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Reference
Évaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration
et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche
psychométrique
ALLAMAN, Leslie
Abstract
La segmentation d’événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir le flux
continu d’informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant composé
d’événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de segmentation
varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de mémoire épisodique.
Pourtant, il n’existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce processus en clinique. Notre
premier objectif a donc été d’élaborer deux tâches d’évaluation de segmentation
d’événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos et un entretien
clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d’explorer les liens entre nos
mesures et les performances de mémoire épisodique...
ALLAMAN, Leslie. Évaluation du processus de segmentation d'événements :
élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche
psychométrique. Master : Univ. Genève, 2015
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:76140
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1 / 1
ÉVALUATION DU PROCESSUS DE SEGMENTATION D’ÉVÉNEMENTS : ÉLABORATION ET EXPLORATION D’UN
CANEVAS D’ENTRETIEN CLINIQUE ET D’UNE TÂCHE PSYCHOMÉTRIQUE
MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE
ORIENTATIONS
PSYCHOLOGIE COGNITIVE
PSYCHOLOGIE CLINIQUE
PAR Leslie ALLAMAN
DIRECTEUR DU MÉMOIRE
Martial Van der Linden
JURY
Martial Van der Linden
Caroline Bendahan
Lucien Rochat
GENÈVE, août 2015
UNIVERSITÉ DE GENÈVE FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION
SECTION PSYCHOLOGIE
i
Remerciements Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui ont contribué, d’une façon
ou d’une autre, à l’accomplissement de ce projet.
Je remercie Caroline Bendahan pour l’encadrement et les conseils qu’elle nous a
fournis durant les deux années consacrées à la réalisation de cette recherche.
J’adresse également mes remerciements au Professeur Martial Van der Linden pour la
supervision de ce projet et pour tous les enseignements prodigués durant ma formation.
Je remercie aussi le Docteur Lucien Rochat pour sa participation en tant que juré de
soutenance.
Je remercie bien sûr Julien Leblond pour ces deux années de collaboration.
J’adresse mes sincères remerciements à toutes les personnes qui ont accepté de
participer à notre étude ainsi qu’à celles qui nous ont aidées dans la recherche de participants.
Je terminerai en remerciant ma famille et mes proches, pour leur présence et leur
soutien tout au long de ma formation.
iii
Résumé La segmentation d’événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir
le flux continu d’informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant
composé d’événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de
segmentation varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de
mémoire épisodique. Pourtant, il n’existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce
processus en clinique. Notre premier objectif a donc été d’élaborer deux tâches d’évaluation
de segmentation d’événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos
et un entretien clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d’explorer les
liens entre nos mesures et les performances de mémoire épisodique. Nous les avons donc
administrées à 33 adultes âgés tout-venant. Les résultats sont prometteurs concernant la tâche
de segmentation de vidéos car ils montrent la même association entre segmentation
d’événements et mémoire épisodique que la version utilisée en recherche. En revanche,
aucun lien significatif n’a été mis en évidence entre la segmentation évaluée à l’aide de notre
entretien clinique et la mémoire épisodique.
v
Table des matières
Préambule .................................................................................................................................. 1!1. Cadre théorique ...................................................................................................................... 2!
1.1. Définition d’un événement .................................................................................. 2!1.2. La segmentation d’événements ........................................................................... 3!
1.2.1. Théorie de la segmentation d’événements ................................................... 4!1.2.2. Evaluation de la segmentation ..................................................................... 6!1.2.3. Automaticité du processus de segmentation ................................................ 6!1.2.4. Niveaux de segmentation ............................................................................. 7!1.2.5. Segmentation et souvenirs ........................................................................... 8!
1.3. La mémoire épisodique ....................................................................................... 8!1.3.1. Définition ..................................................................................................... 8!1.3.2. Modèle de Conway .................................................................................... 10!
1.4. Le lien entre segmentation d’événements et mémoire épisodique ................... 13!1.4.1. Segmentation d’événements et mémoire des événements dans une
population âgée ......................................................................................... 14!1.4.2. La segmentation d’événements comme prédicteur unique et indépendant
de la mémoire des événements .................................................................. 15!1.4.3. La segmentation d’événements prédit la mémoire des événements dans les
premiers stades du vieillissement problématique ...................................... 16!1.5. Routinisation ..................................................................................................... 17!1.6 Problématique, objectifs et hypothèses théoriques ............................................ 18!
2. Méthodologie ....................................................................................................................... 19!2.1. Elaboration des tâches de segmentation ............................................................ 19!
2.1.1. Tâche de segmentation de vidéos ............................................................... 19!2.1.2. Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements ............ 24!
2.2. Méthodologie de l’exploration .......................................................................... 27!2.2.1. Participants ................................................................................................. 27!2.2.2. Matériel ...................................................................................................... 29!2.2.3. Procédure ................................................................................................... 33!2.2.4. Hypothèses opérationnelles ........................................................................ 34!
3. Résultats ............................................................................................................................... 35!3.1. Statistiques descriptives .................................................................................... 35!
vi
3.1.1. Consistance interne des questionnaires ...................................................... 35!3.1.2. Fidélité inter-juges ..................................................................................... 35!3.1.3. Distribution des scores ............................................................................... 36!
3.2. Statistiques exploratoires .................................................................................. 37!3.2.1. Agglomération des scores .......................................................................... 37!3.2.2. Corrélations ................................................................................................ 37!3.2.3. Analyse de régression linéaire multiple ..................................................... 38!
4. Discussion ............................................................................................................................ 39!4.1. Interprétation des résultats ................................................................................ 39!4.2. Limites et adaptations ....................................................................................... 44!4.2. Perspectives cliniques ....................................................................................... 47!4.3. Conclusion ........................................................................................................ 49!
Bibliographie ............................................................................................................................ 50!Annexes .................................................................................................................................... 54!
1
Préambule Au quotidien, nous sommes exposé à un flux continu d’informations sensorielles.
Nous sommes pourtant capables de segmenter ce flux et de le percevoir sous la forme d’un
certain nombre d’événements distincts. Cette capacité dépend d’un processus cognitif appelé
la segmentation d’événements, récemment mis en lumière dans la littérature scientifique. Il
s’agit d’un processus automatique et inhérent à la perception, qui sert de base à l’encodage
des événements en mémoire épisodique. En effet, plusieurs études ont dernièrement montré
que les capacités de segmentation d’un individu prédisaient ses performances à des tâches
évaluant la mémoire des événements, tant dans la population générale que chez des personnes
âgées présentant un vieillissement problématique (Bailey et al., 2013 ; Sargent et al., 2013)
L’altération des capacités de segmentation pourrait donc être à l’origine de certaines
difficultés mnésiques.
Les plaintes mnésiques font partie des plaintes cognitives les plus fréquemment
rapportées par les patients adultes, tant dans les cas de lésions cérébrales acquises (AVC,
trauma crânien) que lors du vieillissement cérébral. En tant que processus essentiel à un
encodage efficace en mémoire épisodique des événements de la vie quotidienne, la
segmentation d’événements devrait être évaluée par les cliniciens qui reçoivent des patients
faisant face à des difficultés mnésiques au quotidien. Pourtant, aucun test clinique n’existe à
l’heure actuelle pour mettre en évidence des troubles de la segmentation d’événements.
C’est pourquoi le premier objectif de ce projet de mémoire a été d’élaborer deux outils
d’évaluation de la segmentation d’événements : une tâche de segmentation de vidéos,
élaborée sur la base des travaux de Zacks et collaborateurs qui se servent de ce paradigme en
recherche, ainsi qu’un entretien clinique d’évaluation. Nous avons adapté la procédure de la
tâche utilisée en recherche afin de la rendre cliniquement exploitable. Nous souhaitions
également que notre tâche évalue la segmentation d’événements au plus proche possible de
son fonctionnement naturel. L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation
d’événements a quant à lui été construit dans le but d’être facilement administrable et de
permettre une estimation des capacités de segmentation d’un individu sur la base d’un
souvenir épisodique d’un événement personnellement vécu. Nous avons donc élaboré une
consigne et une grille d’évaluation associée permettant une appréciation des capacités de
segmentation.
Suite à l’élaboration des deux tâches, nous les avons explorées auprès d’une
population âgée tout-venant. Nous souhaitions étudier les liens potentiels qui pourraient
2
exister entre elles et des tests psychométriques et questionnaires plus classiques de mémoire
épisodique. Nous avons également cherché à explorer le lien entre la segmentation
d’événements et la préférence pour la routinisation. Ce phénomène est lié au déclin cognitif
chez les personnes âgées (Bergua et al., 2006) et nous supposons qu’il pourrait également être
associé à la péjoration des capacités de segmentation.
Ce projet s’inscrit donc dans l’optique actuelle de créer des outils d’évaluation plus
adaptés, ciblant les processus sous-jacents au fonctionnement naturel de la mémoire
épisodique dans la vie quotidienne.
1. Cadre théorique
1.1. Définition d’un événement
D’un point de vue sensoriel, nous recevons des informations en provenance de notre
environnement de manière continue et dynamique. Pourtant, nous percevons ce flux
ininterrompu comme étant composé d’événements distincts. Zacks, Tversky et Iyer (2001,
p.10) définissent un événement comme étant « un segment de temps dans un lieu donné qui
est perçu par un observateur comme ayant un début et une fin ». Un événement est donc
largement défini par ses bornes. Par ailleurs, un événement typique implique généralement
« une activité humaine dirigée vers un but et de durée modeste » (Zacks, Speer, Swallow,
Braver & Reynolds, 2007, p.273).
La durée d’un tel événement est néanmoins variable : de quelques secondes (e.g.,
boire une gorgée d’eau) à quelques heures (e.g., passer une soirée avec des amis). Un
événement représentant une activité peut également être divisé en sous-événement et,
inversement, de courts événements successifs peuvent souvent être regroupés en un
événement plus global. Ces relations hiérarchisées entre segments de temps de différentes
mesures sont dites partonomiques. La nature partonomique des relations entre événement et
sous-événement implique que le début d’un événement global se superposera au début du
premier sous-événement qui le compose, et sa fin coïncidera avec la fin de son dernier sous-
événement. Par exemple, lors de la réalisation d’une recette de cuisine, l’engagement dans
l’activité globale « préparer un gâteau » ayant pour but « avoir un dessert prêt pour le repas de
ce soir » coïncidera avec le sous-événement « sortir les ingrédients du frigo », et la fin de
l’événement général, correspondant à la réalisation du but, coïncidera avec la fin de la sous-
activité « décorer le gâteau ». Cet exemple illustre une autre caractéristique d’un événement :
3
il commence avec l’engagement en direction d’un but et se termine soit lors de la réalisation
de ce but, soit lors de son abandon (Conway, 2005).
1.2. La segmentation d’événements
La segmentation d’événements est le processus qui permet de percevoir le flux continu
des activités comme étant constitué d’événements signifiants (Zacks & Swallow, 2007). Deux
types d’informations peuvent servir de base pour identifier les frontières entre les événements
ou sous-événements signifiants distinct : les caractéristiques sensorielles et les structures de
connaissance d’événements (Zacks, 2004).
Si les indices sensoriels peuvent être de différentes natures (i.e., auditifs, visuels, etc.),
les mouvements semblent constituer des indicateurs particulièrement saillants. Par exemple,
lorsque l’on assiste à une course du 100 mètres, d’importants changements dans la quantité et
la qualité du mouvement se produisent lors du départ et lors de l’arrivée, permettant de
percevoir la période de la course comme un événement distinct. Ces indices sont suffisants
pour la perception d’une frontière, c’est-à-dire il n’est pas obligatoire d’avoir des
connaissances préalables sur l’activité observée pour que les changements de mouvements
permettent la segmentation. Dans l’exemple ci-dessus, il n’est pas nécessaire d’avoir déjà
assisté à une course ni de savoir qu’il s’agit d’un 100 mètres pour percevoir le départ et
l’arrivée de la course comme des frontières d’événement. C’est pourquoi ce mode
d’identification des frontières est considéré comme bottom-up.
Les structures de connaissance d’événements (ou schémas d’événements) contiennent
des informations acquises lors de précédentes occurrences d’une même activité, par
l’extraction des traits récurrents de cette activité. Elles permettent de segmenter les
événements via la reconnaissance de l’activité en cours et la prise en compte des étapes qui la
composent. En particulier, ces structures renferment des informations quant aux intentions et
aux buts d’une personne engagée dans une activité donnée. Par exemple, si l’on observe une
personne en train de frotter une vitre sale avec un chiffon, on identifiera probablement cette
activité comme le nettoyage de la vitre, ayant donc pour but qu’elle soit propre. L’instant où il
n’y aura plus de trace de saleté visible sur la vitre sera donc considéré comme la frontière de
fin de l’événement, et ce même si des variations dans les mouvements de la personne sont
observées durant l’activité (variations dans l’amplitude du mouvement de frottement, ajout de
produit nettoyant, etc.). Ce mode d’identification des frontières est dit top-down : il s’agit
d’un traitement dépendant de connaissances antérieures et qui module le traitement bottom-up
des indices sensoriels (Zacks, 2004).
4
1.2.1. Théorie de la segmentation d’événements
La segmentation d’événements fait partie intégrante de la perception. Zacks et ses
collaborateurs (2007) expliquent que la perception est un processus hiérarchique : les
informations sensorielles brutes (en provenance du système nerveux périphérique) sont
traitées et transformées en représentations. Puis nous formons également des prédictions dites
perceptuelles, sous la forme de représentations du monde tel que l’on s’attend à ce qu’il soit
dans un futur proche. Ces représentations nous permettent d’anticiper le futur et de planifier
nos actions, plutôt que de simplement réagir à ce qui arrive. Les prédictions perceptuelles
apparaissent tard dans la chaîne de traitement de l’information, puisqu’elles ne peuvent être
créées qu’une fois que la représentation du monde actuel a été formée. Les auteurs décrivent
également la perception comme étant récurrente (les étapes de traitement tardives affectent le
flux de traitement des étapes antérieures) et cyclique (les prédictions perceptuelles sont en
permanence comparées avec ce qui se produit réellement, et le fruit de ces comparaisons
influence le traitement en cours). Basés sur ces caractéristiques de la perception, Zacks et
collaborateurs (2007) proposent la théorie de la segmentation d’événements.
Figure 1. Représentation schématique de la théorie de la segmentation d’événements (Event
Segmentation Theory – EST ; Zacks et al., 2007). Les flèches grises représentent le flux
d’informations entre les étapes de traitement. La flèche discontinue représente le mécanisme
de réinitialisation du modèle d’événement. La connexion entre les entrées sensorielles et les
modèles d’événements est interrompue par une « porte » car elle n’est effective que durant les
phases de réinitialisation du modèle d’événement.
5
Le processus hiérarchique décrit ci-dessus est représenté par les éléments à gauche du
modèle illustré dans la Figure 1. Les entrées sensorielles sont transformées via un traitement
perceptif, qui génère des représentations multimodales ayant un contenu sémantique riche, et
intégrant des informations telles que l’identité, la localisation ou encore le comportement
d’une personne ou d’un objet. Le processus de traitement implique également la formation
des prédictions perceptuelles (ou informations futures prédites). Par exemple, la perception à
un instant donné d’un mouvement mène à une prédiction sur la future localisation de l’objet
en mouvement. De la même manière, une inférence sur les intentions actuelles d’une
personne mène à des prédictions quant à son futur comportement, ou à un niveau moins
abstrait ses futurs mouvements.
Zacks et ses collaborateurs (2007) proposent que le traitement perceptif est guidé par
des représentations, appelées modèles d’événements, qui biaisent le traitement du flux
sensoriel (cet effet est illustré par la flèche reliant les modèles d’événements au traitement
perceptif). Le modèle d’événement actif à un moment donné est une représentation
multimodale de « ce qui est en train de se passer », maintenue en mémoire de travail. Cet
élément de la théorie correspond au buffer épisodique proposé par Baddeley (2000). Les
modèles d’événements sont formés sur la base de schémas d’événements, qui sont des
représentations en mémoire sémantique (et donc à long terme). Ils stockent les informations
qui ont été extraites des occurrences précédentes des événements de même nature,
particulièrement la structure séquentielle de l’activité, et des informations concernant les buts
de l’acteur.
Comme nous l’avons précédemment évoqué, les prédictions perceptuelles servent à
anticiper et planifier ses actions afin de ne pas se contenter de réagir « après-coup » aux
stimulations de l’environnement. Il est donc fondamental que ces prédictions soient les plus
exactes possibles. Le modèle d’événement actif influence la formation des prédictions : s’il
n’est pas adéquat, la prédiction sera inexacte. Zacks et ses collaborateurs (2007) postulent
l’existence d’un mécanisme de détection d’erreurs, dont le rôle est de comparer les
prédictions avec ce qui se produit réellement, et de rectifier la situation en cas de divergence.
Ainsi, durant le déroulement d’un événement, les modèles d’événements guident la
formation des prédictions perceptuelles en influençant le traitement perceptif, et cette relation
est à sens unique : les entrées sensorielles comme le traitement perceptif n’ont pas d’effet sur
le modèle d’événement actif (c’est pourquoi la flèche les reliant est interrompue par une
« porte »). En effet, une fois qu’un modèle d’événement a été sélectionné, il représente
généralement bien le déroulement de l’action sur toute la durée de l’activité. En revanche,
6
lorsque l’on atteint la fin d’une activité, ce qui va suivre devient moins prévisible, les erreurs
de prédiction augmentent, jusqu’au point où le mécanisme de détection d’erreurs réagit en
réinitialisant le modèle d’événement en cours (celui qui était actif est désactivé puisqu’il n’est
plus adéquat) et en permettant aux informations provenant des entrées sensorielles et du
traitement perceptif de guider la sélection d’un nouveau modèle d’événement (fermeture de la
« porte » dans le modèle). Selon la théorie de Zacks et collaborateurs (2007), c’est lors de ces
phases de changement de modèle actif qu’a lieu la segmentation. En d’autres termes, ce sont
ces brèves périodes de changement qui sont perçues comme les frontières entre les
événements.
1.2.2. Evaluation de la segmentation
Avant d’évoquer les études ayant examiné le processus de segmentation, il est
nécessaire de s’arrêter sur la procédure généralement utilisée pour son évaluation. Newtson a
proposé en 1973 un paradigme qui par la suite a été repris et adapté par Zacks et ses
collaborateurs dans de nombreuses études (. Il s’agit d’une tâche de segmentation de vidéos.
Concrètement, cette tâche consiste à montrer aux participants sur l’écran d’un ordinateur de
courtes vidéos (i.e., d’une durée de quelques minutes), représentant chacune une activité plus
ou moins familière (e.g., monter une tente, préparer un repas). Durant le visionnement, il est
demandé aux participants d’identifier les frontières d’événements en appuyant sur une touche
lorsque, selon eux, un événement porteur de signification se termine et un autre commence.
La segmentation d’événements est un processus résolument subjectif. Il semble donc
difficile de déterminer ce qu’est une segmentation correcte. Cependant, étant donné que dans
plusieurs études utilisant le paradigme de segmentation de vidéos, les participants montrent
un bon accord quant à la position des frontières entre les événements, et qu’un très bon accord
est également trouvé lorsqu’on analyse la segmentation effectuée par une même personne à
deux temps différents (Speer, Swallow, & Zacks, 2003), le fait de segmenter de la même
manière que les autres semble être un indicateur d’une bonne segmentation. Par conséquent,
dans les études utilisant la tâche de segmentation de vidéos pour évaluer les capacités de
segmentation d’événements, le niveau d’accord de segmentation d’un individu par rapport à
l’échantillon total est utilisé comme indice pour ses capacités de segmentation.
1.2.3. Automaticité du processus de segmentation
Le processus de segmentation d’événements se produit automatiquement et en général
à un niveau inconscient. Cela a été vérifié par Zacks et ses collaborateurs en 2001 à l’aide
d’une mesure indirecte, la neuroimagerie fonctionnelle. Ces auteurs ont présenté à leurs
7
participants plusieurs vidéos montrant des personnes engagées dans des activités de la vie
quotidienne (e.g., faire la vaisselle). Ils ont mesuré l’activité cérébrale des participants durant
le visionnement à l’aide d’une IRM fonctionnelle. Après que les participants aient regardé
passivement les vidéos, ils les ont à nouveau visionnées mais cette fois avec la consigne de les
segmenter en identifiant les frontières entre événements qui leur paraissaient naturelles et
signifiantes. Les frontières identifiées explicitement par les participants ont servi ensuite de
marqueurs pour l’analyse des données issues de l’imagerie fonctionnelle. Les auteurs ont pu
observer que l’activité de certaines régions cérébrales était fortement liée à ces marqueurs.
Plus précisément, ces régions présentaient une augmentation d’activité transitoire débutant
quelques secondes avant la limite d’un événement, et culminant quelques secondes après. Le
fait que cette mesure ait été effectuée avant qu’il ne soit demandé aux participants de
segmenter les vidéos est fondamental : cela exclut un effet spécifique de la tâche et soutient
donc fortement l’idée que la segmentation d’événements a lieu automatiquement durant la
perception.
1.2.4. Niveaux de segmentation
Un événement donné peut être décomposé en sous-événements. Cela implique que la
segmentation puisse se produire à différents niveaux, de manière plus fine ou plus grossière.
