Introduction générale

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Introduction générale Ce cours présente tout d’abord des éléments de culture générale sur les marchés de capitaux. Ces éléments serviront ensuite de base pour le développement des chapitres suivants. Nous étudierons ainsi les institutions financières constituant les marchés financiers et les instruments financiers que l’on peut échanger sur ces derniers, allant des produits de base aux produits dérivés. Ces bases fondamentales nous permettront ensuite d’aborder la problématique de la gestion des risques sur le marché financier et sur la performance des instruments financiers. Quels sont les risques présents sur le marché financier ? Comment mesurer ces risques et comment se couvrir ? Comment mesurer la performance d’un instrument financier ? Comment créer de la performance ? Telles sont les questions que nous développons dans ce cours. Chapitre 1 : Le marché des capitaux

Transcript of Introduction générale

Introduction généraleCe cours présente tout d’abord des éléments de culture

générale sur les marchés de capitaux. Ces éléments

serviront ensuite de base pour le développement des

chapitres suivants. Nous étudierons ainsi les institutions

financières constituant les marchés financiers et les

instruments financiers que l’on peut échanger sur ces

derniers, allant des produits de base aux produits

dérivés.

Ces bases fondamentales nous permettront ensuite d’aborder

la problématique de la gestion des risques sur le marché

financier et sur la performance des instruments

financiers. Quels sont les risques présents sur le marché

financier ? Comment mesurer ces risques et comment se

couvrir ? Comment mesurer la performance d’un instrument

financier ? Comment créer de la performance ? Telles sont

les questions que nous développons dans ce cours.

Chapitre 1 :

Le marché des capitaux

I- Définition

Un marché est le lieu où se rencontrent une offre et une

demande d'un certain bien. En l'occurrence le bien dont il

s'agit est l'argent.

Les marchés de capitaux permettent la rencontre entre les

agents économiques ayant un excédent de capitaux et les

agents ayant des besoins de financement. Concrètement, les

entreprises s'adressent aux épargnants sur les marchés de

capitaux par l'émission d'actions, d'obligations ou de

billets de trésorerie.

Sur le marché des capitaux, les détenteurs de l'offre sont

les agents dits "à capacité d'épargne positive", en

l'occurrence les ménages essentiellement (aussi surprenant

que cela puisse paraître !) et aussi les entreprises,

quoique celles-ci préfèrent généralement réincorporer

leurs bénéfices dans leur propre activité ou distribuer

des dividendes à leurs actionnaires. Les demandeurs sont

d'une part les Etats, l'Etat providence moderne

nécessitant des investissements considérables et d'autre

part bien sûr les entreprises : ce sont les agents que

l'on appelle "à besoin de financement".

Loin d'une entité abstraite et souvent présentée comme

irrationnelle et toute-puissante à la fois, le marché des

capitaux représente en fait le moteur de l'économie,

puisque c'est le lieu où le carburant, l'argent, va être

utilisé pour propulser de l'avant la machine, c'est-à-dire

produire des richesses.

La première pierre d'achoppement réside dans la

possibilité qu'un échange ait effectivement lieu entre les

agents à capacité de d'épargne et les agents à besoin de

financement. En effet pour que le marché fonctionne il

faut non seulement que le bien, l'offre et la demande

existent, mais aussi que les agents aient envie de

procéder à l'échange ! Or les agents à capacité d'épargne,

les ménages rappelons-le, présentent une profonde aversion

pour le risque. Dès lors l'essentiel de l'épargne dégagée

par les ménages se trouve en dépôt sur des comptes à vue

ou des comptes d'épargne où l'argent est immédiatement

disponible.

En face, les agents à besoin de financement, à savoir les

entreprises, souhaitent trouver des financements à long

terme pour planifier leur développement. L'horizon des

agents à capacité d'épargne est généralement de quelques

semaines (la prochaine paie) à quelques mois (le prochain

tiers provisionnel…). L'horizon des agents à besoin de

financement est de plusieurs années ! Cette différence

rend l'échange effectif quelque peu problématique.

