Les chiens dans l'Egypte ancienne, Pharaon magazine n° 21/2015,p.31-34.

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N°21 Mai - Juin - Juillet / 2015 L 18776 - 21 - F: 6,95 - RD Bel/ lux 7,50 - Suisse 12 CHF Can : 12 $ CaD - Port.Cont. 7,90 Le magazine de l’ É gypte éternelle L'invention de l'horloge Écoles et écoliers en ancienne Égypte Science Les livres funéraires des anciens É gyptiens Sacré Éducation Le chien Sous le sable de Saqqarah... de nouvelles pyramides La découverte de la tombe de Karomama au Ramesseum

Transcript of Les chiens dans l'Egypte ancienne, Pharaon magazine n° 21/2015,p.31-34.

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Le magazine de l’égypte éternelle

L'invention de l'horloge

écoles et écoliers

en ancienne égypte

Science

Les livres funéraires des anciens égyptiens

Sacré

éducation

Le chien

Sous le sable de Saqqarah... de nouvelles pyramides

La découverte de la tombe de Karomama au Ramesseum

3Pharaon N°21

Sommaire n°21Abou Simbel 3e partie ............... p.26Le chien en ancienne Egypte .... p.31

L’invention de l’horloge ............. p.35

Les forteresses 4e partie .............. p.49Les voûtes égyptiennes............... p.55Voyage à Balat ........................... p.57

Les écoles pharaoniques ............ p.60

Agenda égyptologique ............... p.19Livre : les nouveautés................. p.30Forum des lecteurs ..................... p.54Actualités ................................... p.64Édito & prochain numéro .......... p.66

Abonnement ................................ p.9

Sous le sable de Saqqarah Sud

Découverte de la tombe de

Karomama

Les livres sacrés des anciens Égyptiens

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Dégagement d’une paroi (pyramide de Béhénou)

Les premiers fragments d’oushebtis au nom

de Karomama

Les rites de l’ouverture de la bouche.

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LES OrIgINES Du CHIENLa domestication du chien remonte au paléolithique supérieur, longtemps avant celle des autres animaux domestiques et bien avant la sédentarisation de l’homme. Les chiens sont issus de plusieurs lignées de loups (Canis lupus) domestiquées en plusieurs endroits du monde et à des moments différents. Les plus anciens restes de chien sont actuellement datés (2) d’environ 30000 BP.

CHIEN, CHACAL ET LOuP : MêME ESPèCE ?Le chien (Canis familiaris), le chacal (Canis aureus) et le loup (Canis lupus) appartiennent tous trois au genre Canis. En outre, ces trois espèces sont interfécondes et leurs descendants sont féconds. Au sens biologique du terme, il s’agit donc d’une seule espèce, même si chacune possède sa « niche écologique ».On comprend que les confusions soient fréquentes puisque ce sont essentiellement les analyses ADN qui déterminent actuellement les différences et que, bien entendu, les Egyptiens ne se fondaient pas sur nos critères taxonomiques. Quant au modèle selon lequel la domestication du chien se serait effectuée, il n’y a pas, non plus, unanimité dans la recherche scientifique. On penche actuellement pour une domestication par « étapes » qui auraient amené certains loups à se rapprocher de groupes humains, ces rapprochements entraînant progressivement des modifications du comportement et de l’anatomie.

LA DOMESTICATION Du CHIEN EN égyPTECertains zoologues ont longtemps affirmé que la domestication du chien ne pouvait être intervenue en Egypte parce que le loup « vrai » n’y existait pas. Toutefois, d’autres chercheurs (Keimer, 1955 ; Fischer, 1980 ; Brixhe, 1995) avaient souligné l’existence en Afrique du Nord d’un canidé dont les caractéristiques anatomiques le rapprochent tant du chacal (Canis aureus) que du loup (Canis lupus) et qui était appelé Canis aureus lupaster.

Les chiens dans l'Égypte anciennePremier animal domestiqué, le chien est partout dans l'Égypte ancienneAuxiliaire de chasse ou de police, compagnon de la maisonnée, lévrier ou basset, il reçoit parfois un nom propre dans un répertoire analogue à celui des humains.

