Dossier Archeologia été 2012 sur l'archéologie autour de Montpellier

30
DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON 36 Montpellier Terre d’archéologie ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page36

Transcript of Dossier Archeologia été 2012 sur l'archéologie autour de Montpellier

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

36

MontpellierTerre d’archéologie

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page36

37

Grande ville méditerranéenne à mi-chemin de l’Espagne et de l’Italie,Montpellier a connu un développement fulgurant ces dernières années,étendu à toute son agglomération. La connaissance de l’histoire de larégion en a largement bénéficié, grâce à de nombreuses fouilles faisantresurgir un passé souvent inattendu, comme ces multiples ateliers depotiers médiévaux, les vestiges impressionnants de l’urbanisme antique,ces structures autour de la cathédrale de Maguelone... Archéologiaprésente les avancées les plus récentes des recherches passionnantes,ainsi qu’un guide de visite archéologique de Montpellier et ses environs.

L’île de Maguelone émerge de la lagune,séparée de la mer par un étroit cordon

dunaire, le lido. Cette situation abritée entremer et continent a favorisé la création du

port antique, les barques à fond plattraversaient le lido par les chenaux naturels

qu’on appelle les graus, pour transférer lescargaisons des navires ancrés au large.

À droite sur la photo, le canal du Rhône à Sète traverse l’étang.

Photo © M. Olive, MCC-DRAC PACA SRA, 2009

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page37

D EPUIS les années 1990, l’archéo-logie préventive s’est fortementdéveloppée à Montpellier et sur

le territoire des communes regroupéesdans la Communauté d’Agglomération. Elle accompagne les grands change-ments urbains qui voient la création denouveaux quartiers d’habitation, dezones d’activités économiques et denouvelles infrastructures de transports,lignes de tramway et voies rapides. Cesfouilles préventives ont été essentielle-ment réalisées par l’Inrap et leurs résul-tats investis dans les programmes derecherche. Cet investissement est lar-gement facilité par la présence de nom-breux personnels de l’institut dans lesunités mixtes de recherche (UMR),maintenant ainsi l’unité de la rechercheau-delà des organismes de rattache-ment des uns et des autres.La multiplication des opérations préven-tives depuis une quinzaine d’années a

permis d’ouvrir à la recherche plusieurscentaines d’hectares et ainsi de beau-coup mieux connaître le potentielarchéologique de Montpellier et de saproche région. Cependant, la cause et lacontrepartie de cette progression desconnaissances est la destruction irrémé-diable de ce patrimoine. Il est donc particulièrement important d’en sauve-garder la mémoire et ses enseignementshistoriques par des études détaillées etleurs publications. C’est ce que s’atta-chent à faire l’Inrap et les UMR. L’exposition Montpellier terre de faïencesest un très bel exemple d’une recherchemenée à son terme, depuis le terrain, enpassant par les longues études de labo-ratoire, jusqu’à l’inauguration d’une belleexposition. La publication de son cata-logue livre un ouvrage qui restera long-temps indispensable pour qui s’intéresseà l’histoire des pots et des faïences et

aussi une référence exemplaire par l’ap-proche pluridisciplinaire et la méthodo-logie mises en œuvre.En plus de présenter les acquis récentsde la recherche au travers de quelquesopérations exemplaires, ce dossierveut aussi montrer le rôle indispensa-ble des unités mixtes de recherchedans l’archéologie nationale et tout l’in-térêt de cette archéologie. À l’heure où l’on voit poindre quelquesremises en question ici ou là, qui vou-draient que les terrains nationauxsoient des lieux de recherche secon-daires en comparaison d’espaces plusprestigieux, la Grèce, Rome ou leProche-Orient, il n’est pas inutile de rap-peler que les grandes problématiquesde la recherche trouvent aussi des élé-ments de réponse sous nos pieds.

Henri Marchesi, conservateur régional del’Archéologie du Languedoc-Roussillon

38

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page38

AVANT J.-C.Vers 9500 : traces d’une occupation épipaléo-lithique sur la rive droite du Verdanson.

Vers 4000, Néolithique moyen chasséen :traces diffuses d’habitat dans la plaine littorale.

Vers 3000/2000, Néolithique final : augmen-tation des habitats dans la plaine littorale etla garrigue montpelliéraine.

Âge du Bronze : le secteur semble déserté.

Âge du Bronze final : quelques traces spora-diques d’occupation à Maguelone et dans laplaine littorale.

Début du premier âge du Fer (première moi-tié du VIIe siècle) : habitats indigènes sansimportation méditerranéenne à Port-Ariane(entre Lattes et Montpellier) et sur l’îlot deMaguelone.

VIe siècle : implantation à quelques centainesde mètres au nord de la future Lattara, d’uneagglomération de plusieurs hectares qui dis-paraîtra avec la fondation de celle-ci.

Vers 500 : fondation de Lattara, constructionde l’enceinte, forte présence étrusque.

Vers 450 : nouvelle enceinte à Lattara, nouvelurbanisme, le site prend alors la forme et lastructure interne générales qu’il affecterajusqu’à la fin de l’âge du Fer.

IIIe-IIe siècle : expansion de la zone urbaniséede Lattara largement à l’extérieur des rem-parts au nord, apparition des vastes mai-sons à cour au cœur de la ville etstructuration de la zone portuaire au sud.

IIe siècle : création de l’oppidum gaulois desSamnagenses (Le Castellas à Murviel-lès-Montpellier), occupation permanente del’îlot de Maguelone.

121 : la conquête romaine n’engendre pasde modification de la physionomie du sitede Lattara qui conserve jusqu’à la fin duIer siècle av. J.-C. les principaux traits despériodes précédentes, quelques élémentsd’architecture publique montrent la pré-

1204 : mariage de Marie dernière représen-tante des Guillaume avec Pierre II d’Aragon.La ville fait alors partie du royaumed’Aragon puis de Majorque. Construction dela Commune Clôture.

Milieu du XIIIe siècle : la ville atteint son apo-gée avec une population estimée entre35 000 et 40 000 habitants ; commerce flo-rissant, nombreux couvents et hôpitauxbâtis dans les faubourgs. Apparition despremières faïences fabriquées à Montpellier.

1289 : le pape Nicolas IV réunit les enseigne-ments de la médecine et du droit, renom-més depuis le XIIe siècle, et crée ainsil’Université de Montpellier.

1349 : vente de la ville par Jacques deMajorque à Philippe VI, roi de France.

1364 : le pape Urbain V soutient l’universitéoù il a étudié et enseigné. Création de LaPalissade pour protéger les faubourgs.

1445 : Jacques Cœur fait de la ville le centrede ses affaires.

1536 : transfert du siège épiscopal deMaguelone à Montpellier sous l’épiscopatde Guillaume Pellicier.

1562 : premières et importantes destructionsdues aux conflits entre protestants et catho-liques. Les faubourgs sont rasés, la popula-tion se replie intra-muros.

1621 : création d’une enceinte moderneentraînant une nouvelle destruction des fau-bourgs. Louis XIII assiège la ville l’année sui-vante.

XVIIe-XVIIIe siècle : renouvellement et moder-nisation de l’habitat médiéval. En 1679, lapopulation de la ville est estimée à 22 000 habi-tants. Les faubourgs se repeuplent.

Époque révolutionnaire : destruction de l’en-ceinte médiévale, début de l’expansion de laville contemporaine.

sence éphémère d’une parure monumentalede type hellénistique.

Milieu du Ier siècle et époque augustéenne :création du centre monumental dans lechef-lieu des Samnagenses.

APRÈS J.-C.À partir de la période augustéenne : Lattaraperd son aspect protohistorique : le rempartest démantelé, le port est réaménagé(construction d’entrepôts, de nouveauxquais, d’un phare, etc.), l’habitat se trans-forme et s’étend, plusieurs bâtiments publicsprennent place dans l’ancien espace habité.

Ier siècle : une villa est bâtie au nord-ouestde la ville actuelle de Montpellier près deSaint-Côme-et-Saint-Damien.

75-milieu du IIe siècle : signes de dépriseurbaine puis désertification progressive deLattara, probable transfert progressif du rôleurbain et portuaire de Lattes vers l’île deMaguelone.

Milieu du IIIe siècle : abandon définitif de laville des Samnagenses.

IIe-IVe siècle : habitat et nécropole de Saint-Michel sur les bords du Lez.

IVe-Ve siècle : intensification de l’habitat surl’îlot de Maguelone.

Fin du Ve siècle : extension du royaume wisi-gothique en Languedoc.

589-590 : première mention de l’évêché deMaguelone aux conciles de Tolède et deNarbonne.

Milieu du VIIIe siècle : la région passe sousdomination franque.

VIIIe siècle : début du déclin de l’aggloméra-tion de Maguelone.

985 : première mention du lieu dit “montepestelario”. Dès lors, Montpellier appartientà la famille des Guillaume ou Guilhem.

XIe siècle : fondation de l’église Notre-Dame-des-Tables.

CHRONOLOGIE

39

CI-DESSUS. Le chevet de la cathédrale de Maguelone.Photo © M. Olive, 2009, MCC-DRAC/PACA/SRA

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page39

UN PÔLE D’EXCELLENCE EN ARCHÉOLOGIE ET ÉGYPTOLOGIELe Labex ARCHIMÈDE Archéologie etHistoire de la Méditerranée et del’Égypte anciennes, porté par le labo-ratoire Archéologie des sociétés médi-terranéennes et l’Université Paul-ValéryMontpellier 3, est lauréat de l’appel àprojets Laboratoires d’Excellence 2012.Cette belle réussite consacre le pôled’excellence Recherche-Formation enArchéologie et Égyptologie qui s’estconstitué à Montpellier cette dernièredécennie.

Le laboratoire “Archéologie des sociétésméditerranéennes” est une unité mixte derecherche (UMR 5140) qui réunit une centainede chercheurs, enseignants-chercheurs, ingé-nieurs et techniciens et une soixantaine dedoctorants appartenant au CNRS, à l’Univer -sité Paul-Valéry Montpel lier 3, au ministère dela Culture et de la Communication et à l’Inrap. Le laboratoire, héritier d’une unité propre derecherche du CNRS constituée au début desannées 1980, initialement consacrée à laProtohistoire du Midi méditerranéen et ins-tallée à Lattes dans un complexe associant

le Centre de documentation archéologiquerégional et le musée Henri Prades, attenantau site de Lattara qui fait l’objet de fouillesdepuis cette date, bénéficie depuis lors d’uneréputation de développer des recherches dequalité, reconnues au niveau international. Les thématiques et programmes scienti-fiques de l’UMR, qui comprennent non seu-lement l’étude des cultures matérielles maiségalement les approches environnementaleset spatiales, sont déclinés au sein de cinqéquipes : “Archéologie des milieux et desressources”, “Égypte nilotique et méditerra-néenne”, “Préhistoire et Protohistoire”,“Territoires, sociétés des mondes antiques etmédiévaux”, “Techniques, productions,consommations et commerce”, d’un pro-gramme transversal consacré à “Narbonne,ses ports et son territoire” et de trois axesthématiques transversaux : “Archéologie dela mort : sépultures, nécropoles, structures etpratiques associées”, “Contacts de cultureset cultures de contact en Méditerranée occi-dentale”, “Animaux et sociétés méditerra-néennes”. Les domaines de rayonnement

Évocation du site portuaire de Port-la-Nautiqueavec au premier plan un quai et des entrepôtset en arrière-plan un monumental vivier àpoissons. Le port antique de Narbonne,considéré comme l’un des plus importants dumonde romain, fait l’objet depuis 2010 derecherches intensives sous la direction deCorinne Sanchez, chargée de recherches auCNRS, dans le cadre d’un partenariat entre laRégion Languedoc-Roussillon et le CNRS (UMR5140 “Archéologie des sociétésméditerranéennes”), le ministère de la Culture(DRAC et DRASSM), l’Université Montpellier 3,l’Inrap et une convention avec le Conservatoiredu Littoral, propriétaire du site de recherchedu Castélou. Les fouilles à Port-la-Nautique ontmis en évidence de grands entrepôts pour lestockage du vin mais également un viviermonumental et des amas de coquillagestémoignant de l’exploitation des produits de lamer. Ce site connaît une occupation courte,entre 30 av. et 70 apr. J.-C. © P. Cervellin, CNRS

