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AL-MUKHATABAT ISSN 1737—6432 ISSUE 08/2013
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EGALITE ET QUANTIFICATION DU PREDICAT
S. RAHMAN (Savoirs, Textes, Langage (STL), UMR 8163, Université de Lille 3), J. G.
GRASNRTÖM (Zürich, Switzerland) and Z. SALLOUM (Université Libanaise)
Résumé
Aristote n’a pas développé une théorie de la quantification de prédicat, mais une
étude récente de Hasnawi a montré qu’Ibn Sīnā l’a consacré une étude rigoureuse.
En supposant la structure aristotélicienne sujet-prédicat, Ibn Sīnā qualifie les
propositions, qui portent un prédicat quantifié, comme étant une proposition déviante
(muḥarrafah محرفت). Une conséquence de cette approche avicennienne est que la
seconde quantification est absorbée par le prédicat. La prédication claire entre un
sujet quantifié, qui se trouve dans le domaine de la quantification, et une partie
prédicative, qui construit une proposition sur ce domaine, correspond
structurellement à la distinction, faite dans la théorie constructive des types, entre le
type des ensembles et le type de propositions.
ملخص
عل ض دزاس حدث ألمحد احلشها، نتبو أى مو قام بضع نظس يف سز احملنل لص أزسط امنا
فهحو اذا ما انطلكها مو به الكض عهد أزسط املتكن مو مضع حمنل، فانها جند ابو . ابو سها
ز عل انا قضاا حمسف احد نتاج ير املكازب . سها صهف الكضاا اليت تهط عل حمنل مش
ز مجديف . الشه تتنثل يف كى الشز كع ادماج يف احملنل كى احلنل الاضح بني مضع مش
مداى التشس بني اجلز احلنل الر بين قض عل يرا املداى، متطابكا بصز يكل مع التنز
. بني أصاف الفات أصاف الكضاا ي التنز املعنل ب داخل نظس األصاف
Abstract
Aristotle did not develop the quantification of the predicate, but, as shown in a recent paper
by Hasnawi, Ibn Sīnā did. In fact, assuming the Aristotelian subject-predicate structure, Ibn
Sīnā qualifies those propositions that carry a quantified predicate as deviating (muḥarrafah
propositions. A consequence of Ibn Sīnā's approach is that the second quantification (محرفة
is absorbed by the predicate term. The clear differentiation between a quantified subject, that
settles the domain of quantification, and a predicative part, that builds a proposition over this
domain, corresponds structurally to the distinction, made in constructive type theory, between
the type of sets and the type of propositions. Neither did Aristotle combine his logical analysis
of quantification with his ontological theory of relations or equality. But Ibn Sīnā makes use of
syllogisms that require a logic of equality, and considered cases where quantification combines
via equality with singular terms. Moreover these reflections provide the basis for his theory of
numbers that is based on the interplay between the One and the Many. If we combine Ibn
Sīnā's metaphysical theory of equality with his work on the quantification of the predicate, a
logic of equality comes out naturally. Indeed, the interaction between quantification of the
predicate and equality can be applied to Ibn Sīnā's own examples of syllogisms involving
these notions. By using the formal instruments provided Martin-Löf’s constructive type
theory, the present paper establishes links between Ibn Sīnā's metaphysics and his logical
work: links that have been discussed in relation to other topics by Thom and Street. Ibn Sīnā
did not develop a logic of identity, but he did develop the conceptual means to do so.
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Aristote n’a pas combiné son analyse logique de la quantification avec sa théorie ontologique de
relation ou d'égalité. Alors qu'Ibn Sīnā a utilisé les syllogismes qui nécessitent une logique
d'égalité, et a examiné les cas de l'interaction entre identité et la quantification des prédicats. En
outre, ces réflexions sont essentielles pour sa théorie des nombres qui est basée sur l'interaction
entre l'Un et le Multiple. Si on combine la théorie métaphysique d’égalité d'Ibn Sīnā avec son
travail sur la quantification du prédicat, une logique d'égalité se construit naturellement. En effet,
l'interaction entre la quantification de prédicat et l'égalité peut être appliquée à plusieurs exemples
des syllogismes, proposés par Ibn Sīnā dans ses ouvrages. En utilisant les instruments formels,
fournis par la théorie constructive des types de Martin-Löf, ce papier établit des liens entre la
métaphysique d'Ibn Sīnā et son travail logique: Liens qui ont été discutés en relation avec d’autres
sujets par Thom et Street. Ibn Sīnā n'a pas développé une logique de l'identité, mais il a
développé les moyens conceptuels de le faire.
