La Belle Époque au bois dormant

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Pernoud Hermeline Acte du Colloque « La Belle époque des femmes ? » La Belle Epoque au Bois dormant La Belle au bois dormant est sans aucun doute un des récits d’enfance les plus connus et les plus appréciés encore aujourd’hui. J’en veux pour preuve les références à ce personnage plus ou moins récentes dans différentes œuvres littéraires (Yasunari Kawabata, Les Belles endormies - 1961), photographiques (Dina Goldstein, Fallen Princess - 2010), ou cinématographiques (Parle avec elle de Pedro Almodóvar - 2002 ; Shrek le troisième 1 - 2007), etc. Cette attirance pour les beautés endormies n’est pas nouvelle : en 1878, Charles Deulin s’enthousiasmait déjà pour ce conte. Dans son recueil Les Contes de ma Mère l’Oye avant Perrault, il écrivait même que : Débarrassée de ces longueurs, La Belle au Bois dormant est par la forme, sinon tout à fait par le fond, un véritable chef-d’œuvre2. Sur les quelques trois cent contes de fées du dix-neuvième siècle que j’ai pu recenser, le personnage le plus récurrent est justement celui de la Belle endormie. A travers ce recensement, j’ai pu déterminer un premier archétype de la Belle endormie. Les réécritures datant d’avant 1885 (soit plus précisément de 1833 à 1885) se servent de ce personnage comme d’un faire-valoir : la position léthargique symbolise la fin de la féerie, la fin de la croyance en un monde imaginaire où tout serait possible. Mais la léthargie permet également aux auteurs de cette période de parodier l’attente infinie du Prince Charmant et de l’amour parfait. Dans les deux cas, on passe du rêve à la réalité. Dans cette étude, il s’agira d’expliquer comment les relations entre les hommes et les femmes à la Belle époque sont parvenues à changer radicalement les dénouements des contes de fées. La Belle Epoque n’étant pas que le temps des premières revendications féminines, des premières suffragettes, mais la Belle Epoque étant aussi le temps des corsets qui se resserrent, symbole de l’emprisonnement des femmes qui n’en finit pas, il faudra démontrer comment le personnage de La Belle au bois dormant est devenu l’emblème de la cause féminine : femme endormie jusque-là, femme en attente de l’homme-sauveur, elle est désormais prête à s’éveiller, avec ou sans lui. Après un rappel des particularités des premières versions du conte de La Belle au Bois dormant de Perrault, je démontrerai le ridicule de l’amour idéal exposé dans les contes de fées. J’expliquerai ensuite quels sont les différents 1 Beauté, amie de la princesse Fiona, est atteinte de narcolepsie. 2 Charles Deulin, Les contes de ma Mère l’Oye avant Perrault, Paris, Dentu, 1878, p.143.

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Pernoud Hermeline

Acte du Colloque « La Belle époque des femmes ? »

La Belle Epoque au Bois dormant

La Belle au bois dormant est sans aucun doute un des récits d’enfance les plus connus et les plus appréciés encore aujourd’hui. J’en veux pour preuve les références à ce personnage plus ou moins récentes dans différentes œuvres littéraires (Yasunari Kawabata, Les Belles endormies - 1961), photographiques (Dina Goldstein, Fallen Princess - 2010), ou cinématographiques (Parle avec elle de Pedro Almodóvar - 2002 ; Shrek le troisième1 - 2007), etc. Cette attirance pour les beautés endormies n’est pas nouvelle : en 1878, Charles Deulin s’enthousiasmait déjà pour ce conte. Dans son recueil Les Contes de ma Mère l’Oye avant Perrault, il écrivait même que :

Débarrassée de ces longueurs, La Belle au Bois dormant est par la forme, sinon tout à fait par le fond, un véritable chef-d’œuvre2.

Sur les quelques trois cent contes de fées du dix-neuvième siècle que j’ai pu recenser, le personnage le plus récurrent est justement celui de la Belle endormie. A travers ce recensement, j’ai pu déterminer un premier archétype de la Belle endormie. Les réécritures datant d’avant 1885 (soit plus précisément de 1833 à 1885) se servent de ce personnage comme d’un faire-valoir : la position léthargique symbolise la fin de la féerie, la fin de la croyance en un monde imaginaire où tout serait possible. Mais la léthargie permet également aux auteurs de cette période de parodier l’attente infinie du Prince Charmant et

de l’amour parfait. Dans les deux cas, on passe du rêve à la réalité.

Dans cette étude, il s’agira d’expliquer comment les relations entre les hommes et les femmes à la Belle époque sont parvenues à changer

radicalement les dénouements des contes de fées. La Belle Epoque n’étant pas que le temps des premières revendications féminines, des premières suffragettes, mais la Belle Epoque étant aussi le temps des corsets qui se resserrent, symbole de l’emprisonnement des femmes qui n’en finit pas, il faudra démontrer comment le personnage de La Belle au bois dormant est devenu l’emblème de la cause féminine : femme endormie jusque-là, femme en

attente de l’homme-sauveur, elle est désormais prête à s’éveiller, avec ou sans lui.

