Découverte d'une dent perforée de Lynx boréal dans les niveaux gravettiens de la grotte de Gargas...

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Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, 148, 2012, 83-92 (1) Découverte d’une dent perforée de Lynx boréal dans les niveaux gravettiens de la grotte de Gargas (Hautes-Pyrénées, France) par C. San Juan-Foucher *, P. Foucher *, H. Cap ** & C. Vercoutère *** * Service Régional de l’Archéologie - DRAC Midi-Pyrénées, 32 rue de la Dalbade - BP 811, 31080 Toulouse cedex 6, France et UMR 5608 TRACES - Université de Toulouse-le-Mirail E-mail : [email protected] ; [email protected] ** Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse, 35 allées jules Guesde, 31000 Toulouse, France E-mail : [email protected] *** Muséum national d’Histoire naturelle, Département de Préhistoire, UMR 7194, 1 rue René Panhard, 75013 Paris, France E-mail : [email protected] RÉSUMÉ La grotte de Gargas, site de référence du Gravettien européen en raison de son art pariétal exceptionnel et de la richesse de son remplissage archéologique, a fait l’objet de fouille entre la fin du XIX e et le début du XX e siècle. Cet article présente la découverte d’une dent perforée de Lynx boréal, au cours d’une nouvelle opération de fouilles programmée menée de 2004 à 2012, ayant comme objectif de fournir un cadre chro- no-culturel précis aux occupations gravettiennes du site. La dent est décrite du point de vue taxonomique et de sa transformation technique ; elle est également replacée dans le contexte de production des objets de parures du site. Un crâne de Lynx boréal pyrénéen conservé dans les réserves du Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse a servi comme référence de comparaison pour la détermination spécifique de cet élément de parure, provenant d’une espèce jusqu’à présent inédite dans le spectre faunique du gisement. La documentation sur les découvertes de ves- tiges de ce taxon dans la région pyrénéenne est également rappelée de façon synthétique. Mots-clés : Lynx lynx, Paléolithique supérieur, Gravettien, Pyrénées, dents perforées. Discovery of a Eurasian lynx perforated teeth within the Gravettian levels of the Gargas cave (Hautes-Pyrenees, France) ABSTRACT The Gargas Cave is a key site for the Gravettian in Europe because of its exceptional rock art and its rich archaeological filling. This site was excavated between the end of the nineteenth century and the beginning of the twentieth century. A new research program started in 2004, the main aim of which is to establish a precise chronological and cultural frame for the Gravettian levels of the cave. New excavations were made from 2004 to 2012. They allow discovering a tooth of a Eurasian lynx that was pierced. This paper deals with the taxonomical identification and the technical description of this tooth, which is also studied within the context of the production of body ornaments from Gargas cave. A skull of Eurasian lynx from the Pyrenees, which is a part of the collections of the Museum of Natural History of Toulouse, was used as specimen in order to determine specifically this ornament, which is, for the moment, the unique remain of lynx recognized for this site. The documentation about discoveries of Lynx lynx remains within the Pyrenean region is also mentioned. Key words : Lynx lynx, Upper Palaeolithic, Gravettian, Pyrenees, perforated teeth.

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Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, 148, 2012, 83-92

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Découverte d’une dent perforée de Lynx boréal dans les niveaux gravettiens de la grotte de Gargas

(Hautes-Pyrénées, France)

par C. San Juan-Foucher *, P. Foucher *, H. Cap ** & C. Vercoutère ***

* Service Régional de l’Archéologie - DRAC Midi-Pyrénées, 32 rue de la Dalbade - BP 811, 31080 Toulouse cedex 6, Franceet UMR 5608 TRACES - Université de Toulouse-le-Mirail

E-mail : [email protected] ; [email protected]** Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse, 35 allées jules Guesde, 31000 Toulouse, France

E-mail : [email protected]*** Muséum national d’Histoire naturelle, Département de Préhistoire, UMR 7194, 1 rue René Panhard, 75013 Paris, France

E-mail : [email protected]