Lorsqu’il est explicitement demandé à des participants de segmenter du matériel (des vidéos
ou des récits), le niveau de segmentation peut être manipulé en spécifiant la consigne. Pour
solliciter une segmentation fine, l’expérimentateur demandera au participant de marquer les
frontières entre les plus courts événements qu’il estime naturels et signifiants. A l’inverse, une
segmentation grossière résultera de l’identification des événements signifiants les plus longs,
représentant généralement un but global composé de plusieurs étapes. La théorie de la
segmentation d’événements postule que la segmentation se produit à plusieurs niveaux
simultanément (les frontières entre événements sont donc perçues selon plusieurs échelles),
mais que les individus ne prêtent attention qu’à un niveau de segmentation à la fois, selon les
instructions reçues dans un setting expérimental, et selon d’autres critères dans des situations
plus naturelles (Zacks et al., 2007). Les résultats de l’étude en imagerie fonctionnelle de
Zacks et collaborateurs (2001) décrite précédemment vont dans le sens de cette hypothèse.
Après le visionnement passif, les participants ont en fait segmenté deux fois les vidéos, une
fois avec la consigne de le faire finement, et l’autre fois grossièrement. Les deux niveaux de
segmentation ont produit des marqueurs correspondant à des augmentations transitoires
d’activation des mêmes régions cérébrales. Ces activations étaient plus fortes au niveau des
8
marqueurs de segmentation grossière. Ce résultat est également cohérent avec la théorie de la
segmentation. En effet, même si l’incertitude et donc les erreurs de prédiction augmentent
entre deux sous-événements d’une même activité globale, une part de l’action reste
généralement prévisible. À l’inverse, lors d’un changement d’activité, l’observateur ne
dispose presque d’aucun indice pour prédire ce qui va suivre, et l’activation résultant de cette
incertitude est donc plus forte.
1.2.5. Segmentation et souvenirs
La segmentation d’événements étant un processus automatique faisant partie
intégrante de la perception, elle a nécessairement une influence sur l’encodage en mémoire
des informations perçues. On peut donc également s’attendre à ce que les représentations
récupérées en mémoire reflètent son fonctionnement. Williams, Conway et Baddeley ont mis
en évidence ce fait dans une étude de 2008. Ils ont demandé à leurs participants de rappeler, à
l’écrit, tout ce qu’ils pouvaient concernant leur trajet en direction de l’université le matin
même de la passation. Les participants avaient ensuite pour tâche de diviser ce qu’ils avaient
rappelé en unités qu’ils considéraient comme des souvenirs discrets. Les auteurs se sont
particulièrement penchés sur la nature des détails composant le début et la fin des événements
distincts identifiés par les participants. Ils ont constaté que les détails rapportés par les
participants pouvaient être distribués en quatre catégories : les actions (effectuées par le
participant ou un tiers), les pensées (réflexions ou opinions que le participant rapporte avoir
eu en tête), les sensations (perceptions sensorielles et sensations physiques) et les faits (détails
factuels liés au récit). Les auteurs ont observé que les segments identifiés par les participants
avaient une forte probabilité de débuter avec un détail de type action, et de se terminer avec
un fait. D’après les auteurs, cette structure Action-Fait des souvenirs reflète le fait que
l’organisation des détails en mémoire épisodique est largement déterminée par les buts qui ont
guidé le traitement de l’expérience vécue. Avant d’aller plus loin dans la description des liens
qui existent entre la segmentation d’événements et la mémoire épisodique, nous prendrons le
temps de mieux définir cette dernière.
1.3. La mémoire épisodique
1.3.1. Définition
La mémoire épisodique est une composante du système général de mémoire à long
terme (suivant l’approche des systèmes de mémoire multiples ; Schacter, Wagner, & Buckner,
2000), qui comprend également la mémoire sémantique, la mémoire procédurale, les
systèmes de représentation perceptive et la mémoire autobiographique. Elle permet le
9
souvenir et la prise de conscience des événements personnellement vécus dans un contexte
spatial et temporel particulier (Van der Linden, 2014). Par extension, la mémoire épisodique
permet le voyage mental dans le temps, tant vers le passé lors de la récupération du souvenir
d’un événement vécu, que vers l’avenir lors de la constitution de projections mentales vers le
futur (i.e., la formation de représentations de ce que pourraient être nos expériences futures).
Le voyage mental dans le temps est associé à un état de conscience particulier, la conscience
autonoétique, qui désigne la capacité de se représenter mentalement et de prendre conscience
de ses expériences subjectives, en étant conscient du temps subjectif dans lequel ces
expériences se sont produites (Tulving, 2002 ; Van der Linden, 2014). La capacité de
voyager mentalement dans le temps est essentielle au sentiment d’identité et de continuité de
l’existence.
Pour qu’un contenu mnésique puisse être ressenti comme épisodique, quatre capacités
sont nécessaires (Klein, German, Cosmides, & Gabriel, 2004). La première est la capacité de
réfléchir sur ses propres états mentaux. La deuxième est le sentiment d’être la cause de ses
pensées et actions, que l’on nomme le sentiment d’agentivité personnelle. La troisième est le
sentiment de propriété personnelle, qui consiste à ressentir ses pensées et actions comme étant
à soi. Enfin, la dernière est la capacité de prendre conscience de la dimension temporelle de
ses propres expériences.
Plusieurs processus sont impliqués dans le fonctionnement de la mémoire épisodique.
Le premier d’entre eux est l’encodage. Van der Linden (2014, pp.211-212) définit l’encodage
comme « le processus par lequel les caractéristiques d’un stimulus ou d’un événement sont
traitées et converties en une trace mnésique ». Cette trace mnésique serait plus solide en cas
de traitement profond (i.e., sémantique) de l’information (Craik & Lockart, 1972).
L’encodage est également plus efficace et permet une récupération plus aisée lorsque le
traitement de l’information revêt un caractère distinctif, et que l’information encodée est
élaborée (i.e., une certaine quantité de traitement lui est accordée ; Lockart & Craik, 1990).
Plus concrètement, un encodage efficace repose sur l’utilisation d’un certain nombre de
stratégies d’optimisation de l’encodage, telles que l’organisation, l’extraction de la structure
ou la catégorisation du matériel à mémoriser (dans le cas d’un matériel au contenu signifiant),
l’imagerie mentale ou encore les procédés mnémotechniques (imposition d’une signification à
un matériel peu signifiant). À noter enfin que la trace mnésique ne contient pas uniquement
l’information cible, mais aussi le contexte dans lequel l’information a été mise en mémoire
(Van der Linden, 2014). Ce contexte constitue une caractéristique distinctive de l’information
cible et peut donc constituer un indice de récupération. La récupération permet d’accéder à la
10
trace mnésique correcte et également de déduire des informations utiles à partir de celle-ci
(Van der Linden, 2014). Selon le principe de spécificité d’encodage (Tulving, 1984) les
opérations mises en place lors de la récupération doivent être identiques à celles employées
lors de l’encodage pour que la récupération soit efficace. Autrement dit, pour qu’un indice de
récupération soit efficace, il doit contenir une information ayant été encodée et donc faisant
partie de la trace mnésique. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons
particulièrement au traitement de l’expérience vécue en référence aux buts personnels. C’est
pourquoi nous nous arrêterons sur le modèle du Self Memory System de Conway (2005), qui
est à ce jour une des conceptions les plus élaborées du fonctionnement de la mémoire
épisodique en lien avec l’identité et les buts de l’individu.
1.3.2. Modèle de Conway
Dans la conception de Conway (2005), la cognition et tout particulièrement la
mémoire sont guidées par les buts. Avant de présenter le modèle lui-même, il est nécessaire
de définir deux principes en compétition qui régissent le fonctionnement de la mémoire des
événements personnellement vécus. Le premier est le principe de correspondance, qui se
rapporte à l’exigence du stockage précis – proche de l’expérience vécue – des activités
récentes ou en cours, permettant de ne pas répéter des actions déjà effectuées (Conway,
Singer, & Tagini, 2004). Ce principe est particulièrement lié à la réalisation des buts à court
terme. Par exemple, si le matin en vous apprêtant à sortir, vous n’avez pas conservé en
mémoire une trace précise du moment où vous avez fermé vos fenêtres, vous serez poussé à
vérifier que vous avez bien effectué cette action.
Le second principe est celui de cohérence. Il correspond à l’exigence d’un
enregistrement sur le long terme cohérent avec notre identité et stable. Les souvenirs
épisodiques non pertinents pour le self (tels que la fermeture des fenêtres citée ci-dessus) ne
restent facilement accessibles que pour une courte durée de temps. A l’inverse, les
événements qui resteront accessibles à long terme sont ceux qui sont liés à nos buts actuels et
à long terme, nos croyances et notre représentation de soi (Van der Linden, 2014). Les
souvenirs de ce type nous renseignent sur nos buts à long terme et guident donc nos actions
également sur le long terme. Il est important de préciser ici que ces souvenirs ne seront pas
des reproductions fidèles de l’expérience vécue, mais plutôt des reconstructions basées d’une
part sur certains éléments des événements tels qu’ils se sont déroulés, et d’autre part sur nos
croyances, valeurs et buts actuels (conception constructiviste de la mémoire épisodique ;
Schacter, Norman, & Koutstaal, 1998). Dans le modèle du Self-Memory System de Conway
11
(illustré à la Figure 2), le fonctionnement coordonné de trois systèmes permet de répondre aux
exigences des principes de correspondance et cohérence : le self de travail, la mémoire
épisodique et le self à long terme.
Figure 2. Représentation schématique du Self-Memory System (Conway, 2005, adapté par
Van der Linden, 2014)
Le self de travail a pour première fonction de gérer la réalisation de nos buts à court
terme. Il organise également le présent psychologique, conçu comme la période allant de la
mise en place d’un but jusqu’à sa réalisation. On peut donc relier l’activité du self de travail à
la notion d’événement telle qu’elle a été décrite plus haut, dans le cas d’événements
correspondant à des activités personnellement réalisées. Il permet la mise en mémoire des
différents moments psychologiques (définis par l’installation d’un but et une focalisation de
l’attention durant l’accomplissement de ce but ; Van der Linden 2014) sous la forme de
souvenirs épisodiques.
La mémoire épisodique est le système qui contient ces souvenirs épisodiques, qui
consistent en des enregistrements résumés de l’expérience. Conway (2009) précise qu’ils sont
proches de l’expérience et y correspondent mais ne sont pas pour autant des enregistrements
littéraux de l’expérience vécue. Ils contiennent des détails de différentes natures (i.e.,
sensoriels, perceptifs, sémantiques et émotionnels) concernant les événements. Conway a par
ailleurs proposé de distinguer trois types de représentations en mémoire épisodique : les
éléments épisodiques, les souvenirs épisodiques simples et les souvenirs épisodiques
complexes.
12
Les éléments épisodiques sont les représentations en mémoire à long terme les plus
proches de l’expérience vécue. Ils sont souvent formés d’images visuelles. Lorsqu’un élément
épisodique s’accompagne d’un cadre conceptuel, ils constituent ensemble un souvenir
épisodique simple. Notons qu’un même cadre conceptuel peut être lié à plusieurs éléments
épisodiques. L’accès à un souvenir épisodique simple peut être élicité par un indice de
récupération portant soit sur le contenu de l’élément épisodique, soit sur le cadre conceptuel.
Cet accès peut être intentionnel (le plus souvent via le cadre conceptuel) ou non. Les
souvenirs épisodiques simples peuvent être mis en lien avec les notions de correspondance et
cohérence décrites plus haut. En effet, les éléments épisodiques correspondant plus ou moins
directement à l’expérience vécue, ils remplissent une fonction proche du principe de
correspondance. Le cadre conceptuel peut quant à lui être conçu comme un type
d’interprétation des éléments épisodiques qui leur confère une signification personnelle, et se
rapproche donc plus du principe de cohérence. L’association de plusieurs souvenirs
épisodiques simples, partageant un cadre conceptuel d’un ordre plus élevé, constitue un
souvenir épisodique complexe. Par exemple, les souvenirs épisodiques simples « suivre un
cours », « déjeuner avec ses camarades » et « participer aux travaux pratiques » peuvent
constituer le souvenir épisodique complexe de la journée d’un étudiant à l’université. Nous
l’avons déjà évoqué, de nombreux souvenirs épisodiques sont formés au cours d’une journée
(e.g., celui de la fermeture des fenêtres), mais seuls ceux qui ont une certaine pertinence par
rapport à nos buts resteront aisément accessibles intentionnellement sur le long terme. Cette
conservation de l’accessibilité volontaire du souvenir passe par son intégration au self à long
terme.
Le self à long terme contient les connaissances nécessaires pour que le self de travail
puisse organiser et mettre en œuvre la réalisation des buts. Il est constitué de deux sous-
systèmes : la base de connaissances autobiographiques et le self conceptuel. La base de
connaissances autobiographiques renferme des connaissances personnelles qui, en interaction
avec la mémoire épisodique, permettent la génération des souvenirs autobiographiques. Les
connaissances comprises dans cette base sont organisées en trois niveaux hiérarchiques. Le
plus haut niveau est celui des récits de vie, et reflète la compréhension que nous avons de
notre histoire de vie intégrée dans notre culture. Le second niveau, celui des périodes de vie,
se réfère à des buts très globaux, et représentent donc des intervalles de temps relativement
larges (i.e., plusieurs mois ou années). Enfin, le dernier niveau est celui des événements
généraux, qui sont des catégories d’événements s’étendant sur un période de temps brève
(i.e., quelques heures à quelques jours) ou organisés autour d’un thème commun.
13
Le self conceptuel contribue à l’organisation des unités hiérarchiques et thématiques
de la base de connaissances autobiographiques. Il consiste en une connaissance personnelle
abstraite (i.e., non reliée directement à un contexte) concernant les croyances sur soi, autrui et
le monde, les attitudes et les valeurs d’un individu. Il permet aussi d’activer des souvenirs
épisodiques spécifiques qui exemplifient ou illustrent lesdites croyances et valeurs.
Les souvenirs autobiographiques peuvent être définis comme des représentations
mentales transitoires, composées à la fois de souvenirs épisodiques et de connaissances
sémantiques sur sa vie et sur soi. Ils sont le fruit de l’interaction des trois systèmes définis ci-
dessus : le self de travail, le self à long terme et le système de mémoire épisodique. S’agissant
de représentations construites en partie sur la base des buts actuels de l’individu, les souvenirs
autobiographiques ne sont pas immuables. Ils sont au contraire mis à jour et renouvelés à
chaque réactivation. La récupération d’un souvenir autobiographique peut se dérouler selon
deux processus distincts. Le premier est un processus intentionnel de récupération stratégique
et cyclique : un contexte de récupération est établi, ce qui conduit à l’accès à des
connaissances autobiographiques, et enfin à l’accès à l’épisode précis. Une évaluation est
menée concernant l’épisode récupéré (s’agit-il bien de l’épisode recherché ?) et en fonction
du résultat de cette évaluation, la récupération prend fin ou un nouveau cycle de récupération
est mis en place. Le second processus pouvant mener à la récupération d’un souvenir
autobiographique est spontané (i.e., non intentionnel). Il s’agit de la récupération directe qui
se produit lorsqu’un individu est exposé à un indice externe suffisamment spécifique pour
provoquer l’activation du souvenir.
1.4. Le lien entre segmentation d’événements et mémoire épisodique
Nous avons mentionné le fait qu’au quotidien, le flux sensoriel est continu et donc non
intrinsèquement structuré. Dès lors, la segmentation d’événements qui se produit durant la
perception peut être conçue comme un processus naturel et automatique d’extraction à la fois
de la structure et de la signification des événements, puisqu’elle s’appuie sur la notion de but.
Elle constitue donc une forme de traitement de l’information à encoder, et de ce fait, une base
pour la mise en mémoire des événements. Il paraît dès lors cohérent de supposer qu’une
segmentation efficace mènera à une meilleure mise en mémoire. Nous décrivons donc dans
cette section trois études ayant exploré le lien entre la segmentation d’événements et la
mémoire des événements.
14
1.4.1. Segmentation d’événements et mémoire des événements dans une
population âgée
La première de ces études est celle de Zacks, Speer, Vettel et Jacoby (2006), qui ont
étudié le lien entre la segmentation d’événements et la mémoire de l’événement chez des
personnes âgées présentant ou non un vieillissement problématique. Ils ont utilisé un
paradigme de segmentation de vidéos et ont ensuite calculé un score de segmentation
correspondant au niveau d’accord de segmentation d’un individu donné par rapport à
l’échantillon. Après le visionnement des vidéos, les participants effectuaient deux tâches
évaluant la mémorisation des vidéos. La première était une tâche de mémoire de l’ordre
temporel, qui consistait à trier des photographies issues des vidéos afin de reconstituer l’ordre
dans lequel ces images étaient apparues durant la vidéo. La seconde était une tâche de
reconnaissance en choix forcé, durant laquelle des paires de photographies étaient présentées
aux participants. Pour chaque paire, une des images étaient issue de la vidéo, alors que l’autre
était issue d’une vidéo similaire mais néanmoins différente. La tâche consistait donc à
indiquer quelle image correspondait à la vidéo qui avait été visionnée. Pour investiguer le rôle
de l’âge et du vieillissement problématique, les auteurs ont recruté des participants âgés de 63
à 85 ans. La moitié de ces participants présentaient un score de 0 au Clinical Dementia Rating
scale (CDR ; Morris, 1993), ce qui indique l’absence de troubles cognitifs. L’autre moitié
avait obtenu un score de 0.5, qui indique la présence de troubles cognitifs très légers, cohérent
– d’après les auteurs – avec le premier stade d’une maladie de type Alzheimer. Les auteurs
ont également recruté des adultes plus jeunes à des fins de comparaison (ces individus avaient
de 18 à 23 ans).
Les résultats de cette étude montrent que l’accord de segmentation était le plus haut
chez les jeunes adultes, et le plus bas chez les adultes âgés avec troubles cognitifs. Pour les
deux tâches de mémoire, les jeunes adultes ont obtenu la meilleure performance, et les adultes
âgés présentant des troubles cognitifs la performance la plus basse. Les capacités de
segmentation comme les capacités de mémorisation de vidéos semblent donc se péjorer avec
l’âge, et particulièrement lorsque des troubles cognitifs sont présents. Les auteurs ont
également analysé les corrélations entre les différentes variables. Ils ont montré qu’il existait
une corrélation significative entre l’accord de segmentation et la performance à la tâche de
mémoire d’ordre dans le groupe des participants âgés sans trouble cognitif. Les participants
présentant le plus haut accord de segmentation étaient ceux qui faisaient le moins d’erreurs
dans l’ordre des photographies. Une corrélation significative a également été montrée entre le
niveau d’accord de segmentation et la performance à la tâche de reconnaissance pour les deux
15
groupes de participants âgés. Le fait de segmenter « correctement », c’est-à-dire similairement
aux autres participants, semble donc être en lien avec le fait de bien mémoriser l’information
contenue dans la vidéo. Il est intéressant de noter que cette relation persiste (pour la
mémorisation évaluée avec la tâche de reconnaissance) chez les personnes présentant des
troubles cognitifs légers.
1.4.2. La segmentation d’événements comme prédicteur unique et indépendant de
la mémoire des événements
Sargent et ses collaborateurs (2013) ont été plus loin dans l’exploration du rôle joué
par la segmentation dans la mémorisation d’événements. Ils ont réalisé une étude impliquant
208 participants adultes, âgés de 20 à 79 ans. La segmentation d’événements a été évaluée à
l’aide d’un paradigme de segmentation de vidéos. Pour examiner la mémoire des événements,
les auteurs ont utilisés trois tâches : une tâche de rappel libre, durant laquelle les participants
avaient 7 minutes pour écrire avec le plus de détails possible ce qui s’était passé dans la vidéo
qu’ils venaient de voir, suivi d’une tâche de reconnaissance et d’une tâche de mémoire
d’ordre similaires à celles utilisées dans l’étude de Zacks et ses collaborateurs (2006). Les
auteurs ont également évalué la connaissance des événements des participants, c’est-à-dire les
scripts ou schémas d’événements stockés en mémoire à long terme. Pour ce faire, ils ont
demandé à leurs participants d’écrire, dans l’ordre, toutes les étapes nécessaires à la
complétion de trois activités de la vie quotidienne (différentes de celles montrées dans les
vidéos). Les participants étaient aussi évalués à l’aide d’outils psychométriques plus
classiques pour différentes capacités cognitives, notamment la mémoire de travail (tâches
d’empans), la mémoire épisodique « de laboratoire » (apprentissage de listes et de paires de
mots, mémorisation d’images), les fonctions exécutives (e.g., fluence graphique), la vitesse de
traitement (e.g., comparaison de formes) et les connaissances générales (test Information de
Wechsler, sélection de synonymes/antonymes).
Cette étude visait à déterminer si les capacités de segmentation constituaient bien un
prédicteur indépendant pour la mémoire des événements. Afin de répondre à cette question,
les auteurs ont testé un modèle à équation structurale incluant différentes variables mesurées
dans l’étude. Il est ressorti de cette analyse que la capacité de segmentation d’événements et
la connaissance des événements prédisaient de manière significative et indépendante la
mémoire des événements (mesurée par la performance au rappel libre du contenu des vidéos).
