Genre et gouvernance décentralisée au Québec: le cas de l'économie sociale dans la région du...

30

Transcript of Genre et gouvernance décentralisée au Québec: le cas de l'économie sociale dans la région du...

Cahiers de l’ORÉGAND : série Recherche - No. R-2

Denyse Côté - 1950 Marie-Paule Maurice - 1947

Sylvie Chénard : soutien technique Laurence Clennett-Sirois : correction linguistique Karl Dorais Kinkaid : mise en page ISBN : 2-89251-253-0 ©- ORÉGAND, 2005 Gatineau, Qc. - Canada

Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région du Centre-du-Québec

Denyse Côté, Marie-Paule Maurice avec la collaboration de Danielle Fournier

Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région du Centre-du-Québec

Denyse Côté Marie-Paule Maurice

avec la collaboration de Danielle Fournier

ORÉGAND Université du Québec en Outaouais

2

Table des matières Préambule 3 1. La région du Centre-du-Québec 4 2. Les mesures gouvernementales en économie sociale dans la région du

Centre-du-Québec 5

a) Le Comité régional en économie sociale du Centre-du-Québec : 1997-1998 6

b) Les Centres locaux de développement : 1999 -- 7

3. L’économie sociale : des visions à la fois opposées et convergentes 8 4. Les projets en économie sociale subventionnés sur une base régionale

ou locale au Centre-du-Québec 1997-2002 12 En bref 22 Annexe I 24 Références 25

3

Préambule1

Ce portrait de l’économie sociale dans la région du Centre-du-Québec porte sur une période qui peut sembler déjà révolue : celle de 1997 à 2002. En effet, le nouveau gouvernement provincial élu en avril 2003 a implanté depuis d’importants changements au niveau des structures de gouvernance locale et régionale : changement dans la composition des conseils d’administration des Centres locaux de développement (CLD), rattachement des CLD aux Municipalités régionales de comté (MRC), remplacement des Conseils régionaux de développement (CRD) par des Conférences régionales des élus (CRÉ). Ces changements de structure ont été accompagnés d’un changement dans la philosophie d’intervention aux niveaux local et régional tout comme en économie sociale. Et cette période subséquente à la recherche a consacré l’absence des groupes de femmes à titre d’acteurs politiques régionaux en économie sociale. Il n’en demeure pas moins intéressant et important d’analyser la période antérieure, car elle illustre des modalités uniques de rapports entre la société civile et les autorités régionales et locales. Elle illustre également des modes de gestion particuliers en économie sociale qu’il nous faut mieux comprendre afin de mieux intervenir en regard de l’atteinte d’objectifs d’égalité hommes-femmes au niveau des politiques gouvernementales décentralisées.

Ce document est issu d’une recherche menée dans sept régions du Québec qui avait pour but de mieux saisir l’économie sociale d’un point de vue régional et local. Il présente des données recueillies sur les projets d'économie sociale au Centre-du-Québec financés à même des fonds régionaux et locaux. Il aborde aussi l’impact de ces projets sur les femmes de la région et sur la place des groupes de femmes dans les processus décisionnels régionaux en matière d’économie sociale. La dynamique de concertation ainsi que les mécanismes d’attribution des fonds régionaux et locaux en économie sociale y sont analysés, de même que la vision des praticiens et des acteurs en économie sociale. Ceci permettra de combler tant soit peu le vide créé par la fragmentation des dossiers, des domaines et des territoires ainsi que par l’évolution rapide du contexte. Ce document ne présente cependant qu’une partie des données recueillies au Centre-du-Québec au cours de cette recherche.

La question de départ de cette recherche portait sur le lien entre un mouvement social, le mouvement des femmes et la politique sociale dont il a suscité la création. Plus précisément, elle portait sur la capacité de cette nouvelle politique en économie sociale mise en place en 1996 à répondre à certaines revendications des groupes de femmes formulées lors de la Marche Du pain et des roses de 19952. En effet, dès 1996, le gouvernement du Québec avait octroyé aux groupes de femmes régionaux un rôle central au sein des Comités régionaux en économie sociale (CRÉS), 1 Nous tenons à remercier Guillaume Albert, Marie-Aude Boislard Pépin, Lisa Denoncourt, Hugo Lemay, Caroline St-Amand, Anne-Marie Royer, Élyse Vézina qui ont participé à la collecte et à la mise en forme des données, de même que Benoît Michaud qui a participé à l’analyse de contenu. 2 Une des revendications formulées par les groupes de femmes à cette occasion était celle des « infrastructures sociales », sorte de clin d’oeil aux investissements massifs du gouvernement fédéral dans les infrastructures routières ; ils demandaient au gouvernement du Québec un investissement semblable dans les secteurs d’activités sociales vouées au bien-être de la population dans lesquels travaillent une majorité de femmes. «On parle donc d’économie sociale... », disent-elles (Marche des femmes contre la pauvreté, Du pain et des roses, 1995, p. 2).

4

mais ce rôle s’était pratiquement estompé suite à la mise en place des Centres locaux de développement (CLD) en 1999.

La collecte de données s’est effectuée entre 1996 et 20023 dans 7 régions du Québec (Outaouais, Lanaudière, Laurentides, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Laval, Centre-du-Québec, Montréal). Ont été réalisées des entrevues auprès d’informateurs-clés, des focus groups auprès de promotrices et promoteurs de projets et auprès de travailleuses et travailleurs embauchés à même ces subventions, ainsi qu’une recension téléphonique des projets ayant reçu une subvention régionale ou locale en économie sociale4. Les données recueillies documentent l’évolution des modes d’allocation budgétaire locale et régionale en économie sociale au Centre-du-Québec entre 1997 et 2002, les retombées des processus décisionnels régionaux et locaux ainsi que les dynamiques décisionnelles en économie sociale propres à cette région. La cueillette des données a porté sur les projets en économie sociale qui ont émergé directement du milieu régional et local du Centre-du-Québec plutôt que sur les projets créés directement par le Chantier de l’économie sociale dans toutes les régions du Québec5. Le présent document est une monographie des modalités de gestion du financement local et régional de l’économie sociale dans le Centre-du-Québec entre 1997 et 2002, avec un regard particulier porté sur l’insertion des femmes, des groupes de femmes et du traitement de leurs demandes dans ce contexte.

1. La région du Centre-du-Québec La région du Centre-du-Québec a été créée en 1997 et est issue de la division de l’ancienne région Mauricie-Bois-Franc. Située entre Montréal et Québec, elle longe au sud le Fleuve St-Laurent et compte 84 municipalités, 2 communautés autochtones abénaquies et 5 municipalités régionales de comté (MRC) : Arthabaska, Bécancour, Drummond, Érable et Nicolet-Yamaska. Plus de 50 % de la population réside dans l’un des cinq principaux centres urbains du territoire : Victoriaville, Bécancour, Drummondville, Plessisville et Nicolet (MDEIE, 2005 ; CSF, 2004).

