Adaptation Cognitive et Vieillissement - Thèses

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Université Victor Segalen Bordeaux 2 UFR des Sciences de l’Homme Laboratoire de Psychologie EA 4139 Année 2010 Thèse n° Adaptation Cognitive et Vieillissement : entre Automatisme et Flexibilité Thèse pour le doctorat de l’université Bordeaux 2 Mention : Psychologie Présentée et soutenue publiquement Le 13 décembre 2010 Par Isabelle TOURNIER Née le 01 juin 1982 à Périgueux Membres du Jury Louis BHERER, Professeur ..........................................................Rapporteur Université du Québec à Montréal, CANADA Jean BOUISSON, Professeur ........................................................Examinateur Université Bordeaux 2, France David CLARYS, Professeur .........................................................Examinateur Université de Poitiers, FRANCE Marie-Christine GELY-NARGEOT, Professeur ..........................Rapporteur Université de Montpellier, FRANCE Stéphanie MATHEY, Professeur ..................................................Directeur de Thèse Université Bordeaux 2, FRANCE Virginie POSTAL-LE DORSE, Maître de Conférences ...............Co-directeur de Thèse Université Bordeaux 2, FRANCE

Transcript of Adaptation Cognitive et Vieillissement - Thèses

Université Victor Segalen Bordeaux 2

UFR des Sciences de l’Homme

Laboratoire de Psychologie EA 4139

Année 2010 Thèse n°

Adaptation Cognitive et Vieillissement :

entre Automatisme et Flexibilité

Thèse pour le doctorat de l’université Bordeaux 2 Mention : Psychologie

Présentée et soutenue publiquement

Le 13 décembre 2010

Par Isabelle TOURNIER

Née le 01 juin 1982 à Périgueux

Membres du Jury

Louis BHERER, Professeur .......................................................... Rapporteur Université du Québec à Montréal, CANADA

Jean BOUISSON, Professeur ........................................................ Examinateur Université Bordeaux 2, France

David CLARYS, Professeur ......................................................... Examinateur Université de Poitiers, FRANCE

Marie-Christine GELY-NARGEOT, Professeur .......................... Rapporteur Université de Montpellier, FRANCE

Stéphanie MATHEY, Professeur .................................................. Directeur de Thèse Université Bordeaux 2, FRANCE

Virginie POSTAL-LE DORSE, Maître de Conférences ............... Co-directeur de Thèse Université Bordeaux 2, FRANCE

i

Remerciements

Je remercie profondément Virginie Postal et Stéphanie Mathey pour avoir accepté de

m’encadrer durant cette thèse. Je ne saurais assez vous remercier de toute l’attention que vous

avez porté à ce travail, à travers une grande disponibilité, une grande écoute et de très

nombreux conseils. Je vous suis reconnaissante de la confiance et de la bienveillance que vous

m’avez témoignée dans le cadre de cette thèse et également dans les à-côtés universitaires.

J’espère que vous me pardonnerez ce paragraphe commun de remerciements, mais j’ai préféré

éviter les redondances en cédant à un principe d’économie cognitive …. Encore merci.

Je remercie chaleureusement Louis Bherer de me faire l’honneur et le plaisir d’avoir

accepté de participer à ce jury. Merci infiniment de m’avoir accueillie durant de nombreux

mois au sein de ton laboratoire à Montréal. Ce fut une expérience unique et très riche, tant

scientifiquement qu’humainement.

Je remercie très sincèrement Marie-Christine Gély-Nargeot et David Clarys de leur

présence dans ce jury. Je suis très touchée de l’honneur que vous me faites en acceptant de

juger ce travail. Veuillez accepter mes plus sincères remerciements pour votre présence.

Je remercie vivement Jean Bouisson de me faire le plaisir de participer à ce jury. Je lui

suis également reconnaissante de m’avoir acceptée, il y a maintenant 6 ans, au sein du Master

2 Professionnel de Psychologie Clinique, option Psychogérontologie et Santé Publique, qu’il

dirige. Cette année de Master, à travers ses enseignements et ses stages, m’a permise

d’enrichir ma vision du vieillissement et des questions qui lui sont associées. Merci de

nouveau de l’honneur que vous me faites.

Je remercie Thierry Atzeni et Jean Bégin, respectivement ingénieurs de recherche à

l’Université Bordeaux 2 et à l’Université du Québec à Montréal, pour leur disponibilité face à

mes interrogations statistiques. Merci également à Françoise Bordes pour l’aide qu’elle m’a

apportée dans la finition de la mise en page de ce travail.

Je remercie sincèrement Michèle Desjardins, en doctorat à l’école Polytechnique de

Montréal, de l’aide apportée pour la programmation et les analyses des données d’imagerie

optique. Je remercie Christophe Delaloye et Sara Bélanger du complément d’informations

qu’ils m’ont donnée concernant leurs versions de la tâche de Hayling.

ii

Merci à l’ensemble des participants, jeunes comme âgés, Français comme Québécois,

qui ont accepté de participer à ce travail et rendu cette thèse possible. Merci infiniment de

l’intérêt que vous m’avez portée. Je remercie sincèrement Jean-Jacques Amyot, directeur de

l’OAREIL, de m’avoir permis de franchir les portes de l’Université du Temps Libre de

Bordeaux pour y rencontrer ces adhérents. Merci de votre confiance durant toutes ces années.

Je remercie Ray Cook pour la rapidité avec laquelle il a toujours répondu à mes

demandes de corrections d’anglais. Je lui suis extrêmement reconnaissante, ainsi qu’à Sue

Birch-Bécaas, pour toute l’aide et les conseils qu’ils ont pu nous apporter, à moi et aux autres

doctorants, à travers leurs enseignements et le logiciel TYOS. Merci également pour le

dynamisme et la grande offre d’activités proposées au Centre de Langues de Bordeaux

Victoire, avec une pensée particulière pour sa secrétaire et les chargés de cours/lecteurs que

j’ai eu l’occasion d’y côtoyer.

J’adresse un remerciement à l’ensemble des membres de l’équipe de psychologie

cognitive, notamment à mes collègues de bureau, avec qui j’ai partagé de nombreuses heures

et également de nombreux bons moments ces dernières années… Je remercie tout

particulièrement Delphine pour m’avoir accueillie dans sa famille et m’avoir ainsi donnée la

possibilité de rencontrer des Saint-Severins et des Saint-Severines âgés. Merci à Blandine

pour avoir répondu inlassablement à mes interrogations orthographiques. Je remercie

également « Florent le jardinier » d’avoir su ressusciter Bégonia, et William pour ses

(nombreux) détours par le distributeur automatique ou la machine à café. De eux deux, ainsi

que de Pamela, je garderai aussi le souvenir de « bières après l’anglais », précieux moments

de décompression le soir venu. Et qui, désormais, ne font plus toujours suite aux groupes de

discussion en anglais…Merci à Camille pour ses ranges-Cd et tous les conseils qu’elle me

prodigue, même outre-Atlantique. Profite bien des bagels pour moi !

Je remercie également très sincèrement l’ensemble des membres de l’équipe de Louis

Bherer, qui m’ont accueillie avec chaleur et spontanéité. Je les remercie pour tous ces bons

moments passés ensemble. Un merci tout particulier à Christine, Laurence et Maxime. Je me

souviendrai longtemps de cette ballade en char, direction London (en Ontario !), via Toronto

et les chutes du Niagara, le tout sur fond de Jean Leloup et de François Pérusse. Christine,

merci encore de la facilité avec laquelle tu m’as associée à ton travail et de toute l’aide et des

informations que tu m’as apportée. Laurence, merci pour toute l’énergie et l’intérêt que tu as

montré pour ce projet. Votre implication et votre bonne humeur ont rendu moins longues les

iii

deux heures de testing, dans le noir, à 8 heures le matin .... Merci de votre amitié et pour tous

les bons moments passés ensemble.

Merci à mes amies « Bretzels » rencontrées durant mon master 2 professionnel. C’est

toujours un plaisir de vous voir, que ce soit pour un congrès, une régulation ou tout

simplement un resto. Merci également à Alexia Lagarde d’avoir accepté que je sois sa

première stagiaire et de m’avoir accueillie au sein du CLIC du Bergeracois. Merci des

conseils (et œufs frais !) que tu m’offres encore aujourd’hui. Merci à Sylvie pour les séances

de « course à pied-catharsis » l’année dernière, parfaite manière d’abaisser les tensions et de

repartir du bon pied … Merci à Pierre pour les séances « café-ciné-philo ». Je ne suis pas sûre

de toujours tout comprendre, mais j’essaye !! Léa, merci de ton amitié depuis toutes ces

années et pour tous tes conseils avisés autour d’un thé bio. Bravo pour ton implication dans

l’insertion des psychologues nouvellement diplômés. Morgane, merci pour ce « road-trip » en

Irlande et plus récemment en Bretagne. Merci de ton amitié. Merci enfin à Laura, avec qui je

suis ravie de pouvoir continuer les discussions « in French ». Merci pour ton inspirant

dynamisme et esprit d’aventure.

Je remercie également tous mes amis périgourdins, et plus particulièrement Sophie (et

sa mère !) de m’avoir si souvent accueillie. Cela restera de très bons souvenirs. Merci à Cécile

pour son amitié et le partage de ses connaissances concernant l’éthologie équine. Merci

également de me laisser prendre soin de ton fidèle Fifty.

Enfin, je remercie ma famille, de sang comme par alliance, pour le soutien et le regard

bienveillant qu’elle m’a offert durant mes études et plus particulièrement durant cette thèse.

Merci à mon père d’avoir su parfois ne pas insister lorsqu’il souhaitait savoir où j’en étais

dans ma thèse.

Je ne peux finir ces remerciements sans avoir une pensée toute particulière pour ma

mère et mon frère Christophe. Si les souvenirs d’enfance sont vraiment plus vifs et présents

durant le grand-âge, alors j’ai réellement hâte d’y arriver.

iv

Il est entendu que la première réussite du vieillissement, c’est de … vivre longtemps.

Dubé (2003)

v

TABLE DES MATIERES

- INTRODUCTION - ............................................................................................................................................ 1

- CHAPITRE 1- AUTOMATISME ET FLEXIBILITE AU COURS DU VIEILLISSEMENT

APPROCHE THEORIQUE .................................................................................................... 3

1. PROCESSUS AUTOMATIQUES ET CONTROLES ................................................................................... 3

1.1. Distinction proposée par Shiffrin et Schneider ....................................................................................... 3

1.2. Evolution de la dichotomie automatique-contrôlé .................................................................................. 4

2. AUTOMATISME ET CONTROLE ............................................................................................................... 6

2.1. Le Modèle de contrôle de l’attention ...................................................................................................... 6

2.2. L’administrateur central ......................................................................................................................... 8

3. VIEILLISSEMENT ET AUTOMATISMES : LE CAS DE L’ACCES EN MEMOIRE SEMANTIQUE ...... 9

3.1. Vieillesse et vieillissement ...................................................................................................................... 9

3.2. Diffusion de l’activation en mémoire sémantique ................................................................................ 11

3.3. Diffusion de l’activation et vieillissement ............................................................................................. 13

3.4. Amorçage sémantique et vieillissement ................................................................................................ 15

3.5. Synthèse : automatismes en mémoire sémantique et vieillissement ...................................................... 16

4. VIEILLISSEMENT ET PROCESSUS CONTRÔLES ................................................................................. 17

4.1. Fonctions exécutives et processus contrôlés ........................................................................................ 17

4.2. Inhibition et vieillissement .................................................................................................................... 19

4.2.1. Inhibition automatique, contrôlée et effet du vieillissement ........................................................................... 19

4.2.2. La tâche de Hayling ........................................................................................................................................ 21

4.3. Flexibilité et vieillissement ................................................................................................................... 27

4.3.1. Flexibilité spontanée, réactive et effet du vieillissement ................................................................................ 27

4.3.2. La fluidité verbale ........................................................................................................................................... 29

4.4. Synthèse : inhibition, flexibilité et vieillissement .................................................................................. 31

5. RESSOURCES, HABILETES FLUIDES ET CRISTALLISEES ................................................................ 33

5.1. Ressources de traitement et vieillissement............................................................................................ 34

5.1.1. Vitesse de traitement ...................................................................................................................................... 35

5.1.2. Mémoire de travail.......................................................................................................................................... 36

vi

5.2. Vocabulaire et vieillissement ................................................................................................................ 37

5.2.1. Effet du vieillissement .................................................................................................................................... 37

5.2.2. Épreuves de vocabulaire et processus cognitifs sous-tendus .......................................................................... 38

5.3. Activités quotidiennes et Ressources .................................................................................................... 40

5.3.1. Activités cognitives et capacité de réserve ..................................................................................................... 40

5.3.2. Modèle d’optimisation sélective avec compensation ...................................................................................... 41

5.3.3. Routinisation et habitudes............................................................................................................................... 42

5.4. Flexibilité cognitive et rigidité comportementale ................................................................................. 44

5.4.1. Besoin de clôture et ressources cognitives ...................................................................................................... 45

5.4.2. Routinisation et fonctionnement cognitif ........................................................................................................ 46

5.5. Ressources cognitives et personnes très âgées ..................................................................................... 47

5.6. Synthèse : ressources et vieillissement ................................................................................................. 48

6. FLUIDITE SEMANTIQUE SIMPLE........................................................................................................... 49

6.1. Regroupements et alternances .............................................................................................................. 49

6.1.1. Regroupements, processus automatiques et vieillissement ............................................................................. 50

6.1.2. Alternances, processus contrôlés et vieillissement ......................................................................................... 51

6.2. Répétitions ............................................................................................................................................ 52

6.3. Décours temporel et accès au lexique .................................................................................................. 54

6.4. Fluidités et ressources cognitives ......................................................................................................... 56

6.5. Synthèse : fluidité sémantique et processus cognitifs ........................................................................... 58

7. FLUIDITE SEMANTIQUE ALTERNEE .................................................................................................... 60

7.1. Fluidité sémantique alternée et processus cognitifs ............................................................................. 62

7.2. Indicateurs en fluidite alternée ............................................................................................................. 64

7.3. Fluidite alternée, indiçage et réduction du coût d’alternance ............................................................. 66

7.4. Synthèse : fluidité sémantique simple et alternée ................................................................................. 68

8. ACTIVITE CEREBRALE ET FLUIDITE SEMANTIQUE ......................................................................... 69

8.1 Mesures hémodynamiques et électrophysiologiques ............................................................................. 70

8.2 Imagerie optique et activation cérebrale ............................................................................................... 71

8.3 Avantages et limites de l’imagerie optique ............................................................................................ 73

8.4. Fluidité sémantique et activations cérébrales durant le vieillissement ................................................ 74

8.4.1. Mesures en IRMf et en TEP ........................................................................................................................... 75

8.4.2. Mesures en IO................................................................................................................................................. 77

8.5. Réduction de l’asymétrie hémispherique au cours du vieillissement .................................................... 80

vii

9. TÂCHE DE HAYLING ................................................................................................................................ 82

9.1. Activation et inhibition sémantique ...................................................................................................... 82

9.2. Formats modifiés de la tâche de Hayling ............................................................................................. 83

9.2.1. Hayling présentation aléatoire ........................................................................................................................ 83

9.2.2. Hayling phrases répétées ................................................................................................................................ 85

9.2.3. Hayling choix forcé ........................................................................................................................................ 86

9.3. Synthèse : tâche de Hayling format standard, alterné et choix forcé ................................................... 87

10. SYNTHESE ET OBJECTIFS EXPERIMENTAUX .................................................................................. 88

- CHAPITRE 2 - AUTOMATISMES ET FLEXIBILITE AU COURS DU VIEILLISSEMENT :

ETUDES EXPERIMENTALES ............................................................................................ 93

1. FLUIDITES SEMANTIQUES SIMPLES ANIMAUX ET VEGETAUX (EXPERIENCE 1) ..................... 93

1.1. Problématique ...................................................................................................................................... 93

1.2. Méthode ................................................................................................................................................ 96

1.3. Résultats ............................................................................................................................................. 102

1.3.1. Nombre de Mots ........................................................................................................................................... 102

1.3.2. Regroupements ............................................................................................................................................. 104

1.3.3. Alternances ................................................................................................................................................... 107

1.3.4. Nombre de répétitions .................................................................................................................................. 112

1.3.5. Nombre de mots 0-30 et 31-60 secondes ...................................................................................................... 113

1.3.6. Corrélations .................................................................................................................................................. 115

1.4. Discussion de l’Expérience 1.............................................................................................................. 119

2. FLUIDITES ALTERNEES AVEC ET SANS INDICE (EXPERIENCE 2) ............................................... 126

2.1. Problématique .................................................................................................................................... 126

2.2. Méthode .............................................................................................................................................. 127

2.3. Résultats ............................................................................................................................................. 129

2.3.1. Nombre de mots ........................................................................................................................................... 130

2.3.2. Nombre d’associations sémantiques ............................................................................................................. 130

2.3.3. Nombre de répétitions .................................................................................................................................. 130

2.3.4. Nombre de persévérations ............................................................................................................................ 131

2.3.5. Corrélations .................................................................................................................................................. 132

2.4. Discussion de l’Expérience 2.............................................................................................................. 132

3. FLUIDITE ALTERNEE TOUS LES 1 OU 2 EXEMPLAIRES (EXPERIENCE 3) ................................... 135

3.1. Problématique .................................................................................................................................... 135

3.2. Méthode .............................................................................................................................................. 136

viii

3.3. Résultats ............................................................................................................................................. 138

3.3.1. Nombre de mots ........................................................................................................................................... 138

3.3.2. Nombre de répétitions .................................................................................................................................. 139

3.3.3. Fréquence des persévérations ....................................................................................................................... 140

3.3.4. Corrélations .................................................................................................................................................. 141

3.4. Discussion de l’Expérience 3.............................................................................................................. 141

3.5. Synthèse : expériences fluidités sémantiques simples et alternées ..................................................... 143

4. IMAGERIE OPTIQUE ET FLUIDITES SEMANTIQUES SIMPLES ET ALTERNEES

(EXPERIENCE 4) ....................................................................................................................................... 146

4.1. Problématique .................................................................................................................................... 146

4.2. Méthode .............................................................................................................................................. 148

4.3. Résultats ............................................................................................................................................. 151

4.3.1. Calcul de régions d’intérêt ............................................................................................................................ 151

4.3.2. Nombre de mots produits.............................................................................................................................. 152

4.3.3. Prononciation et taux de HbO et HbR .......................................................................................................... 152

4.3.4. Fluidité simple et taux de HbO et HbR ......................................................................................................... 155

4.3.5. Fluidité alternée et taux de HbO et HbR ....................................................................................................... 156

4.3.6. Fluidité simple vs. alternée et taux de HbO et HbR ...................................................................................... 157

4.4. Synthèse et discussion de l’Expérience 4 ............................................................................................ 158

5. TÂCHE DE HAYLING PRODUCTION (EXPERIENCES 5A ET 5B) ..................................................... 162

5.1. Problématique .................................................................................................................................... 162

5.2. Méthode .............................................................................................................................................. 164

5.3. Résultats tâche de Hayling simple (Experience 5A) ........................................................................... 170

5.3.1. Temps de réponses........................................................................................................................................ 171

5.3.2. Nombre moyen d’erreurs .............................................................................................................................. 172

5.3.3. Temps de lecture ........................................................................................................................................... 173

5.3.4. Corrélations .................................................................................................................................................. 174

5.3.5. Discussion de l’Expérience 5a ...................................................................................................................... 176

5.4. Résultats tâche de Hayling alternée (Experience 5B) ........................................................................ 178

5.4.1. Temps de réponses........................................................................................................................................ 178

5.4.2. Nombre moyen d’erreurs .............................................................................................................................. 180

5.4.3. Temps de lecture ........................................................................................................................................... 181

5.4.4. Corrélations .................................................................................................................................................. 183

5.4.5. Discussion de l’Expérience 5b ...................................................................................................................... 184

ix

5.5. Synthèse et discussion de l’Expérience 5 ............................................................................................ 185

6. TÂCHE DE HAYLING VERIFICATION (EXPERIENCES 6A ET 6B) .................................................. 190

6.1. Problématique .................................................................................................................................... 190

6.2. Méthode .............................................................................................................................................. 192

6.3. Résultats tâche de Hayling simple (Expérience 6a) ........................................................................... 196

6.3.1. Temps de réponses........................................................................................................................................ 197

6.3.2. Nombre moyen d’erreurs .............................................................................................................................. 199

6.3.3. Temps de lecture ........................................................................................................................................... 199

6.3.4. Corrélations .................................................................................................................................................. 201

6.3.5. Discussion de l’Expérience 6a ...................................................................................................................... 203

6.4. Résultats tâche de Hayling alternée (Experience 6B) ........................................................................ 205

6.4.1. Temps de réponses........................................................................................................................................ 205

6.4.2. Nombre moyen d’erreurs .............................................................................................................................. 207

6.4.3. Temps de lecture ........................................................................................................................................... 208

6.4.4. Corrélations .................................................................................................................................................. 209

6.4.5. Coût local d’alternance ................................................................................................................................. 210

6.4.6. Discussion de l’Expérience 6b ...................................................................................................................... 212

6.5. Synthèse et discussion de l’Expérience 6 ............................................................................................ 214

- CHAPITRE 3 - DISCUSSION GENERALE ............................................................................................... 216

REFERENCES .................................................................................................................................................. 226

ANNEXES ......................................................................................................................................................... 250

ANNEXE A. MOYENNES ESTIMEES ET ERREURS STANDARDS DES EXPERIENCES .......................................... 251

ANNEXE B. ANALYSES SANS LE CONTROLE DU NIVEAU D’ETUDE ................................................................ 255

ANNEXE C. MATERIEL TACHE DE HAYLING PRODUCTION (EXPERIENCE 5) ................................................. 258

ANNEXE D. CONSIGNES TACHE DE HAYLING PRODUCTION (EXPERIENCE 5) ............................................... 260

ANNEXE E. MATERIEL TACHE DE HAYLING VERIFICATION (EXPERIENCE 6) ............................................... 261

ANNEXE F. CONSIGNES TACHE DE HAYLING VERIFICATION (EXPERIENCE 6) .............................................. 265

TABLE DES FIGURES .................................................................................................................................... 267

TABLE DES TABLEAUX ............................................................................................................................... 269

Introduction

1

- INTRODUCTION -

On peut se demander si l’âgé, habitué depuis des années à appliquer

les mêmes schèmes aux mêmes objets, à opérer dans le même milieu

avec plus ou moins d’efficacité, à s’appuyer aussi sur des routines

et des certitudes, n’aurait pas tendance à perdre motivation,

intérêt et envie de connaître avec le temps.

Bizzini (2004)

A travers cette citation, Bizzini introduit l’idée que, à force de répéter différentes

actions au cours de leur vie, les personnes âgées peuvent présenter des comportements moins

flexibles alors que cette flexibilité même est nécessaire à une bonne adaptation.

L’adaptation correspond à l’ensemble des comportements faisant face aux demandes de

l’environnement et qui pour cela requiert la mise en place d’habitudes, la résolution des

problèmes pouvant survenir ainsi que la gestion d’une anxiété importante (Whitbourne, 1985,

cité par Bizzini, 2004). Dans le cadre de la présente thèse, nous avons choisi de nous

intéresser aux fondements cognitifs de l’adaptation, que nous nous permettrons de nommer

adaptation cognitive.

L’idée d’une adaptation réussie renvoie à la notion d’efficacité. Mais il semble

indispensable de considérer également les efforts investis pour obtenir cette efficacité, et cela

d’autant plus que les ressources, notamment cognitives, tendent à se réduire au cours du

vieillissement. Pour cela, nous avons choisi de nous intéresser à l’effet du vieillissement sur

les processus automatiques et les processus contrôlés, qui nous permettent de poser la

question du coût cognitif des traitements. Nous étudierons plus précisément les capacités

d’inhibition et de flexibilité, indispensables à la variabilité des actions. L’inhibition, en

Introduction

2

permettant de suspendre ou arrêter une action en cours, évite la persévération dans l’exécution

de cette action. On peut donc penser qu’elle participerait à la variété des actions et des

comportements. Cette variété serait également dépendante de la flexibilité. En effet, « la

flexibilité est à l’œuvre lorsqu’il s’agit de sélectionner de manière adaptative une nouvelle

réponse en fonction d’une variation dans la situation » (Chevalier & Blaye, 2006, p. 572).

Nous étudierons ces processus d’inhibition et de flexibilité auprès d’adultes jeunes, âgés et

très âgés à l’aide de tâches de fluidité verbale et de tâches de Hayling. Concernant les

ressources dont dispose la personne, nous chercherons à savoir si la vitesse de traitement et la

capacité de mémoire de travail (MDT), considérées comme des ressources de traitement se

réduisant au cours du vieillissement (Light, 1991), peuvent expliquer une partie des

changements liés à l’âge. A l’inverse, nous nous pencherons sur une possible influence

positive du niveau de vocabulaire sur la performance. L’augmentation du vocabulaire, au

cours des années, permet-elle de compenser la réduction d’autres processus cognitifs avec

l’âge lorsque la tâche concerne du matériel langagier ? Enfin, nous chercherons à savoir si une

variable non cognitive, la routinisation, peut être mise en lien avec la performance cognitive.

Alors que la routinisation des activités quotidiennes réduirait la flexibilité des comportements,

est-elle associée à une baisse de la flexibilité cognitive ?

Nous espérons que la présente thèse, à travers ces différentes questions, nous permettra

de mieux comprendre l’influence de l’âge et des ressources venant d’être évoquées sur les

automatismes et la flexibilité d’un point de vue tant cognitif que comportemental. Une

adaptation harmonieuse relèverait ainsi d’un équilibre entre l’automatisme de certaines

actions et traitements cognitifs et la présence d’une flexibilité de ces actions, notamment sous

tendue par l’inhibition et la flexibilité cognitive.

Chapitre 1 : approche théorique

3

- CHAPITRE 1-

AUTOMATISME ET FLEXIBILITE

AU COURS DU VIEILLISSEMENT

APPROCHE THEORIQUE

Les ressources attentionnelles, nécessaires à l’exécution de nombreuses opérations

mentales, seraient disponibles en quantité limitée (Kahneman, 1973, cité dans Hasher &

Zacks, 1979). Cependant, l’importance des ressources requises varierait notamment en

fonction de la nature plus ou moins automatique ou contrôlée de l’opération mentale à mener.

Ainsi, l’exécution des processus les plus automatiques exigerait peu de ressources

attentionnelles alors que celle des processus les plus contrôlés en requerrait de manière

importante (Hasher & Zacks, 1979). Nous allons voir dès à présent que d’autres

caractéristiques distinguent les processus dits automatiques et contrôlés.

1. PROCESSUS AUTOMATIQUES ET CONTROLES

1.1. Distinction proposée par Shiffrin et Schneider

La distinction entre des processus automatiques et contrôlés a été proposée par

Schneider et Shiffrin (1977 ; Shiffrin et Schneider, 1977). Pour cela, Shiffrin et Schneider

(1977) ont fait appel à une tâche de recherche dans laquelle les participants devaient détecter

une cible parmi un ensemble de distracteurs. Plus les distracteurs étaient nombreux, plus les

participants étaient lents à détecter la cible. Cependant, à la suite d’un entraînement prolongé

à cette tâche, l’effet du nombre de distracteurs sur le temps de détection disparaissait. La

répétition de l’activité aurait provoqué l’automatisation des processus cognitifs la sous-

Chapitre 1 : approche théorique

4

tendant. Les processus automatiques se caractérisent par une exécution rapide, non

intentionnelle et irrépressible, alors qu’à l’inverse les processus contrôlés se déclenchent

lentement et sous la volonté de la personne, se montrant alors facilement modifiables même

en cours d’exécution (Schneider & Shiffrin, 1977). Les différentes caractéristiques des

processus automatiques et contrôlés, développées par Schneider et Shiffrin (Schneider &

Shiffrin, 1977; Shiffrin & Schneider, 1977) et reprises plus récemment (Jansma, Ramsey,

Slagter, & Kahn, 2001; Saling & Phillips, 2007; Schneider & Chein, 2003), sont présentées

dans le Tableau 1.

Les processus automatiques, en exigeant peu de ressources mentales, offrent des

traitements économiques et efficaces à l’œuvre lors d’actions bien maîtrisées. Ils autorisent

également le déroulement de plusieurs traitements en parallèle, là où les processus contrôlés,

nécessitant un effort cognitif important, ne le permettent pas (Schneider & Shiffrin, 1977). Ils

présentent ainsi l’avantage d’être peu sensibles aux facteurs entraînant une baisse de la

vigilance tels que le stress ou la fatigue (Shiffrin & Schneider, 1984).

Tableau 1. Caractéristique des processus automatiques et contrôlés

Caractéristiques Processus

Automatique

Processus

Contrôlé

Vitesse d’exécution Rapide Lente

Nature du traitement Parallèle Sérielle

Ressources attentionnelles Faibles Importantes

Sensibilité à la complexité de l’épreuve Absente Importante

Contrôle volontaire par le sujet Absent Important

Caractère répressible/modifiable de l’exécution Difficile Facile

Nature des informations à traiter Habituelles Nouvelles/Modifiées

1.2. Evolution de la dichotomie automatique-contrôlé

Différentes données obtenues en neuroimagerie appuient le postulat que les processus

automatiques nécessitent moins de ressources que les processus contrôlés (pour une revue,

Chapitre 1 : approche théorique

5

Saling & Phillips, 2007). Ainsi, l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf) a

permis de montrer que l’automatisation d’une tâche, consécutive à la répétition de celle-ci,

s’accompagne d’une baisse de l’activation cérébrale dans les régions communément associées

à la MDT. Cette réduction, qui concernait notamment les cortex préfrontaux dorsolatéraux et

frontal supérieur droit, s’accompagnait d’une augmentation de la rapidité et de la précision

des réponses des participants (Jansma et al., 2001). Selon ces auteurs, ces résultats suggèrent

que les processus automatiques et contrôlés partagent les mêmes substrats anatomiques mais

varient en efficacité. Ils avancent ainsi qu’une meilleure communication entre les différents

sous-systèmes nécessaires à la réalisation d’une tâche se mettrait en place au fil de la pratique.

Bien que présentés sous un format dichotomique, ces deux types de processus sont

nécessaires au traitement de l’information dans des proportions variant selon la nature de la

tâche. Schneider et Chein (2003) mettent alors en avant leur complémentarité. Les processus

contrôlés permettent notamment la mise en place d’une réponse adaptée à un contexte précis,

l’inhibition temporaire d’éléments, la mise en lien d’informations ou bien encore la possibilité

de planifier et exécuter des comportements dirigés vers un but. La présence de processus

automatiques permet l’exécution rapide et efficace de différents traitements se déroulant en

parallèle, le tout pour un faible coût attentionnel. Ainsi, l’automatisation de certaines

composantes du traitement permet le redéploiement, la réallocation des ressources aux

composantes plus contrôlées.

L’exécution correcte des tâches résulte donc de cet équilibre entre des actes

automatiques et des actes plus contrôlés. Les modèles de contrôle de l’attention (Norman &

Shallice, 1980) et d’administrateur central en MDT (Baddeley, 1986) abordent la question de

la gestion et de la coordination de ces deux processus.

Chapitre 1 : approche théorique

6

2. AUTOMATISME ET CONTROLE

Bien que Baddeley et Hitch aient proposé dès 1974 un modèle de MDT intégrant un

centre exécutif, ce dernier n’a été développé que plus tard, Baddeley (1986) s’appuyant alors

sur le système attentionnel superviseur (SAS) de Norman et Shallice (1980). Nous allons donc

commencer par présenter ce dernier.

2.1. Le Modèle de contrôle de l’attention

Norman et Shallice (1980) précisent que leur modèle de contrôle de l’attention est un

complément, centré sur l’action, de la distinction faite par Shiffrin et Schneider (1977) entre

processus automatiques et contrôlés. Ce modèle porte sur la prise de contrôle sur les actions

sous tendues par des automatismes, et se révèle central pour appréhender l’équilibre entre les

actions automatiques et contrôlées.

Dans ce modèle, Norman et Shallice (1980) postulent qu’une majorité des processus

cognitifs est initiée de façon automatique par des séquences d’actions préexistantes. Ces

dernières sont activées par la présence d’indices environnementaux, avec lesquels elles ont été

par le passé fréquemment et régulièrement associées. Ces routines d’actions se déroulent sans

attention active ou contrôle délibéré. Il est cependant nécessaire, dans diverses situations, de

reprendre le contrôle de l’action. Les auteurs proposent pour cela deux mécanismes différents.

Ainsi, le gestionnaire des priorités de déroulement est sollicité lorsque plusieurs séquences

d’actions bien maîtrisées occurrent simultanément et que l’une doit être rendue prioritaire. Ce

gestionnaire est lui-même fortement automatisé, répondant à des processus d’activations et

d’inhibition, proches de ceux proposés par McClelland et Rumelhart (1981), entre les

schémas en conflit. Ces différentes composantes et leurs interactions sont schématisées dans

la Figure 1.

Chapitre 1 : approche théorique

7

système

perceptif

base de

données

déclencheurs

système

effecteur

système attentionnel

superviseur

unité de contrôle

des schémas

gestionnaire des priorités

de déroulement

Figure 1. Représentation simplifiée du modèle de Norman et Shallice (1980), d’après Shallice (1982).

Les flèches représentent l’activation et les lignes barrées l’inhibition.

Le gestionnaire des priorités de déroulement permet ainsi l’association et la

collaboration harmonieuse des différents schémas compris dans une activité. Les auteurs

prennent l’exemple d’une activité de conduite qui nécessite de coordonner les activités de

freiner, accélérer, tourner, etc. Le gestionnaire évitera par exemple au conducteur de freiner et

accélérer en même temps. Si ce contrôle devient insuffisant, une structure additionnelle sera

requise : le système attentionnel de supervision (SAS). Le SAS permet de contrôler le

déroulement des séquences d’actions en les interrompant ou bien même en empêchant leur

mise en place. Il requièrt un degré de volonté et de conscience élevé et il entre en action lors

des situations demandant une prise de contrôle complexe ou cruciale (planification,

dangerosité, etc.).

Le SAS sera repris par Baddeley (1986) comme opérationnalisation de

l’administrateur central de la MDT.

Chapitre 1 : approche théorique

8

2.2. L’administrateur central

L’administrateur central est la composante majeure du modèle de MDT initialement

proposé par Baddeley et Hitch en 1974. L’administrateur est chargé de sélectionner et de

coordonner les opérations de traitement réalisées par deux composantes dites esclaves, la

boucle phonologique et le calepin visuo-spatial. Spécialisée dans le traitement du matériel

verbal, la boucle phonologique se compose d’un stockage phonologique et de processus de

répétitions articulatoires. Sur le même principe, le calepin visuo-spatial est dévolu aux

traitements des informations visuo-spatiales, en assurant le stockage de ces informations et

leur activation par imagerie mentale. Plus récemment, Baddeley (2000) a procédé à l’ajout

d’un tampon épisodique (voir Figure 2), en charge du stockage temporaire de l’information

sous un format multimodal et permettant l’intégration des informations issues de la mémoire à

long terme (MLT).

La MDT permet le traitement de l’information notamment en servant d’interface entre

les perceptions, la MLT et l’action (Baddeley, 2003), et cela notamment par un maintien

temporaire des informations alors activées.

Figure 2. Révision des composantes de la MDT (d’après Baddeley, 2003)

Chapitre 1 : approche théorique

9

Ainsi, Baddeley (1996) a proposé les quatre fonctions suivantes pour l’administrateur

central : la capacité à coordonner la réalisation de deux tâches, l’alternance entre les stratégies

de récupération, la sélection des informations pertinentes et l’inhibition des informations non

pertinentes à la réalisation d’une tâche et enfin le maintien et manipulation des informations

en MLT.

Cette dernière fonction de manipulation des informations en MLT a été, du propre aveu de

Baddeley (1996), longtemps ignorée. Deux mécanismes de récupération des informations en

MLT ont été proposés par Posner et Snyder (1975) : par une diffusion automatique de

l’activation (non consciente et non intentionnelle) et par un mécanisme attentionnel à capacité

limitée (contrôlé et intentionnel). Des processus à la fois automatiques et contrôlés seraient

ainsi à l’œuvre lors de la récupération des informations en MLT. Après avoir défini les termes

de vieillesse, vieillissement et la réalité démographique dont ils relèvent, nous nous

intéresserons à l’effet de l’avancée en âge sur les processus automatiques à l’œuvre en

mémoire sémantique, composante de la MLT.

3. VIEILLISSEMENT ET AUTOMATISMES :

LE CAS DE L’ACCES EN MEMOIRE SEMANTIQUE

3.1. Vieillesse et vieillissement

L’intérêt de la psychologie cognitive pour la personne âgée et le vieillissement n’est

que relativement récent et se traduit par un essor considérable du nombre d’études. Une

définition issue du dictionnaire Le Robert (Morvan, 2006), rapporte que la vieillesse

correspond à « la dernière période de la vie humaine, caractérisée par le ralentissement des

activités biologiques ». Cette définition fait ainsi référence à un vieillissement biologique,

Chapitre 1 : approche théorique

10

marqueur d’un temps biologique au cours duquel des changements cellulaires progressifs

réduiraient la capacité de l’organisme à s’adapter et à faire face aux maladies et autres

agressions extérieures, et cela dès 30 ans (Henrard & Ankri, 2004). L’entrée dans la vieillesse

est progressive et, toujours d’après la définition du dictionnaire, le vieillissement correspond

au « fait de devenir vieux ou de s’affaiblir par effet de l’âge » (Morvan, 2006). D’après

Henrard (1997), le vieillissement peut être appréhendé selon une perspective biologique ou

psychologique alors que la vieillesse serait une étape de vie de construction sociale. L’âge de

la retraite, jusqu’ici de 60 ans en France, sert alors de référence. La vieillesse pouvant

s’étendre sur de très nombreuses années, des sous-divisions ont été proposées. Il est ainsi

courant de parler de troisième âge, relevant des jeunes retraités aux personnes de 75 ans, et de

quatrième âge, renvoyant aux plus de 75 ans (Henrard, 1997). Certains auteurs proposent

parfois une limite chronologique du quatrième âge plus tardive, autour des 85 ans (e.g.,

Baltes, 1997). Il existe en effet, grâce aux progrès de la médecine et de l’augmentation de la

qualité de vie, une augmentation de la longévité. Entre 1980 et 2002, les Français ont ainsi

gagné en moyenne plus de 5 années de vie (Léridon, 2004). Des projections faites sur six pays

européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et Suède) estiment que la

proportion des 65 ans et plus atteindra 28% de la population en 2050 contre 16.5%

actuellement. Pour les 80 ans et plus, on passerait de 4 à 10.5% (Brutel & Omalek, 2004). Le

troisième âge, généralement estimé entre 60 et 75 ans, correspondrait à notre vision « d’âge

d’or » d’une personne trouvant le temps de réaliser différents projets (voyages, loisirs, etc.).

Le quatrième âge quant à lui concorderait avec l’image plus sombre du vieillissement, se

traduisant par une personne âgée fragilisée par différentes pertes tant physiques que

psychologiques ou sociales (Grand, Bocquet, & Andrieu, 2004).

Chapitre 1 : approche théorique

11

Comme nous le verrons, une majorité des recherches en psychologie cognitive a étudié

le vieillissement en comparant des adultes jeunes à des adultes âgés de 60 à 75 ans en

moyenne. Etant moins fréquentes, nous mentionnerons explicitement l’âge des participants

pour les études portant sur les personnes âgées de 75 ans et plus.

3.2. Diffusion de l’activation en mémoire sémantique

La mémoire sémantique correspond à la composante de MLT associée au stockage du

langage et des connaissances générales sur le monde (Tulving, 1972). L’accès aux mots en

mémoire sémantique se ferait par un phénomène de diffusion de l’activation (Collins &

Loftus, 1975). Le modèle de Collins et Loftus (cf. Figure 3) est une version révisée de celui

de Collins et Quillian (1969), lui apportant quelques changements majeurs. La mémoire

sémantique est toujours conçue comme un important réseau de nœuds, mais les liens entre les

mots ne sont plus hiérarchiques. La notion de distance sémantique est introduite et deux types

de liens sont proposés : les liens entre le concept et ses propriétés (e.g., une tortue a une

carapace) et les liens entre deux concepts (e.g., tortue et lièvre). Une caractéristique

essentielle de ce modèle est la diffusion automatique de l’activation du concept aux concepts

voisins. La quantité de cette activation se réduirait au fur et à mesure que la distance entre

deux nœuds augmente et la force de l’activation issue d’un nœud va se répartir au sein des

différents liens émanant de celui-ci. Enfin, un nœud peut recevoir plusieurs sources

d’activations, directes ou indirectes. Ainsi, l’activation du concept Chien se diffuserait

progressivement aux concepts proches, comme Chat, et les rendrait ainsi plus disponibles

pour d’éventuels traitements futurs. La diffusion de l’activation au sein du réseau sémantique

va donner jour à des effets de fréquence et de typicalité.

Chapitre 1 : approche théorique

12

Figure 3. Exemple simplifié de réseau sémantique (d’après Collins & Loftus, 1975)

Bien que l’action de ces deux phénomènes a souvent été confondue (Postal, 1997), un

mot présentant une fréquence lexicale élevée (i.e., le nombre d’occurrences au sein d’un

corpus écrit et/ou oral) ou une typicalité importante (i.e., possède un nombre important des

traits sémantiques associés à sa catégorie sémantique) sera traité plus rapidement qu’un mot

peu fréquent ou peu typique.

La diffusion de l’activation est également retrouvée dans le modèle de production de

mots (« Node Structure Theory ») de Burke, MacKay, Worthley et Wade (1991), comprenant

un système sémantique et un système phonologique (cf. Figure 4), qui intègre les

informations sémantiques (i.e., signification du mot) mais également syllabiques et

phonologiques (i.e., écriture et sons des mots). Les systèmes sémantique et phonologique sont

indépendants mais interconnectés. Pour la production d’un mot, l’activation partira des nœuds

lexicaux pour rejoindre les nœuds syllabiques et enfin atteindre les nœuds phonologiques en

Chapitre 1 : approche théorique

13

cas de production orale ou les nœuds orthographiques pour une production écrite. Le mot

pourra alors être produit.

amphibian kept as pet in

aquarium

is white

occurs in winter

frost

/frast/

/fr/ /ast/

/f/ /r/ /a/ /s/ /t/ /g/

frog turtle

hops

often lives

in water

/frag/

/ag/

Système sémantique

Nœuds propositionnels

Nœuds lexicaux

Système phonologique

Nœuds syllabiques

Nœuds composés

phonologiques

Nœuds phonologiques

Figure 4. Exemple de représentation des informations sémantiques, syllabiques et phonologiques au

sein du modèle de production de mots (d’après Burke & Shafto, 2008)

Cette diffusion de l’activation lors de la production de mots serait altérée lors du

vieillissement, donnant lieu à une augmentation avec l’âge des « Mots sur le Bout de la

Langue » (Burke et al., 1991).

3.3. Diffusion de l’activation et vieillissement

Les Mots sur le Bout de la Langue, qui correspondent à l’incapacité transitoire de

produire oralement un mot alors même que l’on est certain de le connaitre et d’être proche de

pouvoir le prononcer, augmenteraient au cours du vieillissement (Burke & Shafto, 2004). Ce

phénomène a été interprété comme la conséquence d’un affaiblissement des connexions

afférentes aux nœuds phonologiques (Burke & Shafto, 2004). La quantité d’activation

parcourant ces connections dépendrait notamment de la fréquence et de la récence d’usage du

mot : un mot rare ou produit non récemment aura plus de risques d’être associé à un Mot sur

Chapitre 1 : approche théorique

14

le Bout de la Langue. De plus, le vieillissement augmenterait également la probabilité

d’apparition de ceux-ci en réduisant la quantité d’activation émise. D’après la Node Structure

Theory de Burke et al. (1991), les tâches de production sont particulièrement sensibles à un

déficit d’activation. En effet, pour un même mot, un lien unique relie chacun de ses nœuds

phonologiques et orthographiques à son nœud sémantique. Lors d’une tâche de production,

comme par exemple donner le nom d’un animal, l’activation va suivre des processus

descendants en partant d’un nœud sémantique (e.g., Cheval) et se partager entre les différents

nœuds phonologiques si la production est orale, ou orthographiques si la production est écrite.

Ce partage de la quantité d’activation initiale augmente les risques d’une activation trop

faible, d’autant plus si l’activation initiale est réduite du fait de l’âge ou de la rareté d’usage

du mot. A l’inverse, lors d’une tâche de compréhension ou de vérification, comme par

exemple dire si Cheval est un animal, l’activation va être ascendante, partant de chacun des

nœuds phonologiques ou orthographiques pour se rendre au nœud sémantique. Les différentes

sources d’activation vont ainsi s’additionner et compenser une éventuelle baisse.

Concernant la reconnaissance des mots écrits, une étude assez récente suggère que les

adultes âgés s’appuieraient sur des processus automatiques plus efficients que ceux des

adultes jeunes (Lien et al., 2006). Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont fait appel à

un paradigme de double tâche. La première tâche était une épreuve de discrimination auditive

et la seconde une tâche de reconnaissance de mots. Puisque qu’un processus fortement

automatisé ne solliciterait que peu de ressources attentionnelles, alors si l’ajout d’une

deuxième tâche à une tâche nécessitant des processus contrôlés ne modifie pas la performance

en termes de rapidité et d’exactitude, cette seconde tâche peut être considérée comme se

déroulant de manière automatique. Sinon, elle relèverait de traitements contrôlés. Lien et al.

(2006) montrent que les participants âgés parviennent à traiter en parallèle les deux tâches,

alors que pour les participants jeunes la reconnaissance des mots est fortement ralentie par

Chapitre 1 : approche théorique

15

l’exécution préalable d’une épreuve de discrimination auditive. Les auteurs considèrent que

ce traitement en parallèle chez les participants âgés est rendu possible par le caractère très

fortement automatique de l’accès au lexique chez cette population, ce dernier pouvant

s’expliquer par l’expérience acquise au fil des années concernant la lecture et la

reconnaissance des mots. Cette interprétation concorde avec le fait que les auteurs obtiennent,

chez les aînés, des corrélations positives et significatives entre le score de vocabulaire et la

mesure d’estimation du degré de parallélisme des processus. De telles corrélations ne

s’observent pas chez les participants jeunes, et disparaissent chez les aînés lorsque la

deuxième tâche à exécuter ne requiert pas de reconnaissance de mots.

Le principe de diffusion de l’activation permet également de rendre compte de l’effet

d’amorçage sémantique.

3.4. Amorçage sémantique et vieillissement

L’amorçage sémantique correspond au fait que le traitement d’un stimulus (e.g., mot,

image) sera facilité par le traitement antérieur d’un stimulus, dit amorce, lié sémantiquement

(McNamara, 2005). Par exemple, lors d’une tâche de décision lexicale, qui consiste à dire si

une suite de lettres forme ou non un mot de la langue maternelle, les réponses sont

typiquement plus rapides lorsque le mot cible était précédé d’une amorce (e.g., mot, phrase)

liée sémantiquement que lorsqu’elle était précédée d’une amorce non liée sémantiquement

(McNamara, 2005). Cet effet serait la conséquence de processus automatiques de diffusion de

l’activation au sein du lexique. Ainsi, le traitement du mot ou de la phrase amorce

s’accompagne d’une diffusion automatique de l’activation au sein du réseau sémantique

associé à ce nom ou à cette phrase, ce qui provoquerait la pré-activation de candidats

potentiels. A noter qu’en addition de cet amorçage automatique, un amorçage plus

attentionnel peut également se mettre en place. Ce dernier est déclenché par les attentes de la

Chapitre 1 : approche théorique

16

personne concernant le ou les mots à venir et pourrait également entrer en jeu sous certaines

conditions (voir Burke & Yee, 1984).

Différentes recherches montrent que l’effet d’amorçage sémantique n’est pas modifié au

cours du vieillissement, chez des personnes âgées (Burke & Yee, 1984) ou très âgées

(Friederici, Schriefers, & Lindenberger, 1998). La même conclusion est retrouvée à partir

d’une tâche de production orale (Laver, 2009). Une méta-analyse, réalisée par Laver et Burke

(1993), est même en faveur d’une augmentation de l’effet d’amorçage sémantique au cours du

vieillissement. Les auteurs ont avancé différentes pistes pour expliquer ce phénomène :

ralentissement général de la vitesse de traitement, modifications perceptives, ressources

attentionnelles, etc. Elles émettent notamment l’hypothèse que l’expérience des années

procurerait aux personnes âgées un réseau sémantique plus riche et plus interconnecté qui, par

accumulation des activations, compenserait un déficit global de la vitesse de transmission de

l’activation au sein du réseau sémantique.

3.5. Synthèse : automatismes en mémoire sémantique et vieillissement

Les données présentées ici, concernant la diffusion de l’activation sémantique, sont en

faveur d’un maintien global de l’efficience de ce processus automatique au cours du

vieillissement. Mais si le système sémantique n’apparaît pas comme modifié au cours du

vieillissement, différents effets liés à l’âge ont été retrouvés pour le système

phonologique/orthographique. Outre l’augmentation des Mots sur le Bout de la Langue

présentée auparavant (Burke & Shafto, 2004), il a aussi été montré une réduction de l’effet de

voisinage orthographique (Robert & Mathey, 2007) ainsi que de voisinage syllabique

(Carreiras, Baquero, & Rodriguez, 2008) lors du vieillissement normal. Cette distinction

rappelle l’importance mentionnée par Mathey et Postal (2008) d’être attentif au système

étudié, à la nature de l’activité langagière considérée (production vs. traitement) ou bien

Chapitre 1 : approche théorique

17

encore le niveau de représentation étudié (e.g., mots, phrases) lors de l’étude des effets de

l’âge.

En tant que fonction cognitive, le langage est souvent rapporté dans la littérature comme

peu sensible aux effets du vieillissement et ce notamment en comparaison à d’autres

composantes telles que la mémoire épisodique. Pourtant, comme le rapportent Mathey et

Postal (2008), les études portant sur le vieillissement du langage ne cessent de se multiplier et

révèlent un portrait plus contrasté. Les épreuves langagières sont particulièrement adaptées à

l’utilisation de mesures de la performance en temps réel, telle que les temps de réponses, qui

permettent l’étude précise des processus automatiques (Mathey & Postal, 2008). Ces mesures

en temps réel permettent d’éviter le recours à des mesures différées qui, faisant appel à une

mémoire épisodique généralement réduite au cours du vieillissement, risquent de majorer les

effets de l’âge (Luo & Craik, 2008).

Le phénomène de diffusion automatique de l’activation en mémoire sémantique est à

l’œuvre dans différentes épreuves visant à étudier les processus contrôlés. Concernant ces

derniers, nous allons maintenant nous intéresser à la capacité à inhiber des informations

fortement activées en MDT ainsi qu’à la capacité à alterner entre deux tâches. Il s’agit là de

deux composantes majeures du contrôle de l’action.

4. VIEILLISSEMENT ET PROCESSUS CONTRÔLES

4.1. Fonctions exécutives et processus contrôlés

Bien que les processus contrôlés aient été définis en 1977 par Shiffrin et Schneider

selon différentes caractéristiques, peu d’éléments furent alors apportés sur les activités

cognitives relevant de ces processus. Norman et Shallice (1980), dans le cadre de leur modèle

appliquant cette distinction automatique/contrôlé au contrôle de l’action, mentionnent

Chapitre 1 : approche théorique

18

notamment les activités de planification, de prise de décision ou d’inhibition de la réponse

habituelle. La fonction d’inhibition sera également avancée par Baddeley (1996), en plus de la

capacité à coordonner deux tâches, à alterner entre des stratégies de récupération en mémoire

et à manipuler les informations en provenance de la MLT.

Le concept de fonctions exécutives1, très utilisé en neuropsychologie, peut être rapporté

à la fonction de l’administrateur central de la MDT, concept plutôt employé en psychologie

cognitive (McCabe, Roediger, McDaniel, Balota, & Hambrick, 2010). McCabe et al.

définissent les fonctions exécutives comme l’ensemble des actions dirigées vers un objectif ou

permettant le contrôle d’actions complexes, notamment dans le cadre d’activités non

routinières. On peut alors citer comme fonctions exécutives : l’inhibition de comportements

familiers ou d’informations distractives, la planification d’actions, l’alternance entre

différentes tâches, la manipulation d’informations pertinentes afin de prendre des décisions, la

mise en place de stratégies, etc.

Bien qu’il existe de nombreuses activités associées au contrôle de l’action, différentes

tentatives ont été menées afin d’en définir les principales dimensions. Le travail de Miyake,

Friedman et Emerson (2000) fait actuellement référence en ayant distingué, auprès d’adultes

jeunes, trois fonctions exécutives majeures : l’inhibition des réponses automatiques ou non

pertinentes, la mise à jour des informations en MDT et la flexibilité mentale. Par la suite, ce

modèle a été repris auprès d’une population plus étendue en âges comprenant des participants

de 20 à 81 ans (Fisk & Sharp, 2004). Reprenant majoritairement les épreuves utilisées par

Miyake et al. (2000), les auteurs ont également inclus une mesure de fluidité de lettre d’une

durée de cinq minutes. Cet ajout a été motivé par le fait que cette épreuve, consistant à

produire le plus de mots possibles commençant par une certaine lettre, est très utilisée dans la

1 Le terme de fonctions frontales est également employé, en référence à l’implication supposée des lobes

frontaux lors des épreuves sollicitant les fonctions exécutives (McCabe et al., 2010)

Chapitre 1 : approche théorique

19

littérature pour étudier les fonctions exécutives. Les trois fonctions décrites par Miyake et al.

ont été retrouvées, alors qu’une nouvelle est apparue : accès des mots en MLT. Ce facteur

était notamment associé à l’épreuve de fluidité de lettre et appuie l’intérêt d’utiliser des

épreuves langagières pour étudier les activités de contrôle de l’action.

En se complétant, ces différents travaux permettent de définir les activités principales

liées au contrôle de l’action. Dans le cadre de la présente thèse, nous nous centrerons plus

précisément sur les fonctions cognitives d’inhibition et de flexibilité, indispensables à la

variabilité et l’adaptation des comportements quotidiens. Les parties à suivre nous permettront

de montrer que fonctions exécutives et processus automatiques et contrôlés ne se superposent

pas complètement, puisqu’une inhibition automatique peut être distinguée d’une inhibition

contrôlée, de même pour la flexibilité. Nous présenterons également les principaux effets de

l’âge déjà observés à l’aide d’épreuves de nature langagière sur ces deux activités.

4.2. Inhibition et vieillissement

4.2.1. Inhibition automatique, contrôlée et effet du vieillissement

L’inhibition, en permettant de suspendre ou arrêter une action en cours, joue un rôle

majeur dans l’orchestration des performances cognitives (Kok, 1999). Il est possible de

distinguer plusieurs sortes d’inhibition, ce qui a mené à plusieurs propositions de taxonomies

(e.g., Kok, 1999 ; Nigg, 2000). Kok a notamment distingué les paradigmes passifs et actifs de

mesure de l’inhibition, alors que Nigg a utilisé les termes d’inhibition automatique et

d’inhibition effortful2. Ainsi, l’inhibition automatique se rapporte à l’inhibition non

volontaire, non consciente, d’éléments issus généralement des étapes précoces du traitement

de l’information. A l’inverse, l’inhibition effortful, ou contrôlée, résulte d’une action

2 « effortful » traduit par «mobilisateur d’effort » par Gagnon et Goulet (1992)

Chapitre 1 : approche théorique

20

volontaire de la personne pour supprimer certaines informations. Par extension, les épreuves

d’inhibition contrôlée sont associées à une consigne explicitant la nécessité de supprimer

certaines informations (Postal & Mathey, 2007). Il est aussi possible de considérer l’inhibition

en fonction de la fonction cognitive sur laquelle elle intervient : motricité, attention, mémoire,

etc. (Fournet, Mosca, & Moreaud, 2007). Dernière distinction possible : l’étape à laquelle

apparaît l’inhibition (Collette, Germain, Hogge, & Van der Linden, 2009). Elle peut ainsi

entrer en action lors de l’étape d’encodage, de stockage ou de récupération de l’information.

Différentes études ont suggéré une réduction de l’inhibition au cours du vieillissement

(Charlot & Feyereisen, 2004; Hasher, Zacks, & May, 1999; May, Zacks, Hasher, &

Multhaup, 1999; Troyer, Leach, & Strauss, 2006) bien que les conclusions varient en fonction

des paradigmes et de la nature de l’inhibition considérée (Kramer, Humphrey, Larish, &

Logan, 1994). Les données suggèrent notamment que l’inhibition contrôlée serait plus

sensible aux effets de l’âge que l’inhibition automatique (Andrès, Guerrini, Phillips, &

Perfect, 2008; Kok, 1999, Postal & Mathey, 2007).

En précisant différentes fonctions de l’inhibition sur le contenu de la MDT, Hasher et

Zacks (1988) ont permis de mieux en comprendre les mécanismes d’action et les possibles

répercussions en cas de dysfonctionnement. Ainsi, la fonction d’accès permettrait de limiter

l’entrée en MDT aux seules informations pertinentes en vue des traitements à réaliser. La

fonction de suppression aurait, quant à elle, pour rôle de supprimer les informations devenues

non pertinentes en MDT. Une perte d’efficience, avec l’âge, de l’une ou de ces deux fonctions

se traduirait alors par une augmentation de la présence d’informations non pertinentes en

MDT, altérant la qualité des traitements du fait de l’interférence occasionnée. Quelques

années plus tard, Hasher et al. (1999) proposeront une troisième fonction : la fonction de

restriction. Cette dernière empêche les réponses dominantes d’entrer en MDT avant que leur

pertinence par rapport à la situation en cours soit évaluée, permettant ainsi la variété des

Chapitre 1 : approche théorique

21

comportements. L’altération de cette fonction conduirait à une certaine rigidité et stéréotypie

des traitements et comportements.

On remarquera que les fonctions d’accès et de suppression se rapprochent de

l’inhibition proposée par Baddeley (1996) dans le cadre du centre exécutif, alors que la

fonction de restriction est plus proche de celle évoquée par Norman et Shallice (1980). Cette

dernière est d’ailleurs au centre de trois paradigmes s’appuyant sur du matériel langagier : la

tâche de Stroop, la tâche de complément de phrases et la tâche de Hayling, cette dernière nous

intéressant plus particulièrement dans la présente thèse.

