Evolution du système bancaire en Algérie 2000-2010

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1 L’Evolution du système bancaire en Algérie 2000-2010 Par Khaled MENNA 1 1 Chargé de recherche CREAD- Alger e-mail :[email protected]

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L’Evolution du

système bancaire en

Algérie 2000-2010

Par Khaled MENNA 1

1 Chargé de recherche –CREAD- Alger e-mail :[email protected]

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L’Evolution du système bancaire en Algérie 2000-2010

Par Khaled MENNA

Chargé de recherche –CREAD-

Introduction

La mutation du système bancaire algérien dans la dernière décennie (2000-2010) semble obéir

à deux objectifs : préservation de la solidité du système bancaire et intensification de

l’utilisation des nouvelles technologies de l’information, pour pallier aux dysfonctionnements

« humains » des banques algériennes. Ces dernières ont pu échapper aux effets désastreux de

la crise mondiale de 2008 « grâce » à la non implication de ces banques dans le système

financier international.

Le premier objectif était du ressort de l’Etat, détenteur des capitaux des banques publiques

sous le contrôle de la Banque d’ Algérie. Il s’agissait de la consolidation du bilan des banques

publiques qui détiennent plus de 87,9% de la part de marché en 2009 (Banque d’Algérie,

2010). Plusieurs scandales, d’ordre financier ont secoué au moins deux banques publiques

(BNA et BADR)(1)

, sans toute fois remettre en cause la solidité du système, grâce notamment,

aux opérations de sauvetage financier dont ont bénéficié ces banques. Quant au deuxième

objectif de modernisation du système bancaire par l’introduction des nouvelles technologies

de l’information, il s’est avéré qu’il est plus que nécessaire, au moins pour deux raisons

objectives. Le premier réside dans la volonté des autorités publiques de diminuer l’utilisation

de la monnaie fiduciaire dans les transactions commerciales. Le deuxième objectif réside

dans l’espoir de faire baisser les coûts d’exploitation dans les banques par la généralisation de

ces outils technologiques et l’amélioration des services offerts à la clientèle.

Si le premier objectif est dans une nécessité absolue vu la crise de liquidité qu’a connu

l’Algérie depuis août 2010, le deuxième objectif risque, de ne pas se concrétiser. Les

réformes engagées depuis l’adoption de la loi sur la monnaie et le crédit de 1990 n’ont pas

aboutit à une amélioration réelle de la qualité des services. Même l’introduction des banques

étrangères n’a pas eu l’effet escompté sur le niveau de la concurrence, de la qualité des

services et les produits bancaires proposés à la clientèle des banques.

Notre travail se veut un essai de compréhension des dernières évolutions du système bancaire

algérien de 2000 jusqu’au 2010. Pour ce faire on aborde trois grandes idées qu’on va traiter

tout au long de ce travail. La première idée concerne l’évolution du système bancaire algérien

dans son volet opérationnel (distribution des crédits et ressources collectées). La deuxième

idée concerne l’introduction de la monétique en Algérie, son évolution et les perspectives de

son développement. Quant à la troisième idée, elle essaye de tirer les enseignements de la

crise financière mondiale de 2008 et son impact sur le système bancaire algérien. Un petit

(1) La BADR (Banque de l’Agriculture et de Développement Rural) à elle seule a octroyé 64 milliards DA à une

entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de papier (Tonic). Etant incapable de rembourser sa dette,

l’entreprise est mise en faillite judicaire puis nationalisée par l’Etat en 2011. Quant à la BNA (Banque Nationale

d’Algérie) une affaire de l’octroi de plus de 32 milliards DA à une entreprise qui a utilisé le montant de crédit

pour des fins non économiques a causé un grand préjudice pour la banque qui souffre jusqu’à maintenant de ses

effets.

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regard sera consacré au rôle du marché financier qui pourra être une bonne alternative de

financement du secteur bancaire traditionnel.

I. Evolution de l’activité opérationnelle des banques algériennes.

La décennie 2000-2010 a connu plusieurs événements qui ont marqué le système bancaire en

Algérie. On peut citer au moins trois grands événements qui ont eu un impact plus au moins

significatif sur l’activité bancaire en Algérie. Il s’agit tout d’abord de la disparition du secteur

privé national du système bancaire algérien après la mise en liquidation des deux grandes

banques algériennes privées : El Khalifa Bank et la BCIA. Le deuxième événement a trait

directement à la gouvernance des banques publiques. Plusieurs affaires de corruption et de

malversation des crédits distribués à des entreprises qui n’ont pas le profil (des entreprises

familiales) avec des sommes astronomiques (64 milliards DA pour Tonic emballage (BADR

Bank) et 32 milliards DA pour la BNA). Le dernier événement concerne la crise financière

mondiale de 2008. Il semble que le système bancaire algérien a été épargné de ce désastre

financier mondial mais sans toutefois, laisser des traces. Les statistiques disponibles sur la

collecte des ressources montrent une diminution sensible dû essentiellement à la contraction

de recettes pétrolières, affectées par la chute du prix du pétrole sur le marché international.

Dans ce qui suit nous allons aborder l’activité de la collecte des ressources et les crédits

distribués à l’économie

I.1. La collecte des ressources

L’activité de collecte des ressources se distingue par deux traits. La prédominance des

banques publiques sur les banques privées et les dépôts du secteur privé et des ménages par

rapport les dépôts du secteur public.

I.1.1. les dépôts à vue et les dépôts à terme

La collecte des ressources (dépôts à vue) est dominée par les banques publiques. Pour l’année

2009, sur un total de 2502,9 Milliards DA, qui représentent le total sommes collectées, les

banques publiques ont collecté 2241,9 Milliards DA soit 89% de l’ensemble des dépôts à vue.

Le reste, 261 Milliards DA soit 11 %, est du ressort des banques privées. L’année 2004, a

connu une augmentation de l’ordre de 56% par rapport à l’année 2003 (1127,92 milliards da

en 2004 contre 718,905 en 2003). L’année 2009 a connu une baisse des dépôts à vue de

l’ordre de 15% (2502,9 milliards DA) par rapport à l’année 2008 (2946,9 milliards DA).

Cette baisse est imputée directement aux baisses des recettes pétrolières qui a affecté d’une

manière sensibles les dépôts des banques publiques. Pour la même période, les dépôts à vue

des banques privées n’ont pas connu une baisse, mais continuent son évolution « linéaire

normale ». Sauf pour les années 2002 et 2003 où les dépôts des banques privées ont enregistré

une baisse sensible de l’ordre de 25%. Cette baisse est justifiée par la disparition des deux

banques privées nationales (El Khalifa Bank et la BCIA) mises en liquidation judiciaire après

de graves dysfonctionnements au niveau de la gestion des crédits, et surtout des dossiers liés

au commerce extérieur. En dehors de ces deux années, l’évolution des dépôts en moyenne

était de 7 % pour l’année 2009, 26% pour l’année 2008, 51% pour l’année 2007, 8,4% en

2006, 7% en 2005, 54% en 2004. (Tableau n°.1).

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Les dépôts à terme n’échappent pas à cette règle : la domination du secteur public sur la

nature des dépôts à terme. Les banques privées n’assurent que 149,9 milliards DA soit 6%

seulement de l’ensemble des dépôts à terme estimé en 2009 à 2228,9 milliards DA. Une chute

de ces dépôts en 2003 est expliquée par la disparition des deux banques privées nationales,

comme c’était le cas des dépôts à vue. Elles passent de 172,229 milliards DA en 2002 à

67,475 milliards DA soit une baisse de l’ordre de 60% en une année. La reprise de la

croissance des dépôts à terme dans les banques privées à commencé à partir 2006 (65,3

milliards DA) pour atteindre 149,9 milliards DA en 2009.

La part des banques publiques dans l’ensemble des ressources collectées se stabilise autour de

90% en 2009 contre 10% pour les banques privées. Ces parts ont connu quelques

modifications, sans toute fois, exercer un changement radical dans le paysage bancaire

algérien. Hormis l’année 2003, où la part des banques privées a connu une chute de l’ordre de

5,6% contre 12,5% en 2002. Les autres années (2004 jusqu’au 2009) ont connu une

croissance stable de la part des banques privées dans la collecte des ressources en Algérie.

Tableau n°1. Les Ressources collectées (2002-2009) (Milliards DA)

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Dépôts à vue 642,168 718,905 1127,92 1224,4 1750,4 2560,8 2946,9 2502,9

Banques publiques 548,13 648,775 10119,89 1108,3 1597,5 2369,7 2705,1 2 241,9

Banque privées 94,038 70,13 108,025 116,1 125,9 191,1 241,8 261,0

Dépôts à terme 1485,19 1742,04 1577,46 1632,9 1649,8 1761 1991 2 228,9

Banque publiques 1312,962 1656,568 1509,556 1575,3 1584,5 1671,5 1870,3 2 079,0

dont : dép en

devises (139,461) (152,702) (201,847) (209,1) (210,3) (207,1) (224,3) (238,3)

Banques privées 172,229 67,475 67,9 57,6 65,3 89,5 120,7 149,9

dont : dép en

devises (29,297) (18,095) (17,048) (16,9) (25) (22,4) ((26,9) (27,3)

Dépôts en

garantie

préalables à

l'import

103,3 116,3 195,5 223,9 414,9

Banques publiques

79 85,6 162,9 185,1 311,1

dont : dép en

devises

(1,6) (1) (0,8) (2,1) (1,6)

Banques privées

24,3 30,7 32,6 38,8 103,8

dont: dép en

devises

(4,1) (4,5) (3,6) (4,4) (3,4)

Total ressources

collecté 2127,36 2442,95 2705,37 2960,6 3516,50% 4517,30% 5161,8 5 146,7

Part banques

publiques 87,50% 94,40% 93,50% 93,30% 92,90% 93,10% 92,20% 90,0%

Part banques

privées 12,50% 5,60% 6,50% 6,70% 7,10% 6,90% 7,80% 10,0%

Source : Banque d’Algérie. (2006, 2011). Situation économique et monétaire en Algérie. Différents

rapports

Les explications de cette situation sont différentes selon l’angle dont lequel est traitée cette

question. Si les dépôts des banques publiques obéissent à la logique de la rente pétrolière, les

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dépôts des banques privées elles, expriment une politique délibérée de la part de la Banque

d’Algérie, drapée d’une certaine méfiance envers les banques privées, (devenues toutes

étrangères) après les déboires du secteur privé national.

Une des raisons qui peuvent soutenir cette analyse est le nombre d’autorisations accordées

pour ouvrir une agence bancaire de la part des banques étrangères installées en Algérie. Fin

2010, on estimait que l’Algérie compte environ 1400 agences bancaires soit une agence pour

25 000 habitants contre une pour 12.000 habitants au Maroc et une pour 9.000 habitants en

Tunisie. Jusqu’à 2010, les trois quarts des nouvelles agences inaugurées étaient à l’enseigne

des banques privées. BNP Paribas et la Société Générale sont les plus en vue dans ce domaine

avec pour chacune d’entre elles plus de 70 agences opérationnelles comme objectif

l’ouverture d’une dizaine par an. Plusieurs banques à capitaux arabes ne sont pas en reste.

L’une des plus dynamiques est Algeria Gulf Bank, filiale du holding koweitien KIPCO qui

compte porter son réseau à 30 unités d’ici la fin 2011. Même la filiale locale de HSBC,

installée depuis seulement 2 ans et plutôt portée vers la clientèle haut de gamme, a inauguré

une agence à Oran, quelques mois après celle de Hydra et affiche l’objectif d’une douzaine

d’ouvertures à moyen terme.

Beaucoup de banques privées s’étaient plaintes du frein constitué par les lenteurs de la

procédure d’autorisation d’ouverture de nouvelles agences par la Banque d’Algérie. Certaines

banques se sont retrouvées, au début de l’année 2011, avec une vingtaine d’agences dans

l’attente de l’autorisation de la Banque centrale. La Gulf Bank avait également au début de

cette année une dizaine d’agences entièrement équipées et le personnel recruté en attente d’un

agrément depuis près de 2 ans pour certaines d’entre elles.

Ces retards sont perçus comme la traduction de la volonté de la Banque d’Algérie d’exercer

un contrôle plus strict sur la croissance du réseau de ces banques. Les agréments ne seront

plus, à l’avenir, délivrés automatiquement. Ce contrôle devrait concerner non seulement

l’agrément des nouvelles agences mais également la possibilité pour ces agences d’opérer

dans le domaine du commerce extérieur qui donne lieu à une autorisation spécifique.

Un pilotage plus fin de la Banque d’Algérie, se dessine, qui s’inspire de la volonté des

autorités algériennes de rééquilibrer le développement des réseaux en faveur des banques

publiques. Une correspondance récente adressée par le premier ministère à la Banque

d’Algérie demandait explicitement à cette dernière d’accélérer la délivrance des agréments en

faveur des banques publiques. A travers cette démarche, les objectifs poursuivis par les

autorités financières semblent viser globalement à maintenir les banques privées au dessous

du seuil d’environ 20%.de part de marché. Un autre aspect de ce rééquilibrage concerne la

nature des activités privilégiée par les banques.

Le financement des opérations du commerce extérieur toujours aussi florissant, reste plus que

jamais, l’un des piliers de la profitabilité des banques privées. On estime qu’elles réalisent

dans ce domaine plus de 30% de part de marché. Une performance qui est attribuée à la

célérité qui caractérise l’exécution des opérations. Les banques privées ont très bien assimilé

l’obligation de recourir au crédit documentaire introduite l’été 2009. Le traitement des lettres

de crédit a été multiplié par dix, dans certains établissements qui se sont adaptés rapidement à

la nouvelle réglementation en renforçant les effectifs et en formant du personnel. Un retour à

la normale en matière de délais de traitement a été enregistré dans la plupart des

établissements au début de l’année 2010 et la plupart des banques privées sont aujourd’hui

capables d’ouvrir une lettre de crédit en 24 heures tandis que le règlement des opérations est

bouclé dans un maximum de 10 jours. Le succès des banques privées dans le domaine du

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commerce extérieur est également dû à des coûts très compétitifs, notamment dans le cas des

succursales des grandes banques comme la BNP Paribas, City Bank ou HSBC qui peuvent

s’appuyer sur un réseau international permettant de réduire les coûts de confirmation.

En attribuant de façon plus sélective l’autorisation d’exercer dans le domaine du commerce

extérieur, la Banque d’Algérie, pourrait ainsi rééquilibrer la part des deux secteurs en faveur

des banques publiques dans une activité qui est généralement considérée comme

particulièrement rentable.

I.1.2. la répartition des dépôts par secteur juridique.

Contrairement aux dépôts à vue et à terme ont la prédominance des banques publiques est

nettement plus perceptible (90% comme part de marché), la nature juridique des dépôts

diffère selon que les dépôts sont de nature publique ou privée.

Les dépôts à vue sont dominés par le secteur public. L’année 2009 a enregistré 2502,9

milliards DA comme dépôts à vue dont 1426,8 est d’origine public le reste est d’origine

privée (903,6 milliards DA). Cette tendance n’a pas changé depuis une décennie. 69% pour

2008, 71% en 2007, 66% en 2006, 63% en 2005, 61% en 2004 et 53% en 2003 (Tableau n°

2). Le début de la décennie 2000 a vu l’augmentation de la part du secteur privé dans les

dépôts à vue grâce notamment au développement des banques privées nationales. Cette

dynamique a été brutalement arrêtée après la dissolution des deux grandes banques privées

algériennes (El Khalifa Bank et la BCIA). Craignant un mouvement de panique de retrait

massif des dépôts de la part des épargnants, les autorités monétaires, ont préféré la solution la

plus facile : liquider les banques privées à capitaux nationaux que de chercher une autre

solution. Le spectre d’une crise bancaire générale planait mais pas au point de menacer la

stabilité du système entier. Ce dernier, constitué dans sa majorité des banques publiques, n’a

jamais connu une crise d’une telle ampleur. Il parait que la motivation des autorités

monétaire à « étouffer » ce scandale, devenu après une mini-crise bancaire, est de se

débarrasser le plus vite possible même avec des pertes financières énormes.(*)

Tableau n°2. Répartition des dépôts par secteur juridique (2003-2009) (Milliards DA)

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Dépôts à vue 718,905 1127,92 1224,4 1750,43 2560,8 2946,9 2502,9

Secteur public 387,331 697,423 773,903 1163,93 1831,7 2056,4 1426,8

Secteur privé 232,346 273,903 321,294 442,418 563,3 720,8 903,6

Autres (*) 99,228 156,59 129,206 144,086 165,8 169,7 172,5

Dépôts à terme 1724,04 1577,46 1736,16 1766,11 1761 1991 2228,9

Secteur public 513,972 254,102 365,818 364,543 350,6 394 499,2

Secteur privé et ménages 1102,22 1189,19 1232,82 1271,36 1395,9 1572,9 1722,6

Autres 107,854 134,167 137,531 13,9 14,5 24,1 7,1

Dépôts en garantie (import,

cautions) (**)

116,3 195,5 223,9 414,9

Total 2442,95 2705,37 2960,57 3516,54 4517,3 5161,8 5146,7

Part des dépôts à vue (***) 29,40% 41,70% 41,40% 47,10% 52,70% 51,70% 42,30%

part des dépôts à terme (***) 70,60% 58,30% 58,60% 52,90% 47,30% 48,30% 57,70% (*) Opérations en cours passées en comptes de la clientèle

(*)

Ahmed Ouyahia, Chef du Gouvernement à l’époque, a annoncé qu’El Khalifa Bank a coûté 100 milliards de

dinars (environ 1,2 USD) au Trésor public (déclaration à la presse nationale)

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(**) Les dépôts reçus en garantie (importation, cautions) ne sont pas suivis par secteur (***) Part du secteur dans le total de dépôts repartis par secteurs (public et privé)

Source : Banque d’Algérie. (2006, 2011). Situation économique et monétaire en Algérie. Différents

rapports

La Banque d’Algérie, a essayé de se justifier, pour la non prise en charge à temps des

défaillances enregistrées à banque El Khalifa. Elle a estimé qu’elle a été handicapée, ainsi

que la Commission Bancaire, dans l’exercice de leur mission de contrôle et de supervision du

fait de l’absence d’arrêté et d’adoption des comptes annuels des exercices 1999, 2000 et 2001

par les organes sociaux de la banque El Khalifa (conseil d’administration et assemblée

générale) et des rapports de certification des commissaires aux comptes (Banque d’Algérie,

2004). L’inexistence de ces documents, il n’est pas à mettre sur le compte d’une défaillance

de contrôle des services de la Banque d’Algérie. El-Khalifa Bank a obtenu, par voie de

justice, des reports successifs de la tenue des Assemblées générales devant statuer sur les

comptes sociaux.(*)

Cette explication, tente de minimiser l’ampleur de la crise d’une part, et

de porter « le chapeau » à la banque défaillante et non pas aux services de la Banque

d’Algérie. En réalité, la responsabilité est partagée entre les deux parties. Le système de

surveillance, peu performant de la Banque d’Algérie amplifié par le climat ambiant dans

lequel évoluait cette banque. Cette dernière, a été considérée comme un « bien-faiseur

national ». L’accuser de fraudes et d’irrégularités c’est ternir l’image qu’une expérience d’un

privé algérien qui aurait su réussir dans une Algérie qui essayait de se remettre sur les pieds.