RÉSUMÉ

La grotte de Gargas, site de référence du Gravettien européen en raison de son art pariétal exceptionnel et de la richesse de son remplissage archéologique, a fait l’objet de fouille entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Cet article présente la découverte d’une dent perforée de Lynx boréal, au cours d’une nouvelle opération de fouilles programmée menée de 2004 à 2012, ayant comme objectif de fournir un cadre chro-no-culturel précis aux occupations gravettiennes du site. La dent est décrite du point de vue taxonomique et de sa transformation technique ; elle est également replacée dans le contexte de production des objets de parures du site. Un crâne de Lynx boréal pyrénéen conservé dans les réserves du Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse a servi comme référence de comparaison pour la détermination spécifique de cet élément de parure, provenant d’une espèce jusqu’à présent inédite dans le spectre faunique du gisement. La documentation sur les découvertes de ves-tiges de ce taxon dans la région pyrénéenne est également rappelée de façon synthétique.

Mots-clés : Lynx lynx, Paléolithique supérieur, Gravettien, Pyrénées, dents perforées.

Discovery of a Eurasian lynx perforated teeth within the Gravettian levels of the Gargas cave (Hautes-Pyrenees, France)

ABSTRACT

The Gargas Cave is a key site for the Gravettian in Europe because of its exceptional rock art and its rich archaeological filling. This site was excavated between the end of the nineteenth century and the beginning of the twentieth century. A new research program started in 2004, the main aim of which is to establish a precise chronological and cultural frame for the Gravettian levels of the cave. New excavations were made from 2004 to 2012. They allow discovering a tooth of a Eurasian lynx that was pierced. This paper deals with the taxonomical identification and the technical description of this tooth, which is also studied within the context of the production of body ornaments from Gargas cave. A skull of Eurasian lynx from the Pyrenees, which is a part of the collections of the Museum of Natural History of Toulouse, was used as specimen in order to determine specifically this ornament, which is, for the moment, the unique remain of lynx recognized for this site. The documentation about discoveries of Lynx lynx remains within the Pyrenean region is also mentioned.

Key words : Lynx lynx, Upper Palaeolithic, Gravettian, Pyrenees, perforated teeth.

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1. Historique des recherches

Les premières fouilles dans la grotte de Gargas sont réa-lisées, dans le dernier quart du XIXe siècle, par F. GARRIGOU & A. DE CHASTEIGNER (1870), puis par F. REGNAULT (1873, 1896). Les résultats publiés par ces précurseurs indiquent l’existence de vestiges d’occupations humaines (restes de faune et outils en pierre) correspondant à un « foyer » ancien qu’ils rapportent à l’âge du Renne, mais les données strati-graphiques restent sommaires.

En 1906, la découverte exceptionnelle des premières pein-tures (empreintes de mains) par F. REGNAULT (1907, 1910) crée de nouvelles expectatives et motive la venue rapide d’É. Cartailhac et H. Breuil à Gargas. Dès lors, sous leur conduite, les découvertes pariétales se multiplient et abou-tissent à celle du Sanctuaire des Gravures en 1910 (CARTAIL-HAC & BREUIL 1910). Confrontés au problème de l’attribu-tion chronologique de cet art, ils décident de fouiller dans la grotte inférieure afin de trouver des éléments archéologiques qui puissent le dater.

Leurs sondages se situent entre le talus de l’entrée préhis-torique et la Grande Paroi des Mains, dans la zone centrale de la Salle I (Fig. 1) qui présente un sol calcité horizontal. Les deux campagnes menées en 1911 et 1913 leur permettent de reconnaître, dans la partie proche du talus, deux ensembles du Paléolithique supérieur (BREUIL & CHEYNIER 1958) : le pre-mier, gravettien (dénommé alors « aurignacien supérieur »), scellé par un plancher stalagmitique, et le second, aurigna-cien ancien typique (« aurignacien inférieur »). Un deuxième sondage réalisé dans la zone centrale de la Salle I, décrit par Breuil dans une publication antérieure (1953), fait apparaître deux niveaux gravettiens superposés. C’est dans le niveau supérieur qu’il découvre les célèbres plaquettes gravées, dont les conventions graphiques sont similaires à celles du bestiaire du Sanctuaire des Gravures, situé au fond de la grotte inférieure.

