XII Élégies / XII Elegías, édition bilingue, trad. espagnole par Ángel Crespo

53
DIDIER COSTE XII ÉLÉGIES XII ELEGÍAS Versión castellana de Ángel Crespo NOESIS

Transcript of XII Élégies / XII Elegías, édition bilingue, trad. espagnole par Ángel Crespo

DIDIER COSTE

XII ÉLÉGIES

XII ELEGÍAS

Versión castellana de Ángel Crespo

NOESIS

10

XII ÉLÉGIES

mais pour un petit morceau d'Elegie j'en viendrai peut-estre à bout: En suite il fut s'appuyer un moment sur une fenestre du

costé du jardin, & vint reciter les Vers qui suivent. Madeleine de Scudéry

11

Élégie 1 L’indomptable musique a la forme parfois, Même lorsque de Pan la flûte n’est pas seule, Des monts d’Anatolie quand le jour aveuglant Sous les ailes se lève; Mais le vers fidèle prône une danse ancienne Dont la chute est fatale, ô corps entrevu, Pour que le désir avec la renonciation Longuement s’entretienne. Les jacarandas à nouveau sur toi plaqués T’ont pâli, ciel de mai, Les bougainvillées les lèvres d’une Africaine, Et les géraniums cachent le sein d’une blonde; Mais le regard que les jacarandas me rendent, Gardé sur l’autre bord, Et qui m’arrive maintenant de la lumière, Ni l’âge du ciel ni notre mort ne l’offusquent. La musique entre sans bruit dans le souvenir Rendre à ses montagnes la couleur de leur nom: Quand la brume se lève, Je t’appartiens par la mémoire déserté; Mais le vers inconstant vaque à son propre rêve, Polit au reflet de nos ombres sous les arbres Le souci de sa gloire Désormais sans fleurs ni feuillages ni bassins.

12

Cette chair par sa propre splendeur détournée Dans l’ordre habituel Pareil aux palmiers sur la colline étagés, S’adonne au parcours des âges et des saisons; Mais le ciel voit les bras blancs des eucalyptus: Comme d’eux leur image La nôtre m’est devenue lointaine et je sais A cela la vue, l’autre nom de la rumeur. La musique empruntant au flot sur le rivage L’ordre éternel que le coeur ne peut imiter, Sans elle on n’entendrait d’autre satin froissé Que le sable s’aimant; Mais le vers de la mort et de l’oubli jaloux Ouvrage un coffret verni pour d’humbles trésors Dont nous aurions souri nous-mêmes en ce temps Que le sable effaça. Le si long entretien Des jacarandas avec le soleil de mai Fait pâlir le ciel où les ailes de l’absence Ont cessé de battre enfin dans un coeur calmé; La musique et le vers Impriment à la couche du soir suspendu L’éclair du regard qui bientôt retourne en soi Avec les adieux du jour par nous recueillis.

13

Élégie 2 Un jour gris et frais dans un pays de soleil Quand la nudité tout à coup s’esquive ou tremble, Est-il, ce temps saisissant à la fin du deuil, Un effroi plus définitif qui nous effleure D’un souffle en quittant ce que nous fûmes ensemble? Ou bien la paix des sens dont pourrissent les fruits Au lieu d’années tombés sur le gazon de l’heure? Ce jour est dans la confidence de la nuit, Il l’a comme moi reçue dans des bras trop las Pour lui rendre la claire tiédeur des sous-bois, Mais cet air frissonnant caressé d’autrefois Murmure à l’oreille qu’ainsi tu me parlas J’imagine mal que le silence de l’oeil A toujours été fait de musiques d’estrade, Mais les chants lumineux qui te donnaient l’éveil N’étaient-ils pas déjà tissés des sons épars Qui bouclent sur ce gazon la dernière aubade? Ma croyance alors trahit celui que je fus Et qui, ne sachant rien me dire de ta part, Souffle enfin sur ma main la flamme qui n’est plus. Le treillis des travaux me distrait un instant Ainsi que la prose rendant au vers hommage Lui réclame un baiser pour en perdre l’image Que jamais le soleil n’avait chérie autant.

14

Le regard a beau parcourir un ciel pareil, Ton souvenir reste l’ombre d’un flamboyant; Nul n’est ici pour lui faire un plus tendre accueil Que l’ombre que je suis dans la cour des vivants, Troublé toujours par l’appareil du soir bruyant Et d’aimer ensemble tout ce qu’un jour j’aimai. Sur la mort, le vers rêveur a pris les devants Si loin là-bas qu’il ne sait plus dire jamais. Le déplacement est devenu inutile A l’exercice –on peut maintenant marcher, Ramer, courir, nager, glisser chez soi caché Sans jouir de rien d’autre qu’un effort futile. Aujourd’hui tout nous faut car l’astre solitaire Réfugié au fond de son aveugle savoir Redit à la lumière ce qu’elle doit voir Et la mort se connaît au souffle qui l’altère. Un jour gris et frais finit sous l’arbre vermeil Que d’autres yeux voyaient, qu’efface l’étendue Achevée sous l’horizon sans porte ni seuil, Car l’heure est partout et la parole perdue. Est-il, ce temps de libres brises dans les airs Le même qui soudain nous frôla d’un frisson Quand la pluie fine ouvrait le voile du désert, Et dont une musique étrange est la leçon?

15

Élégie 3 Cet homme appuyé de l’épaule contre un arbre, Tourné vers la rue qu’il regarde vaguement, Pourrait garder mon image d’un autre temps, Car aujourd’hui je reste invisible à ses yeux. Un bras plié, la main repose dans la poche Du blouson en acrylique rouge à carreaux; On ne voit pas la rue reflétée dans ses yeux Et ce rouge le sépare de mon image, Car la couleur est insupportable au poème Comme les chaussures de sport et le visage Mal rasé, penché sur l’autre main vaguement, Dans cette rue neutre où je n’ai jamais été. Ce que les mots y jettent d’étrange n’est pas Dans la rue muette sur sa banalité, Ni dans l’autobus un peu plus loin arrêté, Ni dans l’homme qui attend sans regarder l’heure; Au café du coin d’ailleurs on sert des repas Rapides et peu chers du matin à minuit: Se souvenir est inutile et je ne puis Non plus prêter attention à l’enfant qui pleure. Ce bruit vient d’une voiture garée sous l’arbre Où une jeune femme sans grâce au volant Eteint sa cigarette d’un geste agité

16

Et, le cou étalé, démarre en marche arrière; Ses yeux ne ressemblent à ce qui a été, Sa laideur rousse la sépare du poème Comme s’il y avait eu un geste plus lent Dans la vérité d’autrefois et sa lumière. Comme si la lumière eût caressé un marbre D’escalier blanc que tes pieds brunis élevaient Dans l’air transparent, le vers croit qu’il se souvient D’un temps plus haut, d’une démarche de semeuse. Or, aujourd’hui la lassitude et l’illusion Ayant dénoué leurs mains malades, l’image Qui vient est celle qui va, que le vers lavait De la rue morne dans la mer proche et mousseuse. Ni l’homme qu’on a vu contre l’arbre appuyé Ni la mère pâteuse de l’enfant criard Ni l’autobus ni les odeurs de restaurant Ne sont dans l’image par le vers oubliée, Mon coeur s’endort au soleil des heures durant, Le sentiment disparaît par l’effet de l’art Et la musique emporte la persuasion Jusqu’aux bords délicieux où vint mourir la mer. L’image convoitée, que nul rythme n’imite, Ne connaissant du monde que son ignorance, Un autre que le poète hier y chérit L’aimée des vrais dieux, la porteuse de cadence.

