La lutte contre le non-recours aux droits sociaux : marotte du moment ou nouvelle orientation des...

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Élan Social ASSOCIATION DES ANCIENS ELEVES ET ELEVES DE L’EN3S La revue de l'AEN3S N° 81 1er trimestre 2014 Cahier central Quels accès à l’EN 3 S ? Entretien avec Daniel Lenoir, directeur général de la CNAF

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Élan SocialASSOCIATIONDES ANCIENS ELEVESET ELEVES DE L’EN3S

La revuede l'AEN3S

N° 811er trimestre 2014

Cahier centralQuels accès à l’EN3S ?

Entretien avec Daniel Lenoir, directeur général de la CNAF

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Oui à la dynamisation de la carrière des agents de direction

Vous avez donné de la voix, et nous avons été entendus.

Avec beaucoup d’unanimité, avec force, parfois avec colère, vous vous êtes élevés contre la mesure, retenue comme emblématique, de la baisse de nos coefficients dans le projet de classification relative aux Agents de Direction (ADD). Et c’est tout aussi unanimement que nos syndicats d’ADD n’ont pas donné suite.

Dans tout notre pays en mutation, aucun secteur d’activité ni aucun parti de gouvernement ne propose de sacrifier ses élites ; dans le secteur privé marchand, le salaire des cadres et des dirigeants continue de progresser, parce que dans les compétitions internationales, aussi, ce sont les talents qui font gagner l’entreprise, et dans le secteur public, le discours majoritaire préconise, en contrepartie de la baisse des effectifs, une meilleure rétribution des emplois plus performants qui demeurent.

C’est ce que nous souhaitons pour notre Institution ; qu’elle continue de gagner en performance grâce à la qualité de tous ses talents, et de leur reconnaissance.

Si la dynamisation de la carrière des agents de direction n’est pas un simple trompe l’œil, de vraies négociations doivent reprendre.

Nous avons soutenu, et nous soutenons toujours le projet « Morel » de dynamisation de la carrière des agents de direction, et en particulier nous disons « oui » à ses points clés.

« Oui » à un projet qui renforce la gestion de nos carrières, parce que c’est le développement de nos compétences qui fera gagner notre Institution demain,

« Oui » à l’accompagnement de la mobilité géographique, sans laquelle la présence sur les territoires ne pourra plus être à terme assumée,

« Oui », trois fois « oui », à la mobilité « hors Institution », pourvu qu’elle reste un choix et non une contrainte, à l’abaissement des barrières avec les fonctions publiques.Dans ses vœux à la 53ème promotion de l’EN3S, le directeur de la Sécurité Sociale, Thomas FATOME, a, notamment, dit en substance aux élèves que pour être de bons directeurs de CPAM ou de CAF demain, il serait opportun qu’ils passent, dans leurs parcours, dans une équipe de direction à l’hôpital ou en Conseil Général.Nous souhaitons que cela soit possible demain, et réciproquement, car l’ouverture et l’échange favorisent évidemment l’émergence de nouvelles compétences.

En cette nouvelle année, je forme le vœu que les tous ces projets avancent, pour faire gagner notre Institution.

Marc Azam Président de l’AEN3S

ASSOCIATIONDES ANCIENS ELEVESET ELEVES DE L’EN3S

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Sommaire

Revue de l'Association des Élèves et Anciens Élèves de l'EN3S.Directeur de la publication : Marc Azam Création et maquette : Anne Couriol Rédacteur en chef : Ollivier Vacchino Impression : Phil'Print - YssingeauxDépôt légal : ISSN N° 1266-7196 - Tous droits réservés

Cahier central

QUELS ACCÈS À L’EN3S ?

01Introduction : Frédéric Baysselance

02 > 08Interviews : • Pierre Ramon-Baldié,

Directeur Général Adjoint EN3S• Charlaine Le Dantec, élève externe• Nathalie Moore, élève interne• Pauline Sterdyniak, élève interne l• Vincent Nicolle, élève externe• Didier Del Prete - Directeur CPAG

Sciences Po’ Aix en Provence

Comité de rédaction :- Marc Azam / CPAM de l’Oise- Olivier Bachelard / ESC Saint-Étienne- Frédéric Baysselance / URSSAF d’Aquitaine- Marie-Antoinette Chaplain /

Ancienne élève, retraitée- Aude Cournée / CAF de Paris- Fatma Drissi / CAF de Paris- Jean-Hervé Dupont / CPAM de l’Ardèche- Augustin Emane / Université de Nantes- Lionel Ferraris / UCANSS- Emmanuel Godard / Ancien élève, retraité- Gilles Huteau / Professeur EHESP Rennes 1- Albert Lautman / Ministère délégué

aux personnes âgées et à l’autonomie- Tiphaine Merialdo / CAF du Rhône- Frédéric Vabre / CAF de Nanterre- Ollivier Vacchino / CAF du Doubs

Ont contribué à ce numéro :- Anne Bastien / CAF Ille et Vilaine- Nazim Oureib / CPAM du Bas Rhin- Marie Josée Gombert / URSSAF d’Auvergne- Romain Gibert / 52ème promotion- Isabelle Fillet / 52ème promotion- Guillaume Filhon / AISS- Mélanie Bourque / Enseignante

Université du Québec- Hervé Rose / DRSM Normandie

Au sommaire du N° 82… Entretien avec le DG du RSI Les anciens élèves en ARS Le rôle des conseils La GRH du service public La Protection sociale en Allemagne Les nouvelles listes d’aptitudes Les MOOCs

Vous voulez contribuer au numéro 82 de juin :écrivez-nous à [email protected]

VIE DU RÉSEAU

04 Vos délégués en régions05 Assemblée générale à la MSA Île de France06 Rencontre des anciens élèves à Strasbourg07 Les listes d’aptitude évoluent ... Le rôle de l’AEN3S08 Les élèves de la 53ème promotion09 La Sécurité sociale ouvre ses portes…10 Quel bilan pour Élan Social ?

NOUVEAUX RÉSEAUX

11 La présence web de l’AEN3S progresse

REGARDS EXTÉRIEURS

12 > 15 L’AISS en sommet à Doha 16 > 17 La protection sociale au Québec

GRANDS TÉMOINS

18 > 21 Daniel Lenoir, directeur de la CCNAF

VEILLE SOCIALE

22 > 24 La lutte contre le non-recours aux droits sociaux25 Les Trophées de l’Innovation EN3S26 Le risque chômage des agents publics

LE MOT DU RÉDAC’CHEF

27 Les anciens élèves et la révision des politiques sociales

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U Vos délégués en régions

Voici la liste de nos délégués par région. N’hésitez pas à vous rapprocher d’eux à votre arrivée dans un nouveau poste, ou bien pour obtenir des informations au sujet de l’association des élèves et anciens élèves de l’EN3S.Certaines régions sont insuffisamment représentées : Aquitaine, Lorraine, Champagne-Ardennes, Normandie, Pays

de Loire, mais également le Centre, l’Auvergne ou Languedoc-Roussillon, du fait de la mobilité récente de nos collègues. Si vous êtes intéressé(e), merci de prendre contact avec Marc Azam ([email protected]) ou Emmanuel Godard ([email protected]), qui pourront vous renseigner sur le rôle des délégués régionaux.

Emmanuel GODARD

Alsace Moselle Nazim OUREIB CPAM du Bas-Rhin - 16 rue de Lausanne 67090 [email protected]

Bourgogne Franche-Comté

Pierre-Yves MALINAS CPAM de Saône-et-Loire - 71022 MÂCON Cedex [email protected]

Bretagne Anne BASTIEN CAF d’Ille et Vilaine - cours des Alliés - 35000 [email protected]

Guadeloupe Sonia MELINA-HYACINTHE

Assurance Maladie - BP 9 - 97181 LES ABYMES CEDEX [email protected]

Île de France Lionel FERRARIS UCANSS - 18 av. Léon-Gaumont - 75980 PARIS Cedex [email protected] Essonne : Sébastien Arnaud / [email protected] Hauts de Seine : Frédéric Vabre / [email protected] Seine et Marne : Florian Fernandez / [email protected] Seine-St-Denis : Julia Colombat / [email protected] Val de Marne : Juliette Noel / [email protected] Val d’Oise : David Dufourcq / [email protected] Yvelines : Carole Billon / [email protected]

Midi Pyrénées Michel DAVILA CPAM du Tarn - 5, place Lapérouse - 81016 Albi Cedex 9 [email protected]

Nord Pas-de-Calais

Franck Emmanuel FLEURY

CARSAT Nord-Picardie - 11 Allée Vauban 59662 Villeneuve d’Ascq cedex - [email protected]

PACA Catherine de MEIRLEIREJacques OLIVERES

CPAM du Vaucluse - 7, rue François-1er - 84043 [email protected] Alpes / Vaucluse - 1, pl. des Maraîchers - 84056 AVIGNON Cedex [email protected]

Picardie Marc AZAM CPAM de l’Oise - 1, rue de Savoie - 60013 [email protected]

Poitou Charentes Limousin

Stéphanie MICALEF URSSAF de la Haute-Vienne - 11 rue C. Pelletan - 87047 LIMOGES Cedex [email protected]

Réunion Sabrina WADEL RSI Réunion - 135 av. Marcel Hoarau - 97494 Ste-Clotilde Cedex [email protected]

Rhône-Alpes Auvergne

Gaspard LALLICH CPAM de l’Ain - place de la Grenouillère 01015 BOURG EN BRESSE CEDEX [email protected]

EN3S 52ème promotion

Isabelle FILLET Romain GIBERT

EN3S - 27 rue des Docteurs Charcot - 42000 [email protected] - [email protected]

EN3S 53ème promotion

Sophie BOS Jean-Charles MARIE Frédéric BRIGAUD

EN3S - 27 rue des Docteurs Charcot - 42000 [email protected] - [email protected] [email protected]

Elan Social N° 81 - 1er trimestre 2014

5Anne BASTIEN

5 décembre 2013 :

Assemblée générale à la MSA Île de France

L’AG annuelle a été accueillie le 5 décembre dernier par le directeur général de la MSA Île de France,

Laurent Pilette, avec le soutien actif de Magalie Rascle. Cette rencontre faisait suite au Conseil national, l’une des instances décisionnaires de l’association, et a été prolongée par un débat portant sur l’évolution des carrières des agents de direction.

Au cœur des discussions, bien entendu, la renégociation du protocole des ADD du régime général. Mais d’autres sujets ont occupé nos débats, qui ne sont pas déconnectés du précédent, par exemple celui de la mobilité et des passerelles professionnelles.

Anne Bastien, dorénavant membre du bureau national (voir encart) a rédigé un article décrivant l’état d’esprit général des échanges relatifs en particulier au projet de l’Ucanss. Les points de vue n’étaient pas identiques, et c’est heureux, certains voyant d’abord les points positifs du projet (prise en charge étendue de la double résidence, notamment) ; d’autres soulignant à juste

titre que la baisse programmée du nombre de postes (-140 sur 340 pour la seule Branche Recouvrement !) allait dégager des marges importantes pour les caisses nationales. L’avenir nous a donné raison en débouchant sur l’échec des négociations, alors même que tout un chacun s’accorde à reconnaître l’obsolescence de ce protocole.

Au-delà, le bureau et la rencontre qui a suivi ont permis d’aborder les autres questions sous-jacentes. Ainsi, quelles postures vont adopter les caisses nationales dans l’évolution professionnelle, nécessairement transversales, des anciens élèves ? La revue des viviers ne dépend pas de la négociation, et sera l’occasion de démontrer la volonté des têtes de réseau à partager leurs ressources dirigeantes.

L’AEN3S n’est pas un syndicat. Elle n’a pas de pouvoir de négociation ni de signature. Elle joue son rôle en organisant des rencontres, en présentant le plus honnêtement possible les enjeux, y compris en ouvrant les colonnes d’Élan Social à l’ensemble des parties prenantes.

Les membres du bureau et du conseil nationalLe bureau national comprend 20 membres statutaires, plus les représentants de la promotion en cours de scolarité (à désigner pour la 53ème promotion): Marc Azam - CPAM de l’Oise Anne Bastien - CAF Ille et Vilaine Frédéric Baysselance - URSSAF Aquitaine

Camille Brinet - CNBF Elodie Clair - CAF des Yvelines Michel Davila - CNAM Dominique Daveau-Chartier - ACOSS Catherine De Meirleire - CPAM du Vaucluse Lionel Ferraris - UCANSS Evelyne Fleuret - ACOSS Thierry Galisot - CNAM

Emmanuel Godard - retraité Marie-Josée Gombert - URSSAF Auvergne Gilles Huteau - EHESP, président d’honneur Albert Lautman - Ministère des personnes âgées

Jacques Oliveres - MSA Alpes Vaucluse Jean Pierre Pallaréa - Carsat PACA Magalie Rascle - MSA Ile de France Hervé Rose - DRSM Normandie Ollivier Vacchino - CAF du Doubs

Le Conseil national réunit, en plus du bureau, des représentants des délégations régionales : Jean-Hervé Dupont – CPAM de l’Ardèche Franck-Emmanuel Fleury – Carsat Nord Pas de Calais Gaspard Lallich – CPAM de l’Ain Sonia Melina-Hyacinthe – CGSS Guadeloupe

Stéphanie Micalef – URSSAF Limousin

Sarah Videcoq-Aubert – CPAM de Meurthe et Moselle Sabrina Wadel – RSI La Réunion

Extrait de l’article d’Anne Bastien« Ouverte par son Président, Marc Azam, la séance a rapidement permis de dresser un tableau assez peu flatteur de l’évolution conventionnelle posée sur la table des négociations.L a c o n t e s t a t i o n r e p o s a i t principalement sur la réduction annoncée des coefficients de fonction, qui risquerait d’obérer l’effet positif en matière salariale des futures nominations et en particulier celles des plus jeunes collègues récemment sortis de l’En3s.Certes, présenté comme une mesure de compensation, les négociations avaient abouti à des dispositions potentiellement intéressantes pour faciliter les mobilités professionnelles et géographiques. Mais cet avantage pouvait paraître bien mince, notamment si l’on observe le nombre de personnes concernées, par rapport aux impacts que peut entraîner une mobilité. Plusieurs témoignages ont ainsi décrit ces désagréments, aussi bien vis-à-vis des branches, qui considèrent souvent un nouveau venu comme un néophyte complet qui doit à nouveau prouver toutes les compétences acquises, que par rapport aux bouleversements personne ls non rée l lement accompagnés.Une nouvelle fois a été regrettée l’absence d’une réelle mise en œuvre d’une politique de GPEC, réellement inter-branches et inter-régimes. Et ce malgré les bonnes intentions affichées de la réforme Morel.Ce qui a paru également regrettable aux yeux de Marc Azam , ce sont les conditions sous-jacentes qui ont entouré ces négociations conventionnelles ; en effet, les agents de direction de la sécurité sociale semblent pâtir d’une comparaison, biaisée, avec les cadres supérieurs de la fonction publique qui seraient selon les pouvoirs publics moins bien lotis que nous. »

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6Nazim OUREIB

17 janvier 2014 :

Rencontre des anciens élèves à Strasbourg

Jean-Pierre Metzger, directeur-adjoint de la CPAM du Bas-Rhin, accueille les participants et cède la parole à Ollivier Vacchino qui réalise un point d’actualité, en rappelant

l’importance pour l’AEN3S et son président M. AZAM de la vie de l’association en région.Concernant les moyens de communication, outre la rénovation du site Internet et le renforcement de l’AEN3S sur les réseaux sociaux, Ollivier Vacchino rappelle l’importance de la revue Élan social comme support d’échanges ; et qu’en tant que tel, il rappelle que tout ancien élève peut contribuer à sa rédaction. Le prochain numéro est prévu pour juin, et les contributions sont les bienvenues (jusqu’au mois d’avril).Les échanges s’orientent ensuite sur l’actualité de la réforme dite « Morel ». Tout d’abord sous l’angle réglementaire, le dis-positif est présenté en constatant sa plus grande lisibilité avec le passage de 8 classes d’agents de direction à 3. La durée des inscriptions peut en outre permettre de mieux valoriser les acquis ou la projection vers d’autres postes que dans le cadre ancien des évaluations potentiellement annuelles. Quelques interro-gations demeurent néanmoins sur le dispositif transitoire. Des informations plus précises ont été fournies le 15 novembre par l’Ucanss, et sont disponibles sur le site www.ucanss.fr. D’autres éléments seront fournis dans les prochaines semaines dans le cadre de la campagne d’inscription 2015 (avril 2014).Les débats s’attardent ensuite sur le dispositif conventionnel, en rappelant que la dernière phase des négociations s’est clô-turée par le refus de l’ensemble des organisations syndicales de signer le protocole d’accord surtout du fait de la régression des coefficients.Un des nombreux participants souligne que compte tenu des res-ponsabilités confiées aux agents de direction dans un contexte toujours plus contraint par l’assèchement de ressources, ce refus est compréhensible.En ce qui concerne le renforcement de la mobilité, certains éléments d’accompagnement venant compléter l’existant étaient perçus comme positifs, notamment le renforcement des dispositions relatives aux mobilités sans déménagement (intra et inter-régimes).À cet endroit, il est rappelé que les propositions faites devaient d’ailleurs s’entendre au sens large c’est-à-dire des mobilités institutionnelles mais aussi extra-institutionnelles. Pour illustrer cette volonté, et en cohérence avec les propos tenus par le directeur de la Sécurité sociale devant les élèves de la 53e pro-motion début janvier, on pourrait envisager que l’accès au poste de directeur de CPAM soit conditionné par un poste précédent en hôpital, en collectivité territoriale ou en ARS.

Un participant relève que si la mobilité professionnelle est par nature enrichissante, il n’en demeure pas moins que la gestion d’une administration publique dans le secteur tertiaire développe des compétences métiers propres qui ne sont pas nécessaire-ment transposables à l’ensemble de la sphère publique.Les orientations sur la pesée des emplois sont commentées, le projet étant stoppé du fait de l’échec des négociations.Enfin, l’homogénéisation du classement des organismes est évoquée. Si les participants s’accordent sur la nécessité de développer une politique uniforme de gestion des ressources humaines, un participant rappelle que certains réseaux disposent d’objectifs cibles en matière d’effectif d’agents de direction dans les organismes (par exemple : -140 postes dans la Branche Recouvrement d’ici 2017). Ce qui, associé aux restructurations des réseaux, diminue le nombre d’agents de direction, la stabilité actuelle des effectifs étant assurée par sa croissance dans les caisses nationales.