Le Castélou/Mandirac (Narbonne, Aude).Fouilles des ports antiques. Vue générale de ladigue en cours de fouille. Au site de Port-la-Nautique succède le site proche duCastélou/Mandirac qui a bénéficié de grandstravaux pour canaliser l’embouchure du fleuveAude du IIe au Ve siècle de notre ère. Lesfouilles menées depuis 2010 ont mis enévidence un canal de 50 m de large et aumoins 5 m de profondeur accueillant desbateaux de toute la Méditerranée. Photo © C. Sanchez, CNRS

40

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page40

international de ce laboratoire concernentl’archéologie des sociétés protohistoriquesde la Méditerranée nord-occidentale, duNéolithique à l’âge du Fer, l’archéologie de lapériode impériale romaine et l’égyptologie.Les travaux de l’UMR reposent, enLanguedoc-Roussillon, sur des fouilles pro-grammées de toute première importance quedirigent ses chercheurs et enseignants-cher-cheurs, avec le soutien du ministère de laCulture, de la région Languedoc-Roussillon,des conseils généraux et des collectivités ter-ritoriales. C’est le cas à Aspiran, à Lattes etMurviel-lès-Montpellier dans l’Hérault, auCailar dans le Gard, à Pech Maho, à NarbonneLa Nautique et Le Castélou ou encore àGruissan dans l’Aude, pour ne citer que lesopérations d’envergure en cours, à côté detrès nombreuses opérations d’archéologiepréventive que dirigent ou ont dirigé les cher-cheurs de l’Inrap, membres du laboratoire, àNîmes, sur l’autoroute A75, ou, plus près deMontpellier, à Mauguio/la Capoulière, àLattes/Port Ariane, à Lattes/La Céréireide, ourécemment à Lattes/La Cougourlude entreautres, les travaux menés sur ce dernier siteayant valu à sa responsable, Isabelle Daveau,le “Prix de la recherche” 2011.Ce fort ancrage régional s’accompagne d’uneactive participation à des programmes natio-naux et internationaux qu’il s’agisse de la res-ponsabilité de fouilles en Catalogne(Ullastret), en Égypte (Atfih et dans la Cornede l’Afrique à Djibouti et au Somaliland avecla découverte des exceptionnels abris ornésde Las Geel) ou de partenariats avec les uni-versités de Catalogne (Barcelona, Lleida,Tarragona) ou américaines (Chicago) pour lesprogrammes développés en région, de parte-nariats pour des programmes de recherchesdéveloppés à l’étranger en Égypte (Universitéd’Hélouan), en Grèce (Université deThessalonique, École française d’Athènes), ouen Espagne (Casa de Velázquez, muséed’Archéologie de Catalo gne, Institut cataland’Archéologie classique), ou encore de la par-ticipation active de chercheurs à des pro-grammes pilotés par d’autres laboratoires enItalie, en Grèce, en Albanie ou au Maroc.L’UMR est également partenaire d’actionsde valorisation de plusieurs sites archéolo-giques et de musées : site et musée archéo-logique Lattara de Lattes, projet porté par leconseil régional de musée de la Romanité àNarbonne, par exemple.

Masters et doctorats d’Archéologie del’Université Paul-Valéry Montpellier 3L’Université Paul-Valéry Montpellier 3 offre uncursus de formation complet, licence-master-doctorat, en archéologie et égyptologie.

Les trois doctorats d’archéologie et mastersrecherche dans les spécialités “Préhistoire,Protohistoire, Paléoenvironnements médi-terranéens et africains”, “Archéologie desmondes antiques” et “Égyptologie” formentà la recherche, au sein des équipes de l’UMR“Archéologie des sociétés méditerra-néennes”, une centaine d’étudiants en mas-ter et une soixantaine de doctorants.La spécialité de master professionnel “Archéo -lo gie préventive”, mise en œuvre depuis 2004en partenariat avec l’Inrap, forme quant à elleaux métiers de l’archéologie préventive.Par ailleurs, les chantiers de fouilles pro-grammées dirigés par les chercheurs dulaboratoire fonctionnent en chantiers-écoleset forment chaque année plusieurs cen-taines d’étudiants de plus de vingt nationa-lités différentes.

L’éditionL’UMR développe une importante activitééditoriale, soutenue par le ministère de laCulture et le CNRS. Ses éditions compren-nent plusieurs collections d’ouvrages et unerevue interrégionale : les Documents d’Ar -chéologie méridionale, la Revue archéolo-gique de Narbonnaise, les Monographiesd’Archéologie méditerranéenne, Lattara, lesOrientalia Monspeliensa (OrMonsp), ainsiqu’une revue électronique : Égypte nilotiqueet méditerranéenne (ENIM).

Le Laboratoire d’Excellence (Labex)ARCHIMÈDELe Labex ARCHIMÈDE “Archéologie etHistoire de la Méditerranée et de l’Égypteanciennes” porté par l’UMR “Archéologie dessociétés méditerranéennes” a pour objectifde constituer autour de l’Université Paul-Valéry un pôle d’excellence en matière derecherche et de formation sur la Méditerranéeet l’Égypte anciennes, en fédérant les acteursrégionaux de la recherche en archéologie eten histoire ancienne des Universités Paul-Valéry Montpellier 3 et de Perpignan-ViaDomitia, du CNRS, du ministère de la Cultureet de la Communication, de l’Inrap, leurs par-tenaires des collectivités territoriales et desautres structures impliquées dans l’archéolo-gie ou la mise en valeur du patrimoine et leCentre franco-égyptien d’étude des templesde Karnak, UPR du CNRS.Son ambition est de promouvoir l’excel-lence scientifique et pédagogique dans lesformations universitaires, la valorisation desrésultats scientifiques et le transfert desconnaissances vers la société civile.Pour répondre à l’objectif d’excellence scien-tifique et d’innovation technologique, le pro-jet ARCHIMÈDE comprend deux volets.

Le premier volet, scientifique, explorera, àtravers quatre axes thématiques, les grandsquestionnements et les grands défis qu’af-frontent les sociétés contemporaines et quifurent ceux, à travers les millénaires, dessociétés anciennes de la Méditerranée :l’identité qui se pose de façon particulière-ment cruciale à travers les contacts de cul-tures et les formes d’acculturation ; lespouvoirs, explorés à travers les espaces depouvoirs et les constructions territoriales ; lesrelations économie et environnement avecen particulier les questionnements sur l’im-pact de l’exploitation humaine sur le milieuet les effets de l’évolution des milieux sur ledéveloppement économique ; les représen-tations avec les questionnements sur la mort,les morts, les représentations symboliques. Le second volet correspond à la mise enœuvre de deux programmes scientifiqueset d’innovation technologique. Le premier“Diction naire permanent de l’égyptienancien” a été conçu pour relever un défi : réa-liser l’outil numérique destiné à remplacer legrand dictionnaire de l’Académie de Berlin,référence mondiale mais aujourd’hui obso-lète. Le développement de ce programme quiimplique de lever plusieurs “verrous” passepar un partenariat industriel. Le second pro-gramme, SIA pour système d’informationarchéologique, s’attachera au développementdu logiciel de gestion des données de fouilleSyslat ©. Fondé dès le départ sur un outil trèsperformant et pour l’heure sans égal, SyslatHorizon 2020 permettra d’intégrer, à traversson évolution en SIA, les dernières avancéesen matière de procédures d’enregistrement etd’exploitation des données de fouilles, tout enpoursuivant l’effort actuel de normalisationdes outils typologiques attenants au logiciel,constitués sous la forme de dictionnaires :DICOCER pour la céramique, DICOMON pourles monnaies, DICOBJ pour le petit mobilier,ou encore DICOS pour la faune.Telles sont les ambitions affirmées de l’ar-chéologie et de l’égyptologie à Montpellieret les défis qu’elles se proposent de releverdans la décennie à venir.

David Lefevre, professeur à l’Université

Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de l’UMR

“Archéologie des sociétés méditerranéennes”,

directeur du Labex ARCHIMÈDE

41

POUR EN SAVOIR PLUS• sur le laboratoire “Archéologie des sociétés méditerranéennes” : www.archeo-lattes.cnrs.fr• sur les formations licence et master enArchéologie à l’Université Paul-ValéryMontpellier 3 : http://ufr3.univ-montp3.fr

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:26 Page41

42

Vue aérienne du site de Lattes/Saint-Sauveur, emplacement de l’antique Lattara.

Photo © Ch. Hussy, MCC-DRAC PACA SRA, 2009

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page42

L ES travaux menés depuis 2011sur le site de Saint-Sauveur pro-longent trois décennies de

fouilles programmées, organisées à lasuite des interventions pionnières duGroupe Painlevé et d’Henri Prades quidécouvrit et identifia le gisement dansles années 1960 grâce à la découvertede la fameuse inscription signalant lesLattar[enses].Les recherches sont l’œuvre d’uneéquipe internationale et pluridiscipli-naire nombreuse, dirigée successive-ment par Michel Py (1983-2003),Thierry Janin (2004-2010) et, depuis2011, par les signataires de cette notice,Pierre Garmy et Éric Gailledrat.

Une grande réservearchéologiqueFondée à l’extrême fin du VIe siècle, aubord de la lagune et sur les rives d’unfleuve côtier, la ville est aussitôt dotéed’un rempart fortifiant les 3,5 ha quiresteront, jusqu’à la période romaine,avec le port mitoyen, le centre de la vieurbaine ; cet espace est tout entier pré-servé aux portes du musée archéolo-gique Henri Prades, dans le cadre d’uneréserve archéologique désormaisgérée par l’Agglomération de Mont -pellier (après cession en 2012 par laRégion Languedoc-Roussillon qui avaitpris le relais de l’État, propriétairejusqu’en 2009).Les programmes de recherche qui sesont succédé depuis 1983 ont envisagéde nombreux aspects de ce gisementunique en conjuguant, d’une part, sonexploration extensive pour en compren-dre l’organisation générale et la planimé-trie et, d’autre part, des étudesstratigraphiques précises de la totalité dudépôt sédimentaire, épais de plusieurs

mètres. Les rapports société/environne-ment qui, en raison des contraintes spé-cifiques du milieu, revêtent ici uncaractère déterminant, donnent lieu audéploiement de recherches paléoenvi-ronnementales systématiques et variées.Aujourd’hui, les efforts de la fouille por-tent sur trois secteurs intra-muros quioffrent un éclairage particulier surautant de périodes clés de l’évolutionde la ville au cours de l’âge du Fer.

Aux origines de la villeLa zone 1 [responsable Éric Gailledrat,assisté d’Ariane Vacheret], particulièreen raison de la présence de pal-planches destinées à maîtriser parpompage le niveau de la nappe phréa-

tique, couvre un quartier appuyé à lacourtine orientale de la fortification.Les niveaux archaïques y sont désor-mais atteints. Vers 450 av. J.-C. est miseen place la trame urbaine régulière quiva structurer durablement le secteur.Une ruelle centrale distribue alors deuxunités bâties, l’une à l’ouest regroupanthabitat, fonctions artisanales – notam-ment de poterie – et commerciales, tan-dis que la partie orientale est consacréeà la stabulation du bétail ainsi qu’àd’autres activités annexes.Si l’on remonte le temps d’un quart desiècle, changement complet de décoravec, sur la même emprise, la présencede formes architecturales totalementdifférentes de celles qui s’établiront

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

43

LattaraVille et port de l’âge du Fer méditerranéenAux marges de Montpellier et à quelques kilomètres de la mer, Lattes-Lattara est l’un des plus importants

sites de l’âge du Fer en France, rare témoin de la rencontre des cultures grecque, gauloise locale et romaine.

Fouillé depuis les années 1960, il continue de révéler ses secrets, au gré des chantiers ouverts dans cette

immense réserve archéologique.