17

Élégie 4 Il n’en est pas de la chair comme du récit D’Ulysse qui revint heureux à ses rivages Et démentit le pain rassis dans sa besace En relevant divine des flots de la plage L’exacte Pénélope qu’il laissa ici, Inchangée depuis le départ du jeune Homère, La toujours nouvelle mère de Télémaque Au ventre doux semblable au sable blanc d’Ithaque! La chair n’est point comme la parole qui passe, Nul n’a fait deux fois le voyage de Cythère Sans boire la lie d’une coupe plus amère Que le sang répandu par la main qui la casse. Celles qui se gardent et celles qui se donnent, Belles ou laides ont accueilli dans leur couche Rude ou parfumée l’universel prétendant; Hélas, c’est lui, le temps qui parle par leur bouche C’est Chronos qui me souffle l’hymne que j’entonne, Car c’est lui de tous l’amoureux le plus ardent Bien plus tard, reposant auprès de son épouse, Ulysse voit dans le cadre de la fenêtre Plusieurs hirondelles tomber comme des pierres; Il comprend quel homme s’est caché sous la blouse Du porcher, et le sombre regret vient de naître Des enfants anonymes dont l’île était fière.

18

Les flèches d’airain sont rentrées dans leur carquois, Les yeux du présent achèvent de se vitrer Sur la barque au mouillage où riait Nausicaa; Suis-je celui jadis qu’elle crut rencontrer? Suis-je dans son corps le destin qui la déçoit, La parole oubliée, l’heure qu’elle marqua? Dans ce paysage où se répandront mes cendres Un navire blanc s’éloigne sous la rosée, Une lueur dorée s’éteint sous mes paupières; Sur la roche lisse où ma pensée s’est posée La dernière musique va bientôt descendre Où l’oiseau du large tomba comme une pierre. Il en est de la chair comme d’un long poème Qui gémit dans l’exil, qui erre sur son ancre, Les jeunes seins sont l’Amérique de l’esprit Et le vers parfait le sillage qui l’échancre; La caresse du rythme pur est l’heure extrême Rassemblant hors de moi dans le lait du soleil Un très long baiser parmi les travaux routiers Et le silence en nous du voeu le plus altier. La chair immortelle dont le vers est épris Connaît dans le soir qui tremble un sort pareil À l’ancien voyageur découvrant au réveil L’ordre inhumain dans lequel son corps fut écrit.

19

Élégie 5 Quant au paysage, nous allions vers la mer Et les vagues dessinèrent une montagne Plus mobile que l’humeur des oiseaux planeurs Et plus haute que le ciel du lundi matin. L’absence totale de rime et de raison Transparaît dans les yeux endormis et souffrants, Convaincus par le retour constant des saisons Qu’un lieu ne put être d’un autre différent. De nous-mêmes qui ne fûmes que cet éclat Blessant l’enveloppe du monde aux yeux offert, Nous allâmes vers le paysage des flots Qui nous ouvrit et nous fit nus comme la mer. Le passé disperse et répète ses gazons Dont le poème, non la main, est le garant, Occupé tout seul à réduire la foison Que l’oubli multiplie d’idéal apparent. Puis, de ce bord frais qui glissait sous nos pieds joints Nous fûmes loin de nous voir en leur lieu les terres Âpres au temps, acquises à la réparation, Sorties de la pierre, butées sur l’horizon.

20

Le chant par licence jusqu’au soir prolongé S’est penché avec ses colliers de pacotille Sur la barbarie de l’intérieur étranger Où ce n’est plus dans tes yeux que ma douleur brille. Et toi d’autre qui dis que sans nous le soleil A chu dans la brume légère de la baie, Quand l’instant nous trouve inquiets des miroirs égaux, La face que je vis en ruine la rumeur. La vie distraite par un très ancien danger Fuit vers les voiles d’une lointaine flotille, Le vers au vent doux ne saura plus rien changer Ni la résurrection qu’enfin l’amour dessille. Tous les pays tenus dans une seule étreinte Veillent sur cette plage le corps du poète Couché dans le sable, rafraîchi par les branches Et la passante qui courait vers les rochers. Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’été De toutes choses reste fixé dans l’image Nette et définie et comme la vérité Vêtue de la forme qui à jamais l’ouvrage. Il aura suffi pour que tout soit comme avant De te regarder sur les pas de la musique Sortir encore de la maison du silence Comme si nous étions ailleurs plus attendus; Il aura suffi d’un murmure en aparté Pour que la lumière t’arrête à ce péage Et conduise ton ombre en un lieu écarté Où l’ombre d’un mot abolit le paysage.

21

Élégie 6 J’ai maintes fois rêvé d’un rêve si privé Que toi seule en moi eusses reconnu ta place A la voix d’or dont mon ombre sera l’écho, Au nombre de l’eau dont ma voix fut le miroir... – Quand je te vis fuir entre mes doigts énervés Et que j’étais déjà le temps qui nous efface Et le présager de l’adieu qui vient trop tôt Et le maître des oiseaux que la nuit va voir. Une brise traversait l’alcôve du rêve Comme une voix tissée d’un souffle matériel, La lumière par un rideau faisait surface Si léger suspendu qu’il n’était que lumière... – Quand tu t’éloignas avec le flot de la grève Et que le sol apparut sous l’éclat partiel D’un savoir éclipsé, d’un soleil qui se glace, D’un rythme dont le désespoir est la matière. J’ai songé plus d’une fois au songe si clos Qu’il eût contenu ton reflet dans les vitrines Et la fumée du ferry traversant le port Et jusqu’aux sanglots ardents que tu m’arrachais... – Quand j’allais dans la nuit claire longtemps marcher De sorte qu’il ne restât plus rien au dehors Ni ton visage qui sur ma peine s’incline Ni ta pensée telle une pierre dans le flot.

22

Une senteur passait par l’espace du songe Comme au soir la brûlante traversée du jour, Un arc de gouttes, les notes d’une sonate, La main sans hâte sur la gorge d’un oiseau... – Quand la chevelure tomba sous le ciseau Du soleil, et que le vers, langue disparate Assourdie des voiles du deuil tel un tambour Se plia en vain aux plaintes qui le prolongent. J’avais rêvé souvent d’un rêve si intime Qu’il n’eût laissé hors de sa durée nulle trace Et que nous y habiterions à notre insu Loin des gares, des routes, des aéroports... – Quand il n’était pas question du plaisir infime Dont le souvenir en nous souillant nous enlace Et que le retour ne nous avait pas déçus Chacun dans la prospérité de notre mort. Or, ce rêve que je n’ai jamais pu rêver, Comme dans un vieux western son héraut poudreux Par la grand’rue de l’horizon vient d’arriver, Porteur d’un silence dont nous serions heureux: Nous savons à le voir assis sur une marche Que là-bas au moins, dans notre contrée perdue, Rien n’a jamais changé ni ne changera l’arche Que dresse une flamme sur la mer étendue.

