De l'art de faire parler les déblais et les archives

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133 La grotte de Rochereil à Grand-Brassac (Dordogne) : de l’art de faire parler les déblais et les archives. Pages 133 à 144 Résumé : En 1970, Alain Roussot et Jacques Delsol publiaient un petit galet gravé provenant de Rochereil (figure 4). Il s’agissait d’une décou- verte isolée, réalisée dans les années 1960 par J. Delsol et provenant très vraisemblablement des déblais du dernier fouilleur en date, le Docteur Paul-Emile Jude. Par son décor géométrique, cette pièce avait été attribuée à l’Azilien, pré- sent dans le gisement. Les auteurs notaient également que parmi l’abondante collection d’art mobilier provenant de la grotte, ce galet constituait le premier découvert à Rochereil (Roussot et Delsol, 1970, p. 176). Depuis 2010, dans le cadre du Projet Collec- tif de Recherches Peuplements et cultures à la fin du Tardiglaciaire dans le nord du Périgord, entre Dronne et Tardoire, nous avons repris l’étude complète du site et des collections publiques et privées conservées notamment à l’Abbaye de Brantôme et dans la famille Jude. A cette occasion, un deuxième galet gravé inédit, déposé provisoirement au Centre National de Préhistoire, a été étudié. Cette pièce avait été découverte par Jean-Michel Geneste dans les années 1970 parmi les déblais des fouilles P.-E. Jude. Il porte de très fines gravures figuratives dont la thématique et le style sont magdaléniens. Enfin, grâce à l’obligeance de la famille Jude, nous avons eu accès à un fonds documentaire exceptionnel, constitué d’archives manuscrites et photographiques qui nous éclairent sur les conditions des fouilles anciennes, sur les stra- tégies et les méthodes scientifiques mises en œuvre par P.-E. Jude, ainsi que sur sa propre personnalité et sa place dans les milieux savants de l’époque. Nous proposons ici à la fois une brève lecture du galet gravé magdalénien et une relecture d’un morceau d’histoire de Rochereil à la lumière de ses précieuses archives. Abstract: In 1970, Jacques Delsol and Alain Roussot pub- lished a small engraved peeble from Rochereil (Figure 4). It was an isolated discovery made in the 1960s by J. Delsol and most likely coming from excavation of the last researcher, Dr Paul-Emile Jude. By its geometric design, this object has been attributed to the Azilian culture, present in the site. The authors also noted that among the important collection of portable art from the cave, it was “the first peeble discov- ered in Rochereil” (Roussot and Delsol, 1970, p. 176). Since 2010, under the Collective Research Project Peuplements et cultures à la fin du Tardi- glaciaire dans le nord du Périgord, entre Dronne et Tardoire, we undertook a full site survey with overview of both public and private collections, including Brantome Abbey and Jude family. On this occasion, a second engraved peeble was studied, provisionally deposited in the National Center of Prehistory. This piece was discovered by Jean-Michel Geneste in the 1970s among the spoil of P.-E. Jude excavation. He bears very fine figurative carvings whose theme and style are Magdalenian. Finally, thanks to the kindness of the Jude family, we have had access to an exceptional fund consisting of written and photographic archives that enlighted the conditions of the old excavations, strategies and scientific methods realized by P.-E. Jude, as well as its own per- sonality and its place in academic circles at the time. We propose here both a brief reading of the magdalenian engraved peeble and a rereading of the Rochereil story, throught its precious archives. La grotte de Rochereil à Grand-Brassac (Dordogne) : de l’art de faire parler les déblais et les archives Patrick Paillet Maître de conférences Muséum national d’Histoire naturelle Département de Préhistoire U.M.R. 7194 “Histoire naturelle de l’Homme préhistorique” Musée de l’Homme 17 Place du Trocadéro 75116 Paris Elena Man-Estier Ministère de la culture et de la communication Direction générale des patrimoines Service du patrimoine Sous-direction de l’archéologie 182, rue Saint-Honoré 75033 Paris cedex 01

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La grotte de Rochereil à Grand-Brassac (Dordogne) : de l’art de faire parler les déblais et les archives. Pages 133 à 144

