Le musée d’antiquités égyptiennes de Būlāq (1858-1889). Faire connaître et aimer l’Égypte...

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École du Louvre Thomas LEBÉE Le musée d’antiquités égyptiennes de Būlāq (1858-1889) Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIX e siècle I. Texte Mémoire d’étude (1 re année de 2 e cycle) présenté sous la direction de M me Elsa RICKAL Mai 2013

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École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

I. Texte

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ AVANT-PROPOS

Avant-proposNous devons confesser que ce sujet n’est pas le premier auquel nous avons pensé au début de l’année

dans le cadre du groupe de recherche « archéologie et muséographie : l’archéologie égyptienne ». Après

avoir quelque temps pensé travailler sur les faux égyptologiques, nous avons constaté que ce domaine était

déjà traité pour les périodes que nous étions susceptible de pouvoir étudier. On nous a également montré

qu’il n’était pas envisageable de traiter la figure de l’égyptologue français Prisse d’Avennes (1807-1879),

auquel la légende attribue notamment la « translation furtive » de la Chambre aux ancêtres de Karnak au

nez et à la barbe de son concurrent prussien Karl Richard Lepsius. Au cours de nos recherches de sujets,

nous avions également évoqué hâtivement le musée de Būlāq1, dont nous savions peu de chose (et qui en

excitait d’autant plus notre curiosité). Nous avons eu la chance de rencontrer un certain enthousiasme de la

part de notre directrice de recherche, Mme Elsa Rickal, qui nous a encouragé dans cette voie ; elle nous a

rapidement confié à la bienveillance de Mme Élisabeth David, qui a accepté quand nous lui avons demandé

(grâce au concours fortuit de Mlle Marie Burdin) de devenir notre personne ressource.

Pour des raisons pratiques, il n’était pas envisageable de mener de recherche dans des archives

égyptiennes ou étrangères, comme les archives de l’université de Milan, qui possèdent un fonds conséquent

documentant le musée de Būlāq2. Ce travail reste à faire. Mais la perte de la plupart des papiers, documents

de travail et notes de Mariette lors de la crue de 1878 a probablement amputé d’hypothétiques archives

conservées du musée de Būlāq (indissociable du Service de conservation des antiquités de l’Égypte) de la

majeure partie de la documentation interne pour les deux tiers de sa durée d’existence. Cela nous a obligé à

considérer quels documents nous étaient accessibles et ce que nous pouvions en attendre. S’il n’existe pas à

notre connaissance de publication scientifique consacrée exclusivement au musée de Būlāq, nous avons pu

traiter une documentation variée, souvent peu exploitée et parfois très riche. Nous avons donc utilisé les

1 Pour la transcription des noms arabes de lieu ou de personne pour qui il n’existe pas de francisation unanimement suivie (Le Caire, Louqsor, Suez ou Alexandrie p. ex.), nous suivons les recommandations de l’Institut français d’archéologie orientale « pour les ouvrages de diffusion de la recherche ». Le nom du village des faubourgs du Caire dans lequel a été installé le musée, بول ق a ainsi été transcrit « Būlāq », bien qu’il soit souvent transcrit dans les publications francophones « Boulaq ». Selon les époques et la langue de l’auteur, on peut aussi trouver à peu près toutes les variantes qu’autorise la fluctuation de la transcription de l’arabe : Bûlâk, Bûlâk, Boolak, Boolac, Boulac, Boulak, Boulacq, Bulaḳ, Boulakh, etc. Dans les citations, nous respectons toutefois l’orthographe originale (à l’exception des accents que nous ajoutons aux majuscules qui le nécessitent).

2 Cf. Piacentini & Rondot 2002, Piacentini 2009 et Piacentini 2010 (pour les abréviations bibliographiques, cf. p. 53).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ AVANT-PROPOS

publications officielles du musée (notamment les éditions successives de la Notice de Mariette et le Guide de

Maspero), des articles contemporains et d’autres textes émanant des directeurs du musée (leur

correspondance privée révèle parfois par hasard des faits intéressants). Les correspondances, et même

quelques articles, n’ayant pas toujours la délicatesse de tenir compte du fait qu’un siècle et demi pourrait les

séparer de certains lecteurs, leurs formulations sont souvent peu claires et ambiguës pour qui n’a pas eu la

chance de visiter les salles du musée en compagnie de Mariette ou Maspero. Nous avons donc choisi, le plus

souvent, avant de présenter nos conclusions, de citer le texte qui nous y a conduit, afin que des déductions

potentiellement erronées puissent être facilement repérées à la lumière d’autres sources auxquelles nous

n’avons pas eu accès.

Nous avons aussi recherché toutes les images qui pouvaient documenter l’aménagement des salles.

Nous avons bénéficié, dès les premières semaines de recherche, de la découverte fortuite de plusieurs albums

de photographies conservés au Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre et qui

rassemblaient sous l’appellation « musée du Caire » des photos des musées de l’actuelle place Taḥrīr, de

Ǧīza et de Būlāq. Par la suite nous avons eu la chance de constituer un corpus conséquent d’images, pour la

plupart inédites, que nous présentons dans notre t. 2 Annexes. Images du musée de Būlāq.

Voulant également estimer l’efficacité du musée, nous avons recherché l’écho qu’il pouvait avoir laissé

dans des récits de voyage. Cette piste s’est avérée relativement décevante, malgré quelques informations

intéressantes. Néanmoins, les guides de voyage, qui se sont considérablement développés au cours du XIXe

siècle, se sont révélés des sources précieuses. Ils contiennent en effet des informations à la fois pratiques,

précises et datées, ainsi qu’une évaluation de l’intérêt du musée dans le cadre du « voyage d’Égypte » tel

qu’il commence à se mettre en place grâce aux compagnies de voyages comme Thomas Cook. Tout cela en

fait des éléments précieux pour nous ; nous y avons même trouvé un document déterminant pour notre

approche de la réalité pratique du musée de Būlāq, le seul plan3 dont nous ayons connaissance qui

documente l’état du musée avant les grands travaux entrepris sous Maspero pour doubler la surface de

l’établissement en 1882.

Pour terminer, avant de nous aventurer dans les salles encombrées et pleines de charmes du premier

véritable musée égyptologique d’Égypte, nous tenons à rendre un hommage reconnaissant à tous ceux qui

3 Baedeker 1878, p. 293 ; cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.α. Plan du musée en 1878 ».

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ AVANT-PROPOS

nous ont apporté leur soutien au cours de nos recherches.

Nous voulons d’abord remercier Mme Elsa Rickal (documentaliste scientifique au Département des

antiquités égyptiennes du Musée du Louvre), qui a dirigé notre travail avec optimisme et bienveillance.

Nous devons beaucoup à ses encouragements et à ses conseils. Nos remerciements vont aussi à

Mme Élisabeth David (chargée d’études documentaires au Département des antiquités égyptiennes du

Musée du Louvre) qui a accepté de partager cette aventure avec nous, et en qui nous avons trouvé un

enthousiasme au moins égal au nôtre, une disponibilité prodigieuse et une sollicitude réelle. Nous sommes

très reconnaissant de leur cordialité à toutes deux, qui nous a rendu nos recherches beaucoup plus faciles et

immensément plus agréables.

Nous remercions aussi chaleureusement les autres membres du groupe de recherche « archéologie et

muséographie : l’archéologie égyptienne » pour l’atmosphère d’entraide, d’intérêt et d’amitié qu’elles ont

instaurée pendant nos recherches. Nous sommes ainsi redevable à Mlles Justine Noy, Pauline Parent, Barbara

Potriquet et Élodie Vrac pour leurs remarques toujours stimulantes et leur complicité salutaire.

Par ailleurs, nous sommes très reconnaissant envers Mlle Romane Betbèze de nous avoir aidé à

déchiffrer l’arabe typographique du XIXe siècle et d’avoir eu la gentillesse de commenter notre projet de plan

avec sa pertinence habituelle. La fastidieuse relecture de ce mémoire a quant à elle été assurée par

Mme Geneviève Bernard et Mlles Maëliss Dubois, Pauline Parent, Tiphaine Sicard et Élodie Vrac, qui s’y sont

attelées avec une vigilance précieuse dont nous les remercions.

Nous remercions enfin tous ceux que nous avons eu à solliciter intempestivement au cours de cette

année et qui ont eu l’amabilité de nous répondre et de nous prêter leur concours à titre divers :

Mme Catherine Bridonneau (chargée d’études documentaires au Département des antiquités égyptiennes du

Musée du Louvre) ; Mlle Wendy Doyon (doctorante à l’Université de Pennsylvanie) ; Mme Hélène Guichard

(conservateur en chef au Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre) ; Mme le Pr Maya

Jasanoff (professeur d’histoire au Centre d’études européennes de l’Université Harvard) ; M. Jérôme

Legrand (chargé d’études documentaires au musée d’Orsay) ; Mme Hélène Morlier (InVisu,

CNRS/INHA) ; M. Olivier Perdu (ingénieur d’études au Collège de France) ; M. Pascal Riviale (Archives

nationales, département « Éducation, culture, affaires sociale » ; contacté grâce à l’intermédiaire de

Mlle Maëliss Dubois) ; Mme Mercedes Volait (directeur de recherche au CNRS ; directeur d’InVisu,

CNRS/INHA).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ INTRODUCTION

Introduction« L’histoire du musée de Boulaq serait pourtant curieuse à

écrire ; elle formerait un chapitre piquant de l’histoire

générale de l’Égypte sous Ismaïl-Pacha. »4

Il reste aujourd’hui peu de choses de la « galerie provisoire du musée d’antiquités égyptiennes de

S. A. le vice-roi à Boulaq »5. Ses collections ont été transférées dès 1889 au musée de Ǧīza avant de revenir à

quelques kilomètres de leur première halte, à l’actuel Musée égyptien du Caire. Ses bâtiments ont été rasés

dès le début du XXe siècle. Son souvenir enfin, s’il perdure à travers quelques images pittoresques et les récits

de l’égyptologie des temps héroïques, est rarement évoqué pour lui-même, mais plutôt à l’occasion des

biographies d’égyptologues contemporains ou comme bref chapitre introductif à l’histoire de l’actuel Musée

égyptien du Caire. Ce genre d’évocation, assez marginale, se prête facilement à la déformation.6

Nous avons voulu axer notre travail sur les conditions matérielles de l’organisation et de

l’aménagement du musée, une dimension assez peu évoquée quand on aborde l’historique d’une telle

institution. Il nous semble pourtant capital, pour appréhender le message scientifique d’un musée, sa

conception et sa transmission aux visiteurs, de tenir compte des contraintes matérielles qui peuvent

influencer sa mise en espace (la « muséographie »). Au XIXe siècle, un musée égyptologique était un lieu

d’éducation basé sur la vision, et donc la perception sensible, de témoignages d’une civilisation

profondément étrangère et encore peu familière. Tous les aménagements qui conditionnaient la perception

du visiteur jouaient donc un rôle considérable sur son « expérience » et l’image qu’il se formait de l’Égypte

ancienne ; cela est aussi révélateur des préoccupations des concepteurs du musée.

Il faut pour cela tenir compte du contexte intellectuel dans lequel se trouvaient les égyptologues du

XIXe siècle. L’égyptologie était encore une science jeune (il ne fut possible d’aborder scientifiquement

l’Égypte antique qu’après le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, en 1822). L’histoire

égyptienne était seulement ébauchée : la chronologie n’était pas établie et la succession dynastique fut

4 Charmes 1880, p. 175.5 Il s’agit de la dénomination adoptée par toutes les éditions du guide écrit par Mariette (Mariette 1864, 1868, 1869, 1872,

1874, 1876).6 À titre d’exemple, la photographie légendée « The Boulaq Museum » qui figure sur le site internet du Conseil suprême des

antiquités égyptiennes est en fait… une vue du musée de Ǧīza« A Brief History of the Supreme Council of Antiquities (SCA): 1858 to present », http://www.sca-egypt.org/eng/ sca_history.htm, consultée le 13 février 2013.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ INTRODUCTION

élaborée dans la deuxième moitié du siècle. Il n’existait pas encore de véritable formation égyptologique : les

égyptologues étaient des autodidactes (comme Mariette), ou bien avaient suivi des études classiques

centrées sur le monde gréco-romain avant de s’être dirigés vers l’Égypte ancienne (comme Maspero). Le

voyage d’Égypte était encore assez peu fréquent au milieu du siècle ; la communauté scientifique dépendait

donc des campagnes de prospection (comme la campagne prussienne menée par Lepsius de 1842 à 1845) et

de la publication de relevés des textes et des monuments (cette obligation morale poursuivit Mariette toute

sa vie). Enfin, l’archéologie orientale pouvait alors avoir une résonance biblique telle que Gabriel Charmes

put écrire que le musée de Būlāq était « un musée susceptible d’être le centre et l’objectif de travaux qui

renouvelleraient l’histoire des origines du monde »7 (de telles préoccupations influençaient peu Mariette

ou Maspero, mais sont révélatrices de l’image de l’égyptologie pour le public à cette époque).

Il faut aussi s’arrêter brièvement sur le contexte muséographique8 : quelles références avaient Mariette

et Maspero quand ils aménageaient les salles de Būlāq ? Quand il créa le musée ex nihilo en 1863, Mariette

connaissait le Louvre, où il avait travaillé, mais aussi les musées égyptologiques de Berlin et de Turin qu’il

avait respectivement visités en 1855 et 18579. Ayant vécu deux ans (1839-1840) en Angleterre, peut-être

avait-il aussi visité le British Museum. À cette époque, on n’exposait pas des antiquités égyptiennes comme

des antiquités classiques10 : ces dernières étaient surtout exposées dans une optique esthétique, tandis qu’on

refusait aux pièces égyptiennes toute valeur artistique. En revanche, certains musées égyptologiques

abordaient des points de civilisation : à Berlin étaient présentées une salle historique, une salle civile et une

salle mythologique, tandis qu’au Louvre, les grands monuments étaient présentés au rez-de-chaussée alors

qu’à l’étage de la cour Carrée (musée Charles-X) se trouvaient une salle historique, une salle civile, une salle

funéraire et une salle religieuse.11

Le contexte politique est aussi à prendre en compte : le musée se trouvait en effet sous l’autorité

directe du vice-roi d’Égypte, qui demeurait théoriquement soumis au sultan ottoman. En même temps, le

gouvernement égyptien se trouvait sous influence européenne, plus ou moins marquée selon l’époque :

fortement endetté auprès de la France et de la Grande-Bretagne, le vice-roi dut accepter un ministère

européen et un contrôle budgétaire qui s’accrut jusqu’à l’occupation militaire de l’Égypte par la Grande-

7 Charmes 1880, p. 186.8 Cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « III.3.a. Images de lieux d’exposition d’antiquités égyptiennes

contemporains ».9 David 1994, p. 276-277.10 Cf. Moser 2006, passim, pour l’exemple du British Museum.11 Mariette 1864, p. 7 (il précise « j’aurais voulu imiter cet exemple »).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ INTRODUCTION

Bretagne à partir de 1882 (le musée avait d’ailleurs été signalé au Foreign Office comme lieu à protéger

quand Le Caire fut investi)12. Et dans cette situation diplomatique et culturelle complexe, un musée

d’antiquités n’était pas une institution aussi insignifiante, politiquement parlant, que l’on pourrait s’y

attendre (pour l’emprunt de Sa‘īd Pāshā à la France en 1861, Napoléon III a pu considérer le don du musée à

la France comme une condition)13.

Il faut également tenir compte des rivalités nationales européennes au sein même du Service : c’est un

souci évident pour Mariette, qui se justifiait de rester à son poste malgré les difficultés ainsi : « Or, avoir

fondé un musée avec les seuls résultats de mes fouilles, avoir créé avec ma seule industrie un musée qui n’a

pas désormais de rival en Europe, est certainement un titre de gloire pour moi et, j’ose le dire sans fausse

modestie, pour la France… Un autre viendra après moi qui profitera de tout ce que j’ai fait, et mettez-vous

bien dans la tête que cet autre sera un allemand [sic]. »14 Son successeur, Maspero, dut préparer sa

succession dans le plus grand secret (et surtout à l’abri de l’attention du Prussien Emil Brugsch)15. Il se

trouve en effet que la direction du Service de conservation des antiquités de l’Égypte était un privilège

réservé à la France, malgré la concurrence de l’Angleterre16 ; la dimension (symbolique) politique et

diplomatique de ce poste était telle qu’il fut spécifié dans l’article premier du traité de l’Entente cordiale

(1904) que le directeur du Service resterait un Français.17

C’est en gardant ce contexte à l’esprit que nous avons voulu étudier comment le musée de Būlāq a été conçu et

remanié pour transmettre son message scientifique. Pour cela, nous aborderons d’abord les conditions pratiques de la

gestion de l’établissement : quelles étaient les ressources et les compétences à la disposition des directeurs pour former

un musée ? Dans une seconde partie, nous traiterons plus spécifiquement du bâtiment du musée et de son évolution,

puisqu’il constitue le support matériel du discours du musée et conditionne la perception des collections. Enfin, nous

évoquerons la manière dont les directeurs ont tenté de diffuser leur message scientifique auprès des visiteurs, en

mêlant notamment une muséographie charmante à l’œil et de beaux objets à un discours scientifique très exigeant.

Fait remarquable, nous verrons qu’ils n’ont pas seulement voulu s’adresser aux touristes européens, mais se sont aussi

intéressés aux Égyptiens contemporains.

12 David 1999, p. 129.13 Maspero 1906, p. 140.14 Mariette 1904, p. 155-156.15 David 1999, p. 172.16 En 1892, sir Colin Scott Moncrieff, sous-secrétaire d’État aux Travaux publiques, projeta la création d’un comité permanent

d’archéologie, dirigé par des Britanniques (Morlier 2010, p. 17).17 Gady 2006 p. 41.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

I. La gestion de l’établissement

I.1. Les attributions du musée

I.1.a. La création du Service de conservation des antiquités de l’Égypte

Le musée de Būlāq était, davantage qu’une institution autonome, un organe indissociable du Service

de conservation des antiquités de l’Égypte. En fait, dès les premières mesures de protection des antiquités

égyptiennes, l’encadrement des fouilles et la conservation des collections nationales furent traitées

ensemble. Évoquons donc la situation des antiquités jusqu’en 1858.

Diverses mesures de protection ponctuelle des antiquités furent prises dès 182018, sous Muḥammad

‘Alī Pāshā. Le premier texte législatif de régulation générale du commerce d’antiquités date toutefois du 15

août 183519. Cette ordonnance appelait à la création d’un musée et désigne notamment un lieu où pourront

être conservés et exposés les vestiges pharaoniques, l’« antiqakhana »20 ( قةخاتنهيالتنت al-āntiqakhāna). Ce

premier dépôt fut installé au Caire, au « collège d’interprétation », sur l’Azbakiyya, sous la responsabilité

du shaykh Rifā‘a al-Ṭahṭāwy ; Yūsuf Ḍīā‘-Afandī en fut nommé « nazir » (inspecteur).21

La situation perdura jusqu’à octobre 1849, où la collection fut transférée à l’école d’ingénieurs de

Būlāq.22 Un inventaire dressé en 1848-1849 constate que l’essentiel de la collection a été offert par le vice-roi

à titres divers, ou volé.23 En 1851, les pièces furent à nouveau déplacées, cette fois à la Citadelle du Caire,

dans une salle utilisée par les employés du ministère de l’Éducation pour entreposer leurs manteaux et de la

nourriture.24 En 1855, toute la collection fut offerte à Maximilien d’Autriche, futur empereur du Mexique25 :

des vestiges archéologiques pharaoniques du vice-roi, il ne restait plus rien. L’ordonnance de 1835 n’avait

ainsi pas été suivie par des décisions susceptibles de créer et de protéger une collection d’antiquités 18 Abou-Ghazi 1988a, p. 1 ; Piacentini 2011, p. 5.19 Abou-Ghazi 1988a, p. 3 ; Tiradritti 1999, p. 17. On trouve dans Khater 1960 la traduction française (p. 37-40) et une

analyse détaillée (p. 40-71).20 Colla 2007, p. 118-120.21 Abou-Ghazi 1978, p. 3-6 ; Piacentini 2010, p. 222.22 Abou-Ghazi 1988, p. 9.23 Piacentini 2010, p. 222.24 Piacentini 2010, p. 222.25 Abou-Ghazi 1988a, p. 9 ; Piacentini 2010, p. 222.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

conséquente.

Trois ans plus tard, en 1857, sous le règne de Sa‘īd Pāshā, Auguste Mariette, conservateur-adjoint au

Musée du Louvre et récent inventeur du Sérapéum, revenait en Égypte pour préparer le voyage du prince

Napoléon, petit-cousin de Napoléon III. Le vice-roi lui fournit un bateau et les moyens d’effectuer une

prospection des sites de Haute-Égypte. Le voyage princier fut finalement annulé, mais Ferdinand de

Lesseps poussa alors le vice-roi à confier à Mariette toute autorité sur les fouilles entreprises en Égypte.26 Le

Service de conservation des antiquités de l’Égypte27 fut alors créé. Ce service se trouva dans un premier

temps directement sous l’autorité du vice-roi, avant d’être rattaché au ministère des Travaux publics en

187928.

C’est une avancée considérable pour le patrimoine archéologique égyptien : l’administration

disposait enfin (théoriquement) d’une structure en mesure de réguler les fouilles clandestines et

d’entreprendre des fouilles officielles. C’est aussi l’acte de naissance du musée national d’antiquités

égyptiennes.

L’appartenance du musée, de son personnel et de ses collections au Service permet de comprendre

dans quel cadre travaillaient les directeurs du Service (qui étaient simultanément directeurs du musée). Il

leur fallait régulièrement remonter le Nil, parfois jusqu’en Nubie, pour mener leurs tournées d’inspection et

constater l’avancée des travaux ordonnés, en même temps qu’ils avaient à gérer un musée, son aménagement,

et les publications qu’entraînaient à la fois les fouilles et le musée.

I.1.b. Le rôle du musée et ses activités

Dès l’ordonnance de 1835, le musée est désigné comme le lieu où les vestiges antiques « seraient

conservés et classés convenablement pour être exposés aux regards des habitants, et particulièrement des

voyageurs et des étrangers »29. Il est destiné à agir en lien avec le service des fouilles, qui alimente ses

collections.

Cela donne au Service des antiquités un domaine de compétence particulièrement vaste. Lorsque

Mariette évoque les antiquités dont il a la responsabilité, il écrit : « Il y a en Égypte deux musées. L’un est le

Musée de Boulaq. L’autre est l’Égypte entière qui, par les ruines répandues sur les deux bords du Nil, de la

26 Khater 1960, p. 59 ; David 1994, p. 105-107. La nomination de Mariette date du 1er juin 1858 (David 1994, p. 107 ; Dewachter 1985, p. 109).

27 Le Service devint « Service des antiquités de l’Égypte » entre 1886 et 1893 (David 1999, p. 14).28 David 2004, p. 98.29 Art. 2 ; traduit par Khater 1960, p. 38.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

Méditerranée à la deuxième Cataracte, forme le plus beau Musée qui existe au monde. »30 Il a donc reçu la

charge de surveiller les vestiges archéologiques de tout le pays (« seul maître du sol antique de l’Égypte,

Mariette voulut l’exploiter sur un plan grandiose : il l’attaqua sur trente-sept points à la fois, de

l’embouchure du Nil à la première cataracte »)31. Les antiquités mobilières ont vocation à rejoindre le

musée de Būlāq et les immeubles à être déblayés et conservés in situ.32 En effet, la Notice du musée de Būlāq

comprenait, dans ses quatre premières éditions (de 1864 à 1872), un appendice qui donnait la liste et le

commentaire de pièces remarquables réparties sur les différents sites (Tanis, Abydos, Thèbes, …) en

attendant de pouvoir être exposées au Caire33.

Pour assurer cette fonction, par l’article premier du décret du 16 mai 1883, « le musée de Boulaq, ainsi

que tous les objets qu’il contient ou qu’il pourra contenir à l’avenir, sont déclarés du Domaine Public de

l’État, et par conséquent, inaliénables, insaisissables, imprescriptibles. »34.

Mariette se trouva finalement dans une situation délicate : il devait faire face à un afflux important de

pièces archéologiques, issues de tout le pays. En même temps qu’il devait s’assurer de leur conservation, il

avait aussi le devoir moral de les faire connaître à la communauté scientifique et au grand public. Il devait

donc publier le résultat de ses fouilles et exposer les vestiges aussi vite que possible, sur place pour les biens

immeubles, à Būlāq pour les biens meubles.

I.2. Le personnel

I.2.a. Le directeur

Trois directeurs se sont succédé à la tête du musée de Būlāq : Auguste Mariette (de 1853 à 1881) ;

Gaston Maspero (de 188 1 à 1886) et Eugène Grébaut (de 1886 à 1892).

Père fondateur du Service de conservation des antiquités de l’Égypte, Mariette est aujourd’hui

surtout connu du grand public comme l’inventeur du Sérapéum. Il était tout aussi fier de « son » musée,

30 Lettre de Mariette au consul général des États-Unis de 1878 (cité par Khater 1960, p. 62).31 Maspero 1883, p. 18.32 Khater 1960, p. 63-65.33 Cette situation s’éternisa parfois à cause du manque de place à Būlāq et des incessants projets inaboutis de construire un

plus grand musée (cf. p. 16). P. ex. le colosse de granit rouge de Tanis (no 1) resta en place pendant huit ans (Mariette 1864, p. 260 ; Mariette 1872, p. 282). Pour un commentaire des éditions successives de la Notice, cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « II. Les Notices de Mariette et le Guide de Maspero ».

34 Khater 1960, p. 79.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

auquel il consacra tant d’énergie et tant d’années de sa vie, comme il l’écrivit plusieurs fois : « Je sais à la

vérité que, dans ma carrière scientifique, j’aurai fait deux choses, le Sérapéum et le Musée du Caire, que

plusieurs personnes veulent bien regarder comme des services rendus à la Science »35 ; « Dans ma vie, j’ai

fait deux choses, et tout le monde ne peut pas en dire autant, j’ai fait le Sérapéum et j’ai fait le musée de

Boulaq »36. C’est Mariette qui fonda le musée et ne cessa de travailler à son aménagement (il publia six

éditions successives de sa Notice).

À la mort de Mariette, la direction fut assurée par intérim par Luigi Vassalli37. Maspero fut nommé à

la tête du Service et du musée le 10 février 188138. Au musée, il fut à l’origine des agrandissements de 1882 et

continua de perfectionner le musée.

Eugène Grébaut marqua moins l’égyptologie et le musée que ses prédécesseurs ; il lui revient

néanmoins d’avoir assuré le transfert des collections au palais de Ǧīza, en 188939.

Comme les autres fonctionnaires égyptiens d’origine étrangère, les directeurs du Service devaient

composer avec les conséquences du statut d’expatrié : congés de longue durée pour revenir en Europe

régulièrement, traitements parfois insuffisants par rapport aux salaires des fonctionnaires européens,

difficultés pour faire venir leur famille, … Dans le cas du directeur du Service, il faut aussi tenir compte des

inspections périodiques en Haute-Égypte, qui duraient plusieurs mois.40 Tous ces paramètres ont forcément

influencé l’exercice de leurs fonctions.

I.2.b. La composition du personnel

La composition du Service a été décrite par Mariette lui-même41 ; elle peut paraître bien dérisoire

pour une institution destinée à contrôler les fouilles et le commerce d’antiquités sur le pays entier. Le

directeur du Service était en même temps directeur du musée ; un conservateur était affecté au musée, où il

remplissait aussi la fonction de secrétaire ; deux conservateurs-adjoints étaient quant à eux chargés de

l’inspection des fouilles et des monuments. Le personnel comprenait enfin un secrétaire pour les langues

turque et arabe et un chef des ateliers de restauration, auxquels s’ajoutaient des gardiens « indigènes ». À sa

35 Piacentini 2009, p. 426-427 (lettre de Mariette à Ernest Beulé en réponse à une lettre de 1860).36 David 1994, p. 226 (lettre à Ernest Desjardin du 23 juillet 1873).37 Tiradritti 1999 p. 18.38 David 1999, p. 82.39 Cf. Grébaut 1891.40 Léo 1946, t. 1 Texte, p. 95.41 Mariette 1864, p. 3 ; repris par Maspero 1904 (p. 91) et Khater 1960 (p. 59, n. 2).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

création, le Service de conservation des antiquités de l’Égypte comptait ainsi seulement six employés

dévolus à la gestion des collections et des chantiers de fouilles ! Cette composition fluctua cependant selon

la situation : en novembre 1865, des restrictions budgétaires nationales conduisirent à la publication d’un

décret qui limitait la composition du Service à un directeur, un conservateur et secrétaire en français

(Vassalli), un surveillant et restaurateur, un surveillant de nuit, deux gardiens, deux portiers, un magasinier,

un jardinier, un porteur d’eau, un traducteur, huit contremaîtres pour les fouilles, ainsi qu’un menuisier, un

apprenti, un marbrier et trois polisseurs.42

Le premier conservateur du musée de Būlāq fut peut-être Bonnefoy, choisi par Mariette dès 185843,

mais il mourut dès 185944. Le poste fut par la suite occupé par Vassalli, un ami de Mariette, qui ne prit sa

retraite que le 16 juillet 1883.45 Il fut alors remplacé par Emil Brugsch46. Gabet fut conservateur-adjoint de

1859 à sa mort en 186947 ; il fut remplacé par Albert Daninos48. Emil Brugsch fut aussi conservateur adjoint

de 1872 à 1883 avant de devenir conservateur titulaire.49 Urbain Bouriant le remplaça de 1883 à 1886.50

La fonction d’interprète (c’est-à-dire de secrétaire pour les langues turque et arabe) était occupée par

« Mohammed Sadek » en 187951 ; elle fut confiée en 1880 à Aḥmad Kamāl52 (qui devint conservateur-

adjoint au musée de Ǧīza, après 1890)53.

Au poste de restaurateur, Mariette choisit « un Corse du nom de Floris, que ses talents variés

désignaient pour bien remplir à lui seul les vingt fonctions contradictoires qu’exige la constitution d’un

musée. »54 Nommé en 186055, il fut remplacé par Alexandre Barsanti en 1885, devenu « conservateur

42 David 1994, p. 169.43 Maspero 1904, p. 91 (ordonnance khédiviale no 32 du 4 juillet 1858). Mais Bonnefoy assurait aussi le poste de conservateur-

adjoint, puisqu’il inspectait les chantiers de Haute-Égypte (il n’existait de toute façon à cette époque pas de musée proprement dit).

44 David 1994, p. 122 (Khater 1960, p. 59, n. 2 signale toutefois sa nomination au poste de sous-directeur en 1860 ?).45 Abou-Ghazi 1988c, p. 21 ; David 1999, p. 142.46 David 1999, p. 142 ; cela est confirmé par Baedeker 1885, p. 295, où Brugsch est désigné comme le keeper du musée, assisté de

Bouriant.47 Maspero 1904, p. 91 (sans précision de date) ; Abou-Ghazi 1988c, p. 21 (assistant curator).48 David 1994, p. 191 ; Abou-Ghazi 1988c, p. 21.49 Brugsch 1881 [p. de titre] ; Abou-Ghazi 1988c, p. 20 (prétend que Brugsch resta adjoint, ou curator assistant, de 1881 à

1914) ; David 1994, p. 238 (entrée en fonction le 23 avril 1872) ; David 1999, p. 142.50 Baedeker 1885, p. 295 ; Abou-Ghazi 1988c p. 25.51 David 1994, p. 254-255 (nous avons laissé le nom entre guillemets puisque nous ne connaissons que sa transcription latine).52 David 1994, p. 217-218 ; il était toujours à ce poste en 1881 (David 1999, p. 93).53 Reid 2002, p. 186.54 Maspero 1904, p. 92.55 Khater 1960, p. 59, n. 2 (ordre vice-royal du 14 sha‘bān 1276/7 mars 1860).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

restaurateur » titulaire le 12 octobre 1891.56

Outre ces employés, plusieurs partenaires intervinrent ponctuellement, comme Louis Chaillan,

envoyé pour renforcer les effectifs à l’été 1859, alors que Mariette revenait temporairement en France,

Vassalli en Italie et que Bonnefoy était mort ; mais sa conduite dissipée poussa le Service à le renvoyer à

l’automne 1861.57 De même, Ernest Cousin fut détaché du ministère des Travaux publics de 1881 à 1886

pour copier le catalogue du musée, tenir les registres58 et copier des extraits de la Notice à afficher dans les

salles59.

La composition du personnel du Service était donc fluctuante et précaire, souvent insuffisante. Ses

membres devaient faire preuve de polyvalence et d’adaptabilité.

I.2.c. Les moyens matériels

Quels étaient les moyens de Mariette pour son écrasante tâche ? Outre le personnel alloué par

l’administration, il disposait d’un bateau à vapeur, indispensable pour les tournées d’inspection en Haute-

Égypte et le transport des collections jusqu’à Būlāq, ainsi que du droit de lever la corvée pour alimenter les

chantiers de fouille.60 Mais les ressources du musée étaient maigres : sans budget propre61, il devait

quémander ses moyens de subsistance aux différents ministères : meubles, clous, … et même rendre des

palans après utilisation.62

Le musée, comme le Service tout entier d’ailleurs, se trouvait sous la dépendance directe du vice-roi.

Celui-ci pouvait donc, à sa guise, faire bénéficier le musée de ses largesses. Mais cela signifie aussi que

l’institution était entièrement dépendante du bon vouloir du souverain, ce qui ne manqua pas d’occasionner

quelques difficultés63 : confiscation du bateau à vapeur du service, réductions budgétaires, … comme le

souverain pouvait théoriquement disposer à sa guise des collections, il était aussi toujours à craindre qu’il les

56 Abou-Ghazi 1988c, p. 24.57 David 1994, p. 120 et 130-135.58 Dewachter 1985, p. 110.59 David 2003, p. 62-63 (lettre de Maspero à sa femme, écrite de Būlāq le 5 novembre 1885).60 Reid 2002, p. 100.61 David 2004, p. 98.62 Léo 1946, t. 1 Texte p. 91.63 « Né de quelques campagnes de fouilles, placé au débouché d’une vallée d’où sortait chaque année des trésors, bâti grâce à la

munificence d’un vice-roi qui ne le visita jamais, provisoirement abrité dans de mauvais bâtiments de banlieue, près d’une ville profondément indifférente, le Musée de Boulaq ne ressemblait à aucun musée d’Europe. » (Léo 1946, t. 1 Texte, p. 134)

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

offrît à un tiers selon son caprice (une favorite de Sa‘īd Pāshā reçut ainsi une chaîne de la reine Iâhhotep)64.