23

Élégie 7 Le pire, c’est bien votre éternelle jeunesse, La beauté pure, absolument vulnérable Que jamais ne protège le masque des rides, Car vous n’êtes pas convives à cette table Où nous restons parler quand la salle se vide; Rien ni pluie ne peut plus faire que disparaisse La fragilité pérenne de votre aurore Promenée par les mondes comme un bien réel Exposé à la convoitise de la mort Et à la stupidité des astres errants Longtemps après que la mort de vous s’est repue; En vain les alliés du temps se liguent encore Pour confondre vos traits en une autre Babel, Votre chant déserté porte un amour plus fort Dont les progrès des ténèbres sont les garants, L’ivresse qui n’est plus des mortels attendue. Mais vous qui jouez au dehors dans la lumière, Anges défunts que n’auront pas au corps touchés Les fêtes de la décrépitude et du lucre Ni la rigueur des cérémonies cosmétiques Tenues au rez de chaussée des grands magasins, Que votre nom vous fait mal quand le vers l’énonce, Que ma charge est lourde pour ne pas vous blesser Et longue l’éternité de votre jeunesse! Vous décorez ma couche sans qu’il y paraisse, Vous ridez en nageant l’eau que la marée fronce,

24

Vous avez cueilli de toutes choses assez, Car la perfection de votre instant est entière, Et la division du jour ne l’a pas tranché, Ombelle du regard sur l’intact involucre Pareille aux cymbales que régit la musique Et au coeur qui bat sans cesse dans votre sein. J’ai tardé à vous voir, constantes harmonieuses, A vous entendre, plénitude célébrée, O souffrance des années que vous n’aurez pas, Poursuivant votre course sur le bord des cieux Flexible comme la peinture d’un nuage; Vous qui n’êtes pas des vivantes oublieuses Ni la folle écume par le vent arborée, Depuis si longtemps que je marche sur vos pas, Depuis que je m’efforce de vous aimer mieux Et que je vous distrais aux vains secours de l’âge, Vous êtes la couronne qu’à la mort je tresse Vous m’avez conduit jusqu’à ce jour, chères parques, La beauté vous consume sans fin, vous cherchez La fraîcheur de l’onde, le geste qui vous arque Et c’est celui que je dédie pour l’ébaucher Au triomphe de votre éternelle jeunesse.

25

Élégie 8 Ayant, tel Robinson, habité sans coutume L’île d’un climat fixe et d’une loi cruelle, Le vieux naufragé serait peut-être moins triste Qu’Ulysse à son retour devant l’âtre qui fume, Vérifiant avec Eumée de ses biens la liste Ou contant au soir ses exploits sous la tonnelle. Mon geste ainsi fait entre l’île et la demeure Fut la représentation d’un heur esquissé, D’un retour à peine par le vers entrepris Sur les lieux enchantés où nul amant ne pleure, Car le long voyage lui-même est un abri Contre la douleur d’être et la mort que l’on sait. Nous voici deux dans un bar au petit matin, Le gel de la route rayonne vaguement A travers nos images pâles sur la vitre; D’après la carte nous sommes à mi-chemin D’une ville que nous verrons en nous aimant Briller de tous ses feux —le trajet nous attitre. Mais le café dilué, l’odeur des beignets A la cannelle, et des oeufs brouillés au lard, Et Michael Jackson qui scande "Bad" en sourdine, L’insinuent déjà: nous n’aurons jamais gagné De meilleur accueil que l’aube ne nous destine, D’autre hâvre moins qu’ici propice au départ.

26

Quand un asile tel qu’aujourd’hui se présente, Une vaste tranquillité nous accompagne D’être oubliés enfin dans ce lieu habité Où ne règnera plus le désert de l’attente, Et le regret d’autrui qui m’a longtemps hanté Se lève comme une brume sur la campagne. En entrant demain dans Mobile ou dans Memphis, Nous serons encore un très bref moment fidèles A l’état du matin par nous seuls partagé; De ce jour où je suis je me dirai le fils, Je cesserai un instant de m’en affliger, J’aimerai à part moi l’heure qui nous modèle. Minerve, ce n’est pas sous les traits de Mentor Qu’imposant tes doigts à mon front tu me rendras Ma vigueur première, la force de poursuivre, J’ai tant souhaité qu’un sein jeune absolût mes torts, Dans ma maison d’Ithaque vais-je rester ivre Et ne te connaître, déesse, sous nos draps? Le corps d’Echo rutilant plonge dans la mer Encore teinte du sang des cent prétendants, Je fus l’un d’eux, c’est pour elle que je souffris Et que ma main guida sur la page le fer, Tranchant les noeuds de cent bouquets qu’elle m’offrit Pour lui donner la rose du sens évident.

27

Élégie 9 O toi que l’être a déjà conquise et qu’illustrent La pierre d’angle frottée, la branche, la feinte De tes hanches, la fraîcheur souple enfin sauvée, La fureur de l’orvet, les langues égarées, Rien n’est semblable que la poudre soulevée, Mais l’intacte beauté guette après tant de lustres, La peau solaire et lisse des nuits éclairées Où dansant toutes les étoiles sont éteintes. Notre musique alors nous revient par les toits Sur les doigts des oiseaux et les coussins des chats, Elle revient alors au rythme et sous la loi Des rangs de tuiles penchées où la pluie sécha. Moi qui n’aurai pas su orner le pain des fêtes, Qui n’ai chanté sous les voûtes à l’unisson Mais sourd à l’écho dans la seule voix de tête, J’honore du vers l’ordre que nous caressons, Et n’ayant su partager le vin et la terre Ni les pas de l’aller d’avec ceux du retour, Et de l’être ne connaissant que ce qui erre, Le vers est mon potier, et ma glaise et mon tour. Notre musique alors légèrement se pose Et règne assise sur la margelle du feu, Elle se tient ferme dans l’outre de son corps Pourtant liquide comme une flamme enfermée.

28

O toi dont aux vents l’être déjà m’abandonne Et qui cours si vite et gracieuse où tu étais, Toi qu’illustre la chaux et qui bientôt titubes, Lisse lumière brune où dégoutte la treille Et fond le miel, ovale d’or parmi les cubes De pierre et l’élan brun du bronze qui résonne, A l’instant donné nulle autre n’est plus pareille, La mort te sourit et loue ton corps enchanté. Notre musique s’entend, nous revient alors Cueillir l’air des flacons où le vers mit des roses, Et la main nourricière plongée dans la maie Découvre un baiser, le souvenir d’un aveu. Moi qui n’ai su effleurer en leur temps vos fronts, Ni l’épaule et la nuque, la joue et les lèvres, Je veux que le vers se joue du feu le plus prompt, De l’eau des yeux rieurs dont l’or calme ma fièvre, Et n’ayant jamais que trébuché dans la ronde, Je demande au soir proche l’ombre des bûchers Où fument vos mets, où vos belles mains abondent Et vont distraire la mort qui vient m’y chercher. Sous l’ongle des lièvres et le bec des pigeons Notre musique alors nous revient par les monts Faire jouir la strophe d’un baiser plus long Porteur du seul sens et de la beauté des sons.

