Chemins vers l'éducation bienveillante
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Chemins vers l’éducation bienveillante
Mélanie GUILLAUME 12317592
Sous la direction de Gladys Chicharro Saito
Master 1 Éducation, Formation et Intervention Sociale
Université Paris VIII Saint-Denis – IED
2013-2014
Mélanie GUILLAUME 12317592
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Sommaire
Remerciements ........................................................................................................................... 4
Résumé ....................................................................................................................................... 5
Abstract ...................................................................................................................................... 5
Introduction ................................................................................................................................ 5
I. Méthodologie .................................................................................................................... 10
A. Entretiens ................................................................................................................... 10
a. Choix des personnes interrogées ............................................................................... 10
b. Passage des entretiens ................................................................................................ 11
B. Lecture de blogs parentaux ........................................................................................ 11
a. Choix des auteurs de blogs ........................................................................................ 12
b. Sélection des textes lus sur les blogs. ........................................................................ 13
II. Analyse .......................................................................................................................... 14
A. Cheminement des parents .......................................................................................... 14
a. Vécu éducatif ............................................................................................................. 14
b. Remises en cause ....................................................................................................... 16
c. Des lectures qui amènent à réfléchir .......................................................................... 18
d. L’influence d’Internet ................................................................................................ 20
B. Aspects pratiques de l’éducation bienveillante ......................................................... 21
a. Au quotidien .............................................................................................................. 21
b. Difficultés rencontrées ............................................................................................... 24
C. Une éducation englobée dans un mode de vie particulier ......................................... 27
a. Philosophie de vie ...................................................................................................... 27
b. Ouverture aux autres et repli sur soi .......................................................................... 29
Conclusion ................................................................................................................................ 30
Bibliographie ............................................................................................................................ 32
Blogs des parents étudiés ......................................................................................................... 34
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Sites visités ............................................................................................................................... 34
Conférences visionnées ............................................................................................................ 35
Annexe 1 : Grille d’entretien .................................................................................................... 36
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Résumé
En devenant parent, l’individu se pose de nombreuses questions quant à sa façon d’éduquer
son enfant. Les principes éducatifs font partie des valeurs qui sont transmises d’une
génération à une autre. Ils ont également évolué en fonction des changements sociaux et
culturels. Ces principes sont globalement appliqués par les membres de la société. Cependant,
il existe des trajectoires personnelles qui s’orientent vers d’autres formes éducatives comme
l’éducation bienveillante. Nous allons mettre en évidence que ce choix éducatif est corrélé a
un certain nombre de comportements. L’éducation bienveillante s’inscrit dans une vision
globale de la société, influencée par le vécu éducatif de ces parents, parfois la remise en
question de ce dernier. La réflexion des parents s’appuie sur la lecture d’ouvrages de
psychologues et pédagogues et sur des échanges par Internet. Cette parentalité pose la
question de la place de chaque parent dans l’éducation ainsi que la définition de l’enfant dans
la société. Elle montre aussi l’existence d’une certaine pression que le parent exerce sur lui-
même pour coller à son idéal éducatif.
Abstract
Becoming a parent, the individual wonders his way to educate his child. Educational
principles are a part of values which are passed on from a generation to the next. These
principles changed according to social and cultural changes. They are all in all applied by
everyone. However, some personal paths direct to others educational ways, as positive
parenting. Here we show that this educational choice is bond to some behaviours. Positive
parenting seems to be in line with a global vision of the society, influenced by experienced
education, sometimes the questioning of it. The reflexion of these parents is based on books or
discussion on the Internet. This parenting wonders whether the place of each parent in
education, and the definition of the child inside the society. It shows also the existence of
parental pressure, that the parent exerts on himself to stick to his educational ideal.
Introduction
La parentalité est un sujet vaste. Elle concerne tout le monde, s’exprime dans la sphère privée,
mais a des répercussions sur la société. En effet, l’éducation que l’on donne à nos enfants est
issue de choix personnels, d’un vécu, d’une histoire et l’enfant qui prend place dans la société
en est le reflet.
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L’histoire de l’enfance est aussi longue que celle de l’humanité. Elle est difficile à établir et
est sujet à débat, car elle est tributaire du regard de l’adulte sur l’enfance1. Dans l’Antiquité, le
père avait droit de vie ou de mort sur le nourrisson et jusqu’aux temps modernes, la place du
nourrisson est difficile à établir, la mortalité des enfants comme de leurs parents montre une
diversité des situations familiales, certains enfants vivent avec d’autres adultes que leurs
parents. La place de l’enfant dans la famille au Moyen-âge est source de discussion entre
historiens. (VINCENT-CASSY, 2005). L’époque des humanistes fait émerger des idées
révolutionnaires sur l’éducation des enfants. Érasme refuse les châtiments corporels et incite à
la tendresse et aux bons soins. À la fin du XVIIIe siècle, l’attachement maternel est à la mode
chez les nobles et les bourgeois, l’enfant est choyé. L’enfant restera cependant pour les plus
pauvres une source de revenue non négligeable dès qu’il en a l’âge. Il faudra attendre les lois
de Jules Ferry en 1881-1882 pour que les couches les moins aisées commencent à voir
l’enfant différemment. Le XXe siècle est celui de la reconnaissance institutionnelle avec la
Déclaration des droits de l’enfant, en 1959. C’est d’ailleurs durant ce siècle que les questions
éducatives prennent une importance prépondérante. L’enfant acquiert la place centrale dans la
famille dès sa naissance, voire avant2.
C’est l’émergence de la puériculture. Les XIXe et XXe siècles ont vu une évolution
permanente des pratiques de maternage du nourrisson. Dans leur ouvrage L’art
d’accommoder les bébés, Delaisi de Parseval et Lallemand retracent cette histoire de manière
critique. La transmission du « bon sens » est rompue au profit des conseils de spécialistes.
Tout au long du XXe siècle, la littérature au sujet des soins du nourrisson est abondante.
Cependant, un lecteur attentif se rendra rapidement compte qu’au fil du temps, les nouveaux
ouvrages contredisent les anciens. La place du nourrisson est toujours centrale mais c’est la
teneur des soins qui change, au gré des évolutions de la médecine et de la psychologie, et
aussi, de leurs errements. Ce que montre l’histoire de la puériculture, c’est qu’en laissant les
experts les orienter, les parents de chaque nouvelle génération n’élèveront pas leurs enfants de
la même manière que leurs propres parents.
Actuellement, on trouve l’émergence d’un courant qui s’appelle vulgairement le
« maternage ». Le terme maternage est employé pour la première fois par Paul-Claude
1 « L’évolution de la place de l’enfant dans la société », Les analyses de la Fédération des Associations de
Parents de l’Enseignement Officiel, 2008 2Martine Fournier, « La Révolution des poussettes » in L’enfant du 21
e siècle, Sciences Humaines, Grands
Dossiers N° 8 - Septembre - octobre - novembre 2007
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Racamier, dans son article Psychothérapie psychanalytique des psychoses en 1956. C’est la
traduction de l’anglais « mothering ». Le maternage, dans son sens général, qualifie les
relations entre la mère et son enfant. La littérature anglophone utilise le terme « parenting »,
plus neutre dans le genre. Ce que la plupart des gens mettent derrière le terme de maternage
est en fait ce qu’on appelle le « maternage proximal », c'est-à-dire une forme de puériculture
où la relation entre le parent et le nourrisson est très étroite et couvre un ensemble de
pratiques comme le portage, l’allairement, le co-dodo. La proximité physique et affective doit
être assurée le plus possible afin de répondre aux besoins de l’enfant le plus adéquatement
possible. Le maternage fait partie d’une forme d’éducation qui émerge dans la seconde partie
du XXe siècle : l’éducation bienveillante, appelée également parentalité positive ou éducation
non violente. Ses fondements sont le rejet de toute forme de violence dans l’éducation, qu’elle
soit physique, verbale ou psychologique. Les pratiques sont nombreuses et on peut observer
différentes inspirations, mais cette parentalité puise ses sources dans la philosophie des
Lumières, ou plus récemment dans les travaux de Janus Korczak, Maria Montessori, Emmi
Pickler…
Je suis mère depuis peu. Mon fils, Neil, est né le 26 mai 2013. Avant d’être enceinte, je ne
m’intéressais pas franchement aux nourrissons. Je suis professeur des écoles et je suis plus à
l’aise avec les plus grands. Quand je suis tombée enceinte, je ne me posais pas plus de
questions sur l’éducation. Je comptais demander conseil à mes parents ou beaux-parents. J’ai
simplement acheté un livre sur la grossesse. J’ai reçu une éducation « classique » : on m’a
laissé pleurer la nuit, j’ai eu des fessées, des punitions. Au début, je me voyais faire pareil.
J’avais quelques principes mais aussi envie d’essayer quelque chose de différent, comme
l’allaitement. Je crois que cela a été le début de ma réflexion sur la parentalité. Comme tout
parent débutant, j’ai demandé des conseils à mes parents. Je n’avais pas grande confiance en
moi. Certaines réponses me paraissaient être les bonnes. D’autres ont commencé à me faire
réagir. Les critiques concernant l’allaitement, par exemple. C’est en cherchant l’utilité de
certaines acquisitions en matière de matériel de puériculture qui m’étaient conseillées par ma
famille que je suis tombée sur la motricité libre sur le blog d’une Éducatrice de Jeunes
Enfants qui raconte sa propre parentalité3. Je trouvais ça intéressant. La liberté. J’ai cherché
confirmation de cette pratique ailleurs, chez des assistantes maternelles, puis des
kinésithérapeutes et enfin, je suis arrivée à Emmi Pickler. Cette dernière m’a fait redécouvrir
Montessori, que je ne connaissais finalement que peu, malgré ma profession ! De lien en lien,
3 http://tinylasouris.wordpress.com/
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de lecture en lecture, je me suis retrouvée dans les idées de ces parents qui cherchent d’autres
manières de materner. Les conseils et critiques de mes parents me convenaient de moins en
moins. J’y voyais aussi une dépossession de ma propre parentalité. J’avais besoin de trouver
mes propres réponses, de me faire mon propre chemin.
