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RESPE-262; No of Pages 9
Article original
Prevalence du surpoids chez des preadolescents, adolescents et jeunes
adultes presentant une deficience intellectuelle scolarises dans les instituts
medicoeducatifs du Sud-est de la France : une etude exploratoire
Overweight prevalence in preadolescents, adolescents and young adults with intellectual disabilityschooled in specialized institutions in Southeast of France: An exploratory study
J. Begarie a,*,b, C. Maıano c, G. Ninot a, B. Azema d
a Laboratoire EA 4206 « Conduites addictives, de performance et sante », universite Montpellier-I, 4, boulevard Henri-IV, 34000 Montpellier, Franceb Croix rouge francaise, IME Valfleurs, Grasse, France
c UMR 6233 CNRS–universite Aix-Marseille-II « Institut des sciences du mouvement, Etienne-Jules Marey », Marseille, Franced Centre regional pour l’enfance et l’adolescence inadaptees (CREAI), Languedoc-Roussillon, groupe Pomona, Montpellier, France
Recu le 4 aout 2007 ; accepte le 16 mai 2009
Abstract
Background. – Prevalence of obesity is growing worldwide, especially in the population of adolescents with intellectual disability.
Nevertheless, no study has focused on this problem in France. The objective of this work was thus to study body weight in French preadolescents,
adolescents and young adults with intellectual disability schooled in specialized institutions.
Methods. – Four hundred and twenty French participants with intellectual disability, aged 11 to 21, were included in the study. An
epidemiological questionnaire was built and distributed to 14 specialized institutions where the participants were schooled. The following
participants’ characteristics were collected: age, sex, level of disability, psychopathology, genetic disorder and medication. International Obesity
Task Force (IOTF) cut-off for adolescents and World Health Organisation cut-off for adults based on body mass index were used to define
preobesity and obesity. Data were analysed with t-tests, analysis of variance and Chi2 tests.
Results. – 30.2% of participants were overweight, including 9.5% exhibiting obesity. Results showed that: girls were significantly more
concerned by preobesity than boys; individuals with Down’s syndrome were significantly more obese than those without genetic disorder;
individuals taking psychotropic medications were significantly more obese than those who did not; no difference in prevalence could be identified
regarding the level of intellectual disability and the presence or not of pervasive developmental disorders.
Conclusion. – The prevalences observed in this study are clearly higher than those observed in the general population. This creates a
supplementary handicap for the social inclusion of this population. Specialized institutions should become aware of the recent development of this
secondary illness.
# 2009 Published by Elsevier Masson SAS.
Mots cles : Adolescence ; Deficience intellectuelle ; Surpoids ; Obesite ; Participation sociale ; Inclusion ; Sur-handicap
Resume
Position du probleme. – La prevalence du surpoids se developpe significativement a travers le monde. Les adolescents presentant une
deficience intellectuelle comptent parmi les populations les plus affectees par cette epidemie. Toutefois, a l’heure actuelle, aucune etude en France
ne s’est interessee a cette problematique. L’objectif de ce travail est donc d’etudier la prevalence du surpoids chez les preadolescents, adolescents et
jeunes adultes presentant une deficience intellectuelle scolarises dans un institut medicoeducatif (IME).
Methodes. – Un echantillon compose de 420 sujets presentant une deficience intellectuelle, francais, ages de 11 a 21 ans, a ete constitue. Un
questionnaire d’enquete epidemiologique a ete elabore specifiquement pour ce travail et diffuse au sein de 14 IME du Sud-est de la France. Il
consistait a recueillir les caracteristiques des participants suivantes : age, sexe, niveau de deficience intellectuelle, psychopathologie, anomalie
Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique xxx (2009) xxx–xxx
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (J. Begarie).
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des preadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
0398-7620/$ – see front matter # 2009 Publie par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
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genetique et traitement medicamenteux. Les seuils internationaux pour adolescents de l’« International Obesity Task Force » (IOTF) et pour
adultes de l’Organisation mondiale de la sante, bases sur l’indice de masse corporelle, furent retenus pour definir la preobesite et l’obesite. Les
donnees ont ete analysees a l’aide de tests de Student, d’analyses de variance et de tests de Khi2.
Resultats. – La prevalence de surpoids represente 30,2 % de l’echantillon, dont 9,5 % d’obesite. Une analyse plus approfondie des
caracteristiques de l’echantillon met en evidence que : les filles sont significativement plus preobeses que les garcons ; les sujets porteurs
d’une anomalie genetique de type trisomie 21 sont significativement plus obeses que les sujets sans anomalie genetique ; les sujets sous traitement
psychopharmacologique sont significativement plus obeses que ceux n’en prenant pas ; aucune difference significative de prevalence n’a ete
trouvee selon le niveau de deficience intellectuelle des participants et la presence ou non de troubles envahissants du developpement.
Conclusion. – La problematique du surpoids reste preoccupante chez les personnes presentant une deficience intellectuelle scolarisees en IME.
En effet, les prevalences observees dans cette etude sont nettement superieures a celles observees en population generale. A long terme, ce
phenomene risque de constituer un veritable facteur limitatif de l’inclusion et de la participation sociale (par exemple, scolarisation) de cette
population.
# 2009 Publie par Elsevier Masson SAS.
Keywords: Adolescence; Intellectual disability; Overweight; Obesity; Social inclusion; Extrahandicap
J. Begarie et al. / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique xxx (2009) xxx–xxx2
1. Introduction
Depuis les annees 1980, la prevalence des adolescents en
surpoids1 augmente significativement a travers le monde [1], a
tel point que l’Organisation mondiale de la sante (OMS) et
l’Institut national de la sante et de la recherche medicale
(Inserm) parlent d’epidemie [2,3]. Cette prevalence varie
sensiblement d’un pays a l’autre. Si les Etats-Unis restent le
pays le plus touche par l’epidemie avec 30 % d’adolescents en
surpoids [4], la France compte entre 15 et 20 % d’adolescents
en surpoids selon les echantillons etudies [4,5]. Parmi les
categories d’adolescents les plus touches, ceux presentant une
deficience intellectuelle sembleraient particulierement concer-
nes [6–8].