Résumé : En 1970, Alain Roussot et Jacques Delsol publiaient un petit galet gravé provenant de Rochereil (figure 4). Il s’agissait d’une décou-verte isolée, réalisée dans les années 1960 par J. Delsol et provenant très vraisemblablement des déblais du dernier fouilleur en date, le Docteur Paul-Emile Jude. Par son décor géométrique, cette pièce avait été attribuée à l’Azilien, pré-sent dans le gisement. Les auteurs notaient également que parmi l’abondante collection d’art mobilier provenant de la grotte, ce galet constituait le premier découvert à Rochereil (Roussot et Delsol, 1970, p. 176).Depuis 2010, dans le cadre du Projet Collec-tif de Recherches Peuplements et cultures à la fin du Tardiglaciaire dans le nord du Périgord, entre Dronne et Tardoire, nous avons repris l’étude complète du site et des collections publiques et privées conservées notamment à l’Abbaye de Brantôme et dans la famille Jude. A cette occasion, un deuxième galet gravé inédit, déposé provisoirement au Centre National de Préhistoire, a été étudié. Cette pièce avait été découverte par Jean-Michel Geneste dans les années 1970 parmi les déblais des fouilles P.-E. Jude. Il porte de très fines gravures figuratives dont la thématique et le style sont magdaléniens.Enfin, grâce à l’obligeance de la famille Jude, nous avons eu accès à un fonds documentaire exceptionnel, constitué d’archives manuscrites et photographiques qui nous éclairent sur les conditions des fouilles anciennes, sur les stra-tégies et les méthodes scientifiques mises en œuvre par P.-E. Jude, ainsi que sur sa propre personnalité et sa place dans les milieux savants de l’époque.Nous proposons ici à la fois une brève lecture du galet gravé magdalénien et une relecture d’un morceau d’histoire de Rochereil à la lumière de ses précieuses archives.

Abstract:In 1970, Jacques Delsol and Alain Roussot pub-lished a small engraved peeble from Rochereil (Figure 4). It was an isolated discovery made in the 1960s by J. Delsol and most likely coming from excavation of the last researcher, Dr Paul-Emile Jude. By its geometric design, this object has been attributed to the Azilian culture, present in the site. The authors also noted that among the important collection of portable art from the cave, it was “the first peeble discov-ered in Rochereil” (Roussot and Delsol, 1970, p. 176).Since 2010, under the Collective Research Project Peuplements et cultures à la fin du Tardi-glaciaire dans le nord du Périgord, entre Dronne et Tardoire, we undertook a full site survey with overview of both public and private collections, including Brantome Abbey and Jude family. On this occasion, a second engraved peeble was studied, provisionally deposited in the National Center of Prehistory. This piece was discovered by Jean-Michel Geneste in the 1970s among the spoil of P.-E. Jude excavation. He bears very fine figurative carvings whose theme and style are Magdalenian.Finally, thanks to the kindness of the Jude family, we have had access to an exceptional fund consisting of written and photographic archives that enlighted the conditions of the old excavations, strategies and scientific methods realized by P.-E. Jude, as well as its own per-sonality and its place in academic circles at the time.We propose here both a brief reading of the magdalenian engraved peeble and a rereading of the Rochereil story, throught its precious archives.

La grotte de Rochereil à Grand-Brassac (Dordogne) : de l’art de faire parler les déblais et les archives

Patrick PailletMaître de conférencesMuséum national d’Histoire naturelleDépartement de PréhistoireU.M.R. 7194 “Histoire naturelle de l’Homme préhistorique”Musée de l’Homme17 Place du Trocadéro75116 Paris

Elena Man-EstierMinistère de la culture et de la communicationDirection générale des patrimoinesService du patrimoineSous-direction de l’archéologie182, rue Saint-Honoré75033 Paris cedex 01

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l’Etat (Musée d’Archéologie Nationale) par le proprié-taire du site. La collection vient de rejoindre le Musée national de préhistoire (Les Eyzies-de-Tayac), après un long dépôt à l’abbaye de Brantôme.Le reste de la collection et de nombreuses archives (notes de fouilles et correspondances) sont conservés par la famille Jude.

Introduction

La grotte de Rochereil, découverte en 1906, est clas-sée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 1er avril 1952. En 1912 et 1921, elle est fouillée par Maurice Féaux et le Marquis Gérard de Fayolle. Ils creusent un tunnel dans les couches magdaléniennes et dégagent de nombreux vestiges. Le sondage s’effondre et les deux chercheurs abandonnent leur projet, sans publier le matériel découvert, aujourd’hui conservé au Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord (Péri-gueux). A partir de 1937, le Docteur P.-E. Jude reprend l’étude du site. Les fouilles sont conduites jusqu’en 1939 et de manière épisodique durant la seconde guerre mondiale et en 1947. Il fouille les niveaux aziliens et magdaléniens de la « terrasse » et de la grotte. Il publie ses travaux en 1960 et ses collections sont vendues à

Figure 1 : Carte de situation du site de Rochereil. Figure 2 : La grotte de Rochereil aujourd’hui. Photo P. Paillet.

Figure 3 : Relevé stratigraphique de la coupe principale de Rochereil. DAO P. Paillet d’après Jude (1938).