En 1879 cependant, le musée fut rattaché au ministère des Travaux publics. L’appartenance du musée,

de son contenu et de ses dépendances au domaine public égyptien fut décidée en 1883 (c’est en 1891 qu’il fut

décrété que le produit des fouilles appartenait de droit à l’État).65

Amelia Edwards souligna dans le Times la détermination de Mariette à mener sa tâche malgré ses

moyens dérisoires et les restrictions budgétaires : « Mariette, then recently attached to the Viceregal service as

Conservator of Ancient Monuments66, obtained this neglected site for the storage and display of the treasures

which his excavations were rapidly bringing to light, and which Saïd was sufficiently intelligent to appreciate.

Little by little –now adding a new coat of plaster or paint, now venturing on a few modest decorations in

distemper, now, at the minimum cost of native labour, knocking up a few glass cases, or introducing a new set of

windows– he succeeded in transforming his dilapidated warehouses into the well-lighted and well-arranged

museum which, in 1878, was replaced by the older portion of the present buildig. »67

I.3. La parcelle

I.3.a. Description, avantages & inconvénients

Quelles étaient les avantages et les inconvénients de la parcelle qui échut au musée ? Būlāq était une

bourgade de quatre à cinq mille habitants, sur la rive est du Nil ; c’était l’un des deux ports du Caire ; on y

trouvait le palais d’Ismā‘īl Pāshā et une imprimerie (fondée en 1822)68.

La parcelle avait la forme d’un rectangle allongé, dont la longueur était parallèle au Nil.69 C’était une

surface exiguë, qui s’est vite révélée insuffisante pour stocker et présenter les antiquités de manière adaptée.

Elle présentait toutefois l’avantage non négligeable de se trouver au bord du Nil et de disposer d’un quai

permettant de débarquer des monuments volumineux et pesants rapportés des chantiers du Service.

Cette proximité du Nil s’accompagnait aussi de certains inconvénients, dont la présence de visiteurs

64 David 1994, p. 115 (la chaîne rejoignit par la suite le musée, comme un scarabée que le vice-roi avait choisi pour lui-même).65 David 1994, p. 270.66 C’est inexact : Mariette était directeur du Service de conservation des antiquités de l’Égypte (ce qui faisait en même temps

de lui le directeur du musée de Būlāq). En revanche, il avait nommé un conservateur spécialement affecté au musée et deux conservateurs adjoints. Pour la composition du personnel, cf. p. 10-12.

67 Edwards 1884, p. 3.68 Isambert 1881, p. 352.69 Cf. les cartes de notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I. Cartes et plans ».

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

indésirables : « Il ne se passait guère de semaine où l’on ne trouvât dans la cour, dans une salle peu

fréquentée du musée, ou même dans la maison, quelque reptile endormi au soleil ou quelque arachnide

venimeuse arrêtée sur la dalle fraîche d’un vestibule. »70 L’humidité inévitable rendit également insalubre le

logement du directeur71 et touchait les salles72. Le Nil représentait aussi un danger autrement plus

inquiétant lors des crues qui menacèrent régulièrement le musée en 1866, 1869, 1870, 1874 et 1876 pour

finalement l’envahir totalement en 1878.73

L’environnement du musée présentait aussi quelques inconvénients. Il était en effet entouré

d’entrepôts inflammables d’alcool, de blé et de paille…74 Le quartier lui-même n’était pas des plus sûrs.75

Tous ces problèmes furent rapportés en 1887 par le ministère des Travaux publics britannique au

Conseil des ministres égyptiens afin de reconsidérer la localisation du musée. De manière très opportuniste,

un journaliste anglais remarqua à cette occasion : « a distinguished Egyptologist and conservator of a

continental museum makes no secret of his opinion that in the interest of science it would be most desirable to

remove the larger portion of the collection to London, where it would receive adequat presentation and

systematic classification in the galleries of the British Museum. »76 Outre une certaine mauvaise foi, cette

remarque témoigne surtout de l’ampleur prise par ces problèmes considérables et réguliers, ce qui explique

en partie le transfert du musée à Ǧīza en 1889.

La parcelle du musée présentait toutefois des avantages certains par sa proximité relative du Caire. Le

musée se trouvait en effet suffisamment accessible aux touristes, qui pouvaient s’y rendre depuis le quartier

européen du Caire en moins d’une demi-heure (un quart d’heure en véhicule attelé).77 En même temps, cela

éloignait sagement les collections du musée de la générosité redoutable du prince, dont la première

collection nationale d’Égypte avait souffert ; le musée était aussi à distance respectable de ceux qui

risquaient de le dénigrer dans l’entourage du vice-roi, comme l’écrit explicitement Mariette avant de se voir

attribuer la parcelle de Būlāq: « Quant au Musée, je crois fort qu’il se fera aux pyramides mêmes, en

utilisant le temple d’Armachis78 trouvé par moi autrefois. C’est un assez bon emplacement, qui a l’avantage

70 Édouard Mariette, cité par David 1994, p. 119.71 David 1999, p. 165.72 Budge 1901, p. 555-570.73 Mariette 1904, p. 188 ; Léo 1946, t. 1 Texte, p. 139 ; David 1994, p. 194. Pour la crue de 1878 et ses conséquences, cf. p. 27-3174 Grébaut 1891, p. 43.75 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 272-275 signale au moins deux vols.76 [Anonyme] 1887, p. 35777 Isambert 1881, p. 352.78 Le temple du grand Sphinx de Ǧīza (Armachis est la forme grecque d’« Horus dans l’horizon » Ḥr-m-ꜣ.ḫ.t auquel fut

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ I. LA GESTION DE L’ÉTABLISSEMENT

énorme d’être un peu loin des yeux des Turcs lesquels s’offensent un peu à l’idée trop européenne du Vice-

Roi de fonder un Musée. »79

I.3.b. Localisation dans le Caire contemporain

Le musée a été rasé en 1914.80 Compte tenu de l’agressivité de l’urbanisme cairote au XXe siècle,

retrouver la parcelle peut sembler une gageure. Mais le tracé des rues actuelles reprend en fait celui des

principales voies et canaux de l’époque, ce qui permet facilement de superposer une vue satellite à une carte

du guide Baedeker81 (cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.1. Localisation du

musée »).

Cette comparaison permet de positionner précisément le terrain et le bâtiment du musée dans le

parcellaire actuel. Le terrain se trouve aujourd’hui entre le ministère des Affaires étrangères et l’immeuble

de la télévision publique (l’immeuble Maspero), le long de la place Āntakhāna (التنتخاتنة -mīdān al ميدان

Āntakhāna)82. Un immeuble de quelques étages s’y dresse au milieu d’un jardin.83 Le souvenir du musée a

peut-être influencé les désignations de ces lieux, pour l’immeuble et la rue Maspero par exemple, mais aussi

pour Āntakhāna, le nom de la place adjacente, qui est peut-être issu de la déformation du mot āntīqakhāna

qui désignait le musée.

identifié le Sphinx au Nouvel Empire).79 Piacentini 2010, p. 222 (lettre de Mariette à Heinrich Brugsch du 10 avril 1859 ; archives égyptologiques de l’université de

Milan, fonds Brugsch-Mariette, no 18).80 Abou-Ghazi 1988b, pl. II.81 Baedeker 1885, [n. p.].82 Cf. sur une carte actuelle : Googlemap, https://maps.google.fr/maps?q=antakhana+square&aq=f&um=1&ie=UTF-

8&hl=fr&sa=N&tab=wl (30° 3' 16.03" N., 31° 13' 49.72"), consultée le 30 mars 2013.83 C’est aussi l’interprétation de Reid 2002, p. 104 (sans justification ; cf. la carte reproduite dans notre t. 3 Annexes.

Documents complémentaires, vol. 1, « I.1.d. Carte du Caire vers 1914 »).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

II. Le bâtiment du musée

II.1. Le local original (1861-1863)

II.1.a. D’éternels projets inaboutis

Une fois la création d’un musée décrétée, il fallut le construire. Plusieurs projets, le plus souvent

grandioses et irréalisables, sont connus avant l’attribution définitive de la parcelle de Būlāq, en 1861.

Dans la volonté du vice-roi de moderniser l’Égypte, à l’image des grandes puissances européennes, le

musée projeté pouvait devenir un élément de prestige à inscrire dans le nouveau plan du Caire (le vieux

Caire étant jusqu’à la fin du siècle considéré comme un repoussoir qui ne trouvait grâce qu’aux yeux des

amoureux du pittoresque). Ces ambitieux projets prenaient place dans un nouveau cadre urbanistique,

développé autour de grands axes monumentaux, parmi lesquels le musée devait figurer en bonne place. Il

semblerait que Mariette se soit vu proposer par le vice-roi tantôt la réaffectation d’un édifice déjà bâti,

tantôt la construction d’un nouveau bâtiment. Plusieurs sites ont été avancés : au cœur du Caire, de l’île de

Ǧazīra à l’Azbakiyya (un grand jardin du Caire rénové par Sa‘īd Pāshā dans son projet de moderniser le

Caire), ou même sur la route du plateau de Ǧīza et des grandes pyramides84. Une lettre écrite par Mariette

au Caire le 18 juin 1860 exprime clairement les espoirs que pouvaient faire naître en lui de tels projets :

« Quant au musée, vous apprendrez avec satisfaction que S. A. le vice-roi vient de déclarer qu’il serait

établi dans le Kasr-el-Eli. – Kasr-el-Eli est un palais situé sur la route du Caire au vieux Caire, à deux pas au

sud de Kasr-en-Nil, et juste en face de la pointe septentrionale de l’île de Roudah. La distribution intérieure

est excellente pour l’installation d’un musée. Une grande salle des pas perdus, plus longue et plus large que

la salle du rez-de-chaussée des monuments égyptiens au Louvre, s’y trouve d’abord ; cette salle est entourée

d’une douzaine de salons très-vastes : tel est le rez-de-chaussée. Au premier étage, même arrangement. Vous

voyez qu’il y a là place pour bien des monuments, et que probablement même je n’aurai jamais de quoi

remplir toutes les salles. Devant le palais est un terrain étendu, parsemé d’arbres, où je compte établir les

très-gros objets, entre autres quelques colosses, et, autant que possible, des échantillons de tous les ordres

84 Charmes 1880, p.176.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

d’architecture usités en Égypte. Le palais étant adossé au Nil, l’arrivage des monuments se fera avec la plus

grande facilité. Bref, monsieur, vous devez voir que la décision du vice-roi m’enchante, et effectivement, je

ne pourrais pas désirer mieux. À la vérité, le palais de Kasr-el-Eli aura les inconvénients de tout bâtiment qui

n’a pas été fait pour être un musée ; mais la construction d’un musée ad hoc aurait demandé beaucoup de

temps, beaucoup d’argent, et puisque nous trouvons là un musée tout fait, je crois qu’il est préférable de

nous en contenter… »85

L’enthousiasme de Mariette est compréhensible ; tout ce dont peut rêver un muséographe lui semble

promis : un local vaste, des moyens certains, des collections inépuisables. Malheureusement, la réalité devait

se révéler moins idyllique, et ce projet avorter comme les autres. Mariette dut revoir à la baisse les ambitions

de son musée, qui se trouva relégué dans une misérable parcelle des faubourgs du Caire. Cela eut bien

entendu des répercussions considérables sur les possibilités matérielles de concevoir une exposition efficace

et adaptée des antiquités mises au jour par les fouilles.

On ignore où étaient entreposées les collections du futur musée avant qu’il ne reçût de terrain propre

à les stocker. De quelles collections est-il d’ailleurs question ? Il ne restait pratiquement rien de la collection

d’antiquités réunie pour le palais du vice-roi au cours du XIXe siècle. Elle avait été dispersée en dons

diplomatiques. Mariette ne s’en cache d’ailleurs pas dans la première Notice qu’il écrit pour son musée, en

1864 : « À part une bonne collection de petits objets achetés par S. A. Saïd-Pacha de M. Huber, ancien

Consul général d’Autriche, il est tout entier le produit de mes découvertes. »86

En tout cas, le musée de Būlāq fut, tout au long de la carrière de Mariette, considéré comme un pis-

aller. Sa désignation complète, fort longue, le rappelle à chaque édition de la Notice des principaux

monuments exposés dans les galeries provisoires du musée d’antiquités égyptiennes de S. A. le vice-roi (ou

« khédive » à partir de 1867) à Boulaq, de 1864 à 187687. Pendant une vingtaine d’années, le musée (qui

abritait aussi la maison de Mariette et de sa famille) a donc été considéré comme un aménagement

temporaire – qui finit par se révéler plutôt durable. En témoignent également plusieurs projets de

transfert88, toujours plus ambitieux : au milieu de l’Azbakiyya89 ; dans les anciens jardins de Bonaparte90 ;

85 Mariette 1860, p. 207.86 Mariette 1868, p. 4.87 Mariette 1864, 1868, 1869, 1872, 1874 et 1876.88 Rhoné 1884, p. 63.89 Également mentionné par Léo 1946, t. 1 Texte, p. 91.90 Où fut finalement édifié le fameux hôtel Shepheard (Piacentini 2011, p. 6).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

dans une propriété de Kāmil Pāshā (un dignitaire de la cour du khédive qui devint grand vizir de l’Empire

ottoman) ; près du consulat général de France ; près de la gare du chemin de fer d’Alexandrie ; en deux

points de l’île de Ǧazīra ; le projet le plus abouti envisageait de déplacer les encombrantes collections du

musée à une ancienne « école de filles nobles »91 en 1889, mais ne fut pas réalisé pour autant.

Même après la mort de Mariette, rien n’indique que le musée de Būlāq ait été considéré comme

définitif (sinon par résignation). Et son transfert au palais de Ǧīza en décembre 187992 fut vécu comme une

amélioration pour les collections et une mesure logique.

II.1.b. Transformer en musée des entrepôts désaffectés et une mosquée en ruine

Le Service de conservation des antiquités de l’Égypte fut créé par le décret du 15 août 1858, qui

instituait par la même occasion un musée d’antiquités en tant qu’organe de ce service et non comme une

institution distincte. Il fallut toutefois attendre 1861 pour que le musée reçût sa parcelle définitive, et 1863

avant que ne fût construit un édifice destiné à la présentation des collections. Ayant reçu tardivement sa

parcelle, Mariette eut encore une rude tâche à mener : créer ex nihilo un musée archéologique à partir de

bâtiments désaffectés et insalubres.

Avant d’être attribué au musée, le site appartenait à la Compagnie du transit, qui avait la

responsabilité des ferries qui assuraient la liaison entre Alexandrie et Būlāq, le port situé en aval du Caire. Il

réunissait un quai, des entrepôts et des bureaux. Mais avec la construction d’une ligne de chemin de fer

entre Alexandrie et le Caire en 1856, la Compagnie périclita et abandonna les lieux.93

L’état des lieux à l’arrivée de Mariette est décrit par Maspero : « Le site était assez misérable : une

grève assez raide, sans cesse entamée par le courant du Nil ; au sud une maison basse et humide où le

directeur s’installa avec sa famille ; au nord une vieille mosquée, dont les salles avaient servi d’entrepôt aux

bagages des voyageurs et aux marchandises ; à l’est enfin, et en bordure de la grande rue de Boulak, des

hangars longs et bas, où l’on aménagea des bureaux pour les employés et des salles pour les monuments. »94

91 Charmes 1880, p. 177 ; Rhoné 1884, p. 84 ; Morlier 2010, p. 24.92 Cf. Maspero 1890 et Grébaut 1891.93 Mariette 1874, p. 65 = Mariette 1876, p. 61 (lorsque Mariette adopta pour les cinquième et sixième éditions de sa Notice

l’ordre des salles au profit des numéros des objets, il fit précéder le catalogue par un « aperçu général du musée » ; cf. un commentaire plus détaillé des Notices, p. 40, et dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « II. Les Notices de Mariette et le Guide de Maspero »).

94 Maspero 1904, p. 140 = David 1994, p. 119 (d’après les archive Lacau du Centre Wladimir Golenischeff, papiers Mariette 54-55 ).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

Les premières salles sont donc aménagées dans les entrepôts qui bordent la parcelle à l’est (c’est plus

au nord, à l’emplacement de la « vieille mosquée », que fut construit, en 1863 le musée qui ouvrit au

public). Eugène Grébaut les évoque à peine quand il décrit la création du musée dans les entrepôts de

« l’ancienne poste » et ajoute : « là furent ouvertes les deux premières salles »95, ce qui n’est pas cohérent

avec les deux autres récits. En effet, deux autres témoignages évoquent au moins quatre salles. Le récit le

plus développé qui soit à notre disposition sur l’état primitif est celui d’Édouard Mariette (qui a vécu au

musée à cette période, même s’il n’est d’ailleurs pas toujours absolument fiable96) :

« Quant à la surface affectée au public, elle était des plus exiguës et comportait quatre ou cinq pièces,

assez peu vastes, éclairées sur le côté, ayant jadis servi de bureaux. Le reste de l’immeuble comprenait la cour,

transformée plus tard et partiellement en jardin, un embryon de maison où Mariette habitait, des magasins

en partie vides, où les scorpions et les serpents abondaient, et dont les promenades à l’extérieur finissaient

par devenir gênantes. »97

Gaston Maspero, lui aussi, quand il revint sur les débuts du musée, cite, outre des ruines de mosquée

reconverties en bâtiment administratif, « quatre ou cinq petites chambres parallèles au Nil »98 et précise

que le musée fut par la suite déplacé quelques mètres plus loin dans un bâtiment construit en équerre (c’est-

à-dire une construction qui barre le terrain d’est en ouest, comme les bâtiments documentés par les plans

que nous avons à notre disposition, et non plus une aile longeant le bord est de la parcelle). De toute façon,

ces salles ne furent jamais ouvertes au public (même si les voyageurs pouvaient demander l’autorisation de

visiter le projet de musée avant son ouverture)99.

Le déplacement (minime) des salles d’exposition contribua bien sûr à brouiller le souvenir de leur

premier état. Ainsi, Étienne Drioton100, revenant sur l’histoire du musée du Caire presque un siècle plus

tard, évoqua seulement des hangars réaménagés, et semble confondre les salles de 1861 et le bâtiment de

1863 (ou ignorer que le musée connu par les photographies et les guides touristiques n’est pas le premier

espace d’exposition du Service).

95 Grébaut 1891, p. 42.96 Cf. David 1994, passim.97 David 1994, p. 119.98 Maspero 1890, p. 199.99 Joanne & Isambert 1861, p. 992 : « C’est aussi à Boulâk, sur les bords du Nil, dans un local situé à l’ancien débarcadère du

transit, que M. Mariette réunit les éléments du musée égyptien, qui n’existe encore qu’à l’état de projet. On peut visiter les antiquités avec une permission spéciale de M. Mariette. »

100 Drioton 1950, p. 4.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

II.1.c. Premier essai muséographique

Disposer d’une parcelle et de bâtiments, aussi ingrats fussent-ils, donna à Mariette une opportunité

pratiquement sans précédent de créer ex nihilo un musée dans lequel il avait la lourde tâche d’exposer une

civilisation entière. Il avait la chance de pouvoir modeler à sa guise un parcours cohérent et pédagogique,

sans avoir à faire face, comme dans les autres grands musées européens, à la concurrence d’autres

départements : l’égyptologie était originellement l’unique fin du musée de Būlāq (Mariette ne cachait

d’ailleurs pas avoir peu d’intérêt pour les antiquités grecques ou romaines 101, qui ne seront véritablement

traitées comme un composant à part entière du parcours muséographique que sous Maspero102).

Il serait ainsi particulièrement intéressant de connaître précisément en quoi consistait ce premier

projet muséographique, disparu dès les premiers réaménagements du musée. Ils nous sont connus par

quelques descriptions :

« Mariette se logea dans la maison avec sa famille et il laissa les grosses statues et le sarcophage sur la

grève, il entassa les objets de moindre valeur dans les hangars et, choisissant quatre chambres mieux closes

que les autres, il les transforma en salles d’exposition pour les monuments les plus beaux et les plus curieux.

Un Corse à tout faire du nom de Floris lui improvisa des piédestaux et des vitrines, tandis que lui-même, se

souvenant d’avoir été maître de dessin dans sa jeunesse, il peignait sur les murs une décoration sobre et fine,

dont les traces sont visibles encore sous l’enduit dont elle fut recouverte plus tard. »103 Ce premier

témoignage est de Maspero, qui ne vit pas ces événements ; il semble d’ailleurs que, comme Étienne

Drioton, il ne fasse pas de distinction entre les premières salles, aménagées en 1861, et celles qui furent

ouvertes au public en 1863 (à moins que le hangar de la Compagnie ait été conservé jusqu’en 1880 et que

Maspero ait pu le visiter, ce qui est assez improbable ; nous allons voir que la référence à « une décoration

fine et sobre » infirme également ce récit).

Un témoignage plus développé vient du frère de Mariette, Édouard : « La première fois que, par suite

de notre cohabitation récente, je [Édouard Mariette] fus mêlé à ses travaux artistiques [= d’Auguste

Mariette], ce fut en 1861, quand il y eut lieu, pour l’installation définitive de la salle des bijoux du premier

musée de Boulaq, d’achever la décoration des murs déjà commencée. Nous nous attachâmes à cette besogne,

101 P. ex. Mariette 1876, p. 58 : « Je n’ai jamais fait de fouilles dans le but de chercher des monuments grecs et romains. » 102 Maspero y consacra une salle, et déplora à son retour en Égypte le transfert d’une grande partie de ces collections au musée

gréco-romain d’Alexandrie (David 1999, p. 130). 103 Maspero 1906, p. 138.

20

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

lui, Henry de Montaut, dessinateur à l’Illustration104, pour le moment en Égypte, et moi ; et, en l’espace de

quelques jours d’un travail opiniâtre, nous couvrîmes murailles et plafond d’une peinture en détrempe, de

style égyptien, dans le goût de celles qu’on trouve à Biban el-Molouk 105, près de Thèbes, sur la paroi des

tombes royales de la XIXe dynastie. Il en traçait le dessin d’après le Denkmaeler aus Ægypten und Æthiopien

de Lepsius, sertissait personnages et hiéroglyphes d’un trait noir, et Montaut et moi, nous appliquions la

teinte plate désignée par le modèle. Ces peintures, vives de ton, se détachaient sur un fond gris encadré de la

bordure classique, et décoraient gaiement, d’une façon très seyante, le coin le plus opulent de toutes les

collections. »106

Ce dernier témoignage est plus consistant, et détaille en outre comment Mariette a procédé pour

décorer la salle des bijoux aménagée en 1861. Anne Léo, pensant que les salles installées dans « les magasins

infects du transit »107 ne pouvait être définitives, a proposé de déplacer cet épisode en 1863 ; mais elle

signale également à juste titre qu’Édouard Mariette fait référence à des scènes figurées avec des inscriptions

hiéroglyphiques108, dont il n’existe pas de trace dans les salles construites en 1863 (leur décor semble

davantage correspondre à « la décoration fine et sobre » à laquelle fait référence Maspero).

Malheureusement, il n’existe pas, à notre connaissance, d’image de cette première muséographie.

Anne Léo signale en 1946 des photographies prises par le marquis de Saint-Seine, conservées « au Louvre,

Rés. » avec les archives de Théodule Devéria109, mais nous n’avons pu les retrouver110. Il existe néanmoins

un croquis d’Édouard Mariette donnant le plan de ces salles111. On peut y voir une enfilade de six salles qui

semblent plus exiguës encore que les futures salles du musée (à supposer que la reproduction du croquis soit

rigoureuse et mise à l’échelle, ce qui est assez improbable d’après l’imprécision des proportions des salles

plus tardives du musée). Si le « Shaykh al-Balad »112 est exposé au milieu d’une salle particulière, Mariette

semble avoir rassemblé tous les autres « chefs- d’œuvres » ensemble (les bijoux de Iâhhotep, la statue de

104 Non souligné dans le texte.105 La Vallée des Rois.106 Mariette 1904 p. 180-181 (partiellement repris par David 1994, p. 139-140).107 Maspero 1904, p. 140.108 Léo 1946, t. 1 Texte, p.92, n. d (Anne Léo avait fait le choix d’utiliser, comme appel de note, des hiéroglyphes aléatoires :

on trouve aussi bien des unilitères que des bilitères ou des trilitères ; nous les reproduisons avec leur translittération).109 Léo 1946, t. 1 Texte, p.92, n. d et Appendices, p. 18.110 Nous nous sommes adressé au Département des antiquités égyptiennes et aux Archives du Musée du Louvre, à la

Bibliothèque centrale des musées nationaux et à la Documentation du Musée d’Orsay.111 Cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.ι. Plan rétrospectif des salles de 1861-1863 dessiné de

mémoire par Édouard Mariette en 1903 » ; ce croquis est conservé à la Bibliothèque de l’Institut de France (ms. 4061, pochette 10, fo 248).

112 Lit. « chef de village », surnom donné à la statue de Kaâper (CGC 34).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

Chéphren et la statue de la vache Hathor) dans la première salle de l’enfilade. En l’absence d’autres

informations, il est difficile d’analyser ces aménagements, mais il est intéressant de noter que Mariette a

choisi d’insérer ses antiquités dans un décor peint reproduisant des peintures égyptiennes, et non dans un

cadre néo-classique. De la même manière, le mobilier d’exposition, récupéré du pavillon égyptien de

l’Exposition universelle de Londres de 1862 (où furent présentées les pièces majeures du musée), imitait des

meubles égyptiens.113 Ces meubles (et d’autres assemblés selon le même modèle)114 furent utilisés tout au

long de l’existence du musée, et ils furent même gardés, avec d’autres éléments de la muséographie de

Būlāq115, au musée de Ǧīza : « Tous les meubles, assortis de formes et de couleurs, ont été construits d’après

un petit modèle antique, de bois de deux nuances, trouvé dans un tombeau de la XIe dynastie à Thèbes :

c’est un bahut à pans inclinés selon le profil des temples, et dont les panneaux sont noirs, avec encadrements

de bois naturel à teinte claire. »116

S’il est difficile d’approcher davantage ce que furent les premières salles du musée de Būlāq, il est

évident que ce premier essai muséographique fut déterminant pour les aménagements ultérieurs du musée.

En tout cas elles ne furent jamais officiellement accessibles au public. En 1863, le nouveau vice-roi Ismā‘īl

Pāshā finança la construction d’un nouveau musée. Les ruines de la mosquée, au nord de la parcelle, furent

abattues, et un nouveau bâtiment fut construit à cet emplacement par des entrepreneurs italiens, les

Stagni.117

II.2. De l’ouverture au public à la mort de Mariette (1863-1881)

II.2.a. Ordonnance interne et organisation des collections

Mariette put finalement avoir la satisfaction de voir son musée inauguré par le vice-roi en personne

en octobre 1863118, même s’il est dit qu’Ismā‘īl Pāshā ne pénétra même pas dans le bâtiment…119

113 Maspero 1904, p. 137 ; David 1994, p. 146.114 Maspero 1904, p. 137.115 P. ex. la « vitrine octogone ».116 Rhoné 1877, p. 80 (récit d’un voyage effectué en 1864).117 Maspero 1904, p. 137 ; Léo 1946, t. 1 Texte, p. 91 ; David 1994, p. 151.118 Le jour exact est incertain. Officiellement fixée au 1er octobre (dans une lettre de Mariette à Ernest Desjardins de juin 1863,

citée par David 1994, p. 151), l’inauguration fut repoussée. Maspero lui-même donne, selon la publication, la date du 16 octobre (Maspero 1904, p. 140, repris dans la chronologie en annexe de David 1994 et dans Reid 2002, p. 105), ou du 18 octobre (Maspero 1906, p. 141), mais le journal de Félicien de Saulcy rendrait impossible une inauguration avant le 23 octobre (Piacentini 2011, p. 12). Abou-Ghazi (1988b, p. 15) donne quant à elle la date du 19 juin, qui ne semble pas possible.

119 David 1994, p. 155.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

Voici la description que donne Mariette dans une lettre écrite à Ernest Desjardins de juin 1863 :

« Vous ne reconnaîtriez plus notre ancienne cour de Boulak. Au centre s’élève aujourd’hui un vaste

monument, de style égyptien antique, et composé d’une dizaine de salles120 bâties sur mes plans. C’est notre

musée provisoire. Je ne dis pas que nous serons là logés comme des rois ; mais au moins nous y posséderons

un ensemble de galeries et nous pourrons ainsi attendre le musée définitif. À l’intérieur comme à l’extérieur,

tout est peint à l’égyptienne, et les monuments vont bientôt commencer à prendre leurs places, soit sur leurs

socles, soit dans leurs armoires. L’inauguration de ces nouvelles constructions aura lieu le 1er octobre

prochain. »121

Pour Mariette, ce musée était donc toujours provisoire – le projet du moment prévoyait

l’établissement du musée sur l’Azbakiyya122. Il n’y présentait d’ailleurs pas toutes les pièces destinées à être

exposées (une partie reste encore in situ ou bien dans des magasins ; à Būlāq, l’un d’eux, le no 5, est d’ailleurs

ouvert au public)123.

Mariette écrit aussi avoir lui-même dessiné les plans de ce musée124. Ce bâtiment est composé de deux

vestibules successifs qui précèdent une salle principale (la « salle du Centre »), organisée en trois travées.

De part et d’autre s’ouvraient les salles de l’est et de l’ouest. La salle de l’est se prolongeait par un vestibule

transversal et l’axe est-ouest trouvait sa conclusion par la salle des bijoux. Il s’agit donc d’un plan

relativement simple, en T, chaque salle ouvrant au maximum sur deux autres (à l’exception de la salle du

Centre qui constitue le pivot des deux enfilades perpendiculaires).

Et bien que Mariette soit à l’origine du plan, il ne semble pas tout à fait adapté au discours qu’il a

adopté. Si la salle du Centre et la salle de l’ouest rassemblent dans des sections bien séparées

des « monuments religieux », « monuments funéraires », « monuments civils » et « monuments

historiques » (les divisions du parcours créé par Mariette, sur les modèles des musées du Louvre et de

Berlin)125, dans le grand vestibule seul, par exemple, sont rassemblés des objets de toutes époques, issues à la

fois des sphères religieuse, funéraire, civile et historique126 . La salle de l’est, « comme le Grand Vestibule, (…)

120 Léo 1946 (t. 1 Texte, p. 136) évoque l’ouverture de six salles en 1864. La Notice mentionne en effet six salles (petit et grand vestibule, salle du Centre, salles de l’est et de l’ouest, salle des bijoux) sans compter le vestibule de la salle des bijoux comme une pièce autonome.

121 David 1994, p. 151.122 Mariette 1864, p. 6.123 Mariette 1864, p. 6.124 Cf. les plans donnés dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2. Plans du musée ».125 Mariette 1864, p. 7-8 (« la disposition des lieux [qui est pourtant son œuvre !] a été un insurmontable obstacle à la

réalisation du plan que je m’étais tracé »).126 P. ex. une table d’offrande de temple du Moyen Empire, no 2 de la Notice de 1874 (p. 38-39), la statue de Rânéfer, prêtre de la

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

a reçu des monuments de toutes sortes, de grandes et de moyennes dimensions »127 ; enfin, on a profité du

vestibule de la salle des bijoux « pour déposer quelques monuments que le manque de place n’a pas permis

de ranger dans les salles du Musée proprement dit »128. En outre, le magasin le plus proche du musée, le no 5,

est ouvert au public pour présenter les « objets qui y attendent la construction du Musée définitif »129. Le

plan de Mariette ne semble donc pas avoir été des plus adaptés (rappelons toutefois qu’il devait

s’accommoder des contraintes budgétaires et de la surface disponible).

Quant aux dispositifs de présentation, ils sont décrits par Arthur Rhoné : « De grandes armoires

vitrées richement pourvues sont adossées aux murs de la salle, et des vitrines circulaires, surmontées des plus

rares monuments de la sculpture antique, en occupent le milieu130. De distance en distance, dans les vides, se

dressent, sur des socles élevés, les statues de choix et autres monuments de grandes dimensions. (…) Quatre

grandes cages de verre isolées s’élèvent dans les angles de la salle centrale, de façon à mettre en vue les objets

les plus précieux et les plus parfaits des quatre grandes divisions du musée, qu’elles résument et auxquelles

on les a fait correspondre : monuments religieux, funéraires, civils, historiques. » 131

Armoires vitrées, vitrines et cages de verre sont donc les outils muséographiques de Mariette. Ces

termes sont aussi utilisés par les éditions successives de sa Notice. « Vitrine » semble réservé au meuble

octogonal, soit pour désigner le meuble entier (« la vitrine octogone »132), soit pour désigner ses huit

compartiments133. Enfin, la mention des « cages » a pu déstabiliser nos contemporains qui ont cru y voir

une référence aux balustrades qui entourent les pièces majeures présentées sur des podiums au milieu de la

salle du Centre. Ce mode de présentation n’est envisageable que pour des objets volumineux. Mais la lecture

des Notices, qui place dans ces « cages » de nombreux objets de petites dimensions134, et la mention par

Rhoné de « quatre grandes cages de verre isolées », permettent de retrouver ces éléments de mobilier sur

Ve dynastie (no 4, p. 59-60) ; une table d’offrande funéraire d’un particulier de l’Ancien Empire ; une stèle royale du Nouvel Empire (no 61, p. 79-81) ; …

127 Mariette 1864, p. 179.128 Mariette 1864, p. 213.129 Mariette 1864, p. 235.130 Les « vitrines circulaires » de Rhoné doivent correspondre aux « vitrines octogones », dont une seule est attestée par les

Notices (pour la première éd., cf. Mariette 1864, p. 131-135). Mais les Notice procèdent de même quand elles désignent la « vitrine octogone » : le meuble se décompose en huit vitrines. En revanche deux meubles de ce type sont documentés par le Guide de Maspero (Maspero 1883, p. 225-240 et p. 257-285).

131 Rhoné 1877, p. 80.132 Mariette 1864, p. 131.133 Mariette 1864, p. 131-135.134 P. ex. Mariette 1864, p. 88-111 : la cage A regroupe 91 amulettes…

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

les photographies de la salle du Centre135 : il s’agit en fait de ce que nous appellerions des vitrines, des

meubles vitrés ouverts sur tous les côtés.