29

Élégie 10 A l’erreur de la vue, à l’honneur du toucher Je dois l’image qui de parler nous délasse. L’âge qui tue et mon bonheur en lui caché. Le jour où du métro fleurissaient les cocardes Et le tricolore s’étalait aux terrasses, En moi seul étonné, vêtu de nul symbole, Je déployai quelque invisible banderole Peinte aux claires couleurs du temps pour qu’on la pût Suivre du regard ébloui jusqu’aux mansardes. Tant d’autres ont joui d’un plus heureux début, Le mien monochrome à nouveau s’y commémore Sans s’y mirer et ne voit rien en soi que rebut. Aux tissus d’emprunt, au feu de la métaphore Je dois un regard égal et comme le tien Tourné vers la terre qu’au fond du jour il fore. Mais les drapeaux sous les fenêtres amassés Pèsent sur la lumière qui les entretient Dans la couleur brute, et à terme les fane, Réclamant à la chair l’attention qu’elle glane Parmi les chars applaudis et les hauts ballons Capteurs des regards et des récits du passé. Tant d’autres ont joui d’un prologue plus long,

30

Sur une seule note accordant mes abîmes Je n’oublie guère le désert où nous allons. Aux fumées artificielles, au sang du crime Je dois de tes yeux le souvenir enchanté Dont je peins le tableau par le vers et la rime. Un cheval à Longchamp gagne d’une encolure L’enjeu d’ordre par son nom représenté: "Il y a photographie," dit la voix sans corps Et de la course l’écoute ne voit encor Que mon coeur agité d’un faible tremblement, Ni veines ni poil suant, l’idée de l’allure. Tant d’autres jouissent de ce monde autrement, Le coeur tremblant a perdu pour soi tout égard Et ne reconnaît ni le lieu ni le moment. Aux cris de joie, à la tendresse du regard Je dois une douleur à la tienne semblable, Mortelle et adoucie par un Hermès hagard. La copie du spectacle s’expose à côté De son souvenir interdit et désirable Dont les morts les plus beaux ont perdu le secret; Claquant au vent, la strophe est leur adieu concret Dont les travestissements ne rendent pas compte Et leur chant d’accueil par la foule escamoté. A l’envers de la vue, au défaut d’un vain conte Je dois l’image de l’amour qui m’est ôté, Les chevaux de parade aux avenues s’affrontent.

31

Élégie 11 Ma gorge brûle de faire encore louange Mais ta bouche est close au chant que le vers échange Mon dernier souffle est le vôtre, nous expirons Ensemble quand la musique et le vers s’en vont Appelés et trahis par le vrai nom des choses Et ceux des pays que de grands fleuves arrosent. L’ancienne lampe que je laisse entre vos mains N’éclairera plus que notre tombeau commun Car nous avons fini notre dernier repas Dans la maison des sons qui cède sous nos pas. Aimée du soleil, vue que la lumière enfante Je t’ai trop célébrée déjà nue et vivante. Aimée des mains, mes doigts sont pris à tes rayons Et noués par l’incendie que nous essayons. Mon dernier souffle n’abolit pas cette flamme Qui trace pour tous de ton regard l’anagramme, Mais s’étonne d’une telle fidélité Au contour des yeux dans la gloire de l’été. La maison du poème apparaît au détour Du cap où les rameaux sombres des pins sont lourds Et s’élève à la hauteur où tu contemplais Par-dessus l’arc de nos bras un bonheur complet.

32

Aimée de la mer, corps par les vagues léché, Je ne puis rien clamer de toi qui soit caché. Nymphe chérie de l’air, aux cils de tournesol, Mes doigts sont gourds d’avoir trop imité ton vol. Mon dernier souffle sèche le front des enfants Qui peuplent de blancs pétales l’onde en surfant, Et dans la maison du poème vont et viennent Comme si la libre brise était leur gardienne. Le temps ne laisse rien au hasard, il reprend Les airs passagers, les enfants devenus grands Avec la part de sourire qui nous délivre De l’inepte vérité ourdie par les livres. Aimée des sables, des rocs, amie de la terre, Ne me garde rien de toi si tu la préfères. Aimée de moi qui n’ai rien sur moi que ton souffle, Je ne donne à l’écrit que ce dont la main souffre. Ma voix d’ombre voudrait dire encore une fois Les mots qu’aux mortes disaient les fous et les rois, De sorte que la main puisse te reconnaître Issue des flots radieux où tu viens d’apparaître. La danse a commencé où la jeunesse accourt, Mon dernier souffle ne sera d’aucun secours Contre la langue du baiser entre vos dents Dont s’arment sur la plage tous les prétendants. Aimée de la parole, musique incomprise, Ma main a pris ton luth et sur ce roc le brise.

33

Élégie 12 Mais c’est la harpe de la pluie qui nous répond Posée sur notre tombe quand la voix s’est tue, D’autres amants sur la route entendent son timbre Plus léger que nos pas; A la vitre embuée c’est le geste qu’ils font, Celui de s’aimer qui plus sûrement nous tue Par l’art charmant et délicat qu’ils ont de feindre Que nous ne soyons pas. Et les arbres qui bruissent se sont égouttés Feuille après feuille sur ta face renversée Où n’avaient régné que les larmes du soleil Et la couleur des blés; Ton chant que les arbres ne peuvent écouter Mouille d’une autre rosée l’herbe traversée Où régnèrent un jour les roses de l’éveil Et le zéphyr ailé. Je dis ton chant et c’était celui des mains Amies de mon corps, des plantes, des animaux Et des couleurs déployées, et ployées aussi Aux cordes accordées; L’oubli de nous qui va nous lire est en chemin Par des rues neuves qui n’ont pas connu nos maux Ni les joies uniques des lèvres que voici Aux rives abordées.

34

Vêtus et dévêtus, moi le vers, toi musique Nous voici l’un l’autre dans le sable gravés Où la mer qui nous survit dépose sa frange A ton corps inutile; Noires dentelles d’algues et lignes qui briguent La douceur des mousses, le son des mots sauvés, Tout sort est tel, hélas, que le temps le dérange Et la mort trop agile. C’est elle qui nous nomme et nous désigne enfin Habitants soucieux d’un impossible regret, Semblables à ce que nous fûmes, éperdus Dans un même baiser; C’est elle qui s’entredéchire et nous étreint D’une langue lâche, du récit des après, Et non toi à qui d’autres égards ne sont dus Que par la mer osés. J’entends la pluie des pas, Nous sommes l’ombre qui sourd d’une île engloutie, Et moins qu’un lichen, moins qu’un linceul dans nos mains Nous nous aimons sans usage et sans lendemain; La harpe n’est nul glas, Mais derrière ses traits ta face anéantie Nous ouvre lucide les feux de la maison Où sont enfin consumées toutes les saisons.

