"Mohammed Mokhtar, officier égyptien et explorateur" (1999)

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Bmlrorureue PnrResc Les orientalistes sont des aventuriers Guirlande offerte h Joseph Tubiana par ses dlbves et ses amis Texrns REuNrs pAR Areru Rounuo Publiavec le concours de l'Institut National des Langues et Civilisations orientales, de la soci6t6 Yprema, l'cologie industdelle et de I'aresa Eaitions SI1PIA 6, avenue du Gouverneur-Gdndral-Binger 94100 Saint-Maur

Transcript of "Mohammed Mokhtar, officier égyptien et explorateur" (1999)

Bmlrorureue PnrResc

Les orientalistes sont des aventuriers

Guirlande offerte h Joseph Tubianapar ses dlbves et ses amis

Texrns REuNrs pAR Areru Rounuo

Publi€ avec le concoursde l'Institut National des Langues et Civilisations orientales,

de la soci6t6 Yprema, l'€cologie industdelleet de I'aresa

Eaitions SI1PIA6, avenue du Gouverneur-Gdndral-Binger

94100 Saint-Maur

30. Mohammed Mohhtar

JoNATHAN MIMN

Mohammed Mokhtar,officier dgyptien et explorateur

Lors d'une visite au Caire au cours de I'CIC 1996, je d€cida.l de me rendre au petitmusde ethnologique situi au rez-de-chaussde de l'immeuble de la Sociit€ de gCographied'Egypte, rue Qasr a.l-Aini, en plein centre ville. Aprls en avoir parcouru les quatre oucinq salles d'exposition, la curiositi me piqua de confirmer une information lue dansun vieux guide Baedzher de 1929, )L savoir l'existence dans ce m€me immeuble de labibliothique de la SocidtC de gCographie. Je posais la quesdon au gardien du musie quime rdpondit gentiment que la bibliothique se trouvait en effet au premier Ctage maisque comme on itait en train de la rCorganiser, il faudrait passer Pat le directeur pourvoir s'il serait possible d'y consulter des ouvrages. En route vers le bureau du directeurde la bibliothlque, nous prtmes les escaliers puis traversimes une salle impressionnante 'laquelle dtait, je le compris tout de suite, la grande salle d'assemblie de la Socidtd. Il rnesernbla qu'elle itait restde intouchCe depuis plusieurs dCcennies si ce n'est plus. Lesvieux silges en cuir, les lustres en cristal et le podium i I'avant de la scine avec un grosglobe de cdtC rn impressionnlrent fortement.

En atendant d &re regu par le directeur, je profitai de quelques minutes pourrdimmerger un peu dans l'atmosphlre de cene sdle fabuleuse. Effet de la chaleur cairoredu mois de juin ou bien d'un sens de l'imaginadon dibordant, .ie me reportai loin de h,plus de cent ans en arridre, ) lajournCe du 2 fdvrier 1877, quand I'ofiicier d'Ctat-ma.ior del'armde dgyptienne, Mohammed Mokhtar, prisenta dans cette m6me salle sa

communication sur le paln de Harar. Je me rappelais assez prdcis€ment le compte-rendude cette sCance que j'avais lu dans le Bz llztin de ln Soci4tl khldiuialt de glographie :

n la parole est ensuite donnCe l M. le commandant Mohammed Mokhtat rccemment revenu de

Harrar, otr il avait 6td envoyd comme chef d'dtat-major du g€n€ral Raouf pacha la lecture du travaildc M. le commandant Mokhtar sur Harrar et les pals environnants est dcoutCe avec la plus vive

attention. ks descriptions vives, animdes et spiriruelles qu il renferme ddnotent un remarquable talentd'observation chEz son auteur et provoquent de sympathiques applaudissements. , (')

Ies n applaudissemens n niavaient r&eilli de ma torpeur. Le gardien du mus€ern informait que Monsieur le Directeur dtait prdt ! me recevoir dans son bureau.

liobjectif principal de cette brlve notice est la mise en lumilre des explorations ettravaux gdographiques et cartographiques rCalisis par l'€tat-ma.ior de l'armdedryptienne I partir de ce que I'on pourrait appeler la relance de o l'Empire africain o du

L.' oidtali't ' eht d4 amturar Cuhludc otrenc, Joeph Tub;n., tst6 rdunis pd Aiain Rouaud, SaPia, 1999 r 131-135.

