Connaissance_des_Arts_-_Juin_2018.pdf - Aqua Art Design

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DOM/GR/ITA/NL/PORT: 9,50 € BEL/LUX: 9,20 € ESP: 9,70 € CH: 15 FS CAN: CAN$ 12,25 GB: £7,80 La Biennale d’architecture envahit Venise L’acajou de Chippendale en Angleterre Les impressionnistes de la Seine à la Tamise La collection Louis Vuitton sous le signe de l’eau Voyages dans les JUIN 2018 771 3’:HIKPPC=ZU\^UV:?k@h@h@b@k"; M 05525 - 771 - F: 7,90 E - RD 3’:HIKPPC=ZU\^UV:?k@h@h@b@k";

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La collection Louis Vuitton sous le signe de l’eau

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DIRECTEUR ARTIST IQUE :

JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC

editorialDepuis sa nomination à la tête de la France, Emmanuel Macron a su s’emparer de l’art et du patrimoine pour en faire ses emblèmes. Rappelons que sa première apparition publique a eu lieu devant la pyramide du Louvre. Autre utilisation de l’art et de son « soft power », lorsque Emmanuel Macron a reçu le président russe en mai dernier, il a voulu l’impression-ner en lui faisant arpenter la galerie des Batailles de Versailles, ornée de toiles de Delacroix et autres romantiques. À l’Élysée, dans le bureau du président, trône une Marianne du Street

Artist américain Shepard Fairey, et des tapisseries et meubles contemporains sont venus tout droit du Mobilier natio-

nal, où Brigitte Macron est déjà passée plusieurs fois en quête de créations actuelles. Les époux Macron vont voir des expositions d’art moderne et, en Inde, le président s’est fendu d’une visite de l’atelier du sculpteur Subodh Gupta, avant que celui-ci ne vienne inaugurer son exposition à la Monnaie de Paris (« Connaissance des Arts » n° 769). Côté patrimoine, le président a bien compris que le ministère de la Culture avait besoin d’être réveillé. Il a conié au journaliste Stéphane Bern une mission permettant d’identiier quelque deux cent cin-quante monuments nécessitant une aide urgente et a lancé pour le 14 septembre prochain un Loto du patrimoine. J’en viens donc à mon sujet. Puisque l’art et le patrimoine sont deve-nus les fers de lance de la politique culturelle d’Emmanuel Macron et puisque juin est syno-nyme de mois de l’histoire de l’art avec le festival qui se tient au château de Fontainebleau (voir p. 158), pourquoi le président de la République ne s’engagerait-il pas en faveur de ce domaine artistique ? La France a depuis peu un outil formidable, l’Institut national d’histoire de l’art, installé sur le site Richelieu et dans la galerie Colbert, qui permet aux chercheurs, universitaires et conserva-teurs de musées et de biblio-thèques de travailler main dans la main. Qu’Emmanuel Macron s’embarque dans cette aventure en marche, qu’il donne à l’histoire de l’art une place plus importante que celle qu’elle occupe aujourd’hui dans le cadre étroit de l’enseignement de l’histoire des arts. Car il faut donner du contenu à cette discipline qui n’est pas élitiste et permet à tout un chacun de comprendre son cadre de vie et de savoir lire les images qui l’environnent. S’il mettait en œuvre tout le potentiel que ren-ferme l’histoire de l’art, le président Macron irait plus loin que ce qu’avaient imaginé les An-dré Chastel, Michel Laclotte et Pierre Rosenberg pour cette discipline citoyenne. En plus des habits de président, Emmanuel Macron pourrait enin eniler le costume d’André Malraux.

GUY BOYER, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION [email protected]

pour l’histoire de l’art ?

existe aussi

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RETROUVEZ

LES CHRONIQUES HEBDOMADAIRES de Guy Boyer sur Radio Classique

le vendredi en fin de flash de 13 h, le samedi à 9 h 57 et 19 h, son émission « La Grande Galerie de Radio Classique » le vendredi à 19 h, et son intervention dans l’émission de Patrick Poivre d’Arvor, « L’Invité Culture », le lundi à 19h 50.

Un plan Macron

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 5

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Exposition 20 juin—12 nov. 2018

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Exposition 25 avr.—10 sept. 2018

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 7

JUIN 2018

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46 5 ÉDITORIAL

9 PORTFOLIO L’UAM face à l’Art Déco

17 ACTUALITÉS Grand Paris / Régions / International

46 ÉVÉNEMENT Peindre dans le fog

56 VISITE D’ATELIER Jérôme Zonder en noir et blanc

62 STYLE Chippendale, du bois doré à l’acajou

68 COLLECTION PRIVÉE Louis Vuitton sous le signe de l’eau

74 RÉCIT D’UNE VIE Nom : Cotelle Prénom : Jean

En couverture :Wilhelm Sasnal,

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Asnières, 2010, h/t, 160 x 120 cm

©COURTESY OF FOKSAL GALLERY

FOUNDATION, VARSOVIE.

78 ARCHITECTURE Venise libère l’architecture

82 ÉTUDE D’UNE ŒUVRE Zao Wou-KI : 01.04.66 Triptyque

86 DOSSIER Afrique : que va-t-il falloir restituer ?

92 NOUVEAU TALENT Coco Amardeil / Will Ryman / Adrian Falkner

108 MARCHÉ DE L’ART

122 CARNET DU CONNAISSEUR / LIVRES / SUR LE WEB

131 ART ET NATURE 2018 À CHAUMONT-SUR-LOIRE

149 CALENDRIER / SORTIR / COURRIER / MOIS PROCHAIN

68La Fondation Louis Vuitton

donne le la avec son nouvel

accrochage d’art contemporain.

La restitution de biens culturels africains à leurs

pays d’origine est à l’ordre du jour.

André Derain, comme Claude Monet ou Camille Pissarro, a trouvé refuge à Londres dans les années 1870-1904.

Jérôme Zonder, virtuose du dessin et du noir et blanc, nous reçoit dans son atelier.

EifelTowerbyDay,2010

©DavidHockney/Photo

Credit:Richard

Schmidt/CourtesyGalerieLelong&Co.

Galerie Lelong & Co.13 rue de Téhéran 75008 Paris / 38 avenue Matignon 75008 Paris

[email protected] / + 33 1 45 63 13 19 / www.galerie-lelong.com

David HockneyPortraitsPortraits /// New iPhone and iPad drawingsNew iPhone and iPad drawings // Pictures of Daily Life Pictures of Daily Life//

26 mai – 13 juillet 2018

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/ Texte Élisabeth Védrenne

En décrétant « Sont utiles (et belles) les formes qui manifestent l’accord entre les exigences de la matière et les aspirations de l’esprit », l’architecte André Hermant (1908-1978), passionné par les matériaux, est en phase avec la simplicité un brin cubiste et avec l’équilibre de ce vase architecturé d’un autre membre de l’UAM, le céramiste Robert Lallemant (1902-1954).

Robert Lallemant, Vase, vers 1927-1930, faïence ine émaillée, 28 x 11 cm©PHOTO ECL’ART-GALERIE DORIA, PARIS.

L’Union des Artistes Modernes, fondée en 1929, regroupe une poignée de créateurs et d’architectes en colère, unis

pour combattre l’Art Déco jugé trop conservateur et promouvoir une modernité plus afirmée.

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face à l’Art Déco

portfolio

Robert Delaunay a fait brièvement partie de l’UAM avec sa femme Sonia Delaunay. De nombreux artistes des années 1920, dont certains issus du mouvement orphiste, ou cubiste tel Fernand Léger, ou puriste comme Le Corbusier, ont beaucoup compté pour les futurs membres de l’UAM. L’exposition du Centre Pompidou retrace dans ses premières salles ces origines artistiques variées, grâce à quelques œuvres fondatrices.

Avant de devenir le créateur de tapisseries que l’on sait, Jean Lurçat (1892-1966) a été peintre et céramiste. Il collabore un temps avec Pierre Chareau. Son paravent est encore un mélange paradoxal entre le style Art Déco et des aspirations géométriques modernes. Objet très éloigné de celui que présentent Louis Sognot et Charlotte Alix au premier Salon de l’UAM de 1930, entièrement en métal, sans aucun décor.

Robert Delaunay, Manège de cochons, 1922, huile sur toile, 248 x 254 cmPARIS, CENTRE POMPIDOU. ©PHOTO DE PRESSE RMN.

Jean Lurçat, paravent L’Été, 1922, carton et gouache, H. 180 cmPARIS, CENTRE POMPIDOU. PHOTO DE PRESSE RMN.

Francis Jourdain (1876-1958), du tout premier cercle de la fondation de l’UAM, est un réel pivot du mouvement. Il milite très tôt pour une alliance avec l’industrie, une économie de moyens drastique et du mobilier interchangeable pratiquement anonyme. Ses convictions servent de référence pour la section « Formes Utiles », lancée lors du salon de 1949. Son plafonnier s’approprie le dessin austère des plafonniers japonais.

Francis Jourdain, Plafonnier, vers 1923, noyer ciré, métal patiné et verre dépoli, 30 x 75 x 55 cm©PHOTO ECL’ART-GALERIE DORIA, PARIS.

portfolio

L’UAM, SUCCÈS OU ÉCHEC ?Si la vie de l’UAM (1929-1958) a été émaillée d’une succession de malchances, elle aura des fulgurances entrecoupées de superbes réalisations. Une histoire complexe, encensée autant que dénigrée. Dans son ouvrage Les Modernes à l’épreuve, Cécile Tajan souligne que l’UAM ne fut pas la rupture que l’on raconte mais une continuation luxueuse des années 1925, et que ses ambitions sociales n’ont jamais pris forme puisque ses créateurs ne produisirent que des pièces uniques destinées à une clientèle fortunée. E. V.

LES MODERNES À L’ÉPREUVE, par Cécile Tajan, préface J.-L. Gaillemin, éd. Norma (160 pp., 19 €).

Pierre Chareau, La Religieuse, 1923, albâtre et laiton, 171 x 45 x 55 cmPARIS, CENTRE POMPIDOU. ©PHOTO RMN-GP.

Pierre Chareau (1883-1950) rencontre Robert Mallet-Stevens et Francis Jourdain au Salon des artistes décorateurs de 1925. Très occupé par la réalisation de sa Maison de Verre, il n’adhère à l’UAM qu’en 1930 et n’y est actif qu’en 1934, tout en restant défavorable au concept de fabrication en série. Il expose une « maison de week-end » au pavillon de l’UAM à l’Exposition internationale de 1937.

Jacques Le Chevallier, Lampe de table, vers 1930, aluminium, 30 x 25 cmPARIS, CENTRE POMPIDOU. ©PHOTO RMN-GP.

René Herbst, Chaise longue, vers 1931, tubes d’acier

chromés, 81 x 173 x 57 cm©PARIS, LES ARTS DÉCORATIFS/

JEAN THOLANCE.

Grande igure de l’UAM, René Herbst (1891-1982) est

surnommé « L’homme d’acier » car le métal est son matériau

de prédilection. Passionné par la modernité, il utilise aussi

bien l’acier nickelé mat que des sandows en caoutchouc pour

l’assise de ses sièges. Il succède à Robert Mallet-Stevens à la

présidence de l’UAM en 1946 et donnera, à sa mort, les archives

du groupe à la bibliothèque des Arts Décoratifs.

Le maître verrier Jacques Le Chevallier (1896-1987) rejoint l’UAM en 1930. Ses recherches sur l’éclairage aboutissent à des lampes insolites à volets mobiles, qui ressemblent parfois à de vraies sculptures, associant volontiers l’aluminium au Duralumin et à la bakélite. Il collabore jusqu’en 1945 avec Louis Barillet.

L’exposition comprend des sculptures plus anciennes d’artistes qui n’ont pas fait partie de l’UAM, comme ce Brancusi (page de gauche), pour montrer l’inluence qu’ont eue les avant-gardes chez les Modernes. Les sculpteurs de l’UAM, Jean Lambert-Rucki, Chana Orloff, Josef Csaky ou Gustave Miklos, s’inspirent aussi de « l’Art nègre ».

Constantin Brancusi, Danaïde, 1913, bronze doré et patiné, 27,5 x 18 cm

PARIS, CENTRE POMPIDOU. ©PHOTO RMN-GP.

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Jean Prouvé, Chaise inclinable, 1924, tôle d’acier laqué, assise et dossier en toile, 95 x 45 x 52 cmPARIS, CENTRE POMPIDOU. ©PHOTO DE PRESSE RMN.

Da Silva Bruhns, Tapis, vers 1930, Manufacture de Savigny, 250 x 247 cmGALERIE DEROYAN, PARIS.

Ivan da Silva-Bruhns (1881-1980), peintre et décorateur, rénove l’art du tapis en entrelaçant le cubisme avec les couleurs et des motifs des arts premiers, et en créant la manufacture de Savigny. Eileen Gray, autre membre de l’UAM quelque temps, excelle aussi dans les tapis géométriques, plus inluencée par De Stijl.

Jean Prouvé (1901-1984) fait partie, avec Charlotte Perriand, Le Corbusier et Jeanneret, des radicaux les plus réfractaires à l’Art Déco, unis par le même idéal : « S’entêter à créer sans regarder en arrière ». Ce groupe fut accusé de « dégénérescence », de « machinisme », de « bolchevisme » et « d’affreux nudisme ». À la in de l’UAM, chacun reportera cet idéal dans sa carrière personnelle.

portfolio

À VOIR

HHH « UAM, UNE AVENTURE MODERNE », Centre Pompidou, gal. 1, niveau 6, 75004 Paris, 01 44 78 12 87, www.centrepompidou.fr du 30 mai au 27 août.

- Exposition d’œuvres remarquables de l’UAM, à la galerie Doria, 22, rue Chanzy, 75011 Paris, 01 43 25 32 25, du 30 mai au 27 août. Sur rendez-vous uniquement : [email protected]  

À LIRE

- LE CATALOGUE de l’exposition du Centre Pompidou, sous la dir. d’Olivier Cinqualbre, Frédéric Migayrou, Anne-Marie Charron-Zucchelli, éd. du Centre Pompidou (256 pp., 378 ill., 44,90 €).- UAM, par Arlette Barré-Despond, nouvelle édition 2016, Éditions du Regard.- LE HORS-SÉRIE de « Connaissance des Arts » sur l’exposition du Centre Pompidou (n° 813, 68 pp., 9,50 €).

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Qui se cache derrière le sigle Paris Musées ? « De belles collec-tions, de beaux bâtiments, de solides équipes scientifiques mais, hormis le musée d’Art moderne de la Ville de Paris et le Petit Palais, ces équipements muséaux n’ont pas la notoriété qu’ils méritent », répond Delphine Lévy, la directrice de Paris Musées, cet établissement public qui fête ses 5 ans en 2018. Pourtant plus de trois millions cent cinquante mille visiteurs ont franchi l’an dernier les portes des quatorze musées de la Ville de Paris. À lui seul, le Petit Palais a doublé son public avec un million cent mille personnes en 2017. Et la carte Paris Musées, incitant à aller d’un musée à l’autre, a du succès, avec ses douze mille adhérents. Pourtant, les années à venir vont être complexes puisqu’il faudra attendre Noël 2019 pour que les collections permanentes du musée Galliera puissent ouvrir tandis que le musée Carnavalet, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris,

le musée Victor Hugo et le musée de la Libération de Paris sont ou vont être en travaux de rénovation jusqu’en 2020. « Pour les expositions temporaires, ajoute Delphine Lévy, nous avons mis plus de moyens pour la scénographie et la médiation. Le fonctionnement de l’établissement public est plus souple pour les musées que la gestion directe par une municipalité mais ce cadre juridique mériterait d’être modernisé. J’espère que le gou-vernement se penchera sur ce sujet qui intéresse de nombreux établissements publics culturels. » En attendant, rappelons que de grands événements ont scandé 2017 : les raccrochages très réussis du musée d’Art moderne de la Ville de Paris et du Petit Palais, l’inventaire et la mise en ligne de quelque deux cent qua-rante mille œuvres ainsi que l’enrichissement des collections avec les importantes donations Michael Werner, Jan Dibbets, Otto Freundlich, Hans Hartung et Ana-Eva Bergman. G. B.

GRAND PARIS

À lire : PARIS MUSÉES, HISTOIRE DES MUSÉES DE LA VILLE DE PARIS, sous la direction de Cécile Aufaure et Juliette Singer (252 pp., 35 €, voir p. 126).

Delphine Lévy,

directrice de

Paris Musées©DELPHINE

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DELPHINE LÉVY FÊTE LES 5 ANS DE PARIS MUSÉES

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 17

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GRAND PARIS

05 avril

09juillet

ARTISTE ET ROBOT EN DUOPar son caractère immersif et interactif, cette exposition s’inscrit dans la lignée de « Dynamo », organisée au Grand Palais en 2013. Après le mouvement et la lumière, il est ici question de robots et de la manière dont les artistes contemporains s’emparent, depuis les années 1960, des nouvelles technologies de leur temps. Scandé en trois grandes sections

et composé d’une quarantaine d’œuvres et d’installations, le parcours s’intéresse d’abord aux « Machines à créer », à dessiner ou à peindre, imaginées par Jean Tinguely (les Méta Matics), Leonel Moura (des voitures équipées de crayons circulant sur une feuille horizontale pour produire de gigantesques all-over) ou So Kanno & Takahiro Yamaguchi. Vient ensuite le temps de « L’Œuvre programmée ». Le robot, dématérialisé, n’apparaît plus en tant que tel, mais génère des formes et des images par le biais d’algorithmes et de logiciels (la Structure de quadrilatères de Vera Molnar, le film Cubic Limit de Manfred Mohr, l’aérienne et poétique structure modulaire d’Elias Crespin, suspendue dans le grand escalier…). Enfin, quand « Le robot s’émancipe », il dépasse l’humain, prend sa place ou l’« augmente ». L’occasion d’assister, entre autres, au Strip-Tease artistique, électronique et verbal d’Orlan, une installation inédite qui mêle intelligence artificielle, générateur de textes et poésie de l’artiste. Tout un programme ! G. M.

Ci-contre Nam June Paik, Olympe de Gouges, 1989, techniques mixtes, 300 x 200 x 50 cm©NAM JUNE PAIK ESTATE/MUSÉE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS.

À gauche Clara Citron, C’est très mâle, série Notes de bas de page, dessin sur papier mousseline, 65 x 100 cm©CLARA CITRON.

À droite Hugo L’ahelec, Metaphysical Landscapes. 1. Gates. Stage. Work in progess, 2018, patchwork, satin polyester, détail©HUGO L’AHELEC.

AUDI TALENTS, ÇA ROULE POUR LES LAURÉATS22 juin-14 juillet

Depuis 2007, Audi Talents apporte son soutien à la jeune création, dans les domaines des arts plastiques, du design et des arts appliqués, de la musique et des images, des arts numé-riques. Coniée au commissaire Gaël Charbau, l’exposition des quatre lauréats 2017 réu-nit Anne Horel, qui se définit comme « une artiste des réseaux

sociaux », le plasticien Hugo L’ahelec, le metteur en scène et vidéaste Emmanuel Lagar-rigue, et le chorégraphe Éric Minh Cuong Castaing. G. M.

H « CHRONIQUES PARALLÈLES, LAURÉATS AUDI TALENTS 2017 », Palais de Tokyo, Paris, 01 81 97 35 88, www.palais detokyo.com puis à La Friche la Belle de Mai, Marseille, 04 95 04 95 95, www.lafriche.org du 2 septembre au 14 octobre.

CLARA CITRON, TRAITS INTIMES31 mai-15 juin

Repérée lors du 60 e Sa lon de Montrouge en 2015, cette jeune diplômée de l’École natio-nale supérieure des arts déco-ratifs explore nos rêves, nos

peurs, nos désirs et nos fantasmes les plus intimes. Dans ses œuvres sur papier, Clara Citron (née en 1989) mêle les mots, les signes et les images, le dessin, l’illustration et le collage, pour composer une sorte de faux autoportrait, empreint d’ironie et teinté de surréalisme. G. M.

H « CLARA CITRON. IL ÉTAIT UNE FOIS, PAS DEUX », Association Premier Regard sur la création artistique, Paris, 01 45 71 07 89, www.premierregard.com

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HH « ARTISTES & ROBOTS », Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 01 44 13 17 17, www.grand palais.fr

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18 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

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15 mars

25juin

Ci-contre Israël Silvestre, Vue de Jametz (recto), 1665, encre brune, lavis, pierre noire, aquarelle, plume, 36 x 89 cm, détail©PARIS, MUSÉE DU LOUVRE/PHOTO DE PRESSE RMN.

À gauche Michel I Corneille, Étude d’une tête d’homme de trois quart, XVIIe siècle, dessin, 136 x 138 cm©ORLÉANS, MUSÉE DES BEAUX-ARTS/CHRISTOPHE CAMUS.

À droite Maurice Quentin de La Tour, Portrait en pied de la marquise de Pompadour, 1752-1755, pastel sur papier, 177,5 x 131 cm©PARIS, MUSÉE DU LOUVRE. PHOTO DE PRESSE RMN.

AU LOUVRE : L’ÂGE D’OR DU PASTEL7 juin-10 septembre

Héritier du portrait aux trois crayons de la Renais-sance, l’art du pastel trouva en France aux xviie puis xviii e siècles une terre d’élection qui permit à cer-tains artistes de s’en faire une glorieuse spécialité avant que la miniature peinte ne détrônât cet art. Riche de la plus belle collection au monde, le musée du Louvre a pu mener à bien un nouveau

catalogue raisonné de ce fonds. Accompagnée d’attentions conservatoires, l’exposition qui en découle est un éblouis-sement à saisir avant que ces feuilles, par nature fragiles, ne rejoignent leur lieu de conservation habituel. H. G.HHH « PASTELS DU LOUVRE », musée du Louvre, rotonde Sully, Paris, 01 40 20 53 17, www.louvre.fr

DESSINS D’ORLÉANS À MAGNY-LES-HAMEAUX23 mars-1er juillet

Incontournable l ieu d’exploration de l’art graphique français du xviie siècle, le Musée national de Port-Royal des Champs accueille une cinquantaine de feuilles tirées du richis-sime Cabinet des des-sins du musée d’Orléans. Occasion donnée aux

spécialistes collaborateurs du catalogue de faire maintes découvertes. Comprenant inédits et nouvelles attribu-tions, ce choix de dessins religieux du Grand Siècle trouve ici un lieu de paix pour une présentation idéale. H. G.

HH « TRAITS DIVINS, DESSINS FRANÇAIS DU MUSÉE D’ORLÉANS. XVIIe SIÈCLE », Musée national de Port-Royal des Champs, Magny-les-Hameaux, 01 39 30 72 72, www.port-royal-des-champs.eu

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Le graveur avait ini par faire oublier le dessinateur : Israël Silvestre laissa un ensemble de dessins dont la plupart sont conservés au Louvre avec cent treize œuvres dont soixante-seize feuilles, le plus souvent préparatoires à des gravures. Insérés dans un

album au XVIIIe siècle, ces dessins ont pu être décollés pour conservation et sont le socle de cette exposition balayant toute la carrière de l’artiste, explorée par une quinzaine de spécialistes européens agrégés autour de Bénédicte Gady et Juliette Trey. Comme si la précision topographique était l’apanage d’yeux nordiques – pensons à Claude de Chastillon

(c.1559-1616), né à Châlons-en-Champagne –, Israël Silvestre était issu d’une famille d’artistes nancéiens et fut formé par un oncle installé à Paris, Israël Henriet (1596-1661), éditeur de Jacques Callot. Complétée en Italie, la formation de Silvestre lui permit d’intégrer ce grand vivier des années 1658 que fut le château de Vaux-le-Vicomte avant d’être happé par les commandes royales. Pour celles-ci, la précision scientiique était de mise. Silvestre, aidé ou non de camera obscura, fut un prodigieux dessinateur de villes, de fêtes et de résidences du roi et de ses serviteurs, en maîtrisant tous les types de perspective pour créer l’incomparable iguration d’un monde bien souvent disparu aujourd’hui. H. G.

ISRAËL SILVESTRE AU SERVICE DU GRAND SIÈCLE

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20 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Pierrette Bloch, Untitled, , black ink on Bristol paper, × cm — © Atelier Pierrette Bloch, photo : Adam Rzepka

PIERRETTE BLOCH

Quelques traits … avril – juillet

GALERIE KARSTEN GREVE

rue Debelleyme, Paris

+

[email protected]

www.galerie-karsten-greve. com

D’UN AUTRE LIEU…16 mai-3 septembre

Et si nous regardions le monde depuis l’Asie, délaissant notre vision eurocen-trée ? C’est ce que propose le musée Guimet avec des chefs-d’œuvre car-tographiques, peintures, gravures, manuscrits, produits du xve au xxe siècle, qui montrent que les cartes ne sont pas seulement des sources historiques et topographiques mais aussi des objets d’art et les outils d’une profonde rélexion. Où se tient donc le cœur du monde et se déplace-t-il au gré des époques ? V. B.

HH « LE MONDE VU D’ASIE », Musée national des arts asiatiques-Guimet, Paris, 01 56 52 54 33, www.guimet.fr

VERS D’AUTRES LIEUX23 mai-7 octobre

Pour un enfant, l’autre côté de la rue, déjà, est un ailleurs. Comment la société, par les livres, l’éduca-tion, les images, a-t-elle, depuis le xixe siècle, contribué à dévoiler les autres mondes à des générations de futurs adultes ? Robinson Crusoé et Bob Morane, Phileas Fogg, Freddy la Bougeotte ont forgé l’imaginaire, les références et inalement, les attitudes de milliers d’enfants. Aller à leur ren-contre c’est visiter une nostalgie mais aussi s’interroger sur la construction des représentations du monde. V. B.

HH « LE MAGASIN DES PETITS EXPLORATEURS », musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris, 01 56 61 70 00, www.quaibranly.fr

LE PARFUM DES DIEUX CHEZ CERNUSCHIConnaissez-vous le bois d’aigle, le styrax, le benjoin ou la résine de liquidambar qui entrent dans la composition de l’encens ? Peut-être pas. Voici un prétexte pour pousser la porte du musée Cernuschi à l’occasion d’une exposition exceptionnelle, qui accueille de très beaux objets prêtés par le musée de Shanghai. En Occident, on pratique le parfum essentiellement sous sa forme liquide. En Chine, depuis près de deux mille ans, on le brûle. Et cet usage a peu à peu envahi tous les aspects de la civilisation, de la religion jusqu’à la littérature, fondant un véritable art de vivre. Indissociable des rites puisqu’il

s’élève vers les dieux comme une prière, l’encens génère, dès la période des Zhou (1046-256 av. J.-C.) des échanges économiques et bientôt, sous les Han (206-220 ap. J.-C.) la production d’objets spéciiques, tels les brûle-parfums. La philosophie suivra et il n’est pas rare de voir de grands lettrés, hommes d’État, devenir de grands créateurs de parfums. La diffusion du bouddhisme encourage le rôle donné aux matières aromatiques : on reste subjugué par la beauté des reproductions à l’encre de deux bas-reliefs de Long Men montrant l’empereur Xiaowen et l’impératrice douairière Wenzhao ( Wei du Nord, Ve siècle) lors d’une procession de l’encens. Des bornes olfactives diffusent le parfum qui a pu être le leur. Une promenade poétique et fascinante, mais aussi une initiation captivante à une civilisation. V. B.

09 mars

26août

GRAND PARIS

À droite, en haut Carte de Chine, XVIII

e sièclePARIS, MNAAG. ©PHOTO DE PRESSE RMN.

En bas Guerrier du Congo, 1796, eau-forte et aquarelle, 20 x 14,7 cm, détail©MUSÉE DU QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC.

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Objets d’autel Dynastie Qing, céramique, d’un ensemble de cinq ©MUSÉE DE SHANGHAI.

HH « PARFUMS DE CHINE, LA CULTURE DE L’ENCENS AU TEMPS DES EMPEREURS », musée Cernuschi, Paris, 01 53 96 21 50, www.cernuschi.paris.fr

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22 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

62 rue du faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris | T. + 33 (0)1 42 96 39 00 | [email protected] | operagallery.com

New York Miami Aspen London Paris Monaco Geneva Zurich Dubai Beirut Hong Kong Singapore Seoul

PABLO

ATCHUGARRY1 - 22 June 2018

62 rue du faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris | T. + 33 (0)1 42 96 39 00 | [email protected] | operagallery.com

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PABLO

ATCHUGARRY1 - 22 June 2018

GRAND PARIS

HH « PERFORMANCE TV », Maison d’art Bernard Anthonioz, Nogent-sur-Marne, 01 48 71 90 07, www.maba.fnagp.fr et « ESPACES ENTRELACÉS », Guggenheim Bilbao, Bilbao, 34 944 35 90 80, www.guggenheim-bilbao.eus du 18 mars au 10 juin.

31 mai

22 juillet

ESTHER FERRER : FRANCE-ESPAGNE

L’artiste née au Pays Basque en 1937 est une vraie pionnière de la performance. Ayant longtemps participé aux actions provocatrices du groupe Zaj, elle a aussi développé un travail personnel où photographies et vidéos font la part belle à l’humour et à

l’interaction avec le public. Elle présente à Nogent-sur-Marne, dans « Performance TV », auprès d’autres artistes comme Tacita Dean ou Hélène Delprat, des projets inédits en se posant ce genre de questions : « Comment performer avec une image préenregistrée et donc dépossédée du hasard ? Comment faire de la vidéo un élément actif ? ». Au Guggenheim de Bilbao, elle propose ses objets, ses installations, ses ilms. Tout y parle de choses simples : son propre corps, des objets, des sensations, tout est pioché dans le quotidien avec une ironie teintée de féminisme. Des plumes de marabout pour éveiller les sens, des chaises suspendues pour parler du corps social et politique, des sons comme le rire, changeant selon les âges et les cultures, des ils, des câbles et des élastiques qui modiient l’espace avec presque rien, ainsi que la perception que l’on en a. Le regard aigu d’une artiste espagnole, vivant en France, sur l’absurde. E. V.

À gauche Isabelle Mège, Eikoh-Hosoe,

1990, photographie©EIKOH-HOSOE ET LA CHAPELLE DE CLAIREFONTAINE.

À droite Eugène Delatre, La Montmartroise, vers 1896, eau-forte et aquatinte, 42,5 x 28,5 cm, épreuve n° 1©COLLECTION G. J.

LE DOCTEUR GACHET ET LA MÉLANCOLIE24 mars-24 juin

Tout le monde connaît désormais, grâce à Van Gogh, la maison du doc-teur Gachet dans le village où se pressèrent de nom-breux artistes. On n’a rien trouvé de mieux que d’y traiter de la « mélancolie », cette terrible maladie qui aurait tourmenté ses plus grands artistes. Même si elles ne peuvent pas rivali-ser avec celles de la magni-ique exposition organisée

par Jean Clair en 2006 au Grand Palais, les œuvres des amis du brave docteur évoquent toutes sa passion de la psychia-trie et des traitements « modernes ». E. V.HH « MELANCHOLIA », Maison du docteur Gachet, Auvers-sur-Oise, 01 30 36 70 30, www.ville-auverssuroise.fr

ISABELLE MÈGE, LA BELLE HYPERPHOTOGRAPHIÉE31 mars-26 août

Isabelle Mège a une sin-gularité : elle expose son « sujet » de modèle. À savoir, les photographies qu’ont faites différents photographes de son corps et de ses divers états durant vingt ans. Pas n’im-porte quels photographes : Patrick Tosani, Christian Courrèges, Ralph Gibson, Jan Saudek, parmi les plus

connus. Beaucoup de nus bien sûr, dans toutes les positions. La question est de savoir si toutes ces facettes ainsi exposées forment uniquement un puzzle narcissique ou une monstra-tion artistique diférente des autres. E. V.H « I.COLLECTION 1987-2008 », Centre d’art contemporain La Chapelle, Clairefontaine-en-Yvelines, 01 34 94 39 87, www.lachapelledeclairefontaine.org

Esther Ferrer Circulo

de Bellas Artes, 1984, Festival international vidéo de MadridCOURTESY DE L’ARTISTE.

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24 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

CARRÉ RIVE GAUCHEANTIQUAIRES & GALERIES D’ART - PARIS VII

Du 7 au 16 juin 2018,les Antiquaires et Galeristes du Carré Rive Gauche - Parisvous invitent à la découverte de 7000 ans d’arts décoratifs. Rue du Bac,

rue de Beaune, rue de Lille, rue du Pré-aux-Clercs, rue des Saints-Pères,

rue de l’Université, rue de Verneuil, quai Voltaire. Paris VI et VII.

www.carrerivegauche.com / www.fonds-carrerivegauche.com

JAMES NACHTWEY SUR TOUS LES FRONTS30 mai-29 juillet

Témoin des heures sombres de son temps, James Nachtwey (né en 1948 à Syracuse, dans l’État de New York) couvre les événements que l’on pré-férerait oublier. Bosnie, Tchétchénie, Irak, Congo, Kosovo, Afghanistan… ses images-documents dessinent la carte du pire. Comme ce proil, écor-ché vif, d’un jeune Hutu, mutilé par son propre clan en plein génocide rwandais. Il dit bien l’injonction de ce reporter sans frontières, abonné aux régions d’affolement : le devoir de mémoire. V. H.HH « JAMES NACHTWEY », Maison européenne de la photographie, Paris, 01 44 78 75 00, www.mep-fr.org

LE TEMPS DES GITANS13 mars-26 août

Roms, Manouches, Kalé… Comment la photographie a-t-elle fabriqué le regard porté sur le peuple tsigane ? Deux réponses en images : tandis que la première s’attarde sur la représen-tation de la « nation errante » à travers les âges, entre anthropologie et ichage judiciaire, la seconde chronique la vie des Gorgan – Johny, Ninaï et leurs sept enfants – famille arlésienne mise en boîte par Mathieu Pernot de 1995 à 2015. Derrière ces arrêts sur image, des récits, qui éclairent et sortent la communauté des « gens du voyage » de son ghetto. V. H.

HH « MONDES TSIGANES, LA FABRIQUE DES IMAGES », Musée national de l’histoire de l’immigration, palais de la Porte Dorée, Paris, 01 53 59 58 60, www.histoire-immigration.fr

LASSAÂD METOUI, LA FACULTÉ DES LETTRES

Pleines et déliées, cambrées, enguirlandées, les belles lettres de Lassaâd Metoui n’écrivent pas seulement les mots des autres. Tunisien

né à Gabès en 1963, ce Nantais d’adoption se forme à la calligraphie auprès des maîtres Abbas Taba, Jalali ou Salah Jemni. Les arabesques de ce complice du linguiste et lexicographe Alain Rey entrent en dialogue avec les textes du poète libanais Gibran Khalil

Gibran, du mystique persan Djalâl ad-Dîn Rûmî, du sage chinois Lao Tseu… mais encore de Victor Hugo, du psychosociologue Jacques Salomé, ou de l’anthropologue algérien des religions Malek Chebel. Dans le sillon de son « pinceau ivre », un calame (roseau ou bambou taillé en pointe), Lassaâd Metoui nous entraîne dans une sarabande dont la

chorégraphie fait le grand écart entre Extrême-Orient et Occident : on y lit l’influence du shodô, l’art de la calligraphie japonaise, comme des peintures de Matisse, Klee ou Soulages. L’IMA nous enseigne en cent trente-cinq œuvres et quatre séquences (« L’Œil écoute », « La Genèse des formes », « La Passion de l’esthétisme » et « L’Aventure du geste ») son langage des signes, comme le rapporte Éric Delpont, directeur du musée : « Lassaâd incarne les sons et rythmes de l’oralité, en croisant les influences issues d’autres expressions que le verbe mais tout aussi signifiantes ». Une carte blanche qui fait preuve de caractère. V. H.

GRAND PARIS

11 avril

30septembre

À droite, de haut en bas James Nachtwey, Territoires palestiniens occupés, 2000, Cisjordanie, photographie©JAMES NACHTWEY ARCHIVE, HOOD MUSEUM OF ART, DARTMOUTH.

Mathieu Pernot, Johny et Vanessa, 1995-1997, photographie©MATHIEU PERNOT.

Ci-contre Lassaâd Metoui, Amour Tendresse, 2017, technique mixte et calligraphie sur papier, 40 x 30 cm©EMANUEL DENORT.

HH « LE PINCEAU IVRE, CARTE BLANCHE À LASSAÂD METOUI » Institut du monde arabe, Paris, 01 40 51 38 38, www.imarabe.orgRÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR CONNAISSANCE DESARTS.COM

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26 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

LA NOCTURNE RIVE DROITE RÉUNIT LE TEMPS D’UNE SOIRÉE, GALERISTES, ANTIQUAIRES,MAISONS DE VENTES, LIBRAIRIES, ENCADREURS, PASSIONNÉS D’ART ET COLLECTIONNEURS.POUR L’ÉDITION 2018, LES PARTICIPANTS PROPOSENT UN PARCOURS ÉBLOUISSANTAU FIL DESEXPOSITIONS, VERNISSAGES ET DÉDICACES… RETROUVEZ NOUS AU CŒUR DU VIIIE ARRON-DISSEMENT DE PARIS, AUTOUR DU FAUBOURG SAINT-HONORÉ ET DE L’AVENUE MATIGNON

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L’abus d’alcool est dangereux pour lasanté, à consommer avec modération

À bientôt 100 ans, La Vache qui rit n’a pas pris une ride. Son musée, créé en 2009 à l’initiative de Ber-nard Hanet et Catherine Sauvin, à Lons-le-Saunier, nécessitait en revanche un sérieux liting. C’est chose faite, après d’importants travaux menés sous l’œil de Laurent Bourdereau, le nouveau directeur de l’ins-titution, nommé en 2015. « La Maison de La Vache qui rit a eu une première vie, celle d’un musée d’entre-prise assez statique dans sa présentation, explique ce diplômé d’histoire de l’art, qui a dirigé pendant sept ans le domaine de Chamarande avant de poser ses valises dans le Jura. Elle est aujourd’hui un véritable incubateur, un laboratoire d’idées pour le groupe Bel, en prise avec ses différents produits et les valeurs qu’ils

véhiculent, l’innovation, le partage, la bienveillance. » Au gré d’une nouvelle et joyeuse scénographie ima-ginée par le cabinet d’architectes Encore Heureux, la visite se fait en deux temps : l’histoire de la marque d’abord, en six cents documents et objets (boîtes, aiches, produits dérivés, œuvres d’art, spots publici-taires…) présentés dans les anciennes caves d’ainage, puis l’actualité du groupe, au premier étage. « L’ob-jectif est d’offrir une véritable expérience au visiteur, qui doit prendre du plaisir. C’est un lieu vivant, où il se passera toujours quelque chose. Nous accueillerons des chefs en résidence, des artistes, des designers… qui feront rimer patrimoine industriel et création contem-poraine », promet Laurent Bourdereau. G. M.