Il est enfin notable que Mariette ait choisi de placer ses collections dans un décor particulier. Le

bâtiment est « de style égyptien antique »136 et « à l’intérieur comme à l’extérieur, tout est peint à

l’égyptienne »137. L’édifice arbore en effet la corniche à gorge systématique des monuments égyptisants,

tandis que l’intérieur est décoré, comme les premières salles, par des peintures de Mariette lui-même et de

ses collaborateurs. Ce que nous pouvons en connaître grâce aux photographies des salles se révèle plus sobre

que les scènes figurées copiées dans les Denkmäler de Lepsius pour les salles de 1861. Dans le nouveau

bâtiment de 1863, les murs sont décorés de bandes bicolores et de plages délimitées par des frises

ornementales. On retrouve notamment au plafond de la salle du Centre des emblèmes modernes (un

croissant, symbole du sultan ottoman mais aussi des vice-rois d’Égypte).138

Ce premier musée public d’égyptologie d’Égypte souleva l’enthousiasme, comme en témoigne cet

éloge : « Soixante mille francs environ139 ont suffi à la mise en ordre, dans un local charmant, d’un musée

auprès duquel pâlissent déjà tous les musées les plus renommés de la vieille Europe. Leyde, Berlin, Londres,

Turin, Paris même ont sans doute de magnifiques collections de monuments égyptiens, mais, disons-le

franchement, elles sont primées, et de beaucoup, par la collection de Boulaq, réunie en moins de cinq

années. »140

II.2.b. Enrichissement des collections exposées et ajout de deux nouvelles salles

Après l’ouverture du musée au public, Mariette travailla continuellement à en enrichir les salles, et

modifia fréquemment l’aménagement de celles-ci :« Je travaille à force à ma seconde édition du catalogue

du Musée, la première étant épuisée. Une seconde édition était d’ailleurs nécessaire, après les

bouleversements que nous venions de faire dans le Musée. Tout y est changé. L’ancienne salle du Chéphren

[salle de l’ouest] est absolument neuve. Le Chéphren lui-même a émigré dans la salle du Centre. Le Musée

est maintenant bien mieux arrangé et plus complet. »141

135 Cf. notre t. 2 Annexes. Images du musée de Būlāq, vol. 3, « IV. La salle du Centre ».136 David 1994, p. 151.137 David 1994, p. 151.138 Cf. notre t. 2 Images du musée de Būlāq, vol. 3, image no 27, p. 31. 139 David 1994 (p. 154) donne la somme de 159 000 F, d’après le rapport de Gabet à Mariette (archives Lacau, papiers Mariette,

no 83). Mais ce rapport date de juillet 1861 et correspond plutôt à l’aménagement des premières salles.140 Saulcy 1864, p. 314141 Mariette 1904, p. 144 (cite une lettre qu’il date de 1878 ; mais d’après la mention de la seconde édition de la Notice et du

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

La seconde édition de la Notice142, en 1868, permet d’évaluer l’évolution générale des salles : presque

toutes reçoivent de nouveaux objets143, y compris le magasin no 5 qui servait pourtant à présenter ce qui ne

pouvait être ajouté au musée sans encombrer les salles. L’exiguïté des lieux, qui posait problème dès 1863,

devint plus sensible encore alors que les nouvelles découvertes se pressaient dans les entrepôts du Service.

Rapidement, la seule solution possible se révéla être la construction de nouvelles salles. Mais cela

demandait de l’argent. Une opportunité se présenta en 1869, à l’occasion de l’inauguration du canal de Suez.

Le vice-roi (élevé par la Sublime Porte à la dignité héréditaire de khédive en 1867144) convia alors les plus

grandes personnalités de l’époque : l’impératrice de France Eugénie, invitée d’honneur, l’empereur

d’Autriche, le prince de Prusse, la princesse des Pays-Bas, etc.145 Ces hôtes de marque eurent droit à une

visite de la vallée du Nil, pour laquelle Mariette fut réquisitionné en tant que guide (« cornac des princes »

selon son expression)146. Son investissement fut remercié par le khédive, notamment par le financement de

deux nouvelles salles.147

La genèse de ces salles est très intrigante. Dans l’avertissement de la troisième édition de la Notice148

(imprimée pour faire face à l’afflux de visiteurs provoqué par les fêtes de l’inauguration du canal de Suez),

Mariette mentionne bien : « nous terminons, sans pouvoir les ouvrir encore, deux nouvelles salles garnies

principalement avec des monuments tirés de l’un nos magasins » (le magasin no 5). Cette formulation laisse

entendre que les travaux sont bien avancés ; l’ouverture des salles paraît imminente. Ce sentiment est

également présent dans le court récit de visite de Charles Taglioni, conseiller aulique à l’ambassade de

Prusse à Paris, le 21 novembre 1869 : « on promet prochainement l’ouverture d’une nouvelle salle, où seront déplacement de la statue de Chéphren de la salle de l’ouest à la salle du Centre, elle date de 1868).

142 Mariette 1868.143 Seuls le petit vestibule et la salle de l’est perdent quelques notices (respectivement une et quatre) ; autrement, l’augmentation

des objets bénéficiant d’un commentaire dans la Notice entre les éditions de 1864 et de 1868 se vérifie partout : cour (de 10 à 14 notices), grand vestibule (de 73 à 86), salle du Centre (de 440 à 477), salle de l’ouest (de 103 à 145), salle des bijoux (de 45 à 57) et magasin no 5 (de 99 à 120).Le vestibule de la salle des bijoux passe de 162 à 17 notices, alors que dans les deux cas il représente cinq pages (Mariette 1864, p. 213-217 et Mariette 1868, p. 252-256) ; Mariette y avait regroupé des lots de stèles (les nos 8 à 118 et 122 à 162 ne correspondent qu’à une seule notice, Mariette 1864 p. 214 et p. 216) ; en 1868 il écrit également que les murs du vestibule sont « tapissés de stèles », donc cette variation n’est pas significative.Pour un essai d’exploitation quantitative et proportionnelle des éditions successives des Notices, cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « II.3.c. Analyse proportionnelle ».

144 Les souverains d’Égypte, théoriquement vassaux du sultan ottoman, prétendaient à ce titre depuis le règne de Muḥammad ‘Alī Pāshā (1769-1849) sans qu’il leur soit reconnu par le sultan .

145 Pour un récit « mondain » des festivités, cf. Taglioni 1870, passim.146 David 1994, p. 195.147 David 1994, p. 190. Selon Léo 1946, t. 1 Texte, p. 138, en 1869, deux nouvelles salles sont prévues pour les invités du canal,

mais elle ne sont pas finies à temps.148 Mariette 1869, p. 5-6.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

exposées d’autres curiosités récemment entrées dans les collections du musée, comme la pierre de Sân, etc.,

etc. »149 L’avancée des travaux semble aussi implicite dans cette phrase écrite par Mariette à son frère

Édouard dans une lettre du 6 décembre 1869 : « Ici à Boulaq, d’importants changements sont intervenus.

J’ai ajouté à notre musée deux belles salles qui m’ont aidé à me débarrasser d’un tas de monuments dont nos

magasins commençaient à être encombrés. »150

Les sources semblent donc indiquer qu’à la fin de l’année 1869, l’ouverture de ces deux nouvelles salles

paraissait imminente. Pourtant, elles ne sont pas mentionnées dans la quatrième édition de la Notice de

1872151… il faut attendre la cinquième édition152 (1874) pour que deux nouvelles salles apparaissent dans la

description du musée. La raison de ce délai étonnant n’est pas connue. Ces deux salles se trouvaient de part

et d’autre du grand vestibule. La salle à l’ouest du grand vestibule s’ouvrait, à l’ouest, sur un balcon qui

donnait sur le Nil. Les Notices de 1874 et 1876153 la désignent comme la salle de l’Ancien Empire. L’autre

salle, où furent notamment installés des vestiges issues des fouilles de Tanis (le site moderne de Ṣān al-

Ḥaǧar, alors considéré comme la capitale des Hyksos dans l’Antiquité), fut appelée « salle hycsos ».

II.2.c. La crue de 1878

C’est en 1878 que le musée connut son plus grand bouleversement. La crue fut en effet désastreuse

cette année-là154. « L’eau est entrée avec violence dans nos galeries. On a eu le temps de déplacer et de

mettre en sûreté nos principaux monuments ; mais les armoires, les vitrines, plongées pendant deux mois

dans l’eau, n’en sont sorties qu’à peu près perdues. En outre quelques murs sont crevassés, des poutres du

plafond sont tombées. De tout cela, il résulte que le Musée est fermé, que les galeries sont vides, et que nos

collections attendent dans des caisses, où nous les avons soigneusement enfermées, le jour où nous pourrons

leur trouver un abri que le musée actuel leur refuse. »155

Dès octobre 1878, le musée était donc inondé ; toutes les collections ont été mises à l’abri en caisses,

dans un entrepôt du Service, de l’autre côté de la rue, où elle restèrent au moins jusqu’à décembre 1879 156.

149 Taglioni 1870, p. 275.150 Archives Mariette conservées à l’Institut d’égyptologie du Collège de France, lettre d’Auguste à Édouard n o 39/40 du 6

décembre 1869 ; cité par Mariette 1904, p. 48 et David 1994, p. 190. 151 Mariette 1872.152 Mariette 1874.153 Mariette 1874, p. 67-69 ; Mariette 1876, p. 64.154 Charmes 1880, p. 177.155 David 1994, p. 249-252.156 Cf. la lettre de Mariette à Desjardins, citée p. 29 (d’après David 1994, p. 257-258).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

C’était un événement grave pour le musée. Outre les collections qui avaient sans doute été endommagées, le

bâtiment était désormais inutilisable. Avec les difficultés financières chroniques du Service, c’était une

véritable catastrophe. Mariette fit part de ses incertitudes pour l’avenir dans une lettre à Ernest Desjardins

du 2 mai 1879 : « … Maintenant que va-t-on faire ? Essaiera-t-on de restaurer les bâtiments que

l’inondation vient d’atteindre ? Construira-t-on un nouveau musée ? Trouvera-t-on un autre local où nous

puissions nous installer ? (…) Il y a ici, aux environs, d’immenses bâtiments inachevés qu’on appelle

« l’École des filles nobles ». On voudrait nous les donner. En même temps, on étudie la question de savoir

ce que nous coûterait une réparation sérieuse du musée actuel. Nous en sommes là. À quelle solution

s’arrêtera-t-on ? Les bâtiments du musée sont commodes, d’une excellente distribution ; qu’on y ajoute une

ou deux salles destinées à l’exposition de notre immense collection de stèles, et je crois que nous ne

pourrions que très difficilement trouver à nous installer mieux ailleurs. »157

Malgré ces difficultés, six mois plus tard, il put fièrement annoncer au même correspondant

l’inauguration prochaine d’« un musée nouveau ».

II.3. Le « nouveau musée » de Būlāq : les dernières années de Mariette

et ses successeurs, Maspero et Grébaut (1879-1889)

II.3.a. La rénovation du musée en 1879

La volonté de Mariette fut satisfaite (exception faite des salles supplémentaires) : le musée fut

finalement démoli pour être reconstruit à l’identique, mais avec un sol et un plafond surélevés ; il fut

désormais protégé par un grand quai en pierre158 :

« Pendant un an, le musée a été fermé dans un but de renouvellement, ou plutôt la collection ayant

été, pendant une année entière, emballée dans des caisses, il n’y avait plus de musée du tout. Maintenant,

cependant, un nouveau musée, reconstruit, réorganisé et augmenté d’un grand nombre de monuments,

occupe la place de la première construction. C’est de ce nouveau musée que je vais vous donner une

description. Le nouveau musée de Boulaq est situé exactement à la même place que son prédécesseur ; il est

construit sur le même plan et est de même dimensions ; mais le sol a été considérablement élevé, et les

plafonds des différentes salles sont maintenant bien plus élevés qu’auparavant. Ainsi reconstruit, il me 157 David 1994, p. 251.158 Charmes 1880, p. 177 ; Maspero 1890, p. 199 ; David 1994, p. 258.

28

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

semble que le musée est à l’abri des inondations futures et que la sécurité de son contenu est par là

assurée… »159

Le déménagement forcé des collections est également une occasion inespérée pour Mariette de revoir

l’ensemble des salles et de modifier le parcours du visiteur. Il peut décrire ces changements à Ernest

Desjardins dans une lettre du 27 décembre 1879 :

« … On n’avait naturellement rien fait en mon absence160, si ce n’est de mettre tout le musée, jusques

et y compris le plus petit monument, dans des caisses et de l’y laisser. D’un autre côté, les bâtiments qu’on a

dû à peu près démolir, étaient encore en état de construction. Les dallages n’étaient pas faits, les peintures

n’étaient pas commencées. Vous dire le travail que nous avons dû nous imposer est impossible, et nous

n’avons pas fini. Le musée, en effet, ne peut être ouvert au public avant le 1er février.

Heureusement, le public ne perdra rien pour attendre. L’ancien musée a disparu. Celui que nous

allons inaugurer est, je puis le dire, un musée nouveau. J’ai tout changé, tout remanié. Le grand vestibule

surtout sera une merveille. J’ai trouvé moyen d’y loger notre admirable colosse de Ramsès II, les deux gros

sphinx de Thoutmosis III, deux sphinx hycsos inconnus des anciens visiteurs du musée. Quand on entre

dans cette salle, on a vraiment le sentiment de la force et de la grandeur de notre vieille Égypte… »161

Et les changements d’affectation des salles étaient conséquents. La « salle hycsos » donnait

désormais sur le balcon qui surplombait le Nil162, et occupait donc l’emplacement de la première salle de

l’Ancien Empire. Une seconde fut ouverte163 à la place de l’ancienne salle de l’ouest, déjà dévastée par une

crue entre les Notices de 1872 et 1874, rouverte au public en 1874 sous l’appellation de « magasin no 1 ».

Ces deux salles historiques semblent avoir concentré l’attention de Mariette dans la nouvelle

muséographie.164

Cette distribution (transformation des anciennes « salle hycsos » et salle de l’Ancien Empire en

« salles historiques » de l’est et de l’ouest ; nouvelle salle de l’Ancien Empire à l’ouest de la salle du Centre ;

monuments hyksos dans la salle qui donne sur le balcon) fut conservée jusqu’à la fermeture du musée. La

seule source publiée la décrivant en détail est le Guide du visiteur au musée de Boulaq de Maspero (1883),

159 Wallon 1883, appendice XXVI, p. 153 (lettre écrite à Amelia Edwards de Būlāq le 5 avril 1880).160 C.-à-d. jusqu’à la fin du mois de novembre 1879 (David 1994, p. 256).161 David 1994, p. 257-258 ; cf. aussi la description citée dans Wallon 1884, appendice XXVI, p. 153-154, (lettre écrite par

Mariette à Amelia Edwards, de Būlāq, le 5 avril 1880) et reprise p. 43-44.162 Charmes 1880, p. 178.163 Charmes 1880, p. 205.164 Charmes 1880, p. 205.

29

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

mais cette distribution date en fait de Mariette. Elle est documentée par le manuscrit d’une Notice inédite165

qui décrit la cour, le petit vestibule, le grand vestibule, une salle de l’est, une salle de l’Ancien Empire, la salle

du Centre, une salle historique de l’est et une salle historique de l’ouest (avec les monuments hyksos166).

Anne Léo datait ce manuscrit de 1880 sans justifier cette date167 ; en revanche, pour Michel Dewachter, il

remonterait à 1878 et documenterait la préparation d’une édition de la Notice qui n’a pu être publiée à cause

de l’inondation et des troubles qui ont suivi168. Puisque l’état des salles que présente ce manuscrit correspond

à celui qui fut réalisé après la rénovation du musée, cette disposition a plus probablement été élaborée par

Mariette après l’inondation, quand il fut décidé que le musée resterait à Būlāq, c’est-à-dire après mai 1879,

et avant le transfert des collections dans le musée rénové, dans les premiers mois de 1880 (à moins que le

projet ne soit plus ancien et n’ait bénéficié du déménagement forcé des collections pour être mis en œuvre).

Un épisode de triste mémoire marqua cette période de déplacement des collections. Cet évènement

est rarement évoqué : en 1889, Maspero se contente de mentionner que « les objets, bouleversés par

l’inondation de 1878, étaient en partie égarés, quelques-uns même volés »169 ; il précise également que deux

lettres qu’il publie en 1892 appartiennent au « petit nombre de pièces, relatives aux fouilles, qui ne furent

pas détruites ou volées lors de l’inondation de 1878 et du déménagement qu’elle nécessita. » 170 Ces vagues

mentions laissent présager le pire quant à l’étendue des dégâts…

Ils se limitent en fait à une caisse de scarabées. Cette information est donnée par Newberry dans

l’introduction à son catalogue des scarabées des collections du musée du Caire : « Professor Maspero tells

me that, on account of the great inundation of 1878, the smaller monuments were packed up in boxes. There

were three cases containing scarabs, and of these one box, containing nearly all the historical series, was

stolen. »171 Le brouillon du rapport détaillé destiné au vice-roi172 est daté du 18 janvier 1880 et évoque un vol

commis « il y a quelques semaines ».

165 B.N.F., ms. N.A.F. 20177 « Musée de Boulaq, mémoires divers », fos 3-271.166 Notamment un sphinx de Tanis (fos 131-132) et le groupe d’Aménémhat III représenté deux fois en dieu de l’inondation (f o

133).167 Léo 1946, t. 1 Texte, p. 139.168 Dewachter 1985, p. 110.169 Mariette & Maspero 1889, Avertissement [n. p.].170 Maspero 1892, p. 214.171 Newberry 1907, Introduction [n. p.], n. 1.172 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 272-276 (signalé, comme les autres sources de cette sombre affaire, par Dewachter 1985, p. 111,

n. 3 ; nous en donnons la transcription établie par Mme Élisabeth David dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « III.2. Transcription d’un rapport de Mariette après le vol d’une caisse de scarabées pendant les travaux de 1879-1880 » ).

30

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

Récapitulons donc les évènements qui menèrent à la création de ce « nouveau musée » : la crue

inonda Būlāq dès octobre 1878 ; aussitôt, les collections furent mises en caisse, et y restèrent jusqu’à

novembre 1879, voire davantage (« quelques semaines » avant le 18 janvier 1880). Le sort du musée était

encore incertain le 2 mai 1879, mais le 27 décembre un nouveau projet d’aménagement des salles (peut-être,

bien que ce soit peu probable, plus ancien) avait été adopté et on prévoyait l’inauguration pour le 1 er février ;

le nouvel établissement fut enfin inauguré au début de l’année 1880 (le vol fit peut-être reporter l’ouverture

de quelques temps).

II.3.b. Nouvelles affectations et nouvelles salles

Mariette mourut au début de l’année suivante173 et fut enterré dans le jardin même du musée, sous la

reproduction d’un sarcophage de l’Ancien Empire veillée par un colosse de Ramsès II174. Le poste de

directeur du Service de conservation des antiquités de l’Égypte (et du musée de Būlāq) échut à Gaston

Maspero, qui reçut à contre-cœur175 la lourde tâche de poursuivre et de publier les fouilles de son

prédécesseur, de protéger les sites et de gérer le musée en dépendant des ressources d’un État en faillite.

En 1881 fut découverte la cachette de Dayr al-Baharī : une cinquantaine de momies royales (dont

notamment celles de Séqénenrê-Taâ, Thoutmosis III, Séti Ier ou Ramsès II) rassemblées dans une cache

pour échapper aux pillages de la Vallée des Rois. La découverte fit grand bruit et les corps furent ramenés de

Louqsor au Caire en grande pompe (des pleureuses se pressaient sur les berges tout au long de la descente

du fleuve, comme s’il s’agissait du convoi funèbre d’un souverain contemporain). Encore fallait-il que le

Service fût en mesure de les accueillir et de les conserver ! Le musée était déjà saturé. Ce fut pour Maspero

l’occasion de faire financer des travaux d’agrandissement conséquents :

« When the mummies of the ancient kings of Egypt arrived at Cairo, it was found that the Bûlâk

Museum was too small to contain them, and before they could be exposed to the inspection of the world, it was

necessary for additional rooms to be built. Finally, however, M. Maspero had glass cases made, and, with the

help of some cabinets borrowed from his private residence attached to the Museum 176, he succeeded in exhibiting,

173 Cf. Piacentini & Rondot 2002, passim.174 Maspero 1883, p. 12-23. Le tombeau suivit le musée lors de ses migrations successives : au palais de Ǧīza en 1889 puis sur

l’actuelle place Taḥrīr (cf. Chélu 1911 pour l’inauguration du dernier monument).175 Lettre à Ernest Renan du 19 avril 1882 (Institut de France, ms. 4053, fo 8) : « je n’ai accepté la place qu’à mon corps

défendant, pour empêcher la succession de Mariette de passer entre les mains de Brugsch » (cité par David 1999, p. 103).176 Cette mention manque d’exactitude : pendant toute la durée de son directorat, Maspero ne bénéficia d’aucun logement

fixe ! La maison de Mariette, à l’extrémité sud de la parcelle du musée, était insalubre, aussi occupait-il le bateau du Service.

31

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

in a comparatively suitable way, the mummies in which such world-wide interest had been taken. »177

Pour ces travaux, Rhoné rapporte que Maspero aurait acquis de nouveaux terrains « qui ont permis

de doubler le nombre de salles »178. Cela est contradictoire avec le plan du musée paru dans le guide

Baedeker de 1878179. Toujours est-il qu’après quelques mois de travaux (de novembre 1881 à mai 1882) 180, le

musée avait « presque doublé de volume »181. La salle de l’est et le vestibule de la salle des bijoux furent

réunis dans une nouvelle salle funéraire182, tandis que la salle des bijoux fut remplacée par une salle des

momies royales183, plus vaste ; quant à la salle historique de l’est, elle fut prolongée vers l’est, où avait été bâtie

une salle gréco-romaine et copte184.185

Ces travaux permirent de revoir une fois de plus la muséographie. Ainsi Louise Maspero évoque-t-

elle avec enthousiasme la reconstitution d’un « enterrement égyptien, un catafalque recouvert d’une tente

authentique qu’il [Maspero] a trouvé et qui est unique, une momie sous le catafalque avec les vases à

libations et tout l’appareil funéraire, ce sera très intéressant et à la portée de tout le monde. »186

Ces nouveaux arrangements, s’ils perturbèrent quelque peu les anciennes salles du musée,

confirmèrent en tout cas les choix de Mariette pour l’organisation de l’espace : les salles historiques, de l’est,

de l’ouest et de l’Ancien Empire furent maintenues, et la salle du Centre servait toujours à rassembler les

pièces les plus spectaculaires (auxquelles se rajoutèrent alors les fameux bijoux de la reine Iâhhotep187,

puisque la salle des bijoux n’existait plus). Il est aussi possible que, parmi les innombrables travaux qu’il

devait mener de front, Maspero n’ait pas jugé opportun de bouleverser l’aménagement du musée, qui était

fort apprécié des voyageurs (l’irrationalité relative de la distribution des collections participant évidemment

au charme pittoresque des salles…) et n’a pas été, à notre connaissance, remis en cause ; cela aurait en outre

engagé de grandes difficultés logistiques (notamment le déplacement de colosses et la fermeture du musée

177 Budge 1901, p. 415.178 Rhoné 1884, p. 130.179 Baedeker 1878, p. 293. Le terrain immédiatement à l’est de la salle des bijoux (qui correspond à la surface des salles ajoutées

par Maspero, par comparaison avec le plan de son Guide p. ex.) est légendé « Magazines » et ouvre sur le jardin du musée ; il pourrait difficilement s’agir d’autre chose qu’un entrepôt appartenant au Service. Cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.α. Plan du musée en 1878 » .

180 David 1999, p. 101-102.181 Maspero 1890, p. 199.182 Maspero 1883, p. 224.183 Maspero 1883, p. 314-351.184 Maspero 1883, p. 352-418.185 Cf. les plans restitués donnés dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2. Plans du musée ».186 David 1999, p. 102. Pour la restitution de la tente funéraire, cf. David 2003, p. 39 et la photographie « PHO 1986 142 35 »

du musée d’Orsay.187 Maspero 1883, p. 77, « vitrine H ».

32

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

pour une durée conséquente) et, inévitablement, des dépenses supplémentaires.

Il est enfin à noter que cette nouvelle distribution des salles, documentées par le Guide de Maspero,

s’accompagna aussi d’une remise à neuf du système de numérotation des pièces dans le musée : les objets

auraient perdu leurs numéros d’inventaire188. Nous ne connaissons pas d’explication ni d’autre mention de

cet accident que celle qui apparaît dans le Guide189 .

II.3.c. Des réaménagements constants

La publication du Guide de 1883 ne marqua en aucun cas la fin des aménagements du musée. Chaque

année, le retour du directeur de son inspection en Haute-Égypte (en juin) était l’occasion de réarranger les

collections pour intégrer les nouvelles venues.190 De même, Maspero fit réaliser de nouveaux meubles

assortis aux anciens191.

Il supervisa aussi des aménagements de plus grande ampleur : ainsi annonça-t-il le 3 juillet 1885 à

l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres l’ouverture d’une salle chrétienne192. Il s’agit peut-être d’une

réaffectation du « cabinet du nazir », comme le laisse à penser le récit de Gayet dans son Catalogue des

monuments coptes du musée de Boulaq.193 Pourtant, les éditions contemporaines des guides Baedeker

(1885)194 et Murray (1888)195 ne faisaient pas figurer de salle réservée aux monuments coptes et indiquaient

respectivement, pour la petite salle au sud de la salle gréco-romaine, une pièce légendée « dépôt » et

« office ». Quel qu’eût été son emplacement, la salle se retrouva très vite, elle aussi, remplie et trop petite…196

La correspondance de Maspero à sa femme fourmille de références à ses travaux incessants pour

améliorer le musée. En décembre 1883, il se préoccupe de l’aménagement de la « salle grecque »197 ; deux

ans plus tard, en décembre 1885, il peut écrire que « la salle de l’Ancien Empire est terminée, sauf les

188 Pour le système de numérotation de Mariette à travers les éditions successives de la Notice et ses incohérences, cf. Mariette 1874, p. 1-4 et notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « II.2. Systèmes de numérotation des objets ».

189 Maspero 1883, p. 438.190 Maspero 1890, p. 199.191 David 1999, p. 130.192 [Anonyme] 1885, p. 238.193 Gayet 1889, p. 2-3.194 Cf. le plan de Baedeker 1885 [n. p.], reproduit dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.ζ. Plan du

musée en 1885 ».195 Cf. le plan de Murray 1888, p. 198, reproduit notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1 , « I.2.a.θ. Plan du musée

en 1888 ».196 Gayet 1889, p. 2-3.197 David 2003, p. 20 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 8 décembre 1883).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

peintures »198 (ce qui signifie qu’en dehors des grandes opérations de rénovation, les salles pouvaient aussi

subir des travaux conséquents) ; au début de l’année 1886 c’est la salle des momies qui l’occupe199.

Jusqu’à la dernière année de son directorat, il s’investit dans des travaux considérables pour aboutir à

des salles aussi complètes que possible. Alors qu’il ménageait depuis un certain temps sa succession, on

pourrait s’étonner qu’il lançât d’aussi lourds projets – mais il est vrai que lui-même ne fut certain de l’issue

de sa manœuvre qu’au dernier moment200 :

« La salle [copte] sera bientôt pleine et je pourrai éliminer peu à peu tous les monuments incomplets

pour les remplacer par des monuments en bon état. La salle grecque sera la deuxième arrangée : elle

renferme tant de monuments disparates que je la réserve pour la fin, on y mettra ce qui ne tient pas ailleurs.

Cela terminé, je remanierai la Salle historique de l’ouest, qui est vraiment trop mal rangée : j’y transporterai

la plupart des stèles à noms royaux qui sont dispersées dans le Musée, et cela me fera de la place pour

beaucoup d’autres qui sont en magasins. »201

Ces manœuvres considérables pour présenter dans des conditions aussi bonnes que possible toujours

plus d’objets n’ont rien de neuf à Būlāq ; mais au détour d’une de ses lettres dans laquelle il détaillait sa

stratégie et les aménagements de la salle des momies royales, il pointa la différence qui existait peut-être

entre les travaux de Mariette et sa propre gestion :

« On peint les armoires nouvelles, et on se prépare à monter les galeries que j’installe dans la salle des

momies royales. Tu te rappelles les panneaux en bois précieux devant lesquels sont rangées les momies

principales et qui occupent trois des côtés de la chambre. Je les fait élever d’environ un mètre, puis j’installe

sur le rebord un plancher de quatre-vingts centimètres, appuyé par-devant sur des colonnettes en bois : sur

ce plancher je mettrai des cercueils de beau modèle, des coffrets à canopes, tout ce que je pourrai trouver de

plus bariolé et de plus encombrant. La partie ancienne est ombré, j’ai laissé en blanc la partie nouvelle. Je

vois à cette combinaison plusieurs avantages. D’abord elle me donne de la place, et tu penses si j’en ai

besoin. Ensuite, cela garnit les murs de la Salle qui vraiment étaient par trop nus. J’ai commencé aussi à

garnir les piliers du Grand Vestibule. Les sarcophages qui y étaient appliqués ont été transportés dans

l’embrasure des portes qui mènent du Vestibule à la Salle Historique de l’Est et à celle de l’Ouest. Sur le

pilier de droite, à côté de la porte en granit, je vais plaquer la Taïa, le Méneptah et deux ou trois autres

198 David 2003, p. 68 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 12 décembre 1885).199 David 2003, p. 198 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 26 mars 1886) ; p. 219 (lettre de Maspero à sa femme Louise du

18 avril 1886).200 David 1999, p. 171-173.201 David 2003, p. 225 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 26 avril 1886).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ II. LE BÂTIMENT DU MUSÉE

statues, puis quelques belles stèles ; sur celui de gauche d’autres têtes de statues du même genre. La place que

toutes ces statues vont laisser vide dans la Salle Historique de l’Est sera remplie avec des stèles. C’est comme

cela seulement que je réussis à caser tous les nouveaux monuments qui arrivent. Le travail est rude, mais

comme me le disait Khourshîd-Effendi ce n’est pas comme du temps de Mariette. Du temps de Mariette,

c’était toujours les mêmes monuments qu’on bougeait de place, à présent, ce sont des monuments nouveaux.

Somme toute, le Musée prend de jour en jour un aspect plus grandiose ; si j’étais resté plus longtemps, il

aurait fini par moins avoir l’air boutique à bibelots qu’il n’avait quand j’en ai reçu la charge. »202

Le seul point saillant de la vie du musée sous Eugène Grébaut, qui dirigea le Service de juin 1886 à

1892, est l’épisode final de son histoire. Les salles surpeuplées et les magasins saturés ne pouvaient alors plus

accueillir la moindre nouvelle pièce, ce qui obligeait les découvertes à rester stockées en Haute-Égypte, à

bord des bateaux du Service203. L’abdication forcée d’Ismā‘īl Pāshā permit au gouvernement d’affecter son

palais de Ǧīza aux collections du musée d’antiquités égyptiennes : de mai à novembre 1889, pendant

l’absence des touristes européens, toutes les collections et le mobilier de présentation furent transférés à

Ǧīza ; alors que les salles de Būlāq étaient désertées, abandonnées même par la tombe de leur fondateur, le

musée de Ǧīza ouvrit en décembre 1889.204 Le bâtiment qui avait abrité le musée fut détruit en 1914.205

202 David 1999, p. 233 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 21 mai 1886).203 Tiradritti 1999, p. 18.204 Maspero 1890, p. 199.205 Abou Ghazi 1988, pl. II.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

III. Le musée et les visiteurs

III.1. Conditions pratiques de la visite

III.1.a. Horaires & règlement

Les horaires d’ouverture sont connus grâce aux éditions successives de la Notice et aux guides de

voyages. Le musée était ouvert tous les jours, sauf le vendredi206, jour de la prière solennelle. L’entrée était

gratuite207, malgré des projets pour instaurer un droit de visite208 (comme dans les sites de Haute-Égypte)

afin de renflouer les finances du Service.

Il semble que, jusqu’aux travaux de 1879, le musée ait été ouvert de huit heures et demi du matin à

cinq heures du soir.209 En revanche, le manuscrit inédit de Mariette (qui date probablement de 1879 ou

1880)210 distingue les horaires d’été (du 1er mai au 1er novembre ; le musée était ouvert de huit heures à midi

et de deux heures à cinq heures) et d’hiver (du 1er novembre au 1er mai ; le musée était ouvert de huit heures

et demi à cinq heures).211 Cette distinction fut reprise par Maspero.212

Le règlement succinct213 concilie autant que possible le confort des visiteurs, le souci de préserver les

collections et celui d’en diffuser la connaissance. Les visiteurs étaient invités à laisser cannes, ombrelles et

parapluies au petit vestibule.214 Il était strictement interdit de fumer dans les salles et l’autorisation du

206 Mariette 1864, p. 50 ; Mariette 1868, p. 56 ; Mariette 1869, p. 53 ; Mariette 1872, p. 57 ; Mariette 1876, p. 60 ; Baedeker 1878, p. 294 ; Murray 1888, p. 193. Cela explique qu’Émile Guimet ait trouvé porte close le vendredi 5 janvier 1866 (Guimet 1867, p. 272).

207 Baedeker 1878, p. 294 ; Maspero 1883, p. 5 ; Murray 1888, p. 193.208 David 1999, p. 120 évoque un lettre de Maspero à Cook de 1883 (Institut de France, ms. 4013, fo 92) qui annonce

l’acceptation du principe d’un droit de visite, ainsi qu’un projet de règlement présenté au comité consultatif le 28 mai 1888 (Institut de France, ms. 4052, f° 180 – nous remercions Mme David de nous avoir communiqué les notes qu’elle avait prises en travaillant sur ces fonds). Nous n’avons pas connaissance d’attestation de la mise en application de ces projets pour la visite du musée de Boulaq.

209 Mariette 1864, p. 50 ; Mariette 1868, p. 56 ; Mariette 1869, p. 53 ; Mariette 1872, p. 57 ; Mariette 1876, p. 60 ; Baedeker 1878, p. 294.

210 Cf. p. 30.211 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 4.212 Maspero 1883, p. 5.213 Mariette 1864, p. 50 ; Mariette 1868, p. 56 ; Mariette 1869, p. 53 ; Mariette 1872, p. 57 ; Mariette 1876, p. 60 ; B.N.F., ms.

N.A.F. 20177, fo 4 ; Maspero 1883, p. 5.214 Baedeker 1885, p. 296.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

directeur était nécessaire pour procéder à des estampages ou des frottis, mais les visiteurs étaient libres de

dessiner les collections.

