La délégation consulaire des Étatts-Unis à Cadix au début du XIXe siècle

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Transcript of La délégation consulaire des Étatts-Unis à Cadix au début du XIXe siècle

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Jorg Ulbert / Lukian Prijac (dir. / Hg. / eds.)

Consuls et services consulaires au XIXe siecle

Die Welt der Konsulate im 19. Jahrhundert

Consulship in the 19th Century

Wissenschaftlicher Verlag

Dokumentation & Buch

La délégation consulaire des États-Unis aCadix au début du XIXe siec1e'

Guadalupe CARRASCO GONZÁLEZ'*

L'intéret des historiens pour I'organisation consulaire des nations étrangeres établies dans la péninsule lbérique est relativement récent. Traditionnellement ils se sont plutot penchés sur les colonies d'étrangers, se sont intéressés aleur poids numérique, aleur structure socio­professionnelle et a leur importance économique. Les communautés étrangeres installées dans les ports et impliquées dans le cornmerce avec les lndes ont été tout spécialement analysées. Pour la période médiévale et les débuts de l'époque modeme, c'est surtout a celles de Séville que les historiens se sont intéressés, puis, pour la période d' apres 1650, leur attention s'est de plus en plus reportée sur celles de Cadixl. Ainsi, nous SOrnmes bien renseignés sur le développement des colonies de marchands franc;:ais, anglais et flamands a Cadix. Les organisations consulaires qui les encadrent mériteraient, en revanche, davantage d'attention. Certes, quelques études ont analysé les conflits entre les consuls et les autorités espagnoles apres 1650, et d'autres se sont appuyées sur des sources consulaires, mais, dans les deux cas, la question de l'organisation consulaire sur le territoire espagnol n'est évo-

Les éditeurs remercient Manuela Le Loire d'avoir bien voulu traduire cette contribution en franc;ais.

$* CARRASCO GONZÁLEZ Guadelupe, professeur d'histoire modeme al'Université de Cádiz (Espagne).

OZANAM Didier, « La colonie franc;aise de Cad ix au XVIII" siecJe d'apres un documcnt inédit, 1777 », dans: Mélanges de la Casa de Velásquez, vol. 4 (1968), p. 259-348 ; COLLADO VILLALTA Pedro, «El impacto americano en la Bahía: la inmigración extranjera en Cádiz (1708-1819) », dans : 1 Jornadas de Andalucía y América de la Rábida, vol. 1 (1981), p. 51-73 ; GARCíA-BAQUERO GONZÁLEZ Antonio / COLLADO VILLALTA Pedro, « Marchands franc;ais a Cadix au XVIII" siecle: La colonie mar­chande », dans : Les Franr¿ais en Espagne al'époque moderne (XVI' au XVIII' siécle), Pans, 1990, p. 173-195; BUSTOS RODRlGUEZ Manuel, « Andalousie, pré-Amérique flamande », dans : STOLS Eddy / BLEYS Rudi (éd.), Flandre etl'Amérique Latine. 500 ans de confrontation et métissage, Anvers, 1993, p. 69-90; CARRASCO GONZÁLEZ María Guadalupe, « La colonia británica de Cadix entre 1650 y 1750 », dans: FERNANDEZ ALBALADEJO Pablo / MESTRE SANCHlS Antonio / GIMENEZ LOPEZ En­rique (éd.), Monarquía, imperio y Pueblos en la España Moderna, actas de la IV reunión cientica de la asociación española de historia moderna Alicante, 27-30 de mayo de 1996, Alicante, 1997, p. 331­342; MARMOLEJO LO PEZ María Isabel/PASCUA SANCHEZ José Manuel, « Comerciantes irlandeses en Cadix », dans : ENCISO RECIO Louis Miguel (éd.), La Burguesía espaí10la en la Edad Moderna, vol. 3, Valladolid, 1996, p. 1209-1229; CRESPO SOLANA Ana, Entre Cadix y los Países Bajos. Una comunidad mercantil en la ciudad de la ilustración, Cadix, 2001 ; LARIO DE OÑATE María del Car­men, La colonia mercantil británica e irlandesa en Cádix a jinales del siglo XVIII, Cadix, 2001 ; BUSTOS RODRlGUEZ Manuel, « La colonia comercial sueca en el Cad ix del siglo XVIII. Los B6lh », dans: RAMOS SANATANA Alberto (éd.), III Encuentro Histórico Suecia-EspaFia. Comercio y navega­ción entre EspaFia y Suecia (siglos X-XX), Cadix, 2000, p. 145-162; CARRASCO GONZÁLEZ María Guadalupe, «Cadix y el Báltico. Las casas de comercio suecas en Cadix (1780-1800) », dans : RAMOS SANATANA, 111 Encuentro, op. cit., p. 317-345; CARRASCO GONZÁLEZ María Guadalupe, « La factoría británica de Cadiz a mediados del siglo XVIII: organización y labor asistencial », dans: VILLAR GARClA María Begoña / PEZZI CRlSTÓBAL Pilar (éd.), Los extranjeros en la España Moderna, vol. 1, Málaga, 2003, p. 255-266 ; GARCIA FERNANDEZ María Nélida, Comunidad extranjera y puerto privi­legiado; los británicos en Cadix en el siglo XVIII, Cadix, 2005.

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La délégation consulaire des États-Unis aCadix

quée qu'en marge. Nous nous proposons done d'étudier I'une de ces organisations, a savoir celle des consulats des États-Unis en Espagne, et plus précisément celle du poste de Cadix.

L'émaneipation politique des Treize eolonies nord-amérieaines entralne rapidement une indépendanee économique. Le commerce extérieur devient alors une priorité pour le nou­veau gouvemement fédéral. Du temps de la Confédération, la diplomatie nord-américaine s'occupe done essentiellement de négociations commereiales. S' en suivent des traités commereiaux avec l'Angleterre, la Prusse, la Franee, Tripoli, l 'Espagne et l'Algérie. Les diplomates amérieains aident également leurs compatriotes marehands a obtenir de nou­veaux marchés en Baltique, en Orient ou en Méditerranée,

Les guerres de la fin du XVIlIc siecle permettent aux États-Unis d'opérer, grace a leur pavillon neutre, de fayon pragmatique sur les différents marchés européens. L 'un des pays les plus touchés par ces conflits est l'Espagne. Ce sont des bateaux nord-américains qui se chargent du transport de marchandises entre l'Espagne et ses colonies. Le vin, les fruits sees, le sel et les autres produits d'exportation espagnols atteignent leurs clients en Europe et aux Amériques grace aux bateaux nord-américains. Les produits eoloniaux arrivent de la meme maniere en Espagne2

. Les relations commerciales entre l'Espagne et les États-Unis ne datent pas des Guerres de Révolution. Elles se sont tissées des le milieu du XVIIIe sü~c1e entre l 'Espagne, les Treize colonies nord-amérieaines et les colonies espagnoles, principalement Cuba.

