Douleurs Évaluation -Diagnostic -Traitement (2012) 13, 276—285

10
Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2012) 13, 276—285 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com VOTRE PRATIQUE Prise en charge kinésithérapique au sein d’un service de MPR des patients présentant des douleurs neuropathiques Aude Quesnot , Patricia Ribinik, Brigitte Barrois Service de médecine physique et de réadaptation, pôle appareil locomoteur, centre hospitalier de Gonesse, 25, rue Bernard-Février, 95503 Gonesse cedex, France Rec ¸u le 11 avril 2012 ; accepté le 9 septembre 2012 Disponible sur Internet le 10 novembre 2012 MOTS CLÉS Antalgie ; Douleurs neuropathiques ; Kinésithérapie ; Techniques Résumé Les douleurs neuropathiques restent des douleurs d’étiologie variée, dont la prise en charge est difficile et complexe. Elle nécessite un examen clinique rigoureux et répétitif pour évaluer et orienter le traitement. Au cours de cet article, nous avons essayé de définir les trois axes de la prise en charge kinésithérapique de ces douleurs, à savoir un axe mécanique, neurophysiologique et cognitivo-comportemental. Les stratégies de mise en place de ces axes restent liées à l’expérience clinique du kinésithérapeute. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Les équipes de médecine physique et de réadaptation (MPR) prennent en charge des patients qui présentent des inca- pacités liées à une déficience du système nerveux et/ou de l’appareil locomoteur génératrice de douleurs neuropa- thiques. Ces douleurs doivent être recherchées, évaluées, traitées, voire prévenues lorsque cela est possible. Elles sont sources de complications qui ralentissent, voire compromettent la récupération. Or, l’objectif attendu est la restauration fonctionnelle. Avec l’aimable autorisation de reproduction de kinésithérapie scientifique : Aude Quesnot, Patricia Ribinik, Brigitte Barrois. Prise en charge kinésithérapique des patients présentant des douleurs neuropathiques au sein d’un service MPR. Kinésithérapie scienti- fique; 2010:43—52. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Quesnot). L’équipe de MPR associe alors des thérapeutiques phy- siques aux traitements médicamenteux pour prévenir ou lutter contre la douleur en agissant sur toutes ses compo- santes : nociceptives, neuropathiques, émotionnelles. Les étiologies des douleurs neuropathiques Les situations potentiellement douloureuses initiées ou cau- sées par une lésion primitive ou un dysfonctionnement du système nerveux et prévisible sont reconnues. Il peut s’agir de patients présentant des déficiences susceptibles d’entraîner des incapacités qui sont aggravées [1—4] par : des douleurs neuropathiques d’origine centrale, en rap- port avec : 1624-5687/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.douler.2012.09.002

Transcript of Douleurs Évaluation -Diagnostic -Traitement (2012) 13, 276—285

D

V

Psn

Lppdttscl

senfi

1h

ouleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2012) 13, 276—285

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

OTRE PRATIQUE

rise en charge kinésithérapique au sein d’unervice de MPR des patients présentant des douleurseuropathiques�

Aude Quesnot ∗, Patricia Ribinik, Brigitte Barrois

Service de médecine physique et de réadaptation, pôle appareil locomoteur, centrehospitalier de Gonesse, 25, rue Bernard-Février, 95503 Gonesse cedex, France

Recu le 11 avril 2012 ; accepté le 9 septembre 2012Disponible sur Internet le 10 novembre 2012

MOTS CLÉSAntalgie ;Douleursneuropathiques ;

Résumé Les douleurs neuropathiques restent des douleurs d’étiologie variée, dont la priseen charge est difficile et complexe. Elle nécessite un examen clinique rigoureux et répétitifpour évaluer et orienter le traitement. Au cours de cet article, nous avons essayé de définir lestrois axes de la prise en charge kinésithérapique de ces douleurs, à savoir un axe mécanique,

Kinésithérapie ;Techniques

neurophysiologique et cognitivo-comportemental. Les stratégies de mise en place de ces axesrestent liées à l’expérience clinique du kinésithérapeute.

. Tou

sls

© 2012 Elsevier Masson SAS

es équipes de médecine physique et de réadaptation (MPR)rennent en charge des patients qui présentent des inca-acités liées à une déficience du système nerveux et/oue l’appareil locomoteur génératrice de douleurs neuropa-hiques. Ces douleurs doivent être recherchées, évaluées,raitées, voire prévenues lorsque cela est possible. Elles

ont sources de complications qui ralentissent, voireompromettent la récupération. Or, l’objectif attendu esta restauration fonctionnelle.