III.1.b. Commodités pour les visiteurs

Afin de permettre aux visiteurs d’apprécier les collections exposées, la Notice de Mariette, puis le

Guide du visiteur de Maspero, étaient vendus sur place215. Le lieu de la vente n’est pas connu au temps de

Mariette ; dans les années 1880, elle est réalisée dans le petit vestibule216. Le Service y distribuait aussi

d’autres publications ; le Voyage de la Haute-Égypte de Mariette (1878) y était par exemple vendu en 1883 ;

c’était peut-être aussi un moyen d’écouler les invendus, puisqu’on y retrouve, toujours en 1883, Le parc

égyptien à l’exposition universelle de Paris 1867, par Mariette également, publication qui avaient sans doute

perdu de son intérêt seize ans après la fin de l’exposition.217

On vendait aussi dans le petit vestibule des photographies218 ; à l’époque du Guide de Maspero, elles

étaient vendues à 1 F la feuille non montée. Il était possible aux visiteurs de signaler les monuments dont ils

désiraient une photographie s’il n’en existait pas encore.219

Toujours dans l’optique de fournir aux visiteurs certains agréments tout en augmentant le budget du

Service, une salle de vente permettait d’acheter des objets issus des fouilles officielles. Cette salle avait

plusieurs objectifs : tout en assurant des compléments financiers toujours bienvenus, elle permettait de

débarrasser les entrepôts du Service d’objets sans intérêt scientifique ou esthétique particulier (par exemple

si l’objet appartenait à une série bien documentée et représentée, comme les fameux serviteurs funéraires de

la cachette de Dayr al-Baharī). Idéalement, ce marché officiel des antiquités, issues de fouilles égyptiennes et

dûment documentées, aurait également découragé le trafic.220

Ces ventes avaient aussi des limitations. Il ne s’agissait certainement pas de monnayer des « trésors

nationaux ». La réglementation de la procédure empêchait que les intérêts de l’Égypte et de la science ne

fussent lésés. Les objets ne pouvaient par exemple plus être vendus une fois inscrits sur le registre du musée.

215 Nous ignorons si ces publications étaient aussi distribuées dans les lieux d’affluence touristique (hôtels, gares, bateaux), comme les guides touristiques ; cela aurait été efficace mais aurait demandé un investissement plus important.

216 Baedeker 1885, p. 296.217 Maspero 1883 [n. p., dans les dernières pages].218 Baedeker 1885, p. 296.219 Maspero [n. p., dans les dernières pages]. Le texte mentionne seulement des photographies de « monuments » ; il s’agit

probablement à la fois des objets exposés dans le musée et des vestiges architecturaux visités dans tout le pays.220 David 1999, p. 134.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

La vente était inenvisageable pour des objets qui présentaient un intérêt particulier, sur le plan scientifique

ou esthétique. De même, il semble que Maspero ait choisi de privilégier nettement les institutions

publiques et les structures scientifiques, comme l’illustre cet extrait de lettre adressée par un antiquaire à

Émile Guimet, qui voulait acquérir une momie pour son musée : « comme elle n’est pas encore inscrite au

vol. d’entrée et qu’il [Maspero] en a déjà deux semblables il me la céderait à condition que je ne la

destinerais qu’à votre musée ou à un musée d’État. »221

En l’absence d’attestation de son existence avant les années 1880, il semblerait que le principe de la

salle des ventes et ses règles aient été conçus par Maspero au début de son mandat, ce qui correspond à un

certain nombre de ses décisions à ce moment pour trouver de nouvelles ressources et sauver le Service de la

ruine222.

Un manuscrit223 donne d’intéressantes informations sur des projets à propos de la salle des ventes :

celle-ci devait par exemple être accessible sans ticket ; l’auteur propose d’autres salles de vente à Louqsor et

Alexandrie. Il évoque des ventes de photographies et de moulages. (Il s’agit en somme de diversifier les

débouchés et les activités.) Il préconise aussi de constituer un catalogue de vente. Les objets devaient être

classés par lieu de découverte et catégorie d’objets (et non plus par prix). Il était souhaitable que les prix ne

fussent pas trop élevés (peut-être pour décourager le trafic), tout en restant suffisamment conséquents pour

que les antiquaires ne vinssent pas s’y approvisionner. Fait intéressant, le Directeur pouvait concéder une

réduction de 30 % si la collection de l’acquéreur avait un but scientifique. Malheureusement, ce document

n’est pas daté, ce qui signifie qu’il peut tout aussi bien traiter de la salle des ventes du musée de Ǧīza, ouvert

après 1889 ; il est en tout cas révélateur des objectifs de Maspero (ou de ses collaborateurs, si le document

n’est pas de lui) à ce sujet.

Enfin, outre la vente de livres, de photographies et même d’antiquités, le musée proposait aux

visiteurs les plus intéressés une salle d’étude, mise à leur disposition pour étudier des objets précis de plus

près sur demande au conservateur. Cette offre existait depuis l’ouverture du musée224 et semble avoir

perduré jusqu’au mandat de Maspero225 (la salle d’étude resta donc probablement disponible pendant toute

l’existence du musée). On ne connaît en revanche pas l’emplacement de cette salle. Vu les problèmes de

221 Galliano 2012, p. 48. (lettre écrite en 1882 par Eugène Allemant à Émile Guimet).222 David 1999, p. 110-140.223 Institut de France, fonds Maspero, ms. 4052, fos 306-09. Nous n’en avons connaissance que par les notes prises par Mme

David pendant qu’elle travaillait sur ces fonds et qu’elle a eu la gentillesse de nous communiquer.224 Mariette 1864, p. 50.225 Maspero 1883, p. 3.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

place que causaient les collections dans les salles mêmes du musée, le plus probable est que, le cas échéant,

les visiteurs qui le souhaitaient pouvaient examiner une pièce dans le bâtiment qui était censé servir de

logement et de bureau au directeur du Service, construit au sud de la parcelle du musée (mais détruit en

1884)226. Le Guide de Maspero évoque enfin la possibilité pour les visiteurs d’aller consulter le catalogue du

musée (c’est-à-dire le registre officiel) et une copie du livre de fouille.227 Tous ces services offerts aux

visiteurs témoignent d’un réel souci d’encourager et d’accompagner l’intérêt scientifique pour l’égyptologie.

III.1.c. Les cartels

Le musée de Būlāq se concentrait sur l’archéologique, davantage que sur les « Beaux-Arts ». Cela

explique que soient exposés des objets fragmentaires, fait relevé par les guides touristiques (ce qui dénote

l’originalité de cette démarche)228.

Le musée de Būlāq avait aussi la particularité de documenter, dans les salles, les objets exposés,

comme le souligne Émile Guimet : « Mariette-Bey, en l’organisant [le musée], a eu une très-bonne idée, qui

consiste à indiquer pour chaque objet antique sa provenance, les circonstances dans lesquelles il a été trouvé

et, quand on le peut, l’époque à laquelle il remonte. De cette manière, chaque fragment a son intérêt et son

enseignement. Tant que les musées d’antiquités ne suivront pas cette méthode, ils n’apprendront jamais rien

aux visiteurs, tandis que le musée égyptien de Boulak est intéressant et attachant dans toutes ses parties. »229

À la fin de son existence, le musée était toujours reconnu pour cette particularité, comme le mentionne le

guide Murray de 1888 : « Apart from the richness and number of the articles it contains, one great superiority

enjoyed by this museum over all others is that the place whence every object comes is accurately known »230À

titre de comparaison, à la même époque, les étiquettes qui accompagnent les antiquités exposées au British

Museum ne mentionnent que leur numéro.231

Certains de ces cartels écrits par Mariette sont visibles sur les photographies des salles. On en trouve

également des brouillons dans les documents de Mariette conservés à la Bibliothèque nationale de France.232

Maspero décida même d’aller plus loin et d’installer dans les salles des informations plus détaillées. Sa

226 David 1999, p. 165 (Maspero logea pendant pratiquement toute la durée de son mandat sur le bateau à vapeur du Service).227 Maspero 1883, p. 3.228 Baedeker 1878, p. 293.229 Guimet 1867, p. 124.230 Murray 1888, p. 193.231 Birch 1874 [n. p., Note].232 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 272-275, reproduits dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « III.1.

Transcription de brouillons de cartels manuscrits ».

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

correspondance avec sa femme en donne les échos : « Cousin [Ernest Cousin] copie des extraits du

Catalogue qu’on va afficher dans les salles pour le plus grand avantage des visiteurs »233 ; « D’autre part, j’ai

mis Cousin à faire des extraits du Catalogue et Lieberknecht à faire des cadres pour les exposer. C’est un

travail qui va durer probablement de trois à quatre mois avant que le musée entier soit garni

d’explications »234 ; « Les pancartes portant des extraits du catalogue commencent à être affichées dans la

salle du Centre, à la grande joie du public. »235

Ces indications fortuites nous apprennent que Maspero projetait de garnir « le musée tout entier »

de telles explications, mais aussi que les visiteurs semblaient les apprécier. Ces panneaux sont d’ailleurs

visibles sur certaines photographies.236 Il est probable que par « catalogue », Maspero désignait son Guide

du visiteur au musée de Boulaq plutôt que le registre d’inventaire du Service.

III.2. Le message scientifique

III.2.a. Les catalogues, entre vulgarisation et érudition

En effet, les guides destinés aux visiteurs par Mariette et Maspero (la Notice de Mariette et le Guide

de Maspero) furent conçus dans le même esprit de pédagogie et d’exigence scientifique que les cartels placés

dans les salles. Chacun contient des explications détaillées sur la civilisation égyptienne, développées à

partir des objets exposés. Ils abordent même des progrès récents de l’égyptologie, en fonction des

découvertes importantes présentées dans les salles.237 Mieux, Mariette eut même l’honnêteté intellectuelle

de présenter des vitrines contenant des objets sur lesquels s’appuyaient des théories qu’il n’approuvait pas,

afin de « réunir et de préparer les éléments de discussion d’un problème que jusqu’à présent on ne peut

regarder comme résolu »238 (il s’agit en l’occurrence de silex taillés ; certains savants y voyaient les vestiges

d’une culture préhistorique, antérieure à la civilisation pharaonique)239. La volonté d’accompagner les

visiteurs dans leur visite pour leur faire découvrir l’Égypte ancienne est également manifeste dans le projet

233 David 2003, p. 62-63 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 5 novembre 1885).234 David 2003, p. 66 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 8 novembre 1885).235 David 2003, p. 74 (lettre de Maspero à sa femme Louise du 19 novembre 1885).236 Cf. notre t. 2 Annexes. Images du musée de Būlāq, vol. 4, images nos 34-35 (p. 39-40) et 47 (p. 52).237 Notamment les fouilles de Tanis et les recherches sur les « Pasteurs » (c’est-à-dire les Hyksos) : à travers les appendices

consacrés au site même, puis les salles historiques.238 Mariette 1876, p. 82.239 Cf. également David 1994, p. 91.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

de traduire ces guides en anglais240 et en arabe241.

À titre de comparaison, les notices du catalogue des salles du British Museum édité en 1874242

comportait seulement le numéro des objets, leur matière, leur thème iconographique, et parfois un bref

commentaire. Ces notices ne sont toutefois pas détaillées, et ne font pas référence aux fouilles ni aux

publications contemporaines.

Quel retentissement eurent ces publications ? Elles semblent avoir été appréciées, comme l’illustre ce

commentaire d’Émile Guimet après ses visites à Būlāq en 1865 : « Le Musée est fort curieux, très-bien tenu

et le catalogue rédigé par M. Mariette, le conservateur243, est admirablement fait. »244 Quarante ans plus

tard, il compte la Notice parmi les éléments qui l’ont captivé à Būlāq et ont fait naître en lui la vocation de la

collection d’antiquités : « En 1865, j’entreprenais, comme tout le monde, un voyage de touriste en Égypte.

La vue des monuments, les visites au Musée de Boulacq, la lecture du merveilleux catalogue rédigé par

Mariette, attrayant même pour les profanes, attachant comme un roman, les petits objets antiques qu’on se

croit obligé de rapporter, tout cela avait ouvert mon esprit aux choses des temps passés et particulièrement

aux croyances encombrantes dont les symboles se déroulent en Égypte sur des kilomètres de muraille. »245

Tout en reconnaissant également l’agrément de la lecture du Guide, et son caractère relativement

exceptionnel, un article anglais pointe aussi le principal défaut de ces ouvrages dans un musée aux

réaménagements fréquents, une obsolescence rapide :

« If the arrangement and classification of the contents of Boulaq leave much to be desired, the same may

be said of the Egyptian rooms in most of the museums of Europe, and if the catalogue is full of omissions,

erroneously indicates the place of the objects, entitles those objects according to their material and not their

subject, and is without table of content and index, it contains, in common with all the other works of M.

Maspero, at least some very agreeable reading and, further, the visitor may console himself with the

remembrance that there are Egyptian museums in Europe without catalogues of any kind. »246 Le guide

Murray de 1888 remarque que les numéros des objets ne correspondent plus à ceux de leur notice : « the

240 Léo 1946, t. 1 Texte, p. 140, n. g. Ce projet n’a, à notre connaissance, pas été réalisé.241 Mariette 1869b. Cf. p. 47.242 Birch 1874.243 C’est inexact ; Mariette était directeur, tandis que le conservateur titulaire était alors Vassalli (cf. p. 10-12).244 Guimet 1867, p. 55.245 [Anonyme] 1904, p. 10.246 Wallis 1888, p. 110.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

numbers of the objects are occasionally altered, wich may cause a little difficulty to visitors »247.

Ces guides semblent malgré tout globalement appréciés. Ils forment en tout cas le matériau de base

des commentaires des visiteurs sur le musée. Ainsi, lorsqu’il évoque la statue de Chéphren dans le récit de sa

troisième visite248, Émile Guimet, pourtant orientaliste distingué (mais certes pas archéologue), reprend

simplement les éléments du commentaire de la statue dans la Notice249. De même, quand Charles Taglioni

évoque les collections du musée250, il utilise exactement les chiffres donnés dans l’avertissement de la Notice

de 1868251. Les guides étaient donc employés comme la source privilégiée des récits de visite (peut-être

palliaient-ils la mémoire des auteurs lors de la rédaction, quand le souvenir précis de la visite s’était

estompé), et conditionnaient la réflexion des visiteurs sur les collections. C’est la preuve de leur autorité

auprès des visiteurs.

III.2.b. Salles historiques et typologies

L’intérêt de la science était la principale préoccupation de Mariette lorsqu’il organisa les premières

salles de Būlāq. C’est relativement exceptionnel, comme il l’expliqua dans la première Notice : les pièces des

collections européennes n’étaient pas documentées ; pire, elles étaient constituées « en vue du lucre, jamais

en vue des progrès véritables de la science »252. Au contraire, au musée de Būlāq, « tous les fragments

recueillis pendant les fouilles ont été étudiés, puis admis dans nos catalogues, toutes les fois qu’ils nous ont

paru toucher par un côté quelconque aux intérêts de la science »253 ; « c’est un Musée organisé pour servir

pratiquement l’égyptologie, et si les indifférents trouvaient à y blâmer l’introduction de quelques débris en

apparence trop mutilés, je répondrais qu’il n’est pas un archéologue qui, avec moi, ne désirerait lui en voir

encore davantage. »254 Mariette prend donc délibérément le contre-pied des collections de curiosités ou de

« Beaux-Arts ». C’était d’ailleurs l’intérêt scientifique des salles qui justifiait, pour Gabriel Charmes255, des

salles relativement austères et la présentation d’objets fragmentaires.

Les choix muséographiques de Mariette furent marqués par cette volonté de présenter de manière

247 Murray 1888, p. 193.248 Guimet 1867, p. 280-285 (visite du 6 janvier 1866).249 Mariette 1864, p. 180 (notice reprise sans changement dans les éditions suivantes).250 Taglioni 1870, p. 274.251 Mariette 1868, p. 3-6.252 Mariette 1864, p. 5.253 Mariette 1864, p. 5.254 Mariette 1864, p. 5.255 Charmes 1880, p. 188.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

pédagogique les progrès de l’égyptologie. Il illustra par exemple la chronologie et l’ordre dynastique par une

vitrine spécifique : « M. Mariette a eu récemment l’ingénieuse idée de ranger dans une vitrine, par ordre

chronologique, les scarabées royaux, depuis les premiers pharaons jusqu’au dernier. »256 Le choix d’associer

aux objets présentés des cartels257 s’inscrit aussi dans cette démarche pédagogique : « à Boulaq, les

monuments ont, sinon toujours leur date, au moins l’indication de leur provenance, et cela donne à ce

musée un avantage considérable sur les musées égyptiens étrangers »258 releva le secrétaire de l’Académie

dans son éloge funèbre de Mariette.

Cette primauté décisive de la science sur une présentation esthétique fut encore soulignée par Gabriel

Charmes dans la Revue des deux mondes à l’occasion de la rénovation de 1879. Avant d’évoquer les nouvelles

salles historiques, qui étaient une particularité du musée, il s’étend sur les salles plus riches et moins

originales : « On voit dans deux salles élégantes des momies, des scarabées, des amulettes, des bustes de

pharaon, des vestiges de mobilier, des armes, du blé, des graines et des œufs conservés dans les tombeaux,

des toiles diverses, en un mot tout l’intéressant bric-à-brac d’une civilisation dont les moindres échantillons

ont leur prix. Mais le véritable musée n’est pas là, et si Boulaq ne contenait que ces salles, il ressemblerait

entièrement au Louvre ou à toute autre exhibition, plus ou moins curieuse, plus ou moins savante, d’objets

égyptologiques. »259

Mariette lui-même, dans sa correspondance, en présentant les aménagements les plus tardifs, les

vantait surtout pour leur intérêt historique :

« La physionomie générale du nouveau musée de Boulaq se distingue par un certain caractère spécial

qu’il est important que je vous explique. Je considère que le nouveau musée de Boulaq peut être considéré

avant tout comme un musée de l’ancien empire. La salle de l’ancien empire est, en fait, unique au monde,

tant pour le nombre que pour l’importance des monuments qu’elle contient. C’est dans cette salle que nous

trouvons, entourés par des statues, des tables à libations et des stèles innombrables, le Chéphren (Shafra),

qui n’a pas de prix, la statue de bois que nos Arabes appellent le Cheikh el-Beled, les deux statues de

Meydoum260, les panneaux de bois de Hosi, la statue du prêtre Ranefer, le sarcophage de Khoufou-Ankh, la

pierre de Chéops (Khoufou), l’inscription autobiographique de Una, etc.

Il faut se rappeler que l’ancien empire nous plonge dans un passé si reculé qu’il est littéralement perdu 256 Vogüé 1877 p. 338.257 Cf. p. 39-40.258 Wallon 1884, p. 87, n. 1.259 Charmes 1880, p. 181.260 Les statues de Râhotep et Nofret (CGC 3 et 4).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

dans la nuit des temps. Dans ces monuments, nous voyons l’homme s’éveillant pour la première fois à

l’histoire et à la civilisation. C’est à ce point de vue que le musée du Boulaq est sans rival ; et en contemplant

l’énorme quantité d’objets assemblés ici, j’oublie presque que cette collection ne m’a pas coûté moins de

vingt ans de travail.

L’histoire n’est pas oubliée dans le nouveau musée de Boulaq. Nous ne possédons pas, il est vrai, les

statues royales de Turin, ni malheureusement pour nous les magnifiques papyrus de Londres. Mais nous

pouvons néanmoins montrer avec un certain sentiment de satisfaction les belles stèles du Gebel Barkal qui

ont révélé un chapitre complètement inconnu de l’histoire d’Égypte ; la grande stèle de Thoutmès III, qui

nous a conservé le texte d’un hymne de victoire composé par un poète contemporain en l’honneur de ce

Pharaon ; la pierre d’Alexandre II, la pierre déjà mentionnée de Chéops ; la pierre de San (plus connue des

lecteurs anglais sous le nom de décret de Canope), de beaucoup plus précieuse que la pierre de Rosette,

parce qu’elle est complète dans les trois écritures (hiéroglyphique, démotique et grecque) ; sans oublier la

Table de Saqqarah, la stèle énigmatique de l’an 400, et la collection inestimable des monuments des Hyksos

ou rois-pasteurs, qui ont été pour nous comme un rideau soulevé, révélant une scène qui nous était

auparavant totalement inconnue. Vous vous apercevrez que l’histoire tient une place suffisamment

importante dans l’aspect général du nouveau musée de Boulaq. Je disais plus haut, Madame, que notre

musée pouvait bien être appelé un musée de l’ancien empire. Nous pourrions cependant, avec autant de

justesse, l’appeler « le musée des stèles » car nous possédons environ 1,000 monuments de ce genre. Quatre

cinquièmes de ces stèles viennent d’Abydos et appartiennent à une même époque (XIIe-XIVe dynasties).

Elles représentent l’intérêt culminant de toute la collection. Nous y contemplons la résurrection d’une cité

égyptienne du moyen empire, avec ses grandes familles, ses desservants, et tous ses habitants. Je vois là,

comme groupés dans un seul tableau, plusieurs milliers de personnages qui vivaient à Abydos sous la

domination des Amenemhats et des Sebekhoteps. Il sera utile, dans la suite, de tirer et de comparer tous ces

noms, de classer toutes ces professions. »261

Gabriel Charmes résume en quelques phrases particulièrement exaltées l’objectif de Mariette : « le

musée de Boulaq n’a pas été fait pour amuser, distraire ou instruire les curieux. Son but est plus élevé. C’est

un musée organisé pour servir pratiquement à l’égyptologie, un musée d’études destiné particulièrement aux

savans [sic] ou à ceux qui veulent le devenir, un musée susceptible d’être le centre et l’objectif de travaux qui

261 Wallon 1884, appendice XXVI, p. 153-154, (lettre écrite par Mariette à Amelia Edwards, de Būlāq, le 5 avril 1880).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

renouvelleraient l’histoire des origines du monde. »262

Ces nombreuses citations permettent d’établir que la préoccupation de la portée scientifique du

musée, présente dès les premiers aménagements, resta constante sous Mariette et fut poursuivie par

Maspero. Il serait donc exagéré de dire que l’ouverture des deux salles historiques, entre 1872 et 1874,

marque le passage d’une muséographie esthétisante à un projet plus rationnel263 : ces deux approches

coexistent délibérément, bien que les salles les plus « coquettes »264 aient en fait servi à éveiller l’intérêt des

visiteurs pour des idées plus élevées.

III.3. Plaire pour faire aimer

III.3.a. Mise en scène des « chefs-d’œuvre »

Dans tout musée exposant des objets porteurs de connaissances historiques ou culturelles qui

correspondent en outre aux catégories occidentales des « Beaux-Arts » (dessin, sculpture et architecture

dans le cas égyptien), il existe une tension entre les préoccupations scientifiques et l’approche esthétique des

collections.265 Le musée de Būlāq concilie les deux : nous avons vu combien d’attention était portée à la

transmission de son message scientifique ; l’agrément de la présentation et la mise en scène des collections

était aussi un objectif reconnu des directeurs du musée.

C’est ainsi qu’il faut interpréter les salles vouées à la mise en scène des collections, sans nécessaire

cohérence thématique ou chronologique. Dès l’ouverture du musée, c’est le rôle dévolu à la salle du Centre :

si les armoires qui longent la salle respectent une progression thématique rigoureuse, le centre de la salle

permet une mise en scène des « chefs-d’œuvre » : le « Shaykh al-Balad »266, la statue d’Aménirdis267, la

statue de Chéphren (à partir de 1868)268. La salle des bijoux a la même fonction : elle présente notamment

les fameux bijoux de la reine Iâhhotep269, et les statues de Râhotep et Nofret270.

262 Charmes 1880, p. 186.263 Contra Léo 1946, t. 1 Texte, p. 139.264 Rhoné 1877, p. 79 ; Charmes 1880, p. 180 ; Piacentini & Rondot 2002, p. 950 (note de Victor Loret du 15 janvier 1881).265 Pour les mêmes questions posées à la lumière de la muséographies des antiquités égyptiennes (principalement les sculptures)

du British Museum de 1759 à 1880, cf. Moser 2006.266 Mariette 1864, p. 162 (no 370).267 Mariette 1864, p. 176-177 (no 438).268 Mariette 1864, p. 204-205 (no 578). Il était auparavant dans la salle de l’Ouest (Mariette 1864, p. 179, no 1).269 Mariette 1864, p. 218-227.270 Mariette 1872, p. 276-277 (no 867) – elles n’ont été découvertes qu’en 1871.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

Mariette avait en fait délibérément choisi une stratégie de présentation : plaire et impressionner pour

éveiller l’intérêt. Il expose ses remords quant à de tels artifices dans l’avant-propos de sa Notice : « j’ai sacrifié

au goût et cherché une certaine mise en scène qu’exclut ordinairement la froide régularité de nos Musées

d’Europe »271. « Il est certain que, comme archéologue, je serais assez disposé à blâmer ces inutiles étalages

qui ne profitent en rien à la science ; mais si le Musée ainsi arrangé plaît à ceux auxquels il est destiné, s’ils y

reviennent souvent et en y revenant s’inoculent, sans le savoir, le goût de l’étude et, j’allais presque dire,

l’amour des antiquités de l’Égypte, mon but sera atteint. »272 Gabriel Charmes déplore également que

Mariette n’ait pu « abandonner ces étalages brillamment inutiles qui ne profitent à la science qu’en

montrant qu’elle n’est point sans attrait. Il s’est contenté de les restreindre au strict nécessaire. »273

Ces deux textes expriment que le recours à de telles coquetteries était intéressé : c’était un moyen

délibéré de faire naître l’intérêt pour l’Égypte ancienne. Le talent de Mariette pour ce que l’on appellerait

aujourd’hui la communication lui valut même quelques critiques de mauvaise foi.274 Maspero décrivit les

effets recherchés par cette stratégie à l’occasion de l’inauguration du tombeau de Mariette près de l’actuelle

place Taḥrīr en 1904 : « Nous qui les avons connues, nous les regretterons toujours ces salles d’un aspect si

intime et si doux, d’une lumière tempérée si adroitement, d’une disposition et d’un charme si subtils, qu’à

peine y avait-on mis les pieds, on se sentait entraîné à les parcourir jusqu’au bout, et que, pour s’y être

aventuré une fois, on voulait y revenir sans cesse. Les objets les plus beaux et les plus caractéristiques d’une

époque étaient classés de manière à forcer l’attention du visiteur, mais ils la forçaient si discrètement que nul

ne s’apercevait de la violence qui lui était faite. Si distrait qu’il fût, il fallait qu’il les vît, qu’il essayât de les

comprendre, qu’il les comprît. Ils n’étaient plus pour lui ces choses mortes qu’ils sont si souvent dans les

musées d’Europe, mais ils lui racontaient, chacun pour soi, un peu de ce grand passé auquel ils avaient

appartenu, tant qu’enfin il entrait sans même s’en douter en pleine communion avec l’âme de

l’antiquité. »275

Cette muséographie étudiée impressionna, comme nous l’avons vu276, Émile Guimet, et contribua à

sa vocation de collectionneur. Il fonda à Lyon un musée et un centre de recherche de l’histoire des religions

271 Mariette 1864, p. 7.272 Mariette 1864, p. 8.273 Charmes 1880, p. 180.274 « Qu’importe la science à Mariette ? Ce qu’il lui faut, à lui, c’est de la réclame » (Émile Prisse d’Avennes, « Les fouilles du

Pacha d’Égypte et son musée », v. 1862, B.N.F., ms. N.A.F. 20420, fo 355 ; cité par Léo 1946, t. 1 Texte, p. 133).275 Drioton 1950, p. 8.276 Cf. p. 41.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

en 1879, transféré à Paris en 1889. Il s’agit de l’actuel Musée national des arts asiatiques – Guimet.

L’influence du musée de Būlāq y est sensible : une réplique du Shaykh al-Balad y était présentée sur un socle

isolé, au milieu d’une salle, comme à Būlāq.277 On avait également monté un meuble octogonal à vitrines,

identique à la « vitrine octogone » de Būlāq.278 Cela prouve qu’Émile Guimet avait reconnu l’efficacité de

cette muséographie, mise au service d’un propos scientifique (auquel elle pourrait toutefois sembler

contradictoire).

III.3.b. Le souci de s’adresser aux « indigènes »

Mariette et Maspero ne s’adressèrent pas seulement aux touristes européens. De manière assez

originale pour leur temps, ils ont en effet réalisé des efforts considérables pour toucher les Égyptiens

contemporains.

Dès l’avant-propos de la Notice de 1864, Mariette exprima sa volonté d’attirer l’intérêt des

« indigènes » et de sensibiliser les Égyptiens aux monuments qu’ils connaissaient. Il s’agirait d’un souhait

explicite du vice-roi Ismā‘īl Pāshā.279 Cela justifie la mise en scène des collections : « Je sais par expérience

que le même monument, devant lequel notre public égyptien passe toujours distrait et indifférent, attire ses

yeux et provoque ses remarques dès que, par un artifice de mise en place, on a su le forcer à y fixer son

attention. »280 Ce propos est repris par Arthur Rhoné en 1877 : « Pénétrons enfin dans la salle centrale du

musée, qui est élevée, spacieuse, éclairée par un rang de fenêtres supérieures, et décorée de larges bordures

d’ornements peints à fresque dans le style égyptien antique. Ce qui frappe tout d’abord en entrant, c’est

l’aspect riant, riche, coquet même, du musée, dont l’organisation, conçue avec un goût exquis, est en soi-

même une véritable œuvre d’art qui attire et réjouit les yeux. Sentant qu’on allait avoir affaire à un public

nouveau, insouciant et ignorant des choses qui tiennent au passé de son propre pays, M. Mariette comprit

que pour chercher à lui donner le goût et le respect des antiquités nationales, il fallait lui épargner l’ennui de

cette régularité froide et de cette aridité des musées classés selon l’ordre scientifique le plus rigoureux. »281

Ce souci va plus loin qu’un vague vœu théorique. Mariette rédigea ainsi un livret de visite destiné

277 Galliano 2012, p. 43.278 Galliano 2012, p. 43 (la vitrine est erronément décrite comme un hexagone) et fig. 17 p. 65 (reproduite dans notre t. 3

Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « III.3.a.ζ. Salles égyptiennes des Musées Guimet ») ; Gay & Ducrot 2012, p. 39, n. 28.

279 Mariette 1864, p. 7.280 Mariette 1864, p. 7-8.281 Rhoné 1877, p. 79.

47

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

spécialement aux visiteurs arabes282, de petit format et sans illustration. Le discours de ce guide est même

adapté à des lecteurs de culture islamique : l’introduction du texte débute par une invocation à Dieu,

présente les Égyptiens modernes comme les descendants directs des anciens Égyptiens et décrit la religion

égyptienne comme un monothéisme.283 Ce guide en arabe adapte donc le contenu scientifique de la Notice

pour lui donner une résonance identitaire.

Dans le même ordre d’idée, un projet de tarification de 1885 élevait le droit de visite du musée à 5

piastres pendant quatre jours de la semaine ; un autre jour, la visite coûtait 10 piastres (pour les visiteurs

fortunés qui souhaitaient profiter seuls des salles) ; un jour enfin, l’entrée était gratuite, ce qui était

explicitement destiné aux Égyptiens pour lesquels le droit d’entrée représentait une somme substantielle.284

On ignore si ce projet a été mis en application.285

Il est très difficile de connaître le succès qu’ont pu rencontrer de telles mesures. La fréquentation du

musée n’est à notre connaissance pas connue ; encore moins la proportion de visiteurs « indigènes » (ni

l’origine sociale de ces visiteurs égyptiens).286 Une image de l’Ägypten in Bild und Wort, de Georg Ebers287,

représente une foule de femmes voilées déambulant parmi les statues de la cour du musée, mais on ignore si

l’artiste a copié une photographie ou une scène qu’il avait vue, ou bien a laissé libre cours au pittoresque

pour produire une image exotique.

Cette question se rattache à la question délicate des relations entre Orientaux et Occidentaux,

notamment à travers l’archéologie.288 L’égyptologie est une science occidentale, conçue dans une optique

épistémologique occidentale. Il est exceptionnel que Mariette et Maspero aient activement essayé d’y rendre

sensibles les Égyptiens modernes. Les exemples que nous venons de citer, et d’autres289, prouvent que leur

investissement dans l’égyptologie n’avait rien à voir avec une forme d’impérialisme culturel qui est trop

souvent associé à l’orientalisme. Ces raccourcis doivent être balayés. Mariette et Maspero se souciaient

282 Mariette 1869b.283 Cette introduction fut écrite par le traducteur du guide, ‘Abdallāh Abū al-Su‘ūd (Reid 2002, p. 105 ; Colla 2007, p. 128-

129). Le texte arabe traduit de Mariette n’a, à notre connaissance, pas été commenté tandis que le texte français original n’est pas connu.

284 David 1999, p. 120.285 Les guide Murray de 1888 mentionne que la visite du musée est gratuite (Murray 1888, p. 193).286 Cf. Reid 2002, passim (et notamment p. 118-120) pour la sensibilité du public égyptien à l’égyptologie.287 Ebers 1880, p. 49 (reproduite dans notre t. 2 Annexes. Images du musée de Būlāq, vol. 1, « I. Cour »).288 Cf. p. ex. Silberman 1989, Reid 2002, Jasanoff 2006 et Colla 2007. Seul Jasanoff 2006 (qui ne couvre pas ce qui se passe

après 1850) dépasse la réduction de l’orientalisme à une forme d’impérialisme culturel, héritée de la vision très orientée de Said 1978.

289 P. ex. l’indifférence manifeste de Mariette à ce que les membres du Service fussent européens, égyptiens ou turcs (David 2010, passim). Contra Reid 2002.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

d’abord de la science ; mieux, en tant que fonctionnaires égyptiens, ils faisaient passer les intérêts de

l’Égypte avant ceux de la France. En 1867 par exemple, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris,

Mariette avait accompagné le vice-roi et quelques objets du musée destinés au pavillon égyptien.

L’impératrice Eugénie réclama à Ismā‘īl Pāshā les bijoux de la reine Iâhhotep ; celui-ci aurait laissé la

responsabilité d’une telle décision à Mariette, qui, malgré cette position délicate, refusa d’aliéner au

détriment de son pays d’origine ce qu’il considérait comme le patrimoine national égyptien.290

Mais le message à transmettre aux Égyptiens est-il aussi universel que le pensaient les archéologues ?

Le premier texte de législation des fouilles et du commerce d’antiquités (1835) commence ainsi :

« considérant donc l’importance que les Européens attachent aux monuments anciens, et les avantages qui

résultent pour eux de l’étude de l’antiquité, […] »291. Le souci des vestiges pharaoniques semble donc

essentiellement propre aux étrangers. Il s’agit en effet des ruines d’un passé païen qui ne provoque pas

forcément un sentiment identitaire dans l’Égypte moderne. Même après le XIXe siècle, le passé préislamique

de l’Égypte continue à être parfois perçu comme profondément étranger aux Égyptiens contemporains,

comme l’illustre le film الومياء Al-Mūmmīā‘ (« La momie » ; titre anglais : The Night of counting the Years)

de 1969. Son intrigue est basée sur sur la découverte de la cachette de Dayr al-Baḥarī ; un habitant de la

montagne thébaine exprime son incompréhension devant l’attitude des archéologues citadins par ces

termes : « They say they are looking for a people on top of whose ruins we now live. They call them the

ancestors. They read their writing and their names on stone. » Cela manifeste une distance par rapport aux

vestiges archéologiques difficilement concevable en Occident.