4.2.2. La tâche de Hayling

La tâche de Hayling a été conçue afin d’étudier, sous un même format d’épreuve,

l’initiation (ou activation) et la suppression de réponses chez des patients souffrant de lésions

frontales (Burgess & Shallice, 1997). L’épreuve est composée de deux parties, chacune

comprenant 15 phrases différentes auxquelles il manque le dernier mot. Ces phrases ont été

choisies afin que le mot manquant soit hautement prédictible (i.e., « les chats voient très bien

la … ») et présente ainsi une probabilité élevée de production. Nous utiliserons le terme de

« mot attendu » pour faire référence à ce mot. Les phrases sont lues au participant par

l’expérimentateur qui mesure également le temps de réponses en secondes à l’aide d’un

chronomètre. Pour les 15 premières phrases (partie A), il est demandé au participant de

donner le mot attendu, celui qui clôt de manière appropriée chacune des phrases. Il s’agit de la

partie Activation, qui s’appuie sur des phénomènes automatiques d’amorçages sémantiques

provoqués par le contexte de la phrase. Chaque fin de phrase sera alors produite sans coût

attentionnel et très rapidement. Pour les 15 phrases suivantes (partie B), il est cette fois-ci

demandé au participant de ne pas donner le mot attendu et de ne pas non plus donner un mot

lié au mot attendu ou au contexte de la phrase. Cette consigne nécessite donc d’inhiber la

Chapitre 1 : approche théorique

22

réponse dominante activée par le contexte sémantique, ainsi également que tous les mots

activés automatiquement lors de l’écoute de la phrase. Du fait de cette inhibition, les temps de

réponses et les taux d’erreurs seront plus élevés lors de la partie Inhibition que lors de la partie

Activation. Un déficit d’inhibition se traduira alors par des différences de temps de réponses

et/ou de taux d’erreurs plus importantes en partie Inhibition.

Avant l’élaboration de la tâche de Hayling en 1997, d’autres épreuves ont permis par le

passé d’appréhender l’inhibition contrôlée au travers de matériels faisant intervenir des

activations sémantiques. Ainsi, la célèbre tâche de Stroop (Stroop, 1935) s’appuie sur le

caractère automatique de la lecture. Cette épreuve est constituée de noms de couleurs

fréquentes (e.g., rouge, bleu, jaune, vert) imprimés dans une encre de couleur différente (e.g.,

vert écrit en rouge, jaune écrit en bleu). Les deux dimensions des stimuli (i.e., nom et encre)

sont donc discordantes. L’épreuve comprend également une condition contrôle de lecture et

une autre de dénomination. Lorsque les dimensions sont discordantes, on observe que la

dénomination des couleurs est sérieusement ralentie alors que la lecture des noms n’est pas

affectée (Stroop, 1935), ce qui s’expliquerait par le caractère automatique de la lecture alors

que la dénomination serait une activité plus contrôlée. En effet, à la présentation des mots,

l’activité de lecture du mot se déclencherait automatiquement et rapidement tandis que la

dénomination de couleurs solliciterait des processus contrôlés et seront donc plus lente à se

mettre en place (Ward, Roberts, & Phillips, 2001). Cette distinction aurait pour origine la

différence de pratique de chacune de ces activités, la lecture étant un acte quotidien très

fréquent à l’inverse de la dénomination. Pour pouvoir dénommer l’encre, il s’agira par

conséquent d’inhiber l’information dominante, le mot, pour pouvoir produire la couleur. Un

déficit d’inhibition, contrôlée puisqu’il est demandé aux participants de produire la couleur et

non pas le mot, est communément observé chez les personnes âgées (Spieler, Balota, & Faust,

Chapitre 1 : approche théorique

23

1996; Van der Elst, Van Boxtel, Van Breukelen, & Jolles, 2006) bien que certains auteurs

attribuent cet effet à un ralentissement de la vitesse de traitement avec l’âge (Verhaeghen &

De Meersman, 1998). Proposée par Hartman et Hasher (1991), la tâche de complément de

phrases permet d’étudier, comme la tâche de Hayling, l’inhibition par le biais de l’activation

automatique provoquée par le contexte sémantique hautement prédictible d’une phrase. Lors

de cette épreuve, le participant a pour consigne de lire silencieusement des phrases dont le

dernier mot est manquant. Le participant doit alors chercher silencieusement les mots

manquants puis par la suite mémoriser des mots présentés. Pour la moitié des phrases, il s’agit

de mémoriser le mot attendu (fin confirmée), alors que pour l’autre moitié le mot attendu est à

oublier et un nouveau mot doit être mémorisé à la place (fin infirmée). Le participant réalise

ensuite un rappel implicite, pour lequel il doit à nouveau compléter des phrases. Ces nouvelles

phrases acceptent aussi bien un mot issu de l’étape précédente (fin confirmée comme

infirmée) qu’un mot nouveau. L’utilisation de fins infirmées traduirait alors une disponibilité

en MDT d’informations qui auraient dû être inhibées. Et c’est ce qu’observent Hartman et

Hasher en plus grande proportion chez des adultes âgés que chez des adultes jeunes. Ce

résultat est donc en faveur d’un déficit d’inhibition lors du vieillissement, déficit qui semble

ici atteindre plus précisément la fonction de suppression de l’inhibition puisque l’on demande

dans un premier temps au participant de penser au mot, et donc de le laisser accéder en MDT,

puis ensuite de l’inhiber. En présentant en fin de phrase le mot à mémoriser, Charlot et

Feyereisen (2004) retrouvent un effet négatif de l’âge. La composante d’inhibition sollicitée

ici correspondrait plus à de l’inhibition de la réponse dominante. Ainsi, le format de la tâche

de Hayling n’est pas sans rappeler ce paradigme de complément de phrases. Il semble

cependant possible de noter deux différences majeures pour la tâche de Hayling : la

composante d’inhibition n’est pas évaluée à travers une épreuve de mémoire et il s’agit d’une

Chapitre 1 : approche théorique

24

épreuve de production dans laquelle le participant doit donner un mot non lié au contexte de

la phrase.

Concernant la tâche de Hayling, les études portant sur l’effet du vieillissement normal

restent peu nombreuses et varient fortement concernant l’âge des participants (jeunes, âgés ou

très âgés), le format ou bien encore les mesures utilisées (voir Tableau 2). Les données

actuelles suggèrent un déclin avec l’âge des performances en partie B (Belleville, Rouleau, &

Van der Linden, 2006; Bielak, Mansueti, Strauss, & Dixon, 2006) et pour certaines études

également en partie A (Bielak et al., 2006; Lin, Chan, Zheng, Yang, & Wang, 2007). Mais, à

notre connaissance, aucune étude n’a jusqu’ici comparée simultanément des participants

jeunes, âgés et très âgés.

Chapitre 1 : approche théorique

25

Tableau 2. Synthèse des études portant sur les effets du vieillissement normal et pathologique sur la

tâche de Hayling

Auteurs Participants Méthode et Indicateurs Effets

Andrès, &

Van der

Linden

(2000)

47 jeunes

(M = 22.8 ans)

48 âgés

(M = 65 ans)

30 phrases (français)

Présentation : orale

Mesure des réponses : chronomètre

Indicateurs :temps de réponses et

erreurs (partie B)

Temps de réponses :

Partie Activation (A)

A = J

Partie Inhibition (B)

A > J

Erreurs :

Partie B

A > J

Belleville,

et al.

(2006)

12 jeunes

(M = 22 ans)

12 âgés

(M = 72.7 ans)

12 âgés DTA

(M = 72.7 ans)

30 phrases (français)

Présentation des phrases : orale

Mesure des réponses : chronomètre

Indicateurs : temps de réponses et

erreurs (partie A et B)

Temps de réponses :

Partie Activation (A)

DTA = A = J

Partie Inhibition (B)

DTA > A > J

Erreurs :

Partie A et B

DTA > A = J

Bielak,

et al.

(2006)

453 âgés et très âgés

(de 53 à 90 ans)

30 phrases (anglais)

Présentation des phrases : visuelle

Mesure des réponses : chronomètre

Indicateurs :temps de réponses et

erreurs (partie B)

Temps de réponses :

Partie A et B

TA > A

Erreurs :

Partie A et B

TA > A

Belleville,

et al.

(2007)

25 âgés

(M = 66.1 ans)

28 âgés MCI

(M = 64.8 ans)

15 âgés

(M = 72.4 ans)

19 âgés DTA

(M = 73.2 ans)

30 phrases (français)

Présentation des phrases : orale

Mesure des réponses : chronomètre

Indicateurs : temps de réponses (partie B) et erreurs (partie B)

Temps de réponses :

Partie Inhibition (B)

DTA = MCI = A

Erreurs :

Partie Inhibition (B)

DTA > MCI = A

Lin,

et al.

(2007)

27 âgés

(M = 65.5 ans)

31 très âgés

(M = 77.3 ans)

30 phrases (chinois)

Présentation des phrases : n.r.

Mesure des réponses : n.r.

Indicateurs : erreurs

Erreurs :

Partie Activation (A)

TA > A

Partie Inhibition (B)

TA = A

Collette,

Schmidt,

Scherrer,

Adam, &

Salmon (2009)

30 jeunes

(M = 22.4 ans)

20 âgés

(M = 72.3 ans)

12 âgés DTA

(M = 74 ans)

30 phrases (français)

Présentation des phrases : orale

Mesure des réponses : n.r.

Indicateurs : temps de réponses (partie A et

partie B-A), erreurs (partie B) et bonnes réponses (partie A)

Temps de réponses :

Partie Activation (A)

DTA = A > J

Partie B - A

DTA = A > J

Erreurs :

Partie Inhibition (B)

DTA > A > J

Note. J = adultes jeunes, A = adultes âgés, TA = adultes très âgés, MCI = adultes âgés présentant un déclin

cognitif léger, DTA = adultes âgés atteint d’une démence de type Alzheimer, n.r. = non renseigné

Chapitre 1 : approche théorique

26

Concernant la partie Inhibition, sa difficulté n’est pas uniquement associée à la nécessité

d’inhiber le mot attendu, mais également au fait de devoir produire un mot non lié (Andres &

Van der Linden, 2004). Cette difficulté pourrait motiver la mise en place de stratégies visant à

produire des mots non liés (Castner et al., 2007). Burgess et Shallice (1997) eux-mêmes

avaient évoqué ce possible recours à des stratégies, comme la production de mots présents

dans le lieu d’expérimentation ou en lien avec la réponse précédente. Ils considèrent d’ailleurs

qu’un participant efficace emploiera des stratégies l’aidant à produire des réponses non liées

avec la phrase et que cela traduit un bon fonctionnement exécutif. La mise en place de telles

stratégies pourrait cependant rendre l’épreuve moins sensible à la mesure des capacités

d’inhibition. Ainsi, Bélanger et Belleville (2009) ont proposé une version de la tâche dans

laquelle les deux consignes étaient mélangées, le participant ne sachant pas avant la fin de la

phrase s’il devait donner le mot attendu ou un autre mot. Cette présentation avait pour objectif

que le participant n’ait pas d’intérêt à anticiper la production d’un mot non lié, puisqu’il n’a

qu’une chance sur deux de devoir donner le mot attendu. Les résultats montrent que les

participants âgés présentent des temps de réponses plus lents que ceux des jeunes pour les

phrases relevant de l’inhibition. Aucun effet n’est observé sur les erreurs et les temps de

réponses pour les phrases relevant de l’activation. Cependant, étant donné que des différences

non observées par le passé (cf. Belleville, Chertkow, & Gauthier, 2007) sont obtenues entre

un groupe de participants âgés présentant un déclin cognitif léger et le groupe des participants

âgés, cette version modifiée de la tâche pourrait se révéler selon les auteurs plus sensible à la

baisse d’efficience de l’inhibition.

La plus grande sensibilité supposée du paradigme de Bélanger et Belleville (2009)

pourrait être liée en partie à l’ajout d’une composante d’alternance. Les tâches d’alternance

permettent de rendre compte de la capacité à diriger de façon flexible son attention d’une

Chapitre 1 : approche théorique

27

tâche à une autre. Dans la partie à venir, nous allons voir que la flexibilité cognitive,

généralement mesurée à l’aide de tâches d’alternances chez l’adulte (Chevalier & Blaye,

2006), tendrait à se réduire au cours du vieillissement.

4.3. Flexibilité et vieillissement

4.3.1. Flexibilité spontanée, réactive et effet du vieillissement

La flexibilité se rapporte à la capacité à rediriger son attention en alternant d’une tâche à

une autre. Il s’agit ainsi d’une capacité indispensable à une bonne adaptation à son

environnement quotidien et un défaut d’alternance aboutirait à des comportements incongrus

et socialement inappropriés (von Hippel, 2007). Comme nous l’avons évoqué précédemment,

la flexibilité chez l’adulte est le plus souvent appréhendée à l’aide de paradigmes

d’alternances, ces derniers étant parfois catégorisés parmi les épreuves d’inhibition (e.g., Kok,

1999). En effet, alterner entre deux tâches va nécessiter d’inhiber temporairement la

réalisation de la Tâche A pour pouvoir réaliser la Tâche B, et ainsi de suite. Un défaut

d’inhibition amènerait la personne à persévérer dans l’exécution de la Tâche A. Mais pour

être complète, l’alternance nécessitera d’activer les traitements nécessaires à la réalisation de

la Tâche B. Pour illustrer cela, Lemaire et Bherer (2005) prennent l’exemple d’une épreuve

d’alternance visuo-spatiale de Folk et Hoyer (1992, cités dans Lemaire & Bherer, 2005). Le

participant avait pour consigne d’identifier une des deux cibles pouvant apparaître dans l’un

des quatre coins de l’écran. Un indice visuel était également présenté, se révélant soit valide

(i.e., la cible apparaissait à l’endroit indiqué) soit non valide (i.e., la cible n’apparaissait pas à

l’endroit indiqué). Ainsi, lorsque l’indice était non valide, le participant devait désengager ses

ressources attentionnelles de la localisation présentée par l’indice puis les ré-engager vers la

localisation réelle de la cible, ce qui se traduit par une augmentation des temps de réponses

(Lemaire & Bherer, 2005). Ce coût, qui peut également s’accompagner d’une réduction de la

Chapitre 1 : approche théorique

28

justesse des réponses, est appelé coût d’alternance. Les personnes âgées présenteraient un

coût d’alternance plus élevé que celui des jeunes, mais les données restent hétérogènes et

varient notamment en fonction du paradigme étudié (Etienne, Marin-Lamellet, & Laurent,

2008; Guédin & Clément, 2005; Kray, 2006; Lemaire & Bherer, 2005; Wecker, Kramer,

Hallam, & Delis, 2005)

De même que différentes sortes d’inhibition ont été distinguées, une distinction entre

flexibilité spontanée et flexibilité réactive à été proposée (Eslinger & Grattan, 1993). La

flexibilité spontanée correspond à une flexibilité mise en place par la personne elle-même,

sans contrainte extérieure. Il s’agit notamment de la flexibilité de pensée, de la capacité à

exprimer une pensée divergente et une diversité de réponses pour une même situation. Elle

nécessite par conséquent de dépasser les réponses automatiques et habituelles afin d’accéder à

de nouvelles. A l’inverse, la flexibilité réactive est contrainte par l’environnement, elle

dépend donc du contexte externe. Guédin et Clément (2005) ont étudié l’effet du

vieillissement sur ces deux types de flexibilité à l’aide de la tâche des récipients de Luchins

(1942). Cette tâche consiste à mettre à jour la seule équation possible permettant de résoudre

une série de problèmes mathématiques (i.e., avec 3 récipients d’un contenu donné, obtenir une

somme demandée). Pour les six premiers problèmes, la réponse est toujours la même. Pour les

problèmes 7 et 8, cette réponse est toujours valable mais une solution plus courte est possible.

Si le participant opte pour cette réponse plus simple, il fera preuve de flexibilité spontanée,

car il aurait pu conserver l’ancienne. Pour le problème 9, la réponse correcte jusqu’ici devient

incorrecte et le participant doit faire preuve de flexibilité réactive pour trouver la nouvelle

réponse puisqu’il n’a pas d’autre option pour réussir l’épreuve. Les résultats montrent que,

pour les problèmes 7 et 8 comme 9, les adultes âgés trouvent moins souvent que les adultes

Chapitre 1 : approche théorique

29

jeunes la solution la plus courte. La flexibilité spontanée comme réactive seraient ainsi

affectées au cours du vieillissement.

Selon Eslinger et Grattan (1993), la flexibilité spontanée est à l’œuvre dans l’épreuve de

fluidité verbale, qui nous intéresse tout particulièrement dans le cadre du présent travail.

4.3.2. La fluidité verbale

La fluidité (ou fluence) verbale consiste à produire le plus possible de mots répondant à

un certain critère, en un temps imparti (le plus souvent d’une minute). Il s’agit généralement

de fluidité orale, la production par écrit des mots étant plus rarement utilisée. Ces épreuves de

fluidité, amplement employées tant dans la recherche que dans la pratique clinique,

permettent d’étudier à la fois l’intégrité de la mémoire sémantique et les stratégies d’accès à

celle-ci (Gierski & Ergis, 2004). Les deux principales fluidités sont la fluidité sémantique

(i.e., donner des noms d’animaux) et la fluidité de lettre (i.e., donner des mots commençant

par la lettre F). Il a été avancé que la fluidité de lettre solliciterait les fonctions exécutives de

manière plus importante que la fluidité sémantique, car la production de mots selon le critère

de sa première lettre serait une activité non habituelle, à l’inverse de la fluidité sémantique

(Henry & Crawford, 2004). Cette distinction a été soutenue par des études en neuroimagerie.

Il a ainsi été montré des activations frontales en fluidité de lettre et sémantique, mais la

première était associée à une activité frontale plus importante alors que la fluidité sémantique

était associée avec plus d’activité temporale (Gourovitch et al., 2000). De même, une étude

manipulant la réalisation conjointe d’une deuxième tâche a montré que seule la performance

en fluidité de lettre était altérée lorsque la seconde tâche sollicitait les lobes frontaux. Si cette

dernière impliquait les lobes temporaux, seule la performance en fluidité sémantique était

réduite (Martin, Wiggs, Lalonde, & Mack, 1994). Les fonctions exécutives étant souvent

associées aux lobes frontaux et les connaissances sémantiques aux lobes temporaux, ces

Chapitre 1 : approche théorique

30

éléments sont en faveur du fait que la performance en fluidité sémantique serait plus

fortement associée au contenu de la mémoire sémantique que la fluidité de lettre.

En fluidité sémantique, il est le plus souvent observé que les adultes âgés produisent

moins de mots que les adultes jeunes (Kavé, Samuel-Enoch, & Adiv, 2009 ; Troyer et al.,

1997) bien qu’une absence d’effet de l’âge soit également rapportée (Henry & Phillips, 2004).

Concernant la fluidité de lettre, un effet négatif de l’âge est parfois montré sur le nombre de

mots mais dans une proportion moindre qu’en fluidité sémantique (Gierski & Ergis, 2004 ;

Troyer, Moscovitch, & Winocur, 1997). Il arrive également que les adultes âgés produisent

plus de mots que les jeunes (Henry & Phillips, 2006).

Alors que l’épreuve de fluidité verbale est couramment utilisée, les processus cognitifs

la sous-tendant restent relativement mal connus. Concernant le lien avec d’autres mesures

neuropsychologiques, il a été montré chez des participants entre 16 et 70 ans que la

performance en nombre de mots produits en 60 secondes en fluidité orale de lettre était

associée aux scores à des mesures d’attention auditive, de rappel différé mais pas immédiat ni

de vocabulaire (Ruff, Light, Parker, & Levin, 1997). Les auteurs relèvent cependant que ces

variables n’expliquent qu’une partie assez faible de la performance, soit environ 25% de la

variance. Ainsi, le nombre de mots produits, qui est le résultat de l’interaction d’un large

ensemble de variables, renseigne sur la performance finale. Il apporte de fait peu d’éléments

sur les processus cognitifs sous tendant cette performance (Troyer et al., 1997). S’appuyant

sur les travaux ayant montré que les mots étaient généralement produits par saccades

(Bousfield & Sedgewick, 1944) et regroupés autour de liens sémantiques ou orthographiques

et/ou phonologiques (Gruenewald & Lockhead, 1980), Troyer et al. (1997) ont proposé de

prendre en compte les regroupements (ou clusters) et les alternances (ou switches). Les

regroupements correspondent à un sous-ensemble de mots associés sémantiquement,

orthographiquement ou phonologiquement. Ils seraient la conséquence d’une diffusion

Chapitre 1 : approche théorique

31

automatique de l’activation en mémoire sémantique. Les alternances désignent quant à elles le

passage d’un regroupement à un autre, d’un regroupement à un mot isolé ou bien encore entre

deux mots isolés3 (voir Figure 5). La flexibilité, nécessaire à l’alternance, serait ainsi un

élément essentiel de la performance en fluidité.

Figure 5. Exemple de regroupements et d’alternances en fluidité sémantique

Selon Troyer et al., la stratégie optimale en fluidité consiste à rechercher des mots au

sein d’un regroupement puis, une fois celui-ci épuisé, d’alterner vers un autre regroupement.

Les auteurs observent qu’en fluidité sémantique, les adultes âgés font moins d’alternances que

les adultes jeunes et produisent également moins de mots, alors que les deux groupes d’âges

forment des regroupements de tailles équivalentes. Troyer et al. concluent à une réduction de

la flexibilité au cours du vieillissement qui se traduit par une réduction du nombre de mots

produits. En fluidité de lettre, les adultes âgés font autant d’alternances que les jeunes mais

produisent des regroupements plus grands.

4.4. Synthèse : inhibition, flexibilité et vieillissement

Un effet négatif de l’âge a ainsi été régulièrement observé lors d’épreuves langagières

sollicitant les processus d’inhibition et de flexibilité. Les variations dans l’observation de cet

effet peuvent notamment s’expliquer par l’implication d’autres variables cognitives dans la

performance. Il a ainsi été avancé qu’un ralentissement cognitif pourrait participer voire

expliquer la totalité de l’effet négatif de l’âge lors de la tâche de Stroop (Verhaeghen & De

Meersman, 1998) ou de fluidité verbale (Bryan, Luszcz, & Crawford, 1997). D’autres travaux

3 Troyer et al. (1997) considèrent un mot isolé comme un regroupement de taille « 0 », mais nous

préférons parler de « mot isolé » pour limiter les confusions et gagner en clarté.

Chapitre 1 : approche théorique

32

ont montré que la MDT aurait une implication importante lors de l’exécution de tâches de

fluidité verbale (Rende, Ramsberger, & Miyake, 2002) ou d’alternance (Kray &

Lindenberger, 2000). A l’inverse, les connaissances accumulées au cours de la vie pourraient

avoir une influence positive sur la performance. Ainsi, un vocabulaire élevé procurerait un

échantillon plus grand de mots à produire en fluidité verbale (Henry & Phillips, 2006; Ruff et

al., 1997).

A notre connaissance, jusqu’ici peu d’études ont porté sur l’impact de ces différentes

variables sur la tâche de Hayling. Les données disponibles suggèrent que le ralentissement de

la vitesse de traitement explique les temps de réponses plus lents en partie B mais pas

l’augmentation des erreurs avec l’âge (Andrès & Van der Linden, 2000). Le niveau de

vocabulaire ne participerait quant à lui pas à l’effet de l’âge (Bielak et al., 2006) alors qu’on

pourrait s’attendre à ce qu’un vocabulaire étendu offre plus de possibilités de réponses

alternatives dans la partie Inhibition. Concernant la fluidité sémantique, les données

concernant le nombre de mots sont assez nombreuses mais celles pour les autres indicateurs,

tels que les regroupements ou les alternances, sont bien plus rares. Un lien entre la taille des

regroupements et le vocabulaire important des adultes âgés avait été suggéré en fluidité de

lettre par Troyer et al. (1997) mais non testé expérimentalement.

Dans la prochaine partie, nous allons présenter plus en détail la théorie des ressources

de traitement et l’importance qu’elle revêt lors du vieillissement cognitif. Nous développerons

également les éléments nous amenant à considérer le vocabulaire comme une ressource

précieuse au cours du vieillissement. Au-delà de ces trois ressources associées aux fonctions

cognitives, nous mettrons en avant une ressource liée à la sélection par la personne de ses

activités quotidiennes : la routinisation. Avec l’âge, la tendance à réaliser des comportements

et activités dans le même ordre et de la même manière augmenterait (Bouisson & Swendsen,

2003; Zisberg, Zysberg, Young, & Schepp, 2009). Nous chercherons à savoir si des liens

Chapitre 1 : approche théorique

33

entre la réduction de la flexibilité comportementale et la réduction de la flexibilité et de

l’inhibition peuvent être avancés. Pour cela, nous présenterons les données connues

concernant l’effet de la routinisation sur le fonctionnement cognitif général de la personne

âgée. Auparavant, nous nous serons appuyée sur des données suggérant une influence positive

de la variabilité de l’environnement et des activités stimulantes sur le vieillissement cognitif.

Nous aurons également abordé les liens au cours du vieillissement entre la recherche d’un

environnement cognitif structuré et les ressources cognitives (somme de scores de

vocabulaire, MDT et vitesse de traitement).

5. RESSOURCES, HABILETES FLUIDES ET CRISTALLISEES

La dichotomie entre habiletés fluides et cristallisées est très présente dans la littérature

s’intéressant au vieillissement cognitif. Cette distinction, initiée par Horn et Cattell (1967), est

en effet particulièrement marquée lors du vieillissement, avec une baisse des habiletés fluides

alors que les habiletés cristallisées se maintiendraient voire augmenteraient jusqu’à environ

70-75 ans (Salthouse, 2010; Schaie, 1996). Les habiletés fluides correspondent à des

traitements de base des informations, nécessitant peu de traitement de contenu. Il s’agit

notamment de l’habileté à générer et manipuler de l’information. On peut ainsi y inclure la

vitesse de traitement et la MDT. A l’inverse, les habiletés cristallisées correspondent aux

connaissances procédurales et déclaratives acquises au cours de l’avancée en âge. On pense

alors notamment au vocabulaire. Ces deux types d’habiletés interagissent lors de la grande

majorité des traitements cognitifs de la vie quotidienne (Baltes, Lindenberger, & Staudinger,

2006).

L’accumulation des années permet un enrichissement des connaissances et ce malgré

une baisse assez précoce des habiletés fluides. Les études portant sur le fonctionnement

cognitif des personnes entre 40 et 60 ans ont ainsi montré des performances similaires à celles

Chapitre 1 : approche théorique

34

des adultes jeunes pour certaines dimensions et plus proches de celles des adultes âgés pour

d’autres dimensions (Lachman, 2004). Ces trajectoires différentes au cours de l’avancée en

âge permettraient la mise en œuvre de processus de compensation (e.g., Baltes & Baltes,

1990). Ces processus de compensation nous éclairent sur le fait que l’ampleur de la baisse des

fonctions cognitives observée lors des tests en laboratoire n’est proportionnellement pas

comparable aux répercussions que peut ressentir la personne âgée dans sa vie quotidienne

(Park & Gutchess, 2000). L’adaptation quotidienne relève en effet de l’interaction entre les

pertes mais aussi les gains liés à l’avancée en âge. La théorie des ressources de traitement

stipule ainsi que la réduction de certaines capacités cognitives lors du vieillissement, telles

que la vitesse de traitement ou la MDT, participerait en grande partie aux effets de l’âge sur le

fonctionnement cognitif.

5.1. Ressources de traitement et vieillissement

Le système cognitif est conçu dans de nombreuses théories (voir Navon & Gopher,

1979) comme disposant d’un nombre limité de ressources et la qualité d’un traitement

dépendrait alors de la quantité de ressources investies. Cette quantité de ressources se

réduirait au cours du vieillissement, ce qui affecterait la performance cognitive (Luo & Craik,

2008). Bien qu’une certaine circularité dans la validation expérimentale soit parfois soulevée

(Navon, 1984), cette approche permet de rendre compte de l’effet de complexité

communément observé au cours du vieillissement et qui se traduit par un effet de l’âge

d’autant plus important que la tâche est complexe (Luo & Craik, 2008). On peut ainsi

supposer que l’augmentation de la complexité accroît les besoins en ressources de traitement

et que les ressources des adultes âgés seront plus rapidement dépassées que celles d’adultes

jeunes.

Chapitre 1 : approche théorique

35

Les principales conceptualisations des ressources de traitement peuvent être comprises

sous la forme de trois métaphores : en terme de temps pour la vitesse de traitement, d’espace

pour la MDT et d’énergie pour les capacités attentionnelles (Light, 1991). Les relations entre

ces trois ressources sont complexes, ce qui peut les rendre difficilement séparables. Il peut

ainsi être difficile de séparer les contributions individuelles de la MDT et de l’attention, les

épreuves de MDT incluant une composante d’attention (Light, 1991). Plus généralement,

cette intrication des relations soulève la possibilité que ces différentes ressources soient en fait

les deux faces d’une même pièce (e.g., Lemaire & Bherer, 2005). Dans le présent travail, nous

avons choisi de nous intéresser plus précisément aux deux premières, qui sont également les

deux ressources les plus rapportées dans la littérature (Lemaire & Bherer, 2005).

5.1.1. Vitesse de traitement

Evoqué par Birren dès 1955, le concept de vitesse de traitement est désormais porté

par Salthouse, dont les travaux depuis 1982 visent à en démontrer l’implication dans les effets

de l’âge (e.g., Salthouse, 1994; 1996; Salthouse & Madden, 2008). Salthouse (1996) a

proposé deux mécanismes pour expliquer de quelle manière la vitesse de traitement contraint

la performance cognitive : la contrainte en temps limité et la contrainte de simultanéité. Le

mécanisme en temps limité suppose que, lorsqu’un processus doit être réalisé dans une

certaine durée limite, la baisse de la vitesse de traitement réduit la quantité des traitements

applicables dans le temps imparti et peut entraîner la non réalisation de la tâche. Le plus

souvent, la réalisation de tâches cognitives nécessite l’exécution simultanée de différents

traitements. Il s’agit là de la contrainte de simultanéité et elle sera d’autant plus forte que la

vitesse de traitement est ralentie. Différentes hypothèses biologiques ont été proposées dans la

littérature afin d’expliquer le ralentissement de la vitesse de traitement avec l’âge, comme par

Chapitre 1 : approche théorique

36

exemple une augmentation du bruit neuronal ou bien des connexions neuronales affaiblies ou

rompues (Light, 1991).

Différentes études ont montré que les personnes âgées présentent un ralentissement de

la vitesse de traitement des informations (e.g., Finkel, Reynolds, McArdle, & Pedersen, 2007;

Lemke & Zimprich, 2005; Levitt, Fugelsang, & Crossley, 2006). Ce ralentissement serait

responsable en grande partie des effets du vieillissement sur les performances cognitives,

étant donné que la prise en considération de mesures de vitesse perceptuelle et sensorimotrice

diminue de manière considérable la variance expliquée par l’âge (Salthouse, Fristoe & Rhee,

1996). Cependant, elle n’explique pas la totalité de l’effet de l’âge et elle reste difficile à

isoler des autres processus cognitifs (e.g., Parkin & Java, 2000). De plus, l’influence du

ralentissement semble varier en fonction de la tâche cognitive considérée (e.g., Fisher, Duffy,

& Katsikopoulos, 2000). Ce ralentissement expliquerait ainsi une part importante de l’effet de

l’âge sur la MDT (Salthouse, 1992).

5.1.2. Mémoire de travail

La MDT, comme évoqué précédemment, fait référence à la capacité à maintenir

temporairement et à traiter de l’information afin de réaliser différentes tâches cognitives. Le

modèle proposé par Baddeley et Hitch (1974), étoffé depuis (Baddeley, 2000), domine

actuellement la littérature.

Alors que les composantes de stockage semblent relativement préservées, l’efficience

de l’administrateur central se réduirait au cours du vieillissement (Babcock & Salthouse,

1990, Belleville, Rouleau, & Caza, 1998). Différentes causes ont été proposées. Salthouse

(1992, 1996) suggère que l’effet de l’âge sur la MDT est en grande partie expliqué par un

ralentissement de la vitesse de traitement. Cette dernière provoquerait une réduction de la

quantité d’informations pouvant être gardées actives simultanément, ce qui se répercuterait

Chapitre 1 : approche théorique

37

sur la capacité à traiter simultanément les informations. Une autre explication majeure,

proposée par Hasher et Zacks (1988), est celle en termes de déclin de l’inhibition. Le

vieillissement s’accompagnerait d’un déclin de l’inhibition qui provoquerait une

augmentation de la présence d’informations non pertinentes en MDT ce qui altèrerait

l’efficacité de celle-ci (Zacks & Hasher, 1994 ; Zeintl & Kliegel, 2007).

En conclusion, l’efficience de la vitesse de traitement et de la MDT se réduirait au cours

du vieillissement. Plutôt que des « ressources » de traitement, ces habiletés fluides semblent

plutôt sources de difficultés pour les personnes âgées. En tant qu’habileté cristallisée, le

vocabulaire pourrait constituer une réelle ressource lorsque le langage est sollicité.

5.2. Vocabulaire et vieillissement

5.2.1. Effet du vieillissement

Différentes études, relatées par Burke et Shafto (2008), s’accordent pour dire que, dans

l’ensemble, les connaissances sémantiques restent préservées au cours du vieillissement et

cela jusqu’à des âges avancés. Cette conscience des connaissances disponibles en mémoire

sémantique serait également inchangée au cours du vieillissement (Clarys, Bugaiska, Tapia, &

Baudoin, 2009). De nombreuses recherches rapportent que le vocabulaire des adultes âgés est

plus étendu que celui d’adultes plus jeunes. La méta-analyse de 210 études, réalisée par

Verhaeghen (2003), qui compare des participants jeunes (âge moyen = 21 ans) et âgés (âge

moyen = 70 ans), montre une augmentation de 0.80 déviation standard du vocabulaire au

cours du vieillissement. L’auteur compare l’ampleur de cette élévation avec la baisse, souvent

mise en avant, des habiletés fluides avec l’âge. Il retrouve dans la littérature des déviations de

- 0.52 pour la MDT ou - 1.21 pour la vitesse perceptive, ce qui laisse entendre que

l’augmentation du vocabulaire est conséquente au regard de la réduction d’autres activités.

Ceci justifierait la possible atténuation d’effet de l’âge par le niveau de vocabulaire. Ainsi, il a

Chapitre 1 : approche théorique

38

été suggéré que l’augmentation du vocabulaire au cours du vieillissement réduit l’impact de

l’âge sur la performance en fluidité verbale (e.g., Henry & Phillips, 2006; Salthouse, Fristoe

& Rhee, 1996). Une baisse du vocabulaire s’observe cependant chez les adultes les plus âgés,

entre 70 et 90 ans selon les études (Lindenberger & Baltes, 1997 ; Singer, Verhaeghen,

Ghisletta, Lindenberger, & Baltes, 2003). Néanmoins, le niveau de vocabulaire des plus âgés

resterait supérieur à celui des adultes jeunes. Ainsi, Salthouse (2004) rapporte les scores z

dérivés d’un questionnaire de synonymes proposé à des adultes de 20 à 80 ans. Alors que les

adultes de 20 ans sont à environ -0.7, le z score dépasse 0 un peu avant 50 ans et atteint 0.4 un

peu avant 60 ans. Une légère baisse apparaît aux alentours des 70 ans et approche 0.2 à 80

ans. L’étude longitudinale « Betula », réalisée auprès de 1000 suédois âgés de 35 ans et plus,

révèle également que les 50-60 ans ont les scores de vocabulaire les plus élevés (Bäckman &

Nilsson, 1996). Ils présentent de plus les meilleurs scores aux épreuves de fluidités verbales et

de connaissances générales, une fois que le nombre d’années d’études, plus bas pour cette

classe d’âge, est contrôlé.

5.2.2. Épreuves de vocabulaire et processus cognitifs sous-tendus

Le nombre d’années d’études aurait ainsi une influence importante sur le

fonctionnement de la mémoire sémantique, de même que pour le vocabulaire. Au sein de sa

méta-analyse, Verhaeghen (2003) s’est intéressé à une possible influence du format du test de

vocabulaire sur l’effet de l’âge. Il opposa alors les tests de production, tels que la WAIS

(Wechsler, 1981), qui nécessitent de donner une définition, et les tests à choix-multiples, tels

que le Mill-Hill (Raven, 1982), qui demandent de choisir un synonyme parmi plusieurs

propositions. Verhaeghen constate alors que l’effet positif de l’âge est bien plus important lors

des tests à choix-multiples que lors des tests de production. De plus, des régressions multiples

suggèrent que le score aux tests de production est affecté par l’âge et le niveau d’étude, alors

Chapitre 1 : approche théorique

39

que seul le niveau d’étude agirait sur le score aux tests à choix-multiples. Ces différents

éléments laissent entendre que l’augmentation du niveau de vocabulaire avec l’âge pourrait

être artificiellement obtenue du fait que les populations âgées étudiées ont souvent un nombre

d’années d’études supérieur à celui des jeunes (Verhaeghen, 2003). Cependant, un effet

positif de l’avancée en âge sur le vocabulaire est retrouvé également après contrôle du nombre

d’années d’études (e.g., Dorot & Mathey, 2010). Bowles et Salthouse (2008), reprenant des

données issues de 18 recherches de leur équipe, confirment cette influence du format du test

sur l’estimation du niveau de vocabulaire. Mais, à l’inverse de Verhaeghen, ils

recommandent, si un seul format devait être choisi, d’opter pour celui de choix-multiples de

synonymes. Ils se sont notamment appuyés sur les corrélations obtenues entre les différents

formats et des mesures cognitives (mémoire, vitesse, visualisation spatiale et raisonnement).

Le format de choix-multiples de synonymes est celui qui corrèle le moins avec ces mesures,

alors que celui de production de définitions est celui qui corrèle le plus, notamment avec la

mémoire et le raisonnement.

Comme l’ont mentionné Bowles et Salthouse (2008), cette différence entre le format de

production et celui de sélection pourrait être expliquée par la théorie de Burke et al. (2000,

cité dans Burke & Shafto, 2008) concernant un déficit de transmission de l’activation entre les

niveaux sémantiques et les niveaux orthographiques et phonologiques. Dans les tests de

production de définitions, le contexte est similaire à celui d’apparition des Mots sur le Bout de

la Langue : l’information part du niveau sémantique et se subdivise pour arriver aux différents

nœuds phonologiques ou orthographiques. Une réduction de l’activation rendrait les

informations sémantiques moins disponibles et réduirait alors la précision de la définition.

Lors d’un choix de synonymes parmi différentes propositions, l’activation n’est pas issue

uniquement du mot cible mais profite également des activations liées aux propositions de

Chapitre 1 : approche théorique

40

synonymes, qui sont généralement choisis pour leur proximité orthographique/phonologique

ou sémantique.

Le fonctionnement cognitif connaîtrait ainsi différentes trajectoires selon la fonction

appréhendée, certaines montrant une baisse parfois importante, telle la vitesse de traitement,

alors que d’autres se maintiennent ou s’enrichissent jusqu’à des âges avancés, tel le

vocabulaire. Ces différences de trajectoires sont modulées par d’autres facteurs, comme le

nombre d’années d’études mentionné auparavant. Désormais, un intérêt important est porté

aux variables permettant d’œuvrer à un vieillissement dit réussi (Fillit et al., 2002). Les

interactions de la personne âgée avec son environnement, notamment à travers la pratique

d’activités intellectuellement stimulantes, seraient un élément important d’un vieillissement

réussi.

5.3. Activités quotidiennes et Ressources

5.3.1. Activités cognitives et capacité de réserve

De nombreuses études suggèrent des répercussions positives des activités complexes de

loisirs sur le vieillissement cognitif (Kliegel, Zimprich, & Rott, 2004; Newson & Kemps,

2005; Schooler & Mulatu, 2001). L’explication sous-jacente serait qu’un environnement

complexe propose des défis et des traitements bénéfiques au maintien d’un fonctionnement

cognitif efficace (Schaie, 1984; Schooler & Mulatu, 2001). Cette complexité pourrait

solliciter les stratégies et mécanismes cognitifs associés à la réalisation des tâches cognitives

(Hultsch, Hertzog, Small, & Dixon, 1999; Schaie, 1984). Hultsch et al. (1999) ont observé

que l’engagement de personnes âgées dans des activités impliquant le traitement

d’informations nouvelles est associé à un moindre déclin cognitif. Plus récemment, une

intervention sur 12 semaines avait pour objectif d’encourager des personnes âgées à s’engager

Chapitre 1 : approche théorique

41

dans des activités nouvelles impliquant la créativité et la résolution de problèmes à la fois lors

d’ateliers mais également à domicile (Tranter & Koutstaal, 2008). Les personnes engagées

dans ce programme présentèrent à l’issue de l’intervention une meilleure évolution de leurs

performances aux tests d’habiletés fluides que le groupe contrôle. Ce résultat est également en

faveur du fait que l’engagement dans des activités nouvelles améliore l’efficience cognitive.

Enfin, l’aspect protecteur des activités cognitives dans l’apparition des démences de type

Alzheimer semble principalement associé aux activités sollicitant des processus nécessaires

au traitement d’informations nouvelles, comme la planification ou la prise d’initiative

(Fabrigoule, Letenneur, Dartigues & Zarrouk, 1995). Ces différents éléments mettent en

lumière l’impact de l’environnement sur le fonctionnement cognitif et l’évolution de celui-ci

au cours du vieillissement. Ils mettent également en avant la nécessité de considérer l’aspect

de traitement de la nouveauté et pas uniquement la quantité de pratique. Pourtant, l’avancée

en âge réduirait la quantité d’activités entreprises.

5.3.2. Modèle d’optimisation sélective avec compensation

Le modèle d’optimisation sélective avec compensation (SOC), de Baltes et Baltes

(1990), éclaire la dynamique à l’origine de la réalisation d’activités quotidiennes. Ce modèle a

de plus marqué la prise en considération des processus mis en place par la personne âgée pour

s’adapter aux pertes qu’elle rencontre. Le modèle SOC postule trois mécanismes : la

réduction volontaire ou subie des objectifs et intérêts, afin de conserver énergie et motivation

pour les domaines les plus investis (sélection). Ensuite, la recherche de moyens alternatifs

pour atteindre un objectif afin de pallier de précédents moyens devenus inefficients

(compensation). Enfin, le perfectionnement des moyens et ressources nécessaires pour

atteindre un objectif dans certains domaines choisis (optimisation). Ces différents mécanismes

aideraient la personne à se consacrer le plus longtemps possible aux activités qui lui sont

Chapitre 1 : approche théorique

42

nécessaires ou signifiantes. Il s’agit d’une réorganisation par la personne âgée de l’allocation

de ses ressources amoindries tout en tirant partie des éléments préservés (i.e., connaissances,

expertises).

La capacité à mettre en place ces processus SOC dépendrait en partie de la quantité de

ressources dont dispose la personne. Ainsi, les ressources sensorielles, cognitives, physiques

et sociales de personnes âgées ont été mises en lien avec leurs activités quotidiennes (Baltes &

Lang, 1997). Les résultats montrent que les personnes présentant le moins de ressources

réalisent des activités quotidiennes moins variées et pratiquent moins d’activités physiques

et/ou culturelles. Elles ont également moins d’activités sociales et plus de périodes

d’inactivité que les personnes présentant des ressources plus importantes. Il est également

observé que les personnes les plus âgées présentent plus de risques d’une réduction

importante de leurs activités. L’âge, notamment au delà de 75 ans, serait donc un facteur de

risque majeur. Ainsi, les résultats exposés ici ainsi que dans la partie précédente suggèrent

que la nature des activités pratiquées influerait sur les ressources cognitives et que ces

dernières agiraient en retour sur la sélection des activités quotidiennes.

5.3.3. Routinisation et habitudes

Outre la quantité, la variété des activités pourrait également se réduire au cours du

vieillissement. Cette réduction de la nouveauté et de la variabilité des activités quotidiennes

serait la marque d’une routinisation excessive. La routinisation se rapporte à l’exécution

répétée dans le temps de comportements et d’activités de la même manière ou avec la même

organisation (Bouisson, 2002), et elle aurait tendance à augmenter avec l’âge (Bouisson &

Swendsen, 2003; Zisberg, Zysberg, Young, & Shepp, 2009; mais voir Bergua et al., 2006). En

1991, Reich et Zautra ont mis en place une échelle afin de mesurer le trait de personnalité

associé à la recherche d’ordre et de régularité lors des évènements quotidiens. En

Chapitre 1 : approche théorique

43

comparaison, l’approche de Bouisson et collaborateurs (Bergua et al., 2006 ; Bouisson, 2002 ;

Bouisson & Swendsen, 2003) exclut l’aspect de trait de personnalité pour se centrer sur

l’aspect adaptatif et stratégique de la routinisation. La personne, notamment âgée, recourrait

volontairement à une augmentation de ses routines afin de faire face au stress et difficultés

associés aux situations nouvelles. Mais un excès de routines pourrait la faire glisser vers une

routinisation non intentionnelle qui entraînerait alors la personne âgée vers des

comportements peu flexibles et résistants aux changements (Bouisson, 2002). Bouisson

(2005) suggère que la routinisation serait dans un premier temps de nature stratégique (i.e.,

choisie, dynamiques volontaires) mais pourrait devenir un processus (i.e., non volontaire) à

force de répétitions qui entraîneraient une réduction des ressources adaptatives et des relations

à autrui. Au regard de cet aspect de volonté et de répétition des routines au fil du temps, il

semble possible de suggérer le passage d’une routinisation contrôlée à une routinisation plus

automatique. La routinisation deviendrait alors une habitude sous tendue par des

automatismes cognitifs.

Les routines sont communément apparentées aux habitudes et aux comportements

rigides. Pour Betsch, Fiedler et Brinkmann (1998), une routine est « une option

comportementale qui vient à l’esprit quand le preneur de décision est confronté à un certain

problème » (p. 862). Les habitudes, selon eux, sont un cas particulier de routines puisque les

routines ne nécessitent pas forcément une expérience personnelle ou une répétition importante

(e.g., conduite à suivre en cas d’incendie). Les routines et les habitudes sont nécessaires à une

bonne adaptation et l’absence d’habitudes nécessite la mise en place de comportements

contrôlés (Verplanken, 2006). Se déroulant de manière automatique, les habitudes peuvent

être menées en parallèle de l’exécution d’autres comportements (Aarts & Dijksterhuis, 2000).

Une étude par agenda, réalisée auprès d’adultes jeunes, a montré que les comportements

habituels, comparés aux comportements non habituels, sont associés à moins de pensées et

Chapitre 1 : approche théorique

44

des émotions moins intenses (Wood, Quinn, & Kashy, 2002). Les auteurs soulignent l’impact

positif des habitudes sur le sentiment de contrôle, l’économie cognitive et le gain en

efficacité.

Le maintien de routines ou d’habitudes malgré des éléments objectifs en faveur d’un

changement relèverait de la rigidité (Chown, 1959). La résistance aux changements peut

concerner les domaines des croyances, attitudes et habitudes personnelles, mettant en avant la

nature multidimensionnelle de la rigidité (Rokeach, 1960).

L’expression cognitive du traitement des habitudes et de la nouveauté relèverait des

processus automatiques et contrôlés. Ainsi, si je prends pour habitude d’aller chercher mon

courrier le matin, dès mon réveil, les étapes cognitives associées à cette démarche vont

progressivement passer d’un déroulement contrôlé à un déroulement automatique. A force de

répétitions, l’action sera initiée sans effort ni démarche volontaire. Au risque d’aller chercher

à récupérer son courrier un dimanche matin …

La flexibilité cognitive est un élément essentiel à l’adaptation de la personne à son

environnement, lui permettant de répondre aux changements de celui-ci lorsque les

automatismes ne suffisent plus ou ne sont pas adaptés à la situation. Mais quels sont les liens

entre cette efficience cognitive à être flexible et la recherche de flexibilité guidée par la

personne elle-même. Quels sont les liens entre flexibilité cognitive et rigidité

comportementale ?

5.4. Flexibilité cognitive et rigidité comportementale

Le vieillissement s’accompagnerait d’une augmentation de la rigidité de pensée et

comportementale (pour une revue, Schultz & Searleman, 2002). Cette rigidité peut être

appréhendée à travers différents concepts.

Chapitre 1 : approche théorique

45

5.4.1. Besoin de clôture et ressources cognitives

Le besoin de clôture (Personal Need for Structure) est une variable de personnalité qui

correspond au besoin de structurer son environnement cognitif en des éléments simples et non

ambigus (Ciarrochi, Said, & Deane, 2005). Ciarrochi et al. (2005) ont étudié les liens entre

cette variable et la santé mentale. Les auteurs ont utilisé la Personal Need for Structure Scale

(Thompson, Naccarato, Parker, Moskowitz, & Moskowitz, 2001) qui permet de distinguer

deux composantes. La première correspond à une préférence pour un environnement structuré

(e.g., « j’apprécie avoir un mode de vie simple et structuré ») alors que le deuxième

correspond à une intolérance de l’imprévisibilité (e.g., « Je n’aime pas les situations qui sont

incertaines »). Seule cette dernière composante est associée à une mauvaise santé mentale se

traduisant notamment par des niveaux élevés de dépression et d’anxiété. A l’inverse, la

première composante est associée à moins de désespoir, suggérant qu’elle augmente le

sentiment de contrôle sur l’environnement (Ciarrochi et al., 2005).

Concernant les liens avec les ressources cognitives, Hess (2001) a rencontré des

personnes de 21 à 85 ans et a montré qu’un score élevé de besoin de clôture est associé à

moins de ressources cognitives (i.e., somme des scores de vocabulaire, MDT et vitesse de

traitement). La relation entre l’âge et le besoin de clôture n’est pas directe, mais serait médiée

par la réduction des ressources cognitives avec l’âge, amenant les plus âgés à présenter un

plus grand besoin de clôture du fait de ressources cognitives plus faibles.

Hess propose que les adultes âgés puissent choisir de simplifier leurs interactions avec

l’environnement en limitant la complexité et la quantité des informations à traiter, et par

conséquent développer des comportements routiniers.

Chapitre 1 : approche théorique

46

5.4.2. Routinisation et fonctionnement cognitif

L’augmentation de la routinisation, qui permettrait à la personne âgée de faire face à

une réduction de ses ressources, pourrait, si elle est en excès, participer à la réduction de ses

ressources. Ainsi, sur le versant cognitif, les études ayant montré l’impact positif d’un

environnement riche et varié sur les fonctions cognitives (Kliegel et al., 2004; Newson &

Kemps, 2005; Schooler & Mulatu, 2001) amènent à penser qu’une routinisation trop

importante pourrait appauvrir les ressources cognitives.

A notre connaissance, seules deux études ont porté sur les possibles liens entre

routinisation et cognition, et cela chez des personnes âgées de plus de 60 ans. Bergua et al.

(2006) n’ont pas trouvé d’association directe entre le score de préférences de routinisation et

le Mini Mental State Examination (Folstein, Folstein, & McHugh, 1975), test qui propose une

mesure rapide du statut cognitif. Cependant, une association a été trouvée entre un score de

routinisation élevé et le déclin cognitif évalué sur trois ans. Zysberg et al. (2009) se sont

intéressés à cette même relation, mais en utilisant l’échelle de Reich et Zautra (1991) pour

estimer la routinisation4 et une autre mesure d’un statut cognitif global composée de 6 items

(Orientation-Memory-Concentration test; Wade & Vergis, 1999). Zysberg et al. n’ont trouvé

aucune association entre ces deux mesures.

Une explication possible à cette absence de liens pourrait être la nature trop globale des

mesures cognitives utilisées. Il se pourrait que les différentes composantes du système

cognitif ne soient pas affectées de la même manière par un excès de routinisation. On peut

notamment s’attendre à ce que ce dernier affecte principalement les processus contrôlés, se

traduisant par une moindre efficience de l’inhibition ou de l’alternance chez les personnes les

plus routinisées.

4 Malgré les différences entre les échelles de Reich et Zautra (1991) et Bouisson (2002), nous les mettons

en lien du fait qu’elles ont des items communs et du faible nombre de recherches s’intéressant aux liens entre

routinisation et cognition.

Chapitre 1 : approche théorique

47

Un routinisation excessive pourrait ainsi réduire les ressources cognitives de la personne

âgée. Les personnes de plus de 75 ans pourraient être particulièrement concernées du fait

qu’elles connaitraient déjà des baisses cognitives importantes.

5.5. Ressources cognitives et personnes très âgées

La plus grande partie des études s’intéressant au vieillissement porte sur les personnes

âgées de 60 à 70 ans environ, alors que de plus en plus de personnes dépassent ces âges

(Bäckman, Small, Wahlin, & Larsson, 2000). Une question essentielle est de savoir si les

changements cognitifs sont équivalents, accélérés ou ralentis à partir de ces âges. Comme

nous l’avons évoqué précédemment, le niveau de vocabulaire augmente jusqu’à des âges

avancés et ne commencerait à se réduire que tardivement. Ce constat est en accord avec des

données rapportées par Salthouse (2004). Le chercheur a regroupé les résultats de différentes

études, issues de son équipe de recherche, réalisées auprès de participants de 20 à 80 ans et

comportant des mesures de vocabulaire, vitesse, raisonnement et mémoire. Concernant le

vocabulaire, on constate une augmentation jusqu’à environ 55 ans puis une stabilisation avant

une légère baisse aux alentours de 70 ans. A l’inverse de la trajectoire suivie par cette habileté

cristallisée, les mesures de vitesse, raisonnement et mémoire connaissent une même baisse,

linéaire et s’amorçant avant la 30ème

année. Le vieillissement cognitif débute ainsi bien avant

la barrière arbitraire des 60 ans généralement utilisée. Au sein d’une population de 75 ans et

plus, une réduction de la mémoire épisodique, des habiletés visuo-constructives, de la vitesse

perceptivo-motrice et de la fluidité verbale a été observé (Bäckman et al., 2004). Une baisse

du nombre de mots produits en fluidité sémantique et une augmentation des temps de

réponses au TMT ont ainsi été montrés. Cette étude a également mis en avant l’influence sur

le fonctionnement cognitif de différentes variables liées à la personne, comme le niveau

d’étude ou les activités quotidiennes.

Chapitre 1 : approche théorique

48

L’augmentation des habiletés cristallisées jusqu’à des âges avancés pourrait alors

compenser la baisse des habiletés fluides et expliquer que les répercussions des déclins sur le

fonctionnement cognitif quotidien restent souvent minimes. Comme l’explique Salthouse

(2004), « la grande part de ce que nous faisons généralement pourrait être plus dépendant

d’un accès et d’une récupération efficace de ce que nous connaissons déjà que de notre

habileté à résoudre de nouveaux problèmes ou raisonner à partir de matériel nouveau » (p.

142).

5.6. Synthèse : ressources et vieillissement

A partir de 70-75 ans est observée une situation inédite : les habiletés fluides continuent

de diminuer pour atteindre des seuils relativement bas et les habiletés cristallisées

commencent également à se réduire. La personne très âgée pourrait alors ne plus compenser

les pertes par les gains et voir ses ressources cognitives diminuer fortement. Elle pourrait en

conséquent présenter une perte d’efficacité dans son fonctionnement quotidien ainsi que des

difficultés lors des épreuves de laboratoire mêlant habiletés fluides et cristallisées.

Les épreuves traditionnellement utilisées pour mesurer une fonction exécutive donnée

sollicitent également d’autres fonctions exécutives et d’autres processus cognitifs, entraînant

alors un problème de pureté de la mesure qui pourrait participer à l’hétérogénéité des

conclusions concernant les effets de l’âge sur les fonctions exécutives (McCabe et al., 2010).

Ainsi, et comme nous l’avons brièvement mentionné auparavant, la tâche de fluidité verbale

sémantique et la tâche de Hayling relèvent à la fois de processus automatiques et de processus

contrôlés. Pour exemple, la fluidité verbale solliciterait de l’inhibition, du contrôle des actions

en mémoire, de l’alternance et de la mise en place de stratégies de récupération des mots en

mémoire (McCabe et al., 2010). Un défi va alors être de tenter d’isoler plus précisément les

Chapitre 1 : approche théorique

49

différents processus cognitifs en jeu dans la tâche. Dans le cadre de la fluidité verbale, le

calcul de différents indicateurs a ainsi été proposé (Troyer et al., 1997).

Dans la prochaine section, nous allons présenter des indicateurs permettant de mesurer

les processus automatiques et contrôlés lors de la tâche de fluidité sémantique et de la tâche

de Hayling. Nous aborderons également l’emploi de versions alternées de ces épreuves afin

de solliciter plus encore les processus contrôlés. Le recours à la technique d’imagerie optique

nous permettra ainsi de nous pencher sur les corrélats neuronaux associés aux fluidités

sémantiques simples et alternées et aux possibles différences d’activations. Nous nous

intéresserons également aux ressources susceptibles d’affecter les résultats et de moduler les

possibles effets de l’âge.

6. FLUIDITE SEMANTIQUE SIMPLE

La fluidité sémantique consiste à produire, en un temps limité, le plus possible de mots

répondant à un certain critère sémantique et cela en évitant les répétitions. Cette épreuve, à

travers le nombre de mots produits, permet d’appréhender l’intégrité de la mémoire

sémantique ainsi que les stratégies d’accès à celle-ci (Gierski & Ergis, 2004). Cependant, des

indicateurs plus spécifiques, tels que les regroupements et les alternances (Troyer et al., 1997)

ou le nombre de répétions (Henry & Phillips, 2006; Rosen & Engle, 1997), ont été proposés

afin d’étudier les processus cognitifs sous-tendant la performance à cette épreuve. Nous allons

à présent nous intéresser à l’évolution avec l’âge de ces indicateurs.

6.1. Regroupements et alternances

Comme évoqué précédemment par Troyer et collaborateurs (Troyer et al., 1997; Troyer,

2000), la stratégie optimale en fluidité verbale consisterait à rechercher des mots au sein d’un

regroupement puis, une fois celui-ci épuisé, à alterner vers un autre regroupement.

Chapitre 1 : approche théorique

50

6.1.1. Regroupements, processus automatiques et vieillissement

Selon Troyer (2000), en fluidité sémantique, les regroupements relèveraient de la

catégorisation sémantique qui serait sous tendue par des processus relativement automatiques.

Les regroupements seraient ainsi en lien avec le stockage des mots en mémoire et par

conséquent seraient associés aux lobes temporaux (Troyer et al., 1997; Troyer, Moscovitch,

Winocur, Alexander, & Stuss, 1998).

Troyer et al. (1997) ont montré, en comparant des adultes jeunes (âge moyen = 22.3

ans) et âgés (âge moyen = 73.3 ans) lors d’une fluidité de 60 secondes sur la catégorie

animaux, que les adultes âgés produisaient moins de mots que les adultes jeunes. La taille des

regroupements était cependant équivalente pour les deux groupes d’âges. Des corrélations ont

montré un lien positif et significatif entre la taille des regroupements et le nombre de mots

produits, pour les adultes jeunes (r = .31) et âgés (r = .38). L’absence d’effet de l’âge sur la

taille des regroupements en fluidité sémantique est retrouvée avec un échantillon d’âge allant

de 18 à 91 ans (Troyer, 2000). Ainsi, les regroupements sémantiques, basés sur des processus

automatiques de diffusion de l’activation en mémoire sémantique, participeraient à la

performance en nombre de mots produits et resteraient préservés au cours du vieillissement.

