LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE) : QUEL(S) PARTICULARISME(S)...

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BAR International Series 2570 2013 Anciens peuplements littoraux et relations Homme/Milieu sur les côtes de l’Europe atlantique Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and Environment along the European Atlantic Coasts Sous la direction de / Edited by Marie-Yvane Daire, Catherine Dupont, Anna Baudry, Cyrille Billard, Jean-Marc Large, Laurent Lespez, Eric Normand and Chris Scarre Avec la collaboration de / With the collaboration of Francis Bertin, Chloé Martin et Kate Sharpe

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BAR International Series 25702013

Anciens peuplements littoraux et relations Homme/Milieu sur les côtes

de l’Europe atlantique

Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and

Environment along the European Atlantic Coasts

Sous la direction de / Edited by

Marie-Yvane Daire, Catherine Dupont, Anna Baudry, Cyrille Billard, Jean-Marc Large, Laurent Lespez, Eric Normand and Chris Scarre

Avec la collaboration de / With the collaboration of

Francis Bertin, Chloé Martin et Kate Sharpe

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ArchaeopressPublishers of British Archaeological ReportsGordon House276 Banbury RoadOxford OX2 [email protected]

BAR S2570

Anciens peuplements littoraux et relations Homme/Milieu sur les côtes de l’Europe Atlantique / Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and Environment along the European Atlantic Coasts

© Archaeopress and the individual authors 2013

ISBN 978 1 4073 1191 3

pour citer ce volume / how to cite:

Daire M.Y., Dupont C., Baudry A., Billard C., Large J.M., Lespez L., Normand E., Scarre C. (dir.), 2013. Ancient Maritime Communities and the Relationship between People and Environment along the European Atlantic Coasts / Anciens peuplements littoraux et relations Home/Milieu sur les côtes de l’Europe atlantique. Proceedings of the HOMER 2011 Conference, Vannes (France), 28/09-1/10/2011. British Archaeological Reports, International Series 2570, Oxford: Archaeopress.

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INTRODUCTION

L’insularité : le phénomène géographique

Le petit territoire qui a été choisi pour l’analyse des identités insulaires supposées est situé au sud de la Bretagne, sur une double ligne d’orientation générale nord-ouest / sud-est. Il est formé de deux ensembles séparés du continent bien avant le 6ème millénaire avant J.-C. (Figure 1). L’un, Belle-Île, donne l’apparence d’un bloc détaché du continent, avec ses hautes falaises et ses à-pic abrupts, l’autre, le complexe Houat-Hoedic, est le reliquat d’un vaste ensemble insulaire qui n’a cessé de se réduire pendant la remontée du niveau marin à l’Holocène. Lors de la seconde moitié du 6ème millénaire et la première moitié du 5ème, il est couramment admis que le niveau moyen des mers était situé autour de -10m de l’actuel, avec des plus hautes mers au contact de l’isobathe -5m (Marchand 2005 ; Stanford et al., 2010). Même si les lignes bathymétriques actuelles représentent une limite territoriale tout à fait contestable en raison de l’absence d’analyse précise du déblaiement des formations périglaciaires (érosion sous-

marine) et, a contrario, de l’envasement des dépressions sous-marines qui atteint une épaisseur variable qui peut varier de cinq à 15 mètres selon les endroits, il n’en reste pas moins que les deux secteurs choisis étaient séparés du continent dès

géographique.

La séparation du continent s’est effectuée vers 7500 av. J.-C. pour Belle-Île et vers 7000 av. J.-C. pour le complexe Houat-Hoedic, aidé pour cela par l’ancien couloir d’écoulement de la Vilaine qui a formé le passage de la Teignousse (Menier 2003), entre Quiberon et la chaussée du Béniguet formée de minuscules îlots inhabités qui annoncent l’île de Houat (Figure 2).Située à une quinzaine de kilomètres du continent, Belle-Île est la plus grande île de Bretagne (environ 200km²) et forme un vaste plateau d’altitude moyenne située autour de 40m, limité par de hautes falaises et entaillé par de nombreux vallons encaissés qui débouchent sur la mer par de petites plages. Le substrat de l’île est particulier, roches volcano-sédimentaires voire franchement volcaniques ; l’île est en effet séparée des grands domaines structuraux du sud-Bretagne par une faille d’orientation classique en Bretagne (nord-ouest / sud-est). L’âge géologique de l’ensemble du substrat n’est pas connu (Audren et Plaine 1986).

Si Belle-Île n’a guère changé de morphologie régionale pendant les huit derniers millénaires, ce n’est pas le cas de l’archipel de Houat-Hoedic en raison de sa faible altimétrie. La réduction des terres disponibles a été drastique. Selon P. Buttin (2009), si l’on se réfère à l’isobathe -10m, la surface était de 2210ha disponibles auxquels il faut ajouter 3418ha d’estran. Actuellement, la surface terrestre est de 516ha, avec un ajout de 314ha d’estran. Les terres disponibles ont donc été réduites au quart de ce qu’elles étaient il y a 8000 ans. Et le début de cette période a vu une montée progressive du niveau marin de 30cm par décennieI. Inéluctablement, la séparation des deux îles s’est produite dans la deuxième moitié du 5ème millénaire av. J.-C.

LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE) :

QUEL(S) PARTICULARISME(S) INSULAIRE(S) PEUT-ON DÉCELER DANS LES SITES, DE LA FIN DU MÉSOLITHIQUE À LA FIN DU NÉOLITHIQUE

(5500-3300 AV. J.-C.) ?

Lorena AUDOUARD Université Rennes 1 - Unité Mixte de Recherche 6566 Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire,

France, email : [email protected]

Jean-Marc LARGE Unité Mixte de Recherche 6566 Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire,

email : [email protected]

Figure 1. Belle-Île, Houat et Hoedic et situation des sites mentionnés dans le texte (DAO J. M. Large)

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HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

Figure 2.(2), à partir de l’isobathe -5m. La remontée du niveau marin provoque la séparation des îles de Houat et d’Hoedic alors que Belle-Île ne subit pas de perte territoriale importante en raison de son fort relief et de ses falaises hautes (DAO J. M. Large).

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

L’insularité : le phénomène humain

Ce n’est pas tant l’accumulation des traits culturels qui

historique, avec ses évolutions, ses transformations, ses mutations (Cuche 2002). C’est donc dans cet esprit que l’on peut travailler sur les rapports culturels entre des communautés qui, en apparence, sont distinctes sur le plan géographique. L’île est une composante géographique.

vocabulaire lié à la réalité physique de l’île. Souvent se

l’on élabore par opposition au continent (Salomé 2007). L’île présuppose le continent (Guillemet 2007). C’est dans ce cadre conceptuel que nous allons discuter de ce qui est perceptible entre le sixième et le troisième millénaire av. J.-C. dans un secteur actuellement insulaire formé par les îles de Belle-Île, Houat et Hoedic.

