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Master Reference ノvaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche psychométrique ALLAMAN, Leslie Abstract La segmentation d’événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir le flux continu d’informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant composé d’événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de segmentation varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de mémoire épisodique. Pourtant, il n’existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce processus en clinique. Notre premier objectif a donc été d’élaborer deux tâches d’évaluation de segmentation d’événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos et un entretien clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d’explorer les liens entre nos mesures et les performances de mémoire épisodique... ALLAMAN, Leslie. ノvaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche psychométrique. Master : Univ. Genève, 2015 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:76140 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1 / 1

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Reference

Évaluation du processus de segmentation d'événements : élaboration

et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche

psychométrique

ALLAMAN, Leslie

Abstract

La segmentation d’événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir le flux

continu d’informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant composé

d’événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de segmentation

varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de mémoire épisodique.

Pourtant, il n’existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce processus en clinique. Notre

premier objectif a donc été d’élaborer deux tâches d’évaluation de segmentation

d’événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos et un entretien

clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d’explorer les liens entre nos

mesures et les performances de mémoire épisodique...

ALLAMAN, Leslie. Évaluation du processus de segmentation d'événements :

élaboration et exploration d'un canevas d'entretien clinique et d'une tâche

psychométrique. Master : Univ. Genève, 2015

Available at:

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ÉVALUATION DU PROCESSUS DE SEGMENTATION D’ÉVÉNEMENTS : ÉLABORATION ET EXPLORATION D’UN

CANEVAS D’ENTRETIEN CLINIQUE ET D’UNE TÂCHE PSYCHOMÉTRIQUE

MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS

PSYCHOLOGIE COGNITIVE

PSYCHOLOGIE CLINIQUE

PAR Leslie ALLAMAN

[email protected]

DIRECTEUR DU MÉMOIRE

Martial Van der Linden

JURY

Martial Van der Linden

Caroline Bendahan

Lucien Rochat

GENÈVE, août 2015

UNIVERSITÉ DE GENÈVE FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION

SECTION PSYCHOLOGIE

i

Remerciements Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui ont contribué, d’une façon

ou d’une autre, à l’accomplissement de ce projet.

Je remercie Caroline Bendahan pour l’encadrement et les conseils qu’elle nous a

fournis durant les deux années consacrées à la réalisation de cette recherche.

J’adresse également mes remerciements au Professeur Martial Van der Linden pour la

supervision de ce projet et pour tous les enseignements prodigués durant ma formation.

Je remercie aussi le Docteur Lucien Rochat pour sa participation en tant que juré de

soutenance.

Je remercie bien sûr Julien Leblond pour ces deux années de collaboration.

J’adresse mes sincères remerciements à toutes les personnes qui ont accepté de

participer à notre étude ainsi qu’à celles qui nous ont aidées dans la recherche de participants.

Je terminerai en remerciant ma famille et mes proches, pour leur présence et leur

soutien tout au long de ma formation.

ii

iii

Résumé La segmentation d’événements est le processus cognitif qui nous permet de percevoir

le flux continu d’informations sensorielles que nous recevons au quotidien comme étant

composé d’événements distincts. De récentes études ont montré que les capacités de

segmentation varient entre les individus et prédisent les performances à des tâches de

mémoire épisodique. Pourtant, il n’existe à ce jour aucune procédure pour évaluer ce

processus en clinique. Notre premier objectif a donc été d’élaborer deux tâches d’évaluation

de segmentation d’événements exploitables en clinique : une tâche de segmentation de vidéos

et un entretien clinique. Notre second objectif était de tester notre matériel et d’explorer les

liens entre nos mesures et les performances de mémoire épisodique. Nous les avons donc

administrées à 33 adultes âgés tout-venant. Les résultats sont prometteurs concernant la tâche

de segmentation de vidéos car ils montrent la même association entre segmentation

d’événements et mémoire épisodique que la version utilisée en recherche. En revanche,

aucun lien significatif n’a été mis en évidence entre la segmentation évaluée à l’aide de notre

entretien clinique et la mémoire épisodique.

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Table des matières

Préambule .................................................................................................................................. 1!1. Cadre théorique ...................................................................................................................... 2!

1.1. Définition d’un événement .................................................................................. 2!1.2. La segmentation d’événements ........................................................................... 3!

1.2.1. Théorie de la segmentation d’événements ................................................... 4!1.2.2. Evaluation de la segmentation ..................................................................... 6!1.2.3. Automaticité du processus de segmentation ................................................ 6!1.2.4. Niveaux de segmentation ............................................................................. 7!1.2.5. Segmentation et souvenirs ........................................................................... 8!

1.3. La mémoire épisodique ....................................................................................... 8!1.3.1. Définition ..................................................................................................... 8!1.3.2. Modèle de Conway .................................................................................... 10!

1.4. Le lien entre segmentation d’événements et mémoire épisodique ................... 13!1.4.1. Segmentation d’événements et mémoire des événements dans une

population âgée ......................................................................................... 14!1.4.2. La segmentation d’événements comme prédicteur unique et indépendant

de la mémoire des événements .................................................................. 15!1.4.3. La segmentation d’événements prédit la mémoire des événements dans les

premiers stades du vieillissement problématique ...................................... 16!1.5. Routinisation ..................................................................................................... 17!1.6 Problématique, objectifs et hypothèses théoriques ............................................ 18!

2. Méthodologie ....................................................................................................................... 19!2.1. Elaboration des tâches de segmentation ............................................................ 19!

2.1.1. Tâche de segmentation de vidéos ............................................................... 19!2.1.2. Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements ............ 24!

2.2. Méthodologie de l’exploration .......................................................................... 27!2.2.1. Participants ................................................................................................. 27!2.2.2. Matériel ...................................................................................................... 29!2.2.3. Procédure ................................................................................................... 33!2.2.4. Hypothèses opérationnelles ........................................................................ 34!

3. Résultats ............................................................................................................................... 35!3.1. Statistiques descriptives .................................................................................... 35!

vi

3.1.1. Consistance interne des questionnaires ...................................................... 35!3.1.2. Fidélité inter-juges ..................................................................................... 35!3.1.3. Distribution des scores ............................................................................... 36!

3.2. Statistiques exploratoires .................................................................................. 37!3.2.1. Agglomération des scores .......................................................................... 37!3.2.2. Corrélations ................................................................................................ 37!3.2.3. Analyse de régression linéaire multiple ..................................................... 38!

4. Discussion ............................................................................................................................ 39!4.1. Interprétation des résultats ................................................................................ 39!4.2. Limites et adaptations ....................................................................................... 44!4.2. Perspectives cliniques ....................................................................................... 47!4.3. Conclusion ........................................................................................................ 49!

Bibliographie ............................................................................................................................ 50!Annexes .................................................................................................................................... 54!

1

Préambule Au quotidien, nous sommes exposé à un flux continu d’informations sensorielles.

Nous sommes pourtant capables de segmenter ce flux et de le percevoir sous la forme d’un

certain nombre d’événements distincts. Cette capacité dépend d’un processus cognitif appelé

la segmentation d’événements, récemment mis en lumière dans la littérature scientifique. Il

s’agit d’un processus automatique et inhérent à la perception, qui sert de base à l’encodage

des événements en mémoire épisodique. En effet, plusieurs études ont dernièrement montré

que les capacités de segmentation d’un individu prédisaient ses performances à des tâches

évaluant la mémoire des événements, tant dans la population générale que chez des personnes

âgées présentant un vieillissement problématique (Bailey et al., 2013 ; Sargent et al., 2013)

L’altération des capacités de segmentation pourrait donc être à l’origine de certaines

difficultés mnésiques.

Les plaintes mnésiques font partie des plaintes cognitives les plus fréquemment

rapportées par les patients adultes, tant dans les cas de lésions cérébrales acquises (AVC,

trauma crânien) que lors du vieillissement cérébral. En tant que processus essentiel à un

encodage efficace en mémoire épisodique des événements de la vie quotidienne, la

segmentation d’événements devrait être évaluée par les cliniciens qui reçoivent des patients

faisant face à des difficultés mnésiques au quotidien. Pourtant, aucun test clinique n’existe à

l’heure actuelle pour mettre en évidence des troubles de la segmentation d’événements.

C’est pourquoi le premier objectif de ce projet de mémoire a été d’élaborer deux outils

d’évaluation de la segmentation d’événements : une tâche de segmentation de vidéos,

élaborée sur la base des travaux de Zacks et collaborateurs qui se servent de ce paradigme en

recherche, ainsi qu’un entretien clinique d’évaluation. Nous avons adapté la procédure de la

tâche utilisée en recherche afin de la rendre cliniquement exploitable. Nous souhaitions

également que notre tâche évalue la segmentation d’événements au plus proche possible de

son fonctionnement naturel. L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation

d’événements a quant à lui été construit dans le but d’être facilement administrable et de

permettre une estimation des capacités de segmentation d’un individu sur la base d’un

souvenir épisodique d’un événement personnellement vécu. Nous avons donc élaboré une

consigne et une grille d’évaluation associée permettant une appréciation des capacités de

segmentation.

Suite à l’élaboration des deux tâches, nous les avons explorées auprès d’une

population âgée tout-venant. Nous souhaitions étudier les liens potentiels qui pourraient

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exister entre elles et des tests psychométriques et questionnaires plus classiques de mémoire

épisodique. Nous avons également cherché à explorer le lien entre la segmentation

d’événements et la préférence pour la routinisation. Ce phénomène est lié au déclin cognitif

chez les personnes âgées (Bergua et al., 2006) et nous supposons qu’il pourrait également être

associé à la péjoration des capacités de segmentation.

Ce projet s’inscrit donc dans l’optique actuelle de créer des outils d’évaluation plus

adaptés, ciblant les processus sous-jacents au fonctionnement naturel de la mémoire

épisodique dans la vie quotidienne.

1. Cadre théorique

1.1. Définition d’un événement

D’un point de vue sensoriel, nous recevons des informations en provenance de notre

environnement de manière continue et dynamique. Pourtant, nous percevons ce flux

ininterrompu comme étant composé d’événements distincts. Zacks, Tversky et Iyer (2001,

p.10) définissent un événement comme étant « un segment de temps dans un lieu donné qui

est perçu par un observateur comme ayant un début et une fin ». Un événement est donc

largement défini par ses bornes. Par ailleurs, un événement typique implique généralement

« une activité humaine dirigée vers un but et de durée modeste » (Zacks, Speer, Swallow,

Braver & Reynolds, 2007, p.273).

La durée d’un tel événement est néanmoins variable : de quelques secondes (e.g.,

boire une gorgée d’eau) à quelques heures (e.g., passer une soirée avec des amis). Un

événement représentant une activité peut également être divisé en sous-événement et,

inversement, de courts événements successifs peuvent souvent être regroupés en un

événement plus global. Ces relations hiérarchisées entre segments de temps de différentes

mesures sont dites partonomiques. La nature partonomique des relations entre événement et

sous-événement implique que le début d’un événement global se superposera au début du

premier sous-événement qui le compose, et sa fin coïncidera avec la fin de son dernier sous-

événement. Par exemple, lors de la réalisation d’une recette de cuisine, l’engagement dans

l’activité globale « préparer un gâteau » ayant pour but « avoir un dessert prêt pour le repas de

ce soir » coïncidera avec le sous-événement « sortir les ingrédients du frigo », et la fin de

l’événement général, correspondant à la réalisation du but, coïncidera avec la fin de la sous-

activité « décorer le gâteau ». Cet exemple illustre une autre caractéristique d’un événement :

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il commence avec l’engagement en direction d’un but et se termine soit lors de la réalisation

de ce but, soit lors de son abandon (Conway, 2005).

1.2. La segmentation d’événements

La segmentation d’événements est le processus qui permet de percevoir le flux continu

des activités comme étant constitué d’événements signifiants (Zacks & Swallow, 2007). Deux

types d’informations peuvent servir de base pour identifier les frontières entre les événements

ou sous-événements signifiants distinct : les caractéristiques sensorielles et les structures de

connaissance d’événements (Zacks, 2004).

Si les indices sensoriels peuvent être de différentes natures (i.e., auditifs, visuels, etc.),

les mouvements semblent constituer des indicateurs particulièrement saillants. Par exemple,

lorsque l’on assiste à une course du 100 mètres, d’importants changements dans la quantité et

la qualité du mouvement se produisent lors du départ et lors de l’arrivée, permettant de

percevoir la période de la course comme un événement distinct. Ces indices sont suffisants

pour la perception d’une frontière, c’est-à-dire il n’est pas obligatoire d’avoir des

connaissances préalables sur l’activité observée pour que les changements de mouvements

permettent la segmentation. Dans l’exemple ci-dessus, il n’est pas nécessaire d’avoir déjà

assisté à une course ni de savoir qu’il s’agit d’un 100 mètres pour percevoir le départ et

l’arrivée de la course comme des frontières d’événement. C’est pourquoi ce mode

d’identification des frontières est considéré comme bottom-up.

Les structures de connaissance d’événements (ou schémas d’événements) contiennent

des informations acquises lors de précédentes occurrences d’une même activité, par

l’extraction des traits récurrents de cette activité. Elles permettent de segmenter les

événements via la reconnaissance de l’activité en cours et la prise en compte des étapes qui la

composent. En particulier, ces structures renferment des informations quant aux intentions et

aux buts d’une personne engagée dans une activité donnée. Par exemple, si l’on observe une

personne en train de frotter une vitre sale avec un chiffon, on identifiera probablement cette

activité comme le nettoyage de la vitre, ayant donc pour but qu’elle soit propre. L’instant où il

n’y aura plus de trace de saleté visible sur la vitre sera donc considéré comme la frontière de

fin de l’événement, et ce même si des variations dans les mouvements de la personne sont

observées durant l’activité (variations dans l’amplitude du mouvement de frottement, ajout de

produit nettoyant, etc.). Ce mode d’identification des frontières est dit top-down : il s’agit

d’un traitement dépendant de connaissances antérieures et qui module le traitement bottom-up

des indices sensoriels (Zacks, 2004).

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1.2.1. Théorie de la segmentation d’événements

La segmentation d’événements fait partie intégrante de la perception. Zacks et ses

collaborateurs (2007) expliquent que la perception est un processus hiérarchique : les

informations sensorielles brutes (en provenance du système nerveux périphérique) sont

traitées et transformées en représentations. Puis nous formons également des prédictions dites

perceptuelles, sous la forme de représentations du monde tel que l’on s’attend à ce qu’il soit

dans un futur proche. Ces représentations nous permettent d’anticiper le futur et de planifier

nos actions, plutôt que de simplement réagir à ce qui arrive. Les prédictions perceptuelles

apparaissent tard dans la chaîne de traitement de l’information, puisqu’elles ne peuvent être

créées qu’une fois que la représentation du monde actuel a été formée. Les auteurs décrivent

également la perception comme étant récurrente (les étapes de traitement tardives affectent le

flux de traitement des étapes antérieures) et cyclique (les prédictions perceptuelles sont en

permanence comparées avec ce qui se produit réellement, et le fruit de ces comparaisons

influence le traitement en cours). Basés sur ces caractéristiques de la perception, Zacks et

collaborateurs (2007) proposent la théorie de la segmentation d’événements.

Figure 1. Représentation schématique de la théorie de la segmentation d’événements (Event

Segmentation Theory – EST ; Zacks et al., 2007). Les flèches grises représentent le flux

d’informations entre les étapes de traitement. La flèche discontinue représente le mécanisme

de réinitialisation du modèle d’événement. La connexion entre les entrées sensorielles et les

modèles d’événements est interrompue par une « porte » car elle n’est effective que durant les

phases de réinitialisation du modèle d’événement.

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Le processus hiérarchique décrit ci-dessus est représenté par les éléments à gauche du

modèle illustré dans la Figure 1. Les entrées sensorielles sont transformées via un traitement

perceptif, qui génère des représentations multimodales ayant un contenu sémantique riche, et

intégrant des informations telles que l’identité, la localisation ou encore le comportement

d’une personne ou d’un objet. Le processus de traitement implique également la formation

des prédictions perceptuelles (ou informations futures prédites). Par exemple, la perception à

un instant donné d’un mouvement mène à une prédiction sur la future localisation de l’objet

en mouvement. De la même manière, une inférence sur les intentions actuelles d’une

personne mène à des prédictions quant à son futur comportement, ou à un niveau moins

abstrait ses futurs mouvements.

Zacks et ses collaborateurs (2007) proposent que le traitement perceptif est guidé par

des représentations, appelées modèles d’événements, qui biaisent le traitement du flux

sensoriel (cet effet est illustré par la flèche reliant les modèles d’événements au traitement

perceptif). Le modèle d’événement actif à un moment donné est une représentation

multimodale de « ce qui est en train de se passer », maintenue en mémoire de travail. Cet

élément de la théorie correspond au buffer épisodique proposé par Baddeley (2000). Les

modèles d’événements sont formés sur la base de schémas d’événements, qui sont des

représentations en mémoire sémantique (et donc à long terme). Ils stockent les informations

qui ont été extraites des occurrences précédentes des événements de même nature,

particulièrement la structure séquentielle de l’activité, et des informations concernant les buts

de l’acteur.

Comme nous l’avons précédemment évoqué, les prédictions perceptuelles servent à

anticiper et planifier ses actions afin de ne pas se contenter de réagir « après-coup » aux

stimulations de l’environnement. Il est donc fondamental que ces prédictions soient les plus

exactes possibles. Le modèle d’événement actif influence la formation des prédictions : s’il

n’est pas adéquat, la prédiction sera inexacte. Zacks et ses collaborateurs (2007) postulent

l’existence d’un mécanisme de détection d’erreurs, dont le rôle est de comparer les

prédictions avec ce qui se produit réellement, et de rectifier la situation en cas de divergence.

Ainsi, durant le déroulement d’un événement, les modèles d’événements guident la

formation des prédictions perceptuelles en influençant le traitement perceptif, et cette relation

est à sens unique : les entrées sensorielles comme le traitement perceptif n’ont pas d’effet sur

le modèle d’événement actif (c’est pourquoi la flèche les reliant est interrompue par une

« porte »). En effet, une fois qu’un modèle d’événement a été sélectionné, il représente

généralement bien le déroulement de l’action sur toute la durée de l’activité. En revanche,

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lorsque l’on atteint la fin d’une activité, ce qui va suivre devient moins prévisible, les erreurs

de prédiction augmentent, jusqu’au point où le mécanisme de détection d’erreurs réagit en

réinitialisant le modèle d’événement en cours (celui qui était actif est désactivé puisqu’il n’est

plus adéquat) et en permettant aux informations provenant des entrées sensorielles et du

traitement perceptif de guider la sélection d’un nouveau modèle d’événement (fermeture de la

« porte » dans le modèle). Selon la théorie de Zacks et collaborateurs (2007), c’est lors de ces

phases de changement de modèle actif qu’a lieu la segmentation. En d’autres termes, ce sont

ces brèves périodes de changement qui sont perçues comme les frontières entre les

événements.

1.2.2. Evaluation de la segmentation

Avant d’évoquer les études ayant examiné le processus de segmentation, il est

nécessaire de s’arrêter sur la procédure généralement utilisée pour son évaluation. Newtson a

proposé en 1973 un paradigme qui par la suite a été repris et adapté par Zacks et ses

collaborateurs dans de nombreuses études (. Il s’agit d’une tâche de segmentation de vidéos.

Concrètement, cette tâche consiste à montrer aux participants sur l’écran d’un ordinateur de

courtes vidéos (i.e., d’une durée de quelques minutes), représentant chacune une activité plus

ou moins familière (e.g., monter une tente, préparer un repas). Durant le visionnement, il est

demandé aux participants d’identifier les frontières d’événements en appuyant sur une touche

lorsque, selon eux, un événement porteur de signification se termine et un autre commence.

La segmentation d’événements est un processus résolument subjectif. Il semble donc

difficile de déterminer ce qu’est une segmentation correcte. Cependant, étant donné que dans

plusieurs études utilisant le paradigme de segmentation de vidéos, les participants montrent

un bon accord quant à la position des frontières entre les événements, et qu’un très bon accord

est également trouvé lorsqu’on analyse la segmentation effectuée par une même personne à

deux temps différents (Speer, Swallow, & Zacks, 2003), le fait de segmenter de la même

manière que les autres semble être un indicateur d’une bonne segmentation. Par conséquent,

dans les études utilisant la tâche de segmentation de vidéos pour évaluer les capacités de

segmentation d’événements, le niveau d’accord de segmentation d’un individu par rapport à

l’échantillon total est utilisé comme indice pour ses capacités de segmentation.

1.2.3. Automaticité du processus de segmentation

Le processus de segmentation d’événements se produit automatiquement et en général

à un niveau inconscient. Cela a été vérifié par Zacks et ses collaborateurs en 2001 à l’aide

d’une mesure indirecte, la neuroimagerie fonctionnelle. Ces auteurs ont présenté à leurs

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participants plusieurs vidéos montrant des personnes engagées dans des activités de la vie

quotidienne (e.g., faire la vaisselle). Ils ont mesuré l’activité cérébrale des participants durant

le visionnement à l’aide d’une IRM fonctionnelle. Après que les participants aient regardé

passivement les vidéos, ils les ont à nouveau visionnées mais cette fois avec la consigne de les

segmenter en identifiant les frontières entre événements qui leur paraissaient naturelles et

signifiantes. Les frontières identifiées explicitement par les participants ont servi ensuite de

marqueurs pour l’analyse des données issues de l’imagerie fonctionnelle. Les auteurs ont pu

observer que l’activité de certaines régions cérébrales était fortement liée à ces marqueurs.