Alors qu’en fluidité sémantique, Troyer et al. (1997) ne considèrent que les

regroupements sémantiques, Abwender, Swan, Bowerman et Connolly (2001) proposent

d’examiner également les regroupements répondant à des critères orthographiques ou

phonologiques étant donné qu’ils apparaissent assez régulièrement. Abwender et al. (2001)

suggèrent par ailleurs que ces deux types de regroupements ne seraient pas exactement de

même nature. Les regroupements sémantiques, dits regroupements convergents (task-

consistent clustering) relèveraient bien de processus automatiques de diffusion de l’activation

en mémoire sémantique. Les regroupements orthographiques ou phonologiques formeraient

des regroupements divergents (task-discrepant clustering) et relèveraient quant à eux

Chapitre 1 : approche théorique

51

d’aspects plus stratégiques de recherche des mots en mémoire. En fluidité sémantique, pour la

catégorie des animaux, l’ensemble « oiseau-merle-pinson-tourterelle » constituerait un

regroupement convergent alors que l’ensemble « chien-corbeau-crapaud-crevette »

représenterait un regroupement divergent.

Le passage d’un regroupement à un autre regroupement est assuré par l’alternance.

6.1.2. Alternances, processus contrôlés et vieillissement

A l’inverse des regroupements, les alternances solliciteraient la flexibilité cognitive en

passant d’une sous catégorie à une autre et seraient un processus nécessitant un effort mental

important. Les alternances seraient sous-tendues par l’activité des lobes frontaux (Troyer et

al., 1997, 1998).

Troyer et al. (1997) montrent qu’avec la catégorie Animaux, les adultes âgés font moins

d’alternances que les jeunes. Le nombre d’alternances corrèle positivement et

significativement avec le nombre de mots produits pour les adultes jeunes (r = .66) et âgés (r

= .53). La réduction du nombre d’alternances avec l’âge est répliquée par Troyer (2000). La

concomitance entre la baisse du nombre d’alternances et du nombre de mots produits a amené

Troyer et al. (1997) a postuler que la réduction des alternances, traduisant un déclin de la

flexibilité, serait responsable de la baisse du nombre de mots produits avec l’âge. Cependant,

justifiant qu’à l’inverse le plus faible nombre de mots produits entraînerait une réduction

mécanique du nombre d’alternances, le calcul d’un ratio prenant en compte ces deux

indicateurs a été proposé (Tröster et al., 1998). Il s’agit ainsi de diviser le nombre

d’alternances par le nombre de mots produits. Ce nouveau calcul n’est pas suivi par Troyer,

qui considère que ce ratio revient à corriger la cause par son effet (Troyer, 2000).

La distinction entre des alternances stratégiques (cluster switches) et des alternances

brutes (hard switches) a été proposée par Abwender et al., (2001). Les auteurs s’appuient sur

Chapitre 1 : approche théorique

52

l’ambiguïté concernant les alternances : sont-elles une marque de flexibilité ou bien la

conséquence de l’incapacité à réaliser des regroupements ? Les alternances stratégiques

correspondent au passage d’un regroupement à un autre ou d’un mot isolé à un regroupement,

et elles relèveraient de la flexibilité à se désengager d’un regroupement pour s’engager vers

un autre. Les alternances brutes correspondent pour leur part au passage d’un mot isolé à un

autre ou d’un regroupement à un mot isolé et relèveraient, selon Abwender et al. (2001),

d’une difficulté à accéder aux connaissances sémantiques. Les alternances stratégiques

seraient ainsi de meilleurs indicateurs des processus contrôlés.

En fluidité verbale, les processus contrôlés seraient également sollicités afin d’éviter

l’apparition de répétitions.

6.2. Répétitions

Lors d’une fluidité verbale, la consigne met en avant la nécessité de veiller à ne pas

réutiliser un mot déjà produit, ce qui correspondrait à une répétition.

Des éléments très intéressants concernant les mécanismes mis en place par le participant

pour éviter les répétitions ont été apportés par Rosen et Engle (1997). Les deux auteurs ont

étudié, chez des adultes jeunes, l’impact de la capacité de MDT sur la production de noms

d’animaux. Les résultats issus de différentes expériences, d’une durée de production de 10 ou

15 minutes, suggèrent que le nombre de répétitions est plus élevé chez les participants

présentant un empan faible, c’est à dire une moindre capacité de MDT, plutôt que fort. De

plus, ce nombre était également plus élevé en situation de double tâche que lors d’une tâche

simple. La MDT serait ainsi un élément essentiel dans la lutte contre l’apparition de

répétitions. Les auteurs font l’hypothèse que, durant les 10 minutes de production, de

nombreux items reviendront à plusieurs reprises dans le champ de recherche du participant

qui devra donc les inhiber. Ainsi, lorsqu’en situation de double tâche les participants sont

Chapitre 1 : approche théorique

53

incités à redonner les mots déjà produits qui leurs reviennent à l’esprit, les répétitions sont

bien plus nombreuses chez les empans faibles (45 pour 100 mots) que pour les empans forts

(28 pour 110 mots). Quelques années plus tard, Azuma (2004) proposera des fluidités de 60

secondes durant lesquelles les participants devaient conjointement retenir six mots fortement

typiques d’une catégorie sémantique. Ces mots correspondaient soit à la catégorie à produire

(e.g., six noms d’animaux durant la production d’animaux) soit à une autre catégorie

sémantique (e.g., six noms de fruits durant la production d’animaux). Le nombre de mots

produits n’a pas été significativement réduit par la nature de la charge en mémoire. Par contre,

lorsque la charge en mémoire était liée sémantiquement à la catégorie à produire, le nombre

de répétitions augmentait.

Alors même que le nombre de répétitions représenterait un indicateur pertinent pour

appréhender les fonctions exécutives, il reste très peu étudié (Henry & Phillips, 2006). La

difficulté majeure repose dans sa rareté d’apparition, notamment lorsque la durée d’épreuve

est de seulement 60 secondes. En additionnant le nombre de répétitions apparues au cours de

trois fluidités de 60 secondes, Henry et Phillips (2006) montrent une augmentation du nombre

de répétitions avec l’âge. Le fait que la durée des épreuves de fluidités verbales soit le plus

souvent de 60 secondes pourrait donc expliquer l’absence, souvent rapportée dans la

littérature, d’effet de l’âge sur cette variable. Le caractère hautement organisé de la mémoire

sémantique pourrait également expliquer la faible occurrence des répétitions. Le fait que la

récupération des mots se fasse principalement par regroupements sémantiques ou

orthographiques et/ou phonologiques faciliterait la sélection de nouveaux mots et le rejet de

ceux déjà produits (Foldi, Helm-Estabrooks, Redfield, & Nickel, 2003).

L’étude du nombre de répétitions apparaît donc comme une variable importante à

prendre en compte pour appréhender l’inhibition nécessaire en MDT. Cependant, la rareté des

défauts d’inhibition rend la fréquence d’apparition des répétitions relativement rare et risque

Chapitre 1 : approche théorique

54

alors d’entraîner des scores ne suivant pas une loi normale, ce qui amène à considérer d’autres

sortes d’analyses statistiques que l’analyse de variance. Ainsi, il peut être envisagé de

dichotomiser la variable en séparant les participants n’ayant commis aucune répétition de

ceux en ayant commis au moins une. En procédant de telle manière, et en recourant à des Khi-

deux, Ruff et al. (1997) ont montré, en fluidité de lettre de 60 secondes, que des participants

ayant de 16 à 24 ans produisaient moins de répétitions que les participants de 25 ans et plus.

En accord avec les travaux de Rosen et Engle (1997), on peut s’attendre à ce que

l’augmentation de la durée de l’épreuve, au-delà des 60 secondes, et donc du nombre de mots

produits augmente la probabilité que les mots déjà donnés soient de nouveau considérés par le

participant et donc de potentielles sources de répétitions.

D’une manière générale, la prise en compte du décours temporel serait un élément

important pour distinguer les processus automatiques des processus contrôlés.

6.3. Décours temporel et accès au lexique

Crowe (1998b) s’est intéressé à l’évolution de la performance en fluidité sémantique et

de lettre en fonction du décours temporel chez des adultes jeunes. Le nombre de mots produits

est analysé en séparant les 60 secondes de production en quatre tranches de 15 secondes (i.e.,

0-15 sec, 16-30 sec, 31-45 sec et 46-60 sec). Crowe observe que lors des secondes 0 à 15 et

dans une moindre proportion 16 à 30, plus de mots sont produits que lors des 30 dernières

secondes. Il montre également une fréquence lexicale plus élevée en début d’épreuve, ce qui

suggère que les premiers mots produits sont facilement et rapidement accessibles en mémoire

du fait de leur fréquence d’emploi. La baisse de la fréquence lexicale et du nombre de mots

produits pour la suite de l’épreuve traduirait le passage à une recherche moins automatique en

mémoire sémantique. Le même constat d’une réduction du nombre de mots produits en cours

d’épreuve est fait à partir de fluidité de lettre par Fernaeus et Almkvist (1998), avec une

Chapitre 1 : approche théorique

55

asymptote de production obtenue à partir de 30 secondes. Ces auteurs proposent que la

première partie d’épreuve corresponde à une recherche semi-automatique nécessitant peu

d’effort mental. La deuxième partie relèverait quant à elle d’une recherche approfondie

sollicitant d’importants efforts mentaux afin de trouver de nouveaux mots. Le participant

mettrait alors en place des stratégies actives de recherche. Ces éléments suggèrent que la taille

de la catégorie sémantique, c’est à dire du nombre de mots potentiellement productibles,

influencerait le nombre de mots produits.

Ainsi, le même auteur (Crowe, 1997) avait proposé que les catégories sémantiques

associées à un grand nombre d’exemplaires, telles que la catégorie Animaux, favorisent la

production d’un plus grand nombre de mots que les catégories plus réduites, telles que la

catégorie Outils. Bien que les temps d’épreuve en fluidité soient souvent courts, plus les mots

répondant au critère sont nombreux, plus la recherche sera aisée. Crowe a mis en évidence la

contrainte liée à l’étendue des mots disponibles en mémoire sémantique en demandant à des

adultes jeunes de réaliser deux fluidités de lettre de quatre minutes chacune. Dans les deux

conditions, il s’agissait de produire le plus de mots possibles de trois lettres répondant à la

séquence consonne/voyelle/consonne (e.g., car). Mais dans une des conditions, les mots

devaient être issus de la langue maternelle des participants alors que pour l’autre condition, il

s’agissait de produire des pseudo-mots, c'est-à-dire non existants dans la langue maternelle.

La condition pseudo-mots offrait ainsi un plus grand nombre de combinaisons possibles que

la condition pour laquelle les mots devaient être issus de la langue maternelle. Les résultats

montrent que moins de mots sont produits que de pseudo- mots et que seule la production de

mots décline au fil de l’épreuve alors que la production de pseudo-mots reste stable. Ce

constat suggère que le nombre de mots produits dépend du nombre de mots disponibles.

Cette différence selon le décours temporel traduirait la présence de deux processus de

récupération des items en MLT, proposés par Posner et Snyder (1975). Selon eux, une de ces

Chapitre 1 : approche théorique

56

récupérations serait une diffusion d’activation provoquée automatiquement par les stimuli

alors que l’autre serait une récupération stratégique et consciente.

Ces deux processus de récupération, de nature différente, pourraient être sensibles dans

des proportions variables aux ressources cognitives dont dispose l’individu. Nous allons ainsi

présenter des données portant sur l’influence de la vitesse perceptivo-motrice, de la MDT et

du vocabulaire sur le nombre de mots produits en fluidité sémantique. Etant donné que le

nombre d’années d’études influence la performance en fluidité ainsi que les ressources

cognitives précédemment citées, nous allons commencer en évoquant son impact.

6.4. Fluidités et ressources cognitives

L’influence du nombre d’années d’études, à l’avantage des personnes ayant eu une

scolarité plus longue, a été montrée à plusieurs reprises sur le nombre de mots produits. Cet

effet serait même plus important que celui de l’âge en fluidité sémantique (Bäckman &

Nilsson, 1996; Egeland, Inge Landrø, Tjemsland, & Walbækken, 2006), mais un effet de

l’âge reste présent après le contrôle du nombre d’années d’études (Mathuranath et al., 2003).

Cet effet du niveau d’éducation trouverait son origine dans le fait que l’accumulation des

années d’études serait propice à l’enrichissement du vocabulaire et des connaissances

sémantiques, eux-mêmes favorables à la performance en fluidité verbale (Gierski & Ergis,

2004).

Le niveau de vocabulaire a ainsi été proposé comme variable atténuant les effets du

vieillissement sur la performance en fluidité verbale. Henry et Phillips (2006) suggèrent que

la richesse du vocabulaire est à l’origine du plus grand nombre de mots produits en fluidité de

lettre par leurs participants âgés comparés aux participants jeunes. Toujours en fluidité de

lettre, Troyer et al. (1997) avancent qu’un niveau de vocabulaire plus élevé chez leurs

participants âgés pourrait expliquer la création de regroupements orthographiques plus larges

Chapitre 1 : approche théorique

57

que ceux des jeunes. Ainsi, un vocabulaire riche offrirait un ensemble plus important de mots

disponibles qui, associé à une plus grande expérience d’accès aux mots en mémoire, pourrait

permettre une moins grande influence de la vitesse de traitement et des stratégies volontaires

de recherche en mémoire (Bryan et al., 1997). L’idée d’une atténuation des effets de l’âge sur

la performance en fluidité de lettre par le biais du vocabulaire a été testée par Bryan et al.

(1997) auprès d’une population âgée de 70 à 98 ans. Les résultats ne vont pas dans le sens de

cette hypothèse, puisque le score de vocabulaire participe à la performance de façon

équivalente quel que soit l’âge. Par ailleurs, le niveau de vocabulaire ne corrèle pas avec

l’avancée en âge alors qu’une baisse légère du nombre de mots produits est constatée.

Cependant, dans le cadre d’études comparant des adultes jeunes et âgés, qui présentent le plus

souvent des scores de vocabulaire différents, l’effet de l’âge pourrait être atténué.

L’influence de la vitesse de traitement a été proposée pour de nombreuses activités

cognitives (Salthouse, 1996). Une association entre cette vitesse de traitement et le

vieillissement a été retrouvée lors de fluidités de lettre (Bryan, Luszcz, & Crawford, 1997;

Hedden, Lautenschlager, & Park, 2005). Dans le contexte de la fluidité verbale, cette

implication pourrait agir au niveau de la rapidité d’exécution de la recherche de mots en

mémoire (Salthouse, 1996). Ainsi, Hughes et Bryan (2002) ont ainsi montré une association

entre la vitesse articulatoire et le nombre de mots produits chez des adultes âgés, qu’ils

attribuent à l’implication de la boucle phonologique et qui pourrait traduire simplement la

vitesse à laquelle les traitements langagiers de base se déroulent. Cependant, la vitesse

d’articulation n’aurait qu’une participation mineure dans l’effet négatif de l’âge en fluidité

verbale lorsque la production est orale (Birren, Riegel, & Robbin, 1962; cités dans Mayr &

Kliegl, 2000).

Enfin, concernant la MDT, il a notamment été montré que le nombre de mots produits

est plus important et les répétions plus rares chez les participants présentant un empan élevé

Chapitre 1 : approche théorique

58

que chez ceux avec un empan plus faible (Rosen & Engle, 1997). L’implication de la MDT

lors de la réalisation de fluidités de lettre a été obtenue chez des adultes jeunes à âgés (Hedden

et al., 2005).

6.5. Synthèse : fluidité sémantique et processus cognitifs

La fluidité verbale sollicite les fonctions exécutives et nécessite l’intégrité de la

mémoire sémantique. Le nombre de mots produits, qui correspond à la performance finale,

renseigne par conséquent sur des processus distincts, contrôlés mais également automatiques.

Or, les processus automatiques et contrôlés présentent des caractéristiques différentes

(Shiffrin & Schneider, 1977; Schneider & Shiffrin, 1977) et évolueraient différemment,

notamment au cours du vieillissement normal (Hasher & Zacks, 1979). Il est ainsi apparu

nécessaire de développer des indicateurs supplémentaires, permettant d’appréhender plus

précisément les processus mis en cause lors d’une baisse de la performance. La prise en

considération des regroupements et des alternances, systématisée par Troyer et al. (1997), des

répétitions (Rosen & Engle, 1997) ou bien encore la prise en compte du décours temporel

(Crowe, 1998b) sont des traductions de cette nécessité. L’influence de différentes variables

telles que la vitesse de traitement, la MDT ou le vocabulaire s’explique également par la

variété des processus impliqués lors de la fluidité verbale.

Afin de mieux comprendre ces processus, Rosen et Engle (1997) ont proposé quatre

composantes de récupération. Tout d’abord, une activation automatique dès la présentation de

la catégorie sémantique. Ensuite, trois composantes contrôlées : une surveillance des mots

produits afin d’éviter les répétions et erreurs, une suppression des mots précédemment

produits et enfin la génération d’indices afin d’accéder à de nouveaux mots. La MDT serait

ainsi fortement impliquée durant l’exécution de la tâche, pour notamment supprimer les

précédentes réponses et permettre la manipulation des informations en mémoire sémantique.

Chapitre 1 : approche théorique

59

Trois niveaux d’accès à l’information en MDT sont proposés par Oberauer (2002) : le centre

de l’attention, une région d’accès direct et une activation d’une partie de la MLT. L’élément

au centre de l’attention est celui sélectionné pour l’action immédiatement en cours. La région

d’accès direct comprend un ensemble d’éléments qui sont en quelque sorte en attente pour la

suite de la tâche. Enfin, les éléments en MLT sont rendus plus accessibles et peuvent ainsi

influencer la sélection des futurs items. Oberauer précise que son approche n’est pas

incompatible avec le modèle traditionnel de MDT de Baddeley et qu’elle s’inspire notamment

du modèle de mémoire de travail à long terme de Ericsson et Kintsch (1995), dans lequel des

informations présentent en MLT sont rendues accessibles rapidement du fait d’une grande

expertise dans un certain domaine.

Ces deux modèles, de Rosen et Engle (1997) et Oberauer (2002), nous amènent à

postuler les étapes et traitements suivants lors de la réalisation de fluidités sémantiques. La

présentation de la catégorie sémantique (e.g., animaux) va provoquer l’activation automatique

des mots en MLT associés à cette catégorie. Les mots les plus rapidement activés seront

placés dans la région d’accès direct et seront produits au fur et à mesure de leur entrée dans

celle-ci. Une fois le mot produit, il sera supprimé et chaque nouveau mot sera vérifié avant

production, notamment afin d’éviter de redonner un mot déjà produit. La génération de

nouveaux indices permettra l’activation de nouveaux pans de la MLT associés à la catégorie

donnée.

En résumé il nous semble possible d’imager de la manière suivante les processus

cognitifs à l’œuvre en fluidité sémantique. La recherche des mots serait comparable à un

survol de la mémoire sémantique à l’aide de ce que l’on pourrait représenter comme une

loupe. (a) La présentation de la catégorie activerait automatiquement certains nœuds

sémantiques, prioritairement les plus typiques. Cette activation provoquerait une sorte de

« scintillement » qui attirerait la loupe. (b) Le mot au centre de la loupe apparaîtrait

Chapitre 1 : approche théorique

60

clairement et serait produit, il correspondrait au centre de l’attention. (c) Les mots présents en

périphérie de la loupe seraient moins nets mais néanmoins identifiables, permettant leur entrée

prochaine dans le centre de l’attention. La périphérie de la loupe correspondrait à la région

d’accès direct. (d) Une fois le mot produit, des processus d’inhibition feraient passer son

niveau d’activation de base à un niveau inférieur à celui des autres mots, afin d’éviter qu’il ne

soit à nouveau reconsidéré. (e) La loupe se déplacerait au gré des régions activées en MLT,

explorant différents mots et regroupements sémantiques. Le passage d’une région à une autre

correspondrait au phénomène d’alternance. Les activations iraient des catégories les plus

typiques (e.g., mammifères) au moins typiques (e.g., crustacés) et des items les plus typiques

(e.g., moineau) au moins typiques (e.g., autruche). Un réseau sémantique riche faciliterait des

activations fortes au sein d’un sous regroupement.

L’exécution de fluidité sémantique relèverait donc de processus d’inhibition et de

flexibilité mais également d’aspects plus automatiques d’accès aux mots en mémoire

sémantique. Une version alternée de l’épreuve est ainsi retrouvée dans la littérature afin de

solliciter de manière plus importante la composante de flexibilité et à travers elle les

processus contrôlés.

7. FLUIDITE SEMANTIQUE ALTERNEE

La fluidité sémantique alternée consiste à produire, en un temps imparti, le plus possible

de mots appartenant à deux catégories sémantiques distinctes en alternant à chaque production

entre ces catégories (e.g., chien-marteau-rat-perceuse-etc.). Il existe également des fluidités

alternées de lettre (i.e., alterner entre deux lettres différentes) et des fluidités alternées mixtes

(i.e., alterner entre une lettre et une catégorie sémantique).

Chapitre 1 : approche théorique

61

Comme pour la fluidité sémantique simple, la fluidité sémantique alternée nécessite la

génération et l’accès aux mots en mémoire sémantique, mais cette fois-ci pour deux

catégories en parallèle. Elle exige également de la flexibilité réactive pour passer d’une

catégorie à l’autre (Zec et al., 1999) alors que les alternances en fluidité simple relèveraient

d’une flexibilité plus spontanée. Selon Eslinger et Grattan (1993), la flexibilité réactive est

également à l’œuvre dans la tâche du Trail Making Test (TMT ; Reitan, 1958). Cette épreuve

consiste, dans une partie A, à relier dans l’ordre croissant et le plus rapidement possible des

cercles contenants des nombres. Puis dans une partie B à relier des cercles comportant des

chiffres mais également des lettres, en alternant entre les chiffres et les lettres à chaque essai

et en respectant l’ordre croissant et l’ordre alphabétique (i.e., 1-A-2-B-etc.). L’implication de

la flexibilité dans cette partie B d’alternance est en accord avec les données comportementales

(Crowe, 1998a; Kortte, Horner, & Windham, 2002) et de neuroimagerie (Shibuya-Tayoshi et

al., 2007). De précédentes études montrent que le vieillissement est associé à de plus faibles

performances à la fois en Partie A et en Partie B, en étudiant des personnes âgées de 50 ans et

plus (Seo et al., 2006; Soukup, Ingram, Grady, & Schiess, 1998) ou en comparant des adultes

jeunes et des adultes âgés (Tun, O'Kane, & Wingfield, 2002). On notera que le ralentissement

de la vitesse de traitement a été avancé comme explication à l’effet de l’âge sur cette tâche

d’alternance (Salthouse et al., 2000).

En fluidité, le passage d’une catégorie sémantique à une autre nécessiterait la mise en

place d’une reconfiguration des stratégies de recherche en mémoire. Le temps nécessaire à

chacune de ces reconfigurations réduirait alors le temps disponible pour produire les mots, et

par conséquent le nombre total de mots produits. Ainsi, Iudicello et al. (2008) et Noel et al.

(2001) obtiennent moins de mots produits en fluidité alternée qu’en fluidité simple, ce qui

traduirait le coût cognitif supplémentaire lié à l’alternance. Cependant, dans ces deux études,

les catégories sémantiques étaient différentes pour les fluidités simples et alternées. Le plus

Chapitre 1 : approche théorique

62

faible nombre de mots produits en fluidité alternée reste à répliquer en utilisant des catégories

identiques. Les fluidités alternées seraient également plus sensibles que les fluidités simples

aux altérations des fonctions exécutives chez des personnes présentant un vieillissement

pathologique (Uekermann et al., 2003; Zec, Landreth, Fritz et al.,1999).

Une question importante concerne les processus cognitifs sous tendant cette réduction

de la performance.

7.1. Fluidité sémantique alternée et processus cognitifs

Il n’existe, à notre connaissance, que peu de recherches s’étant intéressées aux

processus cognitifs à l’œuvre en fluidité alternée.

L’étude de Noel et al. (2001) apporte cependant quelques éclaircissements. Portant sur

les effets de l’alcoolisme chronique, cette étude a montré que les patients nouvellement sevrés

présentent une performance altérée en fluidité sémantique alternée (outils-animaux) mais pas

en fluidité sémantique simple (vêtements), chacune durant deux minutes. Ces mêmes

participants présentaient également une altération de la performance au Stroop mais

uniquement pour la condition alternée5, à la partie B du Hayling (inhibition) mais pas à la

partie A (activation), et au TMT B (alternance) mais pas au TMT A (vitesse perceptivo-

motrice). Ainsi, la fluidité sémantique alternée serait plus sensible que la forme simple pour

appréhender les déficits de flexibilité et d’inhibition.

La comparaison entre le nombre d’alternances spontanées en fluidité sémantique simple

(i.e., Troyer et al., 1997) et les alternances en fluidité alternée (i.e., passage correct d’une

catégorie à l’autre) a été réalisée par Iudicello et al. (2008). Après que les deux indicateurs

aient étés transformés en scores z, les résultats montrent que des patients atteints du SIDA

5 Il s’agissait d’alterner, en fonction d’un indice, entre les consignes de dénomination de l’encre et de

lecture du mot (Bohnen, Jolles, & Twijnstra, 1992)

Chapitre 1 : approche théorique

63

réalisent de façon tendancielle moins d’alternances spontanées que des participants contrôles.

Cette différence devient significative pour les alternances contraintes. Bien que ce résultat

suggère que la fluidité sémantique alternée permet d’accéder plus précisément que la fluidité

sémantique simple à un déficit d’alternance, les corrélations des deux épreuves avec des

mesures de mémoire sémantique (dénomination d’images) et de MDT (empan envers) restent

faibles et assez similaires. De même, Mason (2002) observe une corrélation de .81 entre des

mesures de fluidités simples et alternées (sémantique et de lettre confondues), suggérant que

ces deux épreuves mesurent des construits très proches. De plus, les fluidités simples corrèlent

à .65 avec le Wisconsin et .58 avec le TMT partie B alors que les fluidités alternées corrèlent

à .64 avec le Wisconsin et à .65 avec le TMT partie B. Les corrélations de ces deux types de

fluidités avec d’autres tâches de flexibilité sont donc assez similaires. Cependant, dans ce

travail de Mason, l’addition des critères sémantique et de lettre en fluidités simples et

alternées ne permet pas de distinguer ce qui pourrait relever spécifiquement du critère

sémantique.

Une autre difficulté dans la comparaison des fluidités sémantiques simples et alternées

relève du choix des catégories utilisées. Afin d’éviter une possible contamination des

résultats, des catégories sémantiques différentes sont utilisées pour les formes simples et

alternées (e.g., Iudicello et al., 2008; Mason, 2002). Or, comme suggéré par les travaux en

fluidité simple (Crowe, 1997; 1998b), le choix de la catégorie pourrait avoir un impact

important sur le nombre de mots produits. Mason (2002) a par ailleurs évoqué le fait que des

éléments importants pourraient être retirés d’analyses plus qualitatives des performances en

fluidité alternée, tel que l’oubli d’alterner entre les catégories (i.e., persévération). Plumet, Gil

et Gaonac’h (2005), qui se sont intéressés à l’effet du vieillissement normal sur la

performance en fluidité alternée, ont proposé de tels indices supplémentaires.

Chapitre 1 : approche théorique

64

7.2. Indicateurs en fluidité alternée

Plumet et al.(2005) ont étudié l’effet du vieillissement et du niveau de scolarité sur une

épreuve de fluidité alternée sémantique (animaux/végétaux) de 60 secondes. Pour cela, ils ont

rencontré des personnes âgées de 50 à 92 ans en les séparant en trois groupes d’âges : 50 à 59

ans, 60 à 69 ans puis 70 ans et plus. En plus du nombre de mots produits, les auteurs se sont

intéressés aux alternances spontanées (i.e., alternances entre les regroupements sémantiques et

les mots isolés) mais également à l’atypicalité des mots produits ainsi qu’aux possibles

associations sémantiques entre les deux catégories alternées (e.g., banane/singe; carotte/lapin).

Si l’effet de l’âge sur le nombre de mots produits n’est pas significatif, l’atypicalité se réduit

au cours du vieillissement. Concernant l’influence du niveau d’étude, les participants ayant

suivi plus de 12 années d’études produisent plus de mots que les autres, ces mots étant

également plus atypiques. Tout comme les travaux en fluidité simple de Crowe (1998b),

Plumet et al. (2005) observent que l’atypicalité des mots est plus élevée pour ceux produits

dans les secondes 31 à 60 par rapport aux secondes 0 à 30. Concernant le nombre

d’alternances spontanées, il est plus faible chez les participants ayant un niveau de scolarité

faible et se réduit également au cours du vieillissement. Enfin, les auteurs s’étaient également

intéressés à la possible mise en place d’associations sémantiques lors des alternances. Les

effets simples de l’âge et du niveau d’étude sur le nombre de ces associations sont non

significatifs. Cependant, l’interaction entre ces deux facteurs révèle que les participants âgés

de 70 ans et plus ayant un faible niveau de scolarité produisent plus d’associations

sémantiques que les autres participants. Cette augmentation est interprétée par les auteurs

comme une stratégie visant à réduire la difficulté de la tâche. En effet, l’alternance entre deux

catégories sémantiques serait plus difficile pour ce groupe qui présente le moins de ressources

car plus âgé et moins scolarisé, et les liens sémantiques entre exemplaires de catégories

Chapitre 1 : approche théorique

65

différentes réduiraient la difficulté de l’alternance et par conséquent la difficulté de la tâche.

Cependant, l’absence6 de données associées à une fluidité sémantique simple ne permet pas

de statuer sur la nature des effets : liés à l’alternance contrainte (et alors présent uniquement

en fluidité alternée), liés à la récupération des mots en mémoire en fonction d’un indice

sémantique (effets présents également en fluidité simple) ou bien encore liés à l’association de

ces deux éléments (effets de l’âge sur les indicateurs en fluidités sémantiques simples et

alternées).

Des éléments de réponse sont cependant apportés par l’étude de Henry et Phillips

(2006), réalisée auprès d’adultes jeunes et âgés. Chaque participant devait compléter trois

fluidités sémantiques (animaux, fruits et légumes), trois fluidités de lettre et trois fluidités

alternées (couleurs-occupations ; C-P et R-vêtements). Chaque fluidité durait 60 secondes et

était indicée : l’expérimentateur tendait une carte avec le nom de la catégorie ou de la lettre à

traiter. En fluidité sémantique, le nombre de mots produits a été équivalent pour les deux

groupes d’âges, mais les adultes âgés ont fait plus de répétitions. En fluidité sémantique

alternée, les adultes âgés ont produit moins de mots et le nombre de répétitions pour

l’ensemble des trois fluidités alternées tendait à être plus élevé chez les aînés. A l’aide de

corrélations partielles, Henry et Phillips ont observé que l’effet négatif de l’âge sur le nombre

de répétitions en fluidité sémantique et le nombre de mots en fluidité sémantique alternée

disparaîssait quand une mesure d’intelligence fluide ou de vitesse perceptuelle était prise en

compte. Si la mesure de vocabulaire n’influence pour sa part aucune de ces variables, elle fait

disparaitre l’effet positif de l’âge observé sur le nombre de mots produits en fluidité de lettre.

Ces résultats rappellent que la baisse du nombre de mots produits avec l’âge n’est pas

systématique, et ne peut s’expliquer ici par le nombre d’années d’études puisque celui-ci était

6 La fluidité sémantique simple proposée par Plumet et al. (2005) n’a pu être analysée par les auteurs du

fait d’un effet plancher concernant le nombre de mots produits liés à la catégorie (i.e. moyens de transport).

Chapitre 1 : approche théorique

66

plus élevé chez les adultes jeunes (14 années pour les adultes jeunes vs. 12 années pour les

adultes âgés). Les corrélations partielles n’ayant été réalisées que pour les indicateurs ayant

montré un effet de l’âge, il n’est pas possible de définir si le niveau de vocabulaire des adultes

âgés participe à l’absence d’effet de l’âge sur le nombre de mots produits en fluidité

sémantique. Les données de Henry et Phillips rappellent également l’influence de

l’intelligence fluide et de la vitesse perceptive sur la performance en fluidité sémantique et

montrent que le même effet serait présent en fluidité sémantique alternée. Enfin, l’oubli

d’alterner pourrait constituer, selon Henry et Phillips, un indicateur encore plus précis des

persévérations. Mais il n’a pu être analysé dans leur étude étant donné que le passage d’un

critère à l’autre était indicé par l’expérimentateur.

Plus adaptée pour étudier de telles persévérations, une présentation sans indice

soulèverait selon Henry et Phillip une autre question : la persévération serait-elle une

persévération en soi ou la conséquence de l’altération de composantes prospectives ou

rétrospectives, ou bien encore due à la charge en MDT ? La question de l’utilisation ou non

d’un indice lors des fluidités alternées est majeure, puisque l’indiçage pourrait modifier les

processus cognitifs mis en jeu lors de cette tâche.

7.3. Fluidité alternée, indiçage et réduction du coût d’alternance

Henry et Phillips (2006) ont utilisé des fluidités alternées indicées avec pour hypothèse

que la présentation d’un indice externe réduirait la sollicitation de la MDT. Ainsi, la charge

sur la MDT serait augmentée de façon importante lors de fluidités alternées non indicées. Ces

auteurs ayant étudié uniquement des fluidités alternées avec indice, il n’est pas possible

d’aller plus loin dans la comparaison entre la présentation indicée et non indicée. Cependant,

quelques années auparavant, Downes et al. (1988) avaient comparé ces deux types de

présentation, suivant l’idée que la présence d’un indice visuel (i.e., nom de la catégorie à

Chapitre 1 : approche théorique

67

produire) réduirait la charge attentionnelle. Leurs résultats montrent que plus de mots ont

tendance à être produits quand l’indiçage est présent que lorsqu’il est absent. Il s’agit à notre

connaissance de la seule étude ayant comparé fluidités sémantiques alternées avec et sans

indice.

La question de la présence ou non d’un indice fait écho à celle présente dans la

littérature sur l’alternance. Comme le rappelle Kray (2006), les modèles de contrôle cognitif

stipulent que la présence d’un indice environnemental réduit le contrôle nécessaire en

rappelant les objectifs et règles de la tâche. Ainsi, la présentation d’un indice informe sur la

prochaine action à réaliser et en faciliterait l’activation, ce qui réduirait le coût de préparation

et se traduirait par un gain de temps. Dans le cadre d’une fluidité alternée, ce gain à chaque

alternance devrait se traduire par plus de temps pour produire des mots. Ainsi, et en accord

avec les résultats de Downes et al. (1988), on peut émettre l’hypothèse que, pour une même

règle d’alternance (e.g., alterner tous les items), plus de mots seront produits lorsque la

fluidité est indicée que lorsqu’elle ne l’est pas.

L’absence d’indice environnemental, plaçant une demande importante sur la MDT,

pourrait augmenter le recours à des stratégies d’alternance. Dans une telle situation, le

participant est en effet obligé de maintenir simultanément la séquence de l’épreuve en cours

de réalisation tout en gardant disponibles les deux actions (i.e., tâche A, tâche B) et en les

alternant. C’est ce que suggèrent les données de Plumet et al. (2005), obtenues lors d’une

fluidité sémantique alternée non indicée, montrant que certains participants créent des

associations sémantiques entre les deux catégories. Utilisant les catégories Animaux et

Végétaux, les auteurs ont observé quatre sortes de relations : comportement alimentaire (e.g.,

singe-banane), lieu (e.g., oiseau-arbre), recette (e.g., canard-orange) et associations

spécifiques (e.g., serpent-pomme).

Chapitre 1 : approche théorique

68

L’influence de la charge en MDT sur l’efficience de l’alternance chez la personne âgée

a été particulièrement mise en avant par Kramer, Hahn et Gopher (1999). Dans cette étude, les

auteurs rapportent des effets de l’âge sur l’alternance quelle que soit la charge en MDT. Mais

alors que cet effet négatif disparaît rapidement avec la pratique pour les charges en MDT

faibles, il reste identique pour une charge en MDT importante. Pour cette dernière, les

participants devaient alterner tous les cinq items et cela sans indiçage, ce qui impliquait la

nécessité de garder active la représentation de l’action, c'est-à-dire le nombre de productions

déjà réalisées et celles à réaliser encore avant de changer de tâche.

7.4. Synthèse : fluidité sémantique simple et alternée

Les données portant sur la fluidité sémantique rapportent régulièrement une baisse

discrète du nombre de mots produits chez les adultes âgés de plus de 60 ans comparés à des

adultes jeunes. Ce constat soulève cependant quelques interrogations sur les processus

cognitifs sous-tendant cet effet. Ainsi, il a souvent été interprété comme relevant d’une baisse

d’efficience des fonctions exécutives alors que les fluidités de lettre, supposées solliciter de

manière plus importante que les fluidités sémantiques ces mêmes fonctions exécutives, voient

leur performance moins réduite au cours du vieillissement.

Le recours à des indicateurs plus spécifiques (e.g., regroupement, alternance, répétition,

décours temporel) devrait permettre une meilleure compréhension des processus en jeu, et par

là même de l’évolution de ces processus cognitifs au cours du vieillissement. De même, la

manipulation de la quantité de processus contrôlés nécessaires à l’exécution de la tâche, par

l’utilisation de la fluidité alternée jusqu’ici peu étudiée dans le cadre du vieillissement normal,

nous permettra également d’étudier les effets de l’âge sur les processus contrôlés.

Chapitre 1 : approche théorique

69

A la lumière des activations observées lors de la sollicitation des fonctions exécutives,

les études associant l’imagerie cérébrale à la fluidité verbale peuvent aider à mieux

comprendre les processus qui la sous-tendent. Ainsi, nous allons voir qu’il a été montré des

activations préfrontales et temporales lors de la réalisation de fluidités sémantiques, en accord

avec l’implication de la mémoire sémantique et de la mise en place de stratégie et du contrôle

de la production en cours. Alors qu’il n’existe pas, à notre connaissance, d’études portant sur

les corrélats neuronaux associés à une tâche de fluidité alternée lors du vieillissement, il a été

montré des activations plus importantes pour les tâches cognitives les plus exigeantes. Ainsi,

de nombreuses activations préfrontales supplémentaires ont été montrées en comparant la

partie inhibition à la partie activation de la tâche de Hayling (Collette et al., 2001).

8. ACTIVITE CEREBRALE ET FLUIDITE SEMANTIQUE

Les neurosciences cognitives du vieillissement s’intéressent aux liens entre l’influence

du vieillissement sur la cognition et sur le cerveau. Cette approche permet de concilier celle

de la psychologie cognitive, qui étudie les éventuels changements de performance dans des

domaines tels que l’attention et le langage, et celle des neurosciences, qui se penche sur de

possibles changements anatomiques ou physiologiques, comme par exemple l’atrophie

cérébrale ou les changements au niveau des neurotransmetteurs (Cabeza, Nyberg, & Park,

2005). Comme le rappelle Cabeza et al. (2005), deux sens de relations peuvent être envisagés.

La plus évidente, à première vue, est l’influence des changements cérébraux sur le

fonctionnement cognitif. On peut ainsi citer, pour le vieillissement normal, la théorie

concernant la perte de substance grise dans les lobes préfrontaux qui entraînerait une

altération de la mémoire et des fonctions exécutives (West, 1996). De même, le

fonctionnement cognitif pourrait entraîner des modifications cérébrales. Ainsi, un milieu de

vie riche stimulant le fonctionnement cognitif entraînerait de nombreux changements

Chapitre 1 : approche théorique

70

cérébraux (e.g., Mora, Segovia, & del Arco, 2007). On peut alors faire l’hypothèse de boucles

d’interactions, où les changements cérébraux provoqueraient des changements cognitifs (e.g.,

utilisation de moyens mnémotechniques) qui à leur tour occasionneraient des changements

cérébraux.

Ces possibles influences mettent en lumière la nécessité de mieux comprendre les

interactions entre activité cérébrale et activité cognitive au cours du vieillissement. Ce

questionnement est indissociable du développement et du perfectionnement de techniques

permettant d’appréhender l’activité cérébrale lors de la réalisation d’épreuves cognitives.

8.1 Mesures hémodynamiques et électrophysiologiques

Les techniques actuelles de mesures in vivo de l’activité cérébrale, peuvent être

distinguées en deux classes : les approches hémodynamiques et les approches

électrophysiologiques (Fabiani & Gratton, 2005). Les techniques hémodynamiques s’appuient

sur l’augmentation du flux sanguin faisant suite à l’activation neuronale. Il s’agit donc de

mesures indirectes, pour lesquelles on infère que l’augmentation de l’apport sanguin dans

certaines zones traduit une activation neuronale et donc cérébrale de ces mêmes zones. Ces

techniques, parmi lesquelles l’IRMf ou la tomographie par émission de positrons (TEP),

présentent une résolution temporelle assez faible mais bénéficient d’une bonne résolution

spatiale. La seconde approche concerne les techniques électrophysiologiques, telles que les

potentiels évoqués cognitifs (PEC) ou la magnétoencéphalographie (MEG). Il s’agit de

mesurer directement l’activité neuronale, principalement à travers les potentiels d’actions

post-synaptiques. La résolution temporelle est alors très bonne, de l’ordre de la milliseconde.

A l’inverse, la résolution spatiale est faible, bien que des tentatives de modélisations soient

proposées (voir Fabiani & Gratton, 2005).

Chapitre 1 : approche théorique

71

Différentes recherches ont montré que la réponse hémodynamique corrélait

significativement avec l’activité neuronale, bien que cette activation soit plus étendue dans le

temps et dans l’espace (Shibasaki, 2008). Les techniques hémodynamiques et

électrophysiologiques, aux caractéristiques complémentaires, permettent depuis de

nombreuses années d’étudier les effets de l’âge sur l’activité cérébrale concomitante à une

activité cognitive. De développement plus récent, la technique d’imagerie optique (IO) permet

elle aussi de compléter ces observations.

8.2 Imagerie optique et activation cérebrale

La technique d’IO s’appuie sur le fait que l’hémoglobine oxygénée (oxyhémoglobine ;

HbO) ne présente pas la même sensibilité à la lumière que l’hémoglobine désoxygénée

(déoxyhémoglobine ; HbR), ce qui va permettre de quantifier ces deux chromophores. Pour

cela, des sources lumineuses projettent à la surface du crâne de la lumière infrarouge de

longueurs d’ondes différentes et des détecteurs permettent de capter la lumière non absorbée.

Sur son trajet, cette lumière va devoir traverser différentes parties du crâne avant d’atteindre

le cortex. La lumière va alors se projeter sous une forme en « U » (ou « banane ») entre la

source et le détecteur (cf. Figure 6).

Figure 6. Cheminement de la lumière infrarouge (emission/detection) en IO (figure issue de Biopac,

2010)

Chapitre 1 : approche théorique

72

Le pattern typiquement attendu en IO chez des personnes jeunes lors d’une activation

cérébrale est une augmentation de HbO et une diminution, plus modérée, de HbR. Cependant,

il est parfois observé des augmentations d’HbR et il semblerait que cela se produise plus

fréquemment chez les personnes âgées (Villringer, Planck, Hock, Schleinkofer, & Dirnagl,

1993). Les changements de HbR étant plus faibles que ceux de HbO, ils sont généralement

moins observés et moins à l’origine de différences significatives. Cependant, HbR

représenterait une mesure plus fine de l’activation car notamment, à l’inverse de HbO, il ne

corrèle pas avec les battements cardiaques ou la pression sanguine (Mehagnoul-Schipper,

Vloet, Colier, Hoefnagels, & Jansen, 2000). Ces différents éléments sont mieux compris en

reprenant les étapes, détaillées par Mazoyer (2005), de la consommation d’oxygène sanguin

lors d’une activation cérébrale. Tout d’abord, l’augmentation de l’activité synaptique va

accroître la consommation en oxygène qui est transportée dans le sang par l’hémoglobine.

L’HbO immédiatement accessible commence alors à être consommée, ce qui produit une

augmentation de la proportion d’HbR dans un premier et bref temps (i.e., une à deux

secondes). L’augmentation locale du débit sanguin, en réponse à l’activité synaptique, va

ensuite apporter un sang riche en HbO par vasodilatation des petites artères irriguant la zone,

permettant ainsi un débit sanguin plus élevé dans les capillaires. Cet apport en HbO dépassent

les besoins réels tant en quantité qu’en étendue spatiale. On assiste alors à une augmentation

de la concentration de HbO et par conséquent à une diminution de celle de HbR, ce qui

correspond à l’effet BOLD (pour Blood Oxygen Level Dependent). Une fois l’activation

terminée, la concentration en HbR reprend son niveau de base. Il arrive parfois qu’une

augmentation transitoire d’HbR soit constatée avant le retour au niveau de base, ce qui

pourrait s’expliquer par une persistance de la vasodilatation au-delà de la consommation

d’oxygène.

Chapitre 1 : approche théorique

73

8.3 Avantages et limites de l’imagerie optique

L’utilisation de l’imagerie optique permet d’arriver à des conclusions similaires à celles

obtenues par le passé à l’aide de l’IRMf (Horovitz & Gore, 2004) ou de la TEP (Franceschini

et al., 2003). De même lorsque les données d’IO sont comparées à celles d’EEG, mais

uniquement pour les variations d’HbR et pas pour celles d’HbO (Herrmann et al., 2008).

Concernant la comparaison entre des participants jeunes et âgés, l’IO a montré des patterns

d’activation similaires à ceux obtenus en IRMf durant une tâche motrice, avec une bonne

corrélation entre les deux techniques (Mehagnoul-Schipper et al., 2000). Ainsi, l’IO se révèle

une technique fiable et intéressante pour étudier les activations cérébrales, notamment grâce

au fait qu’elle permet des expérimentations dans des conditions très écologiques (Joanette et

al., 2008). En effet, le participant peut rester confortablement assis durant l’acquisition des

données, et le matériel d’IO n’émet qu’un bruit léger et la technique présente une relative

tolérance aux mouvements. Autre avantage important, contrairement à l’IRMf, l’IO ne

présente pas de contre indications médicales, permettant ainsi de tester également des patients

présentant des implants métalliques (e.g., stimulateurs cardiaques, prothèses). Ceci est

particulièrement intéressant dans le cas d’études portant sur une population âgée, plus encline

à présenter de tels implants.

Comparée aux autres techniques hémodynamiques, l’IO présente une faible résolution

spatiale et ne permet d’investiguer que des zones situées à la surface du cortex. Cependant,

elle présente une bonne résolution temporelle qui lui permet de détecter des activations dans

des délais courts (Villringer & Chance, 1997). Cette technique présente également une

reproductibilité inter-sessions satisfaisante, tant pour des mesures en blocs (Kono et al., 2007)

que pour des mesures en évènements répétés (Plichta et al., 2007). Enfin, la bonne tolérance

de l’IO aux mouvements permet la production de réponses orales par le participant (Joanette

Chapitre 1 : approche théorique

74

et al., 2008). Cela fait de l’IO une technique tout particulièrement indiquée pour étudier la

fluidité verbale, là où l’IRMf ou les PEC nécessitent le plus souvent que la personne produise

les mots sans les prononcer afin d’éviter les mouvements liés à l’articulation, ne permettant

alors pas d’accéder à la performance en termes de mots produits.

De nombreux travaux en IRMf et TEP, mais également IO depuis quelques années, se

sont intéressés à l’effet de l’âge sur l’activité cérébrale associée à la tâche de fluidité verbale.

8.4. Fluidité sémantique et activations cérébrales durant le vieillissement

Depuis de nombreuses années, des données issues de la neuropsychologie et de la

neuroimagerie ont montré que les fonctions exécutives solliciteraient principalement les aires

frontales et préfrontales (voir Figure 7). Cette association a même mené à ce que les termes de

fonctions exécutives et de tâches frontales soient utilisés de façon indifférenciée. D’une

manière générale, et bien qu’ils ne se limitent pas à ces activités, les lobes préfrontaux sont

sollicités dans la majorité des tâches cognitives de haut niveau. On note notamment une

activation bilatérale pour les tâches de MDT, et latéralisée à gauche pour la mémoire

sémantique et le langage pour lesquels on retrouve également des activations temporales

(pour une méta-analyse, voir Cabeza & Nyberg, 2000). Cependant, bien que les fonctions

exécutives soient régulièrement associées à des activations préfrontales, elles relèveraient

d’un réseau plus large d’activations cérébrales, notamment frontales et postérieures (Collette

et al., 2005).

Chapitre 1 : approche théorique

75

Figure 7. Représentation des principales zones frontales et préfrontales (Badre, 2008)

Puisque les fluidités sémantiques relèveraient en partie du fonctionnement exécutif, des

activations préfrontales sont attendues durant leur exécution.

8.4.1. Mesures en IRMf et en TEP

La réalisation de tâches de fluidités verbales est associée à l’activation de différentes

zones cérébrales, notamment au niveau du cortex préfrontal gauche. La fluidité sémantique

est ainsi associée à des activations préfrontales et temporales (Gourovitch et al., 2000). Les

activations frontales seraient la traduction des fonctions exécutives en jeu alors que les

activations temporales ont été associées à la récupération des mots en mémoire sémantique.

Ainsi, une faible performance par des patients DTA lors d’une fluidité sémantique est

associée à un hypométabolisme mesuré par TEP des régions temporales ainsi que frontales

(Melrose et al., 2009). Le lien entre lobes temporaux et connaissances sémantiques est appuyé

par le constat d’une réduction de la capacité de dénomination d’images après des atteintes

temporales (Teipel et al., 2006). Certains travaux suggèrent que le cortex préfrontal inférieur

Chapitre 1 : approche théorique

76

gauche serait également associé à des traitements phonologiques et sémantiques (e.g.,

Costafreda et al., 2006; Poldrack et al., 1999).

Une limite souvent observée dans les études en IRMf est qu’elles ne permettent pas de

mesurer le nombre de mots produits durant la fluidité verbale. En effet, la majorité des études

en IRMf se font avec des paradigmes ne nécessitant pas la production de réponses orales de la

part des participants. Cette précaution a pour objectif d’éviter les artefacts sur les mesures,

liés notamment aux mouvements de la tête (Heim, Amunts, Mohlberg, Wilms, & Friederici,

2006). Dans le cas d’une fluidité verbale, on va demander au participant de produire les mots

silencieusement (« covert fluency »), parfois il lui sera même demandé de ne le faire qu’à la

présentation d’un indice. Outre le fait de ne pas pouvoir mesurer la performance

comportementale du participant7, ce choix méthodologique pourrait faire varier les activations

cérébrales. Ainsi, il a été montré que lorsque les mots étaient produits silencieusement, des

activations plus importantes étaient obtenues dans les cortex pariétaux inférieurs et le

supérieur droit, le gyrus cingulaire antérieur gauche, les gyrus frontaux supérieurs et le gyrus

temporal médian gauche. A l’inverse, lorsque les mots étaient prononcés à haute voix, aucune

activation supplémentaire ne fut observée (Basho, Palmer, Rubio, Wulfeck, & Müller, 2007).

C’est à l’aide de fluidités à production silencieuse que Hirshorn et Thompson-Schill

(2006) se sont intéressés, avec de l’IRMf, aux corrélats neuronaux associés aux alternances

entre les différents regroupements, s’appuyant sur la distinction faite par Troyer et al. (1997).

Leurs résultats sont en faveur d’une implication du gyrus frontal inférieur gauche, plus

précisément du pars triangularis (BA 45), durant les alternances. Ces dernières étaient

également associées à une plus grande activité du gyrus frontal médian gauche et des cortex

pariétaux. Les auteurs mettent en lien ce résultat avec l’implication du pars triangularis dans

7 Une mesure comportementale de la performance en fluidité est parfois obtenue en demandant au

participant de réaliser une fluidité classique en dehors du moment d’acquisition des données d’imagerie.

Chapitre 1 : approche théorique

77

des situations où la réponse verbale va nécessiter le choix entre différentes réponses

potentielles activées (Kan & Thompson-Schill, 2004; Robinson et al., 1998; cités dans

Hirshorn & Thompson-Schill, 2006). Concernant les regroupements sémantiques, Hirshorn et

Thompson-Schill rapportent une plus grande activité des lobes temporaux, ce qui est

également en accord avec la théorie de Troyer (Troyer et al., 1997; Troyer, 2000).

8.4.2. Mesures en IO

A notre connaissance, il existe encore très peu d’études ayant investigué l’effet de l’âge

sur la fluidité verbale, à fortiori sémantique, avec la technique d’IO. Pourtant, cette dernière

présente les avantages précédemment évoqués de placer les participants dans un

environnement naturel et peu stressant, et de permettre l’enregistrement de réponses orales et

ainsi d’accéder avec précision à la production du participant.

On note cependant une exception avec l’étude d’Hermann, Walter, Ehlis et Fallgatter

(2006) qui portait sur les effets de l’âge mais également du genre sur la production en fluidités

de lettre (F, A et S) et sémantique (animaux, fruits et fleurs). Les auteurs ont réalisé trois

blocs expérimentaux d’une durée de 60 secondes chacun : 30 secondes de production puis 30

secondes de non production (i.e., repos). Il y avait également une période de repos de 10

secondes en début d’épreuve, entre la consigne et le début des 30 secondes d’activation. Les

mesures ont été réalisées à partir d’un équipement d’IO à 24 canaux disposés sur les lobes

préfrontaux. Leurs résultats montrent que les participants âgés (âge moyen = 64 ans)

produisent moins de mots en fluidité sémantique que les adultes jeunes (âge moyen = 23.7

ans), mais qu’aucun effet de l’âge n’est observé en fluidité de lettre. Herrmann et al. (2006)

ont alors choisi de comparer les activations cérébrales uniquement obtenues durant les

fluidités de lettre, afin d’éviter que des différences d’activations ne puissent être expliquées

par la variation des performances. Les taux de HbO et HbR ont été obtenus en comparant les

Chapitre 1 : approche théorique

78

périodes d’activations aux périodes de repos : les auteurs obtiennent une augmentation

marquée de HbO pour l’ensemble de leurs canaux et une diminution de HbR sur un nombre

plus réduit de canaux. Il ressort également des résultats que l’augmentation de HbO est plus

faible chez les âgés que chez les jeunes et que seuls les participants jeunes présentent une

activation asymétrique. Cette dernière correspondait à un taux d’HbO plus élevé à gauche

qu’à droite. Herrmann et al. (2006) concluent donc à une réduction de l’activation et de

l’asymétrie cérébrale au cours du vieillissement. Précédemment, une recherche de la même

équipe (Herrmann, Ehlis, Scheuerpflug, & Fallgatter, 2005), sur une population d’adultes

jeunes (âge moyen = 26 ans), avait montré également une augmentation de HbO et une

diminution de HbR durant des fluidités de lettre de 30 secondes. Une asymétrie de l’activation

entre le cortex préfrontal droit et le gauche avait déjà été rapportée. A noter la présence dans

cette étude d’une tâche contrôle consistant à réciter les jours de la semaine, qui

s’accompagnait d’une augmentation de HbO au niveau du cortex préfrontal droit mais pas du

gauche. Ainsi, l’absence d’une tâche contrôle de production pourrait masquer la présence

d’une asymétrie, puisque la fluidité verbale activerait principalement le cortex préfrontal

gauche alors que l’activité de production orale solliciterait principalement le cortex préfrontal

droit. On remarquera ainsi que dans des conditions d’épreuves proches, et sans tâche contrôle

de production, Herrmann, Ehlis, & Fallgatter, (2003) n’avaient pas observé de latéralisation

de la performance dans une population d’adultes jeunes. Ce résultat semble pouvoir être

expliqué par le fait que les mesures d’IO ne comprenaient que deux optodes, alors que

l’asymétrie observée par Herrmann et al. (2006) n’est pas retrouvée sur l’ensemble des 24

optodes.

La même équipe (Ehlis, Herrmann, Plichta, & Fallgatter, 2007) s’est intéressée à

l’activation du lobe préfrontal gauche chez des patients atteints de schizophrénie, toujours à

Chapitre 1 : approche théorique

79

l’aide de l’IO. Les périodes de production de fluidités de lettre et sémantiques étaient toujours

de 30 secondes, choix justifié par la volonté d’éviter les périodes de non production de mots.

Les patients produisaient moins de mots et présentaient une augmentation d’HbO moins

marquée que celle des participants contrôles. Mais les résultats concernant HbR sont plus

étonnants, car alors que les patients présentaient une diminution de celui-ci, les participants

contrôles montraient une augmentation. D’après Ehlis et al., ces données pourraient

s’expliquer par le caractère controversé de l’interprétation des taux de HbR, citant notamment

d’autres auteurs n’ayant pas obtenu la réduction de celui-ci conjointement à une augmentation

de HbO (Obrig, et al., 2000), ainsi que des recherches ayant montré une pareille augmentation

de HbR dans le cortex frontal inférieur gauche (Watanabe et al., 1998). A noter qu’une

hypoactivation préfrontale chez les patients schizophrènes avait été montrée après avoir

contrôlé la différence de performance avec le groupe contrôle lors d’une fluidité de lettre

(Watanabe & Kato, 2004). Les différences d’activation entre les deux groupes ne

s’expliqueraient ainsi pas par la différence dans le nombre de mots produits. Dans cette étude,

la durée de production des fluidités était de 60 secondes. Les données obtenues chez les

participants contrôles montrent une augmentation progressive du taux de HbO au cours des

quatre périodes de 15 secondes et, de même, une diminution progressive du taux de HbR.

Chez les patients schizophrènes, les changements d’HbO et HbR se stabilisent à partir de 30

secondes d’épreuve.

Enfin, concernant la fluidité sémantique, une augmentation de HbO et une diminution

de HbR ont été observées chez des adultes jeunes au niveau des cortex préfrontaux pour des

périodes de production de 30 secondes (Kono et al., 2007). De plus, cette étude, composée de

quatre sessions, a montré une bonne réplication des activations en IO au cours de celles-ci.

Enfin, il n’a pas été observé de corrélations entre le nombre de mots produits et l’amplitude

Chapitre 1 : approche théorique

80

des changements d’HbO et HbR. La présence ou non d’une asymétrie des activations entre les

deux hémisphères n’a pas été débattue par les auteurs. Et, comme le rappellent Gierski et

Ergis (2004), si la prédominance de l’hémisphère gauche est couramment observée en fluidité

de lettre, elle est plus controversée en fluidité sémantique. D’autres études ont suggéré une

différence d’implication des deux hémisphères selon le niveau de traitement sémantique à

réaliser. Ainsi, à l’aide d’une épreuve de génération de verbes présentant un lien usuel (i.e.,

vaisselle-nettoyer) ou peu usuel (i.e., vaisselle-lancer), il a été montré que les associations

usuelles étaient accompagnées d’activations frontales gauches auxquelles s’ajoutaient des

activations frontales gauches supplémentaires mais également frontales droites (Seger,

Desmond, Glover, & Gabrieli, 2000) pour les associations peu usuelles. Les auteurs mettent

ce résultat en lien avec l’observation que des patients atteints de lésions de l’hémisphère droit,

comparés à des sujets contrôles, ne présentaient des difficultés en fluidité sémantique qu’à

partir de 30 secondes d’épreuve (Joanette, Goulet, & Le Dorze, 1988), période à laquelle la

recherche porterait vers des mots moins fréquents et/ou moins typiques (Crowe, 1998b).

