La différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer : l’indice...

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L’Enfant et la mort dans l’Antiquité I Nouvelles recherches dans les nécropoles grecques Le signalement des tombes d’enfants

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L’Enfant et la mort dans l’Antiquité INouvelles recherches dans les nécropoles grecques

Le signalement des tombes d’enfants

L’Enfant et la mort dans l’Antiquité INouvelles recherches dans les nécropoles grecques

Le signalement des tombes d’enfants

Travaux de la Maison René-Ginouvès 12

Collection dirigée par Pierre Rouillard

Sous la direction d’Anne-Marie GUIMIER-SORBETS et Yvette MORIZOT

Actes de la table ronde internationale organisée à Athènes, École française d’Athènes, 29-30 mai 2008

De Boccard11, rue de Médicis - 75006 Paris

2010

Directeur de la collectionPierre Rouillard (CNRS)

Maquettage intérieur et mosaïque d’images de la couvertureAgnès Tricoche (ArScAn)

Maquette de la couvertureVirginie Teillet (Italiques)

Illustrations de la première de couverture (mosaïque d’images)En haut, de gauche à droite : vase en terre cuite aux traits humains provenant d’une tombe d’enfant, nécropole Collatina, Rome (cl. M. Letizia) ; vase contenant un squelette de bébé, Île d’Astypalée, site de Chôra (cl. S. Hillson)  ; sépulture d’enfant et mobilier, nécropole de Kalfata, Apollonia du Pont, Bulgarie (Cl. K. Panayotova).En bas, de gauche à droite  : nécropole presque exclusivement réservée aux immatures, Mendé, Chalcidique (Cl. Greek Ministry of Culture, 1st Ephorate)  ; sépulture d’enfant n° 278 et mobilier, Apollonia du Pont, Bulgarie (Cl. L. Damelet, CNRS/CCJ) ; stèle en marbre de la tombe de Proculus, nécropole de Porta Nocera, Pompéi (Cl. Gaillot/ Fouille Porta Nocera).

Dans la même collection1 - De la domestication au tabou. Le cas des suidés au Proche-Orient ancien, 2006, Lion B. et Michel C., éd.2 - La Macédoine : Géographie historique, Langue, Cultes et croyances, Institutions, 2006, Hatzopoulos M. B.3 - Studia euphratica. Le moyen Euphrate iraquien révélé par les fouilles préventives de Haditha, 2007, Kepinski C., Lecomte O. et Tenu A., éd.4 - Les Écritures cunéiformes et leur déchiffrement, 2008, Lion B. et Michel C.5 - Essai sur le tissage en Mésopotamie des premières communautés sédentaires au milieu du IIIe millénaire avant J.-C., 2008, Breniquet C.6 - Et il y eut un esprit dans l’Homme. Jean Bottéro et la Mésopotamie, 2009, Faivre X., Lion B. et Michel C., éd.7 - La Méditerranée au viie siècle av. J.-C. Essais d’analyses archéologiques, 2010, Étienne R., éd.8 - Faire de l’ethnologie. Réflexion à partir d’expériences en milieu scolaire, 2010, Lebas C., Martin F. et Soucaille A.9 - Hommes, milieux et traditions dans le Pacifique Sud, 2010, Valentin F. et Hardy M., éd.10 - Paysage et religion en Grèce antique. Mélanges offerts à Madeleine Jost, 2010, Carlier P. et Lerouge-Cohen C., éd.11 - Le Rapport de fouille archéologique : réglementation, conservation, diffusion, 2010, Soulier P., éd.

Chez le même éditeur, Colloques de la Maison René-Ginouvès1 - Autour de Polanyi. Vocabulaires, théories et modalités des échanges, 2005, Clancier Ph. et alii, éd.2 - La Chasse. Pratiques sociales et symboliques, 2006, Sidéra I., éd.3 - Mobilités, Immobilismes. L’emprunt et son refus, 2007, Rouillard P. et alii, éd.4 - L’Eau. Enjeux, usages et représentations, 2008, Guimier-Sorbets A.-M., éd.5 - Portraits de migrants, Portraits de colons I, 2009, Rouillard P., éd.6 - Portraits de migrants, Portraits de colons II, 2010, Rouillard P., éd.