Par Jean brixhe (1)

(1) Licencié en Histoire et Philologie Orientales. Président du Club Royal Belge du Lévrier www.kbwc.be (2)Voir en dernier lieu : Mietje Germonpré et alii. Paleolithic dogs and Pleistocene wolves revisited : a reply to Morey (2014), in Journal of Archaeological Science 54 (2015) 210-216.

Stèle de Kay, Directeur des Chasseurs, accompagné de cinq lévriers. Deux lévriers à oreilles droites marchent à côté de Kay ; trois autres lévriers sont représentés en bas de la stèle : deux à oreilles droites et un troisième (en bas à gauche) à oreilles tombantes. Moyen Empire. Berlin, Ägyptisches Museum ÄM22820.

Lévrier à oreilles droites tenu en laisse par un nain. Mastaba (tombeau) de Mererouka (6e dynastie), Saqqarah.

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Des analyses récentes en matière d’ADN (3) viennent de trancher en faveur de cette thèse : ce canidé est maintenant rebaptisé Canis lupus lupaster, en français « Loup d’Egypte » ou « Loup africain ».

LES EgyPTIENS DéSIgNAIENT CE LOuP SOuS LE TErME OuNESH.Ce canidé-ounesh apparaît à de nombreuses reprises dans les textes égyptiens : par exemple, dans des stèles où il est identifié comme l’animal du dieu-loup Oupouaout ; ou encore, dans la poésie amoureuse, lorsque la belle qualifie son amant de « jeune loup » (Papyrus Harris 500). Ce terme ounesh a donné « loup » en copte et, attesté en berbère, il témoigne sans doute « d’un fond africain commun ». Ces éléments permettent d’envisager la domestication du chien dans l’espace nilo-saharien, étant entendu qu’il faut considérer les croisements et recroisements multiples qui ont dû intervenir avec d’autres espèces et avec des races de chiens importées d’autres régions. Eloquent à cet égard est un passage d’une composition littéraire du Nouvel Empire (Papyrus Anastasi IV ) où un fonctionnaire, cantonné aux confins de la Palestine, vitupère contre les chiens, la seule chose, avec les moustiques, qu’on puisse fréquenter en ce lieu déshérité :

« Si jamais un pot qui soit plein de bière est débouché et que les gens sortent pour aller boire, il y a 200 grands chiens (iou) avec 300 loups (ounesh), total 500. Et ils se tiennent prêts, tous les jours à la porte de la maison, chaque fois que je sors, à cause de l’odeur de la liqueur qu’ils sentent quand la jarre est ouverte. Et que serait-ce si je n’avais pas le jeune loup (ounesh) du scribe royal, ici à la maison ! C’est lui qui me sauve d’eux en toute heure, chaque fois que je sors, et qui me sert de guide sur le chemin. Dès qu’il aboie, je cours mettre le verrou … » (4). Il s’agit donc de bandes d’animaux errants et faméliques parcourant les rues dans l’espoir de quelque pitance. S’y retrouvent de véritables chiens (iou, Canis familiaris) mêlés à des groupes de loups (ounesh, Canis lupus lupaster) en voie d’apprivoisement, susceptibles de se reproduire entre eux, ces espèces étant interfécondes.

IOuLe terme iou (et iouiou par réduplication) désigne le chien (Canis familiaris) et est onomatopéique. Il existe deux verbes iou et iouiou signifiant « gémir », « se plaindre », ce qui correspond bien aux « vocalisations » modulées par le Basenji, chien d’Afrique centrale, à oreilles droites et queue enroulée.