La question de l’asymétrie des activations durant l’exécution de fluidités verbales revêt

ainsi une place conséquente. Cette même question de l’asymétrie se retrouve dans l’étude du

vieillissement, puisque plusieurs travaux, dont ceux que nous allons dès à présent exposer,

rapportent une réduction de l’asymétrie hémisphérique chez les adultes âgés.

8.5. Réduction de l’asymétrie hémispherique au cours du vieillissement

Le constat répété d’une réduction de l’asymétrie hémisphérique chez les adultes âgés,

comparés aux adultes jeunes, a mené à la mise en place du modèle HAROLD, pour

Hemispheric Asymmetry Reduction in Older Adults (Cabeza, 2002). Différents exemples de

cette réduction sont repris par Daselaar et Cabeza (2005), concernant notamment la mémoire

épisodique et la MDT. Les auteurs rapportent ainsi une recherche de Reuter-Lorenz et al.

Chapitre 1 : approche théorique

81

(2000) ayant trouvé au niveau des cortex préfrontaux, avec des épreuves de MDT, une

traditionnelle dominance de l’hémisphère gauche avec des stimuli verbaux et de l’hémisphère

droit avec des stimuli spatiaux. Ce résultat était valable pour les adultes jeunes seulement,

puisque les adultes âgés montraient quant à eux une activation bilatérale pour les deux types

de stimuli.

La position défendue par Cabeza pour expliquer cette réduction de l’asymétrie est

celle d’un changement à visée compensatoire. Un certain nombre de données montre ainsi que

les adultes âgés qui présentent une activation plus bilatérale que les autres adultes âgés ont

également une meilleure performance (Cabeza, 2002). Cette approche est également

compatible avec la théorie de la réduction des ressources de traitement au cours du

vieillissement. Ainsi, si on avance que chaque unité neuronale participe à la vitesse de

traitement ou à l’inhibition, alors un recrutement plus important de ces unités, à l’œuvre

durant une activation bilatérale, pourrait permettre de compenser la diminution de ces

ressources avec l’âge (Daselaar & Cabeza, 2005). Recruter plus serait nécessaire pour obtenir

une performance équivalente. La nature compensatoire d’un recrutement plus bilatéral serait

principalement à l’œuvre dans les tâches les plus exigeantes, pour lesquelles une collaboration

des deux hémisphères peut être bénéfique8 à la performance. Cependant, ce constat ne se

limite pas aux adultes âgés. Ainsi, lors d’une épreuve de compréhension de phrases faisant

varier la difficulté de celles-ci, les activations cérébrales étudiées par IRMf se sont révélées

plus étendues pour les phrases les plus complexes, tant dans l’hémisphère gauche que droit.

Certains participants ont notamment montré une activation bilatérale du cortex préfrontal

dorsolatéral, connu pour être associé au contrôle exécutif et à la planification (Just et al.,

1996). Ces différents éléments laissent entendre que des zones d’activations plus nombreuses

8 Dans certaines conditions et pour certaines tâches, l’activation privilégiée d’un hémisphère est suffisante

voire préférable, une activation plus bilatérale étant alors associée à de moins bonnes performances (Daselaar &

Cabeza, 2005; voir aussi Erickson et al., 2008).

Chapitre 1 : approche théorique

82

et/ou étendues seront obtenues lors des épreuves sollicitant fortement des processus cognitifs

de haut niveau, tels que l’inhibition ou l’alternance.

Il reste à mieux comprendre dans quelle mesure le phénomène de réduction de

l’asymétrie est généralisable à l’ensemble des adultes âgés et quelles sont les variables

susceptibles de l’influencer. Certains éléments suggèrent que cette réduction serait visible dès

50 ans et augmenterait au fil des âges, en étant notamment plus prononcée chez les 75-80 ans

que chez les 60-70 ans (Daselaar & Cabeza, 2005).

9. TÂCHE DE HAYLING

9.1. Activation et inhibition sémantique

Comme énoncé précédemment, la tâche de Hayling a été conçue par Burgess et Shallice

(1997) afin de mesurer l’initiation et la suppression de réponses chez des patients atteints de

lésions frontales.

Collette et al. (2001) ont étudié les activations associées à cette épreuve en utilisant une

procédure quelque peu différente de celle de Nathaniel-James et al. (1997). Ces derniers

n’avaient pas montré d’activations supplémentaires dans la partie inhibition par rapport à la

partie activation. D’après Collette et al., l’absence d’activations supplémentaires lors de la

phase de suppression de la réponse pourrait s’expliquer par le temps de présentation fixe, de

six secondes, comprenant la lecture de la phrase et la production de la réponse, de Nathaniel-

James et al. (1997). Collette et al. ont alors fait le choix d’interrompre la présentation de la

phrase dès la réponse à celle-ci donnée, afin de ne pas mesurer des activations liées à des

activités cognitives non connues et contrôlées une fois la réponse donnée. Les résultats

obtenus montrent cette fois-ci des activations plus importantes au niveau du cortex préfrontal

gauche (notamment préfrontal moyen BA 9 et BA 10 ainsi qu’inférieur BA 45) lors de la

Chapitre 1 : approche théorique

83

partie d’inhibition comparée à la partie d’activation. Ces résultats sont donc en accord avec

une implication des lobes préfrontaux dans les épreuves d’inhibition contrôlée et révèlent

également la complexité des processus cognitifs en action lors de la partie inhibition de la

tâche de Hayling. Collette et al. s’appuient pour cela sur de précédentes études ayant montré

que l’activité des aires frontales inférieures (BA 45/47) serait impliquée dans la sélection et

l’évaluation des réponses sémantiques. Le gyrus frontal moyen gauche (BA 9) serait quant à

lui sollicité lorsque les tâches requièrent une planification de la réponse ou bien une

manipulation de l’information en MDT. Dans le cas de la tâche de Hayling, il pourrait s’agir

de rechercher, parmi plusieurs alternatives, une réponse non reliée à la phrase. Enfin, l’activité

de la région frontale moyenne gauche (BA 10) a été observée lors d’épreuves sollicitant

l’évaluation et la sélection d’informations générées par le participant, des mécanismes de mise

à jour en MDT, mais également lors de la phase d’inhibition du Stroop et des épreuves de go-

no go.

Ainsi, l’étude de Collette et al. (2001) confirme l’activité d’inhibition sémantique lors

de la phase de suppression de la réponse, et met également en avant la complexité de la

consigne et les autres activités cognitives sollicitées (mise à jour, vérification sémantique,

etc.). Cette complexité pourrait alors favoriser la mise en place de stratégies de réponses, avec

pour risque de réduire la qualité de la compréhension du phénomène étudié (Andres & Van

der Linden, 2004), notamment par une minoration de la mobilisation de processus

d’inhibition. Ce constat a mené à la proposition récente de formats modifiés de l’épreuve.

9.2. Formats modifiés de la tâche de Hayling

9.2.1. Hayling présentation aléatoire

Comme évoqué précédemment, Bélanger et Belleville (2009) ont proposé une version

dans laquelle les phrases n’étaient plus présentées en deux blocs distincts (i.e., partie A

Chapitre 1 : approche théorique

84

d’activation et partie B d’inhibition) mais apparaissaient de façon aléatoire afin de limiter la

mise en place d’une stratégie d’anticipation de production de mots non liés dans la partie

inhibition. Cette présentation aléatoire des consignes avait pour objectif de s’assurer que le

participant traite de manière équivalente l’ensemble des phrases. La consigne à suivre était

indicée soit par un cercle vert (mot attendu) soit par un octogone rouge (mot non lié), indice

présenté à l’écran juste après que le participant ait entendu l’enregistrement de la phrase.

Ce nouveau paradigme, composé de 40 phrases, a été soumis à 20 adultes jeunes, 16

adultes âgés, 18 adultes âgés présentant un MCI et 8 adultes âgés avec une DTA

diagnostiquée. Le calcul des scores d’erreurs est identique à celui d’une tâche de Hayling

classique. Concernant les résultats des participants âgés présentant un vieillissement normal,

leurs temps de réponses pour les phrases de la consigne activation sont équivalents à ceux des

participants jeunes. De même, les scores d’erreurs ne montraient pas de différence liée à l’âge.

Pour les phrases correspondant à la consigne inhibition, les participants âgés sont cette fois

plus lents que les participants jeunes et font également plus d’erreurs. Les autres résultats

montrent notamment que les temps de réponses pour les phrases inhibition ne sont pas

significativement différents entre les participants âgés, les participants âgés avec un MCI et

les patients avec une DTA. Cependant, les patient avec une DTA ont fait plus d’erreurs que

les âgés avec MCI, eux même faisant plus d’erreurs que les participants âgés. Seuls les

patients atteints de DTA montrent une altération de la performance pour les phrases

activation, avec des temps de réponses et un score d’erreurs plus élevés que ceux des

participants âgés.

La présence de différences entre les adultes âgés sains et les âgés MCI est en faveur d’une

plus grande sensibilité de ce paradigme alterné, puisque par le passé, la réalisation de la tâche

de Hayling n’avait pas semblé modifiée chez les personnes atteintes de MCI (Belleville et al.,

Chapitre 1 : approche théorique

85

2006). Les auteurs soulignent cependant que ce format a pour contrainte d’augmenter la

complexité de la tâche, car il requiert notamment le maintien en MDT des consignes et

objectifs ainsi que la nécessité d’alterner entre les deux consignes d’activation et d’inhibition.

Cependant, selon elles, ces contraintes se répercuteraient de manière équivalente sur les deux

consignes. On notera cependant que la procédure s’est parfois révélée difficile à suivre pour

les patients DTA présentant les atteintes cognitives les plus avancées.

La modification apportée par Bélanger et Belleville à la tâche de Hayling met en avant

l’importance de considérer l’activation du contexte sémantique, étape indispensable à la mise

en place d’une inhibition.

9.2.2. Hayling phrases répétées

Borella et al. (2009) se sont intéressés à l’influence de la variation du niveau d’activation

de l’information non pertinente sur les effets de l’âge lors de tâches d’inhibition. Pour cela, ils

ont notamment manipulé le paradigme de la tâche de Hayling. Pour cette dernière, et comme

dans la version originelle, le participant se voyait présenter d’abord 15 phrases dont il fallait

donner le mot attendu (A), puis 15 phrases pour lesquelles il fallait produire un mot sans lien

(B). L’originalité repose dans l’ajout d’une troisième phase reprenant les 15 premières phrases

présentées, mais avec cette fois-ci pour consigne de donner un mot non lié (AP). Selon les

auteurs, les mots à inhiber auront été plus fortement activés lors de la phase AP que lors de la

phase B, du fait qu’ils avaient déjà été produits en phase A. Des scores d’interférence ont été

calculés pour les phases B et AP (comparées à la phase A) et l’effet du vieillissement a été

étudié en comparant des adultes jeunes (âge moyen = 22.3 ans) et des adultes âgés (âge

moyen = 71 ans). De façon surprenante, les scores d’interférence ainsi calculés sont plus

élevés pour les participants jeunes que pour les participants âgés et cela dans la même

proportion pour les deux scores. Les auteurs émettent l’hypothèse que les personnes âgées ont

Chapitre 1 : approche théorique

86

tiré avantage d’un vocabulaire plus fourni que celui des jeunes (comme révélé par les scores

au test de synonymes du Mill-Hill) et d’une manière générale de plus grandes connaissances

lexicales. Ils s’appuient notamment sur des données de Delaloye (2004) ayant montré des

corrélations négatives entre les temps de réponses à la partie inhibition du Hayling et le

nombre de mots produits en fluidité verbale.

Ainsi, la production de mots non liés pourrait tout particulièrement s’appuyer sur les

connaissances langagières.

9.2.3. Hayling choix forcé

Afin de contourner cette composante de production d’un mot non lié, fortement associée

selon eux à la richesse des connaissances sémantiques, Delaloye et al. (2009) ont utilisé un

paradigme pour lequel le participant devait choisir, par appui sur une touche, la réponse en

accord avec la consigne parmi deux propositions. L’épreuve était toujours composée de deux

blocs distincts, le premier exigeant la sélection de la réponse liée et le deuxième de la réponse

non liée. Ainsi, dans la partie inhibition, le participant devait se retenir de sélectionner le mot

lié afin de choisir le mot non lié. Par conséquent, puisqu’il n’était plus nécessaire de produire

un mot non lié dans la seconde partie, les parties activation et inhibition ne se distingueraient

que par la composante d’inhibition de la réponse dominante. L’augmentation du temps de

réponses entre la partie activation et la partie inhibition offrirait alors une mesure plus pure de

l’inhibition que le paradigme standard.

Les données de Delaloye et al., obtenues auprès de participants de 21 à 88 ans et

transformées en scores z, ne montrent pas de relation linéaire entre l’âge et le score

d’interférence calculé (i.e., (inhibition-activation)/activation)). Cependant, pour les deux

groupes d’âges les plus extrêmes qui sont les 20-34 ans et les 65-88 ans, on remarque des

scores z de respectivement de Ŕ 0.22 et 0.20, en faveur d’une augmentation de l’interférence

Chapitre 1 : approche théorique

87

avec l’âge bien qu’une possible différence statistique ne soit pas mentionnée par les auteurs.

Les taux d’erreurs n’étaient pas rapportés, ce qui semble pouvoir être expliqué par des taux

probablement très bas.

Ces résultats se distinguent quelque peu de la littérature, qui rapporte généralement une

augmentation des temps de réponses avec l’âge, et pourraient indiquer que l’effet de l’âge en

partie inhibition s’explique plus par la nécessité de produire un mot non lié que par

l’inhibition de la réponse liée. Cependant, la production d’un mot non lié ne semble pas

dénuée d’une composante d’inhibition : il s’agirait d’activer de façon contrôlée des candidats

potentiels et de vérifier qu’ils répondent à la consigne en ne comportant de liens sémantiques

ni avec le mot attendu, ni avec la phrase. Une autre explication à l’absence d’effet de l’âge sur

cette épreuve à choix forcé pourrait être la mise en place de stratégies de réponse, majorée par

le fait que le participant n’avait que deux possibilités de réponse et savait par avance quand il

devait sélectionner le mot attendu ou non. En effet, bien que les auteurs aient pris soin

d’utiliser comme mots distracteurs des mots proches de la réponse liée (e.g., « niche-biche »

ou « vitesse-vitrine »), les écarts de temps de réponses entre les parties inhibition et activation

étaient souvent très faibles, et parfois même les temps de réponses étaient plus rapides en

partie inhibition9.

9.3. Synthèse : tâche de Hayling format standard, alterné et choix forcé

Même si elles restent relativement peu nombreuses, les études s’intéressant à des

populations âgées sont plutôt en faveur d’une baisse de la performance à la tâche de Hayling

avec l’âge. Cependant, les données présentent une grande hétérogénéité concernant les

indicateurs modifiés ou non lors du vieillissement (i.e., temps et erreurs; temps ou erreurs), les

9 Informations supplémentaires obtenues auprès de l’auteur principal, Christophe Delaloye.

Chapitre 1 : approche théorique

88

indicateurs étudiés (e.g., erreurs en partie inhibition mais pas activation) ou les classes d’âge

des participants (i.e., jeunes vs. âgés; jeunes vs. très âgés; âgés vs. très âgés).

Récemment, différentes déclinaisons du format standard de l’épreuve ont été proposées

afin de tenter d’appréhender au mieux la composante d’inhibition attendue dans cette épreuve.

La production d’une réponse autre que la réponse attendue est en effet une activité complexe

qui solliciterait notamment les habiletés fluides et cristallisées. Ainsi, Bielak et al. (2006) ont

montré une réduction de l’effet de l’âge sur la performance après le contrôle du score à une

épreuve d’habileté fluide (i.e., complément de séries de lettres). De même, en mettant en

covariable une mesure de MDT (i.e., empan de chiffre) et une mesure de vitesse de traitement

(i.e., comparaison de lettres), Collette et al. (2009) ont observé une disparition de certains

effets liés à l’âge. Concernant les habiletés cristallisées, alors que Bielak et al. (2006)

n’avaient montré aucune modification de l’effet de l’âge une fois le niveau de vocabulaire

contrôlé, Delaloye (2004) avait observé que les participants produisant le moins de mots en

fluidité verbale, épreuve notamment associée aux connaissances sémantiques, présentaient

également les temps de réponses les plus longs pour la partie inhibition de la tâche de

Hayling.

Ainsi, la compréhension des effets de l’âge sur l’exécution de la tâche de Hayling, ainsi

que celle des processus cognitifs à l’œuvre lors de cette épreuve, semblerait gagner à une

prise en compte plus systématique des différentes variables susceptibles de modifier la

performance (i.e., choix du groupe d’âge, choix des indicateurs, contrôle de mesures

d’habiletés fluides et cristallisées).

10. SYNTHESE ET OBJECTIFS EXPERIMENTAUX

Au cours de ce chapitre, nous avons présenté différents éléments qui nous semblent

essentiels pour comprendre les fondements cognitifs d’une adaptation réussie. C’est le cas des

Chapitre 1 : approche théorique

89

processus contrôlés, qui permettent une réponse adaptée avec précision à la situation en cours

mais présentent un coût cognitif élevé qui pourrait être à l’origine d’une baisse d’efficience de

ces processus lors du vieillissement. Ainsi, de nombreuses données sont en faveur d’une

baisse d’efficacité des fonctions exécutives au cours du vieillissement bien que cette

conclusion varie notamment selon la fonction considérée et les paradigmes utilisés pour

l’appréhender (Etienne et al., 2008; Kramer et al., 1994; Wecker et al., 2005). En effet, les

épreuves visant à mesurer une fonction exécutive en sollicitent en réalité plusieurs (McCabe

et al., 2010). Nous chercherons donc, au sein du présent travail, à étudier pour une même

tâche différents indicateurs de performance afin de tenter de mieux appréhender les processus

cognitifs impliqués dans la tâche ainsi que leur évolution avec l’âge. L’efficience des

processus automatiques est généralement rapportée comme non modifiée au cours du

vieillissement normal alors que celle des processus contrôlés serait en baisse (Hasher &

Zacks, 1979). Concernant les processus automatiques, ce constat reste à nuancer puisqu’il a

été montré une perte d’efficience au niveau du système phonologique, se traduisant par

exemple par une augmentation des Mots sur le Bout de la Langue (Burke & Shafto, 2004). La

réduction de l’effet de voisinage orthographique et syllabique avec l’âge, également observée

(Carreiras et al., 2008; Robert & Mathey, 2007), relèverait quant à elle d’un déficit de

l’inhibition automatique à l’œuvre dans le modèle de McClelland et Rumelhart (1981).

Cependant, concernant le système sémantique, l’efficience des processus automatiques

resterait intacte comme en atteste notamment le maintien voire l’augmentation de l’effet

d’amorçage sémantique au cours du vieillissement (Burke, 1993). Comparée au vieillissement

normal, l’efficience des processus automatiques serait également conservée lors des premiers

temps des DTA, alors que les processus contrôlés présentent rapidement une déficience

marquée, et cela dès les stades précliniques (Fabrigoule et al., 1998; Van der Linden, Collette,

& Adam, 2000). Concernant les automatismes comportementaux, une augmentation des

Chapitre 1 : approche théorique

90

routines au cours du vieillissement a été suggérée, notamment chez les plus âgés (Bouisson,

2002 ; Bouisson & Swendsen, 2003). Cette dernière pourrait participer à l’appauvrissement

des ressources cognitives, que l’on sait déjà réduites au cours du vieillissement bien que

certaines, tel le vocabulaire, s’enrichissent jusqu’à des âges avancés (pour des méta-analyses :

Bowles & Salthouse, 2008; Verhaeghen, 2003).

La bonne exécution des actes quotidiens est sous-tendue par des processus allant du plus

automatique au plus contrôlé. Il semble ainsi possible d’avancer qu’une bonne adaptation

cognitive correspond à un équilibre entre une efficacité optimale pour le moins possible de

ressources cognitives engagées. Une modification de cet équilibre avec l’âge, par perte

d’efficience des processus contrôlés, a souvent été proposée et correspondrait à une

modification subie. Il se pourrait cependant que, le vieillissement augmentant mécaniquement

la possibilité de développer des habitudes, les personnes âgées s’appuient plus fortement sur

des processus automatisés.

Dans le prochain chapitre, nous testerons expérimentalement l’effet du vieillissement

sur des processus fortement automatisés (e.g., diffusion de l’activation en mémoire

sémantique) et des processus fortement contrôlés (e.g., inhibition, flexibilité), en comparant le

plus souvent des adultes jeunes (18 à 30 ans), âgés (60 à 74 ans) et très âgés (75 ans et plus).

Pour cela, nous ferons appel à deux épreuves basées sur du matériel verbal : la fluidité

sémantique et la tâche de Hayling. Afin d’augmenter le recours à des processus contrôlés lors

de la réalisation de ces épreuves, nous en réaliserons également des versions comprenant une

composante d’alternance.

Nous commencerons ainsi par étudier des fluidités sémantiques simples (Expérience 1)

avec les catégories Animaux et Végétaux. Nous chercherons ainsi à savoir si les possibles

effets de l’âge varient en fonction de la catégorie sémantique étudiée. La catégorie Animaux,

Chapitre 1 : approche théorique

91

qui est la plus utilisée dans le cadre des fluidités sémantiques, pourrait relever d’une position

particulière du fait qu’elle profiterait d’un surapprentissage dès l’enfance (Gierski & Ergis,

2004). Acquise plus précocement que la catégorie des végétaux, la catégorie Animaux

pourrait se révéler plus résistante aux effets de l’âge. Il a ainsi été montré, chez des adultes

jeunes et âgés, que les verbes acquis précocement durant l’enfance sont dénommés plus

rapidement, effet qui pourrait s’expliquer par une action au niveau des connections au sein du

réseau sémantique (Morrison, Hirsh, & Duggan, 2003). Nous réaliserons ensuite des fluidités

sémantiques alternées avec ou sans indice (Expérience 2) afin d’étudier si la présence d’un

indice, supposé réduire la charge en MDT, peut moduler l’apparition d’un effet de l’âge. Nous

nous intéresserons ensuite à des fluidités sémantiques alternées non indicées, avec alternance

à chaque exemplaire produit ou tous les deux exemplaires (Expérience 3), et cela afin

d’augmenter la charge en MDT. Enfin, une comparaison de fluidités sémantiques simples et

alternées à l’aide de l’IO (Expérience 4) chez des adultes âgés à très âgés sera proposée, afin

d’apporter des éléments sur les corrélats neuronaux associés à ces deux épreuves.

Nous nous intéresserons ensuite à une autre épreuve langagière, la tâche de Hayling,

avec l’étude d’un format standard (Expérience 5a), puis celle d’un format alterné (Expérience

5b). Afin de limiter l’influence de la production d’un mot non lié en partie inhibition, nous

nous pencherons ensuite sur un format de réponse à choix forcé pour une tâche de Hayling

standard (Expérience 6a) puis alternée (Expérience 6b).

Pour chaque expérience, hormis celle concernant l’IO, nous étudierons également à

l’aide d’analyses de covariance la participation des ressources fluides (i.e., vitesse de

traitement et MDT) dans la possible présence d’effets de l’âge. Des corrélations seront

réalisées afin d’investiguer les liens entre ressources cristallisées (i.e., vocabulaire) et

Chapitre 1 : approche théorique

92

performance, ainsi qu’entre la routinisation des activités quotidiennes et les processus

automatiques et contrôlés.

Le prochain chapitre va ainsi permettre de tester expérimentalement les hypothèses suivantes :

Les processus les plus contrôlés deviendraient moins efficaces au cours du

vieillissement, et cela d’autant plus chez les adultes âgés de 75 ans et plus, du fait d’une

baisse simultanée des ressources fluides et cristallisées. Concernant les processus les plus

automatiques, nous nous attendons à un maintien de leur efficience lors du vieillissement,

voire même à une plus grande participation de ceux-ci dans la performance chez les adultes

âgés de 60 à 74 ans, du fait de ressources cristallisées importantes.

Nous nous attendons à ce que le contrôle statistique de la vitesse de traitement et de

l’empan de MDT réduise l’apparition de certains effets de l’âge, notamment concernant les

processus les plus contrôlés. A l’inverse, le niveau de vocabulaire réduirait l’impact du

vieillissement en permettant une atténuation de l’effet de l’âge. Enfin, nous nous attendons à

ce que les participants présentant une routinisation importante montrent également un plus

grand recours aux processus les plus automatiques et une moindre efficience des processus les

plus contrôlés. Cet effet, issu de la répétition dans le temps, ne devrait donc pas être observé

chez les plus jeunes.

Chapitre 2 : études expérimentales

93

- CHAPITRE 2 -

AUTOMATISMES ET FLEXIBILITE

AU COURS DU VIEILLISSEMENT :

ETUDES EXPERIMENTALES

1. FLUIDITES SEMANTIQUES SIMPLES ANIMAUX ET VEGETAUX

(EXPERIENCE 1)

1.1. Problématique

Il a été régulièrement constaté, au cours du vieillissement, une baisse du nombre de

mots produits en fluidité sémantique (Gierski & Ergis, 2004). Afin d’appréhender les

processus cognitifs sous-tendant une telle baisse de la performance, Troyer et al. (1997) ont

proposé un calcul systématique de la taille des regroupements et du nombre d’alternances.

Constatant une réduction du nombre d’alternances au cours du vieillissement, ces auteurs ont

alors proposé que cette réduction de la flexibilité, nécessaire pour alterner, soit à l’origine du

nombre moins important de mots produits avec l’âge (voir aussi Troyer, 2000). Estimant que

la réduction des alternances pourrait plutôt être la conséquence d’une diminution du nombre

mots produits, il a été proposé de préférer l’étude d’un ratio consistant à diviser le nombre

d’alternances par le nombre de mots produits (Tröster et al., 1998). De même, des sous-

divisions à l’intérieur des regroupements et des alternances ont été proposées par Abwender et

al. (2001), selon qui, en fluidité sémantique, les regroupements convergents (i.e.,

sémantiques) seraient de nature automatique alors que les regroupements divergents (i.e.,

orthographiques et/ou phonologiques), non pris en compte par Troyer et al., seraient de nature

stratégique. De même, seules les alternances stratégiques (i.e., vers un regroupement)

Chapitre 2 : études expérimentales

94

relèveraient de la flexibilité, alors que les alternances spontanées (i.e., vers un mot isolé)

relèveraient d’autres variables telles que la vitesse de traitement (Abwender et al., 2001). Bien

qu’elles soient rarement étudiées du fait de leur faible fréquence d’apparition, les répétitions

renseignent également sur les processus contrôlés (Henry & Phillips, 2006). Enfin, une

dichotomie temporelle a été également proposée, selon laquelle les mots produits durant les

30 premières secondes d’épreuve seraient le résultat d’une recherche semi-automatique en

mémoire sémantique alors que la suite de l’épreuve relèverait d’une recherche plus contrôlée

(Crowe, 1998b; Fernaeus & Almkvist, 1998).

Ces différents indicateurs n’ont encore jamais été, à notre connaissance, pris en compte

simultanément dans le cadre de l’étude du vieillissement, ni même auprès d’autres

populations d’âge. Nous avons donc choisi, pour la présente thèse, de les étudier auprès

d’Adultes Jeunes, Âgés et Très Âgés ; nous permettant ainsi d’appréhender l’efficience des

processus cognitifs selon leur caractère plus ou moins contrôlé (voir récapitulatif, Figure 8).

Figure 8. Les différents indicateurs en fluidité sémantique en fonction de leur nature

automatique/contrôlée

Il a été montré pour la fluidité de lettre que le choix de la lettre de production avait une

incidence sur la performance, du fait du nombre d’exemplaires potentiellement disponibles

pour la lettre étudiée (Barry, Bates, & Labouvie, 2008). La catégorie Animaux, qui est la plus

AUTOMATIQUE CONTRÔLE

Regroupement

Regroupement convergent Regroupement divergent

Alternance

Alternance spontanée Alternance stratégique

Nombre de mots 0-30 sec Nombre de mots 31-60 sec

Répétition

Chapitre 2 : études expérimentales

95

utilisée en fluidité sémantique (Ardila, Ostrosky-Solis, & Bernal, 2006), présenterait des

caractéristiques singulières du fait qu’il s’agit d’une catégorie apprise dès le plus jeune âge et

sur-apprise par la suite (Gierski & Ergis, 2004). Une étude américaine, rapportée par Melson

(2003), a montré que davantage d’enfants possédaient les mots « chien » et « chat » que « jus

d’orange », « lait » ou « balle » dans leurs premiers mots de vocabulaire, attestant de l’usage

précoce des termes désignant les animaux. Ce constat, et le fait que la taille de la catégorie

influencerait le nombre de mots produits (Crowe, 1997), nous a amené à étudier une seconde

catégorie. Notre choix s’est ainsi porté sur celle des végétaux, qui nous est apparue comme la

catégorie la plus proche en nombre d’exemplaires. Il n’existe pas, à notre connaissance, de

normes comparant directement les catégories Animaux et Végétaux. Sur une durée de 60

secondes, et en langue espagnole, il a été montré en moyenne 16 mots produits pour les

animaux, 13 pour les fruits et 8 pour les fleurs (normes rapportées dans Ardila et al., 2006).

L’écart entre les animaux et les fruits est plus important selon les normes de Cardebat, Doyon,

Puel, Goulet et Joanette (1990), sur 120 secondes et en français. Par exemple, pour des adultes

entre 70 et 85 ans présentant un nombre d’années d’études élevé, les hommes produisent en

moyenne 29.7 animaux contre 16 fruits, et les femmes 32.6 animaux contre 19.35 fruits.

Cependant, la catégorie Végétaux comprenant les fruits, mais également les légumes, les

fleurs et les arbres, etc., on peut postuler que la catégorie Végétaux est la plus proche des

Animaux en nombre d’exemplaires. De plus, étant donné que nous avons allongé la durée

d’épreuve à cinq minutes afin de favoriser une recherche contrôlée et la possible apparition de

répétitions, il était nécessaire que les catégories sélectionnées soient suffisamment étendues

afin d’éviter l’apparition d’un effet plancher lié à un nombre trop réduit d’exemplaires

disponibles.

Chapitre 2 : études expérimentales

96

1.2. Méthode

Participants. Trente Adultes Jeunes (âge moyen = 22.3 ans), 30 Adultes Âgés (âge

moyen = 67.3 ans) et 30 Adultes Très Âgés (âge moyen = 79.4 ans) ont pris part à cette

recherche. Les Adultes Jeunes étaient étudiants en 1er

cycle à l’Université Bordeaux 2,

majoritairement en Psychologie. Les Adultes Âgés et Très Âgés étaient majoritairement

étudiants à l’Université du Temps Libre (UTL) de Bordeaux. Les autres participants âgés et

très âgés étaient également des personnes âgées autonomes vivant à domicile mais non

inscrites à l’UTL. Les participants étaient tous de langue maternelle française et furent

recrutés en dehors du cadre d’un enseignement et sans compensation financière. Le MMSE a

été complété par les Adultes Âgés et Très Âgés afin d’éviter l’inclusion de participants

risquant de présenter un vieillissement pathologique. Afin de tenir compte de l’âge et du

niveau d’étude, les normes développées dans le cadre de la cohorte PAQUID ont été utilisées

(Lechevallier-Michel, Fabrigoule, Lafont, Letenneur, & Dartigues, 2004). Les participants de

tous âges ont également étaient questionnés sur la possible présence d’antécédents

neurologiques ainsi que sur la prise de médicaments ou substances pouvant affecter le

fonctionnement cognitif. Ces différents critères ont abouti aux non inclusions d’un Adulte

Jeune, d’un Adulte Âgés et d’un Adulte Très Âgés.

La proportion de participants masculins ne diffèrerait pas en fonction du groupe d’âge,

avec 30% chez les Adultes Jeunes et Âgés et 43.3% chez les Adultes Âgés, χ²(2, N = 90) =

1.57 et p > .10. Les autres caractéristiques des participants en fonction des groupes d’âges

sont présentées dans le Tableau 3 pour les caractéristiques démographiques.

Chapitre 2 : études expérimentales

97

Tableau 3. Caractéristiques démographiques en fonction de l’âge pour l’Expérience 1

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

Âge 22.3 (2.6) 67.3 (4.8) 79.4 (3.5)

Années d’études 15.3 (2.1) 13.2 (3.0) 12.3 (3.2)

MMSE (/30) - 29.2 (1.0) 28.9 (0.8)

Etudiants UTL (%) - 73 67

On observe un effet de l’âge sur le nombre d’Années d’Etudes, F(2,87) = 8.96, p <

.001 et η²p = .17. Les comparaisons de moyennes (Bonferroni) montrent que les Adultes

Jeunes avaient plus d’Années d’Etudes que les Adultes Âgés (p < .05) et que les Adultes Très

Âgés (p < .001). Les moyennes de ces deux derniers groupes ne sont pas statistiquement

différentes. Toujours concernant les deux groupes d’adultes âgés, on n’observe pas de

différence significative sur le score au MMSE, t(58) = 1.28, p > .10 ; ni sur la proportion de

participants inscrits à l’UTL, χ² (1, N = 60) = 0.32, p > .10.

Matériel. L’ensemble des participants a complété une mesure de vitesse perceptivo-

motrice, de MDT, de vocabulaire et de routinisation. Les scores obtenus à ces ressources sont

présentés dans le Tableau 4.

L’épreuve des Boîtes. Cette mesure de la vitesse perceptivo-motrice est une adaptation

informatique d’une épreuve proposée par Salthouse (1994). Une série de 100 carrés avec un

côté manquant était projetée sur l’écran de l’ordinateur. Les participants devaient indiquer, le

plus rapidement et précisément possible, le côté manquant en appuyant sur une touche du

pavé numérique de l’ordinateur. La disposition des quatre boutons réponses, rendus saillants

par une pastille de couleur, reproduisait la forme d’un carré afin de réduire l’effort de

mémorisation des boutons réponses. Une série de vingt carrés était présentée durant une phase

d’entraînement et les temps moyens pour les réponses correctes étaient mesurés en

millisecondes.

Chapitre 2 : études expérimentales

98

Empan d’Opérations. Cette mesure de la MDT est une adaptation informatique et

modifiée de la tâche de Turner et Engle (1989). Une opération mathématique et un mot à

retenir apparaissaient sur l’écran d’ordinateur (e.g., 2 x 5 + 7 = 19 Bateau). Le participant

devait tout d’abord dire à haute voix si l’opération était juste ou fausse, puis lire également à

haute voix le mot à retenir. La paire opération-mot suivante était présentée dès le mot lu, afin

de limiter la mise en place de stratégies mentales (Emery, Hale, & Myerson, 2008). A la fin

de chaque liste, l’indice « Rappel » apparaissait à l’écran et le participant devait alors rappeler

les mots qu’il venait de lire, dans l’ordre de son choix mais sans commencer par le dernier

mot présenté. L’épreuve était composée de 15 essais allant de deux à six paires opération-mot,

avec trois essais pour chaque longueur. Les essais étaient présentés par tailles croissantes et

l’épreuve se terminait après trois rappels incomplets consécutifs. Trois essais

supplémentaires, d’une longueur de deux, trois puis quatre paires, étaient présentés pour la

phase d’entraînement. Il était vérifié que le participant réponde correctement à au moins 80%

des vérifications d’opérations, afin de s’assurer qu’il avait bien porté attention à cette partie de

l’épreuve. La taille de l’empan, qui constitue l’indicateur étudié, était comprise entre un et six.

Mill-Hill Partie B. Le Mill-Hill Partie B (Raven ; adaptation Française, Deltour, 1998)

est un test de vocabulaire à choix-multiples de sélection de synonymes parmi 6 propositions.

Les réponses distractrices présentent une proximité orthographique ou sémantique avec le mot

cible. Trente quatre mots sont présentés au participant, alors que dix premiers items sont

réservés aux enfants et voient leurs points directement attribués aux participants adultes. La

cotation est de un point par bonne réponse et le score maximum est de 44. Un score élevé

traduit donc un niveau de vocabulaire important.

Préférence de Routinisation. L’échelle de préférence de routinisation (EPR ; Bouisson,

2002) est composée de 10 items portant sur les habitudes de vie et les comportements (e.g.,

Chapitre 2 : études expérimentales

99

« J’aime bouger et changer d’activité », « Je préfère aller me coucher et me lever aux mêmes

heures chaque jour »). Le participant répond en choisissant un des cinq échelons de l’échelle

de Likert allant de « Pas du tout d’accord » à « Tout à fait d’accord ». Le score total va de 10

à 50, un score élevé traduisant une préférence de routinisation importante. La consistance

interne est acceptable (α = 0.73), la validité test-retest est bonne (r = 0.84) et l’EPR présente

une forte validité prédictive des comportements routiniers dans la vie quotidienne (Bouisson,

2002; Bouisson & Swendsen, 2003).

Tableau 4. Ressources en fonction de l’âge pour l’Expérience 1

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

Boîtes 560 (120) 881 (151) 938 (200)

Empan 3.9 (1.3) 3.4 (0.6) 2.9 (1.1)

Mill Hill 37.9 (3.0) 40.3 (2.8) 38.3 (5.0)

EPR 23.0 (4.4) 24.9 (5.1) 26.2 (6.8)

On observe un effet de l’Âge sur les Boîtes, F(2,87) = 48.22, p < .001 et η²p = .53, les

comparaisons de moyennes (Bonferroni) montrent que les Adultes Âgés et les Adultes Très

Âgés étaient plus lents que les Adultes Jeunes (p < .001) mais ne différaient pas entre eux. Un

effet de l’Âge est obtenu sur le score d’Empan, F(2,87) = 8.15, p < .001 et η²p = .16, les

Adultes Très Âgés présentaient un empan plus faible que les Adultes Jeunes (p < .001) alors

que les autres groupes ne différaient pas statistiquement. L’effet de l’âge sur le Mill- Hill est

significatif, F(2,87) = 3.50, p < .05 et η²p = .07, les Adultes Âgés présentaient un score plus

élevé que les Adultes Jeunes (p < .05) alors que les autres groupes ne différaient pas

statistiquement. Enfin, on observe un effet tendanciel de l’âge sur l’EPR, F(2,87) = 2.58, p =

.08 et η²p = .06, les Adultes Très Âgés tendaient à avoir un score plus élevé que les Adultes

Jeunes (p = .08) alors que les autres groupes ne différaient pas.

Chapitre 2 : études expérimentales

100

Procédure. Les participants répondaient soit à la catégorie Animaux, soit à la Catégorie

Végétaux. Quinze Adultes Jeunes, 15 Adultes Âgés et 16 Adultes Très Âgés ont complété la

catégorie Animaux ; et 15 Adultes Jeunes, 15 Adultes Âgés et 14 Adultes Très Âgés10

ont

complété la catégorie Végétaux. La consigne était présentée à l’écran puis reprise à l’oral par

l’expérimentateur afin de s’assurer que le participant avait pris connaissance de l’ensemble

des informations. La consigne mentionnait que le participant devrait produire à l’oral, pendant

5 minutes, le plus possible de noms de la langue française appartenant à une catégorie

sémantique donnée par la suite. La catégorie Sport était présentée à titre d’exemple,

accompagnée de quelques exemplaires. Etait ensuite mise en avant la nécessité de veiller à

éviter de donner plusieurs fois un même mot (i.e., répétition). Il était également précisé de ne

pas donner de noms propres. Enfin, avant le début de l’épreuve ainsi qu’en fin de tâche, il

était signalé au participant, âgé comme jeune, que cette épreuve pouvait se révéler plus

difficile qu’elle n’y paraissait et que la présence de périodes de non production durant

l’épreuve n’était pas anormale et relevait de l’épreuve elle-même. Cette précaution a été prise

pour limiter l’influence d’affects émotionnels négatifs sur la performance et le ressenti global

des participants11

.

A chaque mot produit, l’expérimentateur appuyait sur la barre espace d’un clavier

additionnel de l’ordinateur de passation afin d’enregistrer les temps de production

(programmation avec le logiciel SuperLab Pro). Un magnétophone a été utilisé pour

enregistrer le verbatim des participants. Les indicateurs étaient ensuite calculés par

l’expérimentateur.

Les regroupements ont été calculés, pour la catégorie Animaux, à partir des sous-

catégories proposées par Troyer et al. (1997) et adaptées en français par Gierski et Ergis

10

Un adulte Très Âgé a dû être retiré des analyses et n’a pu être remplacé 11

L’ensemble des épreuves mesurant les fonctions exécutives induiraient de la tension voire un léger

désagrément chez les participants, du fait qu’elles nécessitent de faire face à la nouveauté (Phillips, 1997)

Chapitre 2 : études expérimentales

101

(2004). Nous avons effectué un découpage similaire pour la catégorie Végétaux. Comme

préconisé par Troyer et al., le calcul de la taille d’un regroupement commençait à partir du

deuxième mot de celui-ci. Ainsi, un regroupement de deux mots a une taille de un. Si deux

regroupements se superposaient, avec certains mots correspondant aux deux sous-catégories,

ces mots communs étaient comptabilisés pour chacune des deux tailles de sous-

regroupements. Si un regroupement était compris dans un regroupement plus large, c’est la

taille de ce dernier qui était comptabilisée. Les répétitions étaient également incluses dans le

calcul de la taille, mais retirées du nombre de mots produits. Les différents regroupements

sémantiques, même ceux de taille zéro (i.e., mot isolé), permettaient de calculer la taille

moyenne des regroupements. Les regroupements orthographiques et/ou phonologiques, non

pris en considération par Troyer et al. (1997) en fluidité sémantique mais mis en avant par

Abwender et al., (2001), ont été additionnés après avoir été définis selon les critères pour la

fluidité de lettre de Troyer et al. Il s’agit des mots partageant les mêmes deux premières

lettres, différents seulement par un son de voyelle, présentant une rime commune ou étant

homonymes. Le nombre d’alternances, comme calculé par Troyer et al. (1997), correspondait

au nombre de transitions entre les différents regroupements, incluant les mots isolés. En

accord avec la proposition de Abwender et al., nous avons également distingué les alternances

vers un regroupement (i.e., alternances stratégiques) des alternances vers un mot isolé (i.e.,

alternances brutes).

Chapitre 2 : études expérimentales

102

1.3. Résultats

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel statistique SPSS 17. La

normalité des données a été vérifiée et un Adultes Très Âgé, du fait de scores déviants de +/-

deux écarts-types de la moyenne, n’a pas été inclus dans les analyses.

Etant donné que le nombre d’Années d’Etudes différait en fonction de l’âge et qu’il a

été montré par le passé l’influence de cette variable sur la performance en fluidité verbale

(e.g., Bäckman & Nilsson, 1996), le nombre d’années d’études a été contrôlé en étant placé en

covariable. Les moyennes présentées sont donc les moyennes marginales estimées (voir

Annexe A pour les erreurs standards). Par la suite, les variables Boîtes, Empan et Vocabulaire

ont également été placées l’une après l’autre en covariable lorsque l’ANCOVA initiale

rapportait un effet de l’âge significatif.

1.3.1. Nombre de Mots

Le nombre de mots a été soumis à une ANCOVA avec les facteurs Âge (Jeunes vs.

Âgés vs. Très Âgés) et Catégorie Sémantique (Animaux vs. Végétaux) en intergroupes, et le

nombre d’années d’études en covariable12

. Les moyennes estimées sont présentées dans la

Figure 9.

12

Les analyses sans le niveau d’études mis en covariable sont disponibles en Annexe B. Les éventuelles

différences d’effets seront mentionnées en note de bas de page.

Chapitre 2 : études expérimentales

103

Figure 9. Moyennes estimées du nombre de mots produits en fonction de l’Âge et de la Catégorie

L’effet de l’Âge n’est pas significatif, F(2,83) = 2.15, p > .10, alors que l’effet de la

Catégorie est significatif, F(1,83) = 30.56, p < .001 et η²p = .27, le nombre de mots produits

étant plus important pour la catégorie Animaux que la catégorie Végétaux (59.45 vs. 43.67).

L’interaction entre l’Âge et la Catégorie est également significative, F(2,83) = 4.09, p < .05 et

η²p = .09. Ainsi, pour la catégorie Animaux, l’effet de l’Âge est tendanciel, F(2,42) = 2.72, p =

.08 et η²p = .11, les Adultes Très Âgés tendant à produire moins de mots que les Adultes Âgés

(p = .10), alors que les autres groupes ne diffèrent pas significativement. Pour la catégorie

Végétaux, l’effet de l’Âge est également tendanciel, F(2,40) = 2.91, p = .07 et η²p = .13, cette

fois-ci les Adultes Jeunes tendent à produire moins de mots que les Adultes Âgés (p = .09),

alors que les autres groupes ne diffèrent pas significativement13

. Les résultats des ANCOVAs

sont présentés dans le Tableau 5, révélant que l’effet d’interaction entre l’Âge et la Catégorie

devient tendanciel et voit sa taille d’effet se réduire une fois le Mill-Hill contrôlé. Pour la

catégorie des animaux, l’effet de l’âge est tendanciel, F(2,41) = 3.08, p = .06 et η²p = .13, les

13

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’effet de l’âge est significatif pour la

catégorie Animaux, les Adultes Très Âgés produisant moins de mots que les Adultes Âgés (tendanciel) et que les

Adultes Jeunes (significatif), mais l’effet de l’Âge est non significatif pour la catégorie Végétaux (cf. Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

104

Adultes Très Âgés tendant à produire moins de mots que les Adultes Âgés (53.53 vs. 62.48)

alors qu’il n’y a pas de différence ni significative ni tendancielle avec les Adultes Jeunes

(53.53 vs. 62.49). Pour la catégorie des végétaux, l’effet de l’âge est également tendanciel

F(2,39) = 2.60, p = .09 et η²p = .09, mais les moyennes des trois groupes d’âges ne sont pas

statistiquement différentes entre elles, avec respectivement pour les Adultes Jeunes, Âgés et

Très Âgés 38.71, 45.69 et 46.37 mots.

Tableau 5. Résumé des ANCOVAs sur le nombre de mots pour l’effet Âge x Catégorie

Age x Catégorie

ANCOVA (Etudes) F(2,83) = 4.09, p < .05 et η²p = .09

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,82) = 3.97, p < .05 et η²p = .09

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,82) = 4.24, p < .05 et η²p = .09

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,82) = 2.95, p = .06 et η²p = .07

1.3.2. Regroupements

Regroupements Sémantiques. La taille des regroupements sémantiques en nombre de mots

a été soumise à une ANCOVA avec les facteurs Âge (Jeunes vs. Âgés vs. Très Âgés) et

Catégorie Sémantique (Animaux vs. Végétaux) en intergroupes et le nombre d’années

d’études en covariable. Un Adultes Très Âgé, qui avait exploré une seule sous catégorie de

Végétaux et par conséquent présenté une taille de regroupement de 26, a été retiré de

l’analyse. Les moyennes estimées sont présentées dans la Figure 10.

Chapitre 2 : études expérimentales

105

Figure 10. Moyennes estimées de la taille des regroupements sémantiques en fonction de l’Âge et de

la Catégorie

L’effet de l’Âge est significatif, F(2,82) = 6.29, p < .01 et η²p = .13, les Adultes Très

Âgés réalisant des regroupements plus grands que les Adultes Jeunes (p < .01) et que les

Adultes Âgés (p < .05), alors que les Adultes Jeunes et Âgés ne diffèrent pas statistiquement.

L’effet de la Catégorie et l’effet d’interaction entre l’Âge et la Catégorie ne sont pas

significatifs, Fs < 1. Les résultats des ANCOVAs sont présentés dans le Tableau 6 et ne

suggèrent pas d’évolution notable de l’effet après contrôle d’une des trois variables.

Chapitre 2 : études expérimentales

106

Tableau 6. Résumé des ANCOVAs sur la taille des regroupements pour l’effet de l’Âge

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,82) = 6.29, p < .01 et η²p = .13

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,81) = 7.13, p < .01 et η²p = .15

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,81) = 7.03, p < .01 et η²p = .15

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,81) = 6.11, p < .01 et η²p = .13

Regroupements Divergents. Le nombre de regroupements divergents (i.e.,

orthographique/phonologique) a été soumis à une ANCOVA avec les facteurs Âge (Jeunes vs.

Âgés vs. Très Âgés) et Catégorie Sémantique (Animaux vs. Végétaux) en intergroupes, et le

nombre d’années d’études en covariable. Les moyennes estimées sont présentées dans la

Figure 11.

Figure 11. Moyennes estimées du nombre de regroupements divergents en fonction de l’Âge et de la

Catégorie

Chapitre 2 : études expérimentales

107

L’effet de l’Âge est significatif, F(2,83) = 4.30, p < .05 et η²p = .09, les Adultes Agés et

Très Âgés réalisant plus de regroupements divergents que les Adultes Jeunes (p < .05) alors

que les Adultes Âgés et Très Âgés ne diffèrent pas statistiquement. L’effet de la Catégorie et

l’effet d’interaction entre l’Âge et la Catégorie ne sont pas significatifs, Fs < 1. Les résultats

des ANCOVAs sont présentés dans le Tableau 7, révélant que l’effet de l’âge devient

tendanciel et voit sa taille d’effet se réduire une fois le Mill-Hill contrôlé. Les différences

entre les scores des Adultes Jeunes, Âgés et Très Âgés, respectivement 3.39, 4.52 et 4.65, ne

sont pas statistiquement différentes.

Tableau 7. Résumé des ANCOVAs sur le nombre de regroupements divergents pour l’effet de l’Âge

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,83) = 4.30, p < .05 et η²p = .09

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,82) = 7.42, p < .01 et η²p = .17

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,82) = 4.57, p = .01 et η²p = .10

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,82) = 2.64, p = .08 et η²p = .05

1.3.3. Alternances

Alternances. Le nombre d’alternances a été soumis à une ANCOVA avec les facteurs Âge

(Jeunes vs. Âgés vs. Très Âgés) et Catégorie Sémantique (Animaux vs. Végétaux) en

intergroupes, le facteur Nature de l’Alternance (Stratégique vs. Spontanée) en intragroupe et

le nombre d’années d’études en covariable. L’addition des alternances stratégiques et

spontanées correspond au nombre total d’alternances. Les moyennes estimées sont présentées

dans la Figure 12.

Chapitre 2 : études expérimentales

108

Figure 12. Moyennes estimées du nombre d’alternances stratégiques et brutes en fonction de l’Âge et

de la Catégorie

L’effet de l’Âge est significatif, F(2,83) = 11.59, p < .001 et η²p = .22, les Adultes Très

Agés réalisant moins d’alternances (7.0) que les Adultes Jeunes (9.5) et que les Adultes Âgés

(9.8), p < .001, alors que les Adultes Jeunes et Âgés ne diffèrent pas statistiquement. L’effet

de la Catégorie est également significatif, F(1,83) = 49.54, p < .001 et η²p = .37, plus

d’alternances sont produites pour la catégorie Animaux que Végétaux (10.5 vs. 6.9). On

n’observe pas d’effet de la Nature de l’Alternance, F < 114

. Les résultats des ANCOVAs pour

l’effet de l’Âge sont présentés dans le Tableau 8, révélant que l’effet de l’Âge voit sa taille

d’effet se réduire légèrement une fois l’épreuve des Boîtes contrôlée.

14

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’effet de l’âge est significatif, avec plus

d’alternances stratégiques que brutes (Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

109

Tableau 8. Résumé des ANCOVAs sur le nombre d’alternances pour l’effet de l’Âge

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,83) = 11.59, p < .001 et η²p = .22

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,82) = 9.43, p < .001 et η²p = .19

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,82) = 11.05, p < .001 et η²p = .21

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,82) = 11.36, p < .001 et η²p = .21

L’interaction entre l’Âge et la Catégorie est significative, F(2,83) = 9.34, p < .001 et

η²p = .18. Un effet de l’Âge est obtenu pour la catégorie Animaux, F(2,42) = 7.21, p < .01 et

η²p = .26, les Adultes Très Âgés produisant moins d’alternances (11.23) que les Adultes

Jeunes (15.71), p < .01, et que les Adultes Âgés (14.09), p < .05. La différence entre les

Adultes Jeunes et Âgés n’est pas significative. Pour la catégorie Végétaux, l’effet de l’Âge est

également significatif, F(2,40) = 4.28, p < .05 et η²p = .18, cette fois-ci les Adultes Jeunes

produisaient moins d’alternances (6.42) que les Adultes Âgés (9.23), p < .05, alors que les

autres groupes ne différaient pas significativement15

. L’interaction entre la nature de

l’Alternance et la Catégorie est également significative, F(1,83) = 26.67, p < .001 et η²p = .26.

On n’observe pas d’interaction significative entre l’Âge et la Nature de l’Alternance, F(2,83)

= 1.79, p > .10, ni d’interaction double entre l’Âge, la Nature de l’Alternance et la Catégorie,

F < 1. Les résultats des ANCOVAs pour l’interaction entre l’Âge et la Catégorie sont

présentés dans le Tableau 9, révélant que l’effet d’interaction entre l’Âge et la Catégorie voit

sa taille d’effet se réduire très sensiblement une fois le Mill-Hill contrôlé.

15

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’effet de l’âge est plus important pour la

catégorie Animaux (η²p = .50) et tendanciel pour la catégorie Végétaux, avec les Très Âgés tendant à produire

moins d’alternances que les Adultes Âgés (Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

110

Tableau 9. Résumé des ANCOVAs sur le nombre d’alternances pour l’effet Âge x Catégorie

Age x Catégorie

ANCOVA (Etudes) F(2,83) = 9.34, p < .001 et η²p = .18

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,82) = 9.05, p < .001 et η²p = .19

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,82) = 9.20, p < .001 et η²p = .18

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,82) = 8.04, p < .001 et η²p = .16

Ratio Alternances. Le nombre d’alternances divisé par le nombre de mots produits a été

soumis à une ANCOVA avec les facteurs Âge (Jeunes vs. Âgés vs. Très Âgés) et Catégorie

Sémantique (Animaux vs. Végétaux) en intergroupes, le facteur Nature de l’Alternance

(Stratégique vs. Spontanée) en intragroupe et le nombre d’années d’études en covariable.

L’addition des ratios alternances stratégiques et spontanées correspond au ratio total

d’alternances. Les moyennes estimées sont présentées dans la Figure 13.

Figure 13. Moyennes estimées du ratio d’alternances stratégiques et brutes en fonction de l’Âge et de

la Catégorie

Chapitre 2 : études expérimentales

111

L’effet de l’Âge reste significatif, F(2,83) = 7.22, p < .001 et η²p = .15, les Adultes Très

Agés réalisant moins d’alternances (0.14) que les Adultes Jeunes (0.20) et Adultes Âgés

(0.18), respectivement p < .01 et p < .05, alors que les Adultes Jeunes et Âgés ne diffèrent pas

statistiquement. L’effet de la Catégorie n’est plus significatif, F(1,83) = 1.35, p > .10. On

n’observe pas d’effet de la Nature de l’Alternance, F < 1.

L’interaction entre l’Âge et la Catégorie n’est plus significative, F < 1, mais

l’interaction entre la Nature de l’Alternance et la Catégorie reste significative, F(1,83) =

21.37, p < .001 et η²p = .20. L’interaction entre l’Âge et la Nature de l’Alternance devient

tendancielle16

, F(2,83) = 2.88, p = .06 et η²p = .06. Alors que pour le Ratio Alternances

Stratégiques l’effet de l’Âge est tendanciel, F(2,83) = 2.36, p = .10, avec aucune différence

significative ou tendancielle révélée par les comparaisons de moyennes entre les groupes

d’âges, l’effet de l’Âge devient significatif pour le Ratio Alternances Brutes, F(2,83) = 7.16, p

< .001 et η²p = .15. Le ratio d’Alternances Brutes est plus faible chez les Adultes Très Agés

(0.09) que chez les Adultes Jeunes (0.17) et les Adultes Âgés (0.15), respectivement p < .001

et p < .05, alors que les Adultes Jeunes et Âgés ne diffèrent pas statistiquement. L’interaction

double entre l’Âge, la Nature de l’Alternance et la Catégorie reste non significative, F < 1. Le

résumé des ANCOVAs pour l’effet de l’Âge est présenté dans le Tableau 10, révélant que

l’effet de l’Âge voit sa taille d’effet se réduire une fois l’épreuve des Boîtes contrôlée.

16

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’interaction entre l’Âge et la Nature de

l’Alternance est non significative (Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

112

Tableau 10. Résumé des ANCOVAs sur le ratio Alternances Brutes pour l’effet de l’Âge

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,83) = 7.16, p < .001 et η²p = .15

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,82) = 5.19, p < .01 et η²p = .11

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,82) = 8.32, p < .001 et η²p = .17

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,82) = 6.93, p < .01 et η²p = .14

1.3.4. Nombre de répétitions

Les moyennes estimées qui correspondent au nombre de répétitions sont présentées dans la

Figure 14.

Figure 14. Moyennes estimées du nombre de répétitions en fonction de l’Âge et de la Catégorie

En regroupant les trois groupes d’âges et les deux catégories, on obtient 34.7% de

participants avec aucune répétition et 28.4% de participants avec une seule répétition. Nous

avons donc choisi de dichotomiser cette variable, en 0 (aucune répétition) et 1 (au moins une

répétition). Cette dichotomie a été réalisée en fonction des trois groupes d’âges alors que les

Chapitre 2 : études expérimentales

113

deux catégories ont été regroupées. Les scores de cette dichotomisation sont présentés Figure

15.

Le Khi-deux réalisé en comparant les trois groupes d’âges montre un effet de l’Âge

tendanciel, χ²(2, N = 60) = 4.59 et p = .10. La différence entre les Adultes Jeunes et Âgés est

significative, χ²(1, N = 60) = 4.59 et p < .05, mais pas entre les Adultes Jeunes et Très Âgés,

χ²(1, N = 60) = 0.67 et p > .10, ni entre les Adultes Âgés et Très Âgés, χ²(1, N = 60) = 1.48 et

p > .10.

Figure 15. Nombre de participants ayant réalisé aucune ou une et plus répétitions en fonction de l’Âge

1.3.5. Nombre de mots 0-30 et 31-60 secondes

Le nombre de mots produits à été soumis à une ANCOVA avec les facteurs Âge (Jeunes

vs. Âgés vs. Très Âgés) et Catégorie Sémantique (Animaux vs. Végétaux) en intergroupes, le

facteur Décours Temporel (0-30 vs. 31-60 sec.) en intragroupe et le nombre d’années d’études

en covariable. Les moyennes estimées sont présentées dans la Figure 16.