© De Boccard, 2010http://www.deboccard.com

ISBN 978-2-7018-0290-9ISSN 1954-863X

TABLE DES MATIÈRES

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-7Anne-Marie Guimier-Sorbets et Yvette Morizot

L’enfant et la mort dans l’Antiquité : approches . . . . . . . . . 9

Antoine Hermary, Présentation du programme « L’enfant et la mort dans l’Antiquité [EMA] : des pratiques funéraires à l’identité sociale » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11-17Véronique Dasen, Archéologie funéraire et histoire de l’enfance dans l’Antiquité : nouveaux enjeux, nouvelles perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19-44

L’enfant et la mort en Grèce

L’enfant et la mort en Grèce au premier Âge du Fer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

Béatrice Blandin, Les enfants et la mort en Eubée au début de l’Âge du Fer . . . . . . . . . . 47-65Alexandre Mazarakis Ainian, Tombes d’enfants à l’intérieur d’habitats au début de l’Âge du Fer dans le Monde Grec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67-95Maia Pomadère, La différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer : l’indice d’une nouvelle structuration sociale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97-108

Sépultures d’enfants en Grèce de l’époque géométrique à l’époque romaine : espaces, rites et intégration sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

Chryssa Bourbou et Petros Themelis, Child Burials at Ancient Messene . . . . . . . . . . 111-128Konstantina Kallintzi et Irini-Despina Papaikonomou, La présence des enfants dans les nécropoles d’Abdère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129-159Maria Michalaki-Kollia, Un ensemble exceptionnel d’enchytrismes de nouveau-nés, de fœtus et de nourrissons découvert dans l’île d’Astypalée, en Grèce : cimetière de bébés ou sanctuaire ? (Première approche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161-205Sophia Moschonissioti, Child Burials at the Seaside Cemetery of Ancient Mende . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207-225Athanassios Themos et Elena Zavvou, Recent Finds of Child Burials in the Area of Ancient Sparta from Protogeometric to Roman Times . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227-241Photini Zaphiropoulou, Tombes d’enfants dans les Cyclades : les cas de Naxos et de Paros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243-250

Sépultures d’enfants dans les nécropoles des colonies grecques de la Mer Noire

Anne-Sophie Koeller et Kristina Panayotova, Les sépultures d’enfants de la de la nécropole d’Apollonia du Pont (Bulgarie) : résultats des fouilles récentes (2002-2007) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253-264Vasilica Lungu, Les tombes d’enfants dans les colonies grecques de l’Ouest du Pont-Euxin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265-286

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Le signalement des sépultures d’enfants

Monde grec

Diego Elia et Valeria Meirano, Modes de signalisation des sépultures dans les nécropoles grecques d’Italie du Sud et de Sicile. Remarques générales et le cas des tombes d’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289-325Myrina Kalaitzi, The Representation of Children on Classical and Hellenistic Tombstones from Ancient Macedonia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327-346Marie-Dominique Nenna, Les marqueurs de tombes d’enfant dans l’Égypte gréco-romaine : premières recherches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347-360

Monde romain

Hélène Lamotte, Le rôle de l’épitaphe dans la commémoration des enfants défunts : l’exemple des carmina Latina epigraphica païens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363-373Solenn de Larminat, Signalisation des tombes d’enfants dans un quartier funéraire de la nécropole romaine de Porta Nocera à Pompéi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 375-385Stefano Musco et Paola Catalano, Tombes d’enfants de l’époque impériale dans la banlieue de Rome : les cas de Quarto Cappello del Prete, de Casal Bertone et de la nécropole Collatina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387-402

Affiliations des auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 403

VI

L’Enfant et la mort dans l’Antiquité I. Nouvelles recherches dans les nécropoles grecques. Le signalement des tombes d’enfants, actes de la table ronde internationale organisée à Athènes, École française d’Athènes, 29-30 mai 2008, Guimier-Sorbets A.-M. et Morizot Y., éd., 2010

(Travaux de la Maison René-Ginouvès, 12)

La différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer1 :

l’indice d’une nouvelle structuration sociale ?

Maia Pomadère

Université de Picardie Jules Verne

L a Crète du premier Âge du Fer a fait l’objet de recherches archéologiques récentes, principalement concentrées dans des zones d’habitat, qui offrent des données renouvelées

sur l’histoire de l’île entre les xie et viie s. (fig. 1)2. Toutefois, la connaissance des pratiques funéraires pour cette période repose encore sur les vestiges fouillés antérieurement à 1980. Les archéologues, généralement guidés par leur intérêt pour la culture matérielle, négligeaient alors le plus souvent le sujet principal de la tombe, le mort lui-même. Les examens anthropologiques étaient inexistants, lacune qui pèse lourdement sur les études funéraires en Crète, et tout particulièrement sur celles s’intéressant aux immatures.

Un point peut néanmoins être mis en évidence : le nombre de sépultures d’enfants attestées pour le premier Âge du Fer crétois est excessivement faible comparé à celui des sépultures d’adultes. Comment expliquer cette sous-représentation  ? Est-elle due à la négligence des fouilleurs et à la dissolution des ossements, dont on sait qu’ils se conservent moins bien que ceux des adultes, surtout pour les enfants morts avant d’avoir atteint leur cinquième année3 ? Cette hypothèse était retenue par N.  Coldstream pour Cnossos, et l’on se demandera si l’on peut comme lui reconnaître des tombes d’enfants à partir de certaines caractéristiques (localisation, forme ou mobilier). La sous-représentation des immatures pourrait toutefois être le reflet de l’exclusion volontaire des enfants des espaces funéraires formels par les populations anciennes. On s’efforcera d’apporter ici quelques éléments de réponse à ces questions qui éclairent l’histoire sociale des enfants et, au-delà, celles des communautés crétoises à l’époque de l’émergence des cités.