Le commerce entre I'Espagne et les États-Unis est marqué par les livraisons américaines de céréales et de farine qui deviennent régulieres el partir de 17603

. En général, les mar­chandises américaines entrent par le port de Cadix. Ce sont ces échanges impoltants qui justifient I 'établissement d'un réseau eonsulaire en Espagne. Et ce n'est pas un hasard si le premier poste ouvert en Espagne est celui de Cadix.

1 L 'organisation consulaire des États-Unis en Espagne jusqu 'en 1830 C'est dans les demieres années du XVIIIe siecle, que les États-Unis se mettent « d'urgence» (hasty sketch) el créer une strueture eonsulaire, prenant eomme modele le systeme fran¡;ais. Jefferson se prononce contre l'établissement d'une organisation consulaire adéquate paree que I 'entretien de celle-ei risque de se révéler plus onéreux que le réseau diplomatique. Les attributions des eonsuls sont doubles : diplomatiques et eommereiales. Ceci permet aux consuls de vivre grace a leurs activités commerciales, mais également grace aux taxes per¡;ues aupres des navires nord-américains en escale el Cadix.

Les services consulaires américains se mettent el croitre des l' entrée en vigueur de la Constitution. Entre 1790 et 1799, le réseau s'étend parallelement au commerce. Au début du XIXe siecle, on compte déja 165 consuls et agents commerciaux en Europe. En revan­che, ce nombre tres considérable diminue a partir de 18304

.

GONZÁLEZ ENCISO Agustín, « Exportaciones nOlieamericanas a Cádiz, 1805-1813 », dans : Moneda y Crédito, nO 151 (1979), p. 51-78, ici : p. 56. MARTÍNEZ RUIZ José Ignacio, « El mercado internacional de cereales y harinas y el abastecimiento de la periferia española en la segunda mitad del siglo XVIII: Cádiz, entre la regulación y el mercado », dalls : Investigaciones de His/oria Económica, n° 1 (2005), p. 62-63. Sur l'histoire du systeme consulaire américain voir : KENNEDY Charles Stuart, The American Consul: A Hislory of Ihe United States Consular Service, 1776-1914, New York, 1990 ; JONES Ches ter Lloyd, The Consular Service ofIhe Uniled Sta/es. lis Hislory and Aclivities, Philadelphia, 1906.

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Des son arnvee el Madrid en 1780, le minIstre plénipotentiaire amencam John Jay demande el etre épaulé dan s son travail, qui devient, el en juger de sa cOITespondance, rapidement important et compliqué5 Il souhaite la nomination de consuls en Espagne. Les premiers consulats américains el y ouvrir leurs pOltes sont ceux de Cadix et de Bilbao (1790), suivis de Malaga et d'Alicante (1793), de Tenerife (1794), de Barcelone (1797), de Madrid (1798) et de Santander (] 800).

Poste Consul Date de nomination

Alicante Robert Montgomery6

20 février 1793 John R . Fenwick 2 mars 1815 George B. Adams ?

Barcelone William Willis 28 décembre 1797 Jolm Leonard 9 décembre 1803 Richard McCall 2 mars 1815 William StirliI!& ?

Bilbao Edward Church 4 juin 1790

Cadix Richard Harrison7

4 juin 1790 J oseph Iznardi 20 février 1793 James L. Cathcar 8janvier 18 16 Alexander Burton 22 mars 1824

Madrid Moses Young 9 avril 1798

Malaga Michael Murphy 2 mars 1793 William Kirkpatrick Icr janvier 1800 George S. BalTel 12 décembre 1817

Santander Lewis Mcagher O'Brien 24 janvier 1800

Ténérife John Culnan 29 mai 1794 Payton Gay ?

Valence Obadiah Rich 14 février 1816 Meter Host ?

Baléares George T, Ladico ?

Tableau 1 : Nominations de consuls américains en Espagne (J 790-1830/

5 KENNEDY, op. cit., p. 10,

6 En 1787, Robert Montgornery, cornmeryant el Alicante qui se vante de posséder la rnaison de cornmerce américaine la plus ancienne d'Espagne (fondée en 1776), écrit a Thomas Jefferson el a John Jay en recherchant une recornmandation pour que le Con gres le nornme consul el Alicante, II obtient ce poste en 1793 (Robert Montgomery el Thomas Jefferson, 22 mai 1787, et Thomas Jefferson aRobert Mont­gomery, 6 juillet 1787, Library of Congress, Manuscript Division, The Thomas Jefferson Papers, series I : General Correspondence 1651-1827),

7 Le premier el s ' intéresser au poste de Cadix est un commeryallt natif de Virginie, Fulwar Skipwith (KENNEDY, op. cit" p. 23-24), Suite el des difficultés économiques, il sollicite en 1790 le président Jefferson pour que celui-ci le nomme consul aLisbonne, Bordeaux, Marseille ou Cadix, Or il n'obtient que la Martinique, et Cadix est finalement confiée el Richard Harrison (Senate Executive Journal, vendredi, 4 juin 1790).

s « Foreign letters, United status Ministres, instructions », 14 janvier 1785 - 28 septembre 1801 ; « Com­munications to officials of the department of State, An'anged alphabetically by names of diplomatic and consular post », The National Archives and Record Administration (dorénavant NARA). Diplo­matic and consular Instructions of the Deparrnent of State, Certaines dates ont été cOITigées et la chrono­logie a été rallongée en utilisant les Senate Executive Journal, Les dates du tableau correspondent el la nomination aux États-Unis, Les exequatur sont souvent accordés beaucoup plus tardo Ainsi Robett

.'

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,h icain 101m lay l cOITespondance, su ls en Espagne. ad ix et de Bilbao w celone (1797),

La dé/égation co~sulaire des États-Unis aCadix

En 1830, le réseau consulaire espagnol se présente, en essence, de la meme maniere qu'a la fin du xvme siecle. Il y a toujours huit postes, les felmetures d'agences ayant été compensées par des ouvertures (Santander et Madrid fermées alors que Valence et les Baléares9 donnent lieu el des créations). Mais dans les années suivantes, suite el la réforme du systeme consulaire américain, le réseau européen tend el se rétrécir. Dans son rapport envoyé au Secrétariat d'État en 1831, M. Strobel recommande de ramener le nombre des consulats en Espagne a trois : un el La Corogne, avec, dan s sa circonscription, le golfe Biscaye, un autre a Cadix, et le demier aAlicante ou Barcelone. Apres ces réductions, il ne reste plus que douze délégations consulaires nord-américaines en EuropeJO

.

