"Histoire du Passion Narbonnaise : la Recherche des Ports antiques". Exposition été 2012 à la...

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Histoire d’une passion narbonnaise : la recherche des ports antiques Cette exposition n’aurait pas pu être réalisée sans le soutien de : Monsieur Jacques BASCOU, Président du Grand Narbonne Madame Bérangère BATTISTELLA, Vice-Présidente du Grand Narbonne, déléguée aux équipements culturels, à la politique culturelle et patrimoniale Monsieur Christian BOURQUIN, Président du Conseil Régional Languedoc-Roussillon Madame Josianne COLLERAIS, Vice-Présidente du Conseil Régional, déléguée à la Culture et au Patrimoine Monsieur Serge BRUNEL, Directeur Général des Services du Grand Narbonne Monsieur Alain PÉRÉA, Directeur Général Adjoint du Grand Narbonne, chargé de l’aménagement durable du territoire Monsieur Patrice BOULESTIN, Directeur culturel du Grand Narbonne Monsieur Sylvain PANIS, Directeur de la Médiathèque du Grand Narbonne Madame Aline BÉRAUD, Directrice Adjointe de la Médiathèque du Grand Narbonne Madame Nathalie REY, chargée de la valorisation du patrimoine archéologique à la Région Languedoc- Roussillon Elle a bénéficié de l’aide précieuse de : Madame Corinne SANCHEZ, coordinatrice du Projet Collectif de Recherche, chargée de recherche au CNRS, Unité Mixte de Recherche (UMR) 5140 de Lattes/Montpellier Madame Marie-Pierre JÉZÉGOU, ingénieur au Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-marines (DRASSM) de Marseille, coordinatrice des recherches subaquatiques Monsieur Ambroise LASSALLE, Conservateur du Musée régional d’archéologie de Narbonne Monsieur Julien CAVERO, ingénieur cartographe, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 de Lattes/ Montpellier Monsieur Nicolas CARAYON, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 de Lattes/Montpellier Monsieur Patrice CERVELLIN, Association GRAL/CNRS Monsieur Vivien MATHÉ, chargé de recherche au CNRS, UMR 6250 de La Rochelle Monsieur Stéphane MAUNÉ, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 de Lattes/Montpellier Conception et réalisation de l’exposition : Daniel ALIBERT et Claire PELLEGRY, Médiathèque du Grand Narbonne

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Histoire d’une passion narbonnaise : la recherche des ports antiques

Cette exposition n’aurait pas pu être réalisée sans le soutien de :

Monsieur Jacques BASCOU, Président du Grand Narbonne

Madame Bérangère BATTISTELLA, Vice-Présidente du Grand Narbonne, déléguée aux équipements culturels, à la politique culturelle et patrimoniale

Monsieur Christian BOURQUIN, Président du Conseil Régional Languedoc-Roussillon

Madame Josianne COLLERAIS, Vice-Présidente du Conseil Régional, déléguée à la Culture et au Patrimoine

Monsieur Serge BRUNEL, Directeur Général des Services du Grand Narbonne

Monsieur Alain PÉRÉA, Directeur Général Adjoint du Grand Narbonne, chargé de l’aménagement durable du territoire

Monsieur Patrice BOULESTIN, Directeur culturel du Grand Narbonne

Monsieur Sylvain PANIS, Directeur de la Médiathèque du Grand Narbonne

Madame Aline BÉRAUD, Directrice Adjointe de la Médiathèque du Grand Narbonne

Madame Nathalie REY, chargée de la valorisation du patrimoine archéologique à la Région Languedoc-Roussillon

Elle a bénéficié de l’aide précieuse de :

Madame Corinne SANCHEZ, coordinatrice du Projet Collectif de Recherche, chargée de recherche au CNRS, Unité Mixte de Recherche (UMR) 5140 de Lattes/Montpellier

Madame Marie-Pierre JÉZÉGOU, ingénieur au Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-marines (DRASSM) de Marseille, coordinatrice des recherches subaquatiques

Monsieur Ambroise LASSALLE, Conservateur du Musée régional d’archéologie de Narbonne

Monsieur Julien CAVERO, ingénieur cartographe, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 de Lattes/ Montpellier

Monsieur Nicolas CARAYON, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 de Lattes/Montpellier

Monsieur Patrice CERVELLIN, Association GRAL/CNRS

Monsieur Vivien MATHÉ, chargé de recherche au CNRS, UMR 6250 de La Rochelle

Monsieur Stéphane MAUNÉ, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 de Lattes/Montpellier

Conception et réalisation de l’exposition : Daniel ALIBERT et Claire PELLEGRY, Médiathèque du Grand Narbonne

MNT : Julien Cavero, fond : IGN Julien Cavero CNRS

Le Narbonnais, entre terre et eau

SIG : Julien Cavero, fond : IGN Julien Cavero CNRS

Les embouchures de l’Aude au cours de l’Antiquité

d’après les études des XIXe et XXe siècles

L’Aude, un fleuve singulier

Les Basses Plaines de l’Aude au XIV e siècle (carte dressée d’après la thèse de Marie-Laure Jalabert)

Les hommes et le fleuve se livrent une lutte intense, commencée

sans doute dès l’Antiquité. Il faut à la fois se protéger contre les

inondations mais aussi amener un maximum d’eau en direction de

Narbonne afin que le trafic portuaire puisse continuer. L’histoire

hydrographique du Narbonnais est très complexe (coupure de

méandres, détournement de bras, creusement de nouveaux

chenaux) et divise les chercheurs. L’exemple emblématique est la

fameuse « paissière » de Sallèles : certains érudits et archéologues

la datent de la période antique, d’autres du Moyen Âge, cette

dernière position étant la plus plausible.