Pendant presque un siècle, il n’y aura pas de fouilles à Gargas, mais les études d’art pariétal s’y succèdent, pro-posant des explications très différentes aux empreintes de mains avec des doigts incomplets (SAHLY 1966 ; LEROI-GOU-RHAN 1967 ; CANTET & CLOT 1974 ; BARRIERE 1976 ; GROE-NEN 1987, 1988). Les inventaires comptabilisent, selon les auteurs, entre 160 et 231 empreintes.

La plus grande partie de la collection Cartailhac-Breuil est conservée à l’Institut de Paléontologie Humaine (Pa-ris), à l’exception de trois plaquettes gravées, publiées par H. BREUIL (1953), qui se trouvent au Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Une série limitée de pièces est conservée au Muséum d’histoire naturelle de Tou-louse, qui détient également une petite collection de matériel archéologique mélangé provenant des fouilles de F. Régnault dans la Salle Principale. La collection Garrigou, des anciens fonds du Musée de Foix, se trouve actuellement déposée au Musée de l’Ariège.

2. Problématique des nouvelles fouilles (2004-

2012)

Dans le cadre d’un Programme collectif de recherche inti-tulé : Le complexe Gravettien-Solutréen dans les Pyrénées : cadre chrono-culturel et stratégies d’exploitation des res-sources naturelles (SAN JUAN-FOUCHER 2003, 2004), nous avons repris l’étude du matériel de Gargas à partir des dif-férents fonds conservés (IPH, MNHT, MAN, Musée de l’Ariège). Les résultats préliminaires de cette analyse cri-tique nous ont confirmé que les collections issues des an-ciennes fouilles demeuraient inédites ou n’avaient été que très sommairement publiées. Ceci nous a donc incités à éla-borer un projet de fouille programmée qui s’est déroulé dans la grotte inférieure de 2004 à 2012.

Le principal objectif de cette opération a été l’obtention d’une séquence stratigraphique détaillée du gisement (FOU-CHER ET AL. 2008) et la réactualisation des données anciennes des fouilles Cartailhac-Breuil (BREUIL & CHEYNIER 1958). Par ailleurs, il nous a semblé important de prendre en compte de façon intégrée le double aspect grotte ornée et site d’habi-tat afin de mieux comprendre les caractéristiques fonction-nelles, spatiales et chronologiques de la fréquentation du site par les auteurs des manifestations pariétales (FOUCHER ET AL. 2007, 2012a).

3. Premiers résultats obtenus sur les occupa-

tions gravettiennes

Pour répondre à nos problématiques de recherche, nous avons ouvert quatre sondages dans la Salle I de la Galerie inférieure (Fig. 1), lieu principal d’occupation de la grotte au Paléolithique. Le premier (GES) se situe en limite des anciennes fouilles Cartailhac-Breuil, dans la partie distale du cône d’éboulis qui a obturé l’entrée préhistorique ; le second (GPO) est localisé dans la zone proximale de cet éboulis, à une quinzaine de mètres en amont du premier sondage, dans une salle correspondant au vestibule de l’ancien porche pré-historique ; le troisième (GPA) se situe au centre de la Salle I, plus proche de la Grande Paroi des Mains et à proximité du deuxième sondage Cartailhac-Breuil. Le quatrième sondage (GDI), également proche de la paroi, entame partiellement un amas de déblais des anciennes fouilles (FOUCHER ET AL. 2008 ; FOUCHER & SAN JUAN-FOUCHER 2011).

Après huit années de fouilles, nous avons pu dégager la presque totalité de la séquence mise en évidence par les an-ciennes fouilles dans les différents secteurs. Nous évoque-rons par la suite les résultats les plus significatifs concernant les occupations gravettiennes, dont l’essentiel consiste en l’établissement d’une chronologie longue de ces dernières, entre 28 000 et 25 000 BP (FOUCHER ET AL. 2011).

Les différentes approches spécialisées du matériel archéo-logique commencent à apporter des résultats concernant la meilleure caractérisation des assemblages, la définition des diverses activités anthropiques, l’identification des sché-mas techniques de fabrication des objets et d’obtention des

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Fig. 1 : Grotte de Gargas (Hautes-Pyrénées, France). A : localisation du site et contexte régional gravettien (données P. Foucher ; fond de carte F. Tessier). B : séquence stratigraphique des fouilles Cartailhac-Breuil 1911-1913. C : plan de la Salle I de la grotte inférieure, avec localisation des fouilles anciennes et récentes (topographie Foucher, Texier 2004).

