LES COMMENSAUX DES ROIS NÉO-ASSYRIENS

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LES COMMENSAUX DES ROIS NÉO-ASSYRIENS Les commensaux des rois néo-assyriens Pierre Villard uelques documents spectaculaires, souvent cités ou reproduits, ont accré- dité lidée de la splendeur des festins donnés à la cour des rois néo-assyriens. La «stèle du banquet» dAššurna!irpalII, comprenant la liste impression- nante des produits consommés lors de linauguration du palais de Kalhu, la frise du palais de Sennacherib, où se déploie une procession de serviteurs chargés de victuailles, ou le fameux repas dAssurbanipal sous la treille repré- senté sur un bas-relief du palais nord de Ninive (g.), sont autant de témoi- gnages de la magnicence des réceptions royales. Il reste pourtant très dicile de dresser un tableau synthétique des banquets des monarques néo-assyriens. Si les sources sont relativement variées, elles sont également très hétérogènes et font manifestement référence à des banquets de diérents types, quil nest pas toujours aisé de déterminer avec précision. La documentation ico- nographique est ainsi dun usage délicat. On ne peut en particulier juger de lampleur et du caractère dun repas daprès le nombre de personnages repré- sentés : dabord parce que le support imposait ses limites et aussi parce que seuls les convives les plus importants étaient gurés. Dautre part, lintimité apparente de certaines scènes ne doit pas faire oublier que lart ociel néo- assyrien névoquait pas la vie quotidienne. Il sagit probablement toujours de banquets cérémoniels, mais on manque déléments pour rapprocher avec certitude ces scènes des rituels qui sont connus par les textes. Et pour ce qui concerne la documentation écrite, les annales royales insistent davantage sur la splendeur et le coût des réceptions que sur leur organisation concrète.

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LES COMMENSAUX DES ROIS NÉO-ASSYRIENS

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Les commensaux des rois néo-assyriens

Pierre Villard

"uelques documents spectaculaires, souvent cités ou reproduits, ont accré-dité l#idée de la splendeur des festins donnés à la cour des rois néo-assyriens. La «$stèle du banquet$» d#A%%urna!irpal$II, comprenant la liste impression-nante des produits consommés lors de l#inauguration du palais de Kalhu, la frise du palais de Sennacherib, où se déploie une procession de serviteurs chargés de victuailles, ou le fameux repas d#Assurbanipal sous la treille repré-senté sur un bas-relief du palais nord de Ninive (&g.$!), sont autant de témoi-gnages de la magni&cence des réceptions royales. Il reste pourtant très di'cile de dresser un tableau synthétique des banquets des monarques néo-assyriens. Si les sources sont relativement variées, elles sont également très hétérogènes et font manifestement référence à des banquets de di(érents types, qu#il n#est pas toujours aisé de déterminer avec précision. La documentation ico-nographique est ainsi d#un usage délicat. On ne peut en particulier juger de l#ampleur et du caractère d#un repas d#après le nombre de personnages repré-sentés : d#abord parce que le support imposait ses limites et aussi parce que seuls les convives les plus importants étaient &gurés. D#autre part, l#intimité apparente de certaines scènes ne doit pas faire oublier que l#art o'ciel néo-assyrien n#évoquait pas la vie quotidienne. Il s#agit probablement toujours de banquets cérémoniels, mais on manque d#éléments pour rapprocher avec certitude ces scènes des rituels qui sont connus par les textes. Et pour ce qui concerne la documentation écrite, les annales royales insistent davantage sur la splendeur et le coût des réceptions que sur leur organisation concrète.

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"uant aux quelques textes administratifs qui pourraient apporter des élé-ments intéressants sur ce point, leur mauvais état de conservation, ainsi que le caractère elliptique de leur formulation, font qu#ils sont susceptibles de plusieurs interprétations. Les sources sont en&n trop éparses pour que l#on puisse clairement mettre en évidence une évolution des pratiques au cours de la période, mais cela n#implique pas que ces pratiques aient été &gées.

Tout cela doit être gardé à l#esprit lorsqu#on envisage la question des per-sonnes, plus ou moins nombreuses selon les circonstances, admises à partager les repas des souverains.

Les repas royaux ordinaires

Il est en e(et probable que le nombre des convives admis aux repas royaux variait fortement selon les cas. Malheureusement, les informations sur ce que l#on pourrait appeler les «$repas ordinaires$» des souverains sont très peu nombreuses. Dans la documentation épistolaire, il n#en est question qu#à propos d#un jeûne prolongé d#Assarhaddon (*+,-**-), qui inquiète son chef exorciste : «$Pourquoi aujourd#hui, pour le second jour, la table n#entre-t-elle pas devant le roi mon seigneur ?.$» Cette formulation pour-rait laisser supposer que le roi était servi à part dans ses appartements privés,

!. D#après Amiet$P., L!art antique du Proche-Orient, Paris, !-//.). Parpola S., Letters "om Assyrian Scholars, State Archives of Assyria !,, Helsinki, !--0,

SAA !, !-* (lettre d#Adad-%umu-u1ur) : !2-!* a-ta-a #á-ni-ú ina u2-mi / an-ni-e gi%-ban%ur ina pa-an / lugal be-lí-ia la e-rab. Dans ibid., SAA !, 20, les astrologues Balasî et Nabû-ahh3-er4ba s#inquiètent pareillement du jeûne d#Assarhaddon, qui dure depuis trois jours.