rACES ET TyPES DE CHIENSLes plus anciennes figurations de chiens en Egypte sont celles représentées sur les rupestres égyptiens très proches des rupestres sahariens : on y voit souvent un lévrier à oreilles droites dans des contextes de chasses. Datée de Nagada I (circa -3800), la célèbre coupe de Moscou (Musée Pouchkine N2947) représente un chasseur, arc à la main, plume dans les cheveux et tenant en laisse quatre lévriers à oreilles droites et queue enroulée.Ce type de chiens (oreilles droites, levretté) est celui rencontré principalement durant la préhistoire égyptienne et l’Ancien Empire. On peut le désigner comme Type A. Il existe, pour ces époques, quelques rares représentations d’autres types de chiens (molosses, lévriers à oreilles tombantes) mais on considère généralement qu’il s’agit de races importées à partir du Proche Orient asiatique.A partir du Moyen Empire, apparaît un autre type de lévriers : des chiens de chasse longilignes à oreilles tombantes, désignés ici comme Type B.A cette époque, jusqu’au Nouvel Empire, les deux types coexistent, spécialement dans les représentations de chasses. Au Nouvel Empire, le type A disparaît quasi complètement et on ne rencontre plus que les lévriers à oreilles tombantes. La théorie généralement retenue pour cette évolution serait l’influence d’importations d’Asie où le lévrier à oreilles tombantes (Saluki/Sloughi) est bien connu dès la très haute époque. Une autre hypothèse me paraît de nature écologique. Actuellement, les lévriers à oreilles droites se rencontrent surtout dans les îles méditerranéennes, qui ont constitué un véritable conservatoire de ces races. Les terrains y sont une steppe rocailleuse encore couverte de végétation et, à la chasse, les chiens à oreilles droites utilisent largement leur ouïe, en même temps que leur vue. Sur un terrain de plaine désertique, ce qui importe surtout, pour la chasse, c’est la rapidité ; dès lors, la vue du chien l’emporte

Lévrier à oreilles droites (type A), Podenco Ibicenco.

(3) Eli Knispel Rueness et alii, The Cryptic African Wolf : « Canis aureus lupaster » is Not a Golden Jackal and is Not Endemic to Egypt, PLoS ONE 6(1) : e16385. Doi : 10.1371/journal.pone.0016385, 2011.(4) L’amélioration de cette traduction est due à une communication personnelle de Pascal Vernus (9.10.2005) où il est montré qu’il s’agit bien, dans ce texte, d’une graphie particulière du terme ounesh (et non pas d’un mot composé ounesh-iou, « chien-loup », comme certaines traductions antérieures l’indiquaient erronément).

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chiens « marrons », anciennement domestiqués et retournés à l’état sauvage.

rACES ACTuELLESActuellement, le lévrier à oreilles tombantes est connu sous le nom de Saluki/Sloughi. On le rencontre, sous diverses variétés et couleurs, dans le monde arabe et, plus généralement, dans le Proche Orient asiatique. Le type A (oreilles droites) ne se rencontre plus que dans les îles méditerranéennes. A Malte (Pharaoh Hound), en Sicile (Cirneco dell’Etna), à Ibiza (Podenco Ibicenco) et de rares exemplaires en Provence (Charnigue). On trouve aussi, en Afrique centrale, le Basenji, chien de taille moyenne à oreilles droites et queue enroulée.

uTILISATIONS ET réCEPTION CuLTurELLEComme on peut le voir sur les illustrations, les chiens furent surtout utilisés pour la chasse. On les rencontre également comme chiens de police, de garde et surtout de compagnie. A toutes les époques, on trouve des chiens, compagnons fidèles, assis sous la chaise de leur maître, parfois accompagnés de nains, parfois de singes, parfois de nains et de singes. La situation du chien familier était certes enviable puisqu’un fonctionnaire de la 11e dynastie se compare à « un chien (iouiou) qui couche sous la tente, un chien (tjésem) de lit, qu’aime

largement sur ses facultés auditives. Ceci correspond bien à ce que l’on sait de l’évolution du paysage égyptien où la désertification a dû rendre bien plus performant un chasseur à vue comme le lévrier à oreilles tombantes.

TJéSEMSLe mot tjésem en égyptien s’applique à tout chien de chasse (plus particulièrement racé : tout lévrier), que celui-ci soit du type A ou du type B, ou même qu’il soit réellement utilisé -ou non- pour la chasse. Ces tjésems pouvaient, en effet, être employés pour la garde, la police ou comme animaux de compagnie. Etymologiquement, tjésem est peut être à rapprocher de tjésemet, « bastion » (voir Pharaon n° 20, p.62-63, article de Franck Monnier) au sens de « garde », « protection ». C’est donc une erreur, fréquente chez de nombreux égyptologues et même cynologues, de considérer que le terme tjésem désigne uniquement le lévrier à oreilles droites de l’Ancien Empire.