Plus précisément, ces régions présentaient une augmentation d’activité transitoire débutant

quelques secondes avant la limite d’un événement, et culminant quelques secondes après. Le

fait que cette mesure ait été effectuée avant qu’il ne soit demandé aux participants de

segmenter les vidéos est fondamental : cela exclut un effet spécifique de la tâche et soutient

donc fortement l’idée que la segmentation d’événements a lieu automatiquement durant la

perception.

1.2.4. Niveaux de segmentation

Un événement donné peut être décomposé en sous-événements. Cela implique que la

segmentation puisse se produire à différents niveaux, de manière plus fine ou plus grossière.

Lorsqu’il est explicitement demandé à des participants de segmenter du matériel (des vidéos

ou des récits), le niveau de segmentation peut être manipulé en spécifiant la consigne. Pour

solliciter une segmentation fine, l’expérimentateur demandera au participant de marquer les

frontières entre les plus courts événements qu’il estime naturels et signifiants. A l’inverse, une

segmentation grossière résultera de l’identification des événements signifiants les plus longs,

représentant généralement un but global composé de plusieurs étapes. La théorie de la

segmentation d’événements postule que la segmentation se produit à plusieurs niveaux

simultanément (les frontières entre événements sont donc perçues selon plusieurs échelles),

mais que les individus ne prêtent attention qu’à un niveau de segmentation à la fois, selon les

instructions reçues dans un setting expérimental, et selon d’autres critères dans des situations

plus naturelles (Zacks et al., 2007). Les résultats de l’étude en imagerie fonctionnelle de

Zacks et collaborateurs (2001) décrite précédemment vont dans le sens de cette hypothèse.

Après le visionnement passif, les participants ont en fait segmenté deux fois les vidéos, une

fois avec la consigne de le faire finement, et l’autre fois grossièrement. Les deux niveaux de

segmentation ont produit des marqueurs correspondant à des augmentations transitoires

d’activation des mêmes régions cérébrales. Ces activations étaient plus fortes au niveau des

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marqueurs de segmentation grossière. Ce résultat est également cohérent avec la théorie de la

segmentation. En effet, même si l’incertitude et donc les erreurs de prédiction augmentent

entre deux sous-événements d’une même activité globale, une part de l’action reste

généralement prévisible. À l’inverse, lors d’un changement d’activité, l’observateur ne

dispose presque d’aucun indice pour prédire ce qui va suivre, et l’activation résultant de cette

incertitude est donc plus forte.

1.2.5. Segmentation et souvenirs

La segmentation d’événements étant un processus automatique faisant partie

intégrante de la perception, elle a nécessairement une influence sur l’encodage en mémoire

des informations perçues. On peut donc également s’attendre à ce que les représentations

récupérées en mémoire reflètent son fonctionnement. Williams, Conway et Baddeley ont mis

en évidence ce fait dans une étude de 2008. Ils ont demandé à leurs participants de rappeler, à

l’écrit, tout ce qu’ils pouvaient concernant leur trajet en direction de l’université le matin

même de la passation. Les participants avaient ensuite pour tâche de diviser ce qu’ils avaient

rappelé en unités qu’ils considéraient comme des souvenirs discrets. Les auteurs se sont

particulièrement penchés sur la nature des détails composant le début et la fin des événements

distincts identifiés par les participants. Ils ont constaté que les détails rapportés par les

participants pouvaient être distribués en quatre catégories : les actions (effectuées par le

participant ou un tiers), les pensées (réflexions ou opinions que le participant rapporte avoir

eu en tête), les sensations (perceptions sensorielles et sensations physiques) et les faits (détails

factuels liés au récit). Les auteurs ont observé que les segments identifiés par les participants

avaient une forte probabilité de débuter avec un détail de type action, et de se terminer avec

un fait. D’après les auteurs, cette structure Action-Fait des souvenirs reflète le fait que

l’organisation des détails en mémoire épisodique est largement déterminée par les buts qui ont

guidé le traitement de l’expérience vécue. Avant d’aller plus loin dans la description des liens

qui existent entre la segmentation d’événements et la mémoire épisodique, nous prendrons le

temps de mieux définir cette dernière.

1.3. La mémoire épisodique

1.3.1. Définition

La mémoire épisodique est une composante du système général de mémoire à long

terme (suivant l’approche des systèmes de mémoire multiples ; Schacter, Wagner, & Buckner,

2000), qui comprend également la mémoire sémantique, la mémoire procédurale, les

systèmes de représentation perceptive et la mémoire autobiographique. Elle permet le

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souvenir et la prise de conscience des événements personnellement vécus dans un contexte

spatial et temporel particulier (Van der Linden, 2014). Par extension, la mémoire épisodique

permet le voyage mental dans le temps, tant vers le passé lors de la récupération du souvenir

d’un événement vécu, que vers l’avenir lors de la constitution de projections mentales vers le

futur (i.e., la formation de représentations de ce que pourraient être nos expériences futures).

Le voyage mental dans le temps est associé à un état de conscience particulier, la conscience

autonoétique, qui désigne la capacité de se représenter mentalement et de prendre conscience

de ses expériences subjectives, en étant conscient du temps subjectif dans lequel ces

expériences se sont produites (Tulving, 2002 ; Van der Linden, 2014). La capacité de

voyager mentalement dans le temps est essentielle au sentiment d’identité et de continuité de

l’existence.

Pour qu’un contenu mnésique puisse être ressenti comme épisodique, quatre capacités

sont nécessaires (Klein, German, Cosmides, & Gabriel, 2004). La première est la capacité de

réfléchir sur ses propres états mentaux. La deuxième est le sentiment d’être la cause de ses

pensées et actions, que l’on nomme le sentiment d’agentivité personnelle. La troisième est le

sentiment de propriété personnelle, qui consiste à ressentir ses pensées et actions comme étant

à soi. Enfin, la dernière est la capacité de prendre conscience de la dimension temporelle de

ses propres expériences.

Plusieurs processus sont impliqués dans le fonctionnement de la mémoire épisodique.

Le premier d’entre eux est l’encodage. Van der Linden (2014, pp.211-212) définit l’encodage

comme « le processus par lequel les caractéristiques d’un stimulus ou d’un événement sont

traitées et converties en une trace mnésique ». Cette trace mnésique serait plus solide en cas

de traitement profond (i.e., sémantique) de l’information (Craik & Lockart, 1972).

L’encodage est également plus efficace et permet une récupération plus aisée lorsque le

traitement de l’information revêt un caractère distinctif, et que l’information encodée est

élaborée (i.e., une certaine quantité de traitement lui est accordée ; Lockart & Craik, 1990).

Plus concrètement, un encodage efficace repose sur l’utilisation d’un certain nombre de

stratégies d’optimisation de l’encodage, telles que l’organisation, l’extraction de la structure

ou la catégorisation du matériel à mémoriser (dans le cas d’un matériel au contenu signifiant),

l’imagerie mentale ou encore les procédés mnémotechniques (imposition d’une signification à

un matériel peu signifiant). À noter enfin que la trace mnésique ne contient pas uniquement

l’information cible, mais aussi le contexte dans lequel l’information a été mise en mémoire

(Van der Linden, 2014). Ce contexte constitue une caractéristique distinctive de l’information

cible et peut donc constituer un indice de récupération. La récupération permet d’accéder à la

10

trace mnésique correcte et également de déduire des informations utiles à partir de celle-ci

(Van der Linden, 2014). Selon le principe de spécificité d’encodage (Tulving, 1984) les

opérations mises en place lors de la récupération doivent être identiques à celles employées

lors de l’encodage pour que la récupération soit efficace. Autrement dit, pour qu’un indice de

récupération soit efficace, il doit contenir une information ayant été encodée et donc faisant

partie de la trace mnésique. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons

particulièrement au traitement de l’expérience vécue en référence aux buts personnels. C’est

pourquoi nous nous arrêterons sur le modèle du Self Memory System de Conway (2005), qui

est à ce jour une des conceptions les plus élaborées du fonctionnement de la mémoire

épisodique en lien avec l’identité et les buts de l’individu.

1.3.2. Modèle de Conway

Dans la conception de Conway (2005), la cognition et tout particulièrement la

mémoire sont guidées par les buts. Avant de présenter le modèle lui-même, il est nécessaire

de définir deux principes en compétition qui régissent le fonctionnement de la mémoire des

événements personnellement vécus. Le premier est le principe de correspondance, qui se

rapporte à l’exigence du stockage précis – proche de l’expérience vécue – des activités

récentes ou en cours, permettant de ne pas répéter des actions déjà effectuées (Conway,

Singer, & Tagini, 2004). Ce principe est particulièrement lié à la réalisation des buts à court

terme. Par exemple, si le matin en vous apprêtant à sortir, vous n’avez pas conservé en

mémoire une trace précise du moment où vous avez fermé vos fenêtres, vous serez poussé à

vérifier que vous avez bien effectué cette action.

Le second principe est celui de cohérence. Il correspond à l’exigence d’un

enregistrement sur le long terme cohérent avec notre identité et stable. Les souvenirs

épisodiques non pertinents pour le self (tels que la fermeture des fenêtres citée ci-dessus) ne

restent facilement accessibles que pour une courte durée de temps. A l’inverse, les

événements qui resteront accessibles à long terme sont ceux qui sont liés à nos buts actuels et

à long terme, nos croyances et notre représentation de soi (Van der Linden, 2014). Les

souvenirs de ce type nous renseignent sur nos buts à long terme et guident donc nos actions

également sur le long terme. Il est important de préciser ici que ces souvenirs ne seront pas

des reproductions fidèles de l’expérience vécue, mais plutôt des reconstructions basées d’une

part sur certains éléments des événements tels qu’ils se sont déroulés, et d’autre part sur nos

croyances, valeurs et buts actuels (conception constructiviste de la mémoire épisodique ;

Schacter, Norman, & Koutstaal, 1998). Dans le modèle du Self-Memory System de Conway

11

(illustré à la Figure 2), le fonctionnement coordonné de trois systèmes permet de répondre aux

exigences des principes de correspondance et cohérence : le self de travail, la mémoire

épisodique et le self à long terme.

Figure 2. Représentation schématique du Self-Memory System (Conway, 2005, adapté par

Van der Linden, 2014)

Le self de travail a pour première fonction de gérer la réalisation de nos buts à court

terme. Il organise également le présent psychologique, conçu comme la période allant de la

mise en place d’un but jusqu’à sa réalisation. On peut donc relier l’activité du self de travail à

la notion d’événement telle qu’elle a été décrite plus haut, dans le cas d’événements

correspondant à des activités personnellement réalisées. Il permet la mise en mémoire des

différents moments psychologiques (définis par l’installation d’un but et une focalisation de

l’attention durant l’accomplissement de ce but ; Van der Linden 2014) sous la forme de

souvenirs épisodiques.

La mémoire épisodique est le système qui contient ces souvenirs épisodiques, qui

consistent en des enregistrements résumés de l’expérience. Conway (2009) précise qu’ils sont

proches de l’expérience et y correspondent mais ne sont pas pour autant des enregistrements

littéraux de l’expérience vécue. Ils contiennent des détails de différentes natures (i.e.,

sensoriels, perceptifs, sémantiques et émotionnels) concernant les événements. Conway a par

ailleurs proposé de distinguer trois types de représentations en mémoire épisodique : les

éléments épisodiques, les souvenirs épisodiques simples et les souvenirs épisodiques

complexes.

12

Les éléments épisodiques sont les représentations en mémoire à long terme les plus

proches de l’expérience vécue. Ils sont souvent formés d’images visuelles. Lorsqu’un élément

épisodique s’accompagne d’un cadre conceptuel, ils constituent ensemble un souvenir

épisodique simple. Notons qu’un même cadre conceptuel peut être lié à plusieurs éléments

épisodiques. L’accès à un souvenir épisodique simple peut être élicité par un indice de

récupération portant soit sur le contenu de l’élément épisodique, soit sur le cadre conceptuel.

Cet accès peut être intentionnel (le plus souvent via le cadre conceptuel) ou non. Les

souvenirs épisodiques simples peuvent être mis en lien avec les notions de correspondance et

cohérence décrites plus haut. En effet, les éléments épisodiques correspondant plus ou moins

directement à l’expérience vécue, ils remplissent une fonction proche du principe de

correspondance. Le cadre conceptuel peut quant à lui être conçu comme un type

d’interprétation des éléments épisodiques qui leur confère une signification personnelle, et se

rapproche donc plus du principe de cohérence. L’association de plusieurs souvenirs

épisodiques simples, partageant un cadre conceptuel d’un ordre plus élevé, constitue un

souvenir épisodique complexe. Par exemple, les souvenirs épisodiques simples « suivre un

cours », « déjeuner avec ses camarades » et « participer aux travaux pratiques » peuvent

constituer le souvenir épisodique complexe de la journée d’un étudiant à l’université. Nous

l’avons déjà évoqué, de nombreux souvenirs épisodiques sont formés au cours d’une journée

(e.g., celui de la fermeture des fenêtres), mais seuls ceux qui ont une certaine pertinence par

rapport à nos buts resteront aisément accessibles intentionnellement sur le long terme. Cette

conservation de l’accessibilité volontaire du souvenir passe par son intégration au self à long

terme.

Le self à long terme contient les connaissances nécessaires pour que le self de travail

puisse organiser et mettre en œuvre la réalisation des buts. Il est constitué de deux sous-

systèmes : la base de connaissances autobiographiques et le self conceptuel. La base de

connaissances autobiographiques renferme des connaissances personnelles qui, en interaction

avec la mémoire épisodique, permettent la génération des souvenirs autobiographiques. Les

connaissances comprises dans cette base sont organisées en trois niveaux hiérarchiques. Le

plus haut niveau est celui des récits de vie, et reflète la compréhension que nous avons de

notre histoire de vie intégrée dans notre culture. Le second niveau, celui des périodes de vie,

se réfère à des buts très globaux, et représentent donc des intervalles de temps relativement

larges (i.e., plusieurs mois ou années). Enfin, le dernier niveau est celui des événements

généraux, qui sont des catégories d’événements s’étendant sur un période de temps brève

(i.e., quelques heures à quelques jours) ou organisés autour d’un thème commun.

13

Le self conceptuel contribue à l’organisation des unités hiérarchiques et thématiques

de la base de connaissances autobiographiques. Il consiste en une connaissance personnelle

abstraite (i.e., non reliée directement à un contexte) concernant les croyances sur soi, autrui et

le monde, les attitudes et les valeurs d’un individu. Il permet aussi d’activer des souvenirs

épisodiques spécifiques qui exemplifient ou illustrent lesdites croyances et valeurs.

Les souvenirs autobiographiques peuvent être définis comme des représentations

mentales transitoires, composées à la fois de souvenirs épisodiques et de connaissances

sémantiques sur sa vie et sur soi. Ils sont le fruit de l’interaction des trois systèmes définis ci-

dessus : le self de travail, le self à long terme et le système de mémoire épisodique. S’agissant

de représentations construites en partie sur la base des buts actuels de l’individu, les souvenirs

autobiographiques ne sont pas immuables. Ils sont au contraire mis à jour et renouvelés à

chaque réactivation. La récupération d’un souvenir autobiographique peut se dérouler selon

deux processus distincts. Le premier est un processus intentionnel de récupération stratégique

et cyclique : un contexte de récupération est établi, ce qui conduit à l’accès à des

connaissances autobiographiques, et enfin à l’accès à l’épisode précis. Une évaluation est

menée concernant l’épisode récupéré (s’agit-il bien de l’épisode recherché ?) et en fonction

du résultat de cette évaluation, la récupération prend fin ou un nouveau cycle de récupération

est mis en place. Le second processus pouvant mener à la récupération d’un souvenir

autobiographique est spontané (i.e., non intentionnel). Il s’agit de la récupération directe qui

se produit lorsqu’un individu est exposé à un indice externe suffisamment spécifique pour

provoquer l’activation du souvenir.

1.4. Le lien entre segmentation d’événements et mémoire épisodique

Nous avons mentionné le fait qu’au quotidien, le flux sensoriel est continu et donc non

intrinsèquement structuré. Dès lors, la segmentation d’événements qui se produit durant la

perception peut être conçue comme un processus naturel et automatique d’extraction à la fois

de la structure et de la signification des événements, puisqu’elle s’appuie sur la notion de but.

Elle constitue donc une forme de traitement de l’information à encoder, et de ce fait, une base

pour la mise en mémoire des événements. Il paraît dès lors cohérent de supposer qu’une

segmentation efficace mènera à une meilleure mise en mémoire. Nous décrivons donc dans

cette section trois études ayant exploré le lien entre la segmentation d’événements et la

mémoire des événements.

14

1.4.1. Segmentation d’événements et mémoire des événements dans une

population âgée

La première de ces études est celle de Zacks, Speer, Vettel et Jacoby (2006), qui ont

étudié le lien entre la segmentation d’événements et la mémoire de l’événement chez des

personnes âgées présentant ou non un vieillissement problématique. Ils ont utilisé un

paradigme de segmentation de vidéos et ont ensuite calculé un score de segmentation

correspondant au niveau d’accord de segmentation d’un individu donné par rapport à

l’échantillon. Après le visionnement des vidéos, les participants effectuaient deux tâches

évaluant la mémorisation des vidéos. La première était une tâche de mémoire de l’ordre

temporel, qui consistait à trier des photographies issues des vidéos afin de reconstituer l’ordre

dans lequel ces images étaient apparues durant la vidéo. La seconde était une tâche de

reconnaissance en choix forcé, durant laquelle des paires de photographies étaient présentées

aux participants. Pour chaque paire, une des images étaient issue de la vidéo, alors que l’autre

était issue d’une vidéo similaire mais néanmoins différente. La tâche consistait donc à

indiquer quelle image correspondait à la vidéo qui avait été visionnée. Pour investiguer le rôle

de l’âge et du vieillissement problématique, les auteurs ont recruté des participants âgés de 63

à 85 ans. La moitié de ces participants présentaient un score de 0 au Clinical Dementia Rating

scale (CDR ; Morris, 1993), ce qui indique l’absence de troubles cognitifs. L’autre moitié

avait obtenu un score de 0.5, qui indique la présence de troubles cognitifs très légers, cohérent

– d’après les auteurs – avec le premier stade d’une maladie de type Alzheimer. Les auteurs

ont également recruté des adultes plus jeunes à des fins de comparaison (ces individus avaient

de 18 à 23 ans).

Les résultats de cette étude montrent que l’accord de segmentation était le plus haut

chez les jeunes adultes, et le plus bas chez les adultes âgés avec troubles cognitifs. Pour les

deux tâches de mémoire, les jeunes adultes ont obtenu la meilleure performance, et les adultes

âgés présentant des troubles cognitifs la performance la plus basse. Les capacités de

segmentation comme les capacités de mémorisation de vidéos semblent donc se péjorer avec

l’âge, et particulièrement lorsque des troubles cognitifs sont présents. Les auteurs ont

également analysé les corrélations entre les différentes variables. Ils ont montré qu’il existait

une corrélation significative entre l’accord de segmentation et la performance à la tâche de

mémoire d’ordre dans le groupe des participants âgés sans trouble cognitif. Les participants

présentant le plus haut accord de segmentation étaient ceux qui faisaient le moins d’erreurs

dans l’ordre des photographies. Une corrélation significative a également été montrée entre le

niveau d’accord de segmentation et la performance à la tâche de reconnaissance pour les deux

15

groupes de participants âgés. Le fait de segmenter « correctement », c’est-à-dire similairement

aux autres participants, semble donc être en lien avec le fait de bien mémoriser l’information

contenue dans la vidéo. Il est intéressant de noter que cette relation persiste (pour la

mémorisation évaluée avec la tâche de reconnaissance) chez les personnes présentant des

troubles cognitifs légers.

1.4.2. La segmentation d’événements comme prédicteur unique et indépendant de

la mémoire des événements

Sargent et ses collaborateurs (2013) ont été plus loin dans l’exploration du rôle joué

par la segmentation dans la mémorisation d’événements. Ils ont réalisé une étude impliquant

208 participants adultes, âgés de 20 à 79 ans. La segmentation d’événements a été évaluée à

l’aide d’un paradigme de segmentation de vidéos. Pour examiner la mémoire des événements,

les auteurs ont utilisés trois tâches : une tâche de rappel libre, durant laquelle les participants

avaient 7 minutes pour écrire avec le plus de détails possible ce qui s’était passé dans la vidéo

qu’ils venaient de voir, suivi d’une tâche de reconnaissance et d’une tâche de mémoire

d’ordre similaires à celles utilisées dans l’étude de Zacks et ses collaborateurs (2006). Les

auteurs ont également évalué la connaissance des événements des participants, c’est-à-dire les

scripts ou schémas d’événements stockés en mémoire à long terme. Pour ce faire, ils ont

demandé à leurs participants d’écrire, dans l’ordre, toutes les étapes nécessaires à la

complétion de trois activités de la vie quotidienne (différentes de celles montrées dans les

vidéos). Les participants étaient aussi évalués à l’aide d’outils psychométriques plus

classiques pour différentes capacités cognitives, notamment la mémoire de travail (tâches

d’empans), la mémoire épisodique « de laboratoire » (apprentissage de listes et de paires de

mots, mémorisation d’images), les fonctions exécutives (e.g., fluence graphique), la vitesse de

traitement (e.g., comparaison de formes) et les connaissances générales (test Information de

Wechsler, sélection de synonymes/antonymes).