La population du Centre-du-Québec était de 218 500 personnes en 2001, et représente 3 % de la population québécoise. Elle s’est accrue d’environ 5 % entre 1991 et 2001, mais on constate un certain ralentissement de ce rythme de croissance au cours des dernières années (hausse de 1,5 % après 2001). Le vieillissement de la population y est légèrement compensé par l’augmentation du nombre de personnes de 15 à 24 ans (7 %) et par la proportion élevée des jeunes de moins de 15 ans (18,3 %). La présence d’un pourcentage plus élevé de personnes de moins de quinze ans est attribuable à une forte fécondité : la région compte proportionnellement davantage de familles de plus de 3 enfants que l’ensemble du Québec (19,8 % comparativement à 17,4 %). Enfin, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans se compare à celui de l’ensemble du Québec et le 3 Il ne s’agit pas d’une recherche longitudinale, mais bien d’une recherche dont la cueillette de données s’est étendue de 1996 à 2002. 4 Cette recherche a été financée successivement par Condition féminine Canada (Côté et al, 1998), par l’Université du Québec en Outaouais (Côté, 2003) et par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) en partenariat avec Relais-femmes. 5 Le Chantier de l’économie sociale a été constitué en 1996 suite à une recommandation du Groupe de travail sur l’économie sociale du Sommet sur l’économie et l’emploi. Il fait la promotion de projets d’économie sociale dans des secteurs précis (aide domestique, Centres de la petite enfance, ressourcerie, centres péri-ressources, etc.) implantés à travers le Québec. Ce sont les « axes sectoriels » du Chantier de l’économie sociale auxquels on réfère dans ce texte.

5

pourcentage de femmes dans ce groupe d’âge est relativement le même que dans l’ensemble du Québec (57,5 %) (MDEIE, 2005 ; CSF, 2004).

L’activité économique s’y concentre autour de l’industrie agroalimentaire et du secteur manufacturier. Le secteur primaire est également très dynamique car on y retrouve trois fois plus de main-d’œuvre que la moyenne québécoise (7,2 % et 2,4 % respectivement). Comparativement à l’ensemble du Québec, la région compte moins d’emplois dans le secteur tertiaire (75 % pour le Québec et 60 % pour le Centre-du-Québec). Les Carrefours de la nouvelle économie constituent un levier supplémentaire pour les activités liées au savoir et une bonne perspective de croissance et d’attraction pour les nouvelles entreprises à la recherche d’une main-d’œuvre spécialisée. Soulignons aussi les initiatives pionnières de la région dans le secteur de la récupération et du recyclage des matières résiduelles et son dynamisme en matière de développement communautaire (CSF, 2004 ; MDEIE, 2005).

Dans le Centre-du-Québec, le taux d’activité était semblable en 2001 à celui du Québec dans son ensemble (respectivement 57,1 % et 57,7 %), et le taux de chômage était de 7,5 % (comparativement à 7,7 % pour l’ensemble du Québec). Le taux d’activité féminin est plus faible que celui des hommes, l’écart atteignant 14,8 points. Le taux de chômage féminin dépasse celui des hommes dans la région et est plus fort que dans l’ensemble du Québec (7,5 % comparativement à 6,9 %). De plus, les femmes de la région occupent des emplois à temps partiel en plus grande proportion que les hommes (30,6 % et 11,8 % respectivement) et davantage aussi que les Québécoises (27,9 %). L’emploi des femmes de la région est concentré dans les secteurs des affaires, de la finance, de l’administration (23,4 %), et de la vente et des services (27,2 %). De 1996 à 2001, le revenu moyen d’emploi des femmes du Centre-du-Québec a augmenté plus lentement que celui des Québécoises. Les femmes de la région touchent le plus faible revenu moyen d’emploi du Québec (18 548 $), ce qui correspond à 79,7 % du revenu moyen des Québécoises (23 282 $). Soulignons aussi que le revenu moyen des femmes (17 415 $) est inférieur à celui des Québécoises (21 286 $) et que celui des hommes (28 479 $) est inférieur à celui des Québécois (33 117 $) (CSF, 2004).

2. Les mesures gouvernementales en économie sociale dans la région du Centre-du-Québec La région du Centre-du-Québec est reconnue par plusieurs comme étant le berceau du développement communautaire au Québec. On y retrouve encore aujourd’hui la Table nationale des corporations de développement communautaire (TNCDC). Il existe une CDC par MRC et chaque CDC regroupe de 30 à 50 organismes communautaires actifs dans différents domaines (défense des droits, famille, santé, jeunes, etc.). Les CDC sont très influentes dans la région, en particulier en économie sociale: elles siègent au CRÉS depuis sa création en 1997 et ont participé à la création du Conseil régional de concertation et de développement Centre-du-Québec (CRCDCQ). Entre 1997 et 2002, une représentante des CDC siégeait à l’exécutif du CRCDCQ. La région compte également 31 groupes de femmes membres de la Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec. Celle-ci a vu le jour dans la foulée de la création de la région en 1997. Depuis sa création, cette Table est très active, notamment en économie sociale : la présidence du CRÉS a été assumée entre 1997 et 2002 par une membre de la Table occupant « le siège femme » à l’exécutif du CRCDCQ. Selon plusieurs, les groupes de femmes et

6

les Corporations de développement communautaire (CDC) auraient des affinités idéologiques, la majorité des CDC partageant la conception de l’économie sociale issue des groupes de femmes.

a) Le Comité régional en économie sociale du Centre-du-Québec (CRÉS) : 1997-1998 Dans la foulée de la Marche des femmes Du Pain et des Roses, le gouvernement du Québec a créé en 1996 un programme permettant de soutenir l’économie sociale dans chacune des régions du Québec. Pour en assurer la gestion, il a mis en place des Comités régionaux en économie sociale (CRÉS) dans chaque région. Ceux-ci ont alors dû développer des critères et des modalités d’allocation budgétaire pour les projets d’économie sociale de leur propre région. Dans la région du Centre-du-Québec, les mesures en économie sociale ont été mises en place en 1997 au moment de la création de la région. L’implantation du CRÉS s’est donc faite une année après les autres régions, au moment de la phase d’élargissement des CRÉS dans l’ensemble du Québec. Dès sa mise en place, le CRÉS du Centre-du-Québec a été composé de représentants des groupes de femmes, des CDC, des coopératives, des syndicats et des ministères. En 1997, les critères d’admissibilité des projets en économie sociale ont été débattus au sein du CRÉS. L’un des points de discussion concernait les projets associés aux axes sectoriels du Chantier de l’économie sociale. On s’est questionné à savoir si ces projets, ceux en aide domestique plus particulièrement, étaient bien des projets d’économie sociale parce qu’il ne s’agissait pas d’initiatives issues du milieu régional. Mentionnons qu’au même moment, des débats se tenaient dans la région autour de la définition de l’économie sociale. Dans un cas, les divergences au sein du CRÉS se sont soldées par le départ d’une CDC. Les groupes de femmes et la majorité des CDC remettaient en effet en question les projets associés aux axes sectoriels du Chantier qu’elles identifiaient comme de l’économie sociale étatique. L’aide domestique était particulièrement visée par ces critiques : on craignait l’ouverture du panier des services, une substitution d’emploi ainsi que la création de « cheap labor ». La réticence des groupes de femmes et du milieu communautaire à l’égard des entreprises d’aide domestique aurait, selon certains informateurs-clé, retardé leur implantation. Elles ont finalement été implantées dans les 5 MRC de la région. Mais des balises ont été imposées par les CDC et le CRÉS : aucun service d’aide à la personne ne devait être fourni (par exemple, faire le marché, nourrir les personnes) par crainte d’une substitution aux services fournis par le secteur para-public. Dès son rattachement au CRCDCQ en 1998, le CRÉS aviseur a mené des discussions pour que l’économie sociale soit incluse dans la planification stratégique régionale, et qu’un plan d’action en économie sociale soit mis en place. Un volet économie sociale a donc été inclu dans le plan stratégique du Centre-du-Québec. Il comporte deux objectifs principaux : développer une nouvelle approche de développement social et économique, par la sensibilisation de partenaires économiques à l’économie sociale et le financement adéquat pour ce secteur, et le deuxième, contrer la pauvreté en favorisant la création d’entreprises ou d’activités d’économie sociale permettant la prise en charge du milieu,