Quand il a été finalement question de choisir le sujet de recherche pour le M1, j’ai laissé de
côté tout ce qui concernait l’école. D’un point de vue pratique, je ne pouvais pas fournir de
vécu de terrain, puisque je suis en congé parental et que je n’ai aucune idée de quand je vais
remettre les pieds dans une classe, puisque je suis mon mari dans ses différents postdoctorats.
J’avoue que la naissance de Neil a été une sorte d’épiphanie. Un sujet qui ne m’intéressait
pas, en me concernant, est devenu quelque chose de fascinant. Je me suis dit que je pourrais
en faire le sujet de ma recherche. Il me semble qu’on ne s’intéresse pas beaucoup à ce thème
en France. Certes, il y a toute une littérature sur la parentalité positive, les techniques, les
méthodes, mais peu d’écrits sur le cheminement qui mène à ces pratiques, à leurs effets réels
sur l’enfant et la famille. J’ai eu confirmation de cette idée en commençant mes recherches
pour cette note. Les articles trouvés ont plutôt comme sujet les effets de l’éducation
bienveillante sur le développement de l’adolescent et de l’adulte qui a vécu ce schéma
éducatif dans son enfance. Se pencher sur le cheminement que fait le parent en devenir vers ce
genre d’éducation ne semble pas être un sujet d’étude très répandu. Il n’y a pas vraiment un
état des lieux des motivations qui peuvent faire qu’un individu sorte de son vécu éducatif, rien
sur les trajectoires de vie empruntés par ces parents. C’est donc un aspect du sujet qu’il me
semble important d’étudier. C’est pourquoi j’ai décidé de m’y intéresser. Comprendre le
pourquoi de ces pratiques. Comprendre ce qui se passe chez ces parents dont je fais partie.
Ma problématique est donc la suivante :
« Comment se met en place la pratique de la parentalité bienveillante chez le jeune
parent ? »Existe-t-il un contexte particulier qui pourrait expliquer cette orientation éducative ?
Quelles réflexions existent chez ces parents ? Comment parviennent-ils à mettre en place une
éducation différente ?
J’ai tenté d’y répondre en me basant sur des entretiens faits avec des parents bienveillants et
en lisant leurs blogs. La première partie présente la méthode utilisée pour rassembler des
éléments de réponse. Je présente ensuite la trajectoire de vie des parents, leur pratique et leurs
difficultés, et enfin, la place qu’occupe leur réflexion parentale dans leur manière de vivre.
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I. Méthodologie
A. Entretiens
L’entretien de recherche permet de recueillir des données, de vérifier des hypothèses et d’en
créer de nouvelles. Il était nécessaire de commencer à tâter le terrain. L’entretien est donc
apparu comme une manière efficace de collecter des trajectoires de vie de personnes
pratiquant l’éducation bienveillante. Cela permet de construire un réseau d’idées concernant
le thème abordé. C’est un exercice difficile, demandant de la maîtrise. C’est également pour
cette raison que j’ai choisi cette méthode de recueil de donnée, cela me permet de m’entraîner.
a. Choix des personnes interrogées
Elsa
Elsa a 35 ans. Elle est mère de deux enfants, Antonin, 3 ans et Louiselle, 21 mois. Elle est
professeur des écoles dans le sud de la France, mais est actuellement en congé de maternité.
Elsa tient le blog Merci qui ? Merci Montessori que j’ai découvert au tout début de mes
recherches personnelles sur la parentalité, en particulier la motricité libre. Malgré le titre de
son blog, elle est très intéressée par d’autres voies éducatives : Steiner/Waldorf, Reggio
d’Emilia… J’ai tenu à ce qu’Elsa réponde à un entretien, car ses articles montrent une
réflexion importante au sujet de l’éducation des plus jeunes. Elle ne raconte pas seulement son
quotidien, elle s’interroge sur les fondements de sa pratique parentale, met en perspective son
approche et possède énormément d’apports théoriques. Elle cherche en permanence le
meilleur moyen de laisser ses enfants exprimer ce qu’ils sont. C’est une personne qui m’a
donc paru vraiment coller au type de parent que je recherchais.
Nathalie
Nathalie a 34 ans. Son fils, Léo, a 6 ans et sa fille, Lou, a 3 ans. Elle est professeur des écoles
en Seine-et-Marne et travaille à 75 %. Elle est animatrice de l’association « Maternage et
attachement ». Je connais Nathalie sous le pseudonyme de LeCastor sur le forum
« Enseignants du Primaire ». Elle est à l’origine du sujet sur l’éducation différente. Elle est
très renseignée et c’est par le biais de ses messages que j’ai découvert Filliozat. Concernant
mon sujet, j’avais perçu à travers ses messages qu’elle avait un certain passif éducatif et
qu’elle se sentait vraiment différente de son frère qui éduque avec des fessées. Elle se pose
énormément de questions, mais tente également de conseiller les autres. Comme elle semble
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très active que ce soit sur les messages d’éducation ou par le biais de son association, il m’a
paru pertinent de l’interroger.
b. Passage des entretiens
Les deux entretiens ont eu lieu le même jour, le 24 mars 2014. Elsa n’avait que ce jour de
libre, dans le créneau de son temps libre à 14 h 45. C’est moi qui ai proposé à Nathalie ce
même jour, à 18 h ; mon mari ayant pris son après-midi pour s’occuper de notre fils et que je
puisse passer les entretiens en toute sérénité.
J’ai utilisé le logiciel Skype pour passer les appels. Premièrement, cela me permet de faire des
économies, car habitant à l’étranger, les appels vers la France sont assez chers.
Deuxièmement, il était plus aisé d’enregistrer l’appel à l’aide d’un logiciel dédié : iFree Skype
Recorder. Pour la retranscription, il est plus simple de mettre pause, de revenir en arrière, pas
besoin de rembobiner une bande. Mes tests de ce logiciel ont été faits le samedi avant les
entretiens et ont fonctionné.
Le type d’entretien mené est semi-directif, permettant une ouverture plus facile de la
conversation tout en gardant une possibilité d’orienter cette dernière et de ne pas se disperser.
La grille suivie pour les deux entretiens est lisible en Annexe 1.
B. Lecture de blogs parentaux
J’ai sélectionné quelques blogs pour compléter la réflexion entamée avec les entretiens. Les
blogs sont une fenêtre sur les réflexions de l’auteur qui souhaite partager son expérience. Ils
m’ont permis d’étayer mes propos et de recouper les idées des entretiens.
La grande difficulté est de trouver un panel de parents représentatifs. Cela a toutefois permis
de dégager plusieurs trajectoires possibles qui mènent à l’éducation bienveillante. Je n’ai
trouvé que des femmes parlant de leur expérience. Il serait intéressant de compléter avec des
hommes. Toutefois, il est facile de constater que la blogosphère parentale est majoritairement
composée de femmes. Les questions de parentalité seraient-elles donc affaire de mère ? Ou les
femmes sont plus sujettes à partager leur expérience par ce biais ? Il existe quelques blogs de
pères au foyer456
, mais ils sont plutôt humoristiques. On peut déjà se demander si la réflexion
4 http://www.tillthecat.com/
5 http://www.papacube.com/
6 http://breaking-dad.blogspot.fr/
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autour de la parentalité positive est exclusivement celle des mères, confortant l’idée commune
que ces dernières sont celles qui prennent en main l’éducation des enfants et s’interrogent.
a. Choix des auteurs de blogs
Vaallos
Vaallos a 31 ans, est mère d’un petit garçon de 2 ans et demi. Elle est assistante maternelle en
congé parental. Elle tient le blog « Vaallos bavarde » depuis le 27 avril 2010. D’après les
billets qu’elle poste, il semblerait qu’elle ait reçu une éducation très classique. Vaallos
découvre la parentalité bienveillante avec la naissance de son fils et partage ses réflexions et
commente ses lectures sur le sujet. J’ai découvert son blog suite à une recherche pour mon EC
libre, qui m’a menée au site de l’association « Les Vendredis Intellos » où Vaallos a publié
une critique négative d’un livre d’Isabelle Filliozat. Cela m’a donc interpelée, car il est rare
d’avoir des avis négatifs de la part de parents qui cherchent à mettre en place une éducation
bienveillante. Vaallos a de l’humour, montre une remise en question permanente. Cela me fait
penser à moi qui me pose certaines de ces questions. Elle envisage d’instruire en famille. Sa
découverte de la parentalité positive est assez récente, ce qui en fait un sujet intéressant pour
suivre son cheminement.
Kylie
Kylie est Australienne et a deux fils : Caspar, 6 ans et Otis, 2 ans. Elle tient le blog « How we
Montessori » depuis le 22 janvier 2011. J’ai l’ai découvert en cherchant des modèles de
mobiles Montessori pour Neil. Cette mère au foyer éduque ses enfants en incluant beaucoup
de principes de la pédagogie Montessori. J’aime les articles très pratiques, mais également les
réflexions autour de la parentalité et de l’éducation des jeunes enfants. Elle permet aussi à
d’autres parents de s’exprimer à travers des billets « d’invités », ce qui permet des échanges
riches et des découvertes intéressantes. Son intérêt pour la pédagogie Montessori lui a donné
envie de mettre sur pied sa propre boutique de matériel Montessori et d’écrire des livres sur la
vie pratique. On peut donc suivre tout son cheminement réflexif dès la naissance de son
second enfant.