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supports, ainsi que la détermination des matières premières utilisées. Dans le cas de l’industrie osseuse et des objets de parure sur matières dures d’origine animale, les données les plus intéressantes ont été obtenues grâce aux approches croisées des études techno-typologique et archéozoolo-gique, ainsi qu’à l’analyse comparative avec les séries des anciennes collections et celles d’autres sites contemporains. Les résultats permettent d’ores et déjà d’établir l’existence de traditions techniques qui semblent propres à la région pyrénéenne, sur le versant nord de la chaîne, et d’autres par-tagées à une échelle plus large comprenant la partie orientale de la Côte cantabrique ibérique et toute l’Aquitaine française (SAN JUAN-FOUCHER 2011).

Quant à l’industrie lithique, la production de supports ne semble pas occuper une place prédominante parmi les activi-tés techniques des Gravettiens de Gargas. La présence rela-

tivement abondante d’outils dans les séries récentes et an-ciennes suggère que la plupart de ceux-ci et des lames brutes ont été apportés dans le site. Les activités de taille attestées dans les niveaux d’occupation correspondent surtout à la réfection de l’outillage et à une production d’appoint de la-melles. Les caractères morphologiques et technologiques de cette industrie s’intègrent dans le faciès à burins de Noailles du Gravettien.

Les résultats préliminaires de l’étude de la faune (Tableau 1) indiquent que le régime carné des Gravettiens est essen-tiellement basé sur le Renne, les Bovinés et l’Isard (Cheval et Cerf élaphe sont des espèces complémentaires), que la grotte a été fréquentée à toutes les périodes de l’année et qu’elle a été le lieu d’activités de boucherie et de consommation. Du point de vue économique, ils attestent également l’exploi-tation non alimentaire des différentes parties de la carcasse

NRDt %NRDt NRDt %NRDt NRDt %NRDt NRDt %NRDt

Coelodonta antiquitatis - - - - 1 0,4 1 0,1

Bison priscus 17 2,1 - - - - 17 1,4

Bos primigenius 11 1,3 - - - - 11 0,9

Boviné 84 10,3 35 21,6 25 9,3 144 11,6

Boviné/Equus sp. - - 7 4,3 5 1,9 12 1,0

Equus sp. 52 6,4 12 7,4 20 7,5 84 6,7

Megaloceros giganteus 5 0,6 - - - - 5 0,4

Cervus elaphus 43 5,3 6 3,7 4 1,5 53 4,3

Rangifer tarandus 268 32,8 36 22,2 19 7,1 323 25,9

Rangifer tarandus/

Capra ibex- - 1 0,6 - - 1 0,1

Cervus elaphus/

Rangifer tarandus- - - - 2 0,7 2 0,2

Capra ibex 2 0,2 1 0,6 - - 3 0,2

Rupicapra pyrenaica 52 6,4 15 9,3 68 25,4 135 10,8

Rupicapra pyrenaica/

Capreolus capreolus- - 4 2,5 9 3,4 13 1,0

Capreolus capreolus 2 0,2 - - - - 2 0,2

Mammuthus primigenius 1 0,1 1 0,6 - - 2 0,2

Total herbivores 537 65,8 118 72,8 153 57,1 808 64,8

Ursus spelaeus 235 28,8 14 8,6 11 4,1 260 20,9

Ursus sp. 16 2,0 - - - - 16 1,3

Crocuta crocuta 2 0,2 - - - - 2 0,2

Hyenidae 3 0,4 - - - - 3 0,2

Panthera pardus 1 0,1 - - - - 1 0,1

Canis lupus 14 1,7 - - 3 1,1 17 1,4

Vulpes vulpes 3 0,4 11 6,8 64 23,9 78 6,3

Vulpes/Alopex 3 0,4 16 9,9 25 9,3 44 3,5

Total carnivores 277 33,9 41 25,3 103 38,4 421 33,8

sp. 1 0,1 3 1,9 12 4,5 16 1,3

Oiseau 1 0,1 0 - - - 1 0,1

TOTAL 816 162 268 1246

GES GPO Total GravettienEspèce

Coll C.-B.

