………………………….21

Fig.3 - diagramme ombrothermique de la ville de Zacapu (d’arpès LABAT J.-N., 1992)………..24

Fig.4 - Pédologie de la région de Zacapu (d’après LABAT J.-N., 1992)…………………………………..28

Fig.5 - Superficies potentielle et actuelle des types de végétation (d’après LABAT J.-N., 1992)

31

CHAPITRE 3

Fig.6 - Séquence chronologique de la région de Zacapu (d’après MICHELET D., 1992)…………35

CHAPITRE 4

Fig.7 - Bilan sur le choix du corpus……………………………………………………………………………………….52

Fig.8 - Bilan des sites du corpus phase par phase…………………………………………………………………55

CHAPITRE 5

Fig.9 - Travaux agricoles en 1950 (d’après SANDERS W.T., J.R. PARSONS & R.S. SANTLEY,

1979 : 237)………………………………………………………………………………………………………………………….58

Fig. 10 - Séquence des travaux agricoles hypothétique dans la zone Vertiente Lerma…………59

Fig. 11 - Granulométries (d’après BONIN S., 2006)………………………………………………………………61

Fig.12 - Triangle des textures (d’après

FAO150

)………………………………………………………………………62

Fig.13 - Tableau récapitulatif de la compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs en

fonction des critères déterminants………………………………………………………………………………………65

Fig.14 - Compatibilités théoriques des sols de la zone Vertiente Lerma avec l’agriculture du

maïs……………………………………………………………………………………………………………………………………66

150

Confère références internet

96

CHAPITRE 6

Fig.15 - Symbologie des sites………………………………………………………………………………………………69

Fig.16 - exemple de symbologie pour les MNT…………………………………………………………………….70

Fig.17 - Pondérations des compatibilités théoriques des sols de la zone Vertiente Lerma…….73

Fig.18 - Graphe des pourcentages de compatibilités agricoles…………………………………………….74

Fig.19 - Compatibilité théorique avec la mise en culture du maïs des sols de la zone Vertiente

Lerma………………………………………………………………………………………………………………………………….75

Fig.20 - Pourcentages de terres arables à proximité des sites en fonction des phases

d’occupation……………………………………………………………………………………………………………………….77

.

Fig.21 - pourcentages des terres arables théoriques par phase…………………………………………..78

Fig.22 - Les sites et les terres arables de leurs territoires d’exploitation………………………………80

Fig.23 - Proportions des sites avec accès à de « bonnes » ou « moyennes » terres……………….81

97

BBBBIBLIOGRAPHIE

ARNAULD M.-C. & B. FAUGÈRE 1998 – Evolución de la ocupación en el Centro-norte de Michoacán y la emergencia del Estado Tarasco. en DARRAS V. (coord.) Génesis, culturas y

espacios en Michoacán. CEMCA ,Mexico.

ARNAULD M.-C., P. CAROT & M.-F. FAUVET-BERTHELOT 1993 - Arqueología de las Lomas en la

cuenca lacustre de Zacapu, Michoacán, México. CEMCA ,Mexico.

ARNAULD M.-C. & P. PETREQUIN 1994 - 8000 años de la Cuenca de Zacapu : evolución de los

paisajes y primeros desmontes. CEMCA ,Mexico.

AYALA-ORTIZ D. A. & GARCÍA-BARRIOS R. 2009 - Contribuciones metodológicas para valorar la multifuncionalidad de la agricultura campesina en la Meseta Purépecha. Economía, Sociedad

y Territorio, vol. 9, N° 31 : 759-801. El Colegio Mexiquense, México.

BADEN W.W. & C.S. BEEKMAN 2011 - The Cultivation of Maize and its Regional Impact : Soil Exhaustion in the La Venta Corridor, Jalisco. en WILLIAMS E. & P. C. WEIGAND (eds.), Patrones de asentamiento y actividades de subsistencia en el Occidente de México,

reconocimiento a la Dra. Helen P. Pollard. Colegio de Michoacán, Zamora.

BONIN S. 2006 - Connaissance des sols : introduction à la pédologie. Ressources pédagogiques

Université Joseph Fourier - Grenoble 1 - Institut de géographie alpine, Grenoble.