� Avec l’aimable autorisation de reproduction de kinésithérapiecientifique : Aude Quesnot, Patricia Ribinik, Brigitte Barrois. Prisen charge kinésithérapique des patients présentant des douleurseuropathiques au sein d’un service MPR. Kinésithérapie scienti-que; 2010:43—52.∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (A. Quesnot).

Ln

Lsdsd•

624-5687/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droitsttp://dx.doi.org/10.1016/j.douler.2012.09.002

s droits réservés.

L’équipe de MPR associe alors des thérapeutiques phy-iques aux traitements médicamenteux pour prévenir ouutter contre la douleur en agissant sur toutes ses compo-antes : nociceptives, neuropathiques, émotionnelles.

es étiologies des douleurseuropathiques

es situations potentiellement douloureuses initiées ou cau-ées par une lésion primitive ou un dysfonctionnementu système nerveux et prévisible sont reconnues. Il peut

’agir de patients présentant des déficiences susceptibles’entraîner des incapacités qui sont aggravées [1—4] par :des douleurs neuropathiques d’origine centrale, en rap-port avec :

réservés.

es en

sfittseuactlêpD

dcdnpsl•

••

P

Llmdfiukem••

Prise en charge kinésithérapique des douleurs neuropathiqu

◦ un syndrome thalamique, ou encore un syndromeépaule-main post-AVC,

◦ une lésion médullaire traumatique ou d’origine dégé-nérative (myélopathie cervicarthrosique),

◦ une syringomyélie, une sclérose en plaques ou encoreune maladie de Parkinson ;

• des douleurs neuropathiques d’origine périphérique enrapport avec :◦ une polyneuropathie d’origine alcoolique ou infec-

tieuse (syndrome de Guillain-Barré), ou métabolique(diabète),

◦ une compression plexique, radiculaire ou tronculaire(névralgie cervico-brachiale, lombo-radiculalgie, syn-drome canalaire), un syndrome des loges,

◦ un syndrome douloureux régional complexe (SDRC) detype II,

◦ une algohallucinose après amputation ;• certains patients présentent des douleurs neuropathiques

dans un contexte initialement non neurologique, et oùles composantes neuropathiques et nociceptives sontintriquées : hyperalgésie secondaire après chirurgie del’appareil locomoteur liée à la voie d’abord, notammentau niveau du genou ;

• des entités particulières où les douleurs ne résultent apriori pas d’une lésion nerveuse évidente, mais possi-blement d’un dysfonctionnement d’origine centrale descontrôles modulateurs de la douleur :◦ le syndrome douloureux régional complexe de type I,◦ la fibromyalgie.

Les situations sont donc très variées. C’est la mise en évi-dence des caractéristiques neuropathiques de la douleur quipermet d’instaurer un traitement médicamenteux et phy-sique adapté. L’examen clinique régulier permet d’évaluerl’efficacité des thérapeutiques et d’adapter la prise encharge.

Examen clinique

L’évaluation des patients présentant des douleurs neuropa-thiques et potentiellement intriquées à d’autres douleursest réalisée lors d’un examen clinique préprogrammé.

L’interrogatoire [5,6] recherche des douleursspontanées continues superficielles à type debrûlure ou profondes décrites par le patient

comme des sensations d’étau, de crampes, debroiement ou d’engourdissement.

Ces douleurs spontanées peuvent prendre des aspectsparoxystiques, notamment à type de décharge électrique.Elles peuvent être provoquées par certains mouvementsou par certains stimuli. L’intensité des douleurs estcotée par l’échelle numérique simple (complétée par uneéchelle verbale simple ou d’autres outils pour des patientsnon communicants). Classiquement, les douleurs neuropa-thiques augmentent à la fatigue, en fin de journée et dans

la première partie de la nuit. Le questionnaire DN4 [7] estun outil d’évaluation facile à utiliser et qui permet de vali-der devant le patient l’existence de sa symptomatologie(Annexe 1).

mlyt

service de MPR 277

L’examen clinique recherche une zone d’hypoesthésieuperficielle thermique, tactile, voire une anesthésie super-cielle ou profonde, une allodynie mécanique et/ouhermique, une zone d’hyperalgésie. On précise le terri-oire atteint. Les douleurs consécutives à des atteintes duystème nerveux périphérique présentent une topographien rapport avec le site lésionnel. Mais quand se greffen SDRC, la topographie n’est plus uniquement en rapportvec le territoire lésionnel initial . . . Les douleurs d’origineentrale sont bilatérales dans les atteintes médullaires etouchent un hémicorps dans les atteintes cérébrales si laésion est unilatérale. La topographie de ces dernières peuttre mal systématisée et atteindre un seul membre oulus volontiers les extrémités (syndrome thalamique ou deéjerine-Roussy).