Mamanlullaby
Mamanlullaby est mère d’un petit garçon, Petit Homme, de 5 ans. Elle a tenu le blog « Mon
petit Homme » de décembre 2010 à janvier 2013, puis rédige actuellement le site » Sans
leçons, ni punitions ». Ce n’est pas un blog que je suis particulièrement, mais j’y jette un coup
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d’œil de temps à autre. Je l’ai trouvé dans les liens donnés par « Merci qui, Merci
Montessori ! » Il y a cependant d’intéressantes réflexions sur la parentalité positive, son
émergence. C’est pourquoi j’ai sélectionné ses deux blogs.
Vanessa V.
Vanessa est mère d’un petit garçon de 7 ans. Elle tient le blog « Je suis comme je suis »
qu’elle a ouvert en janvier 2007. C’est une fenêtre sur sa vie de manière générale, et non
seulement sa parentalité, mais aussi des réflexions sur le bien-être, le corps, l’éducation.
Normalement, je n’aurai pas dû mettre ce blog ici, car le fils de Vanessa a déjà 7 ans.
Cependant, si je choisis de le mettre pour panacher ma liste de parents, c’est parce que
Vanessa a un profil intéressant du point de vue de son propre vécu éducatif. Il semblerait
qu’elle n’ait pas reçu d’éducation bienveillante, au contraire. Son cheminement dans la
parentalité positive est très documenté avec des mises en abîmes avec son vécu. De plus, la
durée de sa réflexion, sept ans, permet d’avoir un certain recul vis-à-vis de celle-ci.
b. Sélection des textes lus sur les blogs.
Les blogs sont une fenêtre sur la vie de celui qui l’écrit. C’est ce qu’il souhaite partager qu’il
met en ligne avec ses propres mots, sa manière de voir les choses. Il peut faire un brouillon,
réfléchir, retravailler, publier, modifier ou supprimer. C’est un instantané qui est susceptible
d’évolution. Comme l’auteur est maître de ce qu’il publie, il fait part de ce qu’il souhaite. Il
est donc nécessaire de faire le tri dans l’information donnée. Tout ce que je lis n’est pas
pertinent pour le sujet de cette note. Il faut donc savoir comment trouver l’information dans
des sites qui ont, pour certains, plus de cinq ans.
Fort heureusement, la plupart des blogueurs utilisent le principe des « tags » ou « mots-clés »
ou rangent leurs articles en catégories. Ainsi chez Vaallos, je me concentre principalement sur
les 56 billets portant la mention « Réfléchissement et râlage », pour Kylie, la catégorie
« parenting » (58 articles) est tout à fait parlante, Vanessa V. a regroupé ses réflexions sous le
mot-clé « Yaël ou ma parentalité » (79 articles). Quant à Mamanlullaby, il y a trois catégories
qui se rapportent au thème « Accompagner sans violence ».
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II. Analyse
A. Cheminement des parents
a. Vécu éducatif
Le vécu éducatif est différent chez ces 6 parents. Elsa et Nathalie ont toutes les deux été
élevées par leur mère de façon bienveillante. Celle d’Elsa était éducatrice spécialisée et lisait
beaucoup Dolto. Elle-même a été une enfant maltraitée. Les parents de Nathalie sont divorcés,
son père était violent : « J’ai pris pas mal de coups quand j’étais petite… ». Depuis l’âge de 5
ans, elle n’a plus de contact avec son père. Vaallos, Mamanlullaby et Kylie ont reçu une
éducation dite classique. Réprimandes, punitions et fessées ont fait partie de leur vécu
éducatif : « Pour en avoir reçu quelques unes [de fessées] (très peu il est vrai), pour l’avoir
vue administrée » (Mamanlullaby). Vanessa a une relation particulière avec sa mère : « aimée
oui, oubliée oui, souvent, inconsidérée peut-être/toujours…mais rappelez-vous, un enfant ne
devait pas parler à table, la plus grande devait s’occuper des plus petits (et c’est parfait quand
il y a 6 ans ou 9 ans d’écart!!), un enfant est un sous-adulte, un enfant ne prend pas position,
un enfant suit, subit, retient jusqu’à rupture. »7. Son père est décédé quand elle avait deux ans.
Malgré ces différences de vécu, tous ces parents ont choisi de suivre la voie de la parentalité
positive. Il est certain que d’une manière ou d’une autre, leur enfance a influencé leur choix.
Erikson a établi l’impact de la petite enfance sur la générativité (Shin An, Cooney, 2006). Une
personne ayant bénéficié d’une éducation bienveillante reproduit généralement la même
éducation. C’est le cas d’Elsa : « Quelque part, je reprends le flambeau et le désir d’aller plus
loin, de creuser les choses, de… je ne sais pas, de poursuivre un travail et je pense
franchement qu’en le poursuivant, je donne à mes enfants des outils pour le poursuivre à leur
tour. C’est un cercle vertueux. » Pour les autres, le cheminement est différent et implique une
réflexion quant à l’éducation reçue.
La remise en cause des pratiques parentales est quelque chose de difficile, selon Nathalie.
Cette dernière est venue à la parentalité bienveillante en adhérant à une association qui
dispensait des ateliers de portage, pratique qui l’a attirée suite à un séjour en Afrique.
Mamanlullaby cherchait en premier lieu une manière simple d’accueillir son fils : « En effet,
nous faisons notre bout de chemin en essayant d’être attentifs à notre impact sur
7 http://iam-like-iam.blogspot.de/2007/12/noels-et-enfance.html (consultée le 19 avril 2014)
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l’environnement […] Nous modifions progressivement nos (mauvaises) habitudes de
consommation pour en adopter de nouvelles. […] Alors lorsque nous avons appris la venue
prochaine de Petit Homme, nous voulions que notre manière d’aborder la parentalité soit en
accord avec cette philosophie de vie. C’est sur le blog de Raffa8 […] que je visitais
régulièrement que j’ai entendu parler du magazine Grandir Autrement. Je crois d’ailleurs que
c’est là qu’ont débuté mes recherches sur la façon de concilier écologie et parentalité. »9.
Cependant, cela ne suffit pas à accueillir son fils qui pleure très souvent : « Je croyais pouvoir
faire confiance à mon instinct, je pensais élever mon enfant comme j’avais été élevée. Et puis
je me disais naïvement que mon amour pour lui suffirait. Il m’a fallu du temps pour
finalement chercher de l’aide ailleurs qu’auprès de mon entourage et des professionnels qui ne
m’apportaient pas les réponses que j’attendais. J’ai recherché sur internet des livres sur le
maternage, les pleurs, la communication non-violente. […]J’ai commandé et dévoré une
demi-douzaine de bouquins qui ont changé radicalement notre quotidien et notre relation avec
notre petit homme. Ces lectures m’ont totalement déculpabilisée, m’ont confortée dans mon
choix d’un maternage proximal, respectueux de l’enfant et de tous ses besoins. »10
Vanessa travaille sur son mal-être : « Je suis soumise à de nombreux conflits intérieurs. Le
fait d'être mère n'allait pas de soi, je n'ai pas rêvé cet épanouissement par la maternité. J'ai
longtemps cru ne pas être prête, ne pas pouvoir offrir car j'étais tellement en demande. […]J'ai
cherché dans une certaine littérature des aides, des béquilles, pour ne pas être dépassée, pour
m'aider. Ce fut les alternatives éducatives respectueuses: »11
.
En congé parental, Vaallos s’est mise à participer aux Vendredis Intellos, le site de
l’association du même nom qui propose d’échanger ses réflexions autour de la parentalité en
en commentant des ouvrages sur la question. C’est par la rédaction d’une fiche de lecture sur
les ouvrages d’Adele Faber et Elaine Mazlish qu’elle découvre l’éducation bienveillante:
« Cet extrait, comme bien d’autres ensuite, m’a émue, touchée, remuée. »12
8 http://raffa.grandmenage.info/
9 http://sansleconsnipunitions.fr/article-de-l-ecologie-au-maternage-chapitre-i-58985581-html/(consultée le 22
avril 2014)
http:// sansleconsnipunitions.fr/article-de-l-ecologie-au-maternage-chapitre-iii-comprendre-enfin-59380693.html
(consultée le 22 avril 2014) 11
http://iam-like-iam.blogspot.de/2010/07/etre-une-mere-plus-respectueuse-sereine.html (consultée le 19 avril
2014) 12
http://lesvendredisintellos.com/2011/11/25/2785/ (consultée le 20 avril 2014)
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La révélation fut identique pour Kylie et la pédagogie Montessori : « She inspires me to be a
better person and a better parent. »13
. Elle s’y intéresse suite à la lecture d’un ouvrage de Tim
Seldin, How to Raise an Amazing Child the Montessori Way : « After all I have read I want to
read more. After all I have done I want to do more »14
.