Pourtant, il s’est avéré que cette banque et les autres, au moins sur le plan bancaire, a commis

beaucoup d’irrégularités et a démontré une incompétence managériale avérée. Cet épisode a

fermé une parenthèse qui s’est ouverte pour permettre l’émergence d’un secteur bancaire

algérien capable de prendre le relais des banques publiques nationales.

Les dépôts à terme constituent 57,70% de l’ensemble des dépôts en 2009 alors qu’ils en

constituaient 70,60% en 2003(Tableau n°2). Les autres années (entre 2004 et 2008) ont vu un

déclin de la part des dépôts à terme au profit des dépôts à vue. Les dépôts à terme du secteur

privé et des ménages sont plus importants que ceux du secteur public. Par exemple, en 2009,

les dépôts à terme du secteur privé et ménages ont représenté 77% de l’ensemble des dépôts à

terme. A part l’année 2003, où cette proportion était de 63%, la moyenne était entre 71 et

75% (79% en 2008, 79% en 2007, 71% en 2006, 71% en 2005, 75% en 2004). Les dépôts à

terme du secteur privé et des ménage représentaient l’épargne privé. Ce dernier doit

constituer la principale source des banques commerciales dans un système bancaire donné.

Par définition, la banque c’est un intermédiaire entre des épargnants (ceux qui ont un surplus)

et des entreprises ou des demandeurs de crédits (ceux qui accusent un déficit). Par le jeu du

taux d’intérêt, la banque joue son rôle d’intermédiaire, la collecte de l’épargne et l’octroi de

crédits.

Les banques commerciales peuvent proposer à leur clientèle des produits bancaires qu’elles

jugent attirants de l’épargne. Cette activité est règlementée par des Règlements de la Banque

d’Algérie. Le dernier en date celui de 2009(1)

fixe les règles générales en matière de

(*) Il s’agit, en effet, d’un usage abusif du code de commerce de la part de Khalifa auprès de la justice qui, en se

référant probablement à l’article 676, donnait droit au report de ses assemblées générales. (1) Règlement n° 09-03 du 20 mai 2009 fixant les règles générales en matière de conditions de banque applicables

aux opérations de banque.

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conditions de banque, applicables aux opérations des banques et des établissements

financiers. Le règlement autorise Les banques et établissements financiers de proposer à leur

clientèle des produits bancaires spécifiques. Toutefois, dans le souci d’une meilleure

évaluation des risques afférents aux nouveaux produits et en vu d’assurer l’harmonisation

entre les instruments, la mise sur le marché de tout nouveau produit spécifique doit faire

l’objet d’une autorisation préalable délivrée par la Banque d’Algérie. Les taux d'intérêt

créditeurs et débiteurs ainsi que les taux et niveaux des commissions applicables aux

opérations de banque sont librement fixés par les banques et établissements financiers.

Mais la Banque d’Algérie peut fixer un taux d'intérêt excessif. Les taux d'intérêt effectifs

globaux sur les crédits distribués par les banques et établissements financiers ne doivent en

aucun cas dépasser le taux d’intérêt excessif. Les dates de valeur sur les opérations de banque

restent réglementées. Elles sont précisées par des Instruction de la Banque d’Algérie.

Ainsi, Les banques et établissements financiers sont tenus de respecter scrupuleusement les

conditions applicables aux opérations de banque déterminées, dans la limite du taux d'intérêt

excessif fixé par la Banque d’Algérie.

Outre les obligations énumérées ci-dessus, les banques et établissements financiers sont tenus

de porter à la connaissance de leur clientèle et du public les conditions de banque qu’ils

pratiquent au titre des opérations de banque qu’ils effectuent et plus particulièrement les taux

d’intérêt nominaux et les taux d’intérêt effectifs globaux sur ces opérations.

I.2. Distribution de crédits

Dans cette rubrique nous allons discuter les différents crédits distribués à l’économie

nationale. Ces crédits peuvent être répartis selon leur maturité (court et long terme) et selon le

secteur juridique (privé et public).

I.2.1. les crédits à l’économie par maturité

Les crédits par maturité sont classés selon qu’ils soient à court terme (crédit d’exploitation) et

à long terme (crédit d’investissement).

A. Crédits à court terme

En 2009, les crédits de moyen et long terme distribués par les banques algériennes ont

représentés 57,2% de l’ensemble de crédits distribués. Le reste (42,8%) a été t distribué sous

forme de crédits à court terme. La prédominance des crédits à long terme par rapport aux

crédits à court terme (presque deux tiers) illustre un retour à l’effort d’investissement dans les

entreprises (publiques et privées). Ce retour à l’investissement, s’explique encore, par le

lancement de grands chantiers de l’infrastructure de base dans le cadre des programmes

publics d’investissement. (*)

Ces programmes ont mobilisé l’appareil productif national et

même étranger.

Le plus grand effort de crédit est de ressort des banques publiques. Chose logique,

puisqu’elles occupent 90% du marché bancaire. La croissance moyenne des crédits à court

terme est de l’ordre de 11% en dehors de l’année 2006 où elle a enregistré une baisse de

l’ordre de -0,8%. L’année 2003 a enregistré une croissance de l’ordre de 23% en 2003, tandis

que l’année 2005 la croissance des crédits à court terme a été de l’ordre de 15%.

Les banques publiques continuent de dominer le marché bancaire du crédit à court terme. La

moyenne de la part des banques publiques dans les crédits à court terme est de l’ordre de

88,62%, entre 2002 et 2009. Le reste est du ressort des banques privées. La chute de la part

(*) En effet, il s’agit de trois programmes d’équipement public : le premier programme de relance économique

(2001-20004) (7 milliards US$), le deuxième programme d’appui à la croissance économique (2005-2005) (150

milliards US$). Le troisième programme en cours (2010-2014) (286 milliards US$) vise essentiellement, avec

les deux autres programmes, à mettre à niveau l’infrastructure de base (routes, université, hôpitaux …etc.)

lentement délaissée et dégradée durant la décennie précédente (années 90).

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de banques privée entre 2002 (20%) et 2003 (5%) s’explique par la disparition des deux

banques à capitaux nationaux (El khalifa Bank et la BCIA).

Les crédits à court terme représentaient en 2002, 49, 60% de l’ensemble des crédits distribués

(Tableau n°3). Cette proportion s’est accrue entre 2003 et 2005 pour atteindre 51,90%. Pour

se stabiliser autour de 45,5% en 2008 et 42,8% en 2008. Cette augmentation au début de la

décennie s’explique par l’augmentation des activités des importations des biens et services,

puisque la majeure partie des crédits à court terme est destinés à couvrir les importations

(crédit documentaire, transfert libre, lettre de crédit...etc.). En effet, depuis 2007, on constate

un retour progressif des financements issus des banques privées. En 2007, ces financements

étaient de l’ordre de 28%, en 2008, 32%. Pour l’année 2009, la croissance s’est régressée pour

se stabiliser autour de 9%. Cette croissance est justifiée par l’implantation de nouvelles

banques étrangères en Algérie qui s’est traduite par l’ouverture de plusieurs agences de ces

banques (la plupart sont françaises et un degré moindre arabes).

Tableau n°3. Les crédits à l’économie des banques par maturité (2002-2009) (Milliards

DA)

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Crédits à court terme 627,98 773,568 828,337 923,3 915,7 1026,1 1189,4 1 320,5

Banques publiques 508,524 736,561 779,741 852,9 819,3 902,5 1025,8 1 141,3

Banques privées 119,456 37,007 48,596 70,4 96,4 123,6 163,6 179,2

Crédits à moyen et long

terme 638,063 605,905 706,051 855,6 988,4 1177,6 1424,7 1 764,6

Banques publiques 576,267 542,673 645,84 794 907,2 1048,8 1261,2 1 570,7

Banques privées 61,796 63,232 60,211 61,6 81,2 128,8 163,5 193,9

Total des crédits

distribués 1266,042 1379,473 1534,388 1778,9 1904,1 2203,7 2614,1 3 085,1

Par crédits à court terme 49,60% 56,10% 54,00% 51,90% 48,10% 46,60% 45,50% 42,8 %

Par des crédits à MLT 50,40% 43,90% 46,00% 48,10% 51,90% 53,40% 54,90% 57,2 %

Source : Banque d’Algérie. (2006, 2010). Situation économique et monétaire en Algérie. Différents

rapports

B. Crédits à long terme

Après un recul eEn 2003, de l’ordre de -5,8%, les crédits à long terme distribués par les

banques publiques algériennes se sont stabilisés en moyenne autour de 12,75% comme taux

de croissance entre 2004 et 2007. En 2008, les crédits à long terme, ont connu un

rebondissement de l’ordre de 20%. Cette tendance s’est poursuivie en 2009 pour atteindre

les 24%. La hausse depuis 2007, des crédits à long terme s’explique par la mise en œuvre des

programmes nationaux d’équipement publics ainsi que l’effort de ces banques à financer des

secteurs hautement capitalistique (les hydrocarbures et l’hydraulique)(*)

.

Les banques publiques algériennes continuent, à elles seules, de prendre en charge l’effort de

la nouvelle politique industrielle envers le secteur public.

Malgré un effort à ne pas négliger, la réalité de terrain est tout à fait différente. Selon une

enquête réalisée par la Banque Mondiale auprès des entreprises au second semestre 2007 en

(*) Beaucoup de projets sont financés entre 2004 et 2010 dans le domaine de l’énergie (usines de dessalement

d’eau de mer en particulier et les centrales électriques) après la décision du gouvernement, en 2004, de ne plus

recourir à l’endettement extérieur pour financer les grands projets.

10

Algérie (**)

le problème du financement est classé comme premier obstacle rencontrés par les

entreprises dans leur exercice en Algérie (Lassassi et Menna, 2011). Le tableau suivant

représente la classification par ordre décroissant des obstacles rencontrés par les petites et

moyennes entreprises du secteur de l’industrie et des services en 2007.

Tableau n°4 : Répartition des PME selon le degré d’importance des obstacles rencontrés

Pourcentage

Accès au financement 24,5

Concurrence déloyale du secteur informel 19,2

Corruption 10,7

Accès au foncier 10,2

Taux d’imposition 9,7

Formation et qualification du personnel à l’embauche 4,7

Electricité 4,1

Douanes et réglementation du commerce extérieur 3,6

Instabilité politique 3,3

Relations avec l’administration fiscale 2,9

Instabilité macro-économique 2,1

Transport 1,6

Criminalité (vols, vandalismes) 1,4

Formalités à la création de l’entreprise 1

Législation du travail 1

Total 100

Source :Lassasi et Menna (2011).

La lecture du tableau ci-dessus nous permet de constater que le facteur « accès au

financement » est le frein le plus important. En effet, plus de 24% des entreprises déclarent

que ce facteur est l’obstacle principal. L’accès au financement est le premier obstacle pour les

petites et moyennes entreprises, et ce quelque soit le secteur d’activité de l’entreprise2

(industrie ou service), mais avec un effet plus important pour le secteur des services (27,7%

pour les services contre 23,2% pour l’industrie).

I.2.2.les crédits distribués par secteur juridique.

Les crédits distribués sont répartis selon la nature juridique de l’entreprise (privée ou

publique).

A. crédits au secteur public

(**)

L’enquête a concerné les entreprises privées formelles de plus de 5 salariés des secteurs industrie

manufacturière (agro-alimentaire, habillement et textiles, ISMME, BTP et autres industries) et services

(commerce de détail et de gros). La taille de l’échantillon est de 590 entreprises. 423 entreprises dans le secteur

industrie manufacturière et 167 entreprises dans le secteur des services. 130 très petites entreprises (5-9), 346

petites entreprises (10-49), 104 moyennes entreprises (50-249) et 10 grandes entreprises (250 et plus).

2 La classification des obstacles selon la taille de l’entreprise et selon le secteur d’activité est présentée en annexe

I (tableau 1et 2).

11

La croissance des crédits distribués au secteur public nous renseigne sur la situation dont

laquelle se trouve le secteur de l’industrie en Algérie. Les chiffres disponibles montrent une

certaine instabilité dans les taux de croissance des crédits accordés au secteur public. Par

exemple, ce taux était de 10 % en 2003, de 8% en 2004, de 2,6% en 2005, pour baisser

jusqu’au -3,8 % en 2006. Après ce déclin, ce taux reprend, une hausse est enregistrée pour

atteindre les 16% en 2007, 21% en 2008 et 23% en 2009.

Ce résultat n’est pas étranger et la réalité de l’économie nationale. Au lieu d’évoquer la

productivité et sa part dans le PIB, l’industrie algérienne nous plonge dans un registre

nostalgique. Fruit d’un effort d’investissement délibéré soutenu dans les années 70, le

secteur industriel algérien ne présente actuellement que 5,3% du PIB (ONS, 2011). Les

différentes tentatives pour le faire renaitre de ses cendres n’ont pas aboutit à des résultats

probants. Malgré les autorités semblent décider de rééditer le même schéma de sauvetage :

injecter des fonds frais dans les entreprises publiques mais, cette fois ci, d’une manière très

ciblée.

Selon Mohamed Ould Mohammedi, directeur du développement industriel au ministère de

l'Industrie et de la Promotion des investissements, le plan de restructuration de l'industrie dans

le secteur public marchand avance bien(1)

. Un autre plan et d’autres questions qui se posent

sur la fiabilité de tels programmes de sauvetage. Pour le gouvernement, il a engagé des

études qui sont en cours pour reconfigurer les 16 SGP(*)

que détient le ministère de l'Industrie.

10 dossiers sont déjà examinés et validés par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). Le

gouvernement ambitionne de porter à 10% à l'horizon 2014 la part de la contribution de

l'industrie au PIB et de générer 15 milliards de dollars de valeur ajoutée à moyen terme grâce

à ce secteur. Mais reste un vœu pieu certes et ambitionne de sortir d’industrie algérienne de

sa léthargie actuelle.

Les autorités publiques ont commencé par les entreprises de ciment, pour souder ce plan

semble-t-il. Ce dernier commence à se concrétise peu à peu et à prendre forme. Le Groupe

industriel des ciments d'Algérie (GICA) vient de recevoir 140 milliards de dinars (dont 64

milliards assurés par le Fonds national de l'investissement -FNI -, le reste étant pris en charge

par le Trésor public). L'argent sera consacré au financement du plan de développement de ce

groupe.

De sa part, Le CPE a aussi validé le financement du plan de développement du groupe Saïdal

(spécialisé dans l’industrie pharmaceutique). Ce dernier bénéficiera d'un financement à taux

bonifié du FNI de 16 milliards de DA. Le CPE a également approuvé les plans de

développement de Cosider (*)

, de la SNTA(**)

et d’Air Algérie. Les dossiers de la SNVI

(industrie mécanique) et de l’ENIE (industrie électronique) ont été examinés par le CPE en

2009.

Ces décisions viennent les déclarations d’un ancien ministre de l’industrie et de la promotion

de l’investissement et de Hamid Temmar(1)

, en novembre 2009 qui a commencé à parler d’un

(1) Déclaration à la chaine III de la radio nationale algérienne le 29 novembre 2010. (*) Société de Gestion de Participation (*) Groupe public spécialisé créé le 1er janvier 1979 sous forme de société d’économe mixte par la société

national de sidérurgie (S.N.S) et le groupe danois Christiani et Nielsen groupe danois Christiani et Nielsen.

Aujourd’hui, COSIDER-GROUPE SPA au capital social de 4 335 000 000 DA, est organisé en un groupe de

sociétés détenant 100% du capital de dix (10) filiales. (**) Société Nationale de Tabacs et Allumettes (1) Il a occupé ensuite le poste de Ministre de la prospective et des statistiques jusqu’au août 2012.

12

tel programme. Beaucoup n’ont pas cru à ce programme, ou même à la faisabilité de cette

stratégie ce qui explique en partie son départ pour un autre ministère, celui de la prospective

et des statistiques. Il a évoqué l’opération de regroupement des entreprises publiques de

ciment pour créer un champion national qui concurrençait le français Lafarge sur ses parts de

marché et se développera par la suite à l’étranger. Le holding investirait 180 milliards de

dinars (1,7 milliards euro) dans le but de, quasiment, doubler la production annuelle du ciment

au cours des trois prochaines années. A l’heure actuelle, les 12 entreprises publiques du

ciment algériennes produisent 11,5 millions de tonnes de ciment par an et contrôlent 67% du

marché national, le reste étant occupé par Lafarge. Le plan du gouvernement avait pour but de

créer, selon Temmar, un leader national pour l’industrie du ciment et les autres matériaux de

construction. Ce nouveau géant industriel, peut, au premier stade, contrôler entre 75% et 80%

du marché intérieur, avant d’étendre ses activités vers le marché international.

Le programme actuel de « sauvetage » des entreprises publiques, vient dans un contexte où

les caisses de l’Etat sont pleines et donc la capacité de financier autant de programmes ne

pose pas problème. Mais à quelle est la différence entre ce programme et les anciennes

opérations d’assainissement ?

Il faut reconnaitre que le programme d’industrialisation des années 70 obéissait à un schéma

plus ambitieux de développement du pays. La stratégie dite « Industrie industrianlisante »

avait pour but de créer atour de l’industrie lourde, nœud où toutes les autres industries

oscillent. Cette stratégie a été financée essentiellement sur des fonds publics et à recours à

l’endettement. Les résultats restent mitigés au début, avant de sombrer dans un tableau noir

caractérisé par une désindustrialisation de tous les secteurs industriels. La part dans le PUB

de la valeur ajoutée de l’industrie, hors hydrocarbures, décroît négativement, depuis une

décennie et ne représente plus, en 2005, que 5,3% du PIB.