Plan général du site de Lattara.© CNRS UMR5140

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page43

ensuite. Dans un contexte qui voit laréappropriation des lieux par les popu-lations indigènes aux côtés des Grecsde Marseille, un bâtiment de plan bi-absidial occupe, sur 35 m2, la partieouest de la fouille. Construite en baugesur solin de pierre partiel, la grandepièce unique, ultérieurement subdivi-sée en deux parties inégales parconstruction d’une cloison, est équipéede foyers intérieurs construits à mêmele sol ; à l’extérieur, devant la porteouverte dans le mur sud, prennentplace d’autres foyers puis, un peu plusloin, un ensemble constitué d’un fourcirculaire, d’une fosse cendrier, d’unecuve en torchis et d’une fosse remplied’argile pure, le tout évoquant un ate-lier de potier. Dans la moitié orientalede la zone, se succèdent rapidement aucours du deuxième quart du Ve siècledes séries de structures légères autourd’un puits – appentis, enclos – dont lessols ont livré en abondance coprolitheset végétaux de litière, trahissant la pré-sence régulière de bétail.Ainsi, sous des formes radicalementdifférentes, on retrouve à 25 ans d’in-tervalle la même conception généraledans la division de l’espace : habitat etartisanat à l’ouest, resserres, annexeset stabulation à l’est.Les bâtiments qui commencent à appa-raître en dessous des niveaux en coursde fouille appartiennent probablementà l’horizon de fondation de la ville.Comparer leur structure avec celles,contemporaines, explorées dans lazone 27, 100 m plus au sud, constitueun objectif essentiel pour la compré-hension de la phase initiale dite

44

CI-CONTRE. Vue générale, depuis le nord-ouest,des maisons à cour des zones 52 et 54.Photo © A. Moya

CI-DESSOUS. Plan d’ensemble des deuxmaisons à cour des zones 52 (52101) et 54(54101), dans la partie sud du site, à proximité du port. La partie méridionalede ces deux bâtiments, contre le rempart,est fortement arasée. Le plan d’ensemblene laisse toutefois aucun doute quant àla mise en place de schémas proprementméditerranéens, avec dans chaque cas unecour centrale desservant l’ensemble despièces formant les ailes. © CNRS UMR5140

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page44

“étrusque” de Lattes et du statut de lacité lors de sa création, vers 500 av. J.-C.,dans le contexte des colonisationsméditerranéennes.

Les grandes maisonsatypiques des IIIe-IIe sièclesAlors que le module standard de l’ha-bitat privé à Lattes et plus générale-ment dans le Midi reste, pour lesIIIe-IIe siècles av J.-C., la maison à uneou deux pièces en enfilade et de sur-face au sol n’excédant pas quelquesdizaines de mètres carrés, le site deSaint-Sauveur a livré plusieurs grandesmaisons à cour centrale et pièces mul-tiples, sur plusieurs centaines demètres carrés d’emprise chacune.Dans la zone 52, qui couvre la plusgrande de toutes [responsable :Michael Dietler, assisté de WilliamMeyer et André Rivalan], l’objectif destravaux en cours est d’arriver partout àla phase de mise en place de la maison,installée semble-t-il à l’extrême fin duIVe siècle av. J.-C. en bordure de l’unedes rues principales. La maisonmitoyenne de la zone 54 [responsablesAndreu Moya et Sébastien Munoz],quoique de dimensions légèrementplus ramassées, est construite demanière similaire et suivant un planglobalement comparable. Son édifica-tion, au début du IIIe siècle, est un peuplus tardive que celle de sa voisine.L’implantation de ces grandes unitésde plan méditerranéen marque unchangement profond du paysageurbain de la bordure méridionale dusite, le long de la courtine. La cour cen-trale en constitue l’élément générateurle plus caractéristique, avec une distri-bution des pièces se faisant depuiscette dernière. Les campagnes récentesont montré cependant une répétitionquasi systématique des fonctions desespaces sur chaque aile des bâtiments :on retrouve ainsi, dans chaque unité,plusieurs cuisines et/ou pièces à vivre,plusieurs pièces de réserve et destockage, l’affectation de chacune pou-vant d’ailleurs migrer au cours dutemps d’une pièce à l’autre, entraînantparfois des modifications mineures del’architecture sans que, toutefois, les

grandes lignes du plan général n’ensoient bouleversées. Ces observations, liées au fait que lesaménagements intérieurs (foyers,fosses, banquettes, sols…) ainsi que leséléments de la culture matériellerecueillis soient tous d’une parfaitebanalité dans le contexte régional, doi-vent inviter à la plus grande prudencesur l’interprétation de ces grandes mai-sons à cour qui, au moins dans leursétats les plus récents et contrairementà l’idée la plus immédiate, ne sont sansdoute pas des demeures de notablesou de marchands méditerranéens.L’unité foncière et fonctionnelle dechaque maison ne fait pas de doutemais, pour autant, la nature des occu-pations domestiques que l’on yobserve peut renvoyer à des situationssociales diverses, suggérant par exem-ple le logement de plusieurs fratries, ouencore la cohabitation de plusieursfamilles distinctes.

Entre héritage protohistoriqueet innovation romaineSituée à l’opposé de la précédente, lazone 75 [responsable Gaël Piquès,assisté de Benjamin Luley] se déve-loppe le long de la courtine nord durempart et fait l’objet d’une explorationextensive, sur environ 600 m2, desniveaux les plus récents conservés, quiappartiennent à la période tardo-répu-blicaine et au début de l’époqueromaine. Il s’agit de comprendre lestransformations du secteur au cours dela phase de romanisation. L’histoire récente du site, avant laconstitution de la réserve archéolo-gique – labours profonds, dessouchage,etc. – a entraîné la destruction quasisystématique des horizons superficiels,si bien que la stratigraphie en place neremonte qu’exceptionnellement au-delàdu dernier quart du Ier siècle av. J.-C., lesoccupations postérieures n’étant lisi-bles, en plan, que sous la forme de fon-dations souvent épierrées et destructures excavées.L’horizon le plus ancien en cours defouille dans le secteur (125/75 av. J.-C.)correspond aux derniers temps d’unquartier établi entre la courtine septen-

trionale et la rue principale est-ouestqui la suit. Deux unités disposées en“L” autour d’une petite cour présententles équipements classiques de pièces àvivre et de cuisines (foyers, banquettescontre les murs). Le mobilier recueillitraduit le caractère domestique deslieux, très emprunt de traditions proto-historiques.Vers 75 av J.-C et jusqu’au changementd’ère, une monumentalisation du quar-tier en bouleverse l’ordonnance et ladestination : l’ensemble est alors cernépar un puissant mur d’enclos quichasse la rue principale vers le sud ;parallèlement un grand collecteur estinstallé sous l’espace public et sort dela ville par une ancienne porte du rem-part alors en grande partie démantelée.La lecture des vestiges en plan fait pen-ser à un ensemble cultuel et/ou civique,à mettre sans doute en rapport avec lesmonuments publics d’époque triumvi-rale ou augustéenne observés lors desprécédents programmes et qui bordentla rue principale au sud, toujours visi-bles sur le terrain après restauration.

Des fouilles à visiter cet étéEn attendant la mise en valeur du siteet son ouverture au public, conjoin -tement avec la réfection complète dumusée, un programme de visites quotidiennes sera mis en place pendant la prochaine campagne defouilles au mois de juillet 2012. Cesvisites – sur réservation obligatoireauprès du musée – auront lieu tous lesjours sauf mardi et dimanche etpermettront au public de saisirdirectement sur le terrain, sous laconduite d’un(e) spécialiste, leséléments des trois programmes derecherche en cours succinctementdécrits dans cette notice.

Pierre Garmy et Éric Gailledrat, UMR 5140Archéologie des sociétés méditerranéennes

45

Un site Internet (Lattes enLanguedoc, les Gaulois du sud), présentant un résumé des connais-sances actuelles, a été élaboré en2008 en collaboration avec le minis-tère de la Culture : www.lattara.culture.fr

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page45

À une douzaine de kilomètres aunord-ouest de Montpellier, aucontact des premières garrigues,

Murviel-lès-Montpellier possède tout lecharme d’un petit village languedocien,encore préservé (mais pour combien detemps ?) de l’urbanisation effrénée quitouche l’agglomération et ses alentours. Le site antique du Castellas est établisur l’un des reliefs ceinturant le bassinde Murviel, juste au nord du village

actuel dont il est séparé par un petitvallon où coulait le ruisseau duCarabiol, aujourd’hui canalisé. La col-line, dont le sommet se trouve à 190 md’altitude, présente des versants nordet ouest en pente assez raide. Le ver-sant sud s’étage d’abord en une sériede terrasses au relief assez accidentépuis, après une rupture nettement mar-quée, descend en pente relativementdouce jusqu’au vallon du Carabiol.

Le relief dessine donc deux entités biendistinctes : une partie “haute” formée duplateau sommital et des terrasses inter-médiaires et une partie “basse”, occupéepar un large glacis ouvert, à l’est et ausud, sur le bassin de Murviel et, au-delà,celui de Montbazin. Dans sa plus grandeextension, l’agglomération antique at-teindra pratiquement 30 ha, ce qui faitd’elle l’un des établissements antiquesles plus vastes du Midi languedocien.

46

Le Castellas antiquede Murviel-lès-MontpellierAux portes de Montpellier se trouve l’une des plus vastes agglomérations antiques du Midi languedocien.

Chef-lieu du peuple gaulois des Samnagenses, cette ville romanisée sera abandonnée autour du IIe siècle et

jamais réoccupée. Après avoir traversé les siècles intacte de tout remaniement, elle fait l’objet d’une

exploration archéologique de grande envergure.

“Visualisation” du forum desSamnagenses à l’époque augustéenne

(aquarelle). Dessin © J.-Cl. Golvin

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page46

De l’oppidum gaulois à la ville des SamnagensesL’établissement naît probablement audébut du IIe siècle av. J.-C., dans uncontexte proprement gaulois. Cettepériode correspond à la fois à un déve-loppement important des sociétés pro-tohistoriques du Midi et à une présencede plus en plus sensible de Rome, quise concrétisera par la conquête detoute la région à la fin du IIe siècle av. J.-C. L’agglomération se développeensuite rapidement à la faveur d’un sta-tut privilégié. En 2009, en effet, les recherches ontpermis de l’identifier comme le chef-lieu des Samnagenses, peuple gauloisdont le nom est mentionné par Plinel’Ancien. Bénéficiant du “droit latin”,cette communauté devient indépen-dante dès le milieu du Ier siècle av. J.-C.,ce qui stimule la croissance de la ville.Cette prospérité ne durera pas. Ne pou-vant résister devant la croissance desgrands centres urbains, l’agglomération

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

47

Plan général du forumdes Samnagenses. © G. Marchand, P. Thollard

Le village de Murviel-lès-Montpellier. À l’arrière plan, à gauche, la colline du Castellas. Photo © P. Thollard

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page47

perdra son indépendance (dès la fin duIer siècle apr. J.-C. ?) et sera intégréedans la cité de Nîmes. Les premierssignes de déclin apparaissent dès le IIe

et, au milieu du IIIe siècle apr. J.-C., laplus grande partie de l’agglomérationsemble désertée. Après son abandon, le site n’a pas étéréoccupé. Le village actuel s’est ins-tallé, vers le XIe siècle, plus au sud, surun site moins élevé, peut-être plusproche des terres exploitées par leshabitants. Cette situation suffit à expli-quer la préservation des vestiges, pro-tégés (relativement) par la garrigue oules cultures auxquelles le site a dès lorsété voué.

