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PAR LA MUSIQUE

DEVIENS QUI TU ES

DU MÊME AUTEUR

AUX ÉDITIONS DERVY

Musique et spiritualité. Entretien avec Erik Pigani.

Collection l'Essence du Sacré.

(Ç) Éditions Dervy, 1999 ISBN : 2-85076-977-0

MONIQUE DESCHAUSSEES

PAR LA MUSIQUE DEVIENS QUI TU ES

Editions DERVY

34, boulevard Edgar Quinet 75014 Paris

" L ' œ u v r e a c c o m p l i e

i l n e s ' y a t t a r d e p a s . . . "

L A o TSEU

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DE L'ŒUVRE MUSICALE A L'ŒUVRE DE SOI

La musique, langage universel par excellence, aurait-t-elle des pouvoirs sur l'être humain ? Les Grecs de l'antiquité, entre autres, le pensaient et Aristote lui attribuait même celui de former le caractère. Confucius estimait qu'elle était nécessaire à l'indispensable harmo- nie cosmique. Depuis les origines, elle accompagne l'homme dans sa vie en empruntant les chemins les plus variés et bien des expériences ont tenté de prouver les multiples conséquences qu'elle a sur le monde humain, animal et végétal.

Le musicien développe-t-il une personnalité parti- culièrement riche ou complexe ? Est-il appelé à faire de sa vie une ascension ? La pratique d'un art faisant appel à des sons et des vibrations et se mouvant dans l'intem- porel invite-t-elle l'homme à transcender sa condition ?

Plus précisément l'approche, le travail et la création d'une œuvre musicale peuvent-ils aider l'interprète à se développer et à s'unifier ?

Nous allons voir que si nous respectons l'itinéraire qu'elle propose - faisant appel à toutes les composantes de l'être : physique, mentale, psychique et même méta-

physique -, l'œuvre musicale peut effectivement avoir une implication directe sur la construction et l'épa- nouissement de l'homme à son niveau supérieur : celui du Soi.

L'homme est corps et âme. Il est aussi sensibilité, perception, imagination et source infinie de sentiments. Il porte en lui toutes les possibilités de réalisation comme de déséquilibre Quelles voix se révèlent-elles être des guides pour qu'aucun terrain ne soit sacrifié ni ignoré ? Pour que l'unité s'accomplisse ?

ÉTAPE PHYSIQUE

Si l'on se réfère aux initiations qui ont justement pour but le développement et l'unification de l'être, toutes ont pour point de départ la connaissance phy- sique. Or, par quels moyens le talent d'un interprète s'exprime-t-il ? Quel canal emprunte-t-il ? Par où tran- site sa vision de l'œuvre sinon par des éléments phy- siques et uniquement par eux : articulations, nerfs, muscles, le tout commandé par un cerveau qui distribue l'énergie et contrôlé par une ouïe toujours en éveil ?

Il est donc bien évident que la première étape sur la route de l'interprétation va être celle de la découverte, de l'apprivoisement et de la connaissance des éléments physiques, seuls capables d'ouvrir les portes à la liberté d'expression et à la traduction du langage musical dans sa plénitude et sa diversité.

Un physique libéré et conscient devient la courroie de transmission entre le vécu et l'exprimé. Il se convertit en véhicule de l'âme, de la sensibilité, de la vision créatrice.

Chez tout interprète, une préparation physique doit donc impérativement précéder et préparer la tech- nique instrumentale proprement dite. Elle n'est que la première marche mais une marche incontournable pour lui s'il veut éviter les accidents tendineux et musculaires allant de la crampe aux tendinites les plus variées.

La connaissance physique est un exercice de trans- formation de soi-même. L'Occident l'a trop oublié en l'isolant de la globalité de l'être. Une grande évolution spirituelle passe obligatoirement par la connaissance du corps dans une étape initiale. Je pense au Yoga, que l'on a plus ou moins déformé ou plutôt restreint dans nos pays européens en s'arrêtant au Hatha-Yoga, première étape sur le chemin qui mène au Samadhi-Yoga, c'est-à- dire à l'illumination. Il en va de même pour l'inter- prète : l'étape physique n'est que son Hatha-Yoga lui ouvrant la voie de l'expression qui peut aller jusqu'à l'interprétation visionnaire d'une œuvre.

Je pense aussi au Zen, dans l'art du tir à l'arc par exemple, où la connaissance physique conduit à la transcendance du Moi, au Satori. Ce n'est plus le Je qui tire mais le Ça. Un interprète (au sens étymologique du terme : l'intermédiaire) ne devrait-il pas connaître lui aussi cet état où il ne joue plus mais où Ça joue, où il est joué par la musique ?

Une autre conséquence - et non la moindre - d'un physique devenu conscient et par là même serviteur de l'expression est qu'il va permettre de canaliser l'émo- tionnel en lui évitant la pénible expérience de dérapages déstabilisants. L'émotionnel, auparavant incontrôlé, perd son pouvoir destructeur pour se transformer alors en sensibilité créatrice ; le corps devient ainsi la pre-

mière table d'harmonie, la pierre fondamentale, un tremplin pour l'épanouissement de l'artiste.