(t) Balhtin dt h Socntt hhidhiahdr gtoguph;e (ci-apris abrisi enaSI(6), s. I, 4, d€cembre 1876 -avril I 877 (L€ Caire, I 877), compterendu de la siance du 2 f&rierIa77 : 406.

(2) Conrad, J., " Geography andsome Explorers,, ix Lart E!!ay,Londres, 1926 : l-31. Dalls cetessai, icrir en 1924, Conradreconnatt la symbiose qui unitgiographie et €mpire, divisantI'histoire des explorations€uropdennes en trois phases qriilappelte " Geogrrphy Fabulous ,," Geography Militant o €t

" Geography niumphant ,.(3\ Le Balletin de la Soci,*l de

Skga?hie dEgpte, 1876-1996 :

essai d'in&xation. Suppliment ) lalettre d'information o" 44, avil1996, prCpari pal O. Sanmartin etJ. S€suin, Obsenetoir€ urbain duCair€ contemporain (URBAMAiCEDE). VoL ausi loni, Y, * TheBulbtin dz Lt, soci,ldl dz glographied'Egpte, a review of its volumes,r875-t965 *, tulhtin dz la Socikldz glographie dEgpte t. 39, 1966 :

83-tr4.(4) Lesentiel des informations serapportanr ) la vi€ et i l'ceuvre deMokhtar sont tir€es des sourc€ssuivarta : Hill, R, A B;ogruPhialDict;onary of the Sudzn, Londres,1967 (T 4d.) : 266 ;7*i,"ttbd al-R&nan, I kan al-gaysh wal-bahiya f nir athna' al-qam aLtasi'a'ha/, Le Ceire, t947 : 162-166(avec une photo de Mokhtar) ; al-Raf i, "Abd al-Rahman, 'Asr hmail,lR C rc, 1932: 284 (€galementavec une phoro de Mokhtar) ;Ronolu F., L'Egpte et h glogaphie,k Caire, 1890 : 59-60 ; Amer, M.,. Some unpublished furprian mapsof H n,, Bdhtin dz b SocitdtMJdh de seosaphie & l6gptu, t. 19,1937 : 289-299, evec 6 planches.

khddive Ismarl (1863-1.879) dans la rigion de l'Afrique du nord-est, et plusprdcisdment i travers l'exemple de l'auvre de Mohammed Mokhtar (1835-1897),surtout connu des ithiopisants pour ses Pticieuses Notes sur le pays de Hanar.Il ne faitaucun doute que cette gdographie itait de nature enga8de, ou pour rePrendrel'expression de Joseph Conrad, du ressort de la < gdographie militante u G), qui seraitalois de maniEre directe les visdes imp€ridistes de I'Eglpte et refl€tait les ambitionscolonia.les du khCdive. Nonobstant le contexte clairement impirialiste de ces activitds,i[ faut reconnaltre que plusieurs de ces travarx furent les premiers dans leur genre etmCritent de fait, me semble-t-il, d'€tre prisentds et reconnus pour leurs qualitisscientifiqu€s.

Ir fer de lance des efforts dans ce domaine fut la Socihl hhldiuiab de giographied'Egtpte, inaugl€e le 2 juin 1875 au Caire et dont le premi€r prdsident fut lenaturaliste allemand Georg Schweinfunh. fobjectif principal de la Socidtd au momentde sa fondation dtait o d'dtudier la giographie dans toutes ses branch€s ) et de ( mettreen lumiere les contrdes de I'Afrique encore inexplordes ou mal connues o, c'est-i.-dire end'autres termes, de favoriser l'organisation d'expdditions dans les territoires revendiqu€spar I'Egypte, essentiellem€nt en Afrique du Nord-Est.