Notons également que les mesures de mémoire de travail prédisaient significativement une
part de la variance des capacités de segmentation d’événements des participants. Ce résultat
16
est attendu si on considère à la fois l’implication du buffer épisodique, sous-système de la
mémoire de travail, et l’implication du self de travail (gestion des buts) dans le
fonctionnement de la segmentation d’événements. Enfin, les mesures classiques de mémoire
épisodique n’étaient pas un prédicteur direct de la mémoire des événements. Ce dernier
résultat appuie la conception selon laquelle les tests classiques de mémoire épisodique sont en
réalité peu adéquats, car ils ne ciblent pas l’évaluation des processus sous-jacents au
fonctionnement de la mémoire épisodique dans la vie quotidienne. A l’inverse, la
segmentation d’événements et la connaissance des schémas ou scripts d’événements semblent
constituer des cibles d’évaluation et de revalidation très pertinentes, puisqu’elles sont des
prédicteurs directs de la mémoire des événements.
1.4.3. La segmentation d’événements prédit la mémoire des événements dans les
premiers stades du vieillissement problématique
Dans l’étude de Sargent et collaborateurs (2013), les participants pour lesquels la
présence de troubles cognitifs légers ne pouvait pas être écartée avaient été exclus des
analyses. Bailey et ses collaborateurs (2013) ont quant à eux mené une étude comparant trois
groupes d’individus âgés, sélectionnés selon leur score au Clinical Dementia Rating scale.
Spécifiquement, le premier groupe incluait des personnes présentant un score de 0 (absence
de troubles cognitifs), le deuxième un score de 0.5 (troubles cognitifs très légers), et le dernier
un score de 1 (troubles cognitifs légers). Ils ont utilisé le paradigme de segmentation de
vidéos et les mêmes tâches d’évaluation de la mémoire du contenu des vidéos que Sargent et
collaborateurs (2013 ; i.e., le rappel libre, la reconnaissance en choix forcé et la remise en
ordre). Une analyse de régression a montré que l’accord de segmentation d’un participant
donné prédisait de manière indépendante et significative sa performance aux tâches évaluant
la mémoire des événements, et ce pour tous les groupes de participants. Les auteurs notent
que le fait que la segmentation d’événements prédise la mémoire de l’événement même dans
le groupe présentant des troubles cognitifs légers est de particulière importance. En effet, dans
ce groupe, les participants avaient parfois des difficultés à rappeler quelque information que
ce soit concernant le contenu des vidéos. Les auteurs rapportent même que 52.3% des
participants de ce groupe n’ont rappelé aucune information précise. Ils ont cependant pu
observer une certaine variabilité, dont une part significative est prédite par l’accord de
segmentation. Bailey et collaborateurs (2013) proposent donc qu’une bonne capacité à
organiser (i.e., segmenter) une activité durant la perception pourrait compenser la péjoration
du fonctionnement de la mémoire au quotidien chez les personnes âgées présentant un
17
vieillissement problématique. Ils suggèrent que des interventions ciblant l’amélioration de la
segmentation d’événements pourraient être bénéfiques à la performance mnésique au
quotidien, tant chez des personnes ne présentant pas de troubles cognitifs que chez ceux qui
souffrent de difficultés cognitives.
1.5. Routinisation
Il nous a paru pertinent d’intégrer un dernier concept dans ce travail : la routinisation.
Les routines sont conçues comme des patterns comportementaux stables se manifestant dans
le quotidien (Bouisson, 2002). Il s’agit d’un phénomène normal et adaptatif que l’on retrouve
dans toutes les tranches d’âge de la population. Bergua et Bouisson (2008) identifient quatre
dimensions qui caractérisent les routines : l’automaticité, la stabilité et la prévisibilité des
actions, et le contexte spécifique des routines. Ainsi, chez les individus âgés, les routines
peuvent être considérées comme adaptatives en cela qu’elles permettent un fonctionnement au
quotidien peu coûteux (l’automatisation des comportements permettant l’allégement de la
charge cognitive et attentionnelle) et qu’elles protègent l’individu du stress engendré par les
situations nouvelles. La routinisation, que l’on peut définir comme la présence de patterns de
comportements inflexibles qui résistent à tout changement ou suivent de façon rigide un
certain ordre, pourrait cependant représenter un phénomène maladaptatif en empêchant la
mise en place de certains changements nécessaires dans la vie quotidienne (Reich & Zautra,
1991, cité par Bouisson, 2002, p. 296). La tendance à la routinisation est un phénomène
complexe, qui ne peut pas être réduit à un simple processus accompagnant l’avancement en
âge. Les études portant sur ce phénomène ne rapportent d’ailleurs pas toutes une association
entre l’âge des participants et la préférence pour la routinisation (voir Bergua et al., 2006).
Bergua et collaborateurs (2006) ont mis en évidence une association entre la préférence pour
les routines et l’augmentation des plaintes cognitives sur 3 ans, le déclin cognitif et une
péjoration dans les activités instrumentales de la vie quotidienne. Ces auteurs expliquent que
le phénomène de routinisation pourrait représenter un facteur modérateur dans le processus de
péjoration de l’autonomie. Ils notent cependant que la restriction de la variabilité des
comportements pourrait aussi se produire en réponse à une vulnérabilité perçue par les
individus. Ayant un sentiment d’auto-efficacité amoindri, ces personnes n’oseraient plus
s’engager dans des comportements différant de leurs habitudes établies.
Nous considérons probable qu’un lien puisse être également observé entre le
phénomène de routinisation et la péjoration des capacités de segmentation. Une personne
présentant une péjoration de ses capacités de segmentation dans la vie quotidienne, entraînant
18
des difficultés mnésiques (rappelons que l’efficacité de la segmentation prédit une part de
variance de la mémoire des événements), pourrait décider de routiniser son quotidien afin de
se reposer principalement sur ses connaissances sémantiques du déroulement d’une journée
(ses scripts ou schémas d’événements). Cette personne suivrait ainsi un raisonnement de
type : « je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin, mais je sais ce que j’ai fait car je
fais tous les jours la même chose ». L’association entre les deux phénomènes pourrait aussi
suivre le développement inverse. Nous avons vu que les routines augmentent la prédictibilité
des actions au quotidien. Si l’on s’en réfère à la théorie de la segmentation, c’est durant les
périodes d’imprédictibilité que se produit la segmentation d’événements. Une très forte
prédictibilité du quotidien conduirait donc à une diminution de la probabilité de segmenter,
entraînant un encodage moins efficace. L’installation des routines pourrait donc précéder et
en partie causer la péjoration des capacités de segmentation. Que la routinisation se produise
avant ou après la diminution des capacités de segmentation, les conséquences sur la mémoire
des événements quotidiens seraient similaires : la personne se reposerait principalement sur
ses connaissances sémantiques concernant ses activités quotidiennes, et ne pourrait
probablement pas rapporter de détails épisodiques liés particulièrement à une journée donnée.
1.6 Problématique, objectifs et hypothèses théoriques
Il semble aujourd’hui établit que la segmentation d’événements est un processus
intrinsèque de la perception et qu’elle a une grande importance dans la construction des
souvenirs épisodiques. De fait, une péjoration des capacités de segmentation pourrait être à
l’origine des difficultés de certaines personnes rapportant des plaintes mnésiques, et il serait
pertinent que des interventions ciblant ce processus cognitif soient mises en place (Bailey et
al., 2013). Pourtant, si la procédure d’évaluation des capacités de segmentation utilisée en
recherche a fait ses preuves, il n’existe en revanche pas à ce jour de tâche psychométrique
adaptée aux contraintes d’un contexte clinique. Il serait par ailleurs utile, dans ce contexte, de
disposer d’un outil succinct et facilement administrable, permettant une première estimation
des capacités de segmentation des individus au quotidien. S’inscrivant dans l’optique actuelle
du développement d’outils cliniques visant l’évaluation des processus sous-jacents au
fonctionnement naturel de la mémoire au quotidien, ce projet a donc pour objectifs (1)
d’adapter le paradigme de segmentation de vidéos en vue de créer une tâche psychométrique
d’évaluation de la segmentation d’événements adaptée à l’utilisation en clinique, (2) de créer
un canevas d’entretien clinique court permettant une estimation des capacités de segmentation
d’un individu et (3) d’explorer ces deux tâches dans une population âgée tout-venant, en les
19
comparant à des tâches psychométriques plus classiques et des questionnaires auto-reportés
évaluant la mémoire épisodique.
Compte tenu des aspects théoriques et empiriques exposés précédemment, nous
pouvons faire plusieurs hypothèses : concernant la tâche psychométrique, nous nous
attendons à ce que les performances de segmentation d’événements prédisent les
performances de mémoire des événements au sein de cette tâche (rappel/reconnaissance du
contenu des vidéos). Nous nous attendons également à ce que l’estimation des capacités de
segmentation à l’aide de l’entretien clinique soit associée aux performances à la tâche
psychométrique, puisque ces deux mesures sont censées évaluer le même processus. Nous
faisons aussi l’hypothèse que les performances de nos participants aux deux tâches
d’évaluation de la segmentation seront en lien avec leurs résultats aux tâches classiques et aux
questionnaires d’évaluation de la mémoire épisodique. Enfin, nous prédisons également un
lien négatif entre les capacités de segmentation des individus évaluées par nos deux tâches et
leur tendance à la routinisation.
2. Méthodologie
2.1. Elaboration des tâches de segmentation
La première partie de ce projet de recherche a consisté en l’élaboration de deux outils
d’évaluation de la segmentation d’événements : une tâche de segmentation de vidéos et un
entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements. Spécifiquement, nous
avions pour objectif de construire ces outils de manière à ce qu’ils soient cliniquement
exploitables et écologiques (i.e., au plus proche du fonctionnement naturel).
2.1.1. Tâche de segmentation de vidéos
La tâche de segmentation de vidéos que nous avons élaborée a été conçue à partir de la
procédure de Newtson (1973) et des variantes utilisées par Zacks et collaborateurs dans leurs
études. En effet, ce type de paradigme a été utilisé dans une grande partie des études
expérimentales portant sur la segmentation d’événements, tout particulièrement dans celles
qui ont permis de mettre en évidence les liens entre ce processus et la mémoire épisodique.
Nous avons donc considéré que la procédure de Newtson constituait une bonne base pour
l’élaboration d’une tâche psychométrique clinique. Ainsi, dans notre tâche de segmentation de
vidéos comme dans cette procédure, nous demandons aux participants de visionner des vidéos
et de les segmenter en appuyant sur une touche d’un clavier lorsque, selon eux, un événement
porteur de signification se termine et qu’un autre commence. Toutefois, afin de rendre notre
20
tâche plus écologique et exploitable en clinique, nous avons apporté plusieurs modifications
(décrites ci-dessous) aux consignes et à la procédure utilisées en recherche.
2.1.1.1. Élaboration de la tâche de segmentation de vidéos
Nous avons modifié la procédure classique d’évaluation de la segmentation
d’événements de trois manières différentes. Premièrement, nous avons décidé de réduire le
nombre de vidéos montrées aux participants. Ceci avait pour but de raccourcir le temps
nécessaire à la passation de la tâche, car en clinique le temps réservé à l’évaluation des
compétences cognitives est restreint. Ainsi, contrairement à Zacks et collaborateurs qui
généralement présentent à leurs participants une vidéo d’entraînement et au moins trois vidéos
d’intérêt, nous avons décidé de présenter à nos participants une vidéo d’entraînement et
seulement deux vidéos d’intérêt.
Deuxièmement, puisque la majorité des informations que nous mémorisons au
quotidien sont mises en mémoire de manière incidente, nous avons décidé de ne pas avertir
nos participants qu’ils allaient devoir rappeler le contenu des vidéos après le visionnement de
celles-ci. Nous avons donc demandé aux participants de visionner toutes les vidéos de la tâche
avant d’évaluer leur mémoire des événements contenus dans ces vidéos. Cette volonté de
solliciter un encodage incident (i.e., sans consigne d’encodage intentionnel) distingue notre
procédure de celle utilisée par Zacks et collaborateurs car ceux-ci informent leurs participants
qu’un test de mémoire sera administré après le visionnement de chaque vidéo. Nous
considérons notre manière de procéder comme plus conforme à l’encodage des informations
tel qu’il se produit le plus souvent dans la vie quotidienne.
Enfin, dans les études expérimentales, les chercheurs demandent à leurs participants
de segmenter d’une manière (i.e., grossière) puis d’une autre (i.e., fine) chaque vidéo qu’ils
présentent à leurs participants. Afin encore une fois d’être le plus écologique possible, nous
avons choisi de laisser nos participants segmenter les vidéos de manière naturelle et
spontanée, sans consigne sur le niveau de segmentation à adopter.
Pour résumer, la tâche de segmentation de vidéos telle que nous l’avons élaborée est
plus courte que la procédure classiquement utilisée en recherche et est plus écologique pour
deux raisons : (1) nous sollicitons un encodage incident des informations contenues dans les
vidéos et (2) les participants peuvent segmenter de manière naturelle et spontanée les vidéos
qui leur sont montrées.
21
2.1.1.2. Consignes et déroulement de la tâche
Suite à l’élaboration de la tâche de segmentation de vidéos, nous avons réalisé
plusieurs pré-tests afin de nous assurer du bon fonctionnement de la tâche et de la clarté des
consignes. Les participants des pré-tests n’ont pas rencontré de difficultés particulières avec la
tâche et ils la réalisaient en approximativement 20 minutes.
L’administration de la tâche de segmentation de vidéos se déroule sur un ordinateur
comme suit. Tout d’abord, l’expérimentateur lit les consignes de la tâche avec le participant et
encourage celui-ci à poser des questions s’il en a. Les consignes que nous avons élaborées
commencent par définir avec des mots simples ce qu’est la segmentation d’événements et
illustrent à l’aide d’images le fait qu’il existe différentes manières de segmenter une activité
(i.e., il est possible de segmenter une même activité de manière plutôt fine ou plutôt
grossière). Il est ensuite expliqué au participant qu’il va regarder des vidéos de personnes
réalisant des activités de la vie quotidienne et que sa tâche sera de segmenter les différents
événements qui composent l’activité que nous allons lui montrer. Pour ce faire, il est indiqué
au participant qu’il devra appuyer sur la barre ESPACE du clavier de l’ordinateur lorsque,
selon lui, un événement commence et qu’un autre se termine. Afin de s’assurer que le
participant ait bien compris les consignes, l’expérimentateur doit lui demander de réexpliquer
avec ses propres mots ce qui lui est demandé de faire avant de pouvoir commencer à visionner
les vidéos. S’il est apparent que le participant n’a pas compris les consignes,
l’expérimentateur doit les lui réexpliquer.
Suite à cela, le participant a la possibilité de s’entraîner à segmenter une courte vidéo,
ce qui permet à l’expérimentateur de vérifier que les consignes ont bien été comprises. Si le
participant appuie au moins deux fois volontairement sur la barre ESPACE durant le
visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur peut considérer que le participant
a compris ce qui lui est demandé car ce faisant il aura identifié le début et la fin d’au moins un
événement. Si le participant n’appuie pas ou appuie seulement une fois volontairement sur la
barre ESPACE lors du visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur doit
réexpliquer la tâche au participant et lui ré-administrer la vidéo d’entraînement. Au cas où le
participant échouerait à appuyer sur la barre ESPACE au moins deux fois lors d’un deuxième
visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur doit mettre un terme à la
passation de la tâche de segmentation de vidéos. Après avoir regardé et segmenté la vidéo
d’entraînement, le participant est une nouvelle fois encouragé à poser des questions s’il en a.
Lorsqu’il est prêt, il peut commencer le visionnement de la première vidéo d’intérêt, puis de
la seconde vidéo d’intérêt (consigne complète en Annexe I).
22
2.1.1.3. Matériel et stimuli
Les consignes et les vidéos utilisées dans la tâche de segmentation d’événements ont
été présentées en utilisant une procédure que nous avons programmée à l’aide du logiciel E-
Prime 2 (Schneider, Eschman, & Zuccolotto, 2002) sur un ordinateur portable DELL Latitude
D520 avec une résolution d’écran de 1064 par 768 pixels. Après avoir obtenu l’accord de J.
M. Zacks pour l’utilisation expérimentale et clinique de ses stimuli, nous avons choisi de
montrer à nos participants trois vidéos qui ont précédemment été utilisées dans l’étude de
Sargent et collaborateurs (2013 ; Figure 3).
Figure 3. Captures d’écran des trois vidéos utilisées dans la tâche de segmentation de vidéos.
Au-dessus, la vidéo d’entraînement. Au-dessous et à gauche, la vidéo 1. Au-dessous et à
droite, la vidéo 2.
Ces trois vidéos ont une forme similaire : elles présentent un plan fixe sur une pièce
dans laquelle une personne entre, se livre à une activité, puis ressort. La vidéo d’entraînement
dure 155 s et montre un homme en train de construire un bateau avec des lego. Cette vidéo
était présentée au centre de l’écran à une résolution réduite car nous ne disposions
malheureusement pas d’une copie de meilleure qualité. Les frontières d’événements
identifiées par les participants durant cette vidéo n’ont pas été prises en compte dans nos
23
analyses. La première vidéo d’intérêt utilisée (i.e., vidéo 1) dure 329 s et montre une femme
en train de préparer un petit-déjeuner dans une cuisine. La deuxième vidéo d’intérêt utilisée
(i.e., vidéo 2) dure 376 s et montre un homme en train de préparer/décorer une salle-à-manger
pour une fête. Les vidéos 1 et 2 étaient présentées sur tout l’écran de l’ordinateur et les
frontières d’événements identifiées par les participants durant ces vidéos ont été prises en
compte dans nos analyses. En comparaison aux actions de la femme dans la vidéo 1, les
actions de l’homme dans la vidéo 2 sont plus séquentielles. Par exemple, pendant que la
femme dans la vidéo 1 exécute les différentes étapes nécessaires à la préparation d’un œuf,
elle effectue aussi d’autres actions qui ne sont pas liées à la préparation d’un œuf (e.g., se
verser une verre de jus d’oranges). Au contraire, l’homme montré dans la vidéo 2 termine
chaque activité qu’il entreprend avant d’en commencer une autre (e.g., il finit de mettre la
table avant de commencer à décorer la pièce). Nous avons choisi d’utiliser des vidéos
différentes sur le plan de la séquentialité des actions car certaines activités de la vie
quotidienne sont naturellement organisées de manière très séquentielle alors que d’autres le
sont moins. Le fait de présenter deux vidéos différentes sur le plan de la séquentialité nous
permet donc une évaluation plus complète des capacités de segmentation. Les trois vidéos
étaient toujours présentées aux participants dans l’ordre dans lequel nous les avons décrites
ci-dessus.
2.1.1.4. Calcul du score d’accord de segmentation
Comme dans les études de Zacks et collaborateurs, nous avons évalué les capacités de
segmentation d’événements en calculant le degré d’accord entre un participant et la totalité du
groupe sur la localisation des frontières d’événements dans chaque vidéo (Kurby & Zacks,
2011). Pour ce faire, nous avons commencé par diviser chaque vidéo en segments d’une
seconde (i.e., 329 segments pour la vidéo 1 et 376 segments pour la vidéo 2). Nous avons
ensuite codé la segmentation de chaque participant de la manière suivante : un score de 1 était
attribué à chaque segment à l’intérieur duquel le participant avait appuyé sur la barre
ESPACE et un score de 0 était attribué à chaque segment à l’intérieur duquel le participant
n’avait pas appuyé. Afin de créer une « norme » sur la localisation des frontières
d’événements dans chaque vidéo, nous avons calculé pour chaque segment d’une seconde la
proportion de participants qui y avaient identifié une frontière d’événement. Pour chaque
participant et pour chaque vidéo, nous avons ensuite calculé la corrélation bisérielle de point
entre la segmentation du participant et la norme du groupe sur la localisation des frontières.
Ces calculs nous ont permis d’obtenir un score d’accord de segmentation allant de 0 (i.e., pas
24
d’accord de segmentation avec le groupe) à 1 (i.e., total accord de segmentation avec le
groupe) pour chaque participant et pour chaque vidéo.
2.1.2. Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements
L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements a été construit avec
pour objectifs principaux d’être facilement et rapidement administrable et de permettre
d’estimer les capacités de segmentation d’un individu en lui faisant produire le récit d’une
série de souvenirs épisodiques.
2.1.2.1. Elaboration et présentation de la consigne de l’entretien clinique
Ce sont les travaux de Williams et collaborateurs (2008) décrit précédemment qui ont
inspiré l’élaboration de l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements.
Pour rappel, leurs résultats ont mis en évidence la structure des frontières des souvenirs
épisodiques (i.e., la structure « action-fait ») et suggèrent qu’il est possible d’avoir un aperçu
des capacités de segmentation d’événements d’un individu simplement en lui demandant de
rappeler une série de souvenirs épisodiques.
Basés sur ces travaux, nous avons décidé de demander à nos participants de nous
raconter une série de souvenirs épisodiques se rapportant à une partie de la journée en cours et
ce pour deux raisons. Premièrement, d’après le principe de correspondance (Conway, 2005),
le rappel détaillé d’une série d’événements récents devrait être facile pour tous.