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Description et contexte archéo-stratigraphique

Il s’agit d’une cavité peu profonde (12 x 2 m), haute de 5,50 m et orientée vers le sud-est.Elle s’ouvre en pied d’une falaise de calcaire conia-cien, sur la rive droite de la Dronne (figures 1 et 2). Les fouilles de P.-E. Jude ont mis au jour d’importants dépôts du Magdalénien supérieur, de l’Azilien et du Laborien. P.-E. Jude publie (1938 et 1960) deux coupes stratigraphiques relevées à l’entrée et à l’intérieur de la grotte. La coupe principale (figure 3) fait apparaître au moins quatre couches superposées de couleur et de structure différentes.- La couche I est stérile et repose sur le sol rocheux. Elle est constituée de sables fluviatiles sur la terrasse et d’argile calcaire rougeâtre dans la grotte.- La couche II correspond au Magdalénien supérieur. Elle mesure près de 40 cm d’épaisseur. Sur la base de l’hétérogénéité de certains éléments lithiques et fau-nistiques, cette couche est partagée arbitrairement en deux niveaux, IIa (niveau inférieur, comprenant les 2/3 de la couche) et IIb (niveau supérieur).- La couche III correspond à l’Azilien et au Laborien. Elle mesure plus de 1,80 m d’épaisseur et se superpose directement à la couche II, sans zone stérile intermé-diaire. Cette couche est subdivisée en trois niveaux (IIIa, IIIb et IIIc).

- Enfin, la couche IV est stérile et constituée de terre végétale. Elle mesure environ 2 m d’épaisseur.Depuis les années 1940 et les dernières recherches officielles, la grotte a connu de nombreuses dégrada-tions, naturelles ou volontaires, et a subi probablement beaucoup de fouilles clandestines. Les déblais anciens, situés à proximité de la grotte, livrent fréquemment du matériel archéologique et notamment des objets gravés. Un tamisage et un traitement de ces déblais est programmé dans le cadre du Projet Collectif de Recherches que les auteurs co-dirigent.

Ce que nous enseignent les déblais : un galet inéditCe galet a été découvert dans les années 1970 par Jean-Michel Geneste au cours d’une prospection conduite dans le cadre des fouilles de Guy Célérier à Pont d’Ambon. Il provient des déblais des fouilles Jude, localisés en face de la grotte de Rochereil.Il s’agit d’un calcaire oolithique du Kimméridgien supérieur, de couleur gris beige et dont l’origine est vraisemblablement locale (figure 5). Il peut provenir de la vallée du Buffebale, qui constitue un petit tri-butaire de l’Euche et de la Dronne situé à 7-8 km au

Figure 4 : Galet gravé azilien de Rochereil. Relevé A. Roussot.

Figure 5 : Galet gravé magdalénien de Rochereil. Photo P. Paillet.

Figure 6 : Galet gravé magdalénien de Rochereil. Relevé P. Paillet.

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n’observe que de rares reprises ou rectifications de traits. Une étude microscopique et technologique des gravures est à prévoir. On peut lire trois animaux super-posés (bouquetin ?, renne, bison) et disposés en profil gauche. Ils sont incomplets (limités à l’avant-train) du fait de la fracturation ancienne du support. L’étude des superpositions à la loupe binoculaire montre la séquence chronologique suivante de la plus ancienne à la plus récente : 1. Gravure du bouquetin (?) ; 2. Gra-vure du renne ; 3. Gravure ou rectification de la patte arrière du bouquetin ; 4. Gravure du bison.La première figure animale (figure 7) représentée pos-sède les caractères anatomiques du bouquetin. La tête est courte et triangulaire, l’œil est rond et globulaire, l’oreille est saillante, le corps est trapus et l’arrière-train assez gracile. Pour autant, l’identification n’est pas certaine car il manque à l’animal une encornure qui pourrait définitivement l’assurer. Par ailleurs, nous ne connaissons que de très rares représentations de capri-nés dans le corpus figuratif des objets d’art mobilier sur support lithique et osseux de Rochereil. Il s’agit de deux têtes schématiques vues de face comme on en connait ailleurs dans l’art mobilier et pariétal du Mag-dalénien supérieur. Le museau de l’animal se confond avec l’oreille du bison. Une patte arrière, probablement retracée, et une patte avant légèrement pliées sont indi-quées. Elles sont excessivement longues et graciles. Mais si leur dessin est quelque peu maladroit, elles confèrent à l’animal une attitude dynamique.Le second animal dans l’ordre chronologique est un renne (figure 8), réduit accidentellement à son avant-train. L’identification repose sur le dessin de l’encolure subhorizontale et le port de tête, tendue vers l’avant. La forme du museau et ses détails sont également caracté-ristiques du cervidé. La fracture du support nous prive du dessin de l’œil si caractéristique chez le renne. Par ailleurs, l’animal est dépourvu de ramure. L’oreille est peu visible à moins qu’elle occupe la place du museau du capriné ou qu’elle se confonde avec l’oreille