Marché des capitaux

Marché monétaire

Marché financier

Marché primaire

=Emission de nouvelles valeurs

mobilières

Marché secondaire

=Bourse

=Echange et

cotation des valeurs

mobilières déjà émises

Marché des interventions de la Banque CentraleMarché interbancaire

Pour optimiser l’allocation des ressources financières sur

le marché des capitaux, deux possibilités s’offrent : il

s’agit de la finance directe et de la finance indirecte

selon la terminologie de Gurley et Shaw (1960).

L’épargnant a en effet le choix entre deux solutions pour

placer sa liquidité :

- Il peut la placer chez un intermédiaire financier

(banque) qui l’alloue ensuite à un emprunteur de son

choix : c’est le circuit de la finance indirecte.

- Il peut la placer directement sur les marchés

financiers via un instrument financier de son choix

(action, obligation, option). Le prêt est directement

confié à l’emprunteur : c’est le circuit de la fiance

directe.

Sur la même problématique, Hicks (1974) a proposé une

distinction entre l’économie d’endettement (overdraft

economy) caractérisée par une finance indirecte.

C’est le cas par exemple de l’économie camerounaise ;

et d’autre part, l’économie de marchés de capitaux

(autoeconomy), où les marchés financiers assurent le

financement de l’économie. C’est le cas par exemple

de l’économie américaine.

II-Quelques institutions du marché des capitaux

- Les banques

Les banques sont les seuls agents qui possèdent le pouvoir

de transformer des ressources à très court terme : les

dépôts à vue (les comptes courants) en emplois à moyen ou

long terme : le crédit bancaire. Les banques établissent

donc le pont nécessaire entre les ménages et les

entreprises ; historiquement elles ont joué et jouent

toujours un rôle essentiel dans le financement de

l'économie.

Chaque banque a le droit de distribuer sous forme de

crédit la quasi-totalité de l'argent (mais pas tout ! cf.

plus bas) mis en dépôt par ses clients sur les comptes à

vue. Mais ce crédit distribué par la banque n'annule pas

pour autant le dépôt, qui reste disponible pour le client.

Il y a donc création de monnaie par la banque. Ces

crédits, octroyés sous forme de dépôts à vue, viennent

grossir l'encaisse des banques et donc leur possibilité de

distribuer de nouveaux crédits, etc. Les dépôts font les

crédits, qui eux-mêmes font les dépôts, …etc. C'est ce

qu'on appelle le "multiplicateur du crédit".

Le pouvoir de création monétaire des banques n'est

évidemment, et heureusement, pas infini. Il est limité

d'abord par le fait qu'une partie seulement du crédit

octroyé restera sous forme de dépôt. Le reste sera

converti en monnaie fiduciaire (billets) par des retraits.

C'est d'ailleurs pour garantir la capacité des banques à

faire face aux retraits que la banque centrale leur impose

de bloquer un pourcentage de leurs dépôts sous forme de

réserves obligatoires, non utilisables pour distribuer du

crédit. Ce taux de réserves obligatoires est un des

instruments de contrôle par les banques centrales de la

quantité de monnaie en circulation.

De plus, une entreprise ne peut pas se financer uniquement

par le crédit : au-delà d'un certain niveau d'endettement,

les frais financiers finissent par pénaliser de manière

insupportable les résultats et à ce moment les banques

n'acceptent plus de prêter. Les entreprises doivent aussi

trouver des moyens de financement à encore plus long

terme, des financements qui en fait ne deviennent

exigibles qu'en cas de dissolution de la société : des

capitaux, ou à très longue échéance, des emprunts

obligataires par exemple. L'ensemble des capitaux et des

dettes à long terme constituent ce qu'on appelle les

"fonds propres" d'une entreprise.

Les banques, en particulier les banques d'affaires,

interviennent aussi dans le financement à long terme des

entreprises, mais ce n'est pas leur vocation première qui

est plutôt de faire circuler l'argent. Pour doter les

entreprises en fonds propres, il faut des agents

économiques prêts à immobiliser de fortes sommes sur de

longues périodes, en vue bien évidemment d'en retirer un

bénéfice : des investisseurs.