RÉGIONS

LA MAISON DE LA VACHE QUI RIT DEVIENT UN INCUBATEUR D’IDÉESLA MAISON DE LA VACHE QUI RIT, 25, rue Richebourg, Lons-le-Saunier, 03 84 43 54 10, www.lamaisonde la vachequirit.com ouverture le 2 juin. À lire : notre HORS-SÉRIE (n° 809, 36 pp., français/anglais, 9 €).

Ci-contre Clochette La Vache qui rit, 2000©DR

28 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

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9 J U I N > 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 8

MUSÉE GRANETAix-en-Provence

AVEC LE SOUTIEN DE

PICASSOPICABIA

Fran

cisPicab

ia,LaFem

meau

monocle,vers

1925-1926,huile,R

ipolin

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nsurcarto

n,105

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cm,C

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lière,©ADAGP,P

aris2018

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MUSÉE GRANETAix-en-Provence

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HH « LE VIN ET LA MUSIQUE, ACCORDS ET DÉSACCORDS », 134, quai de Bacalan, Bordeaux, 05 56 16 20 20, www.laciteduvin.com

23 mars

24juin

TOUS LES VISAGES DE BACCHUSPour sa deuxième exposition artistique (la première était dédiée aux bistrots, lieux de prédilection de Verlaine, Manet ou Baudelaire), la Cité du Vin s’attelle à ses mythes fondateurs. Dionysos et Bacchus dans l’art, voilà le très ambitieux programme, illustré par cent cinquante œuvres, tableaux, mais aussi instruments de musique

anciens, partitions ou bijoux de scène. L’exposition donne à voir comme à entendre, de salles d’écoute en mini-concerts organisés dans des décors de ballets de cour. « J’ai voulu montrer l’importance du mythe de Bacchus, qui essaime diversement dans les arts

Ci-dessus Maître des Cortèges, La Procession du bœuf gras dit La Fête du vin, 1640, h/t, 108 x 166 cm©PHOTO RMN-GP.

À gauche Martin Szekely, rangement

Manière Noire Tower 1, 2013, ibre de carbone et résineCOLLECTION PRIVÉE. ©FABRICE GOUSSET.

À droite Hélène Angeletti, Mama Rosa, 2018, œuvre participative autour du il, détailCOPRODUCTION WAM GALERIE & JARDIN.

CAHORS CÔTÉ JARDINS1er juin- 3 juin

La cité du Lot révèle son goût pour la nature et l’art. Depuis 2006, le festival Cahors Juin Jardins permet de découvrir les jardins secrets, souvent pri-vés, de la ville, et ofre une pro-grammation d’expositions et d’événements, avec cette année les cocons de laine géants d’Hé-lène Angeletti, les broderies végétales sur tambourin de Claudia Comelade ou les expé-riences culinaires forestières du

chef berlinois Otto Ursus. Hors les murs, Anaïs Lelièvre livre une installation au musée des Augustins de Toulouse. A. C.H « CAHORS JUIN JARDINS », divers lieux, www.cahorsjuinjardins.fr

SZEKELY, L’ARCHITECTE-DESIGNER26 avril-16 septembre

La bibliothèque Construction de 2015, en multiplis de bambou et laiton, ressemble à une ville en ter-rasses. Elle pourrait résumer le pro-pos de cette rétrospective d’une qua-rantaine de meubles, qui démontre la dimension architecturale et bâtis-seuse du design de Martin Szekely. C’est l’itinéraire, de 1981 à nos jours, d’un créateur qui cherche à effacer l’expression personnelle au profit de la fonction et de l’usage. C’est

aussi un point sur l’évolution des matériaux, tant Szekely les explore dans sa quête de l’équilibre parfait. A. C.

HH « MARTIN SZEKELY, CONSTRUCTION », musée des Arts décoratifs et du Design, Bordeaux, 05 56 10 14 00, madd-bordeaux.fr

RÉGIONS

à partir de la Renaissance. À l’époque on l’associe surtout à l’inspiration créatrice, c’est-à-dire à ce que les princes veulent avoir toujours au plus près d’eux », explique Florence Gétreau, commissaire de l’exposition. Le dieu grec Dionysos, associé au vin comme à la transe créatrice et au théâtre, est devenu le Bacchus de la mythologie romaine dont notre culture occidentale est pétrie. Les fêtes et les arts sont inséparables dans les cours les plus brillantes, en particulier celle du jeune Louis XIV. Mais Dionysos était aussi le dieu de la Colère. Florence Gétreau n’esquive pas cet aspect des choses. « Il y a une face plus grave, plus tragique du sujet. Tout au long de l’exposition, on parle d’harmonie, mais aussi d’intempérance. L’ivresse, comme la musique, nécessite un apprentissage. » A. C.

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30 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Un contact personnalisé avec le Fonds de dotation du LouvreNous sommes à votre disposition pour répondre en toute conidentialité à vos questions concernant les legs et donations.

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Bulletin à renvoyer sous enveloppe affranchie à l’attention d’Axelle Chabert

Fonds de dotation du musée du Louvre – Palais du Louvre – 75058 Paris Cedex 01

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et sans engagement sur les legs et donations.

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Bordas

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au numéro suivant :

RÉGIONS

HHH « CORPUS BASELITZ », musée Unterlinden, Colmar, 03 89 20 15 50, www.musee-unterlinden.com

09 juin

29octobre

BASELITZ EN PLEINES FORMESCe choix d’une soixantaine de pièces significatives réalisées entre 2014 et 2017, parmi une œuvre foisonnante comprenant peintures, dessins et sculptures de l’une des stars de l’art contemporain allemand apparu en France dès les années 1980… est un hommage – justement

– aux 80 ans de l’artiste. Passé d’Allemagne de l’Est à l’Ouest où il est fortement soutenu par le marchand Michael Werner à Cologne, Georg Baselitz commence par morceler et fracturer corps et objets dans les années 1960 avant de les renverser tête en bas, ce qui deviendra une démarche récurrente bousculant les conventions classiques du tableau. L’apparition de ses sculptures en bois, totémiques et brutales, corps et têtes parfois polychromes, produisit en son temps un immense engouement. Ces œuvres introspectives récentes, surtout des nus et des autoportraits souvent mutilés ou fractionnés sans pitié, sont dotées d’une incroyable énergie vitale. Une vigueur exprimée de façon monumentale, parfois dépliée en polyptyques comme au Moyen Âge, se dégage de ces corps vieillissants dans une sorte de descente aux enfers en parfaite résonance avec le Retable

d’Issenheim, chef-d’œuvre du même musée. E. V.

FRANÇOIS ROUAN TISSE SON DÉCOR18 avril-10 septembre

Le peintre François Rouan (« Connais-s ance des Ar t s » n°717, pp. 38-43)bouscule un peu l’or-donnance élégante des salons et anti-chambres du palais de Compiègne. Il y

glisse ainsi huit peintures monumentales récentes, mais aussi des dessins, photographies, ilms, cartons de tapis, bouscu-lant, avec la subtilité et la culture qu’on lui connaît, la froide beauté muséale, faisant entrer un peu de vie malicieuse dans ce merveilleux décor impérial en opérant un « fin tressage » entre décoration immuable et perturbation artistique… E. V.HH « FRANÇOIS ROUAN, D’UN CHÂTEAU À L’AUTRE », Musées et domaine nationaux du palais de Compiègne, www.musees-palaisdecompiegne.fr

LE BESTIAIRE DE MAURO CORDA1er avril-15 juillet

Imaginez un naturarium animé par de très jolies bêtes monstrueuses… Une autruche-girafe, un dromadaire-li-corne, un chameau-yack, une girafe-cerf, un lion-buffle et pourquoi pas un tigre-cobra ?… Ce sculpteur habile, obsédé par toutes sortes de corps décalés et singuliers comme une Vénus de Milo « courte sur patte » ou une tête d’orang-outang-bélier, en bronze blanc ou en porcelaine, a pris posses-sion, pour le bonheur des petits et des grands, de rien de moins qu’une citadelle ! E. V.

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À gauche, en haut Georg Baselitz, Abwärts I, 2016, h/t, 300 x 185 cmDÖPFNER COLL. ©G. BASELITZ 2018/ JOCHEN LITTKEMANN.

HH « ZOOSPECTIVE DE MAURO CORDA », La Citadelle, Musée comtois, Besançon, 03 81 87 83 33, et « PAS SAGES », Le Silo, musée Jean de la Fontaine et musée du Trésor de l’Hôtel-Dieu, Château-Thierry, 03 23 69 05 60, du 14 avril au 22 juillet .

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À gauche, en bas François Rouan, L’Envers des corps, 2008, vidéo, 15'45"©ATELIERS LAVERSINE.

Ci-contre Mauro Corda, Girafe-Cerf, 2016, bronze blanc, H. 117 cm ©MARO CORDA.

32 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

BULLES DE PENSÉE24 avril-4 novembre

La pensée est naturelle à l’homme, le jardin en est souvent l’expression. Tel est le thème de la 27e édition du Festival international des jardins qui met en scène, notamment, un jardin de méditation japonais bleu Klein, une spectaculaire anamor-phose rouge, un sculptural livre de sable, un cloître contemporain orné de « fleurs de plume » et un stimulant jardin des Voyelles conçu par équipe de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle). M. B.

HH FESTIVAL INTERNATIONAL DES JARDINS, « Jardins de la pensée », Domaine de Chaumont- sur-Loire, 02 54 20 99 22, www.domaine-chaumont.fr

MUR MURS À CAEN5 mai-18 septembre

Le musée des Beaux-Arts de Caen évoque le motif du mur à travers ses représentations artistiques : tantôt comme appui, tantôt comme limite, instrument d’un interdit ou pro-messe d’un ailleurs, contrainte pour les uns, protection pour les autres. L’exposition réunit quatre-vingts œuvres des xxe et xxie siècles (pein-ture, sculpture, architecture, installa-tion, dessin, estampe, photo, vidéo) de Jean-Michel Alberola, Brassaï, Pierre Buraglio, Jean-Baptiste Corot, Mona Hatoum, Claude Lévêque, Robert Morris, Kurt Schwitters ou Nicolas de Staël. M. B.HH « MURS », musée des Beaux-Arts, Caen, 02 31 30 47 70, mba.caen.fr

TRÉSORS DU JUDAÏSME MÉDIÉVAL

« L’importance de la présence juive en France au Moyen Âge est largement ignorée », souligne Paul Salmona, directeur du musée d’Art et d’histoire du Judaïsme à Paris. L’institution

est partenaire de la première exposition en France consacrée au judaïsme médiéval en Europe du Nord, en particulier dans l’aire anglo-normande. À l’occasion de l’ouverture après restauration,

HH « SAVANTS & CROYANTS. LES JUIFS D’EUROPE DU NORD AU MOYEN ÂGE », musée des Antiquités, Rouen, 02 76 30 39 50, musees-rouen-normandie.fr

25 mai

16 septembre

RÉGIONS

À droite Gordon Matta-Clark,

Splitting, 1974, ilm couleur

©PARIS, CENTRE POMPIDOU, MNAM.

À droite, en haut Dale Chihuly, Blue Fiori Sun, 2013, installation en verre souflé et acier©DR.

en septembre, de la Maison Sublime – le plus ancien

monument juif de France, à Rouen – l’exposition évoque à travers une sélection d’œuvres phares la richesse de la culture juive médiévale et ses rapports avec la culture chrétienne. De somptueux manuscrits hébraïques enluminés par des peintres chrétiens (dont le North French Hebrew Miscellany de la in du XIIIe siècle) sont présentés aux côtés d’objets du quotidien, d’objets de culte (rares rouleaux de Torah ashkénaze, gobelets d’orfèvrerie du Trésor d’Erfurt, stèles gravées du musée de Cluny…). Un catalogue est publié sous la direction scientiique de Nicolas Hatot, conservateur du Patrimoine, et Judith Olszowy-Schlanger, directeur de recherches à l’École pratique des hautes études, commissaires de cette exposition qui s’accompagne d’un colloque international sur le judaïsme médiéval en Europe du Nord, les 4 et 5 septembre à Paris et à Rouen. M. B.

Ci-contre Bague de mariage juive provenant du trésor de Colmar, vers 1300©PARIS, MUSÉE NATIONAL DU MOYEN ÂGE/RMN-GRAND PALAIS/J.-G. BERIZZI.

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34 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

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contemplerdes piècesexceptionnelles

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FLEISCHER, LE DOUTE DE L’IMAGE5 mai-24 juin

Cinéaste, photographe, plasticien, écrivain, et directeur depuis 1997 du Studio national des arts contem-porains Le Fresnoy, à Tourcoing, Alain Fleischer est un infatigable homme-orchestre. Les œuvres ici présentées sont, dit-il, « des images au statut singulier : traces d’événements ou de configurations qui n’ont jamais eu lieu, mémoire objective et pourtant mensongère de l’empreinte photogra-phique […] toute une fabrique des images qui introduit le doute sur leur nature et leur réalité… ». M. J.

HH « ALAIN FLEISCHER. JE NE SUIS QU’UNE IMAGE », Hôtel des Arts, Toulon, 04 83 95 18 40, www.hdv.var.fr

LESIEUR CHEZ BONNARD13 février-17 juin

Au musée Bonnard, Pierre Lesieur (1922-2011) est pour ainsi dire comme chez lui. Car nul n’a jamais été si proche du grand maître, de son style, son chromatisme chatoyant et solaire, ses thèmes, la vie domestique, les intérieurs, son désir de réenchan-tement du monde par la vertu de pin-ceaux magiques... sans pour autant cesser d’être soi-même. Lesieur, c’est comme un arbre greffé qui, à son tour, donne de merveilleuses lorai-sons, des fruits en abondance, aux saveurs nouvelles. M. J.HH « PIERRE LESIEUR-INTÉRIEURS », musée Bonnard, Le Cannet, 04 93 94 06 06, www.museebonnard.fr

LES COMBATS DE PAUL NASH À ARLESCélébré dans son pays mais peu connu en France, le peintre anglais Paul Nash (1889-1946) est à l’honneur cet été à Arles, et c’est une occasion de le découvrir qu’il ne faut pas rater. Il fut d’abord et principalement un peintre de paysages, mais de paysages bouleversés tant par la guerre que par ses expérimentations formelles modernistes. La guerre, il l’a vue de près, puisqu’il fut nommé oficiellement « peintre de guerre »

à chacun des deux conlits mondiaux, et qu’il fut gazé au Front en 1914-18. Et ce sont ses tableaux de guerre qui l’ont rendu célèbre. Mais Nash occupe une position originale, croisant les genres, paysage et histoire, et puisant à des sources très différentes, qui vont du romantisme mystique d’un William Blake aux courants modernes, surréalisme, constructivisme… Ainsi, ses tableaux de ciels, par exemple, offrent-ils l’exemple d’un syncrétisme stylistique tout à fait passionnant et, en déinitive, très personnel. Paul Nash fut un grand promoteur des avant-gardes européennes en Angleterre, et l’un des fondateurs, en 1933, du mouvement « Unit One » qui réunit la plupart des grands artistes anglais de l’époque, Henry Moore, Barbara Hepworth, Ben Nicholson… L’exposition présente une trentaine d’œuvres, de 1918 à 1946, dont les somptueux et noirs Sunflower and sun (Tournesol et soleil) peints dans les dernières années de sa vie. M. J.

HHH « PAUL NASH. ÉLÉMENTS LUMINEUX », Fondation Vincent Van Gogh, Arles, 04 90 93 08 08, www.fondation-vincentvangogh-arles.org

21 avril

28octobre

RÉGIONS

Ci-dessus Paul Nash, Cumulus Head, 1944, h/t, 38 x 59,5 cm, détailCOLLECTION PRIVÉE.

À droite, en haut Pierre Lesieur, Intérieur au fauteuil or et chats, v. 1980, h/t, 148 × 118 cmCOLLECTION COMTESSE D’HARCOURT. ©JEAN-LOUIS LOSI.

En bas Alain Fleischer, Et pourtant il tourne, sans date, vidéo©ALAIN FLEISCHER.

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36 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Figurine de Kappa © Mizuki Productions - Figure d’ombre - Peinture du fantôme d’Oiwa, signée Ikkyo - Peinture de fantôme, signée Iguchi Kashu (1890 -1930) -«Rival » An upong Chantorn © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain

www.quaibranly.fr#EnfersEtFantômesdAsie

MINISTÈREDE LA CULTURE

MINISTÈRE DEL’ENSEIGNEMENTSUPÉRIEUR, DE LARECHERCHE ET DEL’INNOVATION

Expositionjusqu’au 15 / 07 / 18

EUGENE TAN SÈME L’ART DU SUD-EST ASIATIQUE JUSQU’À PARISSur les chemins de l’art, on croise partout la longue silhouette élégante d’Eugene Tan. À Singapour bien sûr, où il dirige depuis 2013 la National Art Gallery, à Venise pour la Biennale d’art contemporain, à Bâle pour la foire de juin (voir p.108) et de plus en plus souvent à Paris, puisqu’il a lancé un partenariat d’expositions avec le Centre Pompidou. Dans le cadre d’un vaste projet autour de la notion de modernisme, il a initié la rétrospective de Latif Mohidin (né en 1941), actuellement présentée au Musée natio-nal d’art moderne. En puisant largement dans les réserves de la National Art Gallery of Singapore et dans des collections privées, les deux commis-saires de l’exposition, Catherine David et Shab-bir Hussain Mustafa, ont pu réunir un corpus représentatif de l’œuvre méconnue de ce poète et peintre moderniste de Malaisie, dont les estampes au trait proliférant ne sont pas sans rappeler l’art du Cubain Wifredo Lam. « Cette première expo-sition à Paris, qui va ensuite circuler en Malaisie et en Thaïlande, est une réponse à l’exposition sur le modernisme occidental montée par le Centre Pom-pidou il y a deux ans, pour l’inauguration de notre nouveau bâtiment, souligne Eugene Tan. Nous allons poursuivre notre politique de recherches sur l’art du Sud-Est asiatique avec « (Re)collect », une étude sur nos collections depuis 1960, de Latiff Mohidin à Navin Rawanchaikul, et en particulier sur les achats et les dons que nous n’avons pas encore pu exposer. Puis, en novembre, nous nous intéresserons au minimalisme, de l’abstraction américaine des années 1960 jusqu’aux créations actuelles. Il est très important pour nous de repen-ser globalement l’histoire de l’art. » Cette préoc-cupation se retrouve d’ailleurs dans les cycles de cours qu’Eugene Tan et Shabbir Hussain Mustafa animent à l’University of Singapore autour de l’art contemporain et de l’histoire des musées dans l’Asie du Sud-Est. G. B.

HH « LATIFF MOHIDIN, PAGO PAGO », Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, 01 44 78 12 33, www.centre pompidou.fr du 28 février au 28 mai. HH « (RE)COLLECT : THE MAKING OF OUR COLLECTION », National Gallery of Singapore, Singapour, 6 5 6271 7000, www.national gallery.sg du 11 mai au 12 août.

INTERNATIONAL

Ci-contre Eugene Tan, directeur de la National Gallery de Singapour©NATIONAL GALLERY SINGAPORE.

38 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

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27.05—

30.092018

DavidNash

Nature toNature

+33 3 89 69 10 [email protected]

FONDATIONFERNET-BRANCA

Saint-Louis (Alsace)

DavidNash,DescendingVessel,1987–Chêne,300×44×155cm–©DavidNashetGalerieLelong&Co.

L’ART SANS FRONTIÈRES DE JOAN JONAS14 mars-5 août

Pionnière de la performance et de la vidéo, l’Américaine Joan Jonas prend ses quartiers à la Tate Modern, dans les salles d’exposition, mais également dans le cinéma et dans les Tanks, les anciens réservoirs de fuel de la cen-trale, où l’artiste se produira en per-sonne à deux reprises. Cette omni-présence rend bien compte du travail de Jonas, qui franchit allègrement les frontières disciplinaires, comme le montre la rétrospective incluant toutes ses pièces majeures depuis les années 1960. J.-F. L.HH « JOAN JONAS », Tate Modern, Londres, 44 20 7887 8888, www.tate.org.uk

LES POST-MODERNES CHEZ JOHN SOANE16 mai-26 août

Par son approche éclectique de l’his-toire et son goût du collage, John Soane n’a-t-il pas été un précurseur de l’architecture post-moderne ? Peut-être. En tout cas, l’exposition proposée par le Soane Museum invite à mettre ainsi en perspective les débuts du postmodernisme en Angleterre. Dans l’esprit du fondateur, elle montre des dessins et des maquettes, mais aussi des fragments de bâtiments construits par des architectes comme Terry Far-rell et James Stirling. J.-F. L.

H « LE RETOUR DU PASSÉ. LE POST-MODERNISME DANS L’ARCHITECTURE BRITANNIQUE », Soane Museum, Londres, 44 20 7405 2107, www.soane.org

LE SUBLIME SELON THOMAS COLENatif du Lancashire, Thomas Cole (1801-1848) fait son retour dans sa mère patrie. Émigré avec sa famille en 1818, il allait devenir l’un des plus grands paysagistes américains. Voyageur impétueux, il explore l’Hudson River, les Catskills Mountains, découvre les chutes du Niagara. Et, s’appuyant sur les traditions européennes, il célèbre, dans des toiles comme The Oxbow, la nature vierge et monumentale que le Nouveau Monde offre à son regard.

Mais il est en quête d’une forme plus élevée du paysage, qui pourrait exprimer des significations morales ou religieuses. Inspiré par Edward Gibbon, son cycle Destin de l’Empire (1836), composé de cinq tableaux, décrit l’essor et le déclin d’une grande civilisation, de l’état sauvage jusqu’à la désolation. Le cycle du Voyage de la vie (1840) approfondit cette veine morale et annonce un tournant plus explicitement religieux à la fin de sa carrière. Si le sentiment de la nature, si finement exprimé dans les tableaux de Cole, entre en résonance avec la philosophie transcendantaliste d’Emerson, ses liens avec l’Europe, et plus particulièrement avec l’Angleterre, restent étroits. À plusieurs reprises, il séjourne sur le Vieux Continent, où il rencontre notamment Turner et Constable. Pour mettre en scène ce dialogue fécond, la rétrospective de la National Gallery confronte les productions de Cole avec les paysages des deux maîtres anglais. J.-F. L.

HH « THOMAS COLE. DE L’EDEN À L’EMPIRE », The National Gallery, Londres, 44 20 7747 2885, www.national gallery.org.uk

11 juin

07octobre

INTERNATIONAL

Ci-dessus Thomas Cole, Cora agenouillée aux pieds de Tamanend, 1827, h/t, 64,5 x 89 cm, détail©HARTFORD, WADSWORTH ATHENEUM/A. PHILLIPS.

À droite, en haut Joan Jonas, They Come to us without a Word II, 2015, performance, détail©MOIRA RICCI/JOAN JONAS, 2018.

En bas CZWG Architectes, China Wharf, 1988, Londres©JOHN AND JO PECK.

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40 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

BAAFBRUNEAF AAB

AncientTribal Asian

6 - 10 June 2018

BRUSSELS - GRAND SABLON

ASIAN ART

IN BRUSSELS

www.bruneaf.com > www.baaf.be > www.asianartinbrussels.com

LASSNIG, FRAGMENTS D’UN AUTOPORTRAIT12 mai-26 août

Peintre de la sensation de soi, Maria Lassnig (1919-2014) a placé son propre corps au centre de son œuvre. Quatre ans après la disparition de cette grande dame de l’art autrichien du xxe siècle, l’hommage organisé en collaboration avec l’Albertina de Vienne prend la forme d’une rétrospective de l’œuvre sur papier. Graves ou drôles, quatre-vingts des-sins et aquarelles mettent en lumière son concept de

« body-awareness » (conscience du corps) dans un dialogue constant entre sensation et réalité. J. C.HH « MARIA LASSNIG. DIALOGUES », Kunstmuseum Basel, Bâle, 41 61 206 62 62, www.kunstmuseumbasel.ch

KOLB ET SES CRÉATURES FANTASQUES9 février-17 juin

Boulanger éphémère, chô-meur, artiste, celui qu’on surnomma « citoyen Kolb » est un truculent person-nage. Né à Mannheim, Ernst Kolb (1927-1993) s’invitait aux vernissages et conférences, transpor-tant des sacs en plastique remplis de papiers et objets récupérés. Il recouvrait le verso des prospectus de ses « gribouillages » tracés d’une main énergique au stylo-bille. Cette première exposition dans un musée

révèle portraits et igures fantasques, que le format réduit de la feuille oblige à de luides contorsions. J. C.H « ERNST KOLB », Collection de l’Art brut, Lausanne, 41 21 315 25 70, www.artbrut.ch

GIACOMETTI-BACON, DESTINS CROISÉS

Amie de Francis Bacon (1909-1992), amante occasionnelle d’Alberto Giacometti (1901-1966), l’artiste britannique Isabel Rawsthorne organise à Londres à l’automne 1962 un dîner réunissant ces deux visionnaires dont elle a été le modèle et l’inspiratrice. Malgré une estime

réciproque, le peintre et le sculpteur ne se sont encore jamais rencontrés. Tous deux témoignent, chacun dans son ordre et sa singularité, de la vitalité de la iguration. La Fondation Beyeler réunit à nouveau ces deux géants, à travers leurs œuvres cette fois. Catherine Grenier, directrice de la Fondation Giacometti de Paris, Michael Peppiatt, spécialiste de Bacon dont il fut l’ami proche, et Ulf Küster, conservateur à la Fondation Beyeler, révèlent, à travers une centaine d’œuvres des deux artistes, des parallèles éclairants. Giacometti et Bacon placent tous deux l’homme au cœur de leur œuvre. Tous deux dialoguent avec les grands maîtres du passé, qu’ils ont étudiés et paraphrasés. Ils partagent une même préoccupation pour la représentation de l’espace en deux ou trois dimensions, imaginent des structures en forme de cage enfermant leurs igures. Obsédés par le portrait, ils font subir à la igure humaine déformations et distorsions, poussant la iguration dans ses ultimes retranchements. Leur vision d’une humanité décharnée nous transperce comme un cri sublime et douloureux. J. C.

HHH « BACON-GIACOMETTI », Fondation Beyeler, Bâle, 41 61 645 97 00, www.fondation beyeler.ch

29 avril

02septembre

INTERNATIONAL

À gauche Maria Lassnig, Der Triplezeichner (Le Triple Dessinateur), 1970, crayon et acrylique sur papier, 101,5 x 66,4 cmVIENNE, FONDATION MARIA LASSNIG.

À droite Ernst Kolb, Sans titre, 1969-1993, stylo-bille, 29,7 x 21 cmLAUSANNE, COLLECTION DE L’ART BRUT.

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42 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Alberto Giacometti Boule suspendue, 1930,

plâtre, métal, 61 x 36 x 33,5 cm

KUNSTMUSEUM, BÂLE. ©SUCCESSION

ALBERTO GIACOMETTI, 2018.

23 mars

15juillet

INTERNATIONAL

SACRÉ CHARLEMAGNE18 mai-26 août

Charlemagne Palestine est plus qu’un artiste, c’est un chamane, créateur d’un univers aussi déroutant que fan-taisiste, aux résonances mystiques. Ses premières expérimentations l’avaient porté vers une musique répétitive aux efets hypnotiques. Auteur de perfor-mances et de vidéos, l’Américain de Bruxelles est aussi un collectionneur passionné de peluches, qu’il recueille et déploie dans de luxuriantes instal-lations. J.-F. L.H « CHARLEMAGNE PALESTINE AA SSCHMMETTRROOSSPPECCTIVVE », palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 32 2 507 82 00, www.bozar.be

VIVRE ENSEMBLE AU GRAND-HORNU25 mars-1er juillet

Quand les logements manquent, quand les prix s’envolent, les solu-tions classiques sont impuissantes à répondre aux besoins. Alors l’imagi-nation prend le relais. Cette utopie peut se résumer ainsi : construire et vivre en commun. Et elle vient de loin puisqu’elle prend sa source au xixe siècle. Le Grand-Hornu en présente des exemples contemporains venus de tous les continents, à travers des maquettes, des ilms et des apparte-ments reproduits à l'échelle 1. J.-F. L.

HH « TOGETHER ! LA NOUVELLE ARCHITECTURE COMMUNAUTAIRE », Centre d’innovation et de design du Grand-Hornu, Hornu, 32 65 61 39 02, www.cid-grand-hornu.be

HHH « PROMESSES D’UN VISAGE. L’ART DU PORTRAIT DES PRIMITIFS FLAMANDS AU SELFIE », Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, 32 2 508 33 33, www.ine-arts-museum.be

MIROIR, MON BEAU MIROIR

L’invasion récente du selfie a provoqué une salve de critiques, volontiers moralisantes, dénonçant une forme moderne de narcissisme, alors que la pratique, à défaut d’être vraiment nouvelle, génère au contraire des formes originales de sociabilité. C’est ce que l’historien André Gunthert appelle des « images conversationnelles ». Le phénomène invite à revenir sur la longue histoire du portrait et de ses usages, ainsi que le proposent les Musées

royaux de Bruxelles. L’exposition s’ouvre naturellement sur le XVe siècle, celui de Van Eyck et Memling. L’image de soi devient alors autonome par son inscription dans un support spéciique, le panneau de bois, qui se présente comme un médium du corps. Son usage comme outil d’intercession pieuse ou d’afirmation dynastique impliquait la ressemblance idèle au modèle, et celle-ci allait rester l’enjeu fondamental du portrait par-delà l’évolution des usages. Du moins jusqu’à sa remise en cause au XXe siècle. Pour mettre en évidence cette rupture, une très large place est consacrée dans l’exposition aux œuvres modernes et contemporaines, jusqu’à Jan Fabre et Luc Tuymans. Autant de haltes pour faire un petit selie… J.-F. L.

Ci-dessus Attribué à Pieter Bruegel l’Ancien, Le Bailleur, 1569, huile sur bois, 12,5 x 9 cm©BRUXELLES, MUSÉES ROYAUX DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

À gauche, en haut Vue de l’atelier de Charlemagne Palestine, 2018, photographie, détail©PHILIPPE DE GOBERT.

En bas SsD Architecture, Songpa Mirco Housing, 2014, Séoul©JINHEE PARK, NEW YORK/SÉOUL.

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 43

INTERNATIONAL

HH « PEINT SUR LA PIERRE », Musée national du Prado, Madrid, 34 91 330 2800, www.museodelprado.es

17 avril

05août

UNE RENAISSANCE DE PIERRE AU PRADO

Le musée du Prado conserve une belle collection de peintures de la Renaissance peintes sur pierre, plus exactement sur marbre blanc ou sur ardoise. Elles datent de la première moitié du XVIe siècle et leurs auteurs sont les plus prestigieux des peintres vénitiens : Sebastiano

del Piombo, Titien, les deux Bassano. De Titien, notamment, on voit ici un sublime Ecce Homo de 1547, qui fut peint pour Charles-Quint et offert à l’empereur, à Augsbourg, par le peintre lui-même. Le support le plus répandu à Venise était la toile. Le choix de la pierre induit le désir de produire une œuvre précieuse, et ce surcroît de valeur repose sur plusieurs paramètres. Moins absorbant que la toile et beaucoup plus lisse, ce support permet un traitement très soigné des surfaces, un brillant qui suggère la perfection du miroir. Dans l’ordre symbolique, la pierre est plus noble que la toile commune, elle est imputrescible et, malgré sa fragilité, garantit une durée de vie qui, potentiellement, touche à l’éternité ; ce qui, bien sûr, convient aux igures sacrées vouées à la vie éternelle. De plus, la pierre est l’un des symboles du Christ. Et l’effet d’image dans le miroir suggère la véracité, la présence réelle de la igure. Ce qui relance le fameux « paragone » (dispute des arts) ; par le recours à la pierre et à l’effet de vérité, la peinture prétendait vaincre la sculpture, sur son propre terrain. M. J.

Ci-dessus Titien, Vierge de douleur, 1555, huile sur marbre, 68 x 55 cmMADRID, MUSEO NACIONAL DEL PRADO

À gauche Marc Chagall, Le Marchand de journaux, 1914, h/t, 98 x 78,5 cmPARIS, MNAM, CENTRE POMPIDOU.

À droite Victor Vasarely, Kroa-MC, 1969, sérigraphie sur métal, 50 x 50 x 50 cmBUDAPEST, MUSÉE VICTOR VASARELY. ©V. VASARELY, VEGAP, MADRID, 2017.

VASARELY OU L’ART EN MOUVEMENT7 juin-9 septembre

Victor Vasarely (1906-1997) est considéré comme le p ère de l’Op’Art (ou art

cinétique). Impré-gné de l’esprit du

Bauhaus, il dota l’abs-traction géométrique

d’une faculté nouvelle, le mouvement ; c’est le

spectateur qui, en bou-geant, produit le mouve-

ment dans l’image. Vasarely joua un rôle essentiel dans la question de l’intégration de l’œuvre à l’architecture, et dans l’émergence d’un nouvel art urbain. L’exposition retrace toute la carrière de cet artiste pionnier. M. J.H « VASARELY ET LA NAISSANCE DE L’OP’ ART », musée Thyssen-Bornemisza, Madrid, 34 917 911 370, www.museothyssen.org

CHAGALL, ENTRE VITEBSK ET PARIS1er juin-2 septembre

Arrivé de sa Biélorussie natale à Paris en 1910, Marc Chagall découvre l’avant-garde artistique parisienne – fauvisme, cubisme – et s’en inspire librement, mêlant les expériences stylistiques les plus audacieuses à ses souvenirs de la commu-nauté hassidique de Vitebsk (« Connaissance des Arts » n° 769, pp. 64-73). De retour

en Russie en 1914, il y est retenu par la guerre. Il prend la direction de l’école d’art de Vitebsk, d’où il sera évincé par Kasimir Malévitch puis part pour Moscou où il peint le héâtre d’art juif. M. J.HH « CHAGALL. LES ANNÉES DÉCISIVES, 1911-1919 », Guggenheim Bilbao, 34 944 35 90 80, www.guggenheim-bilbao.eus

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44 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Art contemporain et architecture

dans la ville historique de Bruges

La Triennale de Bruges est un projet de collaboration réalisé par Brugge Plus, Musea Brugge, l’ASBL Kenniscentrum et le Centre culturel de Bruges, à la demande de la Ville de Bruges

Ci-contre Claude Monet,

Le Parlement de Londres,

1900-1901, h/t, 81,2 x 92,8 cm,

détail©CHICAGO, THE ART

INSTITUTE.

peindredansle

1870 : la France déclare la guerre à la Prusse et plonge dans la désolation. Nombreux sont les artistes qui, tels Monet, Pissarro ou Carpeaux, trouvent refuge à Londres. Le Petit Palais retrace avec brio cet épisode de l’histoire artistique franco-britannique./ Texte Jérôme Coignard

événement

On sait grâce à Oscar Wilde que la nature imite l’art, et non le contraire. L’écrivain expliquait à sa façon l’origine du fameux fog londonien : « À qui donc, sinon aux impres-sionnistes, devons-nous ces admirables brouil-lards fauves qui se glissent dans nos rues, estompent les becs de gaz, et transforment les maisons en ombres monstrueuses ? […] Le changement prodigieux survenu, au cours des dix dernières années, dans le climat de Londres est entièrement dû à cette école d’art ». Cependant, les futurs impressionnistes et les artistes français qui découvrent Londres dans les années 1870 ne sont guère séduits par le climat de la capitale britannique. Bien au contraire, tous s’en plaignent. « Après seize heures de traversée et cinq heures de chemin de fer, me voici à Londres où j’étrenne un brouil-lard exceptionnel, écrit Charles Daubigny. On m’avait prévenu, mais pas assez ! » Mais que sont-ils donc venus faire dans une ville dont ils jugent la population aussi maussade que le climat ? Ils ont tout simplement fui la guerre, les rigueurs du siège de Paris par les Prussiens et le cortège de désolation qui suivit l’insurrection de la Commune. Conçue par Caroline Corbeau-Parsons et la Tate Britain, l’exposition « Les Impressionnistes à Londres. Artistes français en exil 1870-1904 », reprise par le Petit Palais à Paris et adaptée pour le public français, retrace cet épisode peu

connu de l’histoire artistique. Dans la version française de l’exposition, une première salle évoque la guerre de 1870, la Commune et le siège de Paris vus par les artistes. On y voit le carnet de croquis du sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, le lugubre Sœur de la Charité sau-vant un enfant. Épisode du siège de Paris peint par Gustave Doré, artiste que nous retrouve-rons plus tard avec ses terriiantes vues d’un Londres industriel sans pitié pour les classes laborieuses. On s’arrête devant les poignantes aquarelles de James Tissot, rares représenta-tions de cadavres d’un vérisme saisissant. Un extraordinaire tableau de Corot prêté par le musée Carnavalet, Le Rêve : Paris incendié, 1870, montre la silhouette sculpturale de la France surgissant dans le ciel gris, au-dessus d’un champ de débris rougeoyant et fumant, tandis que disparaît l’Ange exterminateur. Ce cauchemar d’un Paris incendié par les troupes prussiennes n’eut heureusement pas lieu, mais les nombreux monuments ravagés pendant la Commune donnèrent naissance par la suite à un véritable tourisme des ruines…

Londres terre d’asileAprès ce sinistre prologue, une installation audiovisuelle consacrée au voyage met le visiteur dans la condition du dépaysement. Puis la scénographie conçue par Maciej Fiszer immerge le visiteur dans Londres

peindre dans le fog

Ci-contre James Tissot, La Galerie du

« HMS Calcutta » (Portsmouth),

vers 1876, h/t, 68,6 x 91,8 cm,

détail©TATE, LONDRES, DON DE SAMUEL

COURTAUD EN 1936.