Cette étude visait à déterminer si les capacités de segmentation constituaient bien un

prédicteur indépendant pour la mémoire des événements. Afin de répondre à cette question,

les auteurs ont testé un modèle à équation structurale incluant différentes variables mesurées

dans l’étude. Il est ressorti de cette analyse que la capacité de segmentation d’événements et

la connaissance des événements prédisaient de manière significative et indépendante la

mémoire des événements (mesurée par la performance au rappel libre du contenu des vidéos).

Notons également que les mesures de mémoire de travail prédisaient significativement une

part de la variance des capacités de segmentation d’événements des participants. Ce résultat

16

est attendu si on considère à la fois l’implication du buffer épisodique, sous-système de la

mémoire de travail, et l’implication du self de travail (gestion des buts) dans le

fonctionnement de la segmentation d’événements. Enfin, les mesures classiques de mémoire

épisodique n’étaient pas un prédicteur direct de la mémoire des événements. Ce dernier

résultat appuie la conception selon laquelle les tests classiques de mémoire épisodique sont en

réalité peu adéquats, car ils ne ciblent pas l’évaluation des processus sous-jacents au

fonctionnement de la mémoire épisodique dans la vie quotidienne. A l’inverse, la

segmentation d’événements et la connaissance des schémas ou scripts d’événements semblent

constituer des cibles d’évaluation et de revalidation très pertinentes, puisqu’elles sont des

prédicteurs directs de la mémoire des événements.

1.4.3. La segmentation d’événements prédit la mémoire des événements dans les

premiers stades du vieillissement problématique

Dans l’étude de Sargent et collaborateurs (2013), les participants pour lesquels la

présence de troubles cognitifs légers ne pouvait pas être écartée avaient été exclus des

analyses. Bailey et ses collaborateurs (2013) ont quant à eux mené une étude comparant trois

groupes d’individus âgés, sélectionnés selon leur score au Clinical Dementia Rating scale.

Spécifiquement, le premier groupe incluait des personnes présentant un score de 0 (absence

de troubles cognitifs), le deuxième un score de 0.5 (troubles cognitifs très légers), et le dernier

un score de 1 (troubles cognitifs légers). Ils ont utilisé le paradigme de segmentation de

vidéos et les mêmes tâches d’évaluation de la mémoire du contenu des vidéos que Sargent et

collaborateurs (2013 ; i.e., le rappel libre, la reconnaissance en choix forcé et la remise en

ordre). Une analyse de régression a montré que l’accord de segmentation d’un participant

donné prédisait de manière indépendante et significative sa performance aux tâches évaluant

la mémoire des événements, et ce pour tous les groupes de participants. Les auteurs notent

que le fait que la segmentation d’événements prédise la mémoire de l’événement même dans

le groupe présentant des troubles cognitifs légers est de particulière importance. En effet, dans

ce groupe, les participants avaient parfois des difficultés à rappeler quelque information que

ce soit concernant le contenu des vidéos. Les auteurs rapportent même que 52.3% des

participants de ce groupe n’ont rappelé aucune information précise. Ils ont cependant pu

observer une certaine variabilité, dont une part significative est prédite par l’accord de

segmentation. Bailey et collaborateurs (2013) proposent donc qu’une bonne capacité à

organiser (i.e., segmenter) une activité durant la perception pourrait compenser la péjoration

du fonctionnement de la mémoire au quotidien chez les personnes âgées présentant un

17

vieillissement problématique. Ils suggèrent que des interventions ciblant l’amélioration de la

segmentation d’événements pourraient être bénéfiques à la performance mnésique au

quotidien, tant chez des personnes ne présentant pas de troubles cognitifs que chez ceux qui

souffrent de difficultés cognitives.

1.5. Routinisation

Il nous a paru pertinent d’intégrer un dernier concept dans ce travail : la routinisation.

Les routines sont conçues comme des patterns comportementaux stables se manifestant dans

le quotidien (Bouisson, 2002). Il s’agit d’un phénomène normal et adaptatif que l’on retrouve

dans toutes les tranches d’âge de la population. Bergua et Bouisson (2008) identifient quatre

dimensions qui caractérisent les routines : l’automaticité, la stabilité et la prévisibilité des

actions, et le contexte spécifique des routines. Ainsi, chez les individus âgés, les routines

peuvent être considérées comme adaptatives en cela qu’elles permettent un fonctionnement au

quotidien peu coûteux (l’automatisation des comportements permettant l’allégement de la

charge cognitive et attentionnelle) et qu’elles protègent l’individu du stress engendré par les

situations nouvelles. La routinisation, que l’on peut définir comme la présence de patterns de

comportements inflexibles qui résistent à tout changement ou suivent de façon rigide un

certain ordre, pourrait cependant représenter un phénomène maladaptatif en empêchant la

mise en place de certains changements nécessaires dans la vie quotidienne (Reich & Zautra,

1991, cité par Bouisson, 2002, p. 296). La tendance à la routinisation est un phénomène

complexe, qui ne peut pas être réduit à un simple processus accompagnant l’avancement en

âge. Les études portant sur ce phénomène ne rapportent d’ailleurs pas toutes une association

entre l’âge des participants et la préférence pour la routinisation (voir Bergua et al., 2006).

Bergua et collaborateurs (2006) ont mis en évidence une association entre la préférence pour

les routines et l’augmentation des plaintes cognitives sur 3 ans, le déclin cognitif et une

péjoration dans les activités instrumentales de la vie quotidienne. Ces auteurs expliquent que

le phénomène de routinisation pourrait représenter un facteur modérateur dans le processus de

péjoration de l’autonomie. Ils notent cependant que la restriction de la variabilité des

comportements pourrait aussi se produire en réponse à une vulnérabilité perçue par les

individus. Ayant un sentiment d’auto-efficacité amoindri, ces personnes n’oseraient plus

s’engager dans des comportements différant de leurs habitudes établies.

Nous considérons probable qu’un lien puisse être également observé entre le

phénomène de routinisation et la péjoration des capacités de segmentation. Une personne

présentant une péjoration de ses capacités de segmentation dans la vie quotidienne, entraînant

18

des difficultés mnésiques (rappelons que l’efficacité de la segmentation prédit une part de

variance de la mémoire des événements), pourrait décider de routiniser son quotidien afin de

se reposer principalement sur ses connaissances sémantiques du déroulement d’une journée

(ses scripts ou schémas d’événements). Cette personne suivrait ainsi un raisonnement de

type : « je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin, mais je sais ce que j’ai fait car je

fais tous les jours la même chose ». L’association entre les deux phénomènes pourrait aussi

suivre le développement inverse. Nous avons vu que les routines augmentent la prédictibilité

des actions au quotidien. Si l’on s’en réfère à la théorie de la segmentation, c’est durant les

périodes d’imprédictibilité que se produit la segmentation d’événements. Une très forte

prédictibilité du quotidien conduirait donc à une diminution de la probabilité de segmenter,

entraînant un encodage moins efficace. L’installation des routines pourrait donc précéder et

en partie causer la péjoration des capacités de segmentation. Que la routinisation se produise

avant ou après la diminution des capacités de segmentation, les conséquences sur la mémoire

des événements quotidiens seraient similaires : la personne se reposerait principalement sur

ses connaissances sémantiques concernant ses activités quotidiennes, et ne pourrait

probablement pas rapporter de détails épisodiques liés particulièrement à une journée donnée.

1.6 Problématique, objectifs et hypothèses théoriques

Il semble aujourd’hui établit que la segmentation d’événements est un processus

intrinsèque de la perception et qu’elle a une grande importance dans la construction des

souvenirs épisodiques. De fait, une péjoration des capacités de segmentation pourrait être à

l’origine des difficultés de certaines personnes rapportant des plaintes mnésiques, et il serait

pertinent que des interventions ciblant ce processus cognitif soient mises en place (Bailey et

al., 2013). Pourtant, si la procédure d’évaluation des capacités de segmentation utilisée en

recherche a fait ses preuves, il n’existe en revanche pas à ce jour de tâche psychométrique

adaptée aux contraintes d’un contexte clinique. Il serait par ailleurs utile, dans ce contexte, de

disposer d’un outil succinct et facilement administrable, permettant une première estimation

des capacités de segmentation des individus au quotidien. S’inscrivant dans l’optique actuelle

du développement d’outils cliniques visant l’évaluation des processus sous-jacents au

fonctionnement naturel de la mémoire au quotidien, ce projet a donc pour objectifs (1)

d’adapter le paradigme de segmentation de vidéos en vue de créer une tâche psychométrique

d’évaluation de la segmentation d’événements adaptée à l’utilisation en clinique, (2) de créer

un canevas d’entretien clinique court permettant une estimation des capacités de segmentation

d’un individu et (3) d’explorer ces deux tâches dans une population âgée tout-venant, en les

19

comparant à des tâches psychométriques plus classiques et des questionnaires auto-reportés

évaluant la mémoire épisodique.

Compte tenu des aspects théoriques et empiriques exposés précédemment, nous

pouvons faire plusieurs hypothèses : concernant la tâche psychométrique, nous nous

attendons à ce que les performances de segmentation d’événements prédisent les

performances de mémoire des événements au sein de cette tâche (rappel/reconnaissance du

contenu des vidéos). Nous nous attendons également à ce que l’estimation des capacités de

segmentation à l’aide de l’entretien clinique soit associée aux performances à la tâche

psychométrique, puisque ces deux mesures sont censées évaluer le même processus. Nous

faisons aussi l’hypothèse que les performances de nos participants aux deux tâches

d’évaluation de la segmentation seront en lien avec leurs résultats aux tâches classiques et aux

questionnaires d’évaluation de la mémoire épisodique. Enfin, nous prédisons également un

lien négatif entre les capacités de segmentation des individus évaluées par nos deux tâches et

leur tendance à la routinisation.

2. Méthodologie

2.1. Elaboration des tâches de segmentation

La première partie de ce projet de recherche a consisté en l’élaboration de deux outils

d’évaluation de la segmentation d’événements : une tâche de segmentation de vidéos et un

entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements. Spécifiquement, nous

avions pour objectif de construire ces outils de manière à ce qu’ils soient cliniquement

exploitables et écologiques (i.e., au plus proche du fonctionnement naturel).

2.1.1. Tâche de segmentation de vidéos

La tâche de segmentation de vidéos que nous avons élaborée a été conçue à partir de la

procédure de Newtson (1973) et des variantes utilisées par Zacks et collaborateurs dans leurs

études. En effet, ce type de paradigme a été utilisé dans une grande partie des études

expérimentales portant sur la segmentation d’événements, tout particulièrement dans celles

qui ont permis de mettre en évidence les liens entre ce processus et la mémoire épisodique.

Nous avons donc considéré que la procédure de Newtson constituait une bonne base pour

l’élaboration d’une tâche psychométrique clinique. Ainsi, dans notre tâche de segmentation de

vidéos comme dans cette procédure, nous demandons aux participants de visionner des vidéos

et de les segmenter en appuyant sur une touche d’un clavier lorsque, selon eux, un événement

porteur de signification se termine et qu’un autre commence. Toutefois, afin de rendre notre

20

tâche plus écologique et exploitable en clinique, nous avons apporté plusieurs modifications

(décrites ci-dessous) aux consignes et à la procédure utilisées en recherche.

2.1.1.1. Élaboration de la tâche de segmentation de vidéos

Nous avons modifié la procédure classique d’évaluation de la segmentation

d’événements de trois manières différentes. Premièrement, nous avons décidé de réduire le

nombre de vidéos montrées aux participants. Ceci avait pour but de raccourcir le temps

nécessaire à la passation de la tâche, car en clinique le temps réservé à l’évaluation des

compétences cognitives est restreint. Ainsi, contrairement à Zacks et collaborateurs qui

généralement présentent à leurs participants une vidéo d’entraînement et au moins trois vidéos

d’intérêt, nous avons décidé de présenter à nos participants une vidéo d’entraînement et

seulement deux vidéos d’intérêt.

Deuxièmement, puisque la majorité des informations que nous mémorisons au

quotidien sont mises en mémoire de manière incidente, nous avons décidé de ne pas avertir

nos participants qu’ils allaient devoir rappeler le contenu des vidéos après le visionnement de

celles-ci. Nous avons donc demandé aux participants de visionner toutes les vidéos de la tâche

avant d’évaluer leur mémoire des événements contenus dans ces vidéos. Cette volonté de

solliciter un encodage incident (i.e., sans consigne d’encodage intentionnel) distingue notre

procédure de celle utilisée par Zacks et collaborateurs car ceux-ci informent leurs participants

qu’un test de mémoire sera administré après le visionnement de chaque vidéo. Nous

considérons notre manière de procéder comme plus conforme à l’encodage des informations

tel qu’il se produit le plus souvent dans la vie quotidienne.

Enfin, dans les études expérimentales, les chercheurs demandent à leurs participants

de segmenter d’une manière (i.e., grossière) puis d’une autre (i.e., fine) chaque vidéo qu’ils

présentent à leurs participants. Afin encore une fois d’être le plus écologique possible, nous

avons choisi de laisser nos participants segmenter les vidéos de manière naturelle et

spontanée, sans consigne sur le niveau de segmentation à adopter.

Pour résumer, la tâche de segmentation de vidéos telle que nous l’avons élaborée est

plus courte que la procédure classiquement utilisée en recherche et est plus écologique pour

deux raisons : (1) nous sollicitons un encodage incident des informations contenues dans les

vidéos et (2) les participants peuvent segmenter de manière naturelle et spontanée les vidéos

qui leur sont montrées.

21

2.1.1.2. Consignes et déroulement de la tâche

Suite à l’élaboration de la tâche de segmentation de vidéos, nous avons réalisé

plusieurs pré-tests afin de nous assurer du bon fonctionnement de la tâche et de la clarté des

consignes. Les participants des pré-tests n’ont pas rencontré de difficultés particulières avec la

tâche et ils la réalisaient en approximativement 20 minutes.

L’administration de la tâche de segmentation de vidéos se déroule sur un ordinateur

comme suit. Tout d’abord, l’expérimentateur lit les consignes de la tâche avec le participant et

encourage celui-ci à poser des questions s’il en a. Les consignes que nous avons élaborées

commencent par définir avec des mots simples ce qu’est la segmentation d’événements et

illustrent à l’aide d’images le fait qu’il existe différentes manières de segmenter une activité

(i.e., il est possible de segmenter une même activité de manière plutôt fine ou plutôt

grossière). Il est ensuite expliqué au participant qu’il va regarder des vidéos de personnes

réalisant des activités de la vie quotidienne et que sa tâche sera de segmenter les différents

événements qui composent l’activité que nous allons lui montrer. Pour ce faire, il est indiqué

au participant qu’il devra appuyer sur la barre ESPACE du clavier de l’ordinateur lorsque,

selon lui, un événement commence et qu’un autre se termine. Afin de s’assurer que le

participant ait bien compris les consignes, l’expérimentateur doit lui demander de réexpliquer

avec ses propres mots ce qui lui est demandé de faire avant de pouvoir commencer à visionner

les vidéos. S’il est apparent que le participant n’a pas compris les consignes,

l’expérimentateur doit les lui réexpliquer.

Suite à cela, le participant a la possibilité de s’entraîner à segmenter une courte vidéo,

ce qui permet à l’expérimentateur de vérifier que les consignes ont bien été comprises. Si le

participant appuie au moins deux fois volontairement sur la barre ESPACE durant le

visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur peut considérer que le participant

a compris ce qui lui est demandé car ce faisant il aura identifié le début et la fin d’au moins un

événement. Si le participant n’appuie pas ou appuie seulement une fois volontairement sur la

barre ESPACE lors du visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur doit

réexpliquer la tâche au participant et lui ré-administrer la vidéo d’entraînement. Au cas où le

participant échouerait à appuyer sur la barre ESPACE au moins deux fois lors d’un deuxième

visionnement de la vidéo d’entraînement, l’expérimentateur doit mettre un terme à la

passation de la tâche de segmentation de vidéos. Après avoir regardé et segmenté la vidéo

d’entraînement, le participant est une nouvelle fois encouragé à poser des questions s’il en a.

Lorsqu’il est prêt, il peut commencer le visionnement de la première vidéo d’intérêt, puis de

la seconde vidéo d’intérêt (consigne complète en Annexe I).

22

2.1.1.3. Matériel et stimuli

Les consignes et les vidéos utilisées dans la tâche de segmentation d’événements ont

été présentées en utilisant une procédure que nous avons programmée à l’aide du logiciel E-

Prime 2 (Schneider, Eschman, & Zuccolotto, 2002) sur un ordinateur portable DELL Latitude

D520 avec une résolution d’écran de 1064 par 768 pixels. Après avoir obtenu l’accord de J.

M. Zacks pour l’utilisation expérimentale et clinique de ses stimuli, nous avons choisi de

montrer à nos participants trois vidéos qui ont précédemment été utilisées dans l’étude de

Sargent et collaborateurs (2013 ; Figure 3).

Figure 3. Captures d’écran des trois vidéos utilisées dans la tâche de segmentation de vidéos.

Au-dessus, la vidéo d’entraînement. Au-dessous et à gauche, la vidéo 1. Au-dessous et à

droite, la vidéo 2.

Ces trois vidéos ont une forme similaire : elles présentent un plan fixe sur une pièce

dans laquelle une personne entre, se livre à une activité, puis ressort. La vidéo d’entraînement

dure 155 s et montre un homme en train de construire un bateau avec des lego. Cette vidéo

était présentée au centre de l’écran à une résolution réduite car nous ne disposions

malheureusement pas d’une copie de meilleure qualité. Les frontières d’événements

identifiées par les participants durant cette vidéo n’ont pas été prises en compte dans nos

23

analyses. La première vidéo d’intérêt utilisée (i.e., vidéo 1) dure 329 s et montre une femme

en train de préparer un petit-déjeuner dans une cuisine. La deuxième vidéo d’intérêt utilisée

(i.e., vidéo 2) dure 376 s et montre un homme en train de préparer/décorer une salle-à-manger

pour une fête. Les vidéos 1 et 2 étaient présentées sur tout l’écran de l’ordinateur et les

frontières d’événements identifiées par les participants durant ces vidéos ont été prises en

compte dans nos analyses. En comparaison aux actions de la femme dans la vidéo 1, les

actions de l’homme dans la vidéo 2 sont plus séquentielles. Par exemple, pendant que la

femme dans la vidéo 1 exécute les différentes étapes nécessaires à la préparation d’un œuf,

elle effectue aussi d’autres actions qui ne sont pas liées à la préparation d’un œuf (e.g., se

verser une verre de jus d’oranges). Au contraire, l’homme montré dans la vidéo 2 termine

chaque activité qu’il entreprend avant d’en commencer une autre (e.g., il finit de mettre la

table avant de commencer à décorer la pièce). Nous avons choisi d’utiliser des vidéos

différentes sur le plan de la séquentialité des actions car certaines activités de la vie

quotidienne sont naturellement organisées de manière très séquentielle alors que d’autres le

sont moins. Le fait de présenter deux vidéos différentes sur le plan de la séquentialité nous

permet donc une évaluation plus complète des capacités de segmentation. Les trois vidéos

étaient toujours présentées aux participants dans l’ordre dans lequel nous les avons décrites

ci-dessus.

2.1.1.4. Calcul du score d’accord de segmentation

Comme dans les études de Zacks et collaborateurs, nous avons évalué les capacités de

segmentation d’événements en calculant le degré d’accord entre un participant et la totalité du

groupe sur la localisation des frontières d’événements dans chaque vidéo (Kurby & Zacks,

2011). Pour ce faire, nous avons commencé par diviser chaque vidéo en segments d’une

seconde (i.e., 329 segments pour la vidéo 1 et 376 segments pour la vidéo 2). Nous avons

ensuite codé la segmentation de chaque participant de la manière suivante : un score de 1 était

attribué à chaque segment à l’intérieur duquel le participant avait appuyé sur la barre

ESPACE et un score de 0 était attribué à chaque segment à l’intérieur duquel le participant

n’avait pas appuyé. Afin de créer une « norme » sur la localisation des frontières

d’événements dans chaque vidéo, nous avons calculé pour chaque segment d’une seconde la

proportion de participants qui y avaient identifié une frontière d’événement. Pour chaque

participant et pour chaque vidéo, nous avons ensuite calculé la corrélation bisérielle de point

entre la segmentation du participant et la norme du groupe sur la localisation des frontières.

Ces calculs nous ont permis d’obtenir un score d’accord de segmentation allant de 0 (i.e., pas

24

d’accord de segmentation avec le groupe) à 1 (i.e., total accord de segmentation avec le

groupe) pour chaque participant et pour chaque vidéo.

2.1.2. Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements

L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements a été construit avec

pour objectifs principaux d’être facilement et rapidement administrable et de permettre

d’estimer les capacités de segmentation d’un individu en lui faisant produire le récit d’une

série de souvenirs épisodiques.

2.1.2.1. Elaboration et présentation de la consigne de l’entretien clinique

Ce sont les travaux de Williams et collaborateurs (2008) décrit précédemment qui ont

inspiré l’élaboration de l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements.