Deuxièmement, focaliser le rappel sur une partie de la journée en cours nous a permis de fixer
l’intervalle temporel entre le déroulement des événements rappelés et le moment de la
passation. Ainsi, les productions de nos participants étaient comparables du point de vue de la
distance temporelle du souvenir. Notons que ce choix nous obligeait à effectuer les passations
dans l’après-midi afin de nous assurer que les participants avaient tous encodé un certain
nombre d’événements avant la passation.
Nous avons au départ pré-testé plusieurs variantes de la consigne de l’entretien
clinique. Le premier paramètre que nous avons fait varier est la période que nous voulions
faire rappeler. Tout d’abord, nous avons envisagé de demander aux participants de rappeler
leur matinée. Toutefois, les productions de quelques participants aux pré-tests ont révélé que
cette consigne ne convenait pas car elle était trop vague : la durée de la matinée peut varier
selon l’heure à laquelle les participants se réveillent. Afin de pallier à ce problème, nous
avons ensuite demandé à quelques participants de faire le récit des deux heures qui
précédaient la passation. Encore une fois, les pré-tests ont révélé que cette consigne ne
convenait pas car certains participants ne savaient pas à quelle heure ils s’étaient engagés dans
25
telle ou telle activité, ce qui leur posait problème pour commencer leur récit. Par ailleurs, nous
avons aussi anticipé que certains participants pourraient avoir fait une sieste en début d’après-
midi et donc qu’ils ne pourraient pas rappeler suffisamment d’activités suivant cette consigne.
Sur la base de ces multiples pré-tests, nous avons finalement décidé de faire rappeler les deux
premières heures de la journée à nos participants. Nous avons retenu cette consigne car elle
permet d’uniformiser la durée de la période à rappeler pour tous les participants (i.e., deux
heures) et aussi parce qu’elle permet une identification aisée du début de la période à rappeler
(i.e., le réveil).
Le second paramètre que nous avons fait varier est la nature du rappel que nous
sollicitions. Dans un premier essai, nous avons demandé aux participants de faire la liste de
toutes les activités qu’ils avaient réalisées. Cette consigne posait problème car les participants
pouvaient effectuer la tâche en se basant sur leurs scripts en mémoire à long terme et sans
avoir à se souvenir réellement de ce qu’ils avaient fait précisément ce jour-là. En d’autres
termes, ils pouvaient répondre à la consigne en utilisant des informations sémantiques alors
que nous souhaitions qu’ils se basent sur des souvenirs épisodiques. Nous avons donc élaboré
une consigne plus spécifique : nous avons demandé aux participants de nous raconter tout ce
qu’ils avaient fait durant la période d’intérêt, dans l’ordre dans lequel ces événements
s’étaient produits et avec le plus de détails possible – un peu comme si nous les avions filmés
avec une caméra et que nous leur demandions de raconter ce film dans les moindres détails.
Nous considérons que le fait de demander aux participants de raconter ce qu’ils ont
fait le matin avec le plus de détails possible et comme si nous les avions filmés avec une
caméra les encourage à se baser sur des souvenirs épisodiques plutôt que sur leurs scripts
stockés en mémoire à long terme. Par ailleurs, le fait de demander aux participants de raconter
ce qu’ils ont fait au cours de la matinée dans l’ordre chronologique les incite également à
segmenter leur récit de manière claire en utilisant notamment des marqueurs temporels (e.g.,
après, ensuite etc.). Enfin, nous considérons que demander de raconter ce qu’une personne a
fait durant les deux premières heures de la journée est une tâche facilement administrable du
point de vue du clinicien/expérimentateur et agréable à effectuer du point de vue du
patient/participant. La consigne complète de l’entretien clinique d’évaluation de la
segmentation d’événements est disponible en Annexe II de ce document.
26
2.1.2.2. Elaboration et présentation de la grille d’évaluation associée à l’entretien
clinique
Afin de pouvoir évaluer les capacités de segmentation d’événements à partir de
l’entretien clinique, nous avons construit un indice d’identification claire des frontières basé
sur le nombre de marqueurs temporels utilisés par un participant dans son récit et sur le
nombre d’événements rappelés par ce participant.
Plus explicitement, basés sur les études de segmentation de récits (Speer & Zacks,
2005), nous considérons que l’utilisation de marqueurs temporels qui délimitent clairement
deux événements dans le récit d’un participant (e.g., après, ensuite etc.) est un indicateur des
capacités d’identification de frontières d’événements de ce participant. De ce fait, pour
chaque participant, nous avons décidé de compter le nombre total de marqueurs temporels
présents dans leur récit et d’utiliser ce nombre comme source d’information pour estimer
leurs capacités de segmentation. De manière générale, plus un participant utilise de marqueurs
temporels pour délimiter différents événements, meilleures sont considérées ses capacités de
segmentation d’événements. Toutefois, le nombre de marqueurs temporels utilisés par un
participant dépend en partie de la taille du récit et du nombre d’événements rappelés par ce
participant (i.e., on compte plus de marqueurs temporels dans des récits plus longs).
Afin de prendre en compte ce phénomène, nous avons décidé de diviser le nombre de
marqueurs temporels utilisés par un participant par le nombre d’événements qu’il a rappelés.
Nous avons défini un événement comme une action, une observation ou une pensée unique,
tirée d’un contexte temporel pertinent (i.e., les deux premières heures de la journée) et
typiquement exprimée sous la forme d’une phrase grammaticale composée d’un sujet et d’un
prédicat (e.g., « j’ai mangé un sandwich », « j’ai vu ma voisine sortir » ou « j’ai pensé que je
devais encore sortir les poubelles » ; Levine, Svoboda, Hay, Winocur & Moscovitch, 2002).
Dans la grille que nous avons élaborée, nous avons également spécifié ce qui ne constituait
pas un événement (e.g., une information sémantique rapportée) et nous avons défini comment
coter les cas particuliers qu’il est possible d’observer dans certains récits de participants. Par
exemple, si un participant rappelle plusieurs fois le même événement (i.e., une répétition),
celui-ci n’est comptabilisé qu’une seule fois.
L’indice d’identification claire des frontières est donc calculé en divisant le nombre de
marqueurs temporels utilisés par le nombre d’événements rappelés. Le score obtenu à l’indice
d’identification claire des frontières se situe entre 0 (i.e., faibles capacités de segmentation) et
1 (i.e., bonnes capacités de segmentation). De par la manière dont il est calculé, cet indice est
indépendant du nombre de mots contenus dans le récit et tient compte du nombre
27
d’événements rappelés par le participant. La grille d’évaluation associée à l’entretien clinique
d’évaluation de la segmentation d’événements et un exemple de la production d’un participant
à cette tâche sont disponibles en Annexes III et IV.
2.2. Méthodologie de l’exploration
La seconde partie de ce projet de recherche a consisté en l’exploration des tâches que
nous avions élaborées. Pour ce faire, nous avons administré à des personnes âgées tout-venant
nos deux tâches, ainsi qu’une série de tests et questionnaires évaluant différents domaines de
la cognition.
2.2.1. Participants
Quarante participants âgés de 70 à 85 ans et vivant à domicile ont participé à cette
étude. Les participants ont été recrutés parmi les connaissances de deux expérimentateurs et
parmi les connaissances des participants eux-mêmes. Ils ont reçu pour explication qu’il
s’agissait d’une étude portant sur un processus cognitif récemment découvert dans le domaine
de la psychologie (i.e., la segmentation d’événements) et qu’au cours de cette étude les
expérimentateurs leur demanderaient de regarder des vidéos, de répondre à plusieurs
questionnaires sur leur fonctionnement dans la vie quotidienne et d’effectuer diverses tâches
évaluant les fonctions cognitives. Les participants étaient donc informés que nous allions
évaluer leurs capacités de segmentation et leurs capacités cognitives plus générales.
Toutefois, il ne leur était pas spécifié que la mémoire était un domaine d’intérêt particulier
dans le cadre de cette étude.
Plusieurs critères d’exclusion restreignaient la participation à cette étude. Tout
d’abord, nous avons choisi de ne pas récolter de données sur les personnes vivant dans des
établissements médico-sociaux car nous souhaitions explorer nos tâches sur un échantillon
représentant une population d’âgés tout-venant et indépendants pour les activités de la vie
quotidienne. Deuxièmement, l’âge de la retraite en Suisse étant fixé à 65 ans, nous avons
décidé d’explorer nos tâches sur une population de personnes âgées de 70 à 85 ans afin de
réduire l’impact des variables liées à l’exercice d’une activité professionnelle particulière sur
les performances cognitives des participants à nos tâches (Kramer, Bherer, Colcombe, Dong,
& Greenough, 2004). Troisièmement, afin de pouvoir participer à notre étude, les participants
ne devaient pas présenter de troubles visuels ou auditifs non-corrigés ou de troubles moteurs
entravant la passation des tâches – en particulier la tâche de segmentation qui nécessite une
bonne acuité visuelle et auditive pour discerner les éléments des vidéos, ainsi que la capacité
d’appuyer sur la barre ESPACE aux instants souhaités.
28
Après la récolte des données, puisque nous souhaitions expérimenter nos tâches sur un
échantillon de personnes âgées représentatif de la population âgée tout-venant, nous avons
exclu de nos analyses les données des participants chez lesquels des troubles cognitifs
pouvaient être suspectés (i.e., présentant un score inférieur à deux écarts-types en dessous de
la moyenne à l’Echelle d’évaluation de la démence de Mattis ; Mattis, 1976). Nous avions
aussi initialement prévu d’exclure de nos analyses les données de participants avec une
symptomatologie anxieuse ou dépressive élevée car l’anxiété et la dépression sont deux
facteurs connus pour avoir un impact significatif sur le fonctionnement cognitif général
(Airaksinen, Larsson, & Forsell, 2005 ; Marazziti, Consoli, Picchetti, Carlini, & Faravelli,
2010). Toutefois, beaucoup de nos participants ayant obtenu des scores d’anxiété et de
dépression élevés au Hospital Anxiety and Depression scale (Zigmond & Snaith, 1983), nous
avons décidé de garder les données de ces participants et de prendre en compte ces facteurs
dans nos analyses.
Au final, les données de 33 participants sur les 40 recrutés ont été retenues pour nos
analyses. Les données de deux participants ont été exclues car ceux-ci ont obtenu un score
inférieur à deux écarts-types en-dessous de la moyenne à l’Echelle d’évaluation de la
démence de Mattis. Les données de trois autres participants n’ont pas été retenues car soit ces
participants ne sont pas rentrés dans la tâche de segmentation de vidéos, soit ils n’ont pas
souhaité compléter la totalité des tâches que comprenait notre étude. Enfin, les données de
deux participants ont dû être exclues suite à un problème technique. En effet, en raison d’une
dysfonction de l’ordinateur, les performances de ces participants à la tâche de segmentation
de vidéos n’ont pas été enregistrées. L’échantillon final se compose donc de 33 adultes (21
femmes et 12 hommes) âgés de 70 à 84 ans (M = 77.55, SD = 3.61) et ayant effectué entre 6
et 16 années d’études (M = 11.44, SD = 2.75).
29
2.2.2. Matériel
Tâche de segmentation de vidéos et entretien clinique d’évaluation de la segmentation
d’événements
Nous avons administré à nos participants les deux tâches que nous avons élaborées et
qui sont décrites ci-dessus.
Tâche de rappel des vidéos
La tâche de rappel des vidéos est la première des deux tâches que nous avons utilisées
pour évaluer la mémoire des événements contenus dans les vidéos. Elle est basée sur les
tâches de rappel de vidéos que Zacks et collaborateurs utilisent dans leurs études (Bailey et
al., 2013 ; Sargent et al., 2013).
Concrètement, suite à l’administration de la tâche de segmentation de vidéos, nous
avons demandé aux participants de nous raconter avec le plus de détails possible tout ce que
la personne avait fait dans la vidéo de préparation du petit-déjeuner, puis dans la vidéo de
préparation de la fête. Nous avons laissé un minimum de deux minutes et un maximum de
quatre minutes aux participants pour rappeler le contenu de chaque vidéo. Cette consigne a
été élaborée sur la base des consignes des tâches de rappel de vidéos utilisées dans les études
de Zacks et collaborateurs, ainsi que sur les données de la littérature qui suggèrent que,
lorsque nous segmentons l’activité d’un individu, nous segmentons en particulier les actions
de cet individu (i.e., les mouvements effectués en vue de réaliser un but ; Hard, Recchia, &
Tversky, 2011 ; Zacks, 2004).
Afin de pouvoir évaluer les performances de nos participants à cette tâche, nous avons
construit deux grilles d’évaluation pour chacune des vidéos. La première grille contient la
liste de toutes actions les plus grossières exécutées par les acteurs des vidéos (e.g., Il met la
table.). La seconde grille contient la liste de toutes les actions les plus fines exécutées par les
acteurs des vidéos (e.g., Il pose une assiette.). Ces listes ont été établies comme suit : les deux
expérimentateurs de cette étude ont chacun de leur côté visionné les deux vidéos d’intérêt et
ont identifié pour chacune de ces vidéos toutes les actions les plus grossières et les plus fines
exécutées par les acteurs. Ensuite, les deux expérimentateurs ont mis en commun leurs listes
et ont construit les grilles d’évaluation pour chacune des vidéos. Pour la vidéo 1, la première
grille d’évaluation contient 11 événements (ou actions) généraux et la deuxième grille
d’évaluation contient 143 événements détaillés. Pour la vidéo 2, la première grille
d’évaluation contient 8 événements généraux et la deuxième grille d’évaluation contient 161
événements détaillés. Nous avons choisi de construire deux grilles d’évaluation par vidéo afin
30
d’obtenir un score de rappel général et un score de rappel détaillé pour chacune des vidéos
d’intérêt.
Dans les grilles d’évaluation du rappel des événements détaillés, un point est attribué
pour chaque événement détaillé correctement rappelé. Dans les grilles d’évaluation du rappel
des événements généraux, un point est attribué lorsqu’un événement général est correctement
rappelé ou lorsqu’un événement détaillé faisant partie d’un événement général est
correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « elle s’est versée un verre de lait » pour
« elle s’est versée un verre de jus d’oranges »), un point est attribué à l’événement correct
correspondant dans les deux grilles d’évaluation et une erreur est comptabilisée dans la grille
d’évaluation du rappel des événements détaillés. En cas d’ajout (i.e., rappeler un
événement/une action qui ne peut pas être associé à un événement montré dans les vidéos), un
point est ajouté dans la case « ajouts » de la grille d’évaluation du rappel des événements
détaillés. Pour chacune des quatre grilles, un score total de rappel d’événements est calculé en
additionnant tous les points obtenus dans ces grilles. Pour les deux grilles d’évaluation du
rappel des événements détaillés seulement, un score total d’erreurs est calculé en additionnant
toutes les erreurs et tous les ajouts. Cette cotation nous a donc permis d’obtenir quatre scores
de rappel (i.e., un général et un détaillé pour chaque vidéo) et deux scores d’erreurs (i.e., un
pour chaque vidéo). Les consignes complètes de la tâche de rappel des vidéos, les grilles
d’évaluation associées à cette tâche et un exemple de rappel d’un de nos participants sont
disponibles en Annexes V, VI et VII.
Tâche de reconnaissance d’images
La tâche de reconnaissance d’images est la seconde des deux tâches que nous avons
utilisées pour évaluer la mémoire des événements contenus dans les vidéos. Elle est identique
aux tâches de reconnaissance d’images que Zacks et collaborateurs ont utilisé dans leurs
études (Bailey et al., 2013 ; Sargent et al., 2013 ; Zacks, Speer et al., 2006).
Concrètement, la tâche de reconnaissance d’images était présentée en utilisant une
procédure programmée à l’aide du logiciel E-Prime 2 sur le même ordinateur que la tâche de
segmentation de vidéos. Elle était administrée à la suite de la tâche de rappel des vidéos. Dans
la tâche de reconnaissance d’images, nous avons d’abord présenté à nos participants 20 paires
d’images en rapport avec la vidéo 1, puis 20 paires d’images en rapport avec la vidéo 2.
Chaque paire d’images était composée d’une image tirée directement d’une des deux vidéos
(i.e., l’image vue) et d’une image montrant aussi un plan de la scène mais n’ayant jamais été
vue par les participants (i.e., l’image leurre ; voir Figure 4). Tout au long de cette tâche, les
participants devaient identifier les images qu’ils avaient vues dans la tâche de segmentation
31
de vidéos en appuyant sur la touche « x » lorsque les images vues étaient situées sur la gauche
de l’écran et en appuyant sur « n » lorsque les images vues étaient situées sur la droite de
l’écran (consigne complète en Annexe VIII). Afin d’alléger la mémoire de travail des
participants, la question « Laquelle de ces images avez-vous vue ? » et des indications
concernant la touche sur laquelle appuyer une fois l’image vue identifiée apparaissaient sur
l’écran à chaque essai. Un score de reconnaissance d’images était calculé pour chaque vidéo
en comptant les réponses correctes (i.e., les images vues correctement identifiées) des
participants. Un score total de reconnaissance était également calculé en additionnant toutes
les réponses correctes obtenues à cette tâche pour les deux vidéos.
Pour chaque vidéo, la moitié des images vues se situaient à droite de l’écran et l’autre
moitié à gauche de l’écran. Par ailleurs, chaque image vue était associée de manière fixe à une
image leurre sur la base d’une liste que nous avons téléchargée sur le site personnel de J. M.
Zacks. L’ordre de présentation des paires d’images pour chaque vidéo était le même pour tous
les participants mais a été établi de manière aléatoire.
Figure 4. Exemples de stimuli utilisés dans la tâche de reconnaissance d’images.
Mémoire Logique I et II de la MEM-IV
La MEM-IV est un outil psychométrique utilisé pour évaluer les performances
mnésiques générales. Elle est composée de plusieurs sous-tests dont la Mémoire Logique I et
la Mémoire Logique II qui permettent d’évaluer la mémoire de récits (Wechsler, 2012). Nous
avons décidé d’utiliser ces deux sous-tests de la MEM-IV car les stimuli à mémoriser dans
ces sous-tests ont un contenu segmentable (voir Annexe IX) et parce que la MEM-IV a
l’avantage d’être normée sur une population âgée de 65 à 90 ans. La passation des deux sous-
tests de la MEM-IV que nous avons sélectionnés se déroule comme suit : une première
histoire est lue à haute voix par l’expérimentateur au participant qui doit immédiatement après
32
en répéter le contenu. Cette procédure est réitérée une fois pour cette même histoire, puis une
fois encore pour une seconde histoire. Après un délai de rétention de 20 à 30 minutes, le
participant doit rappeler le contenu des deux histoires une nouvelle fois et est ensuite soumis à
un test de reconnaissance oui/non. La passation des sous-tests de Mémoire Logique I et II
permet d’obtenir trois scores reflétant la performance des participants aux tâches de rappel et
de reconnaissance des deux histoires : un score de rappel immédiat, un score de rappel différé
et un score de reconnaissance.
Echelle d’évaluation de la démence de Mattis
L’Echelle d’évaluation de la démence de Mattis (Mattis, 1976) a été élaborée pour
évaluer le fonctionnement cognitif des patients atteints de maladies neurodégénératives et est
couramment utilisée pour déceler la présence potentielle de troubles cognitifs chez des
personnes âgées. Cette échelle évalue cinq domaines de la cognition : l’attention, l’initiation,
la construction, la conceptualisation et la mémoire. Basé sur les cinq sous-scores qui
correspondent à ces domaines cognitifs, un score global de fonctionnement cognitif est
calculé. Le score global maximal est de 144 points et, d’après le manuel de l’échelle, le seuil
clinique à deux écarts-types en-dessous de la moyenne de la population générale est fixé à
122 points. La validité et la sensibilité de chacune des sous-échelles de l’Echelle d’évaluation
de la démence de Mattis ont été montrées par Marson, Dymek, Duke et Harrel (1997). Dans
notre étude, nous avons utilisé cette échelle pour pouvoir exclure les participants présentant
des signes de vieillissement problématique et également afin de pouvoir tenir compte du
niveau de fonctionnement cognitif général des participants dans nos analyses.
Echelle de Préférence de Routinisation
L’Echelle de Préférence de Routinisation (EPR ; voir Annexe X ; Bouisson, 2002) est
un questionnaire auto-reporté utilisé pour évaluer à quel point un individu préfère adopter des
routines dans la vie quotidienne. Il est composé de 10 items (e.g., « En général, je fais les
mêmes choses chaque jour ») auxquels les participants répondent sur une échelle de Likert en
5 points allant de « pas du tout vrai » à « tout à fait vrai ». Un score élevé à ce questionnaire
indique une préférence de routinisation élevée dans la vie quotidienne. L’échelle a été validée
auprès d’une population âgée (65 à 96 ans) et présente une consistance interne satisfaisante (α
de Cronbach = .73), une bonne fidélité test-retest à deux semaines (r = .84) et une bonne
validité prédictive pour la répétition dans les activités de la vie quotidienne.