2 Consuls el commerr;anls Pres de la moitié des consulats nord-américains ouverts entre 1790 et 1799 el travers le monde sont confiés a des non-Américains. Ceci est surement imputable el la croissance rapide des intérets commerciaux et navals américains. En Espagne, les États-Unis optent dans la grande majorité des cas pour des nominations de citoyens américains. Dans quelques cas bien concrets, les consuls sont recrutés parmi les Espagnols ou les étrangers installés sur place, avec toutefois une préférence pour les citoyens britanniques.

Cadix, le plus ancien poste américain en Espagne, est occupé par Richard Harrison, un marchand de Virginie. Le consulat de Bilbao est confié el Edward Church, originaire du Massachusetts, le consulat général de Madrid, l'est au Pennsy lvanien Moses Y oung, qui reste en poste jusqu'en 1802. Son consulat dépend directement de ['ambassadeur (puis ministre plénipotentiaire) des États-Unis el Madrid, Charles Pinckney. Les bureaux de Malaga sont en revanche tour el tour tenus par des commen;ants britanniques, Michael Murphy et William Kirkpattick 11

. Meme chose a Alicante, ou officie Robert Montgomery, un auh'e commer<;:ant britannique qui réside dans le ville depuis 1776. Ce demier enh'etient des relations commerciales importantes avec les États-Unis, et rapporte régulierement les mouvements des corsaires berberes en Méditerranée. Il joue également un role primordial lors de la signature du traité de paix et de commerce avec le Maroc l2

. Apres sa mort, le poste est confié a un Américain, lohn Fenwick, originaire de Caroline du Sud. Si le consulat de Cadix a été créé, nous I ' avons vu, par un Nord-Américain, il est repris, en 1793, par un commer<;:ant espagnol, Joseph Iznardi, natif de Cadix, poste qu'il occupe jusqu'en 1815. Les raisons de sa nomination restent floues, mais on peut penser qu'il est nommé en raison de son influence et son ascendance sur les autorités de la ville, et de l'importance de son négoce, notamment avec les États-Unis. Sa parfaite connaissance de la langue anglaise lui permet d ' assurer une conespondance avec les autorités américaines. 11 sait

MontgomelY, consul a Alicante, ne l' obtient qu 'en 1795, et Joseph Iznardi, consul a Cadix, qu 'en 1794. Quant aMichael Murphy, consul aMalaga, il ne I' a obtenu qu'en 1793 (PRADELLS, op. cit. , p. 577).

9 LibralY ofCongress, Manuscript Division, The Peter Force Collection, Series 8c, pú~ces 3-5 . 10 « MI'. Strobel's report to the Secretary of State, relative to consular fees )), Washington, janvier 1831,

ibid.

----.

: «Com­11 GÁMEZ AMlÁN Aurora, Comercio colonial y burguesía mercantil « malagueña » (1765-1830), Málaga,5}llomatic

1992.1. Diplo­12 Crocco aFranklin, Cadix, 25 110vembre 1783 , Library of Congress, Law Library of Congress, A Cen­ehrono­

tury of Lawmaking for a New Nation: U.S. Congressional Documents and Debates, 1774-1875, The -=:-.Jen t ala Revolutionary Diplomatic Correspondence of the United States, vol. 6.Robert

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tisser des liens d'amitié avec Jefferson, affection qu'il entretient par sa correspondance mais également par des envois de bouteilles de vin ! Il ne faít aucun doute que Thomas Jefferson est le protecteur d'Iznardi.

Les consuls sont done principalement recrutés parmi les commeryants. Cet usage ne manque pas de causer de nombreux problemes aux consuls eux-mémes, vis-a-vis de leurs propres affaires d'abord, mais aussi vis-a-vis de celles de leur bureau consulaire. Le «consul commeryant» doit trouver un équilibre entre ses différentes fonctions et interlocuteurs sans frustrer les uns ou les autres, et en faisant attention a ne pas porter préjudice a ses affaires 13

, Mais 1'amalgame entre affaires et fonction consulaire est constant. En consé­quence, quelques commeryants ayant déja une expérience consulaire plaident pour une meilleure dissociation des deux fonctions. Daniel Strobel, par exemple, estime dans son rapport sur la refonte du systeme consulaire que la fonction consulaire est incompatible avec celle de commeryant l4

. Ce conflit d'intérets est flagrant dans le cas du consul Iznardi a Cadix qui s'affronte constamment aux maltres, consignataires et autres commeryants de la ville.

3 Joseph Iznardi, commerr;ant, banquier, propriétaire terrier et consul Joseph Iznardi Lorenzo a été nommé consul des États-Unis a Cadix en février 1793 suite a la démission de son prédécesseur Richard Harrison qui avait été nommé au poste d'assesseur du Trésor des États-Unis (commissaire aux comptes).

D'ascendance piémontaise, Iznardi est l'archétype de l'homme d'affaires de Cadix. Son activité commerciale est variée et touche a tous les domaines du commerce l5

. Il est no­tamment impliqué dans les échanges entre les colonies espagnoles et les États-Unis d'une pali, et I 'Europe de l'autre. Iznardi réalise ses affaires en son nom propre ou au nom de son entreprise dont il est ['actionnaire majoritaire l6 De plus, Iznardi est armateur. Il possede une frégate de 300 tonneaux, L 'Adélaide, qui navigue pour SOn compte ou qu 'i l loue a d'autres 17

. Iznardi participe aussi au négoce des prets a intérét, de préférence hypothé­caires, mais il accepte aussi des dépots d'argent.

13 Bien des probh~mes que le consul Joseph lznardi rencontre tout au long de sa carriere, découlent de ce conflit d'intérets. Ainsi , il est accusé de négl igence par le capitaine 1. Israel, mise en cause qui donne lieu aun long proce:s , lors duquel il doit déposer une caution 25 000 dollars. De la meme maniere, les « privileges » que dOllnent la charge, sont la cause de plusieurs conflits avec d'autres marchands nord­américains ¡'¡ Cadiz.

14 Daniel Strobel, natif de Caroline du Sud, est nOlluné consul aBürdeaux en décembre 1816 (Journal 01 (he executive proceedings olthe Senate o/lhe United States o/America, 1815-1829, 16 décembre 1816).

15 Malgré sa qualité de cornmen;:ant, Joseph Iznardi n'est pas immatriculé au consulat, a la différence de son fils Patricio Iznardi, qui apparalt dans les registres de I'année 1804 (RUIZ RIVERA Julián Bautista, El Consulado de Cadix. Matricula de comerciantes, 1730-1823, Cadix, 1988, p. 172).