1 Introduction
Selon le point de vu de Sundholm [15] (cf. [9]), et après les travaux de Frege, les quantificateurs
sont destinés à ranger l'univers de tous les objets. Par conséquent, puisque toutes les
quantifications concernent le même domaine, il semble qu’il n’y a aucune nécessité pratique ou
théorique d’ajouter des informations explicites sur le domaine de la quantification dans la
notation des quantificateurs. Dans ce contexte, le rôle du prédicat est de choisir, à partir d’un
univers du discours universel, le sous-ensemble des objets appropriés pour l'analyse de la phrase
examinée. Une telle stratégie a des effets secondaires. Elle libère la forme logique de la structure
sujet-prédicat qui est explicitement imposée sur les propositions dans la tradition aristotélicienne.
Cependant, le travail de Frege est totalement infidèle à l’expression correspondante en langage
naturel.
Il semble naturel, d'une part, à attacher à chaque, un nom, comme chaque étudiant et chaque
philosophe, mais, d'une autre part, si quelqu'un affirme que
Certains éléphants sont petits,
il semble que nous prenons, à partir de l'univers restreint des éléphants, celles qui sont petits, et
non pas, à partir du domaine universel d'objets, les objets qui sont petits et éléphants. Il se
pourrait bien que l'éléphant en question est petit (en tant qu’un éléphant), mais même les petits
éléphants sont de grandes créatures dans le règne animal.
Crubellier, dans une nouvelle traduction française d’Analytica [2], propose de traduire la
formulation des expressions universelles d'Aristote avec une paraphrase comme
Être petit s'applique à certains éléphants.
La traduction de Crubellier suggère fortement que le sujet, restreint le prédicat (être petit), au
domaine des éléphants. Notons que chaque et certain sont toujours attachés à un nom. Dans un
papier sur la notion de nombre chez Platon et Aristote, Crubellier [7] souligne que, pour les
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anciens Grecs, un nombre est toujours attaché à un nom: deux pommes, deux fleurs, etc. Le pur
nombre des mathématiciens est, selon Aristote, une présentation abstraite qui réalise une
généralité - par exemple deux est une abstraction de deux objets que ce soit. Peut-être, de même
manière, nous devons penser à chaque comme une abstraction de chaque pomme, chaque fleur, etc.
Un point crucial, dans la formalisation de la théorie des types des formes aristotéliciennes de
propositions, est la distinction entre deux formes de jugement qui se formalisent, toutes les deux,
la même phrase du langage naturel de la forme
a est B,
notamment:
a : B et B(a) : vrai(a : A),
où, dans le premier cas, B est un ensemble, et, dans le second cas, B(x) est une proposition telle
que x est un élément de l'ensemble A.
Cette distinction est liée à la belle analyse de Cratyle de Platon, faite par Lorenz et Mittelstrass
dans [13]. Dans cet article, les auteurs soulignent deux fondamentales de prédication, à savoir,
nommer (όνομάζειν), et énoncer (λέγειν). Le premier désigne l’acte de subsumer un individu sous un
concept et le second établit une proposition vraie. Si on nomme correctement, on révèle le
concept instancie par l’individu. L’acte d’énoncer concerne la vérité de la proposition qui résulte
d’une prédication. Si le prédicat s'applique en effet à l'individu, la proposition associée est vraie.
Dans le cadre de notre propre reconstruction, l’acte de nommer correspond à l'affirmation selon
laquelle un individu est un élément d'un ensemble donné, ou, ce qui revient au même, que
l'individu s'inscrit dans un concept donné, ce qui implique un jugement de la forme a: B, et
l’acte d’énoncer correspond à affirmer la vérité d'une proposition, c'est-à affirmer B (a): vrai. La
notation de théorie de type classique de quantificateurs souligne la structure à deux termes des
formes aristotéliciennes de propositions.