b. Remises en cause
Ces lectures ont apporté chez tous les parents étudiés des réponses qu’ils ne semblaient pas
trouver ailleurs. Leurs questions concernent l’accueil et l’accompagnement de l’enfant de
manière non violente. Outre le rejet de la violence physique comme la fessée, ces parents
cherchent à limiter voire proscrire la violence psychologique. En résumé, c’est une remise en
question de la violence éducative ordinaire qui est commune à tous ces parents. Il n’est pas
évident de donner une définition univoque de la violence éducative ordinaire. Cela couvre une
grande variété de comportements. Olivier Maurel, auteur d’ouvrages sur la violence
éducative, notamment La Fessée15
; La Non-violence active16
; Oui, la nature humaine est
bonne !17
, fondateur de l’association « Observatoire de la Violence Educative Ordinaire »18
:
définit les violences éducatives comme ceci : « celles qui sont universellement recommandées
depuis des millénaires et qui atteignent donc la majorité des enfants ; les punitions corporelles
sont sans aucun doute les championnes dans ce domaine ; celles qui sont punitives, c'est-à-
dire celles auxquelles les parents considèrent qu'ils ont le droit d'avoir recours en cas de
conflit avec leur enfant ; celles qui établissent entre le parent et l'enfant un rapport de pouvoir
violent - ce qui prépare des relations de pouvoir violent entre les adultes - et que l'adulte
considèrerait lui-même comme inacceptable s'il lui était appliqué : trouverions-nous normal
qu'on nous frappe, qu'on nous insulte, qu'on se moque de nous, qu'on nous juge, qu'on nous
inflige des punitions humiliantes, qu'on nous manipule, etc. ? » 19
Dans son ouvrage sur la
Fessée, il montre la banalité de la violence éducative : « D’après un sondage SOFRES de
janvier 1999, 84% des enfants français sont frappés par leurs parents. Seules 16% des
personnes interrogées ayant des enfants ne leur donnent jamais de coups. Dans un grand
nombre de pays du monde, la proportion des enfants frappés s’élève à 90 ou 95% et les
13
http://www.howwemontessori.com/how-we-montessori/2011/07/five-things-why-we-montessori.html
(consultée le 22 avril 2014) 14
Ibid. 15
Maurel Olivier, La Fessée, Cent questions-réponses sur les châtiments corporels, La Plage, 2001 16
Maurel Olivier, La Non-violence active, Cent questions-réponses pour résister et agir, La Plage, 2001. 17
Maurel Olivier, Oui, la nature humaine est bonne ! Comment la violence éducative la pervertit depuis des
millénaires, Robert Laffont, 2009 18
http://www.oveo.org 19
http://www.oveo.org/index.php?option=com_content&view=article&id=85:dev-veo&catid=5:outilsressources
(consultée le 27 avril 2014)
Mélanie GUILLAUME 12317592
17
enfants sont frappés à la fois dans leur famille et à l’école. Cela signifie que la quasi-totalité
de l’humanité a été et est soumise à l’âge où elle est le plus fragile et influençable à des coups
plus ou moins violents. [...] Aucun animal, si féroce soit-il, ne fait subir un tel traitement à ses
petits pour les éduquer. Et pourtant presque personne ne se soucie de la violence éducative
préconisée ou tolérée, et de ses ravages. »20
Le père de Nathalie était violent. Cependant, elle dit : « Moi, j’ai pu faire la part des choses
pour ce que moi je voulais pour mes enfants. » C’est la maltraitance qui est remise en cause.
Vanessa a été négligée par sa mère, choyée puis ignorée par ses grands-parents
(« chouchoutée, gâtée au paroxysme (sans que vraiment mes envies réelles soient écoutées
mais ce n’est pas très important) jusqu’à ce que je ne sois plus une enfant […] Oui j’ai dû être
un démon… de l’enfance encore insatisfaite, jamais innocente, je suis passée à la survie… »21
,
elle remet en cause l’insécurité affective qu’elle a connue : « Un brin d’enfance au goût
d’inachevé, de moments fugaces… mais surtout un rapport aigre à l’enfance »22
. Son
cheminement en éducation bienveillante est une manière pour elle de réparer le mal-être
qu’elle a, mais aussi pour ne pas reproduire ce qu’elle a vécu. Vaallos, Kylie et Mamanlullaby
cherchent à vaincre les idées reçues en éducation, car elles ne correspondent pas à leur vision
de l’enfant : « Est-ce que nous, les parents, ne devrions-nous pas nous retenir un maximum de
"qualifier" nos enfants afin d’éviter de les enfermer dans un rôle qui peut devenir pesant ? (Et
inciter l’entourage à faire de même) »23
. L’éducation bienveillante répond à leurs attentes
parentales : comprendre l’enfant, répondre à ses besoins et vivre ensemble en minimisant les
frustrations de tous, respecter son rythme et celui de tous. Par exemple, Mamanlullaby combat
l’idée que l’enfant est un manipulateur : « […] se débarrasser de ces idées reçues sur l’enfant
et son soi-disant esprit manipulateur, admettre que nous lui devons le respect, plus encore
qu’à n’importe qui d’autre, comprendre à quel point toute violence à son égard cause chez lui
une blessure plus profonde que ce qu’il peut paraitre.. »24
Elsa estime que l’on n’a pas à
emprunter un ton de voix différent pour s’adresser à un enfant, « Avant même d’être maman,
c’est mon métier qui me donnait à voir ça, j’étais franchement choquée par la manière dont les
20
Maurel Olivier, La fessée, questions sur la violence éducative. 21
http://iam-like-iam.blogspot.de/2007/12/noels-et-enfance.html 22
Ibid. 23
http://vaallos.wordpress.com/2011/09/27/ne-mettons-pas-nos-bebes-dans-des-cases/ (consultée le 20 mai
2014) 24
http://sansleconsnipunitions.fr/article-la-violence-educative-chapitre-ii-alors-comment-en-sortir-60384180-
html/
Mélanie GUILLAUME 12317592
18
gens s’adressent aux enfants. » L’enfant est tout à fait capable de comprendre de nombreuses
choses. Pour résumer, l’éducation bienveillante met en avant le fait que l’enfant est une
personne et qu’on n’a pas à lui faire subir ce qu’un adulte ne pourrait pas supporter. Vanessa
résume cette pensée ainsi : « Je fulmine autant devant la notion d’enfant-roi et ses applications
que devant cette aspiration à laisser l’enfant suivre totalement nos rythmes. »25
c. Des lectures qui amènent à réfléchir
C’est par des lectures que les parents découvrent plus en détail l’éducation bienveillante.
Certains noms reviennent souvent : Thomas Gordon, le duo Adele Faber et Elaine Mazlish,
Isabelle Filliozat, Catherine Dumonteil-Kremer sont les principaux psychologues auteurs de la
littérature autour de la parentalité positive.
Gordon, Faber et Mazlish ont écrit des ouvrages assez techniques sur la communication non
violente, l’éducation sans punition et la gestion des conflits26272829
. Il existe d’ailleurs des
stages de formation à la comminication non-violente qui portent le nom de ces auteurs. On
parle aussi de « méthode Gordon » et de « méthode Faber et Mazlish ». Ces deux visions sont
complémentaires. Gordon est plutôt théorique dans ses écrits et expliquent les fondements de
la communication non violente, il se préoccupe beaucoup du parent et de sa manière de
communiquer avec l’enfant, alors que Faber et Mazlish vont plutôt donner des conseils
pratiques, des astuces nommées « habiletés » pour gérer les conflits et les éviter.
Isabelle Filliozat écrit sur les émotions et leur gestion, ainsi que sur les relations
interpersonnelles30
. Elle s’intéresse à ce qu’elle appelle la grammaire émotionnelle, elle
explique plutôt ce qu’il se passe chez l’enfant pour mieux le comprendre et désamorcer les
situations conflictuelles (voir Annexe 4).
Catherine Dumonteil-Kremer est éducatrice Montessori. Son ouvrage le plus lu est Elever son
enfant… autrement. Elle aide à la mise en place de pratiques éducatives différentes, que ce
25
http://iam-like-iam.blogspot.de/2007/09/caprice.html (consultée le 21 mai 2014) 26
Gordon Thomas, Parents efficaces, Marabout, 2013 27
Gordon Thomas, Eduquer sans punir, Marabout 2013 28
Faber Adele, Mazlish Elaine, Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent,
Editions du Phare, 2012 29
Faber Adele, Mazlish Elaine, Frères et sœurs sans rivalité, Editions du Phare, 2013. 30
Voir Annexe 4
Mélanie GUILLAUME 12317592
19
soit le jeu, la communication non violente, les limites313233
. Elle présente la famille dans le
cadre des relations entre tous ses membres et donne des pistes pour vivre ensemble.
Ces lectures sont assez similaires mais l’approche est différente. Le parent va pouvoir choisir
parmi le panel d’auteurs existant et choisir celui qui répond le mieux à sa sensibilité : « Ce
que j’aime dans les livres de Faber & Mazlish, c’est cet art percutant de présenter les choses.
Quand je les ai lues, j’ai été retournée, mais toujours avec un espoir incroyable de tout ce
qu’on pouvait faire avec ses enfants, sa famille, ses proches, en changeant notre façon de
parler et de nous comporter. » (Vaallos)34
Un certain nombre de parents se tournent également vers les travaux de pédagogues comme
Maria Montessori, Rudolf Steiner, Loris Malaguzzi ou de pédiatres comme Emmi Pikler.
La pédagogie de Montessori repose sur la reconnaissance de l’enfant en tant que personne,
l’environnement est adapté à son développement et permet sa prise d’autonomie : « Aide-moi
à faire seul ! » C’est cependant une pédagogie très cadrée et scolaire.
La pédagogie Reggio, mise en place sous l’initiative de Loris Malaguzzi dans les années 60
en Italie, est principalement centrée sur la créativité de l’enfant. Là encore, l’environnement
est important et doit permettre à l’enfant d’exprimer tout son potentiel. C’est une pédagogie
socioconstructiviste où l’enfant est acteur des ses apprentissages3536
.