16 La Casa Iznardi, padre e hijo y compañía est une société en cornmandite avec comme membres : Diego Duff, Diego Bebeder et Joseph Iznardi. Le premie r apporte 10000 pesos, le second 5000 et Iznardi 15000. Lors de la fermeture de I' entreprise, Joseph Iznardi estime que les bénéfices dépassent 73 % du capital investi (Archivo Histórico de Patrimonio Cultural, Cadix [dorénavant AHPCJ, Sección Proto­los, Rota, n° 273).

17 La frégate San Cayetano (alias Adelaída) a été achetée en 1787 apart égale par Thomas et Joseph Iznar­di ¡'¡ son propriétaire, un voisin de la Nouvelle-Orléans. En 1789, Thomas Iznardi vend sa part ¡'¡ Joseph, et trois ans plus tard, le 30 janvier 1792, Joseph Iznardi finit par enregistrer la frégate cornrne sa propriété au Bureau de la Marine (AHPC, Sección Protocolos, Escribanía de Marina, n° 5.937, fol. 19-37).

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La délégation consulaire des États-Unis aCadix 239

En dehors de ses bases a Cadix, Iznardi possede un important patrimoine dans la ville de Rota et dans ses alentours. Depuis le XVIIe siecle, c'est une pratique courante pour les commen;:ants de Cadix d'investir leurs bénéfices tirés du trafic atlantique dans la terre et l'irnmobilier autour de la ville. Elle leur offre une sécurité pour les capitaux et leur assure un « pedigree social ». Iznardi débute dans les affaires dans les années 1780, et poursuit son activitéjusqu'a sa mort en 1815. Durant ces trois décennies, il amasse une fortune considérable qui a atteint 5 millions de réals de Vellón 18 en 1807. Cette fortune fond con­sidérablement lors de l'invasion fran<;:aise, et ne représente plus que 2 millions en 1817 19

,

lors de la répartition de l'héritage.

La plus grande partie de cette fortune provient de trois sources différentes : 1) l'expédition de vins vers les États-Unis et l'Angleterre, 2) les rentes de son pare immobilier a Rota, et enfin 3) les bénéfices qu'il réalise comme intermédiaire pour le compte de la Maison Royale.

De son commerce vinicole avec les États-Unis, Iznardi nous a laissé de nombreux témoi­gnages dans son testament. Une partie des opérations est réalisée pour son propre compte, comme par exemple lors d'expéditions de vins a Norfolk pour la maison Thomson & Francks ou, a Philadelphie, pour Morgan & Price. Mais il expédie également les vins d'autres viticulteurs, cornme ceux d'Antonio Lasqueti qu'il envoie a Philadelphie a Juan David Gordon. Il est également actif sur le marché européen. Ainsi, il expédie a plusieurs reprises du vin et des eaux-de-vie en Angleterre, en France et en Suede. Ces envois sont composés de ses propres vins (tintilla20

) mais aussi de vins de la région de Jerez. Ils sont adressés aux maisons Gordon & Murphy et Preid, Enriq & Compagnie de Londres ou autres négociants britanniques. En Amérique, Joseph Iznardi entretient surtout des rela­tions avec le Palo de Campeche a Veracruz ou son gendre est correspondant, et avec des négoces a San Augustin en Floride OU un de ses freres avait une maison de commerce et ou il se rend a plusieurs reprises avec son fils Patricio.

ARota meme, son patrimoine est constitué de 33 immeubles, et dans les alentours de la ville il possede au total 120 fermes dont cinq aranzadai l . Les maisons de ville sont louées sauf bien sur la résidence et les caves que Joseph Iznardi réserve a ses besoins per­sonnels. Les fermes sont également louées al' exception de la Cortijo de los Rincones et de la Hacienda del Molino qui se trouvent non lo in de son domicile. Les deux propriétés sont des domaines viticoles qui produisent du vin rouge. La forte demande de vin sur les marchés intemationaux associée a la forte rentabilité de la variété tintilla amenent Iznardi a l'exporter. En 1810, on estime qu'il possede pour plus de 60 000 pesos de vin en cave contre 40000 pesos en 1813.

18 Testament clos de Joseph lznardi, lO avri11813, AHPC, Sección Protocolos, Rota, n° 273, fo1. 55.

19 Dans son testament, il déclare avoir subi des pertes considérables « tanto en el comercio, como fallidos muchos de mis deudores, robos acontecidos por las partidas, ruinas de fincas, requisas y contribucio­nes impuestas por las tropas» (Répartition des biens de Joseph lznardi, 20 juin 1817, AHPC, Sección Protocolos, Rota, n° 276, fo1. 144-189).

20 Le tintilla est un vin rouge qui ne se trouve qu'a Rota.

21 50 ans auparavant, Iznardi aurait été, selon le cadastre d'Ensenada, le plus gros propriétaire terrien de Rotas apres le duc d' Arcos. Toujours d'apres la meme source, c'est la petite propriété qui prédominait dans la région (GONZALEZ BELTRÁN J. M., La villa de Rota a mediados del siglo XVIII, Ayuntamiento, 1992).

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Tout ce que nous savons du personnage de Joseph Iznardi laisse penser qu'il s'agit d'un riche22 commen;ant catholique23 et libéral24 qui jouit d'une bonne réputation parmi ses confreres britanniques, qui parle anglais et dispose d'un solide réseau de relations aux États-Unis, ce qui a certainement contribué asa nomination en tant que consul et séduit Thomas Jefferson.

4 La délégation consulaire des États-Unis a Cadix sous le consul Joseph lznardi25

Le bureau consulaire de Cadix tarde ase mettre en place notamment acause de la lenteur des procédures administratives. Si bien que le poste de consul n 'est créé qu'en juin 1790, et que son premier titulaire ne re90it son exequatur qu'en avril 1793. Joseph Iznardi ne peut done intégrer son poste qu'en juillet 1794 en jurant, comme le veut la tradition, de « défendre les intérets nationaux et individuels du peuple américain ».

Sa caniere de consul est longue. Durant approximativement 25 ans, il affronte de nom­breux problemes. Plus d'une fois, son poste est menacé par des intérets particuliers et des fOlies pressions. Durant toutes ses années, c'est I'appui inconditiOlmel de Thomas Jeffer­son, en tant que sous-secrétaire d'État ou en tant que président, qui lui préserve son em­ploi26

. Des désaccords entre les deux hommes ne surviennent que lorsque le consul s'absente27 de son poste. Ces vacances s'expliquent aussi bien par les impératifs de sa charge que par des raisons personnelles et commerciales. Joseph Iznardi partage son temps entre deux localités : Cadix, le siege du consulat, et Rota, ou se trouve le centre de ses affaires et son domieiIe familial28

. C'est eette séparation physique et son fréquent

22 Dans son testament, lznardi mentionne une de ses commissions qui aurait atteint un mi Ilion de réals.

23 Iznardi professe sa foi en eonstruisant une eh apelle aRota, sous le patronage de la Sainte Trinité. 24 Meme si les opinions politiques d'lznardi ne transparaissent guere a travers ses correspondances, on

per90it tout de meme une grande admiration pour la construction des États-Unis. Par ailleurs, il s'intéresse beaucoup al'enseignement. Avec un don de 63 000 réals, il fonde une école dans la vilIe de Rota pour « enseñar a leer, escribir y contar de balde a los niños pobres del pueblo » (<< apprendre a Jire , a écrire et acompter aux enfants pauvres du village »).