Fig. $. Le «%banquet sous la treille%». Palais d!Assurbanipal à Ninive5.[British Museum, Londres, ME !)2-),]

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mais il s#agissait ici d#une situation exceptionnelle, due à la maladie d#As-sarhaddon. D#autre part, on ne peut exclure que des convives, disposant de leurs propres tables, aient été présents. On retrouve d#ailleurs une expression similaire dans un rituel, avec le même problème d#interprétation : «$Le roi s#assoit pour le repas, on place la table devant le roi, il termine son repas6$».

Une autre information importante, quoique indirecte, est apportée par un texte de Kalhu, datant du début du 78889$siècle:, enregistrant des consom-mations de vin pour le ))9 jour du mois V. L#une des entrées mentionne un im&r et deux s'tu pour le repas (nap(nu;), ce qui doit correspondre à environ !$),, coupes< : une telle quantité, dans un compte journalier, ne peut s#appli-quer qu#à un groupe important de personnes et il s#agit donc probablement du repas du maître des lieux, c#est-à-dire du roi= et de ses commensaux. Cela semble con&rmer que le souverain mangeait régulièrement avec une partie de sa suite, comme cela est bien attesté à Mari>. Mais le nombre et l#identité des convives ne peuvent être précisés. La participation à ces banquets de certains des dignitaires mentionnés dans les autres listes de distribution de vin n#est qu#une hypothèse plausible, pas une certitude.

En fait, la seule indication concrète sur les participants aux repas ordi-naires des monarques pourrait être fournie par le Roman de !A"iqar, une œuvre dont la version la plus complète est connue par un manuscrit araméen retrouvé à Éléphantine, mais dont l#action se situe à la cour assyrienne, sous les règnes de Sennacherib et Assarhaddon. Au cours du récit, Assarhaddon écoute les calomnies proférées contre son sage conseiller ’A"iqar et décide de le faire mettre à mort par un serviteur de con&ance : «$"ue vienne à moi Nabûsumiskun, l#un des capitaines de mon père, qui a mangé le pain de mon père?$». Le nom de Nabû-%umu-i%kun est relativement banal5@, mais si l#on considère que l#œuvre a conservé le souvenir de personnages éminents de la cour, ce passage devrait désigner l#homme qui fut le conducteur du

0. KAR !2* : iv! /’--’ lugal i-na nap-te-ni u#-#ab / gi%-ban%ur pa-an lugal i-#á-ku-nu / nap-ta-an-#ú ú-ga-mar.

2. Pour la datation des listes de distribution de vin de Kalhu [règnes d#Adad-n3rAr4$III (+!,-/+0) et de Salmanazar$IV (/+)-//0)], voir Kinnier Wilson J.V., )e Nimrud Wine Lists, Londres, !-/), p. ).

B. ND *)!0+ : ii ! : Kinnier Wilson J.V., )e Nimrud Wine Lists, op.$cit., note 2, !-/), p.$!B0-!B2 et pl.$2!.

*. Ibid., p. !!/./. Ibid., p. 00-02.+. Voir dans ce volume la contribution de Dominique Charpin.-. Traduction de Grelot P., Documents araméens d!Égypte, Paris, !-/), p. !,+.!,. Voir Baker H.D. (dir.), )e Prosopography of the Neo-Assyrian Empire, vol. ), part II,

Helsinki, ),,!, p.$+++-+-,, en particulier l#entrée *.

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char de Sennacherib, puis fut dénoncé pour complot sous son successeur55. Son titre est connu par deux documents juridiques qui montrent qu#il &t l#acquisition d#un grand nombre d#esclaves, en déboursant d#importantes sommes d#argent5.. Cela témoigne de la richesse des proches compagnons d#armes des souverains et suggère aussi que ces o'ciers devaient faire partie des convives réguliers aux repas royaux.

Les banquets cérémoniels

Les banquets cérémoniels, organisés en des occasions particulières, sont un peu mieux connus, mais étaient eux-mêmes de types assez variés.