En effet, l’élaboration de la notion de patrimoine et de récit historique identitaire national (de type

« nos ancêtres les Gaulois ») s’est développée en Europe au XIXe siècle. C’est à cette époque que les vestiges

des temps anciens commencèrent à être considérés comme des attributs nationaux, dont la préservation

était du ressort de l’État (avec par exemple la création en France de la Commission des Monuments

historiques en 1836 ou au Royaume-Uni du National Trust en 1895). Il n’est pas anodin qu’Arthur Rhoné

évoque les « antiquités nationales », expression qui fut employée à la création du musée de Saint-Germain-

en-Laye en 1862 : la même conception du passé et de sa relation identitaire aux contemporains est à l’œuvre,

transposée hâtivement sur la société égyptienne.

La nation étant une entité symbolique artificielle et un concept occidental, il n’est pas certain que ce 290 David 1994, p. 181-182.291 Ordonnance du 15 août 1835 (traduit par Khater 1960, p. 38 ; nous avons pris la liberté de souligner).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ III. LE MUSÉE ET LES VISITEURS

registre ait été adapté au contexte égyptien du XIXe siècle, alors que l’Égypte était théoriquement une

province ottomane, gouvernée par une dynastie d’origine albanaise, sous tutelle européenne dans la

deuxième moitié du siècle et sous occupation militaire britannique après 1882. Les mouvements

nationalistes égyptiens apparurent plus tard, au début du XXe siècle. S’il est indéniable que le vice-rois

souhaitaient former un État-nation de type européen et que les élites progressistes de la société (c’est-à-dire

le groupe le plus exposé à l’influence occidentale) étaient ouvertes au discours sur l’Antiquité, il n’est pas

certain que les gens du peuple y eussent été sensibles. Il y a donc un décalage culturel ; les fonctionnaires du

Service ne relativisèrent peut-être pas les principes occidentaux qui les animaient. Il reste toutefois à

souligner leurs efforts rarement reconnus pour s’adresser aux Égyptiens contemporains.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ CONCLUSION

ConclusionNous avons pu prendre conscience que le musée de Būlāq ne se limitait pas à un épisode charmant et

pittoresque de l’histoire de l’égyptologie, ou même du tourisme au XIXe siècle. Organe du gouvernement

égyptien au sein de l’empire ottoman, alors que l’Égypte en faillite était administrée sous le contrôle des

Anglais et dépendait du soutien financier des puissances occidentales, ce musée, créé et dirigé par des

Européens issus de France, de Prusse et d’Italie (et rivaux entre eux), conçu dans une optique

épistémologique occidentale (mais aussi, nous l’avons vu, destiné aux « indigènes »), se trouvait dans une

situation complexe.

Le musée de Būlāq semble aussi avoir été en réaménagement permanent. Aux ravages des crues, aux

nouvelles découvertes et aux agrandissements du bâtiment, il faut ajouter la volonté des directeurs de

perfectionner sans cesse la présentation des collections. Le succès qu’obtint le musée auprès des voyageurs et

des scientifiques qui lui furent contemporains représente une réussite certaine pour Mariette et Maspero,

qui devaient se consacrer en même temps à une montagne d’autres travaux.

Malgré des moyens largement insuffisants, le rayonnement conséquent du musée participa à la

diffusion de l’image fantasmatique de l’Égypte et de l’égyptologie encore en formation, tout en

transmettant avec pédagogie un discours scientifique rigoureux. Il présente enfin le paradoxe d’un musée

archéologique, au rayonnement exceptionnel, géré avec des moyens dérisoires, qui n’a cessé d’être qualifié de

temporaire et dont la survie même n’allait pas de soi, qui donna naissance à une véritable légende, alimentée

tantôt par ses détracteurs qui réclamaient des locaux plus sûrs et plus pratiques, tantôt par ses admirateurs

qui propagèrent, conjointement à la légende dorée de Mariette, l’image d’un musée pittoresque

particulièrement attachant, moins peut-être par ses trésors archéologiques que par son intérieur « coquet »

débordant d’antiquités exotiques, son jardin peuplé d’animaux familiers au bord du Nil et sa tranquillité

propice à la méditation et à la rêverie.

Dans le cadre du développement du tourisme de masse encore à ses débuts, il ne faut pas oublier que

le musée n’était pas la seule vitrine dont disposèrent les directeurs du Service pour exposer leurs découvertes

et faire connaître l’image de l’Égypte antique. Les expositions universelles sont une autre scène de diffusion

51

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ CONCLUSION

de l’égyptologie (Mariette conçut notamment le pavillon égyptien de l’exposition de Paris de 1867292 et y

exposa notamment un moulage de la statue de Chéphren293 avec le « Shaykh al-Balad » original et d’autres

pièces du musée)294, parmi d’autres, comme le rappelle Anne Léo dans la phrase qui nous inspira notre sous-

titre : « du Musée, donc, aux réceptions pittoresques du Sérapéum, en passant par ces musées temporaires

que sont les expositions, par cette archéologie mondaine qu’est un décor d’opéra, par le tourisme savant des

invités à l’Inauguration du Canal (…) Mariette a essayé de faire connaître et de faire aimer l’Égypte au grand

public. »295

« Le Musée de Boulaq est aujourd’hui un souvenir du passé :

il est entré dans l’histoire et il y occupera une place glorieuse. »296

292 Cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 2, « III.3.a.δ. Le pavillon égyptien de l’exposition universelle de Paris de 1867, conçu par Mariette et présentant des collections du musée de Būlāq ».

293 Maspero 1904, p. 157.294 David 1994, p. 170-173 et 184-185.295 Léo 1946, t. 1 Texte, p. 133.296 Maspero 1890, p. 202.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ BIBLIOGRAPHIE

BibliographieRemarque : des bibliographies thématiques et chronologiques sont données dans notre t. 3 Annexes.

Documents complémentaires, vol. 2, « IV. Répertoires bibliographiques ».

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inédit d’une édition de la Notice, fos 3-271 ; et le brouillon du rapport officiel de Mariette au vice-roi relatif au vol d’une caisse de scarabées pendant les travaux de rénovation consécutifs à l’inondation de 1878, fos 272-276)

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297 Si l’on suppose que toutes les photos ont été prises lors de la même campagne, il est possible d’approcher une fourchette de datation restreinte. On trouve dans l’album une photographie de la statue de Râhotep, exposée au musée à partir de 1871 ; au contraire les pl. 1 à 3 datent d’avant l’adjonction de 1882. En outre Brignoli utilise les vocalisations de Mariette (« Ra-nefer », « Amnéritis », « Ra-hotep & Nefert-Meïdoun »[sic]), ce qui daterait l’album d’avant la parution du Guide de Maspero de 1883.Le Bulletin de la Société française de photographie de 1874 (p. 117), signale un Brignoli, photographe au Caire, qui présente au cours de cette année un album à la Société.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ BIBLIOGRAPHIE

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298 Un exemplaire de ce mémoire inédit est conservé à la bibliothèque de l’Institut d’égyptologie du Collège de France.299 Nous remercions nos amies arabisantes Mlles Romane Betbèze et Élodie Vrac pour leur aide dans la transcription du titre.

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Said 1978 : SAID Edward Wadie, Orientalism, New York, 1978.Saulcy 1864 : SAULCY (DE) Félicien « Le musée du Caire », Revue archéologique 9, 1864, p. 313-322.

56

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ BIBLIOGRAPHIE

Silberman 1989 : SILBERMAN Neil Asher, Between Past and Present: Archaeology, Ideology and Nationalism in the Modern Middle East, New York, 1989.

Taglioni 1870 : TAGLIONI Charles, Deux mois en Égypte. Journal d’un invité du khédive, Paris, 1870.Tiradritti 1999 : TIRADRITTI Francesco, « The History of the Egyptian Museum », Egyptian Treasures

from the Egyptian Museum in Cairo, Milan, 1999, p. 12-23.Vogüé 1877 : VOGÜÉ (DE) Eugène-Melchior, « Chez les Pharaons. Boulaq et Saqqarah », Revue des deux

mondes, janvier 1877, p. 331-358.Wallis 1888 : WALLIS Henry, « The Boulaq Museum », The Art-Journal, avril 1888, p. 103-110.Wallon 1884 : WALLON Henri, « Notice sur la vie et les travaux de François-Auguste-Ferdinand Mariette-

Pacha, membre ordinaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », CRAIBL (4e série) 11, 1883 (1884), p. 45-163.

Nous avons occasionnellement utilisé la base de données TIMEA (Travellers in Middle East Archives) de l’Université Rice (http://timea.rice.edu/) pour consulter les numérisations des documents suivants : Baedeker 1885, Brugsch 1881, Budge 1901, Edwards 1888, Mariette 1869, Maspero 1883, Murray 1888 et Rhoné 1877.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ INDEX DES NOMS CITÉS

Index des noms citésRemarque : L’index ne répertorie pas les notes de bas de page.

Abydos..................................................................9, 44, 55Alexandrie............................................................18, 38, 55Aménirdis.......................................................................45Angleterre.....................................................................5, 6Autriche................................................................7, 17, 26Azbakiyya........................................................7, 16, 18, 23Baedeker...................................................15, 32, 33, 53, 57Barsanti............................................................................. 11Berlin..................................................................... 5, 24, 25Bonaparte........................................................................ 18Bonnefoy.................................................................... 11, 12Bouriant........................................................................... 11British Museum.................................5, 14, 39, 41, 53, 56Brugsch............................................................6, 11, 54, 57Būlāq....................................................................................

Boulacq......................................................................41Boulak......................................................19, 23, 39, 54Boulaq. . .1, 4, 8-10, 17, 21, 25, 27, 29, 30, 33, 40, 41, 43, 44, 52-57Bûlâk........................................................................... 32Būlāq. 1, 2, 5-7, 9, 11-14, 16-18, 20, 22, 23, 28, 30, 31,

34, 35, 39, 41, 42, 45, 47, 51, 53, 55Caire........................2, 4, 6, 7, 9, 10, 13-19, 30, 31, 54-56Canope...........................................................................44Champollion....................................................................4Charmes..................................................5, 42-44, 46, 54Chéops.....................................................................43, 44Chéphren..............................................22, 26, 42, 43, 45Cook (Thomas)...............................................................2Cousin....................................................................... 12, 40Daninos............................................................................ 11Dayr al-Baharī...........................................................31, 37Desjardins...........................................................23, 28, 29Devéria............................................................................. 21Ḍīā‘..................................................................................... 7Drioton............................................................... 19, 20, 54Ebers.........................................................................48, 54Edwards............................................................... 13, 54, 57

Égypte.1, 2, 4-12, 14, 16-18, 21, 25, 29, 31, 33, 35-37, 40, 41, 44, 46, 48, 49, 51, 52, 54-57Eugénie..................................................................... 26, 49Exposition universelle...................................................22Floris........................................................................... 11, 20France..................3, 5, 6, 12, 18, 26, 39, 49, 51, 53, 56, 57Ǧabal Barkal.......................................................................

Gebel Barkal............................................................44Gabet................................................................................ 11Gayet........................................................................... 33, 55Ǧazīra......................................................................... 16, 18Ǧīza......................................2, 4, 10, 11, 14, 16, 18, 22, 35Ǧīza, ouvert après 1889.................................................38Grande-Bretagne.............................................................. 5Grébaut................................................9, 10, 19, 28, 35, 55Guimet.................................38, 39, 41, 42, 46, 47, 53-55Hathor............................................................................. 22Huber............................................................................... 17Iâhhotep..................................................13, 22, 33, 45, 49Ismā‘īl Pāshā.......................................................................

Ismaïl-Pacha................................................................4Ismā‘īl Pāshā......................................13, 22, 23, 35, 49

Italie............................................................................ 12, 51Kamāl................................................................................ 11Kāmil Pāshā....................................................................18Karnak................................................................................ 1Lepsius..........................................................1, 5, 21, 25, 56Lesseps............................................................................... 8Leyde................................................................................ 25Lieberknecht.................................................................40Londres...................................................22, 25, 44, 53-56Louqsor...................................................................... 31, 38Louvre...............................................3, 5, 8, 16, 21, 24, 43Lyon....................................................................46, 54, 55Mariette.........1, 2, 5, 6, 8-14, 16-32, 34-37, 39-49, 51-57Maspero....2, 5, 6, 9, 10, 15, 18-21, 28, 30-34, 36-41, 45-

48, 51, 54, 56, 57Montaut........................................................................... 21

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ INDEX DES NOMS CITÉS

Muḥammad ‘Alī Pāshā....................................................7Murray.....................................................33, 39, 41, 56, 57Napoléon III................................................................6, 8Nil......................8, 9, 13, 14, 16-19, 26, 27, 29, 51, 53, 54Paris............................................25, 27, 37, 46, 49, 52-57Prisse d’Avennes................................................................ 1Prusse...................................................................26, 27, 51Râhotep et Nofret.........................................................45Ramsès II...................................................................29, 31Rhoné........................................24, 25, 32, 47, 49, 56, 57Rosette............................................................................44Sa‘īd Pāshā.........................................................6, 8, 13, 16

Saïd........................................................................ 13, 17Sadek................................................................................. 11Saint-Germain-en-Laye...............................................49Salles du musée...................................................................

grand vestibule......................................24, 27, 29, 30magasin no 1..............................................................29magasin no 5........................................................26, 27salle de l’Ancien Empire.......................27, 29, 30, 34salle de l’est..............................................23, 24, 30, 32salle de l’ouest......................................................23, 29salle des bijoux............................21, 23, 24, 32, 33, 45salle du Centre....................23, 25, 26, 30, 32, 40, 45

salle gréco-romaine et copte...................................32salle historique de l’est.......................................30, 32salle historique de l’ouest........................................30salle hycsos....................................................27, 29, 30

Sân.................................................................................... 27Ṣān al-Ḥaǧar...................................................................27Séqénenrê-Taâ................................................................. 31Sérapéum...............................................................8-10, 52Séti Ier................................................................................ 31Shaykh al-Balad..............................................................22

Cheikh el-Beled....................................22, 43, 45, 47Stagni............................................................................... 22Suez.................................................................................. 26Taglioni..............................................................27, 42, 57Taḥrīr.......................................................................... 2, 46Ṭahṭāwy............................................................................ 7Tanis............................................................................ 9, 27Thèbes..............................................................9, 21, 22, 55Thoutmosis III.........................................................29, 31

Thoutmès III...........................................................44Turin...................................................................... 5, 25, 44Vallée des Rois................................................................. 31Vassalli........................................................................ 10-12

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ TABLE DES MATIÈRES

Table des matièresAvant-propos........................................................................................................................................................................................................... 1Introduction........................................................................................................................................................................................................... 4I. La gestion de l’établissement............................................................................................................................................................................. 7

I.1. Les attributions du musée........................................................................................................................................................................ 7I.1.a. La création du Service de conservation des antiquités de l’Égypte......................................................................................... 7I.1.b. Le rôle du musée et ses activités.................................................................................................................................................... 8

I.2. Le personnel.............................................................................................................................................................................................. 9I.2.a. Le directeur...................................................................................................................................................................................... 9I.2.b. La composition du personnel..................................................................................................................................................... 10I.2.c. Les moyens matériels..................................................................................................................................................................... 12

I.3. La parcelle................................................................................................................................................................................................. 13I.3.a. Description, avantages & inconvénients.................................................................................................................................... 13I.3.b. Localisation dans le Caire contemporain.................................................................................................................................. 15

II. Le bâtiment du musée.................................................................................................................................................................................... 16II.1. Le local original (1861-1863)................................................................................................................................................................ 16

II.1.a. D’éternels projets inaboutis........................................................................................................................................................ 16II.1.b. Transformer en musée des entrepôts désaffectés et une mosquée en ruine........................................................................18II.1.c. Premier essai muséographique.................................................................................................................................................. 20

II.2. De l’ouverture au public à la mort de Mariette (1863-1881)........................................................................................................... 22II.2.a. Ordonnance interne et organisation des collections............................................................................................................. 22II.2.b. Enrichissement des collections exposées et ajout de deux nouvelles salles........................................................................25II.2.c. La crue de 1878............................................................................................................................................................................ 27

II.3. Le « nouveau musée » de Būlāq : les dernières années de Mariette et ses successeurs, Maspero et Grébaut (1879-1889)..28II.3.a. La rénovation du musée en 1879............................................................................................................................................... 28II.3.b. Nouvelles affectations et nouvelles salles................................................................................................................................. 31II.3.c. Des réaménagements constants................................................................................................................................................. 33

III. Le musée et les visiteurs................................................................................................................................................................................ 36III.1. Conditions pratiques de la visite....................................................................................................................................................... 36

III.1.a. Horaires & règlement................................................................................................................................................................ 36III.1.b. Commodités pour les visiteurs................................................................................................................................................ 37III.1.c. Les cartels..................................................................................................................................................................................... 39

III.2. Le message scientifique...................................................................................................................................................................... 40III.2.a. Les catalogues, entre vulgarisation et érudition.................................................................................................................. 40III.2.b. Salles historiques et typologies............................................................................................................................................... 42

III.3. Plaire pour faire aimer........................................................................................................................................................................ 45III.3.a. Mise en scène des « chefs-d’œuvre »..................................................................................................................................... 45III.3.b. Le souci de s’adresser aux « indigènes »............................................................................................................................... 47

Conclusion............................................................................................................................................................................................................ 51Bibliographie......................................................................................................................................................................................................... 53

Archives........................................................................................................................................................................................................... 53Sources publiées............................................................................................................................................................................................. 53

Index des noms cités............................................................................................................................................................................................ 58Table des matières................................................................................................................................................................................................ 60

60

École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

II. Annexes. Images du musée de Būlāq

Volume 1

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Images du musée de BūlāqRemarques préliminaires

Nous nous sommes limité pour cet ensemble aux images qui permettent d’observer l’aménagementdu bâtiment et des salles du musée. Les vues d’objets isolés, devant un écran, n’ont donc pas été retenues.

Les fonds que nous avons consultés et qui ont livré des images intéressantes sont indiqués au cas parcas. Nous avons également dépouillé d’autres fonds qui n’ont pas livré d’image exploitable. Nous lesrépertorions donc à titre indicatif.

La bibliothèque du Musée des Arts-décoratifs contient les « albums Maciet », une collection de plusde cinq mille albums dans lesquels Jules Maciet (1846-1911) a réuni des images sur les thèmes les plus variés.Par un heureux hasard, il se trouve que Jules Maciet était un ancien camarade de classe de Gaston Maspero,qui est resté en contact avec lui1. Nous espérions donc y trouver quelque chose, mais les albums necontiennent pas d’images qui documentent (même en arrière-plan) l’aménagement du musée de Būlāq.Quelques images du musée de Ǧīza s’y trouvent néanmoins et nous ont permis d’écarter une vue ambiguëque nous avions à tort attribuée à Būlāq2. Nous avons consulté les albums regroupés dans les thèmessuivants :

– no 22 « Architecture. Égypte antique »– no 61 « Architecture. Égypte »– no 81 « Architecture. Musées »– no 150 bis « Collections publiques et particulières »– no 153 « Costume. Antiquité. Égypte »– no 309 « Expositions »– no 434 « Sculpture. Antiquité. Égypte »

Les fonds photographiques de l’Institut national d’histoire de l’art conservent également, outre lescartons qui se sont révélés intéressants et que nous reprenons dans notre corpus, d’autres qui auraient pucontenir des images exploitables du musée de Būlāq mais ont déçu nos attentes :

– Archéologie Égypte II 017 « Le Caire, musée : statues II »– Archéologie Égypte II 018 « Le Caire, musée : statuettes et objets divers (bois et ivoire) »– Archéologie Égypte II 019 « Le Caire, musée : bas-reliefs et gravure »– Archéologie Égypte II 020 « Le Caire, musée : stèles »– Archéologie Égypte II 021 « Le Caire, musée : dessins sur calcaire, papyrus, peintures »– Archéologie Égypte II 022 « Le Caire, musée : momies »– Archéologie Égypte II 023 « Le Caire, musée : cercueils et sarcophages »– Archéologie Égypte II 024 « Le Caire, musée : petite métallurgie »

1 Cf. David 2003, p. 625.2 Albums Louvre, t. 1, no 7.

1

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– Archéologie Égypte II 025 « Le Caire, musée : objets divers »– Archéologie Égypte II 026 « Le Caire, musée : tombeau de Touiya et Touiyou»

Il nous faut également signaler que l’agence de photographie Roger-Viollet présente, sur la base dedonnée de son site web (http://www.roger-viollet.fr/accueil.aspx) trois photographies des salles du muséede Būlāq (nos 10716-7, 10716-9 et 10716-10)3. Nous n’avons pu les inclure dans cet ensemble puisqu’il nenous a pas été permis de les utiliser, ni même de les consulter, sans devoir nous acquitter de droitsd’utilisation. Cette agence dispose également d’un fonds non traité qui contient peut-être des images dumusée qui n’ont pas été attribuées, mais elles demeurent inaccessibles aux chercheurs.

Nous nous sommes efforcé d’attribuer à ces images une localisation et une datation aussi fines quepossible. Il est parfois délicat de dater une vue en l’absence de critère de datation (présence d’un objetcélèbre dont les déplacements sont bien documentés surtout). L’attribution de la salle du musée est elle aussidélicate. Dans la mesure où le même mobilier fut utilisé pour les musées de Būlāq, de Ǧizā et de l’actuelleplace Taḥrīr, il est même parfois délicat à l’œil non averti de distinguer les images de ces trois musées…

Remarque : Nous ne connaissons aucune image du petit vestibule, du vestibule de la salle des bijoux,du magasin no 5. L’album d’Alexandre Brignoli4 contient deux vues de la salle des bijoux, centrées sur lastatue d’Aménirdis et celles de Râhotep et Nofret (respectivement pl. 32 et 33), mais on n’y distingue pasl’environnement des pièces, sinon que la statue d’Aménirdis se tient dos à une baie dont la bordure estpeinte, et que les statues de Râhotep et Nofret étaient présentées dans une structure vitrée.

Un certain nombre d’images provient des albums des musées du Caire conservés à la bibliothèque duDépartement des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, rayons « musées étrangers, grands folios » àla cote « CAT CAI », qui proviennent de la bibliothèque du musée Guimet (cotes « C-1 II 28.881 » à« C-1 II 28.885 »). La présence de photographies du musée de Ǧizā (t. 1, no 7) indique que lerassemblement des images n’a pas pu avoir lieu avant la fermeture du musée de Būlāq. Nous les désigneronscomme « Albums Louvre ».

Nous remercions de nous avoir donné l’autorisation d’utiliser ces images :M. Jérôme Legrand, chargé d’études documentaires à la Documentation du Musée d’OrsayMme Élodie Molières, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’artM. Olivier Perdu, ingénieur d’étude au Collège de FranceMme Geneviève Pierrat-Bonnefois, responsable de la Documentation du Département des

antiquités égyptiennes du Musée du Louvre

3 Ces images sont délicates à retrouver. Le 20 avril 2013, c’était possible en lançant une recherche « Caire musée » ; les troisimages concernées apparaissaient sur la 2e page de résultats (en affichant 50 images par page).

4 Brignoli [s. d.]

2

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I. Cour

Image no 1Source : Mariette 1872b, pl. 3Datation : 1871 ou peu avantJustification : La photographie a été publiée en 1872, suite à la demande des photographes Délié et

Béchard qu’évoque Mariette dans l’introduction de leur Album, datée du 1er novembre 1871.5

Remarque : Avant la reconstruction de 1880, les toits des salles ne sont pas à la même hauteur : ondistingue l’avancée du petit vestibule, puis, derrière et plus haut, le grand vestibule ; de part et d’autre,légèrement plus bas, les salles historiques de l’est et de l’ouest ; enfin la travée centrale de la salle du Centredomine l’ensemble. à droite on devine la corniche du magasin no 5 (cf. le plan de Léo 1946, t. 2 Appendices,p. 29, reproduit dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.κ. Schéma rétrospectif dumusée », p. 16)

5 Mariette 1872b [n. p.].

3

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Image no 2Source : Brignoli [s. d., 1874?]6, pl. 1Datation : 1869-1882Justification : La pièce basse qui fait saillie, dans le fond, est la salle historique de l’est (ses percements

correspondent aux deux fenêtres et à l’étroite porte très proche du coin saillant qui sont visibles sur le plande Baedeker 1878, p. 293 – cf. notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.α. Plan du muséeen 1878 » , p. 7). L’image date donc d’après 1869 (construction des deux salles historiques autour du grandvestibule), mais d’avant 1882 (construction des nouvelles salles).

6 Pour la datation de l’album, cf. la bibliographie donnée dans notre t. 1 Texte.

4

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Image no 3Source : Brignoli [s. d., 1874?]7, pl. 3Datation : 1869-1882 (d’après Brignoli [s. d., 1874?], pl. 1 = notre image no 2, p. 4)Remarque : Cette photographie laisse voir en arrière-plan le mur est du petit vestibule (elle confirme

donc la présence d’une ouverture, porte ou fenêtre) et le mur sud du grand vestibule. On devine aussi, au-dessus de la corniche, la surélévation de la nef centrale de la salle du Centre.

7 Pour la datation de l’album, cf. la bibliographie donnée dans notre t. 1 Texte.

5

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Image no 4Source : Brignoli [s. d., 1874?]8, pl. 6Datation : 1869-1882 (d’après Brignoli [s. d., 1874?], pl. 1 = notre image no 2, p. 4)Remarque : Cette photographie se focalise sur la dernière des quatre statues visibles de notre image

no 2 (cf. p. 4). On aperçoit derrière elle l’angle de la salle historique de l’est, et sa petite porte.

8 Pour la datation de l’album, cf. la bibliographie donnée dans notre t. 1 Texte.

6

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Image no 5Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-20Datation : 1869-1878Justification : On voit ici le petit vestibule (à gauche), l’angle sud-est du grand vestibule (en ressaut au

centre) et la salle historique de l’est (à droite). Cette dernière salle a été construite en 1869. Lors de lareconstruction qui suivit la crue de 1878, le bâtiment fut rehaussé (toutes les corniches atteignirent le mêmeniveau, cf. p. ex. notre image no 9, p. 11).

Remarque : on devine la surélévation du plafond de la nef centrale de la salle du Centre, en haut àgauche.

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Image no 6Source : Album de photographies d’Emil Brugsch conservé à la Documentation du Département des

antiquités égyptiennes du musée du LouvreDatation : 1869-1878Justification : On voit ici la salle historique de l’est, avant l’adjonction de 1882. Les murs sont

relativement défraichis, et les corniches égyptisantes ne sont pas peintes, contrairement à après lareconstruction de 1879.

8

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Image no 7Source : EBERS Georg, Ägypten in Bild und Wort, t. 2, Stuttgart – Leipzig, 1880, p. 49.Datation : 1869-1878Justification : On voit ici les murs du petit vestibule et de la salle historique de l’est, construite en

1869, avant l’adjonction de 1882. Les corniches égyptisantes ne sont pas peintes, contrairement aux imagespostérieures à la reconstruction de 1879. Cf. l’image no 6, p. 8, présentant les mêmes statues dans la mêmedisposition, mais d’un angle différent.

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Image no 8Source : fonds photographique de l’INHA : Photothèque archéologie Égypte II, 015 : « Archéologie

Égypte : Musées du Caire, Guizeh, Boulaq », no 45Datation : 1879-1889Justification : Cette vue présente un mur à deux fenêtres, prolongé par une paroi aveugle en léger

ressaut, contre une avancée du bâtiment. Cette disposition ne se trouve qu’à l’angle formé entre la sallehistorique de l’ouest et le petit vestibule (le léger ressaut correspond à l’angle du grand vestibule) à partir de1869 ; ou à la jonction entre la salle historique de l’est et le dépôt/cabinet du nazir à partir de 1882 (maiscette dernière disposition ne convient guère, puisque la stèle appuyée contre le mur, à droite, ne laisse pas laplace pour la porte qui est indiquée par les plans du musée. Il semble donc s’agir de la partie ouest de lafaçade sud du musée. Cela est confirmé par le sphinx de Thoutmosis III que l’on aperçoit à droite, localisé àcet emplacement sur le plan de Baedeker 1885 sous le no 60329. La peinture des corniches égyptisantes dubâtiment rattache cette image aux photographies suivantes et la distingue des précédentes, qui semblentêtre plus précoces. Nous proposons donc que la façade ait été repeinte à l’occasion de la reconstruction de1879.

9 Cf. Maspero 1883, p. 24.

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Image no 9Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-20Datation : 1879-1886 (ou 1881-1883 si l’identification des personnages est correcte)Justification : Ce n’est qu’à la reconstruction de 1879 que les différentes salles ont eu le plafond

surélevé, ce qui aboutit à une corniche unique sur le pourtour du bâtiment. En revanche, en 1886, lacorniche à triglyphes égyptisante n’était plus visible10 (on aurait repeint par-dessus ?).

Remarque : D’après les indications manuscrites sur le support, les quatre personnages sont (de gaucheà droite) Victor Loret et son frère Charles, Urbain Bouriant et Eugène Lefébure. D’après le Who was who inEgyptology, ces quatre personnages ne pouvaient être réunis qu’à partir de 1881, c’est-à-dire après l’arrivée enÉgypte d’Urbain Bouriant11 et de Victor Loret12 ; et avant 1883, c’est-à-dire le départ d’Eugène Lefébure13.

10 Cf. notre image no 12, p. 1411 Bierbrier 2012, p. 75-76.12 Bierbrier 2012, p. 338.13 Bierbrier 2012, p. 318.

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Image no 10Source : photographies données par François Maspero et conservées à la Documentation du

Département des antiquités égyptiennes du Musée du LouvreDatation : 1879-1886Justification : La peinture des corniches égyptisantes du bâtiment rattache cette image à celles que

nous datons d’après la reconstruction de 1879. Cette disposition correspond à l’état décrit par le le Guide deMaspero14 et le plan de Baedeker 1885 [n. p.], à l’exception de la table d’offrande no 603315 qui n’est pasvisible ici. Les statues installées contre la façade y ont été rejointes, en avril 1886, par un colosse d’Abūṣīr etla statue de Ramsès II que l’on voit à gauche.16

Remarque : L’espèce de frise à triglyphes égyptisante est notable ; elle n’apparaît plus quelques annéesplus tard (cf. p. 14).

14 Maspero 1883, p. 24.15 Maspero 1883, p. 24-25.16 David 2003, p. 208 (lettre de Maspero à sa femme Louise écrite de Būlāq le 5 avril 1886).

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Image no 11Source : Abou-Ghazi 1988, pl. 2Datation : 1879-1886Justification : la peinture des frises égyptisantes et la hauteur uniforme des salles placent cette image

après la reconstruction de 1879. En revanche, la présence de la statue porte-enseigne de Ramsès II entre lesdeux sphinx de Thoutmosis III, au fond, et non à l’angle sud-ouest du petit vestibule, la situe avant 188617.

17 David 2003, p. 208 (lettre de Maspero à sa femme Louise écrite de Būlāq le 5 avril 1886). Toutefois, l’image no 7, p. 9,publiée en 1880, présente cette statue à une autre position ; il faut donc relativiser la pertinence de ce critère de datation.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 12Source : fonds photographique de l’INHA : Photothèque archéologie Égypte II, 015 : « Archéologie

Égypte : Musées du Caire, Guizeh, Boulaq », no 47 (reproduit en gravure dans Wallis 1888, fig. 1, p. 103)Datation : 1886-1888Justification : Ce n’est qu’en 1886 que quatre statues ont été installées devant la façade du petit

vestibule.18 La reproduction de la photographie dans une gravure publiée en 1888 donne le terminus antequem.

Remarque : L’image est datée à la main de 1874 sur son support (mais de telles indications sontsouvent erronées, et elles ne sont pas justifiées) ; la corniche à gorge qui surmonte l’édifice et les baies estpeinte, ce qui ne figure pas sur d’autres images de l’extérieur. Mais à quelle occasion la façade a-t-elle puchanger d’aspect ? dans l’état de la documentation, les changements peuvent être intervenus en 1879, lors dela reconstruction du musée. Il n’est pas non plus exclu que les murs aient été repeints à l’occasion des grandstravaux (adjonction de deux salles en 1869 et en 1882), ou même à un autre moment.

18 David 2003, p. 208 (lettre de Maspero à sa femme Louise écrite de Būlāq le 5 avril 1886).

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École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

II. Annexes. Images du musée de Būlāq

Volume 2

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

II. Grand vestibule

Image no 13Source : Album de photographies d’Emil Brugsch conservé à la Documentation du Département des

antiquités égyptiennes du musée du LouvreDatation : 1874-1882Justification : La grande statue de Rânéfer, sans perruque, qui est visible ici n’est attestée que dans le

grand vestibule19 et la salle de l’ouest/salle l’Ancien Empire20. L’environnement correspond à la premièrepossibilité21 ; par l’ouverture de la porte, on aperçoit de profil la double statue d’Aménémhat III porteurd’offrande de la première salle hyksos/salle historique de l’est22. Cela permet de dater l’image d’avant sonagrandissement en 1882.

19 Mariette 1864, p. 60 ; Mariette 1868, p. 67 ; Mariette 1869, p. 65 ; Mariette 1872, p. 69 ; Mariette 1874, p. 99 ; Mariette1876, p. 93.

20 Maspero 1883, p. 221.21 Le sarcophage de gauche, no 90 (Mariette 1876, p. 119) et la table d’offrande no 94 (Mariette 1874, p. 121). 22 Mariette 1874, p. 68-69.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 14Source : Brignoli [s. d., 1874?]23, pl. 18Datation : 1868-1878Justification : Les quatre piliers nos 101 à 104 sont documentés dans le grand vestibule par toutes les

éditions de la Notice24. Ils reçurent ce numéro à l’adoption d’un système de numérotation continue, en 1868.Le décor mural n’est pas attesté après la crue de 1878 et la démolition du bâtiment.

23 Pour la datation de l’album, cf. la bibliographie donnée dans notre t. 1 Texte.24 De Mariette 1864 (p. 65 ; sous les nos 18 à 21 avant l’adoption d’un système de numérotation continue) à Mariette 1876

(p. 124).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 15Source : Brugsch & Maspero 1881, pl. 325

Datation : 1881Justification : Les deux cercueils visibles ici ont été découverts dans la cachette de Dayr al-Baḥarī, en

188126 ; l’image a été publiée la même année.Remarque : la statue colossale de Ramsès II et les cercueils d’Iâhmès Néfertari et de Iâhhotep n’étaient

plus présentés dans le grand vestibule en 1883 d’après le Guide de Maspero. Comparer avec l’image suivante(p. 19) plus tardive de la même salle, selon le même angle, après l’ajout du chambranle de granit en 1882 27 etle déplacement des cercueils et de la statue.

