Le Déclic : Vers une conscience tellurienne. Résumé et Projet

PROJET EURIAS (texte original complet,03.06.2015)

Titre provisoire : LE DÉCLIC :

VERS UNE CONSCIENCE TELLURIENNE

Le devenir de l'humanité se joue aussi dans le devenir de la conscienceEdgar Morin

Le futur n'est écrit nulle part : il sera ce que nous ferons de lui.Amin Maalouf

RÉSUMÉ

Ce travail sera dédié à la mémoire des 9millions d'êtres humains assassinés il y a 100ans pendant la Première guerre mondiale, des 60millions d'autres êtres humains assassinés il ya 75 ans pendant la Seconde guerre mondiale, etdes centaines de milliers ou des millionsd'êtres humains qui sont assassinés depuis,pendant nos vies actuelles, non seulement parles guerres, massacres et génocides, maisencore par notre ignorance, notre bêtise, notreincurie et notre cupidité criminelles, causesde la débâcle écologique que nous vivons, etcela sans que, faute de conscienceintellectuelle et morale, nous intervenionspour empêcher ces assassinats, en attendantd'être nous-mêmes assassinés par d'autreshumains dépourvus, comme nous, de touteconscience et de toute humanité.

9/11/22 :15:35 1 Sergey Muraviev

L’ambition de ce travail, qui a pour source principale d'inspiration la Pensée complexe ou transdisciplinaire et l'anthropo-politique d'Edgar Morin, est de servir de Déclic en vue d’amorcer d'urgence l’élaboration collective mondiale d'uneÉbauche de projet scientifique en vue de mettre au point une Stratégie dynamique appelée à conjurer, tant qu’il est encore temps, la chute de l’humanité dans le triple gouffre :

1) de nouvelles guerres mondiales, locales et civiles suicidaires,

2) d’une dégradation écologique et physiologique irréversible des conditions de vie, de santé physique, psychique et génétique et de survie des humains sur la planète Terre et

3) d’une déchéance concomitante des fondements moraux, intellectuels et matériels de notre civilisation tellurienne.

Un des principaux moyens d’y contribuer serait d’œuvrer pour l’instauration d’une conscience tellurienne planétaire où l’appartenance au genre humain l’emporterait sur l’éthnicité, la nationalité, la religion, l'idéologie et les autres éléments de l'identité humaine collective et individuelle.

Ceci exigerait une refonte de la pensée et de la culture, autrement dit de la NOOSPHÈRE humaine, via la fondation d'une discipline ad hoc, la NOOSOPHIE (ou MÉTA-NOOLOGIE) qui aurait pour tâche de concevoir une approche INTÉGRALE (cognitive-créative-productive) de la crise actuelle de l’humanité et notamment: d'en établir les causes (ÉTIOLOGIE NOOSOPHIQUE), d'en fixer le but et la stratégie (PROJECTION NOOSOPHIQUE) et d'endéfinir la tactique (PRAGMATIQUE NOOSOPHIQUE).


Il va de soi que cette réforme intellectuelle EN MARCHE se concevrait, se structurerait et évoluerait en boucle/spirale rétroactive/ récursive dialogique et en corrélation/confrontation étroite, d'une part, avec le développement de la NOOLOGIE GÉNÉRALE et, d'autre part, avec lespratiques réformistes/révolutionnaires que l'une et l'autre, ainsique d'autres théories, doctrines ou idéologies concurrentes, engendreraient parallèlement.

Le projet actuel (dont le texte présent ne donne qu’un avant-goût) a pour objectif de concevoir et formuler, dans les conditions les plus propices au bon déroulement et au succès de sa rédaction, une première ébauche de cette approche intégrale.

Le but pratique initial de cette approche pourrait consister àcréer une base de données universelle de type Wiki offrant à tous un accès facile aux informations pertinentes existantes et une plateforme ouverte à la discussion qui fédérerait toutes les initiatives d'où qu'elles viennent, et ce dans un esprit de coopération, de tolérance et de compromission.

