L'amour du désert

84

Transcript of L'amour du désert

L’AMOUR DU DESERT

-Recueil de textes et poèmes choisis-

© A compte d’auteur, Alger, Février 2012

Pour la présente édition

Dépôt légal : 290-2012

ISBN : 978-9947-0-3372-2

NAWEL AOUABED

L’AMOUR DU DESERT

Recueil de textes et poèmes choisis

6

7

A mes parents,

A qui je dois tout.

8

9

« Clémence : Et il parle de moi dans ses chansons ? Le Pèlerin : Il ne chante plus aucune autre dame.

Clémence : Et il... il mentionne mon nom, dans ses chansons ? Le Pèlerin : Non, mais ceux qui l'écoutent savent qu'il parle de vous.(...) Clémence : Et que dit ce troubadour ? Le Pèlerin : Ce que disent tous les poètes, que vous êtes belle et qu'il vous aime. Clémence : Mais de quel droit, Seigneur, de quel droit ? Le Pèlerin : Rien ne vous oblige à l'aimer, comtesse. Mais vous ne pouvez empêcher qu'il vous aime de loin. »

L’amour de loin, Amin Maalouf

L’AMOUR DU DESERT

10

© photo crédit : Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

11

PLUS ON APPREND, plus on se rend compte

que l’on ne sait rien.

Je pourrai te dire que si tu me poses une

question, je te répondrai surement "je ne sais

pas" ou je crois que ... et que si tu me dis

quelque chose, je t'écouterai et te dirai "ah

d’accord", "c’est vrai ça?", parce que ce dont tu

me parles je ne le connais pas, parce que pour

une raison ou pour une autre je me suis

intéressée à d’autres choses ou à rien et que ça

m’intéresse d’apprendre de toi ce que je n’ai pas

vu ou pas su voir ou pas voulu voir et parce que

deux yeux ne suffisent pas. Quatre, c’est mieux !

Je pourrai te dire que je suis allée à Saint

Isdelbald près de Koksijde et qu’en cherchant

une place pour nous garer, au lieu de m’énerver,

je découvrais cette jolie station balnéaire avec

des maisons en toit de chaume, des maisons à

colombages, des maisons mitoyennes une avec

L’AMOUR DU DESERT

12

un nom français, l’autre avec un nom flamand.

Qu’il y avait des gens à vélo (il y avait plus de

vélo que de gens).

Que sur la plage, il y avait plein de toiles et des

piquets que l’on plante dans le sable à l’aide

d’un maillet. Des toiles pour se protéger du vent.

Sur d'autres plages, ces mêmes toiles servent à

se protéger du regard des gens.

Un joli tram fait La panne, Knock en trois

heures, en parcourant la côte. Ce serait bien à

faire et s’arrêter là où l'envie décide. J’avais fait

ça une fois avec le tram de Prague. Rien de

mieux pour découvrir un peu, un tout petit peu

une ville; de loin d’abord, puis de choisir un

détail, une station, une rue, un café, et voir un

groupe de personnes, une âme, un sourire qui

reste gravé, du bruit, de la chaleur, le brouhaha

et une table avec des barres sur un bout de

papier correspondant au nombre de boissons

commandées.

L’AMOUR DU DESERT

13

Chaque jour, nous avons le choix d’aller dans

telle ou telle direction, d’emprunter tel chemin en

espérant que ce ne soit pas une impasse. D'aller

vers quelque chose en se disant que je

rencontrerai peut être cet autre qui

m’accompagnera et que j’accompagnerai, qui

voudra prendre le même chemin parce qu’il l’a

décidé et que ses choix l'ont amené la, au même

lieu.

Nous sommes les choix que nous faisons.

Je pourrai te parler du goût des sardines

grillées qui ont mariné dans une sauce tomate à

l’ail et pimentée ; d’une salade à base de

poivrons et de tomates grillées, d’ail et d’huile

d’olive, que l’on mange avec du pain.

De ma grand-mère qui nous attendait et chez

qui on prenait le 4h (qui se prenait vers 17h30).

Du café au lait avec du pain chaud et

croustillant, du beurre et de la confiture, posés

sur un plateau sur la table de la cuisine.

L’AMOUR DU DESERT

14

Je pourrai te parler de la carbonnade

flamande, d’un succulent waterzoi de poulet que

j’ai partagé suite à une invitation bienvenue et O

combien chaleureuse.

Nous sommes ce que nous avons vécu.

Je pourrai te dire qu’on travaille pour acheter

du temps…

Je pourrai te dire tant d’autres choses...

Je pourrai te dire… : j’ai appris que l’amour de

loin est cruel. Je suis allée loin, encore plus

loin…dans le Désert… à la découverte…

J’ai trouvé l’amour, l’émotion, le désir, la pureté,

la liberté et l’apaisement.

Le Désert est Vie. La Vie est Désir. Le Désert

nous capte, nous inonde de sa beauté et nous

happe dans son immensité.

A travers les mots de Poètes, je te parlerai de

cela…

Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

15

Ô Désert

L’AMOUR DU DESERT

16

© photo crédit : Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

17

Tadrart

La Tadrart offre une variété infinie de

paysages, où la roche la plus noire se mêle

aux sables les plus rouges.

Là-bas, le vent m'a enveloppée dans ces bras,

m’a murmuré sa douce mélodie entraînante.