1.1. La deficience intellectuelle
La definition de la deficience intellectuelle la plus commu-
nement admise et reconnue a la fois par l’OMS et l’« American
Association on Intellectual and Developmental Disabilities »
(AAIDD), est celle de Luckasson [9]. La deficience intellectuelle
correspond a une « limitation substantielle dans le fonctionne-
ment mental qui intervient avant l’age de 18 ans. Elle se
caracterise par un niveau de fonctionnement intellectuel inferieur
a la normale existant simultanement avec une limitation dans au
moins deux domaines suivants : conduites adaptatives, commu-
nication, soin personnel, vie a domicile, conduites sociales,
usages communautaires, maıtrise de soi, sante, soin, attitudes
scolaires, loisir et travail » (p. 10). Le niveau de fonctionnement
intellectuel inferieur a la normale correspond selon le Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) [10]
et la Classification internationale des troubles mentaux et des
troubles du comportement (CIM-10) [11] a quatre niveaux : leger
(50–55 � QI � 70), moyen (35–40 � QI � 50–55), grave (20–
25 � QI � 35–40) et profond (QI � 20–25). Sur le plan
clinique, les adolescents presentant une deficience intellectuelle
ont generalement un retard scolaire superieur a quatre ans, un
1 Dans le cadre de cette etude, le terme « surpoids » doit etre entendu obesite
comprise.
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des pr
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
deficit linguistique, une faible socialisation, des troubles de la
memoire a court terme et des difficultes d’adaptation a
l’environnement [12]. Ainsi, en France, les enfants, adolescents
et jeunes adultes presentant une deficience intellectuelle sont
encore majoritairement scolarises dans un institut medicoedu-
catif (IME). Pres de 39 200 enfants, adolescents et jeunes adultes
presentant une deficience intellectuelle sont scolarises dans un
IME, constituant 55 % de la population accueillie dans les
etablissements du secteur medicosocial. Les preadolescents et
adolescents ages de 11 a 19 ans constituent 76 % de cette
population, soit pres de 71 200 personnes [13]. Ils recoivent dans
ce type de structure une prise en charge pluridisciplinaire (i.e.
educative, pedagogique et therapeutique) adaptee a leurs
capacites et a leurs besoins.
La loi du 11 fevrier 2005 pour « l’egalite des droits et des
chances, la participation et la citoyennete des personnes
handicapees » [14] a recemment remodele le paysage juridique,
institutionnel et conceptuel francais en reaffirmant avec force le
principe de la compensation du handicap et en proposant aux
personnes en situation de handicap et a leurs familles des
garanties d’une plus grande participation sociale.
Ainsi, la decision d’orientation des enfants, adolescents et
jeunes adultes presentant une deficience intellectuelle vers un
IME est prononcee par la maison departementale des personnes
handicapees (MDPH), et plus specifiquement par la commission
des droits et de l’autonomie des personnes handicapees
(CDAPH) dans le cadre d’un projet personnalise de scolarisation
(PPS), cela quel que soit le niveau de deficience intellectuelle.
Construit en partenariat avec des representants du Ministere de
l’Education Nationale, le PPS doit etre rediscute chaque annee
avec la famille. Il garantit le principe d’inclusion en confortant la
place de citoyen des enfants, adolescents et jeunes adultes
presentant une deficience intellectuelle.
1.2. Surpoids et obesite chez les adolescents presentant
une deficience intellectuelle
Le programme Pomona mis en place par l’Union
europeenne a pour objectif d’etudier et de valider des
indicateurs caracterisant l’etat de sante des personnes
presentant une deficience intellectuelle. Ce groupe d’experts
eadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
J. Begarie et al. / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique xxx (2009) xxx–xxx 3
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a retenu l’Indice de masse corporelle (IMC) comme un
indicateur essentiel de l’etat de sante de ces personnes. Si les
problemes de surpoids sont relativement bien decrits chez les
adultes presentant une deficience intellectuelle, les travaux
menes sur les populations adolescentes restent insuffisants
[15,16]. Une revue de la litterature effectuee dans differentes
bases de donnees (i.e. Current Contents, Medline, PsycINFO,
Psychology and Behavioral Science Collection) recense
seulement trois travaux sur la prevalence du surpoids ou de
l’obesite chez les enfants et adolescents presentant une
deficience intellectuelle. Les deux premiers definissent le
surpoids et l’obesite par un IMC respectivement superieur ou
egal aux 85e et 95e percentiles en reference a leur population
nationale. La troisieme se base sur les seuils internationaux
pour enfants et adolescents de l’« International Obesity Task
Force » (IOTF) [17]. La premiere etude, nord-americaine et
basee sur 131 sujets presentant une deficience intellectuelle,
ages de 6 a 14 ans, met en evidence des prevalences de surpoids
de 35,4 % et d’obesite de 21,9 %. La proportion d’enfants et
adolescents obeses est, pour cet echantillon, significativement
superieure a la population generale, ce qui n’est pas le cas pour
le surpoids. Aucune difference significative n’a toutefois ete
observee chez les garcons. Chez les filles, ce sont a la fois les
prevalences de surpoids et d’obesite qui sont superieures a
celles observees en population generale. La seconde etude,
taıwanaise [7] et basee sur 279 sujets presentant une deficience
intellectuelle, ages de quatre a 18 ans, precise que 18 % de ces
enfants et adolescents sont obeses et que 16 % des
165 adolescents ages de 13 a 18 ans le sont egalement. Elle
s’interesse plus particulierement a l’IMC moyen de cette
population, et observe qu’il est d’une maniere generale
superieur a celui de la population generale du meme age, se
situant pour certaines categories d’age au-dela du seuil du
surpoids, voire de l’obesite. La troisieme etude [8], australienne
et basee sur 98 sujets presentant une deficience intellectuelle,
ages de deux a 18 ans (dont seulement 10 adolescents ont plus
de 13 ans), met en evidence une prevalence de surpoids de
40 %, dont 15 % d’obeses. Ces prevalences sont superieures a
celles observees au sein de la population generale australienne
du meme age.