Au Castélou, les campagnes de fouilles 2010-2011 ont permis de

localiser un chenal délimité par deux chaussées. Il s’agit en fait

d’un des bras de l’Aude, très certainement la branche de

Narbonne, qui s’est jetée à cet endroit-là de la lagune durant une

partie de l’Antiquité. Le passage de l’Aude par Narbonne serait dû

à l’homme mais il est certain que le fleuve était beaucoup plus

important que la Robine actuelle : les textes, la largeur des ponts,

le repérage de berges au bas du quartier Anatole France et près du

théâtre en témoignent.

L’étude des ports de Narbonne est indissociable de celle du fleuve. Leur localisation est tributaire des atterrissements et des changements du cours de l’Aude. Suite aux études et aux fouilles antérieures, il est admis que le cours d’eau formait un delta enserrant la Clape ; il se jetait dans une lagune dont les étangs actuels sont les reliquats. Le fleuve a colmaté en partie ce vaste plan d’eau. Un des bras passait par Narbonne. Suivant les auteurs, la branche narbonnaise serait soit naturelle, soit artificielle. L’Aude n’aurait pas pu entailler la terrasse sur laquelle est construite la ville. Elle contournait la cité par le nord mais un chenal aurait été creusé aux environs de l’actuel moulin du Gua afin qu’elle traverse Narbonne. Durant les périodes antique et médiévale, le delta de l’Aude possède plusieurs bras instables ; l’alluvionnement est intense, la pente est quasi nulle d’où la formation de nombreux méandres. Le cours d’eau divague, change d’embouchure suite aux crues. Jusqu’au II

e siècle, l’Aude

aurait débouché dans l’étang de Bages pour gagner par la suite celui de Gruissan (toutefois, un bras continue jusqu’à la fin de l’Antiquité de se jeter au Castélou). Après la grande inondation de 1316, elle est tributaire à nouveau de l’étang de Bages.

SIG : Julien Cavero, fond : IGN

« Narbonne est située en arrière de l’Atax et de l’étang dit narbonnais. C’est le plus grand port de commerce de cette région » Géographie, IV, 1, 6

« La plus grande partie du territoire situé de l’autre côté du fleuve est occupée par les Volques dits Arécomiques [peuple celte installé dans la région à partir du III

e siècle av. J-C]. Leur port est Narbonne, dont il serait d’ailleurs plus juste de dire qu’il est le port de la Celtique toute

entière, tant il surpasse les autres par le nombre des entreprises auxquelles il sert de place de commerce.» Géographie, IV, 1, 12

Strabon, géographe grec (vers 58 av. J-C – vers 25 ap. J-C)

« Je ne tairai point ta gloire, Narbo-Martius… Qui rappellera tes ports, tes montagnes, tes lacs ?... C'est à toi que les mers de l'Orient et l'océan des Ibères versent leurs marchandises et leurs trésors ; c'est pour toi que voguent les flottes sur les eaux de la Libye et de la Sicile, et tous les vaisseaux chargés qui parcourent en tous sens les fleuves et les mers, tout ce qui navigue dans l'univers entier vient aborder à tes rives.»

Ausone, poète latin né en Aquitaine (vers 309 - 395 ap. J-C) Opuscula, XI, Ordo urbium nobilium [ordre des villes célèbres], XIII

Narbonne, un des grands ports de Méditerranée occidentale

Navire de charge de type corbita Bas-relief en calcaire, Narbonne : musée archéologique

Cliché CCJ-CNRS

Ces mêmes bas-reliefs dessinés par l’Abbé Bousquet, antiquaire du

XVIIIe siècle Médiathèque du Grand Narbonne

fonds précieux ancien ms 24

Les textes des auteurs antiques mentionnent Narbonne comme un des grands ports de Méditerranée

Les collections lapidaires des musées rappellent également le rôle maritime de premier plan de la capitale de la Narbonnaise

Bateau à voile Bas-relief en calcaire, Narbonne : musée archéologique

Photo Amicale laïque de Carcassonne

Un désastre archéologique

Chronique d’une passion narbonnaise

SIG : Julien Cavero, fond : IGN

La création de Port-Gruissan et le réaménagement des plans d’eau ont révélé la présence de plusieurs épaves qui hélas ont été détruites. Leur localisation incite à penser que la ligne de côte était située dans l’Antiquité plus proche des contreforts de la Clape. Deux avant-ports auraient existé au Bouïs et à Tintaine, sites qui sont aujourd’hui à l’intérieur des terres. L’épave la plus ancienne est datée de 350 - 250 av. JC, la plus récente des années 630 de notre ère.

SIG : Julien Cavero, fond : IGN

Le système portuaire narbonnais passionne depuis le XIXe siècle les érudits. Pendant longtemps, les théories avancées ne reposaient sur aucune étude scientifique et se basaient sur les écrits du passé. Certains privilégiaient la thèse du port urbain, d’autres celle des débarcadères sur la lagune. Un des grands précurseurs fut Henri Rouzaud (1855-1935) qui mit en exergue le rôle des avant-ports : Sainte-Lucie et La Nautique en particulier. Les fouilles actuelles s’inscrivent dans cette continuité. Les progrès scientifiques, les moyens mis en œuvre, la pluridisciplinarité des équipes, permettent de confirmer ou d’infirmer les spéculations antérieures.