Après un rappel des particularités des premières versions du conte de La Belle au Bois dormant de Perrault, je démontrerai le ridicule de l’amour idéal exposé dans les contes de fées. J’expliquerai ensuite quels sont les différents

1 Beauté, amie de la princesse Fiona, est atteinte de narcolepsie. 2 Charles Deulin, Les contes de ma Mère l’Oye avant Perrault, Paris, Dentu, 1878,

p.143.

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symboles que recouvre le thème de la léthargie. Enfin, j’en arriverai à dresser deux portraits types de la Princesse endormie Belle époque : la femme objet d’art d’une part, et la femme objet sexuel d’autre part.

Les Belles au Bois dormant à travers les âges

Les Belles au bois violentées

Avant toute chose, il convient de rappeler que les premières versions du conte de La Belle au Bois dormant sont bien différentes des versions édulcorées que nous avons gardé en mémoire.

De nombreuses versions de La Belle au bois dormant présentent un Prince Charmant qui profite du sommeil de sa belle pour lui faire l’amour. Catherine Magnien3 rapproche entre autres ce conte d’un épisode de Perceforest et d’un du Pentamerone de Basile, dans lesquels l’héroïne, après s’être piquée à une écharde, est soudainement victime d’un profond sommeil. (Charles Deulin lui-même faisait déjà ce rapprochement en 18784.) Lorsque Troïlus, le Prince, découvre Zélandine, la belle endormie, il en profite pour lui faire l’amour. (Généralement, les conteurs, dans le respect de la bienséance, se contentent de dire que le Prince la « déposa sur le lit ».) La Belle accouchera de deux enfants neuf mois plus tard. L’un des deux bambins, affamé, tétera le doigt de sa mère, faisant ainsi sortir l’écharde qui l’empoisonnait. Zélandine revient à la vie et elle heureuse avec son Prince.

La version de Perrault

Parce qu’il raconte un conte pour enfant, Perrault supprime l’épisode du viol ; mais parce qu’il se doit d’être moralisateur et distrayant, il ajoute un autre épisode effrayant : la rencontre de la Belle Princesse avec sa belle-mère, une Ogresse5.

Je résume ici la version de Perrault: alors que la jeune Princesse vient de naître, on convie toutes les fées de la région à son baptême, à l’exception d’une vieille fée. Celle-ci, vexée, jette un sort à la Princesse en prédisant qu’elle se percera la main avec un fuseau et qu’elle en mourra. Heureusement, lorsque la Princesse se piqua, une bonne fée fit tomber la Princesse et toute la cour dans un long sommeil. Cent ans plus tard, un Prince la délivra et ils se marièrent et eurent deux enfants, une fille, Aurore, et un fils, Jour.

Voici maintenant la partie du conte de Perrault que la tradition a oubliée : la mère du Prince, une Ogresse qui détestait la Belle au bois dormant, condamna la Belle et ses enfants à être mangés. Elle ordonna au Prince qu’il lui serve à dîner, accompagné d’une sauce robert6, Aurore, puis Jour, puis la Belle au bois

3 Catherine Magnien, Notices pour son édition des Contes de Perrault, Paris, Livre de

Poche, 2006, p.182. 4 Charles Deulin, id. : référence à Perceforest p.134 et au Pentamerone p.139. 5 Le conte des Grimm, lui, se termine lorsqu’on apprend que le Prince épouse la Belle

au bois dormant. 6 Selon l’ouvrage de Gilles Dubois, Milles recettes de sauces, coulis, jus, bouillons,

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dormant. Fort heureusement, le Prince cacha la Princesse et ses enfants, et servit à l’Ogresse un agneau, un chevreau, et une biche. Lorsque le Roi découvrit la méchanceté de son épouse, il la fit exécuter.

Pourtant, et bien qu’ils occultent le passage de l’ogresse, c’est sur la version de Perrault que se basent les auteurs fin-de-siècle. Les personnages féminins des contes décadents deviennent des femmes fatales. Figure type de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, la femme fatale7 trouve toute sa place dans le conte de La Belle au bois dormant. Que ce soit dans le conte de Catulle Mendès, La Belle au lit dormant, ou dans la féerie de Jean Richepin et Henri Cain, La Belle au Bois dormant, féerie lyrique en vers, le personnage de la Princesse regroupe les trois figures féminines du conte, à savoir la Princesse, la Fée, et l’Ogresse. La Belle au bois dormant Belle époque devient un archétype

de l’idéal féminin regroupant à la fois la beauté, la douceur et la passivité de la charmante Princesse, le caractère magique et la toute-puissance de la Fée, mais aussi la dangerosité et la cruauté de l’Ogresse.