nord-ouest de Rochereil (communication orale B. Ker-vazo). Le bloc roulé et lustré, à surface polie à polie mate, possède une section plus ou moins rectangulaire. Il mesure 152 mm de long, 120 mm de hauteur et de 47 à 57 mm d’épaisseur, pour un poids de 1376 g. Il est actuellement fracturé en deux morceaux, selon un cli-vage naturel de la roche en écaille centimétrique, qui se remontent parfaitement. Mais le bloc est aussi amputé de sa partie droite (en vue principale). La surface est couverte de nombreuses cupules de dissolution (ponc-tuations lichiniques). La face supérieure est incrustée de minces manchons racinaires carbonatés dessinant des filaments.Le galet inédit qui fait l’objet de cette note (figure 6) vient donc étoffer le maigre corpus des supports lithiques de Rochereil que l’on doit probablement à un biais de fouilles plus qu’à un trait culturel.La face supérieure ou principale du galet présente un ensemble de gravures figuratives extrêmement fines et semble-t-il parfaitement maîtrisées, qui ne se per-çoivent correctement qu’en lumière rasante. La section des incisions en V varie peu dans sa morphologie. On

Figure 7 : Bouquetin (?) gravé. Relevé sélectif P. Paillet.

Figure 9 : Bison gravé. Relevé sélectif P. Paillet.

Figure 8 : Renne gravé. Relevé sélectif P. Paillet.

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Rochereil, un site d’art mobilier exceptionnelCe galet gravé présente des originalités techniques, thématiques et stylistiques que nous venons de souli-gner. Mais il est en cohérence avec la collection d’art mobilier de Rochereil.Dans son état actuel, la collection magdalénienne comprend 270 pièces ornées, dont seulement 6 sur supports lithiques. Les autres objets sont façonnés sur les supports en matières dures d’origine animale (159 bois de cervidés et 105 ossements) (figures 12 et 13). Les œuvres d’art sur support lithique consti-tuent donc un corpus exceptionnel. La collection issue des fouilles Jude ne comprend qu’une fine pla-quette de schiste gravée d’une tête de cheval. Les fouilles Féaux-Fayolle (1912 et 1921) ont livré quatre plaquettes de laminite litée ou dalle silico-ferrugi-neuses (Célérier et al., 1990) portant des décors plus ou moins élaborés (Tosello, 2003) (figure 14). Les seuls objets ornés sur support calcaire sont les deux galets découverts par J. Delsol (attribué à l’Azilien) et J.-M. Geneste dans les déblais des fouilles Jude. Un traitement par tamisage de ces déblais conduirait

supposée du troisième animal, le bison. Le fanon est bien convexe et une patte avant, plutôt fine mais ina-chevée, est également indiquée. Elle est recoupée par la reprise de la patte arrière du bouquetin. Le corpus de Rochereil compte une dizaine de cervidés.Le troisième animal est le plus détaillé (figure 9). Il s’agit d’un bison également réduit à l’avant-train et cadré en plein champ. L’animal est particulièrement massif. Le corps est dominé par un haut rachis cervico-dorsal sinueux tracé en une succession de fines lignes discontinues épousant un relief naturel du support. Il possède une lourde tête, interrompue par une fracture du support, sur laquelle sont détaillés l’œil en double dessin piriforme emboité et une corne unique à double flexuosité dirigée vers le haut. A l’arrière, l’oreille mar-quée par plusieurs traits fins dessine un demi-cercle. Le museau et les naseaux sont également détaillés. La barbe est traitée en contour linéaire formant une besace similaire par le dessin à d’autres représentations mobi-lières de Rochereil, de la grotte des Oiseaux dans le vallon des Rebières avoisinant (figure 10) et de repré-sentations pariétales proches comme celles de Fronsac (figure 11). Ces représentations ont en commun leur appartenance au Magdalénien supérieur. Le poitrail de l’animal forme une ligne droite oblique vers le bas qu’interrompt une large patte antérieure raide et verti-cale attachée dans une puissante épaule arrondie portée vers l’avant. Le membre s’achève par un sabot arrondi non détaillé.Par ses caractéristiques formelles, cette représenta-tion est assez atypique et peu conventionnelle. Elle rejoint le maigre corpus (4) des bisons de Rochereil. On remarque sa forte proximité avec le vivant. Elle ne possède pas ces détails de pelage si fréquents dans les œuvres du Magdalénien moyen pyrénéen, cantabrique et périgourdin. En revanche, comme nous l’avons déjà souligné, elle s’insère parfaitement dans le corpus des bovinés pariétaux et mobiliers du Magdalénien supé-rieur du nord du Périgord.

Figure 10 : Bison gravé sur os de la grotte des Oiseaux (vallon des Rebières, Brantôme). Relevé P. Paillet (1993).

Figure 11 : Bison gravé de la grotte de Fronsac (Vieux-Mareuil). Relevé P. Paillet (2013).