25 Numérisé sur le site de l’université de Heidelberg (http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/maspero1881bd1/0039?sid=9bc732c48cc660fe3f29bc4dc405d081&zoomlevel=4 ; consulté le 14 avril 2013).

26 Identifiés dans la description des planches de Brugsch & Maspero 1881 [n. p., en fait p. 33]. 27 Maspero 1883, p. 74-75.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 16Source : musée d’Orsay « PHO 1986 142 51 » (Photographies d’Égypte, mission Cattaui, t. 3, vol. 3,

pl. 51)Datation : 1882-1886Justification : La grande salle, au fond, avec une statue de Chéphren assis, semble être la salle du

Centre ; la légende de l’image indique « grand vestibule ». Le chambranle de porte abydénien de granit aété installé entre le grand vestibule et la salle du Centre en 188228. La présence d’un dallage de carreaux clairset unis confirme que la vue est postérieure à la reconstruction de 1879 (le dallage figurait auparavant unmotif de rectangles imbriqués ; cf. les images plus anciennes de la salle du Centre). L’image a été collectéelors de la mission d’Adolphe Cattaui, qui date de 188629 (nous ignorons s’il a acquis une image ancienne oul’a fait réaliser pendant son séjour).

28 Maspero 1883, p. 74-75.29 Cattaui 1888, p. 78.

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Image no 17Source : fonds photographique de l’INHA : Photothèque archéologie Égypte II, 015 : « Archéologie

Égypte : Musées du Caire, Guizeh, Boulaq », no 44Datation : 1882-1889Justification : Il s’agit d’une vue du grand vestibule, vers l’entrée de la salle du Centre (cf. image no 16

p. 19). Le chambranle de granit a été posé en 1882.30

Remarque : L’image est datée à la main de 1874 sur son support (ce n’est pas possible : le chambranlede granit a été posé en 1882).

30 Maspero 1883, p. 74-75.

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III. Salle de l’ouest/magasin no 1/deuxième salle de l’Ancien Empire

Image no 18Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de France, II-

36Datation : 1868-1874Justification : La statue de Rânéfer avec une perruque visible au milieu a été exposée dans le grand vestibule 31,

la salle de l’ouest32, la salle du Centre33 et la deuxième salle de l’Ancien Empire34 (à l’emplacement de la salle de l’ouest).La position des pilastres ne peut correspondre qu’à la salle de l’ouest et à la salle du Centre, mais d’après le décor muralet la hauteur de plafond, il ne peut s’agir de la salle du Centre. La date est donc bornée par la première attestation dela statue dans la salle de l’ouest et l’inondation de celle-ci, avant la parution de la Notice de 1874.

Remarque : il s’agit de la travée centrale de la salle, délimitée par deux pilastres sur les murs est et ouest que l’onretrouve sur le plan. Ce mur sera percé d’une ouverture à la reconstruction du musée en 1880.

31 Mariette 1864, p. 59-60.32 Mariette 1868, p. 210-211 ; Mariette 1869, p. 208-209 ; Mariette 1872, p. 214-215.33 Mariette 1874, p. 225-226 ; Mariette 1876, p. 216-217.34 Maspero 1883, p. 218.

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Image no 19Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-41Datation : 1864-1874Justification : Par rapprochement avec la photographie précédente, on reconnaît le décor mural,

distinct des frises des salles du Centre et de l’est. La photographie date donc d’entre l’ouverture du musée etla dévastation de la salle par la crue, avant la Notice de 187435.

Remarque : On voit ici la partie nord de la salle, avec en second plan, à droite, le pilastre nord-est.

35 Mariette 1874, p. 69.

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Image no 20Source : Albums Louvre, t. 1, no 5Datation : 1880-1889Justification : le no 1052 visible sur le socle de la statue de Ti, au premier plan, correspond au Guide de

Maspero36, et donc probablement à l’arrangement adopté par Mariette lors de la reconstruction du musée,en 1880.

Remarque : on aperçoit, dans le coin du fond, un des montants de porte de Hathornéférhétépes.

36 Maspero 1883, p. 222. Cette statue était signalée, dans toutes les éditions de la Notice de 1868 à 1876 (Mariette 1868, p. 65 ;Mariette 1869, p. 67 ; Mariette 1872, p. 69 ; Mariette 1874, p. 99 ; Mariette 1876, p. 93), dans le grand vestibule, sous leno 24.

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Image no 21Source : musée d’Orsay « PHO 1986 142 42 » (Photographies d’Égypte, mission Cattaui, t. 3, vol. 3,

pl. 42)Datation : 1880-1886Justification : Cette vue réunit la statue de Rânéfer sans perruque avec les fameuses « oies

de Maydūm » (que l’on devine dans l’armoire vitrée). Ces deux pièces ont été réunies après lareconstruction du musée en 1879, comme l’indiquent les documents de travail de Mariette 37 et le Guide deMaspero38. Il semble qu’auparavant ces pièces ne se soient pas trouvées dans la même salle.39 L’image a étécollectée lors de la mission d’Adolphe Cattaui, qui date de 188640 (nous ignorons s’il a acquis une imageancienne ou l’a fait réaliser pendant son séjour ; mais les quatre photographies rassemblées dans cet albumsemblent documenter un état tardif du musée, postérieur à la reconstruction de 1879).

37 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 81 (notice découpée des « oies de Maydūm »), 89 et 96 (brouillons des cartels des deux statuesde Rânéfer) rassemblés ensemble dans la section consacrée à la salle de l’Ancien Empire (fos 71-103).

38 Maspero 1883, p. 205-207 et no 1049 p. 24139 P. ex. Mariette 1876 : les « oies de Maydūm » sont dans la salle du Centre (p. 294) et la statue de Rânéfer dans le grand

vestibule (p. 93). Nous n’avons pas repéré les « oies de Maydūm » dans les éditions précédentes.40 Cattaui 1888, p. 78.

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Image no 22Source : Albums Louvre, t. 1, no 8Datation : 1886-1889Justification : Cette statue du prêtre Rânéfer est présentée dans le Guide de Maspero41 dans la

deuxième salle de l’Ancien Empire, sous le no 975 visible ici. Une lettre de Mariette mentionnait en 1880l’installation d’une statue de Rânéfer (le musée en possédait deux) dans cette salle, à l’occasion de lareconstruction du musée.42 Le studio de photographie dont la marque est visible au coin inférieur gauchede l’image (Abdullah Frères) fut actif au Caire de 1886 à 1895.43

Remarque : On aperçoit, à droite de l’image, la petite statue de Chéphren44.

41 Maspero 1883, p. 218.42 Wallon 1884, p. 154. Il était auparavant exposé, sous le no 4, dans le grand vestibule (Mariette 1864, p. 59-60), et sous le

no 582 dans la salle de l’ouest (Mariette 1868, p. 210-211 ; Mariette 1869, p. 208-209 ; Mariette 1872, p. 214-215) puis la salledu Centre (Mariette 1874, p. 225-226 ; Mariette 1876, p. 216-217) après l’inondation de la salle de l’ouest.

43 Özendes 1995, p. 135-148 (ils disposaient toutefois d’un atelier à Istanbul dès 1852).44 Maspero 1883, p. 217.

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Image no 23Source : musée d’Orsay « PHO 1986 142 50 » (Photographies d’Égypte, mission Cattaui, t. 3, vol. 3,

pl. 50)Datation : 1886Justification : La photographie est légendée « Salle de l’Ancien Empire » sur le montage. Cette

désignation pourrait évoquer la salle historique de l’est de 1874 à 1878, mais la statue de Rânéfer (au centre)et la petite statue de Chéphren (à droite) n’y sont pas attestées. Il s’agit donc vraisemblablement de la sallede l’ouest, consacrée à l’Ancien Empire après la reconstruction de 1879. Les deux statues sont mentionnéespar les notes de travail de Mariette45 et par le Guide de Maspero46. L’image a été collectée lors de la missiond’Adolphe Cattaui, qui date de 188647 (nous ignorons s’il a acquis une image ancienne ou l’a fait réaliserpendant son séjour ; mais les quatre photographies rassemblées dans cet album semblent documenter unétat tardif du musée, postérieur à la reconstruction de 1879).

45 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 89 et 96 (brouillons des cartels des deux statues de Rânéfer) et 101 (liste de pièces quicomporte « le petit Chéphren ») rassemblés ensemble dans la section consacrée à la salle de l’Ancien Empire (fos 71-103).

46 Maspero 1883 : la statue de Rânéfer porte le no 975 (p. 218) et celle de Chéphren le no 974 (p. 217).47 Cattaui 1888, p. 78.

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Image no 24Source : Album de photographies d’Emil Brugsch conservé à la Documentation du Département des

antiquités égyptiennes du musée du LouvreDatation : 1879-1889Justification : Les triglyphes égyptisants peints sur le pilier datent cette photographie d’après la

reconstruction du musée, en 1879 (cf. les photographies de la cour). On peut y reconnaître, à droite, l’un desmontants de la fausse-porte de Hathornéférhotep (l’autre apparaît sur l’image no 20, p. 23), indiqué par leGuide de Maspero dans la salle de l’Ancien Empire48. La plaque de bois adossée contre le pilier, à gauche, estpeut-être l’un des trois panneaux d’Hézyrê49 qui y étaient également présentés.

Remarque : Cette image pose problème. En effet, d’après tous les plans contemporains, la deuxièmesalle de l’Ancien Empire n’est pas censée contenir de pilier. Ces objets ne sont pas non plus susceptiblesd’avoir été exposés dans une autre salle à cette époque. Peut-être ce pilier est-il en fait un pilastre, peintd’une couleur différente de celle du mur (cf. le grand vestibule, image no 15, p. 18) ? Cela permettrait del’intégrer aux plans, mais en l’absence d’images plus larges de la salle, cette attribution reste hypothétique.

48 Maspero 1883, p. 212-213, nos 991 et 1000.49 Maspero 1883, p. 213-214, nos 1037-1039.

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École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

II. Annexes. Images du musée de Būlāq

Volume 3

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

IV. Salle du Centre

Image no 25Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-38Datation : 1868-1878Justification : La statue de Chéphren assis, au fond, n’est attestée dans la salle du Centre qu’à la

seconde édition de la Notice50. Après l’inondation de 1878 et la reconstruction de 1879, le décor mural et ledallage sont différents (cf. les images nos 32-35).

Remarque : Il s’agit de la vue opposée à la l’image no 26, p. 30.

50 Mariette 1868, p. 204-204 (il était auparavant dans la salle de l’ouest : Mariette 1864, p. 179).

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Image no 26Source : Mariette 1872b, pl. 2Datation : 1871 ou peu avantJustification : La photographie a été publiée en 1872, suite à la demande des photographes Délié et

Béchard qu’évoque Mariette dans l’introduction de leur Album, datée du 1er novembre 1871.51

Remarque : Il s’agit de la vue opposée à l’image no 18, p. 29. La porte du fond donne sur le grandvestibule. Après l’inondation de 1878 et la reconstruction de 1879, le décor mural et le dallage sontdifférents (cf. les images nos 32-35).

51 Mariette 1872b [n. p.].

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Image no 27Source : Mariette 1872b, pl. 3Datation : 1871 ou peu avantJustification : La photographie a été publiée en 1872, suite à la demande des photographes Délié et

Béchard qu’évoque Mariette dans l’introduction de leur Album, datée du 1er novembre 1871.52

Remarque : Après l’inondation de 1878 et la reconstruction de 1879, le décor mural et le dallage sontdifférents (cf. les images nos 32-35). D’après le commentaire de la planche53, le « Shaykh al-Balad » se tenaitdevant la porte de la salle de l’est.

52 Mariette 1872b [n. p.].53 Mariette 1872b [n. p., en regard de la pl. 3].

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Image no 28Source : fonds photographique de l’INHA : Fol Phot 044 (066) « Portefeuille Faculté archéologie :

Égypte », no 39Datation : 1869 (ou plus tôt ?) – 1878Justification : Le décor mural correspond à la salle du Centre avant la crue de 1878. La statue de

Psammétique et d’Hathor sous forme de vache y est signalée par les Notices de Mariette à partir de 1869.54

Nous n’en avons pas trouvé mention dans les précédentes éditions de la Notice, mais elle est attestée aumusée avant 186355.

Remarque : La position des statues d’Isis et d’Osiris a été intervertie par rapport à l’image n o 26, p. 30(à moins que l’image n’ait été inversée avant d’être tirée).

54 Mariette 1869, p. 151 ; Mariette 1872, p. 157-158 ; Mariette 1876, p. 166.55 Cf. le schéma rétrospectif des premières salles salles dans notre t. 3 Annexes. Documents complémentaires, vol. 1, « I.2.a.κ.

Plan rétrospectif des salles de 1861-1863 dessiné de mémoire par Édouard Mariette en 1903 », p. 16.

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Image no 29Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, III-50Datation : 1868-1883Justification : La statue de Kaâper (le « Shaykh al-Balad », « chef de village »), fut présentée dans la

salle du Centre de l’ouverture à la fermeture du musée. On peut toutefois distinguer sur cette vue unnuméro à trois chiffres, ce qui correspond au no 492, sous lequel il fut connu depuis la Notice56 de 1868jusqu’au Guide de 188357.

56 Mariette 1868, p. 185 ; Mariette 1869, p. 183 ; Mariette 1872, p. 189 ; Mariette 1874, p. 202-203 ; Mariette 1878, p. 194. Lapremière édition lui attribuait le no 370 (Mariette 1864, p. 162).

57 Maspero 1883, p. 20-21 (sous le no 19).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 30Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, III-60Datation : 1868-1878Justification : Le décor mural correspond à la salle du Centre avant la reconstruction de 1879. La

statue de Chéphren y est attestée à partir de la seconde édition de la Notice.58

Remarque : On aperçoit derrière la statue de Chéphren le buste de bois féminin décrit par le Guidede Maspero dans la salle du Centre59 (nous n’en avons pas trouvé mention dans les Notices).

58 Mariette 1868, p. 204-205.59 Maspero 1883, p. 27.

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Image no 31Source : photographies données par François Maspero et conservées à la Documentation du

Département des antiquités égyptiennes du Musée du LouvreDatation : 1873-1876Justification : Le revers précise que le photographe a été primé aux expositions de Paris (1870) et de

Vienne (1873). Pascal Sébah60 fut également médaillé à l’exposition universelle de Philadelphie (1876) et àcelle de Paris (1878), ce que ne manquèrent pas de souligner ses produits ; cette image est donc antérieure.

60 Özendes 1995, p. 112-135.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 32Source : Albums Louvre, t. 3, no 15 (un autre tirage est conservé dans le fonds photographique de

l’INHA, Photothèque archéologie Égypte II, 016 : « Archéologie Égypte : Le Caire, musée, statues I »,no 685)

Datation : 1882-1889Justification : Il s’agit d’une vue de la salle du Centre (on aperçoit dans la vitre qui protège le papyrus,

au-dessus de la porte, le reflet des fenêtres hautes de la nef centrale). Le chambranle de porte abydénien degranit a été installé entre le grand vestibule et la salle du Centre en 188261. La présence d’un dallage decarreaux clairs et unis confirme que la vue est postérieure à la reconstruction de 1879 (le dallage figuraitauparavant un motif de rectangles imbriqués ; cf. les images précédentes).

Remarque : le Guide de Maspero de 1883 situe la statue d’Aménirdis dans le grand vestibule. 62 Elle adonc dû changer de place, avant ou après la publication du guide. Le décor mural correspond à d’autresphotographies de la salle du Centre de la période (images n o 33, p. 38, et avec la statue l’image no 34, p. 39),ce qui confirme la localisation.

61 Maspero 1883, p. 74-75.62 Maspero 1883, p. 52-53.

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École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

II. Annexes. Images du musée de Būlāq

Volume 4

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

IV. Salle du Centre (suite)

Image no 33Source : Album de photographies d’Emil Brugsch conservé à la Documentation du Département des

antiquités égyptiennes du musée du LouvreDatation : 1880-1889Justification : La vitrine O s’est toujours trouvée dans la salle du Centre. Dans les Notices de Mariette,

il s’agit du dernier casier de la « vitrine octogone »63 ; dans le Guide de Maspero64, il s’agit de la vitrine danslaquelle sont présentés des statuettes et des éléments de mobilier funéraire, ce qui semble convenir aveccette image.

Remarque : Le décor mural correspond à la photographie d’Aménirdis dans la salle du Centre (imageno 32, p. 36), ce qui confirme la localisation.

63 Mariette 1864, p. 134-135 ; Mariette 1869, p. 150-151 ; Mariette 1872, p. 156-157.64 Maspero 1883, p. 128-137.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IMAGES DU MUSÉE DE BŪLĀQ

Image no 34Source : fonds photographique de l’INHA : Photothèque archéologie Égypte II, 015 : « Archéologie

Égypte : Musées du Caire, Guizeh, Boulaq », no 12Datation : 1885-1889Justification : Les vitrines A, I (?) et O situent la vue dans la salle du Centre65. Le décor mural et le

carrelage clair et uni correspondent aux années 1880 (sans doute après la reconstruction de 1879) ; les textesont été affichés pour les visiteurs en 188566.

Remarque : On aperçoit les textes affichés à l’intention des visiteurs sur la vitrine et, à droite la statued’Aménirdis (cf. image no 32, p. 36). Une inscription manuscrite sur le support identifie la vue à la salle duCentre en 1876, mais cette date n’est pas possible (cf. la justification de l’attribution).

65 Pour la vitrine O : Mariette 1864, p. 134-135 ; Mariette 1869, p. 150-151 ; Mariette 1872, p. 156-157 ; Maspero 1883, p. 128-137 ; pour les vitrines A et I dans le Guide de Maspero, cf. respectivement p. 181-189 et p. 155-165

66 David 2003, p. 62-63, 66 et 74.

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Image no 35Source : fonds photographique de l’INHA : Photothèque archéologie Égypte II, 015 : « Archéologie

Égypte : Musées du Caire, Guizeh, Boulaq », no 14Datation : 1885-1889Justification : Les vitrines A, I (?) et O situent la vue dans la salle du Centre 67. Le décor mural et le

carrelage clair et uni correspondent aux années 1880 (sans doute après la reconstruction de 1879) ; les textesn’ont été affichés pour le public qu’en 188568.

Remarque : On aperçoit les textes affichés à l’intention des visiteurs sur la vitrine. Une inscriptionmanuscrite sur le support identifie la vue à la salle de l’est en 1874, mais ce n’est pas possible ( cf. lajustification de l’attribution).

67 Pour la vitrine O : Mariette 1864, p. 134-135 ; Mariette 1869, p. 150-151 ; Mariette 1872, p. 156-157 ; Maspero 1883, p. 128-137 ; pour les vitrines A et I dans le Guide de Maspero, cf. respectivement p. 181-189 et p. 155-165

68 David 2003, p. 62-63, 66 et 74.

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V. Salle de l’est

Image no 36Source : Brignoli [s. d., 1874?]69, pl. 30Datation : 1868-1881Justification : Le numéro inscrit sur le piédestal, 74[8?], correspond aux cercueils exposés dans la salle

de l’est décrits par Mariette dans les Notices, de 1868 à 1876 (en 1883, Maspero adopta un autre système denumérotation). Les autres photographies de cette salle permettent d’en reconnaître le décor, ce qui situecette image avant la réunification de la salle de l’est au vestibule pour former la salle funéraire, lors destravaux d’agrandissement qui débutèrent en novembre 1881.

69 Pour la datation de l’album, cf. la bibliographie donnée dans notre t. 1 Texte.

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Image no 37Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-37Datation : 1863-1878Justification : La pl. 30 de l’Album de Brignoli (= notre image no 36, p. 41) permet d’identifier le

décor de la salle de l’est.Remarque : Aucune Notice ne relève l’existence de plusieurs « vitrines octogones », mais le Guide de

1883 en mentionne deux ; on ignore néanmoins à partir de quelle date le musée en possédait deux.D’après la position du pilastre, et par comparaison aux autres photographies de la salle, c’est

le coin sud-ouest de la salle qui est visible. Le rideau que l’on devine en arrière-plan, à gauche, quicorrespondrait normalement à une ouverture dans le mur sud, s’explique alors difficilement.

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Image no 38Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-39Datation : 1863-1878Justification : La pl. 30 de l’Album de Brignoli (notre image no 36, p. 41) permet d’identifier le décor

de la salle de l’est.Remarque : Cette vue est complémentaire à la précédente : par recoupement, le pilastre et le rideau

permettent d’identifier le mur ouest de la salle et sa porte vers la salle du Centre.

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Image no 39Source : ?70

Datation : 1881Justification : Cette image illustre la présentation des cercueils des momies royales de la cachette de

Dayr al-Baḥarī (découverte en 1881), avant la construction d’une salle spéciale au cours de la même année.Le point de vue est celui d’un visiteur se tenant à l’entrée ouest de la salle, regardant vers l’est. Compareravec le schéma paru dans The Illustrated London News, reproduit dans notre t. 3 Annexes. Documentscomplémentaires, vol. 1, « I.2.a.δ. Plan de la salle de l’est en 1881 », p. 10.

70 Nous avons obtenu cette image par Mme Hélène Guichard, qui a eu la gentillesse de nous en transmettre une copie. Nousn’en avons pas trouvé la source.

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VI. Première salle de l’Ancien Empire/Salle historique de l’ouest

Image no 40Source : musée d’Orsay « PHO 1986 142 33 » (Photographies d’Égypte, mission Cattaui, t. 3, vol. 3, pl. 33)Datation : 1880-1889 (ou il s’agit de la salle historique de l’est, entre 1874 et 1879, mais cela est moins probable)

Justification : Cette vue présente un sphinx exhumé à Tanis (Ṣān al-Ḥaǧar) et la double statue d’AménémhatIII (alors attribués à la période hyksos). Ces pièces ont été présentées ensemble dans deux lieux : la première sallehyksos/salle historique de l’est, de 1874 à 1879, et la deuxième salle hyksos/salle historique de l’ouest, de 1879 à 1880.Pour trancher, il est difficile de se faire une idée des dimensions de la salle ou des percements éventuels des murs(l’éclairage de la photographie fausse les ombres). Comme la première de ces salles nous est connue par une autreimage, et que les deux statues y sont disposées différemment, nous avons attribué cette image à la salle historique del’ouest, mais il suffit que Mariette ait fait déplacer ces statues pour que notre localisation soit erronée. L’image a étécollectée lors de la mission d’Adolphe Cattaui, qui date de 188671 (nous ignorons s’il a acquis une image ancienne oul’a fait réaliser pendant son séjour ; mais les quatre photographies rassemblées dans cet album semblent documenterun état tardif du musée, postérieur à la reconstruction de 1879).

71 Cattaui 1888, p. 78.

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VII. Première salle hyksos/salle historique de l’est

Image no 41Source : Album du musée de Būlāq conservé aux archives de l’Institut d’égyptologie du Collège de

France, II-30Datation : 1869-1878Justification : La double statue d’Aménémhat III était une pièce importante de la « salle hycsos ».

Par comparaison avec l’image no 13 (p. 16), il semble ici s’agir de la première salle à leur avoir été consacrée,la salle historique de l’est, ouverte en 1872 et agrandie en 1882. La statue a été déplacée dans la sallehistorique de l’ouest après l’inondation de 1878 et la reconstruction de 1879.72

Image no 42Source : Brignoli [s. d., 1874?]73, pl. 12Datation : 1872-1878Justification : La double statue d’Aménémhat III était une pièce importante de la « salle hycsos ».

Par comparaison avec l’image no 13, p. 16, il semble ici s’agir de la première salle à leur avoir été consacrée, lasalle historique de l’est, ouverte en 1872 et agrandie en 1882. La statue a été déplacée dans la salle historiquede l’ouest après l’inondation de 1878 et la reconstruction de 1879.74

72 Maspero 1883, no 123, p. 7173 Pour la datation de l’album, cf. la bibliographie donnée dans notre t. 1 Texte.74 Maspero 1883, no 123, p. 71

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Image no 43Source : Albums Louvre, t. 1, no 13.Datation : 1887-1889Justification : La statue assise a été trouvée en 188775. La salle est identifiée grâce au fameux relief de la

reine de Pount, que l’on peut deviner en arrière-plan, à gauche ; il est localisé dans la salle historique de l’estpar le Guide de Maspero76.

75 Grébaut 1890-1900, p. 3 et pl. I.76 Maspero 1883, p. 422-423.

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VIII. Salle funéraire

Image no 44Source : fonds photographique de l’INHA : Photothèque archéologie Égypte II, 015 : « Archéologie

Égypte : Musées du Caire, Guizeh, Boulaq », no 15Datation : 1882-1889Justification : Le décor mural correspond aux années 1880 (sans doute après la reconstruction de

1879). Deux « vitrines octogones » étaient alors dans la salle funéraire (aménagée en 1882), de part etd’autre du passage.77 D’après la position du pilier, il s’agit ici de la partie nord-est de la salle.

77 Maspero 1883, p. 225-240 et p. 257-285.

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Image no 45Source : Maspero 1890, fig. 1, p. 200 (reproduit dans Tiradritti 1999, p. 20)Datation : 1882-1889Justification : Maspero a légendé cette image « la salle funéraire de l’ancien musée de Boulaq ». Elle a

été aménagée en 1882.Remarque : La forme sombre, au premier plan, à gauche, semble être une des « vitrines octogones »

(cf. l’image no 44, p. 48, pour un point de vue plus large).

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Image no 46Source : Bibliothèque de l’Institut de France, fonds Maspero, ms. 4051-1, fo 3 (reproduit dans David

2003 [n. p.])Datation : 1886Justification : La photographie a été envoyée à Louise Maspero le 22 février 1886. D’après la fréquence

de sa correspondance avec son mari et le texte de la lettre qui l’accompagnait78, elle ne date que de quelquesjours auparavant.

Remarque : Le personnage qui pose en momie, traditionnellement identifié à Maspero, est lediplomate espagnol Eduard Toda y Güell.79

78 Cf. David 2003, p. 166.79 David 2003, [n. p., légende de l’image].

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IX. Salle des momies royales ?

Image no 47Source : Albums Louvre, t. 3, no 5Datation : 1885-1889Justification : La frise murale que l’on voit n’apparaît pas avant la reconstruction de 1879. 80 Les textes

affichés à l’attention des visiteurs n’ont été installés qu’en 1885.81 La statue centrale est décrite sous le no 5243par le Guide de Maspero au centre de la salle des momies royales82, construite en 1882. Si l’image date biende cette époque, la salle garnie de cercueil au fond serait la salle funéraire. Néanmoins, l’armoire K que l’onaperçoit en arrière-plan est censée se trouver dans la salle du Centre83 dans les années 1880. Cette imagedonne donc une vue de l’enfilade salle du Centre – salle funéraire – salle des momies royales, mais il estdélicat de déterminer dans quel sens.

80 Cf. les images nos 15-16 (vol. 2, p. 18-19), 20-24 (vol. 2, 23-27), 32 (vol. 3, p. 36), 33-35 (vol. 4, p. 38-40) et 43-46 (vol. 4, p. 48-51).

81 David 2003, p. 62-63, 66 et 74.82 Maspero 1883, p. 345. La statue était auparavant présente dans la salle du Centre (Mariette 1869, p. 151 ; Mariette 1872, p.

157-158 ; Mariette 1876, p. 166).83 Maspero 1883, p. 145-147.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) TABLE DES MATIÈRES

Table des MatièresVolume 1

Remarques préliminaires............................................................................................................................................ 1I. Cour............................................................................................................................................................................ 3

Volume 2II. Grand vestibule..................................................................................................................................................... 16III. Salle de l’ouest/magasin no 1/deuxième salle de l’Ancien Empire..............................................................21

Volume 3IV. Salle du Centre.................................................................................................................................................... 29

Volume 4IV. Salle du Centre (suite)........................................................................................................................................ 38V. Salle de l’est............................................................................................................................................................ 41VI. Première salle de l’Ancien Empire/Salle historique de l’ouest....................................................................45VII. Première salle hyksos/salle historique de l’est............................................................................................. 46VIII. Salle funéraire.................................................................................................................................................. 49IX. Salle des momies royales ?................................................................................................................................. 52

Table des Matières........................................................................................................................................................... 53

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École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

III. Annexes. Documents complémentaires

Documents complémentaires (1)Volume 1

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I. Cartes et plansI.1. Localisation du musée

I.1.a. Carte de 1885

Source : Baedeker 1885 [n. p.]

1

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.1.b. Superposition de la carte précédente à une vue du Caire moderne84

Remarque : l’actuelle voie rapide qui prolonge le pont du Six-Octobre correspond au tracé desanciens canaux Ismā‘īliyya (« d’Ismā‘īl ») et Būlāqiyya (« de Būlāq »). Cela permet de superposer les deuximages (la position du pont et de l’île de Ǧazīra concordent). La parcelle du musée est alors identifiée auterrain qui se trouve actuellement entre l’immeuble Maspero (bâtiment de la télévision et de la radioofficielles égyptiennes) au sud et le ministère des Affaires étrangères au nord.

84 Superposition réalisée avec OpenOffice Impress.

2

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.1.c. Vues du Caire moderne

I.1.c.α. Vues satellite du nord du Caire moderne85

85 Vues prises avec Google Earth (les photos de ce secteur datent du 24 juin 2012 ; le logiciel indique les coordonnées 30° 3'16.03" N., 31° 13' 49.72" E. pour le centre du bassin qui se trouve dans le jardin entre l’immeuble Maspero et le ministère desAffaires étrangères)

3

Musée de la place Taḥrīr

PlaceTaḥrīr

N

Nil

أكتوبر 6 كوبري Pont du Six-octobre

ImmeubleMaspero

Île de

Ǧaz

īra

280 m

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

4

N

130 m

Rue du 15 mai

Sāḥal al-ghalāl ساحل الغلل

N i l

خانة النت

يدانp م

lace al-

Āntakhāna

ImmeubleMaspero

Ministèredes Affairesétrangères

30° 3' 16.03" N., 31° 13' 49.72" E.

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.1.c.β. Photographies de la parcelle du musée depuis l’île de Ǧazīra

Remarque : ces vues ont été trouvées grâce à Google Map (http://maps.google.fr/maps). Nous yavons souligné le terrain qui semble être celui de l’ancien musée par un cadre rouge.

5

Ministère des Affaires étrangères

Ministère des Affaires étrangères

Immeuble Maspero

ImmeubleMaspero

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.1.d. Carte du Caire vers 1914

Source : Reid 2002, carte 2, p. 105

Remarque : malheureusement, cette carte ne comporte aucune justification pour sa restitution, etnotamment la position du musée de Būlāq.

6

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2. Plans du musée

I.2.a Plans contemporains

I.2.a.α. Plan du musée en 1878

Source : Baedeker 1878, p. 293.

Remarque : il s’agit du seul plan connu du musée avant la crue de 1878 qui entraîna sa démolition etsa reconstruction en 1879.

7

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.β. Plan de la cour du musée en 1881

Source : Piacentini 2011, p. 16 (dessin de Victor Loret de 1881 conservé aux Archives et bibliothèqueégyptologiques de l’université de Milan, fonds Loret)

8

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.γ. Plan du musée en 1882

Source : [Anonyme] « Recent Discoveries of Royal Mummies and Other Egyptian Antiquities »,The Illustrated London News 2231, 4 février 1882, p. 19886

Remarque : Ce plan présente l’intéressante particularité d’illustrer simultanément deux états dumusée. On y voit en effet l’état des salles en 1882, mais aussi (en grisé) les adjonction de cette même année.Les divergences entre les noms de salles et leur affectation ultérieure (« [hall] of royal mummies » pour lasalle gréco-romaine et « miscellaneous antiquities » pour la salle des momies) peut résulter d’une erreur oud’un changement survenu en cours de travaux.

86 Cette image est reproduite dans le mémoire de recherche de Marie Burdin, La représentation de l’Égypte ancienne dans lapresse illustrée en France et en Angleterre de 1832 à 1930 à travers le Penny Magazine, Le Magasin pittoresque, The LondonIllustrated News et L’Illustration, 2012, appendice 4-1, p. 21. Nous remercions Mlle Marie Burdin de nous avoir transmis desimages de cet article et de nous avoir autorisé à les inclure ici.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.δ. Plan de la salle de l’est en 1881

Source : [Anonyme] « Recent Discoveries of Royal Mummies and Other Egyptian Antiquities »,The Illustrated London News 2231, 4 février 1882, p. 19887

Remarque : la légende de l’image (« Mummies in the eastern hall of the Boolak museum ») attribue ceplan à la salle de l’est. Elle représente la disposition des cercueils des momies royales de la cachette de Dayral-Baḥarī (découverte en 1881) avant la réalisation des agrandissements nécessaires à leur présentation. C’estcette image qui nous a permis de rattacher cette salle à notre image no 39 (cf. notre t. 2 Annexes. Images dumusée de Būlāq, vol. 4, « V. Salle de l’est », p. 44)

87 Cette image est reproduite dans le mémoire de recherche de Marie Burdin, La représentation de l’Égypte ancienne dans lapresse illustrée en France et en Angleterre de 1832 à 1930 à travers le Penny Magazine, Le Magasin pittoresque, The LondonIllustrated News et L’Illustration, 2012, appendice 4-1, p. 21. Nous remercions Mlle Marie Burdin de nous avoir transmis desimages de cet article et de nous avoir autorisé à les inclure ici.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.ε. Plan du musée en 1883

Source : Maspero 1883 [n. p.].

Remarque : la salle de l’Ancien Empire (E) s’ouvre par une fenêtre, ce qui correspond au plan deMurray 1888 (cf. p. 14), mais diffère du plan de Baedeker 1885 (cf. p. 12), qui marque l’ouverture comme uneporte.

La forme rectangulaire visible dans la salle funéraire (G) est la chambre funéraire d’Horhotepremontée dans la salle en 1883.88

88 Maspero 1883, p. 252-251, no 4599 ; cf. les photographies des quatre parois dans le fonds photographique du musée d’Orsay« PHO 1986 142 2 », « PHO 1986 142 3 », « PHO 1986 142 4 » & « PHO 1986 142 5 », « PHO 1986 142 6 » &« PHO 1986 142 7 » (seules les parois de la chambre étant visibles, nous ne les avons pas reprises dans notre t. 2).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.ζ. Plan du musée en 1885

Source : Baedeker 1885 [n. p.].

Remarque : la salle de l’Ancien Empire s’ouvre par une porte, ce qui diffère des plans de Maspero 1883(cf. p. 9) et de Murray 1888 (cf. p. 14), où une fenêtre est indiquée à la place.