Je présenterai d’abord les rares tombes d’enfants identifiées par des observations anthropologiques, qui serviront d’éléments de référence. Cette étude se limite à la Crète centrale, les pratiques en usage dans les régions occidentales et orientales de la Crète étant connues de manière sporadique et présentant une variabilité importante dont l’interprétation nous entraînerait trop loin4.

1 Je souhaite remercier O. Mariaud pour ses remarques sur une version préliminaire de ce texte. Les périodes de chronologie relative seront abrégées comme suit : Subminoen = SubM, Protogéométrique = PG, Géométrique = G, Géométrique Récent = GR, Orientalisant Ancien = OA.

2 La plupart des espaces funéraires sont en effet utilisés sans interruption jusqu’au viie s., Coldstream 2006, p. 581. Je laisse de côté les tombes rattachées à la transition du MR IIIC au SubM pour me concentrer sur les tombes plus récentes. Plusieurs indices archéologiques convergent pour signaler une rupture dans l’organisation de l’habitat et des nécropoles autour de 600, Haggis et al. 2007, p. 246, 303-304.

3 Bello et al. 2006.4 Ces cas, exposés dans la version orale de cet article, sont étudiés dans ma thèse de doctorat, Les enfants dans

98 Différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer

La localisation des tombes

Cnossos concentre la majeure partie des vestiges funéraires connus, ce qui traduit sa prééminence dans l’île. Cependant, les nécropoles de Fortetsa et d’Haghios Ioannis (30 tombes à chambre PG-G) y furent fouillées sans examen anthropologique5. On perpétuait dans ces cimetières la tradition minoenne des ensevelissements collectifs, successifs, induisant pour les archéologues une grande difficulté à reconnaître et à individualiser les sépultures dans les tombeaux. Seul un immature est ainsi signalé dans les tombes d’Haghios Ioannis6, mais cette mention est sans signification statistique, car issue de l’observation des archéologues, peu fiable : on ne peut affirmer qu’il s’agit d’une exception véritable ou du seul enfant identifié parmi d’autres immatures disparus ou passés inaperçus7.

Le cimetière Nord, exploré plus récemment, a renouvelé nos connaissances8. 23 tombes y datent du SubM et de la transition vers le PG : elles comprenaient 26 individus, parmi lesquels seulement trois immatures (11,5%), dont deux en bas-âge. Pour les périodes protogéométrique et géométrique, alors que l’incinération est devenue le rite dominant (à partir du milieu du ixe s.), l’anthropologue J.H. Musgrave a recensé les restes de 363 individus9, parmi lesquels une unique sépulture d’immature, mort à l’âge de 9-10 ans (PG B). La seule autre sépulture d’enfant identifiée est celle d’un nourrisson enseveli à la transition du GR à l’OA. L’anthropologue, qui a étudié les restes osseux de plusieurs ensembles funéraires égéens dans lesquels l’incinération était pratiquée, affirme que la conservation différentielle des ossements ne peut expliquer la large sous-représentation des immatures et l’absence de jeunes enfants10. En effet, si la disparition de nombreux ossements de nouveau-nés peut être imputée à ce phénomène11, il n’est pas raisonnable de lui attribuer aussi l’absence des squelettes d’enfants plus âgés. En outre, la présence des restes de cet unique nourrisson constitue en soi la preuve que ces ossements fragiles pouvaient être préservés dans l’ensemble funéraire.

On est donc tenté de conclure à leur exclusion de cette nécropole, conclusion nuancée par l’absence de tamisage par flottation lors des fouilles, un procédé qui peut permettre d’identifier les os de nourrissons qui passeraient inaperçus lors des travaux de terrain. Nous verrons plus loin que le mobilier funéraire pourrait signaler au maximum la présence d’une dizaine de sépultures d’enfants. Toutefois, même en prenant en considération ces exemples, les enfants restent largement minoritaires, alors que l’on attendrait qu’ils représentent au moins la moitié de l’échantillon funéraire12.