- Les investisseurs institutionnels

Les principaux investisseurs sur les marchés de capitaux

aujourd'hui sont ceux qu'on appelle les "investisseurs

institutionnels" (familièrement les "zinzins"), à savoir

les compagnies d'assurance, les gérants de fonds (asset

managers), les caisses de retraite et leur équivalent

américain les fonds de pension. Eux aussi drainent de

l'épargne publique, mais cette épargne est immobilisée et

n'est pas exigible immédiatement comme les sommes en dépôt

sur les comptes à vue. D'autre part les organismes en

question ont généralement une obligation réglementaire ou

contractuelle ou statutaire de faire fructifier cette

épargne afin de pouvoir verser dans le cas des compagnies

d'assurance les indemnités, dans le cas des fonds de

pension les retraites à leurs souscripteurs.

Au lieu de distribuer du crédit comme les banques, les

investisseurs institutionnels achètent les titres émis par

les entreprises en quête de financement. Ces titres sont

représentatifs soit de capitaux propres : les actions,

soit de dettes à long terme : les obligations. Cet achat

s'effectue soit sur le marché primaire, c'est-à-dire dès

l'émission du titre, soit sur le marché secondaire, qu'on

appelle plus communément "la Bourse".

Entre la décision des entreprises de trouver des

financements sur le marché d'une part, et la décision des

investisseurs institutionnels de placer l'épargne dont ils

ont la garde d'autre part, il y a clairement cette fois

une offre et une demande qui ne peuvent que se rencontrer.

Encore faut-il que le marché s'organise pour faciliter au

mieux cette rencontre ; plusieurs sortes d'acteurs vont y

contribuer. A ce niveau les banques manifestent de nouveau

leur présence en force, car en tant qu'organismes teneurs

de comptes espèces et pourvoyeurs de liquidité, elles vont

jouer un rôle d'intermédiation primordial.

III- L'émission des titres

L'émetteur qui souhaite se financer sur le marché se

tourne vers une banque, ou un groupe de banques (le

"syndicat") qui joue le rôle d'agent pour cette émission.

L'agent prend en charge toutes les modalités économiques

de l'émission. Il s'engage à acheter les titres émis, à

charge à lui de trouver ensuite des investisseurs prêts à

les racheter.

Après l'émission, et une fois les titres sur le marché,

l'agent payeur de l'émetteur (qui peut être le même que

l'agent financier ou un autre établissement) aura en

charge le bon déroulement de toutes les opérations

intervenant dans la vie du titre : paiement de coupons

pour les obligations ou de dividendes pour les actions,

remboursements, augmentations de capital…

Les agences de notation enfin sont des établissements

indépendants qui évaluent la qualité des émetteurs et leur

attribuent une note établissant leur fiabilité en tant que

débiteurs.

- Les dépositaires

L'agent financier de l'émetteur gère la relation avec le

dépositaire central, un acteur fondamental sur le marché

des titres. Le dépositaire central tient à jour dans ses

comptes, pour chaque émission dont il a connaissance, la

quantité totale de titres émis et la quantité détenue par

chaque établissement inscrit en compte chez lui (la somme

des quantité détenues par chaque établissement devant bien

évidemment égaler la quantité totale !). En France le

dépositaire central de la quasi-totalité des émissions est

Euroclear France, anciennement la SICOVAM.

Chaque adhérent à Euroclear France est un dépositaire

local. Tout investisseur qui n'est pas directement inscrit

en compte chez Euroclear France doit ouvrir un compte chez

un dépositaire local pour pouvoir détenir des titres. Or

le dépositaire central ne gère à peu près que les titres

émis dans son propre pays, tandis que les investisseurs

tendent à internationaliser leurs placements. D'où le

développement de la fonction de "dépositaire global" ou

"global custodian". Le global custodian est désigné par

l'investisseur pour être son teneur de compte pour toutes

ses opérations d'achat-vente de titres sur tous les

marchés. Pour ce faire le global custodian se met en

relation avec des dépositaires locaux sur tous les marchés

de la terre, les dépositaires locaux ayant chacun en

charge la relation avec le dépositaire central de leur

pays.