Hospital Anxiety and Depression scale
Le Hospital Anxiety and Depression scale (HAD ; voir Annexe XI ; Zigmond &
Snaith, 1983) est un questionnaire auto-reporté utilisé pour évaluer la présence d’une
33
symptomatologie anxieuse et/ou dépressive. Il est composé de deux sous-échelles : une
évaluant la symptomatologie anxieuse et l’autre la symptomatologie dépressive. Un score
élevé sur une de ces échelles indique un haut niveau de symptomatologie dans la dimension
évaluée. Ce questionnaire a été originellement adapté pour des patients en milieu hospitalier,
mais il est depuis couramment utilisé dans divers contextes. La fidélité test-retest à deux
semaines de ce questionnaire est supérieure à .80 et une revue de littérature de Bjelland, Dahl,
Haug et Neckelmann (2002) a reporté une moyenne de .83 pour sa consistance interne
(i.e., moyenne des α dans 15 études). La validité concurrente du HAD est considérée bonne à
très bonne.
Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire
Le Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire (QAM ; Van der Linden, Wyns,
Von Frenkell, Coyette, & Seron, 1989) est un questionnaire auto-reporté qui évalue la
fréquence des difficultés mnésiques dans la vie quotidienne. Le questionnaire complet
comporte une question générale (i.e., « Pensez-vous avoir des problèmes de mémoire dans la
vie quotidienne ? ») et 10 rubriques, chacune évaluant un domaine spécifique de la vie
quotidienne (e.g., la mémoire des conversations). Chaque rubrique contient plusieurs items.
Les réponses à ce questionnaire sont données sur une échelle de Likert en 6 points allant de
« jamais » à « toujours ». Un sous-score élevé à une des rubriques du QAM ou un score
global élevé indique une haute fréquence auto-reportée de difficultés mnésiques. La fidélité
test-restest de ce questionnaire varie de .69 à .84 selon la rubrique.
Dans cette étude, nous avons seulement utilisé trois rubriques et la question générale
de cet outil car la passation du questionnaire complet aurait été excessivement longue au sein
de notre procédure déjà chargée. Nous avons sélectionné deux rubriques portant sur des
contenus que nous avons jugés segmentables : mémoire des conversations (6 items) et
mémoire des films/livres (4 items). Nous avons également inclus une rubrique portant sur des
contenus estimés non-segmentables : mémoire des personnes (7 items ; voir Annexe XII).
2.2.3. Procédure
La Figure 5 illustre l’ordre d’administration des tâches, tests et questionnaires décrits
ci-dessus et précise le temps moyen nécessaire à la passation de chacun de ces outils. La
passation commençait par une brève description de l’étude et de ses objectifs généraux (voir
Annexe XIII pour un exemplaire du formulaire de consentement). Après que les participants
aient rempli et signé le formulaire de consentement, les expérimentateurs récoltaient les
informations sociodémographiques d’intérêt sur les participants. Ils leur administraient
34
ensuite la tâche de segmentation de vidéos, la tâche de rappel des vidéos, la tâche de
reconnaissance d’images et l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation
d’événements. Après la complétion de ces tâches et étant donnée la longueur du protocole,
une pause facultative de 10 minutes était proposée. Suite à cela, les expérimentateurs leur
administraient la Mémoire Logique I (i.e., lecture des histoires à mémoriser et rappels
immédiats), l’Echelle d’évaluation de la démence de Mattis, les questionnaires EPR et HAD,
la Mémoire Logique II (i.e., rappels différés et reconnaissance) et le QAM – 3 rubriques.
Avec le consentement des participants, la totalité de la passation était enregistrée avec un
enregistreur vocal pour permettre par la suite la retranscription exacte de leurs productions à
la tâche de rappel des vidéos et à l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation
d’événements. Au terme de la passation, les participants étaient débriefés et vivement
remerciés pour leur participation. Les passations se sont toutes déroulées l’après-midi,
conformément aux contraintes qu’impose la consigne de l’entretien clinique d’évaluation de
la segmentation d’événements. Les passations ont toutes eu lieu soit dans un laboratoire de
l’Université de Genève, soit chez les participants eux-mêmes, mais toujours dans un endroit
calme et adéquat pour l’administration des tâches.
Figure 5. Représentation schématique de la procédure de cette étude.
2.2.4. Hypothèses opérationnelles
I. Nous nous attendons à observer une corrélation positive entre le score d’accord de
segmentation et l’indice d’identification claire des frontières (entretien clinique).
II. Nous nous attendons à ce que le score d’accord de segmentation, d’une part, et
l’indice d’identification claire des frontières, d’autre part, prédisent :
35
- Les scores de rappel généraux et détaillés des vidéos
- Le score à la tâche de reconnaissance d’images
- Les scores de rappels immédiat et différé de la MEM-IV
- Les scores à la question générale et aux rubriques segmentables du QAM
Mais pas le score à la rubrique non-segmentable du QAM.
III. Nous nous attendons à ce que le score d’accord de segmentation, d’une part, et
l’indice d’identification claire des frontières, d’autre part, corrèlent négativement
avec le score à l’EPR.
3. Résultats
3.1. Statistiques descriptives
3.1.1. Consistance interne des questionnaires
Tout d’abord, nous nous sommes assurés que la consistance interne des questionnaires
que nous avons administrés dans notre étude était satisfaisante pour les données de notre
échantillon. Pour ce faire, nous avons calculé un α de Cronbach pour chacun des trois
questionnaires que nous avons utilisés. Selon George et Mallery (2003), un α de Cronbach
supérieur à .7 indique que la consistance interne d’un questionnaire est acceptable. Le QAM
est le seul des trois questionnaires que nous avons utilisés dans notre étude qui ait une
consistance interne acceptable (α = .791). Toutefois, notre échantillon étant petit et les α de
Cronbach des sous-échelles anxiété et dépression du HAD étant proches de .7 (α = .673 et α =
.588, respectivement), nous avons tout de même décidé de prendre en compte les réponses des
participants à ce questionnaire dans la suite de nos analyses. En revanche, la consistance
interne de l’EPR étant totalement inacceptable (α = -.239), les données issues de ce
questionnaire ont été retirées de la suite de nos analyses.
3.1.2. Fidélité inter-juges
La cotation des réponses des participants à la tâche de rappel des vidéos et à
l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements a été partagée entre les
deux expérimentateurs car une double-cotation des réponses de l’échantillon complet aurait
été trop coûteuse en terme de temps. Cependant, nous nous sommes assurés que les cotations
effectuées par les expérimentateurs étaient équivalentes. Pour ce faire, nous avons sélectionné
de manière aléatoire les productions de 25% de nos participants aux tâches susmentionnées et
celles-ci ont été double-cotées. Sur la base des scores attribués par chacun des
expérimentateurs aux productions des participants, un coefficient de corrélation intra-classe a
36
été calculé pour chaque mesure d’intérêt. Ces coefficients se distribuaient de .774 à 1,
indiquant un degré de fidélité inter-juges satisfaisant à excellent.
3.1.3. Distribution des scores
Avant de pouvoir nous livrer à des analyses statistiques plus poussées, nous avons
observé la distribution de nos données et particulièrement leur normalité. Les indices de
normalité que nous avons utilisés sont les indices de Skewness et de Kurtosis. Pour l’indice
de Skewness, les valeurs absolues supérieures à 3.0 sont considérées comme extrêmes (Chou
& Bentler, 1995). Pour l’indice de Kurtosis, les valeurs absolues supérieures à 10.0 suggèrent
la présence d’un problème au niveau de la normalité des données et les valeurs supérieures à
20.0 sont considérées comme extrêmes (Kline, 2005). Les indices de Skewness et de Kurtosis
pour chacune de nos variables d’intérêt sont représentés dans le Tableau 1 et montrent que les
données de toutes nos variables d’intérêt sont normalement distribuées.
Tableau 1
Caractéristiques des variables d’intérêt
Variable M SD Min Max Skewness Kurtosis
Accord segmentation vidéo 1 .251 .155 .001 .509 .142 -1.436
Accord segmentation vidéo 2 .203 .135 .007 .498 .661 -.709
Rappel général vidéo 1 7.333 1.689 4 10 -.438 -.811
Rappel détaillé vidéo 1 17.455 6.088 5 33 .223 .456
Rappel général vidéo 2 5.727 1.329 4 8 .282 -1.041
Rappel détaillé vidéo 2 21.879 15.913 6 73 1.504 2.017
Reconnaissance vidéo 1 11.394 2.524 8 17 .641 -.129
Reconnaissance vidéo 2 14.303 1.912 9 18 -.377 .408
Reconnaissance Totale 25.697 3.015 20 32 .252 -.228
Indice ICF 0.406 0.143 0.183 0.733 .856 .159
MEM-IV rappels immédiats 28.182 6.771 16 39 -.278 -1.093
MEM-IV rappels différés 15.000 6.067 2 25 -.363 -.492
Mattis Total 133.909 5.795 122 144 -.479 -.424
QAM question générale 3.394 .704 2 5 .401 .184
QAM segmentable 2.367 .499 1.600 3.600 .404 -.077
QAM non-segmentable 2.394 .661 1.286 4.000 .391 -.116
Note. N = 33. Indice ICF = indice d’Identification Claire des Frontières (entretien clinique).
37
3.2. Statistiques exploratoires
3.2.1. Agglomération des scores
Etant donnée l’existence d’une corrélation importante entre les scores de segmentation
des deux vidéos, r(31) = .851, p < .05, nous avons choisi de former un score global d’accord
de segmentation en calculant la moyenne des deux scores d’accord de segmentation obtenus
par nos participants. Tout comme les scores d’accord de segmentation originaux, le score
global d’accord de segmentation tel que nous l’avons calculé s’étend de 0 (i.e., pas d’accord
de segmentation avec le groupe) à 1 (i.e., total accord de segmentation avec le groupe).
De même, basés sur les corrélations positives et significatives entre d’une part, les
scores aux tâches de rappel général des vidéos 1 et 2, r(31) = .612, p < .05, et d’autre part, les
scores aux tâches de rappel détaillé des vidéos 1 et 2, r(31) = .668, p < .05, nous avons choisi
de créer deux scores globaux : un indice de rappel général et un indice de rappel détaillé.
Etant donné que le nombre d’événements pouvant être rappelés n’est pas le même pour les
deux vidéos, un simple calcul de moyenne n’aurait pas été pertinent pour former des scores
globaux de rappels général et détaillé. Nous avons donc calculé des indices représentant la
moyenne entre la proportion de rappel de la vidéo 1 et la proportion de rappel de la vidéo 2.
Tout comme le score global d’accord de segmentation, ces indices s’étendent de 0 (i.e., aucun
événement n’est rappelé) à 1 (i.e., tous les événements sont rappelés).
Suite à la création du score global d’accord de segmentation et des indices de rappel
général et détaillé, nous nous sommes assurés que les scores des participants sur ces nouvelles
variables étaient normalement distribués. Les indices de skewness pour le score global
d’accord de segmentation, l’indice de rappel général et l’indice de rappel détaillé étaient de
.369, -.016 et 1.022 respectivement. Les indices de kurtosis pour ces mêmes variables étaient
de -1.207, -.879 et .494 respectivement.
3.2.2. Corrélations
Afin d’explorer l’existence potentielle de liens entre les tâches que nous avons
élaborées et toutes les autres tâches que nous avons administrées, nous avons calculé les
corrélations entre toutes les variables de notre étude. Spécifiquement, ces analyses ont montré
que le score global d’accord de segmentation était en lien avec l’indice de rappel détaillé,
r(31) = .485, p < .05, mais pas avec l’indice de rappel général, le score total à la tâche de
reconnaissance d’images, les deux scores de rappel de la MEM-IV et les rubriques du QAM.
Ces analyses ont aussi révélé la présence d’un lien négatif tendanciel entre le score global
d’accord de segmentation et l’indice d’identification claire des frontières, r(31) = -.327,
38
p < .10. L’indice d’identification claire des frontières n’était pas corrélé avec les indices de
rappel des vidéos, ni avec les deux scores de rappel de la MEM-IV, ni avec la question
générale et la rubrique non-segmentable du QAM. Les analyses ont toutefois montré la
présence de liens négatifs tendanciels entre l’indice d’identification claire des frontières et le
score global de reconnaissance, r(31) = -.316, p < .10, et entre l’indice d’identification claire
des frontières et les rubriques segmentables du QAM, r(31) = -.317, p < .10. Par ailleurs, nous
notons que l’âge est corrélé négativement et significativement avec l’indice de rappel général,
r(31) = -.505, p < .05, et avec l’indice d’identification claire de frontières, r(31) = -.346, p <
.05, mais pas avec l’indice de rappel détaillé. Nous notons également une corrélation positive
significative entre le genre (n.b., le genre a été codé tel que Homme = -1 et Femme = 1) et
l’indice de rappel général, r(31) = .410, p < .05, l’indice de rappel détaillé, r(31) = .505, p <
.05 et le score total à la tâche de reconnaissance d’images, r(31) = .390, p < .05. La totalité
des corrélations entre les variables est présentée dans le Tableau A en Annexe XIV.
3.2.3. Analyse de régression linéaire multiple
Au vu de nos hypothèses de départ et étant donnée l’existence du lien positif entre le
score global d’accord de segmentation et l’indice de rappel détaillé, nous avons décidé de
mener une analyse de régression linéaire multiple sur l’indice de rappel détaillé, en incluant
comme prédicteurs le score global d’accord de segmentation et deux autres variables dont la
corrélation avec l’indice de rappel détaillé était significative : le score total à la Mattis, r(31) =
.548, p < .05, et le genre (voir supra). L’ajout de ces deux prédicteurs au modèle est pertinent
d’un point de vue théorique et leur présence en tant que variable de contrôle permet d’isoler la
part de variance expliquée par l’accord de segmentation. Les résultats de cette analyse sont
présentés dans le Tableau 2.
Tableau 2
Résultats de la régression linéaire multiple sur l’indice de rappel détaillé
Variables B Beta t p
Accord de segmentation global .156 .343 2.703 .011
Genre .024 .363 2.853 .008
MATTIS Total .004 .388 3.015 .005
Le modèle de régression prédit significativement les scores à l’indice de rappel
détaillé, F(3, 29) = 12.405, p < .001, et explique 52% de la variance de ces scores.
39
Spécifiquement, le score à l’indice de rappel détaillé est significativement prédit par toutes les
variables du modèle.
4. Discussion
4.1. Interprétation des résultats
Lien entre les deux tâches d’évaluation de la segmentation
Pour rappel, le premier objectif de ce projet était l’élaboration de deux tâches
permettant l’évaluation des capacités de segmentation d’événements des individus. Nous nous
attendions donc, lors de l’exploration, à observer une corrélation positive entre les scores
obtenus par nos participants dans les deux tâches. Cela n’est malheureusement pas le cas. En
effet, on constate même une corrélation négative tendancielle entre le score d’accord de
segmentation et l’indice d’identification claire des frontières. Ce résultat suggère que nos
deux tâches ne mesurent pas le même processus. En effet, nous aurions pu argumenter
qu’elles mesuraient toutes deux les capacités de segmentation d’événements mais que
l’existence d’autres facteurs entrant en jeu dans l’exécution de l’une ou l’autre tâche
diminuait la force du lien entre les deux tâches si nous observions une corrélation
(significative) faible mais positive. Ici, la présence de la tendance négative indique que
l’objectif d’élaborer deux tâches d’évaluation d’un même processus n’a pas été atteint.
Notre tâche de segmentation de vidéos est une adaptation d’une procédure
d’évaluation de la segmentation utilisée en recherche et nous ne pensons pas que les
modifications que nous y avons apportées soient suffisantes pour que le processus évalué ne
soit plus le même. Cela étant dit, il est possible que cette tâche ne sollicite pas exactement le
même processus que la segmentation d’événements telle qu’elle est mise en jeu dans la vie
quotidienne. Notamment, l’activité qui est segmentée dans la vie quotidienne est, la majeure
partie du temps, l’activité propre de l’individu. Dans la tâche de segmentation de vidéos,
l’activité à segmenter est celle d’un inconnu, que le participant observe sans avoir la
possibilité d’interagir. Nous reviendrons sur ces aspects lorsque nous évoquerons les limites
des tâches élaborées durant ce projet.
L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation et l’indice d’identification claire
des frontières qui y est associé ont quant à eux été construit sur des bases théoriques solides
mais n’étaient pas directement dérivés d’une procédure expérimentale antérieure. Il est donc
possible que l’indice d’identification claire des frontières cible un autre processus et ne
40
constitue finalement pas un indicateur des capacités de segmentation d’événements. Nous
reviendrons également sur les limites de cette tâche dans la suite de ce travail.
Score d’accord de segmentation et mesures de la mémoire épisodique
Nous avions également fait l’hypothèse que nos deux mesures des capacités de
segmentation (i.e., le score d’accord de segmentation et l’indice d’identification claire des
frontières) prédisent les performances des participants aux tâches mesurant leurs capacités
mnésiques pour des contenus segmentables, à savoir les scores de rappel généraux et détaillés
des vidéos, le score à la tâche de reconnaissance d’images, les scores de rappels immédiat et
différé du sous-test Mémoire Logique de la MEM-IV et les scores à la question générale et
aux rubriques segmentables du QAM.
Nous commencerons par commenter les résultats obtenus relativement à la tâche de
segmentation de vidéos et donc au score d’accord de segmentation. Lorsque la performance à
une certaine mesure prédit les résultats obtenus à une autre, on observe nécessairement une
corrélation entre deux. Or, dans notre échantillon, seul l’indice de rappel détaillé des vidéos
était significativement corrélé avec le score d’accord de segmentation. Nous reviendrons sur
les autres mesures des capacités mnésiques par la suite. Puisque le rappel détaillé des vidéos
et l’accord de segmentation corrèlent, nous avons décidé de mener une analyse de régression
linéaire multiple sur l’indice de rappel détaillé. En effet, nous cherchions à vérifier
l’hypothèse selon laquelle le score à cet indice est prédit par le score d’accord de
segmentation. Comme cela a été indiqué dans les résultats, nous avons ajouté au modèle de
prédiction deux variables : le genre et le score total à la Mattis. L’effet du genre sur les
mesures de mémoire épisodique est fréquemment relevé dans la littérature. Particulièrement,
les femmes obtiennent généralement des performances supérieures à celles des hommes dans
les tâches nécessitant le rappel d’un contenu de nature verbale ou qui peut être verbalisé
(Herlitz & Rehnman, 2008). Dans notre cas, l’information présentée est visuelle (et dans une
moindre mesure auditive) mais le rappel est verbal. La meilleure performance des femmes au
rappel détaillé des vidéos, caractérisée par la corrélation positive entre cette variable et la
variable de genre, cadre donc avec la littérature. Il nous a semblé pertinent d’inclure le genre
afin de contrôler son effet sur notre variable d’intérêt. Concernant le score total à la Mattis, il
a été inclus car il corrèle également avec l’indice de rappel détaillé et il permet de contrôler
l’effet du fonctionnement cognitif global des participants. L’analyse a révélé que les trois
variables prédisent significativement le score à l’indice de rappel détaillé. Le score d’accord
de segmentation reste donc bien un prédicteur du rappel détaillé même lorsque l’on tient
compte des effets du genre et du fonctionnement cognitif global. Ce résultat s’accorde avec
41
ceux de Bailey et collaborateurs (2013) et Sargent et collaborateurs (2013) qui montrent que
l’accord de segmentation est un prédicteur de la mémoire des événements et suggère que la
tâche telle que nous l’avons adaptée permet une évaluation satisfaisante des capacités de
segmentation. Notons cependant que ce modèle n’explique que 52% de la variance des scores
à l’indice de rappel détaillé. Près de la moitié de la variance de cette variable reste donc
inexpliquée et d’autres facteurs sont certainement en jeu.
Concernant les autres mesures de mémoire épisodique, il n’y a pas de corrélation
significative entre le score d’accord de segmentation et l’indice de rappel général des vidéos.
Ce résultat est relativement surprenant étant donné qu’il s’agit de deux mesures portant sur le
traitement du contenu des mêmes vidéos. La segmentation d’événements étant un processus
qui permet de structurer l’information à mettre en mémoire, nous pouvions supposer que de
bonnes capacités de segmentation permettraient une extraction plus efficace de la structure
globale de l’activité observée, et de ce fait une meilleure performance au rappel des
événements généraux la composant. Cet effet n’est pas observé dans notre échantillon. Nous
notons par ailleurs que le score à l’indice de rappel général est significativement corrélé aux
autres mesures de performance mnésique de notre procédure : les scores de rappels immédiat
et différé de la MEM-IV, respectivement r(31) = .353, p < .05 et r(31) = .393, p < .05, et le
sous-score Mémoire de la Mattis, r(31) = .391, p < .05. Le score à l’indice de rappel général
des vidéos semble donc être lié aux performances plus générales en mémoire épisodique et il
est possible qu’il dépende plus d’autres processus sous-jacents au fonctionnement de la
mémoire que du processus de segmentation d’événements.
