© A compte d’auteur, Alger, Février 2012
Pour la présente édition
Dépôt légal : 290-2012
ISBN : 978-9947-0-3372-2
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« Clémence : Et il parle de moi dans ses chansons ? Le Pèlerin : Il ne chante plus aucune autre dame.
Clémence : Et il... il mentionne mon nom, dans ses chansons ? Le Pèlerin : Non, mais ceux qui l'écoutent savent qu'il parle de vous.(...) Clémence : Et que dit ce troubadour ? Le Pèlerin : Ce que disent tous les poètes, que vous êtes belle et qu'il vous aime. Clémence : Mais de quel droit, Seigneur, de quel droit ? Le Pèlerin : Rien ne vous oblige à l'aimer, comtesse. Mais vous ne pouvez empêcher qu'il vous aime de loin. »
L’amour de loin, Amin Maalouf
L’AMOUR DU DESERT
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PLUS ON APPREND, plus on se rend compte
que l’on ne sait rien.
Je pourrai te dire que si tu me poses une
question, je te répondrai surement "je ne sais
pas" ou je crois que ... et que si tu me dis
quelque chose, je t'écouterai et te dirai "ah
d’accord", "c’est vrai ça?", parce que ce dont tu
me parles je ne le connais pas, parce que pour
une raison ou pour une autre je me suis
intéressée à d’autres choses ou à rien et que ça
m’intéresse d’apprendre de toi ce que je n’ai pas
vu ou pas su voir ou pas voulu voir et parce que
deux yeux ne suffisent pas. Quatre, c’est mieux !
Je pourrai te dire que je suis allée à Saint
Isdelbald près de Koksijde et qu’en cherchant
une place pour nous garer, au lieu de m’énerver,
je découvrais cette jolie station balnéaire avec
des maisons en toit de chaume, des maisons à
colombages, des maisons mitoyennes une avec
L’AMOUR DU DESERT
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un nom français, l’autre avec un nom flamand.
Qu’il y avait des gens à vélo (il y avait plus de
vélo que de gens).
Que sur la plage, il y avait plein de toiles et des
piquets que l’on plante dans le sable à l’aide
d’un maillet. Des toiles pour se protéger du vent.
Sur d'autres plages, ces mêmes toiles servent à
se protéger du regard des gens.
Un joli tram fait La panne, Knock en trois
heures, en parcourant la côte. Ce serait bien à
faire et s’arrêter là où l'envie décide. J’avais fait
ça une fois avec le tram de Prague. Rien de
mieux pour découvrir un peu, un tout petit peu
une ville; de loin d’abord, puis de choisir un
détail, une station, une rue, un café, et voir un
groupe de personnes, une âme, un sourire qui
reste gravé, du bruit, de la chaleur, le brouhaha
et une table avec des barres sur un bout de
papier correspondant au nombre de boissons
commandées.
L’AMOUR DU DESERT
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Chaque jour, nous avons le choix d’aller dans
telle ou telle direction, d’emprunter tel chemin en
espérant que ce ne soit pas une impasse. D'aller
vers quelque chose en se disant que je
rencontrerai peut être cet autre qui
m’accompagnera et que j’accompagnerai, qui
voudra prendre le même chemin parce qu’il l’a
décidé et que ses choix l'ont amené la, au même
lieu.
Nous sommes les choix que nous faisons.
Je pourrai te parler du goût des sardines
grillées qui ont mariné dans une sauce tomate à
l’ail et pimentée ; d’une salade à base de
poivrons et de tomates grillées, d’ail et d’huile
d’olive, que l’on mange avec du pain.
De ma grand-mère qui nous attendait et chez
qui on prenait le 4h (qui se prenait vers 17h30).
Du café au lait avec du pain chaud et
croustillant, du beurre et de la confiture, posés
sur un plateau sur la table de la cuisine.
L’AMOUR DU DESERT
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Je pourrai te parler de la carbonnade
flamande, d’un succulent waterzoi de poulet que
j’ai partagé suite à une invitation bienvenue et O
combien chaleureuse.
Nous sommes ce que nous avons vécu.
Je pourrai te dire qu’on travaille pour acheter
du temps…
Je pourrai te dire tant d’autres choses...
Je pourrai te dire… : j’ai appris que l’amour de
loin est cruel. Je suis allée loin, encore plus
loin…dans le Désert… à la découverte…
J’ai trouvé l’amour, l’émotion, le désir, la pureté,
la liberté et l’apaisement.
Le Désert est Vie. La Vie est Désir. Le Désert
nous capte, nous inonde de sa beauté et nous
happe dans son immensité.
A travers les mots de Poètes, je te parlerai de
cela…
Nawel Aouabed
L’AMOUR DU DESERT
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Tadrart
La Tadrart offre une variété infinie de
paysages, où la roche la plus noire se mêle
aux sables les plus rouges.
Là-bas, le vent m'a enveloppée dans ces bras,
m’a murmuré sa douce mélodie entraînante.
Le sable s’est levé et a tournoyé autour de
moi dans une danse harmonieuse et fière.