Pour rappel, leurs résultats ont mis en évidence la structure des frontières des souvenirs

épisodiques (i.e., la structure « action-fait ») et suggèrent qu’il est possible d’avoir un aperçu

des capacités de segmentation d’événements d’un individu simplement en lui demandant de

rappeler une série de souvenirs épisodiques.

Basés sur ces travaux, nous avons décidé de demander à nos participants de nous

raconter une série de souvenirs épisodiques se rapportant à une partie de la journée en cours et

ce pour deux raisons. Premièrement, d’après le principe de correspondance (Conway, 2005),

le rappel détaillé d’une série d’événements récents devrait être facile pour tous.

Deuxièmement, focaliser le rappel sur une partie de la journée en cours nous a permis de fixer

l’intervalle temporel entre le déroulement des événements rappelés et le moment de la

passation. Ainsi, les productions de nos participants étaient comparables du point de vue de la

distance temporelle du souvenir. Notons que ce choix nous obligeait à effectuer les passations

dans l’après-midi afin de nous assurer que les participants avaient tous encodé un certain

nombre d’événements avant la passation.

Nous avons au départ pré-testé plusieurs variantes de la consigne de l’entretien

clinique. Le premier paramètre que nous avons fait varier est la période que nous voulions

faire rappeler. Tout d’abord, nous avons envisagé de demander aux participants de rappeler

leur matinée. Toutefois, les productions de quelques participants aux pré-tests ont révélé que

cette consigne ne convenait pas car elle était trop vague : la durée de la matinée peut varier

selon l’heure à laquelle les participants se réveillent. Afin de pallier à ce problème, nous

avons ensuite demandé à quelques participants de faire le récit des deux heures qui

précédaient la passation. Encore une fois, les pré-tests ont révélé que cette consigne ne

convenait pas car certains participants ne savaient pas à quelle heure ils s’étaient engagés dans

25

telle ou telle activité, ce qui leur posait problème pour commencer leur récit. Par ailleurs, nous

avons aussi anticipé que certains participants pourraient avoir fait une sieste en début d’après-

midi et donc qu’ils ne pourraient pas rappeler suffisamment d’activités suivant cette consigne.

Sur la base de ces multiples pré-tests, nous avons finalement décidé de faire rappeler les deux

premières heures de la journée à nos participants. Nous avons retenu cette consigne car elle

permet d’uniformiser la durée de la période à rappeler pour tous les participants (i.e., deux

heures) et aussi parce qu’elle permet une identification aisée du début de la période à rappeler

(i.e., le réveil).

Le second paramètre que nous avons fait varier est la nature du rappel que nous

sollicitions. Dans un premier essai, nous avons demandé aux participants de faire la liste de

toutes les activités qu’ils avaient réalisées. Cette consigne posait problème car les participants

pouvaient effectuer la tâche en se basant sur leurs scripts en mémoire à long terme et sans

avoir à se souvenir réellement de ce qu’ils avaient fait précisément ce jour-là. En d’autres

termes, ils pouvaient répondre à la consigne en utilisant des informations sémantiques alors

que nous souhaitions qu’ils se basent sur des souvenirs épisodiques. Nous avons donc élaboré

une consigne plus spécifique : nous avons demandé aux participants de nous raconter tout ce

qu’ils avaient fait durant la période d’intérêt, dans l’ordre dans lequel ces événements

s’étaient produits et avec le plus de détails possible – un peu comme si nous les avions filmés

avec une caméra et que nous leur demandions de raconter ce film dans les moindres détails.

Nous considérons que le fait de demander aux participants de raconter ce qu’ils ont

fait le matin avec le plus de détails possible et comme si nous les avions filmés avec une

caméra les encourage à se baser sur des souvenirs épisodiques plutôt que sur leurs scripts

stockés en mémoire à long terme. Par ailleurs, le fait de demander aux participants de raconter

ce qu’ils ont fait au cours de la matinée dans l’ordre chronologique les incite également à

segmenter leur récit de manière claire en utilisant notamment des marqueurs temporels (e.g.,

après, ensuite etc.). Enfin, nous considérons que demander de raconter ce qu’une personne a

fait durant les deux premières heures de la journée est une tâche facilement administrable du

point de vue du clinicien/expérimentateur et agréable à effectuer du point de vue du

patient/participant. La consigne complète de l’entretien clinique d’évaluation de la

segmentation d’événements est disponible en Annexe II de ce document.

26

2.1.2.2. Elaboration et présentation de la grille d’évaluation associée à l’entretien

clinique

Afin de pouvoir évaluer les capacités de segmentation d’événements à partir de

l’entretien clinique, nous avons construit un indice d’identification claire des frontières basé

sur le nombre de marqueurs temporels utilisés par un participant dans son récit et sur le

nombre d’événements rappelés par ce participant.

Plus explicitement, basés sur les études de segmentation de récits (Speer & Zacks,

2005), nous considérons que l’utilisation de marqueurs temporels qui délimitent clairement

deux événements dans le récit d’un participant (e.g., après, ensuite etc.) est un indicateur des

capacités d’identification de frontières d’événements de ce participant. De ce fait, pour

chaque participant, nous avons décidé de compter le nombre total de marqueurs temporels

présents dans leur récit et d’utiliser ce nombre comme source d’information pour estimer

leurs capacités de segmentation. De manière générale, plus un participant utilise de marqueurs

temporels pour délimiter différents événements, meilleures sont considérées ses capacités de

segmentation d’événements. Toutefois, le nombre de marqueurs temporels utilisés par un

participant dépend en partie de la taille du récit et du nombre d’événements rappelés par ce

participant (i.e., on compte plus de marqueurs temporels dans des récits plus longs).

Afin de prendre en compte ce phénomène, nous avons décidé de diviser le nombre de

marqueurs temporels utilisés par un participant par le nombre d’événements qu’il a rappelés.

Nous avons défini un événement comme une action, une observation ou une pensée unique,

tirée d’un contexte temporel pertinent (i.e., les deux premières heures de la journée) et

typiquement exprimée sous la forme d’une phrase grammaticale composée d’un sujet et d’un

prédicat (e.g., « j’ai mangé un sandwich », « j’ai vu ma voisine sortir » ou « j’ai pensé que je

devais encore sortir les poubelles » ; Levine, Svoboda, Hay, Winocur & Moscovitch, 2002).

Dans la grille que nous avons élaborée, nous avons également spécifié ce qui ne constituait

pas un événement (e.g., une information sémantique rapportée) et nous avons défini comment

coter les cas particuliers qu’il est possible d’observer dans certains récits de participants. Par

exemple, si un participant rappelle plusieurs fois le même événement (i.e., une répétition),

celui-ci n’est comptabilisé qu’une seule fois.

L’indice d’identification claire des frontières est donc calculé en divisant le nombre de

marqueurs temporels utilisés par le nombre d’événements rappelés. Le score obtenu à l’indice

d’identification claire des frontières se situe entre 0 (i.e., faibles capacités de segmentation) et

1 (i.e., bonnes capacités de segmentation). De par la manière dont il est calculé, cet indice est

indépendant du nombre de mots contenus dans le récit et tient compte du nombre

27

d’événements rappelés par le participant. La grille d’évaluation associée à l’entretien clinique

d’évaluation de la segmentation d’événements et un exemple de la production d’un participant

à cette tâche sont disponibles en Annexes III et IV.

2.2. Méthodologie de l’exploration

La seconde partie de ce projet de recherche a consisté en l’exploration des tâches que

nous avions élaborées. Pour ce faire, nous avons administré à des personnes âgées tout-venant

nos deux tâches, ainsi qu’une série de tests et questionnaires évaluant différents domaines de

la cognition.

2.2.1. Participants

Quarante participants âgés de 70 à 85 ans et vivant à domicile ont participé à cette

étude. Les participants ont été recrutés parmi les connaissances de deux expérimentateurs et

parmi les connaissances des participants eux-mêmes. Ils ont reçu pour explication qu’il

s’agissait d’une étude portant sur un processus cognitif récemment découvert dans le domaine

de la psychologie (i.e., la segmentation d’événements) et qu’au cours de cette étude les

expérimentateurs leur demanderaient de regarder des vidéos, de répondre à plusieurs

questionnaires sur leur fonctionnement dans la vie quotidienne et d’effectuer diverses tâches

évaluant les fonctions cognitives. Les participants étaient donc informés que nous allions

évaluer leurs capacités de segmentation et leurs capacités cognitives plus générales.

Toutefois, il ne leur était pas spécifié que la mémoire était un domaine d’intérêt particulier

dans le cadre de cette étude.

Plusieurs critères d’exclusion restreignaient la participation à cette étude. Tout

d’abord, nous avons choisi de ne pas récolter de données sur les personnes vivant dans des

établissements médico-sociaux car nous souhaitions explorer nos tâches sur un échantillon

représentant une population d’âgés tout-venant et indépendants pour les activités de la vie

quotidienne. Deuxièmement, l’âge de la retraite en Suisse étant fixé à 65 ans, nous avons

décidé d’explorer nos tâches sur une population de personnes âgées de 70 à 85 ans afin de

réduire l’impact des variables liées à l’exercice d’une activité professionnelle particulière sur

les performances cognitives des participants à nos tâches (Kramer, Bherer, Colcombe, Dong,

& Greenough, 2004). Troisièmement, afin de pouvoir participer à notre étude, les participants

ne devaient pas présenter de troubles visuels ou auditifs non-corrigés ou de troubles moteurs

entravant la passation des tâches – en particulier la tâche de segmentation qui nécessite une

bonne acuité visuelle et auditive pour discerner les éléments des vidéos, ainsi que la capacité

d’appuyer sur la barre ESPACE aux instants souhaités.

28

Après la récolte des données, puisque nous souhaitions expérimenter nos tâches sur un

échantillon de personnes âgées représentatif de la population âgée tout-venant, nous avons

exclu de nos analyses les données des participants chez lesquels des troubles cognitifs

pouvaient être suspectés (i.e., présentant un score inférieur à deux écarts-types en dessous de

la moyenne à l’Echelle d’évaluation de la démence de Mattis ; Mattis, 1976). Nous avions

aussi initialement prévu d’exclure de nos analyses les données de participants avec une

symptomatologie anxieuse ou dépressive élevée car l’anxiété et la dépression sont deux

facteurs connus pour avoir un impact significatif sur le fonctionnement cognitif général

(Airaksinen, Larsson, & Forsell, 2005 ; Marazziti, Consoli, Picchetti, Carlini, & Faravelli,

2010). Toutefois, beaucoup de nos participants ayant obtenu des scores d’anxiété et de

dépression élevés au Hospital Anxiety and Depression scale (Zigmond & Snaith, 1983), nous

avons décidé de garder les données de ces participants et de prendre en compte ces facteurs

dans nos analyses.

Au final, les données de 33 participants sur les 40 recrutés ont été retenues pour nos

analyses. Les données de deux participants ont été exclues car ceux-ci ont obtenu un score

inférieur à deux écarts-types en-dessous de la moyenne à l’Echelle d’évaluation de la

démence de Mattis. Les données de trois autres participants n’ont pas été retenues car soit ces

participants ne sont pas rentrés dans la tâche de segmentation de vidéos, soit ils n’ont pas

souhaité compléter la totalité des tâches que comprenait notre étude. Enfin, les données de

deux participants ont dû être exclues suite à un problème technique. En effet, en raison d’une

dysfonction de l’ordinateur, les performances de ces participants à la tâche de segmentation

de vidéos n’ont pas été enregistrées. L’échantillon final se compose donc de 33 adultes (21

femmes et 12 hommes) âgés de 70 à 84 ans (M = 77.55, SD = 3.61) et ayant effectué entre 6

et 16 années d’études (M = 11.44, SD = 2.75).

29

2.2.2. Matériel

Tâche de segmentation de vidéos et entretien clinique d’évaluation de la segmentation

d’événements

Nous avons administré à nos participants les deux tâches que nous avons élaborées et

qui sont décrites ci-dessus.

Tâche de rappel des vidéos

La tâche de rappel des vidéos est la première des deux tâches que nous avons utilisées

pour évaluer la mémoire des événements contenus dans les vidéos. Elle est basée sur les

tâches de rappel de vidéos que Zacks et collaborateurs utilisent dans leurs études (Bailey et

al., 2013 ; Sargent et al., 2013).

Concrètement, suite à l’administration de la tâche de segmentation de vidéos, nous

avons demandé aux participants de nous raconter avec le plus de détails possible tout ce que

la personne avait fait dans la vidéo de préparation du petit-déjeuner, puis dans la vidéo de

préparation de la fête. Nous avons laissé un minimum de deux minutes et un maximum de

quatre minutes aux participants pour rappeler le contenu de chaque vidéo. Cette consigne a

été élaborée sur la base des consignes des tâches de rappel de vidéos utilisées dans les études

de Zacks et collaborateurs, ainsi que sur les données de la littérature qui suggèrent que,

lorsque nous segmentons l’activité d’un individu, nous segmentons en particulier les actions

de cet individu (i.e., les mouvements effectués en vue de réaliser un but ; Hard, Recchia, &

Tversky, 2011 ; Zacks, 2004).

Afin de pouvoir évaluer les performances de nos participants à cette tâche, nous avons

construit deux grilles d’évaluation pour chacune des vidéos. La première grille contient la

liste de toutes actions les plus grossières exécutées par les acteurs des vidéos (e.g., Il met la

table.). La seconde grille contient la liste de toutes les actions les plus fines exécutées par les

acteurs des vidéos (e.g., Il pose une assiette.). Ces listes ont été établies comme suit : les deux

expérimentateurs de cette étude ont chacun de leur côté visionné les deux vidéos d’intérêt et

ont identifié pour chacune de ces vidéos toutes les actions les plus grossières et les plus fines

exécutées par les acteurs. Ensuite, les deux expérimentateurs ont mis en commun leurs listes

et ont construit les grilles d’évaluation pour chacune des vidéos. Pour la vidéo 1, la première

grille d’évaluation contient 11 événements (ou actions) généraux et la deuxième grille

d’évaluation contient 143 événements détaillés. Pour la vidéo 2, la première grille

d’évaluation contient 8 événements généraux et la deuxième grille d’évaluation contient 161

événements détaillés. Nous avons choisi de construire deux grilles d’évaluation par vidéo afin

30

d’obtenir un score de rappel général et un score de rappel détaillé pour chacune des vidéos

d’intérêt.

Dans les grilles d’évaluation du rappel des événements détaillés, un point est attribué

pour chaque événement détaillé correctement rappelé. Dans les grilles d’évaluation du rappel

des événements généraux, un point est attribué lorsqu’un événement général est correctement

rappelé ou lorsqu’un événement détaillé faisant partie d’un événement général est

correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « elle s’est versée un verre de lait » pour

« elle s’est versée un verre de jus d’oranges »), un point est attribué à l’événement correct

correspondant dans les deux grilles d’évaluation et une erreur est comptabilisée dans la grille

d’évaluation du rappel des événements détaillés. En cas d’ajout (i.e., rappeler un

événement/une action qui ne peut pas être associé à un événement montré dans les vidéos), un

point est ajouté dans la case « ajouts » de la grille d’évaluation du rappel des événements

détaillés. Pour chacune des quatre grilles, un score total de rappel d’événements est calculé en

additionnant tous les points obtenus dans ces grilles. Pour les deux grilles d’évaluation du

rappel des événements détaillés seulement, un score total d’erreurs est calculé en additionnant

toutes les erreurs et tous les ajouts. Cette cotation nous a donc permis d’obtenir quatre scores

de rappel (i.e., un général et un détaillé pour chaque vidéo) et deux scores d’erreurs (i.e., un

pour chaque vidéo). Les consignes complètes de la tâche de rappel des vidéos, les grilles

d’évaluation associées à cette tâche et un exemple de rappel d’un de nos participants sont

disponibles en Annexes V, VI et VII.

Tâche de reconnaissance d’images

La tâche de reconnaissance d’images est la seconde des deux tâches que nous avons

utilisées pour évaluer la mémoire des événements contenus dans les vidéos. Elle est identique

aux tâches de reconnaissance d’images que Zacks et collaborateurs ont utilisé dans leurs

études (Bailey et al., 2013 ; Sargent et al., 2013 ; Zacks, Speer et al., 2006).

Concrètement, la tâche de reconnaissance d’images était présentée en utilisant une

procédure programmée à l’aide du logiciel E-Prime 2 sur le même ordinateur que la tâche de

segmentation de vidéos. Elle était administrée à la suite de la tâche de rappel des vidéos. Dans

la tâche de reconnaissance d’images, nous avons d’abord présenté à nos participants 20 paires

d’images en rapport avec la vidéo 1, puis 20 paires d’images en rapport avec la vidéo 2.

Chaque paire d’images était composée d’une image tirée directement d’une des deux vidéos

(i.e., l’image vue) et d’une image montrant aussi un plan de la scène mais n’ayant jamais été

vue par les participants (i.e., l’image leurre ; voir Figure 4). Tout au long de cette tâche, les

participants devaient identifier les images qu’ils avaient vues dans la tâche de segmentation

31

de vidéos en appuyant sur la touche « x » lorsque les images vues étaient situées sur la gauche

de l’écran et en appuyant sur « n » lorsque les images vues étaient situées sur la droite de

l’écran (consigne complète en Annexe VIII). Afin d’alléger la mémoire de travail des

participants, la question « Laquelle de ces images avez-vous vue ? » et des indications

concernant la touche sur laquelle appuyer une fois l’image vue identifiée apparaissaient sur

l’écran à chaque essai. Un score de reconnaissance d’images était calculé pour chaque vidéo

en comptant les réponses correctes (i.e., les images vues correctement identifiées) des

participants. Un score total de reconnaissance était également calculé en additionnant toutes

les réponses correctes obtenues à cette tâche pour les deux vidéos.

Pour chaque vidéo, la moitié des images vues se situaient à droite de l’écran et l’autre

moitié à gauche de l’écran. Par ailleurs, chaque image vue était associée de manière fixe à une

image leurre sur la base d’une liste que nous avons téléchargée sur le site personnel de J. M.

Zacks. L’ordre de présentation des paires d’images pour chaque vidéo était le même pour tous

les participants mais a été établi de manière aléatoire.

Figure 4. Exemples de stimuli utilisés dans la tâche de reconnaissance d’images.

Mémoire Logique I et II de la MEM-IV

La MEM-IV est un outil psychométrique utilisé pour évaluer les performances

mnésiques générales. Elle est composée de plusieurs sous-tests dont la Mémoire Logique I et

la Mémoire Logique II qui permettent d’évaluer la mémoire de récits (Wechsler, 2012). Nous

avons décidé d’utiliser ces deux sous-tests de la MEM-IV car les stimuli à mémoriser dans

ces sous-tests ont un contenu segmentable (voir Annexe IX) et parce que la MEM-IV a

l’avantage d’être normée sur une population âgée de 65 à 90 ans. La passation des deux sous-

tests de la MEM-IV que nous avons sélectionnés se déroule comme suit : une première

histoire est lue à haute voix par l’expérimentateur au participant qui doit immédiatement après

32

en répéter le contenu. Cette procédure est réitérée une fois pour cette même histoire, puis une

fois encore pour une seconde histoire. Après un délai de rétention de 20 à 30 minutes, le

participant doit rappeler le contenu des deux histoires une nouvelle fois et est ensuite soumis à

un test de reconnaissance oui/non. La passation des sous-tests de Mémoire Logique I et II

permet d’obtenir trois scores reflétant la performance des participants aux tâches de rappel et

de reconnaissance des deux histoires : un score de rappel immédiat, un score de rappel différé

et un score de reconnaissance.

Echelle d’évaluation de la démence de Mattis

L’Echelle d’évaluation de la démence de Mattis (Mattis, 1976) a été élaborée pour

évaluer le fonctionnement cognitif des patients atteints de maladies neurodégénératives et est

couramment utilisée pour déceler la présence potentielle de troubles cognitifs chez des

personnes âgées. Cette échelle évalue cinq domaines de la cognition : l’attention, l’initiation,

la construction, la conceptualisation et la mémoire. Basé sur les cinq sous-scores qui

correspondent à ces domaines cognitifs, un score global de fonctionnement cognitif est

calculé. Le score global maximal est de 144 points et, d’après le manuel de l’échelle, le seuil

clinique à deux écarts-types en-dessous de la moyenne de la population générale est fixé à

122 points. La validité et la sensibilité de chacune des sous-échelles de l’Echelle d’évaluation

de la démence de Mattis ont été montrées par Marson, Dymek, Duke et Harrel (1997). Dans

notre étude, nous avons utilisé cette échelle pour pouvoir exclure les participants présentant

des signes de vieillissement problématique et également afin de pouvoir tenir compte du

niveau de fonctionnement cognitif général des participants dans nos analyses.

Echelle de Préférence de Routinisation

L’Echelle de Préférence de Routinisation (EPR ; voir Annexe X ; Bouisson, 2002) est

un questionnaire auto-reporté utilisé pour évaluer à quel point un individu préfère adopter des

routines dans la vie quotidienne. Il est composé de 10 items (e.g., « En général, je fais les

mêmes choses chaque jour ») auxquels les participants répondent sur une échelle de Likert en

5 points allant de « pas du tout vrai » à « tout à fait vrai ». Un score élevé à ce questionnaire

indique une préférence de routinisation élevée dans la vie quotidienne. L’échelle a été validée

auprès d’une population âgée (65 à 96 ans) et présente une consistance interne satisfaisante (α

de Cronbach = .73), une bonne fidélité test-retest à deux semaines (r = .84) et une bonne

validité prédictive pour la répétition dans les activités de la vie quotidienne.