7

notamment par la création d’emplois de qualité pour et par le milieu6. En 1999, le CRÉS a cherché à redéfinir sa mission. L’un de ses rôles a consisté à actualiser le plan triennal (2002-2005) en économie sociale dans la région.

b) Les Centres locaux de développement (CLD) : 1999 --

La Politique de soutien au développement local et régional (Gouvernement du Québec, 1998) transférait la responsabilité de l’allocation budgétaire en économie sociale aux Centres locaux de développement (CLD) de chaque MRC. Issus des anciens commissariats industriels, les CLD sont des guichets multiservices qui ont, entre autres, le mandat de soutenir l’implantation d’entreprises en économie sociale. La composition des conseils d’administration des CLD était variable, mais la Politique exige que les secteurs suivants y soient représentés : milieu des affaires (industriel, manufacturier et commercial), syndicats, municipalités, milieux agricole, coopératif, communautaire, et institutionnel (santé, éducation). Aucun secteur ne pouvait être majoritaire au conseil d’administration d’un CLD. Les députés, les responsables du Centre local d’emploi (CLÉ), le sous-ministre adjoint au ministère des Régions (jusqu’en 2004)7, ainsi que le directeur du CLD, y siégeaient également, mais sans droit de vote (MDEIE, 2005).

Dans la foulée des balises émises par le ministère des Régions, cinq CLD8 sont implantés en 1999 sur le territoire du Centre-du-Québec, un pour chaque MRC. Ils géraient des enveloppes dédiées au financement des projets en économie sociale9 qui ont transité jusqu’en 2004 par le ministère des Régions. Le montant attribué à chaque CLD à même cette enveloppe était déterminé au prorata de sa population. Chaque CLD était alors responsable de l’allocation des subventions en économie sociale sur son territoire, à partir de lignes directrices émises par le ministère des Régions et de critères qu’il avait déterminés. Les organismes admissibles à ces subventions étaient des coopératives ou des organismes sans but lucratif. Les critères d’admissibilité des projets ont été développés en lien avec la finalité sociale du projet et son arrimage au Plan local d’action sur l’économie et l’emploi10 du CLD de chaque MRC. Enfin, seuls certains postes budgétaires pouvaient faire l’objet d’une subvention11 (MDEIE, 2005).

6 Comité régional d’économie sociale du Centre-du-Québec, Planification stratégique régionale en économie sociale, Drummondville, CRÉS et CRCD, 1998, pp. 9-11. 7 Le ministère des Régions n’existe plus. Il a été remplacé en avril 2004 par le Ministère du développement économique et régional et de la recherche, et en 2005 par le Ministère des affaires municipales et des régions ; et pour les aspects économiques par le Ministère du développement économique, de l’innovation et de l’exportation. 8 Les cinq CLD de la région du Centre-du-Québec sont les suivants : Arthabaska, Bécancour, Drummond, Érable et Nicolet-Yamaska. 9 Jusqu’en décembre 2001, cette enveloppe n’était pas fermée, donc non réservée au financement des projets en économie sociale. Certains CLD ont utilisé les fonds en économie sociale pour d’autres fins que le financement direct de projets. Ainsi, dans certains cas, on a utilisé une partie du fonds pour payer le salaire d’un agent ou d’une agente en économie sociale ou encore pour faire la promotion de ce fonds dans le milieu. Depuis janvier 2002, l’enveloppe en économie sociale est fermée. Le Fonds d’économie sociale doit dorénavant être utilisé pour le financement exclusif des projets en économie sociale. 10 Le CLD de chaque MRC est doté d’un plan d’action local sur l’économie et l’emploi (PLACÉE, PALÉE ou PLAÉE, selon les CLD) habituellement établi pour 3 ans. 11 Les dépenses admissibles étaient les suivantes : les dépenses en capital (terrain, bâtisse, équipement, matériel roulant, frais d’incorporation et autres dépenses de même nature à l’exception des dépenses d’achalandage),

8

Dans la région du Centre-du-Québec, le transfert de la gestion des mesures d’économie sociale aux CLD en 1997-98 a provoqué des débats sur le partage des responsabilités entre les structures locales et les structures régionales. Les demandes du CRÉS adressées au CLD12 pour participer à l’évaluation des projets en économie sociale et participer à la gestion de l’enveloppe d’économie sociale ont été refusées. Les groupes de femmes et les CDC ont fait reconnaître par les CLD le travail préalable de valorisation de l’économie sociale réalisé par le CRÉS. Trois des cinq CDC de la région ont eu un contrat de service avec le CLD de leur MRC; ce contrat visait à leur permettre de prendre en charge l’accueil des promoteurs, les études de préfaisabilité et de faisabilité des projets, l’appui pour les montages financiers, pour la recherche de financement ainsi que le suivi des projets. Un désaccord sur le choix des projets à financer a mené à la suspension de deux de ces trois contrats de service entre les CDC et les CLD. Les CDC sont toutefois demeurés très actifs au sein des CLD. D’ailleurs, la présence d’acteurs de divers horizons au conseil d’administration des CLD a provoqué des discussions et des divergences autour de deux conceptions différentes de l’économie sociale : l’une proche de la logique économique traditionnelle et l’autre davantage axée sur les aspects sociaux du développement local. La première logique rejoignait davantage les gens d’affaires et les représentants municipaux, alors que la deuxième était épousée par les représentantes des groupes de femmes et des CDC. Ces dernières questionnaient le choix de critères davantage économiques que sociaux pour l’allocation des subventions, de même que le choix des projets financés par les CLD. L’arrivée de représentants des CLD au CRÉS semble avoir favorisé par contre des discussions sur la finalité sociale des projets ainsi que sur le développement économique des MRC. Au moment des entrevues, plusieurs femmes siégeaient aux CLD de la région, mais elles le faisaient en tant qu’individues et ne représentaient pas les groupes de femmes. La représentante de la Table de concertation du mouvement des femmes siégeait toujours au CRÉS, mais cette participation n’était plus prioritaire pour les groupes qu’elle représente.

3. L’économie sociale : des visions à la fois opposées et convergentes Depuis la mise en place des mesures d’économie sociale en 1996, diverses visions de l’économie sociale se sont côtoyées et les acteurs régionaux ne sont jamais véritablement arrivés à un consensus. La définition de l’économie sociale a fait l’objet d’importants débats idéologiques, en lien notamment avec les critères de sélection des projets. En soi, la définition de l’économie sociale a toujours été ambiguë.

Au niveau empirique, l’économie sociale, en tant que concept, renvoie à un champ d’activité ou à un secteur de l’économie, mais elle demeure des plus floues […]. Au niveau théorique, le constat de

l’acquisition de technologies et de brevets (à l’exception des activités de recherche et de développement), ainsi que les besoins en fonds de roulement se rapportant strictement aux opérations de l’entreprise. L’achat de services-conseils pertinents aux projets de consolidation était également admissible. 12 Rappelons que le CRÉS a une vocation régionale. Ces demandes ont été soumises au CLD de la MRC où le CRÉS avait son adresse civique.