BORISSOVA M., & D. NIKOLOVA 2008 - Assеssment of the Water Parameters of Vertisol Under Different Agricultural Practices. In (Actes du colloque) BALWOIS 2008 International Scientific

Conference on Water, Climate and Environment. Ohrid.

BRANIFF B. 1972 – Secuencias arqueologicas en Guanajuato y la cuenca de Mexico : intento de correlacion. Teotihuacán. XI Mesa Redonda : 237-323. Sociedad Mexicana de Antropología, México.

1989 – Oscilación de la frontera norte mesoamericana : un nuevo ensayo. Arqueológía

(Segunda epoca) 1 : 99-114

2000 – La frontera septentrional de Mesoamérica. en MANZANILLA L. & L. LÓPEZ LUJÁN, Historia Antigua de México. Volumen I : El México antiguo, sus áreas culturales, los orígenes

y el horizonte Preclásico. INAH, México.

CABALLERO J. 1982 - Notas sobre el uso de los recursos naturales entre los antiguos purepecha. Biotica, vol. 7, n°1 : 31-42.

CAROT P. 2001 - Le site de Loma Alta, Lac de Zacapu, Michoacan, Mexique. Archaeopress, Oxford.

CARTER W.E. 1969 - New lands and old traditions. Kekchi cultivators in the Guatemalan lowlands.

Latin American Monographs. University of Florida Press, Gainesville.

98

CASTAÑEDA C. et al. 1989 – Poblamiento prehispanico en el centro norte de la frontera

mesoamericana. Antropología 28 : 34-43. INAH, Mexico.

COSTE N., J. GUILAINE & J.-C. REVEL 1988 - Archéologie et pédologie : essai de reconnaissance des

territoires d'exploitation autour des sites néolithiques. Bulletin de la Société préhistorique

française, vol. 85 : 390-411.

DARRAS V. 1998 – La obsidiana en la Relación de Michoacán y en la realidad arqueológica : del símbolo al uso y del uso de un símbolo. en DARRAS V. (coord.) Génesis, culturas y espacios en

Michoacán. CEMCA ,Mexico.

1999 - Tecnologías prehispánicas de la obsidiana : los centros de producción de la región de

Zináparo-Prieto, Michoacán, México. CEMCA ,Mexico.

DEMANT A. 1992 - Marco Geológico regional de la laguna de Zacapu, Michoacán, México. en

MICHELET D. (coord.) El Proyecto Michoacán 1983-1987 : medio ambiente e introducción a los trabajos arqueológicos. Cuadernos de estudios michoacanos 4 : 53-72. CEMCA, Mexico.

DÉODAT L. non-publié - Notes de terrains. Campagne Uacusécha 2011.

DUCHAUFOUR P. 20006 - Introduction à la science du sol : sol, végétation, environnement. Dunod, Paris.

DURANT-FOREST J. de 2008 – Les Aztèques. Les Belles Lettres, Paris

ELLIOTT M. 2005 – Evaluating Evidence for Warfare and Environmental Stress in Settlement Pattern Data from the Malpaso Valley, Zacatecas, Mexico. Journal of Anthropological

Archaeology 24 : 297-315.

FAUGÈRE B. 1990 - « Entre nomades et sédentaires : archéologie du versant méridional du Lerma au Michoacan, Mexique ». Thèse de doctorat, Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, Paris.

1991 - San Antonio Carupo (centro-norte de Michoacán, México) : nuevas evidencias de ciertas transformaciones en el inicio del Postclásico. Journal de la Société des Américanistes, vol. 77 : 45-61. Paris

1996 - Entre Zacapu y Río Lerma : culturas en una zona fronteriza. CEMCA ,Mexico.

2006 - Cueva de los Portales : un sitio arcaico del norte de Michoacán, México. CEMCA/INAH, Mexico.