A l’image des populations d’adolescents ordinaires [5,18],
aucune difference de prevalence de surpoids ou d’obesite n’a
ete statistiquement observee selon le sexe des adolescents
presentant une deficience intellectuelle [7,8]. De la meme
maniere, aucune difference de prevalence de surpoids ou
d’obesite n’a ete constatee chez les adolescents presentant une
deficience intellectuelle selon leur niveau de deficience
intellectuelle [7,8], ni chez ceux ayant une prescription
medicamenteuse susceptible de favoriser le surpoids [7].
Les resultats des travaux precedents meritent d’etre nuances.
Ils possedent des limites relatives aux caracteristiques demo-
graphiques (i.e. classe d’age, sexe), cliniques (i.e. diagnostic,
presence de troubles envahissants du developpement ou
d’anomalie genetique, medication, type de placement) et a la
definition du surpoids et de l’obesite. Lin et al. [7] n’ont considere
que l’obesite. En outre, la categorie d’age reste restrictive pour
l’adolescence dans deux de ces travaux. En effet, dans l’etude de
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des pr
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
Bandini et al. [6], les sujets les plus ages ont 14 ans, et dans celle
de De et al. [8] seulement dix sujets sont ages de plus de 13 ans.
Nous ne savons finalement que tres peu de choses sur la
difference de prevalence du surpoids et de l’obesite chez les
adolescents presentant une deficience intellectuelle en compa-
raison a la population generale. Troisiemement, les caracteristi-
ques definissant les populations etudiees restent floues. En effet,
dans l’etude de Bandini et al. [6], plus que la deficience
intellectuelle veritablement, c’est la notion de troubles des
apprentissages qui est retenue. L’environnement educatif n’y est
aucunement differencie, de meme que dans l’etude de Lin et al.
[7]. De plus, les donnees retenues par ces deux etudes ont ete
renseignees par la famille des adolescents, sur la base du
volontariat et non par des professionnels de facon systematique.
Enfin, les caracteristiques genetiques et psychopathologiques
sont ignorees dans ces deux travaux. Certaines maladies
genetiques associees a la deficience intellectuelle favorisent le
surpoids et l’obesite, en particulier la trisomie 21 dont le
metabolisme de base est inferieur a la normale [19] et le
syndrome de Prader-Willi dont le sentiment de satiete est altere
[20]. Les troubles envahissants du developpement (par exemple,
autisme, autisme atypique, syndrome de Rett, syndrome
d’Asperger) ont egalement un impact sur la prevalence du
surpoids. Ces adolescents sont plus souvent caracterises par une
insuffisance ponderale que par un surpoids [21]. Une des
explications residerait dans leur hyperactivite [21]. Enfin, l’etude
de Lin et al. [7] ne constate pas de difference de prevalence
d’obesite en fonction de la medication, sans toutefois en preciser
le type. Or, la prescription de traitements psychotropes est
frequente chez cette population [22], qui est trois a quatre fois
plus sujette que la population generale aux troubles psychia-
triques (par exemple, epilepsie, troubles de l’humeur, troubles
psychotiques, troubles du comportement, automutilation,
depression) [23]. Ces psychotropes se distinguent selon quatre
categories : stabilisateurs de l’humeur, antipsychotiques, anti-
depresseurs et anxiolytiques auxquels il faut adjoindre les
anticomitiaux [22]. La prise de poids est un effet secondaire
frequent de ces prescriptions, plus specifiquement le lithium et
certains antidepresseurs tricycliques et antipsychotiques atypi-
ques [24,25]. Pour des raisons encore inconnues, les personnes
presentant une deficience intellectuelle semblent plus sensibles
que la population generale aux effets secondaires de ces
medications [23].
1.3. Objectif de l’etude
Dans une conjoncture d’encouragement a la participation
sociale des adolescents presentant une deficience intellectuelle
induite par la loi du 11 fevrier 2005 et de prevention du surpoids
chez les adolescents pronee par diverses campagnes (i.e.
Programme national nutrition sante 2, programme Epode,
programme Pomona, Global Strategy on Diet, Physical Activity
and Health [26]), il est primordial de surveiller la problema-
tique du surpoids chez des populations vulnerables et en
particulier les adolescents presentant une deficience intellec-
tuelle. Si le surpoids se developpe plus particulierement au
cours de l’adolescence sur des echantillons « ordinaires », les
eadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
2 On entend par le terme « preobesite » : le surpoids, obesite non comprise.
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donnees de la litterature et les observations cliniques soulignent
que les populations presentant une deficience intellectuelle sont
encore plus exposees a cette epidemie. Or, en alterant la
motricite globale et la condition physique, le surpoids contribue
a accentuer la situation de handicap et a reduire la participation
sociale. De plus, les comorbidites associees au surpoids (i.e.
hypertension arterielle, diabete type II, dyslipidemies, pro-
blemes articulaires. . .) risquent de renforcer les besoins
therapeutiques avec tous les risques des interactions medica-
menteuses que cela suppose. Ainsi, en augmentant le degre de
dependance et en limitant l’autonomie, le surpoids et plus
particulierement l’obesite constituent pour ce public un trouble
secondaire de sante et provoque un sur-handicap risquant de
compromettre la participation sociale, de degrader la qualite de
vie et d’augmenter les couts de sante a l’age adulte.
