Chronologie de la fin de l'âge du Fer (IIIe-Ier siècle av. J.-C.) au sud de la Plaine de Caen : le...

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sous la direction de Philippe Barral et Stephan Fichtl Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer (III e -I er siècle avant notre ère) en Gaule non méditerranéenne Actes de la table ronde tenue à Bibracte du 15 au 17 octobre 2007 22

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sous la direction de

Philippe Barral et Stephan Fichtl

Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer

(iiie-ier siècle avant notre ère) en Gaule non méditerranéenne

Actes de la table ronde tenue à Bibracte

du 15 au 17 octobre 2007

22

Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.)

en Gaule non méditerranéenne

Actes de la table ronde tenue à Bibracte

15-17 octobre 2007

Collection 22

2012

Ouvrages parus dans la collection Bibracte

1 L’environnement du Mont Beuvray [1996] 2 La quantification des céramiques : conditions et protocoles [1998] 3 Les remparts de Bibracte : recherches récentes sur la Porte du Rebout et le tracé des fortifications [1999] 4 Les processus d’urbanisation à l’âge du Fer – Eisenzeitliche Urbanisationsprozesse [2000] 5 L’aristocratie celte à la fin de l’âge du Fer [2002] 6 Les âges du Fer en Nivernais, Bourbonnais et Berry oriental [2002] 7 Les amphores de Bibracte – 2. Le commerce du vin chez les Éduens d’après les timbres d’amphores. Catalogues : les timbres de Bibracte (1984-1998), les timbres de Bourgogne [2003] 8 Bibracte : le site de la maison 1 du Parc aux Chevaux (PC 1) : des origines de l’oppidum au règne de Tibère [2004] 9 Archéologie des pratiques funéraires : approches critiques [2004]10 Études sur Bibracte – 1 [2006]11 Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée [2006]12 Celtes et Gaulois, l’Archéologie face à l’Histoire 12-1 : Celtes et Gaulois dans l’histoire, l’historiographie et l’idéologie moderne [2006] 12-2 : La Préhistoire des Celtes [2006] 12-3 : Les Civilisés et les Barbares (du ve au iie siècle avant J.-C.) [2006] 12-4 : Les mutations de la fin de l’âge du Fer [2006] 12-5 : La romanisation et la question de l’héritage celtique [2006] 12-6 : Colloque de synthèse [2010]13 Les monnaies gauloises et romaines de l’oppidum de Bibracte [2007]14 Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains en contexte gaulois [2008]15 Gestion et présentation des oppida. Un panorama européen [2008]16 Construire le temps. Histoire et méthodes des chronologies et calendriers des derniers millénaires avant notre ère en Europe occidentale [2008]17 Fouilles de la fontaine Saint-Pierre au Mont Beuvray (1988-1992, 1996). Aménagements d’une source

sur l’oppidum de Bibracte [2009]18 Die eisernen Werkzeuge aus Bibracte – L’outillage en fer de Bibracte [2010]19 Murus Celticus. Architecture et fonctions des remparts de l’âge du Fer [2010]20 Carpologia. Articles réunis à la mémoire de Karen Lundström-Baudais [2011]21 Aspects de la romanisation dans l’est de la Gaule [deux volumes, 2011]

La collection Bibracte est éditée par BIBRACTE, Centre archéologique Européen. Du nom antique de la capitale des Éduens, elle rassemble tout d’abord les résultats des recherches effectuées sur le site du Mont Beuvray et le territoire éduen, ensuite les actes des rencontres scientifiques organisées par le Centre archéologique, enfin des travaux majeurs relatifs à l’archéologie de l’Europe celtique.

Le comité de rédaction de la collection est constitué des membres du Conseil scientifique de BIBRACTE, Centre archéologique Européen.

Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.)

en Gaule non méditerranéenne

Actes de la table ronde tenue à Bibracte

Glux-en-Glenne, 15-17 octobre 2007

Sous la direction de Philippe BARRAL et Stephan FICHTL

Collection Bibracte – 22Bibracte – Centre archéologique européen

F ‑ 58370 Glux‑en‑Glenne

2012

Couverture : S. Durost, A. Maillier, d’après une monnaie d’argent du centre‑est de la Gaule. ©Bibracte.

Notice catalographiqueBarral (Ph.), Fichtl (St.) dir., Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer (iii e-i er siècle avant J.-C.) en Gaule non méditerranéenne. Actes de la table ronde tenue à Bibracte « Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie‑ier siècle avant J.‑C.) dans l’est de la France et les régions voisines », Glux‑en‑Glenne, 15‑17 octobre 2007. Glux‑en‑Glenne : Bibracte, 2012. Dossier imprimé : 342 p., 149 ill. – dossier numérique : www.bibracte.fr ; 7 p. texte, 312 ill. (Bibracte ; 22).

Premier élément date et référence bibliographiqueBARRAL (Ph.), FICHTL (St.) dir. — Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer (iii e-i er siècle avant J.-C.) en Gaule non méditerranéenne. Actes de la table ronde tenue à Bibracte « Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie‑ier siècle avant J.‑C.) dans l’est de la France et les régions voisines », Glux‑en‑Glenne, 15‑17 octobre 2007. Glux‑en‑Glenne : Bibracte, 2012, 342 p., 149 ill. – dossier numérique : www.bibracte.fr ; 7 p. texte, 312 ill. (Bibracte ; 22).

Mots-clefsProtohistoire, chronologie, datation, périodisation, âge du Fer, Gaule, Centre‑Est, oppidum, typologie, mobilier, référentiel, céramique, amphore, fibule, monnaie.

Crédit des illustrationsIllustrations originales des divers auteurs participant à l’ouvrage.

Mise aux normes éditoriales Daniel Beucher, Sébastien Durost, Antoine Maillier (Bibracte) ; Thomas Crognier

Suivi éditorialMyriam Giudicelli, Sébastien Durost (Bibracte)

MaquettageMyriam Giudicelli, Sébastien Durost (Bibracte)

Relecture scientifique : John Collis, Gilbert Kaenel, Jeannot MetzlerContrôle du manuscrit : Aude Leroy

Directeur de la collectionVincent Guichard (Bibracte)

Directeurs de la publicationPhilippe Barral (professeur d’archéologie, université de Besançon)Stephan Fichtl (professeur d’archéologie, université François Rabelais, Tours)

Diffusion/distributionBibracte EPCC – Centre archéologique européenF ‑ 58370 Glux‑en‑Glenne – e‑mail : [email protected]éléphone : 33 (0) 3 86 78 69 00 – Télécopie : 33 (0) 3 86 78 65 70

Copyright 2012 : BibracteISSN 1281‑430X – ISBN 978‑2‑909668‑74‑1Imprimé en France

Directeurs de la publication (titres et fonctions au moment du colloque)

Philippe BARRAL (docteur en archéologie, ingénieur de recherche, université de Franche-Comté, Besançon)

Stephan FICHTL (professeur d’archéologie, université François Rabelais, Tours)

Auteurs (titres et fonctions au moment du colloque)

Bertrand BoNAVENTuRE (doctorant, université Marc Bloch, Strasbourg)Anne‑Françoise CHEREL (céramologue protohistorienne, assistante d’étude,

Inrap GO)Philippe CuRDy (conservateur au musée de Sion – CH)Thierry DECHEzLEPRêTRE (conservateur du Patrimoine, responsable des

collections archéologiques du musée Lorrain, Nancy– F)Sylvie DEFFRESSIGNE (chargée d’opération archéologique et de recherche,

Inrap, responsable d’opération, GEn – F)Armand DESBAT (directeur de Recherche au CNRS, UMR 5138 – F)Sandrine DuRGEAu (étudiante, université Paris I)Clément FÉLIu (doctorant, université Marc Bloch, Strasbourg – F)Katherine GRuEL (directrice de Recherche au CNRS, UMR 8546 – F)Lucile JEuNoT (doctorante en archéologie pré- et protohistorique,

université de Besançon – F)Peter JuD (responsable d’opération, Archeodunum SAS – F)Gilbert KAENEL (directeur du musée cantonal, Lausanne – CH)yves LE BÉCHENNEC (attaché de conservation au département de Seine-Saint-

Denis – 93, responsable d’opération Bobigny Gaulois)Stéphane MARIoN (docteur en Anthropologie Ethnologie Préhistoire -

rattaché à l’UMR 8546, Aoroc, CNRS-ENS – F)yves MENEz (conservateur en chef, adjoint du Conservateur régional de

l’archéologie de Bretagne)Catherine MoREAu (chargée d’opérations et de recherches, Protohistoire

Inrap GEn – F)olivier NILLESSE (chargé d’études, Inrap GSO – F)Fabienne oLMER (chercheur au CNRS, UMR 5140 – F)Lionel PERNET (doctorant en co-tutelle aux universités de Lausanne et Paris I,

rattaché à l’UMR 8546 AOROC ENS-CNRS – F)Sabine RIECKHoFF (professeur, université de Leipzig – D)Sandrine RIquIER (doctorante, céramologue, Inrap CIDF – F)Muriel RoTH‑zEHNER (directrice scientifique, Antea-Archéologie – F)Marion SAuREL (archéologue, Inrap GEn – F)Jean‑Marc SÉGuIER (ingénieur de recherches, Inrap CIDF – F)Nicolas TIKoNoFF (responsable d’opération et de recherche, Inrap GEn – F)Luca ToRI (doctorant EPHE/univ. Zurich ; conservateur au Musée national

suisse – CH)Antide VIAND (chef du Service archéologique des Hauts-de-Seine – F)Grégory VIDEAu (archéologue, inrap GEs – F)

Domiciliations complètes, p. 22, 23

5

Avant-propos : Vincent GuICHARD .......................................................................................................................... 7

Introduction : Philippe BARRAL avec la collaboration de Stephan FICHTL et Vincent GuICHARD ................ 9

Sabine RIECKHoFF – L’histoire de la chronologie de La Tène finale en Europe centrale et le paradigme de continuité ...................................................................................................................25

Lionel PERNET, Luca ToRI – Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.) dans les nécropoles du Tessin et du Val d’Ossola .....................................................................................39

Philippe CuRDy, Peter JuD, Gilbert KAENEL – Chronologie de la fin de La Tène en Suisse occidentale, à partir de fibules issues de contextes funéraires ......................................................................................49

Armand DESBAT – Lyon, Lugdunum. Les contextes précoces des fouilles du « sanctuaire de Cybèle » ...........65

Philippe BARRAL, Grégory VIDEAu – De Bibracte à Vesontio : esquisse d’une périodisation de la fin de l’âge du Fer en Bourgogne et Franche-Comté ......................................................................................95

Muriel RoTH‑zEHNER – La Tène finale dans la plaine d’Alsace ...................................................................115

Bertrand BoNAVENTuRE, Clément FÉLIu – Quelques ensembles de mobilier de l’oppidum du Fossé des Pandours (Col de Saverne, Bas-Rhin). Contribution à la chronologie du site .................................... 127

Sylvie DEFFRESSIGNE, Nicolas TIKoNoFF – Quelques repères chronologiques de La Tène en Lorraine à partir de quatre ensembles mobiliers d’habitats ..................................................................................139

Bertrand BoNAVENTuRE, Thierry DECHEzLEPRêTRE – Chronologie de l’oppidum de Nasium (Boviolles, Meuse) d’après l’analyse de quelques ensembles clos .........................................................157

Marion SAuREL, Catherine MoREAu – En Champagne, au cœur du territoire rème : la chronologie de la fin de l’âge du Fer ................................................................................................................................. 167

Jean-Marc SÉGuIER, Antide VIAND – Chronologie des assemblages de mobilier des trois derniers siècles avant notre ère en Ile-de-France : un état des lieux dans les territoires des Sénons et des Parisii ........... 193

Stéphane MARIoN, Sandrine DuRGEAu, Yves LE BECHENNEC – Éléments de chronologie de la bourgade artisanale de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ..............................................................................................209

Sandrine RIquIER – La chronologie des mobiliers (iie-ier siècle avant J.-C.) de l’oppidum carnute de Cenabum (Orléans, Loiret) ......................................................................................................................................219

Anne-Françoise CHEREL – Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.) dans la Plaine de Caen : le cas de la « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados) ........................................245

Yves MENEz – Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.) dans l’ouest de la France : l’apport des ensembles céramique du Camp de Saint-Symphorien à Paule (Côtes d’Armor) ................257

Olivier NILLESSE – Éléments pour une chronologie des établissements ruraux de la fin de l’âge du Fer dans le sud du Bas-Poitou ............................................................................................................................. 273

Katherine GRuEL, Lucile JEuNoT – Les monnaies gauloises comme marqueurs chronologiques ....................... 301

Fabienne oLMER – Les amphores sont-elles utiles à la chronologie de la fin de l’âge du Fer ?....................... 317

Sommaire

Des dossiers complémentaires sont consultables surhttp://www.bibracte.fr — mot‑clé : “Bibracte 22”

Ils concernent les articles des auteurs suivants :

Lionel PERNET, Luca ToRIArmand DESBAT

Philippe BARRAL, Grégory VIDEAuMuriel RoTH‑zEHNER

Bertrand BoNAVENTuRE, Clément FELIuSylvie DEFFRESSIGNE, Nicolas TIKoNoFF

Bertrand BoNAVENTuRE, Thierry DECHEzLEPRêTREJean‑Marc SEGuIER, Antide VIAND

Sandrine RIquIERolivier NILLESSE

Fabienne oLMER

10 illustrations1 texte (7 pages), 89 illustrations33 illustrations9 illustrations8 illustrations20 illustrations10 illustrations35 illustrations13 illustrations22 illustrations63 illustrations

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Les instigateurs de la table ronde Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.) dans l’est de la France et les régions voisines, tenue à Bibracte du 15 au 17 octobre 2007, avaient choisi Bibracte comme lieu de réunion. Ce choix répondait à des considérations pratiques, mais il correspon‑dait surtout à un enjeu symbolique : plus de vingt ans après la reprise sur le Mont Beuvray de fouilles qui ont livré un mobilier exceptionnellement abondant, issu de contextes stratigraphiques tout aussi exceptionnels, la chronologie de l’occupation de Bibracte semble toujours pouvoir être améliorée. Parce qu’il nous manque encore des points d’accroche en Bourgogne centrale, tant pour le iie siècle avant notre ère (en l’absence d’agglomération ouverte comparable, par exemple, à celle de Verdun‑sur‑le‑Doubs dans le val de Saône) que pour le tout début de notre ère (en l’absence de données conséquentes pour cette période à Autun), un axe de progression évident est de parvenir à mieux inscrire les données du site dans un système chronologique à valeur régionale, en élargissant le réfé‑rentiel à des sites plus anciens et plus récents. on doit donc louer l’effort déployé par Philippe Barral et Stephan Fichtl et leurs collaborateurs pour recenser et étudier des séries de mobilier qui permettent d’enrichir le référentiel chronologique du iie et du ier siècle avant notre ère à l’échelle de la France de l’Est et du Centre‑Est.