9

l’absence d’une acceptation minimale du concept d’économie sociale et d’une définition opératoire de celle-ci est partagé. (Côté, 2004, p. 8)

Trois définitions ont circulé dans la région, comme d’ailleurs dans toutes les régions du Québec : la définition des groupes de femmes, la définition du Chantier de l’économie sociale et la définition du gouvernement du Québec. La définition des groupes de femmes prend racine dans la revendication des « infrastructures sociales » de la marche des femmes Du pain et des roses de 1995 et présente l’économie sociale comme une alternative aux inégalités sociales et économiques que vivent les femmes. Cette définition met de l’avant la reconnaissance du travail gratuit et invisible des femmes ainsi que l’importance de la consolidation du tissu social…

... des ressources mises en place par des collectivités pour améliorer leur qualité de vie et qui se donnent des missions diverses: combattre les inégalités et la discrimination, briser l’isolement des personnes, favoriser l’entraide, la prise en charge, l’éducation populaire, le sentiment d’appartenance et la participation, venir en aide aux personnes malades, âgées ou handicapées, garder les enfants, alphabétiser, accueillir, intégrer, etc. On le voit, il s’agit ici de ressources vitales pour une communauté. On parle donc d’économie sociale, de qualité dans les rapports humains plutôt que de surconsommation de produits manufacturés. Cette économie sociale est une alternative à l’exclusion marquée de beaucoup de femmes de l’économie de marché. (Marche des femmes contre la pauvreté - Du pain et des roses, 1995, p. 2)

Cette définition a été enchâssée dans une « Plate-forme des femmes en économie sociale »13. Dans la région Centre-du-Québec, cette conception de l’économie sociale a été portée par les groupes de femmes et par certaines CDC. Le CRÉS du Centre-du-Québec a adopté sa propre définition de l’économie sociale qui se situe entre la définition des groupes de femmes et celle du Chantier de l’économie sociale. Pour être considéré comme faisant de l’économie sociale, une entreprise ou un projet d’un groupe ou organisme devrait générer des revenus, assurer sa viabilité et répartir les revenus principalement dans l’amélioration des conditions de travail. De plus, les emplois créés doivent être à caractère durable, offrir des salaires et conditions de travail décentes et offrir du travail à des gens sur une base volontaire14.

La définition du Chantier de l’économie sociale met de l’avant l’entrepreneuriat collectif; elle est moins large que celle des groupes de femmes. Elle a notamment été adoptée par les coopératives de la région. Au Centre-du-Québec, certaines CDC, coopératives et syndicats ont adopté cette définition de l’économie sociale. 13 En décembre 1997, une cinquantaine de déléguées provenant des tables régionales de groupes de femmes, de comités régionaux sur l’économie sociale, de groupes nationaux de femmes et de syndicats, adoptaient une plate-forme mettant de l’avant 7 principes devant encadrer le développement de l’économie sociale. Cette démarche était appuyée par Relais-femmes, par la Fédération des femmes du Québec, et par le Comité national des femmes en soutien à l’économie sociale. Les 7 principes adoptés sont les suivants : finalité sociale, autonomie de gestion, processus décisionnel, primauté des personnes, emplois durables et de qualité, accessibilité des biens et des services sans obligation de tarification, activités fondées sur la participation, sur la prise en charge et sur la responsabilité individuelle et collective (Relais-femmes et al., 1997). 14 Comité régional d’économie sociale (CRÉS) du Centre-du-Québec, Planification stratégique régionale en économie sociale, Drummondville, CRÉS, CRCD, 1998, p. 4

10

Le concept d’économie sociale combine deux termes qui sont parfois mis en opposition: « économie » renvoie à la production concrète de biens ou de services, ayant l’entreprise comme forme d’organisation et contribuant à une augmentation nette de la richesse collective; « sociale » réfère à la rentabilité sociale, et non purement économique de ces activités. Pris dans l’ensemble, le domaine de l’économie sociale regroupe l’ensemble des activités et organismes, issus de l’entrepreneuriat collectif qui s’ordonne autour des principes suivants: l’entreprise de l’économie sociale a pour finalité de servir ses membres ou la collectivité plutôt que de simplement engendrer des profits et viser le rendement financier. Elle a une autonomie de gestion par rapport à l’État. Elle intègre dans ses statuts et ses façons de faire un processus de décision démocratique. Le domaine de l’économie sociale recouvre donc l’ensemble des mouvements coopératif et mutualiste et celui des associations (Chantier de l’économie sociale, 1996, pp. 6-7).

La définition gouvernementale de l’économie sociale cible le développement d’activités socialement rentables avec une intervention minimale de l’État. Au Centre-du-Québec cette vision a été portée par le CRCDCQ et par plusieurs des CLD puisqu’ils étaient directement liés à la Politique sur le développement local et régional.

Le concept « économie » renvoie à la production concrète de biens ou de services, ayant l’entreprise comme forme d’organisation et contribuant à une augmentation nette de la richesse collective. Le concept « social » réfère à la rentabilité sociale et non purement économique de ces activités. Cette rentabilité s’évalue par la contribution au développement d’une citoyenneté active, par la promotion des valeurs et d’initiatives de prise en charge individuelle et collective. L’économie sociale s’ordonne autour des principes et des règles de fonctionnement suivantes: le bien commun, l’autonomie de gestion, la démocratie, la primauté de la personne, le principe de la participation. (Gouvernement du Québec, 1998, p. 8)

La majorité des CLD du Centre-du-Québec ont adopté des critères découlant directement de leur adhésion à cette définition de l’économie sociale (rentabilité économique et autofinancement, par exemple), ce qui a fait en sorte que les critères économiques ont prévalu sur celui de la finalité sociale des projets. Cette question est d’ailleurs au cœur des débats qui ont eu lieu dans la région. Les tenants d’une approche plus sociale ont reproché aux CLD d’avoir adopté des critères trop économiques relevant d’une conception « classique » de l’économie. En effet, selon certains informateurs-clés, la finalité sociale a souvent été évacuée lors de l’octroi des subventions. Un CLD fait exception cependant : il a pris en compte la rentabilité sociale au même titre que la rentabilité économique dans l’évaluation des projets qui lui ont été soumis et il a évalué la rentabilité sociale à partir d’outils conçus par un CLD d’une autre région. Un autre CLD du Centre-du-Québec a fait évaluer la rentabilité sociale des projets à financer par la CDC de son territoire. La divergence de vision au sujet de la définition de l’économie sociale s’est manifestée à diverses occasions. Ainsi, une enquête menée en 2001 par le CRÉS15 a dressé un portrait des entreprises d’économie sociale de la région. L’élaboration des critères permettant de déterminer quels organismes participeraient à cette enquête a fait renaître ce débat. Au total, 52 entreprises ont été reconnues par le CRÉS comme étant des entreprises d’économie sociale. L’enquête a aussi permis d’identifier les besoins sociaux à combler dans la région ainsi que certaines possibilités de développement d’entreprises d’économie sociale. En 2002, au moment de la fin

15 CRÉS/CRCD, Pour le développement des entreprises d’économie sociale au Centre-du-Québec – Résultats d’une enquête, Drummondville, CRÉS, CRCD, 2001.