Les participants Anne SECHET - RSI Alsace Didier GROSJEAN - CAF du Bas-Rhin Karine AUGUY - CAF du Bas-Rhin Alain JOZROLLAND - CAF du Bas-Rhin Thierry ANDRIEU - Carsat Esmeralda DAHOUTIA - Cpam de Haute-Savoie Jean-Pierre METZGER - Cpam du Bas-Rhin Olivier TISSOT - Cpam du Bas-Rhin Marc ROLLIN - Cpam du Bas-Rhin Laurent MARTIGNON - Cpam du Bas-Rhin Yannick KELLER - Cpam du Bas-Rhin Anne-Céline PERRIN - Cpam du Bas-Rhin Adeline KLEIN - Cpam du Bas-Rhin Anaïs WALDHART - Cpam du Bas-Rhin Valérie TISSOT - Cpam du Bas-Rhin Isabelle LUSTIG - Urssaf d’Alsace Nazim OUREIB - Cpam du Bas-Rhin Sabine KARST - ARS Alsace

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Les listes d’aptitude évoluent ... Le rôle de l’AEN3S2013 est marquée par le volet réglementaire de la « Réforme Morel ». Le point principal est l’évolution du processus d’élaboration des listes d’aptitudes aux emplois d’agents de direction.À noter que perdurent toujours 2 listes : une que l’on peut qualifier d’« unique », qui concerne les ADD du régime général, du RSI et de (presque) tous les autres régimes, sauf le régime agricole. Cette liste est régie par l’arrêté du 31 juillet 2013.Une seconde liste concerne les organismes du régime agricole ; elle est régie par l’arrêté du 10 octobre 2013.L’arrêté de juillet prévoit toujours au sein de la commission d’inscription la présence de représentants titulaire et suppléant des anciens élèves, « désignés par l’AEN3S ». La commission « agricole » prévoit également des représentants des anciens élèves, mais sans imposer le biais de l’association. Marie-Josée Gombert, trésorière et membre du bureau, et Marc Azam, président, représentent l’association et les anciens élèves au sein de la commission.

Élan Social : En tant que membre de la commission nationale de la liste d’aptitude au titre de l’AEN3S depuis 2010, peux-tu nous présenter les évolutions des textes concernant la nouvelle liste d’aptitude ?Marie-Josée Gombert : Les 2 arrêtés publiés les 31 juillet et 10 octobre 2013 portent principalement sur :- les trois nouvelles classes : L1, L2

(directeurs) et L3 (tous postes autres que directeurs)

- les effets de l’inscription,- les conditions d’accès,- les modalités d’évaluation,- la composition et les missions de la

commission.Ils prévoient également un système transitoire de gestion des candidats inscrits préalablement. Ils maintiennent les procédures de dépôts des demandes au 1er avril de l’année.Sur le fond, vous pouvez utilement vous référer aux documents publiés par l’Ucanss en fin d’année.

ES : Quelle est la composition de la commission ?MJG : l’AEN3S reste membre de la commission, qui comprend 26 membres, parmi lesquels :- 1 président/e, membre du Conseil d’État,

magistrat de la Cour des comptes ou un membre de l’Inspection générale des affaires sociales,

- 8 représentants des ministères, dont 1 du Ministère de l’Agriculture,

- 9 représentants des directeurs des organismes nationaux de Sécurité sociale,

- 9 représentants des agents de direction, dont 2 pour l’AEN3S (un titulaire et un suppléant).

Les membres sont nommés pour cinq ans par arrêtés ministériels.

ES : Comment sont prises les décisions ?MJG : Les décisions de la commission sont prises à la majorité des membres présents. En cas de partage des voix, celle du président est prépondérante.

ES : Quelles sont les modalités de notification des décisions d’inscription ou d’irrecevabilité ? Quel recours est ouvert au candidat ?MJG : La décision relative à l’irrecevabilité d’une candidature est prise par la commission. Elle est notifiée par le secrétariat de la commission, placée auprès de l’Ucanss, dans les 15 jours suivant la

décision, par courrier recommandé avec demande d’avis de réception. Le candidat dispose de 15 jours ouvrables à compter de la présentation de ce courrier pour déposer une réclamation. Elle est formulée par courrier recommandé avec demande d’avis de réception auprès du secrétariat de la commission. Tout candidat a le droit de demander communication de son dossier après publication au Journal officiel de la liste d’aptitude, auprès du secrétariat de la commission, qui relève de l’Ucanss.

ES : Peux-tu nous préciser les nouvelles missions de la commission ?

MJG : La commission a pour missions de statuer sur la recevabilité des demandes d’inscription, d’examiner les réclamations des candidats relatives à l’irrecevabilité de leur candidature ou à leur non-inscription, d’examiner les évaluations des candidats à l’inscription dans les classes L1 et L2, le cas échéant de demander une évaluation complémentaire, des candidats à l’inscription dans la classe L3, de proposer, pour les candidats occupant un emploi de catégorie A de la fonction publique et répondant aux critères de recevabilité sur le nombre d’années d’exercice, un classement par ordre de mérite dans le respect du quota fixé.

LES CHIFFRES

• 1 110 candidats toutes sections confondues, dont 65 % en 1re section• 1re section :

- 1 313 inscriptions en 2014 (243 sont inscrits dans plus d’une classe)- 726 candidats, à quasi-parité (48 % de femmes)

Évolution +12 % de candidats (+28 % de candidatures) par rapport à 2013 – 186 candidatures non recevables (83,6 % des 1 140 candidatures) ; soit 957 recevables

• 2nde section :- 370 candidats en 2014 (-11 %), dont 22 irrecevables, pour 455 candidatures- 227 inscriptions (51 %), représentant 222 personnes dont 5 inscrites dans

plusieurs classes• 3ème section : 17 inscriptions, dont un collègue ancien élève• Régime agricole : 304 inscrits, dont

- 250 en 1ère section- 50 en 2ème section- 4 en 3ème section

77Marie-Josée GOMBERT

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8Ollivier VACCHINO

22 janvier 2014 : Rencontre avec les élèves de la 53ème promotionComme chaque année, l’association est allée à la rencontre

des élèves de la toute jeune promotion de l’En3s. La plupart des 59 élèves avaient honoré ce rendez-vous,

après une installation en grande pompe le 6 janvier par Marisol Touraine et Thomas Fatome (notamment), et 3 semaines de cours à St Etienne.Ouverte par la directrice de la formation initiale, Marie-Emmanuelle Lecocguen, cette rencontre traditionnelle consistait bien entendu à établir un premier contact avec les élèves internes et externes. D’autres occasions se présenteront dans l’année, et au moins une autre rencontre se tiendra d’ici la novembre, en amont du stage de direction. Un grand nombre de questions rejoignent les chantiers ouverts par l’Aen3s en matière et de passerelles entre services publics. En écho aux propos tenus devant les élèves par le directeur de la Sécurité sociale le 6 janvier, l’association réaffirme son engagement en vue d’accroître les perspectives de mobilité des anciens élèves. L’Etat commence de son côté à envisager des parcours entre organismes de Sécurité sociale, ARS, collectivités territoriales et établissements hospitaliers. Les élèves de la 53ème promotion, internes et externes, ont suivi l’année dernière avec le plus grand intérêt la tentative de négociation du protocole ADD par l’Ucanss. Son échec ne doit pas cacher la demande de l’association d’un accompagnement renforcé de ces mobilités, qui ne soit pas que financier.Ont bien entendu été évoquées avec les élèves les opportunités d’implication de la promotion au sein de l’association : contribution à Elan social, participation de droit aux instances statutaires (conseil, bureau national et assemblée générale), voire organisation conjointe de manifestations, comme cela fut le cas par le passé. Nous verrons très rapidement avec les représentants élus le 7 février quelles actions concrètes seront menées en 2014.

Quelques chiffres sur la 53ème promotion :

59 élèves, 30 élèves externes et 29 élèves internes. 35 femmes et 24 hommes. Moyenne d’âge : 31 ans, de 22 (externe) à 52 ans (interne).

Tous les régimes et branches sont représentées (sauf le RSI), et pour la première fois, un élève provient d’une ARS.

Tous les niveaux sont représentés en interne (Master 2 / DESS / DEA, Doctorat, Ecole supérieure de commerce et cours de cadres).

En externe, une forte présence de 18 élèves origi-naires des Sciences Po’ (dont 8 d’Aix en Provence), mais également un nombre élevé de titulaires de diplômes universitaires.

Fait notable : 10 élèves externes n’ont suivi aucune préparation.

POUR EN SAVOIR PLUS

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99Romain GIBERT

4 décembre 2013 :

La Sécurité sociale ouvre ses portes…

Le mercredi 4 décembre s’est tenue à Saint-Étienne la première Journée Portes Ouvertes de tous

les organismes de Sécurité sociale de la ville, particulièrement bien dotée en ce domaine puisqu’elle compte, au-delà des caisses habituelles, deux centres nationaux et l’École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale. Co-construite par l’ensemble des organismes sociaux de la ville, cette journée poursuivait plusieurs objectifs : permettre aux assurés de découvrir « l’envers du décor » du plus grand service public français, de mieux connaître la diversité des métiers de cette institution et de réfléchir aux enjeux actuels auxquels elle est confrontée.

Pour donner un caractère innovant à cette première, l’EN3S, particulièrement impliquée dans cette journée, a conclu avec plusieurs lycées de la ville des partenariats afin d’organiser de véritables parcours de visites de lycéens et d’élèves de BTS au sein des différents organismes. Au-delà de la présentation des missions, cette journée se voulait pleinement pédagogique et didactique en proposant à ces (futurs) assurés des quizz informatiques, des jeux de plateaux

type « Trivial Pursuit », des expositions thématiques (par exemple sur la Sécurité sociale minière, mise en perspective avec l’histoire particulière de la ville en ce domaine) ou encore des conférences animées par le Directeur de l’EN3S et des étudiants.

Une conférence visait par exemple à déconstruire les idées reçues des jeunes sur la Sécurité sociale. Bâtie autour de micros-trottoirs, de chansons ou de sketchs réalisés par les lycéens illustrant les clichés associés à la Sécurité sociale, la conférence permettait à un groupe d’étudiants de l’EN3S d’y répondre à travers des faits simples et concrets présentés sous forme amusante et parlante, avec des histoires vraies et des chiffres incontournables.

Ce moment a été unanimement apprécié, que ce soit par les étudiants de l’EN3S ou par les lycéens, et l’implication de tous a contribué à sa réussite. Même s’il s’est avéré difficile de transmettre l’idée que ce ne sont pas seulement les très riches, les très pauvres ou les fraudeurs qui bénéficient de la Sécurité sociale mais bien l’ensemble de la population,

la convivialité des échanges aura au moins permis de montrer qu’à la Sécurité sociale aussi on a de l’humour.

En outre, en appui de cette journée, plusieurs groupes d’élèves de BTS avaient été sollicités en amont pour créer de nouveaux supports de communication visant à vulgariser le rôle et le fonctionnement de la Sécurité sociale auprès des jeunes. Soumis au vote de la 52ème promotion de l’EN3S et d’un jury, les projets présentés étaient divers et variés : une bande dessinée illustrait plusieurs situations couramment rencontrées par les assurés avec des images attrayantes et des scénarios humoristiques ; un macaron aux couleurs pimpantes orné d’un pingouin invitait les jeunes à souscrire aux services de l’Assurance maladie qui leur sont dédiés, etc.

Au final, une journée qui, au-delà des réglages à effectuer pour l’avenir, selon l’avis de tous les participants mérite d’être reconduite et développée également dans d’autres villes pour contribuer à améliorer l’image de la Sécurité sociale et intégrer au mieux ses nouveaux assurés.

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10Aude COURNÉE

Quel bilan pour Élan Social ?Des sujets d’actualité autour de rubriques phareLe magazine a conservé en 2013 ses rubriques phare, qui sont désormais sa marque de fabrique.

Tout au long de l’année, le cahier central a problématisé des questions qui animent le monde de la protection sociale, en laissant une large place aux retours d’expériences des acteurs de terrain.

Aussi, le cahier central, qui, comme son nom l’indique, est la pierre angulaire du magazine, a traité des thèmes suivants : « Quels agents de direction demain ? », « Évaluation et contrôle de la Sécurité sociale », « La mobilité est-elle un atout ? ». Par exemple, pour ce dernier thème, des agents de direction nouvellement en poste ou ayant déjà eu plusieurs expériences d’AD, ont été interviewés afin de faire partager leur vécu sur cette question qui a été au cœur des débats de la réforme Morel.

Autre rubrique attitrée : la rubrique « Regards extérieurs ». Elle a permis, cette année encore, d’étendre les horizons des connaissances des lecteurs, vers le système de Sécurité sociale en Belgique et au Québec. C’est également dans ce cadre qu’ont été exploités les apports du rapport « Sécu : Objectif Monde » de l’OIT.

Enfin, chaque numéro d’Élan Social a donné la parole à un acteur incontournable de la sphère sociale. Ont ainsi été rencontrées par l’équipe du magazine les personnalités suivantes : Dominique Libault, Directeur de l’EN3S, Thomas Fatome, Directeur de la Sécurité Sociale, Didier Malric, Directeur de l’Ucanss et Michel Brault, Directeur de la CCMSA.

2013, une année qui souligne le caractère collaboratif du magazineEn 2013, Élan Social n’a pas dérogé à son fonctionnement participatif. Chacun des 3 numéros a intégré des contributions ponctuelles. On peut souligner celles d’élèves de l’EN3S, en scolarité (51e et 52e promotions).

Quelles perspectives pour 2014 ?L’équipe d’Élan Social souhaite renforcer encore l’interaction entre son magazine et l’AEN3S. Les réseaux sociaux pourraient davantage être utilisés, afin de gagner en visibilité auprès des Anciens Élèves notamment. Un des prochains événements, un dîner-débat autour des questions RH avec des acteurs de la Sécurité Social et d’autres secteurs, sera organisé dans cette veine, en laissant place aux tweets « en direct ».

De plus, Élan Social s’enrichit des contributions d’articles de tous et va donc chercher à renforcer ces participations ponctuelles, par le biais des délégués en région en particulier. Les propositions sont toujours les bienvenues, et permettent aussi le renouvellement du comité de rédaction : l’ont ainsi rejoint en 2013 Tiphaine Medialdo et moi-même.

Elan Social, c’est :

- Le magazine des Anciens Elèves de l’EN3S

- 3 numéros par an

- Une trentaine de pages pour être sûr de ne rien manquer de l’actualité de la protection sociale.

ZOOM

Pour s’abonner, pour adhérer à l’association :Voir en dernière page.

http://www.AEN3S.fr

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1111Ollivier VACCHINO

Le site internet de l’association

La présence web de l’AEN3S progresse

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Le site www.aen3s.fr a refait surface en 2013. Il offre désormais des informations

régulières sur la vie du réseau, avec une partie réservée aux adhérents : ceux qui adhérents à l’association ou qui sont abonnés à Élan Social doivent bénéficier d’un service que n’ont pas les autres.

Vous avez pu y voir depuis le début de l’année l’annonce des entretiens avec Daniel Lenoir ou Stéphane Seiller, la réunion des anciens élèves à Strasbourg ou la rencontre avec les élèves de la 53ème promotion en janvier.

L’annuaire des anciens élèves est bien entendu conservé car il constitue un élément majeur du site. Outre qu’il permet toujours de retrouver ses collègues de promotion, ou celles et ceux qui travaillent dans la même région, il autorise dorénavant la modification de sa propre fiche.

Mais le site ne se suffit plus. Il devra s’appuyer en 2014 sur les réseaux sociaux que vous utilisez tous : Facebook, Twitter, Linkedin, Viadéo, Google +, …

L’association a donc créé un compte Twitter @Aen3sContact, qui permet de faire passer très rapidement des messages succincts : interviews réalisées ou construction d’articles pour Élan social, rencontres en régions, relais d’informations intéressants les adhérents…

L’association dispose aussi d’un groupe sur Facebook (https://www.facebook.com/#!/groups/229706570492897/), qui compte plus de 250 membres. À la différence de Twitter, il permet de fédérer les actions intéressant la communauté des anciens élèves, de partager nos réflexions, en résumé de donner corps à une démarche associative et solidaire.

Pour information, ce groupe associatif est complété par le

groupe « Ceux qui lisent Élan social » (https://www.facebook.com/groups/154378987943518/), et par un groupe plus large « Ce qu’internet dit de la Sécurité sociale » (https://www.facebook.com/groups/146936012025806/). Ils ne s’adressent par définition pas uniquement aux anciens élèves et a fortiori aux adhérents, mais à toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au sujet.

En perspective, nous travaillons d’ici juin à l’amélioration et en particulier à la complète intégration des réseaux sociaux. Bonne consultation d’ici là, et bienvenue à celles et ceux qui souhaiteraient apporter leur contribution.

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Novembre 2013 : l’AISS en sommet à Doha Le centre pour l’excellence de la Sécurité sociale

l’AISS au cours du Forum mondial de la Sécurité sociale de 2013, à Doha1, et doit être développé au cours des prochaines années.

I. Le référentiel écrit avec les membres : les lignes directricesUn ensemble de 8 recueils de lignes directrices a été mis sur pied au cours des années 2010-2013. Ecrit par les professionnels du Secrétariat de l’AISS en partenariat avec un allié externe reconnu pour sa compétence professionnelle dans le champ couvert par le recueil, chaque document a été soumis à une ou plusieurs Commission technique. Les Commission techniques étant constituées de membres de l’AISS, leur contrôle du processus de rédaction visait en effet à respecter tout au long du processus les attentes des membres sur les sujets couverts.

Dans le détail, ces 8 premiers recueils de lignes directrices se présentent sous

la forme de documents HTML dont une version simplifiée est ouverte au public, les membres ayant, eux, accès non seulement à l’intitulé des lignes directrices, mais aussi aux différents mécanismes et structures sélectionnés parmi les exemples existant dans le monde pour les appliquer, les références académiques relatives au sujet, ainsi que les bonnes pratiques associées relevées parmi les membres.

Ces lignes directrices prennent donc la forme de prescriptions simples (jamais plus de 4 lignes) fixant en termes clairs les objectifs à atteindre. Elles sont toutes illustrées par des structures de gouvernance éventuelles et des mécanismes d’action possibles, laissés au choix des institutions qui peuvent par ailleurs suivre d’autres structures ou d’autres mécanismes pour atteindre l’objectif fixé.