Certains étaient associés à des fêtes cycliques du calendrier cultuel. On connaît ainsi des rituels, intitulés nap(nu, «$repas56$» ou t*kultu, «$ban-quet5:$», au cours desquels le roi, assisté de prêtres, disposait lui-même les o(randes devant les statues pour obtenir en retour la bénédiction divine. Le rituel-t*kultu , le mieux connu, semble avoir été accompli à l#occasion des fêtes de l’ak+tu. Célébrées en l#honneur des divinités poliades à A%%ur, la capitale religieuse, mais aussi dans la capitale politique, Kalhu, puis Ninive, et dans les principales villes assyriennes, elles se déroulaient deux fois l#an, à des dates variables selon les lieux et étaient l#occasion de grandes réjouis-sances5;. Et si les textes des rituels (t*kultu) décrivent des banquets cultuels o(erts aux dieux, on sait que les fêtes de l’ak+tu étaient aussi l#occasion de grandes réceptions, auxquelles participaient des membres de la cour et des tributaires venus rendre hommage au roi.

!!. Il fut dénoncé, sans doute à la &n du règne d#Assarhaddon, comme complice des meur-triers de Sennacherib. Voir Parpola S., «$Ce Murderer of Sennacherib$», Mesopotamia%+, !-+,, p.$!/!-!+0, en particulier p. !//, n. !/.

!). Kwasman T.$et Parpola S., Legal Transactions of the Royal Court of Nineveh, Part I, State Archives of Assyria *, Helsinki, !--!, SAA * B/ (achat de vingt personnes pour !, mines d#argent) et B+ (achat d#un groupe d#esclaves pour !0 mines).

!0. KAR !2* ferait partie des rituels de ce type selon Frankena R., T*kultu. De sacrale maal-tigd in het Assyrische ritueel, met een overzicht over de in Assur vereerde goden, Leyde, !-B*, p. B2. Mais voir les remarques de Van Driel G., )e Cult of A##ur, Assen, !-*-, p.$!*,.

!2. Frankena R., T*kultu…, op.%cit., note !0 ; Van Driel G., )e Cult of A##ur, op.%cit., note$!0, p.$!B--!*).

!B. Cf. e.g. Pongratz-Leisten B., Ina #ulmi +rub, Mayence, !--2, ou Cohen M.E. )e Cultic Calendars of the Ancient Near East, Bethesda, !--0, p.$2),-2)/.

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C#est également un banquet cérémoniel lié à une fête cyclique que doit décrire le rituel5< se déroulant au cours du mois de !"#$%& (x)5= et qui com-mence par ces mots : «$Le jour du repas [nap(nu], où le roi, [les &ls du roi et les Grands] entrent pour le repas5>$». La participation des princes et de quelques-uns des plus hauts dignitaires du palais et du royaume est ici expli-citement mentionnée. Le texte date de la période médio-assyrienne, mais il n#est pas impossible que certains éléments du cérémonial aient perduré à l#époque impériale. La force de la tradition est en e(et illustrée par le rituel-t*kultu, connu par des manuscrits dont la langue révèle une origine médio-assyrienne5?, mais qui était encore accompli sous le règne d#A%%ur-etel-ilAni, tout à la &n de l#Empire. "uant au moment, le mois de !"#$%&, il faut peut-être le mettre en relation avec l’ak+tu d#I%tar de Ninive.@.

Dans d#autres cas, les banquets o(erts par les rois avaient principale-ment une portée diplomatique. Lors d#une intervention en Babylonie, en +B,, Salmanazar$III chercha de cette manière à se concilier la population locale :

Pour [les habitants] de Babylone et Borsippa, gens [béné&ciant] de la protection et de la liberté des grands dieux, il prépara une réception [qer+tu]. Il leur donna du pain et de la bière &ne. Il les vêtit d#habits multicolores et de vêtements de lin et il leur o(rit des présents..5

Sous le règne d#Assurbanipal, les Babyloniens qui restèrent &dèles au roi lors de la rébellion de Dama%-%umu-uk4n furent traités de manière similaire, mais cette fois dans la capitale assyrienne :

!*. Il s#agit de K. +**-, publié par Müller K.F., «$Das Assyrische Ritual$», Mitteilungen der Vorderasiatischen Gesellscha,$2!/0, !-0/, p.$B--+- (Text II. Dienstanweisung für ein Königsmahl).

!/. Ibid., p. *) : ii / et p.$+2-+B.!+. K. +**- : !-) u2-mu #a nap-te-ni #a l[ugal dumu-lugal-me% (u) lú-gal] / a-na nap-te-ni

e-ra-bu-[ni]. Cf. Kinnier Wilson J.V., )e Nimrud Wine Lists, op. cit., note 2, p.$20.!-. Frankena R., T*kultu…, op.%cit., note !0, p.$)* et !)+.),. La date du !*/x apparaît en particulier dans l#hymne d#Assurbanipal à I%tar de Ninive

(Livingstone A., Court Poetry and Literary Miscellanea, State Archives of Assyria 0, Helsinki, !-+-, SAA 0 ): !,-!*) et une date proche ()!/x) est donnée dans l#inscription du temple d#I%tar, cf. A. Fuchs, apud Borger R., Beiträge zum Inschri,enwerk Assurba-nipals, Wiesbaden, !--*, p. )*+: 0!