Pour ce faire, lors de ces périodes sans écriture, nous ne disposons que d’éléments matériels conservés et

Deux catégories peuvent être prise en compte : les structures architecturales conservées et les objets du quotidien ou cultuel fait de matières non putrescibles

l’apport de ces éléments matériels à la compréhension de la problématique qui nous intéresse. S’ajoutent à cela un certain nombre d’analyses disponibles concernant les tendances alimentaires des sociétés. Toutefois, ce dernier critère livre des données partielles en Bretagne en raison

des terrains acidesII. Il s’agira donc d’observer l’ensemble des paramètres culturels disponibles sur ces domaines insulaires et de les confronter aux mêmes types de

similitudes ou des différences allant dans le sens d’une construction culturelle insulaire, même si, comme nous l’avons dit plus haut, le projet identitaire va bien au-delà de l’accumulation de traits culturels.

LE POINT DE VUE STRUCTURAL

Trois phases chrono-culturelles sont choisies en raison de la disponibilité des renseignements archéologiques.

deuxième moitié du 6ème millénaire av. J.-C., avec les nécropoles de Téviec et Hoedic qui ont livré des structures dont la complexité de mise en œuvre permet de développer un faisceau de traits culturels, permettant de suggérer un système architectural et des rituels funéraires. La deuxième prend en compte les premières manifestations architecturales d’un Néolithique initial en Bretagne, dès la première moitié du 5ème millénaire BC,

dressées. La troisième permettra une analyse comparative entre les structures de ceinture des activités humaines lors de la deuxième moitié du 4ème millénaire av. J.-C., au Néolithique récent.

Deux nécropoles permettent de porter une lecture structurelle comparative : Téviec, alors positionnée sur la côte ouest de l’isthme actuel de Penthièvre, au contact direct avec le continent (Péquart et al., 1937) et Hoedic dont le site de Port-Neuf (Péquart et Péquart 1954) était situé sur la côte nord de l’ensemble insulaire de Houat-Hoedic (Figure 3). Sur le plan structurel, neuf indicateurs ont été retenus et ont fait l’objet d’une analyse comparée (Large 2007).- À Hoedic, ce sont des fosses naturellement présentes

dans le substrat granitique qui ont déterminé la position du corps des défunts ; parfois, les corps ont été déposés à même le substrat, sans qu’il y ait de dépression (Figure 3). À Téviec, les fosses funéraires ont été creusées sans orientation préférentielle dans un substrat de base composé de sable rougeâtre aggloméré ; les dépôts coquilliers, issus de l’occupation humaine mésolithique, ont aussi été creusés pour l’aménagement des fosses.

- À Hoedic, le cadavre a été déposé assis ou allongé sur le dos, excepté pour le dépôt simultané de deux enfants dans la sépulture C où leurs corps sont installés sur le

sur l’autre bras. Pour la sépulture des deux enfants de C, les mains sont ramenées sous le menton. Dans le cas de sépulture double simultanée, associant un adulte avec un enfant, l’adulte est placé sur le dos et l’enfant se trouve lové dans le bras replié de l’adulte. Quelquefois, la tête est surélevée et repose sur des fragments de bois de cerf. Les corps sont souvent parés (coquillages, dents de cerfs, boucles de raies), mais pas toujours (adulte de la sépulture D), souvent recouverts d’ocre. Des dépôts d’objets accompagnent les défunts (objets en silex, en os, en bois de cerf) qui peuvent avoir été recouverts par un suaire (en peau ?) attaché par une aiguille en os (stylets). À Téviec, les dépôts de cadavres sont aussi sans orientation

bassin, ou croisées sur le ventre. La même situation de dépôt funéraire se retrouve à Téviec pour une sépulture double simultanée. Lorsque le corps est placé sur le dos, la tête est surélevée. Les corps sont souvent parés (coquillages, dents de cerfs et pendeloques en pierre) et couverts d’ocre. L’accompagnement des défunts par des objets est similaire à ce qu’on a découvert à Hoedic.

- À Hoedic, dans certains cas, les bois de cerf forment une armature suspendue au-dessus des corps (sépultures H et K). La présence de bois de cerf disposés en encadrement du corps du défunt est attestée pour un des hommes de la sépulture F, pour les femmes des sépultures H et J, pour l’homme de la sépulture K. À Téviec, des bois de cerf forment une architecture aérienne enveloppant parfois la totalité du corps (sépultures A et D). Plus simplement, certains défunts étaient accompagnés de bois de cerf placés le long de leur corps (sépultures A et K).

- À Hoedic, le corps est parfois maintenu par des dalles déposées à plat sur le crâne, sur la poitrine, sur le ventre

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HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

et/ou sur les jambes (sépultures B, D, les enfants de la sépulture C). Pour les sépultures F et H, c’est un lit commun de pierrailles qui condamne l’ensemble. La sépulture K est recouverte d’une grande dalle unique. À Téviec, le ou les corps sont recouverts par une dalle de granite de dimension correspondant au corps replié ou bien par deux pierres, l’une placée sur le crâne, l’autre sur le bassin.

- À Hoedic, l’ensemble de la fosse sépulcrale peut être entourée de dalles posées à plat (sépultures B, C, D, H), parfois verticales (sépulture F) Dans le cas de la sépulture J, plusieurs blocs de chevet sont disposés verticalement. Une grande dalle de chevet verticale a été posée après enfouissement du corps de la sépulture K. Pour la sépulture F, une pierre aurait été dressée sur le dépôt funéraire (Figure 3). À Téviec, en ce qui concerne la sépulture A, la dalle ou les pierres de couverture sont complètement entourées de blocs joints verticaux.

- À Hoedic, deux cas de foyers sont connus sur l’aire de pierres (sépulture C) ou sur la dalle de la sépulture K. À Téviec, dans la surface bien délimitée de la sépulture, un foyer a systématiquement été aménagé. Il n’a pas servi à la cuisson de denrées. Dans un cas, une partie de l’entourage du foyer est formée par un os de cétacé (sépulture A).

- À Hoedic, un bois de cerf a été déposé sur les cendres éteintes de la sépulture K. L’ensemble a été recouvert par une grande dalle. À Téviec, sur le foyer alors éteint et refroidi, des offrandes ont été déposées (mandibules de cerfs ou de sangliers - sépulture A).