(∃ x:S)P(x) et (∀x: S)P(x).
Dans l'exemple ci-dessus, S ≡ {éléphant}, et P (x) ≡''x est petit'', où la variable x représente un
éléphant1. Ceci révèle clairement que S et P ont deux statuts différents.
Aristote n'a pas appliqué son analyse logique de quantification ni aux relations, ni à l'égalité, alors
qu’Ibn Sīnā considère l’exemple comme celui déjà cité, comme étant à la fois une proposition et
aussi comme un syllogisme où la quantification se combine, via égalité, avec des termes
singuliers.
Ces réflexions sont à la base de sa théorie de nombre qui se fonde sur l'interaction entre l'Un et
le Multiple2. Certes, comme l'a souligné Hasnawi3, Aristote examine le cas de relations et d'unité
dans plusieurs endroits dans son travail, comme dans les livres Δ et Ι de sa Métaphysique. En
1Dans cet article, nous utilisons le signe ≡ pour l'égalité définitionnelle: dans ce cas, la définition de S est de type « ensemble» et la définition de P (x) est de type « proposition». 2 Rahman/Salloum: The One, the Many and Ibn Sīna's Logic of Identity (en cours de préparation). 3 Une communication personnelle avec Ahmed Hasnawi.
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outre, la classification de l’unité chez Ibn Sīnā, que nous allons traiter dans ce papier, est
aristotélicienne.
Cependant, le but principal de notre papier est de montrer que la quantification de prédicat
d'Ibn Sīnā lui permet d’introduire la distinction entre nommer et énoncer dans le langage objet et
préfigurer, qui lui permet d'introduire, peut-être pour la première fois, une logique avec un
prédicat d'égalité.
2 Quantification du prédicat
Plusieurs logiciens du Moyen-Age ont évités de travailler sur les relations, en particulier dans le
contexte de la construction des syllogismes. Ainsi, les syllogismes sont fondés sur des prédicats
monadiques et la logique des prédicats monadiques ne conduit pas naturellement à une
quantification plurielle. Toutefois, Avicenne consacre deux chapitres d’al-`Ibāra à la
quantification du prédicat. Al-`Ibāra (العبارة) est le troisième livre de la collection logique de
l’encyclopédie philosophique d’Ibn Sīnā intitulé al-Shifā (La Guérison الشفاء). Dans ces textes,
Ibn Sīnā montre que son approche de la quantification est liée à l'analyse aristotélicienne de
relations, mentionné ci-dessus, bien que la propre compréhension d’Ibn Sīnā sur la quantification
lui permette à la fois d'étudier la double quantification et défendre son étude de détracteurs. Ceci
est apparu dans l'excellent papier de Hasnawi [12] sur la double quantification d’Ibn Sīnā - un
papier qui contient, pour la première fois en langue étrangère, une traduction en anglais de ces
deux chapitres.
En effet, une des objections médiévales contre la quantification du prédicat est que, en raison de
la possibilité d'une négation dans le cadre du deuxième quantificateur, les propositions ne
pouvaient plus être dire si elle est positive ou négative1. Par exemple, la phrase un homme n’est pas
chaque animal désigne une proposition affirmative ou négative ? Selon Hassnawi2, Ibn Sīnā
défend un point de vue radical, puisque il considère que la proposition à double prédicats
quantifiés est constituée par le quantificateur plus le prédicat initial, qui forme ensemble une
unité. Ainsi, une proposition qui a la forme d'une proposition affirmative positive normale
gardera cette qualité même si un quantificateur négatif a été précédé de son prédicat. Le
quantificateur du prédicat est conçu comme un opérateur formateur de prédicat sur des prédicats:
il génère de nouveaux prédicats des précédentes par la fixation d'un quantificateur à eux.