En pédagogie Steiner-Waldorf, le contact avec la nature est mis en avant, les apprentissages
se font au rythme des saisons et de l’enfant, afin de pleinement laisser s’exprimer le potentiel
et la créativité de ce dernier. Il y a également un grand intérêt pour l’imaginaire.37
Elsa mélange ces trois approches dans son quotidien. Elle propose tout aussi bien des activités
Montessori que Reggio à ses enfants : « J’en ai que deux mais déjà, Louiselle est beaucoup
plus Montessorienne que son frère, qui serait beaucoup plus… à mon avis, une approche
Reggio serait parfaite pour Antonin. […] En tout cas, je ne pense pas qu’une pédagogie
unique soit le Graal, ça me permet de constater ça, à une échelle domestique […] Il y a
31
Dumonteil-Kremer Catherine, Poser des limites à son enfant et le respecter, Editions Jouvence, 2004 32
Dumonteil-Kremer Catherine, Jouons ensemble… autrement, La Plage, 2006 33
Dumonteil-Kremer Catherine, Elever son enfant… autrement, La Plage, 2009 34
http://vaallos.wordpress.com/2014/01/16/le-parent-a-ses-limites/ (consultée le 22 mai 2014) 35
http://www.lasemainemontessori.com/reggio-2/#.U34tvvl_tuI (consultée le 22 mai 2014) 36
http://www.vaudfamille.ch/N311460/pedagogie-reggio-emilia.html (consultée le 22 mai 2014) 37
http://www.uneecoleavivre.org/en-savoir-plus-2/la-pedagogie-steiner-waldorf/ (consultée le 22 mai 2014)
Mélanie GUILLAUME 12317592
20
beaucoup cette idée qui circule, que Montessori, c’est vraiment parfait. Mais moi, je suis
persuadée que ça ne fonctionne pas avec tous les enfants, qu’il faut toujours aménager. »
L’apport d’Emmi Pikler concerne surtout la puériculture. Elle a apporté une vision nouvelle
des soins prodigués aux nourrissons dans un cadre collectif avec sa gestion de l’Institution
Lóczy 38
. Elle préconise la bienveillance, qui passe, selon elle par un accompagnement de
l’enfant et un environnement adapté pour une motricité libre dès la naissance. C’est
principalement cette dernière qui intéresse les parents bienveillants : « J’aurais aimé être
sensibilisée aux théories d’Emmi PIKLER. » (Vanessa)39
; « Le courant Emily Pikler, qui a
toute ma sympathie concernant les bébés de moins d'un an (voire au-delà selon les enfants) :
on n'enseigne rien, on ne montre rien. […] On observe, on laisse faire et on propose du
matériel adapté. » (Elsa)40
.
d. L’influence d’Internet
À l’ère de la démocratisation d’Internet et des réseaux sociaux, il est simple de trouver des
informations ou des personnes susceptibles d’aider les parents sur la voie de l’éducation
bienveillante. Cinq des parents observés tiennent un blog sur leur façon de vivre la parentalité.
C’est un espace où ils peuvent s’exprimer, faire part de leurs interrogations et de leurs
réflexions : « […] tenir mon blog m’aide énormément au quotidien pour correspondre
justement avec des gens qui ont les mêmes idées que moi, parce que, zut, ça fait beaucoup de
bien ! [rires] Ca soutient, ça… voilà. […] On pense pareil, on forme une communauté, on
échange, on se donne des tuyaux, on se soutient. Et ça m’aide beaucoup. » (Elsa)
C’est un réseau qui existe dans la blogosphère parentale autour de l’éducation bienveillante.
J’ai trouvé Kylie, Vanessa et Mamanlullaby par la liste d’Elsa. Cette dernière, je l’ai
découverte au cours de mes propres recherches sur la motricité libre. Souvent, les parents se
commentent entre eux et se citent : « J’ai une communauté qui n’est pas du tout virtuelle à
mes yeux. Une communauté d’amis, même si je ne les ai jamais rencontrés pour la plupart.»
(Elsa) Il est donc facile, une fois sur un blog dédié à la parentalité bienveillante, de trouver
d’autres blogs et sites sur le sujet et d’affiner sa propre réflexion en fonction de ses
questionnements et de sa sensibilité. On trouve un ton, un style, un quotidien qui nous parle et
on suit ce parent, on commente et on finit par échanger.
38
http://www.pikler.fr/ 39
http://iam-like-iam.blogspot.de/2008/01/vers-lautonomie-la-marche.html (consultée le 22 mai 2014) 40
http://mercimontessori.blogspot.de/2013/07/boite-formes-progression.html (consultée le 22 mai 2014)
Mélanie GUILLAUME 12317592
21
Nathalie fait partie d’une association de maternage qui possède son site Internet. Elle est aussi
très active sur les sujets parentalité dans le forum des enseignants du primaire41
, notamment à
l’origine de la réflexion autour du maternage et des parentalités différentes42
. Faire partie
d’une communauté, même si elle n’est pas uniquement centrée autour de la parentalité, est un
moyen d’échanger autour de questions, de nouer des liens, de se donner des conseils de
lectures ou de pratiques.
Internet est désormais un réflexe quand une question se pose et permet une réponse rapide.
Les forums de parents sont très populaires comme magicmaman43
. Les questions éducatives
sont très larges, mais il existe une catégorie de forums dédiés à l’éducation sans violence. Là
encore, des échanges autour de questionnements pratiques font apparaître des lectures, des
liens vers des sites. C’est une sorte de « bouche-à-oreille » qui s’effectue. « De fil en aiguille,
on finit par s’intéresser à plein de choses de ce domaine-là et on évolue comme ça. »
(Nathalie)
B. Aspects pratiques de l’éducation bienveillante
a. Au quotidien
L’éducation bienveillante n’est pas une pratique figée. Chaque parent l’exerce avec sa propre
conception en restant toutefois dans un cadre plus ou moins rigide. Si Elsa et Kylie suivent
assez fidèlement la conception de Maria Montessori au niveau du développement du tout
petit, les autres conçoivent leur propre voie, aidées par leurs lectures et les échanges qu’elles
peuvent avoir sur Internet via leur blog.
Elsa considère qu’il est important de ritualiser les journées, qu’elles aient des incontournables
afin de sécuriser l’enfant : « c’est très cadré, très ritualisé, euh, très huilé. Oui, énormément
[rires]. Les repas sont à heures fixes, les couchers sont à heures fixes, les siestes, ça bouge un
petit peu, même les sorties sont à heures fixes, enfin, la promenade quotidienne est à heure
fixe, enfin des choses comme ça, c’est très, très rythmé. » Selon Mamanlullaby, qu’il
connaisse à l’avance ce qu’il va se passer permet de le rassurer et désamorce les crises : « De
manière générale, lorsque quelque chose doit être fait avant ce qu’il me demande […], il a
besoin que je termine ma phrase par la formulation de ce qu’il m’a demandé, même si j’ai
commencé par ça : « Oui, tu veux aller te promener, alors on va mettre nos blousons et nos
41
http://forums-enseignants-du-primaire.com/ 42
http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/215232-planete-maternage-eduquer-ses-enfants-autrement/ 43
http:// forum.magicmaman.com
Mélanie GUILLAUME 12317592
22
bottes… après, on pourra aller se promener » »44
Il est essentiel de communiquer avec
l’enfant. « On les écoute. Ça prend du temps et de l’énergie, mais finalement, on se
retrouve… on est beaucoup mieux. » (Nathalie) L’importance est de comprendre les émotions
de l’enfant et les siens. C’est le sujet de la majorité des livres d’isabelle Filliozat mais aussi,
un travail au quotidien pour les parents. « Appréhender la communication non-violente CNV
me permet d’apprendre à reconnaitre mes sentiments et de tenter d’y voir les besoins sous-
jacents. » (Vanessa)45
. Cette écoute des sentiments de l’un et de l’autre est un des fondements
de la méthode du docteur Thomas Gordon.
C’est un ensemble de comportements qui peuvent être raccrochés à l’éducation bienveillante.
Dès la naissance, c’est un accompagnement proximal. Souvent, les pratiques de maternages
sont un début. Nathalie parle des parents faisant partie de son association :« C’est souvent des
gens… enfin, ça va ensemble, c’est souvent […] des gens qui déjà veulent porter, qui veulent
allaiter… Bon, je ne fais pas des généralités, il y a des exceptions, bien sûr, mais c’est souvent
des mamans qui pratiquent le cododo, qui allaitent, qui sont aux couches lavables, qui portent,
etc., qui vont plus facilement se diriger vers ce type d’éducation, en fait. » Respecter les
besoins physiologiques des enfants est extrêmement important pour ces parents. Cela
concerne aussi le besoin d’espace et de mouvement. Dans l’esprit Montessorien, Elsa,
Nathalie et Kylie ont installé leur enfant dans un lit au sol: « We have used a standard (firm)
mattress on the floor. […] The floor bed allows him visual access to the entire room and
allows him freedom of movement. »46
La communication est la pierre angulaire de l’éducation non violente. Elle est en jeu dès le
début de la vie de l’enfant. Nathalie a beaucoup parlé à ses enfants dès le début de leur vie.