- À Hoedic, comme à Téviec, l’ensemble de l’aménagement funéraire est comblé par le sédiment coquillier, présent partout sur la zone sépulcrale.

- Contrairement à Téviec, il n’y a pas d’amoncellement de blocs dans la nécropole de Port-Neuf à Hoedic. Les sépultures ne devaient pas être autant visibles. Toutefois, la présence de sépultures multiples non simultanées indique la permanence de la mémoire du cimetière, peut-être matérialisée par des éléments périssables. À Téviec, en effet, de grosses pierres ont été placées les unes sur les autres, avec soin, de façon à matérialiser l’emplacement de la sépulture aux yeux des vivants. Cette élévation a longtemps été visible puisque dépassant nettement la couche d’occupation formée par une terre noire, très charbonneuse, remplie d’une grande quantité de déchets organiques (coquillages, carapaces, os, bois de cerf) et minéraux

Le constat est assez clair. À part l’amoncellement de blocs au-dessus des structures funéraires, présent à Téviec et absent à Hoedic, les éléments structuraux des deux sites sont similaires. La différence se fait dans le traitement de chaque situation, mais les stratégies catégorielles sont identiques. Nous sommes en présence de groupes humains extrêmement structurés sur le plan des cultes funéraires qui présentent une unité conceptuelle allant au-delà de la culture matérielle, groupes présents sur l’ensemble du littoral sud-armoricain qu’il soit continental ou bien insulaire. La démarcation ne se fait donc pas en fonction d’un critère identitaire insulaire supposé mais en fonction d’un territoire beaucoup plus vaste, intégrant les zones

littorales, en précisant, toutefois, que la mobilité de ces groupes devait être plus réduite que pour les mêmes groupes plus franchement continentaux (Marchand 2005). Il est même posé l’hypothèse de la sédentarité des groupes mésolithiques tardifs du littoral sud-breton en fonction de la pérennité de l’utilisation des nécropoles, notamment à Hoedic où les écarts entre les datations radiocarbone couvrent près d’un millénaire.

Au Néolithique ancien - moyen

Le Néolithique initial de la péninsule bretonne est marqué par la présence de groupes humains qui érigent des blocs

sont d’accord pour dire que ce sont des monuments à vocation symbolique, qu’ils sont liés à une mise en scène de territoires particuliers (Golfe du Morbihan, Golfe de Quiberon et, plus au nord, vallée de la Vilaine, plus à l’ouest, péninsule de Crozon, archipel de Molène, etc.). Des ensembles funéraires ostentatoires sont en lien avec

du cinquième millénaire avant J.-C., si l’on s’en tient au territoire formé par le Mor Bihan et le Mor Braz3, une

nourriture, de faire de cet espace singulier un territoire

ensemble architectural qui donnent ensemble une identité culturelle forte, participant à l’effacement des temps anciens des derniers chasseurs-cueilleurs (Cassen 2009).

À Hoedic, lors de cette période, alors que l’île se sépare progressivement de Houat, un certain nombre de

dressées, les tertres funéraires. Un programme de recherche

conservé en raison de l’absence d’érosion agricole et du scellement de ces niveaux par une couverture dunaire qui

s’agit de mieux comprendre structurellement le phénomène des pierres dressées même si, dans cette île, il ne connaît pas l’ampleur qu’il aura sur le littoral de Carnac-Erdeven-Quiberon.

globale du phénomène architectural, en y ajoutant les gestes cultuels qui ont pu être conservés dans les sols

Douet et de Groah Denn, un certain nombre de paramètres

certains les remarques faites ailleurs, mais en y ajoutant un certains nombres d’autres que l’on ne connaissait pas ou bien que l’on avait observé partiellement. En

à l’absence des sols d’origine et à la destruction de ces monuments lors de périodes anciennes ou tardives (néolithique, gallo-romaine, médiévale et moderne, comme à Belz par exemple ; Hinguant et Boujot 2009). Cette situation est très différente à Hoedic où seul l’impact du Néolithique récent sur ces monuments se fait sentir et encore dans des endroits très partiels. Du coup, les points de comparaisons sur un phénomène global manquent et

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

Figure 3. Situation comparée entre les nécropoles de Téviec (1 et 3), dont le site était continental et d’Hoedic (2 et 4), déjà insulaire. Les points de convergence structurels sont très nombreux pour les deux sites comme, par exemple, les entourages de pierres de chant autour de certaines sépultures (5 et 6) (DAO J. M. Large (1 et 2), photos St-J. Péquart (3, 4 et 6), dessin E. Bouillon (5)).

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HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

seul le site de l’alignement du Moulin de Cojou en Ille-et-Vilaine (Le Roux et al., 1989), auquel on peut ajouter aussi l’énigmatique reste des Ouchettes à Plassay, en Charente-Maritime (Laporte et Picq 2002). À un degré moindre, en

de lecture des plans d’époque, le site de Er Lannic est un point de comparaison sur lequel il faut aussi compter tant les similitudes sont importantes notamment avec le site de Groah Denn (Le Rouzic 1930).

En préalable, il faut revenir sur la remarque de C. T. Le Roux (Le Roux et al., 1989) qui précisait à juste titre que

doivent être perçues comme l’ossature d’un système architectural pouvant s’avérer complexe, étendu et faisant appel à des matériaux variés, maçonnerie sèche, terre et bois ». Nos travaux

à la simple lecture de ces dernières, n’est porteur que d’un discours partiel, identique à celui des dolmens lorsqu’on analyse seulement les parois des chambres funéraires. Sur le plan structurel, sept indicateurs peuvent être pris en compte (Figure 4) :- L’installation de foyers dans l’espace pris en compte

Hoedic (Douet et Groah Denn) qu’à Saint-Just et à Er Lannic. Ces foyers au Douet et à Saint-Just attestent un investissement des lieux dans la première moitié

éléments de céramiques présents.- À Saint-Just, des éléments en bois faisaient partis du

du Douet. Toutefois, au Groah Denn, cette observation n’a pas été faite.

- Le dispositif de pierres levées sur une ligne est un point commun. Dans les sites de St-Just, de Groah Denn et vraisemblablement à Er Lannic, il s’agit d’une mise en place en plusieurs temps, parfois pour Saint-Just et le Groah Denn, avec le dispositif de chaussée dont la mise en place s’intercale entre deux phases d’érection de blocs (Figure 4).