)!. Grayson A.K., Assyrian Rulers of the Early First Millenium BC II (-.--/0. BC), Royal Inscriptions of Mesopotamia. Assyrian Periods, vol. 0, Toronto-Bu(alo-Londres, !--*, p.$0! : vi 2-B ana uru-ká-dingir-ra-me% u [uru] bár-sípa.ki erim-me% bar #u-ba-re-e #á dingir-me% gal-me% qé-re-ti i#-kun-ma ninda-há ku-ru-na i-din-#ú-nu-ti túg bir-me-e ú-lab-bi# níg-ba-me% / ú-qa-i-su-nu-ti (A.,.!,).B).

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Ces Babyloniens, je les &s s#asseoir à des tables bien préparées, je les revêtis d#habits multicolores et de vêtements de lin, j#attachai à leurs poignets des bracelets d#or...

Les souverains néo-assyriens organisaient en&n des réceptions exception-nelles, réunissant un grand nombre d#invités, pour célébrer leurs exploits et leurs grandes réalisations.

À l#achèvement des grands travaux de construction, les inaugurations étaient en général l#occasion de grands banquets, auxquels étaient conviés les statues divines, les hauts dignitaires, les notables du pays et des représentants des États vassaux. En /,*, Sargon$II &t venir les élites de son empire dans le palais dont la construction venait de s#achever, dans la ville nouvelle de DEr-Darru-k4n. L#une de ses inscriptions évoque une fête à laquelle participent les dynastes de tous les pays, les gouverneurs, les chefs de service, les comman-dants, les nobles, les eunuques et les Anciens d#Assyrie.6. Une autre énumère les responsables locaux qui apportent leurs présents d#entrevue et qu#il fait s#asseoir pour un banquet cérémoniel.:.

Certains souverains prétendirent même avoir associé le peuple à ce genre de liesses –$il faut sans doute comprendre la population de la ville, augmentée de délégués venus des provinces. Pour fêter l#achèvement de son palais de Kalhu, vers +*2, A%%urna!irpal$II a'rme avoir invité *-$B/2 personnes, dont 2/$,/2 hommes et femmes de son pays, leur procurant pendant dix jours nourriture et boisson.;. Près de deux siècles plus tard, Assarhaddon a'rma lui aussi avoir réuni un grand nombre des habitants de son royaume après avoir restauré l#arsenal de Ninive :

)). Streck M., Assurbanipal und die letzten assyrischen Könige, Leipzig, !-!*, p. 0, : iii -,--0 dumu-me% ká-dingir-ra-ki #ú-nu-ti ina gi%-ban%ur tak-né-e / ul-zis-su-nu-ti lu-bul-ti bir-me gada / ú-la-bis-su-nu-ti har-me% kù-gi ú-rak-kis / rit-te-e-#ú-un. Cf. Borger R., Beiträge…, op.$cit., note ),, p.$2,.

)0. Fuchs A., Die Inschri,en Sargon II aus Khorsabad, Göttingen, !--2, p. )22 : !//-!/- it-ti mal-ki ma-ti-tan / lú-en.pa-ha-ti kur-ia ak-li #á-pi-ri nun-me% lú.#u-ut-sag-me% / ù ab-ba-me% kur a#-#ur.ki ina qé-reb é-gal-ia ú-#ib-ma á#-ta-kan ni-gu-tú, «$Je m#installai dans mon palais et célébrai une fête avec les dynastes de tous les pays, les gouverneurs de mon pays, les chefs de service, les commandants, les nobles, les eunuques et les Anciens d#Assyrie.$»

)2. Ibid., p. )B+ : 2,-2B lú.ak-li lú.#á-pi-ri nun-me% / lú.#u-ut-sag u #á-tam-me / ta-mar-ta-#u-nu / ka-bit-tu am-hur / i-na qé-re-ti ú-#e-#ib-#ú-nu-ti-ma / á#-ta-kan-na ni-gu-tú, «$Je reçus les lourds présents d#entrevue des chefs de service, commandants, nobles, eunuques et administrateurs, je les &s s#asseoir pour un repas cérémoniel et célébrai une fête.$»

)B. Grayson A.K., Assyrian Rulers of the Early First Millenium BC I ($$$0--.1 BC), Royal Inscriptions of Mesopotamia. Assyrian Periods, vol. ), Toronto-Bu(alo-Londres, !--!, p.$)++-)-0 (A.,.!,!.0,).