Hospital Anxiety and Depression scale

Le Hospital Anxiety and Depression scale (HAD ; voir Annexe XI ; Zigmond &

Snaith, 1983) est un questionnaire auto-reporté utilisé pour évaluer la présence d’une

33

symptomatologie anxieuse et/ou dépressive. Il est composé de deux sous-échelles : une

évaluant la symptomatologie anxieuse et l’autre la symptomatologie dépressive. Un score

élevé sur une de ces échelles indique un haut niveau de symptomatologie dans la dimension

évaluée. Ce questionnaire a été originellement adapté pour des patients en milieu hospitalier,

mais il est depuis couramment utilisé dans divers contextes. La fidélité test-retest à deux

semaines de ce questionnaire est supérieure à .80 et une revue de littérature de Bjelland, Dahl,

Haug et Neckelmann (2002) a reporté une moyenne de .83 pour sa consistance interne

(i.e., moyenne des α dans 15 études). La validité concurrente du HAD est considérée bonne à

très bonne.

Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire

Le Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire (QAM ; Van der Linden, Wyns,

Von Frenkell, Coyette, & Seron, 1989) est un questionnaire auto-reporté qui évalue la

fréquence des difficultés mnésiques dans la vie quotidienne. Le questionnaire complet

comporte une question générale (i.e., « Pensez-vous avoir des problèmes de mémoire dans la

vie quotidienne ? ») et 10 rubriques, chacune évaluant un domaine spécifique de la vie

quotidienne (e.g., la mémoire des conversations). Chaque rubrique contient plusieurs items.

Les réponses à ce questionnaire sont données sur une échelle de Likert en 6 points allant de

« jamais » à « toujours ». Un sous-score élevé à une des rubriques du QAM ou un score

global élevé indique une haute fréquence auto-reportée de difficultés mnésiques. La fidélité

test-restest de ce questionnaire varie de .69 à .84 selon la rubrique.

Dans cette étude, nous avons seulement utilisé trois rubriques et la question générale

de cet outil car la passation du questionnaire complet aurait été excessivement longue au sein

de notre procédure déjà chargée. Nous avons sélectionné deux rubriques portant sur des

contenus que nous avons jugés segmentables : mémoire des conversations (6 items) et

mémoire des films/livres (4 items). Nous avons également inclus une rubrique portant sur des

contenus estimés non-segmentables : mémoire des personnes (7 items ; voir Annexe XII).

2.2.3. Procédure

La Figure 5 illustre l’ordre d’administration des tâches, tests et questionnaires décrits

ci-dessus et précise le temps moyen nécessaire à la passation de chacun de ces outils. La

passation commençait par une brève description de l’étude et de ses objectifs généraux (voir

Annexe XIII pour un exemplaire du formulaire de consentement). Après que les participants

aient rempli et signé le formulaire de consentement, les expérimentateurs récoltaient les

informations sociodémographiques d’intérêt sur les participants. Ils leur administraient

34

ensuite la tâche de segmentation de vidéos, la tâche de rappel des vidéos, la tâche de

reconnaissance d’images et l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation

d’événements. Après la complétion de ces tâches et étant donnée la longueur du protocole,

une pause facultative de 10 minutes était proposée. Suite à cela, les expérimentateurs leur

administraient la Mémoire Logique I (i.e., lecture des histoires à mémoriser et rappels

immédiats), l’Echelle d’évaluation de la démence de Mattis, les questionnaires EPR et HAD,

la Mémoire Logique II (i.e., rappels différés et reconnaissance) et le QAM – 3 rubriques.

Avec le consentement des participants, la totalité de la passation était enregistrée avec un

enregistreur vocal pour permettre par la suite la retranscription exacte de leurs productions à

la tâche de rappel des vidéos et à l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation

d’événements. Au terme de la passation, les participants étaient débriefés et vivement

remerciés pour leur participation. Les passations se sont toutes déroulées l’après-midi,

conformément aux contraintes qu’impose la consigne de l’entretien clinique d’évaluation de

la segmentation d’événements. Les passations ont toutes eu lieu soit dans un laboratoire de

l’Université de Genève, soit chez les participants eux-mêmes, mais toujours dans un endroit

calme et adéquat pour l’administration des tâches.

Figure 5. Représentation schématique de la procédure de cette étude.

2.2.4. Hypothèses opérationnelles

I. Nous nous attendons à observer une corrélation positive entre le score d’accord de

segmentation et l’indice d’identification claire des frontières (entretien clinique).

II. Nous nous attendons à ce que le score d’accord de segmentation, d’une part, et

l’indice d’identification claire des frontières, d’autre part, prédisent :

35

- Les scores de rappel généraux et détaillés des vidéos

- Le score à la tâche de reconnaissance d’images

- Les scores de rappels immédiat et différé de la MEM-IV

- Les scores à la question générale et aux rubriques segmentables du QAM

Mais pas le score à la rubrique non-segmentable du QAM.

III. Nous nous attendons à ce que le score d’accord de segmentation, d’une part, et

l’indice d’identification claire des frontières, d’autre part, corrèlent négativement

avec le score à l’EPR.

3. Résultats

3.1. Statistiques descriptives

3.1.1. Consistance interne des questionnaires

Tout d’abord, nous nous sommes assurés que la consistance interne des questionnaires

que nous avons administrés dans notre étude était satisfaisante pour les données de notre

échantillon. Pour ce faire, nous avons calculé un α de Cronbach pour chacun des trois

questionnaires que nous avons utilisés. Selon George et Mallery (2003), un α de Cronbach

supérieur à .7 indique que la consistance interne d’un questionnaire est acceptable. Le QAM

est le seul des trois questionnaires que nous avons utilisés dans notre étude qui ait une

consistance interne acceptable (α = .791). Toutefois, notre échantillon étant petit et les α de

Cronbach des sous-échelles anxiété et dépression du HAD étant proches de .7 (α = .673 et α =

.588, respectivement), nous avons tout de même décidé de prendre en compte les réponses des

participants à ce questionnaire dans la suite de nos analyses. En revanche, la consistance

interne de l’EPR étant totalement inacceptable (α = -.239), les données issues de ce

questionnaire ont été retirées de la suite de nos analyses.

3.1.2. Fidélité inter-juges

La cotation des réponses des participants à la tâche de rappel des vidéos et à

l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements a été partagée entre les

deux expérimentateurs car une double-cotation des réponses de l’échantillon complet aurait

été trop coûteuse en terme de temps. Cependant, nous nous sommes assurés que les cotations

effectuées par les expérimentateurs étaient équivalentes. Pour ce faire, nous avons sélectionné

de manière aléatoire les productions de 25% de nos participants aux tâches susmentionnées et

celles-ci ont été double-cotées. Sur la base des scores attribués par chacun des

expérimentateurs aux productions des participants, un coefficient de corrélation intra-classe a

36

été calculé pour chaque mesure d’intérêt. Ces coefficients se distribuaient de .774 à 1,

indiquant un degré de fidélité inter-juges satisfaisant à excellent.

3.1.3. Distribution des scores

Avant de pouvoir nous livrer à des analyses statistiques plus poussées, nous avons

observé la distribution de nos données et particulièrement leur normalité. Les indices de

normalité que nous avons utilisés sont les indices de Skewness et de Kurtosis. Pour l’indice

de Skewness, les valeurs absolues supérieures à 3.0 sont considérées comme extrêmes (Chou

& Bentler, 1995). Pour l’indice de Kurtosis, les valeurs absolues supérieures à 10.0 suggèrent

la présence d’un problème au niveau de la normalité des données et les valeurs supérieures à

20.0 sont considérées comme extrêmes (Kline, 2005). Les indices de Skewness et de Kurtosis

pour chacune de nos variables d’intérêt sont représentés dans le Tableau 1 et montrent que les

données de toutes nos variables d’intérêt sont normalement distribuées.

Tableau 1

Caractéristiques des variables d’intérêt

Variable M SD Min Max Skewness Kurtosis

Accord segmentation vidéo 1 .251 .155 .001 .509 .142 -1.436

Accord segmentation vidéo 2 .203 .135 .007 .498 .661 -.709

Rappel général vidéo 1 7.333 1.689 4 10 -.438 -.811

Rappel détaillé vidéo 1 17.455 6.088 5 33 .223 .456

Rappel général vidéo 2 5.727 1.329 4 8 .282 -1.041

Rappel détaillé vidéo 2 21.879 15.913 6 73 1.504 2.017

Reconnaissance vidéo 1 11.394 2.524 8 17 .641 -.129

Reconnaissance vidéo 2 14.303 1.912 9 18 -.377 .408

Reconnaissance Totale 25.697 3.015 20 32 .252 -.228

Indice ICF 0.406 0.143 0.183 0.733 .856 .159

MEM-IV rappels immédiats 28.182 6.771 16 39 -.278 -1.093

MEM-IV rappels différés 15.000 6.067 2 25 -.363 -.492

Mattis Total 133.909 5.795 122 144 -.479 -.424

QAM question générale 3.394 .704 2 5 .401 .184

QAM segmentable 2.367 .499 1.600 3.600 .404 -.077

QAM non-segmentable 2.394 .661 1.286 4.000 .391 -.116

Note. N = 33. Indice ICF = indice d’Identification Claire des Frontières (entretien clinique).

37

3.2. Statistiques exploratoires

3.2.1. Agglomération des scores

Etant donnée l’existence d’une corrélation importante entre les scores de segmentation

des deux vidéos, r(31) = .851, p < .05, nous avons choisi de former un score global d’accord

de segmentation en calculant la moyenne des deux scores d’accord de segmentation obtenus

par nos participants. Tout comme les scores d’accord de segmentation originaux, le score

global d’accord de segmentation tel que nous l’avons calculé s’étend de 0 (i.e., pas d’accord

de segmentation avec le groupe) à 1 (i.e., total accord de segmentation avec le groupe).

De même, basés sur les corrélations positives et significatives entre d’une part, les

scores aux tâches de rappel général des vidéos 1 et 2, r(31) = .612, p < .05, et d’autre part, les

scores aux tâches de rappel détaillé des vidéos 1 et 2, r(31) = .668, p < .05, nous avons choisi

de créer deux scores globaux : un indice de rappel général et un indice de rappel détaillé.

Etant donné que le nombre d’événements pouvant être rappelés n’est pas le même pour les

deux vidéos, un simple calcul de moyenne n’aurait pas été pertinent pour former des scores

globaux de rappels général et détaillé. Nous avons donc calculé des indices représentant la

moyenne entre la proportion de rappel de la vidéo 1 et la proportion de rappel de la vidéo 2.

Tout comme le score global d’accord de segmentation, ces indices s’étendent de 0 (i.e., aucun

événement n’est rappelé) à 1 (i.e., tous les événements sont rappelés).

Suite à la création du score global d’accord de segmentation et des indices de rappel

général et détaillé, nous nous sommes assurés que les scores des participants sur ces nouvelles

variables étaient normalement distribués. Les indices de skewness pour le score global

d’accord de segmentation, l’indice de rappel général et l’indice de rappel détaillé étaient de

.369, -.016 et 1.022 respectivement. Les indices de kurtosis pour ces mêmes variables étaient

de -1.207, -.879 et .494 respectivement.

3.2.2. Corrélations

Afin d’explorer l’existence potentielle de liens entre les tâches que nous avons

élaborées et toutes les autres tâches que nous avons administrées, nous avons calculé les

corrélations entre toutes les variables de notre étude. Spécifiquement, ces analyses ont montré

que le score global d’accord de segmentation était en lien avec l’indice de rappel détaillé,

r(31) = .485, p < .05, mais pas avec l’indice de rappel général, le score total à la tâche de

reconnaissance d’images, les deux scores de rappel de la MEM-IV et les rubriques du QAM.

Ces analyses ont aussi révélé la présence d’un lien négatif tendanciel entre le score global

d’accord de segmentation et l’indice d’identification claire des frontières, r(31) = -.327,

38

p < .10. L’indice d’identification claire des frontières n’était pas corrélé avec les indices de

rappel des vidéos, ni avec les deux scores de rappel de la MEM-IV, ni avec la question

générale et la rubrique non-segmentable du QAM. Les analyses ont toutefois montré la

présence de liens négatifs tendanciels entre l’indice d’identification claire des frontières et le

score global de reconnaissance, r(31) = -.316, p < .10, et entre l’indice d’identification claire

des frontières et les rubriques segmentables du QAM, r(31) = -.317, p < .10. Par ailleurs, nous

notons que l’âge est corrélé négativement et significativement avec l’indice de rappel général,

r(31) = -.505, p < .05, et avec l’indice d’identification claire de frontières, r(31) = -.346, p <

.05, mais pas avec l’indice de rappel détaillé. Nous notons également une corrélation positive

significative entre le genre (n.b., le genre a été codé tel que Homme = -1 et Femme = 1) et

l’indice de rappel général, r(31) = .410, p < .05, l’indice de rappel détaillé, r(31) = .505, p <

.05 et le score total à la tâche de reconnaissance d’images, r(31) = .390, p < .05. La totalité

des corrélations entre les variables est présentée dans le Tableau A en Annexe XIV.

3.2.3. Analyse de régression linéaire multiple

Au vu de nos hypothèses de départ et étant donnée l’existence du lien positif entre le

score global d’accord de segmentation et l’indice de rappel détaillé, nous avons décidé de

mener une analyse de régression linéaire multiple sur l’indice de rappel détaillé, en incluant

comme prédicteurs le score global d’accord de segmentation et deux autres variables dont la

corrélation avec l’indice de rappel détaillé était significative : le score total à la Mattis, r(31) =

.548, p < .05, et le genre (voir supra). L’ajout de ces deux prédicteurs au modèle est pertinent

d’un point de vue théorique et leur présence en tant que variable de contrôle permet d’isoler la

part de variance expliquée par l’accord de segmentation. Les résultats de cette analyse sont

présentés dans le Tableau 2.

Tableau 2

Résultats de la régression linéaire multiple sur l’indice de rappel détaillé

Variables B Beta t p

Accord de segmentation global .156 .343 2.703 .011

Genre .024 .363 2.853 .008

MATTIS Total .004 .388 3.015 .005

Le modèle de régression prédit significativement les scores à l’indice de rappel

détaillé, F(3, 29) = 12.405, p < .001, et explique 52% de la variance de ces scores.

39

Spécifiquement, le score à l’indice de rappel détaillé est significativement prédit par toutes les

variables du modèle.

4. Discussion

4.1. Interprétation des résultats

Lien entre les deux tâches d’évaluation de la segmentation

Pour rappel, le premier objectif de ce projet était l’élaboration de deux tâches

permettant l’évaluation des capacités de segmentation d’événements des individus. Nous nous

attendions donc, lors de l’exploration, à observer une corrélation positive entre les scores

obtenus par nos participants dans les deux tâches. Cela n’est malheureusement pas le cas. En

effet, on constate même une corrélation négative tendancielle entre le score d’accord de

segmentation et l’indice d’identification claire des frontières. Ce résultat suggère que nos

deux tâches ne mesurent pas le même processus. En effet, nous aurions pu argumenter

qu’elles mesuraient toutes deux les capacités de segmentation d’événements mais que

l’existence d’autres facteurs entrant en jeu dans l’exécution de l’une ou l’autre tâche

diminuait la force du lien entre les deux tâches si nous observions une corrélation

(significative) faible mais positive. Ici, la présence de la tendance négative indique que

l’objectif d’élaborer deux tâches d’évaluation d’un même processus n’a pas été atteint.

Notre tâche de segmentation de vidéos est une adaptation d’une procédure

d’évaluation de la segmentation utilisée en recherche et nous ne pensons pas que les

modifications que nous y avons apportées soient suffisantes pour que le processus évalué ne

soit plus le même. Cela étant dit, il est possible que cette tâche ne sollicite pas exactement le

même processus que la segmentation d’événements telle qu’elle est mise en jeu dans la vie

quotidienne. Notamment, l’activité qui est segmentée dans la vie quotidienne est, la majeure

partie du temps, l’activité propre de l’individu. Dans la tâche de segmentation de vidéos,

l’activité à segmenter est celle d’un inconnu, que le participant observe sans avoir la

possibilité d’interagir. Nous reviendrons sur ces aspects lorsque nous évoquerons les limites

des tâches élaborées durant ce projet.

L’entretien clinique d’évaluation de la segmentation et l’indice d’identification claire

des frontières qui y est associé ont quant à eux été construit sur des bases théoriques solides

mais n’étaient pas directement dérivés d’une procédure expérimentale antérieure. Il est donc

possible que l’indice d’identification claire des frontières cible un autre processus et ne

40

constitue finalement pas un indicateur des capacités de segmentation d’événements. Nous

reviendrons également sur les limites de cette tâche dans la suite de ce travail.

Score d’accord de segmentation et mesures de la mémoire épisodique

Nous avions également fait l’hypothèse que nos deux mesures des capacités de

segmentation (i.e., le score d’accord de segmentation et l’indice d’identification claire des

frontières) prédisent les performances des participants aux tâches mesurant leurs capacités

mnésiques pour des contenus segmentables, à savoir les scores de rappel généraux et détaillés

des vidéos, le score à la tâche de reconnaissance d’images, les scores de rappels immédiat et

différé du sous-test Mémoire Logique de la MEM-IV et les scores à la question générale et

aux rubriques segmentables du QAM.

Nous commencerons par commenter les résultats obtenus relativement à la tâche de

segmentation de vidéos et donc au score d’accord de segmentation. Lorsque la performance à

une certaine mesure prédit les résultats obtenus à une autre, on observe nécessairement une

corrélation entre deux. Or, dans notre échantillon, seul l’indice de rappel détaillé des vidéos

était significativement corrélé avec le score d’accord de segmentation. Nous reviendrons sur

les autres mesures des capacités mnésiques par la suite. Puisque le rappel détaillé des vidéos

et l’accord de segmentation corrèlent, nous avons décidé de mener une analyse de régression

linéaire multiple sur l’indice de rappel détaillé. En effet, nous cherchions à vérifier

l’hypothèse selon laquelle le score à cet indice est prédit par le score d’accord de

segmentation. Comme cela a été indiqué dans les résultats, nous avons ajouté au modèle de

prédiction deux variables : le genre et le score total à la Mattis. L’effet du genre sur les

mesures de mémoire épisodique est fréquemment relevé dans la littérature. Particulièrement,

les femmes obtiennent généralement des performances supérieures à celles des hommes dans

les tâches nécessitant le rappel d’un contenu de nature verbale ou qui peut être verbalisé

(Herlitz & Rehnman, 2008). Dans notre cas, l’information présentée est visuelle (et dans une

moindre mesure auditive) mais le rappel est verbal. La meilleure performance des femmes au

rappel détaillé des vidéos, caractérisée par la corrélation positive entre cette variable et la

variable de genre, cadre donc avec la littérature. Il nous a semblé pertinent d’inclure le genre

afin de contrôler son effet sur notre variable d’intérêt. Concernant le score total à la Mattis, il

a été inclus car il corrèle également avec l’indice de rappel détaillé et il permet de contrôler

l’effet du fonctionnement cognitif global des participants. L’analyse a révélé que les trois

variables prédisent significativement le score à l’indice de rappel détaillé. Le score d’accord

de segmentation reste donc bien un prédicteur du rappel détaillé même lorsque l’on tient

compte des effets du genre et du fonctionnement cognitif global. Ce résultat s’accorde avec

41

ceux de Bailey et collaborateurs (2013) et Sargent et collaborateurs (2013) qui montrent que

l’accord de segmentation est un prédicteur de la mémoire des événements et suggère que la

tâche telle que nous l’avons adaptée permet une évaluation satisfaisante des capacités de

segmentation. Notons cependant que ce modèle n’explique que 52% de la variance des scores

à l’indice de rappel détaillé. Près de la moitié de la variance de cette variable reste donc

inexpliquée et d’autres facteurs sont certainement en jeu.

Concernant les autres mesures de mémoire épisodique, il n’y a pas de corrélation

significative entre le score d’accord de segmentation et l’indice de rappel général des vidéos.

Ce résultat est relativement surprenant étant donné qu’il s’agit de deux mesures portant sur le

traitement du contenu des mêmes vidéos. La segmentation d’événements étant un processus

qui permet de structurer l’information à mettre en mémoire, nous pouvions supposer que de

bonnes capacités de segmentation permettraient une extraction plus efficace de la structure

globale de l’activité observée, et de ce fait une meilleure performance au rappel des

événements généraux la composant. Cet effet n’est pas observé dans notre échantillon. Nous

notons par ailleurs que le score à l’indice de rappel général est significativement corrélé aux

autres mesures de performance mnésique de notre procédure : les scores de rappels immédiat

et différé de la MEM-IV, respectivement r(31) = .353, p < .05 et r(31) = .393, p < .05, et le

sous-score Mémoire de la Mattis, r(31) = .391, p < .05. Le score à l’indice de rappel général

des vidéos semble donc être lié aux performances plus générales en mémoire épisodique et il

est possible qu’il dépende plus d’autres processus sous-jacents au fonctionnement de la

mémoire que du processus de segmentation d’événements.