11

de notre cueillette de données, les discussions sur la définition de l’économie sociale se poursuivaient toujours.

Les définitions du Chantier de l’économie sociale et du gouvernement du Québec étaient plus restrictives que la définition véhiculée par les groupes de femmes. Ainsi, la définition du Chantier et celle du gouvernement référaient à des entreprises et à des organisations identifiées à leur milieu, alors que celle des groupes de femmes référait à des initiatives issues de collectivités, c’est-à-dire naissant des besoins de la communauté et mises en place par cette dernière. Le Chantier reliait la rentabilité sociale au développement d’entreprises communautaires; le gouvernement utilisait plutôt les termes de rentabilité sociale viable financièrement qu’il reliait à l’atteinte d’un équilibre financier. Pour les groupes de femmes, la rentabilité sociale signifiait plutôt de travailler avec et pour ses membres, dans une optique de changement social. Il s’agissait donc de soutenir financièrement des initiatives de la communauté jugées essentielles au développement d’une société en termes d’entraide et de solidarité, plutôt que de simplement viser des impératifs économiques.

Par ailleurs, le gouvernement reliait la création d’emplois à la rentabilité économique, alors que les groupes de femmes reliaient la création d’emplois durables (au salaire d’au moins 8,30 $ de l’heure) à la rentabilité sociale16. Pour les groupes de femmes, la création d’emplois était une réponse à la pauvreté et une amélioration de la qualité de vie au lieu d’être un indice de la rentabilité économique d’une entreprise. Pour ce qui est de l’accessibilité des biens et des services (soit la tarification pour l’obtention d’un produit ou d’un service), le gouvernement avançait qu’un projet d’économie sociale devait générer des revenus autonomes, c’est-à-dire des revenus provenant de la vente de son produit ou de son service, encourageant ainsi le virage entrepreneurial des organismes communautaires. Le Chantier concevait que les entreprises communautaires génèrent des revenus, alors que les groupes de femmes signifiaient plutôt qu’il n’y avait pas d’obligation de tarification.

Ainsi, en adoptant la définition dite « gouvernementale », les CLD ont adopté une conception plus « économique » de l’économie sociale que celle du CRÉS, qui s’articulait autour de la rentabilité économique, de l’autofinancement et de la tarification. Dans ce contexte, le retrait des groupes de femmes des instances décisionnelles en économie sociale peut s’expliquer d’une part par leur perte d’influence au sein de ces structures (Côté et Fournier, 2002) et par la difficulté de faire financer leurs projets à cause des nouveaux critères générés par la nouvelle définition.

Dans le Centre-du-Québec, les groupes de femmes se sont dits déçus de la réponse du gouvernement du Québec aux revendications de la Marche du Pain et des roses de 1995. Bien que certaines informatrices-clés pensent que les groupes de femmes qui ont soutenu ces revendications ont contribué à l’évolution du dossier de l’économie sociale, elles croient que leur conception de l’économie sociale n’est plus reconnue depuis le transfert de la gestion des mesures aux CLD.

Certains acteurs interrogés ont affirmé par ailleurs que la mise en oeuvre des mesures d’économie sociale avait favorisé la concertation entre des acteurs qui n’avaient pas auparavant

16 Le Chantier ne fait pas de lien entre la création d’emplois et la rentabilité sociale ou économique.

12

de liens entre eux. Cette concertation a été empreinte de respect et d’ouverture. Elle a permis aux groupes de femmes et aux groupes communautaires de mieux se faire connaître, d’établir de nouveaux contacts avec d’autres acteurs, de faire connaître leur apport au développement régional et de sensibiliser le milieu économique à des dimensions sociales de l’économie sociale.

4. Les projets en économie sociale subventionnés sur une base régionale ou locale au Centre-du-Québec (1997-2002)

Nous avons procédé à une recension téléphonique des projets17 de la région du Centre-du-Québec ayant reçu une subvention régionale ou locale en économie sociale entre 1997 et 2002. Pour être retenues, les subventions régionales et locales devaient financer la totalité du projet ou un de ses éléments importants. Les contacts téléphoniques ont été faits auprès des promoteurs de ces projets à partir des listes fournies par le CRÉS pour la période 1997-1998, par les 5 CLD de la région pour la période 1999-2002 et par le Fonds de lutte contre la pauvreté (volet économie sociale) pour la période 1998-2002. Tous les projets apparaissant sur ces listes et ayant reçu des subventions en économie sociale ont été retenus18. Au total, 69 projets ont fait l’objet d’une subvention en économie sociale pendant ces périodes: 18 projets ont été financés à travers le CRÉS, 50 par les CLD et 1 projet par le Fonds de lutte contre la pauvreté19. Pour ces 69 projets du Centre-du-Québec, des informations sur leur nature, les montants octroyés, l’utilisation des subventions, ainsi que les caractéristiques des emplois créés ou consolidés ont été recueillies. Chaque organisme promoteur a reçu une subvention pour un seul projet en économie sociale.

Nombre et caractéristiques des projets Pour la période étudiée, deux fois plus de projets ont été financés par les CLD que par le CRÉS : 50 et 18 projets respectivement. Rappelons que le CRÉS a octroyé des subventions pendant un peu plus de deux ans (1996-1998) et que notre recension couvre aussi les trois premières années des CLD (1999-2002).

17 Le terme « projet » désigne ce qui a été financé par la subvention locale ou régionale en économie sociale. 18 L’expression « projets recensés » désigne les projets pour lesquels des informations ont été recueillies lors d’une entrevue téléphonique par la promotrice ou le promoteur du projet. 19 Un seul projet ayant été financé par le volet économie sociale du Fonds de lutte contre la pauvreté, il n’est donc pas inclu dans les tableaux. Les informations sur ce projet sont présentées dans le texte.

13

La nature des projets a connu une modification importante entre la période pendant laquelle le CRÉS avait la responsabilité de la gestion des fonds en économie sociale et celle pendant laquelle les CLD ont assumé cette fonction. Les CLD ont en effet financé 8 projets dans les axes sectoriels du Chantier de l’économie sociale (aide domestique, ressourceries, petite enfance et insertion en emploi), alors qu’aucun projet de cet ordre n’a été financé par le CRÉS. Le seul projet financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté correspond aussi aux axes sectoriels du chantier

Cela dit, la majorité des projets recensés ne correspond pas aux axes sectoriels du Chantier de l’économie sociale (100 % des projets du CRÉS et 84 % des projets des CLD). Certains secteurs d’activité disparaissent complètement à l’arrivée des CLD : la défense de droits, l’éducation, l’enfance-famille, les projets « femmes » et le soutien à la concertation et au développement communautaire (Annexe I).

14

Le financement reçu au Centre-du-Québec pour des projets portant directement sur les femmes représentait environ 17 % (ou 3 sur 18) du total des projets octroyés par le CRÉS, mais disparaît complètement à l’arrivée des CLD.

On constate par contre une augmentation du nombre de projets financés par les CLD en alimentation et en environnement, ainsi que l’apparition de nouveaux secteurs d’activité : l’agriculture, les communications, l’hébergement communautaire, l’immigration, les loisirs, le soutien à l’entreprenariat, le tourisme et le transport. Enfin, le nombre de projets liés au bénévolat, à la jeunesse et à la santé se maintient de la période du CRÉS à celle des CLD.