Les thématiques choisies au cours du triennium précédent l’ont été en lien, la aussi, avec les Commissions techniques. Le choix arrêté avec les Commissions

Soucieuse d’assurer la promotion de la bonne gestion des institutions de Sécurité sociale conformément à son mandat, l’AISS (Association Internationale de Sécurité Sociale) a envisagé dès ses origines que son positionnement au cœur des discussions entre organismes nationaux pourrait avantageusement servir une démarche de propagation des meilleures pratiques existantes, par la transposition des enseignements tirés de l’expérience respective de ses membres. Elle a donc initié depuis plusieurs années une démarche participative, reposant sur la facilitation des échanges entre membres volontaires. L’AISS propose en effet actuellement à ses membres des services de soutien tels que le service de réponse aux « requêtes techniques » (où des membres posent des questions sur les connaissances développées sur tel ou tel sujet en matière de Sécurité sociale et reçoivent des éléments de réponse issus de l’expérience d’autres membres), ou encore le service de promotion de « bonnes pratiques » (où des initiatives de membres en matière organisationnelle ou politique sont sélectionnées par un Jury indépendant pour être collectées et valorisées sur une base de données internationale). Le projet du Centre pour l’excellence constitue une évolution radicale de cette logique de service, qu’il réforme grandement et à laquelle il confie une position centrale jamais vue dans l’histoire de l’association ; il prend la forme d’une agora systématique organisée entre les membres, sur la base de référentiels reconnus par les membres, et d’un bouquet de services d’accompagnement opérationnel des membres. Ce service de propagation de référentiels d’excellence a été lancé par le secrétaire général de

1 - Voir la vidéo sur : www/issa.int/excellence

2 - Sondage réalisé auprès des membres de l’AISS sur les prestations assurées par l’Association : jugement et attente. Pour en savoir plus, voir : http://www.issa.int/excellence/guidelines/overview

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ont été rédigées sous le contrôle de la Commission technique Investissement des fonds de la Sécurité sociale (INVEST)4. Elles déterminent réciproquement pour les institutions gérant directement leurs fonds et pour celles qui ont délégué cette gestion à des organismes privés, les structures et procédures de suivi à mettre en œuvre pour sécuriser les fonds et leur rentabilité. Elles fixent dans ce contexte les processus communs à suivre en matière par exemple de gestion du risque et de stratégie d’investissement des portefeuilles, en fonction de scénarios arrêtés à l’aide d’indices de référence adéquats, le tout dans une logique de gestion insistant sur la responsabilité sociale des gestionnaires de fonds appartenant aux assurés sociaux. Reprenant les principes prudentiels développés dans le recueil sur la bonne gouvernance, les lignes directrices « investissement » les détaillent en fonction des stratégies d’équilibrages choisies, dans le cadre d’une gestion passive, active ou hybride au choix de l’institution, en fonction d’hypothèses de développement arrêtées et contrôlées au préalable.

« Le recouvrement des cotisations de Sécurité sociale ». Les lignes directrices dédiées reviennent sur le caractère essentiel de cette fonction pour

l’institution. Rédigées sous le contrôle d’un groupe de travail ayant vocation à devenir la commission technique en charge du recouvrement à partir du 1er janvier 20145, les 22 lignes directrices traitent successivement de la gouvernance, de la stratégie, des processus opérationnels, de la lutte contre la fraude, de la nécessaire coordination avec les autres organisations associées, de la promotion d’une culture de respect des obligations sociales, et enfin du processus d’évaluation des politiques de recouvrement qui doivent être suivis par les institutions en charge du financement de la protection sociale.

« La qualité de service des organisations de Sécurité sociale ». Ces lignes directrices présentent de leur côté une double particularité. Rédigé sous le contrôle de la commission technique OMI6, le recueil sur la qualité de service est en effet le plus court de tous. Les 7 lignes directrices qu’il regroupe sont en outre accompagnées d’un modèle de maturité inspiré des projets informatiques et sans équivalent dans les autres recueils. Il faut par ailleurs noter qu’outre la Commission technique OMI, de nombreuses autres commissions techniques ont été sollicitées pour avis dans le cadre du contrôle de la rédaction de ce recueil7.

techniques a par la suite fait l’objet d’une vérification auprès de l’ensemble des membres, par le biais d’un sondage réalisé auprès de tous2 ; à l’issue de ce long processus partenarial, les thématiques arrêtées ont été les suivantes :

La « bonne gouvernance de la Sécurité sociale ». Le recueil associé à cette thématique constitue un premier cas à part ; il s’agit en fait d’une actualisation des lignes directrices qui ont été écrites au cours du précédent triennium : l’accueil très chaleureux qui leur avait été réservé par les membres lors du forum mondial de 2010 au Cap (Afrique du Sud), notamment par les membres de l’hémisphère sud, constitue la première source d’inspiration du projet de rédaction de lignes directrices qui couvriraient un ensemble plus large de thématiques à traiter. Organisées autour de 5 grands principes de bonne gouvernance (responsabilité, transparence, prévisibilité, participation, et dynamisme), les 85 lignes directrices actualisées sous le contrôle de la Commission technique « Organisation, Management et Innovation » (OMI)3, fixent les prescriptions nécessaires à la bonne gouvernance dans 9 domaines opérationnels jugés essentiels (parfois en lien avec d’autres recueils thématiques de lignes directrices), à savoir : la planification stratégique, la gestion des risques opérationnels, l’audit interne, l’équilibre actuariel, la gestion des investissements, la lutte contre la fraude aux prestations et aux cotisations, la qualité de service, la gestion des ressources humaines et enfin les technologies d’information et de communication. On notera que certaines de ces thématiques ont été par la suite reprises et détaillées dans des recueils spécifiques.

« L’investissement des fonds de la Sécurité sociale ». Dédiées aux organisations de Sécurité sociale qui disposent de fonds à investir, que ce soit dans une logique de précaution (fonds de réserve) ou de financement (systèmes par capitalisation), les 33 prescriptions

3 - Mises au point par une équipe du secrétariat de l’AISS sous la direction de Maribel D. Ortiz, les lignes directrices sur la Bonne Gouvernance ont été réalisées avec le soutien des institutions suivantes : durant le triennium 2008 2010, l’Université George Washington; l’Université La Plata; l’Uni¬versité Argentina de la Empresa ; durant le triennium 2011 2013 l’institut Accenture.

4 - Etablies par une équipe du secrétariat de l’AISS sous la direction de Simon Brimblecombe, les lignes directrices sur l’investissement ont été réalisées avec les conseils et avis techniquesdu cabinet Towers Watson

5- Elles ont été mises au point par une équipe du Secrétariat de l’AISS, sous la direction de Raúl Ruggia Frick et avec le concours d’Octavio Jiménez Durán. Les experts Louis Enoff et Ian McDonald ont également participé à l’élaboration de ces lignes directrices.

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de Sécurité sociale, et sur « les politiques vis-à-vis des populations difficiles à couvrir ». Il est à noter que l’ensemble des lignes directrices porte sur des fonctions transversales de gestion de la Sécurité sociale, à la notable exception des trois recueils qui touchent à la prévention et la réintégration professionnelles. Ce choix a été réalisé à dessein, les trois ensembles de lignes directrices « verticales » jouent en effet le rôle de poisson-pilote pour les éventuels recueils par « branche » à venir, tant la question de la bonne gestion par branche peut porter à controverse entre les membres de l’AISS.

La description des recueils ainsi constitués ne serait pas complète si l’on omettait de préciser qu’ils sont accompagnés de nombreuses références, ayant vocation à être plus nombreuses encore à mesure que le modèle gagnera en maturité. Organisées en trois ensembles (bonnes pratiques reconnues, références académiques, références issues des travaux de l’AISS), ces références constituent un aspect fondamental des lignes directrices, puisqu’elles incarnent une illustration de la réflexion doctrinale ou de pratiques déjà suivies par les membres en lien avec l’objet de la ligne directrice.

Chacun des recueils est accompagné d’un outil interactif d’autoévaluation : l’institution volontaire pour appliquer tel ou tel recueil en son sein doit dans un premier temps effectuer une évaluation de sa propre organisation ; de constitution assez robuste, cet outil d’autoévaluation permet à l’utilisateur, ligne directrice par ligne directrice, de déterminer l’importance qu’il accorde à telle ou telle prescription,

et de l’articuler avec le niveau actuel de conformité de son organisation. L’outil, doté d’un système de calcul interne, en déduit par la suite à la fois les lignes directrices qu’il est urgent de mettre en œuvre et un premier plan de travail à appliquer avec le soutien des services proposés par l’AISS.

II. L’accompagnement des membres dans la bonne préhension du référentiel : le service de soutien et l’académie de l’AISS.Cet ensemble de lignes directrices assorties de références régulièrement actualisées constituant le socle référentiel du centre pour l’excellence, il convient de pouvoir le rendre accessible aux membres par le biais de prestations d’accompagnement qui s’inscrivent dans la durée. Cette démarche d’accompagnement qualité sera assurée par des services dédiés de soutien aux membres.

Par ordre d’approfondissement, ces services sont de trois ordres :

Le service de soutien : il est destiné à assister les membres qui en font la demande dans le processus de transposition des lignes directrices. Tout membre qui cherche à appliquer les lignes directrices peut poser des questions techniques sur ces dernières ou les références qui les accompagnent. « L’accompagnement qualité » des membres dans ce contexte a été organisé au sein de l’équipe de l’AISS en une ligne de contact avec les membres (et une ligne d’instruction de la problématique et de formulation technique de la réponse)…

« Les technologies de l’information et de la communication », au nombre de 39, ces lignes directrices ont été rédigées sous le contrôle de la Commission technique dédiée aux technologies de l’information et de la communication (TIC)8. Outre le fait que ce recueil constitue l’un des plus techniques et fait appel aux normes internationales les plus récentes relatives aux échanges de données dématérialisées9. Le recueil est organisé en deux grands ensembles : le premier regroupe les éléments de bonne gouvernance des technologies concernées (structures, gestion des investissements, fourniture des services TIC, gestion des données de l’information…), tandis que le second se concentre sur trois technologies clefs pour les systèmes de protection sociale (intéropérabilité, sécurité et confidentialité de l’information, et technologies mobiles).

Enfin, les trois sujets relatifs à la prévention et la réintégration sur le lieu de travail (« Promotion de la santé sur le lieu de travail », « Prévention des risques professionnels » et « Retour au travail et réintégration professionnelle »). Les trois recueils correspondants ont été réalisés avec le soutien de l’organisme allemand des accidents du travail et maladies professionnelles des secteurs de l’énergie des textiles et de l’électrochimique (BG ETEM) pour les deux premiers sujets, et de l’assurance sociale allemande des accidents du travail et des maladies professionnelles pour le troisième (DGUV). Alors que les deux premiers ont été contrôlés par la Commission technique spéciale pour la Prévention (PREVENT), le troisième a quant à lui fait l’objet d’un contrôle par la Commission technique « Assurance des accidents du travail et maladies professionnelles » (ATMP)10. Ces trois recueils suivent le même format : constitués d’une trentaine de lignes directrices, ils fixent les conditions légales et réglementaires nécessaires à la menée d’une politique dédiée, avant d’en préciser les outils et experts à mobiliser dans un cadre nécessairement partenarial.

Les huit recueils actuels seront rejoints au cours du triennium à venir par trois nouveaux ensembles de lignes directrices : sur les « projections actuarielles », sur « pratiques et polit iques de communication » au sein des institutions

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à promouvoir, encourager, faciliter et soutenir les améliorations administratives réalisées par les institutions membres dans les différentes régions et branches de la sécurité sociale. En se fondant sur les lignes directrices de l’AISS, ce centre offre un ensemble de services conçus pour offrir à chaque institution membre un soutien pratique sur quatre défis clefs accompagnant systématiquement la mise en œuvre du changement organisationnel et des initiatives d’amélioration : (1) détermination des objectifs, (2) planification et définition des priorités, (3) mise en œuvre et (4) évaluation et reconnaissance des résultats.

(1) Les lignes directrices de l’AISS détaillées plus haut aident les institutions membres à acquérir des connaissances sur ce qui constitue l’excellence dans un thème administratif précis. L’outil d’autoévaluation facilite la planification et (2) la définition des priorités. L’Académie et le service de soutien et de conseil technique de l’AISS apportent en outre un (3) soutien technique pendant la mise en œuvre. L’Académie de l’AISS consiste un programme diplômant (offert par des organismes de formation agréés) et des ateliers qui comprennent des plateformes de savoirs et d’échanges sur les difficultés rencontrées, les expériences et les solutions adoptées par le biais des lignes directrices de l’AISS lors du cheminement vers l’excellence. Le service de soutien et de conseil technique de l’AISS propose des services de soutien par l’intermédiaire du Secrétariat ; il facilite l’accès aux expériences et au soutien fournis par les autres institutions membres et des experts externes aux membres qui ont besoin de conseils techniques lors de la mise en œuvre des initiatives d’amélioration. (4) Le mécanisme de reconnaissance de

l’AISS, enfin, facilite l’évaluation et assure la reconnaissance publique du respect des lignes directrices par l’institution membre. Tous ces services du Centre pour l’excellence seront disponibles en ligne par le biais d’un site Internet moderne et interactif, qui permettra d’accéder aux informations concernant les lignes directrices et comprendra un espace personnalisé assurant la possibilité d’interagir avec d’autres membres.

Le Centre pour l’excellence, qui sera mis en œuvre progressivement pendant le triennium 2014-201611, témoigne ainsi des efforts entrepris par l’AISS pour améliorer sa valeur ajoutée et son utilité auprès des institutions membres.

Avec lui, l’AISS se dote d’un bouquet de service mis à disposition de ses membres, pour assurer la plus large transposition possible des lignes directrices stabilisées au cours du triennium 2011-2013. Le travail important accompli par les professionnels de l’AISS, les consultants extérieurs et les commissions techniques dédiées a certes permis de poser les jalons d’un service collectant les meilleures pratiques internationales en matière de « réassurance ». Ce travail constitue à n’en pas douter une réponse aux attentes formulées par les membres de l’AISS dans le cadre de l’étude diligentée par la seconde sur les attentes des premiers : Le prochain triennium (2014-2016) devrait confirmer que ce centre est utile aux membres, et que les moyens déployés par l’association sont à la mesure des attentes des institutions de Sécurité sociale désireuses de transposer en leur sein les références d’excellence appliquées par leurs collègues d’autre pays, et portées par les premières lignes directrices internationales traitant de la gestion de la Sécurité sociale.

Les réponses apportées abonderont une base de données permettant de réutiliser les éléments excipés pour les questions du même ordre, mais posées à de nouvelles occasions.

L’académie de l’AISS : par le moyen d’ateliers dédiés, les présidents et directeurs généraux jusqu’aux niveaux plus techniques pourront partager leurs expériences et leurs solutions sur l’une des problématiques couvertes par les lignes directrices de l’AISS. Clef de voûte du système de formation qui sera mis en place à la fin du présent Triennium (2013-2015), une formation diplômante assurera la constitution, parmi les personnels des membres, d’un corps de spécialiste sur ces questions.

Le service de reconnaissance de l’AISS : Le programme de reconnaissance de l’AISS permettra à l’AISS d’évaluer et de reconnaître la bonne mise en œuvre d’une ou de plusieurs ligne(s) directrice(s) de l’AISS.

Dans le cadre de ce processus, des experts indépendants seront chargés d’évaluer dans quelle mesure une institution respecte les lignes directrices.

Le programme de reconnaissance de l’AISS entend encourager et motiver le personnel des institutions membres de l’AISS. En outre, il permet d’asseoir la légitimité de l’institution face aux différentes parties prenantes.

Le programme de reconnaissance de l’AISS sera lancé en 2015.

En réponse aux besoins et priorités exprimés par ses membres via les Commissions techniques puis l’étude d’opinion diligentée auprès de tous, l’AISS a ainsi mis en place les fondements d’un Centre pour l’excellence qui vise

6 - Il a été élaboré par une équipe du Secrétariat de l’AISS dirigée par Edmundo Mão de Ferro Martinho et coordonnée par Maribel D. Ortiz, avec l’aide et le concours du Cúram Research Institute d’IBM

7 - Il s’agit des Commissions techniques suivantes : Assurance contre les accidents du travail et les maladies pro¬fessionnelles; Assurance invalidité-vieillesse-décès; Mutualité; Politiques de l’emploi et de l’assurance chômage; Prestations familiales; Prestations de santé et d’assurance maladie; et Technologies de l’infor¬mation et de la communication.

8 - Elles ont été rédigées par une équipe du secrétariat de l’AISS sous la direction de Raul Ruggia Frick, avec le concours de l’Université d’Alcalá.

9 - Essentiellement : ISO, COBIT, ITIL, DAMA, CMMI, W3C, OASIS, Dublin Core et OMG. 10 - Rédigées par une équipe du secrétariat de l’AISS sous la direction de Bernd Treichel, elles ont repectivement bénéficiées de l’appui des organismes suivants : 1) pour Promotion de la santé sur le lieu de travail : l’institut Prevent, Work2Health, la Fédération allemande des caisses maladie d’entreprises (Betriebskrankenkassen Dachverband - BKK-Dachverband) ; Fonds Gesundes Österreich ; l’Institution finlandaise d’assurance sociale, le Réseau européen pour la promotion de la santé sur le lieu de travail (European Network for Workplace Health Promotion - ENWHP) ; 2) Pour « Prévention des risques professionnels : la Caisse allemande d’assurance mutuelle de l’industrie chimique et des matières premières (Berufsgenossenschaft Rohstoffe und chemische Industrie - BG RCI), ainsi que l’Assurance sociale allemande des accidents de travail et maladies professionnelles (Deutsche Gesetzliche Unfallversicherung - DGUV) ; 3) Retour au Travail et Réintégration Professionnelle : l’International Disability Management Standards Council (IDMSC) et NIDMAR, le Réseau mondial d’information et de recherche appliquée sur l’invalidité (Global Applied Disability Research and Information Network - GLADNET) et la Pacific Coast University for Workplace Health Sciences (PCU-WHS), ainsi que Rehabilitation International.

11 - Pour voir une séquence cinématique expliquant ces quatre phases, voir : www.issa/int/excellence

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16Mélanie BOURQUE

Portrait de la protection sociale au Québec (suite)

Les politiques familialesLa politique familiale du Québec est la plus développée au Canada. Le gouvernement du Québec consacrait d’ailleurs en 2012-2013 3,9 % de ses dépenses budgétaires aux politiques familiales. Elle est d’ailleurs comparée aux politiques familiales scandinaves (Godbout, 2008). Ceci n’est pas étranger au fait que le taux de fécondité y est très bas, 1,7 en 20121 . Il est important de noter qu’il s’agit d’une politique qui favorise la famille à double revenu ou alors celle dont les « chefs » sont sur le marché du travail. Cette politique familiale a été mise en œuvre à partir de 1997 et comporte plusieurs volets.

