Charles V» Mille Regretz: La Canción del Emperador Ombres ...

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«Carlos V – Charles V» Mille Regretz: La Canción del Emperador Ombres et Lumières au temps de Charles V La Capella Reial de Catalunya Hespèrion XXI Jordi Savall viole de gambe soprano, direction 28.01. 2019 20:00 Grand Auditorium Lundi / Montag / Monday Voyage dans le temps – musique ancienne et baroque

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«Carlos V – Charles V» Mille Regretz: La Canción del EmperadorOmbres et Lumières au temps de Charles V

La Capella Reial de Catalunya Hespèrion XXIJordi Savall viole de gambe soprano, direction

28.01.2019 20:00Grand Auditorium

Lundi / Montag / MondayVoyage dans le temps – musique ancienne et baroque

1459Époque de Maximilien Ier (Roi de Rome à partir de 1486 et Empereur germanique à partir de 1493) et de Marie de Bourgogne (Duchesse de Bourgogne de 1477 à 1482)

Ludwig Senfl (1486?–1542?)Fortuna desesperata: Nasci, pati, mori

Anonyme (Petrucci)Dit le bourguygnon

1492Fin de la Reconquête

Carlo Verardi (1440?–1500?)Canción: «Viva el gran Re Don Fernando»

II

1492Expulsion des Juifs

Anonyme sépharadePaxarico tu te llamas

Anonyme sépharadePrière sépharade: «El pan de la aflicción»

1496Mariage de Philippe Ier le Beau et de Jeanne la Folle

AnonymeTourdion: «Quand je bois du vin clairet»

III

1500Naissance du futur Charles Quint

Josquin des Prés (1450?–1521)«Vive le Roy»

1519Révolte des germanias à Valencia et répression des comuneros

Anonyme (Chans. Palacio) / Juan Vásquez (1500?–1560?)Romance: «Los braços traygo cansados»

1525Bataille de Pavie

Mateo Flecha l’aîné (1481–1553)Todos los buenos soldados

40’

IV

1526Mariage de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal

Thoinot Arbeau (1519–1595)Chanson: «Belle qui tiens ma vie»

Antonio de Cabezón (1510–1566)Diferencias sobre la Dama le demanda

1527Saccage de Rome

Anonyme (Chans. Colombina)Propiñan de Melyor

1538Paix de Nice

Hieronimus Parabosco (1524?–1557)Ricercare XIV: «Da Pacem Domine»

V

1539Mort de l’épouse de Charles Quint

Josquin des PrésChanson: «Mille Regretz»

1547Bataille de Mühlberg

Tylman Susato (1510?–1570?)Pavana «La Battaglia» per sonar

1554Cession des royaumes de Naples et de Sicile

Adrian Willaert (1490?–1562)Villanesca alla napolitana: «Vecchie letrose»

VI

1556Abdication

Josquin des Prés / Luys de Narváez (1500?–1550?)«La Canción del Emperador»: «Mille Regretz»

1558Mort de Charles Quint

Cristóbal de Morales (1500?–1553)Motet: «Circumdederunt me gemitus mortis»

Juan del Enzina (1468?–1533)Villancico: «Todos los bienes del mundo»

40’

Den Handysgeck

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Musique au temps de Charles Quint : du rêve monarchique à la fin d’un empireLouise Audubert

Quand l’archiduc d’Autriche Maximilien Ier de Habsbourg naît en 1459, l’Europe a entamé un processus de reconfiguration géo-politique et l’autorité renforcée du souverain confirme le rôle de sa cour comme centre majeur de la vie du pays : rois et princes cherchent à attirer à leur service les intellectuels et les artistes, notamment les musiciens, les plus prestigieux d’Europe. Le Duché de Bourgogne, dont le territoire s’étendait des Pays-Bas à l’Italie du Nord et qui, de ce fait, contrôlait la majeure partie des circuits commerciaux et centres financiers, devient rapidement l’état le plus riche de l’époque. Maximilien épouse Marie de Bourgogne, l’héritière du dernier Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, tué en 1477 au combat, ce qui lui permet de devenir rapidement Roi allemand (1486) puis Empereur du Saint Empire romain (1493). Il est facile de comprendre à quel point, au tournant du 16e siècle, la cour des Habsbourg pouvait se vanter d’entendre la meilleure musique polyphonique, alors vue comme une marque de sophistication dans le monde des cours de la Renaissance. Le motet Fortuna desesperata de Ludwig Senfl, élève d’Heinrich Isaac et maître de la chapelle de Maximilien, en fait le digne héritier de Josquin des Près et ses disciples. Si l’on s’en réfère au De Musica d’Augustin d’Hippone, il ne caractérise pas avec pessimisme le destin de l’être humain ou de toute créature, mais un chemin de la Rédemption divine par laquelle le Christ s’est fait homme, « est né, a souffert et est mort » (Nasci, pati, mori) pour racheter la dette du péché originel. Instrument au service de Dieu et de l’État, la musique était donc hautement considérée, à la fois comme ornement de la liturgie (célébrations de « La Chapelle »), comme « puissance sonore » emblématique (musique militaire et

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cérémonial de « L’Écurie ») et comme divertissement de cour (répertoire profane de « La Chambre »). Rien d’étonnant alors à ce que la chanson Dit le bourguygnon fasse partie du premier ouvrage musical imprimé en Europe, le Harmonice Musices Odhecaton d’Ottaviano Petrucci (1501), qui contribua à faire du style franco-flamand la langue musicale de l’Europe du 16e siècle.

Dans le même temps, des changements significatifs se produisent dans la péninsule Ibérique : Ferdinand d’Aragon épouse en 1469 Isabelle de Castille, unissant les deux couronnes ; la chute de Grenade, dernier royaume mauresque de la péninsule, établit en 1492 la carte définitive de l’Espagne moderne ; et l’arrivée de Christophe Colomb dans les Amériques initie la conquête d’un empire colonial colossal. Le dramaturge Carlo Verardi célèbre dans l’Historia Baetica (1493) la nouvelle monarchie triomphante des Rois Catholiques et sa chanson Viva el gran Re Don Fernando permet de mesurer, avec l’éclat des ministriles (instrumentistes) et des rythmes de danse propres à l’Espagne, l’épanouissement artistique d’une des cours les plus influentes d’Europe. Mais cette victoire sur Grenade marque l’abolition d’une diversité culturelle et religieuse qui avait réussi à survivre tout au long du Moyen-Âge. Le Décret de l’Alhambra du 31 mars 1492 signe l’expulsion des Juifs et Musulmans qui ne se seraient pas convertis au christianisme, mesure décrétée quatre ans plus tard au Portugal par le roi Manuel Ier. Ceux qui partent emmènent avec eux le souvenir triste et nostalgique de la terre qu’ils abandonnent, mémoire exprimée en chants séfarades, conservés dans les synagogues du monde entier, et en chants andalous, pratique emblématique au Maghreb des Musulmans ibériques. Les chants sépharades d’origines très diverses, Paxarico tu te llamas et « El pan de la aflicción » – cette dernière prière se chantait lors de la première nuit de Pâques –, sont interprétés selon les traditions orales d’une communauté du Sud du Maroc.