Du point de vue de l’étendue géographique, le dossier livré dépasse largement les ambitions ini‑tiales, puisqu’il fournit ici un état des connaissances qui concerne une très vaste région, des Alpes au littoral atlantique. Par référence au colloque tenu à Valbonne en 1986, Gaule interne et Gaule médi-terranéenne aux iie et ier siècles avant J.-C. : confrontations chronologiques, jalon très important dans le domaine de recherche concerné, le bilan ici exposé montre que les lacunes documentaires se comblent à un rythme soutenu. Des régions qui étaient il y a vingt ans quasi‑vierges de données, comme l’Alsace, la Lorraine, l’Ile de France ou encore le Poitou, sont aujourd’hui présentes avec des dossiers très conséquents. Il est à noter qu’une grande partie de ces contributions est étoffée d’un important dossier numérique complémentaire de plus de 300 planches consultable sur le site internet de Bibracte et qui fournit au lecteur curieux une riche documentation, autrement inaccessible.

La confrontation des contributions, que les coordinateurs ont pris le risque d’essayer de résumer sous forme de tableau synthétique (cf. ill. 1 de l’introduction, infra), montre clairement qu’au‑delà des spécificités régionales qu’exprime surtout la céramique indigène, l’évolution de la culture matérielle respecte des étapes que l’on discerne dans toute la Gaule non‑méditerranéenne. Les marqueurs de cette synchronie se recrutent principalement parmi les objets de parure et la céramique d’importation, tout particulièrement les amphores qui présentent le double avantage de répondre à une production industrielle peu sujette aux clivages régionaux et d’être présente en nombre suffisant pour permettre des traitements statistiques de sériation. Le tableau synthétique montre que, depuis Valbonne, on a gagné en finesse d’analyse et que des étapes nouvelles peuvent être caractérisées. Cependant ce tableau n’est toujours pas construit sur une démarche formalisée de confrontation des données. Il montre ainsi que le travail n’est pas encore complètement abouti. Mais la direction dans laquelle il faut désormais travailler est connue. En plus de persévérer dans la collecte documentaire, il s’agit maintenant de construire des référentiels régionaux selon une méthodologie partagée faisant appel à des outils de sériation bien identifiés – comme l’analyse factorielle – afin de disposer d’un cor‑pus de référentiels statistiquement homogène et, pour cette raison, plus aptes à être synchronisés. Dans l’attente, il faut à l’évidence s’abstenir d’utiliser de façon inconsidérée la nomenclature désor‑mais consacrée qui est issue des travaux de Paul Reinecke, affinée et adaptée par chaque nouvelle

Avant-propos

Vincent GuIChARD

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

génération d’archéologues depuis un siècle. Elle donne en effet l’illusion de disposer d’un référen‑tiel commun à la Gaule non‑méditerranéenne, alors qu’il n’y a qu’à parcourir les contributions qui suivent pour se rendre compte qu’un terme comme La Tène D1b (pour ne prendre que l’exemple le plus criant) recouvre des réalités très différentes selon les auteurs. Il est aussi évident que certains sites et certaines micro‑régions très bien documentés ont un potentiel particulier. Il faut absolument continuer à leur consacrer une attention soutenue, en tirant parti de leurs spécificités. Tenons‑nous en à deux exemples : la Basse‑Auvergne, qui livre des séries très riches pour toute la période considérée, qui ont en outre l’avantage d’être issues de sites à occupation courte, ce qui affranchit des problèmes de mobilier résiduel, si dérangeants sur les sites à occupation longue. Bibracte est le meilleur repré‑sentant de cette seconde catégorie, qui pallie les difficultés propres à ceux‑ci par d’autres atouts : des données stratigraphiques importantes et des possibilités de datation par des méthodes moins usuelles (notamment la dendrochronologie). Toutes ces informations devraient permettre de réduire notablement les marges d’incertitude si elles sont confrontées de façon adéquate.

Ce volume et les réflexions qu’il suscite constituent donc une excellente feuille de route pour les recherches à venir en matière de chronologie de la fin de l’âge du Fer, essentielle pour mieux positionner les observations archéologiques relatives aux deux derniers siècles avant notre ère sur l’axe d’un temps particulièrement riche en événements et en mutations sociales.

v

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intRoduction

Le projet de table ronde sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer dans l’est de la France est né initialement du constat que nos étudiants des universités de Strasbourg, Besançon et Dijon, que nous avions à encadrer dans leurs travaux de Master, rencontraient de grandes difficultés pour comprendre et utiliser les périodisations et chronologies relatives à la fin de l’âge du Fer. Nous‑mêmes n’étions d’ail‑leurs pas très à l’aise pour leur dresser un tableau compréhensible de la question et les orienter vers les ouvrages et articles qui leur seraient utiles. on se trouve en effet à la fois face à une bibliographie vieillie (l’ouvrage synthétique le plus récent est la publication des actes du colloque de Valbonne, Gaule interne et Gaule méditerranéenne aux iie et ier siècles avant J.-C., confrontations chronologiques : Duval et al. 1990) et à une dispersion très forte des informations importantes issues de recherches récentes, pour une part publiées dans des supports très divers, parfois confidentiels, pour une autre part, carrément inédites (c’est le cas notamment de plusieurs travaux de thèses). Il nous a donc semblé que cet aspect essentiel de la recherche sur la fin de l’âge du Fer méritait qu’on tentât de réaliser un bilan synthétique des acquis récents sur la question, qui serait utile aux chercheurs et fournirait en même temps aux étudiants un outil relativement commode et accessible.

Sous un autre aspect, les échanges que nous avons pu avoir avec d’autres chercheurs, dans le cadre de colloques ou de programmes de recherche, ont attiré notre attention sur l’écueil que constituait l’absence d’une formalisation du cadre chronologique de la fin de l’âge du Fer intégrant un certain nombre d’avancées substantielles, fruit des recherches des vingt dernières années (en gros, depuis la publication du colloque de Valbonne, pour prendre de nouveau un repère précis). Nous avons tous pu constater qu’un accroissement significatif de l’information et de la documentation archéologiques de la fin de l’âge du Fer n’avait pas débouché sur une clarification des questions de chronologie et de périodisation, mais avait bien au contraire abouti à une complexification et à une superposition de systèmes et d’arguments de datation déconnectés 1. une terminologie fluctuante pour désigner ces constructions ou modélisations chronologiques variées vient encore un peu compliquer l’affaire 2.

Il faut bien reconnaître, au demeurant, que les espoirs fondés sur la dendrochronologie, vers le milieu des années 1980, n’ont été que très partiellement comblés (sur ce sujet, cf. Durost, Lambert 2005). Il en va de même des espoirs qu’on pouvait, avec raison, fonder sur la fouille de sites bien datés par des événements historiques 3. En ce qui concerne la datation des sites terrestres de cette période, la méthode stratigraphique et le cross-dating restent donc fondamentaux. Il faut souligner toutefois l’affinement croissant des typo‑chronologies de mobilier, fruit de l’effort consacré depuis une ving‑taine d’années à l’analyse précise et détaillée d’ensembles de mobilier de référence, principalement d’habitat et, conjointement, à l’étude spécialisée de catégories d’objets manufacturés, souvent dans le cadre de travaux universitaires, qui restent malheureusement fréquemment inédits. Il est possible de souligner par exemple les progrès importants réalisés ces dernières années dans l’étude des assem‑blages d’objets manufacturés en métal (Bataille 2008 ; Girard, Roure 2009 ; Girard 2010). L’affinement des chronologies de la fin de l’âge du Fer a aussi, sans aucun doute, bénéficié des avancées dans la connaissance de la culture matérielle induites par les recherches sur les sanctuaires, qui livrent des séries conséquentes d’objets entiers ou peu fragmentés. L’augmentation importante des corpus de sites et d’ensembles de mobilier présentant une qualité documentaire satisfaisante (pour certaines périodes du moins) a favorisé le développement de méthodes statistiques et de sériations automa‑tiques des données, qui conservent toutefois un caractère encore embryonnaire, notamment dans leur utilisation en vue de l’affinement des outils et référentiels chronologiques 4.

Dans ce contexte, on a pu constater que des systèmes de périodisation propres à différentes régions se sont développés, autour d’un chercheur ou d’un groupe de chercheurs (cf. par exemple le travail de P. Pion, dans la vallée de l’Aisne – Pion 1996 ; 1998 – ou, plus récemment, les résultats d’un projet collectif sur l’Auvergne : Deberge et al. 2007), mais sans que ces expériences aient pu vraiment être confrontées entre elles et que les données aient pu être corrélées à l’échelle d’un ensemble géo‑graphique présentant une relative cohérence culturelle à cette période (en l’occurrence, l’est et le centre‑est de la Gaule).

Introduction

Philippe BARRAl Avec la collaboration de Stephan FIChtl et Vincent GuIChARD

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

Sous un autre aspect, les études spécialisées se sont considérablement développées (amphores, vaisselle d’importation, céramique indigène, monnaies, métal…), avec des méthodologies et des logiques propres, ce qui conduit en général à une superposition de systèmes relativement étanches. D’un point de vue méthodologique, un des problèmes actuels les plus cruciaux réside en effet dans la superposition d’arguments de datation difficiles à corréler entre eux. En particulier, les chercheurs tendent de plus à plus à utiliser pour les séries d’objets manufacturés dont ils sont spécialistes des systèmes de datation propres aux séries en question. Encore ces systèmes peuvent‑ils varier sensible‑ment d’un chercheur à l’autre, comme le montrent, par exemple, les études et publications récentes sur les amphores, tout à fait emblématiques des problèmes actuels posés par certaines catégories de mobilier (bon aperçu in Maza 1998). C’est sans doute là le prix à payer pendant encore quelque temps pour parvenir à construire des référentiels de qualité et à affiner nos outils méthodologiques.

L’une des conséquences principales de ces évolutions récentes de la recherche réside dans la complexité extrême des arguments de datation et, dans le cas des sites riches en produits manufactu‑rés et en importations, dans la difficulté de réaliser la synthèse des données chronologiques. un autre problème est lié à la déconnection de plus en plus fréquente, pour cette catégorie de gisements, entre le phasage obtenu sur la base des importations et la périodisation relative de la fin de l’âge du Fer, qui repose quant à elle sur d’autres marqueurs, métalliques en particulier.

un bon exemple de ces difficultés est illustré par le site d’habitat de Verdun‑sur‑le‑Doubs. Le faciès amphorique permet de dater la phase d’occupation principale du site (phase 2 : cf. Barral, Videau dans ce volume) des années 140/130‑110/100 av. J.‑C., avec une incertitude d’une dizaine d’années dans un sens ou dans l’autre, suivant les spécialistes. L’étude des céramiques italiques à vernis noir conduirait à abaisser la fin de cette phase 2 jusque vers 90 environ, en raison de la présence de quelques fragments de céramique campanienne A et B considérés comme caractéristiques du tout début du ier s. av. J.‑C. Cette proposition est toutefois contredite par la rareté des amphores Dressel 1C et par l’absence totale d’amphore Dressel 1B, sur un échantillon de plus de 600 individus. Par ailleurs, si on se limite aux fossiles directeurs classiques (fibules, bracelets en métal cuivreux, en verre…), cette même phase se corrèle parfaitement avec l’étape La Tène D1b, pour laquelle les bornes admises actuellement sont 120‑85 av. J.‑C. En l’absence d’importations (ce qui serait le cas pour un établisse‑ment rural de faible statut), ce sont ces dates qui seraient retenues. on voit donc avec cet exemple concret à quels types de difficultés est confronté le fouilleur d’un site d’habitat de La Tène C‑D riche en produits manufacturés.

En définitive, la difficulté d’opérer des comparaisons efficaces entre horizons chrono‑stratigra‑phiques ou séries de matériaux, à l’échelle d’une même région ou entre régions voisines, est devenue un réel obstacle pour synthétiser les données reposant sur un corpus étoffé et parvenir à des conclu‑sions historiques de quelque ampleur.