Le renouvellementdes recherchesConnu anciennement, le Castellas a faitl’objet d’explorations archéologiques àpartir du XIXe siècle, mais la recherchene s’est véritablement développée quedepuis les années 1950, grâce à unamateur local, Paul Soyris. La richessedu site est attestée par les nombreusesdécouvertes d’objets (sculptures, ins-criptions, objets funéraires) d’abordconservés au musée de la Sociétéarchéologique de Montpellier (muséeLanguedocien) puis dans celui deMurviel-lès-Montpellier, “labellisé”musée de France.Un important programme de fouilles aété lancé en 2001, à l’initiative del’Université Paul-Valéry Montpellier 3,avec le soutien du Service régional del’Archéologie, pour servir de chantierd’application aux étudiants en archéo-logie. Portées par la ville de Murviel-lès-Montpellier, les recherches sontfinancées par le ministère de la Cultureet de la Communication (DRAC Langue -doc-Roussillon), la Commu nautéd’Agglomération de Montpellier, leDépartement de l’Hérault et la Région

EN HAUT. Plan général de l’agglomérationantique du Castellas. © G. Marchand, P. Thollard

AU CENTRE. Le portique nord du forumdu Castellas. Photo © P. Thollard

CI-CONTRE. L’enceinte de la ville haute. Photo © A. Beylier

48

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page48

Languedoc-Roussillon. Parallèlement,la mise en valeur du site est engagée,sous l’égide de la Communautéd’Agglomération de Montpellier.

Une fortification étonnanteLe système de fortification, qui se déve-loppe sur près de 2 km de longueur, estconstitué de deux enceintes articuléesl’une avec l’autre, la première couvrantla partie haute du site et la seconde lapartie basse. C’est l’enceinte de la villebasse qui est la mieux connue. Les tra-vaux récents, conduits par Cl.-A. deChazelles entre 2002 et 2008, ont portésur plusieurs secteurs (poterne du masde Garenc, courtine et porte est, portenord). Si la datation de l’ouvrage n’estpas encore totalement assurée, la four-chette se resserre dans la premièremoitié du Ier siècle av. J.-C. Mais surtout, ces travaux ont mis enévidence de nombreuses particularitésdans l’organisation architecturale quidistinguent l’enceinte du Castellas decelles connues à la même époque dansla région. Ainsi, la fortification ne com-porte pratiquement pas d’ouvragedéfensif. Aucune trace de ces tours sinombreuses qui sont l’élément le pluscaractéristique des enceintes de larégion languedocienne (et dont uneplus élevée que les autres symbolisesouvent, à elle seule, la fortification toutentière). De même, on est surpris par ledessin des accès qui prennent la formede portes à recouvrement ou depoternes installées dans un rentrant dela courtine. Même sujet d’étonnementpour la construction des courtines, pré-sentant un mur à double parementdoublé intérieurement par un mur posésur des remblais instables. Et que direde l’aspect du parement extérieur qui,avec des matériaux et des techniquesdifférentes, semble imiter les murailleshellénistiques (comme à Marseille !) ?L’exploration de l’enceinte de la villehaute n’a commencé qu’en 2011, dansle cadre d’un programme mené parA. Beylier sur la partie la plus haute dusite, aux abords d’une poterne. Les pre-miers résultats indiquent un abandonde cette partie de la fortification dèsavant le milieu du Ier siècle av. J.-C.

Un urbanisme gaulois atypiqueL’organisation interne reste largementméconnue, en particulier le réseau desvoies. Les quartiers actuellementreconnus sur les terrasses de la villehaute semblent autant voués aux acti-vités artisanales qu’à l’habitat tandisque l’habitat résidentiel semble s’êtredavantage installé dans la ville basse,comme le montrent les fouilles encours dans le secteur à proximité de laporte nord, conduites par G. Vacassy etG. Vincent.Cependant, pour ce qu’on en connaît,l’urbanisme échappe aux règles habi-tuelles du monde gaulois. Sur les ter-rasses de la ville haute, la dispositiondes îlots, allongés perpendiculairementà la pente de la terrasse, se retrouvedans d’autres sites méridionaux maisl’importance des travaux préalables(décaissements ou remblaiements) esttout à fait inhabituelle. Par ailleurs,dans les oppida, c’est la fortification quidétermine les orientations internes del’habitat. À Murviel, comme on le voitdans le secteur d’habitat de la villebasse, le tracé de l’enceinte n’a aucuneinfluence sur l’organisation des rues etdes îlots. L’implantation de ces derniersobéit à de tout autres règles (souventd’ordre topographique). De ce point devue, l’élément le plus significatif est laprésence systématique d’un espacedégagé conséquent entre la fortifica-tion et les premiers îlots d’habitation(espace qui, du reste, n’est pas toujoursni exclusivement une voie).Autre trait notable : la précocité aveclaquelle on voit adopter des modes deconstruction et des décors “méditerra-néens” : sols de mortier à incrustationsde tesselles, mosaïques, murs revêtusd’enduits peints.

Le forum des SamnagensesLe centre monumental fait l’objet d’undégagement complet depuis 2001.Installé à la jonction de la “ville haute”et de la “ville basse”, il couvre unesuperficie de 4 000 m2. La partie nord,adossée à la colline, présente un étatde conservation exceptionnel. Avant de devenir, à partir du milieu duIer siècle av. J.-C., le forum de la ville

des Samnagenses, il a connu un pre-mier état dont l’organisation resteencore énigmatique. Cette premièrephase monumentale (qui se situe sansdoute au début du Ier siècle av. J.-C.) estreprésentée par un bâtiment construiten blocs en grand appareil de calcairecoquillier selon une technique quirelève d’une tradition typiquementgrecque (identique à celle utilisée àMarseille pour le rempart hellénistiquedu IIe siècle av. J.-C.). Y est associé, àl’ouest, un bassin aménagé autourd’une petite source, à vocation proba-blement cultuelle. Le forum est organisé autour d’unegrande place de 30 x 60 m, établie surune terrasse en terre-plein limitée, ausud, par un mur de soutènement etbordée, sur les autres côtés (deux sontactuellement reconnus à l’ouest et aunord) par un portique. Le portique nordouvre sur une série de salles dont unepartie appartient à l’ancien monument“tardo-hellénistique”. À l’époque augustéenne, un grandmonument d’ordre corinthien estconstruit au sud. C’est un bâtiment rec-tangulaire de 20 x 10,50 m, séparé endeux espaces, qui ressemble fort à untemple dédié au culte impérial. Mais leplan canonique du temple se trouvecompliqué par la présence, de part etd’autre de la cella, de deux exèdres enquart de cercle dont la fonction n’estpas définie. Au nord, le portique se couvre demonuments honorifiques. Des soclesplacés devant les colonnes supportentdes bases de statues représentant despersonnages importants de la cité, tan-dis qu’entre les colonnes prennentplace des socles de statues équestresou une table de mesure qu’on a retrou-vée brisée sur place. Les salles enarrière du portique, réaménagées etrichement décorées, deviennent desespaces de représentation, abritant desstatues ou des autels en l’honneurd’Auguste ou des notables de la cité. Plus tard, ces salles seront bouchées parun mur continu empêchant toute com-munication avec la galerie du portique.

Patrick Thollard, maître de conférences, Université Paul-

Valéry Montpellier 3, UMR 5140

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

49

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page49

É MERGEANT de la lagune littoralelanguedocienne, à quelques kilo-mètres au sud de Montpellier,

l’île de Maguelone accueille le siègeépiscopal du diocèse à partir du VIe siè-cle, jusqu’à son transfert à Montpellierau début du XVIe siècle. Depuis cettedate, l’île de Maguelone est toujourssituée à l’écart du tissu urbain, seulss’y trouvent deux bâtiments construitsau XIXe siècle pour l’exploitation viti-

cole et l’ancienne cathédrale Saint-Pierre qui s’élève toujours au sommetde l’île. L’édifice roman témoigne de plusieurscampagnes de construction initiées auXIe siècle par une première reconstruc-tion, suivie d’un agrandissement dès ladeuxième moitié du XIIe siècle, la cathé-drale étant achevée au tout début duXIIIe siècle. Les bâtiments dévolus auchapitre canonial et à la résidence de

CI-DESSUS. Le préau du cloître en coursde fouille. Seul un quart de la surface desbâtiments est connu actuellement : à gauchele mur de la galerie ouest ; au centre la citerne,dont la voûte a été détruite et qui a étécomblée au XVIIe siècle par les gravats dela démolition du cloître ; à droite, le mur de lagalerie orientale apparaît. L’espace du cloîtreest occupé par un parc dessiné au XIXe sièclepar le paysagiste Buller, ce qui impose lapréservation des arbres au milieu de la fouille.Photo © A. Garnotel

MagueloneUne cathédrale dans la laguneLa fameuse cathédrale de Maguelone ne s’est pas toujours dressée, solitaire, sur une île de la lagune.

Les fouilles récentes ont mis au jour tout une agglomération qui fleurit entre le IVe et le VIe siècle,

et qui sera à l’origine de l’implantation du clergé sur ce site.

50

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page50

l’évêque trouvent quant à eux leuraboutissement au début du XIVe siècle.L’isolement apparent de Maguelone,située à l’extrême frange sud de sondiocèse qui s’étend jusqu’au Vigandans les Cévennes, posait la questionde ce choix singulier pour l’implanta-tion d’un siège épiscopal, qui de faitsemblait installé bien à l’écart de lapopulation. Un programme derecherche de l’UMR 5140 du CNRSmené depuis 1998 a apporté quelqueséléments de réponse, fouilles et pros-pections ayant enrichi considérable-ment l’histoire de l’île elle-même.

La prospérité du VIe siècleAprès une brève occupation protohis-torique, l’histoire de Maguelone débuteréellement au cours du Ier siècle denotre ère. Les prospections attestent l’existenced’un habitat permanent, situé au som-met de l’île. Un vignoble, découvertlors de la fouille de l’église paléochré-tienne, s’étend dans la partie orientalede l’île et s’accompagne de la planta-tion d’arbres fruitiers, témoignantd’une exploitation agricole rationnelleet durable. Entre les Ier et IIIe siècles,

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

51

Le dynamisme économique de Mague -lone se conjugue au déclin des agglo-mérations voisines de Lattes et deMurviel et, au VIe siècle, la nouvelleagglomération portuaire atteint sonapogée, couronné par son érection ensiège épiscopal, le poids de ce nouveaucentre économique et urbain du littoral,entre Agde et Nîmes, drainant à lui lesiège du pouvoir religieux.

Découverte d’églises despremiers temps chrétiensOn est donc bien loin de l’imageactuelle de l’île et si le bourg antique aaujourd’hui totalement disparu, lesfouilles y ont révélé la présence dedeux églises, mettant en lumière unaspect de l’agglomération de Mague -lone, assez développée dans l’Antiquitétardive pour que des constructions decette ampleur y soient réalisées.Lors de la campagne de fouille menéedans la galerie sud du cloître roman,l’angle d’un édifice a été découvert,scellé par les niveaux de remblaiaccompagnant la construction des bâti-ments canoniaux au XIe siècle. Les solscontemporains de cet édifice livrent unmobilier céramique daté du VIe siècle.La présence de deux tombes placéescontre ces murs, donc à l’intérieur et àl’extérieur de l’édifice, a conduit à l’in-terpréter comme un vestige de la cathé-drale paléochrétienne. L’abside de cettedernière, fouillée et décrite parF. Fabrège au XIXe siècle, se trouve sous

l’emprise de l’habitat ne dépasse pro-bablement pas les deux hectares dusommet de l’île. On voit se dessinerainsi l’image d’un grand domaine cultivé en vignes. Dès le IVe siècle, ladensité de l’occupation s’accroît consi-dérablement et un second noyau d’ha-bitat se développe. Au nord-est de l’île,une nécropole tardo-antique dontl’étendue demeure inconnue est à rat-tacher à cette période d’occupation. Densité et étendue des vestiges seconjuguent ainsi pour évoquer le déve-loppement d’une agglomération dès leIVe siècle. Maguelone conquiert alorsson statut de cité, apparaissant commetelle dans les textes dès le VIe siècle.L’étendue de l’habitat, révélée par lesprospections, suggère l’image d’uneagglomération d’une quinzaine d’hec-tares, dont le centre se trouve au som-met de l’île, vignobles et nécropoleoccupant la partie orientale.Au nord-ouest de l’île, les prospectionsrévèlent l’existence d’un port, point derupture de charge des cargaisons avantleur transfert vers le continent. Ce portprend au cours du Ve siècle un essorconsidérable, atteignant son extensionoptimale au VIe siècle. L’abondance desfragments d’amphore et l’importancede la zone de stockage témoignent dunouveau statut économique deMaguelone. Intégrée dans le réseau ducommerce méditerranéen à l’instar dessites rhodaniens et provençaux, l’îleéchange essentiellement avec l’Orientet l’Afrique.