Maximilien ambitionnait une union dynastique avec la famille royale espagnole : en 1496, Philippe le Beau, fils de Maximilien et Marie, épouse Jeanne, fille de Ferdinand et Isabelle. L’heure est aux festivités et la chanson anonyme Quand je bois du vin clairet

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Philippe le Beau et Jeanne la Folle recevant l’hommage d’un ouvrage de Pedro Marcuello

met à l’honneur cet élixir longtemps prisé dans toute l’Europe (bien que produit en terre ennemie d’Aquitaine !), non seulement pour son goût et son ivresse, mais, comme nous le conte Clément Marot dans une épigramme, pour ses vertus contre la peste. Associé à la danse vive du tourdion, le Clairet est un thème récurrent de nombreuses chansons à boire de l’époque. Jeanne donne naissance le 24 février 1500 à son premier fils, Charles : les festivités de baptême dressent le tableau d’une riche société flamande à l’aube du 16e siècle et la fanfare instrumentale « Vive le Roy » de Josquin, écrite au même moment alors qu’il se trouvait en France, illustre le faste d’une telle naissance.

Élevé aux Pays-Bas par sa tante paternelle, Marguerite d’Autriche, du fait de la mort prématurée de son père (1506) et de la maladie mentale de sa mère, Charles reçoit une éducation humaniste et une formation artistique poussées. Il héritera de la Chapelle de Bourgogne, formée des meilleurs chanteurs et instrumentistes franco-flamands, qui l’accompagnera lors de tous ses voyages, sous la férule de maîtres aussi distingués que Nicolas Gombert et Thomas Crecquillon. La Capilla flamenca se fixera par la suite à Madrid au service des rois d’Espagne jusqu’au milieu du 17e siècle, parallèlement à l’activité de la Capilla española.

Le décès en 1516 de son grand-père Ferdinand laisse à Charles la couronne d’Espagne sous le nom de Charles Ier. Mais en arrivant en son nouveau royaume en 1517, il multiplie les maladresses et déçoit profondément ses nouveaux sujets, méconnaissant le castillan et les traditions locales. Le Cancionero de Palacio, riche de près de 500 compositions compilées au temps des Rois Catholiques, nous donne un aperçu de la musique espagnole qu’il put entendre : parmi les nombreux romances chevaleresques, la chanson « Los braços traygo cansados » célèbre la mort de Don Beltràn. Juan Vásquez, maître de chapelle de la cathédrale de Badajoz, publiera une version polyphonique de cette mélodie très en vogue à la cour du futur Empereur et transcrite par ses vihuélistes émérites Alonso Mudarra en 1546 et Enríquez de Valderrábano l'année suivante.

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Car l’empereur Maximilien meurt en 1519 et après un processus complexe, Charles est élu au trône impérial, devenant Charles V (Charles Quint). Mais son système d’administration hautement centralisé, les nominations administratives de ses courtisans fla-mands et son mépris systématique pour les prérogatives des régions espagnoles conduiront à deux rébellions : la révolte des Comuneros, menée par Juan de Padilla, écrasée en 1521 ; et le soulèvement armé dans la région de Valence en 1519, les Germanías, férocement réprimé en 1523. Charles V tirera la leçon de ces expériences et adoptera peu à peu dans sa manière de gouverner un sage équilibre entre les nouvelles théories de l’État absolutiste et le respect des libertés identitaires régionales.

La puissance des Habsbourg était bien sûr une sérieuse menace pour la France : François Ier essaya dès 1515, avec la victoire de Marignan, de la contrecarrer par une expansion vers l’Italie. Après la défaite de la Bicoque (1522), François Ier est capturé à la bataille de Pavie (1525) et se voit obligé d’accepter les termes lourds du traité de Madrid. Sur les champs de bataille, la musique a toujours été un levier puissant pour provoquer l’ardeur des soldats. La composition de Mateo Flecha l’aîné, maître de chapelle de divers seigneurs d’Espagne puis du roi Philippe II, Todos los buenos soldados, déploie triomphalement les instruments militaires mêlés aux

Josquin des Prés

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hymnes galvanisant les troupes partant au combat. Dès son retour en France un an après, François Ier annule le traité de Madrid et ne respecte aucune des promesses qu’il avait faites pour être libéré. Le conflit avec Charles V reprend rapidement et durera encore vingt ans, sans clairement désigner un vainqueur.

Cette même année 1526 signe le mariage entre Charles V et la riche princesse Isabelle de Portugal, sa cousine germaine. Alors âgé de 26 ans, il semble être tombé aussitôt amoureux d’Isabelle, qui alliait une très grande beauté physique à une hauteur morale, et qui avait reçu éducation raffinée. Mais l’amour au 16e siècle était une affaire publique, privée, collective, individuelle, sociétale, religieuse, profane et divine à la fois. Les affaires appelant l’Empereur aux quatre coins de l’Europe, la vie de couple de la reine se réduisit à une alternance de solitude et de grossesses à répétition, dont la dernière lui sera fatale à l’âge de 35 ans. Malgré ses voyages récurrents, Charles semble lui avoir été fidèle pendant leurs treize années de mariage et ne se remaria pas après son veuvage, fait exceptionnel pour l’époque. Quel plus bel hommage pour célébrer l’amour courtois entre un homme et sa bien-aimée que le texte de l’immortelle pavane « Belle qui tiens ma vie » ? Musicien et mélomane averti, Charles V s’entoura tout au long de sa vie de musiciens de talent : à côté des membres flamands, il admirait et protégeait divers musiciens espagnols, tel qu’Antonio de Cabezón. Malgré sa cécité précoce, ce dernier devient organiste de la chapelle impériale en 1526, puis entre deux ans plus tard au service de l’Impératrice, avant de servir Philippe II, futur roi d’Espagne en 1558. Il suivra les déplacements de la Cour dans toute l’Europe, voyages qui furent autant d’occasions d’échange et d’enrichissement pour un musicien venant d’un pays qui avait de tout temps souffert d’un certain isolement géographique. Souvent fondées sur des airs tirés des cancioneros alors très en vogue en Espagne, les variations de Cabezón, dont les très célèbres Diferencias sobre el canto de la Dama le demanda, se situent à un niveau d’accomplissement guère dépassé.