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inédites étant d’un intérêt majeur. Les illustrations des œuvres ont été confiées à Louis Mothe, profes-seur d’arts plastiques et proche collaborateur de P.-E. Jude. Le travail minutieux et sensible de l’illustrateur est remarquable pour l’époque. On s’étonne donc que ces très bons relevés graphiques n’aient pas donné lieu dans la publication à des commentaires plus précis et une vraie analyse des objets et des thèmes figurés. C’est ce à quoi nous nous attachons dans le cadre de notre Projet Collectif de Recherche. Dans un cour-rier adressé à P.-E. Jude en 1953, Henri Breuil fait le point sur plusieurs objets ornés de Rochereil en propo-sant des lectures. P.-E. Jude, toujours très attentif aux conseils dispensés par H. Breuil (il a recopié in extenso

certainement à de nouvelles découvertes prouvant, s’il en était besoin, les tris sélectifs et les biais de fouilles. Le calcaire est un matériau endogène qui n’a pas forcé-ment retenu l’attention des premiers fouilleurs.Pour autant, les techniques et méthodes de fouilles pra-tiquées par P.-E. Jude étaient plutôt fines et attentives pour l’époque et systématiquement complétées par le « criblage » des sédiments. P.-E. Jude insistait notam-ment sur la nécessité de recueillir soigneusement les restes de mésofaune et microfaune. Il était également très prudent concernant les objets ornés. La publica-tion monographique de 1960 rassemble 75 pièces, soit environ 30 % de la collection complète. Nous igno-rons les raisons précises de ce choix, certaines pièces

Figure 12 : Aurochs gravé sur lissoir de Rochereil (dépôt MAN au Musée national de Préhistoire). Photo E. Lesvignes.

Figure 13 : Motifs gravés sur bois de renne de Rochereil (dépôt MAN au Musée national de Préhistoire). Photo E. Lesvignes.

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du Périgord confirment les méthodes de fouilles telles que décrites par P.-E. Jude (Jude 1938, 1960, Delluc 2005). Les documents auxquels nous avons eu accès, grâce à la famille de Jean Minard (l’un des fouilleurs de l’époque), nous apportent des informations com-plémentaires précieuses. On découvre ainsi l’ampleur

ses lettres afin de s’affranchir certainement de son écri-ture peu lisible), ne fait aucun cas de ces propositions dans la publication finale de 1960.

Les fouilles à Rochereil du XXème au XXIème siècle : ce que nous enseignent les archives

La grotte est découverte en 1906 par Raoul de Ricard, gendre du propriétaire du terrain. Il publie deux courtes notes (de Ricard 1906, 1907) dans lesquelles il évoque la découverte d’une mâchoire de Castor et de mobi-lier usuel des stations de la Madeleine (1906, p. 229), dont une gravure de cheval sur os, non retrouvée à ce jour. Après la mort prématurée de R. de Ricard, Raoul Daniel réalise quelques prospections en 1911 dans ce qu’il nomme l’« abri du Moulin » et qu’il situe par erreur à Lisle (archives MAN).L’année suivante, du 7 au 18 octobre 1912, Maurice Féaux et le Marquis Gérard de Fayolle entament leur propre campagne de fouilles. Ils ont sans doute connaissance du potentiel magdalénien du gisement et décident donc que la fouille ne devra concerner que ce niveau. Ils font creuser un tunnel dans la couche mag-dalénienne en direction du fond de la cavité.Des plaques de verre conservées dans le fonds docu-mentaire de la Société Historique et Archéologique

Figure 15 : Photographie des fouilles M. Féaux et G. de Fayolle à Rochereil, 1912. Photo fonds René Ventenat.

Figure 14 : Plaquettes de laminite litée gravée d’une biche, d’un cheval et d’un canidé (collection MAAP, Périgueux - Tosello 2003). Photo P. Paillet.