Des taux de croissance de plus de 5% du PIB sont, en effet, couplés à des croissances très

faibles, de moins de 1 point, voire négatives pour certaines branches, de l’industrie

manufacturière. Ces taux ne sont manifestement pas en ligne avec les moyennes régionales.

Dans l’ensemble des pays en développement, l’industrie manufacturière représente en

moyenne 14% du PIB. (Cette part est de 17% au Maroc, de 18% en Tunisie et de 19% en

Egypte).

L’actuel programme qui veut cibler des industries qui comportent des « espoirs » de sortie de

crise serait presque le même, comme les autres plans, mais avec deux nouveautés :

l’importance donnée à la ressource humaine par la création de centres de formation adéquats.

Dans un rapport de l’Office national des statistiques ayant touché un échantillon de chefs

d’entreprises publiques et privées fait ressortir toute la difficulté que ces derniers ont à

recruter. l’ONS(1)

précise que près de 83% des industriels publics et 82% des privés jugent

qu’en embauchant du personnel supplémentaire, les entreprises ne vont pas produire

davantage. Aussi, près de 10% des chefs d’entreprises du public et 20% de ceux du privé

déclarent, d’autre part, trouver des difficultés à recruter surtout le personnel d’encadrement et

de maîtrise. Quelque 27% des patrons publics et près de 30% des privés jugent que le niveau

de qualification du personnel « est insuffisant », selon l’enquête de l’ONS.

Les fonds prêtés sont d’origine publique, certes, mais une partie vient du Fonds national de

l’investissement avec un taux d’intérêt bonifié et sur des périodes longues, pouvant aller

(1) L’office national des statistiques

13

jusqu’à 20 ans. Les secteurs concernés commencent être connus et l’opération peut prendre

plusieurs mois ou même des années.

Les résultats escomptés de cette aide est sans doute, de mettre ces industries sur les rails de

la compétitivité et de reconquérir un marche qui leur a été enlevé par la politique de

libéralisation des années 90. Pour retrouver son niveau de contribution au PIB, de 15%

environ durant la moitié de la décennie 80, le secteur industriel manufacturier nécessite une

croissance moyenne de plus de 10,3% au cours des dix années à venir. C’est un effort

considérable, difficile à imaginer à l’heure actuelle, compte tenu de l’état général de

l’industrie. Un effort qui parait herculéen pour un état d’industrie pareil.

Depuis les années 70 le monde a beaucoup changé et les politiques d’accompagnement des

industries doivent s’y adapter. La mondialisation, l’innovation technologique, la rareté de la

ressource humaine compétente, l’ouverture commerciale, les styles de management

innovants, le décloisonnement des marchés, les impératifs écologiques sont tous des

impératifs que toute politique de redynamisation de l’industrie doit être pris en considération.

Avant ce programme, l’industrie, on ne perçoit en revanche aucun intérêt en termes

d’investissement venant des pouvoirs publics ou du secteur privé pouvant exercer à terme un

effet rééquilibrant sur la structure sectorielle du PIB. L’investissement, hors investissement

budgétaire, reste le fait majeur de Sonatrach et des ménages. Malgré le dynamisme qu’on lui

prête, le secteur privé n’a pas été en mesure de contrebalancer la désindustrialisation du

secteur public. Le taux de croissance du secteur privé a été respectivement de 3,7% et 3,4% en

2008 et 2009, soit à un niveau plus faible que celui du PIB hors hydrocarbures. En 2009,

l’industrie privée ne croît qu’à 1,8%. L’industrie pourra-t-elle relever les défis avec cette

nouvelle aide ? Il serait difficile de répondre à cette question tant qu’un temps suffisant doit

être observé pour constater les premiers obstacles qui ne manquent pas en Algérie !

B. crédits au secteur privé

Le secteur privé se plaint toujours des difficultés à l’accès au financement. Le patronat privé a

fait de l’allègement des procédures et de l’accès au financement son cheval de bataille. Les

crédits à l’économie ont enregistré un taux de croissance annuel moyen de 8,4 % sur la

période 2000-2009, dont 21,2 % pour les crédits au secteur privé, avec un taux de couverture

de 135,3 % par les dépôts, issus en grande partie des ressources des hydrocarbures. Le secteur

public continue de bénéficier des crédits malgré les insuffisances enregistrées les 20 dernières

années. Le dernier plan de sauvetage des entreprises publiques (le quatrième en 20 ans)

illustre bien la volonté de rééditer le scénario de l’assainissement dans les années 90.

B.1. Les difficultés des entreprises privées à l’accès au financement.

Depuis l’engagement de l’Algérie dans un processus de réformes économiques, la question

du financement des entreprises (publiques et surtout privées) se pose avec acuité. Si les

entreprises publiques, ont un statut particulier, vu l’histoire économique du pays, l’accès au

crédit pour les entreprises privées, reste toujours problématique. Les deux parties

« antagonistes » (entreprises privées et banques) se jettent la balle dans le camp de l’autre.

Pour les banques, le durcissement des conditions d’accès au crédit est régi par une

réglementation stricte qu’elles ne peuvent enfreindre. De leur coté, les entreprises privées

regardent d’un mauvais œil ces conditions d’autant plus que les banques ne veulent pas

prendre du risque lequel est inhérent à tout projet d’investissement. Cette situation est

14

accentuée depuis l’effondrement des banques privées nationales à partir de 2003. Les

banques publiques continuent à prêter aux entreprises publiques et tant bien que mal aux

entreprises privées. Les banques étrangères, de leur part, se sont met à une activité plus

lucrative, le crédit à la consommation. Mais la suspension de ce crédit en 2009, a réduit la

marge de manœuvre de ces banques. Désormais, elles doivent se tourner vers les créneaux

peu rentables et trop risqué comme l’investissement.

Au cours de la période 2005-2009, la disponibilité de ressources bancaires a permis le

financement des investissements dans le reste de l’économie à hauteur de 49,1 %, le reste du

financement s’étant effectué sur ressources propres (46,8 %) et par le biais d’émissions sur le

marché obligataire (4,1 %). La part relative des investissements cumulés de l’économie par

rapport à l’investissement brut total a représenté 27,8 % pour les années 2005-2009, avec un

fort rythme de progression des investissements en 2008 (19,4 %) et 2009 (11,5 %). (Voir

tableau 4). Tableau 4. Evolution de l’activité de crédit à l’économie des banques (2002-2009) (Milliards DA)

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Crédits au secteur

public 715,834 791,694 859,657 882,5 848,4 989,3 1202,2 1 485,9

Banques publiques 715,834 791,495 856,976 881,6 847,3 987,3 1200,3 1 484,9

Crédits directs 881,3 751,7 900,1 1112,3 1 400,3

Achat d'obligations 70,3 95,6 87,2 88,1 84,6

Banques privées 0 0,199 2,681 0,9 1,1 2 1,9 1,0

Crédits directs 0,4 0 0,1 0 0,1

Achat d'obligations 0,5 1,1 1,9 1,9 0,9

Crédits au secteur privé 550,208 587,78 674,731 896,4 1055,7 1214,4 1411,9 1 599,2

Banques publiques 368,956 487,74 568,605 765,3 879,2 964 1086,7 1 227,1

Crédits directs 765,3 874,7 959,6 1081,7 1 216,4

Achat d'obligations 4,5 4,4 5 10,7

Banques privées 181,252 100,04 106,126 131,1 176,5 250,4 325,2 372,1

Crédits directs 131,1 176,4 250,3 325,1 371,9

Achat d'obligations 0,1 0,1 0,1 0,2

Total des crédits

distribués 1266,04 1379,47 1534,39 1778,9 1904,1 2203,7 2614,1 3 085,1

Part des banques

publiques 85,70% 92,70% 92,90% 92,60% 90,70% 88,50% 87,50% 87,9 %

Part des banques

privées 14,30% 7,30% 7,10% 7,40% 9,30% 11,50% 12,50% 12,1 %

Source : Banque d’Algérie. (2006, 2011). Situation économique et monétaire en Algérie. Différents

rapports

En 2009, l’évolution des crédits distribués par les banques y inclus le rachat des créances non

performantes, est proche de celle enregistrée en 2008. Selon le rapport de la Banque d’Algérie

sur l’évolution économique et monétaire en Algérie en 2009, le total des crédits distribués, la

part des banques privées est restée stable par rapport à fin 2008. Bien que lente, la progression

des crédits distribués directement par les banques privées ou par les achats d’obligations sur le

marché financier est appréciable et porte, exclusivement, sur le financement des entreprises

privées et ménages. (Voir tableau 4).

15

Le total des crédits des banques, hors rachat de créances non performantes par le Trésor

effectué en 2009 (54,525 milliards de dinars), est passé de 2 614,1 milliards de dinars à fin

2008 à 3 139,7 milliards de dinars à fin 2009 correspondant à un accroissement de 20,1 %

contre 18,6 % en 2008.

Après déduction des rachats de créances non performantes, effectués en 2009, l’accroissement

des crédits des banques s’établit à 18 % en 2009 ; les crédits au secteur privé s’accroissant de

13,3 % contre 16,3 % en 2008 et les crédits au secteur public de 23,6 % contre 21,5 % en

2008. La part des crédits aux entreprises privées et aux ménages, dans l'encours total des

crédits distribués par les banques, après déduction des rachats de créances non performantes,

s’établit à 51,8 % contre 54 % en 2008.

L'encours des crédits distribués au secteur public (crédits rachetés par le Trésor déduits) reste

important, e représentent 48,2 % du total des crédits à l'économie, soit 45,4 % en crédits

directs et 2,8 % en achat d’obligations émises par les entreprises publiques, contre 46 % en

2008 (42,6 % en crédits directs et 3,4 % en achat d’obligations).

Les banques publiques assurent la totalité du financement du secteur public, alors même que

leur part dans le financement du secteur privé demeure importante, soit 76,7 % contre 77 %

en 2008. Au cours de l'année 2009, le flux des crédits des banques publiques a bénéficié plus

aux entreprises publiques (284,6 milliards de dinars) qu’aux entreprises privées et ménages

(140,4 milliards de dinars) ; les banques publiques finançant notamment les grands projets

d’investissement des entreprises publiques dans les secteurs de l’énergie et de l’eau.

La structure de l’encours de crédits distribués par les banques à fin 2009 (après déduction des

créances rachetées par le Trésor public) montre que les crédits à moyen et long terme

représentent 57,2 % de l’encours des crédits distribués contre 42,8 % pour les crédits à court

terme. Il s’agit d’une nouvelle tendance amorcée en 2006 et due, notamment, à la progression

des crédits à long terme distribués pour financer les investissements dans les secteurs de

l’énergie et de l’eau. L’augmentation des crédits hypothécaires et des crédits de financement

d’autres biens durables aux ménages a contribué à cette tendance haussière des crédits à

moyen et long terme. En ce qui concerne les crédits hypothécaires, leur encours passe de 109

milliards de dinars à fin 2007 à plus de 125 milliards de dinars à fin 2008 et à 146,3 milliards

de dinars en 2009, soit un accroissement de 17 % en 2009 contre 14,7 % en 2008.

A fin 2009, les crédits à moyen et long termes distribués par les banques publiques

représentent 57,9 % du total de leurs crédits contre 55,1 % à fin 2008. En ce qui concerne les

banques privées, leur part des crédits à moyen et long terme a atteint un niveau appréciable

(52 % du total de leurs crédits contre 50 % à fin 2008). Ce niveau de crédits à moyen et long

terme est dû à l’effort de distribution des crédits d’investissement aux entreprises privées et

des crédits pour l’acquisition de logements et autres biens durables aux ménages. En ce qui concerne l’évolution à fin 2009 des créances des banques sur l'Etat, la part des

banques privées est restée relativement modeste. Leurs créances sur l'Etat sont représentées

par les bons du trésor acquis, les obligations de rachat de créances non performations acquises

sur le marché secondaire (3,8 milliards de dinars) et par les avoirs détenus en comptes

courants au Trésor et aux Centres des Chèques Postaux. Les créances sur l’Etat des banques

publiques sont largement plus importantes du fait des différentes opérations d’assainissement

patrimonial effectuées par l’Etat par émissions de titres et des acquisitions de bons du trésor.

Au cours de l’année 2009, le Trésor public a procédé aux remboursements, dont une partie par

anticipation, des obligations émises en contrepartie du rachat de « créances non

performantes » des entreprises publiques pour un montant de 214 milliards de dinars. De ce

fait, l’encours net des créances que les banques publiques détiennent sur le Trésor public au

titre des rachats de créances non performantes, y compris les nouveaux rachats en 2009, sur

les entreprises publiques est en forte baisse, à savoir 145,7 milliards de dinars contre 270,6

16

milliards de dinars à fin 2008. Les banques publiques détiennent aussi des créances sur le

Trésor sous forme de titres participatifs (56,2 milliards de dinars) ou encore sous forme de

bons du trésor (387,1 milliards de dinars contre 216,7 milliards de dinars à fin 2008). Leurs

créances au titre des autres opérations s’élèvent à 108,6 milliards de dinars à fin 2009 contre

72,7 milliards de dinars à fin 2008.

Selon une enquête menée par le Centre de Recherches en Economie Appliquée pour le

développement en 2003, qui a touché 800 entreprises (publiques et privées) sur le territoire

national. Le degré de recours aux financements bancaires était de 35% pour une activité

d’exploitation et 47% pour une activité d’investissement. Le crédit d’exploitation n’entre qu’à

concurrence de 24,5% dans l’activité d’exploitation si l’on ne considère que les entreprises

qui ont déclaré leurs effectifs. Mais 27% des entreprises déclarent ne pas recourir au crédit

d’exploitation.

En effet, pour le financement, 5% d’entre elles y recourent dans une fourchette allant de 1 à

10%, Par contre 49% des entreprises ayant répondu à la question déclarent utiliser le crédit

d’exploitation selon une proportion supérieure à 10%. Pour 16% d’entre elles seulement, le

crédit d’exploitation entre pour 50% et plus dans l’activité d’exploitation.

La taille semble jouer un rôle déterminant dans le recours au financement bancaire. Plus

l’entreprise est grande, plus elle a tendance à demander du crédit. Nous constatons

paradoxalement que les entreprises de 01 à 10 salariés ont relativement plus recours au crédit

d’exploitation que les entreprises de 11 à 100 salariés. La tendance ne s’inverse qu’à partir de

la taille immédiatement supérieure. L’explication la plus plausible consisterait dans le fait que

les entreprises de 01 à 10 salariés activent dans les secteurs des services en général et ceux

liés à l’importation. Il très probable que leur solvabilité au sens bancaire est plus importante ;

ce qui leur donne un meilleur accès au crédit.

Les PME-PMI semblent être les plus vulnérables dans l’environnement bancaire algérien. Il

s’agit d’un résultat paradoxal compte tenu de la volonté affichée par les pouvoirs publics de

promouvoir ce type d’entreprises. Cela est d’autant plus paradoxal que les banques peuvent

accompagner plus facilement les PME –PMI compte tenu du volume de leurs investissements

tant sur le plan du financement que du délai de récupération et donc du remboursement.

L’analyse par secteur juridique montre que le secteur public a plus recours au financement

bancaire que le secteur privé. Les chiffres s’y rapportant sont de 38,5% pour l’exploitation et

de 50% pour l’investissement dans le premier cas et de 332% et 41% dans le second. Ces

résultats sont conformes à la répartition des crédits à l’économie entre secteurs privé et public.

Il est de plus en plus difficile de parler d’ un effet d’éviction.

La situation ne semble pas changer depuis 2003, pour le premier on enregistre des

injonctions du « politique » pour faciliter l'accès aux crédits pour une partie des entreprises

privées, dont une partie des crédits est constituée des crédits Ansej,Cnac et Angem (des

dispositifs d’aide à la création des entreprises). Mais il reste toujours à souligner que le problème du financement des entreprises algériennes contredit une bonne partie le discours

officiel sur la mise à niveau des entreprises algériennes. Il est nécessaire d’améliorer non plus

les conditions d’accès au crédit pour les entreprises privées mais aussi, assainir

l’environnement des affaires tant décrié par ces entreprises que par les organismes

internationaux.

B.2. la faible pénétration du secteur privé algérien dans l’industrie

Le secteur privé algérien ne participe à l’effort d’investissement national qu’à concurrence

de 1,9% de l’ensemble des investissements réalisés en Algérie. Ce qui représente la somme

modique d’un milliard de dollars US. Une des solutions proposées par les autorités publiques

pour renforcer le poids du privé national est la création d’un fonds d’investissement. Ce

17

dernier agissant en tant que bras financier de l’Etat disposerait d’un montant initial de 150

milliards de DA et pouvant lever des fonds pouvant atteindre 1500 milliards de DA.

Cette faible participation est relativisée par rapport aux importants investissements publics

réalisés ces dernières années. Le dernier plan quinquennal s’élève à lui seul à 21.214 milliards

DA (ou l’équivalent de 286 milliards de dollars). Le privé n’investit que dans le bâtiment et

les travaux publics, essentiellement dans les services et très peu dans l’industrie. La part du

secteur privé algérien dans l’investissement industriel est de 0,10 %. Le ministère de

l’Industrie, de la PME et de la promotion de l'investissement prépare un nouveau plan pour

relancer le secteur industriel. Le paradoxe le plus frappant dans le paysage économique

algérien est la perpétuelle plainte des entreprises algériennes de manque de crédits sur la place

d’Alger. En contre partie, les banques algériennes ne savent pas comment utiliser, les

surliquidités dont elles disposent, de crainte que les entreprises ne remboursent par les

crédits.

En dépit d’une surliquidité bancaire en Algérie qui a atteint 1.100 milliards de DA à fin juin

2010, soit le même niveau enregistré à fin 2009 les entreprises algériennes souffrent de

manque de financements adéquats à leur activité. Plusieurs raisons sont avancées pour

justifier cette situation plus au moins paradoxale : des banques qui « souffrent » d’une

surliquidité historique et des entreprises qui ne trouvent pas de financement. Parmi les

justificatifs, on trouve la non adéquation des projets présentés par les entreprises et la taille

des ces dernières, la notion de risques qui n’est pas prise d’une manière adéquate par les

banques et la demande excessive de garanties, souvent supérieures au montant de crédit

demandé.