Suite a cette revue de la litterature, il n’existe pas a notre
connaissance d’etude francaise ou europeenne qui se soit
interessee a la prevalence du surpoids ou de l’obesite chez les
adolescents presentant une deficience intellectuelle. En France,
nous ne disposons pas d’informations sur la prevalence du
surpoids ou de l’obesite selon les differentes caracteristiques
(i.e. age, sexe, niveau de deficience, diagnostic psychopa-
thologique et genetique, medication) des preadolescents,
adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
intellectuelle. Ce travail vise a repondre a ce manque en
etudiant une population scolarisee dans les IME du Sud de la
France.
2. Materiel et methodes
2.1. Participants
Un echantillon de 420 adolescents, ages de 11 a 21 ans
(M = 15,9 ; ET = 2,63), presentant une deficience intellectuelle
a ete constitue. Le sex-ratio garcons/filles etait de 1,8
(269 garcons, 64 % ; 151 filles, 36 %).
Les sujets ont ete recrutes dans 14 IME du Sud de la France,
sur 17 etablissements sollicites : Alpes-Maritimes, Var,
Bouches du Rhone, Gard, Herault, representant 18,7 % de
l’ensemble des IME de ces cinq departements. Chacun de ces
etablissements accueillait de 25 a 120 enfants, adolescents et
jeunes adultes presentant une deficience intellectuelle legere a
profonde. Seuls les participants scolarises depuis au moins une
annee en IME et ne presentant aucune limitation fonctionnelle
necessitant l’usage d’un fauteuil roulant ont ete inclus dans
l’etude. Le premier critere permettait de prendre en compte
l’influence du contexte institutionnel, tandis que le second
permettait de controler l’effet de la mobilite reduite sur la
depense energetique quotidienne des sujets presentant une
deficience intellectuelle.
Cet echantillon est representatif de la population accueillie
dans ce type d’etablissement. En effet, le sex-ratio obtenu est
proche de celui habituellement observe (63 % de garcons et
37 % de filles) dans les etablissements et services medicoso-
ciaux francais prenant en charge des enfants et adolescents en
situation de handicap [13]. Par ailleurs, parmi les 17 eta-
blissements sollicites, seulement trois (17,6 %) ont refuse de
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des pr
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
participer a l’etude, invoquant comme principaux motifs : la
lourdeur de la mise en place de l’enquete et le manque de
disponibilite et d’implication des equipes pour ce type de
travail (i.e. temps de recueil des donnees, sollicitation frequente
pour diverses enquetes). Enfin, la representativite de l’echan-
tillon fut renforcee par :
� le recrutement multicentrique des participants ;
� le recrutement d’etablissements aux profils divers (i.e., taille
de l’etablissement, ages, sexe, niveaux de deficience
intellectuelle) ;
� le fait que les etablissements participant a l’etude ont
renseigne le questionnaire d’enquete epidemiologique pour
la totalite de leur effectif, sans selection arbitraire des
participants.
Ce dernier point a ete particulierement controle, puisque la
liste complete des effectifs de chaque etablissement a ete codee
par nos soins afin d’assurer l’anonymat des donnees et de
verifier que les questionnaires avaient bien ete renseignes pour
l’effectif total.
2.2. Mesures
Un questionnaire d’enquete a ete specifiquement elabore et
diffuse au sein des etablissements specialises participant a
l’etude. Il consistait a recueillir les caracteristiques demogra-
phiques (age, genre), cliniques (deficience intellectuelle legere/
moyenne, grave/profonde), psychopathologiques (avec ou sans
troubles envahissants du developpement), genetiques (sans
anomalie genetique, trisomie 21, autre anomalie genetique)
et psychopharmacologiques (avec ou sans psychotropes) des
participants. Les donnees staturoponderales ont ete mesurees de
maniere standardisee, au demi-kilogramme pres pour le poids et
au demi-centimetre pres pour la taille, par l’infirmiere ou le
medecin de l’etablissement. L’IMC a ete le critere de jugement
du surpoids, de la preobesite et de l’obesite retenu pour cette
etude. Il correspond au rapport du poids exprime en kilogrammes
sur le carre de la taille exprimee en metres. Quatre categories de
poids ont ete utilisees : sans surpoids, surpoids, preobesite2 et
obesite. Elles ont ete determinees pour les enfants et adolescents
a partir des seuils internationaux definis par l’IOTF [17], et pour
les adultes a partir de ceux recommandes par l’OMS [2].
2.3. Procedure
L’etude a recu l’aval de la Direction departementale des
affaires sanitaires et sociales des Alpes-Maritimes, des
directeurs d’IME et du Centre regional pour l’enfance et
l’adolescence inadaptees de la Region Languedoc-Roussillon.
Une reunion de presentation de l’enquete a ete organisee dans
chacun des etablissements ayant repondu favorablement. A
l’issue de cette reunion, un groupe de travail rassemblant chefs
de service, infirmieres, assistantes sociales et/ou psychiatres,
eadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
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charge de renseigner le questionnaire d’enquete epidemiolo-
gique, a ete constitue. Toutes les donnees ont ete protegees par
l’anonymat. Chaque participant s’est vu attribuer par l’eta-
blissement un code sous forme de lettre ou de nombre. Une
lettre d’information a ete diffusee a l’ensemble des responsa-
bles legaux des participants et l’ensemble des autorisations a
ete obtenu.