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bénéficie également de l’aide précieuse de quelques amis préhistoriens comme Denis et Elie Peyrony, Fer-nand Lacorre et Emmanuel Passemard (figure 16).La fouille progresse zone par zone, selon le décou-page topographique évoqué plus haut. Il dégage des coupes dans lesquelles il ouvre de petites fenêtres à différentes hauteurs. Les objets découverts les plus remarquables sont ficelés sur des plaques cartonnées, selon un procédé usité dans le passé. Au dos de ces car-tons, P.-E. Jude colle une courte note datée qui recense les découvertes du jour, avec quelques commentaires et impressions personnelles. La méthode est originale et le ton parfois un peu naïf.Fouilles de Rochereil des 20 et 27 mars 38Faune – très abondante. Nombreux os et dents de cerfs, de castor, un peu de sanglier et de cheval, mais beau-coup plus rares.Les mâchoires de lapins et de lièvres apparaissent et deviennent de plus en plus nombreuses, signe que nous arrivons dans la couche moyenne. Les débris de faune paraissent plus importants que dans la grotte.La cuisine devait se trouver là. (Note manuscrite sur une étiquette accompagnant des objets, fonds Jude).Au printemps 1939, soit deux ans après le début des fouilles et sur les conseils de E. Passemard, P.-E. Jude ouvre un véritable carnet de fouilles (figure 17).Dimanche 30 avril 1939Si je ne commence qu’aujourd’hui un carnet de fouilles, c’est que jusqu’ici, depuis le début de nos tra-vaux, j’avais procédé d’une autre façon. Sur le dos des cartons où étaient attachées la faune et l’industrie, je relatais chaque fois les observations de la journée.Sur les conseils de M. et Mme Passemard, qui m’ont fait remarqué que ces cartons pouvaient se détério-rer, que le rapport pouvait se décoller, que les pièces manquaient de stabilité, que pour une pièce il fallait déplacer un carton, j’ai résolu de placer le tout dans des tiroirs et de commencer un carnet de fouilles. (Jour-nal de fouilles manuscrit, 30 avril 1939, fonds Jude).En deux années, le résultat des travaux est impression-nant. Le passage du Magdalénien à l’Azilien est bien documenté, même si des incertitudes subsistent sur ce que P.-E. Jude nomme « le Passage ». Les vestiges humains mis au jour (squelettes azilien et magdalé-nien  ?) ont contribué à faire connaître largement la grotte de Rochereil. La déclaration de guerre inter-rompt les recherches. En 1941, P.-E. Jude retourne sur place et découvre un site très endommagé. Il décide alors de poursuivre ses travaux à l’entrée de la grotte, où il établit une coupe avec l’aide d’un « groupe de recherches spéléologiques  » associé au Muséum d’Histoire naturelle de Nîmes alors dirigé par E. Pas-semard. Mais la publication monographique de 1960 n’évoque nulle part cette contribution peut-être pour taire les relations d’amitié entretenues longtemps avec Passemard, fusillé à la Libération pour collaboration active avec l’occupant.

des opérations de fouilles Féaux-Fayolle par longues et profondes tranchées dans la grotte mais aussi à l’exté-rieur. Sur l’un des documents (figure 15), un fouilleur (Fayolle ?) est installé dans une tranchée dont la pro-fondeur peut être estimée sans peine. En 2012, lors de nos premières campagnes de terrain, nous avons pu mesurer l’importance des remaniements induits par ces fouilles.En 1937, P.-E. Jude ouvre de nouvelles fouilles dans la grotte. Il est associé à Jean-Jules Cruveiller, maire de Lisle et passionné d’archéologie. C’est lui qui a proba-blement fait connaître à P.-E. Jude l’« abri du moulin », alors à l’abandon depuis 15 ans. En 1937, lors de leur première visite conjointe sur le site, les deux hommes établissent un plan sommaire. Les notes prises le jour même témoignent du vif intérêt qu’ils vont manifes-ter pour cette modeste grotte. P.-E. Jude y travaille les fins de semaines et les jours de repos de manière scrupuleuse en documentant toutes les découvertes. Il établit notamment un découpage topographique de la grotte en cinq zones, sorte de carroyage avant l’heure bien que très imprécis. La référence à cette sectori-sation n’apparaît pas dans les publications, mais elle est fréquemment signalée dans le marquage des objets effectué sur le terrain au moment de la fouille.P.-E. Jude, médecin à La Réole (Gironde), a peu de temps disponible. Il fouille en famille, avec l’aide de son épouse et de ses enfants, Raymond et Simone. Il

Figure 16 : Photographie des fouilles P.-E. Jude (vers 1939). Photo fonds famille Jude.

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Il fait creuser une tranchée, parallèle au bloc d’entrée et perpendiculaire à l’axe de la grotte. Nos propres son-dages de 2013 nous ont permis de retrouver la coupe de 1941 et le fantôme de la tranchée de 1945, dont nous ignorions jusqu’alors l’existence. Cette tranchée a été comblée par du « tout-venant » provenant des environs de la grotte, dont les déblais des fouilles Féaux/Fayolle.

En 1942, respectant les nouvelles lois sur l’archéolo-gie établies par Jérôme Carcopino, P.-E. Jude dépose une demande de fouilles qui reçoit un avis favorable de Denis Peyrony. Nous ignorons s’il a effectivement travaillé sur place dans l’année 1942 ou ensuite.Les archives sont muettes jusqu’en 1945, date à laquelle P.-E. Jude décide de retravailler sur la coupe extérieure.

Figure 17 : Première page du carnet de fouilles de P.-E. Jude (1939). Fonds famille Jude.