À la recherche du port perdu

Le Projet Collectif de Recherche

Commencé dès 2005, le Projet Collectif de Recherche sur les ports antiques de Narbonne s’est intensifié à partir de 2010 grâce à la volonté de la région Languedoc-Roussillon. Dirigée par Corinne Sanchez, chercheur au CNRS, cette aventure sans précédent doit surmonter divers obstacles : vaste étendue des zones à prospecter, grands bouleversements naturels et anthropiques au cours des siècles, conditions de fouilles difficiles dans les secteurs humides (Castélou, lac de Capelles). Pour répondre à ce défi, les archéologues s’appuient sur une équipe de scientifiques issus de diverses disciplines : paléogéographie, géomorphologie, sédimentologie, géophysique, paléoclimatologie, xylologie, dendrochronologie, paléopalynologie, étude des ostracodes et coquillages. Cette pluridisciplinarité est une des grandes forces du Projet Collectif de Recherches.

Le système portuaire narbonnais était intimement lié au milieu environnant et à son évolution. Des carottages, plus ou moins profonds, sont effectués pour connaître l’histoire de ces zones humides et instables. Sur la photo de droite, exemple de carotte avec les sédiments prêts à être étudiés

Clichés : Corinne SANCHEZ et Nicolas CARAYON CNRS

Fouille de la voie ouest au Castélou (été 2010)

Prospections électromagnétiques afin de repérer les endroits susceptibles de révéler des vestiges archéologique (à gauche près du lac de Capelles, à droite à Mandirac)

Clichés Corinne SANCHEZ CNRS

Les conditions de fouilles sont souvent très difficiles. Dans certains secteurs submergés durant plusieurs mois par an, un système de motopompe est indispensable.

Clichés : Corinne SANCHEZ CNRS

Le piquetage consiste à enfoncer dans le sol une tige en inox dans le but de repérer des structures anthropiques en pierre. Au Castélou, dans un sous-sol meuble formé de sédiments fluvio-lagunaires, cette technique est particulièrement pertinente.

La paléogéographie

Les atterrissements occasionnés par les cours d’eau (Aude, Berre, Robine), les comblements anthropiques afin de mettre en culture les zones humides (Mandirac, Tournebelle) ont fait évoluer le rivage des étangs de façon rapide. Une étude des cartes depuis le XVIIIe siècle confirme ces changements.

Carte de la coste de Languedoc (début XVIIIe siècle) L’anse au sud de Montfort, l’île de Mandirac, le golfe de Tournebelle, existent encore ainsi qu’un reliquat de l’étang de Capitoul. La partie séparant l’étang de Bages-Sigean de l’Ayrolle (appelée sur cette carte étang de Sainte-Lucie) est dénommée dans les textes anciens Ardillon. Formée par les alluvions de l’Aude dès l’Antiquité, son extension a fortement perturbé au cours des siècles la navigation et l’accès aux ports de Narbonne. La Robine se jette dans l’étang au nord de l’île Sainte-Lucie ; elle sera prolongée en direction de La Nouvelle dans les années 1810 et ses méandres seront supprimés.

Archives de Voie Navigable de France

Carte de la France : Narbonne feuille XVIII-36 (détail) échelle au 1/100 000, 1891 La Robine dont le tracé a été rectifié atteint Port-la-Nouvelle. L’anse de Montfort est en cours de comblement. L’île de Mandirac est rattachée à la terre ferme ; seul le golfe de Tournebelle est encore en place. L’étang de Campignol est beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui et sépare Mandirac de l’île Saint-Martin. Pourtant, la petite route de Gruissan est mentionnée (elle est construite à cette époque-là). L’étang de Capitoul n’existe pratiquement plus.

Médiathèque du Grand Narbonne, CP 93

L’évolution des rivages de l’étang durant la période contemporaine

Le site en cours de fouilles (septembre 2011)

Photographie : Stéphane MAUNÉ CNRS SIG : Julien CAVERO, fond : IGN

Vue aérienne du site de

Saint-Martin-le-Bas

Plan de l’établissement de Saint-Martin

(État provisoire janvier 2012) Stéphane MAUNÉ, Guillaume DUPERRON – CNRS del.

Lampe à huile paléochrétienne (à

gauche) et bol en dérivé de sigillée

paléochrétienne

(Ve siècle ap. JC) Clichés : Guillaume DUPERRON CNRS

Vue générale de l’île Saint-Martin avec l’étang de l’Ayrolle au 1

er plan et Gruissan au centre de la photographie

L’île Saint-Martin

Le site de Saint-Martin-le-Bas descend en pente douce jusqu’aux abords de

l’étang de l’Ayrolle ; il s’étend sur environ 2 ha ½ et a été occupé du Ier

au

VIe siècle. Au centre, un bâtiment en grand appareil datant de l’époque

d’Auguste pourrait être un temple. Les constructions alentour seraient

liées à des fonctions artisanales et commerciales. Le mobilier

archéologique (amphores de Grèce, de Bétique, d’Afrique du Nord, lampes

à huile…) révèle un trafic d’échanges important s’échelonnant sur

plusieurs siècles. Situé à l’entrée de la lagune, ce site devait contrôler aux

premiers siècles de notre ère la navigation et faisait partie intégrante du

système portuaire narbonnais. Peut-être jouait-il le rôle de préfecture

maritime ?