Il s’agissait donc, une vingtaine d’années après la publication du colloque de Valbonne, qui avait permis de jeter les bases d’une révision de la périodisation de La Tène finale, de dresser un tableau actualisé de la chronologie de la fin de l’âge du Fer en France non méditerranéenne, en confrontant entre elles des périodisations régionales. un des enjeux principaux était, dans la mesure du pos‑sible, de corréler entre eux les tableaux synoptiques obtenus dans différentes régions, sur la base des recherches récentes, et de confronter ces séquences régionales avec la périodisation classique de La Tène actuellement utilisée dans une large partie de l’Europe occidentale (sur ce point, cf. notamment Kaenel 2008), pour parvenir à un cadre de description chronologique satisfaisant et compréhensible par la communauté des chercheurs.

Choix ayant présidé au déroulement de la table ronde et à sa publication

un groupe de chercheurs a été constitué et s’est réuni à plusieurs reprises pendant les deux années ayant précédé la table ronde proprement dite. L’objectif principal était de rassembler un corpus de don‑nées permettant de traiter de la chronologie de la fin de la fin de l’âge du Fer (les trois derniers siècles avant notre ère, soit La Tène C et D) dans l’est de la France (Bourgogne, Franche‑Comté, Alsace, Lorraine, Champagne‑Ardennes), c’est‑à‑dire concrètement de réunir, sous une forme homogène, la documen‑tation concernant des ensembles de mobilier considérés comme fiables et cohérents, issus de sites représentatifs. ont été sélectionnés des sites fouillés récemment, soit à chronologie longue, pour lesquels on dispose d’ensembles fournis bien sériés les uns par rapport aux autres, soit à chronologie courte,

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intRoduction

permettant d’écarter l’écueil de la résidualité. Au total, une bonne vingtaine de sites ont été retenus. une documentation type a été réunie sur ces différents gisements et sur les ensembles qu’ils ont livrés (histogrammes et tableaux de données brutes, planches de mobiliers…). Des informations concernant la nature, l’interprétation des contextes sélectionnés, leur fiabilité en termes de stratigraphie et de tapho‑nomie du gisement, ont été incluses dans le dossier. Cette documentation a ensuite servi à élaborer des synthèses, plus ou moins abouties suivant les régions, en fonction de la qualité des données disponibles.

Ces synthèses régionales sur l’est de la France occupent une place importante du programme de la table ronde, mais ne pouvaient suffire à elles seules pour dresser un véritable tour d’horizon de la chronologie de la fin de l’âge du Fer en Gaule de l’Est. Aussi avons‑nous souhaité que ces communi‑cations régionales soient mises en perspective de deux manières différentes et complémentaires ; en premier lieu, par le biais de bilans synthétiques concernant des régions ou sites d’Europe occidentale où l’on dispose de données récentes alimentant le débat sur la chronologie de La Tène ; en second lieu, à travers des présentations des acquis et problèmes liés à telle ou telle catégorie de mobilier, réalisées par des spécialistes. Le programme de la table ronde a ainsi été structuré en trois parties successives et complémentaires (cf. programme p. 21).

Cet ordre de succession des communications n’a finalement pas été retenu pour le sommaire de la publication, où l’ordre des articles obéit avant tout à une logique géographique (d’est en ouest), si l’on excepte, d’une part, l’article de S. Rieckhoff, placé en tête d’ouvrage car il constitue une introduc‑tion remarquable au débat sur la chronologie de la fin de La Tène 5, d’autre part l’article de K. Gruel et L. Jeunot et celui de F. olmer, placés en fin de volume, qui donnent le point de vue des spécialistes sur deux catégories de mobilier particulières (monnaies et amphores). La structuration du programme de la table ronde ne pouvait être conservée dans la publication, du fait notamment qu’un certain nombre de participants n’ont pas souhaité rendre de texte, soit qu’ils aient estimé que leur réflexion n’était pas suffisamment aboutie, soit que leurs travaux aient déjà été publiés ou soient en voie de l’être 6

Enfin, le lecteur pourra être surpris, au premier abord, que la publication ait été conçue en deux parties, sur des supports différents : un volume imprimé sur papier, qui réunit les textes des articles, accompagnés d’un petit nombre d’illustrations synthétiques ; un volume sous format numérique, qui rassemble les planches illustratives et autres documents (graphiques, tableaux) constituant les dossiers documentaires fournis par les auteurs pour appuyer leur argumentation. Il s’agit là d’un choix éditorial pleinement assumé, qui rompt avec les habitudes mais nous permet de mettre à disposition du lec‑teur un important corpus d’ensembles de référence, qu’il aurait été impossible de publier en l’état sur papier (ce volume annexe rassemble en effet un total de 319 pages).

Quelques résultats et quelques pistes pour l’avenir

Il n’est pas certain que la publication des actes de la table ronde aille aussi loin que nous le sou‑haitions au départ, en raison de situations très contrastées entre les régions étudiées, du point de vue des corpus documentaires à disposition, de l’avancement des études typo‑chronologiques, et de l’éla‑boration d’un cadre chronologique cohérent reliant les phasages des sites et les horizons ou faciès de mobilier régionaux et micro‑régionaux.

on se limitera ci‑dessous à dresser quelques grandes lignes d’un cadre chronologique valide pour les régions de l’est de la France, en soulignant les acquis principaux des recherches récentes et en notant les interrogations ou incertitudes qui subsistent. Ce cadre concerne principalement les iie et ier s. av. J.‑C., période posant des problèmes spécifiques et bénéficiant d’une documentation interré‑gionale suffisamment abondante et répartie uniformément 7 pour qu’il soit possible de proposer un bilan. A contrario, les dossiers documentaires concernant les phases La Tène B2‑C1 sont de poids et de qualité très variables suivant les régions prises en compte. on observe grosso modo que la partie sep‑tentrionale de la Gaule de l’Est est mieux pourvue globalement que la partie méridionale, qui souffre d’un déficit de données criant pour tout le iiie s. av. J.‑C. (Barral, Videau dans ce volume). Il faut aussi insister sur le fait que, pour cette période, le poids des corpus funéraires reste prééminent et que la dichotomie funéraire/habitat, plus ou moins prononcée suivant les régions, est un obstacle pour établir un cadre chronologique global.

De manière tout à fait éclatante, la céramique indigène occupe la place prééminente dans les synthèses proposées dans ce volume, ce dont il n’y a pas lieu de s’étonner. C’est à la fois le matériau le plus abondant sur les sites d’habitat (qui constituent la majeure partie du corpus pris en compte ici)

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

et la catégorie par excellence d’objets manufacturés dont les évolutions techniques, morphologiques et décoratives peuvent être précisément cernées d’un point de vue chronologique, notamment à l’aide de quantifications précises. Les autres catégories d’objets occupent une place variable dans les articles, en fonction de leur importance dans les corpus de mobilier analysés mais aussi de leur intérêt pour accorder les périodisations régionales entre elles.

on ne s’étonnera pas, par ailleurs, que les amphores et les importations de vaisselle céramique jouent un rôle important dans l’établissement d’un système chronologique dans les régions de l’aire envisagée. La plupart des monographies régionales incluses dans ce recueil d’articles accordent une place très importante aux amphores, parce que ce mobilier abondant, aux faciès régionaux finalement peu marqués, s’avère un excellent outil pour synchroniser les différentes chronologies régionales et les ancrer en chronologie absolue. Ceci est possible parce que les lèvres de la famille d’amphores vinaires « gréco‑italiques/Dressel 1 » connaissent une tendance générale à l’allongement tout au long des iie et ier s. av. J.‑C. (critère chronologique utilisable en soi, quelle que soit la perti‑nence des définitions des types gréco‑italique, Dressel 1A, Dressel 1B…). La validité statistique de ce phénomène est démontrée par l’effet de sériation que l’on peut facilement démontrer sur des séries nombreuses 8. Cela n’empêche pas que cette grande famille d’amphores connaît aussi une diversité de pâte et de formes qui est aussi la traduction de sa production longue dans de nombreux ateliers dispersés sur les côtes de la péninsule italique (voire au‑delà). une approche fine des lots d’amphores recueillis sur les sites de consommation permet donc de préciser les détails des circuits d’approvisionnement, comme F. olmer l’a bien montré, mais cela n’a pas d’incidence sur l’aspect chronologique : un ensemble de lèvres d’amphores en nombre suffisant sur un site de consomma‑tion est un excellent marqueur chronologique, que l’on peut facilement conforter par l’examen des autres éléments morphologiques (pieds, épaules, anses). un autre débat, qui restera vain tant que l’on n’aura pas documenté de façon convenable un nombre suffisant de lots d’amphores complètes issues d’épaves, est de définir de façon pertinente des types morphologiques à partir de récipients complets et de corréler ces types avec des formes de lèvres.

In fine, les amphores suscitent encore des interrogations de natures diverses (cf. par exemple les articles d’o. Nillesse, de J.‑M. Séguier et A. Viand ou encore de Ph. Barral et G. Videau, dans ce volume), qui portent sur le choix des méthodes de classification et de sériation à privilégier ou sur la vali‑dité et la précision chronologique de certains marqueurs (évolution de l’équilibre entre Dressel 1 « anciennes » et Dressel 1B, apparition de nouveaux types, disparition des Dressel 1 …). Le débat est donc loin d’être clos et des progrès significatifs sont encore à attendre dans ce dossier, décisif pour l’établissement de la chronologie de la fin de l’âge du Fer en Gaule interne.

Trente ans après les débats passionnés qui ont agité la communauté et avaient consacré une césure entre numismates et archéologues 9, le matériel monétaire ne suscite plus de polémique vio‑lente, du point de vue chronologique. Les publications de plus en plus nombreuses de corpus de monnaies de fouille permettent peu à peu de préciser l’ordre d’apparition des séries monétaires dans le Centre‑Est. Plusieurs articles de ce volume (Barral, Videau ; Marion, Durgeau, Le Bechenec ; Riquier ; Saurel, Moreau) donnent des indications convergentes sur l’apparition de certains types de potins en contexte de La Tène D1a, et même de La Tène C2 (Bobigny, Acy‑Romance), sans que cela soulève de difficulté.

Le verre figure certainement, à côté des fibules, parmi les catégories de mobilier les plus fré‑quemment évoquées dans ce volume. À la lecture des différents articles (notamment Saurel, Moreau ; Marion, Durgeau, Le Bechenec ; Riquier), on perçoit clairement le potentiel chronologique important de ce matériel, pour lequel on dispose de corpus d’objets de plus en plus étoffés et bien sériés. Plu‑sieurs auteurs soulignent les rapprochements typo‑chronologiques existant entre les séries de Gaule interne et les séries de Manching ou de Nages, tout en notant aussi l’existence de types ou variantes rares, particulièrement à la charnière de La Tène C2 et de La Tène D1, qui évoquent des essais de fabrication éphémères, au moment du passage des bracelets moulurés aux bracelets lisses 10

Il n’est pas inutile de remarquer, enfin, que la datation de certains types d’objets bénéficie clai‑rement des sériations chronologiques réalisées sur les mobiliers de sites d’habitat évoqués dans ce volume. on mentionnera, sans souci d’exhaustivité, le matériel de mouture, les terres cuites architec‑turales 11 ou encore les militaria 12. Les dates d’apparition de nouveaux types d’objets, de nouvelles techniques ou matériaux pourront dans un avenir proche être utilisées pour préciser les contenus et les bornes chronologiques des étapes de la périodisation de la fin de l’âge du Fer.

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intRoduction

La première partie de La Tène finale

Comme l’a très bien résumé G. Kaenel (2006), la mise en phase des données archéologiques concer‑nant les sites de la fin de La Tène a subi plusieurs révolutions au cours des trente dernières années. Le point essentiel réside dans le vieillissement, d’environ un demi‑siècle, du début de La Tène D et, en conséquence, l’allongement très sensible des deux sous‑phases de La Tène D (La Tène D1, La Tène D2), dans lesquelles ont été introduites de nouvelles subdivisions.

un acquis essentiel des recherches récentes a été la mise en évidence d’une nouvelle étape inter‑médiaire entre La Tène C2 et La Tène D1, caractérisée principalement par un type de fibule en fer de schéma La Tène D, à pied ajouré, ressort long et corde externe (cf. Rieckhoff dans ce volume). Pour nous confirmer à un usage déjà établi dans certaines régions, nous l’avons qualifiée de La Tène D1a. L’existence de cet horizon pré‑Nauheim, au nord comme au sud des Alpes, est largement confirmée par les fouilles et études récentes de nécropoles (cf. Pernet, Tori ; Curdy, Jud, Kaenel dans ce volume). Il est plus difficile d’individualiser cette étape en tant que telle dans les habitats et plusieurs auteurs, dans ce recueil, évoquent plutôt une phase intermédiaire entre La Tène C et La Tène D, dont le conte‑nu emprunte à la fois des traits à la culture matérielle de La Tène C et de La Tène D (notamment, l’association de fibules typiques de La Tène C2 à des fibules de schéma La Tène D à ressort long, carac‑téristiques de La Tène D1a) 13. En l’état des données, on se trouve fréquemment dans l’impossibilité, à partir des ensembles d’habitat, de distinguer un horizon de transition La Tène C2‑D1 de l’horizon La Tène D1a proprement dit, ce qui conduit à définir une seule étape (appelée parfois La Tène C2b‑D1a). Il n’empêche que la plupart des études présentées ici valident le modèle d’une périodisation de la fin de l’âge du Fer incluant un horizon initial de La Tène D dépourvu de fibule de Nauheim 14.

une autre avancée importante réside dans la distinction de plus en plus fréquente, à l’intérieur de La Tène D1b (horizon des fibules de Nauheim), de deux étapes successives. Nous qualifierons provi‑soirement la première de « La Tène D1b classique » et la seconde de « La Tène D1b évolué », aussi peu satisfaisante que soit cette nomenclature. En Bourgogne et Franche‑Comté, la distinction de ces deux étapes repose en particulier sur l’évolution du faciès des importations, et notamment des amphores (Barral, Videau dans ce volume). Plusieurs périodisations régionales enregistrent cette partition de La Tène D1b. La distinction de deux étapes pour la période fin iie ‑ début ier s. av. J.‑C. est proposée par exemple pour l’orléanais (Riquier 2008 et dans ce volume) et pour la Basse‑Auvergne (Deberge et al. 2007 15). Dans ces deux cas, La Tène D1b débuterait vers 130 av. J.‑C., si l’on observe le contenu typolo‑gique de l’étape initiale (orléans : orl. 3, Auvergne : étape 5), le passage à l’étape « La Tène D1b évolué » étant placé vers 110 av. J.‑C., alors que nous la situerions plus volontiers, pour notre part, en Bourgogne et Franche‑Comté, vers 100 av. J.‑C. Il nous semble qu’un argument essentiel dans cette discussion pour situer la transition entre ces deux étapes réside dans la date d’apparition des amphores Dressel 1B, placée au tout début du ier siècle (par exemple Batigne‑Vallet et al., 2006, p. 180), sans preuve absolue toutefois.