Chapitre 2 : études expérimentales

114

Figure 16. Nombre de mots produits en fonction du Décours Temporel, de l’Âge et de la Catégorie

L’effet de l’Âge n’est pas significatif, F < 1. L’effet de la Catégorie est quant à lui

significatif, F(1,83) = 57.23, p < .001 et η²p = .41, plus de mots étant produits pour la

Catégorie Animaux que Végétaux (11.24 vs. 7.69). L’effet du Décours Temporel est

significatif, F(1,83) = 7.43, p < .01 et η²p = .08, plus de mots étant produits durant les secondes

0 à 30 que 31 à 60 (11.91 vs. 7.03).

L’interaction entre l’Âge et la Catégorie est significative, F(2,83) = 3.45, p < .05 et η²p =

.0817

. Mais l’effet de l’Âge n’est significatif ni pour la catégorie Animaux, F(2,42) = 2.14, p >

.10, ni pour la catégorie Végétaux, F(2,40) = 1.95, p > .10. Pour la catégorie Animaux, les

Adultes Jeunes, Âgés et Très Âgés ont respectivement produits 11.76, 11.84 et 10.09 mots.

Pour la catégorie Végétaux, les Adultes Jeunes, Âgés et Très Âgés ont respectivement

produits 7.94, 6.97 et 8.21 mots. L’interaction entre la Catégorie et le Décours Temporel est

également significative, F(1,83) = 21.32, p < .001 et η²p = .20. L’effet du Décours Temporel

est significatif pour la catégorie Animaux, F(1,42) = 10.20, p < .01 et η²p = .19, plus de mots

17

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’interaction entre l’Âge et la Catégorie

est tendancielle (Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

115

étant produits dans les secondes 0-30 que 31-60 (14.5 vs. 7.98). L’effet du Décours Temporel

n’est pas significatif18

pour la catégorie Végétaux, F < 1. Enfin, l’interaction entre l’Âge et le

Décours Temporel n’est pas significative, F(2,83) = 1.79, p > .10, de même que l’interaction

double, F(2,83) = 1.38, p > .10.

1.3.6. Corrélations

Pour chaque groupe d’âge, des corrélations bivariées ont été menées entre le Mill-Hill,

puis l’EPR, et les variables dépendantes étudiées. Les corrélations sont présentées dans le

Tableau 11 pour les Adultes Jeunes, le Tableau 12 pour les Adultes Âgés et le Tableau 13

pour les Adultes Très Âgés.

Pour les trois groupes d’âges, le nombre de mots produits est corrélé positivement à la

taille des regroupements sémantiques et au nombre total d’alternances. Ces corrélations ont

été comparées en suivant les recommandations de Guilford (1965)19

. Pour les Adultes Jeunes,

la corrélation est de r = .43 et p < .05 pour la taille des regroupements et de r = .79 et p < .001

pour le nombre total d’alternances. Ces corrélations sont significativement différentes, z = -

2.25 et p < .05, le nombre de mots produits est donc associé plus fortement au nombre

d’alternances qu’à la taille des regroupements chez les Adultes Jeunes. Pour les Adultes Âgés,

la corrélation est de r = .57 et p < .001 pour la taille des regroupements et de r = .50 et p < .01

pour le nombre total d’alternances. Ces corrélations ne sont pas significativement différentes,

z = 0.36 et p > .05. Enfin, pour les Adultes Très Âgés, la corrélation est de r = .38 et p < .05

pour la taille des regroupements et de r = .48 et p < .01 pour le nombre total d’alternances.

Ces corrélations ne sont pas significativement différentes, z = - 0.45 et p > .05. On remarquera

que les corrélations concernant la taille des regroupements ne diffèrent pas significativement

18

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’effet du décours temporel est présent

pour la catégorie Végétaux mais plus encore pour la catégorie Animaux (Annexe B) 19

Nous remercions chaleureusement Jean Bégin, agent de recherche à l’Université du Québec à Montréal,

pour ses conseils et le prêt du fichier permettant la comparaison automatisée de corrélations.

Chapitre 2 : études expérimentales

116

entre les Adultes Jeunes et Âgés (z = - 0.69 et p > .05), entre les Adultes Jeunes et Très Âgés

(z = 0.22 et p > .05) ni entre les Adultes Âgés et Très Âgés (z = 0.91 et p > .05). Pour le

nombre d’alternances, la différence est significative entre les Adultes Jeunes et Très Âgés (z =

2.47 et p < .05), mais pas entre les Adultes Jeunes et Âgés (z = 1.92 et p > .05) ni entre les

Adultes Âgés et Très Âgés (z = 0.10 et p > .05).

Chez les Adultes Jeunes, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = .21 et p > .10). Concernant le Mill-Hill, les participants jeunes avec un

niveau de vocabulaire élevé tendent à produire plus de mots (r = .32 et p = .08), notamment

lors des secondes 0-30 (r = .32 et p = .08). Ils réalisent également plus d’alternances (r = .40

et p < .05), plus précisément plus d’alternances brutes (r = .40 et p < .05). Pour l’EPR, les

participants jeunes avec un score de préférence de routinisation élevé produisent plus de mots

(r = .46 et p < .01), notamment dans les secondes 0-30 (r = .50 et p < .01). Ils réalisent

également plus d’alternances (r = .41 et p < .05), plus précisément plus d’alternances

stratégiques (r = .46 et p < .05).

Tableau 11. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs en fluidité simple

chez les Adultes Jeunes (Expérience 1)

Mill-Hill EPR

Mots (total) .32t .46**

Mots (0-30) .32 t .50**

Mots (31-60) .03 .25

Regroupements sémantiques - .11 .13

Regroupements divergents (nb) - .06 - .11

Alternances (total) .40* .40*

Alternances stratégiques .29 .46*

Alternances brutes .40* .20

Note. t p < .10. * p < .05. ** p < .01.

Chapitre 2 : études expérimentales

117

Chez les Adultes Âgés, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = .14 et p > .10). Aucune corrélation significative n’est observée pour le score

au Mill-Hill. Concernant l’EPR, les Adultes Âgés avec un score élevé de préférence de

routinisation réalisent des regroupements sémantiques plus réduits (r = -.44 et p < .05) et

tendent à faire plus de regroupements divergents (r = .33 et p = .07). Ils tendent également à

réaliser plus d’alternances brutes (r = .34 et p = .07).

Tableau 12. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs en fluidité simple chez

les Adultes Âgés (Expérience 1)

Mill-Hill EPR

Mots (total) .02 - .12

Mots (0-30) - .09 .15

Mots (31-60) .16 - .18

Regroupements sémantiques - .12 - .44*

Regroupements divergents (nb) - .04 .33 t

Alternances (total) .03 .20

Alternances stratégiques .02 - .01

Alternances brutes .02 .34 t

Note. t p < .10. * p < .05.

Chez les Adultes Très Âgés, le score au Mill-Hill corrèle significativement et

négativement avec celui à l’EPR (r = - .44 et p < .05), ce qui nous a amené à faire dans un

second temps des corrélations partielles afin de contrôler ce lien en maintenant constante

l’une de ces deux variables (i.e., Mill-Hill, EPR) quand l’autre est mise en corrélation avec les

différents indicateurs.

Chapitre 2 : études expérimentales

118

Tableau 13. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs en fluidité simple chez

les Adultes Très Âgés (Expérience 1)

Mill-Hill EPR

Mots (total) .57*** - .53**

Mots (0-30) .36* -.26

Mots (31-60) .40* - .31t

Regroupements sémantiques .21 - .21

Regroupements divergents (nb) .48** -.43*

Alternances (total) .21 -.39*

Alternances stratégiques .26 - .35 t

Alternances brutes .04 -.24

Note. t p < .10. * p < .05. ** p < .01. *** p < .001.

Les corrélations partielles montrent que, concernant le nombre de mots, la corrélation

reste significative avec le Mill-Hill après contrôle de l’EPR (r = .43 et p < .05) et avec l’EPR

après contrôle du Mill-Hill, (r = -.38 et p < .05). Pour les mots de 0 à 30 sec., la corrélation

devient non significative avec le Mill-Hill après contrôle de l’EPR (r = .28 et p > .10), de

même pour l’EPR après contrôle du Mill-Hill, (r = -.12 et p > .10). Pour les mots de 31-60

sec., la corrélation devient juste tendancielle avec le Mill-Hill après contrôle de l’EPR (r = .31

et p = .10), alors qu’elle devient non significative pour l’EPR après contrôle du Mill-Hill, (r =

-.16 et p > .10). Pour les regroupements divergents, la corrélation devient tendancielle avec le

Mill-Hill après contrôle de l’EPR (r = .36 et p = .06), alors qu’elle devient non significative

pour l’EPR après contrôle du Mill-Hill, (r = -. 28 et p > .10). La corrélation devient

tendancielle avec l’EPR après contrôle du Mill-Hill pour les alternances totales (r = - .33 et p

= .08) et non significative pour les alternances stratégiques (r = - .27 et p > .10).

Chapitre 2 : études expérimentales

119

1.4. Discussion de l’Expérience 1

Alors que, en accord avec la littérature dominante, nous avions émis l’hypothèse d’une

réduction du nombre de mots produits chez les plus âgés, cette attente n’est que partiellement

vérifiée selon la catégorie sémantique étudiée. Pour la catégorie Animaux, les Adultes Très

Âgés tendent à produire moins de mots que les Adultes Âgés, alors que la différence avec les

Adultes Jeunes n’est pas significative. Ces derniers, pour la catégorie Végétaux, ont produit

de façon tendancielle moins de mots que les Adultes Âgés, alors que la différence avec les

Adultes Très Âgés n’est pas significative. Concernant l’effet simple de la catégorie, on

remarque que plus de mots sont produits pour la catégorie Animaux que Végétaux, ce qui va

dans le sens d’une nature sur-apprise de la catégorie Animaux la rendant plus facile. Moins

développée au cours de l’enfance, la catégorie des végétaux pourrait ainsi bénéficier de

manière plus importante des connaissances développées au cours de la vie, expliquant que les

Adultes Jeunes se soient montrés moins performants que les deux groupes d’adultes âgés.

Bien que l’effet de l’âge ne soit pas significatif, on remarque que le groupe des Adultes Âgés

présente le plus grand nombre de mots produits pour les deux catégories, ce qui pourrait

s’expliquer à nouveau par les connaissances sémantiques accumulées au cours des années.

Ainsi, on note que l’effet d’interaction entre l’âge et la catégorie, en défaveur des Adultes

Très Âgés pour la catégorie Animaux et des Adultes Jeunes pour la catégorie Végétaux,

devient tendanciel lorsque le score de vocabulaire est contrôlé. Pour la catégorie des animaux,

les Adultes Très Âgés tendent à produire moins de mots que les Adultes Âgés alors que pour

la catégorie des végétaux les différences entre les trois groupes d’âges ne sont pas

significatives. Cette modification laisse entendre que le moindre vocabulaire des Adultes

Jeunes expliquerait l’effet de l’Âge sur la catégorie des végétaux, plus exigeante que celle des

animaux. Cependant, quand on compare au sein même du groupe d’âge, le groupe des Adultes

Chapitre 2 : études expérimentales

120

Âgés est le seul à ne pas présenter une corrélation positive entre le score de vocabulaire et le

nombre de mots produits. Cette absence de corrélation pourrait s’expliquer par le fait que le

groupe des Adultes Âgés est celui qui présente le score le plus élevé au questionnaire de

vocabulaire du Mill-Hill, et que le pouvoir discriminant des différences de vocabulaire serait

moins grand pour les scores les plus élevés. Concernant le nombre de mots produits, nos

résultats sont assez proches de ceux de Troyer et al. (1997) obtenus sur 60 secondes, étant

donné qu’ils n’avaient étudié que la catégorie Animaux et que l’âge moyen de leur groupe de

participants âgés (73.3 ans) était situé entre l’âge moyen de nos groupes d’Adultes Âgés et

Très Âgés.

Si la performance, exprimée en nombre de mots, apparaît comme relativement

maintenue avec l’âge, qu’en est-il de l’efficience des processus la sous-tendant ? Pour les trois

groupes d’âges, le nombre de mots produits est corrélé à la taille des regroupements et au

nombre d’alternances, ce qui concorde avec les données obtenues par Troyer et al. (1997)

pour 60 secondes d’épreuve. Nos résultats montrent que les Adultes Très Âgés produisent des

regroupements plus étendus que les deux autres groupes d’âges. Précédemment, alors que

Troyer et al. (1997) avaient observé des regroupements plus étendus avec l’âge en fluidité de

lettre, ils n’avaient observé aucun effet en fluidité sémantique. Cette différence pourrait

s’expliquer par l’âge des participants, car comme évoqué précédemment, notre groupe

d’adultes très âgés étaient plus âgé que leur groupe d’adultes âgés. L’augmentation de la

durée de l’épreuve, dans notre étude, peut également avoir modifié le recours aux

regroupements sémantiques. On remarque ainsi des tailles de regroupements qui paraissent

plus importantes dans notre étude que dans Troyer et al. Ainsi, le groupe d’Adultes Jeunes,

d’âge comparable entre les deux recherches, présente une taille de regroupement de 1.09 dans

Troyer et al., et d’un peu plus de 1.50 dans la présente étude. Cet effet de l’âge suggère que

non seulement les processus automatiques sous tendant les regroupements restent efficients

Chapitre 2 : études expérimentales

121

avec l’âge, mais également que le recours à ceux-ci pourrait augmenter avec l’âge, puisque les

Adultes Très Âgés font de plus grands regroupements que les Adultes Âgés. A contrario, les

Adultes Très Âgés réalisent moins d’alternances que les Adultes Jeunes, ce qui avait déjà été

rapporté par de précédentes études (Haugrud, Lanting, & Crossley, 2010 ; Troyer, 2000 ;

Troyer et al., 1997), mais également moins d’alternances que les Adultes Âgés. Cet effet reste

significatif après avoir divisé le nombre d’alternances par le nombre de mots produits, ce qui

laisse entendre que le plus faible nombre d’alternances chez les Très Âgés n’est pas

uniquement la conséquence d’un plus faible nombre de mots produits.

La distinction entre alternances stratégiques et alternances brutes, proposée par

Abwender et al. (2001), montre que l’effet de l’âge s’exprime principalement sur le ratio des

alternances brutes. Ainsi, l’exécution des alternances stratégiques en fluidité sémantique

resterait plutôt efficiente chez les plus âgés. Si la distinction entre ces deux types de

regroupements est confortée par cette différence dans l’expression de l’effet de l’âge, il reste

encore nécessaire de mieux comprendre les processus cognitifs les sous-tendant. Abwender et

al. (2001) ont avancé que des aspects de vitesse sont à l’origine des alternances brutes, ce qui

semble en accord avec la réduction de l’effet de l’âge lorsque la mesure de vitesse de

traitement est mise en covariable. Les auteurs ont également proposé que les alternances

stratégiques soient le marqueur le plus fiable de la flexibilité, c'est-à-dire de la capacité à se

désengager spontanément d’une catégorie pour s’engager dans une autre. Nos résultats

suggèrent que cette capacité de flexibilité spontanée serait conservée au cours du

vieillissement. De plus, il est intéressant de noter que les Adules Âgés et Très Âgés font plus

de regroupements divergents, c'est-à-dire basé sur des ressemblances orthographiques et/ou

phonologiques des mots produits, que les Adultes Jeunes. Abwender et al. (2001) considèrent

que cet indicateur traduit des processus contrôlés, stratégiques, d’accès en mémoire

Chapitre 2 : études expérimentales

122

sémantique. Il parait ainsi être associé aux connaissances sémantiques, cet effet de l’âge

devenant tendanciel lorsque le vocabulaire est contrôlé.

Concernant le décours temporel, aucun effet de l’âge n’est observé. Ainsi, nos résultats

répliquent auprès d’une population âgée, et cela pour la première fois à notre connaissance, la

distinction obtenue par Crowe (1998b) et Fernaeus et Almkvist (1998) auprès d’adultes

jeunes. Cet indicateur n’est donc pas en faveur d’un changement avec l’âge des processus

automatiques et contrôlés à l’œuvre durant la fluidité verbale. On remarquera l’interaction

significative entre le décours temporel et la catégorie sémantique, expliquée par le fait que

seule la catégorie Animaux a montré un nombre de mots produits plus important durant les 30

premières secondes. Ce résultat ne semble toutefois pas remettre en cause la présence d’une

recherche quasi-automatique pour la catégorie des végétaux. En effet, cette recherche pourrait

être plus courte que les 30 premières secondes ou au contraire apparaître de façon différée

dans le temps du fait que la catégorie Végétaux semble moins bien définie que la catégorie

Animaux. Ainsi, de nombreux participants ont marqué une hésitation avant de commencer

leur production. A l’inverse, la catégorie des animaux, sur-apprise durant l’enfance et

fortement installée dans les premiers mots appris par l’enfant (Gierski & Ergis, 2004; Melson,

2003), pourrait disposer de nombreux exemplaires, fréquents et rapidement accessibles en

mémoire, se prêtant aisément à une recherche quasi-automatique. De futures analyses portant

sur les fréquences lexicales des mots produits devraient nous permettre de statuer sur la

question, les mots issus de la recherche quasi-automatique ayant montré par le passé une

fréquence lexicale plus élevée (Crowe, 1998b). Récemment, il a été rapporté que les adultes

âgés produisent, sur les 60 secondes de production en fluidité sémantique, des mots d’une

fréquence lexicale plus faible que celle des adultes jeunes, ce qui pourrait s’expliquer par la

plus grande expérience langagière de cette classe d’âge (Kavé, Samuel-Enoch, & Adiv, 2009).

De même, il est intéressant de noter que les adultes âgés estiment plus familiers que les

Chapitre 2 : études expérimentales

123

adultes jeunes des exemplaires de catégories liées au vivant tels que les animaux, les fruits et

les légumes alors que cette différence ne se retrouve pas pour des catégories non liées au

vivant (Rico-Duarte, Gély-Nargeot, & Brouillet, 2007). Concernant le vieillissement

pathologique, les patients atteints de DTA présentent une altération des mots les plus rares

(Hodges, Salmon, & Butters, 1992) qui se traduit notamment par des intrusions présentant une

fréquence lexicale plus élevée à une épreuve de rappel libre (Canolle et al., 2008).

Un déclin des processus contrôlés est cependant suggéré par le nombre plus important

de répétitions dans le groupe des Adultes Âgés, même si cette augmentation n’est pas

retrouvée chez les Très Âgés. Il est à noter que si les répétitions sont plus fréquentes au sein

de cette classe d’âge, elles sont également plus nombreuses pour un même individu au cours

du vieillissement. Ainsi, si la moyenne des répétitions n’est calculée qu’en incluant les

participants ayant produit au moins une répétition, la moyenne est de 1.4 pour les Adultes

Jeunes, 2.4 pour les Adultes Âgés et 1.8 pour les Adultes Très Âgés.

Alors que de précédentes recherches ont suggéré une influence de la MDT sur la

performance en fluidité (Rosen & Engle, 1997), les covariances réalisées pour notre étude ne

montrent pas que certains effets de l’âge seraient associés en partie à des différences de

capacité de MDT. Pour rappel, nos participants Très Âgés présentaient un empan de MDT

plus faible que les deux autres groupes d’âges. Concernant la vitesse de traitement, les

Adultes Âgés et Très Âgés ont montré des temps plus lents à l’épreuve des Boîtes. Cette

différence sur cette variable aurait participé à la réduction avec l’âge des alternances. A

l’inverse, les différences de vocabulaire, à l’avantage des deux groupes de participants âgés,

participeraient à l’augmentation avec l’âge des regroupements divergents. Au sein même des

Adultes Très Âgés, ceux qui ont un vocabulaire élevé tendent à réaliser plus de regroupements

Chapitre 2 : études expérimentales

124

divergents. Ils produisent également plus de mots, alors que l’effet est seulement tendanciel

chez les Adultes Jeunes.

Les corrélations associées à la mesure de préférence de routinisation montrent une

intéressante évolution selon le groupe d’âge. Pour mémoire, l’effet de l’âge sur cette mesure

est faible, les Adultes Très Âgés tendant à présenter un score plus élevé que les Adultes

Jeunes. Chez les Adultes Jeunes, un score élevé de préférence de routinisation est corrélé avec

plus de mots produits et plus d’alternances stratégiques. Ainsi, chez les Adultes Jeunes, ceux

présentant les scores les plus élevés présentent une meilleure performance et un meilleur

recours à des aspects stratégiques. La relation s’inverse dans le groupe des Très Âgés, où ceux

ayant un score élevé à l’EPR vont produire moins de mots et d’alternances. Cette inversion

pourrait traduire un basculement de l’influence de la routinisation, malgré des scores

équivalents. Une routinisation « stratégie », efficace dans ses débuts, deviendrait délétère pour

la performance au fil des répétitions dans le temps. Chez les Adultes Âgés, une routinisation

élevée s’accompagne de regroupements sémantiques moins étendus et de regroupements

divergents moins nombreux.

Les résultats obtenus sur les différents indicateurs sont donc en faveur d’un maintien de

l’efficience des processus automatiques (e.g., regroupements sémantiques) et d’une légère

baisse de celle des processus contrôlés (e.g., répétitions). On remarque notamment que les

Adultes Très Âgés produisent des regroupements plus étendus et moins d’alternances. Cette

modification pourrait traduire une réduction de la flexibilité : la personne très âgée se

laisserait entraîner dans des regroupements plus étendus plutôt que d’alterner vers un autre

regroupement. Cette prépondérance des regroupements peut alors se révéler négative pour la

performance si la recherche au sein d’un sous-regroupement devient peu efficace, c'est-à-dire

si une fois les exemplaires les plus disponibles produits, les autres exemplaires tardent à être

Chapitre 2 : études expérimentales

125

activés. Ainsi, la stratégie optimale en fluidité consisterait à rechercher au sein de différentes

sous-catégories sémantiques les exemplaires les plus disponibles et à passer à une nouvelle

sous-catégorie dès que le rythme de production ralentit. Les adultes jeunes sont considérés,

dans la littérature (Haugrud et al., 2010; Troyer et al., 1997), comme valeur de référence : si

les personnes âgées produisent moins d’alternances, cela traduirait alors un effet de l’âge sur

l’utilisation de la stratégie la mieux adaptée. Cependant, la meilleure stratégie pour un adulte

âgé pourrait différer de celle d’un adulte jeune, puisque celle-ci dépendrait du bénéfice mais

également du coût de la mise en place de cette stratégie (Mata, Schooler, & Rieskamp, 2007).

De plus, nous savons que les ressources ne sont pas les mêmes selon les âges. L’évaluation du

coût-bénéfice d’une stratégie à suivre pourrait se faire de manière consciente comme non

consciente, dirigée notamment par des expériences antérieures (Payne, Bettman, & Johnson,

1993). Ainsi, les Adultes Très Âgés pourraient choisir de s’appuyer de façon plus importante

sur les processus les plus automatiques, délaissant temporairement les alternances. Ceci

n’exclut pas qu’une réduction de l’efficience des processus les plus contrôlés soit à l’origine

de ce recours plus important à des processus plus automatiques. La comparaison des

corrélations entre le nombre de mots produits d’un côté, et la taille des regroupements et des

alternances de l’autre, nous paraît intéressante à cet égard. Ainsi, pour les Adultes Jeunes, la

performance est plus fortement associée au nombre d’alternances, alors que pour les deux

groupes d’adultes âgés, les deux indicateurs œuvrent dans des proportions similaires.

La fluidité sémantique permet de mesurer une flexibilité dite spontanée, car dirigée par

la volonté de la personne. Une modification de celle-ci, comme nous venons de l’évoquer,

pourrait donc traduire un changement de stratégie. Pour la prochaine étude, nous allons

comparer des adultes jeunes et âgés lors d’épreuves de fluidités sémantiques alternées, cette

tâche permettant de mesurer la flexibilité réactive. Cette dernière faisant réponse à une

consigne explicite, elle ne peut être confondue avec les choix stratégiques du participant.

Chapitre 2 : études expérimentales

126

2. FLUIDITES ALTERNEES AVEC ET SANS INDICE (EXPERIENCE 2)

2.1. Problématique

Cette expérience prolonge l’Expérience 1, en comparant les effets de l’âge quand une

composante d’alternance contrainte est introduite. Alors que la fluidité simple est associée à

des alternances spontanées laissées au choix du participant (Troyer et al., 1997), la fluidité

alternée exige l’alternance entre deux critères donnés. Nous postulons ainsi que, par l’ajout de

cette composante d’alternance supplémentaire, cette épreuve sollicite de manière plus

importante que la fluidité simple les processus contrôlés. Le fait d’alterner entre les deux

catégories provoquerait un coût temporel supplémentaire nécessaire pour passer de l’une à

l’autre catégorie. Les fluidités verbales étant en temps limité, ce coût devrait se traduire par

une diminution du nombre de mots produits. Alors que Henry et Phillips (2006) ont constaté

un effet négatif de l’âge sur le nombre de mots en comparant des adultes jeunes et âgés lors

d’une fluidité alternée sémantique, Plumet et al. (2005) ne trouvent pas d’effet du

vieillissement en comparant des participants de 50 ans et plus.

Les études concernant les effets du vieillissement normal sur la fluidité sémantique

alternée sont rares et varient selon la présence ou non d’un indice appuyant le passage d’une

catégorie à l’autre (Henry & Phillips, 2006; Plumet et al., 2005). En l’absence d’indice, la

MDT serait sollicitée de manière plus importante du fait de la nécessité de maintenir et

d’actualiser les règles d’alternances (Henry & Phillips, 2006). Ainsi, il a été observé que

moins de mots sont produits lorsque la fluidité est non indicée plutôt qu’indicée (Downes et

al., 1988). L’absence d’indice pourrait alors augmenter le recours à des stratégies visant à

faciliter l’alternance. Ainsi, des associations sémantiques pourraient être créées entre les

Chapitre 2 : études expérimentales

127

productions successives afin de réduire la distance sémantique (i.e., canard-olive, vache-

pâquerette). Plumet et al. (2005) ont retrouvé ces associations en plus grand nombre chez

leurs participants les plus âgés présentant un faible nombre d’années d’études, ce qui

traduirait une stratégie visant à pallier une difficulté à alterner. L’apparition de répétitions

évoquerait, comme précédemment, un défaut d’inhibition, alors que la présence de

persévérations (i.e., oubli d’alterner) relèverait plutôt d’un manque de flexibilité réactive.

Pour la présente recherche, nous allons ainsi mesurer, chez des adultes jeunes et âgés, le

nombre de mots produits, le nombre de répétitions et de persévérations, ainsi que le nombre

d’associations sémantiques. Ces trois derniers indicateurs nous renseigneront sur l’efficience

des processus contrôlés au cours du vieillissement. Nous nous attendons ainsi à ce qu’ils

soient plus élevés chez les participants âgés plutôt que jeunes, et cela d’autant plus lorsque la

fluidité est non indicée plutôt qu’indicée.

2.2. Méthode

Participants. Trente adultes jeunes (âge moyen = 20.6 ans) et 30 adultes âgés (âge

moyen = 64.4) ont pris part à cette recherche. Les Adultes Jeunes étaient étudiants en 1er

cycle

à l’Université Bordeaux 2, majoritairement en Psychologie. Les Adultes Âgés étaient tous

étudiants à l’Université du Temps Libre (UTL) de Bordeaux. Les critères de recrutement et

d’inclusion sont les mêmes que ceux de l’Expérience 1.

La proportion de participants masculins ne différait pas en fonction du groupe d’âge,

avec 13% chez les Adultes Jeunes et 20% chez les Adultes Âgés, χ²(1, N = 60) = 0.48 et p >

.10. On observe un effet de l’âge sur le nombre d’années d’études, t(58) = - 3.49, p < .001, les

Adultes Âgés avaient un nombre d’années d’études plus élevé que les Adultes Jeunes (15 vs.

13.1).

Chapitre 2 : études expérimentales

128

L’ensemble des participants a complété les mesures de vitesse perceptivo-motrice, de

MDT, de vocabulaire et de préférence de routinisation décrites dans le matériel de

l’Expérience 1. Les scores à ces ressources pour l’Expérience 2 sont présentés dans le Tableau

14.

Tableau 14. Ressources en fonction de l’âge pour l’Expérience 2

Adultes Jeunes Adultes Âgés

Boîtes 581 (126) 902 (137)

Empan 3.7 (1.0) 3.4 (0.8)

Mill Hill 36.4 (2.0) 40.4 (1.7)

EPR 25.4 (4.8) 24.1 (5.1)

On observe un effet de l’Âge sur le temps aux Boîtes, t(58) = - 9.42, p < .001, les

Adultes Âgés étaient plus lents que les Adultes Jeunes ; et au Mill-Hill, t(58) = - 8.43, p <

.001, les Adultes Âgés avaient un score de vocabulaire plus élevé que celui des Adultes

Jeunes. Aucun effet de l’âge n’a été observé sur le score d’Empan, t(58) = 0.92, p > .10, ni sur

le score d’EPR, t(58) = 0.99, p > .10.

Procédure. Les participants étaient aléatoirement affectés à l’une des deux conditions

de fluidité alternée (i.e., avec ou sans indice). Chaque participant avait pour consigne de

produire le plus possible de mots de la langue française répondant à deux critères

sémantiques, en alternant à chaque production d’un critère à l’autre et cela pendant cinq

minutes. Les catégories outils/parties du corps étaient présentées comme exemple au

participant. Il était précisé à chaque participant de veiller à ne pas produire deux fois le même

mot et à ne pas oublier d’alterner à chaque production. La durée d’épreuve de cinq minutes a

été préférée à celle traditionnellement utilisée de 60 secondes, afin de favoriser la possible

apparition de répétitions et/ou persévérations. La consigne précisait également de ne pas

Chapitre 2 : études expérimentales

129

produire de noms propres. Après s’être assuré que le participant avait bien compris la

consigne, les deux catégories sémantiques (i.e., animaux-fruits) étaient données à l’oral par

l’expérimentateur et le chronomètre était déclenché.

Dans la version Non indicée, seule une croix de fixation était présente à l’écran. Dans

la version Indicée, un rectangle de couleur20

marron signalait la nécessité de produire un nom

d’animal, alors qu’un rectangle de couleur verte appelait un nom de végétal.

Un magnétophone a été utilisé pour enregistrer le verbatim des participants. A chaque

mot produit, l’expérimentateur appuyait sur la barre espace d’un clavier additionnel de

l’ordinateur de passation afin d’enregistrer les temps de production (programmation avec le

logiciel SuperLab Pro).

Le nombre de mots produits, le nombre de répétitions (i.e., réutilisation d’un mot déjà

produit) et le nombre de persévérations (i.e., oublier d’alterner vers la deuxième catégorie)

étaient mesurés. Les associations sémantiques ont également été calculées, définies d’après

les critères de Plumet et al. (2005) : comportement alimentaire (e.g., singe-banane), lieu (e.g.,

oiseau-arbre), recette (e.g., canard-orange) et association spécifique (e.g., serpent-pomme).

2.3. Résultats

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel statistique SPSS 17. La

normalité des données a été vérifiée.

Les variables Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés) et Format de fluidité (Indicée vs.

Non Indicée) ont été placées en variables inter-groupes. Les variables dépendantes sont le

nombre de mots, les associations sémantiques, les répétitions et les persévérations.

20

La non utilisation de lettres comme indice a été décidée afin d’éviter de favoriser la mise en place de

stratégies de récupération par le biais des lettres (e.g., chercher des mots contenant cette lettre)

Chapitre 2 : études expérimentales

130

Etant donné que le nombre d’années d’études diffère en fonction de l’âge et qu’il a été

montré par le passé l’influence de cette variable sur la performance en fluidité verbale, le

nombre d’années d’études a été contrôlé en étant placé en covariable. Les moyennes

rapportées seront donc les moyennes marginales estimées (voir en Annexe A pour les erreurs

standards). Par la suite, les variables Boîtes, Empan et Vocabulaire ont également été placées

successivement en covariable lorsque l’ANCOVA initiale rapportait un effet de l’âge

significatif. Les moyennes marginales estimées sont présentées dans le Tableau 15.

2.3.1. Nombre de mots

Aucun effet de l’Âge21

n’est observé sur le nombre de mots, F(1,55) = 2.56, p > .10, ni

d’effet du Format de fluidité ou de l’interaction entre l’Âge et le Format de fluidité, Fs < 1.

2.3.2. Nombre d’associations sémantiques

L’effet de l’Âge est significatif, F(1,55) = 15.43, p < .001 et η²p = 0.22, les Adultes Âgés

réalisant plus d’associations sémantiques que les Adultes Jeunes (4.66 vs. 1.27). L’effet du

Format de fluidité et l’interaction entre l’Âge et le Format sont non significatifs, Fs < 1.

L’effet de l’Âge reste significatif quand le score d’Empan est placé en covariable,

F(1,54) = 16.95, p < .001 et η²p = 0.24, mais devient tendanciel lorsque le Mill-Hill est placé

en covariable, F(1,54) = 3.47, p = .07 et η²p = 0.06, et non significatif quand le temps aux

Boîtes est mis en covariable, F(1,54) = 1.30, p > .10.

2.3.3. Nombre de répétitions

En regroupant les deux groupes d’âges et les deux catégories, on obtient 38.3% de

participants avec aucune répétition et 36.7% de participants avec une seule répétition. Nous

avons choisi de dichotomiser cette variable, en 0 (aucune répétition) et 1 (au moins une

21

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’effet de l’Âge sur le nombre de mots est

tendanciel, en faveur du groupe des Adultes Âgés (Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

131

répétition). Cette dichotomie a été réalisée en fonction des deux groupes d’âges, les deux

Formats ayant été regroupés.

Le khi-deux réalisé en comparant les deux groupes d’âges montre un effet de l’Âge,

χ²(1, N = 60) = 5.71 et p < .05, plus d’Adultes Âgés que d’Adultes Jeunes réalisant au moins

une répétition (77% vs. 47%).

2.3.4. Nombre de persévérations

En regroupant les deux groupes d’âges et les deux catégories, on obtient 83.3% de

participants avec aucune persévération et 8.3% de participants avec une seule persévération.

Nous avons choisi de dichotomiser cette variable, en 0 (aucune persévération) et 1 (au moins

une persévération). Cette dichotomie a été réalisée en fonction des deux groupes d’âges, les

deux Formats ayant été regroupés.

Le Khi-deux réalisé en comparant les deux groupes d’âges montre un effet de l’Âge,

χ²(1, N = 60) = 4.32 et p < .05, plus d’Adultes Âgés que d’Adultes Jeunes réalisant au moins

une persévération (27% vs. 7%).

Tableau 15. Moyennes marginales estimées concernant les nombres aux différents indicateurs selon

l’Âge et le Format de fluidité (Expérience 2)

Adultes Jeunes Adultes Âgés

Indicée Non indicée Indicée Non indicée

Mots 5 min. 48.3 49.3 54.7 52.7

Associations sémantiques 1.2 1.3 4.4 4.9

Répétitions 0.5 0.5 1.9 1.8

Persévérations 0.07 0.07 0.40 0.73

Chapitre 2 : études expérimentales

132

2.3.5. Corrélations

Pour chacun des groupes d’âges (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés), nous avons

procédé à des corrélations (r de Pearson) entre les scores au Mill-Hill et à l’EPR et le nombre

de mots et d’associations sémantiques (Tableau 16).

Tableau 16. Corrélations entre le Mill-Hill, l’EPR et le nombre de mots et le nombre d’associations

sémantiques selon l’Âge (Expérience 2)

Adultes Jeunes Adultes Âgés

Mill-Hill EPR Mill-Hill EPR

Mots 5 min .03 -.30 .05 .14

Associations sémantiques - .15 -.55*** .22 .15

Note. *** p < .001.

La seule corrélation significative est obtenue chez les Adultes Jeunes, pour qui ceux

ayant un score élevé à l’EPR réalisent moins d’associations sémantiques, (r = - .55 et p <

.001).

2.4. Discussion de l’Expérience 2

Les résultats obtenus dans l’Expérience 2 sont majoritairement en accord avec notre

hypothèse d’un déclin au cours du vieillissement des processus contrôlés à l’œuvre en fluidité

alternée. Cette conclusion n’est pas accessible à partir du nombre de mots produits, la

performance étant équivalente chez les Adultes Jeunes et Âgés. Cependant, l’effet de l’âge

apparaît lorsque l’on s’intéresse aux indicateurs plus spécifiques des processus contrôlés que

sont les répétitions et les persévérations.

Ainsi, les participants âgés font plus de répétitions que les adultes jeunes, ce qui

signalerait un déclin des processus contrôlés, notamment d’inhibition, nécessaires pour

supprimer les informations devenues non pertinentes en MDT afin d’éviter qu’elles

Chapitre 2 : études expérimentales

133

n’accèdent de nouveau à la conscience. On constate également une augmentation des

persévérations avec l’âge, qui traduirait quant à elle une réduction de la flexibilité nécessaire

pour alterner à chaque essai entre les deux catégories sémantiques et éviter ainsi de persévérer

dans l’exploration d’une même catégorie. De plus, les Adultes Âgés recourent plus que les

Adultes Jeunes aux associations sémantiques qui, selon Plumet et al. (2005), ont pour fonction

de faciliter l’alternance. On note que cet effet de l’âge se réduit quand le score de vocabulaire

est contrôlé et qu’il devient non significatif quand la mesure de vitesse de traitement est à son

tour contrôlée. Ceci suggère que la mise en place d’associations sémantiques est favorisée par

un bon niveau de vocabulaire, et que ces associations pourraient répondre à un ralentissement

de la vitesse de traitement rendant l’alternance entre les catégories plus difficile pour les

aînés.

Concernant les corrélations au sein de chaque groupe d’âge, pour les adultes jeunes

comme âgés, le score de vocabulaire ne corrèle significativement ni avec le nombre de mots

produits, ni avec les associations sémantiques. Pour ce qui est de la routinisation, si aucune

relation n’est obtenue chez les adultes âgés, on constate chez les adultes jeunes que ceux qui

présentaient un score élevé ont moins fait usage des associations sémantiques. Puisque ces

dernières relèveraient d’une stratégie visant à réduire le coût d’alternance, ce résultat suggère

que la routinisation, chez les adultes jeunes, est associée à une moindre utilisation stratégique,

ce qui diffère des résultats obtenus pour ce même groupe d’âge dans l’Expérience 1.

En conclusion, cette Expérience 2 n’a pas montré d’effet de l’âge sur le nombre de mots

produits. Ceci semble s’expliquer par le fait que, même si la fluidité alternée est

théoriquement supposée plus fortement associée aux processus contrôlés que la fluidité

simple, la performance exprimée en nombre de mots produits reste le résultat d’une action

conjuguée des processus automatiques et contrôlés. Ainsi, lorsque l’on s’intéresse à des

Chapitre 2 : études expérimentales

134

indicateurs plus spécifiques tels que les répétitions et les persévérations, les résultats sont en

faveur d’une réduction avec l’âge des processus contrôlés, plus précisément de l’inhibition et

de la flexibilité. De façon similaire, une interaction entre l’âge et le niveau d’étude avait été

obtenue sur les associations sémantiques mais pas sur le nombre de mots par Plumet et al.

(2005).

Alors que nous nous attendions à ce que la présence d’un indice d’alternance favorise la

performance en réduisant la charge en MDT, aucun effet simple n’a été observé ni même

d’interaction avec l’âge. De même, le nombre d’associations sémantiques ne varie pas en

fonction de la présence d’un indice alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que ces associations

soient moins nombreuses lorsque la fluidité était indicée plutôt que non indicée. Cette absence

d’effet semble pouvoir s’expliquer par le pas d’alternance, qui était d’alterner à chaque

exemplaire. Bien que cette fréquence soit celle traditionnellement utilisée dans la littérature,

elle n’aurait qu’une faible influence sur la charge en MDT. En effet, cette séquence

d’alternance est aisée à suivre, puisqu’il s’agit de produire comme item suivant un mot

appartenant à la catégorie non produite lors de l’item en cours de production. Ainsi, il n’est

pas nécessaire de maintenir en mémoire le nombre d’items déjà produits dans une catégorie

avant de passer à l’autre.

En accord avec les études ayant montré que les effets de l’âge sur l’alternance sont plus

susceptibles d’apparaître lorsque la charge en MDT est importante (Kramer et al., 1999), nous

avons décidé de manipuler cette variable lors de la prochaine expérience, en comparant une

fluidité sémantique alternée à chaque production contre une alternance toutes les deux

productions.

Chapitre 2 : études expérimentales

135

3. FLUIDITE ALTERNEE TOUS LES 1 OU 2 EXEMPLAIRES

(EXPERIENCE 3)

3.1. Problématique

Cette expérience est le prolongement de l’étude précédente n’ayant pas montré d’effet

de l’âge sur le nombre de mots produits selon que la fluidité soit indicée ou non. La littérature

sur l’alternance a montré des effets de l’âge de manière inconsistante, mais suggère que les

personnes âgées présentent des difficultés principalement lorsque la charge en mémoire est

importante (Kramer et al., 1999). Dans la présente étude, nous souhaitons étudier l’effet de la

charge en MDT et de l’âge en fluidité alternée en manipulant le rythme d’alternance, c’est-à-

dire en comparant une situation d’alternance à chaque production (i.e., animal-végétal-animal-

végétal-etc.) avec une alternance tous les deux exemplaires (i.e., animal-animal-végétal-

végétal-animal-animal-etc.). Nous postulons que la charge en mémoire sera plus importante

lors de l’alternance tous les deux exemplaires plutôt qu’à chaque exemplaire, ce qui devrait

réduire le nombre de mots produits et augmenter les répétitions et les persévérations.

Nous faisons l’hypothèse que l’absence d’effet de l’âge sur le nombre de mots

produits, obtenue lors de l’Expérience 2, sera répliquée dans la fluidité alternée à chaque

exemplaire, alors que les adultes âgés produiront moins de mots que les adultes jeunes dans la

fluidité alternée tous les 2 exemplaires. Concernant le nombre de répétitions et de

persévérations, nous nous attendons à ce qu’elles soient plus nombreuses chez les adultes

âgées que chez les jeunes et cela d’autant plus dans la fluidité alternée tous les 2 exemplaires.

Chapitre 2 : études expérimentales

136

3.2. Méthode

Participants. Dix sept adultes jeunes (âge moyen = 20.1 ans) et 17 adultes âgés (âge moyen

= 62.9 ans) ont pris part à cette recherche. Les Adultes Jeunes étaient étudiants en 1er

cycle à

l’Université Bordeaux 2, majoritairement en Psychologie. Les Adultes Âgés étaient tous

étudiants à l’Université du Temps Libre (UTL) de Bordeaux. Les critères de recrutement et

d’exclusion sont les mêmes que ceux de l’Expérience 1.

La proportion de participants masculins ne différait pas en fonction du groupe d’âge,

avec 23.5% chez les Adultes Jeunes et 41% chez les Adultes Âgés, χ²(1, N = 34) = 1.21 et p >

.10. Le nombre d’années d’Etude ne différait pas en fonction de l’Âge, avec 13.2 années pour

les Adultes Jeunes et 12.8 années pour les Adultes Âgés, t(32) = 0.63 et p > .10.

L’ensemble des participants a complété les mesures de vitesse perceptivo-motrice, de

MDT, de vocabulaire et de routinisation décrites dans le matériel de l’Expérience 1. Les

scores à ces ressources sont présentés dans le Tableau 17.

Tableau 17. Ressources en fonction de l’âge pour l’Expérience 3

Adultes Jeunes Adultes Âgés

Boîtes 549 (86) 814 (92)

Empan 3.7 (1.2) 3.4 (0.9)

Mill Hill 35.2 (3.9) 40.0 (3.3)

EPR 24.4 (4.4) 25.2 (5.3)

On observe que les adultes âgés étaient plus lents que les adultes jeunes à l’épreuve

des Boîtes, t(32) = - 8.68, p < .001, mais qu’ils avaient un score au Mill-Hill supérieur à celui

des adultes jeunes, t(32) = - 3.97, p < .001. Les scores à l’Empan et l’EPR ne différaient pas

en fonction de l’Âge, respectivement t(32) = 0.79 et t(32) = - 0.46 et p > .10.

Chapitre 2 : études expérimentales

137

Procédure. Chaque participant réalisait les deux conditions d’alternance (i.e., à chaque

exemplaire ou tous les deux exemplaires) et l’ordre de passation de ces deux conditions était

contrebalancé entre les participants pour contrôler un possible effet d’entraînement. Afin de

limiter ce dernier mais de pouvoir comparer les deux conditions, quatre catégories

sémantiques (i.e., animaux, fruits, légumes et parties du corps) de difficulté équivalente ont

été utilisées. Ces catégories ont été sélectionnées à la suite de normes de production sur 60

secondes rapportées par Ardila et al. (2006). Etant donné que la proximité sémantique entre

les légumes et les fruits aurait pu produire des confusions additionnelles à celles liées à

l’alternance, l’association de ces deux catégories a été évitée en formant les paires Animaux-

Fruit et Légumes-Parties du Corps. Leur affectation à un des deux pas d’alternance était

contrebalancée entre chaque participant.

Chacune des deux conditions durait 3 minutes et non plus 5 minutes, cela afin de

réduire l’effort cognitif fourni par le participant qui allait avoir à compléter deux fluidités

alternées. Le participant avait pour consigne de produire le plus possible de mots de la langue

française répondant à deux critères sémantiques en alternant, selon la condition, à chaque

exemplaire ou tous les deux exemplaires. Il était précisé de veiller à ne pas produire deux fois

le même mot et à ne pas oublier d’alterner entre chaque critère. La consigne indiquait

également de ne pas produire de noms propres. Après s’être assuré que le participant avait

bien compris les instructions, les deux critères sémantiques étaient donnés à l’oral et le

chronomètre déclenché.

Un magnétophone a été utilisé pour enregistrer le verbatim des participants. A chaque

mot produit, l’expérimentateur appuyait sur la barre espace d’un clavier additionnel de

l’ordinateur de passation afin d’enregistrer les temps de production (programmation avec le

logiciel SuperLab Pro).

Chapitre 2 : études expérimentales

138

Le nombre de mots produits, le nombre de répétitions (i.e., réutilisation d’un mot déjà

produit) et le nombre de persévérations (i.e., oublie d’alterner vers la deuxième catégorie)

étaient mesurés. Les associations sémantiques n’ont pu être mesurées, les binômes Animaux-

Fruit et Légumes-Parties du Corps étant moins propices à l’apparition d’associations

sémantiques que les catégories Animaux-Végétaux.

3.3. Résultats

3.3.1. Nombre de mots

La variable Âge (Adulte Jeune vs. Adulte Âgé) a été mise en inter-groupes et la variable

Rythme d’alternance (chaque exemplaire vs. tous les deux exemplaires) a été mise en intra-

groupe sur le nombre de mots produits à 3 minutes. Les moyennes et erreurs standards sont

rapportées en Annexe A.

Les résultats montrent un effet significatif de l’Âge, F(1,32) = 11.51, p < .01 et η²P =

0.26, les Adultes Âgés produisant plus de mots que les Adultes Jeunes (35.5 vs. 30.8). L’effet

du Rythme d’alternance est également significatif, F(1,32) = 7.98, p < .01 et η²P = 0.20, plus

de mots étant produits en alternance tous les 2 exemplaires plutôt qu’à chaque exemplaire

(34.5 vs. 31.9). L’interaction n’est pas significative, F(1,32) = 1.00, ns. Le résumé des

ANCOVAs pour l’effet de l’Âge est présenté Tableau 18. L’effet de l’Âge voit sa taille

d’effet se réduire après contrôle des Boîtes, et plus encore après contrôle du Mill-Hill.

Chapitre 2 : études expérimentales

139

Tableau 18. Résumé des ANCOVAs sur le nombre de mots pour l’effet de l’Âge

Age

ANOVA F(1,32) = 11.51, p < .01 et η²P = 0.26

ANCOVA (Boîtes) F(1,31) = 7.36, p = .01 et η²P = 0.19

ANCOVA (Empan) F(1,31) = 11.34, p < .01 et η²P = 0.27

ANCOVA (Mill-Hill) F(1,31) = 4.52, p < .05 et η²P = 0.13

3.3.2. Nombre de répétitions

En regroupant les deux groupes âge et les deux catégories, on obtient, pour la fluidité

alternée à chaque exemplaire, 58.8% de participants avec aucune répétition et 23.3% des

participants avec une seule répétition. Pour la fluidité alternée tous les 2 exemplaires, on note

58.8% de participants avec aucune répétition et 20.6% de participants avec une seule

répétition. Nous avons donc choisi de dichotomiser cette variable, en 0 (aucune répétition) et

1 (au moins une répétition). Cette dichotomie a été réalisée en fonction des deux groupes

d’âges et des deux rythmes d’alternance. Les moyennes du nombre de répétitions sont

présentées dans le Tableau 19.

Pour la fluidité alternée à chaque production, 23.5% des Adultes Jeunes, soit 4, et

58.8% des Adultes Âgés, soit 10, ont produit au moins une répétition. Cet écart est

significatif, χ² (1, N = 30) = 4.37, p < .05.

Pour la fluidité alternée toutes les deux productions, 17.6% d’Adultes Jeunes, soit 3, et

64.7%, des Adultes Âgés, soit 11, ont produit au moins une répétition. Cet écart est

significatif, χ² (1, N = 30) = 7.77, p < .01.

La fréquence d’apparition des répétitions ne varie pas selon le rythme d’alternance (14

occurrences dans les deux situations).

Chapitre 2 : études expérimentales

140

Tableau 19. Moyennes des répétitions et persévérations selon l’Âge et le Format de fluidité

(Expérience 3)

Adultes Jeunes Adultes Âgés

1 exemplaire 2 exemplaires 1 exemplaire 2 exemplaires

Répétitions 0.23 0.29 1.23 1.47

Persévérations 0 0 0.12 0.23

3.3.3. Fréquence des persévérations

En regroupant les deux groupes d’âges et les deux catégories, on obtient, pour la

fluidité alternée à chaque exemplaire, 94.1% de participants avec aucune persévération et

5.9% de participants avec une seule persévération. Pour la fluidité alternée tous les 2

exemplaires, on note 91.2% de participants avec aucune persévération et 5.9% de participants

avec une seule persévération. Nous avons donc choisi de dichotomiser cette variable, en 0

(aucune persévération) et 1 (au moins une persévération). Cette dichotomie a été réalisée en

fonction des deux groupes d’âges et des deux rythmes d’alternance. Les moyennes du nombre

d’apparition sont présentées dans le Tableau 19.

Pour la fluidité alternée à chaque exemplaire, aucun Adulte Jeune n’a produit de

persévération et 11.7% des Adultes Âgés, soit 2, ont commis une persévération. Cet écart

n’est pas significatif, χ² (1, N = 30) = 2.13, p > .10.

Pour la fluidité alternée tous les 2 exemplaires, aucun Adulte Jeune et 17.6% des

Adultes Âgés, soit 3, ont commis au moins une persévération. Cet écart est tendanciel, χ² (1,

N = 30) = 3.29, p = .07.

La fréquence d’apparition des persévérations ne varie pas selon le rythme d’alternance

(2 vs. 3 participants).

Chapitre 2 : études expérimentales

141

3.3.4. Corrélations

Pour chacun des groupes d’âges (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés), nous avons

procédé à des corrélations (r de Pearson) entre les scores au Mill-Hill et à l’EPR et le nombre

de mots, et cela en fonction du rythme d’alternance (Tableau 20).

Tableau 20. Corrélations entre le Mill-Hill, l’EPR et le nombre de mots produits selon l’Âge et le

rythme d’alternance (Expérience 3)

Adultes Jeunes Adultes Âgés

Mill-Hill EPR Mill-Hill EPR

1 exemplaire .31 -.22 -.13 -.08

2 exemplaires .54* -.31 .00 -.52*

Note. * p < .05.

Pour la condition alternée tous les 2 exemplaires, les Adultes Jeunes qui présentent un

score élevé au Mill-Hill produisent plus de mots, alors que les Adultes Âgés avec un score

élevé à l’EPR produisent moins de mots. Les autres corrélations sont non significatives.

3.4. Discussion de l’Expérience 3

Alors que nous avions fait l’hypothèse que moins de mots seraient produits lors de la

fluidité alternée tous les deux exemplaires plutôt qu’à chaque exemplaire, nous avons obtenu

l’effet inverse. Ainsi, bien que l’alternance tous les deux exemplaires augmenterait la charge

en mémoire et nécessiterait un contrôle plus précis de la tâche en cours, cette charge ne

semble pas se répercuter sur la performance. Bien que ce résultat soit en apparente

contradiction avec l’augmentation des temps de réponses induite par l’alternance (Monsell,

2003), il semble explicable à postériori par le fait que l’augmentation du pas d’alternance

facilite la création de regroupements sémantiques. En effet, l’alternance entre deux catégories

Chapitre 2 : études expérimentales

142

sémantiques rendrait difficile et coûteuse la mise en place de regroupements sémantiques,

puisqu’elle couperait la diffusion automatique de l’activation au sein de la mémoire

sémantique pour la catégorie considérée. Ainsi, pour que des regroupements soient malgré

tout réalisés, il s’agira de maintenir en MDT l’item de la catégorie A automatiquement activé

puis rechercher et produire un item de la catégorie B, cette recherche provoquant elle-même

une activation automatique qui devra être suspendue le temps de produire l’item de la

catégorie A maintenu jusqu’ici en mémoire (e.g., cheval-hêtre-âne-bouleau). Dans le cas

d’une alternance tous les deux exemplaires, cette diffusion serait interrompue moins

rapidement (e.g., cheval-zèbre-hêtre-bouleau) et pourrait alors se mettre en place de façon

moins coûteuse pour le participant. Ainsi, la difficulté de la charge mentale accrue pourrait

avoir été compensée par la possibilité de s’appuyer sur les processus automatiques de

diffusion de l’activation. Le fait que les Adultes Jeunes ayant un score de vocabulaire élevé

aient produit plus de mots, mais uniquement pour la fluidité alternée tous les 2 essais, irait

dans ce sens. Chez les Adultes Âgés, aucune corrélation n’a été observée, ce qui pourrait

s’expliquer comme précédemment par un certain effet plafond du test de vocabulaire du Mill-

Hill auprès de cette population. On note ainsi que l’effet de l’âge sur le nombre de mots

produits, en faveur des Adultes Âgés, se réduit après contrôle du score de vocabulaire.

Concernant la fréquence d’apparition des répétitions et des persévérations, la manipulation du

rythme d’alternance n’a pas fait apparaître de différence.

En conclusion, la présente expérience a montré un nombre de mots produits plus

important chez les Adultes Âgés que Jeunes, ce qui semble s’expliquer en partie par le niveau

de vocabulaire plus élevé des aînés. On remarque que les Adultes Âgés présentant un score

élevé de routinisation produisent moins de mots, mais uniquement en fluidité alternée tous les

2 exemplaires. L’utilisation d’un devis répété pour la présente expérience exclut que l’absence

Chapitre 2 : études expérimentales

143

de corrélation avec la fluidité alternée à chaque essai soit expliquée par des différences entre

les participants. Par conséquent, les Adultes Âgés les plus routinisés pourraient éprouver des

difficultés particulières à trouver un équilibre, imposé par la consigne, entre processus

contrôlés (i.e., alternance tous les 2 exemplaires) et la possibilité de s’appuyer sur des

processus plus automatiques de diffusion de l’activation au sein du lexique. Une autre

manière d’augmenter la charge en MDT, plutôt que d’élever le pas d’alternance, aurait pu être

de faire appel à un nombre plus important de catégories. Ainsi, Gurd et al. (2002) avaient

utilisé une fluidité alternée entre trois catégories sémantiques. Cette démarche, qu’il serait

intéressant de tester dans de futures recherches, permettrait d’augmenter la charge en MDT

sans rendre plus aisée la mise en place de regroupements sémantiques.

Concernant les répétitions, comme lors de l’Expérience 2, les Adultes Âgés en

commettent plus que les Adultes Jeunes, alors qu’un effet tendanciel également en défaveur

des Adultes Âgés est observé pour les persévérations tous les 2 exemplaires. Ces derniers

résultats confirment une atteinte avec l’âge des processus contrôlés d’inhibition et de

flexibilité à l’œuvre dans la fluidité sémantique alternée.

3.5. Synthèse : expériences fluidités sémantiques simples et alternées

Les données des Expériences 1, 2 et 3 montrent que le recours à des indicateurs autres

que le nombre de mots produits permet une compréhension plus fine des processus cognitifs

sous-tendant la performance. Cette dernière est le résultat à la fois de processus contrôlés tels

que l’inhibition ou la flexibilité et de processus plus automatiques comme la diffusion de

l’activation au sein du lexique mental. Cette association permettrait des phénomènes de

compensation, notamment du fait de la plus grande habileté des aînés concernant l’accès aux

mots en mémoire (Lien, Allen, & Ruthruhh, 2006) et l’accumulation des connaissances

sémantiques (Verhaeghen, 2003). Ceci expliquerait que, le plus souvent, aucun effet de l’âge

Chapitre 2 : études expérimentales

144

sur le nombre total de mots produits n’a été observé. A l’inverse, des indicateurs plus

spécifiques tels que les répétitions et les persévérations ont montré, avec une grande

régularité, une plus grande fréquence d’apparition au cours du vieillissement, en accord avec

une baisse de l’efficience des processus contrôlés avec l’âge. Cette dernière serait également à

l’origine de l’augmentation du recours aux associations sémantiques chez les participants âgés

et très âgés.

Nos résultats suggèrent que le vieillissement pourrait s’accompagner de changements

stratégiques, conscients ou non, s’appuyant sur les ressources des adultes âgés. Ainsi, le

niveau de vocabulaire a été observé à plusieurs reprises comme à l’origine de compensations

avec l’âge, alors que la réduction de la vitesse de traitement participerait aux difficultés

d’alternances avec l’âge. Nous nous sommes également interrogée sur de possibles liens entre

la flexibilité cognitive et la préférence de routinisation. Nos résultats suggèrent que, pour des

scores équivalents entre nos différents groupes d’âges à l’EPR, une routinisation plutôt élevée

est associée à de meilleures performances et un recours aux stratégies plus efficace chez les

jeunes adultes, alors que la relation inverse se mettrait en place au cours du vieillissement.

Cette observation semble en accord avec l’idée proposée par Bouisson (2002, 2005) du

passage d’une routinisation « stratégie », bénéfique, à une routinisation excessive,

« processus », délétère pour le fonctionnement de la personne. Cependant, d’après nos

résultats et pour la population étudiée, ce passage ne serait pas la conséquence d’une

augmentation de la routinisation avec l’âge, puisque nous n’observons pas d’élévation des

scores à l’EPR au cours du vieillissement, mais le fait d’une répétition des routines au cours

de la vie.

Le recours à des formats de fluidités simples et alternées avait pour objectif de solliciter

dans des proportions différentes les processus contrôlés investis dans la tâche de fluidité.