événement

48 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

LES DE L’EXPOSITIONUn sujet inédit traité dans un parcours foisonnant de 140 œuvres, parmi lesquelles des chefs-d’œuvre de Daubigny, Monet, Pissarro, Sisley. Le thème remet en lumière quelques igures méconnues, tel l’admirable Alphonse Legros.

Malgré l’afiche « impressionniste », l’exposition ne se limite pas à ce seul mouvement, au risque de décevoir certains. Et l’on aurait souhaité davantage de confrontations entre Français et Britanniques.

LES

Page de droite, en haut Camille Pissarro, Jardin de Kew, Londres. L’allée

des rhododendrons, 1892, h/t, 54 x 64,8 cm

NEW YORK, COLLECTION PARTICULIÈRE.

En bas Alfred Sisley, Vue de la Tamise : le pont de

Charing Cross, 1874, h/t, 33 x 46 cm, détail

LONDRES, NATIONAL GALLERY. ©THE ANDREW

BROWNSWORD ARTS FOUNDATION.

Ci-contre Jean-Baptiste Carpeaux, Flore, 1873, marbre, 97 x 65 x 60 cm©LISBONNE, MUSEU CALOUSTE GULBENKIAN.

50 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

événement

en lui offrant divers points de vue sur la ville. « Nous avons souhaité donner au public le sen-timent que Londres est un exil, déclare Isabelle Collet, conservateur en chef au Petit Palais, une des commissaires de l’exposition. Le voyage est long, il faut prendre le train, le bateau. L’Angle-terre n’est pas un pays culturellement proche de la France, et il existe une rivalité économique entre les deux pays. Les artistes arrivent avec femme et enfants, la plupart ne parlent pas un mot d’an-glais. Il leur faut gagner leur vie. Mais les exilés sont bien accueillis. Une communauté française s’organise, avec ses quartiers, ses boutiques. » Le dynamisme industriel et commercial, la pré-sence d’une clientèle aristocratique et fortunée sont pour ces exilés des atouts essentiels. Outre les artistes, la ville voit aluer des ouvriers d’art parisiens, parmi lesquels une majorité de com-munards, qui trouvent aisément du travail.Parmi les igures majeures de ce qui deviendra l’impressionnisme, Pissarro a fui devant l’avan-cée prussienne, et Monet s’est soustrait à la conscription. Ces deux exilés de 1870 ont laissé derrière eux la misère pour retrouver à Londres une situation tout aussi diicile. Une partie de leur production restée en France est détruite par les Prussiens (voir encadré). Pendant la pre-mière année de son séjour londonien, Monet ne peint presque rien… À Londres, les deux artistes retrouvent Charles Daubigny, qui a lui aussi fui avec sa famille. Il est déjà installé dans une modernité du paysage qui inspire la jeune

À qui donc,sinon aux impressionnistes, devons-nous ces admirables brouillards fauves qui se glissent dans nos rues…

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52 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

génération. En retour, c’est peut-être la ren-contre de Monet au bord de la Tamise qui lui inspire le sujet de La Cathédrale Saint-Paul vue de la rive sud (1871-73, Londres, Natio-nal Gallery). L’énorme dôme et les tours de Saint-Paul se fondent dans le brouillard, tout comme les tours du Parlement dans La Tamise à Westminster, de Monet (1871, National Gallery).

Carpeaux et Tissot en quête du clientLes autres artistes présentés ont déjà une belle carrière derrière eux. « Jean-Bap-tiste Carpeaux a été le grand sculpteur du Second Empire, poursuit Isabelle Collet. Avec la chute de Napoléon III, il a perdu la clientèle de la cour impériale. Il part pour chercher de nouveaux clients et retrouve la famille impériale en exil, qui le fait travail-ler occasionnellement. » Peintre de la société élégante, James Tissot est, au contraire de

Monet et de Pissarro, un peintre à succès dès les années 1860. Mais son installation à Londres va donner à sa carrière un dévelop-pement spectaculaire. « Il joue par faitement des codes de la haute société anglaise. Anec-dotique, très raffinée, sa peinture possède une “ french touch ” une distanciation très appréciée du public britannique. » Dans leur Journal, les Goncourt avancent une autre explication de son succès : « N’a-t-il pas inventé, cet ingénieux exploiteur de la bêtise humaine, d’avoir un atelier précédé d’une antichambre où il se trouve, en tout temps, du champagne frappé pour les visi-teurs […] ? ». Au milieu d’un bel ensemble de ses œuvres trône le fascinant Bal sur le pont (The Ball on Shipboard, vers 1874, Tate Gallery), orgie de lumière et de couleurs qui révèle son ambition de « peintre de la vie moderne ». Une série de gravures à l’eau-forte révèle un pan plus âpre de son œuvre.

Refusé à Paris, adulé à LondresÀ Londres, les artistes rendent visite à leur providentiel confrère, le peintre Alphonse Legros, réaliste ami de Whistler, Burne-Jones et Rossetti. « Incompris en France, Alphonse Legros est parti en Angleterre après le Salon des Refusés, en 1863, poursuit Isabelle Col-let. Cet artiste aujourd’hui oublié du grand public, est un personnage central dans cette histoire. Généreux, Legros fait bénéficier ses amis impressionnistes de sa clientèle anglaise. Il accueille le sculpteur Jules Dalou comme un fils. Dalou a participé à la réorganisa-tion des arts sous la Commune. Il risque le

Page de gauche Camille Pissarro, Kew Green, 1892, h/t, 46 x 55cm, détailPARIS, MUSÉE D’ORSAY. ©PHOTO DE PRESSE RMN.

Ci-dessus Claude Monet, Hyde Park, 1871, h/t, 40,5 x 74 cm, détailPROVIDENCE, MUSEUM OF ART, RHODE ISLAND SCHOOL OF DESIGN.

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 53

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À VOIR

HHH « LES IMPRESSIONNISTES À LONDRES. ARTISTES FRANÇAIS EN EXIL, 1870-1904 », au Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston-Churchill, Paris, 01 53 43 40 00, www.petitpalais.paris.fr du 21 juin au 14 octobre.

À LIRE

- LE CATALOGUE, sous la dir. de Caroline Corbeau-Parsons, avec la collaboration scientiique d’Isabelle Collet, éd. Paris Musées (272 pp., 250 ill. env., 35 €).- LE HORS-SÉRIE de « Connaissance

des Arts » (n° 817, 52 pp., 9,50 €).

bagne. Il ne rentrera en France que dix ans plus tard, après l’amnistie. Paul Durand-Ruel, tout grand marchand qu’il est déjà, sollicite également Legros. » En 1881, lorsque Rodin vient à Londres, il se rend lui aussi chez Legros. Les portraits sobres et magistraux qu’ils échangent alors, l’un sculpté, l’autre peint, témoignent de leur grand respect mutuel. En attendant, deux autres sculp-teurs français jouent un rôle de premier plan dans le renouveau de la sculpture anglaise. Grâce aux énormes fours destinés à cuire les ornements de terre cuite dont se parent les bâtiments de briques victoriens, Dalou se lance dans une production de igures monu-mentales. Ses sujets tirés de la vie familiale, femme lisant, femme tenant un enfant, ren-contrent un grand succès. Comme Legros en peinture, il apporte sur la scène anglaise des sujets modernes traités avec naturalisme. Aujourd’hui totalement méconnu, le sculp-teur Édouard Lantéri connaît également les faveurs du public londonien. Comme Legros pour la gravure, Dalou et Lantéri enseignent dans les meilleures écoles le modelage rapide d’après le modèle vivant. Détail savoureux, aucun d’eux ne parle un mot d’anglais ! Fil rouge de l’exposition, l’impressionnisme triomphe dans la salle inale qui réunit un ensemble de vues de la Tamise, dominé par la série que Monet consacre au Parlement de Londres. De retour dans la capitale bri-tannique dans les années 1900, le peintre y reprend un motif traité trente ans plus tôt. Cette fois, une brume fantastique noie l’ar-chitecture qui lotte entre ciel et leuve. Oscar Wilde avait donc raison !

1870-1871: SACCAGESPar vagues, de nombreux artistes ont quitté Paris, où l’état de siège est décrété le 19 septembre 1870 (ill. : Isidore Pils, Ruines du salon de Mars au palais de Saint-Cloud en

1871, aquarelle, 37,9 x 26,5 cm. Paris, musée Carnavalet/ Roger-Viollet). Camille Pissarro abandonne son atelier de Louveciennes et se réfugie en Mayenne à l’automne 1870, avant de gagner Londres. Vers octobre, Monet s’exile à Londres, où se trouvent déjà le marchand Paul Durand-Ruel et sa famille. Millet se réfugie dans le Cotentin, Corot dans le nord de la France, Boudin à Bruxelles… De retour à Louveciennes au printemps 1871, Pissarro découvre que son atelier a été saccagé. Des centaines de toiles sont perdues. Un malheur partagé par Monet, qui lui avait conié une

partie de son stock… Prudent, le richissime Ernest Meissonier avait envoyé ses tableaux à Londres et placé l’argenterie dans une cache de sa demeure de Poissy. Pendant le siège, soixante Prussiens et trente-cinq chevaux étaient stationnés chez lui… J. C. 

À droite André Derain, Charing Cross Bridge, Londres, 1906, h/t, 80,3 x 100,3 cm, détail©WASHINGTON, NATIONAL GALLERY OF ART.

événement

54 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

L’endroit où travaille Jérôme Zonder est curieusement peu connu. La Villa des Arts, installée dans un immeuble construit par Henri Cambon en 1888-1890 dans le XVIIIe arrondissement de Paris, a pourtant vu passer, entre autres, Eugène Carrière, Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Cézanne ou Raoul Dufy. L’artiste occupe l’un des qua-rante-sept ateliers (réhabilités il y a cinq ans), auxquels on accède par un double escalier spectaculaire, dont les ferronneries pro-viennent d’éléments récupérés de pavillons de l’Exposition universelle de 1889.En ce début du mois de mars où nous le rencontrons, Jérôme Zonder est en pleine préparation de trois expositions, à la galerie Nathalie Obadia (qui collabore pour la pre-mière fois avec l’artiste et présente un large panorama de ses créations), au château de Chambord et au centre d’art Transpalette, à Bourges. Il est également présent dans l’exposition « Guernica » du Musée national Picasso à Paris et dans l’accrochage collectif « Quel amour ? » au musée d’Art contempo-rain de Marseille.Le jeune homme, qui compte parmi ses voisins l’artiste et réalisateur Clément Cogitore et la plasticienne Katia Bourdarel, vient ici chaque matin à 7 h 30, et reste souvent assez tard le soir. « Le dessin est un travail qui implique une durée. Il faut le temps de faire, et j’ai besoin de faire pour trouver », conie-t-il sous la haute verrière d’une pièce au plancher noirci par le fusain,

Jérôme Zonder se rend chaque

matin à Montmartre dans l’un des ateliers

de la Villa des Arts. L’artiste travaille

essentiellement le fusain, au doigt.

visite d’atelier

érômeonderen noir

À l’afiche de trois expositions à Paris, à Bourges et à Chambord, Jérôme Zonder (né en 1974) déploie un travail exclusivement en noir et blanc, où se lisent les blessures du monde. Rencontre avec ce virtuose du dessin.

/ Texte Guillaume Morel / Photos Bernard Saint-Genès

et blanc

SES 3 ŒUVRES PHARES

jonché de papier kraft, d’aérosols de fixa-tif, de coupures de presse et de livres : Le Journal d’Anne Frank, Où en sommes-nous ? d’Emmanuel Todd, Vernon Subutex de Vir-ginie Despentes… Nourri de littérature, de philosophie, de bande dessinée, de cinéma et d’histoire de l’art (du Massacre des Inno-cents de Nicolas Poussin aux visions hallu-cinées de Francisco de Goya ou d’Otto Dix), Jérôme Zonder est avant tout un passionné d’histoire, qui traduit sur le papier sa vision, plutôt sombre, de la marche du monde. Il s’intéresse à ses mutations, sociales, politiques ou culturelles, et s’empare de ses drames passés (la Shoah et la guerre d’Algérie dans la série des Chairs grises) ou contemporains (l’attentat de Nice).

Une fresque spatio-temporelleLe dessin, dont il aime « la physicalité », est pour lui un plaisir, mais aussi une lutte. Pour « creuser la matière » et en faire surgir l’image. Avec pour seules armes le fusain, la mine de plomb et des feuilles de papier de textures, d’épaisseurs et de grains diférents. Son iconographie, principalement déployée en grands formats, est exclusivement en noir et blanc. « C’est la couleur de l’histoire, celle des archives, des images de l’enfance », sou-ligne l’artiste, dont le travail sur la trace et la mémoire revêt des formes multiples. Ce diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (en 2001) a une telle maî-trise technique qu’il peut tout se permettre, de dessins hyperréalistes, au fini irrépro-chable, en scènes plus suggestives, loutées, presque abstraites, où la figure se noie,

comme évaporée dans la poudre du fusain.« Qu’est-ce qu’un sujet, et comment représen-ter ? Quels témoins sommes-nous de ce qui nous entoure, quel regard porte-t-on sur la violence et les événements de l’Histoire ? », telles sont les interrogations de celui qui a pour ambition d’« essayer de construire un espace de représentation globale, dans lequel faire entrer le monde et ses questions ». Vaste projet, pour lequel Jérôme Zonder a mis au point un système, presque un protocole. Depuis ses débuts, il y a déjà près de vingt ans, il articule l’essentiel de son travail nar-ratif autour de trois personnages, dont les prénoms renvoient aux figures embléma-tiques du chef-d’œuvre de Marcel Carné, Les Enfants du paradis (1945) : la belle Garance, archétype de la femme libre, le mime Baptiste et le truand Pierre-François (Lacenaire). On les retrouve dans nombre de séries de l’artiste, de ses premiers Jeux d’enfants (d’étranges goûters d’anniversaires baignés d’une atmosphère de train fantôme) aux récentes Idoles de Garance, des portraits inspirés par Virginie Despentes. Ils gran-dissent, ils évoluent, en même temps que celui qui les fait vivre. D’enfants, ils sont devenus adolescents, puis adultes. Avec leurs peurs, leurs doutes, leurs questionne-ments, qui renvoient chaque spectateur à sa propre expérience d’homme ou de femme. Totalement détachés du film auxquels ils font référence, ces trois personnages deviennent les acteurs autonomes d’autres fils narratifs qui constituent, finalement, une œuvre globale en forme de parcours initiatique. Sur la durée, Jérôme Zonder

Portrait de Garance 3 2015-16, fusain, 200 x 150 cmISTANBUL MUSEUM OF MODERN ART.

Baptiste #5, 2018, mine de plomb sur papier calque, 88 x 59,8 cm, détail.

Les Fruits du dessin #71, 2016-2017, mine de plomb et fusain, 24 x 32 cm.

Jérôme Zonder traduit sur le papier sa vision, plutôt sombre, de la marche du monde

À gauche, l’artiste est en train d’achever Baptiste #7, poudre de graphite et fusain.

Page de droite, en haut Chairs grises #12, 2018, poudres de graphite et de fusain, 150 x 200 cm.

Le fusain étant

très volatile, Jérôme

Zonder s’habille

exclusivement

de noir...

crée une vaste fresque spatio-temporelle qui n’est que prolongements, ramiications, digressions, et dont chaque nouveau dessin peut être vu comme une pierre ajoutée à un même édiice.

Le dessin comme exutoire« Cette règle constitue une sorte de cadre, qui canalise mon travail sans l’enfermer, airme-t-il. Au contraire, ces personnages, qui sont un point de départ, m’ouvrent tous les possibles, toutes les libertés de formes ou de sujets. » Quel que soit le thème abordé, Jérôme Zonder l’in-terprète et n’est jamais dans l’illustration. Il préfère les chemins détournés de la fiction, qui induisent un décalage. Un événement impose un recul, et il envisage ses dessins comme autant de « torsions du réel ».Il a par exemple attendu presque deux ans avant de se lancer dans des œuvres qui évo-queraient l’attentat de Nice. « Il faut réfléchir à l’histoire, à la manière de la représenter, en veillant à ne pas se laisser enfermer dans la violence, en gardant une distance pour ne pas céder à une fascination morbide. Le dessin per-

met cela », précise-t-il. La tragédie du 14 juillet 2016 a donné naissance à la série des Blessés, réalisée à partir d’images glanées sur Internet et dévoilée au château de Chambord. Des des-sins puissants, présentés aux côtés d’œuvres issues d’autres séries, notamment celle des Fruits, avec une centaine de dessins, tous du même format (24 x 32 cm), qui composent, selon les mots de Jérôme Zonder, « une nar-ration en accéléré de l’espèce, de l’empreinte rupestre à la greffe bionique de 2014 sur un soldat américain ».Ces œuvres esquissent, en filigrane, un autoportrait de l’artiste. Elles forment une sorte de Journal, de mémoire intime d’évé-nements, de lieux, de souvenirs qui, tout au long de sa vie, ont interpellé, fasciné ou révulsé Jérôme Zonder. Les coucher sur le papier est pour lui une façon « de les ranger, de s’en débarrasser, de ne plus y penser ». Le dessin joue alors un rôle d’exutoire. Tout son travail ne parle inalement que de cela. Regarder le monde, s’imprégner de l’His-toire, la comprendre, tenter de la représenter, mais aussi, se libérer de son poids.

À VOIR

HHH « JÉRÔME ZONDER. DES HOMOS SAPIENS », à la galerie Nathalie Obadia, 3, rue du Cloître-Saint-Merri, 75004 Paris, 01 42 74 67 68, www.nathalieobadia.com du 6 avril au 27 mai.- « JÉRÔME ZONDER. DEVENIR TRACES », au château de Chambord, 41250 Chambord, 02 54 50 40 00, www.chambord.org du 10 juin au 30 septembre.- « JÉRÔME ZONDER », au Transpalette, 26, route de la Chapelle, 18024 Bourges, 02 48 50 38 61, www.emmetrop.fr du 6 juillet au 15 septembre.

À LIRE

- LE CATALOGUE de l’exposition « JÉRÔME ZONDER. DEVENIR TRACES », éd. Chambord (120 pp., environ 140 ill., 19 €).- IL ÉTAIT UNE FOIS… JÉRÔME ZONDER, éd. galerie Eva Hober, 2008.

Ci-contreNous #1, 2018, poudre de graphite et poudre de fusain sur papier, 200 x 150 cm.

Ci-contre La verrière et les murs blancs de l’atelier contrastent avec le sol sombre, en écho avec les œuvres en noir et blanc.

À droite Idole de Garance #2, 2018, poudres de fusain et de graphite, 200 x 150 cm.TOUTES LES ŒUVRES : COURTESY DE L’ARTISTE ET DE LA GALERIE NATHALIE OBADIA, PARIS/BRUXELLES.

60 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Le noir et blanc, c’est la couleur de l’histoire, celle des archives, des images de l’enfance

érômeonder

et blancen noir

La Grande-Bretagne célèbre en fanfare le troisième centenaire de la naissance de l’ébéniste Thomas Chippendale (1718-1779). Parallèlement à une exposition au musée de Leeds, le château d’Harewood met en lumière le plus remarquable ensemble mobilier jamais conçu par l’artiste.

/ Texte Hervé Grandsart

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Au début du siècle dernier, tout siège d’acajou anglais du xviiie siècle d’inspiration rococo ou bien chinoise était volontiers donné à homas Chippendale. Par extension, la production mobilière antérieure à la vague néoclas-sique fut baptisée de la même façon « Chippendale ». En l’absence d’usage courant de l’estampille en Angleterre, ces attributions généreuses reposaient sur les ressem-blances de quantité de meubles avec des modèles gravés par l’ébéniste lui-même. Né d’un père menuisier à Otley, dans le Yorkshire, le jeune homas avait suivi un premier apprentissage à York avant de s’installer avec son père à Londres. Dans la capitale, il poursuivit sa formation d’ébéniste et rencontra un dessinateur professionnel de talent, Matthias Darly, avec lequel il collabora par la suite. En ce second tiers du xviii e siècle, l’opulence monumentale cultivée par William Kent (1685-1748), en écho au palladianisme ambiant, se trouvait remise en cause par les nouvelles classes, avides d’un cadre de vie plus léger. En l’absence d’un art de cour donnant, comme en France, le ton de l’excellence, les dessinateurs

style

62 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Thomas Chippendale, Commode Diane et Minerve, 1773, bois doré et ivoire, 95 x 221 x 70 cm©PAUL BARKER. À gauche La cantonnière en bois doré et sculpté (130 x 430 x 44 cm) fabriquée par Thomas Chippendale junior permet de cacher la tringle de rideau.TOUTES LES PHOTOS

ONT ÉTÉ PRISES AU CHÂTEAU

DE HAREWOOD. ©HAREWOOD

HOUSE TRUST.

graveurs, associés ou non à des fabricants, se firent les interprètes de ces nouvelles attentes en multipliant les publications. Matthias Lock (v. 1710-v. 1765), inluencé par le rococo continental, fut l’un de ces premiers ornemanistes à développer un goût pour l’asymétrie et les motifs pitto-resques. Chippendale eut le génie de canali-ser toutes ces aspirations en publiant, à son tour, au début de l’année 1754, un recueil offrant des modèles de toutes sortes de meubles. Sous le titre The Gentleman and Cabinet-Maker’s Director, l’ouvrage connut un énorme succès auprès du public et de ses confrères. Abandonnant son adresse de Conduit Street, l’ébéniste, associé au tapis-sier James Rannie, s’installa en août 1754 à Saint Martin’s Lane, quartier de Westmins-ter regroupant les ébénistes les plus en vue. Dans la préface de son ouvrage, Chippen-dale annonçait clairement ses intentions : « perfectionner et raffiner le goût actuel et l’adapter à la fantaisie et aux besoins de per-sonnes de toutes conditions ».

Harewood House symbolise cette période extraordinairement féconde et unique d’échanges entre la France et l’autre côte du channel

À gauche Escalier de bibliothèque, 1771, bois, 57 x 106 x 64 cm (fermé).

À droite Vue de la chambre Est, château de Harewood.

64 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Pour cela, Chippendale ne chercha pas à établir une synthèse de ses courants d’inspi-ration. Au contraire, il proposait une ininie variété de meubles mariant styles anglais, hollandais, français, chinois ou bien gothique. Seuls étaient exclus de ces marques d’intérêt la marqueterie, peu pratiquée en Angleterre à cette époque, ainsi que l’emploi du bronze doré, apanage de rares ébénistes. L’exubérance rocaille trouva un terrain d’élection particu-lier dans les grands miroirs dont les traverses disparaissaient sous une décoration sculptée débridée. Les sièges concentrèrent son inven-tivité. Sans rompre avec la tradition anglaise de solidité, d’où la fréquence de l’entretoise et l’emploi de l’acajou, si précoce en Angleterre, Chippendale introduisit dans ses dossiers ajourés l’heureux motif du ruban plissé, asso-cié au pied « cabriole », ainsi que celui du treil-lis à la chinoise, accompagné de pieds droits. À la manière des grands fabricants londoniens

pour lesquels il n’existait pas, comme à Paris, le corps intermédiaire des marchands-mer-ciers, Chippendale pouvait fournir tout ce qui concernait l’aménage ment de la maison, tels papiers peints, rideaux, garnitures de lits, tapis, et même des gravures de décoration murale (« print rooms »).

La révolution néoclassiqueMalgré l’importance du Cabinet-Maker’s Director, la gloire de Chippendale réside aujourd’hui davantage dans son association avec les acteurs du néoclassicisme anglais. Pour ceux-ci, la décoration intérieure, tout comme l’architecture, devait retrouver une unité d’inspiration fondée sur l’héritage antique, but qu’ils entendaient bien signiier aux ébénistes, du moins pour les fournitures appelées à rythmer les pièces oicielles d’habitation. Les architectes

Ci-dessus Fauteuil, vers 1770, bois et tapisserie, 92 x 57 x 50 cm.

À gauche Vue du hall d’entrée, la chaise a été conçue par Thomas Chippendale en 1773©PAUL BARKER.

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 65

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William Chambers, ainsi que les frères Robert et James Adam, furent les grands maîtres de ce retour à l’ordre. Formé à Paris à l’école de Blondel (« Connaissance des Arts » n° 769, pp. 74-77) puis en Italie, Chambers donna en 1759, peu après son retour à Londres, l’un des premiers dessins anglais conservés montrant un schéma complet de décoration intérieure pour York House (Londres). À son retour d’Italie en 1758, Robert Adam it plus encore en conciliant néoclassicisme et couleur. Chip-pendale serait leur interprète favori.Réalisés sous la direction de Chambers, les remarquables ensembles mobiliers de Pem-broke House et Melbourne House ont été largement dispersés depuis. L’histoire fut en revanche moins sévère pour les innom-brables châteaux décorés par les frères Adam avec la collaboration de Chippendale. Le château d’Harewood marqua le sommet de cette collaboration. Édifié sur l’ordre d’Edwin Lascelles, lord Harewood, par l’ar-chitecte John Carr suivi, à partir de 1765, par Robert Adam, sa décoration mobi-lière fut livrée par Chippendale durant la décennie 1770 et poursuivie par Thomas Chippendale Junior (1749-1822). Le réper-

toire décoratif néoclassique avait imposé l’adoption de la marqueterie, dont le cha-toiement polychrome a été atténué par les ans. Plusieurs meubles d’Harewood igurent comme « incunables » du mobilier anglais, telle la commode dite de Diane et Minerve. Adam en aurait-il livré tous les dessins ? Il imposa du moins une nouvelle monumen-talisation du mobilier, dont témoigne éga-lement le principe de la console meublante encadrée de piédestaux porteurs d’urnes. La qualité du bronze doré des meubles créés par Chippendale pour Harewood pourrait être en revanche mise en liaison avec un séjour de l’ébéniste à Paris en 1768, durant lequel il dut se familiariser avec les créations néoclassiques de style déjà Louis XVI d’un Pierre Garnier, Philippe-Claude Montigny, Joseph Baumhauer ou Simon Oeben. Sous cet angle, Harewood House symbolise cette période extraordinairement féconde et unique d’échanges entre la France et l’autre côte du channel. Ces années 1750-1780 ne virent-elles pas également la réalisation, par Chippendale et d’autres grands ébénistes anglais, de magniiques sièges du plus pur style Louis XVI ?

Ci-contre Seau à vin, vers 1771, bois sculpté doré, laiton doré et plomb, 72 x 80 x 61 cm, détail©NORMAN TAYLOR.

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66 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

À VOIR

HH L’EXPOSITION « THOMAS CHIPPENDALE, 1718-1779 : A CELEBRATION OF CRAFTSMANSHIP AND DESIGN », Leeds City Museum, Millennium Square, Calverley Street, Leeds, 44 11 3378 5001, www.leeds.gov.uk du 9 février au 9 juin.H « THOMAS CHIPPENDALE.DESIGNER, MAKER, DECORATOR », Harewood House, Harewood, Leeds, 44 11 3218 1010, harewood.org du 24 mars au 2 septembre.

Ci-contre Miroir de style chinois,

à l’origine dans la chambre Chintz, désormais dans la chambre Est, vers 1769, métal, dorure et laiton, 212 x 116 cm.

Page de gauche Piédestal de buffet et vase d’une paire réalisés pour la salle à manger, vers 1771, bois de rose, bronze huilé, 182 x 45,5 x 45,5 cm©PAUL BARKER.

Est-ce parce qu’il est né un 9 mars, sous le signe des Poissons, que Bernard Arnault, le P.-d.g. du groupe LVMH, semble avoir voulu placer sous le signe de l’eau la collection d’œuvres d’art contemporain qu’il réunit avec Suzanne Pagé pour la Fondation Louis Vuitton ? Le nouvel accrochage de ce fonds important fait la part belle aux pièces évoquant l’élément aquatique sous toutes ses formes, d’une monumentale Anthropométrie d’Yves Klein, belle comme un plongeon dans la Grande Bleue, jusqu’à l’his-toire de la pieuvre mangeant ses tentacules, réinterprétée par Takashi Murakami dans un incroyable panoramique monstrueux.« Dès sa création, avant même l’ouverture au public, la Fondation Louis Vuitton s’est distin-guée par la constitution d’une collection d’art

Jusqu’à la in de l’été, la Fondation Louis Vuitton présente une partie de sa collection sous le titre « Au diapason du monde ». Des œuvres qui, du bleu d’Yves Klein à la méduse de Takashi Murakami, semblent se placer sous le signe de l’eau.

/ Texte Guy Boyer

68 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Pierre Huyghe Cambrian Explosion 10,

2014, aquarium, eau salée, pierres

volcaniques, sable noir, crabes et limules,

175 x 200 x 200 cm©STEFAN ALTENBURGER

PHOTOGRAPHY ZÜRICH.

collection privée

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 69

l’Afrique. Toutes ces présentations de la col-lection tournent autour de quatre notions phares : le contemplatif, le subjectif, le pop et la musique. Au contemplatif, il faut asso-cier l’idée de méditation devant la nature, ou comment le spectateur peut s’immerger dans l’œuvre d’art, comment une œuvre abstraite peut toucher à la radicalité. Le versant sub-jectif est à placer dans la lignée du courant expressionniste, le côté obscur du doute mais aussi de la fascination pour la nouveauté. Le troisième axe, dit pop, « regroupe des œuvres qui amplifient, déforment, voire mettent à distance la vie actuelle, notre époque, ses inventions, ses symboles », précise Bernard Arnault. Enin, tout ce qui peut avoir un lien avec la musique et le sonore fascine ce pia-niste, qui adore la programmation musicale que la Fondation Louis Vuitton développe dans son auditorium orné de monochromes d’Ellsworth Kelly.Le nouvel accrochage, pensé par Suzanne

contemporain d’envergure internationale, assure Bernard Arnault. Cet engagement est essentiel. Il répond aux différents rythmes et missions que j’ai définis pour la Fondation : des expositions à caractère historique, des expositions résolument prospectives, et aussi la présentation régulière d’ensembles d’œuvres qui puissent constituer des repères face aux sensibilités et parti-pris artistiques de la Fon-dation, ceux d’une histoire qui se dévoile et s’écrit progressivement pour et avec le public. » Alternant donc avec des blockbusters comme « Icônes de l’art moderne : la collection Chtchoukine » en 2016 ou « Être moderne : le MoMA à Paris » en 2017, des expositions autour de la collection Louis Vuitton ont déjà montré certaines facettes de cet ensemble patiemment assemblé : la commande à Ola-fur Eliasson pour le Grotto et des œuvres engagées, de Bertrand Lavier à Thomas Schütte, dès l’ouverture en 2014, puis les œuvres d’artistes chinois ou celles liées à

Pagé, la directrice artistique de la Fondation, et son équipe, est placé sous le titre « Au dia-pason du monde », un monde en profonde mutation. « Cette thématique, explique Suzanne Pagé, s’est imposée comme émanant du monde d’aujourd’hui, à savoir la place de l’Homme dans l’univers du vivant, qu’il soit animal, végétal, minéral et bien sûr humain, dans sa pleine biodiversité. Désormais il appa-raît clairement à tous que l’ensemble du non humain devient interlocuteur à part entière ».

La lumière, l’eau, la pierre, le ventLes œuvres de vingt-huit artistes de la collec-tion se répondent sur trois niveaux et ce jeu de correspondances permet de les lire avec des accents nouveaux. Au rez-de-chaussée, par exemple, la salle baptisée « Irradiances » en référence à un tube luo de 1963 de Dan Flavin, crée une sorte d’écosystème où les divers éléments du monde se retrouvent. Ici, la lumière, l’eau, la pierre et le vent entourent

Ci-contre « Au diapason du monde », Fondation Vuitton©MATTHEW BARNEY ©YVES KLEIN SUCCESSION ©GERHARD RICHTER.

Ci-dessous Takashi Murakami, The Octopus Eats its Own Leg, 2017, acrylique, feuilles d’or et de platine sur toile, 300 × 3 500 cm, détail©TAKASHI MURAKAMI/KAIKAI KIKI CO. LTD. ALL RIGHTS RESERVED.

collection privée

70 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Ci-dessous Philippe Parreno, Anywhen, 2017-2018, vidéo et son, 10min, extrait©PHILIPPE PARRENO.

L’ensemble du non humain devient interlocuteur à part entière

la sculpture Cambrian Explosion 10 de Pierre Huyghe, abritant crabes et limules dans un aquarium d’eau salée. Les œuvres posées au sol ou accrochées sur les murs blancs sont des allusions directes aux quatre éléments cités. Lilak (1982) de Gerhard Richter agit comme une explosion lumineuse avec ses nappes de laques colorées répandues sur sa plaque d’aluminium. Le Monochrome IKB 81 et le Relief Éponge d’Yves Klein évoquent bien sûr les bleus de l’eau et du ciel tandis que la Water Cast 6 de Matthew Barney rappelle les bouillonnements du métal en fusion lorsqu’il est plongé dans l’eau mêlée à l’argile. Enin, la pierre lottant dans le container d’eau salée de Pierre Huyghe veut incarner l’explosion de vie ayant provoqué, il y a environ cinq cent quarante millions d’années, l’apparition de la plupart des espèces animales. On le voit, les œuvres agissent comme les pièces d’une vaste composition allégorique qu’il faut savoir décrypter. Laissons de côté L’Avalanche de François Morellet, composée de trente-six tubes de néon dont la couleur bleue censée évoquer un paysage de montagne enneigé, rappelle également les fonds marins. Jetons un coup d’œil aux Bathers at Asnières de Wilhelm Sasnal, un artiste polonais qui réin-terprète l’œuvre monumentale de Georges Seurat mais en lui ajoutant une touche auto-biographique, puisqu’il associe la scène de baignade des bords de Seine au récit, fait par sa grand-mère, de l’été 1939 où la canicule

faisait oublier la guerre toute proche. Des-cendons au sous-sol assister aux mutations colorées d’un poulpe dans la vidéo de Phi-lippe Parreno. Les images du céphalopode, qui roule des yeux et bouge ses tentacules, alternent avec celles de bactéries et de vues nocturnes de la Terre. Du grand spectacle !

Le monde mythique de MurakamiIl faut enin remonter les grands escalators pour se perdre dans les trois salles dédiées au Japonais Takashi Murakami, qui a conçu lui-même l’accrochage de cet ensemble impor-tant alternant kawaii (mignon) gentiment coloré et épopée monstrueuse. The Octopus Eats its Own Leg est un vaste panoramique qui reprend les mythes fondateurs japonais. Sur ses trente-cinq mètres de long, cette toile peinte à l’acrylique, enrichie de feuilles d’or et de platine, accueille des personnages de la mythologie traditionnelle chinoise, comme ce vieillard échevelé ou ces groupes d’enfants hagards, au beau milieu d’animaux fantas-tiques tel ce dragon marin éclaboussant la rive. Tout n’est que spirales, enroulements, vagues arc-en-ciel. Tout grouille, s’entre-lace, se mêle en une sarabande multicolore. Au sommet, faisant face à un massacre de crânes noirs, un poulpe bleu et violet avale ses propres tentacules et réléchit à ce monde d’après la bombe atomique et post-tsunami, où le prosaïque rejoint le sacré et où l’hor-rible se marie à la beauté.

Ci-contre François Morellet, L’Avalanche, 2006, 36 tubes de néon bleu de 250 cm, 370 x 770 x 670 cm©FONDATION LOUIS VUITTON/MARC DOMAGE.

En haut Yves Klein, Anthropométrie sans titre (ANT 104), 1960, pigment pur et résine synthétique sur papier maroulé sur toile, 278 x 410 cm©YVES KLEIN SUCCESSION.

collection privée

72 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

À LIRE

Le n°7 et numéro spécial du Journal de la Fondation Louis Vuitton, Printemps-Été 2018 (2 vol., 12 €).

À VOIR

HHH « AU DIAPASON DU MONDE », Fondation Louis Vuitton, 8, avenue du Mahatma-Gandhi, 75116 Paris, www.fondationlouisvuitton.fr du 12 avril au 27 août.

- La rencontre avec Dominique Gonzalez-Foerster et David Lapoujade le 5 juillet.

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Dès sa création, la Fondation Louis Vuitton s’est distinguée par la constitution d’une collection d’art contemporain d’envergure internationale

Nom: CotellePrénom: JeanProfession: peintre Particularité :mystérieuxPour célébrer la restauration des peintures de Jean Cotelle, le Trianon à Versailles se penche pour la première fois sur la vie et l’œuvre de ce peintre et miniaturiste méconnu, qui a traité de manière originale les vues topographiques des jardins du Roi-Soleil.