IV- Les opérations de marché

Les investisseurs achètent des titres généralement par

l'intermédiaire d'un broker ou courtier. Celui-ci assure

plusieurs services en direction des investisseurs. Les

traders enfin vont sur le marché acheter ou vendre les

titres.

La négociation entre les brokers se fait soit directement

"de gré à gré", soit par l'intermédiaire d'un marché

organisé, une Bourse des valeurs, soit sur une des places

de marché électroniques qui connaissent un fort

développement actuellement.

Une fois l'opération négociée, l'investisseur se tourne

vers son dépositaire afin que celui-ci prenne en charge la

partie "post-marché". En effet pour que l'opération soit

dûment enregistrée il faut procéder à l'échange des titres

fournis par le vendeur contre les espèces fournies par

l'acheteur. C'est le règlement-livraison.

Le dépositaire aura également la charge de répercuter sur

les comptes de son client investisseur l'impact des

multiples opérations sur titres intervenant sur son

portefeuille : paiements de coupons ou dividendes,

remboursements, mais aussi détachement de droits de

souscription, OPA,… OPE…

V- Les salles de marché

Les opérations de marché effectuées par les investisseurs

institutionnels ne se bornent pas à l'achat-vente de

titres. Etant données les sommes engagées, et la

multiplicité des marchés où les investisseurs

interviennent, cette activité génère des besoins annexes.

L'investisseur doit se procurer des devises, d'où la

nécessité d'intervenir sur le marché des changes. Il peut

avoir également besoin de crédit, ou au contraire vouloir

placer temporairement des liquidités, pour optimiser sa

trésorerie. Enfin il veut protéger son portefeuille

d'actifs contre les fluctuations du marché, d'où un besoin

en produits dérivés.

Les entreprises non financières (les "corporates") font

face au même type de besoins : les importateurs veulent se

procurer des devises, les industries de transformation

doivent se protéger contre les fluctuations des prix des

matières premières. Tous ont des besoins de gestion de

trésorerie, et de couverture contre les mouvements des

cours ou des taux.

VI- La spéculation et l'arbitrage

Tous les établissements financiers ainsi que des fonds

dédiés à cette activité consacrent une partie de leurs

ressources à la spéculation. Spéculer c'est prendre une

position contraire à la tendance en cours : c'est se

porter vendeur quand on pense que les cours vont baisser

(et qu'ils sont donc au plus haut !), acheteur quand on

pense qu'ils vont monter. En prenant position, les

spéculateurs apportent de la liquidité au marché : ils

sont les vendeurs des investisseurs qui veulent acheter,

les acheteurs de ceux qui veulent vendre. C'est une

activité risquée, puisque contrairement aux investisseurs

ou aux corporates, les spéculateurs parient sur l'avenir.

Les arbitragistes jouent également un rôle d'harmonisation

: ils profitent des différences de prix existant entre

différents marchés pour faire des plus-values. Par exemple

sur le marché des devises, ils achètent du dollar sur une

place où celui-ci est moins cher et le revendent là où il

est plus demandé, donc plus cher. C'est une activité sans

risque, puisque les actifs achetés sont immédiatement

revendus, mais qui nécessite des fonds importants dans la

mesure où les plus-values par opération sont faibles.

L'activité des arbitragistes a pour effet de gommer les

incohérences du marché.

Conclusion

La littérature économique, après avoir opposé le

financement des entreprises par le crédit bancaire

(économie d'endettement) et le financement par l'émission

de titres (économie de marché), tend désormais à attribuer

un rôle complémentaire aux deux. Les études tendent à

prouver que pour se développer une économie a besoin d'un

marché financier actif et organisé et d'un système

bancaire fiable.

L'objectif de ce cours est de discuter de la définition

des marchés financiers, de leur rôle, de leurs produits et

de leurs mécanismes de fonctionnement : qui sont les

acteurs du marché ? Comment interagissent-ils ? Quels sont

les produits financiers qu'ils négocient ? Les fonctions

autour desquelles ils s'organisent ?