lr tout premier numiro du Balletin dz k Soci4ti khldiuiah de glographie pasut en1876. IJn rapide survol de la table des matidres de 1876 I 1902 nous rwtle qu'i peupris 70% des articles €t nodces qui y furent publids - que ce soit des rapponsd'exploration, itindraires d'expddition, cartes, relevds topographiques, hydrologiques etmitdorologiques ou autfes contribudons - dtaient consacris i l'Afrique de l'Est, plusexactement aux territoires des Etats contemporains du Soudan, de I'Ethiopie, del'Erythree, de la Somalie, de Djibouti et de l'Ouganda. En excluant le Soudan etI'Ouganda, on ne compte pas moins de vingt articles sur les autres rigions, qui traitentde domaines varids : un article porte sur les Bani Amer et les Habab de la rigion aPPeliei devenir la colonie d'Erythr6e, six articles sur I'Abyssinie en ginird, sept contributionssont sur la ville de Harar et sa rCgion, quatre sur les rdgions somalies, une sur les Oromodu sud et les Sidama et enfin un article traite du groupe somali des Gadaboursi o). Surces vingt contributions, six furent icrites par Mokhtar ou le mettent €n scenedirectemenr. Notons aussi que la plupart des contributions ar Bulkin i cette €poqrrcfurent offertes par des Amdricains et Europdens qui dtaient entrds au service d'Ismalll )partir des annCis 1860. Mokhtar fut l'un des rares Egyptiens qui publia rdguliirementdans cette relrre i ses ddbuts.

Du peu que nous savons sur la vie de Mohammed Mokhtar, il serait ni en 1835dans le quartier de Bulaq au Caire. Il fut scolarisi dans des dtablissements d'iducationmilitaire avant de s'engager au service de l'armie de mdtier. Richard HiIl signale qu ilaurait poursuivi des dtudes en France, mais en dehors du fut qu il maitrisait bien lalangue frangaise, rien d'autre ne vient i l'appui de cette information. Il est fort possibletoutefois que Mokhtar se soit trouvi parmi les officiers dgyptiens envoyes en stage dansdes icoles militaires frangaises, soit vers la fin des anndes 1850 soit dans le courant desannies 1860(ar.

Mokhtar aurait dtC assez rapidement repiri par ses suPirieurs comme un jeuneof{icier talentueux et prometteur et ainsi rattachi i l'itat-major alors qu'il riavait que22 ans. Par la suite, aux alentouls de 1870, Charles Stone (Stone pacha), un officieramiricain employd par le khidive et qui venait de rdorganiser le nouvel itat-major de['armde, l'incorpora I la troisibme section de ce service. Entre autres taches, cette sectionregut en charge les explorations giographiques dans les territoires occupes ou convoitispar l'Egypte en Afrique du Nord-Est.

Au faite de la deuxibme vague expansionniste igyptienne, dans les anndes 1870,Mokhtar approchait dCjiL de la quarantaine. C'est i ce moment-li, entre 1875 et 1882,qu'il connut la piriode de sa vie la plus fiuctueuse en matiere de missions militaires et

MOHAMMED MoKHTAR, oFFICIER EGYPTIEN ET XPLoMTEUR

gdographiques, planifides et dirigies par ses soins. On peut distinguer cinq missions quifurent conduites par Mokhtar dans les rigions qui nous intdressent ) l'dpoque oir ilsillonnait les terres de n l'Empire africain > du khidive.

Sa toute premitre expddition eut lieu enjuillet 1875 et consista i dtablir un relevdtopographique de la route reliant Sinkat i Souakin au Soudan oriental. Secondi par lesofiiciers 'Abdallah Fawsi et Abd al-Halim effendi Hilmi, Mokhtar devait repdrer lessources d'eau le long de cene voie. Il est fort probable que cette expddition entrait dansle projet de ffouver des approvisionnements alternatifs en eau pour Souakin quisouffrait d'une grave pdnurie en la matitre. Une carte prdcise de l'itindraire de lacampagne fut dtablie.

Deux mois plus tard, Mokhtar, nommi chef d'escadron d'itat-major gdndral,rejoignait Mohammed Raouf pacha I Zeila oh ce dernier terminait les pr€paratifs deson corps expiditionnaire en vue de la conqu€te de Harar. A peine ddbarqud, il semettait au travail et rddigeait un rapport ddtailld sur la ville, fournissant desrenseignements aussi bien sur la population que l'itat des transports ou les conditionsdu commerce. En collaboration avec 'Abdallah Fawsi, les deux officiers dressbrent unecarte de Zeila et ses environs, identifiant prdcisdment sa position puis conduisirentdivers tests mdtdorologiques et climatologiques.