/ Texte Valérie Bougault

Rares sont les expositions totalement iné-dites. C’est le cas de celle consacrée par le château de Versailles au peintre Jean Cotelle (1646-1708), qui n’est ni plus ni moins qu’une révélation. Même si l’on formule plus d’hypothèses que de certitudes sur la vie de l’artiste, car de Jean Cotelle, nulle correspon-dance, peu d’archives, et une longue litanie d’œuvres aujourd’hui détruites ou perdues. Quasi-certitude : il naît en 1646 à Paris, dans la paroisse Saint-Gervais. Son père, Jean Cotelle le Vieux (1607-1676), ornemaniste

et peintre ordinaire du roi, a travaillé pour Fouquet et Anne d’Autriche à Fontainebleau et pour divers décors des chantiers royaux. Le jeune Cotelle évolue dans un milieu cultivé : trois de ses sœurs épouseront des peintres et Simon Vouet a été témoin au mariage de ses parents. Auprès de qui se forme-t-il ? Il est plus que probable que son père l’a guidé dans son apprentissage, peut-être bientôt relayé par le portraitiste Claude Lefebvre. Entre 1665 et 1670, le voici en Ita-lie, à Rome, pour un séjour dont on ignore presque tout. On devine cependant, et c’est un point important pour la suite de sa tra-jectoire, qu’il a pu voir dès ce moment les œuvres de Francesco Albani (1578-1660), dit L’Albane, maniériste qualiié de « peintre des Grâces » et dont le plus fervent admirateur n’est autre que Louis XIV lui-même.À son retour à Paris, Cotelle présente à l’Aca-démie royale de peinture et de sculpture Le Ravissement des Sabines. Il sera reçu en 1672, dans la section des miniaturistes, avec L’Entrée du roi et de la reine à Paris sous des figures allé-goriques, deux œuvres aujourd’hui perdues. Peut-être Charles Le Brun l’emploie-t-il à la décoration des Grands Appartements du roi à Versailles. On le retrouve, en 1678-1680, chargé par Philippe de Vendôme, prince du sang, de travaux de peinture et dorure à l’Hôtel du Temple (démoli en 1853). Un peu plus tôt, il lui a été demandé d’illustrer de miniatures deux volumes des Campagnes de Louis XIV, pré-cieux témoignage aux yeux du roi, au jourd’hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. En 1680, le voici engagé par Monsieur, frère du

Page de droite Jean Cotelle

le Jeune, Vue du Grand Trianon prise des parterres, avec

Flore et Zéphyr, XVII

e siècle, h/t, 201 x 139 cm

©CHÂTEAUX DE VERSAILLES ET DE

TRIANON. PHOTO DE PRESSE RMN.

récit d’une vie

74 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

À LIRE

LE CATALOGUE, sous la direction de Béatrice Sarrazin, commissaire de l’exposition, co-édition Château de Versailles/ éditions Liénart (224 pp., 200 ill., 39 €).

roi, à Saint-Cloud, pour le décor du fameux cabinet des Bijoux. On perd la trace des tableaux de Cotelle, probablement rela-tant l’histoire d’Énée, bien avant l’incendie du château en 1870, disparus comme les trois illustrations des Fables de La Fontaine demandées en 1690 par le prince de Condé à Chantilly, ou le Portrait de Catherine Touchelée fait en 1682, ou la Naissance de la Vierge, exécutée avec François de Troy pour une chapelle toulousaine la même année. Le sort semble s’acharner sur les œuvres de Jean Cotelle. On comprend donc qu’une sorte de miracle auréole celles qui sont parvenues jusqu’à nous. Première de cette liste : l’im-mense Noces de Cana, un don la Confrérie des orfèvres à Notre-Dame de Paris en 1682, qui demeurera dans la cathédrale jusqu’à la Révolution, avant de rejoindre la collection du cardinal Fesch, puis l’église d’Yssingeaux, en Haute-Loire. On ignore pourquoi la com-mande a été passée à Cotelle, dont c’est le seul tableau religieux et qui est avant tout un miniaturiste.

Les dieux de l’OlympeTout comme demeure inconnue l’origine de la commande de 1688 qui aboutira au morceau de bravoure de Cotelle : vingt et une toiles qui ornent la galerie du Grand Trianon reliant le Salon frais au salon du Portique, et qui s’accompagneront de vingt petites gouaches (sortes de modelli dont on ne sait s’ils sont antérieurs ou postérieurs aux tableaux). Qui a choisi Cotelle pour ce tra-vail ? Louvois, dont l’inventaire après décès recense ces miniatures ? Ou le roi lui-même, qui a pu voir son travail à Saint-Cloud ? Pour ce qui est du programme iconographique, « diverses vues et ornemens des jardins de Versailles », aucun cahier des charges n’a été retrouvé mais on comprend sans diiculté son sens. Le Trianon de marbre, élevé en 1687 pour madame de Maintenon, est un véritable « palais de Flore », un vert paradis où règne un éternel printemps, niché dans un jardin planté de milliers de leurs, si odo-riférant que les visiteurs en éprouvent parfois quelque malaise, aux dires de Saint-Simon. Louis XIV a écrit une Manière de montrer les jardins de Versailles, sorte de promenade royale dont les décors de Trianon repro-duisent le rythme. Relevés topographiques, les tableaux de la galerie introduisent aussi une continuité avec la végétation du dehors. Mais pourquoi a-t-on conié deux vues, sur un ensemble de vingt-quatre, à Étienne Alle-grain et une à Jean-Baptiste Martin ?Cette curieuse hétérogénéité a au moins une

vertu. Elle souligne le caractère parfaitement inédit des compositions de Cotelle. Contrainte par le format des tableaux, sa peinture s’auto-rise des perspectives déformées. Plus éton-nant, la distribution qu’il fait de l’espace est celle d’une scène de théâtre où seraient descendus les dieux de l’Olympe. Peut-être inspiré par La Toilette de Vénus de L’Albane, Cotelle transforme les bosquets en autant de petits mondes où évoluent les protagonistes des Métamorphoses d’Ovide ou de L’Âne d’or d’Apulée. Point de courtisans en costume moderne, mais Alphée poursuivant Arétuse et des nymphes à foison. L’atmosphère, raf-finée, est celle d’un monde galant nourri de mythologie. Sans faire école, elle plaira sûre-ment à son royal commanditaire, qui réclame à l’artiste en 1693 deux autres tableaux, qui ne seront jamais livrés. Cotelle part en efet à Lyon puis à Marseille, où il s’improvise direc-teur de l’Opéra. Revenu à Paris en 1703, il y meurt dans l’anonymat en 1708.

LES

Une exposition

parfaitement inédite,

dont la préparation

a permis de retrouver

quelques œuvres

disparues d’un artiste

oublié. Et la venue

au Trianon des Noces

de Cana réalisées

pour Notre-Dame,

qui n’ont pas quitté

l’église d’Yssingeaux

depuis 1839.

Un regret : malgré les

appels lancés sur les

réseaux traditionnels

et sociaux, quelques

rares œuvres en

mains privées n’ont pu

rejoindre l’exposition…

LES

DE L’EXPOSITION

À VOIR

HH « JEAN COTELLE 1646-1708. DES JARDINS ET DES DIEUX », Grand Trianon, Versailles, www.chateauversailles.fr du 12 juin au 16 septembre. - De juin à septembre, le service des jardins de Trianon va releurir les parterres du Grand Trianon en miroir d’un tableau de Jean Cotelle, Vue du Grand Trianon prise des parterres, avec Flore et Zéphyr, en reprenant la gamme des couleurs qu’il décline : rose, rouge, blanc sur fond vert afirmé.

Ci-dessus Les Noces de Cana, XVII

e siècle, h/t, 450 x 335 cmYSSINGEAUX, ÉGLISE SAINT-PIERRE. ©C. FOUIN.

Ci-contre Galerie des Cotelle, Grand Trianon ©CHÂTEAUX DE VERSAILLES ET DE TRIANON.

À droite Vue du bosquet des Dômes, vers 1688, h/t, 202 x 137 cm©CHÂTEAUX DE VERSAILLES ET DE TRIANON. PHOTO DE PRESSE RMN.

récit d’une vie

76 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

L’Angleterre reste une îleLe sentiment d’insularité fait un retour remarqué en Grande- Bretagne depuis le référendum de 2016. La proposition, formulée par les architectes Caruso St John et Marcus Taylor, va plus loin, en jouant avec l’idée de montée des eaux. Ils abandonnent ainsi l’espace du Pavillon britannique au vide pour construire au-dessus un nouvel espace public, avec vue imprenable sur la lagune. « Une île peut être un lieu à la fois de refuge et d’exil, observent les deux commissaires. L’apparence du bâtiment, qui sera complétement couvert par l’écha-faudage supportant la plate-forme, suggère plusieurs thèmes, incluant l’abandon, la reconstruction, un sanctuaire, le Brexit, l’isolement, le colonialisme et le changement climatique. »

Pavillon du Royaume-Uni

architecture

78 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Cette année, Yvonne Farrell et Shelley McNamara, les fondatrices de Grafton Architects, prennent les rênes de la Biennale de Venise. « Freespace », l’exposition oficielle, se présente comme une défense et illustration du « rôle de l’architecture dans la chorégraphie de la vie quotidienne ».

/ Texte Jean-François Lasnier

L’architecture est un microcosme, dans lequel se concentrent toutes les problématiques liées au par-tage de l’espace. Et, pour des Irlandaises comme Yvonne Farrell et Shelley McNamara, l’idée d’es-pace libre résonne évidemment d’une manière particulière. Dans un pays colonisé pendant trois siècles par son encombrant voisin, puis divisé, la libre circulation rendue possible par l’apparte-nance à l’Union européenne se trouve à nouveau menacée à la suite du Brexit. Au-delà de l’interro-gation proprement architecturale, le thème choisi, « Freespace », résonne ainsi avec des enjeux plus larges. Si l’on en croit le manifeste des deux com-missaires, « espace libre » est d’abord synonyme de générosité, générosité dans les espaces oferts aux usagers, dans l’usage des ressources ofertes par la nature, mais aussi dans l’ouverture à de nouvelles façons de voir et de sentir. Soixante-et-onze contributions internationales (où ne igurent, comme d’habitude, que très peu de Français), viennent illustrer cette profession de foi.L’architecture, dans l’esprit de Farrell et McNa-mara, est un phénomène culturel, et pas seule-ment un champ professionnel, obéissant à des impératifs techniques. S’y imbriquent étroite-ment passé, présent et futur. Pour éclairer ce

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 79

propos, la section « Close Encounters » pré-sente des projets inspirés par une rélexion sur des bâtiments historiques. La sensibilité à cette épaisseur du temps explique l’importance accor-dée par les commissaires à l’enseignement, qui fait l’objet d’une seconde section complémentaire. Leur propre pratique témoigne de ce parti pris, puisque l’agence Graton semble s’être spéciali-sée dans la réalisation d’établissements d’ensei-gnement supérieur, qu’il s’agisse de l’université Bocconi à Milan ou de l’Institut Mines Télécom à Saclay. Autant de lieux où l’architecture appa-raît « comme la transformation d’un besoin au sens large dans un espace signifiant ».É

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Au-delà du murDe la Palestine au Mexique, de la Hongrie à la Corée, murs, clôtures et no man’s lands sont devenus un élément central de la géo-graphie politique. Mais que se passe-t-il lorsque l’on abat les murs comme en Alle-

magne ? La réponse de l’équipe du pavillon germanique tient en une poignée de pro-jets qui font de ce vide un usage varié. Rem Koolhaas l’absorbe pour en faire un élément structurant de l’Axel-Springer-Campus à Berlin, qui chevauche l’ancienne ligne de

Permis de faireConfié à l’équipe Encore Heu-reux, le Pavillon français milite pour la liberté d’expérimenta-tion à travers dix lieux pion-niers, du 104 à Paris à la Friche La Belle de Mai à Marseille, en passant par Rennes, Saint- Denis, Nanterre, Auch ou Avi-gnon. Tiers-lieux, occupations temporaires, habitats participa-tifs, lieux de travail et de culture ou encore équipements publics, tous mettent en valeur l’intégra-tion d’usages non programmés, la création de zones de gra-tuité ou encore l’appropriation citoyenne. En filigrane se des-sine cette question : faut-il seu-lement construire des bâtiments ou chercher à faire des lieux ?

▲Pavillon de l’Allemagne

Pavillon de la France

démarcation. Imaginée en Allemagne par l’Association cycliste et les Verts, la Piste du Rideau de Fer s’étend aujourd’hui de la frontière russo-norvégienne à la mer Noire, démontrant comment il est possible d’insti-tuer un lien sur les vestiges de la séparation.

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80 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

À VOIR

HH LA BIENNALE D’ARCHITECTURE DE VENISE, divers lieux, www.labiennale.org du 26 mai au 25 novembre. À côté de l’exposition internationale « FREESPACE », on peut visiter 65 pavillons nationaux, parmi lesquels on compte sept nouveaux participants, dont le Saint-Siège. NB : les 5 pavillons détaillés dans cet article sont dans les Giardini.

Citoyens du mondeLe concept de citoyenneté est indisso-ciable de celui de liberté, placé au cœur de cette Biennale. Mais que devient-il lorsque la focale s’élargit du niveau individuel à des échelles plus larges ? Les commissaires du Pavillon améri-cain ont donc demandé à sept agences d’examiner ces diférentes « dimensions de la citoyenneté ». Par exemple, les New-Yorkais Diller Scoidio + Renfro (voir « Connaissance des Arts » n°732, pp. 88-91) constatent, dans leur propo-sition, que, vu du ciel, la primauté de l’individu, de la ville, voire de la nation s’efacent au proit des données : élec-tricité, routes commerciales et migra-toires, lux de capitaux...

Pavillon des États-Unis

Pavillon de la Finlande

Lecture pour tousDans le centre d’Helsinki, la Biblio-thèque centrale est en cours d’achève-ment. Conçue par l’agence ALA Archi-tects, cette immense arche, toute bardée de bois, se présente comme un nouveau pôle de culture et de sociabilité, dont l’ar-chitecture même exprime le projet d’ou-verture. Pour accompagner cette ambi-tieuse réalisation, la Finlande transforme

son pavillon, construit par Alvar Aalto, en bibliothèque temporaire. C’est une façon de célébrer un lieu emblématique de la société finlandaise, synonyme d’éducation pour tous et de mixité sociale. Mais aussi, d’ou-vrir des perspectives sur les bibliothèques de demain, où les fonctions d’apprentissage et de partage prennent une importance accrue.

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CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 81

Venise libère

01. 04. 66 T

étude d’une œuvre

82 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Il est sans doute l’artiste d’origine chinoise le plus célèbre en Occident. Et le plus occidentalisé, sans rien renier de ses racines. Le musée d’Art moderne de la Ville de Paris rend hommage à Zao Wou-Ki (1920-2013), en exposant ses œuvres de grand format.

/ Texte Manuel Jover

Zao Wou-Ki, 01.04.66 Triptyque, 1966, huile sur toile, 195 x 358 cmCOLLECTION PRIVÉE. ©JACQUELINE HYDE/ADAGP IMAGES.

Zao Wou-Ki

01. 04. 66 Triptyque : c’est le titre du tableau, correspondant au jour où il fut achevé. En effet, depuis 1959 et à de rares exceptions près, Zao Wou-Ki a décidé d’intituler ainsi ses tableaux : une façon de réduire, ou de haus-ser, leur signification, à une même grande thématique commune, le passage du temps. En 1966, Zao Wou-Ki (« Connaissance des Arts » n° 610, pp. 62-69) est déjà un artiste conirmé et célèbre. Il est né en 1920 à Pékin, dans une famille aisée de lettrés, descendante de la dynastie Song. Dès ses 14 ans, à l’école des Beaux-Arts de Hangzhou, il a étudié les techniques traditionnelles chinoises, mais aussi les principes de la peinture occidentale, à commencer par la peinture à l’huile. On sait qu’il a vite ressenti les limites de cet enseigne-ment académique et qu’il s’est tourné vers l’art moderne, tel du moins qu’il a pu le découvrir à travers de rares reproductions. En 1948, il est à Paris, et la France devient son pays d’adoption. Il pratique une figuration tout

66 Triptyque CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 83

Une écriture picturaleNotre tableau est l’un de ces grands formats, souvent en triptyque, que l’artiste afection-nait. La structure horizontale, récurrente chez lui, ravive à la fois une notion de paysage abs-trait et l’idée de déroulement temporel. L’es-pace est indéterminé, le haut et le bas étant réversibles. Sur la gauche on peut observer un phénomène remarquable : de grands signes noirs, rappelant les idéogrammes chinois, semblent se dilater, se déliter dans l’espace, puis se matérialiser, devenir vent, vague, nuage, fumée, écume, et déferlent, éclatent, ruissellent. On voit bien ici comment l’« écri-ture » picturale, chez cet artiste, découle, au moins en partie, de l’écriture chinoise. Et comment, inversement, le geste calligra-phique s’est dissous, ou s’est mué, notamment

à travers les vertus de l’huile, en vibrations spatiales, nœuds de ténèbres et de clartés, toute une dramaturgie

plastique de tradition occidentale.Par ailleurs, l’artiste conjugue et imbrique l’une dans l’autre deux focales, deux échelles spatiales opposées : d’un côté, l’immense charpente, masses ou vagues aériennes, sou-lèvements/efondrements évoquant les grands rythmes de la nature et le soule de l’univers, notions inhérentes à la peinture chinoise ; de l’autre, lovée en ces immensités, une écriture minuscule, myriades d’infimes détails, grif-fures, coulures, éraflures, colonies de signes lilliputiens semblables aux menus détails que la peinture chinoise jetait ici et là aux lancs des montagnes éternelles. Des traditions pic-turales de son pays d’origine, Zao Wou-Ki retient aussi, surtout, cette notion fondamen-tale du vide comme principe actif de la repré-sentation. Ici, curieusement, le traitement du vide semble devoir autant à l’Occident (Turner, Monet) qu’à la Chine. Aussi, ce tableau of re-t-il l’image du formidable pont vivant que l’artiste sut jeter entre ces deux mondes.

en « pattes de mouches », au charme déconcer-tant, qui lui vaut l’admiration d’Henri Michaux. Autre rencontre décisive : l’œuvre de Paul Klee, découverte en Suisse en 1951. Michaux, Klee, « chinois » de l’art occidental, sont des « passeurs » idéaux pour ce Chinois d’Occident qu’allait devenir Zao Wou-Ki. Trois ans plus tard, il abandonne toute igu-ration : « Ma peinture devient illisible, dira-t-il. Natures mortes et fleurs n’existent plus. Je tends vers une écriture imaginaire, indéchiffrable ». Écriture est bien le mot, car au sein de l’es-pace pictural qu’il commence à explorer, les signes qui surgissent sont clairement dérivés de l’écriture chinoise.Cette évolution advient dans un contexte tout à fait propice. La gestualité débridée d’un Georges Mathieu et des tenants fran-

çais de l’Abstraction lyrique, puis l’exemple des peintres américains, auxquels il se lie au cours d’un voyage aux États-Unis en 1957 (Franz Kline, Philip Guston, Adolph Got-tlieb, William Baziotes, Hans Hoffmann, acteurs de l’Action Painting et de l’Expres-sionnisme abstrait), dessinent un grand courant international dans lequel il trouve naturellement sa place. Zao Wou-Ki est, d’ailleurs, aussi présent à New York qu’il l’est à Paris, exposant à la galerie Samuel Kootz durant une dizaine d’années. Cependant, son art ne saurait se confondre avec celui de ses acolytes français ou américains, car il puise directement à la source d’une « vision chinoise de l’univers où le flou, le lointain reflètent l’esprit de contemplation plutôt que la chose contemplée », même si cette concep-tion « est devenue une vision moderne uni-verselle », partagée par « des hommes aussi différents que Paul Klee, Mark Tobey ou Henri Michaux… » (Alain Joufroy).

Je tends vers une écriture imaginaire, indéchiffrable

Petites vies Des myriades de petits signes « ruissellent » entre les grandes masses et les grands vides qui structurent la composition, comme autant de petites vies fourmillant dans les replis de la nature.

Signes Les grands signes noirs rappellent les

idéogrammes chinois et la calligraphie que

l’artiste, au terme de son éducation familiale et de

ses études artistiques, maîtrisait parfaitement.

étude d’une œuvre

84 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Couleur Le primat du noir et du blanc renvoie à la pratique de l’encre et de la lithographie. Cette sobriété est cependant magniiée par l’introduction d’une seule couleur, oscillant entre le jaune et les bruns.Triptyque Depuis son

passage à l’abstraction et tout au long de sa carrière, Zao Wou-Ki a multiplié les très grands formats, à l’instar des abstraits américains, et souvent sous forme de triptyques.

UNE FONDATION TRÈS ACTIVEConstituée du vivant de l’artiste, la Fondation Zao Wou-Ki a son siège dans le canton de Genève. Elle est placée sous la présidence de Françoise Marquet-Zao, veuve du peintre, et son directeur artistique est Yann Hendgen. Son principal but est de protéger l’œuvre (expertiser et garantir l’authenticité des pièces, déjouer les nombreuses contrefaçons…) et de la promouvoir, en collaborant à des expositions, comme celle du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, mais aussi par des publications. Si les estampes ont déjà fait l’objet d’un catalogue raisonné, c’est maintenant le catalogue de l’œuvre peint, soit quelque 1800 numéros, de 1935 à 2008, qui est en chantier. La sortie du premier tome (1935-1959), sous la direction de Françoise Marquet-Zao et de Yann Hendgen, est prévue pour cet automne. M. J.www.zaowouki.org

À VOIR

HHH L’EXPOSITION « ZAO WOU-KI. L’ESPACE EST SILENCE », musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, 01 53 67 40 00, www.mam.paris.fr du 1er juin au 6 janvier.

À LIRE

- LE CATALOGUE, sous la dir. de F. Michaud et E. Verhagen, éd. Paris Musées (168 pp., 100 ill., 37 €). - ZAO, par Richard Texier, éd. Gallimard (19,90 €, voir p. 126). - LE HORS-SÉRIE de « Connaissance des Arts » (n° 815, 68 pp., 9,50 €).

Horizontalité Le schéma horizontal, qui renvoie au

paysage tout en induisant un déroulement temporel,

est une préférence chez le peintre, mais pas

une exclusive.

Gestualité La gestualité est l’un des grands principes de l’Action Painting comme de l’Abstraction lyrique, qui rejoignent par là la calligraphie orientale. La rapidité du geste génère des effets de vitesse qui « traversent » le tableau.

Le vide Conformément aux principes de la pensée et de l’art taoïstes, le vide, élément essentiel de l’univers, est au cœur de toutes choses, au cœur de l’art de peindre et se matérialise par le fond blanc, vide actif.

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 85

Ils s’appellent Bénédicte Savoy et Felwine Sarr. Elle est française, historienne d’art, membre du Collège de France et professeure à l’université technique de Berlin. Il est sénégalais, écono-miste, écrivain, musicien, activiste politique et professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis. Tous deux sont nés en 1972. C’est à ces deux intellectuels de sa génération que le président de la République a conié la mission d’examiner dans quelles conditions des œuvres d’art classique africain conservées en France pourront être rapatriées dans leurs pays d’ori-gine. Dans son premier discours de politique générale africaine, le 28 novembre 2017 à l’uni-versité de Ouagadougou au Burkina Faso, il a déclaré : « Le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. Il doit être mis en valeur à Paris, mais aussi à Dakar, à Lagos, à Coto-nou, ce sera une de mes priorités. […] Je veux que, d’ici à cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Il appelle aussi de ses vœux un partenariat scientiique et muséographique. Le 5 mars, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr recevaient leur lettre de mission. Elle stipule qu’ils consultent un groupe interna-tional et paritaire (d’un nombre égal d’Africains et de Français) de personnalités « issues des diffé-rentes parties prenantes de cette question ». Leurs propositions concrètes doivent être remises en novembre 2018, un délai très court compte tenu des nombreuses questions qui se posent. Quels objets sont concernés ? S’agit-il seulement des œuvres pillées pendant les guerres coloniales ? Qu’en est-il des œuvres collectées par l’adminis-tration coloniale et les missionnaires, et de celles issues de fouilles clandestines après les indé-pendances ? Parle-t-on seulement de sculptures sacrées ou aussi d’objets usuels ?

Ci-contre et page de droite Ces statues en bois réalisées vers 1890 par Sossa Dede représentent symboliquement les rois Glélé et Béhanzin d’Abomey. Leur restitution au Bénin est déjà à l’étude.SAUF MENTION CONTRAIRE, TOUTES LES PHOTOS : ©PARIS, MUSÉE DU QUAI BRANLY- JACQUES-CHIRAC. PHOTO RMN-GP.

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86 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé en novembre sa volonté de restituer des biens culturels africains à leurs pays d’origine. Les travaux préalables à ces retours ont débuté.

/ Texte Axelle Corty

que

Ci-dessus et page de droite Des musées privés s’ouvrent en Afrique. Le Petit Musée de la Récade de Cotonou (Bénin), a été créé par des marchands d’arts premiers parisiens qui ont fait don des œuvres exposées, comme ces récades (H. 70 cm env.) en bois et métal, du XIXe siècle.©COTONOU, PETIT MUSÉE DE LA RÉCADE. DON GALERIE VALLOIS.

En bas Sabre, Royaume d’Abomey, Bénin, avant 1892, bois et métal, H. 70 cm env.

çais Jean-Marc Ayrault refusait, en invoquant le principe d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité et d’insaisissabilité des collections françaises. Mais le 5 mars 2018, Emmanuel Macron confirmait à Patrice Talon, reçu à l’Élysée, sa volonté de res-tituer des œuvres au Bénin. Le pays devient de fait un laboratoire des restitutions. Bénédicte Savoy et Stéphane Martin, président du musée du Quai Branly-Jacques Chirac, se sont rendus à Cotonou en avril ; un autre voyage est prévu en juillet. Cet empressement inquiète certains spé-cialistes, comme le marchand d’art parisien Ber-nard Dulon. « L’intention d’Emmanuel Macron est incontestablement morale, mais les objets royaux du Bénin, comme d’autres œuvres d’art classiques africaines, appartiennent au patrimoine de l’hu-manité. Le Bénin doit former une structure pérenne pour les accueillir. » Le chercheur français Julien Volper, conservateur au Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren en Belgique et maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles, s’in-digne : « À titre personnel, je pense qu’il s’agit d’une atteinte à l’intégrité des collections nationales. Le principe des restitutions est imposé par la volonté présidentielle qui relaye ainsi au plus haut niveau les idées du Cran. Son bien-fondé n’est pas établi, le Droit est méprisé et l’Histoire revisitée pour ten-ter de créer une “exception coloniale” ». Pourtant fervent partisan des restitutions, le marchand d’art belgo-congolais Didier Claes remarque que « dans la grande majorité des cas, les gouverne-ment africains ne prennent pas ce problème au sérieux. Dans la plupart des pays, la culture est mise au dernier plan ». Le temps des musées Pourtant dès 1991, le président malien Alpha Konaré, directeur du Conseil international des musées (Icom), orchestrait au Bénin, au Ghana et au Togo des rencontres entre cent vingt conser-vateurs du continent pour réfléchir à l’avenir des musées africains. « Indiscutablement, le socle humain existe en Afrique pour des musées de qualité. Les conservateurs sont très bien formés », affirme Jean-Yves Marin, président de l’Icom France en 1992-93, président du Comité interna-tional des musées d’histoire et d’archéologie de 1998 à 2004 et actuel directeur des musées d’Art et d’Histoire de Genève. Ces dernières années, l’ofre muséale se développe sur le continent. À Dakar,

Émotions patrimonialesFace à ce programme de réflexion d’une den-sité inédite, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr s’attachent avant tout à la dimension émotion-nelle et symbolique liée au passé colonial de la France. « Je pense sincèremement que les émotions culturelles liées au déplacement d’œuvres d’art causent des douleurs longues et profondes, qui ne demandent qu’à ressurgir. Les prises de guerre napoléoniennes en Prusse au xixe siècle ont eu un rôle non négligeable dans les deux guerres mon-diales du xxe siècle », rappelle l’historienne. Pour Felwine Sarr : « Accepter de restituer, c’est engager un dialogue à travers des objets pour réinventer la relation entre l’Afrique et les anciennes puis-sances coloniales ».Premier cas pratique pour ces experts : la resti-tution des objets royaux d’Abomey au Bénin. En 2016, le président Patrice Talon la deman-dait officiellement à la France, à l’initiative du Conseil représentatif des associations noires de France (le Cran). Le Premier ministre fran-

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88 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Restituer, c’est engager un dialogue à travers des objets pour réinventer la relation entre l’Afrique et les anciennes puissances coloniales

où Bénédicte Savoy doit se rendre avant l’été, le futur Musée des civilisations noires flambant neuf, bâti avec des capitaux chinois, vient d’être construit. À Cotonou au Bénin, des marchands français d’art africain, dont Bernard Dulon et Bob Vallois, ont créé le Petit Musée de la Récade, qu’ils ont doté d’une collection de regalia des rois du Dahomey («  Connaissance des Arts » n°749). Toujours au Bénin, le président Patrice Talon pré-voit la construction de quatre nouveaux musées. Une convention de partenariat a été signée en 2017 avec la Smithonian Institution de Washing-ton. L’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou (président des Amis du Quai-Branly) et le Congolais Sindinka Dokolo, deux collection-neurs millionnaires, ont créé des fondations. En 2006, la Fondation Zinsou a d’ailleurs accueilli à Cotonou les objets royaux du Dahomey prêtés par le musée du Quai-Branly. « En trois mois nous avons accueilli deux cent soixante-quinze mille visi-teurs, s’enthousiasme la directrice de la Fondation, Marie-Cécile Zinsou. Il faut réaliser à quel point la demande culturelle est forte sur le continent. »Pour démêler l’écheveau des questions posées par les restitutions, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr ont débuté leurs consultations de juristes, directeurs de musées et artistes. Ils ont aussi com-mencé à répertorier les objets africains conservés dans les musées français. Cela n’a jamais été fait et ils se comptent par millions.

Les émotions culturelles liées au déplacement d’œuvres d’art causent des douleurs longues et profondes

Ces objets royaux d’Abomey rapportés à la in du XIXe de la campagne du Dahomey par le général Alfred Dodds, autel portatif et trône du roi Glèlè, sont conservés au musée du Quai Branly, donc inaliénables.

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90 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

W W W . P A R C O U R S - D E S - M O N D E S . C O M

S A L O N I N T E R N A T I O N A L D E S

PARCOURS DES MONDES11 - 16 SEPTEMBRE PARIS, SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS

A R T S A S I A T I Q U E S A R T S P R EM I E R S

Plus de 60marchandsde renomméeinternationalespécialisés dansl’archéologie et lesarts d’Afrique, d’Asie,d’Océanie et desAmériques, se réunissent àParis pour une 17eéditionde l’événement phare consacréaux arts premiers et asiatiques.

SAVE

DATE

THE

11- 16 S

EPTEMBRE

1965 Naissance de Coco Amardeil (ill. : ©Coco Amardeil) à Toronto, Canada.

1986 Licence de psychologie à l’université McGill de Montréal. Décide de devenir photographe de mode.

1988 Emménage à Paris et travaille comme assistante de photographes de mode.

1998 Séjourne à Sydney, Australie, pendant six mois.

2017 Lauréate des prix Virginia 2017, LensCulture Portrait Awards 2017 et Prix Révélation SAIF 2017 (Voies Off, Arles Festival). Reçoit également le prix « Coup de cœur » décerné par la Bourse du Talent 2017.

2017-2018 Exposition « Bourse du Talent 2017 » à la BnF François-Mitterrand, Paris, puis à Lille.

Coco Amardeil révélatrice d’émotions

La photographe de mode Coco Amardeil réalise des images ciselées et décalées, à voir à partir du 7 juin à la Maison de la photographie de Lille.

Alors qu’elle vient tout juste d’obtenir sa licence de psychologie à l’université McGill de Montréal en 1986, Coco Amardeil découvre sa véritable vocation : la photographie. Et parce qu’elle doit gagner sa vie, elle choisit la mode, qui lui permet d’apprendre le métier sur le terrain. Durant dix longues années, la jeune assistante se fera la main, à Paris, dans les plus grands studios. Déterminée, patiente, combative, elle aiguise son regard et sa technique. Et développe une endurance et un humour à toute épreuve, dans ce secteur semé d’embûches et dominé par les hommes. Lorsque, en 1998, elle signe enin de son nom ses propres images, la photographe laisse écla-ter un vocabulaire visuel ébourifant, décalé et joyeux. Les grandes marques se l’arrachent, elle qui met sens dessus dessous les corps et les vêtements, les accessoires et les décors. Citant volontiers Irving Penn, Guy Bourdin, Viviane

Sassen ou Wolfgang Tillmans, Coco Amardeil crée des compositions dont la rigueur et la précision riment avec la fantaisie, la grâce et la légèreté. Mais ce qui fait surtout battre le cœur de la photographe, c’est l’enfance et l’adolescence. Ses modèles préférés, acteurs et complices devant l’objectif, ont en efet moins de 20 ans. Elle leur a consacré une série per-sonnelle, intitulée Come Hell or High Water, qui lui a valu le « Coup de cœur » de la Bourse du Talent 2017 pour la catégorie Mode, après avoir été récompensée par le prix Virginia et le prix LensCulture. Ses images sont exposées avec celles des autres lauréats à la Maison de la photographie de Lille. Entre théâtralité et spontanéité, naturel et sophistication, ses por-traits puissants de jeunes surgissant de l’eau décrivent, selon la photographe, la fulgurance des « émotions ». Ou leur mystère.JEANNE FOUCHET-NAHAS

92 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

nouveau talent

Ci-dessus Come Hell or High Water, 2016.

Ci-contre Furniture Fucking, 2010.

Page de gauche photographie de la série Crazy Mummy, 2017.TOUTES LES PHOTOS : ©COCO AMARDEIL.

À VOIR

« BOURSE DU TALENT 2017 », Maison de la photographie, 28, rue Pierre-Legrand, 59800 Lille, 03 20 05 29 29, www.maisonphoto.com du 7 juin au 30 juillet. Exposition présentée dans le cadre du FESTIVAL TRANSPHOTOGRAPHIQUES 2018.

À LIRE

FRAGILITÉS, ouvrage collectif regroupant les travaux des lauréats de la Bourse du Talent 2017, éditions Delpire (127 pp., 30 €).

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 93

1969 Naissance de Will Ryman (ill. : ©Hyphen) à New York.1990-2004 Écriture de pièces de théâtre.2004 Première exposition personnelle en galerie chez Klemens Gasser & Tanja Grunert, New York.2005 Exposition collective « Greater New York » au MoMA P.S.1 Contemporary Art Center, New York.2011 Installation publique de The Roses sur Park Avenue, New York.2013 Acquisition de l’œuvre America par le New Orleans Museum.2015 Présentation remarquée de The Situation Room à la Paul Kasmin Gallery, New York.2017 La sculpture Cadillac est exposée au College for Creative Studies, Detroit.

L’esprit d’enfance de Will Ryman

À La Villette, Will Ryman livre sa perception du monde avec une once de gravité, sous une forme inattendue qui invite au jeu.

« Enfant, je demandais à grimper sur les sculp-tures de Carl Andre… », lance Will Ryman avec un sourire. Pourtant, au contact de l’œuvre de son père, Robert Ryman, il pensait alors que le propos de l’art était l’abstraction, tant l’as-cèse des œuvres minimalistes vues dans l’ate-lier était « déroutante » pour son regard d’en-fant. Attiré par la littérature et la sculpture, il s’évade, s’intéresse aux mots et pratique l’écri-ture théâtrale. En 2001, il élabore sa première sculpture, un personnage de pièce de théâtre, dans l’idée de créer une « pièce silencieuse ». Fin et discret, il est dans son monde et lance une passerelle pour qu’on vienne l’y rejoindre. De la sculpture, Will Ryman aime l’approche directe et expérimentale, et le contact manuel avec l’argile, qui induit une forme de médi-tation. À New York, il installe une sculpture géante de trente-huit roses, bousculant la per-ception des dimensions de la ville. Son travail

est une réflexion sur l’histoire et la notion sociétale de progrès, avec distanciation et humour. Il fait appel à des matériaux élémen-taires ou recyclés, qui relèvent d’une sorte de nouvel Arte Povera. Invité à La Villette pour sa première exposition majeure dans l’espace public en Europe, Will Ryman y présente trois œuvres monumentales in situ, dont l’enjeu (le jeu) est de modiier le paysage visuel et urbain. En lien avec la philosophie de l’absurde, Heads est un écho des répliques d’En attendant Godot de Samuel Beckett, et Sisyphus tient son titre du Mythe de Sisyphe d’Albert Camus. Face à la Géode, Pac-Lab est une allusion au jeu vidéo culte Pac-Man, sous la forme d’un dédale aux couleurs de Mondrian, dont les parois irrégu-lières façonnées à la main évoquent les créa-tions de l’enfance et invitent à se perdre dans un labyrinthe ludique.VALÉRIE DE MAULMIN

En partenariat avec

94 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

nouveau talent

Page de gauche et ci-dessus Pac-Lab, 2017-2018, polymères, installation, dim. variables©ANTOINE ANTONIOL-GETTY IMAGES (À GAUCHE) ET ©DR (CI-DESSUS).

En haut, à gauche Sisyphus, 2018, bronze, dimensions variables ©ANTOINE ANTONIOL-GETTY IMAGES.

Ci-contre Heads, 2018, polymères, dim. variables©ANTOINE ANTONIOL-GETTY IMAGES. TOUTES LES PHOTOS : ©WILL RYMAN.

À VOIR

- TROIS INSTALLATIONS DE WILL RYMAN, dans le cadre du festival 100 %, parc de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris, 01 40 03 75 75, www.lavillette.com du 22 mars au 16 septembre. - LE SITE INTERNET de l’artiste : www.willryman.com

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 95

1979 Naissance d’Adrian Falkner (ill. : ©Adrian Falkner, 2017) à Liestal, Suisse.

1990 Commence les grafitis, sous le pseudonyme « Smash 137 ».

2008  Premier solo show, à la galerie Pretty Portal de Düsseldorf.

2011 Son travail est vu en France pour la première fois, à la galerie Celal, à Paris.

2013 Il montre son travail aux États-Unis, où la LSC Gallery de Detroit lui consacre un premier solo show et le représente dans ce pays.

2015 Première présentation dans une institution : « Main Street », exposition collective au Museum Mohamed VI de Rabat.

2015-2017 Études et diplôme MFA, University of Applied Sciences and Arts de Bâle.

Adrian Falkner le nouvel expressionniste

Après avoir peint dans la rue, Adrian Falkner travaille aujourd’hui de grandes toiles dans son atelier de Bâle et ne cesse d’expérimenter ce médium.

Sans se focaliser sur l’idée de séries, Adrian Falkner œuvre par cycles, en prévision de ses expositions. Des toiles fortement colorées à l’acrylique et à la bombe aérosol, de 2013 et 2014, à celles d’aujourd’hui, qui mettent à l’honneur le cercle. Non moins dynamiques, les formats s’étirent jusqu’à deux mètres et entraînent le spectateur dans la gestualité de l’artiste. « De mes premiers pas d’artiste-graf-feur, j’ai conservé une sorte d’urgence dans la réalisation, dévoile Adrian Falkner. Mais depuis quelques années, je réfléchis beaucoup à l’action de peindre, qui s’avère très physique. Les lois de la gravité entrent en compte, de la coulure de la peinture à l’impulsion de l’être tout entier. » Toutefois, et c’est là où se des-sine la démarche de cet artiste, qui sonde une qualité plastique et son contraire, il ne s’agit pas seulement d’un acte intuitif et impulsif, mais de réactiver la mémoire du corps. En

souvenir des murs, sur lesquels il continue d’ailleurs à peindre, ses bras le portent vers les grands formats, même s’il se dit toujours contraint par l’espace. Alors, il travaille les couleurs sans s’arrêter, un ton en appelant un autre, au sein de cercles suggérant une ligne ininterrompue. Peu à peu, il inclut davantage de matière, pouvant ajouter du tissu ou par-tir d’une toile de lin qui tient lieu de première strate. Adrian Falkner admet un lien avec l’expressionniste américain Franz Kline ou avec Mark Rothko, mais avoue faire de plus en plus de découvertes sur Instagram, ado-rant cette prolifération de photographies et de talents émergents. Enrichi de ces images décryptées sur son téléphone et de ses temps de réflexion sur la peinture, il se projette dans ses abstractions, comme s’il calmait une énergie iévreuse…MARIE MAERTENS  

96 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

nouveau talent

Ci-contre, de haut en bas et de gauche à droite Untitled (raw#1), 2017, acrylique sur toile, 170 x 110 cm.