La dilatation de la phase La Tène D1, ainsi que la partition de l’horizon La Tène D1b, ne sont évidemment pas sans conséquence sur notre compréhension du processus d’urbanisation, particu‑lièrement en ce qui concerne la naissance et le développement des habitats groupés ouverts, d’une part, l’émergence des oppida, d’autre part. Très clairement, le rattachement exclusif à La Tène D1a et à « La Tène D1b classique », d’une série cohérente d’habitats groupés ouverts ayant livré des corpus mobiliers conséquents met en évidence l’importance de la deuxième moitié du iie siècle dans la dyna‑mique de développement des habitats groupés ouverts. Corrélativement, la charnière iie–ier siècle avant J.‑C. (soit le passage d’un « La Tène D1b classique » à un « La Tène D1b évolué ») apparaît comme un moment clé qui voit simultanément l’abandon de certains habitats groupés et la création d’une série d’oppida. Ce mouvement de bascule d’un type d’habitat à l’autre se reflète dans les corpus de données dont on dispose, avec d’un côté un iie siècle essentiellement documenté par des ensembles de mobilier issus d’habitats groupés ouverts (Verdun‑sur‑le‑Doubs, Varennes‑sur‑Allier, Tomblaine…) qui s’ajoutent à beaucoup d’autres étudiés et publiés antérieurement (Bâle « usine à Gaz », Levroux, Feurs, Clermont‑Ferrand, Aulnat « La Grande Borne »…), de l’autre un ier siècle abondamment illustré par les contextes d’oppida. Les habitats groupés ouverts offrant des niveaux d’occupation de La Tène D2 sont par ailleurs peu nombreux, ce qui est en partie lié au fait que ces établissements se sont fréquemment pérennisés à l’époque romaine et que leur occupation précoce est occultée. Cette dichotomie documentaire devient fort heureusement de moins en moins prégnante avec la multiplication des ensembles prove‑

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

nant d’établissements ruraux des iie et ier siècles. Cette tendance concerne également dans une bonne mesure les habitats ruraux, de façon plus ou moins flagrante (avec des déficits spectaculaires pour le ier s. av. J.‑C. dans certaines régions, comme la Basse‑Auvergne ou le Poitou). Certaines contributions de ce volume pâtissent indirectement de cet état de fait. C’est notamment le cas pour la Champagne, avec des lacunes documentaires pour le ier s. av. J.‑C. qui s’expliquent par la non prise en compte de lots de mobilier provenant d’oppida (pour lesquels il faut se reporter aux travaux de P. Pion), et pour l’Alsace, dont les données sont exposés dans deux contributions séparées pour ce qui concerne les sites ruraux (plutôt situés dans le iie siècle) et l’oppidum de Saverne (situé dans le ier siècle).

La seconde partie de La Tène finale

D’un point de vue méthodologique, un des meilleurs marqueurs de La Tène D2 est l’amphore de type Dressel 1B, comme l’attestent bien les fouilles récentes, à Bibracte, à Vesontio et sur nombre d’éta‑blissements ruraux 16. La céramique campanienne B‑oïde, quoique moins fréquente, est également un indicateur fiable. Il est possible également de s’appuyer sur des formes et décors de types de vaisselle céramique très standardisés, dont l’évolution a pu être caractérisée dans le détail (pas seulement la vaisselle de présentation tournée, mais aussi les pots de cuisson et de stockage : Barral 1999 ; Bona‑venture 2011 ; Roth‑zehner 2010). Les fossiles métalliques classiques pour cette phase (fibules à arc cambré, à nodosités, etc.) sont en général très peu présents sur les habitats étudiés dans ce recueil, ce qui constitue évidemment un obstacle majeur pour relier les étapes régionales à la périodisation clas‑sique de la fin de l’âge du Fer, par ailleurs essentiellement fondée sur les assemblages de nécropoles. De surcroît, la difficulté à identifier des fossiles directeurs de La Tène D2a empêche fréquemment de distinguer le « La Tène D1b évolué » du « La Tène D2a ». C’est ce que remarquent J.‑M. Séguier et A. Viand à propos de l’horizon 1 de Nanterre (attribué à la première moitié du ier s. av. J.‑C., sans qu’il soit possible de distinguer un horizon La Tène D1b d’un horizon La Tène D2a). Cet écueil est égale‑ment clairement souligné à propos d’ensembles de mobilier peu différenciables des phases précoces (antérieures à La Tène D2b) des oppida (par exemple Bibracte ou le Fossé des Pandours).

un autre problème, qui a des implications historiques importantes, réside dans la difficulté de distinguer le « La Tène D2a » du « La Tène D2b », en l’absence de marqueurs clairs et univoques. L’augmentation de la fréquence des Dressel 1B, sur un échantillon pertinent, est un argument qui ne fonctionne bien que sur les sites à chronologie courte inscrits dans le ier siècle, pour lesquels la ques‑tion de la résidualité des amphores issues des occupations anciennes ne se pose pas. Typiquement, ce critère n’est donc pas très pertinent pour les oppida, mais s’avère efficace s’agissant d’établissements ruraux à datation resserrée. Abstraction faite des amphores, la fouille, ces dernières années, de niveaux stratifiés et/ou d’ensembles de mobilier conséquents sur les oppida de l’est de la France (et quelques autres sites) a contribué de façon notable à préciser le contenu typologique de la phase La Tène D2b (cf. dans ce volume les dossiers concernant Bibracte, Besançon, Boviolles, le Fossé des Pandours), notamment en ce qui concerne les corpus de vaisselle céramique. Cette phase est souvent qualifiée « d’horizon pré‑augustéen », en raison des affinités fortes existant, dans le faciès de la vaisselle indi‑gène et importée, avec la période augustéenne proprement dite. L’augmentation et l’accélération des innovations, techniques et morphologiques, dans la période des années 50‑30 av. J.‑C., est surtout bien affirmée sur les sites urbanisés, en général plus diffuse dans les établissements ruraux.

La fin de La Tène finale

Alors que les contextes augustéens étaient rares vers le milieu des années 90, leur nombre a considérablement augmenté depuis, tant grâce aux fouilles programmées que préventives. Dans ces conditions, on pourrait penser qu’avec l’accroissement de la documentation, la transition entre La Tène et l’époque augustéenne est désormais bien caractérisée, du point de vue des assemblages mobiliers. Ce n’est que partiellement vrai. une difficulté majeure, bien mise en lumière sur des sites à occupation continue couvrant La Tène D2b et la période augustéenne réside dans la carence de mar‑queurs de la période augustéenne précoce, tels qu’ils ont été définis, notamment, à Lyon (Desbat 2005 et dans ce volume). En particulier, les formes de sigillée italique précoce sont généralement absentes

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intRoduction

et les exemplaires du service Haltern 1a présents de façon très timide. Les importations de vaisselle caractéristiques des années 40‑20 av. J.‑C., sur la plupart des sites, sont constituées de céramique cam‑panienne à pâte grise et vernis noir mat et de dérivée de campanienne, à vernis brun‑rouge, de façon presque exclusive. Dans ces conditions, on doit considérer, sur la base des assemblages mobiliers, que le faciès matériel de La Tène D2b se poursuit jusque vers 20 av. J.‑C., en dehors de quelques sites très fortement romanisés et bien irrigués par les flux d’importations. Cette entrée tardive dans « l’Augus‑téen », notamment en ce qui concerne les établissements ruraux, n’est pas sans conséquence dans la mise en perspective des phénomènes d’abandon/création de sites au cours des trois dernières décennies avant le changement d’ère, question compliquée de surcroît par le problème de la fin des importations d’amphores Dressel 1 en Gaule interne 17.

En guise de conclusion

Bon nombre de régions qui ne figuraient pas dans les actes du colloque de Valbonne sont ici présentes avec un corpus de mobilier important (Alsace, Lorraine, Ile‑de‑France, Centre, Normandie, ouest, Centre‑ouest). on doit toutefois considérer que la table ronde de Bibracte dresse un état des lieux et constitue un instantané de la recherche. À ce titre, certaines datations proposées au fil des articles seront sans doute à réviser dans un avenir proche.

Les périodisations régionales ou micro‑régionales présentées dans ces actes possèdent des cohé‑rences internes propres, liées en grande partie aux corpus de données mobilisés et plus généralement à l’état d’avancement des recherches sur la fin de l’âge du Fer. Dans ces conditions, il est délicat et sans doute prématuré de vouloir dépasser les divergences, distorsions ou imprécisions qui subsistent entre les régions prises en compte pour proposer un système chronologique unique et uniforme, forcément sclérosant à cette étape de la recherche. Les périodisations régionales les plus abouties en termes de séquençage (celles sur l’Auvergne et la vallée de l’Aisne, publiées par ailleurs) fournissent des socles de comparaison utiles, mais n’ont pas vocation à devenir des modèles.

Au demeurant, on commence à discerner un cadre chronologique supra‑régional, cohérent à l’échelle de l’espace nord‑alpin, rythmé par des mutations économiques et techniques qui affectent toute cette zone. L’apparition d’un nouveau type de fibule à pied ajouré qui constitue le marqueur par excellence de La Tène D1a, ou la généralisation de l’usage de la fibule de Nauheim à La Tène D1b valident le modèle d’innovations techniques adoptées rapidement et uniformément. Il faut sans doute être plus nuancé en ce qui concerne la vaisselle céramique indigène et importée, plus sujettes à des variations régionales en termes de niveau de spécialisation artisanal atteint (vaisselle indigène) ou d’importance de flux et d’insertion dans les réseaux de distribution (vaisselle importée). Ces varia‑tions fondent d’ailleurs, en grande partie, les distorsions observées entre les périodisations régionales, difficiles à dépasser pour l’instant. Dans ce contexte, le matériel amphorique s’avère sans doute le meilleur outil pour parvenir à synchroniser les différentes chronologies régionales et les ancrer en chronologie absolue. C’est là le dernier point sur lequel il faut insister : la carence de dates absolues permettant de valider les bornes des subdivisions de La Tène C‑D aujourd’hui acceptées par un grand nombre de chercheurs.

osons tout de même – parce que c’est un exercice obligé pour résumer un recueil sur un tel sujet – présenter de façon synoptique les systèmes chronologiques proposés pour les différentes régions prises en compte (ill. 1). Pour être satisfaisante, l’élaboration de ce tableau devrait pouvoir s’appuyer sur une comparaison formalisée de systèmes eux‑mêmes construits avec un protocole unique. Cela reste hautement souhaitable, mais c’est encore pratiquement impossible à réaliser. Aussi, nous nous sommes contentés de mettre au point les correspondances “à l’estime” et de produire par le même moyen une synthèse des propositions, en étant conscients que, ce faisant, l’affinement que nous proposons (la subdivision du “tiroir” La Tène D1b) est aussi une complication… Finalement, nous aboutissons pour les iie et ier siècles à une segmentation du temps en huit segments. Parce que rien ne permet d’apprécier la durée relative de ces segments et rien non plus n’autorise des datations précises à la décennie, nous avons arbitrairement choisi de donner à chacun une durée de 25 ans et de caler leurs bornes sur celles des quarts de siècles de l’ère chrétienne, ce qui est au moins une façon de souligner le caractère artificiel d’un tel découpage…