CI-DESSOUS. Vue aérienne de Maguelone en 1999,l’église paléochrétienne et la cathédrale romane.Actuellement la vigne a été replantée, la conser-vation des vestiges, extrêmement fragiles, étantmieux assurée par leur enfouissement. Photo © M. Olive, MCC-DRAC PACA SRA, 2009

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page51

la troisième travée de la nef romane. Une vaste église paléochrétienne, à150 m à l’est de la cathédrale romane,témoigne des travaux qui accompa-gnent l’implantation du siège épisco-pal. Construite dans les années520/530, cette église, dont la dédicacereste inconnue, adopte un plan simi-laire aux églises à portiques du Midi etdes Alpes. Parfaitement orientée, ellecomporte une vaste nef, prolongée parune abside semi-circulaire flanquée dequatre puissants contreforts ; la pré-sence de tombes datées du VIe siècleinstallées sur les fondations de cescontreforts traduit l’abandon de cesderniers en cours d’utilisation, le partide couvrement en voûte de pierreayant sans doute été abandonné auprofit d’un couvrement en charpente.Deux annexes quadrangulaires symé-triques s’appuient au nord et au sud dela moitié orientale de la nef, dessinantun faux transept. Une troisième annexeà vocation funéraire placée au nordrompt la symétrie initiale du plan. Si lecimetière se développe au chevet etautour de l’édifice dès sa construction,les tombes tardent à gagner l’intérieurdes galeries et de la nef. La vocation funéraire de cette église,confirmée pour les VIIe et VIIIe siècles,n’est donc pas assurée dès sa construc-tion et semble plutôt imputable à l’extension de l’aire funéraire. Son aban-don se situe à la fin du VIIIe siècle, maissa démolition et son épierrement n’inter-viennent pas avant le XIe siècle, où elle aprobablement servi de carrière pour lerelèvement de la cathédrale.L’église paléochrétienne de Magueloneet ses abords drainent 218 tombes,riches d’un abondant mobilier deparure, qui confirment les pratiquesfunéraires connues en Septimanie wisi-gothique. Ces tombes accueillent unepopulation civile, où hommes, femmeset enfants sont également représentés,sans qu’aucun critère de recrutementde ce cimetière ne soit perceptible. Lemobilier, l’un des plus vastes ensem-bles connus à ce jour pour la région, secompose de 101 objets de parure enmétal, d’un lot de pendeloques et deperles et de quatre récipients de verre.

52

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

Dans la galerie sud du cloître, sous les couches médiévales, le mur de la galerie nord de la première cathédrale de Maguelone, construite au VIe siècle. Photo © A. Garnotel

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page52

La cathédrale,survivante magnifiqueAgglomération, port et églises confir-ment donc le poids de l’arrière-planéconomique dans l’acquisition du statutde siège épiscopal, qui reflète le dyna-misme pragmatique de la mission chré-tienne. Si les conditions de l’acquisitiondu statut épiscopal de Mague lone sontdésormais mieux connues, la date decréation de l’évêché peut aussi être pré-cisée au premier tiers du VIe siècle. L’abandon de l’île entre le VIIIe et leXIe siècle que fait pressentir les textes,est confirmé par les prospections etl’absence de vestige en fouille. Cettelongue phase de sommeil pourMaguelone se situe dans une périodede mutation profonde, celle du passagedu monde antique au monde féodal quivoit en Languedoc l’émergence du futurpôle économique et politique régional :Montpellier. Dès lors, l’agglomération etle port de Maguelone ne seront pasrelevés, les activités économiques dis-paraissant au profit de Montpellier etLattes. Seule la fonction religieuse per-dure jusqu’au XVIe siècle et ce avec unéclat manifesté dans la puissance del’architecture de la cathédrale.Achevés dans les années 1330, les bâti-ments canoniaux adossés au nord de lacathédrale ont été démolis après lesGuerres de religion, leurs pierres ser-

vant au début du XVIIIe siècle à laconstruction de la partie du canal duRhône qui traverse l’étang à Sète. Partiellement reconnu, le plan des bâti-ments canoniaux comporte une galeriedistribuant de vastes salles au nord età l’ouest et ouvrant sur un préau dontle sol abrite une vaste citerne voûtée,alimentée par un dispositif de recueilde l’eau pluviale. L’ensemble s’étendsur environ 2 500 m2 et s’élevait surdeux étages : les traces d’ancrage desvoûtes de la galerie supérieure sontvisibles dans le mur nord de la cathé-drale et la puissance des fondationsretrouvées confirme cette élévation. Dans la seule galerie conservée en élé-vation, accolée au mur nord de l’église,les vestiges découverts se sont avérésextrêmement riches : au début duXIVe siècle, lors du dernier embellisse-ment, le sol de la galerie est recouvertd’un dallage de pierres plates qui, audémontage, s’est révélé être composéen partie de pierres tombales épi-graphes en remploi, déposées face ins-crite contre terre. Ces stèles funéraires,au nombre de sept, portent les noms depersonnes appartenant au chapitrecanonial. Elles proviennent donc trèsprobablement du cimetière des cha-noines dont on sait qu’il jouxtait lacathédrale au sud. D’après les spécia-listes, la datation de ces inscriptions est

estimée au XIIe siècle. Retrouver ces ins-criptions funéraires en remploi, dans lamême église et moins de deux sièclesaprès leur dépôt sur la sépulture d’unmembre du chapitre, ouvre la questionde la perception médiévale du souvenirdes défunts. Dans le même esprit et aumême moment, on réutilise pour laconstruction de la résidence de l’évêquedes blocs épigraphes portant des obi-tuaires, c’est-à-dire la mention d’undéfunt et du jour anniversaire de sondécès. Ces inscriptions sont encore visi-bles aujourd’hui pour tous les visiteurs.La fouille de cette galerie et du cloître apermis de préciser la chronologie deschantiers de la cathédrale et des bâti-ments canoniaux, mais le dossier est loind’être clos et l’ensemble canonial n’estque partiellement exploré ; il faut doncespérer que d’autres fouilles viendrontcompléter nos connaissances sur ce sitemajeur de l’histoire languedocienne.Alexandrine Garnotel, chercheur associé à

l’UMR 5140 CNRS Lattes-Montpellier

53

CI-DESSUS. Les plaques-boucles découvertesdans les tombes : l’association de ces objets,de provenances diverses, tantméditerranéenne que septentrionale, évoquedes contacts de populations variées, sansdominante culturelle affirmée, ce qui permetde relativiser l’impact de la dominationwisigothique sur les pratiques funéraires.Photo © L. Damelet

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:27 Page53

M ONTPELLIER est une terre d’élec-tion pour les potiers et, dès leXIXe siècle, nombre d’érudits

en ont souligné l’importance grâce auxcollections de vaisselles de faïence etdes vases d’apothicairerie conservés enplace ou dans les musées européens. Avec le renouvellement considérable dela documentation, il est devenu possible

CI-DESSUS. Pots canon, chevrettes, vases et cruches en faïence de Montpellier del’apothicairerie de l’Hôpital général de Narbonne,fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle. Musée deNarbonne. Photo © M. Kérignard, Inventairegénéral, Région Languedoc-Roussillon

de dresser une synthèse des productionsréalisées par les artisans montpelliérainsdepuis le XIIIe jusqu’au XVIIIe siècle etd’en révéler toute la diversité.

Deux musées pourune grande exposition À l’occasion de la mise en service deslignes 3 et 4 de son tramway,Montpellier Agglomération proposeune exposition en deux volets dans sesdeux musées, le musée Fabre et le sitearchéologique Lattara-musée HenriPrades. Elle rend compte des décou-vertes archéologiques faites ces dixdernières années préalablement aux

travaux d’aménagement de son réseaude transport urbain. Cette exposition assortie d’un ouvragede synthèse est le fruit de longuesrecherches interdisciplinaires. Elle s’ap-puie sur une importante documenta-tion archivistique capitalisée depuis denombreuses années, sur les fouillesmenées par l’Institut national derecherches archéologiques préventives(Inrap) qui, sous le contrôle scientifiquedu Service régional de l’Archéologie(DRAC Languedoc-Roussillon), a misau jour les restes des ateliers, et surl’étude de mobilier effectuée par leLaboratoire d’Archéologie médiévale et

Terre de faïencesPotiers et faïenciers entre Moyen Âge et XVIIIe siècleC’est au fil des travaux de construction des lignes de tramway que les ateliers de potiers et faïenciers

de Montpellier sont apparus. Nombreux, divers, parfois prospères, ils écrivent désormais

l’une des riches pages de l’histoire de la ville.

54

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page54

moderne en Méditerranée (Aix-Marseille Université / CNRS). Elle estsurtout l’occasion de rendre àMontpellier sa place dans l’histoire dela céramique comme centre majeur deproduction de poteries et de faïencespendant cinq siècles.

Quatre ateliers fouillésLa restitution de ces découvertes aumusée Henri Prades rend compte desfouilles de quatre ateliers de potiers etfaïenciers. Elle décrit les structures qui les compo-saient, les argiles employées pour laconfection des pots, les techniques detournage et moulage, celles d’enfour-nement ainsi que les accidents de cuis-

son dans les fours. Il est aussi fait étatdes analyses géochimiques afin dedéterminer la provenance des terresutilisées et des datations par archéo-magnétisme pour établir une chronolo-gie des structures de cuisson. Sur place sont exposés deux des mou-lages des fours et fournettes réaliséspour en conserver la mémoire. La pré-sentation des céramiques est faite defaçon diachronique selon les usages etfonctions, dans les différents contextesde la vie quotidienne des Montpellié -rains. La scénographie s’appuie large-ment sur les dessins de Jean-MarieAmelin, artiste local du XIXe siècle avecdes scènes d’intérieurs, des puits et dif-férentes vues pittoresques qui font la

part belle à l’art de vivre à Montpellieret dans ses environs.

Des chefs-d’œuvrede faïencesAu musée Fabre, dans la salle desColonnes, les pièces les plus remarqua-bles, identifiées grâce aux fragmentsdécouverts lors des fouilles, ont été

CI-DESSOUS. L’orjol est la forme emblématiquedu Languedoc utilisée par les femmes pourporter l’eau de la fontaine à la maison.Ce groupe abandonné dans le four Boissiertransformé en cave, correspond auxreprésentations de la forme sur les tableauxet gravures du début du XIXe siècle.Photo © P. Foliot, Centre Camille Jullian

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

55

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page55

56

CI-DESSUS. Mesures pour des grains ou épicesen émail monochrome, trouvées dans le puitsde la rue de la Barralerie. Ces récipients datésde la fin du XIIIe-début du XIVe siècle sontestampillés au blason des Guilhem, premiersseigneurs de Montpellier, associé à celui desrois de Majorque. Photo © Y. Rigoir, LA3M

montpelliéraines s’appuie aussi sur derares objets signés, les abondantessources historiques, ainsi que les com-paraisons stylistiques et les spécificitéstechniques. Les séries s’égrènentdepuis les majoliques médiévales àdécor vert et brun sous influencearabo-andalouse, au décor polychrometransmis par la Renaissance italienne,puis aux faïences peintes en bleu etbrun de style naturaliste au goût de laChine, revisité par Delft, Nevers ouconfondues avec celles de Saint-Jean-du-Désert à Marseille. Enfin la présentation se conclut sur lessplendides réalisations de vaisselle

peinte en camaïeu de bleu à motifBerain de la Manufacture royale deJacques Ollivier, trop souvent donné augrand centre de Moustiers.