PROJET (PRÉSENTATION DÉTAILLÉE DE L' ÉBAUCHE)

Avertissement. Bien que conçu en tant que présentation d'un travail que je me propose d'effectuer dans le cadre d'une bourse de recherche de 10 mois, le texte ci-dessous est


en fait la première ébauche d'un Projet beaucoup plus vaste ayant pour finalité ultime,de mettre sur pied une Stratégie appelée à conjurer, tant qu’il est encore temps, la chutede l’humanité dans le triple gouffre :

1) de nouvelles guerres mondiales, locales et civiles suicidaires,

2) d’une dégradation écologique et physiologique irréversible des conditions de vie, de santé physique, psychique et génétique et de survie des humains sur la planète Terre et

3) d’une déchéance concomitante des fondements moraux, intellectuels et matériels de notre civilisation tellurienne.

(L'humanité fait actuellement face à tout unbouquet de crises mettant son existence en péril, mais le danger que présentent celles-ci est particulièrement grave et nécessite des mesures particulièrement urgentes.)

Il faut donc distinguer ci-dessous, d'une part, ce qui se rapporte directement au travailque j'envisage d'effectuer en dix mois, à savoir la rédaction du Projet de Stratégie et la mise en chantier d'une Base de données ad hoc(ch. I), de l'élaboration de la Stratégie elle-même, laquelle sera beaucoup plus ardue et exigera la coopération de tout un collectif de


penseurs et chercheurs que la publication du Projet et la mise en chantier de la Base seraient appelées à fédérer.

Autre point important. En tant qu'auteur de cette Ébauche, futur auteur du Projet et concepteur de la Base, j'inscris mon activité dans le droit fil de la Pensée complexe d'EdgarMorin et je m'inspire des idées que celui-ci énonce dans ses ouvrages touchant de près ou deloin à sa vision de l'âge de fer (qui se poursuit) de l'ère planétaire dans laquelle l'humanité est entrée en 1492 et à son anthropo-politique (sans pour autant partager nécessairement toutes ses opinions). C'est à E.Morin qu'appartient l'idée de Stratégie du futur. Dans ce qui suit, je suppose donc chez le lecteur une certaine familiarité avec l'œuvre monumentale de ce penseur hors pair. À noter toutefois qu'il sera également tenu compte, dans un esprit de compréhension mutuelle et de coopération, de toutes les idéespertinentes d'où qu'elles viennent.

I. Antécédents et finalité

L’auteur de cette Ébauche, —• partant de la Pensée complexe (1982, 1990)


(ou Méthode, 1977-2008) d’Edgar Morin, de la Transdisciplinarité de Besarab Nicolescu (1987, 1996) et de la Charte de la transdisciplinaritéqu'ils ont rédigée ensemble (avec Lima de Freitas) en 1994 (adopté par l'Arrábida Convento), — conception universelle nouvelle dela connaissance scientifique et des moyens pourelle d'éviter erreurs et illusions, conception inégalée, mais insuffisamment connue, imparfaitement diffusée, très superficiellementcomprise et n’offrant encore que les grandes lignes de ce qui serait l’Organon du troisième millénaire de notre ère ;

• partant aussi et surtout des ébauches d'une anthropo-politique développée par E. Morin dans le sillage de sa Méthode (Morin 1965, 1981/2004, 1993, 2007a, 2007b, 2010a, 2010b, 2011).

• s’appuyant sur la tradition millénaire de lutte pour un monde uni et sans guerres, pour une citoyenneté mondiale (de la Bible à nos jours, en passant par Homère, Héraclite, les Stoïciens, Montaigne, Grotius, Montesquieu, Kant, Locke, Jaurès et tant d'autres...) ; sur la tradition philosophique récente des cosmistes russes, riche en prémonitions lucides (malgré lecontexte totalitaire étouffant dans lequel elledevait évoluer) et encore mal connue en