Parodie de l’amour parfait

La plupart de ces contes Belle époque parodie l’attente infinie de la Belle endormie : après avoir attendue son Prince cent ans, la Belle au bois espère (et croit) toujours en un amour véritable. Il faut sans doute voir dans la transformation des dénouements des contes de fées une résonance au rétablissement du droit au divorce de 1886, loi qui idéalement devrait permettre aux femmes d’abandonner le rêve d’un amour unique et parfait qui durerait

jusqu’à la fin des temps. C’est cette possibilité de divorcer qui fait prendre conscience aux femmes et à la société que l’amour éternel décrit dans les contes de fées est une utopie. Nous nous retrouvons donc face à des Princesses qui exigent des Princes Charmants toujours plus talentueux. Ou alors, s’ils ne le peuvent, ces Princesses se refuseront.

Dans l’attente du Prince-Sauveur

L’esprit chevaleresque médiéval apprécié dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, prend toute sa place dans ce conte : la Princesse, étant réduite à attendre son Prince, fait figure de belle dame sans mercy. Mais au dix-neuvième siècle, la figure du Prince Charmant est de moins en moins efficace. Il est de moins en moins chevaleresque : il devient un alcoolique libidineux dans Cendrillon dans son ménage8, un Prince idiot qui préfère s’enfuir en courant

fumets, gelées … (Paris, De Vecchi, 2003), cette sauce, à base d’oignons, de beurre,

de farine et de moutarde, accompagne parfaitement les viandes blanches, grillées ou

poilées. 7 Jean de Palacio consacre plusieurs pages à la figure de la femme fatale dans le conte

de fées fin-de-siècle dans Les Perversions du merveilleux, Séguier, 1993, p.86-97. 8 Léo Lespès, Cendrillon dans son ménage, dans Les Contes de Perrault continués par

Timothée Trimm, Paris, Librairie du Petit Journal, 1864.

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plutôt que de sauver sa Princesse dans Foliane et Mélivaine9, un homme de plus en plus féminin (le Prince se transforme en femme à la fin du conte Isolin-Isoline10), etc. Dans notre corpus, notons que le Prince éclate en sanglots au

lieu de déclarer son amour à sa princesse dans Les Rêves de la Belle au bois dormant11 , et que celui de la version d’Arnold Goffin manque de s’endormir sur son chemin avant de parvenir enfin jusqu’à sa Belle et de finalement renoncer à sa quête, se sentant incapable de satisfaire sa promise12.

En réalité, la seule version présentant un partenaire protecteur est celle de Natalie Clifford Barney13. Dans ce conte, la narratrice saphique se comporte plus en Princesse Charmante que tous les Princes de ce corpus : elle prend soin de sa belle (Et couvrir les mots chastement de voiles, vers 3), veille à ne pas la blesser (Je veux élider les rimes charnelles / Qui pourraient blesser ton âme d’opale - vers 5), et prend en considération sa fragilité (Fleur parmi les fleurs, belle entre les belles, vers 1).

D’autre part, c’est un fait, à la Belle époque, les femmes n’ont que très peu de moyen pour devenir indépendantes. La veille dans laquelle on plonge ces Princesses symbolise leur somnolence dans la vie quotidienne : sans ressource, sans autre rôle que celui d’être des mères, des femmes au foyer, elles ne tiennent aucun rôle actif dans la société. Dans La Belle au bois dormant, drame en cinq actes et huit tableaux, Octave Feuillet choisit le personnage de Blanche, jeune aristocrate sans ressource financière, pour démontrer que l’argent est le seul moyen pour les femmes de s’émanciper. On apprend d’ailleurs au fur et à mesure de la pièce que Blanche est surnommée la Belle au bois dormant parce qu’elle a refusé ses parts dans l’affaire familiale ; elle est donc « dormante » au sens de « dormante socialement ». Lorrain, dans En Famille, montrait également combien la Belle, héritière du château, restait inactive puisqu’elle dépendant de l’autorité de son oncle. Quant à Gustave Claudin, en écrivant La Veuve au Bois dormant, il démontrait encore que la vie des femmes se résumait à rien sans un époux à ses côtés. Certes Aurore d’Ussy, la veuve, finit par se remarier, mais il est clairement démontré que son refus de se lier à un homme

a gâché sa beauté, sa jeunesse et que son choix est contre-nature :

S’il en était ainsi, séduisante comme vous l’êtes, vous auriez un combat sans fin à livrer avec ceux que vos beaux yeux feront soupirer, et si vous adorateurs devenaient trop pressants, vous n’auriez personne pour vous protéger et vous défendre ? Songez que les hommes les plus distingués et les mieux élevés sont exposés à ne plus l’être, lorsqu’on les pousse à bout, qu’il arrive un moment où la résistance qu’on leur oppose sans la motiver devient injurieuse et impertinente […] On croirait que vous voulez jouer le rôle

9 Albert Mockel, Foliane et Mélivaine, dans Contes pour les enfants d’hier, Paris,

Mercure de France, 1908. 10 Catulle Mendès, Isolin-Isoline, dans Les Oiseaux Bleus, Paris, Havard, 1888. 11 Jacques Yvel, Les Rêves de la Belle au bois dormant, Paris, Lemerre, 1895. 12 Arnold Goffin, La Belle au bois dormant, dans Le Thyrse, Proses florencées (1897). 13 Natalie Clifford Barney, La Belle aux désirs dormants, dans Quelques Portraits-

Sonnets de femmes, Paris, Ollendorff, 1900. (Je remercie Laurent Robert de m’avoir

fait découvrir ce conte.)