Contrairement à nos attentes, nous n’observons pas non plus de corrélation

significative entre le score d’accord de segmentation et le score à la tâche de reconnaissance

d’images. La nature des « erreurs » contenues dans les images leurres pourrait être une piste

pour expliquer ce résultat. En effet, ces images montrent presque toutes des actions qui ont

réellement été effectuées par les acteurs de la vidéo. Ce qui les distingue des images vues,

dans la plupart des cas, a trait à la chronologie des actions dans la vidéo. Concrètement, dans

les images leurres, la présence ou l’absence de certains objets indique soit qu’une action a

déjà été faite alors que dans la vidéo cette action suivait celle montrée dans l’image, soit

qu’une action n’a pas encore été faite alors que dans la vidéo elle précédait celle montrée dans

l’image. Par exemple, dans la vidéo de la préparation de la fête, l’homme dresse la table avant

de commencer à décorer la pièce. Une des images leurres associée à cette vidéo montre

l’homme en train de placer des décorations alors que la table n’est pas encore mise. Une

bonne performance à la tâche de reconnaissance d’images implique donc surtout d’avoir bien

42

mémorisé l’ordre des différentes actions (événements) de chacune des vidéos. Or

théoriquement, la segmentation d’événements permet la distinction des différents événements

qui composent une activité, mais n’est pas directement impliquée dans la mémorisation de

l’ordre de ces événements. La performance à la tâche de reconnaissance serait donc sous-

tendue par d’autres mécanismes, inhérents à la mémorisation de l’ordre de la séquence

temporelle des événements, plutôt que par le processus de segmentation d’événements lui-

même. Rappelons cependant qu’empiriquement, le lien entre segmentation d’événements et

mémoire de l’ordre des événements a été mis en évidence puisque les résultats de l’étude de

Zacks et collaborateurs (2006) ont montré une corrélation significative entre l’accord de

segmentation et la capacité à remettre dans l’ordre des images issues de la vidéo segmentée

dans un groupe de participants âgés (M = 78 ans).

Le score d’accord de segmentation n’est pas non plus corrélé aux scores obtenus aux

rappels immédiat et différé du sous-test Mémoire Logique de la MEM-IV. Nous avions choisi

ce test parmi les batteries classiques d’évaluation de la mémoire épisodique car il s’agit d’un

test de mémoire de récits, contenu que nous considérons comme étant segmentable. La nature

segmentable de ce contenu nous menait à faire l’hypothèse que les capacités de segmentation

des participants prédiraient la performance à ce test. Nous relevons cependant que la cotation

des réponses à ce test porte principalement sur le rappel de détails isolés (e.g., le nom des

personnes ou des lieux mentionnés dans les récits), le rappel du contexte n’étant généralement

pas nécessaire. En d’autres termes, un participant pourrait rappeler une histoire totalement

différente mais intégrant les mêmes éléments et obtenir une bonne part des points. Par

exemple, l’histoire B relate les mésaventures d’une femme qui a été victime d’une attaque

dans la rue, et qui le rapporte au poste de police de la mairie. Un participant qui rappellerait

l’histoire d’un policier qui se promène dans la rue près de la mairie obtiendrait néanmoins des

points pour la mention du policier, de la rue et de la mairie. Ainsi un rappel désorganisé,

potentiellement lié à une difficulté à segmenter le récit, peut tout de même permettre d’obtenir

un très bon score à ce test. Le mode de cotation semble donc être une explication possible

pour l’absence de corrélation entre le score d’accord de segmentation et les scores de rappels

immédiat et différé du sous-test Mémoire Logique.

Enfin, nos résultats ne révèlent pas non plus de corrélation significative entre le score

d’accord de segmentation et les différentes rubriques du QAM. Nous nous attendions à ce que

la réponse à la question générale et le score aux rubriques segmentables soient prédits par le

score d’accord de segmentation. Deux interprétations sont possibles concernant ce résultat.

Tout d’abord, il se peut que les capacités de segmentation d’événements n’aient pas

43

l’importance que nous postulions dans le bon fonctionnement de la mémoire au quotidien

(tant en général que pour les domaines des rubriques que nous avions sélectionnées).

Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, il est aussi possible que la performance lors de

la segmentation d’une vidéo ne reflète pas tout à fait les capacités de segmentation d’un

individu dans la vie quotidienne. Cela pourrait expliquer l’absence de corrélation avec les

rubriques du QAM, qui porte sur la fréquence des difficultés mnésiques dans la vie de tous les

jours. Concernant le score à la rubrique non-segmentable du QAM, le fait qu’il ne soit pas

corrélé au score d’accord de segmentation correspond à nos attentes. Cependant, ce résultat

devait être en contraste avec la corrélation attendue entre le score d’accord de segmentation et

les autres rubriques du QAM. L’interprétation de ce résultat pris isolément paraît donc peut

pertinente.

Score à l’indice d’identification claire des frontières et mesures de la mémoire

épisodique

Nous n’observons aucune corrélation significative entre l’indice d’identification claire

des frontières et les mesures de la mémoire épisodique utilisées dans notre étude. Nous ne

relevons que deux corrélations tendancielles négatives : la première lie l’indice

d’identification claire des frontières au score à la tâche de reconnaissance et la seconde au

score aux rubriques segmentables du QAM. Notons que ces tendances négatives indiquent

qu’un plus haut score à l’indice d’identification claire des frontières est associé à une moins

bonne performance à la tâche de reconnaissance, mais également à un score plus bas au

QAM, marquant une moindre fréquence autoreportée des difficultés mnésiques dans la vie

quotidienne. Ces deux résultats paraissent relativement contradictoires et compte tenu de

l’incertitude soulevée précédemment concernant le construit évalué par l’indice

d’identification claire des frontières, sont difficiles à interpréter.

Lien entre les tâches d’évaluation de la segmentation et la mesure de la

routinisation avec l’EPR

Notre dernière hypothèse portait sur le lien entre nos mesures des capacités de

segmentation et le score à l’Echelle de Préférence de Routinisation. Ce questionnaire ne

présentant pas une consistance interne acceptable dans notre échantillon, nous n’avons pas pu

tester cette hypothèse.

44

4.2. Limites et adaptations

Les tâches élaborées dans ce projet ainsi que la procédure d’exploration comportent

certaines limites qu’il est important de relever. Nous allons donc les spécifier et tenter de

proposer des pistes d’amélioration pour certaines d’entre elles.

Méthodologie de l’exploration

La méthodologie de notre étude exploratoire présente certaines limites. La première

que nous pouvons citer est la taille de notre échantillon. Le nombre restreint de sujets (33

participants) inclus dans nos analyses a certainement eu un impact sur nos résultats, en

réduisant la puissance des tests statistiques notamment. Certains de nos résultats auraient

probablement atteint le seuil de significativité si notre échantillon avait été plus grand. C’est

d’ailleurs pourquoi nous avons choisi d’interpréter aussi certains résultats tendanciels.

Nous pouvons également citer la longueur de la procédure. En effet, nous avions prévu

que la passation complète durerait environ 1 heure 30. Dans la pratique, certains participants

ont complété la procédure en à peine plus d’une heure, mais il a fallu 2 heures voire plus pour

d’autres. Notamment, la tâche de reconnaissance d’images, qui s’est révélée particulièrement

difficile, a souvent pris bien plus que les 6 minutes que nous avions estimées. La passation a

donc eu une durée plus variable que nous l’avions prévu. De ce fait, nous pouvons supposer

que des effets de fatigue ont impacté les performances de certains participants, en particulier

pour le sous-test Mémoire Logique II qui est administré en fin de passation.

Tâche de segmentation de vidéos

Concernant la tâche de segmentation de vidéos, les deux premières limites que nous

avons relevées se rapportent aux vidéos utilisées. En effet, lors de nos passations, nous avons

noté que la qualité d’image (malheureusement assez faible) des vidéos a gêné certains

participants, qui avaient de la peine à identifier certains objets/éléments durant le

visionnement. Par ailleurs, certains participants ont également exprimé un certain ennui,

considérant les vidéos un peu trop longues et peu intéressantes. Cela induit une tendance à

détourner l’attention de la vidéo chez ces participants. Ces deux limites inhérentes aux vidéos

nous font suggérer qu’il serait probablement préférable que de nouvelles vidéos soient

filmées, suivant un format similaire mais en meilleure qualité, et éventuellement plus courtes.

Cela impliquerait par contre d’effectuer une nouvelle étude pour assurer qu’une tâche

comportant des vidéos plus courtes permette néanmoins une mesure correcte de la

segmentation d’événements. Pour rappel, nos vidéos d’intérêt duraient respectivement 329 s

et 376 s. Dans les études précédentes utilisant le paradigme de segmentation de vidéos, des

vidéos de moindre longueur ont déjà été utilisées : une vidéo de 246 s par Kurby et Zacks

45

(2011) et une de 249 s par Bailey et collaborateurs (2013). Nous considérons donc que

l’utilisation de vidéos d’une durée inférieure de une à deux minutes par rapport à celles que

nous avons montrées devrait tout de même permettre une bonne mesure des capacités de

segmentation d’événements.

Une autre limite de cette tâche réside dans le calcul permettant d’obtenir le score des

participants. En effet, le score obtenu par un participant pour l’accord de segmentation n’est

pas indépendant du nombre de fois où il a segmenté la vidéo. Il existe un score maximum

pouvant être obtenu pour un nombre de frontières identifiées donné ; plus le nombre de

frontières est petit, plus le plafond est bas. D’autre part, une personne ayant appuyé un très

grand nombre de fois a plus de probabilité que les frontières qu’elle a identifiées coïncident

avec celles que les autres personnes ont marquées et donc son score minimum est plus élevé

que celui des participants ayant appuyé plus rarement. Les personnes ayant naturellement

segmenté grossièrement, et donc identifié peu de frontières sont donc automatiquement

« désavantagées » par ce calcul. Or d’un point de vue théorique, on ne peut affirmer qu’une

segmentation fine des vidéos témoigne de meilleures capacités de segmentation qu’une

segmentation grossière. Ce problème est particulièrement saillant dans notre échantillon

puisque nous n’avons pas contraint nos participants quant à la manière de segmenter (plutôt

finement ou plutôt grossièrement). L’étendue du nombre de frontières identifiées est donc très

large. Cette limite est problématique puisqu’elle induit un risque de sous-estimation des

capacités de segmentation pour les personnes qui segmentent naturellement grossièrement, et

un risque de surestimation pour ceux qui segmentent spontanément de manière fine. Il

faudrait donc appliquer au score d’accord de segmentation une correction qui permette de

prendre en compte ce phénomène.

Enfin, d’un point de vue plus conceptuel, rappelons que même si nous avons tenté de

rendre cette tâche la plus « écologique » possible, elle ne reproduit pas littéralement les

conditions du fonctionnement naturel du processus de segmentation dans la vie quotidienne.

La différence la plus évidente tient au fait que l’on demande aux participants d’effectuer la

segmentation des vidéos de façon explicite et intentionnelle alors que le processus de

segmentation d’événements se produit généralement de manière automatique et à un niveau

inconscient. Bien qu’il s’agisse d’une différence notable, l’étude en neuroimagerie

fonctionnelle de Zacks et collaborateurs (2001) suggère que les deux « modes » de

segmentation conduisent à l’identification de frontières identiques (ou du moins superposées).

La deuxième différence notable tient au fait que lors de la passation de cette tâche, la position

du participant est celle d’un observateur passif, dans le sens qu’il ne peut prendre part à

46

l’activité observée ni interagir avec la personne engagée dans l’activité. Dans la vie

quotidienne, cette situation pourrait correspondre au fait de regarder la télévision. La plupart

du temps néanmoins, nous sommes actifs et interagissons avec notre environnement. Ainsi, au

quotidien, la segmentation d’événements se fait en grande partie en rapport à notre propre

activité. Rappelons ici que le processus de segmentation d’événements est en étroite relation

avec l’identification des buts. Or, lorsque nous observons l’activité d’une tierce personne, ses

buts sont généralement inférés à partir des informations de mouvements, et il arrive que le but

ne soit pas identifiable (e.g., dans le cas d’une activité que nous ne connaissons pas). La fin de

l’activité est alors perçue grâce aux changements dans les caractéristiques de mouvements.

Dans le cas de notre propre activité, nous en connaissons généralement le but avant même de

nous y être engagés. C’est pourquoi il serait intéressant de comparer la tâche de segmentation

de vidéos à une évaluation de la segmentation d’événements basée sur l’activité propre de

l’individu, telle que l’entretien clinique que nous avons tenté d’élaborer.

Entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements

Pour ce qui est de l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation, nos résultats

indiquent que l’indice d’identification claire des frontières ne permet pas d’évaluer les

capacités de segmentation d’événements comme nous le souhaitions. Pour autant, la consigne

de l’entretien clinique de segmentation remplit ses objectifs puisqu’elle nous a permis de

récolter des récits composés d’une série de souvenirs épisodiques. Notre problème se situe

donc au niveau de l’évaluation de ces productions en vue d’estimer les capacités de

segmentation. Nous avions choisi d’utiliser les marqueurs temporels comme indicateurs des

capacités d’identification des frontières des participants. Nous avons cependant constaté que

nombre d’entre eux n’en ont utilisé que très peu, malgré un récit fourni et qualitativement

bien structuré. À la lecture des retranscriptions, nous pouvions souvent identifier les différents

événements qui composaient le récit de façon aisée malgré l’absence de marqueurs temporels

les délimitant. Nous avions également décidé de tenir compte du nombre d’événements

rappelés. Le problème ici est que le calcul que nous avons effectué a pour conséquence de

rendre le score à l’indice d’identification claire des frontières inversement proportionnel au

nombre d’événements rappelé. Or un grand nombre d’événements rappelés tendrait plutôt à

indiquer que l’activité a bien été segmentée. Il sera donc nécessaire à l’avenir de trouver une

autre façon de coter ces récits afin d’estimer les capacités de segmentation des individus.

Tâche de reconnaissance d’images

Concernant la tâche de reconnaissance d’images, elle présente la même limite que la

tâche de segmentation de vidéos : la qualité des images est trop faible. Cela rend difficilement

47

identifiables une partie des objets présents dans les images, notamment ceux avec lesquels les

acteurs interagissent. Cela peut donc péjorer les performances des participants.

Par ailleurs, comme nous l’avons déjà évoqué, dans les images leurres l’acteur est

souvent engagé dans une activité qu’il a effectivement réalisée dans la vidéo et c’est la

présence/absence d’un objet qui constitue « l’erreur ». Or nous avons constaté que beaucoup

de nos participants se focalisaient sur l’action montrée dans l’image (exprimant des remarques

telles que « ça il l’a fait, mais ça aussi ») et que cela rendait donc la tâche particulièrement

difficile pour eux. Les consignes de la tâche n’indiquent pas de quelle nature sont les

différences entre les images leurres et les vidéos. Il se peut en revanche que cette tendance

observée chez nos participants soit induite par la passation antérieure de la tâche de rappel des

vidéos. En effet dans la consigne de celle-ci, il est clairement indiqué que ce sont les actions

de la personne qui doivent être rapportées. Cela peut également être renforcé par le fait que

durant la tâche de segmentation de vidéos, les participants se focalisent sur les actions

réalisées par les acteurs pour segmenter. Il serait peut-être pertinent d’ajouter au début de la

tâche de reconnaissance un exemple pour lequel la bonne réponse serait donnée, et qui

montrerait aux participants que l’indice permettant de distinguer l’image leurre de l’image

correcte peut être indépendant de ce qu’est en train de faire l’acteur.

Enfin, comme cela est illustré dans la Figure 4, les deux images constituant une paire

ne représentent la plupart du temps pas le même instant de la vidéo. La résolution d’une paire

ne peut donc pas s’effectuer par la comparaison des deux images. Au contraire, chaque image

doit être traitée séparément pour déterminer si elle est correcte ou non. On peut donc

s’interroger sur la pertinence d’effectuer une reconnaissance en choix forcé plutôt qu’une

reconnaissance oui/non.

4.2. Perspectives cliniques

Ce projet visait l’élaboration de tâches d’évaluation de la segmentation d’événements

qui puissent être utilisées en clinique. Nous l’avons vu, la tâche de segmentation de vidéos

devra encore recevoir quelques améliorations avant d’être exploitable. Par la suite, il faudra

aussi construire une « norme » sur la localisation des frontières qui servira de base pour le

calcul du score d’accord de segmentation. En effet, dans notre étude exploratoire comme dans

les travaux de Zacks et collaborateurs, le score de chaque participant ne pouvait être calculé

qu’après avoir récolté les données de tout l’échantillon, puisque ce score représente le degré

d’accord entre le participant et la totalité du groupe sur la localisation des frontières

d’événements. Dans un contexte clinique, le score d’un individu donné doit pouvoir être

48

obtenu directement. La tâche dans sa version finale devra donc être administrée à un

échantillon suffisamment large et représentatif pour constituer une « norme de segmentation »

à laquelle la segmentation d’un individu pourra être comparée (via le calcul de corrélation

bisérielle de point). Il sera également nécessaire de déterminer à partir de quel score d’accord

de segmentation des difficultés peuvent être soupçonnées.

Par ailleurs, l’évaluation des capacités de segmentation d’événements n’est qu’une

première étape dans la prise en compte de ce processus en contexte clinique. L’identification

de difficultés de segmentation devrait à terme pouvoir découler sur une prise en charge ciblant

ce processus. Les études soulevant l’importance de la segmentation d’événements et son lien

avec la mémoire épisodique sont très récentes, et la question de la revalidation n’a encore été

que peu adressée. Kurby et Zacks (2011) ont tenté d’améliorer la segmentation d’événements

chez leurs participants en leur demandant de décrire l’activité qu’ils observaient pendant

qu’ils effectuaient une tâche de segmentation de vidéos. Les auteurs faisaient l’hypothèse que

le fait de décrire l’activité augmenterait l’activation des modèles d’événements et l’influence

top-down des connaissances antérieures sur le traitement perceptif, menant à de meilleures

performances tant pour la segmentation que pour la mémoire des événements de la vidéo. Ils

ont donc comparé les performances d’un groupe effectuant la tâche en décrivant les actions à

un groupe « silencieux ». Les résultats n’ont pas confirmé leur hypothèse : la description

n’avait aucun effet sur la mémoire et concernant la segmentation, le groupe « silencieux »

obtenait un meilleur score d’accord que celui ayant décrit lorsque la vidéo avait été segmentée

finement. L’effet inverse était observé pour la segmentation grossière, mais seulement chez

les participants jeunes. La description ne semble donc pas être une piste concluante pour

améliorer la segmentation. La segmentation devrait peut-être être plus directement ciblée, en

indiquant durant le visionnement les instants où un événement se termine et un autre

commence (par une courte coupure de la vidéo ou un signal sonore par exemple) et en

estompant progressivement ces indices. On pourrait également proposer aux personnes non

pas de décrire les actions, mais d’en identifier explicitement les buts et de relever les instants

où un but a été atteint/abandonné.

Cependant, compte tenu des différences déjà évoquées entre le processus de

segmentation mis en jeu au quotidien et la segmentation consciente et volontaire d’une vidéo,

il serait à craindre qu’une intervention portant sur la segmentation de vidéos ne conduise pas à

une généralisation dans la vie quotidienne. D’autres pistes d’interventions devraient donc être

explorées. En particulier, il est possible qu’un des phénomènes liés à la péjoration des

performances de segmentation d’événements dans la vie quotidienne soit une diminution de

49

l’attention portée sur les buts ou de l’association entre le comportement et les buts. Dans ce

cadre, une intervention inspirée du Goal Management Training (Robertson, 1996) pourrait

être élaborée. En effet cette intervention soutient la prise en compte des objectifs et sous-

objectifs des tâches complexes et encourage à vérifier si le but est ou non atteint.

L’implémentation de certains aspects de cette intervention dans la vie quotidienne, tels que le

fait de définir clairement le but de sa propre activité et de contrôler explicitement

l’avancement vers le but pourrait soutenir le processus de segmentation.

4.3. Conclusion

La segmentation d’événements est un processus essentiel de la perception et est

fortement impliqué dans le fonctionnement de la mémoire épisodique. Pourtant, aucune

procédure d’évaluation de la segmentation d’événements exploitable et clinique n’existe à ce

jour. Ce projet de recherche visait à combler ce vide. Deux tâches d’évaluation ont été

élaborées dans ce but et l’une d’entre elles, la tâche de segmentation de vidéos, montre des

résultats prometteurs. Elle devra encore subir des modifications et faire l’objet de nouvelles

études à des fins de validation et d’élaboration de normes avant d’être réellement

opérationnelle, mais ce projet a d’ores et déjà permis une certaine avancée dans la création

d’un outil clinique exploitable. La question de la cotation de l’entretien clinique d’évaluation

de la segmentation doit quant à elle encore être explorée.

50

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54

Annexes

Annexe I : Consignes d’administration de la tâche de segmentation de vidéos ...................... 55!Annexe II : Consigne d’administration de l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation

d’événements ........................................................................................................................... 58!Annexe III : Grille d’évaluation associée à l’entretien clinique d’évaluation de la

segmentation d’événements ..................................................................................................... 59!Annexe IV : Exemple d’une réponse à l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation

d’événements ........................................................................................................................... 61!Annexe V : Consignes d’administration de la tâche de rappel des vidéos .............................. 62!Annexe VI : Grilles d’évaluation de la tâche de rappel des vidéos ......................................... 63!Annexe VII : Exemple d’une réponse à la tâche de rappel des vidéos .................................... 75!Annexe VIII : Consignes d’administration de la tâche de reconnaissance d’images .............. 76!Annexe IX : Histoires A et B de la MEM-IV .......................................................................... 77!Annexe X : Echelle de Préférence de Routinisation (EPR) ..................................................... 78!Annexe XI : Hospital Anxiety and Depression scale (HAD) .................................................. 79!Annexe XII : Version courte du Questionnaire d’auto-évaluation de la mémoire (QAM) ..... 81!Annexe XIII : Formulaire de consentement ............................................................................. 83!Annexe XIV : Tableau des corrélations ................................................................................... 85!