L’évaluation comporte nécessairement :un examen neurologique et orthopédique complets(réflexes ostéo-tendineux, testing moteur, amplitudesarticulaires) à la recherche d’autres déficiences et adaptéà la pathologie initiale ;un bilan du retentissement des douleurs sur l’état général(insomnie, asthénie, perte d’appétit, dépression) ;un bilan des incapacités qui en résultent et le retentisse-ment sur la qualité de vie.

L’évaluation des douleurs neuropathiques peut être ren-ue difficile par la présence concomitante d’un contextehirurgical douloureux, par l’absence d’une systématisationes troubles sensitifs ou par la présence de troubles cog-itifs associés. Au terme de l’évaluation, les attentes duatient sont écoutées : demande de guérison, demande deoulagement. Des objectifs réalistes sont ensuite fixés avecui :

analgésie partielle ou totale, temporaire ou permanentequand cela paraît possible ;réduction de la douleur au seuil de tolérance ;apprentissage de la gestion de ce seuil de tolérance dansles activités de la vie quotidienne ;prise de conscience des changements induits par lameilleure tolérance.

rise en charge masso-kinésithérapique

es douleurs neuropathiques restent des douleurs, donta prise en charge est complexe [5]. Elle nécessite laise en œuvre de l’ensemble de l’arsenal thérapeutiqueont les kinésithérapeutes (MK) disposent. Il reste dif-cile d’évaluer les résultats obtenus par une techniquetilisée de manière isolée. Cette prise en charge masso-inésithérapique s’inclut systématiquement dans une prisen charge pluridisciplinaire, et tient compte de trois para-ètres différents, mais néanmoins intriqués, que sont :la pathologie et la connaissance globale de son évolution ;les signes cliniques et leur retentissement sur la qualitéde vie ;le vécu spécifique à chaque patient de son histoire.

Nous proposons au patient de mettre l’ensemble des

oyens en œuvre à notre disposition pour diminuer

’intensité et/ou la fréquence de ses douleurs, et nousassocions un reconditionnement à l’effort lui permet-

ant de concilier sa pathologie avec sa vie sociale et

278 A. Quesnot et al.

Tableau 1 Les trois axes de la prise en charge masso-kinésithérapique des douleurs neuropathiques. Les techniquesn’ayant pas de recommandation ne sont pas étudiées de manière pertinente dans la littérature pour obtenir une recom-mandation : cela ne signifie pas qu’elles ne sont pas efficaces.

Axes Approche physique etmécanique

Approcheneurophysiologique

Approche cognitivo-comportementale

Objectifs Diminuer les facteursd’irritations radiculaire outronculaire

Calmer la douleurneuropathique

Apprendre au patient àcomprendre sa douleur età mieux la gérer

Indications spécifiques Douleurs neuropathiquesassociées aux douleurs parexcès de nociception(lombo-radiculalgies,névralgiescervico-brachiales, etc.)

Douleurs neuropathiquespériphériques associéesaux douleurs par excès denociception, douleursneuropathiquespériphériques et douleursneurologiques centrales

Les trois types de douleursneuropathiques

Techniques Massages Électrothérapie de basseet très basse fréquencesa

Massage relaxant

Mobilisations nerveuses Cryothérapiea RelaxationMobilisations articulairesa Thermothérapie Imagerie mentaleUltrasons Vibrations mécaniques

transcutanéesaBiofeedback négatif

Éducation thérapeutiqueciblée sur l’ergonomie desactivités de la viequotidienne ou du postede travail

Désensitization Éducation thérapeutiquevis-à-vis de la gestion dela douleur

Reconditionnement àl’efforta

a Recommandations de grade C sur la prise en charge des douleurs neuropathiques.

pdn•••

spsc

A

L

Ldunmp

s

sàmLllWsd

L

Lclpl(r«fi

rofessionnelle. La prise en charge masso-kinésithérapiquees douleurs neuropathiques poursuit de manière simulta-ée trois axes (Tableau 1) :un axe physique et mécanique ;un axe neurophysiologique ;un axe cognitivo-comportemental.