Le premier, les Centres de la petite enfance (CPE) représentent un service public universel éducatif offert aux parents pour la garde de leur enfant de 0 à 52 ans au coût de 7 $ par jour, une somme équivalente environ à 5 Euro3/4. Un des objectifs du programme était le retour des mères sur le marché du travail. Il a d’ailleurs été rencontré puisque le taux de femmes sur le marché du travail atteignait 80 % 10 ans après sa mise en œuvre comparativement à 75,6 % en France. Les services sont offerts de différentes manières soit dans des structures publiques ou privées subventionnées (comme la maternelle en France), soit en milieu familial (de type nourrice en France) lié à la structure publique. Parce qu’il n’y a pas nécessairement de place pour tous les enfants dans les CPE en structure ou en milieu familial, un réseau de garderie privée offre des services dont le coût est beaucoup plus élevé, mais pour lesquelles les parents sont largement compensés

par le biais de réduction d’impôts. Bien que le manque de place en CPE fasse souvent débat sur la place publique, le gouvernement actuel tente de faire en sorte que tous les enfants puissent y avoir accès. Ainsi, la part du revenu consacrée à la garde d’enfant est faible comparativement aux autres provinces et même aux autres pays. Le coût net de garde pour un couple avec deux enfants qui ne fréquentent pas l’école et dont le revenu équivaut à 167 % du revenu moyen (67 % de plus que le revenu moyen de la province) s’élevait en 2004 à 2,1 % alors qu’il était de 14,2 % pour une famille de même type en France et à 11,9 % dans la province voisine, l’Ontario (Godbout, 2008).

Le deuxième volet d’importance est le programme de congés parentaux. Le Régime québécois d’assurance parental (RQAP) a été mis en place en 2006. Auparavant les parents avaient recours au programme fédéral moins généreux qui s’adresse toujours aux parents des autres provinces. Le gouvernement de la province a réussi après plusieurs années de négociations avec son homologue à devenir le seul responsable des congés parentaux au Québec. Le RQAP est un régime d’assurance payé par les employés et les employeurs. Il s’agit donc d’une assurance liée au marché du travail, pour y avoir accès il faut donc avoir un emploi rémunéré ou alors être travailleur autonome. Le parent effectuant une demande doit avoir gagné un revenu au cours des 52 semaines précédentes et avoir diminué ses revenus d’au moins 40 %. Le programme offre trois régimes : le congé de paternité, le congé de maternité et le congé parental. Le congé de paternité est réservé au père

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FR.

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NEWFOUNDLAND AND LABRADOR

Montréal

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Gatineau Sherbrooke

Saguenay

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Matagami

Blanc-Sablon

Havre-St-PierreSept-Iles

Gaspé

Rimouski

Rouyn-Noranda

LévisTrois-Rivières

Mélanie Bourque (enseignante cher-cheuse à l’Université du Québec en Outaouais-Saint-Jérôme / UQO) avait déjà rédigé un « portrait de la Protection sociale au Québec » dans le numéro 80 d’Èlan Social. Nous publions ici la suite, consacrée aux politiques familiales de la « Belle Province ».

Godbout L. et St-Cerny S. (2008) Le Québec, un paradis pour les familles ? Québec, PUL.

RÉFÉRENCE

1 - http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/demographie/naisn_deces/naissance/403.htm

2 - Âge auquel ils doivent obligatoirement fréquenter l’école.

3 - Calculé au taux de change de la Banque du Canada le 16 septembre 2013.

4 - Certaines modalités du programme permettent aux parents à faible revenu d’avoir accès à des places dont le coût est plus faible, voire gratuit.

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qui a le choix de prendre de 3 à 5 semaines de congé rémunéré durant la première année de naissance de l’enfant. Le congé de maternité s’adresse à la mère, il s’échelonne entre 15 et 18 semaines et peut être pris à partir de la 16e semaine précédant l’accouchement. Comme dans le cas du congé de paternité, le remplacement du revenu sera à la hauteur de 70 % ou 75 % selon la durée du congé5. Le congé parental s’adresse au père comme à la mère, il peut donc être partagé. Sa durée peut aller jusqu’à 25 semaines et le remplacement du revenu varie entre 55 et 70 % selon la durée6. Dans tous les cas, le plafond par rapport auquel est calculée la prestation, est beaucoup plus du double du revenu moyen des travailleurs âgé de 16 ans7 et plus pour l’année 2010 tous les congés doivent être pris dans les 52 semaines suivant la naissance.

Le troisième volet qui complète ces deux programmes propose d i f fé ren tes p res ta t i ons familiales. Le gouvernement fédéral propose la Prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE). Il s’agit d’une prestation qui varie en fonction des revenus. Pour les moins nantis s’ajoute un montant supplémentaire le Supplément de la prestation nationale pour enfants (SPNE)8. Le gouvernement conservateur a également développé la Prestation universelle pour garde d’enfants (PUGE) en 2008 qui est imposable. Cette mesure a été développée dans une perspective différente de la PFCE, plutôt que de développer un réseau de garderies pancanadien, il préférait laisser le choix du mode de garde aux parents. La somme de cette allocation qui est de 100 $, ne permet ni de payer un service de garde au complet et

n’ajoute pas grand-chose au revenu familial. L’Allocation spéciale pour enfant est versée aux organismes qui prennent en charge les enfants aux besoins spéciaux. Le gouvernement transfert ainsi la prestation de la PFCE, le SPNE ainsi qu’un montant supplémentaire pour besoins spéciaux à ces organismes. Le gouvernement provincial a, quant à lui depuis 2005, une seule prestation familiale, le Soutien pour enfants. Il s’agit d’une prestation fiscale qui varie évidemment selon les revenus des ménages. Elle comprend un soutien financier pour enfant et un supplément pour enfants handicapés. Les montants maximaux possibles représentent environ 0,05 % du revenu annuel moyen au Québec pour le premier enfant et la moitié pour le deuxième enfant. Le crédit est ensuite modulé selon le revenu du ménage : la prestation croît avec le revenu. Un supplément s’ajoute pour les enfants handicapés. La demande des prestations canadiennes ou québécoises n’a pas à être faite par les parents, ils sont inscrits dès la naissance de l’enfant.

En comparaison avec les autres provinces canadiennes, le Québec offrait en 2008 plus du double des prestations familiales de l’Ontario et 36 % de plus que l’autre province considérée comme généreuse sur le plan social, la Saskatchewan pour des ménages dont le revenu se situe près du revenu moyen et ayant deux enfants à charge. Si l’on ajoute les frais nets de garde, ces montants sont largement dépassés (Godbout, 2008).

Il est toutefois important de rappeler que le Québec a mis en œuvre une protection sociale beaucoup plus développée que celle des autres provinces canadiennes. Ceci est vrai en particulier en ce qui a trait à la politique familiale. Pourtant, comme dans les autres pays occidentaux, les coupures successives et l’accent mis sur l’activation des prestataires ont transformé de façon significative l’action publique mise en place dans les années 1960.

5 - http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/remuneration/travail_parents.htm

6 - http://www.rqap.gouv.qc.ca/

7 - http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/famls_mengs_niv_vie/revenus_depense/revenus/mod1_p_1_1_4_0.htm

8 - Pour chaque enfant de moins de 18 ans, la prestation de base de la PFCE est de 1 433 $ (119,41 $ par mois), un supplément de 100$ par année est ajouté pour le 3e enfant. Le montant est réduit à partir du moment où le revenu net familial dépasse 43 561$. La prestation est ciblée vers les revenus les plus faibles puisque le revenu moyen des ménages est d’environ 60 000$ au Québec. Le SPNE vise directement les familles à faible revenu, on octroie un montant de 185$ par mois pour un enfant, la prestation augmente avec le nombre d’enfants.

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Élan social : Pouvez-vous nous dire ce qui a motivé votre choix de quitter l’ARS pour rejoindre la branche famille ?

Daniel Lenoir : J’ai apprécié de travailler à la mise en place des ARS, que je considère comme faisant partie aussi de la sécurité sociale, même si ce point de vue n’est pas partagé par tout le monde. Elles ne le sont pas assez à mon goût. Quand on m’a demandé de venir diriger la CNAF, j’ai bien réfléchi car cela faisait 12 ans que je travaillais dans la santé, mais je trouve un intérêt très fort aux missions portées par la branche Famille. J’avais déjà géré les prestations familiales en MSA et je m’y étais intéressé à l’IGAS. J’ai redécouvert la Branche avec des évolutions que j’attendais, comme le développement des services aux familles, véritables prestations en nature, qui sont un axe essentiel de la convention d’objectifs et de gestion. On est vraiment au cœur des enjeux de société, que ce soit l’évolution des modèles familiaux, la façon dont on concilie vie familiale et vie professionnelle, la place des enfants

et des jeunes dans la société avec toutes les questions éducatives, et la précarité bien sûr : nous sommes dans la Branche sociale de la sécu par excellence. Depuis 4 mois, je me rends compte que l’action des CAF n’est pas assez connue et sûrement trop discrète, car ce que contient la COG est au cœur des problèmes sociaux, peut être plus encore que les questions de santé.

ES : N’est-il pas un peu frustrant d’arriver juste après l’élaboration d’une COG préparée par son prédécesseur ?DL : Avant d’accepter de venir à la CNAF, j’ai demandé à lire la nouvelle COG. Je considère que c’est en quelque sorte mon contrat de travail. Si son contenu ne m’avait pas convenu, je n’aurais pas accepté cette mission. Le fait de ne pas l’avoir négocié n’est pas frustrant, pas plus d’ailleurs que de ne pas mettre en œuvre une Cog qu’on a négociée. C’est souvent le cas dans nos institutions, et j’ai eu à gérer les deux types de situation. C’est tout simplement la marque de la continuité du service public.

ES : D’où vient votre intérêt pour les questions sociales ?DL : C’est à la sortie de l’ENA que j’ai fait le choix du social en rejoignant l’IGAS. Mais ce choix vient de plus loin : après ma formation d’ingénieur agronome, j’ai fait de la sociologie rurale, car je me suis toujours intéressé aux questions sociétales. Je suis venu aux questions sociales après, avec en parallèle des activités bénévoles et militantes qui m’ont conforté dans ce choix. Je parle de choix et non de vocation, car je crois aussi aux rendez-vous de la vie : quand j’ai quitté l’IGAS, j’aurais pu aller dans le secteur emploi, mais finalement je me

Entretien avec Daniel Lenoir,directeur de la Caisse nationale des allocations familiales

suis dirigé vers la sécurité sociale en travaillant pour l’assurance maladie des fonctionnaires. J’ai aussi fait le choix de la gestion, plutôt que celui de l’administration ou de la recherche, qui sont d’autres façons de travailler dans le social. Je fais ce métier depuis maintenant 20 ans et je ne le regrette pas. J’ai toujours eu des défis passionnants à relever.

ES : Faut-il réformer les conseils d’administration comme dans la branche maladie ?DL : S’agissant de la gouvernance des caisses, je ne suis pas favorable à un alignement sur la Branche maladie, car les politiques publiques que nous gérons sont beaucoup plus territorialisées. La convention d’objectifs et de gestion le dit clairement : autant pour les prestations légales, on a une définition nationale, autant pour les services aux familles, on a besoin de s’adapter aux territoires et donc de s’appuyer sur une légitimité locale. Cela fait une différence forte avec d’autres réseaux. Je pense donc qu’il faut que nous conservions un système de gouvernance dual avec un conseil d’administration doté de prérogatives, et un directeur général qui est l’exécutif.

ES : L’annonce faite par le Président de la République de la disparition prochaine des cotisations patronales finançant la branche famille ne va-t-elle pas remettre en cause la forme actuelle des CAF, pour aller vers une étatisation ?DL : Je ne crois pas à l’étatisation car je ne vois pas quel intérêt elle revêtirait. Il faudrait transformer tous les employés des CAF en fonctionnaires. Or, les règles de la fonction publique

1 - Voir à ce sujet l’audition par la MECCS « Assemblée Nationale du Directeur général et du Président de la Cnaf : http://videos.assemblee-nationale.fr/video.5087.mecss--financement-de-la-branche-famille-auditions-de-mme-anne-eydoux--m-jean-louis-deroussen---16-janvier-2014

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ne sont pas les plus adaptées pour gérer des services comme les nôtres. Celles des organismes de droit privé sont plus souples.

ES : C’est pourtant une annonce qui est importante pour la branche.

DL : Oui, bien sûr, car l’évolution des modalités de financement vient à l’encontre de la tradition paritaire et interroge notre gouvernance. Mais je voudrais rappeler que l’on n’est plus dans une logique paritaire stricte depuis longtemps, puisque l’UNAF siège dans les conseils d’administration. Il faut donc renouveler notre vision de ces instances en y intégrant ce que j’appelle les « parties prenantes ». Les entreprises restent des parties prenantes, car au-delà des cotisations, elles tirent un bénéfice des politiques de la branche famille, évalué par la Cour des comptes entre 12 et 14 milliards d’euros. C’est moins que les 35 milliards de cotisations, mais cela reste important. Je pense donc que nous devons garder des caisses de droit privé, avec des

conseils d’administration ayant une fonction d’orientation et de contrôle, en particulier sur l’action sociale.

ES : Après ces premiers mois à la tête de la CNAF, quelle est votre perception des forces et faiblesses de cette branche ?

DL : La richesse de la branche Famille est aussi sa principale faiblesse, c’est ce qu’on appelle « la culture du consensus ». C’est bien sûr un avantage, mais c’est aussi un inconvénient lorsqu’il faut réagir vite. Cela rejoint la question du pilotage : quand on regarde la taille de la CNAF par rapport à la taille du réseau, on est très en dessous de toutes les autres caisses nationales. Je veux mettre en place un pilotage coopératif et concerté avec le réseau, qui respecte la culture de la Branche, dans lequel chacun peut donner son avis, mais où tout le monde va dans le même sens. C’est pour ça que j’ai mis en place des réunions régulières avec tous les directeurs, et que je communique toutes les semaines avec eux.

ES : Faut-il aller jusqu’à l’idée d’une entreprise en réseau ? La CNAMTS est-elle un modèle pour vous en la matière ?

DL : Non, dans ce domaine, la CNAMTS, pas plus que la CCMSA ne sont mes modèles. Je ne pilotais pas de la même façon à la CNAMTS car le réseau de la branche maladie nécessite un pilotage beaucoup plus centralisé que celui de la branche famille. Je n’emploierais pas pour ma part le terme d’entreprise en réseau. Nous sommes plutôt un réseau d’entreprises, mais qui doit être davantage piloté.

ES : Le chantier de la mutualisation prend aujourd’hui une dimension beaucoup plus importante. Pourrait-on aller vers une régionalisation comme dans la branche recouvrement ?

DL : Je n’ai ni le mandat, ni l’envie de régionaliser la branche Famille. Pour l’instant, la maille départementale est la maille pertinente car au niveau des collectivités territoriales

Un parcours - atypique - pour cet ingénieur agronome, diplômé de l’École des Hautes Études des Sciences Sociales (sociologie) et ancien élève de l’ENA (promotion Jean Monet), dont l’attrait pour les questions sociales et les politiques sociales l’ont conduit à la gestion des institutions sociales.Il débute bien sa carrière en lien avec sa Formation d’ingénieur agronome comme chargé de mission à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture en 1980, pour poursuivre au ministère de la Coopération, une mission sur l’agriculture et l’alimentation.Après l’ENA, il intègre l’Inspection Générales des Affaires Sociales, assurant en 1992 le Secrétariat Général adjoint de la commission de contrôle des mutuelles et institutions de prévoyance. Il affiche ainsi rapidement son intérêt pour les questions sociales, devenant en 1994 Directeur Général de la Mutualité Fonction Publique, et de 1997 à 2002 Directeur Général de la Mutualité Sociale Agricole.Durant cette même période, son intérêt pour les questions de santé le porte comme membre du conseil d’Orientation des filières et réseaux de soins expérimentaux, et du Conseil supérieur des prestations sociales agricoles.Il choisit ensuite le régime général, en devenant Directeur Général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés en 2002, ce qui le positionne membre du Haut Conseil de l’Assurance Maladie.De 2005 à 2009, il assure la Direction Générale de la Fédération Nationale de la Mutualité Française, tout en s’investissant sur d’autres mandats : président de l’Union nationale de réassurance de la mutualité française, vice-président du Crédit coopératif, vice-président de l’Union nationale des organismes d’assurance maladie complémentaire.Ainsi la cohérence du parcours se confirme avec la fonction de Directeur préfigurateur puis Directeur général de l’Agence Régionale de Santé Nord-Pas de Calais, sa région de naissance.Aujourd’hui il est engagé sur un nouveau challenge à la Direction Générale de la Caisse Nationale des Allocations familiales dans une société en évolution.Il est également auteur et coauteur de publications portant sur les politiques sociales, l’Europe sociale et la protection sociale.

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et de l’État, tout ce qui relève de la solidarité et de la cohésion sociale se situe à l’échelon départemental. Avec l’organisation administrative actuelle de la France, il faut garder une caisse, et une seule, par département. Cela dit, cette situation aboutit a des caisses de taille différentes dont certaines ne peuvent pas bénéficier des économies d’échelle dont elles ont besoin. Cela explique la mutualisation, que l’on utilise lorsqu’on ne veut pas régionaliser. Dire qu’il s’agit d’un premier pas vers la régionalisation est un mauvais procès. Je ferai tout pour que la mutualisation fonctionne et qu’on ne soit pas contraint de fusionner des caisses, comme on a été contraint de le faire dans d’autres réseaux.

ES : Les CAF doivent rendre 1000 postes au minimum pendant la période qui s’ouvre. Est-ce réellement possible sans dégrader le service ?

DL : Le raisonnement à la base de la COG est en trois temps. Dans un premier temps, on investit 700 emplois nouveaux pour sortir la branche de la boucle infernale du retard qui

entraîne du retard. Cela porte ses fruits puisque le stock du réseau est inférieur de 3 jours à ce qu’il était il y a un an. Nous devons ensuite faire des gains de productivité. Pour cela, il faut d’abord accompagner les caisses les moins productives, car on constate des écarts de un à deux entre les organismes, ce qui n’est pas normal. La mutualisation, que nous avons évoquée, est une deuxième modalité pour gagner en productivité. Enfin, il y a le chantier de la simplification, qui est très compliqué ! C’est la revue de détail. Cela nécessite de travailler finement sur les processus et leur organisation et par des simplifications réglementaires. Mais ce qu’il faut favoriser en premier lieu, ce sont les télédéclarations et l’acquisition d’informations auprès des partenaires. Cela a l’avantage de diminuer la charge pour les caisses, mais surtout, de supprimer des démarches pour les allocataires, tout en améliorant la sécurité des paiements à travers la vérification des déclarations qui sont faites.