35

XII ELEGÍAS

36

Elegía 1 A veces tiene forma la música indomable, Hasta cuando la flauta de Pan no se halla sola, De Anatolia en los montes cuando el día deslumbrante Se alza bajo las alas; Pero una danza antigua el verso fiel celebra De cadencia fatal, oh cuerpo vislumbrado, Para hacer que el deseo con la renunciación Largamente converse. Jacarandaés de nuevo te han empalidecido, Adosados a tí, cielo de mayo, Las buganvillas los labios de una Africana Celan, y los geranios el seno de una rubia; Mas el mirarme a mí de los jacarandáes, Desde la opuesta orilla, Y que ahora me llega venido de la luz, Ni del cielo la edad ni nuestra muerte ofuscan. En el recuerdo entra la música sin ruido A darle a las montañas el color de su nombre; Cuando se alza la bruma, Te pertenezco por la abjurada memoria; Pero el verso inconstante a su ensueño se entrega, Pulido su deseo de gloria a nuestras sombras Debajo de los árboles Desde ahora sin hojas ni flores, sin estanques.

37

La carne, por su propio esplendor ocultada En el orden de siempre, Semejante a las palmas que cubren la colina, Se consagra al transcurso de edades y estaciones; Mas ve el cielo los brazos blancos del eucalipto: Como su imagen de ellos, Ya de mí está lejana la nuestra y yo por esto Sé la mirada, y del rumor el otro nombre. La música que toma de la ola en la ribera El eterno orden que el corazón no imita, No se oiría sin ella otro satén ajado Que el de la arena amándose; Pero el verso celoso del olvido y de la muerte Labra un cofre lacado para humildes tesoros Ante los que habríamos sonreído en el tiempo Que la arena borró. El tan largo coloquio De los jacarandaés con este sol de mayo Empalidece al cielo en que alas de ausencia De batir han dejado en un calmado pecho; La música y los versos Imprimen al caer de la tarde suspensa El relámpago de una mirada que a sí vuelve Con el adios del día por nosotros guardado.

38

Elegía 2 Un día gris y fresco en un país de sol Cuando la desnudez huye de pronto o tiembla, ¿Es, este sorprendente tiempo de fin de duelo, Un más definitivo espanto que nos roza Con un soplo que aparta lo que hemos sido juntos? ¿O es paz de los sentidos, la que pudre las frutas En lugar de los años caídas en el césped Del instante? Este día sabe bien de la noche, Pues, como yo, la tuvo en los cansados brazos Devolviéndole el tibio claror de las malezas, Pero este estremecido aire caricia antaño Al oído murmura que tú así me has hablado. Apenas imagino que el silencio del ojo Desde siempre ha estado hecho de músicas de estrado, Pero los luminosos cantos que te alertaban ¿No estaban ya tejidos de los sones dispersos Que acaban sobre el césped en la última alborada? Entonces mi creencia traicionó a lo que yo era Y, sin saber ya nada decirme de tu parte, Apaga ahora en mi mano la ya abolida llama. El traje de faena me distrae un instante Como la prosa cuando rinde al verso homenaje Un beso le reclama en que perder la imagen Que el sol jamás había de tal manera amado.

39

Por mucho que recorra tal cielo la mirada, Es siempre tu recuerdo de un flamboyán la sombra; Nada puede aquí hacerle acogida más tierna Que la sombra que soy del patio de los vivos, Turbado por el boato de la tarde ruidosa Y por amar a un tiempo todo lo que amé un día. Tal delantera el verso soñador le ha tomado A la muerte que nada decir sabe allá lejos. El cambio de lugar se ha revelado inútil Al ejercicio —ahora caminar es posible, Remar, correr, nadar, deslizarse a escondidas Sin sentir más placer que el de un esfuerzo fútil. Nada nos basta hoy, que el astro solitario Refugiado en el fondo de su ciego saber Le repite a la luz lo que debe ver ella Y, al soplo que la altera, se conoce la muerte. Un día gris y fresco cae bajo el árbol rojo Que otros ojos veían, que borra la extensión Que bajo un horizonte sin puerta ni umbral cede, Perdida la palabra, y la hora en todas partes. ¿Es este tiempo de brisa libre en los aires El que un escalofrío nos suscitaba súbito Cuando abría la llovizna el velo del desierto Y del que es la lección una insólita música?

40

Elegía 3 Este hombre que la espalda apoya contra un árbol, Vuelto el rostro a la calle que mira vagamente, Podría espiar mi imagen, pero la de otro tiempo, Porque yo soy ahora invisible a sus ojos. Con un brazo doblado, la mano en el bolsillo Del chaquetón de acrílico rojo y cuadriculado, La calle no se ve reflejada en sus ojos Y ese rojo que digo le aleja de mi imagen, Porque es insoportable tal color al poema Igual que los zapatos de sport y que la cara Mal afeitada, a otro lado inclinada apenas, En esta calle neutra en la que nunca he estado. Lo que de extraño ponen las palabras no está En esta calle muda con su trivialidad, Ni está en el autobús parado más lejos, Ni en el hombre que espera y no mira la hora; Sirven en el café de la esquina comidas Rápidas y baratas durante todo el día: Este recuerdo es inútil y no puedo Estar ahora atento a ese niño que llora. Ese ruido procede de un coche bajo el árbol Parado en que una joven no gentil al volante Apaga el cigarrillo con un gesto nervioso

41

Y, con el cuello tenso, arranca marcha atrás; Sus ojos no recuerdan a lo que antes ha sido, Su fealdad pecosa la aparta del poema Como si hubiese habido algún gesto más lento En la verdad de antaño y también en su luz. Cual si hubiese la luz acariciado un mármol Blanco de una escalera que subían tus pies Morenos en el aire transparente, así cree El verso que él se está acordando de un tiempo Más elevado, de un andar de sembradora. Mas como la ilusión y el hastío sus manos Enfermas han desenlazado, es hoy la imagen Que viene la que va, la que el verso lavaba De la triste calle en la espuma del mar próximo. Ni el hombre al que se ha visto apoyado en el árbol Ni la pastosa madre del niño escandaloso Ni el autobús, ni del restaurán los olores, En la imagen están por el verso olvidada; Mi corazón se duerme al sol horas y horas, Por efecto del arte se esfuma el sentimiento Y consigo la música la persuasión se lleva Hasta la orilla amena en que moría el mar. Como del mundo sólo conoce su ignorancia La imagen codiciada, que ningún ritmo imita, A la amada de los dioses, que la cadencia, Trae, amaba allí ayer otro, que no el poeta.

42

Elegía 4 No ocurre con la carne como con el relato De Ulises, que volvió feliz a sus orillas Y negó a los mendrugos que había en sus alforjas Cuando del oleaje levantó a la divina, A la exacta Penélope que aquí había dejado, Igual que el día que partió el joven Homero, La siempre nueva madre de Telémaco De vientre suave como la blanca arena de Ítaca. Nunca es la sangre como la palabra que pasa, Nadie ha hecho dos veces el viaje de Citera Sin beberse las heces de un cáliz más amargo Que la sangre que esparce la mano que lo rompe. Aquellas que se guardan y aquellas que se dan, Bellas o feas han acogido en su lecho Aromático o duro al pretendiente eterno; Ay de mí, él es, el tiempo que por su boca habla, Es Cronos que me inspira el himno que yo entono Porque de todos es el más ardiente amante. Mucho más tarde, mientras con su esposa descansa, Ulises ve en el marco de la ventana unas Golondrinas que van cayendo como piedras; Comprende qué hombre está oculto so la ropa Del porquero, y le embarga el sombrío pesar De los hijos anónimos que la isla alababa.