La découverte d’une construction en briques crues, de silos

et de fosses pour les céréales datant des Ve et VI

e siècles

semble indiquer que l’activité de Saint-Martin était

devenue à la fin de l’Antiquité essentiellement agricole.

Cliché : Sandrine SANZ CNRS, fond : Aerodata

SIG : Julien CAVERO CNRS, fond : IGN

L’île Sainte-Lucie

Vue aérienne d’une carrière littorale

L’île Sainte-Lucie et l’Anse de Cauquène Au début du XXe siècle, Henri Rouzaud considérait l’Anse

de Cauquène comme le principal avant-port de Narbonne.

Les prospections récentes remettent en cause cette

prééminence portuaire, Cauquène ayant été

essentiellement un débarcadère lié aux activités de l’île.

L’importance de Sainte-Lucie repose surtout sur ses

carrières de calcaire qui ont alimenté dès l’Antiquité les

chantiers narbonnais. Les repérages archéologiques de

2010-2011 ont révélé plusieurs sites romains répartis sur

l’ensemble de l’île.

Cliché : Séverine SANZ CNRS

SIG : Julien CAVERO CNRS, fond : IGN

Nicolas CARAYON CNRS

Plan indiquant les vestiges archéologiques

révélés par les prospections réalisées en 2010-2011

Cliché : Nicolas CARAYON CNRS

Cliché : Corinne SANCHEZ CNRS

Le canal des Romains

Ce canal a divisé les chercheurs, certains faisant remonter sa

construction à l’Antiquité. Il aurait relié l’étang de l’Ayrolle à celui de

Bages. Les fouilles de l’association ANTEAS en 1988 ont permis de le

dater du début du XVIIe siècle. Il avait été construit au débouché de la

Robine dans l’étang au lieu dit le Caragol afin de faciliter la navigation,

le transbordement des marchandises, et d’éviter l’envasement de

l’embouchure. Ces travaux sont entrepris par les Consuls de Narbonne

pour sauvegarder le trafic portuaire.

Cliché : Corinne SANCHEZ CNRS

Les campagnes de fouilles de 2010 ont été

particulièrement fructueuses. De vastes

entrepôts à dolia (certainement pour le

commerce du vin en vrac) ont été repérés. Une

dépression artificielle (peut-être un bassin

portuaire) a été comblée par un gigantesque

amas de coquillages. Deux fours ont également

été localisés. Ces découvertes apportent de

précieux renseignements. Outre les activités

liées au transbordement des marchandises, les

fouilles récentes ont révélé que La Nautique

était aussi un centre de production de

céramiques, de conditionnement de fruits de

mer et de stockage de marchandises (vin,

céréales…) de première importance.

Le grand four découvert en 2010

Cliché : Corinne SANCHEZ CNRS

Pot à poissons

Ce récipient contenait certainement une

pâte à base de poissons ; des restes de

petites sardines ont été trouvés à

l’intérieur. Ce genre d’aliment était très

apprécié des Romains.

La Nautique

Vue aérienne de La Nautique avec au 2e plan l’anse des Galères

Photo Jean-Marc COLOMBIER, Ville de Narbonne

La Nautique est un des avant-

ports essentiels de Narbonne.

Ce site était connu pour être le

port exportateur de la sigillée

fabriquée à la Graufesenque

(Aveyron) au 1er

siècle de notre

ère. Les fouilles du début du

XXe siècle avaient révélé

d’importants dépotoirs formés

par les rebuts de cette

fameuse céramique.

Amas de coquillages comblant

une dépression artificielle

Cliché Corinne SANCHEZ CNRS

Le port a fonctionné de 30 avant J.C. jusqu’aux années 70 de

notre ère. Les causes de l’abandon du site sont inconnues :

difficultés de plus en plus grandes pour les bateaux

d’atteindre la Nautique à cause d’un alluvionnement

rapide, décadence du commerce de certaines marchandises

comme le vin en vrac ?

Le Castélou prend le relais à partir de la fin du Ier

siècle.

Images 3 D : Patrice CERVELLIN - GRAL - 2011

Reconstitution en image 3D de La

Nautique au Ier

siècle de notre ère

Les bâtiments au toit de tuiles rouges

représentent les entrepôts à dolia. La

dépression artificielle comblée par les

amas de coquillages se trouve à

proximité (en bleu sur l’image en 3D).

Le quai avec à l’extrémité une

construction dont on ignore

l’affectation a été repéré par

l’association ANTEAS en 1999. Au 2e

plan, le lac de Capelles.

Reconstitution en images 3D des deux fours trouvés en 2010

Le four n°1 (au-dessus) a une capacité de 100 m3 et possède 2 alandiers. Le four n°2

(ci-contre) a un alandier simple. Tous deux dateraient du début du 1er siècle de notre

ère. Un dépotoir composé de plus de 5000 fragments de céramiques à parois fines a

été découvert à proximité.

Un bateau-citerne au large de La Nautique

Les dolia qu’il transporte étaient certainement utilisés

pour le commerce du vin en vrac.

SIG : Julien CAVERO, fond : Aerodata

Localisation des découvertes archéologiques à La Nautique depuis le début du XXe siècle

Sur cette photographie aérienne, les principales campagnes de fouilles sont mentionnées, de la première en 1903-1904 dirigée par le capitaine Mollins jusqu’à la plus récente en 2010 coordonnée par Corinne Sanchez.