En fonction de la pathologie initiale, l’accent est misur un des axes, voire sur certaines techniques de manièreréférentielle, sans qu’à ce jour il existe d’arbre déci-ionnel formel, ni d’évaluation quantifiée de ces stratégiesliniques.

pproches physique et mécanique

e massage

orsque les douleurs neuropathiques périphériques per-urent, il apparaît des zones téno-cellulo-myalgiques avecn épaississement du tissu sous-cutané, des tensions apo-évrotiques, des douleurs tendineuses et des contractures

usculaires. Ces zones sont douloureuses (allodynie) à laalpation et à la pression.

Des massages à type de friction, palper—rouler, pétris-age superficiel, massage transversal profond et traits tirés

C•

ont réalisés. En règle générale, douloureuses pendant deuxtrois séances, ces techniques permettent de supprimer lesodifications tissulaires et la douleur qui les accompagne.

es rares études [8,9] sur les effets du massage dans les dou-eurs neuropathiques concernent les patients présentant desésions de la moelle épinière (para ou tétraparésie). Seloniderström-Noga [9], 50 % des patients bénéficiant de kiné-

ithérapie (massage, SETA, cryothérapie, . . .) déclarent leurouleur comme fortement diminuée, voire inexistante.

es mobilisations nerveuses

es mobilisations du tissu nerveux sont décrites et utiliséesouramment comme test diagnostic de souffrance radicu-aire ou tronculaire, et comme techniques de rééducation àart entière. Parmi les plus connues, nous retrouvons, poure membre inférieur le test de Lasègue (Fig. 1), le Slump-testFig. 2), le test de Lasègue inversé, et pour le membre supé-ieur le test neural du membre supérieur no 1, encore appelétest de Lasègue du bras » [10,11]. Ce dernier test est spéci-que du nerf médian et du tronc secondaire antéro-médial.

es techniques consistent :dans un premier temps à mobiliser progressivement letissu nerveux par rapport aux structures anatomiques voi-sines ;

Prise en charge kinésithérapique des douleurs neuropathiques en service de MPR 279

Fr

ddàscfitst

L

Ddrsc

Figure 1. Test de Lasègue.

• dans un deuxième temps à effectuer une mise en tensiondes tissus nerveux, soit à partir de l’extrémité distale dumembre, soit à partir de l’extrémité proximale avec ounon une mise en tension préalable au niveau du rachis(Fig. 3 et 4) ;

• en fin de progression à associer les différentes compo-santes d’étirement pour obtenir la mobilisation maximaleen regard de la zone lésée.

La difficulté de réalisation réside dans le nombre de répé-titions et dans l’intensité de l’étirement pour éviter unerecrudescence des douleurs.

Les indications principales sont la névralgie cervico-brachiale, la myélopathie cevicarthrosique, le syndromedu canal carpien, le syndrome du rond pronateur, le syn-drome du défilé des scalènes, la lombo-radiculalgie, lesyndrome de loges, etc. Les résultats obtenus sont varia-bles selon les études. Scrimshaw et al. [12] ont comparé unerééducation classique à une rééducation classique associée

à des mobilisations nerveuses passives ou actives post-opératoires chez 81 patients souffrant de lombo-sciatique.À 18 mois postopératoire, les auteurs ne constatent pas

Figure 2. Test de Slump.

dec

Fr

igure 3. Test de mise en tension des racines du membre supé-ieur.

e différence. Hebbner et al. [13] comparent les effets’une rééducation classique et d’une rééducation associéedes auto-mobilisations nerveuses réalisées par 60 patients

ouffrant d’un syndrome du canal carpien. Les auteursonstatent peu de différence et celles-ci sont non signi-catives. A contrario, Tal-Akabi [14] montre l’intérêt desechniques neurodynamiques et de mobilisations passivesur les douleurs quelle que soit le stade de la lésion. Cesechniques étaient réalisées par un professionnel.

es mobilisations passives

ans le cadre des névralgies cervico-brachiales (NCB) oues lombo-radiculalgies, des mobilisations rachidiennes sontéalisées dans le sens de l’ouverture des trous de conjugai-on de la racine qui souffre (Fig. 5). Dans les syndromesanalaires, les mobilisations s’effectuent dans le sens de la

iminution des pressions sur le contenu (Fig. 6). Cappieterst al. [15] ont comparé les effets des mobilisations passiveservicales et des ultrasons chez 20 patients présentant une

igure 4. Mise en tension complète des racines du membre supé-ieur.

280 A. Quesnot et al.

F

Nsadd

L

Lsuédl

Llq

Lp

F

F

ltmdocAd

L

Llql

odt

igure 5. Mobilisation rachidienne.