Chapitre 2 :

Les marchés financiers : Organisation et

fonctionnement

Le marché financier se présente comme une composante du

marché de capitaux qui permet le financement de

l’économie. C’est le lieu d’émission et d’échange des

valeurs mobilières, principalement les actions et les

obligations ; mais aussi les produits dérivés (contrats à

termes, options, etc.). L’émission et les transactions sur

les instruments financiers peuvent s’effectuer dans le

cadre d’une bourse de valeurs, sur des marchés d’actifs

financiers organisés ou de gré à gré, ou sur des marchés

dérivés.

Ce chapitre présente le rôle du marché financier, son

évolution, sa structure, les produits qui y sont échangés

(instruments financiers), les acteurs du marché

financiers, ainsi que les opérations qui y sont

effectuées.

I- Le rôle des marchés financiers

- Transferts de liquidités

Le premier rôle des marchés financiers, celui qui a

motivé leur apparition et qui demeure l’un des plus

importants, est de faciliter les transferts de

liquidité des agents à capacité de placement vers

les agents à besoins de financement. Cette

allocation des ressources est le propre des marchés

au comptant.

- Allocation des risques

Le deuxième rôle est celui de l’allocation des

risques, qui a pris une ampleur considérable de nos

jours avec le développement des produits dérivés.

En effet, certaines opérations n’ont pas pour

objectif de couvrir des besoins de financement, mais

plutôt de se protéger contre des risques de pertes

dus à la variation du cours d’un actif financier.

- Vecteur d’information

Enfin les marchés financiers contribuent à

l’information des agents économiques, notamment par

le canal du cours (prix) des titres qui reflètent la

situation des entreprises et des marchés (dans la

mesure où les marchés sont considérés comme

efficients).

Sur les marchés financiers, les agents acquièrent de

l’information incorporée dans les prix. Cette

incorporation est opérée par les transactions

effectuées par les agents bien informés et relayées

par la réaction des agents plus ou moins bien

informés face aux transactions des informés. Selon

que les prix incorporent plus ou moins bien les

informations disponibles, le marché sera plus ou

moins efficient, au sens informationnel.

II-L’évolution des marchés financiers

Depuis le milieu des années 70, nombreux

s’accordent à dire que les marchés financiers ont

fortement évolué avec une liquidité de plus en plus

abondante et des marchés de plus en plus

englobants, ainsi que l’apparition de fonds

d’investissement dont le pouvoir financier n’a

cessé de croître. La financiarisation actuelle de

l’économie a de grandes conséquences sur toute la

société.

Les années 70 sont caractérisées par l’apparition

de fortes incertitudes financières : l’inflation

s’est accru et on a assisté en même temps au

développement de la volatilité des taux d’intérêt

ainsi qu’à une importante instabilité des taux de

change et des produits énergétiques avec les deux

chocs pétroliers, et enfin on a assisté à

l’endettement croissant des pays en développement.

Ces évènements se sont accompagnés d’une forte

croissance des marchés financiers pour faciliter

les transferts de risques entre entreprises ou

Etats. Ces derniers ont eu pour conséquences une

augmentation de la liquidité, via la multiplication

des marchés dérivés.

Le développement des marchés financiers a été rendu

facile grâce au développement dans la même période

des TIC. Tout ceci a profondément modifié le

fonctionnement de l’économie mondiale et accélérer

la croissance de l’économie mondiale.

Mais cette croissance des marchés financiers a

malheureusement rendu facile les transferts de

risques financiers via des produits dérivés et des

innovations financières complexes (qui augmentaient

les appétits des spéculateurs). Ces produits

dérivés ont ainsi certes permis une croissance de

la liquidité nécessaire au financement des

activités économiques pour une croissance

économique soutenue, mais l’opacité les

accompagnant a augmenté les risques sous-jacents,

en facilitant la spéculation et l’instabilité

financière. C’est ainsi qu’on assiste à la

récurrence des crises financières. La crise de

l’année 2008 est entre autres causée par un manque

de confiance dans les produits de crédit complexes,

innovants mais difficiles à évaluer

III- La présentation des titres

Les objets échangés sur le marché financiers sont

les titres financiers au sens strict, et les

produits dérivés du type options, futures, ou swaps.