Nawel Aouabed
L’AMOUR DU DESERT
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Le désert
Quand le Bédouin qui va de l'Horeb en Syrie
Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit
mort,
Dans son rude manteau s'enveloppe et s'endort,
Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,
La lointaine oasis où rougissent les figues,
Et l'étroite vallée où campe sa tribu,
Et la source courante où ses lèvres ont bu,
Et les brebis bêlant, et les bœufs à leurs
crèches,
Et les femmes causant près des citernes
fraîches,
Ou, sur le sable, en rond, les chameliers assis,
Aux lueurs de la lune écoutant les récits ?
Non, par-delà le cours des heures éphémères,
Son âme est en voyage au pays des chimères.
Il rêve qu'Al-Borak, le cheval glorieux,
L'emporte en hennissant dans la hauteur des
cieux ;
L’AMOUR DU DESERT
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Il tressaille, et croit voir, par les nuits
enflammées, les filles de Djennet à ses côtés
pâmées.
De leurs cheveux plus noirs que la nuit de
l'enfer
Monte un âcre parfum qui lui brûle la chair ;
Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine,
Entre ses bras tendus, sa vision divine.
Mais sur la dune au loin le chacal a hurlé,
Sa cavale piétine, et son rêve est troublé ;
Plus de Djennet, partout la flamme et le silence,
Et le grand ciel cuivré sur l'étendue immense !
Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)
L’AMOUR DU DESERT
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Les passions inassouvies...
"Et dans le désert de mon cœur, qui agrandit le
désert du sable,
le silence ajoute un voile sur mon voile, avec ses
mains d'air et de sable.
Le silence ajoute un cri à tous les cris, avec sa
bouche d'air et de sable.
Le silence ajoute une image à toutes les images,
avec ses yeux d'air et de sable.
Et sous mes deux voiles, je vis deux fois pour
t'entendre et pour te voir,
Ô Dassine, toi que je ne voulais plus nommer,
et que je nomme sans cesse à chaque battement
de mon cœur."
Légende de Moussa et Dassine
L’AMOUR DU DESERT
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"Celui qui ne connaît pas le silence du désert, ne
sait pas ce qu’est le silence..."
Proverbe Targui
© photo crédit : Nawel Aouabed
L’AMOUR DU DESERT
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L'amour en
Pays touareg
L'eau elle-même sait nous dire "je t'aime" en
posant sur nos lèvres le meilleur des baisers.
Qu'importe tous les voiles sous lesquels tu te
caches, j'en ris comme le soleil rit des nuages ;
ta vraie pensée sort toujours de ton cœur dans
ton souffle.
Dassine
L’AMOUR DU DESERT
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« Moussa aime Dassine.
Il l’appelle
« La rose du Hoggar »,
« La lune blanche »,
« La fille de l’étoile »,
« L’incomparable »,
« L’unique »,
« L’or et l’argent mêlés »,
« L’étoile entre les étoiles »,
« La sœur jumelle du soleil »,
« Ma montagne bleue »,
« Mon amphore brune ».
Et au plus fort de son désespoir, elle est :
« La colombe et l’hyène »,
« Le lit et la tombe »,
« Le ciel et l’enfer ».
La « fille bleue » s’appelle Dassine. Elle est sa
cousine par la sœur de sa mère. Une voyante la
lui a annoncée, marchant sur un chemin de
pierre, aussi belle qu’un rêve saturé de lumière.
Ce lent chemin, il le sait, c’est le sien, car déjà,
dans le ventre de sa mère, il l’aimait.
« Son cou est plus beau que celui d’un poulain
attaché dans un champ d’orge et de blé en avril.
Dieu l’a créée et lui a accordé de jouir du respect
de tous. Son oncle n’a pas de repos : tout le
L’AMOUR DU DESERT
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monde vient la lui demander en mariage.
Quant à elle, en liberté, elle joue de l’imzad (1) et
élève gaiement la voix.
Je donnerais en aumône les troupeaux qui
marchent vers la montagne et je donnerais tout ce
qu’il y a de pâturages engraissant chamelles et
chèvres d’ici jusqu’au Bornou pour qu’elle reste
dans l’estime des hommes entre le soleil et les
étoiles. »
Dassine aime Moussa.
Elle l’appelle:
« Le lion »,
« Le juste »,
« Le croyant »,
«L’aigle qui va au loin »,
« L'époux de ma pensée ».
« Depuis ma naissance que je te connais, tu es
plus beau qu’un dattier chargé de fruits sucrés.
Lorsque tu prends ton chameau brun, celui
marqué de vert sous la mâchoire, vert comme l’épi
non mûri, tu es plus émouvant qu’une promesse
de pluie, celle qui s’annonce avec l’éclair à l’Est.
Toutes les femmes t’admirent. Tu es plus beau
qu’un tamzak (2) richement décoré. Tu es plus
rayonnant que les cristaux de glace au plus froid
de l’hiver. »
L’AMOUR DU DESERT
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Moussa veut que son front enturbanné surpasse
tous les fronts de l’Ahal (3).