Occident, (Fyodorov 1906, Mouravieff 1924, Florenski 1929, Vernadski 1926, 1940, 1945, Tsiolkovski 1925, Tchijevski 1937...) et sur les intuitions de quelques philosophes français(Bergson 1907, 1922, Le Roy 1927, Teilhard de Chardin 1922...) — les premiers (après Platon ?) à avoir entrevu l’existence, au-delà (ou au-dedans) de la biosphère terrestre dont nous sommes issus, d’une mystérieuse mais réelle sphère anthropogène mentale et culturelle autonome, la noosphère, constituée dela totalité des « êtres mentaux » générés par, et exerçant une rétroaction sur, les cerveaux humains depuis que l’humanité s’est dotée d’uneconscience (s'est hominisée)

• compte tenu aussi des variantes actuellement proposées dérivées de, ou parallèles à, ou complétant, l’approche morinienne (László 1996, 1999, Nicolescu 1996, Lovelock 2006, Ricard 2013...) ; et des multiples savoirs accumulés par la mouvance écologique du XXe s. (exemples : Paccalet 2006, Grimaldi 2012);

• convaincu que, maintenant plus que jamais,l’enjeu est de parer au plus pressé — et non encore,comme le croyaient les cosmistes et le croient toujours certains transhumanistes et transpersonnalistes modernes, de


« perfectionner » physiquement les humains (par divers moyens techniques, biologiques et sociaux...), sans parler a fortiori de leur accession à une longévité cryophysique ou une immortalité physiologique tant soit peu crédibles ;

• n'excluant pas, toutefois, mais appelant de ses vœux un autoperfectionnement individuel cognitif, moral et psychique des humains au moyen de l'éducation, l'autodidaxie et de pratiques d'auto-suggestion, de concentration et de méditation (exemple : Ricard 2013), ou d'origine religieuse, ni un autoperfectionnement social spontané venant desinitiatives populaires (Morin 2011) ;

— l’auteur de cette ébauche aspire à prendre part aux efforts en vue de conjurer les menaces aujourd’hui les plus brûlantes : celle de la méga-mort, l’extinction brutale du genre humain dans une guerre qui lui serait fatale, ou celle de sa lente et inexorable agonie, de son déperissement graduel du fait de la dégradation physiologique et morale anthropogène des humains et des conditions de leur survie sur la planète Terre ; et ce, en contribuant à une étude systématique des éléments pertinents de la biosphère et de la noosphère actuelles et en déblayant les voies d’accès théoriqueset pratiques à une conscience planétaire telluriennesans laquelle toute tentative en ce sens serait vouée à l'échec.


C'est à cette fin qu'il se propose, dans le cadre de cette bourse de recherche, de rédiger un Projet de Stratégie et de mettre en chantierune Base de données devant réunir toute l'information nécessaire à ce travail.

II. Définition et taxinomie

Sa définition de travail de la conscience tellurienne serait donc la suivante :

Est dite tellurienne la conscience (intellectuelle etmorale) de tout être humain de la Terre pour qui son identité d'être humain a la priorité par rapport à toutes ses autres identités (religieuse,idéologique, nationale, éthnique, régionale etc.),et son allégeance à la survie de l'Humanité a la priorité par rapport à toutes ses autres affiliations sociales, sauf, peut-être, à la survie de ses proches.

Plus largement elle se confondrait avec la conscience cosmique et l'allégeance à la vie :

Ressentir en soi-même, de façon existentielle, esthétique, éthique, l'appartenance au cosmos, <l'appartenance à la Terre, > l'appartenance à la vie, qui nous désingularisent, <qui> font de nous des êtres péninsulaires, participant à la


gigantesque et fabuleuse aventure cosmique, comme à l'aventure de la vie. (E. Morin, L'aventure de La Méthode, 2015, p. 88.)

L'enquête philoso-anthropo-socio-sophique ébauchée ici ne relèverait d’aucune discipline existante, et on pourrait même se poser la question (oiseuse ?) de savoir si elle relèverait de la science, de la philosophie ou d’un domaine tiers tel que la politique, l’éthique, la religion ou certains courants de pensée dits « ésotériques ». En fait, elle ferait flèche de tout bois, comme l'exige d'ailleurs sa trans- (ou exo-) disciplinarité.