Jean-Louis Vayssettes, ingénieur de recherche DRAC-SRA

Languedoc-Roussillon, Lucy Vallauri, ingénieur de recherche,

LA3M (AMU/CNRS), Olivier Ginouvez, responsable d’opération,

Inrap, Jérôme Farigoule, conservateurdu patrimoine, chargé des collections

d’arts décoratifs du musé Fabrede Montpellier Agglomération,

Lionel Pernet, conservateur du patrimoine,directeur du musée Henri Prades

de Montpellier Agglomération

POUR EN SAVOIR PLUS

99. Dossiers d’Archéologie. Découvertes en Languedoc-Roussillon. 9,50 €Pour obtenir la revue ci-dessus, veuillez vous reporter à la p. 13.- 16 - VAYSSETTES J.-L., VALLAURI L. (dir.), et al., 2012, Montpellier Terre de faïences. Potiers et faïenciers entre Moyen Âge et XVIIIe siècle, CollectionArchéologie Montpellier Agglomération AMA 3, Silvana Editoriale, Milan. 36 € (42868)- 17 - ABELANET J., 2011, Itinéraires mégalithiques. Dolmens et rites funéraires en Roussillon et Pyrénées Catalanes, Trabucaire, Canet-en-Roussillon. 32 € (41310)- 18 - REDON J., 2010, Sur les traces des Templiers et des Hospitaliers, 26 itinéraires de découverte en Languedoc-Roussillon, sud Aveyron et sudArdèche, Presse du Languedoc, Sète. 20 € (37397)- 19 - Les Guides de l’Archéologue. Provence, Languedoc, Roussillon à l’époque romaine, L’Archéologue, Hors Série n°1, juillet-août 2008, ArchéologieNouvelle, Lacapelle Marival. 9 € (36070)- 20 - RAYNAUD C. (dir.), 2007, Archéologie d’un village languedocien. Lunel-Viel (Hérault) du Ier au XVIIIe siècle, ADAL, Lattes. 40 € (34004)- 21 - CRUBÉZY E., 2006, La mort, les morts et la ville : Montpellier Xe-XVIe siècle, Errance, Paris. 40,60 € (32344)- 22 - RICHARD J.-C., RICHARD N., 2004, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Bas-Languedoc (Aude, Gard, Hérault, Lozère) du Moyen Âge à1900, Richard, Montpellier. 80 € (28165)- 23 - GARCIA D., 2004, La Celtique méditerranéenne : habitats et sociétés en Languedoc et en Provence, VIIe-IIe siècle av. J.-C., Errance, Paris. 27,40 € (28316)- 24 - MAILLET G., 2003, Églises romanes oubliées du Roussillon, Presse du Languedoc, Sète. 32,45 € (28361)- 25 - VIAL J, 2003, Carte Archéologique de la Gaule 34/3, Montpelliérais, Académie des inscriptions de belles lettres, Paris. 40 € (27167)THUILE J., CLAPARÈDE J., 1962, La faïence de Montpellier, musée Fabre, Montpellier. ÉpuiséTHUILE J., 1943, Faïences anciennes à Montpellier du XVIe au XVIIIe siècle, ses rapports avec la faïence nîmoise des XVIe et XVIIe siècles, Champrosay, Paris. ÉpuiséPour obtenir les ouvrages référencés ci-dessus, veuillez utiliser le bon de commande de la Librairie Archéologique (p. 74) sur lequel vous indiquerezle numéro correspondant au livre souhaité.

réunies et regroupées selon un ordrechronologique. Cette présentation permet la confronta-tion de nombreux vases conservésdans les apothicaireries du Midi ou dis-persées dans les collections publiqueset privées, tant en France qu’à l’étran-ger. Leur réattribution aux faïenceries

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page56

Les fouilles menées ces dernièresannées ont mis au jour des ateliers depotiers et ont permis de réattribuercertaines œuvres.

Dès le Moyen Âge, quelques faubourgs ontplus particulièrement attiré les olliers etorjoliers, au nord de la ville, sur les rives duVerdanson entre la porte des Carmes et celledu Pila-Saint-Gély, et au sud-ouest dans lefaubourg du Courreau. Selon les périodes, en fonction des aléaspolitiques, les potiers se déplacent pour éta-blir leur atelier. Ils s’installent de préférenceen périphérie de la ville, loin des habitationscar ils ont besoin d’espace et sont source denuisances pour le voisinage. La règle géné-rale est donc l’éloignement, mais en périodede troubles et d’insécurité, les artisans sereplient à l’abri des remparts, au sein de laCommune Clôture.

Les structures découvertesQuatre ateliers de potiers et faïenciers, actifsentre le XIVe et le XIXe siècle, ont été fouillés. Ces sites de production, connus par desmentions d’archives, n’avaient jamais faitl’objet d’observation. L’un d’eux près de laporte de la Blanquerie, était actif entre leXIVe et le milieu du XVIe siècle. L’explorationdu faubourg du Pila-Saint-Gély a révélé ceuxde la famille Favier, présente de la fin duXVIe au XVIIIe siècle ; de Jacques et ÉtienneBoissier, en fonction au XVIIe-XVIIIe siècle etde François Colondres, actif au XVIIIe-XIXe siècle. Enfin, l’étude a porté sur desvestiges de la Manufacture royale, installéeau faubourg du Courreau, et des rebutsrecueillis au début des années 1970.De nombreuses structures ont été mises aujour : les fours pour la cuisson des céra-miques, des fournettes destinées à la prépa-ration des oxydes pour peindre les vases etdes bassins utilisés pour le stockage de l’ar-gile. Les abondants déchets de céramiquerecueillis témoignent de la variété et de laqualité des productions montpelliérainestant en poterie commune qu’en faïence.Le malheur du potier fait en effet le bonheurde l’archéologue car la plupart des piècesrejetées sont des ratés de fabrication.À côté des faïences, qui seules avaient retenul’attention des chercheurs, Mont pellier, Terrede faïences présente tout un pan ignoré descréations de terre brute ou vernissée d’unetrès grande inventivité. Ces objets élaborésdans les mêmes ateliers répondent à tous lesbesoins de la vie quotidienne d’une ville. Lapolyvalence des potiers-faïenciers montpel-liérains est à souligner ; c’est une des grandesdécouvertes des ces dernières années.

57

Montpellier au Moyen Âge,repère topographique des

principaux lieux cités dans le texte.© I. Bermond, DRAC-SRA

CI-DESSUS. Fouilles du Pila Saint-Gély, vue de la grue de chantier en 1999. En bas à droite, l’atelier Favier en cours de dégagement ; à gauche l’atelier Boissier non encorefouillé ; de l’autre côté des voies du tramway, en vis-à-vis de Favier, l’emplacement de l’atelierColondres. Photo © J. Thiriot, LA3M

15 ANS DE FOUILLESARCHÉOLOGIQUES

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page57

58

Tour de la Babotte et segment de la Commune clôture. État actuel. Photo © J.-L. Vayssettes, DRAC-SRA

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page58

S UR la rive droite d’un ruisseaunommé Verdanson, des outilsdatés de 9500 ans avant notre

ère ont été mis au jour et, à quelquescentaines de mètres de là, plus enamont, des vestiges d’un habitat de laPréhistoire récente. L’occupation au cours de l’Antiquité estaussi attestée par la présence de plu-sieurs établissements comme la villadu Ier siècle apr. J.-C. découverte nonloin de Saint-Côme-et-Damien ouencore le site de l’Antiquité tardive deSaint-Michel sur les bords du Lez.L’ensemble des informations concer-nant le riche passé antique duMontpelliérais a donné lieu à la publi-cation, en 2003, d’un volume de laCarte archéologique de la Gaule.

L’apparition de monte pestelarioLe premier noyau d’habitat médiéval sefixe au sud de la voie Domitienne, aumilieu de vénérables agglomérations :Murviel-lès-Montpellier (Altimurium),Lattes (Lattara), Castelnau-le-Lez(Substantion), Maguelone. Et ce n’est qu’en 985, à l’occasion de ladonation d’un manse par le comte deMauguio à Guilhem qu’apparaît le lieudit “monte pestelario”. Le domaineprend immédiatement un essor fulgu-rant grâce d’abord à l’intelligence et àla stratégie de ses seigneurs et ensuiteà l’énergie mercantile de ses habitants,constituant ainsi l’une des plus éton-nantes exceptions urbaines du Midi dela France. Il faut néanmoins attendre lemilieu du XIIe siècle pour que soit men-tionnée une fortification protégeant lespremiers groupes d’habitats dont l’em-prise approximative est identifiée grâceà la lecture des archives et à la tramedu parcellaire actuel.

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

59

MontpellierUne ville nouvelle dans un terroir antiqueFace à ses voisines méridionales, il est paradoxal de présenter Montpellier comme une terre d’archéologie,

tant l’apparition de cette ville est récente. Toutefois, son sous-sol n’en recèle pas moins des traces

d’une occupation fort ancienne.

Maison de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle formant l’angle d’un îlot, rue de la Rochelle. Photo © J.-L. Vayssettes, DRAC-SRA

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page59

L’archéologie dès le XIXe siècleToute nouvelle venue qu’elle est, dès lemilieu du XIXe siècle, la ville a bénéficiéd’importantes recherches menées parla Société archéologique de Mont -pellier, fondée en 1833, collectant infor-mations, documents, fragments detoutes sortes, initiant les premièresobservations à l’occasion des travauxd’édilité et publiant de nombreusesétudes et monographies rédigées parses membres. Il faut, entre autres, met-tre à son actif la fouille de la crypte del’ancienne église Notre-Dame-des-Tables en 1913-1914. Après la Seconde Guerre mondiale,l’archéologie locale a bénéficié du tra-vail d’un grand nombre d’universitaireset d’amateurs s’activant surtout en

périphérie de la ville et sur des sitesbien antérieurs à son apparition, avecpeu de moyens humains et financiers.Au cours de la dernière décennie duXXe siècle, l’archéologie préventive sepréoccupe enfin plus systématique-ment du centre urbain et de ses abordsimmédiats, apportant des précisionsque l’histoire, jusqu’alors simplementfondée sur les sources écrites et l’ico-nographie, ne pouvait fournir.La construction des parkings souterrainset les autres chantiers d’aménagementdes années 1970 n’a malheureusementpas été précédée d’opération archéolo-gique, seule une collecte sommaire etaléatoire de fragments divers a pu êtreréalisée à la sauvette sur la place de laComédie. Il a fallu attendre 1990 pourqu’une première fouille s’intéresse au

sous-sol de la place de la Canourgue. Dèslors, l’exploration du passé de Mont -pellier a fait l’objet d’un développementà l’aune des grands programmesurbains : renouvellement des modes detransports publics, restructuration desétablissements scolaires et universitaires,des bâtiments publics, etc. Les chantiersde rénovations et de réhabilitation d’im-meubles ont eux aussi induit quelquesopérations d’archéologie du bâti.Depuis 1996, début de la constructionde la première ligne de tramway, lesinvestigations archéologiques se suc-cèdent au rythme du développementdu réseau, s’approchant ainsi du noyauhistorique de la ville.Aussi, l’essentiel de l’effort de ces der-nières décennies a porté sur les fau-bourgs de la ville médiévale et les

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

60

Fouille de Notre-Dame-des-Tablespar les membres de la Société

archéologique de Montpellier en1913-1914. Photo © J. Ballivet

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page60

données susceptibles de nous éclairersur la configuration de la première villedes Guilhem restent pour l’instant qua-siment insaisissables. À ce jour, l’es-sentiel de la connaissance de la villeprimitive reste fondé sur l’étude dessources écrites et l’analyse morpholo-gique de l’agglomération.

Le château et le sanctuaireLa ville des XIe-XIIe siècles, protégée parune enceinte dont il ne reste rien d’appa-rent, réunit deux foyers de peuplement. Le premier est d’origine castrale, asso-ciant une résidence seigneuriale à unhabitat : la Condamine avec son lieu deculte Notre-Dame-des-Tables. Lesecond, à moins de 200 m de là, estd’origine ecclésiale, avec à son centrele sanctuaire de Saint-Firmin, dont lamorphologie est nettement perceptibledans le plan concentrique des venellesde ce quartier. Deux fouilles ont été réalisées à l’inté-rieur du premier noyau urbain. La pre-mière a touché le sous-sol de la placede la Canourgue ne livrant malheureu-sement que peu d’informations anté-rieures au XIIIe siècle. La seconde ainvesti la place Jean Jaurès retrouvantles fondations de l’église Notre-Dame-des-Tables, fondée au XIe siècle etdétruite à la fin du XVIIIe siècle. Enfin, au XIIIe siècle, la communautéjuive, établie sous la protection de sesseigneurs, possédait école, synagogue,maison de l’aumône et bains rituelsappelés mikveh, jusqu’à son expulsion

définitive en 1394. Depuis plusieursannées celui-ci fait l’objet d’une explo-ration détaillée avant réhabilitation desbâtiments.