Dassine veut que le sien le dépasse encore.
L’orgueil les empêche de céder l’un à l’autre. Ils
ont trop peur de se perdre en se perdant l’un
dans l’autre. Et pourtant ils s’aiment.
On dit : « Si tu veux être aimé d’une femme,
reste assis auprès d’elle, ainsi tu l’honores.
Laisse-lui sa liberté, ainsi elle t’aimera sans
contrainte. »
Elle danse, la fille bleue, de ses seules
mains tendues vers les amoureux.
Elle chante, la fille bleue, des milles
chants nés de la seule corde de son
imzad.
Le voile noir de Moussa tait les secrets
de sa bouche.
Le voile noir de Dassine cache le regard
de ses yeux.
Et le son de l’archet sur le crin de
l’imzad les harcèle.
Dassine dit : « Préfère à toutes voix, préfère avec
moi, la voix de l’imzad, le violon qui sait chanter.
Et ne sois pas étonné qu’il n’ait qu’une corde :
as-tu plus d’un cœur pour aimer ? Mon imzad à
moi est à lui tout seul tout l’espace qui vous
appelle. »
L’AMOUR DU DESERT
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Elle rit, la fille bleue, égrenant le pas dansant
des chèvres sur des rochers de souffre.
Elle rit, la fille bleue, de l’amour de Moussa et
elle le possède par les mots, par les lettres de
Tifinagh.
Elle brûle de liberté, la fille bleue. Elle agrandit
ses yeux de k’hol et se farde le cœur d’indigo,
d’ocre et du jaune des fleurs d’acacia.
Elle brûle plus encore de l’amour qu’elle refuse…
Et d’Insalah à Tombouctou, se chante le nom de
Dassine :
« La rose peut-elle empêcher son parfum de se
donner à tous ? »
« On dit que nous sommes trois à te plaire, sans
que tu saches encore celui que tu préfères : si
c’est Saori pour sa constance, Aflan pour sa
richesse, ou moi pour ma poésie. Lequel
triomphera de ton cœur, ô Dassine, des
troupeaux, de l’orgueil ou du feu ? »
Aujourd’hui elle part, la fille bleue, au destin de
ses noces. Elle a choisi Aflan Ag Doua pour
époux.
« Et voici que s’est levé dans le ciel le soleil du
jour de ton mariage, et à ce soleil du ciel répond
le soleil de nos armes. Dassine, toi la fille de
l’étoile qui mets sa chamelle d’or dans le
pâturage du ciel, comment dire ton éclat ? Tu
n’as pour bijou que ce collier berbère sur ta
peau blanche. Tes cheveux, lissés en nattes,
L’AMOUR DU DESERT
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sont ta seule parure sous le voile. Et par ton
seul sourire tu rayonnes, plus douce devant la
tente que le pain de sucre et le rayon de miel. »
On dit : « L’homme qui déplait à une femme doit
se tenir à l’écart, comme le méhari que l’on n’a
pas choisi pour la caravane. »
Bientôt, elle sera mère, la fille bleue, mère d’un
fils né d’elle et d’Aflan, qu’elle nommera Sidi-
Moussa-le-lionceau. Elle se dit : « La gloire de
mon front est moins grande que celle de mon
sein gonflé de lait. » Et elle entend : « Femme, ne
te plains jamais, toi qui connais la joie blanche
d’allaiter. » Moussa le guerrier, Moussa le poète,
s’est éloigné depuis longtemps…. Il va là où elle
n’est pas, pour s’engloutir dans l’espace du
désert, pour la perdre dans le sable de la
mémoire : « L’’oasis est loin, mais moins loin que
l’amour de Dassine.»
Il vit parmi les épines et cram-cram (5), terrassé
par la soif intarissable de l’aimée. Il demeure de
longues heures les pieds posés nus sur le sable,
dans le silence bruyant de sa douleur.
« Homme, il faut savoir se taire pour écouter le
chant de l’espace. Qui affirme que la lumière et
l’ombre ne parlent pas ? »
Moussa a choisi la fièvre, les bêtes sauvages, les
blessures, la lance glorieuse, la soif, la faim, le
vent et les mirages, l’aridité du désert.
L’AMOUR DU DESERT
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Il veut mourir en combattant. Toujours prêt à
tuer pour se tuer lui-même. Il lève haut son
bracelet qui porte la vaillance de son bras nu. Il
hurle dans le vent la rage de son amour englouti
: « Trop lourd est le burnous de la vie. » Mais de
lune en lune, sa soif de la femme bleue grandit.
Sur le sable il trace le serment de ne jamais
prononcer son nom. Et déjà, le vent, en
tourbillonnant, a tout effacé.
Passent les années… Aflan délaisse Dassine
pour « acheter » une autre femme. Dassine est
indifférente à son absence…La tendresse de son
enfant, Sidi-Moussa-le-lionceau, la comble…
Mais la pensée de Moussa, son premier amour,
l’habite. Passent les années, huit années de
désordres, de violence, de désespoir…
Alors, un soir, son méhari commande à Moussa
de revenir au campement, de revenir vers la fille
bleue. Moussa lui a obéi.