Globalement, certes, elle s’inscrirait dans la « Cause commune » des cosmistes d’antan et des transhumanistes actuels, où Cause désigne une activité combinant cognition, création, production et optimisation biologique et moralede l’espèce humaine, voire spiritualisation de l’univers et accession à l’immortalité : libre à l’humanité de faire ce choix ultérieurement, ou d’y renoncer. Au stade actuel (avril-mai 2015), il n’est question que de lui faire franchir un tout premier pas hésitant vers la constitution d’un volet conceptuel pragmatique (= d’une « science » appliquée) de la noosophie (ou méta-noologie), discipline philosophique encore naissante de la noosphère qui en


conceptualiserait le passé, constaterait le présent et surtout concevrait le futur. C'est àce dernier volet, qui serait un premier pas créant une réalité culturelle nouvelle: une recherche aboutissant non à des théories sur cequi fut ou ce qui est, mais à une conscience pragmatique de l'inexistence de ce qui devrait être mais n'est pas et des moyens de l'obtenir, que seraient avant tout consacrés nos efforts.

Taxonomiquement, cette recherche ne serait donc pas seulement scientifique (noo-logique au sens étroit), mais encore créatrice (noo-sophique/noo-urgique/noo-ctistique), appelée moins àproduire un savoir, des connaissances nouvelles sur une réalité présente ou passée, qu'à élaborer, à partir d’un tel savoir, une stratégiepraxique et à aboutir à une activité créatrice future visant à contribuer à l’émergence sur la Terre d’une réalité sociale nouvelle et à l'instauration dans la noosphère culturelle d'une sagesse pragmatique encore inexistante.

Elle aurait pour mission de commencer à tracer les voies par lesquelles l’humanité pourrait sortir de sa crise actuelle et de l’impasse suicidaire dans laquelle elle s’engage de plus en plus profondément et irréversiblement.

Elle aurait aussi pour mission de


contribuer, par contrecoup, à alléger les souffrances que, volontairement ou par ignorance, l’humanité ne cesse de s’infliger à elle-même en les personnes de ses membres les plus démunis et les plus humbles.

III. Noosophie intégrale

En soi, la démarche noosophique générale revêtirait donc trois aspects complémentaires différents qui, ensemble, permettraient de concevoir une approche INTÉGRALE (cognitive-projective-créative) de la crise actuelle de l’humanité:

1) un aspect historico-cognitif (scientifique au sens étroit) qui devrait répondre à la question « comment en sommes-nousarrivés là ? »

[étiologie noosophique = les CAUSES] ; 2) un aspect d'ordre axiologique (éthique)

et créatif (conceptionnel) qui devrait répondreà deux questions capitales :

a) « quelle devrait être l’humanité en laquelle nous souhaiterions transformer celle dans laquelle nous vivons ? »

[téléologie noosophique = le BUT]

et b) « comment faudrait-il s'y prendre pour que cette transformation se fasse sans


qu'elle ne dégénère en son contraire du fait del’écologie de l’action ? »

[méthodologie noosophique = la STRATÉGIE]

et 3) un aspect pratique, responsable de l'élaboration et de la mise en œuvre des modalités morales, politico-socio-économiques et pédagogiques de l’action hic et nunc d’une humanité devenue consciente des CAUSES, du BUT et de la STRATÉGIE

[pragmatologie noosophique = la TACTIQUE].

[Ce schéma n'est encore qu'une esquisse qui exigera bon nombre d'ajustements. Et la nomenclature en est encore, naturellement, toutà fait provisoire...]

Pareille réaction intégrale serait en même temps la première pierre de la planétarisation mentale et, par le truchement de la Tactique, la première feuille de route de la planétarisation en acte.

IV. Bagage

Sur quel corpus de savoirs s'appuierait avant tout cette prospection noosophique ?