Le sable s’est levé et a tournoyé autour de

moi dans une danse harmonieuse et fière.

Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

18

L’AMOUR DU DESERT

19

Le désert

Quand le Bédouin qui va de l'Horeb en Syrie

Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,

Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit

mort,

Dans son rude manteau s'enveloppe et s'endort,

Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,

La lointaine oasis où rougissent les figues,

Et l'étroite vallée où campe sa tribu,

Et la source courante où ses lèvres ont bu,

Et les brebis bêlant, et les bœufs à leurs

crèches,

Et les femmes causant près des citernes

fraîches,

Ou, sur le sable, en rond, les chameliers assis,

Aux lueurs de la lune écoutant les récits ?

Non, par-delà le cours des heures éphémères,

Son âme est en voyage au pays des chimères.

Il rêve qu'Al-Borak, le cheval glorieux,

L'emporte en hennissant dans la hauteur des

cieux ;

L’AMOUR DU DESERT

20

Il tressaille, et croit voir, par les nuits

enflammées, les filles de Djennet à ses côtés

pâmées.

De leurs cheveux plus noirs que la nuit de

l'enfer

Monte un âcre parfum qui lui brûle la chair ;

Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine,

Entre ses bras tendus, sa vision divine.

Mais sur la dune au loin le chacal a hurlé,

Sa cavale piétine, et son rêve est troublé ;

Plus de Djennet, partout la flamme et le silence,

Et le grand ciel cuivré sur l'étendue immense !

Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)

L’AMOUR DU DESERT

21

Les passions inassouvies...

"Et dans le désert de mon cœur, qui agrandit le

désert du sable,

le silence ajoute un voile sur mon voile, avec ses

mains d'air et de sable.

Le silence ajoute un cri à tous les cris, avec sa

bouche d'air et de sable.

Le silence ajoute une image à toutes les images,

avec ses yeux d'air et de sable.

Et sous mes deux voiles, je vis deux fois pour

t'entendre et pour te voir,

Ô Dassine, toi que je ne voulais plus nommer,

et que je nomme sans cesse à chaque battement

de mon cœur."

Légende de Moussa et Dassine

L’AMOUR DU DESERT

22

"Celui qui ne connaît pas le silence du désert, ne

sait pas ce qu’est le silence..."

Proverbe Targui

© photo crédit : Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

23

L'amour en

Pays touareg

L'eau elle-même sait nous dire "je t'aime" en

posant sur nos lèvres le meilleur des baisers.

Qu'importe tous les voiles sous lesquels tu te

caches, j'en ris comme le soleil rit des nuages ;

ta vraie pensée sort toujours de ton cœur dans

ton souffle.

Dassine

L’AMOUR DU DESERT

24

© photo crédit : Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

25

« Moussa aime Dassine.

Il l’appelle

« La rose du Hoggar »,

« La lune blanche »,

« La fille de l’étoile »,

« L’incomparable »,

« L’unique »,

« L’or et l’argent mêlés »,

« L’étoile entre les étoiles »,

« La sœur jumelle du soleil »,

« Ma montagne bleue »,

« Mon amphore brune ».

Et au plus fort de son désespoir, elle est :

« La colombe et l’hyène »,

« Le lit et la tombe »,

« Le ciel et l’enfer ».

La « fille bleue » s’appelle Dassine. Elle est sa

cousine par la sœur de sa mère. Une voyante la

lui a annoncée, marchant sur un chemin de

pierre, aussi belle qu’un rêve saturé de lumière.

Ce lent chemin, il le sait, c’est le sien, car déjà,

dans le ventre de sa mère, il l’aimait.

« Son cou est plus beau que celui d’un poulain

attaché dans un champ d’orge et de blé en avril.

Dieu l’a créée et lui a accordé de jouir du respect

de tous. Son oncle n’a pas de repos : tout le

L’AMOUR DU DESERT

26

monde vient la lui demander en mariage.

Quant à elle, en liberté, elle joue de l’imzad (1) et

élève gaiement la voix.

Je donnerais en aumône les troupeaux qui

marchent vers la montagne et je donnerais tout ce

qu’il y a de pâturages engraissant chamelles et

chèvres d’ici jusqu’au Bornou pour qu’elle reste

dans l’estime des hommes entre le soleil et les

étoiles. »

Dassine aime Moussa.

Elle l’appelle:

« Le lion »,

« Le juste »,

« Le croyant »,

«L’aigle qui va au loin »,

« L'époux de ma pensée ».

« Depuis ma naissance que je te connais, tu es

plus beau qu’un dattier chargé de fruits sucrés.

Lorsque tu prends ton chameau brun, celui

marqué de vert sous la mâchoire, vert comme l’épi

non mûri, tu es plus émouvant qu’une promesse

de pluie, celle qui s’annonce avec l’éclair à l’Est.

Toutes les femmes t’admirent. Tu es plus beau

qu’un tamzak (2) richement décoré. Tu es plus

rayonnant que les cristaux de glace au plus froid

de l’hiver. »

L’AMOUR DU DESERT

27

Moussa veut que son front enturbanné surpasse

tous les fronts de l’Ahal (3).

Dassine veut que le sien le dépasse encore.