ES : Quel est le 3ème temps ?DL : C’est le point d’étape que l’on fera fin 2015 avec la mission IGAS-IGF pour voir si l’équation fonctionne. C’est là que l’on objectivera nos charges pour examiner si la Branche peut faire un effort supplémentaire chiffré par l’État à 300 postes. Mais pour cette échéance, il y a un engagement fort de l’État d’aider les CAF à faire les simplifications nécessaires à l’amélioration des processus de production. Pour le moment, cet engagement est tenu. Ainsi, le CIMAP1 du 18 décembre a annoncé un programme de simplification pour la branche Famille et a déjà pris une demi-douzaine de mesures de simplification. A nous maintenant de les appliquer.

ES : Vous avez l’impression que le rythme est satisfaisant aujourd’hui sur ces différents aspects ?DL : Oui, je suis optimiste, quand je vois la façon dont ça se passe. Pour certaines caisses, celles qu’on appelle « à forts enjeux » cela va demander un véritable effort, mais j’ai confiance.

ES : Comment expliquer que certaines caisses soient moins productives ?DL : Il faut les accompagner pour faire un diagnostic. Il peut s’agir de problèmes d’organisation, de management, voire de culture locale…

À PROPOS DES MOBILITÉS PROFESSIONNELLES

ES : Les mondes de l’administration et de la gestion sont relativement fermés l’un à l’autre. N’est-il pas dommage que ceux qui élaborent la stratégie ne passent pas dans la mise en œuvre et inversement ?DL : Je pense qu’effectivement, il faut des porosités. L’administration administrerait mieux si elle comportait davantage de gens avec des compétences de gestion. Elle éviterait ainsi une tentation qui est fréquente, celle de gérer à la place des gestionnaires. La logique des COG est moderne pour le service public : la gestion est déléguée sur la base d’objectifs. Cela suppose que l’État détermine et négocie la stratégie avec des opérateurs. Pour ma part, je trouve normal de faire du reporting sur la gestion, c’est le rôle de l’État de contrôler la bonne application de la stratégie. Il nous délègue des politiques publiques de solidarité, et des financements associés. De ce point de vue, les cotisations sociales sont aujourd’hui des prélèvements obligatoires imposées par la loi et par des décrets, et s’apparentent donc plus à l’impôt qu’aux cotisations d’origine professionnelle d’antan. Donc, j’assume de ne pas avoir d’autonomie dans la détermination de la stratégie. En revanche, je trouve que les circulaires d’application des textes devraient être prises par les caisses nationales avec les caisses locales, car nous sommes mieux placés pour savoir comment gérer des procédures.

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Il y a, par exemple, des caisses qui ont des agents très productifs, mais quand on examine leur organisation, ils ont beaucoup moins d’employés à la production que d’autres caisses. Or, la CNAF observe la productivité globale de la caisse, pas celle des agents qui la composent. C’est tout l’enjeu de la mutualisation sur les fonctions ressources. Ce ne sont pas d’ailleurs forcément les plus petits organismes qui sont les moins productifs.

ES : A votre arrivée, vous avez interrogé la stratégie de communication de la branche famille. Pour quelles raisons ?DL : Parce que je considère qu’on ne communique pas assez sur notre action. Les organismes de sécurité sociale gèrent l’équivalent de 30 % du Produit Intérieur Brut. Or, à travers la critique des prélèvements, nous assistons à une remise en cause du consentement à la solidarité. Aujourd’hui, il faut aller sur les réseaux sociaux comme je le fais pour voir ce qui circule concernant les CAF ; c’est édifiant. Je suis très sensibilisé à cette question car au cours de mon itinéraire professionnel, j’ai eu à faire face, notamment dans le milieu agricole, à des mouvements parfois violents contre le paiement des cotisations. Pour y faire face, il faut rappeler

sans cesse que la solidarité est à la fois obligatoire et humaine. Mais il faut surtout montrer ce qu’elle est concrètement, comment le système permet d’aider les gens en cas de graves maladies, ou de difficultés de vie. En bref, il ne peut pas y avoir de consentement à la solidarité si l’on ne voit pas ce qui est fait par nos organismes. On doit donc être plus offensif et plus pédagogique sur ce sujet.

ES : La question du non-recours au droit a été positionnée dans la COG, alors même que les CAF font énormément de refus de droits pour des personnes qui font des demandes tous azimuts. Quelle stratégie adopter pour diminuer ce problème sans pour autant engorger le réseau ?DL : L’accès aux droits constitue effectivement un axe essentiel de cette COG. Bien sûr, la branche Famille a toujours orienté son organisation et sa relation de service vers l’accès aux droits. La garantie du service de base est la mission première des CAF. Depuis quelques années, avec le développement de l’accueil sur rendez-vous, les CAF ont renforcé leurs efforts sur la recherche de droits potentiels. Pour autant, l’analyse des causes du non-recours nous amène à

nous mobiliser encore davantage en priorisant l’accès aux droits.

Ainsi, des rendez-vous des droits vont voir le jour dès ce semestre avec un objectif ambitieux de 100 000 rendez-vous par an. Ils consisteront à étudier l’ensemble des aides gérées par la branche Famille. Nous allons avec les CAF mobiliser davantage ce dispositif.

Paral lè lement, des parcours attentionnés pour prendre en charge les situations de vulnérabilité vont être organisés. Ces parcours cibleront des événements de vie particuliers (séparation, impayés de loyer, décès, ...) et permettront de vérifier que les personnes accèdent à la totalité de leurs droits. Ils engageront tout autant le travail avec les partenaires que la complémentarité des actions entre les prestations et l’action sociale des CAF. Enfin, nous allons aussi rechercher des bénéficiaires potentiels en renforçant des échanges avec les partenaires et nous allons aussi communiquer davantage.

ES : Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’EN3S ?

DL : L’EN3S est là pour former les dirigeants de la sécurité sociale de demain.

Au-delà de la spécification croissante des modes d’action des branches et leur diversification, il faut qu’ils continuent à porter le projet d’unité de la sécurité sociale. Ce n’est pas d’abord une question d’identité institutionnelle, c’est une question de cohérence dans l’accompagnement des assurés sociaux et dans la gestion de la part la plus importante des prélèvements obligatoires dans notre pays.

Être dirigeant, c’est à la fois être stratège, manager et ingénieur car nous avons aussi des processus complexes à gérer. Mais c’est d’abord avoir la capacité de toujours retrouver et donc de donner le sens à l’action.

2 - Comité Interministériel pour la Modernisation de l’Action Publique.

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La lutte contre le non-recours aux droits sociaux : Marotte du moment ou nouvelle orientation

des politiques sociales ?

Difficile d’être passé à côté de ce virage politico-médiatique : alors que la fraude était quasiment le

seul sujet à émerger dans un débat public sur la protection sociale devenu au fil des ans de plus en plus pauvre, la problématique du non-recours aux droits sociaux suscite depuis quelques mois un intérêt croissant1. L’alternance politique n’explique pas à elle seule ce phénomène et il faut reconnaître à certains intellectuels et praticiens du social le mérite d’avoir redonné à la question toute son importance.

Le non-recours, une atteinte au « juste droit »C’est l’équipe de L’Observatoire des non-recours aux droits et services (ODENORE), animée par Philippe Warin, qui a planté le problème de la façon la plus vigoureuse, dans un ouvrage militant mais très documenté : L’envers de la « fraude sociale » Le scandale du non-recours aux droits sociaux2. Techniquement, l’expression désigne le différentiel entre la population

éligible à un dispositif et la populat ion bénéficiaire de ce dispositif. La liaison avec la question de la fraude est faite à dessein. Les auteurs s’élèvent en effet contre un discours politique qui aurait fragilisé la légitimité de la protection sociale en ne donnant

à voir que les abus dont elle est victime, sans considérer son pendant : la forte proportion de publics en difficulté qui ne font pas valoir les aides auxquelles ils pourraient prétendre. En d’autres termes, en ces temps de maîtrise des risques et de la qualité, la bataille pour le « juste droit » devrait se traduire par l’intégration de sa double composante : « rien que les droits, mais tous les droits »

Une mosaïque de raisons au non-recoursLe sujet, on l’imagine, est difficile à mesurer. Comment connaître précisément ceux qui ne se manifestent pas ? C’est sur le RMI que les premières études sérieuses ont été menées, avec des évaluations qui indiquaient que 48 % des allocataires potentiels manquaient à l’appel. 20 ans plus tard, la proportion n’est pas très éloignée s’agissant du RSA, avec une pointe à 68 % de « non-recourants » pour le RSA activité. On estime également à 20 % le nombre de chômeurs ne faisant pas valoir leurs droits aux indemnités.Méconnaissance ? Incapacités à effectuer les démarches ? Manque de temps ? Réticence à les engager au vu de la faiblesse des montants en jeu ? Refus d’être aidé par la société ? Complexité plus ou moins consciemment organisée par les pouvoirs publics pour réduire les coûts ? C’est un peu toutes ces raisons, souvent imbriquées les unes aux autres, que s’emploie à identifier l’ODENORE, qui a dégagé plusieurs types de motifs, sans pouvoir vraiment

valoriser la part de chacun d’eux. Il faut dire que les études, comme celle, très instructive, issue d’une enquête de la DARES de 2011 sur les raisons de la non-demande de RSA, sont rares.

Des montants de prestations non versées considérables

Pour être au clair sur les montants en jeu, même si on sait leur caractère éminemment aléatoire, il convient de rappeler que la fraude aux prestations sociales a été estimée en 2011 par la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale à 4 milliards d’Euros par an. (L’essentiel de la fraude dite « sociale » étant constitué par de la fraude aux cotisations, estimée elle à 16 milliards). A contrario, le non-recours représenterait des montants bien plus importants : 5,3 milliards d’euros de RSA non versés chaque année, 4,7 milliards de prestations familiales et d’aide au logement, 700 millions d’euros de CMUC, 378 millions d’euros d’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé pour ne prendre que les chiffres qui concernent les organismes de sécurité sociale. Au-delà, c’est beaucoup d’autres dispositifs qui sont montrés du doigt, comme l’allocation personnalisée d’autonomie (828 millions) ou les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité (767 millions depuis leur création) pour ne citer que les plus importants au niveau national.

1 - Voir par exemple : « Le non recours aux droits, un « scandale social » », Libération, 13/11/2012 ; « Aides sociales : des milliards d’Euros non réclamés », Le Télégramme, 27/11/2012, « Marisol Touraine se saisit du problème du non-recours aux droits sociaux », Le Point, 26/11/2012…

2 - ODENORE, L’envers de la « fraude sociale » Le scandale du non-recours aux droits sociaux. Editions La découverte, 2012.

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La lutte contre le non-recours : une hérésie financière pour la protection sociale ?En matière de lutte contre le non-recours, l’exercice demandé aux grands services publics renferme une contradiction : plus on consacre en effet d’énergie à rendre effectif les droits sociaux, plus on augmente mécaniquement les déficits, fragilisant du même coup le maintien de la soutenabilité de ces droits dans le temps. L’aporie n’est pas loin. Les partisans d’une telle politique avancent des contre-arguments keynésiens bien connus sur l’effet d’entraînement que ces aides engendreraient en soutenant la consommation des ménages, et ses effets vertueux sur les rentrées fiscales. Il sera cependant difficile de convaincre les économistes orthodoxes sur ce point. Le gouvernement semble l’avoir compris, qui, depuis la conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale en décembre 2012, défend plutôt

l’idée que les dépenses attachées à des droits sociaux permettent d’éviter que les personnes ne tombent dans des situations aux conséquences plus graves. Une prévention qui serait rentable, au vu des dépenses (sociales, sanitaires, éducatives…) générées pour tenter de remettre sur pied ceux qui sont tombés dans la grande exclusion.

Une mobilisation accrueC’est probablement sur le plan éthique que la lutte contre le non-recours est la plus facile à justifier. Mais elle implique de nombreux efforts d’accompagnement empathique des personnes, souvent désorientées ou honteuses. Les Allocations Familiales, qui avaient importé la question de l’accès aux droits dès les années 90, ont consacré une large place à cette question dans la COG 2013-2017. L’Assurance Maladie, de son côté, plus en retrait il y a quelques années, s’apprête à faire

de même, et a déjà fortement incité les caisses (objectifs à l’appui) à mener des politiques offensives pour développer l’utilisation de l’ACS et permettre ainsi aux personnes au-dessus du seuil de la CMUC de bénéficier d’une meilleure couverture médicale. Les résultats bien qu’insuffisants, sont réels. Plus largement, le thème trouve petit à petit un écho : des initiatives fleurissent en termes de coordination et d’information des publics, des synergies se créent avec le secteur associatif et de beaux tissus partenariaux voient le jour, couturés point à point. Reste qu’on ne peut considérer la question sans s’interroger plus profondément sur la complexité du système social français, qui demeure très cloisonné sur les plans organisationnel, humain comme informatique, et souhaiter que la lutte contre le non-recours permette, au-delà d’une mode passagère, des évolutions d’envergure. Celles-ci auraient alors tout leur sens.

Entretien avec Philippe Warin, Directeur de recherches au CNRS, cofondateur de l’ODENORE

Élan Social : Comment expliquez-vous le succès de votre ouvrage L’envers de la « fraude sociale » ?

Philippe Warin : Sans aucun doute, la forte médiatisation de question du non-recours lors de la présentation du rapport d’évaluation du RSA en décembre 2012, à quelques mois des élections présidentielles, a joué en faveur de l’ouvrage. Mais aussi la préparation du Plan gouvernemental de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale présenté au second semestre 2013, qui a (re)mis en avant les enjeux de l’accès aux droits sociaux.

ES : Vous aviez pointé l’absence de prise en compte de la question du

non-recours dans le programme du Parti socialiste. Pensez-vous avoir réussi à infléchir les orientations politiques du gouvernement en la matière ?

PW : Je me garderai d’une telle conclusion. Ce n’est pas parce qu’un terme fait flores dans l’arène politique, qu’il aura nécessairement quelques effets sur les politiques publiques. Le Plan gouvernemental cité à l’instant peut néanmoins le laisser penser. Mais c’est la suite qui lui sera donnée qui permettra de le dire. Il faut de la constance ; ce n’est pas le plus facile. Un exemple : Madame Archimbaud a remis fin septembre à la ministre des Affaires sociales et de la Santé un rapport sur L’accès aux soins des

plus démunis. Celui-ci montre que les inégalités sociales de santé qui se creusent sont une priorité absolue. En même temps, les vœux du Président pour 2014 promettent d’« en terminer avec les excès et les abus » en matière de santé. Les termes ne s’opposent pas, mais la prise en compte de la question du non-recours a besoin de s’inscrire dans une politique générale. Cela pose immédiatement une autre question très sensible : celle de la justification sociale et économique des dépenses nouvelles qu’engendrerait mécaniquement une baisse du non-recours.

ES : Sur le RSA activité, qui concentre 68 % de non-recours,

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que faut-il faire ? Le gouvernement semble hésiter sur le sujet.PW : Il faut se pencher sur les explications à ce non-recours, y compris celles qui ont trait à l’existence de conflits de représentations sur la justesse même de la prestation. Car certes, on constate pour près des deux-tiers des non-recourants une certaine méconnaissance du dispositif et de ses conditions, mais il en reste au moins un tiers qui déclare ne pas être intéressé par le RSA-activité ; ce qui laisse soupçonner « un défaut congénital du dispositif » pour reprendre l’expression d’Evelyne Serverin dans son analyse du non-recours. Ce résultat renvoie directement au motif du projet de loi qui fixe au RSA-activité l’objectif de « faire des revenus du travail le socle des ressources des individus ». L’aide apportée venant consolider des bas revenus afin que les salariés restent en activité, il n’est pas exclu qu’une partie des non-recourants récuse un dispositif d’intéressement permanent qui institue le travail précaire comme norme sociale.Aussi, pour répondre à votre question, il est important de tenir compte de cette non-demande de RSA activité au moment d’examiner les propositions du rapport remis au premier Ministre par le député Christophe Sirugue, notamment celle d’une « prime d’activité » visant à fusionner la prime pour l’emploi (PPE) et le RSA-activité. L’examen devrait porter sur l’acceptabilité du nouveau dispositif, mais aussi sur son coût de production. Celui du RSA est très élevé pour les CAF notamment, puisque seule une demande de RSA sur quatre ouvre finalement des droits.

ES : Êtes-vous associé aux travaux sur les Conventions d’objectifs et de gestion entre l’État et les différentes branches de la sécurité sociale ?PW : D’une certaine façon oui, au travers du programme de travail en cours de définition pour accompagner la mise en œuvre de la nouvelle COG dans deux CAF importantes de la

région Ile-de-France. Mais aussi dans les interventions de notre observatoire auprès d’acteurs de la branche Maladie, en particulier ceux impliqués dans la mission déléguée « Assurance maladie et publics fragiles ».

ES : Les progrès récents sur l’utilisation des tarifs sociaux du gaz et de l’électricité sont liés aux échanges de fichiers, notamment avec les CPAM, et on voit bien que c’est le procédé le plus efficace pour éviter que les gens ne passent à côté des dispositifs. Jusqu’où peut-on aller en la matière ? La législation sur l’informatique et les libertés n’est-elle pas finalement le principal obstacle pour avancer ?PW : Il faut aller le plus loin possible en garantissant la sécurité des données et leurs usages pour les personnes concernées. Des exemples à l’étranger montrent que c’est possible ; le cas belge de la Banque carrefour de sécurité sociale présente une expérience intéressante. Cela suppose à mon sens une politique cadre, d’accès aux droits sociaux, qui cherche de façon équilibrée à lutter à la fois contre la fraude aux prestations et contre le non-recours ; ce qui est d’ailleurs une recommandation du Conseil d’État. Il est alors possible que la loi du 6 janvier 1978 créant la CNIL ait besoin d’une actualisation pour aller dans ce sens. C’est ce qui paraît souhaité par bon nombre d’acteurs. Mais il y a probablement à tenir compte en la matière de l’environnement européen.

ES : Vous dites que la responsabilité du non-recours est publique ? Mais n’y a-t-il pas parfois une volonté de certains de s’en sortir tout seul, et finalement un risque de vouloir faire le bonheur des gens malgré eux ? Peut-on se fixer l’objectif d’une effectivité des droits pour 100 % des personnes éligibles ?PW : Fixer un objectif de « zéro non-recours » n’aurait pas de sens. Heureusement personne ne déclare cela. Espérons que ce soit pour d’autres raisons que des raisons techniques. Car sur le fond, il faut

toujours considérer que le non-recours peut parfois être choisi. Libre à chacun d’user des droits sociaux qui sont les siens. En revanche, il est essentiel pour que les politiques soient à la fois justes et efficaces de s’assurer que tous les destinataires aient l’information suffisante et les moyens ou capacités d’accéder à leurs droits. Les actions qui se mettent en place pour agir sur le non-recours me semblent aller dans ce sens.Mais il y a aussi un autre enjeu par rapport auquel l’idée d’une « éradication » du non-recours peut être mise en débat, c’est celui du non-recours par évitement d’autres publics, d’autres catégories sociales. Ceux-là choisissent de ne pas recourir parce qu’ils ont les moyens de sortir d’une offre publique qu’ils jugent dégradée et qu’ils financent par ailleurs. Dans ce cas, le non-recours résonne comme une sécession qui met à mal la solidarité organisée.

