"Être appareillé quand on est amputé du membre inférieur : hybridité sociale et malentendus...

"Être appareillé quand on est amputé du membre inférieur : Hybridité sociale et malentendus identitaires"

Valentine Gourinat

Doctorante en Éthique & en Sciences de la Vie

Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe (Université de Strasbourg / CNRS)

Unité d'éthique du CHUV (Université de Lausanne)


« Être non-handicapé, c'est la règle, cela fait partie de l'ordre établi. Mais cette norme qui ''fxe le normal à partir d'une décision normative'', vient buter sur le handicap.

Celui-ci ne cadre pas avec la société telle qu'elle est. Il en perturbe l'alignement. Il y introduit une turbulence qui l'on cherche en vain à circoncire.

Alors on identife les personnes concernées par leurs caractéristiques communes. On colle sur leur peau une étiquette générique. Le singulier est sacrifé à la catégorie : ''Voilà un handicapé !'' On imagine une similarité de leurs désirs, de leurs affects et in fine, de leur identité.

On en vient même à considérer celles qui se distinguent comme des exceptions. Ainsi dépersonnalisées et cataloguées, quelle liberté leur reste-t-il d'être elles-mêmes ? »

Charles Gardou, Le handicap par ceux qui le vivent.


L'amputation d'un membre et sa prothétisation : quelques données essentielles


Image collective du patient amputé


Image collective du patient amputé :

● Jeune (entre 20 et 40 ans)

● amputation due à un accident

● bonne condition physique générale


Profl-type du patient amputé


Profl-type du patient amputé en France :

● Plus de 60 ans● Diabétique ou sujet à des

problèmes vasculaires graves● Condition physique diffcile /

handicap évolutif


Etiologie :

●Traumatiques (causes accidentelles) : 10 %

●Par maladie : 90 %, dont: ● vasculaires : 80 % - dont 50 % diabétiques - ● congénitales : 5 %, ● Tumorales : 5%.


● Population plutôt âgée (âge moyen : 69 ans)

● Maladies évolutives (amputations successives)

● L'appareillage n'est pas toujours envisageable

● Problème des « prothèses placards »


Un handicap particulièrement sujet aux malentendus


Un handicap « invisible »


Un handicap « invisible » :

● Corps intègre en apparence.

● Mobilité retrouvée en grande partie.

● Peu d'informations à son propos (un handicap peu connu).


Une situation corporelle ambiguë :

Ni valide, ni invalide : à la fois aucun des deux et les deux en même temps...

Deux exemples de situations « limites » :

● La baignade en public (piscine / mer).

● La conduite automobile (et le stationnement sur des emplacements réservés.


« Quelques années auparavant, j'avais osé (une seule fois je l'ai fait) aller à la piscine, enfn, dans une gravière aménagée près de chez moi. Bah il y a eu une émeute, hein... Les gens étaient autour, c'était..., ça a été la pire expérience de toute ma vie ! L'exposition de la bête... Ça, sur un amputé, ça a un effet désastreux ! C'est une perte de confance totale ! » (M. W)

« Ma collègue, qui connait mon handicap, vient me voir un lundi et me dit : « Oh, j'étais à la piscine avec ma flle samedi, tu t'imagines, il y a un monsieur qui nageait avec une seule jambe ! ». Je lui demande : « Et alors ? », et elle me répond : « Il ne pourrait pas aller à la piscine un autre jour que le samedi ?! Parce que le samedi, il y a des enfants qui sont dans l'eau, alors pourquoi est-ce qu'il vient nager dans la piscine avec une seule jambe ? ». Et elle me le dit à moi !! Parce qu'on est handicapé, on ne devrait pas imposer notre vue à tout le monde... Il y a encore du boulot, hein... » (Mme M)


Le milieu du sport, particulièrement révélateur de cette situation hybride


● Des prothèses adaptées à chaque type de sport.

● Possibilité d'intégrer des clubs valides ou mixtes.


● Consommation énergétique :

● Tibiale : +60 % Vo2

● Fémorale : +80 % Vo2

● Bilatérales : +130 %, +180 %, +270 % Vo2


Le malentendu poussé à l'extrême :

Le concept de cyborg et la notion de l'augmentation humaine


Un mythe identitaire (« Blade Runner »)


Une réalité plus nuancée


Conclusion :

Dans quelle mesure peut-on parler de malentendus culturels ?


● Société technocentrée.

● Course à la performance.

● Mythe du cyborg.

● Exigences corporelles modernes (cf : Le Breton).

● Réductionnisme contemporain du corps.

● Diffcultés d'approche du handicap.


Merci pour votre attention !

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