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Le procès-verbal de Denis Peyrony, dressé le jour de l’enlèvement du squelette, apporte un intéressant témoi-gnage sur les modalités et les objectifs scientifiques de l’exhumation. Un coffrage en plâtre est appliqué et le squelette est retiré en motte (figure 18). Henri-Victor Vallois, paléontologue, professeur d’anthropologie et secrétaire général des bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, le reçoit pour étude à Toulouse puis à Paris (Ferembach 1974).A partir de 1938, P.-E. Jude s’exprime plus largement et bénéficie de la reconnaissance de ses pairs, dont celles d’Henri Breuil le 8 avril 1938 (Delluc 2005). De plus en plus, il se met en scène et théâtralise son travail. Cela est particulièrement remarquable en avril 1939, lors de la découverte du crâne d’un enfant mag-dalénien.A notre arrivée à la grotte, rien ne pouvait nous faire prévoir une journée sensationnelle. Depuis deux mois environ, j’avais entrepris de fouiller ce qui restait du couloir de gauche dans la grotte, car déjà on avait enlevé une forte couche d’azilien. Il restait environ une épaisseur de 0m.60 d’Azilien et 0m.70 de Magdalé-nien. […].Après déjeuner, il faisait très chaud, ma femme, mon fils, ma fille et ma belle-fille se reposaient. Des curieux me regardaient fouiller. J’étais seul.J’avais à ce moment une couche perpendiculaire de 1m.30 environ, et je fouillais par couche depuis la partie supérieure.En régularisant la paroi, légèrement avec le crochet, tout à coup, un fragment d’os plat concave s’enlève. Il est mince. Je l’examine et il me paraît suspect.Je porte les yeux sur la paroi de la couche et j’aper-çois par l’orifice laissé par le fragment l’intérieur d’un crâne.A cause des curieux, je ne manifeste aucune réaction, et je fouille ailleurs.Une heure plus tard, les curieux étant partis avec toute ma famille nous examinons la trouvaille. (Journal de fouilles manuscrit, 30 avril 1939, fonds Jude).P.-E. Jude fait preuve d’un grand sang-froid lors de la découverte et sollicite D. et E. Peyrony « afin d’étudier la question » (idem). Quelques jours plus tard, avec D. et E. Peyrony et Louis Mercier, P.-E. Jude débute le dégagement du crâne. La prudence est de mise pour assurer la conservation et la mise en contexte archéo-logique des restes osseux :Nous décidons alors de laisser un témoin au centre, juste au-dessus du squelette, et de fouiller en des-cendant, en [amorçant] le bloc destiné à être plâtré. (Journal de fouilles manuscrit, 5 mai 1939, fonds Jude).Le 10 mai 1939, ils procèdent à « l’exhumation ». P.-E. Jude en dresse le compte-rendu (figure 19) :Etaient présents : E. Peyrony, D. Peyrony, Emmanuel et Luce Passemard, S. Blanc et Madame, Docteur Chey-nier, J. Ferrier, H. Kidder et Madame, Jean Lacorre

Les travaux actuellement menés sur le terrain dans le cadre du Projet Collectif de Recherches portent sur la coupe de 1941 et les niveaux aziliens et laboriens. On le voit, les archives ont livré une nouvelle fois des informations inédites qui orientent et définissent nos propres stratégies de recherche pour les années à venir.

Deux découvertes anthropologiques à Rochereil

P.-E. Jude est un homme discret. Dès le début des années 1930 il rejoint des sociétés savantes comme la Société Préhistorique des Eyzies. Toutefois, il reste peu connu des cercles scientifiques, jusqu’à la décou-verte d’un squelette azilien à Rochereil, en décembre 1937. P.-E. Jude est conscient de l’importance de cette découverte. Il en avertit les autorités administratives (Denis Peyrony notamment) et la rend publique dans le milieu scientifique. En janvier 1938, il met en scène la découverte en conviant ses interlocuteurs à l’exhu-mation du squelette.Fouilles de Rochereil du 23 janvier 38Après la décision des amis des Eyzies de conserver les couches où ont été découvertes le squelette (sic), Mr Cruveiller a dégagé pendant la semaine un mètre de terre stérile sur 2 mètres de large, à droite. Nous avons commencé la fouille près de la pierre d’entrée, sur 2 mètres carrés et 0m.20 de profondeur. (Note manus-crite, 23 janvier 1938, fonds Jude).

Figure 18 : Coffrage en plâtre pour l’extraction du squelette humain azilien de Rochereil. Photo fonds famille Jude.

La grotte de Rochereil à Grand-Brassac (Dordogne) : de l’art de faire parler les déblais et les archives. Pages 133 à 144

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en laboratoire. Le dimanche suivant, les familles Jude, Passemard et Cruveiller se retrouvent « plein d’espoir, porteurs du matériel approprié, avec une remorque » (Journal de fouilles manuscrit, 14 mai 1939, fonds Jude). Après quelques difficultés, le crâne est dégagé et apporté par E. Passemard à H.-V. Valois « qui ne montre que peu d’espoir » (idem). Dès le dégagement, P.-E. Jude émet l’hypothèse que le crâne est celui d’un enfant magdalénien. Il a repéré la présence de dents de lait sur le maxillaire inférieur et le contexte archéo-logique immédiat a livré des dents de renne percées. Ces dernières sont apportées avec les restes humains au laboratoire de H.-V. Valois.La suite nous est connue grâce aux échanges de cour-riers entre l’anthropologue et P.-E. Jude. Le crâne est remonté par Mme Valois, non sans mal et sans erreurs. Les incisives et canines de renne dont l’enfant fut acci-dentellement affublé passèrent longtemps inaperçues (Vallois 1971 ; Mafart et al. 2007). Une étude récente a permis de redonner son humanité à la mandibule de l’enfant pathologique de Rochereil (Mafart 2009).

