Organisation du travail dans les systèmes d'activités complexes

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Benoît Dedieu MME Catherine Laurent M Patrick Mundler Organisation du travail dans les systèmes d'activités complexes [Intérêt et limites de la méthode Bilan Travail ] In: Économie rurale. N°253, 1999. Emploi agricole, emploi rural. Continuités, ruptures, innovations. pp. 28-35. Abstract Work organization for households with complex system of activities A significant proportion of farm households combine several types of professional activities. However the compatibility of these different activities is not obvious. Work planning aspects should therefore be included when analysing change in farming and rural employment. Animal production specialists addressing these issues have developed a method named « Bilan Travail » (work planning assessment) which is implemented in diagnostic and advisory work on livestock farms. Some of its principles could be taken up to analyse all the professional activities of farm households. Résumé Une proportion significative de ménages agricoles combine plusieurs types d'activités professionnelles. Mais la compatibilité de ces différentes activités ne va pas toujours de soi. Il est donc souhaitable d'intégrer une réflexion sur l'organisation du travail dans l'analyse de l'évolution de l'emploi agricole et rural. Des zootechniciens traitant de ces questions ont conçu une méthode dénommée « Bilan Travail » utilisée dans les démarches de diagnostic et de conseil aux éleveurs. Certains principes peuvent en être repris pour analyser l'ensemble des activités professionnelles des ménages. Citer ce document / Cite this document : Dedieu Benoît, Laurent Catherine, Mundler Patrick. Organisation du travail dans les systèmes d'activités complexes [Intérêt et limites de la méthode Bilan Travail ]. In: Économie rurale. N°253, 1999. Emploi agricole, emploi rural. Continuités, ruptures, innovations. pp. 28-35. doi : 10.3406/ecoru.1999.5111 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1999_num_253_1_5111

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Benoît DedieuMME Catherine LaurentM Patrick Mundler

Organisation du travail dans les systèmes d'activités complexes[Intérêt et limites de la méthode Bilan Travail ]In: Économie rurale. N°253, 1999. Emploi agricole, emploi rural. Continuités, ruptures, innovations. pp. 28-35.

AbstractWork organization for households with complex system of activities

A significant proportion of farm households combine several types of professional activities. However the compatibility of thesedifferent activities is not obvious. Work planning aspects should therefore be included when analysing change in farming andrural employment. Animal production specialists addressing these issues have developed a method named « Bilan Travail »(work planning assessment) which is implemented in diagnostic and advisory work on livestock farms. Some of its principlescould be taken up to analyse all the professional activities of farm households.

RésuméUne proportion significative de ménages agricoles combine plusieurs types d'activités professionnelles. Mais la compatibilité deces différentes activités ne va pas toujours de soi. Il est donc souhaitable d'intégrer une réflexion sur l'organisation du travaildans l'analyse de l'évolution de l'emploi agricole et rural. Des zootechniciens traitant de ces questions ont conçu une méthodedénommée « Bilan Travail » utilisée dans les démarches de diagnostic et de conseil aux éleveurs. Certains principes peuvent enêtre repris pour analyser l'ensemble des activités professionnelles des ménages.

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Dedieu Benoît, Laurent Catherine, Mundler Patrick. Organisation du travail dans les systèmes d'activités complexes [Intérêt etlimites de la méthode Bilan Travail ]. In: Économie rurale. N°253, 1999. Emploi agricole, emploi rural. Continuités, ruptures,innovations. pp. 28-35.

doi : 10.3406/ecoru.1999.5111

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1999_num_253_1_5111

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Benoît DEDIEU • Catherine LAURENT • Patrick MUNDLER

rganisation du travail

dans les systèmes d'activités

complexes

Intérêt et limites de la méthode Bilan Travail

L'organisation du travail agricole se transforme comme en attestent le développement de nouvelles formes d'emploi et d'échange de main d' œuvre agricole (Harff, Lamarche 1998) et l'évolution des structures agricoles, marquée par l'accroissement de la dimension moyenne des exploita

tions et la réduction du collectif de travail familial.