Les immatures sont également sous-représentés dans la tombe à chambre mise au jour sur la

le monde égéen du Néolithique au début de l’Âge du Fer, dont la publication est en préparation.5 Brock 1957 ; Boardman 1960. 6 Boardman 1960, p. 134-135.7 On ne peut même être assurés d’être en présence d’un enfant, la confusion entre un squelette d’immature et

celui d’un adulte de la part d’archéologues étant rapportée par ailleurs.8 Coldstream et Catling 1996.9 Coldstream et Catling 1996, p. 680.10 Il compare cet échantillon à celui de Toronè qu’il a également étudié, Coldstream et Catling 1996,

p. 680.11 Bello et al. 2006.12 C’est la proportion normale dans une population au schéma de mortalité archaïque.

99M. Pomadère

colline de Gypsadhès, au Sud de Cnossos : le seul immature dont la présence a été déterminée anthropologiquement parmi les 14 sépultures est un «  adolescent  » de 13 ans, qui avait probablement atteint une phase de transition entre l’enfance et l’âge adulte13. Dans la dernière phase d’utilisation de la tombe seulement, la sépulture d’un nouveau-né a pu être placée dans le même vase que celle d’une femme14, à moins que celle-ci ne fût morte pendant sa grossesse : l’ensevelissement conjoint d’un nouveau-né et de la mère, probablement décédés de manière concomitante (notamment lors de l’accouchement), est une pratique connue par ailleurs15, même si elle est apparemment rare à Cnossos. Cette mort particulière a pu justifier l’intégration de l’enfant dans cet espace funéraire.

Il est généralement admis que l’ensevelissement dans une même tombe dépendait des liens familiaux16, mais il est clair que seule une part de la famille y était admise : W. Cavanagh a calculé que deux personnes par génération étaient en moyenne placées dans chaque tombe17. Tous les membres de la famille n’y étaient donc pas ensevelis18, et les enfants en semblent en particulier exclus.

Les autres sépultures d’enfants d’époque géométrique de Cnossos ont été découvertes dans le cimetière minoen de Mavrospilio, abandonné après le MR III : une vingtaine de pithoi contenant les corps de nourrissons furent placés dans trois tombes à chambre après l’effondrement de leur voûte19. Une partie de cette ancienne nécropole semble donc avoir été transformée en espace funéraire pour les jeunes enfants. Elle pourrait ainsi s’apparenter aux ensembles funéraires réservés aux immatures sur le continent au GR20, et aurait pu accueillir les sépultures de certains enfants exclus des nécropoles de tombes à chambre mentionnés plus haut.

Hors de Cnossos, les informations relatives à l’âge au décès des défunts sont très sporadiques. À Prinias, dans la nécropole de Sidérospilia en usage du xiiie s. au milieu du vie s., quelques enfants sont signalés dans les tombes à tholos PG  ; pour la phase géométrique, G.  Rizza mentionne des sépultures de « très jeunes individus », peut-être des nourrissons (?), dispersées entre les sépultures en vases cinéraires. Ces dernières n’ont pas fait l’objet d’examens ostéologiques, mais l’on a tendance à les attribuer à des adultes. D’après les données mentionnées dans le rapport préliminaire, les sépultures d’enfants seraient sous-représentées, mais le conditionnel doit ici rester de mise.

Plus à l’Ouest, la nécropole géométrique et archaïque d’Eleutherna (Orthi Petra) fouillée plus récemment n’a pas encore fait l’objet d’une publication complète. N. Stambolidis a signalé

13 Coldstream et al. 1981, p. 162. Les restes osseux de certaines urnes n’ont cependant pas pu être « âgés ».14 Coldstream et al. 1981, p. 162-163.15 Liston et Papadopoulos 2004.16 Le qualificatif de « tombeaux familiaux » est habituellement accolé aux tombes de Cnossos, par exemple

Coldstream 2003, p. 48, 99, 276 ; dans la T. 285 du cimetière Nord, une déformation congénitale possible de la mandibule de plusieurs sujets a été mise en évidence, Coldstream et Catling 1996, p. 681.

17 Cavanagh 1996, p. 664.18 Whitley 1991, p. 353.19 14 sépultures en jarres dans la T. IV, une ou deux dans la T. VII ; leur nombre dans la T. XVII n’est pas précisé,

Forsdyke 1926-27, p. 248, 254, 260. 20 Parmi de nombreux exemples  : à Athènes, Morris 1987, p. 82-85  ; Houby-Nielsen 2000  ; en Eubée,

Blandin 2006 et à Oropos, Vlachou 2007.