- Des dépôts à valeur symbolique ou culinaire ont été effectués auprès de certains menhirs tant au Douet qu’au Groah Denn. Ces dépôts sont vraisemblablement à comparer à ce qui a été décrits en son temps à Er Lannic mais avec toute la prudence nécessaire à la lecture de fouilles anciennes. Toutefois, il n’y a rien d’anormal aux dépôts d’objets auprès des menhirs, fait qui a été attesté depuis longtemps. Les dépôts de coquillages présents au pied de deux blocs érigés au

Figure 4.

moellons, avec des pierres bordières disposées de chant, puis abattus. Cette situation est similaire à celle reconnue sur le site de Douet (2) et du Groah Denn (3) à Hoedic (Photos C. T. Le Roux (1) et J. M. Large (2 et 3)).

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

Groah Denn est, par contre, peu souvent décrit, si ce n’est lors des travaux de M. Baudouin sur les menhirs des Tabernaudes sur l’île d’Yeu en Vendée (Baudouin 1910).

- La condamnation de ces dépôts est une pratique systématique dans les deux endroits où nous les avons mis en évidence. Un amoncellement de blocs scellait la lame de hache polie du menhir M4 du Douet, la série d’objets polis au M10 de Groah Denn, la céramique au pied du M1 du Douet et les dépôts de coquillages au Groah Denn. Cet amoncellement pouvait couvrir les deux tiers de la base du bloc érigé, ne laissant apparaître que son extrémité. Il semble qu’une telle lecture puisse être faite pour certains blocs d’Er Lannic où ces structures, malheureusement escamotées par les fouilleurs de l’époque, devaient cacher des objets en dépôt. À Saint-Just, cette observation n’a pas été faite, sans doute en raison des intrusions postérieures

- La chaussée empierrée, même si ce terme n’est pas forcément satisfaisant, se retrouve sur chaque site ayant une bonne conservation (Douet, Groah Denn, Saint-Just). Le lien structurel est fort sur ces sites et va déterminer son évolution puisque d’autres pierres érigées vont pouvoir y être enchâssés. Elle est parfois d’architecture complexe, avec présence d’une arête centrale formée de dalles verticales à l’ouest du M21 et du foyer F2 de Saint-Just, parfois parementé comme à l’est du bloc M15, toujours à Saint-Just ; il peut présenter une armature dédoublée, comme au Groah Denn et a fait l’objet de structuration différentielle sur l’ensemble des sites. Il semble que ce soit sa présence qui est importante aux yeux des fabricants et non pas son architecture précise (Figure 4).

- Dans tous les cas recensés, des stèles aux allures plus ou moins anthropomorphes, ont fait l’objet d’une pratique d’abattage. Elles bordaient la chaussée et leur découverte à plat sur le vieux sol d’occupation initiale ne fait pas de doute : elles ont été abattues une fois l’ensemble du monument construit.

Que l’on soit dans le domaine insulaire ou sur le continent, il semble qu’un certain nombre d’indicateurs structurels qui, ensemble, construisent une représentation cohérente des dispositifs de pierres dressées, soit commun. L’insularité n’ajoute rien à une production symbolique que l’on va retrouver sur un vaste ensemble insulaire et continental. Il n’y a pas matière, avec les architectures de pierres dressées, de distinguer ce qui est insulaire de ce qui ne l’est pas. Et cette remarque peut être étendue aux tertres ainsi qu’aux objets du quotidien (céramiques,

des grilles de lecture similaires pour ce qui concerne le mégalithisme funéraire qui va succéder aux tertres dans la dernière moitié du 5ème millénaire avant J.-C.

Au Néolithique récent

Les traces d’occupation au Néolithique récent à Houat, à Hoedic, à Belle-Île, concernent essentiellement la culture matérielle Groh-Collé (Guyodo 2001). L’habitat de hauteur de Beaumont à St-Hilaire-sur-Oust (Morbihan) peut servir d’élément de comparaison avec les différents sites repérés

sur les îles du Morbihan (Tinevez 1992). Il s’agit en effet d’un éperon limité dans sa partie sud-est par une levée de terre qui a été perçue lors d’une prospection menée à partir de 1988. On peut ajouter aussi la structure d’enceinte du Lizo à Carnac où les observations anciennes de Le Rouzic

(Mens 1995)4. Or, la technique de montage de la structure qui limite vraisemblablement un espace habité se retrouve également sur les sites insulaires de Groah Denn à Hoedic, sans doute aussi à Cénis à Houat et probablement sur les sites de la Pointe du Vieux Château et de Pengard à Hoedic. Trois indicateurs ont été retenus pour mettre en évidence les similitudes structurales (Figure 5) :- Sur les sites de Beaumont, du Lizo, de Groah Denn,

de Cénis et, vraisemblablement, du Vieux Château et de Pengard, une série linéaire de gros blocs en roche locale a servi d’armature centrale à un dispositif de ceinture d’un espace habité. Ces gros blocs peuvent avoir été déplacés, comme au Groah Denn, au Vieux Château et à Pengard, mais, pour ces trois derniers sites, les néolithiques se sont appuyés aussi sur des blocs naturels soudés au substrat. Il est à noter qu’au Groah Denn, l’un de ces blocs a fait l’objet d’une tentative d’extraction qui n’a pas été menée à son terme (observation d’E. Mens, Large et al., 2011) pour une raison que l’on ignore.

- pierres, c’est un amoncellement de blocs de taille réduite qui a servi ensuite à combler les espaces disjoints entre les gros blocs. Dans tous les cas rencontrés, il n’y a pas de parements extérieurs et/ou intérieurs formant une ligne continue. Il s’agit d’une maçonnerie de pierre sèche grossière.

- La présence de calages de poteau au contact du mur est un fait attesté tant à Beaumont qu’au Groah Denn à Hoedic. Ces témoins forment un élément pour indiquer soit la présence d’une armature de

présence d’infrastructures avec poteaux porteurs au contact même du mur. Au Lizo, ce sont des structures domestiques empierrées qui ont été décrites au contact

la répartition du matériel archéologique et, notamment, des céramiques.

pierres dressées du Néolithique moyen pour servir d’appui à cette ceinture. Cette observation a pu être faite au Douet, à Groah Denn à Hoedic mais aussi probablement à Cénis à Houat.

La particularité qui consiste à construire un mur d’enceinte d’espace habité à partir d’une armature centrale composée de gros blocs naturels ou amenés est un fait architectural que l’on ne retrouve qu’en Bretagne pour la période considérée. Les murs d’enceintes des structures fossoyées du Centre-Ouest ne sont pas confectionnés avec cette technique particulière. Cet élément structurel se retrouve donc à la fois dans le domaine insulaire mais aussi sur le continent, bien au-delà du littoral, ce qui n’est pas surprenant si l’on élargit l’analyse des traits culturels aux ensembles mobiliers. Ces derniers, en effet, à l’instar de l’observation structurelle précédente, indiquent

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HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

des échanges continus entre le domaine insulaire et le continent, échange qui se perçoit souvent sur de longue distance.

ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DE LA PROBLÉMATIQUE DE L’INSULARITÉ PAR LE MOBILIER LITHIQUE

Il sera question ici de compléter l’approche structurelle en adoptant le point de vue de l’industrie lithique. Nous allons examiner l’industrie lithique du site du Douet à Hoedic et celles de plusieurs sites bellilois en suivant à chaque fois deux questionnements principaux. Dans un premier temps nous analyserons l’approvisionnement en matières

d’insertion au sein des réseaux économiques de l’époque. Puis dans un second temps nous exposerons les principaux traits techniques observés sur ces sites et il sera question

insulaire lithique.

Hoedic

Le Néolithique moyen 1 et le site du Douet à Hoedic

Au sein du niveau néolithique moyen 1 du Douet, les matières premières locales sont clairement privilégiées (à plus de 93%) sous la forme de galets de silex côtiers, collectés probablement sur les plages hoedicaises ou la proche presqu’île de Quiberon où des cordons de galets sont connus (Guyodo 2001). Les éléments importés ne dépassent pas les 0,19%. On constate notamment la présence d’un éclat de silex bajocien-bathonien, ce qui révèle des contacts avec la plaine de Caen. Deux haches

M. Large et G. Querré (Large et al., 2006 ; Querré 2010), mais après analyse, leur origine reste incertaine à ce jour.

Lorsque l’on examine la dynamique d’approvisionnement du Douet par rapport à d’autres occupations contemporaines du Néolithique moyen 1, on remarque sur ce site un appel plus faible aux ressources exogènes, telles que par exemple le quartzite de Montbert. En effet, les études menées par

Figure 5. Des structures empierrées limitent des espaces habités au Néolithique récent. Sur le site de Beaumont à St-Hilaire-sur-Oust, dans le Morbihan intérieur, un éperon est barré par un talus empierré formé autour d’une armature de gros blocs déplacés ou en place (2). C’est le cas aussi au Groah Denn à Hoedic (1) et à Cénis à Houat (3) (Dessin J. Y. Tinevez (2) et photos J. M. Large (1 et 3)).

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

les sites du Néolithique moyen 1 sud-armoricain, comme la Mainguinière (Loire-Atlantique) ou Port-aux-Ânes (Loire-Atlantique), montrent que les assemblages lithiques sont connus pour leur composante en quartzite de Montbert (22% pour le site de la Mainguinière et 18% pour le site de Port-aux-Ânes). Cette matière était alors exploitée dans une recherche de volume des supports (Guyodo 2005), une volonté manifestement absente au Douet.

Malgré ce faible appel à l’importation, les indices de silex bajocien-bathonien et les haches polies mentionnées précédemment indiquent clairement des liens avec le continent.

Les caractéristiques techniques de l’assemblage lithique du niveau néolithique moyen 1 du Douet montrent que les objectifs du débitage sont essentiellement les éclats, avec un faible taux de supports lamello-laminaires.

L’outillage du site est varié, il est dominé par les éléments retouchés et les grattoirs, puis viennent les pièces esquillées et quelques autres catégories comme les denticulés et les coches. On dénombre cinq armatures tranchantes (Figure 6, n°3). L’absence de tranchets est en accord avec ce qui est généralement observé pour les occupations contemporaines du Néolithique moyen 1 dans l’ouest de la France (Guyodo 2001, 2005). On constate cependant l’existence au sein de l’outillage d’une pointe atypique (Figure 6, n°1), faite d’un bord abattu sur son bord droit et du dégagement d’une soie en partie proximale. Il n’existe pas (à notre connaissance) de parallèle connu pour cet outil, raison pour laquelle nous le signalons.Un élément remarquable apparaît lorsque l’on examine les techniques de débitage mises en œuvre sur le site (Figure 7). Les supports bruts témoignent en effet de l’usage à plus de 53,9% de la percussion bipolaire sur enclume, devant la percussion directe dure (44,9%). Certains nucléus témoignent même de l’usage des deux techniques lors de leur exploitation (0,2%). Un recours aussi élevé au débitage bipolaire sur enclume n’a encore jamais été décrit pour le Néolithique moyen 1. Mais il est nécessaire de rappeler ici que les assemblages de cette période sont peu nombreux (Guyodo et Marchand 2005). L’adoption précoce sur le site du débitage bipolaire sur enclume pourrait éventuellement s’expliquer par une adaptation des populations insulaires hoedicaises à la petite taille des galets de silex côtiers. Cependant, ce déterminisme n’est probablement pas la seule explication et la possibilité qu’il s’agisse là d’une véritable préférence des occupants du Douet pour la percussion bipolaire sur enclume doit être impérativement gardée à l’esprit.Le Néolithique moyen 2 ne sera pas traité ici car cette période n’est pas représentée sur le site du Douet.

Le Néolithique récent sur le site du Douet à Hoedic

Les matières premières mises en œuvre au Néolithique récent sur le site du Douet restent majoritairement locales, mais on observe un apport de roches exogènes légèrement plus important qu’au Néolithique moyen 1. On remarque tout particulièrement trois fragments de haches polies (une en dolérite et deux autres en silex exogènes), ainsi que des éléments bruts en roche importée (un nucléus en silex

exogène et un éclat de quartzite de Montbert notamment).

débités sur place. De plus, la ré-exploitation d’un fragment de hache polie en silex exogène par une série de retouches sur son pourtour traduit la probable volonté d’utiliser jusqu’à l’épuisement une roche de qualité rare.

Ces éléments montrant un approvisionnement en

ponctuellement ré-exploités sont en accord avec ce qui a été constaté sur les proches sites insulaires de Groah Denn (Hoedic), Er Yoh (Houat), ainsi que sur les sites littoraux de Guernic (rattaché au continent au Néolithique) et de Groh Collé (Saint-Pierre-Quiberon) (Blanchard 2009 ; Guyodo 2001).

Les supports recherchés restent les éclats, avec un faible taux d’éléments lamello-laminaires. On remarque par rapport au Néolithique moyen 1 une présence plus forte des premiers éléments de la chaîne opératoire (présence de galets bruts, augmentation des galets testés et fendus, des entames et des éclats corticaux). La pratique du débitage auprès de l’alignement se fait de manière plus importante qu’à la période précédente. Le débitage mis en œuvre montre une augmentation du recours à la percussion bipolaire sur enclume (65% des supports en portent la marque), un fait récurrent au sein

la France (Guyodo et Marchand 2005). Cet état de fait est conforté par la présence de deux amas de débitage quasi exclusivement obtenus par percussion bipolaire sur enclume (Figure 8).