A l’entrée de la tente, elle le regarde, aussi
languissante qu’un dernier souffle d’air, aussi
ployée que le genêt du désert tourné vers le vent.
Moussa a dit : « Je me suis abîmé dans ton
amour comme dans une tombe. La vie s’est
refermée sur moi. Quelle ivresse peut me donner
désormais les conquêtes les plus difficiles ? Les
autres femmes n’ont été pour moi rien de plus
que les brumes de la rosée pour le soleil.
L’AMOUR DU DESERT
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Maintenant je viens de goûter sur ta bouche la
volupté d’absorber ton cœur et de te livrer ma
vie dans le mien. Ton baiser a l’odeur enivrante
du mimosa qui sourit au gommier bleu sous la
main d’or du jour levant. Le désert lui-même
n’est plus assez vaste pour séparer nos cœurs. »
L’enfant, Sidi-Moussa-le-lionceau, a maintenant
seize ans. Il a désormais le droit de se battre
avec les hommes. Dassine se rendit chez
Moussa : « Moussa, toi qui par amour pour moi
es devenu le pèlerin du soleil et le lion des
combats, enseigne à mon fils ce que t’ont
enseigné : le silence et le temps. »
Moussa dit alors à l’adolescent : « Apprends
d’abord, et parle ensuite…Au sédentaire la
charrue, au guerrier le combat. Que le chamelier
garde ton troupeau, que l’épée garde ton
honneur ! Crois en ta force si tu veux être fort et
que la fatigue ne terrasse que celui qui mesure
ses pas. L’opulence assèche le cœur et le combat
l’ennoblit. Il faut que ton courage monte comme
un palmier dans le ciel et que la peur s’enfonce
comme une taupe dans la terre, si tu veux avoir
l’orgueil d’être toi.. » L’adolescent partit au
combat. Il est tué deux ans plus tard.
L’AMOUR DU DESERT
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Sa mère, Dassine, s’enferme dans la solitude de
son malheur. Elle dédie sa passion au sable qui
coule entre ses doigts en gerbes de poussière
brisées par le soleil. Moussa, lui, est torturé par
l’amour amer, plus amer que le fiel des fleurs
vénéneuses. Ni les baumes, ni les talismans, ni
les feuilles à mâcher ne le guérissent de sa
fièvre. Pour Moussa, lentement, la main noire de
la mort avance.
IIll ffaauutt ccoonnnnaaîîttrree llee ddéésseerrtt ppoouurr ssaavvooiirr llee ssiilleennccee..
OOnn ddiirraaiitt qquu’’iill ttoommbbee ddee llaa llaammppee ddee cchhaaqquuee ééttooiillee
eett dduu ttoommbbeeaauu bbllaanncc ddee llaa lluunnee.. MMoouussssaa ddiitt aauuxx
ééttooiilleess :: «« QQuu’’oonn mm’’eennsseevveelliissssee ddaannss ll’’iinnffiinnii dduu
ddéésseerrtt……AA qquuii mmeeuurrtt dd’’aammoouurr iimmmmeennssee,, iill ffaauutt uunn
iimmmmeennssee oouubbllii.. »» »»
DJAMAL BENMERAD (1)Imzad : violon à une corde (2) Tamzak : selle de dromadaire
(3) Ahal : soirée poétique rythmée par une joueuse de l’imzad où les célibataires femmes et hommes rivalisent de poésie et d’élégance (4) Tifinagh : Alphabet berbère
(5) Cram-cram : graminées sauvages du sahara. La graine est enfermée dans un étui d’épines qui s’accrochent aux vêtements et déchire la peau Takouba: epée
L’AMOUR DU DESERT
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Qui était Dassine ?
Son vrai nom : Dassine Oult Yemma, Sultane
du désert, est la plus grande "sultane d'amour".
Elle "était messagère de paix " entre les Touareg
dissidents.
"Charles de Foucault écrit : "... Dâssin ult
Ihemma est la sœur aînée d’Axamûk (1). Elle s'est
mariée avec un homme nommé Afélan. Dans tout
l'Ahaggar, il n'y a pas de femme qui surpasse
Dâssin. C'est une grande femme, elle a le teint
clair, légèrement brun. Son visage est beau. Ses
yeux sont magnifiques : ils sont expressifs et
rieurs. Elle a les dents blanches et brillantes. Sa
démarche est élégante. Elle sait bien jouer du
violon. Elle a une conversation agréable. Elle est
d’une grande intelligence. Rares, ou même
inexistants, sont les hommes qui ont autant
d'esprit que Dâssin dans l'Ahaggar.
C'est une vraie reine. Avant qu'elle ne soit mariée,
les hommes n'allaient que chez elle. Et, même
L’AMOUR DU DESERT
36
maintenant qu'elle est mariée, nombreux sont
ceux qui l'aiment dans le secret de leur
âme.Pourtant, personne n'a jamais entendu dire
qu'elle ait fait quoi que ce soit de mal : elle craint
le déshonneur.
