Section 55. Philosophie de la logique L’identité symbolique et la logique partitive des valeurs...

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Section 55. Philosophie de la logique L’identité symbolique et la logique partitive des valeurs spirituelles Ioan Biriş L’Université de l'Ouest de Timisoara,Roumanie E-mail:[email protected] Sur le principe d'identité, la philosophie de la logique et la philosophie des sciences ont souvent fait des considérations très différentes, des voires contradictoires. Si pour Meyerson, par exemple, la connaissance ne peut pas avancer que par l’identité, pour Wittgenstein ce principe est tout simplement inutilisable, parce que dire que deux choses sont identiques est une absurdité, et le soutien quune chose soit identique avec lui-même signifie ne rien dire. Cela rend certains auteurs à soutenir que le concept d'identité finira par être remplacé par celui de similarité i , parce que le schème conceptuel de l’identité manque de précision. C'est vrai, l’utilisation d'identité en sens fort est presque impossible, mais on ne peut pas être dérogé à l'identité, au moins dans le sens de l'identité partielle ou atténuée ii . En même temps, il faut faire une distinction entre plusieurs espèces d'identité comme «l’identité

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Section 55. Philosophie de la logique

L’identité symbolique et la logique partitive

des valeurs spirituelles

Ioan Biriş

L’Université de l'Ouest de Timisoara,Roumanie

E-mail:[email protected]

Sur le principe d'identité, la philosophie de la logique et la

philosophie des sciences ont souvent fait des considérations très

différentes, des voires contradictoires. Si pour Meyerson, par exemple, la

connaissance ne peut pas avancer que par l’identité, pour Wittgenstein ce

principe est tout simplement inutilisable, parce que dire que deux choses

sont identiques est une absurdité, et le soutien qu’une chose soit

identique avec lui-même signifie ne rien dire. Cela rend certains auteurs à

soutenir que le concept d'identité finira par être remplacé par celui de

similaritéi, parce que le schème conceptuel de l’identité manque de

précision.

C'est vrai, l’utilisation d'identité en sens fort est presque impossible,

mais on ne peut pas être dérogé à l'identité, au moins dans le sens de

l'identité partielle ou atténuéeii. En même temps, il faut faire une

distinction entre plusieurs espèces d'identité comme «l’identité

matérielle» et «l’identité formelle», «l’identité numérique» et «l’identité

qualitative», etc. Dans cette étude, nous nous intéressons sur la nature de

l'identité symbolique, c'est à dire de l'identité qui est spécifique pour

l'analyse des valeurs spirituelles, comme les valeurs éthiques ou

esthétiques, des valeurs spirituelles dans la société en général.

On dit que la nature fondamentale du symbole a une dimension

religieuse, parce que le symbole a le pouvoir d’élever l’âme humaine vers

le surhumainiii. Également, dans toute valeur spirituelle, nous trouvons le

même mécanisme d'un élan qui, souvent, essaye d’élever une partie à la

valeur de l’entier, au pouvoir de l’entier. Par conséquent, comme Brentano

le voit très bien, la logique adéquate pour l’analyse des valeurs spirituelles

est une logique partitive.

Mais quelle forme de logique partitive? Sans doute, les valeurs ont

une nature relationnelle. En outre, comme le souligne G.E. Moore, les

valeurs sont «des entiers», qui ne peut pas être décomposées en

«parties». Ou, autrement dit, les parties de valeur sont aussi des entiers,

ce qui nécessite une logique partitive spéciale. Par exemple, comme

suggère le philosophe roumain Constantin Noica, le logos comme entier

de valeur peut aller dans son ensemble dans une langue, on dit dans la

langue grecque, et pas seulement une partie de logos. Ou bien, comme

dans la trinité chrétienne, le Fils est le Père exprimé en son entier. Donc,

les relations entre les valeurs spirituelles sont des relations entre entiers,

parce que les parties des valeurs spirituelles sont aussi bien que des

entiers.