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 -1/+1

275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 -1/+1

275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 -1/+1

fibules de schéma La Tène moyenne

campanienne A

bracelets lisses en verre

monnaies de potin

fibules de Nauheim

campanienne B et dérivée

Dressel 1B

présigillées et sigillées

Quelques marqueurs chronologiques

Vallée de la Moselle : Miron 1989-1991

LT D1aLT C1 LT C2 LT D1b LT D2a LT D2b Augustéen

Plateau suisse : Kaenel 2006

LT D1aLT C1LT B2 LT C2 LT D1b LT D2a LT D2b Augustéen

Tessin – Val d’Ossola : Pernet, Tori 2012

Étape 2 Étape 1 Étape 3 Étape 4 Étape 5

LT D1a LT D1b LT D2a LT D2b GR1 GR2

Nécropoles trévires : Metzler 2009

Acy-Romance : Lambot, Friboulet 1996

Acy-R.1LT C1bLT C1a Acy-R.2 Acy-R.3 Acy-R.4 Acy-R.5 Acy-R.6 Acy-R.7 Acy-R.8

Vallée de l’Aisne : Pion 1996

Aisne 1 Aisne 2 Aisne 3 Aisne 4 Aisne 5 Aisne 6

Étape 7 Étape 5-6 Étape 8 Étape 9 Étape 10

Ile-de-France : Marion 2004

Étape 1 Étape 2 Étape 3 Étape 4 Étape 6 Étape 7 Étape 8 Étape 9

Basse-Auvergne : Deberge et al. 2007

Étape 5 Étape 10

Orléans : Riquier 2008

ORL 0 ORL 1 ORL 2 ORL 3 ORL 4 ORL 5 ORL 6ORL7 ORL 8

ORL9

ORL10

Plaine d’Alsace : Roth-Zehner 2012

GR1 Étape 4

LT D2bÉtape 3

LT D1b-D2aÉtape 2

LT C2-D1aÉtape 1

LT D1aLT C1 LT C2 LT D1b LT D2a LT D2b Augustéen

Lorraine : Deffressigne, Tikonoff 2012

AugustéenÉtape 2 Étape 1 Étape 3 Étape 4 Étape 5

Bourgogne et Franche-Comté : Barral, Videau 2012

Synthèse 2012

LT D1aLT C1LT B2 LT C2a LT C2bLT D1b

classiqueLT D1bévoluée LT D2a LT D2b Augustéen

parois fines

1. Systèmes chronologiques régionaux, essai de synthèse et principaux marqueurs chronologiques.

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intRoduction

1. Aperçus synthétiques sur ces questions in Collis 2008 ; 2009 ; Kaenel 2008.

2. La terminologie proposée par P. Ruby (1996, p. 96) présente une cohérence interne satisfaisante ; elle distingue les phases (propres aux sites), les étapes (régions ou micro‑régions) et les horizons (pour un ensemble de régions que l’on peut rappro‑cher, notamment grâce aux fossiles directeurs et assemblages d’objets caractéristiques).

3. Sur le cas d’Alésia, cf. notamment Barral 2001 et Reddé 2003.

4. quelques exemples d’application de ces méthodes à des sites et ensembles de mobilier ont néanmoins débouché sur des phasages chronologiques ou périodisations régionales et micro‑régionales : vallée de l’Aisne : Pion 1996, 1998 ; Ile de France : Marion 2004 ; Bassin clermontois : Deberge et al., inédit, présentation lors de la table ronde de Bibracte.

5. Pour un aperçu d’ensemble des débats qui animent actuellement la communauté des chercheurs sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer, nous renvoyons également – en complément de l’article de S. Rieckoff dans ce volume – à : Kaenel 2008 ; Collis 2008 ; 2009 ; Lehoërff 2008b ; Pion 2008.

6. Il s’agit pour l’essentiel de rapports introductifs thématiques de la première partie de la table ronde. La présentation de B. Girard sur la vaisselle tardo‑républicaine est développée dans un article qui sortira prochainement dans les actes d’un col‑loque (Girard à paraître). La substance de la présentation de C. Brunetti sur la céramique indigène de Suisse occidentale se retrouve in Brunetti, Curdy 2007. Par ailleurs, depuis la remise de leurs textes par les auteurs, plusieurs publications abordant la chronologie des sites ou régions pris en compte dans ce volume sont parues. on mentionnera particulièrement Deschler‑Erb 2009 ; 2011 ; Nouvel et al. 2009 ; Roth‑zehner 2010 ; Bonaventure 2011 ; Reddé et al. 2011 ; Barral, Nouvel 2012.

7. Exception faite de quelques situations particulières, illustrées par exemple par le Bas‑Poitou, qui présente une carence documentaire pour La Tène D2 (Nillesse dans ce volume).

8. Cf. Maza 1998 ; Poux 1998 ; Desbat 1998 ; Deberge et al. 2007 ; 2009.

9. Gruel, Jeunot dans ce volume ; cf. également Gruel, Haselgrove 2006 ; Pion 2008.

10. Cf. également la contribution d’A.‑S. Bride, in Barral et al. 2007, p. 381, ainsi que Bride 1999.

11. Cf. par exemple Barthélémy et al. 2009, à propos de l’établissement de Sennecé‑lès‑Mâcon.

12. Pour cette catégorie, cf. particulièrement Poux 2008.

13. C’est le cas notamment pour la Champagne, la Bourgogne et la Franche‑Comté (Saurel, Moreau ; Barral, Videau dans ce volume).

14. Dans ce contexte, l’introduction, en Lorraine, d’une étape initiale de La Tène D1 (qualifiée de La Tène D1a), sur la base de l’évolution de la céramique, dans laquelle les fibules de Nauheim sont présentes, nous semble problématique (Deffressigne, Tikonoff dans ce volume).

15. Bien que cet auteur utilise une nomenclature qui puisse induire en erreur, en désignant aussi son étape 5 comme « La Tène D1a récente ».

16. Ce type apparaît en petit nombre en contexte « La Tène D1b évolué », soit entre 110/100 et 90/80 av. J.‑C. mais semble ne devenir vraiment abondant qu’en contexte de La Tène D2a, à partir des années 80/70 av. J.‑C.

17. Sur ce sujet, cf. Desbat 1998 et dans ce volume, ainsi que Séguier à paraître.

notes

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

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BiBliogRaphie

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intRoduction

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Lundi 15 octobre 200710h00 – 10h30 Accueil des participants, introduction à la table ronde

10h30 – 12h30 Rapports introductifs10h30 – 11h00 Patrick PION : Historique de la chronologie et des périodisations du second âge du Fer en Europe occidentale11h00 – 11h30 Sabine RIECKHOFF : L’histoire de la chronologie de La Tène finale en Europe centrale et le paradigme de continuité11h30 – 12h00 Sébastien DUROST, Georges-Noël LAMBERT : Dendrochronologie du second âge du Fer dans l’est de la France : bilan et perspectives12h00 – 12h30 Katherine GRUEL, Lucile JEUNOT : L’apport des monnaies gauloises à la chronologie

12h30 – 14h00 Pause déjeuner14h00 – 16h00 Rapports introductifs (fin)14h00 – 14h30 Fabienne OLMER : Les amphores14h30 – 15h00 Benjamin GIRARD, Guillaume VERRIER : La vaisselle céramique et métallique d’importation15h00 – 15h30 Philippe BARRAL, Caroline BRUNETTI : La céramique indigène15h30 – 16h00 Jean-Paul GUILLAUMET et coll. : Les objets manufacturés en métal

16h00 – 16h30 Pause16h30 – 17h00 Thierry DECHEZLEPRÊTRE, Philippe BARRAL, Stephan FICHTL : La parure en verre

17h00 – 17h30 Discussion sur les rapports introductifs17h30 – 18h00 Chronologie dans l’Est de la France17h30 – 18h00 Jean-Paul GUILLAUMET et coll. : Quelques jalons sur la chronologie du Mont Beuvray

Mardi 16 octobre 20078h30 – 12h30 Chronologie dans l’Est de la France (fin)8h30 – 9h00 Philippe BARRAL, Grégory VIDEAU et coll. : Les sites des plaines de Saône et du Doubs9h00 – 9h30 Murielle ROTH-ZEHNER : Les sites de la plaine d’Alsace Bertrand BONAVENTURE, Clément FÉLIU, Stephan FICHTL : Le Fossé des Pandours9h30 – 10h00 Sylvie DEFFRESSIGNE, Nicolas TIKONOFF : Quelques repères chronologiques à partir de découvertes récentes en Lorraine Bertrand BONAVENTURE, Thierry DECHEZLEPRÊTRE : Boviolles-Naix

10h00 – 10h30 Pause10h30 – 11h00 Marion SAUREL : La Champagne

11h00 – 11h30 Discussion11h30 – 12h30 Chronologie des régions de comparaison11h30 – 12h00 Matthieu POUX, Yann DEBERGE et coll. : Les sites du bassin clermontois12h00 – 12h30 David LALLEMAND : Nouveaux jalons chronologiques au carrefour des cités arverne, biturige et éduenne

12h30 – 14h00 Pause déjeuner14h00 – 18h00 Chronologie des régions de comparaison (suite)14h00 – 14h30 Vincent GUICHARD, Michel VAGINAY, Vincent GEORGES : Les nécropoles de Feurs et Roanne14h30 – 15h00 Armand DESBAT : Lyon15h00 – 15h30 Peter JUD, Gilbert KAENEL, Philippe CURDY, Cynthia DUNNING, Mireille RUFFIEUX, Stephan SCHREYER : L’Est de la Suisse15h30 – 16h00 Lionel PERNET, Luca TORI : Les nécropoles du Tessin

16h00 – 16h30 Pause16h30 – 17h00 Patrick PION : La vallée de l’Aisne

17h00 – 17h30 Discussion sur les communications précédentes

Mercredi 17 octobre 20079h00 – 12h30 Chronologie des régions de comparaison (suite)9h00 – 9h30 Jean-Marc SEGUIER, Antide VIAND : Le sud du Bassin Parisien9h30 – 10h00 Stéphane MARION, Sandrine DURGEAU, Yves LE-BECHENNEC : La chronologie des sites de Bobigny10h00 – 10h30 Sandrine RIQUIER : L’Orléanais

10h30 – 11h00 Pause11h00 – 11h30 Yves MENEZ : La péninsule armoricaine : le cas de Paule (Côtes-d’Armor) Anne-Françoise CHEREL : La plaine de Caen : le cas de la ZAC Object’Ifs Sud à Ifs (Calvados)11h30 – 12h00 Olivier NILLESSE : Le Bas-Poitou

12h00 – 12h30 Discussion finale

pRogRamme de la taBle Ronde

Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie‑ier siècle avant J.‑C.) dans l’est de la France et les régions voisines

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RegaRds suR la chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) en gaule non méditeRRanéenne

Philippe Barral Professeur d’archéologie

Université de Franche-Comté UMR 6249 Chrono-environnement,

32, rue Mégevand F. 25030 Besançon Cedex

[email protected]

Bertrand Bonaventure Docteur en archéologie

5, boulevard Wilson F. 67000 Strasbourg

(rattaché à l’UMR 7044, Strasbourg) [email protected]

Anne-Françoise Cherel Céramologue protohistorienne

Chargée d’opération et de recherches Inrap Grand-Ouest

37, rue du Bignon CS 67 737 F. 35577 Cesson-Sévigné

(rattachée à l’UMR 6566, Rennes) [email protected]

http://www.inrap.fr

Philippe Curdy Conservateur du département

de Préhistoire et Antiquité du musée d’histoire du Valais

Rue des châteaux, 14 CH. 1950 Sion

[email protected] http://www.musees-valais.ch

Thierry Dechezleprêtre Conservateur en chef du Patrimoine Responsable du site archéologique

de Grand, Conservateur au Musée Départemental

d’Art Ancien et Contemporain, Epinal

Conseil général des Vosges 8, rue de la Préfecture

F. 88088 Epinal Cedex 9 (Rattaché à AOROC, UMR 8546

CNRS-ENS) [email protected] http://www.archeo.ens.fr

Sylvie Deffressigne Responsable d’opération archéologique, coordonnatrice de projets de recherche

Inrap Grand-Est nord 15, rue Haute

F. 54200 Boucq (Rattachée à l’UMR 7044, Strasbourg)

[email protected] http://www.inrap.fr

Armand Desbat Directeur de Recherche au CNRS

UMR 5138 archéométrie et archéologie D. : 59, rue Benoist-Mary

F. 69005 Lyon [email protected]

http://www.archeometrie.mom.fr/

Domiciliations Sandrine Durgeau Inrap Centre-Ile-de-France D. : 8, rue de la Fichtonnerie

F. 28700 Oysonville [email protected]

Clément Feliu Docteur en archéologie

Inrap GEs 10, rue d’Alkirch

F. 67100 Strasbourg (Rattaché à l’UMR 7044, Strasbourg)

[email protected] [email protected]

Stephan Fichtl Professeur d’archéologie

Université François Rabelais 3, rue des Tanneurs

F. 37000 Tours [email protected]

Katherine Gruel Directrice de Recherche

AOROC UMR 8546 CNRS-ENS Ecole Normale Supérieure

45, rue d’Ulm F. 75005 Paris

[email protected] http://www.archeo.ens.fr

Lucile Jeunot Dr en archéologie, numismate

Agent du Patrimoine Ville de Besançon

D. : 22, chemin des planches F. 25000 Besançon [email protected]

Peter Jud Responsable d’opération

Archeodunum SAS 500, rue Juliette Récamier

F. 69970 Chaponnay [email protected]

Gilbert Kaenel Directeur du musée Cantonal

d’Archéologie et d’Histoire Palais de Rumine, Place de la Riponne, 6

CH. 1005 Lausanne [email protected]