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Simultanément impliqué dans les guerres ruineuses d’Italie, dans la tentative d’arrêter les Turcs aux portes de l’Europe de l’Est et dans les troubles politiques liés à l’apparition de la Réforme, l’Empereur assiste en mai 1527 au saccage de la Ville Sainte par sa propre armée, mutinée, qui réclamait des gages impayés. Cette mise à sac de Rome représenta alors un effroyable choc pour le monde chrétien et contribua à répandre un sentiment général d’insécurité et un mysticisme désespéré, dont le contenu drama-tique se reflètera dans de nombreuses partitions du 16e siècle.

La pièce anonyme Propiñan de Melyor, issue du Cancionero de Colombina, insuffle un regain de confiance et d’optimisme, rappelant que le règne des aïeuls de Charles fut marqué par l’uni-fication religieuse de tout le royaume en faveur du catholicisme. Dix ans après, la Paix de Nice (1538) signée par François Ier et Charles V met fin à la huitième guerre d’Italie, décrétant une trêve de dix ans entre les deux belligérants. L’antienne pour la paix « Da Pacem Domine » a donné lieu à de nombreuses compositions de circonstances, dont l’apaisant ricercar polyphonique de Girolamo Parabosco, organiste de la basilique Saint-Marc de Venise.

Charles V est de retour en Espagne lorsque moins d’un an plus tard, le 1er mai 1539, l’impératrice Isabelle s’éteint à Tolède. Plusieurs légendes entourent sa disparition. Selon la tradition, des Grands d’Espagne sont désignés pour accompagner la dépouille de l’Impératrice jusqu’à sa sépulture dans la chapelle de Grenade, dont le convoi est mené par le prince héritier Philippe alors âgé de douze ans. Trois seigneurs seront frappés par cette mort et deviendront saints de l’Église catholique : François Borgia, duc de Gandie, chargé de reconnaître officiellement la dépouille mortelle, impressionné par la défunte, aurait déclaré ne plus vouloir servir aucun maître mortel et abandonnera la charge de vice-roi de Catalogne pour devenir membre de la Compagnie de Jésus ; le théologien Jean d’Avila, chargé de prononcer l’homélie pour les funérailles, favorisera le développement des jésuites en Espagne ; et Jean de Dieu, établi à Grenade, qui fondera son propre ordre hospitalier. Ajoutons que l’empereur aurait réclamé sur son lit de mort, le portrait de sa défunte épouse peint par

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Titien et le crucifix d’argent qui avait accompagné ses derniers instants. En 1520, lors de son séjour à Bruxelles sur la route du couronnement, Josquin, déjà vieillissant, avait offert au jeune empereur plusieurs chansons, dont la version polyphonique du poignant « Mille Regretz » : cette chanson deviendra l’œuvre pré-férée de Charles V et l’accompagnera sa vie durant, notamment aux heures les plus intenses de doute et de douleur.

Charles V sous-estima le sens et la force de la Réforme. Après avoir rejeté les thèses de Martin Luther avec l’Édit de Worms (1521), il pensait que son autorité politique et militaire pouvait imposer les principes traditionnels de la foi catholique et ne s’attendait pas à rencontrer une forte résistance de la part des princes protestants d’Allemagne, qui formèrent la ligue de Schmalkalde pour combattre l’empereur. La pavane « La Battaglia » de Tielman Susato, musique descriptive aux forts effets instrumentaux (per sonare), permet de restituer la dramaturgie de la bataille de Mühlberg (1547), où l’armée impériale vainquit l’armée protestante dirigée par Maurice de Saxe. Joueur de sacqueboute, trompette, cromorne et flûte, Susato était un imprimeur reconnu d’Anvers, notamment pour la publication de compositeurs de la chapelle impériale.

Mais le schisme religieux ne pouvait être arrêté par la force et malgré sa victoire écrasante à Mühlberg, l’empereur eut l’habileté, à l’instigation de son ministre Granvelle, de doter les Protestants des mêmes droits que les Catholiques à l’intérieur de l’Empire (Paix d’Augsbourg, 1555).

C’est à cette période que Charles V commence à déléguer le gouver-nement d’une large partie de son domaine à son fils Philippe, exactement comme il l’avait fait dans les années 1520 pour son frère Ferdinand, Roi de Hongrie et de Bohême. Philippe devient régent de Naples et de Sicile en 1554, puis des Pays-Bas en 1555. Les rustiques villanelles napolitaines sont alors l’une des formes les plus en vogue de la chanson en Italie et le « Vecchie letrose » d’Adrien Willaert, maître de chapelle à la basilique Saint-Marc et dont la réputation rayonne dans toute l’Europe, en est un éclatant exemple.

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L’empereur, qui s’était engagé dans des dépenses militaires ruineuses durant presque trente ans, ne peut conserver plus longtemps des territoires aussi disparates sous son autorité nominale. Il finit par abdiquer en 1556, renonçant à la souveraineté sur tous ses domaines : l’Espagne, les territoires du Nouveau Monde, Naples, la Sicile et les Pays-Bas sont légués à son fils Philippe II, tandis que son frère Ferdinand hérite de la couronne impériale. En 1557, Charles se retire au monastère de San Jérónimo de Yuste, en Espagne, à l’écart de la vie politique. Trente-six ans plus tôt, Josquin des Près lui offrait la chanson « Mille Regretz », version sur laquelle l’empereur fera travailler d’autres compositeurs tout au long de son règne. En 1538, Luys de Narváez, vihuéliste de la Chambre aux côtés de Cabezón et maître de chapelle des Infants royaux, publie une version en tablature polyphonique pourvue pour la première fois de la mention La Canción del Emperador (La Chanson de l’Empereur). Nicolas Gombert et Cristóbal de Morales composeront chacun une messe homonyme à six voix, toutes deux remarquables par leur richesse harmonique. Disposant à Yuste d’un chœur plus réduit que la Capilla flamenca, un récit des dernières années de la vie de l’Empereur le décrit écoutant ses chanteurs « en battant la mesure et chantant une partie avec les exécutants », aimant même, à l’occasion, corriger dans les détails, les nouvelles éditions de musique polyphonique qu’il recevait. Il meurt le 21 septembre 1558. D’après le compte-rendu de Francisco Cervantès de Salazar des commémorations tenus en l’honneur de l’empereur, le motet « Circumdederunt me gemitus mortis » de Morales fut chanté à la Cathédrale de Mexico en 1559. Par le caractère poignant de sa voix principale, cette composition méta-morphose littéralement l’un des textes les plus sombres des Psaumes : si les mots parlent des horreurs de l’Enfer, le message transmis par la musique serait plutôt celui d’une lumière céleste. Les deux aspects de ce motet pourraient symboliser les contradic-tions ayant tant marqué la vie de l’empereur.