Contrairement à nos attentes, nous n’observons pas non plus de corrélation
significative entre le score d’accord de segmentation et le score à la tâche de reconnaissance
d’images. La nature des « erreurs » contenues dans les images leurres pourrait être une piste
pour expliquer ce résultat. En effet, ces images montrent presque toutes des actions qui ont
réellement été effectuées par les acteurs de la vidéo. Ce qui les distingue des images vues,
dans la plupart des cas, a trait à la chronologie des actions dans la vidéo. Concrètement, dans
les images leurres, la présence ou l’absence de certains objets indique soit qu’une action a
déjà été faite alors que dans la vidéo cette action suivait celle montrée dans l’image, soit
qu’une action n’a pas encore été faite alors que dans la vidéo elle précédait celle montrée dans
l’image. Par exemple, dans la vidéo de la préparation de la fête, l’homme dresse la table avant
de commencer à décorer la pièce. Une des images leurres associée à cette vidéo montre
l’homme en train de placer des décorations alors que la table n’est pas encore mise. Une
bonne performance à la tâche de reconnaissance d’images implique donc surtout d’avoir bien
42
mémorisé l’ordre des différentes actions (événements) de chacune des vidéos. Or
théoriquement, la segmentation d’événements permet la distinction des différents événements
qui composent une activité, mais n’est pas directement impliquée dans la mémorisation de
l’ordre de ces événements. La performance à la tâche de reconnaissance serait donc sous-
tendue par d’autres mécanismes, inhérents à la mémorisation de l’ordre de la séquence
temporelle des événements, plutôt que par le processus de segmentation d’événements lui-
même. Rappelons cependant qu’empiriquement, le lien entre segmentation d’événements et
mémoire de l’ordre des événements a été mis en évidence puisque les résultats de l’étude de
Zacks et collaborateurs (2006) ont montré une corrélation significative entre l’accord de
segmentation et la capacité à remettre dans l’ordre des images issues de la vidéo segmentée
dans un groupe de participants âgés (M = 78 ans).
Le score d’accord de segmentation n’est pas non plus corrélé aux scores obtenus aux
rappels immédiat et différé du sous-test Mémoire Logique de la MEM-IV. Nous avions choisi
ce test parmi les batteries classiques d’évaluation de la mémoire épisodique car il s’agit d’un
test de mémoire de récits, contenu que nous considérons comme étant segmentable. La nature
segmentable de ce contenu nous menait à faire l’hypothèse que les capacités de segmentation
des participants prédiraient la performance à ce test. Nous relevons cependant que la cotation
des réponses à ce test porte principalement sur le rappel de détails isolés (e.g., le nom des
personnes ou des lieux mentionnés dans les récits), le rappel du contexte n’étant généralement
pas nécessaire. En d’autres termes, un participant pourrait rappeler une histoire totalement
différente mais intégrant les mêmes éléments et obtenir une bonne part des points. Par
exemple, l’histoire B relate les mésaventures d’une femme qui a été victime d’une attaque
dans la rue, et qui le rapporte au poste de police de la mairie. Un participant qui rappellerait
l’histoire d’un policier qui se promène dans la rue près de la mairie obtiendrait néanmoins des
points pour la mention du policier, de la rue et de la mairie. Ainsi un rappel désorganisé,
potentiellement lié à une difficulté à segmenter le récit, peut tout de même permettre d’obtenir
un très bon score à ce test. Le mode de cotation semble donc être une explication possible
pour l’absence de corrélation entre le score d’accord de segmentation et les scores de rappels
immédiat et différé du sous-test Mémoire Logique.
Enfin, nos résultats ne révèlent pas non plus de corrélation significative entre le score
d’accord de segmentation et les différentes rubriques du QAM. Nous nous attendions à ce que
la réponse à la question générale et le score aux rubriques segmentables soient prédits par le
score d’accord de segmentation. Deux interprétations sont possibles concernant ce résultat.
Tout d’abord, il se peut que les capacités de segmentation d’événements n’aient pas
43
l’importance que nous postulions dans le bon fonctionnement de la mémoire au quotidien
(tant en général que pour les domaines des rubriques que nous avions sélectionnées).
Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, il est aussi possible que la performance lors de
la segmentation d’une vidéo ne reflète pas tout à fait les capacités de segmentation d’un
individu dans la vie quotidienne. Cela pourrait expliquer l’absence de corrélation avec les
rubriques du QAM, qui porte sur la fréquence des difficultés mnésiques dans la vie de tous les
jours. Concernant le score à la rubrique non-segmentable du QAM, le fait qu’il ne soit pas
corrélé au score d’accord de segmentation correspond à nos attentes. Cependant, ce résultat
devait être en contraste avec la corrélation attendue entre le score d’accord de segmentation et
les autres rubriques du QAM. L’interprétation de ce résultat pris isolément paraît donc peut
pertinente.
Score à l’indice d’identification claire des frontières et mesures de la mémoire
épisodique
Nous n’observons aucune corrélation significative entre l’indice d’identification claire
des frontières et les mesures de la mémoire épisodique utilisées dans notre étude. Nous ne
relevons que deux corrélations tendancielles négatives : la première lie l’indice
d’identification claire des frontières au score à la tâche de reconnaissance et la seconde au
score aux rubriques segmentables du QAM. Notons que ces tendances négatives indiquent
qu’un plus haut score à l’indice d’identification claire des frontières est associé à une moins
bonne performance à la tâche de reconnaissance, mais également à un score plus bas au
QAM, marquant une moindre fréquence autoreportée des difficultés mnésiques dans la vie
quotidienne. Ces deux résultats paraissent relativement contradictoires et compte tenu de
l’incertitude soulevée précédemment concernant le construit évalué par l’indice
d’identification claire des frontières, sont difficiles à interpréter.
Lien entre les tâches d’évaluation de la segmentation et la mesure de la
routinisation avec l’EPR
Notre dernière hypothèse portait sur le lien entre nos mesures des capacités de
segmentation et le score à l’Echelle de Préférence de Routinisation. Ce questionnaire ne
présentant pas une consistance interne acceptable dans notre échantillon, nous n’avons pas pu
tester cette hypothèse.
44
4.2. Limites et adaptations
Les tâches élaborées dans ce projet ainsi que la procédure d’exploration comportent
certaines limites qu’il est important de relever. Nous allons donc les spécifier et tenter de
proposer des pistes d’amélioration pour certaines d’entre elles.
Méthodologie de l’exploration
La méthodologie de notre étude exploratoire présente certaines limites. La première
que nous pouvons citer est la taille de notre échantillon. Le nombre restreint de sujets (33
participants) inclus dans nos analyses a certainement eu un impact sur nos résultats, en
réduisant la puissance des tests statistiques notamment. Certains de nos résultats auraient
probablement atteint le seuil de significativité si notre échantillon avait été plus grand. C’est
d’ailleurs pourquoi nous avons choisi d’interpréter aussi certains résultats tendanciels.
Nous pouvons également citer la longueur de la procédure. En effet, nous avions prévu
que la passation complète durerait environ 1 heure 30. Dans la pratique, certains participants
ont complété la procédure en à peine plus d’une heure, mais il a fallu 2 heures voire plus pour
d’autres. Notamment, la tâche de reconnaissance d’images, qui s’est révélée particulièrement
difficile, a souvent pris bien plus que les 6 minutes que nous avions estimées. La passation a
donc eu une durée plus variable que nous l’avions prévu. De ce fait, nous pouvons supposer
que des effets de fatigue ont impacté les performances de certains participants, en particulier
pour le sous-test Mémoire Logique II qui est administré en fin de passation.
Tâche de segmentation de vidéos
Concernant la tâche de segmentation de vidéos, les deux premières limites que nous
avons relevées se rapportent aux vidéos utilisées. En effet, lors de nos passations, nous avons
noté que la qualité d’image (malheureusement assez faible) des vidéos a gêné certains
participants, qui avaient de la peine à identifier certains objets/éléments durant le
visionnement. Par ailleurs, certains participants ont également exprimé un certain ennui,
considérant les vidéos un peu trop longues et peu intéressantes. Cela induit une tendance à
détourner l’attention de la vidéo chez ces participants. Ces deux limites inhérentes aux vidéos
nous font suggérer qu’il serait probablement préférable que de nouvelles vidéos soient
filmées, suivant un format similaire mais en meilleure qualité, et éventuellement plus courtes.
Cela impliquerait par contre d’effectuer une nouvelle étude pour assurer qu’une tâche
comportant des vidéos plus courtes permette néanmoins une mesure correcte de la
segmentation d’événements. Pour rappel, nos vidéos d’intérêt duraient respectivement 329 s
et 376 s. Dans les études précédentes utilisant le paradigme de segmentation de vidéos, des
vidéos de moindre longueur ont déjà été utilisées : une vidéo de 246 s par Kurby et Zacks
45
(2011) et une de 249 s par Bailey et collaborateurs (2013). Nous considérons donc que
l’utilisation de vidéos d’une durée inférieure de une à deux minutes par rapport à celles que
nous avons montrées devrait tout de même permettre une bonne mesure des capacités de
segmentation d’événements.
Une autre limite de cette tâche réside dans le calcul permettant d’obtenir le score des
participants. En effet, le score obtenu par un participant pour l’accord de segmentation n’est
pas indépendant du nombre de fois où il a segmenté la vidéo. Il existe un score maximum
pouvant être obtenu pour un nombre de frontières identifiées donné ; plus le nombre de
frontières est petit, plus le plafond est bas. D’autre part, une personne ayant appuyé un très
grand nombre de fois a plus de probabilité que les frontières qu’elle a identifiées coïncident
avec celles que les autres personnes ont marquées et donc son score minimum est plus élevé
que celui des participants ayant appuyé plus rarement. Les personnes ayant naturellement
segmenté grossièrement, et donc identifié peu de frontières sont donc automatiquement
« désavantagées » par ce calcul. Or d’un point de vue théorique, on ne peut affirmer qu’une
segmentation fine des vidéos témoigne de meilleures capacités de segmentation qu’une
segmentation grossière. Ce problème est particulièrement saillant dans notre échantillon
puisque nous n’avons pas contraint nos participants quant à la manière de segmenter (plutôt
finement ou plutôt grossièrement). L’étendue du nombre de frontières identifiées est donc très
large. Cette limite est problématique puisqu’elle induit un risque de sous-estimation des
capacités de segmentation pour les personnes qui segmentent naturellement grossièrement, et
un risque de surestimation pour ceux qui segmentent spontanément de manière fine. Il
faudrait donc appliquer au score d’accord de segmentation une correction qui permette de
prendre en compte ce phénomène.
Enfin, d’un point de vue plus conceptuel, rappelons que même si nous avons tenté de
rendre cette tâche la plus « écologique » possible, elle ne reproduit pas littéralement les
conditions du fonctionnement naturel du processus de segmentation dans la vie quotidienne.
La différence la plus évidente tient au fait que l’on demande aux participants d’effectuer la
segmentation des vidéos de façon explicite et intentionnelle alors que le processus de
segmentation d’événements se produit généralement de manière automatique et à un niveau
inconscient. Bien qu’il s’agisse d’une différence notable, l’étude en neuroimagerie
fonctionnelle de Zacks et collaborateurs (2001) suggère que les deux « modes » de
segmentation conduisent à l’identification de frontières identiques (ou du moins superposées).
La deuxième différence notable tient au fait que lors de la passation de cette tâche, la position
du participant est celle d’un observateur passif, dans le sens qu’il ne peut prendre part à
46
l’activité observée ni interagir avec la personne engagée dans l’activité. Dans la vie
quotidienne, cette situation pourrait correspondre au fait de regarder la télévision. La plupart
du temps néanmoins, nous sommes actifs et interagissons avec notre environnement. Ainsi, au
quotidien, la segmentation d’événements se fait en grande partie en rapport à notre propre
activité. Rappelons ici que le processus de segmentation d’événements est en étroite relation
avec l’identification des buts. Or, lorsque nous observons l’activité d’une tierce personne, ses
buts sont généralement inférés à partir des informations de mouvements, et il arrive que le but
ne soit pas identifiable (e.g., dans le cas d’une activité que nous ne connaissons pas). La fin de
l’activité est alors perçue grâce aux changements dans les caractéristiques de mouvements.
Dans le cas de notre propre activité, nous en connaissons généralement le but avant même de
nous y être engagés. C’est pourquoi il serait intéressant de comparer la tâche de segmentation
de vidéos à une évaluation de la segmentation d’événements basée sur l’activité propre de
l’individu, telle que l’entretien clinique que nous avons tenté d’élaborer.
Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements
Pour ce qui est de l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation, nos résultats
indiquent que l’indice d’identification claire des frontières ne permet pas d’évaluer les
capacités de segmentation d’événements comme nous le souhaitions. Pour autant, la consigne
de l’entretien clinique de segmentation remplit ses objectifs puisqu’elle nous a permis de
récolter des récits composés d’une série de souvenirs épisodiques. Notre problème se situe
donc au niveau de l’évaluation de ces productions en vue d’estimer les capacités de
segmentation. Nous avions choisi d’utiliser les marqueurs temporels comme indicateurs des
capacités d’identification des frontières des participants. Nous avons cependant constaté que
nombre d’entre eux n’en ont utilisé que très peu, malgré un récit fourni et qualitativement
bien structuré. À la lecture des retranscriptions, nous pouvions souvent identifier les différents
événements qui composaient le récit de façon aisée malgré l’absence de marqueurs temporels
les délimitant. Nous avions également décidé de tenir compte du nombre d’événements
rappelés. Le problème ici est que le calcul que nous avons effectué a pour conséquence de
rendre le score à l’indice d’identification claire des frontières inversement proportionnel au
nombre d’événements rappelé. Or un grand nombre d’événements rappelés tendrait plutôt à
indiquer que l’activité a bien été segmentée. Il sera donc nécessaire à l’avenir de trouver une
autre façon de coter ces récits afin d’estimer les capacités de segmentation des individus.
Tâche de reconnaissance d’images
Concernant la tâche de reconnaissance d’images, elle présente la même limite que la
tâche de segmentation de vidéos : la qualité des images est trop faible. Cela rend difficilement
47
identifiables une partie des objets présents dans les images, notamment ceux avec lesquels les
acteurs interagissent. Cela peut donc péjorer les performances des participants.
Par ailleurs, comme nous l’avons déjà évoqué, dans les images leurres l’acteur est
souvent engagé dans une activité qu’il a effectivement réalisée dans la vidéo et c’est la
présence/absence d’un objet qui constitue « l’erreur ». Or nous avons constaté que beaucoup
de nos participants se focalisaient sur l’action montrée dans l’image (exprimant des remarques
telles que « ça il l’a fait, mais ça aussi ») et que cela rendait donc la tâche particulièrement
difficile pour eux. Les consignes de la tâche n’indiquent pas de quelle nature sont les
différences entre les images leurres et les vidéos. Il se peut en revanche que cette tendance
observée chez nos participants soit induite par la passation antérieure de la tâche de rappel des
vidéos. En effet dans la consigne de celle-ci, il est clairement indiqué que ce sont les actions
de la personne qui doivent être rapportées. Cela peut également être renforcé par le fait que
durant la tâche de segmentation de vidéos, les participants se focalisent sur les actions
réalisées par les acteurs pour segmenter. Il serait peut-être pertinent d’ajouter au début de la
tâche de reconnaissance un exemple pour lequel la bonne réponse serait donnée, et qui
montrerait aux participants que l’indice permettant de distinguer l’image leurre de l’image
correcte peut être indépendant de ce qu’est en train de faire l’acteur.
Enfin, comme cela est illustré dans la Figure 4, les deux images constituant une paire
ne représentent la plupart du temps pas le même instant de la vidéo. La résolution d’une paire
ne peut donc pas s’effectuer par la comparaison des deux images. Au contraire, chaque image
doit être traitée séparément pour déterminer si elle est correcte ou non. On peut donc
s’interroger sur la pertinence d’effectuer une reconnaissance en choix forcé plutôt qu’une
reconnaissance oui/non.
4.2. Perspectives cliniques
Ce projet visait l’élaboration de tâches d’évaluation de la segmentation d’événements
qui puissent être utilisées en clinique. Nous l’avons vu, la tâche de segmentation de vidéos
devra encore recevoir quelques améliorations avant d’être exploitable. Par la suite, il faudra
aussi construire une « norme » sur la localisation des frontières qui servira de base pour le
calcul du score d’accord de segmentation. En effet, dans notre étude exploratoire comme dans
les travaux de Zacks et collaborateurs, le score de chaque participant ne pouvait être calculé
qu’après avoir récolté les données de tout l’échantillon, puisque ce score représente le degré
d’accord entre le participant et la totalité du groupe sur la localisation des frontières
d’événements. Dans un contexte clinique, le score d’un individu donné doit pouvoir être
48
obtenu directement. La tâche dans sa version finale devra donc être administrée à un
échantillon suffisamment large et représentatif pour constituer une « norme de segmentation »
à laquelle la segmentation d’un individu pourra être comparée (via le calcul de corrélation
bisérielle de point). Il sera également nécessaire de déterminer à partir de quel score d’accord
de segmentation des difficultés peuvent être soupçonnées.
Par ailleurs, l’évaluation des capacités de segmentation d’événements n’est qu’une
première étape dans la prise en compte de ce processus en contexte clinique. L’identification
de difficultés de segmentation devrait à terme pouvoir découler sur une prise en charge ciblant
ce processus. Les études soulevant l’importance de la segmentation d’événements et son lien
avec la mémoire épisodique sont très récentes, et la question de la revalidation n’a encore été
que peu adressée. Kurby et Zacks (2011) ont tenté d’améliorer la segmentation d’événements
chez leurs participants en leur demandant de décrire l’activité qu’ils observaient pendant
qu’ils effectuaient une tâche de segmentation de vidéos. Les auteurs faisaient l’hypothèse que
le fait de décrire l’activité augmenterait l’activation des modèles d’événements et l’influence
top-down des connaissances antérieures sur le traitement perceptif, menant à de meilleures
performances tant pour la segmentation que pour la mémoire des événements de la vidéo. Ils
ont donc comparé les performances d’un groupe effectuant la tâche en décrivant les actions à
un groupe « silencieux ». Les résultats n’ont pas confirmé leur hypothèse : la description
n’avait aucun effet sur la mémoire et concernant la segmentation, le groupe « silencieux »
obtenait un meilleur score d’accord que celui ayant décrit lorsque la vidéo avait été segmentée
finement. L’effet inverse était observé pour la segmentation grossière, mais seulement chez
les participants jeunes. La description ne semble donc pas être une piste concluante pour
améliorer la segmentation. La segmentation devrait peut-être être plus directement ciblée, en
indiquant durant le visionnement les instants où un événement se termine et un autre
commence (par une courte coupure de la vidéo ou un signal sonore par exemple) et en
estompant progressivement ces indices. On pourrait également proposer aux personnes non
pas de décrire les actions, mais d’en identifier explicitement les buts et de relever les instants
où un but a été atteint/abandonné.
Cependant, compte tenu des différences déjà évoquées entre le processus de
segmentation mis en jeu au quotidien et la segmentation consciente et volontaire d’une vidéo,
il serait à craindre qu’une intervention portant sur la segmentation de vidéos ne conduise pas à
une généralisation dans la vie quotidienne. D’autres pistes d’interventions devraient donc être
explorées. En particulier, il est possible qu’un des phénomènes liés à la péjoration des
performances de segmentation d’événements dans la vie quotidienne soit une diminution de
49
l’attention portée sur les buts ou de l’association entre le comportement et les buts. Dans ce
cadre, une intervention inspirée du Goal Management Training (Robertson, 1996) pourrait
être élaborée. En effet cette intervention soutient la prise en compte des objectifs et sous-
objectifs des tâches complexes et encourage à vérifier si le but est ou non atteint.
L’implémentation de certains aspects de cette intervention dans la vie quotidienne, tels que le
fait de définir clairement le but de sa propre activité et de contrôler explicitement
l’avancement vers le but pourrait soutenir le processus de segmentation.
4.3. Conclusion
La segmentation d’événements est un processus essentiel de la perception et est
fortement impliqué dans le fonctionnement de la mémoire épisodique. Pourtant, aucune
procédure d’évaluation de la segmentation d’événements exploitable et clinique n’existe à ce
jour. Ce projet de recherche visait à combler ce vide. Deux tâches d’évaluation ont été
élaborées dans ce but et l’une d’entre elles, la tâche de segmentation de vidéos, montre des
résultats prometteurs. Elle devra encore subir des modifications et faire l’objet de nouvelles
études à des fins de validation et d’élaboration de normes avant d’être réellement
opérationnelle, mais ce projet a d’ores et déjà permis une certaine avancée dans la création
d’un outil clinique exploitable. La question de la cotation de l’entretien clinique d’évaluation
de la segmentation doit quant à elle encore être explorée.
50
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54
Annexes
Annexe I : Consignes d’administration de la tâche de segmentation de vidéos ...................... 55!Annexe II : Consigne d’administration de l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation
d’événements ........................................................................................................................... 58!Annexe III : Grille d’évaluation associée à l’entretien clinique d’évaluation de la
segmentation d’événements ..................................................................................................... 59!Annexe IV : Exemple d’une réponse à l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation
d’événements ........................................................................................................................... 61!Annexe V : Consignes d’administration de la tâche de rappel des vidéos .............................. 62!Annexe VI : Grilles d’évaluation de la tâche de rappel des vidéos ......................................... 63!Annexe VII : Exemple d’une réponse à la tâche de rappel des vidéos .................................... 75!Annexe VIII : Consignes d’administration de la tâche de reconnaissance d’images .............. 76!Annexe IX : Histoires A et B de la MEM-IV .......................................................................... 77!Annexe X : Echelle de Préférence de Routinisation (EPR) ..................................................... 78!Annexe XI : Hospital Anxiety and Depression scale (HAD) .................................................. 79!Annexe XII : Version courte du Questionnaire d’auto-évaluation de la mémoire (QAM) ..... 81!Annexe XIII : Formulaire de consentement ............................................................................. 83!Annexe XIV : Tableau des corrélations ................................................................................... 85!