Yves Le Béchennec Attaché de conservation Amiens Métropole

Archéologue responsable de terrain projet Citadelle 2, rue Colbert

F. 80000 Amiens [email protected]

Stéphane Marion Ingénieur de Recherche, Culture

DRAC Lorraine, 6, place de Chambre

F. 57000 Metz (Rattaché à AOROC, UMR 8546

CNRS-ENS) [email protected]

http://www.archeo.ens.fr

23

domiciliations

Yves Menez Conservateur en chef

adjoint du Conservateur régional de l’archéologie de Bretagne

Service Régional de l’Archéologie de Bretagne

Drac Bretagne 6, rue du Chapitre

F. 35044 Rennes cedex

Catherine Moreau Chargée d’opérations et de recherches,

Protohistoire Inrap Grand-Ouest

4, rue du Tertre F. 44477 Carquefou

[email protected] www.inrap.fr

Olivier Nillesse Chargé d’études et de recherches

Inrap Grand-Sud-Ouest D. : 3, route de Damvix Bazoin

F. 85420 Damvix (Rattaché à l’UMR 6566) [email protected]

www.inrap.fr

Fabienne Olmer Chercheur au CNRS

Archéologie des Sociétés Méditerranéennes Université Montpellier III, UMR 5140

390, avenue de Pérols F. 34970 Lattes

[email protected] http://www.archeo-lattes.cnrs.fr

Lionel Pernet Conservateur du Patrimoine

Directeur du musée Henri Prades 390, avenue de Pérols F. 34972 Lattes Cedex

(Rattaché à l’UMR 5140 Lattes) [email protected]

Sabine Rieckhoff Professeur émérite

Université de Leipzig D. : Lederergasse, 9

D. 93047 Regensburg [email protected]

Sandrine Riquier Docteur en archéologie, céramologue

Inrap Centre-Ile-de-France 525, avenue de la Pomme de pin

45590 Saint-Cyr-en-Val (Rattachée à AOROC, UMR 8546

CNRS-ENS) [email protected]

http://www.inrap.fr http://www.archeo.ens.fr

Muriel Roth-Zehner Directrice scientifique ANTEA-Archéologie

11, rue de Zurich F. 68440 Habsheim

[email protected] http://www.antea-archeologie.com

Marion Saurel Inrap Grand-Est nord 33, rue Grande Etape

F. 51000 Châlons-en-Champagne (Rattachée à AOROC, UMR 8546

CNRS-ENS) [email protected]

http://www.archeo.ens.fr

Jean-Marc Séguier Ingénieur de recherches

Inrap Centre-Ile-de-France 48, rue Marceau

F. 94200 Ivry-sur-Seine (Rattaché à l’UMR 7041 ARSCAN)

[email protected] http://www.inrap.fr

Nicolas Tikonoff Responsable d’opération

Inrap Grand-Est nord 15, rue Haute

F. 54200 Boucq (Rattaché à l’UMR 7044, Strasbourg)

[email protected] http://www.inrap.fr

Luca Tori Docteur en archéologie

Conservateur au Musée national suisse Section Archéologie

Museumstrasse, 2 CH. 8021 Zurich

(Rattaché à AOROC, UMR 8546 CNRS-ENS)

[email protected]

Antide Viand Chef du Service archéologique

des Hauts-de-Seine 137, avenue Joliot-Curie F. 92023 Nanterre cedex

(Rattaché à AOROC, UMR 8546 CNRS-ENS)

[email protected]

Grégory Videau Archéologue, Inrap Grand-Est sud

9, rue Lavoisier F. 25000 Besançon

[email protected] www.inrap.fr

v

anne-fRançoise cheRel

Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.)

au sud de la Plaine de Caen :le cas de la « zAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados)

BARRAL (Ph.), FICHTL (St. ) dir. — Regards sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer (iii e-i er siècle avant J.-C.) en Gaule non méditerranéenne. Actes de la table ronde tenue à Bibracte « Chronologie de la fin de l’âge du Fer (iiie-ier siècle avant J.-C.) dans l’est de la France et les régions voisines », Glux-en-Glenne, 15-17 octobre 2007. Glux-en-Glenne : Bibracte, 2012, p. 245-256 – dossier numérique : www.bibracte.fr (Bibracte ; 22).

fossés (ensemble 3) et bâtiments. De modestes enclos quadrangulaires (à vocation funéraire pour certains) viennent s’insérer dans le paysage à la fin de la période (ensembles 2 et 4). Les contextes mobiliers de l’en‑semble 1 sont souvent bien fournis et homogènes, même si l’on peut regretter l’indigence des éléments de chronologie relative. outre la poterie, on recense de la parure en bronze, en lignite et en céramique, quelques pesons et fusaïoles et des témoignages d’activités métallurgiques (moules en argile d’objets variés parmi lesquels des moules bivalves d’épée de type langue de carpe très bien conservés). Les groupes funéraires asso‑ciés ont également livré quelques éléments de parure.

Les deux principaux établissements agricoles laté‑niens 5 et 6, distants seulement de 200 m, évoluent entre les ve et le ier s. av. J.‑C. Ils sont desservis par un réseau viaire (ensemble 8) qui s’est constitué progressivement depuis la fin du premier âge du Fer jusqu’à la fin du second âge du Fer‑début de l’époque antique. Leur longue occupa‑tion augure de nombreuses restructurations. À eux seuls, ils ont fourni l’essentiel du mobilier recueilli sur le site.

Enfin, l’ensemble 7 correspond à une structure agri‑cole rectangulaire exploitée au cours des ier et iie s. apr. J.‑C.

Trois composantes interviennent comme les élé‑ments structurants majeurs du paysage rural laténien. Les chemins rectilignes associés aux fossés parcellaires (ensemble 9) quadrillent l’espace selon un axe nord‑ouest/sud‑est et nord‑est/sud‑ouest. Rigoureusement organisés, ils relient les différents établissements mar‑qués dans le paysage par les fossés de délimitation des enclos. Les groupes funéraires viennent quant à eux se greffer en limite du centre actif du domaine, le long des axes de desserte ou bien à leur intersection.

INtRoDuCtIoN

Entre 2000 et 2001 s’est déroulée une vaste opéra‑tion d’archéologie préventive (Inrap, responsable E. Le Goff) sur un projet d’aménagement de zAC de plus de 50 ha au sud de Caen. L’identification d’habitats et d’es‑paces funéraires intégrés au sein d’un espace agraire organisé (réseaux viaires et parcellaire), impartie aux larges décapages, témoigne d’une occupation conti‑nue de ce terroir pendant un millénaire, depuis la fin de l’âge du Bronze jusqu’aux débuts de notre ère. Tant par la qualité que par la quantité des vestiges mis au jour, l’opportunité de mieux appréhender l’évolution de la culture matérielle des populations protohistoriques s’est ainsi offerte à nous à travers l’étude des artefacts, la poterie essentiellement. La constitution de séries typo‑chronologiques de référence proposées pour le sud de la Plaine de Caen est toutefois tempérée par la marge d’imprécision du phasage, gagnant en finesse au fil du temps, de l’ordre d’un demi‑siècle à un quart de siècle pour la fin du second âge du Fer.

PRéSENtAtIoN DES DIFFéRENtES oCCuPAtIoNS

À l’issue de cette opération, plusieurs ensembles archéologiques (ill. 1) ont pu être mis en évidence (Le Goff 2004, p. 33‑37).

Les ensembles 1 à 4 se réfèrent aux occupations du Bronze final jusqu’au tout début du second âge du Fer. Ils correspondent aux vestiges d’habitats ouverts caractérisés par la présence de fosses, silos, fosses d’extraction (ensemble 1) associés à de rares petits

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anne-fRançoise cheRel

ceux de l’ensemble 5. À lui seul, ce dernier a en effet fourni 41,5 % des tessons protohistoriques recueillis sur le site, contre 13 % pour l’ensemble 6, et respectivement 0,8 % et 2 % pour les ensembles 8 et 9.

or, les aménagements successifs des différents enclos sont relativement bien connus par l’analyse stratigraphique. Au sein du comblement des fossés, les vases plutôt bien conservés paraissent constituer des ensembles assez cohérents et homogènes. un calage assez net des contextes mobiliers les uns par rapport aux autres en chronologie relative s’est alors esquissé, sans réel hiatus chronologique. Mais les éléments intru‑sifs demeurent fréquents dans les strates supérieures des fossés (cas du fossé 723 avec aménagement de fours antiques dans son comblement supérieur). une

PRéSENtAtIoN DES CoNtExtES MoBIlIERS

Données générales et bilan critique de la documentation prise en compte

Environ 25 000 tessons protohistoriques furent découverts lors de la fouille pour un NMI estimé à 1 710 vases (Cherel 2004). La quantité de mobilier recueillie, relativement faible eu égard à la surface étudiée, s’ex‑plique par le recours systématique au décapage des zones présentant peu de vestiges au sol (réseau viaire, parcellaire et groupes funéraires).

La majorité du mobilier laténien trouvé lors de l’opération archéologique provient de la fouille des fos‑sés de délimitation des enclos gaulois, essentiellement

1. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Principaux ensembles archéologiques définis sur le site (d’après Le Goff 2004, p. 34 ; infographie : V. Pommier et S. Jean, Inrap).

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chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) au sud de la plaine de caen : le cas de la « Zac oBJect’ifs sud » à ifs (calvados)

De la construction de la typologie… à celle de la typo-chronologie

Étant donné la quantité d’informations à prendre en considération, nous nous sommes limités à l’éla‑boration d’une typologie générale par formes sur l’ensemble de la séquence chronologique retenue (Bronze final – La Tène finale). Les trois familles prin‑cipales de formes se déclinent de la manière suivante : profils arrondis, tronconiques et sinueux. Pour chaque entité, on distinguera les profils continus des profils discontinus. D’autres critères secondaires permettront d’affiner ce classement.

Lors de l’établissement de la périodisation micro‑régionale, nous avons tenté de mettre en évidence les principales évolutions morphologiques (profils, mais aussi lèvres et fonds) et décoratives, à partir de l’étude intrinsèque du mobilier fourni par le site. L’objectif est ainsi de pouvoir comparer des assemblages catégo‑riels et déjà, de tenter d’en appréhender les évolutions internes majeures.

La chronologie est demeurée le but primordial vers lequel tendait l’analyse globale des tessons de poteries recueillis. Ce travail visant à mieux com‑prendre et à restituer l’évolution de l’occupation d’un terroir, nous nous sommes attachés à mettre en rela‑tion les différentes entités archéologiques définies les unes par rapport aux autres, afin d’établir des corréla‑tions temporelles.

distinction a donc été opérée, lors de la fouille, entre le mobilier recueilli dans le niveau supérieur du comble‑ment du fossé et son niveau inférieur, avec l’indication de la profondeur.

Les petits lots dégagés dans certaines caves ou sou‑terrains viennent compléter les données illustrant les séquences de La Tène ancienne et de La Tène moyenne.

Les principales comparaisons morphologiques émises à l’échelle régionale ou extra‑régionales sont au préalable mentionnées par contextes dans la partie descriptive, avant que l’on d’aborde les problèmes de périodisation.

Les autres artefacts contribuent plus modestement à la définition du phasage du site et des horizons chrono‑logiques. En effet, si ces établissements gaulois recèlent un nombre exceptionnel d’objets métalliques liés aux activités domestiques, agricoles ou artisanales (outillage notamment : faucilles, etc.), ceux‑ci n’apportent que rarement des informations chronologiques pertinentes. Leur caractère fonctionnel prévaut souvent sur leur évo‑lution morphologique, mineure. À l’inverse, les groupes funéraires sont bien pourvus en objets de parure, de sur‑croît métalliques (fibules, etc.) qui possèdent une valeur chronologique manifeste. Mais dans ce cas, ils sont alors rarement associés à des poteries. Il devient dès lors diffi‑cile de croiser les données chronologiques relevant à la fois des contextes domestiques et funéraires. La décou‑verte insolite d’un ensemble monétaire dans le fossé 811 de l’établissement 5 pallie en partie ces lacunes.

À la fin du second âge du Fer, le mobilier d’im‑portation reste très modeste : seulement 46 tessons d’amphores vinaires italiques sont dénombrés pour un NMI évalué à 3 individus, essentiellement des amphores vinaires italiques de type Dressel 1B (identification : L. Simon, Inrap). Cette situation illustre l’évolution connue pour la Plaine de Caen à la fin de la période.

Aspects méthodologiques

Le système de représentation choisi

Tous les fragments qui présentaient un intérêt parti‑culier ont fait l’objet de relevés graphiques. Il s’agit des formes archéologiquement complètes ou caractérisées par un profil important, des pièces originales se démar‑quant du mobilier habituellement trouvé et des tessons ornés ; les décors ont été traités au même titre que les formes, parce‑que pouvant apporter des informations chronologiques. Le mobilier associé (importations, etc.) est systématiquement représenté.

une vision technique et synthétique du dessin, porteur d’un maximum d’informations (recours aux trames), a également été privilégiée sur le seul aspect purement esthétique (ill. 2).

2. Trames utilisées pour figurer les traitements de surfaces et les décors des vases (infographie : S. Jean, Inrap).

: graphite

extérieurintérieur

: hématite

: brut modelé

: brut tourné

: lissé/usé

: décor lustré

: peignage léger

: peignage marqué

: graphite

: hématite

: brut modelé

: brut tourné

: lustré

: lissé/usé

: décor lustré

: lustré

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248

anne-fRançoise cheRel

la transition la tène ancienne - la tène moyenne : la première moitié du iiie s. av. J.-C. (ill. 3)

Au début de la période considérée, on peut déplo‑rer l’absence de mobilier datant dans les habitats, par opposition à la richesse des parures métalliques des sépultures par contre dépourvues de céramiques. Aucune importation n’est à signaler. Heureusement, les quelques indications fournies par l’étude de la chrono‑logie relative viennent pallier partiellement ces lacunes.