CB. Les patients ayant bénéficié des techniques de mobili-ation cervicale ont vu l’intensité de leur douleur diminuerinsi que sa topographie. Au cours du test de mise en tensiones racines du membre supérieur, l’amplitude a augmentée manière significative.

es ultrasons

es ultrasons pulsés sont utilisés pour leur action mobili-atrice et défibrosante sur les tissus mous. Les ultrasonstilisés en continu ont un effet antalgique. Aucune étude n’até retrouvée concernant les effets des ultrasons dans lesouleurs neuropathiques. En revanche, des études prouventeurs effets sur les douleurs musculaires.

’éducation thérapeutique ciblée sur’ergonomie des activités de la vie

uotidienne et/ou du poste de travail

’ergothérapeute et/ou le MK s’attachent à revoir avec leatient les difficultés qu’il rencontre dans les activités de

igure 6. Mobilisation du ligament annulaire antérieur du carpe.

ép

ss

F

igure 7. Réentraînement à l’effort.

a vie quotidienne ou à son poste de travail. Le rééduca-eur met en place des stratégies, qu’elles soient posturales,atérielles (aides techniques, aménagement par exemplee certains espaces comme le bureau ou les sièges utilisés),u organisationnelles. Après essais, le patient sélectionne,hoisit et s’entraîne à automatiser ces nouveaux éléments.ucune étude n’a été retrouvée sur l’intérêt de l’ergonomieans les douleurs neuropathiques.

e reconditionnement à l’effort

e réentraînement à l’effort et le reconditionnement à’effort sont systématiquement proposés aux patients dèsue les douleurs ont rétrocédé ou sont inférieures sur’échelle numérique à quatre sur dix.

Les exercices réalisés en individuel et en groupe ont pourbjectif de restaurer l’amplitude, la fluidité et la céléritéu mouvement, de lutter contre l’amyotrophie et de réen-raîner le système cardiorespiratoire (Fig. 7 et 8). Il permetgalement au patient progressivement de mieux cerner son

otentiel et ses limites à l’effort.

Les exercices sont adaptés à chaque pathologie et àes symptômes. L’intensité et la fréquence des séancesont progressivement augmentées. Les douleurs à type de

igure 8. Reconditionnement à l’effort.

Prise en charge kinésithérapique des douleurs neuropathiques en

Figure 9. Stimulation électrique transcutanée antalgique (SETA)de très basse fréquence et de basse fréquence sur le trajet du nerf

ratq

melcdn

[lpcsmp

SsLad1cduunna

ldpémlpno(rrd

L

sciatique.

courbatures sont fréquentes et le patient apprend à les dif-férentier des douleurs neuropathiques. Le seul critère deprogression ou d’arrêt des séances est l’augmentation ou laréapparition des douleurs neuropathiques. Nous n’avons pasretrouvé d’étude spécifique sur le réentraînement à l’effortdans le cadre des douleurs neuropathiques. Taylor et al.[16], dans une revue de la littérature 2002 à 2005, ont misen exergue l’effet bénéfique de ce type de prise en chargeque ce soit chez des patients atteints de sclérose en plaque,de lombalgie chronique ou encore de pathologie respiratoireou cardiaque. Les effets sont optimums si le programme estindividualisé.

Approche neurophysiologique

L’électrothérapie de basse fréquence et detrès basse fréquence, ou encore la stimulationélectrique transcutanée antalgique (SETA enfrancais ou TENS en anglais)

L’électrothérapie de très basse fréquence (entre 1 et 10 Hz)permet d’augmenter la sécrétion naturelle d’enképhalines

et d’endomorphines dans le liquide céphalo-rachidien. Soneffet est retardé par rapport à la mise en place du traite-ment. Deux grandes électrodes (10 × 15 cm) sont placées en

LEm

service de MPR 281

egard du rachis thoraco-lombaire. Le patient est informéu préalable des sensations de tapotements qu’il va ressen-ir. L’intensité est réglée par le patient au maximum de ceu’il tolère.

L’électrothérapie de basse fréquence (30 à 100 Hz) per-et de jouer sur la théorie du Gate control system décrite

n 1968 par Melsack et Wall. Elle permet de diminuera transmission du message nerveux douloureux vers lesentres supérieurs. Son action perdure durant le temps’application. Les électrodes sont placées sur le trajet deserfs sensitifs destinés à la zone qui souffre.

Ces deux modes d’électrothérapie sontsystématiquement utilisés de manière combinée

afin d’obtenir un effet immédiat pendant lesséances (basse fréquence) et un effet permanent

même en dehors des séances (très bassefréquence) [17].