L’orgueil les empêche de céder l’un à l’autre. Ils

ont trop peur de se perdre en se perdant l’un

dans l’autre. Et pourtant ils s’aiment.

On dit : « Si tu veux être aimé d’une femme,

reste assis auprès d’elle, ainsi tu l’honores.

Laisse-lui sa liberté, ainsi elle t’aimera sans

contrainte. »

Elle danse, la fille bleue, de ses seules

mains tendues vers les amoureux.

Elle chante, la fille bleue, des milles

chants nés de la seule corde de son

imzad.

Le voile noir de Moussa tait les secrets

de sa bouche.

Le voile noir de Dassine cache le regard

de ses yeux.

Et le son de l’archet sur le crin de

l’imzad les harcèle.

Dassine dit : « Préfère à toutes voix, préfère avec

moi, la voix de l’imzad, le violon qui sait chanter.

Et ne sois pas étonné qu’il n’ait qu’une corde :

as-tu plus d’un cœur pour aimer ? Mon imzad à

moi est à lui tout seul tout l’espace qui vous

appelle. »

L’AMOUR DU DESERT

28

Elle rit, la fille bleue, égrenant le pas dansant

des chèvres sur des rochers de souffre.

Elle rit, la fille bleue, de l’amour de Moussa et

elle le possède par les mots, par les lettres de

Tifinagh.

Elle brûle de liberté, la fille bleue. Elle agrandit

ses yeux de k’hol et se farde le cœur d’indigo,

d’ocre et du jaune des fleurs d’acacia.

Elle brûle plus encore de l’amour qu’elle refuse…

Et d’Insalah à Tombouctou, se chante le nom de

Dassine :

« La rose peut-elle empêcher son parfum de se

donner à tous ? »

« On dit que nous sommes trois à te plaire, sans

que tu saches encore celui que tu préfères : si

c’est Saori pour sa constance, Aflan pour sa

richesse, ou moi pour ma poésie. Lequel

triomphera de ton cœur, ô Dassine, des

troupeaux, de l’orgueil ou du feu ? »

Aujourd’hui elle part, la fille bleue, au destin de

ses noces. Elle a choisi Aflan Ag Doua pour

époux.

« Et voici que s’est levé dans le ciel le soleil du

jour de ton mariage, et à ce soleil du ciel répond

le soleil de nos armes. Dassine, toi la fille de

l’étoile qui mets sa chamelle d’or dans le

pâturage du ciel, comment dire ton éclat ? Tu

n’as pour bijou que ce collier berbère sur ta

peau blanche. Tes cheveux, lissés en nattes,

L’AMOUR DU DESERT

29

sont ta seule parure sous le voile. Et par ton

seul sourire tu rayonnes, plus douce devant la

tente que le pain de sucre et le rayon de miel. »

On dit : « L’homme qui déplait à une femme doit

se tenir à l’écart, comme le méhari que l’on n’a

pas choisi pour la caravane. »

Bientôt, elle sera mère, la fille bleue, mère d’un

fils né d’elle et d’Aflan, qu’elle nommera Sidi-

Moussa-le-lionceau. Elle se dit : « La gloire de

mon front est moins grande que celle de mon

sein gonflé de lait. » Et elle entend : « Femme, ne

te plains jamais, toi qui connais la joie blanche

d’allaiter. » Moussa le guerrier, Moussa le poète,

s’est éloigné depuis longtemps…. Il va là où elle

n’est pas, pour s’engloutir dans l’espace du

désert, pour la perdre dans le sable de la

mémoire : « L’’oasis est loin, mais moins loin que

l’amour de Dassine.»

Il vit parmi les épines et cram-cram (5), terrassé

par la soif intarissable de l’aimée. Il demeure de

longues heures les pieds posés nus sur le sable,

dans le silence bruyant de sa douleur.

« Homme, il faut savoir se taire pour écouter le

chant de l’espace. Qui affirme que la lumière et

l’ombre ne parlent pas ? »

Moussa a choisi la fièvre, les bêtes sauvages, les

blessures, la lance glorieuse, la soif, la faim, le

vent et les mirages, l’aridité du désert.

L’AMOUR DU DESERT

30

Il veut mourir en combattant. Toujours prêt à

tuer pour se tuer lui-même. Il lève haut son

bracelet qui porte la vaillance de son bras nu. Il

hurle dans le vent la rage de son amour englouti

: « Trop lourd est le burnous de la vie. » Mais de

lune en lune, sa soif de la femme bleue grandit.

Sur le sable il trace le serment de ne jamais

prononcer son nom. Et déjà, le vent, en

tourbillonnant, a tout effacé.

Passent les années… Aflan délaisse Dassine

pour « acheter » une autre femme. Dassine est

indifférente à son absence…La tendresse de son

enfant, Sidi-Moussa-le-lionceau, la comble…

Mais la pensée de Moussa, son premier amour,

l’habite. Passent les années, huit années de

désordres, de violence, de désespoir…

Alors, un soir, son méhari commande à Moussa

de revenir au campement, de revenir vers la fille

bleue. Moussa lui a obéi.

A l’entrée de la tente, elle le regarde, aussi

languissante qu’un dernier souffle d’air, aussi

ployée que le genêt du désert tourné vers le vent.