Avant son mariage, Mûsa ag Amâstân (2) l'aimait.
Il comptait l'épouser. Il était dans l'Adghagh des
ifôghâs lorsqu'il apprit qu'elle s'était mariée. Mûsa
aima aussi une femme des ifôghâss, très belle,
Lalla ult illi. Son père était amenukal des ifôghâs.
Quand il s'éprit d'elle, elle était déjà mariée :
Etteyub l'avait épousée."----
Source: Site de l'association SAUVER L'IMZAD
L’AMOUR DU DESERT
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L’imzad
L'imzad est une vielle monocorde traditionnelle
de la musique des Touaregs, nomades du
Sahara.
Sa coque est constituée d'une demi-calebasse de
40 cm de diamètre, recouverte d'une peau
percée de deux ouïes, et traversée d'un bâton
faisant office de manche où est attachée la corde
composée de crins de chevaux à l'aide d'une
lanière. Il est essentiellement joué assis, par les
femmes qui accompagnent ainsi en musique les
poèmes et les chants des hommes qui rappellent
l'essak, à travers l'évocation de l'honneur
guerrier, l'amour courtois et le nomadisme. La
pratique de cet instrument tend aujourd'hui à
disparaître. Il reste peu de femmes à savoir
encore le manier.
Source: Site de l'association SAUVER L'IMZAD
L’AMOUR DU DESERT
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« Tu écris ce que tu vois et ce que tu écoutes avec
de toutes petites lettres serrées, serrées, serrées
comme des fourmis, et qui vont de ton cœur à ta
droite d'honneur.
Les arabes, eux ont des lettres qui se
couchent, se mettent à genoux et se dressent
toutes droites, pareilles à des lances : c'est une
écriture qui s'enroule et se déplie comme le
mirage, qui est savante comme le temps et fière
comme le combat. Et leur écriture part de leur
droite d'honneur pour arriver à leur gauche, parce
que tout finit là : au cœur.
Notre écriture à nous, au Hoggar, est une
écriture de nomades parce qu'elle est toute en
bâtons qui sont les jambes de tous les troupeaux
: jambes d'hommes, jambes de méhara, de zébus,
de gazelles : tout ce qui parcourt le désert. Et puis
les croix disent que tu vas à droite ou à gauche,
et les points – tu vois, il y a beaucoup de points –
ce sont les étoiles pour nous conduire la nuit,
parce que nous les Sahariens, on ne connaît que
L’AMOUR DU DESERT
42
la route qui a pour guides, tour à tour, le soleil et
puis les étoiles. Et nous partons de notre cœur et
nous tournons autour de lui en cercles de plus en
plus grands, pour enlacer les autres cœurs dans
un cercle de vie, comme l'horizon autour de ton
troupeau et de toi-même. »
Poème attribué à Dassine tiré de “La Femme
Bleue” de Maguy Vautier. Editions Alternatives
L’AMOUR DU DESERT
44
-"Fils d’Adam Reçois le, même s’il est ton
ennemi."
-"La femme est la parure de la maison."
-"La femme est le pantalon de l’homme"
-"Le bien que tu fais à un homme n’est jamais
perdu."
-"Choisis comme ami celui qui te surpasse et
non celui que tu surpasses."
-"La Terre n’a qu’un soleil."
-"En voyage, décline ta communauté, tu seras
reçu par les tiens."
-"Toute famille à son terroir d’attache."
-"Le point d’attache, c’est le puits."
-"La coutume est une des rares choses difficile à
répudier."
L’AMOUR DU DESERT
45
-"Pour un homme, mieux vaut se casser la
jambe que casser sa parole."
-"Dignité souillée ne se lave pas à l’eau."
-"Il est plus facile d’être un homme de rien qu’un
homme de bien."
-"Fais ton devoir et ne sois pas tenté d’imiter
celui qui manque de civisme."
-"Les Hommes sont égaux, leurs actes les
différencient."
-"Tolérer vaut mieux que traîner le chagrin."
-"La solidarité est un remède pour le besoin."
-"Une faute commise par une personne peut
avoir une conséquence négative qui touche le
collectif."
-"Le même ventre produit différents êtres."
L’AMOUR DU DESERT
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Les fougaras
"Aman iman, akh issoudar" :
"L’eau c'est la vie, le lait c'est la
nourriture".