C’est dans ce contexte qu’est crée un Fonds national d’investissement qui a doté l’Etat d’un

véritable instrument de mobilisation de l’épargne publique selon des règles économiques.

Doté d’un capital de 150 milliards DA et étant en mesure de mobiliser plus de 1500 milliards

DA de crédits, ce Fonds est déjà opérationnel. Il a réalisé en partenariat avec la Banque

extérieure d’Algérie et le groupe français AXA une joint-venture qui permettra au numéro

un mondial de l’assurance de s’installer en Algérie dans le cadre des nouvelles règles

régissant l’investissement étranger

L’effort entrepris de venir en aide aux entreprises algériennes dans le volet de financement,

surtout pour les moyennes et les petites entreprises, est renforcé par la création d’un fonds

d’investissement local au niveau de chaque wilaya, doté de 1 milliard DA. Ces fonds dont la

gestion est confiée aux banques, doivent faciliter la mobilisation du capital des PME, grâce à

une participation temporaire. Ce qui permettrait à ces entreprises, structurellement

vulnérables, et de surcoût évincées du circuit bancaire, de trouver des financements adéquats à

leurs besoins.

Dans le même contexte, la décision de création par les banques publiques de sociétés de

capital investissement, et de sociétés de leasing rentre dans cette logique. Ces entités auront à

gérer à travers des filiales locales, les fonds d’investissements des wilayas. En parallèle, trois

sociétés de leasing destinées à accompagner et à faciliter la commercialisation de produits

locaux, ont déjà été créées avec des partenaires étrangers. Cette approche sera généralisée à

toutes les banques publiques et déployée à travers tout le territoire national.

Ajoutons à ce mécanisme, la mobilisation de la ressource publique, notamment à travers

l’octroi de la garantie du Trésor aux interventions de la Caisse de garanties de crédits

d’investissements, aux petites et moyennes entreprises, et le relèvement du seuil maximal des

18

prêts garantis de 50 à 250 millions DA. Cela permettrait dans un certain sens de minimiser la

frilosité des banques à octroyer des crédits.

Pour les investissements de long terme, le gouvernement a mis à la disposition des banques

publiques un montant de 100 milliards DA de ressources à long terme. Ce montant est

renouvelable selon le besoin pour améliorer la capacité de réponse bancaire à des demandes

de crédits sur une longue durée. Une bonification par le Trésor public, des intérêts sur les

crédits destinés à l’investissement de création ou d’extension d’entreprise à hauteur de 0,25%

dans les wilayas d’Alger, Oran, et Annaba (fortement attractives pour les investissements) ; de

1,50% dans les wilayas du Sud et des Hauts plateaux ; et de 1% dans toutes les autres wilayas

du pays.

Un soutien financier plus important aux investissements des micros entreprises est

envisageable puisque les ressources existent. Cet effort est consenti grâce au relèvement de

seuils des prêts non rémunérés selon les filières d’investissement et les zones géographiques,

pouvant aller jusqu’à 25%. Une autre action qui vise le renforcement des bonifications

publiques sur les intérêts des crédits bancaires qui s’appuie sur une même approche de filières

et de région, et qui peut atteindre 95% du loyer du prêt bancaire.

B.3. L’aide financière généralisée pour le secteur privé

Après les entreprises publiques, c’est le rôle des entreprises privées de bénéficier d’un soutien

financier. Ce dernier consiste essentiellement de possibilité de rééchelonner les créances des

entreprises en difficultés et une bonification des taux d’intérêt. La cerise sur le gâteau revient

à l’allègement du crédit documentaire tant décrié par le patronat privé.

A l’issue da la tripartite économique (30 mai 2011) le gouvernement a décidé de mettre sa

main dans la poche pour soutenir cette fois, l’entreprise privée. Si le mode diffère, puisqu’il

s’agit des entreprises privées et pas publiques, le but reste le même : soutenir des entreprises

« nationales » pour plus d’emploi et de croissance économique. Si cet objectif est louable et

personne ne peut le contester le doute plane toujours sur les résultats. Pour le seul volet de la

défiscalisation des entreprises dans le cadre des exonérations fiscales pour les jeunes

entrepreneurs et les investissements réalisés dans le cadre de l’ANDI (Agence Nationale de

Développement de l’Investissement) le gouvernement supporte un manque à gagner de plus

de 450 milliards DA (chiffre rapporté par le premier ministre Ahmed Ouyahia lors de sa

dernière conférence de presse). Ce chiffre représente la moitié de la fiscalité ordinaire en

2009. C’est pour dire combien le sacrifice que la communauté nationale supporte pour booster

une croissance économique tant attendu hors hydrocarbures. Une responsabilité morale doit

guider les entreprises privées dans leur gestion des affaires pour promouvoir l’emploi et la

production. C’est une logique de gagnant-gagnant que les opérateurs économiques doivent

adopter : le gouvernement par la collecte de plus de ressources fiscales et les entreprises par

plus de profits réalisés.

B.3.1.Allégement des contraintes liées à l’application du crédit documentaire

Désormais, les entreprises de production de biens et de services pourront importer leurs

équipements, intrants et autres produits destinés à la production, en ayant recours à la remise

documentaire. En cas d’importations urgentes du même genre, ces mêmes entreprises

pourront recourir au paiement libre dans la limite maximale de 4 millions DA au lieu de 2

19

millions DA. Mais Les importations destinées à la revente en l’état demeurent soumises au

paiement par crédit documentaire.

L’obligation de recourir systématiquement au crédit documentaire pour le paiement des

importations a quasiment bloqué la machine économique. Les banques ont reçu 60.000

demandes de crédoc en cinq mois (fin 2010) alors qu’elles traitaient en moyenne 5.000

demandes par an. Le ministre des Finances, Karim Djoudi a défendu cette décision qui a fait

reculer, selon lui, la facture d’importation. Mais la facture d’importation a baissé parce le

volume des importations a baissé à cause du crédoc. Beaucoup d’entreprises n’arrivent pas à

acheter à l’étranger. Pour ouvrir une lettre de crédit, il faut compter un à deux mois. C’est

beaucoup de temps pour les entreprises.

Le Crédoc, qui donne néanmoins plus de garanties, coûte plus cher que le Remise

documentaire. Ce coût est multiplié par la lourdeur bureaucratique de la gestion des ports et

des banques. C’est ainsi les grandes entreprises, courent le risque d’avoir des surstocks ce qui

engendre des surcoûts surtout pour les PMI/PME. Etant contraintes de mobiliser le montant

de la transaction au niveau de la banque qui garantit le paiement pour le fournisseur, la grande

majorité des entreprises ne pouvant mobiliser de grands montants, d'où les risques de rupture

des stocks pour les entreprises n'ayant pas de fonds de roulements importants. Mais en

l'absence d'une plus grande moralisation de la société, d'une visibilité et cohérence dans la

politique socioéconomique, de mécanismes de régulation claire (corruption généralisée)

renvoyant à la bonne gouvernance, le Crédoc ne garantit en rien la fin des fraudes. Avec un

transfert libre, ou de remise documentaire, il y a déjà domiciliation à la clé de la même façon

que la lettre de crédit et donc enregistrement sur les livres comptables avec transfert et

assainissement dans les six mois par la Banque centrale, la lettre de crédit n'étant pas

l'antidote du transfert libre, car dans les deux cas de figure des, circuits bancaires sont utilisés,

connus et répertoriés par les banques.

B.3.2. Rééchelonnement des dettes et bonification des taux d’intérêt

Le gouvernement a cédé sur un autre registre mais d’une manière différente. Le patronat

privé n’a pas cessé de déplorer le soutien unilatéral du gouvernement pour les entreprises

publiques. Les entreprises privées sont « oubliées » de ce soutien, ce qui a aggravé davantage

le climat des affaires en Algérie. Si une certaine logique conduit cet oubli : les entreprises

publiques sont la propriété de l’Etat et c’est tout à fait logique qu’elles reçoivent l’aide, les

entreprises privées relèvent du domaine privé et doivent subir les aléas du marché et de la

concurrence. Cette logique ne pouvait plus tenir la route. La crise économique qui a secoué la

monde depuis 2008 a bouleversé beaucoup des idéaux concernant le rôle de l’Etat et son

intervention dans l’économie. Les USA, le temple du capitalisme, ont été contraints de

soutenir des banques privée pour préserver la stabilité financière du pays. Et si ça marché aux

USA pour quoi pas en Algérie, où une tradition des entreprises publiques et l’intervention

étatique s’est installée depuis plus de 40 ans.

Dans ce sillage, les petites et moyennes entreprises confrontées à des difficultés de

remboursement de leurs dettes bancaires, cette question est fondamentalement régie par une

relation contractuelle entre l’entreprise concernée et sa banque. Cependant, le gouvernement

marque son accord pour participer au rééchelonnement des créances en défaillance, étant

entendu que les créances définitivement compromises sont de la responsabilité exclusive de la

banque et de son débiteur. Il s’agit entre autres, d’encourager les banques à rééchelonner les

créances des entreprises en difficultés, avec un différé de trois années durant lesquelles le

Trésor public prendra en charge les intérêts. Ainsi, et conformément à la réglementation

20

pertinente, la banque créancière procédera à l’annulation des agios réservés pour l’entreprise

bénéficiaire du rééchelonnement. Le ministère des Finances, la banque d’Algérie et

l’Association des banques et établissement financiers prendront chacun en ce qui le concerne,

les dispositions nécessaires à cet effet.

En outre, le gouvernement donne son accord pour une participation du Trésor public à la

bonification des crédits d’investissement aux petites et moyennes entreprises. Le

gouvernement encourage les banques de la place à préserver le taux d’intérêts de 5,5%

qu’elles appliquent pour les crédits à l’investissement. En contre partie, le Trésor public

prendra en charge une bonification de 2% sur cet intérêt applicable aux crédits bancaires

d’investissement aux petites et moyennes entreprises. A cette occasion les banques de la

place peuvent accorder un différé sur les crédits aux petites et moyennes entreprises

exclusivement destinés à l’investissement. Ce différé sera de trois années sur les crédits

d’investissements à moyen et long terme (5 à 7 ans), et de 5 années sur les crédits à long

terme (plus de 7 ans). Le Trésor public prendra en charge les intérêts intercalaires de ces

périodes de différé. Ce dispositif de soutien public aux crédits d’investissements destiné aux

petites et moyennes entreprises entrera en vigueur dès le mois de juillet 2011.

En plus, le gouvernement marque son accord pour une couverture des risques de change. A

cet effet, il invite la Banque d’Algérie à mettre en place dans les meilleurs délais, un

dispositif opérationnel de couverture des risques de change.

Peut-on espérer un retour de croissance économique hors hydrocarbures après l’application de

ces mesures incitatives au profit des entreprises privées ? Une question légitime qui doit

trouver une réponse immédiate au moins pour expliquer au contribuable que cet effort

consenti par le gouvernement va se traduire par plus d’emplois créés et par plus de valeur

ajoutée réalisées pour l’économie.

Il faut reconnaitre que les nouvelles dispositions, si les PME peuvent en profiter réellement et

d’une manière concrète, le problème de l’accès au financement sera, en partie résolu. Cette

fois ci, il s’agit de la gestion d’un passif des entreprises qui ont contracté des dettes qu’elles

ne peuvent pas rembourser. Le taux de non remboursement des crédits des PME s’élève à

23%. Par cette mesure de rééchelonnement, les entreprises peuvent rembourser plus

facilement, leurs crédits et prétendre à d’autres crédits.

La bonification des taux d’intérêt entre dans le même sens. Surtout que la différence est

supportée par le Trésor public. Le fardeau des frais financiers est de l’ordre de 3,5%, un peu

moins que l’inflation, ce qui rend l’acte d’investir plus facile et peut être attrayant !

Cet effort ne doit pas occulter l’obligation que c’est une aide pour un but plus « noble » : la

création d’emploi et la croissance économique. Une sorte d’un contrat social et moral qui doit

lier le gouvernement avec les PME privées s’impose. Pour quoi pas ?!

II. Rentabilité des banques algériennes et structure du marché bancaire

L’analyse des performances bancaires, notamment en termes de rentabilité, est d’un grand

intérêt, ne serait-ce que pour permettre aux banques de mieux appréhender les facteurs qui

agissent sur leur rentabilité et de leur offrir ainsi de meilleurs leviers d’action, de contrôle et

de prévision.

La littérature économique et financière nous renseigne sur deux indicateurs clés qui ont été

avancés pour mesurer la rentabilité bancaire. Il s’agit de la profitabilité des actifs et de la

marge d’intérêt. Néanmoins, le consensus est loin d’être pleinement réuni autour de la

question de l’impact de certaines variables sur la rentabilité bancaire telle qu’elle est mesurée.

21

Alors que l’effet prédit de certains facteurs a trouvé une certaine unanimité au sein du cercle

des économistes, des controverses demeurent au niveau de l’impact attendu d’autres variables.

(Mansouri et Afroukh, 2008).

De nombreuses études se sont penchées sur la question des déterminants de rentabilité des

banques. [Ryan (1972)] a analysé les banques de taille moyenne. [Short (1979)] s'intéressa à

la relation entre le profit des banques commerciales et la concentration au Canada, en Europe

de l'Est et au Japon. Quant à [Bourke (1989)] et [Molyneux and Thornton (1992)], ils se sont

penchés sur le cas des banques de grande taille. Avec les nouvelles évolutions mondiales

plusieurs éléments caractéristiques ont pu profondément varier depuis les estimations de

[Short (1979)], de [Bourke (1988)] ou de [Molyneux and Thornton (1992)].

Dans ce qui suit nous nous intéresserons d’abord au niveau de rentabilité des banques

commerciales en Algérie, ensuite, on abordera la question de la structure du marché.

II.1. Rentabilité des banques commerciales algériennes.

Au cours de la période 2002-2009, la rentabilité des fonds propres (Return On Equity (ROE))

des banques commerciales en Algérie se situe en général à un niveau relativement élevé si on

la compare par rapport à la moyenne relative en Afrique où elle se situe à 20,1%.

Néanmoins, l’évolution du ROE est assez contrastée entre le groupe des banques publiques et

celui des banques à participation étrangère. En effet, le ratio ROE des banques publiques,

progresse régulièrement pour s'établir à 23,6% en 2007. En 2008 et 2009 ce taux s’élève à

25,01% et 25,93% respectivement. (Tableau 5) Tableau n°5.Indicateurs de la rentabilité des banques algériennes (publiques et privées) (2003-

2009).

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Banques publiques y compris la

caisse d'épargne

ROE(*) 6,24% 3,38% 5,63 17,41% 23,64% 25,01% 25,93%

ROE (avant provisions) 25,84% 23,11% 41,40% 42,93% 26,42% 33,26% 29,28%

ROA (**) 0,37% 0,19% 0,30% 0,75% 0,87% 99,00% 1,16%

Levier financier (***) 17 17 18 23 27 25 22

Ratio de couverture des charges

par les produits 98% 97,90% 96,80% 77,14% 69,24% 60,03% 54,74%

Banques privées en activité fin

2009

ROE 12,57% 23,48% 25,43% 23,40% 28,01% 25,60% 21,84%

ROE (avant provisions) 32,81% 32,78% 29,66% 32,60% 32,73% 30,43% 22,58%

ROA 0,91% 1,72% 2,38% 2,31% 3,21% 3,27% 3,28%

Levier financier 14 14 11 9 9 8 7

Ratio de couverture des charges

par les produits 86,00% 76,00% 73,00% 71,47% 61,60% 61,37% 64,43% (*)ROE : résultats/fonds propres moyens, (**)ROA : résultats/total moyen de bilans, (***)Levier financier : total moyen des actifs/fonds propres moyens

Source : Banque d’Algérie. (2006, 2011). Situation économique et monétaire en Algérie. Différents

rapports

En revanche, le ROE des banques privées à participation étrangères est en progression plus

forte par rapport à celle des banques publiques pour se situer en 2007 à 28%. Entre 2008 et

2009 ce taux est passé de 25,60% à 21,84%. Il est d’ailleurs plus élevé que celui réalisé en

22

moyenne par les banques étrangères installées en Afrique, lesquelles enregistrent un ROE de

26,7% (Honohan & Beck (2007)). La baisse constatée du taux de rentabilité des deux

dernières années (2008 et 2009) est liée principalement à la suppression des crédits à la

consommation et à l’obligation de recourir au crédit documentaire pour le paiement des

importations. Même avec cette baisse, ce ratio, est plus élevé que celui de 8,6% réalisé par

les banques à participation étrangère, installées dans le reste du monde. En d’autres termes,

les banques en Algérie réalisent un niveau de rentabilité trois fois plus élevé que celui réalisé

par leurs confères opérant dans le reste du monde. Il faut attendre les années à venir pour

pouvoir s’exprimer d’une manière précise sur l’attractivité du marché bancaire algérien et le

niveau de la concurrence.

A. Rendement des actifs

L'amélioration de la rentabilité des actifs des banques publiques provient principalement du

taux de rendement de leurs actifs productifs. Ce dernier, mesuré par le ratio, résultat/total des

actifs (ROA), est en nette progression comme le montre le tableau 6. Cette dernière met en

exergue la plus forte performance des banques privées à participation étrangère (avec une

moyenne de 2,05%), en termes de rendement de leurs actifs productifs, que celle des banques

publiques réalisant un ratio moyen de 0,51%. La rentabilité des actifs des banques en Algérie

demeure faible par rapport à la moyenne en Afrique qui est de 2,1%. La faible rentabilité des

actifs des banques publiques doit être imputée plutôt au taux élevé du ratio des crédits non

performants qu’à une faible marge d’intermédiation à cause du taux débiteur faible.