55

Annexe I : Consignes d’administration de la tâche de segmentation de vidéos

Les consignes ci-dessous sont à lire à haute voix avec le participant. Une activité peut être décomposée en différents événements distincts. Par exemple, l’action de « bouillir de l’eau » peut être décomposée comme ceci :

Ou encore de cette façon :

Il existe donc différentes façons de décomposer une action. Ici, nous nous intéressons à vos préférences personnelles au sujet de la façon dont des activités familières devraient être décomposées. Nous allons vous présenter plusieurs séquences vidéo montrant des personnes engagées dans diverses activités. Chaque film représente une activité. Votre tâche consiste à décomposer chaque film en identifiant les différents événements qui composent l’activité que vous êtes en train de regarder. Pour ce faire, vous devrez marquer le passage d’un événement à un autre en appuyant sur la barre ESPACE. Ainsi, durant le visionnement d’un film, dès que vous aurez le sentiment qu’un événement se termine (p. ex., « l’eau est dans le récipient ») et qu’un autre commence (p. ex., « la personne appuie sur le bouton de démarrage »), vous devrez marquer la transition entre ces événements en appuyant sur la barre ESPACE. Vous allez pouvoir vous exercer avant de commencer la tâche. Avez-vous des questions ? Enfin, sachez qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse.

56

Vous allez maintenant pouvoir vous entraîner à décomposer une activité en sous-événements qui la composent. Pour rappel, nous allons vous présenter une courte séquence vidéo. Durant le visionnement de ce film, vous devrez appuyer sur la barre ESPACE dès que, selon vous, un événement se termine et un autre commence. Demander au participant d’expliquer avec ses propres mots ce qu’on lui demande de faire. Réexpliquer la consigne s’il est apparent qu’il ne l’a pas comprise.

Si le participant a appuyé au moins deux fois sur la barre ESPACE durant la vidéo d’entraînement, le laisser continuer la tâche. Sinon, recommencer depuis le début. Au cas où le participant échouerait à appuyer au moins deux fois sur la barre ESPACE durant le deuxième visionnement de l’entraînement, arrêter la passation de cette tâche. L’entraînement est terminé. Avez-vous des questions ? Nous allons à présent vous présenter deux autres films. Nous vous demandons de faire la même chose que précédemment.

57

Appuyez sur ESPACE lorsque vous êtes prêt(e) à visionner le film suivant.

La tâche de segmentation est terminée.

58

Annexe II : Consigne d’administration de l’entretien clinique d’évaluation de la

segmentation d’événements

Entretien clinique d’évaluation de la Segmentation d’Événement (ESE) N° participant : _________ Date : _________________ Heure de passation de l’entretien : ________ Consignes d’administration À quelle heure vous êtes-vous levé(e) ce matin ?________ (heure A) D’accord, je vais vous demander de me raconter tout ce que vous avez fait durant les deux premières heures de la journée, donc entre (heure A) et (heure A + 2) ce matin. Vous pouvez me raconter toutes les choses que vous avez faites, même les choses les plus banales. Je vous demande seulement de me raconter ces événements dans l’ordre dans lequel ils se sont produits et avec le plus de détails possible – un peu comme si je vous avais filmé(e) avec une caméra et que vous deviez me raconter ce film dans les moindres détails. Allez-y. (Ne pas interrompre la tâche)

Incitation : Si le sujet ne donne que peu d’activités, reprendre les consignes en incitant à donner tous les détails, puis recommencer la tâche à zéro : Attention, je vous rappelle que vous devez me donner le plus de détails possible. Ce que vous me racontez est un peu trop général. Depuis votre réveil, qu’avez-vous fait exactement ?

Ne pas hésiter à faire répéter la consigne en entier en cas de doute sur la compréhension. Le sujet peut préciser si il a fait deux choses en même temps.

59

Annexe III : Grille d’évaluation associée à l’entretien clinique d’évaluation de la

segmentation d’événements

Grille d’évaluation associée à l’entretien clinique d’évaluation de la segmentation d’événements

! Score de fluence d’événements Un événement est défini comme une action, une observation ou une pensée unique, tirée d’un contexte temporel pertinent et typiquement exprimée sous la forme d’une phrase grammaticale composée d’un sujet et d’un prédicat (e.g., « j’ai mangé un sandwich », « j’ai vu ma voisine sortir » ou « j’ai pensé que je devais encore sortir les poubelles »). Un point est attribué pour chaque événement rapporté par un participant. E.g., « J’ai mangé un sandwich. » = 1 point Un seul point est attribué :

- à un événement qui comprend plusieurs actions simultanées E.g., « J’ai bu mon café tout en écoutant la radio. » = 1 point

- lorsque plusieurs événements sont enchâssés E.g., « J’ai lavé la cuisine, la salle-à-manger et le salon. » = 1 point Aucun point n’est attribué :

- suite à une répétition d’un événement déjà rapporté E.g., « J’ai mis mes chaussons. J’ai ouvert mes volets. J’ai mis mes chaussons. » = 2 points

- lorsque l’événement décrit est externe au contexte temporel pertinent E.g., « Hier, mon fils est parti en vacances en Thaïlande. » = 0 point

- lorsqu’une information rapportée est de nature sémantique E.g., « Ma chambre est au deuxième étage. » = 0 point Lorsqu’un participant décrit un supra-événement et le décrit ensuite en rapportant plusieurs sous-événements, un point est attribué pour chaque sous-événement décrit mais aucun point n’est attribué au supra-événement. E.g., « J’ai préparé mon petit-déjeuner. C’est-à-dire que j’ai fait griller mon pain, j’ai préparé mon café… » = 2 points Pour chaque participant, un score de fluence d’événements est ensuite calculé en additionnant les points attribués pour chaque événement contenu dans leur récit.

60

! Nombre total de marqueurs temporels utilisés Un point est attribué pour chaque utilisation d’un marqueur temporel qui délimite clairement deux événements. E.g., à 07h15, avant, après, ensuite, entre-temps, 10 min avant, 10 min après, et puis, ça terminé, etc. Aucun point n’est attribué pour l’utilisation de marqueurs temporels qui ne délimitent pas clairement deux événements. E.g., « J’ai regardé par la fenêtre en buvant mon café. » E.g., « Je suis allée dans la cuisine boire un verre d’eau et puis prendre ma petite pilule. » Seulement un point est attribué lorsque plusieurs marqueurs temporels sont utilisés pour délimiter un même événement. E.g., « Je sais qu’après, je suis sortie, après avoir fini tout ce qui était nettoyage. » Un nombre total de marqueurs temporels utilisés est ensuite calculé pour chaque participant en additionnant les points attribués au récit de ce participant. ! Indice d’identification claire des frontières Pour chaque participant, le nombre total de marqueurs temporels utilisés est divisé par le score de fluence d’événements précédemment calculé. Le résultat de cette division permet d’obtenir un indice d’identification claire des frontières propre à chaque participant qui ne dépend pas de la longueur des récits. Le score obtenu se situe entre 0 (i.e., faibles capacités de segmentation) et 1 (i.e., bonnes capacités de segmentation). Indice d’identification claire des frontières = Nombre_ de_marqueurs_ temporels_utilisés

Score_ de_ fluence_ d 'événements

Exemple 1 : Je me suis levée à 07h30. J’ai été dans la cuisine pour boire un grand verre d’eau. Je suis ensuite montée dans ma salle-de-bain pour me laver. J’ai tout d’abord fait couler l’eau et puis je me suis déshabillée

Nombre total de marqueurs temporels utilisés (soulignés) = 4 Score de fluence d’événements = 5 Indice d’identification claire des frontières = 4/5 = 0.8

Exemple 2 : Je me suis levée à 07h30. J’ai été dans la cuisine pour boire un grand verre d’eau. Je me suis déshabillée et je me suis lavée dans la salle de bain.

Nombre total de marqueurs temporels utilisés (soulignés) = 1 Score de fluence d’événements = 4 Indice d’identification claire des frontières = 1/4 = 0.25

61

Annexe IV : Exemple d’une réponse à l’entretien clinique d’évaluation de la

segmentation d’événements

Heure de passation: 16:35 ; Deux premières heures de la journée : 07:30-09:30 Participant : Je me suis levée1 à 07h30. Moi je vis dans un studio. Je suis allée1 mettre la radio. Je fais toujours ça en me levant le matin. Ensuite, je suis allée boire un verre d’eau. Je suis allée dans la cuisine boire un verre d’eau et puis prendre ma petite pilule1 que je dois prendre chaque matin. Ensuite, donc je ne me suis pas encore habillée, rien. Je suis allée, j’ai ouvert1 le store. J’ai regardé par la fenêtre1 quel temps il faisait tout en écoutant la radio. Ensuite, je suis allée me préparer1 mon café. Je suis allée me toaster1 un toast. Il faut dire que j’étais malade hier. J’ai pas beaucoup mangé, donc j’avais pas faim, donc j’ai essayé de manger quand même quelque chose. Mais j’ai pas mangé tout de suite. Entre-temps je suis allée1 aux toilettes. Et puis, ensuite j’ai pris mon petit-déjeuner. Et puis exceptionnellement, comme j’étais fatiguée quand même encore, je me suis assise1. Parce-que d’habitude, je le prends toujours debout. Et puis, ensuite… Après le petit déjeuner, j’ai rangé1 mon assiette. Evaluateur : Est-ce que vous pouvez me donner un petit peu plus de détails sur le petit déjeuner ? Participant : Ah le petit déjeuner, bien sûr ! J’ai bu1 une tasse de café et j’ai mangé1 un toast que j’ai beurré1 et avec du miel dessus et puis que j’ai coupé1 en petits morceaux… le pain. Et puis j’ai essayé de mâcher1 le plus possible pour ne pas avoir trop d’ennuis digestifs. Ensuite, j’ai dû aller… je suis retournée1 sur mon lit et puis je me suis massée1 les pieds, surtout les coussinets des doigts de pieds. Je fais de la réflexologie. Avant je me suis mouchée1. Alors je me suis massée les pieds. Ça dure une demi-heure. Et puis, ensuite, je me suis relevée1. J’ai dû aller1 me doucher. Et puis, voilà… ça fait un quart d’heure, 20 minutes. Je me suis habillée1, coiffée1 et cetera, crémée1. Qu’est-ce que j’ai fait encore ? (…) Bon, une fois une fois que j’étais habillée et crémée, je me souviens que je suis allée1 sur le balcon parce-que il y a des ouvriers qui étaient en train de couper des arbres devant la propriété. Je suis allée… Ah ouais, je suis allée1 à l’ordinateur. En général, le matin quand je suis à la maison, voilà, à l’ordinateur, je regarde des résultats de tennis. Je regarde le programme de radio-TV. Je lis les titres de la tribune et j’ouvre ma messagerie. Et puis je réponds. J’ai dû répondre1 à quelqu’un. Ensuite, j’ai tout fermé1. Et puis, qu’est-ce que j’ai fait jusqu’à 09h30. C’est bizarre. Ouais, qu’est-ce que j’ai fait ? Je ne suis pas sortie. Ouais, je suis sortie à 10h45. Qu’est-ce que j’ai fait dans l’intervalle ? Je suis allée chercher1 le courrier et j’ai lu1 le journal. (…) pff qu’est-ce que j’ai fait ce matin ? Ah oui, oui, bien sûr ! J’ai dû téléphoner1 au médecin. A l’assurance d’abord1, ensuite au médecin. C’est ce que j’ai fait entre 09h00 et 09h30. Et puis, voilà. Score de fluence d’événements : 31 (1) ; N de marqueurs temporels : 19 (mots soulignés) Indice d’identification claire des frontières : 19/31 = 0.613 Score de chronologie du récit : 2

62

Annexe V : Consignes d’administration de la tâche de rappel des vidéos

Préparation du petit-déjeuner : J’aimerais que vous me racontiez tout ce qui s’est passé dans la vidéo du petit déjeuner, en essayant vraiment de me donner le plus de détails possible sur tout ce que la personne a fait. Faire répéter la consigne si nécessaire. Allez-y. Laisser au minimum 2 minutes et si nécessaire, inciter à récupérer davantage de détails. Critère d’arrêt : 4 minutes Préparation de la fête : J’aimerais maintenant que vous me racontiez tout ce qui s’est passé dans la vidéo de la préparation de la fête, en essayant vraiment de me donner le plus de détails possible sur tout ce que la personne a fait. Faire répéter la consigne si nécessaire. Allez-y. Laisser au minimum 2 minutes et si nécessaire, inciter à récupérer davantage de détails. Critère d’arrêt : 4 minutes

63

Annexe VI : Grilles d’évaluation de la tâche de rappel des vidéos

Grille d’évaluation pour le rappel des informations contenues dans la vidéo

de la préparation du petit-déjeuner Evénéments généraux Dans la liste des événements généraux, un point (1) est attribué lorsqu’un événement général est correctement rappelé ou lorsqu’un événement détaillé et constituant une étape d’un événement général est correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « elle s’est versée du lait dans un verre » pour « elle s’est versée du jus d’oranges dans un verre »), un point (1) est tout de même attribué à l’événement général correct correspondant. Le score total de rappel des événements généraux est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus.

1 Elle entre.

2 Elle se lave les mains.

3 Elle prépare une poêle.

4 Elle sort des aliments du frigo.

5 Elle prépare du pain.

6 Elle prépare un verre de jus de fruits.

7 Elle prépare un œuf.

8 Elle prépare assiette + couverts.

9 Elle prépare un « fruit ».

10 Elle range.

11 Elle sort (avec son assiette et son verre).

Score total de rappel des événements généraux :

Evénements détaillés Dans la liste des événements détaillés, un point (1) est attribué pour chaque événement détaillé correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « elle s’est versée du lait dans un verre » pour « elle s’est versée du jus d’oranges dans un verre »), un point (1) et une erreur (X) sont attribués à l’événement détaillé correct correspondant. En cas d’ajout (i.e., rappeler un événement qui ne peut pas être associé à un événement montré dans la vidéo), un point (1) est ajouté dans la case « ajouts ». Le score total de rappel des événements détaillés est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus. Le score total d’erreurs est calculé en additionnant toutes les erreurs et tous les ajouts.

1 Elle entre dans la cuisine par la droite.

64

2 Elle va à l’évier/lavabo.

3 Elle prend du savon.

4 Elle ouvre le robinet.

5 Elle se lave les mains.

6 Elle ferme l’eau.

7 Elle secoue ses mains.

8 Elle se sèche les mains avec le linge qui est accroché à la barre du

four/de la cuisinière.

9 Elle va vers le gauche de la cuisine.

10 Elle ouvre un placard en bas.

11 Elle se penche.

12 Elle prend une poêle.

13 Elle se redresse.

14 Elle va déposer la poêle sur la droite de la cuisinière.

15 Elle appuie sur le bouton pour allumer le feu sur la plaque de gauche.

16 Elle déplace la poêle sur la plaque qu’elle a allumée.

17 Elle se dirige vers le frigo.

18 Elle ouvre le frigo.

19 Elle sort une boîte d’œufs (12) .

20 Elle sort un sachet de pain toast.

21 Elle pose les œufs sur le comptoir.

22 Elle pose le sachet de pain à gauche devant le mini-four.

23 Elle retourne dans le frigo.

24 Elle prend le beurre.

25 Elle referme le frigo.

26 Elle pose le beurre sur le comptoir à côté des œufs.

27 Elle va vers le sachet de pain.

28 Elle ouvre le sachet de pain .

29 Elle sort une tranche de pain.

30 Elle ouvre le mini-four.

31 Elle met la tranche de pain dans le mini-four (sur une grille).

32 Elle ferme le mini-four.

33 Elle allume le mini-four.

34 Elle referme le sachet de pain en le faisant tourner puis avec une

attache.

65

35 Elle repart vers le frigo avec le sachet de pain.

36 Elle ouvre le frigo.

37 Elle pose le sachet de pain dans le frigo.

38 Elle prend une brique de jus de fruits.

39 Elle referme le frigo.

40 Elle part sur la gauche avec la brique de jus de fruits.

41 Elle pose la brique de jus de fruits et en même temps elle ouvre un

placard en haut.

42 Elle sort un verre.

43 Elle pose le verre sur le comptoir en fermant le placard.

44 Elle prend la brique de jus de fruits.

45 Elle secoue la brique de jus de fruits.

46 Elle ouvre la brique de jus de fruits.

47 Elle verse du jus de fruits dans le verre.

48 Elle referme la brique de jus de fruits en repartant à droite.

49 Elle ouvre le frigo.

50 Elle remet la brique de jus de fruits dans le frigo.

51 Elle referme le frigo.

52 Elle repart sur la gauche.

53 Elle ouvre un placard en haut à gauche (celui de droite).

54 Elle prend un bol.

55 Elle referme le placard.

56 Elle pose le bol sur le comptoir, à droite des œufs.

57 Elle ouvre un tiroir.

58 Elle sort une fourchette.

59 Elle referme le tiroir.

60 Elle ouvre la poubelle (sous le tiroir).

61 Elle ouvre la boîte d’œufs.

62 Elle prend un œuf.

63 Elle referme la boîte d’œufs.

64 Elle pose la fourchette sur le comptoir.

65 Elle casse l’œuf dans le bol.

66 Elle jette la coquille d’œuf.

67 Elle referme la poubelle.

68 Elle prend la fourchette.

66

69 Elle brasse l’œuf avec la fourchette.

70 Elle laisse la fourchette dans le bol.

71 Elle ouvre un tiroir.

72 Elle prend une spatule.

73 Elle ferme le tiroir.

74 Elle déballe le beurre.

75 Elle coupe un morceau de beurre avec la spatule.

76 Elle remballe le beurre.

77 Elle pose le beurre sur la boîte d’œufs.

78 Elle prend le bol.

79 Elle part vers la cuisinière.

80 Elle pose le bol à côté de la cuisinière.

81 Elle met le beurre dans la poêle.

82 Elle le remue.

83 Elle penche la poêle.

84 Elle pose la spatule.

85 Elle prend le bol.

86 Elle verse l’œuf dans la poêle.

87 Elle racle le bord du bol avec la fourchette.

88 Elle pose le bol à côté de la cuisinière avec la fourchette dedans.

89 Elle repart sur la gauche.

90 Elle ouvre un placard à gauche (deuxième en partant de la droite).

91 Elle sort une assiette.

92 Elle ferme le placard en posant l’assiette devant le mini-four.

93 Elle ouvre un tiroir.

94 Elle reprend l’assiette.

95 Elle prend des couverts dans le tiroir.

96 Elle pose l’assiette sur la gauche du comptoir en refermant le tiroir.

97 Elle pose les couverts dans l’assiette.

98 Elle se tourne et ouvre le mini-four.

99 Elle sort la tranche de pain.

100 Elle pose la tranche de pain sur l’assiette.

101 Elle déplace l’assiette et le verre de jus de fruits.

102 Elle prend la boîte d’œufs avec le beurre dessus.

103 Elle va vers le frigo.

67

104 Elle ouvre le frigo.

105 Elle range les œufs.

106 Elle range le beurre.

107 Elle referme le frigo.

108 Elle va vers la cuisinière.

109 Elle prend la spatule.

110 Elle brasse l’œuf dans la poêle.

111 Elle éteint le gaz.

112 Elle brasse encore l’œuf.

113 Elle prend la poêle.

114 Elle part vers le comptoir.

115 Elle verse l’œuf dans l’assiette avec la spatule.

116 Elle part vers l’évier.

117 Elle met la poêle dans l’évier.

118 Elle recule.

119 Elle ferme le mini-four.

120 Elle va vers le frigo.

121 Elle ouvre le frigo.

122 Elle prend une boîte contenant « un fruit ».

123 Elle ouvre la boîte en allant vers l’évier.

124 Elle en sort « un fruit ».

125 Elle ferme la boîte et la pose à côté de l’évier.

126 Elle ouvre le robinet.

127 Elle rince « un fruit ».

128 Elle ferme le robinet.

129 Elle égoutte « un fruit ».

130 Elle revient vers le comptoir.

131 Elle pose « un fruit » dans l’assiette.

132 Elle repart au fond.

133 Elle prend le bol à côté de la cuisinière.

134 Elle met le bol dans l’évier.

135 Elle prend la boîte.

136 Elle part vers le frigo.

137 Elle ouvre le frigo.

138 Elle pose la boîte.

68

139 Elle ferme le frigo.

140 Elle va vers le comptoir.

141 Elle prend l’assiette et le verre.

142 Elle contourne le comptoir.

143 Elle sort du champ du côté gauche.

Ajouts

Score total de rappel des événements détaillés :

Score total d’erreurs :

69

Grille d’évaluation pour le rappel des informations contenues dans la vidéo de la préparation de la fête

Evénéments généraux Dans la liste des événements généraux, un point (1) est attribué lorsqu’un événement général est correctement rappelé ou lorsqu’un événement détaillé constituant une étape d’un événement général est correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « il gonfle un ballon vert » pour « il gonfle un ballon blanc »), un point (1) est tout de même attribué à l’événement général correct correspondant. Le score total de rappel des événements généraux est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus.