Il va sans dire que, parallèlement à la découverte et à l'utilisation des moyens physiques proprement dits, la formation de l'oreille, le développement de l'ouïe s'avè- rent indispensables. La musique s'adresse en effet à l'ouïe - et à elle seule - pour ceux qui l'écoutent, et pour ceux qui la jouent, elle s'adresse à l'ouïe et aux sensa- tions physiques devenues organes de transmission. L'ouïe doit donc entendre au départ et écouter à l'arrivée si le message a été traduit dans sa perception première.

RÉCEPTIVITÉ

Toute cette première étape physique s'appuie dans son approche et sa connaissance sur un élément fonda- mental : la réceptivité, seule capable de capter sans inter- férences les gestes techniques et créatifs et d'entendre dans une ouverture de perception toujours plus pure.

La réceptivité est un don d'accueil, un état de lâcher prise et de non-vouloir, un repos cérébral dépouillé de tout parasite ; elle accomplit le miracle d'ouvrir les portes fermées. Et la musique n'est-elle pas un chemin d'où toute porte a disparu ?

Véritable philosophie de la vie, la réceptivité amène l'être à un dépouillement vers l'essentiel et à une libération.

L'œuvre de Soi est en marche...

ÉTAPE MENTALE

Le physique une fois libéré et l'oreille ouverte à l'écoute, il est alors possible d'aborder les œuvres dans leur vie même.

J'ai très longuement développé ce sujet dans un livre précédent * sous l'aspect de la vie d'une partition et de son parallélisme avec la vie ; je n'y reviendrai pas. Il me semble opportun de l'aborder désormais sous un autre angle, dans un éclairage nouveau qui se situent dans l'itinéraire proposé en tête de ce chapitre : celui de la construction de l'être par le travail et la création d'une œuvre musicale.

Après l'étape physique, nous voici donc arrivés à celle du mental et de l'utilisation cérébrale : travail pas- sionnant puisqu'il va faire appel à tour de rôle à chaque hémisphère cérébral avant de les unir dans la création.

Mais avant tout, disons quelques mots sur le rôle bien distinct que joue chaque hémisphère de notre cer- veau. Le droit est celui de l'intuition, de la perception, de la vision, du talent, du génie, de tout ce qui ne s'ex- plique pas, de tout ce que l'on capte sans comprendre. Il relève du domaine irrationnel.

Le gauche donne la structure, l'organisation, la rai- son du pourquoi et du comment. Il est logique, analy- tique, concret et relève du domaine rationnel.

Un artiste, par essence même, est un grand hémi- sphère droit : sensibilité, imagination, vision créatrice le

* La Musique et la Vie (Ed. Buchet/Chastel).

L a m u s i q u e , l a n g a g e u n i v e r s e l p a r excel lence, aura i t -e l le des pouvo i r s s u r l 'ê t re h u m a i n ? L e s G r e c s de l 'ant iquité , en t r e au t res , le p e n s a i e n t e t Ar i s to t e lui a t t r ibua i t m ê m e celui de f o r m e r le c a r a c t è r e . C o n f u c i u s q u a n t à lui es t imai t qu'el le étai t nécessa i re à l ' h a r m o n i e cosmique . D e p u i s l 'origine, elle a c c o m p a g n e l ' h o m m e d a n s sa vie en e m p r u n t a n t les c h e m i n s les p lus var iés . B i e n des expér iences o n t ten té de p r o u v e r les mul t iples c o n s é q u e n c e s qu'el le a s u r l 'ê tre h u m a i n , le m o n d e a n i m a l et végétal. L e mus i c i en développe-t-i l u n e pe r sonna l i t é pa r t i cu l i è r emen t r iche o u complexe ? L a p r a t i q u e d ' u n a r t f a i san t appel à des sons et des v ib ra t ions invite-t-elle l ' h o m m e à t r a n s c e n d e r sa condi t ion ?

P l u s p r é c i s é m e n t l ' approche , le t rava i l e t la c r éa t i on d ' u n e œ u v r e m u s i c a l e peuvent- i l s a ider l ' in te rprè te à se déve lopper et à s 'unif ier ? P o u r r é p o n d r e à tou tes ces ques t ions , M o n i q u e D e s c h a u s s é e s a développé u n e nouve l le pédagogie fa i san t appel à toutes les c o m p o s a n t e s de l ' ê t re qu 'el les soient phys ique , men ta le , psych ique et m ê m e m é t a p h y s i q u e . El le n o u s expl ique d a n s cet o u v r a g e q u e si n o u s r e s p e c t o n s l ' i t inéra i re qu 'e l le propose , la m u s i q u e et s a p r a t i q u e p e u v e n t e f fec t ivement avo i r u n e implicat ion directe s u r la c o n s t r u c t i o n et l ' é p a n o u i s s e m e n t de l ' h o m m e à son n i v e a u s u p é r i e u r : celui d u soi.

L'AUTEUR : Élève de deux des plus grands maîtres de l'époque, Alfred Cortot et Edwin Fischer, Monique Deschaussées a mené une grande carrière de concertiste pendant plusieurs années, avant d'enseigner à l'École Normale de Musique et au Conservatoire Européen de Musique de Paris. Pédagogue de réputation internationale, elle est invitée dans le monde entier pour y donner des master classes, des conférences et pour siéger dans des jurys de concours internationaux. Elle sera prochainement responsable du département piano au Nouvel Institut Musical International (N.I.M.I) qui se crée en Suisse. Elle y enseignera au plus haut niveau.

P h o t o de couver ture :

Page du Roman de Fauvel (1314-1316), ms. fr. 146, fol. 1

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