Il semble bien qu’Ibn Sīnā pense que la quantification du second terme un nouveau prédicat, et
cela s'écarte de l'utilisation normale de quantification. Avec le même noyau sémantique, l’ajout
d’une proposition ou à une partie de celui-ci à une phrase, peut écarter les propositions de ses
fonctionnements normal, et dans ce cas, Ibn Sina les a décrit comme étant des propositions
avec un prédicat quantifié comme munḥarifāt (منحرفاث).
''The same semantic core, namely that a clause added to a proposition or to a part of it, makes the
proposition deviate from its normal functioning, is present in the description Avicenna gives of
1 Au 19ème siècle, ce débat a été relancé, entre d’une part, W. Hamilton qui défend la quantification du prédicat, et, de l'autre part, A. De Morgan qui s'oppose fortement à cette idée [10]. 2 ''Avicenna upholds here a radical point of view: according to him the predicate in double quantified
propositions is constituted by the quantifier plus the initial predicate, which form together a unit. So a
proposition which has the form of a normal affirmative proposition will keep this quality even though a
negative quantifier has been prefixed to its predicate. The quantifier of the predicate is conceived of as a
predicate-forming operator on predicates: it generates new predicates from previous ones by attaching a
quantifier to them.'' [12, pp. 304].
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propositions with a quantified predicate as munḥarifāt (منحرفاث): ''If you try then to add a quantifier, the
proposition will be deviate (inḥarafat انحرفج): the predicate will no longer be a predicate, but rather it will
become part of the predicate. The consideration of the truth will thus be transferred to the relation which
occurs between this sum and the subject. That is why these propositions were called deviating'' (al-`Ibāra:
64,17-65,1).'' [12, pp. 323].
Avant de formaliser les prédicats quantifiés d’Ibn Sina, rappelons que le terme sujet S dans les
formes aristotéliciennes de propositions
quelque/chaque S est P
peut être pris de deux façons différentes quand elle est formalisée dans la théorie des types: soit
comme un ensemble, comme ci-dessus, ou comme un sous-ensemble d'un domaine plus large de
la quantification comme l'univers du discours D, c'est à dire en fonction propositionnelle, ou un
prédicat, au sens logique du terme, sur l'ensemble D. Par exemple, la proposition quelque chose
blanche est ronde peut être formalisé en utilisant
D ≡ {objet} univers du discours,
S(x) ≡ x est blanc sujet,
P(x) ≡ x est rond prédicat.
Evidement, quelque S est P doit être formalisé dans ce cas en tant que (∃ x: D) S (x) & P (x).
Nous introduisons la notation compacte qui suit dans le cas où le terme de sujet est considéré
comme un sous-ensemble d'un univers du discours plus vaste:
quelque S est P ≡ (∃S(x)) P(x) ≡ (∃x:D)S(x)& P(x),
chaque S est P ≡ (∀S(x)) P(x) ≡ (∀x : D)S(x) P(x),
où S (x) et P (x) sont des propositions et x est un élément de l'univers du discours D. Le symbole
signifie l'implication logique. Cette interprétation de quantification sur un domaine restreint
est normale dans la logique des prédicats moderne (cf., par exemple, [8]).
En utilisant cette notation, nous pouvons maintenant donner un sens à la notation proposée, qui
élucide la phrase énigmatique d'Ibn Sīnā “ le prédicat non sera plus un prédicat, mais il deviendra
une partie du prédicat”1. Par exemple, considérons proposition chaque S est un certain P, ou, ce qui
1 ''The same semantic core, namely that a clause added to a proposition or to a part of it, makes the proposition deviate from its normal functioning, is present in the description Avicenna gives of
propositions with a quantified predicate as munḥarifāt (منحرفات): ''If you try then to add a quantifier, the
proposition will be deviate (inḥarafat انحرفث): the predicate will no longer be a predicate, but rather it will become part of the predicate. The consideration of the truth will thus be transferred to the relation which occurs between this sum and the subject. That is why these propositions were called deviating'' (al-`Ibāra: 64,17-65,1).'' [12, pp. 323].
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revient au même, chaque S est égale à un certain P, où P est une fonction propositionnelle sur S:
nous obtenons la formalisation
(∀x:S)( ∃P(y)) (x = y) ≡ (∀x:S)(∃y:S) P(y)& (x = y).