Un titre est un droit à une séquence de flux de

trésorerie futurs. L’acheteur du titre donne au

vendeur la somme d’argent correspondant à la valeur

du titre, en échange de quoi il acquiert le droit de

recevoir un ou plusieurs flux échelonnés dans le

temps. Par exemple, l’acheteur d’une obligation

recevra une séquence d’intérêts (dits coupons) puis

le remboursement du capital investi initialement.

L’acheteur d’une action recevra une séquence de

dividendes puis la nouvelle valeur de l’action au

moment de la revente de celle-ci.

1- Les actions :

C’est un titre de propriété représentant une

fraction du capital de l’entreprise et donnant droit

de vote aux Assemblées généraux, droit à

l’information sur la situation de l’entreprise et

droit aux dividendes. Sur un plan financier, elle

représente principalement deux sources espérées de

revenus pour son détenteur : (les dividendes à venir

et une éventuelle plus value lors de la revente du

titre)

Les actions, ou titres de capital, sont des titres

représentatifs d'une prise de participation dans une

société. De ce fait, l'actionnaire est un associé de

l'entreprise.

Les différentes catégories d’actions

On distingue plusieurs types d’actions.

- L’action classique :

Il s’acquiert contre une somme d’argent à la

création de l’entreprise ou sur le marché

financier. Il confère à son détenteur les droits

évoqués ci-dessus. Ces actions ordinaires (ou

actions de capital) sont généralement émises

lors de la création de la société, lors de

l’augmentation du capital ou lors d’une

distribution d’actions gratuites.

- Les actions d’apport (pour mémoire) attribuées

lors d’un apport matériel. Les droits sont

identiques à ceux des actions de capital.

- L’action privilégiée :

Il offre un privilège en termes de priorité lors

des votes en A.G. ou lors de la distribution des

dividendes.

- L’action à dividendes prioritaires (ADP) :

Il confère un accès privilégié aux dividendes

mais sans droit de vote.

- Les certificats d’investissement :

Ce sont des titres sans droit de vote,

permettant la participation du public au fonds

propres des entreprises nationales (publiques),

sans modifier l’actionnariat et sans faire

perdre des voix à l’actionnaire prioritaire.

- Les actions à bons de souscription d’actions

(ABSA) :

Ce sont des actions qui donnent le droit à leurs

détenteurs de souscrire à de nouvelles actions à une

date future et à un prix convenu à l’avance.

2- Les obligations

Ce sont des titres de créances pour les

souscripteurs (représentatifs d’une dette pour les

émetteurs) et donnant droit au paiement d’un

intérêt et au remboursement du capital à

l’échéance. Les obligations émises sur le marché

primaire, à un taux fixe généralement. Ils sont

négociables sur un marché secondaire à un prix

susceptible d’évoluer en fonction de la situation

du marché. La société émettrice de l’obligation

s’engage à rembourser le capital emprunté à une

échéance déterminée et à verser des intérêts

appelés coupons. Les coupons sont payables à des

intervalles de temps réguliers (année, semestres,

trimestres). Les obligations sont généralement

émises par une entreprises privée ou publique ;

par l’Etat ou par des collectivités publiques.

Caractéristiques de l’obligation

L’obligation est caractérisée par les éléments

suivants :

- La valeur nominale ou valeur faciale d’une

obligation est la valeur qui sert de base de

calcul des coupons (intérêts versés). Le coupon

est égal au taux facial (fixé à l’émission)

multiplié par le nominal. La valeur faciale est

déterminée à l’émission de l’obligation.

- Le prix d’émission ou valeur d’émission est le

montant de versement demandé aux souscripteurs

lors de l’émission de l’obligation. Cette valeur

peut être égale à la valeur nominale : on dit

dans ce cas que l’émission est au pair. Elle

peut également être en-dessous du pair,

caractérisant ainsi l’existence d’une prime à

l’émission.

- La maturité : c’est la date de remboursement de

l’emprunt obligataire.

- La valeur de remboursement : elle peut être

égale ou supérieure à la valeur nominale,

caractérisant dans le second cas l’existence

d’une prime de remboursement.