55
Annexe I : Consignes d’administration de la tâche de segmentation de vidéos
Les consignes ci-dessous sont à lire à haute voix avec le participant. Une activité peut être décomposée en différents événements distincts. Par exemple, l’action de « bouillir de l’eau » peut être décomposée comme ceci :
Ou encore de cette façon :
Il existe donc différentes façons de décomposer une action. Ici, nous nous intéressons à vos préférences personnelles au sujet de la façon dont des activités familières devraient être décomposées. Nous allons vous présenter plusieurs séquences vidéo montrant des personnes engagées dans diverses activités. Chaque film représente une activité. Votre tâche consiste à décomposer chaque film en identifiant les différents événements qui composent l’activité que vous êtes en train de regarder. Pour ce faire, vous devrez marquer le passage d’un événement à un autre en appuyant sur la barre ESPACE. Ainsi, durant le visionnement d’un film, dès que vous aurez le sentiment qu’un événement se termine (p. ex., « l’eau est dans le récipient ») et qu’un autre commence (p. ex., « la personne appuie sur le bouton de démarrage »), vous devrez marquer la transition entre ces événements en appuyant sur la barre ESPACE. Vous allez pouvoir vous exercer avant de commencer la tâche. Avez-vous des questions ? Enfin, sachez qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse.
56
Vous allez maintenant pouvoir vous entraîner à décomposer une activité en sous-événements qui la composent. Pour rappel, nous allons vous présenter une courte séquence vidéo. Durant le visionnement de ce film, vous devrez appuyer sur la barre ESPACE dès que, selon vous, un événement se termine et un autre commence. Demander au participant d’expliquer avec ses propres mots ce qu’on lui demande de faire. Réexpliquer la consigne s’il est apparent qu’il ne l’a pas comprise.
Si le participant a appuyé au moins deux fois sur la barre ESPACE durant la vidéo d’entraînement, le laisser continuer la tâche. Sinon, recommencer depuis le début. Au cas où le participant échouerait à appuyer au moins deux fois sur la barre ESPACE durant le deuxième visionnement de l’entraînement, arrêter la passation de cette tâche. L’entraînement est terminé. Avez-vous des questions ? Nous allons à présent vous présenter deux autres films. Nous vous demandons de faire la même chose que précédemment.
57
Appuyez sur ESPACE lorsque vous êtes prêt(e) à visionner le film suivant.
La tâche de segmentation est terminée.
58
Annexe II : Consigne d’administration de l’entretien clinique d’évaluation de la
segmentation d’événements
Entretien clinique d’évaluation de la Segmentation d’Événement (ESE) N° participant : _________ Date : _________________ Heure de passation de l’entretien : ________ Consignes d’administration À quelle heure vous êtes-vous levé(e) ce matin ?________ (heure A) D’accord, je vais vous demander de me raconter tout ce que vous avez fait durant les deux premières heures de la journée, donc entre (heure A) et (heure A + 2) ce matin. Vous pouvez me raconter toutes les choses que vous avez faites, même les choses les plus banales. Je vous demande seulement de me raconter ces événements dans l’ordre dans lequel ils se sont produits et avec le plus de détails possible – un peu comme si je vous avais filmé(e) avec une caméra et que vous deviez me raconter ce film dans les moindres détails. Allez-y. (Ne pas interrompre la tâche)
Incitation : Si le sujet ne donne que peu d’activités, reprendre les consignes en incitant à donner tous les détails, puis recommencer la tâche à zéro : Attention, je vous rappelle que vous devez me donner le plus de détails possible. Ce que vous me racontez est un peu trop général. Depuis votre réveil, qu’avez-vous fait exactement ?
Ne pas hésiter à faire répéter la consigne en entier en cas de doute sur la compréhension. Le sujet peut préciser si il a fait deux choses en même temps.
59
Annexe III : Grille d’évaluation associée à l’entretien clinique d’évaluation de la
segmentation d’événements
Grille d’évaluation associée à l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements
! Score de fluence d’événements Un événement est défini comme une action, une observation ou une pensée unique, tirée d’un contexte temporel pertinent et typiquement exprimée sous la forme d’une phrase grammaticale composée d’un sujet et d’un prédicat (e.g., « j’ai mangé un sandwich », « j’ai vu ma voisine sortir » ou « j’ai pensé que je devais encore sortir les poubelles »). Un point est attribué pour chaque événement rapporté par un participant. E.g., « J’ai mangé un sandwich. » = 1 point Un seul point est attribué :
- à un événement qui comprend plusieurs actions simultanées E.g., « J’ai bu mon café tout en écoutant la radio. » = 1 point
- lorsque plusieurs événements sont enchâssés E.g., « J’ai lavé la cuisine, la salle-à-manger et le salon. » = 1 point Aucun point n’est attribué :
- suite à une répétition d’un événement déjà rapporté E.g., « J’ai mis mes chaussons. J’ai ouvert mes volets. J’ai mis mes chaussons. » = 2 points
- lorsque l’événement décrit est externe au contexte temporel pertinent E.g., « Hier, mon fils est parti en vacances en Thaïlande. » = 0 point
- lorsqu’une information rapportée est de nature sémantique E.g., « Ma chambre est au deuxième étage. » = 0 point Lorsqu’un participant décrit un supra-événement et le décrit ensuite en rapportant plusieurs sous-événements, un point est attribué pour chaque sous-événement décrit mais aucun point n’est attribué au supra-événement. E.g., « J’ai préparé mon petit-déjeuner. C’est-à-dire que j’ai fait griller mon pain, j’ai préparé mon café… » = 2 points Pour chaque participant, un score de fluence d’événements est ensuite calculé en additionnant les points attribués pour chaque événement contenu dans leur récit.
60
! Nombre total de marqueurs temporels utilisés Un point est attribué pour chaque utilisation d’un marqueur temporel qui délimite clairement deux événements. E.g., à 07h15, avant, après, ensuite, entre-temps, 10 min avant, 10 min après, et puis, ça terminé, etc. Aucun point n’est attribué pour l’utilisation de marqueurs temporels qui ne délimitent pas clairement deux événements. E.g., « J’ai regardé par la fenêtre en buvant mon café. » E.g., « Je suis allée dans la cuisine boire un verre d’eau et puis prendre ma petite pilule. » Seulement un point est attribué lorsque plusieurs marqueurs temporels sont utilisés pour délimiter un même événement. E.g., « Je sais qu’après, je suis sortie, après avoir fini tout ce qui était nettoyage. » Un nombre total de marqueurs temporels utilisés est ensuite calculé pour chaque participant en additionnant les points attribués au récit de ce participant. ! Indice d’identification claire des frontières Pour chaque participant, le nombre total de marqueurs temporels utilisés est divisé par le score de fluence d’événements précédemment calculé. Le résultat de cette division permet d’obtenir un indice d’identification claire des frontières propre à chaque participant qui ne dépend pas de la longueur des récits. Le score obtenu se situe entre 0 (i.e., faibles capacités de segmentation) et 1 (i.e., bonnes capacités de segmentation). Indice d’identification claire des frontières = Nombre_ de_marqueurs_ temporels_utilisés
Score_ de_ fluence_ d 'événements
Exemple 1 : Je me suis levée à 07h30. J’ai été dans la cuisine pour boire un grand verre d’eau. Je suis ensuite montée dans ma salle-de-bain pour me laver. J’ai tout d’abord fait couler l’eau et puis je me suis déshabillée
Nombre total de marqueurs temporels utilisés (soulignés) = 4 Score de fluence d’événements = 5 Indice d’identification claire des frontières = 4/5 = 0.8
Exemple 2 : Je me suis levée à 07h30. J’ai été dans la cuisine pour boire un grand verre d’eau. Je me suis déshabillée et je me suis lavée dans la salle de bain.
Nombre total de marqueurs temporels utilisés (soulignés) = 1 Score de fluence d’événements = 4 Indice d’identification claire des frontières = 1/4 = 0.25
61
Annexe IV : Exemple d’une réponse à l’entretien clinique d’évaluation de la
segmentation d’événements
Heure de passation: 16:35 ; Deux premières heures de la journée : 07:30-09:30 Participant : Je me suis levée1 à 07h30. Moi je vis dans un studio. Je suis allée1 mettre la radio. Je fais toujours ça en me levant le matin. Ensuite, je suis allée boire un verre d’eau. Je suis allée dans la cuisine boire un verre d’eau et puis prendre ma petite pilule1 que je dois prendre chaque matin. Ensuite, donc je ne me suis pas encore habillée, rien. Je suis allée, j’ai ouvert1 le store. J’ai regardé par la fenêtre1 quel temps il faisait tout en écoutant la radio. Ensuite, je suis allée me préparer1 mon café. Je suis allée me toaster1 un toast. Il faut dire que j’étais malade hier. J’ai pas beaucoup mangé, donc j’avais pas faim, donc j’ai essayé de manger quand même quelque chose. Mais j’ai pas mangé tout de suite. Entre-temps je suis allée1 aux toilettes. Et puis, ensuite j’ai pris mon petit-déjeuner. Et puis exceptionnellement, comme j’étais fatiguée quand même encore, je me suis assise1. Parce-que d’habitude, je le prends toujours debout. Et puis, ensuite… Après le petit déjeuner, j’ai rangé1 mon assiette. Evaluateur : Est-ce que vous pouvez me donner un petit peu plus de détails sur le petit déjeuner ? Participant : Ah le petit déjeuner, bien sûr ! J’ai bu1 une tasse de café et j’ai mangé1 un toast que j’ai beurré1 et avec du miel dessus et puis que j’ai coupé1 en petits morceaux… le pain. Et puis j’ai essayé de mâcher1 le plus possible pour ne pas avoir trop d’ennuis digestifs. Ensuite, j’ai dû aller… je suis retournée1 sur mon lit et puis je me suis massée1 les pieds, surtout les coussinets des doigts de pieds. Je fais de la réflexologie. Avant je me suis mouchée1. Alors je me suis massée les pieds. Ça dure une demi-heure. Et puis, ensuite, je me suis relevée1. J’ai dû aller1 me doucher. Et puis, voilà… ça fait un quart d’heure, 20 minutes. Je me suis habillée1, coiffée1 et cetera, crémée1. Qu’est-ce que j’ai fait encore ? (…) Bon, une fois une fois que j’étais habillée et crémée, je me souviens que je suis allée1 sur le balcon parce-que il y a des ouvriers qui étaient en train de couper des arbres devant la propriété. Je suis allée… Ah ouais, je suis allée1 à l’ordinateur. En général, le matin quand je suis à la maison, voilà, à l’ordinateur, je regarde des résultats de tennis. Je regarde le programme de radio-TV. Je lis les titres de la tribune et j’ouvre ma messagerie. Et puis je réponds. J’ai dû répondre1 à quelqu’un. Ensuite, j’ai tout fermé1. Et puis, qu’est-ce que j’ai fait jusqu’à 09h30. C’est bizarre. Ouais, qu’est-ce que j’ai fait ? Je ne suis pas sortie. Ouais, je suis sortie à 10h45. Qu’est-ce que j’ai fait dans l’intervalle ? Je suis allée chercher1 le courrier et j’ai lu1 le journal. (…) pff qu’est-ce que j’ai fait ce matin ? Ah oui, oui, bien sûr ! J’ai dû téléphoner1 au médecin. A l’assurance d’abord1, ensuite au médecin. C’est ce que j’ai fait entre 09h00 et 09h30. Et puis, voilà. Score de fluence d’événements : 31 (1) ; N de marqueurs temporels : 19 (mots soulignés) Indice d’identification claire des frontières : 19/31 = 0.613 Score de chronologie du récit : 2
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Annexe V : Consignes d’administration de la tâche de rappel des vidéos
Préparation du petit-déjeuner : J’aimerais que vous me racontiez tout ce qui s’est passé dans la vidéo du petit déjeuner, en essayant vraiment de me donner le plus de détails possible sur tout ce que la personne a fait. Faire répéter la consigne si nécessaire. Allez-y. Laisser au minimum 2 minutes et si nécessaire, inciter à récupérer davantage de détails. Critère d’arrêt : 4 minutes Préparation de la fête : J’aimerais maintenant que vous me racontiez tout ce qui s’est passé dans la vidéo de la préparation de la fête, en essayant vraiment de me donner le plus de détails possible sur tout ce que la personne a fait. Faire répéter la consigne si nécessaire. Allez-y. Laisser au minimum 2 minutes et si nécessaire, inciter à récupérer davantage de détails. Critère d’arrêt : 4 minutes
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Annexe VI : Grilles d’évaluation de la tâche de rappel des vidéos
Grille d’évaluation pour le rappel des informations contenues dans la vidéo
de la préparation du petit-déjeuner Evénéments généraux Dans la liste des événements généraux, un point (1) est attribué lorsqu’un événement général est correctement rappelé ou lorsqu’un événement détaillé et constituant une étape d’un événement général est correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « elle s’est versée du lait dans un verre » pour « elle s’est versée du jus d’oranges dans un verre »), un point (1) est tout de même attribué à l’événement général correct correspondant. Le score total de rappel des événements généraux est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus.
1 Elle entre.
2 Elle se lave les mains.
3 Elle prépare une poêle.
4 Elle sort des aliments du frigo.
5 Elle prépare du pain.
6 Elle prépare un verre de jus de fruits.
7 Elle prépare un œuf.
8 Elle prépare assiette + couverts.
9 Elle prépare un « fruit ».
10 Elle range.
11 Elle sort (avec son assiette et son verre).
Score total de rappel des événements généraux :
Evénements détaillés Dans la liste des événements détaillés, un point (1) est attribué pour chaque événement détaillé correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « elle s’est versée du lait dans un verre » pour « elle s’est versée du jus d’oranges dans un verre »), un point (1) et une erreur (X) sont attribués à l’événement détaillé correct correspondant. En cas d’ajout (i.e., rappeler un événement qui ne peut pas être associé à un événement montré dans la vidéo), un point (1) est ajouté dans la case « ajouts ». Le score total de rappel des événements détaillés est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus. Le score total d’erreurs est calculé en additionnant toutes les erreurs et tous les ajouts.
1 Elle entre dans la cuisine par la droite.
64
2 Elle va à l’évier/lavabo.
3 Elle prend du savon.
4 Elle ouvre le robinet.
5 Elle se lave les mains.
6 Elle ferme l’eau.
7 Elle secoue ses mains.
8 Elle se sèche les mains avec le linge qui est accroché à la barre du
four/de la cuisinière.
9 Elle va vers le gauche de la cuisine.
10 Elle ouvre un placard en bas.
11 Elle se penche.
12 Elle prend une poêle.
13 Elle se redresse.
14 Elle va déposer la poêle sur la droite de la cuisinière.
15 Elle appuie sur le bouton pour allumer le feu sur la plaque de gauche.
16 Elle déplace la poêle sur la plaque qu’elle a allumée.
17 Elle se dirige vers le frigo.
18 Elle ouvre le frigo.
19 Elle sort une boîte d’œufs (12) .
20 Elle sort un sachet de pain toast.
21 Elle pose les œufs sur le comptoir.
22 Elle pose le sachet de pain à gauche devant le mini-four.
23 Elle retourne dans le frigo.
24 Elle prend le beurre.
25 Elle referme le frigo.
26 Elle pose le beurre sur le comptoir à côté des œufs.
27 Elle va vers le sachet de pain.
28 Elle ouvre le sachet de pain .
29 Elle sort une tranche de pain.
30 Elle ouvre le mini-four.
31 Elle met la tranche de pain dans le mini-four (sur une grille).
32 Elle ferme le mini-four.
33 Elle allume le mini-four.
34 Elle referme le sachet de pain en le faisant tourner puis avec une
attache.
65
35 Elle repart vers le frigo avec le sachet de pain.
36 Elle ouvre le frigo.
37 Elle pose le sachet de pain dans le frigo.
38 Elle prend une brique de jus de fruits.
39 Elle referme le frigo.
40 Elle part sur la gauche avec la brique de jus de fruits.
41 Elle pose la brique de jus de fruits et en même temps elle ouvre un
placard en haut.
42 Elle sort un verre.
43 Elle pose le verre sur le comptoir en fermant le placard.
44 Elle prend la brique de jus de fruits.
45 Elle secoue la brique de jus de fruits.
46 Elle ouvre la brique de jus de fruits.
47 Elle verse du jus de fruits dans le verre.
48 Elle referme la brique de jus de fruits en repartant à droite.
49 Elle ouvre le frigo.
50 Elle remet la brique de jus de fruits dans le frigo.
51 Elle referme le frigo.
52 Elle repart sur la gauche.
53 Elle ouvre un placard en haut à gauche (celui de droite).
54 Elle prend un bol.
55 Elle referme le placard.
56 Elle pose le bol sur le comptoir, à droite des œufs.
57 Elle ouvre un tiroir.
58 Elle sort une fourchette.
59 Elle referme le tiroir.
60 Elle ouvre la poubelle (sous le tiroir).
61 Elle ouvre la boîte d’œufs.
62 Elle prend un œuf.
63 Elle referme la boîte d’œufs.
64 Elle pose la fourchette sur le comptoir.
65 Elle casse l’œuf dans le bol.
66 Elle jette la coquille d’œuf.
67 Elle referme la poubelle.
68 Elle prend la fourchette.
66
69 Elle brasse l’œuf avec la fourchette.
70 Elle laisse la fourchette dans le bol.
71 Elle ouvre un tiroir.
72 Elle prend une spatule.
73 Elle ferme le tiroir.
74 Elle déballe le beurre.
75 Elle coupe un morceau de beurre avec la spatule.
76 Elle remballe le beurre.
77 Elle pose le beurre sur la boîte d’œufs.
78 Elle prend le bol.
79 Elle part vers la cuisinière.
80 Elle pose le bol à côté de la cuisinière.
81 Elle met le beurre dans la poêle.
82 Elle le remue.
83 Elle penche la poêle.
84 Elle pose la spatule.
85 Elle prend le bol.
86 Elle verse l’œuf dans la poêle.
87 Elle racle le bord du bol avec la fourchette.
88 Elle pose le bol à côté de la cuisinière avec la fourchette dedans.
89 Elle repart sur la gauche.
90 Elle ouvre un placard à gauche (deuxième en partant de la droite).
91 Elle sort une assiette.
92 Elle ferme le placard en posant l’assiette devant le mini-four.
93 Elle ouvre un tiroir.
94 Elle reprend l’assiette.
95 Elle prend des couverts dans le tiroir.
96 Elle pose l’assiette sur la gauche du comptoir en refermant le tiroir.
97 Elle pose les couverts dans l’assiette.
98 Elle se tourne et ouvre le mini-four.
99 Elle sort la tranche de pain.
100 Elle pose la tranche de pain sur l’assiette.
101 Elle déplace l’assiette et le verre de jus de fruits.
102 Elle prend la boîte d’œufs avec le beurre dessus.
103 Elle va vers le frigo.
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104 Elle ouvre le frigo.
105 Elle range les œufs.
106 Elle range le beurre.
107 Elle referme le frigo.
108 Elle va vers la cuisinière.
109 Elle prend la spatule.
110 Elle brasse l’œuf dans la poêle.
111 Elle éteint le gaz.
112 Elle brasse encore l’œuf.
113 Elle prend la poêle.
114 Elle part vers le comptoir.
115 Elle verse l’œuf dans l’assiette avec la spatule.
116 Elle part vers l’évier.
117 Elle met la poêle dans l’évier.
118 Elle recule.
119 Elle ferme le mini-four.
120 Elle va vers le frigo.
121 Elle ouvre le frigo.
122 Elle prend une boîte contenant « un fruit ».
123 Elle ouvre la boîte en allant vers l’évier.
124 Elle en sort « un fruit ».
125 Elle ferme la boîte et la pose à côté de l’évier.
126 Elle ouvre le robinet.
127 Elle rince « un fruit ».
128 Elle ferme le robinet.
129 Elle égoutte « un fruit ».
130 Elle revient vers le comptoir.
131 Elle pose « un fruit » dans l’assiette.
132 Elle repart au fond.
133 Elle prend le bol à côté de la cuisinière.
134 Elle met le bol dans l’évier.
135 Elle prend la boîte.
136 Elle part vers le frigo.
137 Elle ouvre le frigo.
138 Elle pose la boîte.
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139 Elle ferme le frigo.
140 Elle va vers le comptoir.
141 Elle prend l’assiette et le verre.
142 Elle contourne le comptoir.
143 Elle sort du champ du côté gauche.
Ajouts
Score total de rappel des événements détaillés :
Score total d’erreurs :
69
Grille d’évaluation pour le rappel des informations contenues dans la vidéo de la préparation de la fête
Evénéments généraux Dans la liste des événements généraux, un point (1) est attribué lorsqu’un événement général est correctement rappelé ou lorsqu’un événement détaillé constituant une étape d’un événement général est correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « il gonfle un ballon vert » pour « il gonfle un ballon blanc »), un point (1) est tout de même attribué à l’événement général correct correspondant. Le score total de rappel des événements généraux est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus.