L’AMOUR DU DESERT
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Le Sahara
Désert aride
De chaleur torride
De sable brulant
Inhospitalier
Plein de serpents
Et de scorpions
Sec et sans eau
Il est menaçant
Il est repoussant
On ne peut y vivre
A mourir de soif
Rien que des mirages
La pierre, la rocaille
Des vents violents
Des grains étouffants
Déforment les dunes
La nuit est glaciale
Effritant la terre
Pas d’arbre debout
Pas de brin vivant
Aucune âme ne vit
L’AMOUR DU DESERT
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Sur le sol d’ici
Mais voilà qu'il vient
Noir, enturbanné
Suivi de sa femme
Il marche pied nu
Sans peur
Sans douleur
Va vers le rocher
Ferme et décidé
Il défie le temps
Et creuse un sillon
Au pas de la porte
De sa belle grotte
Sa fille engourdie
Assise à côté
Le regarde faire
Soudain le miracle
L’eau, claire et limpide
Se mit à couler
Jaillissante
Pétillante
Elle toucha la fille
L’AMOUR DU DESERT
51
Elle la réveilla
Elle la raviva
Sa mère s’écria
La vie
La vie est là
La femme planta
Elle rit, elle chanta
Ils pétrirent l’argile
Ils en firent des briques
Bâtirent une maison
Aimèrent et restèrent
D’autres arrivèrent
Aimèrent et restèrent
Ils eurent des enfants
Qui eurent des enfants
Et le Sahara devint oasis
De fruits, de dattes
De gazouillements
Et de couleurs vives
ils s'appelaient les foggaras
Auteur inconnu
L’AMOUR DU DESERT
55
« Les Touaregs vivent dans le Sahel et le
Sahara méridional, répartis entre plusieurs
groupements qui furent jusqu'au début de ce
siècle des unités politiques indépendantes. Par-
delà les frontières nationales qui les séparent
aujourd'hui, la langue qu'ils partagent leur
donne le sentiment de former une communauté.
Mais, autant que la langue elle-même, ce qui les
rassemble, eux qui se désignent comme les
«gens de la langue touarègue», ou les «gens de la
parole», c'est le souci du bien-parler.
Cette parole qui accorde une place singulière au
silence et au non-dit. Ces paroles échangées à
l'ombre des tentes et notamment la forme de
parole la plus précieuse, la poésie, mélancolique
ou guerrière.
Le maître mot de la poésie, dans son versant
élégiaque, est esuf, terme qui désigne aussi bien
la situation et les sentiments du délaissé que les
lieux désertés par les hommes. À ces acceptions
qu'il partage avec notre «solitude», le mot ajoute
L’AMOUR DU DESERT
56
une connotation qui lui est propre : celui dont
les Touaregs disent qu'«il est dans l'esuf», ou que
«l'esuf est en lui», est accompagné dans sa
solitude par le souvenir des moments enfuis où
elle ne l'habitait pas.
L'esuf est la solitude mêlée au sentiment vif
encore d'une présence maintenant abolie.
Fréquente dans les conversations comme dans
les poésies, une expression qu'on peut traduire
par «il (ou elle) me manque» laisse bien percevoir
cette connotation : «son esuf est en moi». L'esuf
de celui qui me manque est une solitude pleine
de sa présence. Les poètes sont censés composer
leurs vers lorsqu'ils sont dans la solitude, dans
l'esuf. Il est même des poèmes où l'esuf est
explicitement présenté, de concert avec la
«pensée tourmenteuse», comme source
d'inspiration poétique.
L'accès au langage n'est pas aux yeux des
Touaregs le même pour tous. L'art du bien-
parler est vu comme l'apanage des aristocrates,
le seul que leur aient laissé les misères du
L’AMOUR DU DESERT
57
temps, tandis qu'une indélébile réputation de
grossièreté verbale s'attache aux hommes du
commun : celui auquel vous parlez sait votre
place dans la hiérarchie sociale et ne vous
accorde pas la même écoute selon que vous êtes
noble ou ignoble ».
Casajus, Dominique. – Gens de parole. Langage, poésie et politique en pays touareg. Paris, Éditions La Découverte, 2000, 190 p
L’AMOUR DU DESERT
59
« JE NE SAIS PAS MON AGE.
Je suis né dans le désert du Sahara, sans
papiers.
Je suis né dans un campement de Nomades
Touaregs, entre Tombouctou et Gao, au nord du
Mali.
J’ai été le gardien des dromadaires, chèvres,
moutons et vaches de mon père.
Aujourd’hui j’étudie la gestion à l’université de
Montpellier.
Je suis célibataire.
Je défends les bergers Touaregs.
Je suis musulman. Sans fanatisme.
Quel beau turban !
C’est fait en fine toile de coton. Cela permet de
couvrir le visage, dans le désert, et de continuer
à voir et respirer...
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C’est d’un bleu très particulier.
- Nous, les Touaregs, sommes appelées “les
hommes bleus” pour cela. Le tissu déteint un
peu et notre peau prend cette couleur bleutée.
- Comment obtenez-vous cette couleur ?
- Avec une plante appelée indigo mélangée à
d’autres pigments naturels.
Pour les Touaregs, le bleu est la couleur du
monde.
- Pourquoi ?- C’est la couleur dominante : celle
du ciel, de nos tentes...
Qui sont les Touaregs ?
- Touareg signifie “abandonnés”, parce que nous
sommes un peuple de nomades du désert très
ancien. Nous sommes solitaires et orgueilleux.
On nous appelle aussi “les seigneurs du désert”.
Notre ethnie est Amazigh (Berbère), et notre
alphabet est Tifinagh.
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Vous êtes nombreux ?
- Trois millions environ. Et la majorité reste
nomade.
Mais la population diminue. Est-il besoin qu’un
peuple disparaisse pour qu’on sache qu’il a
existé ? Disait un sage...