Tableau 1. Spectre faunique des niveaux gravettiens de la grotte de Gargas (Coll. C.-B. : Collection Cartailhac-Breuil ; NRDt : Nombre de Restes Déterminés totalement).

87(5) DENT PERFORÉE DE LYNX BORÉAL DANS LES NIVEAUX GRAVETTIENS DE LA GROTTE DE GARGAS

(combustible, obtention de supports pour l’outillage osseux et les parures). En ce qui concerne le paléo-environnement, les données de la faune suggèrent un climat froid relative-ment humide mais non rigoureux, dans un paysage en mo-saïque combinant des zones ouvertes et des versants boisés.

Enfin, la découverte de la mandibule d’un jeune enfant, en 2011, dans un contexte de vestiges d’habitat, est exception-nelle à plus d’un titre (FOUCHER ET AL. 2012b). D’une part, par ses caractéristiques intrinsèques (morphologie, ADN), elle apportera une documentation rare sur les populations paléolithiques. D’autre part, si l’existence d’une composante funéraire se confirme, elle ajoutera une nouvelle facette aux

perspectives d’étude et d’interprétation de ce site de réfé-rence du Gravettien européen.

4. La parure gravettienne sur dents perforées

Une vingtaine de dents de carnivores et d’herbivores, per-forées ou en cours d’aménagement, étaient connues dans la série gravettienne de la collection Cartailhac-Breuil de l’IPH (Fig. 2). Trois autres dents perforées d’herbivores ont été découvertes dans les niveaux gravettiens au cours des nou-velles fouilles (2004-2010), chacune dans un secteur diffé-rent (GPO, GES et GPA) : deux «craches» de biche (Cervus

elaphus) et une incisive de Boviné (Bison / Bos).La répartition des taxons dans les deux séries est indiquée

dans le Tableau 2.Même s’il n’est pas possible d’établir avec une totale cer-

titude que les supports de ces éléments de parure ont été prélevés sur les carcasses des animaux abattus au cours des séjours à Gargas, les taxons déterminés coïncident avec les espèces chassées : Cerf élaphe, Bovinés (Bison / Aurochs), Cheval, Renard commun et polaire. Pour l’Ours des cavernes, certaines dents possèdent une patine caractéristique, propre des vestiges osseux provenant du niveau argileux de la base du remplissage, montrant qu’elles ont certainement été pré-levées sur des crânes d’animaux morts naturellement dans les galeries de la grotte (cette pratique a été attestée dans les

niveaux d’habitat aurignaciens et gravettiens du site, VER-COUTERE ET AL. 2007). Ceci se perçoit tout particulièrement sur un exemplaire en cours de façonnage (Fig. 2 : 18), où le raclage de préparation de la racine fait apparaître la colora-tion plus claire d’origine. Il n’y a pas de dents de Renne per-forées ou aménagées à Gargas, alors que l’animal fait partie de la faune abattue, mais elles sont également rares dans la plupart des sites gravettiens.

Les dents dont le percement a abouti possèdent une per-foration unique au niveau de la racine, généralement sur la partie apicale, sauf deux craches de cerf mâle (IPH-304 et 305, Fig. 2 : 12 et 13) perforées au centre de la racine. Par ailleurs, ces deux exemplaires font aussi exception en raison des caractéristiques morpho-technologiques de leurs perfo-

Tableau 2. Gargas. Dents perforées gravettiennes : détermination anatomique des supports.

Taxon Détermination

anatomique

N° inventaire Perforation

aboutie

Aménagement

en cours

Total

I 1 inf. D IPH-300 x -

I ? inf. G IPH-301 x -

Boviné I 2 inf. D IPH-1004 - x

(Bos / Bison) I inf. D lactéale IPH-1005 - x 7

I 1 ou 2 inf. D IPH-2912 - x

I inf. G IPH-2914 - x

I 1 ou 2 inf. D GES-06-83 x -

Crache G mâle IPH-302 x -

Crache D mâle IPH-203 x -

Cerf Crache G mâle IPH-304 x - 6

(Cervus elaphus) Crache D mâle IPH-305 x

Crache G femelle GPO-05-32 x -

Crache G femelle GPA-10-1/Wb445 x -

Cheval

(Equus sp.)