2007 (coord.) - Dinámicas culturales entre el Occidente, el Centro-Norte y la cuenca de

México, del Preclásico al Epiclásico. CEMCA ,Mexico/El Colegio de Michoacan, Zamora.*

2009 – Sociedad y poder en el centro-norte de Mesoamerica (700-1200 D.C.). El caso del norte de Michoacán en WILLIAMS E. Las sociedades complejas del occidente de México en el

mundo mesoamericano : homenaje al Dr. Phil C. Weigand, El Colegio de Michoacan, Zamora.

FISHER C. T. 2005 - Abandoning the Garden: Demographic and Landscape Change in the Lake Pátzcuaro Basin, Mexico. American Anthropologist, vol. 107 : 87-95.

FLANNERY K. 1976 – The Early Mesoamerican Village. Academic Press, New York.

99

FOREST M. 2011 – Les centres publics des sites urbains du malpais de Zacapu, Michoacán, Mexique : exemples d’espaces hiérarchisés et/ou hiérarchisant ? 4ème

journée doctorale

d’archéologie de Paris 1 : « Les marqueurs de pouvoir ».

FOSTER M. S. & S. GORENSTEIN 2000 (coord.) - Greater Mesoamerica : the archaeology of West

and Northwest Mexico. University of Utah Press, Salt Lake City.

GORENSTEIN S. & H. P. POLLARD 1980 - Agrarian Potential, Population, and the Tarascan State.

Science, New Series, vol. 209, n°4453 : 274-277.

GOUGEON O. 1991 - El noroeste de Michoacán : un paisaje en busca de identidad. en Paisajes

rurales en el norte de Michoacán. Cuadernos de estudios michoacanos 3 : 53-101. CEMCA,

Mexico.

KELLY I. 1945 – The Archaeology of the Autlán-Tuxcacuesco Area of Jalisco : the Autlán Zone.

Ibero-Americana 26. University of California Press, Berkeley/Los Angeles

LABAT J.-N. 1988 - Végétation du nord-ouest du Michoacán (Mexique) : écologie, composition

floristique et structure des groupements végétaux. Thèse de doctorat. Université de Paris VI,

Paris.

1992 - Fitogeografía de la región de Zacapu. en MICHELET D. (coord.) El Proyecto Michoacán

1983-1987 : medio ambiente e introducción a los trabajos arqueológicos. Cuadernos de

estudios michoacanos 4 CEMCA, Mexico.

MANZANILLA L. 1984 – Loma de Santa María I, Morelia, Michoacán.Un sitio del periodo clásico

mesoamericano. Tesis. ENAH, Mexico.

MARTEN G.G. & P. VITYAKON 1986 – Soil Management in Traditional Agriculture. In MARTEN G.G.

(coord.), Traditional Agriculture in Southeast Asia : A Human Ecology Perspective : 199-223.

Westview Press, Boulder.

MICHELET D. 1989 - Enquêtes sur l’Amérique moyenne : mélanges offerts à Guy Stresser-Péan. CEMCA/INAH, Mexico.

1992 - El centro-norte de Michoacán : caractericas generales de su estudio arqueologico regional. en MICHELET D. (coord.) El Proyecto Michoacán 1983-1987 : medio ambiente e introducción a los trabajos arqueológicos. Cuadernos de estudios michoacanos 4 : 9-52 CEMCA, Mexico.

1998 – Topografía y prospección sistemática de los grandes asentamiento del malpaís de Zacapu : claves para un acercamiento a las realidades sociopolíticas. en DARRAS V. (coord.) Génesis, culturas y espacios en Michoacán. CEMCA ,Mexico.

MICHELET D., G. PEREIRA & G. MIGEON 2005 - La llegada de los uacúsechas a la región de Zacapu, Michoacán : datos arqueológicos y discusión. en MANZANILLA L. (ed.) Reacaomodos

demográficos del Clásico al Posclásico en el centro de México. UNAM-Instituto de investigaciones antropológicas, México.

100

MIGEON G. 1984 - « L’habitat postclassique dans la région de Zacapú, Michoacán : répartition et typologie des sites, première approche » dans Trace 6 : 38-52. CEMCA ,Mexico.

1991 - « Archéologie en pays Tarasque : structure de l’habitat et ethnopréhistoire des habitations tarasques de la région de Zacapu (Michoacan, Mexique) au postclassique récent ». Thèse de doctorat, Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, Paris.