Mais c'est sans doute l'expidition de Harar qui fut la plus significative de toutescelles arxquelles Mokhtar prit part. Elle firt de toutes certainement la plus spectaculaireet la plus longue (Mokhtar fut retenu pendant 12 mois) et devait fournir desinformations extr€mement prCcieuses sur la rdgion et la ville de Harar. Mokhtar setrouva de fait le premier I renouveler les informations disponibles sur la citd depuis lesnotes sur l'itat de la ville et ses habitans prises par le cCltbre capitaine Richard Bunonqui y avait passd une dizaine de .iours en janvier 1855, soit vingt ans auparavant (t.

En quarante-six pages, les Notes sur le pay dz Harrartq nous fournissent desrenseignements ethnographiques et giniraux sur les diverses tribus vivant e ntre ZelIt etHarar. Mokhtar s'y attarde sur la structure des tribus issa et oromo et abonde en dCtailssur la population urbaine de Harar. En tout bon conquirant qu'il itait, il s'intdressa deprime abord I la situation politique, militaire, iconomique et commerciale despopulations concernies, de m€me qu'au potenti€l posirifqdelles pouvaient reprdsenter,surtout en ce qui est de l'agriculture. Mokhtar s'attacha en outre i dicrire leurs us etcoutumes, leur systtme dducatifet judiciaire ainsi que leur religion. Il est intdressant denoter ici l'attention qdil apporta i la condition et au r6le des femmes au sein de leurssocidtds respectives (358, 365-7). Bien qu'on puisse dire que Mokhtar a dti unobservateur gdniralement sensible, il n'dchappa toutefois pas au paternalisme dg;rptiende son temps, rCsultat aussi des circonstances, qui en faisaient un occupant Ctranger. Les. indigtnes,' dtaient pergus comme situes en degi. d'un certain n degrd de civilisation o

et c dtair ir I'Egypte qu il revenair naturellement de changer cet dtat des choses.

A la lecture des try'orer, on dwine que Mokhtar dtait tout ) la fois un officier discipliniet ddtermini &ns l'accomplissement d€ sa mission, en mdme temps qu un finobservateu! attentif et m6ticuleux dans ses recherches. ks listes des tribus et des clansqu'il nous a laissi et celle des imirs de Harar, couvrant la pdriode allant de 926 H tl'arrivde des Egrptiens (389-391), ainsi que le calendrier persan en usage chez les Harari(373) tCmoignent du caractire ) la fois profonddment curieux et rigoureux de Mokhtar.Il en va de m€me des deux cartes - de la ville et de la rdgion qui s'Ctend ente Zeila etHarar - qui furent dressies avec I'aide de ses collaborateurs. On retiendra en particulierle superbe Phn de la aille dz Harar, tort en tons rouges et verts, lequel est un chefd'auvrecartographique et un vrai rigal pour les yeux. Dessind ir ichelle 1 : 4 000", il restitue enddtail le trac6 des murs d'enceinte de la citd et les percdes des diftrentes portes, la

(5) h$ton, R., Firct Foot'te?' in Ed'tAfiat, or an Exploration of HaranLondres, 1856.(6) Cet article a 6t€ 6crir parMokhtar en ara$ et oubl;e drns letulhtin dc t Entn;n ght/at d"lbmle lg)ptienxe puis uaduit €tpubli€ en ftangais dans le BS,(G

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(7) Notons aussi la participation deMokhtar )L la mise en point d'unecarte g€nErale de l'Aliique d'apresles explorations Cglptiennes. (LeCaire, 1877, Cchelle I : 6 000 000)et de deux aunc canes de I'Egypteer d€ s€s dip€dances dont uneserait perdue. Les deux autresdevraient se trouver soit aux archivesdu palais d'Abdine, soir aux archiveshistoriques nationales dryptiennes.Voir al-Gamal, Shawqi 'Ata Allah,Sflasat n;v f al bahr al-ahnarf al-nisf al-thani min aLqan al-tasi'"dth.ln IE Cite, 1974 | 252.(8) D'apres R, Htll {op. cit.\ 1lrevenait )L cet officier . thecontrollership of the khedivial

configuration des rues et chemins, la position des marchds, des mosquies, des cimetitreset des jardins, ainsi que la prdsence des cours d'eau et collines alentours. Ir plan inclutaussi un profil topographique qui coupe la ville selon un axe nord-sud o.