43

Ya las flechas de bronce están en su carcaj, Los ojos del presente acaban de vidriarse En la barca fondeada en que se rió Nausicaa; ¿Soy yo antaño el que ella creyó haber encontrado? ¿Soy en su cuerpo el destino que la defrauda, La palabra olvidada, la hora que ella marcó? Aquí, en este paisaje que aguarda a mis cenizas, Se va alejando un barco blanco bajo el rocío, Un resplandor dorado se me apaga en los párpados; Sobre la roca lisa en la que se ha posado Mi pensamiento la última música va muy pronto A bajar hasta el sitio en el que el pájaro De altamar ha caído lo mismo que una piedra. Le sucede a la carne lo que a un largo poema Que gime en el exilio, que vaga sobre su ancla, Son los jóvenes senos la América del alma Y es el verso perfecto la estela que la escota; La caricia del ritmo puro es la hora extrema Que une fuera de mí en la leche del sol Un verso muy largo entre las fatigas del viaje Y el silencio en nosotros del más alto deseo. La inmortal carne que enamora al verso Reconoce en la tarde que está temblando una Suerte que se parece al antiguo viajero Que al despertar descubre el orden inhumano En el que antaño fue escrito su cuerpo.

44

Elegía 5 Con respecto al paisaje, íbamos hacia el mar Y el oleaje entonces formaba una montaña Más móvil que el talante de planeadores pájaros Y más alta que el cielo del lunes matinal. La entera ausencia de razón y rima Transparece en los ojos dormidos y dolientes, Por el ciclo constante del tiempo convencidos De que un lugar no puede ser diferente de otro. De nosotros, que no fuimos más que este brillo Que hiere a la envoltura del teatro del mundo, Fuimos hasta el paisaje de las olas Que nos abrió y nos puso desnudos como el mar. El pasado dispersa y repite sus céspedes De los que, no la mano, el poema es garante, Tan sólo él ocupado en mermar la abundancia Que el olvido engrandece de ideal aparente. Luego, del borde fresco que bajo la piel resbala Fuimos lejos a ver en su lugar las tierras Al tiempo ásperas, propias a la reparación, Salidas de la piedra; su arrimo, el horizonte.

45

El canto por licencia continuo hasta la noche Se ha inclinado con sus collares de abalorios Por sobre la barbarie del interior extraño Do brilla mi dolor, pero ya no en tus ojos. Y tú, otra que dices del sol que sin nosotros Ha caído en la bruma tenue de la bahía, Cuando a ambos nos inquietan los espejos iguales, El rostro que yo ví arruina tu rumor. La vida descuidada por un peligro antiguo Huye de una lejana flotilla hacia las velas, El verso al viento suave nada sabrá cambiar Ni la resurrección que el amor desengaña. Todas las tierras que abarca un solo abrazo Velan en esta playa al cuerpo del poeta Acostado en la arena, enfriado por las ramas Y por la pasajera que huía hacia las rocas. Mucho tiempo no habrá sido preciso para Que el verano de todo quede fijo en la imagen Nítida y definida y, como la verdad, Vestida de la forma que siempre la trabaja. Habrá bastado para que todo sea como antes Con contemplarte sobre los pasos de la música Saliendo todavía del hogar del silencio Como si en otra parte nos esperasen más; Habrá bastado un murmullo entre nosotros Para que en este peaje te detenga la luz Y conduzca tu sombra a un lugar apartado Donde anule al paisaje la sombra de un vocablo.

46

Elegía 6 Con frecuencia he soñado en tan íntimo sueño Que tú sola en mí habrías distinguido tu sitio Ante la voz de oro de que mi sombra es eco, Ante el número de agua de que mi voz fue espejo... —Cuando yo te vi huir entre mis dedos lasos Y era yo entonces ya el tiempo que nos borra Y el vaticinador del adiós prematuro Y el dueño de los pájaros que la noche va a ver. Une brisa pasaba por la alcoba del sueño Como una voz tejida de un soplo material, La luz por un visillo entonces emergía, Suspendido tan leve, que no era más que luz... —Cuando tú te alejaste con la ola de la playa Y el sol apareció bajo el brillo parcial De un saber eclipsado, de un sol que se congela, De un ritmo al qu es materia la desesperación. Más de una vez en sueño tan cerrado he soñado Que contuviese tu reflejo en las vitrinas, El humo del vapor que atravesaba el puerto, Los suspiros ardientes que me arrancabas tú... —Cuando en la noche clara iba a caminar tanto Que ya nada pudiera quedar fuera de mí, Ni tu rostro que sobre mi agonía se inclina Ni tu recuerdo como una piedra en la ola.

47

Un aroma cruzaba el espacio del sueño Como en la tarde el viaje encendido del día, Como un arco de gotas, igual que una sonata O la mano sin prisa en el buche de un pájaro... —Cuando la cabellera cayó al tijeretazo Del sol, y el verso entonces, lengua desatinada, Como un tambor ahogado por los velos del duelo, Se plegó en vano a las quejas que lo prolongan. Yo había soñado mucho en tan íntimo sueño Que fuera de su espacio no habría dejado huella Y en el que viviríamos, ignorantes de hacerlo, Lejos de carreteras, andenes y aeropuertos... —Cuando no se trataba del ínfimo placer Cuyo recuerdo cuando nos mancha nos enlaza, Y la vuelta no nos había defraudado A cada uno en la prosperidad de nuestra muerte. Pero este sueño que yo jamás soñar pude, Como en un viejo western su polvoriento heraldo Se ve por la gran calle llegar del horizonte, Portador de un silencio que nos hacía felices: Sabemos bien, al verle sentado en un peldaño, Que al menos en la tierra lejana que perdimos Nada ha cambiado nunca ni ha de cambiar el arco Que levanta una llama sobre la mar extensa.

48

Elegía 7 Lo peor es, sí, vuestra eterna juventud, Esa belleza pura, siempre tan vulnerable, Que una máscara de arrugas no protege, Porque no estáis vosotras a esta mesa invitadas A la que conversamos tras vaciarse la sala; Ni siquiera la lluvia puede ya remediar De vuestra aurora la fragilidad perenne Paseada por los mundos igual que un bien real Expuesto a la codicia de la muerte Y la estupefacción de los astros errantes Cuando ya se ha saciado la muerte con vosotras; En vano los aliados del tiempo aún se coaligan Para con vuestros rasgos hacer otra Babel; Vuestro canto alejado lleva un amor más fuerte Del que garantes son las tinieblas que avanzan, La ebriedad que ya no esperan los mortales. Pero a vosotros que jugáis fuera en la luz, Ángeles cuyos cuerpos muertos no habrán tocado De la decrepitud y del lucro las fiestas Ni el rigor de las cosméticas ceremonias Del piso bajo de los grandes almacenes, Os duele vuestro nombre cuando el verso lo enuncia Y mi carga es pesada para no lastimaros, ¡De vuestra juventud larga es la eternidad! Mi lecho decoráis sin que así lo parezca, Rizáis nadando el agua que la marea frunce,

49

De todo cuanto existe bastante habéis cogido Porque entera es la perfección de vuestro instante Y no la ha cercenado la división del día, De la mirada umbela al intacto involucro Parecido a los címbalos que la música rige Y al corazón que late sin pausa en vuestro seno. En veros he tardado, constantes armoniosas, Plenitud celebrada, en escucharos, Oh sufrimiento de los años que no tendréis Siguiendo vuestro curso al borde de los cielos Flexible como la pintura de una nube; Vosotras que no sois vivas olvidadizas Ni sois la loca espuma por el viento arbolada, Hace ya mucho tiempo que sigo vuestros pasos, Desde que así me esfuerzo por amaros mejor Y os sustraigo a los vanos auxilios de la edad, Vosotras sois corona que le tejo a la muerte; Caras parcas, me habéis traído hasta este día, Sin cesar os consume la belleza, buscáis El frescor de la ola, el gesto que os inclina Es el que yo dedico, para ser bosquejado, De vuestra eterna juventud al triunfo.