1 Il entre.
2 Il vide le sachet sur la table.
3 Il met la table.
4 Il décore (garniture de table).
5 Il décore (guirlandes).
6 Il décore (ballons).
7 Il range.
8 Il sort.
Score total de rappel des événements généraux :
Evénements détaillés Dans la liste des événements détaillés, un point (1) est attribué pour chaque événement détaillé correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « il gonfle un ballon vert » pour « il gonfle un ballon blanc »), un point (1) et une erreur (X) sont attribués à l’événement détaillé correct correspondant. En cas d’ajout (i.e., rappeler un événement qui ne peut pas être associé à un événement montré dans la vidéo), un point (1) est ajouté dans la case « ajouts ». Le score total de rappel des événements détaillés est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus. Le score total d’erreurs est calculé en additionnant toutes les erreurs et tous les ajouts.
1 Il entre dans la pièce par la droite avec un sachet plastique à la main.
2 Il pose le sachet sur la table.
3 Il vide le contenu du sachet sur la table.
4 Il sort les assiettes.
5 Il pose les assiettes devant lui.
6 Il prend le paquet de serviettes.
70
7 Il ouvre le paquet de serviettes.
8 Il pose une serviette à la place au premier plan à droite.
9 Il pose une assiette à côté de la serviette.
10 Il se déplace vers le fond.
11 Il pose une serviette à la place suivante.
12 Il pose une assiette à côté de la serviette.
13 Il se déplace vers le fond.
14 Il pose une serviette à la place suivante.
15 Il pose une assiette à côté de la serviette.
16 Il va de l’autre côté de la table (à gauche).
17 Il pose une serviette à la place du fond à gauche.
18 Il pose une assiette à côté de la serviette.
19 Il se déplace vers nous.
20 Il pose une serviette à la place suivante.
21 Il pose une assiette à côté de la serviette.
22 Il se déplace vers nous.
23 Il pose une serviette à la place suivante.
24 Il pose une assiette à côté de la serviette.
25 Il prend les gobelets (de la main gauche) et pose les assiettes/serviettes
devant la chaise au premier plan.
26 Il sort les gobelets de leur emballage.
27 Il prend les couverts..
28 Il va sur la droite de la table.
29 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.
30 Il pose un couvert sur la serviette.
31 Il se déplace vers le fond.
32 Il pose un couvert sur la serviette.
33 Il pose un gobelet à côté de l’assiette (le gobelet tombe).
34 Il redresse le gobelet.
35 Il se déplace vers le fond.
36 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.
37 Il pose un couvert sur la serviette.
38 Il va de l’autre côté de la table (à gauche).
39 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.
40 Il pose un couvert sur la serviette.
71
41 Il se déplace vers nous.
42 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.
43 Il pose un couvert sur la serviette.
44 Il se déplace vers nous.
45 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.
46 Il pose un couvert sur la serviette.
47 Il se déplace un peu vers la droite et met les couverts qui restent dans
le gobelet.
48 Il pose le gobelet sur la table.
49 Il prend un emballage.
50 Il l’ouvre.
51 Il en sort une garniture de table.
52 Il se déplace vers le fond.
53 Il ouvre/déplie la garniture de table.
54 Il fixe la garniture de table.
55 Il pose la garniture de table au milieu de la table.
56 Il revient à l’avant de la table.
57 Il prend un rouleau de guirlande (foncé) et du scotch sur la table.
58 Il repose le ruban (foncé) sur la table.
59 Il coupe un morceau de scotch.
60 Il le colle au bout du ruban (foncé).
61 Il reprend le ruban (foncé).
62 Il se tourne vers la gauche et lève les bras.
63 Il colle le bout du ruban (foncé) au mur (hors-champ).
64 Il déroule le ruban (foncé) en allant à droite de la table.
65 Il pose le rouleau de ruban (foncé) sur la table.
66 Il prend l’escabeau à droite.
67 Il pose l’escabeau à l’angle droit de la table.
68 Il monte sur l’escabeau en reprenant le rouleau de guirlande.
69 Il fait passer le ruban (foncé) sur la lampe (branche qui est vers nous).
70 Il laisse le rouleau de ruban (foncé) se dérouler en tombant.
71 Il descend en reprenant le scotch sur la table.
72 Il coupe un morceau de scotch.
73 Il reprend le ruban (foncé).
74 Il va vers la droite (hors champ : il doit couper le ruban (foncé)).
72
75 Il jette le bout du ruban (foncé) en trop sur la table.
76 Il colle le bout du ruban (foncé) au mur (hors champ).
77 Il « range » le bout de ruban (foncé) sur la table.
78 Il prend un autre rouleau de ruban (vert) et le scotch.
79 Il coupe un morceau de scotch.
80 Il pose le rouleau de scotch sur la table.
81 Il colle le morceau de scotch au bout du ruban (vert).
82 Il retourne à droite.
83 Il colle le ruban (vert) au mur.
84 Il laisse le ruban (vert) se dérouler jusqu’au sol.
85 Il passe le premier ruban (foncé).
86 Il remonte sur l’escabeau .
87 Il passe le ruban (vert) par dessus la lampe.
88 Il lâche le ruban (vert).
89 Il redescend de l’escabeau.
90 Il prend le scotch.
91 Il coupe un morceau de scotch.
92 Il pose le scotch sur la table.
93 Il reprend le bout du ruban (vert).
94 Il va vers la gauche.
95 Il colle le ruban (vert) au mur.
96 Il revient vers la droite de la table.
97 Il prend un autre emballage et le scotch.
98 Il prend l’escabeau.
99 Il part au fond de la pièce (par la droite de la table).
100 Il pose l’escabeau devant la gauche de la fenêtre.
101 Il sort une guirlande de l’emballage.
102 Il la regarde.
103 Il la retourne.
104 Il coupe un morceau de scotch.
105 Il pose le scotch sur le bord de la fenêtre.
106 Il le colle au bout de la guirlande.
107 Il pousse un peu l’escabeau.
108 Il monte sur l’escabeau.
109 Il colle le bout de la guirlande au dessus de la fenêtre.
73
110 Il redescend de l’escabeau.
111 Il déplace l’escabeau en tenant la guirlande de la main gauche.
112 Il pose l’escabeau devant l’étagère.
113 Il reprend le scotch.
114 Il en coupe un morceau.
115 Il repose le scotch.
116 Il monte sur l’escabeau.
117 Il tend et plaque la guirlande contre le mur.
118 Il la colle au dessus de l’étagère.
119 Il laisse pendre un bout.
120 Il redescend de l’escabeau.
121 Il prend l’escabeau.
122 Il prend l’emballage de la dernière guirlande.
123 Il revient vers l’avant.
124 Il pose l’escabeau sur la droite (hors champ).
125 Il pose l’emballage sur la table.
126 Il sort les ballons du sac en plastique.
127 Il prend un ballon (orange).
128 Il souffle dans le ballon (orange).
129 Il inspire.
130 Il souffle dans le ballon (orange).
131 Il fait un nœud.
132 Il pose le ballon (orange) sur la table en prenant un autre ballon
(blanc).
133 Il souffle dans le ballon (blanc).
134 Il inspire.
135 Il souffle dans le ballon (blanc).
136 Il fait un nœud.
137 Il pose le ballon (blanc) sur la table.
138 Il en prend un autre ballon (violet).
139 Il souffle dans le ballon (violet).
140 Il inspire.
141 Il souffle dans le ballon (violet).
142 Il fait un nœud.
143 Il pose le ballon (violet) sur la table.
74
144 Il en prend un autre ballon (turquoise).
145 Il souffle dans le ballon (turquoise).
146 Il inspire.
147 Il souffle dans le ballon (turquoise).
148 Il fait un nœud.
149 Il pose le ballon (turquoise) sur la table.
150 Il prend un emballage sur la table.
151 Il met l’emballage dans le sachet plastique.
152 Il prend les assiettes et gobelets en trop.
153 Il met les assiettes et les gobelets en trop dans le sachet plastique.
154 Il prend le bout de ruban coupé.
155 Il met le bout de ruban coupé dans le sachet plastique.
156 Il prend l’emballage de la troisième guirlande.
157 Il met l’emballage de la troisième guirlande dans le sachet plastique.
158 Il prend le scotch et un autre emballage plastique.
159 Il met le scotch et un autre emballage plastique dans le sachet
plastique.
160 Il prend le sachet plastique.
161 Il sort de la pièce par le côté droit.
Ajouts
Score total de rappel des événements détaillés :
Score total d’erreurs :
75
Annexe VII : Exemple d’une réponse à la tâche de rappel des vidéos
Vidéo 1
Participant : Elle est allée se laver les mains, d’abord. Après elle est allée au frigidaire, je pense. Après, elle a sorti des ingrédients, des œufs en particulier. Elle est allée aussi dans un placard chercher du pain. Elle a mis du pain grillé. Elle s’est servie un jus de fruits. Elle a battu un œuf, je pense, un œuf. Entre temps, elle avait mis la poêle à frire sur la plaque chauffante et elle a coupé du beurre qu’elle a mis sur la plaque chauffante euh dans la poêle, pardon. Elle a versé son œuf battu dans la poêle. Elle a mis bien sûr… Elle a peut-être bougé un peu le bouton du chauffage. Après, qu’est-ce qu’elle a fait ? Bin, elle s’est versée son œuf brouillé dans son assiette. Elle a pris le pain grillé. Et elle est partie avec son verre de jus de fruits et son assiette. Evaluateur : Avez-vous d’autres détails qui vous reviennent sur ce que la personne a fait dans la vidéo ? Participant : Bin je pense qu’elle a ouvert un tiroir à un moment donné en plus. Elle est retournée poser la plaque dans l’évier. (…) Elle a rangé les œufs dans le frigidaire. Elle a évidemment éteint la plaque chauffante avant de se servir. Je pense que…
Vidéo 2
Participant : La personne entre avec un petit sac et elle sort des assiettes en carton, des serviettes. Donc, elle met une sorte de couvert. Et ensuite, elle sort, je ne sais pas ce que c’est, une espèce d’oiseau là, vous savez, qui décore la table. Et après, il va chercher l’escabeau. Il monte sur l’escabeau. Il tire des guirlandes qu’il accroche au lustre. Et puis après, et bien je ne sais pas parce-qu’ on ne voit pas très bien. Et puis une autre partie. Il déplace l’escabeau. Il va le mettre vers la fenêtre. Et là, il met des guirlandes différentes qui sont plutôt des pictogrammes, ou je ne sais pas des images, le long de la fenêtre en haut. Et après, bon, il range l’escabeau. Il reprend son petit sachet et puis il repart… Evaluateur : Encore une fois, est-ce que vous vous souvenez de plus de détails par rapport à ce que la personne a fait dans la vidéo ? Participant : Ha oui ! Il avait mis des gobelets en carton.
76
Annexe VIII : Consignes d’administration de la tâche de reconnaissance d’images
Nous passons maintenant à la tâche suivante. Dans cette tâche, nous nous intéressons à votre capacité à identifier correctement les scènes des films que vous venez de voir. Pour chaque film, vous allez voir plusieurs séries de photos, présentées deux par deux à l’écran. Une photo sera placée à gauche de l’écran et l’autre se trouvera à droite. Une de ces photos est tirée du film que vous venez de voir, tandis que l’autre ne l’est pas. Votre tâche consiste à choisir la photo qui correspond à celle qui a été présentée dans le film que vous venez de voir, en utilisant les touches X et N du clavier. Si la photo correcte se trouve à gauche de l’écran, appuyez sur la touche X. Si la photo correcte se trouve à droite de l’écran, appuyez sur la touche N. Essayez de répondre le plus rapidement et correctement possible.
La tâche de reconnaissance est terminée.
77
Annexe IX : Histoires A et B de la MEM-IV
Histoire A : Julie et Paul sont amis depuis trente ans. Ils se retrouvent tous les mardis au Café Gourmet pour déjeuner et ils vont ensuite se promener au Parc Monceau. Histoire B : Anne Boiron, du 20ème arrondissement de Paris, travaillant comme cuisinière dans une cantine scolaire, a raconté au poste de police de la mairie qu’elle avait été attaquée dans la rue la nuit précédente et qu’on lui avait volé cinquante-six euros. Elle avait quatre petits enfants, le loyer devait être payé, et ils n’avaient pas mangé depuis deux jours. Le policier, ému par l’histoire de cette femme, organisa une collecte pour elle.
78
Annexe X : Echelle de Préférence de Routinisation (EPR)
!N° participant : ……………………. Date : …. / …. / ….
EPR La liste suivante comprend un certain nombre d’affirmations. Lisez chacune d’elles puis, entourez le chiffre qui correspond le mieux à ce que vous avez l’habitude de faire ou d’éprouver.
Pas d
u to
ut v
rai
Un
peu
vrai
Moy
enne
men
t vr
ai
Souv
ent v
rai
Tout
à fa
it vr
ai
1. En général, je fais les mêmes choses chaque jour. 1 2 3 4 5
2. Je ne suis pas content(e) quand une personne que j’attends n’est pas à l’heure. 1 2 3 4 5
3. Je ne supporte pas qu’on change mes affaires de place. 1 2 3 4 5
4. J’aime les situations imprévues. 1 2 3 4 5
5. Je n’aime pas attendre quand c’est l’heure du repas. 1 2 3 4 5
6. J’aime bien bouger et changer d’activité. 1 2 3 4 5
7. Je n’aime pas qu’on me prenne ma place pour manger ou regarder la télévision. 1 2 3 4 5
8. Je préfère me lever et me coucher aux mêmes heures tous les jours. 1 2 3 4 5
9. J’aime bien sortir pour rencontrer de nouvelles personnes. 1 2 3 4 5
10. J’aime bien voir des émissions ou films nouveaux à la télévision. 1 2 3 4 5
Score total : / 50
79
Annexe XI : Hospital Anxiety and Depression scale (HAD)
N° participant : _________________ Date : _____________________
HAD De Zigmond et Snaith (1983)
Traduction française : Lépine (1985)
Lisez chaque question. Entourez le chiffre correspondant à la réponse qui exprime le mieux ce que vous avez éprouvé au cours de la semaine qui vient de s’écouler. Ne vous attardez pas sur la réponse à donner ; votre réaction immédiate à chaque question fournira probablement une meilleure indication de ce que vous éprouvez qu’une réponse longuement méditée.
1) Je me sens tendu(e) ou énervé(e) : A 3 La plupart du temps 2 Souvent 1 De temps en temps 0 Jamais 2) Je prends plaisir aux mêmes choses qu'autrefois : D 0 Oui, tout autant 1 Pas autant 2 Un peu seulement 3 Presque plus 3) J’ai une sensation de peur comme si quelque chose d’horrible allait m’arriver : A 3 Oui, très nettement 2 Oui, mais ce n’est pas trop grave 1 Un peu, mais cela ne m’inquiète pas 0 Pas du tout 4) Je ris facilement et vois le bon côté des choses : D 0 Autant que par le passé 1 Plus autant qu'avant 2 Vraiment moins qu'avant 3 Plus du tout
5) Je me fais du souci : A 3 Très souvent 2 Assez souvent 1 Occasionnellement 0 Très occasionnellement 6) Je suis de bonne humeur : D 3 Jamais 2 Rarement 1 Assez souvent 0 La plupart du temps
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7) Je peux rester tranquillement assis à ne rien faire et me sentir décontracté : A 0 Oui, quoi qu’il arrive 1 Oui, en général 2 Rarement 3 Jamais 8) J'ai l'impression de fonctionner au ralenti : D 3 Presque toujours 2 Très souvent 1 Parfois 0 Jamais 9) J’éprouve des sensations de peur et j’ai l’estomac noué : A 0 Jamais 1 Parfois 2 Assez souvent 3 Très souvent 10) Je ne m'intéresse plus à mon apparence : D 3 Plus du tout 2 Je n'y accorde pas autant d'attention que je le devrais 1 Il se peut que je n'y fasse plus autant attention 0 J'y prête autant d'attention que par le passé 11) J’ai la bougeotte et n’arrive pas à tenir en place : A 3 Oui, c’est tout-à-fait ça 2 Un peu 1 Pas tellement 0 Pas du tout
12) Je me réjouis d'avance à l'idée de faire certaines choses : D 0 Autant qu'avant 1 Un peu moins qu'avant 2 Bien moins qu'avant 3 Presque jamais 13) J’éprouve des sensations soudaines de panique : A 3 Vraiment très souvent 2 Assez souvent 1 Pas très souvent 0 Jamais 14) Je peux prendre plaisir à un bon livre ou à une bonne émission radio ou de télévision: D 0 Souvent 1 Parfois 2 Rarement 3 Très rarement
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Annexe XIII : Formulaire de consentement
RECHERCHE
Exploration du processus de segmentation d’événements Responsables du projet de recherche : Martial Van der Linden, Professeur ordinaire
Caroline Bendahan, Doctorante en psychologie (Dans ce texte, le masculin est utilisé au sens générique ; il comprend aussi bien les femmes que les hommes.)
INFORMATION AUX PARTICIPANTS ET CONSENTEMENT DE PARTICIPATION À LA RECHERCHE
Information aux participants Objectifs généraux de la recherche: Au quotidien, nous traitons de manière continue un nombre important d’informations, par exemple en lisant un livre, en discutant avec une personne ou encore en conduisant. Afin de bien gérer toutes ces informations, le cerveau segmente naturellement chaque événement en un certain nombre de petits résumés. Cette étude a pour objectif d’explorer ce processus de segmentation d’événements chez des adultes âgés de la population générale, au moyen de différents outils de mesure.
Procédure: Il s’agira pour vous d’effectuer une tâche sur un ordinateur et de répondre à un certain nombre de questions. Il s’agira également d’effectuer de courtes tâches évaluant les fonctions cognitives générales (par exemple : les capacités attentionnelles, langagières ou d’apprentissage), ainsi que de répondre à des questionnaires portant sur votre quotidien.
Il vous sera demandé si vous acceptez que la séance soit enregistrée (avec un enregistreur vocal). Cet enregistrement servira uniquement à faciliter la passation des tâches et la retranscription exacte de vos réponses. Il sera traité de manière anonyme et sera détruit aussitôt que la retranscription sera effectuée.
Protection des données : Conformément à la loi sur la sauvegarde des données, l'ensemble des données recueillies seront, dans un premier temps, gardées sous clef à l’Unité de Psychopathologie et Neuropsychologie Cognitive de l’Université de Genève. Elles seront ensuite archivées, et gardées durant 10 ans à compter de la fin de la récolte des données (hormis les enregistrements vocaux qui seront détruits dès la retranscription). L’anonymat est aussi bien garanti pendant la durée de l'étude qu’après. Les résultats seront utilisés à des fins scientifiques et seront publiés dans des revues ou des livres scientifiques.
Avantages et bénéfices pour les participants: En acceptant de participer à cette étude, vous contribuez à la recherche scientifique en psychologie. Si vous le souhaitez, nous pouvons vous faire parvenir par mail les résultats issus de l’étude dès que celle-ci sera
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publiée. Pour toute question, veuillez contacter Caroline Bendahan (par tél. : 0041 (0)22 379 93 52 ou par e-mail : [email protected]).
Inconvénients et risques éventuels pour les participants: aucun
Durée de l’expérience: Une seule séance d’environ 1h30 est prévue (avec une pause de 10 minutes, incluse)
!Sur la base des informations qui précèdent, je confirme mon accord pour participer à la recherche « Exploration du processus de segmentation d’événements », et j’autorise :
• l’utilisation des données à des fins scientifiques et cliniques et la publication des résultats de la recherche dans des revues ou livres scientifiques, étant entendu que les données resteront anonymes et qu’aucune information ne sera donnée sur mon identité ;
OUI NON
• l’utilisation des données!à des fins pédagogiques (cours et séminaires de formation d’étudiants ou de professionnels soumis au secret professionnel).
OUI NON
J’ai choisi volontairement de participer à cette recherche. J’ai été informé-e du fait que je peux me retirer en tout temps sans fournir de justifications et que je peux, le cas échéant, demander la destruction des données me concernant.
Ce consentement ne décharge pas les organisateurs de la recherche de leurs responsabilités. Je conserve tous mes droits garantis par la loi.
Prénom Nom
Date
Signature
ENGAGEMENT DU CHERCHEUR
L’information qui figure sur ce formulaire de consentement et les réponses que j’ai données au participant décrivent le projet dans sa globalité. À la fin de la séance, je m’engage à fournir au participant les détails décrivant avec exactitude le projet.
Je m'engage par ailleurs à procéder à cette étude conformément aux normes éthiques concernant les projets de recherche impliquant des participants humains, en application du Code d’éthique concernant la recherche au sein de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et des Directives relatives à l’intégrité dans le domaine de la recherche scientifique et à la procédure à suivre en cas de manquement à l’intégrité de l’Université de Genève.
Je m’engage à ce que le participant à la recherche reçoive un exemplaire de ce formulaire de consentement.
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