La musique semble donc bien un véhicule idéal pour suivre ce temps de Charles V semé d’ombres et de lumières. La fin de cet itinéraire passionnant prend ici la forme d’un villancico, à la manière des épilogues des œuvres de l’extraordinaire Juan

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del Enzina, auteur dramatique et compositeur de polyphonie profane. Sa pièce « Todos los bienes del mundo » fascine immédiate-ment par son aspect solennel et envoûtant : son texte décrivant la futilité de la vie mortelle, nous invite à chercher la renommée et la gloire pour une vie au-delà. Peut-être l’empereur gardait-il cela toujours à l’esprit dans sa lourde responsabilité d’adminis-tration d’un si vaste empire, artificiellement formé par le hasard des successions. Car sous son règne, l’Europe trouva une unité politique jamais atteinte depuis l’apogée de l’Empire Romain.

Violoncelliste diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Louise Audubert obtient le grade de Docteur en Histoire de l’Espagne à l’Université Sorbonne-Paris IV pour une thèse portant sur la Cour de Charles Quint. Parallèlement à son activité d’enseignante-chercheuse, elle joue dans des formations diverses et enseigne au Conservatoire du Centre de la Ville de Paris.

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Kaiserliche Musik: Karl V. und sein musikalisches ErbeSilke Leopold

Kaiser Karl V., 1500 geboren und 1558 gestorben, hätte der glücklichste Monarch unter der Sonne sein können. Halb Europa fiel ihm gleichsam durch Erbschaft in den Schoß. Seine Großel-tern mütterlicherseits, die spanischen Könige Ferdinand von Aragón und Isabella von Kastilien, hatten nicht nur durch ihre Heirat große Teile der iberischen Halbinsel zu einem Königreich zusammengeschlossen, sondern auch im Jahre 1492 die Reconquista mit der Eroberung des Emirats Granada vollendet und die mus-limischen Mauren ebenso wie die Juden aus dem Land vertrieben. Ferdinand von Aragón herrschte zudem über das Königreich Neapel, das ganz Süditalien einschließlich Siziliens umfasste, und über Sardinien und die Lombardei. Im selben Jahr entdeckte Christoph Columbus auf seiner von Ferdinand und Isabella geförderten Expedition Amerika und öffnete der spanischen Krone schier unbegrenzten Zugang zu den Reichtümern Mittel- und Südamerikas. Väterlicherseits gehörten dem jungen Herr-scher nach dem Tod seines Vaters Philipps des Schönen 1506 und dem Tod seines Großvaters Kaiser Maximilians I. die bur-gundischen Niederlande und die österreichischen Erblande der Habsburger. In seinem Reich, so sagte man, gehe die Sonne nicht unter. 1520 wurde er zum Kaiser gekrönt und herrschte fortan über das Heilige Römische Reich.

Doch die Regierungszeit Karls V. verlief alles andere als harmonisch. Schon seine Wahl zum Kaiser war keineswegs selbstverständlich gewesen, denn auch der französische König François I. erhob An- spruch auf die Kaiserkrone und ließ auch nicht locker, als das Augs- burger Bankhaus Fugger Karl V. mit einer schwindelerregenden

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Summe Geldes unterstützte und so die Stimmen des kurfürstlichen Wahlgremiums gleichsam ‹kaufte›. Bis 1530 führten die beiden Herrscher einen nicht enden wollenden Krieg um die italieni-schen Besitzungen, der erst beigelegt werden konnte, als sich Karls Tante Margarethe von Österreich und François’ Mutter Luise von Savoyen in Cambrai zusammensetzen und den soge-nannten ‹Damenfrieden› aushandelten. Seine Schulden bei den Fuggern konnte Karl V. nur begleichen, indem er ihnen nach und nach alle lukrativen Schürfrechte in seinen Ländern über-schrieb und sich damit in finanzielle Abhängigkeit begab. Vor allem aber geriet seine Regierungszeit in den Strudel der Refor-mation, die mit Martin Luthers Thesenanschlag 1517 begonnen hatte und erst zu heftigen theologischen, später auch desaströsen militärischen Auseinandersetzungen führte. Mit dem Namen Karls V. sind die Augsburger Reichstage von 1518, 1525, 1530 und 1547/48 verbunden, auf denen er den Einfluss des Luthertums mit drastischen Maßnahmen einzudämmen versuchte, ebenso wie der Reichstag zu Worms 1521, auf dem gegen Luther die Reichsacht verhängt wurde. Und auch wenn Karl V. den Schmal-kaldischen Krieg der Konfessionen 1547 in der Schlacht von Mühlberg für die katholische Sache gewann, so zementierte dieser Sieg doch auch die Glaubensspaltung im Reich, die dann, nur wenige Jahrzehnte später, zum Dreißigjährigen Krieg führen sollte. Den Augsburger Religionsfrieden 1555 handelte dann schon nicht mehr er selbt, sondern sein jüngerer Bruder Ferdinand aus. Zermürbt von all dieser Mühsal tat er im Oktober 1555 einen Schritt, der für einen Herrscher seiner Zeit höchst unge-wöhnlich war: Er trat zurück, überließ seinem Bruder die Herrschaft über das Reich und seinem Sohn Philipp II. die Herrschaft über Spanien und begründete diesen Schritt damit, dass er müde und krank sei, mutlos und kraftlos, und dass er sich in ein Kloster in Spanien zurückziehen würde. Dort lebte er noch drei Jahre, bis er 1558 starb. Heute würde man wohl eine Depression oder gar einen Burn-out diagnostizieren; kein anderer Kaiser jedenfalls hat einen solchen Schritt jemals wieder getan.

Auch die Liebe zur Musik war Karl V. in die Wiege gelegt worden. Sein Vater Philipp unterhielt ebenso eine eigene Hofkapelle wie sein Großvater Maximilian und seine spanischen Großeltern.