50

Elegía 8 Habiendo, como Róbinson, vivido sin costumbre En una isla de clima fijo y de ley cruel, Tal vez el viejo náufrago menos triste estaría Que Ulises a su vuelta ante el hogar que humea, Con Eumeo comprobando la lista de sus bienes O contando sus proezas, por la tarde, en la pérgola. Mi gesto hecho entre la isla y la morada fue La representación de una suerte esbozada, De un regresar apenas por el verso emprendido En sitios encantados donde un amante nunca Llora, que el largo viaje es de por sí un abrigo Contra el dolor de ser y la sabida muerte. Henos aquí a los dos en un bar, con el alba, La helada de la pista reluce vagamente Contra nuestras imágenes de la ventana, pálidas; Según el mapa, estamos a mitad de camino De una ciudad que ambos amándonos veremos Brillar intensamente —nos confirma el trayecto. Pero el cafe diluido, el olor a buñuelos Con canela, y los huevos revueltos con tocino, Y Michael Jackson, "Bad" escandiendo en sordina, Ya lo insinúan: nunca habremos encontrado Acogida mejor que nos dispense el alba, Abra menos que ésta propicia a la partida.

51

Cuando un asilo tal como el de hoy se presenta, Una tranquilidad vasta nos acompaña De que al fin nos olviden en un sitio habitado Donde no reinará el desierto de la espera, Y el ajeno pesar que tanto me ha asediado Se alza como una bruma por encima del campo. Cuando entremos mañana en Mobile o en Memphis, Todavía seremos un breve instante fieles A la mañana que sólo ambos compartimos; De este día en que estoy yo he de llamarme el hijo, Durante unos momentos dejaré de afligirme, Amaré en mi interior la hora que nos modela. Minerva, con aspecto de Mentor no será Como, al tocar tus dedos mi frente, me devuelvas El vigor primitivo, la fuerza de seguir. Mucho el perdón de un pecho joven he deseado, ¿En mi casa de Ítaca voy a estar ebrio, no Voy bajo nuestras sábanas, oh diosa, a conocerte? El cuerpo rutilante de Eco se hunde en el mar Teñido por la sangre de los cien pretendientes, Uno de ellos fui yo, por ella fue por quien Sufrí y guió mi mano por la página el hierro, Deshaciendo los cien ramos que me ofreció Para darle la rosa del sentido evidente.

52

Elegía 9 Oh tú por el ser conquistada y que ilustran La rama, la angular piedra rozada, el sesgo De tus flancos, el ágil frescor por fin salvado, El furor del lución, las lenguas extraviadas, Semejante es tan sólo el polvo levantado Mas la intacta belleza hace lustros que acecha La piel solar y lisa de las lucientes noches Donde danzando todas las estrellas se apagan. Nuestra música entonces vuelve por los tejados Sobre dedos de pájaros y almohadillas de gatos, Viene entonces al ritmo y observando la ley De las filas de tejas secas tras de la lluvia. Yo, que el pan de las fiestas ornar no había sabido, Que no canté al unísono debajo de las bóvedas Sino, insensible al eco, con la voz interior, Rindo honor con el verso al orden que anhelamos, Y no habiendo sabido compartir vino y tierra Ni los pasos de la ida con los de nuestra vuelta, Y del ser no sabiendo más que aquello que yerra, El verso es mi alfarero, y mi arcilla y mi torno. Nuestra música entonces levemente se posa Y reina situada en el brocal del fuego, De su cuerpo el odre se contiene segura Aunque líquida cmo una llama encerrada.

53

Oh tú a cuyos vientos el ser ya me abandona Y corres tan veloz y gentil donde estabas, Tú a quien la cal ilustra y pronto titubeas, Lisa luz color sombra donde gotea la parra Y la miel se derrite, óvalo áureo entre cubos De piedra y el impulso del bronce que resuena, Al instante preciso no la hay más parecida, Sonríe y loa la muerte a tu cuerpo encantado. Nuestra música se oye, vuelve para coger El aire de los búcaros do el verso puso rosas, Y la mano nutricia sumergida en el arca Descubre un beso, de una confesión el recuerdo. Yo que rozar no supe vuestra frente en su tiempo, Ni el hombro ni la nuca, la mejilla y los labios, Quiero que el verso no haga caso del fuego pronto, Del agua de los ojos risueños cuyo oro Calma mi fiebre, y siempre tropezando en la ronda, Pido a la tarde próxima la sombra de los fuegos Donde humean vuestros platos, y vuestras bellas manos Distraerán a la muerte que se acerca a buscarme. So la uña de la liebre y el pico de las tórtolas Nuestra música entonces regresa por los montes A hacer gozar la estrofa con un beso más largo Que trae sólo un sentido y del son la belleza.

54

Elegía 10 Al error de la vista, a la honradez del tacto Yo les debo la imagen que de hablar nos descansa, La edad que mata y mi dicha en ella escondida. El día en que del metro florecían las cocardas Y el tricolor en las terrazas se exponía, En mí solo asombrado, sin vestir ningún símbolo, Yo desplegaba alguna banderola invisible De los claros colores del tiempo, a la que pudo La deslumbrante vista seguir hasta las buhardas. Otros muchos gozaron de un más feliz comienzo, El mío, monocromo, otra vez sin mirarse Allí se conmemora y sólo ve en sí heces. A las telas prestadas, al fuego metafórico Debo una igual mirada, vuelta como la tuya Hacia la tierra que surca al fondo del día. Mas bajo las ventanas los haces de banderas Pesan sobre la luz que nos sostiene allí Con un crudo color, y en un día los aja, Reclamando a la carne la atención que ella espiga Entre los aplaudidos autos y globos altos Captores de miradas y cuentos del pasado. Otros muchos gozaron de un prólogo más largo; Yo, que con una nota acuerdo mis abismos, No olvido, no, el desierto hacia el que caminamos.