Parallèlement, une proportion significative de ménages agricoles combine plusieurs types d'activités professionnelles et depuis plusieurs années (CCE, 1985) les discours politiques sur l'agriculture et le rural préconisent le développement de tels systèmes, y voyant la possibilité de garantir la pérennité de petites exploitations et de bénéficier de la polyvalence des individus et des ménages pour contribuer au maintien d'un tissu d'activités économiques rurales. Ces évolutions suscitent de nombreuses demandes de professionnels agricoles qui concernent tant l'amélioration de la connaissance des nouvelles formes d'organisation du travail qui s'établissent, que la mise au point d'outils permettant d'en améliorer la maîtrise. Mais dès que l'on veut traiter des formes concrètes de travail, l'analyse se heurte à d'importantes difficultés méthodologiques. Dans la première partie de cet article nous montrerons comment des zootechniciens (Dedieu et al 1993) se sont saisis de ces questions et ont mis au point une méthode dénommée «Bilan Travail» qui a été utilisée dans plus d'un millier d'exploitations d'élevage en France. Dans la deuxième partie, nous verrons comment certains principes pourraient en être repris pour concevoir une méthode qui élargisse le champ de l'analyse à l'ensemble des activités professionnelles des ménages.

Présentation de Bilan Travail et de sa spécificité vis-à-vis

d'autres approches méthodologiques de l'organisation du travail

La question du travail est présente dans toutes les sciences sociales. Cependant, c'est l'économie qui, pour l'essentiel, a pris en charge les analyses quantifiées qui lient travail et production, organisation du travail et performan-

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ces. Dans cette discipline, les analyses ont été fortement marquées par les réflexions autour de l'organisation scientifique du travail (Taylor 1911, Vattin 1990), y compris en France pour l'agriculture (Piel-Desruisseau, 1963).

1. Des approches centrées sur la mesure de la durée des travaux Même pour ceux qui ne se réclament pas d'une conception taylorienne, celle-ci est restée extrêmement prégnante dans l'analyse de l'organisation du travail dans les exploitations agricoles. Cette conception conduit à privilégier la décomposition des tâches et la mesure de leur durée, qu'il s'agisse d'identifier et de combiner des temps de travaux élémentaires (par exemple IGER, 1977), de simuler l'organisation du travail autour d'opérations techniques spécifiques (par exemple la traite, Hémidy 1986) ou de faire une analyse comparée de l'efficacité productive de divers systèmes de production (Brangeon et al 1988, Jean et al. 1988). Dans ces travaux, la prise en compte exhaustive des travaux agricoles était la règle, et l'objectif demeurait bien d'assurer une additivité des temps pour une évaluation globale. Une série de travaux visant à relier temps de travaux et fonctionnement des exploitations a reposé sur une démarche différente. Associant économistes et agronomes, dans le contexte des exploitations de grande culture, la démarche avait pour objectif «de fournir aux agriculteurs des éléments de choix du système de production en cherchant un optimum dans le cadre de contraintes dont celles de main d' œuvre et de traction» (Sebillotte 1986). La représentation du travail est alors fournie sous forme de budgets établis par périodes (bilan de temps disponible et de besoins). Cette représentation est à la base de démarches de diagnostic technico-économique et d'étude de projets - logiciels Equiplan ou Mecagest II - (Guillot, 1994, Vaquier, 1994, cités par Chatelin et al. 1996). Attonaty et al. (1990), avec leur simulateur «Otello», ont élargi cette démarche en introduisant d'une part des règles de priorités entre travaux établies par les agriculteurs et d'autre part le risque climatique (test d'une grande variété de scénarios). Bien qu'elles permettent une représentation fine de l'organisation du travail, ces recherches, comme les précéden-

tes, reposent sur l'hypothèse que le temps de travail des différentes tâches peut être mesuré de façon identique et que les travailleurs au sein du collectif de travail sont substituables les uns aux autres. La méthode Bilan Travail (BT) s'inscrit en rupture de ces choix.

2. Les principes de la méthode Bilan Travail La méthode BT a été conçue pour intégrer une dimension «travail» dans l'analyse du fonctionnement des exploitations d'élevage. L'objectif était d'établir une représentation du travail commune entre un technicien d'appui technique (Chambres d'Agriculture ou organisations économiques) et un éleveur, qui soit utilisable pour l'action immédiate. Certaines hypothèses adoptées pour la modélisation du travail en grandes cultures ne pouvaient être reprises car l'élevage repose en bonne partie sur du savoir-faire tacite, notamment autour du suivi régulier des animaux. La formalisation de l'organisation du travail y est beaucoup moins avancée que dans les secteurs de production où l'emploi de salariés est fréquent (grandes cultures, arboriculture, maraîchage etc.) et la substituabilité des travailleurs vis-à-vis de certaines tâches est limitée. Deux catégories de travailleurs sont donc distinguées: les travailleurs de la «cellule de base» (travailleurs permanents, pour lesquels l'activité agricole délimitée comme objet d'étude est prépondérante en temps et en revenu) et les travailleurs hors cellule de base, les bénévoles (retraités, personnes salariées à plein temps à l'extérieur, personnes donnant des coups de main ponctuels), Y entraide, Y entreprise et les salariés. Trois grands types de travaux sont identifiés et quantifiés: • Le travail d'astreinte (TA) correspond au travail à réaliser quasi quotidiennement, peu concentrable et peu diffé- rable. Les soins aux animaux, la traite sont des illustrations de ces travaux qui caractérisent «l'astreinte de l'élevage» (Bages, Rieu-Gout 1981). La quantification du travail d'astreinte se fait en heure par jour (à la demie heure près). • Le travail de saison (TS) regroupe les travaux plus dif- férables ou concentrables consacrés aux surfaces fourragères et de cultures (de l'implantation à la récolte) et les travaux périodiques consacrés aux troupeaux (manipulations pour des traitements sanitaires...). D est quantifié en journées (à la demie journée près), afin d'éviter des réponses stéréotypées ou normatives. • Le travail rendu (tr) désigne le temps passé par les tra