I sup. G

ou inf. D

IPH-307 x - 1

Grand herbivore indét. I ? IPH-306 x -

(Boviné ou Cerf) I inf. G IPH-2913 - x 2

C sup. D IPH-299 x -

Renard C (?) IPH-1002 - x 3

(Vulpes / Alopex) C sup. D IPH-1003 - x

I 3 sup. G IPH-297 x -

Ours des cavernes I 3 inf. G IPH-298 x - 3

(Ursus speleaeus) C sup. G IPH-2911 - x

Total 14 8 22

88 (6)C. SAN JUAN-FOUCHER, P. FOUCHER, H. CAP & C. VERCOUTÈRE

Fig. 2. Gargas. 1 à 18 : parures gravettiennes sur dents perforées (coll. Cartailhac - Breuil, IPH). a-f : détails sur techniques de perforation (grattage, abrasion, incision, percement par rotation bipolaire).

89(7) DENT PERFORÉE DE LYNX BORÉAL DANS LES NIVEAUX GRAVETTIENS DE LA GROTTE DE GARGAS

rations : les orifices sont circulaires, à section biconique éva-sée, assez réguliers et ne présentent pas de stigmates de la préparation du percement. Toutes les autres dents montrent des traces nettes des gestes techniques entrepris pour la réa-lisation de la perforation : amincissement de la racine par raclage (dégagement de surfaces en méplat ou en cuvette) et creusement d’un sillon ou gorge d’amorce par incisions répétées (Fig. 2 : a, b, c, d, e), puis perforation par pression ou par rotation à l’aide de perçoirs ou de pointes en silex (outils bien représentés dans le site, cf. FOUCHER ET AL. 2008). Les incisions d’amorce sont encore visibles sur la plupart des pièces (Fig. 2 : c et e) et les outils de percement ont laissé des traces circulaires parfois au-delà de l’orifice (Fig. 2 : d). Le diamètre et la forme des perforations sont très variables : généralement de forme ovalaire irrégulière, avec des ori-fices entre 4 et 1,2 mm de diamètre maximal. La finition des pièces n’est pas très poussée et le travail de préparation pré-alable à la perforation est, sur la majorité des dents, peu soi-gné. Cas exceptionnel, une des craches de cerf mentionnées précédemment est polie sur toute sa surface (Fig. 2 : 13).

Au moins deux degrés de maîtrise dans les techniques de production de dents percées gravettiennes semblent ainsi se dégager de l’étude de ce type de parure, ce qui impliquerait l’intervention de divers artisans, que ce soit de façon stric-tement contemporaine ou non. Ces différences dans le mode de préparation de la perforation ne sont pas déterminées par la taille de la dent ou le taxon sélectionné, puisque elles s’ob-servent nettement sur les quatre exemplaires de craches de cerf de la série (Fig. 2 : 10 à 13).

Trois des dents de carnivores présentent des cassures an-ciennes au niveau de l’apex de la racine, dont deux ayant en-traîné la fracturation de la perforation. Moins de la moitié des pièces montre des traces claires d’utilisation, qui consistent en un allongement localisé et poli de l’orifice, ou un poli des arêtes sur les méplats obtenus par raclage. Toutefois, l’en-croûtement de sédiment calcité rend difficile la lecture des stigmates d’utilisation sur l’orifice de la plupart des dents.

Si la parure sur dents n’a pas une valeur significative comme marqueur chronoculturel ou territorial, en raison de sa large diffusion dans toutes les cultures du Paléolithique supérieur et des variabilités qui interviennent dans chaque site (TABORIN 2004 : 45-47), en revanche, l’intérêt de ces objets réside principalement dans les données paléo-ethnolo-giques qu’ils nous apportent : utilisation non alimentaire des ressources animales, statut symbolique des animaux au sein du groupe et type d’activités développées sur le site. Dans le cas présent, il nous renseigne sur plusieurs aspects essen-tiels pour la meilleure perception des occupations humaines de Gargas : la réalisation sur place d’activités de fabrication d’ornements personnels, le choix délibéré de certaines es-pèces (consommées ou non) et l’intervention d’individus du groupe (restreint ou élargi) ayant différents niveaux de maî-trise du façonnage des parures.