Moussa a dit : « Je me suis abîmé dans ton

amour comme dans une tombe. La vie s’est

refermée sur moi. Quelle ivresse peut me donner

désormais les conquêtes les plus difficiles ? Les

autres femmes n’ont été pour moi rien de plus

que les brumes de la rosée pour le soleil.

L’AMOUR DU DESERT

31

Maintenant je viens de goûter sur ta bouche la

volupté d’absorber ton cœur et de te livrer ma

vie dans le mien. Ton baiser a l’odeur enivrante

du mimosa qui sourit au gommier bleu sous la

main d’or du jour levant. Le désert lui-même

n’est plus assez vaste pour séparer nos cœurs. »

L’enfant, Sidi-Moussa-le-lionceau, a maintenant

seize ans. Il a désormais le droit de se battre

avec les hommes. Dassine se rendit chez

Moussa : « Moussa, toi qui par amour pour moi

es devenu le pèlerin du soleil et le lion des

combats, enseigne à mon fils ce que t’ont

enseigné : le silence et le temps. »

Moussa dit alors à l’adolescent : « Apprends

d’abord, et parle ensuite…Au sédentaire la

charrue, au guerrier le combat. Que le chamelier

garde ton troupeau, que l’épée garde ton

honneur ! Crois en ta force si tu veux être fort et

que la fatigue ne terrasse que celui qui mesure

ses pas. L’opulence assèche le cœur et le combat

l’ennoblit. Il faut que ton courage monte comme

un palmier dans le ciel et que la peur s’enfonce

comme une taupe dans la terre, si tu veux avoir

l’orgueil d’être toi.. » L’adolescent partit au

combat. Il est tué deux ans plus tard.

L’AMOUR DU DESERT

32

Sa mère, Dassine, s’enferme dans la solitude de

son malheur. Elle dédie sa passion au sable qui

coule entre ses doigts en gerbes de poussière

brisées par le soleil. Moussa, lui, est torturé par

l’amour amer, plus amer que le fiel des fleurs

vénéneuses. Ni les baumes, ni les talismans, ni

les feuilles à mâcher ne le guérissent de sa

fièvre. Pour Moussa, lentement, la main noire de

la mort avance.

IIll ffaauutt ccoonnnnaaîîttrree llee ddéésseerrtt ppoouurr ssaavvooiirr llee ssiilleennccee..

OOnn ddiirraaiitt qquu’’iill ttoommbbee ddee llaa llaammppee ddee cchhaaqquuee ééttooiillee

eett dduu ttoommbbeeaauu bbllaanncc ddee llaa lluunnee.. MMoouussssaa ddiitt aauuxx

ééttooiilleess :: «« QQuu’’oonn mm’’eennsseevveelliissssee ddaannss ll’’iinnffiinnii dduu

ddéésseerrtt……AA qquuii mmeeuurrtt dd’’aammoouurr iimmmmeennssee,, iill ffaauutt uunn

iimmmmeennssee oouubbllii.. »» »»

DJAMAL BENMERAD (1)Imzad : violon à une corde (2) Tamzak : selle de dromadaire

(3) Ahal : soirée poétique rythmée par une joueuse de l’imzad où les célibataires femmes et hommes rivalisent de poésie et d’élégance (4) Tifinagh : Alphabet berbère

(5) Cram-cram : graminées sauvages du sahara. La graine est enfermée dans un étui d’épines qui s’accrochent aux vêtements et déchire la peau Takouba: epée

L’AMOUR DU DESERT

33

Dassine

L’AMOUR DU DESERT

34

© photo de Dassine. Crédit : Association Sauvez l’Imzad

L’AMOUR DU DESERT

35

Qui était Dassine ?

Son vrai nom : Dassine Oult Yemma, Sultane

du désert, est la plus grande "sultane d'amour".

Elle "était messagère de paix " entre les Touareg

dissidents.

"Charles de Foucault écrit : "... Dâssin ult

Ihemma est la sœur aînée d’Axamûk (1). Elle s'est

mariée avec un homme nommé Afélan. Dans tout

l'Ahaggar, il n'y a pas de femme qui surpasse

Dâssin. C'est une grande femme, elle a le teint

clair, légèrement brun. Son visage est beau. Ses

yeux sont magnifiques : ils sont expressifs et

rieurs. Elle a les dents blanches et brillantes. Sa

démarche est élégante. Elle sait bien jouer du

violon. Elle a une conversation agréable. Elle est

d’une grande intelligence. Rares, ou même

inexistants, sont les hommes qui ont autant

d'esprit que Dâssin dans l'Ahaggar.

C'est une vraie reine. Avant qu'elle ne soit mariée,

les hommes n'allaient que chez elle. Et, même

L’AMOUR DU DESERT

36

maintenant qu'elle est mariée, nombreux sont

ceux qui l'aiment dans le secret de leur

âme.Pourtant, personne n'a jamais entendu dire

qu'elle ait fait quoi que ce soit de mal : elle craint

le déshonneur.

Avant son mariage, Mûsa ag Amâstân (2) l'aimait.

Il comptait l'épouser. Il était dans l'Adghagh des

ifôghâs lorsqu'il apprit qu'elle s'était mariée. Mûsa

aima aussi une femme des ifôghâss, très belle,

Lalla ult illi. Son père était amenukal des ifôghâs.