« […] on a quand même utilisé la communication gestuelle pour essayer de se comprendre. »
Elle, Elsa, Vanessa et Vaallos pratiquent le langage des signes. Vanessa explique que « Mon
parti-pris n’est aucunement de faire de notre merveille un singe savant, […] Je pars du
principe que lui offrir un panel de communications possibles verbale (langage des signes) et
non verbale (haptonomie ) avant l’âge des premiers mots peut lui permettre de mieux se faire
comprendre. Oh oui, il communique mais je ne comprends pas toujours. Un point important
aussi : me permettre de dire que je suis énervée sans crier ou jurer…à moi les punaise,
44
http://sansleconsnipunitions.fr/article-autour-de-la-communication-61031469-html/ (consultée le 20 mai 2014) 45
http://iam-like-iam.blogspot.de/2009/09/de-la-grammaire-emotionnelle-sans.html (consultée le 20 mai 2014) 46
http://www.howwemontessori.com/how-we-montessori/2011/05/otiss-montessori-room.html (consultée le 22
mai 2014)
Mélanie GUILLAUME 12317592
23
mercredi, flute…et le signe de la colère… »47
La mise en place de cette communication
repose sur les travaux initiaux de y Linda Acredolo et Susan Goodwyn, deux chercheures
américains qui ont travaillé sur les effets de la communication gestuelle infantile sur le
développement de l’enfant. Les effets seraient positifs pour le développement du langage
parlé et au niveau comportemental, la relation entre le parent et l’enfant serait plus sereine
(Goodwyn, Acredolo, & Brown, 2000; Acredolo, et al., 1999). Mamalullaby ne signe pas,
mais ont établi un langage gestuel propre à elles et leurs enfants : « Notre petit homme de 18
mois parle très peu. […]Il communique beaucoup par signes (pas ceux du langage des signes)
et onomatopées, ce qui est suffisant lorsqu’il veut nous faire comprendre qu’il a soif ou veut
qu’on regarde un livre. » (Mamanlulaby) 48
. Le dialogue doit être ouvert et axé sur l’analyse
du ressenti, en cas de crise, notamment. L’écoute est importante, en particulier l’écoute active,
exposée par Thomas Gordon, celle qui engage une empathie de la part de l’auditeur. Faber et
Mazlish ont d’ailleurs rédigé un ouvrage sur le sujet, Parler pour que les enfants écoutent,
écouter pour que les enfants parlent, qui est cité par la majorité des parents.
Rejetant toute forme de violence éducative, les parents bienveillants exercent une éducation
sans punitions. Nathalie, Elsa, Kylie, Vaallos, Mamanlullaby n’ont jamais frappé leur enfant.
Vanessa a déjà eu recours à la fessée, mais cherche à y remédier. Elsa pose le problème des
cris : « Des fois, le ton monte et puis ça me fait comme une petite sonnette d’alarme dans la
tête, je me dis : « Ah, non, je ne dois pas crier » donc je dois trouver un autre moyen. » La
punition étant hors contexte, elle est totalement proscrite. Le travail éducatif effectué est en
amont d’une crise : « Lorsqu’un enfant a un comportement qui nous est inacceptable, ce n’est
pas qu’il fait une « bêtise » dans le but de faire mal, détruire, abîmer, etc, mais il répond à un
besoin intérieur qu’on ne comprend pas forcément. […] Pour autant, ce n’est pas une raison
pour le laisser déchirer un magazine ou écrire sur les murs ! Mais plutôt que de ne s’attacher
qu’au résultat de son comportement , il est possible de chercher à comprendre quel est son but
et de lui proposer un moyen de parvenir à ses fins qui nous convienne également. La
difficulté est donc de cibler le besoin de l’enfant, de comprendre ce qui le pousse à agir. »
(Mamanlullaby)49
47
http://iam-like-iam.blogspot.de/2007/05/signe-avec-moi-avant-de-parler.html (consultée le 21 mai 2014) 48
http://sansleconsnipunitions.fr/article-autour-de-la-communication-61031469-html/ (consultée le 28 avril
2014) 49
http://sansleconsnipunitions.fr/article-proposer-des-alternatives-65855825-html/ (consultée le 22 mai 2014)
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24
b. Difficultés rencontrées
La première difficulté dans la pratique de cette éducation, et qui se retrouve chez tous les
parents étudiés est la fatigue. « Along with understanding the importance of a good night's
sleep, this week I have also learnt compassion. As I have sought it from others. Sometimes I
forget compassion. When someone messes up, is abrupt, cuts me off in traffic, is agressive,
makes mistakes, says the wrong thing, I am going to practice compassion. For often people
are not behaving this way with intention, but perhaps there are other things going on in their
lives. As there is in mine. » (Kylie)50
. La présence auprès de l’enfant lors des premiers mois
de vie dans une pratique de maternage proximal demande beaucoup d’énergie. L’écoute des
besoins de l’enfant exige une disponibilité que le parent n’a pas toujours : « Après, tout le
monde est humain, et donc, y’a des fois, quand ma patience est à la limite, j’ai plus de mal à
accueillir les émotions et à écouter. » (Nathalie).
L’éducation bienveillante met en avant le rôle du parent et sa capacité d’anticiper, d’écouter.
En cas de crise, bien souvent, il peut arriver au parent de culpabiliser, car il n’est pas à
l’écoute, que cela ne fonctionne pas. Cette autoculpabilisation est un reproche que l’on peut
faire à l’éducation non violente. Vaallos en fait d’ailleurs part dans un article qu’elle a rédigé
pour les Vendredis Intellos suite à sa lecture de Au cœur des émotions de l’enfant d’Isabelle
Filliozat51
: « Je veux bien croire qu’il y a des gens plus doux et positifs que d’autres, je veux
bien croire que pour certains la route de la CNV est plus compliquée que pour d’autres. Mais
l’humain, le parent, a ses limites… et je trouve extrêmement dommageable d’assommer le
parent de culpabilité alors qu’il a au contraire tellement besoin d’un moteur positif et
joyeux… »52
Ce point de vue est d’ailleurs rejoint par Mamanlullaby et Vanessa. La pression
que ce genre d’éducation engendre peut être écrasante. Les travaux sur l’intensive parenting
montrent que les mères pratiquant un maternage proximal sont sujettes à la dépression (Rizzo,
Schiffrin, Liss, 2013). Les parents ont peur de mal faire, que leurs actes aient des
conséquences sur le développement de l’enfant : « The association of parenting with such
omnipotent and grave consequences has the perverse consequence of disorienting family life.
50
http://www.howwemontessori.com/how-we-montessori/2011/08/lack-of-sleep-lack-of-perspective.html
(consultée le 21 mai 2014) 51
http://lesvendredisintellos.com/2014/01/17/le-jour-ou-jai-referme-un-livre-parentalite-positive/ (consultée le
22 mars 2014) 52
http://vaallos.wordpress.com/2014/01/16/le-parent-a-ses-limites/ (consulté le 21 mai 2014)
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25
It breeds parental insecurity and leads to a situation where mothers and fathers lose faith in
their ability to do what’s right for their children. »53
La place du conjoint peut être une difficulté. Cela ne semble pas être le cas pour les mères
observées même s’il n’a pas forcément la même vision : « Il est quand même dans le même
principe, mais ses limites sont plus basses que les miennes. Plus facilement, il va partir dans le
rapport de force, plus vite. Des fois, forcément, il va vouloir punir un enfant dans sa chambre
ou des choses comme ça. Voilà. Mais bon, le dialogue est possible, donc ça va, on s’en sort
pas trop mal quand même. » (Nathalie). On voit cependant que c’est une affaire de mère que
de s’intéresser à l’éducation bienveillante et que les maris doivent suivre : « I think it was also
important for my husband to know that I had done my research. This wasn't a fad. […] I
researched enough so I was aware of some of the common myths and oppositions to
Montessori. But what if this isn't enough to get your partner/husband's support? […] If my
husband still needed convincing I would send him straight to Montessori Madmen. I'd ask
him to take a look around their blog and check out all their links including the link to this site.
If he still wasn't convinced, we would probably need to take a good look at how we
communicate and how we'd go forwards in choosing a school. » (Kylie)54
Si Nathalie et Elsa ne semblent pas avoir de problèmes quant à leur entourage, ce n’est pas le
cas de tous les parents qui s’essaient à la parentalité positive. Nathalie souligne d’ailleurs le
fait que chercher à se justifier n’aidait pas à la compréhension des autres : « Avant, j’essayais
vraiment d’argumenter, d’expliquer mes choix, etc. D’ailleurs, voilà, certaines fois, je me suis
aperçue que ça pouvait devenir virulent en face, parce qu’il ya avait énormément de
culpabilisation de la personne, qui se culpabilisait toute seule en pensant : « pourquoi elle y
arrive et pas moi ? » ». La famille de Kylie semble éprouver de la difficulté à comprendre
l’intérêt de Montessori : « It's not like I feel that I have to explain or justify our parenting
decisions, it's more that I would like to share better with others. Especially our family. I think
over time they are learning more about Montessori but I am sure they think I am a little off
53
Furedi Frank, Intensive parenting. In 21st century Britain parenting has become disassociated from
childrearing, in Society Today, 2009. 54
http://www.howwemontessori.com/how-we-montessori/2012/01/montessori-men-and-a-husbands-support.html
(consultée le 23 mai 2014)
Mélanie GUILLAUME 12317592
26
balance and slightly obsessed. » 55
. Kylie compte sur le long terme pour montrer le bénéfice
de ses choix éducatifs.
Mamanlullaby et Vanessa, sans pour autant être en froid avec leur famille, se sentent en
décalage par rapport à elle, selon Mamanlullaby : « En discutant avec le papa de Petit Homme
sur le décalage de nos choix éducatifs, pas toujours facile à gérer avec nos proches, nous en
avons conclu que nous n’avions simplement pas la même conception que notre entourage de
notre rôle en tant que parent… »56
Il y a des remarques, des interrogations de leur part qui
peuvent être génératrices de tensions. On peut considérer que ces différents sont
généralisables. En effet, les façons d’éduquer changent à chaque génération. La transmission
intergénérationnelle des valeurs éducatives n’est pas forcément assurée, ce qui peut générer
une crise intergénérationnelle. Reynaldo Perrone explique clairement les mécanismes de
transmission et les crises que les différences peuvent engendrer entre générations (Perrone
2009). C’est propre au fait que les enfants n’ont pas forcément le même environnement que
leurs parents et que les idées changent au fur et à mesure des générations, comme l’ont montré
Parseval et Lallemand dans L’art d’accommoder les bébés.