Au terme de ses douze mois passis i Harar, Mokhur fut appeli par l'Ctat-majorgindral i mener une nouyelle expddition, ceft€ fois en direction du cap Gardafui. Enchemin, et avec le soutien du lieutenant de l'dtat-major, Mahmoud Khayr Allah, et de50 soldats, il conduisit une petite exploradon en terre Gadaboursi au sud-ouest de Zeila,dont un compte rendu fut prisenti dans le BSKG En 1878, il atteignait le cap Gardafuioir il itait en charge de mener I bien les itudes nCcessaires en vue de ddterminerI'emplacement iddal pour la construction d'un phare. IJendroit finalernent choisi fut lerasTanarif, situC sur un petit plateau dlevi donnant sur I'entrCe du wadiTohotm,l dumiles du cap. Mokhtar profita de son sijour pour diriger d'autres explorations dans lardgion et parcourut le rasHaftn,les rdgions c6tiires, pCnCtra jusque dans l'intirieur dupays I Hund, a nt de s'aftarder i Wadi Adou pour retrouver la c6te ) Binnah. Liencore, Mokhtar dressa une carte ddtaillde rapportant son itiniraire.

En 1880, Raouf pacha ayant dtC nommC gouverneur gdnCral du Soudan, Mokhtar,son second de l'€poque de Harar, fut promu au poste de chef d'dtat-major giniral duSoudan. Au cours de cett€ meme annCe, il entreprit une expCdition d'une dur€e de cinqmois qui partit d'Abu Harraz sur le Nil bleu, i 150 km au sud de Khartoum (tout prbsde Wad Medani), puis se dirigea vers I'Est, vers Gedaref puis Qallabat sur la ftontibredthiopienne poff atteindre Kassda. Il semblerait que Mokhtar ait minutieusementdocumentC ce voyage dans son journal, Malheureusement, nous riavons pu enretrouver trace. Dans la confdrence qu il donna devant la Socihi de gqographie au Caite,il ddcrivit les rigions qu'il sillonna et prisenta divers objets, armes, tissus et travaux surbois, qu il collectionna pendant le trajet.

La dissolution de I'dtat-major gdnCral i la suite de la r&olte d'Urabi en 1882 coupal'dlan des activitCs gdographico-militaires dgyptiennes et laissa temPorairementMokhtar sans emploi difini. IJCpoque de ses explorations itait bel et bien derriire lui.Mais il fut pris par la ridaction du rdcit de ses voyages et la PrdParadon de confdrencesqu'il donna au Caire et i Al€xandrie. Il aurait ensuite dtC nommi directeur du Bureausoudanais au Caire, lequel itait une agence qui cherchait I coordonner toutes lesactivitis se rapponant au Soudan au moment de la revolte du Mahdi. Au terme d'unbref intermdde en tant qu'assistant-ad.iudant gdniral de la section arabe du Bureau deI'armie igyptienne, il regut, en 1886, le grade de /lwal, ot chef debrigade. Il fut ensuitenomrn1 rnabmour khidivial G) au moment du rbgne de 'Abbas II, fonction qu'il occupajusqu'i sa mortr survenue le 20 novembre 1897. Il apparait fort vraisemblable queMokhtar ait iti Erypden d'origine. Il aura ainsi incarnd le processus d'Cgyptianisationde l'armCe et de l'Clite nationale, par contraste avec I'dlite d'origine turco-circassienneou ottomano-dgypti€nne qui avait domind l'avant-sclne jusque li.

On cornpldtera ce rapide portrait de Mokhtar par quelques remarques de conclusion.Nous avons presentC I'homme d'action, I'officier et l'explorateur. Mokhtar itait aussi unhomme de science et de savoir. Ainsi avons-nous connaissance de l'existence de plusieursautres publications savantes dont il fut l'auteur, ) savoir un prdcis de giographie et uneconcordance des calendriers islamique, grigorien et copte, qui va de la premitre anniede I'hdgire ) l'an 1500, ainsi que divers ouvrages de mathimatiques et d'astronomie.C'est du moins ce que nous apprennent diverses sources car .ie n ai pu - dans le cadre decette modeste recherche - avoir un accts direct i ces travaux.