2.4. Analyse des donnees
Les donnees recueillies ont ete analysees a l’aide du logiciel
SPSS 15.0 [27]. La variable dependante est la categorie de
poids a deux modalites (sans surpoids et surpoids) et a trois
modalites (sans surpoids, preobesite et obesite). Les variables
independantes sont les differentes caracteristiques de
l’echantillon : categorie d’age, genre, niveau de deficience,
psychopathologie, anomalie genetique, traitement medicamen-
teux. Des tests de Khi2 global ont ete utilises pour mettre en
evidence l’association significative entre les differentes
caracteristiques de l’echantillon et les differentes modalites
de categorie de poids : deux (sans surpoids et surpoids), puis
trois (sans surpoids, preobesite et obesite). En cas d’effet
significatif du test du Khi2 global ( p < 0,05), des tests de Khi2
2� 2 ont ete menes pour mettre en evidence les differences
significatives.
Des tests de Student ou des analyses de variance univariees
(Anova) ont permis de rechercher des differences significatives
d’age moyen selon les differentes caracteristiques de l’echan-
tillon. En cas de difference significative de l’Anova, un test
post-hoc de Student–Newman-Keuls a ete utilise.
3. Resultats
3.1. Prevalence du surpoids, de la preobesite et de
l’obesite
Le Tableau 1 presente les prevalences de surpoids, de
preobesite et d’obesite pour l’ensemble de l’echantillon etudie.
La prevalence de surpoids s’eleve a 30,2 %, dont 20,7 % pour la
preobesite et 9,5 % pour l’obesite. L’echantillon total a ete, dans
un second temps, scinde en trois sous-groupes, reprenant les
categories d’age des precedents travaux [6–8] : preadolescents
(11–13 ans), adolescents (14–18 ans) et jeunes adultes (19–
21 ans). Ainsi, les adolescents sont plus obeses que les
Tableau 1
Prevalence du surpoids, de la preobesite et de l’obesite chez les preadolescents, ad
Effectif total Sans surpo
Echantillon total 420 69,8 [65,2–
Preadolescents (11–13 ans) 88 76,1 [66,3–
Adolescents (14–18 ans) 251 69,7 [63,8–
Jeunes adultes (19–21 ans) 81 63,0 [52,1–
*Resultats significatifs au test du Khi2 global ( p < 0,05) ; **p < 0,01 ; ***p < 0,
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des pr
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preadolescents (10,8 % contre 1,8 %, p < 0,01), tout comme les
jeunes adultes (14,8 % contre 1,8 %, p < 0,001).
3.2. Prevalence du surpoids, de la preobesite et de
l’obesite selon les caracteristiques de l’echantillon
Le Tableau 2 presente les prevalences de surpoids, de
preobesite et d’obesite selon les differentes caracteristiques de
l’echantillon.
3.3. Genre
Les filles sont plus concernees par le surpoids que les
garcons (37,1 % contre 26,4 %, p < 0,05). Par ailleurs, elles
sont plus concernees par la preobesite que les garcons (27,8 %
contre 16,7 %, p < 0,01).
3.4. Niveau de deficience
Aucune association significative n’est revelee entre la
categorie de poids et le niveau de deficience.
3.5. Psychopathologie
Aucune association significative n’apparaıt entre la catego-
rie de poids et la psychopathologie (presence ou non de troubles
envahissants du developpement).
3.6. Anomalie genetique
Les sujets porteurs de trisomie 21 sont plus en surpoids que
les sujets sans anomalie genetique (47,1 % contre 27,7 %,
p < 0,05). Par ailleurs, ils precisent que les sujets porteurs de
trisomie 21 sont plus obeses que les sujets sans anomalie
genetique (23,5 % contre 8,0 %, p < 0,01).
Aucune difference significative n’a ete mise en exergue
concernant les sujets porteurs d’une autre anomalie d’origine
genetique (par exemple, syndrome de Rett, syndrome d’Angel-
man, syndrome du X fragile, syndrome de Prader-Willi).
3.7. Traitement medicamenteux
Les sujets suivant une prescription medicamenteuse sont
plus en surpoids que ceux n’en suivant pas (38,6 % contre
olescents et jeunes adultes presentant une deficience intellectuelle.
ids % [IC] Surpoids % [IC] Preobesite % [IC]
Obesite % [IC]
74,0] 30,2 [26,0–34,8] 20,7 [17,1–24,9]
9,5 [7,1–12,7]
83,8] 23,9 [16,2–33,7] 22,7 [15,2–32,5]
1,1 [0,2–6,2]*
75,1] 30,3 [24,9–36,2] 19,5 [15,1–24,9]
10,8 [7,5–15,2]**
72,7] 37,0 [27,3–47,9] 22,2 [14,5–32,4]
14,8 [8,7–24,1]***
001 selon les tests de Khi2 2 � 2.
eadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
Tableau 2
Prevalence du surpoids, de la preobesite et de l’obesite selon les caracteristiques de l’echantillon.