Essayer d’autres façons d’éduquer, différentes du vécu éducatif, n’est pas simple.
Mamalullaby en fait part sur son blog : « C’est dans ces moments que je mesure à quel point il
est difficile de s’affranchir de ce que l’on a vécu enfant. Quand je m’emporte et crie, dans les
expressions, le ton que j’emploie, ce n’est pas moi que j’entends. Quand je sens toute cette
colère qui gronde à l’intérieur, je sais qu’elle ne m’appartient pas. »57
Elle prolonge sa
réflexion en disant que la parentalité positive est aussi une lutte contre soi-même : « Mais
qu’il est difficile de se battre contre soi ! J’ai beau être convaincue intellectuellement des
conséquences de mon comportement lorsque je ne me maitrise pas, émotionnellement, je ne
parviens pas encore à empêcher la colère de monter (ou à m’en libérer sainement) malgré les
astuces et exercices proposés dans plusieurs ouvrages. »58
C’est le souci principal de
Vanessa : « Je m'évertue à une éducation sans fessées, ni punitions... c'est dur, très dur. Je
55
http://www.howwemontessori.com/how-we-montessori/2011/04/do-you-have-trouble-communicating-
montessori.html (consultée le 19 avril 2014) 56
http://sansleconsnipunitions.fr/article-parent-est-ce-un-role-97885591-html/ (consultée le 21 mai 2014) 57
http://sansleconsnipunitions.fr/article-la-violence-educative-chapitre-ii-alors-comment-en-sortir-en-pratique-
60707707-html/ (consultée le 21 mai 2014) 58
Ibid.
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crie, je hurle, il m'arrive de le taper. Je me bats quotidiennement contre mes propres moulins à
vent. Je me bats contre moi beaucoup plus que contre une idée stéréotypée de l'éducation. »59
C. Une éducation englobée dans un mode de vie particulier
a. Philosophie de vie
La réflexion autour du style de parentalité semble s’inscrire dans une réflexion plus globale
sur le style de vie que les parents mènent.
On peut déjà constater que les mères ont une profession proche des milieux éducatifs pour un
certain nombre d’entre elles. Elsa et Nathalie sont professeures des écoles. La mère d’Elsa
était éducatrice spécialisée. Cependant, ce n’est pas le cas de toutes : Vanessa était assistante
administrative avant de s’arrêter de travailler pour élever son enfant. Vaallos était ingénieure
en informatique, elle s’est reconvertie en assistante maternelle après son congé parental. Pour
ces dernières, c’est plus une vision de la vie qui les a menées à l’éducation bienveillante.
L’intérêt pour l’environnement et l’écologie revient chez la grande majorité. Mamanlullaby
dit d’ailleurs : « En effet, nous faisons notre bout de chemin en essayant d’être attentifs à
notre impact sur l’environnement, sans forcément être militants dans l’âme mais en cherchant
des solutions pour concilier nos besoins, nos envies, avec un mode de vie le plus respectueux
possible de notre belle planète et de tous ses habitants ! »60
Vaallos a cousu elle-même ses
couches lavables, pour des raisons économiques, mais aussi écologiques : « Alors déjà,
POURQUOI diantre les couches lavables ? D’une part pour l’économie assez monstrueuse :
comptez entre 2 et 3 000 euros de couches jetables de la naissance à la propreté. Et en
décidant de faire moi-même les couches, j’en ai eu pour… 250 euros de matériel, et il faudra à
peu près autant pour la lessive, soit 500 euros de la naissance à la propreté. D’autre part pour
l’écologie paske j’aime pas faire plein de déchets. »61
.
L’alimentation semble être également une préoccupation importante. Vanessa a des
problèmes de surpoids et cherche à modifier son rapport à la nourriture. Elle désire apporter à
son fils une éducation alimentaire qui lui a fait défaut : « En fait, je suis persuadée qu’un réel
apprentissage alimentaire, comme hygiène de vie, est à mettre en place dans les familles. Il
s’agit d’une éducation parentale et culpabiliser les enfants ne provoque que des focalisations
59
http://iam-like-iam.blogspot.de/2010/04/livret-sur-la-non-violence-educative.html (consultée le 21 mai 2014) 60
http://sansleconsnipunitions.fr/article-de-l-ecologie-au-maternage-chapitre-i-58985581-html/ (consultée le 21
mai 2014) 61
http://vaallos.wordpress.com/2011/05/05/elle-est-pas-belle-ma-couche-lavable/ (consultée le 1er
mai 2014)
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et problèmes. »62
. Elsa est végétarienne depuis l’âge de 15 ans. Elle réfléchit également
beaucoup à la composition des assiettes, cherche à pratiquer la macrobiotique63
, à trouver un
équilibre. Mamanlullaby est végétarienne, mais n’impose pas ce régime à son enfant : « […],
je ne mange pas d’animaux. […] Mais mon Petit Homme en mange, et j’avoue que je n’ai pas
encore réfléchi à comment j’aborderai le sujet avec lui, à ce que je lui répondrai par exemple
s’il se questionne sur le fait de manger un cadavre d’animal… » 64
. Nathalie a lancé un sujet
de discussion sur ce qu’elle nomme l’alimentation consciente. Elle ne mange plus de viande
non plus. Elle trouve énormément de bénéfices à son alimentation : « Pour ma part, je pense
avoir trouvé un bon équilibre, et j'en constate les effets positifs: alors que j'étais tout le temps
malade […], je n'ai pas été malade une seule fois cette année, sauf une otite séreuse causée
par un bouchon et soignée en 2 jours […]. Bref, beau bilan pour moi! Mes enfants boivent pas
mal de jus et même constat: plus du tout malades alors qu'ils étaient tout le temps
enrhumés! »65
. Kylie n’est pas végétarienne, sa réflexion autour de l’alimentation réside plutôt
autour de la manière d’inclure les enfants à la préparation des repas. Son livre Kids in the
kitchen66
reflète d’ailleurs cette philosophie. Vaallos réfléchit à la surconsommation de
nourriture : « La première : te rends-tu compte de tout ce que tu MANGES ? Je te parle pas de
régime et autres abominations du genre hein. Je te demande si tu te rends compte à quel point
l’accès à la nourriture est super facile. Un ptit gâteau par-ci, une sucrerie par-là, une chips, un
verre de jus de fruit, une bière. On a de la nourriture plein les placards… »67
.
Ces parents ont également à cœur de réfléchir à leur positionnement par rapport à la société de
consommation, en particulier au sujet des enfants, cœur de cible de nombreuses enseignes et
marques. Ils cherchent d’abord à freiner les cadeaux offerts aux enfants : « C'est vrai, quoi :
plus ça va, plus j'ai envie de limiter les jouets. »68
(Elsa). Souvent, les jouets sont en matières
naturelles, comme préconisé dans les pédagogies Montessori et Reggio. L’objet n’est pas un
consommable jetable, il est considéré comme porteur d’une histoire, vecteur d’une activité,
choisi pour ce qu’il peut apporter à la vie sensorielle de l’enfant : « L'enfant a accès à "l'âme"
des objets ; plus un objet est beau, plus il est vivant ou chargé d'histoire, plus on a envie d'en
62
http://iam-like-iam.blogspot.de/2008/03/education-alimentaire-entre-sensations.html (consultée le 30 avril
2014) 63
http://mercimontessori.blogspot.fr/2013/04/taguee.html (consultée le 30 avril 2014) 64
http://petit-homme.over-blog.fr/article-dans-les-comptines-et-chansons-67346895.html (consultée le 1er mai
2014) 65
http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/303503-manger-cru/?p=7289824 (consultée le 1er
mai 2014) 66
Cotner Sara E., D’Alton Kylie, Kids in the Kitchen, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2012 67
http://vaallos.wordpress.com/2011/12/22/surconsommer-ou-pas-surconsommer/ (consultée le 1er mai 2014) 68
http://mercimontessori.blogspot.de/2013/10/arc-en-ciel-de-soie.html (consultée le 21 mai 2014)
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prendre soin. Cela est vrai des enfants aussi ! De même, veillez à écarter tous les jouets dont
ni l'enfant ni vous-même ne pouvez comprendre comment il fonctionne. […] Du jour où j'ai
dit à mon entourage que nous étions enchantés des cadeaux offerts aux enfants du moment
qu'ils étaient sans pile, j'ai vraiment eu le sentiment d'avoir trouvé un critère de choix efficace.
Bien sûr, dans l'idéal, il aurait fallu préciser "et qui ne soit pas en plastique". » (Elsa)69
La
télévision, symbole de la société de consommation est soit absente comme chez Elsa « Pas de
télévision chez nous, pas de jouets "qui parlent" »70
, soit l’accès est très contrôlé, comme
chez Mamanlullaby : « Nous n’avons pas la télévision (plus exactement nous avons un
téléviseur pour regarder les DVDs mais pas d’accès aux chaînes) ». C’est aussi le cas de
Kylie, qui reproche aux écrans leur passivité et l’addiction qu’ils suscitent : « Then it started
to get out of control. The more television he watched, the more he wanted to watch. When he
was better he still wanted to watch copious amounts of television. He even became fanatical
about it, not just the television but the shows and the characters.”71
b. Ouverture aux autres et repli sur soi
Les parents pratiquant l’éducation bienveillante sont assez bavards sur le sujet sur Internet. Il
y a un certain nombre de forums, de sites et de blogs consacrés à la parentalité et un grand
nombre sur la question de la bienveillance. Les dénombrer est difficile. Les mères blogueuses
sélectionnées ici sont prolixes. Au 1er
mai 2014, « Je suis ce que je suis », compte 1221
articles depuis le 20 janvier 2007 ; « Sans leçons ni punitions », 242 articles depuis le 11
octobre 2010 ; « How we Montessori » possède 693 articles depuis le 22 janvier 2011 ;
« Vaallos bavarde », 372 depuis le 27 avril 2011 ; « Merci qui ? Merci Montessori ! » compte
471 articles depuis le 10 mai 201. Les auteures répondent volontiers aux commentaires de leur
blog, aux mails que leurs lecteurs leur envoient. Un parent à la recherche de réponses est vite
conseillé avec beaucoup d’enthousiasme. Kylie a même étendu son activité sur Internet à
l’écriture d’ouvrages et la création d’une boutique de matériel Montessori en ligne72
.