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Je réjouis le cœur des Grands et de tous les gens de mon pays en les faisant s#asseoir à l#intérieur à des tables de fête, pour des banquets [t*kultu] et des repas cérémoniels [qer+tu], j#irriguai leurs entrailles de vin et de bière &ne, je &s verser sur leur tête de l#huile &ne et de l#huile parfumée..<

De tels passages mêlent sans doute des réalités distinctes, à savoir des banquets proprement dits et des distributions de nourriture, de boisson et de parfum. Il est en fait probable que la plupart des invités n#avaient pas l#occasion d#approcher le roi, et les inscriptions restent d#ailleurs muettes sur la façon dont les souverains participaient eux-mêmes à ces festivités. En revanche, la présence des monarques est bien attestée dans les banquets qui suivaient les grandes victoires militaires.

L#obélisque blanc de Ninive, une stèle datant peut-être d#A%%urna!irpal$II.=, comporte une série de reliefs (&g.$)), qui évoquent assez précisément la célébration de la victoire qui clôt une campagne militaire. Un premier banquet (panneaux B0/C0) est représenté à la suite d#une scène de sacri&ce (A0/B0) : le roi y est &guré assis sur son trône, entouré de serviteurs qui l#éventent, mais un peu à l#écart de ses o'ciers et dignitaires. Un peu plus bas (D//A//B/) apparaît un second banquet, qui se déroule à la suite d#une procession vers le temple d#I%tar (D*/A*/B*) : il se tient au son des musiciens et en présence de la reine.>.

)*. Borger R., Die Inschri,en Asarhaddons Königs 2on Assyrien, AfO BeiheF -, Graz, !-B*, p.$*0, Nin A-F, Épisode )0 vi 2--B0 lú-gal-me% ù un-me% kur-ia ka-li-#ú-nu / B, ina gi%-ban%ur ta-#i-la-a-ti ta-kul-ti (u) qi-re-(e-)ti / ina qer-bi-#á ú-#e-#ib-#ú-nu-ti-ma ú-#á-li-!a nu-pa-ar-#ú-un / ge%tin-me% (u) ku-ru-un-nu am-ki-ra !ur-ra-#ú-un / ì-sag ì-gu-la-a muh-ha-#ú-nu ú-#á-á#-qí.

)/. Sollberger E., «$Ce White Obelisk$», Iraq 0*, !-/2, p. )0!-)0+ et pl. XLI-XLVIII. Voir en particulier page$)0!.

)+. Voir l#analyse de ce monument dans Moortgart-Correns U., La Mesopotamia, Turin, !-+-, p.$)!0-)!*.

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.?

)-. D#après Ibid., p.$)!*.

Fig. 3a 4 et b 5.L!«%obélisque blanc%».?.[British Museum, Londres, ME !!++,/]

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Or ce sont des détails que l#on retrouve deux siècles plus tard dans le célèbre cycle de bas-reliefs6@ retrouvé dans le palais nord de Ninive, qu#As-surbanipal &t restaurer en *2B. Placé dans la salle$E, un vaste corridor qui conduisait au portique (b+t hil*ni), il accorde la place centrale au couple royal qui festoie sous la treille (&g.$!). Des serviteurs munis d#éventails se tien-nent à leurs côtés, alors que des harpistes sont &gurés sur la gauche. La pré-sence de trophées accrochés aux arbres, parmi lesquels la tête du roi élamite Teumman, montre clairement que l#on est dans le contexte d#une fête de la victoire. Le sens de la scène est d#ailleurs précisé par une épigraphe incluse dans un autre panneau de ce cycle :

0,. Albenda P., «$Landscape Bas-Reliefs in the B4t HilAni of Ashurbanipal$», Bulletin of the American Schools of Oriental Research ))2-))B, !-/*-!-//, p.$2--/) et )--2+ ; Deller$K., «$Assurbanipal in der Gartenlaube$», Baghdader Mitteilungen !+, !-+/, p.$ ))--)0+ ; Reade$J., «$Ce Assyrians as Collectors: From Accumulation to Synthesis$», in G. Frame (dir.), From the Upper Sea to the Lower Sea. Studies on the History of Assyria and Babylonia in Honour of A.K. Grayson, Leyde, ),,2, p.$)BB-)*+, spécialement p.$)*)-)**.

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[…] les rois d#Élam, dont mes mains s#étaient emparés grâce à l#encoura-gement d#A%%ur et Mulissu, [se tin]rent [dans…], préparèrent leur repas royal de leurs propres mains et le présentèrent [devant moi].65

Ces documents semblent bien indiquer qu#un banquet présidé par le roi faisait partie intégrante des cérémonies triomphales. Un autre indice en ce sens est constitué par un rituel à accomplir en campagne, dont un passage mime une cérémonie triomphale (littéralement «$entrée de ville$») :

Après que le roi s#est emparé de son ennemi, il revêt les joyaux et sus-pend la lyre à son épaule. Il se rend devant les dieux et des sacri&ces sont accomplis. Il baise le sol et pratique l#entrée de ville dans le camp. Il entre dans le qersu, le repas est apprêté. Le roi se réjouit.6.