Chapitre 2 : études expérimentales

145

Dans l’expérience suivante, nous allons tester à l’aide de l’IO ce principe théorique en

comparant les performances et les corrélats neuronaux mesurés lors de la réalisation de

fluidités sémantiques simples et alternées par des adultes âgés à très âgés.

Chapitre 2 : études expérimentales

146

4. IMAGERIE OPTIQUE ET FLUIDITES SEMANTIQUES SIMPLES ET

ALTERNEES (EXPERIENCE 4)

4.1. Problématique

Alors que la fluidité sémantique simple solliciterait des processus d’alternance pour

passer d’un sous regroupement sémantique à un autre (Troyer et al., 1997), la fluidité

sémantique alternée solliciterait également une composante explicite d’alternance du fait qu’il

est demandé au participant d’alterner sans erreur entre deux critères sémantiques. Cette

alternance supplémentaire se traduirait par moins de mots produits en fluidité alternée qu’en

fluidité simple et une sensibilité plus grande aux altérations du fonctionnement exécutif (e.g.,

Iudicello et al., 2008; Noel et al., 2001). Des effets du vieillissement normal sur le nombre de

mots produits ont été observés (Henry & Phillips, 2006). Concernant la fluidité sémantique

simple, les données de neuroimagerie rapportent régulièrement des activations préfrontales et

temporales avec une dominance marquée de l’hémisphère gauche (e.g., Gourovitch et al.,

2000). Le même pattern d’activation a été observé chez la personne âgée, bien que celle-ci

présenterait une asymétrie moins marquée du fait d’activations frontales droites additionnelles

(Meinzer et al., 2009). A noter que, contrairement à l’hypothèse avancée par Cabeza (2002),

ces activations supplémentaires observées par Meinzer et al. ne semblent pas relever de la

compensation, étant donné qu’elles sont associées à une moins bonne performance. Il se

pourrait cependant qu’elles aient atténué l’effet de l’âge, qui aurait alors été plus marqué sans

ces activations supplémentaires.

A notre connaissance, une seule étude s’est intéressée aux corrélats neuronaux associés

à la réalisation de fluidités alternées (Gurd et al., 2002). Cependant, et de manière

surprenante, la comparaison avec des fluidités simples ne révèle pas d’activations préfrontales

Chapitre 2 : études expérimentales

147

supplémentaires, comme le laissait pourtant attendre la littérature sur l’alternance (Collette et

al., 2005) qui a montré une implication particulière des lobes préfrontaux dans les fonctions

exécutives. Des activations supplémentaires ont néanmoins été observées par Gurd et al., mais

elles concernaient les lobes pariétaux. Concernant la méthode utilisée par Gurd et al., les

participants devaient alterner entre trois catégories sémantiques et produire un exemplaire

toutes les deux secondes, et cela silencieusement. Il n’était ainsi pas possible de comparer les

performances comportementales des deux types de fluidité.

La technique d’IO, qui permet de mesurer les changements en HbO et HbR sanguin

concomitants à l’exécution d’une tâche, autorise la production de réponses orales. Encore

relativement peu utilisée dans le cadre de l’étude de la fluidité verbale chez la personne âgée,

Herrmann et al. (2006) ont cependant noté à l’aide de cette technique des changements plus

discrets des taux de HbO et HbR ainsi qu’une réduction de l’asymétrie cérébrale au cours du

vieillissement.

La présente recherche est issue d’une collaboration avec le Pr Louis Bherer et a été

menée au sein de son Laboratoire d’Etude de la Santé Cognitive des Aînés (Montréal). Elle a

été associée à une étude de Christine Gagnon, doctorante sous la direction de Louis Bherer,

qui prolongeait par l’apport de l’IO une précédente recherche portant sur l’impact de

l’ingestion de glucose sur les fonctions attentionnelles (Gagnon, Greenwood, & Bherer,

2010). L’IO y a été utilisée afin d’étudier les activations préfrontales associées à l’exécution

de fluidités sémantiques simples et alternées chez des personnes âgées. Nous nous sommes

notamment demandé si les changements en HbO et HbR seront plus importants en fluidité

alternée que simple et si une asymétrie, au bénéfice de l’hémisphère gauche, serait retrouvée

au sein de cette population âgée.

Chapitre 2 : études expérimentales

148

4.2. Méthode

Participants. Quatorze adultes âgés de 60 à 81 ans (âge moyen = 69.8 ans), dont 4

hommes, ont participé à cette étude. Il s’agissait de personnes autonomes vivant à domicile

dans la ville de Montréal et contactées par le biais d’affichages dans des journaux et

commerces locaux. Les participants ont reçu une compensation financière de 20 dollars

canadiens. Leur inclusion à l’étude a été faite à la suite d’une série de tests

neuropsychologiques et de questions concernant de possibles antécédents neurologiques ainsi

que la prise de médicaments ou substances pouvant affecter le fonctionnement cognitif. Les

participants inclus présentaient un MMSE d’au moins 27 (score moyen = 28.7) et un nombre

d’années d’études compris entre 8 et 20 ans (durée moyenne = 16.1 ans). L’ensemble des

participants était droitier d’après l’index de latéralité de Oldfield (1971).

Matériel et procédure. L’étude comportait deux sessions expérimentales espacées de 15

jours, au cours de chacune desquelles le participant complétait quatre fluidités sémantiques

simples (animaux, fruits, légumes et parties du corps) et deux fluidités sémantiques alternées

(animaux-fruits et légumes-parties du corps) de 50 secondes chacune. L’ordre de présentation

des catégories était contrebalancé entre les deux sessions. Pour les fluidités simples, il était

demandé au participant de produire le plus possible de mots répondant au critère sémantique

donné, en évitant les répétitions et les noms propres. Pour les fluidités alternées, il était

demandé au participant de produire le plus possible de mots en alternant entre deux catégories

sémantiques données, en évitant les répétitions, les oublis d’alternance et les noms propres.

Etant donné qu’une même catégorie était utilisée deux fois au cours de la session

expérimentale, le participant était informé de la possibilité de produire des mots déjà donnés

lors d’un essai précédent. Le participant était confortablement assis devant l’écran de

l’ordinateur et, après avoir lu les consignes, il lui était demandé de garder les yeux fermés et

Chapitre 2 : études expérimentales

149

d’éviter les mouvements durant l’épreuve. Il complétait également une mesure de base de 30

secondes (i.e., immobile et les yeux fermés) ainsi qu’une mesure de prononciation de mots de

30 secondes consistant à répéter à voix haute, après un apprentissage de 10 répétitions et une

vitesse de diction naturelle, les mots « bienvenue » et « justement ». Afin de réduire les

mouvements liés à l’articulation des mots, il était demandé au participant de limiter ses

mouvements articulatoires lors de la prononciation. Pour cela, le participant s’entraînait à

prononcer quelques mots en plaçant ses mains contre ses mandibules afin de trouver le

mouvement articulatoire permettant de limiter le déplacement. Chaque consigne était

présentée avant la période d’acquisition, alors que la, ou les catégories sémantiques étaient

données plus tard afin d’éviter que le participant ne commence à rechercher mentalement des

exemplaires. Les mots produits étaient enregistrés à l’aide d’un magnétophone. Le nombre de

mots produits a été mesuré. Pour la tâche de prononciation, le nombre de binômes

« bienvenue-justement » produits était comptabilisé.

Les mesures d’IO ont été réalisées à l’aide du CW6 à 36 canaux (TechEn Inc.,

Milford, MA). Les deux longueurs d’ondes de 690 nanomètres22

(nm) et 830 nm ont permis

de mesurer respectivement les changements de HbO et HbR. Quatre sources et huit détecteurs

ont été placés au niveau des cortex préfrontaux dorsolatéraux. Pour chaque hémisphère, une

ligne centrale de 4 sources était encadrée par 4 détecteurs au dessus et 4 détecteurs en

dessous. La distance entre les sources et les détecteurs étaient de 2.8 cm. Chaque source était

associée à plusieurs détecteurs ventraux et dorsaux, permettant 16 mesures de régions

d’intérêt par hémisphère. Pour chaque hémisphère, la source antérieure et le détecteur le plus

ventral étaient positionnés sur Fp1/Fp2 en accord avec le système 10-20. Les optodes étaient

montées sur un casque en plastique positionné sur le crâne du participant au niveau des cortex

22

Un nanomètre équivaut à 10-9

mètre

Chapitre 2 : études expérimentales

150

préfrontaux (voir Figure 17). Des mesures de la circonférence de la tête et de la distance

anion-nasion (i.e., distance entre le haut du nez et la bosse à l’arrière de la tête) ont permis de

positionner le casque.

Figure 17. Position du casque sur la tête du participant

Avant l’acquisition des données, la qualité du signal était vérifiée pour chaque paire

optode-détecteur. Chaque bloc d’acquisition se déroulait ainsi : une fois la consigne présentée,

l’acquisition des données d’IO commençait par un temps de base de 10 secondes. La ou les

catégories étaient ensuite données à l’oral et le participant pouvait alors commencer à

produire les mots à haute voix. A la suite de ces 50 secondes, le participant restait immobile et

les yeux clos pendant 20 secondes de temps restant. Le participant pouvait ensuite rouvrir les

yeux. La même procédure était suivie pour la tâche de prononciation, avec seulement 30

secondes de production contre 50 secondes pour les fluidités.

Dans le présent travail, nous nous sommes intéressée au nombre de mots produits

durant les 25 premières secondes de la tâche contrôle, des fluidités simples (moyenne des

quatre fluidités simples) et des fluidités alternées (moyenne des deux fluidités alternées). Les

mesures de HbO et HbR concernaient la mesure de base, les 25 premières secondes de la

Chapitre 2 : études expérimentales

151

tâche contrôle, des fluidités simples (moyenne des quatre fluidités simples) et des fluidités

alternées (moyenne des deux fluidités alternées).

Chaque participant était rencontré trois fois, la première session étant allouée à la

réalisation des tests neuropsychologiques. Les deux sessions suivantes, espacées de 15 jours,

comportaient la réalisation des épreuves et les acquisitions en IO. Il était demandé au

participant de venir à jeun, entre 8h00 et 9h30 en fonction de ses habitudes de sommeil. Après

que son niveau de glycémie à jeun ait été vérifié, une boisson contenant soit du glucose soit

de la saccharine (i.e., un placebo au goût sucré) était donné au participant. L’ordre de

l’attribution des boissons selon les séances était contrebalancé et sous la responsabilité d’une

stagiaire de recherche, il n’était donc connu par les expérimentateurs qu’une fois les deux

sessions terminées. Les données rapportées ici sont celles issues de la session saccharine,

considérée comme ayant valeur de condition contrôle en comparaison avec la condition

glucose liée à la recherche de Christine Gagnon (2010, Juin). Chaque session commençait par

les fluidités verbales. Tout d’abord la mesure de base, puis deux fluidités simples, une fluidité

alternée, la tâche de prononciation, puis à nouveau deux fluidités simples et une fluidité

alternée. L’ensemble prenait environ 20 minutes, le participant réalisait ensuite une épreuve

de double tâche ainsi qu’une tâche de Stroop. L’ordre de présentation des catégories de

fluidité verbale était contrebalancé entre les deux sessions.

4.3. Résultats

4.3.1. Calcul de régions d’intérêt

La réalisation d’analyses en composantes principales sur les taux d’HbO et d’HbR

obtenus à différentes épreuves (i.e., fluidité alternée, double tâche) a permis de définir trois

régions d’intérêts pour lesquelles les paires sources-détecteurs montrent des patterns de

variations des taux similaires. Ces régions ont été nommées ROI 1, ROI 2 et ROI 3, gauche et

Chapitre 2 : études expérimentales

152

droite (voir Figure 18). Les données ont été traitées pour chacune de ces ROIs. Notre objectif

n’était pas de localiser des zones précises d’activations, l’IO possédant une faible résolution

spatiale, mais de clarifier l’analyse des données en évitant de tirer des conclusions pour

chacune des 28 paires.

Figure 18. Disposition des sources et détecteurs et position des régions d’intérêt (figure adaptée de

Gagnon et al., 2010 Juin)

4.3.2. Nombre de mots produits

Les analyses portent sur les 25 premières secondes de production. La variable Tâche

(Contrôle vs. Simple vs. Alternée) a été placée en variable intra-groupe sur le nombre de mots

produits.

On observe un effet significatif de la Tâche, F(1,13) = 23.78, p < .001 et η²p = 0.65,

moins de mots étant produits en fluidité alternée (8.8) qu’en fluidité simple (11.7) ou que

durant la tâche contrôle (12.0), p < .001. La différence entre la fluidité simple et la tâche

contrôle n’est pas significative, F < 1.

4.3.3. Prononciation et taux de HbO et HbR

Les analyses portent sur les 25 premières secondes de la production. Pour tester l’impact

de la production, nous avons mis les variables Tâche (Base vs. Contrôle) et Hémisphère

(Gauche vs. Droit) en variables intra-groupe sur le taux de HbO (mol/l) puis le taux de HbR

(mol/l), successivement pour la ROI 1, la ROI 2 et la ROI 3. Les taux de HbO et HbR, selon

Chapitre 2 : études expérimentales

153

la Tâche et l’Hémisphère, sont présentés dans la Figure 19 pour la ROI 1, dans la Figure 20

pour la ROI 2 et la Figure 21 pour la ROI 3.

Pour la ROI 1 et HbO, l’effet de la Tâche et de l’Hémisphère sont non significatifs, Fs <

1, alors que l’interaction entre les deux facteurs est significative, F(1,12) = 4.85, p < .05 et η²p

= 0.29. Bien que les différences d’activations entre les deux tâches soient plus importantes

pour l’hémisphère droit que gauche, les différences ne sont pas significatives, pour

l’hémisphère gauche, t(12) = - 0.22 et p > .10, et pour l’hémisphère droit, t(13) = 0.58 et p >

.10. Pour HbR, les effets de la Tâche et de l’Hémisphère sont non significatifs, Fs < 1, alors

que l’interaction est significative, F(1,13) = 4.49, p = .05 et η²p = 0.26. Bien que la baisse

d’HbR soit plus importante pour la tâche de Base pour l’hémisphère gauche et plus

importante pour la tâche Contrôle pour l’hémisphère droit, les taux entre la tâche de base et la

tâche contrôle ne sont pas significativement différents, ni pour l’hémisphère gauche, t(13) =

1.74 et p > .10, ni pour l’hémisphère droit, t(13) = -1.65 et p > .10.

Figure 19. Taux de HbO et HbR (mol/L) pour la ROI 1 en fonction du type de tâche et de

l’hémisphère

Chapitre 2 : études expérimentales

154

Pour la ROI 2 et HbO, les effets de l’Hémisphère, de la Tâche et l’interaction entre les

deux facteurs sont non significatifs, respectivement F(1,12) = 1.20, p > .10 et Fs < 1.

Concernant HbR, l’effet de l’Hémisphère est tendanciel, F(1,13) = 3.25, p = .09 et η²p = 0.20,

avec un taux plus négatif pour l’hémisphère droit que gauche (-6.61-05

vs. Ŕ3.55-05

). L’effet de

la Tâche est également tendanciel, F(1,13) = 3.67, p = .08 et η²p = 0.22, le taux étant plus

négatif pour la tâche contrôle que la mesure de base (-8.08-05

vs. Ŕ2.08-05

). L’interaction est

non significative, F(1,13) = 2.18, p > .10.

Figure 20. Taux de HbO et HbR (mol/L) pour la ROI 2 en fonction du type de tâche et de

l’hémisphère

Pour la ROI 3 et HbO, l’effet de l’Hémisphère est non significatif, F(1,12) = 3.06, p >

.10, alors que l’effet de la Tâche est tendanciel, F(1,12) = 3.48, p = .09 et η²p = 0.22, le taux

tendant à être plus important pour la tâche de base que la tâche contrôle (8.50-05

vs. Ŕ6.85-05

).

L’interaction est non significative, F < 1. Concernant HbR, l’effet de l’Hémisphère est non

significatif F(1,12) = 1.48, p > .10, alors que l’effet de la Tâche est significatif, F(1,12) =

7.27, p < .05 et η²p = 0.38, le taux étant plus négatif pour la tâche contrôle que la tâche de base

(-1.90-04

vs. Ŕ1.52-05

). L’interaction est non significative, F < 1.

Chapitre 2 : études expérimentales

155

Figure 21. Taux de HbO et HbR (mol/L) pour la ROI 3 en fonction du type de tâche et de

l’hémisphère

4.3.4. Fluidité simple et taux de HbO et HbR

Afin de tester l’impact de la tâche de fluidité simple sur les 25 premières secondes de

production, nous avons mis les variables Tâche (Contrôle vs. Simple) et Hémisphère (Gauche

vs. Droit) en variables intra-groupe sur le taux de HbO (mol/l) puis le taux de HbR (mol/l),

successivement pour la ROI 1, la ROI 2 et la ROI 3. Les taux de HbO et HbR, selon le type de

Tâche et l’Hémisphère, sont présentés dans la Figure 19 pour la ROI 1, dans la Figure 20 pour

la ROI 2 et la Figure 21 pour la ROI 3.

Pour la ROI 1 et HbO, les effets de la Tâche, de l’Hémisphère et l’interaction entre les

deux facteurs sont non significatifs, respectivement Fs < 1 et F(1,13) = 1.02, p > .10. Pour

HbR, l’effet de la Tâche est significatif F(1,13) = 11.00, p < .01 et η²p = 0.46, avec un taux

plus négatif pour la fluidité simple que la tâche contrôle (-1.09-04

vs. Ŕ3.13-05

). L’interaction

est également significative, F(1,13) = 6.09, p < .05 et η²p = 0.32. Le taux est plus négatif pour

la fluidité simple que la tâche contrôle pour l’hémisphère gauche, t(13) = - 4.04 et p < .001,

alors qu’aucune différence n’apparaît pour l’hémisphère droit, t(13) = 1.44 et p > .10.

Chapitre 2 : études expérimentales

156

Pour la ROI 2 et HbO, les effets de la Tâche, de l’Hémisphère et l’interaction entre les

deux facteurs sont non significatifs, respectivement F(1,13) = 1.05, p > .10, et Fs < 1.

Concernant HbR, les effets de la Tâche et de l’Hémisphère sont non significatifs, F < 1, alors

que l’interaction entre les deux facteurs est tendancielle, F(1,11) = 3.90, p = .07 et η²p = 0.26.

Cependant, bien que les taux des deux tâches soient très similaires pour l’hémisphère droit et

fortement différents pour l’hémisphère gauche, l’effet de la Tâche n’est significatif ni pour

l’hémisphère gauche, t(12) = - 1.62 et p > .10, ni pour l’hémisphère droit, t(12) = 0.25 et p >

.10.

Pour la ROI 3 et HbO, l’effet de la Tâche est significatif, F(1,11) = 9.48, p = .01 et η²p

= 0.46, avec un taux plus élevé pour la fluidité simple que pour la tâche contrôle (1.90-04

vs. -

3.95-05

). Les effets de l’Hémisphère et l’interaction entre les deux facteurs sont non

significatifs, respectivement F(1,11) = 1.52, p > .10 et F < 1. Pour HbR, les effets de la Tâche,

de l’Hémisphère et l’interaction entre les deux facteurs sont non significatifs, Fs < 1.

4.3.5. Fluidité alternée et taux de HbO et HbR

Afin de tester l’impact de la tâche de fluidité alternée sur les 25 premières secondes de

production, nous avons mis les variables Tâche (Contrôle vs. Alternée) et Hémisphère

(Gauche vs. Droit) en variables intra-groupe sur le taux de HbO (mol/l) puis le taux de HbR

(mol/l), successivement pour la ROI 1, la ROI 2 et la ROI 3. Les taux de HbO et HbR, selon

le type de Tâche et l’Hémisphère, sont présentés dans la Figure 19 pour la ROI 1, dans la

Figure 20 pour la ROI 2 et la Figure 21 pour la ROI 3.

Pour la ROI 1 et HbO, les effets de la Tâche, de l’Hémisphère et l’interaction entre les

deux facteurs sont non significatifs, Fs < 1. Concernant HbR, l’effet de la Tâche est

significatif, F(1,13) = 15.15, p < .01 et η²p = 0.54, le taux étant plus négatif pour la fluidité

alternée que la tâche contrôle (-1.16-04

vs. Ŕ3.13-05

). Les effets de l’Hémisphère ainsi que

Chapitre 2 : études expérimentales

157

l’interaction entre les deux facteurs ne sont pas significatifs, respectivement F(1,13) = 1.77, p

> .10, et F < 1.

Pour la ROI 2 et HbO, l’effet de la Tâche est non significatif, F(1,13) = 1.19, p > .10, de

même que l’effet de l’Hémisphère et l’interaction des deux facteurs, Fs < 1. Concernant HbR,

les effets de la Tâche et de l’Hémisphère sont non significatifs, respectivement F(1,13) = 1.48,

p > .10, et F < 1. L’effet d’interaction est également non significatif, F(1,13) = 2.07, p > .10.

Pour la ROI 3 et HbO, l’effet de la Tâche est tendanciel, F(1,11) = 3.51, p = .09 et η²p =

0.24, le taux tendant à être plus élevé pour la fluidité alternée que la tâche contrôle (1.79-04

vs.

Ŕ3.95-05

). Les effets de l’Hémisphère et l’interaction des deux facteurs sont non significatifs,

Fs < 1. Concernant HbR, l’effet de la Tâche est non significatif alors que l’effet de

l’Hémisphère est tendanciel, F(1,10) = 3.43, p = .09 et η²p = 0.25, le taux tendant à être plus

négatif pour l’hémisphère gauche que droit (1.78-04

vs. Ŕ6.16-05

). L’effet d’interaction est non

significatif, F(1,10) = 1.06, p > .10.

4.3.6. Fluidité simple vs. alternée et taux de HbO et HbR

Afin de comparer les fluidités simples et alternées sur les 25 premières secondes de

production, nous avons mis les variables Tâche (Simple vs. Alternée) et Hémisphère (Gauche

vs. Droit) en variables intra-groupe sur le taux de HbO (mol/l) puis le taux de HbR (mol/l),

successivement pour la ROI 1, la ROI 2 et la ROI 3. Les taux de HbO et HbR, selon le type de

Tâche et l’Hémisphère, sont présentés dans la Figure 19 pour la ROI 1, dans la Figure 20 pour

la ROI 2 et la Figure 21 pour la ROI 3.

Pour la ROI 1 et HbO, les effets de la Tâche, de l’Hémisphère et l’interaction entre les

deux facteurs sont non significatifs, Fs < 1. Concernant HbR, les effets de la Tâche, de

l’Hémisphère et l’interaction entre les deux facteurs sont également non significatifs,

respectivement Fs < 1 et F(1,13) = 1.59, p > .10.

Chapitre 2 : études expérimentales

158

Pour la ROI 2, pour HbO et HbR, les effets de la Tâche, de l’Hémisphère et l’interaction

entre les deux facteurs sont non significatifs, Fs < 1.

Pour la ROI 3, pour HbO, les effets de la Tâche, de l’Hémisphère et l’interaction entre

les deux facteurs sont non significatifs, Fs < 1. Concernant HbR, l’effet de la Tâche est non

significatif, F(1,10) = 1.74, p > .10, alors que l’effet de l’Hémisphère est tendanciel, F(1,10) =

4.02, p = .07 et η²p = 0.29, le taux tendant à être plus négatif pour l’hémisphère gauche que

droit (-1.97-04

vs. Ŕ6.25-05

). L’effet d’interaction est non significatif, F(1,10) = 1.48, p > .10.

4.4. Synthèse et discussion de l’Expérience 4

Nos résultats montrent que, sur une durée de 25 secondes et lorsque les mêmes

catégories sémantiques sont utilisées, moins de mots sont produits en fluidité alternée qu’en

fluidité simple. Précédemment, Iudicello et al. (2008) avaient trouvé moins de mots produits

en fluidité alternée (meubles et fruits) qu’en fluidité simple (animaux) pour une durée de 60

secondes. Le même résultat avait été obtenu par Noel et al. (2001) pour une durée de 120

secondes, avec les catégories objets et animaux (fluidité alternée) et vêtements (fluidité

simple). Ces différents résultats sont en accord avec le coût d’alternance induit par le fait

d’alterner entre deux tâches (Monsell, 2003). Cependant, l’effet de l’alternance sur le nombre

de mots produits semble se réduire au fur et à mesure de l’allongement de la durée d’épreuve.

Ainsi, une comparaison des données obtenues par les Adultes Jeunes et Âgés lors des

Expériences 1 et 2 ne montre pas d’effet du type de fluidité sur le nombre de mots produits, ni

d’interaction entre le groupe d’âge et la catégorie, alors que les catégories et les durées

d’épreuves sont les mêmes. Ainsi, Adultes Jeunes et Âgés confondus, le nombre moyen de

mots produits est de 53.67 en fluidité simple, de 51.50 en fluidité alternée avec indice et de

51.03 en fluidité alternée sans indice. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que la fluidité

alternée offre deux catégories sémantiques dans lesquelles rechercher les mots, contre une

Chapitre 2 : études expérimentales

159

seule pour la fluidité simple. Ainsi, lorsque la durée d’épreuve augmente et que la recherche

au sein de la catégorie devient plus difficile, la perte de temps occasionnée par l’alternance

serait compensée par la présence d’items fréquents pour deux catégories distinctes au lieu

d’une seule.

Concernant les données issues de l’IO, le résultat principal porte sur les taux de HbR

plus négatifs pour les tâches de fluidités simples et alternées comparés aux taux à l’épreuve

contrôle, ce qui suggère une activité cérébrale plus importante. Cependant, alors que cet effet

de la fluidité ne se retrouve que sur l’hémisphère gauche pour la fluidité simple, traduisant

ainsi une asymétrie cérébrale, l’effet est équivalent pour les deux hémisphères en fluidité

alternée. Ainsi, bien que la comparaison directe des fluidités simples et alternées ne montrent

pas de différences significatives, nos résultats sont en faveur d’une asymétrie hémisphérique

en fluidité simple lorsqu’une tâche contrôle de prononciation est prise en compte. En effet,

cette dernière a mobilisé de manière importante l’hémisphère droit au niveau de la ROI 1,

alors que la fluidité simple a principalement sollicité l’hémisphère gauche. A noter que

l’activation préfrontale plus importante à droite qu’à gauche lors de la tâche de prononciation

est en accord avec les observations de Herrmann et al. (2005).

Nos résultats sont donc en faveur d’un maintien de l’asymétrie hémisphérique en

fluidité sémantique chez une population de personnes âgées, ce qui semble en contradiction

avec Herrmann et al. (2006). Cependant, ces derniers avaient étudié une fluidité de lettre et

avaient fait des analyses paire par paire plutôt que par régions d’intérêt comme dans la

présente étude. Cette différence d’analyse pourrait expliquer que les auteurs notent de plus

nombreux changements sur HbO que HbR, alors que nos résultats montrent des modifications

de HbR assez importantes et marquées. Le fait que l’augmentation significative de HbO ne

soit pas forcément associée à la diminution significative de HbR, et vice-versa, a

Chapitre 2 : études expérimentales

160

régulièrement été obtenu dans la littérature (Herrmann et al., 2006; Obrig et al., 2000).

Certains travaux suggèrent cependant que les variations de HbR seraient un indicateur plus fin

de l’activité cérébrale, car elles seraient moins associées que celles de HbO à la circulation

sanguine générale (Mehagnoul-Schipper et al., 2000). Ainsi, l’asymétrie hémisphérique

observée dans la présente étude est en accord avec la littérature en IRMf montrant une

dominance de l’hémisphère gauche lors de la réalisation de fluidités verbales (Gourovitch et

al., 2000), avec notamment une implication particulière du cortex préfrontal gauche durant les

alternances entre sous-catégories sémantiques (Hirshorn & Shill, 2006).

L’absence d’un groupe de participants jeunes ne nous permet pas de statuer sur une

possible réduction de l’asymétrie au cours du vieillissement. Cette asymétrie semble

cependant disparaître durant la fluidité alternée, ce qui pourrait traduire une implication plus

grande de la MDT pour maintenir actives les deux catégories, les épreuves de MDT étant

régulièrement associée à des activations préfrontales bilatérales (Cabeza & Nyberg, 2000).

Elle pourrait également traduire la mise en place d’associations sémantiques complexes

sollicitant alors également l’hémisphère droit (Seger et al., 2000), cette réduction de

l’asymétrie reflétant ainsi la mise en place de processus cognitifs plus complexes (Just et al.,

1996). Il y a quelques années, les résultats de Gurd et al. (2002, 2003) avaient surpris par

l’absence d’activations préfrontales supplémentaires durant la comparaison directe de fluidités

alternées et simples. De même, nous ne trouvons pas de différences directes, mais la

comparaison à une tâche de prononciation suggère néanmoins des activations préfrontales

différentes entre ces deux fluidités. De plus, comme l’ont montrées les données de Gurd et al.,

ces activations supplémentaires ne relèveraient pas uniquement des lobes préfrontaux, ces

auteurs ayant montré des changements au niveau des lobes pariétaux. Comme Gurd et al.

(2003) le mentionnent, les lobes pariétaux sont impliqués durant les tâches d’attention

Chapitre 2 : études expérimentales

161

spatiales. Bien que ces auteurs n’évoquent pas cette hypothèse, les activations pariétales en

fluidité alternée pourraient traduire le recours à de l’imagerie mentale permettant de

manipuler les catégories sémantiques afin de faciliter l’alternance.

D’après Cabeza (2002), la réduction au cours du vieillissement de l’asymétrie de

l’activation cérébrale pourrait relever de mécanismes de compensation de la performance,

traduisant l’idée que plus nombreuses seraient les activations, plus efficace serait l’activité

cérébrale et par conséquent la performance (Daselaar & Cabeza, 2005). Pourtant, bien que

séduisante, cette conclusion semble ignorer la participation des processus automatiques à cette

performance. En effet, l’automatisation d’une tâche se traduirait par une réduction de

l’activation cérébrale dans les régions préfrontales et s’accompagne d’une augmentation de la

rapidité et de la précision des réponses des participants (Jansma et al., 2001). Ainsi, alors que

la réduction des activations cérébrales au cours du vieillissement a souvent été interprétée

comme un moins bon recrutement de la part des participants âgés, elles pourraient en fait être

la traduction de changements liés à la pratique, issus de l’automatisation de différentes étapes

du traitement.

La pratique répétée de la lecture, depuis l’enfance, mène progressivement à la maîtrise

et à l’automatisation de la lecture. La tâche de Hayling s’appuie sur les activations

automatiques activées par le contexte sémantique de la phrase pour étudier les processus

d’inhibition. Nous lui ajouterons une composante d’alternance afin de solliciter plus encore

les processus contrôlés.

Chapitre 2 : études expérimentales

162

5. TÂCHE DE HAYLING PRODUCTION (EXPERIENCES 5A ET 5B)

5.1. Problématique

La tâche de Hayling, conçue pour solliciter l’inhibition sémantique contrôlée, a montré

une sensibilité au vieillissement normal différente selon les études. La comparaison d’adultes

jeunes (âge moyen de 22 à 23 ans selon les études) et d’adultes âgés (âge moyen de 65 à 73

ans selon les études) rapporte généralement une augmentation des temps de réponses avec

l’âge (Andrès & Van der Linden, 2000; Belleville et al., 2006; Collette et al., 2009) alors que

l’augmentation des erreurs n’est pas systématiquement retrouvée (Belleville et al., 2006). Les

données comparant les adultes âgés et très âgés, plus rares encore, ont montré des temps de

réponses plus élevés et plus d’erreurs chez les plus âgés (Bielak et al., 2006). Notre premier

objectif sera donc de comparer des Adultes Jeunes, Âgés et Très Âgés au sein de la même

étude. Nous faisons l’hypothèse que l’effet de l’âge sera plus marqué pour le groupe des

Adultes Très Âgés que celui des Adultes Âgés.

Si l’effet du vieillissement normal sur l’exécution de la tâche de Hayling reste peu

étudié, les variables susceptibles d’affecter la performance à cette épreuve le sont encore

moins. Il a été montré que le contrôle des différences liées à l’âge concernant la vitesse de

traitement et la MDT rendait l’effet du vieillissement moins marqué (Collette et al., 2009).

Concernant le vocabulaire, une influence positive a été avancée (Borella et al., 2009) mais

non vérifiée au sein d’une population de participants âgés (Bielak et al., 2006). Nous

placerons donc ces trois variables en covariance afin de contrôler leur possible implication

dans l’apparition d’un effet de l’âge. Nous nous intéresserons également aux possibles liens

entre la performance à la tâche de Hayling et la préférence de routinisation, émettant

l’hypothèse que les Adultes Âgés et plus encore Très Âgés, présentant les scores de

Chapitre 2 : études expérimentales

163

préférence de routinisation les plus élevés, montreront de moins bonnes performances pour les

indicateurs relevant des processus contrôlés.

Enfin, au format originel de la tâche permettant de mesurer l’inhibition contrôlée, nous

ajouterons une troisième partie à l’épreuve, nécessitant d’alterner entre les consignes à suivre,

et cela afin de solliciter de manière plus importante encore les processus contrôlés en jeu

durant l’épreuve. Ainsi, comme dans Bélanger et Belleville (2009), les participants devront

alterner entre les consignes de produire un mot lié ou un mot non lié à la phrase. Nous allons

également procéder à un ajustement supplémentaire du mode de présentation de la tâche, en

adaptant le temps de présentation des phrases au rythme de lecture de chaque participant. En

effet, dans l’épreuve d’origine, la présentation des phrases, qu’elle soit écrite ou orale, se fait

selon un temps de présentation fixe. Or, le ralentissement de la vitesse de traitement observé

au cours du vieillissement pourrait affecter la vitesse de lecture (Postal & Mathey, 2007), à

cela s’ajoutant des modifications touchant la vue et l’audition (Lindenberger & Ghisletta,

2009). Ainsi, un temps de présentation trop court, ne permettant pas une assimilation adéquate

de la phrase, pourrait se répercuter sur la mesure du temps de réponses. De même, un temps

de présentation trop long pourrait permettre au participant d’anticiper sa réponse. Nous

utiliserons par conséquent un rythme de présentation adapté au rythme de la lecture orale du

participant. L’éventuelle présence d’un effet de l’âge sur les temps de lecture appuiera

l’importance d’utiliser un rythme de présentation des phrases adapté à chacun des

participants. Nous nous intéresserons également à la possible présence d’un effet d’interaction

entre l’âge et la consigne. Le format « d’auto-présentation » étant propice à la mise en place

de stratégies de lecture, nous nous attendons à ce que les temps de lecture soient plus lents

pour les phrases de la consigne Inhibition que pour les phrases de la consigne d’Activation, et

Chapitre 2 : études expérimentales

164

cela d’autant plus chez les participants âgés. Ce ralentissement traduirait une anticipation de

la réponse à produire.

5.2. Méthode

Participants. Dix-sept adultes jeunes (âge moyen = 20.3 ans), 18 adultes âgés (âge

moyen = 63.3 ans) et 15 adultes très âgés (âge moyen = 80.3 ans) ont pris part à cette

recherche. Les Adultes Jeunes étaient étudiants en 1er

cycle à l’Université Bordeaux 2,

majoritairement en Psychologie. Les Adultes Âgés et Très Âgés étaient majoritairement

étudiants à l’Université du Temps Libre (UTL) de Bordeaux. Les autres participants Âgés et

Très Âgés étaient également des personnes âgées autonomes vivant à domicile mais non

inscrites à l’UTL. Ces participants avaient déjà participé à l’une des expériences de fluidité

sémantique décrites précédemment, soit l’Expérience 1, 2 ou 3. Ils satisfaisaient donc aux

différents critères d’inclusion dans l’étude.

La proportion de participants masculins ne différait pas en fonction du groupe d’âge,

avec 17.6% chez les Adultes Jeunes et 33.3% chez les Adultes Âgés et Très Âgés, χ² (2, N =

50) = 1.37 et p > .10. Les autres caractéristiques des participants en fonction des groupes

d’âges sont présentées dans le Tableau 21 pour les caractéristiques démographiques.

Tableau 21. Caractéristiques démographiques en fonction de l’âge pour l’Expérience 5

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

Âge 20.3 (2.3) 63.3 (3.2) 80.3 (3.1)

Années d’études 13.2 (1.9) 15.5 (1.8) 11.8 (2.8)

MMSE (/30) - 29.3 (0.8) 29.0 (1.0)

Etudiants UTL (%) - 83 67

Chapitre 2 : études expérimentales

165

On observe un effet de l’âge sur le nombre d’années d’études, F(2,50) = 12.45,

p < .001 et η²p = .35. Les comparaisons de moyennes (Bonferroni) montrent que les Adultes

Âgés avaient plus d’années d’études que les Adultes Jeunes (p < .01) et que les Adultes Très

Âgés (p < .001). Les moyennes de ces deux derniers groupes ne se sont pas statistiquement

différentes. Toujours concernant les deux groupes d’adultes âgés, on n’observe pas de

différence significative sur le score au MMSE, t(31) = 0.89, p > .10 ; ni sur la proportion de

participants inscrits à l’UTL, χ² (1, N = 33) = 1.24, p > .10.

Matériel et procédure. Cette version modifiée de la tâche de Hayling est composée de

60 phrases. De manière identique à la tâche de Hayling standard, 15 phrases composent une

partie A d’activation et 15 autres phrases composent une partie B d’inhibition. Pour la partie

A, la consigne était de compléter la phrase avec le mot attendu (e.g., Il mange sa soupe avec

une … cuillère). Dans la partie B, il s’agissait de compléter la phrase avec un mot qui ne soit

pas le mot attendu et qui ne soit lié sémantiquement ni à la phrase ni au mot attendu (e.g., Les

pompiers ont éteint le … calendrier). Une troisième partie, C, de 30 phrases a été ajoutée afin

de composer la partie d’alternance. Pour cette dernière, le participant alternait aléatoirement

entre les consignes d’activation et d’inhibition. Un indice visuel, présenté à la fin de la lecture

de la phrase, annonçait la consigne à suivre : mot attendu si le rectangle était vert ou mot non

lié si le rectangle était rouge.

Le Tableau 22 résume les différentes sous-parties et caractéristiques de la tâche. Pour la

partie C, les phrases Ca correspondent à la consigne d’activation alors que les phrases Cb

correspondent à la consigne d’inhibition.

Chapitre 2 : études expérimentales

166

Tableau 22. Résumé des principales caractéristiques de la tâche de Hayling production (Expérience 5)

Partie Sous-partie Présentation Exemple Indice Réponse

A A 15 phrases

Bloc

La poule a

pondu un …. Vert Œuf

B B 15 phrases

Bloc

Le chat court

après la …. Rouge Lampe

C

Ca 30 phrases

Alternée

On dépose notre

argent à la …. Vert Banque

Cb La vache donne

du …. Rouge Robinet

Afin de créer les 60 phrases nécessaires à cette version modifiée de la tâche de

Hayling, un pré-test comprenant 86 phrases a été proposé à 23 étudiants en 1ère

année de

Psychologie. Ce pré-test comprenait les 34 phrases issues de Belleville et al. (2006) ainsi que

52 nouvelles phrases que nous avons conçues en nous appuyant sur des normes de complétion

en contextes linguistiques français (Robichon, Besson, & Faïta, 1996). Tout comme Belleville

et al. (2004), nous avons demandé aux étudiants de compléter spontanément les phrases, à

l’écrit, par le mot lié sémantiquement. A cela, nous avons ajouté une échelle en trois points

d’estimation de la facilité et de la vitesse avec laquelle les étudiants ont produit chacun des

mots manquants. L’objectif était d’estimer également la force d’activation, celle-ci étant

considérée comme d’autant plus forte que le mot était trouvé rapidement. Ainsi, nous avons

conservé les 64 phrases qui avaient reçu le même mot de la part des 23 participants et qui

présentaient les meilleurs scores d’estimation de facilité et de vitesse.

Enfin, nous avons apparié la répartition des phrases au sein de chacun des blocs en

fonction de l’estimation de cette vitesse de récupération (cf. matériel en Annexe C). L’ordre

d’apparition des phrases à l’intérieur de chaque bloc était randomisé et différent pour chaque

participant.

Chapitre 2 : études expérimentales

167

Les consignes (cf. Annexe D) apparaissaient séparément et au fur et à mesure pour

chacun des trois blocs. Deux phrases d’entraînement étaient proposées pour les blocs A et B.

Elles étaient l’occasion de s’assurer que le participant avait bien compris la procédure et la

consigne. Les erreurs ou productions de mots sémantiquement liés pour la partie B étaient

signalées et expliquées au participant. Dans la phase expérimentale, nous avons choisi de ne

pas faire de retour immédiat au participant sur la justesse de ses réponses afin de ne pas

rompre le rythme de déroulement de l’expérience.

Les temps de réponses et le nombre d’erreurs en partie B constituent les indicateurs

principaux de la tâche de Hayling. Concernant le nombre d’erreurs, Burgess et Shallice (1997)

ont proposé une approche qualitative des différentes erreurs possibles, pondérées par plusieurs

scores. Alors qu’elle n’est pas initialement prévue, et de même que Belleville et al. (2006),

nous avons appliqué la correction inverse pour les réponses de la partie A. Ainsi, un score

élevé en partie A correspond à des erreurs d’activation et en partie B à des erreurs

d’inhibition. Le détail de cette cotation est présenté dans le Tableau 23.

Tableau 23. Résumé des scores d’erreurs pour les parties A, B, Ca et Cb (Expérience 5)

Le facteur s’est fait mordre par un … Score

A et Ca

Score

B et Cb Nature de la réponse

Chien 0 3 Mot attendu

Animal 1 1 Lié mot attendu

Vélo 1 1 Lié phrase

Cartable 3 0 Non lié

ordinateur/cathéter/lit 3 0 Stratégie contextuelle

Chapitre 2 : études expérimentales

168

L’ensemble des participants a également complété une mesure de vitesse perceptivo-

motrice, de MDT, de vocabulaire et de routinisation, épreuves présentées dans la méthode de

l’Expérience 1. Les scores obtenus à ces ressources sont présentés dans le Tableau 24.

Tableau 24. Ressources en fonction de l’âge pour l’Expérience 5

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

Boîtes 597 (100) 875 (143) 1024 (160)

Empan 3.6 (0.9) 3.4 (0.6) 2.5 (0.8)

Mill Hill 35.8 (1.9) 40.1 (2.5) 38.0 (3.5)

EPR 22.8 (3.9) 22.8 (4.8) 27.0 (5.3)

Un effet de l’Âge est observé pour l’épreuve des Boîtes, F(2,47) = 41.46, p < .001 et

η²p = 0.64, les Adultes Très Âgés étaient plus lents que les Adultes Âgés (p < .01) eux-mêmes

plus lents que les Adultes Jeunes (p < .001). Un effet de l’Âge est également obtenu pour le

score d’Empan, F(2,47) = 9.40, p < .001 et η²p = 0.28, les Adultes Très Âgés avaient un

empan inférieur à celui des Adultes Jeunes (p < .001) et des Adultes Âgés (p < .01), alors que

ces deux groupes ne différaient pas statistiquement. L’effet significatif de l’Âge sur le score

au Mill-Hill, F(2,47) = 11.23, p < .001 et η²p = 0.32, révèle que les Adultes Âgés avaient un

score plus élevé que les Adultes Jeunes (p < .001) et de façon tendancielle plus élevé que

celui des Adultes Très Âgés (p = .09), alors que celui des Adultes Très Âgés tendait à être

plus élevé que celui des Adultes Jeunes (p = .08). Enfin, un effet de l’Âge est également

observé pour le score d’EPR, F(2,47) = 3.47, p < .05 et η²p = 0.13, les Adultes Très Âgés

tendaient à présenter un score plus élevé que les Adultes Jeunes et que les Adultes Âgés (p =

.08), alors que les scores sont identiques pour ces deux groupes.

L’épreuve commençait par la consigne de la partie A (Activation), qui précisait que des

phrases auxquelles il manque le dernier mot allaient apparaître à l’écran. Il allait alors s’agir

Chapitre 2 : études expérimentales

169

de les lire à haute voix, le plus naturellement possible, et de donner le mot attendu à

l’apparition de l’écran vert. La réponse devait être donnée le plus rapidement possible. Deux

phrases d’entraînement étaient proposées, sur lesquelles nous faisions un retour concernant la

justesse de la réponse. Si le participant n’éprouvait pas de difficultés particulières, les 15

phrases de la partie expérimentale étaient complétées. Sinon, les phrases d’entraînement

étaient présentées de nouveau. Apparaissait ensuite la consigne de la Partie B (Inhibition). Il

était précisé que de nouveau des phrases auxquelles il manque le dernier mot allaient

apparaître à l’écran et qu’il allait s’agir de les lire à haute voix, le plus naturellement possible.

Mais cette fois-ci, il était demandé au participant de produire, à l’apparition d’un écran rouge,

un mot autre que le mot attendu, en choisissant un mot qui n’avait pas de sens avec le

contexte de la phrase. Un exemple était alors donné par l’expérimentateur au participant, puis

ce dernier complétait lui-même deux phrases d’entraînement. Un retour immédiat était fait

concernant l’adéquation de leur réponse avec la consigne, et si tel n’était pas le cas, on lui en

expliquait les raisons (e.g., lien sémantique avec le mot attendu, avec un mot de la phrase,

etc.). Si le participant n’éprouvait pas de difficultés particulières, les 15 phrases de la partie

expérimentale étaient complétées. Sinon, les phrases d’entraînement étaient présentées de

nouveau. La dernière partie de la consigne, celle concernant la partie Alternée, apparaissait

alors. Il était précisé que cette fois-ci, le participant ne saurait pas à l’avance s’il aurait à

produire le mot attendu ou un mot non attendu. Il devrait en effet attendre l’apparition de

l’écran de couleur pour connaître la nature de la réponse à donner : mot attendu si l’écran est

vert, mot non attendu si l’écran est rouge. Comme moyen mnémotechnique, nous avons

insisté auprès des participants sur l’association « vert, feu vert, je donne le mot attendu » et «

rouge, feu rouge, je donne un mot non attendu ».

Chapitre 2 : études expérimentales

170

La consigne précisait au participant, lors de la production d’un mot non attendu, de

respecter la justesse grammaticale (e.g., article féminin, masculin ou pluriel, verbe, adjectif)

en référence au mot attendu, afin de limiter la production par anticipation d’un mot non lié

avant la lecture complète de la phrase. De même, il était explicitement demandé au participant

de ne pas utiliser deux fois un même mot pour clôturer une phrase qui attendait une réponse

non attendue (i.e., partie B et Cb).

Afin de tenir compte des différences de vitesse de lecture entre les participants et au

cours du vieillissement, les phrases étaient présentées à l’écrit et suivaient la vitesse de lecture

du participant. Ce dernier avait pour consigne de lire oralement les phrases, de manière

naturelle en termes de vitesse et d’intonation. Une fois le dernier mot prononcé, par appui sur

un bouton, l’expérimentateur faisait disparaître la phrase et le participant donnait sa réponse à

l’apparition de l’écran de couleur. Il lui était signifié de ne pas ralentir sa lecture en fin de

phrase et d’attendre l’apparition de l’écran de couleur pour apporter sa réponse. A la

production de la réponse, l’expérimentateur appuyait sur la clef réponse du clavier pour

enregistrer le temps de réponses. Cette action provoquait l’apparition de la phrase suivante,

précédée d’une croix de fixation d’une durée de 3 secondes. Le contenu des réponses était

enregistré à l’aide d’un magnétophone. Cette procédure a permis de mesurer les temps de

lecture, les temps de réponses et la nature des réponses. L’ensemble de l’épreuve a été

programmé à l’aide du logiciel de programmation Superlab Pro version 2.

5.3. Résultats tâche de Hayling simple (Experience 5A)

Dans un premier temps, nous avons procédé aux analyses concernant le format standard

de l’épreuve, avec une partie A (Activation) et une partie B (Inhibition).

Chapitre 2 : études expérimentales

171

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel statistique SPSS 17. La

normalité des données a été vérifiée et un Adultes Très Âgé, du fait de scores déviants de +/-

deux écarts-types de la moyenne n’a pas été inclus dans les analyses finales.

Etant donné que le nombre d’années d’études différait en fonction de l’âge, il a été

contrôlé en étant placé en covariable. Les moyennes présentées seront donc les moyennes

marginales estimées (voir en Annexe A pour les erreurs standards). Par la suite, les variables

Boîtes, Empan et Vocabulaire ont également été placées l’une après l’autre en covariable

lorsque l’ANCOVA initiale rapportait un effet de l’âge significatif.

5.3.1. Temps de réponses

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Le nombre d’années d’études était placé en covariable. Les moyennes

estimées sont présentées dans la Figure 22.

Figure 22. Temps de réponses moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de

Hayling Simple (Expérience 5a)

Chapitre 2 : études expérimentales

172

Les résultats ne montrent pas d’effet significatif de l’Âge23

, F(2,46) = 2.15, p > .10, les

moyennes estimées n’étant pas significativement différentes entre les Adultes Jeunes (1466

ms), les Adultes Âgés (1674 ms) et les Adultes Très Âgés (2157 ms). L’effet de la Consigne

est quant à lui significatif, F(1,46) = 9.96, p < .01 et η²p = 0.18, les temps de réponses étant

plus élevés pour la partie Inhibition (3015 ms) qu’Activation (516 ms). L’interaction entre

l’Âge et la Consigne n’est pas significative24

, F(2,46) = 1.56, p > .10.

5.3.2. Nombre moyen d’erreurs

Le nombre moyen d’erreurs n’a pu être soumis à une ANCOVA à mesures répétées

étant donné que les scores pour la consigne Activation étaient très faibles. Ce score a donc été

dichotomisé en 0 (aucune erreur) et 1 (au moins une erreur). Pour la consigne Inhibition, une

ANCOVA avec la variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) en

variable inter-groupes et le nombre d’années d’études en covariable a été réalisée.

Aucun effet de l’Âge n’est observé pour la consigne Activation, χ² (2, N = 50) = 0.59 et

p > .10, alors que 4 sur 17 Adultes Jeunes, 3 sur 18 Adultes Âgés et 2 sur 15 Adultes Très

Âgés ont réalisé au moins une erreur.

Un effet de l’Âge est observé pour la consigne Inhibition, F(2,45) = 21.63, p < .001 et

η²p = 0.49, les Adultes Très Âgés réalisant plus d’erreurs que les Adultes Âgés (11.4 vs. 6.5) et

que les Adultes Jeunes (11.4 vs. 5.5), p < .001. Les Adultes Âgés et Jeunes ne diffèrent pas

statistiquement. Les moyennes et erreurs standards sont rapportées en Annexe A. Le résumé

des ANCOVA réalisées sur l’effet de l’Âge est présenté dans le Tableau 25. On note que la

taille de l’effet de l’âge diminue lorsque le temps aux Boîtes est contrôlé.

23

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’effet de l’âge est significatif, les

Adultes Très Âgés étant plus lents que les deux autres groupes d’âges (cf. Annexe B)

24

Lorsque le nombre d’années d’études n’est pas en covariable, l’interaction entre l’Âge et la Consigne

est tendancielle, l’effet de l’âge étant plus marqué pour la consigne Inhibition (cf. Annexe B)

Chapitre 2 : études expérimentales

173

Tableau 25. Résumé des ANCOVAs sur les erreurs en consigne Inhibition pour l’effet de l’Âge

(Expérience 5a)

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,45) = 21.63, p < .001 et η²p = 0.49

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,44) = 8.84, p < .001 et η²p = 0.29

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,44) = 17.91, p < .001 et η²p = 0.45

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,44) = 19.33, p < .001 et η²p = 0.47

5.3.3. Temps de lecture

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Le nombre d’années d’études était placé en covariable. Les moyennes

estimées sont présentées dans la Figure 23 (voir aussi en Annexe A pour les erreurs

standards).

Figure 23. Temps de lecture moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de Hayling

Simple (Expérience 5a)

Chapitre 2 : études expérimentales

174

On observe un effet significatif de l’Âge, F(2,45) = 9.58, p < .001 et η²p = 0.30, les

temps de lecture des Adultes Âgés (3392 ms) et Très Âgés (3651 ms) étant plus lents que

ceux des Adultes Jeunes (2811 ms), respectivement p < .05 et p < .001. Les moyennes des

Adultes Âgés et Très Âgés ne diffèrent pas significativement. On observe également un effet

de la Consigne, F(1,45) = 48.85, p < .001 et η²p = 0.52, les temps de lecture étant plus lents en

consigne Inhibition qu’en consigne Activation (3788 vs. 2781 ms). L’interaction entre l’Âge

et la Consigne est non significative, F(2,45) = 2.22, p > .10. Le résumé des ANCOVA

réalisées sur l’effet de l’Âge est présenté dans le Tableau 26. On remarque que la taille de

l’effet de l’Âge diminue lorsque le temps aux Boîtes est contrôlé

Tableau 26. Résumé des ANCOVAs sur les temps de lecture pour l’effet de l’Âge (Expérience 5a)

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,45) = 9.58, p < .001 et η²p = 0.30

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,44) = 6.43, p = .01 et η²p = 0.13

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,44) = 8.65, p < .001 et η²p = 0.28

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,44) = 8.75, p < .001 et η²p = 0.28

5.3.4. Corrélations

Pour chacun des groupes d’âges (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très

Âgés), nous avons procédé à des corrélations (r de Pearson) entre les scores au Mill-Hill et à

l’EPR et les temps de réponses et de lecture pour les consignes Activation et Inhibition ainsi

que le score d’erreurs pour la consigne Inhibition.

Chapitre 2 : études expérimentales

175

Tableau 27. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Simple chez les Adultes Jeunes (Expérience 5a)

Mill-Hill EPR

Temps Activation .45 t .20

Temps Inhibition -.49* .35

Erreurs Inhibition .35 -.08

Lecture Activation -.26 .59*

Lecture Inhibition -.04 .24

Note. t p < .10. * p < .05.

Chez les Adultes Jeunes, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = -.34 et p > .10). Les autres corrélations concernant les Adultes Jeunes sont

présentées dans le Tableau 27. Les participants présentant un score élevé au Mill-Hill tendent

à être plus lents pour les phrases de la consigne Activation (r = .45 et p = .07) mais sont plus

rapides pour les phrases de la consigne Inhibition (r = -.49 et p < .05). Les participants

présentant un score élevé à l’EPR présentent des temps de lecture plus lents pour les phrases

de la consigne Activation (r = -.59 et p < .05)

Tableau 28. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Simple chez les Adultes Âgés (Expérience 5a)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.13 .32

Temps Inhibition -.12 .20

Erreurs Inhibition .07 .05

Lecture Activation -.25 -.10

Lecture Inhibition -.02 .03

Chapitre 2 : études expérimentales

176

Chez les Adultes Âgés, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec celui

à l’EPR (r = .23 et p > .10). Les autres corrélations concernant les Adultes Âgés sont

également non significatives (Tableau 28).

Tableau 29. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Simple chez les Adultes Très Âgés (Expérience 5a)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.30 .23

Temps Inhibition .16 .26

Erreurs Inhibition -.02 .08

Lecture Activation -.05 -.29

Lecture Inhibition .00 -.22

Chez les Adultes Très Âgés, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = .32 et p > .10). Les autres corrélations concernant les Adultes Âgés sont

également non significatives (Tableau 29).

5.3.5. Discussion de l’Expérience 5a

Les résultats issus de ce format standard de la tâche de Hayling ne montrent pas d’effet

de l’Âge sur les temps de réponses lorsque le nombre d’années d’études est contrôlé. Sans ce

contrôle, un effet de l’Âge significatif est observé, les Adultes Très Âgés étant plus lents que

les Adultes Jeunes et Âgés. L’interaction tendancielle entre l’Âge et la Consigne suggère que

cet effet serait plus important pour la consigne inhibition qu’activation (cf. Annexe B). Ce

constat rappelle l’importance de contrôler le nombre d’années d’études. Concernant les

erreurs en consigne inhibition, nous retrouvons un effet négatif du vieillissement mais

uniquement pour les Adultes Très Âgés, effet qui se réduit lorsque la vitesse de traitement est

contrôlée, ce qui laisse entendre que le ralentissement de cette vitesse avec l’âge participerait

Chapitre 2 : études expérimentales

177

à cette augmentation des erreurs. Enfin, conformément à nos attentes, les temps de lecture

sont plus élevés pour les deux groupes de participants âgés. Ainsi, il apparaît nécessaire de

porter attention, dans la comparaison d’adultes jeunes et âgés, aux différences dans la vitesse

d’assimilation des informations, cette dernière pouvant entraîner des différences sur les étapes

ultérieures de traitement. Cependant, contrairement à notre hypothèse, l’interaction entre l’âge

et la consigne n’est pas significative. Par conséquent, si les participants mettent en place une

stratégie de lecture en ralentissant pour les phrases de la consigne Inhibition, cette stratégie

n’est pas significativement plus importante pour les Adultes Âgés et Très Âgés.

Deux explications semblent pouvoir être avancées concernant l’absence d’effet de l’âge

sur les temps de réponses. Il n’est tout d’abord pas certain que les différences de niveau

d’études aient été systématiquement contrôlées. Ainsi, dans Belleville et al. (2006), les adultes

jeunes présentaient 13.8 années d’études contre seulement 11 années pour les adultes âgés, ce

qui pourrait avoir participé à l’apparition d’un effet de l’âge. La question du nombre d’années

d’études dans le cadre des recherches sur le vieillissement reste complexe. Il est en effet

possible d’avancer que les études actuelles ont moins de valeur que celles d’autrefois, dans le

contenu enseigné et les connaissances acquises. Ainsi, les 10 années d’études de nos grands-

parents n’équivaudraient pas à nos 10 années d’études. Dans ce cas, le contrôle de ce nombre

d’années favorisera les aînés. A l’inverse, on peut considérer que le nombre d’années d’études

des adultes jeunes est transitoire et peut encore augmenter, alors que celui des adultes âgés est

définitif. Dans ce cas, le contrôle du nombre d’années d’études favorisera les plus jeunes.

Enfin, il est important de noter que la majorité des études compare des adultes jeunes qui sont

actuellement étudiants, donc dans un contexte important d’apprentissages quotidiens, à des

adultes âgés pratiquant de fait moins d’activités cognitivement stimulantes. Ce déséquilibre

pourrait participer aux effets de l’âge régulièrement rapportés dans la littérature et expliquer

Chapitre 2 : études expérimentales

178

l’absence d’effet de l’âge sur les temps de réponses de la présente étude, pour laquelle la

majorité des participants âgés sont inscrits à l’UTL de Bordeaux pour y suivre au moins deux

heures d’enseignements par semaine. Une deuxième explication à l’absence d’effet de l’âge

significatif sur les temps de réponses pourrait s’expliquer par le fait que, dans la présente

étude, les temps de lecture suivaient le rythme du participant. Il est possible que la

présentation bloquée des autres études ait favorisé les adultes jeunes en leur permettant

d’anticiper leurs réponses, ou bien défavorisé les adultes âgés pour qui l’assimilation ralentie

des phrases aurait pu se répercuter sur le temps de réponses.