Les autres catégories de l’outillage sont en proportion relativement semblable au Néolithique moyen 1 (éléments retouchés, grattoirs, pièces esquillées, coches). On note à nouveau la présence de cinq armatures tranchantes. Un

reconnu sous la forme d’un micro-denticulé (Bocquet 1980 ; Fouéré 1994). Ces éléments ne sont pas discordants comparativement aux occupations contemporaines du Néolithique récent citées précédemment (Figure 6, n° 7 à 12).

Hoedic semble donc bien s’insérer dans les sphères culturelles contemporaines à la fois pour le Néolithique moyen 1 et pour le Néolithique récent, avec pour le Néolithique moyen 1 la particularité du fort appel à la percussion bipolaire sur enclume.

Belle-Île-en-Mer

Les prospections menées depuis plusieurs années maintenant par Gérald Musch ont permis la reconnaissance de plus de 73 sites, du Mésolithique ancien à l’Âge du Bronze (Figure 9). Parmi eux, 17 gisements ont été attribués au Néolithique (Audouard et al., 2010).

Sur plusieurs stations néolithiques de Belle-Île, les prospecteurs récoltent des éléments débités en silex blonds à cortex roulé peu épais. Cependant, lorsque l’on se rend sur les plages belliloises pour récolter des galets de silex, on note tout d’abord leur rareté, et ensuite leur différence d’aspect par rapport à ce qui est récolté sur les sites

338

HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

archéologiques (les galets de silex des plages sont en effet de couleur blond à gris-noir avec un cortex épais). Dès lors nous pouvons envisager une ressource de galets côtiers particulièrement exploitée aux périodes préhistoriques puis épuisée aujourd’hui ; ou une importation massive de galets de silex mais nous manquons de preuves pour aller

dans le sens de l’une ou l’autre de ces hypothèses.

Il ne faut pas oublier ensuite que le substrat de Belle-Île est exempt de granite. Or, on note la présence de nombreux macro-outils en granite sur plusieurs gisements néolithiques de l’île. L’examen de certains ont permis

Figure 6. Industrie lithique du site du Douet (Hoedic, Morbihan). 1 à 6 : Néolithique moyen 1 ; 7 à 12 : Néolithique récent. 1 : pièce (?) atypique (dessin L. Audouard) ; 2 : pièce retouchée ; 3 : armature tranchante (dessin L. Audouard) ; 4, 5 et 6 : grattoirs ; 7 et 8 : armatures tranchantes ; 9 : fragment de hache polie retouchée, en silex exogène ; 10 : grattoir (dessin L. Audouard) ; 11 : fragment de hache polie, en silex exogène ; 12 : micro-denticulé (dessins J. M. Large).

Figure 7. Répartition par sites de la mise en œuvre de la percussion bipolaire sur enclume au Néolithique moyen (d’après Guyodo et Marchand 2005, complété par L. Audouard).

Figure 8. Répartition par sites de la mise en œuvre de la percussion bipolaire sur enclume au Néolithique récent (d’après Guyodo et Marchand 2005, avec les données de A. Blanchard 2009, complété par L. Audouard.)

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

de reconnaître l’utilisation d’un bloc roulé pour réaliser le macro-outil. Mais l’importante dimension d’autres pièces et l’absence de surface roulée suggèrent la pratique d’importations de granite sur Belle-Île au Néolithique.

D’après l’historien Chasles de la Touche (1852), le menhir dénommé Jeanne de Runélo, détruit vers 1830, était en granite et mesurait plus de sept mètres de long. Des études récentes signalent la présence d’un mégalithe en orthogneiss sur l’île (Bonniol et Cassen 2009) désignée sous le nom de « grande stèle de Runélo ». Dès lors, qu’il s’agisse de granite ou d’orthogneiss, nous ne pouvons que souligner l’effort considérable réalisé par les populations de l’époque pour importer des blocs aussi conséquents, et par là-même leurs contacts et échanges fréquents avec les proches occupations littorales.

Étant donnée l’absence de fouilles pour les périodes néolithiques sur Belle-Île-en-Mer, il est important de rappeler que les sites dont il va être question maintenant sont issus de prospection et que par conséquent nous allons surtout nous appuyer sur les marqueurs chrono-culturels collectés.

Les indices du Néolithique ancien et du Néolithique moyen 1

L’assemblage lithique de la tourbière du Potager (Le Palais)

Il s’agit de pièces lithiques découvertes lors des investigations menées par le botaniste E. Gadeceau (1918) au début du 20ème siècle ap. J.-C., dans une tourbière au fond du port du Palais.

Le mobilier est constitué de trois lames, d’un grattoir et d’un éclat. Ces pièces ont été étudiées par E. Ihuel (2009) dans le cadre de sa thèse. Les trois lames et le grattoir sont en silex de la plaine de Caen (communication personnelle J. Pelegrin). Les importations de silex bajociens-bathoniens s’étendent du Néolithique ancien (Pailler et al., 2008) au Néolithique moyen 2. En effet, la présence de blocs de silex du Cinglais débités sur place sont connus sur le site de Lillemer (Ille-et-Vilaine) en contexte Néolithique moyen 2 (Guyodo 2005). L’obtention des trois lames a manifestement été faite par percussion indirecte (Ihuel 2009). Des lames en silex du Cinglais débitées par percussion indirecte sont connues dès le Néolithique ancien (Pailler et al., 2008).

Le site de Kerbellec (Sauzon)

Un mésial de lame retouché en silex bajocien-bathonien a été repéré (Audouard et al., 2010) sur le site de Kerbellec, situé à deux kilomètres au nord de la Tourbière du Potager

Figure 9. Carte de répartition des sites pré et protohistoriques à Belle-Île-en-Mer (DAO L. Quesnel, complété par L. Audouard.)

340

HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

(Figure 10, n° 5). La fracture de la lame de Kerbellec n’a pas permis une diagnose de sa méthode de débitage.