Quand il s'éprit d'elle, elle était déjà mariée :

Etteyub l'avait épousée."----

Source: Site de l'association SAUVER L'IMZAD

L’AMOUR DU DESERT

37

L'Imzad

L’AMOUR DU DESERT

38

© Photo d’un imzad. Crédit : Association Sauvez l’Imzad

L’AMOUR DU DESERT

39

L’imzad

L'imzad est une vielle monocorde traditionnelle

de la musique des Touaregs, nomades du

Sahara.

Sa coque est constituée d'une demi-calebasse de

40 cm de diamètre, recouverte d'une peau

percée de deux ouïes, et traversée d'un bâton

faisant office de manche où est attachée la corde

composée de crins de chevaux à l'aide d'une

lanière. Il est essentiellement joué assis, par les

femmes qui accompagnent ainsi en musique les

poèmes et les chants des hommes qui rappellent

l'essak, à travers l'évocation de l'honneur

guerrier, l'amour courtois et le nomadisme. La

pratique de cet instrument tend aujourd'hui à

disparaître. Il reste peu de femmes à savoir

encore le manier.

Source: Site de l'association SAUVER L'IMZAD

L’AMOUR DU DESERT

40

L’AMOUR DU DESERT

41

« Tu écris ce que tu vois et ce que tu écoutes avec

de toutes petites lettres serrées, serrées, serrées

comme des fourmis, et qui vont de ton cœur à ta

droite d'honneur.

Les arabes, eux ont des lettres qui se

couchent, se mettent à genoux et se dressent

toutes droites, pareilles à des lances : c'est une

écriture qui s'enroule et se déplie comme le

mirage, qui est savante comme le temps et fière

comme le combat. Et leur écriture part de leur

droite d'honneur pour arriver à leur gauche, parce

que tout finit là : au cœur.

Notre écriture à nous, au Hoggar, est une

écriture de nomades parce qu'elle est toute en

bâtons qui sont les jambes de tous les troupeaux

: jambes d'hommes, jambes de méhara, de zébus,

de gazelles : tout ce qui parcourt le désert. Et puis

les croix disent que tu vas à droite ou à gauche,

et les points – tu vois, il y a beaucoup de points –

ce sont les étoiles pour nous conduire la nuit,

parce que nous les Sahariens, on ne connaît que

L’AMOUR DU DESERT

42

la route qui a pour guides, tour à tour, le soleil et

puis les étoiles. Et nous partons de notre cœur et

nous tournons autour de lui en cercles de plus en

plus grands, pour enlacer les autres cœurs dans

un cercle de vie, comme l'horizon autour de ton

troupeau et de toi-même. »

Poème attribué à Dassine tiré de “La Femme

Bleue” de Maguy Vautier. Editions Alternatives

L’AMOUR DU DESERT

43

Proverbes

touaregs

L’AMOUR DU DESERT

44

-"Fils d’Adam Reçois le, même s’il est ton

ennemi."

-"La femme est la parure de la maison."

-"La femme est le pantalon de l’homme"

-"Le bien que tu fais à un homme n’est jamais

perdu."

-"Choisis comme ami celui qui te surpasse et

non celui que tu surpasses."

-"La Terre n’a qu’un soleil."

-"En voyage, décline ta communauté, tu seras

reçu par les tiens."

-"Toute famille à son terroir d’attache."

-"Le point d’attache, c’est le puits."

-"La coutume est une des rares choses difficile à

répudier."

L’AMOUR DU DESERT

45

-"Pour un homme, mieux vaut se casser la

jambe que casser sa parole."

-"Dignité souillée ne se lave pas à l’eau."

-"Il est plus facile d’être un homme de rien qu’un

homme de bien."

-"Fais ton devoir et ne sois pas tenté d’imiter

celui qui manque de civisme."

-"Les Hommes sont égaux, leurs actes les

différencient."

-"Tolérer vaut mieux que traîner le chagrin."

-"La solidarité est un remède pour le besoin."

-"Une faute commise par une personne peut

avoir une conséquence négative qui touche le

collectif."

-"Le même ventre produit différents êtres."

L’AMOUR DU DESERT

46

© photo crédit : Nawel Aouabed

L’AMOUR DU DESERT

47

Les fougaras

"Aman iman, akh issoudar" :

"L’eau c'est la vie, le lait c'est la

nourriture".