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Als er an die Macht kam, löste er diese Kapellen zwar auf, aber nur, um sich eine eigene daraus zu formen. Zu diesem musikali-schen Erbe gehören die beiden großen Manuskripte, die in der Regierungszeit der spanischen Könige angefertigt wurden – der Cancionero de Colombina und der Cancionero de Palacio, aus denen die Romanze Los braços traygo cansados und Propiñan de Melyor entnommen sind. Es gehört aber auch das instrumental und anonym überlieferte Stück Dit le bourguygnon dazu, dessen Titel auf Burgund verweist, sowie Ludwig Senfls Version von Fortuna desperata, einer Melodie, die durch ganz Europa wan-derte und in vielen Varianten überliefert ist. Senfl war Mitglied in der Hofkapelle Kaiser Maximilians I. und wurde von Karl V. entlassen. Bis er am Münchner Hof eine neue Anstellung fand, sollten vier Jahre vergehen. Die Melodie von Fortuna desperata bildet den Cantus firmus einer fünfstimmigen Komposition aus dem Jahr 1533, in der in den anderen Stimmen lediglich die lakonischen Worte «Nasci, pati, mori» («Du wirst geboren, du leidest, du stirbst») zu einem komplexen polyphonen Geflecht verwoben werden: Das gemahnt fast an die Vanitas-Mode, die ein Jahrhun-dert später, in Zeiten des Dreißigjährigen Krieges, in ganz Europa grassierte. Dass dieses Gefühl von der Eitelkeit allen irdischen Strebens aber schon seit längerem verbreitet war, macht auch der Villancico Todos los bienes del mundo deutlich, eine Reflexion über das, was vom Leben bleibt, wenn der Tod uns alle geholt hat. Der Dichter und Komponist Juan del Enzina stammte von spanischen Juden ab, die 1492 zwangsgetauft worden waren, und ungeachtet der Tatsache, dass er nie den spanischen Königen diente, nahm er mit seiner Musik doch auch am politischen Geschehen teil und schrieb unter anderem eine ergreifende Klage über den Tod Philipps des Schönen.

Ebenso vielfältig wie die Ländereien und Besitzungen, die Karl V. ererbt hatte, waren auch die musikalischen Traditionen, die in seinem Reich, in dem niemals die Sonne unterging, gepflegt wurden. Während in Frankreich der Chanson und der Tanzmusik große Aufmerksamkeit zuteil wurde und französische Tänze wie etwa der Tourdion durch Bücher wie die Tanzlehre Orchésographie des nordfranzösischen Klerikers Thoinaut Arbeau in ganz Europa verbreitet waren, pflegte man in Italien die musikalischen

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Karl V. reicht Titian den Pinsel. Pierre-Nolasque Bergeret (1808)

Unterschiede zwischen den Regionen. Adrian Willaert etwa, der aus Flandern stammende Markuskapellmeister in Venedig, veröf-fentlichte 1545 eine Sammlung neapolitanischer Unterhaltungs-musik, in der sich auch die Canzona Vecchie letrose findet. Der Lieblingskomponist des Kaisers war Josquin Desprez und sein Lieblingslied Josquins vierstimmige Chanson Mille regretz, deren melancholischer Ton offenbar gut zu seiner eigenen Grundstim-mung passte. Der spanische Komponist und Vihuelaspieler Luis de Narváez, der sich oft im Gefolge Karls V. aufhielt, bearbeitete diese Chanson für die Vihuela und nannte diese Bearbeitung La Canción del Emperador. Instrumentale Variationen über beliebte Vokalkompositionen waren in Spanien, dem Land der Lauten, Gitarren und Vihuelas, besonders beliebt; Antonio de Cabezóns Diferencias sobre la Dama le demanda über die berühmte Chanson Belle que tien ma vie, die in Arbeaus Orchésographie für die Choreo-graphie der Pavane steht, gehören ebenso dazu wie das Ricercare des venezianischen Komponisten Hieronymus Parabosco über die geistliche Antiphon Da pacem, domine. Karl V. pflegte aber auch zu spanischen Komponisten gute Kontakte; neben Cabezón schätzte er Cristobal de Morales sehr, den Spanier, der zehn Jahre lang als päpstlicher Sänger in Rom wirkte. Morales komponierte vor allem Messen und Motetten, seine Motette Circumdederunt me gemitus mortis etwa wurde bei Totenfeiern gesungen.

Von Josquin ist auch eine Instrumentalkomposition mit dem Titel Vive le Roy überliefert, die wohl eher auf den französischen König Ludwig XII. gemünzt ist, sich aber dennoch auch für die Akklamation anderer Herrscher eignete. Solche Huldigungsstücke waren beliebte Kompositionen, mit denen Kaiser und Könige für medialen Glanz sorgten. Von Carlo Verardi, der 1494 ein Buch über den Fall von Granada geschrieben hatte, stammt auch ein Huldigungslied über Ferdinand und Isabella: «Es lebe der große König Ferdinand!» – so beginnt dieses Lied, das alle Tugenden der katholischen Könige nacheinander aufzählt. Welche Auswirkun-gen die Vertreibung Andersgläubiger hatte, wird an den zahlrei-chen sephardischen Gesängen deutlich, die seit dieser Zeit in Spanien mündlich überliefert werden – jüdische Klagelieder, die an die Vertreibung erinnern.

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Zu den musikalischen Ideen, die für herrscherliche Huldigungen entwickelt wurden, gehörte auch die «Battaglia», zu Deutsch «Schlachtenmusik». Als ihr Erfinder gilt Clément Janequin, der um 1530 die Schlacht bei Marignano, in der François I. 1515 einen großen Sieg errang, zu einer Chanson voller lautmaleri-schem Kriegslärm verarbeitet hatte – Fanfarenmelodik, Trompe-tenklänge und Trommelwirbel. Instrumentale Versionen dieser Chanson mit dem Titel La Guerre verbreiteten sich in Windeseile über ganz Europa. Auch Tylman Susatos Pavana La Battaglia ist in diesem Kontext entstanden. Und Matteo Flecha, der Musik-lehrer der beiden Töchter Kaiser Karls V., komponierte verschie-dene «Ensaladas», typisch spanische Potpourris, die von einer Mischung aus volkstümlichen und polyphonen Teilen in unter-schiedlichen Sprachen lebten, darunter auch eine mit dem Titel La guerra, in der ausführlich von mutigen Soldaten und ihren Aufgaben im Felde die Rede ist.