15

Graphique 5

Région du Centre-du-Québec (1997-2002)

Secteur d'activité des projets ayant reçu une

subvention locale ou régionale en économie sociale

CLD (n=50)

Transport

2%

Tourisme et loisirs

22%

Axes sectoriels du

Chantier

16%

Immigration /

Interculturalisme

2% Hébergement

communautaire

6%

Autres

2%

Soutien

entrepreneuriat

6%

Santé

4%

Arts et culture et

communication

10%

Jeunesse

2%

Bénévolat et activités

caritatives

2%Environnement

8%

Agriculture et

alimentation

18%

16

Montant des subventions Les subventions octroyées par le CRÉS se situent pour la plupart (67 %) entre 10 000 $ et 19 999 $. Les CLD ont octroyé des subventions plus élevées : 78 % de celles-ci se situent en effet entre 10 000 $ et 49 000 $ et le CRÉS n’a pas octroyé des subventions de plus de 30 000 $. Les CLD ont même subventionné huit projets à plus de 50 000 $ en un an. Le projet financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté a reçu une subvention d’environ 25 000 $.

Montage financier

72 % (13/18) des projets octroyés par le CRÉS et 84 % (42/50) des projets financés par les CLD ont eu recours à un montage financier, ce qui n’est pas le cas du projet financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté. On retrouve une diversité de sources de financement et les montants octroyés par chaque bailleur de fonds sont très variables. Pour les projets du CRÉS, les

17

partenaires les plus importants ont été Emploi-Québec, le Fonds de lutte contre la pauvreté20, Centraide, le programme de Soutien aux organismes communautaires (SOC), le Secrétariat à l’action communautaire autonome (SACA). Pour les projets financés par les CLD, les partenaires ont été les ministères du Tourisme, de l’Agriculture, des Ressources naturelles. Se rajoutent à cette liste des municipalités ainsi que des MRC. Pour certains projets, le bailleur de fonds principal est un ministère provincial : celui de la Famille pour les CPE, celui de la Santé et des Services sociaux pour les entreprises d’aide domestique, celui de l’Environnement pour les entreprises de recyclage et les ressourceries. Certains autres bailleurs de fonds financent uniquement les salaires liés aux projets : c’est le cas d’Emploi-Québec, du Fonds de lutte contre la pauvreté21, de l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) et du Comité d’adaptation de la main-d’oeuvre (CAMO). Plusieurs projets ont aussi nécessité des prêts d’institutions financières ou d’autres programmes ou fonds d’investissement québécois, tels le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ), les Prêts aux petites entreprises (PPE), ou le Fonds local d’investissement (FLI). Tarification Entre la période de financement du CRÉS et celle des CLD, on observe un renversement de la tendance à la tarification, car seulement 6 % des projets (1/18) ont eu recours à une tarification à la période du CRÉS, alors que ce fut le cas de 94 % des projets financés par les CLD, ainsi que du projet financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté. Finalité du financement Un renversement de tendance s’observe également en ce qui a trait à l’utilisation du financement. En effet, la majorité des subventions octroyées par le CRÉS a été destinée à la création ou à la consolidation d’emplois (97 % ou 17,5/18)

20 Il s’agit ici d’un financement du Fonds de lutte contre la pauvreté qui n’est pas relié à l’économie sociale. 21 Idem.

18

Mais seulement 16 % des subventions allouées par les CLD (8/50) ont servi à la création et à la consolidation d’emplois. Une importante proportion des subventions accordées par les CLD a en effet été destinée à l’immobilisation, à la construction, à l’achat d’équipement (47 % ou 23,3/50), au fonds de roulement et à la formation (25 % ou 12,6/50).

Le projet financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté a utilisé la subvention pour la création et la consolidation d’emploi, de même que pour l’immobilisation et l’achat d’équipement. Création et consolidation d’emplois Tous les organismes promoteurs dont les projets ont été financés pendant la période du CRÉS ont créé ou consolidé des emplois directement (18/18). On constate par contre une importante diminution de la proportion des organismes créateurs ou consolidateurs d’emplois à la période des CLD. Malgré le fait que les organismes promoteurs financés par les CLD aient été en plus grand nombre (50 comparativement à 18 pour la période du CRÉS), le nombre d’organismes (18) ayant créé ou consolidé des emplois est en effet le même. Et les organismes promoteurs de projets se situant en dehors des axes sectoriels du Chantier de l’économie sociale demeurent les principaux créateurs ou consolidateurs d’emplois. Ils ont créé ou consolidé des emplois dans tous les projets (100 % des organismes) à la période du CRÉS, ce qui n’est le cas que de 39,5 % (17/43 organismes) à la période des CLD. Les 18 organismes qui ont reçu une subvention pendant la période du CRÉS ont créé ou consolidé 19 emplois, ce qui correspond à un ratio de 1 emploi par organisme subventionné. Au cours de la période des CLD, 31 emplois ont été créés ou consolidés par 18 organismes créateurs d’emplois, pour un ratio de 0,6 emploi par organisme subventionné (31 emplois pour 50

19

organismes subventionnés). L’organisme qui a été subventionné par le Fonds de lutte contre la pauvreté a créé 1 emploi.

Un autre constat intéressant concerne qui, des femmes ou des hommes, occupent ces emplois créés ou consolidés au cours des deux périodes de financement (Tableau 1). Davantage de femmes ont été embauchées à la période des CLD (24 emplois), qu’à la période du CRÉS (15 emplois). Le nombre d’emplois occupés par des hommes a connu une croissance (4 emplois à la période du CRÉS et 7 emplois à la période des CLD). Le Fonds de lutte contre la pauvreté a permis de créer un emploi pour une femme. Toutes périodes confondues, les femmes sont plus nombreuses à avoir été embauchées. L’importante présence des femmes peut s’expliquer en partie par le financement de projets dans des secteurs traditionnellement féminins, bien que ces secteurs se révèlent passablement différents entre la période du CRÉS et celle des CLD. En effet, à la période des CLD, les projets associés aux axes sectoriels du Chantier de l’économie sociale (aide domestique et petite enfance) ont sans aucun doute embauché un plus grand nombre de femmes, mais les femmes embauchées pendant la période du CRÉS sont liées à d’autres secteurs d’activités.

20

Tableau 1 Région du Centre-du-Québec

Subvention locale ou régionale en économie sociale Emplois créés et consolidés selon le sexe

CRÉS

(1997-1998) CLD

(1999-2002) TOTAL

Femmes 15 24 39 Hommes 4 7 11

Total 19 31 50 Total des organismes créateurs/consolidateurs

18

18

36

Certaines conditions de travail se sont transformées entre la période du CRÉS et la période des CLD.

Alors qu’à la période du CRÉS la majorité des emplois créés ou consolidés sont à temps plein (95 % ou 18/19), la situation change considérablement à la période des CLD : 23 % (7/31) des emplois sont à temps plein (Tableau 2).

CRÉS CLD

21

Tableau 2 Région du Centre-du-Québec

Subvention locale ou régionale en économie sociale Emplois créés ou consolidés à temps plein et à temps partiel

CRÉS et CLD

CRÉS (1997-1998)

CLD (1999-2002)

TOTAL

Emplois temps plein 18 7 25 Emplois temps partiel 1 24 25

Total 19 31 50

On constate une très légère augmentation du salaire horaire entre la période du CRÉS et la période des CLD (passant de 10,15 $ à 10,40 $). Mais c’est au niveau des différences de salaire entre les hommes et les femmes que les changements sont les plus marqués. Il y a en effet une diminution du salaire horaire moyen des femmes de 10,60 $ à 9,70 $ entre la période du CRÉS et celle des CLD.