C'est la méthode trans-(/exo-)disciplinaire d’une connaissance complexe — fruit de


l’intégration, dans la vision anthropo-socio-bio-cosmique de notre univers, des résultats les plus remarquables et révolutionnaires des sciences modernes (tant humaines et sociales que naturelles et formelles) et de la prise en ligne de compte des antagonismes qu'elle permetde détecter entre savoirs complémentaires, — qui nous fournirait les bases théoriques anthropo-cosmiques et anthropo-bio-socio-cognitivo-noologiques fondamentales nécessairesà ce travail, à savoir :

• une synthèse très générale de nos connaissances et ignorances concrètes sur la nature et l’histoire de notre univers et de la vie sur la Terre [Morin, La M. t. 1 et 2 avec toutes leurs références] (travaux modernes en astronomie, astrophysique, théorie de la relativité, théorie quantique, microphysique, chimie, sciences biologiques et sociales, théories du chaos, des systèmes...) en tant que :

1) succession, par paliers de complexification croissante, du degré d’organisation des systèmes ;

2) émergence, sur chaque palier plus complexe, de qualités nouvelles (travaux d’Henri Atlan, Heinz von Förster, Magoroh Maruyama, Ilya Prigogine...) — du big bang et


des quarks aux près de cent milliards de neurones du cerveau humain (du chaos à l’ordre,de l’objet au système, des organisations aux êtres machines non-triviaux ; de l’atome à la molécule et à la cellule vivante ; de l’amibe aux primates, d’homo erectus à homo sapiens/demens,de la société primitive à l'humanité planétaire, de la conscience crépusculaire des hominiens à la clairvoyance tellurienne de demain...) ; et que

3) conglomérat de territoires inexplorés et mystérieux du réel que laissent entrevoir les résultats déconcertants d'expériences scientifiques avérées (commes celles d'Alain Aspect et Nicolas Gisin), voire des éléments del'expérience humaine non homologués/non expliqués par la science ;

• une synthèse ou un passage en revue de nosconnaissances, savoir-faire et ignorances abstraites formelles/formalisables, virtuelles,computiques, symboliques, sémantiques... (mathématiques, logiques, linguistiques, informatiques, cryptologiques...) et une détermination des avantages et défauts inhérents à leur caractère abstrait ;

• une théorie plus détaillée de la genèse, et une histoire succincte du développement et du fonctionnement, de la conscience et des


cultures humaines de l’hominisation à nos jours (paléoanthropologie, culturologie, neurologie, sciences cognitives, etc., travaux de... Morin, Humberto Maturana, Francisco Varela, de l'Institut intégral, du Mind and Life Institute...) ;

• une théorie naissante de la noosphère (en tant que milieu englobant toutes les entités dela réalité culturelle : langues, notions/concepts, symboles ; mythes, usages, lois, idées, normes, religions ; idéologies, doctrines, sciences; œuvres de fiction littéraire, œuvres d'art ; rêves, hallucinations... — présents virtuellement à chaque époque dans les esprits/cerveaux individuels/ collectifs des humains et symboliquement sur d'innombrables supports matériels, et exerçant une action en retour surces cerveaux) (travaux de Vladimir Vernadski, Pierre Teilhard de Chardin, Edouard Le Roy, Valérien Mouravieff, Paul Florenski, Karl Popper, Jacques Monod, Pierre Auger...), théorie encore restreinte chez Morin au domainedes idées (doctrines, idéologies, théories) [La M. t. 4] ;

• une (méta-)épistémologie complexe et détaillée, débouchant sur une rationalité ouverte et comportant une analyse critique des


carences bio-socio-mytho-idéo-logiques de la connaissance scientifique (le grand paradigme cartésien : déterminisme, simplification, disjonction, fragmentation...) et des stéréotypes conservateurs invisibles incrustés au cœur même des systèmes scientifiques (paradigmes, imprintings, normalisations, rationalisations...) influant sur les connaissances et les croyances et, partant, surles consciences et la Conscience [La M. t. 3 et passim : c'est ce qui constitue l'essentiel dela Pensée complexe de Morin dans La Méthode, en particulier dans la Connaissance de la Commaissance] ;

• une ébauche de (méta-)éthique consensuellenon-normative, complexe et dynamique, reposant sur, et nourrie par, une conscience individuelle et planétaire librement adoptée [cf. La M. t. 6].