Der Krieg, die Schlachten, das Gemetzel prägten das Leben Kaiser Karls V. mehr als alles andere. Dennoch fand auch er bis-weilen die Muße, sich den schönen Seiten des Lebens zuzuwen-den. Die Musik gehörte für ihn dazu; auch in dem kleinen Hof-staat, der ihn nach seiner Abdankung in das Kloster San Jerónimo de Yuste in der Extremadura begleitete, fanden sich Personen mit musikalischen Interessen. Vielleicht sind einige der Kompositio-nen dieses Konzerts auch dort erklungen.

Silke Leopold (* 1948 in Hamburg) war von 1996 bis 2014 Ordinaria für Musikwissenschaft an der Universität Heidelberg. Ihre Veröffentlichungen umfassen ein breites Spektrum der Musikgeschichte. Hierzu zählen der Oratorienführer (2000, hg. gemeinsam mit Ullrich Scheideler), das Mozart-Handbuch (2005, 2016), Händel. Die Opern (2009, 2012), «Ich will Musik neu erzählen». René Jacobs im Gespräch mit Silke Leopold (2013) sowie Claudio Monteverdi. Biografie (2017).

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www.fondation-eme.lu

Happy 10th Birthday Fondation EME

08.02.20:00 Concert de bienfaisance GERSHWIN Concerto in F DVOŘÁK Symphonie N° 9 «Du Nouveau Monde»

09.02.À partir de / Ab 14:00 EME Family Day Entrée libre / Freier EintrittJournée portes ouvertes / Tag der offenen Tür

La Capella Reial de Catalunya

SopranoLucía Martín-Cartón

MezzosopranoViva Biancaluna Biffi

ContreténorDavid Sagastume

TénorVíctor SordoLluís Vilamajó

BarytonFurio Zanasi

BasseDaniele Carnovich

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Hespèrion XXI

CornettoJean-Pierre Canihac

ChalemieBéatrice Delpierre

SacquebouteDaniel Lassalle

DoulcianeJoaquim Guerra

Viole de gambe sopranoJordi Savall

Viole de gambe ténorSergi Casademunt

Viole de gambe basseImke DavidLorenz Duftschmid

Vihuela et guitareXavier Díaz-Latorre

PercussionPedro Estevan

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InterprètesBiographies

La Capella Reial de CatalunyaSuivant le modèle des fameuses «Chapelles Royales» médiévales pour qui furent créés les nombreux chefs-d’œuvre de musique sacrée et profane de la péninsule ibérique, Montserrat Figueras et Jordi Savall fondèrent en 1987 La Capella Reial, l’un des premiers ensembles vocaux consacrés à l’interprétation des musiques du baroque espagnol, dites «des Siècles d’Or» sur des critères historiques et comprenant exclusivement des voix hispaniques et latines. À partir de 1990, cette formation reçoit le parrainage régulier de la Generalitat de Catalunya et dès ce moment s’est appelée La Capella Reial de Catalunya. Ce nouvel ensemble s’est consacré à la collecte et à l’interprétation du patrimoine vocal polyphonique médiéval et des Siècles d’Or hispaniques et européens antérieurs au 19e siècle, faisant de la pratique historiquement informée la base de ses interprétations. Dans la même ligne artistique qu’Hespèrion XXI, et chaque fois dans le plus grand respect de la profonde dimension spirituelle et artistique des œuvres, La Capella Reial de Catalunya a su combiner magistralement la qualité et l’adéquation au style de l’époque aussi bien que la déclamation et la projection expressive du texte poétique. Son ample répertoire va de la musique médiévale des cultures de la Méditerranée aux grands maîtres catalans, ibériques et européens de la Renaissance et du baroque. Cet ensemble a aussi triomphé dans des productions d’opéras baroques et classiques et lors d’incursions dans des compositions contemporaines d’Arvo Pärt. On remarque tout particulièrement sa participation à la bande-son du film Jeanne la Pucelle (1993) de Jacques Rivette sur la vie de Jeanne d’Arc. En 1992,

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La Capella Reial de Catalunya fait ses débuts à l’opéra en parti-cipant en tant que chœur à toutes les représentations où figure Le Concert des Nations. La discographie propre à cet ensemble comprend plus de 40 disques qui ont souvent été couronnés de prix et de récompenses. Sous la direction de Jordi Savall, La Capella Reial de Catalunya continue à développer une intense activité de concerts et d’enregistrements autour du monde et, en tant que membre de la Fundació Centre Internacional de Música Antiga, participe régulièrement aux festivals internationaux de musique ancienne.

La Capella Reial de CatalunyaNach dem Modell der berühmten Capelles Reials, der höfischen Musikensembles im Mittelalter, für die auf der Iberischen Halb-insel große Meisterwerke sakraler und profaner Musik komponiert wurden, haben Montserrat Figueras und Jordi Savall im Jahr 1987 La Capella Reial gegründet, eines der ersten Vokalensem-bles, die sich, basierend auf historischen Kriterien, der Interpre-tation der Musik des spanischen Barock, des sogenannten

La Capella Reial de Catalunyaphoto: Toni Peñarroya

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goldenen Zeitalters, widmet und dem ausschließlich Sänger und Sängerinnen Iberiens und Lateinamerikas angehören. Seit die katalanische Landesregierung (Generalitat de Catalunya) im Jahr 1990 die Schirmherrschaft übernommen hat, nennt sich das Ensemble La Capella Reial de Catalunya. Die Gruppe widmet sich der Wiederentdeckung und Aufführung der poly-phonen Vokalmusik des Mittelalters und des spanischen golde-nen Zeitalters sowie der vor dem 19. Jahrhundert entstandenen europäischen Musik, wobei die Erforschung der historischen Aufführungspraxis die Grundlage der Interpretation ist. Auf der gleichen künstlerischen Linie wie das Instrumentalensemble Hespèrion XXI, kombiniert La Capella Reial de Catalunya immer mit Achtung vor der tiefen spirituellen und künstlerischen Dimension der Werke die Qualität der Ausführung und Anpassung an den Stil der jeweiligen Epochen mit dem ausdrucksvollen Vortrag der poetischen Texte. Das umfassende Repertoire des Ensembles reicht von der mittelalterlichen Musik der mediterra-nen Kulturen bis hin zu den großen Meistern der katalanischen, iberischen und europäischen Renaissance und des Barock. Zu seinen Erfolgen gehören aber auch die Aufführung einiger Opern des Barock und des Klassizismus und ein Abstecher in die zeitgenössische Musik mit Kompositionen von Arvo Pärt. Hervorzuheben ist ebenfalls die Mitgestaltung der Filmmusik zu Jeanne La Pucelle (1993) von Jacques Rivette über das Leben der Jeanne d’Arc. Im Jahr 1992, debütierte La Capella Reial de Catalunya im Operngenre und begleitete als Chor alle Auffüh-rungen des Orchesters Le Concert des Nations. Die mehr als 40 CDs umfassende Diskografie des Ensembles hat zahlreiche Auszeichnungen und Preise erhalten. Unter der Leitung von Jordi Savall gibt La Capella Reial de Catalunya zahlreiche Kon-zerte in der ganzen Welt, nimmt Platten auf und hat als Teil der Stiftung Centre Internacional de Música Antiga einen festen Platz bei den wichtigsten internationalen Festivals alter Musik.