vailleurs de l'exploitation pour rembourser, sous forme de travail, l'entraide reçue pour la réalisation du travail de saison. La quantification du travail rendu se fait également en jours. La durée des autres travaux agricoles (entretien du matériel, des bâtiments, comptabilité...) n'est pas mesurée. Pour ces travaux l'enquêteur ne dispose d'aucun point de repère calendaire préalable, et ils n'ont pas de sens dans les démarches d'analyse technique des systèmes d'élevage. La plupart sont interstitiels, c'est-à-dire réalisés à «temps perdu». La mémorisation de leur durée est alors souvent aléatoire, et ils ne jouent pas de rôle structurant de

l'organisation du travail. D'autres, comme les constructions de bâtiments, ne sont pas liés au déroulement d'une campagne agricole, mais plutôt à celui de la trajectoire de l'exploitation. L'enquête BT dure deux à trois heures et s'appuie i) sur la définition par l'éleveur de périodes de travail d'astreinte à contenu et durée stable, ii) sur le positionnement des travaux de saison et rendu sur un calendrier. La contribution de chaque catégorie de main d' œuvre est spécifiée.

L'analyse des données se fait à deux niveaux: • L'exploitation agricole, avec les données de temps consacré aux travaux cumulés des différents intervenants. Les comparaisons entre exploitations et l'analyse des facteurs de variation de ces temps peuvent être réalisées à l'échelle de la campagne complète ou à l'échelle de périodes particulières (pendant l'hivernage par exemple). • La cellule de base, celle-ci étant considérée comme le noyau organisateur des travaux sur l'activité considérée. L'organisation du travail est caractérisée par i) la répartition des tâches entre catégories de travailleurs, ii) le degré d'équipements et la nature des bâtiments, iii) les choix de conduite technique (Dedieu et al, 1998). Cette organisation laisse aux membres de la cellule de base un volume de temps pour accomplir les tâches agricoles non comptabilisées (entretien du matériel, des bâtiments, comptabilité...) et d'autres activités. Cette marge de manœuvre est approchée à l'aide d'un indicateur global: le «Temps disponible calculé».

Les données du BT contribuent à deux types de démarches de développement: 1. Fourniture, lors de la mise au point de «cas-types» (modèles d'exploitations viables, vivables et reproducti- bles), des informations sur la durée du travail d'astreinte et de saison associées à la mise en œuvre des techniques et aux résultats économiques. 2. Utilisation de la méthode dans le cadre d'une animation de groupe (ou de discussion individuelle) sur le thème de travail; les données présentées (écarts de durée du travail, contribution des différentes catégories de travailleurs et temps disponible calculé), permettent d'amorcer la réflexion sur l'organisation du travail; celle-ci se poursuit alors avec des spécialistes (machinisme, animateur de groupements d'employeurs, techniciens...) selon l'interprétation collective donnée aux facteurs bloquants ou à améliorer. Par conséquent, la méthode Bilan Travail est une méthode légère utilisable comme outil de conseil ordinaire. Deux éléments la distinguent particulièrement des méthodes plus classiquement utilisées en économie (notamment budget temps et budget travail): le mode d'investigation et la nomenclature des travaux.