2~ Toutes les informatÍons citées sur le consulat de Cadix sous Joseph Iznardi proviennent de ses corres­pondances consulaires conservées dans aux NARA, Despatches from United States consuls in Cadix, vol. 1, II octobre 1791 - 15 décembre 1805. Apartir de cette note, les cÍlations concemant cette réfé­rence, ne contiendront plus que la date de la lettre citée. Nous avons également consulté la correspon­dance entre Joseph Iznardi et Thomas Jefferson qui peut etre eonsultée ala Library of Congress, Ame­rican Memory, Presidents. The Thomas Jefferson Papers. General Correspondence, 1651-1827.

2fi En 1800, Iznardi voyage aux États-Unis. Pendant ce temps, le bureau consulaire est tenu par le vice­consul Antllony Terry. Suite a son absence et aux requetes de certains maltres et citoyens américains de Cadix, le Congres propose de se passer des services d'lznardi. Adams, Secrétaire d 'Éta t, nomme alors Henry Prebble comme nouveau consul. Iznardi se défend et fait intervenir Thomas Jefferson en sa faveur. En juillet 180 1, ce demi er le confirme finalement dans sa charge et reléguant Prebble au poste de vice-consul. Des le tout début 1802, ce demier, indigné, demande au Secrétariat d 'État qu 'on revienne sur la décision et qu 'on le confinne au poste de consul de Cadix, mais peu apres Iznardi ob­tient sa nomination définitive. Cette nomination est confilmée enjuin 1803, en 1807 et en 1814.

27 Certaines de ses absences apparaissent dans sa correspondance : en janvier 1800, il est aMadrid pour consulter Humphreys. En mai 1800, il se déplace aux États-Unis et revient en aout 1802. En septembre 1804, il se rend de nouveau a Madrid pour pallier l'absence de Piekney, pal1i en Amélique. Il retoume a nouveau a Madrid enjuin de la meme année, puis en mars 1806.

28 La double résidence a occasionnellement fait baisser l'attention qu'iJ porte a son poste. Lorsque les troupes franyaises arrivellt dans la Baie, Iznardi es! pris de eourt a Rota, d'ol! il ne peut sortir. En

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_ González La délégation consulaire des États-Unis aCadix

éloignement de Cadix qui sont l'objet de critiques29 . Les détracteurs d'Iznardi n'hésitent

pas amettre en avant ces absences lorsqu'ils se plaignent aupres des sen'ices américains. Le 15 aoüt 1805, parait un article dans lejoumal de Philadelphie qui critique l'absentéisme et le manque de dévouement du consul. Le mécontentement de certains commen;ants atteint un tel degré que le Congres doit intervenir pour faire pression sur Thomas Jeffer­son afin que celui-ci demande a son consul des explications et qu'il lui rappelle que la

Joseph législation impose aux consuls de résider dans un périmetre raisonnable de leur officine.

Malgré une certaine perte de vitesse économique Cadix reste un port tres actif au début du XIXe siecle. Grace aux autorisation& de commercer avec les colonies espagnoles par l'intennédiaire des pays neutres , grace aussi a l'augmentation des importations de farine et de blé en provenance des États-Unis, certains négociants américains ont pu constituer des fortunes considérables. La charge de consul, qui rappOlie énonnément, représente une valeur ajoutée aux affaires de n'importe quel négociant, d'ou l'intéret de certains pour obten ir ce poste. Or, la double appartenance au monde diplomatique et commeryant empeche souvent Joseph Iznardi de se conduire avec équité30. Ses détracteurs l'accusent a plusieurs reprises de faire passer ses intérets et ceux de ses amis avant ceux du bien pu­blic. Les premieres charges contre lui datent de 1798. Elles se prolongent jusqu 'en 1808. Toutes émanent de citoyens américains. Néanmoins, Iznardi est confirmé ason poste en 1801. De nouvelles plaintes arrivent en 1803. Elles proviennent de différents négociants américains installés aCadix . Celles de Robert Stevenson, qui sollicite la place de consul avec l'appui d'un autre négociant, John Walsh, et de M. Young, consul américain aMa­drid, lui coutent presque sa place. Les principales doléances sont fonnulées par un com­meryant nord-américain, Richard W. Meade, arrivé a Cadix en 1803 en provenance de Londres pour son négoce. Des son arrivée, il prend Iznardí en grippe. Rapídement, il de­vient le porte-parole de la contestation contre Iznardi. Pour discréditer le cOl1sul, Meade a recours a toutes sortes de subterfuges. Il écrit un aliicle dans le joumal de Philadelphie, adresse des lettres au président Jefferson, et fait signer aux commeryants et mattres des pétitions réclamant le limogeage d'Iznardi. Leur soutien n'est pas difficile aobtenir. La professíon est tres sensible au respect des regles, et elle a beaucoup souffert des difficul­tés que rencontre la navigation sous drapeau neutre (fréquentes prises, décisions arbi­traires des tribunaux, problemes avec les quarantaines obligatoires, etc.). Précisons tout de méme qu'une bonne paIiie des maítres cosignataires des pétitíons sont employés sur des embarcations de Meade31

• Si l'administration américaine se refuse de relever Iznardi de ses fonctions , elle concede tout de méme, en 1806, a nommer Meade agent naval a Cadix, ce qui contribue aréduire les pressions sur Iznardi .

1811, il s'excuse par une lettre aupres du président Madison, en justifiant son absence de Cadix (10­seph Iznardi a James Madison, 11 aoGt 1811, Library of Congress, American Memory, Presidents, James Madison Papers, General Correspndence and Related ltems, 1723-1859).

29 «Our present consul does not reside at Cadix, not has he bcen for the last 8 mounts within 450 miles of his station », Richard Worsan Meade a James Madison, 6 novembre 1805, Library of Congress, Amelican Memory, Presidents, James Madison Papers, General Correspondence and Related Items, 1723-1859.

30 KENNEDY, op. cit. , p. 7. 31 Maede controle une bonne part du trafic de Cadix. En aoGt 1806, par exemple, sur 21 bateaux entrés

dans le pOlt de Cadix, neuf appartiennent aMeade.