Vue aérienne des fouilles de 2011

Cliché : Nicolas CARAYON, CNRS

Reconstitution virtuelle du lac de Capelles avec au 2e plan La Nautique

L’espace compris entre Capelles et La Nautique doit être l’objet de prospections électromagnétiques. En effet, cette zone révèlera certainement de nouvelles implantations : villa maritime, entrepôts ?

Le lac de Capelles

Á l’ouest de Port-la-Nautique, le lac de Capelles est formé d’une dépression circulaire d’origine naturelle mais réaménagée par l’homme dont le diamètre extérieur est d’environ 80 m. Elle était en relation avec l’étang. Les fouilles de 2011 ont révélé les soubassements d’un mur entourant un bassin de 60 m de diamètre. Le parement intérieur comporte des amphores décapitées qui servaient certainement de niches à poissons. Au centre, la présence d’un bâtiment quadrangulaire pose problème : s’agit-il d’une construction en relation avec le travail du poisson, du triclinium (salle à manger) d’une riche villa qui se trouvait à proximité ou d’un lieu de culte ? Cet aménagement original était un vivier qui fonctionnait vers 50-70 de notre ère.

Le mur entourant le bassin est construit tout comme le bâtiment central avec de petits moellons noyés dans un mortier hydraulique. Des amphores dont le col a été rompu sont prises dans la maçonnerie et servaient peut-être de niches à poissons

Essai de reconstitution des aménagements antiques mis au jour suite aux fouilles de 2011. Présence tout autour du bassin d’un large parement ; au centre, un bâtiment quadrangulaire dont la fonction reste à élucider DAO Nicolas CARAYON

Cliché : Séverine SANZ, fond : Aerodata

Clichés : Corinne SANCHEZ CNRS

La voie ouest reliait Narbonne au port du Castélou. Une zone de déchargement existait à proximité.

Lingots de fer, verre brut, amphores… témoignent de l’existence d’un grand commerce avec

l’ensemble des régions de la Méditerranée. Une zone artisanale (présence d’une forge) est active

dans les années 175-225 de notre ère.

La voie orientale servait certainement au halage. Une fois le déchargement des marchandises

effectué, des bateaux à faible tirant d’eau remontait le chenal jusqu’à la ville.

Vue aérienne d’un secteur des fouilles du Castélou Cliché : Séverine SANZ CNRS

Des blocs de corniche provenant de monuments

publics de Narbonne bordaient les voies et

renforçaient les berges. Tout un système de

pieux de bois et de planches servait de

fondation aux chaussées et à l’espace compris

entre celles-ci et le chenal. A certains endroits,

des amphores plantées à la verticale assuraient

également la stabilité et le drainage.

Castélou/Mandirac : localisation des zones de fouilles

Les deux voies se dirigeaient vers le sud pour aboutir à

l’endroit où le chenal se jetait dans l’étang (Julien CAVERO CNRS)

Le Castélou

et Mandirac

Dès le début du XXe siècle, Henri Rouzaud avait repéré une voie à la Chaussée de Mandirac.

Les photographies aériennes, les prospections géophysiques et le piquetage manuel ont

permis d’affiner la recherche, la zone à prospecter étant très étendue. Les fouilles ont révélé

sur 1km1/2 deux chaussées parallèles qui encadraient un chenal d’une cinquantaine de

mètres. Dans l’Antiquité, ces voies s’avançaient dans la lagune et étaient par conséquent

cernées par l’eau. A l’est, une probable digue a été reconnue sur 700 m et protégeait

l’ensemble du secteur des assauts de la houle. D’une grande profondeur, le chenal pouvait

accueillir des bateaux à fort tirant d’eau. Il s’agit en fait d’un ancien bras de l’Aude.

Succédant à La Nautique, le Castélou fut de la fin du Ier jusqu’au Ve siècle de notre ère une

zone portuaire qui nécessita des travaux d’aménagement incessants à cause d’un milieu

instable et très humide.

Images 3D : Patrice CERVELLIN – GRAL - 2011

La sonnette à tiraudes (image 3D) Ce système en usage jusqu’au XIX

e siècle servait à enfoncer les

pieux de bois. Il a très certainement été employé pour l’aménagement des chaussées du Castélou.

Cliché : Corinne SANCHEZ CNRS

Soubassement en bois d’un mât de charge

Ce vestige d’un mât de charge (ci-dessous) a été trouvé à la limite de la voie ouest et du rivage de l’étang lors des fouilles de 2010, attestant des activités de déchargement de navires sur le site du Castélou. A gauche, possible restitution en image 3D de la machine de levage.

Pieux de bois et planches soutenant ce qui était certainement une digue Durant l’Antiquité, les caissons en bois étaient utilisés pour construire dans les zones humides comme au Castélou ou à Mandirac. Grâce à un recouvrement sédimentaire très important, le bois s’est conservé à l’abri de l’air et de la lumière pendant 2000 ans

Clichés : Corinne SANCHEZ CNRS

Mandirac : vue des fouilles d’une probable digue composée de fragments d’architecture provenant du démantèlement d’édifices publics narbonnais aux IVe et Ve siècles ap. J.-C.