AuTrES rACES DE CHIENS EN EgyPTE ANCIENNEOutre les lévriers à oreilles droites (type A) et à oreilles tombantes (type B), on trouve aussi :

• des molosses (spécialement à la protohistoire), sans doute d’origine asiatique ;

• des bassets. Les bassets sont caractérisés par un corps de chien normal de la race dont ils dérivent, alors que les rayons osseux de leurs membres ont subi des modifications (mutations héréditaires) dans le sens du raccourcissement et dans leur forme « torse ». En Egypte, il s’agit de mutations des races de type A et B ;

• des chiens de compagnie. Il s’agit de variations de tailles de ces mêmes types pour lesquels on rencontre principalement un continuum de 30 à 60 cm au garrot ;

• des chiens errants. Chiens de types mélangés tant dans les tailles, les formes que les couleurs. On distingue les « pariahs », chiens semi-sauvages venus se mettre en instance de domestication ; les

sa maîtresse ». Plusieurs chiens reçurent même un nom personnel : plus de 80 exemples ont été relevés et, fait très significatif, ces noms, dans de nombreux cas, sont identiques à ceux que les Egyptiens se donnaient à eux-mêmes. Parfois, le nom évoque l’aspect, la couleur, les qualités ou le caractère du chien ainsi personnalisé : telle la chienne, allaitant ses chiots, qui est appelée La-Grasse. Un chien de la 11e dynastie est nommé Bonne-Tête, tandis qu’un autre, de l’époque ptolémaïque, tout simplement Bon. Deux sont Ebène et un troisième Noiraud, allusion probable à leurs couleurs. On trouve aussi Vivant (12e dynastie) et Fiable (18e dynastie), tandis que Je-n’aime-pas (11e dynastie) reflète certainement un caractère moins agréable. Sur la stèle du Pharaon Antef II (11e dynastie), cinq lévriers sont représentés (deux à oreilles droites et trois à oreilles tombantes). Tous les cinq chiens ont un nom et, dans trois cas, leur nom étranger est accompagné de sa traduction égyptienne. Ce sont Abaker, qui correspond à l’abaikur libyen : « lévrier » ; Behka (nom d’origine libyenne) traduit par « Gazelle » ; Pehtes c.à.d. « Le-Noir » ; Tekerou c.à.d. « Marmite » et Tekenrou, non traduit. Par ailleurs, certains Egyptiens furent nommés Le-chien ou La-chienne, sans que ces noms n’aient rien de péjoratif. En dépit de l’estime en laquelle il fut généralement tenu, il faut

Lévrier à oreilles tombantes (type B), Sloughi.

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souligner cependant que le statut du chien, dans l’Egypte ancienne, fut particulièrement complexe. On notera d’abord que tous les chiens n’avaient pas la chance d’avoir un foyer et qu’on trouvait, comme aujourd’hui encore, des bandes de chiens errants, véritables éboueurs des rues. On abandonne régulièrement à la voracité des chiens toutes sortes de cadavres. Dans le Conte des deux frères, Anoup tue sa mauvaise épouse et la jette aux chiens (iou). Dans les Tribulations de Setni-Khaemouas, Taboubou fit tuer les enfants de Setni et elle « les jeta par la fenêtre aux chiens (iou) et aux chats ; ceux-ci mangèrent leur chair, et Setni entendit le bruit qu’ils faisaient ainsi, tandis qu’il buvait avec Taboubou » … D’autre part, le chien fut, pour les Egyptiens, l’image typique de l’obéissance. Dans la littérature scolaire, où le comportement de l’étudiant est parfois comparé à celui d’animaux rétifs ou dociles, le chien est assimilé au bon élève. Dans les Textes des sarcophages, on trouve la mention : « le chien (tjésem) qui contrarie son maître est battu ». Animal docile et intelligent, le chien peut également représenter la servilité : « le Réténou t’appartient comme tes chiens (tjésem) » déclare Sinouhé à Pharaon. De même, dans une inscription de Thoutmosis III, les Libyens se prosternent devant sa Majesté « comme le font les chiens (tjésem) ». Du reste, le Pharaon (Amenemhat 1er) fait « marcher les Asiatiques comme des chiens (tjésem) ». Il ressort cependant, de l’ensemble de la documentation, que le chien bénéficiait en Egypte d’un statut plus favorable que celui qu’il avait en général au Proche-Orient, et on notera que, comme dans beaucoup d’autres civilisations, les Egyptiens se refusèrent à consommer de la viande de chien(5), même s’ils utilisèrent du sang, des pattes ou des excréments de chiens à titre thérapeutique.