V. Programme

À partir de là, compte tenu des correctifs que cette méthode complexe/trans-(/exo-)disciplinaire apporteraità notre compréhension de la connaissance et à notre savoir, nous pourrions reconstruire les CAUSES et l’HISTOIRE culturelle/noologique de


l’humanité, dresser un ÉTAT DES LIEUX et identifier les ANTAGONISMES basiques de la noosphère actuelle, — état des lieux et antagonismes qui tendraient à soumettre les « choses de l’esprit » qui les constituent, et les ACTEURS qui la génèrent/modifient, à un TRI axiologique préalable en fonction des valeurs planétaires qu’elles véhiculent ou contredisentet notamment de distinguer les entités noologiques bénéfiques (et leurs acteurs/porteurs respectifs) des « égrégores » neutres ou maléfiques.

S’agissant du BUT, la première chose à faire consisterait justement à concevoir une AXIOLOGIE dynamique — laquelle, partant des valeurs universelles actuellement admises et reconnues,fixerait une éthique-cible, ou MORALE (PLANÉTAIRE) IDÉALE. Le second élément du BUT serait la construction d’une UTOPIE (PLANÉTAIRE) IDÉALE dynamique tenant compte de l’éthique-cible et qui aurait pour fonction non pas d’être réalisée, mais de servir de point de mire évolutiforientant la MARCHE. Troisième élément indispensable: dresser une liste des OBJECTIFS à atteindre.

Morale et utopie idéales seraient (corrélativement) dynamiques : leurs contenus


devraient pouvoir s’adapter, se prêter à des ajustements permanents au fur et à mesure des évolutions de l’ensemble du projet et compte tenu des progrès/régressions de la pensée, de la science et de la technique, ainsi que des obstacles et autres urgences imprévues. En tantque principe, ce dynamisme serait d’ailleurs undes éléments cruciaux de la STRATÉGIE, laquelle, tout en fixant des yeux le cap, le point de mire, l’utopie (les idéaux asymptotiques), n’hésiterait pas à changer d’itinéraire, voire à mouiller l’ancre ou à rebrousser chemin chaque fois que des tempêtes, des récifs, des calmes plats ou des obstacles imprévus l’exigeraient.

La STRATÉGIE (à long terme ou asymptotique) comporterait — ce ne sont là que des exemples (dans le désordre) — des éléments tels que l'élaboration de modes et procédures : de gouvernance planétaire, régionale et locale démocratique plus ou moins participative (cf. holacratie, sociocratie, adhocratie, intelligence collective...) ; l’instauration etla propagation d’une citoyenneté du monde ; la réduction graduelle du pouvoir des Etats ; la déparadigmatisation, désintoxication, déstéréotypisation, dézombification noologique


des individus et des groupes ; la promotion d'une bipolarité base-sommet de toute action globale ; la planétarisation par en-bas, par le biais de la démocratie participative locale,contrebalançant une planétarisation par en-haut, dont seraient chargées des « organisations planétaires » spécialisées ; ladémilitarisation, la débureaucratisation, la déclassification graduelle des produits de l'espionnage et du renseignement ; toutes les formes souples de (con)fédéralisation ; ainsi que les moyens de prévenir, neutraliser, voire traiter les effets pervers de la stupidité, de la démence, de l'amoralité congénitales d'un pourcentage d'humains victimes des dégradationsmorbides antérieures de l'environnement naturelet social... Et, tâches principales, la construction d'une organisation planétaire libre des excès, discriminations, ségrégations et inégalités politiques, économiques, patrimoniales, financières, sociales, géographiques actuelles du capitalisme, abandonnant la justice prohibitive et punitive en faveur d'une justice préventive et éducative, instituant une nouvelle économie vertueuse dont les principes devraient encore être patiemment déterminés...

Ce serait là, en cas de succès, le lit de


Procuste, ou de mort, de la politique autoritaire et de l'économie libérale concurrentielle, telles que conçues par Machiavel et Adam Smith...