Untitled (raw#2), 2017, acrylique sur toile, 150 x 150 cm.

Untitled (raw#2), 2017, acrylique et bombe aérosol sur toile, 200 x 165 cm.

Untitled (Tint White), 2013, acrylique et bombe aérosol sur toile, 120 x 160 cm.TOUTES LES PHOTOS : ©ADRIAN FALKNER. COURTESY LE FEUVRE & ROZE.

À VOIR

« ADRIAN FALKNER. COLD FEVER »  à la galerie Le Feuvre & Roze (qui le représente depuis 2012), 164, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, 01 40 07 11 11, www.lefeuvreroze.com du 17 mai au 16 juin. 

Page de gauche Untitled (Permanent

Yellow), 2016, acrylique et bombe aérosol sur toile, 150 x 150 cm.

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 97

Rouge, brûlée, déchiquetée, noircie par le feu, « cette œuvre est capitale pour

comprendre l’originalité de la recherche

d’Alberto Burri », explique Michele Casamonti, fondateur de la galerie Tornabuoni à Paris. Étrange parcours que celui d’Alberto Burri (1915-1995). D’abord médecin, il est fait prisonnier par les alliés en Tunisie alors qu’il appartient à l’armée italienne. Puis il est détenu au Texas. Et c’est là, en 1944, qu’il commence la peinture et s’intéresse aux transformations des matériaux, des sacs de jute percés, rapiécés, recollés. Dix ans plus tard, Alberto Burri travaille sur ses combustions de plastique brut. Le feu déchire le plastique de cette œuvre rouge, et s’il ne peut rien contre la résultante hasardeuse du feu, en revanche, il peut intervenir et transformer la matière à sa manière, lui donnant une apparence de chair mutilée. Car chez Burri, la thématique de la blessure, qu’elle soit physique

L’avis de BRUNO CORÀ, Président de la Fondazione Palazzo Albizzini Collezione Burri, à la Cittá di Castello (Ombrie)

Dans la transformation du matériau et dans la

composition du tableau, Alberto Burri est toujours à la recherche de

l’équilibre entre la forme et l’espace. Il cherche

à contrôler l’imprévu. Le plastique brûle,

crée des craquelures. Le feu sur la matière

provoque des contorsions, des soufrances sur le

support. Burri intervient en touchant le plastique en fusion et en formant

des trous. La matière plastique est traversée

dans ses diférentes épaisseurs, laissant

apparaître plus ou moins de transparence.

L’artiste fait surgir une image, comme un peintre dans la peinture

classique, mais aussi comme un sculpteur

qui modiie le matériau.

ROSSO

PLASTICA

D’ALBERTO

BURRI

Alberto Burri Rosso Plastica, 1962, plastique, combustion sur toile, 81,5 x 100 cm©FONDAZIONE PALAZZO ALBIZZINI COLLEZIONE BURRI, CITTÀ DI CASTELLO, BY SIAE 2018.

À VOIR

GALERIE TORNABUONI, passage de Retz, 9, rue Charlot, 75003 Paris, 01 53 53 51 51, www.tornabuonigallery.com expose à Art Basel du 14 au 19 juin (lire p. 108).

ou morale, n’est jamais loin. Sont-ce des réminiscences de sa formation de médecin ? Ou des horreurs de la guerre ? Ce rouge, toujours présent chez Burri, se partage avec le noir surtout, et le blanc parfois. Là encore, aucun hasard, ce sont les trois couleurs fondatrices de la vie : le rouge symbolise le sang, la violence ; le noir, le deuil ; le blanc, la renaissance. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que l’artiste jouera avec le bleu et le vert. Consciemment ou non, Burri contrôle parfaitement le processus de passage d’une matérialité à une autre. Le feu lui ouvre des champs d’exploration. Mais en intervenant, il devient le maître du jeu. La galerie Tornabuoni présente à la Foire de Bâle une série d’œuvres de Burri jamais exposées ensemble. Une réunion rendue possible par la Fondation Burri, qui trouvera son aboutissement dans une vaste exposition à la Biennale de Venise de 2019. F. C.

l'œuvre du mois

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 99

{ }MARCHÉ DE L'ART

son agrandissement. Pour cette cuvée 2018, la Nocturne Rive Droite a su rallier de nouveaux participants souvent prestigieux, comme Christie’s ou Lelong & Co. On note également le retour des galeries Malingue, Éric Coatalem, Laurent Strouk ou Jean-Louis Danant. Au menu des festivités, l’exposition « New Lights » confronte an-tiquités du xviiie et art contemporain dans les douze salons rai-nés de la galerie François Léage, les « Ricerche di un antiquario », réunit dessins et peintures chez Maurizio Nobile et de ravissants bijoux-sculptures contemporains de Frédérique Mattei investissent la galerie Coatalem. V. DE M.

Pierre Soulages Composition, v. 1952, gouache sur papier, 65 x 50 cmGALERIE APPLICAT-PRAZAN.

Albert Marquet La Plage au soleil

couchant, Sidi-Bou-Saïd,

v.1923, h/t, 65 x 81 cm

GALERIE DE LA PRÉSIDENCE.

Carrier-Belleuse (sculpteur) et Colin (fondeur), torchère (d’une paire) igurant La Nuit, in XIXe s., bronze, H. 217 cm TOBOGAN ANTIQUES.

« NOCTURNE RIVE DROITE, SUR LE THÈME DE L’OMBRE ET DE LA LUMIÈRE », autour du Faubourg-Saint-Honoré et de l’avenue Matignon, 75008 Paris, 01 45 63 82 46, www.art-rivedroite.com le 6 juin de 18 h à 23 h.

UNE NOCTURNE RIVE DROITE EN PLEINE EFFERVESCENCE

Avec l’arrivée des beaux jours, la Nocturne Rive Droite, qui a lieu cette année le 6 juin, est un événement festif où l’on voit déambuler dans les rues du VIIIe arrondissement les passion-nés d’art et les collectionneurs, souvent une coupe de champagne à la main, allant de galeries en librairies, d’antiquaires en maisons de ventes… Particulièrement dynamique et suivie, cette édition 2018 réunira une cinquantaine de participants défendant les spécialités les plus variées, de toutes époques : archéologie, antiquités et objets d’art, tableaux et des-sins anciens, tapis, tapisseries, tableaux impressionnistes, mo-dernes, art contemporain, Art Déco, bijoux… De la rue du Fau-bourg-Saint-Honoré à l’avenue Matignon, ce parcours éclectique se ramiie rue La Boétie, rue du Cirque, rue Jean-Mermoz, rue de Penthièvre, rue de Miromesnil, rue de l’Arc-de-Triomphe… Force est de constater que ce périmètre géographique connaît un renouveau et sait attirer d’importantes galeries, signe de la « mo-dernisation » d’un quartier habituellement perçu comme conser-vateur, porteur d’une clientèle internationale fortunée attirée par le fameux Triangle d’or. Après l’implantation de la galerie Gagosian en 2010, Kamel Mennour a ouvert en 2016 un nouvel espace avenue Matignon. Dernière en date, la galerie Lelong & Co, historiquement implantée rue de Téhéran, vient elle aussi d’annoncer l’ouverture d’une deuxième galerie parisienne avenue Matignon (lire p. 116) à l’emplacement de l’ancienne galerie Jérôme de Noirmont, tandis que la galerie Fleury, installée à deux pas sur cette avenue, mise aussi sur

MARCHÉ DE L'ART

100 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

sa ons

Ça bouge sur la Rive Droite : la Nocturne du 6 juin s’annonce particulièrement pétillante dans ce quartier qui attire de nouvelles galeries.

OVNIS DU DESIGNStupéfiante d’audace et d’une justesse de lignes parfaite, cette paire de fauteui ls modernistes n’a pas

livré tout son mystère. Provenant d’un club d’hommes d’afaires de la région de Longwy, elle n’a pas encore été

attribuée à un designer connu. Avec son assise en contreplaqué modulé entre deux montants arrondis pleins, et son dessin vision-naire, elle pourrait être de la main de Josef Hofmann, architecte et designer clé de la Sécession Viennoise, créateur du palais Stoclet à Bruxelles. S’il n’y a pour le moment aucune preuve formelle, le style de ces fauteuils est un indice à considérer.

JOUY DANS SON ÉCRINGrâce à cette précieuse description du château de Jouy-en-Josas (près de Versailles), recueil inédit riche de seize lavis et aquarelles, c’est toute la splendeur de cette somptueuse propriété qui est oferte au regard. On y découvre les détails de l’édiice, du décor intérieur, du nymphée et du parc orné de parterres de broderies, bosquets et fontaines. Parmi les diférents propriétaires qui ont contribué à faire de Jouy la demeure superbe qu’elle était au début du xviiie siècle, igure Antoine d’Aquin, premier médecin de Louis XIV, directeur du Jardin du roi, à qui l’on doit le parc, emblème de l’art de vivre à la française. V. DE M.

LUXUEUSES LAQUES DE CHINEReçu Maître avant 1738, Nicolas Jean Marchand fournissait notamment la cour de Louis XV par l’intermédiaire de l’ébéniste Gilles Joubert, ébéniste du Roi. D’un raffinement extrême, cette commode galbée, ornée de laques de Chine représentant un paysage polychrome animé de personnages et d’animaux, est emblématique de l’engoue-ment pour l’Orient au xviiie siècle. À l’époque, on importait d’Asie des meubles et paravents en laque, dont les panneaux précieux étaient coniés aux ébénistes les plus talentueux, qui les agençaient à la perfection dans des décors et des meubles de style européen.

DANS LA LUMIÈRE DE BANG HAI JA Artiste coréenne née en 1937 dans une famille de let-trés, Bang Hai Ja a choisi de s’installer à Paris en 1961, pour « aller plus loin, parvenir au fond d’elle-même ». Cette passerelle entre l’Orient et l’Occident, Bang Hai Ja l’entretient aussi dans le choix de ses matériaux, des papiers coréens à la terre ocre de Provence, des textiles spéciaux aux pigments naturels. Dans une quête à la fois poétique et métaphysique, connectée à la nature et à l’univers, Bang Hai Ja cherche à capter les vibrations de l’énergie lumineuse du cosmos, à tra-vers ses œuvres d’une beauté singulière et fascinante.

Fauteuil moderniste (d’une paire), v. 1920,

bois et aluminium, 98 x 65 x 54 cm

AVANT-GARDE GALLERY.

Aquarelle du Recueil de dessins et aquarelles décrivant

le château de Jouy-en-Josas et son parc, v. 1 707

JADIS ET NAGUÈRE.Nicolas Jean

Marchand commode en laque de Chine,

époque Louis XV, 128 x 86 x 63 cm 

GALERIE FRANÇOIS LÉAGE.

Bang Hai Ja Aurore, 2017,

pigments naturels sur géotextile,

71 x 120 cmGALERIE GUILLAUME.

MARCHÉ DE L'ART

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 101

salons

Dolce Vita. C’est le thème que l’Association des antiquaires du Carré Rive Gauche a choisi pour sa soirée événementielle de printemps. Entre bar à champagne éphémère, cuisine de rue et petits concerts en plein air, l’opération de séduction veut évoquer une soirée parisienne idéale, avec une touche d’élégance déjantée empruntée aux ilms de Fellini. Dans un contexte qui demeure diicile pour les antiquaires, entre baisse d’inté-rêt pour les arts classiques et concurrence rude des maisons de vente et d’Internet, un équilibre s’est créé. Désormais, le design, l’art moderne et contemporain comptent pour 40 % de l’ofre. Et les clients ont changé. Il y a vingt ans, les marchands du Carré Rive Gauche avaient afaire à des collectionneurs. Aujourd’hui ils vendent surtout à des décorateurs. Certains sont même installés dans le quartier, comme Chahan Minassian et hierry Lemaire, lui-même membre du Carré. « Ces clients décorateurs demeurent pour l’essentiel américains et européens, mais de nouveaux poussent nos portes, qui viennent d’Amérique du Sud et d’Asie », com-mente Jean-Louis Herlédan, le président de l’Association des antiquaires

et galeries d’art du Carré Rive Gauche. Lui-même défend des artistes contemporains dans sa galerie, 1881 Art Gallery, mais se revendique collectionneur éclectique. Dans le Carré, il se sent comme un poisson dans l’eau. « Il n’y a qu’un seul quartier d’antiquaires au monde où l’on trouve des objets antiques comme de l’art contemporain, un continuum de sept mille ans d’histoire de l’art », souligne cet ancien publicitaire. « Le regard des antiquaires a dû changer. Il faut proposer, toujours, des objets ex-traordinaires. » Une prime à l’inattendu que sait bien exploiter Alexandre Piatti. Ce trentenaire défend avec fougue une spécialité réputée désuète, la Haute Époque. « Je trouve cette période d’une modernité folle et pour moi, une Vierge romane a la même puissance qu’une statue africaine. » Il reçoit parfois la visite de grands décorateurs curieux, notamment Chahan Minassian et Pierre Yovanovitch, qui lui a récemment acheté un cadre. « C’est un début. Depuis huit ans que j’ai ouvert la galerie, je sens que les lignes bougent. Je crois beaucoup en ma spécialité et plus généralement, en l’avenir des antiquaires. Je ne veux pas être le dernier des Mohicans ! » A. C.

Allégories de l’Astronomie et de l’Histoire, pendule, Paris, vers 1770, bronze, cadran signé « Lepaute Hger du Roi », H. 68 cmLA PENDULERIE.

Éros dit « Le Génie Borghèse », Italie, XVIIIe siècle, terre cuite, H. 155 cmGALERIE ALEXANDRE PIATTI.

Aude Herlédan, Colourful, 2018, polyptyque, 6 panneaux, techniques mixtes sur toile, 108 x195 cm1881 ART GALLERY.

CARRÉ RIVE GAUCHE, périmètre compris entre le quai Voltaire, les rues des Saints-Pères, de l’Université et du Bac, 75007 Paris, carrerivegauche.com du 7 au 16 juin.

UN CARRÉ TRÈS ÉCLECTIQUEAutrefois temple des antiquités classiques, le plus grand quartier d’antiquaires de Paris est devenu ces dernières années plus éclectique. Un paradis pour les décorateurs.

salonsMARCHÉ DE L'ART

102 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

TAKEHIKO

SUGAWARA24 mai ~ 14 juin 2018

Vernissage le 24 mai, à partir de 18h00

En présence de l’artiste

18, avenue Matignon - 75008 Paris

Tél. : +33 (0)1 42 66 61 94 - www.tamenaga.com

SENSUELLE APHRODITECette Aphrodite romaine s’inspire des modèles de la période hellénistique (ive-ier siècle av. J.-C.). L’artiste a re-présenté l’ultime étape de la prépara-tion de la déesse à sa toilette. « C’est l’un des rares modèles de ce type, même peut-être l’unique, à avoir conservé sa tête d’époque », note Olivier Chenel. Autre atout de cette statue conservée depuis les années 1980 dans une col-lection française : sa patine légèrement rosée. « Elle n’a pas été nettoyée et garde un souvenir de la terre qui l’a accueillie avant sa découverte. De plus en plus de collectionneurs appré-cient ce témoignage du passé. »

LA DOUCEUR DU BRONZESes oreilles semblent flotter au vent et son pelage est iguré par de petites incisions dans le bronze. « Il est vraiment très agréable à cares ser », s’amuse Sylvie Tiago. « À l’ère Meiji, les bronzes japonais atteignent une remarquble qualité. On aime beaucoup représenter les animaux avec de petits détails comiques. Le lièvre est un animal très aimé des Japonais, rattaché à de nom-breuses légendes. » Ce petit objet était destiné à brûler de la poudre d’encens dans une demeure rainée. « Il peut conserver cet usage et séduire un collectionneur d’arts d’Asie comme un chasseur de coups de cœur. »

UNE ŒILLADE DE DIANEClin d’œil érudit à La Dolce Vita de Fellini (la somp-tueuse baignade

d’Anita Eckberg dans la fontaine de Trevi), cette tapisserie étonne par sa palette dorée inhabituelle pour un travail des Flandres du xviie, où rouge et vert dominent habituelle-ment. Le traitement des personnages, lui, s’éloigne du ma-niérisme de l’époque. « On est presque dans le registre Art Déco », remarque Amélie-Margot Chevalier. Elle et sa sœur Céline Letessier ont décidé de quitter le quai Voltaire cet été. Dominique Chevalier et Nicole de Pazzis-Chevalier, leurs parents, s’y étaient installés il y a trente-cinq ans. Pour la galerie Chevalier, une nouvelle ère s’annonce hors du Carré Rive Gauche, mais toujours dans le 7e arrondissement. A. C.

LE LUXE DES MATIÈRESUne table en bois pétrifié de Philippe Hiquily ; des bols-sculptures en bois et feuille d’argent de la créatrice de Capetown Michou ; l’épure tribale des bijoux d’or et d’argent du Français Elie Hirsch… chez Seine Intérieur, l’atmosphère se compose de beaux objets et de belles matières. Il y a trois ans que Katryne et Beryl Dessart ont ouvert ce lieu, à la fois galerie et bureau d’architecture d’intérieur. « Pour nos clients, nous composons des décors autour de trois ou quatre très belles pièces. Il nous arrive de trouver des objets dans d’autres galeries du Carré. Dans le quartier il y a beaucoup d’interactions », raconte Katryne Dessart.

Philippe Hicquilly, Table Quille, plateau en bois pétriié, piétement en laiton argenté, H. 60 cmGALERIE SEINE INTÉRIEUR.

Diane et Actéon, tapisserie, Anvers, milieu du XVIIe siècle, laine et soie, 373 x 499 cmGALERIE CHEVALIER.

Aphrodite dénouant sa sandale, art romain, Ier siècle av. J.-C - Ier siècle apr. J.-C., marbre. H. 54 cmGALERIE CHENEL.

Maximilien Luce, Le Berger observant Saint-Tropez, 1905-06, h/t, 60 x 81cmGALERIE DES MODERNES, PARIS.

Lièvre brûle-encens,

Japon, vers 1880, bronze, H. 14 cm 

GALERIE TIAGO.

UN CARRÉ TRÈS ÉCLECTIQUE

salonsMARCHÉ DE L'ART

104 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

www.jeannebucherjaeger.com

Susumu Shingu

21.06.2018 - 15.09.2018

MICHAEL BIBERStEIN

LISBONNE | CHIADO

31.05.2015 - 21.07.2018

GÉRARD FROMANGERDE tOUtEs LEs COULEURs

PARIS | SAINt-GERMAIN

15.05.2018 - 21.07.2018

SUSUMU SHINGUCOsMOs

ParisGalleryWeek-End

Japonismes2018

sPACEsHIPau MUDAM Luxembourg Musée d’Art

ModerneGrand-Duc Jean

du17.05.2018au06.01.2019

PARIS |MARAIS

BOURGOGNE TRIBAL SHOW, Besanceuil, 71460 Bonnay, 06 52 19 81 88, www.tribal.show du 24 au 27 mai.

« UN MARCHAND, UN  ARTISTE », Marché Dauphine, 132-140, rue des Rosiers (06 09 48 54 52) et Marché Biron, 85, rue des Rosiers (01 40 11 59 68), 93400 Saint-Ouen, du 25 mai au 24 juin. Vernissage le 24 mai sur invitation, à télécharger sur : marche-dauphine.com et marchebiron.com

La cinquième édition de l'événement Paris Gallery Weekend annonce quarante-quatre galeries partici-pantes, soit 40 % de plus que l’an passé, et cent sept artistes présents. La manifestation se développe du IIIe au XVIIIe arrondissement, et même jusqu’à Pan-tin avec la galerie haddaeus Ropac. À chacun son parcours : on peut choisir celui des artistes historiques tels Olivier Debré ou Robert Motherwell, celui de trente-cinq grandes igures comme Claude Viallat et David Hockney, ou bien encore celui de la génération post 1980. F. C.

L’ART TRIBAL EN BOURGOGNE

Il y a deux ans, quatre marchands d’art primitif ont lancé une foire d’art tribal à la campagne, à Be-sanceuil, du côté de Cluny. Cette troisième édition témoigne du succès de l’entreprise, avec ses vingt-deux marchands, et non des moindres : les Bruxellois Didier Claes et Patrick Mestdagh, les Parisiens Stéphane Jacob et Flak… Parallèlement, le Farinier de l’abbaye de Cluny présente jusqu’au 24 juin « Bestiaire du monde », une exposition d’une trentaine d’œuvres notamment choisies dans les collections de ces marchands. F. C.

exposition présente le travail de la plasticienne

française Myriam Mechita (née en 1974), déjà exposée à la Cité de

la céramique à Sèvres et à New York. Dominique Saint-Martin annonce

Benjamin Pagart (né en 1974), un ébéniste lauréat des Ateliers d’art de France, tandis

que Bozali’art Gallery expose le maître japonais de l’estampe Hasui Kawase (1883-1957), désigné en 1956 Trésor national vivant. Plus ancien, le marché

Biron est né en 1925, installé entre l’avenue Michelet, la rue des Rosiers et la rue Biron. Composé de deux rues parallèles, il réunit deux cent vingt marchands sur sept mille cinq cents mètres carrés. Un espace d’exposition tout juste inauguré met à l’honneur des artisans d’art : designers, tapissiers, marqueteuse de paille… F. C.

À gauche Benjamin Pagart,

Cloporte ou Montgolfière, noyer teinté,

H. 110 cmDOMINIQUE

SAINT-MARTIN, MARCHÉ DAUPHINE,

PARIS.

À droite Masque de buffle,

bois, Cameroun, H. 78,5 cm

GALERIE DAVID SERRA, BARCELONE.

©GUILLEM F.-H.

Michael Zelehoski Open House, 2012, assemblage d’une cabane, 396 x 1000 cmBACKSLASH GALERIE, PARIS. ©MANUEL BRAUN, CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI.

PARIS GALLERY WEEKEND, dans 44 galeries parisiennes, 01 53 28 87 53, www.parisgallery.com du 25 au 27 mai.

LES GALERIES FONT LEUR SHOW

salonsMARCHÉ DE L'ART

106 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

DAUPHINE SECOUE LES PUCES

Aux marchés aux Puces de Saint-Ouen, on se promène le nez au vent, à la découverte d’un trésor. En cette in mai, deux marchés importants, Dauphine et Biron, offrent une raison supplémentaire à cette balade en développant le thème « un marchand, un artiste ». Dauphine joue le jeu dans son architecture à la Baltard, coiffée d’une belle verrière. Ce marché est l’un des plus grands de Saint-Ouen, avec ses six mille mètres carrés et ses deux étages. Créé en 1991, il abrite cent cinquante marchands et artisans d’art. Au premier étage, une grande

Face à la concurrence d’autres salons, Cultures-The World Arts Fair a subi dernièrement

quelques remous. Composée de Bruneaf (art tribal), Baaf (art antique) et Aab (art asia-tique), elle a en efet pâti de la désafection

de certains marchands, même s’ils demeurent une cinquantaine. Ce n’est pas Didier Claes, à nouveau président de Bruneaf, qui dira le contraire.

« Les foires nous ont offert de nouvelles opportunités. Mais il faut avoir l’honnêteté de dire que les coûts globaux, notamment pour les salons très

prestigieux à l’international, conduisent à une augmentation du prix des pièces qui pénalise les collectionneurs. » Face à ces vies cadencées par

les aéroports et les décalages horaires, nombre d’acteurs du marché de l’art rélé-chissent à d’autres manières de travailler, et Didier Claes se réjouit de valoriser ce

rassemblement de galeries à Bruxelles, qu’il souhaite hisser au rang de capitale de l’art. « D’autant qu’il nous faut reconquérir les amateurs qui peuvent se laisser séduire par des œuvres à quelques milliers d’euros. J’exerce un métier de passion et je veux redévelopper une proximité plus intense avec mes clients acheteurs. » M. M.

Art Basel est-elle toujours la meilleure foire d’art contemporain du monde ? « Il est vrai que l’on y voit de grands

collectionneurs qui ne vont nulle part

ailleurs. Mais parfois, certains de mes

confrères ne vendent rien… », répond le nouvel exposant Bernard Bouche. Pourtant – et cela accompagne un certain snobisme – il faut y être, et ce marchand parisien a bien l’intention de « vivifier » son carnet d’adresses avec son solo show d’Étienne Martin. Il sera en concurrence avec deux cent quatre-vingt-onze galeries (dont seulement seize nouvelles participantes), qui proviennent de trente-cinq pays et dévoilent les travaux de quelque quatre mille artistes. Après deux demandes de participation, le jeune Antoine Levi a séduit le comité en proposant un stand dédié à Alina Chaiderov, une artiste d’origine russe née en 1984, déjà très suivie par les institutions internationales. « Tous les

directeurs de musées passent par Bâle.

J’avais déjà présenté Alina Chaiderov

l’an dernier à la foire Liste, mais certains

collectionneurs ne s’y rendent jamais. » Si d’aucuns admettent qu’ils ne gagneront pas beaucoup d’argent ur la foire, Art Basel reste un incontournable pour les galeristes comme pour les artistes. M. M.

BRUXELLES AU PLUS PRÈS DES COLLECTIONNEURS

CULTURES-THE WORLD ARTS FAIR, quartier du Sablon, Bruxelles, www.bruneaf.com du 6 au 10 juin.

ART BASEL, Messeplatz 10, Bâle, 41 58 200 20 20, www.artbasel.com du 14 au 17 juin.

Tony Cragg Paire, 2015, bois, H. 270 cm et H. 106 cm et Colonne elliptique, 2016, acier Corten, H. 225 cmCOURTESY BUCHMANN GALERIE, BERLIN/LUGANO.

Tête de reliquaire Lumbu, bois, verre, kaolin,

colorants minéraux et végétaux,

H. 31,5 cm, détailGALERIE DALTON SOMARÉ, MILAN.

ART BASEL TOUJOURS AU TOP

MARCHÉ DE L'ART

108 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

salons

ExpositionDu 07 juin au 07 juillet 2018

Hommage à

FEL IX AUBLET

19, avenue Matignon –75008 Parismakassar-france.com

Artistes et amies dans la vie, Taci ta D e a n e t J u l i e Mehretu ont sou-haité exposer en-

semble et la galerie Marian Goodman a accepté de relever le déi. Cette présen-tation à quatre mains est la première exposition commune de leur travail, à partir d’œuvres nouvelles. Artiste anglaise née en 1965, surtout connue pour ses photographies et ses ilms, Tacita Dean présente des dessins (à partir de 25 000 €). Dans son travail, elle capte les traces des êtres et du temps, et de somptueux paysages d’une beauté stupéiante. Julie Mehretu, artiste américaine née en 1970 en Éthiopie, expose des œuvres sur papier (à partir de 32 000 €). Dans ses œuvres singulières, elle compose des paysages immenses où se télescopent le temps et l’espace, des éléments graphiques et topographiques. V. DE M.

Daniel Templon n’a décidément pas ini de nous surprendre. Après la célébration remarquée des 50 ans de la galerie en 2016 (« Connaissance des Arts » n° 753, pp. 86-89), il s’offre le plaisir d’inaugurer en mai un nouveau lieu parisien de 660 m² sur trois niveaux, rue du Grenier-Saint-Lazare, tout près de sa galerie historique de la rue Beaubourg. La restructuration des espaces a été coniée à l’architecte Jean-Michel Wilmotte. L’idée est d’instaurer un dialogue entre générations, entre les artistes établis et les plus jeunes. Pour ce coup d’envoi, Daniel Templon mise sur deux

DUO DE CHOC

CHEZ MARIAN

GOODMAN

« TACITA DEAN &

JULIE MEHRETU », galerie Marian Goodman, 79, rue du Temple, 75003 Paris, 01 48 04 70 52, www.marian goodman.com du 8 juin au 20 juillet.

« ROBERT

MOTHERWELL », galerie Templon, 30, rue Beaubourg, 75003 Paris, et « JAN FABRE », 28, rue du Grenier-Saint-Lazare, 75003 Paris, 01 42 72 14 10, www.templon.com du 17 mai au 21 juillet.

Robert Motherwell, California Window, 1975, acrylique et fusain sur toile, 183 x 213,4 cmCOURTESY TEMPLON, PARIS/BRUXELLES. ©B.HUET/TUTTI.

Tacita Dean Cúmulo, 2016, craie sur tableau noir, 244 x 732 cm (en haut)©TACITA DEAN.

Julie Mehretu Conjured Parts (tongues), encre et acrylique sur toile, 243,8 x 304,8 cm (en bas)©JULIE MEHRETU /LES DEUX : COURTESY GALERIE MARIAN GOODMAN, NEW YORK/PARIS/LONDRES.

MOTHERWELL

ET JAN FABRE

CHEZ

TEMPLON

artistes qui lui sont chers. Rue Beaubourg, on découvre Robert Motherwell avec un spectaculaire ensemble de l’Open Series, opus développé sur deux décennies, entre 1967 et le début des années 1980. Une vingtaine d’œuvres des années 1970 (entre 245 000 € et 2,4 M€) sont réunies, œuvres méditatives et intimes, composées de plans de couleur découpés par trois lignes tracées au fusain, qui délimitent une forme rectangulaire.

Figure emblématique de l’Expressionnisme abstrait américain, Motherwell n’a pas été exposé à Paris depuis plus de dix ans. Tandis que dans les nouveaux espaces, la place est donnée aux deux volets de l’exposition conçue par Jan Fabre, artiste mythique et subversif : Folklore sexuel belge et Mer du Nord sexuelle belge. Il y présente un ensemble inédit, où une cinquantaine de dessins dialoguent avec des sculptures réalisées à partir d’objets de culte de l’Église catholique, dont il livre une vision insolente et iconoclaste. V. DE M.

galeriesMARCHÉ DE L'ART

110 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

« LEURS PRINTEMPS », galerie Claudine Papillon, 13, rue Chapon, 75003 Paris, 01 40 29 07 20, www.galeriepapillonparis.com du 26 mai au 19 juin.

« ARCHITECTURES BIS », Le Don du Fel, 12140 Le Fel, 05 65 54 15 15, ledondufel.com du 11 mai au 21 juin.

Tandis que la ligne de la galerie se dessine de plus en plus dans une veine expressionniste – de l’observation même de son directeur Bruno Blosse – Loo

& Lou ofre à présent l’un de ses espaces à Flo Arnold. C’est en allant visiter l’atelier de son compagnon Christophe Miralles, qui bénéicie d’une exposition en parallèle, que le galeriste découvrit les créations de l’artiste. « J’ai aimé cet

univers très éthéré et onirique qui renouait, d’ailleurs, avec ce que j’avais mon-tré aux débuts de la galerie, précise-t-il. Je lui ai alors proposé de réaliser une

installation spécifique, qui s’apparente à un nuage monochrome blanc. » Mis en vente à 15 000 €, il s’accompagne de « cartographies du vide » à partir de

600 €, montrant l’intérêt de Flo Arnold pour la question du nomadisme. M. M.

LE PRINTEMPS ÉTERNEL DES FLEURS

Intemporel s’il en est, le thème de la leur dans l’art est ici abordé

par la critique et commissaire Léa Chauvel-Lévy. Avec onze artistes comme Stéphane Calais, Jérôme

Robbe ou Elsa Sahal, elle réunit des pièces de diférents médiums

(prix de 2000 € à 15 000 €) té-moignant toujours d’une cer-

taine sensualité et fragilité. C’est également un hommage de la

commissaire à sa grand-mère, qui était leuriste, mais se souvenait

du nom de chaque espèce, même quand elle a commencé à perdre la mémoire. M. M.

Initiateur du Don du

Fel- Pôle européen pour la

céramique contemporaine,

Nigel Atkins rappelle que

cette exposition connut sa première étape

à la Fondation Baur de Genève. Il y avait

été appelé pour gérer la partie logistique

des œuvres de Masamichi Yoshikawa,

dont il dévoile, à présent, une soixantaine

de céramiques. Dans ses objets sculpturaux

bleu céladon, valant 700 € pour les plus

petits formats et jusqu’à 18 000 €, le

maître japonais « mêle habilité, audace et

connaissance de son matériau, avec autant

de dextérité que de liberté ». Interrogé sur

l’opportunité d’accueillir en résidence au

Don du Fel ce médaillé d’or de la Biennale

de Vallauris en 2002, Nigel Atkins répond

qu’un céramiste travaille souvent sa propre

terre, ici la porcelaine seihakuji, et ses émaux.

« Chaque potier contrôle une qualité, une

colorimétrie ou une viscosité particulière de

la terre, et on observe toujours une synergie

remarquable entre l’homme et son feu. » M. M.

À droite Emmanuel Le Cerf,

Sans titre, 2015, photographie,

45 x 30 cmCOURTESY GALERIE

PAPILLON, PARIS.

À gauche Masamichi Yoshikawa,

Kahyo IV, 2016, émail bleu et

blanc, H. 15,5 cmGALERIE LE DON

DU FEL, LE FEL.

Flo Arnold Coexistence, 2017, installation à l’église des Célestins, Avignon, papier hydrofuge sur laiton gainé, Led, 1200 x 300 cmGALERIE LOO & LOU GALLERY, PARIS. ©FLO ARNOLD.

« FLO ARNOLD. VERTIGE DU MONDE », galerie Loo & Lou, 20, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003 Paris, 01 42 74 03 97, www.looandlougallery.com du 26 avril au 9 juin.

DANS LE NUAGE DE FLO ARNOLD

L'HOMME ET SON FEU

galeriesMARCHÉ DE L'ART

112 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Chaque collectionneur entretient un rapport particulier avec lesœuvres qu’il réunit. Certains les gardent jalousement chez eux,à l’abri des regards. Alexandre Mouradian, lui, a choisi de lespartager avec le plus grand nombre, sur le lieu même où ellesont été créées. En 2007, le collectionneur et mécène consentaità un premier prêt de longue durée pour le nouveau musée dePont-Aven, celui du Portrait de Madame Schuffenecker par ÉmileBernard (1888).Il conie aujourd’hui à l’institution, et pour une durée d’un an, vingt-deux de ses quarante tableaux d’artistes qui ont travaillé dans lepetit village breton, s’inspirant de la vie locale et des paysagesalentour. « Le collectionneur nous a donné carte blanche. Je n’aipas voulu d’un format d’exposition classique. j’ai préféré ces incluredans le parcours permanent. Ils enrichissent notre accrochage, lerenouvèlent, et les œuvres d’Émile Bernard, de Paul Sérusier oude Maurice Denis acquises par Alexandre Mouradian dialoguentavec celles de nos collections », explique Estelle Guille des Buttes-Fresneau, conservatrice en chef du musée de Pont-Aven.

Aux yeux de l’écrivain et historien de l’art Adrien Goetz, auteurd’un très beau texte dans l’ouvrage préfacé par Jean-Marie Rouartqui accompagne l’exposition, le corpus d’œuvres rassemblées parMouradian est « une collection de talismans ». Chaque tableau,soigneusement choisi, recèle quelque chose de la magie des lieux.Au il des salles, le visiteur découvrira quelques-uns des plus grandschefs-d’œuvre d’Armand Seguin, d’Émile Jourdan, d’Henri Moret(La Petite gardienne de vaches), de Maurice Denis (Jésus chezMarthe et Marie, un grand format dans lequel l’artiste transpose

une scène biblique dans la vie quotidienne), mais aussi plusieurstoiles d’artistes étrangers. L’occasion de rappeler la présence à

Pont-Aven, dès la in du XIXe siècle, de peintres australiens (JohnPeter Russell), irlandais (Roderic O’Conor), polonais (WladyslawSlewinski) ou encore néerlandais, avec Meyer de Haan et JanVerkade, auteur d’un Paysage aux meules de foin aux formessimpliiées et aux aplats de couleurs vives, emblématique dusynthétisme.

Émile Bernard,Portrait de Madame Schuffenecker

Ce portrait à l’efigie de Louise Lançon, épouse du peintre Claude-ÉmileSchuffenecker, est caractéristique d’une époque charnière dans l’œuvre d’ÉmileBernard. Le paysage vu par la fenêtre est encore marqué par l’impressionnisme,tandis que la igure, structurée par des lignes de contour sombres et simpliiées,témoigne des débuts du cloisonnisme,mis au point à Pont-Aven. De trois quarts,la mélancolique Madame Schuffenecker ne contemple pas l’extérieur, mais setourne vers le spectateur, les yeux baissés. En une seule image, l’œuvre abordepas moins de quatre genres, le portrait et le paysage, la scène d’intérieur et lanature morte (le vase de leurs).

En partenariat avec

La collectionMouradian,

chefs-d’œuvre de l’école de Pont-Aven

Paul Sérusier,Le Bois rouge

Dans ce chef-d’œuvre du synthétismedominé par le rouge et le vert, PaulSérusier conjugue les principes héritésde Paul Gauguin - la construction parplans colorés, l’abandon de la perspec-tive traditionnelle - et l’esthétique ja-ponisante chère aux peintres nabis. Laverticalité du tableau est renforcée parle jeu graphique des troncs d’arbres qui,comme les rochers (sans doute inspirésde ceux de Huelgoat où l’artiste s’estinstallé en 1892, après plusieurs séjoursà Pont-Aven et au Pouldu), créent uneffet de profondeur, malgré l’absenced’horizon. Le regard s’enfonce dans lesprofondeurs d’un bois mystérieux auxtonalités automnales, propice au silenceet à la méditation.

Armand Seguin,Les Paradis artiiciels

Les toiles d’Armand Seguin sont rares.Une vingtaine seulement sont réperto-riées, les autres ayant été détruites parl’artiste. Celle-ci, de format presquecarré, a de quoi surprendre, en faisantbasculer le synthétisme dans le fantas-tique. Ce ne sont pas ici les paysagesbretons qui inspirent le peintre, maisses goûts en matière de poésie. Les

Paradis artiiciels rendent hommage à

Charles Baudelaire, mais aussi à PaulVerlaine, représenté sur la partie droitedu tableau, comme un fantôme hallu-ciné sous l’emprise de drogues. Quantà l’étrange violoniste, dissimulé dansl’ombre du monstre aux yeux écarquil-lés, il pourrait s’agir de Gauguin, dontSeguin rêvait d’être l’égal.