Au cours de la période 2002-09, les marges bancaires des banques, privées et publiques, de

niveau inégal, ont évolué en sens inverse. Celle des banques privées, en constante

progression, a continué d’évoluer favorablement enregistrant un taux moyen de 5%. Celle des

banques publiques est beaucoup plus faible se situant autour d’une moyenne de 2,8%. L’écart

dans les marges bancaires ne cesse de se creuser entre les deux groupes de banques. De 0,6

point en 2002, il est passé à 4,4 points en 2007. La faiblesse de la marge bancaire des banques

publiques est dûe principalement à la faible performance au niveau de la marge

d’intermédiation. En ce qui concerne les banques privées, leur marge bancaire s’améliore

grâce à une amélioration de la marge d’intermédiation Tableau n°6. Rendement des actifs des banques algériennes (2003-2009)

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Banques publiques y compris

la caisse d'épargne

A- ROA 0,37% 0,19% 0,30% 0,75% 87,00% 99,00% 1,16%

B-Marge bancaire (*) 2,70% 2,58% 2,82% 2,79% 2,61% 2,47% 2,41%

a. Marge d'intermédiation 2,09% 1,95% 2,22% 2,43% 1,91% 1,82% 1,74%

b. Marge hors intermédiation 0,60% 0,63% 0,60% 0,55% 0,70% 0,65% 0,67%

C. Marge de profit ( **) 13,85% 7,46% 10,70% 25,11% 33,39% 40,07% 47,99%

Banques privées en activité

fin 2009

A- ROA 0,91% 1,72% 2,38% 2,31% 3,21% 3,27% 3,28%

B-Marge bancaire 4,46% 4,33% 4,67% 5,69% 7,01% 7,73% 7,45%

a. Marge d'intermédiation 3,00% 2,67% 2,86% 3,82% 4,56% 4,52% 4,50%

b. Marge hors intermédiation 1,46% 1,66% 1,81% 1,87% 2,45% 3,21% 2,95%

Marge de profit 20,44% 39,74% 50,88% 40,54% 45,83% 42,31% 44,02% (*)Produit net bancaire/total moyen des actifs

23

(**)Résultats nets/produits net bancaire

Source : Banque d’Algérie. (2006, 2011). Situation économique et monétaire en Algérie. Différents

rapports.

A l’instar des pays de la Région(1)

, le niveau des crédits accrochés reste élevé dans les

banques commerciales en Algérie se situant en 2006 à 30% dans le groupe des banques

publiques, catégorie qui domine le secteur bancaire. Notant que la norme internationale de

crédits accrochés est de 6%, il clair que ce taux ne cesse de baisser puisque d’un niveau de

50% en 2000 à 30% en 2006. La baisse est importante et considérable mais elle reste

insuffisante. Il est plutôt nécessaire pour l’économie algérienne de conduire avec la même

détermination l’effort d’assainissement du bilan des banques, des créances comprises et

d’accroître l’effort de provision de ces créances. Une telle démarche est vitale pour restaurer

la compétitivité et accroître la rentabilité du secteur bancaire public. A court terme, ceci

appelle, notamment, le développement de sociétés de recouvrement des créances (avec l’aide

de l’Etat). A moyen et long terme c’est tout le fonctionnement des banques qui est à revoir

surtout en termes de règles plus strictes en matière d’octroi de crédits.

II.2. Structure du marché

A l’instar d’autres pays, l’Algérie avait amorcé des réformes financières ayant pour objectifs

de renforcer le rôle des mécanismes de marché dans l’allocation du crédit, d’améliorer la

capacité des institutions financières à mobiliser l’épargne, d’améliorer l’efficacité de la

politique monétaire et d’encourager la concurrence entre institutions financières.

L’Algérie a mis en œuvre ces réformes financières de manière séquentielle. Elle a d’abord

libéralisé les taux d’intérêt, supprimé le contrôle des crédits et crée de nouveaux instruments

financiers pour le budget. Ensuite, elle a recentré la politique monétaire, a accru

l’approfondissement financier et a renforcé la réglementation prudentielle et de supervision.

En 1995, l’Algérie a cherché à promouvoir la concurrence entre les différents acteurs de

l’économie suite à la publication de l’ordonnance n°95–22 du 26 août 1995 fixant les

premières instructions de privatisation des entreprises publiques et l’ordonnance n°01–04 du

20 août 2001 fixant l’organisation, la gestion et la privatisation des établissements publiques

économiques. Le but de ce nouveau cadre réglementaire est d’assurer le désengagement de

l’Etat algérien de certaines activités économiques concurrentielles. Enfin, l’Algérie a

libéralisé le compte capital (balance de paiements).

Le degré de concurrence sur les marchés bancaires constitue l’un des principaux mécanismes

de gouvernance économique qui «discipline» le comportement des banques et de leurs

dirigeants et les conduit à adopter des procédures de contrôle qui minimisent les coûts

d’obtention de capitaux externes (Levine, 2004). L’étude du secteur bancaire en Algérie en

termes d’intensité de la rivalité interne, de menaces de produits de substitution ou de

nouveaux entrants, montre que ce secteur est faiblement concurrentiel (Rajhi et Salah, 2011).

(1) En Tunisie, le taux des crédits accrochés s’est situé fin 2006 à 19,3% contre 36% en 1993, année

marquée par un volume record des «créances douteuses» consécutif à une montée en flèche des crédits

aux particuliers. En dépit de cette baisse notable, le volume des crédits accrochés inquiète encore.

Raison pour laquelle la Banque Centrale de Tunisie (BCT) s’efforcera de ramener le taux de ces

crédits à 15% en 2009 et à un seul chiffre à partir de 2011, selon des projections.

24

Si l’on procède à une analyse comparative entre les pays de la région Afrique du Nord, le

tableau 6 montre que l’Algérie comme le pays ayant le secteur bancaire le plus concentré,

avec 95% des actifs détenus par les cinq premières banques, contre 75% au Maroc, 65% en

Tunisie et 63% en Egypte. A cet égard, l’expérience algérienne, en termes de réformes

financières, apparaît paradoxale étant donné que le processus de libéralisation financière

semble coïncider avec un regain de concentration.

Tableau 6. Les taux de concentration bancaire dans certain pays africains

Algérie Egypte Maroc Tunisie

Pourcentage des dépôts

détenus par les 5 premières banques 94 63,1 75 64,5

Pourcentage des actifs

détenus par les 5 premières banques 95 61,8 66,48 64,8

Source : Rajhi et Salah, (2011). p. 19.

En guise de conclusion (Rajhi et Salah, 2011) à l’analyse de la structure du marché bancaire en

Algérie, nous pouvons dire que l’expérience de ce pays présente trois tendances:

La concentration du secteur bancaire s’est accentuée en dépit du processus de

libéralisation financière amorcé par l’Algérie;

L’intensité de concurrence a augmenté en termes de nombre de banques sur les

marchés bancaires suite à l’installation d’un nombre de plus en plus grand de banques

privées à participation étrangères. Cependant, les taux de marges bancaires demeurent

élevés surtout dans le secteur des banques privées ;

L’absence d’une alternative au financement bancaire a conféré aux banques un

pouvoir de marché incontestable.

III. L’introduction des nouvelles technologies d’information et le développement de la

monétique en Algérie

Le concept de monétique recouvre trois dimensions : infrastructure, produit et prestations à la

clientèle porteuse de cartes. La carte monétique a été proposée relativement tôt par les

banques algériennes. Le Crédit Populaire d’Algérie a été le premier à lancer une carte de

retrait « CPA CASH » offrant un service de base, le retrait auprès des agences de la banque

dotées d’un distributeur automatique de billets (DAB).

L’innovation en la matière est intervenue dès 2001/2002 avec le lancement par la Banque

Nationale d’Algérie (BNA) d’une carte interbancaire de retrait (CIB). Elle permet d’effectuer

des retraits d’espèces, à hauteur d’un plafond hebdomadaire autorisé, auprès de l’ensemble

des agences BNA dotées d’un DAB et des autres banques affiliées au réseau monétique

interbancaire (RMI). (Tableau 7)

25

Tableau n°7. Evolution de quelques indicateurs bancaires dans les pays du Maghreb.

Pays

Nombre de

banques

Nombre

d'agences

bancaires

Densité

bancaire (une

agence pour

1000habitants

nombre de

GAB

Nombre

d'employés de

banque

2000 2007 2000 2007 2000 2007 2000 2007 2000 2007

Algérie 19 25 1071 1338 28,4 24,5 1300 3000 nd(*)

Tunisie 20 20 811 1051 11,8 9,7 249 729 17299 nd

Maroc 21 15 1703 2747 16,9 11,7 nd nd nd nd

(*) Non disponible

Source : Fonds Monétaire Arabe, (2009). Base de données du rapport arabe unifié

Une timide reprise est observée entre 2001 et 2002, avec 250 000 transactions enregistrées sur

l’ensemble du territoire national.

Le marché de la carte bancaire s’est vite révélé étroit et régressif. Le premier mouvement

[1999/2000] qui vit une forte émission de cartes de retrait, s’est très vite infléchi.

La période suivante révèle une évolution du nombre de cartes distribuées, mais selon une

tendance concentrée, Algérie Poste demeurant le premier opérateur avec 88,61% du volume

des cartes en circulation et 89,17% des transactions effectuées.

Avec le recul, on s’est rendu compte que la carte de retrait de première génération est

intervenue dans un contexte social, culturel et d’intégrations technologiques bancaires

inappropriées, immature pour l’établissement et la rentabilité d’un marché de la carte

bancaire.

Sur le plan du marketing, la carte de retrait n’a guère bénéficié d’une promotion massive. La

conception de ce produit ne semble pas avoir été soutenue par une bonne définition du profil

du porteur. A l’époque de son lancement, la segmentation de la clientèle n’était pas intégrée

comme instrument d’évaluation et de décision.

La carte interbancaire CIB proposée par la BNA en 2001/2002, connut le même sort, sans

doute victime d’une promotion insuffisante bien qu’elle s’adressât en théorie à l’ensemble des

catégories de clientèles de cette banque.

Bien qu’en théorie la CIB/BNA bénéficiât à tous « les titulaires d’un compte bancaire », les

résultats furent en deçà des attentes réelles, avec moins de 6000 porteurs à fin 2003, en

somme proches des chiffres réalisés dans ce domaine par les autres banques, CPA, BEA et

BADR.

3.1. Paiement par Internet, une question de réglementation

Techniquement, toutes les conditions sont réunies pour pouvoir effectuer des paiements par

internet. La compagnie Air Algérie, par exemple, est prête et veut se lancer dans ce mode de

paiement, en permettant aux usagers de payer leurs billets d’avion on line. Se pose cependant

un léger problème de réglementation.

En effet, comme tout autre nouveau produit bancaire, ou encore l’ouverture d’une nouvelle

agence de banque, le lancement du mode de paiement par internet doit d’abord être autorisé

26

par l’autorité bancaire, soit la Banque d’Algérie. Ce problème peut trouver une solution d’ici

la fin d’année 2011.

Il faut souligner que le paiement électronique ne se fera pleinement que lorsque les grands

services, c’est-à-dire les grandes entreprises comme Sonelgaz, Seaal et autres joueront le jeu.

Dans ce cas, le paiement par carte deviendrala règle et la monnaie l’exception.

III.2.Quelques repères

- Nombre de cartes interbancaires CIB en circulation : 800 000 Cartes de retrait d’Algérie

Poste : plus de 4 millions

-Volume d’opérations de retrait par jour : 20 000

-Nombre de terminaux de paiement électronique (TPE) installés : 3000

-Nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) : plus de 1300

En Algérie on continue toujours de souffrir du manque de liquidité, surtout dans les bureaux

de poste, et l’étroitesse des services bancaires offerts aux clients de la banque. Les crises de

liquidité récurrentes, à chaque évènement religieux et social, sont devenues une monnaie

courante. Des solutions existent mais faut-il avoir le courage de les appliquer. On peut inciter

les commerçants à s’équiper par des machines de lectures des cartes par l’octroi gratuitement

de ces machines. La direction fiscale peut faire dans ce sens on réduisant la taxe sur le chiffre

d’affaires réalisé par ce service. La participation des banques dans cet effort doit être

primordiale et tout cela passe par un personnel bien formé et surtout motivé. La maitrise de la

technologie qui doit accompagner cette opération est une chose évidente. Ainsi, La formation

continue doit être le cheval de bataille pour mener à bien à cette opération. Les écoles

d’informatique ne manquent pas d’étudiants ambitieux et ne veulent qu’avoir un travail.

Même coté sensibilisation, les autorités, les banques, les assurances et la poste ne font rien.

Les citoyens doivent donc, dans la logique des autorités, eux même, faire le travail qui est

sensé être le devoir de ces institutions.

Malgré l’amélioration de la qualité de service du réseau informatique de la poste qui s’est

traduite par le basculement vers un système technologique performant de 520 bureaux de

poste, et l’introduction de la polyvalence des guichets dans plus de 200 bureaux de poste, ce

qui a permis d’assurer la traçabilité des opérations et d’améliorer considérablement la qualité

de service au niveau des guichets. Le gros reste à faire. Il s’agit de tracer de objectifs chiffrés

et précis et réaliste sur la pénétration de la monétique et sa contribution au PIB à court,

moyen et long terme.

C’est dans le cadre du développement des services financiers de la poste et de la monétique,

qu’il a été procédé à la mise en service de 690 distributeurs automatiques de billets, et à la

distribution de 6 millions de cartes à puces aux détenteurs de compte CCP De plus, 1000

terminaux de paiement électronique, en cours de déploiement, la mise en place dans 300

bureaux de poste de 500 caisses de distribution automatique de billets de banque, la reprise de

la confection du carnet de chèques de 25 formules sont autant de mesures qui contribueront à

l’amélioration des prestations publiques des services financiers postaux.

IV. Banques algériennes et crise financière mondiale de 2008

Le système bancaire en Algérie n’a pas été directement affecté par le choc externe inhérent à

l’intensification de la crise financière internationale en 2008, parce que "faiblement" exposé

27

aux risques des marchés financiers internationaux, L’évolution et la stabilité du système

bancaire au cours de la seconde moitié des années 2000 a bénéficié de politiques macro

financières prudentes, en contexte d’excès d’épargne sur l’investissement,

La conduite de politique macro financière au cours de la décennie 2000 a largement contribué

aux performances économiques et financières robustes et à la stabilité financière. Ces

politiques ont été, notamment, marquées par le soutien à la croissance hors hydrocarbures, le

contrôle de l’inflation, l’excédent de la balance des paiements et l’accumulation de réserves

de change, la réduction de la dette extérieure et une accumulation de ressources dans le Fonds

de régulation des recettes (FRR).

Ces éléments relèvent d’une gestion macro économique prudente de surcroît de ressources

liés à l’évolution favorable du prix des hydrocarbures avant le choc externe de 2008-2009.

La contribution de l’Etat à l’assainissement patrimonial des banques publiques et à la mise à

niveau de leurs fonds propres a pu renforcer la base de la stabilité financière. Le système

bancaire est en excès structurel de liquidité depuis 2002, pendant que les banques restent le

principal pourvoyeur de financement à l’économie en contexte du marché financier peu

développé.

La gestion prudente des ressources au cours des dernières années, en contexte de

renforcement progressif de la stabilité du système bancaire et financier, permet à

l’Algérie d’appréhender aujourd’hui ses objectifs économiques de moyen terme. Il

demeure, cependant, que la crise financière internationale et la dégradation corrélative

de la situation économique mondiale ont pour effet, de réduire la capacité d’épargne

du pays. En effet, l’importante chute du prix du pétrole réduit de manière considérable

les recettes d’exportations du pays et, partant, la capacité d’épargne budgétaire. Une

faiblesse durable des prix du pétrole se traduirait donc par un fort amenuisement de

l’épargne accumulée, ainsi que par une baisse corrélative des réserves de changes.

D’autant plus que la réduction du rendement sur le placement des réserves de change,

est une conséquence des taux d’intérêts bas sur les marchés internationaux.

Comment l’Algérie a pu passer l’orage de la crise financière mondiale et quelles ont été les

conséquences pour le système bancaire, d’autant plus, que le cadre législatif vient d’être

renforcé par l’adoption des amendements de l'ordonnance n° 03-11 du 26 Août 2003, relative

à la monnaie et au crédit ?

IV.1. La prudence dans la gestion des affaires

Au moment de crise ou bien la confronter, et c’est à risque et péril, ou bien s’éclipser

et attendre des jours meilleurs. L’Algérie qui doit ses performances économiques aux

marchés internationaux du pétrole n’a pas voulu s’aventurer dans un champ très miné.

C’est pour cette raison que les risques purement financiers de contagion de la crise

mondiale ont été très limités pour l’Algérie. Cette situation a été le fruit d’une gestion

ultra prudente des avoirs extérieurs du pays. L’Algérie a mené une gestion prudente

des réserves de change (absence d’investissement dans les actifs risqués), en veillant

à l’objectif stratégique d’immuniser les portefeuilles d’actifs (réserves officielles de

change) contre toute perte de capital. Le taux de rendement réalisé par la Banque

d’Algérie a atteint 4,6 % en 2007. La plupart de réserves de changes de l’Algérie est

investi dans les bons de trésor souverains.

Il a été procédé à la réduction de l’endettement extérieur en 2005 – 2006, après avoir

limité fortement les flux d’endettement extérieur dès le début des années 2000. En

28

particulier, les engagements des banques opérant en Algérie envers l’étranger

représentent moins de 1 % de leurs ressources et l’encours de la dette extérieure à

moyen et long terme n’est plus que de 3,9 milliards de dollars à fin novembre 2008.

Une partie des excédents de ressources budgétaires, a été épargné, avec une épargne

budgétaire supérieure à 20 % du PIB en moyenne annuelle pour les années 2005-2007.

En plus de ces actions, il faut noter que le financement interne (en dinars) de

l’économie, a été privilégié, vu l’excès d’épargne sur l’investissement matérialisé,

notamment, par le caractère structurel de l’excès de liquidité sur le marché monétaire.

Enfin il a été procédé au développement du segment obligataire du marché financier,

sans recourir aux investissements de portefeuille des non résidents.

Les ressources nettes du Fonds de régulation des recettes (4192,5 milliards de dinars à

fin novembre 2008) et l’excès de liquidité des banques (2418 milliards de dinars à fin

novembre 2008) permettront de financer les dépenses d’investissement de l’Etat et de

couvrir des flux de crédits bancaires sains à l’économie sur une période de plus de

deux ans, même à un rythme supérieur à celui enregistré en la matière en 2008.

Enfin, l’important niveau des réserves officielles de change permet à l’Algérie de faire

face sereinement aux chocs externes, si la crise la crise financière internationale,

conjuguée à une récession généralisée au niveau mondial, venait à perdurer, dans la

mesure où les Banques Centrales accumulent des réserves de change principalement

pour des raisons de politiques de change mais aussi pour se doter de moyens de faire

face aux chocs externes et aux crises.