Je lutte pour préserver mon peuple.
- Comment vivez-vous ?
- Nous nous occupons des troupeaux
(dromadaires, chèvres...) dans un royaume
immense et silencieux.
Le désert est très silencieux ?
- Quand on est seul dans ce silence, on entend
battre son cœur. Il n’y a pas de meilleur endroit
pour être seul.
Quel souvenir d’enfance avez-vous ?
Le réveil avec le soleil et au loin les chèvres de
mon père...Elles nous donnent du lait et de la
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viande. Nous les emmenons là où il y a de
l’herbe et de l’eau.
C’est ainsi que faisaient les anciens. C’est ainsi
que nous continuons de faire. Pour moi il n’y
avait rien d’autre et j’étais heureux comme ça.
Mais ce n’est pas très stimulant...
- Mais c’est beaucoup ! A sept ans on te laisse
déjà t’éloigner du campement pour que tu
apprennes des choses importantes : flairer l’air,
écouter, développer ton acuité visuelle, t’orienter
avec les étoiles... Et te laisser guider par le
dromadaire si tu te perds car il t’emmènera
toujours où il y a de l’eau.
Savoir tout cela a beaucoup de valeur.
Là, tout est simple et profond. Il existe peu de
choses et chacune d’elles a une immense valeur!
Nos deux mondes sont très différents.
Là, un petit rien peut te donner beaucoup de
bonheur.
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Toute chose est valorisée. Nous ressentons
beaucoup de joie à être ensemble. Personne ne
rêve d’être parce que nous le sommes déjà.
Qu’est-ce qui vous a le plus frappé lors de votre
voyage vers l’Europe ?
Voir les personnes courir dans l’aéroport. Dans
le désert, quand on court c’est parce qu’arrive
une tempête de sable.
J’ai eu peur...
Ils allaient chercher leurs bagages...
- Oui, c’est ça. J’ai aussi vu des affiches de
femmes nues. Je me suis demandé : pourquoi ce
manque de respect envers les femmes ? Ensuite,
à l’hôtel, j’ai vu le premier robinet d’eau.
Elle coulait si facilement. J’ai eu envie de
pleurer.
Quelle abondance et quel gâchis, non ?
- Tous les jours de ma vie ma préoccupation
principale était de trouver de l’eau.
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Quand je vois le nombre de fontaines qui
décorent la ville, je ressens une douleur
intense...
Tant que ça ?
- Oui ! Au début des années 90 – j’avais 12 ans -
il y a eu une grande sécheresse. Les animaux
mourraient. Nous sommes tombés malades. Ma
mère est morte.
Elle était tout pour moi. Elle me racontait des
histoires, m’enseignait comment raconter...Elle
m’a enseigné à être moi-même.
Qu’est-il arrivé à votre famille ?
J’ai convaincu mon père de me laisser aller à
l’école. Tous les jours.
Je marchais 15km. Jusqu’au jour où un
professeur m’a trouvé un endroit pour dormir et
une femme qui me donnait à manger, quand je
passais devant chez elle.
J’ai appris plus tard que c’était l’œuvre de ma
mère.
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Pourquoi cette envie d’étudier ?
Deux ans auparavant le rallye Paris-Dakar est
passé par notre campement. Une journaliste
avait laissé tomber un livre.
Je l’ai ramassé et lui ai rendu. Elle me l’a offert.
C’était un exemplaire du “Petit Prince”. Je me
suis promis de parvenir à le lire, un jour.
Et vous avez réussi. - Oui. C’est ainsi que j’ai
obtenu une bourse d’études et je suis venu en
France.
Un Touareg à l’université !
- Ce qui me manque le plus, ici, c’est le lait de
chamelle, la chaleur du feu, marcher pieds nus
sur le sable encore chaud...Là-bas on regarde
les étoiles toutes les nuits et chacune est
différente de l’autre. Les chèvres non plus ne se
ressemblent pas.
Ici, vous regardez la télévision.
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Que trouvez-vous de pire, ici ?
- Vous avez tout mais ce n’est pas assez. Vous
vous plaignez.
En France, les gens réclament tout le temps.
Vous vous emprisonnez votre vie à une dette
bancaire, un désir de posséder tout, de suite, et
ce n’est toujours pas suffisant.
Dans le désert, il n’y a pas d’embouteillages.
Vous savez pourquoi ? Parce que personne ne
veut dépasser personne.
Racontez-moi un moment très heureux dans
votre lointain désert.
Tous les jours, un peu avant le coucher du
soleil, la température baisse. Ce n’est pas encore
le froid. Les hommes et les animaux, lentement,
rejoignent le campement. Leurs silhouettes se
découpent dans un ciel rose, bleu, jaune, rouge,
orangé...
Fascinant. - C’est un moment magique. On
rejoint tous la tente et on fait bouillir l’eau pour
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le thé. On s’assoie en silence et on écoute l’eau
bouillir.
La paix nous envahit et nos cœurs battent au
rythme de l’eau en ébullition.