1 Il entre.

2 Il vide le sachet sur la table.

3 Il met la table.

4 Il décore (garniture de table).

5 Il décore (guirlandes).

6 Il décore (ballons).

7 Il range.

8 Il sort.

Score total de rappel des événements généraux :

Evénements détaillés Dans la liste des événements détaillés, un point (1) est attribué pour chaque événement détaillé correctement rappelé. En cas d’erreur de rappel (e.g., « il gonfle un ballon vert » pour « il gonfle un ballon blanc »), un point (1) et une erreur (X) sont attribués à l’événement détaillé correct correspondant. En cas d’ajout (i.e., rappeler un événement qui ne peut pas être associé à un événement montré dans la vidéo), un point (1) est ajouté dans la case « ajouts ». Le score total de rappel des événements détaillés est calculé en additionnant tous les points (1) obtenus. Le score total d’erreurs est calculé en additionnant toutes les erreurs et tous les ajouts.

1 Il entre dans la pièce par la droite avec un sachet plastique à la main.

2 Il pose le sachet sur la table.

3 Il vide le contenu du sachet sur la table.

4 Il sort les assiettes.

5 Il pose les assiettes devant lui.

6 Il prend le paquet de serviettes.

70

7 Il ouvre le paquet de serviettes.

8 Il pose une serviette à la place au premier plan à droite.

9 Il pose une assiette à côté de la serviette.

10 Il se déplace vers le fond.

11 Il pose une serviette à la place suivante.

12 Il pose une assiette à côté de la serviette.

13 Il se déplace vers le fond.

14 Il pose une serviette à la place suivante.

15 Il pose une assiette à côté de la serviette.

16 Il va de l’autre côté de la table (à gauche).

17 Il pose une serviette à la place du fond à gauche.

18 Il pose une assiette à côté de la serviette.

19 Il se déplace vers nous.

20 Il pose une serviette à la place suivante.

21 Il pose une assiette à côté de la serviette.

22 Il se déplace vers nous.

23 Il pose une serviette à la place suivante.

24 Il pose une assiette à côté de la serviette.

25 Il prend les gobelets (de la main gauche) et pose les assiettes/serviettes

devant la chaise au premier plan.

26 Il sort les gobelets de leur emballage.

27 Il prend les couverts..

28 Il va sur la droite de la table.

29 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.

30 Il pose un couvert sur la serviette.

31 Il se déplace vers le fond.

32 Il pose un couvert sur la serviette.

33 Il pose un gobelet à côté de l’assiette (le gobelet tombe).

34 Il redresse le gobelet.

35 Il se déplace vers le fond.

36 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.

37 Il pose un couvert sur la serviette.

38 Il va de l’autre côté de la table (à gauche).

39 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.

40 Il pose un couvert sur la serviette.

71

41 Il se déplace vers nous.

42 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.

43 Il pose un couvert sur la serviette.

44 Il se déplace vers nous.

45 Il pose un gobelet à côté de l’assiette.

46 Il pose un couvert sur la serviette.

47 Il se déplace un peu vers la droite et met les couverts qui restent dans

le gobelet.

48 Il pose le gobelet sur la table.

49 Il prend un emballage.

50 Il l’ouvre.

51 Il en sort une garniture de table.

52 Il se déplace vers le fond.

53 Il ouvre/déplie la garniture de table.

54 Il fixe la garniture de table.

55 Il pose la garniture de table au milieu de la table.

56 Il revient à l’avant de la table.

57 Il prend un rouleau de guirlande (foncé) et du scotch sur la table.

58 Il repose le ruban (foncé) sur la table.

59 Il coupe un morceau de scotch.

60 Il le colle au bout du ruban (foncé).

61 Il reprend le ruban (foncé).

62 Il se tourne vers la gauche et lève les bras.

63 Il colle le bout du ruban (foncé) au mur (hors-champ).

64 Il déroule le ruban (foncé) en allant à droite de la table.

65 Il pose le rouleau de ruban (foncé) sur la table.

66 Il prend l’escabeau à droite.

67 Il pose l’escabeau à l’angle droit de la table.

68 Il monte sur l’escabeau en reprenant le rouleau de guirlande.

69 Il fait passer le ruban (foncé) sur la lampe (branche qui est vers nous).

70 Il laisse le rouleau de ruban (foncé) se dérouler en tombant.

71 Il descend en reprenant le scotch sur la table.

72 Il coupe un morceau de scotch.

73 Il reprend le ruban (foncé).

74 Il va vers la droite (hors champ : il doit couper le ruban (foncé)).

72

75 Il jette le bout du ruban (foncé) en trop sur la table.

76 Il colle le bout du ruban (foncé) au mur (hors champ).

77 Il « range » le bout de ruban (foncé) sur la table.

78 Il prend un autre rouleau de ruban (vert) et le scotch.

79 Il coupe un morceau de scotch.

80 Il pose le rouleau de scotch sur la table.

81 Il colle le morceau de scotch au bout du ruban (vert).

82 Il retourne à droite.

83 Il colle le ruban (vert) au mur.

84 Il laisse le ruban (vert) se dérouler jusqu’au sol.

85 Il passe le premier ruban (foncé).

86 Il remonte sur l’escabeau .

87 Il passe le ruban (vert) par dessus la lampe.

88 Il lâche le ruban (vert).

89 Il redescend de l’escabeau.

90 Il prend le scotch.

91 Il coupe un morceau de scotch.

92 Il pose le scotch sur la table.

93 Il reprend le bout du ruban (vert).

94 Il va vers la gauche.

95 Il colle le ruban (vert) au mur.

96 Il revient vers la droite de la table.

97 Il prend un autre emballage et le scotch.

98 Il prend l’escabeau.

99 Il part au fond de la pièce (par la droite de la table).

100 Il pose l’escabeau devant la gauche de la fenêtre.

101 Il sort une guirlande de l’emballage.

102 Il la regarde.

103 Il la retourne.

104 Il coupe un morceau de scotch.

105 Il pose le scotch sur le bord de la fenêtre.

106 Il le colle au bout de la guirlande.

107 Il pousse un peu l’escabeau.

108 Il monte sur l’escabeau.

109 Il colle le bout de la guirlande au dessus de la fenêtre.

73

110 Il redescend de l’escabeau.

111 Il déplace l’escabeau en tenant la guirlande de la main gauche.

112 Il pose l’escabeau devant l’étagère.

113 Il reprend le scotch.

114 Il en coupe un morceau.

115 Il repose le scotch.

116 Il monte sur l’escabeau.

117 Il tend et plaque la guirlande contre le mur.

118 Il la colle au dessus de l’étagère.

119 Il laisse pendre un bout.

120 Il redescend de l’escabeau.

121 Il prend l’escabeau.

122 Il prend l’emballage de la dernière guirlande.

123 Il revient vers l’avant.

124 Il pose l’escabeau sur la droite (hors champ).

125 Il pose l’emballage sur la table.

126 Il sort les ballons du sac en plastique.

127 Il prend un ballon (orange).

128 Il souffle dans le ballon (orange).

129 Il inspire.

130 Il souffle dans le ballon (orange).

131 Il fait un nœud.

132 Il pose le ballon (orange) sur la table en prenant un autre ballon

(blanc).

133 Il souffle dans le ballon (blanc).

134 Il inspire.

135 Il souffle dans le ballon (blanc).

136 Il fait un nœud.

137 Il pose le ballon (blanc) sur la table.

138 Il en prend un autre ballon (violet).

139 Il souffle dans le ballon (violet).

140 Il inspire.

141 Il souffle dans le ballon (violet).

142 Il fait un nœud.

143 Il pose le ballon (violet) sur la table.

74

144 Il en prend un autre ballon (turquoise).

145 Il souffle dans le ballon (turquoise).

146 Il inspire.

147 Il souffle dans le ballon (turquoise).

148 Il fait un nœud.

149 Il pose le ballon (turquoise) sur la table.

150 Il prend un emballage sur la table.

151 Il met l’emballage dans le sachet plastique.

152 Il prend les assiettes et gobelets en trop.

153 Il met les assiettes et les gobelets en trop dans le sachet plastique.

154 Il prend le bout de ruban coupé.

155 Il met le bout de ruban coupé dans le sachet plastique.

156 Il prend l’emballage de la troisième guirlande.

157 Il met l’emballage de la troisième guirlande dans le sachet plastique.

158 Il prend le scotch et un autre emballage plastique.

159 Il met le scotch et un autre emballage plastique dans le sachet

plastique.

160 Il prend le sachet plastique.

161 Il sort de la pièce par le côté droit.

Ajouts

Score total de rappel des événements détaillés :

Score total d’erreurs :

75

Annexe VII : Exemple d’une réponse à la tâche de rappel des vidéos

Vidéo 1

Participant : Elle est allée se laver les mains, d’abord. Après elle est allée au frigidaire, je pense. Après, elle a sorti des ingrédients, des œufs en particulier. Elle est allée aussi dans un placard chercher du pain. Elle a mis du pain grillé. Elle s’est servie un jus de fruits. Elle a battu un œuf, je pense, un œuf. Entre temps, elle avait mis la poêle à frire sur la plaque chauffante et elle a coupé du beurre qu’elle a mis sur la plaque chauffante euh dans la poêle, pardon. Elle a versé son œuf battu dans la poêle. Elle a mis bien sûr… Elle a peut-être bougé un peu le bouton du chauffage. Après, qu’est-ce qu’elle a fait ? Bin, elle s’est versée son œuf brouillé dans son assiette. Elle a pris le pain grillé. Et elle est partie avec son verre de jus de fruits et son assiette. Evaluateur : Avez-vous d’autres détails qui vous reviennent sur ce que la personne a fait dans la vidéo ? Participant : Bin je pense qu’elle a ouvert un tiroir à un moment donné en plus. Elle est retournée poser la plaque dans l’évier. (…) Elle a rangé les œufs dans le frigidaire. Elle a évidemment éteint la plaque chauffante avant de se servir. Je pense que…

Vidéo 2

Participant : La personne entre avec un petit sac et elle sort des assiettes en carton, des serviettes. Donc, elle met une sorte de couvert. Et ensuite, elle sort, je ne sais pas ce que c’est, une espèce d’oiseau là, vous savez, qui décore la table. Et après, il va chercher l’escabeau. Il monte sur l’escabeau. Il tire des guirlandes qu’il accroche au lustre. Et puis après, et bien je ne sais pas parce-qu’ on ne voit pas très bien. Et puis une autre partie. Il déplace l’escabeau. Il va le mettre vers la fenêtre. Et là, il met des guirlandes différentes qui sont plutôt des pictogrammes, ou je ne sais pas des images, le long de la fenêtre en haut. Et après, bon, il range l’escabeau. Il reprend son petit sachet et puis il repart… Evaluateur : Encore une fois, est-ce que vous vous souvenez de plus de détails par rapport à ce que la personne a fait dans la vidéo ? Participant : Ha oui ! Il avait mis des gobelets en carton.

76

Annexe VIII : Consignes d’administration de la tâche de reconnaissance d’images

Nous passons maintenant à la tâche suivante. Dans cette tâche, nous nous intéressons à votre capacité à identifier correctement les scènes des films que vous venez de voir. Pour chaque film, vous allez voir plusieurs séries de photos, présentées deux par deux à l’écran. Une photo sera placée à gauche de l’écran et l’autre se trouvera à droite. Une de ces photos est tirée du film que vous venez de voir, tandis que l’autre ne l’est pas. Votre tâche consiste à choisir la photo qui correspond à celle qui a été présentée dans le film que vous venez de voir, en utilisant les touches X et N du clavier. Si la photo correcte se trouve à gauche de l’écran, appuyez sur la touche X. Si la photo correcte se trouve à droite de l’écran, appuyez sur la touche N. Essayez de répondre le plus rapidement et correctement possible.

La tâche de reconnaissance est terminée.

77

Annexe IX : Histoires A et B de la MEM-IV

Histoire A : Julie et Paul sont amis depuis trente ans. Ils se retrouvent tous les mardis au Café Gourmet pour déjeuner et ils vont ensuite se promener au Parc Monceau. Histoire B : Anne Boiron, du 20ème arrondissement de Paris, travaillant comme cuisinière dans une cantine scolaire, a raconté au poste de police de la mairie qu’elle avait été attaquée dans la rue la nuit précédente et qu’on lui avait volé cinquante-six euros. Elle avait quatre petits enfants, le loyer devait être payé, et ils n’avaient pas mangé depuis deux jours. Le policier, ému par l’histoire de cette femme, organisa une collecte pour elle.

78

Annexe X : Echelle de Préférence de Routinisation (EPR)

!N° participant : ……………………. Date : …. / …. / ….

EPR La liste suivante comprend un certain nombre d’affirmations. Lisez chacune d’elles puis, entourez le chiffre qui correspond le mieux à ce que vous avez l’habitude de faire ou d’éprouver.

Pas d

u to

ut v

rai

Un

peu

vrai

Moy

enne

men

t vr

ai

Souv

ent v

rai

Tout

à fa

it vr

ai

1. En général, je fais les mêmes choses chaque jour. 1 2 3 4 5

2. Je ne suis pas content(e) quand une personne que j’attends n’est pas à l’heure. 1 2 3 4 5

3. Je ne supporte pas qu’on change mes affaires de place. 1 2 3 4 5

4. J’aime les situations imprévues. 1 2 3 4 5

5. Je n’aime pas attendre quand c’est l’heure du repas. 1 2 3 4 5

6. J’aime bien bouger et changer d’activité. 1 2 3 4 5

7. Je n’aime pas qu’on me prenne ma place pour manger ou regarder la télévision. 1 2 3 4 5

8. Je préfère me lever et me coucher aux mêmes heures tous les jours. 1 2 3 4 5

9. J’aime bien sortir pour rencontrer de nouvelles personnes. 1 2 3 4 5

10. J’aime bien voir des émissions ou films nouveaux à la télévision. 1 2 3 4 5

Score total : / 50

79

Annexe XI : Hospital Anxiety and Depression scale (HAD)

N° participant : _________________ Date : _____________________

HAD De Zigmond et Snaith (1983)

Traduction française : Lépine (1985)

Lisez chaque question. Entourez le chiffre correspondant à la réponse qui exprime le mieux ce que vous avez éprouvé au cours de la semaine qui vient de s’écouler. Ne vous attardez pas sur la réponse à donner ; votre réaction immédiate à chaque question fournira probablement une meilleure indication de ce que vous éprouvez qu’une réponse longuement méditée.

1) Je me sens tendu(e) ou énervé(e) : A 3 La plupart du temps 2 Souvent 1 De temps en temps 0 Jamais 2) Je prends plaisir aux mêmes choses qu'autrefois : D 0 Oui, tout autant 1 Pas autant 2 Un peu seulement 3 Presque plus 3) J’ai une sensation de peur comme si quelque chose d’horrible allait m’arriver : A 3 Oui, très nettement 2 Oui, mais ce n’est pas trop grave 1 Un peu, mais cela ne m’inquiète pas 0 Pas du tout 4) Je ris facilement et vois le bon côté des choses : D 0 Autant que par le passé 1 Plus autant qu'avant 2 Vraiment moins qu'avant 3 Plus du tout

5) Je me fais du souci : A 3 Très souvent 2 Assez souvent 1 Occasionnellement 0 Très occasionnellement 6) Je suis de bonne humeur : D 3 Jamais 2 Rarement 1 Assez souvent 0 La plupart du temps

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7) Je peux rester tranquillement assis à ne rien faire et me sentir décontracté : A 0 Oui, quoi qu’il arrive 1 Oui, en général 2 Rarement 3 Jamais 8) J'ai l'impression de fonctionner au ralenti : D 3 Presque toujours 2 Très souvent 1 Parfois 0 Jamais 9) J’éprouve des sensations de peur et j’ai l’estomac noué : A 0 Jamais 1 Parfois 2 Assez souvent 3 Très souvent 10) Je ne m'intéresse plus à mon apparence : D 3 Plus du tout 2 Je n'y accorde pas autant d'attention que je le devrais 1 Il se peut que je n'y fasse plus autant attention 0 J'y prête autant d'attention que par le passé 11) J’ai la bougeotte et n’arrive pas à tenir en place : A 3 Oui, c’est tout-à-fait ça 2 Un peu 1 Pas tellement 0 Pas du tout

12) Je me réjouis d'avance à l'idée de faire certaines choses : D 0 Autant qu'avant 1 Un peu moins qu'avant 2 Bien moins qu'avant 3 Presque jamais 13) J’éprouve des sensations soudaines de panique : A 3 Vraiment très souvent 2 Assez souvent 1 Pas très souvent 0 Jamais 14) Je peux prendre plaisir à un bon livre ou à une bonne émission radio ou de télévision: D 0 Souvent 1 Parfois 2 Rarement 3 Très rarement

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Annexe XII : Version courte du Questionnaire d’auto-évaluation de la mémoire (QAM)

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Annexe XIII : Formulaire de consentement

RECHERCHE

Exploration du processus de segmentation d’événements Responsables du projet de recherche : Martial Van der Linden, Professeur ordinaire

Caroline Bendahan, Doctorante en psychologie (Dans ce texte, le masculin est utilisé au sens générique ; il comprend aussi bien les femmes que les hommes.)

INFORMATION AUX PARTICIPANTS ET CONSENTEMENT DE PARTICIPATION À LA RECHERCHE

Information aux participants Objectifs généraux de la recherche: Au quotidien, nous traitons de manière continue un nombre important d’informations, par exemple en lisant un livre, en discutant avec une personne ou encore en conduisant. Afin de bien gérer toutes ces informations, le cerveau segmente naturellement chaque événement en un certain nombre de petits résumés. Cette étude a pour objectif d’explorer ce processus de segmentation d’événements chez des adultes âgés de la population générale, au moyen de différents outils de mesure.

Procédure: Il s’agira pour vous d’effectuer une tâche sur un ordinateur et de répondre à un certain nombre de questions. Il s’agira également d’effectuer de courtes tâches évaluant les fonctions cognitives générales (par exemple : les capacités attentionnelles, langagières ou d’apprentissage), ainsi que de répondre à des questionnaires portant sur votre quotidien.

Il vous sera demandé si vous acceptez que la séance soit enregistrée (avec un enregistreur vocal). Cet enregistrement servira uniquement à faciliter la passation des tâches et la retranscription exacte de vos réponses. Il sera traité de manière anonyme et sera détruit aussitôt que la retranscription sera effectuée.

Protection des données : Conformément à la loi sur la sauvegarde des données, l'ensemble des données recueillies seront, dans un premier temps, gardées sous clef à l’Unité de Psychopathologie et Neuropsychologie Cognitive de l’Université de Genève. Elles seront ensuite archivées, et gardées durant 10 ans à compter de la fin de la récolte des données (hormis les enregistrements vocaux qui seront détruits dès la retranscription). L’anonymat est aussi bien garanti pendant la durée de l'étude qu’après. Les résultats seront utilisés à des fins scientifiques et seront publiés dans des revues ou des livres scientifiques.

Avantages et bénéfices pour les participants: En acceptant de participer à cette étude, vous contribuez à la recherche scientifique en psychologie. Si vous le souhaitez, nous pouvons vous faire parvenir par mail les résultats issus de l’étude dès que celle-ci sera

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publiée. Pour toute question, veuillez contacter Caroline Bendahan (par tél. : 0041 (0)22 379 93 52 ou par e-mail : [email protected]).

Inconvénients et risques éventuels pour les participants: aucun

Durée de l’expérience: Une seule séance d’environ 1h30 est prévue (avec une pause de 10 minutes, incluse)

!Sur la base des informations qui précèdent, je confirme mon accord pour participer à la recherche « Exploration du processus de segmentation d’événements », et j’autorise :

• l’utilisation des données à des fins scientifiques et cliniques et la publication des résultats de la recherche dans des revues ou livres scientifiques, étant entendu que les données resteront anonymes et qu’aucune information ne sera donnée sur mon identité ;

OUI NON

• l’utilisation des données!à des fins pédagogiques (cours et séminaires de formation d’étudiants ou de professionnels soumis au secret professionnel).

OUI NON

J’ai choisi volontairement de participer à cette recherche. J’ai été informé-e du fait que je peux me retirer en tout temps sans fournir de justifications et que je peux, le cas échéant, demander la destruction des données me concernant.

Ce consentement ne décharge pas les organisateurs de la recherche de leurs responsabilités. Je conserve tous mes droits garantis par la loi.

Prénom Nom

Date

Signature

ENGAGEMENT DU CHERCHEUR

L’information qui figure sur ce formulaire de consentement et les réponses que j’ai données au participant décrivent le projet dans sa globalité. À la fin de la séance, je m’engage à fournir au participant les détails décrivant avec exactitude le projet.

Je m'engage par ailleurs à procéder à cette étude conformément aux normes éthiques concernant les projets de recherche impliquant des participants humains, en application du Code d’éthique concernant la recherche au sein de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et des Directives relatives à l’intégrité dans le domaine de la recherche scientifique et à la procédure à suivre en cas de manquement à l’intégrité de l’Université de Genève.

Je m’engage à ce que le participant à la recherche reçoive un exemplaire de ce formulaire de consentement.

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