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242 Guadalupe Carrasco González

4.1 Le district consulaire de Cadix

Les États-Unis ont l'habitude d'établir des circonscriptions consulaires tres étendues32

afin d'optimiser les ressources. A l'intérieur de sa circonscription le consul peut nommer des agents consulaires de son choix pour l'épauler dans son travail.

Le district de Cadix qu'administre Joseph Iznardi s' étend «de la frontiere portugaise jusqu'a Gibraltar, 60 miles a l'ouest et 40 miles a l'est, en incluant Ceuta en Afrique ».11 inclut les villes de Cadix, de Sanlucar et d'Algeciras, ainsi que le port de Santa Maria33 . S'y ajoutent Séville, ou Iznardi a nommé Patrick Wiseman comme vice-consul, Ayamonte, ou officie le vice-consul Andres Serrano, et, malgré son éloignement de Cadix, La COl'ogne qui dépend également du bureau consulaire d'Izn;rdi34

.

A Cadix, Joseph Iznardi peut toujours compter sur l'aide d'un vice-consul qui le remplace lors de ses absences. Le premier nommé a ce poste est Anthony Terry, un cornmers:ant de Cadix, En 1804, Iznardi subit des pressions de la part de l'ambassadeur des États-Unis a Madrid afin de nommer Richard W. Meade35 vice-consul a Cadix, mais gráce al'appui de J efferson, Anthony Terry36 se maintient ason poste. En 1808 et apn':s une longue période de négociations et d'incertitudes, il nomme Hackley cornme vice-consul, tout en gardant de bonnes relations avec Meade.

Par son importance, le consulat de Cadix ressemble, disons-le, aun consulat général des États-Unis en Espagne. Cette particularité est surtout due a la personnalité de Joseph Iznardi. Ce n'est pas par hasard que Jefferson a choisi un Espagnol pour administrer les ressortissants des États-Unis a Cadix, Iznardi se rend fréquemment a Madrid. Aidé par

32 Lorsque en 1793, la Guilde du Commerce donne son accord a la nomination de Robert Montgomery comme consul a Alicante, elle l'avertit que sa circonscription est excessivement et inhabituellement grande, couvrant Valence, la Murcie, la plincipauté de Catalogne et les Baléares. Dans un premier temps, Montgomery nomme les agents dont iI a beso in, un vice-consul aBarcelone puis, apartir de 1797, un consul. Néanmoins et de fa90n formelle, il dépend toujours d'Alicante (PRADELLS NADAL Jesús, Di­plomacia y Comercio. La expansión consular espaí10la en el siglo XVIII, Alicante, 1992, p. 577).

33 Pour le pOlt de Santa Maria on nomme Thomas Kidman, pour celui d ' AIgésiras, c' est Mullony qui est nommé enjllillet 1797, puis, en 1807, Hackley comme vice-consul. Pour Sanlucar la nomination d ' un agent se fait attendre, parce que J. Iznardi estime les taxes peryues a I'entrée du fleuve trop élevées et feraient fuir les navires américains. Par ailleurs, il ne les considere pas sllffisantes pour assurer I'entretien d'un agent dans ce port. Néanmoins, des agents sont ponctuellement nommés á ce poste.

34 «Il y débarqlle chaqlle jour un bateau et qll'il s'agit presque tOlljours d'Américains.» Joseph Iznardi au Secrétaire d'État, 5 mai 1795, NARA. A ce moment, on semble s'interroger sur la possibilité d'ouvrir un nouveall bureall consulaire aLa Coruña, et autant Joseph Iznardi que Robert Montgomery souhaitent qll ' il dépende de leur délégation consulaire respective. Iznardi insiste sur les cornmunica­tions fluides avec La Coruña alors qll 'avec Alicante, il n 'y a plus allcune relation.

JI Meade ne tient pas Terry en tres haute estime: «His deputy has nuller capacity or respectability ». Richard Wonsan Meade aJames Madison, 6 novembre 1805, Library of Congress, American Memory, Presidents, James Madison Papers, General Correspondence and Related Items, 1723-1859.

36 En 1807, Terry tombe en disgrace suite a des opérations financieres peu claires qu ' il avait réalisé pendant le séjour d'!znardi aux États-Unis. Dans une des clauses de son testament, Iznardi explique que Terry lui devait 389 858 réals, et qu ' il « este individuo sustrajo esta suma de las remesas que hice de los Estados Unidos consignadas a D. Francisco Domingo EquilllZ, de quien las ocultó y al que no he estrechado por no conocerle bienes públicos, mas de poco tiempo a esta parte me he informado tener varias fincas compradas en Cádiz a nombre simulado». AHPC, Sección Protocolos, Rota, nO 273, fol. 59.

243 ,.

La délégation consulaire des États-Unis aCadix _'O González

~tendues32

Humphreys, un supplétif de Pickney, I'ambassadeur des États-Unis, il y négocie fréquem­ment avec les autorités espagnoles. En outre, la délégation consulaire de Cadix re¡;:oit et expédie la cOlTespondance des autres bureaux nord-américains en Espagne ainsi que de certains postes des alentours, tels que Gibraltar, Marseille, Lisbonne ou certaínes agences d' Afrique du Nord. Le consulat de Cadíx centralise également toutes les informatíons collectées par les consulats de la péninsule. C'est aJoseph Iznardi que l'agent en poste a Gibraltar remet une part importante de ses informations sur I'état des communications dans le Détroit, sur les possibilités cornmerciales, I 'évolution des prix, etc. Robert Mont­gomery du bureau d'Alicante, ainsi que ses collegues aMadrid, aBarcelone, et, de temps a autre aussi ceux de Marseille et de Lisbonne fone de meme. Toutes leurs informations sont collectées aCadix qui les transmet aux États-Unis. Cad ix redisuibue aussi les informations sur la navigation dans le Détroit et en Méditerranée aux autres consulats nord-américains.

4.2 Les fonctions de consul

Nous devons les premieres références aux fonctions des consuls nord-américains a la cor­respondance de l'année 1778 entre Benjamin Franklín, Arthur Lee et John Adams d'une part et le Congres américain de l'autre. I1 s'en dégage qu'un consul des États-Unis dispose d'une juridiction civile et criminelle sur tous les Américains domiciliés ou de passage dans leur circonscription. Il s'occupe des agents commerciaux dans les ports de destination, réunit régulierement les marchands et les capitaines pour les informer des taxes ou des questions conunerciales. Ce n'est en revanche qu'en 1792 que les États-Unis publient leur premiere loi sur les affaires consulaire. Elle établit les obligations suivantes : le consul doit recevoir les plaintes et les déclarations en prenant soin des problbnes dans I'intéret du conunerce américain ; iI prend provisoirement possession des biens des Américains décé­dés dans son district ; il notifie les déces au Secrétariat d'État ; il s'occupe des chargements des bateaux américains échoués ou avariés, et pen;oit certaines taxes sur inventaires, etc.