La TACTIQUE (ou stratégie à bref et moyen termes) n’entrerait en jeu qu’une fois conçue et adoptée une première STRATÉGIE générale et serait ensuite fonction de l’actualité, des aléas, des succès et des revers de la MARCHE. Samission serait de nous préparer à l'imprévisible afin d'être toujours prêts à l'affronter. Elle recourrait encore partiellement à la politique et à l'économie à brève échéance. Ce serait à la fois la tâche laplus brûlante et la plus dure, la plus révolutionnaire et la plus dangereuse, dont il est encore trop tôt de parler en détail.

Il est toutefois certain qu’elle se ferait parallèlement à l’étude des CAUSES et des ACTEURS, à la définition du BUT et la construction de l’UTOPIE, à l’élaboration de l’AXIOLOGIE et de la MORALE, et consisterait en particulier à soumettre à des débats contradictoires tel ou tel sujet concret de chacun de ces thèmes et de celui de la STRATÉGIE.

Elle obéirait à un CODE MORAL intérimaire annoncé d’avance, rudimentaire et minimaliste,


où une place importante reviendrait à la non-violence, à la tolérance, à la liberté d’expression, à l’activité éducative, à l’esprit d’ouverture, à l’entraide et à la solidarité, à la démocratie participative, à laprobité scientifique... etc.

Et c’est par l’élaboration d'un tel CODE MORAL, aussi largement consensuel et pluraliste que possible, ne retenant que tout ce qui rassemble la grande majorité des humains et visant à mobiliser un maximum de bonnes volontés indépendamment de toute affiliation religieuse ou idéologique (pourvu qu’elles soient compatibles avec le BUT), que la TACTIQUE pourrait commencer de prime abord à se constituer...

VI. Le Temps

Une place à part dans l'ébauche de Projet serait réservée au problème philosopho-physico-anthropo-noo-sophique hyperstratégique (à très longue échéance) du TEMPS en tant que coordonnéephysique fondamentale du DEVENIR, de la VIE et dela MORT. Car ce qui différencie le plus l’anthropo-noo-sophie à la fois de la science et, à un moindre degré, de la philosophie, c’est son domaine spatio-temporel et sa raison d'être : la (SUR)VIE collective et individuelle,


intellectuelle, esthétique et affective des humains dans ce qu'еlle a de plus précieux, voire sa propagation au-delà de la Terre et du Système solaire...

De par leurs objets et résultats les sciences et les systèmes philosophiques sont soit intemporels, soit historiques. Le domainede la noosophie serait, lui, avant tout temporel,mais anhistorique, relèverait du futur, de l'avenir, du devenir des humains de la planète Terre et de son environnement cosmique — de l’avenir événementiel de l’humanité et du système solaire —, autrement dit non de l’ÉTANT ou de l’AYANT-ÉTÉ, mais du NON-(ENCORE)-ÉTANT ou d’un étant potentiel susceptible, ou non, de s’actualiser.

Il est vrai que l’avenir/le devenir sont considérés comme l'apanage de disciplines scientifiques telles que la futurologie ou la prospective, mais celles-ci, primo, sont destinées à prévoir/prédire un avenir supposé déterminé par le présent et le passé (or le déterminisme, même s’il se confirme malgré la place que l'aléatoire revendique de plus en plus dans les sciences les plus dures, est un concept inopérant à défaut d’une connaissance totale des états-causes antérieurs et ne


permettant que des prévisions plus ou moins fiables à très court terme) ; et, secundo, ces disciplines ne sont capables de prédire/prévoirque par extrapolation (à partir de notre connaissance/ compréhension imparfaites du présent et du passé). Leur pouvoir de prédiction est de ce fait soit incertain (comporte des alternatives) et très limité dansle temps, soit nul. Ces disciplines ne fonctionnent plus ou moins fiablement que pour la prévision d’événements récursifs réguliers et/ou peu distants et stochastiquement très probables (comme les trajectoires des corps du système solaire ou le temps — weather — qu'il fera dans quinze jours).

De plus, la philosopho-physico-anthropo-noosophie du temps étudierait les éventuelles possibilités, pour l'espèce humaine, de surmonter/contourner les barrières que serait pour elle la vitesse maximale de propаgation durayonnement électromagnétique. Car l'humanité, si elle survit, et qu'elle le souhaite ou non, devra bientôt s'expatrier dans d'autres planètes habitables.