En partenariat avec

À voir : « L’École de Pont-Aven,berceau de la modernité.La collection d’Alexandre Mouradians’expose au musée de Pont-Aven »,musée de Pont-Aven, place Julia,29930 Pont-Aven, 02 98 06 14 43,www.museepontaven.fr,du 2 février 2018 au 6 janvier 2019.

À lire : L’École de Pont-Aven,berceau de la modernité,éd. 5 Continents, 76 p., 28 €.

Comment en êtes-vous arrivé à vousintéresser à ces peintres qui ont gra-vité autour de Paul Gauguin ?

D’abord, un peintre comme Émile Bernardn’a pas, à mon sens, gravité autour deGauguin, c’est plutôt le contraire. Bernardest le précurseur. C’est lui qui invente, avecLouis Anquetin, cette manière de peindreoù l’on ne représente plus ce que l’onvoit, mais une idée, une image de l’esprit.Dès 1887, ce jeune homme est habité par legénie, et peint d’une façon révolutionnairedont Gauguin va s’inspirer. D’ailleurs,en 1888, ce dernier fait le voyage à Arlespour montrer à Vincent Van Gogh les

Bretonnes dans la prairie d’Émile Bernard.

Qu’est-ce qui vous touche particuliè-rement dans sa peinture ?

C’est la modernité extrême de ces toiles, etleur diversité. À 18 ans, Émile Bernard peintle Portrait de Madame Schuffenecker, untableau qui annonce Amedeo Modiglianiavec vingt ans d’avance. Dans Femme au

kimono à la lecture, il y a quelque chosed’Henri Matisse avant l’heure, notammentpour la partie gauche du tableau. Quandaux Trois Bretonnes en coiffe de deuil, ils’agit à mes yeux de la première œuvreabstraite Et il n’a alors que 19 ans ! Il aété très injustement mis à l’écart par leshistoriens de l’art.

Entretien avec

AlexandreMouradian

Vous collectionnez depuis longtemps, mais vous avez acheté votre premier tableau de l’école de Pont-Aven en 2006.En douze ans, vous avez rassemblé une quarantaine d’œuvres majeures. Quels sont les critères qui guident vos choix ?

Je collectionnais les peintres abstraits français d’après-guerre, ainsi que le mobilier du XVIIIe siècle. Toute collection est une histoire dedécouvertes. Une collection d’œuvres de l’école de Pont-Aven est un voyage initiatique vers la modernité. Pont-Aven a marqué une rup-ture radicale avec l’avènement d’une nouvelle manière de peindre, et c’est précisément ce côté novateur qui m’a conduit àm’intéresserà ces artistes. Il s’agit avant tout de sélectionner des œuvres majeures de peintres pionniers. C’est le côté synthétiste qui m’intéresse,cette manière de construire les compositions par des aplats de couleurs.

/Textes Guillaume Morel

FRANÇOISE HUGUIER, À PERTE DE VUE

Inlassable voyageuse, la photographe Françoise Huguier recherche l’hori­zon : « Le paysage à perte de vue, c’est un sentiment de liberté ». De l’Indonésie au Mali en passant par la Sibérie polaire, elle est aux aguets, « à l’affût de signes de vie » dont ses photographies sont les témoins (à partir de 1500 €). Cette soif vitale de liberté vient tout droit de son enfance au Cambodge où, à 8 ans, elle est capturée par des soldats viet­minh, qui la gardent huit mois avec son frère dans un camp… V. DE M.

PABLO ATCHUGARRY, L’ÉLAN DE LA SCULPTURE

Ses sculptures élancées aux lignes intem­porelles sont encore méconnues en Eu­rope et pourtant Pablo Atchugarry, artiste uruguayen né en 1954, est un sculpteur majeur d’Amérique du Sud. Si cette ex­position permet de découvrir son œuvre (avec des pièces en marbre ou en bronze entre 30 000 € et 200 000 €, selon les for­mats ou les éditions), elle propose aussi un dialogue pertinent avec les grands maîtres de l’abstraction du xxe : Hans Hartung, Lucio Fontana, Georges Mathieu ou Sam Francis. V. DE M.

SUBLIMES ÉPAVES DE FRANCESCA PIQUERAS

Sa fascination pour la beauté singulière des épaves et des bateaux échoués a amené Francesca Piqueras à sillonner terres et mers, du Pérou au Cap Vert ou aux plages du Débarquement. Vive et passionnée, cette photographe italo­péruvienne questionne ici le mystère insondable de ces bâtiments marins en déshérence, livrant des images d’un grand rainement, avec ces tirages nu­mériques contrecollés sur Plexiglas et encadrés sous Diasec, dont les prix vont de 2500 € à 4000 € selon les formats. V. DE M.

Belle expansion printanière pour la galerie Lelong & Co, qui inaugure un nouvel espace avenue Matignon (l’ancienne galerie Jérôme de Noirmont) en contrepoint de son ief historique de la rue de Téhéran.

Pour fêter l’événement, une double exposition David Hockney se tient sur les deux sites, débutant en même temps que l’édition 2018 de Paris Gallery Week-End, les 26 et 27 mai. Depuis 2008, David Hockney, qui a maintenant 80 ans, se sert de l’iPhone ou de l’iPad comme d’un carnet d’esquisses où il capte avec vivacité les instants du quotidien : scènes d’intérieur, leurs, fruits, paysages vus de sa fenêtre… Rue de Téhéran, le premier volet de l’exposition présente ses Pictures of Daily Life, une nouvelle série de vingt-trois dessins sur ces supports numériques. Dans l’espace de l’avenue Matignon, on découvre une série de portraits,  dont quatre autoportraits réalisés sur iPad, et une anthologie de portraits de diverses techniques (autour de 60 000 € pour un dessin, et de 20 000 € à 35 000 € pour les estampes numériques). V. DE M.

DAVID HOCKNEY, L’AMOUR DE LA VIE

« FRANCESCA PIQUERAS, IN FINE », galerie de l’Europe, 55, rue de Seine, 75006 Paris, 01 55 42 94 23, www.galerie-europe.com du 24 avril au 9 juin.

« PABLO ATCHUGARRY ET LES MAÎTRES DE L’ABSTRACTION », Opera Gallery Paris, 62, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, 01 42 96 39 00, www.operagallery.com du 1er au 22 juin.

« FRANÇOISE HUGUIER. HORIZONS » galerie Maeght, 42, rue du Bac, 75 007 Paris, 01 45 48 45 15,  www.maeght.com du 13 avril au 2 juin.

« DAVID HOCKNEY. PICTURES OF DAILY LIFE », galerie Lelong & Co, 13, rue de Téhéran, 75008 Paris, et « PORTRAITS », 38, av. Matignon, 75008 Paris, 01 45 63 13 19, www.galerie-lelong.com du 26 mai au 13 juillet.

À droite, de haut en bas Françoise Huguier, Cambodge, janvier 2004, photographie©FRANÇOISE HUGUIER/GALERIE MAEGHT, PARIS.

Pablo Atchugarry, Sans titre, 2017, marbre de carrare coloré, H. 48 cm©P. ATCHUGARRY/OPERA GALLERY, PARIS.

Francesca Piqueras, Petropavlosk 3, Sibérie, 2017, photographie, 80 x 120 cm©FRANCESCA PIQUERAS/GALERIE DE L’EUROPE, PARIS.

Ci-dessus David Hockney, Autoportrait III, 2012, dessin sur Ipad imprimé sur papier, 94 x 71 cm©DAVID HOCKNEY/RICHARD SCHMIDT/GALERIE LELONG & CO, PARIS.

galeriesMARCHÉ DE L'ART

116 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Galerie Jean-Louis Danant

36 avenue Matignon, 75008 PARISTél : 01 42 89 40 15 - [email protected]

www.galerie-danant.com

6 juin - 6 juillet 2018

Entre maiérisme et spaialité,l’univers minéral du peintre

Titre

:Galaxie,1970-Créditphoto

:M.Bury

Gisèle RUTMAN

1950-1980

VENTE PAR PIASA (01 53 34 10 10, www.piasa.com) à la Patinoire royale de Bruxelles, 15, rue Veydt, Bruxelles, le 26 juin.

VENTE PAR SOTHEBY’S, 76, rue du Faubourg- Saint-Honoré, 75008 Paris, 01 53 05 53 05, www.sothebys.com le 21 juin.

Depuis vingt ans, aucune œuvre de Vincent Van Gogh (1853-1890) n’a été vendue aux enchères à Paris. Artcurial peut se réjouir de présenter les Raccommodeuses de filets dans les dunes (3 M€/

5 M€). Cette œuvre importante dans le parcours du peintre est de-meurée huit ans au musée Van Gogh d’Amsterdam, où elle avait été déposée par son propriétaire en 2009. Un étrange tableau, où le ciel noir se déchire sur des nuages blancs tachés de bleu. Les femmes plantées aux angles de parcelles géométriques annoncent l’abstrac-tion. C’est en 1882 que l’artiste réalise ce tableau. Âgé de 28 ans, il est installé depuis un an à La Haye, pour y apprendre la peinture auprès d’un cousin. Dans le paysage apparaissent déjà les corbeaux qui signeront sa dernière œuvre à Auvers-sur-Oise en 1890. F. C.

PIASA À LA PATINOIRE DE BRUXELLES

Frédéric Chambre, vice-président associé de Piasa, développe l’activité du département Design en organi-sant des ventes à Bruxelles dans l’ancienne Patinoire royale, deve-nue la galerie d’art contemporain Valérie Bach. « Nous souhaitons y

faire trois sessions de ventes par an, en mars, juin et décembre. » Au pro-gramme de la première vente, du design, brésilien, américain, fran-çais, scandinave des années 1940 à 1970, avec des prix démarrant à 1000 € et pouvant atteindre des dizaines de milliers d’euros. F. C.

À la in du XIXe siècle, l’école naturaliste de Lorraine est connue bien au-delà des frontières françaises. Les Américains aiment cette

peinture intimiste, qui est régulièrement exposée aux États-Unis. Sotheby’s met en vente quarante-quatre tableaux lorrains provenant de la collection du sculpteur nancéien Jean-Louis Burtin, qui avait été désigné comme exécuteur testamentaire d’Émile Friant (1863-1932), l’un des chefs de ile du mouvement. Si les tableaux d’Émile Friant se vendaient très cher du

vivant de l’artiste, ils obtiennent encore de très beaux prix : en 2005, Sotheby’s a vendu à New York Ombres portées pour $508 800… Pour cette vente, La Discussion politique est attendue entre 30 000 € et 50 000 €. Une autre œuvre emblématique du travail de Friant, Le Repas frugal, est estimée au même prix. À ses côtés, on trouve un Bord

de mer d’Edmond Petitjean (de 20 000 € à 30 000 €) et une étude de Jules Bastien-Lepage (de 2000 € à 3000 €). Les Américains vont-ils faire monter les prix ? F. C.

Vincent Van Gogh Racommodeuses de filets dans les dunes, 1882, huile sur papier maroulé sur panneau, 42 x 62,5 cm

SOTHEBY’S RELANCE LES PEINTRES LORRAINS

VENTE PAR ARTCURIAL, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, 01 42 99 20 20, www.artcurial.com le 4 juin.

UN VAN GOGH À PARIS !

Ci-dessous Tapio Wirkkala, Sans titre, 1970, pièce unique en verre incalmo.

Émile Friant La Discussion

politique, 1889, huile sur

panneau, 26,3 x 34 cm

enchèresMARCHÉ DE L'ART

118 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

©2018,ProLitte

ris,Zurich

KEESVANDONGEN. Rouge et Jaune (L’Egyptienne). 1910-11. 100 x 73 cm.

Vente àZurich le 29 juin 2018

ART IMPRESSIONNISTE&MODERNE

Exposition : 16 au 25 juin 2018

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Tél. +41 44 445 63 63

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www.kollerauctions.com

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RENDEZ-VOUS AUX JOURNÉES MARTEAU

Le Syndicat national des ventes volontaires (Symev), annonce ses Journées Marteau et lance « les Journées nationales de l’expertise », où chacun pourra de-mander gratuitement l’évaluation d’un objet. À ne pas manquer cette année : De Baecque qui présente le 25 mai, à l’Hôtel Drouot, une Kiki

de Montparnasse par Foujita (de 15 000 € à 30 000 €), Briscadieu qui propose le même jour à Bordeaux des Pins au Pyla par Albert Marquet (de 30 000 € à 40 000 €), et Pillon, qui vend le 27 mai à Ver-sailles une Yvette Guilbert de Picasso (de 10 000 € à 12 000 €). F. C.

HEDA, LE MAÎTRE DES NATURES MORTES

Le grand peintre de la na-ture morte hollandaise du xviie siècle, Willem Claesz Heda (1594-1680), est l’auteur de cette Nature morte aux pièces d’orfèvrerie, crabe et citron, estimée entre 150 000 € et 200 000 €. « Créé dans les années 1647-1650, ce ta-bleau est plus baroque que ceux de 1630-1640 et montre l’opulence qui

régnait alors », analyse l’expert René Millet. L’œuvre a été conservée dans la même famille depuis trois générations. Rares, les peintures de Heda n’apparaissent que tous les deux ou trois ans en vente. F. C.

UN DINOSAURE INCONNU

Un nouveau genre de dinosaure a été découvert aux États-Unis en 2013. Il mesure près de neuf mètres de long et deux mètres soixante de haut (estimé entre 1,2 M€ et 1,8 M€). Ce théropode inconnu appartient à un Européen, qui le met en vente chez Aguttes, lequel avait vendu un allosaure en 2006 pour 1 128 000 €… Le squelette a été transporté dans des caisses et remonté sur une structure en Inox, qui permet de bien le stabiliser. Grâce à cette construction, les os peuvent être retirés aisément ain d’être étudiés. F. C.

Deux tableaux des Le Nain apparaissent en ventes aux enchères à près de deux mois d’intervalle. Un miracle ! Car on ne compte que soixante-quinze tableaux

des frères Le Nain dans le monde, dont quinze sont conservés au musée du Louvre. Le premier, un Saint Jérôme, s’est vendu 1,2 M€ chez Christie’s New York le 19 avril, dans la fourchette de son estimation.Le second, Le Christ enfant en adoration

de la Croix (estimé de 3 M€ à 5 M€), est une redécouverte. « C’est une image

bouleversante, que l’on ne connaissait

pas chez les Le Nain. L’Enfant Jésus, qui

a pour la première fois la prescience de sa

destinée », commente l’expert Éric Turquin. Agenouillé, il est entouré des symboles de la Passion. Une lumière déchire le ciel et éclaire son visage. Pour Jean-Pierre Cuzin, ancien conservateur en chef des peintures du Louvre, et pour son successeur Nicolas Milovanovic, ce tableau est bien des Le Nain. Interdit de sortie du territoire depuis in avril, il a donc acquis le statut de Trésor national. Le Louvre va-t-il tenter de l’acheter ? F. C.

LES MYSTÉRIEUX FRÈRES LE NAIN

VENTE PAR AGUTTES, 164 bis, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine, 01 47 45 55 55, www.agutes.com le 4 juin en duplex avec le 1er étage de la tour Eiffel, où le squelette est exposé à partir du 2 juin.

VENTE PAR DE THIERRY DE MAIGRET, Hôtel Drouot, 9, rue Drouot, 01 44 83 95 20, www.thierrydemaigret.com le 6 juin.

JOURNÉES MARTEAU, à travers la France, 01 45 72 67 39, www.symev.org les 26, 27 et 28 mai.

VENTE PAR ROUILLAC (02 54 80 24 24, www.rouillac.com) au château d’Artigny, 37250 Montbazon, le 10 juin.

À droite, de haut en bas Albert Marquet, Pins au Pyla, 1895, h/t, 38 x 55 cm©BRISCADIEU.

Squelette de théropode, Jurassique supérieur, Wyoming (États-Unis), 2,60 x 8,70 m©AGUTTES.

Willem Claesz Heda, Nature morte aux pièces d’orfèvrerie, crabe et citron, 1647-1650, huile sur bois, 111 x 143 cm©MAIGRET.

Ci-dessus Frères Le Nain, Le Christ enfant en adoration de la Croix, vers 1642-1647, huile sur toile, 72 x 54 cm©ROUILLAC.

enchèresMARCHÉ DE L'ART

120 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

è r e M A I S O NINDÉPENDANTEE N F R A N C EE N 2 0 1 7 *1

*dont le capital est détenu par un seul actionnaire

Miro, oiseauAdjugé en 2007

Pot à lait de Marie-AntoinetteAdjugé en 2011

Buste de BouchardonAdjugé en 2012

Miro Blue StarAdjugé en 2007

11,6MILLIONS D’€

1MILLION D’€

6,2MILLIONS D’€

1,1MILLIONS D’€

3,7MILLIONS D’€

Ecole de Nuremberg, vers 1410Adjugé en 2002

Un crayon de ChassériauAdjugé en 1991

Peinture de BERCKHEYDEVente en collaboration, en 1999

Autoportrait de ChardinAdjugé en 1986

Monotype de Gauguin.Vente en collaboration, vers 1990

6,6MILLIONS DE FF

4MILLIONS DE FF

3,3MILLIONS DE FF

23,5MILLIONS DE FF

9,4MILLIONS DE FF

Paire de toiles par HiepesAdjugée en 2000

PLUS DE 40 ANS D’ENCHÈRES MILLIONNAIRES !

Une toile de SanyuAdjugée en 2017

Total cumulé pour 3 toilesde Sanyu adjugées en 2015

AllosaurusAdjugé en 2016

Peinture impériale QIANLONGAdjugé en 2013

9,7MILLIONS D’€

1,53MILLIONS D’€

1,1MILLIONS D’€

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122 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

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SUR LA ROUTE

DE KYOTO

LA TOUR PAR LE MENU

Ce livre le prouve : il y a toujours proit à explorer dans le détail une

œuvre d’art, en l’occurrence ici Saint Joseph charpentier (c. 1640), insigne tableau de Georges de La

Tour. Venant de bénéicier (2016) d’une exposition au musée de

Vic-sur-Seille (Lorraine), la ville natale du peintre, cette toile avait

été offerte au musée du Louvre en 1945 par le célèbre marchand d’art anglais francophile Percy

Moore Turner (1877-1950). Quatre essais rédigés par des spé-

cialistes précèdent l’étude princi-pale, signée Dimitri Salmon et au

sous-titre évocateur : « nouveau-tés et hypothèses » étayées par les

études de laboratoire. Riche d’un copieux cahier d’illustrations,

l’ouvrage se clôt par un énorme chapitre d’annexes et de notes de Dimitri Salmon, nourri du dé-

pouillement d’archives et de cor-respondances inédites lui ayant

permis de retracer, outre l’histoire du tableau et sa place dans l’œuvre

du peintre, l’activité marchande et celle de donateur exercée, dans

maints pays, par Turner. Tout La Tour au côté de l’évocation des coulisses muséales et du marché

de l’art du xxe siècle, tel aurait pu être de fait le sous-titre de ce livre,

inscrit désormais au cœur de la bibliographie relative à Turner et La Tour.  H. G.

.

C’est une publication exceptionnelle, dans un format XXL, que propose la maison d’éditions Taschen. On

connaissait la célèbre route du Tôkaidô illustrée par les estampes d’Hiroshige (1797-1858). Beaucoup plus rare, voici la série des soixante-neuf stations de la route Kisokaidō, vingt-quatre xylographies réalisées par  Keisan Eisen (1790-1848) et quarante-sept par Utagawa Hiroshige, entre 1835 et 1838. Pour la première fois, elles sont reproduites dans leur intégralité, grâce au collectionneur franco-polonais Georges Leskowicz qui a autorisé l’impression sur la base de ses exemplaires. Presque toutes les planches qu’il possède sont des premiers tirages, fait rarissime qui a permis à Taschen de rendre avec précision la qualité des couleurs dans cet ouvrage parfaitement idèle à la série originale, imprimé sur papier crème et ligaturé à la main. Au XVIIe siècle, le shogun Ieyasu décida d’établir un réseau de grandes routes au départ d’Edo, l'actuelle Tokyo. L’une d’elles, la Kisokaidō, parcourt l’intérieur du pays et traverse les montagnes avant de rallier Kyoto, offrant au voyageur de splendides paysages, ainsi que des relais de poste, des échoppes, des temples, des châteaux, des ponts célèbres. Si Hiroshige fascine par la puissance d’émotion qu’il confère au paysage, la luminosité, les variations d’atmosphère, Eisen séduit par la manière dont il souligne l’humanité de ses personnages, paysans vannant le riz, moines mendiants ou courtisanes. V. B.

LE SAINT JOSEPH CHARPENTIER DE GEORGES DE LA TOUR, UN DON AU LOUVRE DE PERCY MOORE TURNER, sous la direction de Dimitri Salmon, éd Snoeck, 584 pp., 303 ill., 49 €.

LES SOIXANTE-NEUF STATIONS DE LA ROUTE KISOKAIDŌ, estampes de Hiroshige et Eisen, par Andreas Marks et Rhiannon Paget, éd. Taschen, trilingue, reliure japonaise sous coffret, mallette avec poignée, 234 pp.,100 €.

124 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

livresGUIDE

LE ZAO DE TEXIER

Ce n’est ni une biographie, ni un essai, mais un livre de sou-venirs, le récit d’une amitié : entre l’auteur, Richard Texier, artiste français de grand renom, et Zao Wou-Ki, glorieux peintre sino-français. D’une écriture heureuse et fluide, avec toute la délicatesse d’une affection vraie, l’auteur dévide pour nous le il de cette relation commen-cée au début des années 1990 et qui dura jusqu’à la mort du maître, en 2013. Le lecteur a le sentiment de jouir d’un pri-vilège, celui d’être admis à as-sister à leurs rencontres, leurs discussions, leurs voyages et séances de travail en commun, de partager, en quelque sorte, la lumière et la douceur de leur amitié. Richard Texier dévoile aussi, avec beaucoup de tact, les aspects secrets de la person-nalité du grand artiste, les bles-sures liées à son passé chinois, ou son caractère enjoué, curieux de tout, très humain. Bref, c’est un petit livre léger et profond, délicieux. M. J.

LES QUATORZE MUSÉES MUNICIPAUX

Depuis 1880 (date de création du musée Carnavalet), la Ville de Paris fait la nique à l’État en présentant ses collections muni-cipales dans des musées théma-tiques ou monographiques. Au musée du Louvre et à Orsay ré-pondent donc le musée Carna-valet, le Petit Palais et le musée Cognacq-Jay. Au Centre Pompi-dou fait écho le musée d’Art mo-derne de la Ville de Paris. Face aux richesses du musée Guimet, le musée Cernuschi cache sous les frondaisons du parc Mon-ceau les trésors récoltés par un banquier du xixe siècle. Sans oublier les maisons ou ateliers d’artistes comme Honoré de Balzac, Victor Hugo, Antoine Bourdelle et Ossip Zadkine. Grâce à ce livre insistant sur l’originalité de ces quatorze mu-sées municipaux, on comprend mieux la formation de leurs collections et surtout l’atmos-phère de chacune de ces entités, superbement photographiées par Ferrante Ferranti. G. B.

ZAO, par Richard Texier, éd. Gallimard, 155 pp., 17€.

PARIS MUSÉES, HISTOIRE DES MUSÉES DE LA VILLE DE PARIS, par Cécile Aufaure et Juliette Singer, éd. Paris Musées, 260 pp., 35 €.

livresGUIDE

EXPOSITION DU 16 MAI

AU 10 SEPTEMBRE 2018

MUSÉE NATIONAL

DES ARTS ASIATIQUES – GUIMET

6, PLACE D’IÉNA 75116 PARISWWW.GUIMET.FR

AU FIL DES CARTES

Le Paradoxede l’iceberg.–..Œuvres de la collectiondu Frac Grand Large –Hauts-de-France

Parc culturelde Rentilly –Michel Chartier/frac île-de-france,le château

Carl AndreJohn ArmlederMicol AssaëlRobert BarryJoseph BeuysJean-Sylvain BiethPier Paolo CalzolariNina Canell

Julien CreuzetChristine DeknuydtNicolas DeshayesMatias FaldbakkenRobert FilliouGloria FriedmannHans HaackePeter JosephJannis KounellisDennis OppenheimLisa OppenheimEmmanuel PereireEvariste RicherJean-Luc VernaJacques VillegléFranz WestGilberto Zorio

Christine Deknuydt, Le paradoxe de l’iceberg, non daté,Collection du Frac Grand Large – Hauts-de-France ©D.R

31 mai > 24 juin 2018

Claudie LAKSŒuvres récentes

Blo

ssom,2016.Acryliqueethuile

surtoile.206x203cm

Galerie Protée

38 rue de Seine 75006 Paris

t. 01 43 25 21 95 / 06 14 63 00 62

[email protected] / galerieprotee.com

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 129

sur le web

155 789 fans 38 647 followers 15 774 fansAbonnez-vous à nos newsletters

En juin, grâce à nos diaporamas commen-tés, voyagez dans la France du Grand Siècle

avec les dessins d’Israël Silvestre au Louvre avant de plonger dans les noirs organiques

de Lee Bae à la Fondation Maeght. Partez à la rencontre des « Mondes tsiganes » au Musée national de l’histoire de l’immigra-

tion (ill. : ©Marcelle Vallet/Fonds Marcelle Vallet) puis de la diaspora africaine mise en

scène par Lubaina Himid au Musée régional d’art contemporain Occitanie à Sérignan.

DIAPORAMAS EN LIVE

Emmanuel Lhermitte (ill.), secré-taire général de la Compagnie natio-

nale des experts (CNE), est l’invité d’Avant-Première  à l’occasion des Assises de l’expertise, organisées par

la CNE, qui se tiennent le 6 juin au Petit Palais à Paris. Destiné aux pro-

fessionnels comme aux collection-neurs, l’événement met en lumière

l’expert en œuvres d'art et les enjeux de ses diférentes missions.

PODCASTS

Ce mois-ci dans La Grande Galerie de Radio

Classique, direction Aix-en-Provence pour l’ex-position Nicolas de Staël à l’Hôtel de Caumont

(ill. : ©J.-L. Lacroix/Musée de Grenoble) et un dialogue inédit entre Picabia et Picasso au musée Granet. Avec

Culture Soir, découvrez le quotidien des familles durant la Grande Guerre au musée de Meaux, le corps en ques-

tion dans l’œuvre de Baselitz au musée Unterlinden et les abstractions silencieuses de Zao Wou-Ki au musée d’Art

moderne de la Ville de Paris.

THÈME DU MOIS LES JOURNÉES

NATIONALES DE

L’ARCHÉOLOGIE

.comL’actualité en direct sur

Avis aux passionnés de vestiges et aspirants découvreurs ! Les Journées nationales de l’archéologie reviennent cette année du 15 au 17 juin pour un week-end de rencontres et d’initiations en tous genres à la « fabrique » de l’Histoire. Retrouvez nos idées de sorties et le meilleur de l’actualité de l’archéologie (ill. : ©E. Collado) dans notre dossier spécial en ligne. A.-S. L.-M.

5/7 rue de Fourcy

75004 Paris

Téléphone: 01 44 78 7500

Web: www.mep-fr.org

M Pont Marie ou Saint-Paul

Ouvert du mercredi au

dimanche inclus,

fermé lundi, mardi et

jours fériés.

30mai

29juillet

18

Afghanistan, Kaboul, 1996 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth

En partenariat média avec

MEMORIA

PHOTOGRAPHIES DE

JAMES

NACHTWEY

Jacques Truphémus, Verdures sombres,

ciel clair, 2013, huile sur toile, 130 x 100 cm,

exposition dans les Galeries hautes

du château.COURTESY GALERIE

CLAUDE BERNARD.

RA

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Chaumont-sur-Loire,

Par Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et commissaire de la 10e saison d’art.

els des pavillons sublimés sous l’égide d’artistes inspirés et inspi-rants, les parcs, le château, les

granges et les écuries du Domaine de Chaumont-sur-Loire sont, comme chaque année, le théâtre de nouvelles expositions ou installations in situ. C’est ainsi que Sheila Hicks a enchanté le château et donné naissance à d’impres-sionnantes coulées de couleur rouge sombre dans un puissant face-à-face avec les poutres de Jannis Kounellis.

Elle a aussi, sous les voûtes du monu-ment, fait poétiquement « tomber le ciel » dans les cheminées et « trembler les murs », tant ses « environnements » de tissu ou de papier savent inement résonner avec la mémoire du lieu et s’iniltrer dans la texture des pierres.En cette année anniversaire, plusieurs ar tistes ont été réinvités et nous en traînent dans l’univers du conte, tel Nils-Udo dont le « volcan » mysté-rieux, sis dans les prés du Goualoup, abrite de surnaturels et fascinants œufs de marbre blanc, non loin des brumes oniriques de Fujiko Nakaya. Klaus Pinter a conçu, sous l’auvent des Écu-ries, une sphère quasi cosmique, illu-minée par des milliers de fleurs d’or, jouant avec la lumière. Eva Jospin s’est éloignée de son matériau de prédilec-tion, le carton, utilisant, pour la pre-mière fois, le ciment moulé, pour réa-liser, dans le parc historique, une grot te à la fois poétique et monumentale, alliant subtilement le minéral et le végé-tal. Sarkis a eu l’idée de « réparer » un meuble ancien endommagé, dont les fêlures et les blessures ont été saupou-drées d’or, selon la tecnique japonaise du kintsugi, preuve d’une survie possi-ble, par-delà les aléas du temps.Les somptueux « photogrammes » d’Anne et Patrick Poirier, issus de leurs « vagabondages argentiques », pro-posent un éloge de la fragilité de la nature et de la sensualité du végétal. Parmi les artistes invités pour la pre-mière fois, l’artiste australienne Fiona Hall a conçu une œuvre originale liée à une vision harmonieuse de l’Europe. Sont aussi présents, cette année, l’artiste japonais Tanabe Chikuunsai IV, avec une spectaculaire œuvre de bambou tigré, le Vietnamien Duy Anh Nhan Duc, auteur d’une méditation végétale d’une grâce inouïe, autour du pissenlit, la Brésilienne Nathalie Nery avec une délicate greffe d’exotiques feuilles de jacquier sur un tronc de chêne, et Simone Pheulpin avec de sculpturales œuvres de tissu immaculé. Sous le signe de Frans Kracjberg et de Jacques Truphémus, récemment disparus, cette saison d’art est, encore une fois, une invitation à célébrer la magniicence et le merveilleux de la nature.

10 ans !

Arts & Nature 2oI8

L’Américaine Sheila Hicks met le domaine « Sens dessus dessous ». Elle combine

textiles, laines et papier et illumine les appartements et les sous-sols du

château de ses effets de couleurs. Par Virginie Huet

Sheila Hicks, entre les lignes

ans son atelier niché au cœur de Saint-Germain des Prés, Sheila Hicks règne sur le il

et la couleur. À 84 ans, elle voit enin consacré un travail de toute une vie. Alors que le Centre Pompidou lui rend un bel hommage, elle revient pour la deuxième année consécutive à Chaumont-sur-Loire, invitée par Chantal Colleu-Dumond. Il aura donc fallu tout ce temps pour bien comprendre ce qui se trame entre ses mains. Celle qui opère dans le champ de la sculpture a, de toute évidence, retenu la leçon de la peinture : d’abord inluencée par l’expression-nisme abstrait de Joan Mitchell ou l’impressionnisme de Monet, ses ins-tallations appliquent au volume et à la ibre le geste libre, la couleur ivre. Ses pièces textiles sont le lieu d’une expérience totale, plus sensuelle que sensible : en fils de coton, nylon, raphia, laine, lin ou soie, elles pen-

« entrelacs » sable, or et ocre, comme un tourbillon acide dans le silence de la pierre. Sous les toits, dans les appartements réservés autrefois aux invités, lottent ses « étendards » : là, en écho aux murs gris souris et aux papiers peints défraîchis, elle fait « tomber le ciel dans la cheminée », dresse un « mur tremblant » avec de précieux papiers coréens, azurs ou dragées. Dans la chambre, des lambeaux d’étoffes épousent les arcades et nous jettent un sort : c’est l’« envoûtement » final. Rideaux, arcs-en-ciel, écrans, lianes, galets ou cascades, on ne peut s’empê-cher d’identiier les formes de Sheila Hicks. Sur le sujet, elle est catégo-rique : son art tourne le dos au igura-tif, il ne « représente rien ». Ses efets de matière créent pourtant bien un système de signes, comme ses mor-ceaux de couleur inventent un langage « qui parle aux âmes ».

D dent, s’eilochent, dégoulinent, s’en-roulent et dans le même temps consolent, réchaufent, habillent… en un mot, touchent. Car à l’optique, Sheila Hicks oppose l’haptique, au rigide, le ductile. D’ailleurs, elle ne tri-cote pas mais fabrique des « environ­nements ». Comme à Chaumont-sur-Loire, dans la galerie du Fenil, où branchages et ballots de laine mono-chromes baignaient l’année dernière dans les auges des veaux de la prin-cesse de Broglie. Ce dialogue fécond avec la mémoire des lieux se poursuit cette année avec Sens dessus dessous : dans les sous-sols du château, des rivières pourpres cou-lent dans « l’office », entre « jeu d’échecs » et « lever de rideau », face à la forêt de poutres en peuplier dressée par Jannis Kounellis. Plus loin, dans la « boucherie » voisine, une « chute ultra­marine » cache une « issue secrète ». Dans le « réfectoire », elle dessine des

Sheila Hicks, Sens dessus

dessous, installations dans

les sous-sols du château. ©ÉRIC SANDER

POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT-

SUR-LOIRE.

Arts & Nature 2oI8

Sheila Hicks, Sens dessus

dessous, installation dans

les appartements des invités

du château. ©ÉRIC SANDER

POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT-

SUR-LOIRE.

Depuis l’Australie, l’Europe apparaît aux yeux de Fiona Hall comme une ruche, où

chacun devrait trouver sa place et son rôle, où tous les pays pourraient s’entendre pour construire un monde harmonieux. Pour sa première intervention au Domaine de Chau-mont-sur-Loire, l’artiste file la méta-phore de l’abeille mellifère, sym bole de coopération.Dans les prés du Goualoup, plantés pour l’occasion de blé et de coqueli-cots, Fiona Hall (née en 1953 à Syd-ney) a installé vingt-huit maquettes en bois, peintes à la main, qui figurent autant de monuments emblématiques de chacune des nations membres de l’Union européenne. « À travers l’agen­

Fiona Hall, Tout au long des tours de guet, projet pour les prés du Goualoup.©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT-SUR-LOIRE.

cement de ces “ruches”, mon installa­tion évoque le départ du Royaume­Uni. Bien que je sois une citoyenne austra­lienne, habitant très loin de l’Union européenne et de son vacarme poli­tique, je suis de près les débats autour du Brexit », explique l’artiste. Installée au cœur de la beauté sauvage des terres de Tasmanie, investie dans l’écologie et la protection des espèces, elle est particulièrement sensible à l’impact de la mondialisation et du capitalisme sur notre environnement. Celle qui s’est fait connaître en 1990 avec Paradisus terrestris (une ving-taine de boîtes de sardines d’où nais-saient plantes, leurs et arbres) et qui a représenté son pays lors de la bien-nale d’art contemporain de Venise

en 2015, transformant le pavillon aus-tralien en un extraordinaire cabinet de curiosités, revendique un art engagé. « Mon travail, qui aborde différents thèmes et disciplines, peinture, sculp­ture, vidéo, photographie ou installa­tion, se concentre de plus en plus sur les problèmes actuels liés à l’environne­ment, à la politique, à la société, et à leurs enjeux. Mais sans être trop didac­tique : je préfère être poétiquement pro­vocatrice », conie-t-elle.Son installation au Domaine de Chau mont-sur-Loire a aussi valeur de constat. Depuis la construction du tout premier château, il y a près de mille ans, le monde a évolué, mais au fond, rien n’a véritablement changé. « Les deux époques partagent des objectifs communs de fortification et de protectionnisme face aux intérêts et aux menaces extérieurs, remarque l’ar tiste. Le château de Chaumont­sur­Loire a d’abord été construit comme une forteresse dans le but de protéger la région des éventuelles invasions ennemies du comté voisin. L’Union européenne a pris la forme d’un pro­tectorat, dont l’objectif était d’apporter une unité et une stabilité au sein du territoire, et bien qu’elle continue d’af­ficher un front uni, elle est constam­ment fragilisée… »

Fiona Hall, l’Europe et ses abeilles

Vue de Tasmanie, l’Europe serait une ruche… dans laquelle chaque pays devrait coopérer. À travers ses maquettes installées

dans les prés du Goualoup, l’Australienne et écologiste Fiona Hall ile la métaphore mellifère. Par Guillaume Morel

Arts & Nature 2oI8

sculpture. Âgée de 85 ans, elle crée en efet des « sculptures de brouillard » depuis 1970, date à laquelle elle a enveloppé le Pa villon Pepsi de l’Expo’ 70 à Osaka d’un épais manteau de brume artificielle (Fog sculpture # 47773). « Je veux changer l’image du brouillard. Au lieu que les gens se disent : “Je ne peux pas voir ce beau paysage”, ils penseront peut­être : “le brouillard est si beau” », dit Fujiko Nakaya qui en 1998 dissimulait le Guggenheim de Bilbao dans une sculpture de brouillard intitulée F.O.G., acronyme du nom de l’archi-tecte Frank O. Gehry. Fille du physicien Ukichiro Nakaya, créateur des premiers cristaux de neige artiicielle, elle a déposé en 1989 le brevet d’un système permettant de produire une sculpture de nuages à partir d’un brouillard « naturel », res-

pectueux de l’environnement. « Je vou­lais créer des environnements dans lesquels on puisse déambuler, pas seu­lement visuels. C’est une expérience sensorielle complète », souligne-t-elle. Précisons que « pour préparer ses œuvres elle utilise un protocole d’expé­rimentation et des instruments de mesure qui permettent de recueillir sys­tématiquement certaines données météorologiques, tels le taux d’humi­dité, la direction et la vitesse du vent, la température. C’est pourquoi, à côté d’un titre souvent plus poétique, chaque œuvre porte le numéro de code interna­tional de la station météo où elle a lieu », écrit Anne-Marie Duguet dans un livre/DVD sur l’artiste (Fujiko Nakaya, Fog Brouillard, éditions Anar-chive, 2012). Ainsi l’œuvre #07240 Standing Cloud conjugue-t-elle art, science et poésie.