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de la veuve au bois dormant14.

Ode à la léthargie

Bien que la léthargie dans laquelle sont plongées ces Princesses symbolise

avant tout la mort de la féerie sous le joug des avancées scientifiques, ce sommeil illustre également la bêtise et l’absence de vie sociale de ces femmes. Ces Princesses, qui étaient jusque-là réveillées, poussées à trouver le bonheur, par les Fées, se retrouvent face à des révolutions techniques qui surpassent la magie. Nous ne pouvons que rappeler le conte de Loti, Le château de la Belle au bois dormant, dans lequel les fées, le Prince et même la Belle au bois sont absents puisque la déforestation les a fait fuir de la forêt bleue où se trouvait le château de la Princesse.

L’association du personnage de la Belle endormie à celle de la mort correspond à la mentalité fin-de-siècle : l’adoration pour la déliquescence explique cet

engouement pour une Princesse qui figure la mort. Les rapprochements entre la mort et le sommeil sont par exemple évoqués dans Au Bois Dormant de Paul Valéry : l’auteur sublime le sommeil de la Princesse et expulse même le Prince Charmant du poème. La nouveauté vient justement de l’absence du Prince charmant, mas cette absence n’a rien de dramatique, de fâcheux ou d’incommodant, car la Princesse se complait dans cet état propice aux songes, état où seuls ses désirs comptent.

De la conservation des Princesses

Par ailleurs, parce que Perrault, Grimm, etc., ont placé leur Blancheneige (personnage qui n’est finalement qu’un avatar de la Belle au Bois dormant)

dans un cercueil de verre, les décadents y ont vu la possibilité de faire un rapprochement entre cette Princesse sous verre, et un objet précieux, un objet d’art, que l’on conserverait dans une vitrine. Le titre du conte de Jean Lorrain La Princesse sous verre laisse imaginer une Princesse « sous cloche », comme si elle avait été un objet rare qu’il faut préserver. On retrouve d’ailleurs dans ce conte une description faisant l’éloge du corps blême, d’une peau blanche qui aurait commencé à se décomposer. Les seules couleurs qui apparaissent sur cette Princesse endormie sont celles d’un corps en décomposition, des pastels allants du vert gris au bleu-violacé :

Elle n’avait pas seulement de sa mère l’ovale un peu souffrant de la face, les épaules tombantes, où le bleu des veines transparaît sous la peau, et le regard poignant des prunelles lointaines, d’un vert d’eau de fleuve chez la morte, d’un violet améthyste chez Bertrade15.

Rappelons que, la magie étant attaquée par la science, elle ne permet plus aux Fées d’être aussi puissantes16. Ne pouvant plus être protégées par les Fées, les

14 Gustave Claudin, La Veuve au Bois-Dormant, Paris, La librairie illustrée, troisième

édition, 1888, p.8-9. 15 Jean Lorrain, La Princesse sous verre, dans Princesses d’Ivoire et d’Ivresse, Le

Rocher, collection « motifs », 2007, p.211. 16 On retrouve cette idée dans maints contes : Léo Lespès fait dire par la parente du

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Princesses deviennent, au sens strict, un objet périssable qu’on protège d’une cloche de verre (le cercueil), comme on protègerait une simple plaque de beurre de la pourriture. Fin dix-neuvième, alors que Pasteur a découvert les

procédés de pasteurisation en 1865, on ne peut voir ici qu’une application d’un procédé scientifique dans le monde féerique. La femme devient un objet au sens strict, objet qui sera de valeur uniquement si elle reste jeune et belle.

Des Princesses couleur d’ivoire

La ressemblance avec un être mort devient un critère de beauté à part entière : la peau blanche, l’immobilisme du corps font ressembler ces femmes à des statues. Les auteurs font de ces belles endormies des « cadavres au bois dormant » dont l’aspect morbide est des plus réalistes.