Nous allons maintenant nous intéresser aux effets de l’Âge lorsque l’exécution des

consignes est alternée. Nous nous attendons à ce que l’ajout d’une composante d’alternance,

en sollicitant plus fortement encore les processus contrôlés, montre un effet de l’âge plus

marqué.

5.4. Résultats tâche de Hayling alternée (Experience 5B)

Dans un deuxième temps, nous avons procédé aux analyses concernant le format alterné

de l’épreuve, avec une partie A (Activation) et une partie B (Inhibition). Les analyses

statistiques ont été menées de manière identique à celles de l’Expérience 5a. Le nombre

d’années d’études ayant été placé en covariable, les moyennes présentées seront donc les

moyennes marginales estimées (voir en Annexe A pour les erreurs standards).

5.4.1. Temps de réponses

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Le nombre d’années d’études était placé en covariable. Les moyennes

estimées sont présentées dans la Figure 24.

Chapitre 2 : études expérimentales

179

Figure 24. Temps de réponses moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de

Hayling Alternée (Expérience 5b)

On observe un effet significatif de l’Âge, F(2,46) = 6.81, p < .01 et η²p = 0.23, les

Adultes Très Âgés étant plus lents que les Adultes Jeunes (3714 vs. 2284 ms.), p < .01, les

autres moyennes ne diffèrent pas significativement. Le résumé des ANCOVA réalisées sur

l’effet de l’Âge est présenté dans le Tableau 30. On note que l’effet de l’Âge devient non

significatif une fois le temps de réponses aux Boîtes contrôlé.

Tableau 30. Résumé des ANCOVAs sur les temps de réponses pour l’effet de l’Âge (Expérience 5b)

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,46) = 6.81, p < .01 et η²p = 0.23

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,45) = 2.21, p > .10

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,45) = 4.54, p < .05 et η²p = 0.17

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,45) = 7.31, p < .01 et η²p = 0.24

On obtient de nouveau un effet de la Consigne, F(1,46) = 7.28, p = .01 et η²p = 0.14, les

temps de réponses étant plus lents pour les phrases de la consigne Inhibition que pour les

Chapitre 2 : études expérimentales

180

phrases de la consigne Activation (4910 vs. 1260 ms.). Enfin, l’interaction entre l’Âge et la

Consigne est significative, F(2,46) = 3.53, p < .05 et η²p = 0.13. Pour les phrases de la

consigne Activation, l’effet de l’Âge est significatif, F(2,46) = 10.79, p < .001 et η²p = 0.32,

les temps de réponses des Adultes Âgés (1310 ms.) et Très Âgés (1433 ms.) étant plus lents

que ceux des Adultes Jeunes (1038 ms), respectivement p = .01 et p < .01. Pour les phrases de

la consigne Inhibition, l’effet de l’Âge est également significatif, F(2,46) = 5.08, p = .01 et η²p

= 0.18, les Adultes Très Âgés présentant des temps de réponses plus lents que les Adultes

Jeunes (5994 vs. 3531 ms., p < .01), alors que les groupes des Adultes Âgés et des Adultes

Jeunes (4304 vs. 3531 ms.) et des Adultes Âgés et Très Âgés ne diffèrent pas statistiquement.

Le résumé des ANCOVA réalisées sur l’interaction entre l’Âge et la Consigne est présenté

dans le Tableau 31. On note que l’effet d’interaction entre l’Âge et la Consigne devient non

significatif une fois le temps de réponses aux Boîtes contrôlé.

Tableau 31. Résumé des ANCOVAs sur les temps de réponses pour l’effet de l’Âge x Consigne

(Expérience 5b)

Age x Consigne

ANCOVA (Etudes) F(2,46) = 3.53, p < .05 et η²p = 0.13

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,45) = 1.36, p > .10

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,45) = 2.38, p = .10 et η²p = 0.10

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,45) = 4.06, p < .05 et η²p = 0.15

5.4.2. Nombre moyen d’erreurs

Le nombre moyen d’erreurs n’a pu être soumis à une ANCOVA à mesures répétées

étant donné que le score pour les phrases liées à la consigne Activation était très faible. Ce

dernier a donc été dichotomisé en 0 (aucune erreur) et 1 (au moins une erreur). Pour la

consigne Inhibition, une ANCOVA avec la variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs.

Chapitre 2 : études expérimentales

181

Adultes Très Âgés) en variable inter-groupes et le nombre d’années d’études en covariable a

été réalisée.

Pour la consigne Activation, un effet de l’Âge est observé, χ²(2, N = 49) = 8.06 et p <

.05, alors que 3 sur 17 Adultes Jeunes, 10 sur 18 Adultes Âgés et 9 sur 14 Adultes Très Âgés

ont réalisé au moins une erreur. Les Adultes Âgés et Très Âgés ont commis plus fréquemment

des erreurs que les Adultes Jeunes, respectivement χ²(1, N = 35) = 5.38 et p < .05, et χ²(1, N =

31) = 7.04 et p < .01. Les Adultes Âgés et Très Âgés ne diffèrent pas, χ²(1, N = 32) = 0.25 et p

> .10.

Pour la consigne Inhibition, un effet de l’Âge est également observé, F(2,45) = 9.90, p <

.001 et η²p = 0.31, les Adultes Très Âgés réalisant plus d’erreurs que les Adultes Âgés (9.0 vs.

6.2) et que les Adultes Jeunes (9.0 vs. 5.2), respectivement p < .05 et p < .001. Les Adultes

Âgés et Jeunes ne diffèrent pas statistiquement. Le résumé des ANCOVA réalisées sur l’effet

de l’Âge est présenté dans le Tableau 32. On remarque que la taille de l’effet de l’Âge est

réduite lorsque le temps aux Boîtes est contrôlé.

Tableau 32. Résumé des ANCOVAs sur les erreurs en consigne Inhibition pour l’effet de l’Âge

(Expérience 5b)

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,45) = 9.90, p < .001 et η²p = 0.31

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,44) = 4.62, p = .01 et η²p = 0.17

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,44) = 10.76, p < .001 et η²p = 0.33

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,44) = 7.99, p < .001 et η²p = 0.27

5.4.3. Temps de lecture

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

Chapitre 2 : études expérimentales

182

variable intra-groupe. Le nombre d’années d’études était placé en covariable. Les moyennes

estimées sont présentées dans la Figure 25.

Figure 25. Temps de lecture moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de Hayling

Alternée (Expérience 5b)

On observe un effet significatif de l’Âge, F(2,46) = 9.98, p < .001 et η²p = 0.30, les

temps de lecture des Adultes Âgés (3143 ms) et Très Âgés (3331 ms) étant plus lents que

ceux des Adultes Jeunes (2574 ms), respectivement p < .05 et p < .001. Les moyennes des

Adultes Âgés et Très Âgés ne diffèrent pas significativement. L’effet de la consigne est non

significatif, F(1,46) = 1.77, p > .10, de même que l’interaction entre l’Âge et la Consigne, F <

1. Le résumé des ANCOVA réalisées sur l’effet de l’Âge est présenté dans le Tableau 33, et

montre que l’effet de l’Âge devient non significatif une fois le temps de réponses aux Boîtes

contrôlé.

Chapitre 2 : études expérimentales

183

Tableau 33. Résumé des ANCOVAs sur les temps de lecture pour l’effet de l’Âge (Expérience 5b)

Age

ANCOVA (Etudes) F(2,46) = 9.98, p < .001 et η²p = 0.30

ANCOVA (Etudes et Boîtes) F(2,45) = 0.19, p > .10

ANCOVA (Etudes et Empan) F(2,45) = 9.61, p < .001 et η²p = 0.30

ANCOVA (Etudes et Mill-Hill) F(2,45) = 6.91, p < .01 et η²p = 0.23

5.4.4. Corrélations

Pour chacun des groupes d’âges (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très

Âgés), nous avons procédé à des corrélations (r de Pearson) entre les scores au Mill-Hill et à

l’EPR et les temps de réponses et de lecture des consignes Activation et Inhibition ainsi que le

score d’erreurs de la partie Inhibition.

Tableau 34. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs au Hayling Alterné

chez les Adultes Jeunes (Expérience 5b)

Mill-Hill EPR

Temps Activation .17 -.15

Temps Inhibition -.18 .33

Erreurs Inhibition .70** -.10

Lecture Activation .14 .32

Lecture Inhibition .09 .30

Note. ** p < .01.

Les corrélations concernant les Adultes Jeunes sont présentées dans le Tableau 34. Les

Adultes Jeunes avec un score élevé au Mill-Hill commettent plus d’erreurs lors de la consigne

Inhibition (r = .70 et p < .01).

Chapitre 2 : études expérimentales

184

Tableau 35. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs au Hayling Alterné

chez les Adultes Âgés (Expérience 5b)

Mill-Hill EPR

Temps Activation .02 .04

Temps Inhibition -.20 -.18

Erreurs Inhibition -.21 -.39

Lecture Activation .07 -.51*

Lecture Inhibition .05 -.53*

Note. * p < .05.

Les corrélations concernant les Adultes Âgés sont présentées dans le Tableau 35. Les

Adultes Âgés avec un score élevé à l’EPR présentent des temps de lecture plus rapides pour la

consigne Activation (r = - .51 et p < .05) et pour la consigne Inhibition (r = - .53 et p < .05).

Les corrélations concernant les Adultes Très Âgés sont présentées dans le Tableau 36.

Aucune corrélation n’est significative.

Tableau 36. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Alternée chez les Adultes Très Âgés (Expérience 5b)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.09 .32

Temps Inhibition -.18 .06

Erreurs Inhibition .24 .06

Lecture Activation .14 -.31

Lecture Inhibition .16 -.33

5.4.5. Discussion de l’Expérience 5b

Les résultats obtenus lors de cette version alternée de la tâche de Hayling montrent un

effet de l’âge à la fois pour la consigne Activation et la consigne Inhibition. Ainsi, pour la

consigne Activation, les Adultes Très Âgés sont plus lents que les Adultes Âgés, ces derniers

Chapitre 2 : études expérimentales

185

étant plus lents que les Adultes Jeunes. Pour la consigne Inhibition, les Adultes Très Âgés

sont plus lents que les Adultes Jeunes et Âgés. Les résultats concernant les scores d’erreurs

suivent le même profil avec, comparés aux Adultes Jeunes, plus d’erreurs pour les Adultes

Âgés et Très Âgés en consigne Activation, et plus d’erreurs uniquement pour les Adultes Très

Âgés en consigne Inhibition. Un autre point d’intérêt concerne les temps de lecture, qui

montrent de nouveau que les participants âgés et très âgés lisent plus lentement, mais qui ne

montrent ni effet de la consigne, ni interaction entre l’âge et la consigne. Ces deux absences

d’effet appuient le postulat selon lequel le format alterné de présentation des consignes

empêche la mise en place de stratégies différentes de lecture, le participant ne connaissant pas

à l’avance la consigne à suivre. On remarquera que la réduction de la vitesse de traitement

lors du vieillissement semble participer en grande partie à la présence d’effets de l’âge,

puisque les effets obtenus sur les temps de réponses et les temps de lecture disparaissent une

fois la vitesse de traitement mise en covariable. Cette dernière action réduit également

l’importance de l’effet de l’âge sur les erreurs à la consigne Inhibition. Enfin, on note

qu’uniquement chez les Adultes Jeunes, un score élevé de vocabulaire est associé à plus

d’erreurs lors de la consigne Inhibition. Cette corrélation pourrait relever du fait qu’un réseau

sémantique fourni serait propice à des activations sémantiques plus étendues voire plus

puissantes, nécessitant en retour une inhibition plus importante et par conséquent à plus de

défaut d’inhibition. Cette association n’apparaît pas en version simple, pour laquelle le

participant sait à l’avance qu’il va devoir inhiber les associations lui venant spontanément et

rapidement à l’esprit afin de donner un mot sans lien.

5.5. Synthèse et discussion de l’Expérience 5

En accord avec les propos de Bélanger et Belleville (2009), la version alternée de la

tâche de Hayling semble se révéler plus sensible que le format traditionnel suivant une

Chapitre 2 : études expérimentales

186

présentation en bloc des consignes Activation et Inhibition. Ainsi, une analyse additionnelle

comparant l’effet de l’Âge en fonction de la Version de la Tâche montre une interaction

significative25

. Comme nous venons de le détailler lors des sous-parties précédentes, l’effet de

l’âge est plus fortement marqué pour la version alternée que pour la version simple de la

tâche. Cette plus grande sensibilité pourrait s’expliquer par l’obligation, pour chaque

participant, de traiter les phrases de manière équivalente, puisqu’il ne sait pas à l’avance

quelle sera la consigne demandée. A notre connaissance, la question de la présentation des

phrases lors de la tâche de Hayling était jusqu’ici relativement ignorée. Pourtant, des

différences d’assimilation semblent pouvoir apparaître notamment du fait de différences de

vitesse de lecture avec l’âge ou de la mise en place de stratégie de lecture, qui elles-même

pourraient devenir plus importantes au cours du vieillissement afin de compenser notamment

une baisse d’efficience de l’inhibition. Etant donné que ces différences pourraient se

répercuter de manière importante sur les étapes suivantes de traitement, il nous parait

nécessaire de porter bien plus d’attention sur les processus cognitifs et les différences

interindividuelles susceptibles d’apparaître lors de cette étape de lecture des phrases.

Une seconde interprétation possible de la plus grande sensibilité de la version Alternée

relèverait de l’augmentation de la complexité de la tâche. Ainsi, en version Alternée, le

participant devait maintenir en MDT les consignes et alterner régulièrement entre les

consignes d’activation et d’inhibition. Cependant, selon Bélanger et Belleville (2009), ces

contraintes se répercuteraient de manière équivalente sur les deux consignes. Les résultats des

Adultes Très Âgés vont en ce sens, puisqu’ils sont mis en difficulté pour la consigne

Inhibition mais aussi, dans une moindre mesure, pour la consigne Activation. Concernant les

Adultes Âgés, les résultats sont plus surprenants, car ils révèlent un effet de l’Âge sur les

25

Interaction entre l’Âge et la Version de la tâche : F(2,46) = 3.42, p < .05 et η²p = 0.13

Chapitre 2 : études expérimentales

187

temps de réponses et les erreurs, mais uniquement pour la consigne Activation, qui est

pourtant la plus simple des deux consignes. Pour expliquer cela, il est possible d’avancer que

ces participants aient mis en place une reconfiguration différente de la tâche. En effet, il a été

montré par le passé que, lors d’un paradigme indicé d’alternance, le participant pourrait

établir une stratégie en fonction de son anticipation de la possible survenue d’une alternance à

l’essai suivant (Kray, 2006). Kray propose ainsi que les participants âgés pourraient se

préparer à devoir alterner après chaque réponse donnée alors que les adultes jeunes

attendraient la présentation de l’indice indiquant la nécessité ou non d’alterner (voir aussi

Mayr, 2001). Cette reconfiguration plus conservatrice des participants âgés aurait une

probabilité d’apparition plus grande lorsque les alternances sont non prédictibles et qu’il y a

une ambiguïté des stimuli et des actions de réponse, c'est-à-dire qu’un même stimulus ou une

même action de réponse peuvent être associés de manière équivalente à l’une des deux tâches

(Kray, 2006). L’utilisation de cette stratégie différente, qui aurait pour objectif de compenser

des pertes liées au vieillissement (Mayr, 2001), pourrait expliquer le pattern de résultats des

participants âgés dans la présente étude. On notera par ailleurs que, du fait de ce possible

recours stratégique mais également en lien avec la difficulté de la tâche d’alternance, les

phrases de la consigne activation en format alterné pourraient proposer une mesure pas

totalement pure de l’activation sémantique, possiblement contaminée par d’autres processus

ou traitements. Le maintien d’un format simple, pour lequel les phrases de la consigne

activation sont présentées en un seul et même bloc, est ainsi nécessaire afin de conserver une

mesure des processus d’activation sémantique à l’œuvre lors de la production du mot attendu.

Ce biais plus conservateur pourrait également expliquer que, contrairement aux Adultes

Jeunes, les Adultes Âgés et Très Âgés ne montrent pas de corrélation positive entre un score

élevé de vocabulaire et le nombre d’erreurs d’inhibition pour la version alternée. En se

Chapitre 2 : études expérimentales

188

préparant à devoir alterner dès le prochain essai, ils inhiberaient une partie de l’activation

sémantique automatique. A l’inverse, en attendant l’apparition de l’indice, les Adultes Jeunes

laisseraient un délai supplémentaire à cette activation pour se propager, ce qui aurait pour

effet d’augmenter les risques d’erreurs lors de l’apparition d’une consigne d’Inhibition. Il se

peut également, et sans que cela ne s’oppose à la proposition précédente, que la diffusion de

l’activation au sein du réseau sémantique se ralentisse et s’amoindrisse au cours du

vieillissement. Cela expliquerait que chez les deux groupes d’adultes âgés, un score de

vocabulaire élevé ne soit pas associé à plus d’erreurs d’inhibition. Concernant justement les

liens entre le niveau de vocabulaire et l’exécution de la tâche de Hayling, Borella et al. (2009)

avaient suggéré une influence positive du vocabulaire sur la production d’un mot non lié. Or,

les données obtenues ici sont plutôt contradictoires. Comme nous venons de le voir, pour la

version Alternée, les Adultes Jeunes avec un vocabulaire élevé commettent plus d’erreurs

d’Inhibition. Mais pour le format simple, chez ces mêmes participants, un vocabulaire élevé

va être associé à des temps de réponses plus rapides, ce qui va dans le sens de Borella et al.

Un vocabulaire étendu fournirait plus de potentielles réponses alternatives, accessibles plus

rapidement. Cependant, on notera qu’aucune corrélation significative n’est retrouvée chez les

Adultes Âgés et Très Âgés, ce qui limite la validation de cette hypothèse. Concernant la

préférence de routinisation, on remarquera que les Adultes Âgés les plus routinisés lisent plus

rapidement les phrases lors de la partie alternée, ce qui pourrait traduire une réduction du

recours aux stratégies, puisque des mécanismes de reconfiguration de la tâche se mettraient en

œuvre durant la lecture des phrases du format alterné.

Les résultats obtenus lors de l’Expérience 5 sont donc en faveur d’une réduction des

processus contrôlés d’inhibition et d’alternance lors du vieillissement, discrète chez les

participants âgés et plus marquée chez les participants très âgés. Cependant, étant donné que

Chapitre 2 : études expérimentales

189

la présentation des phrases dans la version alternée était aléatoire et donc différente pour

chaque participant, il ne nous a pas été possible d’étudier le coût local d’alternance. Un des

objectifs de l’Expérience 6 sera d’étudier ce coût local, en plus du coût global d’alternance

mesuré dans cette Expérience 5. Une seconde modification sera faite, cette fois-ci concernant

le format de l’épreuve. En effet, une des difficultés d’interprétation de la tâche de Hayling est

que la consigne dite d’inhibition ne relèverait pas uniquement de l’inhibition puisqu’elle

nécessite également la production d’une réponse non liée (Andres & Van der Linden, 2004;

Castner et al., 2007). Nous avons donc choisi, pour la prochaine expérience, un format non

plus de production mais de vérification, proche de celui de Delaloye et al. (2009), dans lequel

le participant devra choisir sa réponse parmi deux propositions. Un format simple (Expérience

6a) et un format alterné (Expérience 6b) seront de nouveau étudiés.

Chapitre 2 : études expérimentales

190

6. TÂCHE DE HAYLING VERIFICATION (EXPERIENCES 6A ET 6B)

6.1. Problématique

La production d’une réponse non liée, lors de la consigne d’inhibition, serait propice à

la mise en place de stratégies visant à faciliter celle-ci (Andres & Van der Linden, 2004;

Castner et al., 2007). Les créateurs de la tâche de Hayling, Burgess et Shallice (1997), avaient

eux-mêmes constaté le recours à des stratégies de la part des patients et certaines apparaissent

dans le système de cotation des erreurs. Ainsi, il est mentionné les situations dans lesquelles

le participant va produire le nom d’un objet situé auprès de lui ou alors donner un mot en lien

avec une de ses précédentes réponses. Les auteurs considèrent que l’utilisation de ces

stratégies traduit une attitude face à la tâche efficace et par conséquent un bon fonctionnement

exécutif. Cependant, le recours à de telles stratégies pourrait rendre l’épreuve moins sensible à

la mesure des capacités d’inhibition et moins clairs les processus cognitifs sous-tendant la

performance (Andrès & Van der Linden, 2004). Des données en neuroimagerie suggèrent

ainsi des activités additionnelles de mise à jour, de vérification sémantique, etc. (Collette et

al., 2001) lors de la production d’un mot non lié à la tâche de Hayling. Nous avons donc

choisi de mettre en place, pour la présente expérience, un format de vérification pour lequel le

participant devra choisir sa réponse parmi deux propositions. Ce format nous permettra

d’éliminer la composante de production d’une réponse non liée, ce qui devrait avoir pour

conséquence, comme observé par Delaloye et al. (2009) dans un format similaire, de réduire

les différences de temps de réponses entre les consignes Activation et Inhibition. Concernant

nos hypothèses, nous nous attendons à ce que les effets de l’âge apparus lors de l’Expérience

5 soient répliqués lors la présente étude, mais dans des proportions moins importantes. En

effet, une partie de l’effet de l’âge précédemment observé pourrait être associé aux processus

Chapitre 2 : études expérimentales

191

liés à la production d’une réponse non liée, qui comme nous venons de l’évoquer pourrait

relever des processus contrôlés plus difficile à définir.

Nous faisons également l’hypothèse d’un effet négatif du vieillissement, notamment

pour les participants les plus âgés, sur le coût global et dans une moindre mesure sur le coût

local d’alternance. Le coût global d’alternance est calculé en comparant les blocs non alternés

aux blocs alternés de la tâche. Le coût local est une comparaison au sein même du bloc

alterné, ou les essais alternés sont opposés aux essais non alternés. Le coût global renseigne

sur les processus d’alternance mais implique également le maintien en MDT et la sélection de

la consigne. A l’inverse, le calcul du coût local permet de contrôler la composante liée au

maintien des consignes en MDT, puisqu’il est obtenu en comparant la tâche simple et la tâche

alternée au sein d’un même bloc. Pour ces deux tâches, les consignes doivent être maintenues

en mémoire : la différence de performance s’expliquera donc par la reconfiguration nécessaire

pour alterner d’une tâche à l’autre mais pas par la différence de charge en MDT. Le

vieillissement affecterait principalement le coût global d’alternance alors que les effets sur le

coût local sont retrouvés moins systématiquement (Kray, 2006). Les données concernant les

effets de l’âge sur l’alternance restent hétérogènes, variant notamment en fonction du

paradigme utilisé (Etienne et al., 2008 ; Guédin & Clément, 2005; Wecker et al., 2005).

Cette Expérience 6 devrait également nous permettre de retrouver la mise en place de

stratégies de lecture par les participants. En effet, l’Expérience 5a montrait des temps de

réponses plus longs pour la consigne Inhibition qu’Activation et bien que l’interaction entre

l’Âge et la Consigne ne fût pas significative, une analyse descriptive montrait que cet écart

s’accroît au cours du vieillissement. De nouveau, pour la partie Alternée, aucun effet de la

consigne n’est attendu sur les temps de lecture, l’indice indiquant la consigne à suivre (i.e.,

produire le mot attendu ou un mot non lié) n’apparaissant qu’à la fin de la lecture de la phrase.

Chapitre 2 : études expérimentales

192

6.2. Méthode

Participants. Dix-sept Adultes Jeunes (âge moyen = 20 ans), 16 Adultes Âgés (âge

moyen = 63 ans) et 15 Adultes Très Âgés (âge moyen = 77 ans) ont pris part à cette

recherche. Les Adultes Jeunes étaient étudiants en 1er

cycle à l’Université Bordeaux 2,

majoritairement en Psychologie. Les Adultes Âgés et Très Âgés étaient majoritairement

étudiants à l’Université du Temps Libre (UTL) de Bordeaux. Les autres participants âgés et

très âgés étaient également des personnes autonomes vivant à domicile, mais non inscrites à

l’UTL. Ces participants avaient déjà participé à l’une des expériences de fluidité sémantique

décrites précédemment, soit l’Expérience 1, 2 ou 3, mais pas à l’Expérience 5. Ils

satisfaisaient donc aux différents critères d’inclusion dans l’étude.

La proportion de participants masculins ne différait pas en fonction du groupe d’âge,

avec 23.5% chez les Adultes Jeunes et 37.5% chez les Adultes Âgés et 33.3% chez les

Adultes Très Âgés, χ²(2, N = 48) = .79 et p > .10. Les autres caractéristiques des participants

en fonction des groupes d’âges sont présentées dans le Tableau 37 pour les caractéristiques

démographiques.

Tableau 37. Caractéristiques démographiques en fonction de l’âge pour l’Expérience 6

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

Âge 20.1 (2.2) 63.0 (2.6) 76.7 (2.2)

Années d’études 13.3 (1.3) 13.1 (2.7) 12.6 (2.8)

MMSE (/30) - 29.4 (0.7) 29.1 (1.0)

Etudiants UTL (%) - 75 60

Le niveau d’étude ne différait pas en fonction des groupes d’âges, F < 1, ni même le

score au MMSE entre les deux groupes d’adultes âgés, t(29) = .97 et p > .10. La proportion

Chapitre 2 : études expérimentales

193

d’étudiants de l’UTL est équivalente chez les Adultes Âgés et Très Âgés, χ²(1, N = 31) = .80

et p > .10.

Matériel et procédure. Cette version modifiée de la tâche de Hayling est composée de

88 phrases. De manière identique à la tâche de Hayling standard, 15 phrases composent une

partie A (Activation) et 15 autres phrases composent une partie B (Inhibition). Pour la

consigne Activation, le participant devait choisir parmi deux propositions le mot attendu pour

compléter la phrase (e.g., Pour s’envoler l’oiseau déploya ses … notes ….ailes). Les deux

propositions étaient entourées par un cadre vert. Pour la consigne Inhibition, le participant

devait choisir parmi deux propositions le mot qui ne complétait pas adéquatement la phrase

(e.g., Pour s’envoler l’oiseau déploya ses … notes ….ailes). Les deux propositions étaient

entourées par un cadre rouge. La troisième partie (Alternance), est composée de 58 phrases

pour lesquelles un cadre de couleur entourant les deux propositions indiquait s’il fallait

choisir le mot attendu (écran vert) ou choisir le mot non attendu (écran rouge). L’alternance se

faisait tous les 1 (8 fois), 2 (10 fois) ou 3 essais (10 fois) afin de limiter la possibilité que le

participant puisse anticiper la consigne suivante. Ces 58 phrases nous ont permis d’obtenir,

par participant, 27 mesures d’essais alternés (i.e., la phrase précédente suivait une consigne

différente), 20 mesures d’essais répétés (i.e., la phrase précédente suivait la même consigne)

et 9 mesures d’essais répétés une seconde fois (i.e., les deux phrases précédentes suivaient la

même consigne). Ces deux dernières mesures ont été moyennées en une seule et même

mesure d’essais répétés.

Une croix de fixation apparaissait à l’écran. Le participant faisait alors apparaître la

phrase par appui sur la barre « espace » et devait appuyer de nouveau sur la barre « espace »

dès la phrase lue. Deux propositions de réponse apparaissaient alors. Un mot était placé sur la

gauche de l’écran alors que l’autre était situé sur la droite. Le participant sélectionnait sa

Chapitre 2 : études expérimentales

194

réponse en appuyant sur le bouton de gauche (lettre Q du clavier) pour le mot de gauche ou en

appuyant sur le bouton de droite (lettre M du clavier) pour le mot de droite. Pour chacune des

trois parties, la moitié des réponses appropriées étaient positionnées à gauche, l’autre moitié à

droite. A l’intérieur de la partie alternée, la même répartition a été suivie en fonction de la

nature alternée ou répétée des essais. Quatre versions de la tâche ont été créées, afin de

contrôler par contrebalancement un possible effet du côté de réponse (i.e., gauche, droite) et

l’attribution d’une consigne (i.e., activation, inhibition) à une phrase donnée.

Les deux propositions de réponse comportaient le mot clôturant logiquement la phrase

et un mot supplémentaire choisit suite à un appariement en fonction du nombre de lettres, du

nombre de syllabes, de la fréquence lexicale (fréquence Frantext issue de Lexique ; New,

Pallier, Ferrand, & Matos, 2001) et de la présence ou non d’un accent (Tableau 38). Ces

valeurs ne sont pas significativement différentes entre les différentes parties. De même, le

nombre moyen de caractères composant les phrases est équivalent pour les deux consignes

dans la version simple et dans la version alternée (voir en Annexe E pour les analyses

statistiques).

Tableau 38. Caractéristiques du matériel de la tâche de Hayling Vérification (Expérience 6)

Partie Fréquence

Cible

Fréquence

Distracteur

Nombre de

Lettres

Nombre de

Syllabes

Nombre de

Caractère

phrases

Activation Simple (A) 70.73 72.06 5.40 1.40 39.00

Inhibition Simple (B) 71.49 70.18 6.27 1.67 39.87

Activation Alternée (Ca) 66.71 71.39 5.61 1.46 35.32

Inhibition Alternée (Cb) 69.62 68.63 6.50 1.75 37.28

Ca alterné 69.52 69.09 5.00 1.38 35.46

Ca répété 64.28 73.39 6.13 1.53 35.20

Cb alterné 70.67 65.88 6.38 1.69 38.54

Cb répété 68.71 71.01 6.60 1.80 36.20

Chapitre 2 : études expérimentales

195

Cinq phrases d’entraînement étaient proposées au début de la consigne Activation et

de la consigne Inhibition de la version simple et étaient reprises au début de la version

alternée afin de permettre au participant de s’habituer à la procédure de la tâche. Un retour

visuel (i.e., une grande croix bleue) avertissait le participant en cas d’erreur.

L’ensemble des participants a également complété une mesure de vitesse perceptivo-

motrice, de MDT, de vocabulaire et de routinisation, épreuves présentées dans la méthode de

l’Expérience 1. Les scores obtenus à ces ressources sont présentés dans le Tableau 39.

Tableau 39. Ressources en fonction de l’âge pour l’Expérience 6

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

Boîtes 549 (86) 806 (88) 815 (112)

Empan 3.7 (1.1) 3.4 (1.0) 3.0 (1.0)

Mill Hill 35.2 (3.9) 40.2 (3.3) 39.9 (2.8)

EPR 24.4 (4.4) 24.6 (4.8) 24.9 (4.2)

Un effet de l’Âge est observé à l’épreuve des Boîtes, F(2,45) = 41.16, p < .001 et η²P =

0.64, les Adultes Âgés et Très Âgés étant plus lents que les Adultes Jeunes (p < .001).

L’Empan ne diffère pas en fonction de l’Âge, F(2,45) = 1.77, p > .10. L’effet de l’Âge sur le

Mill-Hill est significatif, F(2,45) = 11.66, p < .001 et η²P = 0.34, les Adultes Âgés et Très

Âgés avaient un score plus élevé que les adultes jeunes (p < .001). Le niveau d’EPR ne diffère

pas en fonction de l’Âge, F < 1.

Procédure. Les consignes sont présentées en Annexe F. L’épreuve commençait par la

consigne de la partie A (Activation), qui précisait que des phrases auxquelles il manque le

dernier mot allaient apparaître à l’écran. Il allait alors s’agir d’appuyer sur la barre « espace »

de l’ordinateur pour faire apparaître chaque phrase. Il s’agissait de lire chaque phrase à haute

voix, le plus naturellement possible, et d’appuyer à nouveau sur la barre « espace » dès la

Chapitre 2 : études expérimentales

196

lecture terminée. Le participant était ensuite prévenu de l’apparition de deux choix de

réponse, l’un sur la gauche, l’autre sur la droite de l’écran. Il devait alors presser le bouton

réponse situé du côté de la réponse souhaitée. Il lui était précisé qu’il devait répondre le plus

rapidement et justement possible, et que les temps de lecture étaient également mesurés. Le

participant était averti qu’un retour visuel l’informerait d’une éventuelle mauvaise réponse.

Pour la version simple, le participant commençait par la consigne Activation, pour laquelle il

lui était demandé de choisir la réponse attendue, liée à la phrase. Son attention était attirée sur

le fait que le cadre entourant les deux propositions était de couleur verte. Le participant

complétait les cinq phrases d’entraînement puis répondait aux 15 phrases de la consigne

Activation. Apparaissait ensuite la consigne d’Inhibition, qui stipulait de sélectionner le mot

non attendu, non lié à la phrase. L’attention du participant était attirée sur le fait que cette

fois-ci le cadre entourant les deux propositions serait de couleur rouge. Le participant

complétait les cinq phrases d’entrainement puis répondait aux 15 phrases de la consigne

Inhibition. Apparaissait ensuite la consigne de la version alternée, spécifiant de bien être

attentif à la couleur du cadre entourant les deux propositions de réponse : si celui-ci était vert,

il fallait choisir le mot attendu, si celui-ci était rouge, il fallait choisir le mot non attendu. Le

participant complétait alors les dix phrases d’entrainement puis répondait aux 58 phrases de la

partie alternée. Il était averti que cette partie était un peu plus longue que les précédentes et

qu’il devait donc veiller à rester attentif.

L’ensemble de l’épreuve a été programmé à l’aide du logiciel Superlab Pro version 2.

6.3. Résultats tâche de Hayling simple (Expérience 6a)

Dans un premier temps, nous avons procédé aux analyses concernant le format standard

de l’épreuve, avec une partie A (Activation) et une partie B (Inhibition).

Chapitre 2 : études expérimentales

197

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel statistique SPSS 17. La

normalité des données a été vérifiée et aucun participant n’a été exclu des analyses finales.

Les erreurs standards sont présentées en Annexe A.

Les variables Boîtes, Empan et Vocabulaire ont été placées l’une après l’autre en

covariable lorsque l’ANCOVA initiale rapportait un effet de l’âge significatif.

6.3.1. Temps de réponses

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Les moyennes sont présentées dans la Figure 26.

Figure 26. Temps de réponses moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de

Hayling Simple (Expérience 6a)

On observe un effet significatif de l’Âge, F(2,45) = 32.16, p < .001 et η²p = 0.59, les

temps de réponses des Adultes Âgés (1120 ms.) et Très Âgés (1168 ms) étant plus lents que

ceux des Adultes Jeunes (733 ms.), p < .001, les autres moyennes ne diffèrent pas

significativement. Le résumé des ANCOVAs réalisées sur l’effet de l’Âge est présenté dans le

Chapitre 2 : études expérimentales

198

Tableau 40, et montre que la taille de l’effet de l’Âge diminue lorsque le temps aux Boîtes est

contrôlé.

Tableau 40. Résumé des ANCOVAs sur les temps de réponses pour l’effet de l’Âge (Expérience 6a)

Age

ANOVA F(2,45) = 32.16, p < .001 et η²p = 0.59

ANCOVA (Boîtes) F(2,44) = 6.19, p < .01 et η²p = 0.22

ANCOVA (Empan) F(2,44) = 28.84, p < .001 et η²p = 0.57

ANCOVA (Mill-Hill) F(2,44) = 23.52, p < .001 et η²p = 0.52

On observe également un effet de la Consigne, F(1,45) = 43.15, p < .001 et η²p = 0.49,

les temps de réponses étant plus longs pour la consigne Inhibition qu’Activation (1064 vs.

951 ms.). Enfin, l’interaction entre l’Âge et la Consigne est significative, F(2,45) = 3.23, p <

.05 et η²p = 0.13. Pour la consigne Activation, l’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 22.29,

p < .001 et η²p = 0.50, les temps de réponses des Adultes Âgés (1036 ms.) et Très Âgés (1114

ms) étant plus lents que ceux des Adultes Jeunes (702 ms.), p < .001. Pour la consigne

Inhibition, l’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 36.85, p < .001 et η²p = 0.62, les temps de

réponses des Adultes Âgés (1205 ms.) et Très Âgés (1223 ms.) étant plus lents que ceux des

Adultes Jeunes (765 ms.), p < .001. Le résumé des ANCOVAs réalisées sur l’interaction entre

l’Âge et la Consigne est présenté dans le Tableau 41. L’interaction entre l’Âge et la Consigne

devient non significative lorsque le temps aux Boîtes ou le score au Mill-Hill est contrôlé.

Chapitre 2 : études expérimentales

199

Tableau 41. Résumé des ANCOVAs sur les temps de réponses pour l’interaction Âge x Consigne

(Expérience 6a)

Age x Consigne

ANOVA F(2,45) = 3.23, p < .05 et η²p = 0.13

ANCOVA (Boîtes) F(2,44) = 2.25, p > .10

ANCOVA (Empan) F(2,44) = 3.15, p = .05 et η²p = 0.12

ANCOVA (Mill-Hill) F(2,44) = 2.19 p > .10

6.3.2. Nombre moyen d’erreurs

Le nombre moyen d’erreurs n’a pu être soumis à une ANOVA à mesures répétées étant

donné que les scores pour les consignes Activation et Inhibition étaient très faibles. Les scores

de la consigne Activation puis Inhibition ont donc été dichotomisés en 0 (aucune erreur) et 1

(au moins une erreur).

L’effet de l’Âge observé pour la consigne Activation est tout juste tendanciel, χ²(2, N =

48) = 4.59 et p = .10. Alors que l’ensemble des Adultes Jeunes et Âgés n’a commis aucune

erreur, 2 des 15 Adultes Très Âgés ont réalisé une erreur.

L’effet de l’Âge observé pour la consigne Inhibition n’est pas significatif, χ²(2, N = 48)

= 2.95 et p > .10. Alors que les Adultes Âgés n’ont commis aucune erreur, 3 des 17 Adultes

Jeunes et 2 des 15 Adultes Âgés ont commis au moins une erreur.

6.3.3. Temps de lecture

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Les moyennes sont présentées dans la Figure 27.

Chapitre 2 : études expérimentales

200

Figure 27. Temps de lecture moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de Hayling

Simple (Expérience 6a)

L’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 11.87, p < .001 et η²p = 0.34, les temps de

lecture des Adultes Très Âgés tendant à être plus lents que ceux des Adultes Âgés (2609 vs.

2235 ms.), p = .07, ceux des Adultes Âgés étant eux-mêmes plus lents que les Adultes Jeunes

(2235 vs. 1849 ms.), p < .05. Le résumé des ANCOVAs réalisées sur l’effet de l’Âge est

présenté dans le Tableau 42. On remarque que l’effet de l’Âge diminue lorsque le temps aux

Boîtes est contrôlé.

Tableau 42. Résumé des ANCOVAs sur les temps de lecture pour l’effet de l’Âge (Expérience 6a)

Age

ANOVA F(2,45) = 11.87, p < .001 et η²p = 0.34

ANCOVA (Boîtes) F(2,44) = 3.63, p < .05 et η²p = 0.14

ANCOVA (Empan) F(2,44) = 9.58, p < .001 et η²p = 0.30

ANCOVA (Mill-Hill) F(2,44) = 18.02, p < .001 et η²p = 0.45

Chapitre 2 : études expérimentales

201

L’effet de la consigne est significatif, F(1,45) = 28.23, p < .001 et η²p = 0.39, les temps

de lecture étant plus lents en consigne Activation qu’en consigne Inhibition (2366 vs. 2096

ms.). Enfin, l’interaction entre l’Âge et la Consigne est significative, F(2,45) = 4.13, p < .05 et

η²p = 0.15. Pour la consigne Activation, l’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 15.74, p <

.001 et η²p = 0.41, les temps de lecture des Adultes Très Âgés étant plus lents que ceux des

Adultes Âgés (2844 vs. 2344 ms.), p < .05, et ceux des Adultes Âgés étant eux-mêmes plus

lents que ceux des Adultes Jeunes (2344 vs. 1910 ms.), p < .05. Pour la consigne Inhibition,

l’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 6.04, p < .01 et η²p = 0.21, les temps de lecture des

Adultes Très Âgés étant plus lents que ceux des Adultes Jeunes (2374 vs. 1789 ms.), p < .01,

alors que ceux des autres groupes ne diffèrent pas significativement. Le résumé des

ANCOVAs réalisées sur l’effet d’interaction entre l’Âge et la Consigne est présenté dans le

Tableau 43.

Tableau 43. Résumé des ANCOVAs sur les temps de lecture pour l’effet d’interaction entre l’Âge et la

Consigne (Expérience 6a)

Age x Consigne

ANOVA F(2,45) = 4.13, p < .05 et η²p = 0.15.

ANCOVA (Boîtes) F(2,44) = 2.85, p = .07 et η²p = 0.11

ANCOVA (Empan) F(2,44) = 3.20, p = .05 et η²p = 0.13

ANCOVA (Mill-Hill) F(2,44) = 2.99, p = .06 et η²p = 0.12

6.3.4. Corrélations

Pour chacun des groupes d’âges (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très

Âgés), nous avons procédé à des corrélations (r de Pearson) entre les scores au Mill-Hill et à

l’EPR et les temps de réponses et de lecture des consignes Activation et Inhibition.

Chapitre 2 : études expérimentales

202

Tableau 44. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Simple chez les Adultes Jeunes (Expérience 6a)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.18 .35

Temps Inhibition -.28 .11

Lecture Activation -.35 .19

Lecture Inhibition -.37 .16

Chez les Adultes Jeunes, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = -.39 et p > .10). Les autres corrélations concernant les Adultes Jeunes sont

présentées dans le Tableau 44. Ces corrélations sont non significatives.

Tableau 45. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Simple chez les Adultes Âgés (Expérience 6a)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.16 -.09

Temps Inhibition -.10 -.09

Lecture Activation -.57* .01

Lecture Inhibition -.53* -.40

Note. * p < .05.

Chez les Adultes Âgés, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = .14 et p > .10). Les autres corrélations concernant les Adultes Âgés sont

présentées dans le Tableau 45. Les Adultes Âgés présentant un score élevé au Mill-Hill ont

des temps de lecture plus rapides pour les phrases de la consigne Activation (r = -.57 et p <

.05) et de la consigne Inhibition (r = -.53 et p < .05).

Chapitre 2 : études expérimentales

203

Tableau 46. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Simple chez les Adultes Très Âgés (Expérience 6a)

Mill-Hill EPR

Temps Activation .00 .65**

Temps Inhibition .05 .41

Lecture Activation -.12 .28

Lecture Inhibition -.31 .19

Note. ** p < .01.

Chez les Adultes Très Âgés, le score au Mill-Hill ne corrèle pas significativement avec

celui à l’EPR (r = .07 et p > .10). Les autres corrélations concernant les Adultes Très Âgés

sont présentées dans le Tableau 46. Les Adultes Très Âgés présentant un score à l’EPR élevé

présentent des temps de réponses plus élevés pour les phrases de la consigne Activation (r =

.65 et p < .01).

6.3.5. Discussion de l’Expérience 6a

Les résultats issus de cette version vérification de la tâche de Hayling montrent un effet

de l’âge sur les temps de réponses pour les phrases de la consigne Activation et plus encore

pour les phrases de la consigne Inhibition, montrant que l’effet de l’âge sur les temps de

réponses n’est pas uniquement expliqué par un ralentissement de la vitesse de réponse avec

l’âge. On remarque également que si le contrôle de la mesure de vitesse de traitement réduit

l’ampleur de l’effet de l’âge, celui-ci reste cependant significatif. L’interaction entre l’âge et

la consigne disparaît quant à elle lorsque cette même vitesse de traitement ou le score de

vocabulaire est contrôlée. Les erreurs, très peu fréquentes, ne montrent globalement pas

d’effet du vieillissement. Enfin, contrairement à nos attentes et malgré un contrôle de la

longueur des phrases, les temps de lecture ont été plus rapides pour les phrases de la consigne

inhibition que celles de la consigne activation. Il semblerait ainsi que, malgré la présence de

Chapitre 2 : études expérimentales

204

plusieurs essais d’entraînement afin que le participant maîtrise la procédure de déroulement

de l’épreuve, il continue à améliorer sa coordination des différentes actions à réaliser (i.e.,

faire apparaître la phrase, la lire à haute voix, faire apparaître les deux choix de réponse,

choisir sa réponse) au cours de la première partie de l’épreuve. L’interaction entre l’âge et la

consigne suggère que cette habituation a été plus marqué chez les Adultes Âgés et Très Âgés,

moins à l’aise que les Adultes Jeunes avec cette procédure. A cet égard, l’effet de l’âge sur les

temps de lecture confirme un ralentissement de la vitesse de lecture avec l’âge, qui, comme

dans l’Expérience 5a, est réduit après contrôle par la mesure de vitesse de traitement. Ce

constat réaffirme la nécessité de considérer les différences liées à l’âge pouvant influencer les

premières étapes de traitement et par conséquent se répercuter sur les mesures suivantes. Dans

le contexte de la tâche de Hayling, un temps fixe de présentation pour l’ensemble des

participants pourrait réduire l’étendue de la diffusion de l’activation sémantique pour les

lecteurs les plus lents, ou permettre une anticipation de la réponse pour les plus rapides. Le

même constat semble possible lorsque la modalité auditive est choisie pour présenter les

phrases, l’audition étant fortement modifiée au cours du vieillissement (Lindenberger &

Ghisletta, 2009).

Il était attendu que ce format de vérification soit moins dépendant du niveau de

vocabulaire que le format de production, puisque le participant n’aurait pas à produire lui-

même le mot non lié pour la consigne Inhibition. On remarque cependant que, pour les trois

groupes d’âges, des scores de vocabulaire élevés sont associés à des temps de lecture plus

rapides, même si les corrélations ne sont significatives que chez les Adultes Âgés. Pour ce qui

est de la préférence de routinisation, les Adultes Très Âgés présentant un score élevé à l’EPR

produisent des temps de réponses plus élevés pour les phrases de la consigne Activation mais

pas pour la consigne Inhibition. Cette association pourrait être expliquée par la période

Chapitre 2 : études expérimentales

205

d’habituation à la procédure de réponse, évoquée précédemment, et qui pourrait continuer à se

mettre en place durant la première partie de l’épreuve (consigne Activation). Les Adultes Très

Âgés les plus routinisés auraient alors mis plus de temps que les autres participants à maîtriser

la procédure de réponse de l’épreuve, ce qui se répercuterait sur les phrases liées à la consigne

Activation mais pas Inhibition. Ainsi, un score élevé de préférence de routinisation serait

associé à une moins bonne adaptation à la tâche chez les Adultes Très Âgés.

En conclusion, et en accord avec nos hypothèses, les effets du vieillissement sur les

processus contrôlés sont moins marqués lors d’un paradigme de vérification plutôt que de

production. Nous allons maintenant nous intéresser à savoir si la présentation sous un format

alterné, en sollicitant de manière plus conséquente les processus contrôlés, va rendre les effets

du vieillissement plus importants.

6.4. Résultats tâche de Hayling alternée (Experience 6B)

Dans un deuxième temps, nous avons procédé aux analyses concernant le format alterné

de l’épreuve, avec une partie A (Activation) et une partie B (Inhibition). Les analyses

statistiques ont été menées de manière identique à celles de l’Expérience 6a. Les erreurs

standards sont présentées en Annexe A.

6.4.1. Temps de réponses

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Les moyennes sont présentées dans la Figure 28.

Chapitre 2 : études expérimentales

206

Figure 28. Temps de réponses moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de

Hayling Alternée (Expérience 6b)

On observe un effet significatif de l’Âge, F(2,45) = 50.57, p < .001 et η²p = 0.69, les

temps de réponses des Adultes Très Âgés (1650 ms.) étant plus lents que ceux des Adultes

Âgés (1332 ms.), p < .001, ceux des Adultes Âgés étant eux-mêmes plus lents que ceux des

Adultes Jeunes (840 ms.), p < .001. Le résumé des ANCOVAs réalisées sur l’effet de l’Âge

est présenté dans le Tableau 47. La taille de l’effet de l’Âge se réduit lorsque le temps aux

Boîtes est contrôlé.

Tableau 47. Résumé des ANCOVAs sur les temps de réponses pour l’effet de l’Âge (Expérience 6b)

Age

ANOVA F(2,45) = 50.57, p < .001 et η²p = 0.69

ANCOVA (Boîtes) F(2,44) = 18.79, p < .001 et η²p = 0.46

ANCOVA (Empan) F(2,44) = 44.56, p < .001 et η²p = 0.67

ANCOVA (Mill-Hill) F(2,44) = 55.15, p < .001 et η²p = 0.71

Chapitre 2 : études expérimentales

207

On observe également un effet de la Consigne, F(1,45) = 51.35, p < .001 et η²p = 0.53,

les temps de réponses étant plus longs pour la consigne Inhibition qu’Activation (1351 vs.

1196 ms.). L’interaction entre l’Âge et la Consigne n’est pas significative, F(2,45) = 1.74, p >

.10.

6.4.2. Nombre moyen d’erreurs

Le nombre moyen d’erreurs n’a pu être soumis à une ANOVA à mesures répétées étant

donné que les scores pour les consignes Activation et Inhibition étaient très faibles. Les scores

de la consigne Activation puis Inhibition ont donc été dichotomisés en 0 (aucune erreur) et 1

(au moins une erreur).

L’effet de l’Âge observé pour la consigne Activation est significatif, χ²(2, N = 48) =

7.63 et p < .05. Alors que les Adultes Âgés n’ont commis aucune erreur, 4 des 17 Adultes

Jeunes et 6 des 15 Adultes Très Âgés ont réalisé au moins une erreur. Les Adultes Jeunes

commettent plus d’erreurs que les Adultes Âgés, χ²(1, N = 33) = 4.28 et p < .05, mais autant

que les Adultes Très Âgés, χ²(1, N = 32) = 1.01 et p > .10. Les Adultes Très Âgés commettent

plus d’erreurs que les Adultes Âgés, χ²(1, N = 31) = 7.94 et p < .01.

L’effet de l’Âge observé pour la consigne Inhibition est significatif, χ²(2, N = 48) = 9.13

et p = .01. Douze des 17 Adultes Jeunes, 3 des 16 Adultes Âgés et 8 des 15 Adultes Très Âgés

ont réalisé au moins une erreur. Les Adultes Jeunes commettent plus d’erreurs que les Adultes

Âgés, χ²(1, N = 33) = 8.93 et p < .01, mais autant que les Adultes Très Âgés, χ²(1, N = 32) =

1.01 et p > .10. Les Adultes Très Âgés commettent plus d’erreurs que les Adultes Âgés, χ²(1,

N = 31) = 4.04 et p < .05.

Chapitre 2 : études expérimentales

208

6.4.3. Temps de lecture

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée

en variable inter-groupes et la variable Consigne (Activation vs. Inhibition) a été placée en

variable intra-groupe. Les moyennes sont présentées dans la Figure 29.

Figure 29. Temps de lecture moyens en fonction de l’Âge et de la Consigne pour la tâche de Hayling

Alternée (Expérience 6b)

L’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 9.15, p < .001 et η²p = 0.29, les temps de

lecture des Adultes Âgés (2215 ms.) et Très Âgés (2218 ms.) sont plus lents que ceux des

Adultes Jeunes (1647 ms.), p < .001. L’effet de la Consigne et l’interaction entre l’Âge et la

Consigne ne sont pas significatifs, Fs < 1. Le résumé des ANCOVAs réalisées sur l’effet de

l’Âge est présenté dans le Tableau 48. L’effet d’interaction entre l’Âge et la Consigne devient

tendanciel lorsque le temps aux Boîtes est contrôlé.

Chapitre 2 : études expérimentales

209

Tableau 48. Résumé des ANCOVAs sur les temps de lecture pour l’effet de l’Âge (Expérience 6b)

Age

ANOVA F(2,45) = 9.15, p < .001 et η²p = 0.29

ANCOVA (Boîtes) F(2,44) = 2.58, p = .09 et η²p = 0.10

ANCOVA (Empan) F(2,44) = 8.72, p < .001 et η²p = 0.28

ANCOVA (Mill-Hill) F(2,44) = 11.38, p < .001 et η²p = 0.34

6.4.4. Corrélations

Pour chacun des groupes d’âges (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très

Âgés), nous avons procédé à des corrélations (r de Pearson) entre les scores au Mill-Hill et à

l’EPR et les temps de réponses et de lecture des consignes Activation et Inhibition.

Les corrélations concernant les Adultes Jeunes sont présentées dans le Tableau 49. Ces

corrélations sont non significatives.

Tableau 49. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Alternée chez les Adultes Jeunes (Expérience 6b)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.39 .05

Temps Inhibition -.37 .06

Lecture Activation -.30 .12

Lecture Inhibition -.16 .03

Les corrélations concernant les Adultes Âgés sont présentées dans le Tableau 50. Ces

corrélations sont non significatives.

Chapitre 2 : études expérimentales

210

Tableau 50. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Alternée chez les Adultes Âgés (Expérience 6b)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.35 -.06

Temps Inhibition -.15 -.12

Lecture Activation -.28 -.20

Lecture Inhibition -.26 -.29

Les corrélations concernant les Adultes Très Âgés sont présentées dans le Tableau 51.

Les Adultes Très Âgés avec un score élevé au Mill-Hill tendent à présenter des temps de

réponses plus rapides pour la consigne Activation (r = -.44 et p = .10) et présentent des temps

de réponses plus rapides pour la consigne Inhibition (r = -.72 et p < .01)

Tableau 51. Corrélations entre le Mill-Hill et l’EPR et les différents indicateurs à la tâche de Hayling

Alternée chez les Adultes Très Âgés (Expérience 6b)

Mill-Hill EPR

Temps Activation -.44t .08

Temps Inhibition -.72** .01

Lecture Activation -.42 .14

Lecture Inhibition -.39 .22

Note. t

< .10. ** p < .01.

6.4.5. Coût local d’alternance

La variable Âge (Adultes Jeunes vs. Adultes Âgés vs. Adultes Très Âgés) a été placée en

variable inter-groupes et les variables Consigne (Activation vs. Inhibition) et Essai (Alterné

vs. Répété) ont été placées en variable intra-groupe avec le temps de réponses comme variable

dépendante. Les moyennes des temps de réponses sont présentées dans la Figure 30.

Chapitre 2 : études expérimentales

211

Figure 30. Temps de réponses moyens en fonction de l’Âge, de la Consigne et de l’Essai pour la tâche

de Hayling Alternée (Expérience 6b)

L’effet de l’Âge est significatif, F(2,45) = 49.55, p < .001 et η²p = 0.69 ; comme

précédemment, les temps des Adultes Très Âgés (1649 ms.) sont plus lents que ceux des

Adultes Âgés (1329 ms.), eux-mêmes plus lents que ceux des Adultes Jeunes (838 ms.), p <

.001. L’effet de la Consigne est également retrouvé, F(1,45) = 44.63, p < .001 et η²p = 0.50, les

temps de réponses sont plus lents pour la consigne Inhibition qu’Activation (1348 vs. 1196

ms.). L’effet de l’Essai est non significatif, F(1,45) = 1.48, p > .10. Enfin, l’interaction entre

la Consigne et l’Essai est tendancielle, F(1,45) = 3.45, p = .07 et η²p = .07. La différence entre

essais alternés et répétés n’est pas significativement différente pour la consigne Activation,

t(47) = 0.64, p > .10, alors que les temps de réponses sont plus élevés pour les essais répétés

qu’alternés en consigne Inhibition (1322 vs. 1375 ms.), t(47) = - 2.73, p < .01. L’interaction

entre l’Âge et la Consigne n’est pas significative, F(2,45) = 1.27, p > .10. L’interaction entre

l’Âge et l’Essai ainsi que l’interaction double ne sont pas significatives non plus, Fs < 1.

Chapitre 2 : études expérimentales

212

6.4.6. Discussion de l’Expérience 6b

Les résultats obtenus à cette version alternée de la tâche de Hayling montrent un effet

du vieillissement similaire, que la consigne relève de l’activation ou de l’inhibition : les

Adultes Très Âgés sont plus lents que les Adultes Âgés qui eux-mêmes sont plus lents que les

Adultes Jeunes. Ce profil de réponse n’est cependant pas retrouvé sur les scores d’erreurs,

pour lesquels les Adultes Âgés se distinguent par un taux d’erreur plus faible que celui des

deux autres groupes. Ce constat suggère que les Adultes Âgés ont présenté un rapport entre la

vitesse et la précision différent de celui des autres groupes. En comparaison des Adultes

Jeunes, les Adultes Âgés semblent avoir privilégié la précision à la vitesse, ce qui est

couramment observé dans les épreuves de décisions nécessitant des choix rapides tout en

tenant compte de la précision (Starns & Ratcliff, 2010). Il a été montré que cette préférence se

montre peu sensible à la mise en place de consignes manipulant l’importance accordée à la

précision ou la rapidité des réponses, suggérant qu’il ne s’agit pas d’une stratégie flexible et

volontaire de la part du participant (Brébion, 2001). Brébion proposa alors que cette plus

grande précision soit la conséquence du ralentissement de la vitesse de traitement ou bien

alors une augmentation plus générale du caractère précautionneux au cours du vieillissement.

A noter que l’épreuve utilisée par Brébion était proche en plusieurs points à la tâche de

Hayling, puisqu’il s’agissait d’une tâche de vérification sémantique à partir de phrases dont le

dernier mot était en accord ou non avec le contexte sémantique de la phrase. Concernant les

résultats des Adultes Très Âgés à l’Expérience 6b, il est possible qu’ils aient également

cherché à privilégier la précision des réponses, mais alors avec moins de succès, comme en

atteste à fois des temps de réponses plus lents et des taux d’erreurs plus élevés que ceux des

Adultes Âgés. Cette observation suggère que l’efficience de leurs processus contrôlés est plus

réduite encore que celle des Adultes Âgés. L’absence d’interaction significative entre l’Âge et

la Consigne pour les temps de réponses laisse entendre que l’effet de l’Âge sur l’alternance ne

Chapitre 2 : études expérimentales

213

serait pas plus important lorsque la composante d’inhibition est également sollicitée. Pour ce

qui relève du coût local d’alternance, aucun effet de l’Âge n’est observé au niveau des temps

de réponses selon que les essais soient répétés ou alternés. L’asymétrie du coût d’alternance,

parfois rapportée dans la littérature lorsque les deux tâches sont de difficultés différentes

(Yeung & Monsell, 2003), n’est pas retrouvée ici. Cette absence pourrait s’expliquer par les

temps relativement longs entre chaque réponse, le participant ayant notamment à lire une

phrase entre chaque, ce qui pourrait servir de «tampon» à l’apparition de l’asymétrie.

Cependant, nos résultats révèlent des temps de réponses plus longs pour les essais répétés

qu’alternés pour les phrases relevant de la consigne inhibition. Ainsi, il est plus long pour le

participant de redonner un mot non lié plutôt que de donner un mot non lié pour la première

fois. Une analyse descriptive des courbes des temps de réponses suggère que cette différence

est plus importante pour les Adultes Très Âgés. Cela pourrait marquer une difficulté à répéter

une action d’inhibition contrôlée chez les plus âgés. Cependant, l’interaction statistique avec

l’âge n’est pas significative.