L’AMOUR DU DESERT

48

L’AMOUR DU DESERT

49

Le Sahara

Désert aride

De chaleur torride

De sable brulant

Inhospitalier

Plein de serpents

Et de scorpions

Sec et sans eau

Il est menaçant

Il est repoussant

On ne peut y vivre

A mourir de soif

Rien que des mirages

La pierre, la rocaille

Des vents violents

Des grains étouffants

Déforment les dunes

La nuit est glaciale

Effritant la terre

Pas d’arbre debout

Pas de brin vivant

Aucune âme ne vit

L’AMOUR DU DESERT

50

Sur le sol d’ici

Mais voilà qu'il vient

Noir, enturbanné

Suivi de sa femme

Il marche pied nu

Sans peur

Sans douleur

Va vers le rocher

Ferme et décidé

Il défie le temps

Et creuse un sillon

Au pas de la porte

De sa belle grotte

Sa fille engourdie

Assise à côté

Le regarde faire

Soudain le miracle

L’eau, claire et limpide

Se mit à couler

Jaillissante

Pétillante

Elle toucha la fille

L’AMOUR DU DESERT

51

Elle la réveilla

Elle la raviva

Sa mère s’écria

La vie

La vie est là

La femme planta

Elle rit, elle chanta

Ils pétrirent l’argile

Ils en firent des briques

Bâtirent une maison

Aimèrent et restèrent

D’autres arrivèrent

Aimèrent et restèrent

Ils eurent des enfants

Qui eurent des enfants

Et le Sahara devint oasis

De fruits, de dattes

De gazouillements

Et de couleurs vives

ils s'appelaient les foggaras

Auteur inconnu

L’AMOUR DU DESERT

52

L’AMOUR DU DESERT

53

Les Touaregs

L’AMOUR DU DESERT

54

L’AMOUR DU DESERT

55

« Les Touaregs vivent dans le Sahel et le

Sahara méridional, répartis entre plusieurs

groupements qui furent jusqu'au début de ce

siècle des unités politiques indépendantes. Par-

delà les frontières nationales qui les séparent

aujourd'hui, la langue qu'ils partagent leur

donne le sentiment de former une communauté.

Mais, autant que la langue elle-même, ce qui les

rassemble, eux qui se désignent comme les

«gens de la langue touarègue», ou les «gens de la

parole», c'est le souci du bien-parler.

Cette parole qui accorde une place singulière au

silence et au non-dit. Ces paroles échangées à

l'ombre des tentes et notamment la forme de

parole la plus précieuse, la poésie, mélancolique

ou guerrière.

Le maître mot de la poésie, dans son versant

élégiaque, est esuf, terme qui désigne aussi bien

la situation et les sentiments du délaissé que les

lieux désertés par les hommes. À ces acceptions

qu'il partage avec notre «solitude», le mot ajoute

L’AMOUR DU DESERT

56

une connotation qui lui est propre : celui dont

les Touaregs disent qu'«il est dans l'esuf», ou que

«l'esuf est en lui», est accompagné dans sa

solitude par le souvenir des moments enfuis où

elle ne l'habitait pas.

L'esuf est la solitude mêlée au sentiment vif

encore d'une présence maintenant abolie.

Fréquente dans les conversations comme dans

les poésies, une expression qu'on peut traduire

par «il (ou elle) me manque» laisse bien percevoir

cette connotation : «son esuf est en moi». L'esuf

de celui qui me manque est une solitude pleine

de sa présence. Les poètes sont censés composer

leurs vers lorsqu'ils sont dans la solitude, dans

l'esuf. Il est même des poèmes où l'esuf est

explicitement présenté, de concert avec la

«pensée tourmenteuse», comme source

d'inspiration poétique.

L'accès au langage n'est pas aux yeux des

Touaregs le même pour tous. L'art du bien-

parler est vu comme l'apanage des aristocrates,

le seul que leur aient laissé les misères du

L’AMOUR DU DESERT

57

temps, tandis qu'une indélébile réputation de

grossièreté verbale s'attache aux hommes du

commun : celui auquel vous parlez sait votre

place dans la hiérarchie sociale et ne vous

accorde pas la même écoute selon que vous êtes

noble ou ignoble ».

Casajus, Dominique. – Gens de parole. Langage, poésie et politique en pays touareg. Paris, Éditions La Découverte, 2000, 190 p

L’AMOUR DU DESERT

58

L’AMOUR DU DESERT

59

« JE NE SAIS PAS MON AGE.

Je suis né dans le désert du Sahara, sans

papiers.

Je suis né dans un campement de Nomades

Touaregs, entre Tombouctou et Gao, au nord du

Mali.

J’ai été le gardien des dromadaires, chèvres,

moutons et vaches de mon père.

Aujourd’hui j’étudie la gestion à l’université de

Montpellier.

Je suis célibataire.

Je défends les bergers Touaregs.

Je suis musulman. Sans fanatisme.

Quel beau turban !

C’est fait en fine toile de coton. Cela permet de

couvrir le visage, dans le désert, et de continuer

à voir et respirer...

L’AMOUR DU DESERT

60

C’est d’un bleu très particulier.

- Nous, les Touaregs, sommes appelées “les

hommes bleus” pour cela. Le tissu déteint un

peu et notre peau prend cette couleur bleutée.

- Comment obtenez-vous cette couleur ?

- Avec une plante appelée indigo mélangée à

d’autres pigments naturels.

Pour les Touaregs, le bleu est la couleur du

monde.

- Pourquoi ?- C’est la couleur dominante : celle

du ciel, de nos tentes...

Qui sont les Touaregs ?

- Touareg signifie “abandonnés”, parce que nous

sommes un peuple de nomades du désert très

ancien. Nous sommes solitaires et orgueilleux.

On nous appelle aussi “les seigneurs du désert”.

Notre ethnie est Amazigh (Berbère), et notre

alphabet est Tifinagh.

L’AMOUR DU DESERT

61

Vous êtes nombreux ?

- Trois millions environ. Et la majorité reste

nomade.

Mais la population diminue. Est-il besoin qu’un

peuple disparaisse pour qu’on sache qu’il a

existé ? Disait un sage...

Je lutte pour préserver mon peuple.

- Comment vivez-vous ?