Mais cette passion pour les corps cadavériques va surtout être mise en avant à la Belle époque, par une ode à la beauté des corps blancs. Mendès associe par

exemple la blancheur de ses Princesses à la fragilité des fleurs, symbole que cet état de perfection n’est qu’éphémère. Arnold Goffin, dans sa Belle au bois dormant, honore une blancheur pâlissante (apâlie par les heures17). Mais c’est sans doute chez Jean Lorrain qu’il faut relever les éléments les plus frappants. Dans Monsieur de Phocas (1901), on relevait déjà ces passages élogieux des peaux blêmes, à la différence que cette fois-ci l’éloge de la blancheur était un critère de la beauté de l’homme-objet :

« J’ai passé toute ma journée au Louvre et le regard de marbre de l’Antinoüs me poursuit. Avec quelle mollesse et quelle chaleur à la fois savante et profonde ses longs yeux morts se reposaient sur moi! Un moment, j’ai cru y voir des lueurs vertes. Si ce buste m’appartenait, je ferais incruster des émeraudes dans ses yeux18.

On retrouvera cette même adoration des corps blafards dans Une belle est dans la forêt ou encore dans La Princesse sous verre. Dans ce dernier conte, Lorrain met en scène l’histoire d’une jeune Princesse, Bertrade, qui ressemble plus à une poupée de porcelaine qu’à une véritable personne. C’est la nature léthargique de la Princesse sous verre qui prédomine dans le portrait que nous fait le narrateur-esthète. D’une blancheur et d’une inertie cadavérique, seuls ses yeux viennent colorer son portrait de morte-vivante :

Épousée presque sans apport pour la grande beauté de sa chair de

Chaperon que le pouvoir des fées bienfaisantes est limité (Leo Lespès, Le Petit

Chaperon Rouge après sa mort, dans Les contes de Perrault continués par Timothée

Trimm, Paris, Librairie du Petit Journal, 1865, p.5.) ; Albert Mockel met en scène

une famille royale qui ne trouve plus aucune fée pour devenir la marraine de leur

fille (L’heureuse Surprise, 1908) ; chez Anatole France (Histoire de la duchesse de

Cicogne et de Monsieur de Boulingrin qui dormirent cent ans en compagnie de la Belle-au-bois-dormant, 1909) ainsi que chez Amable Tastu (La Fille des fées,

fragment d’un fabliau, 1823), les fées finissent toutes par mourir de vieillesse, etc. 17 Arnold Goffin, id., p.59. 18 Jean Lorrain, Monsieur de Phocas, Paris, Flammarion, 2001, p.61.

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lait et de ses longs yeux un peu égarés, du bleu verdissant des turquoises, cette fille d’empereur, à peine arrivée en Courlande, y était tombée dans une étrange langueur19 […].

De même, en ce qui concerne les héroïnes de Lorrain, Virginie Fauvin note la ressemblance entre le portrait des Princesses et celui de poupées de cire figées et parfaites :

Une certaine esthétique de la femme est mise en scène, nourrie des gouts de l’époque. Les princesses ont toutes une « beauté lunaire », un teint diaphane, presque transparent, elles sont … exsangues. Fidèles au « culte de l’artifice » inspiré de Baudelaire, les décadents rejettent la nature, et donc à un teint pur préfèrent un visage fardé. La beauté de Bellangère et d’Audovère sont quasi maladives20.

C’est donc bien le caractère assoupi, cadavérique de la femme qui semble être un véritable critère de sélection. La Belle au bois dormant, parce qu’elle est passive, devient l’amante idéale de l’esthète nécrophile.

Le paradoxe de la Belle au bois dormant

Après avoir montré l’inutilité sociale de la Femme, après avoir contemplé son aspect mortuaire, les auteurs des contes Belle époque en arrivent à montrer la perversité des femmes. La blancheur cadavérique que nous venons d’évoquer va devenir un fort symbole sexuel.

La duplicité de la femme n’est que très rarement montrée au premier plan dans les adaptations du conte de La Belle au bois dormant. Seul Mendès et Clifford Barney inscriront clairement leur Belle au lit dormant21et leur Belle aux désirs dormants dans la perversité. Les autres auteurs, Lorrain, Adelswärd-Fersen, etc., préféreront dissimuler leur vision négative de la femme sous des symbolismes plus élitistes. Plus généralement, nous pouvons résumer leur pensée ainsi : la froideur cadavérique de la Belle léthargique devient l’emblème de sa frigidité sentimentale et sexuelle.

C’est donc deux visions antinomiques de la femme que la Belle époque nous propose ; d’un côté nous retrouvons des femmes léthargiques symbolisant leur dépendance envers les hommes ; de l’autre nous devinons des femmes si belles et si froides qu’elles en deviennent des symboles de castration.

Femme objet d’art

La femme endormie devient une métaphore de la femme parfaite. Idéalisée par son état d’immobilité, sublimée par sa blancheur, elle se transmue en un véritable objet d’art. D’ailleurs, les Princes Belle époque se contentent

19 Jean Lorrain, La Princesse sous verre, id., p.208. 20 Virginie Fauvin, notes pour l’édition de Princesses d’Ivoire et d’Ivresse de Jean

Lorrain, Paris, Gallimard, collection « Bibliothèque Gallimard », 2002, p.191. 21 Dans cette version, le gendre de Théophile Gautier met en scène une Belle qui préfère

rester au lit afin de pouvoir goûter aux plaisirs saphiques (Catulle Mendès, La Belle

au lit dormant, dans Le Bonheur des autres, 1891).