Par substitution, P (x) est logiquement équivalent à (∃ P (y)) (x = y), où « chaque S est certain
P » est logiquement équivalent à « chaque S est P »1.
3 L’Un et l’égalité
La discussion sur l'Un et le Multiple est omniprésente dans les ouvrages avicenniens. 'Ibn Sīnā
partage les idées de nombreux néo-platoniciens qui, bien souvent, tentent de combiner les
métaphysiques platonicienne et aristotélicienne. En fait, ces deux notions, l'Un et le Multiple,
forment la base de la théorie d'Ibn Sīnā sur le nombre. La notion d’Un, selon notre auteur,
comme une identité est développée dans le premier chapitre de Métaphysique dans le Livre de la
Science [5, pp 121-125] et dans le deuxième chapitre du troisième livre de la Métaphysique de al-
Shifā [6, pp.160-164]2. Donc, l'Un, selon Ibn Sīnā, est de deux sortes :
Soit dans sa nature, sous aucun aspect, il n'y a pas de multiplicité comme Dieu et le point géométrique.
Soit Un sous un aspect et multiple sous un autre aspect. Cet Un se dit des choses particulières, soit par accident soit par essence.
Le premier aspect de l'Un, l'Un dans la nature, semble être lié à l'unité d'un objet; lui-même lié
peut-être au concept de l'existence d'un objet. Le second aspect de l’Un (par essence ou par
accident) est celui sur lequel Ibn Sīnā a construit sa théorie d'égalité, combinée avec sa
quantification du prédicat. Il est crucial que l'interaction entre la quantification du prédicat et
l'égalité puisse être appliquée aux exemples des syllogismes d’Ibn Sīnā qui impliquent ces
notions. Une étude sur ce deuxième sens de l’Un occupera le reste de cet article. Nous allons
interpréter Un en essence comme on interprète l'égalité dans la théorie des types, soit une égalité
définitionnelle, a ≡ b: A, ou une égalité propositionnelle, (a = b):vrai.
Dans son autobiographie, notre auteur affirme qu'il a reconstitué toutes les étapes d'inférence de
la géométrie d'Euclide. Cela nécessite certainement une utilisation fréquente de la logique de
l'égalité. Sur le thème de l'égalité, Ibn Sīnā explique la transitivité de l'égalité dans Qiyas i.6:
'' Ainsi, lorsque vous dites C est égal à B et B est égal à D, donc C est égale à D''3.
Plusieurs syllogismes dans les œuvres logiques d'Ibn Sina qui font intervenir l'identité n'ont pas
tous été compilés. Nous en citons deux qui sont très proches des exemples de la Métaphysique
que nous discuterons ci-dessous.
Dans Qiyas 472.15f ; on lit :
Zayd est cette personne qui s'assie, et
cette personne qui s'assied est blanche.
1 Cf., Maritain: ``In every affirmative, the predicate is taken particularly'' [14, p. 125]. 2 Les scolastiques ont évoqué la distinction entre Un par nature et Un sous un aspect comme`` duplex Est unum'', cf., Thomas d'Aquin De Potentia, q. 3, a. 16, ad 3. 3 La translation est due à W. Hodges.
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Alors, Zayd est blanc.
Voici comment Ibn Sīnā fait l’usage de la règle de substitution
vraibP
vraiaPvraiba
:)(
:)(:)(
où a et b sont des éléments d'un ensemble A et P (x) est un prédicat défini sur l'ensemble A.
Le syllogisme discuté dans Qiyas 488.1 est une identité aussi :
Le plaisir est B.
B est bon.
Par conséquent le plaisir est bon.
Cependant, il est peut-être plus naturel d'interpréter « est » dans ces phrases comme une
équivalence logique.
4 Un par accident
Ibn Sīnā distingue six cas de l’unité par accident1 : unité selon le genre, unité selon l'espèce, unité
selon le prédicat accidentel, unité selon la relation, unité selon le sujet, unité selon le nombre. En
général, les phrases exprimant cette forme d'unité ont la forme
a et b sont un par / dans A.