- Nous nous occupons des troupeaux

(dromadaires, chèvres...) dans un royaume

immense et silencieux.

Le désert est très silencieux ?

- Quand on est seul dans ce silence, on entend

battre son cœur. Il n’y a pas de meilleur endroit

pour être seul.

Quel souvenir d’enfance avez-vous ?

Le réveil avec le soleil et au loin les chèvres de

mon père...Elles nous donnent du lait et de la

L’AMOUR DU DESERT

62

viande. Nous les emmenons là où il y a de

l’herbe et de l’eau.

C’est ainsi que faisaient les anciens. C’est ainsi

que nous continuons de faire. Pour moi il n’y

avait rien d’autre et j’étais heureux comme ça.

Mais ce n’est pas très stimulant...

- Mais c’est beaucoup ! A sept ans on te laisse

déjà t’éloigner du campement pour que tu

apprennes des choses importantes : flairer l’air,

écouter, développer ton acuité visuelle, t’orienter

avec les étoiles... Et te laisser guider par le

dromadaire si tu te perds car il t’emmènera

toujours où il y a de l’eau.

Savoir tout cela a beaucoup de valeur.

Là, tout est simple et profond. Il existe peu de

choses et chacune d’elles a une immense valeur!

Nos deux mondes sont très différents.

Là, un petit rien peut te donner beaucoup de

bonheur.

L’AMOUR DU DESERT

63

Toute chose est valorisée. Nous ressentons

beaucoup de joie à être ensemble. Personne ne

rêve d’être parce que nous le sommes déjà.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé lors de votre

voyage vers l’Europe ?

Voir les personnes courir dans l’aéroport. Dans

le désert, quand on court c’est parce qu’arrive

une tempête de sable.

J’ai eu peur...

Ils allaient chercher leurs bagages...

- Oui, c’est ça. J’ai aussi vu des affiches de

femmes nues. Je me suis demandé : pourquoi ce

manque de respect envers les femmes ? Ensuite,

à l’hôtel, j’ai vu le premier robinet d’eau.

Elle coulait si facilement. J’ai eu envie de

pleurer.

Quelle abondance et quel gâchis, non ?

- Tous les jours de ma vie ma préoccupation

principale était de trouver de l’eau.

L’AMOUR DU DESERT

64

Quand je vois le nombre de fontaines qui

décorent la ville, je ressens une douleur

intense...

Tant que ça ?

- Oui ! Au début des années 90 – j’avais 12 ans -

il y a eu une grande sécheresse. Les animaux

mourraient. Nous sommes tombés malades. Ma

mère est morte.

Elle était tout pour moi. Elle me racontait des

histoires, m’enseignait comment raconter...Elle

m’a enseigné à être moi-même.

Qu’est-il arrivé à votre famille ?

J’ai convaincu mon père de me laisser aller à

l’école. Tous les jours.

Je marchais 15km. Jusqu’au jour où un

professeur m’a trouvé un endroit pour dormir et

une femme qui me donnait à manger, quand je

passais devant chez elle.

J’ai appris plus tard que c’était l’œuvre de ma

mère.

L’AMOUR DU DESERT

65

Pourquoi cette envie d’étudier ?

Deux ans auparavant le rallye Paris-Dakar est

passé par notre campement. Une journaliste

avait laissé tomber un livre.

Je l’ai ramassé et lui ai rendu. Elle me l’a offert.

C’était un exemplaire du “Petit Prince”. Je me

suis promis de parvenir à le lire, un jour.

Et vous avez réussi. - Oui. C’est ainsi que j’ai

obtenu une bourse d’études et je suis venu en

France.

Un Touareg à l’université !

- Ce qui me manque le plus, ici, c’est le lait de

chamelle, la chaleur du feu, marcher pieds nus

sur le sable encore chaud...Là-bas on regarde

les étoiles toutes les nuits et chacune est

différente de l’autre. Les chèvres non plus ne se

ressemblent pas.

Ici, vous regardez la télévision.

L’AMOUR DU DESERT

66

Que trouvez-vous de pire, ici ?

- Vous avez tout mais ce n’est pas assez. Vous

vous plaignez.

En France, les gens réclament tout le temps.

Vous vous emprisonnez votre vie à une dette

bancaire, un désir de posséder tout, de suite, et

ce n’est toujours pas suffisant.

Dans le désert, il n’y a pas d’embouteillages.

Vous savez pourquoi ? Parce que personne ne

veut dépasser personne.

Racontez-moi un moment très heureux dans

votre lointain désert.

Tous les jours, un peu avant le coucher du

soleil, la température baisse. Ce n’est pas encore

le froid. Les hommes et les animaux, lentement,

rejoignent le campement. Leurs silhouettes se

découpent dans un ciel rose, bleu, jaune, rouge,

orangé...

Fascinant. - C’est un moment magique. On

rejoint tous la tente et on fait bouillir l’eau pour

L’AMOUR DU DESERT

67

le thé. On s’assoie en silence et on écoute l’eau

bouillir.

La paix nous envahit et nos cœurs battent au

rythme de l’eau en ébullition.

Quel calme !

Ici vous avez des montres.

Là-bas nous avons le temps.

Vous avez la montre et j’ai le temps.

Dans nos vies, le temps ne doit pas être à

peine celui qu’indique votre montre.