- Le coupon définit le montant des intérêts versés

- Le taux de rendement actuariel définit le

rendement réel suite aux variations de taux sur

le marché secondaire.

- La date de jouissance : date à partir de

laquelle les intérêts sont calculés.

Les catégories d’obligations

On distingue les obligations ordinaires et les

obligations à taux flottants.

- Les obligations ordinaires :

Ce sont des obligations à taux fixe dont le

coupon est versé en général une fois par an et

est identique sur la durée de vie du titre.

- Les obligations à taux flottants :

Ce sont les obligations à taux variables et les

obligations à taux révisables. Leur

particularité est d’offrir une rémunération qui

varie dans le temps à une moyenne de taux

constatée sur le marché.

3- Les produits dérivés

Outre lever des fonds à l’aide des actions et des

obligations, les entreprises ont besoin de

s’assurer contre les incertitudes sur les prix

qu’elles peuvent subir. Pour cela, elles vont

utiliser un autre type de produit que l’on appelle

« produits dérivés », car dérivés des produits de

base.

Ces produits existent depuis longtemps mais leur

échange s’est amplifié avec l’ouverture du premier

marché organisa des options de gré à gré à Chicago

en 1973 et la publication la même année de

l’article de black et Scholes The pricing of

options and corporate liabilities publié dans le

Journal of Political Economy. Ils s’apparentent à

des produits d’échange de risque ou encore

d’assurance pour les entreprises contre les

incertitudes grandissantes sur les prix des

instruments financiers fondamentaux.

Les produits dérivés peuvent être de deux natures

différentes : les contrats à terme et les options

négociables.

- Les contrats à termes

Une opération à terme est une opération au

comptant différée dans le temps. L’acheteur et

le vendeur se mettent d’accord sur les

conditions d’un échange, qui s’effectuera à une

date future (maturité). Précisée dans le contrat

à terme. Le prix de l’échange est précisé à la

date d’élaboration du contrat.

- Les options négociables

Les options sont des contrats permettant à leur

détenteur d’acheter ou de vendre une certaine

quantité d’un bien à un cours fixé à la

signature du contrat et appelé prix d’exercice

ou strike, et à une maturité bien précise. Les

options d’achat sont des calls

Les options de vente sont des put

On distingue les options à l’européenne et des

options à l’américaine.

IV-Les composantes du marché financier

On peut décomposer le marché financier selon la

nature des produits qui y sont échangés. Dans ce

cas on peut le structurer comme suit :

Produits dérivés

A- Le marché des actions

La structure du marché des actions est la

suivante :

Marché financierLes actions

Les obligation

Contrats à terme

Le marché officiel

Il est composé du marché des Règlements

Mensuels et du marché des Règlements

Immédiats.

- Le marché des Règlements Mensuels (RM) :

C’est sur ce marché que sont cotées les

entreprises les plus importantes (CAC 40, FTSE,

NASDAQ, NIKKEI, etc). C’est un marché à terme

car un délai est fixé entre la conclusion du

contrat et son exécution (livraison des titres).

- Le marché des Règlements Immédiats (RI) : Toutes

les opérations sont réalisées au comptant sur ce

marché.

Marché des actions

Marché officiel

Marché des Règlements mensuels

(RM)

Marché des Règlements Immédiats

(RI)

Second marché

Nouveau marché

Marché hors cote

Le second marché

Il est destiné à recevoir des entreprises de

petites tailles dont les perspectives sont

attrayantes.

Le nouveau marché

Ce marché est régi par une société qui lui

est propre, à savoir la société du nouveau

marché. Il s’adresse aux jeunes entreprises,

innovatrices et à fortes potentialités de

croissance et qui ont besoin de capitaux

importants pour se développer. Le

fonctionnement de ce marché est assuré par

des intermédiaires financiers agréés par la

société du nouveau marché. Les principaux

intermédiaires sont :

- Les interlocuteurs et teneurs de marché : ils

assurent l’introduction des sociétés et la tenue

des titres.

- Les négociateurs ou courtiers : ils exécutent

les ordres des clients ou leurs propres ordres.