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Hespèrion XXIEn 1974, à Bâle, Jordi Savall et Montserrat Figueras fondent, aux côtés de Lorenzo Alpert et Hopkinson Smith, le groupe Hespèrion XX, un ensemble de musique ancienne qui souhaitait récupérer et diffuser le patrimoine musical riche et fascinant antérieur au 19e siècle à partir de nouvelles prémisses: les critères historiques et les instruments originaux. Son nom, Hespèrion, signifie «originaire d’Hespérie» qui, en grec ancien, désignait les deux péninsules les plus occidentales d’Europe: l’ibérique et l’italienne. C’était aussi le nom que recevait la planète Vénus quand elle apparaissait à l’Occident. Dès l’an 2000, Hespèrion XX change son nom par celui d’Hespèrion XXI. Hespèrion XXI est aujourd’hui une référence incontournable pour comprendre l’évolution de la musique dans la période allant du Moyen Âge au baroque. Son travail de récupération d’œuvres, partitions, instruments et documents inédits possède une double valeur incalculable: d’une part, le travail de recherche rigoureux et d’autre part, la remarquable exécution des interprétations. Dès ses débuts, Hespèrion XXI a adopté une orientation artistique claire et innovante qui finit par faire école au sein du paysage mondial de la musique ancienne car le groupe concevait, et conçoit encore, la musique ancienne comme un outil d’expéri-mentation musicale avec laquelle il recherche la plus grande beauté et la plus haute expressivité dans les interprétations. Tout interprète de musique ancienne prend un engagement par rapport à l’esprit original de chaque œuvre et doit apprendre à connecter avec celui-ci en étudiant son auteur, les instruments de l’époque, l’œuvre en soi et ses circonstances concrètes. Tou-tefois, en tant qu’artisan de la musique, il est également obligé de prendre des décisions sur ce qu’il interprète: de son talent, de sa créativité et de sa capacité à transmettre des émotions dépend sa capacité à connecter le passé avec le présent, la culture avec sa divulgation. Le répertoire d’Hespèrion XXI inclut, entre autres, des œuvres du répertoire sépharade, des romances castillanes, des pièces du Siècle d’Or espagnol et de l’Europe des Nations. Certains de ses programmes de concerts les plus applaudis ont été Las Cantigas de Santa Maria d’Alfonso X el Sabio, La Diàspora Sefardí, les musiques de Jérusalem, d’Istanbul,

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d’Arménie ou les Folías Criollas. Grâce au grand travail réalisé par les nombreux musiciens et collaborateurs qui ont pris part aux activités de l’ensemble au cours de toutes ces années, Hespèrion XXI joue encore un rôle clé dans la récupération et la revalorisation du patrimoine musical, avec une répercussion à

Hespèrion XXI & La Capella Reial de Catalunyaphoto: David Ignaszewski

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l’échelle mondiale. Avec plus de 60 disques édités, la formation donne aujourd’hui des concerts dans le monde entier et participe régulièrement aux festivals internationaux de musique ancienne.

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Hespèrion XXIIm Jahr 1974 gründeten Jordi Savall und Montserrat Figueras zusammen mit Lorenzo Alpert und Hopkinson Smith in Basel Hespèrion XX, ein Ensemble für alte Musik, das das reiche und faszinierende Repertoire aus der Zeit vor dem 19. Jahrhundert unter neuen Voraussetzungen erhalten und bereichern wollte. Diese neuen Voraussetzungen waren die historischen Kriterien, die angewendet wurden, und die Originalinstrumente. Der Name Hespèrion bedeutet «aus Hesperien», im Altgriechischen die Bezeichnung für die beiden westlichsten Halbinseln Europas, Hispanien und Italien. Es war auch der Name, den der Planet Venus erhielt, wenn er im Westen erschien. Hespèrion XX wurde im Jahr 2000 in Hespèrion XXI umgetauft. Hespèrion XXI ist heute ohne Zweifel eine Referenz, wenn man die Entwicklung der Musik im Zeitraum zwischen dem Mittelalter und Barock verstehen möchte. Die Arbeit dieses Ensembles, die in der Erhaltung von Werken, Partituren, Instrumenten und nicht veröf-fentlichten Dokumenten besteht, ist von unberechenbarem Wert. Auf der einen Seite steht die strenge Forschungsarbeit und zum anderen ist da die ausgezeichnete Qualität der Inter-pretationen. Von Anfang an schlug Hespèrion XXI einen klaren und innovativen künstlerischen Kurs ein, der dazu führte, dass auf weltweiter Ebene eine Schule der alten Musik entstand, denn man empfand und gestaltete die alte Musik wie ein Werk-zeug des musikalischen Experimentierens. Man suchte in ihr die größte Schönheit und Ausdruckskraft der Interpretation. Jeder, der alte Musik interpretiert, ist dem ursprünglichen Geist jedes Werkes verpflichtet, und er muss lernen, durch das Stu-dium des Komponisten, der Instrumente der Epoche, des Werkes und seiner konkreten Umstände eine Verbindung mit dem Werk aufzunehmen. Aber als Handwerker der Kunst ist er auch dazu gezwungen, Entscheidungen über das zu fällen, was er interpretiert. Von seinem Talent, seiner Kreativität und seiner Kapazität, Emotionen zu vermitteln, hängt seine Fähigkeit ab, mit der Vergangenheit und der Gegenwart, mit der Kultur und ihrer Verbreitung Verbindung aufzunehmen. Das Repertoire von Hespèrion XXI umfasst unter anderem Werke aus dem Reper-toire der Sepharden, kastilische Romanzen, Werke aus dem

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Jordi Savallphoto: David Ignaszewski

goldenen Zeitalter Spaniens und des Europas der Nationen. Zu den erfolgreichsten Programmen des Ensembles gehören Las Cantigas de Santa Maria d’Alfonso X el Sabio, La Diàspora Sefardí und die Musik aus Jerusalem, Istanbul, Armenien und die kreolischen Folia. Dank der ausgezeichneten Arbeit zahlrei-cher Musiker und Mitarbeiter, die in all diesen Jahren mit dem Ensemble zusammengearbeitet haben, spielte und spielt Hespèrion XXI eine entscheidende Rolle in der Erhaltung und Aufwertung des musikalischen Nachlasses mit großem Einfluss auf weltweiter Ebene. Das Ensemble hat über 60 Alben veröf-fentlicht, und auch in der Gegenwart spielt es auf der ganzen Welt und ist auf allen internationalen Festivals der alten Musik zu hören.