La très faible quantité de fragments considérés pour la définition de cette phase est due à la longue occupation de ces établissements et à la destruction des premiers états par les remaniements successifs. Les contextes de référence datés par les comparaisons régionales sont bien modestes et proviennent du sou‑terrain 1835 (NMI : 9) (recoupe le comblement de la cave 1834) de l’ensemble 6 (cf. supra, ill. 1) et du com‑blement inférieur du fossé 721 (recoupé par le fossé 723) de l’ensemble 5 (ill. 4) dans lequel quelques rares individus ont pu être identifiés. un couteau en fer et un fragment de meule de type « va‑et‑vient » furent décou‑verts dans le souterrain 1835 ainsi qu’un peson dans le fossé 721.

Les poteries hypothétiquement attribuées à la transition La Tène ancienne ‑ La Tène moyenne présen‑tent des similitudes de formes avec celles de La Tène ancienne, bien illustrées par quelques lots dégagés au sein de plusieurs caves et des fossés d’enclos des ensembles 2, 4 et 6.

PRoPoSItIoN DE PéRIoDISAtIoN

La pauvreté du mobilier associé ou d’importation gêne considérablement toute attribution chronolo‑gique absolue. Aussi doit‑on considérer les datations émises avec précaution. Elles correspondent à des hypothèses de travail, reflet de l’état de la recherche à un moment donné. En outre, procéder à des césures chronologiques bien distinctes n’est pas aisé, tant les critères discriminants de classification (formes, décors, etc.) évoluent de manière plus ou moins continue. Néanmoins, pour les périodes les plus riches et les mieux documentées par le mobilier associé et les comparaisons régionales, nous avons procédé à des regroupements par demi‑siècle, voire par quart de siècle dans le meilleur des cas.

Si des marqueurs chronologiques forts per‑mettent d’identifier localement les ensembles datés de La Tène ancienne, grâce à l’existence de fossiles directeurs communs à l’ensemble des productions de l’ouest, la situation diffère ensuite sensiblement. En effet, dès la fin de La Tène ancienne et au cours de La Tène moyenne, l’affirmation de traits culturels spécifiques induit une certaine émancipation face à un modèle commun, mettant en exergue des diffé‑rences équivoques d’un territoire à l’autre. Celles‑ci deviennent ainsi le garant de marqueurs identitaires propres, révélant la difficulté d’émettre des comparai‑sons fiables sur des distances importantes.

3. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Poteries hypothétiquement datées de la transition La Tène ancienne - La Tène moyenne (première moitié du iiie siècle av. J.-C.) (d’après Cherel 2004, p. 1066 ; infographie : S. Jean, Inrap).

0 4 cm

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chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) au sud de la plaine de caen : le cas de la « Zac oBJect’ifs sud » à ifs (calvados)

la tène moyenne : la seconde moitié du iiie s. av. J.-C. (ill. 5)

La définition de cette phase repose sur un ensemble considérable de poteries dégagées dans le comble‑ment du fossé 793 (NMI : 149) de l’ensemble 5 (cf. supra, ill. 4) et sur le contexte, plus modeste, fourni par la cave 1569 (NMI : 10) de l’ensemble 6 (cf. supra, ill. 1). D’autres lots hypothétiquement rattachés par analogies à ces ensembles complètent le corpus, comme les artefacts exhumés du souterrain 3031 de l’ensemble 5. outre de l’outillage, le fossé 793 recelait plus d’une dizaine de creusets de bronzier peut‑être associés à un fragment de tuyère, des fragments de meules de type « va‑et‑vient » et, fait exceptionnel, le catillus d’une meule rotative. Le comblement de la cave 1569 contenait éga‑lement de l’outillage dont une faucille et un couteau complets en fer.

Des formes trouvent leur origine dans les phases antérieures de La Tène ancienne, comme celles à profil simple arrondi rentrant (1‑1‑2/2), cette fois‑ci dépour‑vues de décor de dépressions ovales. Les écuelles à cannelure labiale interne, lustrées ou graphitées, sont très bien représentées, de même que les récipients de taille moyenne à décor peigné (2‑2‑1/3/7c).

Le corpus des vases, beaucoup plus étoffé, est lar‑gement renouvelé par l’introduction de nouveaux types tels les jattes à haut col (3‑2‑1/18a), les bols déco‑rés (1‑1‑1/6), les grands vases à profil sinueux sortant peu marqué (3‑1‑1/1) ou encore les formes à rebord très rentrant systématiquement décoré de cannelures (1‑1‑2/5b). Certaines écuelles, de tailles plus réduites, caractérisées par leur panse parfois tronconique et leur fond annulaire, se distinguent des types antérieurs. un décor de traits lissés rayonnants affectionne l’intérieur et/ou l’extérieur de leurs faces ; exceptionnellement une enduction de peinture rouge orne partiellement leur paroi externe, à l’instar d’une jatte à haut col. Parmi les récipients de taille moyenne à panse tronconique, décorés au peigne ou de cannelures dans leur partie haute, une variante possède un épaulement plus doux (2‑2‑1/2b et 2‑2‑1/3/3a). Son équivalent, de grande taille, existe également (2‑2‑1/3/8).

Enfin, les décors de fins cordons couramment appelés « baguettes » font leur apparition au cours de cette phase sur la céramique fine, les écuelles et les jattes à haut col.

la tène moyenne : la première moitié du iie s. av. J.-C. (ill. 6)

Les contextes de référence retenus pour la défi‑nition de cette phase proviennent du comblement inférieur du fossé 723 et par analogies de la fosse 1233 de l’ensemble 5 (cf. supra, ill. 4). quelques poteries

Le corpus plutôt limité se compose majoritaire‑ment d’écuelles basses à profil en esse relativement profondes, pourvues d’une cannelure labiale interne encore large. Soigneusement confectionnées, elles contrastent avec les productions bioclastiques plus grossières de la Plaine de Caen, maintenant bien étu‑diées (travaux de G. San Juan, X. Savary et A.‑L. Manson). Les formes moyennes les plus courantes de ce type disposent d’un décor peigné soigné dans leur partie supérieure tandis qu’une régularisation sommaire réalisée au peigne affecte leur panse. Enfin, de grands vases peignés, correspondant à la version haute du type précédent, font leur apparition au cours de cette étape.

Si les impressions estampées ont disparu, le décor de dépressions ovales de type “balle de golf” n’est plus représenté que par un seul individu ornant la panse d’une écuelle. Les surfaces peignées sont fréquentes sur les productions locales bioclastiques et l’on observe systématiquement une dichotomie entre la partie supérieure du vase, soigneusement peignée, et sa panse sommairement régularisée. Enfin, le graphitage n’affecte que la partie haute de quelques écuelles à profil en esse.

25 m0

cheminsépulturestructure archéologique

groupe funéraire 22

F. 721

F. 723

F. 1106

F. 3031F. 1233

F. 725

SP. 2502

F. 811

F. 728

F. 793

4. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Principales structures de l’établissement rural n° 5 ayant livré du mobilier (A.-F. Cherel et S. Jean, Inrap).

250

anne-fRançoise cheRel

1-1-2/2

1-1-2/3a

1-1-2/5b

1-1-1/6

2-1-2/3

2-2-1/2/2b

2-2-2/3/2

2-2-1/3/7a

2-2-1/3/7c

2-2-1/3/8

3-1-1/7

3-1-1/6

3-1-1/11b

3-2-1/6

3-2-1/5

3-2-1/9

3-2-1/15

3-2-1/18a

3-1-2 /1

3-1-2/2

3-1-1/1

2-2-1/3/3a

0 10 cm

Cherel fig. 5.ai

5. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Poteries hypothétiquement datées du début de La Tène moyenne (seconde moitié du iiie siècle av. J.-C.) (d’après Cherel 2004, p. 1069-1070 ; infographie : S. Jean, Inrap).

0 4 cm

251

chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) au sud de la plaine de caen : le cas de la « Zac oBJect’ifs sud » à ifs (calvados)

3-1-1/8

3-2-1/7

2-2-1/3/7b

3-2-1/9

3-2-1/11

3-2-1/16

3-2-1/18b

3-2-1/19

3-1-2/2

3-1-2/3a

1-1-2/5a

2-1-2/3

2-2-1/1/1

2-2-1/2/2a

1-1-1/8b

0 5cm

10

1-1-1/4

1-1-1/6

3-1-1/9

3-2-1/8

3-2-1/10a

3-1-1/1

3-1-2/1

1-1-2/3b

1-1-2/5b

2-2-1/3/8

6. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Poteries hypothétiquement datées de la fin de La Tène moyenne (première moitié du iie siècle av. J.-C.) (d’après Cherel 2004, p. 1073-1074, p. 1076, infographie : S. Jean).

0 4 cm

252

anne-fRançoise cheRel

multiples), enductions (peinture rouge, graphite), rares décors lustrés, et traits incisés dans la partie haute des vases à bioclastes fossiles qui remplacent le peignage habituel. un peignage sommaire affecte encore la panse de ces mêmes vases.

la transition la tène moyenne - la tène finale : le milieu et la seconde moitié du iie s. av. J.-C. (ou la tène C2-D1) (ill. 7)

L’exemple de l’établissement 5 et son évolution au cours de La Tène finale sera largement développé pour illustrer nos propos. Depuis La Tène C2‑D1 jusqu’à La Tène D2a, peu de distinctions morphologiques affectent les vases. Cette observation s’explique en partie par le découpage chronologique court opéré sur moins de cent ans et bien illustré par les comble‑ments successifs des trois fossés d’enclos 725, 728 et 811 (cf. supra, ill. 4). Des corrélations peuvent être éga‑lement établies avec les groupes funéraires localisés en avant de l’habitat, à l’intersection des chemins de desserte.

La tombe 2502 du groupe 22 composé de onze sépultures retiendra plus particulièrement notre atten‑tion (cf. supra, ill. 4). Cette sépulture découverte lors

issues du remplissage supérieur hétérogène du fossé 723 complètent ces données (NMI total de F 723 : 291). Le creusement du fossé 723 recoupe le comblement du fossé 721. Son remplissage contenait un lève‑loquet en fer, un anneau et une tige en bronze, deux fragments de bracelets en lignite, deux creusets (orfèvrerie ?), un peson complet, du briquetage et des éléments de mou‑ture (meule rotative). La fosse 1233 recelait en outre un clou en fer.

Le faciès céramique est très proche de celui décrit précédemment. Il trouve de nombreuses équivalences avec les formes considérées comme nouvelles au sein de l’ensemble 793. Les bols décorés de cannelures dans leur partie haute (1‑1‑1/6) évoquent les types pré‑cédents, tout comme les vases hauts à profil sinueux peu marqué et à rebord sortant (3‑1‑1/1). Les récipients à rebord très rentrant décoré de multiples cannelures sont de plus en plus courants (1‑1‑2/5b et 1‑1‑2/3b).

Toutefois, quelques différences subsistent. De nou‑velles formes apparaissent comme les jattes à haut col d’un type plus évolué (fins cordons), ou encore les jattes ouvertes à panse tronconique (3‑2‑1/16). quoique toujours bien représentées, les écuelles à profil en esse sont plus basses et leur épaulement mieux marqué.

on constate une certaine variété dans l’ornemen‑tation des vases : décors plastiques (baguettes, stries

7. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Poteries hypothétiquement datées de la transition La Tène moyenne-La Tène finale (seconde moitié du iie siècle av. J.-C.) (d’après Cherel 2004, p. 1080 ; infographie : S. Jean, Inrap).

0 4 cm

253

chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) au sud de la plaine de caen : le cas de la « Zac oBJect’ifs sud » à ifs (calvados)

Le répertoire ornemental s’appauvrit, avec une tendance à la généralisation des décors incisés, essen‑tiellement des cannelures multiples peu soignées dans la partie haute des vases. Le peignage devient moins fréquent, quelques fins cordons et des motifs lustrés rehaussent certaines céramiques fines. Enfin, le graphi‑tage ou l’application de peinture rouge ont disparu.

la tène finale : le dernier quart du IIe s. av. J.-C. et le premier quart du Ier s. av. J.-C. (ill. 8)

Le contexte mobilier de référence utilisé pour la définition de cette phase provient du fossé 728 (cf. supra, ill. 4) qui recoupe le comblement du fossé 725 (lui‑même recoupé par le creusement du fossé 811). Bien que modeste (NMI : 49), il recelait une anse d’am‑phore vinaire italique de type Dressel 1 et de nombreux éléments de briquetage.

Les poteries orangées à bioclastes fossiles, toujours modelées, sont fréquemment ornées de cannelures multiples dans leur partie supérieure. Elles sont compa‑rables à celles de la phase précédente, depuis les formes simples basses et ouvertes jusqu’à celles plus hautes munies d’un rebord rentrant. quelques types inédits font toutefois leur apparition (2‑1‑1/4). L’introduction de formes soignées remarquables, probablement réa‑lisées au tour rapide, contraste avec les exemplaires mentionnés précédemment. un type d’écuelle lustrée, dont la panse très galbée est surmontée d’un petit col se prolongeant par une lèvre éversée débordante, se retrouve fréquemment dans les contextes plus tar‑

du diagnostic contenait de très nombreuses ferrures, destinées à l’assemblage de pièces en bois (support, cercueil ?). Plusieurs systèmes de fixation coexistent, destinés à enserrer des planches ou des tasseaux épousant leurs contours, ou encore à les solidariser (agrafes par exemple). Le mobilier associé se com‑pose également de trois fibules en fer. L’une d’elles possède un ressort en arbalète à deux fois six spires et corde externe, ainsi qu’une bague de fixation qui relie le pied au sommet de l’arc. Les analogies sont fréquentes dans les ensembles couramment datés du milieu du iie s. av. J.‑C. Par ailleurs, une céramique fine complète déposée en offrande trouve des corrélations sur le site en contexte domestique (type 1‑1‑2/6), pour une attribution chronologique comparable.