5. La dent perforée de Lynx

Au cours de la campagne de fouilles 2011, un nouvel élé-ment de parure sur matière osseuse est venu élargir le cor-pus des ornements personnels des collections de Gargas. Il provient des déblais d’anciennes fouilles dans le nouveau secteur GDI (Fig. 1). La dent perforée conserve à l’intérieur des fissures et de la perforation des vestiges calcités de sédi-ment argileux rouge brun, chargé de débris d’os brûlé, tout comme celui du niveau 2 (Gravettien), en particulier dans les secteurs GES et GPA de la Salle 1, ce qui nous fournit un élément d’attribution stratigraphique indirecte.

Il s’agit d’une canine inférieure droite de Lynx boréal (Lynx lynx Linnaeus, 1758), élément de parure sur dent de carnivore dont le taxon était inédit à ce jour à Gargas (Fig. 3 : a). La préparation du percement a consisté en un amin-cissement bilatéral de la moitié supérieure de la racine par le creusement (grattage) de deux cuvettes opposées légèrement asymétriques (la plus longue sur la face vestibulaire), suivi de l’incision d’un sillon oblique pour guider l’outil à percer. Cette dernière opération a dû se faire par simple pression sur la mince paroi restante pour atteindre le canal pulpaire : aucune trace de rotation n’est visible autour de l’orifice sur les deux faces. La perforation est ovale, évasée sur la par-tie supérieure à cause de l’usure d’utilisation. Cinq petites incisions transversales, peu profondes, sur une arête de la partie centrale de la racine semblent trop discrètes pour cor-respondre à une décoration.

Nous avons pu observer quelques vestiges de pigment rouge (hématite) à l’intérieur de la perforation, piégés à l’intérieur du canal pulpaire. Il y a une patine brun-rouge partielle et irrégulière sur la racine, en particulier sur la sur-face des cuvettes de la perforation. Des traces d’utilisation sont évidentes : poli d’usure sur le bord supérieur et laté-ral de l’orifice, sur les deux faces, ainsi que sur les bords des cuvettes. Comme nous l’avons signalé, des vestiges de sédiment calcité brun-rouge, avec des micro-fragments d’os brûlé, subsistent à l’intérieur de la perforation, tout comme dans les fissures et reliefs naturels de la dent, qui suggèrent une attribution gravettienne.

La présence à l’époque préhistorique du Lynx boréal est peu documentée dans la chaîne pyrénéenne, mais il y a une dizaine de vestiges dispersés dans plusieurs gisements, sur-tout dans des occupations magdaléniennes (Labastide, Es-pèche, La Vache, Mas d’Azil, Gourdan, Trois-Frères), holo-cènes ou sub-actuelles sans date (CLOT & DURANTHON 1990). En ce qui concerne la culture gravettienne, il ne figure ni dans le spectre faunique des anciennes fouilles de Gargas, ni dans celui de la Tuto de Camalhot (VEZIAN & VEZIAN 1966), alors que d’autres carnivores y sont présents, mais on men-tionne une mandibule provenant du niveau gravettien d’Istu-ritz fouillé par E. PASSEMARD (1924).

Un exemplaire trouvé en 1973 dans le gouffre de Schatzi, commune d’Asson (Pyrénées-Atlantiques), appartenant éga-lement à la variété nordique Lynx lynx (cf CLOT & BESSON 1974) et conservé dans les réserves du Muséum d’Histoire

90 (8)C. SAN JUAN-FOUCHER, P. FOUCHER, H. CAP & C. VERCOUTÈRE

Fig. 3. Gargas. a : canine perforée de Lynx lynx (Linnaeus, 1758), GDI-11-12. b : hémi-mandibule inférieure droite (face externe) du Lynx boréal d’Asson (Pyr.-Atl.) [n°d’inventaire MHNT.ZOO.2011.01], photo H. Cap / MHNT. c : Lynx boréal (aerin.centerblog.net). d : détail de la mâchoire d’un jeune lynx boréal (linternaute.com).

91(9) DENT PERFORÉE DE LYNX BORÉAL DANS LES NIVEAUX GRAVETTIENS DE LA GROTTE DE GARGAS

naturelle de Toulouse (n°d’inventaire MHNT.ZOO.2011.0.1), a pu être utilisé comme référence de comparaison pour la confirmation de la détermination spécifique de notre élément de parure (Fig. 3 : b).