Notre analyse de cette forme de phrases va associer un schéma S (pour éventuellement ordre
supérieur) avec l'aspect A, et l'interprétation de la phrase sera que le prédicat s'applique également
aux a et b, donc l'interprétation S (a) et S (b) sont toutes les deux vraies.
Cette analyse est valable pour les quatre premiers cas d'unité par accident, mais, comme nous le
verrons, il n’est plus pour l’unité selon le sujet ni pour l’unité selon le nombre. Considérons
d'abord l'unité selon l’espèce (wāhid bilnw بالنوع الواحد ). L’exemple donné par Ibn Sina, est le
suivant :
Zayd et Amr sont un en humanité.
Dans ce cas, le schéma est tout simplement le prédicat
SH(x) ≡ x est un humain,
1 Cette classification des différents aspects de l'identité vient d'Aristote, Métaphysique., Livre 5, chapitre 6.
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où x se trouve dans un certain domaine approprié, comme être vivant par exemple. C'est, Zayd et
Amr sont un, dans le sens où les deux propositions SH (Zayd) et SH (Amr) sont vraies.
Autrement dit, Zayd et Amr sont un en humanité est interprété comme Zayd et Amr sont tous les
deux des êtres humains.
Ensuite, nous considérons l’unité selon le genre (wāhid biljns بالجنس الواحد ). Ibn Sīnā donne
l’exemple:
L'homme et le cheval sont un par l'animalité.
Du nouveau, considérons être vivant comme étant l’univers du discours L, et nous interprétons
Humain(x) et Cheval(x) comme des prédicats sur L. Dans ce cas, le schéma est du second ordre
car il faut un prédicat X sur L comme l'argument:
SA(X) ≡ (∀x : L )X(x) Animal (x).
La phrase est maintenant interprété dans la théorie de type comme SA (Humain) et SA (Cheval)
tous les deux sont vrais.
Un exemple sur l’unité selon le prédicat accidentel est,
Neige et camphre sont un en blancheur.
Dans ce cas, nous prenons l'univers du discours être substance, en abrégé S, et le schéma est
SW (X) ≡ (∀x : S)X(x) Blanc(x),
où X est un prédicat sur S. Si nous considérons Neige(x) et de Camphre(x) comme des prédicats
sur S, il est clair que les deux propositions SW (Neige) et SW (Camphre) sont vraies. C’est qui est
intéressant que la formalisation dans la théorie des types est le même que la formalisation de
l’unité selon le genre. Ceci suggère que la distinction aristotélicienne entre prédicats essentiel et
accidentel ne peut être maintenue dans la théorie des types: cette distinction est remplacée par la
distinction entre l'univers du discours (ce qui est toujours un ensemble) et les prédicats sur cet
univers. Notons que, dans la formalisation de l'unité selon le genre, l'univers du discours ne peut
pas être animal, car cela rendrait le schéma SA(X) vrai pour tout prédicat X.
Un cas, qui est particulièrement intéressante, est l’unité selon la relation (wāhid bilmunāsaba الواحد
:Ibn Sina donne l’exemple suivant .(بالمناسبت
Le rapport du souverain à la cité et le rapport de l'âme au corps sont un.
Dans cet exemple, l'unité selon la relation est gouverné par. Nous introduisons deux univers du
discours, l'un pour les objets gouvernés, abrégé GE, qui contiennent par exemple les villes et les
corps, et l'autre univers pour des gouverneurs, en abrégé GN, qui contiennent les souverains et
les âmes. Nous considérons Ville(x) et Corps(x) comme étant des prédicats sur l'ensemble de
GE. En outre, nous considérons Souverain(x, y) comme un prédicat dyadique tel que a gouverne x
et a gouverneur de y, de sorte que Souverain(x, y) signifie que y est un souverain de x. De même,
Âme(x,y) signifie que y est la / une âme de x. D'autres formalisations sont également possibles,
comme la prise de Souverain et Ame comme des fonctions, ou de restreindre le premier argument
x comme un élément du sous-ensemble des villes ou des corps respectivement. Toutefois, la
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formalisation que nous avons choisie est probablement le plus simple. Le schéma relatif à l'unité
en respectant le fait de gouvernance est donnée par
SG(X, Y) ≡ (∀x : GE)(∀Y : GN) X(x)& Y(x,y) Gouverne(x, y),
où X est un prédicat sur GE et Y est un prédicat dyadique sur GE et GN. Les propositions
SG(Ville, Souverain) et SG (Corps, Âme) sortent aussi vrai dans cette interprétation.