Le salaire horaire masculin a connu pour sa part une augmentation entre ces deux périodes de financement (passant de 9,75 $ à 11,10 $). Le salaire horaire de 12 $ accordé à une femme dans le projet financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté fait exception.

22

Formation offerte aux employés Les organismes promoteurs ont dans la plupart des cas investi dans la formation de leurs employés, mais à des degrés divers. Ainsi, à la période du CRÉS, 61 % (11/18) des organismes créateurs ou consolidateurs d’emplois ont offert de la formation à leurs employés. À la période des CLD, un nombre restreint d’organismes créateurs ou consolidateurs d’emplois leur a offert de la formation (22 % ou 4/18). Et si l’on considère le nombre total des organismes financés par les CLD (50), cela ne représente que 8 % de ceux-ci. Enfin, l’organisme financé par le Fonds de lutte contre la pauvreté a offert de la formation à ses employés. EN BREF Le Centre-du-Québec a connu un développement parallèle à celui des autres régions en matière de mise sur pied de structures en économie sociale (CRÉS et CLD), sauf pour la mise sur pied tardive du CRÉS résultant de la création de la région en 1997. Il a aussi connu des débats similaires au sujet de l’économie sociale (définition plus «sociale» ou plus «économique»). Les groupes de femmes y ont exercé un leadership jusqu’à la création des CLD qui leur a enlevé tout rôle officiel et, partant, toute base d’influence quant à l’allocation budgétaire locale en économie sociale. Leur retrait du CRÉS ainsi que du dossier régional de l’économie sociale aura été lié à leur constat de perte d’influence et de la nécessité de resserrer leurs priorités. L’originalité du Centre-du-Québec réside dans l’accompagnement systématique des promoteurs de projets assuré par les Corporations de développement communautaires (CDC), dont l’expertise en matière d’économie sociale a été reconnue par tous les CLD de la région, en particulier par le biais de contrats de service. Cette présence des CDC a eu une influence certaine sur la nature même des critères de sélection des cinq CLD de la région. Cela dit, on constate tout de même au Centre-du-Québec des différences importantes entre les deux périodes de financement.

Toutes proportions gardées, le nombre de projets subventionnés par les CLD est plus élevé. Les montants des subventions sont beaucoup plus élevés pour la période des CLD, le CRÉS ayant fourni au plus 30 000 $ par année et les CLD ayant subventionné certains projets à concurrence de 60 000 $ par année. La moyenne des subventions annuelles accordées est aussi plus élevée pour la période des CLD. Par ailleurs, au Centre-du-Québec, les projets dont le domaine d’activité correspond aux « axes sectoriels » du Chantier de l’économie sociale22 ne représentent que 12 % de l’ensemble des projets pour la période étudiée (1997-2002, CRÉS et CLD confondus). Rappelons que la présence des CDC ainsi qu’une prise de position claire ayant pour but d’encourager les initiatives endogènes en économie sociale peuvent expliquer ces résultats. Les projets étiquetés « femmes » disparaissent dans la deuxième période, donc à partir de 1999 et, de façon générale, on constate une mutation au niveau des domaines d’activités des projets subventionnés. On remarque l’affaiblissement des secteurs liés à l’action sociale et politique (soutien à la concertation et au développement communautaire) et l’apparition de secteurs liés à l’activité économique classique (tourisme, soutien à l’entrepreneuriat). Ces phénomènes peuvent s’expliquer par le changement d’orientation entre la période du CRÉS et celle des CLD. On

22 Il s’agit de la petite enfance, des ressourceries, de l’aide domestique, de centres péri-ressources et de l’insertion en emploi. Voir la note 5 à ce sujet

23

retrouve également une plus grande diversité de bailleurs de fonds au sein des montages financiers de la période des CLD. À noter la généralisation de la tarification (6 % à la période CRÉS contre 94 % à la période des CLD), qu’on peut relier directement à la transformation des critères d’éligibilité des projets.

Ce qui est plus étonnant par contre, c’est que 97 % des subventions octroyées par le CRÉS, mais seulement 16 % des subventions accordées par les CLD ont servi à la création ou à la consolidation d’emplois. Alors que la définition de l’économie sociale était de nature plus « économique » que « sociale » à la période des CLD, 47 % des subventions octroyées par ceux-ci ont servi à l’immobilisation (achat de terrain, construction, rénovation) et à l’achat d’équipement. De plus, les projets créateurs ou consolidateurs d’emplois ont été proportionnellement plus nombreux dans les domaines d’activités situés en dehors des « axes sectoriels » du Chantier de l’économie sociale. Ces fonds ont sans doute été utilisés le plus souvent comme « subvention d’appoint » par les projets dits « sectoriels » du Chantier de l’économie sociale et jouissant par le fait même de subventions récurrentes. Le ratio de création et de consolidation d’emplois est d’un (1) emploi par organisme à la période du CRÉS, et de 0,6 emploi par organisme à la période des CLD.

Toutes périodes confondues, les femmes ont été plus nombreuses à trouver un emploi au sein des projets subventionnés et davantage de femmes ont été embauchées à la période CLD qu’à la période CRÉS. Les organismes financés à la période du CRÉS ont fait beaucoup d’embauches à temps plein (95 % des emplois), alors que seulement 23 % des emplois créés ou consolidés à la période des CLD étaient à temps plein. Les salaires de ces emplois se situaient au-dessus du salaire minimum (10,15 $ à la période CRÉS et 10,40 $ à la période des CLD) et même au-dessus du taux de 8,10 $ de l’heure, seuil inférieur fixé par les groupes de femmes en 1997. Cependant, le salaire horaire des hommes augmente et celui des femmes diminue d’une période de financement à l’autre, ce qui produit un écart de 1,40 $ de l’heure au détriment des femmes à la période des CLD. Enfin, 61 % des organismes créateurs d’emplois à la période du CRÉS ont offert des formations, alors que ce n’est le cas que de 22 % des organismes créateurs d’emplois à la période des CLD : 8 % du nombre total des organismes subventionnés par les CLD dans la région du Centre-du-Québec ont offert une formation aux employés qu’ils ont embauché. La définition gouvernementale visait à rapprocher le programme de subventions en économie sociale des objectifs économiques classiques, dont la création d’emplois. Mais elle n’aura pas permis d’atteindre ces objectifs. Au contraire, c’est le programme qui répondait le plus à des objectifs « sociaux » de l’économie sociale, celui du CRÉS, qui aura suscité la plus grande création d’emplois. De plus, ce sont les projets les plus endogènes à la région (les projets exogènes étant associés aux « axes sectoriels » du Chantier) qui auront permis la plus grande création d’emplois. Enfin, les subventions octroyées par le CRÉS ont permis la création d’une plus grande proportion d’emplois permanents et généré le plus de formations pour les employés embauchés. Plus d’emplois à temps partiel ont été créés pour les femmes pendant la période des CLD, et le taux horaire des emplois créés pour celles-ci a baissé pendant cette période si on le compare avec la période précédente. L’approche « entreprenariale » de l’économie sociale n’aura pas été garante d’une plus grande création d’emplois dans le Centre-du-Québec ni de la création d’emplois mieux rémunérés pour les femmes.