Le site de Tibain (Locmaria)

Le site, est situé sur un plateau, on y observe une légère butte au sein de la parcelle (tertre érodé ?) et une source d’eau a été récemment découverte suite à des travaux à proximité de la parcelle. 1006 pièces lithiques y ont été récoltées. L’étude de cet assemblage a permis de reconnaître la présence d’indices chrono-culturels de

Nous avons noté la présence d’une hache en jadéite brisée, elle mesure huit centimètres de longueur sur quatre centimètres de largeur et deux centimètres d’épaisseur (Figure 10, n° 7). Cette hache polie en jadéite fait écho aux

nombreuses haches de ce type découvertes dans l’ouest de la France, et en quantité très nombreuse dans le golfe du Morbihan. Les importations de ces haches se sont principalement faites entre le 5ème et le 4ème millénaire BC. Il existe plusieurs sources de jadéitites dans les Alpes italiennes (Pétrequin et al., 2007, 2009, 2012). La hache

(résultats en cours).

Il a été également possible de reconnaître au sein de

présente une série de retouches inverses rasantes à sa base, qui la rapproche de certaines pointes des sites néolithiques normands (entre 4750 et 4500 av. J.-C.), notamment celui d’Omonville-la-Petite sur la presqu’île du Cotentin dans la Manche (Marcigny et al., 2010). Cette armature a-t-elle

Figure 10. Pièces lithiques provenant de Belle-Île-en-Mer. 1 : armature tranchante du site de Tibain (Locmaria, Morbihan) ; 2 : armature à ailerons

site de Tibain (Locmaria) ; 4 : armature à retouches inverses rasantes en silex exogène du site de Tibain (Locmaria) ; 5 : fragment mésial de lame retouchée en silex exogène du site de Kerbellec (Sauzon, Morbihan) ; 6 : fragment de poignard en silex exogène du site de Tibain (Locmaria,) ; 7 : fragment de hache polie en jadéite du site de Tibain (Locmaria,) (Dessins L. Audouard).

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

été importée ou a-t-elle été confectionnée à Belle-Île ? Les échanges de silex bajocien-bathonien ont-ils conduits à

de tirer de conclusions.

L’exploitation et la diffusion de ce matériau débutent au Néolithique ancien mais s’étendent jusqu’au Néolithique

n° 3) se rapproche morphologiquement de celles mises au jour au sein des tumulus carnacéens, ce qui suggère une attribution chronologique au Néolithique moyen 1.

L’exemple du site de Donnant (Bangor)

en 2002 en prospection par G. Musch. Il a fait l’objet de plusieurs ramassages de surfaces. 951 pièces lithiques y ont été récoltées.

Les matières premières exploitées sont principalement les galets de silex blond au cortex roulé, mais on remarque la présence de plusieurs pièces (poignards et quelques éclats de ré-utilisation) en silex du Grand-Pressigny (à hauteur de 3,6%), de quartzite de Montbert et d’une hache polie en métadolérite de type A (Audouard et al., 2010). La présence de ces roches témoigne de contacts forts avec le continent et une insertion certaine au sein des réseaux d’échanges à longues distances. De plus l’une de ces matières premières importées est un indicateur chronologique. En effet, les importations pressigniennes sont connues dans l’ensemble du Massif armoricain, et leur calage chronologique généralement admis s’étend de 2800 à 2400 av. J.-C., avec un épisode majeur situé entre 2680 et 2400 av. J.-C. (Ihuel 2004 ; Mallet 1992).L’examen des caractères techniques de l’assemblage de Donnant livre des éléments en accord avec les occupations contemporaines de cette époque. Les objectifs de débitage sont dominés par les éclats, avec une faible présence de supports lamello-laminaires. Le débitage bipolaire sur enclume est dominant à plus de 72% au sein de la collection, et la percussion directe dure est présente à 18%. L’outillage est dominé par les éclats retouchés et les grattoirs, et on note la présence de quatre armatures à ailerons et pédoncules. A ce sujet, l’étude de différents sites par P. Fouéré (1994) et J. N. Guyodo (2001) a permis de caler l’apparition de ce type d’armature dans le Massif

et Guyodo 2008).

seul gisement lithique de Belle-Île à avoir fourni des pièces

Tibain ont fourni également des pièces en silex du Grand Pressigny, notamment des fragments de poignards. De plus, des armatures à ailerons et pédoncule sont repérables au sein des assemblages de Tibain, Kervin, Kervilahouen et la Lande du Lac (Audouard et al., 2010).

CONCLUSION

Les éléments lithiques et structuraux sur les îles d’Hoedic de Houat et de Belle-Île montrent de nombreux liens avec les occupations contemporaines, insulaires et continentales. En ce qui concerne les éléments structuraux, de manière globale ils partagent les mêmes choix et orientations techniques quelles que soient les périodes envisagées.

continentale à l’époque, et Hoedic l’insulaire, il n’y a pas de différences fondamentales. Ce phénomène n’est pas nouveau et avait été bien perçu dès la connaissance de ces travaux, dans les années 1930. Seule la matérialisation d’une pseudo-architecture aérienne à Téviec est un élément que l’on ne retrouve pas avec la même ampleur à Port-Neuf mais le degré d’érosion de ce site est mal maîtrisé en raison de l’ancienneté des fouilles : l’occupation néolithique qui succède à la nécropole a pu effacer des traces encore visibles comme on le constate à chaque fois

perceptible.

Le phénomène des pierres levées du 5ème millénaire av. J.-C. ne peut plus être perçu comme une simple barrière de blocs érigés. Il s’agit de la mise en place d’architectures complexes, évolutives, marqueurs d’un paysage composé des îles, du littoral et de l’intérieur des terres. Ces monuments, quand ils sont bien conservés, notamment pour les périodes de leur mise en place, ont des caractéristiques communes qui intègrent les données du paysage, des lignes remarquables, mais aussi les présences antérieures qu’il faut effacer. Leur position s’inscrit dans l’analyse de ces données et n’ont pas grand-chose à voir avec l’insularité, si ce n’est pour intégrer les îles dans l’espace sacré. L’analyse structurale, quand elle est possible, indique une répétition de gestes que l’on va retrouver similaires dans les îles mais aussi dans l’intérieur. Au Néolithique récent, il semble bien que cerner un espace domestique se fait par un moyen que l’on rencontre dans les îles mais aussi sur l’ensemble du littoral s’étendant du Morbihan au sud de l’estuaire de la Loire ainsi qu’à l’intérieur des terres. Ce moyen consiste à intégrer des grands blocs mégalithiques dans une muraille sans qu’un fossé soit nécessaire. Cette technique de ceinturage est simple et se distingue des grandes enceintes à fossés interrompus que l’on rencontre à la même époque dans le Centre-Ouest. Plus qu’un phénomène insulaire ou littoral, il s’agit d’un mode de construction propre à un complexe techno-culturel (Groh Collé).