C’est ainsi que le nouveau rôle de la Banque Centrale est de prévenir d'éventuelles crises

futures ou en minimiser les effets dévastateurs sur les économies. Cette nouvelle mission

s’ajoute la mission traditionnelle de toute Banque Centrale : lutter contre l’inflation. Ce rôle

passe par la mise en place des dispositifs efficaces de régulation des systèmes financiers, de

surveillance et de détection des facteurs de vulnérabilité. S’ajoutant aux nouvelles

modifications de l’ l'ordonnance n° 03-11 du 26 Août 2003, relative à la monnaie et au crédit

l’Algérie peut entamer une nouvelle étape de consolidation des ses acquis macroéconomiques.

Tableau n°9. Indicateurs de la stabilité financière (en pourcentage)

2005 2006 2007 2008 2009 juin-10

Normes de fonds Propres(1)

12,3 15,2 19,9 16,5 21,8 18,4

Banques publiques (2) 11,7 14,4 12,1 16 19,1 15,9

Banques privées (étrangères) 19 21,6 18,1 20,2 35,3 29,7

Prêts classifiés/total des prêts (3)

35,7 24,8 35,5 25,4 21,6 22,1

Banques publiques 38,2 37,5 38,7 28,5 24,4 24,9

dont : secteur privé 19 22 24,3 20 16,9 17,4

Banques étrangères 5,7 8,8 11,5 3,9 4 4

Créances improductifs/Total des prêts 19,2 17,5 22,1 15,7 14,5 14,9

Banque publiques 20,4 19,2 23,8 17,6 16,5 16,8

dont : secteur privé 10,1 11,7 18,7 15,9 13 13,3

Banques étrangères 3,2 2,9 9,2 2,2 2,4 2,6

Autres prêts classifiés/total des prêts (4)

16,5 17,3 13,4 9,8 7,1 7,2

Banques publiques 17,8 18,4 14,9 10,9 7,8 8,1

dont : secteur privé 8,9 10,3 5,7 4,1 3,9 4,1

29

Banques étrangères 2,5 5,9 2,3 1,7 1,6 1,4

Provisions/prêts classifiés 49,3 54 56,1 57,7 68,3 67,8

Banques publiques 49,2 54,2 55 57,4 68 67,8

Banques privées 62,3 48,7 85,2 68,7 78,9 70

Rentabilité des fonds propres 7,8 18,8 24,6 25,2 25,7

Banques publiques 5,6 17,4 23,6 25 25

Banques privées 25,4 23,4 28 25,6 26,3 (1)90% des avoirs du système (2) Les banques qui ne sont pas publiques sont toutes étrangères (3) Prêts des banques en situation d’arriérés (provisions à 100%) (4) Créances productives mais risquées (provisionnées à 30 à 50%)

Source : Fonds Monétaire International (2011). Rapport sur les économies nationales n° 11/39, p.14.

IV.2. Le changement dans le secteur bancaire (2008-2010)

Les changements introduits dans le secteur bancaire obéissent à deux objectifs majeurs : le

renforcement du contrôle sur les banques par la banque centrale et l’introduction de nouvelles

règles de l’établissement des banques étrangères. Ces règles sont en cohérence avec les règles

déjà édictées par la loi de finances complémentaire pour l’année 2009 concernant les

investissements étrangers directs.

La privatisation de la première banque publique devrait être conclue courant 2008, mais la

crise mondiale, repoussé cette échéance à une date non encore déterminée. Après hésitation,

les autorités publiques ont trouvé dans les conséquences de la crise financière mondiale le

meilleur argument pour repousser l’échéance de la privatisation des banques publiques.

La crise financière internationale de 2008 n’a pas trop touché immédiatement l’Algérie pour

plusieurs raisons. La non libéralisation du compte capital, ce qui exclut la liberté de

mouvements de capitaux par les opérateurs économiques nationaux. Ces mouvements ne

peuvent être effectués que sur accord du Conseil de la Monnaie et du Crédit. Le paiement par

anticipation de la dette extérieure, antérieurement à l’apparition de la crise, a permis à

l’Algérie de ne pas subir de pertes liées à la fluctuation des taux d’intérêt et de change.

Le financement domestique de l’économie et son confortement par le renforcement du capital

des banques pour accroître leurs capacités d’engagement. Le capital des banques publiques a

été multiplié par deux entre 2007 et 2009.

les changements introduits dans la législation qui régissent le domaine bancaire ont été

introduits dans le but de renforcer le contrôle des autorités sur les activités des banques,

surtout étrangères. L’annulation des privatisations des banques publiques, pourtant

programmée, donne un autre signe que les autorités veulent prendre un recul par rapport aux

réformes engagées il y a 20 ans.

IV.2.1. La révision de la loi bancaire

30

La révision de la loi sur la monnaie et le crédit(1)

, a pour objectif le renforcement du rôle de la

Banque Centrale, surtout dans sa mission de supervision, et la sécurisation des moyens de

paiements. Cette révision, la troisième en ce genre depuis 1990, vise essentiellement cinq

champs de l’activité bancaire en Algérie (voir tableau 8). En premier lieu, ces changements

ont pour but de mettre à jour les missions de la Banque d'Algérie par rapport aux progrès

découlant de la modernisation du système financier, en la chargeant de veiller à l'efficacité

des systèmes de paiements et d'émettre les règles les régissant, et en la mandatant pour

garantir la sécurité des moyens de paiements autre que la monnaie fiduciaire.

En second lieu, renforcer la sécurité et la solidité du système bancaire, par un suivi plus

rapproché des banques y compris privées, pour s'assurer de la sauvegarde des intérêts de leur

clientèle, et de la préservation de la stabilité monétaire et financière du pays. En troisième

lieu, lutter contre toute fraude ou malversation dans les opérations réalisées par les banques et

établissements financiers à travers l’ajout de délit de corruption aux motifs de prohibition de

l'exercice de la fonction bancaire.

Par ailleurs, en vue de renforcer la transparence dans les activités bancaires, l'Etat détiendra

une action spécifique dans le capital des banques et établissements financiers à capitaux

privés, grâce à laquelle il sera représenté dans leurs organes sociaux sans droit de vote. Cette

disposition, nouvelle en Algérie, existe dans bon nombre de pays développés. C’est dans

l’esprit de contrôle que cette action a été introduite.

En quatrième lieu, confirmer l'application aux banques et établissements financiers de la

législation nationale en matière d'investissements étrangers, et renforcer la protection des

intérêts de l'Etat et ce en disposant que toute future ouverture de banque ou

d'établissement financier par un investisseur étranger sera conditionnée par la détention de

51% du capital par des actionnaires nationaux. En cas de cession d'une banque ou d'un

établissement financier dont le capital est étranger, l'Etat jouit d'un droit de préemption.

En cinquième lieu enfin, à accompagner le développement du crédit, et préserver les intérêts

de la clientèle des banques et établissements financiers mandatant la Banque d'Algérie pour

fixer les rémunérations des prestations des banques à la clientèle.

Les changements introduits dans la législation bancaire semble obéir aux objectifs de mette de

l’ordre dans la profession, de plus de transparence dans les affaires et prémunir contre les

malversations qui peuvent être nuisible au secteur bancaire et préjudiciables aux intérêts du

pays.

(1) -01 du 22 juillet 2009 portant loi de finances complémentaire pour 2009 et

l’Ordonnance n° 10-04 du 26 août 2010 modifiant et complétant l’ordonnance n° 03-11 du 26 août

2003 relative à la monnaie et au crédit.

31

Tableau 8. Les nouvelles mesures applicables au secteur bancaire

LFC2009 LFC2010

Mesures

incitatives aux

jeunes

entrepreneurs

La dotation du fonds de caution

mutuelle de garantie risques/crédits

jeunes promoteurs est portée à 40

milliards de DA.

La bonification du taux d’intérêt

des crédits accordés par les banques

aux jeunes promoteurs prise en

charge.

Le niveau maximum de la garantie

financière accordée est porté de 50

millions de DA à 250 millions de

DA.

Mesures

protectionnistes

Les banques ne sont autorisées à

accorder des crédits aux particuliers

que dans le cadre des crédits

immobiliers.

Les participations étrangères dans les banques et

établissements financiers de droit algérien ne sont

autorisées que dans le cadre d’un partenariat dont

l’actionnariat national résident représente 51% au moins

du capital.

Par actionnariat national, il peut être entendu l’addition de

plusieurs partenaires.

L’Etat détient une action spécifique dans le capital des

banques et établissements financiers à capitaux privés en

vertu de laquelle il est représenté, sans droit de vote, au

sein des organes sociaux.

Les modifications des statuts des banques et

établissements financiers qui ne portent pas sur l’objet, le

capital ou l’actionnariat doivent être autorisées

préalablement par le gouverneur.

Toute cession d’actions ou titres assimilés d’une banque

ou d’un établissement financier doit être autorisée

préalablement par le gouverneur dans les conditions

prévues par un règlement pris par le conseil

Toute cession d’actions ou de titres assimilés qui n’est pas

réalisée sur le territoire national et conformément à la

législation et à la réglementation en vigueur est nulle et de

nul effet.

Les actionnaires des banques et établissements financiers

ne sont pas autorisés à donner en nantissement leurs

actions ou titres assimilés.

L‘État dispose d’un droit de préemption sur toute cession

d’actions ou de titres assimilés d’une banque ou d’un

établissement financier

Mesures visant

le renforcement

du secteur

Une banque ou un établissement

financier peut consentir, dans la

limite de vingt cinq pourcent (25%)

La Banque d'Algérie est chargée de régler la circulation

monétaire, de diriger et de contrôler, par tous les moyens

appropriés, la distribution du crédit, de réguler la liquidité,

32

bancaire de ses fonds propres de base, des

crédits à une entreprise dont elle ou

il détient une participation au

capital

de veiller à la bonne gestion des engagements financiers à

l’égard de l’étranger, de réguler le marché des changes et

de s’assurer de la sécurité et de la solidité du système

bancaire

Il est interdit à une banque ou un

établissement financier de consentir

des crédits à ses dirigeants et à ses

actionnaires

La banque d’Algérie veille au bon fonctionnement, à

l’efficience et à la sécurité des systèmes de paiement

les dirigeants sont les fondateurs,

les administrateurs, représentants et

personnes disposant du pouvoir de

signature. Les conjoints et les

parents jusqu.au premier degré des

dirigeants et des actionnaires sont

assimilés à eux

Les règles applicables aux systèmes de paiement sont

édictées par voie de règlements du conseil de la monnaie

et du crédit. La Banque d’Algérie assure la surveillance

des systèmes de paiement

La Banque d’Algérie s’assure de la sécurité des moyens

de paiement, autres que la monnaie fiduciaire ainsi que de

la production et de la pertinence des normes applicables

en la matière.

Elle peut formuler un avis négatif quant à l’introduction

de tout moyen de paiement, particulièrement s’il présente

des garanties de sécurité insuffisantes.

Pour l’exercice de ces missions, la Banque d’Algérie se

fait communiquer, par toute personne concernée, les

informations utiles concernant les moyens de paiement et

les dispositifs techniques qui leur sont associés

Source : Tableau constitué à partir de la Loi de finances complémentaire 2009 et

l’ordonnance n°10-04 modifiant et complétant l’ordonnance n°03-11 relative à la monnaie et

le crédit.

IV.2.2. La privatisation des banques

L’Algérie s’était engagée à privatiser le crédit populaire d’Algérie (CPA) en 2007/2008 et à

ouvrir le capital de la BDL(*)

et celui de la CAAR(**)

ainsi que plus tard celui de la Badr(***)

.

Mais l’ampleur de la crise financière internationale, en 2008, a contraint les autorités

algériennes à surseoir à leurs décisions.

Pour quelles raisons privatiser une partie du secteur bancaire? Il nous faut admettre, que

toutes les réformes engagées par les pouvoirs publics depuis la loi du 19 août 1986, en passant

par la loi sur la monnaie et le crédit du 10 avril 1990, enfin l’ordonnance du 26 août 2003 qui

l’amende sur des points de fond, ont été impuissantes à améliorer les performances du secteur

bancaire, encore moins permettre l’émergence d’un véritable marché monétaire capable de

pallier l’absence quasi totale d’un marché financier, que ce soit celui des actions ou celui des

obligations. Mais il ne suffira pas de privatiser les grandes banques publiques. Il faudra

encore suivre de près la mise en œuvre de la privatisation et ne pas réitérer l’erreur commise à

propos des entreprises publiques économiques (EPE) privatisées dont l’Etat s’est

désintéressé, dès que le transfert de la propriété a été réalisé. Enfin, il est indispensable, non

pas seulement d’œuvrer à l’indépendance de la Banque d’Algérie mais aussi de doter l’Institut

d’émission des moyens (humains et matériels), de sorte qu’il puisse exercer un contrôle

(*) Banque de développement local (**) Compagnie algérienne d’assurance et réassurance (***) Banque algérienne de développement rural

33

prudentiel efficace sur les banques primaires. L’indépendance de la Banque Centrale revêt

d’une dimension politico-économique trop importante pour se permettre de l’inscrire dans une

loi que l’on va juste après détourner ou enfreindre. (Ilmane, 2007). Il semble que l’on possède

pas les capacités économiques et institutionnelles suffisantes et surtout, qu’il n’y a pas un

consensus politique et intellectuel minimal pour assoir l’indépendance de la Banque Centrale.

L’absence d’une Centrale des risques, 20 ans après la promulgation de la loi monnaie et de

crédit, révèle malheureusement l’extrême lenteur des réformes institutionnelles du secteur

bancaire. Ceci posé, la privatisation des banques publiques est désormais une nécessité, tant le

fonctionnement actuel de nos banques et les différents modes d’allocation des crédits aux

entreprises ne sont pas conformes à l’esprit de l’économie de marché.

Tableau 9. Les réformes engagées en matière de politique économique et financière engagées en

Algérie

Libéralisation

des taux

d'intérêt

suppression

des

obstacles

envers le

crédit

Réserves

obligatoire

actuellement Remarques

oui oui

8% des dépôts

en monnaie

locale

unification des taux d'intérêt pour le

secteur public et privé en 1990 et la

libéralisation des taux d'intérêt des

dépôts et la libéralisation des taux

d'intérêts créditeurs entre 1990-1995

Suppression de plafonnements des

crédits en 2000

Le taux de réserves obligatoires était

6,5% à la fin 2007 et il a été

augmenté à 8% en 2008 après qu'il

était 3% en 2001 de l'ensemble des

dépôts des banques en monnaie

locale. Cette augmentation a été

décidée pour faire face aux pressions

inflationnistes et maintenir les

équilibres macroéconomiques dans

un climat caractérisé par une

surliquidité du système financier,

Source : Fonds Monétaire Arabe, (2009). Base de données du rapport arabe unifié, p.390.

IV.3. L’obligation de l’utilisation du crédit documentaire

Le crédit documentaire instauré comme unique moyen de paiement des importations

commence à peser un peu lourd sur l’activité des entreprises. S’il a l’avantage que présente

aux autorités financières de permettre plus de transparence et traçabilité des flux financiers, en

revanche il coûte cher aux entreprises.

Depuis la publication de La loi de finance complémentaire de 2009 la règle de paiement en

nature de commerce extérieur a changé. Le crédit documentaire est de rigueur pour tous les

échanges commerciaux avec l’étranger. Et pour cause : réduire les importations qui explosent

d’une manière exponentielle et suivre la traçabilité des flux financiers de commerce extérieur.

34

Mais vite, les opérateurs économiques se sont montés au créneau contre une décision qualifiée

de pénalisante.

Le crédit documentaire connu dans les milieux financiers sous l’égide crédoc est un

engagement écrit conditionnel de paiement pris par le banquier de l'importateur à un

exportateur étranger, selon lequel le montant de sa créance lui sera réglé, pourvu qu'il apporte

à l'aide des documents énumérés la preuve de l'expédition des marchandises à destination des

pays de l'importateur, ou la preuve que les prestations ou services ont étés accomplis. Mis à

part que c’est une technique qui assure une très bonne sécurité de paiement quand le crédit

est confirmé il présente en revanche des inconvénients. Parmi les plus importantes difficultés

à assurer le bon déroulement du crédit documentaire il ressort les formalités administratives

lourdes et complexes, les techniques parfois mal perçues par l'acheteur (marque de défiance)

ainsi que son coût élevé.

Cette mesure a quasiment bloqué la machine économique, se plaint un chef d’entreprise. Les

banques ont reçu 60.000 demandes de crédoc en cinq mois alors qu’elles traitaient en

moyenne 5.000 demandes par an ». Le ministre des Finances a défendu cette décision qui a

fait reculer, selon lui, la facture d’importation. « La facture d’importation a baissé parce le

volume des importations a baissé à cause du crédoc. Beaucoup d’entreprises n’arrivent pas à

acheter à l’étranger. Pour ouvrir une lettre de crédit, il faut compter un à deux mois. C’est

beaucoup de temps pour les entreprises », déplore le directeur d’une entreprise privée.

IV.3.1. Les contraintes liées à l’application du crédoc

Le crédoc certes bénéfique pour le gouvernement pour la gestion de ses comptes et sa

balance des paiements mais n’arrange pas les autres. Même les directeurs des entreprises

publiques, d’habitude favorable aux décisions gouvernementales, n’arrivent pas à surmonter

cette nouvelle contrainte. Un qui a osé de parler et a critiqué la situation et pour justifier la

mauvaise performance de son entreprise, est le PDG d’Air Algérie, Wahid Bouabdallah. Il a

expliqué les graves problèmes causés à l’entreprise par l’obligation de recours au Credoc. M.

Bouabdallah a déjà évoqué le sujet dans l’interview accordée au Quotidien d’Oran le 8 juin

2011 en soulignant que le Credoc oblige la compagnie à « augmenter voire de gonfler nos

stocks ».

Parce qu’un avion qui est en panne, on ne peut se permettre d’attendre pour acheter une pièce

de rechange. Il est revenu à la charge en termes plus crus sur les ondes de la chaîne III de la

radio algérienne. « Avant, on allait sur place et en une heure on achetait la pièce. Cette fois-

ci, il faut le crédit documentaire et un avis d’appel d’offres ».