Caracteristiques de l’echantillon Effectif total n (%) Sans surpoids % [IC] Surpoids % [IC] Preobesite % [IC]
Obesite % [IC]
Genre
Garcons 269 (64,0) 73,6 [68,0–78,5] 26,4 [21,5–32,0]** 16,7 [12,7–21,7]***
9,7 [6,7–13,8]
Filles 151 (36,0) 62,9 [55,0–70,2] 37,1 [29,8–45,0]* 27,8 [21,3–35,4]*
9,3 [5,6–15,0]
Niveau de deficience
DI legere/moyenne 342 (81,4) 68,1 [63,0–72,8] 31,9 [27,2–37,0] 22,0 [17,9–26,6]
9,9 [7,2–13,6]
DI grave/profonde 78 (18,6) 76,9 [66,4–84,9] 23,1 [15,1–33,6] 15,4 [9,0–25,0]
7,7 [3,6–15,8]
Psychopathologie
Avec TED 47 (11,2) 76,6 [62,8–86,4] 23,4 [13,6–37,2] 12,8 [6,0–25,2]
10,6 [4,6–22,6]
Sans TED 373 (88,8) 68,9 [64,0–73,4] 31,1 [26,6–36,0] 21,7 [17,8–26,2]
9,4 [6,8–12,8]
Anomalie genetique
Sans anomalie genetique 350 (83,3) 72,3 [67,4–76,7] 27,7 [23,3–32,6]** 19,7 [15,9–24,2]
8,0 [5,6–11,3]***
Trisomie 21 34 (8,1) 52,9 [36,7–68,6] 47,1 [31,5–63,3]* 23,5 [12,4–40,0]
23,5 [12,4–40,0]*
Autres anomalies genetiques 36 (8,6) 61,1 [44,9–75,2] 38,9 [24,8–55,1] 27,8 [15,9–44,0]
11,1 [4,4–25,3]
Traitement medicamenteux
Avec psychotropes 127 (30,2) 61,4 [52,7–69,4] 38,6 [30,6–47,3]** 24,4 [17,8–32,6]
14,2 [9,2–21,3]*
Sans psychotrope 293 (69,8) 73,4 [68,0–78,1] 26,6 [21,9–32,0]* 19,1 [15,0–24,0]
7,5 [5,0–11,1]*
TED : troubles envahissants du developpement ; *resultats significatifs au test du Khi2 global ( p < 0,05) ; **p < 0,05 ; ***p < 0,01 selon les tests de Khi2 2 � 2.
Tableau 3
Age moyen, ecart-type et sex-ratio selon les caracteristiques de l’echantillon.
Caracteristiques de l’echantillon Age moyen (ET) Sex-ratio
(garcons/filles)
Genre
Garcons 15,61 (2,39) 1,8
Filles 16,50 (2,60)**
Niveau de deficience
DI legere/moyenne 16,02 (2,65)* 1,7
DI grave/profonde 15,32 (2,50) 2,1
Psychopathologie
Avec TED 15,19 (2,67) 2,4
Sans TED 15,98 (2,62) 1,7
Anomalie genetique
Sans anomalie genetique 15,87 (2,64) 1,8
Trisomie 21 16,94 (2,31)* 1,1
Autres anomalies genetiques 15,14 (2,63) 2,3
Traitement medicamenteux
Avec psychotropes 16,08 (2,47) 1,8
Sans psychotrope 15,8 (2,69) 1,8
TED : troubles envahissants du developpement ; *p < 0,05 ; ***p < 0,001 en
reference aux analyses de variance.
J. Begarie et al. / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique xxx (2009) xxx–xxx6
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26,6 %, p < 0,05). Ils sont en outre plus obeses (14,2 % contre
7,5 %, p < 0,05).
3.8. Age moyen et sex-ratio selon les differentes
caracteristiques de l’echantillon
Le Tableau 3 montre que les filles de l’echantillon sont
significativement plus agees que les garcons (16,50 ans contre
15,61 ans, p < 0,001). De la meme maniere, les sujets
presentant une deficience intellectuelle legere/moyenne sont
significativement plus ages que ceux presentant une deficience
intellectuelle grave/profonde (16,02 ans contre 15,32 ans,
p < 0,05). Concernant les anomalies genetiques, les sujets
porteurs de trisomie 21 sont significativement plus ages que
ceux presentant une autre anomalie genetique (16,94 ans contre
15,14 ans, p < 0,01) ou ne presentant aucune anomalie
genetique (16,94 ans contre 15,87 ans, p < 0,05).
Concernant le sex-ratio, le Tableau 3 laisse apparaıtre une
plus grande presence de garcons chez les sujets presentant une
deficience grave/profonde que chez ceux presentant une
deficience legere/moyenne. Il en est de meme pour les sujets
presentant des troubles envahissants du developpement en
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des preadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
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comparaison a ceux n’en presentant pas et pour les sujets
porteurs d’une anomalie genetique differente de la trisomie 21
en comparaison a ceux porteurs de trisomie 21 ou d’aucune
anomalie genetique. Enfin, le groupe porteur de trisomie 21
comprend beaucoup plus de filles que le groupe sans anomalie
genetique.
4. Discussion
Cette etude exploratoire a permis de determiner les
prevalences de surpoids, de preobesite et d’obesite des
preadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une
deficience intellectuelle scolarises dans les IME du Sud de la
France.
Les resultats obtenus mettent en evidence une prevalence de
surpoids de 30,2 % dont 9,5 % pour l’obesite. Ces prevalences
sont superieures a celles que l’on retrouve chez les adolescents
ordinaires [28,29]. Elles corroborent les trois travaux prece-
demment realises sur le sujet [6–8]. Par ailleurs, l’enquete
decennale sante 2002 a 2003 [28] fait etat de prevalences
s’elevant a 13,8 % pour le surpoids dont 2,8 % pour l’obesite chez
des adolescents francais ages de dix a 19 ans. Selon cette etude,
des resultats similaires sont observes en region Provence-Alpes-
Cote d’Azur [28]. Les prevalences evoquees par l’enquete ObEpi
2000 chez des enfants et adolescents ages de deux a 17 ans
s’accordent avec ces valeurs [29]. Les prevalences de surpoids et
d’obesite sont donc respectivement deux fois et quatre fois
superieures chez les preadolescents, adolescents et jeunes adultes
presentant une deficience intellectuelle en comparaison aux
adolescents « ordinaires ». En outre, la difference de prevalence
significative observee entre les preadolescents (1,1 %) et les
adolescents (10,8 %) marque l’importance du debut de la puberte
dans le developpement du surpoids, et plus specifiquement de
l’obesite, pour cette population.