VII. Nec plus ultra.

« Rien de plus au-delà ». En tout cas pour le


moment. Ce programme a besoin d'être développé.Et il le sera déjà considérablement dans quatorze mois — s'il est accepté aujourd'hui enl'état, soutenu par des compagnons d'idées, repris par de plus jeunes, si le déclic claque comme un tocsin... Sinon... Nous sommes tous mortels. Et l'humanité aussi. «Il faut tout réinventer », dit Edgar Morin. Ma seule ambition est de mettre la main à la pâte de cette réinvention désespérée.

L’objet de la recherche proposée ici est donc absolument concret et peut être formulé ainsi. Étant reconnu qu’au moment que nous traversons, l’humanité est en train de dégringoler dans un abîme socio-politique, économique, écologique et moral dont elle risque de ne jamais sortir — ou seulement au prix de sacrifices tels qu’il lui faudrait des siècles, voire des millénaires, pour récupérer une infime partie de ses acquis actuels ou s’en doter de nouveaux, — il est urgent d’élaborer un « programme » de sauvetage ad hoc, comme celui dont je viens d'ébaucher les grandes lignes. De là l'intérêt grandissant que je porte depuis un certain temps à l’analyse des mécanismes de cette déchéance catastrophique et à la quête des moyens d’éviter le pire, recherche dont cette Ébauche de projet ne serait qu'un des premiers fruits.

Comme elle exige de son auteur une familiarité peu commune avec l’histoire de la connaissance, la pensée philosophique et les


acquis les plus récents des sciences exactes, naturelles, sociales, humaines et formelles et,bien entendu, les toutes dernières découvertes,conceptions et idées neuves pertinentes des disciplines anthropo-noo-sophiques et telluriennes naissantes, alors que l’auteur de ces lignes est forcément un novice dans ces territoires encore quasi inexplorés, il aurait besoin, pour mener à bien ce travail préparatoire, de conditions aussi propices que possible à la recherche et d’un accès aisé à une littérature spécialisée aussi vaste et diversifiée que possible. Seules des institutions telles que les Instituts d’Études Avancées seraient susceptibles de les lui créer.

C’est ce qui explique pourquoi, malgré les avantages et les carences de son âge et vu certaines lacunes de son background académique,contrebalancées, il est vrai, par les plus de 200 articles et 18 livres publiés sur d’autres sujets philosophiques, philologiques et historiques, vu aussi la paucité de ses moyens actuels, il a décidé de briguer l'aide proposée.

RÉFÉRENCES ET LIENS SOMMAIRES


Aspect, Alain — A. Aspect, J. Dalibard, G. Roger, « Experimental Test of Bell's Inequalities Using Time-Varying Analyzers », dans Physical Review Letters, Vol. 49, Iss. 25, p. 1804–1807 (1982); « Alain Aspect », « Expérience d'Aspect », Wiki

Atlan, Henri — Entre le cristal et la fumée. Essai sur l'organisation du vivant. Paris, Seuil, 1979; Wiki

Auger, Pierre — L'homme microscopique, Flammarion, Paris, 1966; Wiki

Bergson, Henri 1907 — L'Évolution créatrice.1922 — Durée et simultanéité. À propos de la théorie d'Einstein (1922)

Bible — Osée 10:13-14, 12:6; Isaïe 2:4; 136, 16-17; Jérémie 7:5-7

Charte = Charte de la transdisciplinarité 1994 —http://ciret-transdisciplinarity.org/chart.php#fr

Chizhevsky = TchijevskiFlorenski, Paul 1929 — Rus. cosm. 1993, c. 165 Förster, Heinz von — Selected Papers, 1978; Observing

Systems, 1982de Freytas, Morin, Nicolescu —= Charte (q. v.)Fyodorov, Nicolas 1906 — Rus. cosm. 1993, c. 69-78 Gisin, Nicolas 2012 — Impensable Hasard. Odile Jacob, 2012.Grimaldi, Muriel, 2012 — Monde et environnement, cf.

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Le Déclic : Vers une conscience tellurienne. Résumé et Projet

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