Combien de fois vous dites : je n’ai pas le

temps ?

Le temps est comme une rivière.

Vous ne pouvez pas toucher deux fois la

même eau parce que l’eau est passée et ne

repassera plus. »

Une interview réalisée avec un homme bleu par :

Víctor-m. Amela a: Moussa Ag Assarid

L’AMOUR DU DESERT

68

L’AMOUR DU DESERT

69

Un amour du désert

Un amour de loin

L’AMOUR DU DESERT

70

UN AMOR DE LONH

« Remembra.m d’un amor de lonh

Vau de talan embroncs e clis

Si que chans ni flor d’albespis

No.m platz plus que l’inverns gelatz

[…]

Quan drutz lonhdas et tan vezis

Qu’ab cortes ginh jauzis solatz

Iratz e dolens m’en partirai

S’eu no vei cest’amor de lonh

No.msai quora mais la virai

Que tan son nostras terras lonh

Assatz i a pas e camis

E per aisso non.n sui devis

Mas tot sia com lei platz »

L’AMOUR DU DESERT

71

UN AMOUR DE LOIN

« Je me souviens d’un amour de loin

De désir je vais morne et courbé

Si bien que chant et fleur d’aubépine

Ne me plaisent pas plus que l’hiver gelé

[…]

Quand l’amant de loin sera si proche

Qu’avec l’esprit courtois il pourra jouir du plaisir

Triste et malheureux je m’en éloignerai

Si je ne vois cet amour de loin

Mais je ne sais quand je la reverrai

Car nos pays sont trop lointains

Il y a tant de passages et de chemins

Et pour cela je ne puis rien deviner

Mais que tout soit comme il lui plaît »

Jaufré Rudel (v. 1100-v. 1150), Extrait de la cançon « Lanquan li jorn son lonc en mai... »* in La Pensée de midi, N° 11. Hiver 2003-2004, p. 165.

L’AMOUR DU DESERT

72

L’AMOUR DU DESERT

73

Bibliographie

[1]. Amin Maalouf. L’amour de loin. Editions

Grasset (2001)

[2]. Charles Marie Leconte de Lisle. Le désert.

[en ligne]

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/po

emes/charles_marie_leconte_de_lisle/le_desert.h

tml [Consulté le 10/08/2011]

[3]. L’histoire de Moussa et Dassine en pays

targui.

[en ligne]

http://ghadames.artblog.fr/592264/L-Histoire-

de-Dassine-et-Moussa-en-pays-targui/ [Consulté le 03 octobre 2011]

[4]. Djamel Benmerad. Légende de Moussa et Dassine. [en ligne]

http://ghadames.artblog.fr/592264/L-Histoire-

de-Dassine-et-Moussa-en-pays-targui/

[Consulté le 14/08/2011] [5]. Qui était Dassine. Association Sauvez l’Imzad

[en ligne]

http://www.imzadanzad.com/dassine1.html?cu

rrent=four&sub=f [Consulté le 15/08/2011]

[6]. L’Imzad. Association Sauvez l’Imzad

[en ligne] www.imzadanzad.com [Consulté le

15/08/2011]

L’AMOUR DU DESERT

74

[7]. Dassine, poètesse de l’Ahaggar. Poème

attribué à Dassine. Maguy Vautier “La Femme

Bleue”. Editions Alternatives [en ligne]

http://danae.unblog.fr/2008/02/16/dassine-poetesse-de-lahaggar/ [Consulté le 10/08/2011]

[8]. Casajus, Dominique – Gens de parole. Langage, poésie et politique en pays touareg.

Paris, Éditions La Découverte, 2000, 190 p

[en ligne] http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00104560/fr/ [Consulté le

10/12/2011]

[9]. Le Sahara. Légende des foggaras. Auteur

inconnu [en ligne]

http://ddameznek.wordpress.com/2011/04/19/le-sahara-la-legende-des-foggaras/ [consulté le

10/08/2011]

[10]. Víctor-m. Amela a: Moussa Ag Assarid Interview réalisée avec un homme bleu. [en ligne]

www.ecoutetpartage.fr/diaporamas-videos/Touaregs.pps [Consulté le 20/08/2011]

[11]. Jaufré Rudel (v. 1100-v. 1150), Un amour de loin. Extrait de la cançon « Lanquan li jorn son lonc en mai... »* in La Pensée de midi, N° 11.

Hiver 2003-2004, p.165. [en ligne] http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/

2007/04/jaufr_rudelun_a.html [Consulté le

06/01/2012]

Remerciements

Je tiens à remercier les personnes suivantes :

…Mme Farida Sellal, de l’association Sauvez

l’Imzad

…Mr Victor Amela, personnalité publique

espagnole,

…Mr Djamel Benmerad, journaliste et écrivain

…Mr Dominique Casajus, directeur de recherche

CNRS, pour son très gentil mail et ses remarques

d’universitaire émérite.

…Mme Sabine Bledniak des Editions Alternatives

…Sans leur autorisation, ce recueil n’aurait pu

voir le jour…

Tata Maryse pour ses corrections,

Et Mohamed Abbad pour ses conseils lors de la

finalisation de la couverture.

Achevé d’imprimer

en Février 2012 sur les presses de l’Imprimerie Mauguin

Blida (Algérie)