Les courants sont wobulés pour être efficaces (Fig. 9)18]. Trois séances sont nécessaires en pratique pour éva-uer l’effet bénéfique du traitement et pour éduquer leatient à l’utilisation du stimulateur portable. Une pres-ription de location du stimulateur est alors réalisée. Letimulateur doit posséder deux générateurs distincts per-ettant d’utiliser deux types de courants en parallèle (àréciser dans la prescription).

Kumar et al. [19] ont étudié l’effet antalgique de laETA (courant de basse fréquence) chez 31 patients pré-entant des douleurs neuropathiques d’origine diabétique.a SETA (courant uniquement de très basse fréquence)

été appliquée pendant 30 minutes de manière quoti-ienne durant quatre semaines. Le groupe témoin comporte3 patients : cinq ont vu les douleurs diminuer (effet pla-ebo), et huit n’ont pas présenté de modification de leursouleurs. Le groupe traité comporte 18 patients : trois ontne disparition totale des douleurs, et les 15 autres ontne diminution de 83 % de l’intensité de celle-ci. Dansotre expérience, les patients présentant des douleurseuropathiques d’origine diabétique ne sont pas adressésux MK.

Une revue de la littérature de Fattal et al. [8] sur’utilisation de la SETA dans les douleurs neuropathiqueses blessés médullaires ne retrouve pas de niveau dereuve suffisant pour leur utilisation. Dans cette mêmetude, une analyse des pratiques professionnelles francaisesontre que la SETA a une très large place dans les dou-

eurs sous-lésionnelles et lésionnelles. La SETA offre « desromesses » d’efficacité antalgique dans les douleurs lésion-elles (recommandation de grade C). Pour Cruccu et al. [20],n peut utiliser la SETA dans les douleurs neuropathiquesrecommandation de grade C). Nous n’avons pas retrouvé deéférence concernant l’utilisation concomitante d’un cou-ant de basse fréquence et de très basse fréquence dans lesouleurs neuropathiques.

a cryothérapie ou thermothérapie froide

a cryothérapie est utilisée pour son effet antalgique [21].insingbach et al. [22] ont démontré qu’une chute ther-ique comprise entre 7 et 9 ◦C est susceptible de bloquer

2 A. Quesnot et al.

lo1

sdrcc

esddpgm(rfdod

decsdditn

L

Ldigp

L

Cpdtolss

L

Lqv1sm1

F

teepdnssl

2ddadDd

sté

A

Lgegp

82

a conduction algique. L’analgésie cutanée superficielle estbtenue lorsque la température cutanée est inférieure à5◦C.

Des processus chimiques sont évoqués dans la transmis-ion et dans l’acheminement du message douloureux à partires terminaisons libres. Le froid pourrait avoir un rôle pouralentir ces processus chimiques. La cryothérapie ralentit laonduction nerveuse et permet une diminution de la spasti-ité tout en apportant une sensation de confort au patient.

Les sources de froid actuellement utilisées sont variéest sont caractérisées par la vitesse de refroidissement et leeuil minimal de température qu’elles procurent. Les refroi-issements lents sont provoqués par l’application de vessiee glace, de sachet de gel préréfrigéré, voire de manièrelus historique par des immersions de membres dans de l’eaulacée. La transmission du froid se fait par conduction ther-ique tissulaire. Les techniques de refroidissement rapide

cryothérapie gazeuse associée ou non au CO2) donnent desésultats nets sur la douleur. La transmission du froid seait par convection thermique tissulaire. Dans les pays nor-iques, à l’Est de la France (Allemagne, Autriche, Pologne),u encore au Japon, les chambres de froid à —110◦ sont’utilisation courante.

Petrilli et al. [23] ont mis en exergue une diminution desouleurs chez des patients porteurs de sclérose en plaquet chez des patients présentant un AVC ou une SLA aprèsryothérapie. Chatap et al. [24] présentent des résultatsimilaires chez un certain nombre de patients âgés avecouleurs neurologiques périphériques. Mais les auteurs neifférencient pas les résultats selon le type de douleur etls ne précisent pas si l’amélioration est liée à la diminu-ion de la spasticité chez les patients porteurs de pathologieeurologique centrale.

a thermothérapie chaude

a thermothérapie chaude, quelles qu’en soient ses formes’applications (parafangothérapie, compresse chaude,nfrarouge), permet d’obtenir un relâchement musculairelobal et une sensation de détente du patient sans effetrouvé sur les douleurs neuropathiques.