100 Différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer

la présence de plusieurs dizaines de sépultures d’enfants en bordure des bûchers et des tumuli qui réunissaient des sépultures à incinération d’adultes21. La nécropole est utilisée à partir du ixe s., mais la majeure partie des sépultures d’immatures appartiendrait à la fin du viiie s. et aux viie-vie s. Cette intégration tardive des sépultures d’enfants dans la nécropole et en position périphérique apparaît ailleurs dans le monde grec à la même période22. Dans la seule tombe d’Orthi Petra qui ait fait l’objet d’une publication détaillée par l’anthropologue A. Agelarakis, la tombe A1K123, seuls deux à trois immatures ont été identifiés parmi 141 individus incinérés entre le début du ixe s. et le début du viie s. De manière surprenante, on y trouve un périnatal, indiquant que le critère de l’âge n’était pas exclusif. La majorité des défunts était néanmoins composée d’hommes adultes plutôt jeunes (74,46% de l’échantillon)24. L’exclusion des enfants, comme celle des femmes, résulte donc de l’identité particulière des défunts : le critère premier d’un ensevelissement commun n’était pas familial mais dépendait d’autres liens sociaux.

L’exclusion des espaces funéraires doit être mise en relation avec le traitement des corps et, plus particulièrement, avec la dichotomie inhumation/incinération. Là encore, l’insuffisance des données anthropologiques rend l’interprétation difficile.

Le traitement des corps

Aux SubM-PG, le traitement funéraire des enfants morts dans la région de Cnossos est en grande part inconnu. Au moins deux enfants furent incinérés dans le Cimetière Nord, dont un en bas âge ; l’incinération ne concerne alors qu’une petite partie des adultes. Elle devient pour eux la pratique dominante au cours du xe s.25. De jeunes enfants furent alors inhumés à Mavrospilio. Vers 700, le seul individu inhumé dans le Cimetière Nord est un nourrisson de 12 à 16 mois. Après une première phase indifférenciée, l’évolution vers l’exclusion des enfants du cimetière et du rite de l’incinération semble donc parallèle. Dans un premier temps, l’incinération aurait pu être utilisée par quelques familles pour tous leurs membres, se distinguant ainsi des autres.

L’opposition entre l’incinération des adultes et l’inhumation des enfants apparaît aussi à Eleutherna. L’incinération y est réservée aux adultes, presque exclusivement jeunes et de sexe masculin, à partir du PGR A (début du ixe s.). Les enfants, les femmes et les personnes âgées étaient inhumés. On peut, à la suite de N. Stambolidis, considérer que la participation à certaines activités politiques ou militaires déterminait le droit à l’intégration dans certaines tombes, doublé du droit à l’incinération26. De même à Prinias à la période géométrique, où la majeure partie des sujets étaient incinérés, il semble que les enfants les plus jeunes étaient inhumés. G.  Rizza rapporte en outre une pratique curieuse qui aurait concerné uniquement certains enfants : leur corps aurait fait l’objet d’une crémation alors que la tête séparée aurait

21 Stambolidis 2004, p. 129.22 Nécropole de Voulokalyva à Halos en Thessalie (et peut-être à Tsikalario à Naxos), BCH 122 (1998), p. 825 ;

ArchDelt 47 (1992), B’1, p. 229-234 ; BCH 123 (1999), p. 741.23 Agelarakis 2005.24 Un périnatal, un enfant de 6-12 ans et un individu âgé entre 6 et 18 ans sont les individus les plus jeunes ; deux

sujets sont décédés entre 12 et 18 ans, Agelarakis 2005, p. 31-32.25 Cavanagh 1996, p. 652.26 Stambolidis 2004, p. 130.

101M. Pomadère

été inhumée27. La réalité de ce traitement funéraire apparemment extraordinaire a été débattue, en lien avec le traitement différentiel de crânes observé sur des sites grecs de Sicile du viiie au vie s. (notamment à proximité de la colonie crétoise de Géla), mais alors plutôt appliquée à des adultes28. À Prinias, des ossements brûlés n’apparaissent que dans l’un des pithoi funéraires et la présence des seuls crânes dans les vases peut s’expliquer par leur meilleur indice de conservation : les ossements du corps se seraient simplement dissous29.

Notons que le traitement des corps n’était pas différencié en fonction de l’âge dans l’ensemble de la Crète. Plus à l’Est, à Kavousi Vronda, plusieurs enfants et nouveau-nés furent incinérés au GR, comme la majorité des adultes (cette fois dans des crémations primaires)30. À Dréros, situé à la limite entre la Crète centrale et la Crète orientale, H. van Effenterre considérait les deux sépultures d’enfant inhumées comme « un nouvel exemple de cet usage assez fréquent qui épargne la crémation aux cadavres d’enfants »31. Toutefois, les ossements brûlés n’ayant pas été étudiés, on ne peut exclure la présence d’enfants incinérés. La communauté de Dréros respectait-elle pour ses enfants morts les mêmes usages qu’en Crète centrale ou ceux que l’on observait plus à l’Est, à Kavousi ? L’usage de l’étéocrétois à Dréros invite à intégrer les pratiques funéraires dans un ensemble oriental, mais seules de nouvelles fouilles pourront répondre à cette question.