Ces grandes réceptions devaient mobiliser une bonne partie du person-nel palatial, mais le point de vue de l#intendance reste mal documenté. La source administrative la plus intéressante est constituée par un ensemble de sept textes de Ninive datant du règne d#Assarhaddon66, malheureusement très mal conservés. Ils constituent des fragments de grandes tablettes, à quatre colonnes par face, et paraissent présenter une structure identique. Ils furent donc probablement rédigés à l#occasion de réceptions liées à une fête cyclique, peut-être celle de l’ak+tu6:. La première partie de ces tablettes enregistre des produits comestibles, associés à des noms ou à des professions. Ces produits sont eux-mêmes répartis en sections, dont l#ordre rappelle d#ailleurs celui des listes d#o(randes : bovins, ovins, oiseaux, rongeurs, poissons, tables (proba-blement garnies de pain et de fruits), boissons alcoolisées. Parmi les person-nages qui apparaissent, on trouve le prince héritier, la princesse D3rE#a-e#3rat,

0!. Gerardi P., «$Epigraphs and Assyrian Palace Reliefs: Ce Development of the Epigra-phic Text$», Journal of Cuneiform Studies 2,, !-++, p.$!-0B, Appendix B, p. )B (Garden scene) (…) lugal-me% #á kur-elam-ma-ki #á ina tukul-ti an-%ár u Gnin-líl ik-#u- da %uII-[ia] / […] A x […]- zi -zu-ma nap-tan man-ti-#ú-nu %uII ra-me-ni-#ú-nu e-pu-#á-ma ú-#e-rib-u-ni ina [mahriya].

0). Deller K., «$Neuassyrische Rituale für den Einsatz der Götterstreitwagen$», Baghdader Mitteilungen )0, !--), p.$020 : 0--2* : ki-ma lugal lú-kúr-#ú ik-ta-#ad / du-ma-qí i-na-á#-#i / gi%-balag ina nag-la-bi- #ú e-lal / ina igi dingir-me% il-lak udu-siskur-me% e-pu-#ú / kaq -qu-ru i-na-#iq / e -rab uru a-na ma-dak-te up-pa-á# / [a-n]a qer-si er-rab nap-tu-nu gar-an / [lu]gal i-had-du.

00. Fales F.M. et Postgate J.N., Imperial Administrative Records, Part I, State Archives of Assyria /, !--), SAA / !2+-!B2.

02. Ces documents ont été analysés Mattila R., «Balancing the Accounts of the Royal New Year#s Reception», State Archives of Assyria Bulletin 2, !--,, p. /-)). L#auteur propose un texte composite, qui permet de mettre en évidence la structure de ces documents.

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plusieurs autres &ls du roi, la reine, le prêtre du temple d#A%%ur AkkullAnu, des artisans et divers dignitaires. La seconde partie de ces tablettes met des chi(res en relations avec diverses personnes, parmi lesquelles on trouve des militaires (o'ciers, gardes du corps, hommes de chars dont des Élamites), mais aussi des dignitaires, dont le chef eunuque, et des gouverneurs, un cuisi-nier, des chantres, des érudits de diverses villes, etc. On peut également noter la mention de la «$seconde table du prince héritier$», qui paraît regrouper des o'ciers de la maison du prince6;, et dans le récapitulatif &nal, la mention de «$sept cours6<$», qui fait probablement référence aux espaces du palais uti-lisés pour ces réceptions. L#une des interprétations possible de ces documents est d#estimer que leur première partie enregistrait des apports et la seconde une redistribution. Mais rien dans la nomenclature ne permet véritablement de dire si les personnes mentionnées, en particulier dans la première partie, étaient des contributeurs ou des destinataires6=.

Si l#on considère maintenant l#ensemble de ces banquets cérémoniels, on remarque tout d#abord l#importance de la présence des dieux. Il est très souvent précisé que les statues divines sont invitées et le même vocabulaire, nap(nu, t*kultu, qer+tu peut s#appliquer aussi bien à des repas cultuels qu#à des banquets ouverts aux humains. Il est d#ailleurs vrai que les «$restes$» de la table divine, c#est-à-dire les plats dont les statues divines avaient humé le fumet, fournissait une partie de la nourriture servie à ces banquets. "uant au nombre et à la qualité des invités humains, ils semblent avoir beaucoup varié selon les circonstances, mais il apparaît que la présence de la reine, et peut-être aussi d#autres dames de la famille royale, était nécessaire en certaines occasions.