3. Le mode d'investigation Les méthodes de recueil des données reposent depuis toujours sur un compromis entre un souhait «idéal» de disposer d'un ensemble de données exhaustif sur l'ensemble des temps de travaux (et d'activités en général) et la nécessité de mettre en œuvre des dispositifs de recueil de

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données qui soient à la fois acceptables pour les personnes de l'enquête et réalisables en terme de coût. Selon les objectifs du recueil de données et les moyens disponibles, les simplifications opérées et le degré de précision souhaité diffèrent. Dans leur synthèse sur les méthodes d'analyse du travail agricole, Lacroix et Mollard (1990) regroupaient les modes d'investigation en trois ensembles principaux: • L'enregistrement, où le temps consacré à diverses activités (budget temps) ou aux seules activités professionnelles (budget travail) est consigné à intervalles réguliers (relevés par cinq minutes, par quart ou demi-heure), pour une ou plusieurs journées. Du fait de leur précision les budgets constituent des méthodes de référence en agriculture comme dans l'ensemble des études portant sur l'organisation du travail (Juster, Stafford, 1991). Néanmoins, les utilisateurs en soulignent la lourdeur, le coût et le fait qu'elles ne permettent pas d'échapper aux débats sur la sincérité et la fiabilité des enregistrements (Bages, Cavalié 1979; Brangeon étal, 1989; Lacroix, Mollard, 1990). • La méthode déclarative, où la personne interrogée fait appel à sa mémoire pour indiquer le temps passé à son travail «habituellement» ou pour une période précise. Cette méthode simple présente peu d'intérêt pour une analyse approfondie de l'organisation du travail car les données recueillies manquent de fiabilité. • La reconstitution analytique (Jean et al, 1988), où la personne interrogée doit se remémorer un certain nombre d'éléments concernant son travail, éléments à partir desquels sont ensuite calculés des temps annuels de travaux pour chaque travailleur de l'exploitation agricole. C'est à cette dernière catégorie que s'apparente la méthode BT. Les données recueillies s'appuient sur un entretien réalisé par un enquêteur disposant au préalable d'une information sur les grands événements qui rythment la vie du troupeau (dates d'hivernage, périodes de mise bas notamment) et sur les itinéraires techniques sur les surfaces (niveau et fractionnement de la fertilisation, types de stocks fourragers...). Les déclarations sont fondées sur des travaux bien mémorisés par l'éleveur et pour lesquels l'enquêteur dispose de points de repères.

4. La nomenclature des travaux

Les activités peuvent être regroupées et classées de diverses façons. La nomenclature construite dépend du compromis réalisé entre d'une part, le souhait de produire des connaissances «universelles» et donc de recueillir des données objectives, qui permettent de comparer des situations différentes (activités élevage, cultures annuelles ou perennes, combinaisons variées d'activités) et d'autre part l'intérêt d'avoir des données subjectives qui permettent de prendre en compte la diversité des représentations qu'ont les acteurs de la réalité (Gollac, 1994). Ainsi peut-on considérer qu'une bonne donnée est celle qui correspond à une vision «négociée» de la réalité (Dodier, 1995) entre «observateur» et «observé». Selon l'objectif du recueil de données, cette «négociation» peu déboucher sur des résultats différents.

Dans la méthode BT, la nécessité d'avoir des catégories de travaux reconnues comme pertinentes pour l'éleveur est essentielle. Il ne s'agit plus ici de la distinction classique entre travaux sur les animaux, et sur les cultures, mais entre des travaux qui correspondent à des chantiers dont la réalisation est liée à la saison (TS) ou des travaux répétitifs d'une journée à l'autre (ta). Tous deux doivent être impérativement réalisés mais la date précise des premiers peut être ajustée en fonction d'autres éléments (dans une fourchette de jours climatiques disponibles, selon les dates de présence d'autres travailleurs). Les tâches ne sont pas considérées comme équivalentes du point de vue du temps et elles sont regroupées pour former des catégories différentes. C'est pourquoi la méthode est un compromis car elle repose sur une nomenclature générique qui laisse part à la subjectivité, fondée sur la structure temporelle (Valax, 1986) des activités du collectif de travail agricole. Ainsi une même tâche peut-elle être classée différemment selon qu'elle est réalisée de façon répétitive ou au contraire en organisation de chantier (par exemple le curage de fumier relève du TS en stabulation libre et du TA en stabulation entravée), selon qu'elle est considérée comme imperative ou réalisée «à temps perdu» (par exemple l'entretien des haies). Au total, la méthode BT, qui n'a pas pour objectif de produire une évaluation exhaustive du temps de travail, ni des catégorisations «universelles» ne prétend pas se substituer aux méthodes de budget temps ou de budget travail. En revanche, elle permet d'obtenir des informations plus précises que les méthodes déclaratives, tout en gardant un coût financier et humain acceptable et peut inspirer une méthode permettant de tenir compte de l'ensemble des activités professionnelles des ménages agricoles.