O'HARA S. L., F. A. STREET-PERROTT & T. P. BURT 1993 - Accelerated Soil Erosion around a Mexican Highland Lake Caused by Prehispanic Agriculture. Nature, 362 : 48-51.

ÖSZOY G. & E. AKSOY 2007 - Characterization, Classification and Agricultural Usage of Vertisols Developed on Neogen Aged Calcareous Marl Parent Materials. Journal of Biological,

Ecological and Environmental Science, vol. 1 : 5-10

PEREIRA G. 1999 - Potrero de Guadalupe: anthropologie funéraire d’une communauté pré-tarasque du nord du Michoacan, Mexique. B.A.R. International Series 816, Oxford.

PEREIRA G., D. MICHELET & G. MIGEON 2007 - Cerro Barajas, Guanajuato. Arqueología Mexicana 87 : 77-82.

PIÑA CHAN R. & K. OI 1982 – Exploraciones arqueológicas in Tingambato, Michoacán. INAH, México.

POLLARD H. P. 1972 – Prehispanic Urbanism at Tzintzuntzan, Michoacan. Ph. D. Dissertation. Department of Anthropology, Columbia University.

1980 - Central Places and Cities. A Consideration of the Protohistoric Tarascan State. Society

for American Archaeology, vol. 45, n°4 (oct. 1980) : 677-696

1982 - Ecological variation and economic exchange in the Tarascan state. American

Ethnologist, vol. 9 : 250-268. Blackwell.

1993 - Taríacuri’s legacy : the prehispanic Tarascan state. University of Oklahoma Press, Norman.

2003 - Central places and cities in the core of the Tarascan State. In W. T. SANDERS, A.G. MASTACHE

& R.H. COBEAN (eds.) Urbanism in Mesoamerica, bilingual edition : 345-390. INAH/Pennsylvania

University Press, México.

Relación de las cerimonias y rictos y población y gobernación de los indios de la provincia de

Mechuacan hecha al Ilustrísimo señor don Antonio de Mendoza, virrey y gobernador desta

Nueva España por Su Majestad 1984 - (Traduction et présentation de J.M.G. LE CLEZIO). NRF Tradition, Gallimard, Paris.

ROMERO-PEÑALOZA J. 1995 - Configuración agrícola regional y zonas agrícolas. en PULIDO S., P. ROMERO y V. NUÑEZ (eds.), La producción agropecuaria y forestal de la región Sierra

Purépecha, Michoacán : 69-82. Universidad Autónoma, Chapingo.

ROPER D. C. 1979 - The Method and Theory of Site Catchment Analysis : A Review. Advances in

Archaeological Method and Theory, vol. 2 : 119-140.

101

SANDERS W. T., MASTACHE A. G. & Á. GARCIA COOK 2008 - Urbanism in Mesoamerica Urbanismo

en mesoamérica. 2. INAH, Mexico/The Pennsylvania State University, Philadelpie. SANDERS W. T., J. R. PARSONS & R. S. SANTLEY 1979 - The basin of Mexico. ecological processes in

the evolution of a civilization. Academic Press, New York/San Fransisco.

SMITH M. E. 2011 - “ Empirical Urban Theory for Archaeologists”. in Journal of Archaeological

Method and Theory. Vol. 18, N°3 (sept. 2011) : 167-192. Springer. VITA-FINZY C. & E. S. HIGGS 1970 - Prehistoric Economy in the Mount Carmel Area of Palestine :

Site Catchment Analysis. Proceedings of the Prehistoric Society, XXXVI, 1-37 WARREN J.B. 1985 - The conquest of Michoacán. The Spanish domination of the Tarascan

kingdom in Western Mexico. 1521-1530. University of Oklahoma Press, Norman. REFERENCES INTERNET

Site de l’INEGI <http://www.inegi.org.mx/> Site de la FAO <http://www.fao.org/index_fr.htm> Britannica <http://www.britannica.com/> Universalis <http://www.universalis.fr/>

102

AAAANNEXES

Nous présentons ici les 66 sites du corpus.

Les cartes sont rassemblées sur le disque joint au format Adobe pdf.