55

Al humo artificial, a la sangre del crimen Les debo de tus ojos el recuerdo encantado Del que yo pinto el cuadro con el verso y la rima. Un caballo en Longchamp gana por sólo un cuello La apuesta que su nombre representa: "Tenemos una foto", dice la voz sin cuerpo; Y escuchar la carrera es incapaz de ver Más que mi corazón que levemente tiembla, Ni venas ni sudor, la idea de su aire. Otros gozan del mundo de modo diferente; Trémulo, el corazón por sí ha perdido todo Miramiento y ni sitio ni momento conoce. A los gritos de júbilo, a la tierna mirada Un dolor debo yo al tuyo semejante, Mortal y mitigado por un Hermes suspenso. La copia del evento se encuentra expuesta al lado De su recuerdo prohibido y deseable Cuyos muertos más bellos han perdido el secreto; Crujiendo al viento la estrofa es su adiós concreto Cuyas falsas exégesis no llegan a dar cuenta, Y su himno de acogida por el vulgo eludido. Al envés de la vista, a la falta de un cuento Vano debo la imgen del amor que me quitan, Los caballos desfilan, se enfrentan en las calles.

56

Elegía 11 Mi garganta en elogios arde pero tu boca Está cerrada al canto que intercambian los versos. Mi último aliento es el vuestro, y espiramos Juntos cuando la música y los versos se van Traicionados por el nombre real de las cosas Y los de los países que grandes ríos riegan. Esta lámpara antigua que dejo en vuestras manos Tan sólo alumbrará nuestra tumba común Porque hemos terminado nuestra última comida En la casa sonora que cede a nuestros pasos. Amada del sol, vista parida por la luz, Demás te he celebrado ya desnuda y con vida. Amada de las manos, a mis dedos tus rayos Enlazan, y el incendio que los dos intentamos. No hace mi último aliento que se extinga esta llama Que el anagrama a todos muestra de tu mirada, Mas se admira de tal fidelidad A la orla de tus ojos en la gloria estival. La casa del poema aparece al doblar El cabo en que las ramas oscuras de los pinos Son pesadas y se alza hasta donde, so el arco De nuestros brazos, una dicha total mirabas.

57

Amada del mar, cuerpo por las olas lamido, Nada que oculto esté clamar de ti yo puedo. Ninfa amada del aire, pestañas tornasol, Tanto invitar tu vuelo entumece mis dedos. Mi último aliento seca la frente de los niños Que pueblan, patinando, la ola de blancos pétalos Y van y vienen en la casa del poema Como si su guardiana fuese la libre brisa. El tiempo nada deja al azar, recupera Los aires pasajeros, los niños hechos grandes Con la parte de sonrisa que nos libera De la inepte verdad urdida por los libros. Amada de la arena, amiga de la tierra, Nada de ti me guardes cuando tú la prefieres. Amada mía, nada tengo más que tu aliento, Sólo el don que la mano sufre doy a lo escrito. Mi oscura voz querría decir una vez más Lo que los locos y los reyes a las muertas, De modo que la mano pudiera conocerte Salida de las olas radiantes de que surges. La danza a que los jóvenes acuden ha empezado, No servirá mi último aliento de defensa Contra la lengua del beso entre vuestros dientes Del que en la playa todos los pretendientes se arman. Amada de la voz, música incomprendida, Tu laúd, que he tomado, lo rompo en esta roca.

58

Elegía 12 El harpa de la lluvia es la que nos responde Dejada en nuestra tumba tras callarse la voz, Otros amantes oyen su timbre más ligero Que nuestros propios pasos; En el vidrio empañado está el gesto que hacen, El de amarse que más ciertamente nos mata Por el arte gentil que tienen de fingir Que nosotros no somos. Los rumorosos árboles han ido goteando Una hoja después de otra en tu faz asombrada Donde sólo reinaban las lágrimas del sol Y el color de los trigos; Tu canto que los árboles no pueden escuchar Moja de otro rocío a la hierba calada Donde un día reinaron las rosas matutinas Con el céfiro alado. Digo tu canto y era el canto de tus manos Amigas de mi cuerpo, de plantas, de animales Y de colores desplegados, y plegados A las acordes cuerdas; Nuestro olvido, que va a leernos, ya viene Por calles nuevas que nuestra angustia ignoraban, Y los júbilos únicos de los labios que ahora Abordan las orillas.

59

Vestidos y desnudos, yo el verso, tú la música, Henos aquí a uno y otro en la arena grabados Donde el superviviente mar depone su franja Inútil a tu cuerpo; Negros encajes de algas y líneas que pretenden El dulzor de la espuma, las palabras salvadas, Pues toda suerte es tal que el tiempo la perturba Y la más que ágil muerte. Es ella quien nos nombra y nos declara en fin Habitantes inquietos de un pesar imposible, Semejantes a lo que ya fuimos, perdidos En idéntico beso; Ella es quien se desgarra a sí misma y nos ciñe Con una lengua suelta, contando lo aún no sido, Y no tú, que respetos mayores no mereces Que aquellos que el mar osa. La lluvia de los pasos Oigo, la sombra somos que una isla sumergida Iza, y menos que un liquen, menos que en nuestras manos Un sudario, sin meta futura nos amamos; No es el arpa un tañido Mortuorio, más detrás de sus rayos tu faz Abolida nos abre, lúcida, de la casa Los fuegos que consumen todas las estaciones.

60

DU MÊME AUTEUR

PROSES NARRATIVES La lune avec les dents, Paris, Minuit, 1963; trad. castellana, Barcelona, Lumen, 1968 Je demeure en Sylvia, Paris, Minuit, 1966 Le Voyage organisé, Paris, Seuil, 1968 Journal exemplaire, Paris, Seuil, 1969 THEÂTRE Le Retour des Cendres, Lausanne, L’Age d’Homme, 1972 ESSAIS Le Récit amoureux (dir. avec M. Zéraffa), Sessey, Champ Vallon, 1984 Narrative as Communication, Minneapolis, Minnesota U.P., 1989 Le Devenir de l’absence (en préparation) POESIE Environs d’un temps, Paris, Minuit, 1963 Pour mon herbe, Paris, Minuit, 1970 Vita Australis, édition bilingue, Sydney, Wild & Woolley, 1977 Vita Australis, édition française augmentée, Paris, Flammarion, 1981

61

DANS LA MÊME COLLECTION

DÉJÀ PARUS: 1. Pierre Silvain: Le Guetteur invisible; avec des photographies de Pierre Schwartz. 2. Joseph Bya: Le Traitement du sujet, avec des dessins de Ricardo Mojardín. 3. Didier Coste: XII Élégies, XII Elegías, versión castellana por Ángel Crespo; avec des dessins de Hubert Pinaud. SOUS PRESSE, 1991: 4. Ángel Crespo: La Forêt transparente, version française de Didier Coste; avec des dessins d’Albert Rafòls-Casamada. 5. Jenaro Talens: Moins qu’une image, version française de Didier Coste; avec des images de Jordi Teixidor. 6. Charles Grivel: La Retenue / La Presa, versión castellana por Jenaro Talens; avec des photographies d’Érik Bullot. 7. Alain Buisine: Sur les pas du Grec, illustré. Il existe une édition de luxe sur vergé, sous cartonnage, signée par l’auteur et par l’artiste et embellie d’une ou plusieurs gravures originales ou de tirages originaux de photographies, de chacun de ces ouvrages. Le tirage commercial varie de 20 à 40 exemplaires. Catalogue sur demande.