Bilan Travail et ménages agricoles à systèmes d'activités complexes:

premiers enseignements1

Les ménages agricoles peuvent associer plusieurs activités professionnelles (agricole, salariée à temps plein ou partiel, indépendantes, activités de service liées à l'exploitation comme l' agro-tourisme...)2 selon des modalités diverses (Laurent et al, 1998). Soit il s'agit du fait d'un individu, soit chaque individu du ménage exerce une activité de nature différente. Bien que la notion de «ménage pluriactif» soit parfois utilisée par la statistique agricole, cette notion est peu propice à la comparaison avec d'autres secteurs d'activité et il semble préférable de parler de «système d'activités professionnelles complexe» pour désigner cet ensemble de situations. Ces systèmes d'activité méritent d'être considérés «en soi» car la com-

1. Ce travail a été effectué dans le cadre d'un programme de recherche financé par la convention inra/dadp Rhône- Alpes, en partenariat avec la Chambre régionale d'Agriculture de Rhône-Alpes 2. Les activités qui ont pour support l'exploitation (par ex. agro-tourisme) ou qui sont dans le prolongement de l'acte de production (par ex. transformation des produits de l'exploitation) sont ici considérées comme des activités professionnelles différentes de l'activité agricole car elles ont des contraintes organisationnelles spécifiques

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binaison d'activités conditionne les formes d'exercice concrètes de chacune d'entre elles (Pahl, 1988). Il en résulte, pour certains ménages, des problèmes d'organisation ou de surcharge de travail qu'ils renvoient aux organisations professionnelles. Mais les références concernant l'organisation du travail de ces systèmes sont rares et les conseillers qui sont sollicités pour aider à choisir des voies de diversification peuvent rencontrer des difficultés pour évaluer les conséquences de l'adjonction d'une activité supplémentaire.

1. Déroulement des enquêtes Pour aborder cette question de l'organisation du travail dans les systèmes d'activité complexes, et dans l'objectif de contribuer à améliorer les conditions de conseil technique pour ces ménages, une méthode inspirée de BT a été testée auprès de 25 ménages localisés en Isère. Ils ont des exploitations agricoles à temps plein (20 dans l'OTEX bovin viande, 5 dans l'OTEX arboriculture). On a choisi (i) des ménages n'ayant qu'une activité agricole, (ii) des ménages combinant activité agricole et activité salariée, (iii) des ménages combinant activité agricole et activité para-agricole ou de service et enfin (iv) des ménages combinant les trois types d'activité. L'objectif était de tester cette méthode dans des situations très diverses, indépendamment de leur poids respectif dans la population d'ensemble. Le déroulement des enquêtes s'est fait en deux temps. Une première visite a été consacrée: (i) à des questions ouvertes destinées à recueillir des informations sur la façon dont les membres du ménage conçoivent leur travail; (ii) à un questionnaire A permettant d'obtenir une description du ménage, de son système d'activités, de la trajectoire professionnelle des différents membres du ménage, de la structure de l'exploitation agricole. Une seconde visite a été consacrée à un questionnaire B directement dérivé du questionnaire de BT3. Par rapport à une approche de l'activité agricole au sens strict, le champ d'observation a été doublement élargi: du collectif de travail agricole vers le ménage et les collectifs auxquels il est associé, de l'activité agricole vers l'ensemble des activités du ménage. Cependant, bien que l'objet d'observation soit différent, in fine, l'analyse est restée centrée sur la compréhension des conditions d'exercice des activités agricoles et para-agricoles et c'est dans cette optique qu'ont été analysés les avantages et les limites d'une méthode dérivée de BT.

2. Le choix de ne considérer que certaines activités pour la quantification reste pertinent II apparaît tout d'abord que le parti de BT de ne mesurer que la durée des tâches imperatives peut être retenu pour les systèmes d'activités complexes. En effet, lors des entretiens avec les ménages, on retrouve en effet les présupposés de BT, à savoir que les tâches,

3. Pour des informations plus complètes sur les enquêtes voir Blanche- manche 1996, Laurent et al. 1997

agricoles ou non, ne sont pas jugées équivalentes quant à leur structure temporelle. Certaines doivent être réalisées de façon imperative, et ne peuvent être reportées ni interrompues lorsqu'elles sont commencées (une activité salariée, le service dans une restauration à la ferme, etc.). D'autres au contraire n'ont pas de structure temporelle rythmique (l'entretien de bâtiments, l'entretien d'une parcelle de prairie associée à une résidence secondaire), et correspondent aux tâches interstitielles dont la durée n'est pas mesurée dans BT. On observe ainsi qu'à nombre d'heures équivalent, l'addition d'une activité supplémentaire aura des conséquences différentes sur l'organisation du travail selon qu'elle peut être gérée comme une activité interstitielle, ou non.