La Commune ClôtureDès les premiers siècles de son exis-tence, le bourg primitif connaît undéveloppement si considérable quel’édification d’une deuxième enceinte,appelée Commune Clôture, devientindispensable pour en assurer sa pro-tection. Sa mise en chantier, décidée àla fin du XIIe siècle, ne débute que dansles premières années du siècle suivant.L’accroissement de la ville se poursuitet nécessite, au milieu du XIVe siècle, laconstruction d’une nouvelle fortifica-tion englobant les faubourgs et appeléela Palissade. Montpellier a connu sa période la plusfaste et son étendue la plus large, occu-pant alors une superficie qui ne sera plusatteinte avant le milieu du XIXe siècle. Contrairement à la première enceinte,le tracé de la Commune Clôture est bienrepérable grâce aux éléments encorevisibles et aux nombreux plans et des-sins qui la figurent. Depuis le XIXe siè-cle, des segments de celle-ci font l’objetd’observations. Grâce à des travauxrécents, l’ouvrage a été localisé le longdu boulevard Pasteur, au niveau de larue de la Salle-l’Évêque, au pied de laprincipale façade du musée Fabre ouencore sous la salle de spectacle de laComédie. À l’heure actuelle, l’étude decette fortification, de son tracé, de sa

mise en œuvre, ressemble à unimmense patchwork assemblant ana-lyse de textes et report cartographiquede plans anciens, observations ponc-tuelles des vestiges conservés en éléva-tion : tour de la Babotte, tour des Pinset divers pans englobés dans lesimmeubles récents. En quelques points,les fouilles ont porté sur des aménage-ments plus tardifs du système défensifde la ville, notamment aux abords de laporte du Pila-Saint-Gély, notamment en1997, quand l’archéologie a révélé unouvrage de franchissement du fosséavec pont-levis, ultérieurement trans-formé en pont dormant.À l’intérieur de l’espace fortifié, malgréles percées haussmanniennes duXIXe siècle, l’essentiel du réseau viairemédiéval est conservé, comme le mon-trent les alignements de nombreusesfaçades datables des XIIIe et XIVe siè-cles. Toutefois, les fouilles ont permisd’observer la disparition plus ou moinsrapide de certaines voies de circulationsecondaires (des venelles ou andron -nes) dont le fonctionnement n’a pasrésisté à l’occupation progressive desespaces libres. La fouille d’uneancienne rue, dite de la Vieille-

CI-DESSOUS. Vue de la ville de Montpellierdu côté des Cordeliers, dessin aquarellé de 1704. Cette image donne une idée précise du front nord de la Commune Clôture du XIIIe siècle (Bibliothèque nationalede France (Va 431 ft6). Photo © BNF

61

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page61

Bains juifs ou Mikveh de la rue de la Barralerie, du XIIIe siècle.

Photo © M. Olive, DRAC-SRA PACA

Coratterie, a montré l’évolution d’unevoie initialement installée dans un che-min creux, au milieu de laquelle unégout axial collectait les eaux usées deshabitations riveraines, confirmant ainsiles descriptions des textes anciens quinomment l’égout public grazilhan.

La dissection des maisons médiévalesL’architecture domestique a été étudiéeet recensée de façon systématique parle Service régional de l’Inventaire à lafin des années 1980, identifiant de nom-breuses maisons du XIIIe siècle encoreconservées dans toute leur élévation. Depuis ce travail, une dizaine dedemeures médiévales, tant modestesque patriciennes, ont fait l’objet d’ana-lyses archéologiques poussées avantleur réhabilitation. Elles ont consisté enune véritable dissection identifiantchaque séquence des transformationsarchitecturales depuis la constructioninitiale jusqu’à l’actuel. À l’évidence, laplupart des maisons montpelliéraines,situées intra-muros, conservent dissi-mulés dans leurs murs les élémentsd’un bâti primitif généralement databledu XIIIe siècle ou de la première moitiédu siècle suivant. La morphologie géné-rale des demeures est acquise à cetteépoque et, malgré les retouches del’époque moderne, elle s’est fossilisée. L’archéologie du bâti procède commepour la lecture d’un palimpseste, endécryptant ce qui a été gommé pourlaisser place aux transformations etornements des XVIIe et XVIIIe siècles.Parcellaire, technique de construction(en pierre, en terre, en bois), décorextérieur et intérieur, organisationinterne (distribution, remembrement etdémembrement) : aucun des aspectsde la maison n’est laissé pour compte.Quelques exceptionnels décors peintsont été révélés, comme ce fut le casdans une maison de drapier du dernierquart du XIIIe siècle, où fut découverteune frise figurant la légende de saintEustache le patron des drapiers.Au Moyen Âge, la fortune de la ville estfondée sur un commerce internationalflorissant soutenu par un artisanat pros-père. Les préoccupations mercantiles

62

DOSSIER LANGUEDOC-ROUSSILLON

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page62

des habitants ont marqué de leurempreinte l’architecture des maisons.Les vastes espaces voûtés d’ogivesoccupant les rez-de-chaussée desgrandes demeures du XIIIe siècle sontles entrepôts où étaient déposées lesmarchandises transitant par la ville etqu’un historien du XVIIe siècle décritcomme “de beaux magasins […] quel’on appelloit des Fondaques, ou desFondiques”. Il utilise un terme tiré desarchives du XIIIe siècle et que nous tra-duirions aujourd’hui par le mot fondouk. Plusieurs interventions archéologiquesont permis d’identifier les vestigesmatériels de ces activités profession-nelles localisées dans des quartiersspécialisés, tels les tanneurs et peaus-siers établis dans le quartier biennommé de la Blanquerie.

Dans les faubourgsL’exploration des faubourgs de la villemédiévale a révélé lieux de culte,espaces funéraires et zones artisanales.

Deux églises hors les murs ont été étu-diées. La première, celle du Saint-Esprit,en bordure de l’ancien chemin de pèle-rinage, au faubourg du Pila-Saint-Gély,appartenait à l’hôpital fondé par Guy deMontpellier au XIIe siècle. La deuxièmeportant le vocable de Saint-Côme-et-Damien comprenait deux nefs bâtiesdans le courant du XIIe siècle.Les sites du Saint-Esprit et de Saint-Côme-et-Damien étaient d’importantsespaces funéraires utilisés jusqu’auXVIIe siècle. L’analyse de ce dernierconstitue le principal ensemble funérairede référence pour les périodes médié-vale et moderne. D’autres cimetières ontété trouvés en périphérie de la ville, surla place Albert Ier à l’emplacement ducouvent des Carmes fondé au milieu duXIIIe siècle par Jacques Ier d’Aragon ouau faubourg de Lattes dans l’enclos del’ancien couvent des Franciscainsoccupé du XIIIe au XVIIIe siècle.Les faubourgs ont aussi et surtout livréune spectaculaire documentation

concernant l’artisanat de la céramique.Quatre ateliers de potiers/faïenciers ontété fouillés à proximité de la CommuneClôture. Les installations les plusanciennes, attestées dès le milieu duXIVe jusqu’au milieu du XVIe siècle, ontété appréhendées hors de la porte de laBlanquerie. Les autres datent de lapériode moderne et sont situées au fau-bourg du Pila-Saint-Gély. Les décou-vertes effectuées sur ces ateliers ontrévélé un riche répertoire de céra-miques locales, poteries communes etfaïences, de la fin du XVe au XIXe sièclequi ont permis la rédaction d’uneimportante synthèse sur cette question.

Jean-Louis Vayssettes, ingénieur de recherche DRAC-SRA

Languedoc-Roussillon

CI-DESSUS. Façade de la rue du Saint-Sépulcre,mise au jour lors d’un ravalement. Au-dessusdes baies du XIIIe siècle apparaissent les aboutsdes poutres ayant soutenu un avant-solier surrue. Photo © J.-L. Vayssettes, DRAC-SRA

63

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page63

64

La collection du musée archéologique de Nîmesest essentiellement constituée d’objets de prove-nance locale et régionale, à l’exception d’un fondsde céramiques grecques, étrusques et italiotes,issu de legs de collections privées et d’un dépôt del’État. Les périodes représentées vont de l’âge duFer au Moyen Âge. L’âge du Fer est traité au rez-de-chaussée du bâtiment, dans la galerie “préro-maine”. Une maquette de Nîmes à la fin duIer siècle de notre ère assure la transition avecl’époque romaine qui se développe au rez-de-chaussée et au premier étage. Les trois galeriesouvertes sur la cour du cloître des Jésuites abritentprès de 250 inscriptions, Nîmes possédant la plusabondante collection d’épigraphie latine enFrance. Quelques éléments d’architecture et desculpture romaines et quelques mosaïques sontégalement présentés dans cet espace. Au premierétage sont illustrés les thèmes de la vie quoti-dienne à l’époque romaine, la verrerie, la religion,les spectacles de l’amphithéâtre (gladiateurs) et ledécor de la maison (mosaïques) ainsi que lanumismatique. Des panneaux retracent l’histoirede la colonie latine de Nîmes et décrivent lesmonuments antiques conservés. Une salle estconsacrée à la céramique grecque.

HERAULT (34)AGDEMusée de l’Éphèbe La Clape le Cap d’Agde,34300 Agde. Tél. 04 67 94 69 60. Internet : www.ville-agde.fr Le musée de l’Éphèbe s’inscrit dans une logiquehistorique régionale, qui puise ses racines danscette partie du littoral recevant les influences desgrandes civilisations de la Méditerranée. Construiten 1984 autour d’une ancienne ferme du XVIIIe siè-cle, surplombant le port de la station touristiquedu Cap d’Agde, le musée de l’Éphèbe est le pre-mier à se consacrer exclusivement à l’archéologiesous-marine et subaquatique. Inauguré en 1987, ilfut créé pour accueillir et présenter aux publics le

Voici une sélection non exhaustive demusées et sites archéologiques qui peuventêtre visités pour découvrir l’archéologie enLanguedoc-Roussillon…

AUDE (11)BRAMEburomagus, la Maison de l’Archéologie 2 avenuedu Razès, 11150 Bram. Tél. 04 68 78 91 19.Internet : www.eburomagus.comEburomagus, devenue Bram, est dans l’Antiquitéla plus importante agglomération située sur la voied’Aquitaine entre Toulouse et Carcassonne.Amphores, objets de la vie quotidienne, mobiliersfunéraires sont parmi les vestiges mis au jour surle site et dans l’ouest audois qui sont présentésdans ce musée.

NARBONNEMusée archéologique Ancien palais des Archevê -ques, place de l’Hôtel de Ville, 11100 Narbonne.Tél. 04 68 90 30 96. Internet : www.narbonne.frImportante collection évoquant la ville romaine(peintures à fresque uniques en France, mosaïques,petit mobilier, lapidaire, épigraphie, sarcophages,ancre romaine en chêne et en plomb). Le muséeaccueille aussi une section de Préhistoire dont lamuséographie a été rénovée en 1998.

Le Clos de la Lombarde 28 rue Chanzy,11100 Narbonne. Visites commentées du site archéo-logique : Office de Tourisme – Service des Visitescommentées, tél. 04 68 90 30 66 / 04 68 65 15 60. Internet : www.narbonne.fr/sites/default/files/Clos_de_la_Lombarde.pdfLe Clos de la Lombarde est un chantier de fouillesouvert en 1973. Il donne un aperçu inédit de la viedans un quartier de Narbonne durant le Haut-Empire, à travers les vestiges d’habitations et d’unensemble thermal. Il renseigne également sur leregain d’activités qu’a connu ce secteur dansl’Antiquité tardive, autour d’une basilique paléo-chrétienne et des restes d’une nécropole. C’est dece site que proviennent la plupart des enduitspeints et des mosaïques exposés au muséearchéologique de Narbonne

Horreum romain 7 rue Rouget de Lisle,11100 Narbonne. Tél. 04 68 32 45 30.