Organisation et protocole

Les lieux des banquets royaux variaient également selon les circonstances et le nombre des convives. Pour certaines réceptions, les jardins pouvaient procurer un cadre approprié (&g.$0). Les bas-reliefs du palais de DEr-Darru-k4n, sur les-quels est représenté le banquet de la victoire de Sargon$II, après son expédition de /!2 vers Mu!a!ir6>, font apparaître au registre inférieur des scènes qui se situent dans l#un des parcs paysagers (amb6su) proches de la ville. Et le célèbre banquet d#Assurbanipal (&g.$!) se déroule dans un décor végétal, qui peut lui

0B. Ibid., p. 0! : )*B-)/,.0*. Ibid., p. !) : 0*!.0/. Voir la mise au point de Fales F.M. et Postgate J.N., Imperial Administrative Records,

op.%cit., note 00, p.$XXXI-XXXIV.0+. Albenda P., )e Palace of Sargon King of Assyria, Paris, !-+*, p.$+,-+! et pl. +2--,.

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aussi correspondre à un parc, ou à un portique ouvert sur des jardins. Sinon, les cours et grandes salles des palais pouvaient également fournir la place néces-saire. La situation de la «$frise du banquet$» du palais de Sennacherib6? (&g.$2), dans un passage incliné (LI) qui permettait d#accéder à la grande galerie$XLIX, suggère que cette dernière devait accueillir régulièrement des banquets royaux. Mais les documents administratifs indiquent qu#en cas de besoin, plusieurs

0-. Barnett R.D., Bleibtreu E. et Turner G., Sculptures "om the Southwest Palace of Senna-cherib at Nineveh, Londres, !--+, p.$!)0-!)B et pl. 20)-22,.

2,. D#après Albenda P., )e Palace of Sargon King…, op.$cit., note 0+, pl.$+*.

Fig. 7. Le banquet de Sargon II. Dessin d!Eugène Flandin:@.[Bibliothèque de l#Institut de France, Paris]

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cours étaient simultanément utilisées, la répartition des convives étant fonc-tion de leur statut ou de la manière dont on voulait les honorer.

Ces manifestations devaient en e(et obéir à des règles protocolaires com-plexes, mais qui ne sont que partiellement connues. Dans le rituel médio-assy-rien du repas royal, de hauts dignitaires entrent tour à tour:. et baisent le sol devant le roi. C#est un geste qui a probablement perduré au cours des périodes suivantes, même si nous n#en avons pas d#attestation formelle. Ce rituel pré-cise aussi que le roi dispose d#une table particulière distincte des «$tables des Grands$» et des «$tables des princes:6$». Cela correspond assez bien aux images néo-assyriennes, où le roi mange séparément des autres convives. Cela est bien visible sur l’«$obélisque blanc$» de Ninive, mais aussi sur une plaque d#ivoire provenant de Kalhu:: (&g.$B). Le roi, assis sur son trône, est éventé par un serviteur, alors que deux gardes du corps imberbes se tiennent derrière lui. À droite, les autres participants, parmi lesquels des eunuques, sont assis sur des tabourets, de part et d#autre de tables. Ils sont représentés par paires, ce qui doit être une convention pour indiquer que plusieurs convives étaient instal-lés de chaque côté. Une disposition similaire se retrouve sur les bas-reliefs de DEr-Darru-k4n, où la &gure royale n#est cependant pas conservée. Par contre, la composition du bas-relief d#Assurbanipal est tout à fait di(érente, puisque

2!. D#après Barnett R.D., Bleibtreu E. et Turner G., Sculptures "om the Southwest Palace…, op.$cit., note 0-, vol. I, p. !)2 et vol. II, pl. 20+.

2). Le #a p*n ekalli en premier, puis le n*gir ekalli et le sukkallu dannu. Müller K.F., «$Das Assyrische Ritual$», art.$cit., note !*, p.$*,, i, B-!2.

20. Ibid., p. *2, iii, 02, 2!.22. Mallowan M.L.E. et Davies L.G., Ivories in Assyrian Style, Ivories from Nimrud (!-2--

!-*0). Fascicule II, Londres, !-/,, p. !+, pl. V.

Fig. 0. Frise du banquet. Palais de Sennacherib à Ninive. Dessin original non signé, probablement d!Austen H. Layard ou de Frederick C. Cooper:5. [British Museum, Londres]

PIERRE VILLARD

!2!

l#épouse du souverain, présente à ses côtés, mais en contrebas, partage la même table (&g.$!). Il doit s#agir d#un repas de type particulier, correspondant à un moment du rituel des célébrations triomphales:;.:<