Pont

Proue

Les bas-reliefs des collections narbonnaises montrent plusieurs sortes de navires de commerce : à voile (de type corbita), à voile et à rames (actuaria). La navigation en haute mer s’interrompait de novembre à mars. Le cabotage était très actif par exemple avec les ports de Tarraconaise (Catalogne). Les bateaux accostaient dans les avant-ports de Narbonne (suivant les époques à La Nautique ou au Castélou). Les marchandises étaient transbordées sur des embarcations à faible tirant d’eau qui remontaient l’Aude jusqu’à la ville.

La navigation dans l’Antiquité

Mât Balancine

Bastingage

Vergue

Voile carrée

Haubans

Pavillon

Anneau de cargue

Ralingue

Cargue

Poupe

Barre

Pelles des avirons de gouverne

Préceinte

Bateau de commerce

Carte du nouveau canal de la Robine de Narbonne depuis le grand canal jusqu’à la mer (1776) VNF, ACM. Carte n° 39

Dessin provenant de l’ouvrage de Laurent Damonte et Jean-Marie Gassend, De la manœuvre des navires antiques, Ollioules, Ed. de La Nerthe, 2002

Reconstitution du port de Marseille Les navires accostaient de ¾ avant par rapport au quai (image 3D ci-contre) à cause des avirons latéraux qui servaient de gouvernail et des rames. Au premier plan, le navire est amarré à une ancre placée à quelques dizaines de mètres du quai. Cette disposition se retrouvait certainement à La Nautique comme le laisse supposer la découverte de la grande ancre en 1990 et du quai en 1999.

Image 3D : DRASSM. Maquette présentée au Musée d’Histoire de la Ville de Marseille

Essai de reconstitution de la navigation sur les étangs dans l’Antiquité (d’après une étude d’Arnaud de GRAAUW)

Au cours des siècles, la navigation a dû s’adapter en fonction des atterrissements, du changement du cours de l’Aude et des lieux de transbordement. Pour atteindre les avant-ports, les bateaux passaient selon les périodes soit par le grau de la Nouvelle, soit par celui de la Vieille-Nouvelle, soit par le Grazel (Gruissan). Une fois dans l’étang, ils prenaient divers itinéraires suivant les conditions climatiques et la profondeur du plan d’eau. Il est à noter que depuis l’Antiquité, les rivages ont fortement évolué et le colmatage a progressé. Par exemple, au début de notre ère, les étangs de Bages, de l’Ayrolle et de Gruissan devaient communiquer, ce qui n’est déjà plus le cas sur cette carte de 1776 (formation de l’Ardillon entre l’Ayrolle, dénommé ici étang de Gruissan, et celui de Bages-Sigean)

Une fois déchargées des navires, les marchandises étaient transportées vers Narbonne soit par des allèges qui remontaient le fleuve, soit par des chariots tirés par des bœufs, des chevaux ou des mulets.

Un port en relation avec l’ensemble de l’Empire

Ce commerce est très varié avec suivant les époques la prédominance de certains produits :

IIIe – Ier siècle avant notre ère : importation de vins italiens qui transitent par Narbonne et gagnent via les vallées de l’Aude et de la Garonne les autres régions gauloises.

Ier siècle avant notre ère : les vins de Tarraconaise supplantent les vins italiens.

Ier

siècle de notre ère : exportation des céramiques sigillées de La Graufesenque. Développement du vignoble gaulois. A partir du milieu du Ier siècle et durant les deux siècles suivants, exportation des amphores vinaires produites à Sallèles. A La Nautique, grands entrepôts ayant peut-être servi pour le commerce du vin en vrac. Fabrication de sauces de poissons (garum). Exportation des ressources de l’arrière-pays : minerais de la Montagne Noire et des Corbières, salaisons.

IIe siècle de notre ère : les armateurs narbonnais servent d’intermédiaires en fournissant les villes portuaires voisines en blé de la région et en huile de Bétique. Les relations avec l’Afrique du Nord s’intensifient et perdurent jusqu’au VIe siècle Image 3D représentant un bateau-citerne

chargé de dolia. Ce type d’embarcation était employé pour le commerce du vin en vrac

Amphore à huile Amphore vinaire

Narbonne, musée archéologique Clichés : Amicale laïque de Carcassonne

Bas-relief représentant un navire en cours de chargement

Narbonne, musée archéologique Cliché : CCJ

Bas-relief figurant la partie inférieure d’un char attelé à des bœufs Narbonne, musée archéologique Cliché : Amicale laïque de Carcassonne

Un chariot tiré par un cheval Abbé Bousquet (1732-1809), Croquis

des bustes et ornements gallo-romains Médiathèque du Grand Narbonne ms 28-2

La connaissance des courants commerciaux antiques progresse grâce à :

- La découverte d’épaves et l’examen de leur cargaison. - L’analyse des dépotoirs : restes d’aliments, de céramiques cassées. Par exemple, les timbres des cols d’amphores sont de précieux témoins pour connaître leur provenance. - L’étude des textes des auteurs de l’Antiquité.

Durant l’Antiquité, Narbonne est un carrefour commercial de première importance. Son port met la ville en relation avec l’ensemble de l’Empire romain. Les marchandises en provenance de la Méditerranée sont déchargées puis acheminées vers l’Aquitaine par les vallées de l’Aude et de la Garonne, vers les villes maritimes du Golfe du Lion, de Provence et de Tarraconaise.