Jordi Savall viole de gambe soprano, directionJordi Savall est une personnalité musicale parmi les plus polyva-lentes de sa génération. Depuis plus de cinquante ans, il fait connaître au monde des merveilles musicales abandonnées à l’obscurité de l’indifférence et de l’oubli. Il découvre et interprète ces musiques anciennes, sur sa viole de gambe ou en tant que chef. Ses activités de concertiste, de pédagogue, de chercheur et de créateur de nouveaux projets, tant musicaux que culturels, le situent parmi les principaux acteurs du phénomène de revalo-risation de la musique historique. Il a fondé avec Montserrat Figueras les ensembles Hespèrion XXI (1974), La Capella Reial de Catalunya (1987) et Le Concert des Nations (1989) avec lesquels il a exploré et créé un véritable univers, qu’il diffuse dans le monde entier pour le bonheur de millions d’amoureux de la musique. Au fil de sa carrière, il a enregistré et édité plus de 230 disques dans les répertoires médiévaux, renaissants, baroques et classiques, avec une attention particulière portée au patrimoine musical hispanique et méditerranéen. Ce travail a été souvent récompensé par de nombreux prix comme plusieurs Midem Awards, des International Classical Music Awards et un Grammy Award. Ses programmes de concerts ont su convertir la musique en un instrument de médiation pour l’entente et la paix entre les peuples et les cultures différentes, parfois en conflit.

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En 2008, Jordi Savall a été nommé Ambassadeur de l’Union Européenne pour un dialogue interculturel et, aux côtés de Montserrat Figueras, «Artiste pour la Paix», dans le cadre du programme «Ambassadeurs de bonne volonté» de l’UNESCO. Sa féconde carrière musicale a été couronnée de récompenses et de distinctions tant nationales qu’internationales parmi lesquelles le titre de Docteur Honoris Causa des Universités d’Evora (Portugal), de Barcelone (Catalogne), de Louvain (Belgique), de Bâle (Suisse) et d’Utrecht (Pays-Bas). Il a aussi reçu l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur de la République Française, le Prix International de Musique pour la Paix du Ministère de la Culture et des Sciences de Basse Saxe, la Medalla d’Or de La Generalitat de Catalogne et le prestigieux prix Léonie Sonning, considéré comme le Prix Nobel de la musique.

Jordi Savall Viola da gamba, LeitungJordi Savall ist eine der vielseitigsten Persönlichkeiten unter den Musikern seiner Generation. Seit mehr als fünfzig Jahren macht er die Welt mit musikalischen Wunderwerken bekannt, die er dem Dunkel der Gleichgültigkeit und des Vergessens entreißt. Er widmet sich der Erforschung der alten Musik, weiß sie zu lesen und interpretiert sie mit seiner Gambe oder als Dirigent. Seine Konzerte, aber auch sein Wirken als Pädagoge, Forscher und Initiator neuer musikalischer oder kultureller Projekte haben wesentlich zu einer neuen Sichtweise der alten Musik beigetragen. Zusammen mit Montserrat Figueras gründete er die Ensembles Hespèrion XXI (1974), La Capella Reial de Catalunya (1987) und Le Concert des Nations (1989). Mit ihnen erforscht und erschafft er seit Jahrzehnten ein Universum voller Emotion und Schönheit für Millionen von Liebhabern alter Musik in der ganzen Welt. In seiner Musikerlaufbahn hat Savall mehr als 230 Platten aufgenommen. Das Repertoire reicht von Musik des Mittelalters über Renaissance-Musik bis hin zu Kompositionen des Barock und des Klassizismus, wobei er einen besonderen Schwerpunkt auf die iberische und mediterrane Tradition legt. Die CDs erhielten zahlreiche Auszeichnungen, darunter mehrere Midem Classical Awards, International Classical

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Music Awards und einen Grammy. Seine Konzertprogramme haben die Musik zu einem Mittel der Verständigung und des Friedens zwischen unterschiedlichen und manchmal auch ver-feindeten Völkern und Kulturen gemacht. Nicht ohne Grund wurde Jordi Savall 2008 zum Botschafter der Europäischen Union für den kulturellen Dialog und gemeinsam mit Montserrat Figueras im Rahmen des UNESCO-Programms «Botschafter des guten Willens» zum «Künstler für den Frieden» ernannt. Jordi Savalls ertragreiches Musikschaffen wurde mit den höchsten nationalen und internationalen Auszeichnungen gewürdigt, darunter der Titel des Doctor Honoris Causa der Universitäten von Évora (Portugal), Barcelona (Katalonien), Löwen (Belgien) und Basel (Schweiz). Die Französische Republik verlieh Jordi Savall den Titel eines Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur und vom niedersächsischen Kultusministerium erhielt er den Praetorius Musikpreis Niedersachsen 2010 in der Kategorie «Internationaler Friedensmusikpreis»; die katalanische Landesregierung zeichnete ihn mit der Goldmedaille für beson-dere Verdienste aus, und im Jahr 2012 wurde sein Lebenswerk mit dem angesehenen, einem Nobelpreis für Musik gleichkom-menden, dänischen Musikpreis Léonie Sonning prämiert.

Avec le soutien du Département de la Culture de la Generalitat de Catalunya et de l’Institut Ramon Llull.Mit der Unterstützung des Departament de Cultura der Generalitat de Catalunya und des Institut Ramlon Lull.

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La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

Impressum

© Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2019Pierre Ahlborn, PrésidentStephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan GehmacherRédaction: Lydia Rilling, Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Christoph Gaiser, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour Design: Pentagram Design LimitedImprimé au Luxembourg par: WEPRINT Tous droits réservés.

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