Elan Social N° 81 - 1er trimestre 2014

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Trophées de l’Innovation de la 52ème promotion :

un grand cru !Inaugurés avec la 51ème promotion

par le Directeur de l’EN3S Dominique Libault, les Trophées de l’Innovation

ont pour objectif de faire travailler collectivement les élèves sur la conduite de projet tout en les incitant à l’innovation dans le domaine de la Sécurité sociale.

Cette année, ces trophées ont été conduits sur un temps très court afin de plonger les élèves dans une atmosphère créative et innovante. Les groupes projets avaient la possibilité de réfléchir sur deux thèmes : la vulgarisation du service public de Sécurité sociale et l’accès aux droits. Malgré quelques contraintes telles que la nécessaire applicabilité concrète du projet, les élèves ont disposé d’une grande liberté dans le choix de leur innovation. L’accent a notamment été mis sur la dimension communication, un cabinet de consultants spécialisés ayant été présent pour accompagner les élèves sur ce volet.

Les thématiques abordées au sein des deux grands axes de réflexion se sont révélées très diversifiées. Chaque projet a présenté des éléments variés d’innovation, tant en termes d’outils que de stratégies partenariale, de communication ou de réseau. Après quatre jours d’élaboration des projets, les huit groupes ont présenté leurs travaux finaux au jury qui a attribué son prix, tout comme les élèves.

Le projet qui a retenu l’attention du jury s’intitule “PASSTEL” - Permettre l’Accès à la Sécurité Sociale par la Traduction En Live. Il s’agit d’une plateforme de traduction mutualisée entre la CNAF et la CNAMTS qui permettrait de communiquer avec les allocataires et les assurés étrangers, conformément au principe d’égal accès au service public. Sept à dix langues seraient sélectionnées au démarrage du projet.

Les élèves ont quant à eux été séduits par le projet « J’ASSURE A LA SECU ». Ce site Internet à destination de

tous les agents de la Sécurité sociale aurait pour fonction de les guider dans leur communication sur l’Institution, particulièrement dans un cadre privé. Des fiches « idées reçues » seraient ainsi disponibles, proposant sur un ton humoristique un argumentaire et des chiffres clés, l’objectif étant de soutenir les agents dans la promotion de l’image de la Sécurité sociale.

La thématique de la communication a également été explorée par un groupe qui a présenté une réflexion sur l’élaboration d’un jeu vidéo de simulation de la gestion d’organismes de Sécurité sociale, sous la forme d’une application Smartphone.

Dans un objectif de promotion des métiers et des valeurs de la Sécurité sociale auprès du grand public et de l’Institution, un groupe a mis en valeur l’idée de constituer un réseau d’ambassadeurs de l’Ecole nommé « Les Héraults de l’EN3S ».

Dans un objectif de diffusion interbranches des informations à destination des usagers, un groupe a réfléchi autour de supports pédagogiques et ludiques dans la veine des « Incollables ». L’exemple développé par le groupe est à destination des futurs jeunes parents et présente toutes les informations relatives à cette situation de vie. Ces incollables de la Sécurité

sociale pourraient se décliner sur plusieurs thématiques interbranches.Dans une logique de communication tournée vers un objectif d’accès aux droits, le « bus des saisonniers » aux couleurs de la Sécurité sociale servirait de guichet unique mobile à destination des travailleurs saisonniers.Le projet « Pause CAF’ » porte une innovation en termes de stratégie partenariale. Il consiste à instaurer un partenariat novateur entre les CAF et les entreprises afin de faire du lieu de travail un endroit de rencontres entre allocataires et CAF. L’objectif premier serait d’encourager au recours au RSA activité tout en promouvant une offre globale de service afin de ne pas stigmatiser cette prestation.Enfin, le projet « E-liss » propose la création d’un laboratoire d’idées de la Sécurité sociale piloté par l’EN3S avec le soutien de l’UCANSS.

Pour les deux projets élus par le jury et les élèves le processus de réalisation concrète au sein de l’Institution est d’ores et déjà engagé. Concernant les autres innovations, leur mise en œuvre n’est pas encore prévue mais le jury a manifesté un fort intérêt pour les poursuivre. Le défi est donc lancé pour la 53ème promotion dont les projets issus des prochains Trophées de l’Innovation sont attendus avec impatience !

Isabelle FILLET

Elan Social N° 81 - 1er trimestre 2014

VEIL

LE S

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26Hervé ROSE

Le « chômage » des agents publics : des moyens pour mieux gérer le risque !

Nous avions vu, dans les numéros précédents, comment les agents publics, qu’ils soient fonctionnaires

titulaires ou non, pouvaient se retrouver au chômage et dans quelles situations ils devaient alors être indemnisés. Cette indemnisation, lorsqu’elle est à la charge de leur ex-employeur public, ne va pas toujours sans poser des difficultés.Pour conclure ce chapitre on se doit donc d’évoquer les moyens dont disposent ces employeurs publics pour minimiser les coûts de gestion de leurs « chômeurs », tout en simplifiant leur accès aux droits.

L’auto-assurance intégrale le modèle encore majoritaire.Qu’il s’agisse de l’État, des hôpitaux, des collectivités territoriales, ou des différents établissements publics qui leur sont rattachés, le système de l’auto-assurance reste prédominant. Dans ce système, aucune cotisation d’assurance chômage n’est versée et il appartient donc à l’ex-employeur de calculer et de servir ces allocations. Cela est relativement simple lorsqu’il s’agit du dernier employeur public et que l’allocation n’est assise que sur ce dernier emploi, même s’il faut, bien sûr, que l’ex-employeur reste en contact constant avec Pôle emploi pour tout ce qui touche à la recherche d’emploi ou à la formation.Toutefois cela se complique fortement lorsque l’allocation doit prendre en compte des reliquats de droits antérieurs ou que la charge incombe finalement à un autre employeur public que le dernier. Si les grosses structures ont parfois la capacité de gérer cette complexité, tel n’est pas toujours le cas des petites collectivités territoriales, même lorsqu’elles disposent d’un centre de gestion.Pour s’affranchir de cette complexité, la délégation de gestion aux professionnels de l’Assurance chômage, apparaît alors comme une solution simple et économe des deniers publics.

Vers une généralisa-tion de la délégation de gestion pour l’État.Cette possibilité de délégation de gestion, assez ancienne1, n’était que peu usitée. Toutefois, la complexité générée par le volume croissant des agents contractuels, des mobilités externes, ou des divers dispositifs de sortie de la fonction publique, a conduit les pouvoirs publics à organiser une délégation globale de gestion.La convention du 2 septembre 2011, liant l’État à Pôle emploi, en défini la mise en œuvre avec une montée en charge par flux successifs, le ministère de la Défense et celui des Anciens Combattants ayant été les premiers à ouvrir le bal.Si principe de libre administration des collectivités territoriales s’oppose à une généralisation imposée de ce type délégation, cette méthode fait néanmoins de plus en plus d’adeptes. Cela simplifie l’accès aux droits des bénéficiaires, permet une gestion dynamique des ressources humaines et offre aussi plus de souplesse dans la gestion de la trésorerie.

L’option pour l’adhésion à l’assurance chômage2

Au-delà de la simple délégation, une possibilité d’adhésion au régime d’assurance chômage existe désormais pour tous les emplois de non-titulaires, hormis ceux de l’État et de ses établissements publics administratifs.Selon le type d’employeur cette adhésion peut être renouvelable, par période de 6 ans, (mairie, département, GIP, Ets d’enseignement ou de recherche…) ou irrévocable3 (entreprises publiques, EPIC, chambres de commerce, des métiers, EDF…).L’indemnisation du chômage est alors prise en charge par Pôle emploi et les cotisations chômage versées (4 % pour l’employeur et 2,40 % pour le salarié).

L’adhésion obligatoire pour les intermittents du spectacleDisposition peut connue (sauf des intéressés

et des spécialistes) et pourtant ancienne4, l’adhésion à Pôle emploi est obligatoire lorsque l’employeur public (y compris l’État) recrute des intermittents du spectacle. Les cotisations sont alors spécifiques (7 % pour l’employeur et 3,80 % pour le salarié).

Conclusion : un lent mou-vement de convergence public/privé… jusqu’où ?L’Assurance chômage a été créée, pour les salariés du privé, par l’accord du 31 décembre 1958, mais il fallut attendre la Loi du 3 janvier 1973 pour voir apparaître les bribes d’un traitement commun entre ces salariés, les contractuels de droit public « employés permanents » et certains agents de grandes entreprises publiques. Parallèlement à l’élaboration de statuts des 3 fonctions publiques, les années 80 ont vu l’extension de la couverture du chômage aux fonctionnaires territoriaux et à tous les contractuels et la naissance de la possibilité d’e, déléguer la gestion aux Assedic. Les années 90 marquent la première affiliation obligatoire d’emplois publics à l’Assurance chômage (les intermittents) et l’adhésion possible pour tous les autres contractuels (sauf ceux de l’État) puis l’adhésion irrévocable de certains contractuels et même de certains emplois statutaires.

La création de Pôle emploi, associant les logiques publique et privée, a ouvert la voie à la situation d’aujourd’hui, prélude à une délégation de gestion généralisée pour l’État d’abord puis, vraisemblablement, pour toute la sphère publique.

De là à rêver, pour demain, à un système unique d’assurance chômage pour toute la population salariée, l’État devenant un employeur « partenaire social » comme un autre, il n’y a qu’un pas… !

Reste à savoir si cette évolution est souhaitable et quel temps nous mettrons à franchir ce Rubicon… si on doit un jour le franchir ?

1 - Ordonnance 84-198 modifiant l’ancien L 351-12 CT 3 - Employeurs visés aux 3°, 4° et 6° de l’article L. 5424-1

2 - L. 5424-2 4 - CT L 5424-3 issu de la Loi 92-722

Elan Social N° 81 - 1er trimestre 2014

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Le Mot du rédac'chefLes anciens élèves, acteurs de la révision des politiques sociales… ?

Le Haut Conseil pour le financement de la Protection sociale (HCFi-PS !) rend un rapport (non disponible officiellement à ce jour) sur les « perspectives de financement à moyen-long terme des risques de la Protection sociale », jugée « insoutenables » par le Président de la Cour des comptes. L’année 2014 sera, à n’en pas douter, l’année de toutes les opportunités.

« La protection sociale, c’est 650 milliards de dépenses par an » souligne le Medef, dont le président appelle à « faire 100 milliards d’économies de dépenses publiques en 5 ans ». En réponse, le gouvernement prévoit de réduire ces dépenses de 15 milliards (dont 6 pour la Protection sociale), et planifie d’ici 2017 la fin des cotisations patronales « Famille ».

Accessoirement, Daniel Cohen souligne combien il est absurde de dire que « les dépenses publiques dépassent 56 % du PIB ». Ces 650 milliards ne sont pas consommés par l’État, mais transférés à plus de 80 % d’une partie de la population à une autre. La vraie dépense publique correspond donc aux investissements, aux charges de fonctionnement et d’intérêts de la Protection sociale.

Mais il y a au fond 2 sujets distincts. Le premier est la part de la Protection sociale dans la somme des valeurs ajoutées. À hauteur de 34 % du PIB, elle est de plus en plus vue comme un poids, alors qu’il s’agit d’abord d’une richesse : les prestations sociales, mais également les salaires et les investissements rentrent dans le circuit économique. Ils se concrétisent donc par de la création de valeur. À ces « charges » correspond par conséquent un « retour sur investissement » aux entreprises, direct (consommation de biens et services) ou indirect (sécurité apportée aux salariés). Réduire ces charges aboutira nécessairement à rogner encore les biens et services vendus par les entreprises françaises.

Bien entendu, les vraies « dépenses publiques » doivent encore être optimisées, en prolongeant sans fantasme la recherche de performance. Rappelons pour l’exemple l’évolution des effectifs du régime général, soit 80 % des dépenses de fonctionnement : 167 000 en 2005, 154 000 en 2012, soit - 7,8 % (à comparer aux 5,2 millions d’agents publics, stables depuis 2007). Faibles en proportion, nous

pouvons faire baisser ces charges de fonctionnement en examinant de manière critique notre fonctionnement actuel : poids de la bureaucratie, inflation des déplacements, insuffisante prise en compte de la transition numérique…

De la même façon, les organismes de Protection sociale doivent prolonger leurs efforts en matière de lutte contre les fraudes. Un récent reportage sur D8 montre à quel point l’attitude de ceux qui abusent des politiques sociales devient inacceptable. Ces millions ou milliards d’euros d’évasion sociale (côté prestations mais surtout côté cotisations...) doivent retourner au financement des politiques sociales, même s’ils ne suffiront sans doute pas à combler le déficit cumulé.

Faute de réflexion, nous avons bâti des « usines à gaz sociales » (exonérations de cotisations, prestations familiales, système de santé…), que personne ne comprend plus, et que ni la RGPP ni la MAP n’ont réussi à moderniser. Ces choix politiques ont nécessairement un impact (difficile à chiffrer…) sur la partie transférée des « dépenses publiques ». Ils restreignent surtout l’acceptabilité, la visibilité et le pilotage du service public de la Protection sociale.

En écho au rapport du HCFi-PS, et comme le souligne Dominique Libault, le sujet central est bien la pertinence des décisions publiques, et en particulier l’adaptation des politiques sociales à leurs nouveaux enjeux. Ainsi, l’amélioration de la santé de la population passe-t-elle inéluctablement par l’augmentation linéaire de l’Ondam ? Sur un autre plan, les aides à l’accueil des jeunes enfants bénéficient-elles aux familles qui en ont vraiment besoin ?

L’époque rend donc urgent un examen démocratique des politiques publiques de Protection sociale, en réponse aux besoins avérés de la population. Il ne semble pas illégitime que les anciens élèves y participent, en tant que dirigeants de la Protection sociale, investis dans la mise en œuvre de ces programmes, dans la performance des organismes et dans la lutte contre les abus. Ne laissons pas ce chantier aux consultants ou autres cabinets ministériels, ne demeurons pas les instruments de cette modernisation, devenons en les acteurs.

Pour ne pas faire partie du réseau des élèves et anciens élèves, Pour ne pas contribuer à une dynamique collective en faveur des anciens élèves, Pour ne pas participer aux rencontres organisées dans toutes les villes de France, Pour ne pas recevoir Élan Social, la revue des élèves et anciens élèves.

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- 60 euros pour les anciens élèves au nom de l’AEN3S, accompagné de ce bulletin à : Marc AZAM - CPAM de l’Oise - 1 rue de Savoie - BP 30326 - 60013 BEAUVAIS CEDEX

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Élan Social - le cahier N° 81

ASSOCIATIONDES ANCIENS ELEVESET ELEVES DE L’EN3S

1er trimestre 2014

QUELS ACCÈS À L’EN3S ?

SOMMAIRE

I - Introduction - Frédéric Baysselance

Interviews :

II - Pierre Ramon-Baldié - Directeur Général Adjoint EN3S

III - Charlaine Le Dantec - Élève externe

IV - Nathalie Moore - Élève interne

V - Pauline Sterdyniak - Élève interne

VI - Vincent Nicolle - Élève externe

VII - Didier Del Prete - Directeur CPAG Sciences Po' Aix en Provence

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témoignages des lauréats des épreuves externes et du Directeur du CPAG d'Aix-en-Provence nous confirment que les vocations sont suscitées par l'intégration des questions sociales dans les cursus universitaires, et par l'engagement des anciens élèves dans la promotion de l'institution et la préparation aux épreuves. Enfin, les retours d'expérience de lauréats internes maintiennent qu'il n'est pas toujours aisé de donner un nouvel élan à sa carrière. Le soutien apporté par la direction des organismes locaux, et la capacité de l’institution à accompagner les candidats potentiels, restent primordiaux.

Il ressort de ces entretiens croisés que l'attractivité du service public de la sécurité sociale dépend de la capacité des pouvoirs publics, de l'école, de l'université, et des anciens élèves, à renouveler leur engagement au service de l'institution. La place centrale de la protection sociale dans la vie de la cité, et la diversité des carrières offertes à l'issue de l'EN3S, sont autant d'atouts que nous devons valoriser ensemble.

Alors que la 53° promotion prend ses quartiers à Saint-Etienne, Élan Social a souhaité consacrer le premier cahier central de 2014 au concours de l'EN3S. Thème important

des réflexions de la commission Morel sur la dynamisation des carrières des agents de direction, il a fait l'objet de propositions qui ont connu une moindre publicité que celles concernant la modification de la liste d'aptitude, la gestion inter-branches des carrières, ou la mobilité. Le recrutement des cadres dirigeants du service public de la Sécurité sociale est pourtant au cœur de travaux menés actuellement par l'EN3S et la DSS. Ils aboutiront à une refonte des épreuves, dont une première traduction est attendue pour 2014.

La concurrence entre les différents concours est rude, et celui de l'EN3S reste attractif grâce à un important travail de conviction, mené auprès des étudiants par l'école et de nombreux anciens élèves. La diminution du nombre des candidats alerte néanmoins sur la nécessité de mieux communiquer sur le contenu et l'intérêt de nos métiers.

Pierre RAMON-BALDIE, Directeur adjoint de l'école, nous éclaire sur la stratégie mise en œuvre pour promouvoir l'univers de la protection sociale au sens large, et le concours de l'EN3S, partant du principe que les deux ne peuvent être dissociés. Les

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Elan Social - le cahier N° 81

dans la plupart des autres services publics. À la différence d’un magistrat ou d’un Directeur d’établissement de santé, nous sommes amenés, au fil d’une carrière, à nous investir dans les domaines de la Production, de la relation client, du partenariat institutionnel, des ressources humaines, de la logistique, etc. Nous devons donc communiquer sur un service public unique de la Protection sociale, avec des compétences transférables entre organismes, branches, régimes ou institutions.