Cette législation peu abondante ne satisfait guere le corps consulaire. Alors il improvise ou demande, au cas par cas, des instructions complémentaires au Secrétariat d'État. Des les premieres années du XIXc siecle, il existe une volonté politique pour élaborer un reglement consulaire. Ce qui s'en suit est l'Acl du 28 février 1803. Aux dispositions déja ex istantes , il ajoute, entre autres, l' obligatíon des maitres et capitaines de tenir une liste d 'équipage, de faciliter le rapatriement des marins échoués dans des ports étrangers, et de tenir un journal des taxes.

Panni les lettres non datées de la correspondance de James Madison on en u'ouve quelques unes qui font référence aux instructions consulaires. II est probable que ces lettres sont écrites au début du XIXc siecle, alors que James Madison est Secrétaire d'État. Lors d'un voyage aPhiladelphie en 1801/1802, Joseph Iznardi se félicite des rumeurs qui parlent de la créa­tion d'un reglement consulaire. Ces rumeurs pOUlTaient etre liées adeux lettres de Madison. L'une d'elles est intitulée The functions ofa consul as defined by M Comyn. Elle définit les cinq principales fonctions du consul : 1) vérifier les déclarations faites a la douane et au bureau chargé des questíons sanitaires des navires ; 2) informer les capitaines des regle­ments des pOlts; 3) garantir les plivileges et les libertés accordés par les traités en vigueur aux maitres et aux capitaínes qui anivent dans les ports; 4) s'assurer que les maltres et

"" 244 Guadalupe Carrasco González

capitaines remplissent correctement les papiers d'entrée et de sortie des pOltS ; et 5) envoyer annuellement une liste des entrées et sorties des ports de leur circonscription37

.

Ala meme époque, Joseph Iznardi écrit une longue lettre adressée au Secrétariat d 'État dans laquelle il fait une série de suggestions pour la rédaction d'un futur n':glement con­sulaire. Ses nombreuses observations dénotent une parfaite connaissance du trafic ma¡;­time entre l' Amérique du Nord et la péninsule Ibérique. Le premier point abordé par Iznardi est le commerce des navires américains dans les ports espagnols. Il souhaite obtenir des informations supplémentaires sur les papiers qu'il est censé délivrer a un marchand qui souhaite acquérir un navire américain pour commercer avec le reste de l'Europe, vu que les seuls certificats qu'un consul américain puisse distribuer sont ceux pour la navi­gation entre l'Espagne et les États-Unis. La question est d 'autant plus importante qu'un grand nombre de bateaux nord-américains se sont vendus sur le marché de Cadix, au cours de ces années, a des prix tres élevés. L'autre grande question posée dans sa lettre eonceme la quarantaine. Cette mesure touche les navires nord-américains et constitue un des prineipaux litiges dans les relations commerciaJes entre l'Espagne et les États-Unis. Iznardi propose d'adopter de nouvelles méthodes de régulation des quarantaines. Celles­ci seraient fondées sur une connaissance plus exacte de la situation géographique et poli­tique de la région Ol! se situent certains ports de la cote est des États-Unis. Il se propose d'informer le conseil de santé espagnol du caractere saisOlmier (de juillet aoctobre) des épidémies, qu'elles se guérissent avee «des aliments et de I'air purs38 ». Les maladies en question seraient de courte durée, et il est par conséquent improbable qu'un bateau sOlte des États-Unis et 3lTive a Cadix avec cette maladie abordo Iznardi insinue que I'ambassa­deur en poste a Madrid aille négoeier que la quarantaine ne s'appliquerait seulement aux navires qui quittent les États-Unis entre le 1cr juillet et le 30 octobre et que ses demiers soient munis d'un certificat de santé39

. Puis il aborde le probleme des capitaines et autres maitres qui, lors de leur arrivée dans un port étranger, abandonnent souvent leurs équipa­ges sans en avertir le consul4o

. Cette question est finalement résolue par l'Act de 180341 .

Joseph Iznardi s'inquiete également des nombreuses prises de navires nord-amérieains ainsi que de leurs condarnnations basées sur I'invalidité de leurs papiers. En absence d'une uniformité des documents émis par les différents ports des États-Unis, les autorités espagnoles se refusent de reconnaltre les papiers mari times américains. Iznardi réclame done une unifOlmisation des fommJaires afin d'éviter tout malentendu.

Toutes ces propositions sont le fruit d'une réflexion sur la meilleure maniere d'administrer le bureau de Cadix. Joseph Iznardi est me me alié jusqu'a publier, avec I'autorisation des autorités espagnoles, ses instructions. I1 les fait imprimer a Cadíx et en faít parvenir un exemplaire au Secrétariat d'État amérícain42

.

37 Library of Congress, American Memory, Presidents , James Madison Papers, General Correspondence and Related Items, 1723-1859.

38 Joseph Iznardi aJames Madison, Philadelphie, 8 septembre 1801 , NARA. 39 ¡bid. 40 ¡bid

41 Selon la loi de 1803, le maí'tre de n'importe quel navire qui navigue en eaux étrangeres doit tenir une liste de son équipage. Dans le cas ou le navire est vendu et l'équipage débarqué, le maítre doit trans­metU'e cette liste au consul, et celui-ci est tenu de rapau'ier les marins, en leur facilitant le passage seIon les conditions déterminées par la loi.

42 Je n'ai pas pu U'ouver les dites instructions, ni dans la documentation espagnole et ni dans la nord-américaine.

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4.3 Les infonnations transmises par le consul Une des principales fonctions du consul est celle d'informer sur tous les sujets commer­ciaux et diplomatiques. Les renseignements contenus dans ses correspondances peuvent etre subdivisés en trois groupes : la sécurité mari time, les informations économiques et les mouvements des navires et des troupes.

Les principaux problemes du consulat américain de Cadix découlent de la nature de son port. C'est le port espagnol qui accueille le plus de trafic atlantique, et par conséquent celui qui, en cas de conflit, est le plus exposé a un blocus matitime. De surcrolt, Cadix entretient des relations tres étroites avec l' Afrique du Nord. Les informations données par le consul sont souvent lié es aux saisies de navires nord-américains dont le drapeau neutre n'était pas respecté. Par conséquent il relate également la gestion de ces prises tant de la part des autorités espagnoles que des fran<;aises, représentées a Cadix par le consulat fran<;ais43

. Iznardi centralise aussi les informations transmises par les bureaux d' Alicante et de Gibraltar concemant les pirates et corsaires qui operent dans la zone de Gibraltar. En cas de besoin, le consul réunit les capitaines et maitres qui se trouvent dans la baie de Cadix, les renseigne sur la situation et prend les mesures nécessaires, par exemple en organisant des convois afin de minimiser les risques de saisies44

. Joseph Iznardi rend également compte des fréquents blocus des baies de Cadix, Salúncar et de GibraItar45 qui peuvent meme affecter les pavillons neutres.