Dans le domaine de l’industrie lithique, on constate les mêmes intérêts pour certaines matières premières importées. Pour ce dernier domaine nous tenons cependant à souligner des éléments importants qui se dégagent sur ces sites insulaires :- La présence en forte proportion du débitage bipolaire

sur enclume en contexte Néolithique moyen 1 à Hoedic.

- Des îles en connexion avec les réseaux d’échanges (silex et haches d’importation pour les deux îles), parfois à très longues distances.

- Une dynamique d’importation peut-être légèrement plus forte à Belle-Île dès le début du Néolithique, que

342

HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

ce soit pour la hache en jadéite ou les éléments en silex bajocien bathonien, puis les poignards en silex

- Belle-Île semble avoir eu un pouvoir d’attraction plus forte, au vu de la diversité des roches importées, compréhensible par l’importance de sa taille et sa position stratégique au débouché du golfe du Morbihan.

En conclusion ce ne sont non pas par des particularismes insulaires que les îles d’Hoedic, Houat et Belle-Île se caractérisent, mais bien par leurs liens entretenus avec le continent et parfois leurs pouvoirs d’attraction de ressources échangées à longues distances. Les insulaires néolithiques, semblent faire preuve d’un affranchissement certain des contraintes (de l’isolement, d’un substrat

la confection de certains outils). Dès lors, Belle-Île, Houat et Hoedic sont bien des îles qui participent pleinement aux échanges à proches et longues distances. Elles évoluent

ne développent pas de caractéristiques radicalement différentes que ce soit au sein des industries lithiques comme dans les choix structuraux.

NOTES I - « Cette remontée de la mer extrêmement rapide a dû

probablement à l’origine des divers mythes et légendes de déluges et de mondes engloutis qui circulent dans différentes zones du monde et aussi dans l’environnement des deux

de Quiberon à Houat « dans une forêt si épaisse qu’il fallait s’éclairer de torches pour la traverser... » ou encore la légende des Birvidaux, autre élément de l’imaginaire quiberonnais » (Buttin 2009).II - Il existe toutefois des sites où les éléments organiques sont parfaitement conservés : amas coquilliers mésolithiques, site néolithique d’Er-Yoh, habitats néolithiques et de l’Âge du bronze dans l’archipel de Molène.III - Golfe du Morbihan et Baie de QuiberonIV - Toutefois, l’intervention de Y. Lecerf en 1982 sur le

centrale formée de gros blocs. Il semble que l’aménagement tardif du site ait connu différents choix architecturaux, sans doute guidés par la nature du terrain.

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IDENTITÉS - IDENTIIES, LARGE ET AL. ; LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE)

LES ÎLES DE BELLE-ÎLE, HOUAT ET HOEDIC EN SUD BRETAGNE (FRANCE) :QUEL(S) PARTICULARISME(S) INSULAIRE(S) PEUT-ON DÉCELER DANS LES SITES,

DE LA FIN DU MÉSOLITHIQUE À LA FIN DU NÉOLITHIQUE (5500-3300 AV. J.-C.) ?

Lorena AUDOUARD, Jean-Marc LARGE

MOTS-CLÉS : Îles, Bretagne, Préhistoire

RÉSUMÉ :

n’a fait que se réduire depuis la remontée post-glaciaire de la mer, dans des proportions qui ont pu être alarmantes,

pour la période qui nous intéresse, c’est-à-dire entre 6000 et 4000 ans av. J.-C., la remontée du niveau de la mer a été moins rapide qu’à la période précédente avec environ 2,5 cm par décennie puis elle ne sera plus, en moyenne, que de 0,8 cm par décennie durant les 6 millénaires qui nous précèdent. Hoedic et Houat, encore continentales au début

d’être occupées par des populations de chasseurs-cueilleurs puis par les premiers producteurs qui vont développer des

sites cultuels, des occupations sporadiques. Selon les époques, l’investissement des occupations insulaires a pu prendre différentes formes qui interrogent les chercheurs. S’agit-il d’occupations permanentes ? Les territoires insulaires n’ont-ils pas eu d’autres vocations que l’habitat ou l’exploitation des ressources marines ?

L’objet de cet article est de préciser si l’insularité à Hoedic, à Houat et à Belle-Île se remarque dans les documents archéologiques de terrain, pour ces époques reculées, et quelle est leur forme de singularité par rapport à ce qui se passe aux mêmes époques sur le continent proche. Ainsi, il sera question d’interroger la réalité de l’existence d’une

premier temps un point de vue strictement structural, puis nous compléterons ce travail par un examen des données issues du mobilier lithique ; les deux approches fournissant un faisceau d’éléments de compréhension de l’insularité.

ISLANDS OF BELLE-ÎLE, HOUAT AND HOEDIC (SOUTH BRITTANY, FRANCE):WHAT ARE THE SPECIFIC INSULAR IDENTITIES OF THESE SITES, FROM THE

MESOLITHIC TO THE LATE NEOLITHIC (7500-5300 YEARS BP)

Lorena AUDOUARD, Jean-Marc LARGE

KEY-WORDS: Islands, Brittany, Prehistory

ABSTRACT:The Houat-Hoedic island system started to separate from the continent 9,000 years ago. The land-area of these two islands has decreased continuously since the postglacial rise in sea level, reaching proportions that could be considered as alarming, in particular between 10,000 and 8,000 years BP. The island of Belle-Île was cut off from the continent 9,500 years ago. Because this latter island is bounded by high cliffs, it did not undergo a reduction in land-area as in the case of Houat-Hoedic. However, for the period in question here, i.e. between 8,000 and 6,000 years BP., the rise in sea level was slower than during the previous period, with a rate of approximately 2.5 cm per decade then decreasing to no more, on average, than 0,8 cm per decade over the last 6,000 years. While Hoedic and Houat were still connected to the continent at the beginning of the Holocene, they became gradually isolated as a large single island, which was then separated to form the two islands which we know today. Even though much work remains to be done, the human

ago. From this time onwards, these islands were continuously occupied by populations of hunters-gatherers, and then

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HOMER : ANCIENS PEUPLEMENTS LITTORAUX / ANCIENT MARITIME COMMUNITIES

have led to the recognition of dwelling sites, necropolises relating to sites for ritual practices (cultural sites) and sporadic occupations. According to different epochs, the development of the island occupations could take various forms which raise questions for researchers. Are they permanent occupations? Did the island territories have other functions apart from dwelling or the exploitation of marine resources?

compared to what is happening at the same time on the close continent. This approach involves questioning whether there

adopt a strictly structural point of view, which is then supplemented by an examination of the data derived from lithic goods; these two approaches provide a range of elements for the understanding of island identity.