Ensuite, il nous faut choisir entre un concours spécifique à l’école, avec des épreuves et un programme qui lui sont propres, ou un concours généraliste conçu sur le modèle des autres grands concours administratifs. La COG 2013-2016 de l’EN3S pose le principe que son attractivité relève de l’innovation apportée dans sa politique de formation, la clarification du contenu des métiers que je viens d’aborder, et la limitation voire la suppression des épreuves spécifiques au concours, qui ont un effet désincitatif pour nombre de candidats potentiels. Les récents travaux menés dans le cadre des groupes de travail de la mission « Morel » font de l’indifférenciation des programmes, voire des épreuves une priorité. Notre plus-value doit résider dans l’originalité de notre formation, et notre attractivité dans la diversité de nos métiers. La réforme du concours, esquissée par le rapport Morel et décidée par Dominique Libault et qui entre en vigueur à compter de 2014, met en œuvre les préconisations : l’épreuve de Législation de sécurité sociale et d’aide sociale évolue vers une approche plus large des Questions sanitaires et de protection sociale, afin d’aborder ces thèmes sous des angles plus diversifiés que celui du droit (économie, gouvernance institutionnelle, performance du service public, etc.). Il s’agit d’une première étape, l’idée étant à terme de promouvoir un programme commun à l’ENA, l’EHESP et l’EN3S. Un groupe de travail, présidé par Thomas Fatome, Directeur de la DSS, et dans lequel siège Dominique Libault, rendra ses propositions prochainement.

Cette diversité des métiers est en effet une de nos spécificités. Comment en faire un réel élément d’attractivité pour le concours ?

Il nous faut améliorer notre stratégie de communication sur les métiers de la Protection sociale. Cela passe par l’écriture et la conception de supports valorisant leur diversité, facilement disponibles et qui donnent envie de s’intéresser à la formation que nous proposons. Nous avons réalisé et mis en ligne sur le site de l’école des fiches métiers qui présentent toute la palette de nos activités, sur la gestion interne, la gestion des politiques sociales ou les relations avec les assurés (http://www.en3s.fr/metiers-et-carrieres/). Plusieurs films sont en préparation et font intervenir des cadres de direction dans leurs fonctions. Ils présentent de la façon la plus concrète leurs missions, et l’environnement dans lequel ils les exercent. L’objectif est de montrer que chacun peut trouver dans nos métiers un ou plusieurs domaines d’appétence et d’épanouissement personnel. Sur les métiers de direction à proprement parler, l’approche est identique, mais insiste plus largement sur des questions de posture personnelle, de stratégie et de valeurs.

Comptez-vous impliquer les différents centres de préparation au concours dans votre politique de communication ?

Dès janvier 2014, nous réunissons l’ensemble des centres de préparation, pour une réunion d’échange et d’information à Saint-Étienne. Nous leur présenterons les nouveautés du site et les axes importants de notre stratégie de promotion des métiers

Pierre Ramon-Baldié, Directeur Général Adjoint EN3S

Attractivité de l’école, politique de recrutement des élèves, stratégie de communication institutionnelle, développement de la transversalité

avec les acteurs de la protection sociale, compétences attendues et contenu pédagogique de la formation, suivi des carrières… les sujets n’ont pas manqué avec Pierre Ramon-Baldié, Directeur adjoint de l’EN3S, qui nous a reçus le 20 décembre.

Quel regard l’EN3S porte-t-elle sur l’attractivité de son concours ?

Nous constations, depuis 2007, une érosion du nombre des candidats présents à l’issue des 3 épreuves écrites d’admissibilité. Le concours reste néanmoins parmi les plus sélectifs, avec un taux de sélectivité supérieur à 1 pour 10 pour le concours externe (303 candidats pour 29 places), et à 1 pour 4 pour le concours externe (120 candidats pour 29 places) en 2012.

Il faut garder à l’esprit que l’attractivité du concours externe, comme celle des cadres dirigeants que forme l’école, est totalement liée à celle de la Sécurité sociale et de la Protection sociale en général. Or, son image est souvent malmenée dans les médias : les innovations qu’elle a développées sont méconnues, les sujets qui la concernent la présentent sous l’angle de ses dysfonctionnements techniques, du poids des cotisations, du déficit, ou des fraudes, à tel point qu’un récent sondage auprès des Français indiquait que 70 % des personnes interrogées jugent les dépenses de protection sociale inefficaces. Dans ce contexte, nous nous heurtons à une véritable difficulté à communiquer, notamment vis-à-vis d’un jeune public, difficulté que ne connaissent pas avec la même force la plupart des autres écoles de cadres de l’administration publique.

L’attractivité du concours interne est quant à elle, au cœur de la question de la promotion sociale que notre service public veut promouvoir. Elle est liée à trois paramètres majeurs :

- La perception que les collaborateurs ont des possibilités de parcours professionnels dans un contexte de resserrement du nombre d’agents de direction du fait des reconfigurations de réseaux.

- La perception qu’ils se font de l’intérêt des métiers de direction, des capacités d’action, d’innovation etc.

- La perception de leurs potentiels à assumer les responsabilités de direction.

Comme les autres acteurs de notre service public, l’École doit réellement encourager les vocations, faciliter les préparations, aider à détecter les potentiels etc. Mais il est clair que c’est un travail partagé !

Comment l’EN3S peut-elle contribuer au redressement de l’image de la Sécurité sociale ?

Deux conditions sont nécessaires. Nous devons d’abord clarifier le contenu du métier de dirigeant de la Protection sociale. J’entends Protection sociale dans une acception large, englobant bien sûr la Sécurité sociale, mais également les mutuelles, les organismes de retraite complémentaire ou les institutions de prévoyance. Nos missions sont beaucoup plus diversifiées que

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1er trimestre 2014

de la Protection sociale et du concours qui y donne accès. Les anciens élèves qui interviennent dans ces structures sont nos relais, nos ambassadeurs, et je les invite à poursuivre leur engagement. Nous avons également commencé de nous appuyer sur les réseaux sociaux, Facebook pour l’actualité de l’école, le suivi des étudiants, la communication autour d’événements importants, et Twitter pour raccrocher au quotidien l’actualité de la Protection sociale avec notre actualité propre, par exemple la récente visite à la promotion 2013 de Michèle Delaunay, Ministre chargée des personnes âgées et de l’autonomie.

Au-delà de ces actions à destination des étudiants, nous jetons les fondements d’une communication plus large sur la Protection sociale. Partant du constat qu’elle est méconnue et incomprise, nous devons la promouvoir et la faire comprendre auprès du grand public, et notamment des plus jeunes. Plusieurs parcours dans l’enseignement secondaire préparent les élèves aux métiers du secteur sanitaire et social (filières ST2S notamment), mais n’abordent que superficiellement les problématiques liées à la Protection sociale. Nous avons noué avec le lycée Honoré d’Urfé de Saint-Étienne, un partenariat visant à construire un contenu pédagogique présentant la Sécurité sociale, sa gouvernance et son action. Il s’agit d’un travail de longue haleine, car il nécessite un accompagnement des professeurs. Un partenariat plus large pourrait ensuite être proposé au ministère de l’Éducation nationale.

Nous souhaitons également étudier l’appréhension de la Protection au sein de l’éducation civique à l’école primaire, avec l’idée de transmettre précocement des notions fondamentales sur la solidarité, sur la place et le rôle de la Protection sociale dans la vie collective et l’existence de chacun. Une variante inspirée du jeu de l’oie a été réalisée, avec le concours des élèves de promotions récentes. Un autre jeu pédagogique, plus proche dans sa philosophie du Trivial Poursuite a également été élaboré pour les lycéens. Il prend la forme d’un quiz de la protection sociale. Les contenus de ces jeux sont validés par un comité de validation des informations grand public, présidé par Jean-François Chadelat, associant des personnes qualifiées d’horizons divers, des représentants de caisses nationales et de l’UCANSS. Le quiz sera prochainement mis en ligne. Nous constatons un intérêt réel de l’Éducation nationale pour la démarche, que nous allons expérimenter à l’échelle de la région Rhône-Alpes dès 2014. Il existe une place, à différents niveaux du système éducatif, pour une communication structurée sur la Protection sociale, ses valeurs, son organisation et ses actions.

Parlons à présent de la formation à l’EN3S. Quelle conception des compétences à maîtriser de la part des cadres de direction sert de fondement à la définition des contenus pédagogiques ?

La formation doit insister sur le savoir-faire relationnel : les anciens élèves doivent développer des qualités pédagogiques et de communication, à leurs collaborateurs, à la presse, aux partenaires. L’humilité et le charisme, associés ensemble, confèrent la capacité d’entraînement auprès des équipes. La stabilité émotionnelle est également indispensable pour assumer et conduire l’adaptation permanente de nos organismes. Les changements de secteurs d’activité, l’analyse de son environnement, la capacité à saisir des opportunités, nécessitent des qualités d’adaptabilité. Enfin, l’implication personnelle, associant capacité de travail et capacité à assumer

et se sentir responsable, et une éthique comportementale fondée sur l’exemplarité, me paraissent fondamentales.

Nous devons également prendre date pour l’avenir. L’EN3S et l’UCANSS ont commandé une étude, sur les compétences attendues d’un cadre dirigeant en 2025, afin d’évaluer les impacts sur le métier de dirigeant de l’évolution du cœur de métier des organismes. Cette évolution du cœur de métier interroge des dimensions multiples de l’action de notre service public : la gouvernance et l’organisation des réseaux, le déploiement des actions sur les territoires, l’utilisation des innovations informatiques. Cette étude sera largement diffusée et commentée au cours du premier trimestre 2014. Elle met en évidence un véritable défi pédagogique pour l’EN3S, à plusieurs niveaux :

- Les enseignements concernant les politiques publiques sont encore trop cloisonnés : on traite les politiques séparément, or les élèves doivent aborder et analyser les nécessaires cohérences entre les politiques sanitaires et sociales.

- L’organisation et l’activité des caisses doivent être plus traitées sous l’angle de la transversalité, afin de former les élèves à des approches et à des méthodologies déclinables par branche ou par régime, et dans tous les cas transférables.

- L’entretien des relations entre chaque organisme et son territoire et à ses partenaires doit être intégré comme un élément fondamental de la mission d’un cadre de direction.

- Les COG ont instauré une dynamique d’accroissement de la performance à l’intérieur de chaque branche ou régime. Il est aujourd’hui possible de dépasser cette logique de réseau sur certains domaines particuliers, l’immobilier ou l’accueil notamment. C’était le sens de la convention-cadre que la LFSS 2012 contenait. L’École essaie de promouvoir les coopérations entre les branches et régimes en les faisant mieux connaître dans le cursus formatif mais également à l’occasion des rencontres régionales qui sont programmées régulièrement avec la MNC et l’UCANSS (Rhône-Alpes, Alsace et Lorraine en 2013, Nord-Pas de Calais à venir en juin 2014). Toutes ces initiatives participent de la création d’une communauté d’intérêts, de la transversalité, du benchmarking.

L’EN3S forme les futurs cadres dirigeants de la Sécurité sociale, qui vont faire leur entrée dans un système que l’on peut comparer à un mini-marché du travail, mais fermé et contingenté. Où trouver des possibilités de diversification des profils et des trajectoires professionnelles ?

La diversification des profils est un objectif. Nous envisageons de mettre en place un 3° concours, ouvert aux candidats extérieurs à l’institution, qui ont déjà une expérience professionnelle d’au moins 8 ans. Le nombre de places pourrait se situer entre 3 et 5, tous les 2 ans, et les lauréats seraient intégrés à la formation initiale de 18 mois. Au-delà de l’ouverture du concours, nous avons récemment noué un partenariat avec la MGEN, que nous comptons étendre à d’autres mutuelles d’importance. Nous proposons aux acteurs intervenant dans le domaine de la Protection sociale, des offres de formation spécifiques, partant du constat que les compétences à mobiliser sont les mêmes sur l’ensemble du secteur. En tissant de tels liens, nous élargissons d’autant nos façons de faire et de concevoir.

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Elan Social - le cahier N° 81

Les récents travaux de la Commission présidée par Annick Morel, ont abouti à des préconisations concernant l’EN3S, notamment dans le suivi des anciens élèves et contribution à l’identification des plus hauts potentiels parmi eux. Comment s’exerce la mission de l’école, une fois le diplôme obtenu et la carrière commencée ?

Certains élèves, 10 ans après la sortie, sont toujours cadres. Cette situation concerne autour de 5 % de chaque promotion. C’est bien évidemment un sujet spécifique à l’École car pour les écoles de fonctionnaires, le statut des fonctionnaires masque la réalité des parcours professionnels : par exemple dans le milieu hospitalier, un élève sortant de l’EHESP a le titre de Directeur d’hôpital et le conserve toute sa vie professionnelle. Il faut naturellement fiabiliser le recensement des anciens élèves non-agents de direction après 10 ans d’activité professionnelle, puis comprendre chaque situation, en dehors de toute logique d’évaluation. Deux profils se dégagent : une absence de mobilité géographique résultant de choix personnels, et des difficultés de mobilisation de certaines compétences professionnelles, notamment managériales. Ces derniers cas nous imposent de revoir le rapport des anciens élèves à l’expertise, car elle peut aussi permettre des développements de carrière, sur des postes d’agent de direction très spécifiques. Le management de la production ne peut plus être la seule voie vers les fonctions dirigeantes.

Par ailleurs, nous allons instaurer des balises de suivi des anciens élèves, 1 an, 3 ans et 5 ans après l’obtention du diplôme. Je rappelle qu’ils seront, à compter de 2014, automatiquement inscrits sur la liste d’aptitude dès la sortie de l’école pendant 6 ans. L’objectif est de jouer à plein notre rôle d’accompagnement des élèves sur cette période, et au moment clé d’accès au premier poste d’agent de direction.

S’agissant enfin des potentiels à occuper des missions nationales, gérer des projets nationaux, ou accéder dans des délais courts à une fonction de direction de pleine responsabilité, le cycle de formation Stratégies nationales et dynamiques de réseaux a été conçu en 2006 pour accompagner les cadres de direction à même de contribuer à porter des politiques nationales. Il faut ainsi favoriser la constitution d’un vivier de recrutement pour les caisses nationales et les directions des organismes locaux et fluidifier les parcours de carrière des unes aux autres. En développant les formations qui permettent de mieux comprendre le processus de décision publique et les logiques d’intervention du niveau national, nous pouvons également attendre un effet indirect, celui de renforcer notre présence au sein de la Direction de la Sécurité Sociale, ou des cabinets ministériels. Comme d’autres viviers, les diplômés de l’EN3S ont des compétences à y valoriser, et l’image d’un grand service public à y porter.

Charlaine Le Dantec, élève externe IEP Bordeaux Master 2 Administration et action publique

Après quelques jours à l’EN3S, quelles sont vos premières impressions ?

Après trois semaines passées à l’EN3S, la scolarité me semble riche et diversifiée. L’alternance de conférences en amphithéâtre, de cours en sous-groupe et de stages, donne une vraie dynamique à la formation. La scolarité est rythmée, au-delà des cours, par des projets collectifs menés tout au long de l’année, ce qui permet aux élèves de se projeter d’ores et déjà dans la posture de cadre et dirigeant de la Protection sociale.

De même, l’accompagnement individualisé de chaque élève permet à tout un chacun de construire au fil des 18 mois de formation son projet professionnel et ce, dans les meilleures conditions.

Comment avez-vous connu l’École ? À quel moment et pourquoi, dans votre parcours universitaire, vous êtes-vous orienté vers le concours d’entrée de l’EN3S ?

J’ai découvert l’existence de l’EN3S au cours de ma 4e année de formation à l’IEP de Bordeaux. Dans le cadre de mon master « Administration et Gestion Publique », des séminaires de présentation des différents concours administratifs étaient réalisés. Parmi ceux-ci figurait la présentation du concours de l’EN3S.

J’ai tout de suite été séduite par la diversité des métiers proposés à la sortie de l’École. Déjà attirée par les politiques sociales durant mon cursus universitaire, intégrer le service public de la Sécurité sociale s’est naturellement imposé à moi. C’est ensuite par les échanges avec divers agents de direction que mon choix

s’est confirmé. Aussi, j’ai dédié ma 5e et dernière année au sein de l’IEP à la préparation du concours de l’EN3S et suivi un stage intensif, animé par des professionnels de l’Institution, durant le mois de mai.

Pourquoi avoir opté pour le concours de l’EN3S ? Quels sont ses atouts par rapport aux autres concours ?

L’aspect managérial ainsi que la conduite de projets attachés à la fonction de cadres et agents de direction, tout en déclinant au quotidien les valeurs de solidarité et de justice sociale, sont pour moi les principales raisons qui ont motivé mon choix de m’orienter vers l’EN3S.

Selon moi, la diversité des métiers permettant de s’adapter aux projets et profils de tout un chacun est le principal atout de l’EN3S par rapport aux autres concours. À ceci s’ajoute une réelle mobilité, à la fois géographique et fonctionnelle permettant, à la sortie de l’école et tout au long de notre carrière, de trouver des postes dans lesquels s’épanouir professionnellement.

Le nombre des candidats des concours externes est en diminution depuis plusieurs années, même si les épreuves restent sélectives en raison de la diminution parallèle du nombre de places. Pensez-vous que le service public de la protection sociale est assez mis en valeur dans les universités, les IEP ? Est-il difficile de promouvoir ces métiers auprès des étudiants ?

Il me semble que la promotion du service public de la Protection sociale est largement mise en valeur au sein des IEP. Concernant l’IEP de Bordeaux, les élèves sont sensibilisés dès leur 3e année au concours de l’EN3S et ceci est entretenu jusqu’en 5e année (pour les élèves ayant choisi le master Administration et Gestion Publique). Cette promotion est réalisée via des séminaires, cours et interventions de cadres et agents de direction d’organismes de Sécurité sociale. Par exemple, depuis plusieurs années l’IEP de Bordeaux organise des « rencontres carrières » permettant aux élèves de l’école de rencontrer des professionnels de divers

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secteurs. Lors de cet événement, Monsieur Ramon-Baldié ainsi qu'une ancienne élève de l’EN3S sont venus présenter leur école ainsi que les débouchés que celle-ci pouvait offrir.

Promouvoir les métiers de la protection sociale auprès des étudiants n’est pas, à mon sens, un exercice très difficile. La diversité des parcours proposés et la mobilité existant au sein de la Protection sociale (différentes branches, différents emplois allant de métiers de production à des fonctions plus transversales) font que presque tous les profils peuvent trouver un intérêt professionnel dans les débouchés offerts par cette formation.

Quels éléments vous semblent déterminants dans l’efficacité des préparations au concours qui sont proposées par de nombreux établissements universitaires ?

Il est impératif, dans la préparation au concours, de bénéficier de retours d’expériences d’anciens élèves, élèves en formation et actuels cadres et agents de direction de l’Institution. Les divers échanges avec les professionnels de la Protection sociale que

l’IEP de Bordeaux a pu nous offrir ont été déterminants en ce qui me concerne. Au-delà de l’aspect théorique apporté par leur connaissance du terrain, cela permet de prendre conscience de la réalité du métier au travers d’anecdotes ou d’illustrations de situations quotidiennes.