La pratique observée en Crète centrale, réservant généralement l’incinération aux adultes, paraît être la plus fréquente dans le monde grec égéen au premier Âge du Fer. De manière analogue, l’inhumation en vase (les enchytrismes) des enfants ou jeunes enfants adoptée en Crète centrale peut être comparée aux pratiques observées sur le continent (Grèce centrale) et dans les Cyclades, traduisant une certaine homogénéité culturelle. L’accès des enfants, y compris des mort-nés, à l’incinération à Kavousi et peut-être ailleurs dans les régions de Crète de l’Est pourrait en revanche y signaler une influence orientale : au premier Âge du Fer en Méditerranée orientale, notamment à Chypre32, les enfants de tous âges sont souvent incinérés avec les adultes.

Le mobilier funéraire

On connaît mal le mobilier funéraire déposé auprès de ces jeunes morts crétois. Dans les tombes à sépultures collectives, le plus souvent, aucun objet ne peut leur être assurément associé. Notons néanmoins que le matériel était abondant dans plusieurs tombes d’enfants33. Les sépultures d’enfants d’Eleutherna étaient accompagnées d’objets, alors que les adultes également inhumés dans des vases n’étaient pourvus d’aucun mobilier34. La plus riche sépulture est celle du nourrisson – exceptionnellement – inhumé dans le Cimetière Nord de Cnossos au GR/OA : son appartenance à l’élite aurait ainsi justifié son ensevelissement dans un espace

27 G. Rizza, « Prinias », in Creta Antica. Cento Anni di archeologia italiana (1884-1984), 1984, p. 227-256.28 Mercuri 2001.29 Mercuri 2001, p. 29.30 Seuls cinq individus y étaient inhumés, parmi lesquels trois immatures et deux adultes, ensevelis dans les

mêmes tombes que les défunts incinérés, Gesell et al. 1988, p. 297 ; Preston Day 1995, p. 795.31 Van Effenterre 1948, p. 20.32 À Amathonte, D. Christou 2001, p. 203.33 C’est aussi le cas dans les deux tombes d’immatures connues en Crète occidentale, datées du GR (Gavolomouri

et La Canée), Andréadaki-Vlasaki 1985, p. 17. 34 Stambolidis 2004, p. 130. On peut rapprocher cette situation de celle de l’ensemble funéraire de Séraglio

à Cos.

102 Différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer

funéraire réservé aux adultes.

Le détail des dépôts n’est bien documenté que pour quatre tombes. La céramique comprend surtout de la vaisselle de table, avec des formes semblables à celles que l’on rencontre auprès des adultes : tasses, skyphoi et bols ; cruches et œnochoés, qui se caractérisent par leurs petites dimensions. Un ou plusieurs «  biberons  », qui paraissent plus spécifiques aux sépultures d’enfants comme dans l’ensemble du monde égéen, peuvent s’y ajouter.

Tous les enfants dont le mobilier est identifié en Crète portaient en outre un collier de perles en pierre semi-précieuse, pâte de verre, argile incisée ou faïence. D’autres bijoux leur sont associés, comme des bagues-anneaux en bronze. Les éléments de parure accompagnant le petit enfant de Cnossos sont à la fois plus variés et plus précieux, en bronze, argent, électrum et or. Son pendentif en argent et les boucles d’oreilles en électrum sont uniques dans la nécropole35.

Une gemme en améthyste montée sur or datée du Minoen Récent I a par ailleurs été mise au jour dans le Cimetière Nord de Cnossos dans le mur Ouest du dromos de la tombe 1836. Elle était associée à quelques fragments d’ossements et pourrait provenir du pithos 8 ou de la larnax 3137, dans laquelle Coldstream supposait qu’un enfant était enseveli. Au Minoen Récent III, une coutume observée uniquement en Crète conduisait à placer des sceaux dans les tombes d’enfants, peut-être en guise d’amulettes. Cette gemme pourrait-elle ainsi constituer un prolongement de cette pratique au premier Âge du Fer ?

Trois petites figurines égyptisantes en faïence représentant les dieux Nefertum et Ptah étaient en outre jointes à la sépulture du nourrisson de Cnossos38. Uniques dans la nécropole, elles étaient aussi accompagnées de quatre scarabées. Il s’agit vraisemblablement d’amulettes. La nature exotique, orientale, de ces biens, de même que l’abondance du mobilier placé avec ce nourrisson rappellent les tombes d’enfants du premier Âge du Fer de Lefkandi et de Séraglio à Cos. On retrouve en effet le même type de dépôt dans les tombes d’enfants de ces élites en relation directe ou indirecte avec des communautés proche-orientales39. Les pratiques crétoises de dépôt funéraire se distinguent néanmoins sur certains points de celles d’autres communautés grecques  : si les scarabées sont exclusivement associés aux enfants dans la nécropole de San Montano à Pithécusses40, ils accompagnent aussi des adultes dans les tombes de Cnossos, recouvrant donc des sens divers. Enfin, si aucune figurine en terre cuite n’a été découverte dans ces tombes d’enfants de Crète centrale, une tombe d’enfant GR/OA d’Eleutherna contenait en revanche un askos ornithomorphe (non publié), objet caractéristique des tombes d’enfants dans d’autres régions égéennes41.