Le ralentissement des temps de lecture est répliqué une nouvelle fois. De nouveau, la

vitesse de traitement est impliquée dans cet effet ainsi que, dans une moindre proportion, sur

l’effet de l’Âge observé pour les temps de réponses. Cet effet de l’âge reste malgré tout

significatif une fois la vitesse de traitement contrôlée. Concernant le vocabulaire, on

remarquera de nouveau que, malgré l’absence de corrélations significatives, les participants

avec des scores élevés présentent des temps de réponses et de lecture plus rapides. Chez les

Adultes Âgés, la corrélation devient significative, avec des temps de réponses plus rapides

pour les phrases de la consigne inhibition.

Chapitre 2 : études expérimentales

214

6.5. Synthèse et discussion de l’Expérience 6

L’objectif de ce format de vérification de la réponse de la tâche de Hayling était de

répliquer l’effet de l’âge régulièrement observé avec le format de production malgré le retrait

de composante de production d’un mot non lié. En effet, il avait été avancé que les

participants âgés pourraient tirer avantage de leur vocabulaire plus élevé pour produire un mot

non lié (Borella et al., 2009) et que les processus cognitifs sous-tendant cette production

restent mal définis (Andrès & Van der Linden, 2004), relevant de processus contrôlés autres

que la seule inhibition contrôlée (Collette et al., 2001).

Nos résultats retrouvent un effet de l’âge à la fois pour la version simple et la version

alternée. Bien que cet effet se réduise après contrôle de la vitesse de traitement, il reste malgré

tout significatif et d’une taille conséquente, notamment pour la version alternée, avec des êtas

carrés partiels respectifs de 0.22 et 0.46. Cet effet plus marqué en version alternée est

confirmé par l’interaction significative entre l’Âge et la Version26

, interaction dont la

description a été faite ci-dessus et qui montre des résultats proches pour les deux groupes de

participants âgés dans la version simple, mais un effet de l’âge plus marqué pour les Adultes

Très Âgés dans la version alternée. Ceci nous amène à conclure à une réduction de

l’efficience des processus contrôlés avec l’âge, principalement d’inhibition chez l’Adulte Âgé

et également d’alternance chez l’Adulte Très Âgé.

Alors qu’il était attendu que cette version de vérification se révèle moins dépendante

du niveau de vocabulaire que celle de production, les corrélations obtenues suggèrent

l’inverse concernant les temps de lecture des phrases et les temps de réponses. Etant donné

que la tâche de Hayling est composée de matériel verbal et qu’elle s’appuie sur le phénomène

26

Interaction entre l’Âge et la Version : F(2,45) = 8.92, p < .001 et η²p = 0.28

Chapitre 2 : études expérimentales

215

de diffusion automatique de l’activation, il semble difficile de prétendre à une indépendance

totale d’avec le vocabulaire. Nous reviendrons sur cette question ainsi que celle du choix du

format de l’épreuve de vocabulaire lors de la conclusion générale de cette thèse. Les liens

avec la préférence de routinisation se sont quant à eux révélés plus ténus, certaines

corrélations suggérant toutefois que les Adultes Âgés avec une préférence élevée présentaient

une moins bonne adaptation à l’épreuve.

Nous remarquerons également que, contrairement à nos attentes d’un effet de l’âge

moins marqué pour ce format de vérification, un effet négatif du vieillissement est observé

dans la version simple alors que ce n’était pas le cas dans la version simple de production

(Expérience 5a). Le même constat est fait pour la version alternée de vérification, alors que

l’effet de l’âge obtenu dans la version alternée de production (Expérience 5b) disparaissait

après contrôle de la vitesse de traitement. De plus, le format de vérification présente

l’avantage d’être sans ambiguïté pour le participant quand il s’agit de choisir le mot « non

attendu », alors qu’il semble difficile, surtout pour les plus âgés, de se résoudre à produire

eux-mêmes un mot qui ne donne aucun sens à la phrase.

Chapitre 3 : discussion générale

216

- CHAPITRE 3 -

DISCUSSION GENERALE

Je dis que l’habitude n’est qu’un exercice de longue haleine, mon ami,

et dès lors, elle finit par devenir chez les hommes une nature

Aristote, Ethique à Nicomaque

Dans le cadre de cette thèse, nous nous sommes intéressée à l’évolution au cours du

vieillissement des processus automatiques et contrôlés. Afin de pouvoir étudier ces derniers

simultanément et sous un même format d’épreuve, nous avons fait appel à deux tâches

langagières, la fluidité verbale et la tâche de Hayling. Bien que ces deux épreuves fassent

chacune intervenir des processus automatiques et contrôlés, il n’est pas toujours aisé d’isoler

ceux-ci au sein de la performance globale (Andrès & Van der Linden, 2000; Troyer et al.,

1997).

Ainsi, parmi les résultats obtenus dans le présent travail, le nombre de mots produits en

fluidité verbale, simple comme alternée, est non modifié au cours du vieillissement et ne

permet pas de conclure à une réduction de l’efficience des processus contrôlés avec l’âge.

Pourtant, une analyse plus fine à l’aide de différents indicateurs va en ce sens, montrant une

augmentation au cours du vieillissement du nombre de répétitions et de persévérations,

traduisant notamment des difficultés d’inhibition et d’activation contrôlée. Ce déficit est plus

marqué à partir de 75 ans, phénomène qui se retrouve sur les résultats aux différentes

déclinaisons de la tâche de Hayling. Concernant les processus automatiques à l’œuvre dans

les tâches étudiées, leur efficience apparaît conservée au cours du vieillissement. Certains

Chapitre 3 : discussion générale

217

éléments suggèrent même que, comparées aux adultes jeunes, les adultes âgées pourraient

faire appel en de plus grandes proportions et/ou tirer plus grand bénéfice des processus

automatiques. Ainsi, chez les adultes jeunes, le nombre de mots produits en fluidité

sémantique est plus fortement corrélé aux alternances, processus considéré comme contrôlé,

qu’aux regroupements, processus considéré comme automatique. Chez les adultes âgés et très

âgés, cette asymétrie ne se retrouve pas, traduisant un plus grand recours que les jeunes à des

processus plus automatiques. Ainsi, les adultes très âgés réalisent des regroupements

sémantiques plus larges que les deux autres groupes d’âges. De même, dans la version simple

de la tâche de Hayling, les temps de réponses pour les phrases à compléter avec un mot lié,

qui relèvent de processus automatique, ne montrent pas d’effet de l’âge. Un effet apparaît

cependant dans la version alternée, pour les consignes d’activation (i.e., mot lié) et

d’inhibition (i.e., mot non lié) chez les adultes très âgés, alors que les adultes âgés ne voient

leurs temps augmenter que pour la consigne activation. Cet accroissement surprenant pour les

adultes âgés, puisqu’il concerne uniquement la plus simple des deux consignes, semble

pouvoir s’expliquer comme développé précédemment par un biais d’alternance plus

conservateur avec l’avancée en âge (Kray, 2006), qui pourrait avoir pour objectif de

compenser certaines pertes liées au vieillissement (Mayr, 2001). Les participants âgés,

s’estimant peu à l’aise pour produire des mots non liés, préfèreraient anticiper la production

de ceux-ci, au risque que cela soit inutile.

Les ressources cognitives dont la personne dispose auraient un impact majeur sur sa façon

d’aborder et de faire face à l’épreuve. Ainsi, il n’existerait pas une seule et unique stratégie

efficace, et la stratégie la plus efficace pour une personne pourrait différer de la stratégie la

plus efficace pour une autre personne (Schunn & Reder, 2001). Des différences d’habiletés

cognitives pourraient notamment justifier les différences dans les stratégies adoptées

Chapitre 3 : discussion générale

218

(Verhaegehen & Marcoen, 1994), ce qui nécessite de considérer à la fois l’efficacité de la

stratégie mais également son coût d’exécution (Mata, Schooler, & Rieskamp, 2007). Ce choix

stratégique pourrait se faire selon des anticipations conscientes et inconscientes issues des

expériences antérieures (Payne, Bettman, & Johnson, 2003) et de renforcements liés à

l’apprentissage (Rieskamp & Otto, 2006). Ceci explique que la stratégie la plus efficace pour

les adultes jeunes ne le soit pas forcément pour les adultes plus âgés, Mata et al. (2007) ayant

notamment montré que les adultes âgés tendent à choisir des stratégies plus simples que celles

des adultes jeunes et que ces différences seraient liées à une réduction de l’intelligence fluide.

Dans la présente thèse, nous nous sommes intéressée à la vitesse de traitement et à l’empan de

MDT. Si ce dernier a montré peu d’influence sur l’effet du vieillissement dans notre travail, la

vitesse de traitement est apparue à plusieurs reprises impliquée dans l’apparition d’effets de

l’âge. Ainsi, après contrôle statistique de la mesure de vitesse, on note une diminution voire

dans certains cas une disparition des effets de l’âge, comme par exemple lors du recours aux

alternances associatives, ou pour les temps de réponses pour les formats simples et alternés de

la tâche de Hayling, ainsi que les temps de lecture à cette même épreuve. Ces résultats

s’ajoutent à ceux ayant déjà montré que la prise en considération de mesures de vitesse

perceptuelle et sensorimotrice diminue de manière importante la variance expliquée par l’âge

(e.g., Salthouse et al., 1996), bien qu’elle n’en explique pas la totalité et qu’elle reste difficile

à isoler des autres processus cognitifs (e.g., Parkin & Java, 2000). La littérature met

régulièrement en avant l’impact négatif de la baisse de telles ressources fluides sur la

performance de la personne âgée. A l’inverse, le vocabulaire a été proposé comme une

possible voie de compensation du fait qu’il tend à s’enrichir au cours des expériences

quotidiennes et par conséquent lors de l’avancée en âge (Bowles & Salthouse, 2008;

Verhaeghen, 2003). Il a ainsi été suggéré que l’augmentation du vocabulaire au cours du

vieillissement réduirait l’impact de l’âge sur la performance en fluidité verbale (e.g., Henry &

Chapitre 3 : discussion générale

219

Phillips, 2006; Salthouse et al., 1996) et à la tâche de Hayling (Borella et al., 2009; Delaloye,

2004). Nos résultats semblent abonder en ce sens avec, notamment en fluidité simple, chez les

adultes de plus de 75 ans, plus de mots produits chez ceux présentant les scores de

vocabulaire les plus élevés. De même, l’effet positif de l’âge sur la production de

regroupements discordants disparaît une fois le niveau de vocabulaire statistiquement

contrôlé. Les résultats concernant la tâche de Hayling sont plus disparates, suggérant tout de

même qu’un vocabulaire élevé est associé à des temps de lecture et de réponses plus rapides.

La littérature rapporte des résultats selon lesquels le niveau de vocabulaire influencerait la

sélection stratégique. Il a ainsi été observé que, pour apprendre des paires de mots étrangers,

les adultes jeunes avec un niveau de vocabulaire élevé recourent plus à la création de phrases

associant ces deux mots que les participants présentant moins d’habiletés verbales (Delaney,

1978). Toujours dans le cadre de l’apprentissage de paires de mots, des participants âgés ont

montré une utilisation plus fréquente de cette stratégie de création de phrases que les

participants jeunes, ce qui pourrait s’expliquer également par un vocabulaire plus élaboré

(Tournier & Postal, sous presse).

Ainsi, parmi les trois ressources mesurées, deux semblent présenter ici une influence

réelle sur la performance et sur l’expression de l’effet de l’âge. Il serait intéressant de

chercher à répliquer les résultats obtenus avec d’autres épreuves permettant de mesurer ces

ressources. Cela nous paraîtrait tout à fait pertinent pour le vocabulaire, qui est mesuré dans la

majorité des études par un seul test, sous-tendu par l’idée que les différents tests s’équivalent

(Bowles & Salthouse, 2008). Cependant, l’influence de variables telles que l’âge, le nombre

d’années d’études, ou bien encore la mémoire, la vitesse de traitement, la visualisation

spatiale ou le raisonnement influenceraient le score au test et de manière différente selon le

format choisi (Bowles & Salthouse, 2008; Verhaeghen, 2003). Les formats de production de

Chapitre 3 : discussion générale

220

définitions et de sélection de la réponse parmi un choix multiple ont ainsi souvent été

opposés, Verhaeghen préconisant le premier alors que Bowles et Salthouse montrent une

préférence pour le second afin de mesurer les effets de l’âge. Bowles et Salthouse s’appuient

sur le constat que le format de choix-multiples de synonymes est celui qui corrèle le moins

avec des mesures de mémoire, de vitesse de traitement, de visualisation spatiale et de

raisonnement; à l’inverse du format de production. Selon le format utilisé, les informations

sémantiques ne sont pas récupérées de manière identique, ce qui expliquerait les différences

de sensibilité à l’âge. Ainsi, comme l’ont évoqué Bowles et Salthouse, la théorie de déficit de

transmission de l’activation entre les niveaux orthographiques/phonologiques et sémantiques,

développée par Burke et al. (1991), permettrait de rendre compte du désavantage des adultes

âgés lorsqu’ils ont à produire une définition. Par conséquent, les informations sémantiques

disponibles en mémoire pourraient être plus développées avec l’âge mais également plus

difficilement accessibles. Le caractère prédictif du score de vocabulaire pourrait alors

dépendre de la mesure utilisée ainsi que du type de récupération sous-tendu par la tâche. Dans

le cas de la fluidité verbale, l’accès aux connaissances sémantiques requerrait la production

active de mots, partant des nœuds sémantiques pour aboutir aux nœuds phonologiques et/ou

orthographiques. Bien que des corrélations positives aient été trouvées entre le nombre de

mots produits et le questionnaire à choix-multiples du Mill-Hill, il serait intéressant dans de

futurs travaux d’inclure également une mesure de production du vocabulaire, telle la WAIS. Il

semble en effet possible d’attendre des corrélations plus importantes avec ce deuxième test.

La comparaison de nos deux formats de la tâche de Hayling, production et vérification,

apporte des éléments allant en ce sens. Pour le format vérification, bien que les corrélations ne

soient pas systématiquement significatives, un score élevé au Mill-Hill est associé à des temps

de réponses et de lecture plus rapides, et cela pour les différents groupes d’âges. L’association

est bien moins systématique pour la version vérification. Ceci pourrait par ailleurs expliquer

Chapitre 3 : discussion générale

221

que, contrairement à nos attentes, le format production a montré peu de liens avec la mesure

de vocabulaire alors que Delaloye (2004) avait montré une association avec la fluidité

verbale, épreuve de production. Ainsi, le format vérification pourrait ne pas être plus sensible

que le format production au niveau de vocabulaire, mais simplement plus associé à un test de

vocabulaire relevant également de la vérification, tel le Mill-Hill. A l’inverse, pour le format

production de la tâche de Hayling, il peut être attendu des corrélations plus importantes avec

un test de vocabulaire de production comparé à un questionnaire à choix-multiples. De futures

recherches incluant différents formats de tests de vocabulaire ainsi que plusieurs natures de

tâches langagières pourraient permettre de mieux comprendre les mécanismes d’influence du

vocabulaire et leur impact sur l’expression de l’effet de l’âge. De plus, l’étude conjuguée

d’épreuves portant sur les Mots sur le Bout de la Langue et d’épreuves de fluidités

sémantiques et de lettre devrait permettre d’appréhender plus précisément les mécanismes

affectant la production de mots chez la personne âgée. Cette démarche complètera celle déjà

initiée par Dorot et Mathey (sous presse) dans le cadre de l’étude de l’augmentation des Mots

sur le Bout de la Langue au cours du vieillissement. Deux causes majeures ont été proposées à

cette augmentation : un affaiblissement des connexions entre les représentations

phonologiques au cours du vieillissement et une augmentation du vocabulaire avec l’âge.

Ainsi, en accord avec la théorie d’un affaiblissement des connexions entre les représentations

phonologiques, il a été montré une réduction du phénomène de Mots sur le Bout de la Langue

à la suite d’un amorçage phonologique, chez des adultes jeunes comme âgés (James & Burke,

2000). La même observation a été faite à la suite d’un amorçage syllabique, à nouveau pour

les adultes jeunes et âgés, mais échoue à apparaître chez des adultes âgés de 73 ans et plus, ce

qui traduirait une accentuation de l’atteinte des connexions phonologiques chez les plus âgés

(White & Abrams, 2002). Une influence du vocabulaire a également été proposée, selon

Chapitre 3 : discussion générale

222

laquelle le niveau plus élevé de vocabulaire des adultes âgés expliquerait l’augmentation des

Mots sur le Bout de la Langue au cours du vieillissement (Dahlgren, 1998).

Dans la présente thèse, des effets du vieillissement ont été retrouvés sur les processus

contrôlés, notamment chez les adultes très âgés, alors que les processus automatiques étudiés

ne montrent pas de modification apparente. Ces conclusions sont en partie associées aux

ressources cognitives de la personne âgée, chez qui la réduction de la vitesse de traitement a

majoré certains effets négatifs alors que l’augmentation du vocabulaire en a limité

l’expression. Ce dernier, plus élevé chez la personne âgée, pourrait participer au maintien au

cours du vieillissement des processus automatiques de nature sémantique étudiés ici, de même

qu’il avait été proposé comme explication de l’augmentation de l’effet d’amorçage

sémantique avec l’âge (Laver & Burke, 1993). A tout âge, les stratégies seraient sélectionnées

en fonction des ressources dont dispose la personne. La réduction de la flexibilité mentale

elle-même limiterait la faculté de la personne âgée à faire du lien et à créer de nouvelles

associations, menant à un recours privilégié aux informations sur-apprises en MLT et à un

repli vers des schémas plus routinisés (Gély-Nargeot, Derouesné, Michel, & Bayard, 2007).

Ainsi l’augmentation des routines quotidiennes permettrait à la personne âgée de faire face à

ces pertes et à se protéger du stress associé aux situations nouvelles (Bouisson, 2002; 2005).

En restant dans des situations connues, la personne âgée pourrait recourir à des schéma

cognitifs maîtrisés et efficaces, devenus automatiques du fait de répétitions, et conserver alors

un sentiment d’efficacité élevé (Wood et al., 2002). Ainsi, il a été montré que des adultes âgés

présentant une préférence de routinisation élevée utilisent plus de stratégies mnésiques que

ceux présentant une préférence de routinisation plus faible, ce qui traduirait une recherche de

contrôle sur la performance mnésique (Tournier & Postal, 2010). Cependant, une routinisation

excessive pourrait avoir pour conséquence de réduire plus encore les ressources (Bouisson,

Chapitre 3 : discussion générale

223

2005). Dans le cadre du fonctionnement cognitif, la flexibilité pourrait être particulièrement

affectée. En effet, une routinisation excessive pourrait réduire la diversité des stimuli traités et

la nécessité de procéder à des raisonnements complexes, et par conséquent entraîner la perte

d’efficience des stratégies et processus cognitifs nécessaires pour traiter les activités

complexes (Hultsch et al., 1999). Contrairement à ce qui a été observé par le passé (Bouisson,

2002; Zisberg et al., 2009; mais voir Bergua et al., 2006), nous ne trouvons pas

d’augmentation de la préférence de routinisation au cours du vieillissement. Le fait que nos

participants, comme ceux de Bergua et al. (2006), vivaient tous à domicile pourrait expliquer

cette différence. Cependant, malgré l’absence de différence au niveau des scores, la

préférence de routinisation n’aurait pas les mêmes conséquences en fonction de l’âge. Chez

les plus jeunes, elle paraît associée à une meilleure adaptation stratégique alors que l’inverse

est observé chez les plus âgés. Cette inversion suggère que, plus que l’ampleur des routines,

ce serait la répétition de celles-ci au cours de la vie qui entraînerait une moins bonne sélection

stratégique. Une analyse de données issues de cette thèse, mais non présentées ici, a montré

que les adultes âgés avec un score élevé de routinisation présentent des temps de réponses

plus élevés à la partie A et plus encore à la partie B du Trail Making Test que les adultes âgés

avec un score plus faible. Cette augmentation des temps de réponses, qui traduit une réduction

de la flexibilité, n’est pas retrouvée chez les adultes jeunes, ni sur les mesures de vitesse de

traitement et de MDT, suggérant une réduction spécifique de la flexibilité (Tournier, Mathey,

& Postal, en révision).

En conclusion, bien que le vieillissement s’accompagne d’une réduction de

l’efficience des processus contrôlés, le recours à des stratégies sélectionnées en fonction des

ressources disponibles permettrait un maintien de la performance au cours du vieillissement,

et par là même l’adaptation aux demandes de l’environnement quotidien. De prochaines

Chapitre 3 : discussion générale

224

recherches portant sur des situations complexes de résolution de problèmes permettraient

d’approfondir nos connaissances sur ces mécanismes cognitifs d’adaptation. De plus, il serait

intéressant de rencontrer des personnes âgées présentant moins de ressources cognitives que

les participants rencontrés dans le cadre de cette thèse. En effet, et comme souvent dans les

études de psychologie cognitive (Verhaeghen, 2004), nos participants âgés et très âgés

présentaient majoritairement un niveau d’étude avancé et des activités de loisirs variées.

Ainsi, la quantité de ressources cognitives pourrait moduler le recours et l’exécution de

stratégies de compensation. La mise en place de processus de compensation visant à maintenir

un équilibre entre pertes et gains au cours du vieillissement a notamment été défendue par

Baltes et ses collaborateurs (Baltes & Baltes, 1990; Baltes & Lang, 1997). L’exécution de ces

processus dépendrait elle-même des ressources cognitives, psychologiques, physiques, etc.,

dont la personne dispose et qui tendent à se réduire au cours du vieillissement (Baltes & Lang,

1997; Rothermund & Brandtstädter, 2003). Comme le notent Rothermund et Brandtstädter

(2003), il deviendrait de plus en plus coûteux, puis irréalisable, de maintenir un même niveau

de performance au cours du vieillissement, alors que pourtant la satisfaction des personnes

âgées concernant leur fonctionnement quotidien tend à rester stable, et cela même à des âges

avancés. Pour expliquer cette apparente incohérence, Rothermund et Brandtstädter ont

proposé un modèle de coping composé de processus d’assimilation (i.e., mise en place de

stratégies visant à modifier la situation afin de la mettre en adéquation avec ses attentes et

objectifs) et de processus d’accommodation (i.e., revoir à la baisse ses attentes et objectifs).

Conformément à leur attente, les auteurs observent au sein d’une cohorte de participants âgés

de 58 à 81 ans, que le recours à des processus d’assimilation suit une courbe en U inversé

avec une baisse s’amorçant autour de 75 ans. Cette évolution semble reliée à une baisse des

ressources perçues par la personne, alors que la satisfaction concernant la performance reste

stable. Cette réévaluation de ses attentes et objectifs, notamment en fonction des ressources

Chapitre 3 : discussion générale

225

disponibles, permettrait à la personne âgée de préserver une auto-évaluation positive d’elle-

même et de son développement, lui permettant de s’adapter aux changements, notamment

cognitifs, qu’elle rencontre au cours de son vieillissement. Cette réévaluation est d’autant plus

essentielle que la personne doit vieillir dans une société qui valorise la performance (Brouillet

& Martin, 2005) et la jeunesse. Ainsi, selon Gély-Nargeot et al. (2007), la plainte mnésique,

très fréquente au cours du vieillissement, aurait notamment une valeur de « porter plainte »

par laquelle la personne âgée exprime sa frustration de ne pouvoir faire coïncider le

« vouloir » et le « pouvoir ». Dans ce contexte, il nous semble nécessaire de considérer les

processus cognitifs comme des moyens d’œuvrer à une adaptation harmonieuse de la

personne, notamment âgée, à son quotidien, à travers une approche multifactorielle

s’intéressant aux ressources disponibles et aux stratégies adaptatives mises en place. Et c’est

cette approche que nous avons cherché à suivre tout au long de la présente thèse.

(…) mais parce qu’il est insupportable de n’être plus qu’un participe passé : retraité !

C’est au participe présent qu’il faut penser sa vieillesse : retraitant !

Vieillir c’est, ou ce devrait être, « retraiter » son rapport au monde, au travail,

aux hommes, aux femmes, aux enfants et petits-enfants, à l’argent, à la propriété,

à la voiture, à l’environnement, à la consommation, à la culture, à la spiritualité…

Retraiter notre rapport au monde et tenter d’en garder,

sans illusion mais sans renoncement,

une relative maîtrise.

Michel Billé (2010)

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250

ANNEXES

251

ANNEXE A. MOYENNES ESTIMEES ET ERREURS STANDARDS DES

EXPERIENCES

1. Fluidités sémantiques simples Animaux et Végétaux (Expérience 1)

1.1. Nombre de mots

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Animaux 61.88 3.60 63.64 3.51 52.84 3.44

Végétaux 36.08 3.60 47.85 3.50 47.05 3.70

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

1.2. Taille des regroupements sémantiques

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Animaux 1.62 0.32 2.11 0.31 2.72 0.31

Végétaux 1.74 0.32 1.95 0.31 2.98 0.34

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

1.3. Nombre de regroupements divergents

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Animaux 3.33 0.56 4.85 0.54 4.71 0.53

Végétaux 3.06 0.56 4.60 0.54 4.59 0.57

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

1.4. Nombre d’alternances stratégiques

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Animaux 15.54 0.79 14.99 0.77 11.37 0.76

Végétaux 6.61 0.79 9.19 0.80 7.94 0.95

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

1.5. Nombre d’alternances brutes

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Animaux 9.93 0.92 7.89 0.90 3.62 0.88

Végétaux 6.06 0.92 7.15 0.90 4.96 0.95

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

252

2. Fluidités alternées avec et sans indice (Expérience 2)

2.1. Nombre de mots

Adultes Jeunes Adultes Âgés

M. ES. M. ES.

Avec Indice 48.35 2.81 54.68 2.78

Sans Indice 49.35 2.81 52.68 2.85

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

2.2. Nombre d’associations sémantiques

Adultes Jeunes Adultes Âgés

M. ES. M. ES.

Avec Indice 1.21 0.80 4.36 0.79

Sans Indice 1.34 0.80 4.96 0.81

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

3. Fluidités alternées tous les 1 ou 2 exemplaires (Expérience 3)

3.1. Nombre de mots

Adultes Jeunes Adultes Âgés

M. ES. M. ES.

1 exemplaire 29.06 1.15 34.71 1.21

2 exemplaires 34.71 1.15 36.41 1.21

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

4. Hayling Simple Production (Expérience 5a)

4.1. Temps de réponses (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 502 45 443 49 604 52

Inhibition 2431 444 2905 488 3710 518

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

4.2. Nombre moyen d’erreurs

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Erreurs 5.52 0.61 6.47 0.68 11.41 0.70

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

253

4.3. Temps de lecture (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 2521 80 2814 85 3008 91

Inhibition 3100 252 3969 268 4293 287

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

5. Hayling Alterné Production (Expérience 5b)

5.1. Temps de réponses (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 1038 60 1310 66 1432 71

Inhibition 3531 516 4304 567 5994 602

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

5.2. Nombre moyen d’erreurs

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Erreurs 5.23 0.56 6.25 0.61 8.97 0.66

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

5.3. Temps de lecture (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 2489 125 3037 137 3215 146

Inhibition 2659 127 3249 139 3447 148

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

6. Hayling Simple Vérification (Expérience 6a)

6.1. Temps de réponses (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 702 45 1036 47 1114 48

Inhibition 765 42 1205 43 1223 45

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

254

6.2. Temps de lecture (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 1910 114 2344 118 2844 121

Inhibition 1789 116 2125 120 2374 124

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

7. Hayling Alterné Vérification (Expérience 6b)

7.1. Temps de réponses (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 784 60 1260 62 1545 64

Inhibition 896 57 1404 59 1754 62

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

7.2. Temps de lecture (ms.)

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Activation 1652 110 2213 113 2208 117

Inhibition 1642 107 2217 110 2228 114

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

7.3. Temps de réponses en consigne Activation selon la nature de l’essai

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Essai Alterné 780 75 1262 77 1572 79

Essai Répété 785 56 1249 58 1526 60

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

7.4. Temps de réponses en consigne Inhibition selon la nature de l’essai

Adultes Jeunes Adultes Âgés Adultes Très Âgés

M. ES. M. ES. M. ES.

Essai Alterné 869 56 1393 58 1704 60

Essai Répété 917 63 1413 65 1794 67

Note. M. = Moyennes, ES. = Erreurs Standards.

255

ANNEXE B. ANALYSES SANS LE CONTROLE DU NIVEAU D’ETUDE

1. Fluidités sémantiques simples Animaux et Végétaux (Expérience 1)

Âge Catégorie Âge x Catégorie

Nombre de mots

F(2,84) = 1.99

p > .10

F(1,84) = 27.77

p < .001 et η²p = .25

F(2,84) = 3.55

p < .05 et η²p = .08

Plus de noms d’animaux que de végétaux sont produits. L’effet de l’âge est

significatif pour la catégorie des animaux (les Adultes Très Âgés produisent moins

de mots que les Adultes Jeunes et Âgés) mais pas pour celle des végétaux.

Regroupements

sémantiques

F(2,83) = 7.65,

p < .001 et η²p = .16

F < 1 F < 1

Les Adultes Très Âgés réalisent des regroupements plus grands que les Adultes

Jeunes et Âgés.

Regroupements

Divergents

F(2,84) = 5.73,

p < .01 et η²p = .12

F < 1 F < 1

Les Adultes Âgés et Très Âgés réalisent plus de regroupements divergents que les

Adultes Jeunes.

Nombre

d’Alternances

F(2,84) = 16.89,

p < .001 et η²p = .29

F(1,84) = 44.35,

p < .001 et η²p = .35

F(2,84) = 8.16,

p < .001 et η²p = .16.

Les Adultes Très Âgés réalisent moins d’alternances que les Adultes Jeunes et

Âgés. Plus d’alternances sont produites pour la catégorie animaux que végétaux.

Pour les animaux, les Adultes Très Âgés produisent moins d’alternances que les

Adultes Jeunes et Âgés. Pour les végétaux, les Adultes Très Âgés tendent à

produire moins d’alternances que les Adultes Âgés.

Ratio Alternances

F(2,84) = 9.06,

p < .001 et η²p = .18

F(1,84) = 1.36,

p > .10 F < 1

Les Adultes Très Âgés réalisent moins d’alternances que les Adultes Jeunes et

Âgés.

Nombre de mots

0-30 et 31-60 sec

F(2,84) = 2.51,

p = .09 et η²p = .06

F(1,84) = 54.16,

p < .001 et η²p = .39

F(2,84) = 2.95,

p = .06 et η²p = .07

Les Adultes Très Âgés tendent à produire moins de mots que les Adultes Jeunes.

Plus de mots sont produits pour les animaux que les végétaux. L’interaction révèle

que l’effet de l’âge est présent pour la catégorie des animaux mais pas celle des

végétaux. L’effet du décours temporel est significatif, F(1,84) = 200.90, p < .001 et

η²p = .70, de même que l’interaction entre la Catégorie et le décours temporel,

F(1,84) = 21.57, p < .001 et η²p = .20, plus de mots étant produits dans les secondes

0-30 que 31-60, pour la catégorie des végétaux et plus encore celle des animaux.

L’interaction entre l’Âge et le décours temporel n’est pas significative, F(2,84) =

2.14, p > .10

256

2. Fluidités alternées avec et sans indice (Expérience 2)

Âge Format Âge x Format

Nombre de mots

F(1,56) = 3.56,

p = .06 et η²p = .06

F < 1 F < 1

Les Adultes Âgés tendent à produire plus de mots que les Adultes Jeunes

Nombre

d’associations

sémantiques

F(1,56) = 16.16,

p < .001 et η²p = 0.22

F < 1 F < 1

Les Adultes Âgés réalisent plus d’associations sémantiques que les Adultes Jeunes

257

3. Tâche de Hayling Production (Expériences 5a et 5b)

3.1. Résultats Hayling simple (Expérience 5a)

Âge Consigne Âge x Consigne

Temps de

réponses

F(1,47) = 4.36,

p < .05 et η²p = 0.16

F(1,47) = 90.50,

p < .001 et η²p = 0.66

F(2,47) = 3.07,

p = .06 et η²p = 0.12.

Les Adultes Très Âgés sont plus lents que les Adultes Jeunes et Âgés. Les temps de

réponse sont plus lents pour la consigne inhibition qu’activation. L’effet de l’âge

est plus important pour la consigne d’inhibition

Temps de

lecture

F(2,46) = 9.30,

p < .001 et η²p = 0.29

F(1,46) = 47.92,

p < .001 et η²p = 0.51

F(2,46) = 2.54,

p = .09 et η²p = 0.09

Les Adultes Âgés et Très Âgés sont plus lents que les Adultes Jeunes.. Les temps

de lecture sont plus la pour la consigne inhibition qu’activation. L’effet de l’âge

tend à être plus marqué pour la consigne activation qu’inhibition

3.2. Résultats Hayling Alterné (Expérience 5b)

Âge Consigne Âge x Consigne

Temps de

réponses

F(2,47) = 9.27,

p < .001 et η²p = 0.28

F(1,47) = 123.38,

p < .001 et η²p = 0.72

F(2,47) = 3.45,

p < .01 et η²p = 0.19

Les Adultes Très Âgés sont plus lents que les Adultes Jeunes et Âgés. Les temps de

réponse sont plus lents pour la consigne inhibition qu’activation. L’effet de l’âge

est plus marqué pour la consigne activation qu’inhibition

Temps de

lecture

F(2,47) = 10.14,

p < .001 et η²p = 0.30

F(1,47) = 50.12,

p < .001 et η²p = 0.52

F < 1

Les Adultes Âgés et Très Âgés sont plus lents que les Adultes Jeunes. Les temps de

lecture sont plus lents pour la consigne inhibition qu’activation.

258

ANNEXE C. MATERIEL TACHE DE HAYLING PRODUCTION

(EXPERIENCE 5)

Activation Simple

a1 Après sa journée de travail, il est rentré à la ….

a2 Il s'assit sans dire un seul …

a3 Quand ils se sont rencontrés, ce fut le coup de ….

a4 Pour se baigner à la plage, il enfila son maillot de ...

a5 Il alla chez le coiffeur se faire couper les ….

a6 Il écoute la musique bien trop …

a7 Le bébé pleure pour appeler sa ….

a8 Le chat court après la ….

a9 Pendant le repas, toute la famille est assise autour de la ….

a10 J'ai jeté mes déchets dans la ….

a11 On dit que les loups sortent les soirs de pleine ….

a12 Le train est arrivé avec du …

a13 Pour se protéger de la pluie, il a ouvert son ….

a14 En automne, les arbres perdent leurs ….

a15 Le lion est le roi des ….

Inhibition Simple

b1 La neige est de couleur ….

b2 L'instituteur n'avait plus de craie pour écrire au ….

b3 La poule a pondu un ….

b4 Le fermier doit traire les ….

b5 Au printemps, l'oiseau construit son ….

b6 Ce motard a eu une amende pour excès de ….

b7 Sur la plage, les enfants aiment faire des châteaux de ….

b8 En été, il s'installe à l'ombre pour éviter les coups de ….

b9 La Terre est une planète du système ….

b10 Il lave ses dents après chaque …

b11 Ce puzzle est incomplet car il manque une ….

b12 Voyant sa pâtée, le chien se lèche les ….

b13 Le facteur s'est fait mordre par un ….

b14 Pour son cours de natation, elle va à la ….

b15 Le jardinier arrose son parterre de …

259

Activation Alternée

ca1 Cette région a déjà subi 2 tremblements de ….

ca2 Sur son gâteau d'anniversaire, il souffle les ….

ca3 Avant de manger, lavez-vous les ….

ca4 Cette nuit l'enfant a fait un mauvais …

ca5 Pour s'envoler, l'oiseau déploya ses ….

ca6 En courant, je me suis foulé la ….

ca7 Les pompiers ont éteint le ….

ca8 Les enfants adorent le gâteau au ….

ca9 Hier, il est allé voire se film au ….

ca10 Il aime dormir à la belle …

ca11 Il était tellement bizarre, on aurait dit qu'il venait d'une autre ….

ca12 Le boulanger mit la pâte à cuire dans le ….

ca13 Dans son café il met deux …

ca14 Avant de traverser la rue, il faut regarder des deux ….

ca15 Le bateau va passer sous le …

Inhibition Alternée

cb16 Pour prévenir les caries, il faut se brosser les ….

cb17 Il ne pouvait pas ouvrir la porte car elle était fermée à ….

cb18 Pour améliorer sa vision, il porte des ….

cb19 Les prisonniers se sont évadés de la ….

cb20 En montant l'escalier, il rata une ….

cb21 Le professeur demanda le silence à ses ….

cb22 On dépose notre argent à la ….

cb23 Pour se détendre, on écoute de la ….

cb24 Les deux mariés sont partis en voyage de ….

cb25 Lorsqu'elle a appris la mauvaise nouvelle, elle a versé des ….

cb26 Pour l'appeler, il me faut son numéro de ….

cb27 Il porte sa fille dans ses …

cb28 Il a posté la lettre sans y mettre un ….

cb29 Elle allume sa cigarette avec un ….

cb30 Ce matin, la voiture n'a pas voulu ….

260

ANNEXE D. CONSIGNES TACHE DE HAYLING PRODUCTION

(EXPERIENCE 5)

CONSIGNE ACTIVATION (Bloc 1)

Des phrases, dont il manque le dernier mot, vont apparaître une par une à l’écran. Vous

devrez les lire attentivement, à voix haute. Lorsqu’un écran vert apparaîtra, vous devrez

compléter la phrase avec le mot qui vous parait spontanément le plus approprié, et cela le

plus rapidement possible.

Nous allons commencer par un petit entrainement.

CONSIGNE INHIBITION (Bloc 2)

De nouvelles phrases, dont il manque le dernier mot, vont apparaître à l’écran. Vous

devrez les lire attentivement, à voix haute. Lorsqu’un écran rouge apparaîtra, vous devrez

compléter la phrase avec un mot qui n’a pas de sens avec le contexte de la phrase, et cela le

plus rapidement possible.

Nous allons commencer par un petit entrainement.

CONSIGNE ALTERNEE ACTIVATION-INHIBITION (Bloc 3)

A nouveau, des phrases dont il manque le dernier mot vont apparaître à l’écran. Ses

phrases seront suivie par un écran soit vert, soit rouge. Si la phrase est suivie d’un écran vert,

vous devrez compléter la phrase avec le mot qui vous parait spontanément le plus

approprié. Mais si la phrase est suivie d’un écran rouge, vous devrez au contraire la

compléter par un mot qui n’a pas de sens avec le contexte de la phrase. Dans les deux cas de

figure, vous devrez répondre le plus rapidement possible.

PHRASE DE DEBUT D’EPREUVE

Avez-vous des questions ? Très bien, nous allons commencer l’épreuve elle-même.

261

ANNEXE E. MATERIEL TACHE DE HAYLING VERIFICATION

(EXPERIENCE 6)

1. Phrases de la Partie Activation

ACTIVATION SIMPLE

Phrase Cible Distracteur

Il achète son pain chez le … boulanger catalogue

Il vaut mieux prévenir que … guérir sécher

Pour attirer la souris, elle mit sur le piège du …. fromage placard

Le fermier doit traire les …. vaches bottes

Il ne pouvait pas ouvrir la porte car elle était fermée à …. clef rage

Elle a eu le réflexe de crier au … secours dossier

La vache donne du …. lait camp

Lisant son livre, elle s'arrêta à la vingt-cinquième …. page date

Sur la plage, les enfants font des châteaux de …. sable comte

Pour prévenir les caries, il faut se brosser les …. dents armes

Le jardinier arrose son parterre de … fleurs jambes

On se mouche le …. nez mur

Pour le repas, toute la famille est assise autour de la …. table suite

Avant de manger, lavez-vous les …. mains cours

Le bébé pleure pour appeler sa …. maman tenue

2. Phrases de la partie Inhibition

INHIBITION SIMPLE

Phrase Cible Distracteur

Les singes aiment grimper en haut des … arbres points

Il a glissé sur une peau de … banane carafe

Elle mange sa soupe avec une … cuillère débauche

Pour se protéger de la pluie, il a ouvert son …. parapluie arbitrage

Curieux, il regardait par le trou de la …. serrure caserne

Il a posté la lettre sans y mettre un …. timbre casque

Les enfants adorent le gâteau au …. chocolat pavillon

Comme Il perd son pantalon, il ressert sa …. ceinture toilette

On dépose notre argent à la …. banque grille

Avant de traverser la rue, il faut regarder des deux …. côtés héros

Le bateau va passer sous le … pont vert

Le facteur s'est fait mordre par un …. chien arbre

Il se met à l'ombre pour éviter les coups de …. soleil milieu

Cette région a déjà subi deux tremblements de …. terre place

Ce puzzle est incomplet car il manque une …. pièce grâce

262

3. Phrases de la Partie Alternée

ACTIVATION ALTERNEE (essais alternés)

Phrase Cible Distracteur

Elle allume sa cigarette avec un …. briquet pinceau

Quand ils se sont rencontrés, ce fut le coup de …. foudre nuance

Au printemps, l'oiseau construit son …. nid tir

La poule a pondu un …. œuf drap

Le chat court après la …. souris menace

Les cochons aiment se rouler dans la … boue mine

Il lave ses dents après chaque … repas avion

En apprenant la mauvaise nouvelle, elle versa des … larmes portes

Le professeur demanda le silence à ses …. élèves armées

L'argent ne fait pas le … bonheur passage

Les pompiers ont éteint le …. feu lit

Sur la bateau, elle avait le mal de … mer vue

En montant l'escalier, il râta une …. marche laisse

ACTIVATION ALTERNEE (essais répétés)

Phrase Cible Distracteur

Dans son café il met deux … sucres pouces

J'ai jeté mes déchets dans la …. poubelle danseuse

Sur son gâteau d'anniversaire, il souffle les …. bougies rumeurs

Les ours aiment manger du … miel rock

elle prend l'éponge pour faire la … vaisselle moustache

Le boulanger mit la pâte à cuire dans le …. four club

Pour s'envoler, l'oiseau déploya ses …. ailes notes

Le train est arrivé avec du … retard statut

Le cavalier est tombé de son … cheval secret

Ce motard a eu une amende pour excès de …. vitesse culture

Tous les matins, il lit le … journal docteur

Elle va acheter ce livre à la … librairie pellicule

Il écoute la musique bien trop … fort loin

Il porte sa fille dans ses … bras sens

Le joueur a raté le penalty, il n'a vraiment pas eu de …. chance lettre

263

INHIBITION ALTERNEE (essais alternés)

Phrase Cible Distracteur

Les bébés aiment les ours en … peluche jumelle

En courant, je me suis foulé la …. cheville nourrice

Pour son cours de natation, elle va à la …. piscine fiction

Les deux mariés sont partis en voyage de …. noce piles

Il va dans les bois ramasser les …. champignons spectateurs

Il est si bizarre, on dirait qu'il vient d'une autre … planète épargne

Pour se baigner à la plage, il enfila son maillot de ... bain parc

Pour améliorer sa vision, il porte des …. lunettes reprises

Hier, il est allé voir ce film au …. cinéma numéro

En automne, les arbres perdent leurs …. feuilles chambres

Il s'arrête au feu … rouge libre

Il s'assit sans dire un seul … mot jeu

Son cours de littérature commence à 9 …. heure place

INHIBITION ALTERNEE (essais répétés)

Phrase Cible Distracteur

La neige est de couleur …. blanche moindre

Le lion est le roi des …. animaux univers

Sur sa tartine il met de la … confiture floraison

Sa promenade à vélo fut courte car il a crevé un …. pneu cube

Elle cherche la définition du mot dans le …. dictionnaire constituant

Le menuisier a cloué un clou avec un …. marteau serpent

Les vaches aiment regarder passer les … trains plumes

La Terre est une planète du système …. solaire traduit

Il aime dormir à la belle … étoile relève

Elle a pris son train à la … gare faim

On dit que les loups sortent les soirs de pleine …. lune note

L'instituteur n'avait plus de craie pour écrire au …. tableau domaine

Il alla chez le coiffeur se faire couper les …. cheveux parents

Rira bien qui rira le … dernier conseil

Loin des yeux loin du … cœur doute

264

4. Comparaisons (T de Student) des caractéristiques du matériel de la Tâche de

Hayling vérification

1. Fréquence des Cibles

A vs. B : t(28) = - 0.02, p > .10

A vs. CA : t(41) = 0.17, p > .10

Ca vs. Cb : t(54) = 0.14, p > .10

B vs. Cb : t(41) = - 0.07, p > .10

2. Fréquence des Distracteurs

A vs. B : t(28) = 0.05, p > .10

A vs. CA : t(41) = 0.02, p > .10

Ca vs. Cb : t(54) = - 0.11, p > .10

B vs. Cb : t(41) = - 0.05, p > .10

3. Nombre de Lettres

A vs. B : t(28) = - 1.61, p > .10

A vs. CA : t(41) = - 0.39, p > .10

Ca vs. Cb : t(54) = 1.75, p = .09

B vs. Cb : t(41) = 0.39, p > .10

4. Nombre de Syllabes

A vs. B : t(28) = - 1.07, p > .10

A vs. CA : t(41) = - 0.34, p > .10

Ca vs. Cb : t(54) = 1.60, p > .10

B vs. Cb : t(41) = 0.35, p > .10

5. Nombre de caractères dans les phrases

A vs. B : t(28) = - 0.21, p > .10

A vs. CA : t(41) = 1.07, p > .10

Ca vs. Cb : t(54) = 0.77, p > .10

B vs. Cb : t(41) = - 0.84, p > .10

265

ANNEXE F. CONSIGNES TACHE DE HAYLING VERIFICATION

(EXPERIENCE 6)

1. Consigne Activation

2. Consigne Inhibition

266

3. Consigne Alternance

267

TABLE DES FIGURES

FIGURE 1. REPRESENTATION SIMPLIFIEE DU MODELE DE NORMAN ET SHALLICE (1980), D’APRES

SHALLICE (1982). LES FLECHES REPRESENTENT L’ACTIVATION ET LES LIGNES BARREES L’INHIBITION. ........ 7

FIGURE 2. REVISION DES COMPOSANTES DE LA MDT (D’APRES BADDELEY, 2003) ................................................. 8

FIGURE 3. EXEMPLE SIMPLIFIE DE RESEAU SEMANTIQUE (D’APRES COLLINS & LOFTUS, 1975) ............................. 12

FIGURE 4. EXEMPLE DE REPRESENTATION DES INFORMATIONS SEMANTIQUES, SYLLABIQUES ET

PHONOLOGIQUES AU SEIN DU MODELE DE PRODUCTION DE MOTS (D’APRES BURKE & SHAFTO, 2008) ........ 13

FIGURE 5. EXEMPLE DE REGROUPEMENTS ET D’ALTERNANCES EN FLUIDITE SEMANTIQUE .................................... 31

FIGURE 6. CHEMINEMENT DE LA LUMIERE INFRAROUGE (EMISSION/DETECTION) EN IO

(FIGURE ISSUE DE BIOPAC, 2010) ................................................................................................................. 71

FIGURE 7. REPRÉSENTATION DES PRINCIPALES ZONES FRONTALES ET PRÉFRONTALES (BADRE, 2008) .................. 75

FIGURE 8. LES DIFFERENTS INDICATEURS EN FLUIDITE SEMANTIQUE EN FONCTION DE LEUR NATURE

AUTOMATIQUE/CONTROLEE ......................................................................................................................... 94

FIGURE 9. MOYENNES ESTIMEES DU NOMBRE DE MOTS PRODUITS EN FONCTION

DE L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ................................................................................................................. 103

FIGURE 10. MOYENNES ESTIMEES DE LA TAILLE DES REGROUPEMENTS SEMANTIQUES EN FONCTION

DE L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ................................................................................................................. 105

FIGURE 11. MOYENNES ESTIMEES DU NOMBRE DE REGROUPEMENTS DIVERGENTS EN FONCTION

DE L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ................................................................................................................. 106

FIGURE 12. MOYENNES ESTIMEES DU NOMBRE D’ALTERNANCES STRATEGIQUES ET BRUTES EN FONCTION DE

L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ...................................................................................................................... 108

FIGURE 13. MOYENNES ESTIMEES DU RATIO D’ALTERNANCES STRATEGIQUES ET BRUTES EN FONCTION

DE L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ................................................................................................................. 110

FIGURE 14. MOYENNES ESTIMEES DU NOMBRE DE REPETITIONS EN FONCTION

DE L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ................................................................................................................. 112

FIGURE 15. NOMBRE DE PARTICIPANTS AYANT REALISE AUCUNE OU UNE ET PLUS REPETITIONS

EN FONCTION DE L’ÂGE .............................................................................................................................. 113

FIGURE 16. NOMBRE DE MOTS PRODUITS EN FONCTION DU DECOURS TEMPOREL,

DE L’ÂGE ET DE LA CATEGORIE ................................................................................................................. 114

FIGURE 17. POSITION DU CASQUE SUR LA TETE DU PARTICIPANT ......................................................................... 150

FIGURE 18. DISPOSITION DES SOURCES ET DETECTEURS ET POSITION DES REGIONS D’INTERET

(FIGURE ADAPTEE DE GAGNON ET AL., 2010 JUIN) ..................................................................................... 152

268

FIGURE 19. TAUX DE HBO ET HBR (MOL/L) POUR LA ROI 1 EN FONCTION DU TYPE DE TACHE

ET DE L’HEMISPHERE .................................................................................................................................. 153

FIGURE 20. TAUX DE HBO ET HBR (MOL/L) POUR LA ROI 2 EN FONCTION DU TYPE DE TACHE

ET DE L’HEMISPHERE .................................................................................................................................. 154

FIGURE 21. TAUX DE HBO ET HBR (MOL/L) POUR LA ROI 3 EN FONCTION DU TYPE DE TACHE

ET DE L’HEMISPHERE .................................................................................................................................. 155

FIGURE 22. TEMPS DE REPONSES MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING SIMPLE (EXPERIENCE 5A) ........................................................................................................... 171

FIGURE 23. TEMPS DE LECTURE MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING SIMPLE (EXPERIENCE 5A) ........................................................................................................... 173

FIGURE 24. TEMPS DE REPONSES MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING ALTERNEE (EXPERIENCE 5B) ...................................................................................................... 179

FIGURE 25. TEMPS DE LECTURE MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING ALTERNEE (EXPERIENCE 5B) ...................................................................................................... 182

FIGURE 26. TEMPS DE REPONSES MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING SIMPLE (EXPERIENCE 6A) ........................................................................................................... 197

FIGURE 27. TEMPS DE LECTURE MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING SIMPLE (EXPERIENCE 6A) ........................................................................................................... 200

FIGURE 28. TEMPS DE REPONSES MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING ALTERNEE (EXPERIENCE 6B) ...................................................................................................... 206

FIGURE 29. TEMPS DE LECTURE MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE ET DE LA CONSIGNE POUR LA TACHE DE

HAYLING ALTERNEE (EXPERIENCE 6B) ...................................................................................................... 208

FIGURE 30. TEMPS DE REPONSES MOYENS EN FONCTION DE L’ÂGE, DE LA CONSIGNE ET DE L’ESSAI POUR LA

TACHE DE HAYLING ALTERNEE (EXPERIENCE 6B) ..................................................................................... 211

269

TABLE DES TABLEAUX

TABLEAU 1. CARACTERISTIQUE DES PROCESSUS AUTOMATIQUES ET CONTROLES ................................................... 4

TABLEAU 2. SYNTHESE DES ETUDES PORTANT SUR LES EFFETS DU VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE

SUR LA TACHE DE HAYLING ......................................................................................................................... 25

TABLEAU 3. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 1 ................... 97

TABLEAU 4. RESSOURCES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 1 ............................................................ 99

TABLEAU 5. RESUME DES ANCOVAS SUR LE NOMBRE DE MOTS POUR L’EFFET ÂGE X CATEGORIE ................... 104

TABLEAU 6. RESUME DES ANCOVAS SUR LA TAILLE DES REGROUPEMENTS POUR L’EFFET DE L’ÂGE ............... 106

TABLEAU 7. RESUME DES ANCOVAS SUR LE NOMBRE DE REGROUPEMENTS DIVERGENTS

POUR L’EFFET DE L’ÂGE ............................................................................................................................. 107

TABLEAU 8. RESUME DES ANCOVAS SUR LE NOMBRE D’ALTERNANCES POUR L’EFFET DE L’ÂGE ..................... 109

TABLEAU 9. RESUME DES ANCOVAS SUR LE NOMBRE D’ALTERNANCES POUR L’EFFET ÂGE X CATEGORIE ...... 110

TABLEAU 10. RESUME DES ANCOVAS SUR LE RATIO ALTERNANCES BRUTES POUR L’EFFET DE L’ÂGE ............ 112

TABLEAU 11. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS EN FLUIDITE

SIMPLE CHEZ LES ADULTES JEUNES (EXPERIENCE 1) ................................................................................. 116

TABLEAU 12. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS EN FLUIDITE

SIMPLE CHEZ LES ADULTES ÂGES (EXPERIENCE 1) .................................................................................... 117

TABLEAU 13. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS EN FLUIDITE

SIMPLE CHEZ LES ADULTES TRES ÂGES (EXPERIENCE 1) ........................................................................... 118

TABLEAU 14. RESSOURCES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 2 ........................................................ 128

TABLEAU 15. MOYENNES MARGINALES ESTIMEES CONCERNANT LES NOMBRES AUX DIFFERENTS INDICATEURS

SELON L’ÂGE ET LE FORMAT DE FLUIDITE (EXPERIENCE 2) ....................................................................... 131

TABLEAU 16. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL, L’EPR ET LE NOMBRE DE MOTS ET LE NOMBRE

D’ASSOCIATIONS SEMANTIQUES SELON L’ÂGE (EXPERIENCE 2) ................................................................. 132

TABLEAU 17. RESSOURCES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 3 ........................................................ 136

TABLEAU 18. RESUME DES ANCOVAS SUR LE NOMBRE DE MOTS POUR L’EFFET DE L’ÂGE ............................... 139

TABLEAU 19. MOYENNES DES REPETITIONS ET PERSEVERATIONS SELON L’ÂGE ET LE FORMAT DE FLUIDITE

(EXPERIENCE 3) .......................................................................................................................................... 140

TABLEAU 20. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL, L’EPR ET LE NOMBRE DE MOTS PRODUITS SELON

L’AGE ET LE RYTHME D’ALTERNANCE (EXPERIENCE 3) ............................................................................. 141

TABLEAU 21. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 5 ............... 164

270

TABLEAU 22. RESUME DES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA TACHE DE HAYLING PRODUCTION

(EXPERIENCE 5) .......................................................................................................................................... 166

TABLEAU 23. RESUME DES SCORES D’ERREURS POUR LES PARTIES A, B, CA ET CB (EXPERIENCE 5) .................. 167

TABLEAU 24. RESSOURCES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 5 ........................................................ 168

TABLEAU 25. RESUME DES ANCOVAS SUR LES ERREURS EN CONSIGNE INHIBITION POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 5A) ....................................................................................................................................... 173

TABLEAU 26. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE LECTURE POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 5A) ...................................................................................................................................... 174

TABLEAU 27. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING SIMPLE CHEZ LES ADULTES JEUNES (EXPERIENCE 5A) .......................................................... 175

TABLEAU 28. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE DE

HAYLING SIMPLE CHEZ LES ADULTES ÂGES (EXPERIENCE 5A) .................................................................. 175

TABLEAU 29. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING SIMPLE CHEZ LES ADULTES TRES ÂGES (EXPERIENCE 5A) ................................................... 176

TABLEAU 30. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE REPONSES POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 5B) ....................................................................................................................................... 179

TABLEAU 31. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE REPONSES POUR L’EFFET DE L’ÂGE X CONSIGNE

(EXPERIENCE 5B) ....................................................................................................................................... 180

TABLEAU 32. RESUME DES ANCOVAS SUR LES ERREURS EN CONSIGNE INHIBITION POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 5B) ....................................................................................................................................... 181

TABLEAU 33. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE LECTURE POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 5B) ....................................................................................................................................... 183

TABLEAU 34. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS AU HAYLING

ALTERNE CHEZ LES ADULTES JEUNES (EXPERIENCE 5B) ............................................................................ 183

TABLEAU 35. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS AU HAYLING

ALTERNE CHEZ LES ADULTES ÂGES (EXPERIENCE 5B) ............................................................................... 184

TABLEAU 36. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING ALTERNEE CHEZ LES ADULTES TRES ÂGES (EXPERIENCE 5B) ............................................... 184

TABLEAU 37. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 6 ............... 192

TABLEAU 38. CARACTERISTIQUES DU MATERIEL DE LA TACHE DE HAYLING VERIFICATION (EXPERIENCE 6) ..... 194

TABLEAU 39. RESSOURCES EN FONCTION DE L’AGE POUR L’EXPERIENCE 6 ........................................................ 195

TABLEAU 40. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE REPONSES POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 6A) ....................................................................................................................................... 198

TABLEAU 41. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE REPONSES POUR L’INTERACTION ÂGE X CONSIGNE

(EXPERIENCE 6A) ....................................................................................................................................... 199

271

TABLEAU 42. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE LECTURE POUR L’EFFET DE L’ÂGE

(EXPERIENCE 6A) ....................................................................................................................................... 200

TABLEAU 43. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE LECTURE POUR L’EFFET D’INTERACTION

ENTRE L’ÂGE ET LA CONSIGNE (EXPERIENCE 6A) ...................................................................................... 201

TABLEAU 44. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING SIMPLE CHEZ LES ADULTES JEUNES (EXPERIENCE 6A) .......................................................... 202

TABLEAU 45. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING SIMPLE CHEZ LES ADULTES ÂGES (EXPERIENCE 6A) ............................................................. 202

TABLEAU 46. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING SIMPLE CHEZ LES ADULTES TRES ÂGES (EXPERIENCE 6A) .................................................... 203

TABLEAU 47. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE REPONSES POUR L’EFFET DE L’AGE

(EXPERIENCE 6B) ....................................................................................................................................... 206

TABLEAU 48. RESUME DES ANCOVAS SUR LES TEMPS DE LECTURE POUR L’EFFET DE L’AGE

(EXPERIENCE 6B) ....................................................................................................................................... 209

TABLEAU 49. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING ALTERNEE CHEZ LES ADULTES JEUNES (EXPERIENCE 6B) ..................................................... 209

TABLEAU 50. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING ALTERNEE CHEZ LES ADULTES ÂGES (EXPERIENCE 6B) ........................................................ 210

TABLEAU 51. CORRELATIONS ENTRE LE MILL-HILL ET L’EPR ET LES DIFFERENTS INDICATEURS A LA TACHE

DE HAYLING ALTERNEE CHEZ LES ADULTES TRES ÂGES (EXPERIENCE 6B) .............................................. 210