Fujiko Nakayadans la brume

Créée en 2013, l’installation de l’artiste japonaise qui « sculpte le brouillard » est réactivée pour cette dixième édition. Venue avec la brume, la poésie envahit de nouveau le Domaine. Par Myriam Boutoulle

Fujiko Nakaya, Cloud

installation #07240

Standing Cloud, installation dans

les prés du Goualoup.

©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE

DE CHAUMONT- SUR-LOIRE.

ongtemps elle a peint des nuages avant de les « sculpter ». Là où Le Corrège représentait extases

et nuées, là où Caspar David Frie-drich igurait un Voyageur contem­plant une mer de nuages, la Japonaise Fujiko Nakaya modèle la brume. Son installation #07240 Standing Cloud (Nuage debout), créée in situ dans les prés du Goualoup en 2013, est réac-tivée à l’occasion des dix ans du Centre d’arts et de nature. « Un sys­tème de brumisateurs d’eau potable à haute pression accroché à quatre mètres de hauteur dans les arbres dif­fuse de micro­gouttelettes de brouil­lard vers le haut qui s’élèvent comme un cumulus dans les arbres. Le nuage s’attarde quelques secondes avant de se désintégrer en un faisceau de brouillard informe. Par temps calme et humide, le nuage bas se déplace doucement à travers le champ. Lors­qu’il rencontre un air plus sec, il se dissipe lentement. Par temps venteux, le brouillard émis s’élève rapidement dans le ciel et se dissipe », explique Fujiko Nakaya, première artiste à travailler le brouillard com me une

L

Un volcan de terre, un nid, des œufs en marbre de Carrare : le plasticien

allemand, qui dit « écrire avec des fleurs »

et « dessiner avec de l’eau », est de retour avec une œuvre pérenne installée

dans les prés du Goualoup. Par Guillaume Morel

Nils-Udo, Volcan,

installation dans les prés du Goualoup.

©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE

DE CHAUMONT- SUR-LOIRE.

L’œuvre est néanmoins spectacu-laire, mais, comme toujours chez Nils-Udo, discrète, secrète, d’une beauté mystérieuse, en aucun cas ostentatoire. L’artiste, né en Bavière en 1937, a érigé un volcan de terre de quinze mètres de diamètre à sa base, recouvert de gazon, et dont le cratère, d’une largeur de plus de cinq mètres à la crête, forme un nid. À l’intérieur, comme un trésor, appa raissent des œufs en marbre blanc de Carrare, délicatement posés sur de la roche volcanique prove-nant d’Auvergne et entourés de sept charmes. L’œuvre va évoluer au fil des saisons et des années. Les arbres vont grandir et s’élever vers le ciel. Pour que le public puisse accéder au bord du cratère, Nils-Udo a prévu un petit sentier, que l’on gravit en quelques marches. Des Nids, géants ou minuscules, comme posés par miracle en pleine nature, Nils-Udo en a imaginés des dizaines depuis la in des années 1970, sur l’eau, dans un écrin de verdure ou

dans la neige. Réalisés à partir de branchages, de pétales de fleurs, de feuilles, de mousses, de baies… ramassés dans la forêt ou au bord des lacs, soigneusement choisis au cours de ses longues promenades quoti-diennes, ils ont bâti la réputation de cet autodidacte qui, dès l’âge de 16 ans, savait qu’il serait artiste.« Je voulais que cette installation soit différente. Je l’ai placée au cœur d’un volcan, mais le nid reste la métaphore de la naissance, et de la vie. C’est aussi un abri, un refuge. J’ai travaillé en étroite collaboration avec les jardiniers du Domaine, dont j’ai pu apprécier l’en­gagement et l’eicacité », souligne Nils-Udo qui, à 80 ans passés, n’a rien perdu de son énergie, ni de son émerveille-ment devant les beautés de la nature. Et son année 2018 s’annonce chargée, avec un projet sur une île de Méditer-ranée, un autre à Moscou, de nouvel-les installations prévues en Normandie et en Italie, sans oublier une exposition de ses peintures à la galerie Claire Gastaud, à Clermont-Ferrand.

Nils- Udo (re)fait son nid

lutôt habitué aux installations éphémères dont seule une photo-graphie préserve la mémoire,

Nils-Udo a conçu, pour sa deuxième intervention au Domaine (on se sou-vient de sa fabuleuse Forêt de Gulliver, au pied des grands cèdres, en 2009), une œuvre pérenne. Pas dans le Parc historique, puisqu’il est classé, mais dans les prés du Goualoup. « J’aurais voulu que ce soit encore plus grand, mais ce n’était pas possible ! », conie l’artiste qui, ces dernières années, alterne installations dans la nature et peintures de paysages produites dans l’intimité de son atelier.

P

aller-retour entre « introspection » et « une certaine façon d’être debout ». « J’essaie de créer un espace en soi et la possibilité de s’y perdre. » À l’intérieur, le volume et la perspective rivalisent pour réunir « les conditions de l’atten­tion » : « Quand l’œil embrasse le général puis le particulier, c’est le détail qui fait qu’on reste. » On l’aura compris, Eva Jospin veut nous ravir, « au sens d’enlever ». Son vocabulaire emprunte aux systèmes de représentation qui, comme le pano-rama, conditionnent depuis le xviiie

siècle notre rapport au monde, dans un format singulier, celui de la recons-titution. Une logique qui, si on la suit, place la Géode, Disneyland et autres Luna Park en héritiers directs des jar-dins baroques de la Renaissance ita-

lienne, des chefs-d’œuvre d’artiice et de démesure. Avec le leuve pour seul horizon, la Folie d’Eva Jospin, sa « fabrique de jardin », tient du refuge conidentiel : « Je ne voulais pas qu’elle soit érigée seule au milieu de la pelouse : elle est un peu cachée et se mêle à l’environne­ment, comme dans un écrin d’arbres. » Un ermitage raffiné, référence aux maisons de plaisance pensées pour le « plaisir pur » d’aristocrates et leurs rendez-vous galants. En somme le lieu du divertissement, l’endroit du caprice, le comble de l’extravagance. Mais c’est aussi « une expression soli­taire », que l’artiste rapproche en ce sens de l’Art brut : « Il n’y a pas de doute, on est dans le non sens. » Il ne nous reste plus qu’à divaguer.

Eva Jospin à la folie

Une folie pour ponctuer la lânerie du promeneur dans le Parc historique ? Oui mais à partir du carton, puisqu’elle

est signée Eva Jospin qui renouvelle son travail sur son matériau de prédilection.

Par Virginie Huet

Eva Jospin, Folie, installation dans le Parc historique.©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT-SUR-LOIRE.

e toutes les matières, c’est le carton qu’Eva Jospin préfère. Ondulé, recyclé, curieusement

familier. À son endroit, elle ne dit pas que du bien : « C’est un matériau qu’on ne respecte pas, il est à disposi­tion. » Pour preuve, elle l’a coulé dans du ciment pour construire une folie dans le Parc historique. C’est dans ces chutes de carton sans qua-lité que l’artiste taille des bas-reliefs virtuoses : il faut de la patience pour parvenir à ciseler dans les moindres détails ce qui, par nature, « résiste à la précision ». Entre Arte povera et orfèvrerie, dans la « débauche de temps » et l’« énergie contradictoire » que suppose une telle entreprise, Eva Jospin (née en 1975 à Paris) s’installe : « Il y a des choses qui arrivent dans l’insistance. » Long-temps, elle déchire, lacère, découpe, assemble, superpose, retouche, sculpte, met du corps à l’ouvrage. De sorte que l’œuvre achevée, si délicate, a ière allure et tout du trompe-l’œil. À la Manufacture des Gobelins, au Palais de Tokyo, dans la Cour carrée du Louvre, elle fait pousser des forêts, des sous-bois sombres et denses dans lesquels on jurerait s’enfoncer. Car l’expérience est totale face à ces ins-tallations immersives, qui nous entraî nent, comme le souligne Daria de Beauvais, commissaire d’exposi-tions au Palais de Tokyo, dans un

D

Arts & Nature 2oI8

Klaus Pinter, En plein midi, installation sous l’auvent des Écuries.©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT-SUR-LOIRE.

Klaus Pinter

au zénith

De Paris à Berlin, l’artiste autrichien a multiplié les sphères

éphémères, sa manière à lui d’interroger l’architecture et

l’histoire. Sa nouvelle création en bambou et feuilles de zinc roule

sur les pavés de la cour des Écuries. Par Virginie Huet

Manfred et Laurids Ortner, puis Haus-Rucker-Inc. à New York, en 1971, avec Caroll Michels. Ensemble, ils ouvrent des espaces alternatifs dans la ville, prolongeant les recherches de Chanéac, igure majeure de l’architecture pros-pective, qui milite pour « l’implantation libre de cellules individuelles, évolutives et mobiles ». Ainsi de leur projet mani-feste Pneumacosm (1967-1971), « pla­nète vivante » en plastique, pensée comme une unité d’habitation auto-nome « prête­à­brancher » sur la façade d’un bâtiment. De ces années d’expérimentations uto-piques, Pinter garde une aversion pour « la modernité exacerbée, la tech­nologie envahissante ». Depuis son atelier de Saint-Trojan-les-Bains, à l’extrême sud-ouest de l’île d’Oléron, il assiste au spectacle de la nature et vit au rythme des marées : « Je reste viscé­ralement et spirituellement attaché à la forme, à la lumière et aux couleurs de la vie humaine, animale et végétale. » Le paysage de Chaumont-sur-Loire lui va bien : « Travailler ici, c’est être immergé dans une nature qui est plei­nement culture. » De retour sous l’auvent des Écuries, « cet environnement de pierre et de brique » qui abritait en 2013 Au pre­mier matin, boule géante en PVC ser-tie de milliers de magnolias dorés, Pinter innove : cosmique, sa sphère En plein midi, cette fois toute en bambou et feuilles de zinc, « pour qu’elle résiste aux années », évolue sur les pavés de la cour. Un nouvel astre dans la constellation de ce contemplatif, en qui l’historien et critique d’art Yves Kobry voit « la synthèse volatile » de Baudrillard, du professeur Tournesol et d’Alfred Jarry.

ai longtemps réfléchi. » Invité à concevoir une nouvelle sphère pour les Écuries de Chaumont-

sur-Loire, Klaus Pinter, plasticien autrichien, bientôt 80 ans, n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Rebonds (2002), trônant au centre de la nef du Panthéon à Paris, Collision Berlin­Centre (2005), en lévitation dans une abside de la Parochialkirche, la plus ancienne église baroque de Berlin, La Conquête de l’air (2006), suspendue dans la cour intérieure de l’Albertina à Vienne… ses bulles pneumatiques éphémères, monu-ments parmi les monuments, ne datent pas d’hier. Né en 1940 à Schärding, diplômé de l’Académie des beaux-arts de Vienne, Klaus Pinter retient de l’héritage séces-sionniste un certain goût pour la proli-fération et la courbe. En 1967, il fraye avec la scène radicale viennoise et fonde le groupe Haus-Rucker-Co, entre installation et performance, avec les architectes Günter Zamp Kelp et le duo

“J’

L e mimétisme est sans doute l’équivalent de la fonction qui, chez l’homme, s’exerce par la

peinture. [...] Est­ce que si un oiseau peignait, ce ne serait pas en laissant choir ses plumes ; un serpent ses écailles ; un arbre à s’écheniller et à faire pleuvoir ses feuilles ? [...] Dans l’acte même de s’extérioriser, le sujet perd quelque chose, de son corps choient des objets, des rejets qui sont une sorte de matérialisation de son propre décentrement. » Ces mots sont ceux du structuraliste Jacques Lacan, gourou controversé de la psychana-lyse. Ce sont eux que la plasticienne brésilienne Nathalie Nery a en tête, quand elle crée Est­ce que si un arbre peignait…, son installation au Centre d’arts et de nature. Née en 1965 à Rio de Janeiro, Nathalie Nery puise dans l’inconscient la matrice de son œuvre : diplômée en psychologie, elle exerce en clinique avant d’intégrer l’école des Arts visuels de Parque Lage, où elle se forme auprès de la plasticienne italienne

Anna Maria Maiolino et du peintre brésilien Nelson Leirner. Elle s’adonne au design et à la peinture puis se tourne vers la sculpture et l’installa-tion. Dans le Parc historique de Chau-mont-sur-Loire, son « accumulation botanique » traduit ce réseau d’in-luence : près d’un bosquet de prunus, sur le chemin qui mène vers Ugwu – la « colline » géante du Ghanéen El Anatsui, faite de rondins de bois aux extrémités recouvertes de plaques d’impression, couvercles de pots de coniture et rayures colorées – Natha-lie Nery émet l’hypothèse d’une œuvre. Sur le tronc épais d’un chêne, elle étend un manteau de feuilles de jacquier. Un effet « seconde peau », commente Chantal Colleu-Dumond, qui dit avoir eu un « coup de foudre » pour le travail tout en inesse de cette artiste thérapeute. Auprès de son arbre, Nathalie Nery passe des journées entières, près de trois semaines, sans assistant. Le temps pour elle de ramasser les feuilles mortes, mi-cônes, mi-clochet-

Nathalie Nery,sur un arbre perché

Il faut aller dans le Parc historique à la rencontre de l’arbre transformé par la Brésilienne Nathalie Nery. Un chêne et son manteau de feuilles de jacquier, devenu personnage d’un jeu de rôle existentiel. Par Virginie Huet

Nathalie Nery, Est-ce que si un arbre peignait…, installation dans le Parc historique.©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT- SUR-LOIRE.

tes, qui, mises ensemble, dessi nent une trame végétale concentrique, dis-crète et puissante : « Des feuilles mi­mant l’arbre, qui, à son tour, mime un autre être. » Procédant d’un postulat anthropomorphe, Est­ce que si un ar bre peignait... incarne, selon elle, « un personnage qui compose, avec le châ­teau et ses alentours, une sorte de représentation qui donne corps à son propre processus de construction. » De cet être, elle dit encore qu’il « se pré­sente à nous de façon séductrice et interrogative, composé par ses rejets, et nous regarde en silence en nous disant quelque chose concernant la vie et la mort ». Un jeu de rôle existentiel.

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l est désormais un habitué du domaine. Les vitraux de sa série Ailleurs ici, rélexion sur le voyage

et le temps qui passe, créés en 2011-2012, éclairent toujours les fenêtres des chambres des domestiques, au dernier étage de l’aile sud du château. Invité à intervenir de nouveau cette année, Sarkis (né à Istanbul en 1938) est revenu avec un projet atypique, très diférent, mais qui s’inscrit dans la même perspective : remet tre en lumière ce que l’on a oublié. Après avoir investi un lieu secret, à l’écart du circuit de visite (les com bles), il a choisi de s’intéresser à une pièce de

Sarkis, commode Louis XV restaurée grâce à la technique du kintsugi et installée dans le Grand Salon du château.©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT- SUR-LOIRE.

Sarkis, l’or du tempsL’artiste d’origine turque explore le temps. Il redonne vie à une commode Louis XV dont les failles et les cassures se couvrent d’or grâce à une technique ancestrale venue du Japon. Par Guillaume Morel

mobilier, endormie depuis des lustres dans l’obscurité et la poussière des réserves.Au cours de l’une de ses promenades régulières à Chaumont-sur-Loire, en septembre dernier, Sarkis a proposé de restaurer un meuble ancien, une commode Louis XV, abîmée par le temps. Mais d’une façon bien singu-lière. L’artiste a choisi la technique japonaise du kintsugi (jointure en or, selon la traduction la plus littérale), développée à la fin du xve siècle, et traditionnellement utilisée pour réparer les porcelaines ou les céra-miques brisées, au moyen de laque

saupoudrée d’or. Une philosophie qui prend en compte l’histoire de l’objet. La restauration se doit d’être visible, dans l’idée de célébrer le passage du temps, qui donne aux choses un sup-plément d’âme.L’artiste, qui a conié la délicate opé-ration à une spécialiste du kintsugi, offre une seconde vie à un meuble ancien dont on ne sait rien de la longue histoire. Des ils d’or s’immis-cent désormais dans ses failles et ses cassures, ces plaies ouvertes par le temps dans le bois et le marbre. Sublimée par ses précieuses sutures saupoudrées d’or, cette commode

re trou ve la lumière et prend place dans le Grand Salon de la princesse, à côté de la cheminée.Depuis ses débuts il y a déjà près d’un demi-siècle, Sarkis développe une œuvre qui en appelle tant à la sculp-ture qu’à la peinture, à l’installation qu’à la photographie et au ilm. Bien souvent, les disciplines se mélangent, et se confondent. À l’époque de l’inau-guration de son ensemble de vitraux pour le Domaine de Chaumont-sur-Loire, il avait d’ailleurs conié qu’ils lui apparaissaient comme autant d’images d’un long-métrage. Il y était question, comme souvent, de mémoire, de déplacement, de voyage, dans l’espace et le temps. C’est encore le cas ici, avec cette com-mode restaurée dont les jointures d’or cou rent sur le bois, comme les plombs cernent, découpent et structurent les fenêtres d’un vitrail.

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ontrer la vulnérabilité de la mémoire et de la nature à travers « la géographie

cachée des végétaux, des fleurs scari­fiées fraîches ou fanées », tel est le fil conducteur de l’exposition de photo-grammes d’Anne et Patrick Poirier, Herbarium Memoriae, présentée dans la galerie basse du Fenil. Le corpus des œuvres de ce duo (et couple) d’artistes p eut ê t re compr is comme une immense vanité, où l’absence et la pré-sence, la vie et la mort sont intime-ment liées. « Enfants d’un siècle des­tructeur et de la guerre, nous ne pouvions rester insensibles et muets devant la violence terriiante de l’his­toire, de notre histoire. Presque tous nos travaux sont ainsi marqués par ce sentiment d’extrême fragilité des cultures et des civilisations, c’est­à­dire de la mémoire », disent Anne (née à Marseille en 1941) et Patrick (né à Nantes en 1942). Une conscience aiguë de la fragilité de toute chose se retrouve dans leur vision de la nature, et ce depuis leurs débuts en 1967 en résidence à la Villa Médicis. Cette année-là, ils reprennent la tecnique du photogramme élabo-rée par Moholy-Nagy et Man Ray au début des années 1920 – image pho-tographique obtenue sans appareil ni objectif – en plaçant directement des leurs fanées sur un ilm vierge dans l’agrandisseur. Dix ans plus tard, ils constituent des herbiers – vanités par excellence – et photographient pour la première fois des pétales de roses tatoués avec des épines dans leur série

Anne et Patrick Poirier, Archives. Lost Hope, 2015, tirage Cibachrome, 151 x 184,5 cm, œuvre exposée dans la galerie basse du Fenil. ©ANNE ET PATRICK POIRIER, COURTESY LAURE MARTIN COLLECTION, PHOTO JC LETT.

Les vanités d’Anne et Patrick PoirierÀ travers ses délicats photogrammes de leurs, fraîches ou fanées, le duo d’artistes parle de l’extrême fragilité des choses. Une exposition à découvrir dans la galerie basse du Fenil. Par Myriam Boutoulle

Villa Adriana. Ces fleurs scarifiées, fraîches ou fanées, sont récurrentes dans plusieurs séries à partir de 1996, Siècle infernal, Incisions, Dead Flowers, Profondeur de champ Bloody.On les retrouve dans la série Archives (2013-2018) exposée au domaine de Chaumont-sur-Loire, photogrammes monumentaux superposant végétaux tatoués, bribes de textes manuscrits et photographies de famille. « Ce report de l’image par la projection directe per­met un rendu extrêmement précis de la matière végétale qui semble devenir une chair, un tissu vivant, un épiderme. Il confère à l’image un efet pictural »,

conie Anne Poirier dans un entretien à Laure Martin, commissaire de l’ex-position présentée à la Maison euro-péenne de la photographie in 2017. Le duo d’artistes, concepteur d’un cimetière en forme de feuille de chêne à Gorgonzola (Italie) dédié à leur ils unique, Alain-Guillaume, disparu en 2002, montre aussi une délicate série inspirée des leurs en verre créées au xixe siècle par les artisans de Dresde Léopold et Rudolf Blaschka (Hom­mage à Blaschka, 2011-2012). Des herbiers diaphanes photographiés (tout comme la série Archives) avec la complicité du tireur chinois Choi.

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Tanabe Chikuunsai IV, l’âme du Japon

onumentale, légère, aérienne. La sculpture en bambou tigré créée par Tanabe Chikuun-

sai IV pour la grange aux Abeilles évoque une danse sensuelle, secrète. Une force onirique, mythologique, un arbre de vie reliant le ciel et la terre, le yin et le yang. L’artiste l’a intitulée Connexion parce qu’elle symbolise, dit-il, les liens entre lui et sa famille, lui et le monde, la nature et l’homme. Une connexion qu’il a éprouvée au Domaine de Chau-mont-sur-Loire, situé « au cœur d’une nature généreuse » représentée par le Parc historique et le fleuve. Né en 1973 à Sakai, près d’Osaka, Tanabe Chikuunsai IV est l’héritier de la célèbre dynastie de maîtres-van-niers Chikuunsai, spécialisée dans la technique de tressage en grosses mailles depuis 1890. Dépositaire du savoir et des secrets de l’atelier fami-lial, l’artiste japonais a grandi au milieu des bambous et appris l’art tra-ditionnel de la vannerie – part de l’art loral ikebana – auprès de son père. Il a à peine 8 ans lorsqu’il réalise son premier objet.

Tanabe Chikuunsai IV,

Connexion/ La Source,

installation dans la grange aux

Abeilles.©ÉRIC SANDER

POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT-

SUR-LOIRE.

Techniques traditionnelles nipponnes et formes contemporaines s’allient dans la sculpture de bambou tigré de Tanabe Chikuunsai IV. Une ode à la nature et à sa nécessaire préservation. Par Jeanne Fouchet-Nahas

Formé à l’école d’Art d’Osaka puis à l’université des Arts de Tokyo, où il étudie dans la section sculpture, il décide inalement de se consacrer au bambou, qu’il reconnaît être sa voca-tion, et reçoit le nom d’artiste de Shô-chiku Tanabe, signiiant en japonais « petit bambou ». Il a récemment pris le nom de Tanabe Chikuunsai IV après le décès de son père. Son travail relète un subtil équilibre entre les techniques anciennes et de nouveaux procédés. Et si sa démarche s’inscrit pleinement dans le champ de l’art contemporain par la création de formes libérées de toute fonction uti-litaire, l’artiste n’en demeure pas moins attaché à la pure tradition japonaise, emblème de l’âme du Japon. Tanabe Chikuunsai IV associe en efet à la pratique de la vannerie

celle de la calligraphie cursive, de l’ikebana, de la cérémonie du thé et du kendo.Réalisée en deux semaines avec l’aide de trois assistants, Connexion est une œuvre unique et éphémère composée de milliers de tiges de bambous tigrés (torachiku, torafu-dake), une variété qui ne pousse qu’en un seul endroit au Japon. Incarnation de l’esthétique japonaise par son port élancé et le bruisse-ment apaisant de son feuillage, le bambou est l’emblème, à l’instar du pin et du prunus, de vitalité et de résistance. Une force sur laquelle Tanabe Chikuunsai IV s’appuie pour dénoncer la menace toujours plus grande de l’ industr ia l isat ion à outrance et ses conséquences sur la nature et l’humanité.

M

es étonnantes sculptures en toile de coton écrues qui viennent cette année peupler l’Asinerie et

le château portent la marque de Simone Pheulpin. Lauréate du Grand Prix de la Création de la Ville de Paris en janvier 2018 (voir le numéro spé-cial Métiers d’art 2018 de Connais­sance des Arts), l’artiste textile, née en 1941, à Nancy, a mis au point une technique personnelle inédite. Dans de simples bandes de tissus de coton brut, un calicot écru non décati qu’elle se procure au mètre, elle découpe des bandelettes et, au terme d’un patient travail d’empilement, d’enroulage, de pliage et de serrage, réalise des struc-tures complexes maintenues par des milliers d’épingles invisibles. Son matériau est simple et pourtant le rendu évoque mille matières, de la géologie à l’organique en passant par le végétal : pierre fossilisée, écorce, corail… « J’aime les anfractuosités de la roche, les failles, la croissance des arbres, le minéral, les coquillages et les

Simone Pheulpinsculpte le textile

Coquillages, végétaux, pierres fossilisées ? Dans l’Asinerie, la créatrice vosgienne a installé d’étranges sculptures façonnées à partir de son matériau favori, le calicot brut. Par Myriam Boutoulle

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falaises. J’adore les racines, les strates, les concrétions, les accumulations de la nature. C’est la base de mon inspira­tion », dit cette autodidacte dont les œuvres se déclinent justement en séries nommées Anfractuosité, Crois­sance, Accumulation… Le paléonto-logue Yves Coppens a d’ailleurs cru reconnaître dans l’une de ses Éclosions des coquillages disparus depuis des millénaires. Une œuvre spécialement commandée pour la Saison d’art 2018 évoque les cernes d’un tronc coupé (Croissance VIII). Intitulée « La Nature du pli », l’exposi-tion au Domaine de Chaumont-sur-Loire fait référence à la tecnique ori-ginale de l’artiste : « Je plie mon tissu,

je pique mes épin gles, et tout va très bien. Mais parfois c’est moi qui doit me plier aux sinuosités de la bande de cali­cot. Ça crée des accidents de parcours très positifs », dit cette Vosgienne d’ori-gine dont le travail a été révélé au public dans une rétrospective organi-sée par la Fondation Ateliers d’art de France à la Chapelle expiatoire à Paris, fin 2017. Dans son livre intitulé Simone Pheulpin, Un monde de plis, l’historien et critique d’art Alin Avila s’interroge : « Parce que son protocole unique de travail est le pli, notion chère au philosophe Gilles Deleuze qui en it un outil pour repenser la philosophie, l’acte de plier met­il en lumière un nou­veau geste de sculpture ? »

Simone Pheulpin, La Nature du pli,

installation dans l’Asinerie.

©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE

DE CHAUMONT-SUR-LOIRE.

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heveux longs et regard sage, Duy Anh Nhan Duc a la main verte. Né en 1983 à Hô Chi

Minh-Ville, le plasticien végétal, bercé par les créations de Wolfgang Laib, d’Andy Goldsworthy, de Giuseppe Penone, de Karl Blossfeldt ou du Douanier Rousseau, prélève dans la nature les motifs de son œuvre. Blé, tournesol, trèfle, pavot, hortensia, lichen… Surtout, pissenlit : « Une plante très commune et souvent consi­dérée comme une mauvaise herbe », qui l’accompagne depuis près de six ans. Un partenaire particulier très suggestif : « À lui seul, il évoque toute la pureté du monde et son extrême fra­gilité. Il éveille les souvenirs d’une enfance où notre lien avec la nature

Duy Anh Nhan Duc, Champ céleste, installation dans l’Asinerie. ©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE DE CHAUMONT- SUR-LOIRE.

Le jardin suspendu de Duy Anh Nhan Duc L’artiste vietnamien cultive la mauvaise herbe, ou plutôt le pissenlit, pour évoquer la nature et sa fragilité. Illustration avec le jardin renversé qui vient leurir l’Asinerie. Par Virginie Huet

la narration qu’il m’évoque. » Sur les murs, de drôles de tableaux : « Les grai­nes en dormance entrent en mouve­ment et se muent en formes géomé­t r i qu es nou s p e r met tant a in s i d’observer leur extrême finesse. Les unes à côté des autres, elles prennent l’allure d’une forêt duveteuse. » Des fresques qui dialoguent avec un travail sculpté : « Deux pieds de pissenlit en verre soulé de Murano capturent l’ar­chitecture originelle de ce végétal. » Ode à la fragilité, ces pièces qui subli-ment les étapes de loraison, du bou-ton à la leur, sont signées de la souf-leuse de verre Lilla Tabasso. Car Duy Anh le touche-à-tout n’hésite pas à initier des projets choraux, comme avec le mouleur Antonin Gasq, la céramiste Ulrike Weiss, le sculpteur Jean-Paul Gourdon ou la photo-graphe Isabelle Chapuis. Pour Champ céleste, il a passé commande au com-positeur Benoît Cimbé : « Le soule et le vent sont au cœur du vocabulaire musical de cette création sonore ain d’incarner l’Air, l’“allié” majeur de ces graines. Elle symbolise le parcours d’une aigrette de pissenlit transportée par le vent pour aller se poser et leurir ailleurs. Une composition très orga­nique qui nous invite à cultiver notre lien à la nature. »

C était fort. » Duy Anh dit vrai. Qui n’a jamais soufflé sur ses pétales-para-chutes pour les regarder s’envoler ? C’est le pouvoir de la dent-de-lion, une leur pas comme les autres et un objet de culte pour l’artiste-botaniste autodidacte. Dans l’Asinerie, il sème son Champ céleste, un jardin sus-pendu, une mer de pissenlits : « Pour rendre l’immersion possible, une estrade recouverte de miroirs reflète cette étendue végétale inversée. J’avais envie que l’on se penche sur ces miroirs comme si l’on se penchait au­dessus d’un étang pour regarder le miroite­ment du ciel. » À sa manière, Duy Anh nous mène en bateau : « J’aime me raconter des his­toires et mettre en scène le végétal dans

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e n’existe que quand je peins, en dehors de l’atelier je suis un figu­rant », disait Jacques Truphémus, décédé en septembre dernier au bel

âge de 94 ans. Pensée par Chantal Colleu-Dumond, cette exposition rend hommage à un très grand peintre, qui n’a sans doute pas eu, de son vivant, la reconnaissance qu’il aurait méritée. Peut-être a-t-il soufert d’une comparaison trop systématique – bien qu’en partie justiiée – avec l’il-lustre Pierre Bonnard (1867-1947). Force est de reconnaître, aussi, qu’il était un homme discret, préférant la tranquillité de l’ombre aux mondani-tés qu’aurait sans doute exigé davan-tage de lumière. Jacques Truphémus (né en 1922 à Grenoble) passait du temps dans sa maison des Cévennes, où il aimait se retirer, à l’écart des bruits du monde. Ce grand solitaire se rendait chaque matin à l’atelier, et avait une pratique quasi monastique de la peinture.L’artiste a produit des natures mortes, des portraits, des scènes de bistrots, mais c’est exclusivement à ses pay-sages qu’est consacré l’accrochage de Chaumont-sur-Loire, déployé dans les Galeries hautes des ailes ouest et sud du château, celles qui accueil-lirent, l’an dernier, les éblouissants tableaux de Sam Szafran. Chantal Colleu-Dumond a sélectionné une soixantaine de peintures, essentielle-ment des v ingt-c inq dernières années, dont une quinzaine d’iné-dites, choisies dans l’atelier de l’ar-tiste, à Lyon. « Ce sont à la fois des paysages, des ouvertures sur la nature, avec des vues depuis un intérieur, à travers une fenêtre ouverte, et des compositions végétales. Autant d’œu­vres qui révèlent sa virtuosité et sa capacité d’émerveillement », précise la directrice du Domaine de Chau-mont-sur-Loire.Jacques Truphémus est le peintre des infimes variations, l’observateur délicat des mille et une nuances que la lumière révèle. « Le fil conduc­teur, pour moi, c’est la lumière, la

Ci-dessus : Jacques Truphémus,

Verdure en Cévennes, 2010, 97 x 82 cm, exposition dans les galeries Hautes du château. COURTESY GALERIE

CLAUDE BERNARD.

Ci-contre : Jacques Truphémus, Le Buisson de ronces ou Le Buisson ardent, 1993, huile sur toile, 50 x 65 cm, exposition dans les galeries Hautes du château. COURTESY GALERIE CLAUDE BERNARD.

Jacques Truphémus, champs du sensibleDans les Galeries hautes du château, une soixantaine de paysages composent une exposition-hommage à ce peintre récemment disparu. L’occasion de redécouvrir le travail de ce chantre de la lumière et de la couleur. Par Guillaume Morel

traduire par la couleur, trouver ce que peut donner un ton rompu, maî­triser le vocabulaire des chauds et des froids, voilà ma recherche », expliquait-il. Il y a donc une pa renté certaine avec l’œuvre de Pierre Bon-nard (les cadrages, la palette claire dominée par des camaïeux de verts, de jaunes et de bleus), mais aussi quelque chose d’Henri Matisse dans ce plaisir hédoniste de la nature exa-cerbé par la couleur, et de Gior gio Morandi, pour le caractère silencieux et méditatif de la peinture. Espérons que cette exposition contribuera à réé-valuer le travail sensible et sincère d’un artiste que Balthus considérait comme le plus grand peintre français de son temps.

té 1978. Frans Krajcberg, son ami peintre Sepp Baendereck et le critique d’art Pierre Restany remontent le rio Negro. Qua-

rante jours d’expédition initiatique au cœur de l’Amazonie, à la ren-contre d’une végétation luxuriante et d’Indiens coupés du monde. Syn-thèse de leurs observations, le Mani­feste du naturalisme intégral jette les bases de la pensée écologique et for-mule une révolution théorique bous-culant les grands principes du Nou-veau Réalisme. Trente ans plus tôt, l’exilé Krajcberg, né en 1921 à Kozie-nice en Pologne, avait trouvé refuge sur le littoral de Bahia. C’est là, loin des fantômes de la Shoah, qu’il a « cherché des formes à son cri » et ra-massé chaque jour dans les mangro-

Il avait fait de la lutte contre la déforestation son combat et des

arbres brûlés des œuvres d’art. Le domaine salue cet écologiste de

la première heure, qui a rendu les armes en 2017. Par Viginie Huet

Établissement public de coopération culturelle créé par la Région Centre-Val de Loire et la Commune de Chaumont-sur-Loire 41150 Chaumont-sur-Loire. Tél.  : 02 54 20 99 [email protected] www.domaine-chaumont.fr

OuvertureExpositions du 31 mars au 4 novembre 2018.

– Le château est ouvert toute l’année sauf le 25 décembre et le 1er janvier ; de 10 h à 18 h à partir d’avril (horaires variables selon les saisons).

– Le Centre d’Arts et de Nature est ouvert aux mêmes horaires que le château. Visites libres.

– Le Festival international des Jardins et les prés du Goualoup

sont ouverts tous les jours du 24 avril au 4 novembre 2018, de 10 h à 20 h (horaires variables).

AccèsChaumont-sur-Loire est situé entre Blois et Tours, à 185 km de Paris. Autoroute A10 et A85, sortie Blois ou Amboise.

– Trains quotidiens sur la ligne Paris Austerlitz-Orléans-Tours (arrêt à Onzain/Chaumont-sur-Loire).

– Ligne TGV, arrêt Saint-Pierre-des-Corps puis TER jusqu’à Onzain.

– Un service de navette aller-retour dessert le Domaine au départ des gares de Blois-Chambord et Onzain chaque week-end d’avril à octobre et tous les jours en juillet .

Informations pratiques

ves les « cadavres » de troncs, lianes ou r ac i nes qu i c omp o s e nt s e s « empreintes directes », « tableaux de terres et de pierres », « tressages de vannerie », « bois polis » ou « ombres découpées ». Autant de totems qui dénoncent « la violence contre­nature faite à la vie », la déforestation inten-

sive. Sa Révolte III, enchevêtrement de bois brulé recouvert de pigments naturels, gronde dans la galerie de la cour des Jardiniers. Une matière à rélexion que prolonge, à Montpar-nasse, l’espace qui porte son nom et défend l’art engagé de cet enragé, dis-paru en novembre 2017 à 96 ans.

Domaine de Chaumont-sur-Loire Centre d’Arts et de Nature10e saison d’art

É

Frans Krajcberg, La Révolte III,

1994, installation dans les galeries

de la cour des Jardiniers.

©ÉRIC SANDER POUR LE DOMAINE

DE CHAUMONT- SUR-LOIRE.

Frans Krajcberg, l’épreuve du feu

Arts & Nature 2oI8

Art de l‘Antiquité

Vente aux enchères 25626 juin 2018

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Kent MonkmanBeauty and the Beasts / La Belle et la BêteUne proposition artistique inspirée du musée des Conluences à Lyon

Exposition du 18 mai au 5 septembre 2018

GRAND PARISUAM, UNE AVENTURE MODERNE. Centre Pompidou (p. 7)LES IMPRESSIONNISTES À LONDRES. ARTISTES FRANÇAIS EN EXIL, 1870-1904. Petit Palais (p. 46)AU DIAPASON DU MONDE. Fondation Louis Vuitton (p. 68) ZAO WOU-KI. L'ESPACE EST SILENCE. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (p. 82)NYMPHÉAS. L’ABSTRACTION AMÉRICAINE ET LE DERNIER MONET. Orangerie (« Connaissance des Arts » n° 770, p.66)DELACROIX (1798-1863). Musée du Louvre (« Connaissance des Arts » n° 769, p. 44)LA PORTE DES RÊVES. UN REGARD SYMBOLISTE. Propriété Caillebotte, Yerres (« Connaissance des Arts » n° 769, p. 58) KUPKA. Grand Palais (« Connaissance des Arts » n° 769, p. 64)CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH. L’AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922). Centre Pompidou (« Connaissance des Arts » n° 769, p. 64)MARY CASSATT. Musée Jacquemart-André (« Connaissance des Arts » n° 768, p. 44) ALVAR AALTO (1898-1976), Cité de l’architecture et du patrimoine (« Connaissance des Arts » n° 768, p. 68) COROT, LE PEINTRE ET SES MODÈLES. Musée Marmottan Monet (« Connaissance des Arts » n° 767, p. 42)

RÉGIONSART & NATURE 2018. Domaine de Chaumont-sur-Loire (p. 131)LEE BAE. Fondation Maeght, Saint-Paul (« Connaissance des Arts » n° 770,p. 34) NICOLAS DE STAËL EN PROVENCE. Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence (« Connaissance des Arts » n° 770, p. 46)TOULOUSE RENAISSANCE. Musée des Augustins, Toulouse (« Connaissance des Arts » n° 770, p. 84)L’EMPIRE DES ROSES. CHEFS-D’ŒUVRE DE L’ART PERSAN DU XIXe SIÈCLE. Louvre-Lens (« Connaissance des Arts » n° 769, p. 7)

INTERNATIONALBACON/GIACOMETTI. Fondation Beyeler, Bâle (p. 42)L’ART DU PORTRAIT DES PRIMITIFS FLAMANDS AU SELFIE. Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles (p. 43)VAN GOGH ET LE JAPON. Van Gogh Museum, Amsterdam (« Connaissance des Arts » n° 770, p.40)BRUCE NAUMAN. Schaulager, Bâle (« Connaissance des Arts » n° 769, p.40)MONET ET L’ARCHITECTURE. National Gallery, Londres (« Connaissance des Arts » n° 769, p. 42)

par Sylvie Ragey

les HHH de la rédaction

Haut de qalyan, signé Ibrahim, XIX

e siècle, cuivre, émail peint et champlevé sur feuille d’orPARIS, MUSÉE DU LOUVRE ©RMN-GP / MATHIEU RABEAU.