Carte : Daniel Alibert

Petite histoire d’une corniche antique

A l’origine, la corniche devait appartenir à un monument public,

peut-être un temple dont les dimensions étaient proches de

celles de la Maison Carrée à Nîmes. Démantelé vers le IIIe siècle,

l’édifice sert de carrière ; les pierres sont dispersées. Un

fragment du même ensemble est retrouvé voici quelques

années dans une épave au large de Port-Vendres. Sans doute

avait-il été utilisé pour lester le navire en provenance du port de

Narbonne (sans doute du Castélou). Lors de la construction de

l’enceinte bastionnée au XVIe siècle, une autre partie de cette

corniche est placée à l’angle du bastion Saint-François. A la

démolition de celui-ci en 1876, elle est transférée dans une

tribune du chœur de l’église Lamourguier (musée lapidaire) où

elle se trouve toujours. (Collection particulière)

En 2011, les fouilles de Mandirac ont révélé que

des colonnes et des chapiteaux de marbre avaient

été brisés à la fin de l’Antiquité pour servir d’assise

à une chaussée (ou à une digue). Ce matériau

noble était employé d’ordinaire à d’autres usages :

construction de tables d’autel, de sarcophages, de

sculptures…

Remblai d’une chaussée

(ou d’une digue?) à Mandirac

(Cliché : Corinne Sanchez CNRS)

A gauche, gros plan sur une partie de

la corniche du musée lapidaire (Cliché : Amicale laïque de Carcassonne)

A droite, fragment de la même

corniche trouvé à Port-Vendres (Cliché : Ambroise Lassalle)

Le patrimoine antique narbonnais

Histoire d’un démantèlement

Au début du XVIe

siècle, Narbonne est

transformée en une redoutable place forte face

au royaume d’Espagne. Sur ordre de François Ier

,

les inscriptions et bas-reliefs antiques sont

rassemblés dans une nouvelle enceinte

bastionnée. Lors de sa démolition (entre 1868 et

1884), les pierres romaines sont entassées dans

l’ancienne église Lamourguier qui devient le 2e

musée lapidaire du monde après celui de Rome.

Capitale de la province de Narbonnaise, Narbo-Martius possédait un

ensemble monumental de premier ordre : amphithéâtre, capitole,

thermes… Ce patrimoine est démantelé à partir du IIIe siècle quand la

ville s’entoure de fortifications. Les monuments situés en périphérie

disparaissent. Les arènes disparaissent certainement à cette époque-là.

Dans les siècles suivants, les autres édifices servent de carrière lors de

la construction d’églises, de cloîtres, de palais… que ce soit à Narbonne

ou ailleurs. D’après la tradition, des colonnes de la mosquée de

Cordoue proviendraient de notre ville. En 1451, les derniers vestiges du

temple capitolin sont utilisés pour édifier l’église Saint-Sébastien.

L’autel à la Paix Auguste trouvé en 1639

dans les fondations de la tour Mauresque

(palais de la Vicomté) en même temps que

17 autres bas-reliefs et inscriptions

Pierre Garrigues, Antiquités de la ville de

Narbonne, manuscrit du XVIIe siècle

Médiathèque du Grand Narbonne,

fonds précieux ancien ms 25

Le musée lapidaire dans l’église Lamourguier (Collection particulière)

La porte de Perpignan avec les pierres antiques

disposées tout autour (Collection particulière)

Projet de Rautlin de La Roy (1889)

avec un avant-port situé dans

l’étang de Bages et un chenal

aboutissant à La Nouvelle (Archives municipales de Narbonne)

Dans les années 1880, le maire de

Narbonne Marcelin Coural s’investit

dans un projet prévoyant un port

urbain près de la ville relié à un avant-

port (situé au grau de la Vieille

Nouvelle) par un large chenal. Les

terres provenant du creusement

serviraient à combler les marais et les

lagunes qui seraient plantés en vignes.

Projet de l’ingénieur des Ponts et Chaussées Bouffet

(détail) soutenu par Marcelin Coural : le port urbain

(Collection particulière)

Projet de l’ingénieur des Ponts et Chaussées Bouffet

(détail) : l’avant-port au grau de la Vieille Nouvelle

(Collection particulière)

Le rêve portuaire narbonnais aux XIXe et XXe siècles

Au XIXe siècle, Narbonne rêve de redevenir un

grand port dans un contexte bien particulier :

révolution industrielle et commerciale, extension

de l’empire colonial français, rivalités économiques

et tensions politiques entre la France, l’Angleterre

et l’Allemagne, âge d’or viticole entraînant un

essor démographique de la ville.

Dans la première moitié du siècle, plusieurs projets

envisagent la création d’un port soit à La Franqui,

soit à La Nouvelle. Un canal relierait Narbonne à

Perpignan via les étangs de La Palme et de

Leucate.