C’est la catastrophe pour une compagnie aérienne (…) Il y a des protocoles en matière de

maintenance : telle panne demande tant d’heures. Il suffit qu’il y ait un aléa sur la

disponibilité d’une pièce détachée et le délai se voit dépassé. Donc l’information n’est pas

toujours maîtrisée.

Nous avons introduit des demandes au niveau du gouvernement pour essayer de parer à ces

histoires de pièces détachées ». Il faut rappeler que le PDG d’Air Algérie faisait partie des

entrepreneurs publics qui ont annoncé leur retrait du FCE (Forum des chefs d’entreprises)

coupable d’être trop critique à l’égard de la politique économique du gouvernement.

35

Le système de crédit documentaire est une procédure normale lorsqu’existent des banques qui

fonctionnent normalement au sein d'une véritable économie de marché concurrentielle et

connecté aux réseaux internationaux. Or l'Algérie est dans cette interminable transition depuis

1986, ni véritable économie de marché, ni économie administrée qui ont leurs propres règles

de fonctionnement expliquant les difficultés de régulation économique et sociale. Les banques

publiques qui assurent pour 2010 environ 90% du total des crédits distribués à l’économie

sont souvent soumises à des interférences politiques et sont actuellement avec leurs lourdeurs

bureaucratiques des guichets administratifs qui favorisent l'import au lieu d'être un partenaire

actif pour l'investissement productif. Même les banques privées, qui sont étrangères,

installées sur la place font du financement du commerce extérieur 85% de leur activité. En

plus, avec le retour à l'économie d’un « nationalisme économique » où chacun attend les

ordres qui souvent ne viennent pas ou très en retard, un climat de suspicion s’est installé

actuellement avec les affaires de corruption, il ne faut pas s'attendre à ce que les managers

tant des entreprises publiques que des banques prennent des initiatives avec le risque d'une

paralysie totale de la machine économique.

Le Crédoc, qui donne néanmoins plus de garanties, coûte plus cher que le Remise

documentaire. Ce coût se multiplie par la lourdeur bureaucratique de la gestion des ports et

des banques. C’est ainsi que les grandes entreprises, courent le risque d’avoir des surstocks

ce qui engendre des surcoûts surtout pour les PMI/PME. Etant contraintes de mobiliser le

montant de la transaction au niveau de la banque qui garantit le paiement pour le fournisseur,

la grande majorité des entreprises ne pouvent mobiliser de grands montants, d'où les risques

de rupture des stocks pour les entreprises n'ayant pas de fonds de roulements importants. Mais

en l'absence d'une grande moralisation de la société et d'une visibilité et cohérence dans la

politique socioéconomique, de mécanismes de régulation clairs (corruption géénéralisée)

renvoyant à la bonne gouvernance, le Crédoc ne garantit en rien la fin des fraudes. Avec un

transfert libre, ou de remise documentaire, il y a déjà domiciliation à la clé de la même façon

que la lettre de crédit et donc enregistrement sur les livres comptables avec transfert et

assainissement dans les six mois par la Banque centrale, la lettre de crédit n'étant pas

l'antidote du transfert libre, car dans les deux cas de figure, des circuits bancaires sont utilisés,

connus et répertoriés par les banques.

Le crédit documentaire fait profiter dans une certaine mesure les fournisseurs étrangers de

clients algériens, croire se retrouvent avec un risque commercial zéro et qui, souvent, ne font

pas confiance à la banque algérienne et demandent une confirmation de cette lettre de crédit

par un établissement bancaire étranger. Un autre risque est à relever. Il s’agit de le naissance

d’un autre monopole : celui d'un monopole public à un monopole privé. La nature du Crédoc

fait, qu’il élimine les petits producteurs et importateurs qui n'ont pas l'assise financière

adéquate pour attendre la venue de la marchandise, donc, par définition, des prix aux

consommateurs allant vers la hausse à terme faute de concurrence .

Le système bancaire algérien, toujours décrié par tous les usagers, à cause de sa lenteur et sa

bureaucratie ambiante doit relever un défi de taille. S’adapter à la nouvelle donne qui est la

généralisation de l’utilisation de crédoc. Le système de management en général, et du

personnel en particulier, bien qu’il doit être qualifié et adapté à la quantité de travail exigé,

doit faire d’un sens d’acceptation de nouvelles règles très exigeantes en matière de temps et

d’efficacité.

IV.3.2. La LFC 2010 a introduit des assouplissements pour le crédoc mais insuffisant

selon le FCE

36

M. Réda Hamiani le président de Forum des chefs d’entreprise (FCE) ne remet pas en cause

le bien-fondé de l’instauration de la lettre de crédit comme unique mode de paiement dans le

commerce extérieur, mais des formules d’assouplissement doivent être trouvées, a indiqué,

samedi (30/10/2010) sur les ondes de la chaine IIIde la Radio nationale. Renchérissement des

importations jusqu’à 2.5 %, introduction de délais supplémentaires qui pénalisent les

importateurs, sont, entre autres, les contraintes de cette mesure.

Mais la plus importante, selon Hamiani, est son signe de défiance à l’égard de la relation de

confiance fournisseur-client. La solution préconisée par le chef du FCE est que cette mesure

ne soit pas appliquée de la même façon aux importateurs-revendeurs en l’état et des

producteurs pour les besoins de leurs entreprises. « Ce distinguo n’a pas été opéré et on estime

que c’est le minimum », a regretté Réda Hamiani, affirmant que cette distinction aurait pu

contribuer à réduire la facture des importations tout en encourageant la production locale.

Les assouplissements apportés par la loi de finances complémentaire pour 2010 à cette mesure

pour les besoins de la production, concernant l’autorisation dans la limite de 2 millions de

dinars de déroger à cette règle pour les intrants et les pièces détachées pour les entreprises de

production, ont été salués par le président du FCE, qui les a néanmoins, jugés insuffisants,

d’autant qu’ils ne tiennent compte ni du chiffre d’affaires de l’entreprise, ni de son effectif et

encore moins de sa taille.

V. Les perspectives de la désintermédiation financière en Algérie

L’opération de l’introduction de la première entreprise privée à la bourse d’Alger s’est soldée

à un franc succès fin 2010. Plus de 107% des actions proposées à la souscription au grand

public ont été prises. En revanche, le patronat algérien s’est distingué par une absence totale et

n’a acheté que 3200 actions. L’introduction à la bourse d’Alger de la première entreprise

privée est qualifiée d’historique

Longtemps considéré comme familial, entaché de secrets et avide de gains faciles, le secteur

privé algérien a fait un sursaut remarquable en acceptant d’entrer en bourse. Cette dernière

exige, comme condition vitale, la transparence et l’authenticité des comptes comptables. Une

condition que n’est pas au goût de tous les partons privés algériens. Longtemps confiné dans

des pratiques de l’informel, le secteur privé, avec cette réaction envers l’introduction de

l’Alliance Assurance, rate une occasion. Celle de paraitre comme des entreprises citoyennes

et encore solidaires avec les autres entreprises privées qui veulent se hisser comme des

entreprises transparentes et innovantes.

V.1. Le pari réussi du premier privé algérien à s’introduire en bourse

La réussite de la première entreprise privée est dûe en grande partie aux particuliers qui ont

souscrit entre 1,2 et 1,5 million d’actions sur les 1,8 millions mises sur le marché. Lors d’une

soirée organisée par le Forum des Chefs d’Entreprises pour encourager les patrons à souscrire

aux actions d’Alliance Aassurances, seules 3200 actions ont été souscrites par les rares chefs

d’entreprises qui ont répondu favorablement à l’invitation du président du du Forum des chefs

d’entreprises, Réda Hamiani. Un chiffre qui renseigne sur l’absence de solidarité entre les

chefs d’entreprises du secteur privé. Il illustre également les divisions au sein du patronat

37

national où chacun fait cavalier seul. Les mentalités ont la peau dure et ce n’est pas au jour du

lendemain, qu’on pourra jouer le jeu de la transparence.

Pourtant, l’introduction en Bourse d’Alliance Assurances aurait du être une occasion pour le

patronat de montrer sa solidarité dans une période difficile pour les entreprises privées

Bien que les promesses soient rarement tenues, la réussite de l’opération Alliance Assurance

promet-elle un avenir plus dynamique que celui actuel ? La mobilisation des petits épargnants

doit être analysée d’une manière très fine. La stratification des souscripteurs, leurs origines

(rurale ou urbain), leurs revenus, leur niveau d’instruction, leur sexe seraient d’une

importance capitale. Ces informations peuvent être analysées d’une manière à permettre aux

autres entreprises (privées et même publiques) désireuses de s’introduire en bourse de

bénéficier de cette expérience.

Les autorités chargées du marché financier (Cosob et Bourse d’Alger) doivent de leur part,

utiliser cette première réussite pour un argumentaire de taille pour convaincre les plus

réticents (épargnants et entreprises) à suivre l’expérience d’Alliance Assurance.

Un plan de développement de marché financier existe depuis 2009. Les principales

caractéristiques de ce plan s’appuient sur les atouts qui caractérisent la place d’Alger ; à

savoir l’existence d’une épargne disponible qui cherche des placements alternatifs et

attractifs, un important potentiel économique avec de grands projets d’infrastructure en cours

de réalisation, l’émergence de groupes industriels privés, l’intérêt de plus en plus croissant de

nouveaux intermédiaires financiers au marché algérien. Cet argumentaire des capacités

potentielles et « théoriques » du marché financier algérien est confronté à de nombreux

problèmes. Les contraintes qui freinent le développement du marché ne sont pas les moindres,

notamment l’absence de consensus et de visibilité quant à la place du marché financier

algérien dans l’environnement économique du pays, le processus de privatisation des

entreprises qui se déroule en dehors de la bourse, le manque de liquidité structurelle

caractérisant le marché secondaire, l’absence de professionnels au marché pour le dynamiser

et le relancer.

Pour dynamiser le marché financier la COSOB(1)

en vue d’engager rapidement la

modernisation et le développement du marché financier a suggéré un certain nombre de

pistes notamment celles de développer le métier de l’industrie des titres et de réorganiser

l’activité titres des banques (de professionnaliser l’ensemble des personnels activant dans le

domaine des valeurs mobilières); de développer le marché primaire par l’introduction de

nouvelles entreprises en bourse, l’émission d’emprunt obligataires ; de moderniser les

systèmes d’organisation et de fonctionnement des institutions de marché ;; de lever les

contraintes liées à leur capacité d’engagement eu égard aux ratios prudentiels de division des

risques lors des opérations d’emprunt obligataires ; d’inciter les caisses de retraite, les

compagnies d’assurance et les différents fonds à investir dans les valeurs mobilières ;

d’encourager la création d’OPCVM ; de mettre en place une stratégie adéquate et de qualité

de communication en direction des émetteurs potentiels de valeurs mobilières et des

investisseurs...

Il s’agit donc d’un vaste projet qui comporte cinq (5) grands chantiers :

‐ Le renforcement de la position des institutions et des entreprises de marché (COSOBSGBV-

Algérie Clearing et éventuellement la chambre de compensation et de garantie),

(1) Commission d'Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse

38

-Incitation et alimentation du marché (privatisation par le marché boursier et appel public à

l’épargne par les entreprises publiques et privées),

‐ Professionnalisation et réorganisation des intervenants du marché (IOB-teneurs de comptes

conservateurs de titres),

‐ Modernisation des systèmes d’information (choix et mise en place d’un système

informatique global, intégré et compatible de négociation, de compensation et derèglement-

livraison),

‐ Rétablissement de l’image du marché (siège social fonctionnel et moderne pour abriter les

institutions de marché, communication en direction des émetteurs de valeurs mobilières et du

grand public).

Toutefois, ce schéma directeur doit répondre surtout à des questions telles quelle stratégie de

privatisation par le marché boursier faut-il retenir ? Comment convaincre les entreprises

privées à recourir au marché boursier pour se financer ? Comment créer les conditions de

création et de développement de la gestion d’actifs ? Comment et qui doit gérer le risque de

marché ? Quelle stratégie, quelles activités, quels investissements… pour les IOB ? Quels

systèmes informatiques choisir ? Quelles incitations mettre en œuvre pour susciter l’intérêt et

la confiance dans la bourse ?

La réalité a montré que les banques déjà agréées par la COSOB en qualité d’IOB, n’ont pas

développé les métiers titres et marché dont a fortement besoin la Bourse d’Alger.

Le plus important et vital c’est que le plan de Le développement du Marché Financier doit

répondre aux besoins et attentes des entreprises algériennes notamment les groupes privés, la

PME/ PMI, les entreprises privées à privatiser, l’Etat et les collectivités locales.

L’expérience, d’Alliance Assurance, a montré que le privé peut jouer le jeu si les garanties et

le sérieux des autres intervenants sont réels. Le terrain a prouvé qu’il faut juste croire aux

potentialités et la ressource humaine locale. Le blocage, qui peut résulter lors de l’application

des taches, ne peut être que mental ou même psychique pour ne pas dire culturel !

V.2. Les premiers pas du privé algérien vers la bourse

La bourse d’Alger qui souffre depuis son lancement d’une agonie qui ne dit pas son nom peut

espérer de nouvelles perspectives. Une première entreprise privée va s’introduire en bourse

en augmentant son capital. La deuxième information qui n’est pas la moindre. La tentative du

gouvernement de laisser rentrer les IDE à 100% à charge pour les investisseurs étrangers

d’ouvrir, ensuite, leur capital à la bourse d’Alger.

Les deux informations peuvent être un bon signe d’un changement qui peut se produire dans

les années à venir. Depuis son lancement officiel en 1998 avec l’obligation Sonatrach, la

bouse d’Alger n’a pas donné de véritables signes pour un décollage réel de la

désintermédiation financière en Algérie. Au lieu de voir après 12 ans d’activité réel (le

premier texte régissant la bourse d’Alger date de 1993 modifié en 2003) au moins une dizaine

d’entreprises cotées le contraire a été enregistré. Deux titres seulement sont cotés en bourse

au lieu de trois initialement. L’entreprise Erriad Sétif a retiré son action. Le marché financier

algérien ces dernières années s’est concentré sur le compartiment obligataire. Beaucoup

d’entreprises publiques privées et publiques ont fait appel à cette technique pour lever des

fonds. Des fois c’était des emprunts obligataires institutionnels ouverts uniquement aux

institutions financières et des fois ouvert au grand public (comme celui de la Sonelgaz et de

Algérie Télécom).

L’introduction en bourse des entreprises publiques par ouverture au capital était conditionnée

par le succès de processus de privatisation en Algérie envisagé depuis 1995 (date de la

promulgation de la première loi sur la privatisation). Ce processus n’a pas connu le succès

39

escompté par les autorités de l’époque. Ce qui a pénalisé une partie la bourse d’Alger des

opportunités de développement générées par la privatisation des entreprises publiques via la

bourse.

Après l’expérience, qui parait plus au moins réussie, des emprunts obligataires la stratégie de

développement du marché financier algérien semble virer vers les autres niches du marché

non encore exploitées. Les entreprises privées et les entreprises étrangères qui veulent

s’implanter en Algérie.

Il faut reconnaitre que le secteur privé algérien a eu toujours des réticences pour s’introduire

en bourse et l’utiliser comme un moyen de financement fiable et sans contraintes. Les causes

sont différentes mais il s’avère que la transparence des comptes exigée par la bourse ne

convient pas trop au privé algérien. En plus, l’introduction en Bourse signifie une ouverture

de capital vers ders personnes étrangères, une tradition n’est pas encore installée dans les

pratiques des entreprises privées algériennes, versées toujours dans le modèle capital

familiale. Dans ce contexte l’introduction de a compagnie d’assurance alliance en bourse

constitue une première et peut servir, pour quoi pas, comme un modèle pour les autres

entreprises privées algériennes. C’est ainsi que la compagnie d’assurance alliance a eu le visa

de la COSOB (Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse) pour

augmenter son capital social de 175 % et lever 1,4 Milliards de DA sur le marché financier.

L'offre de souscription aux nouvelles actions émises par Alliances Assurances porte sur un

nombre de 1 804 511 d'une valeur nominale de 200 DA au prix de 830 DA l'action. Ces

Nouvelles actions sont offerts a 5 segments et destinées pour 33,3% aux personnes physiques

de nationalité algérienne, pour 28,5% aux institutionnels, pour 33,5% aux personnes morales

de droit algérien, pour 2,4% aux Agents Généraux d'Assurances et pour 2,4% aux salariés

d'Alliance Assurances et ses filiales. Cette augmentation de capital social d'Alliance

Assurances de 0,8 Milliards de DA à 2,2 Milliards de DA répond d'abord à une exigence

réglementaire à laquelle la société est obligée de se conformer. Il s’agit de l’obligation

d’augmenter le capital des compagnies d’assurances à 3 milliards de Dinars dont 1 milliard

sera dédié à l’assurance des personnes. La loi 06/04 du 20 février 2006, modifie et complète

l’ordonnance 95/07 du 25/01/1995 relative aux assurances qui consacre notamment le

principe de séparation de l’activité des assurances, de celle des assurances de personnes. Cet

amendement constitue un puissant levier pour le développement des assurances de

capitalisation avec comme corollaire la réactivation du marché financier. La diversification

des canaux de distribution notamment par la mise en place des guichets de la bancassurance.

L’élargissement de l’offre d’assurance axée sur l’ouverture du marché algérien aux sociétés

d’assurance et/ou de réassurance étrangères.

Alliance- Assurances a réalisé un chiffre d'affaires de 2,85 milliards de Dinars en 2009 contre

1,675 milliard en 2008, soit une progression de 80%. Le résultat net après impôts était de 313

millions de Dinars, ce qui représente un taux de rentabilité de 12%. Ces résultats ont permis à

la compagnie d'être classée à la deuxième place des compagnies privées d'assurances en

Algérie, après quatre ans d'exercice et d'avoir 4% du marché national des assurances.

L’objectif fixé pour l'année 2010 est de réaliser un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dinars.