Ces documents témoignent en tout cas clairement de l#importance accordée aux sièges. Dans le rituel médio-assyrien, le monarque s#installe sur un n&m8tu:=, un meuble sur lequel on s#appuie et qui pourrait être une sorte de fauteuil. Dans les représentations &gurées, le roi est assis sur un siège à dossier, à l#exception du «$banquet sous la treille$», où l#on peut voir Assurbanipal allongé sur un lit. Cela pourrait révéler une évolution des manières de table au cours du 7889$siècle, mais d#autres hypothèses sont pos-sibles, comme l#utilisation d#une pièce de mobilier sacré dans le cadre d#un rituel. Les autres convives, si l#on excepte la reine dans le «$banquet sous la treille$», sont assis sur des sièges parfois richement décorés, mais dépourvus de dossiers. "uelques-uns boivent debout sur les bas-reliefs de DEr-Darru-k4n, mais la plupart des personnages représentés debout semblent être des domestiques s#occupant du service. Dans leurs inscriptions, les rois préci-sent souvent qu#ils ont fait s#asseoir leurs invités, manière de signi&er qu#ils les ont particulièrement honorés.

"uant à la disposition des convives, le principal indice que nous ayions est la mention de «$tables$» (pa##uru), terme qui désigne aussi bien le plateau qui sert de support aux aliments, que les aliments eux-mêmes, partagés par un groupe de convives. On a déjà vu que, dans le rituel médio-assyrien, les

2B. Deller$K., «$Assurbanipal in der Gartenlaube$», art.$cit., note 0,, p.$)0)-)0+.2*. D#après Mallowan M.L.E. et Davies L.G., Ivories in Assyrian Style, op.%cit., note 22, p.%!+,

pl. V.2/. Müller K.F., «$Das Assyrische Ritual$», art.$cit., note !*, p. *, : i 0.

Fig. .. Plaque d!ivoire de Nimrud:<. [British Museum, Londres]

LES COMMENSAUX DES ROIS NÉO-ASSYRIENS

!!B

tables des Grands étaient clairement séparées de celles des princes. Un texte de distribution de pain de Kalhu mentionne d#autre part successivement les tables du roi, de la reine et du chef eunuque, mais sans que l#on puisse savoir s#il est fait référence à un banquet ou à des repas pris séparément:>. Dans les textes de Ninive en&n, la «$seconde table du prince héritier$» apparaît clairement dans un contexte de réception. D#autre part, un compte de distri-bution de nourriture et de vin:? donne une liste de personnages comprenant des membres de la famille royale et des o'ciers, liste qui, selon le récapitulatif &nal, correspond à /2$tables;@. Une notice précise en outre que «$le reste des tables a été distribué aux gens du palais […];5$».

De ces quelques éléments épars, il paraît ressortir que les invités aux grands festins royaux étaient répartis en tablées regroupant des personnages de statut similaire et ayant l#habitude de se côtoyer dans leurs activités habi-tuelles. Ce qui nous échappe à peu près complètement, c#est l#ambiance qui pouvait régner au sein des tablées et entre les tablées, les échanges de paroles ou les divertissements autres que la présence des musiciens, qui est bien attestée.

Le partage et la redistribution des aliments avait en outre une valeur très forte. Dans le traité de succession d#Assarhaddon, qui fut juré par l#en-semble du peuple, il était formellement interdit de conclure un accord sans l#aval des autorités, «$en apprêtant une table ou en buvant une coupe;.$». Inversement, la participation aux banquets royaux renforçait les liens de &dé-lité. La nourriture, provenant en partie des o(randes divines, était partagée entre les convives, les restes étant ensuite redistribués. Le monarque mangeait seul, façon de souligner l#unicité de son statut et sa position d#intermédiaire entre le monde divin et ses sujets. De cette façon était soulignée la double alliance qui l#unissait aux dieux et à son peuple.

2+. ND )2+- : iii !)-!2. Cf. CTN I p. !B*.2-. Fales F.M. et Postgate J.N., Imperial Administrative Records, op.%cit., note 00, SAA / !B/.B,. Ibid., SAA / !B/ : r. !0 [p]ab /2 ban%ur-me% B! [+ x] %ab-me% ) bat, «$Total, /2 tables,

B![+ x] jarres, deux manquantes$».B!. Ibid., SAA / !B/ : r. !*-!/ [re-eh]-ti ban%ur-me% a-na un-me% é / [o o o o] A za-!u-ú-z[u].B). Parpola S. et Watanabe K., Neo-Assyrian Treaties and Loyalty Oaths, State Archives of

Assyria ), !-++, SAA ) * : ! : !B0-!B* #a dingir-me%-ni ú-#e-#á-bu-u-ni a-de-e ina igi dingir-me%-ni / i-#á-kan-u-ni ina ri-k[is] gi%-ban%ur #á-te-e ka-si (…) (ana) a-he-i# tu-tam-ma-a-ni, «$Tu ne jureras pas mutuellement avec quelqu#un qui installerait (des statues de) dieux en vue de conclure un traité devant les dieux, (que ce soit) en apprêtant une table, en buvant une coupe ou (…).$»