Est-il possible d’attribuer des tombes retrouvées sans ossement à des enfants à partir de ces données, comme l’a proposé N. Coldstream pour le Cimetière Nord de Cnossos ? Supposant

35 Coldstream et Catling 1996, p. 542, 634.36 Coldstream 2006, p. 590-594, fig. 30.6.37 Coldstream et Catling 1996, p. 68.38 Coldstream et Catling 1996, p. 604-605.39 Pomadère à paraître.40 Ridgway 2000, p. 236.41 Stambolidis 2004, p. 156 (discussion). Ces askoi apparaissent auprès d’enfants dans les tombes de Cos

(Séraglio) et de Rhodes ; Morricone 1978 ; Lemos 1994.

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que les immatures n’étaient pas exclus de la nécropole, il a proposé d’identifier quelques larnakès découvertes le plus souvent à l’extérieur des chambres funéraires, dans les dromoi, comme des tombes d’enfants. On compte 17 larnakès dans la nécropole, datant du MR III et réutilisées42. D’après N.  Coldstream, ces sarcophages, en raison de leur longueur limitée (un peu moins d’un mètre), n’auraient pu être utilisés que pour des enfants. Cependant, à l’Âge du Bronze, ils étaient indifféremment destinés à l’ensevelissement d’enfants et d’adultes placés en position contractée. Pour le Minoen Récent III, seuls les exemplaires dont la longueur est inférieure à 60 cm peuvent ainsi être assurément attribués à des enfants (dans le cas d’inhumations, alors prédominantes). Il est donc impossible d’attribuer ces contenants funéraires à des enfants pour le premier Âge du Fer.

Selon N. Coldstream, la proximité de vases miniatures avec ces larnakès constituerait un indice supplémentaire. Toutes les occurrences ne sont cependant pas également convaincantes, puisque des vases de phases différentes sont parfois mis en relations avec une larnax. Le cas de la tombe Q est néanmoins intéressant : la base d’une larnax y a été mise au jour dans une petite chambre latérale du dromos ; au-dessous se trouvaient environ 30 vases à parfums (aryballes et lécythes) petits et miniatures, une figurine de taureau et de hérisson et un askos « oiseau-cheval » (hippalektryon) surmonté d’un petit cavalier. On ne peut assurément mettre en relation les figurines avec une sépulture d’enfant  : seules deux figurines en terre cuite peuvent être attribuées avec certitude à une sépulture d’enfant mise au jour en Crète occidentale à Gavolomouri (Kissamos)43. Elles sont exceptionnelles dans l’ensemble funéraire et il s’agit manifestement de jouets. À Fortetsa (Cnossos), Brock supposait qu’un petit pithos dans la tombe X était le contenant d’une sépulture d’enfant disparue, en raison des nombreuses figurines et miniatures découvertes alentour44. Toutefois, ces dernières n’apparaissent pas auprès des rares immatures identifiés à Cnossos. Dans la nécropole de Sidérospilia à Prinias, certaines tombes comprenaient également des figurines zoomorphes ou anthropomorphes en terre cuite, notamment de chevaux, dont deux montés sur roue étaient probablement des jouets45. Il est tentant de les associer à une sépulture d’enfant non reconnue, mais on manque de documentation sur leur contexte de découverte.

En revanche, je l’ai mentionné précédemment, les askoi zoomorphes, en forme d’oiseau ou d’oiseau-cheval, sont majoritairement associés aux sépultures d’enfants à partir de la fin de l’Âge du Bronze46. Plusieurs indices (dimensions des vases et askos) invitent donc à restituer une sépulture d’enfant dans la tombe Q de Cnossos.

Enfin, le dernier argument de N.  Coldstream résidait dans la disposition des larnakès, à l’extérieur des chambres funéraires principales : il s’agirait là d’une coutume du Bronze Récent conservée au début de l’Âge du Fer. La pratique de l’ensevelissement des jeunes enfants dans des petites niches creusées latéralement dans les dromoi de tombes à chambre mycéniennes est surtout attestée pour l’époque mycénienne en Attique, mais aussi en Crète à Arméni47.

42 Ils auraient été utilisées après la deuxième moitié du ixe s., alors que l’incinération en urne est devenue la norme pour les adultes. Ces remplois s’inscriraient dans un mouvement de nostalgie pour le passé minoen, Coldstream 1998, p. 58-60.