Le marché hors côte

C’est un marché étroit où le volume des

transactions est faible. Les conditions

d’admission sur ce marché sont simples. En

effet, toute société présentant les trois

derniers bilans sont admises.

B-Le marché des obligations

On distingue deux types de marchés des obligations à

savoir le marché primaire et le marché secondaire.

- Le marché primaire (ou marché du neuf) : C’est

le marché de l’émission des emprunts par l’Etat,

les collectivités locales et les entreprises.

- Le marché secondaire (ou marché de l’occasion) :

C’est le lieu où sont échangées les valeurs déjà

émises.

Définition des subprimesLes subprimes, aussi appelés "crédits subprimes", sont des prêts hypothécaires à risque. Ce terme désigne plus particulièrement une forme de crédit immobilier qui est apparue aux Etats-Unis : les subprime loan ou subprime mortgage en anglais. 

Ces crédits, gagés sur le logement de l'emprunteur, ont été accordés à des ménages américains aux revenus modestes et ont permis à de nombreux Américains d'accéder à la propriété. 

Les subprimes sont des crédits à risque, caractérisés par

des taux d'intérêt variables et de niveau élevé, qui ont

été accordés à des foyers à faibles revenus. 

En contrepartie de critères d'attribution moins stricts

que pour des crédits classiques, les intérêts étaient

plus élevés. 

Pour que le crédit soit intéressant pour l'emprunteur,

les banques et organismes de crédit spécialisés

proposaient destaux bas en début de prêt (pendant les

deux premières années) grâce à des montages sophistiqués

avec des taux variables et des produits financiers

complexes. 

Pourtant, ces prêts représentaient au final un taux plus

élevé pour l'emprunteur et un rendement plus important

pour le prêteur afin de compenser le risque de non

remboursement. 

Par ailleurs, le risque de non remboursement était limité

par la garantie hypothécaire prise sur le logement de

l'emprunteur : si l’emprunteur ne pouvait plus faire face

aux échéances de remboursement de son crédit immobilier,

le prêteur se remboursait sur la revente du logement. 

Les raisons de la crise

En 2006, les crédits subprimes représentaient 24% des

nouveaux crédits immobiliers octroyés aux Etats-Unis. Or,

les conditions d'octroi de ces crédits faisaient peser un

risque de solvabilité sur des ménages à faible revenu. De

fait, en 2007, près de trois millions de foyers

américains étaient en situation de défaut de paiement 

Les raisons de la "crises des subprimes" sont également

liées à d’autres facteurs : 

• les taux d'intérêt de ces crédits étaient variables

et indexés sur le taux directeur de la banque centrale

américaine ; or, entre 2004 et 2007, la Réserve fédérale

américaine ou FED a rehaussé son principal taux d'intérêt

directeur, qui est passé de 1% en 2004 à plus de 5% en

2007 

• les créanciers (banques et organismes de crédit

spécialisés) ont titrisé une partie de ces créances ;

cela signifie qu’ils les ont transformées en titres émis

sur les marchés financiers, notamment en obligations

appelées ABS et CDO qu’ils proposaient aux épargnants. 

Le mécanisme de la crise

La hausse du taux directeur de la FED a entraîné celle

des taux des crédits immobiliers aux Etats-Unis : les

ménages ayant souscrits des subprimes à taux d'intérêt

variable n’ont plus réussi à payer des échéances

mensuelles en forte hausse. 

Parallèlement, la demande de biens immobiliers a décru et

la valeur des appartements et des maisons a baissé,

entraînant du même coup une diminution de la richesse

potentielle des emprunteurs. 

La conjonction de ces deux facteurs défavorables a

multiplié les défauts de paiement et les situations

d'insolvabilité des emprunteurs (quand la revente des

maisons ne suffisait plus à assurer au prêteur le

recouvrement de sa créance). 

La crise s'est ensuite propagée aux établissements de

crédit et au secteur financier par l'intermédiaire des

obligations de type ABS et CDO : quand les ménages n’ont

plus pu rembourser leurs prêts, ces titres, très prisés

des spéculateurs, se sont écroulés.