La forme rectangulaire visible dans la salle funéraire est la chambre funéraire d’Horhotep remontéedans la salle en 1883.89

89 Maspero 1883, p. 252-251, no 4599 ; cf. les photographies des quatre parois dans le fonds photographique du musée d’Orsay« PHO 1986 142 2 », « PHO 1986 142 3 », « PHO 1986 142 4 » & « PHO 1986 142 5 », « PHO 1986 142 6 » &« PHO 1986 142 7 » (seules les parois de la chambre étant visibles, nous ne les avons pas reprises dans notre t. 2).

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I.2.a.η. Plan de la shūna90 du musée en 1887

Source : Bibliothèque centrale des musées nationaux, ms. 0208 (8, 2) ; issu du fonds ThéoduleDevéria)

Remarque : Ce plan fut copié en 1887 par l’ingénieur en chef des bâtiments de l’État, Vincent. Onignore combien d’entrepôts de ce genre possédait le Service à Būlaq. Peut-être s’agit-il de la scène du voldécrit par le rapport transcrit vol. 2, p. 35-40.

90 .grange, magasin, grenier (ici l’un des entrepôts du Service) : شونة

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.θ. Plan du musée en 1888

Source : Murray 1888, p. 198.

Remarque : la salle de l’Ancien Empire (« Hall of the Ancient Empire ») s’ouvre par une fenêtre, cequi correspond au plan de Maspero 1883 (cf. p. 9), mais diffère du plan de Baedeker 1885 (cf. p. 12), quimarque l’ouverture comme une porte.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.ι. Plan rétrospectif des salles de 1861-1863 dessiné de mémoire par Édouard Mariette en 1903

Source : Bibliothèque de l’Institut de France, ms. 4061, pochette 10, fo 24891

Remarque : Ce plan a été dessiné par Édouard Mariette (architecte) en 1903 et envoyé à Maspero. Ilreprésente (de mémoire) les premières salles dans lesquelles a été aménagé le musée. Cela confirme ladistribution des salles qu’Anne Léo a repris dans son schéma92.

Ce plan a été mentionné par Anne Léo sous une cote qui n’est plus valide (« ms. 4057, fasc. 10 »).93

91 Nous remercions Mme Mireille Pastoureau, directeur de la Bibliothèque de l’Institut de France, de nous avoir autorisé àutiliser cette image, que nous n’aurions pu obtenir sans le concours de Mme Élisabeth David.

92 Léo 1946, t. 2 Annexes, p. 29 ; reproduit p. 16.93 Léo 1946, t. 2 Annexes, p. 28.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.a.κ. Schéma rétrospectif du musée

Source : Léo 1946, t. 2 Appendices, p. 29.Remarque : la salle des bijoux n’est pas située à son véritable emplacement (ce qui est prouvé par le

plan de Baedeker 1878, p. 293, reproduit p. 7) ; de même, l’entrée du musée n’était pas au sud, mais au nordde l’enfilade de salles (cf. le plan reproduit p. 8), à moins qu’il y ait eu plusieurs entrées ; dans les remarquesqui introduisent ce croquis, Anne Léo reconnaît ne pas avoir trouvé de plan du musée autre que le dessind’Édouard Mariette.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.b. Plans restituésRemarques générales. – Ne disposant pas de dimensions précises pour les salles du musée, nous avons

choisi de ne pas indiquer d’échelle sur ces plans.Quand le même nom a été attribué à plusieurs salles différentes au cours de l’histoire du musée (salle

de l’Ancien Empire, « salle hycsos »), nous avons ajouté à ces désignations un numéro entre parenthèsepour ne pas les confondre.

I.2.b.α. Plan du musée, de l’ouverture au public à l’inauguration du canal de Suez (1863-1869)

Remarque : Les ouvertures du grand vestibule sont conjecturales : c’est à ces emplacements que lesportes des salles adjacentes ont été percées (cf. les plans suivants), et leur présence est attestée par unephotographie94, mais on ignore s’il s’agit de porte ou de fenêtre. De même, aucune ouverture n’est attestéesur le mur ouest de la salle de l’ouest avant la reconstruction de 1880 (il est plein sur l’image n o 29 de notret. 2 Annexes. Images du musée de Būlāq, vol. 2, « III. Salle de l’ouest/magasin no 1/deuxième salle de l’AncienEmpire », p. 21 et la carte de Baedeker 1878, p. 293 ; reproduit dans le présent vol., p. 7) n’indiquait aucuneouverture sur l’extérieur de la salle de l’est ; nous nous sommes conformé à cette indication.

94 Brignoli [s. d.], pl. 3 = notre image no 3, t. 2 Annexes. Images du musée de Būlāq, vol. 1, « I. Cour », p. 5.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.b.β. Plan du musée, de l’inauguration du canal de Suez à la quatrième édition de la Notice (1869-1872)

Remarque : Les deux salles qui jouxtent le grand vestibule ont été construites à l’occasion del’inauguration du canal de Suez, en 1869 ; leur ouverture au public n’est toutefois pas attestée avant la Noticede 1874. On ignore quelle était leur affectation pendant ces cinq années.95

Nous avons dessiné le magasin de l’est à partir du plan de Baedeker 1878, p. 293 (cf. le présent vol.,p. 7).

95 Cf. notre t. 1 Texte, « II.2.b. Enrichissement des collections et ajout de deux nouvelles salles ».

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.b.γ. Plan du musée, de la quatrième à la cinquième édition de la Notice (1872-1874)

Remarque : l’ouverture au public des deux salles historiques (salles « hycsos » et de l’AncienEmpire) n’est attestée qu’à partir de 1872.

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I.2.b.δ. Plan du musée, de la cinquième édition de la Notice à la démolition du musée (1874-1878)

Remarque : La salle de l’Ouest, fermée après avoir été endommagée par une crue, rouvrit en 1874 entant que « magasin no 1 » où étaient entreposées les nouvelles acquisitions avant de prendre place parmi lescollections.96

96 Mariette 1876 , p. 84 ; Isambert 1881, p. 369.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.b.ε. Plan du musée, de la rénovation du musée aux travaux de Maspero (1879-1882)

Remarque : Après la reconstruction de 1879, l’affectation des salles changea et resta pratiquementinchangée jusqu’à la fermeture du musée : l’ancienne salle de l’ouest devint une salle consacrée à l’AncienEmpire, tandis que la salle historique de l’ouest reçut les vestiges de Tanis.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) I. CARTES ET PLANS

I.2.b.ζ. Plan du musée, des travaux de Maspero à la fermeture du musée (1882-1889)

Remarque : Après la découverte de la cachette de Dayr al-Baḥarī en 188197, le musée fut agrandi pourexposer les momies royales. On réunit donc la salle de l’est et le vestibule de la salle des bijoux pour formerune salle funéraire, tandis que la superficie de la salle historique de l’est était doublée vers l’est et que deuxnouvelles salles étaient ajoutées à l’est.

L’ouverture du mur ouest de la salle de l’Ancien Empire diffère selon les plans : il s’agit d’unefenêtre pour Maspero 1883 et Murray 1888, et d’une porte pour Baedeker 1885 (cf. le présent vol.,respectivement p. 9, 14 et 12). Nous avons suivi l’autorité de Maspero et du nombre.

97 Cf. Brugsch & Maspero 1881.

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École du Louvre

Thomas LEBÉE

Le musée d’antiquitéségyptiennes de Būlāq

(1858-1889)Faire connaître et aimer l’Égypte ancienne au XIXe siècle

III. Annexes. Documents complémentaires

Volume 2

Mémoire d’étude(1re année de 2e cycle)

présenté sous la directionde Mme Elsa RICKAL

Mai 2013

LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

II. Les Notices de Mariette et le Guide deMaspero

II.1. Les éditions successives

II.1.a. Tableau récapitulatif

Ici sont récapitulées les éditions successives de la Notice de Mariette, auxquelles s’ajoute le Guide deMaspero. Les rééditions sont liées à l’épuisement des tirages (et donc un certain succès, difficile à évaluerpuisque nous ne connaissons pas les quantités imprimées) mais aussi à leur obsolescence à cause del’évolution des collections, du bâtiment et de la muséographie.

Auteur Titre Lieu Éditeur Année Édition

AugusteMariette(-Bey)

Notice des principaux monumentsexposés dans les galerie provisoires duMusée d’antiquités égyptiennes deS. A. le vice-roi à Boulaq

Alexandrie Mourrès, Reyet Cie

1864 1re

Notice des principaux monumentsconservés dans les galeries provisoiresdu Musée d’antiquités égyptiennes deS. A. le vice-roi à Boulaq

Alexandrie Mourrès, Reyet Cie

1868 2e

Notice des principaux monumentsexposés dans les galeries provisoiresdu Musée d’antiquités égyptiennes deS. A. le vice-roi à Boulaq

Paris A. Franck 1869 3e

Notice des principaux monumentsexposés dans les galeries provisoiresdu Musée d’antiquités égyptiennes deS. A. le khédive à Boulaq

Alexandrie– Le Caire

Mourès et Cie 1872 4e

Notice des principaux monumentsexposés dans le galeries provisoires duMusée d’antiquités égyptiennes deS. A. le khédive à Boulaq

Le Caire A. Mourès 1874 5e

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

Notice des principaux monumentsexposés dans les galeries provisoiresdu Musée d’antiquités égyptiennes deS. A. le khédive à Boulaq

Le Caire A. Mourès 1876 6e

Gaston Maspero Guide du visiteur au musée deBoulaq

Būlāq Le musée 1883 -

Remarque : Le texte français du guide traduit en arabe en 1869 n’est pas connu, et n’a pas étécommenté à notre connaissance, hormis l’introduction du traducteur ‘Abdallāh Abū al-Su‘ūd98. Le corps dutexte diffère toutefois du contenu de la Notice, puisque, lorsque Mariette en évoque l’écriture, il mentionnela possibilité de le publier en français99 (alors que plusieurs éditions de la Notice avaient déjà été publiées).

II.1.b. Structures des ouvragesLes Notices de Mariette s’ouvrent par un long avant-propos qui présente en une dizaine de pages les

conditions de création du musée, puis introduit une présentation de la civilisation égyptienne et de saculture matérielle à travers les quatre divisions théoriques des collections du musée : monuments religieux,civils, funéraires et historiques. Les monuments gréco-romains et chrétiens sont rapidement mentionnés(essentiellement pour signaler leur faible représentation dans les collections). Ensuite sont indiqués leshoraires d’ouverture, puis l’« explication des principaux monuments ». Ceux-ci sont classés par salle dansles premières éditions (de 1864 à 1872). Au sein des salles, les éléments remarquables des collections sontcatalogués par typologie matérielle ou thématique (notamment dans les salles du Centre et de l’est, selon lesquatre grandes divisions théoriques), classés dans des armoires (meuble haut et vitré adossé au mur), vitrines(meuble bas et vitré) et « cage » (c’est-à-dire un meuble haut et vitré qui ne soit pas adossé au mur)associées à une lettre.

Les deux dernières éditions (1874 et 1876), adoptent toutefois une structure différente, expliquéedans l’avertissement de l’édition de 1874. Après l’avant-propos consacré à la présentation de la civilisationégyptienne, la première partie de la Notice comporte une présentation générale des salles du musée quireprésente vingt-cinq pages, puis les notices des objets remarquables, désormais classés par numéro plutôtque par salle (leur localisation est précisée dans la marge). Ce choix a été entraîné par les nombreuxchangements intervenus dans les salles (dont l’ajout de deux salles en 1869 mais seulement intégrées à laNotice en 1874 et la fermeture du magasin no 5 et de la salle de l’ouest)100 sans que la numérotation descollections ait changé. En annexe sont donnés les objets récemment acquis101.

Dès la première édition, les notices des collections exposées à Būlāq étaient suivies par uncommentaire comparable de vestiges conservés in situ sur les chantiers de fouille du Service (Tanis, le

98 Colla 2007, p. 128-129.99 « Je viens de finir le manuscrit d’un petit catalogue du Musée qui doit être traduit en Arabe et mis entre les mains des

indigènes. Peut-être le publierai-je également en français. » (Archives Mariette conservées à l’Institut d’égyptologie duCollège de France, lettre d’Auguste à Édouard sans numéro – 34 ? – du 8 mars 1869).

100 Mariette 1874, p. 1-4.101 Mariette 1874, p. 3.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

plateau de Ǧizā, Saqqāra, Abydos, Thèbes et Idfū102), dont certains rejoignirent le musée (par exemple lescinq stèles du Ǧabal Barkal signalées sur place par la Notice de 1864103 et intégrées aux collections en 1868).

Le manuscrit de la dernière version de la Notice104, inédite, que nous datons de 1879-1880105, est quantà lui structuré par salle. À moins qu’il s’agisse d’une commodité pendant le travail de rédaction et decorrection, cela signifierait que Mariette était revenu à un classement des notices par salle (ce qui sembleconfirmé par l’élaboration d’un système de notation continu regroupant les collections par salle)106.

La structure du Guide de Maspero est différente. Au lieu d’introduire l’histoire et la culture matérielleégyptienne dans un avant-propos, il détaille les informations au fil des notices classées par salles,directement après un bref avant-propos et les horaires du musée.

II.1.c. Les révisions de MarietteLe brouillon de la révision inédite de la Notice107 conservé à la Bibliothèque nationale permet de

comprendre comment procédait Mariette pour préparer une nouvelle édition. Le dossier se composesurtout de feuilles de grand format sur lesquelles ont été collées des notices issues d’éditions antérieures de laNotice, dans un ordre différent, avec au besoin des annotations à insérer dans le texte. Mais les modificationssont plutôt rares d’une édition à l’autre, ce qui conduit parfois à des imprécisions considérables : une statueavait par exemple été exhumée « il y a quelques mois » de 1869 à 1876108.

II.2. Systèmes de numérotation des objetsIl existe plusieurs systèmes de numérotations contradictoires et contemporains. À la première

édition, en 1864, les notices étaient numérotées, mais par salle (le premier objet commenté de chaque salleportait le no 1). À la seconde édition, en 1868, Mariette adopta un système de numérotation continue àl’ensemble du musée (il n’existait qu’un seul no 1), en suivant toutefois l’ordre du parcours (p. ex. le petitvestibule représentait les objets et les notices nos 15 à 18 et le grand vestibule les nos 19 à 104).

Au fil des éditions suivantes, ces numéros furent conservés ; en 1869, le magasin no 5 fut vidé et ferméau public pour remplir les deux nouvelles salles, bien qu’elles ne fussent pas ouvertes ; comme le magasin no

5 était la dernière section du guide, cela ne provoqua pas de lacune dans la numérotation, on retranchaseulement les nos 867 à 986, ce qui ramena le nombre de pièces commentées à 866. En 1872, un seul numérofut ajouté, le no 867, pour les statues de Râhotep et Nofret, ajoutées à la dernière salle du parcours, la salledes bijoux. La numérotation restait donc théoriquement cohérente (mais nous savons que plusieurs objetsdu magasin no 5, redéployés dans les salles, portaient toujours leur numéro compris entre 867 et 986 109 : il yavait donc deux pièces numérotées 867).

102 Habituellement transcrit « Edfou ».103 Mariette 1864, p. 294-300.104 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 3-271.105 Cf. notre t. 1 Texte, « II.3.a. La rénovation du musée en 1879 ».106 Cf. p. 27.107 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 3-271.108 Mariette 1869, p. 151 ; Mariette 1872, p. 157-158 ; Mariette 1876, p. 166.109 Mariette 1874, p. 2.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

En 1874, la situation s’était aggravée.110 Les deux salles qui jouxtaient le grand vestibule avait ouvert,mais leurs collections étaient nécessairement présentées dans un ordre différent de leur exposition dans lemagasin no 5 ; en outre, une crue violente avait conduit Mariette à fermer la salle de l’est et à en déplacer lescollections dans les différentes salles. Ces deux évènements mettaient fin à la cohérence de la numérotationavec l’ordre de visite et la succession des salles. Enfin, de nouvelles acquisitions étaient restées sans numéro.Il n’était donc plus possible de maintenir la progression conjointe dans la numérotation des objets et dansles salles. Plutôt que de refondre le système de notation, Mariette choisit de le garder tel quel et de ne plusfonder la Notice sur l’ordre de visite mais sur les numéros, en indiquant la salle dans la marge. Les nouvellesacquisitions reçurent un numéro supérieur à 986 et furent présentés à la suite des anciennes, dans unappendice (les statues de Râhotep et Nofret reçurent le no 987 pour éviter le doublon que nous avonssignalé plus haut)111.

Ce système de numérotation fut conservé pour la Notice de 1876. La version inédite112, en revanche,est classée par salle. Il semble que Mariette ait profité de cette occasion pour commencer un nouveausystème de numérotation, cohérent avec l’ordre de visite. En effet, la section correspondant à la sallehistorique de l’ouest (fos 128-159) comprend plusieurs notices de monuments découpées d’une précédenteédition, dont les numéros sont biffés et remplacés par des valeurs proches.113

Maspero adopta quant à lui un autre système de numérotation pour son Guide en 1883. Il se justifia àla fin du volume : « Par la suite d’accidents divers dont je ne suis point responsable, tous les objets exposésdans les salles ou conservés dans les magasins avaient perdu leur numéro et ne possédaient plus d’étatcivil »114. On ne connaît pas les raisons de cette perte d’information. Son système de numérotation englobetout le musée, et concerne tous les objets, et pas seulement ceux qui bénéficient d’une notice.

II.3. Le contenu des notices

II.3.a. Les informations fourniesLes notices de la première édition de la Notice de Mariette précisent, pour chaque objet accompagné

d’un commentaire, son numéro, sa provenance (ville antique et site moderne), sa matière et sa hauteur(largeur et profondeur sont aussi indiquées dans la Notice de 1869).

Les notices de Maspero indiquent le numéro de l’objet, sa matière et sa hauteur. La dynastie et laprovenance sont précisées après le commentaire.

110 Mariette 1874, p. 1-4.111 Mariette 1874, p. 313 ; alors que p. 89 l’« aperçu général » l’annonce toujours sous le no 867. Les choses sont plus

embrouillées dans l’édition suivante : les statues sont annoncées par l’« aperçu général » sous le no 857 (Mariette 1876,p. 84, certainement une coquille pour « 867 ») mais sont présentées sous le no 973, entre les notices nos 986 et 988(Mariette 1876, p. 293), alors qu’on passe sans transition des nos 972 à 978 (Mariette 1876, p. 289).

112 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 3-271.113 P. ex. un sphinx de Tanis no 869 104 (fos 131-132), la double statue d’Amenemhat III no 1 107 (fo 133), un autel no 1001 108 (fos

134), une stèle thoutmoside no 63 109 (fos 134-136), etc.114 Maspero 1883, p. 438.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

II.3.b. Comparaison de notices de Mariette et de MasperoPour comparer les notices de Mariette et de Maspero, nous avons choisi trois statues emblématiques

du musée, car elles leur fournissaient une occasion d’écrire un commentaire fourni.Comme Mariette utilisait toujours les mêmes notices d’une édition à l’autre, sans en actualiser le

commentaire (jusqu’à qualifier l’acquisition du groupe de Râhotep de récente quatre ans après son entrée aumusée)115, nous avons seulement repris celui de la seconde édition de la Notice (1868), à partir de laquelle iladopte le premier système de numérotation continue étendue à l’ensemble du musée.

II.3.b.α. Notices de la statue d’Aménirdis (CGC 565)

Mariette 1868, p. 270-271 Maspero 1883, p. 52-53866. — Thèbes. — Karnak. Albâtre

Hauteur 1 67Ce magnifique monument représente une

reine qui a joué un rôle important dans les affairesde l’Égypte au temps de l’occupation éthiopienne(XXVme dynastie). Elle s’appelait Améniritis.

Le premier roi de cette dynastie, qui régna àla fois sur l’Éthiopie et sur l’Égypte, fut Sabacon.Sabatoka et Tahraka le remplacèrent sur le trône.Puis parut la dodécarchie qui enleva à un quatrièmeroi, nommé Piankhi, les provinces septentrionales del’Égypte, le laissant maître de la Thébaïde et del’Éthiopie. Enfin, à ce prince et aux douze roisconfédérés succéda Psammétichus sous lequell’Égypte reprit ses frontières naturelles.

Améniritis fut mêlée à ces grandsévènements. Fille du roi Kaschta (voy. plus haut,555), et selon un bas-relief de Karnak, sœur deSabacon, elle fut, du vivant de ce prince, revêtue dutitre de régente, et en cette qualité prit le doublecartouche. Plus tard elle apporta les droits à ladouble couronne de l’Égypte et de l’Éthiopie àl’usurpateur Piankhi, qu’elle épousa et dont elle eu laprincesse Schap-en-ap, qui devint la femme dePsammetéchus I. On ignore ce qu’Améniritis devintquand Piankhi fut refoulé en Éthiopie, et quand safille, héritière de ses propres droits à deux trônes,passa ses titres à Psammétichus.

La statue de Karnak a été érigée à l’époqueoù Améniritis était régente. L’inscription gravée surle socle de granit l’appelle en effet la Rectrice du

468. — Albâtre. — H. 1m 67.Cette jolie statue, un peu trop vantée au

moment de la découverte, représente la reineAmeniritis, fille du roi Kashta et sœur de Sabacon.Les formes un peu longues et grêles sont chastes etdélicates : la tête, surchargée de la grande perruquedes déesses, est d’une expression un peu morne.Malgré ses défauts, cette statue n’en est pas moins undes morceaux les plus précieux du Musée.

Le socle sur lequel elle repose est de granitgris : l’inscription donne le nom et les titres de lareine.

Les deux noms martelés sont ceux de Sabaconet de Kashta, que les monarques de laXXVIe dynastie considéraient comme desusurpateurs. — XXVe dyn.

Karnak.

115 Mariette 1876, p. 293.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

nord et du sud. À ses pieds sont placés ses deuxcartouches. Elle s’y dit en même temps royale sœurdu roi (nom martelé) vivant à toujours, et royale filledu roi (nom martelé) le justifié, c’est-à-dire mort. Lepremier de ces cartouches est celui de Sabacon, lesecond est celui de Kaschta. Le nom de la reine seula été conservé intact. Psammétichus, qui venait de sesubstituer à la dynastie éthiopienne, devait en effetpoursuivre la mémoire des rois étrangers, mais enmême temps respecter le nom de la mère de Schap-en-ap.

Comme nous l’avons dit, la statue est enalbâtre ; mais son socle, qui est encore adhérent, estde granit gris. C’est sur ce socle que figurent lestitres de la reine. La longue inscription gravée sur lepilier auquel la statue est adossée est une invocationaux dieux. On y voit que notre statue, quand elleétait complète, devait être surmontée de deuxlongues plumes, peut-être en or, qu’elle a perduesaujourd’hui.

Rien n’égale l’élégance de ce joli morceau.Les formes en sont chastes, pures, et en même tempsaussi justes qu’on peut l’attendre d’une statueégyptienne. La reine est coiffée de la grandeperruque des déesses. Elle tient le fouet de la maingauche, et de la droite une sorte de bourse. Onremarquera le travail fini de ses bracelets.

II.3.b.β. Notices de la statue de Kaâper, le « Shaykh al-Balad » (CGC 34)

Mariette 1868, p. 185 Maspero 1883, p. 75-76492. — Memphis.-Saqqarah. Bois.

Hauteur 1 10Un personnage est debout, tenant en main le

bâton du commandement. Sa chevelure est courte :ses hanches sont couvertes d’une sorte de jupe assezlongue qui est ramenée par devant en plisbouffants ; tout le reste du corps est nu. Rien de plusfrappant que cette image en quelque sorte vivanted’un personnage mort il y a six mille ans. La têtesurtout est saisissante de vérité. De son côté, le corpstout entier a été traité avec un sentiment profond dela nature. Nous ne possédons pas de portrait plus

3962. — Bois. — H. 1m 10.Il est debout, le bâton à la main. Les jambes

manquaient : il a fallu lui en rajouter, auxquelles ona laissé la couleur du bois nouveau. Les yeux sontrapportés, comme c’est le cas pour beaucoup destatues égyptiennes. Ils sont formés d’un morceau dequartz blanc opaque, enchassé de bronze poursimuler la paupière: un morceau de cristaltransparent sert de prunelle, et un petit cloud’argent, fixé sous le cristal, produit la paillettelumineuse de l’œil vivant. Par un hasard singulier, lastatue de ce vieil Épyptien est le portrait exact d’un

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

authentique et plus parlant.Dans son état primitif, la statue était

couverte d’un stuc léger, peint en rouge et en blanc.Les yeux sont rapportés. Une enveloppe de

bronze qui tient lieu des paupières enchâsse l’œilproprement dit, formé d’un morceau de quartzblanc opaque au centre duquel un autre cristal deroche sert de prunelle. Au centre et au fond ducristal, un clou brillant est fixé et donne à l’œil ainsifabriqué quelque chose du regard de la vie.

Pour pouvoir poser la statue debout nousnous sommes risqués à lui ajouter des pieds auxquelsnous avons laissés la couleur du bois nouveau.

des Sheïkh el-beled ou maires du village de Saq-qarah : nos ouvriers arabes, toujours prompts à saisirles ressemblances, l’ont appelée aussitôt le Sheïkh el-beled et le nom lui en est resté. Le Khâfri et leSheïkh el-beled sont peut-être ce que l’art le plusancien a légué de meilleur au musée de Boulaq: seul,le scribe accroupi du Louvre mérite de leur êtrecomparé. — IVe dyn.

Saqqarah.

II.3.b.γ. Notices de la statue de Chéphren (CGC 14)

Mariette 1868, p. 205 Maspero 1883, p. 75578. — Memphis.-Grandes Pyramides. Diorite. Hauteur 1 68

Vers le côté Sud-Est du Grand Sphinx deGiseh, il existe un édifice tout entier de granit etd’albâtre, qui servait de temple à la divinité (Hor-em-Khou, Armachis) adorée sous la forme duSphinx. C’est dans l’une des chambres de ce templeque se trouve un puits à eau qui devait servir auxablutions sacrées, et c’est au fond de ce puits, où elleavait été précipitée à une époque inconnue, quenous avons retiré la statue de Chéphren.

Les inscriptions gravées sur le socle nelaissent en effet aucun doute sur l’identification dece monument, qui représente Schafra, ou Chéphren,le fondateur de la Deuxième Pyramide.

Le roi est représenté assis, dans l’attitude deslois religieuses de l’Égypte. Derrière sa tête estdebout un épervier, les ailes ouvertes en signe deprotection. Le roi a la main gauche étendue sur lajambe ; la main droite tient une bandelette ployée.On remarquera les détails du siège. Les bras seterminent par des têtes de lion. Sur les côtés sontfigurés en relief épais, les tiges des deux plantes quidésignent la Haute et la Basse-Égypte enrouléesautour du caractère sam, symbole de réunion.

L’ensemble de cette statue est empreint

3961. — Diorite. — H. 1m 68. Elle a été trouvée dans le temple du sphinx, avecles débris de huit autres statues du même prince (cfr.Salle de l’Ancien Empire, no 974). Khafrî est assis, lesmains allongées sur les genoux: un épervier deboutsur le dossier du siège, enveloppe la tête deses ailes, image du dieu Râ qui protège son filsPharaon. On se demande comment les artisteségyptiens ont réussi à modeler avec tant de souplesseune matière aussi rebelle au ciseau que le diorite :tout le détail des genoux et de la poitrine est renduavec une fidélité et une vigueur merveilleuses. Unegrande expression de calme et de force est répanduesur l'ensemble. — IVe dynastie.

Grandes-Pyramides.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

d’une certaine majesté tranquille qui charme et quiétonne. La tête, d’une conservation incroyable, doitêtre le portrait du roi dans son âge mûr. Les épaules,les pectoraux, les genoux surtout, trahissent unciseau puissant que la difficulté de la matière n’a pasrebuté. Plus qu’à aucune autre époque peut-être lanature a été observée et rendue. Au milieu de tantd’admirables statues de l’Ancien-Empire que possèdele Musée, notre Chéphren, comme œuvre d’art,n’occupe sans doute pas le premier rang. Mais quel’art égyptien ait déjà pu, il y a soixante siècles,produire une statue qui, sans être absolument unchef-d’œuvre, dépasse cependant le niveau ordinairede la sculpture égyptienne ; que cette même statue, àtravers tant de siècles et tant de causes dedestruction, soit venue jusqu’à nous à peu prèsintacte, c’est un fait dont se réjouiront tous les amisdes études archéologiques. Je n’ai pas besoind’ajouter que la découverte de la statue de Chéphrensera une révélation pour ceux qui, encoreaujourd’hui, nient obstinément les résultats deChampollion et accusent les fondateurs desPyramides de n’avoir pas même connu l’écriture.

Huit autre statues, toutes gravées au nom deChéphren, ont été trouvées avec la précédente dansle même temple du Grand Sphinx. L’une d’entre elle,quoique déjà très-mutilée, a pu être exposée dans laSalle de l’Est où on la trouvera (no 792) ; les autresn’existent plus qu’en débris plus ou moinsméconnaissables.

L’époque de Chéphren correspondant autroisième règne de la IVme dynastie de Manéthon,notre statue n’aurait pas moins de six mille ans.Après les développements que j’ai cru devoirconsacrer à la chronologie égyptienne dans l’Avant-propos, on voit avec quelle réserve je présente cechiffre.

II.3.c. Analyse proportionnelleLe guide du musée était un instrument pédagogique proposé aux visiteurs. Nous avons essayé de nous

en servir pour mieux cibler à quels éléments de leurs discours Mariette ou Maspero s’attachaient le plus.Face à sept Notices et Guide de plusieurs centaines de pages, nous avons cherché comment procéder.

Un décompte des notices n’aurait pas été pertinent. En effet, tous les objets exposés ne disposaient

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

pas de notices, et la proportion d’objets commentés n’est pas connue (pour l’ensemble du musée commepour les salles particulières). En outre, il existe une grande disparité entre les notices : dans une mêmeédition, certaines représentent plusieurs pages pour un seul objet, tandis qu’une dizaine de vases canopespeut être commentée par quelques lignes.

Nous avons plutôt supposé que la longueur d’un texte était proportionnelle à l’intérêt du Servicepour son sujet (puisqu’elle est aussi proportionnelle à la dépense consentie pour son impression). Cepostulat est simpliste, mais nous l’avons trouvé commode pour traiter une telle quantité de textes dans letemps qui nous était imparti. Pour mesurer ces longueurs et les comparer d’une édition à l’autre, il ne suffitpas de compter les pages, puisque, selon les éditions, la taille des caractères et le nombre de lignes par pagevarie. En revanche, la proportion que représente le nombre de pages sur l’ensemble de l’ « explication desprincipaux monuments » est une grandeur qui peut être comparée entre les différentes éditions.

Même en ayant ainsi établi une sorte d’indicateur d’intérêt, les Notices et le Guide restent délicats àtraiter : que comparer ? Mariette ne changeait pratiquement pas les notices d’une édition à l’autre, ce quiréduirait toute comparaison des notices individuelles à une comparaison des longueurs des notices deMariette et de Maspero (en nombre de page, les variations des notices de Mariette, seraient seulement duesà une variation typographique, pas au contenu). En revanche, comparer les proportions que représententchaque salles permet d’observer des variations selon les éditions.

Cette méthode n’est toutefois pas applicable à toutes les éditions : celles de 1874 et de 1876, commenous l’avons vu plus haut, ne classent pas les notices par salle. Ces données sont simplement un essai pourreprésenter les variations d’une édition à l’autre du guide du musée et la place qu’occupait chaque salle ausein du commentaire général de la visite du musée. Nous les donnons à titre indicatif.

Nous indiquons donc, pour chaque édition, le nombre de pages consacré à chaque salles (entreparenthèses) et le pourcentage que cela représentent sur l’ensemble des notices. Les avant-propos et lescommentaires des objets restés sur leur lieu de découverte n’ont pas été pris en considération dans ledécompte.

Salle 1864 1868 1869 1872 1883Ensemble desnotices

100 % (205) 100 % (259) 100 % (215) 100 % (228) 100 % (431)

Cour 2,44 % (5) 2,35 % (6) 2,79 % (6) 2,63 % (6) 4,87 % (21)Petit vestibule 0,98 % (2) 0,78 % (2) 0,93 % (2) 0,88 % (2) 3,25% (14)Grand vestibule 14,15 % (29) 13,90 % (36) 16,74 % (36) 16,29 % (37) 3,48% (15)Salle du Centre 44,88 % (92) 42,08 % (109) 50,70 % (109) 48,25 % (110) 29,23% (126)Salle de l’Ouest 6,34 % (13) 7,36 % (19) 8,84 % (19) 8,33 % (19) 6,03% (26)Salle de l’Est 9,76 % (20) 8,88 % (23) 10,70 % (23) 10,09 % (23)Vestibule de la salle des bijoux

2,44 % (5) 1,93 % (5) 2,33 % (5) 2,19 % (5)

Salle des bijoux 6,34 % (13) 5,79 % (15) 6,98 % (15) 7,46 % (17)Magasin no 5 13,17 % (27) 16,99 % (44)

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) II. LES NOTICES DE MARIETTE ET LE GUIDE DE MASPERO

Salle historiquede l’ouest

0 0 4,87 % (21)

Salle historiquede l’est

0 0 4,64 % (20)

Salle funéraire 21,11 % (91)Salle des momies

8,12 % (35)

Salle gréco-romaine

15,31 % (66)

Sans surprise, les variations sont très faibles entre les éditions de la Notice de Mariette(malheureusement, la structure des Notices de 1874 et 1876 ne permettent pas de les analyser de la mêmemanière, ce qui aurait permis d’observer l’importance des salles historiques de l’est et de l’ouest, ou les effetsde la fermeture de la salle de l’ouest en 1874 et de sa réouverture en tant que magasin no 1 en 1876).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III. Documents diversIII.1. Transcription de brouillons de cartels manuscrits

III.1.a. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 89 : une statue du prêtre Rânéfer (CGC 18 ou 19)

Statue du prêtre Ra-Nefer

Saqqarah Ve dynastie

III.1.b. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 92 : statues de Râhotep et Néféret (CGC 3 & 4)

Ces deux statues représentent :

Le « fils royal » Ra- la dame « parente du roi » -Hotep Nefer-t.

Elles ont été trouvées dans un caveaude la même tombe

Meydoum. IVe-Ve dyn.

III.1.c. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 96 : une statue du prêtre Rânéfer (CGC 18 ou 19)

Statue du prêtre Ra-Nefer

(Même personnage que la grande statue en face)

Saqqarah. Ve dyn.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III.1.d. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 97 : statue de Kaâper, le « Shaykh al-Balad » (CGC 34)

Ch

eikh e

l-Bele

d Statue trouvée dans le tombeaud’un personnage inconnu

Saqqarah. IVe-Ve dyn.