Le contexte de référence de l’établissement rural 5 utilisé pour la définition de la phase datée de la tran‑sition La Tène moyenne ‑ La Tène finale provient du comblement du fossé 725, recoupé par le creusement du fossé 811. Bien que modeste (NMI : 47), vingt‑sept fragments de panse d’amphore italique de type gréco‑italique ou Dressel 1 et une lame de faux furent trouvés en association.

on remarque la disparition de nombreuses formes comme les vases peignés biconiques de taille moyenne, les écuelles à profil en esse munies d’une fine can‑nelure labiale interne, les jattes à haut col, ou encore les jattes ouvertes. La première forme tournée au tour rapide est bien attestée. Enfin, un type identique à celui découvert dans l’inhumation 2502, orné de registres d’ondulations lissées, est à souligner.

8. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Poteries datées du début de La Tène finale (dernier quart du iie siècle av. J.-C./premier quart du ier siècle av. J.-C.) (d’après Cherel 2004, p. 1083 ; infographie : S. Jean, Inrap).

0 4 cm

254

anne-fRançoise cheRel

De très nombreuses formes attribuées à cette phase évoquent celles mises au jour dans le comblement du fossé 728 antérieur. C’est le cas d’une majorité de poteries grossières (types 1‑1‑1 et 1‑1‑2) à bioclastes fos‑siles dotées d’un rebord rentrant orné de cannelures multiples. Excepté un nouveau type caractérisé par son rebord rentrant concave (type 2‑2‑1/3/4), les lèvres biseautées (lèvre 3) annoncent d’ailleurs les produc‑tions plus tardives.

L’apparition de nouvelles céramiques fines com‑plète ce corpus, comme les écuelles basses à petit pied tourné (3‑2‑1/12a) et les jattes à haut col très élancées (3‑2‑2/2), ou encore les formes très fermées munies d’un rebord très rentrant (3‑2‑2/1).

Seuls les décors plastiques de cannelures multiples, exceptionnellement de fins cordons, se perpétuent. Les autres procédés ornementaux ou les traitements de surfaces tels que le peignage, l’enduction au graphite ou l’application de peinture rouge ont disparu. Des ornementations lissées affectent toutefois l’intérieur de deux écuelles sur leur paroi brute de tournage.

la tène finale : le troisième quart du ier s. av. J.-C. (vers 50, 30-20 av. J.-C. ou la tène D2b)

Les contextes de référence utilisés pour la défi‑nition de cette phase proviennent de deux dépotoirs 1907 et 1908 (NMI : 81) localisés au sein de l’établisse‑ment agricole 6 (cf. supra, ill. 1). Le dépotoir 1907 (NMI : 33) est installé sur le comblement du fossé gaulois 1721 au sommet duquel deux monnaies en bronze frappées de 52 av. J.‑C. furent trouvées, scellant la couche d’aban‑don du fossé. L’attestation de connexions constatées sur plusieurs objets entre ces deux contextes 1907 et 1908 permet de poser l’hypothèse d’un comblement effectué dans un laps de temps relativement bref et concomitant – ce que confirme l’étude des artefacts recueillis – par L. Simon (Simon et al. 2002). outre la présence d’amphores Dressel 1B, la plus grande part du matériel correspond à des productions de tradition gauloise avec 81 % des vases recensés, auxquelles il faut associer des productions à engobe micacé, de la céramique à pâte claire tournée et des vases à bord mouluré de type Besançon. Le corpus des formes est ainsi renouvelé, même si quelques traits persistent par‑mi les productions indigènes.

Excepté la poterie, le rejet détritique 1908 contenait également de l’outillage dont une remarquable lime en fer. Par ailleurs, le dépotoir 1907 a livré du matériel exceptionnel (Cherel 2004) comme une fourchette à chaudron et un couteau (rasoir ?) zoomorphe inédit. L’extrémité recourbée de la soie est traversée par un rivet saillant en base cuivre lui conférant une teinte dorée. Elle épouse ainsi la forme d’une tête d’animal stylisé, avec les yeux suggérés par le rivet, et la bouche

difs (3‑2‑1/12b). un vase très globulaire resserré à son embouchure, à pâte glauconieuse, est d’un type inédit (3‑3‑2/5). Enfin, aucune lèvre à fine cannelure labiale n’est attestée.

Seuls les décors plastiques de cannelures multiples et de fins cordons se perpétuent. Les autres procédés ornementaux ou les traitements de surface tels que le peignage, l’enduction au graphite ou l’application de peinture rouge sont absents. Les décors lissés et incisés sont toutefois attestés.

la tène finale : le deuxième quart du ier s. av. J.-C. (90-80/60-50 av. J.-C.) (ill. 9)

Trois contextes (cf. supra, ill. 1, 4) ont livré des frag‑ments d’amphores vinaires italiques de type Dressel 1B : le fossé d’enceinte 811 (NMI : 68) dans lequel un dépôt monétaire a été dégagé, la fosse 1106 de l’ensemble 5 (NMI : 18), et le fossé 1721 (NMI : 22) de l’ensemble 6 au sommet duquel furent trouvées deux monnaies en bronze datées de la Conquête, frappées en 52 av. J.‑C. (imitées des deniers d’origine éduenne).

La présence inhabituelle d’un dépôt monétaire au cœur de l’habitat occupe une place toute particulière tant la découverte locale de quelques monnaies isolées reste ponctuelle en contexte domestique. Pour un com‑plément d’informations concernant sa provenance exacte et sa nature, on pourra se référer à la publica‑tion récente d’El. Le Goff (Le Goff et al. 2007). Ce dépôt se compose de soixante‑sept monnaies, issues de trois métaux différents. Les monnaies d’or et d’or pâle appar‑tiennent aux Baiocasses (statères et hémistatères). Les monnaies d’argent présentent une production homo‑gène. Les potins sont tous de même type et attribués aux Eburovices. Bien que dispersé sur environ trois mètres dans une couche riche en coquillages marins, le dépôt associe également des fragments de céra‑mique, plusieurs objets en base cuivre composés d’une hache miniature (amulette, pendentif ?), d’une pince à épiler et de treize petits anneaux (bourse ?), mais aussi de l’outillage en fer dont une hache à douille et une faucille. on notera également la présence éparse de faune (dont un crâne de cheval) et un fragment de calotte crânienne humaine, manifestation de pratiques cultuelles en contexte domestique.

Plus généralement, le comblement du fossé 811 a livré des morceaux de meule portative et des éléments de briquetage.

quant au fossé d’enceinte 1721 du second éta‑blissement, il recelait de l’outillage lié aux activités agricoles telles qu’un soc d’araire, une faucille et une meule, mais aussi des éléments de briquetage et de la parure représentée par un bracelet en lignite.

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chRonologie de la fin de l’âge du feR (iiie-ier siècle avant J.-c.) au sud de la plaine de caen : le cas de la « Zac oBJect’ifs sud » à ifs (calvados)

Les contextes de La Tène ancienne, relativement pauvres, sont les témoins d’une occupation ancienne sur les sites d’habitat dont l’histoire longue et com‑plexe nous prive souvent de ces premières traces. Les ensembles funéraires attribués par leur mobilier métal‑lique à la fin du premier âge du Fer et au début de La Tène ancienne, traduisent d’ailleurs cette occupation latente.

L’évolution des faciès céramiques du second âge du Fer du site s’intègre parfaitement dans le schéma évolutif mis en évidence dans le Grand‑ouest. Toutefois, la richesse des artefacts recensés et la forte organisa‑tion territoriale mise en évidence à travers cette rapide présentation confèrent un statut particulier à ces exploitations et à leurs propriétaires terriens (richesses des terres agricoles, etc.) au sein d’une société très hié‑rarchisée.

de l’animal évoquée par les contours de l’extrémité dis‑tale légèrement incisée. Le dos, le tranchant et la soie figurent le corps de l’animal, probablement un hip‑pocampe, un cheval stylisé ou un animal fantastique. Les comparaisons sont rares pour ce type d’objet et relèvent plutôt de la sphère cultuelle. Enfin, une fibule en bronze de type Nauheim complète ces propositions chronologiques.

CoNCluSIoN

La configuration exceptionnelle de ce site a per‑mis d’établir une typo‑chronologie plus ou moins fine depuis la fin de l’âge du Bronze jusqu’à la Conquête, posant ainsi les bases d’une typo‑chronologie plus large à l’échelle de la Plaine de Caen.

9. La « ZAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados, 14) au sud de la Plaine de Caen. Poteries datées de la fin de La Tène finale (deuxième quart du iie siècle av. J.-C.) (d’après Cherel 2004, p. 1087 ; infographie : S. Jean, Inrap).

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2-2-1/3/3b 1

3-1-2/2

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Cherel fig.9.ai

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anne-fRançoise cheRel

la « zAC Object’Ifs Sud » à Ifs (Calvados) : un exemple de l’Ouest de la Gaule. In : BARRAL (Ph.), DAUBIGNEY (A.), DUNNING (C.), KAENEL (G.), ROULIèRE-LAMBERT (M.-J.) dir. — L’âge du Fer dans l’arc jurassien et ses marges - Dépôts, lieux sacrés et territorialité à l’âge du Fer. Actes du 29e colloque international de l’AFEAF, Bienne, 5-8 mai 2005. Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté, 2007, p. 579-584 (Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté ; 826/Série Environnement, société et archéologie ; 11).

Simon et al. 2002 : SIMON (L.), JARDEL (K.), MORTREAU (M.). — Première approche des horizons céramiques de la Plaine de Caen (Calvados), de la Conquête à l’époque claudienne. In : RIvET (L.) dir. — Actes du congrès de Bayeux (2002). Marseille : Société française pour l’étude de la céramique antique en Gaule, 2001, p. 11-51.

Cherel 2004 : CHEREL (A.-F.). — Le mobilier céramique : synthèse et évolution comparée des différents ensembles archéologiques. In : LE GOFF (E.), dir. — Les occupations protohistoriques et antiques de la ZAC « Object’Ifs Sud », Ifs (Calvados). Caen : Inrap, SEM du Grand-Caen, SRA Basse-Normandie, 2004, vol. 4, p. 1011-1086 (DFS de fouille de sauvetage, inédit).

le Goff 2004 : LE GOFF (E.) dir. — Les occupations protohistoriques et antiques de la ZAC « Object’Ifs Sud », Ifs (Calvados). Caen : Inrap, SEM du Grand-Caen, SRA Basse-Normandie, 2004, 4 vol. (DFS de fouille de sauvetage, inédit).

le Goff et al. 2007 : LE GOFF (E.), AUXIETTE (G.), LE GOFF (I.). — Manifestations et pratiques cultuelles au sein des habitats et du territoire agraire laténien de

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Prix de vente : 35 €.ISSN : 1281-430X ISBN : 978-2-909668-74-1

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Centre archéologique européen

La table ronde sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer dans l’est de la France, tenue à Bibracte du 15 au 17 octobre 2007, est née des difficultés rencontrées pour comprendre et utiliser les chronologies relatives de la fin de l’âge du Fer. La bibliographie vieillissante et la dispersion très forte des informations issues des recherches récentes rendaient urgent l’établissement d’un bilan synthétique apte à pallier la carence actuelle de formalisation du cadre chronologique de cette période et à fournir si possible un outil utile à des conclusions historiques.

Ainsi, vingt-six ans après le colloque de Valbonne qui avait traité du même sujet à l’échelle nationale, l’ambition de la table ronde était donc de proposer, en confrontant entre elles des périodisations régionales, un tour d’horizon actualisé de ce moment important de l’histoire de la Gaule de l’Est et de le transmettre à l’ensemble de la communauté scientifique par l’intermédiaire d’une publication.

Les synthèses régionales sur l’est de la France, qui occupent naturellement une place importante de ce volume, sont éclairées par des bilans synthétiques de régions ou de sites périphériques et par les progrès récemment obtenus sur telle ou telle catégorie de mobilier.

Le présent volume dépasse donc largement les ambitions initiales de la table ronde en fournissant un état des connaissances qui concerne une très vaste région, des Alpes au littoral atlantique. On confirme qu’il est possible de définir un cadre chronologique supra-régional, cohérent à l’échelle de l’espace nord-alpin et rythmé par des mutations économiques et techniques qui affectent toute cette zone. On utilise pour cela différents marqueurs chronologiques qui valident le modèle d’innovations techniques et d’importations adoptées rapidement et uniformément dans l’ensemble du territoire étudié. Le panorama synthétique présenté a donc gagné en finesse et constitue une étape importante de la recherche.

Ce volume et les réflexions qu’il suscite constituent donc une excellente feuille de route pour les recherches à venir en matière de chronologie de la fin de l’âge du Fer, essentielle pour mieux positionner les observations archéologiques relatives aux deux derniers siècles avant notre ère sur l’axe d’un temps particulièrement riche en événements et en mutations sociales.