3. L'importance des rythmes nécessite d'ajuster la nomenclature des travaux

Les catégories de travaux retenues dans la méthode BT peuvent également être reprises moyennant quelques ajustements permettant de tenir compte de l'aspect non quotidien de certaines activités d'astreinte. Les activités salariées ou indépendantes s'apparentent souvent à un travail d'astreinte dans leur aspect journalier, peu concentrable et non différable, mais elles ont lieu généralement sur une fraction de la semaine (5 jours sur 7 pour beaucoup d'activités salariées à temps plein), ce qui a des conséquences importantes sur l'organisation du travail agricole. Les activités de transformation, de vente directe ou d'accueil présentent également une diversité de caractéristiques. Certaines activités peuvent avoir une périodicité régulière, mais non quotidienne et ne sont pas différables, ni concentrâmes (le marché, une ou deux fois par semaine par exemple). D'autres viennent se glisser entre les activités habituelles selon une périodicité irrégulière et offrent plus de souplesse (par ex. des éleveurs transforment et vendent en direct leurs animaux lorsque ceux-ci sont prêts). Pour rendre compte des activités qui présentent les caractéristiques du travail d'astreinte (non différable et non concentrable), sans avoir le caractère répétitif quotidien qui est attaché aux animaux il paraît nécessaire de distinguer une catégorie nouvelle nommée travail d'astreinte non quotidien (TANQ), complétant le travail d'astreinte quotidien (TA «Q»). Cette distinction est d'autant plus importante que les tâches imperatives qui ont un rythme variable difficilement prévisible, et qui appartiennent à cette catégorie (tanq), sont celles qui introduisent le plus de contraintes dans l'organisation du travail des ménages. Or on constate que les activités vers lesquelles se diversifient les ménages agricoles sont souvent des activités de ce type, qu'il s'agisse de l' agro-tourisme ou du temps partiel des femmes, secteur où l'on trouve le plus d'horaires variables. On retrouve dans nos observations l'absence de lien systématique entre une activité, un ensemble de tâches et une catégorie de travaux, ces liens étant dépendants de leur condition de réalisation. Nous avons établi une grille de correspondance (tableau in fine) entre activités para-agricoles ou non agricoles et catégories de travaux (TAQ,

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TANQ, TS). Ainsi, les activités de transformation et de vente directe des produits peuvent selon les cas être classées dans l'une ou l'autre des trois catégories de travaux, voire comme travail interstitiel. Par exemple, la réalisation des foins qui, dans les systèmes spécialisés relève du travail de saison mesuré en demi-journée peut devenir, dans un système d'activités complexe, une activité mesurable en heure, qui est effectuée chaque jour au retour du travail pendant une longue période. Cette distinction permet de caractériser des opérations techniques similaires, mais qui se déroulent dans des conditions sociales et matérielles différentes (dans un cas chantier avec des voisins en partageant du matériel, dans l'autre travail seul avec son propre matériel) et qui, par conséquent, n'appellent pas forcément le même type de conseil. Dans l'exemple choisi, cela peut conduire à analyser autrement le relatif «suréquipement» des agriculteurs double-actifs.

4. La dimension collective du travail Les monographies réalisées confirment la nécessité de prendre en compte la dimension collective de l'organisation du travail. Mais la notion de cellule de base, centrée sur l'activité agricole, ne peut être reprise si on élargit l'observation à l'ensemble du système d'activités du ménage. D'une part l'ensemble des individus qui compose le ménage n'est qu'en intersection avec l'ensemble des individus du collectif de travail agricole. De plus, chaque ménage agricole peut être relié à plusieurs collectifs de travail (figure in fine). Plusieurs unités économiques élémentaires doivent ainsi s'articuler de façon cohérente, et ce sont précisément les conditions de cette cohérence qu'il est nécessaire d'étudier. Nos premières observations montrent que la prise en compte de la charge de tâches imperatives par personne (TANQ + TAQ + TS) permet de saisir les limites de la compatibilité de différentes activités professionnelles. Mais la description de l'organisation collective des tâches est un contrepoint indispensable à l'interprétation d'indices constitués à partir du poids des tâches imperatives. Elle conduit en effet à repérer «qui fait quoi», à préciser le nombre et les fonctions des personnes mobilisées (aide ponctuelle, sous-traitance, groupe de travail professionnel) pour chaque activité, et à identifier les tâches qui peuvent être effectuées par des personnes différentes et celles qui, au contraire, sont «réservées» à une personne particulière (Dedieu et al., 1998). En effet, des voies parfois opposées sont explorées par les ménages pour organiser les collectifs de travail agricole et para-agricoles: individualisation du métier pour réduire la nécessité d'avoir recours à une personne extérieure, embauche de salariés via des groupements d'employeurs, création d'un nouveau collectif élargi sur des bases formelles (GAEC), renforcement d'un collectif informel élargi (voisins, famille)... Le développement d'un point de vue global sur les activités du ménage peut conduire à être plus attentif, à ces aspects et au classement des travailleurs. Par exemple, l'observation des collectifs de travail agricoles des