III.2. Transcription du brouillon du rapport116 de Mariette après le vold’une caisse de scarabée pendant les travaux de 1879-1880117

B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 272 ro

Excellence,Le Musée possède une Chounah118 située de l’autre côté de la[rue] qu’il occupe et dans laquelle, à l’époque où nos travaux de[re ?]construction ont été commencés, on a transporté, soigneusementemballés dans des caisses clouées, tous les objets formant nos collections.Le transport a été fait, sous la surveillance des Conservateurs duMusée, par nos propres ouvriers aidés de douze hommes mis complai-samment à notre disposition par l’Administration de l’Ornato.Pendant un mois, tout le quartier, tous les passants ont vu défilerles caisses à travers la rue de Boulaq qui nous sépare de la Chounah,et il n’est personne dans le voisinage qui n’ait su que ces caissescontenaient des antiquités. Pour bien établir les faits, j’ajouterai que,pendant la nuit, la Chounah et le précieux dépôt qu’elle contenait,étaient sous la surveillance de cinq soldats de la Police, envoyés parla Police elle-même. Il y a quelques semaines, un vol a été commis dans la Chounah.Un, et peut-être deux malfaiteurs, ont, pendant la nuit, escaladé lemur, monté sur le toît, défoncé le plafond de la Chounah,essayé de percer avec une pioche la base du mur de la Chounah, et

116 B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 272-275.117 Cette transcription est l’œuvre de Mme Élisabeth David, qui est parvenue à déchiffrer l’écriture de Mariette en temps limité

malgré la piètre qualité des photographies que nous lui avons fournies et qui nous a aimablement autorisé à l’utiliser ici. Leslacunes et les interprétations du texte sont signalées entre crochets droits ; les termes douteux se trouvent entre parenthèse,suivis d’un point d’interrogation. Nous avons grisé les mots à demi effacés.

118 .shūna : grange, magasin, grenier (ici l’un des entrepôts du Service). Un plan d’une shūna proche du musée est connu (cf شونةvol. 1, p. 13), peut-être s’agit-il du lieu du crime.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 272, vo

2 rencontrant dans la construction une grosse pierre qu’ils n’ont pas puébranler, sont montés sur le toit, ont défoncé le plafond, et sont descenduspar des cordes une corde dans l’intérieur du bâtiment. Le hasard les a fait tomber sur une première caisse. Ils ont [allumé ?]de la (bougie ?), et à coups de marteau ils ont décloué le couvercle de [la]caisse. Malheureusement pour eux cette cai Quand ils ont vu qu’elle [ne]contenait rien qui valût la peine d’être emporté, ils sont passés [à]la caisse voi à une autre caisse, et de nouveau ils ont fait retentirla chounah de coups de marteau qui ont dû être très-violents, [parce ?]que la caisse était solidement clouée. Cette fois, la caisse s’esttrouvée plus riche, et un certain nombre de scarabées ont été volés. Comme je crois que jusqu’à présent, malgré tout le zèle ettoute l’intelligence qu’a déployés la Préfecture de Police, aucuntrace des voleurs n’a pu être découverte, je demande à interveniret sollicite respectueusement de V. E. la permission de lui dire ce que je pense. Que le vol ait été commis par des employés du Musée, c[’est]ce que je ne saurais admettre. Des employés du Musée sauraient volertoute autre chose que des scarabées, . et à côté de la caisse des scarabéesil y avait Nous avons dans nos collections des bronzes qui valent [dont]un seul vaut cent scarabées et il n’était pas difficile, [de trou ?]pour un employé du Musée, de trouver les caisses qui les contenai[ent.]Je m’aperçois que, depuis plusieurs semaines, la Police faitcomparaître souvent devant elle le nazir du Musée, comme [si elle]le soupçonnait. Ici, Excellence, permettez-moi de (parler ?) : [j’ai ?]depuis 23 ans cet homme à mon service. Les occasions que j’ai [eues]d’éprouver sa fidélité sont nombreuses. Pendant des (mois ?) il [a]eu littéralement le Musée sous sa garde, pen surtout pendant [les]terribles inondations que nous avons traversées et qui nous [ont]exposés à des déménagements subits. [3 lettres barrées ?] Le même nazir aramené de Saqqarah, d’Abydos, de Thèbes, des antiquités [en/sans ?]nombre, et toujours j’ai eu à reconnaître ses scrupules.D’ailleurs une simple réflexion fera voir à Votre Excellence [que]notre nazir n’est pour rien dans le vol commis. Notre [nazir]sait en effet où sont déposées pen toutes nos clefs. [Au lieu de ?]

B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 273, ro

273[monter ?] pendant la nuit sur un toît, au lieu de s’exposer à recevoir[un] coup de bâton et même peut-être un coup de fusil, au lieu de (jouer ?) son[???] et sa liberté contre quelques scarabées, ne lui était-il pas

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

[beaucoup ?] plus facile de prendre tout simplement la clef de la[chounah], d’ouvrir les portes et de s’y enfermer, libre ainsi de[faire] tranquillement son choix ? Au lieu de voler des[scarabées], pourquoi n’aurait-il pas volé des statuettes de[ bronze ?] qui sont bien plus précieuses, pourquoi même n’aurait-il pas volé nos bijoux d’or[et] d’argent ? Je voudrais crois donc devoir m’élever contre la pensée que[forme ?] la Police que le vol a été commis par un employé du[Musée]. Un employé du Musée aurait agi tout autrement.[Et ? Or ? Mais ?] il n’y avait pas à cette époque que les employés du Musée[qui sav?]aient où étaient les antiquités dans la Chounah. Tous les[habitués ?] des cafés en mauvais cafés environnants, tous les gen tous les[employés ?] occupés par nous au transport, étaient tout aussi instruits que nos[hommes] des richesses que contenait la chounah. Ce point écarté, je demande à Votre Excellence la permissiond’indiquer sur quels points de quel côté pourraient, à mon avis, se porter lesinvestigations de la Police.[au moins 6 mots barrés : Partant de l’expérience, il est ?] Le commerce des antiquités, à l’époque à cette époque de l’année où les voyageurs européens arriventen Egypte, est très-grand. Mais les fouilles sont défendues strictement défendues dans toute l’Egy[pte].Les fellahs qui se livrent à ce à ce commerce ne peuvent l’alimenter qu’au moyen[de vols ?]. Les voleurs de la chounah sont donc certainement pour moi des[x mots barrés] vendeurs d’antiquités,soit [mots barrés] qui aient travaillé par eux-mêmes, soit [mots barrés] que des Européens, commerçantsen antiquités du Caire, les aient sollicités [mots barrés] à la mauvaise action qu’ilsont commise. Et les vendeurs fellahs vendeurs d’antiquités nous sont bienconnus. On les voit tous les jours à la porte des hôtels, et j’en airencontré moi-même souvent dans des maisons particulières. Jeciterai parmi eux : 1° Un nommé Hanoum Safer, de Saqqarah. Ce Cet Hanoum a été(domestique ?) chez moi. Un jour, profitant de l’innoc du jeune âge de deux de mespetits enfants, il a fait prendre par eux dans un tiroir 300 fr.

B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 274 ro

[???], a pris de leurs mains ces trois cents francs, et com quand je mesuis aperçu de ce vol, il a été enterrer cet argent dans le jardindu Musée. Comme mes deux petits enfants étaient mêlés à l’affaire,[je n’ai pas ?] voulu me plaindre, et je me suis contenté de chasser le (susdit ?)Hanoum Safer. Aujourd’hui Hanoum Safer vend au Caire des vientau Caire vendre des antiquités qu’il s’est procurées je ne sais où. + 2° Même réflexion pour un autre habitant de Saqqarah nommé[???] El-Hâti(n ?). C’est le plus intrépide vendeur d’antiquités que[j’aie jamais vu ?] et je. Directement je ne l’ai jamais pris en flagrant délit.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

Mais j’ai la conviction que les antiquités qu’il vend ne viennentpas d’une source très pure. 3° Le Le cas du nommé Saleh (Ahoïan ?), d’Abydos d’Abousyr, est plus grave. Celui-là(nous l’avons?) surpris portant sur lui une multitude d’ est était farracheau Musée. Il a profité de sa position pour voler des antiquités dansnos magasins. Il allait les vendre à [ ?. ???], ex-consul[???](yen ?) au Caire, quand nous l’avons surpris en flagrant délit et fait arrêter. Il[a fait ?] tout à la fois vol et abus de confiance. Il est en ce moment en[prison] mais il était libre à l’époque du vol. 4° Un nommé Ismaïl Larry, des Pyramides, est un autre vol vendeur d’antiquitéssur qui j’ai [mots barrés] depuis longtemps les yeux fixés. Je me permets de[mots barrés] le signaler à la vigilance bien connue de S. E. le Préfetde Police.

[??? ???]. Pendant une sem Il y a quelques années, on a[fait ?] un trou dans le mur d’une de nos chounah (juste comme on a[… ?] fait il y a qq. semaines) et on a volé des bronzes qu’on a été[???] : Je n’ai jamais eu la preuve que Hanoum Safer fût l’auteur[???] du vol. Je dois cependant fai cependant faire remarquer qu’à cette époque[il était ?] sofragi chez moi.

Enfin j’indiquerai comme capables d’avoir commis le vol de la Chounah[???] un homme des Pyramides qui, au vu et au su de tout le monde, Le nommé (Mohamm. ?), de Kom el-Acouït, (mes nombreuses enquêtes ?), est un[autre ?] vendeur d’antiquités dont j’ai tout lieu de me méfier. Je suis entré[un jour ?] chez un honorable habitant anglais du Caire, et je l’ai trouvé [???]ant sur une table des scarabées, des statuettes de terre cuite,au pied desquelles j’ai distinctement reconnu le chiffre du Catalogue duMusée. Donc ces statuettes nous avaient été volées, et peut-être[étaient]-elles dans la première caisse dont les malfaiteurs de la Chounah ont brisé le couvercle.

B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 275 ro

5 275Enfin j’indiquerai, comme capables d’avoir commis le vol de la Chounah,des hommes des Pyramides qui, au vu et au su de tout le monde,vendent des objets antiques aux visiteurs. Je sais que quelques un quelques[unes] de ces antiquités sont fausses, mais il en est de vraies parmi[elles] Où se les procurent-ils ? Voici les noms de ces hommes :

Ils sont, Excellence, les personnes sur lesquelles mes soupçonspeuvent se porter. Si on fais pouvait faire comparaître ces personnes, lesinterroger, les confronter, peut-être un mot échappé par hasard

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

[pourrait ???] nous mettra-t-il [2 ou 3 mots barrés] sur la trace des voleurs.Ne pourrait-on pas aussi interroger les cinq soldats qui étaient

[de garde ?] dans la nuit du vol. Il me paraît difficile qu’on soit montésur le toit de la chounah, qu’on ait défoncé le plafond, qu’on se soit[déplacé ?] dans la chounah avec une lumière, qu’on ait décloué à grands coups[de marteaux ?] deux caisses, sans qu’aucun de ces soldats des cinq gardiens n’ait rien vu[ni] entendu. Peut-être un indice renseignement pourrait-il être fourni par[eux sur ?] l’heure à laquelle le bruit a été entendu, et peut-être[pourrait-on ?] tirer de ces ce indices renseignement quelque indice [mot barré] utile.

( J’aimerais ?) aussi que l’on comparâtJe désirerais aussi qu’une confrontation d’un autre genre fût faite.

Un des voleurs, en circulant dans la Chounah, a laissé sur une[caisse] couverte d’une couche épaisse de poussière, l’empreinte de son[pied]. Je ne doute pas que les personnes envoyées par S.E. lePréfet de Police le lendemain du vol n’aient (soigneusement examiné ?) cette empreinte accusatriceet n’en aient gardé la forme. Je voudrais qu’onla confrontât avec les pieds des vendeurs d’antiquités dont je viens devous donner les noms.

Tels sont les points que je me permets de signaler par l’intermédiairede V.E. à l’attention de la Préfecture de Police. Si cette fois les voleurs[restent] impunis, cela ne pourrait que servir d’encouragement auxautres, et le Musée de B. serait de + en + le point de mire des[gens] qui ne vivent que des antiquités vendues aux voyageurs, et qui ne peuvent se les procurer ces antiquités qu’en les volant.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III.3. Contextualisation

III.3.a. Images de lieux d’expositions d’antiquités égyptiennes contemporains

III.3.a.α. Le musée Charles-X au Louvre (créé en 1827)

Source : JOANNE Adolphe, Paris illustré. Nouveau guide de l’étranger et du Parisien, Paris, 2e éd., 1863, p. 649.

III.3.a.β. La salle égyptienne du Crystal Palace (Londres, années 1850)

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

Source : Moser 2006, fig. 6.8, p. 186 (publication originale dans Illustrated London News, 5 août 1854,p. 112).

Source : Moser 2006, fig. 6.7, p. 186 (publication originale dans DELAMOTE P. H., Photographic Viewsof the Progress of the Crystal Palace, Sydenham, [s. l.?] 1855, pl. 68).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III.3.a.γ. Salle égyptienne du Neues Museum de Berlin (muséographie du milieu du XIXe siècle)

Source : site de l’Ägyptisches Museum und Papyrussamllung (http://www.egyptian-museum-berlin.com/c01.php ;consulté le 13 avril 2013).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III.3.a.δ. Le pavillon égyptien de l’exposition universelle de Paris de 1867, conçu par Mariette et présentantdes collections du musée de Būlāq

Source : DUCUING François (dir.), L’exposition universelle de 1867 illustrée, t. 1, Paris, 1867, p. 423119.

III.3.a.ε. Les salles égyptiennes du British Museum120 (Londres, 1875)

119 Numérisé sur le site de l’université de Heidelberg (http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/weltausstellung1867g/0424?sid=674759359af4f6010f9732af2db2eaa7 ; consulté le 20 avril 2013).

120 Pour une présentation générale des salles égyptiennes du British Museum (principalement la grande galerie de sculpture), cf.Moser 2006.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

Source : Moser 2006, fig. 6.18, p. 199 (photographie de Frederick York de 1875, archives centrales du British Museum).

Source : Moser 2006, fig. 6.19, p. 199 (photographie de Frederick York de 1875, archives centrales du British Museum).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III.3.a.ζ. Salles égyptiennes des Musées Guimet

Source : Galliano 2012, fig. 17, p. 65.Remarque : Il s’agit du musée Guimet de Lyon (1879-1889) ; on y voit une « vitrine octogone »

semblable à celle du musée de Būlāq.

Source : Galliano 2012, fig. 18, p. 71.Remarque : Il s’agit ici du musée Guimet de Paris (après le transfert de 1889) ; on y voit une réplique

du « Shaykh al-Balad » de Būlāq (au centre) et de la « vitrine octogone » (premier plan).

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) III. DOCUMENTS DIVERS

III.3.b. Chronologie121

121 Frise réalisée grâce au site Frise chronologique (http://www.frisechrono.fr/default.aspx), le 13 avril 2013.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IV. RÉPERTOIRES BIBLIOGRAPHIQUES

IV. Répertoires bibliographiquesRemarque : Dans les listes qui suivent, nous avons classé nos sources par thème et par ordre

chronologique.

IV.1. Publications archéologiques et vulgarisation contemporaines aumusée

IV.1.a. Ouvrages consacrés au musée, aux activités et aux membres du ServiceBRIGNOLI Alexandre, Musée égyptien. Album photographié, Le Caire [s. d. ; v. 1874 ?].MARIETTE(-BEY) Auguste, Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du Musée

d’antiquités égyptiennes de S. A. le vice-roi à Boulaq, Alexandrie, 1864.MARIETTE(-BEY) Auguste, Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du Musée

d’antiquités égyptiennes de S. A. le vice-roi à Boulaq, 2e éd., Alexandrie, 1868.MARIETTE(-BEY) Auguste, Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du Musée

d’antiquités égyptiennes de S. A. le vice-roi à Boulaq, 3e éd., Alexandrie, 1869.MARIETTE(-BEY) Auguste, Une visite au musée de Boulaq, ou description des principaux monuments conservés

dans les salles de cet établissement ر���ولل مي��اقةة به��ة الك��ةخانه الديوي��ى النتيق��رج عل��ة التف��هفرج�المي Furǧat al-mutafarriǧ‘aly al-āntīqakhāna al-khidīwiyya al-kā‘ina bi-Būlāq Miṣr al-maḥmiyya, Paris, 1869.

MARIETTE(-BEY) Auguste, Les papyrus égyptiens du musée de Boulaq, Paris, 1871-1872.MARIETTE(-BEY) Auguste, Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du Musée

d’antiquités égyptiennes de S. A. le khédive à Boulaq, 4e éd., Paris, 1872.MARIETTE(-BEY) Auguste, Album du Musée de Boulaq, Le Caire, 1872.MARIETTE(-BEY) Auguste, Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du Musée

d’antiquités égyptiennes de S. A. le khédive à Boulaq, 5e éd., Paris, 1874.MARIETTE(-BEY) Auguste, Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du Musée

d’antiquités égyptiennes de S. A. le khédive à Boulaq, 6e éd., Le Caire, 1876.BRUGSCH Emil, Monuments choisis du Musée de Boulaq, Le Caire, 1881.BRUGSCH Emil & MASPERO Gaston, La trouvaille de Déïr-el-Baharî, Le Caire, 1881.MASPERO Gaston, Guide du visiteur au musée de Boulaq, Boulaq, 1883.GAYET Albert, Les monuments coptes du musée de Boulaq, Paris, 1889.MARIETTE(-PACHA) Auguste & MASPERO Gaston, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie, Paris,

1889.GRÉBAUT Eugène, Le Musée égyptien. Recueil de monuments et de notices sur les fouilles d’Égypte , t. 1, Le

Caire, 1890-1900.MARIETTE Édouard, Mariette Pacha. Lettres et souvenirs personnels, Paris, 1904.MASPERO Gaston, Mariette (1821-1881). Notice biographique (BibÉg 18), 1904.NEWBERRY Percy Edward, Catalogue général des antiquités égyptiennes du musée du Caire. Nos 36001-37521.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IV. RÉPERTOIRES BIBLIOGRAPHIQUES

Scarab-shaped Seals, Londres, 1907.CHÉLU(-PACHA) Alfred, Mariette Pacha, 2e éd., Le Caire, 1911.

IV.1.b. ArticlesMARIETTE Auguste, « Extrait d’une lettre de M. Mariette à M. Jomard sur les fouilles de Thèbes, d’Abydos,

de Saqqarah, sur le musée de Boulaq, etc. », Revue archéologique (2e série) 2, 1860, p. 206-207.SAULCY (DE) Félicien « Le musée du Caire », Revue archéologique 9, 1864, p. 313-322.CHARMES Gabriel, « La réorganisation du Musée de Boulaq et les études égyptologiques en Égypte »,

Revue des deux mondes, septembre 1880, p. 175-211.VOGÜÉ (DE) Eugène-Melchior, « Chez les Pharaons. Boulaq et Saqqarah », Revue des deux mondes, janvier

1877, p. 331-358.EDWARDS Ann Amelia Blandford, « Professor Maspero’s New Catalogue of the Boulak Museum », The

Times, 11 janvier 1884, p. 3.RHONÉ Arthur, «Mariette-Bey. II Le musée de Boulaq », Le magasin pittoresque 52, 1884, p. 62-64 & 128-

131.WALLON Henri, « Notice sur la vie et les travaux de François-Auguste-Ferdinand Mariette-Pacha, membre

ordinaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », CRAIBL (4e série) 11, 1883 (1884), p. 45-163.

[Anonyme] « Bulletin mensuel de l’Académie des inscriptions», Revue archéologique (troisième série) 6,1885, p. 230-243.

[Anonyme] « The Boulaq Museum », The Athenæum 3125, 1887, p. 357.CATTAUI Adolphe, « Rapport sur une mission dans la Haute-Égypte. (Août-décembre 1886.) », RevÉg 5,

1888.WALLIS Henry, « The Boulaq Museum », The Art-Journal, avril 1888, p. 103-110.MASPERO Gaston, « Le musée de Boulaq et le musée de Gizéh », La nature 18-2, 1890, p. 199-202.GRÉBAUT Eugène, « Le transfert du Musée de Boulaq à Guizeh », BIÉ (3e série) 1, 1890 (1891), p. 44-51.MASPERO Gaston, « Documents relatifs aux fouilles de Mariette », RT 12, 1892, p. 214-218. MASPERO Gaston, « Histoire du musée du Caire », Revue d’Égypte & d’Orient (7e année) 4, 1906, p. 133-

145.

IV.2. Guides de voyage contemporains au muséeJOANNE Adolphe & ISAMBERT Émile, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l’Orient, Paris, 1861.BAEDEKER Karl, Egypt. Handbook for travellers, t. 1 Lower Egypt, with the Fayûm and the Peninsula of Sinai,

Leipzig – Londres, 1878.ISAMBERT Émile, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l’Orient, t. 2 Malte, Égypte, Nubie,

Abyssinie, Sinaï, Paris, 1881.BAEDEKER Karl, Egypt. Handbook for travellers, t. 1 Lower Egypt, with the Fayûm and the Peninsula of Sinai,

2e éd., Leipzig – Londres, 1885.MURRAY John, A Handbook for Travellers in Lower and Upper Egypt, 7e éd., Londres, 1888.BUDGE Ernest Alfred Thompson Wallis, The Nile, Notes for Travellers in Egypt, 1901.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IV. RÉPERTOIRES BIBLIOGRAPHIQUES

IV.3. Récits de voyageTAGLIONI Charles, Deux mois en Égypte. Journal d’un invité du khédive, Paris, 1870.GUIMET Émile, Croquis égyptiens. Journal d’un touriste, Paris, 1867.RHONÉ Arthur, L’Égypte à petites journées. Études et souvenirs. Le Kaire et ses environs, Paris, 1877.EDWARDS Ann Amelia Blandford, A Thousand Miles up the Nile, 2e éd., Londres, 1888.[Anonyme] Le jubilé du musée Guimet. Vingt-cinquième anniversaire de sa fondation. 1879-1904 , Paris,

1904.

IV.4. Publications scientifiques actuelles

IV.4.a. Histoire du musée du CaireDRIOTON Étienne, « Le musée de Boulac », Cahiers d’Histoire Égyptienne (3e série) 1, 1950, p. 1-12.DEWACHTER Michel, « L’original de l’ “inventaire de Boulaq” », BIFAO 85, 1985, p. 105-131.ABOU-GHAZI Dia’ , « The first Egyptian Museum », ASAÉ 67, 1988, p. 1-12.ABOU-GHAZI Dia’ , « The Journey of the Egyptian Museum from Boulaq to Kasr el-Nil », ASAÉ 67, 1988,

p. 15-18.ABOU-GHAZI Dia’ , « The Museum’s Guides and Catalogues », ASAÉ 67, 1988, p. 59-74.TIRADRITTI Francesco, « The History of the Egyptian Museum », Egyptian Treasures from the Egyptian

Museum in Cairo, Milan, 1999, p. 12-23.DOYON Wendy, « The Poetics of Egyptian Museum Practice », BMSAES 10, 2008, p. 1-37.DAVID Élisabeth, « Un brouillon de Mariette : un projet pour un Service des Antiquités de l’Égypte

international », RdÉ 61, 2010, p. 209-217 et pl. IX-XI.GODOLI Ezio & VOLAIT Mercedes (éd.), Concours pour le musée des Antiquités égyptiennes du Caire, 1895,

2010.

IV.4.b. ContextesLÉO Anne, Auguste Mariette Pacha. Étude sur les débuts de l’archéologie égyptienne, mémoire de diplôme

d’étude supérieure d’histoire, Faculté de Paris, 1946.Khater 1960 : KHATER Antoine, Le régimejuridique des fouilles et des antiquités en Égypte (RAPH 12), 1960.

MONTET Pierre, Isis, ou À la recherche de l’Égypte ensevelie, Paris, 1956.ABOU-GHAZI Dia’ , « Personalities that developped the Egyptian Museum », ASAÉ 67, 1988, p. 19-58.DAVID Élisabeth, Mariette Pacha. 1881-1881, Paris, 1994.ÖZENDES Engin, Osmanlı İmparatorluğu’unda Fotoğrafçılık (1839-1919). Photography in the Ottoman Empire

(1839-1919), 2e éd., Istanbul, 1995.DAVID Élisabeth, Gaston Maspero. 1846-1916. Le gentleman égyptologue, Paris, 1999.PIACENTINI Patrizia & RONDOT Vincent, « 1881, Musée de Boulaq, mort de Mariette », dans ELDAMATY

Mamdouh & TRAD Mai (dir.), Egyptian Museum Collections around the World, t. 2, Le Caire, 2002, p.949-956.

DAVID Élisabeth (éd.), Gaston Maspero. Lettres d’Égypte. Correspondance avec Louise Maspero (1883-1914),

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) IV. RÉPERTOIRES BIBLIOGRAPHIQUES

Paris, 2003.DAVID Élisabeth, « Mariette (1821-1881) et la photographie (née en 1839) », dans BROCHET Pierre & SEGUIN

Béatrice (dir.), Mariette en Égypte, ou La métamorphose des ruines, Boulogne, 2004, p. 97-98.GADY Éric, « Les égyptologues français au XIXe siècle : des savants très influents », Revue d’histoire du XIXe

siècle 32, 2006, p. 41-62.MOSER Stephanie, Wondrous Curiosities. Ancient Egypt at the British Museum, Chicago, 2006.PIACENTINI Patrizia, « Auguste Mariette in the Egyptological Archives and Library of the University of

Milan », dans MAGEE Diana et al., Sitting Beside Lepsius. Studies in Honour of Jaromír Málek at theGriffith Institute (OLA 185), 2009, p. 423-438.

PIACENTINI Patrizia, « Archaeology and Archives: the Egyptian Museums in Egypt at the End of theNineteenth Century », dans RAFFAELE Francesco et al., Recent Discoveries and Latest Researches inEgyptology. Proceedings of the First Neapolitan Congress of Egyptlogy, Naples, June 18 th-20th 2008,Wiesbaden, 2010, p. 221-236.

PIACENTINI Patrizia, « The Preservation of Antiquities. Creation of Museums in Egypt during theNineteenth Century », dans PIACENTINI Patrizia (dir.), Egypt and the Pharaohs. From Conservation toEnjoyment. Pharaonic Egypt in the Archives and Libraries of the Università degli Studi di Milano ,Milan, 2011, p. 5-45.

BIERBRIER Morris Leonard (dir.), Who was who in Egyptology,4e éd., Londres, 2012.GALLIANO Geneviève, « Histoire des collections égyptiennes d’Émile Guimet » dans GALLIANO Geneviève

(dir.), Un jour j’achetais une momie. Émile Guimet et l’Égypte antique, Lyon, 2012, p. 42-59.GAY Véronique & DUCROT Camille, « Croquis égyptiens. Émile Guimet en Égypte » dans GALLIANO

Geneviève (dir.), Un jour j’achetais une momie. Émile Guimet et l’Égypte antique, Lyon, 2012, p. 30-39.

IV.4.c. L’orientalismeSAID Edward Wadie, Orientalism, New York, 1978.SILBERMAN Neil Asher, Between Past and Present: Archaeology, Ideology and Nationalism in the Modern

Middle East, New York, 1989.REID Donald Malcolm, Whose Pharaohs? Archaeology, Museums, and Egyptian Identity from Napoleon to

World War I, Berkeley, 2002.JASANOFF Maya, Edge of Empire. Conquest and collecting in the East. 1750-1850, Londres, 2005.COLLA Elliott H., Conflicted Antiquities. Egyptology, Egyptomania, Egyptian Modernity, Durhan, 2007.

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) V. LOCUTIONS ET ABRÉVIATIONS EMPLOYÉES

V. Locutions et abréviations employéesart. : articleASAÉ : Annales du Service des antiquités de l’ÉgypteBibÉg : Bibliothèque égyptologiqueBIFAO : Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientaleBMSAES : British Museum Studies in Ancient Egypt and SudanB.N.F. : Bibliothèque nationale de Francec.-à-d. : c’est-à-direcf. : se reporter àCGC : Catalogue général des antiquités égyptiennes du musée du Cairecontra : contrairement àCRAIBL : Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettresdir. : directeur de publicationéd. : éditeur/éditionfo, fos : folio, foliosINHA : Institut national d’histoire de l’artin situ : sur placelit. : littéralementn. : noteN.A.F. : nouvelle acquisition françaiseno, nos : numéro, numérosn. p. : non paginéms. : manuscritp. : pagep. ex. : par exemplepassim : en différents endroitspl. : plancheRAPH : Recherches d’archéologie, de philologie et d’histoireRevÉg : Revue égyptologiqueRT : Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyrienness. d. : sans date de publications. l. : sans lieu de publicationt. : tomev. : vers

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) TABLE DES MATIÈRES

Table des matièresVolume 1I. Cartes et plans................................................................................................................................................................ 1

I.1. Localisation du musée.......................................................................................................................................... 1I.1.a. Carte de 1885.................................................................................................................................................. 1I.1.b. Superposition de la carte précédente à une vue du Caire moderne....................................................2I.1.c. Vues du Caire moderne................................................................................................................................ 3

I.1.c.α. Vues satellite du nord du Caire moderne......................................................................................... 3I.1.c.β. Photographies de la parcelle du musée depuis l’île de Ǧazīra......................................................5

I.1.d. Carte du Caire vers 1914............................................................................................................................. 6I.2. Plans du musée...................................................................................................................................................... 7

I.2.a Plans contemporains.................................................................................................................................... 7I.2.a.α. Plan du musée en 1878....................................................................................................................... 7I.2.a.β. Plan de la cour du musée en 1881...................................................................................................... 8I.2.a.γ. Plan du musée en 1882........................................................................................................................ 9I.2.a.δ. Plan de la salle de l’est en 1881.......................................................................................................... 10I.2.a.ε. Plan du musée en 1883........................................................................................................................ 11I.2.a.ζ. Plan du musée en 1885....................................................................................................................... 12I.2.a.η. Plan de la shūna du musée en 1887.................................................................................................. 13I.2.a.θ. Plan du musée en 1888...................................................................................................................... 14I.2.a.ι. Plan rétrospectif des salles de 1861-1863 dessiné de mémoire par Édouard Mariette en 1903............................................................................................................................................................................ 15I.2.a.κ. Schéma rétrospectif du musée......................................................................................................... 16

I.2.b. Plans restitués............................................................................................................................................. 17I.2.b.α. Plan du musée, de l’ouverture au public à l’inauguration du canal de Suez (1863-1869)......17I.2.b.β. Plan du musée, de l’inauguration du canal de Suez à la quatrième édition de la Notice(1869-1872)...................................................................................................................................................... 18I.2.b.γ. Plan du musée, de la quatrième à la cinquième édition de la Notice (1872-1874)..................19I.2.b.δ. Plan du musée, de la cinquième édition de la Notice à la démolition du musée (1874-1878)........................................................................................................................................................................... 20I.2.b.ε. Plan du musée, de la rénovation du musée aux travaux de Maspero (1879-1882)...................21I.2.b.ζ. Plan du musée, des travaux de Maspero à la fermeture du musée (1882-1889).......................22

Volume 2II. Les Notices de Mariette et le Guide de Maspero................................................................................................... 24

II.1. Les éditions successives.................................................................................................................................... 24II.1.a. Tableau récapitulatif................................................................................................................................ 24II.1.b. Structures des ouvrages............................................................................................................................ 25II.1.c. Les révisions de Mariette......................................................................................................................... 26

II.2. Systèmes de numérotation des objets............................................................................................................ 26II.3. Le contenu des notices..................................................................................................................................... 27

II.3.a. Les informations fournies....................................................................................................................... 27

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LE MUSÉE D’ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DE BŪLĀQ (ANNEXES) TABLE DES MATIÈRES

II.3.b. Comparaison de notices de Mariette et de Maspero.........................................................................27II.3.b.α. Notices de la statue d’Aménirdis (CGC 565)............................................................................. 28II.3.b.β. Notices de la statue de Kaâper, le « Shaykh al-Balad » (CGC 34).......................................29II.3.b.γ. Notices de la statue de Chéphren (CGC 14)............................................................................. 30

II.3.c. Analyse proportionnelle........................................................................................................................... 31III. Documents divers.................................................................................................................................................... 34

III.1. Transcription de brouillons de cartels manuscrits..................................................................................... 34III.1.a. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 89 : une statue du prêtre Rânéfer (CGC 18 ou 19)..................34III.1.b. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 92 : statues de Râhotep et Néféret (CGC 3 & 4)....................34III.1.c. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 96 : une statue du prêtre Rânéfer (CGC 18 ou 19)..................34III.1.d. B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 97 : statue de Kaâper, le « Shaykh al-Balad » (CGC 34)......35

III.2. Transcription du brouillon du rapport de Mariette après le vol d’une caisse de scarabée pendant lestravaux de 1879-1880................................................................................................................................................. 35

B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 272 ro............................................................................................................. 35B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 272, vo........................................................................................................... 36B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 273, ro............................................................................................................ 36B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 274 ro............................................................................................................ 37B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fo 275 ro............................................................................................................. 38

III.3. Contextualisation........................................................................................................................................... 40III.3.a. Images de lieux d’expositions d’antiquités égyptiennes contemporains.......................................40

III.3.a.α. Le musée Charles-X au Louvre (créé en 1827).........................................................................40III.3.a.β. La salle égyptienne du Crystal Palace (Londres, années 1850).............................................40III.3.a.γ. Salle égyptienne du Neues Museum de Berlin (muséographie du milieu du xixe siècle). 42III.3.a.δ. Le pavillon égyptien de l’exposition universelle de Paris de 1867, conçu par Mariette etprésentant des collections du musée de Būlāq.......................................................................................... 42III.3.a.ε. Les salles égyptiennes du British Museum (Londres, 1875)....................................................43III.3.a.ζ. Salles égyptiennes des Musées Guimet...................................................................................... 44

III.3.b. Chronologie............................................................................................................................................ 45IV. Répertoires bibliographiques................................................................................................................................ 46

IV.1. Publications archéologiques et vulgarisation contemporaines au musée..............................................46IV.1.a. Ouvrages consacrés au musée, aux activités et aux activités du Service........................................46IV.1.b. Articles..................................................................................................................................................... 47

IV.2. Guides de voyage contemporains au musée............................................................................................... 47IV.3. Récits de voyage............................................................................................................................................... 48IV.4. Publications scientifiques actuelles.............................................................................................................. 48

IV.4.a. Histoire du musée du Caire................................................................................................................. 48IV.4.b. Contextes................................................................................................................................................ 48IV.4.c. L’orientalisme.......................................................................................................................................... 49

V. Locutions et abréviations employées...................................................................................................................... 50Table des matières............................................................................................................................................................ 51

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