6. Le contexte paléontologique régional :

vestiges de Lynx documentés dans les Pyrénées

Il ne subsiste aujourd’hui en Europe que deux espèces de lynx, le lynx pardelle, Lynx pardinus (Temminck, 1827) can-tonné au centre et au sud de l’Espagne, et le lynx boréal, Lynx lynx (Linnaeus, 1758) présent dans les Alpes, au nord de l’Europe et à l’est. Ces populations reliques constituent les vestiges d’une présence avérée et connue par les préhis-toriens et paléontologues depuis au moins le Würm ancien, notamment dans les Pyrénées pour l’espèce boréale (KOBY 1959). La survivance jusqu’à nos jours de quelques individus erratiques évoluant dans les Pyrénées entre la Vallée d’Os-sau, le Néouvielle et le Carlit reste à prouver (CAP 2011). Une troisième espèce de lynx était également présente dans le sud de la France, du Mindel supérieur jusqu’à la dernière glaciation (CLOT & DURANTHON 1990, P. Fosse comm. pers.). Il s’agit de Lynx spelaea (Boule, 1906) dont les rares décou-vertes dans les Pyrénées témoignent d’une position systéma-tique incertaine et d’une radiation adaptative assez rapide à partir de cette espèce.

Concernant le lynx boréal, un des squelettes les plus an-ciens est celui d’un jeune trouvé en 1980 dans le gouffre des Moustayous (Saint-Pé-de-Bigorre) et qui est daté de 36 000 ans BP (CLOT 1988). Ce matériel est conservé depuis au musée pyrénéen de Lourdes. Une canine supérieure trou-vée au Ker de Riverenert est estimée du Moustérien par L. Méroc (CLOT & DURANTHON 1990). Une mandibule datant du Gravettien a également été découverte à Isturitz (PASSE-MARD 1924), à laquelle nous pourrions ajouter, pour la même période, la canine perforée retrouvée à Gargas du présent article. Une autre mandibule, sans datation, provenant de la grotte de Montfort, est conservée au muséum de Toulouse dans la collection Miquel (CLOT & DURANTHON 1990). En-fin, une phalange et une série dentaire issues de deux sites Magdaléniens d’Espèche et de la Vache sont aussi mention-nées par A. CLOT & F. DURANTHON (op. cit.) qui signalent, jusqu’à l’Holocène, l’existence de restes de lynx boréal dans des forêts d’altitude en Andorre et en plaine jusqu’à Tou-louse. D’autres découvertes de lynx boréal du Pléistocène supérieur ont été réalisées dans les grottes de Labastide et du Diable Rouge à Banios dans les Hautes-Pyrénées (CLOT & EVIN 1986).

Il est à noter que le squelette le plus complet jamais décou-vert dans les Pyrénées est celui trouvé, en 1962, par Bes-son au col d’Aran, entre Aspe et Ossau, sur la commune de Bielle. Daté d’une dizaine d’années par DE BEAUFORT (1965), le squelette a été déposé au Muséum de Toulouse, pour être enfin donné, en 2003, au musée d’Arudy (J.-P. Bes-son comm. pers.). L’âge de la datation a été fortement remis en cause par CLOT & EVIN (1986), estimant que le spécimen

serait beaucoup plus ancien, de l’ordre de plusieurs centaines ou milliers d’années. D’autres découvertes récentes ont eu lieu dans le gouffre de Pène à Montégut (CLOT 1970) puis, en 1973, au puits Chatzy près d’Asson, avec un crâne ainsi que du matériel post-crânien toujours conservés au muséum de Toulouse (CLOT & BESSON 1974), qui ont servi à la détermi-nation de la canine perforée découverte à Gargas.

REMERCIEMENTS

Les recherches en cours dans la grotte de Gargas se font dans le cadre d’une opération programmée pluriannuelle, financée par le Ministère de la Culture et de la Communication, DRAC-Midi-Pyrénées, avec le soutien du Conseil général des Hautes-Pyrénées. L’association Archéologies est éga-lement partenaire de cette opération. Nous remercions particulièrement la municipalité d’Aventignan, propriétaire de la grotte, pour son soutien logis-tique et les facilités accordées à notre projet.

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