Par contre, le secteur des assurances en Algérie reste en deçà des potentialités qui peuvent

être exploitée. Il comprend 17 compagnies, dont: 4 compagnies publiques,7 compagnies

privées (à capitaux nationaux et étrangers), 2 mutuelles ( enseignement et agriculture ) et 2

sociétés spécialisées ( crédits à l’exportation et crédit immobilier ). Le chiffre d’affaires

cumulé du secteur des Assurances a atteint la somme de 76,5 milliards de Dinars, au 31

décembre 2009, contre 67,9 milliards de Dinars à la même période en 2008, soit une

augmentation de 12,8%. En revanche, le chiffre d’affaires réalisé par le secteur durant le 1er

40

trimestre 2010 est estimé à 23,91 milliards de dinars (non compris les acceptations

internationales de la CCR) contre 21,6 milliards de dinars à la même période en 2009, soit une

progression de 11,1%. Assurance automobile : 12,8% de hausse Avec un montant de 11,5

milliards de dinars, le chiffre d’affaires de la branche automobile, a progressé de 12,8%. Cette

augmentation est plus forte pour la garantie « responsabilité civile » qui a poursuivi son

rythme soutenu de croissance (+16,5%). Dans un environnement marqué par une baisse des

importations de véhicules chez les particuliers comme chez les concessionnaires- expliquée

essentiellement par les effets de la crise économique mondiale et la suppression des crédits à

la consommation, les garanties facultatives enregistrent un ralentissement, au terme de ce

premier trimestre, même si elles demeurent positives avec +10,9% (contre 25% en 2009). Ces

risques ont constitué 82% du portefeuille de la branche automobile. Le volume d’intervention

des compagnies à capitaux privés a atteint 25,5% au 31 mars 2010 (23,2% en 2009), leur

chiffre d’affaires ayant connu une hausse de près de 22%.

Pour booster l’activité de la bourse d’Alger le gouvernement envisage de modifier les

conditions de l’investissement étranger en Algérie. Première cible, adoucir l’exigence

systématique du 51% pour la partie nationale et 49% pour la partie étrangère. L’idée consiste

à laisser rentrer les IDE à 100% à charge pour les investisseurs étrangers d’ouvrir, ensuite,

leur capital à la bourse d’Alger.

La proposition de faire passer les investisseurs étrangers par la bourse d’Alger après trois

bilans comptables de leurs activités en Algérie, est portée depuis plus d’une année par des

membres du cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (CARE), la boite à idées

officieuse du Forum des chefs d’Entreprise (FCE). Elle a fini à être entendu par les oreilles

officielles. Selon une information publiée par le journal El Khabar, une équipe spécialisée

travaille au ministère des finances sur la faisabilité d’un scénario où les 51% de part des

nationaux seraient distribués en bourse par l’investisseur étranger après 3 années de présence

dans le pays. Il devrait en sortir une proposition sur « l’aménagement différé » du 51%-49%

adressée au premier ministère. L’information évoque un aménagement probable des

conditions de l’investissement étranger dans le projet de loi de finances pour 2011. La mise en

œuvre d’un tel projet, demande plus de délais de maturation », affirme une source prés du

ministère des finances. Le PDG d’ Alliance Assurances, Hassan Khelifati, est l’un des patrons

qui a le plus plaidé pour cette option du passage par la bourse auprès de ses interlocuteurs du

gouvernement, qu’il a du rencontrer plus fréquemment en 2010 à cause de l’introduction en

bourse de son groupe à partir du 02 novembre 2011 : « l’obligation de l’ouverture du capital

pour les investisseurs étrangers après trois années d’activité dans le pays rassure le partenaire

étranger sur son engagement. Il peut le piloter seul s’il le souhaite et ne pas être gêner par des

partenaires algériens qu’il aurait été obligé de prendre. L’ouverture en bourse à 51% au bout

de trois ans ne lui fait pas perdre le contrôle de son business. L’actionnariat national est

éclaté, même si cela n’empêche pas la présence de partenaires nationaux forts dans le 51%

ainsi réuni. Du côté du gouvernement, le souci de réduire la saignée des rapatriements de

dividendes qui menace la balance des paiements est pris en charge sans produire un effet de

découragement pour les investisseurs étrangers. J’ajoute que cette formule est un formidable

levier pour le marché financier et la bourse d’Alger ».

Mais l'introduction en bourse, après 3 exercices des 51% des actions des IDE suppose des

préalables. L'ouverture du capital à de nouveaux actionnaires impose aux anciens détenteurs

des actions une perte de pouvoir que compense le Droit de souscription préférentiel. Cette

indemnité sera versée par les nouveaux actionnaires aux anciens. Il suffit juste que le prix

nominal de l'action mis en vente soit « exagérément » élevé pour que ce droit explose, ce qui

41

entrainera, peut être, l'échec de l'introduction en Bourse ou l'enrichissement rapide des

anciens actionnaires dans le cas contraire. Dans les deux cas, les anciens actionnaires s'en

tireront à bon compte. Les produits nés des plus values de cession d'action étant exonérés par

la loi de Finances, leur transfert à l'étranger se fera sans encombre.

Mais cela reste toujours des supputations plus techniques qui doivent être clarifiées avec la

mise en œuvre probable de cette décision de permettre aux étrangers de préserver leur capital

à 100% dans l’attente d’une introduction en bourse. Cela signifie encore que ces entreprises

doivent répondre aux exigences de la COSOB en matière de résultat bénéficiaire transparence

des comptes comptables.

V.3. Les résultats positifs de l’introduction du premier privé algérien en bourse peut-elle

servir de bon exemple ?!

L’introduction de l’Alliance Assurance en bourse a été un franc succès. Le chiffre d’affaires

de l’entreprise a progressé de 40 % durant les quatre premiers mois de l’année 2011. Une

lueur d’espoir pour la Bourse d’Alger, qui espère voir d’autres entreprises, prendre le chemin

du marché financier, pour quoi pas ?! Surtout avec l’annonce de neuf autres entreprises qui se

préparent à entrer en bourse.

La première entreprise privée annonce une augmentation de son chiffre d’affaires de 40 % en

2011 par rapport à la même période de l’année 2010. Ce chiffre d’affaires a atteint 1,7

milliard de dinars, soit 50% de l’activité réalisée en 2010. Alliance Assurances a réalisé un

chiffre d’affaires de 3,4 milliards de dinars en 2010, en hausse de 20% par rapport à 2009

alors que le marché national des assurances n’avait progressé que de 4%.

Sur le plan de fonctionnement du titre introduit en bourse la valeur du titre est restée stable.

Cela signifie que les actionnaires sont dans une optique d’épargne et pas de spéculation. Il est

un peu prématuré de se lancer sur le rendement de l’action après uniquement deux mois

d’introduction. Toute fois, il ne faut pas oublier que le marché financier algérien n’est pas

suffisamment développé pour une meilleure liquidité du titre d’une part. D’autre par, les

banques primaires n’ont pas assimilé le mécanisme de la bourse pour répondre aux ordres

d’achat et de vente qui proviennent du marché. Il y a des investisseurs qui veulent acheter des

actions, mais ils ne trouvent pas de répondant dans les banques. Cela peut être résolu avec le

temps et la familiarisation des banques algériennes avec l’activité boursière qu’il faut l’avoyer

est complètement nouvelle au paysage bancaire et financier national. (Figure 1)

Cette nouvelle performance de la première entreprise privée cotée en bourse peut pousser les

autres entreprises privées à faire l’aventure de l’introduction en bourse. Selon des

informations publiées la semaine dernière dans la presse nationale, pas moins de 9 entreprises,

préparent leur introduction en bourse. Il s’agit, entre autres, l’entreprise SIM, Hamoud

Boualem, une filiale du groupe Cevital. Cette décision est motivée, surtout, par les avantages

fiscaux qu’offrent une introduction en bourse.

42

Figure1. Évolution de la cotation de l’action Alliance Assurance depuis son introduction en

bourse. (Du 20-04-2011 au 16-05-2011) (DA)

Source : Bourse d’Alger (2011). Séance de cotation des valeurs mobilières.

V.3.1. Les titres cotés en bourses : la timide intrusion du privé

Depuis son lancement officiel en 1998 avec l’obligation Sonatrach, la Bouse d’Alger n’a pas

donné de véritables signes pour un décollage réel de la désintermédiation financière en

Algérie. Au lieu de voir après 12 ans d’activité réelle (le premier texte régissant la bourse

d’Alger date de 1993 modifié en 2003) au moins une dizaine d’entreprises cotées le contraire

a été enregistré. Deux titres seulement sont cotés en bourse au lieu de trois initialement.

L’entreprise Erriad Sétif a retiré son action. Le marché financier algérien ces dernières années

s’est concentré sur le compartiment obligataire. Beaucoup d’entreprises publiques privées et

publiques ont fait appel à cette technique pour lever des fonds. Des fois c’était des emprunts

obligataires institutionnels ouverts uniquement aux institutions financières et des fois ouvert

au grand public.

43

Ainsi, sur 7 titres cotés en bourse, 3 sont des titres de capital (action) les autres sont des titres

de créance (obligation). Pour les titres de capital, il s’agit de deux entreprises publiques : El

Aurassi et Saidal et une entreprise privée, en l’occurrence Alliance assurance. Les 4 titres de

créance (obligations) sont émis par de deux entreprises publiques : Algérie Télécom, Sonelgaz

(2 obligations) et une entreprise privée Dalhi.

L’entreprise privée Dalhi spécialisée dans le secteur de l’immobilier d’affaires (la Tour

Algeria Business Center (ABC). Elle intervient dans le secteur touristique, particulièrement

dans l’hôtellerie (Hôtel HILTON) et également dans les prestations de services telles que la

location d’espaces à usage de bureau. Son activité s’étend également à des prestations

connexes a lancé un emprunt obligataire d’un montant de 8.3 milliards de Da en 11 janvier

2009 a pu récolter 2 360 140 000,00 soit un taux de couverture de l’ordre de 27%.

La Sonelgaz a émis un emprunt obligataire en juin 2008 d’une durée de 6 ans (date

d’échancre en 2014) d’un montant de 30 milliards de Da totalement couvert. Avec un taux

progressif allant de 3,75% la première année pour atteindre 6,75% la dernière année (2014).

Le 17 Octobre 2006 ALGERIE TELECOM lance son premier emprunt obligataire grand

public pour un encours de 21,5 milliard de dinars pour une durée de cinq années et un taux

d’intérêt progressif. L’encours de l’émission était de l’ordre de Encours de l’émission : 21,5

milliards DA la date d’émission était 17/10 /2006 pour une échéance de 5 ans (17/10/2011

date d’échéance) avec un taux progressif allant de 4% pour la première année pour atteindre

7,90% la dernière année (2011).

L’introduction en bourse des entreprises publiques par ouverture au capital était conditionnée

par le succès de processus de privatisation en Algérie envisagé depuis 1995 (date de la

promulgation de la première loi sur la privatisation). Ce processus n’a pas connu le succès

escompté par les autorités de l’époque. Ce qui a pénalisé en partie la Bourse d’Alger, des

opportunités de développement générées par la privatisation des entreprises publiques via la

bourse.

Après l’expérience, qui parait plus au moins réussite, des emprunts obligataires la stratégie de

développement du marché financier algérien semble virer vers les autres niches du marché

non encore exploitées.

V.3.2. La réussite de l’introduction d’alliance assurance en bourse : le bon exemple ?!

Longtemps boudées par les entreprises algériennes privées la bourse d’Alger peut espérer un

regain d’intérêt et peut constituer une alternative de taille au financement bancaire classique.

Les efforts pour dynamiser ce marché et le rendre attrayant ne datent pas d’aujourd’hui.

Un projet de modernisation de deux phases qui s’étale de 2010 à 2012 à été conçu et adopté

par la Commission d’Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse (COSOB).

Ce projet de modernisation contenu dans le rapport d’activité de 2009 de la COSOB (Cosob,

2010) est scindé en deux phases. La première étape appelée phase d’évaluation et

conception du schéma cible et d’organisation type du marché financier en Algérie, pour une

durée de 8 mois. Quant à la deuxième phase, elle consiste, en la mise en œuvre de la réforme

du marché financier, sur la base des choix retenus et qui s’étalerait sur une durée de 16 à 18

mois. En effet, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le

Gouvernement algérien ont procédé jeudi 12 mai 2011 à la signature d’un projet d’appui à la

réforme du marché financier. Le projet intitulé « Appui à la réforme du marché financier ».

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Pour cela, cinq grandes directions stratégiques pour organiser la mise en œuvre du plan de

développement de développement et de modernisation du marché financier en Algérie ont été

Retenues. Il s’agit de la création d’un site accessible, fonctionnel et moderne pour abriter les

sièges sociaux des institutions de marché : favoriser le regroupement des principaux acteurs

de l’activité titres pour réunir les conditions d’une synergie (échanges relationnels) et

l’émergence d’une place financière de dimension régionale. L’urgence de la

professionnalisation et de la dynamisation des intervenants est posée avec acuité d’autant

plus qu’il faut engager un partenariat entre les professionnels des titres et les banquiers de la

Place.

Ainsi, la nécessité d’une mise à niveau des acteurs, des systèmes, des procédures et des

organisations en place par rapport aux standards internationaux pour réunir les conditions de

succès, de sécurité et d’efficacité de tous les professionnels, des émetteurs et des investisseurs

de la place. Il est apparu important la création de nouvelles conditions sur le plan légal,

réglementaire et fiscal pour permettre un nouvel essor du marché financier grâce à l’émission

de nouveaux titres de capital provenant des sociétés à privatiser, à constituer, PME/PMI et

autres. Finalement, il faut préparer les opérations de privatisation d’envergure par la Bourse

d’Alger, et d’augmentation de capital des PME/PMI ainsi que le financement de création de

nouvelles entreprises.

Ce programme peut se concrétiser si une information claire et précise est dirigée vers les

entreprises privées qui remplissent les conditions de l’introduction mais qui hésitent toujours.

L’instinct grégaire tellement présenté comme un aspect caractérisant le comportement des

acteurs dans la bourse peut être utilisé en faveur des entreprises algériennes toujours

« récalcitrante s » envers la bourse. Cette dernière, d’un marché actif, ouvert, réglementé et

fiable à même de constituer, à long terme, une source de financement direct des entreprises

publiques et privées. Le marché permettra aussi de mobiliser l’épargne par l’investissement

direct et transparent dans des entreprises qui sont cotées selon leurs résultats, ce qui induira

une amélioration de la gouvernance et de la transparence des entreprises notamment par le

biais de la communication financière et les poussera à la compétitivité.

L’expérience algérienne présente une particularité singulière en matière de développement du

marché financier. Dans les économies en transition, la bourse a été boostée par la privatisation

massive des entreprises publiques qui relèvent des monopoles naturels (eau, énergie,

télécommunication...etc.). En Algérie, l’échec de privatisation des entreprises publiques a

sombré le marché financier dans une léthargie la plus totale. Le début a été par l’accélération

de compartiment «obligations » du marché. Maintenant c’est une nouvelle étape qui se

dessine. Le privé qui va porter l’effort de l’introduction en bourse dans une mesure où il peut

rassurer par le succès de l’Alliance Assurance. Les entreprises publiques, en pleine

restructuration organisationnelle et financière, peuvent aussi contribuer à cet effort. Reste

toujours, la volonté, des uns et des autres et la vision que portent ces acteurs au

développement et l’avenir de la bourse d’Alger.

Conclusion

Le système bancaire algérien a connu plusieurs mutations lors de la décennie (2000-2010). Si

les réformes structurelles engagées étaient le mot d’ordre de cette époque, les résultats n’ont

pas été à la hauteur des aspirations. Toutesfois, on peut déceler quelques moments phares qui

ont marqué cette période.

Le premier relève de l’aspect institutionnel. Ce dernier est caractérisé par des changements

fréquents dans la législation qui régisse le secteur bancaire en Algérie. Le premier

changement a été introduit en 2003 suite à la débâcle financière de la première banque privée

en Algérie (EL khalifa Bank). Les changements introduits ont été faits dans l’urgence pour

pallier aux insuffisances constatées dans la première version de la loi sur la monnaie et le

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crédit (1990). Un deuxième amendement de cette loi est introduit en 2010 et cette fois pour

mettre à jour l’ordonnance de 2003, dans le sens de donner plus de prérogatives à la Banque

d’Algérie dans le domaine de la supervision bancaire. Ces changements étaient dictés en

particulier par les effets néfastes de la crise financière mondiale de 2008.

Le deuxième concerne les scandales financiers qui ont marqué la scène bancaire nationale.

Ces scandales ont montré le degré de complaisance à haut niveau et le manque de transperce

dans l’octroi de crédits. Ces évènements, qui sont liés directement au climat général

caractérisé par la généralisation de la corruption, montrent le degré de l’incompétence et de

complicité sur tous les niveaux de prise de décisions. Ces affaires n’ont pas révélé tous leurs

secrets puisqu’elles sont toujours devant la justice.

Le troisième élément, qui est d’origine étrangère mais qui a eu un impact sur le système

bancaire algérien, caractérisé par la crise financière internationale. Cette dernière a poussé les

autorités a modifié la loi sur la monnaie et le crédit et à adopter d’autres lois limitant l’accès

au crédit à la consommation, ainsi que le durcissement de la réglementation de transfert des

fonds vers l’étranger. Ces décisions ont été interprétées comme un regain vers plus de

fermeture après la parenthèse ouverte de libéralisation au début de la décennie 2000. Les

disponibilités financières issues de l’exportation des hydrocarbures ont confronté ces

décisions jugées « nationalistes ».

A ces trois éléments s’ajoutent un autre point important : il s’agit de l’introduction des

nouvelles technologies de l’information et la généralisation de la monétique en Algérie. Sur

ce registre, l’Algérie accuse toujours un retard. Le paiement électronique peine toujours à

s’installer dans les meurs. La logique du cash reste dominante. Pour preuve, l’année 2010 a

connu une grave crise de liquidité dans les bureaux de poste sans que le gouvernement ait le

courage d’apporter les décisions ferme pour régler ce problème. Les solutions préconisées

convergent toutes dans la nécessité d’adopter la monétique comme moyen idéal pour contrer

les problèmes de l’utilisation de la monnaie fiduciaire comme presque le seul de moyen dans

les transactions commerciales.

Reste l’espoir dans la Bourse qui peut émerger comme un moyen de financement alternatif

fiable pour financer l’économie. Les premiers signes commencent à donner leurs fruits après

l’introduction du premier privé algérien à la bourse. Cette opération, jugée une totale réussite,

peut donner un intérêt aux autres entreprises privées à emprunter le chemin de la bourse et de

surcoût favoriser le passage d’une économie basée sur le financement bancaire à une

économie désintermédiée.

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