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uniquement de sa beauté et de son silence ; aucune autre qualité ne les intéresse.

Revenons d’abord sur son sommeil : cet état devient un état de perfection :

endormie, immobile, non changeante, elle ne peut jamais décevoir l’homme. Ce sommeil prolongé est rassurant : il est la garantie de pouvoir garder telle quel et à jamais la femme aimée, et en outre, de pouvoir l’emprisonner au moment où on l’aime le plus.

La Belle endormie a des qualités étonnantes : puisqu’elle ne vieillit pas, elle reste belle à jamais ; puisqu’elle dort, elle ne peut pas parler. La figure de la Belle endormie devient ainsi le moyen de dépasser les inquiétudes du Prince : c’est un moyen utopique de garder une image parfaite (belle et silencieuse) de la femme aimée. Citons par exemple l’adaptation théâtrale de ce conte par Octave Feuillet. Cette version est justement une des plus caricaturales, mais elle

est également révélatrice d’un esprit quelque peu misogyne. Dans ce conte théâtralisé, les femmes ne sont réduites qu’à leur aspect physique et à leur jalousie maladive dont sont, selon Georges, le personnage faisant figure de Prince Charmant, victimes toutes les femmes. Etre amoureux d’une Belle au bois dormant, c’est donc être assuré de ne jamais avoir à faire face à aucun reproche.

Ces belles endormies sont toutes de froides beautés, qui en plus d’être naturellement belles, sont mises en valeur par divers artifices. Puisque ces Princesses endormies sont demi-mortes, on les pare comme on parerait une défunte pour son dernier voyage vers l’autre monde. On l’orne de ses plus beaux atouts ; on agrémente sa tenue de mille et un bijoux. Anatole France, dans Histoire de la Duchesse Cicogne, réutilisera par exemple le motif des robes couleur du temps de Peau d’Âne pour décrire toute la beauté de la toilette de sa Belle au bois. De même, dans La Princesse sous verre, les gouvernantes de Bertrade la baigne, l’habille avec soin avant la mise en bière, et la chausse de pantoufles de vair.

Malheureusement, ces multitudes de parures ne sont pas que positives : elles détériorent la beauté naturelle de ces Princesses et empêchent toute singularité. On en revient ici aux célèbres réflexions de Baudelaire sur les artifices dans Le Peintre de la vie moderne. Pierre Kyria souligne justement le

côté factice de ces Princesses : certes elles sont très belles, mais elles n’ont plus rien d’humain :

Elles sont toutes là, prises – au vif d’une plume qui court la pose mais ne perd pas un détail et ne manque pas une astuce – avec leurs toilettes, leurs parfums, leurs fards, trompeuses et masquées, natures et retorses, abusées et pitoyables, ou vénales, coquettes, fatales22.

22 Pierre Kyria, La féminité selon Jean Lorrain, dans Le monde, vendredi 28 décembre

1984, p.17.

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La sexualité au bois dormant

Ces figures féminines sont des illustrations parfaites de la beauté, mais ces portraits de femmes léthargiques sont incompatibles avec les désirs d’amour des hommes. Face à des Princesses artificielles et au cœur de glace qui réfutent toutes formes de sexualité, ces Princes vont se retrouver fatalement insatisfaits en amour.

Protégée des fées par le passé, au dix-neuvième siècle, dans ce monde où les techniques scientifiques ont anéanti la magie, les Princesses n’ont plus personne pour les défendre. Ces Princesses doivent s’en remettre à l’unique pouvoir qui leur reste pour obtenir les faveurs d’un Prince Charmant : leur sexualité. On passe donc de la femme frigide, la femme au cœur de glace telle que les réécritures de La Reine des Neige d’Andersen nous les montrait, à la représentation de la femme-objet, objet de contemplation, objet parfait pour

une sexualité rêvée. La Belle au bois, femme fatale, parce qu’elle dort est moins effrayante que toute autre figure féminine. Cette princesse endormie devient pour le Prince le moyen le plus efficace d’être contenté sexuellement. Cette vision sexuelle, certes réductrice, permet de ramener la femme à sa première utilité : elle en est réduite à sa simple fonction de reproductrice. Jean de Palacio explique d’ailleurs la disparition du passage concernant la Reine ogresse désirant dévorer la Belle au bois par une interprétation plus sensuelle du conte :

L’évacuation de la cruauté et du cannibalisme est des plus surprenantes. La Décadence est en effet friande de cet aspect. Pourtant, lorsqu’un Jean Richepin, auteur de nombreux recueils de « contes cruels », adapte « La Belle-au-Bois-Dormant » pour la scène, il évacue totalement la cruauté. Féerie et cruauté seraient-elles en l’occurrence incompatibles ? Ou celle-ci a-t-elle été éclipsée par les dérives érotiques du conte23 ?