Quel calme !
Ici vous avez des montres.
Là-bas nous avons le temps.
Vous avez la montre et j’ai le temps.
Dans nos vies, le temps ne doit pas être à
peine celui qu’indique votre montre.
Combien de fois vous dites : je n’ai pas le
temps ?
Le temps est comme une rivière.
Vous ne pouvez pas toucher deux fois la
même eau parce que l’eau est passée et ne
repassera plus. »
Une interview réalisée avec un homme bleu par :
Víctor-m. Amela a: Moussa Ag Assarid
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UN AMOR DE LONH
« Remembra.m d’un amor de lonh
Vau de talan embroncs e clis
Si que chans ni flor d’albespis
No.m platz plus que l’inverns gelatz
[…]
Quan drutz lonhdas et tan vezis
Qu’ab cortes ginh jauzis solatz
Iratz e dolens m’en partirai
S’eu no vei cest’amor de lonh
No.msai quora mais la virai
Que tan son nostras terras lonh
Assatz i a pas e camis
E per aisso non.n sui devis
Mas tot sia com lei platz »
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UN AMOUR DE LOIN
« Je me souviens d’un amour de loin
De désir je vais morne et courbé
Si bien que chant et fleur d’aubépine
Ne me plaisent pas plus que l’hiver gelé
[…]
Quand l’amant de loin sera si proche
Qu’avec l’esprit courtois il pourra jouir du plaisir
Triste et malheureux je m’en éloignerai
Si je ne vois cet amour de loin
Mais je ne sais quand je la reverrai
Car nos pays sont trop lointains
Il y a tant de passages et de chemins
Et pour cela je ne puis rien deviner
Mais que tout soit comme il lui plaît »
Jaufré Rudel (v. 1100-v. 1150), Extrait de la cançon « Lanquan li jorn son lonc en mai... »* in La Pensée de midi, N° 11. Hiver 2003-2004, p. 165.
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Bibliographie
[1]. Amin Maalouf. L’amour de loin. Editions
Grasset (2001)
[2]. Charles Marie Leconte de Lisle. Le désert.
[en ligne]
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/po
emes/charles_marie_leconte_de_lisle/le_desert.h
tml [Consulté le 10/08/2011]
[3]. L’histoire de Moussa et Dassine en pays
targui.
[en ligne]
http://ghadames.artblog.fr/592264/L-Histoire-
de-Dassine-et-Moussa-en-pays-targui/ [Consulté le 03 octobre 2011]
[4]. Djamel Benmerad. Légende de Moussa et Dassine. [en ligne]
http://ghadames.artblog.fr/592264/L-Histoire-
de-Dassine-et-Moussa-en-pays-targui/
[Consulté le 14/08/2011] [5]. Qui était Dassine. Association Sauvez l’Imzad
[en ligne]
http://www.imzadanzad.com/dassine1.html?cu
rrent=four&sub=f [Consulté le 15/08/2011]
[6]. L’Imzad. Association Sauvez l’Imzad
[en ligne] www.imzadanzad.com [Consulté le
15/08/2011]
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74
[7]. Dassine, poètesse de l’Ahaggar. Poème
attribué à Dassine. Maguy Vautier “La Femme
Bleue”. Editions Alternatives [en ligne]
http://danae.unblog.fr/2008/02/16/dassine-poetesse-de-lahaggar/ [Consulté le 10/08/2011]
[8]. Casajus, Dominique – Gens de parole. Langage, poésie et politique en pays touareg.
Paris, Éditions La Découverte, 2000, 190 p
[en ligne] http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00104560/fr/ [Consulté le
10/12/2011]
[9]. Le Sahara. Légende des foggaras. Auteur
inconnu [en ligne]
http://ddameznek.wordpress.com/2011/04/19/le-sahara-la-legende-des-foggaras/ [consulté le
10/08/2011]
[10]. Víctor-m. Amela a: Moussa Ag Assarid Interview réalisée avec un homme bleu. [en ligne]
www.ecoutetpartage.fr/diaporamas-videos/Touaregs.pps [Consulté le 20/08/2011]
[11]. Jaufré Rudel (v. 1100-v. 1150), Un amour de loin. Extrait de la cançon « Lanquan li jorn son lonc en mai... »* in La Pensée de midi, N° 11.
Hiver 2003-2004, p.165. [en ligne] http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/
2007/04/jaufr_rudelun_a.html [Consulté le
06/01/2012]
Remerciements
Je tiens à remercier les personnes suivantes :
…Mme Farida Sellal, de l’association Sauvez
l’Imzad
…Mr Victor Amela, personnalité publique
espagnole,
…Mr Djamel Benmerad, journaliste et écrivain
…Mr Dominique Casajus, directeur de recherche
CNRS, pour son très gentil mail et ses remarques
d’universitaire émérite.
…Mme Sabine Bledniak des Editions Alternatives
…Sans leur autorisation, ce recueil n’aurait pu
voir le jour…
Tata Maryse pour ses corrections,
Et Mohamed Abbad pour ses conseils lors de la
finalisation de la couverture.
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