ges à système d'activités complexe rend encore plus flagrante l'importance qualitative de la capacité à mobiliser un réseau d'aide et de coups de main plus ou moins informels aussi bien lorsqu'un événement imprévisible se produit (de type accident ou maladie) que pour faire face à des tâches courantes (du type accueil de personnes pour l' agro-tourisme ou déplacement d'animaux). On peut voir dans cette aptitude un des facteurs déterminants de la pérennité des systèmes d'activités complexes mais, plus largement, de l'ensemble des collectifs de travail agricoles et para-agricoles, au même titre que l'adhésion à un service de remplacement ou à une mutuelle «coups durs».

5. Au-delà du Bilan Travail, la dimension cognitive du travail

Par ailleurs, les observations montrent que la dimension cognitive du travail est essentielle.

Les monographies font ressortir pour une fraction des ménages le poids important de la charge mentale c'est-à- dire du rapport entre les exigences des tâches à accomplir et des capacités cognitives requises pour répondre à ces exigences (Leplat, 1997). Le dépouillement des entretiens permet ainsi de relever la difficulté plusieurs fois exprimée à traiter correctement une masse d'informations jugée excessive, à maîtriser des activités plus ou moins entrecoupées, et à prendre des décisions dans des domaines très différents.

Dans les systèmes d'activité complexes, quatre phénomènes principaux peuvent contribuer à modifier l'exigence des tâches à accomplir: i) l'augmentation du nombre de tâches imperatives accroît l'exigence d'organisation, ii) la combinaison d'activités «à temps partiel» raccourcit les périodes d'activité de routine au profit des activités qui exigent des prises de décision, iii) l'adjonction d'activités à rythmes peu prévisibles (par ex. travail salarié à horaires variables) complique beaucoup l'organisation du travail, iv) le développement des activités de service liées à l'exploitation reporte le souci de la demande (qualité des prestations, fourniture d'un service «personnalisé») sur les ménages, et oblige à l'adaptation permanente aux souhaits du client.

En retour, on observe que les ménages ont des stratégies de valorisation différenciées des compétences et des connaissances. Ainsi, certains vont-ils concevoir et mettre en œuvre des stratégies permettant de valoriser, dans une sphère d'activité donnée (par exemple l' agro-tourisme), des compétences acquises dans un autre secteur (par exemple dans le commerce), alors que d'autres personnes entretiennent délibérément une coupure entre les différentes activités, dont la combinaison est alors conçue comme simple juxtaposition qu'il faut organiser.

Sur ces aspects, qui ont également leur sens dans des systèmes agricoles confrontés à des enjeux de gestion technique et administrative de plus en plus sophistiquée (Sal- mona 1994), la méthode, les critères permettant de spécifier la dimension cognitive du travail restent largement à inventer. Ils méritent cependant d'être approfondis car une

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représentation de l'organisation du travail fondée sur la seule prise en compte de la durée du travail et des rythmes paraît souvent insuffisante pour comprendre les difficultés que rencontrent les ménages pour organiser leur travail.

Conclusion

Concernant le mode d'investigation, les premiers résultats montrent qu'il est possible de reprendre les principes du BT pour concevoir une méthode assez simple de recueil de données sur l'ensemble des activités professionnelles du ménage. Les unités choisies (heure pour l'astreinte et demi-journée pour le travail de saison) correspondent à des unités pertinentes pour qualifier les activités para-agricole ou extérieures. Le principe de catégorisation des travaux et le choix de ne mesurer la durée que d'un certain type de tâches paraît également pouvoir être retenu. En effet, le recueil d'informations quantitatives et qualitatives montre que c'est plus l'articulation des rythmes des tâches peu ou pas différables qui posent problème que la durée totale du temps de travail. Le choix de ne pas comptabiliser les tâches interstitielles (agricoles ou non) reste donc pertinent. La catégorisation des travailleurs, en revanche, doit être modifiée, non seulement parce que l'on s'intéresse aux formes d'articulation de plusieurs collectifs de travail, mais aussi parce qu'en considérant l'exploitation agricole comme une fraction d'un système plus large, la place relative des différentes personnes du ménage dans le collectif se modifie.