Claude Monet Le Parlement, effet de brouillard, 1904, h/t, 80 × 90 cm©ST. PETERSBURG (FLORIDE) MUSEUM OF FINE ARTS

Marc Chagall N’importe où hors du monde, 1915-1919, h/t, 61 x 47,3 cmGUNMA., THE MUSEUM OF MODERN ART,

CONNAISSANCE DES ARTS / JUIN 2018 l 149

GRAND PARISCLAIREFONTAINE- EN-YVELINES I.COLLECTION 1987-2008•31 mars-26 aoûtLa Chapelle. Impasse de l’Abbaye. 01 34 94 39 87

FONTAINEBLEAUFESTIVAL D'HISTOIRE DE L'ART•1er-3 juinChâteau de Fontainebleau. 01 60 71 50 60

MAGNY-LES-HAMEAUXTRAITS DIVINS, DESSINS FRANÇAIS DU MUSÉE D’ORLÉANS. XVIIe SIÈCLE•23 mars-1er juilletMusée national de Port-Royal des Champs. Les Granges de Port-Royal. 01 39 30 72 72

NOGENT-SUR-MARNEPERFORMANCE TV•31 mai-22 juilletMaison d’art Bernard Anthonioz. 16, rue Charles-VII. 01 48 71 90 07

PARIS INSTITUTIONSCLARA CITRON•31 mai-15 juinAssociation Premier Regard sur la création artistique. 10, rue Humblot. 01 45 71 07 89

EXPOSITION NUMÉRIQUE IMMERSIVE GUSTAV KLIMT •13 avril-11 novembreL’Atelier des Lumières. 38, rue Saint-Maur. www.atelier-lumieres.com

DOMINIQUE PERRAULT- LA BNF, PORTRAIT D’UN PROJET 1988-1998 •10 avril-22 juilletICÔNES DE MAI 68•17 avril-26 aoûtBibliothèque nationale de France. Avenue de France. 01 53 79 59 59

U.A.M, UNE AVENTURE MODERNE•30 mai-27 aoûtCentre Pompidou, gal. 1, niv. 6CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH. L’AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922)•28 mars-16 juilletCentre Pompidou. Musée national d’art moderne. Place Georges-Pompidou. 01 44 78 12 33

Claude Monet, Les Nymphéas : Les Nuages (détail), vers 1915-1926, h/t, 200 x 1275 cm, Musée de l’Orangerie, salle 1. ©MUSÉE DE L’ORANGERIE,

PHOTO DE PRESSE RMN-G.P./ S. CRÉPY BOEGLY. Exposition « Nymphéas. L’abstraction américaine et le dernier Monet » au musée de l’Orangerie.

150 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

ALVAR AALTO (1898-1976),•9 mars-1er juillet Cité de l’architecture et du patrimoine. 1, place du Trocadéro et du 11 novembre. 01 58 51 52 00

LE RÊVE AMÉRICAIN : DU POP ART À NOS JOURS. ESTAMPES DU BRITISH MUSEUM•2 juin-2 septembreFondation Custodia. 121, rue de Lille. 01 47 05 75 19

TALISMANS•9 mars-1er juilletFondation Calouste Gulbenkian. 39, bd de La Tour-Maubourg. 01 53 85 93 93

AU DIAPASON DU MONDE•12 avril-27 aoûtFondation Louis Vuitton. 8, av. du Mahatma-Gandhi. 01 40 69 96 00

KUPKA•21 mars-30 juilletARTISTES & ROBOTS•5 avril-9 juilletGrand Palais. 3, av. du Général-Eisenhower. 01 44 13 17 17

ÉPOPÉE DU CANAL DE SUEZ•27 mars-5 aoûtLASSAÂD METOUI•11 avril-30 septembreInstitut du monde arabe. 1, rue des Fossés-Saint-Bernard. 01 40 51 38 38

PETER KNAPP ET LA MODE•9 mars-10 juin Les Docks. Cité de la Mode et du Design. 34, quai d’Austerlitz. 01 76 77 25 30

JAMES NACHTWEY•30 mai-29 juilletMaison européenne de la photographie. 5-7, rue de Fourcy. 01 44 78 75 00

ROMAN CIESLEWICZ•3 mai-23 septembreBIJOUX D’ARTISTES•7 mars-8 juilletMARGIELA LES ANNÉES HERMÈS•22 mars-2 septembreMAD (Musée des Arts Décoratifs). 107, rue de Rivoli. 01 44 55 57 50

SUBODH GUPTA•13 avril-26 aoûtMonnaie de Paris. 11, quai de Conti. 01 40 46 56 66

ZAO WOU-KI. L’ESPACE EST SILENCE•1er juin-6 janvierMusée d’Art moderne de la Ville de Paris. 11, av. du Président-Wilson. 01 53 67 40 00

PARFUMS DE CHINE, LA CULTURE DE L’ENCENS AU TEMPS DES EMPEREURS•9 mars-26 aoûtMusée Cernuschi. 7, avenue Vélasquez. 01 53 96 21 50

GÉRARD GAROUSTE. DIANE ET ACTÉON •13 mars-1er juilletMusée de la Chasse et de la Nature. 62, rue des Archives. 01 53 01 92 40

UNE LUTTE MODERNE. DE DELACROIX À NOS JOURS•11 avril-23 juilletMusée Delacroix. 6, rue de Furstenberg. 01 44 41 86 50

MARY CASSATT•9 mars-23 juilletMusée Jacquemart-André. 158, boulevard Haussmann. 01 45 62 11 59

DELACROIX (1798-1863)•29 mars-23 juilletDESSINS D'ISRAËL SILVESTRE (1621-1691)•15 mars-25 juin

PASTELS DU LOUVRE•7 juin-10 septembreMusée du Louvre. 01 40 20 53 17

TINTORET•7 mars-1er juilletMusée du Luxembourg. 19, rue de Vaugirard. 01 40 13 62 00

FOUJITA•7 mars-15 juilletMusée Maillol. 59-61, rue de Grenelle. 01 42 22 59 58

COROT. LE PEINTRE ET SES MODÈLES•8 février-8 juilletMusée Marmottan Monet. 2, rue Louis-Boilly. 01 44 96 50 33

VAN DONGEN ET LE BATEAU-LAVOIR •16 février-26 aoûtMusée de Montmartre. 12, rue Cortot. 01 49 25 89 39

LE MONDE VU D’ASIE•16 mai-3 septembreMusée national des arts asiatiques Guimet. 6, place d’Iéna. 01 56 52 53 00

MONDES TSIGANES, LA FABRIQUE DES IMAGES•13 mars-26 aoûtMusée national de l’histoire de l’immigration. Palais de la Porte Dorée. 293, avenue Daumesnil. 01 53 59 58 60

GUERNICA•27 mars-29 juilletMusée national Picasso-Paris. 5, rue de horigny. 01 85 56 00 36

NYMPHÉAS. L’ABSTRACTION AMÉRICAINE ET LE DERNIER MONET•13 avril-20 août Musée de l’Orangerie. Jardin des Tuileries. Place de la Concorde. 01 44 77 80 07

LE SYMBOLISME DANS LES PAYS BALTES•10 avril-15 juilletMusée d’Orsay. 1, rue de la Légion-d’Honneur. 01 40 49 48 14

LE MAGASIN DES PETITS EXPLORATEURS•23 mai-7 octobre ENFERS ET FANTÔMES D’ASIE•10 avril-15 juilletPEINTURES DES LOINTAINS•30 janvier-6 janvier 2019Musée du Quai Branly- Jacques Chirac. 37, quai Branly. 01 56 61 70 00

RODIN ET LA DANSE•7 avril-22 juilletMusée Rodin. 79, rue de Varenne. 01 44 18 61 10

CHRONIQUES PARALLÈLES, LAURÉATS AUDI TALENTS 2017•22 juin-14 juilletPalais de Tokyo. 13, av. du Président-Wilson. 01 81 97 35 88

LES IMPRESSIONNISTES À LONDRES. ARTISTES FRANÇAIS EN EXIL, 1870-1904•21 juin-14 octobre Petit Palais. Avenue Winston-Churchill. 01 53 43 40 00

PARIS GALERIESSUSUMU SHINGU. COSMOS •15 mai-22 juillet Galerie Jeanne Bucher Jaeger. 53, rue de Seine. 01 42 72 60 42

FRANCESCA PIQUERAS•24 avril-9 juin Galerie de l’Europe. 55, rue de Seine. 01 55 42 94 23

TACITA DEAN-JULIE MEHRETU•8 juin-20 juillet Galerie Marian Goodman. 79, rue du Temple. 01 48 04 70 52

NÉ(E)SDE L’ÉCUMEET DES RÊVES

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PIERRETTE BLOCH•28 avril-28 juilletGalerie Karsten Greve. 5, rue Debelleyme. 01 42 77 19 37

ADRIAN FALKNER•17 mai -16 juinGalerie Le Feuvre & Roze. 164, rue du Faubourg-Saint-Honoré. 01 40 07 11 11

DAVID NASH•26 mai-13 juilletDAVID HOCKNEY •26 mai-13 juillet Galerie Lelong & Co. 13, rue de Téhéran et 38, av. Matignon. 01 45 63 13 19

FLO ARNOLD•26 avril-9 juin Galerie Loo & Lou. 20, rue Notre-Dame-de-Nazareth. 01 42 74 03 97

FRANÇOISE HUGUIER•13 avril-2 juinGalerie Maeght. 42, rue du Bac. 01 45 48 45 15

JÉRÔME ZONDER•6 avril-27 mai Galerie Nathalie Obadia. 3, rue du Cloître-Saint-Merri. 01 42 74 67 68

PABLO ATCHUGARRY ET LES MAÎTRES DE L’ABSTRACTION•1er-22 juin Opera Gallery Paris. 62, rue du Faubourg-Saint-Honoré. 01 42 96 39 00

LEURS PRINTEMPS•26 mai-19 juin Galerie Claudine Papillon. 13, rue Chapon. 01 40 29 07 20

LEE BAE•24 mars-17 juinGalerie Perrotin. 76, rue de Turenne. 01 42 16 79 79 10

ANTONI TAULÉ•3 mai-16 juinGalerie Schwab Beaubourg. 35, rue Quincampoix. 01 42 71 12 16

ROBERT MOTHERWELL•17 mai-21 juilletJAN FABRE•17 mai-21 juilletGalerie Templon. 30, rue Beaubourg et 28, rue du Grenier-Saint-Lazare. 01 42 72 14 10

AFRO •18 avril-16 juinGalerie Tornabuoni Art. 9, rue Charlot. 01 53 53 51 51

PARIS SALONSNOCTURNE RIVE DROITE, SUR LE THÈME DE L’OMBRE ET DE LA LUMIÈRE•le 6 juin de 18 h à 23 h Autour du Faubourg- Saint-Honoré et de l’avenue Matignon. 01 45 63 82 46

CARRÉ RIVE GAUCHE•7-16 juin Quai Voltaire, rues de l’Université, des Saint-Pères, du Bac. 01 42 60 70 10

PARIS GALLERY WEEKEND•25-27 mai 44 galeries parisiennes. 01 53 28 87 53

SAINT-OUENUN MARCHAND, UN ARTISTE•25 mai-24 juin Marché Dauphine. 132-140, rue des Rosiers. 06 09 48 54 52 et Marché Biron. 85, rue des Rosiers 01 40 11 59 68

VERSAILLESJEAN COTELLE 1646-1708. DES JARDINS ET DES DIEUX•12 juin-16 septembreGrand Trianon. Château de Versailles. 01 30 83 78 00

VITRY-SUR-SEINEKADER ATTIA •14 avril-3 septembre Mac-Val. Place de la Libération. 01 43 91 64 20

YERRESLA PORTE DES RÊVES. UN REGARD SYMBOLISTE•7 avril-29 juilletPropriété Caillebotte. La Ferme Ornée. 8, rue de Concy. 01 80 37 20 61

RÉGIONSAIX-EN-PROVENCE NICOLAS DE STAËL EN PROVENCE•27 avril-23 septembreHôtel de Caumont- Centre d’art. 3, rue Joseph-Cabassol. 04 42 20 70 01

ARC-ET-SENANSLUC SCHUITEN. LES PANORAMAS DE 2100 •7 avril-21 octobreSaline royale. Grande Rue. 03 81 54 45 45

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11h-19h. Vernissage le 5 jusqu’ à 21h. - Cycle de conférencesLes exposants présenteront une sélection de céramiques

dumusée de Saint-Omer.

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Calendrier 2018 à retrouver sur :

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BORDEAUXLE VIN ET LA MUSIQUE, ACCORDS ET DÉSACCORDS•23 mars-24 juinCité du Vin. 1, esplanade de Pontac. 05 56 16 20 20

BOURG-EN-BRESSE PRIMITIFS FLAMANDS. TRÉSORS DE MARGUERITE D’AUTRICHE•8 mai-26 août Monastère royal de Brou. 63, bd de Brou. 04 74 22 83 83

CHAMBORDJÉRÔME ZONDER•10 juin-30 septembre Château de Chambord. 02 54 50 40 00

CHAUMONT-SUR-LOIREARTS&NATURE 2018•31 mars-4 novembreDomaine de Chaumont- sur-Loire. Centre d'arts et de nature. 02 54 20 99 22.

GRENOBLEDE DELACROIX À GAUGUIN•17 mars-17 juinMusée de Grenoble. 5, place Lavalette. 04 76 63 44 44

LE FEL (12)ARCHITECTURES BIS •11 mai-21 juin Galerie du Don. Le Don du Fel. 0 565 541 515

LE HAVRENÉ(E)S DE L’ÉCUME ET DES RÊVES•5 mai-9 septembre MuMa, musée d’Art moderne André-Malraux. 2, bd Clemenceau. 02 35 19 62 62

LENSL'EMPIRE DES ROSES. CHEFS-D’ŒUVRE DE L'ART PERSAN DU XIXe SIÈCLE•28 mars-22 juilletMusée du Louvre-Lens. 99, rue Paul-Bert. 03 21 18 62 62

LES BAUX-DE-PROVENCEPICASSO ET LES MAÎTRES ESPAGNOLS•2 mars-6 janvierCarrières de Lumières. Route de Maillane. 04 90 54 47 37

LILLELAURÉATS BOURSE DU TALENT 2017•7 juin-30 juilletMaison de la Photographie. 28, rue Pierre-Legrand. 03 20 05 29 29

LYONADEL ABDESSEMED : L’ANTIDOTE•9 mars-8 juillet Musée d’Art contemporain . 81, quai Charles-de-Gaulle. 04 72 69 17 17

HUGO PRATT. LIGNES D'HORIZONS•7 avril 2018-24 mars 2019TOUAREGS•17 oct. 2017-4 nov. 2018Musée des Conluences. 86, quai Perrache. 04 28 38 12 12

MARSEILLEPICASSO ET LES BALLETS RUSSES•16 février-24 juinCONNECTIVITÉS•29 nov. 2017-31 déc. 2020L’OR•25 avril-10 septembreMuCEM. 7, promenade Robert-Lafont et 1, esplanade du J4. 04 84 351 313

PICASSO. VOYAGES IMAGINAIRES•16 février-24 juinCentre de la Vieille Charité. 2, rue de la Charité. 04 91 14 58 80 et MuCEM.

METZBLONDEL (1708-1774). L’ARCHITECTE DES LUMIÈRES À METZ•13 avril-13 juillet Arsenal. 3, av. Ney. 03 87 39 92 00

COUPLES MODERNES•28 avril-20 août 1, parvis des Droits- de-l’Homme. 03 87 15 39 39

MOUANS-SARTOUXRENAUD AUGUSTE-DORMEUIL•27 janvier-24 juinEspace de l'Art concret. Château de Mouans. 04 93 75 71 50

MOULINSCONTES DE FÉES•7 avril-16 septembreCentre national du costume de scène. Route de Montilly. 04 70 20 76 20

NÎMESWOLFGANG TILLMANS•4 mai-16 septembreCarré d’art. Place de la Maison-Carrée. 04 66 76 35 35

PONT-AVENCOBRA, LA COULEUR SPONTANÉE•10 mars-10 juinMusée de Pont-Aven. Place Julia. 02 98 06 14 43

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RIEUPEYROUX (12)PIERRE ALECHINSKY. PLAN DE VOL ET AUTRES VOYAGES•22 juin-30 septembreCentre Culturel Gilbert Alauzet. 2, route du Foirail. 05 65 29 86 79

SAINT-LOUISDAVID NASH. NATURE TO NATURE•26 mai-30 septembreFondation Fernet-Branca. 2, rue du Ballon. 03 89 69 10 77

SAINT-PAULLEE BAE. PLUS DE LUMIÈRE•24 mars-17 juinFondation Maeght. 623, chemin des Gardettes. 04 93 32 81 63

1re BIENNALE INTERNATIONALE SAINT-PAUL DE VENCE•9 juin-31 août20 lieux dans la ville. 04 93 32 86 95

TOUCY (89)CLAIRE LINDNER•5 mai-28 juinGalerie de l’Ancienne Poste. Place de l’Hôtel-de-Ville. 03 86 74 33 00

TOULOUSETOULOUSE RENAISSANCE•17 mars-24 septembreMusée des Augustins. 21, rue de Metz. 05 61 22 21 82

TOURCOINGCHRÉTIENS D’ORIENT. 2000 ANS D'HISTOIRE•22 février-11 juinMUba Eugène Leroy. 2, rue Paul-Doumer. 03 20 28 91 60

TOURSLES NYMPHÉAS D’OLIVIER DEBRÉ•5 mai-13 janvier CCCOD. Jardin François Ier. 02 47 66 50 00

VALENCIENNESUNE HISTOIRE DU MONDE EN 100 OBJETS DU BRITISH MUSEUM•19 avril-22 juilletMusée des Beaux-Arts. Bd Watteau. 03 27 22 57 20

ALLEMAGNEMUNICHFRITZ WINTER•3 février-10 juin

PAUL KLEE. CONSTRUCTION OF MYSTERY•1er mars-10 juinPinakothek der Moderne. 40 Barer Strasse. 49 89 23 805 360

AUTRICHEVIENNEKEITH HARING. THE ALPHABET•16 mars-24 juinAlbertina. Albertinaplatz 1. 43 1 534 83

KLIMT, CE N'ÉTAIT PAS LA FIN. LE RENOUVEAU EN EUROPE CENTRALE•22 mars-26 aoûtBelvédère inférieur. Orangerie Rennweg 6. 43 1 795 570.

EGON SCHIELE•23 février-4 novembreMusée Leopold. Museumplatz, 1. 43 1 525 70 0

WAGNER, HOFFMANN, LOOS ET LE MOBILIER VIENNOIS MODERNE. ARTISTES, MÉCÈNES, FABRICANTS•21 mars-7 octobreHofmobiliendepot. Musée du mobilier. Andreagasse 7. 43 1 524 33 57

OTTO WAGNER•15 mars-7 octobreWien Museum. Karlsplatz 8. 43 1 505 87 47

BELGIQUEBRUGESTRIENNALE DE BRUGES 2018. LIQUID CITY - VILLE FLUIDE•5 mai-16 septembreVille de Bruges. 32 50 44 46 46.

ARCHITECTURES LIQUIDES•5 mai-16 septembre Grootseminarie. Potterierei 72. 32 50 33 03 62.

BRUXELLESPROMESSES D’UN VISAGE. L’ART DU PORTRAIT DES PRIMITIFS FLAMANDS AU SELFIE•23 mars-15 juilletMusées royaux des beaux-arts de Belgique. 3, rue de la Régence. 322 508 32 11

CHARLEMAGNE PALESTINE •18 mai-26 aoûtPalais des Beaux-Arts. 23, rue Ravenstein. 32 2 507 82 00

HORNUTOGETHER ! LA NOUVELLE ARCHITECTURE COMMUNAUTAIRE •25 mars-1er juillet

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Métro Ligne 1Station Château deVincennes, puis bus114 ou 210 arrêtSous-Préfecture

La MABA est unétablissement de la FondationNationale des Arts Graphiques

et Plastiques

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CANADAMONTRÉALD’AFRIQUE AUX AMÉRIQUES. PICASSO EN FACE-À-FACE, D’HIER À AUJOURD’HUI•12 mai-16 septembre DE MAIN DE MAÎTRE II. DE PARMESAN À MATISSE•12 avril-12 aoûtMusée des Beaux-Arts. 1380, rue Sherbrooke Ouest. 1 514 285 2000

ESPAGNEBILBAOESTHER FERRER- ESPACES ENTRELACÉS•18 mars-10 juinCHAGALL. LES ANNÉES DÉCISIVES, 1911-1919 •1er juin-2 septembreGuggenheim Bilbao. 2, av. Abandoibarra. 34 944 35 90 80

MADRIDPEINT SUR LA PIERRE•17 avril-5 aoûtMuseo nacional del Prado. 23, calle Ruiz de Alarcón. 34 913 30 28 00

VASARELY ET LA NAISSANCE DE L’OP’ ART•7 juin-9 septembre Museo hyssen-Bornemisza. 8, paseo del Prado. 34 91 791 13 70

GRANDE-BRETAGNELEEDS THOMAS CHIPPENDALE.DESIGNER, MAKER, DECORATOR •24 mars-2 septembreHarewood House. Harewood. 44 11 3218 1010

LONDRESLE POST-MODERNISME DANS L’ARCHITECTURE BRITANNIQUE •16 mai-26 aoûtSoane Museum. 13 Lincoln’s Inn Fields. 44 20 7405 2107

JOAN JONAS •14 mars-5 août Tate Modern. Turbine Hall. Bankside. 44 20 7887 8888

TACITA DEAN : NATURE MORTE•15 mars-28 mai MONET ET L’ARCHITECTURE•9 avril-29 juilletTHOMAS COLE. DE L’EDEN À L’EMPIRE•11 juin-7 octobre

he National Gallery. Trafalgar Square. 44 20 7747 2885

ITALIEVENISEALBERT OEHLEN•8 avril-6 janvierPalazzo Grassi. Campo San Samuele, 3231. 39 41 2401 308

BIENNALE D’ARCHITECTURE•26 mai-25 novembre Divers lieux. www.labiennale.org

SUISSEBÂLEBACON-GIACOMETTI•29 avril-2 septembreFondation Beyeler. 101, Baselstrasse. 41 61 645 97 00

BRUCE NAUMAN•17 mars-26 aoûtSchaulager. 19, Ruchfeldstrasse. 41 61 335 32 32

MARIA LASSNIG•12 mai-26 août Kunstmuseum Basel. 20, St Alban-Graben.41 61 206 62 62

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LAUSANNEERNST KOLB •9 février-17 juinCollection de l’Art brut. 11, av. Bergières. 41 21 315 25 70

MARTIGNYTOULOUSE-LAUTREC À LA BELLE ÉPOQUE - FRENCH CANCANS•1er décembre-10 juinFondation Pierre Gianadda. 59, rue du Forum. 41 27 722 39 78

WINTERTHOUR FERDINAND HODLER-ALBERTO GIACOMETTI. UNE RENCONTRE•20 avril-19 août Kunstmuseum Winterthur. 52, Museumstrasse. 41 52 267 51 62

ZURICHMAGRITTE, DIETRICH, ROUSSEAU. OBJECTIVITÉ VISIONNAIRE•9 mars-8 juilletKunsthaus Zurich. 1, Heimplatz. 41 44 253 84 84

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du 18 maiau 08 septembre201810, rue Pierre Semard83000 Toulon

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Avec le soutien exceptionnel du musée d’Orsay, Paris

et de la Collection Rau pour UNICEF

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Organisée en collaboration avec l’Arp Museum

Bahnhof Rolandseck.

Horizons Hugo PrattLe musée des Conluences à Lyon rend hommage au dessinateur Hugo Pratt (1927-1995) en

confrontant cent trente de ses œuvres avec des objets issus des cultures et des civilisations qui l’ont inspiré (ill. : ©Cong. S.A. Suisse). Le parcours biographique de l’exposi-tion nous emmène ainsi, du Paci-ique aux forêts d’Amazonie, sur les pas de son héros le plus embléma-tique, Corto Maltese. A.-S. L.-M.

L’aiguilleur de rétineQuinze ans après la rétrospective du Centre Pompidou, le musée des Arts décoratifs à Paris explore la carrière prolifique de l’ar-tiste et graphiste polonais Roman Cieslewicz (1930-1996). Figure centrale de l’École de l’Aiche polonaise dans les années 1950 puis

maquettiste de Peter Knapp à Paris, directeur artistique de « Elle » et créateur du magazine d’art « Opus International »,

Cieslewicz privilé-gie très tôt les tech-niques du collage et du photomon-tage pour porter un regard critique sur la société et ses icônes. Ses créations (ill. : ©Adagp, Paris 2018), proches de l’esthétique dada et de l’avant-garde russe et du mouve-ment Panique de Roland Topor et Alejandro Jodorow-sky, visent avant tout à éduquer l’es-prit et l’œil du spec-tateur. A.-S. L.-M.

Saisir la balle au bond à Roland Garros

Mouvement, précision, puissance. Trois mots qui résument le tournoi

de Roland-Garros qui vient de débu-ter, l’expérience de ses spectateurs, les gestes de ses athlètes. Trois mots dont s’est emparée l’artiste Fabienne Verdier pour concevoir l’aiche de cette édition 2018 (ill. : ©Fabienne Verdier), où l’ocre serein de la terre battue s’anime brusque-ment du rebond d’une balle de tennis. Tout y est : le soleil de juin, la fulgurance des coups portés , la beauté de cette t ra-j e c t o i r e , calculée et p o u r t a n t incertaine, dont l ’ar-tiste maté-r i a l i s e l e s ouveni r. A.-S. L.-M.

« HUGO PRATT, LIGNES D’HORIZONS », musée des Conluences, 86, quai Perrache, 69285 Lyon, 04 28 38 12 12, www.museedesconluences.fr du 7 avril 2018 au 24 mars 2019.

INTERNATIONAUX DE FRANCE DE TENNIS, stade Roland-Garros, 51, bd d’Auteuil, 92100 Boulogne-Billancourt, 01 47 43 48 00, www.rolandgarros.com du 21 mai au 10 juin.

« ROMAN CIESLEWICZ, LA FABRIQUE DES IMAGES », MAD Paris, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris, 01 44 55 57 50, www.madparis.fr du 3 mai au 23 septembre.

GRAPHISME

B. D.

SPORT

ÉVÉNEMENT

158 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Fontainebleau au cœur du RêvePour sa 8e édition, le Festival de l’histoire de l’art de Fontaine-bleau, et son invité d’honneur la Grèce, explorent le thème du Rêve (ill. : ©François Queyrel) à travers près de 300 événements ! Conférences, tables rondes, pro-jections ou encore ateliers de pratiques artistiques décryptent l’histoire de la mise en images de l’irrationnel, depuis la céramique antique jusqu’aux surréalistes en passant par Bosch et les maîtres du symbolisme. A.-S. L.-M.Festival de l’histoire de l’art, château de Fontainebleau, 77300 Fontainebleau, 01 60 71 50 60, www.festivaldelhistoiredelart.com du 1er au 3 juin.

MUSÉE DULUXEMBOURG

7 MARS

1er JUILLET 2018

Tintoret, Autoportrait, vers 1547, huile sur toile © Philadelphia Museum of Art, Gift of Marion R. Ascoli and the Marion R. and Max Ascoli Fund in honor of Lessing Rosenwald, 1983, Philadelphie - Design www.solennmarrel.fr

La Réunion au Quai-BranlyMerci pour votre portfolio du numéro de mars, qui faisait la part belle aux collections de peintures du musée du Quai Branly. En particulier pour cette vue de La Réunion haute en couleurs de Marcel Mouillot, un peintre autodidacte qui a su traduire la nature sauvage du piton de la Fournaise.Philippe Bertrand, Saint-Gilles de La Réunion

C’est en 1930 que Marcel Mouillot (1889-1972) débarque à La Réunion. Suite à ce voyage, il publie « 13 000 milles en cargo de Marseille à Madagascar et aux Iles de La Réunion » en 1935, où il décrit les beautés de l’île, et peint de nombreuses huiles du site du volcan et du cirque de Cilaos, qui sont exposées à la galerie Berthe Weill et au musée de la France d’outre-mer, que dirige alors son ami Ary Leblond. G. B.

Le musée Guimet de LyonDans votre article consacré à Félix Régamey (« Connaissance des Arts » n°767) et son voyage avec Émile Guimet en Asie, vous n’évoquez jamais la création du musée Guimet de Lyon. Est-ce volontaire ?Jean-Paul Farrichot, Lyon

Lorsque notre auteure parle du musée Guimet fondé au retour de ce périple en Asie, il s’agit bien sûr du premier musée Guimet, créé à Lyon en 1879. Celui-ci eut une existence très brève puisque trois ans plus tard Émile Guimet songe à le transférer à Paris pour des raisons géographiques et inancières. « L’éloignement de Lyon des cercles de savants et des étrangers, qui viennent visiter la France, ne permet pas à Guimet de mener à bien le projet dont il a rêvé de créer un véritable centre d’études des religions avec un musée, une école de langues et une bibliothèque de référence, rappelle Deidre Emmons dans le catalogue de l’ex-position « Enquêtes vagabondes ». Il attend de la municipalité puis de l’État un soutien financier pour continuer à faire vivre cette institution qu’il a jusque-là financée ». Suite à cet échec, le musée parisien est construit et inauguré en 1889. De patinoire avec brasse-rie-restaurant en salle d’exposition, le musée Guimet à Lyon va connaître plusieurs vies jusqu’au rachat par la Ville en 1909 pour installer le Muséum d’histoire naturelle et le retour à Lyon de plus de deux mille objets, qui font double emploi dans les collections du musée parisien. Arrivent à cette occasion un ensemble de pièces religieuses et de sta-tuettes chinoises du sino-ethnologue néer-landais Ian Jakob Maria de Groot, des pièces d’art khmer, des bois de chars indiens, de la céramique chinoise. Dans le lot igurent même des œuvres égyptiennes, qui sont aujourd’hui conservées au musée des Beaux-Arts de Lyon par le jeu des mouvements d’œuvres entre musées de la Ville après la fermeture du musée Guimet de Lyon en 1968. Le reste du fonds asiatique est maintenant au musée des Conluences. Le vieux bâtiment du musée Guimet de Lyon est en travaux et devrait devenir un atelier de la Maison de la danse. G. B.

Faites du mail art en nous écrivant ou en nous faisant part de vos réactions à ce numéro.

Ci-dessus Une enveloppe adressée à

la rédaction par Philippe Charron, de Bourgneuf.

ABONNEZ-VOUS À CONNAISSANCE DES ARTSAbonnement d’un an : 79 €Abonnement d’un an pour les étudiants (photocopie de la carte d’inscription) : 43 €Coffret-reliure : 12 € + 3 € de port (2 € par coffret supplémentaire) Ces tarifs sont valables en France métropolitaine.Adresser votre règlement à : Connaissance des Arts - Service Abonnements - 4, rue de Mouchy, 60439 NOAILLES CEDEX

Relations Abonnés : 01 55 56 71 08 [email protected]

CONNAISSANCE DES ARTS IS PUBLISHED MONTHLY EXCEPT JOINT JULY/AUGUST ISSUE. FOR SUBSCRIPTIONS OUTSIDE FRANCE, PLEASE VISIT OUR WEBSIT BOUTIQUE.CONNAISSANCEDESARTS.COM

Droit de réponse FrochotLe communiqué qui va suivre a pour objet de rétablir la vérité sur la demeure sise avenue Frochot au n° 1 dans le IXe arrondissement de Paris. Celle-ci a en efet été le sujet d’un article intitulé « Avenue Frochot » dans la rubrique « Itinéraire - Paris Troubadour » du numéro de mars de « Connaissance des Arts », en page 88. Nous tenons à informer le lecteur que la plupart des pro-pos qui y ont été tenus par son auteur sont totalement inexacts et arbitraires. Il y a notamment été airmé de manière inconsidérée et infondée que « ses propriétaires y meurent dans la souffrance ». Nous démentons âprement ces dires, qui de surcroît ne se vériient pas dans la réalité.Raphaël Benillouche, Paris

160 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

des lecteurs

MARDI 26 JUIn 2018 À 14H00

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expositions publiques le samedi 23 juin de 15h à 19h, le lundi 25 juin de 10h à 19h et le mardi 26 juin de 10h à 12h

VEntE AUx EnCHÈRES PUBLIQUES

162 l JUIN 2018 / CONNAISSANCE DES ARTS

Directeur de la publication Gérant de SFPA Pierre Louette Connaissance des Arts est édité par SFPA (Société Française de Promotion Artistique), SARL au capital de 150 000 €. 304 951 460 RCS Paris. Commission paritaire 1020 K 79964. ISSN 0293-9274. Dépôt légal juin 2018. 10, boulevard de Grenelle, CS 10817, 75738 Paris cedex 15. Tél. : 01 87 39 73 00 www.connaissancedesarts.comPour obtenir votre correspondant, composer le 0187 39 suivi des chiffres entre parenthèses. Les adresses e-mail se constituent ainsi : initialedupré[email protected] e-mail de la rédaction : [email protected]

ABONNEMENTS : 01 55 56 71 08 Fax : 01 55 56 70 38 [email protected]

Directeur de la rédaction Guy Boyer Rédactrice en chef adjointe Céline Lefranc Secrétaire générale de la rédaction Sylvie Ragey Conception graphique et direction artistique Nathalie Lasserre Rédactrice-iconographe /Assistante de rédaction Delphine Chabaillé Photographe Bernard Saint-Genès Chefs de fabrication Anaïs Barbet, Sandrine Lebreton, Assistante Marine Milac

Ont collaboré à ce numéro Valérie Bougault, Myriam Boutoulle, Françoise Chauvin, Jérôme Coignard, Axelle Corty, Hervé Grandsart, Virginie Huet, Manuel Jover, Jean-François Lasnier, Marie Maertens, Valérie de Maulmin, Agathe Miossec, Guillaume Morel, Élisabeth Védrenne

Directeur du développement et Carnet du connaisseur Philippe Thomas (82 42) Chargé commercial Jérôme Duteil (82 35) Responsable de la communication Lise Léger (82 37) Rédactrice en chef adjointe des hors-série et développements numériques Lucie Agache Rédactrice Web /Responsable du site Internet Anne-Sophie Lesage-Münch Directeur digital pôle Arts et Classique Matthieu Wolf

Hors-série (coordination) Jean-Michel Charbonnier, Jeanne Fouchet-Nahas, Raphaëlle Roux Iconographe des hors-série Diane de Contades Expéditions Jean-Marc Olin

PUBLICITÉ : TEAM MEDIA Tél. : 01 87 39 78 00 Pour obtenir votre correspondant, composer le 01 87 39 suivi des chiffres entre parenthèses. Les adresses e-mail se constituent ainsi : [email protected] Présidente Corinne Mrejen Directrice générale Cécile Colomb Directrice commerciale du Pôle Culture Loisirs Emmanuelle Astruc (8319) Directrice de la publicité de Connaissance des Arts Magali Harmange (7527) Directrice de clientèle Alison Vonthron Nasnas (7559 ) Directeur de clientèle Sébastien Beaurain (7572 ) Assistante commerciale Anne Vassort (7558) Assistante PAO Sherazade Nouraoui (7562) Directeur pôle international Nicolas Grivon Directeur de la Diffusion et du Marketing Étienne Porteaux

Connaissance des Arts est une publication du Groupe Les Échos. Président-directeur général Pierre Louette Directeur général délégué Christophe Victor Directeurs délégués Bernard Villeneuve, Daniel Saada Directrice de Connaissance des Arts Claire Lénart Turpin

Droits de reproduction textes et illustrations réservés pour tous pays. ©2018 Société Française de Promotion Artistique. ©Photothèque R. Magritte/Banque d’images. ©Adagp, Paris 2018. ©Succession Picasso 2018. ©Succession H. Matisse 2018. ©2018 Artists Rights Society, New York. ©DACS, London 2018. ©Pro Litteris, Zurich. ©Vegap, Madrid, 2018. ©Sabam, Bruxelles 2018. ©VG Bild-Kunst, Bonn, 2018.

Photogravure Key Graphic, Paris. Impression Imaye Graphic (53). Origine du papier : Finlande. Taux de ibres recyclées : 0%. Le papier Stora Enso de ce magazine est issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot 0.011kg/tonne

Un encart abonnements broché (abonnés et vente au numéro). Encarts Select Press, Linvosges (abonnés), Nocturne Rive Droite (abonnés Île-de-France), Times (Île-de-France).

L’arc méditerranéen de PicassoPour l’été 2018, le directeur du Musée national Picasso-Paris, Laurent Le Bon, a proposé les œuvres de l’artiste andalou à tous les musées des bords de la Méditerranée, de Nice à Barcelone. Chacun l’analyse ou le confronte à d’autres artistes. Treize expositions picassiennes sous le soleil.

Dans l’atelier de Gilbert and GeorgePrivilège insigne : les artistes britanniques Gilbert and George ont accueilli « Connaissance des Arts » dans leur atelier londonien à l’occasion de leur exposition à la Fondation Luma, qui ouvre à Arles le 2 juillet.

Balade arty en BretagneDu parc de sculptures de Kerguéhennec aux chapelles du Finistère, qui accueillent de l’art contemporain pendant l’été, balade arty en Bretagne, où le Fonds Leclerc de Landerneau expose Henry Moore.

28 JUIN

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