DIvINS CANIDéSCe sujet nécessiterait à lui seul une étude détaillée. Les principales divinités canines étaient Anubis et Oupouaout (« Celui-qui-ouvre-les-chemins »). Ce dernier est, le plus souvent, représenté debout, juché

ou non sur son pavois. Anubis est traditionnellement « couché sur son ventre ». L’animal sacré de ces deux divinités est, très probablement, le « même » canidé (ounesh, Canis lupus lupaster), en deux « états » différents. Ceci est bien en rapport avec les fonctions que les deux divinités remplissaient : fonction essentiellement funéraire pour Anubis et à connotation guerrière pour Oupouaout. Un canidé debout, loup agressif, proche de la sauvagerie, sied assurément à un Ouvreur-des-chemins ; un « chien » couché, apprivoisé, convient mieux à un gardien de tombe. Parmi les autres canidés « divins », on citera Khentimentiou, Sed, Douamoutef, les Âmes d’Hierakonpolis, ainsi que d’innombrables acolytes, génies et émissaires canins.

TOMbES ET MOMIES DE CHIENSOn trouve :

• la présence d’un ou plusieurs chiens dans des tombes humaines ;

• des tombes individuelles de chiens (notamment aux époques archaïques) ;

• des cercueils de chiens portant une formule d’offrande funéraire comme pour les humains ;

• à partir de la Basse Epoque, des inhumations massives de canidés (chiens, chacals, renards). Beaucoup d’animaux sont alors

sacrifiés, momifiés avec plus ou moins de soins et inhumés soit à proximité de tombes humaines, soit dans de grandes nécropoles qui leur sont consacrées.

INSCrIPTION POur uN CHIENA l’inverse de ces sacrifices d’époque tardive, nous concluons cet aperçu par une inscription qui nous montre qu’un chien pouvait être enterré avec les mêmes honneurs qu’un homme de haut rang ; elle souligne l’estime et l’affection qu’un Pharaon pouvait éprouver pour son compagnon. Il s’agit d’une inscription de l’Ancien Empire figurant sur un bloc de calcaire réemployé dans la construction d’un mastaba de Gizeh (G2168, fin 5e – début 6e dynastie) :

« Chien qui fit la garde pour Sa Majesté et dont le nom était Aboutiou.

Sa Majesté ordonna qu’il soit enseveli (et) que lui soit donné un très riche équipement funéraire provenant du Trésor, de fines étoffes en abondance, de l’encens, des aromates.

(En outre,) Sa Majesté lui fit construire une tombe par les équipes d’ouvriers des tombes.

(Et si) Sa Majesté lui fit (tout) cela, c’est afin qu’il soit un Vénéré ! »

bIbLIOgrAPHIEBoessneck, J., 1984, Die Tierwelt des Alten Ägypten, München.

Brixhe, J., 1995, Lévriers, chiens de chasse, de travail et de compagnie dans l’Egypte ancienne, Liège.

Brixhe, J., 2000, Contribution à l’étude des canidés dans l’Egypte ancienne, dans BiOr 57,5-16.

Brixhe, J., 2003, Recension de Dogs in Antiquity (Brewer, Clark and Phillips), dans BiOr 60,92-101.

Brixhe, J., 2014, Akhénaton mangeait-il ses chiens ?, dans CRBL 125, 5-6.

Dorst, J. et Dandelot, P., 1972, Guide des grands mammifères d’Afrique, Neufchâtel.

DuQuesne, T., 2005, The Jackal Divinities of Egypt, London.

Fischer, H. G., 1980, Hunde et Hundestele dans LdÄ III : 77-82.

Ikram, S. et alii, 2005, Divine Creatures. Animals Mummies in Ancient Egypt, The American University in Cairo Press.

Vernus, P., et Yoyotte, J., 2005, Le Bestiaire des pharaons, Paris.

(5) Brixhe, J. 2014