Contrairement a ce qui avait pu etre observe dans la
litterature, qu’il s’agisse des adolescents ordinaires [5,18] ou
presentant une deficience intellectuelle [7,8], les filles sont
significativement plus preobeses que les garcons, soit plus
d’une fille sur trois (37,1 %). Ces resultats sont particulierement
preoccupants puisqu’ils traduisent ce qui est habituellement
observe a l’age adulte pour cette population [30–32].
Les resultats obtenus selon le niveau de deficience
intellectuelle rejoignent ceux presentes par Lin et al. [7] et
Sukanya De et al. [8]. Neanmoins, malgre le fait qu’aucune
difference significative n’ait ete verifiee, la prevalence de
preobesite est superieure de 50 % dans le cas des deficiences
legeres et moyennes en comparaison aux deficiences graves et
profondes. Cela reste donc preoccupant, car cette tendance
est verifiee statistiquement dans des travaux menes aupres
d’adultes presentant une deficience intellectuelle [30,31],
invoquant des prevalences de surpoids et d’obesite plus fortes
dans le cas de deficiences legeres et moyennes en comparaison a
des niveaux de deficit plus graves. Les auteurs de ces travaux
expliquent ces plus fortes prevalences par la plus grande
autonomie et l’independance des personnes presentant une
deficience intellectuelle legere et moyenne. En effet, ces
personnes evoluent dans des environnements moins restrictifs
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des pr
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
(par exemple, alimentation, sante, loisirs, activite physique) que
celles presentant une deficience intellectuelle grave ou profonde.
Les resultats obtenus ne sont pas en accord avec les donnees
de la litterature pour ce qui est des troubles psychopathologiques.
En effet, les sujets porteurs de troubles envahissants du
developpement, ici, ne sont pas moins preobeses que ceux
n’en presentant pas [21]. Ils sont en revanche conformes a la
litterature pour ce qui est des troubles genetiques et des
traitements medicamenteux [19,24,25]. Le taux de surpoids est
presque multiplie par deux dans le cas de la trisomie 21 en
comparaison aux sujets sans aucun trouble genetique, ce qui
porte le nombre d’adolescents porteurs de trisomie 21 en
surpoids a un sur deux. La prevalence d’obesite pour cette
population est equivalente a celle de la preobesite (23,5 %). Elle
est finalement trois fois superieure a celle observee chez les
adolescents presentant une deficience intellectuelle sans trouble
genetique, et huit fois superieure aux adolescents ordinaires
selon la litterature [28]. De la meme maniere, les prevalences de
surpoids et d’obesite sont respectivement 1,5 et deux fois
superieures chez les sujets prenant des psychotropes (38,6 % et
14,2 %) en comparaison aux sujets n’ayant aucun traitement
psychopharmacologique (26,6 % et 7,5 %). Compte tenu de la
difficulte des familles a accepter la prise en charge medica-
menteuse pour leur enfant, celle-ci n’intervient souvent qu’a
l’approche de l’adolescence, lorsqu’elle devient indispensable
pour stabiliser certains types de troubles (par exemple, epilepsie,
automutilation, deficit de l’attention) [22]. Le caractere
aggravant des psychotropes sur le developpement de l’obesite
peut ainsi participer a l’explication de la plus forte prevalence
d’obesite observee chez les adolescents en comparaison aux
preadolescents.
Les causes de ce surpoids sont sans aucun doute
multifactorielles. Les resultats de cette etude ouvrent quelques
pistes de reflexion autour des aspects genetiques et medica-
menteux notamment. Neanmoins, d’autres pistes, specifiques a
notre population d’etude, meritent d’etre evoquees. L’inactivite
physique de cette population, pour causes exogenes ou
endogenes, est soulignee [32,33]. Du point de vue des causes
exogenes, tous les etablissements ne proposent pas encore
aujourd’hui de prise en charge en activites physiques. Lorsque
celle-ci existe, elle reste pensee sur le plan pedagogique et non
selon une approche d’amelioration de la sante, pour repondre a
des problematiques de depense energetique et de controle du
poids notamment. Sur le plan des causes endogenes, les
personnes presentant une deficience intellectuelle expriment
une faible motivation pour la pratique d’activites physiques a
visee energetique. L’effort continu et soutenu de ce type
d’activites n’est pas forcement plaisant sur le moment (surtout
si l’on n’en comprend pas la finalite). L’interet a moyen terme
de ces progres sur le plan de la sante physique peut ainsi ne pas
etre integre [32]. Cette motivation est pourtant la cle de la
condition physique car elle permet a chacun de s’entraıner a son
seuil physiologique optimal, et non en deca [33]. Cette
difficulte a faire sien un projet d’amelioration de la condition
physique intervient egalement vis-a-vis du suivi d’un regime
alimentaire. La difficulte a identifier les benefices a moyen
terme d’une restriction sur le moment pose la question du
eadolescents, adolescents et jeunes adultes presentant une deficience
la France : une etude exploratoire. Rev Epidemiol Sante Publique
J. Begarie et al. / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique xxx (2009) xxx–xxx8
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grignotage, peut-etre plus frequent qu’en population generale.