Dans un second temps, l’opportunité offerte par les intervenants de l’IEP de réaliser de courts stages d’observation au sein de leur organisme a été capitale. L’immersion, même de très courte durée, au sein d’une caisse permet d’entretenir une certaine motivation dans les révisions du concours et de confirmer ce choix d’orientation professionnelle.

Quelles sont vos attentes envers l’École ?

Je vois dans L’EN3S une excellente passerelle entre le monde universitaire et le monde professionnel. De ce fait, j’attends de cette école qu’elle m’aide à acquérir les compétences professionnelles fondamentales au métier de cadre et dirigeant de la protection sociale.

Nathalie Moore, élève interne Responsable GRH CPAM du Rhône DESS Gestion stratégique des ressources humaines

École Supérieure de Commerce

Avez-vous présenté votre candidature au concours interne de l'EN3S après y avoir été incité par votre hiérarchie et vos collègues, ou est-ce le fruit d'une démarche personnelle ?

Ma candidature au concours est une étape de mon projet professionnel pour accéder à des fonctions de direction au sein d’un organisme de Sécurité sociale. Ce projet a été mûri en association avec le directeur de mon organisme et ma hiérarchie qui m’ont accompagné dans ma réflexion et ma décision. Les encouragements reçus et la confiance donnée ont certainement joué un rôle moteur dans cette démarche et dans la réussite.

L'attrait pour la scolarité à l'EN3S, et les carrières de direction auxquelles elle permet de prétendre, vous paraît-il en augmentation auprès des collaborateurs de la Sécurité sociale ?

Il semble que l’attrait pour la scolarité EN3S soit plutôt en augmentation dans l’organisme d’où je viens. Ces deux dernières années, plusieurs personnes préparent le concours alors que précédemment, il n’y avait pas toujours un candidat annuellement. Ce constat s’explique en partie par le fait que l’organisme auquel j’appartiens propose depuis 2 ans non seulement d’accéder à la préparation institutionnelle UCANSS mais aussi de préparer localement le concours au sein de l’université. La préparation UCANSS constitue une voie privilégiée pour la préparation du concours interne du fait de son d’adaptation au public spécifique des candidats internes. Sa centralisation sur Paris peut cependant se révéler parfois désincitative dans une logique de conciliation vie privée / vie professionnelle. De leur côté, les préparations

universitaires s’adressent prioritairement à leur public premier, les étudiants qui présentent le concours externe et ne sont pas complètement adaptées au public interne.

Quels sont les freins à l'inscription à la préparation UCANSS et au concours interne ?

Les freins au concours interne… D’une part, la préparation requiert un investissement important du candidat en parallèle de son exercice professionnel dont les modalités d’aménagement de poste pendant la préparation sont diverses et à l’appréciation de chaque direction d’organisme. D’autre part, la perspective d’une scolarité longue, souvent loin de son domicile et à l’issue de laquelle il est conseillé une mobilité fonctionnelle et/ou géographique peut freiner des collaborateurs. Enfin, certains collaborateurs peuvent s’interroger sur les perspectives réelles de postes d’agent de direction dans le contexte actuel de reconfiguration des réseaux.

Comment pourrait être organisée une politique de détection des collaborateurs à haut potentiel pouvant suivre une scolarité à l'EN3S ?

La détection des hauts potentiels nécessite une volonté de la direction d’un organisme et une implication de toute l’équipe de direction. Elle devrait s’asseoir sur les réalisations des personnes (résultats significatifs, trajectoire des personnes…) et s’appuyer sur les entretiens annuels d’évaluation et les éventuels entretiens de carrière mis en œuvre dans l’organisme. Il est important d’identifier les personnes pouvant présenter le concours mais tout autant de les aider à faire mûrir leur projet. La question du projet me semble essentielle car elle est le moteur de l’investissement qui sera à consentir : identifier pourquoi devenir agent de direction, quelles fonctions intéressent, quelles contraintes acceptables… Et dans les cas où le projet professionnel rencontre les possibles qu’offre l’EN3S, encourager les personnes dans la préparation, faciliter pendant la durée de la préparation la conciliation vie professionnelle / préparation au concours / vie privée. Finalement, une réussite au concours pourrait idéalement être une co-construction entre une direction d’organisme et un collaborateur acteur de son projet.

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Quels sont les freins à l'inscription à la préparation UCANSS et au concours interne ?

Le premier frein peut être le manque de publicité autour de la préparation. Il faut avoir été prévenu à temps et avoir à disposition le dossier.

Le frein principal est organisationnel. Du côté professionnel, la préparation induit une absence d’une semaine par mois. Elle nécessite donc le soutien de sa hiérarchie pour envisager une diminution de ses tâches et de ses collègues pour les dossiers qui doivent être suivis très régulièrement. Du côté personnel, cette absence n’est pas toujours facile à gérer mais elle prépare aux 18 mois à Saint-Étienne.

Enfin, la préparation demande un important travail personnel, difficile à combiner avec son poste et sa vie privée.

Comment pourrait être organisée une politique de détection des collaborateurs à haut potentiel pouvant suivre une scolarité à l'EN3S ?

J’avoue ne pas être très à l’aise avec la notion de haut potentiel. Elle risque de définir des profils types liés à des critères de diplôme ou de poste alors qu’il ne faut pas fermer de porte. Je pense que ce sont plutôt les collaborateurs à haute motivation qui doivent être détectés car c’est cela dont on a le plus besoin pour réussir un concours.

Il me semble que l’EAEA peut être le moment approprié pour le collaborateur de faire part de son envie de préparer le concours même si c’est à long terme ou pour le cadre d’encourager un agent à s’y projeter.

Pauline Sterdyniak, élève interne Conseillère technique en action sociale CAF des Hauts-de-Seine Master 2 économie et gestion du médico-social

Avez-vous présenté votre candidature au concours interne de l'EN3S après y avoir été incité par votre hiérarchie et vos collègues, ou est-ce le fruit d'une démarche personnelle ?

Étudiante, j’ai eu connaissance de l’existence de l’école lors d’un salon consacré à l’emploi public. Bien qu’elle m’intéresse, je ne me voyais pas passer un an à préparer un concours. J’ai préféré continuer par un Master en économie et gestion du secteur social et médico-social mais c’est resté dans un coin de ma tête.

À la fin de mes études, j’ai candidaté à des postes en lien avec la protection sociale. Dès l’entretien d’embauche pour l’organisme de Sécurité Sociale que j’ai rejoint, le directeur a évoqué le concours interne, me disant que j’avais le profil pour le passer. J’ai pu bénéficier de son expérience, il était lui-même lauréat interne, et également de celle d’un collègue ayant préparé et réussi le concours trois ans avant moi.

L'attrait pour la scolarité à l'EN3S, et les carrières de direction auxquelles elle permet de prétendre, vous paraît-il en augmentation auprès des collaborateurs de la Sécurité sociale ?

L’attrait de l’EN3S est lié au fait qu’il devient de plus en plus difficile d’atteindre des postes d’encadrement sans avoir fait l’école, du moins en région parisienne.

Vincent Nicolle, élève externe Master 2 Administration et Gestion publique - Caen

Après quelques jours à l'EN3S, quelles sont vos premières impressions ?

Je suis naturellement très heureux. Après une année consacrée à la préparation du concours, être admis et pouvoir commencer un cycle de formation et une nouvelle vie à Saint-Étienne a quelque chose d’excitant. Le cadre d’accueil, que ce soit la ville ou l’école est très agréable. La scolarité se dévoile doucement avec ses enjeux mais s’annonce d’ores et déjà bien remplie : stages, conduite de différents projets, enseignements magistraux sous forme de conférences plénières ou en groupes restreints. L’EN3S c’est également une expérience de groupe. Le sentiment d’appartenir à la même promotion est déjà fort notamment grâce aux activités sportives ou à la vie au Montebello.

Comment avez-vous connu l'École ? À quel moment et pourquoi, dans votre parcours universitaire, vous êtes-vous orienté vers le concours d'entrée de l'EN3S ?

Pour des raisons familiales, je connaissais de réputation l’EN3S. Pour autant, je ne m’étais jamais réellement renseigné sur cette école, ni a fortiori, posé la question de présenter le concours. En

effet, elle me semblait occuper une place un peu à part parmi les écoles du service public qui forment des fonctionnaires selon un schéma calqué sur celui de l’École nationale d’administration (concours, formation par mimétisme, classement). Ce n’est que lors d’une année de prépa concours à l’Institut d’études politiques de Bordeaux que j’ai commencé à m’intéresser très fortement à la formation et aux carrières qu’offrait l’EN3S. Mon intérêt pour les questions sociales s’est progressivement renforcé au contact des intervenants en charge de cet enseignement qui étaient d’anciens élèves de l’école. J’ai particulièrement apprécié leur approche large des enjeux et des grandes problématiques relatives à la protection sociale. Par la suite, une préparation au concours organisée conjointement par l’IEP et l’EN3S m’a permis de rencontrer d’autres dirigeants de la Sécurité sociale et au-delà, des connaissances destinées à réussir les épreuves de sélection d’échanger sur leurs métiers.

Pourquoi avoir opté pour le concours de l'EN3S ? Quels sont ses atouts par rapport aux autres concours ?

J’ai décidé de présenter le concours de l’EN3S parce que je souhaitais pouvoir rejoindre la Sécurité sociale. Tout d’abord, parce que, tant au travers de ses missions que par les valeurs qu’elle véhicule, elle incarne au mieux mon idée de l’intérêt général et du service public. Ensuite parce qu’elle est un système en mouvement, obligé d’évoluer en raison de contraintes financières et démographiques fortes qui pèsent sur elle. Cela suppose pour les futurs cadres-

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dirigeants de l’Institution de relever les défis et de s’impliquer dans la conduite du changement. Contrairement à ce que je pensais, l’EN3S ne se différencie qu’à la marge des autres grands concours administratifs notamment en raison d’un nombre d’épreuves moindre, d’un calendrier resserré ou encore de l’existence d’une épreuve de protection sociale. Toutefois, les programmes sont sensiblement les mêmes qu’à l’ENA ou à l’EHESP. La force de ce concours réside, d’une part, dans l’existence un réseau d’anciens bien structuré et disponible pour aider les candidats. D’autre part, la capacité de l’EN3S à offrir des carrières riches et diversifiées avec des perspectives de prises de responsabilités progressives et de mobilité géographique constitue un atout majeur.

Le nombre des candidats des concours externes est en diminution depuis plusieurs années, même si les épreuves restent sélectives en raison de la diminution parallèle du nombre de places. Pensez-vous que le service public de la protection sociale est assez mis en valeur dans les universités, les IEP ? Est-il difficile de promouvoir ses métiers auprès des étudiants ?

Le service public de la protection sociale souffre indéniablement d’un déficit d’image qui nuit à son attractivité. Ainsi, la Sécurité sociale, qui fait constamment l’objet de profondes mutations, demeure perçue comme excessivement complexe, parfois archaïque et en proie à l’inertie bureaucratique. Cette vision injuste témoigne de la difficulté de communiquer sur les valeurs ou de mettre en avant ses missions et les métiers de la Sécurité sociale. En effet, dans l’enseignement supérieur, hormis quelques filières et enseignements dédiés limités, l’histoire sociale, l’économie de la protection sociale, les questions relatives à la famille ou au vieillissement démographique font l’objet d’une diffusion confidentielle. Il s’agit même d’un paradoxe, au regard de la part de la richesse nationale consacrée à tous ces enjeux. Je pense que c’est en travaillant à la fois sur l’éducation dès le plus jeune âge et en renforçant l’image de qualité de la Sécurité sociale qu’il sera possible de faire naître des vocations. C’est d’ailleurs l’un des axes de la COG signée par l’école l’an passé.

J’ajoute que des citoyens plus éclairés sont mieux - à même de faire bon usage de leur système de protection sociale.

Quels éléments vous semblent déterminants dans l'efficacité des préparations au concours qui sont proposées par de nombreux établissements universitaires ?

De manière un peu schématique, on peut avancer que la réussite d’un concours aussi sélectif que celui de l’EN3S repose sur 40 % de savoirs, 40 % de méthode et 20 % de motivation. Le premier facteur est essentiel en particulier pour la dissertation de protection sociale qui demande de connaître de manière assez précise les enjeux relatifs aux grandes politiques sociales mises en œuvre dans notre pays ou en Europe. De la même manière, les oraux techniques d’admission viennent tester de manière pointue les connaissances économiques ou juridiques des candidats. La méthode est également importante s’agissant entre autres de la note de synthèse où on peut facilement récolter une note éliminatoire. Enfin, la motivation peut clairement faire la différence à l’écrit mais surtout lors du grand oral. Dès lors, les meilleures prépas sont celles qui permettent de couvrir chacune de ces composantes, si possible en associant des enseignants et des institutionnels afin de croiser les regards et les apports.

Quelles sont vos attentes envers l'École ?

Lors de l’installation de notre promotion, à Paris début janvier, la Ministre des Affaires sociales et de la Santé, le DSS ainsi que les différents directeurs des Caisses nationales présents nous ont fait part des fortes attentes qu’ils avaient à notre égard. En retour, je souhaite que la formation me prépare au mieux à la prise de poste en m’offrant une formation en parfaite adéquation avec les besoins actuels mais également à venir des organismes de Sécurité sociale. C’est pourquoi j’attends de l’école qu’elle m’aide à acquérir de nouvelles compétences managériales et professionnelles comme la comptabilité, la gestion des systèmes d’information ou encore la conduite de projets mais pas uniquement. En effet, j’espère que la scolarité sera également riche en rencontres, qu’elle sera portée sur la découverte mais aussi le développement personnel.

Didier Del Prete, Directeur CPAG Sciences Po' Aix en Provence

Vous dirigez un centre de préparation qui obtient d’excellents résultats depuis plusieurs années au concours de l’EN3S. Qu’est-ce

qui vous semble conduire vos étudiants à s’intéresser à ce concours ?

Le programme de l’IEP intègre, dès la seconde année de scolarité, un cours magistral consacré aux Questions sociales assuré par un Directeur d’un organisme de sécurité sociale. À ce stade, il s’agit plus de nous assurer de l’acquisition de connaissances et de repères que nous considérons comme un élément majeur de culture générale, que d’orienter vers le concours. C’est néanmoins une première sensibilisation aux métiers de la sphère sociale au sens large. En fin de scolarité, entre 20 et 30 étudiants s’engagent chaque année dans une préparation sérieuse des épreuves, un nombre qui témoigne de l’attrait du concours de l’EN3S auprès des étudiants, tout en préservant de bonnes conditions de préparation.

La performance des candidats du CPAG de l’IEP d’Aix-en-Provence s’explique par la constitution d’une équipe d’enseignants articulée autour d’un noyau dur d’anciens élèves de l’école. Ils sont les interlocuteurs directs des étudiants, auprès desquels ils valorisent la diversité des métiers offerte par les carrières au sein de la Sécurité sociale. L’équipe, constituée d’agents de direction de plusieurs branches, rassemble des intervenants de longue date, qui apportent leur expérience dans la préparation des étudiants, et d’autres sortis récemment de la formation, afin de conserver une proximité avec le concours.

Rencontrez-vous des difficultés à convaincre certains étudiants à haut potentiel de s’orienter vers le concours de l’EN3S ?

La sécurité sociale est un univers méconnu des étudiants, en comparaison avec le secteur hospitalier par exemple. Elle occupe une place souvent marginale dans le cursus traditionnel de formation universitaire. Il faut revoir cette place, et, dans les centres de préparation au concours, privilégier les échanges entre étudiants et anciens élèves. Les bons résultats obtenus depuis plusieurs années sont également un facteur d’encouragement

Abonnement 2014 à Élan Social

Désignation de l’abonnement Montant unitaire

Abonnement Individuel 1 ex. 3 fois par an 60 €

Abonnement Solidaire 5 ex. 3 fois par an 99 €

Abonnement Grands organismes 10 ex. 3 fois par an 160 €

Pour adhérer à Élan Social ou pour demande d’information, vous pouvez contacter Marc Azam par mail ([email protected]).

Élan Social La revuede l'AEN3S

A B O N N E M E N T

préside, a exprimé sa disponibilité pour participer aux travaux et faire la promotion du concours. Plus largement, l’EN3S établit des partenariats avec de nombreux centres, où des conférences annuelles ont été organisées, réunissant un représentant de l’école, les intervenants, et les étudiants. La promotion du concours passe par des moments d’échanges directs, pour présenter l’école et l’intérêt des métiers de la protection sociale.

Ce partenariat avec l’EN3S a-t-il des effets concrets sur le nombre ou le profil des candidats au concours ?

Un axe de travail majeur avec l’école porte sur le soutien aux étudiants boursiers, à travers la Prépa « Égalité des chances ». L’EN3S sollicite les IPAG et CPAG associés à la démarche pour sélectionner des candidats, retient ceux qu’elle juge les plus aptes à réussir le concours, et leur alloue une bourse d’étude. Un accompagnement renforcé et un coach individuel qui les aide notamment dans la préparation des épreuves orales, leur sont également proposés. Ce dispositif est pleinement opérationnel depuis 2013. La major du dernier concours externe qui est issue de la préparation d’Aix en Provence a bénéficié du dispositif « Égalité des chances ».

pour les étudiants du CPAG d’Aix-en-Provence, même si le faible nombre de places ouvertes rend les épreuves très sélectives.

L’EN3S affiche une volonté de rapprocher le programme des épreuves de son concours de celui de l’ENA ou de l’EHESP. Un groupe de travail, piloté par Thomas Fatome, s’interroge notamment sur le maintien de l’épreuve de Protection sociale (cf. interview de P. RAMON-BALDIE). Rejoignez-vous le constat d’un effet désincitatif de l’existence d’une épreuve spécifique au concours de l’EN3S ?

Cette épreuve fait l’objet d’une préparation spécifique au CPAG d’Aix-en-Provence, à l’instar de la note de synthèse. Elle constitue une exigence supplémentaire pour les étudiants, qui paraît néanmoins justifiée par la finalité la formation dispensée par l’école. L’enjeu me semble se situer plus en amont, dans l’intégration des questions sociales dans les programmes universitaires classiques. L’épreuve pourrait toutefois être repensée pour englober la protection sociale dans une réflexion plus globale, moins technique. Mais je crois que l’EN3S doit conserver cette épreuve. Sa suppression imposerait de réintégrer des modules de questions sociales dans son programme de formation initiale.

Les centres de préparation sont-ils associés à la réflexion sur l’évolution du concours ?

Oui, plusieurs Directeurs d’IPAG et CPAG ont participé à une réunion à l’initiative de l’école, qui souhaitait recueillir leur sentiment. La conférence des Directeurs d’IPAG-CPAG, que je