es techniques de désensitization

es techniques jouent sur le Gate control system. Utiliséesar les MK et les ergothérapeutes, elles consistent à saturer’informations les zones hyperesthésiques par des sollicita-ions manuelles ou mécaniques : immersions de l’extrémitéu du membre dans des récipients contenant du riz, desentilles, etc (Fig. 10). Nous n’avons pas retrouvé d’étudespécifiques concernant les effets des techniques de désen-itization sur les douleurs neuropathiques.

es vibrations mécaniques transcutanées

es vibrations mécaniques transcutanées consistent à appli-uer sur la zone douloureuse et son pourtour immédiat desibrations mécaniques dont la fréquence se situe autour de

00 Hz, dont l’amplitude varie de 0,3 à 1 mm et sur desurfaces variant de 6 à 200 cm2 (Fig. 11). La pression estodérée. La durée d’application efficace est comprise entre

0 et 45 minutes avec une moyenne de 20 à 25 minutes. Ces

ttmd

igure 10. Technique de désensitization.

echniques datent de l’Antiquité mais ont connu un réelssor à partir des années 1990 grâce aux travaux de Rollt Neiger. Le message afférent provoqué par les vibrationsarticiperait à l’inhibition de la transmission du messageouloureux (théorie du Gate control system). L’effet réma-ent de l’antalgie (plusieurs heures à quelques jours) laisseupposer la mise en jeu de neuromédiateurs. Les indicationsont nombreuses et incluent les névralgies, les névromes,’algohallucinose.

En 1994, Tardy-Gervet et al. [25,26] ont évalué chez4 patients douloureux chroniques, dont sept atteints deouleurs neuropathiques, les effets de la SETA isolée,es vibrations mécaniques transcutanées isolées encoreppelées stimulations vibratoires (SV), de la SETA etes SV associées, et enfin d’une stimulation factice.eux séances de 35 min étaient fixées par semaine pendanteux semaines.

Quel que soit le délai post-traitement,l’association des deux types de stimulation

(SETA + SV) a des effets antalgiques supérieurs etde manière significative à chacun des

traitements utilisés isolément.

L’efficacité de la SV isolée ou la SETA isolée n’est pastatistiquement différente. La comparaison avec la stimula-ion factice de chacun des trois types de traitement met envidence des différences très significatives.

pproche cognitivo-comportementale

es techniques utilisées (massage relaxant, relaxation enroupe suivie ou non d’un temps de parole avec le MKt le psychologue, relaxation en balnéothérapie, ima-erie mentale, biofeedback négatif) sont proposées auatient pour lui apprendre à se détendre et à diminuer les

ensions aussi bien musculaires que psychiques. La relaxa-ion et le biofeedback négatif peuvent être réalisés deanière autonome par le patient après quelques séances’apprentissage. L’éducation thérapeutique du patient lui

Prise en charge kinésithérapique des douleurs neuropathiques en service de MPR 283

sur le

àmnpnd

Figure 11. Techniques de vibrations mécaniques transcutannées

permet de comprendre les causes, les conséquences de sadouleur et comment mieux les appréhender et les gérer. Desétudes complémentaires de bonne qualité méthodologiquesont nécessaires pour évaluer l’efficacité de ces techniquesdans les douleurs neuropathiques.

Conclusion

À ce jour, il persiste des difficultés d’évaluation des tech-niques de rééducation utilisées dans la prise en charge despatients présentant des douleurs neuropathiques dont lasémiologie est variée et qui, de plus, sont souvent intriquées

D

Lr

trajet du nerf sciatique.

d’autres douleurs. Nous n’avons pas retrouvé d’étudeséthodologiques de bonne qualité permettant d’asseoir

otre pratique clinique. Celle-ci repose sur une expériencerofessionnelle et un consensus d’équipe. Des stratégies cli-iques encore mal définies se dessinent selon le type deouleur, qu’il faudra recenser et évaluer.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

2 A. Quesnot et al.

A

R

84

nnexe 1. Questionnaire DN4 [7].

éférences

[1] Bertin P, Vergne-Salle P. Douleurs neuropathiques. Rev Rhum2009;76(6):550—5.

[2] Bouhassira D (sous la direction de). La douleur neu-ropathique et ses frontières. Paris: Édition Med-Line;2007.

[3] Guedj E. Quelle est la signification clinique des anomaliesretrouvées en neuro-imagerie dans la fibromyalgie ? Rev Rhum2009;76:379—81.

[4] Laroche F. Fibromyalgia syndrome: what’s new in 2009? RevRhum 2009;76(6):529—36.

[5] Bleton JP, Les douleurs neuropathiques. Kinesither Sci2007;477:43—4.