Mokhtar fut aussi un collecdonneur, qui ramena de toutes ses expiditions diversobjets d'intdr€t ethnographique. Certains furent m€me exposis au troisiSme Congrlsinternational de g€ographie qui se d€roula ) Venise en septembre 1881. la liste des

MoHAMMED MolclrAR, oFFIctER EGwflEN ET EXPLoMTEUR

objets Cgrptiens figure dans le catalogue de I'exposition publide dans le .BSKG(' : entreautres, on y trouve des armes, des pitces de monnaie et un calendrier harari. Seraient-ilstoujours au Caire, conservis dans les d€p6ts du musde ethnologique ? Lon peut se

demander aussi si Mokhtar riaurait pas pris des photographies au cours de ses voyages.Peut-€tre y aurait-t-il en effet des photos de Harar datant de 1875 dans des vieux fondscairotes, voire m€me dans les archives de la SociCtC de gdographie qui seraient Idicouvrir et i r&dler (ro).

BIBLIoGRA?HIE DE MoHAMMED MoKHTAR

Articles et liares

Nous savons que Mokhtar a dgdement publii dans le Bulletin de I'itat-rnajor gCnlralde lhrmie iglpienne (en arabe), auquel je n'ai malheureusement pas eu accbs. Je nesignale ci-apris que les articles que je connais par leur traduction.

1876. < Communication sur le pays de Harrar r, Balletin de h Soci*l khldiuiah dtg€ographie (BSKG), t. 1, fasc. 4 : 406.

1876. o Notes sur le pays de Harrar ,, BSKG, t. 1, fasc. 4 : 351-397.1876. o Notes sur le pays de Harcar ", BSKG, t. 1, fasc. 5 ; 14.1876. Rapport de Mokhtar et de Fawsi, 29 f&riq L876, zvec 2 cartes (plan de la

ville de Harar et carte de [a route entre Zayla etHasar).1884. < fannie musulmane ,, BSKG,r.2 (1882-1888) :229-233.1893. " De l'origine des mesures igrptiennes et leur valeur ,, BSKG, t. 3 : 377-405.1894. ( I,a figure de la rcrre connue des anciens Egptiens, par Mohammed

Moktar Pacha, Atti del l' congresso geogrdfcl itdliano tenato I Genoua 1892, t. 2,1!" partie, G€nes : 44-49.

(Est-ce o notre, Mokhtar ? Rdfirence citi in Lorin, H. (id.), Bibliographieg4ographiqae dz I'Egrpte,l-e Cure,IFAOC, 1928, 2 v.).

1894 . Al-tawf.qat al-ilhamia f maqamd. a.l-tawdrih al-bigriwa bil-sanein al-ifrinhiyyawa-l qubtlrya (Boulaq, 1311 H) [Concordance entre les calendriers gr€gorien, copte etselon l'Hdgirel. Rdimprimd au Cire en 1911,,752 p.

s.d. Al-magnxa al-shafa f ilm aQughrafya [Introduction gdnCrale i lagCographiel.

Cartes et phns

1876. Carte de Zayk et ses enuirons, 1875.Avec "Abdallah Faws| Balletin de l'€tat-major de lArmle lgXrptienne, 3" ann€e , v. I, 1,

Le Caire, 1876 : 29-35 (en arabe).1876. Carte de h partie du Royaume dAdal sinle entre Zeyk et Harar.Avec 'Abdallah Fawsi et le lieutenant Mustafa Kamel. Cette carte fut donnCe i la

Socidti de G€ographie de Paris le 20 avrtl 1876 par le gdnCrd Stone pacha. Elle estreproduite in Douin, G. Histoire du rlgne du khldiue Isrnail" t. 3,Le Cire, 1933-1941.

1877. Pkn de h uille de Harar, 1876Avec'Abdallah Fawsi. BSKG, s.I, 4. (Imprimerie de I'dtat-major gdndral, k Caire,

1877). Cette carte est reproduite in'Abd al-Rahman al-Rafi'i,'Asr Isma'il, k Care,1932: 135.

1880. Carte da cap Gardafvi ct ses enairons.(Wadi Tohaine, Hund et Binnah). ExpCdition de 1878. Echelle : 1 : 40 000'. BSI(G

s. I, 9-10, aoirt-novembre 1880 et s, ll,8:29-42.

9) aSrG s. II, 1, nov€mbre 1881 :

t-2t.(10) ks toutes premilres photos deLa Mecque, prises par Sadeq bey (uncolltgue de Mokhrar ?) ont CtC

recemment dicouvenes par hasardpar un amateur orientaliste chez unlibraire londonien. Voir " Lespremilres photos de La Mecquevendues ) Londres , par Buccianti,Le Monde, 5 juin 1998.