Selon d'Iznardi, les difficultés dont souffre la navigation nord-améticain a Cadix s'expliquent par le manque de protection du commerce. Dans les premieres années du XIXe siecle, le commerce nord-américain a considérablement augmenté. Annuellement, plus de 80 navires passent maintenant par Gibraltar. Or, la paix avec les Barbaresques demeure fragile. Les navires nord-américains sont particulierement exposés aux attaques des pirates et corsaires africains. Durant toutes ces années, Iznardi re¡yoit de nombreuses circulaires et lettres de Gibraltar ou d'Afiique du Nord, l'informant des dangers encourus par la navigation qui s'aventurerait dans le Détroit. C'est cette situation qui décide Iznardi, en juin 180 1, a élaborer un plan pour la défense du commerce méditerranéen quí ne bénéficierait non seulement aux Américains mais également aux Hollandais, Espagnols et Fran¡yais46

. Ce projet rappelle abien des égards les mesures décidées par le gouvemement

43 Les affaires de navires condamnés par le consulat franyais de Cad ix sont transmises aNantes, ee qui pose énonnément de difficultés au co nsul et aux annateurs ou leurs représentants pom y pJaider leur cause.

44 En février 1795, il Y a 15 navires américains bloqués dans la baie. On arrive a les convaincre asortir en convoi es corté qui rassemble un total de 89 bateaux. ndence

45 Le port de Cadix est bloqué de 1797 a 1800 et en 1805 , celui de Gibraltar est en 180 1.

46 Joseph Iznardi pro pose au Secrétaire d'État James Madison de créer une flonille de guerre, composée de trois grands navires annés el appuyée par une petite goélette qui leur selt d 'éclaireur. Elle serait fi­nancée par des crédits venant de Londres, et les batiments seraient réparés et approvisionnés dans les pOlts d'Alicante, Carthagene, Malaga, Algesiras, Ceuta et Cadix . Les prisonniers ne devaient etre em­menés dans ces ports, cal' les autorités ne le pennettaient pas. JI fallait également obtenir la pelmission du sultan du Maroc pour entrer aTanger. La proposition d'Iznagi pose en outre le probJeme du controle du détroit par plusieurs nations (Espagne, États-Unis, Franee, Pays-Bas), toutes intéressées par le

.~iJle. commerce libre en Méditerranée. Les Anglais recherchent en revanche I'exclusivité de ce commerce .

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246 Guadalupe Carrasco González

des États-Unis en 1796 pour créer une flotte de guerre en Méditerranée47 destinée a défendre son cornmerce.

En tant qu'agent commercial, le consul est tenu de transmettre des infonnations sur I 'évolution des prix des marchandises, c 'est-a-dire, pour Cadix, essentiellement ceux du blé, de la farine et du rizo

Notons que, par ailIeurs, les variations des billets de banque - du « papier» - prennent une place considérable dans les correspondances d'Iznardi. Il documente tout ce qui entraine des augmentations ou diminutions de leur valeur. Lorsque la rumeur annonce qu'un con­voi arriverait a Cadix avec 11 millions de pesos or, la nouvelle « anime les esprits des gens, et le papier cornmence acirculer avec peu ou sans rabais ». De ce fait, le taux de change de papier en especes chute d'abord de 12 a 8 %, pour finalement se fixer vers 9,5 %. En revanche, des rumeurs d'attaques de pirates barbaresques dans la zone font augmenter les pertes de change jusqu'a46 %. Par ailleurs, le consul transmet les listes des montants des transactions des navires américains aCadix48

.

Iznardi transmet régulierement des observations sur les forces navales et terrestres espa­gnoles, sur leur composition, leur nombre en navires et hommes, leur répat1ition etc. Apres la bataille de Trafalgar, il envoie par exemple des informations sur le déroulement de la bataille, sur les pertes ou sur I'état des forces navales franco-espagnoles.

4.4 La nation et le role de cohésion du consul

Cadix abrite un grand nombre de consulats. Certains pays, tels que la France ou la Grande­Bretagne, ont des colonies de marchands bien établies depuis le XVIIe siecle. Leurs con­sulats jouissent d'une stlUctw'e ancienne qui assure la cohésion de la colonie. En revanche, il n 'y a que peu d' Américains installés a Cadix. La plupart des affaires commerciales nord­américaines sont administrées par des Blitanniques, de sorte que la population américaine él administrer est principalement constituée de capitaines, de maitres et d'équipages de passage. 11 n'y a done pas de véritable colonie américaine él Cadix. Néanmoins Joseph Iznardi espere améliorer la cohésion de la colonie en réunissant toute la communauté américaine les 4 juillet pour célébrer la fete d' indépendance. Acette occasion, Iznardi loue, en guise de toast, les vertus de la nouvelle nation et son incroyable croissance économique.

Conclusion Le réseau consulaire des États-Unis est le dernier él s'établir en Espagne durant I 'ere moderne. Il est modeste, et il a comme objectif: le controle de la Méditerranée.

La Méditerranée est d'abord un objectif politique, done diplomatique, mais elle devient bientot un objectif commercial. Cad ix se trouve au centre du dispositif que les États-Unis mettent en place pour la collecte d 'informations sur I'état de la navigation dans la région. Meme si la ville ne tient pas le monopole du commerce avec les colonies nord-américaines, son volume commercial n'est pas él négliger en ce début du XIX" siecle. Ce commerce est réalisé par les États-Unis sous pavillon neutre. Une partie importante de ce trafic passe par Cadix.

47 BRYSON Thomas A., American Diplomatic Relations Wilh the Middle East, 1784-1975: A Survey, Metuchen (N.J.), 1977, p. 59.

48 En 1804, il transmet les listes des navires entrés dans la baie ainsi que des navires vendus.

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Au toumant du XIXe siec\e, c'est Joseph Iznardi quí tíent les renes du consulat américain. Les criteres d'élection du consul nous sont connus, d'autant plus que Joseph lznardi , un Espagnol, remplace un consul d'origine américaine. Son poids commercial, son patrimoine et ses relations, notamment avec la colonie britannique, ont été déterminants dans sa nominatíon. Il ne faut pas oublier que le systeme consulaire américain est dominé par les grands patrons, et que les relations qu'entretient Iznardi avec ces demiers ont certainement pesé lorsqu'il a été choisí, tout comme les liens d'amitié qui le lient aThomas Jefferson.

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