43 Andréadaki-Vlasaki 1987.44 Brock 1957, p. 43.45 Rizza 1984, fig. 480-481.46 Guggisberg 1996, p. 294-295, graph. 21.47 Lewartowski 1996 ; Godart et Tzédakis 1994, p. 65.

104 Différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer

Toutefois, certains enfants, y compris des nouveau-nés, étaient alors aussi ensevelis dans la chambre funéraire avec les adultes. Cette pratique n’était donc pas systématique pour les enfants et, surtout, ne leur était pas exclusivement réservée. La même variabilité semble caractériser la période suivante : dans le Cimetière Nord de Cnossos, les dromoi d’une vingtaine de tombes étaient creusés de « niches », dont certaines contenaient les urnes cinéraires d’adultes48. Cet argument ne peut donc être validé.

Conclusions

On doit regretter le caractère et la portée limitée de la documentation disponible sur les sépultures d’enfants en Crète, que l’on doit souvent se contenter de décrire sans pouvoir les interpréter. Actuellement, la rareté des informations et la variabilité importante des pratiques pour les enfants morts interdisent d’identifier à coup sûr une tombe d’enfant en fonction de son architecture ou de son mobilier. Les données témoignent toutefois de l’adoption en Crète centrale de coutumes répandues dans le reste du monde grec au premier Âge du Fer : exclusion des enfants des nécropoles et tombes collectives  ; enchytrismes d’enfants en bas âge associés à des incinérations d’adultes. Ces pratiques témoignent d’une organisation par groupes d’âge plus rigide et mieux formalisée pour ces sociétés à partir des ixe-viiie s. : une nouvelle place est réservée aux enfants dans l’espace des morts, reflétant probablement un statut particulier pour cette classe d’âge dans le monde des vivants. Cette modification des pratiques funéraires doit ainsi être mise en relation avec la (re)structuration des sociétés grecques à la période géométrique dans le cadre de leur organisation en communautés civiques.

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La différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer : l’indice d’une nouvelle structuration sociale ?

Résumé : Le nombre de sépultures d’immatures connues pour la Crète du premier Âge du Fer (xie-viie s.) est excessivement faible en regard du nombre de sépultures d’adultes attestées. Cet article, au travers de la présentation des vestiges de Crète centrale, tente d’expliquer la sous-représentation des enfants dans les contextes funéraires. Outre l’exclusion volontaire des enfants de certaines nécropoles, il met aussi en évidence leur traitement funéraire spécifique traduisant l’adoption de pratiques culturelles communes au reste du monde égéen et une restructuration en groupe d’âges plus rigide.

Mots-clés : Crète ; Âge du Fer ; pratiques funéraires ; enfants

The Funerary Differentiation of Children in Early Iron Age Central Crete : Indication of a New Social Organization ?

Abstract  : The number of child graves known from Early Iron Age Crete (11th-7th c. BC) is extremely small, compared to the number of adult graves. Through the presentation of the evidence from central Crete, this article attempts to explain the under-representation of children in the funerary contexts. In addition to the voluntary exclusion of children from some cemeteries, it also brings to the fore children’s specific funerary treatment, which reflects the adoption of cultural practices common in the Aegean, linked with a more rigid social organisation by age groups.

Keywords : Crete; Early Iron Age; funerary practices; children

107M. Pomadère

Η Ταφική Διαφοροποίηση των Παιδίων Στην Κεντρική Κρήτη κατα την Πρώιμη Εποχή του Σιδήρου: Ένδειξη μίας Νέας Κοινωνικής Οργάνωσης;

Περίληψη : Ο αριθμός των παιδικών ταφών της Πρώιμης Εποχής του Σιδήρου (11ος -7ος αι. π. Χ.) που είναι γνωστές από την Κρήτη είναι εξαιρετικά μικρός σε σχέση με αυτόν των ταφών ενηλίκων. Μέσω της παρουσίασης των σχετικών ευρημάτων από την κεντρική Κρήτη, η παρούσα μελέτη προσπαθεί να δώσει μία ερμηνεία στο φαινόμενο της υποαντιπροσώπευσης των παιδιών στα ταφικά σύνολα. Πέραν του εθελούσιου αποκλεισμού των παιδιών από ορισμένα νεκροταφεία, καταδεικνύεται και η ειδική ταφική τους μεταχείριση, η οποία αντανακλά την υιοθέτηση πολιτιστικών πρακτικών κοινών στον αιγαιακό χώρο, και μία πιο αυστηρή κοινωνική οργάνωση κατά ηλικιακές κατηγορίες.

Λέξεις κλειδιά : Κρήτη, Πρώιμη Εποχή του Σιδήρου, ταφικά έθιμα, παιδιά

108 Différenciation funéraire des enfants en Crète centrale au premier Âge du Fer

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