Saison basse du 1er octobre au 31 mai, tous lesjours de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h (sauf mardi).Saison haute du 1er juin au 30 septembre, tous lesjours de 10 h à 18 h. Internet : www.narbonne.fr/fr_horreum-romainGaleries souterraines du Ier siècle avant notre ère,composées de couloirs qui ouvraient sur unesérie de pièces exiguës. Ces galeries étaient àl’origine sous-jacentes à un monument disparuqui aurait pu servir d’entrepôt public (Horreum).Seules deux ailes voûtées sur trois sont actuelle-ment visibles.

SALLÈLES-D’AUDESite Amphoralis allée des Potiers, 11590 Sallèles-d’Aude. Tél. 04 68 46 89 48. Internet : www.sallelesdaude.fr/-Le-Site-Amphoralis-.htmlLe musée des Potiers gallo-romains de Sallèles-d’Aude domine le site de ce qui fut une véritablecité industrielle. Ouvert depuis 1992, il raconte lavie des potiers et tuiliers qui, pendant trois siècles,produisirent en masse des amphores, des tuiles,des briques, des tuyaux, de la vaisselle et deslampes à huile. Aujourd’hui, ce passé revit grâceau Site Amphoralis.En perpétuelle recherche, le Site Amphoralisreconstruit son village gallo-romain à l’identiquedes vestiges retrouvés. Chaque visiteur est invitéà se joindre à la construction du village en partici-pant par exemple à la réalisation des murs de terreou à la fabrication de briques. C’est les mains dansl’argile que chacun expérimente la vie des potiersgallo-romains !

GARD (30)ALÈSMusée du Colombier rue Jean Mayodon,30100 Alès. Tél. 04 66 86 30 40. Internet : www.alescevennes.frSont exposées des pièces archéologiques duPaléolithique moyen à l’âge de Bronze et à l’âgedu Fer. En 2010, ce musée a accueilli la superbemosaïque datant de Jules César, découverte à l’été2008 sur la colline de l’Ermitage.

NÎMESMusée archéologique 13 boulevard Amiral Courbet,30000 Nîmes. Tél. 04 66 76 74 80. Internet : www.nimes.fr

QUELQUES MUSÉES ET SITES À VISITER

Décor mural de l’hostal des Carcassonne àMontpellier, dernier quart du XIIIe siècle. Leregistre supérieur représente l’histoire de

saint Eustache, patron des drapiers. Croquisschématique aquarellé.

Étude de B. Sournia et J.-L. Vayssettes

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page64

65

célèbre bronze hellénistique à l’effigie d’Alexandrele Grand dit l’Éphèbe d’Agde, découvert en 1964dans le fleuve Hérault au pied de la cité antique.

LATTESSite archéologique Lattara et musée Henri Prades390 Avenue de Pérols, 34970 Lattes. Tél. 04 67 99 77 20. Internet : http://museearcheo.montpellier-agglo.com www.lattara.culture.frLe musée archéologique de Lattes est situé à proxi-mité de l’antique Lattara, port important de laMéditerranée occidentale, installé dans l’anciendelta du fleuve côtier, le Lez, Ledum flumen, etoccupé du VIe siècle av. jusqu’au IIIe siècle apr. J.-C. Placé à coté du site en cours de fouilles, le muséearchéologique Henri Prades témoigne de la viequotidienne locale durant l’Antiquité. Actif pendantplus de 800 ans, le port de Lattara fut un lieu de ren-contre économique et culturel important pour lespeuples qui vivaient autour du bassin occidental dela Méditerranée (Les Étrusques, les Grecs depuisMarseille, Les Ibères, les Celtes, les Romains...) etles populations locales.

LOUPIANMusée de site gallo-romain Villa-Loupian RD 158E4, 34140 Loupian. Tél. 04 67 18 68 18. Internet :www.ccnbt.fr/ccnbt-richesse-patrimoine-vestiges-archeologiques-musee-villa-loupian#titre_page etwww.villa.culture.fr/#/fr/annexe/intro/t=IntroductionPrès du village de Loupian, en bordure du bassinde Thau, entre Montpellier et Béziers, le long de laVia Domitia, cette villa gallo-romaine dévoile pourvous ses six siècles d’histoire.Accompagné par un guide, vous replongerez dansl’ambiance et l’histoire des grandes exploitationsagricoles gallo-romaines à travers une reconstitu-tion de l’un des bassins des thermes cerné de samosaïque d’origine (IIe siècle apr. J.-C.), desmaquettes du domaine agricole retraçant les600 ans d’existence et des objets trouvés pendantles fouilles archéologiques. Puis à l’endroit de leurdécouverte, vous pourrez admirer les mosaïquespolychromes qui décoraient la résidence d’unriche notable au Ve siècle apr. J.-C., reflet du raffi-nement de cette civilisation.

MONTPELLIERLes visites guidées thématiques du Montpelliermédiéval et moderne Office de Tourisme deMontpellier, 30 allée Jean de Lattre de Tassigny,34000 Montpellier. Tél. 04 67 60 60 60. Internet : www.ot-montpellier.frTout au long de l’année, l’Office de Tourisme vouspropose la découverte de Montpellier à traversdes visites guidées thématiques : médecine, reli-gion, architecture, balade nocturne, visiteludique... C’est l’occasion de découvrir le richepatrimoine bâti médiéval et moderne de la cité.

MURVIEL-LÈS-MONTPELLIERSite du Castellas et musée municipal d’Archéo -logie rue de l’ancienne mairie, 34570 Murviel-lès-Montpellier. Tél. 04 67 27 88 28. Internet : www.ville-murviel-les-montpellier.fr/frame.php? page=musee

Le musée présente essentiellement les vestigesissus des fouilles archéologiques réalisées sur l’ag-glomération antique de la fin de l’âge du Fer et del’époque romaine qui jouxte le village.

NISSAN-LEZ-ENSÉRUNESite archéologique et musée d’Ensérune34440 Nissan-lez-Ensérune. Tél. 04 67 37 01 23.Internet : http://enserune.monuments-nationaux.frNon loin de Béziers, Ensérune permet de découvrirdes vestiges allant du VIe siècle av. au Ier siècleapr. J.-C. Au carrefour des routes terrestres etmaritimes, l’oppidum est au centre de l’essor com-mercial de la région. La céramique retrouvée lorsdes fouilles réalisées depuis 1915 permet d’obser-ver le mélange progressif entre les populationsceltes-ibères et les civilisations méditerranéennes.Depuis l’oppidum vous découvrirez une vuemagnifique sur la campagne biteroise

VILLETELLESite et musée archéologiques d’Ambrussum chemin d’Ambrussum, 34400 Villetelle. Tél. 04 67 02 22 33. Internet : www.ambrussum.frLe musée de site retrace l’histoire d’Ambrussum,des premières occupations par l’homme auxfouilles archéologiques menées jusqu’àaujourd’hui. Vous pourrez visiter l’oppidum gau-lois qui domine la Via Domitia, le pont Ambroix quipermettait le franchissement du fleuve Le Vidourleet vous découvrirez le relai routier antique quioffrait au voyageur le gîte et le couvert.

VIOLS-EN-LAVALVillage de Cambous Société languedocienne dePréhistoire, 4 plan de l’Olivier, 34400 Lunel-Viel.Tél. 04 67 86 34 37. Internet : www.loupic.com/Village-de-Cambous.htmlÀ une vingtaine de kilomètres au nord deMontpellier, sur une bifurcation de la route deSaint-Martin-de-Londres, le petit village de Viols-en-Laval abrite un site très célèbre. Les ruines deCambous sont sans doute celles du plus vieux vil-lage qu’il soit possible de visiter en France. Il datedu Chalcolithique (ou âge du cuivre), une périodecomprise entre 2800 et 2400 ans avant notre ère.Durant ces quatre siècles s’épanouit une brillanteculture agro-pastorale, dite de Fontbouisse.

LOZERE (48)JAVOLSSalle d’exposition des fouilles et site archéologiques48130 Javols. Tél. 04 66 42 87 24. Internet : www.archeologie-javols.org/index.htmJavols, petit village situé au nord-ouest de laLozère, à 950 m d’altitude, a jadis été la capitaleantique des Gabales. La ville gallo-romaine quiportait le nom d’Anderitum est aujourd’hui unecommune paisible regroupant 330 habitants répar-tis en une vingtaine de hameaux. Vous découvrirezle site antique et son charmant petit musée quiprésente les collections issues des fouilles de l’an-cienne cité.

LES BONDONSMont Lozère : la Cham des Bondons (site protégé),Parc national des Cévennes, 6 bis place du Palais,

48400 Florac. Tél : 04 66 49 53 01. Internet :www.cevennes-parcnational.fr/Un-patrimoine-d-exception/Prehistoire-et-histoire/PrehistoireLe site de la Cham des Bondons (150 menhirs,3 dolmens, 30 tertres funéraires et des vestigesd’habitat) constitue la deuxième concentration demonuments préhistoriques en Europe après cellede Carnac (Bretagne). Les menhirs proviennent dusocle granitique du mont Lozère. Ils sont parfoisalignés sur les crêtes ou les croupes, ou en cercle(Pierre des Trois Paroisses, groupe du causse deLa Fage). En empruntant la départementale 35, audépart du col de Montmirat, on peut découvrir desmenhirs isolés et surtout le rassemblement de laPierre des Trois Paroisses. Un itinéraire balisé per-met d’apprécier le paysage remarquable despuechs des Bondons.

PYRÉNÉES-ORIENTALES (66)BÉLESTAChâteau-musée de Préhistoire de Bélesta 5 rue du château, 66720 Bélesta. Tél. 04 68 84 55 55.Internet : http://belesta.frBélesta est à la frontière géographique entre lesroyaumes de France et d’Aragon de 1258 (Traitéde Corbeil) à 1659 (Traité des Pyrénées), son châ-teau fortifié par Louis IX abrite les vestiges archéo-logiques de la grotte de Bélesta. En 1983, leshabitants de Bélesta découvrent dans une grotte,une sépulture collective datée de 4500 av. J.-C.avec une trentaine de squelettes accompagnés devases à offrandes. Fouillé par Françoise Claustre(directeur de recherche au CNRS), aujourd’huidécédée, le site a livré aussi les restes de l’habitatdes divers occupants de la grotte durant plus de6 000 ans. En effet, 8 m de sédiments ont conservédes témoignages de leurs activités (reliefs derepas, foyers, tissage, élevage, etc.). La mairie asouhaité présenter ces trésors au public, le châ-teau médiéval du village a été racheté pour réali-ser un musée. Le musée met en scène de manièreludique et esthétique les découvertes archéolo-giques faites dans la grotte et sur d’autres sites dela région.

TAUTAVELMusée de Tautavel, Centre européen de recher -ches préhistoriques avenue Léon-Jean Grégory,66720 Tautavel. Tél. 04 68 29 07 76. Internet :www.450000ans.com/ et www.culture.gouv.fr/cul-ture/arcnat/tautavel/fr/index.htmlLa Caune de l’Arago est une grotte où des niveauxd’habitat d’Homo erectus riches en restes defaunes du Pléistocène moyen et d’industriesacheuléennes se sont déposés entre 700 000 et100 000 ans. Les restes humains, abondants, enfont un site incontournable pour l’étude des pre-miers habitants de l’Europe. Construit autour decette fouille toujours en cours, le musée présentetoute l’histoire de l’humanité en Europe depuis lespremiers Européens jusqu’aux portes de l’histoireen prenant des exemples dans la très procherégion de Tautavel. Le musée de Tautavel, Centreeuropéen de recherches préhistoriques est doncun complexe exceptionnel, alliant recherche et pré-sentation au public.

ARCH501-36-65-Languedoc_Article 28/06/12 16:28 Page65