Si le parent bienveillant prodigue aisément des conseils ou répond à des questions, on observe
cependant une attitude différente à l’égard de la critique. La parentalité bienveillante connaît
des détracteurs. Suite aux entretiens avec Elsa et Nathalie, il apparaît que la discussion autour
69
http://mercimontessori.blogspot.de/2013/07/ma-maison-montessori-la-chambre-denfant.html (consultée le 23
mai 2014) 70
http://mercimontessori.blogspot.de/2014/02/ecouter-le-silence.html (consultée le 24 mai 2014) 71
http://www.howwemontessori.com/how-we-montessori/2011/08/where-is-the-tv.html (consultée le 21 mai
2014) 72
http://www.howwemontessorishop.com/
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du sujet de l’éducation est délicate. En général, il n’y a pas de place pour le débat : « Ensuite,
je pense que j’ai une manière de procéder qui n’appelle pas à la critique. Je pense que mes
amis sentent que je ne suis pas ouverte à la critique ! » (Elsa) Si au départ, Nathalie cherchait
à se justifier, elle a fini par cesser de le faire : « J’essaie plus du tout d’argumenter ou de dire
comment moi, je vois les choses, parce que je me suis aperçue que ça ne servait à rien. » La
remise en cause de l’éducation reçue par les parents est quelque chose de difficile et tout le
monde n’est pas prêt à le faire : « Enfin, ça implique tellement de choses. Ça implique d’être
au clair avec soi, avec l’éducation qu’on a reçue. Ça implique d’admettre que nos parents ont
mal fait les choses et ça, c’est quelque chose de très, très difficile. […] On préfère prendre le
parti de nos parents et dire que ce n’est pas grave alors que ça l’était. Ça dépend vraiment du
ressenti de chacun, mais voilà, je me suis aperçue que la personne en face, quand elle n’est
pas prête à se remettre en question et à reconnaître certaines choses, elle ne pourra pas écouter
ce discours-là. »
Lorsque le décalage s’effectue avec l’entourage proche, le parent va souvent prendre le parti
de les ignorer après un temps. S’il cherche à se justifier dans un premier temps, il
abandonnera face aux résistances et là, encore le repli sur soi s’effectue.
Les parents bienveillants ont alors tendance à se tourner vers Internet et les associations de
maternage pour trouver les réponses à leurs questions, une oreille compréhensive à leurs
problèmes et surtout le sentiment de ne pas être jugés. « Par contre, quand j’ai des personnes
dans l’association, qui eux, sont dans cette démarche et viennent chercher des idées et des
choses comme ça, là, on partage des choses. » (Nathalie).
Conclusion
Les parents qui se tournent vers la parentalité positive portent en eux différents héritages
éducatifs. Il y a ceux qui souhaitent transmettre cette éducation bienveillante qu’ils ont reçue
et estiment qu’elle influencera les générations futures. Il y a les enfants battus qui ne veulent
pas reproduire ce qu’ils ont subi et veulent réparer les blessures de leur enfance. Enfin, la
troisième catégorie de parents comporte ceux qui ont reçu une éducation classique, pas
forcément maltraitante, mais comprenant une part de violence dite ordinaire, acceptée
généralement par la communauté, car considérée comme éducative.
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31
L’éducation que ces parents recherchent est pour eux une réponse à leurs interrogations et qui
s’accorde avec leur sensibilité et la philosophie de vie qu’ils souhaitent suivre. Ce sont des
mère qui veulent accompagner leur enfant en le respectant en tant que personne dès la
naissance, en écoutant ses émotions et ses besoins et en y apportant une réponse sans violence
physique, ni psychologique. L’éducation bienveillante rejoint dans plusieurs aspects le
maternage, qui applique les mêmes principes philosophiques.
Il est important de noter que les parents qui se tournent vers cette éducation remettent
également en question d’autres aspects de la société actuelle : consommation, écologie,
économie. Certains allient parentalité et développement durable. D’autres ont plus d’affinités
avec le bien-être de l’esprit pour eux et leur famille. La parentalité positive fait partie d’un
tout dans leur cheminement de vie.
Il serait intéressant de voir les effets de cette parentalité sur les enfants à long terme que ce
soit au plan psychologique que sur leur rapport aux autres et à l’institution. En particulier, je
pense qu’il est aussi pertinent de voir quelle est l’influence de ce choix éducatif chez les
parents qui décident de pratiquer l’instruction en famille. En parallèle avec les travaux sur
l’intensive parenting, il est aussi pertinent de se poser la question de la place de la mère dans
ce genre de parentalité et de l’image qu’elle donne de la femme à une époque où l’image
traditionnelle de la femme au foyer est sujette à débat. La place du père et son positionnement
par rapport à cette voie éducative pose aussi question. Serait-il simplement cantonné au rôle
de suiveur ou de critique ?
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Blogs des parents étudiés
How we Montessori (Kylie) : http://www.howwemontessori.com/
Je suis ce que je suis. (Vanessa) : http://iam-like-iam.blogspot.com/
Merci qui ? Merci Montessori ! (Elsa) : http://mercimontessori.blogspot.com/
Sans leçons ni punitions (Mamanlullaby) : http://sansleconsnipunitions.fr/
Vaallos bavarde (Vaallos) : http://vaallos.wordpress.com/
Sites visités
Isabelle Filliozat : http://www.filliozat.net
Stades du développement d’Erikson :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stades_du_d%C3%A9veloppement_ (consultée le 3 mars 2014)
Les supers parents : http://www.les-supers-parents.com/
Les sujets sur l’éducation bienveillante sur le forum Enseignants du Primaire :
Tome 1 : http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/215232-planete-maternage-
eduquer-ses-enfants-autrement/?hl=%20plan%E8te%20%20maternage
Tome 2 : http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/220621-planete-maternage-
eduquer-ses-enfants-autrement-tome-2/?hl=%20plan%E8te%20%20maternage
Tome 4 : http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/237802-eduquer-ses-
enfants-autrement-tome-4/?hl=%20plan%E8te%20%20maternage
Tome 5 : http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/295069-eduquer-ses-
enfants-autrement-tome-5/
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Les vendredis intellos : http://lesvendredisintellos.com/
Conférences visionnées
Conférence de Nicole Guédeney sur l’attachement :
https://www.youtube.com/watch?v=Vg04KWHWH5o visionnée le 3 avril 2014
Conférences données par Isabelle Filliozat :
« J’ai tout essayé » 1h30 date inconnue
https://www.youtube.com/watch?v=p3CGtTBXNdk consultée le :
« Il n’y a pas de parent parfait » 1h30 23 mars 2010
https://www.youtube.com/watch?v=zhlyeFOJRb0 consultée le :
« Construire la relation autrement » 1h30 décembre 2102
https://www.youtube.com/watch?v=0yjmg_UqtFo consultée le :
« Au cœur de l’émotion de l’enfant » 1h30 20 juin 2013
https://www.youtube.com/watch?v=40zpbR8wm_4 consultée le :
Interventions d’Isabelle Filliozat dans des émissions de télévision :
Les maternelles, émission de France 5 : « L’autonomie pas à pas » :
https://www.youtube.com/watch?v=HZS4KpFgOo0 consultée le 24 mars 2014.
La gestion des émotions : https://www.youtube.com/watch?v=sSshv4OvqGo consultée
le 24 mars 2014.
Les maternelles, émission de France 5 : « La claque, une loi pour l’interdire » :
https://www.youtube.com/watch?v=cRyb13B-kwY consultée le 27 mars 2014.
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Annexe 1 : Grille d’entretien
Questions personnelles Sur la pratique Sur le parent
Combien avez-vous
d’enfants ?
Comment se passe une journée
avec vos enfants ? Avez-vous
un emploi du temps ? Des
rituels ?
Avez-vous reçu ce genre
d’éducation ? Si non, comment
avez-vous appris à faire ainsi ?
Quel âge ont vos
enfants ?
Avez-vous aménagé votre
logement différemment ? Dans
quel but ?
Comment votre entourage
perçoit-il cette forme
d’éducation ?
Comment réagissent vos propres
parents ?
À quel âge les avez-
vous eus ?
Comment gérez-vous les
pleurs ? Les colères ?
Que pensez-vous de votre
manière de faire ?
Avez-vous le sentiment de vous
sentir en rupture avec l’éducation
que vous avez reçue ?
Travaillez-vous ? Êtes-
vous en congé
parental ?
Comment communiquez-vous
avec votre enfant ? Et quand il
était plus petit ?
Si communication particulière :
Comment avez-vous mis en
place cette communication ?
Dans quel but ?
Votre conjoint (e) partage-t-il vos
convictions ? Si non, comment
gérez-vous la différence
éducative ?
Selon vous, qu’apporte votre
pratique éducative à vos
enfants ?
Que vous apporte une telle
pratique éducative ? Qu’est-ce
qui vous satisfait ? Ou au
contraire, y a-t-il des limites, des
choses qui ne vont pas ?
Lesquelles ?
Que dites-vous lorsque vous
rencontrez quelqu’un qui critique
votre manière de faire ?