En réalité, il n’y a rien d’anormal à ce que ce conte devienne plus érotique : c’est même plutôt un retour vers la version antique du conte (celle de Zélandine violée par son prince Troïlus). Par ailleurs, dans les contes de fées, bien que les héroïnes soient des vierges au début du récit, elles ne le sont plus à la fin. Même chez Perrault, il est dit clairement que le mariage est consommé :

[…] et après soupé, sans perdre de temps, le grand Aumônier les maria dans la Chapelle du Château, et la Dame d’honneur leur tira le rideau : ils dormirent peu, la Princesse n’en avait pas grand besoin24 […].

Notons d’ailleurs que le texte de Perrault laisse sous-entendre qu’en épousant une Belle au bois dormant, on a l’assurance de passer ses nuits aux côté d’une femme qui restera éveillée aussi longtemps que possible. Les femmes de la Belle époque hériteront de cette image et les « Princes » chercheront à retrouver cette exceptionnelle propriété.

23 Jean de Palacio, id., p.143. 24 Charles Perrault, La Belle au bois dormant, dans Contes, Paris, Livre de Poche, 2006,

p.195.

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On retrouve donc, au dix-neuvième siècle, des réécritures très charnelles de ce conte. On citait tout à l’heure La Belle au lit dormant de Mendès, conte dans

lequel le Prince est carrément remplacé par une femme : la Belle avoue à ses amis avoir retrouvé l’amour sous les baisers et les caresses d’une autre femme. La féerie de Richepin et Cain privilégie une sexualité assumée : cette adaptation nous présente une Belle au bois qui, une fois éveillée, cherche à rattraper le temps perdu et flirte, littéralement, avec la première personne qu’elle rencontre (Arthur de Clichy, roturier et simple commercial de cravates).

A l’inverse, dans les contes Belle époque, il arrive que les Princesses ne puissent jamais avoir de relations sexuelles. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Princes de ces contes fin-de-siècle sont inquiets : ils recherchent l’amour parfait, mais pour le trouver ils doivent tomber amoureux d’une femme

immobile, passive, et donc abandonner toute forme de sexualité. Pierre Kyria comparera d’ailleurs la détresse dans laquelle se retrouvent les héros de Jean Lorrain à celle dans laquelle se retrouve Virgile chez Dante :

A l’opposé de l’éternel féminin suave, précieux, câlin et gentiment aguicheur que nous propose l’imagerie de la Belle époque, voici la perversité, la fulgurance, l’ambivalence féminine, illustrées par un voyeur réaliste qui nous entraîne jusqu’à l’Inferno de la concupiscence et du plaisir25.

Métaphoriquement, il faut lire dans la blancheur dont nous parlions plus tôt, le symbole de la pureté de ces jeunes héroïnes. Les Princesses endormies, âgées de seize ans, à l’aube de leur maturité, sont encore des vierges. Leur sommeil prolongé est une allégorie de leur refus de grandir, de leur refus de devenir des femmes à part entière.

Dans d’autres contes, bien que le Prince soit présent, il ne se passe rien entre lui et la Belle endormie. C’est notamment le cas dans La Belle au Château rêvant de Gustave Kahn et dans La Belle au bois rêvant de Catulle Mendès puisque ces deux héroïnes refusent la compagnie du Prince Charmant afin de pouvoir se rendormir.

C’est également le cas dans le groupement de poèmes de Jean Lorrain (La Belle au bois qu’a réveillé, Une belle est dans la forêt, Le château léthargique, et Printemps Mystique), dans lequel le Prince, figurant le dieu des Arts Apollon, utilise son amour pour la Belle endormie uniquement afin de se renouveler

artistiquement. Enfin, dans La Princesse sous verre, Lorrain a décidé de faire prévaloir la relation spirituelle qui existe entre la Princesse Bertrade et son Prince, Otto. En effet, bien que ce conte se clôt différemment d’un conte de fées traditionnel (Otto et Bertrade ne se marient pas), il se termine bien car les deux protagonistes s’en vont chacun soulagés de s’être réconciliés.

Conclusion : la menace de la Belle au bois s’éveillant

25 Pierre Kyria, id., p.17.

Pernoud Hermeline

Acte du Colloque « La Belle époque des femmes ? »

Parodier l’amour tel qu’il est représenté dans les contes de fées permet de remettre en question l’idéal masculin et féminin. Ce sont à la fois les femmes de la Belle époque qui prennent conscience que le rêve du Prince Charmant n’est

qu’une belle utopie qui ne leur apportera pas entière satisfaction, et ce sont à la fois les hommes qui se rendent compte que l’idéal féminin recherché n’est qu’une image d’Epinal qui ne peut regrouper à la fois leur désir de perfection physique et la possibilité d’un épanouissement sexuel.