Après l’inauguration du canal de Suez (1869), une

grande voie d’eau maritime est projetée entre

Bordeaux et Narbonne. Diverses études proposent

un système incluant un port à Narbonne et un

avant-port soit à Gruissan, soit à La Nouvelle, le

tout relié par un grand canal. L’idée de port à La

Franqui est abandonnée. Tracé du canal maritime projeté de l’Océan à la Méditerranée en 1870

(Collection particulière)

Plan du tracé du canal maritime avec La Nouvelle comme avant-port

(Bibliothèque de la Commission archéologique de Narbonne)

Projet de Thomé de Gamond (détail) : l’avant-port à Gruissan (Archives municipales de Narbonne)

En 1871, l’ingénieur Aimé Thomé de Gamond

prévoit de creuser un grand chenal reliant

Narbonne à Gruissan qui deviendrait ainsi

l’avant-port de la ville. Une liaison ferroviaire est

aussi projetée. Durant cette période, la

population narbonnaise est multipliée par trois ;

les fortifications sont abattues. L’ancien glacis

militaire est désormais disponible pour

l’extension urbaine (par exemple, le plan

mentionne un impressionnant quartier du port)

Projet de Thomé de Gamond (détail) : le port urbain (Archives municipales de Narbonne)

Ville de Narbonne : plan d’extension (1922)

Sur ce plan, un canal dénommé « Canal des

Deux Mers » et une gare maritime sont

prévus au sud de la ville. (Archives municipales de Narbonne)

Alandier : bouche ou foyer placé à la base d’un four Anthropique : fait par l’homme Antiquaire : érudit curieux d’antiquités Bétique : province romaine du sud de l’Espagne Dendrochronologie : méthode de datation par l’examen des couches concentriques des arbres Dolium (plur. Dolia) : grande jarre de poterie contenant divers produits : vin, huile, blé… Droit de robinage : taxe perçue par le consulat sur les marchandises transitant par la Robine de Narbonne Géophysique : étude des phénomènes naturels affectant le globe terrestre et son atmosphère Géomorphologie : science étudiant les reliefs terrestres et leur évolution Grau (de l’occitan grau passage) : en Languedoc, chenal de communication entre un étang côtier et la mer Graufesenque (la) : site archéologique près de Millau (Aveyron). Les ateliers de céramique sigillée exportèrent leur production dans tout l’empire romain par les ports de Narbonne surtout au 1

er siècle de notre ère

Lettres patentes : lettres notifiant une décision royale Mât de charge : machine de soulèvement à un seul montant Mortier hydraulique : mélange de chaux et de terres cuites de construction (briques, tuiles) rendant le mortier imperméable Ostracodes : crustacés de taille millimétrique. Leur présence dans des sédiments donne des renseignements sur le milieu aquatique des siècles passés : eau de mer, eau douce Paissière (de l’occitan paissièra) : barrage, digue, chaussée Paléoenvironnement : environnement d’un lieu dans les siècles antérieurs Paléogéographie : discipline permettant de reconstituer la géographie du passé Paléoclimatologie : discipline permettant de reconstituer les climats des siècles passés Paléopalynologie : étude des pollens fossiles permettant de donner des informations sur le climat et la végétation des siècles antérieurs Préfecture maritime : établissement chargé de contrôler le commerce maritime ; situé à l’entrée des étangs, le site de l’Ile Saint-Martin a peut-être joué ce rôle pour le système portuaire narbonnais Sédimentologie : branche de la géologie étudiant les processus de formation des roches sédimentaires. Cette discipline est importante pour connaître l’environnement, le climat, la géographie des siècles passés Sigillée : céramique fine se caractérisant par des décors en relief. Certaines pièces portent des estampilles d’où le nom de sigillée, sigillum en latin voulant dire sceau Tarraconaise : région du nord et de l’est de l’Espagne dans l’Antiquité dont la capitale était Tarraco (Tarragone) Vidimus : copie certifiée d’un acte antérieur Xylologie : permet de déterminer l’essence d’un bois : chêne, hêtre, sapin, pin…

Glossaire

Bibliographie

CAÏROU, René. Notes et observations sur les navires et le système portuaire du Rubresus, Bulletin de la Commission archéologique et littéraire de Narbonne, 1973, t.35, p. 137-174

CONS, Henri, L'Aude, ses alluvions et le port de Narbonne, Montpellier, Boehm et Fils, 1882 GAYRAUD, Michel. Narbonne antique des origines à la fin du III

e siècle. Paris : De Boccard, 1981 (Supplément de la Revue archéologique de

Narbonnaise ; 8) GUY, Max, Les ports antiques de Narbonne, Revue d'études ligures, juil.-déc.1955 n°3-4, p. 213-240 LENTHÉRIC, Charles, Les villes mortes du Golfe de Lyon : Illiberris, Ruscino, Narbon, Agde, Maguelone, Aigues-Mortes, Arles, Les Saintes-Maries, Paris, Plon, 1879 Narbonne et la mer de l'Antiquité à nos jours, catalogue de l’exposition présentée au Musée archéologique de Narbonne, Ville de Narbonne, 1990 Narbonne et le Narbonnais, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002 (Carte archéologique de la Gaule ; 11/1)

PORT, Célestin, Essai sur l'histoire du commerce maritime de Narbonne, Paris, Durand et Dumoulin, 1854

ROUZAUD, Henri, note sur les ports antiques de Narbonne, Bulletin de la Commission archéologique et littéraire de Narbonne, 1914, t. 13, p. 279-299, 1916, t.14, p. 167-197 SANCHEZ, Corinne, JÉZÉGOU, Marie-Pierre (dir.), Espaces littoraux et zones portuaires de Narbonne et sa région dans l’Antiquité, Lattes, Association pour le développement de l’archéologie en Languedoc-Roussillon, 2011 (Monographie d’Archéologie Méditerranéenne ; 28) SOLIER, Yves (dir.), Les épaves de Gruissan, Archaeonautica, 1981, n°3, p.7-264 VERDEIL, Pierre, Essai de paléohydrographie de l'Aude, Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de l’Aude, 1967, t.67, p. 61-105