Plaidoyer pour une archéologie des déblais et des archivesLes pratiques actuelles de la Préhistoire, sur le ter-rain ou les collections des musées, relèguent souvent au second plan la consultation des vieilles archives et l’exploration des vieux déblais, quand elles ne les négligent pas tout simplement. On a toujours de bonnes raisons de faire table rase du passé, de ne plus consul-ter les publications que l’on juge obsolètes, de ne plus regarder les vieilles images jaunies ou piquées d’autre-fois, de ne plus faire l’effort de relire ou décrypter les notes, les lettres et les manuscrits dont les calligraphies d’un autre temps résistent à nos yeux et cerveaux inac-coutumés et surtout de perdre du temps et de l’argent à tamiser des montagnes de déblais pour reconstituer des collections définitivement décontextualisées. Pourtant nous tirons de nos travaux à Rochereil, dans le cadre du Projet Collectif de Recherche cité plus haut, des enseignements importants, fondamentaux même pour la (re)connaissance de l’histoire des recherches dans la grotte, mais plus encore des propres contextes archéo-stratigraphiques du gisement. Nous devons ces apports à la révision actualisée et pluridisciplinaire des abon-dantes séries lithiques et osseuses conservées dans les collections publiques ou privées, à la reprise des opé-rations de terrains (expertise sanitaire, sondages, etc.) dans la grotte, mais également, comme nous venons de le voir, à la lecture et l’analyse attentives, parfois même laborieuses, des archives conservées ici et là et à l’exploration des poubelles des fouilleurs qui nous ont précédés. Faire parler les archives nécessite des com-pétences et des savoir-faire que nous ne possédons pas d’emblée. Il nous faut apprendre à ordonner et gérer les quantités de vieux papiers et de vieilles photos et

et Madame, J. Maury, L. Mercier et Madame, Famille Jude, M. et Mme Dethan, Famille Cruvellier, Mr l’Ad-joint au Maire de Grand-Brassac.Excusés : MMs le Comte Bégouën, Vallois, Coulonges, Delage, Chabrol.La matinée se passe à examiner les lieux et à fouil-ler pour le dégager. MMs Blanc et Cheynier fouillent d’abord la partie supérieure du squelette. Ils trouvent une industrie purement magdalénienne.Il est décidé de détacher un bloc destiné à être plâtré, et cela malgré la friabilité de la couche, composée de cendres et de pierres. On commence à entourer les 2 côtés, et l’heure du déjeuner arrive. Ce dernier a lieu à l’Hôtel de Lisle, ou plusieurs toasts sont prononcés par Mr Peyroni (sic), Passemard avec réponse du Docteur Jude.On rejoint le gisement et Mr Blanc et Cheynier conti-nuent la fouille. […]. (Journal de fouilles manuscrit, 10 mai 1939, fonds Jude). A la fin de la journée, l’étude du squelette n’est pas terminée. Il est décidé de procéder à un coffrage en plâtre pour le retirer en bloc et permettre son analyse

Figure 19 : Découverte et exhumation du squelette humain magda-lénien à Rochereil (1939). Photo fonds famille Jude.

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pour cela du temps est nécessaire. Mais cela est extrê-mement profitable comme nous le constatons sans cesse depuis que nous avons débuté cette recherche. Il faut aussi du temps et des moyens pour entreprendre le tamisage d’anciens déblais. Si l’opération n’est pas aussi gratifiante qu’une fouille en fin décapage, elle n’est pas pour autant dépourvue d’intérêt. Les déblais anciens constituent souvent les ultimes témoignages de la grandeur perdue des sites et du patrimoine. Ce sont des réservoirs d’une mémoire qui défaille mais qui révèle parfois d’étonnants secrets, comme les galets calcaires gravés de Rochereil involontairement ignorés par les anciens. Enfin, ces déblais, qui ne sont presque jamais protégés, suscitent la curiosité et attisent l’en-vie des prospecteurs, des fouilleurs du Dimanche et des collectionneurs en tous genres. Leur traitement doit être envisagé comme une mesure conservatoire d’urgence.

RemerciementsNos plus sincères remerciements à la famille de P.-E. Jude, notamment à Aline, à Dominique Gambier, Jean-Michel Geneste, Bertrand Kervazo, Jean Mezurat et René Ventenat. BibliographieCÉLÉRIER G, DUCHADEAU-KERVAZO C., GOURDON-

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