Pour répondre à la question ci-dessus, il faut souligner que,

traditionnellement, deux formes de logique partitive ont été remportées:

celle de Lesniewski et celle de Brentano. La mereology de Lesniewski

peut aider à comprendre la logique de telles situations? La mereology

développée par le logicien polonais est un système axiomatique déductif

avec les axiomes de l'asymétrie, de la transitivité, de l'égalité et de

réalitéiv. Pour ce système, les propriétés formelles des relations partie-

entier sont l’iréflexivité, l'asymétrie et la transitivité. Cela conduit à une

perspective intégrative-ascendantev dans laquelle l’identité est diffusée

par la transitivité. Nous croyons que, bien que la mereology puisse être

appliquée dans divers domaines, à la fois dans les sciences naturelles et

dans les sciences sociales, elle n'est pas adaptée pour la sphère des

valeurs spirituelles, parce que dans le cas des valeurs spirituelles la

transitivité peut être souvent annulée. Les valeurs spirituelles peuvent

passer facilement comme leur contraire, ce qui est «bon» dans un

contexte peut sembler «mauvais» dans un autre contexte, les «effets

pervers» (au sens de R. Boudon) annulant la transitivité chaque fois.

Un point de vue inverse, orienté vers le bas, le descendant, nous

donne la holology de Brentanovi, qui a inspiré plusieurs tentatives pour

parvenir à une axiologie formelle. Brentano distingue entre des entiers-

somme et des entiers-produit (entiers organiques). Dans les entiers-

somme la valeur de l’entier est égale à la somme de toutes les parties de

l’entier, mais dans les entiers-produit la valeur de l’entier peut différer de

la somme des parties. Pour les entiers-somme sont valables les axiomes:

un entier de «Bien» (B), par exemple, est préférable à une somme de

«Bien» et de «Mal» (M), et la somme est préférable à un entier de «Mal»

((B > (B + M) > M)); la somme des entiers de «Bien» (B1 + B2) est

préférable aux parties séparément ((B1 + B2) > B1 (ou B2)); les entiers de

valeur sont comparables seulement si leurs parties sont du même type. Et

pour les entiers-produits sont valables les axiomes: la composition des

deux valeurs de «Bien» vaut plus que leur somme ((B1 • B2) > (B1 + B2)); la

composition d’une valeur de «Bien» avec une valeur indifférente (I) vaut

plus que leur somme ((B1 • I) > (B1 + I)); la somme des deux valeurs de

«Mal» est préférable à leur composition ((M1 + M2) > (M1 • M2)); la somme

d’une valeur de «Mal» avec une valeur indifférente est préférable à leur

composition ((M + I) > (M • I )).

Peut-on comprendre le mécanisme de l'identité dans la sphère des

valeurs en nous aidant de la holologie de Brentano ? À la première vue, il

semble que oui, parce que la composition des entiers de valeur peut

augmenter leur valorisation, mais peut également l’annuler ou permettre

de passer à d'autres entiers. Mais la holologie de Brentano ne nous

présente certaines opérations qui se déroulent au sein de ces

compositions et comment se comporte l'identité lorsque nous avons un

passage d’un entier à l'autre.

Donc, nous ne pouvons pas rester aux deux formes de logique

partitive parce que: a) la perspective ascendante de la mereologie

conserve la transitivité, ce qui n'est pas toujours le cas dans la sphère des

valeurs b) dans le cas d’une perspective ascendante et inductive, des

contradictions du type de paradoxe de la fission (1. b = a; 2. c = a; 3. b ≠

c) peuvent apparaitre; c) ni la mereologie ni la holologie n'expliquent pas

le fonctionnement logique de l’identité dans le cas des valeurs; d) ni la

mereologie ni la holologie ne tiennent pas (pas tenir) compte des

opérations de potentiation symbolique des parties et de leurs

compénétration dans un entier.

Dans cette situation, notre hypothèse basée sur les suggestions du

philosophe roumain Constantin Noicavii, est de proposer une autre forme

de logique partitive qui peut être appelée holomerie (l’holomer est une

partie qui a le pouvoir de l’entier). La composition des parties de valeur

est réalisée par compénétration, pas conjonctions, disjonctions ou par des

implications. Les parties de valeur peuvent être parfois équivalentes,

mais pas nécessairement équipotentes, car seules certaines parties (=

holomeres) puissent avoir une potentiation égale avec le pouvoir de

l’entier. Comment fonctionnent logiquement les holomeres des valeurs

spirituelles? Nous ne pouvons pas comprendre ce fonctionnement, le dit

Noica, que par les opérations de potentiation et de compénétration, le

processus doit être analysé à la fois sur la direction entier → partie, et sur

la direction partie → entier.

Prenons-les tour à tour. Sur la direction entier → partie, l’identité

symbolique (à noter que <=> sym, comme une identité intensionnelle) agit

comme une identité unilatérale, ce qui signifie que l’entier passe dans son

ensemble en partie (comme le Père du Fils dans la religion chrétienne).