[6] Guy-Coichard C, Rostaing-Rigattieri S, Doubrère JF, Boureau F.Conduite à tenir vis-à-vis d’une douleur chronique. KinesithefrMed Phys Readapt 2007, 26-008-A-05.

[7] Bouhassira D, Attal N, Fermanian J, Alchaar H, Gautron M, Mas-quelier E, et al. Development and validation of the NeuropathicPain Symptom Inventory. Pain 2004;108(3):248—57.

[8] Fattal C, Kong A, Siou D, Gilbert C, Ventura M, Albert T. Whatis the efficacy of physical therapeutics for treating neuropa-thic pain in spinal cord injury patients? Ann Phys Rehab Med2009;52:149—66.

[9] Wiedederström-Noga EG, Turk DC. Types and effectiveness of

treatments used by people whith chronic pain associated withspinal cord injuries: influence of pain and psychosocial charac-teristics. Spinal Cord 2003;41(11):600—9.

es en

[

[

[

[

[

[

[

[26] Tardy-Gervet MF, Guieu R, Demaria JL, Roll JP. Le traite-

Prise en charge kinésithérapique des douleurs neuropathiqu

[10] Pommerol P. Test neural du membre supérieur 1. Kinesither Sci2007;483:17—27.

[11] Leroux P. Syndrome du canal carpien et mobilisation des nerfs.Kinesither Reve 2007;68—9:49—52.

[12] Srimschaw SV, Maher CG. Randomized controlled trial of neuralmobilization after spinal surgery. Spine 2001;26(24):2647—52.

[13] Hebbner MR, Roddy TS. The effects of neural mobilization inaddition to standard care in persons with canal tunnel syndromfrom a hospital. J Hand Ther 2008;21(3):229—41.

[14] Tal-Akabi A, Rushton A. An investigation to compare theeffectivness of carpal bone mobilisation and neurodynamicmobilisation as methods of treatment for capral tunnel syn-drom. Man Ther 2000;5:214—22.

[15] Cappieters MW, Stappaerts KH, Wouters LL, Janssens K. Theimmediate effects of a cervical lateral glide treatment tech-nic in patients with neurogenic cervico brachial pain. J OrthopSports Phys Ther 2003;33(7):369—78.

[16] Taylor NF, Dodd KJ, Schields N, Bruder A. Therapeutic exercisein physotherapy practice is beneficial a summary of systematicreview 2002—2005. Aust J Physiother 2007;53(1):7—16.

[17] Carroll D, Moore RA, McQuay HJ, Fairman F, Tramèr M, Leijon G.Trancutaneous electrical nerve stimulation (TENS) for chronic

pain. Cochrane Database Syst Rev 2001;3:CD003222.

[18] Crépon F, Doubrère JF, Vanderthommen M, Castel-Kremer E,Cadet G. Électrothérapie. Électrostimulation. Kinesither MedPhys Readapt 2007, 26-145-A-10.

service de MPR 285

19] Kumar D, Marschall HJ. Diabetic peripheral neuropathy:amelioration of pain with transcutaneous electrostimulation.Diabetes Care 1997;20(11):1702—7.

20] Cruccu G, Aziz TZ, Garicia-Larrea L, Hansson P, Jensen TS,Lefaucheur JP, et al. EFNS guidelines on neurostimulation the-rapy for the neuropathic pain. Eur J Neurol 2007;14:952—70.

21] Roques CF, Agents physiques antalgiques. Données cliniquesactuelles. Ann Readapt Med Phys 2003;46:565—77.

22] Einsingbach T, Klumper A, Bieder-Mann L. Physiothérapie spor-tive et rééducation. Paris: Éditions Vigot; 1990, 148—55.

23] Petrilli S, Durufle A, Nicolas B, Robineau S, Kedoncuff V, LeTallec H. Influence des variations de la température sur lasymptomatologie clinique dans la sclérose en plaque : étudeépidémiologique. Ann Readapt Med Phys 2004;47:204—8.

24] Chatap G, De Sousa A, Giraud K, Viencent JP. le groupe« douleurs aiguës de la personne âgée. Pain in the elderly:prospective study of hyperbaric CO2 cryotherapy (neurocryo-stimulation). Rev Rhum 2007;74:1289—94.

25] Tardy-Gervet MF, Guieu R, Ribot-Ciscar E, Roll JP. Les vibra-tions mécaniques transcutanées. Kinesither Sci 1994;333:7—12.

ment des douleurs chroniques par association de vibrationset de stimulations électriques transcutanées. Kinesither Sci1994;333:13—7.