Par ailleurs, n’oublions pas que le thème de la léthargie permet de définir une vision oxymorique de la femme : le Belle endormie est à la fois la figure de la femme parfaite accomplie dans son sommeil, et la métaphore de la femme revendicatrice, prête à s’éveiller intellectuellement et socialement. Certes, elle a encore besoin de l’homme pour sortir du sommeil (car si le Prince ne vient pas, elle ne s’éveillera jamais), mais une fois réveillée, ces Belles au bois deviennent des femmes libres de faire ce que bon leur semble.

Laisser dormir la Belle au bois dormant est devenu, pour les auteurs masculins de la Belle époque, le moyen de se rassurer quant au rôle qu’ils peuvent jouer dans la vie des femmes. Ces Princesses endormies sont l’illustration d’un espoir, celui de ne pas être laissé de côté par ces femmes, celui de rester utile dans leur vie. C’est la peur qui s’empare des hommes : alors que dans le monde du travail, ils ont déjà été trop souvent remplacés par les machines, par les révolutions techniques et industrielles, ils s’imaginent qu’ils pourraient également l’être auprès des femmes. Les derniers vers de la version Clifford Barney montre d’ailleurs une narratrice apeurée à l’idée qu’une autre Princesse vienne lui voler sa Belle endormie26.

Il faut enfin noter que la presque totalité des auteurs des œuvres étudiées ici sont des hommes. Seule Natalie Clifford Barney, l’Amazone saphique, utilisa la figure de la Belle au bois dormant à la Belle époque. Ce sont des hommes qui, en relatant leurs inquiétudes quant à leur place dans notre monde, et plus particulièrement quant à leur place dans le monde des femmes, écrivent sur une question pré-féministe. Ils réfléchissent en premier lieu à la question de

l’éveil social attendu de la femme. Ces contes ouvrent donc une réflexion moderne sur le féminisme, mais cette réflexion ne laisse encore une fois que peu de place à l’avis des femmes.

Corpus (par ordre chronologique)

Lorrain, Jean, En Famille, dans Modernités, Paris, Giraud, 1885.

Kahn, Gustave, La Belle au Château rêvant, dans Chansons d’amant, Bruxelles, Lacomblez, 1891.

Mendès, Catulle, La Belle au lit dormant, dans Le Bonheur des autres, Paris, Marpon et Flammarion, 1891.

Valéry, Paul, Au bois dormant, neuvième livraison de la Conque (paru à l’origine

26 Natalie Clifford Barney, id., p.5 : Je serais vestale et ta candeur blonde / Ne subirait

pas les lèvres troublantes / Des amants, ni des princesses charmantes.

Pernoud Hermeline

Acte du Colloque « La Belle époque des femmes ? »

sous le tire La Belle au bois dormant), 1er novembre 1891.

Yvel, Jacques, Les Rêves de la Belle au Bois dormant, Paris, Lemerre, 1895.

Goffin, Arnold, La Belle au bois dormant, dans Le Thyrse, Proses florencées, Paris, Lefèvre, 1897.

Lorrain, Jean, La Belle au bois qu’a réveillé, Une belle est dans la forêt, et Le château léthargique, groupement de poèmes parus dans L’ombre ardente, Paris, Fasquelle, 1897.

Clifford Barney, Natalie, La Belle aux désirs dormants, Paris, Ollendorff, 1900.

Adelswärd-Fersen, Jacques, La Belle au Lac Dormant, dans le groupement Musiques sur l'eau, dans Chansons Légères Paris, Vanier, 1901.

Lorrain, Jean, La Princesse sous verre, dans Princesses d’Ivoire et d’Ivresse, Paris, Ollendorff, 1902.

Lorrain, Jean, La Princesse Neigefleur, dans Princesses d’Ivoire et d’Ivresse, Paris, Ollendorff, 1902.

Richepin, Jean, et Cain, Henri, La Belle au Bois dormant, féerie lyrique en vers, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1908 (représentée pour la première fois en

1907).

Nion, François de, La Belle au Bois dormait, Paris, Ollendorff, 1908.

France, Anatole, Histoire de la Duchesse De Cicogne et de Monsieur de Bouglingrin qui dormirent cent ans en compagnie de la Belle-au-Bois-Dormant, dans Les sept femmes de Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, Paris, Lévy, 1909.

Loti, Pierre, Le château de la Belle au Bois dormant, Paris, Calmann-Lévy, 1910.

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Palacio, Jean de, Les Perversions du Merveilleux, éditions Séguier, 1993.

Palacio, Jean de, Catulle Mendès et le merveilleux, préface pour son édition des Oiseaux bleus de Catulle Mendès, Paris, Séguier, 1993.

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Pernoud Hermeline

Acte du Colloque « La Belle époque des femmes ? »

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Vibert, Bertrand, Rire grand siècle et rire fin de siècle : Catulle Mendès lecteur de Charles Perrault, dans Recherches et travaux, n°67, 2005.

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