En termes de conseil, ce constat amène à donner davantage d'importance à la compatibilité des différentes activités. À plusieurs reprises, il est apparu que ce n'était pas tant le nombre d'heures de travail qui pouvait poser problème que le moment où ce travail devait s'effectuer. L'articulation des activités doit être explicitement prise en compte. Ainsi, les personnes associées à l'élaboration du conseil technique ne seraient plus strictement celles qui sont investies dans l'activité agricole, mais l'ensemble des individus composant le ménage et qui se trouvent en situation d'interdépendance dans l'utilisation qu'elles peuvent faire du temps.

Enfin l'observation de systèmes d'activités complexes met en lumière des phénomènes qui n'apparaissent qu'en filigrane dans la plupart des travaux portant sur le travail agricole comme l'importance de la souplesse des collectifs de travail et le poids de la charge mentale. Ces résultats sont convergents avec ceux observés depuis plusieurs années dans d'autres secteurs d'activité (du Tertre 1995) qui font ressortir l'importance de la dimension proprement cognitive du travail et la nécessité de mieux caractériser la variabilité des relations possibles entre l'organisation de travail et les performances économiques finales.

Benoît DEDIEU, INRA Départements SAD et ENA, URH, Saint Genès Champanelle • Catherine LAURENT, INRA SAD Ile-de- France • Patrick MUNDLER, Collège coopératif Rhône-Alpes, Lyon. Avec la collaboration de Gérard SERVIÈRE, Sandrine BLANCH EM ANCHE, Gilles CHABANET.

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Exemple de classement d'activités selon les grandes catégories de travaux

Activités

Activités quotidiennes de vente et/ou de transformation

Activités ponctuelles mais non différables de vente et/ou de transformation à dates fixes

Activités différables de vente et/ou de commercialisation liée à des activités de saison

Activités différables de vente et/ou de commercialisation sans périodicité régulière

Travail salarié à temps plein ou à temps partiel, à horaires fixes prévisibles non ou peu négociables

Travail salarié ou indépendant exercé de manière saisonnière et à horaires négociés Travail salarié ou indépendant à temps plein ou à temps partiel à horaires prévisibles et négociés

Exemples - transformation de lait en fromages - magasin de vente directe ouvert quotidiennement

- transformation de viande pour vente directe à jour fixe - marchés hebdomadaires

- transformation de fruits en confiture ou jus - marchés annuels de sapins de Noël

- vente directe à la ferme sans permanence - transformation de viande pour vente directe lorsqu'un bovin est «prêt»

- toutes situations salariées: infirmiers, assistantes maternelles, employés industrie ou secteur tertiaire...

-coupe de bois -élagage - enseignement en vacation salariée quelques heures par semaine - scierie, terrassement - entretien de parcelles pour d'autres résidents ruraux - artisanat réalisé à la maison

Type de travail

Travail d'astreinte

Travail d'astreinte non quotidien

Travail de saison

Travail d'astreinte ou de saison ou interstitiel selon caractéristiques

Travail d'astreinte non quotidien

Travail de saison

Travail interstitiel, de saison, ou d'astreinte non quotidien selon périodicité, rythme et concentrabilité

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Exemple de ménage agricole dont les membres sont insérés dans différents collectifs de travail

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FERME AUBERGE Collectif de travail para-agricole

Chef d'exploitation + mère

sœur du chef d'exploitation

MÉNAGE 1 couple «parents»,

père retraité + mère active pour activités para-agricoles + 1 couple «enfants», mari

chef d'exploitation, femme travaille à l'extérieur + 2 enfants moins de 1 5 ans

EXPLOITATION AGRICOLE Collectif de travail agricole

Crief d'exploitation + pères + salarié temps partiel

+ coups de main (voisins, etc.)

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ENTREPRISE Collectif de travail salarié Épouse du chef d'exploitation (salariée) Service: 12 personnes Entreprise 250 personnes t t tt "! Les éléments du système d'activités Le champ du conseil technique en agriculture Les interlocuteurs du conseil dans le ménage

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