Pour l’unité selon le sujet (wāhid bilmwdu بالموضوع الواحد ), l’exemple donné est
Le blanc et le doux sont un, comme le sucre. En réalité ils sont deux mais ils sont un en sujet.
Ici, nous ne pouvons pas s'adapter à la formalisation dans le schéma général présenté ci-dessus.
Au lieu de cela, nous formalisons directement cette phrase comme
(∀x : S)Sucre(x) (Blanc(x) Doux(x)),
où représente une implication bidirectionnel, l'univers du discours est la substance, en
abrégé S, et Sucre(x), Blanc(x) et Doux(x) sont des prédicats sur l'univers du discours. Autrement
dit, notre interprétation est
si une substance est un morceau de sucre, elle est blanche si et seulement si elle est douce.
Finalement, il reste l’unité selon le nombre (wāhid bil dad بالعدد الواحد ). Il est important de
rappeler ici que Ibn Sina pense, comme Aristote avant lui, que les nombres sont des propriétés
de termes - une revendication qui a perdu sa popularité après les objections incisifs de Frege
dans son Grundlagen der Arithmetik [11]. Il est naturel, donc, de formaliser une phrase telle que
A et B sont un en nombre,
comme les ensembles ou sous-ensembles A et B admettant une bijection entre eux.
5 Conclusion
Cet article suggère qu’Ibn Sina a exploré de nouvelles voies de la logique au-delà de l'œuvre
d'Aristote, en particulier dans le cas d'égalité. Comme déjà mentionné dans l'introduction, la
quantification de prédicat d'Ibn Sina, rejetée par Aristote, lui permet de combiner, peut-être pour
la première fois, une analyse logique de quantification associée avec une théorie de l'égalité.
Un sujet qui mérite une étude plus approfondie est la théorie avicennienne sur les liens entre
l'égalité et l'existence dans le contexte de sa vision philosophique globale sur les mathématiques,
et notamment dans le cadre de sa théorie des nombres.
6 Remerciements
L'exploration des problèmes concernant cet article est du à des discussions du premier auteur
avec Ahmed Hasnawi. Le premier auteur a partagé quelques discussions passionnantes sur une
version préliminaire de ce papier avec son collègue Michel Crubellier et avec Göran Sundholm
lors de sa visite à notre université de Lille. Nous aimerions mentionner ici nos souvenirs friands
et les interactions appris avec chacun d'eux.
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7 Dédicace
Le premier auteur tient à dédier le papier à son collègue et ami Michel Crubellier qui vient de
commencer sa retraite (administrative) et avec qui le premier auteur a engagé dans de
nombreuses discussions passionnantes autour d’Aristote, la philosophie arabe et au-delà.
Références
[1] T. Aquinas. "De Potentia". Dans : Quaestiones Disputatae. Éd. par P. M. Pession. 10ème éd. Vol. 2. Turin-Rome: Marietti, 1965, pp. 1-276.
[2] Aristote. Premiers Analytiques. Trans. par M. Crubellier. Paris: Flammarion, (à apparaître). [3] Aristotle. Metaphysics. Trans. par H. Tredennick. Loeb Classical Library 271 & 287.
Harvard University Press, 1933 & 1935. [4] Aristotle. Analytica priora. Trans. par H. Tredennick. Loeb classical library 325. Harvard
University Press, 1938, pp. 181-531. [5] Avicenne. Le Livre de science. Trans. par M. Achena et H. Massé. Paris: Société d'édition
"Les belles lettres", 1955. [6] Avicenne. La Métaphysique du Shifā'. Trans. par G. C. Anawati. Paris: Librairie
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