C'est une identité unilatérale, car elle est disponible uniquement sur la

direction de l’entier → partie. Dans ce cas les propriétés formelles sont

valables: la réflexivité ( x) ( y) ((RxyRyx)→Rxx)); la symétrie ( x) ( y)

(Rxy → Ryx); la transitivité ( x) ( y) ( z) ((RxyRyz)Rxz)).

Sur la direction partie → entier la situation est différente. Dans ce cas

c’est une contradiction unilatérale, ce qui signifie que l’holomer-partie s'oppose,

se trouve en contradiction avec l'ancien entier. Cette situation peut être

exprimée aussi à l'aide de la logique des relations comme suit: l’iréflexivité ( x)

( y) ((RxyRyx) Rxx)); l’asymétrie ( x) ( y ) (Rxy Ryx);

l’intransitivité ( x) ( y) ( z) ((Rxy Ryz)Rxz)).

Mais ces situations expriment en effet deux pôles d'un continuumviii.

Dans un holomer, le processus de compénétration combine logiquement la

réflexivité de l’entier de valeur avec l’iréflexivité de la partie de valeur; la

symétrie de l'ancien entier de valeur avec l’asymétrie de la partie de valeur qui

devienne holomer; mais aussi la transitivité de l'ancien entier de valeur avec

l’intransitivité de la nouvelle partie de valeur. C’est-à-dire les propriétés

logiques de l’holomer sont exprimées par la logique des relations tout semble

donc être: non-réflexivité ( x) (y) ((RxyRyx) Rxx)); non-symétrie ( x)

(y) (Rxy ¬Ryx); non-transitivité (x) (y) (z) ((Rxy Ryz) Rxz)).

Ces propriétés de la relation holomerique expriment mieux la structure

analogique d’holomer, une structure dans laquelle l’identité de l'ancien entier se

reflète symboliquement dans la nouvelle partie, mais il peut y avoir des parties

où il n'apparaît pas; l’identité de l'ancien entier est symétrique jusqu’à un point

dans le nouveaux holomer, mais elle devient asymétrique au moment où la

partie s'oppose à l'ancien entier; l’homogénéité de l’identité symbolique permet

la transitivité de l’entier à la partie, mais l'hétérogénéité de la nouvelle partie qui

a une potentiation d’un nouveaux entier annule la transitivité, en résultant par

conséquent la propriété de la non-transitivité.

Notes

i Voir, par exemple, Frédéric Nef, Les propriétés des choses. Expérience

et logique, Vrin, Paris, 2006, p. 261 şi 295.

ii Voir en ce sens Filipe Drapeau Contim, Qu’est-ce que l’identité, Vrin,

Paris, 2010.

iii René Alleau, De la nature des symboles, Payot, Paris, 2006, p. 24.

iv Stanislav Lesniewski, On the Foundations of Mathematics, in Topoi, An

International Review of Philosophy, D. Reidel Publishing Company,

June, 1983, p. 25.

v Voir aussi Roberto Poli, Între speranţă şi responsabilitate, Editura Curtea

Veche, Bucureşti, 2009, p. 216.

vi Franz Brentano, Vom Ursprung sittlicher Erkenntnis , Duncker & Humblot, Leipzig, 1889. vii Notamment Constantin Noica, Scrisori despre logica lui Hermes, Editura

Cartea Românească, Bucureşti, 1986.

viii J’ai appliqué cette logique partitive à la la sphère des valeurs religieuses

en Ioan Biriş, Religious Violence and the Logic of Weak Thinking: between

R. Girard and G. Vattimo, în Journal for the Study of Religions and

Ideologies, vol. 11, No. 32, 2012.

Références

R. Alleau, De la nature des symboles, Payot, Paris, 2006.

I. Biriş, Religious Violence and the Logic of Weak Thinking: between R.

Girard and G. Vattimo, in Journal for the Study of Religions and

Ideologies, vol. 11, (2012), No. 32.

F. Brentano, Vom Ursprung sittlicher Erkenntnis , 1889.

F. D. Contim, Qu’est-ce que l’identité, Vrin, Paris, 2010.

S. Lesniewski, On the Foundations of Mathematics, in Topoi, An

International Review of Philosophy, D. Reidel Publishing

Company, June, 1983.

F. Nef, Les propriétés des choses. Expérience et logique, Vrin, Paris,

2006.

C. Noica, Scrisori despre logica lui Hermes, Editura Cartea

Românească, Bucureşti, 1986.

R. Poli, Între speranţă şi responsabilitate, Editura Curtea Veche,

Bucureşti, 2009.