24

Annexe I

Région du Centre-du-Québec (1997-2002) Projets recensés ayant reçu une subvention locale ou régionale par secteur d’activité

CRÉS (1997-1998)

CLD (1999-2002)

TOTAL Secteurs d’activité

Petite enfance (CPE)

-

2

2

Aide domestique - 3 3 Insertion en emploi - 1 1 Ressourcerie - 2 2

Axes

sectoriels du Chantier

= 8

Agriculture - 2 2 Alimentation 2 7 9 Arts et culture - 3 3 Bénévolat et activités caritatives 2 1 3 Communication - 2 2 Défense de droits et regroupements régionaux

3

-

3

Éducation 1 - 1 Enfance, famille 1 - 1 Environnement 1 4 5 Femmes 3 - 3 Hébergement communautaire - 3 3 Immigration/Interculturalisme - 1 1 Jeunesse 1 1 2 Loisirs - 6 6 Santé 2 2 4 Soutien à la concertation et au développement communautaire

2

-

2

Soutien entrepreneuriat - 3 3 Tourisme - 5 5 Transport - 1 1 Autres - 1 1 Total des projets CRÉS et CLD recensés 18 50 68

Autres secteurs

d’activité = 60

25

RÉFÉRENCES : Chantier de l’économie et de l’emploi (1996). Osons la solidarité!, Rapport du groupe de travail sur

l’économie sociale, Montréal, Sommet sur l’économie et l’emploi. Comeau, Yvan (2003). Le communautaire, la nouvelle économie sociale et leurs retombées en région,

Chaudière-Appalaches, L’Islet, Terres Fauves. Conseil du Statut de la Femme (2004). Les conditions de vie des femmes dans le Centre-du-Québec :

mise à jour 2004, Collection « Femmes et développement des régions », Québec, Conseil du Statut de la femme.

Corbeil, Christine, Descarries, Francine, Galerand, Elsa, Dir. (2002). L’économie sociale du point de vue des femmes, Actes du Colloque tenu à Montréal, le 3 mai 2001, Montréal, UQAM/LAREPPS et ARIR.

Côté, Denyse et Danielle Fournier (2002). « L’économie sociale à toutes les sauces : de la fine cuisine au fast food », dans Corbeil, Christine, Descarries, Francine. et Elsa Galerand, Dir., L’économie sociale du point de vue des femmes, Actes du Colloque tenu à Montréal, 3 mai 2001, Montréal, UQAM/LAREPPS et ARIR, pp. 103-118.

Côté, Denyse (2005). « Le débat québécois sur l’économie sociale : « Mais que sont nos politiques devenues ? » », dans Masson, Dominique Réd., Femmes et politiques : l’État en mutation, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, pp. 243-271.

Côté, Denyse et al. (1998). Qui donnera les soins? : les incidences du virage ambulatoire et des mesures d'économie sociale sur les femmes du Québec, Ottawa, Condition féminine Canada.

CRÉS/CRCD (2001). Pour le développement des entreprises d’économie sociale au Centre-du-Québec – Résultats d’une enquête, Drummondville, CRÉS, CRCD.

CRÉS du Centre-du-Québec (1998). Planification stratégique régionale en économie sociale, Drummondville, CRÉS et CRCD.

Gouvernement du Québec, Ministère des régions (1998). Conjuguer l’économie et le social : document d’information à l’intention des Centres locaux de développement (Résumé), Québec, Ministère des régions.

Gouvernement du Québec, Ministère des régions (1998). Politique de soutien au développement local et régional : Conjuguer l’économie et le social, Québec, Ministère des régions.

Marche des femmes contre la pauvreté - Du pain et des roses (1995). Cahier des revendications, p. 5, cité par Lorraine Guay dans Le mouvement communautaire : « Entre l’espoir et le doute face à l’économie sociale, Montréal, FFQ, p. 2

Ministère du développement économique, de l’innovation et de l’exportation (2005) Portraits socioéconomiques. Région du Centre-du-Québec. www.mdeie.gouv.qc.ca

Relais-femmes (1997). L’économie sociale du point de vue des femmes : Consensus adopté dans le cadre des Journées d’études et de réflexions stratégiques sur l’économie sociale organisées par Relais-femmes, la FFQ et le Comité national des femmes en soutien à l’économie sociale, Montréal, Relais-Femmes.

Secrétariat du Sommet sur l’économie et l’emploi (1997). L’économie sociale : orientations, préoccupations de gestion, Québec, Secrétariat du Sommet sur l’économie et l’emploi.

Thivierge, Nicole, Tremblay, Marielle, Dir. (2002). Régionalisation et démocratie : les défis d’une citoyenneté active pour les femmes, Montréal, UQAM, IREF.

PUBLICATIONS DE L’ORÉGAND SÉRIE ANALYSES No. A-1 ORÉGAND, La violence faite aux femmes : nouveaux enjeux. L’actualité en perspective, Gatineau, Québec, 2005. SÉRIE CONFÉRENCES No. C-1 Andrew Caroline. Les voix des régions : réflexions sur la nécessité d’une analyse différenciée selon les sexes. Gatineau, Qc. 2003. No. C-2 ORÉGAND, Vers un nouveau contrat social pour l'égalité entre les femmes et les hommes, Gatineau, Québec, 2005. SÉRIE FORMATIONS No. F-1 Côté Denyse. Garde partagée et violence conjugale. Gatineau, Qc. 2004. No. F-2 Côté Denyse, Analyse différenciée selon les sexes (ADS) en développement économique communautaire (DÉC), Gatineau, Québec, 2004. No. F-3 Côté Denyse. La economía social : Nuevo modelo de intervención, política social del nuevo milenio. Gatineau, Qc. 2005. No. F-4 Côté Denyse, Isabel Côté, Lise Moisan, Prise de décision municipale : Comment tenir compte des réalités des hommes et des femmes, Gatineau, 2005. SÉRIE RECHERCHES No. R-1 Gagnon Éric, Nancy Guberman, Denyse Côté, Claude Gilbert, Nicole Thivierge, Marielle Tremblay, Les impacts du virage ambulatoire : responsabilités et encadrement dans la dispensation des soins à domicile. Hull, Qc. 2001. No. R-2 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région du Centre-du-Québec, Gatineau, 2005. No. R-3 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, Gatineau, 2005. No. R-4 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région des Laurentides, Gatineau, 2005. No. R-5 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région de Lanaudière, Gatineau, 2005. No. R-6 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région de l’Outaouais, Gatineau, 2005.

No. R-7 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région de Montréal, Gatineau, 2005. No. R-8 Côté Denyse, Marie-Paule Maurice, : Genre et gouvernance décentralisée au Québec : le cas de l’économie sociale dans la région de Laval, Gatineau, 2005. SÉRIE OUTILS No. O-1 Côté Denyse, Hugo Lemay, Caroline St-Amand, Techniques de recherche qualitative à l’aide de programmes de gestion de données. Gatineau, Qc. 2003.

Pavillon Alexandre-Taché283, boul. Alexandre-Taché

Case postale 1250, Succ. BGatineau (Québec) Canada J8X 3X7

Tél. : 819.595.39.00, poste 2398Téléc. : 819.595.25.15

[email protected]/oregand

Observatoire sur le développement régionalet l’analyse différenciée selon les sexes