Enfin, l’information en matiere de sante, notamment en
rapport avec le surpoids, reste limitee. Les professionnels de
l’accompagnement educatif sont encore peu sensibilises a cette
problematique. L’accompagnement reste tres centre sur la
deficience intellectuelle et ses consequences en matiere
d’autonomie ou d’apprentissages, plus rarement sur des
troubles secondaires tels que le surpoids. Finalement, dans le
contexte protege que constitue l’IME [34], le surpoids n’a que
peu de consequences du point de vue de l’image sociale des
personnes accueillies. Ce surpoids peut etre « invisible » ou
assimile aux consequences acceptees de la deficience
intellectuelle et non comme un probleme de sante majeur.
5. Conclusion
Cette etude montre que les preadolescents, adolescents et
jeunes adultes presentant une deficience intellectuelle consti-
tuent une population particulierement touchee par le surpoids,
et plus specifiquement par l’obesite. Les prevalences observees
dans cette etude sont bien superieures a celles observees en
population generale, elles-memes croissantes. Aujourd’hui,
la problematique du surpoids et de l’obesite des personnes
presentant une deficience intellectuelle est particulierement
preoccupante. Elle doit interpeller les professionnels des
etablissements medicosociaux. En effet, compte tenu des
stigmates associes a la prise de poids et de ses repercussions sur
la sante physique presente et future (par exemple, hyper-
cholesterolemie, dyslipidemie, hypertension arterielle. . .), le
surpoids et l’obesite doivent etre envisages comme un facteur
de sur-handicap pour cette population. Ce phenomene est
d’autant plus sensible qu’il vient contredire les objectifs de la
loi du 11 fevrier 2005 de favoriser au maximum la participation
sociale et l’inclusion des personnes en situation de handicap,
plus specifiquement la scolarisation des enfants et adolescents
presentant une deficience intellectuelle en milieu ordinaire.
Cette transition du milieu institutionnel protege [34] vers le
milieu ordinaire risque de confronter cette population a une
reelle accumulation de difficultes (condition physique, motri-
cite, sante, representations sociales negatives de la deficience
intellectuelle, representations sociales negatives du surpoids),
qui sont autant de freins potentiels a la participation sociale.
L’adolescence est une periode charniere de l’evolution de
l’individu. Elle offre une opportunite developpementale et
s’appuie massivement sur le corps [35]. Il semble donc
pertinent d’elaborer de veritables programmes axes sur la
pratique d’une activite physique adaptee a la problematique du
surpoids et integrant les specificites de cette population. La
perspective visee est celle d’une meilleure sante presente et a
venir ainsi que l’amelioration de la qualite de vie des
adolescents presentant une deficience intellectuelle.
Toutefois, la portee des resultats presentes merite d’etre
limitee. L’echantillon considere represente uniquement le
bassin mediterraneen. Les resultats ne peuvent donc pas etre
extrapoles a la population nationale des adolescents presentant
une deficience intellectuelle. De plus, lorsque nous nous
interessons aux differentes caracteristiques de cette population,
Pour citer cet article : Begarie J, et al. Prevalence du surpoids chez des pr
intellectuelle scolarises dans les instituts medicoeducatifs du Sud-est de
(2009), doi:10.1016/j.respe.2009.05.003
les echantillons deviennent restreints, par exemple pour la
deficience intellectuelle grave et profonde, pour les troubles
genetiques ou encore pour les troubles envahissants du
developpement. Pour cette raison, les tests statistiques ne sont
pas toujours tres puissants. En outre, les resultats montrent des
differences d’age moyen et de sex-ratio selon les differentes
caracteristiques de l’echantillon. Considerant les effets de l’age
et du sexe sur la prevalence du surpoids et/ou de l’obesite
observes dans cette etude, les resultats obtenus selon les
differentes caracteristiques de l’echantillon doivent donc etre
nuances. En effet, si les filles sont plus concernees par le
surpoids et la preobesite que les garcons, elles sont egalement
plus agees. De meme, les sujets porteurs de trisomie 21 sont
plus concernes par le surpoids et plus particulierement par
l’obesite, mais ils sont plus ages que les autres sujets et cet
echantillon comporte egalement une proportion de filles plus
importante que l’echantillon total de l’etude.
Cette etude exploratoire merite donc d’etre poursuivie a une
plus grande echelle. Une enquete nationale semble necessaire et
permettrait de confirmer statistiquement les tendances qui
apparaissent dans cette etude. Un suivi longitudinal des
mesures staturoponderales de cette cohorte serait egalement
a envisager pour mieux apprecier l’evolution des prevalences
de surpoids et d’obesite de cette population ainsi que les
dynamiques individuelles du poids chez les individus.
L’alimentation et le niveau d’activite physique de cette
population doivent en outre etre pris en compte. Il s’agira
enfin de s’interesser aux facteurs explicatifs de ces forts taux de
surpoids et d’obesite, afin d’orienter de futurs programmes de
controle du poids. Une reflexion sur des populations a risques
particuliers de surpoids au sein de la population des adolescents
presentant une deficience intellectuelle est a conduire. Le
risque renforce de surpoids dans les atteintes genetiques
(i.e., trisomie 21, syndrome de Prader-Willi) est a etudier
specifiquement sur des cohortes plus importantes. Enfin, un
regard plus specifique pourrait etre porte sur les perceptions de
soi dans le domaine corporel comme facteur initiateur de
comportements de controle du poids [36] chez des adolescents
presentant une deficience intellectuelle en surpoids.
Remerciements
Nous adressons nos plus vifs remerciements aux IME
Valfleurs, Bariquand Alphand, Les Terrasses, Le Mont Boron,
Pierre Merli, Vert Pre, Les Muriers, Les Oliviers, Les
Capitelles, Bel Air, Henri Wallon, Les Paradoux, Les Noisetiers
et Les Ecureuils, ainsi qu’a leurs personnels qui ont bien voulu
accepter de participer a cette etude. Nous tenons egalement a
remercier l’association Clarris pour son soutien logistique.
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